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Nouveaux programmes de 2de Objet d’étude : le roman et la nouvelle au XIXème siècle, Réalisme et Naturalisme. Thérèse Raquin, Emile Zola 1867. Édition de référence : GF, n°1377 Cette séquence a été réalisée par Mireille Reynaud et Christèle Dufour pour leurs élèves du lycée René Char, à Avignon. Présentation générale de la séquence Problématique : en quoi ce roman définit-il les bases de l’esthétique naturaliste ? 1) Biographie de l’auteur et mouvement littéraire. 2) Lectures analytiques. Incipit : du début jusqu’à « couturée de cicatrices » Chapitre V : la rencontre des deux héros : du début jusqu’à « Elle souffrait » (pp. 68-70) Chapitre IX : le projet du meurtre de Camille, de « Maintenant, plus calme… un plan d’assassinat. » (pp.72- 73) Chapitre XI : la scène du meurtre, de « Le crépuscule venait… Elle y resta pliée, pâmée, morte. » (pp.110-112) Chapitre XXII : le sentiment de culpabilité des personnages : de « Ses remords… avec brutalité. » (pp.184-185) Chapitre XXXII : la mort des héros « A ce moment là…de regards lourds » 3) Lectures cursives complémentaires. a) Corpus de textes théoriques : Texte 1 : Introduction à la médecine expérimentale, Claude Bernard (1865) Texte 2 : Thérèse Raquin, préface (1868) – voir livre pp. 41-42, du début jusqu’à « puisque je l’ai voulu ainsi. » Texte 3 : La Fortune des Rougon (1871) Préface Texte 4 : Le Roman expérimental (1880) b) Une nouvelle de Zola : « Un mariage d’amour »(1866) (pages 267-271) Page 1

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Nouveaux programmes de 2de

Objet d’étude : le roman et la nouvelle au XIXème siècle, Réalisme et Naturalisme.

Thérèse Raquin, Emile Zola 1867.

Édition de référence : GF, n°1377

Cette séquence a été réalisée par Mireille Reynaud et Christèle Dufour pour leurs élèves du lycée René Char, à Avignon.

Présentation générale de la séquence

Problématique : en quoi ce roman définit-il les bases de l’esthétique naturaliste ?

1) Biographie de l’auteur et mouvement littéraire.

2) Lectures analytiques.

Incipit : du début jusqu’à « couturée de cicatrices »Chapitre V : la rencontre des deux héros : du début jusqu’à « Elle souffrait » (pp. 68-70)Chapitre IX : le projet du meurtre de Camille, de « Maintenant, plus calme…un plan d’assassinat. » (pp.72- 73)Chapitre XI : la scène du meurtre, de « Le crépuscule venait… Elle y resta pliée, pâmée, morte. » (pp.110-112)Chapitre XXII : le sentiment de culpabilité des personnages : de « Ses remords… avec brutalité. » (pp.184-185)Chapitre XXXII : la mort des héros « A ce moment là…de regards lourds »

3) Lectures cursives complémentaires.

a) Corpus de textes théoriques : Texte 1 : Introduction à la médecine expérimentale, Claude Bernard (1865)Texte 2 : Thérèse Raquin, préface (1868) – voir livre pp. 41-42, du début jusqu’à « puisque je l’ai voulu ainsi. »Texte 3 : La Fortune des Rougon (1871) Préface Texte 4 : Le Roman expérimental (1880)

b) Une nouvelle de Zola : « Un mariage d’amour »(1866) (pages 267-271)

c) L’adaptation théâtrale de Thérèse Raquin (extrait) : le dénouement.

4) Connaissances abordées au cours de la séquence.Un mouvement littéraire : le Naturalisme et ses personnages.Le personnage de roman : fiche intitulée « Le personnage de roman » dans le manuel de français, page 252Le thème de la culpabilité dans un vrai faux roman policier.

5) Apprentissages écrits :Fiche recherche CDI : biographie de Zola, mouvement littéraire, le projet des Rougon-Macquart.Apprentissage du commentaire à partir du travail effectué en lecture analytique, et début d’apprentissage de la dissertation.

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6) Étude de l’image.Mise en perspective de l’œuvre avec l’adaptation cinématographique : Thérèse Raquin de Marcel Carné, 1953. Étude de 3 scènes : la rencontre des deux héros, la scène du meurtre et la fin.Site de référence sur Marcel Carné : http://www.marcel-carne.com/les-films-de-marcel-carne/1953-therese-raquin/fiche-technique-synopsis-revue-de-presse/

7) Bibliographie/ sitographie :

a) Le site de la BNF (Bibliothèque Nationale de France)  http://expositions.bnf.fr/zola/zola/expo/salle1/index.htmhttp://expositions.bnf.fr/zola/zola/borne/borne/feuilleter/p008.htm#http://www.assemblee-nationale.fr/histoirehttp://gallica.bnf.fr

b) Manuels : Terres littéraires, seconde, Hatier (313) : fiche naturalismeL’écume des lettres, seconde, Hachette, séquence sur Thérèse Raquin, page 53Français, méthodes et pratiques, seconde et première, Hatier, pages 180 et 181Manuel de la classe : Français, seconde, weblettres, Le Robert : le roman (histoire littéraire), page 281 - le commentaire, page 448 à 459

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Déroulement de la séquence

Séance 1 : séance de découverte, auteur et mouvement littéraire (1h)

Il s’agit d’effectuer une séance d’une heure au CDI dans le but de familiariser les élèves à la recherche documentaire et dans un même temps de les conduire à effectuer des recherches sur l’auteur de Thérèse Raquin et son projet d’écriture.

RECHERCHE DOCUMENTAIRE : THERESE RAQUIN, ZOLA (1867)

Biographie et bibliographie partielle.

Consignes :

a) Commencez par aller sur ce site : http   ://emilezola.free.fr/menu.htm et/ou sur un dictionnaire des noms propres ou encore sur une encyclopédie et remplissez le tableau suivant :

Dates ÉvénementsNaissance de Zola à Paris

18471862-1866

186618671871187218731875187718801883188518861887189018931898

Décès de Zola1908

b) Allez sur le site de la BNF afin de mieux comprendre: http://expositions.bnf.fr/zola/zola/expo/index.htm

► Cliquez sur « Le temps de l’apprentissage » Zola s’intéresse à la peinture. Quels peintres fréquente-t-il ? Examinez l’arbre généalogique des Rougon-Macquart. Que peut-on remarquer ?

►Cliquez sur « le temps de l’analyse » Décrivez la méthode de travail mise en place par Zola pour écrire ses romans ?

►Cliquez sur « le temps de l’utopie » Cherchez le nom du journal dans lequel Zola publie un article concernant l’affaire Dreyfus.

Pensez à chercher qui est le capitaine Alfred Dreyfus !

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Relevez une citation qui indique ‘l’objectif général de son œuvre.

c) Les références scientifiques du Naturalisme.

Remplissez le tableau suivant en vous servant d’un dictionnaire des noms propres :

Noms Dates Nationalité Domaine de recherche

Titre d’ouvrage

Auguste Comte

Charles Darwin

Prosper Lucas

Claude Bernard

Cherchez, maintenant, une définition permettant de comprendre ce qu’est le naturalisme. Pour cela, rendez-vous dans le rayon 800 de la bibliothèque.

d) Thérèse Raquin.Retournez sur le site de la BNF.

► Cliquez sur « Le temps de l’apprentissage » et sur « le temps de l’analyse »

Examinez l’affiche faisant la promotion de Thérèse Raquin au XIXème siècle. Quel rapport l’illustration choisie a-t-elle avec l’intrigue ?

Cherchez une illustration représentant le passage du Pont-Neuf dont parle Zola dans l’incipit de Thérèse Raquin. Décrivez cette illustration. Quel rapport a-t-elle avec l’incipit du roman ?

Séance 2 : lecture analytique de l’incipit du roman (2h)

La séance débute sur la comparaison entre l’illustration représentant le passage du Pont Neuf et l’incipit du roman (fiche CDI).Ensuite, à partir des commentaires des élèves portant sur le texte, il est alors possible de dégager un plan d’analyse et de procéder à l’étude de détail.

Objectifs de la séance : Procéder à une analyse de détail de l’incipit. Saisir l’originalité de cet incipit : combinaison du réalisme et du fantastique. Mise en place d’un plan de lecture analytique.

Méthode d’apprentissage employée pour découvrir la méthode de la lecture analytique   : méthode inductive. On peut terminer ce travail par une approche théorique de la lecture analytique et poser la question suivante : vous venez d’étudier un texte en utilisant une méthode appelée « lecture analytique », qu’est ce que cela signifie ? Comment a-t-on procédé ? Pouvez-vous faire une fiche méthode à partir de ce cours ?

Élargissement possible si les élèves ont étudié/le genre de la nouvelle avant de débuter cette séquence : Lecture cursive   et comparée d’incipit   :

procéder à une lecture comparée de l’incipit d’ « Un mariage d’amour » de Zola (1866) (page 267 de l’édition GF) avec l’incipit de Thérèse Raquin (1867)

Objectifs : Mettre en évidence les objectifs différents de la nouvelle et du roman.

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Méthode de la question sur corpus.Question :

Repérez points communs et différences entre les deux textes ?

Séance 3 : lecture analytique du chapitre V (1h)

a) Questions préparatoires : Relisez les chapitres I & II dans lesquels vous trouverez les portraits de Thérèse et Camille. Qu’est ce

qui oppose ces deux personnages ? En lisant, l’extrait du chapitre V proposé à l’étude, vous préciserez la différence existant entre Camille

et Laurent.

b) Objectifs de la séance : Comparer les portraits des deux personnages masculins. Analyser l’attitude du personnage féminin pour

mieux comprendre ce qu’est un personnage de roman. (voir fiche intitulée « Le personnage de roman » dans le manuel de français, page 252.

Construire une lecture analytique à partir des connaissances méthodologiques acquises lors de la séance 2.

Corpus de citations pour les questions préparatoires   :

Portrait de Camille :Chapitre I, page 50 : « Il était petit, chétif, d’allure languissante ; les cheveux d’un blond blafard, la barbe rare, le visage couvert de taches de rousseur, il ressemblait à un enfant malade et gâté »Chapitre II, page 53 : « …il resta petit et malingre. Ses membres grêles eurent des mouvements lents et fatigués. [...] cette pauvre petite figure pâlie »

Portrait de Thérèse :Chapitre II, page 54 : « Elle était d’une santé de fer…[…] lorsqu’elle levait un bras, lorsqu’elle avançait un pied, on sentait en elle des souplesses félines, des muscles courts et puissants, toute une énergie, toute une passion qui dormaient dans chair assoupie. »

Séance 4 : étude d’un corpus de textes théoriques (1h), lecture cursive

Questions préparatoires :

Texte 1 : Quels sont les termes qui vous paraissent les plus importants ? Certains termes sont répétés plusieurs fois, lesquels ? Quelle doit être la méthode de travail du scientifique d’après Claude Bernard ?Textes 2 & 3 : En quoi ces textes reprennent-ils le vocabulaire scientifique et la démarche proposée par Claude Bernard dans le texte 1 ?Texte 4 : Quelles sont les critiques formulées à l’égard de Thérèse Raquin ? En quoi cette œuvre contient-elle déjà l’objectif scientifique que Zola emploie dans la série des Rougon-Macquart ?

Corpus de textes théoriques :

Texte 1 : Introduction à la médecine expérimentale, Claude Bernard (1865) (extrait)Texte 2 : La Fortune des Rougon (1871) Préface Texte 3 : Le Roman expérimental (1880) (extrait) Texte 4 : Thérèse Raquin, préface (1868), édition GF, pp. 41-42, du début jusqu’à « avant tout. »

Texte 1 : Introduction à la médecine expérimentale, Claude Bernard (1865)

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Claude Bernard (1813-1878) est considéré comme l’un des grands médecins français du XIXème siècle. On lui doit notamment l’invention d’une médecine fondée sur l’expérience comme source de toute connaissance médicale.

Le savant complet est celui qui embrasse à la fois la théorie et la pratique expérimentale. 1° Il constate un fait ; 2° A propos de ce fait, une idée naît dans son esprit ; 3° En vue de cette idée, il raisonne, institue une expérience, en imagine et en réalise les conditions matérielles. 4° De cette expérience résultent de nouveaux phénomènes qu’il faut observer, et ainsi de suite. L’esprit du savant se trouve en quelque sorte toujours placé entre eux observations : l’une qui sert de point de départ au raisonnement, et l’autre qui lui sert de conclusion.[…] L’observateur et l’expérimentateur répondraient donc à des phases différentes de la recherche expérimentale. L’observateur ne raisonne plus, il constate ; l’expérimentateur, au contraire, raisonne et se fonde sur les faits acquis pour en imaginer et en provoquer rationnellement d’autres. Mais […] il semble impossible dans la pratique de les séparer, puisque nous voyons que nécessairement le même investigateur est alternativement observateur et expérimentateur.

Texte 2 : La Fortune des Rougon - 1871 - Préface

Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'êtres, se comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d'œil, profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés les uns aux autres. L'hérédité a ses lois, comme la pesanteur. Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d'un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand j'aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l'œuvre comme acteur d'une époque historique, je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j'analyserai à la fois la somme de volonté de chacun de ses membres et la poussée générale de l'ensemble. Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d'étudier a pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances. Physiologiquement, ils sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d'une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vices. Historiquement, ils partent du peuple, ils s'irradient dans toute la société contemporaine, ils montent à toutes les situations, par cette impulsion essentiellement moderne que reçoivent les basses classes en marche à travers le corps social, et ils racontent ainsi le second empire à l'aide de leurs drames individuels, du guet-apens du coup d'état à la trahison de Sedan. Depuis trois années, je rassemblais les documents de ce grand ouvrage, et le présent volume était même écrit, lorsque la chute des Bonaparte, dont j'avais besoin comme artiste, et que toujours je trouvais fatalement au bout du drame, sans oser l'espérer si prochaine, est venue me donner le dénouement terrible et nécessaire de mon œuvre. Celle-ci est, dès aujourd'hui, complète; elle s'agite dans un cercle fini; elle devient le tableau d'un règne mort, d'une étrange époque de folie et de honte. Cette œuvre, qui formera plusieurs épisodes, est donc, dans ma pensée, l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire. Et le premier épisode : la Fortune des Rougon, doit s'appeler de son titre scientifique : Les Origines.

Texte 3 : Le Roman expérimental (1880)

Dans l'étude d'une famille, d'un groupe d'êtres vivants, je crois que le milieu social a [...] une importance capitale. Un jour, la physiologie nous expliquera sans doute le mécanisme de la pensée et des passions ; nous saurons comment fonctionne la machine individuelle de l'homme, comment il pense, comment il aime, comment il va de la raison à la passion et à la folie ; mais ces phénomènes, ces faits du mécanisme des organes agissant sous l'influence du milieu intérieur, ne se produisent pas au dehors isolément et dans le vide. L'homme n'est pas seul, il vit dans une société, dans un milieu social, et dès lors pour nous, romanciers, ce milieu social modifie sans cesse les phénomènes. Même notre grande étude est là, dans le travail réciproque de la société sur l'individu et de l'individu sur la société. Pour le physiologiste, le milieu extérieur et le milieu intérieur sont purement

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chimiques et physiques, ce qui lui permet d'en trouver les lois aisément. Nous n'en sommes pas à pouvoir prouver que le milieu social n'est, lui aussi, que chimique et physique. Il l'est à coup sûr, ou plutôt il est le produit variable d'un groupe d'êtres vivants, qui, eux, sont absolument soumis aux lois physiques et chimiques qui régissent aussi bien les corps vivants que les corps bruts. Dès lors, nous verrons qu'on peut agir sur le milieu social, en agissant sur les phénomènes dont on se sera rendu maître chez l'homme.

Objectifs   : Découvrir l’importance des textes théoriques sur l’écriture littéraire. Établir une relation entre la culture scientifique contemporaine de Zola et son écriture. Apprendre à comparer des textes pour en tirer un enseignement.

Séance 5 : étude de la langue, révisions sur l’argumentation et le paragraphe argumentatif, les outils de la langue utiles pour le commentaire (2h). Voir documents annexes

Séance 6 : séance sur la méthode du commentaire de texte (1h)

Il s’agit de montrer aux élèves comment il est possible de passer de la lecture analytique à la méthode du commentaire de texte.

Objectifs de la séance : Poser la méthode du commentaire de texte. Faire rédiger un paragraphe argumentatif par les élèves afin qu’il se familiarise avec la méthode. Support  : Lecture analytique du chapitre V. Les élèves choisissent une sous-partie à rédiger.

Séance 7 : lecture analytique du chapitre IX (2h)

a) Questions préparatoires : Repérez les différentes raisons qui poussent Laurent au meurtre. Quels traits de caractère peut-on alors en déduire concernant ce personnage ?

b) Objectifs de la séance : Analyser les préoccupations d’un personnage. Rédiger une introduction et une conclusion de commentaire de texte après l’analyse du texte.

Séance 8 : DS, commentaire en classe du chapitre XI. (1h)

a) Questions préparatoires au devoir en classe :Relisez le chapitre XI, le chapitre du crime. Quels sont les personnages présents ? Quel est celui qui tue ? Comment se comporte le complice ? Que doit-on penser de l’attitude de Camille ?

b) Consigne donnée aux élèves :Vous rédigerez un axe de commentaire : vous choisirez l’une des 2 propositions suivantes :

Une atmosphère inquiétante annonciatrice du crime. Une mise en scène originale de la mort de Camille.

L’axe choisi devra contenir 3 paragraphes argumentatifs.

c) Objectifs : Rédiger 1 axe de commentaire à partir d’un plan fourni dans la consigne. Rédiger en respectant les règles de rédaction fixées en module.

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Séance 9 : Étude transversale, le thème de la culpabilité dans un vrai faux roman policier (2h)Support :

Extrait du chapitre XVII : le sentiment de culpabilité des personnages.

Objectifs : Percevoir la dimension destructrice du crime et de la culpabilité. Considérer la place occupée par la culpabilité comme condamnation du crime commis.

Thérèse Raquin, Émile Zola (1867)

La place occupée par l’enquête policière dans le roman et ses limites.

1. La place occupée par le roman policier.

Chapitres DéroulementEvénements citations

Chapitre IV Apparition du commissaire de police à la retraite  et de son fils

Chapitre V

Chapitre IX

Chapitre X Une conversation instructive :

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XXVII

2. Du roman policier au roman naturaliste.Pourquoi Zola ne fait-il pas en sorte que les criminels soient découverts par la justice ? Quel est son objectif ?

Découverte de la méthode de la dissertation :Peut-on considérer Thérèse Raquin comme un roman policier ?

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Analyse du sujet et construction du plan en classe.

Séance 10 : lecture analytique du Chapitre XXXII (1h)

a) Questions préparatoires : La mort des personnages est théâtralisée. Pourquoi peut-on l’affirmer ? Quelle est la fonction de Madame Raquin ?

b) Objectifs : Mettre en évidence le caractère inéluctable de la mort des personnages comme moyen de punition.  Mettre en évidence le caractère théâtral de cette fin de roman. Mettre en relation le début et la fin du roman : en quoi le début annonce-t-il déjà la dernière page du

roman ? Procéder à une comparaison entre la fin du roman et la fin de la pièce de théâtre écrite par Zola lui-

même.

Extrait tiré de la pièce d’Émile Zola (Source : http://gallica.bnf.fr)

Thérèse Raquin, Émile Zola, IV, 6 (extrait)

LAURENT. — A quoi songes-tu? Mets-toi à table... Attends, je vais te servir à boire. (Il verse de l'eau dans un verre.) THÉRÈSE, à part. — J'aime mieux en finir, tout de suite. (Elle s'approche, le couteau levé, Mais elle voit Laurent verser le poison dans le verre, et elle lui prend le bras.) Que verses-tu donc là, Laurent?LAURENT, voyant à son tour le couteau. Pourquoi levais-tu le bras?... (Un silence.) Lâche le couteau. THÉRÈSE. — Lâche d'abord le poison. (Ils se regardent d'un air terrible; puis ils laissent tomber le couteau et la bouteille.) LAURENT, s'affaissant sur une chaise. — Au même moment, chez tous les deux, la même pensée, l’horrible pensée…. THÉRÈSE, même jeu. — Souviens-toi, Laurent, de quels ardents baisers nous sommes partis. Et nous voilà face à face, avec du poison, avec un couteau !... (Elle jette les yeux sur madame Raquin, et se lève en poussant un cri.) Vois donc, Laurent. LAURENT, se levant, se tournant vers madame Raquin avec épouvante. — Elle était là, à nous regarder mourir. THÉRÈSE. — Mais ne la vois-tu pas remuer les lèvres ! Elle sourit... Ah ! quel terrible sourire ! LAURENT. — Et voilà qu'un frisson l'anime, maintenant. THÉRÈSE. — Elle va parler, je t'assure qu'elle va parler. LAURENT. — Je saurai l'en empêcher. (Il va s'élancer sur madame Raquin, lorsque celle-ci se met lentement debout. Il recule, il passe à droite, en tournant sur lui-même.) MADAME RAQUIN, debout, d'une voix basse et profonde. — Assassin de l'enfant, ose donc frapper la mère ! THÉRÈSE. — Oh ! grâce ! ne nous livrez pas à la justice ! MADAME RAQUIN Vous livrer ! non, non... J'ai eu l'idée de le faire, tout à l'heure, lorsque mes forces me sont revenues. Je commençais à écrire, sur cette table, votre acte d'accusation ; mais je me suis arrêtée, j'ai pensé que la justice humaine serait trop prompte. Et je veux assiste à votre lente expiation, ici, dans cette chambre, où vous m'avez pris tout mon bonheur. THÉRÈSE, sanglotant, se jetant aux pieds de madame Raquin.—Pardonnez-moi... Les larmes m'étouffent... Je suis une misérable... Si vous vouliez lever votre talon, je vous livrerais ma tête, là, sur le carreau, pour que vous l'écrasiez... Pitié, ayez pitié ! MADAME RAQUIN, s'appuyant à la table, haussant peu à peu la voix. — De la pitié I en avez- vous eu pour ce pauvre enfant que j'adorais?... Ne m'en demandez pas pour vous; je n'ai plus de pitié, car vous m'avez arraché le cœur... (Laurent tombe à genoux, à droite.) Non, je ne vous sauverai pas de vous-mêmes. Je laisserai les remords vous heurter l'un contre l'autre comme des bêtes affolées... Non, je ne vous livrerai pas à la justice. Vous êtes à moi, à moi seule, et je vous garde.

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THÉRÈSE. — L'impunité est trop lourde... Nous nous jugeons et nous nous condamnons. (Elle ramasse le flacon d'acide prussique- boit avidement et tombe foudroyée, aux pieds mêmes de madame Raquin. Laurent, qui lui a arraché le flacon, boit à son tour, et va tomber à droite, derrière la table à ouvrage et les chaises.) MADAME RAQUIN, se rasseyant lentement. — Ils sont morts bien vite !

Devoir à la maison : questions possibles sur corpus puisqu’il s’agit de comparer les deux fins : Quels points et communs et différences pouvez-vous noter entre les deux extraits : roman et pièce de

théâtre ? Par quels procédés les pensées muettes des personnages du roman sont-elles transcrites dans la

pièce ? Qu’est ce qui fait l’originalité de la mise en scène par rapport au roman ?

Séance 11 : histoire des arts, étude de l’image (2h)

a) Questions préparatoires :Allez sur le cite suivant : http://www.marcel-carne.com/les-films-de-marcel-carne/1953-therese-raquin/fiche-technique-synopsis-revue-de-presse/: Qui est Marcel Carné ?

b) Objectifs : Présenter la relation entre écriture romanesque et cinéma. Remédiation : le vocabulaire de l’analyse de l’image (collège) Exploiter ce vocabulaire pour proposer une analyse.

Support : Thérèse Raquin, film de Marcel Carné (1953)

Extraits proposés à l’étude   : Extrait n°1 : la scène de première rencontre entre Thérèse et Laurent. Extrait n°2 : la scène du crime. Extrait n°3 : la fin.

Étude de 3 séquences du film de Marcel Carné Thérèse Raquin, 1953, Adaptation du roman d’Emile Zola.

INTRODUCTION Revoir le vocabulaire de l’analyse filmique. Biographie du metteur en scène. Filmographie.

Problématique : En quoi le film de Marcel Carné est-il à la fois fidèle au roman de Zola tout en sachant créer son propre univers et intérêt ?

A. Scène de première rencontre :

I. Le décor/l’époque de l’action.

- A quelle époque se situe l’action ?- A quelle époque fait pourtant référence l’intérieur de la boutique et de l’appartement ?

II. Les relations entre les personnages : Camille, Laurent et Thérèse.

a. La relation entre Camille et Laurent.- Pourquoi peut-on dire que les 2 physiques des comédiens choisis pour incarner les personnages

s’opposent ?

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- Comment sont marqués à l’écran, dans les attitudes et les paroles des personnages, les rapports entre Camille et Laurent ? Ces rapports évoluent-ils entre les deux personnages masculins ? Comment ? Pourquoi ?

b. La relation entre Camille et Thérèse- Quel instant de la séquence met en évidence les sentiments de Camille pour Thérèse ? Qualifiez

ce sentiment. Comment Camille considère-t-il Thérèse ? Quel effet est ainsi recherché ?- Sous quel jour se présente Camille au cours de cette séquence ?

c. La relation entre Thérèse et Laurent ou la scène de première rencontre.- Quelle importance le regard a –t-il dans cette scène ?- Quels sont les cadrages employés pour évoquer les rapports entre Thérèse et Laurent ? Que

pensez-vous de l’utilisation de ces cadrages ? En quoi sont-ils révélateurs des sentiments des personnages ?

III. Des effets d’annonce ?- Pourquoi peut-on dire que la scène annonce la mort de Camille ?

B. Scène du meurtre :

I. Le décor/l’époque de l’action.- Où le meurtre se passe-t-il ? Pourquoi avoir choisi ce lieu ?- A quel moment de la journée se passe l’action ? quel est son intérêt dramatique ?

II. Les circonstances du meurtre.- Dans quel objectif le déplacement de Thérèse et Camille est-il organisé ?- Comment se comporte Camille dans le train et avec Laurent et Thérèse ensuite ?- Quelle différence y-a-t-il entre les deux homicides (roman et scenario) ? qu’en pensez-vous ?

III. L’invention d’un nouveau personnage.- Quel va être, selon vous, le rôle du marin dans la suite de l’histoire ?- Comment le metteur en scène fait-il pour mettre en valeur ce personnage ?

C. La fin du film :

I. Une scène de confrontation.Proposez 3 adjectifs pour qualifier le maître chanteur d’une part et d’autre part les deux héros.

Le maître chanteur Thérèse et Laurent

Comment expliquez-vous les propos tenus par le maître chanteur au moment où il prend l’argent sur la table ?

II. La mort du maître chanteur et le retournement de situation.- Dans quelles circonstances le personnage meurt-il ?- Examinez bien le plan montrant l’entrée de Laurent et du maître chanteur dans la boutique. A

quelle scène ce plan vous fait-il penser ? Pourquoi utiliser deux fois le même plan au cours du film ?

- Quel est l’intérêt du gros plan sur le visage du maître chanteur ? Quel sens a –t-il ?

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- Pourquoi entend-on la sirène policière à la fin ? qu’annonce-t-elle ? quels éléments annonçaient son arrivée ?

- Quelle différence peut-on noter entre le roman et le film ?

CONCLUSION.En quoi peut-on parler d’adaptation réussie ?

Séance 12 : DS, devoir de fin de séquence.

Corpus :Texte A : Zola, Thérèse Raquin, incipit (1ère lecture analytique)Texte B : Zola, L'Assommoir, 1877.

Texte B[Gervaise, blanchisseuse dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, attend au petit matin son amant Auguste Lantier qui, pour la première fois, n'est pas rentré de la nuit. Elle le guette depuis sa fenêtre.]

  L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncœur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants ; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Lentement, d'un bout à l'autre de l'horizon, elle suivait le mur de l'octroi, derrière lequel, la nuit, elle entendait parfois des cris d'assassinés ; et elle fouillait les angles écartés, les coins sombres, noirs d'humidité et d'ordure, avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier, le ventre troué de coups de couteau. Quand elle levait les yeux, au-delà de cette muraille grise et interminable qui entourait la ville d'une bande de désert, elle apercevait une grande lueur, une poussière de soleil, pleine déjà du grondement matinal de Paris. Mais c'était toujours à la barrière Poissonnière qu'elle revenait, le cou tendu, s'étourdissant à voir couler, entre les deux pavillons trapus de l'octroi, le flot ininterrompu d'hommes, de bêtes, de charrettes, qui descendait des hauteurs de Montmartre et de la Chapelle. Il y avait là un piétinement de troupeau, une foule que de brusques arrêts étalaient en mares sur la chaussée, un défilé sans fin d'ouvriers allant au travail, leurs outils sur le dos, leur pain sous le bras ; et la cohue s'engouffrait dans Paris où elle se noyait, continuellement. Lorsque Gervaise, parmi tout ce monde, croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage, au risque de tomber ; puis, elle appuyait plus fortement son mouchoir sur la bouche, comme pour renfoncer sa douleur.

1. octroi : administration et bâtiment où se payait la taxe d'entrée de certaines denrées.

Question sur corpus :Ces deux descriptions mettent-elles en valeur les mêmes aspects de la ville ? Justifiez votre réponse. (3 points)

Commentaire : vous ferez le commentaire de l’extrait de L’Assommoir en respectant le parcours de lecture suivant :

a) Une description naturaliste.b) Gervaise, un personnage angoissé.

Documents annexes : à consulter et à transposer en fonction des textes étudiés

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DOCUMENT 1 : préparation au commentaire

E.A.F : Initiation au commentaire littéraire en classe de 2de

Ce travail a été réalisé par Madame Corinne Jaberg, professeur certifié de Lettres Modernes, avec ses élèves de 2de du Lycée Fabre de Carpentras (84). Il est effectué en début de seconde, et il a pour objectif

d’apprendre progressivement aux élèves à rédiger correctement un paragraphe, puis un axe de lecture d’un commentaire littéraire.

Initiation au commentaire - La rédaction d'un paragraphe

1ère étape : Travail sur le paragraphe de commentaire littéraire

Avec des productions d’élèves réalisées à partir d’une lecture analytique préalable effectuée en classe

Lecture Analytique n°1 (Corto Maltese d’Hugo Pratt)

Rappel des Consignes :

Devoir n°1 : Rédigez un paragraphe de commentaire littéraire que vous choisirez dans la Lecture Analytique n°1 (Corto Maltese d’Hugo Pratt). Bien évidemment, vous ne reprendrez pas ceux qui ont été rédigés, à titre d’entraînement, en classe (ni le 1er § de l’axe I, ni le 2ème § de l’axe II ). Pour construire votre paragraphe, vous appliquerez la méthode travaillée en cours. Appuyez-vous sur les notes que vous avez prises lors de la lecture analytique effectuée en classe, et sur la fiche de vocabulaire de l’analyse littéraire que nous avons élaborée ensemble (voir en annexe).

Document annexe: quelques tournures et expressions pour aider à rédiger le paragraphe de commentaire littéraire sur le texte de Corto Maltese.

LE PARAGRAPHE DE COMMENTAIRE LITTERAIRE.

Rappel des Consignes :

Devoir n°1 : rédigez un paragraphe de commentaire littéraire que vous choisirez dans la Lecture Analytique n°1 (Corto Maltese d’Hugo Pratt).Bien évidemment, vous ne reprendrez pas ceux qui ont été rédigés, à titre d’entraînement, en classe (ni le 1er § de l’axe I, ni le 2ème § de l’axe II )Pour construire votre paragraphe, vous appliquerez la méthode travaillée en cours. Appuyez-vous sur les notes que vous avez prises lors de la lecture analytique effectuée en classe, et sur la fiche de vocabulaire de l’analyse littéraire que nous avons élaborée ensemble (voir en annexe).

Texte d’étude

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La Tempête

La mer des îles Salomon commençait lentement à s'apaiser, les vagues qui la balayaient étaient encore impétueuses mais elles se faisaient déjà plus longues, plus espacées, et peu à peu s'épuisait le tourbillon furieux qui avait torturé toute la nuit les coques du catamaran du capitaine Raspoutine. L'embarcation fidjienne paraissait fragile et pourtant elle était parvenue à chevaucher l'océan en se pliant à sa force destructrice. Sa structure souple et élégante était constituée de robustes troncs d'arbres fixés ensemble au moyen d'un tressage savant de fibres végétales qui lui permettait de supporter les assauts rageurs de la mer. Pendant des heures elle avait plongé sa double étrave dans les lames et en était chaque fois ressortie indemne ; les deux coques étaient restées unies pour se partager les efforts, et les gifles des flots n'avaient pu trouver de cible précise où frapper. Les violentes rafales de vent fouettaient les vagues têtues qui se poursuivaient et elles arrachaient à leurs crêtes des éclaboussures d'écume impalpable qui s'envolaient en sifflant pour se dissoudre et disparaître. L'air était chargé d'humidité et de sel. L'océan avait un parfum intense, mordant, enrichi de toutes les humeurs jaillies de ses profondeurs- Cette senteur pénétrait les narines, dilatait les poumons et les chargeait de son énergie vitale. Des nuages couleur plomb et lourds de pluie s'éloignaient, poussés par un fort vent de nord-ouest. Des cirrus blanchâtres les poursuivaient en tourbillonnant et en dansant comme des lutins, ils s'amoncelaient, s'enroulaient puis disparaissaient, effacés d'un coup de pinceau mécontent. L'esprit du grand Océan avait manifesté sa présence, il était de nouveau possible d'éprouver le respect que le Pacifique inspire à ceux qui ont la chance de naviguer sur ses eaux à la voile. C'était le 1er novembre 1913, jour de la Toussaint, celui que les marins des îles Fidji appelaient Tarowean le jour de surprises ; et une drua - nom que les Fidjiens donnaient à ce type d'embarcation – était un peu une surprise dans ces eaux. Les îles Fidji se trouvaient très loin vers l'est et les hommes d'équipage ne pouvaient être de simples pêcheurs. Leur aspect n'était guère rassurant : ces indigènes de haute taille, robustes, portaient l'uniforme colonial anglais et leur visage arborait les peintures de guerre. Ils se déplaçaient avec élégance et discipline dans ces espaces restreints encombrés de haubans et de toutes sortes d'engins de navigation dispersés dans la confusion des dernières heures. (…) La drua du capitaine Raspoutine avait une forme étrange, presque de caravelle, mais c'était un véritable chef d'œuvre d'art nautique : tout le bordé était cousu ou attaché avec de la fibre de noix de coco qui servait de cordage et de fixation robuste ; elle avait un pont disposé sur une plate-forme à cheval entre les deux coques , sur lequel se trouvaient la cabine du capitaine et celle de l'équipage ; les coques étaient assez étroites et la structure centrale occupait environ le tiers de la longueur totale de l'embarcation qui atteignait presque les vingt mètres. Dans l'ensemble, elle avait une ligne agréable à l’oeil et conçue pour la vitesse. Le capitaine Raspoutine, assis dans un grand fauteuil d'osier, était plongé dans l'une de ses lectures préférées : Le Voyage au bout du monde de Bougainville.

Hugo PRATT, Corto Maltese, ch 2

Étape 1 : 

Voici un paragraphe réalisé par un élève : Repérez les différentes étapes de l’analyse, les exemples et les liens logiques

Dans cet extrait de son roman Corto Maltese, Hugo Pratt décrit l’Océan comme un élément redoutable, qui semble atteint de démence. En effet, l’auteur met en valeur sa violence grâce à des adjectifs hyperboliques : ses «vagues» qui «balaient la mer» sont «impétueuses» (l. 2) et «têtues» (l. 12) ; ligne 8, il est question des «assauts rageurs de la mer», provoqués par de «violentes rafales de vent» (l 12) ; enfin, sa «force» est qualifiée de «destructrice» (l. 6). En outre, de nombreuses personnifications suggèrent la violence avec laquelle l’océan malmène l’embarcation fidgienne : il «avait torturé toute la nuit» le bateau, mais «les flots n’avaient pu trouver de cible précise où frapper». Ces personnifications et cette métaphore donnent l’impression que l’Océan est un être nuisible et cruel,

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mû par une force aveugle et souveraine, ainsi que le laisse entendre la phrase suivante : «L’esprit du grand Océan avait manifesté sa puissance, il était de nouveau possible d’éprouver le respect que le Pacifique inspire à ceux qui ont la chance de naviguer sur ses eaux à la voile» (l. 23). L’Océan est assimilé à un géant de la mythologie ; animé, doué d’une âme et d’une vie qui lui sont propres, il a une présence, semble doté d’une volonté (on pense au dieu Poséïdon, dans l’Odyssée d’Homère) ; d’abord présenté comme démoniaque, il se mue au fur et à mesure qu’il s’apaise en une force majestueuse et impressionnante. Le roman bascule alors dans un registre merveilleux, digne de l’épopée antique.

Étape 2 :

  Voici un autre paragraphe rédigé par un élève  Retrouvez les étapes de son analyse (faites le plan du §)

La description de la drua tient une place importante, aussi bien dans la bande dessinée que dans le texte. Tout d’abord, le dessinateur Hugo Pratt situe l’embarcation fidjienne au centre de la première vignette de la planche de BD ; le bateau dépasse même du bord de la vignette, laquelle occupe la moitié de la page : c’est dire son importance. Le navire, présenté de trois quarts, apparaît en légère contre-plongée sur la crête d’une vague ; cela lui donne du mouvement, du dynamisme. Cette impression est accentuée par le positionnement de la drua, orientée vers le fond de l’image ; voguant vers le grand large, vers un horizon lointain, elle est destinée à éveiller l’imagination du lecteur. En outre, la drua semble intacte, comme si elle n’avait pas subi cette horrible tempête. La mer encore agitée, la présence de vagues montrent l’ampleur de l’orage passé et soulignent le fait que la résistance de la drua est miraculeuse. De la même façon, la description du navire est conséquente dans l’extrait du roman : Hugo Pratt écrivain lui consacre deux paragraphes entiers (le deuxième et l’avant-dernier). La drua y paraît « fragile, et pourtant, elle était parvenue à chevaucher l’océan. » (l 5, 6) ; par ce paradoxe, l’auteur souligne son étonnante capacité de résistance à la tempête : « ressortie indemne » des flots, c’«était un peu une surprise dans ces eaux » (l 28). Sommaire, rustique, (« constituée de robustes troncs d’arbres », l 7), elle n’en est pas moins le fruit d’un travail élaboré, sophistiqué : les troncs sont « fixés ensemble au moyen d’un tressage savant de fibres végétales qui lui permettait de supporter les assauts rageurs de la mer » (l 7, 8) ; « tout le bordé était cousu ou attaché avec de la fibre de noix de coco qui servait de cordage et de fixation robuste  ; elle avait un pont disposé sur une plate-forme à cheval entre les deux coques » (l 36 à 38). Hyperboliquement qualifiée de « chef d’œuvre d’art nautique» (l 36), malgré « sa forme étrange, presque de caravelle » (l 35), l’embarcation fidjienne est de taille imposante : « vingt mètres » de long (l 41) ; elle se caractérise enfin par sa beauté puisqu’elle était « d’une ligne agréable à l’œil » (l 42). Par conséquent, c’est un bateau surprenant, insolite et exotique qui nous est décrit, afin de stimuler notre curiosité : en cela, la drua est digne d’un roman d’aventures !

Étape 3 :

Voici un 3ème paragraphe rédigé par un élève : Repérez et corrigez les erreurs commises.

Dans ce texte, l’auteur présente les Fidjiens comme des héros, et non comme de simples pêcheurs. L’auteur insiste beaucoup sur le physique de ces « indigènes de grande taille, robustes » (l 31). On les différencie grâce à leurs «uniformes coloniaux anglais » et « aux peintures de guerre qu’ils arborent » (l 31, 32). L’auteur veut nous faire comprendre que ces fidjiens sont des personnes inclassables, et qu’il accorde beaucoup d’importance à leur élégance et à leur discipline. Il évoque que la flotte est menée par un capitaine russe qui répond au nom de « Raspoutine », qui est très calme, détendu : des signes qui sont considérés comme héroïques. En réalité, l’auteur cherche à surprendre le lecteur grâce à de nombreuses descriptions qui paraissent illusoires et qui nous plongent dans un univers merveilleux.

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Défauts repérés (donc à proscrire !) :

- - -

Synthèse des différentes observations effectuées

Le paragraphe de Commentaire littéraire comporte :

1. [Une première phrase qui annonce l’idée que l’on va développer, ou l’élément du texte – champ lexical, registre etc. – que l’on va analyser]

2. [Des exemples pris dans le texte, qu’on explique et commente ; les liens logiques servent à structurer les différentes étapes de l’explication ; on peut citer le texte entre guillemets, et on doit intégrer ces citations à ses phrases d’analyse]

a. 1ère série d’exemples (introduite par le lien logique ………...…………) :

b. 2ème série d’exemples (introduite par le lien logique ……….…………) :

c. 3ème exemple (introduit par le lien logique ………………….…………) :

3. [Une phrase de conclusion, qui propose une idée nouvelle, dans le prolongement de l’idée initiale] lien logique introducteur :

Étape 4 :

Corrigez votre propre paragraphe en tenant compte du travail de correction effectué en classe et des annotations sur votre copie.N.B. Ce travail peut être fait en module, en classe entière ou à la maison

Initiation au commentaire - La rédaction d'un axe de lecture

1ère étape : travail d’observation et d’analyse sur un exemple proposé

Texte d’étude: Belle du Seigneur, Albert Cohen (1937), extrait.

Exercice : Voici un axe de commentaire littéraire correspondant à cet extrait.Combien de paragraphes comporte-t-il? Quel est le rôle de chacun d’eux ?

Texte d’étude :

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Adrien Deume est fonctionnaire ; il vient d’être promu à un échelon supérieur dans sa carrière (la section A). La scène se passe vers 1930.

Adrien Deume soupira d’aise, fier d’avoir rangé d’emblée sa voiture entre les deux Cadillac. Il retira la clé du contact, s’assura que les vitres étaient bien relevées, sortit, ferma la porte à clé, tira à plusieurs reprises la poignée pour plus de certitude, considéra sa voiture avec tendresse. Epatante, sa Chrysler, des reprises foudroyantes. Douce mais nerveuse, voilà. Sa grosse canne sous le bras, portant gravement sa malette de fonctionnaire distingué, il s’en fut d’un pas guilleret. Mardi vingt-neuf mai, aujourd’hui. Dans trois jours, le premier juin, membre A à vingt - deux mille cinq cent cinquante balles - or comme début, avec augmentations annuelles jusqu’au plafond de vingt – six mille ! Pas à dédaigner, hein ?

Arrivé dans le grand hall, il se dirigea d’un air indifférent vers le tableau des mouvements du personnel, s’assura que personne ne l’observait, et, comme tous les jours précédents, se reput des mots merveilleux qui proclamaient sa promotion. Ebloui et transpercé, mystique devant une présence sacrée, il resta plusieurs minutes à les contempler, à les comprendre à fond, à s’en pénétrer, les fixant jusqu’au vertige. Oui, c’était lui, c’était bien lui, ce Deume - là, ce membre de section A, avec effet dès le premier juin. Dans trois jours, membre A ! Est - ce possible ? Eh oui, la promesse était là, devant lui, auguste, officielle !

- Trésor, dit-il à son visage dans la glace de l’ascenseur qui le conduisait à ses travaux.

Belle du Seigneur, Albert Cohen (1937).

Exercice : voici un axe de commentaire littéraire correspondant à cet extrait.

Combien de paragraphes comporte-t-il? Quel est le rôle de chacun d’eux ?

Dans cet extrait de Belle du Seigneur, Albert Cohen saisit sur le vif le personnage d’Adrien Deume, dont il brosse le portrait.

Tout d’abord, le narrateur nous présente le personnage vu en mouvement, comme le montrent différents verbes : « il retira la clé du contact », (l. 2), « il sortit, ferma la porte à clé, tira la poignée » (l. 2 et 3). Le narrateur précise aussi que le personnage « portant sa mallette, s’en fut d’un pas guilleret », (l.5-6) et que « arrivé dans le grand hall, il se dirigea vers le tableau des mouvements du personnel » (l. 9). Ces verbes racontent l’arrivée du personnage à son bureau un matin : on a donc un texte essentiellement narratif, qui, en nous montrant un personnage en train d’agir, nous en fait un portrait indirect.

Ainsi, le texte rend compte des perceptions du personnage, qui examine avec intérêt son auto avant de s’admirer dans le miroir du hall. Les verbes de perception visuelle sont omniprésents : Adrien Deume « s’assura que les vitres étaient bien relevées », (l. 2), « considéra sa voiture avec tendresse », (l. 2), puis, une fois entré dans le bâtiment, il « s’assura que personne ne l’observait », (l. 10) ; « il resta plusieurs minutes à les contempler […] les fixant jusqu’au vertige (l. 12-13) ; «Trésor, dit-il à son visage dans la glace de l’ascenseur » (l. 16). Le narrateur nous invite donc à voir la scène par le regard que porte le personnage sur ce qui l’entoure (sa voiture, son nom écrit au tableau, son reflet dans le miroir) ; ce procédé de focalisation interne nous permet de plonger dans la subjectivité du personnage, dans son intimité, pour découvrir ses pensées.

Les discours rapportés nous donnent en effet des précisions sur l’état d’esprit du protagoniste ; les phrases au style indirect libre rendent la vivacité de ses réactions : «Oui, c’était lui, c’était bien lui, ce Deume - là, ce membre de section A, avec effet dès le premier juin. Dans trois jours, membre A ! Est - ce possible ? Eh oui, la promesse était là, devant lui, auguste, officielle ! » . Des constructions sans verbe, exprimées dans un langage oral, attestent de son plaisir : « Epatante, sa Chrysler, des reprises foudroyantes » ou encore « Douce mais nerveuse, voilà » (l. 4). La modalité exclamative rend sensible son enthousiasme : « Dans trois jours, membre A ! ». Ailleurs, les questions oratoires témoignent de sa fierté et de son étonnement : « Pas à dédaigner, hein ? » (l. 8.) ; « Est-ce possible ? » (l. 14). Des interjections comme « Eh oui » ponctuent ce monologue intérieur et contribuent à sa vivacité.

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L’apostrophe finale, au discours direct (« Trésor ! »), ajoute une note humoristique au portrait. Les propos et pensées du personnage nous révèlent donc ses émotions, sa vitalité, son bonheur.

Tous ces procédés – verbes de mouvement, focalisation interne et discours rapportés - contribuent donc à donner de la vivacité du portrait ; le lecteur, qui a ainsi l’impression de voir et d’entendre Adrien Deume, est tenté de croire à son existence. En même temps, on ne peut s’empêcher de juger ce personnage, qui, à bien des égards, se comporte de façon ridicule.

Synthèse des remarques effectuées

Un axe de lecture dans un commentaire littéraire comporte :

1. Un premier paragraphe (visible à l’alinéa) qui annonce l’idée directrice que l’on va développer dans l’axe ; chaque axe, ou grande partie, développe une seule idée directrice (ou idée –force)

Dans cet axe, l’idée directrice = (réécrivez-la, puis reformulez-la) : ……………………………………………………………………………………………………..……………………………………………………………………………………………………

Remarque : Une idée directrice doit être formulée comme une thèse qu’il faut démontrer ; on la développe pour montrer quelque chose (on part d’un élément du texte à propos duquel on va dire, démontrer quelque chose)

Dans cet axe, quel élément du texte analyse-t-on ? ………………………………………………………………………………………………………….

Quelle idée démontre – t – on, à propos de cet élément ? (= Comment interprète- t- on cet élément ?) …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

2. Deux ou trois paragraphes d’analyse ; chacun d’eux développe un aspect de l’idée – directrice Ici, quel est l’idée (ou argument) développée dans chaque paragraphe d’analyse ?

-1er § : ………………………………………………………………………………………………………..-2ème§ : ………………………………………………………………………………………………………-3ème§ : ………………………………………………………………………………………………………

Par quels liens logiques les  paragraphes d’analyse s’enchaînent-ils ?1er § : ………………………………..………… 2ème § : ………………………..…………………3ème § : …………………………………………..…………

Attention à l’ordre de ces paragraphes : ils doivent obéir à une progression logique : par exemple, le 1er § d’analyse expliquera ce qui paraît le plus évident, et le dernier le moins évident ; on peut aller aussi du moins important au plus important, ou bien encore suivre le fil du texte, si la progression de ce dernier est significative.

3. Un paragraphe de bilan – transition : on dégage les points essentiels mis en lumière dans l’axe,

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(Lien logique introducteur : Donc / Par conséquent / Ainsi donc / En fait / etc.) et on annonce l’idée directrice de l’axe suivant (En outre / Aussi / En même temps / Par ailleurs / etc.)

Quelle est l’idée de bilan qui conclut cet axe ?

Quelle est l’idée – directrice de l’axe suivant ? (= transition)

Initiation au commentaire - La rédaction d'un axe de lecture 2

2ème étape : un 2ème exemple

Texte d’étude: La Peau de chagrin, Honoré de Balzac (1830), extrait.

Exercice : Exemple d'axe rédigé. Combien comporte-t-il de paragraphes ? Quel est le rôle de chacun d’eux ? Texte d’étude

Le jeune héros du roman, Raphaël de Valentin, rencontre dans un mystérieux magasin d'antiquités le propriétaire des lieux. Nous découvrons alors un étrange personnage ...

Figurez-vous un petit vieillard sec et maigre, vêtu d'une robe en velours noir, serrée autour de ses reins par un gros cordon de soie. Sur sa tête, une calotte en velours également noir laissait passer, de chaque côté de la figure, les longues mèches de ses cheveux blancs et s'appliquaient sur le crâne de manière à rigidement encadrer le front. La robe ensevelissait le corps comme dans un vaste linceul, et ne permettait pas de voir d'autre forme humaine qu'un visage étroit et pâle. Sans le bras décharné, qui ressemblait à un bâton sur lequel on aurait posé une étoffe et que le vieillard tenait en l'air pour faire porter sur le jeune homme toute la clarté de la lampe, ce visage aurait paru suspendu dans les airs. Une barbe grise et taillée en pointe cachait le menton de cet être bizarre, et lui donnait l'apparence de ces têtes judaïques qui servent de type aux artistes quand ils veulent représenter Moïse. Les lèvres de cet homme étaient si décolorées, si minces, qu'il fallait une attention particulière pour deviner la ligne tracée par la bouche dans son blanc visage. Son front ridé, ses joues blêmes et creuses, la rigueur implacable de ses petits yeux verts dénués de cils et de sourcils, pouvaient faire croire à l'inconnu que le Peseur d'or de Gérard Dow était sorti de son cadre.

Honoré de Balzac, La Peau de chagrin, 1830.

Commentaire littéraire : exercice

Exemple d'axe rédigé. Combien comporte-t-il de paragraphes ? Quel est le rôle de chacun d’eux ?

Balzac propose un portrait précis et progressif en utilisant principalement un point de vue omniscient et une focalisation externe, pour mettre en évidence l’étrangeté du personnage. Tout d'abord, le petit vieillard est décrit de façon globale, à travers son apparence physique générale : il est caractérisé par sa maigreur et par le vêtement qu'il porte, une sorte de grande robe noire qui 1'« ensevelissait comme un vaste linceul» (1. 4). Puis la description semble suivre le mouvement naturel du regard d'un spectateur anonyme, (Raphaël ou le lecteur), qui découvre le personnage : en effet, après l'ensemble du corps, le narrateur attire notre attention sur le sommet de la tête, surmontée d'une « calotte en velours également noir » (1. 2), et dont le front est « rigidement encadré» par de « longues mèches» de « cheveux blancs» (l .3) Cette vaste robe ne laisse visibles que deux parties du corps : le visage, et « un bras décharné » qui, sortant de la robe, « ressemblait à un bâton sur lequel on aurait posé une étoffe» (1.6). L'effet produit par ce bras est

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d'autant plus saisissant que le vieillard le tient en l'air, pour mieux faire porter la lumière sur le jeune homme présent dans sa boutique : cette posture figée, théâtrale, accuse le contraste entre la pénombre et la couleur sombre des vêtements d'une part, et la pâleur du visage du vieillard d'autre part. Ce bras donne enfin une présence charnelle au vieillard; sans lui, son visage « aurait paru suspendu dans les airs » (1. 7). Cette évocation rapide et « naturelle » du vieillard en quatre plans successifs (silhouette - tête - corps - bras) ne constitue cependant que la première partie du portrait, puisque ce dernier est surtout destiné à mettre en relief le visage du vieil antiquaire. La description détaillée du visage occupe, en effet, toute la seconde partie du texte ; après nous avoir donné un premier aperçu du personnage, le narrateur revient au visage pour attirer notre attention sur l'expression du vieillard. Pour cela, le narrateur décrit le visage en suivant une progression bien précise, de bas en haut, de la périphérie vers le centre (la barbe, les lèvres, le front, les joues, les yeux). Ce visage se caractérise par une géométrie de la ligne droite et des angles : la barbe est « taillée en pointe », les lèvres sont « minces », la bouche «trace» une « ligne» dans le visage, le front est « ridé ». Quant aux yeux, ils se distinguent par leur couleur verte, qui contraste avec le noir des vêtements et la pâleur du visage ; qualifiés de « petits », « dénués de cils et de sourcils », ils sont « d'une rigueur implacable ». Une impression de dureté et d'inhumanité semble en émaner. Les caractéristiques physiques du visage donnent donc des indications sur la personnalité du personnage ; on sait d'ailleurs que Balzac était un adepte des théories physiognomonistes de Lavater, selon lesquelles les traits du visage exprimaient la psychologie de 1'homme. Par conséquent, toute cette description ne vise qu'à aboutir au regard du personnage, que nous sommes amené à considérer dans les yeux. Le portrait de ce dernier est donc mené de façon progressive, du général au particulier, de l'apparence extérieure vers l'intériorité supposée de l'individu, dont la personnalité profonde nous échappe (ce qui le rend encore plus étrange). Balzac s’efforce donc de faire un portrait précis d’un personnage pourtant difficile à cerner, pour lequel il sollicite aussi l’imagination du lecteur.

Synthèse des observations effectuées

Un axe de lecture dans un commentaire littéraire comporte :

1. Un premier paragraphe (visible à l’alinéa) qui annonce l’idée directrice que l’on va développer dans l’axe ; chaque axe, ou grande partie, développe une seule idée directrice (ou idée force)Dans cet axe, l’idée – directrice = (réécrivez-la puis reformulez-la ) : …………………………………………………………………………………………………………………

Remarque : Une idée – directrice doit être formulée comme une thèse qu’il faut démontrer ; on la développe pour montrer quelque chose (on part d’un élément du texte à propos duquel on va dire, démontrer quelque chose )Dans cet axe, quel élément du texte analyse-t-on ?…………………………………………………………………………= [Un portrait extérieur précis] Quelle idée développe-t-on, à propos de cet élément ? (= Comment interprète-t- on cet élément ?) …………………………………………………………………………………………………………………= [Ce portrait extérieur met en valeur l’étrangeté du personnage]

2. Deux ou trois paragraphes d’analyse ; chacun d’eux développe un aspect de l’idée – directrice (pour la structuration du § d’analyse, se reporter à la séance n°1)

Ici, quelle est l’idée (ou argument) développée par chaque paragraphe d’analyse ?

-1er § : ………………………………………………………………………………………………………

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-2ème§ : …………………………………………………………………………………………………........Par quels liens logiques les  paragraphes d’analyse s’enchaînent-ils ?1er § : …………………………………………..………… 2ème § : ………………………..…………………..............

Attention à l’ordre de ces paragraphes : ils doivent obéir à une progression logique : par exemple, le 1er § d’analyse expliquera ce qui paraît le plus évident, et le dernier le moins évident ; on peut aller aussi du moins important au plus important, ou bien encore suivre le fil du texte, si la progression de ce dernier est significative.

3. Un paragraphe de bilan-transition : on dégage les points essentiels mis en lumière dans l’axe, (Lien logique introducteur : Donc / Par conséquent / Ainsi donc / En fait / etc. ) et on annonce l’idée directrice de l’axe suivant (En outre / Aussi / En même temps / Par ailleurs / etc.)Quelle est l’idée de bilan qui conclut cet axe ?

Quelle est l’idée directrice de l’axe suivant ? (= transition)

Initiation au commentaire - La rédaction d'un axe de lecture 33ème étape : un devoir

Consignes : vous ferez le commentaire de l’extrait de V. Hugo, en développant les axes de lecture suivants :

le jeu le suspense et le drame Gavroche, un personnage surhumain

Texte :

Gavroche, le fils des Thénardier, a rejoint les insurgés de la barricade de la rue de la Chanvrerie: il récupère les cartouches sur les corps des soldats tombés sous les balles. Il est visé par les gardes nationaux.

Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés, haletants d'anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme; c'était un étrange gamin fée . On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort; chaque fois que la face camarde du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette. Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre ; Gavroche n'était tombé que pour se redresser : il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'ou était venu le coup, et se mit à chanter : Je suis tombé par terre,

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C'est la faute à Voltaire, Le nez dans le ruisseau, C'est la faute à...

Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler.

Victor HUGO, Les Misérables

Correction  du devoir

Voici des paragraphes présentant quelques défauts : lesquels ? Apportez les corrections nécessaires.

Paragraphe n°1

Pour commencer, Victor Hugo utilise plusieurs figures de style pour montrer que Gavroche défie les soldats. En effet, il compare tout d’abord Gavroche à un moineau (« C’était le moineau becquetant les chasseurs. »), ou à « un étrange gamin fée », à un « feu follet » pour désigner la folle vivacité de l’enfant. Ce sont des expressions métaphoriques. La personnification qu’il utilise nous montre que c’est un enfant intelligent, avec beaucoup d’habileté car il esquive beaucoup de balles : « Les balles couraient après lui, il était plus leste qu’elles. » Ensuite, l’auteur utilise des refrains de chanson pour nous montrer que Gavroche se moque des soldats : « Je suis tombé par terre […] C’est la faute à Voltaire » Pour finir, on voit bien que le jeune garçon prend du plaisir à jouer à ce jeu de cache – cache avec la mort : « Il avait l’air de s’amuser beaucoup. ». Malin, il taquine les soldats : « Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade.» ; il se couchait, puis se redressait, s’effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez. » Par conséquent, c’est un enfant insolent et impertinent.

Défauts repérés   : - - -

Correction proposée   : (réécrivez le paragraphe. A faire sur feuille !)

Paragraphe n°3

Victor Hugo présente Gavroche comme un être surnaturel. Tout d’abord, l’auteur décrit l’enfant comme quelqu’un d’invulnérable « Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l’air de s’amuser beaucoup. » (l26- 27) Ainsi, Gavroche n’est qu’un enfant et pourtant aucune cartouche n’arrive à l’atteindre. En outre, l’écrivain emploie, pour valoriser l’aspect étrange, fantastique et extraordinaire de l’enfant, des métaphores telles que « C’était le moineau becquetant les chasseurs. », (l 26-27), ou « Ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme ; c’était un étrange gamin fée » (l 32 à 34) ; «on eût dit le nain invulnérable de la mêlée (l 34), ou bien «l’enfant feu follet ». Hugo recourt aussi à une comparaison : « pour le gamin toucher la pavé, c’est comme pour le géant toucher la terre ». Cependant, à la fin du texte, le romancier évoque aussi la beauté, la majesté de l’enfant au travers d’un surprenant oxymore : « Cette petite grande âme venait de s’envoler. » (l 46- 47). Malgré la présentation de Gavroche comme un être surnaturel, Hugo souligne aussi la vulnérabilité de l’enfant. Par conséquent, l’auteur ne se contente pas de présenter l’enfant comme un être fantastique ; il évoque aussi la bonté, la générosité et la grandeur de son âme, toute l’innocence qu’il y a chez un enfant.

Défauts repérés   : -

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- -

Correction proposée   : (réécrivez le paragraphe. A faire sur feuille !)

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Document Annexe

N.B. Cette fiche a été réalisée avec les élèves, dans le cadre d’une séance exploitant la lecture analytique effectuée sur l’extrait de Corto Maltese, en vue de la rédaction du paragraphe de commentaire littéraire demandé en devoir. Elle correspond à un travail collectif, elle n’est pas distribuée telle quelle.Elle peut être complétée et enrichie progressivement en fonction des types de textes et des genres littéraires analysés.

LE VOCABULAIRE DE L’ANALYSE LITTERAIRE :

Quelques exemples pour une description

Voici quelques tournures et expressions pour vous aider à rédiger votre paragraphe de commentaire littéraire sur le texte de Corto Maltese.

1. Dans ce texte, le narrateur évoque un cadre grandiose : l’Océan Pacifique.

décrit

présente

montre

= Le narrateur situe la scène dans un cadre grandiose : l’Océan Pacifique.

= Ce texte, présente un cadre grandiose : l’Océan Pacifique.

2. Le narrateur mentionne les couleurs de la mer et du ciel.

évoque

décrit

fait allusion aux couleurs …

fait référence aux couleurs …

3. L’écrivain met en valeur la mélancolie de la mer.

met en évidence

met en relief

met l’accent sur

insiste sur

souligne

4. Le romancier utilise de nombreuses hyperboles pour évoquer la force du combat entre les hommes et l’Océan.

emploie

se sert de nombreuses hyperboles…

recourt à de nombreuses hyperboles…

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5. L’hyperbole « parfum intense, mordant, enrichi de toutes les humeurs de la terre » caractérise les odeurs.

6. Des adjectifs hyperboliques comme « intense », « mordant », « enrichi de toutes les humeurs de la terre » qualifient avec force les odeurs qui émanent de la mer.

7. Les odeurs sont suggérées par (grâce à) des adjectifs (des termes/ un lexique/un vocabulaire …) hyperboliques.

8. L’antithèse qui oppose « fragile » et « force destructrice » montre la supériorité de l’intelligence humaine sur des éléments déchaînés.

= L’antithèse opposant les termes « fragile » et « force destructrice » exprime / manifeste / traduit / souligne / met en évidence la supériorité de l’intelligence humaine sur des éléments déchaînés.

= L’antithèse qui porte sur « fragile » et « force destructrice » atteste de la supériorité de l’intelligence…

= L’antithèse entre « fragile » et « force destructrice » témoigne de la supériorité de l’intelligence…

9. Certains verbes expriment le mouvement, comme «  courir », « poursuivre » ou « galoper ».

traduisent

évoquent

renvoient / font référence au mouvement

= La notion (l’idée) de mouvement est exprimée / traduite par certains verbes comme…

se manifeste à travers les verbes « courir », « poursuivre »…

= Le narrateur recourt au champ lexical du mouvement

Emploie/utilise/ développe le champ lexical du mouvement

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DOCUMENT 2 : initiation à la dissertation

E.A.F : Initiation à la dissertation en classe de 2deCe travail a été réalisé par Madame Corinne Jaberg, professeur certifié de Lettres

Modernes, avec ses élèves de 2de du Lycée Fabre de Carpentras (84). Il est effectué en début de seconde, et il a pour objectif d’apprendre progressivement aux élèves à rédiger correctement un paragraphe, puis une partie de dissertation. Il est mené conjointement

avec l’apprentissage du commentaire littéraire.

I. INITIATION A LA DISSERTATION : Le paragraphe

1ère étape : Analysez la composition des paragraphes suivants ; déterminez :

le rôle de la première phrase ; les différentes étapes du raisonnement ; le traitement des exemples ; le rôle de la dernière phrase

Paragraphe n°1.

Le roman permet de s’évader. En effet, certaines fictions captivent le lecteur, en le plongeant dans un univers totalement différent du sien. Ainsi, dans Le Colonel Chabert, Balzac nous montre le Paris de la Restauration ; les nombreuses descriptions de rues et de quartiers donnent aux lecteurs l’illusion de la réalité : on passe des Invalides à la colonne Vendôme ; nous suivons les parcours des personnages dans Paris : le colonel Chabert réside dans une masure sise rue du Petit-Banquier (ex-rue Vergniaud sous la Révolution de 1789) ; Balzac nous donne à voir cette rue misérable, qui n’est pas pavée, et qui est creusée d’ornières profondes (on sait que cette rue, située près des boulevards, aux confins du Paris de 1818, se trouve aux environs de l’actuelle Porte d’Italie). Puis le romancier nous emmène vers le luxueux faubourg Saint-Germain, rue Saint-Honoré, où se trouve l’hôtel particulier de la comtesse Ferraud, l’épouse du Colonel. Les déplacements des personnages nous font visiter Paris tel que les événements historiques l’ont façonné : on a alors l’impression de voyager dans le temps, de renouer avec l’Histoire. Le roman a donc le pouvoir de nous faire échapper à notre quotidien en stimulant notre capacité à imaginer ; divertissant, il exerce un pouvoir de séduction sur notre esprit.

Bilan des remarques effectuées :

Un paragraphe de dissertation comporte :

1. Une première phrase, introduite par un lien logique qui dépend, bien sûr, de la position du paragraphe dans le plan (Tout d’abord / En premier lieu ; Ensuite / Par ailleurs ; Enfin…) et qui annonce l’idée que l’on va démontrer dans le §.

2. Des exemples pris dans des œuvres littéraires, qui développent et justifient l’idée exposée dans la première phrase. Bien veiller à les expliquer (3 à 5 lignes par exemple).

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Exercice : Énumérez les différents exemples du § ci-dessus :

3. Une phrase de conclusion, introduite par un lien logique comme «Donc», »Ainsi donc », « Par conséquent », « En fait » etc. Cette phrase conclusive exprime une idée nouvelle, à laquelle l’explication des exemples a permis d’aboutir (on ne répète pas l’idée initiale).

organisation (plan) du § ci-dessus : idée initiale : l’évasion; idée finale : le divertissement, le pouvoir de séduction du roman.

Paragraphe n°2. dégagez l’organisation (le plan) de ce §

Balzac n’hésite pas à grossir les traits de ses personnages. Ainsi, la description qu’il fait des petits clercs de l’étude de Maître Derville est féroce. Il nous les montre comme des gamins arriérés, complètement dénués d’intelligence. Ils se caractérisent surtout par leur méchanceté puisqu’ils aiment à se moquer des clients ou des pauvres gens qui viennent les voir. Ils ne s’impliquent pas dans leur travail : l’un envoie des boulettes sur les passants, l’autre écrit ce qu’on lui dicte sans comprendre le sens de ces mots. Balzac les tourne en dérision, ainsi que la profession tout entière. Il montre son mépris envers ces gens qui, au lieu d’aider autrui, ne pensent qu’à lui soutirer de l’argent (« de quelque manière que l’on tordît ce client, il serait impossible d’en extraire un centime »). Il donne une image peu flatteuse de ces clercs, et la liste des qualificatifs dont il les affuble renforce encore l’ironie méchante : lorsque le Colonel frappe à la porte de l’étude, « cinq clercs endentés, aux yeux vifs et railleurs, aux têtes crépues levèrent le nez vers la porte, après avoir tous crié d’une voix de chantre : « Entrez » ». Balzac sait rendre vivants ces personnages. Ses descriptions sont affinées, et la force du trait de chaque personnage nous donne l’impression d’assister à la scène : on voit les personnages, on les entend parler : ils prennent vie dans nos imaginations. A notre tour, nous rions de ces personnages caricaturaux. En même temps, Balzac dépeint de façon si noire la vie de l’étude qu’il en ressort comme une sorte de désespoir.

II. INITIATION A LA DISSERTATION : La rédaction d'un axe (= d’une grande partie).

2ème étape : travail d’observation et d’analyse sur un exemple proposé

Ce devoir est proposé après une étude du roman de Roger Vailland.

Sujet de dissertation : Dans le roman 325 000 francs, le narrateur juge le personnage principal, Bernard Busard, en ces termes: «Il me plaisait tant qu'il voulait gagner le Tour de France; maintenant qu'il fait des bassesses pour devenir boutiquier, il me dégoûte. » Un héros de roman peut-il être médiocre ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur une analyse précise du roman de Roger Vailland.

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Axe de dissertation (rédigé)

Travail de lecture et d’observation

Dans toute la première partie du roman, le personnage principal, doué de rares talents, semble promis à un avenir exceptionnel. Tout d'abord, Bernard Busard est un personnage aux qualités rares. Il a ainsi des atouts physiques non négligeables : il déploie une force musculaire intense pour participer aux courses cyclistes ; il fait preuve aussi d'endurance et d'énergie pour continuer la compétition, malgré sa blessure à la cuisse. Enfin, il est capable de travailler douze heures par jour sur une presse à injecter, surmontant la fatigue physique générée par la monotonie de ce travail répétitif. Ces performances physiques sont en fait le corollaire d'un tempérament courageux, (Busard continue la course malgré sa blessure), honnête et loyal (il n'hésite pas à attendre et à aider l'un de ses coéquipiers victime d'une crevaison). De la même façon, il prêtera de l'argent au fils de son propre patron, léger et irresponsable ! Pour toutes ces raisons, Bernard Busard est un homme à part, qui a l’étoffe d'un héros potentiel. De plus, le goût de l'épreuve qu'il faut vaincre, la recherche de l'exploit, le défi que l'on se jette à soi-même caractérisent le personnage de Busard. Ainsi, malgré ses blessures, il fait preuve d'une volonté extraordinaire pour rester dans le peloton lors de la course cycliste ; la même énergie morale lui donne la capacité de résister à la fatigue du travail inhumain qu'il s'est imposé sur la presse à injecter. Busard aspire à se dépasser lui-même, à se transcender, à repousser toujours plus loin ses propres limites, comme pour se prouver à lui-même sa propre valeur.Enfin, tout comme les héros, il affronte seul ces épreuves : ambitieux, il souhaite devenir champion cycliste pour pouvoir acheter un snack-bar au bord de la Nationale 7, et fuir ainsi l'univers de l'usine ; essayant d'échapper à ce qu'il estime être la médiocrité de la condition ouvrière, il tente de se construire une vie à la hauteur de ses ambitions, et ce malgré les remarques désapprobatrices de son propre père et du militant syndicaliste Chatelard, en dépit également du scepticisme ironique de sa bien-aimée Marie - Jeanne. Il deviendra le centre d'intérêt de toute la population de Bionnas, qui l'estime et l'encourage. Tout comme les héros balzaciens, Bernard Busard entend se forger une identité par lui-même ; il veut s'affirmer en conquérant sa place dans le monde. Bernard Busard compte donc de nombreuses qualités, qui pourraient faire de lui un héros. Mais malheureusement, ses qualités vont s'avérer n'être que le revers de ses défauts.

Un axe de dissertation comporte :

1. Un premier § qui annonce l’idée directrice de l’axe ; cette idée est une thèse que l’on va démontrer tout au long de l’axe. Dans l’axe ci-dessus, quelle est l’idée directrice ?

2. Deux ou trois § argumentatifs ; chacun d’eux illustrent, développent un aspect de l’idée directrice (chaque § compte une idée majeure, développée par des exemples, et aboutissant à une phrase de conclusion.

Donnez l’idée majeure de chacun des 3 § d’analyse ci-dessus

1er

§ ………………………………………………………………………………………………

2ème § …………………………………………………………………………………………………

3ème§ …………………………………………………………………………………………………

Par quel lien logique est-elle introduite (en début de §) ?

2

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………………………………………………….

Quels exemples développent ces idées ? ………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

A quelles idées finales, exprimées en conclusion, aboutit-on ?……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

3. Un § de bilan de l’axe (on récapitule ce qu’il a permis de mettre en évidence) et de transition vers l’axe suivant (on fait allusion à l’idée directrice de l’axe  suivant). Le bilan doit être introduit par un lien logique conclusif (« Donc », « Par conséquent », « Ainsi donc », « En fait » …) et la transition soit par des adverbes qui expriment l’opposition, (« Cependant », « Pourtant », « Toutefois » …), soit par des locutions exprimant l’addition, la simultanéité ou la conséquence (« En outre », « Par ailleurs », « En même temps », « Aussi », « Donc » …)

III. INITIATION A LA DISSERTATION :

Production écrite guidée sous forme de questions permettant de réaliser la synthèse d’une lecture cursive

Texte d’étude: Voyage au bout de la nuit, CELINE, extrait.

Consignes : Vous répondrez à chacune de ces 2 questions par des paragraphes organisés en grandes parties

Question 1. En quoi la première partie du Voyage au bout de la nuit est-elle une violente critique de la guerre ? Question 2 : Quelles sont les caractéristiques de Ferdinand Bardamu, en tant que personnage ? Quels sentiments, quels jugements vous inspire-t-il ? Pourquoi, d’après vous, Céline a-t-il choisi de mettre en scène un tel personnage ? (Analysez notamment son style, le choix du vocabulaire, les registres de langue : pourquoi un tel parti – pris ? Qu’est-ce que cela nous indique, quant au personnage de Bardamu ?)

Question 1. En quoi la première partie du Voyage au bout de la nuit est-elle une violente critique de la guerre ?

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Idée directrice de la question I. : Le Voyage au bout de la nuit = une violente critique de la guerre.

1er § d’analyse : ……………………………………… ……………………………………………………… (donnez une 1ère raison qui développe l’idée directrice) ……………………………………………………….………………………………………………….........

Exemples (pris dans le roman) : a. …………………………………………………………………………. b. ………………………………………………………………………….c. ………………………………………………………………………….

Conclusion du § :……………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………………………

2ème § d’analyse : …………………………………………………………………………………………… (donnez une 2ème raison qui développe l’idée directrice)

…………………………………………………………………………………………………

Exemples (pris dans le roman) : a. ……………………………………………………………………………b. ……………………………………………………………………………..c. ……………………………………………………………………………….

Conclusion du § :…………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………………….

§ de bilan : (4 lignes) ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………....

*****

Question 2 : Quelles sont les caractéristiques de Ferdinand Bardamu, en tant que personnage ? Quels sentiments, quels jugements vous inspire-t-il ? Pourquoi, d’après vous, Céline a-t-il choisi de mettre en scène un tel personnage ? (Analysez notamment son style, le choix du vocabulaire, les registres de langue : pourquoi un tel parti – pris ? Qu’est-ce que cela nous indique, quant au personnage de Bardamu ?)

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Idée directrice de la question 2 : les caractéristiques du personnage de Ferdinand Bardamu.

1er § d’analyse : ……………………………………………………………………………………………… donnez une 1ère caractéristique)……………………………………………………………………………..……………………………………………………………………..............

Exemples (pris dans le roman ) : a. ……………………………………………………………………………b………………………………………………………………………………c ……………………………………………………………………………...

Conclusion du § :……………………………………………………………………………………………….………………………………………………………………………………………………

2ème § d’analyse : ……………………………………………………………………………………………. ( donnez une 2ème caractéristique) ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Exemples (pris dans le roman ) : a……………………………………………………………………………..b……………………………………………………………………………..c……………………………………………………………………………..

Conclusion du § :…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Eventuellement : 3ème § d’analyse : ……………………………………… …………………………………... (donnez une 3ème caractéristique)……………………………………………………………………………..…………………………………………………………………………………………………

Exemples (pris dans le roman ) : a………………………………………………………………………….b……………………………………………………………………………c……………………………………………………………………………

Conclusion du § :…………………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………………

§ de bilan : (6 à 8 lignes) : les sentiments, les jugements que Bardamu vous inspire. Les raisons pour lesquelles Céline a choisi de mettre en scène un tel type de personnage.

…………………………………………………………………………………………………

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……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

B. Correction du devoir à partir de productions d’élèves :

Synthèse d'une lecture cursive: Voyage au bout de la nuit de Louis - Ferdinand CELINE(1932)

Question 1: Voici une production d’élève Quels en sont les défauts ?

Dans la première partie de son roman Voyage au bout de la nuit, Louis - Ferdinand Céline se livre à une virulente critique de la guerre. Tout d'abord, le romancier nous fait part des pensées et idées du personnage. Ferdinand Bardamu utilise en effet des expressions dévalorisantes pour nous montrer ce que fut la vie des soldats pendant la PremièreGuerre Mondiale: « faire la guerre est une grave erreur »; il veut nous faire partager son point de vue; il essaie de nous faire comprendre la folie de la guerre. Ferdinand est lâche mais il découvre que la guerre est un cauchemar. Le romancier recourt à des hyperboles comme “croisade apocalyptique”. Grâce aux pensées et au vécu du personnage, nous devenons témoin de l'histoire ; nous arrivons à comprendre pourquoi il critique la guerre. Par ailleurs, Céline nous montre que Bardamu ne comprend pas pourquoi il se bat, ni en quoi les Allemands lui ont fait du tort. Les moments difficiles passés sur le front et toutes les morts qui surviennent donnent cours à une violente critique; Céline, à travers Ferdinand, décrit au lecteur des scènes de la guerre “On voyait passer dans les flammes les églises, les granges…”.Il veut aussi nous montrer que lorsqu'on est engagé dans la guerre, on ne peut plus revenir en arrière -. «On était fait comme des rats.» Ce que vit Bardamu est comme un enfer, une guerre dont il ne verra jamais la fin, un cauchemar. Cela provoque chez le personnage aussi bien que chez le lecteur un sentiment de révolte. L'évocation de la vie de Bardamu au front est en fait une satire de la guerre.

Proposez une correction de cet axe (sous foRme de plan détaillé, à faire sur feuille ).

Question 2: Voici une production d'élève ; faites-en le plan détaillé

A travers ce roman, nous pouvons voir que le personnage principal a plusieurs caractéristiques. Ainsi, Ferdinand Bardamu semble être un personnage héroïque: il s'engage dans l'armée malgré les avertissements de son ami Arthur : “ T'es rien c... Ferdinand!” “J’y suis, j'y reste !” Ferdinand est un jeune homme inconscient : il se précipite dans l'armée sans connaître les risques auxquels il s'expose, sans avoir la moindre idée de ce qui peut l'attendre ... sans se poser de question ... sur un simple coup de tête : on pourrait croire qu'il va devenir un héros, mais, une fois au front, il n'aspire qu'à une chose : rentrer chez lui. Il devient vite angoissé, (« Pourquoi s’arrêteraient-ils? »), et même traumatize, ainsi que l'atteste son passage en hôpital psychiatrique: atteint de démence, il est pris d'accès de hurlements en pleine ville, lorsqu'il est en permission. C'est à ce moment-là qu'il est réformé, et qu'il quitte l'armée. L'auteur fait de Bardamu un personnage qui pourrait devenir un héros, puisqu'il part se battre « la fleur au fusil », mais qui déchante vite: le soir même de son départ, alors qu'il n'y a plus aucun patriote pour l’acclamer, et que la troupe marche toujours, sous la pluie, dans le froid et l'obscurité, Ferdinand a le pressentiment que lui et ses compagnons sont «faits comme des rats. » Le

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moment lyrique et chevaleresque est de courte durée! Bardamu n'est donc pas un héros: en fait, il se teste lui-même, il cherche (et trouve !), ses limites. En outre, Ferdinand Bardamu est un personnage révolté. Il critique son colonel, et toute la hiérarchie militaire. Ses paroles sont ironiques et violentes: «cette bouffonnerie tragique », « cette imbécillité infernale », « cette croisade apocalyptique ». Ces expressions caractérisent toutes la situation de guerre. Bardamu n'accepte pas non plus l'absurdité des ordres : la nuit, les officiers donnent aux soldats des missions de reconnaissance, missions qui ne les mènent nulle part ... les hommes, harassés de fatigue, n'ont qu'une envie : dormir… ce dont ne se privent pas les gradés, qui réquisitionnent pour leurs besoins personnels des habitations confortables, se font servir par leurs ordonnances et mangent à leur faim... Mais malgré sa lucidité, malgré sa haine, Bardamu n'agit pas: jusqu’au bout, il reste passif : incapable d'imaginer un quelconque avenir, ou un revirement de situation, il souhaite simplement revenir en arrière, avant la guerre ... Son pessimisme et sa misanthropie l'empêchent d'entreprendre quoi que ce soit de constructif, puisqu'il ne fait pas confiance à l'humanité. Le personnage de Ferdinand Bardamu inspire donc pitié et compassion ... On comprend mieux le destin de cette génération sacrifiée de 14-18… Bardamu est représentatif de la démence d'une époque qui ne se remit pas de la guerre, puisqu'elle portait en germe les dérèglements des décennies suivantes, justement appelées « les Années Folles » ... En même temps, on ne peut s'empêcher d'éprouver pour ce personnage une sorte de mépris amusé; Bardamu est semblable à un pantin, à un clown perdu et errant : il renoue avec la tradition littéraire du picaro, ce personnage errant ...

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