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Dimanche 21 - Lundi 22 octobre 2012 - 68 e année - N˚21074 - 1,60 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz L e conseil européen des 17 et 18 octobre à Bruxelles n’a rien donné. Au fond, c’est ras- surant. Signe que l’Europe est sor- tie de la phase la plus aiguë de la crise, lorsque, de sommet de la dernière chance en réunion de cri- se, les dirigeants européens s’ef- forçaient de sauver l’euro. Depuis le pic de la crise, atteint il y a un an au G20 de Cannes, l’Europe s’est dotée d’un pacte budgétaire et d’un mécanisme de solidarité. Elle va mettre en place, bon an mal an, une union bancaire. De nouveaux dirigeants, Mario Monti en Italie et Mariano Rajoy en Espagne, décident de réformes cou- rageuses. La Banque centrale euro- péenne (BCE), pendant l’été 2011, a garanti la survie du système. Les failles de construction de Maas- tricht sont largement corrigées. Après la crise de l’euro, voici venir les temps des crises de l’Eu- rope. La première sera budgétai- re : en octobre, les dirigeants euro- péens s’écharperont sur le budget communautaire pluriannuel. S’annonce un affrontement entre les défenseurs des avantages acquis – agriculture, aides régio- nales dont les vertus méritent d’être sérieusement vérifiées – et ceux qui plaident pour un budget ambitieux, tourné vers les inves- tissements d’avenir et le capital humain. Le premier ministre bri- tannique, David Cameron, dont le pays bénéficie d’un rabais négo- cié par Margaret Thatcher en 1984, a annoncé la couleur en menaçant par avance d’imposer son veto. La deuxième crise opposera la zone euro à l’Union européenne à 27. L’intégration économique de l’union monétaire devient telle qu’elle rend quasi impossible le maintien d’un marché unique homogène : une banque espagno- le, protégée par les nouveaux mécanismes de solidarité, sera avantagée, et fortement, par rap- port à une banque hongroise. Plus la zone euro s’intègre, plus elle s’éloigne du marché pur et parfait voulu par Londres. La question du statut de la City, pla- ce off shore de la zone euro non soumise aux règles de la zone euro et à la taxe sur les transac- tions financières, est posée. La troisième crise portera sur le contrôle économique au sein de l’union monétaire. A force d’ef- forts douloureux, les pays du Sud (Portugal, Espagne) et l’Irlande ont rattrapé environ la moitié du retard accumulé par rapport à l’Allemagne depuis le lancement de l’euro. Mais l’accalmie moné- taire inquiète Berlin et les ban- quiers centraux, qui craignent que les pays peu compétitifs ne s’assoupissent. Angela Merkel veut désormais contraindre les pays à engager des réformes structurelles. Elle propose que ceux qui bénéficient de la solidari- té, par le biais d’un éventuel bud- get réservé à la zone euro, signent des engagements contraignants. Si François Hollande a engagé la réduction des déficits publics, le chef de l'Etat n’a pas – encore – réalisé le « choc de compétitivité » promis. Il est attendu de pied fer- me par ses partenaires. Mais aus- si par les marchés, qui pour- raient aller chercher noise à la France lorsque, convaincus des efforts accomplis, ils repren- dront le chemin des pays du sud de l’Europe. p Lire pages 5 et 13 RUSSIE Rosneft, présidée par un proche de Vladimir Poutine, va prendre le contrôle de TNK-BP. P. 12 ATTENTAT Le chef des renseignements libanais a été tué, vendredi 19 octobre à Beyrouth, lors de l’explosion d’une voiture piégée, qui a fait 8 morts et 90 blessés. P.3 A près l’assassinat de l’avocat Antoine Sollacaro, mardi 16 octobre à Ajaccio, le juge antiterroriste Gilbert Thiel, chargé des dossiers corses, s’inquiète de la faiblesse de la réponse judiciaire. « L’appareil policier et judiciaire ne brille pas par son degré de perfor- mance, confie-t-il au Monde. Il y a des résultats, mais pas à la hauteur des enjeux. » En Corse, souligne M. Thiel, «ilya aujourd’hui environ 80 attentats par an » : « C’est encore énorme, il y aurait 80 attentats en Lozère on enverraitl’armée.» Vendredi19octo- bre, environ un millier de person- nes, dont 150 avocats, ont assisté aux obsèques de M e Sollacaro à Pro- priano. p Lire pages 2 et 9 Editorial Les conseils de M me Royal à M. Hollande Moscou renforce son emprise sur le secteur pétrolier Le Liban hanté par la peur de la contagion syrienne Les derniers joursde Kadhafi t Enquête sur la mort du dictateur libyen et le rôle des services français Corse : le cri d’alarme du juge Thiel Par l’auteur du MONDE SELON MONSANTO et NOTRE POISON QUOTIDIEN + un film en VOD & DVD - www. arte.tv/moissonsdufutur TÉLÉVISIONS Le bon parti des TV américaines Fox News ou MSNBC ont choisi leur candidat... et ça paye Emmanuel Le Roy Ladurie : « Les paysans survivront ! » L’historien analyse les menaces sur l’agriculture française PAGE 17 Europe, les trois crises à venir Ségolène Royal à Paris, le 17 octobre 2012. ROBERTO FRANKENBERG/MODDS POUR « LE MONDE » UK price £ 1,70 GÉO & POLITIQUE Droit d’inventaire au Royaume-Uni Les piliers de l’establishment sont ébranlés par la crise et les scandales Q ue s’est-il vraiment passé le 20 octo- bre 2011 sur la route à quatre voies à l’ouest de Syrte ? Comment est mort le « Guide », qui avait dirigé la Libye pen- dant quarante ans ? Les envoyés spéciaux du Monde, Christophe Ayad et Benjamin Barthe, ont reconstitué les dernières heu- res de la fuite du dictateur. Depuis la mai- son du district numéro 2 de Syrte où il avait trouvé refuge jusqu’aux canalisa- tions sous la route à quatre voies où il fut repéré et tué. Il semble que les forces fran- çaises, ayant situé la bande des fuyards grâce au téléphone portable de Kadhafi, aient ensuite bombardé leur convoi, cau- sant la mort de 53 fidèles du « Guide ». Mais qui a finalement tué le leader libyen ? Des insurgés ivres de vengeance ou un membre des forces spéciales fran- çaises au sol ? Toutes les pistes paraissent envisageables. p Page 16 t Dans un entretien au « Monde », l’ex-candidate estime que le pouvoir doit lancer des réformes de structure et donner un cap clair t Elle rappelle qu’elle « peut toujours être utile au pays » Lire pages 7 et 18 Le regard de Plantu Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,60 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,60 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

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Dimanche 21 - Lundi 22 octobre 2012 - 68e année - N˚21074 - 1,60 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

L e conseil européendes 17 et18octobre à Bruxellesn’ariendonné. Au fond, c’est ras-

surant. Signeque l’Europe est sor-tie de la phase la plus aiguëde lacrise, lorsque, de sommetde ladernière chance en réunionde cri-se, les dirigeants européens s’ef-forçaientde sauver l’euro.Depuisle pic de la crise, atteint il y aunanauG20deCannes, l’Europes’est dotéed’unpacte budgétaireet d’unmécanismede solidarité.Elle vamettre enplace, bonanmal an, uneunionbancaire.

Denouveauxdirigeants,MarioMontien ItalieetMarianoRajoyenEspagne,décidentderéformescou-rageuses.LaBanquecentraleeuro-péenne(BCE),pendant l’été 2011, agaranti la surviedusystème.LesfaillesdeconstructiondeMaas-trichtsont largementcorrigées.

Après la crise de l’euro, voicivenir les temps des crises de l’Eu-

rope. La première sera budgétai-re: en octobre, les dirigeants euro-péens s’écharperont sur le budgetcommunautairepluriannuel.S’annonceun affrontement entreles défenseurs des avantagesacquis – agriculture, aides régio-nales dont les vertusméritentd’être sérieusementvérifiées – etceuxqui plaident pourun budgetambitieux, tourné vers les inves-tissementsd’avenir et le capitalhumain. Le premierministre bri-tannique,David Cameron, dont le

pays bénéficie d’un rabais négo-cié parMargaret Thatcher en1984, a annoncé la couleur enmenaçant par avance d’imposersonveto.

La deuxièmecrise opposera lazone euro à l’Union européenneà

27. L’intégrationéconomiquedel’unionmonétairedevient tellequ’elle rendquasi impossible lemaintiend’unmarchéuniquehomogène: une banqueespagno-le, protégéepar lesnouveauxmécanismesde solidarité, seraavantagée, et fortement, par rap-port à une banquehongroise.

Plus la zone euro s’intègre,plus elle s’éloigne dumarchépuret parfait voulupar Londres. Laquestiondu statut de la City, pla-ce off shore de la zone euro nonsoumise aux règles de la zoneeuro et à la taxe sur les transac-tions financières, est posée.

La troisième crise portera surle contrôle économique au seinde l’unionmonétaire. A force d’ef-forts douloureux, les pays du Sud(Portugal, Espagne) et l’Irlandeont rattrapé environ lamoitié duretard accumulé par rapport àl’Allemagnedepuis le lancement

de l’euro.Mais l’accalmiemoné-taire inquiète Berlin et les ban-quiers centraux, qui craignentque les pays peu compétitifs nes’assoupissent. AngelaMerkelveut désormais contraindre lespays à engager des réformesstructurelles. Elle propose queceuxqui bénéficientde la solidari-té, par le biais d’un éventuel bud-get réservé à la zone euro, signentdes engagements contraignants.

Si François Hollande a engagéla réduction des déficits publics,le chef de l'Etat n’a pas – encore –réalisé le «choc de compétitivité»promis. Il est attendu de pied fer-me par ses partenaires.Mais aus-si par lesmarchés, qui pour-raient aller chercher noise à laFrance lorsque, convaincus desefforts accomplis, ils repren-dront le chemin des pays du sudde l’Europe.p

Lire pages5 et13

RUSSIERosneft, présidée par unproche deVladimirPoutine, va prendre le contrôle de TNK-BP.P.12

ATTENTATLe chef des renseignements libanais a été tué,vendredi 19 octobre à Beyrouth, lors de l’explosiond’une voiture piégée, qui a fait 8morts et 90 blessés.P.3

A près l’assassinat de l’avocatAntoine Sollacaro, mardi16octobre à Ajaccio, le juge

antiterroriste Gilbert Thiel, chargédes dossiers corses, s’inquiète de lafaiblesse de la réponse judiciaire.«L’appareil policier et judiciaire nebrille pas par son degré de perfor-mance, confie-t-il au Monde. Il y ades résultats, mais pas à la hauteurdesenjeux.»

EnCorse,souligneM.Thiel,«ilyaaujourd’hui environ 80 attentatspar an» : «C’est encore énorme, il yaurait 80 attentats en Lozère onenverraitl’armée.»Vendredi19octo-bre, environ un millier de person-nes, dont 150 avocats, ont assistéauxobsèquesdeMeSollacaroàPro-priano.p Lire pages2 et9

Editorial

LesconseilsdeMmeRoyalàM.Hollande

Moscourenforcesonemprisesurlesecteurpétrolier

LeLibanhantéparlapeurdelacontagionsyrienne

LesderniersjoursdeKadhafi

tEnquête sur lamortdu dictateur libyen et lerôle des services français

Corse: lecrid’alarmedujugeThiel

Par l’auteurdu MONDESELON MONSANTO

et NOTRE POISONQUOTIDIEN

+ un film en VOD & DVD - www. arte.tv/moissonsdufutur

TÉLÉVISIONSLebonpartidesTVaméricaines

FoxNews ouMSNBCont choisileur candidat... et ça paye

Emmanuel LeRoyLadurie:«Lespaysanssurvivront!»L’historien analyse lesmenacessur l’agriculture française PAGE 17

Europe, les trois crisesàvenir

Ségolène Royal à Paris, le 17 octobre 2012.ROBERTO FRANKENBERG/MODDS POUR «LE MONDE»

UKprice£1,70

GÉO&POLITIQUEDroitd’inventaireauRoyaume-UniLespiliers de l’establishment sontébranlés par la crise et les scandales

Q ue s’est-il vraiment passé le 20octo-bre 2011 sur la route à quatre voies àl’ouest de Syrte? Comment estmort

le «Guide», qui avait dirigé la Libye pen-dant quarante ans? Les envoyés spéciauxduMonde, Christophe Ayad et BenjaminBarthe, ont reconstitué les dernières heu-res de la fuite dudictateur. Depuis lamai-son du district numéro2 de Syrte où ilavait trouvé refuge jusqu’aux canalisa-tions sous la route à quatre voies où il futrepéréet tué. Il sembleque les forces fran-çaises, ayant situé la bande des fuyardsgrâce au téléphone portable de Kadhafi,aient ensuite bombardé leur convoi, cau-sant la mort de 53 fidèles du «Guide».Mais qui a finalement tué le leaderlibyen? Des insurgés ivres de vengeanceou un membre des forces spéciales fran-çaises au sol? Toutes les pistes paraissentenvisageables. pPage16

tDansunentretienau«Monde»,l’ex-candidate estimeque lepouvoirdoit lancerdes réformesde structureetdonneruncapclair

tElle rappelle qu’elle «peuttoujours êtreutile aupays»Lire pages7 et 18

LeregarddePlantu

Algérie 150 DA,Allemagne 2,20 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤,Belgique 1,60 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £,Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,60 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS,Suisse 3,20 CHF, TOMAvion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

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Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du «Monde»SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du «Monde»,membre du directoire, directeur des rédactions Erik IzraelewiczSecrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions SergeMichel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriauxGérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue («M Lemagazine duMonde»)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateurPascal GalinierSecrétaire générale de la rédactionChristine LagetDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

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Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

T ous les juifs ne sont paségauxdevant leKotel (murdes Lamentations). Lahala-

cha, la loi juive, imposedes diffé-rences entrehommeset femmes.Tout d’abord, les premiersdispo-sentd’unespacedeux fois plusimportantpourprier que lessecondes.Mais cela n’est rien: lesfemmesn’ont pas le droit d’arbo-rerun tallith (châle deprière), detenir enmainune torah, encoremoinsde lire et prier à hautevoix, et bien sûr de souffler dansun shofar (cornedebélier utiliséelorsde cérémonies religieuses jui-ves).

AnatHoffman, chef de file dumouvementWomenof theWall(«Femmesdumur») sait toutcela,mais cela ne l’empêchepasde se battredepuis plusde vingt-trois anspourobtenir desdroitségauxdevant leMur occidental.

Dans la soiréedumardi16octo-bre, elles étaient environ 250às’être rassembléespour RoshHodesh (débutde chaquemoisselon le calendrier lunaire juif),ainsi qu’elles le font tous lesmois. Commesouvent, la policeintervient lorsque les femmesduKotel fontminedeprier à hautevoix et portentun tallith. Cettefois-ci, cela s’estmal passé:menottée,AnatHoffmana étéemmenéesansménagement.

Son récit de l’incident, rappor-té par le journal JerusalemPostdejeudi 18octobre, fait froid dans ledos: «Cette fois, ilsm’ont fouilléenue, complètement, sans sous-vêtements. Ilsm’ont traînée sur lesol sur 15mètres ;mes bras ont étémeurtris. Ilsm’ontmis dansunecellule sans lit, avec trois autresprisonniers, dontuneprostituée.Je suis restée sur le sol enme cou-vrantdemon tallith.» La déten-tiondurera douzeheures.

Interrogé jeudi par LeMonde,MickyRosenfeld, porte-paroledelapolice israélienne, confirmel’incident,mais affirmenepasêtre«au courant»des conditionsdedétention rapportées parMmeHoffman.«Elle aurait pu ren-trer chez elle le soirmême, indi-que-t-il,mais elle n’apas acceptéles exigencesqui lui ont été présen-tées.» Lesquelles? Renoncer àrevêtir un tallith auKotel, renon-cer à troubler l’«ordrepublic». Sielle a été arrêtée, préciseM.Rosen-feld, c’est parce qu’ellen’a pas«respecté les règles en vigueur».

«Une erreur»Legardiendu strict respect de

lahalachaaumurdes Lamenta-tions, c’est le rabbin (orthodoxe)duKotel, ShmuelRabinowitz. Il ya quelques jours, il nous avaitexpliqué la genèsede cemalaisedesmembresdeWomenof theWall.

En 1967, lors de la guerre desSix-Jours, lorsque les parachutis-tes israéliens«ont libéré leMuroccidental, ona considéréque lesfemmespriaientmoins que leshommes, et doncqu’elles avaientbesoindemoinsd’espacedevantleKotel»…C’est pour cela, préci-sait-il, qu’aujourd’hui elles nedis-posent qued’un tiers de l’espace.

«C’était une erreur», reconnaît-il. Quant auport du tallith et à lalectureàhaute voixde la Torah,ShmuelRabinowitz constatequ’«onnepeutdonner à tout lemonde lesmêmesdroits». En toutétat de cause, le rabbinduKotelne veutpas «entrer dansundébat sur la halachaavec ce grou-pe de femmes»pour «ne pas leurdonnerdeprétexte». «Elles fontde laprovocation», assure-t-il. p

LaurentZecchini(Jérusalem, Correspondant)

page deux

Gilbert Thiel est premier juged’instruction à la sectionantiterroriste de Paris, char-géprincipalementdes affai-res corses depuis septem-bre1995. Auteur deDerniers

jugementsavantliquidation (AlbinMichel,245p., 18,25euros), il livre son analyse del’évolutionde la criminalitéenCorse.L’assassinat deMeAntoine Sollacaro,mardi 16octobre, est-il le signe d’uneescalade de la violence?

Ce crime est dans le prolongement dubaindesangdanslequelestbaignéelaCor-se depuis des décennies. Est-ce un assassi-natsymbolique?OnignoresiAntoineSol-lacaro a été tué en sa qualité d’avocat ous’il a été tué alors qu’il était avocat. Si c’estun assassinat symbolique, il rappelle évi-demment celui du préfet Erignac – c’étaitle symbole de l’Etat qui était visé. Sinon,lescriminelsontagiparintérêtouparven-geance.Au traversdecesdeuxoptions, onvoitcedontsouffrelaCorse,unnationalis-

me radical extrêmement violent et ungrand banditisme qui s’est implanté autout début des années 1980, avec au nordle gang de la Brise demer et au sud le par-rainJean-JéColonna.Commesicelanesuf-fisaitpas, laCorsesouffreencoreduclanis-me traditionnel et des vieilles querelles :les gens se tuent avecune fréquenceassezremarquable parfois pour des raisons quiremontent à plusieurs générations etqu’ils ne connaissentmêmeplus.

Danstoutcela il y auneconstante:qu’ils’agissedesnationalistes,ducrimeorgani-séoudesvendettas, les gens finissent tou-jours par se tuer entre eux, après en avoirassassinéquelquesautres.Ces trois foyersdeviolence s’autoalimentent. La Corse estla région la plus criminogèned’Europe.Vous constatez une porosité entrenationalisme et banditisme?

Les nationalistes ont évidemmentbesoin d’argent pour entretenir leur peti-te armée clandestine. Dès les premièresannées,leFLNCprocuraitunesortedepen-sion à ses détenus à la sortie de prison.Pour trouver de l’argent, ils ont «l’impôtrévolutionnaire»,enclair, leracket.Laten-tationestgrandepour les racketteursd’enprendre une pincée pour eux. Au pointqu’onnesaitplussi legroupearméracket-tepoursedonnerlesmoyensdelalutteou

s’il se donne les moyens de la lutte pourpouvoir racketter. Certains dirigeantsavaient de solides appétits financiers,notamment immobiliers: le littoral corseest un trésor. Et c’est toujours le plus fortqui écrase le faible. Qui est fort en Corse?Le crimeorganisé. Qui est plus faible? Lesélus, qui font l’objet de sollicitations pourrendre constructibles des terrains qui nele sont pas.

Desvoyous sontainsi devenusnationa-listespar intérêt,desnationalistesontver-sé dans le banditisme. Richard Casanova,l’un des barons de la Brise de mer, étaitd’abord un militant nationaliste. Le par-cours le plus éloquent est sans doute celuideGilbert Casanova, l’undesnationalistesengagésdans l’actiondure. Il a survécuà laguerre fratricide des nationalistes, estdevenu président de la chambre de com-merceetd’industried’Ajaccio,avantd’êtrefinalement condamné pour trafic de dro-gue. Pourdes gens qui taguaient vingt ansplus tôt « a droga fora », « la droguedehors», le raccourci est saisissant.

Ceux qui ne versent pas dans les affai-res deviennent des intégristes. Le com-mandoErignacdénonçaitcettedérivecra-puleuse et a voulu retourner à « la puretéoriginelle» de la lutte. La pureté, c’est unmot qui fait froid dans le dos au regard del’Histoire. Et qui fait abattreunpréfet.Vous indiquez dans votre livre que lerecrutement des clandestins «laisse deplus en plus à désirer tant sur le plan dela formation politique que sur celui descapacités pyrotechniques»?

J’ai vu passer à partir de 1995 des typesqui avaient une formation politique – cen’étaitdéjàpluscelledespères fondateursduFLNCde 1976,mais ils pouvaientexpli-quer leurs idées. C’étaient des militants,des gens un peu articulés – ça ne veut pasdire qu’on n’y comptait pas des voyousqui se servaientduparapluie idéologique.

Aujourd’hui, vous avez l’affaire del’Oréedubois, jugéecetété–unedouzained’actions terroristes, dont une grenadeavec6000billes d’acier jetée dans la courde lapréfecturederégion, c’estunmiraclequ’iln’yaitpaseudemorts.Onaarrêtéungroupe de gamins d’une vingtaine d’an-nées, pas un n’a été capable d’expliquerpourquoi il avait fait ça, sauf pour avoirunesortedestatutsocial. Ilsétaientattiréspar l’uniforme, la cagoule et le treillis, nesavaient pas trop quoi faire de leur vie etétaient incapablesd’articuler troismots.

Ces jeunesdésœuvrés sont recrutésparde glorieuxanciens, qui ont passé l’âge demonter «au front», si j’ose dire. Le typequi a jeté la grenade est allé ensuite bra-queruntabacpoursefaireunpeudemon-naie, avecunevoiture voléepar le FLNCetuncopain.Enplusilssontbavardscomme

des pies et racontent leurs exploits pourbriller auprès des filles.

L’affaire des Clandestini corsi, mêmechose: il s’agissaitdemineursde 17ans,deBastia, qui s’en prenaient auxMarocains,avec un discours franchement raciste.Resistenza corsa, un groupuscule xéno-phobe qui a lui aussi fait des attentatscontre les Maghrébins a finalement été

absorbépar leFLNC,heureuxdel’aubaine.J’ai vu des jeunes qui voulaient entrerdans la police ou l’armée et qui n’ont pasété pris pour des raisons évidentes, alorsilssontentrésauFLNC.Prestigedel’unifor-me.Mais ça a quelque chosed’effrayant.Vous écrivez que «lamondialisation afrappé le nationalismede plein fouet».

Mais oui, les douanes ont saisi enjuillet2011 à Marseille 25000 Ribellu, despetits porte-clés qui représentent le célè-bre tireur cagoulé, agenouillé, avec unekalachnikov.C’est làqu’onaapprisquelespartisans les plus acharnés des produitsidentitaires font désormais fabriquer lesemblèmesde la clandestinité enChine…La lutte contre le terrorisme ou le crimeorganisé est-elle efficace?

L’appareil policier et judiciaire ne brillepas par son degré de performance. Il y ades résultats, mais pas à la hauteur desenjeux. Les pouvoirs publics d’abord ontmené une politique pour le moins inter-mittente. Robert Broussard, lorsqu’il étaitpréfet de police en Corse, en 1983-1984,avaittiré lesignald’alarmeetditquelacri-minalitéorganisée investissaitpourblan-chir l’argent sale. Il n’a pas été écouté, lespouvoirspublicsont été très longsàpren-dre lamesureduproblèmeposépar laBri-se demer. RogerMarion, le chef de la divi-sion nationale antiterroriste, avait mêmedit que la Brise était unmythe et fait sup-primerdes fichiers certainsde ses chefs.

Elisabeth Guigou, alors garde dessceaux, a bien installé un pôle financier àBastia,mais la lutte contre le blanchiment,ce n’est pas comme le Saint-Esprit qui des-cendsur les têtes, il fautdesmagistrats for-més et des enquêteurs compétents, à quion demandait d’ailleurs de traiter d’abordle terrorisme,et c’estparti encapilotade.

Sur le terrorisme, il y a eu dans lesannées 1980 les politiques denégociationclandestines, de Charles Pasqua ou Jean-Louis Debré ; des amnisties à répétition,lesgensnerestaientpas longtempsenpri-son. Il y a aujourd’hui environ 80atten-tats par an, on se dit que ce n’estpas beau-coup – effectivement, j’ai connu desannées où il y en avait jusqu’à 800. Maisc’est encore énorme, il y aurait 80atten-tats en Lozère onenverrait l’armée.

Pour le crimeorganisé, il fautunpeudetemps. Les juridictions interrégionalesspécialisées (JIRS) ont été créées en 2004,maiscelledeMarseilleestréellementopé-rationnelledepuis 2008-2009. Il est enco-re tôtpourunbilan,mais il n’y apasbeau-coup de règlements de comptes résolus.L’outilestprobablementadapté,maisper-formant,certainementpas.C’estuneques-tiondemoyens,dequalitédeshommesetsurtout de constance de l’actionde l’Etat.Vous êtes inquiet?

Jesuisinquietdel’architecturequisedes-sine.Lapolice judiciairene faitplusde ren-seignement, c’est devenuunmonopoledelaDCRI, la direction centrale du renseigne-mentintérieur,etcommetouslesmonopo-les, il a des effets pervers. Ma crainte, c’estque la PJ soit à la remorquede la DCRI, quitrie ses informations selon des critèresinconnusde tous.Quandunemachinequidéploie beaucoup d’énergie n’a pas derésultatsdepuisquatre ans, c’est probable-mentqu’il faut repenser le système.pProposrecueillis par Franck Johannès

Le juge Gilbert Thiel était l’invité du «Grand Journal» de Canalmercredi 17octobre,au lendemain de l’assassinat de l’avocat Antoine Sollacaro àAjaccio. KENZO TRIBOUILLARD/AFP

GuerredessexesaupieddumurdesLamentations

«Onnesaitplussi legroupearmérackettepoursedonner

lesmoyensdelalutteous’ilsedonnelesmoyensdelalutte

pourpouvoirracketter»

«Ilyaaujourd’huienviron80attentats

paran[enCorse](…).C’estencoreénorme,ilyaurait80attentatsenLozèreonenverraitl’armée»

EntretienLe jugeantiterroristeGilbertThiel, chargédesdossiers corses,analysecomment lenationalisme, le crimeorganiséet lavendettaalimententlaviolence insulaire. Il s’inquiètede la faiblessede la réponse judiciaire

«QuiestfortenCorse?Lecrimeorganisé.Quiestfaible?Lesélus»

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Cultural Organization

Une lente déstabilisation

Juin2011Affrontements entrepro et antisyriens à Tripoli.

Octobre L’opposition dénonce letir d’obus syriens contre des loca-lités libanaises.

Février2012Nouveaux combatssanglants à Tripoli.

Mai Flambéede colère dans lenorddu Liban, après lamort d’uncheikh sunnite à un barrage del’armée, attribuée par l’opposi-tion àDamas. Combats àBey-routh. Protestations dans lesquartiers chiites, après l’enlève-ment en Syrie de onze Libanais.

AoûtEnlèvement deSyrienspar un clan chiite au Liban.

OctobreTirs d’obus syrienscontre le territoire libanais.

ViVezl’électionaméricainesur BFmtVaVecle monde

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BeyrouthCorrespondance

Q u’unepersonnalité libanaisede haut niveau soit tuéedansunattentat, sur fondde

conflit syrien : ce scénario étaitredouté depuis des mois par lesobservateurs occidentaux à Bey-routh,tant il risquededéstabiliserdavantage le Liban, déjà éprouvépar les divisions entre alliés etadversaires deDamas.

Ils’estproduitvendredi19octo-bre. Wissam Al-Hassan, le chef durenseignementdesForcesdesécu-rité intérieure (FSI), a été tué danslapuissanteexplosionà lavoiturepiégée qui a dévasté, en débutd’après-midi, une ruelle d’Achra-fiyeh, quartier chrétien de Bey-routh, faisant sept autresmorts etprès de 90blessés.

Proche de la famille Hariri – dupère Rafic, d’abord, assassiné en2005, puis de l’héritier, Saad,actuel chef de file de l’oppositionlibanaise –, le général WissamAl-Hassan comptait parmi lesbêtes noires du régime syrien. Sil-houette athlétique, fine mousta-che, ce sunnite introduit dans lescercles occidentaux avait partici-pé activement aux enquêtes surl’attentat contre Rafic Hariri.

Agéde47ans, il s’était aussidis-tingué,aumoisd’août,ensupervi-sant l’arrestation de l’un des plusproches alliés de Damas à Bey-routh, le chrétienMichel Samaha.WissamAl-Hassan le soupçonnaitd’avoir préparé des attentats àcaractère confessionnel, sur ordredu régime syrien, pour embraserle Liban.

Selon le dirigeant chrétienSamir Geagea,membre de l’oppo-sitiondu14-Mars, lechefdurensei-gnement «avait installé sa femmeetsesenfantsàPariscar il sesentaitvisé. (…) Il était parmi les responsa-bles de sécurité qui n’avaient peurde rien».

Le14-Mars,quisoutientlarévol-te syrienne, avait déjà dénoncé lamaindeDamasderrièreplusieursépisodes de violences survenusau Liban, l’accusant de chercher àfaire diversion en plongeant le

Liban dans la tourmente. Vendre-disoir, l’oppositionapointé la res-ponsabilité directe du présidentsyrien, Bachar Al-Assad, ainsi quecelle de ses «alliés régionaux» etdeses«outils locaux»dansl’atten-tat contreWissamAl-Hassan, aus-sitôt condamné par Paris,Washington…etDamas.

Ce camp a aussi réclamé sansdétour la démission de l’exécutifen place, dominé par la coalitiondu Hezbollah, allié des Assad, etcelle du premier ministre. «NajibMiqatiassumepersonnellement laresponsabilité du sang versé par legénéral Wissam Al-Hassan et parles innocents», a indiqué AhmedHariri, secrétaire général du Cou-rant du futur et l’une des figuresdu 14-Mars.

Au sein de la majorité, le Hez-

bollah a quant à lui dénoncé un«crime odieux visant à déstabili-ser le Liban et à saper son uniténationale», tandis que son alliéchrétien Michel Aoun souhaitait«n’accuser personne au momentducrime» et attendre les résultatsde l’enquête.

Les déclarations politiques, quise sont multipliées au cours de lasoiréedevendredi,nesontinterve-nues que tardivement. Car en fait,la mort de Wissam Al-Hassan n’aété connue que plusieurs heures

après l’attentat. Au point que leshabitants témoins de l’attentats’interrogeaient tout au long del’après-midi sur ses mobiles :«Pourquoi avoir visé notre ruelle?Il n’y a pas de député qui y vit, pasde bureau politique!», se deman-dait ainsi Hala Chahrour, aumilieu des éclats de verre jon-chant le sol de son appartement,quelques mètres au-dessus de lascène de l’attentat. «On va revivrele chaos», s’inquiétait-elle, d’unevoixàpeineaudible,étrangléeparles larmes.

«On a déjà eu tant d’attaquesde ce type, il y a quelques années,ça risque de recommencer. C’estune catastrophe», s’alarmaitNadia, 68 ans, dans son magasinde textiles à la vitrine brisée.

Sur le plan politique, le meur-

tredeWissamAl-Hassanestd’uneextrême gravité. Quant à l’atten-tat, il renvoie les Libanais au cau-chemar des années 2005-2008,lorsqueplusieursattaquesàlavoi-turepiégéeontvisédespersonna-lités antisyriennes.

Devant l’un des hôpitaux quiont accueilli les blessés de l’explo-sion, un jeune homme sanglote,souslechoc,attendantdesnouvel-lesdesamère:«Justeaprès l’explo-sion, j’ai accouruvers lamaisondemes parents, j’entendais mamèrecrier “Je vais mourir”.» Des fem-mes ressortent de l’hôpital, leregardhagard, lecorpsencorecou-vert de traces de sang laissées parleséclatsdeverresouffléspar l’ex-plosion. Dans ce même hôpital,sonnés, des Libanais donnent leursang, en geste de solidarité.

Sur les lieux de l’explosion, destémoinsdécrivent l’incendiequiaenvahi la ruelle, après que le sonde deux détonations a été enten-du,tandisquedesenquêteursrelè-vent les indices, au milieu de car-casses de véhicules carbonisés,devant un immeuble à la façadeéventrée. Des habitants chrétiensdisent craindre de se retrouvervisésparDamas, alorsqu’unepar-tie de la communauté soutient larévolte en Syrie.

A l’annoncede lamortdugéné-ral Wissam Al-Hassan, plusieursmanifestations de colère se sontsuccédé. A Tripoli (nord), deséchanges de tirs ont opposé quar-tiers pro et antisyriens. Sur l’undes principaux axes de Beyrouth,au centre d’un quartier sunnite,des jeunes ont bloqué la route enbrûlant des pneus. Autour de laplace Sassine, près de laquelles’est produit l’attentat, de nom-breuxvéhiculesmilitaires étaientdéployés vendredi soir. Tandisque samedi était déclaré jour dedeuil national.p

Laure Stephan

LechefdurenseignementlibanaistuéàBeyrouthLamortdeWissamAl-Hassandansunattentatranimelescraintesd’unecontagion,auLiban,de lacrisesyrienne

LeHezbollahadénoncéun«crime

odieuxvisantàdéstabiliser leLiban»

Des enquêteurs sur le site de l’explosion qui a ravagé une rue duquartier chrétien d’Achrafiyeh, vendredi, à Beyrouth. AHMED JADALLAH/REUTERS

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Une opposante tient une affiche «libérez Lebedev» àMoscou, jeudi 18octobre. IVAN SEKRETAREV/AP

MoscouCorrespondante

A l’hiver 2011-2012, la longévi-tépolitiquedeVladimirPou-tine semblait compromise.

«Il nepourrapasachever sonman-dat», expliquaient à l’envi les poli-tologues. La classe moyenne, enrévolte contre la «démocratie diri-gée» semblait lui avoir définitive-ment tourné le dos. Dixmois plustard, Vladimir Poutine, nettementréélu pour un troisième mandat,n’ajamaisétéaussisolidementins-talléausommet.Sacôtedepopula-ritéestconfortableetsonparti,Rus-sie unie, a remporté haut la mainles élections régionales partiellesdu14octobre.Danscinqrégionsdela Fédération (sur 83 en tout), lesgouverneurs, réélus au suffragedirectpour lapremièrefois enhuitans, l’ont emporté sans difficultésous l’étiquetteRussieunie. La trèsfaible mobilisation des électeurs(25% enmoyenne) est sans impor-tance, la notion de seuil de partici-pation a été abolie il y a quelquesannées.

Malgré l’apparition de dix-neufnouveaux partis – parmi lesquelscelui des « réseaux sociaux»,l’Union des citoyens, celui des«buveurs de bière» et une forma-tionbaptiséeLaRussie intelligente– l’oppositionn’est pas parvenueàmobiliser l’électorat. Il faut direque le vote en Russie est plus unexercicedesoumissionaupouvoiren place que d’expression d’uneopinionpolitique.

Le parti de l’opposition libéraleunie, Parnas, a fait son entrée auconseil municipal de Barnaoul(région de l’Altaï). L’égérie des éco-logistes, Evguénia Tchirikova estarrivéedeuxièmeavec17%dessuf-fragesàKhimkidanslabanlieuedeMoscou face au maire sortant,Sergueï Chakhov, de Russie unie,éluavec 48%desvotes.

TreizecandidatsseprésentaientàKhimki, parmi lesquels quelquesfarfelus venus jouer les trouble-fête, tel le rockerSergeïTroitski,ditl’Araignée, qui promettait de fairede cette ancienne ville fermée leLas Vegas russe et de s’entourer decollaboratricesdénudées.

Selon les observateurs, là où levote anticipéet les urnes à domici-le étaient légion, les scores de Rus-sie unie ont flambé, comme à Khi-mki où 25% des électeurs (pouruneparticipationde30%)ontvotéde façon anticipée sur leur lieu detravail. Ceux qui se sont rendusaux urnes étaient principalementdes fonctionnaires de l’Etat et desouvriers des grandesusines tandisque les sympathisants de l’opposi-

tion restaientchezeux.«Le mouvement anti-Poutine a

perdu le fil. Après s’être imposée entantqueforcevivedelasociété, l’op-positions’estmontrée incapabledes’organiser et d’offrir une alternati-ve nouvelle pour les élections»,constate Alexeï Moukhine, direc-teur du Centre pour l’informationpolitiqueàMoscou.

Le politologue omet de préciserà quel point la marge de manœu-vre des opposants est devenueétroite : lois liberticides, harcèle-ment des figures de l’opposition.Alexeï Navalny, le blogueur anticorruption, est sous le coup d’uneenquête du parquet. Le députéGuennadi Goudkov a été privé desonmandatparsespairssuruncla-quementde doigt, sans enquêtenidécisionde justice.

Ksénia Sobtchak, vedette dushow-business, a retrouvé l’argent(1,5million d’euros) confisqué parla police lors d’une perquisitionmaissamère,LioudmillaNarousso-va, la veuve d’Anatoli Sobtchak,ancienmaire de Saint-Pétersbourget mentor politique de VladimirPoutine, vient d’être dépossédéedesonmandatdesénatrice.Laveu-ve avait été la seule à condamner àvoix haute la nouvelle loi concoc-téepar leKremlinpourrestreindrele droit demanifester.Mal lui en apris.

La chaîne câblée SoverchennoSekretno qui avait diffusé uneinterview d’elle où elle critiquaitvertement M.Poutine et rappelaitla mort aussi étrange que brutale

de sonmari, décédé dans un hôteldeKaliningraden2000,avusadif-fusionstoppéenet.

Les médias alternatifs sont malen point. Le site d’information enligneUra. ru est sous le coupd’uneenquête, le site d’oppositiongrani.ru ne trouve plus de sponsors, lebi-hebdomadaire Novaïa Gazeta,propriété du milliardaire Alexan-dre Lebedev et de l’ancien prési-dent Mikhaïl Gorbatchev, estasphyxiéfinancièrement.Lesspon-sorsnesontpaschaudspourfinan-cer des voix dissonantes au

moment où une telle chape deplombs’abat sur la sociétécivile.

«De façon naturelle l’ivraie seraéliminée et des personnes brillan-tes, intéressantes, cohérentes appa-raîtront»,aexpliquéVladimirPou-tinedansunerareallusionàl’oppo-sitionlorsd’uneinterviewdiffuséesur la chaîneNTV le 7octobre, jourde son 60eanniversaire. Le mêmejour, le journalisteArkadiMamon-tov, spécialiste des informationsbidonnées, montrait sur la mêmechaîne un de ces documentai-

resimaginatifsdont il a le secret.L’opposant communiste

Sergueï Oudaltsov et deux de sescompagnonsy étaientmontrés entrain de recevoir les instructionsd’unprocheduprésidentgéorgienMikheïl Saakachvili dans le but de«fomenterdes troubles»enRussie,enéchanged’unefortesommed’ar-gent, disait le commentaire.

Ce film a servi de prétexte auComité d’enquête -placé directe-ment sous l’autorité de M.Pouti-ne- pour inculper Sergueï Oudalt-sovetsurtoutsonadjointKonstan-tin Lebedev, placé en garde à vuejusqu’au 16décembre au moins.Accusés d’avoir voulu renverser lerégime, ils risquent 10 ans de pri-son.

Pour relancer la dynamique,l’opposition organise samedi20 etdimanche21octobreuncyberscru-tin. 160000internautes se sontenregistrés. Ils vont élire les 45membresdu«Parlementdel’oppo-sition» parmi les 211candidats enlice.

Une fois de plus, le Kremlin aattaqué. 64candidats qui cher-chaient à s’enregistrer sans succèsau cyber scrutin ont porté plaintepourescroqueriecontrel’organisa-teurduvote,LéonidVolkov,unpro-ched’AlexeïNavalny.Les64saventde quoi ils parlent, tous sont issusde l’ancienne pyramide financièreMMM qui ruina des centaines demilliers d’épargnants russes de1992 à 1994. Le Parquet a ouvertuneenquête.p

Marie Jégo

international

«L’oppositions’estmontréeincapabledes’organiseretd’offrir

unealternativenouvelle»

AlexeïMoukhinedirecteur du Centre pourl’information politique

Diviséeetharcelée, l’oppositionrusseestréduiteàl’impuissanceAlorsqueRussieUniea largementremporté lesélectionsrégionalespartielles, lepouvoirmultiplie lesprocédures judiciaireset lescampagnesdecalomniepourdiscréditer lesopposants

TunisEnvoyée spéciale

R edouté par les uns, souhaitépar d’autres, l’affrontemententreprogressistesetislamis-

tes devient chaque jour un peuplusoppressantenTunisie. Il aprisun tour dramatique, jeudi 18octo-bre, avec la mort d’un homme àTataouine (sud) où de violenteséchauffouréesontopposé lesdeuxcamps. La victime, Lotfi Naguedh,âgé d’une cinquantaine d’années,était le responsable local de NidaTounes («Appelde la Tunisie»), unparti créé par Béji Caïd Essebsi,deuxième premier ministre de latransition après la chute de ZineEl-Abidine Ben Ali, qui apparaîtcommelegrandrivald’Ennahda,leparti islamisteaupouvoir.

Devant la presse, vendredimatin, Béji Caïd Essebsi, n’a pashésité à qualifier la mort de son

représentant à Tataouine de «pre-mierassassinatpolitiquedelaTuni-sie après la révolution» et à dénon-cer une «vague de violence prépa-rée et organisée». «La situation esten train de prendre une grave tour-nure, a lancé cet ancien compa-gnon de route d’Habib Bourguiba,pèredel’indépendancetunisienne.

Cequis’estpasséestuncrimed’Etat,uncrimepolitique».

Après lui, l’ensemble des partisd’opposition a pris le relais pourréclamer la «dissolution» de laLiguepopulairedeprotectionde larévolution, impliquée dans lesaffrontementsdeTataouine,consi-dérée comme la «milice» d’Enna-hda, ainsi que celle duministre del’intérieur, Ali Larayedh, issu desrangsduparti islamiste.

ATataouine,lesfaitsdemeurentconfus. Selon Ahmed Rached, untémoin oculaire des événementsqui se déclare apolitique, quelquesjours auparavant, une voitureavait commencéà circulerdans lesruesdelaville,avecunmégaphone«pour appeler à l’épuration desRCDistes [dunomdesmembresduRCD, l’ancien parti de Ben Ali]»,l’une des principales accusationslancées par les adversaires de NidaTounes décrit comme l’héritier de

l’ancien régime. Partie jeudi vers9h30 de la Maison du peuple, lamanifestation s’est dirigée vers lelocaldel’Uniontunisiennedesagri-culteurs et des pêcheurs présidéepar la victime, Lotfi Naguedh. Lecortègeaétéaccueillipardesjetsdecocktails Molotov envoyés depuisle balcondu premier étage du syn-dicat, comme l’atteste une vidéotournée sur place, et les esprits sesontéchauffés.

«Une quinzaine de personnessont montées pour négocier, maislorsqueLotfi est sorti, despersonnesl’ont jeté à terre et frappé jusqu’à cequ’il perde connaissance, il amêmereçuunebriquesurlethorax», affir-me Lotfi Ben Abdallah Rebedh, unparentaccourusurplace.

«Lorsque la police est montéechercher la victime qui lançait avecsa bande des cocktails Molotov surles manifestants, ils l’ont trouvédans un état de fatigue extrême»,

répliqueHabibSmida, le responsa-ble local d’Ennahda. Plusieurstémoinsévoquentlapassivitéde lapolice,pourtantalertée.

Jeudi soir, leministère de l’inté-rieur a affirmé, sur la base de pre-mières constatations médicales,quelacausedudécèsseraitunecri-se cardiaque. Une version contes-tée par la famille deM.Naguedh etparNidaTounesqui ont réclamé, àTunis,unenouvelleautopsie.

BataillemédiatiqueEntre les deux camps la bataille

se joueaussi dans lesmédias.Ven-dredi, le journalMaghreb, prochede l’opposition, reproduisait uncommuniquéde laLiguede lapro-tection de la révolutionqui préve-naitque«chaquepersonnequicol-labore avec les RCDistes nouveaux(…) ou tentant de ranimer le RCD,sera considérée commeun ennemide dieu et de la nation» ; le quoti-

dien El Fajr, l’organe d’Ennahda,publiait le dessin d’unemain auxcouleurs de la Tunisie poussantd’unechiquenaudedesdominosàl’effigie, après l’ancien dirigeantBen Ali, des principaux responsa-bles de Nida Tounes sous le titre :« Les fondements de la contre-révolution».

Dans la soirée, le présidentMoncefMarzouki, dont le parti, leCongrès pour la République (CPR),membre de la coalition au pou-voir, est impliquédans lamanifes-tation, a reconnu à la télévisionl’hypothèse d’un « lynchage».«Comment une telle opération delynchage est-elle possible en Tuni-sie ? », s’est-il exclamé, en évo-quant une «atrocité absolue, inac-ceptable». Sans commentaire, legouvernements’estcontentéd’an-noncer le remplacement du direc-teurde la sécuriténationale.p

IsabelleMandraud

JérusalemCorrespondant

O fficiellement, comme l’aassuré,mercredi 17octobre,legénéralCraigFranklin,de

l’armée de l’air américaine, lesmanœuvres israélo-américaines,baptisées «Austere Challenge2012», ne sont liées «ni à des élec-tions ni à la perception de tensionsau Proche-Orient». Au-delà de laprudence diplomatique de ce res-ponsable militaire – à laquellerépondentavecunemêmeréserveses homologues israéliens –, forceestde constaterquecet exercice, leplusimportantdansl’histoiredelacoopération militaire entre lesdeux pays, intervient à unmomentpropice.

Des sources militaires confir-ment que les manœuvres débute-ront dimanche 21octobre et se ter-mineront trois semainesplus tard.Soitaumomentde l’électionprési-dentielle américaine du 6novem-bre. Cette concomitance tombebienpour le présidentBarackOba-ma,régulièrementcritiquéparsonadversaire,MittRomney,pour sonmanque de soutien présumé àIsraël. Les relations entre l’Etat juifet les Etats-Unis sortent tout justed’une période de tension liée àl’éventualité de frappes militairesisraéliennes contre les sitesnucléairesde l’Iran,dont laMaisonBlanche, tout particulièrement encette période électorale, ne voulaitpas.

Si le premierministre israélien,Benyamin Nétanyahou, a fini parse laisser convaincrepar lesmulti-plesmisesengardedeWashingtonet a repoussé cette possibilité auprintemps ou à l’été 2013, c’estnotamment parce qu’il ne dispo-sait pas d’un soutien suffisantpourunetelleopérationauseindeson cabinet de sécurité, et auprèsdes principaux responsablesmili-taires israéliens. Les manœuvresAustere Challenge 2012, qui sontaxées sur la défense antimissile,vont permettre d’afficher, au-delàde ce différend diplomatique, uneapparente convergence de vuesstratégiques.

«Le fait que nous nous entraî-nions et travaillions ensemble estensoiunmessagefort», acommen-té le général israélien NitzanNuriel, assurant que l’objectif decesmanœuvresest«de faire faceàdes menaces venues de tous lesfronts». Le général Nuriel n’a pasété plus explicite, mais il est clair

que le premier «front» considéréestl’Iran.Cetentraînementmilitai-re va associer quelque 3000sol-dats américains (unmillierd’entreeux seront présents en Israël), et1000soldats israéliens. Initiale-ment prévu en avril, il avait étérepoussé, semble-t-il, à la deman-dedesdeuxpays.

Défense antimissileAustere Challenge 2012 est

d’abordunexercicede simulation,par l’intermédiaire d’ordinateurs,quinenécessitepasdeplacerbeau-coup de moyens sur le terrain. Ils’agit demettre enœuvre des scé-narios de détection et d’intercep-tiondemissiles,etdevérifier,préci-se un expertmilitaire, «l’intercon-nexion des systèmes». Comme ilsl’avaient fait à lamême époque en2010, lors des manœuvres « Juni-per-Cobra», les Etats-Unis et Israëlcherchentà renforcer l’interopéra-bilité de leurs deux armées enmatièrededéfenseantimissile.

Israëlmettra enœuvre le systè-me IronDome, actuellementutili-sé pour intercepter les roquetteslancées par les groupes islamistesdeGaza,et sesbatteriesdemissilesArrow2, destinées à la destructionde missiles balistiques. Des batte-ries américaines et israéliennes demissilessol-airdemoyenneportéePatriot (PAC-3) feront partie del’exercice, ainsi qu’une frégateaméricaineéquipéedusystèmededétectionAegisetdemissilesSM-3.

Parmilesscénariosfigureral’in-terceptiondedrones, ce qui tombebien : en Israël, une polémiques’est développée sur l’efficacité del’intervention de l’armée de l’air,quiadétruit, le6octobre,undronelancé par le Hezbollah, mais defabricationiranienne.Dans lequo-tidien Haaretz, l’expert militaireReuvenPedatzur qualifie d’«échecretentissant» le fait que ce petitavionsanspiloteaitpuvoler«pen-dantplusdedeuxheuresau-dessusde lamer» sans êtredétecté.

Tout comme l’exercice navalsous commandement américainassociant une vingtaine de pays,qui s’est déroulé dans le golfe Ara-bo-Persique fin septembre, Auste-re Challenge 2012 se veut un aver-tissementauxdirigeants iraniens:pour empêcher Téhéran de sedoter de l’arme nucléaire et pourfaire face à d’éventuelles repré-saillesdemissilesiraniens,Israëletles Etats-Unis feront preuve d’unemêmedétermination.p

LaurentZecchini

IsraëletlesEtats-UnisréaffirmentleuralliancemilitaireD’importantesmanœuvresstratégiquesdoiventdébuterdimanche21octobre

L’oppositiontunisiennedénonceun«assassinatpolitique»lorsd’unemanifestationLamortd’unmilitantdupartiNidaTounes, àTataouine,marqueunenouvelleaggravationde l’affrontemententre islamistesetprogressistes

150 km

Tataouine

Sidi Bouzid

AFRIQUE

Tunis

Sfax

Gabès

Kairouan

MerMéditerranée

ALGÉRIE

L IBYE

Gafsa

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international&europe

Bilbao, Leioa (Pays basque)Envoyée spéciale

M algré le ciel menaçant,une foule se masse, jeudi18octobre, sur la place de

Recalde, quartier populaire de Bil-bao, au Pays basque espagnol. Atrois jours des élections au Parle-ment autonome, prévues diman-che,elle estvenueécouter le candi-datsocialisteetactuelprésidentdugouvernementbasque, le lehenda-kari Patxi Lopez, exposer son pro-grammecontrelacriseetbrandirlamenace des thèses indépendantis-tesqui«divisentau lieud’unir».

Détendu malgré les sondagesqui lui prédisent une défaite sévè-re, celui qui a rompu trenteans demainmisepolitiqueduPartinatio-nalistebasque (PNV,droite)en s’al-liantavec lesconservateursduPar-ti populaire (PP) lors des précéden-tesélectionsde2009,savourecettecampagne pas comme les autres.«Nous avons repris l’espacepublic», déclare-t-ilauMonde. Il yaun an, le 20octobre 2011, le groupeséparatiste armé ETA annonçait« l’arrêt définitif de ses actionsarmées». La campagne de ces élec-tions régionales s’est donc dérou-lée, pour la première fois depuis leretouràladémocratieen1975, sanslamenacedesbombes.

«Nous sommes devenus nor-maux, résume le député socialistebasque Eduardo Madina, lui-même victime d’un attentat à lavoiturepiégéeen2002quiluiacoû-té l’amputation de la moitié de lajambe gauche. Auparavant, nousaurions été plus surveillés et ilaurait fallu partir rapidement»,ajoute-t-il avant d’aller prendreuncaféavecM.Lopez.

Durant la campagne, centréesur la crise économique, les partisont remisé au placard le thème del’ETA, toutcommelaquestionde laconvivencia, la possibilité de vivreensembleenpaixdansune sociétébasquedivisée.Dans larue,unsen-timent de tranquillité domine,mais aussi l’envie de faire tablerasede cequiappartientaupassé.

Les entrepreneurs, qui ne subis-sent plus de racket et demenaces,savourent une «sensation de liber-té absolue», dit le directeurduCer-cledesentrepreneursbasques,Enri-que Portocarrero. La tentation del’oubli est forte. «L’existence del’ETA était si anachronique que sadisparition semble déjà durerdepuisuneéternité.»

CettenouvelledonneapermisàBatasuna,vitrinepolitiquedel’ETA

interdite depuis 2003, de revenirdans l’arènepolitique lorsdes élec-tions municipales de mai2011 parlebiaisdelacoalitiondepartisindé-pendantistes de gauche, Bildu. Aprésent, «pour la première foisdepuis 2001, nous allons élire unParlement dans lequel se trouventtoutes les forcespolitiques, se félici-te LauraMintegi, tête de liste de lacoalition. C’est le signal d’un débutde normalité mais il en manqued’autres : la fin de l’ETA commeorganisation politique, une politi-que pénitentiaire juste et la recon-naissancede toutes les victimes.»

MêmesémantiqueEntre les bâtiments du campus

de l’Université du Pays basque àLeioa, à 10kmdeBilbao, sur la pla-ce Mikel-Laboa, mercredi, unesoixantaine d’étudiants et unequinzaine de professeurs assis-tent au meeting que tient cetteenseignante de littérature et écri-vain de 57 ans, aux yeux clairs etaux cheveux gris coupés courts.A-t-elle changé de position depuisle tempsoù elle figurait sur les lis-tes de Batasuna, en1987 et 1989?«Pas du tout, dit-elle avant de sereprendre: La différence est que lagaucheabertzalen’envisagepas lapossibilitéquequelqu’unpuisseuti-liser la violence pour atteindre cesobjectifs.»

En revanche, la sémantique estrestée la même: les étarras sontqualifiés de «prisonniers politi-ques», les «victimes» se trouventd’un côté comme de l’autre et lesgouvernementsespagnolset fran-çais, « acteurs du conflit »,devraientnégocier avec l’ETA.

«Leur rejetde la violenceestunesimpleformalitémaisdans le fond,ils continuent à traiter les mem-bresd’ETAcommedeshérosetàtra-vailler pour l’impunité de ses cri-mes et la réécriture de l’histoire»,regrette Maite Pagazaurtundua,présidentedelaFondationdesvic-timesdu terrorisme (Covite), dontle frère, policier à Andoain, a étéassassinépar l’ETA en 2003.

Cet été, lors des fêtes de ce villa-gesituéà15kmdeSaint-Sébastien,l’une des «attractions» offertespar lamairie, gouvernéeparBildu,était la possibilité, pour un euro,d’êtreprisenphotoauxcôtésde laphoto grandeur nature d’un etar-ra.«Celamesembleraituneinjusti-ce terrible si ceux qui ont soutenutrente ans de violences apparais-saient comme les artisans de lapaix», conclut Patxi Lopez.p

SandrineMorel

BruxellesBureau européen

U ne menace annonciatriced’une nouvelle épreuve deforce: le premier ministre

britannique, David Cameron, s’estdit prêt, à l’issue du Conseil euro-péen vendredi 19octobre à Bruxel-les, à mettre son veto au projet debudget pluriannuel de l’Unioneuropéenne (UE) s’il prévoyait deshausses de dépenses «inaccepta-bles» sur la période 2014-2020.«On ne peut pas toujours ajouterdesdépensesauxdépenses»,apréci-sélechefdegouvernementconser-vateur, à l’heure où les Vingt-Septvontselancer,d’iciauConseileuro-péen des 22 et 23novembre, dansunpérilleuxmarathonbudgétairesur fondd’austéritégénéralisée.

LapostureadoptéeparM. Came-ron est prise très au sérieux àBruxelles. Elle témoigne du fosséquisecreuseentre l’UEet leRoyau-

me-Uni,souslapressiond’uneopi-nion publique et d’un gouverne-mentconservateurdeplus enpluseurosceptiques. Enmoins d’un an,David Cameron s’est déjà démar-qué,dans lecontextede lacrisedesdettes souveraines qui frappel’Unionmonétaire, de trois projetsportés par les dirigeants euro-péens: le traitébudgétairenégociéà lademandedelachancelièrealle-mande Angela Merkel, en décem-bre2011, la supervision des ban-ques de la zone euro, et la taxe surles transactions financières.

Négociations compliquéesM.Cameronveut«moinsd’Euro-

pe» tandisque lazoneeuro faitdeseffortsd’intégrationpoursurmon-ter la crise. «Tout le monde veutune Europe à plusieurs vitesses. Il yenamêmequi ont passé lamarchearrière», a ironisé FrançoisHollan-de, enprévoyant«plusieurs nuits»denégociationsennovembre.

Deux camps se toisent depuisdesmois : celui des contributeursnets, qui réunit l’Allemagne, leRoyaume-Uni, la Suède, la Finlan-de, les Pays-Bas et l’Autriche etqui plaide en faveur d’une réduc-tiondrastiquedu futur budget. Etles pays plus pauvres qui bénéfi-cient des fonds structurels, avec àleur tête la Pologne, la Roumanieou la Hongrie. Ces derniers crai-gnentque leséconomiesnese fas-sentà leurdétriment,pourmieuxépargner la politique agricolecommune défendue par la Fran-ce. Depuis son arrivée, FrançoisHollande a pris ses distances avecle camp des contributeurs nets etavec David Cameron, plus prochedeNicolas Sarkozy.

Les négociations risquentd’êtred’autant plus compliquées que lespaysdel’Unionmonétairemènentparallèlement des discussions surunbudgetde la zoneeuro:une ini-tiative embryonnaire qui donne

dessueursfroidesauxpaysd’Euro-pe centrale, alors queDavid Came-ron y voit au contraire une occa-sionderéduirel’engagementfinan-cierdesonpaysenEurope.Pourcal-mer le jeu, Herman Van Rompuy,le président du Conseil européen,quimènera les discussions avec laprésidence chypriote des Vingt-Sept, s’efforce de faire la distinc-tionentre lesdeuxexercices.

La Commission européenne aproposé en juillet une enveloppesurseptansde1033milliardsd’eu-ros en crédits d’engagements.Unesomme qui prend en compte l’ad-hésion de la Croatie en 2013 etreprésente une hausse de près de5% par rapport à la période2007-2013. M.Cameron exige, auminimum un gel des dépenses.Sans oublier de défendre le rabaisdont Londres bénéficie sur sacontribution depuis MargaretThatcher.p

PhilippeRicard

Menacedevetobritanniquesurlebudgetdel’UnioneuropéenneLepremierministreDavidCamerons’opposeàtoutenouvellehaussedesdépenses

ClimatapaiséàlaveilledesélectionsauPaysbasqueespagnolLescrutin intervientunanaprès« l’arrêtdéfinitifdesesactionsarmées»par l’ETA

Balkans

RencontreentrelespremiersministresserbeetkosovarBRUXELLES. Les premiersministres serbes, IvicaDacic, et kosovar,HashimThaçi, se sont rencontréspour la première fois, vendredi19octobre, sous l’égidede l’UnioneuropéenneàBruxelles. Cet événe-ment s’inscrit dans le cadre dudialogue technique engagé enmars2011entre les deuxpays, interrompudepuisplusieursmois. Dans la soirée,M.Dacic a affirméqueBelgrade «était prêt à continuer ce dialogue»pour trouver un «accordhistorique». Mais il a soulignéque « la Serbiene changepas deposition lorsqu’il s’agit duKosovoet ne reconnaîtrajamais son indépendanceunilatéralementproclamée.» – (AFP.)p

TerrorismeLes cinq accusés dans le procèsdu 11-Septembre boycottent une audienceGUANTANAMO.Les cinq accusésdes attentatsdu 11-Septembreontboy-cotté, vendredi 19octobre,unenouvelle journéed’audiencedevant le tri-bunalmilitairedeGuantanamo,destinéeàpréparer leurprocès. Ilsdemandaient sonannulation car le vendredi est «jour deprière». – (AFP.)

AfghanistanVisite de Laurent Fabius àKaboulKABOUL. Leministredes affairesétrangères français, LaurentFabius, estarrivé, samedi 20octobre, àKaboulpourdiscuterde lamise enœuvred’un traitéde coopérationentre la Franceet l’Afghanistan, signéen jan-vierpar le chef de l’Etat afghan,HamidKarzaï, etNicolasSarkozy. – (AFP.)

50123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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planète

LeKenya a décidé de recouriraux grandsmoyens pour isolerses éléphants trop envahis-sants. Une clôture électrique de400kmde long et de 2mètresde haut va être construiteautour dumont Kenya, classépar l’Unesco au Patrimoinemon-dial de l’humanité en 1997. Legouvernement espère ainsiréduire les tensions croissantesentre les villageois et les pachy-dermes. L’ouvrage doit aussi per-

mettre de renforcer la protec-tion d’un des principaux châ-teauxd’eau dupays, aux ver-sants encore largement boisés.Le chantier prendra cinq ans etcoûtera 11millions de dollars(8,4millions d’euros). L’ONGRhinoArc, qui a été chargée dela construction de l’ouvrage,assure qu’il ne présentera aucundanger pour les hommes oupour les animaux qui recevrontune décharge en cas de contact.

Parc national de Tsavo-Ouest, auKenya. Quelque 5 tonnes d’ivoire de contrebande saisies à Singapour sont sur le point d’être brûlées.Contrairement à son voisin tanzanien, le Kenya défend lemoratoire sur le commerce international de l’ivoire. XINHUA/ZUMA/REA

NewDelhiCorrespondant

U n nouvel élan dans la lutteen faveur de la protectionde labiodiversité?Laonziè-

me conférence des parties (COP11)delaConventiondeladiversitébio-logique s’est achevée àHyderabad,enIndeduSud,danslanuitduven-dredi 19 au samedi 20octobre, suruncompromisenmatièredefinan-cement d’actions visant à enrayerladisparitiondesespècesanimalesetvégétales.

Arrachéàl’issued’âpresnégocia-tions entre les représentants deplus de 180 Etats, l’accord stipuleque les pays développés double-ront d’ici 2015 leurs contributions–publiques comme privées – auxpays en voie de développementafin d’aider ces derniers à financerleursprogrammesdepréservationde la biodiversité. «C’est un bonrésultat», a commenté la ministrefrançaise de l’écologie, DelphineBatho.«Cen’estpasunerévolution,mais c’est un soulagement, a réagila députée européenne SandrineBélier (EELV).Unpasa été franchi àHyderabad.»

LasseGustavsson,directeurexé-cutifdesprogrammesdeconserva-tion àWWF-International, a toute-fois qualifié le résultat de «déce-vant»auregarddesambitionsaffi-chées lors de laprécédenteCOP, en2010, àNagoya (Japon).

A l’époque, cette réunion avaitété saluéecomme«historique» car

elle avait fixé un certain nombred’objectifs précis à l’horizon 2020.La communauté internationales’était notamment engagée à por-ter les aires protégées à 17% de lasurface terrestre (13,5% aujour-d’hui) et 10% de la superficie desocéans (contre moins de 2%) et àélaborerdesplansnationauxincor-porant des objectifs de préserva-tionde la biodiversité. Enoutre, lesparties avaient adopté le ProtocoledeNagoya, qui prévoit un partagedes bénéfices tirés de l’utilisationdes ressources génétiques afin delutter contre labio-piraterie.

Deuxansaprès,Hyderabadétaitcensé prolonger cette dynamiqueen donnant de la substance finan-cièreaucataloguedepromesses.

Selon WWF-International, unesomme annuelle de 200milliardsde dollars (153milliards d’euros)serait nécessaire pour atteindre

les objectifs de Nagoya. Or, selonune estimation approximative –fauted’étudedesynthèsedisponi-ble–, seuls 10milliards de dollars(7,6milliards d’euros) seraientaffectés chaque année à la protec-tion de la biodiversité. C’est cettesommequi est vouée à êtremulti-pliéepar deuxd’ici à 2015.

Faiblesse du compromisToutefois, le document final

adopté à Hyderabad ne cite aucunchiffrecensé représenter labasededépartau«doublement»annoncé.Là est la principale faiblesse ducompromis. «Cet objectif de dou-bler les sommesaffectéesà la biodi-versitén’engagepasàgrand-chose,pointe Romain Pirard, chercheur àl’Institut du développement dura-bleetdes relations internationales,présentàHyderabad.Caronnesaitpasdequelles sommesonparle.»

Quoi qu’il en soit, Hyderabadn’a pas brisé l’élan politique deNagoya, et c’est ce que chacunveut retenir. Pour en arriver là,pays développés et pays en déve-loppement, dont l’affrontement adominé les débats sur le finance-ment, auront dû assouplir chacunleurspositions initiales. En échan-ge des contributions consentiespar les Etats du Nord, les pays endéveloppement se sont engagés àadopterdesmécanismesdevérifi-cation et de traçabilité des fondsqu’ils recevront.

LeBrésil,dontl’activismeencou-lisseaéténoté,afaitcausecommu-ne avec les pays africains lors destractations. L’Inde a égalementpesé de tout son poids pour arra-cher des engagements financiersaux pays développés, même si saqualité de pays hôte la posait sur-toutenacteurde compromis.

Les discussions ont été parailleurs compliquées par les divi-sions au sein de l’Union européen-ne, les Britanniques ayant durcileur position dans la foulée de larécentenominationd’OwenPater-son au poste de secrétaire d’Etat àl’environnement. D’autre part, leJaponet leCanadaont résisté long-temps, cherchant à s’assurer dumaximumde garanties sur le bonusagedesfuturesaides.Auboutducompte, chacun a fait un geste, cequi fait dire à Sandrine Bélier que«la communauté internationale atenu lespromesses»deNagoya.p

Frédéric Bobin

P our laTanzanie, le commercede l’ivoiren’estpas incompa-tible avec la survie des élé-

phantsd’Afrique.Bousculantlesta-tu quo difficilement préservédepuis 1989 avec l’adoption d’unmoratoiresurlecommerceinterna-tional de l’ivoire, les autorités tan-zaniennes viennent de demandertrèsofficiellement à la Conventionsur le commerce international desespècesmenacées(Cites)l’autorisa-tiondevendreles101tonnesd’ivoi-reque lepaysa accumuléesdepuisvingt-trois ans – soit les défensesdequelque 10000éléphants.

La Tanzanie réclame dans lemême temps que sa populationd’éléphants soit retirée de l’an-nexe 1 de la convention – celle quiassure la protectionmaximale auplus grandmammifère terrestre –pour rejoindre l’annexe 2, quioffre plus de souplesse aux paysquiveulenttirerprofitducommer-ce de leur faune. Seuls quatre pays

en bénéficient à ce jour: l’AfriqueduSud, le Botswana, la Namibie etle Zimbabwe, dont la communau-té internationale a reconnu quel’avenirde leurspopulationsd’élé-phants était assuré.

Dansunargumentairedevingt-deux pages rendu public par laCites le 16octobre, le gouverne-menttanzaniens’attacheàdémon-trer que le pays peut à son tourrejoindre ses quatre voisins. «Lenombre des éléphants en Tanzanieest passé de 55 000 en 1989 à110000en2009»,plaideleministè-re des ressources naturelles, qui arédigé le document. Sans rappelercependantque lepays avait vudis-paraître lamoitié de ses pachyder-mesaucoursdesannées 1980.

Alors que les chiffres publiés aumois de juin par la Citesmontrentque le massacre des éléphantsd’Afrique pour alimenter desmafiasendirectiondel’Asieatteintdes niveaux inégalés depuis dix

ans, l’initiative relance avec fracasledébatsurl’avenirdel’embargoetl’impact des ventes ponctuellesautoriséespardeuxfois, en1999eten 2008, à la demande des quatrepaysd’Afriqueaustrale.

LaTanzanien’enestpasàsapre-mière tentative,mais en 2010, faceà un refus annoncé de la commu-nautéinternationale,elleavaitfina-lement retiré sa demande. Unemajorité de deux tiers parmi les176 pays membres de la Conven-tionestnécessairepourqu’unepro-positionsoit adoptée.

Cettefois-ci,sansattendreladis-cussion qui aura lieu lors de laconférencede laCitesenmars2013à Bangkok, le Kenya, le BurkinaFaso, le Togo et le Mali – eux-mêmes en butte à un intense bra-connage – ont allumé les contre-feuxendéposantune«contre-pro-position»exigeantqu’aucunedéro-gation aumoratoire ne soit accor-dée. «Nous ne sommes pas dansune situation où il est encore possi-

bledeprendredesrisquesenautori-santdes ventes ponctuelles», expli-quent-ils, affirmant qu’il «n’existeaucunepreuve scientifique robustedémontrant que les ventes légalesn’ont pas d’incidence négative surla surviedes espèces».

Massacres d’éléphantsDans son plaidoyer, la Tanzanie

prend sans surprise le contre-piedde cette affirmation, sans qu’il soitpossible de départager les deuxcamps.Lesexpertschargésdeplan-cher sur ce sujet ne sont eux-mêmes pas parvenus à trancher.PourlesONGdeconservationet lesEtatsqui tententdedémanteler lesréseaux criminels de l’ivoire, unfeuvert enverrait quoiqu’il en soitunsignal trèsnégatif.

Sur le terrain, la Tanzanie estconfrontée, comme la majoritédes pays africains où subsistentencore des pachydermes, à un tra-fic massif. «Nous vivons uneguerre de l’ivoire», raconte, sous

couvert d’anonymat, le représen-tant d’uneONGde conservation.

Il n’est pas nécessaire de séjour-ner longtemps dans le pays pourpalper la peur que soulève la sim-pleévocationdusujet.Fonctionnai-res, ONG, organisateurs de safarisouvillageoistémoinsdemassacresd’éléphants, personne ne veutprendrelerisquedeparlerouverte-ment. Dans un récent rapport à laCites, l’ONGTraffic pointait la pré-pondérance des ports tanzaniensdans les routes de l’ivoire versl’Asie.Uneplace surun tel podiumne se décroche pas sans complici-tés à des niveaux élevés de l’admi-nistration.Ni sans corruption.

Cen’estpourtantpasenprioritéà la lutte contre le braconnage quela Tanzanie promet de consacrerles 55millions de dollars (42mil-lions d’euros) qu’elle estime pou-voir tirer de la ventede ses 101 ton-nesd’ivoireà laChineet au Japon.

Le sort des éléphants reposedavantage, selon les autorités du

pays, sur la bonne cohabitationavec des populations rurales enpleine expansion. «109 personnesont été tuées par des éléphantsdepuis 1997. Les animaux sont unenuisancepour les paysans pauvres,qui deviennent progressivementopposésà leurconservation.»Voilà« la réelle menace » qui rendurgent,pour legouvernementtan-zanien, de démontrer à sa popula-tion que la protection de la faunepeutavoir des retombées financiè-res pour les villageois qui en sup-portent les conséquences.

C’est un vrai débat, mais doit-ilconduire à inonder le marché denouvellesquantitésd’ivoire?Cette«proposition est tout simplementridicule», trancheMary Rice, direc-trice exécutive d’EnvironmentalInvestigation Agency, une ONGbaséeàLondres,parmilesplusacti-ves dans la campagne contre lecommercede l’ivoire.LesEtatsréu-nisàBangkokenmars jugeront.p

Laurence Caramel

L es villageois de la castedesintouchablesde Thervoy,dans le TamilNadu,un Etat

du sudde l’Inde, auront-ils raisoncontreMichelin, qui souhaiteimplanteruneusine sur leurs ter-res? S’il est trop tôtpour le dire,ils ont indéniablement remportéunepremièrevictoire, après cinqanspassés à essayer de fairevaloir leursdroits : la directiondeMichelin, qui compteprochaine-ment inaugurer sonusinedepneumatiquesdans leparc indus-triel de Thervoy, vadevoir s’expli-quer devant l’Organisationdecoopérationet de développe-ment économiques (OCDE).

Lepointde contactnational(PCN)de l’OCDE,auprèsduqueluneplainteavait étédéposéeenjuilletpar cinqorganisations, ajugé, jeudi 18octobre,«la saisinerecevable». LePCNfrançais (com-poséde représentantssyndicaux,duMedefetdeplusieursministè-res) considèreque les«questionssoulevéesméritentd’êtreapprofon-dies»et a convoquél’entreprisefrançaiseet les cinqplaignants le22novembre. Selon lesONG,Michelinavioléplusieursdesprincipesde l’OCDEsur l’environ-nement, lesdroitsde l’homme,l’informationdespopulations…

Pour l’heure, lamultinationaledéclareprendre acte de la déci-sionduPCN. «La positiondeMichelin est claire: nous réfutonsles accusations contenuesdanscette saisine etMichelin s’en justi-fieradevant le PCNde l’OCDE»,a-t-elle expliqué auMonde.

L’affaire remonteà2007,quandles6000villageoisdeTher-voydécouvrentque lacompagnieState IndustriesPromotionCorpo-rationofTamilNadu (Sipcot)veutdétruire456hectaresde la forêtcollectiveentourant levillagepoury implanterunparc indus-triel.Michelinasignéavec l’Etatindienuncontratpour la construc-tiond’uneusinedepneusdesti-nésaumarché local.Ceprojetatoutdesuiteétécombattupar levillage,peupléà95%pardesdalits (intouchables, selon le systè-medescastes), quiviventgrâceàla terre, à l’élevageet auxforêts.

Complexe routierDesplaintesont été déposées

devant la courde justice deMadras, qui a ordonné, enmai2009, le paiementd’indemni-téspar la Sipcot, toujoursnonver-sées à ce jour.Une autre plainte aété déposéedevantune juridic-tion indienne créée en 2010, les«tribunauxverts».

A laveilledudémarragede laproduction,onzepanchayatde larégion,desautorités locales cor-respondantauxconseilsmunici-paux,ontadoptéunerésolutioncondamnant les conditionsd’ouverturedusite. L’implanta-tionde cesusinesnécessiteenco-redegrands travauxde raccorde-ment,notammentuncomplexeroutier construitpar lesautoritésindiennes,et aurades conséquen-ces sur l’accès à l’eauainsiqu’entermesdepollution.p

RémiBarroux

EnInde,desintouchablessurlaroutedeMichelin

Au-delà de l’accord sur le finan-cement, la conférence de laConvention sur la diversité biolo-gique (CDB), réunie àHydera-bad du8 au 19octobre, a permisde progresser sur le dossier dela protection de la hautemer.Après l’échec du sommet deRio+20 en juin, c’est désormaisau sein de la CBDque laréflexion avance sur cette ques-tion de la gouvernance de la bio-diversité dans les eaux interna-tionales. AHyderabad, 56 aires

marines d’«importance écologi-que ou biologique» ont été iden-tifiées. Cet inventaire n’a pourl’instant qu’une valeur scientifi-que,mais il pourrait servir debase à l’établissement futur dezones protégées. «C’est un pro-grès», s’est félicité LasseGusta-vsson, directeur exécutif desprogrammesde conservation àWWF-International. L’Islande etlaNorvège se sont toutefoisopposées à ce que l’Atlantiquenord figure dans cette liste.

LaTanzanieveutbriserlemoratoiresurl’ivoireLepayssouhaitevendre101 tonnesdedéfensesmalgré lebraconnage

Des progrès sur la protection de la hautemer

Biodiversité: lespaysdéveloppéss’engagentàdoublerd’icià2015l’aidefinancièreauxEtatsduSudL’accordarrachéà l’issuede laconférenced’Hyderabad, en Inde,neciteaucunmontant

Une clôture électrique de 400kmautour dumont Kenya

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Entretien

C ela faisait plusieurs semai-nesqu’elleavaitacceptél’en-tretien. Mais plusieurs fois,

elle avait reporté. «Trop tôt »,disait-elle.«Jenelesenspas»,répé-tait-elle.Etpuisellearappelépourdire qu’elle était « prête ». Etqu’après la «diète médiatique»qu’elle s’était imposée depuis larentrée, le temps était venu, pourelle, de «dire les choses».

Parler, donc.Mais sur quel ton?Ce mercredi 17octobre, dans sonbureau de Montparnasse où ellereçoit Le Monde, Ségolène Royalprévient d’emblée : « Je ne veuxpas apparaître comme une don-neuse de leçons. » Anticipantqu’on l’interrogerait sur les diffi-cultés du gouvernement, elle agriffonné quelques formules surde petites feuilles blanches, et s’yrattachera à plusieurs reprisespendant l’entretien, auxmoments où les mots pourraientdépasser sa pensée. « Je veux quela gauche réussisse. Je dois doncêtre au-dessus et en avant. Je neveux pas jouer les Mère Fouet-tard.»

Par souci du « gagnant-gagnant», comme elle dit, on nel’entendra donc pas sur les débatsqui traversent le gouvernementet la majorité. Sur la dépénalisa-tionducannabiset ledroitdevotedes étrangers, par exemple, onconnaît ses réserves, mais ellerefusera de les réaffirmer. Sur laprocréation médicalement assis-tée, la présidentedu conseil régio-nal de Poitou-Charentes, qui n’ajamaishésitéàaffichersesconvic-tionssur lessujetsdesociété,quit-te à prendre à revers ses camara-des socialistes, n’entend pasaujourd’hui jouer les trouble-fête.

Surlesaffairesprivées, l’ex-can-didate à la présidentielle garde lamême discrétion. Commenta-t-elle vécu le fait que le chef del’Etat ne la salue pas, l’autre jour,dans les couloirs de l’ONU? «Nerevenonspassurcet incident»,dit-elle, précisant simplementqu’elles’en est expliquée «avec Fran-çois»etque« lapageest tournée».Elle n’en dira pas davantage, refu-sant toute question qui pourraitla « ravaler à un personnage dethéâtre de boulevard», n’accep-tant de répondre qu’à celles quis’adressent à la « femme politi-que».

Cette semaine a été annoncéeen conseil desministres la créa-tion de la Banque publique d’in-vestissement (BPI), que vousréclamezdepuis longtemps. Est-elle conforme à vos attentes?

Je ne peux que m’en féliciter,bien sûr. Mais pour que la BPI soitpleinement une réussite, il fautquetroiscritèressoientremplis.Lepremier, c’est la rapiditédesamiseen œuvre, d’ici un mois, comptetenudumanquecriantdefondsderoulementdont souffrent lesPME.Le deuxième, c’est sa puissanced’intervention: la BPI doit avoirune vraie force de frappe, et qu’onneretombepasdans leserreursdufonds stratégique d’investisse-ment (FSI), bureaucratique et lent.Troisième critère de réussite, c’estl’appui sur les régions, car aucunePME n’ira frapper à la porte d’unguichetàParis. Lesantennesrégio-nales de la BPI doivent engager80% des dépenses. Sinon, onretomberadans un système rigideoù les filières les plus innovantesseront ignorées.Cinqmois après l’électionde François Hollande,quel regard portez-voussur l’action du gouvernement?

Cette première phase de l’ac-tiongouvernementaleestuneopé-ration vérité réussie : le chef del’Etat a pris lamesure de la crise, ila dit la vérité aux Français, il amisfinauxopérationsdediversiondugouvernementprécédent,ilarépa-ré les injustices les plus flagranteset rétabli la sérénité républicaine.De ce point de vue, ces cinq pre-miersmois ont été constructifs.

Maintenant, il fautpasser àunenouvellephase, celle des réformesdestructurespromisesdanslepro-grammeprésidentiel: réforme dusystèmefinancier, réformefiscale,révolutionécologique,avenirdelajeunesse. En unmot, après l’«opé-ration vérité», passons au «rêvefrançais».Comprenez-vous l’impatiencedes Français pour qui le gouver-nement ne va pas assez vite etpas assez loin?

Bien sûr, et le gouvernementaussi l’a comprise, en accélérant. Ilfaut quand même rappeler ceci :dix ans de droite aupouvoir, doncdix ans d’habitudes pour l’admi-nistration, ce qui a forcément créédes freins et des blocages quand lenouveau pouvoir s’est installé.Faceàcela, laréponse,c’est ladensi-fication de l’impulsion politique,car la haute administration, enFrance, est loyale,mais elle semetdans le mouvement si le pouvoirpolitiquefixeclairementuncapetdonnedu sens à sonaction.Cecap, justement, trouvez-vousqu’ilmanque aujourd’huià l’action gouvernementale?

C’est le moment de le donner,aprèslesbonnesdécisionsd’urgen-

ce et les mesures courageusespourréduirelesdéficitsqueladroi-te a laissés. LesFrançaisontbesoinde comprendre le sens des effortsqui leur sont demandés. Prenonspar exemple les 3% de déficit en2013. Le président de la Républi-que a été clair, car il faut protégerlesFrançaiscontre les risquesde ladette, et il n’y a pas la moindrecontestation à avoir sur le sujet.Mais c’est un critère comptable,pas un objectif politique. La ques-tion, c’est d’expliquer pourquoi ilfaut atteindre les 3%, au nom dequel projet de société. Je suis sûrequ’alors les Français vont repren-dre confiance en l’avenir.ClaudeBartolone, le présidentsocialiste de l’Assemblée natio-nale, ouHarlemDésir, le premiersecrétaire duPS, ont exprimédes doutes sur les 3%. Les com-prenez-vous?

Disonsqu’ilsétaientenphasederodage… Après les tâtonnementscompréhensiblesdudébut, l’heureestvenuede lacohésionsans faille.Vousdites cela aussi pour lesministres?

Les uns et les autres ont prisleursmarques. Des talents indivi-duels se sont affirmés. Mais ungouvernement,cene sontpas seu-lement des individus qui s’addi-tionnent, ce sont des hommes etdes femmesqui semettent au ser-vice d’un projet collectif. Voilà cequ’on attend maintenant: passerde l’addition des talents indivi-duelsà leurdémultiplicationpourconstruire l’avenir dupays.En clair, sur la dépénalisationdu cannabis, Vincent Peillonaurait dû se taire…

Il a reconnusonerreur. Eneffet,toute prise de parole qui permet àla droite d’avoir un angle d’atta-que est à éviter. Les Français veu-lent un gouvernement fort. Il fautdonc bannir l’éparpillement etl’improvisation.Jean-MarcAyraultmanque-t-ild’autorité?

Le premier ministre est solidealors qu’il est la cible d’attaquestrès rudes.Mais si la politiqueétaitfacile, ça se saurait ! J’exhorte ladroiteàcesserd’utiliserunvocabu-laire injurieux que jamais nousn’avons utilisé par respect pour ledébatdémocratiquedans l’opposi-tion. Ses difficultés prouvent qu’ils’attaque aux vrais problèmes, carle choix a été fait de prendre lesmesuresdifficilesaudébutduquin-quennat. En complément, il s’agitmaintenantd’enexpliquer le sens.Mais comment?

Endisant clairementcommenton va atteindre nos objectifs et lavision du pays dans cinq ans. Parexemple, comment crée-t-on desemplois dans l’économie de l’in-telligence? Commentréalise-t-onla révolution écologique? Com-ment transforme-t-on la Franceen pays d’entrepreneurs? Com-

ment fait-on pour que les jeunessoient dans une meilleure situa-tion à la fin du quinquennatqu’au début? Comment permet-on aux catégories populaires etaux classes moyennes de croire ànouveau dans la promesse répu-blicaine d’ascension sociale ?Comment redore-t-on, en cinqans, ce talisman de la gauchequ’est l’éducationnationale, en lahissant au premier rang? QuelleEurope voulons-nous?

Voilà ce que les Français veu-lentsavoir :quels sontlesobjectifsfixés et comment on les atteint.Mais cela passe aussi par une pro-fonde rénovation de notre systè-mede gouvernance.

Qu’entendez-vous par là?Depuisl’électionprésidentielle,

ilyaeul’apaisementaveclesparte-naires sociaux. Les corps consti-tués, méprisés par le gouverne-mentprécédent,ontétéréintégrésau dialogue démocratique. Toutcela est trèspositif et permetd’en-gager trois autres changements.

Le premier, c’est la démocratieparlementaire. Le Parlement doitretrouver un espace d’initiative. Ilfautdavantagedepropositionsdeloi pour accélérer le rythme desréformes. Il aurait pu y en avoirdavantage lors de la session parle-mentairede juillet.

Le deuxièmechangement, c’estla démocratie territoriale. Il y abeaucoup d’attente, la nouvellephasededécentralisationdoitper-mettre aux régionsplus d’efficaci-té et de rapidité pour l’emploi, ens’appuyant sur un Etat enfin enphase avec elles.

Le troisième changement, c’estladémocratie citoyenneetpartici-pative.Lesgrandesréformesstruc-turelles que j’évoquais ne réussi-ront que si les Français sont asso-ciés. Je pense en particulier à lagrande réforme fiscale promisependant la campagne. Si l’on veutque l’impôt ne soit pas seulementvécu comme une punition maiscomme un élément de cohésionnationale, il faut un grand débatdémocratique.Aune semaine du congrès duPS, quel regard portez-vous surla succession deMartineAubry? Le PSd’aujourd’hui estloin de celui que vous défendiezen 2008, quand vous ambition-niez d’être première secrétaire…

Je vous accorde que cela peutparaîtreunpeuétrangeque lepar-ti à l’origine des primaires ouver-tes à tous les citoyens ait adoptédesstatutsconduisantàuneprédé-signation du premier secrétairepar quelques-uns. Cela dit,essayons de voir le côté positif : aumoins, cette fois, on n’aura pas uncongrès d’affrontement, mais uncongrèsd’apaisement.«Le temps viendra où je seraiutile», aviez-vous déclaré aprèsvotre défaite aux législatives.Le temps est-il venu de nouvel-les responsabilités?

Oui, je vous confirme que mapassionpour la politique est intac-te et que je veux toujours êtreutileàmonpays.Cetempsviendrapourlabonneraisonque,quandlatâcheest difficile et immense, il faut ras-sembler toutes les forces et toutesles expériences. p

Proposrecueillis parDavidRevaultd’Allonnes

etThomasWieder

«Dixansdedroiteaupouvoir,doncdixansd’habitudespourl’administration,celacréedesfreinsetdesblocages»

«Jevousconfirmequemapassion

pourlapolitiqueestintacteetquejeveuxtoujoursêtreutile

àmonpays»

ROBERTO FRANKENBERG POUR «LE MONDE»

SégolèneRoyal:«Passonsaurêvefrançais!»Aprèsunepériodede«diètemédiatique», l’anciennecandidateà laprésidentielle livresesvéritésau«Monde»

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société

ColmarEnvoyé spécial

I l est vrai qu’il est habitué maiscette fois encore, c’était lui lavedette.Manuel Valls, parfaite-

mentà l’aise,étaitvendredi19octo-bre lepremierdesministresde l’in-térieur à assister, à Colmar, aucongrès de l’Union syndicale desmagistrats (USM, majoritaire).C’était aussi lepremierà être invité– «Bizarrement, il ne nous était pasvenuàl’espritd’invitervosprédéces-seurs», a plaisanté ChristopheRégnard, leprésidentdusyndicat.

Leministre de l’intérieur a indi-qué qu’il avait conscience de vivreun moment «sinon historique, entout cas privilégié» et a annoncésolennellement qu’il était venu«tourner la page d’une décennie,dix années durant lesquelles, mal-grélesmisesencauseprovenantdesplus hautes autorités de l’Etat», lesjuges«n’ont jamaiscédéàlaprovo-cation». C’est évidemment cequ’avaient besoin d’entendre lesmagistrats, qui n’ont pas oubliéque leprécédentchefde l’Etat trou-vait qu’ils ressemblaient plutôt àdespetitspois.

«Je n’admettrai pas demanifes-tations des forces de l’ordre contredesdécisionsdejustice,aditavecfor-ce le ministre, devant un rang dereprésentantsdessyndicatsdepoli-ce qui n’ont pas bronché, je désap-prouve les commentaires partiauxet les polémiques entretenues à desfins partisanes. » ChristopheRégnardavait auparavantdénoncé«les dérapages inacceptables» etles manifestations de policierscontre des décisions de justice,pour lesquels le président de laRépublique de l’époque avait plu-tôt manifesté sa sympathie.M.Valls a été plus loin : il ne veutplusque«lacommunicationsurlesaffairesmédiatiséessoit lemonopo-le des organisations syndicales» depoliciers,etpouréviter«quecertai-nes situations ne dégénèrent»,entend autoriser davantage sesdirecteursàparlerà lapresse.

Il refuseensuite«ladictaturedufait divers» et annonce que le gou-vernement«nelégiférerapasàcha-que drame». Il répugne «à utiliser

lasouffrancedesvictimespourorga-niserlasurveillancedesjugesetdres-ser lapolice contre les juges». Enfin,«laloipénalenesedécrètepasàl’Ely-sée,laloines’imposepassurdeman-de duministère de l’intérieur, la lois’écrit auministère de la justice, pascontrelui,passanslui».C’esteffecti-vementungroschangement.

M.Valls a longuement salué sacoopérationavecChristianeTaubi-ra, entendavoir «un respect absoludel’indépendancedelamagistratu-re», mais réclame en contrepartie«l’ouverturede la justice sur les pré-occupations légitimes des policierset gendarmes» –il n’oublie jamaisles gendarmes–, «parce qu’avanttout, nous sommes républicains».Leministre a été chaleureusementapplaudi par une USM heureuse-

ment surprise, et s’en est retournésatisfait à Paris regarder le dernierAstérixavecsesenfants.

Christiane Taubira, la garde dessceaux, a pris la suite avec l’aisancequ’on lui connaît pourun longdis-cours fleuri et sans notes, avec larafale de citations traditionnelles–Balzac,PhilippeClaudel(Paulc’esttropcommun),Orwell (pasceluide1984,mais celui plus obscur de sonpremier livre, Une histoire birma-ne),Montaigne (enancienfrançois)et Gandhi pour finir : «Sois toi-mêmelechangementquetusouhai-tesvoirdanslemonde.»Bellepresta-tionmaissurlefond,peudenouvel-lesetuneseuleannonce.Ellea indi-qué que la collégialité des juges,longtemps espérée et constam-ment repoussée, serait bien miseen place en 2014, dans une formeaménagée. Le Conseil supérieur dela magistrature (CSM) sera bienréformémaisonn’apasledétail.Laministre a d’ailleurs lancé pleind’auditsdanspleindesecteurs. Elleest longuement revenue sur sa cir-culaire de politique pénale, certesnovatrice,maisquinevautpasunebonnepetite loi.

ChristopheRégnard,dansundis-cours brillant et assez vif, avait luiréclamé une série de mesures par-foisradicalespourassurerenfinl’in-dépendance de la magistrature, lethème de ce 38e congrès, et notam-ment un CSM totalement dégagéde la tutelle gouvernementale.«Beaucoupdechantiersontété lan-cés,maisaucunn’aencorepuabou-tir, s’est inquiété le président.Nousespéronsbeaucoup,nouscraignonsaussi d’êtredéçus. Lespromessesdupassé rarement suivies d’effet sontlà pour nous convaincre de resterprudents.»

ChristianeTaubiraavoululeras-surer: «Nous serions bien miséra-bles si nous décidions de louvoyerencore.» Christophe Régnard a étémollement rassuré, mais la salle alonguement applaudi, debout, laministre qui sait si bien brosserl’hermine dans le sens du poil. Lagarde des sceaux avait, avant lesjuges et avec les mêmes aimablesméthodes, obtenu un triomphesemblabledevant les notaires, puisdevantlesavocatsauConseilnatio-naldesbarreaux. p

Franck Johannès

lafonlafonMarie-Hélène ©

Jean-LucPaillé

BUCHET R CHASTEL

« Marie-Hélène Lafon fait remonterà la surface les sentiments anciens,les interdits qui durent, les forces

naturelles, les rituels d’église. »

Xavier Houssin, Le Monde des livres

« Marie-Hélène Lafon fait partiede ces romancières qui tracent leur

sillon avec talent et ténacité. »

Bernard Lehut, RTL

« Marie-Hélène Lafon décritsuperbement un monde qui

s’en va… Lumineux. »

François Busnel, L’Express

« La Depardon dela littérature française. »

Clara Dupont-Monod, France inter

« Un auteur à lire absolument. »

Philippe Claudelde l’académie Goncourt

w w w . b u c h e t c h a s t e l . f r

«Jen’admettraipasdemanifestationsdesforcesdel’ordrecontredesdécisions

dejustice»Manuel Valls

I ln’yaurapasque lescongressis-tesdelaMutualitéfrançaise,réu-nisàNice,quiserontattentifsau

premier discours sur la santé quedevaityprononcerFrançoisHollan-de, samedi matin 20octobre. Enplein bras de fer sur l’épineux dos-sier des dépassements d’honorai-res, patients, médecins mais aussiinternesattendaientdesgages.

Maîtriser ces dépassements estlepremierdossierquelegouverne-mentamissurlatablepouramélio-rer l’accès aux soins. C’était pour-tant loin d’être le plus simple. Leprésident de la République devaitpréciser son objectif, samedi, enindiquant que la conclusion d’unaccordétaitconditionnéeà ladimi-nution, progressivemais réelle, decequiresteà lachargedespatients.Il devait notamment plaider pourle plafonnement des dépasse-ments – ce que certains syndicatsrefusent. De quoi séduire le prési-dent de la Mutualité, EtienneCaniard, qui s’était inquiété jeudiquel’accordaboutisseà lastabilisa-tion des dépassements d’honorai-res, pasà leur réduction.

Devant la Mutualité française,organisme qui regroupe la quasi-totalité des mutuelles de santé,

M.Hollandedevait aussi réitérer lamenace de saministre de la santé:faute d’accord, le gouvernementpasserapar la loi pour encadrer lesdépassements. La dernière séancede négociations est prévue lundi àl’assurance-maladie,aveclesméde-cinset les complémentaires.

D’autres voix commencent à sefaire entendre. Le Parti de gaucheaprévudedistribuerlundi,devantlesiègedelaCNAM,des«cartesVitalegold» pour dénoncer un «simula-cre d’encadrement» des dépasse-ments, tandis que les internesmanifesteront pour réclamer lemaintiendusecteur2(àhonoraireslibres), qu’ils jugent menacé. Unautresujet lesinquiète:unepropo-sitionducandidatàl’Elyséedelimi-ter la liberté d’installation desmédecinseninterdisantdenouvel-les arrivées en secteur 2 dans leszones surmédicalisées. Le prési-dent élu, lui, semble vouloir, dumoins pour l’instant, se cantonnerauxmesuresincitativespours’atta-querauxdésertsmédicaux.

Il devait aussi rappeler la créa-tion de 200 postes de «praticiensterritoriauxdemédecinegénérale»dans les zones les moins biendotées, une proposition inscrite

dans le projet de loi de finance-ment de la Sécurité sociale (PLFSS)pour 2013, dont la discussion com-mencemardi23octobre.

«Inégalités de santé»Mais les dépassements et les

désertsmédicauxnerésumentpasà eux seuls les freins à l’accès auxsoins. M.Hollande, qui estime queles bons résultats apparents affi-chés par la France, notamment entermes d’espérance de vie, cachentde«profondes inégalitésde santé»,juge que des décisions pénalisantles assurés sociaux ont été prisescesdixdernièresannées,commelacréation des franchises ou d’untauxderemboursementà 15%.

Pour faciliter le recours auxsoins, le président compte sur lagénéralisationde l’accèsàune cou-verturecomplémentairedequalitéd’icià2017.Reprenantlacritiquedela Cour des comptes selon laquelleles 4,3milliards d’aides fiscales etsociales à l’acquisition d’une com-plémentaire de santé profitentdavantage aux cadres des grandesentreprises qu’aux temps partiels,retraités ou chômeurs, il devaitannoncerqu’ilvademanderaugou-vernementde les réorienter.

Il devait aussi s’engager à unerévision de la fiscalité des assuran-ces complémentaires, en propo-santunemodulationde la taxe surles contratsdits responsables (sansdiscrimination d’âge ou de situa-tion de santé). Il était très attendusur ce point. En 2011, le gouverne-mentFillonl’avaitaugmentée,pro-voquant la colère des mutuelles–et une hausse des cotisations.Autregeste, il devait sedire favora-ble à ce qu’elles soient autorisées àpasser des contrats avec desméde-cins dans le cadre de réseaux desoins où les tarifs sont négociés,une possibilité jusque-là réservéeauxassureurs.

Il y a un autre sujet sur lequelM.Hollande compte marquer sadifférence avec la droite : l’hôpitalpublic, qui «ne sera jamais uneentreprise». 354millions d’eurosdoivent y être investis en 2013 et170millions en 2014. Le PLFSS pré-voit déjà la suppression de laconvergence des tarifs versés auxétablissementspublics etprivés.

Le président veut aussi en finiravec lamultiplication des plans desantépublique.Dequoisurcepointfairesurtoutdesmécontents. p

Laetitia Clavreul

FrançoisHollandeexigeunediminutionprogressivemaistangibledesdépassementsd’honorairesDansundiscourssur lasanté, samedi,devantlaMutualitéfrançaise, leprésidentde laRépubliquedevait seprononcerpour lagénéralisationde l’accèsàdescontratsdequalitéd’ici à 2017

Manuel Valls et Christiane Taubira au congrès de l’USMàColmar, vendredi 19octobre. PATRICK HERTZOG/AFP

Invitédel’USM,ManuelVallsassurequ’ilnedresserapaslapolicecontrelesjugesRéunieencongrès, l’Unionsyndicaledesmagistratsaccueillaitpour lapremière foisunministredel’intérieur. «Nousespéronsbeaucoup,nouscraignonsd’êtredéçus»,adit sonprésident

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société

w w w . e d i t i o n s p h e b u s . f r

un aspectméconnude l’histoireaméricaine

« La romancière américained’origine japonaise boucle son

majestueux livre en disant tout d’unsujet demeuré tabou.

Ses voix ont libéré une parolelongtemps muselée. »

Françoise Dargent, Le Figaro

« Un grand chœur invisible.Tragique. Magnifique. »

Fabienne Pascaud, Télérama

« Le calvaire de ces femmes, JulieOtsuka le retrace avec une voixdurassienne, un lamento parfois

résigné, parfois courroucé. »

André Clavel, Lire

« Une voix d’une force bouleversanteà des femmes anonymes aux destins

effacés. Un chœur sacrécontre l’oubli. »

Marie Chaudey, LaVie

« La plus envoûtante des mélopées. »

Alexis Liebaert, Marianne

« Une incantation poétique,émouvante aux larmes »

Isabelle Courty, Le Figaro Magazine

« Un roman puissant à côté duquelil ne faut pas passer. »

Pierre Maury, Le Soir

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Reportage

Propriano (Corse-du-Sud)Envoyé spécial

U ne haie de robes noiresfigéesaugarde-à-vousdansun silence pesant que seul

le vent osait rompre a salué ladépouille de l’avocat ajaccienAntoine Sollacaro, 63 ans. Vendre-di 19octobre, le bâtonnier Solla-caro a reçu l’ultime hommage deses confrères, de ses proches, denombreuxamis et anonymes.

Ils étaient environunmillier depersonnes dont 150 femmes ethommes en robe noire d’avocatmassés dans la trop petite égliseNotre-Dame-de-la-Miséricorde àPropriano (Corse-du-Sud) et sur leparvis pour assister aux obsèquesde l’homme assassiné mardi16octobreàAjaccio. Il étaitenviron13h30 et déjà les habitants de Pro-priano avaient commencé à pren-dreplacesur lesbancs. Les femmesàgaucheet leshommesàdroite.Lecortège funèbre longde200voitu-resvenud’Ajaccion’avaitpasenco-re atteint lapetite localitéde 3000habitants située en bord de merdontAntoineSollacaroétaitnatif.

Il y avait là sur ce parvis bâtiau-dessusde lameret cernépar lesmontagnes de l’Alta Rocca des res-ponsables politiques de l’île parmilesquels Dominique Bucchini(PCF),présidentde l’Assembléeter-ritoriale,SimonRenucci(PS),maired’Ajaccio,Paul-MarieBartoli (PRG),maire de Propriano, Jean-JacquesPanunzi (DVD), président duconseilgénéraldeCorse-du-Sud…Ilyavaitaussi leschefsnationalistes,ceuxdumouvementautonomistecomme Jean-Christophe Angeliniou ceux du mouvement indépen-dantistecommeJean-GuyTalamo-ni. Il y avait encore desmagistratsdont Xavier Bonhomme, procu-reur de la République d’Ajaccio, etson prédécesseur Thomas Pisonqui avait fait le voyagedeNancy, ily avait des familles qui avaient étéclientes d’Antoine Sollacaro, com-melasœuretlefrèred’YvanColon-na, Christineet Stéphane. Et puis ily avait, enfin, celles qu’un dramesemblable à celui survenumardi a

frappées, comme MmeFeliciaggi,veuve de Robert, l’élu assassinéd’une balle de pistolet dans la tête,un soir de mars2005, sur le par-king de l’aéroport d’Ajaccio. Cettefois encore, le meurtrier s’étaitenfui à moto. Il n’a jamais étéretrouvé. Cet homicide avait enquelquesorteouvert la sériemaca-bre qui depuis n’a toujours pas étéinterrompue.

«Déliquescence»Comme à chaque fois qu’elle

enterreunedeses figures, victimesde tueurs, la Corse cherche à com-prendre.Unefoisdepluselles’inter-

roge,une foisdepluselle s’indigne,et une fois de plus elle répète cesphrases et ces constats tellemententendus au cours de ces journéesfunestes. «C’est un drame terrible;l’enfoncementdansunprocessusdedéliquescence. La société corse sereferme sur elle-même», déplorel’avocat nationaliste Lucien Felli,quifut,avecAntoineSollacaro,par-mi les défenseurs des premiersnationalistes jugés devant la courdesûretédel’Etatàlafindesannées1970.DominiqueBucchini deman-de, lui, «unprogrammepour luttercontre la mafia sur dix ou quinzeans», et attenddevoir«lesproposi-

tions du gouvernement». D’autrespréfèrentneriendire.

Danscette foule, la tristesseet lerecueillement le disputent à l’in-quiétude.C’estpalpable.Dansquelétat la Corse s’est-elle mise aucoursde cesdernièresannéespourêtre là où elle en est, s’interro-ge-t-on mezzo voce ? Cette Corsedont certains de ses enfants tuentcertains autres de ses enfants dansun climat de banalisation tel qu’ilfautqu’unepersonnalitéembléma-tique tombe sous les balles pourque lapopulations’alarme.

Le diacre Antoine Peretti ne s’ytrompe pas. Dans son homélie, ilexhorte « les gens à renoncer à laviolence». Et de lancer à tous :«N’ayez pas peur», tout en fusti-geant «l’invasion de la drogue, dusexe, de la haine, de l’envie, de lajalousie et de la rumeur». Même silescausesdecetteviolenceendémi-que ne se limitent probablementpasà ces seules explications.

Antoine Sollacaro repose désor-mais au cimetière marin. Au-des-sus des flots du golfe de Propria-no.p

YvesBordenave

Leparquet de la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) deMarseille a ouvert, vendredi19octobre, une information judi-ciaire pour«assassinat en ban-de organisée» et «associationde malfaiteurs». Les jugesmar-seillais Christine Saunier,ThierryAzéma etChristophePerruaux ont été chargés del’instruction. Cemême jour, le

procureur de laRépublique, Jac-quesDallest, a lancé un appel àtémoins garantissant l’anony-mat de ceux qui le souhaite-raient. Concernant l’enquête,les policiers ont retrouvé le pro-priétaire de lamoto, uneBMWdegrosse cylindrée, dont lestueurs se sont servis pour exécu-ter leur forfait. Elle avait étévolée il y a deuxmois à Ajaccio.

Fait divers

Unlycéenaccuselapolicedeviolences:uneenquêteestouverteUneenquêtea été confiée à l’IGS (la «police des polices») sur les accusa-tionsportéespar un lycéenqui affirme avoir été rouéde coupspar troispoliciersde la brigadeanticriminalitéduVal-de-Marneaprès avoir ten-té d’échapper àune interpellationà Sucy-en-Brie, dans lanuit du 5 au6octobre. Selon le récit de l’avocatduplaignant,Me JérômeKarsenti,Chaïn, scolarisé en 1re ES, aurait été interpellé alors qu’il rentrait d’unmatchde football. L’adolescentpris de paniqueaurait voulu s’enfuir.Unmédecin lui a prescrit une interruption temporairede travail decinq jours. – (AFP.)

Emploi

Contratdegénération:accordentrelessyndicatset lepatronatQuatre syndicats sontparvenus,vendredi 19octobre, àunaccordavec lepatronatsur le futur contratdegénérationquiviseà encourager l’embau-chede jeuneset lemaintienenactivitédes seniors. LaCFDT, FO, laCFTCet laCFE-CGContdéfini lesmodalitésdu futurdispositif avec leMedef, laCGPMEet l’Unionprofessionnelleartisanale. LaCGTreste réservée. Lecontratdegénérationdoit faire l’objetd’unprojetde loi, présenté le12décembreau conseildesministres,pourunvotedébut2013. – (AFP)

SantéUnemère perd son enfantavant d’arriver à lamaternitéUnemèreaperdusonnouveau-né,vendredi 19octobre,aprèsavoir accou-chéseulealorsqu’elle se rendait à lamaternitédeBrive, enCorrèze, situéeàuneheurede routedesondomiciledans le Lot.Après les fermeturesdesmaternitésdeFigeacetdeGourdon, le Lotnecompteplusqu’uneseulematernité,àCahors,pourunepopulationde 170000habitantsenviron.

BanditismeDes armes découvertes près deBelfortUnenouvelle cached’armesaétédécouverte,mercredi 17octobre,àChèvremont,prèsdeBelfort,dans le cadrede l’enquête surunvaste traficdekalachnikovsvraisemblablementdestinéesàalimenter lemilieudubanditisme.Unhommeaégalementété interpellé.Troispersonnessoup-çonnéesd’être impliquéesdansce traficontétémisesenexamenfinsep-tembrepour infractionà la législationsur les armes. – (AFP.)

Leparquet deMarseille ouvre une information judiciaire

Desavocats portent le cercueil d’Antoine Sollacaro devant l’église dePropriano, le 19octobre. PASCAL POCHARD/AFP

Ultimehommageàl’avocatAntoineSollacaro,entretristesseetinquiétudeEnvironunmillierdepersonnes,dontde trèsnombreusespersonnalitésde l’île, ontassisté,vendredi 19octobreàPropriano, auxobsèquesdumagistratassassinémardiàAjaccio

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L es députés achèveront lundi22octobrel’examendelapre-mièrepartiedela loidefinan-

ces pour 2013, qui doit être votéepar scrutin public mardi 23octo-bre. Quand la séance a été levée,peuavant 3heures, dans lanuit devendredi à samedi, il restait enco-re 76amendements à examiner.

Le gouvernement semblaitavoir franchi la plus haute haie desacoursed’obstaclesbudgétaireenfaisant adopter – finalement sansgrandesdifficultés– lesprincipalesdispositions de son projet de loi. Acommencer par celles qui avaientconcentré la polémique, ces der-niers jours, suite à la mobilisationdes entrepreneurs qui s’étaientbaptisésles«pigeons»contreledis-positif de taxation des plus-valuesdecession.Cequiavait contraint leministre délégué au budget, Jérô-meCahuzac, à revoir sa copie, qu’ilsoumettait à la discussion vendre-di après-midi.

L’affaire aurait pu mal se pré-senter. L’opposition n’allait pas sepriver de profiter de la volte-facedu gouvernement. Le climat, à lareprise de la séance, s’en ressen-tait. Celle-ci a failli d’emblée déra-per. Nathalie Kosciusko-Morizet(UMP,Essonne) s’apprêtait à pren-dre la parole pour défendre « lemonde de l’entreprise» lorsque lerapporteur général, ChristianEckert (PS), a lâché – horsmicro –:«Tiens, voilà les conflits d’intérêtsqui s’amorcent!», provoquant untollé de l’opposition.

«Politique deGribouille»Passé ce moment d’ébullition,

le débat a repris son coursnormal.La droite a accusé le gouverne-ment d’avoir « la main lourde etmaladroite»,demener«unepoliti-que de Gribouille», d’«envoyer unsignalnégatifauxentrepreneurs»,de faire des entrepreneurs « lesadversaires du gouvernement»…«Lemal est fait», a insistéLauredela Raudière (UMP, Eure-et-Loir)considérantque lanouvelle rédac-tion proposée par le gouverne-mentnechangerait rienà l’affaire.

Il revenait àM.Cahuzacde faireœuvre de pédagogie. Sans grandespoir de convaincre l’oppositionmais avec celui d’apaiser le senti-ment,danssamajorité,quelegou-vernement avait été bien promptà lâcher dugrain aux«pigeons».

Leministreaassuméson«chan-gement d’opinion». «Le projet deloi,surcertainsaspects,étaitproba-blementerroné,aconcédéM.Cahu-zac. Nous avons estimé qu’uneerreur avait été faite, nous avonstenté de la corriger le mieux et leplus vite possible. Certains ont puêtre choqués de lamanière dont legouvernement a tenté de le faire.J’espère que, au regard des explica-tions que je donne, ils compren-dront larapiditéavec laquellenousavonsagi.»Autantdeprécautionsàusagede sapropremajorité.

Ils’est toutefoisdéfendudevou-loir remettre en cause le principedirecteurdeceprojetdeloidefinan-ces, à savoir que « le capital doitcontribuer autant que le travail».Reste que l’amendement du gou-vernement à son projet de loi ini-tial entraîne une perte de 800mil-lionsd’eurossurlemilliardquecet-te disposition était censée rappor-ter. Le choix du gouvernement decompenser cette moindre recetteen prolongeantde deux ans la sur-taxe à 35%d’impôt sur les grandessociétés a calmé les aigreurs à gau-che. Les amendements du gouver-nement ont été adoptés par l’en-semblede lamajorité.

Face à une opposition finale-mentmoinspugnacequelesdécla-rations véhémentes de ses diri-geants ne le laissaient attendre, leministre du budget a dû, à plu-sieurs reprises, s’employer pourtempérerlesdemandesdesamajo-rité.Ni lesécologistesni le Frontdegauche n’ont réussi à voir aucunede leurs demandes d’alourdisse-mentde la fiscalitéexaucées.

«Les entreprises sont déjà suffi-samment sollicitées, il convient denepastropchargerlabarque», leura régulièrement opposé M.Cahu-zac. Qui a dû aussi composer aveclegroupesocialiste.Certainsdépu-tés s’inquiétaient ainsi des abatte-ments consentis sur les cessionsde terrains à bâtir. En commissiondes finances avait été adopté unamendementmodérantcedisposi-tif. Le gouvernement n’y était pasfavorable. «Je vous demande d’enresterautextegouvernemental», ainsisté M.Cahuzac, s’adressant àses anciens collègues du groupePS.Lesdéputéssocialistesontcédéde bon gré aux arguments duministredu budget.p

PatrickRoger

politique

C ’est en rangs serrés que lesprésidents de région ontouvert le feu, les 18et19octo-

bre, lorsduCongrèsdesrégionsquisetenaitàLyon.Leurcible:leminis-tère des finances, premier frein,selon eux, à leur volonté de jouerunrôledechefdefiledudéveloppe-ment économique et de l’innova-tion.

Si la questiondu futurprojet deloi sur la décentralisation, prévudébut2013, inquiète les régions, lestensionsactuellessontcentréessurleur poids dans la future Banquepublique d’investissement (BPI) –cebrasarméde l’Etat, géré conjoin-tement avec la Caisse des dépôts etconsignations (CDC), qui sera crééd’iciàlafindel’annéeafindesoute-nir les PME industrielles et de sti-muler la croissanceéconomique.

Le coup d’accélérateur dont abesoin l’économie française pas-sera par la « régionalisation dusoutien aux PME», avance AlainRousset,présidentPSdel’Associa-tiondes régionsdeFrance (ARF)etde la région Aquitaine. «Pour uneaide à l’innovation, à l’équipe-ment, à la formation ou à l’obten-tion de garanties pour l’export, lesrégions sont les mieux placées, dufait de leur proximité, pour com-prendre et répondre aux besoinsdes entrepreneurs», souligne leprésident de l’ARF.

Dans une lettre adressée, le10octobre, au premier ministreJean-MarcAyrault,ques’estprocu-rée Le Monde, M.Rousset réclameainsiuneclarificationetunrenfor-cementdespouvoirsaccordésauxrégions dans les différents étages

de la BPI, national et régional.Concrètement, l’ARF formule

trois grandes revendications: elleréclame trois sièges d’administra-teurs sur quinze pour les régions,au lieu de deux prévus, dans lefutur conseil d’administration delaBPI;elleexigequel’Etatet laCDCsoientreprésentésaucomiténatio-nal d’orientation, présidé par lesrégions, afin de mieux échangeravec les deux grands actionnairesde la banque sur les choix d’inves-tissement; enfin, l’ARF veut descomités régionaux d’orientation àla composition plus ouverte, oùl’Etat (et les préfets) ne régneraientpas en maîtres. Elle souhaite queles comités d’engagement régio-naux promettent des montantssubstantiels (de 10 à 50millionsd’euros), sans en référer au niveaunationalde labanque.

«Le projet qui vise à faire sortirl’Etat central par la porte pourmieux le réintroduirepar la fenêtreest unmauvais projet», analyseunobservateur. L’Etat doit compren-dre «qu’il ne peut pas reprendred’une main ce qu’il a accordé del’autre», s’exaspère Jean-PaulHuchon, président de la région Ile-de-France.

«Nous avons un dialogue desourds avec l’appareil techniquedeBercy. Il pense macroéconomie,alors que la relance de notre indus-trie passe par la réactivité des terri-toires», déplore Alain Rousset.«J’ai travaillé dix ans auministèredes finances; je connais, poursuit-il. Leministère est composé d’énar-ques et de hauts fonctionnairesdontlapenséedominantes’élabore

entre le boulevard Saint-Germainet la rue du Faubourg-Saint-Hono-ré. Ils n’ont aucune idée, et aucunrespect pour ce qui se réalise dansles régions», relanceM.Huchon.

Les régions, dont 21 sur 22 enmétropolesontdirigéespar lagau-che, regrettent que le projet de loicréant la BPI, adopté le 17octobreenconseildesministres,aitétéins-piréparun rapportde l’inspectiondes finances, prévoyant de leuraccorder un rôle jugé trop secon-daire. D’où le tir de barrage del’ARF.«Lemodèlejacobind’organi-sation de l’Etat veut des collectivi-tés aux compétences émiettées,

s’insurge Alain Rousset, ce n’estpas l’intérêt général!»

A Bercy, où la lettre deM.Rous-setaétéadresséeencopieauminis-tre de l’économie, Pierre Moscovi-ci, on se dit ouvert à la discussion.Le débat parlementaire sur ce pro-jet de loi permettra d’amender letexte, assure-t-on. La demandepourtroisadministrateurs,notam-ment,neparaîtpasirrecevable.«Lediable se nichant dans les détails,nousregarderonsavecattentionlestextes qui sortiront », avertitM.Rousset. Le bras de fer avec legouvernement, des présidentssocialistesde régionsedisentprêtsà le mener. «En matière d’emploi,de formation, les régions se sontengagées à soutenir le gouverne-mentdans sonprojet de croissance,et l’Etat ne pourra pas le faire sansnous.Cen’estpaspour se fairemet-tre dans le vent à la première occa-sion», fait valoirM.Huchon.

«Cette réforme peut revitaliserle modèle industriel français,remettre du carburant intellectuelaucœurdudéveloppementécono-mique», analyse Jean-Jack Quey-ranne, président du conseil régio-naldeRhône-Alpes.«FrançoisHol-lande doit réussir la décentralisa-tion. Iln’apasbeaucoupdecartou-chesàtirer, ilnedoitpasratercelle-là», avertit-il. p

AnneMichel et EricNunès

Lesrégionss’opposentàl’EtatsurlaBanquepubliqued’investissementLescollectivités régionales réclamentunrôleaccrudans lagestionde la futureBPI. Leprésidentde l’Associationdes régionsdeFrance,M.Rousset, dénonce«undialoguedesourds»avecBercy

LeClubFauteuilCulteFabrication française, label qualité NFCuir de mouton patiné et ciré à la main

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celle-là »Jean-JackQueyranneprésident de la région

Rhône-Alpes

Premièremaladresse dufutur président de la BPI

Durcissementatténuédumalusautomobile

Jean-Pierre Jouyet, directeurgénéral de laCaisse desdépôtset futur présidentde laBanquepubliqued’investissement (BPI)a commisunepremièremaladres-se, vendredi 19octobre. Interro-gé sur l’opportunité d’aider lesite industriel de Florange (grou-peArcelorMittal),M.Jouyet aréponduque laBPI n’avait pasvocationà soutenir«les canardsboiteux». Il s’est aussitôt faitreprendrepar le chef de l’Etat,qui, au sortir du sommet euro-péen, a estiméque le casdel’aciérie de Florangene relevaitpasde laBPI et que cette usine,ainsi qu’ArcelorMittal, n’étaientpasdes«canards boiteux».

Jean-Pierre Jouyet, futur président de la Banque publique d’investissement, lors du congrès des régions, jeudi 18octobre à Lyon. JEFF PACHOUD/AFP

Legouvernementjustifiesonreculfaceaux«pigeons»Leministredubudget, JérômeCahuzac,chercheàapaiser lamajoritéparlementaire

LEMATCHn’est pas terminé,mais l’industrie automobile fran-çaise peut se féliciter d’avoir rem-portéunepremière victoire.Contre l’avis dugouvernement,les députés ont voté, vendredi19octobre, un amendementde lacommissiondes finances aunom«de la défensede l’industrie auto-mobile française», limitant le dur-cissementdumalusaux seulsvéhicules émettantplusde 155gdeCO2 par km.

Dans ledispositif initialdéfen-dupar legouvernement,présentédans le cadreduprojetde loidefinances, lesacquéreursdevoitu-res sevoyaientaffectésd’unmalussensiblementalourdi: 100euroscontrezéroauparavantpour lesvéhiculesdégageantde135g à140g, 300euroscontre200eurosaujourd’huide 140gà 145g,400euroscontre200eurosentre145get 150g, 1000euroscontre500eurosde 150gà 155g.

Desaugmentationsjugées tropélevéespar lesdéputés:pourcescatégoriesdevéhicules, l’amende-

mentadoptéannule lahausseenvi-sagée.Le restedudispositifgouver-nemental, concernant lesvéhicu-les lespluspolluants,n’a en revan-chepasétémodifié: au-dessusde155gd’émissionsdeCO2, lemalusestplusquedoublédans laplupartdescatégories, atteignantmême6000eurosau-dessusde200g.

Leministredubudget, Jérô-meCahuzac, a annoncéqu’il feraitprocéder«àune secondedélibéra-tion»pourrevenir sur levotedesdéputés, lequel représente, selonlui,unepertede recettesde«140millionsd’euros»pour l’Etat.Le vote de cet amendement ris-que égalementdeprovoquer lacolèredes écologistes, qui trou-vaientdéjà le dispositif trop indul-gent d’unpoint de vue environne-mental. Ils avaient, de leur côté,déposéunamendementpropo-santd’inclure les émissionsdeparticules fines dans le calcul dubonus-malus,unemesurequiciblait lesmoteursdiesel.Maisleur amendement a été rejeté. p

RémiBarroux

10 0123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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Nous sommes entrés dans la période économiquement difficile, qui fait suite à une crise de la dette. Cetype de situation se rencontre une fois par siècle. Cette période peut être longue et pénible, elle peut êtremême très longue et très pénible si on n’y prend pas garde. Ceci, peut-être, parce que l’on n’a pas comprisexactement dans quel type de crise l’on se trouve.

Pour remonter presque jusqu’à l’origine, il faut revenir au début des années 80, après la stagnation,et l’hyper inflation des années 70. La politique énergique de Monsieur Volker aux USA, de haussevigoureuse de taux d’intérêt, suivie un peu partout dans le monde, a réussi alors à stopper lesanticipations inflationnistes. L’économie dans sa globalité repartit sur des bases nouvelles, avec uneinflation désaccélérant à partir de sommet de près de 15 % dans les années 70, à près de 2 % au débutdes années 2000.Les taux d’intérêts ont suivi le même chemin, passant de sommet de près de 15 % pour les taux d’intérêtsd’Etat à 10 ans, à moins de 1,5 % dans certains pays en 2012.

Cette diminution de l’inflation, ces taux d’intérêts de plus en plus favorables à l’emprunt, une macroéconomie globalement considérée comme moins cyclique que par le passé, ont favorisé l’endettementdes ménages et des états, au-delà de la mesure. Ceci parce que l’on n’en voyait plus les conséquencesnégatives.On était supposé être rentré dans l’ère d’un nouveau paradigme d’économies moins risquées, decroissance technologique, d’ouverture des frontières, d’offres de plus en plus compétitives.

Au début des années 90 certains Etats de l’Europe du Sud ne voyaient plus pourquoi leurs dettes nepourraient pas continuer à croître indéfiniment. Au début des années 2000, des hommes politiquesfrançais considéraient que cela durerait aussi longtemps qu’eux-mêmes. Il eut toutefois en 2007 unministre français qui déclara presque incongrûment, que notre pays était virtuellement en faillite.

Les hommes politiques, les banquiers, les autorités monétaires et celles en charge de la régulation, lesagences de notation ne s’étaient pas aperçus qu’au milieu des années 2000, le système économique del’endettement était rentré dans une phase de perversion extrême, dont les crédits « subprime » aux Etats-Unis en furent un des exemples symptomatiques.Il n’était plus question de calculer si les emprunteurs auraient la capacité de rembourser un jour leursdettes, puisque de toute façon, après quelques années, lorsque le prix de leurs maisons aurait montésuffisamment, les emprunts seraient renégociés dans des termes plus favorables. On leur accorderait alorsun nouveau crédit hypothécaire et un nouveau crédit à la consommation, adossés sur l’accroissement dela valeur supposée du bien, objet de l’hypothèque « subprime ».

Le problème économique de ce type d’attitude face aux risques, est qu’elle ne fonctionne que dans laphase ascendante du cycle de crédit. C’était l’époque où l’on considérait que la balance des paiementset la balance commerciale, n’avaient plus d’importance, comme le soutenaient certains économistesanglais et américains. L’important pour la prospérité économique d’un pays était d’avoir une bourse quimonte, une bourse qui attire toujours plus de capitaux à l’intérieur du pays. Cette situation avait l’avantagede combler miraculeusement le déficit de la balance des paiements.

Cette politique optimiste, comme nous l’avons rappelé, ne fonctionne que dans la phase ascendante ducycle de crédit. Si l’économie reste cyclique, malgré des cycles plus faibles que dans les années d’aprèsguerre, cette approche est suicidaire à terme. C’est le nœud du problème que peu d’économistes ontperçu, car il était masqué par le nouveau paradigme économique de la globalisation.

Le cycle du crédit repartit ainsi de plus belle de 2003 à 2007.

Il est vrai que ce cycle de crédit, que l’on peut dater du début des années 80, mais plus encore du débutdes années 90, à partir de 93 – 94, est le cycle qui a permis l’actuelle globalisation. Cette globalisation aeu pour « moteur du monde », le consommateur américain, et le déficit du même pays. Lesimportations américaines ont permis le décollage industriel des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine).

Le moteur s’est grippé au milieu des années 2000, vers 2007, lorsqu’ au vu d’une activité économiqueplus incertaine, de risques croissants, les banquiers puis les consommateurs américains ont considéréconfusément, que le système était devenu trop dangereux pour continuer à prêter et à emprunter.

Dans ce type de situation, à un moment donné, les banques ne prêtent plus, les consommateurs mal àl’aise ne veulent plus emprunter. C’est ce que Hayek a appelé la « barrière monétaire » dans son célèbrelivre sur la crise des années 30, « Prix et Production ». C’est ce que Kindleberger appelle un« déplacement » dans son livre sur les crises financières. A un moment donné, il s’opère undéplacement dans les appréciations du risque, dans les anticipations des banquiers, desconsommateurs et des emprunteurs. Ils estiment que l’activité économique est trop incertaine, le risquetrop élevé, l’endettement trop dangereux pour continuer à prêter, pour les banquiers d’abord, puis àemprunter pour les autres, les consommateurs et entreprises (ceci démontre assez qu’une offre demonnaie supplémentaire ne peut être le remède à elle seule).

Les « subprime » ont semblé d’un seul coup monstrueux. L’endettement des ménages a culminé dans la2ème moitié des années 2000, parfois à près de 140 % de leur revenu annuel, contre moins de 50 % 25ans plus tôt. D’un seul coup, les consommateurs ont repris conscience que l’activité pouvait être cyclique.Ils ont voulu réduire leur consommation et augmenter leur épargne.

Cette rupture s’est traduite par un choc récessif extrêmement brutal en 2008, avec une chute de laproduction allant jusqu’à 7 %. Depuis lors, la production a remonté avec beaucoup d’hésitation. En 2012,cette récupération aurait tendance à s’infléchir sinon à s’inverser, dans certains pays. L’Allemagne et lesEtats-Unis sont les deux seuls pays occidentaux à avoir retrouvé leur niveau de production de 2007. Lesautres sont très en deçà.

C’est une crise durable, peut-être aussi durable, et peut-être même plus durable que celle desannées 30.

Les politiques d’austérité ont leur limite. Un chancelier de l’échiquier anglais constatait l’an dernier, avecun certain effarement, que malgré sa politique d’austérité et ceci bien qu’il ait lu toutes les étudesafférentes, la croissance ne repartait pas. Au 1er semestre 2012, la Grande Bretagne s’enfonce à nouveaudans la récession après 5 ans de crise.

QUEL EST LE MAL ? QUEL EST LE REMEDE ?

Le mal est assez simple à analyser, c’est une crise de surendettement. Après s’être surendettés en grandepartie à cause de taux d’intérêts trop faibles, les ménages souhaitent réduire leur endettement. Aussi, setrouve t-on dans la situation assez terrible d’avoir une volonté d’épargne proportionnellement plusgrande, sur un revenu lui-même diminuant, comme c’est le cas en Angleterre en 2012. Comments’étonner alors, que la consommation baisse ? C’était inéluctable et relativement facile à anticiper.A partir de 2008, devant cette baisse de la consommation généralisée, les Etats occidentaux ont décidé,pour éviter une forte diminution globale de la demande, de ne pas réduire leurs dépenses et de laisserfiler leur déficit. Les Etats-Unis poursuivent dans cette direction. L’Europe, dans un contexte de désunion,a décidé d’adopter une politique différente en réduisant les déficits publics. Nous constatons ainsi enEurope une récession qui se poursuit, alors que les Etats-Unis connaissent une croissance réelle, toutefoisplus faible que ne l’auraient espérés les tenants de la politique de déficit.

Pour reprendre l’enchainement dangereux, les ménages ont un revenu décroissant, alors même qu’ilssouhaitent épargner plus sur ce revenu décroissant, afin de faire baisser leur endettement global, de prèsde 140 % aux USA, à par exemple moins de 100 %, de leur revenu annuel. Il est aisé de percevoir quec’est un processus long et difficultueux qui peut durer une décennie, voire plus. Si l’on n’y prend garde,on peut rentrer dans une spirale déflationniste de type japonaise. Ce pays connaît une économiestagnante depuis plus de 20 ans, avec un endettement croissant de l’Etat, à plus de 200 % du PIB, et undésendettement décevant des ménages. Le maintien des taux de la Banque centrale japonaise à 0 %, etune hausse régulière des dépenses publiques n’ont pas suffi à contrebalancer l’impact de ce mouvement

de désendettement graduel des ménages japonais. Du fait d’un manque de réformes structurellesmenées suffisamment en profondeur pour redynamiser l’économie, celle-ci a perdu une part de sacapacité d’innovation. Elle est par ailleurs handicapée, comme l’Europe mais plus qu’elle, par le poidsd’une population vieillissante. C’est la voie que l’Europe ne doit pas suivre, et, le cas dangereux que nousdevons garder en tête à tout instant. Monsieur Bernanke est bien conscient de cet écueil, il l’a mêmethéorisé, raison pour laquelle il est très actif pour éviter de tomber dans cette trappe.

Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que le développement de cette crise de l’endettement se réalise dansun cadre global plus compétitif, plus dangereux qu’autrefois pour les économies occidentales.Lors de la récession du début des années 90, Il n’y avait pas de pays émergents en croissance, faisantmonter le prix des matières premières comme aujourd’hui. En 2012, le consommateur est pris dans unetenaille plus dangereuse qu’à l’époque, dans la mesure où, pour la première fois, dans la phasedescendante d’un cycle, nous constatons des prix des matières premières ascendants. Ce phénomène apour conséquence que les anticipations de taux d’inflation et les taux d’inflation sont restés dans les paysoccidentaux, jusqu’à ce jour, après 5 ans de crise, à plus de 2 %, notamment aux USA et en Angleterre.Ce taux est situé au-delà de la ligne haute du « target » de la politique monétaire des banques centralesoccidentales. C’est un paradoxe dont elles ne pourront pas faire l’économie de la réflexion dans lagestion du binôme prix-emploi. Les objectifs d’inflation de politique monétaire des banques centrales,devront être déplacés raisonnablement vers le haut, pour ne pas handicaper la croissance.

La demande est atone, les ménages se désendettent, les salaires augmentent moins vite que l’inflation,notamment en Angleterre et dans le sud de l’Europe.Sans un choc salutaire, nous sommes entrés dans un cercle vicieux dépressionniste. Les Etats n’y peuventplus rien, ils se sont eux-mêmes surendettés dans la 1ère phase de la crise, afin de compenser la baisse dela demande des consommateurs. Ils sont aujourd’hui en Europe, et demain sans doute aux Etats-Unis, encure d’austérité.

Il faut casser ce cercle vicieux. Aussi est-il nécessaire de créer des anticipations reflationnistes par unedemande plus dynamique. En Europe, seul un choc de la demande réalisé, parce que lesconsommateurs pensent qu’ils vont bénéficier d’un revenu durablement plus élevé, peut faire diminuerun taux d’épargne trop important. Ce taux d’épargne est devenu profondément déflationniste.

Il est nécessaire de créer ce choc de la demande. Les états européens, les patronats européens et lesorganisations représentatives des salariés doivent décider tous en même temps, que les salaires minimaux,nationaux, sectoriels ou par entreprises sont augmentés de 2 % immédiatement, si nécessaire par la loi,peut-être dans le cadre d’une réorganisation plus globale du marché du travail. Les faibles salairesdevront, pour une période suffisante, de 3 à 5 ans, augmenter de 2 % plus vite que l’inflation,chaque année. Cette période assez longue permettra une contamination progressive de la hausse dessalaires les plus faibles, vers les salaires intermédiaires. Cette anticipation par les salariés, d’une périodeassez longue de hausses de salaires, permettra d’ancrer des anticipations de revenus et de dépenses plusélevées. Seule cette échelle mobile des salaires faibles, qui sont ceux des salariés qui consomment le plus,peut casser le cercle vicieux des anticipations négatives, et permettre aux consommateurs d’épargner unpeu moins.

Il faut simplement réamorcer la pompe. Cette inversion des anticipations est le point crucial qui peutmettre fin à la crise. Ce ne sera pas un retour marqué à une croissance forte, mais une inflexionsuffisamment significative pour inverser une tendance. Il faut un choc brutal et puissant pour l’obtenir.

Pour que ce choc de la demande soit efficace, il doit provoquer un rebond fort de la confiance desménages. Cela sera possible si les ménages observent que cette hausse des salaires s’accompagne desmesures nécessaires de réformes structurelles, permettant de dessiner à terme un environnement porteurdonnant la possibilité d’affronter efficacement, les défis de la concurrence mondiale.

Par ailleurs, il serait souhaitable que la BCE continue à baisser ses taux d’intérêts afin que l’euro se dépréciepour qu’il n’y ait pas, après la hausse des salaires, de perte de compétitivité extérieure de la zone euro.Toutefois, l’immense réserve de productivité, en raison du faible taux d’utilisation des capacités deproduction, en Europe et dans le monde, auquel nous sommes parvenus, devrait garantir uneaccélération faible de l’inflation. Dans un premier temps, la reprise fait baisser les coûts unitaires des biensproduits. Il y aura une augmentation de la demande puisque la presque totalité de l’augmentation desfaibles salaires sera dépensée. De surcroît, une faible baisse du taux d’épargne abondera la demandeglobale. C’est seulement dans un deuxième temps, lorsque l’on s’approche de la pleine utilisation descapacités de production, que des goulets d’étranglement apparaissent. Ils font alors monter les prix, maisnous en sommes loin. Il faudra des années avant d’y arriver, car ce sera une reprise modérée.Il y aura globalement une progression du pouvoir d’achat garanti sur une période suffisante. Ce nouvelétat devrait permettre aux consommateurs de reprendre le chemin des achats optimistes afin de constituerun choc positif des demandes. Si il y a une bonne coordination des états, des organismes patronaux,des organisations représentatives des salariés et des entreprises, les demandes augmenteront partout enmême temps, les profits des entreprises suivront. Les marchés salueront cette unité d’actionretrouvée des principaux acteurs économiques. Cette unité d’action est cruciale. Elle a beaucoupmanqué depuis 5 ans pour le rétablissement de la confiance.

Cette politique n’exclut pas, par ailleurs, pour des pays qui ont été particulièrement peu diligents quant àleur coût de production, de commencer à mettre en œuvre une politique de l’offre. Cette politique del’offre prendra des années à produire ses effets. Elle est indispensable mais elle ne sera pas capable deréamorcer la pompe.

Il y a un ordre hiérarchique des priorités : les politiques de l’offre, de baisse des coûts, deréduction des déficits budgétaires, sont une impasse si le consommateur ne reprend pas lechemin des supermarchés, les achats d’automobiles, de biens d’équipement…

Par ailleurs, il faut faire en sorte que les banques puissent prêter. Aussi la mise en place de ratios desolvabilité plus exigeants pour les banques et les compagnies d’assurances, est une erreur si l’on procèdetrop rapidement. Les banques doivent pouvoir prêter, les compagnies d’assurance doivent pouvoirinvestir dans le capital risque et les valeurs immobilières en bourse. Les nouveaux critères de solvabilité leurinterdisent quasiment d’y parvenir.

Après avoir fait l’erreur dans les années 2000 de permettre aux banques de mettre en levier leurs bilansde façon excessive, ce serait une très mauvaise politique que de les obliger maintenant, à les réduiredrastiquement, dans la précipitation. Comme un écolier pris en faute, les autorités monétaires veulentréparer leurs erreurs avec une rapidité très dangereuse pour la croissance économique. Après une erreurde négligence, il ne faut pas ajouter une faute de précipitation.

Hausse des salaires au niveau européen, réformes structurelles pour une politique de l’offre vraimentrenforcée, baisse des taux d’intérêts, baisse de l’euro, application retardée et modifiée des critères desolvabilités bancaires et assurances, permettront d’inverser les anticipations et de réamorcer la pompe.Il n’y aura pas de miracle mais comme le choc a été calibré pour ne pas fragiliser les entreprises,avec environ 1 % de croissance supplémentaire de la masse salariale par année sur 5 ans, en troisou quatre ans, nos économies devraient avoir repris la bonne direction, avec la capacité derésoudre sur une période encore assez longue, la gigantesque crise de surendettementque nous connaissons. Cette crise n’est pas le fruit de quelques disfonctionnements actuels,mais la mise en place sur plus de 30 ans d’un mécanisme économique et psychologiqueexcessivement dangereux, duquel il est impossible de sortir sans prendre de la hauteuret briser des tabous. La crise de surendettement est une crise profonde de nos sociétés,qui doivent réapprendre une certaine rigueur et une certaine morale, tantéconomique que politique.

Didier [email protected]

Lettre ouverte aux hommes politiques, aux économistes ainsi qu’aux femmeset aux hommes intéressés par la situation économique actuelle de l’Europe

POUR LUTTER CONTRE LA CRISE : LE CHOC DE LA DEMANDE

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Igor Setchine, le président de Rosneft, en visite à Caracas, au Venezuela, le 27septembre. RIA NOVOSTI

économie

MoscouCorrespondante

L e dernier épisode du feuille-ton de l’année en Russie sejoue en ce moment à Lon-

dres,où lespatronsdesmajorsbri-tanniqueBPet russeRosneft achè-vent de redessiner leur alliancestratégique. Le pacte devrait êtreofficialisé lundi 22octobre.

Détenue à 75% par l’Etat russe,Rosneft veut privatiser 12,53% deses parts, BP est acquéreur. Enéchange, lamajorbritanniquemetdans la corbeille lamoitié de TNK-BP, troisième producteur de bruten Russie. Elle en partageait jus-qu’ici la propriété avec le consor-tium Alfa-Access-Renova (AAR),détenu par un quarteron de mil-liardairesrusses installésà l’étran-ger (Mikhaïl Fridman, Viktor Vek-selberg, Len Blavatnik et GermanKhan). Mais AAR et BP sont à cou-teaux tirés depuisde longsmois.

Rosneft, de son côté, convoiteTNK-BP. Les 50% de BP lui sontdonc acquis, contre des actions et15milliards de dollars (11,5mil-liards d’euros). Des négociationsontdémarréavecAARpourl’acqui-sition des 50% restants, quidevraient lui coûter quelque28milliardsdedollars.

Si l’affaire va à son terme,Rosneft se hissera au rangdes pre-miers producteurs d’hydrocarbu-res de la planète, avec 3,3millionsde barils par jour, contre 2,4mil-lionsactuellement.Maisellesetra-duira aussi parunehaussede l’en-dettement de Rosneft, qui doitdéjà quelque 25milliards de dol-lars aux banques. Ce qui risque,ont prévenu les agences de nota-tion Fitch et Standard&Poor’s, denuire à sonprofil financier.

Rosneft détient avec Gazpromlemonopole de l’exploitation desgisements en eaux profondes,notamment dans l’Arctique, lenouvel eldorado des pétroliers.Maissagestionlaisseàdésirer, l’in-vestissement est insuffisant. Et

l’action de lamajor a perdu 6% enBourse depuis six ans que l’entre-prise est cotée.

Igor Setchine, lui, se frotte lesmains. Le président de Rosneftvient de réaliser, à 52 ans, ce queVladimir Poutine attendait de lui:augmenter l’emprise de l’Etat surle secteurpétrolier, quipasseainside30%à50%.OriginairedeSaint-Pétersbourg, tout comme le prési-dent, il fut son secrétaire particu-lier en 1991, son chef de cabinet en2000, son vice-premier ministreen 2008. Jadis interprète de l’ar-mée soviétique en Angola et auMozambique, il estunmembredupremier cercle, le chef de file des«siloviki», comme on appelle ces«hommes en épaulettes» favora-bles à la mainmise de l’Etat surl’économie.

Hommedel’ombre,ilenestsor-ti en prenant la tête de Rosneft en2004. Le groupe public n’est alorsqu’un acteur mineur. Grâce à la

captation des principaux actifs dela major privée Ioukos, après l’ar-restation de Mikhaïl Khodorkovs-ki, son PDG, il devient numéro undu secteur. Le «faucon» Setchinejouaunrôledécisifdans ledéman-tèlementde Ioukos, confiaun jourl’oligarque déchu, qui purgeactuellement treize ans de prisonpour fraude fiscale.

ConditionsdrastiquesCesderniersmois, IgorSetchine

a bataillé avec le premierministreDmitri Medvedev, alors que leslibéraux du gouvernement veu-lent empêcher Rosneft d’acquérirdes sociétés électriques qui doi-vent être privatisées. Il n’en fautpasplusàIgorSetchinepourrécla-mer la médiation du maître duKremlin, dont il a l’oreille depuisl’époque où les deuxhommes tra-vaillaient à la mairie de Saint-Pétersbourg,danslesannées1990.

Un familier des lieux décrit

M.Setchine, dont le bureau joux-tait celui de M.Poutine, alors res-ponsable des relations extérieu-res, comme celui qui gérait l’accèsau«patron». Il consignait lescoor-données de chaque entrant dansun carnet de cuir, «aussi épais quele roman “Guerre et Paix” de LéonTolstoï».

Enonzeans,lefonctionnaireter-neestdevenuletsardupétrolerus-se. Le 28septembre, revêtu d’unmaillot à l’effigie deHugo Chavez,il regardait jaillir la première pro-duction des gisements de brut del’Orénoque (Junin 6), aux côtés duprésident vénézuélien, vantant« le premier pétrole extrait par laRussie sur le continentaméricain».

Dans cette histoire, Caracas aimposé à Rosneft des conditionsdrastiques: les Russes, qui détien-nent 40% seulement de la sociétémixte, ont dû mettre un milliardde dollars sur la table. Le groupes’est également engagé à investir20milliardsdedollars surquaran-teans. Lepari estosé. L’accord juri-diquen’a toujours pas été signé.

Maisqu’importe.Rosneftn’enacure, il réalise lesambitionsstraté-giques du Kremlin. Car, vu desbordsde laMoskova, leVenezuela,moteur de « l’anti-impérialisme»enAmériquelatine,est lepartenai-re idéal pour asseoir la puissancerusse dans une zone longtempsperçue comme l’arrière-cour desEtats-Unis.p

Marie Jégo

IgorSetchine, letsardupétrolerusse,metlamainsurTNK-BPLeprésidentdeRosneft réaliseunvieuxrêvedesonamiVladimirPoutine:accroître l’emprisedeMoscousur lesecteur

LES FILMS DU LOSANGE,X FILME CREATIVE POOL etWEGAFILM

présentent

JEAN-LOUIS TRINTIGNANTEMMANUELLE RIVA

AVEC LA PARTICIPATION DE

ISABELLE HUPPERT

LE 24 OCTOBRELa bande originale interprétée par ALEXANDRE THARAUD

est disponible sur disques Virgin Classics

AMOUR

“Trintignant,impérial et touchant.”

LE FIGARO

“Amour nous bouleverse,Amour est immense.”

LIBÉRATION

“★★★★”PREMIÈRE

Un film deMICHAEL HANEKE

BPserecentresurl’exploration-productionLondresCorrespondant

BP compte sur la cession àRosneft de sa participationde50%dans la coentreprise TNK-BPpour accélérer son opération derecentrage sur le cœur dumétier,l’exploration-production. Legéant des hydrocarbures d’outre-Manche espère que cet ancragepermettra de soutenir son coursen Bourse, qui se languit depuisla tragédie du naufrage, le20avril 2010, de la plate-formeDeepwaterHorizon dans le golfeduMexique.

L’offre de Rosneft devraitfinancer l’accord final avec lesautorités américaines concer-nant la plus grave pollution écolo-gique de l’histoire des Etats-Unis.Les compensations versées à cejour, soit 38milliards de dollars(29,2milliards d’euros), ont étépayées grâce aux cessions d’ac-tifs non stratégiques, principale-ment de vieux gisements, desopérations de raffinage ou desréseauxde stations-service.

En s’ancrant à Rosneft, dont BPse retrouve aupassage actionnai-re, le pétrolier britannique va par-ticiper à la grande aventure del’exploitationdes hydrocarburesde l’Arctique, tout en se débarras-sant des oligarques russes d’AARavec qui elle était associée au seinde TNK-BP.

Au-delà de la nouvelle frontiè-re pétrolière russe, l’ex-BritishPetroleumdispose d’autres relais

de croissance. L’entreprisedemeu-re le premier opérateur dans leGolfe duMexique, où elle a pureprendre ses forages par le tru-chementde son associé texanNoble Energy.

Par ailleurs, le groupe, dirigéparBobDudley, alignenombredenouvelles coentreprisesd’explora-

tion (Jordanie, Brésil,merdeChine, Australie…) en vue de com-penser la venueàmaturitéde seschamps traditionnels d’Alaska etde lamer duNord. La société estégalementbienplacée auCanadapour tirer bénéfice de l’extractiondes schistes bitumineux. p

MarcRoche

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économie

www.tv5monde.com

Xavier Lambrechts (TV5MONDE), Bruno Daroux (RFI),Benoit Vitkine (Le Monde)DIFFUSION SUR LES HUIT CHAÎNES DE TV5MONDE, EN DIRECTSUR LES ANTENNES DE RFI ET SUR INTERNATIONALES.FR

BERNARD CAZENEUVEMINISTRE DES AFFAIRES EUROPÉENNES

DIMANCHE21 OCTOBRE À 18H10

et avec

LES FILMS DU LOSANGE,X FILME CREATIVE POOL etWEGAFILM

présentent

JEAN-LOUIS TRINTIGNANTEMMANUELLE RIVA

AVEC LA PARTICIPATION DE

ISABELLE HUPPERT

LE 24 OCTOBRELa bande originale interprétée par ALEXANDRE THARAUD

est disponible sur disques Virgin Classics

AMOURUn film de

MICHAEL HANEKE

“Emmanuelle Riva,formidable de forceet d’obstination.”

LE MONDE

“Un couple magnifique.”L’HUMANITÉ

“Un choc commele cinéma en offre peu.”

LE PARISIEN

BruxellesBureau européen

F rançoisHollandeena fait unélément-clé du «pacte pourla croissance» européenne

quidoitcompléter le traitébudgé-taire : à l’issue du Conseil euro-péen, le chef de l’Etat s’est réjoui,vendredi 19octobre à Bruxelles,du lancement imminent d’unetaxe sur les transactions financiè-res dans une partie de l’Unioneuropéenne.

Aumoinsdixpays – tousmem-bres de la zone euro – sont prêts à

s’associer pour mettre en placeune coopération renforcée en cesensdès 2013.Outre la France, l’Al-lemagne, l’Italieet l’Espagneparti-ciperont au projet, avec la Belgi-que,lePortugal, laSlovénie,l’Autri-che, la Grèce et la Slovaquie. Cer-tains,commel’Estonieet laFinlan-de,pourraientsejoindreàl’initiati-vedansun second temps.

Unexerciceau longcours, lancéparNicolasSarkozyetAngelaMer-kel, et qui a déchiré les Vingt-Sept.A l’instar duRoyaume-Uni, où siè-ge la City, et de la Suède, aucunpays non membre de l’euro ne se

joindra à l’initiative. Au sein del’union monétaire, l’Irlande ou leLuxembourg n’y participerontpasnonplus.

Pressée d’avancer au plus vite,la Commission européenne s’ap-prête, dès mardi 23octobre, à lan-cer la première étape de cette coo-pération, pour que les Vingt-Septautorisent les pays volontaires às’associer, si possible dès la pro-chaine réunion des ministres desfinances, le 13novembre.

Reverser aubudget européenD’ici là, Wolfgang Schäuble et

PierreMoscovici, lesministresdesfinances allemand et français,vont devoir s’assurer du soutiendepays, comme la Pologne, qui neveulentpas jouer lespionniers surla taxe,mais sont encore enmesu-rede bloquer le processus.

Algirdas Semeta, le commissai-re européen chargé de la fiscalité,prendra alors quelques semainespour présenter une propositiondéfinitive aux Etats volontaires.Les grandes lignes du projet sontdéjàfixées: la taxedevrait semon-ter à 0,1% sur les ventes d’actionset obligations, et à 0,01% pour lesproduitsdérivés. Ellepourrait rap-porter une trentaine de milliardsd’euros, en fonction de l’assiette

quisera retenuepar lesEtatsparti-cipants. La Commission avait cal-culé, en suggérant de lancer unetaxe sur les transactions financiè-res àVingt-Sept, voici un an, qu’el-le rapporteraitde l’ordrede57mil-liardsd’eurospar an.

Que faire de ces revenus? Ledébat ne fait que commencer,dansuneEuropeoù l’austérité faitrage. Certainspays, dont la France,envisagent d’en reverser une par-tie au budget européen. D’autres,comme l’Allemagne, ne l’enten-dent pas de cette oreille, à l’heureoù les Vingt-Sept s’apprêtent à delongues négociations sur le sujet,d’ici au prochain Conseil euro-péen, les 22 et 23novembre.

«Unepart–c’est lapositiondelaFrance – devra être mutualisée,c’est-à-dire affectée à des travauxd’infrastructure qui compléterontlepactedecroissanceouàunfondsqui pourrait être dédié à la forma-tiondesjeunes», aditFrançoisHol-lande. Les ONG, comme Oxfam,demandent d’en affecter une par-tie à l’aide audéveloppement.

PourParis,cetteressourcepour-raitmêmeservir à financer lebud-get de la zone euro, une des pistesesquisséesdepuis l’étépourtenterde renforcer l’unionmonétaire.p

PhilippeRicard

Deux nouvelles régions espagno-les ont annoncé, vendredi19octobre, qu’elles allaient faireappel au fonds de secours créépar l’Etat pour aider les commu-nautés autonomes, privées d’ac-cès auxmarchés de capitaux :lesAsturies, pour 261,7millionsd’euros, et les îles Baléares,pour 355millions d’euros.Après la Catalogne, l’Andalou-sie, les îles Canaries, la région deValence, deCastille-LaManche

et laMurcie, elles sont les septiè-meet huitième régions à sollici-ter le fonds de liquidité. Desdemandes qui représentent prèsde 17milliards d’euros. Le gou-vernement assure que lemon-tant alloué à ce fonds, 18mil-liards d’euros, sera suffisant.L’Espagnene devrait pas rem-plir ses objectifs budgétaires, engrandepartie à cause des impor-tantes dépenses engagées parses 17 régions.

MadridCorrespondance

L ’heuren’estpas augaspillagedans l’Espagne de la rigueur.Etpourtant.Lorsdelacampa-

gne pour les élections galiciennes,prévudimanche21octobre, le pré-sidentdugouvernementespagnola annoncé que la ligne de train àgrande vitesse entre Madrid et laGalice serait prête en 2018, alorsque la crise a réduit à peaude cha-grin les programmes d’investisse-ment en infrastructures.

Les origines galiciennes deMariano Rajoy sont-elles pourquelque chose dans ce traitementdefaveur?Ous’agit-ilplussimple-ment de permettre au présidentsortant de la région, membre duParti populaire (PP, au gouverne-ment), Alberto Feijoo, de gagnerdesvoixdansuneélectionrégiona-le qui fait figure de test grandeurnature pour le gouvernementconservateur, élu il y a un an àMadrid.

Ce n’est en tout cas pas la pre-mière fois que les Espagnols peu-vent constater une telle «coïnci-dence»entredesdécisionsd’inves-tissement dans des infrastructu-resetl’origineduprésidentdugou-vernement.LeTGVMadrid-Séville

a été inauguré lorsque l’AndalouFelipe Gonzalez était aux manet-tes. L’aéroport de Leon agrandilorsque José-Luis Rodriguez Zapa-tero, originaire de cette provincedeCastille, gouvernait le pays…

«Cela démontre que le gouver-

nement continuede faire lamêmepolitiquedépourvuedesensécono-mique et de rentabilité, basée surdes critères politiques», estimel’économistespécialiste en infras-tructures Germa Bel, professeurinvité à Cornell University auxEtats-Unis.

Une allusion à une politiqued’investissementseninfrastructu-res largement financée par lesfonds européens lors des annéesduboom,quiapermis la construc-tion, dans presque toutes les capi-tales de provinces, d’aéroports àmoitié vides et d’un réseau delignes TGV, certes le plus grandd’Europe,mais très peuutilisé.

En2011, la lignedeTGVentre lestroiscapitalesdeprovincesdeCas-tille-La Manche a été supprimée.Chaque jour, seuls neuf passagersempruntaient les trains, au lieu

des 2 190 passagers potentiels.«Un désastre» qui coûtait chaquejour 18000 euros à l’Etat, avaitalors avoué Enrique Urkijo, ledirecteurgénéral de la clientèle deRenfe, la sociéténationaledes che-minsde fer espagnols.

Difficulté à remplir les trainsLe TGV galicien s’ajoutera-t-il à

la liste des infrastructures défici-tairesetsous-utiliséesquecomptele pays ? Déjà les premiers tron-çons en fonctionnement du TGVgalicien laissent entrevoir la diffi-culté à remplir les trains. Sur lestrois premiers mois d’exploita-tion de la ligne Saint-Jacques-de-Compostelle-Ourense, 80% desplaces étaient vides.

Les syndicats estiment, qu’unefois terminé, le trafic pourraitdépasser les troismillions de pas-sagers par an. Les experts en dou-tent. «Pour le TGV en Galice, lesprévisions sérieuses tablent à pei-nesurunàdeuxmillionsdepassa-gersannuels. Et pendant ce temps,sur 40km autour du pôle indus-triel de Tarragone, dans le couloirle plus fréquenté du sud de l’Euro-pe, le tronçon ferroviaire n’aqu’une seule voie…», rappelleM.Bel, quine cachepas sonagace-ment.

Selon le budget pour 2013 pré-senté fin septembre, le projet duTGV en Galice sera doté de1,079milliard d’euros. Soit untiers des investissements enmatière de transport ferroviaireprévus l’an prochain. Et davanta-ge que le couloir méditerranéen(1,019milliardd’euros),uneinfras-tructure-clé pour le transport demarchandisesparvoie ferroviaireentre les principaux ports dupays, à commencerpar Valence etBarcelone,et la frontière françaiseet donc le reste de l’Europe.p

SandrineMorel

LataxesurlestransactionsfinancièresvavoirlejourDixpaysmembresde lazoneeuro,dont laFrance, sontprêtsàs’associer encesens

Une région sur deux veut demander une aide à l’Etat

Uneaffiched’AlbertoFeijoo, président deGalice. M.VIDAL/REUTERS

Malgrélesdoutessursarentabilité,l’EspagnefinanceleTGVMadrid-GaliceLesélectionsdanscette régionaurontvaleurde testpour legouvernementduGalicienM.Rajoy

FinanceEmprunt groupé pour 44 collectivitéslocales françaisesUngroupementde 44 collectivités locales françaises a réalisé, vendredi19octobre, un empruntobligatairede 610millionsd’euros. L’opérationest inédite, tant par lemontant levéque par lenombrede collectivitésengagées.Des opérationsanalogues, en2004 et 2008, avaient concerné11 et 22 collectivités locales. L’emprunt est d’uneduréede dix ans, contreun tauxd’intérêt de4,30%. «C’est très faible pourun empruntnonnotépar les agences», relève JérômePellet, banquier chezHSBC, tête de filede cet empruntgroupé avecNatixis et Cacib (groupeCrédit agricole).

130123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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LA VOIXESTLIBRE

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ERIC DELVAUX

RETROUVEZ LE BILLET

DE PIOTR SMOLAR DU MONDE

TOUS LES LUNDIS À 6H48

LE6/7

ManilleEnvoyé spécial

C en’estpasunhasardsi lepre-mierministrefrançais, Jean-MarcAyrault,achoisilesPhi-

lippines – aprèsune étape à Singa-pour – comme première destina-tion étrangère non européenne,depuis sa nomination à Mati-gnon: cet archipel, situé à l’extrê-me orient de l’Asie du Sud-Est,pourrait bien être le prochain«émergent»de la région.

Certespayspauvre,cesPhilippi-nes où M.Ayrault a entamé, ven-dredi 19octobre,unevisitedetroisjours,ontplutôtbienrésistéàlacri-semondiale.

En 2011, l’archipel a ravi à l’Indesa place de capitale mondiale descentres d’appels délocalisés. Unsuccèsaccompli grâceàunepopu-lation urbaine résolument anglo-phone et au niveau d’éducationsoutenu: 683000 Philippins tra-vaillentdanscesecteurdeservicesqui a généré en 2011 plus d’unedizainedemilliardsde dollars.

La croissance a été de 6,1% aupremier semestre 2012. Elledevraitêtrede5,5%enfind’année,selon la Banque de développe-ment asiatique (ADB).

Lepays possèdedes réserves endevises de l’ordre de 70milliardsde dollars (53,7milliards d’euros).Il a vu, en juillet, lanotedesadetterehaussée de «BB» à «BB +» parl’agence de notation Standard&Poor’s, à un cran au-dessous dugrade«investissement»(quicom-menceà «BBB–») auquel il aspire.

L’ancienne colonie américaineest moins dépendante de sesexportationsqued’autrespaysdel’Associationdes nations de l’Asiedu Sud-Est (Asean). Une dizainede millions de Philippins tra-vaillent à l’étranger et ont ren-voyé en 2011 quelque 20milliardsde dollars au pays.

Le gouvernement philippins’estdernièrementoffertleluxedeproposer un prêt d’unmilliard dedollars au Fonds monétaire inter-nationalpourcontribueraurelève-mentde l’économieeuropéenne…

La croissance démographiquede cet archipel farouchementcatholique, longtemps perçuecomme un fardeau, pourrait bienreprésenterà termeunatout:plus

de la moitié de la population amoins de 22 ans, et les prévisionsindiquent que le pays va conti-nueràserajeunirdans lesprochai-nes années.

«Notre problème est la persis-tance d’une pauvreté évaluée à26% de la population, et une offred’emplois encore insuffisante auvu du nombre de jeunes qui arri-vent chaqueannée sur lemarché»,relève Guillermo Luz, codirecteurduConseil de compétitiviténatio-nale, organisation chargée deconseiller le président BenignoAquinosurlesquestionséconomi-ques et sociales. «Notre but est de

réduire le tauxdepauvretéà 16,5%d’ici à 2016, poursuit-il. Nousdevons nous concentrer sur lesmoyensde faireaugmenter la clas-semoyenne.»

Lutte anticorruptionMais il y a encore loinde la cou-

peauxlèvres,endépitdel’actuelleembellie. «Si le navire philippinn’a pas été chahuté en haute mer,c’estqu’iln’a jamaisquitté leport»,ironisait récemmentunquotidiendeManille.

Le déficit d’investissementsétrangers, lemanqued’infrastruc-tures – aéroports modernes, axes

routiers, centrales électriques –montrentquebeaucoupresteàfai-re si le pays veut sortir de plu-sieurs décenniesde stagnation.

Si les étrangers ont longtempsétépeuenclinsà investir,c’estque,selon M. Luz, « les Philippinesavaient perdu la confiance desinvestisseurs, notamment sous lemandat de la précédente présiden-te,GloriaArroyo».Celle-ciestpour-suivie pour corruption et fraudeélectoralepar son successeur.

«S’il n’y avait pas la corruptionet le fait que les Philippins sont leschampions de l’évasion fiscale, onsedébrouilleraitplutôtbien», indi-que Winnie Monsod, célèbre éco-nomistede l’universitédes Philip-pines, àManille.

Depuis sonarrivée auxaffaires,en 2010, BenignoAquino s’est lan-cé dans une lutte anticorruption àgrande échelle. Il a aussi signé, endébut de semaine, un projet d’ac-corddepaixaveclaplusimportan-te guérilla musulmane de l’île deMindanao. Cela pourrait permet-tred’exploiter les richessesminiè-resdecette région.Tous les indica-teurs (ou presque) sont donc auvert pour que le navire philippingagnebientôt d’autres rivages.p

BrunoPhilip

Airbus vend dix nouveaux avions à Philippines Airlines

Pauvretéetdéficitd’investissementspèsentsurleredressementphilippinLepremierministre, Jean-MarcAyrault,aentamé,vendredi,unevisitedetrois joursdansl’archipel

économie

D eux ans et puis s’en va. Ste-fan Jacoby, le PDGdeVolvoAutomobile, a été remer-

cié, vendredi 19octobre, par leconseil d’administration du grou-peracheté,en2010,parleconstruc-teur chinois Geely à l’américainFord. Il avait été débauché, enaoût2010,auxEtats-Unis,oùildiri-geait Volkswagen.

M.Jacoby, 54 ans, a été rempla-cé, avec effet immédiat,parHakanSamuelsson, 61 ans, ancien prési-dent de MAN, le constructeur depoids lourds. Officiellement, ceremplacementn’a rien à voir avecl’étatdesantédeM.Jacoby.Ensep-tembre, l’Allemand avait souffertd’unaccident cérébral.

C’estplutôt l’étatde santé fragi-ledugroupesuédoisquiaétésanc-tionné. Au premier semestre, leconstructeura accuséun fort replide son bénéfice net : 28millionsd’euros (pour un chiffre d’affairesde 7,6milliards d’euros), contre177millions d’euros sur la mêmepériodeen 2011.

Tout avait pourtant bien com-mencé. A son arrivée, M. Jacoby alancé la marque dans une straté-gie ambitieuse. Avec l’objectif,

d’ici à 2020, que le groupe écoule800000 véhicules à travers lemonde, contre à peine 450000en 2011.

Pour accompagner la croissan-ce dugroupe, Li Shufu, le proprié-taire de Geely et de Volvo, quiavaitdéjàdéboursé 1,8milliarddedollars (1,4milliard d’euros) pourracheter la compagnie, a promisd’investir 11milliards de dollarsentre2011 et 2016.

Tout en conservant son imagede sûreté et de durabilité, le grou-pe a cherché à renouveler, élargiret rendre plus séduisante, grâce àun design plus agréable, sa gam-me de véhicules. Il a aussi annon-cé sa volonté de développer unenouvelle plate-forme techniquepour remplacer celle de Ford, tou-jours utilisée.

Objectif affiché : un déploie-ment du groupe à l’international,notamment en Chine, où il comp-te écouler 200000voitures.

VolvoproduitdéjààChongqing,dans l’usinedeChanganetdeFord,son ancien propriétaire. Mais lesvolumes se sont limités à16000véhicules l’an dernier. Lamarque suédoise inaugurera en

2013 son propre site à Chengdu,danslecentredelaChine.M.Jacobyavait, par ailleurs, décidé de fairemonterengammelamarquepouraller titiller la fine fleur du haut degammeallemandet japonais.

Dansunpremier temps, la stra-tégie a semblé fonctionner. Aprèslacrisede2007-2008,Volvoarega-gné du terrain en 2011. Ses ventesglobalesont progresséde 21%.

Aux Etats-Unis, son premierdébouché, le constructeur a livré67000 voitures et 4×4. En Chine,la croissance était également aurendez-vous. L’an dernier, Volvo aécoulé 47000 véhicules, soit prèsde 50% de plus qu’en 2010. Enfin,en Europe, le groupe a connu unecroissancede 10%de ses immatri-culations en 2011.

Mais voilà, Volvon’a pas su réé-diter ces bons résultats cetteannée. Alors que lemarché améri-cains’est appréciéde 14,5%depuisdébut 2012, Volvo a vu ses ventesreculerde 1%.

EnEurope, leconstructeurplon-ge de 11,4%, sur un marché lui-même en baisse de 7,8%. Enfin, enChine, il stagne depuis le début del’année.

Ces résultats ont forcé Volvo àmettre au chômage technique,pendant une semaine, son usinede Torslanda, dans la banlieue deGöteborg, en Suède.

Pour redonner du souffle auconstructeur, Li Shufu comptedésormaissurHakanSamuelsson,un vétéran de l’industrie automo-bile suédoise.

La feuillede routeest claire: «Jevois pour Volvo d’importantesopportunités d’améliorer sa renta-bilité et d’accélérer son plan decroissance, plus particulièrementen Chine. Je suis persuadé queM.Samuelsson nous aidera, de parsa vaste expérience et son lea-dership, à consolider nos résul-tats», a déclaré Li Shufu.p

Philippe Jacqué

Sous les lambris dupalais deMalacanang, le palais présiden-tiel philippin, Jean-Marc Ayraults’est félicité, vendredi 19octo-bre, que laRépubliquedesPhilip-pines se soit lancée dans une«stratégie ambitieuse de déve-loppement économique» et aappelé les entreprises françai-sesà«saisir toutes les opportuni-tés»pour renforcer les relationsentre la France et l’archipel.Samedi, le premierministre fran-çais a signé une nouvelle vente

de 10Airbus pour 2,5milliardsd’euros à la compagnie Philippi-nesAirlines, qui s’était déjà por-tée acquéreur de 54 appareils enaoût et a pris une option pour30autres. Peugeot va égale-ment retourner auxPhilippines,sous la forme d’un partenariatqui permettra au constructeurfrançais de distribuer environ2000 voitures par an. Total arécemment pris une participa-tion dans un bloc d’explorationenmer deChine du Sud.

S i l’information se confirmait,ce serait une première :l’Uniondes étudiants juifs de

France (UEJF) a affirmé, vendredi19octobre, avoir obtenu du réseausocialTwitterqu’ilretiredestweetsantisémites et racistes sur la based’une listed’une trentainedemes-sages transmisepar l’association.

Depuisplusieursjours, lapubli-cation de messages à caractèreantisémites, publiés sur le site demicroblogging avec le mot-clé#UnBonJuif, faisait polémique aupoint d’avoir conduit des associa-tions, comme le Mouvementcontre le racisme et pour l’amitiéentre les peuples (MRAP) ou SOSRacisme, à se pourvoir en justice.

Desdiscussionsonteulieu,ven-dredi, entre les avocats des deuxparties. Mais Twitter ne s’est pasencore exprimé officiellement surle sujet etuncertain floudemeure.«Nous ne savons pas si tous lestweets que nous allons signalerserontsupprimés,ouseulementren-dus illisibles en France», précise leprésident de l’UEJF, JonathanHayoun.

Et pour cause : la pratique deTwittern’est pas de supprimer destweets mais, éventuellement, debloquer leuraccèsdans les paysoùleurcontenuseraitcontraireàlaloilocale. Le réseau social, dont le siè-geest à SanFranciscoet quin’apasencore de représentation officielleen France, est uniquement soumisà la compétence des juridictionsaméricaines. Il ne peut êtrecondamnépar la loi française, toutauplussollicitédanslecadred’uneprocédure en France, sans avoirl’obligationde coopérer.

En théorie, Twitter se réserve ledroit de retirer certains contenusdans un pays donné, à conditionque lademandeémaned’autoritésjugées «compétentes». Le site demicromessagerie a ainsi accepté,jeudi, de faire fermer le compted’un groupe néonazi interdit enAllemagne,aprèsuneinterventionde la police locale. Un geste remar-qué, alors que son seul cadre légaleffectif demeure celui des Etats-Unis, où la liberté d’expression estgarantie par le premier amende-ment.

Dans l’affaire d’#UnBonJuif,une action de la justice pourraitpermettre d’accélérer la suppres-sion du contenu litigieux. La loipour la confiance dans l’économienumérique(LCEN)de2004permetà la justice française d’exiger que

Twitterprenne«toutes lesmesurespour faire cesser le dommageconstatéet[procède]àladésindexa-tion des tweets ou du mot-clé surson site», explique l’avocate Virgi-nie Bensoussan-Brulé, spécialistedu droit lié à Internet. «Twitteraura alors le choix de coopérer oude refuser de répondre auxdeman-des, poursuit l’avocate. Jusqu’ici, laplupart des entreprises américai-nesconfrontéesàdes cassimilaires,telles que Ebay ou Yahoo!, ont optépour lapremière solution.»

Pour autant, cela n’entraînerapasautomatiquementdecondam-nation pour les émetteurs detweets jugés antisémites. Selon laloide1881sur la libertéde lapresse,ilspeuventêtrepoursuivispénale-ment en Francepour injure racialeet provocation à la haine. Mais lestweetssontapriorianonymespuis-

qu’unmembre n’a aucune obliga-tion de s’inscrire sous une identitéréelle. Et il reste à prouver que cesmessages ont bien été postésdepuislaFrance.Cequinécessite lapleinecoopérationdeTwitter.

Pour l’instant, le réseau social«ne souhaite pas nous communi-quer les coordonnées des auteursdes tweets», fait savoir l’avocat del’UEJF, Me Stéphane Lilti. Celui-ciprévoit le dépôt prochain d’uneactiondevant la justice à ce sujet.

En cas de refus de l’entreprisede San Francisco, le seul moyend’action juridique potentiel reste-raitd’exigerdes fournisseursd’ac-cès un filtrage, en France, de l’affi-chagedes tweets antisémites.

«Les tribunauxontdéjàdeman-dé le blocage de site par noms dedomaine, pour empêcher leursabonnésd’accéderàpartirduterri-toire français à des sites illicites[sites de jeux en ligne non agréés,sites pédopornographiques, sitesnégationnistes]», rappelle Virgi-nieBensoussan-Brulé.Mais le pré-cédent n’a jamais eu lieu en ce quiconcerne des messages spécifi-ques sur un réseau social.p

Michaël Szadkowski-TrogeravecMarie deVergès

Leréseausocial«nesouhaitepas(...)communiquer

lescoordonnéesdesauteursdestweets»,selonl’avocatdel’UEJF

Le premierministre, Jean-Marc Ayrault, et le président des Philippines, Benigno Aquino,aupalais deMalacanang, àManille, vendredi 19octobre. BULLIT MARQUEZ/AP

L’UEJFaffirmeavoirobtenudeTwitterleretraitdetweetsantisémitesInstalléàSanFrancisco,leréseausocialestsoumisàlacompétencedesjuridictionsaméricaines

Alorsquelemarchéaméricains’est

appréciéde14,5%depuisledébutde

l’année,Volvoavusesventesreculerde1%

LiShufu,lepropriétairechinoisdeVolvo,changeleconducteurduconstructeurautomobilesuédoisStefan JacobyaétéremplacéparHakanSamuelsson, ancienprésidentdeMAN

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Taux et changes

D epuis unmois, le cuivre estbloqué. Il hésite entre8000 et 8400dollars la

tonne. Vendredi 19octobre, à Lon-dres, pour livraison à troismois, ilvalait 8015dollars, soit 5% demieux qu’au début de l’année. Pasde quoi pavoiser. Ni se lamenternon plus. Médiocre. Comme laconjoncture économique qui nesaittropoùelleva.Maisunemédio-crité endents de scie.

Début septembre, la Réservefédérale américaine décide enfinun «QE3», une injection massivede40milliardsdedollars (30,7mil-liardsd’euros)paranpoursoutenir

l’économie. Le cuivre bondit de10%enquinzejours:cettepromes-sedeperfusionfinancièreannonceune reprise de la consommationqui ne pourra se passer de tuyauxetdecâbles, doncdecuivre.

Mais l’économie de l’empire duMilieu freine sec, et les groupesminiers – comme Rio Tinto etBHPBilliton en Australie – annon-cent des reports d’investissementspour ne pas dégrader leurs résul-tats, en recul du fait de la demandechinoise en berne. Le cours du cui-vre rebaisse. Puis les spécialistesdécouvrentque laChinea restockéducuivre. Les cours remontent.

Les investisseurs sentent que lecuivre est plein d’avenir. N’est-ilpas le seuldesmétauxdont leprixau comptant est demeuré au-des-susde ses coûts deproduction?

En attendant la ChineIlssaventquelaproductionestà

la peine en raison de la baisse de lateneur en cuivre des mineraischiliens.L’offreestcontrainte,car ilestdeplusenplusdifficiled’ouvrirune mine, comme le prouvent lesmalheurs du projet (5,9milliardsde dollars) d’Xstrata aux Philippi-nes, où un nouveau code miniern’en finitpasdenepasvoir le jour.

Cen’estpas le vœu–sympathi-que – de rouvrir des mines enFrance, formulé parArnaudMon-tebourg, ministre du redresse-ment productif, qui devrait satu-rer le marché : le sous-sol del’Hexagone n’est pas celui de laZambie…

Que se passera-t-il quand l’im-mobilier repartira, commeil sem-ble le faire aux Etats-Unis? Et si lazone euro se tirait du bourbier desa dette ? Les cours flamberont.Goldman Sachs prédit que lemétal rouge dépassera 9000dol-lars dans les six mois. Cette ban-que s’étantmis le doigt dans l’œil

un certain nombre de fois, on segarderademiserdesmilliards surle cuivre, métaphore de nosespoirs de reprise. «Gardons-nous de croire celle-ci enclenchéetant que la Chine n’émettra pasdes signaux plus clairs», conseilleDamien Grulier, analyste chezExane. Le plan de 158milliards dedollars élaboré par Pékin dans lesinfrastructures avait fait monterle cuivre, le 6septembre. Le reculde 6,8% des investissementsétrangers en Chine l’a fait retom-ber, le 19octobre. Le mieux n’estpas encore sûr.p

AlainFaujas

E nd’autrestemps,ilauraitsuf-fi de bien moins que celapour rallumer la mèche.

Mais les cafouillages du Conseileuropéen du jeudi 18octobre –marqué par l’affrontement mus-cléentreAngelaMerkeletFrançoisHollande sur l’agenda de la futuresupervision bancaire européen-ne– n’ont pas provoqué la moin-dreétincellesurlesmarchésfinan-ciers.Bienaucontrairemême.Unepreuvesupplémentairedelaman-suétude nouvelle accordée par lesgrandsinvestisseursà lazoneeurodepuis cet été.

Un regard trois mois en arrièresuffità rappeler le cheminparcou-ru. Fin juillet, les rendements desemprunts espagnols à dix ansculminaient à 7,51%; vendredi, lestaux de ces mêmes obligationsn’étaient « que» de5,32%, desniveaux inédits depuis mars. «Lenouvel outil de la Banque centraleeuropéenne [BCE], présenté cet été,protège considérablement», résu-me René Defossez, de la banqueNatixis. En se disant prête à ache-ter de la dette d’unEtat endifficul-té parallèlement aux fonds de

secours européens (MES, FESF),l’institution monétaire a donnéauxmarchésunpuissantanesthé-siant, dont les effets ne s’émous-sent toujourspas.

Et en plus, comme tant redoutéces dernières semaines, Madridn’a pas vu sa dette reléguée dansl’infamante catégorie des obliga-tions pourries (junk bonds) parl’agencedenotationMoody’s; l’Es-pagnecontinuedoncdebénéficierd’un sursis inespéré. Un répit quilui a permis de réaliser, jeudi, uneadjudication de dette un peu plusimportante que prévu, étant don-né la fortedemande.

Denombreuses incertitudesL’Italie,desoncôté,aachevéjeu-

di une levée de dette auprès desparticuliers, sur un succès totale-ment inattendu : les Italiens sesont rués dans leurs agences ban-caires, dans les bureaux de posteou sur Internet, pour prêter unepartie de leur épargne au Trésor.Résultat,quelque18milliardsd’eu-rosontpuêtreempruntés,dixfoisplusquelorsd’uneopérationsimi-laire en juin.

Toujours prompts à voir le noiraux pires heures de la zone euro,les marchés feraient-ils preuveaujourd’huid’uneindulgenceexa-gérée? «Il existe encore tellementd’incertitudes qu’il est impossiblede semontrer très optimiste», jugeClément Genes, économiste chezKepler. «Quand les investisseursfiniront par se rendre compte qu’iln’y a toujours aucune décorréla-tion entre le risque de solvabilitéd’une banque et celle de son Etat,cela va forcément se ressentir surles marchés», juge ainsi M.Defos-sez. La décision de repousser cou-rant 2013 le début effectif de lasupervision bancaire européennerisquedonc de finir parpeser…

Nombre d’observateurs necroientd’ailleurs toujourspas quel’Espagne pourra profiter du répitactuel pour faire l’économie d’unappel à l’aide auprès de ses parte-naires européens. Madrid a certesdéjà bouclé 94% de son program-me annuel de financement sur lesmarchés – soit avec un bon moisd’avancepar rapportà son tableaudemarche habituel.Mais se profi-lent des échéances délicates. En

2013, le pays devra emprunterentre 90 et 100milliards d’euros,contre86milliards cette année. Et,à forced’émettre des empruntsdeplus faible maturité pour bénéfi-cier de taux d’intérêts moins éle-vés,Madridva se trouver confron-téen2014et2015àunmurdedetteà refinancer.

«L’effet de dissuasion provoquépar les annonces de la BCEne suffi-ra plus, au bout d’un moment, àmaintenir les rendements espa-gnols actuels, note M.Genes. Lesincertitudes portent bien davanta-ge sur le timing de l’interventionque sur la question d’un appel àl’aide ounon.»p

ClémentLacombe

Carrefour

P artir à la conquêtedenou-veauxterritoires est tou-joursplusvalorisantque

d’organiser la retraite deRussie.GeorgesPlassat, le nouveauPDGdeCarrefour, se sentait sansdouteparnaturedavantage l’âmed’unconquistadorqued’unNapoléonau lendemaindu siègedeMoscou.Mais les circonstances enont déci-déautrement.A la têted’unearmée sur la défensive, il sait qu’ilsera jugé sur sa capacité àorgani-ser le repli enbonordrepour,peut-être,un jour repartir de l’avant.

Enattendant, après avoir ven-du ses activités à Singapour et enGrèce, Carrefour quitte désormaisla Colombie. Si les deuxpremiè-res filialesn’étaient pas dupre-mier choix et ont été cédées lemoinsmalpossible, concernant latroisième, il s’agissait d’une autrepaire demanches etGeorgesPlas-sat se savait attenduau tournant.

La Colombieest en effet unedes économies sud-américainesles plus dynamiques. La distribu-tionyest enplein essor. Présentdans le pays depuis 1998, Carre-four est numérodeuxdumarché,mais très loin du leader, Exito,dont le français Casinodétient60%du capital. Au fil des ans,focalisé sur ses difficultés en Euro-pe, Carrefour s’est laissé distancerdans ce pays prometteur, quivientde doubler l’Argentine entermesde richessenationale.

Aumilieudugué,n’ayantpluslesmoyensd’investirpour revenirdans la courseavecExito,Carre-

fourn’avaitd’autrechoixquedechercherpreneurpour les 17,7%departsdemarchéqu’il détientenColombie.Uneoccasionenorpourle chilienCencosud, qui chercheaucontraireàaccélérer sondéve-loppementenAmériqueduSud.

Envolée de l’actionCommecequiest rareest cher

etque l’américainWal-Mart setenait enembuscade,Cencosudn’apas lésinésur leprix. L’affaireaété rondementmenée, enquel-ques semaines,presquesur le ryth-me:«Le caféet l’addition.»Legrou-pe chiliensavaitqu’il s’agissaitd’uneopportunitéquine se repré-senteraitpas, tandisqueCarrefourn’avaitpas enviede fairedurer leplaisir, alorsqu’il traîneunedettedeprèsde 7milliardsd’eurosetque la relancedes affaires enFran-cevaêtre gourmandeencapital.

Quant à l’addition, la valeurdeCarrefour enColombie a été négo-ciée sur la base de 2milliardsd’eu-ros, soit 20fois le résultat d’ex-ploitation (Ebitda), alors que lamoyennedes transactionsdans leratio dans le secteur dépasse rare-ment les 12fois. D’où l’enthousias-mede la Bourse de Paris, vendre-di 19octobre: l’actionCarrefours’est envolée de 5,85%, à18,35euros. Sur la semaine, lavaleur a bondi de 13,09%, dujamais-vudepuis le printemps2009. Commequoi onpeut sereplier sans que cela se transfor-menécessairement enBerezina.p

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Capitaux Isabelle Ehrhart

marchés

L’ententeeuropéenneravit lesBoursesLes indicesontgrimpésur fondd’accord, certesaminima, sur lecalendrierd’uneunionbancaire

Matières premières Le cuivre,métaphore denos espoirs

Pertes&Profits| chroniquepar Stéphane Lauer

Uncaféet l’addition9 002,68 points3 504,56 points 13 343,51 points5 896,15 points7 380,64 points 3 005,62 points2 542,24 points

TokyoParis New YorkLondresFrancfort NasdaqEurostoxx 50

+ 3,41%CAC 40 Dow Jones

+ 1,77%FTSE 100

+ 2,05%DAX 30

+ 2,96% – 1,26% + 5,49 %Nikkei

+ 0,11 %

S oulagés. Les marchés, quiaiment jouer à se faire peur,ont fait montre cette semai-

ned’unenthousiasmequi trancheavec les inquiétudesdes jours pré-cédents.

Jusqu’à présent, les causes deleursangoissesrécurrentesserésu-maientendeuxpoints.D’unepart,l’avenirdelazoneeuroetlacapaci-té des dirigeants politiques etautresbanquiers centrauxàéviterune désintégration de lamonnaieunique. D’autre part, les perfor-mances des entreprises au coursdu troisième trimestre, suscepti-bles de donner un reflet précieuxde labonneoude lamauvaise san-té des économiesoccidentales.

«Sur le front politique commesurceluidesrésultats financiers, lesnouvelles ont été plutôt bonnes»,résume Aymeric Diday, gérantchezPictet.

Les Bourses européennes ontdonc terminé la semaine dans levert. Le CAC 40 s’est adjugé 3,41%en cinq séances, sauvegardant,malgré un accès de faiblesse ven-dredi, le niveau des 3500points.EnAllemagne, leDAXagrimpéde2,05%, tandis que le Footsie bri-tannique gagnait 1,77%. Outre-Atlantique, les marchés ont étéun peu plus mesurés : le DowJones a crû de 0,11% et le Nasdaq,l’indice des valeurs technologi-

ques,a reculéde1,26%.Côtépoliti-que, les avancées des derniersjours sont venues ajouter quel-ques pierres à l’édifice patiem-ment construit, depuis des mois,par les dirigeants européenspourtenter de stabiliser les turbulen-ces de la zone euro.

Mardi 16octobre, l’Allemagne alaisséentendrequ’elleétait«ouver-te»à l’octroid’une lignedecrédit àMadrid, qui tergiverse depuis dessemaines sur l’opportunité politi-que,économiqueetsocialed’appe-ler officiellementausecours.

Quant au sommet européendes 18 et 19octobre, il a permisuneentente, certes a minima, maisréelle sur un calendrier d’unionbancaire. En substance, les Euro-péensse sontengagésàdonneruncadre légal au projet en 2013,maisont remis à 2014 sa mise en place

effective. Manière de continuer àfaireavancer le projet, que la Fran-ceappelledesesvœux,toutenpré-servant la susceptibilité de l’Alle-magne,sensibleà laquestiondesasouverainetébancaire.

«Ne pas lâcher la bride»«Les dirigeants européens ont

indiqué leur volonté de mettre laBanque centrale au cœur du systè-me, ce qui devrait permettre lamise en place duMécanisme euro-péen de stabilité et la recapitalisa-tion, dès 2013, des banques espa-gnoles si ellesen font lademande»,se réjouitM.Diday.

A ces avancées se sont ajoutéesde bonnes surprises côté entrepri-ses. «En dépit du ralentissementchinois et de quelques déceptions[Microsoft,GeneralElectric], lasai-son des résultats trimestriels se

déroule mieux que prévu. Lesvaleurs financières américaines –Goldman Sachs en tête – affichentleur bonne santé, ce qui souligneles effets positifs des plans d’aidesde la banque centrale américai-ne», selonM.Diday.

En France, Carrefour s’est envo-lé de 5,85%, vendredi 19octobre,grâce à la cession de ses activitésenColombiepourunevaleurd’en-treprisede 2milliardsd’euros.

Lepireserait-ilpassépour l’éco-nomiemondiale?«Lerisquesysté-mique pour la zone euro a claire-ment diminué. Mais il ne faut paslâcher la bride, car de nouveauxdéfis demeurent, notamment auxEtats-Unis. L’élection présidentiel-le et la question du fiscal cliff[prolongation des mesures fisca-les qui risque de peser sur ladette] seront cruciales», avertitM.Diday.

Pour l’heure, les investisseurssemblent résolus à voir le boncôté des choses. En témoigne lareprise progressive des introduc-tions en Bourse. Le numéro deuxrusse de la téléphonie mobile,MegaFon, qui compte se coter àLondres d’ici à fin 2012, devraitêtre valorisé plus de 12milliardsde dollars (9,2milliards d’euros),affirmait vendredi le quotidienrusseVedomosti.p

AudreyTonnelier

Hésitations

SOURCE : BLOOMBERG

7 200

8 400

8 200

8 000

7 800

7 600

7 400

Avril 2012 19 octobre 2012

COURS DU CUIVREà Londres, en dollars la tonnepour livraison en janvier

8 015

L es emprunteurs du sud del’Europe ne sont plus mis àl’écart. Italiens et Espagnols

sont à nouveau les bienvenus. LesGrecs restant tout de même horsduchampd’acceptationdesinves-tisseurs. La perspective de stabili-té de la notation de l’Espagne asoulagé les tensions.

Deuxopérationsontparticuliè-rement montré l’appétit crois-sant pour les obligations du Sud.Dans le secteur bancaire, un éta-blissement espagnol a ainsi ren-contré un grand succès avec uneémissiond’obligations sécurisées– des cedulas.

Jeudi 18octobre, Bankinter aemprunté 500millions d’eurosdetitresremboursablesdanstroisans. Les investisseurs en ontdemandé pour 3,2milliards d’eu-ros. Le phénomène est remarqua-ble, tant les banques sont en pre-mière ligne lorsque la méfiances’installe envers un pays.

Pour mémoire, le 10 septem-bre, l’espagnolBanesto et ses ban-quiers estimaient que le succèsétait là avec 850millions d’eurosde demandes pour un emprunt

de 500millions… Le changementest flagrant, le coefficient de cou-verture de l’offre par la demandeprogressant de 1,7 en septembre àplus de 6 unmois plus tard.

Dansunstyledifférent,Campa-ri a profité de l’appétit retrouvépourlerisqueitalien.Réputépoursa boisson homonyme, le groupeaacquis,débutseptembre,prèsde82%ducapitaldeLascellesdeMer-cado &Co Limited, spécialisénotammentdans la fabricationderhum jamaïquain, pour l’équiva-lent de 330millions d’euros.

Le 10octobre, l’entreprise ita-lienne avait annoncé son souhaitde trouver le financement sur lemarché obligataire. Chose faiteune semaine plus tard. GruppoCampariaémis400millionsd’eu-ros, remboursables dans septans,promettant un coupon de4,659%.

Pour cette opération, qui nebénéficie d’aucune notation de lapart des agences spécialisées, lademande a totalisé 4,8milliardsd’euros, 12 fois le montant finale-ment émis. Peut-être un effet desvapeurs d’alcool.p

Zoneeuro: lapatiencenouvelledesmarchés

LaSociété générale a annoncé,vendredi 19octobre, la vente,pour 1million d’euros, de sa filia-le grecqueGeniki Bank, déficitai-re, à PiraeusBank. L’opération,qui devrait être finalisée avantfin 2012, se soldera par une per-te d’environ 100millions dansles comptes du troisième trimes-tre de la Société générale. Enmilieu d’après-midi, vendredi,

l’action de la banque françaiseétait en recul de 1,8%à la Bour-se deParis.Mercredi, le Crédit agricole avaitcédé, pour 1euro symbolique, safiliale Emporiki à AlphaBank.Cette transaction viendra rédui-re, au troisième trimestre, lerésultat net part du groupe d’unmontant estimé à 2milliardsd’euros.

Capausud

LaSociétédeslecteursdu«Monde»Cours de l’actionVENDREDI 19OCTOBRE : 1,13euroSociété des lecteurs du «Monde»,80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13.Tél. : 01-57-28-25-01.Courriel : [email protected]

Les banques françaises tournent la page grecque

1 ¤ = 1,3024$ b Taux à 10 ans (France) = 2,21 % b Taux à 10 ans (US) = 1,76 %

150123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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décryptages ENQUÊTE

ASyrte, la rumeur dit que lesnostalgiques de Mouam-mar Kadhafi n’empruntentjamais cette route. Une qua-tre voies en parfait état, à lalisière ouest de la ville, qui

traverse un terrain vague sablonneux,avecquelquesenclosàmoutonsetunbâti-ment à l’abandon, au loin. Redoutent-ilsque leur ancienmaître, qu’ondisait adep-tedemagienoire,ait lancéunultimemau-vais sort sur cemorceau d’asphalte bordéd’eucalyptus? Craignent-ils d’entacher lamémoirede leur grandhomme?

Carc’est icique lecolonel, fameuxpourses tenues excentriques, a terminé sa car-rièredans les frusquesd’unpantinhagardetensanglanté.C’est iciquel’hommedontl’impétuosité les avaient tant séduits afini sa vie, traqué commeune bête sauva-ge. La canalisation de béton où il se réfu-gie; le révolutionnaire au visage d’enfantqui l’en extirpe, encore stupéfait de sadécouverte; labousculadedesrévolution-naires vociférant autour de leur proie; lecorps nu et désarticulé juché sur le capotd’une Jeep: ces images d’unhallali libyen,pleindefureuretdebruit,quionthypnoti-sé les internautes le 20octobre 2011, onttoutes été prises ici.

Le conseil militaire de Syrte a tenté dedissimuler l’endroit en le recouvrant desable. Les ex-thuwars (révolutionnaires)désormais au pouvoir, redoutaient qu’ilnedevienneun lieu de culte des kadhafis-tes. C’est pour cette raison même que ladépouille mortelle du guide a été inhu-mée dans le plus grand secret, quelquepart dans le désert de Syrte. Mais le ventquibalaie lesableet la forêtdegraffitisquimaculent le remblaide la routeont réduitànéantleseffortsdesthuwars.Lesitedrai-ne chaque jour son lot de curieux, dési-reux de revivre les derniers instants del’hommequi leura si longtempsfaitpeur.

Mais, fin septembre, dans une doubleinterview au quotidien britannique TheTelegraph et au site Internet Mediapart,Rami Al-Obeïdi, l’ancienmaître espion dela rébellion libyenne, a semé le trouble. Ilaffirme, à rebours de l’impression de lyn-chage laissée par les vidéos, que les servi-ces de renseignement français ont joué«un rôle direct» dans la mort de Kadhafi.Onsavaitdepuislongtempsquel’aviationtricoloreavaitparticipéà l’opérationquiastoppé le convoi dans lequel il tentait defuir Syrte. Al-Obeïdi suggère deux nou-veaux éléments : d’une part BacharAl-Assad, le dictateur syrien, soucieux deretrouver les bonnes grâces de Paris,aurait fourni aux services français lenuméro de téléphone satellite de sonhomologuelibyen,unappareildemarqueIridium,defaçonàcequeceux-cipuissentle localiser:d’autrepart,unagent françaisausolaurait«directementexécutéKadha-

fi»,enappuyantsurlagâchette.Desalléga-tionsconfirméesparMahmoudJibril, l’an-cienchefdupremiergouvernementrebel-le, qui assure à son tour qu’«un agentétranger» a été impliqué dans l’élimina-tiondeKadhafi.

C’est dans une petite villa du districtnuméro2 de Syrte, un quartier habité pardesmembres de la tribuWarfalla, acquiseàsonrégime,queleGuidelibyenapasséladernièresemainedesavie.Lesfaçadesontété repeintes à neuf, dans des teintes vio-lettes acidulées etdeuxbuissonsde fleursont été plantés autour du portail métalli-que. Rien ne laisse deviner qu’une partiedramatique s’est jouée derrière cesmurs.D’ailleurs, même durant les combatsacharnésquisesontdéroulésàproximité,«personne dans le quartier n’a jamais suque Kadhafi vivait là, ditMousbahMoha-med,unvoisin.Lamaisonappartientàunhommed’affairesquiétaitpartiàBengha-zi dès le début du siège».

Al’intérieur,selondestémoignagescol-

lectés par Human Rights Watch (HRW),qui a publié, mercredi 17octobre, un rap-port très détaillé sur ces événements, lethéoricien halluciné de la Jamahiriya, laRépublique des masses, passe la plupartdeson tempsàprieret à lire leCoran. Il estentouré d’un quarteron de fidèles, Man-sour Dhao, son aide de camp, Abou BakrYounès,sonministredeladéfense,Ezzedi-ne Al-Anshari, le chef de sa garde privée,Hamad Massoud, son chauffeur person-nel et quelques gardes du corps. Il n’y aplus demédicaments, très peu d’eau, despâtes et du riz en guise denourriture.

A l’extérieur, c’est son cinquième fils,Moatassem, qui dirige les combats. Il estplanté avec un groupe de snipers sur letoitd’unemaisonadjacente,d’où l’onsur-plombe le district 2 et la rueDubaï, par oùprogressent les rebelles. «Il était relax, ilne donnait pas l’impressiond’avoir peur»,raconte Faraj Zidani, le propriétaire de lamaisonnette, aujourd’hui grêlée d’im-pacts de balles, qui a partagé des repasavec lui. A cause de sa barbe et de ses che-veuxlongs,qui luidonnentdefauxairsdeguérillero, les gensduquartier le surnom-ment «CheGuevara».

A intervalles réguliers, le leader déchu,qui s’agace de ne pas pouvoir regarder latélévision, use de son téléphone satellitepour obtenir des informations auprès desesultimessoutiens. Le relevédecommu-nicationsqueLeMondeaconsultémontrequ’il a composé des numéros libyens etreçu des appels en provenance de Syrie etdu Liban.Des imprudences qui l’ont sûre-ment trahi, sans même que BacharAl-Assad ait à s’enmêler. Car lemodèle deson appareil, un Thuraya et non un Iri-dium, le rendait aisément localisable parles avions espions de l’OTAN. Autour du17octobre2011, l’informationselonlaquel-le l’homme le plus recherché de Libye setrouve dans le district numéro2 de Syrte

commence à circuler parmi l’état-majorde la rébellion.

Pressentant un effondrement immi-nent de ses lignes de défense,MoatassemKadhafichoisit lafuite.L’échappéeestpré-vue pour la nuit du 19 au 20octobre, auxalentours de 3h30, pour profiter de l’obs-curité et de l’assoupissement desassaillants. Mais l’embarquement de250personnes – des blessés et des civilsqui craignent les représailles de révolu-tionnaires et se sont joints à la troupe deskadhafistes – dans une cinquantaine devéhiculesprendplusde tempsqueprévu.

Quand le convoi s’ébranle, il est 8h30.

L’effetde surpriseestnul. Les fuyardspar-viennent à forcer un premier barragerebelle avant d’être identifiés par un dro-ne français, alors qu’ils roulent plein sud,à tombeau ouvert. Quelques secondesplustard,unmissiletiréparundroneamé-ricainexplose àproximitéde la Jeepoù setrouve Kadhafi et oblige le convoi à sortirde la route. Ce faisant, ses occupants fon-cent droit sur le campement d’une briga-derévolutionnairedeMisrata,aveclaquel-le des combats éclatent aussitôt.

C ’est à ce moment qu’une secondefrappe survient. Deux bombes de250 kilos à guidée laser anéantis-

sent une bonne partie de la caravane,selon HRW. Ont-elles été larguées par unMirage 2000 français ou par un droneaméricain? Impossiblede le savoir. Le len-demain,sur le sitede l’explosion, l’organi-sation de défense des droits de l’hommedécouvre un épouvantable carnage: cin-quante-troiscadavres, calcinés et criblésde shrapnels. Les survivants se dispersentsur le terrain vague sablonneux où va sejouer l’acte final. Après s’être cachés quel-ques instants dans une bâtisse inachevée,Kadhafietunedizained’autrespersonnesse glissent dans une conduite en béton.Pourrepousser lespoursuivants,ungardeducorpsduGuidelibyenlancetroisgrena-des, dont l’une rebondit à l’intérieur de lacanalisation, tuant Abou Bakr Younès etblessantKadhafi au visage.

Les détonations attirent l’attention detrois jeunescombattantsd’unebrigadedeMisrata : Salem Bakir, Ahmed Ghayd etOmrane Cha’abane. (Ce dernier, capturéquelquesmois plus tard par des kadhafis-tes de Bani Walid, est mort en septembredes suites des tortures infligées durant sadétention.) Ils voient émerger unKadhafititubant,pistoletà lamain.«Quiêtes-vousjeunes gens, qui êtes-vous?», entend-on le

Guidemaugréer sur les premières vidéosprises au téléphone portable. Dans lamêléequi s’ensuit, un rebelle le sodomiseavecunobjet semblableàunebaïonnette.

Des forces spéciales françaises sont-elles au sol? Rien ne permet de l’affirmer,mêmesi laprésencedeconseillersmilitai-res occidentaux, parmi lesquels des Fran-çais, est attestée par plusieurs témoins,notamment des journalistes ayant cou-vert la bataille de Syrte. Le corpsnu et ina-nimé de Mouammar Kadhafi est finale-ment embarqué dans une ambulance quiprendlaroutedeMisrata.Avait-ildéjàsuc-combé à ses blessures? Le coup de grâcelui a-t-il été administré durant le trajet,sachantqueladépouillemortelleexposéeàMisrata porte deux impacts de balle, auflanc et au front?

Ces questions risquent de rester sansréponse. Les tombeursdu régimeKadhafis’en désintéressent. Ils n’accordent pasnon plus d’importance aux propos deRami Al-Obeïdi et de Mahmoud Jibril.«Jibril estdansunedémarchepoliticienne,fait remarquerundiplomateétranger. Il abesoinde récolter les voix desnostalgiquesdel’ancienrégimeetpourcela ilatout inté-rêtà fairecroireque le crimeultimen’apasété commis par un rebelle». Dans l’espritdesthuwars,lepeuplelibyendevaitseven-gerdequaranteannéesd’oppression, il l’afait et le reste n’est que littérature. Auxabords de la canalisation, lieu symbole dela révolution du 17février, Ali Al-Ferjanirésume le point de vue de ses compa-gnons d’armes : «Si c’était moi qui étaistombé sur Kadhafi, je n’aurais pas hésitéune seconde à le tuer de mes propresmains.»p

f Sur Lemonde.frLe portfolio sur la route de Benghazi àSyrte, un an après lamort du colonelKadhafi.

«Personnedanslequartiern’ajamaissuqueKadhafivivaitlà.

Lamaisonappartenaitàunhommed’affaires»

MousbahMohamedun voisin

Lesderniersjoursde

Kadhafi

La canalisation oùMouammar Kadhafis’était réfugié, le 20 octobre 2011, avantd’en être extirpé puis d’être abattu. Enbas, la villa de Syrte où le Guide libyenapassé la dernière semaine de sa vie.ENRICO DAGNINO POUR «LE MONDE»

Christophe Ayadet Benjamin BartheSyrte (Libye)Envoyés spéciaux

Ilyaunan,ledictateur libyenconnaissaitunemortviolenteauxabordsdeSyrte.«LeMonde»areconstituécesévénements,mêmesidesquestionsrisquentderesterà jamaissansréponse

16 0123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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Renaissanced’unerevued’art

décryptagesDÉBATS

U nbeau jour de 2011, le producteurde cinémaStaffanAhrenbergdéambulait à Saint-Germain-des-

Prés. Passant rueduDragon, il avisaunedevanture, celledes Cahiers d’art, petiteboutiquepoussiéreuse,mais chargéed’histoire: c’est là quede 1932 à 1970,ChristianZervospublia la revuedumêmenom,qui futunedesplus importantespour l’histoirede l’art duXXesiècle. Là aus-si qu’il organisa des expositionsconsa-crées à l’architecture contemporaine(1934), aux sculpturesde JulioGonzalez,ouencoreunemanifestationde soutienauxrépublicains espagnols, avec, parmilesparticipants,Mirò etPicasso. Picasso,qui fut aussi la grande affairede Zervos,

puisqu’on lui doit les 33volumesducata-logue raisonnédespeintures et desdes-sins réaliséspar l’artiste jusqu’en 1972,soit seizemilleœuvres répertoriées etreproduites.

Tout cela, StaffanAhrenberg le savait :sonpère Theodor fut undesplus grandscollectionneursd’artmodernedumonde,et le petit Staffana grandi avec les artistesqu’il recevait dans samaisonquidomi-nait le Léman.Cequ’il ignorait, c’est quele lieu,mais aussi le titre de la revueet lescollections subsistantesétaient àvendre.L’apprenant, il a nonseulement sorti sonchéquier,mais aussidécidéde relancer letitremythique. Lepremiernuméroa étépublié jeudi 18octobre. Il a été confié à l’ar-tiste américainEllsworthKelly. Unchoixjudicieux: Kelly a commencé sa carrièreàdeuxpasde là, rueduFour, en avril 1951, àla galeriede Jean-RobertArnaud,qui fit sapremièreexpositionpersonnelle. A l’épo-que, le jeuneKelly rêvait devant la revueCahiersd’art,qu’il était troppauvrepours’offrir. Il n’a doncpashésitéquandStaf-fanAhrenberg et sa bande lui ontproposéde travailler à la renaissancede la revue.Car le comitéde rédactioncomporte,outre le nouveaupropriétaire, deuxdesplus grandsnomsdumilieude l’art:SamuelKeller, qui dirige la FondationBeyelerdeBâle, etHans-UlrichObrist,commissaired’expositionet critiqued’artglobe-trotteur.

Celadonneune fort belle livraisonde136pages très richement illustrées.OutreKelly, auquelYve-AlainBois,Obrist, AnnHindryetRichardTownsendont consacrédes textes (celui deTownsend l’étant à lacollectionqueKelly a constituéed’outilsnéolithiquesamérindiens, qui est enpar-tie exposéedans l’espacedu 14, rueduDra-gon).Mais le sommairecomporteaussiunarticle surOscarNiemeyerpar –excu-sezdupeu–TadaoAndo,uneétude surles relationsentre architectureetmusée,des articles surdes artistesplus jeunescommeCyprienGaillard, SarahMorris,AdrianVillarRojas, et la rééditiond’unerare interviewdePicasso, par Zervos lui-même. Le tout pour60euros, histoirequeles jeunesartistes impécunieuxd’aujour-d’hui, à leur tour, rêventunpeu. p

HarryBellet

L’agriculturesedévelopperaàl’avenirengagnantduterrainsurlesplainesfertiles,aurisquedenuireàl’environnement.Commentpeut-ellesemaintenirsansrognerlabiosphère?

Lespaysanssurvivront!

Cahiers d’art36eannée136 pages,60¤

Unmillénaire chasse l’autre.Dans un livre récent, LeTemps des laboureurs(Albin Michel, 374 p.,24 euros), consacré ausecondespacedemille ans,

celui qui commence au XIesiècle, MathieuArnoux, grand ruraliste devant l’Eternel,dresse la figure pacifique et durable dulaboureur,héroséponymedubeauMoyenAge et d’une croissance économique jus-qu’alors sans exemple: elle ne se terminequedans lapremièremoitiéduXIVesiècle.

Le laboureuret le vilain, le gros fermieret le manouvrier (saisonnier), formentainsi le couple auguste qui, tant bien quemal, survivra dans nos campagnes pen-dant plus de neufsiècles. Néanmoins, lapeste noire et les guerres de Cent Ans de1348 à 1450 détruisent à plus de 50% cepeuplement rural de la Franced’autrefoisavec sa double nature, exploitante et pro-létarienne.

La renaissance démographique de 1450à 1560 rétablit l’agreste duo dans son inté-grité de l’avant-peste: 20millions d’Hexa-

gonaux (l’Hexagone virtuel est une figuregéographiquecommode), dont 18millionsdepaysanssocialementstructuréscommeprécédemment. Cette masse humaine eststable, malgré les blessures anti-popula-tionnistes, vite réparées, que lui infligentde temps à autre les guerres bourbonni-queset louis-quatorziennes.

Le XVIIIe siècle est témoin d’un essordes peuplements agraires, équilibré, sansplus, par le développement économiquedu temps des Lumières. La Révolutionfrançaise libère la paysannerie du «joug»seigneurial, un joug qui n’était pas tou-jours aussi pesant qu’on le dit puisque laseigneurie fonctionnait, comme le souli-gnera Fernand Braudel, en tant qu’agentéventuel du développement de l’écono-mie sur son territoire.

Lapaysanneriesurvit commetelle,mal-grélessouffrancesdesguerresdelaRévolu-tion et de l’Empire, par rapport aux pertesd’un à deuxmillions de personnes que luiont infligées ces conflits. Le XIXesiècle, jus-quevers1860,voire1870,marquel’apogée,en volume, du bloc agraire de la nation:plusde30millionsde ruraux.L’Hexagone,en dépit des faibles rendements agricoles,estcultivécommeunjardin.Plusspectacu-laire sera la chute. Dès la fin du SecondEmpire et sous la IIIeRépublique, le refluxcampagnardest amorcé.

Bientôt, dès 1913, la population activenon agricole est en voie de rattrapagevis-à-visdesaconsœurpaysanne.Lemassa-cre de 1914-1918 éprouve davantage la jeu-nessevillageoisequecen’est le caspour lesouvriers : ils sont souvent affectés spé-ciauxdans lesusinesd’armement.

Ladépopulationrustiquecontinuedansl’entre-deux-guerres; elle est ensuite frei-née à l’époque de l’occupation allemande,tantlesecteuragricole,doncalimentaireetvital, s’avère indispensable dans un paysprivé d’importations de nourriture: pour

un certain nombre d’agriculteurs, lesannées 1940-1944, si déplorables qu’ellesfussent à leur égard, ne furentpas lespiresqu’ils aient jamais connues, compte tenudestrèsrudesépreuvesque leuravait infli-gées la crisemondiale lors de la quatrièmedécennieduXXesiècle.

M.etMmeGrenadou,cultivateursbeauce-rons, avaient même prospéré sous Vichytant leursproduits sevendaientbien.Maisbien sûr, il y eut les déportations, les bom-

bardements, les exécutions sommaires,etc. Inutile d’insister à ce propos. L’après-guerre, les «trente glorieuses» et le tour-nant des XXe-XXIe siècles ont affecté leszones rurales. Nous sommes, en fait dedémographieagricole,plusrabaissésqu’en1450, la situation est pire, si l’on peut dire,puisquemêmeencetteépoquemaudite, ilyavaitdavantagedepersonnesemployéesàlaterre,àl’herbageetàlaforêtquecen’estle casdenos jours.

Sous CharlesVII, il y avait, dans l’Hexa-gone virtuel, plus étendu que ne l’était leroyaume proprement dit, plus de 9mil-lions de ruraux parmi lesquels 95% decultivateursetcultivatrices.En2012,onestloin du compte, les terroirs agricoles sontdépeuplés,etl’onn’imaginepasunedémo-graphie rurale équivalente à celle, si mai-grichonne soit-elle, dont bénéficiait laFrancevingt ans après le bûcherde Jeanned’Arc (1431).

Qu’adviendra-t-il de l’agriculture fran-çaisedanscesconditions?Atitrecompara-tif,auxEtats-Unis,lorsdelaGrandeDépres-sion des années 1930, certains théoriciens,trèsthéoriqueseneffet,imaginaientvolon-tiers une économie «étasunienne» sanssecteur agricole, celui-ci étant considérécomme troppeu rentable et devant dispa-raître en conséquence au profit de bran-ches productives plus avantageuses,situées hors des professions traditionnel-lesdes Farmers. Lesvisions futurologiquesdecegenreétaientutopiques.

Cequi s’estvraimentproduitauxEtats-Unis, c’est l’abandon éventuel des terresles moins rentables, ainsi que le gigantis-me accru des exploitations terriennesd’outre-Atlantique. Pour celles-ci, l’unitéde base est dorénavant, dans bien des cas,le millier d’hectares, et non pas la dizaineou la centaine d’hectares, comme c’est lecas, en revanche, en France, voire dansd’autrespaysd’Europe.

Notreagriculture françaisesurvivraelleaussi, semble-t-il. Elle se maintiendra, autitre de chaque exploitation survivante,sur une superficie mise en valeur de plusen plus vaste par regroupements terriens.Les vignerons feront exception. Mais lesgrands fermiers «macro-entrepreneursrustiques»rassemblentd’unseultenantetrassembleront plus encore les domaines,certes contigus, qui continueront, eux, àdépendre de propriétaires différents. Cedeveniraffecterasurtoutlesterroirsdeplai-nes ou de contrées relativement planes etrecouvertes, si possible, de limons fertiles.Il est vrai que l’usage souvent massif desengraisetdespesticidespermetdéjàd’aug-menterlesrendementsdefaçonconsidéra-ble au détriment de l’environnement. Cefaisant, les agriculteurs, et ils le savent fortbien,prennentdesrisquesgénétiquespeut-être considérablespour leurdescendance.

L’agriculture bio est-elle une solution?En principe, oui, mais le producteur tra-vaille toujours ou presque toujours à lamarge de la profitabilité: il n’envisage pasvolontiers, on le comprend, pour mieuxpréserver l’environnement, d’éroder lesmaigresprofitsqu’il attenddesonactivité.

J’ai parlé de l’installation préférentielledes exploitations agricoles dans les plai-nes,où le sol est éventuellementplus ferti-le et où l’utilisation des machines, volon-tiers gigantesques, permet de réduire lescoûts… à coups d’emprunts préalables.Mais dans cette hypothèse également,l’agriculture de plaine entre en compéti-tion avec d’autres investissements, por-teursdeprofitsplus considérables.

Laconstructiondemaisonnettesdanslaplaine de Caen, sur un rayon de plusieurskilomètres oudavantage aux alentoursdela ville, dévore préférablement des solslimoneux et fertiles; ils sont dorénavantperduspour laproductionagricole, celle-ciindispensable néanmoins pour l’export etpour l’alimentationdesmilliards d’indivi-dus supplémentaires; ceux-ci viendronts’ajouter aux chiffres de populationmon-diale déjà existants. Lesmêmes réflexionss’imposent à propos de l’établissement delarges autoroutes et d’aéroports immen-ses, eux-mêmes grands amateurs de ter-rainsplats.

L’agriculturedemontagneestabandon-née, et pour cause, dans les vallées alpinesetailleurs.Lesvignerons,oléiculteurs,jardi-niers et même céréaliculteurs du Langue-docavaientimaginé,àflancdecoteauxdesCévennes ou des pré-Cévennes, une pro-duction agricole installée sur des terrassesartificiellement étagées sur des pentes decollines,voiredemontagnes.

Ces terrasses avaient coïncidé avec lamise en valeur agricole croissante des ter-

roirs méridionaux lors des XVIIIe, voireXIXesiècles. Il n’est évidemment pas ques-tion de recultiver ces prodigieux escaliersd’agriculture ou de viticulture, tant le tra-vail fait uniquement à la main ou à larigueur avec des mules y était pénible et,c’est le casde ledire, assezpeu rentable.

La formidableaugmentationdes rende-ments du blé, froment et autres céréalesd’une quinzaine de quintaux à l’hectare(ou moins encore au XVIIesiècle) jusqu’à100quintaux à l’hectare, plafond presqueindépassable de nos jours, est un bienfaitpour nos exportations frumentaires versles pays déficitaires en production desgrainsausuddelaMéditerranéeetailleurs.Mais il y aunprixàpayer: dans les campa-gnesde l’ouestde laFrance, les terresschis-teuses à très faible épaisseur de sol arablesont devenues porteuses de moissonsassez considérables… et les coccinelles ontdisparu, victimes des insecticides. Lesbleuets et les coquelicots qui cernaientautrefois les vastes parcelles labourées,puis emblavées, se sont évanouis, si l’onpeutdire, dans lanature.

Il ne sert évidemment à rien de gémir,puisque, à cette liste quelque peu impres-sionnistedesdiversméfaitssubispar l’en-vironnement rural, on pourrait ajouterbien d’autres phénomènes du mêmegenre. Ne parlons pas des flatulences desvaches et autres bovidés : elles contri-buent, à force de méthane, au réchauffe-ment du climat, en compétition avec leCO2. L’évocation du réchauffement mon-dial n’est pas inutile.

La situation, quant à ce problème, n’estpas très différente de celle que nousvenons d’évoquer pour l’agriculture de

plus en plus industrialisée. D’une part, leplus grand nombre des Européens, sinondes Américains, fait preuve d’une prise deconscience désormais perspicace quantauxpérils«calorifiques» issusde l’accrois-sement d’injections atmosphériques desgaz à effet de serre. Mais d’autre part, trèspeu parmi les citoyens du Vieux Conti-nent,notammentpaysans,acceptentd’en-visager, de façon concrète, une réductiondel’usagedel’automobileetdelamotorisa-tionengénéral.

Le problème est presque insoluble: lesdésirsdeconfortdenospopulations,ensoilégitimes, sont en contradiction flagranteavec les exigences, elles aussi fondées, durespectde l’environnementsoussesdiver-ses formes. La pensée hégélienne elle-même, amoureuse des propositionscontradictoiresetdeleurssolutionsdialec-tiques, s’y casserait les dents, qu’elle avaitpourtant fort longues. p

Les 15esRendez-vous de l’histoire àBlois consa-crés aux paysans se tiennent du 18 au 21 octobre

EmmanuelLeRoyLaduriede l’Académie des sciencesmorales et politiques

Professeurhonoraire auCollègede France,ex-administrateurgénéral de laBibliothèquenationale.Néen 1929, il a étéundes pionniers de lamicro-histoireavec «Montaillou, villageoccitan» (Gallimard, 1975).Il est l’auteur d’une«Histoire humaine et comparéeduclimat» en trois volumes (Fayard, 2004-2009)

etde «LaCivilisation rurale» (Allia, 62pages, 6,20¤)

«LapestenoireetlesguerresdeCentAnsde1348à1450détruisentàplusde50%cepeuplementrural

delaFranced’autrefoisavecsadoublenature,exploitanteetprolétarienne»

«Neparlonspasdesflatulencesdesvachesetautresbovidés:ellescontribuentàforcedeméthaneau

réchauffementduclimat,encompétitionavecleCO2»

Revue

TOUSPOLITIQUES

LA VOIXESTLIBRE

J6c8LKI83K6¾J6

DIMANCHE 21 OCTOBRE À 18H10

FRANÇOIS BAYROU, PRÉSIDENT DU MODEM

UNE ÉMISSION ANIMÉE PAR JEAN-FRANÇOIS ACHILLIET LES RÉDACTIONS DU MONDE ET DE L’AFP

A SUIVRE SUR FRANCE INTER, LE MONDE.FR ET AFP.COM

AFP

170123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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O nnepeutreprocheràNicolasBave-rez une quelconque inconstance.Auteur il y a neufans de La France

quitombe (Perrin,2003), levoilàquirécidi-ve avec Réveillez-vous!, un essai très noirsur le déclin français. On sort de la lecturedupamphletassomméetdéprimé,etfina-lement en adéquation avec le climatambiant, celui de la neurasthénie françai-se, sur laquellevogue lavaguedudéclinis-me. Et en même temps le livre fait mou-che parce que les faits décrits semblent

donner raison à l’auteur, qui sait dissé-quer l’engrenagede la chute.

La thèse de Baverez? La France est entrain demourir de son incapacité à voir lemonde tel qu’il est. Elle se complaît danssonpassé, tentedesauvercoûtequecoûteun modèle social qu’elle n’arrive plus àfinancer et qui lamène au suicide. Tel unprocureur, l’auteur énumère « les dénisfrançais» qui se succèdent depuis la findes«trenteglorieuses»: la relanceen1981à contre-courantdesautrespays, la réduc-tiondu tempsde travail«meurtrièrepourla compétitivité; l’accélération des dépen-ses publiques en 2008 comme réponseà lacrise des subprimes.» Le décrochage dupaysne vient pas de l’éclatementde l’éco-nomie de bulles en 2007. Il provient d’unmodèle de croissance par la dette publi-que«quimenacesasouveraineté», accuseBaverez en évoquant la perte du triple Aet,danslafoulée, ladoubletutelledesmar-chés financiers et de l’Allemagne.

Lagrandeuret ladécadencedesnationsle hantent. Il convoque les figures de sonpanthéon personnel, Thucydide, saintAugustin,Chateaubriand,Bernanos,Mira-

beau, Soljenitsyne… pour mieux faire leprocès de ce qu’il n’hésite pas à appeler«unMontoire intellectuel etmoral», la pré-férence collective pour « la faillite plutôtque pour la réforme». Il souligne aussi la«méfiance»grandissantedupaysà l’égardde la science et du progrès, « le divorce»entre les élites politico-administratives etl’entreprise, « la fusion» qui s’est opéréeentre la classe politique et la haute fonc-tion publique pour préserver coûte quecoûte la dépensepublique.

Et pendant ce temps, les craquementsqui s’opèrent dans les tréfonds de la socié-té : violence, racisme, perte de repères,peur de l’autre, montée des populismes.Nicolas Baverez a le sens du tragique, il enabuse souvent mais sait aussi s’en servirpour sa thèse. Par contraste avec tout lepathos qu’il décrit, sa solution apparaîtlumineuse:çavamal?etbienfaisonscom-me les autres! Comme le Canada, commelaSuède, comme l’Allemagnequi, euxaus-si, se sont trouvésauborddugouffreetontsu faire le choix : basculer de plain-pieddans lamondialisation.

En libéral convaincu, l’auteur décrit lechemindelarédemption:unepolitiquedel’offre fondée sur la réduction des dépen-ses publiques et l’augmentation concomi-tante du travail, de l’épargne et de la pro-duction; l’administrationremiseàsaplaceet l’entreprise mise en vedette ! Il saisitbien le moment où, en pleine crise euro-péenne, la France se retrouve comme enapesanteur, capable aussi bien de basculerdans le camp des pays surendettés que dese hausser en stoppant la fuite en avantpourmieux sauver l’euro.

On sent que le dénouement de la criseapprochemais le scénarion’est pas encoreécrit.AmoinsqueM.Baverez,danslesecretde son cabinet, n’ait déjà repris la plume.p

Françoise Fressoz

A utempsdugénéraldeGaulle,onaccolaittoujours le mot de godillot à l’Unionpour la nouvelle République (UNR), ce

partiquiavait été fondé, le 1eroctobre 1958, aveccommebutexclusif lesoutieninconditionnelàl’actiondufondateurdelaVeRépublique.Al’As-semblée, ses députés approuvaient sans bron-cher et sans débattre tout ce qui était estam-pillé «gaulliste». De par sa culture du débat, satraditionnelleindisciplineetsurtoutsastructu-rationen courants, le Parti socialisten’a jamaisété vraiment godillot. Peu après son élection,en 1981, François Mitterrand l’avait mesuré enétantconfrontéàlafrondedesdéputéssocialis-tes contre l’amnistie accordée aux «générauxfélons» de la guerre d’Algérie.

Au lendemain de l’élection d’Harlem Désir,jeudi 18octobre, au poste de premier secrétairedu PS – avec 72,5% des voix, soit à peinemieuxque samotion (68,45%), contre 27,5% à Emma-nuelMaurel, leporte-parolede l’ailegauche–, lesyndrome du parti godillot guette le parti deFrançois Hollande. Au diapason de MartineAubryetdeM.Désir, Jean-MarcAyraultabalayécette crainte.«Les débats sont légitimes, le PSnesera jamais un parti godillot, a déclaré le pre-mier ministre, le 11octobre, ça n’existe pas, cen’estpasdansnotre culture, cen’estpasunpartiqui a le culte du chef, c’est un parti démocrati-que, où on discute, on débat, on vote, et il fautqueça continue.»Enmêmetemps,M.Ayraultasouligné le «besoin d’une vraie solidarité» afinde «se rassembler sur l’essentiel». Le présidentde l’Assemblée nationale, l’ancien fabiusienClaude Bartolone, a renchéri dans le mêmesens:«Nousn’avonspasunemajoritégodillot.»

De fait, même si les courants sont devenussubliminaux, le plus structuré, celui de l’ailegauche s’étant scindé en deux – les amis duministre Benoît Hamon rejoignant la motionmajoritaire –, l’existencede cinqmotionspourle congrès de Toulouse, du 26 au 28octobre,donne une touche plurielle au PS. M.Désir y adécelé la clé du score décevant d’une motionmajoritaire qui avait vocation, sous l’impul-siondeMmeAubryetdeM.Ayrault,àêtreunani-

me.«Qu’est-ce qu’onaurait dit s’il y avait euunscore de 90%, a protesté l’ancien lieutenant deBertrand Delanoë, on aurait dit, c’est un parti[nord] coréenouà la soviétique!»

Les vingt-neufrebelles socialistes, qui ontvoténonou se sont abstenusà l’Assemblée surle traité budgétaire européen, ont fait un sort àl’image d’un parti godillot. Même si BernardCazeneuve,ministredéléguéauxaffaireseuro-péennes, leur a rappeléque, surun sujet essen-tiel, il fallait «jouer collectif» et «fairemasse».

Le PS n’est pas un parti godillot. Mais deuxfacteurs nourrissent le syndrome: les condi-tionsdel’électiondeM.Désiretlafaiblessemili-tante. La contestation qui avait entouré l’élec-tion deMmeAubry, en novembre2008 à l’issue

du calamiteux congrès de Reims, avait amoin-drisonautoritéetsalégitimitésurunparticou-péendeux.M.DésirvaprendrelesmanettesduPS avecundéficit de légitimité.

Premier secrétaire par défaut ou par acci-dent, il aété imposécommepremiersignatairede la motion majoritaire par M.Hollande, quil’a encore adoubé le 19 octobre depuis Bruxel-les, contre l’avis de la maire de Lille et du pre-mier ministre. Et les ministres qui se sontemployés à être ses parrains – la «bande desquatre» composée par Manuel Valls, PierreMoscovici,VincentPeillonetStéphaneLeFoll –semblent le voir comme unmaillon faible quileur laissera les coudées franches dans le parti.

Un an après la primaire qui avait vu plus de3millions de sympathisants de gauche choisir

le candidat socialiste, le PS souffre d’une vraiefaiblesse militante. A la fin 2011, il comptait174022membres,alorsqu’aumomentdelapri-maire de 2006, réservée aux seuls militants,ces derniers étaient 280000. Certes depuisReims, les fichiers ont été «nettoyés», et48000 adhérents inactifs ont été rayés. Maiscette chute est préoccupante, alors que700000 électeurs de la primaire de 2011avaient laissé leur nom pour être associés à lacampagnedu candidat.

L’élection de M.Hollande n’a pas suscité d’élanmilitant.LePSn’estpasattractif.Lapartici-pationauxvotespour le congrèsdeToulouse aété faible – 50,9% pour les motions, moins de47% pour l’élection de M.Désir – alors qu’en1997, quand M.Hollande avait battu Jean-LucMélenchonpourlepostedepremiersecrétaire,elle avait été exceptionnelle (73,84%).

Se référant àPierreMendèsFrance, décédé le18octobre 1982, M.Désir a assigné au PS le«devoir de dire la vérité aux Français, de leurredonner espoir». «Les militants socialistesseront les premiers militantsdu changement»,a-t-ilaffirmé,envoulantconjuguer«unetotalesolidaritéaveclegouvernementet lapleineliber-té dans le débat et les propositions».

Le fondateur de SOS-Racisme est plein debonnevolonté, et il a affichésa«déterminationtotale à poursuivre la rénovation». Dans sonentretien auMonde (du 17octobre), il souligneque lePS«doitêtre réinventé. LePS estune forcedesoutienaugouvernement,maisdoitêtreaus-si une force autonome». En bon jospiniste, ilveut revenir au vote direct des militants pourélire le premier secrétaire – avec plusieurs can-didats – instauré par Lionel Jospin en 1995.

Maispourpoursuivre la rénovationengagéeparMmeAubryet conjurer le syndromedupartigodillot, il lui manque au départ deux atouts:laforcemilitanteet lapleinelégitimitéquidon-ne l’autorité. M.Désir arrivera peut-être àgagner son pari, mais son mandat s’ouvre surune longuemarche seméed’embûches.p

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L e lourd silencedeCécileDuflot,de JoséBové, deDanielCohn-Bendit,deNico-

lasHulot etde tantd’autres som-mités, ledésintérêtdesmédias, lapassivitéd’EuropeEcologie-LesVerts, le «courage fuyons»desélusPS informésdes enjeuxécolo-giques, l’apathiede lagrandemajo-ritédesassociationsenvironne-mentales, le désir simanifestedetout ce jolimondede tourner lapagen’y font rien: cequi s’estdéroulécette semaineet sepour-suit ces jours-ci autourdeNotre-Dame-des-Landes (Loire-Atlanti-que) estvital, crucial, essentiel.

Si ceuxpourqui lesmots«criseécologique»veulentdirequelquechoseperdaient cettebataille, sicet aéroport se faisait, lemouve-mentécologiqueen serait aussiaffaibli qu’il l’avait été, en 1977,parlesévénementsdeCreys-Malville.

Ons’étonnequenesoitpascom-prise l’importancedecebrasdefer.Maispeut-être faut-il, denou-veau, enexpliquer les enjeux. Ils’agit, donc, d’unprojetd’aéroportquioccuperaitprèsde 2000hecta-resde terresaunorddeNantes.Vieuxd’unequarantained’an-nées, il a ressurgiaudébutdesannées2000. La résistance tenace,nonviolente,assise surdesexperti-ses solides,depaysans,d’élus,d’écologistes,de citadins,d’habi-tantsanciensetnouveaux,a retar-dé leprojet. Elle apermisdevoirquesecristallisent ici toutes lesproblématiquesqui forment lecomplexeécologiquedecedébutduXXIesiècle.Cen’estpasTri-

fouilly-les-Oies, c’estunecausenationale.

Alorsque leProgrammedesNationsuniespour l’environne-mentvientd’annoncerque leszoneshumides, essentiellesà labiodiversitéet à la régulationdesécosystèmes,ontperdudans lemonde lamoitiéde leur superficiedepuisunsiècle, on s’apprêteenFranceàdétruireunsitedont98%des terres sontdes zoneshumides.Alorsque, semaineaprès semaine,les climatologuespublientdesétu-desmontrant la gravitéduchange-mentclimatique,ons’apprêteenFranceà construireunaéroport

qui stimulera le trafic aérien,importantémetteurdegaz àeffetde serre.Alorsque l’artificialisa-tiondes sols et ladisparitiondespaysanssontofficiellementdéplo-rées, on lesplanifie ici, ce qui lesjustifieraailleurs.Alorsque lepou-voirducapital et lespartenariatspublic-privésontpartoutdénon-cés, ondonne les clésduprojet à lamultinationaleVinci.

Il y adesmomentsoù il fautsavoirdirenon. Il est tempsquesefassententendreces«non».p

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Réveillez-vous !NicolasBaverezFayard,180p., 11,90¤

AnalyseParMichel NoblecourtEditorialiste

Ecologie | chroniqueparHervéKempf

Unecausenationale

Ledéclinfrançais

Deuxfacteursnourrissentlesyndrome:lesconditionsdel’électiond’HarlemDésiret lafaiblessemilitante

décryptagesANALYSES

Lelivredujour

Ons’apprêteàconstruire

unaéroportquistimuleraletrafic

aérien

PS: lesyndromedupartigodillot

Rectificatifs&précisions

¶Historien etéconomiste,

Nicolas Baverezest chroniqueurau Point et au

Monde

Justice La directrice des affai-res criminelles et des grâces(DACG) auministère de la justicese nommeMarie-SuzanneLeQuéau, et nonMarie-Thérèse,

commeécrit par erreur (LeMon-dedu 9octobre).

NucléaireContrairementà cequenous avons écrit dans l’article

«Dans les entraillesdupremiercimetièrenucléaire» (LeMondedu 16octobre), leWIPPemploie1100personnes, dont650àCarls-bad…et nonpas65.

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culture

Q uestion: pourquoi les siègessont-ils numérotés au Saint-Germain-des-Prés, sallepari-

sienne mythique où les cinéastesdelaNouvelleVagueaimaientpar-dessus tout sortir leurs films?

Ce petit détail, on le doit àAlexandra Henochsberg. « J’ytenais beaucoup. Les spectateursaiment se souvenir. Chaque foisque je vois un beau film, jeme rap-pelle toujoursde l’endroitoù j’étaisassise. Cheznous, le travail est arti-sanal»,dit-elle.

Ce « nous », c’est la familleHenochsberg–prononcezHenoks-berg–quia crééunpetit circuit artet essai dans la capitale, avant dedévelopper ses antennes bienau-delà : à Chelles (Seine-et-Mar-ne), à Vichy (Allier), bientôt àBéthune (Pas-de-Calais) avec unmultiplexe de neuf salles enconstruction,sansoublier«unpro-jet de rachat» en Ile-de-Francetenu top secret…

Ce n’est pas une tribu, avecneveux et cousines, juste un trio:il y a le père, Jean Henochsberg,75 ans, et deux de ses quatreenfants, Alexandra, 43 ans, etDavid, 33 ans. Les Henochsbergsont moins visibles que les Kar-mitz, avec leurs salles parisiennesfrappées de la marque MK2, etbienmoins puissants que les Sey-doux,propriétaires des Pathé.

Qui sait, en effet, que derrièreleur nom se cachent trois sallesparisiennes historiques acquisespar le pater familia : le Saint-Ger-main-des-Présen 1980,puis leBal-zac aux abords des Champs-Ely-sées, en 1981, du moins 50% desparts, l’autre moitié restant auxmainsd’uneautre familleduciné-ma, les Schpoliansky ; enfin laPagode, depuis 2000, qui trônedans le calme et chic 7earrondisse-ment. Deux autres fleurons, tropcoûteux,ontétérevendus,LeRaci-neetLesTroisLuxembourg.Lepar-cours des Henochsberg reflètel’histoire récente et complexe ducinémad’artetessaidanslacapita-le, entre rayonnement et grandefragilité.

La preuve? Mercredi 24octo-bre, lepère, le fils et la fille inaugu-

rerontun complexede sept salles,l’Etoile-Lilas, situé comme sonnom l’indique porte des Lilas, àcheval sur la capitale et la prochebanlieue nord-est, dans ces quar-tiers mixtes où cohabitent desclasses populaires et des bobos.

Vuepanoramiquedepuis la ter-rasse, Paris et sa périphérie. Pro-grammation arc-en-ciel, qui ratis-se large, du film d’auteur pointuau blockbuster tiroir-caisse, dequalité, bien sûr. Pas questiond’ouvrir une usine, mais il fautque ça tourne…

Dotéde 1500 fauteuils, financégrâce à Cap Cinémas, le nouveauvaisseau vise les 400000entréespar an. «Nous développer, c’est laseule façon de sauver nos trois sal-les historiques», expliquent enchœur le frèreet la sœur. Lui :«Onadeuxanspourdonneruneidenti-té à ce lieu, avant l’arrivée des dix-huit salles de l’UGC, dans la ZACClaude-Bernard. Ça va être dur…»L’Etoile-Lilas est le dernier grandprojet imaginé par JeanHenochs-

berg, avec son fils David. Alexan-dra assurera la programmationavec JeanHernandez, compagnonde route dupère.

Tout commence lorsque JeanHenochsberg rencontre «la bandede l’Olympic»,dunomdeceréseaudesallesparisiennesaniméparFré-déric Mitterrand, à partir desannées 1970. JeanHenochsberg estalors un restaurateur prospère. LeFernand, rue Guisarde, est uneadresse à la mode. Mais ce bonvivant, joueur de cartes jusqu’àpointd’heure,estaussicinéphile. Ilse lie avec Mitterrand, s’associeavec lui au seinde la sociétéGerickFilms. Ensemble, en 1985, ils achè-tent au Festival de CannesPapaesten voyage d’affaires,d’EmirKustu-rica. Sur le chemin du retour, ilsapprennent que le film a la Palmed’Or. Adieu arrière-cuisines, bon-jour les sallesobscures.

Dans le grand loft qui leur sertde lieu de travail, rue de la Fontai-ne-au-Roi, où le prix de l’immobi-lier flambe un peu moinsqu’ailleurs, toute l’histoire fami-liale est là. Ici, les bureauxd’Alexandra Henochsberg. Lajeune femme a créé sa société dedistribution, Ad Vitam, en 1999.L’équipeaeudunez, a sorti ensal-les Le Cauchemar de Darwin(2005), d’Hubert Sauper, LadyChatterley (2006), de PascaleFerran, ou encore Mammuth(2010), de BenoîtDelépine etGus-tave Kervern. Après la distribu-tion, la production : Ad Vitamvient de signer pour le premier

longmétrage de Cécile Ducros.David aun autre parcours. Il ne

s’en cache pas : « Je voulais êtrecomédien.» Il n’est pas devenu leLéa Seydoux masculin… mais unentrepreneur, patron d’une cen-trale d’achat dans la restauration.Jusqu’àcequesonpère luideman-de de lui « donner un coup demain». Les cinémas parisiensétaient plombés par l’arrivée descartes illimitées, déplumés parl’appétit desmultiplexes pour les« films d’auteur grand public».Davids’est investidans l’exploita-tion. A corps perdu, comme sonpèreensontemps.C’est lui, letren-tenaire qui est désormais lepatrondugrouperebaptiséEtoile-Cinémas.

Enfin, voici le bureau de JeanHenochsberg. Vide. «Papa» n’estpas en voyage d’affaires. Il ne tra-vaille plus vraiment, mais passede temps à autre, de préférence lematin.Alexandra regarde son frè-re : «Tu es le businessman, beau-coup plus que moi. » Lui : «Tu astravaillé beaucoup plus avecpapa.» Le frère et la sœur se res-semblent, bien que nés de mèresdifférentes. Mêmes traits fins,même cheveux bruns, mêmetenue classique, jean et chemise àrayures. Pas unpoil de branchitu-de. Elle s’interroge, à voix haute:«Pourquoi sommes-nous tantaccrochés à nos salles parisiennes,qui ne nous rapportent rien? Par-ce que c’est l’histoiredu cinéma.Etpar attachement familial.»

Au début des années 2000, leSaint-Germain-des-Prés som-brait. Décision fut prise d’en faire«un bijou», au prix de travauxcolossaux. Mais rien à faire, lacourbe ne s’inverse toujours pas.«Nous louons la salle, pour desavant-premières, on décroche lesfilms, on s’arrache les cheveux»,résume Alexandra Henochsberg.Léo, le fidèle collaborateur, passela tête. « Dans les années1995-2000, on pouvait encorevivre des monosalles art et essai.Aujourd’hui,ellessontstructurelle-ment déficitaires.»

Pour avoir le récit de la grandeépoque, il fautattendre l’entretientéléphonique avec Jean Henochs-berg, un peu souffrant. Une voixétonnamment jeune raconte: «AParis, il n’y avait pas de concurren-ce entre les salles. L’économie étaittendue, mais nous nous faisionsplaisir. On a eu à peu près tous lesbons films.»

Les Rivette, Rohmer, Godard,ont défilé. Des génies, parfoisinsupportables… «Au Saint-Ger-main, Godard était venu m’en-gueuler parce que certaines cou-leurs du film n’étaient pas bon-nes !» Jean Henochsberg éclate derire. Se réjouit d’avoir des enfants«assez intrépides». Compte lesjoursavantl’inaugurationducom-plexe de la porte des Lilas. «Celaconcrétise une longue histoire, queje lègueàmes enfants.» p

Clarisse Fabre

Pasquestiond’ouvriruneusine,mais il faut

queçatourne.Lenouveauvaisseauvise400000entrées

paran

LadynastieHenochsberg, lecinémaenfamilleIls fontrevivre lessallesd’artetd’essaide lacapitaleet inaugurentunnouveaucomplexeportedesLilas

Lesindépendantsredessinentlacartedessallesparisiennes

Spectacle

M iss Knife a lancé son pre-mier couteau ce 18octo-bre et nous l’a fiché en

plein cœur. C’est en effet au Théâ-tre de l’Athénée qu’Olivier Py aentamé un tour de chant quidevrait occuper jusqu’à la fin del’année puis de mars à mai2013l’ancien directeur de l’Odéon,avantsaprisedefonctionsauFesti-val d’Avignonà l’automne2013.

Miss Knife est sortie tout arméede la cuisse d’Olivier Py en 1992 :ellen’étaitalorsque laLanceusedecouteauxdesapièceLaNuitaucir-que, créée au Théâtre du Peuple àBussang. Amphitryon revisité

mêlaitauxdieuxdel’Olympeceuxde la foire. Olivier Py est devenuMiss Knife sans abandonner pourautant la Femme-Serpent, laClownesse, le Squelette decotillon… comme en témoigne letexte de ses chansons aussi tristeset radieuses, parodiques et senti-mentalesquelibresetdésespérées.

Compagne d’infortuneEn1996,cracheurdefeupromé-

théen, Py a introduitMiss Knife etsa Parade dans le sacro-saint Festi-val d’Avignon. Avant d’en faire sacompagnedefortuneoud’infortu-ne selon que tournaient les vents.C’estdonctoutnaturellementavecellequ’il a fait sesadieuxsur lascè-

nedel’Odéonle12mars.Jolierevan-che qu’un directeur d’institutionquittant son job en chanteuse tra-vestie, perruque blonde, bouclesd’oreilles et robe à paillettes,mon-trant son cul en parlant de sesamants «des toilettes de la gare del’Est»…

Aujourd’hui, Miss Knife n’estpaspacifiée.Ellechantesadésespé-ranceavecl’humourtragiqueetsal-vateur consubstantiel du fait devivre.Seschansonsréalistesdisentla vie brève, l’espérance violente,les amours délétères, les enfantsperdus, les artistes perdants.Empruntent à Baudelaire, Rim-baud,Verlaine,au jeuneMallarmé,etsurtoutàNervallesuicidé(ElDes-

dichado). Les belles musiques –romances, tangos, javas – de Sté-phane Leach et Jean-Yves Rivaud,les musiciens de jazz qui l’accom-pagnent sont comme le décor delampes vives imaginé par Pierre-AndréWeitz avec ses grandes géla-tinescoloréesquitombentcommedes couperets.

Puisssance incantatoireLa voix d’Olivier Py est chaude

et prenante – travaillée avec lemême professeur de chant que lebaryton Laurent Naouri –, jamaiscaricaturale.Ellenasilleparfoisenouvrant les voyelles, prend desaccentuations tragiques à la gran-de Barbara, évoque l’émouvant

vibratoet lapuissance incantatoi-redeLéoFerré.OlivierPyenscènen’a que les stigmates irrévéren-cieux d’une chanteuse de music-hall. Cet homme qui se vêt debijoux et de plumes (parce que«quand vous avez perdu beau-coupdansvoscombats, il resteunesolution: lesmettresur ses fesses»)nemasque rien de samasculinitépileuse, fût-elle inscrite dans unstring de strass rouge.

Il n’est jamais plus beau que latête nue, cils charbonnés et lèvrespeintes, abandonné à lamusique,le corps presque brutal sanglédans un fourreau ouvert sur desjambes gainées de rougeméphis-tophélique. Histoire de dire sans

doute que l’ange déçu a toujoursle diable au corps. p

Marie-AudeRoux

Miss Knife chante Olivier Py. Avec Oli-vier Py (textes et chant), Jean-YvesRivaud (musique), Stéphane Leach (pia-no, musiques), Julien Jolly (batterie), Oli-vier Bernard (saxophones, flûte), Sébas-tien Maire (contrebasse), Pierre-AndréWeitz (costumes), Bertrand Killy (lumiè-res). Théâtre de l’Athénée, Paris9e. Du18 au 27octobre. Tél. : 01-53-05-19-19.De 7 €à 32 €. Tournée à Bruxelles (du 14au 17novembre), Marseille (27novem-bre), Vienne (28novembre), Sartrouville(4décembre), Mulhouse (11décembre),Orléans (14décembre), Bordeaux(19décembre), Toulon (21décembre).

SouslaperruqueblondedeMissKnife,cettefinelamed’OlivierPyAuThéâtrede l’Athénée, l’anciendirecteurde l’Odéonretrouveavecmalice sondouble travestipouruntourdechant jubilatoire

Alexandra et DavidHenochsberg : ils ont hérité la passion du cinéma de leur père. SYLVAIN GRIPOIX POUR «LE MONDE»

IL YACESONZESALLESqui ontfermédepuis 2010, à Paris, le plussouventdesmono-écrans. Il y al’exploitationart et essai qui résis-te, 38 salles au total dans la capita-le, avec quelques renouvelle-ments réussis (LeNouveauLatina,La Clef, leDenfert…). Et, toujours,les complexes etmultiplexesquiouvrentou se transforment.

La géographieparisiennedessalles se développe,note la VilledeParis, dansundocument intitu-lé «Ladynamiquede l’exploita-tion cinématographiqueparisien-ne à l’horizon2015», rédigé à l’oc-casionde l’inaugurationde l’Etoi-

le-Cinéma,porte des Lilas,mercre-di 24octobre. Car cette actualitésigne le retour d’un indépendant:il n’y avait pas eu àParis d’ouver-turede salle par des indépendantsdepuis la repriseduCinémadescinéastes, par l’ARP en 1996. Il yenaura prochainementundeuxième, auprintemps2013,avec l’arrivéedu Louxor-PalaisduCinéma.«Si tous les projets voientle jour, Paris disposera en 2015 de88 établissements et 431 écrans,contre89 établissements et369écrans en 2000», recense lerapport.

Aux côtés des quartiers tradi-

tionnellementprésents sur la car-te des cinéphiles (quartier Latin,Champs-Elysées,Montparnas-se…), se développent quatre nou-veauxpôles : Gambetta-portedesLilas, place d’Italie-Bibliothèque,Passy-Grenelle-Conventionet Cli-chy-Barbès-Montmartre.

Des films plus pointusLa place deMK2grossit, avec

notammentun projet à la Villet-te. Le 9novembre, le groupeouvre une salle auGrand Palais,avecuneprogrammation leweek-end axée sur le patrimoine (Cha-plin, Disney…). Bientôt, leMK2

Bibliothèqueouvrira quelquessalles proches de la Bibliothèquenationale de France: y seront pro-jetés des filmsplus pointus, pourdélester lemultiplexe et « laisserplus de temps aux films»,précisele patron, Nathanaël Karmitz. «Ilne faut pas confondre lesMK2, seslibrairies etmagasins de DVD,avec n’importe quel autre usine àpop-corn,dit-il.Quandun specta-teur va voirHarry Potter dansunMK2, il se cultive. S’il le voitailleurs, il va voir unblockbuster.»Pourquoi? Sans doute unnou-veaumystère de Paris. p

Cl.F.

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JeanTinguelyGalerie ValloisOnpourrait resterdesheuresàregarder cespetites formes s’affo-lerdoucement: une impulsiondupied sur le boutonau sol suffit, etvoilà que les toiles de JeanTin-guely s’animent. Leur charmesecd’abstractiongéométriquese faitalorsvalse féerique. La galerieVal-lois, qui commenceà travailler surl’héritagedugrandplasticiensuis-se, inaugure ce travail demémoireavecunvéritable coupd’éclat.Issusdesmeilleures collectionsetparfois jamaismontrés aupublicdepuis l’expositionhistoriquedela galeristeDeniseRené en 1955,neufMéta-reliefsemportent le visi-teurdans leurdanse toutemini-male: sur fondnoir, des cercles,boucles, spirales et autres carrésouvragésviennentopposer leursformesblanches, détachéesdequelquescentimètresde la toile etentraînéesparun invisiblemoteur; idemsur fondblanc, oùse jouentalors denoires ombreschinoises.C’est la Fontaine Stra-vinsky,aupieddeBeaubourg, enversiondomestique, desbijouxdignesde collectionsmuséales.

Mêmefigées, cesneuf peinturessculptées semblent frémir. Ellessont ici accompagnéesdedeuxsculpturesde la sériedesMéta-matics, dont l’allureplus rudeetbricoléevient souligner encoreunpeuplus l’infinie élégancede cet accrochage.Unenchan-tement… pEmmanuelle LequeuxJean Tinguely, «Meta-reliefs, méta-matics, 1955-1961», 36, rue de Seine,Paris 6e. Tél. : 01-46-34-61-07. Du lundiau samedi de 10h30 à 13heures et de14heures à 19heures. Jusqu’au17novembre. Galerie-vallois.com

EmmanuelLagarrigueGalerie SultanaD’abord, se laisser emporterpar leminimalismedes formes. Arpen-ter ce paysagedepoutres de bois,sculptéesdemultiples encocheslaissées à leurs énigmes. Croireque ce sont elles qui finalementportent lesmurs, ouqu’au contrai-re elles sont prêtes à vaciller dansleur équilibreprécaire. Puis semettre au rythmede la lumière:dans l’entrée et au fondde la gale-

rie, elle vacille elle aussi, tantôtvive, tantôt discrète. Commesi, làencore, elle voulait nous envoyerdes signaux. Puis entrer, enfin, aucœurdumonded’EmmanuelLagarrigue, égalementprésentéauxTuileries dans le parcours dela FIAC. Et lire les quatrains qui luiont servi dematrice. Ils ont étéécrits parHélèneBessette, figureoubliéedans l’ombre deDuras.«Un concert de lamentations/Cen’est que cela/Un si vieux concert./Asssssssez». Poursuivant saconversationavec les lettres, deBeckett à Jauffret, l’artiste a sculp-té enmorse cesmots sur les pou-tres. Avec la sciure, il a construitdes briques, forcément fragiles.Parti d’un travail sur le langage, sasonorité et ses inconscientes réso-nances, le plasticienquadragénai-re se sert aujourd’huidu silencedesmots comme fondation. Ilnous rappelle ainsi que leur pléni-tuden’est en fait qu’un entrechien et loup… pE.Le.Emmanuel Lagarrigue, «Le crépusculedumatin. (Dans ce jour qui est pres-que nuit)», 12, rue des Arquebusiers,Paris3e. Du mardi au samedi de 11heu-res à 19heures. Jusqu’au 20décembre.Galeriesultana.com

Arts

Londres

R aconter 5000ans de l’art dubronze paraissait missionimpossible: «Bronze», à la

Royal Academy de Londres, y par-vient de manière saisissante. Lesœuvres sont confrontées par gen-res, figures en pied, portraits, fem-mes, hommes, animaux, objetsdécoratifs, de culte… Peu importela taille, l’origine, la date: le dialo-gue s’engageavecune rarevitalité.

Onesttransportédansletemps,sous toutes les latitudes et conti-nents, par la beauté et la qualitédespiècesqui s’affrontent. Il enestainsi du roi SeuthesIII qui a régnéau IVe siècle avant J.-C. Ses yeuxclairs, en albâtre et pâte de verre,sont si vifsquesonregardde tyranfait frémir. Son portrait de bronzea été exhumé, en 2004, près d’untumulusdeBulgarie centrale, l’an-cienne Thrace. «Presque inconnue,jamais exposée, c’est, pour moi, laplus importantepièce vueau coursdema carrière. On dirait qu’il nousparle », s’enthousiasme DavidEkserdjian, le commissaire.

Son contraire, la dame d’Ife–capitale spirituelle des Yoruba,au Nigeria –, le visage incisé delignes parallèles, comme scarifié,est d’une extrême douceur, et sonregard plein de compassion. Com-me l’indique son double rang deperles monté en diadème, ce por-trait anonyme dit «Tête couron-née», du XVesiècle, est celui d’unpersonnagede sang royal.

LepartiprisdeDavidEkserdjianest avant tout esthétique. « J’aiessayé de réunir lemeilleur de tou-

tes les civilisations. J’avais en têteune liste de cent pièces, je rêvais,depuis longtemps, d’organiser unetelle exposition. Quand on les voitensemble, il y a une étrange paren-té», souligne le professeur d’uni-versité, spécialistede laRenaissan-ce italienne,ancienresponsabledela sculpture européenne pour lamaisondeventesChristie’s.

Lecommissaireaarpenté lapla-nète pour convaincre conserva-teurs et collectionneurs de lui prê-

ter les pièces repérées. Obtenir leprêt de la Chimère d’Arezzo, joyaudel’artétrusque,duMuséearchéo-logique national de Florence, étaitune gageure: «Je suis allé à Floren-ce, avec le projet et les illustrations.J’ai entendu un “ Bon, je suisconvaincue”. J’ai failli m’évanouirde joie. » Les cent cinquanteœuvres rassemblées sont parfoisle fruit de découvertes récentes.Comme le gracieux Satyre dan-sant, sauvé des eaux, en 1998: un

pêcheur draguant dans le détroitdeSicile l’a remontédansses filets.Ou comme cemagnifique portraitd’un jeune soldat bouclé, coifféd’un casque phrygien, du IIesiècle,trouvé dans un champ, en Angle-terre, enmai2010.

Les petits sujets dament le pionaux grandes figures. Si le triogéant du Saint Jean-Baptistepriant (1506-15011), qu’on dit pro-venirdel’atelierdeLéonarddeVin-ci, impressionne, c’est la grâce desgroupesde laRenaissanceque l’on

retient. Les Putti au tambourin deDonatello, le Guerrier nu de Leon-hard Magt, Nessus et Deianira, deJean de Boulogne, et la Nympheendormie par un satyre d’AntonioSusini l’emportent, la sensualité àfleur de peau. Comme la puissan-ce nerveuse du Chasseur portantuneantilope (Nigeria), de lamêmeépoque.

Les objets de culte les plusanciens intriguent: «Rare témoi-gnage d’unmonde dont on ne saitpresque rien», note le commissai-re, tel ce Chariot au disque solairedanois du XIVe siècle av. J.-C. Ouencorecesmenusaccessoires,scep-tre,couronne,chandelier…de3500av. J.-C. venus du désert de Judée;et ce surprenant équipage, du VIIe

av. J.C., trouvé près de Graz (Autri-che),quiconvoieunedivinitéfémi-ninedeboutportantl’urnefunérai-re, entouréede soldats en armes.

En point d’orgue, la joyeusefable de David Ekserdjian met enscène Spider4, l’araignée de deuxmètresd’enverguredeLouiseBour-geois (1996), prête à bondir sur sesproies, alignées en contrebas, leBabouin à l’enfant de Picasso(1951), le Dindon de Jean de Boulo-gne (1567), la Mante religieuse deGermaine Richier (1946), oul’oiseaudeBrancusi (1911)…

Une formidable découverte etune constatation : durant5000ans, la technique du bronzea traversé les civilisations avec unmême souci de perfection pourdonner à l’œuvre son gage d’éter-nité. p

Florence Evin

Bronze. Royal Academy of Arts (RA),Burlington House, Piccadilly, Londres,jusqu’au 9décembre. Tous les jours de10heures à 18heures, le vendredi jus-qu’à 22heures. De 5¤ à 20¤.Catalogue : 300pages, 49¤, éd. RA.Royalacademy.org.uk

Galeries

culture

Lepartiprisducommissaire,DavidEkserdjian,estavant

toutesthétique

Londresretourneàl’âgedubronzeLaRoyalAcademyconfrontedesépoquesetdes lieuxdifférents,unisparunmêmematériau

EditionSélectionduprix FeminaLe juryduprix Femina, qui seradécerné le 5novembre, a conservédans sa dernière sélection cinqromans français et quatre étran-gers, ainsi que cinq essais. Le pre-mier roman, très remarqué, deJuliaDeck,Viviane ElisabethFau-ville (Minuit), figurenotammentdans cette ultime liste aux côtésdes livres de JérômeFerrari, Le Ser-mon sur la chute deRome (ActesSud) et dePatrickDeville, Peste etcholéra (Seuil), retenus cetteannéepar les jurés deplusieursprix, dont leGoncourt.Un autre«primo-romancier», l’ex-minis-tre de l’agricultureBruno LeMai-re, reste aussi dans la course duFeminaavecMusiqueabsolue.Une répétitionavecCarlos Kleiber(Gallimard).– (AFP.)

ArtsKatinkaBock reçoit lePrix de la Fondation RicardNée en 1976, l’artiste allemande,pensionnairede la VillaMedicis, areçu, vendredi 19octobre, le 14e

prixdécernépar la FondationRicardà un jeune artiste. Lesautres candidats étaientMathieuKleyebeAbonnenc, Bertille Bak,DavidDrouard, LouiseHervé&ChloéMaillet et Emilie Pitoiset.

«Satyre dansant», Grèce. SCALA/FLORENCE 2012

«Le crépuscule dumatin».EMMANUEL LAGARRIGUE/SULTANA

«Bleu-Blanc-Noir », de JeanTinguely. AURÉLIENMOLE/GALERIEGP&N.

VALLOIS

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&vous

LES RETOURSDU DIMANCHEAgnès Chauveau et Nicolas Truong

En partenariat avec

franceculture.fr

Peut-on refonder la pensée politique ?A l'occasion des 10 ans de la collectionLa République des idées aux éditions du Seuil

18h10 - 19h/dimanche 21 octobre

Unephoto extraite de la série «Les Sommeils» de Jean-Louis Tornato. JEAN-LOUIS TORNATO

LafamilleauxcinqNobelLieu d’histoire, le Musée Curie, à Paris,vientde rouvrir sesportes, aprèsdeuxansdetravaux.Hommageà lamémoiredeMarieSklodowska-Curie,née àVarsovie,«person-nalitéuniverselledevenuepersonnagedelégende», selonClaudeHuriet, présidentdel’InstitutCurie.Dans cet espace restreintde150m2, unnouveauparcoursest proposéautourdubureauetdu laboratoirede cetteimminentephysicienneet chimiste.MarieCurie fut la seule femmeà recevoir deuxprix

Nobel, celuidephysiqueen1903, avec sonmariPierreCurie etHenriBecquerel,pour leurs travauxsur les radia-tions, et celuide chimieen 1911, pour ses travauxsur lepoloniumet le radium.Elle fut aussi la première femmeprofesseurà la facultédes sciencesde la Sorbonne, et première femmeàentrer auPanthéon.C’est aussi l’histoire de la radioactivité artificielle, découverte par la fille deMarie Curie, Irène, et sonmari Frédéric Joliot, qui est contée. Ce lieu fait revivre le destin exceptionnel de la « famille aux cinq prixNobel», son engagement au service de la science et dans la lutte contre le cancer.pPascale Santi(PHOTOS: CHRISTOPHE HARGOUES/INSTITUT CURIE)

Musée Curie, 1, rue Pierre-et-Marie-Curie, Paris 5e. Ouvert du mercredi au samedi de 13heures à 17heures. Entrée gratuite.Mariecurie.science.gouv.fr

A llons-nous cesser d’êtremasochistes au lit ? Appa-remment, nous y tra-

vaillons.Surles4millionsdemate-las vendus chaque année, la lar-geur 140cm est toujours la starincontestée de nos nuits (65% desmatelas achetés en France). Maisune révolution silencieuse est enmarche: en 2012, plus de 610000matelas de largeur 160 devraient

s’écouler, «trois fois plus qu’il y acinq ans», note Gérard Delautre,directeur général de l’Associationpour la literie.

Tendance similaire chez Ikeaquinedonnetoutefoispasdechif-fres précis. «Depuis dix-huitmois,nous enregistrons une fortedemande pour des lits plus lar-ges», reconnaît Muriel Rolland,porte-parole de l’enseigne où lesventes de cadres de lit taille 140baissent au profit des 160. Dans lemême temps, le matelas simpleest de plus en plus remplacé parun double. Conséquence : pourtrouver de la place, les urbainsabandonnent les tables de chevet«etveulentdes têtesde litavecran-gements intégrés», ajouteMmeRolland.

Cette recherche de confort n’arien de vain. Nous passons enmoyenne vingt-quatre ans à dor-mir, «ce qui représente, pour lescouples, lapluslonguepériodepas-sée ensemble», note le professeurDamien Léger de l’Hôtel-Dieu àParis. Ce spécialiste du sommeilreconnaît voir « très régulière-

mentdespersonnesquiontdumalà dormir à deux, mais qui n’osentpas l’avouer». LeMondea lancéunappel à témoignages.Desdizainesd’internautes, hommes et fem-mes, jeunes et moins jeunes, ontrépondu à la question: «Dormir àdeux, la galère?»

Il est vrai que nous nous lan-çons, depuis quelques décennies,un défi de taille : non seulementnousvoulons conjuguer amour etcouple (une nouveauté de moinsd’un siècle), mais nous cherchonstoujoursàdormirensemble.Cefai-sant, nous perpétuons une tradi-tion instituée par l’Eglise catholi-que qui «a sacralisé la conjugalitéet le lit pour lutter contre le paga-nisme et maîtriser la société et sareproduction», précise l’ethnolo-

gue parisien Pascal Dibie, auteurd’Ethnologie de la chambre à cou-cher (Métaillé, 2000).

N’en déplaise à l’Eglise, dormirà deux est un acte récent pournotre espèce, et qui n’a rien denaturel. Jugez plutôt : nous fai-sons en moyenne quarante mou-vements chaque nuit, «mais celapeut facilement aller jusqu’àsoixante», précise M.Léger. Noussommes, comme de nombreuxmammifères (singes, cochons,chiens, chats), des ronfleurs (unhomme sur trois, une femme sursix). Et pour pimenter le tout, lesgénérations ne cessent de grandiret de grossir (en trenteans, plus2cm et 2kg pour les femmes, plus5cm et 5kg pour les hommes). Cechangement morphologique

accentue le ronflement…etquatreFrançais sur dix déclarent souffrirde troubles du sommeil, selonl’Institut national du sommeil etde la vigilance.

Les Français ne détiennent passeulement le record mondial deconsommation d’anxiolytiques,ils utilisent, avec leurs voisinsespagnols, les lits àdeuxplaces lesplus étroits du monde occidental(135centimètres de large en Espa-gne, 170 en Italie). Pour rappel, les140centimètresfrançaisreprésen-tent deux carrures et quelquesd’unhommebien charpenté.

Or, l’impact de la dimensiondulit sur la qualité de notre sommeilest flagrant. En janvier2012, dixcouples bardés de capteurs ontdormi successivement dans des

lits de 140puis de 160centimètressous la direction du professeurLéger.Les résultatssontbluffants:les «cobayes» ont augmenté de15% leur temps de sommeil pro-fond (152minutescontre 132). Leurnombre de réveils nocturnes abaissé d’un quart (vingt-trois foiscontre trente). Et, une fois la nuitau large passée, les couples esti-ment avoir amélioré «de près de50% leur sensationde confort».

Pourautant, ladimensiondulitn’explique pas tout. «Hommes etfemmesne vivent pasdu tout de lamêmefaçonlanuitàdeux», expli-quent John Dittami, chercheur auservice de biologie des comporte-ments de l’Institut de zoologie deVienne (Autriche), et son compar-se Gerhard Klösch, de l’Institut derecherchesurlerêveetlaconscien-cedel’universitémédicaledeVien-ne. «Les femmes ont un sommeilplus reposant sans leurpartenaire,alors que les hommes ont un som-meil plus doux quand ils dormentavec leur compagne», expliquentles auteurs de Ein Bett für zwei(«un lit pour deux», Herbig Ver-lag, 2008, non traduit).

Pourquoicettedifférence?Dor-mir à deux à l’écart du groupe estun comportement social récent àl’échelle de l’évolution, et cela nes’est pas encore répercuté surnotre activité psychique. Il fautdonc chercher ces explicationsdansdeshabitudesancestrales. Lafemme, maîtresse du foyer, sem-ble avoir une sensibilité bien plusimportanteauxbruitsetauxmou-vements. Alors que l’homme assi-mile la présencede sa compagneàcelle, sécurisante, dugroupe.

Mais plus ces chercheurs creu-sent,plus lesujet leursparaîtcom-plexe. «Les femmes, par exemple,semblent subir le lit à deux, maisne veulent pas laisser leur place,arguantquecelarassureleurscom-pagnons», notent-ils. «La cultureest le plus grand ennemi du som-

meil, lanceJohnDittami.Danscha-que pays, cette culture nous dictequand et comment il faut dormir.Alorsqu’ondortbienquandonfaitce que l’on veut.» D’une traite, enpetitessiestes,seul,engroupe…Enbons Autrichiens, ces deux cher-cheurs ont choisi, pour leurs cou-ples respectifs, des lits jumeauxavec chacun sa couette: «La gran-de couette commune est un désas-tre.Chacundans le lit veut la tireràlui. C’est une source de tensionénormequenousavonsmesurée.»

Anecdotique, la couette?PascalDibie ne le pense pas. L’utilisationde cet objet, apparu il y aune tren-taine d’années en France, est uneaberrationdueà…Ikea, estime-t-il.«LaFranceappartientauxsociétésdites “bordées” qui vont jusqu’àl’Egypte. Dans ces pays, tradition-nellement dépendants de laculturedu lin, ondorthabillé et surledos,bordéd’undrapetdecouver-tures, dans des chambres non

chauffées.» Une habitude oppo-séeàcelledespaysnordiques.«Dunordde la France à la Scandinavie,la domestication des canardseidersacréédessociétésàcouettes.Les gens dorment nus, lovés enchiendefusildansdescouettesper-sonnelles,même s’ils dorment côteà côte. Et les chambres sont chauf-fées.» Le typique lit à deux en lar-geur140utiliséavecmonocouetteet pyjama est donc un ovni fran-çaisgénérateurdestressdont,esti-meM.Dibie,«onnenousapasven-du lemoded’emploi». p

LaureBelot

«Lelitconjugalest latinetcatholique»

N’endéplaiseàl’Eglise,dormiràdeux

estunehabituderécentepournotreespèce,etquin’arien

denaturel

Avecleursvoisinsespagnols, lesFrançais

utilisentles litsàdeuxplaces lesplusétroitsdumonde

occidental

Sommes-nousvraimentfaitspourdormirensemble?Pouruneviedecoupleépanouieaulit, le confortcompte:unmatelasde160cmvautmieuxque leclassique140, selon lesspécialistesdusommeil

Entretien

Michelle Perrot, historienne, estl’auteurd’Histoire de chambres(Seuil, 2009).Depuis quand dort-on à deux?

Le lit conjugal existe depuislongtemps. LorsqueUlysse rentrede sonpériple, Pénélopevérifieson identité par l’étrange«épreu-vedu lit» : «Lequel a été lenôtre?», dit-elle. L’idéal conjugalexistedans laGrèce antique,maisleshabitudes depolygamie et l’as-treinte au gynécée [appartementdes femmes] font que le lit ne sertpasvraiment à dormir ensemble.Dans la Romeantiquenonplus,l’hommeet la femmene se retrou-ventpas tous les soirs. C’est l’Egli-se catholiquequi va théoriser trèstôt la questiondu lit conjugal.Nous dormirions donc à deuxpar tradition religieuse?

Onpeut le dire. Le lit conjugalest latin et catholique. Les deux

lits côte à côte sontprotestants etanglo-saxons. L’Eglise catholiquefait dumariageun sacrement auXIIIesiècle. Le théologienThomasd’Aquindéclare: «Le couple doitavoir son lit et sa chambre.» L’Egli-semise sur la conjugalitépourmaîtriser la société. François deSales, auXVIIe, bénit le lit conju-gal, «lieud’unamour tout sain,tout sacré, tout divin», célébrant«la jouissanceàpleindrap»plu-tôt qu’«à la dérobée». Mais lesfemmes subissent l’appétitsexueldesmaris. Le lit devient unlieud’affrontement comme l’at-testent les textes de confession.Les confesseurs exhortent leurspénitentes à remplir leur «devoirconjugal», tandis que celles-cidemandentà leurs épouxde «fai-re attention», c’est-à-diredeprati-quer le coït interrompu, considé-répar l’Eglise comme «le péchéd’Onan». Faire chambre àpart estdésapprouvépar le clergé.

En revanche, ceux qui ont lesmoyens dorment seuls…

Le roi en effet dort seul et rendvisite, le cas échéant, à la reineou…à samaîtresse. L’aristocratiesépare les appartementsdumaî-tre et de lamaîtressedemaison.Certains intellectuels aussi pren-nentposition. AuXIVesiècle, lepoèteEustacheDeschampsdécla-re : «Plus aisé coucherun seul quedeux.» Son contemporainMontai-gneajoute: «J’aimeà coucher duret seul, voire sans femme, à la roya-le, unpeubien couvert.»La donne change-t-elle en ville ?AuxXVIIIe et XIXe, le lit pourdeuxsegénéralise enville,maispasuni-quementparmanquedeplace. Lecouple est un socle fondamentalde la bourgeoisie, dont le symboleest le lit. «Le lit est tout lemaria-ge», écrit Balzac. En 1850, le litexposéauBonMarchéest encorelarge.Mais, en 1920, il se rétrécit,comme les appartements.

Pourquoi le choix de deux litspour lesAnglo-Saxons?

Pour lesprotestants, dormirséparéestunchoixamoureux(chacunresteun individudansl’amour),unchoix sociétal (restric-tiondesnaissancesplus facile).C’estaussi unchoixhygiénique.EnFrance, le lit double segénérali-se auXVIIIe enville,mais la salledebainsnevaapparaîtrequedeuxsièclesplus tard!Dormir seul est-il encore tabou?

En2009, laTélévisionsuissem’a interrogéesurun faitdivers:uncoupledepaysansâgésvenaitdedéciderde faire chambreàpartet celaémouvait famille, villageetmêmepays.«Nous séparonsnotresommeildenotredésir», avaient-ils déclaré. L’idéeducoupleest tou-jours construitesur la fusiondescorps, signed’amour.Cela conti-nueàpeser très fortement,quellesquesoientnosenvies. p

Proposrecueillis par L.Be.

210123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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EuropeNobel de la paix justifiéLecteurduMondedepuis…sonpremiernuméro, je tiensàvous féliciterde laprésentationquevousavez faitede l’attributionà l’Unioneuropéen-neduprixNobelde lapaix, etplusparticulièrementde l’analysed’Ar-naudLeparmentier«UnNobelde lapaixpouruneUnionencrise» (LeMondedu15octobre).D’autres journauxont crubonde fairede l’humoursurcet événement–oudeprésenterunevuepartiellede l’histoiredel’Unioneuropéenne.Vousavez judicieusementrappeléd’oùvient cetteunion: de l’initiativehistoriquedeRobert Schumanetde laDéclarationdu9mai 1950, inspiréeetpréparéedansson intégralitépar JeanMonnet,treizeansavant le traitéde l’Elysée (deGaulle-Adenauer).Vousavez rap-pelé la constitutionde laCommunautéeuropéenneducharbonetdel’acier, suiviede l’échecde laCommunautéeuropéennededéfensedevant leParlement français,puisde la signaturedu traitédeRomeetdestraitésultérieurs.Vousnous invitezànepas regarderseulementenarriè-re. L’UEest en crise– économiqueetpolitique.Regardonsdevantnous:oùensera l’Europedanssoixanteans?Merci auMondedenous inciter ày réfléchir, àquelquesmoisdesprochainesélectionseuropéennes…

Jacques-RenéRabier, anciendirecteur de cabinetde JeanMonnet, Bruxelles

SociétéMariage homosexuel, la confusionLemariagehomo, c’est comme le tableau LaBataille de SanRomano(1456), de PaoloUccello. La confusion triomphante. Chacun tire la cou-verture à soi, à l’exceptionde ces petits êtresmuetsnon éligibles: lesenfants. Il y a la rhétoriquehumanistedes émancipateurs: exigeons ledroit pour tous à embrasser l’ensemblede la tradition! Le vœude cha-quemamanet ses implicationsnatalistes. Il y a aussi le fourvoiementdespromoteursdes nouvelles sexualités oudes nouvelles tendresses.Reste l’opportunismedespolitiques dans ces joutes sociétales. Et puis,commetoujours enmargedes grandes batailles, il y a dans l’ombre lespetits qui souffrent en silence. N’endéplaise aux enquêteurspartisansou compatissantsde la très prosélyte causehomo, l’avis des enfantsdoit passerpar undécodage: c’est l’effet Cosette.Un enfantn’avouerajamais qu’il souhaite quitter sonposte,mêmeatypique. Il s’en accom-modeparce que toutes ses intentionnalités sont tournées vers sonfuturd’adulte enfin libre. Par contre, s’il est adopté, il sera inlassable-ment enquête de ses origines. Si, enplus, il est placé chezun couplehomo, il s’enliseradans le sentimentde la fatalité de son incomplétudeface aubonheurbasiquede ses camarades. Les champsde bataille lais-sent toujoursplace à une cohorte de victimes… sans voix.

Jean-Marie Baurens,Montpellier

PresseResponsabilité partagéeBeaucoupde journalistespassent leur temps,quandils reçoiventdes invi-téspolitiquesà la télévisionouà la radio, à tenterde les fairedéborderducadre (etdes compétences)de leurministèreoude leurs fonctions.On lesinterrogesur tout etn’importequoi, à la rechercheduspectaculaire,de lacontradiction,dubonmot. Ensuite, oncrieaudérapage.Cette formedejournalismen’auraitpas eucours il y aquelquesannées, oùondeman-dait aux journalistesd’être responsables,mêmesi onpeutprétendrequelespolitiquesn’ontqu’ànepas leur répondre, cequi estvrai.

Michel Blanc, Paris

Courriels

Samedi20octobreTF1

20.50 Danse avec les stars.Episode 3. Invités : M Pokora, Sofia Essaïdi,Jeanne Mas, Jean-Luc Lahaye, Sabrina...23.15 «Danse avec les stars », la suite.23.55 Les Experts.Série. Trop jeune pour mourir. La Marquedu vampire (S4, 10 et 13/23, 105min)V.

FRANCE2

20.45 Simplement pour un soir.Invités : Michel Sardou ; Anne Roumanoff, LianeFoly, Jenifer, M Pokora, Enrico Macias, Anggun...23.00On n’est pas couché.Invités : Laurent Baffie, Melody Gardot, Luce,Chloé Lambert et Stanislas Merhar, Jean-MarieBigard, Jean-François Copé (185min).

FRANCE3

20.45 Enquêtes réservées.Série. Un témoin de trop. La Mort au compteur(saison 5, 7 et 8/8). Avec Jérôme AngerU.22.20 Adresse inconnue.Série. Quelques jours (saison 2, 4/4).23.20 et 3.30 Soir 3.23.40 Appassionata.Les Victoires du jazz : 10e édition [2/2] (60min).

CANAL+

20.55 Les Hommes libresp

Film Ismaël Ferroukhi. Avec Tahar Rahim,Michael Lonsdale, Mahmud Shalaby (2011)U.22.45 Jour de rugby. Magazine.23.15 Jour de foot. Magazine (45min).

ARTE

20.45 L’Aventure humaine.Le Mystère des momies coptes d’Antinoé.Documentaire (France, 2012).21.40 En Ethiopie, sur les tracesdes premiers chrétiens. Documentaire (2011).22.35 Fashion !Golden Eighties. Anti fashion. [1 et 2/3] (2012).0.30 Tracks. Magazine (50min).

M6

20.50 FBI : duo très spécial.Série. Le Stradivarius. Le Yankee Stadium.Liberté chérie ! (saison 3, 14, 15 et 16/16, inédit) ;La Bouteille de Franklin. La Rançon (saison 1,12 et 13/14). Avec Beau Bridges, Matthew Bomer.0.55Medium.Série (saison 4, 7 et 8/16, 95min)U.

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New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Dimanche 21 octobre21.10.2012

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6 degrés attendus à Reykjavik

En Europe12h TU

Le temps changera peu, avec une nouvelleperturbation qui traversera une bonnemoitié ouest et centrale du pays. Les pluiesseront plus fréquentes et abondantes surle Languedoc-Roussillon et les Cévennes,avec des cumuls qui commenceront às'accumuler depuis plusieurs jours ! Lesaverses orageuses gagneront la Côte d'Azuren soirée ou dans la nuit au plus tard. Leséclaircies et une grande douceurcontinueront de dominer sur la façade est.

Sainte CélineCoeff. demarée

LeverCoucher

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Encore des pluies vers lamoitié ouest

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Solution du n° 12 - 250HorizontalementI. Appréciation. II. Virevolte. Sa.III. Alinéa. Limer. IV.Nana.Scanner.V. Titres. St. SA.VI. Traduit. Aa.VII. René. Erosive.VIII. Azur.Mou. IX.Usera.Semeur.X. Surprotégées.

Verticalement1. Avant-trous. 2. Pilaire. Su.3. Printanier. 4. Renarde. Rp.5. Eve. Eu. Aar. 6. Coassiez. 7. Il.Trust. 8. Atlas. Orée. 9. Teintas.MG. 10.Mn. Aimée. 11.Osées.Voué. 12.Narrateurs.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

1. Vous enmettra plein la vue.2. Rongeur africain. Duchesse etdeux fois reine de France. 3. Solidechemisemilitaire. Romains.4. Petite baie. Comburant. 5.Dansla gamme. Fait suer. 6.Met lebâtiment à niveau. 7. A toujoursquelque chose à vous demander.Assurent l’avancement. 8. Lequatrième fut Terrible. Chargelourdement. 9. Etalée. Dansl’immédiat. 10. Passe parMulhouse et Strasbourg. Avale.11. Plantés pour bien frapper.Rougeoyant dans l’âtre.12. Passeront l’éponge.

I.Quand on est sûr de ne rienavoir oublié. II. Tout à faitconvenable. Bien descendus.III.Des filles toujours belles.Unissent les bras au thorax.IV. Vous fait passer au rouge.Qu’il a fallu apprendre.V. Se lance.Pourra être approuvé. Bord derivière.VI. Refait surface après unpassage en sous-sol.VII. Ensemblemal foutu.Organiser le bon fonctionnement.VIII. Préposition. Pas folle enprincipe. Trois points sur quatre.IX. Instrument de force. Godillequand il est à l’arrière.X. Remettout lemonde à sa place.

météo& jeux écrans

Sudokun˚12-251 Solutiondun˚12-250Dimanche21octobreTF1

20.50 Les Infiltréspp

Film Martin Scorsese. Avec Leonardo DiCaprio,Matt Damon, Jack Nicholson (coprod., 2006)V.23.35 Les Experts : Manhattan.Série (saison 5, 10 et 12/25, 95min)U.

FRANCE2

20.45 L’Etrange Histoirede Benjamin Buttonppp

Film David Fincher. Avec Brad Pitt, CateBlanchett, Julia Ormond (EU, 2008, audio.).23.35 Faites entrer l’accusé.Trois hommes et un magot (AffaireGauvin/Dubois). Magazine (75min)U.

FRANCE3

20.45 Les Enquêtes deMurdoch.Série. La Balle magique. La Malédiction dela reine de Ma’at (saison 5, 2 et 3/13, inédit) ;Crabtree mène l’enquête (saison 2, 9/13).23.10 et 1.35 Soir 3.23.30 Strip-tease. Code et Coran...0.25 Lilly Turnerpp

FilmWilliam A. Wellman. Avec Ruth Chatterton,George Brent (Etats-Unis, 1933, N., 90min).

CANAL+

21.00 Football.Ligue 1 (9e journée). Troyes - Marseille. En direct.22.55 Canal Football Club. Magazine.23.15 L’Equipedudimanche.Magazine.0.05 Le Journal des jeux vidéoW.0.25Homeland. Série. Marine One.Electrochocs (saison 1, 12 et 13/13, 85min)U.

ARTE

20.45 Journée Beatles.Magical Mystery Tour. The Documentary (2012).21.45 The Magical Mystery Tour Film BernardKnowles. Avec les Beatles (GB, 1967, v.o.).22.40 Becoming the Beatles. Documentaire.23.35 The Rutles : All You Need Is Cash. Téléfilm.Eric Idle et Gary Weiss. Avec Eric Idle (1978, v.o.).0.50 Arte Video Night (205min).

M6

20.50 Zone interdite.Crimes, trahisons et ados en danger : enquêtesur une justice au bord de la faillite. MagazineU.22.45 Enquête exclusive.Le Désert de tous les dangers : des Françaisdans le piège du Sahel. Magazine (90min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les joursMots croisés et sudoku.

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

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ExpertCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

Résultats du tirage du vendredi 19 octobre.16, 29, 37, 40, 44, 8e et 10e

Rapports : 5numéros ete e : pas de gagnant ;5 numéros ete : 655 940,10 ¤ ; 5 numéros : 65 594,00¤ ;4numéros ete e : 8 199 ,20¤ ; 4numéros ete : 221,90¤ ;4numéros : 103,70¤ ;3 numéros ete e : 83,70¤ ; 3 numéros ete : 16,90¤ ;3 numéros : 13,00¤ ;2numéros ete e : 27,00¤ ; 2 numéros ete : 9,50¤ ;2numéros : 4,40¤ ; 1 numéro ete e : 14,20¤.

HORS-SÉRIE0123

BATAILLE ÉLECTORALE

TEA PARTYPÈRES FONDATEURS

CONGRÈS

DÉMOCRATESVS RÉPUBLICAINSMITT ROMNEY

L’AMERIQUE

PLAN DE RELANCEDÉCLIN

INDUSTRIE AUTOMOBILE

NOUVELLE DONNE DÉMOGRAPHIQUERÉGULATION DE LA FINANC

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SYSTÈME DE SANTÉ

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LOI ANTI-IMMIGRANTSDREAM ACT

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22 0123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012

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230123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012 carnetdisparitions

J ean Leclerc du Sablon, mort le17octobre à Saint-Lô (Manche) àl’âge de 70 ans, des suites d’une

maladieneurologique,étaitunjour-naliste spécialiste des questionsinternationales et passionné par laChine. Il étaitaussi, rappellentceuxqui l’ont fréquenté, unmonument

degénérosité.Bonvivant,physiqueimposant, personnage solaire auxmanièresparfoisbourrues, il faisaitpreuve d’une rigueur qui suscitaitle respect et l’admiration de sesinterlocuteurs.

Né le 5juin 1942 àMontpellier, ilétait l’aîné d’une fratrie de neufenfants, filles et garçons, mère aufoyer et père cadre dirigeant à laSNCF. La famille s’installe à Parisdans les années 1950. Après unelicencedesociologie,ilentreauCen-tre de formation des journalistes(CFJ) mais travaille déjà la nuit àl’Agence France Presse (AFP). Le CFJluidemandedechoisir: iloptepourl’entréedirectedans lemétier.

Sa maîtrise de l’allemand luivaut d’être affecté à l’international.En Tchécoslovaquie, où le «prin-temps de Prague» bat son plein,l’agence a besoin d’un correspon-dant.Le20août1968,jourdel’irrup-tiondescharssoviétiques,ilestpar-mi les rares journalistes occiden-tauxprésents.Alorsqu’il estencoredébutant – son chef lui envoie partélex des conseils de méthodolo-gie–, sa couverture lui vaut unenotoriétémondiale.

Sa carrière l’entraîne d’un conti-nent à l’autre. Après un an en Boli-vie, il est nommé en 1970 chef dubureaude l’AFPà Pékin, où il prendla relève de Jean Vincent. Figure del’agence, ancien résistant, celui-ciest pour lui unmodèle. LaChinedeMao, où la Révolution culturelleentre dans sa phase finale, est unmonde opaque. En 1971, le jeunejournaliste est le premier à faire lelienentreladisparitiondudauphinde Mao, Lin Biao, et un accidentd’avion en Mongolie où celui-ci,fuyant vers l’URSS, aurait trouvé lamort.Dans le cercledes spécialistesde la Chine, Jean Leclerc du Sablonsetaillerapidementunehauterépu-tation. Sa passion pour ce paysdépasse la sphère politique. Sonlivre La Chine que j’aime (éd. Sun,1979)enestune illustration.

Fin 1972, il est à Hanoï, sous lesbombardements américains, dansles caves de l’Hôtel Métropole, encompagnie de la chanteuse Joan

Baez et du correspondant de l’AFPJean Thoraval, avec qui il recevra leprix George Polk, habituellementréservé à des journalistes améri-cains.L’annéesuivante,ilestcorres-pondant à Washington, en pleineaffaire du Watergate. De retour enFrance en 1974, il quitte l’agence ettravaille d’abord au Quotidien deParis, fondé par Philippe Tesson,puis au Matin de Paris, créé parClaude Perdriel et qu’il quittera en1981 pour L’Express. En 1989, il cou-vre la révolte et la répression de laplaceTiananmen.Pourlui,qui,com-me son ami et confrère du MondeFrancisDeron,avaitcruenunepos-sibleouverturedémocratique, c’estune blessure. Elle l’amènera par lasuiteàcultiverundoutesystémati-que, résumépar le titrede son livreL’Empiredelapoudreauxyeux.Car-nets de Chine 1970-2001 (Flamma-rion, 2002).

AprèsTiananmen, toujoursbaséà Pékin, il travaille simultanémentpour L’Express et Le Figaro. Christi-ne Ockrent, qui a pris en 1994 ladirectionde l’hebdomadaire,opèreune restructuration. «Viré» com-me d’autres, il consacre ses indem-nitésà l’achatd’unchalet,qu’ilbap-tise«Christine». C’est au Figaro, oùil est embauché sur un poste pleinparFranz-OlivierGiesbert,qu’ilpas-se sesdernièresannéesdesalarié.

Desprincipes intangiblesCapable de s’enthousiasmer

pour une couleur, une fleur, unvisage ou un paysage, Jean Leclercdu Sablon incarnait des principesjournalistiques qu’il jugeait intan-gibles: le rapport aux faits, le soucidu détail, l’abord de chaque sujetpar le terrain. «C’était un mar-cheur», relève son jeune frère, Luc,cinéaste.«Il sedémenaitpourobte-nirl’info,maisavecdroiture»,souli-gneune consœur.

Et ilnebadinaitpasavec laques-tion des sources. Une séquence dufilm de RaymondDepardon sur lacréation duMatin de Paris lemon-tre intraitable face à Claude Per-driel, qui juge superflue la men-tion répétée de l’AFP dans un arti-cle. Sa qualité de plume ne leconduisaitniàfaireprévaloirlesty-le sur le fond ni à se départir de salucidité.

Plongé très jeune dans la réalitédelaChinedeMao,ilressentitdure-ment le gouffre entre celle-ci et lesfantasmesd’unepartie de sa géné-rationqui chantait les louangesduGrand Timonier. En exergue deL’Empirede lapoudreauxyeux, cetobservateur insatiable et inclassa-ble avait placé un aphorisme,chinois bien sûr, qui résumait sonapproche: «Il ne faut pas confon-dre la perle avec l’œil du poissonmort».p

LucCédelle

5 juin 1942Naissance àMont-pellier (Hérault)2002Publication de «L’Empirede la poudre aux yeux»17 octobre 2012Mort à Saint-Lô (Manche)

Journaliste

JeanLeclercduSablon

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AU CARNET DU «MONDE»

Décès

Mme Jeanne Canape,son épouse,

Damien, Carina et Eitan,son fils, sa belle-fille et son petit-fils,La famille Guilly,L’ensemble de la famille,Ses amis et ses proches,

ont la profonde douleur de faire partdu décès de

M. Jean-François CANAPE,survenu le 17 octobre 2012, à Paris,à l’âge de soixante-six ans.

La levée de corps aura lieu le mardi23 octobre, à 13 h 30, à l’hôpital Cochin,Paris 14e.

La cérémonie religieuse aura lieuce même jour, à 14 h 30, en l’église Notre-Dame-du-Rosaire, Paris 14e.

L’inhumation aura lieu au cimetièrede Montevrain (Seine-et-Marne).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Mme Claude Cheysson,

Bettine et Sylvain Carlo de Preaulx,Jean-Christian et Jacqueline Cheysson,Christophe Cheysson

et Carole Richert,Thomas et Vanessa Cheysson,Amélie Cheysson

et Jean-Baptiste Mariscal,Carole Cheysson et Laurent Bénard,

Ainsi que ses petits-enfantsEt arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de faire part de la disparitionde

Claude CHEYSSON,commandeur de la Légion d’honneur,

croix de guerre 1939-1945,croix de guerre des TOE,médaille des Évadés,

ancien ministre des Relations extérieures,ancien membre

de la Commission européenne,

survenue le 15 octobre 2012,dans sa quatre-vingt-treizième année.

La cérémonie religieuse sera célébréeen la cathédrale de Saint-Louis-des-Inval ides, le samedi 27 octobre,à 15 heures.

Ni fleurs ni couronnes, mais un donpeut ê t re adressé à l ’associat ionEnfants&Développement.

Cette annonce tient lieu de faire-part.

Maïe DENTRAYGUES,née JAMET,

nous a quittés le 18 octobre 2012.

Patrice,son fils,Isabelle,

sa filleet leurs conjoints,

Martine Jamet,Annemarie Léger-Jamet, Nelly Jamet,

ses sœurs et sa belle-sœur,Philippe Baraduc,

son cousin germain,Jean-Joseph, Pauline, Camille, Florent,

Juliette, Clémence, Perrine, Adrien,ses petits-enfants de sang et de cœur,Coline, Louise, Rosalie, Lucien,

Gaspard, Antoine, Esther,ses arrière-petits-enfants,Ses neveux et nièces

et leurs enfants,Aurore Chabrol,Cécile Maistre

et son fils Gabriel,Tous ses amis,

lui rendront un dernier hommagele mercredi 24 octobre, à 10 h 15, en lachapelle sud du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e.

Ses cendres rejoindront le caveaufamilial de Saint-Symphorien (Gironde).

Mme Christiane Lagarde,son épouseEt toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Alexis LAGARDE,chevalier de la Légion d’honneur,

officier dans l’ordre national du Mérite,commandeur

dans l’ordre des Palmes académiques,professeur de l’université de Poitiers,

survenu le 12 octobre 2012,à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

http://souvenirsalexislagarde.unblog.fr/

Yvonne Navelet,Catherine et Nicolas Brieger,François et Catherine Lamotte

d’Incamps,Anne et Roland Bouzigon,ses enfants,Marc, Raphaëlle, Olivier, Christophe,

Anne-Sophie, Boris, Anne-Charlotte,Samuel, Claire et Jérôme,ses petits-enfants,Et ses nombreux arrière-petits-enfants,

font part, avec tristesse, du décès de

ElisabethLAMOTTE d’INCAMPS,

dans sa cent deuxième année,le 10 octobre 2012.

Les obsèques auront lieu en l’églisede Saint-Michel-sur-Orge (Essonne),le mardi 23 octobre, à 10 heures.

Que ceux qui l’ont aimée pensent à ellece jour là, elle nous a montré qu’elle nousquittait dans la sérénité.

Condoléances sur registre.

Cet avis tient lieu de faire-part.

M. Guy Miniconi,son fils,

Mme Solange Miniconi,sa belle-fille,Sabine Miniconi,

sa petite-fille,Aurélien,

son arrière-petit-fils,

ont la douleur de faire part du décès de

Mme Claire MINICONI,née CURNIER,

institutrice,veuve de Ange-Marie Miniconi(commandant « Jean-Marie »

dans la Résistance),

survenu à Auxerre, le 1er octobre 2012,à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans.

« Il n’y a pas de mort,je peux fermer les yeux

J’aurai mon paradis dans les cœursqui se souviennent. »

M. Genevoix.

« Mais ce sera comme une vieilleécorce abandonnée,

Ce n’est pas triste les vieillesécorces... »

Saint-Exupéry.

Hervé,son fils,Jean-Yves,

son frèreEt toute sa famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Françoise MOUREAU,docteur en médecine,

survenu le 2 octobre 2012,à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

La cérémonie religieuse a eu lieuen l’église Saint-Médard, Paris 5e, le mardi9 octobre.

149, rue Raymond-Losserand,75014 Paris.

Corinne et Pierre,ses enfants,Sa famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Claude PASQUEREAU,survenu à Paris, le 14 septembre 2012,à l’âge de soixante-douze ans.

Les obsèques ont eu lieu dans l’intimitéfamiliale.

Pierre Pasquereau,Consulat de France àMoscou,13, rue Louveau,92438 Chatillon cedex.

Les familles Pradier, Dumora et Sota

ont la tristesse d’annoncer le rappel à Dieude

Bernard PRADIER,homme de Lettres,

survenu le jeudi 17 octobre 2012.

Une messe à été célébrée à Saint-Martin de Biarritz, le samedi 20 octobre,à 10 h 30.

Ni fleurs ni couronnes.

« Salve Regina. »

Anniversaires de décès

PourPatrice COLDREY,

mort le samedi 21 octobre 1995,à l’âge de quarante-deux ans.

« Perdre aussi nous appartient. »Rilke.

Sylvie,Adrien et Pierre Coldrey-Verlhac.

Copenhague.Il y a deux ans, disparaissait

Patrick HAMELIN.Isabelle Durousseau.

Ceux qui l’ont connue et aimée sesouviennent de

Claire ROYERdécédée accidentellement dans Paris,le 22 octobre 2001,dans sa trentième année.

Hommage

Le CNRS rend hommage à la mémoirede

Jean CARIGNAN,décédé le 12 octobre 2012.Jean Carignan, ingénieur de recherche

CNRS, ancien directeur du Serviced’analyse national des roches et minérauxadossé au CRPG à Nancy, directeur-adjoint de l’Unité mixte internationale« Takuvik » co-fondée par le CNRS etl’université Laval à Québec, était ungéochimiste internationalement reconnupour ses travaux sur le comportement desmétaux dans l’environnement.Alain Fuchs,

président du CNRS,Jean-François Stéphan,

directeurde l’Institut national des sciencesde l’univers du CNRSEt toute la communauté scientifique

des sciences de la Terre,adressent leurs plus sincères condoléancesà Caroline, son épouse, ainsi qu’à leursenfants Jules et Olivier.

Conférences

Conférence de Thierry Lentz,directeur de la Fondation Napoléon,« La conspiration du général Malet,

23 octobre 1812, premier ébranlementdu trône de Napoléon ».

le mardi 23 octobre 2012, à 17 heures,aux Archives de Paris,

18, boulevard Sérurier, Paris 19e,métro Porte-des-Lilas.

Dans le cadre des« Conférences René Girard »

Conférence de Timothy Snyder,suivie d’un débat avec Marc Lazar

et Annette Wieviorka,L’Europe entre Hitler et Staline,

jeudi 25 octobre 2012,de 18 heures à 19 h 45,à Sciences-Po, Paris, 7eamphithéâtre Chapsal.www.conf-girard.fr

Cours

Modules « Langue des Affaires »en Arabe, Chinois, Japonais

et Russe.Les samedis 17 et 24 novembre

et le 1er décembre 2012,de 9 h 30 à 13 h 30.• Objectifs et méthode

- Acquisition des termes et dessavoir- faire nécessaires dans uncontexte d’échange international.- Cadre de travail convivial

et personnalisé (5 à 7 stagiaires)- Etude de cas et mise en situation

pour gagner de l’autonomie en languedes affaires.

• Profil des stagiaires- capacité de s’exprimer avec unecertaine aisance à l’oral et l’écrit(le niveau de langue des candidats

sera évalué, sur RV,avant l’inscription).• Organisation et tarif- 12 heures de formation

en 3 demi-journées, de 9 h 30 à 13 h 30,session d’automne :

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Dans les années 1970. AFP

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EclairageVel d’Hiv, Sétif, essais nucléaires:les repentances de l’EtatLa reconnaissancede la responsabilité de la France dans la répressionsanglantede lamanifestationdu 17octobre 1961 est unenouvelle étapesur la voie de la repentancevis-à-vis de périodes sanglantesde l’histoiredupays. Retour sur unepratiquedonc JacquesChirac fut à l’initiative,en juillet1995.www.lemonde.fr/politique

Anepasmanquer sur0123.fr

OpérationpunitivesuruntoitLettreduProche-OrientLaure Stephan

D es ouvriers syrienspassés à tabacdans les rues deBeyrouth? Il y acommeunair de déjà-vu. Seule-

ment, nousne sommespas en 2005, lorsd’épisodesde violences faisant suite à l’as-sassinatde l’ancienpremierministre liba-nais RaficHariri ainsi qu’à presque trenteannéesd’occupationpar l’arméedeDamas, et dont des travailleurs syriens auLibanpaieront le prix. Et ce ne sont pasdes voyous qui s’en sont pris auxouvriers syriens.

Dans lanuit du 7 au8octobre, c’est l’ar-mée libanaise qui a fait unedescentedans le quartier populaire de Jeïtaoui,situédans l’est de Beyrouth.Denom-breux travailleursmigrants viventdanscette zone résidentielle àmajorité chré-tienne, aux allures de village. Ils s’y ser-rent dansdepetits logements, dont ilspartagent le coût. Lesmilitaires yont

interpelléplus de 70 étrangers, denatio-nalité syriennepour la plupart, avantdeles passer à tabac, dans deuxhabitationsduquartier.

Des actes documentés et dénoncés parHumanRightsWatch (HRW). Peu aprèsles faits, l’organisationaméricainededéfense des droits de l’hommea deman-dé qu’une enquête soit ouverte, afin desanctionner lesmembres de l’armée etdes services de renseignement qui ontfrappé etmaltraité les ouvriers.

C’est peude dire que l’armée libanaisen’a pas apprécié, rejetant «toute atteinteportée à l’institutionmilitaire sous cou-vert de défensedes droits des ouvriersétrangers» et expliquant l’opérationparla «multiplicationdes plaintes des habi-tants (…), à cause d’actes attentatoiresauxmœurs publiques, d’agressions répé-tées contre les passants et de cambriola-

ges perpétrés par des ouvriers étrangers».Indiquant avoir procédé à onze arresta-tions, l’armée a, pour justifier les «alter-cations», pointé la «violente résistance»que les ouvriers lui ont opposée. Et pré-senté, aussi, ses excuses auxmigrants«innocents» qui ont été visés par le raid…

Unepositionqui convainc peuHRW.D’après les témoignages queNadimHou-ry, directeur du bureaude Beyrouth, arécoltés, «aucune questionn’a été poséeaux travailleurs sur des affaires demœurs», et les ouvriers ont ouvert la por-te de leurs habitations sans difficulté.

Pour ces derniers, ce sont lesmodali-tés de l’opérationqui posent problème.«Si les forces de sécurité recherchaient unclandestin ouun délinquant, ils n’avaientpas besoin de tabasser des dizaines de per-sonnes.Mais qui nous défendra?», déplo-re, avec un fort accent syrien, Yassine(quiutiliseunpseudonymeetsouhai-tegarderl’anonymat), 28 ans. Il a étéenfermédans unepièce avec une quaran-taine de personnes, avant d’être roué decoups. Son dos en porte encore les stig-mates.

Mohammed,un Syrien de 35 ans quivit au Liban depuis six ans, ne décolèrepas: «Des hommes en uniformeont tapécontre la porte. Ils sont rentrés, je n’avaispas peur, je vis en toute légalité au Liban,je leur ai dit qu’ils pouvaient perquisition-ner autant qu’ils le voulaient. Ilsm’onttraîné vers le toit d’une autre habitation,avant de nous frapper. C’était très vio-lent.»

Ahmad,unEgyptien conduit de forcesur lemême toit, le 7octobre, poursuit:«Jeme suis retrouvéà genoux, lesmainsderrière la nuque, tabassé. Sur le toit, nousétionsune quarantaine, à plat ventre. Onnousamarchédessus. Le plus dur, pourmoi, c’était d’entendre les soldats rigoler,commes’ils s’amusaient. Jeme sens trèsinsulté.» La scène, pourAhmadet lesautresmigrants, dureraprès de quatreheures.«Onnenousapas posé une seulequestion, onne nousa pris nos papiersd’identité qu’à la fin», affirme-t-il.

Comprend-il les raisonsde cetteopéra-tion? «Par rapport aux Egyptiens, non.Mais quant aux Syriens, certains se com-

portent comme s’ils étaient chez eux, ilsont le regardqui traîne sur les femmes.Enfin, ce n’est pas nouveau!», juge-t-il,tout en concédantque le racismeantisy-rien est diffus au Liban.

C’est bien cette boîte de Pandorequ’ont rouverte les incidentsdu 7octo-bre: celle d’unmépris envers les Syriens,toujours latent, parfois tu. «Amoins quetune fasses partie de la haute société : tu

seras alors très courtisé par la bourgeoiselibanaise, car, aujourd’hui, c’est exotiqued’avoirunhôte syrien», semoqueunejeuneSyriennede la classe aisée.

Pour les autres? «Unegifle de temps entemps, cela ne peut pas leur faire demal, àces Syriens!», lanceHoda, une jeune fem-meduquartier, scandaliséequ’uneorga-nisationdedéfense desdroits de l’hom-mecritique l’armée. «Il y a deplus en plusde Syriens au Liban, à cause de la guerredans leur pays. Ils n’ont jamais vuune fillede leur vie. Onn’ose plus rentrer seule chezsoi, tard», poursuitHoda.

A-t-elle eu connaissanced’un incidentrécent?Non, dit-elle.Mais elle s’inquiètede leur appétit sur lemarchédu travail.Avant dedébattre sur l’opportunitéquelesnouveauxarrivants soienthébergésdansdes camps, «pour les surveiller», plai-de l’unede ses amies. «Çane vapas, onn’enapas assez avec les réfugiés palesti-niens?», s’insurgeHoda.

Youssef, un jeune Libanais dont l’ap-partementdonne sur le toit oùont étépassés à tabac les travailleurs syriens, sesent confus: «Ces travailleurs sontde pau-vres gens. Ce n’est pas correct de tabasserdes gens de façon indiscriminée.Mais l’ar-mée sait ce qu’elle fait.»

Cet été, un couvre-feuavait déjà étéimposé à des travailleurs syrienspar lamunicipalitéd’unepetite ville demonta-gne, à l’est deBeyrouth. Sans susciter d’in-dignationnationale. p

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E ncettepériodedenomina-tionspolitiqueset économi-quesoùvalsent les carrières

etbrillent lesCV, voiciunmot légè-rementsurannéqu’il esturgentderedécouvrirdans toutes sesnuan-ces.Certes, le termenedatepasd’hier, on le repèredans les années1890et il est envoguependant laBelleEpoque.Raisondepluspourledépoussiérer.

L’actualitééditoriale s’enchargepuisqueviennentdeparaîtredeuxlivresépatants: l’un, de lapsycha-nalysteCorinneMaier, s’intitulePetitmanuelduparfaitarriviste(Flammarion, 134p., 16¤), etl’autre,d’HenriChâteau,Manuelde l’arriviste (JCGawsewitch, 194p.,12,50¤). Jepréciseencoreunefoisàl’attentiondespisse-vinaigredumilieude l’édition, toujourspromptsàvoussoupçonnerdecopinage,que jeneconnaispasCorinneMaier. Ellen’estmêmepasmapsy.QuantàHenriChâ-teau, il étaitmortdepuis long-temps lorsque jevinsaumonde.

Mortsansdoute, ceM.Château,maisauteurd’unmanuelvivantettrès contemporain(quoiqueéditéd’abordauxéditionsVillerelleen1901).Cesprétendus«papiers trou-vés chezundenosplusnotoirescontemporains»décriventavecuncynismeplaisantcequ’il faut fairepourgravir les échelonssociaux:d’abord«ne chercherqu’à s’éleverau-dessusde ses contemporains»,enêtreobsédé jouretnuit, et sur-tout«ne songerqu’à soi-même».Tout le restenesert à rien.

L’individualismeforcenés’étaleen libertédanscespagesoù l’onapprendàbriller ensociété, àgagnerde l’argent– la clefultime–,à jouerdeson influence, à jouirdesaconsidérationdèsque l’onenaunpeu. Si cet excellentouvrage(légèrementanarchisantquandmême,subversifantibourgeois,voiresituationnisteavant la lettre)

fait référenceàdesarchétypespro-chesdeRastignacouBel-Ami,qu’enest-il aujourd’hui?

Pour le savoir c’est simple: lireCorinneMaier.D’abordparcequ’el-le traduit toutceladans le langagedu jouretqu’elleyajouteun traitcontemporainessentiel à l’arrivis-tedenotre temps: il doit être«fake», hypocrite, toc, antinaturel,fabriqué.Ennovlangued’entrepri-se, cela sedit, noteMmeMaier,«customiser sonmoi»et fairede l’«auto-storytelling».

L’arrivistemoderneestuncom-municantmaîtrisantà fond l’artde la feinte, des impostures,desfaux-semblantsetdesbobards.CorinneMaierconnaîtbien lemondede l’entreprise (rappelez-voussonBonjourparesse, paruen2004chezMichalon), condition

essentiellepour le caricaturerets’enmoquer.Sonportrait de l’arri-viste fait lapartbelle à tous lescôtés faux-cul,dupliceetpipeaudesmanipulateursquinousentou-rent,nousembobinentde jargonmanagérial,politicienoutechnoïde,osent tout, et réussis-sent finalementàgrimperdans lesorganigrammes. Ilmontreaussicommentil faut toujoursparaîtresûrdesoi, tranchant, rapideetdans l’action,mêmesi…

Onlevoit, ce livre, commeceluid’HenriChâteau, faitdubienànousautresquin’arriveronsjamais trèshautmaisque lesgesti-culationsdes arrivistesde toutpoildivertissent. p

L’arrivistemoderneestuncommunicantmaîtrisantàfondl’art

delafeinte,desimpostures,

desfaux-semblants

Justeunmot | chroniqueparDidier Pourquery

Arriviste

Lesmilitaires libanaisontinterpelléàBeyrouthplus

de70étrangers,denationalitésyriennepourlaplupart,avantdelespasseràtabac

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TOUS PAYSANS ?

Alors que les agriculteurs ne représentent plus que 3% de la population active en France,on assiste à une complexification et une diversification des mondes agricoles : campagneà la ville,mini-exploitations, rachat de terres par les Etats…Tout le monde devient paysan.Face au défi alimentaire, aux enjeux démographiques et à la course aux terres cultivables,Le Monde publie ce hors-série consacré aux paysans, avenir de l’humanité.

Un hors-série du123 à découvrir en kiosque

0123hors-série

les

nouveauxpaysans

les agriculteurs,avenir de l’humanité

comment nourrirle monde en 2050

la course aux terrescultivables

pTirage duMondedaté samedi 20octobre 2012 : 361546 exemplaires. 1 2 3

24 0123Dimanche21 - Lundi 22 octobre 2012