10 du mat' - numéro 4 - lundi 16 janvier

10
www.keskiscpass.com Mardi 17 janvier 2012 | N°4 Se loger, un droit bafoué Alors que les températures sont en chute libre dans le Rhône, l’hébergement d’urgence et la lutte contre le mal logement sont une question de priorité. Coup de froid sur le logement Tout être humain devrait avoir droit à un loge- ment, décent qui plus est. Un toit sous lequel s’abriter, des murs derrière lesquels se protéger, un lit où se reposer. Le minimum pour qu’il pui- sse survivre à défaut de vivre. Nicolas Sarkozy en avait d’ailleurs fait l’un de ses chevaux de bataille en 2007, à l’aube de l’élection présidentielle. “Je veux que d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir, et d’y mourir de froid, car le droit à l’hébergement est une obligation hu- maine”, déclarait-il alors. Un terrible écho à l’appel de l’Abbé Pierre, une nuit de février 1954. “Mes amis, au secours...” com- mençait-il. Son message passé sur les antennes de RTL, suscite un formidable élan de générosité en France. Mais en 2008, non seulement tous les SDF n’ont pas retrouvé de toit, mais 265 d’entre eux ont trouvé la mort. Ils furent 358 en 2009, 414 en 2010 et plus d’une centaine en 2011. Des chiffres insoutenables. Autre fléau, le mal logement. Locaux insalubres, voire même dangereux, les accidents ne sont mal- heureusement pas rare. Pour rappel, 25 personnes périssent le 15 avril 2005 dans l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra, qui servait alors d’hébergement d’urgence. Le 20 août 2006, ce sont six personnes qui trouvent la mort dans l’incendie de leur im- meuble. L’enquête mettra en évidence des condi- tions d’hébergement insalubres. La course à la présidentielle apportera sûrement son lot de solutions miracles. Mais le seul et unique miracle, n’est-ce pas celui qui se produisit en cette nuit de 1954 ? EDITO Par Rodolphe Koller SCIENCES ET TECHNOLOGIES VIVRE DANS LE 9 e EN COULISSES Rififi chez Hadopi Page 6 L’envers du peintre en décors Page 4 La revanche des tritons Page 7 10 DU MAT’ Les vierges en haute couture ....... p9 10 DU MAT’

Upload: verpillot-natacha

Post on 10-Mar-2016

229 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

10 du mat - Journal étudiant lyonnais

TRANSCRIPT

Page 1: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

www.keskiscpass.com Mardi 17 janvier 2012 | N°4

Se loger, un droit bafoué

Alors que les températures sont en chute libre dans le Rhône, l’hébergement d’urgence et la lutte contre le mal logement sont une question de priorité.

Coup de froid sur le logement

Tout être humain devrait avoir droit à un loge-ment, décent qui plus est. Un toit sous lequel s’abriter, des murs derrière lesquels se protéger, un lit où se reposer. Le minimum pour qu’il pui-sse survivre à défaut de vivre. Nicolas Sarkozy en avait d’ailleurs fait l’un de ses chevaux de bataille en 2007, à l’aube de l’élection présidentielle. “Je veux que d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir, et d’y mourir de froid, car le droit à l’hébergement est une obligation hu-maine”, déclarait-il alors. Un terrible écho à l’appel de l’Abbé Pierre, une nuit de février 1954. “Mes amis, au secours...” com-mençait-il. Son message passé sur les antennes de RTL, suscite un formidable élan de générosité en France. Mais en 2008, non seulement tous les SDF n’ont pas retrouvé de toit, mais 265 d’entre eux ont trouvé la mort. Ils furent 358 en 2009, 414 en 2010 et plus d’une centaine en 2011. Des chiffres insoutenables. Autre fléau, le mal logement. Locaux insalubres, voire même dangereux, les accidents ne sont mal-heureusement pas rare. Pour rappel, 25 personnes périssent le 15 avril 2005 dans l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra, qui servait alors d’hébergement d’urgence. Le 20 août 2006, ce sont six personnes qui trouvent la mort dans l’incendie de leur im-meuble. L’enquête mettra en évidence des condi-tions d’hébergement insalubres. La course à la présidentielle apportera sûrement son lot de solutions miracles. Mais le seul et unique miracle, n’est-ce pas celui qui se produisit en cette nuit de 1954 ?

EDITO

Par Rodolphe Koller

SCIENCES ET TECHNOLOGIES VIVRE DANS LE 9eEN COULISSES

Rififi chez Hadopi

Page 6

L’envers du peintre en décors

Page 4

La revanche des tritons

Page 7

10 DU M

AT’ Les vierges

en haute couture.......p910 DU

MAT

Page 2: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

2 LE FAIT DU JOUR 3

INSALUBRITÉ Le mal-logement se traduit aussi par des logements indignes

« Pas d’isolation, mais des fuites »

« Quand j’ai visité l’appart, je savais d’avance que c’était vétuste, le genre d’immeuble avec toilettes sur le palier.

Mais au fur et à mesure j’ai dé-couvert que ça allait beaucoup plus loin. » Comme beaucoup d’étudiants, Romain est arrivé sur Lyon sans savoir où il allait habiter. Alors, il n’a pas été très regardant lorsqu’il a trouvé un petit studio dans le quartier Montchat. Les en-nuis ont vraiment commencé en hiver : « Il n’y avait aucune isolation et je me suis rapidement retrouvé avec 150€ de facture de chauffage par mois » se souvient le jeune homme. Sans parler des nom-breuses fuites dans la plomberie et d’une installation électrique plus que vétuste, l’appartement présente en outre de nombreux dégâts des eaux. Mais pour Romain, le comble arrive lorsqu’il se rend compte d’un interstice entre la cloison mitoy-

enne et le sol : « Si jamais je fumais chez moi, j’enfumais mon voisin, il y avait un jour entre le mur et le linot. » Le jeune homme n’a cependant pas cherché à constituer de dossier pour déclarer les lieux insalubres. Il a préféré démé-nager plutôt que de s’engager dans une procédure qu’il estimait trop longue.

L’insalubrité peut entraîner une suspension de loyerPourtant, effectuer un constat d’insalubrité n’entraine pas de dépenses supplémentaires pour un locataire. Au contraire, lorsque l’état d’insalubrité est reconnu, il entraîne automatique-ment une suspension de loyer, en vertu d’un arrêté préfectoral. Qui

plus est, ce constat définit des obli-gations de travaux pour le proprié-taire ainsi qu’un relogement le cas échéant pour la durée de ces mises aux normes. La collectivité se doit même de réaliser les travaux et de

trouver une solution de relogement en cas de dé-faillance du propriétaire. Cependant, le locataire ne peut d i a g n o s -tiquer seul l’insalubrité

de son logement. Celui-ci doit en-voyer une requête à une autorité compétente. Les services d’hygiène de la mairie ou encore la DDASS peuvent effectuer ces expertises et déclarer le logement insalubre. Dans le cas particulier où la pein-

ture ou la plomberie contiendrait du plomb, un examen médical peut également être nécessaire. Il per-mettra de démontrer la présence du métal toxique dans l’organisme et prévenir tout risque de maladie.Certaines associations comme l’ALPIL (Action pour l’insertion par le logement) proposent sur leur site internet des guides pour auto-diagnostiquer l’appartement. Elles apportent également une aide juridique en décortiquant la loi DALO (droit au logement opposa-ble). D’autres, comme la Fondation Abbé Pierre, publient régulière-ment des rapports alarmants sur l’état du logement en Rhône-Alpes. Ainsi, l’association comptabilisait en 2005 426 681 appartements in-dignes dans le parc privé du Grand Lyon. 71% de ces logements étaient occupés par des locataires selon l’Agence nationale de l’habitat du parc privé (ANAH).

Par Eve Renaudin

10 du mat | Mardi 10 janvier 2012

les professionnels de l’urgence sociale tiraient l’alarme en mars dernier contre le mal-logement / © E. R.

“Quand je fumais, j’enfumais mon voisin”

Page 3: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

2 LE FAIT DU JOUR 3

Mardi 10 janvier 2012 | 10 du mat

Un coût de 35€ par jour et par personne

Des réactions ? Envoyez-les à [email protected]

Allier qualité de vie et hébergement

80 personnes sont accueillies dans le village / © Mairie Villeurbanne

➢ 88

« Certaines situations me rappellent les romans de Zola, au XIXème siècle ». Paul Carrière est bénévole au secours catholique, ré-férent au logement pour la délégation du Rhône. La lutte contre l’insalubrité ? Son cheval de bataille. « En région lyonnaises, certaines zones sont particulièrement touchées. Récemment, j’ai travaillé dans les environs de Ville-franche sur Saône, où il y a de nombreux problèmes d’insalubrité. Ce qu’il faut dénoncer, c’est que la réglementation qui est un vrai millefeuille. Il est im-possible de s’y retrouver. Le rôle du Secours Catholique, c’est d’accompagnons les per-sonnes abusées par les « marchands de sommeil », qui ont du mal à parler de leur situation. Les démarches sont com-pliquées, et pas forcément accessibles à des personnes non-initiées. Les familles en particulier, ont du mal à parler de peur de se faire retirer la garde de leurs enfants. » Pour Paul Carrière, la lutte contre le mal-logement est un « avion sans pilote » : « Les compétences de l’Etat et des collectivités territo-riales se chevauchent, mais personne ne prend les déci-sions. »

Témoignage: « du Zola »

Comment est né le village « Dom’ici » ?L’an dernier, l’Hôtel Social (as-sociation dédiée au logement d’urgence) est intervenu sur un gymnase qui a servi de centres d’accueil d’urgence. Imaginez 150 personnes dans un gymnase avec femmes, enfants… C’est quelque chose d’indigne. La préfecture a donc lancé un appel à projets pour cet hiver pour l’hébergement d’urgence. L’Hôtel Social a alors croisé le chemin de l’entrepreneur Alain Sitbon et son projet intéres-sant de containers aménagés. La collectivité du Grand Lyon a alors été sollicitée pour avoir obtenir ter-rain à disposition avec un accès à l’eau et à l’électricité, situé dans le tissu urbain à proximité de trans-ports en commun. Un tel terrain a été trouvé à Villeurbanne, 87 rue Frédéric-Faÿs. Nous avions vrai-ment envie d’accueillir des per-sonnes en chambre individuelle, fermée et chauffée avec un point d’eau, pour qu’elles gardent leur in-timité. Huit salariés de l’association l’Hôtel Social gèrent l’accueil et la surveillance du public ainsi que la restauration matin, midi et soir.

Quel bilan tirez-vous de ce village mobile dix jours après son ouver-ture ?On a fait le plein avec 80 person-nes orientées suite à leurs appels au 115 et qui resteront jusqu’au 31 mars. Les « hameaux » permettent de séparer les familles et les per-sonnes isolées : les grands exclus

qui passent leur temps dehors n’ont pas toujours des comportements compatibles avec des familles et leurs jeunes enfants. Justement, comment se déroule la cohabitation entre les person-nes hébergées ?

Elle fonctionne bien notamment grâce à un réfectoire dans lequel les personnes hébergées se retrouvent collectivement en dehors de leurs chambres privatives. Il est impor-tant que le village allie qualité des locaux et qualité de vie. Les habit-ants peuvent rester toute la journée au village, et tout faire sur place. A tout moment entre 7h du matin et minuit, elles peuvent rentrer et sortir du village à leur guise.Quel est le profil de ces personnes hébergées ?

Des familles d’origine roumaine, des personnes isolées, et sans dom-icile fixe majoritairement. Après leur installation, les travailleurs so-ciaux essaient de les rencontrer, de comprendre leur parcours et leur histoire. Toutes les démarches pos-sibles sont ensuite mises en marche pour trouver une solution d’ici la fin du plan hivernal. Un logement ou un relais dans un autre centre d’hébergement plus pérenne par exemple.

Les villages mobiles sont-ils des solutions idoines pour répondre à l’hébergement d’urgence ?Oui mais ce n’est pas la seule. Il est possible de mobiliser des bâtiments collectifs comme d’anciennes clin-iques et d’anciennes maisons ou re-traite. La formule du village mobile complète les autres solutions. Elle a l’avantage d’être mobilisable sur un plus long terme. Il faut cependant trouver des autorisations et des fi-nancements pour pouvoir déplacer le village et ainsi ne pas s’arrêter forcément à la période hivernale.

C’est le pourcentage d’appels au 115 qui n’aboutissent pas à une solution dans le département du Rhône. Ce chiffre est tiré du baromètre hivernal du 115 publié par le quoti-dien La Croix. Le Rhône est le deuxième département de France le plus concerné par le manque de place en hébergement d’urgence. A l’échelle nationale, 49% des appels ne don-nent pas suite. La Loire est le département le plus cri-tique, avec 91% de demandes inabouties.

➢ Plan hivernal, plan grand froid, késako ?Le plan “Grand froid” est un dispositif qui prévoit une vigi-lance accrue envers les per-sonnes « vulnérables » lors de la baisse des températures. Il anticipe un volet prévention et une prise en charge médico-sociale. Les plus démunis peu-vent y accéder en composant le 115, centre d’appel gratuit du Samu social.

Les 3 niveauxg niveau 1: température pos-itive dans la journée, com-prise entre 0 et - 5°C la nuit.g niveau 2 : température né-gative le jour, comprise entre - 5°C et - 10°C la nuit.g niveau 3 : température né-gative le jour, inférieure à - 10°C la nuit.

ENTRETIEN Alain Rongier est directeur général de l’Hôtel Social

Par Joël Chicouard

Page 4: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

4 EN COULISSES

MÉTIERS Les peintres historiens

L’envers du peintre en décors

Restituer des décors vieux de plusieurs siè-cles, le tout dans des bâtiments pittoresques

et chargés d’Histoire. Barbara Vaux a conscience de la rich-esse de son métier : « C’est une chance extraordinaire d’exercer dans des lieux classés. On peut toucher l’Histoire et y contribuer. » Barbara est peintre en décors, spécialisée dans le patrimoine, depuis 2009. En d’autres termes, cette mère de trois enfants se charge de restituer, créer ou res-taurer les décors dans des monu-ments classés ou chez des par-ticuliers. A Pompéi déjà, les peintres en décors intervenaient sur les murs ou plafonds des églises, des châteaux ou des bâtisses. Un métier d’artiste aux apparences idylliques pourtant bourré de contraintes : « C’est un métier de passion. Il n’y a pas beaucoup de travail. Seuls les particuliers fortunés font appel à nous et les biens patrimoniaux sont proposés sous forme d’appels d’offres dans le Journal Officiel… C’est un métier de niches. En plus, il faut avoir une très grosse condition physique pour porter le matériel et rester sur des chantiers du matin au soir. Mais avec de la passion, c’est un métier fantastique », explique Barbara Vaux. Ce même métier demande une grande connaissance historique. C’est pourquoi Barbara Vaux est diplômée de l’IEP Paris en histoire culturelle en plus de l’école du Patrimoine d’Avignon, la seule école pour spécialistes du patrimoine et qui forme une vingtaine de personnes par an au métier.

Un travail historique d’amontChaque chantier nécessite un travail fouillé en amont : « Avant de commencer le chantier, on doit étudier le bâti. S’il y a des murs anciens, il faut savoir qu’ils ont besoin de respirer. Il est donc im-pensable d’utiliser de l’acrylique

pour les décorer, mais plutôt de la chaux. C’est seulement après avoir vérifié tout ça et s’être assuré de ne pas détériorer le patrimoine qu’on commence à peindre. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Dans un lieu classé, la priorité est à la conservation avant tout. » En plus de dé-couvrir des lieux et sites hors du com-mun, le métier de peintre en décors offre un tout autre regard sur l’Histoire mais aussi la vie : « Travailler sur des œuvres telles, ça apprend surtout à être humble. Avant, les gens commençaient ce métier à 14-15 ans, ils étaient donc excellents, bien meilleurs que nous. On se plonge dans la recherche de documents histor-iques pour retrouver les traces des anciens décors afin de les renou-veler au mieux. Il y a des œuvres monumentales dans certains

châteaux qui nous permettent de nous retrouver dans le passé en le faisant perdurer le plus longtemps possible dans le futur. » Un pein-tre en décors se doit aussi d’avoir une polyvalence exceptionnelle.

Bois et mar-bres feints, o r n e m e n t a -tion, trompe-l’oeil, décors panoramiques, fresques, la profession in-duit le panel complet des

arts décoratifs.

La passion ne fait pas vivrePourtant cette polyvalence n’est pas toujours récompensée à sa juste valeur, si bien qu’il est aujourd’hui difficile de vivre du métier : « Je suis peintre en dé-cors, artiste-peintre et je donne des cours de dessins chez moi en plus. J’ai trois enfants, je ne peux pas me permettre d’avoir un revenu aléatoire. Il est difficile

d’obtenir un chantier et de rentrer en contact avec les propriétaires. On peut parfois toucher une grosse somme par trimestre mais c’est tout. Aujourd’hui, ma profes-sion ne me permet pas de vivre. » Un chantier mobilise au mini-mum 2-3 semaines de travail, de l’information historique à la finalisation des travaux. Si la ré-gion n’offre pas de très bonnes perspectives, le sud de la France, de par sa proximité avec l’Italie, le berceau de la décoration his-torique, est plus propice à cet art. Mais qu’importe, Barbara vit sa passion autant que son emploi du temps de mère le lui permet et garde dans un coin de l’esprit des rêves bien personnels : « J’ai deux rêves : je voudrais restituer une église romane. Il y a tellement de trésors historiques en souf-france et de décors qui tombent en ruine… et travailler dans un château du Xème siècle. » Trans-former ses rêves en objectifs, c’est aussi ça être artiste.

Par Antoine Lebrun

La priorité est à la conservation avant tout

Barbara Vaux restituant les décors d’un château Renaissance du Beaujolais / © DR

10 du mat’ | Mardi 17 janvier 2012

Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected]

Page 5: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

ÉCONOMIE Le vin coule sereinement son chemin

La viticulture épargnée par la crise ?

Alors que se tenait hier à l’Espace Tête d’Or le 2ème salon profes-sionnel du vin, force

est de constater que le secteur viticole ne semble pas si touché qu’on a voulu le dire ou le penser. Ainsi, Benoit Escoffier, en charge de l’organisation du salon, ex-plique en tout simplicité : « le secteur du vin se porte plutôt bien malgré la crise. Il faut dire que les gens achètent moins de bouteilles maintenant, mais ils achètent da-vantage de vin de qualité ». Un point cependant sur lequel tous les vignerons s’accordent : il est de plus en plus difficile de main-tenir une production unique-ment locale.

Des exportations favorisées… Autre constat : les vignerons s’étaient prémunis contre la crise et contre le ralentissement économique, et ce depuis 2008 avec les « subprimes ». C’est l’avis d’Olivier Crespy, qui représente le domaine Vergobbi (Baron d’Escalin, Côte du Rhône), qui ne s’inquiète pas du tout. « Les consommateurs classiques restent les personnes âgées, qui cherchent des prix entre 4 et 6 € la bouteille. Or le marché du vin se situe plutôt autour entre 2 et 4 €, précise-t-il, mais aujourd’hui nous avons aussi accès à d’autres marchés. Les relais de croissance se situent désormais en Asie, en Scandina-vie et aux Etats-Unis ».

Certains domaines excellent même en la matière, à l’image des Caveaux de Pomerols, dont 80% de la production est destiné à l’exportation. Autant dire que Serge Alarcon, le représentant de la coopérative qui regroupe pas moins de 1600 Ha de vignes, se frotte les mains : « la crise c’est bon pour les exportations, si cela cause une baisse des cours de l’euro, surtout pour le marché des Etats-Unis, avant d’ajouter: ce n’est pas vraiment dans le monde des producteurs que cela pose problème, étant donné que nous ne sommes pas en contact direct avec le monde financier » conclut-il.

…aux dépens des importations En toile de fond, les éventuelles répercussions de la perte du tri-ple A sont à double tranchant en ce qui concerne l’import/ex-port de vin. Si le cours de l’euro baisse, cela favoriserait donc les exportations au détriment des importations, mais pas seule-ment. Eric Janian, qui représente la société Chirag (importations de vin libanais, grecs et vodka russe), en sait quelque chose : « Depuis 40 ans nous importons des produits assez variés et nous constatons une baisse de la con-sommation, en maintenant tout de même des prix corrects pour le client. Même si c’est de plus en plus difficile avec la concurrence » reconnaît-il. La crainte du négo-

ciant est ailleurs : « bien que nous attendions la perte du triple A depuis longtemps, si le cours de l’euro venait à baisser, nos im-portations seraient fortement pénalisées et nous serions obligé d’augmenter nos prix, ne serait-ce qu’en raison des taxes. » Côté Beaujolais, l’association des familles beaujolaises témoigne d’une assez bonne santé, ce-pendant que l’appellation pâtisse davantage d’une mauvaise image de marque plutôt que des effets potentiels du ralentissement économique ambiant. Quoi qu’il en soit, les vignerons sont confi-ants pour l’horizon 2012.

Par Guillaume Bouvy

EN BREF

Moody’s Contrairement à son homologue Standard & Poor’s, qui a dégradé la note de la France à AA+, l’agence de notation américaine a décidé de maintenir le triple A de la France.

Parodie Déçu par l’aide proposée par Pôle Emploi, Romain de Bascher, jeune lyonnais de 22 ans, a lancé hier soir emploie-moi.fr, site parodiant celui de l’agence. Une initiative qui vise à interpeller sur des offres peu adaptées aux profils de cer-tains chercheurs d’emploi

L’agence

L’action

4 C’est, en milliards d’euros, ce que pourrait coûter à l’Etat l’arrivée de Free sur le marché du mobile. Les concurrents de l’opérateur s’étant d’ores et déjà alignés sur ses tarifs plus bas, la marge de l’Etat, liée aux taxes et à l’impôt sur les sociétés, devrait logiquement baisser.

Le chiffre

Un secteur qui décline malgré toutLes chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 2426 viticulteurs du Rhône, la chambre de l’agriculture du dé-partement fait état d’une baisse de 30% de l’activité par rapport à 2000. Cette baisse comporte deux ex-plications selon Frédéric Paperin, responsable au secteur viticole à la chambre : « Il y a d’abord une baisse de la surface totale du vi-gnoble qui a réduit, et aujourd’hui

nous sommes plutôt dans une logique de regroupement des vi-gnerons ». Concrètement, les petits exploitants sont étouffés par les coopératives ou par les « grands ».D’autre part, le potentiel économ-ique du secteur a perdu 18% par rapport en dix ans. Le responsa-ble à la chambre de l’agriculture nuance néanmoins ces chiffres : « Les crises de marché existent

depuis longtemps sur le marché du vin, avec une situation par-ticulièrement critique ces trois dernières années, qui tend à être souvent en dent de scie. » Enfin, dans le département du Rhône, plus de la moitié des vi-gnerons font de la vente directe, ce qui laisse moins de place à l’exportation. G. B

ECONOMIE ET SOCIAL 5

Les dégustations allaient bon train hier au salon du vin hier, preuve que le commerce viticole se porte plutôt bien / © G. B

Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected] Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected]

Mardi 17 janvier 2012 | 10 du mat’

Page 6: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

6 SCIENCES ET TECHNOLOGIES

BILAN HADOPI ne décolle toujours pas

Du rififi pour HadopiPar Laurent Benoit

EN BREF

1 milliard En août prochain, l’agence américaine iCrossing, prédit que Facebook pourrait franchir la barre du milliard d’utilisateurs. Le site compte actuellement 800 mil-lions d’actifs. En France, le cap des 25 millions a été dépassé. En moyenne, un utilisateur Facebook a 130 amis.

Equilibre cosmiqueDes astronomes parisiens ont révélé que notre galaxie compte autant de planètes que d’étoiles, soit 200 à 400 milliards d’objets célestes. 720 exoplanètes ont été découvertes ces 16 dernières années. La Voie Lactée en comptant plus de 300 milliards, il faudrait 6 milliards d’années au rythme actuel pour toutes les découvrir.

Le chiffre

Le fait

Des couacs en pagailleLes bavures sont fréquentes chez Hadopi : sa naissance s’est faite au gré de nombreuses boulettes. La plus récente : des télécharge-ments au sein du ministère de la Culture et de la Communica-tion, notamment de films, jeux vidéo et musique. Alors qu’Hadopi clame tou-jours que sa méthode de col-lecte d’adresses IP est fiable et juste, c’est cette même méthode

qui a été utilisée par le site de Nikopik pour révéler ces vols, démentis maladroitement par l’organisation. “Sur les 65025 adresses IP officiellement at-tribuées au ministère, plus de 250 ont été repérées comme fai-sant transiter du contenu illégal durant les deux derniers mois”, conteste pourtant l’article de Nikopik. Cet incident n’est pas sans écho à celui qui a frappé

l’UMP en 2008, lorsqu’une chanson du groupe MGMT avait été diffusée durant des meet-ings, sans aucune demande. A l’époque où le parti soutenait le lancement d’Hadopi, il s’était retrouvé au tribunal, assigné par le groupe qui demandait seulement de ne pas assimiler sa musique au parti. L’UMP s’en est tiré avec 1 euro symbolique d’amende. L. B

10 du mat’ | Mardi 17 janvier 2012

Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected]

Parodie de la campagne de publicité Hadopi 2011/ © CC by NC SA

iPad l’iPad 3 serait en pro-duction chez les sous-traitants d’Apple, et pourrait arriver dans les rayons des magasins en février prochain, peut-être en mars pour l’Europe

La date

Un an après son lance-ment, les résultats de la Haute Autorité chargée de la protec-

tion intellectuelle demeurent flousPascal Nègre, président d’Universal Music France, s’est récemment félicité des 2,2 mil-lions de personnes qui auraient, selon lui, « arrêté de pirater à cause d’Hadopi ». En face, les détracteurs d’Hadopi continuent d’affirmer que l’autorité ne fonctionne pas, et les volumes du téléchargement illégal ne baissent pas.

Guerre de clochersLe calcul de Pascal Nègre est d’ailleurs un peu fumeux : « Nous avons eu 800 000 visiteurs de plus en streaming, et 1,2 millions sur les sites payants de téléchargements.

» Pour Nègre, ces nouveaux con-sommateurs étaient donc « for-cément » des pirates. A Lyon, Nicolas Seydoux, président de l’Association de lutte contre la pi-raterie audiovisuelle et du Conseil de surveillance de Gaumont, est du même avis : un pirate qui ne peut plus télécharger va forcément se tourner vers la consommation. Seydoux défend ainsi la même stratégie que dans les années 1980 et 1990 : « La France était le pays où les copies de vidéocassettes était le plus faible parce que deux gérants de vidéoclubs avaient été condamnés à de la prison ferme ».La répression fonctionne-t-elle ? Officiellement, « ce sont près de 10 millions de procès-verbaux dressés qui, vérifiés par Hadopi, ont donné lieu à un million de mails de mise en garde ». Cela aussi bien pour

du piratage musical que cinéma-tographique. Et sur ce million, « 35.000 lettres avec accusé de récep-tion ont été expédiées aux inter-nautes mais seul un nombre infime d’internautes ont été convoqués pour être sermonnés », détaille-t-il.

Un système peu efficace ? Les chiffres tendent d’ailleurs à prouver la faiblesse du système : Hadopi couterait 14 millions d’euros par an, pour une inef-ficacité crasse : « Elle ne trace qu’une infraction sur vingt, et le chiffre clé qui ne figure pas dans le rapport : zéro coupure de con-nexion en un an d’activité ! », s’esclaffe Luc*, étudiant et militant au Parti-Pirate. D’ailleurs, pour la Quadrature du Net et d’autres as-sociations privées, les chiffres of-ficiels sont gonflés : « Hadopi n’a envoyé que 650 000 courriers et 44 000 personnes ont reçu un deux-ième avertissement “mail + lettre recommandée”, on est bien loin du million annoncé ».Luc met en ligne ses achats (jeux, musique, films) sur un forum, «pour participer au partage cul-turel. J’utilise des outils permettant de passer à travers leur radar. Sur le web vous avez des douzaines de méthodes ». Bien qu’il admette que le risque zéro n’existe pas, Luc ne s’inquiète pas. « En un an, je n’ai pas changé mes habi-tudes de consommation : mon or-dinateur télécharge dix heures par

jour, et je n’ai jamais été pris. J’ai deux amis qui ont reçu une lettre d’avertissement. Difficile de dire si le système cible au hasard. Ils n’ont aucun point commun, si ce n’est qu’ils ne se protègent pas quand ils naviguent sur internet… », lâche le bidouilleur avec un sourire narquois. Aujourd’hui, 60 dossi-ers sont actuellement traités pour des coupures d’accès. Certains d’entre eux pourraient faire l’objet de poursuites judiciaires. Sanc-tion : 1500 euros d’amende, et un mois de coupure web. Hadopi ré-fléchit aussi à un filtrage qui serait individuel, ajusté par chaque in-ternaute, de manière à responsa-biliser un maximum ces derniers.

*Prénom d’emprunt

Page 7: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected] VIVRE DANS LE 9e 7

NATURE Le Parc de la Cressonnière, à Vaise, est riche d’une grande biodiversité

Quand la nature fait école

rès de 30 espèces de papillons de jour, 35 espèces d’oiseaux, une grande diversité d’insectes ter-restres et aquatiques, une flore luxuriante... le Parc de la Cres-sonnière est une merveille de biodiversité. Installé à côté de la

piscine de Vaise, sous le pont de l’autoroute, le site de trois hectares est une ancienne tourbière, reconverti en cressonnière.

Il appartient à la ville de Lyon depuis 1957 et le service des Espaces verts tente de préserv-er et de développer cette biodiversité. Les tritons alpestres et les tritons palmés, deux espèces protégées, en sont d’ailleurs le parfait exemple. « En 2008, un premier comptage des espèces a été effectué » ex-plique Tatiana Soulier, responsable du pôle développement durable de la direction des Espaces Verts. En 2009, ce sont 900 tritons qui ont été recensés. Ce nombre met la puce à l’oreille aux spécialistes : le parc doit re-censer bien d’autres espèces animales. Fin 2009 marque alors le début d’une étude approfondie et un second comptage est or-ganisé par la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de la protection de la nature) et par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) pour répertorier les différents insectes et animaux présents dans le parc. Le jardin botanique de Lyon participe égale-ment au comptage et fait l’inventaire de la flore. Un plan de gestion est alors mis en place, « Ce qui permet de ne pas faire n’importe quoi, reprend Tatiana Soulier, car

il faut gérer l’équilibre des différentes espèces, utiliser le parc et l’entretenir sans les gêner ».

Parcours pédagogiquePlusieurs espèces protégées vivent sur le site de la Cressonnière, « il y en a même cer-taines qui s’y reproduisent », souligne-t-elle, à l’image de la mésange bleue ou du merle noir. Le site, qui se compose d’une partie boisée et d’une prairie, compte également des hérissons, des mulots et autres micro-mammifères. Et grâce aux différentes sources qui l’alimentent, le parc de la Cressonnière héberge par ailleurs de nombreuses espèces de grenouilles, de crapauds, de coléoptères, de salamandres, etc.

Le prix à payer pour maintenir cet écosys-tème si rare au cœur d’une grande ville, c’est la fermeture du parc de la Cressonnière au public. Seules les écoles de Vaise peuvent le visiter. « Le service Lyon Nature organise les “carrés pédagogiques” », raconte Tatiana Soulier. « Les enfants plantent des fleurs, des légumes et ils suivent la progression de leur planta-tion. Il y a aussi un petit parcours dans les sous-bois et une présentation de la biodiver-sité que l’on trouve dans ce parc ». Car si la direction des Espaces Verts sou-haite protéger le parc, elle souhaite égale-ment prouver, par la sensibilisation des plus jeunes, qu’un écosystème riche est sain peut se développer au cœur de la ville.

Par Lucile Bellon

RappelRécital Le conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon organise le récital de la classe d’orgue ce soir à 20h30, dans l’amphithéâtre Darasse. Entrée libre

ExpositionArt A l’occasion des 30 ans de la mort du peintre Joannes Veimberg, le Fort de Vaise accueille une exposition de ses oeuvres du 29 janvier au 12 février. Le vernissage aura lieu le 28 janvier à 18h. Ouverture : mercredi, samedi, dimanche de 14 h 30 à 19 h.

Fort de Vaise, 27 bd Saint-Exupéry. Pour plus d’informations contacter la Fondation Renaud au 04 78 47 10 82

RappelThéâtre La compagnie Maloscène s’est inspirée du livre pour enfant «A quoi tu joues» de Martine-Sabine Roger pour monter

un spectacle sur les clichés sexistes. Un ouvrage et une pièce pour per-mettre aux enfants de comprendre que les garçons peuvent jouer aux poupées et les filles con-duire des petites voitures.

Les mercredis et samedis jusqu’au 28 janvier, à 10 h. De 8 à 10 euros. Acte 2 Théâtre : 32 quai Arloing

Le parc de la Cressonnière compte plusieurs bassins qui abritent de nombreux insectes, gre-nouilles, tritons... / ©Ville de Lyon

QUOI DE NEUF ?

Des réactions ? Envoyez-les à [email protected]

Certaines espèces pro-tégées se reproduisent dans le parc

P

Mardi 17 janvier 2012 | 10 du mat’

Page 8: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

8 VIVRE À L’UPI

DÉCOUVERTE Les dessous de la reprographie de l’UPI

« Copie couleur SVP! »

Aujourd’hui, zoom sur un lieu pas toujours connu des étudi-ants, mais primordial pour ré-aliser des dossiers, obtenir des

supports de cours, réaliser des travaux qui nécessitent des copies en séries…et notam-ment imprimer notre journal « 10 du mat’». Quand les photocopieurs des étages ne suf-fisent plus, la reprographie prend le relai. Ce service, qui dépend directement de l’Université professionnelle René Cassin, se trouve au 14 rue Gorge de Loup et s’étend sur 600m² de hangar. Dino Bianchi, le re-sponsable, reçoit avec son équipe compo-sée de trois personnes les travaux par voie électronique, puis les exécute et les livre par navettes (camions). « La reprographie représente environ 40% de notre activité, mais nous nous occupons aussi de la logis-tique, du magasinage, des fournitures, et du stockage » explique-t-il.

8 millions de copies par an Le groupe IDRAC est le plus gros con-sommateur de copies, suivi de près par le groupe IGS. Dans le détail, cela représente en moyenne 8,6 millions de copies par an pour l’ensemble de l’UPI, soit plus de 2500 km mises bout à bout. Environ 5 millions sont tirées en noir et blanc et 2 millions en couleur, sans prendre en compte les autres types de travaux plus spécifiques (plaquettes, cartes de visites…) Pour les 16 photocopieurs situés dans les étages et dans les bâtiments, la reprogra-phie qui en a la charge comptabilise 1,6 millions de copies noir et blanc et 500 000 copies en couleur par an. « Pour avoir un ordre d’idée, la reprogra-phie traite entre 100 et 150 commandes par jour, ajoute Dino Bianchi, en sachant que les demandes peuvent aller de une à 300 pages

à reprographier ». Pour répondre à ces de-mandes, deux machines traitent le noir et blanc et deux autres traitent les copies couleur. La cadence varie entre 105/110 copies par minute pour le noir et blanc, et 60/65 copies par minute pour les copies couleur, en comprenant la finition (collage et agrafage).

En ce qui concerne les ratés, ils sont rela-tivement faibles compte tenu du nombre de copies effectuées : ils ne représentent pas plus de 0,5% de la production. « Même s’il peut arriver d’avoir des demandes impor-tantes, nous essayons de respecter un délai maximum de 24H. Ce qu’il faut dire aussi c’est que la reprog-raphie n’est pas non plus une imprimerie. Pour faire simple, notre service peut aller jusqu’à 5000 copies, au-delà les demandes sont acheminés auprès d’imprimeurs exté-rieurs » précise le responsable de la reprog-raphie. Pour information, le coût d’une page en noir et blanc revient à 0,0143 €, tandis qu’une copie couleur coûte 0,055 €, soit près de 4 fois plus cher. Les copies, qui sont directement factu-rées aux écoles, sont effectuées par défaut en recto/verso. Enfin, Dino Bianchi con-clut : « depuis trois ans, nous avons con-staté une régression des photocopies, ce qui s’explique notamment par le développe-ment des ressources numériques ».

Par Guillaume Bouvy

“Ce n’est pas une imprimerie ! ”

EN DIRECT DE L’UPI

MultimédiaOn air En plus de votre ren-dez-vous matinal quotidien avec le 10 du Mat’, vous pouvez également retrouver tous les jours le travail de nos confrères de la spécialité radio sur www.keskiscpass.com. Au programme, un tour d’horizon complet de l’actualité et à partir de cette semaine, des chroniques poli-tiquesdes journalistes en plateau viendront alimenter les journaux

Petit écran La spécialité TV n’est pas en reste et vous présente quotidiennement son journal de dix minutes sur l’actualité du Grand Lyon. Reportages, brèves : les journal-istes vous présentent également leur travail sur www.keskiscpass.com. Retrouvez très prochaine-ment un portrait de Romain de Basher, un jeune lyonnais au chômage, qui, inspiré par le Pôle

Emploi, a décidé de créer son site internet pour trouver du travail. Au programme également, un point sur la grève des cheminots de la SNCF qui touche la ligne Saint-Etienne - Lyon depuis 75 jours.

N’hésitez pas à laisser vos commentaires !

Dino Bianchi, responsable de la reprographie, assure avec son équipe les demandes de copies des différentes écoles et intervenants / © G. B.

10 du mat’ | Mard 17 janvier 2012

Adresse: 47, rue sergent Michel Berthet Site Web: www.keskiscpass.com Email: [email protected] Tel: 04 72 85 71 71 Directrice de publication: Isabelle Dumas Directrice de la rédaction : Dominique HumbertSecrétaire de rédaction : Geoffrey Fleury Rédacteur en chef : Rodolphe KollerRédacteur en chef web: Lucie BarrasRédaction: Lucile Bellon, Laurent Benoit, Julien Bonnefond, Guillaume Bouvy, Joël Chicouard, Geoffrey Fleury, Nicolas Gil, Rodolphe Koller, Antoine Lebrun, Eve Renaudin, Natacha Verpillot

Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected]

Page 9: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

Les dessous de la reprographie de l’UPI

SORTIR 9

EXPOSITION La Vierge et ses plus beaux atours

La Madone fait son show

a Vierge Marie, une «  icône de mode  »  ? Le musée des tissus de Lyon dévoile une histoire de la mode très étonnante et surtout in-édite. L’exposition invite le visiteur à découvrir l’imposante garde-robe

des statues de la Vierge Marie. Il voyage du XIIème siècle, période à laquelle les statues de la Madone revêtent, pour la première fois, des robes confectionnées à partir de tissus somp-tueux, parsemés de pierreries et perles, jusqu’à 2009.

Une date où les grands couturiers, comme Castelbajac et Jean-Michel Broc, ont accepté de renouveler les collections et moderniser cette pratique devenue « désuète », d’après Maximil-ien Durand, directeur du musée des tissus. Une exposition originale qui se veut révélatrice d’une vision peu connue du textile. « Cela lui confère un statut particulier », explique Maxim-ilien Durand. Mais alors pourquoi habiller une statue alors qu’elle possède déjà des vêtements sculptés ? « On pourrait penser que le costume dissimule la statue, mais au contraire. Cela la révèle et l’humanise », affirme le directeur, « et en même temps, la notion de distance est présente du fait de la préciosité du tissu et des matériaux utili-sés ». Et si aujourd’hui, la pratique est discrète,

les plus célèbres représentations de la Madone sont accoutrées de robes hors pair à l’image de la Vierge noire à Toulouse ou celles du Puy-en-Velay et … de Fourvière. Avec cette rétrospective riche d’une centaine de robes, Maximilien Durand souhaite que le visiteur se pose des « questions psychologiques, sociales et historiques car le tissu est un matériau à part qui raconte l’histoire de notre société et pas seulement de la mode ». L’exposition « Icône de mode » s’articule sur deux niveaux. Un premier

étage est consacré à l’immense garde-robe de la Vierge noire de Toulouse. Cette partie de la rétrospective est conçue comme un défilé de mode avec en son centre un podium sur lequel sont exposées les sept robes créées par des cou-turiers célèbres en 2009. Enfin, le deuxième étage s’inscrit dans une perspective plus pédagogique et présente des collections de robes prestigieuses souhaitant « donner l’illusion que les statues sont des femmes réelles », conclut Maximilien Durand.

Par Natacha Verpillot

ConcertFestival Deuxième édi-tion pour le festival French Kiss. Au programme, 24 concerts qui em-brassent l’ensemble du répertoire de la musique française. L’auditorium joue une nouvelle fois la carte de la séduction et propose une palette d’exceptionnels compositeurs fran-çais comme Ravel et Berlioz. Entre concert d’orgue ou symphonique, ciné-concert, café-concert et même concert jeune public, il y en a pour tous les goûts. Jusqu’au 10 février.

149 rue Garibaldi - 69003 Lyon Tel: 04 78 95 95 95

ThéâtreComédie Drôle et moderne. Ma femme me prend pour un sex-toy raconte le réveil d’un couple plutôt surprenant qui, après une soirée arrosée, se retrouve marié à Las Vegas. Jusqu’au 31 mars au Rideau Rouge.

1 place Bertone - 69004 LyonInfos/Résa : 04 78 37 40 30

ExpositionArchives « 50 ans

de presse alternative » retrace l’histoire de la presse alternative dans la région lyonnaise des an-nées 60 à aujourd’hui, à l’heure où l’information circule sur internet. L’exposition invite également à par-courir quelques grands thèmes tels l’anarchisme, la libération sexuelle, le féminisme et la non-violence. Jusqu’au 25 février aux Archives mu-nicipales de Lyon.

1 place des Archives - 69002 Lyon 04 78 92 32 50

ExpositionPhotographies Le Goe-the institut de Lyon propose de découvrir une série de portraits in-times et parfois drôles de stars inter-nationales comme Georges Clooney et Nicole Kidman mais aussi des ac-teurs français et allemands (Diane Kruger, Gérard Depardieu). Des photographies prises à l’occasion de leur venue à la Berlinale. Jusqu’au 24 février.

18, rue François Dauphin 69002 Lyon 04 72 77 08 88

Quelques exemples de robes portées par la Vierge / © Musée des tissus

NOTRE SELECTION

“Le costume révèle et humanise la statue ”

Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected] Des infos, des réactions à partager ? Envoyez-les à [email protected]

Mardi 17 janvier 2012 | 10 du mat’

L

Page 10: 10 du mat' - Numéro 4 - Lundi 16 janvier

10 ILS/ ELLES FONT BOUGER LYON

PORTRAIT Julien Pouget, président d’AOA Production

Le temps des soirées déjantées

Adolescent déjà, Julien Pouget rêvait de ci-néma. Dans son lycée de Clermont-Ferrand,

le jeune homme monte un ciné-club en parallèle de son option arts du spectacle. « Je faisais déjà ce que j’allais faire plus tard avec AOA, je créais des événements en rapport avec le cinéma, » se remé-more-t-il. Néanmoins, il lui aura fallu quelques détours avant de revenir à cette vocation événementielle. Car, si Julien Pouget poursuit un cursus en arts du spectacle et cinéma à Lyon 2, c’est avant tout pour devenir réalisateur. Tout bascule lorsque, lors de sa deux-ième année, il rencontre d’autres passionnés avec qui il réalise et produit plusieurs cours-métrages. « Nous cherchions un nom pour présenter nos productions et, je ne sais plus comment, on en est ar-rivé à AOA, » s’amuse le cinéphile avant de préciser : « le O c’est pour Ofni, comme Objet Filmique Non Identifié. » En 2005, la bande d’amis se dé-cide à créer une association à part entière pour promouvoir leurs créations. Très vite, ils organisent leur première projection publique dans un bar qu’ils fréquentent al-ors. « J’ai passé la soirée à courir d’ennuis technique en ennuis technique, c’était une catastrophe, » s’amuse Julien. Ce qui ne les empêche pas de recommencer dès le mois suivant. « On avait chopé le virus, » s’amuse-t-il.

Des simples projections aux soirées à thème Très vite, la petite équipe se met à la recherche d’un lieu plus appro-prié pour ses soirées et s’associe à la Boulangerie du Prado (Lyon 7e). Elle y organise en 2007 un festival des Arts Ninjas qui débouche sur la création de soirées mensuelles consacrées aux nanars, ces films tellement mauvais qu’ils en devi-ennent sympathiques. Julien reste néanmoins très réticent à aller au-delà des simples soirées ciné-

ma avec projection. Un jugement qu’il doit réviser en 2008 lorsque, en marge de la préparation d’un autre festival consacré cette fois aux zombies, un ami lui parle des « marches zombies ». Il se renseigne sur le sujet et décide d’importer ce concept, inédit en France, qui consiste à faire défiler des ama-teurs déguisés en mort-vivants. « A partir de là, on a explosé, » se souvient Julien, qui avoue garder un souvenir très fort de ce festi-val et de la marche qui a suivi. Le Zombie Day est d’ailleurs devenu l’événement incontournable de l’association avec un budget con-séquent de 2000€, réunissant plus

de 600 personnes lors de sa dern-ière édition en octobre dernier. « Ce Zombie Day 5 est l’une des organisations dont je suis le plus

fier, ça nous a demandé beau-coup de pré-paration mais ça en valait la peine quand on a vu tous ces morts déferler dans les pentes

de Croix-Rousse, » se réjouit le jeune homme.

L’amusement avant tout « J’ai bien sûr des préférences, pas forcément pour les plus grosses soirées d’ailleurs. Peut-être parce que je peux mieux profiter quand il n’y a pas beaucoup de tâches à gérer. » Il avoue sans complexe

adorer les soirées les plus décalées imaginées par AOA comme une très surprenante «Nuit du Lama». « On a cherché l’animal le plus délirant possible, » se souvient-il, « c’est là qu’on s’est dit qu’on allait faire venir des lamas. » C’est ainsi que le 8 décembre 2010, sur fond de musique péruvienne, un petit troupeau de lamas se re-trouve devant la Boulangerie du Prado. Quant à l’inspiration pour ce genre de thème décalé, Julien a une explication très simple. « Si ça ne nous fait pas rire, c’est pas la peine qu’on essaye. Les idées doivent venir naturellement, on ne se force pas. » Avec une cen-taine d’événements à son actif et une quarantaine de bénévoles, la source d’inspiration n’a pas l’air prête de se tarir.

Par Eve Renaudin

10 du mat | Mardi 17 janvier 2012

Julien Pouget Né le 2 octobre 1980 à Clermont-Ferrand. Il est Président d’AOA Production depuis 2005. Il possède un Master en Arts du Spectacle à Lyon 2 en 2007. Depuis 2009, il est chargé de com-munication à l’école de cinéma. Julien devient également président de Muffin Production (organisation de concerts) en décembre 2011.

➢ Bio

Des réactions ? Envoyez-les à [email protected]

Organisateur de la “ Nuit du lama ”

Des réactions ? Envoyez-les à [email protected]

« Le Zombie Day 5 est l’une des organisations dont je suis le plus fier» estime Julien Pouget / © E. R