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ÀValSturman

Lapremièrefoisquejevousairencontré,mavies’estilluminée.Vousaveztraversélavieendansant,sourireauxlèvres,avecunengouementpourlanarrationetunmotgentilpour

quiconques’arrêtaitassezlongtempspourvousécouter.Jesuishonoréeetbénied’avoirfaitpartiedevosamis.

Vousalleznousmanquer.

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Kylie Galen leva les yeux de la pizza au pepperoni sur la belle assiette en porcelaine, et tâchad’ignorer l’espritquiagitait l’épéeensanglantée justederrièresongrand-pèreet sagrand-tante.Satoutenouvellefamilleétait…trèsbien,maisuntantinetcoincée.Etdesgenscoincésn’apprécieraientsûrementpasqu’unfantômeinopportunviennebadigeonnerdesanglesmursdelasalleàmanger.L’esprit–unefemmeauxcheveuxbrunsflottants,trenteansàpeine–s’arrêtaenpleinmouvement

etregardaKyliedanslesyeux.–Outu tues,ou tu te fais tuer,c’estplutôtsimple.Lesparoles résonnaientdans la têtedeKylie.

Ellescommuniquaientpartélépathie,etvulesujetdeladiscussion,c’étaitsûrementmieuxainsi.–Cen’estpassimple,luirétorqua-t-elle.Etj’essaiedemanger,alorstuvoudraisbienpartir,s’ilte

plaît?–Çanesefaitpas,répliqualefantôme.Tuescenséeaiderlesesprits.Tudoisrespecterlesrègles.Kylietrituralaservietteposéesursesgenoux.Trèsbien.Existait-iluneclausedanslerèglement

stipulantqueceuxquicommuniquaientaveclesfantômesdevaientsemontrerpolisenversdesespritsodieux?Non, il n’y avait pas de fichu règlement, et encore moins de règles. Elle improvisait tout, en

réalité:parlerauxesprits,êtreunesurnaturelle,êtrelapetiteamiedequelqu’un.L’ex-petitecopine,oui!Cesdernierstemps,elleavaitl’impressiondetoutimproviserdanssafichuevie,etd’ymettreun

joyeuxbazar.CommesadécisiondequitterShadowFalls,lacoloquel’onvenaitdetransformerenpensionnatpouradossurnaturels.Celaavaitsemblélameilleurechoseàfaire,àl’époque.Àl’époque.Ellesetrouvaitchezlescaméléonsdepuismoinsdedeuxsemaines,etellen’enétaitplussisûre.Certes, elleavait euunebonne raisondevenir.Ensavoirplus sur sonhéritagesurnaturel.Faire

connaissanceavecMalcolmSummers,songrand-père,etFrancyne,sagrand-tante.Plusieursmois après avoir appris qu’elle n’était pas humaine, elle avait enfin découvert qu’elle

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était un caméléon ; une espèce rare qui avait dû se cacher pour échapper à l’URF, l’Unité deRecherche de Fallen, une cellule organisée du gouvernement surnaturel. Cette dernière avait testécertainsd’entre euxcommedes ratsde labo,pour trouveruneexplicationà leursdons.Lagrand-mère de Kylie en était morte. Et voilà que la même branche de l’URF voulait faire subir desexpériencesàlajeunefille.Horsdequestion!Toutefois,sicelle-ciavaitunmotifpourquitterShadowFalls,celan’avaitrienàvoiravecl’URF,

niaveclesdécouvertesqu’ellepourraitfairesursonhéritage.C’étaitpourfuirLucas,leloup-garoudont elle était tombée amoureuse.Celui qui avait promis son âme à une autre, et qui espérait queKylienes’enformaliseraitpas.Commentavait-ilpuluifairecela?Commentavait-ilpul’embrasseravecunetellepassionàpeine

unmoisplustôt,chaquefoisqu’ilserendaitchezsonpère,etfréquentercettefille?CommentKyliepouvait-elleresteràShadowFallsetcontinueràlevoir?Leproblème,c’étaitqu’elleavaitbeaufuirLucas,sonchagrinl’avaitsuivie.Etàprésent,ellene

souffraitpasuniquementàcaused’uncertainloup-garou,maisparcequeShadowFallsluimanquaitterriblement.D’accord,pasvraimentleslieux,maislesgens,oui.Desamisquiétaientdevenusaussiproches que sa famille : Holiday, la fée directrice du camp, une grande sœur pour elle. Burnett,l’autre directeur, vampire sévère, à la fois un ami et une figure paternelle. Della etMiranda, sescolocs,qui s’étaient sentiesabandonnées lorsqueKylieétaitpartie.EtDerek,qui luiavait juré toutsonamour,toutensachantqu’elleaimaitLucas.Commeilsluimanquaient!Ellenesetrouvaitqu’àquelqueskilomètresdeShadowFalls,planquée

dans un endroit reclus, « le pays des collines », comme disaient les Texans, et pourtant, celaressemblaitauboutdumonde.Bien sûr, elleappelaitHoliday tous les jours.Audébut, songrand-père lui avait refusécedroit,

mais sa tante avait réussi à lui faire entendre raison. Il avait accepté, la mort dans l’âme, mais àconditionqu’ellen’utilisequ’uncertain téléphoneetque lesconversationsrestent trèsbrèves,pourquel’onnepuissepasretracerlesappels.Etenaucuncas,Kylienedevaitpréciseroùellesetrouvait.En raison de l’affiliation du camp à l’URF, son grand-père ne faisait confiance à personne à

ShadowFalls.Etsaméfianceneservaitqu’àaccentuerlesentimentd’isolementdeKylievis-à-visdetous ceux qu’elle aimait.Même vis-à-vis de sa mère, qui appela pour lui apprendre qu’elle allaits’envoler pour l’Angleterre avec John, son nouveau copain, dont Kylie n’était vraiment pas fan.Naturellement, songrand-père luipermettaitde la rappelerchaque foisqu’elle téléphonait.De fait,elless’étaientparléseulementdeuxfois.Pasplus.LagorgedeKylieseserraetdeslarmesluimontèrentauxyeux,maiselleseretint.Elledevaitêtre

forte.Seremuer,etsecomporterenadulte.–Çateplaît?demandasagrand-tante.–Oui,super, réponditKylieenregardant lesdeuxadultescouper leurpizzacommesic’étaitun

steak.Ellesavaitqu’ilsnel’avaientchoisiequepourelle.Commeellen’avaitpratiquementrienavalécesderniersjours,ilsavaientcommandésesplatspréférés.Sesentantobligée,tantdemangerquederespecterleursbonnesmanières,elleseforçaàencouperunboutqu’elleglissadanssabouche.N’étant pas vampire pour l’instant, elle devait pouvoir apprécier la nourriture. Mais non. Rien

n’étaitbon.Rienn’étaitjuste.Nimangerdelapizzaavecunefourchette,surunejolieassietteenporcelaineassezvieilleetrare

pourêtreexposéedansunmusée.Nis’asseoiràcettetabledesalleàmangerluxueuse,toujoursàlamêmeplace.Etencoremoinsparleràl’espritquiserapprochaitdesongrand-pèreetbrandissaituneépéeau-dessusdesatête.

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Kylieleregardafixement.–Soittumedisexactementcequetuveux,soittut’envas.Maisnemedemandepasdetuer.Unegouttedesangtombasurlefrontdesongrand-père.Maisilnepouvaitnilavoirnilasentir,

contrairementàKylie.L’espritfaisaitsonpetitnuméro,justepourattirersonattention.Etçamarchait.–Arrête!Va-t’en,ditKylie,enadressantunregarddemenaceaufantôme.–Tuesdemauvaisehumeur?réponditlefantôme.Oui.Unchagrind’amour,çaaspiretoutlebonheurdevotrevie.Maisleplusnul,c’étaitquetoutle

mondeluimanquait.Pourtant,letempsdesonséjourlà-basn’avaitpasétévain.Elleavaitdécouvertbeaucoupdechoses

surelle-mêmeetsurlescaméléons,cestreizederniersjours.Ilsnes’étaientvraimentrévélésqu’aucoursdescentdernièresannées.S’ilsseconsidéraientcommeuneespèceàpartentière,ilsétaientenréalité unmélange de tous les surnaturels, des individus qui cumulaient l’ADN et les pouvoirs dechaqueespèce.Apprendreà lesmaîtriser était sacrémentdifficile.Laplupartd’entreeuxne réussissaientmême

pascetexploitavantd’atteindreleursvingt-cinqans.Maislesjeunesn’étaientpasnombreuxàtenterlecoup.Lescaméléonsétaientrares.Auxdiresdesongrand-père,unecentainederefugesdevaientexisterdans lemondeentier.Ondénombraitmoinsdedixmillecaméléons.Etuncouplesurdixàpeineavaitréussiàavoirunenfant.Kyliesedemandasielleseraitmère,unjour.Maismerdealors,elleavaitseizeans,elleétaittrop

jeunepours’inquiéterdeça.–Commentsesontpasséslescoursaujourd’hui?demandasongrand-père.Elle l’observa. Soixante-dix ans environ, les cheveux toujours blond vénitien, grisonnants par

endroits.Sesyeuxd’unbleuclairetvifressemblaientauxsiensetàceuxdesonpère.Uneautregouttedesangatterritsurlajoueduvieillard.Kyliefusilladuregardl’espritrailleur,qui

fenditl’aird’uncoupd’épéeàquelquescentimètresseulementau-dessusdesatête.–J’aiditstop!Kylieplissalesyeux.–Donc, ça s’estmal passé ? reprit son grand-père, qui essayaitmanifestement de lire dans ses

pensées.–Non,ehbien…je…j’airéussiàchangerdeconfiguration,jesuispasséedeloup-garouàfée!Tous les surnaturels avaient des configurations que les autres pouvaient voir. Les caméléons en

avaient une à part, qu’ils cachaient. Ils pouvaient semétamorphoser enn’importe quelle espèce, etgrâceàcettetransformation,accéderauxpouvoirspropresàcelle-ci.Maiscelan’étaitpasfacileàcontrôler.Lescoursicineportaientpastantsurl’anglais,lesmathset

lascience,ilsvisaientplutôtàapprendreàmaîtrisersesdonsetàcachersavéritableconfigurationaumonde.–C’estfantastique!Alorspourquoicettetêtedesixpiedsdelong?–C’estjusteque…Je suismalheureuse ici. Je veux retourneràShadowFalls.Cesmots traînaient sur le boutde sa

langue,sansqu’ellearriveàlesprononcer.Pastantqu’elleneseraitpassûred’avoirvraimentdonnéleur chance aux caméléons. Et surtout, elle ne savait pas si elle survivrait à ses retrouvailles avecLucas.–Jenefaisaispaslatête.Je…–Kylieadelacompagnie,expliquaFrancyne.

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Satantenesavaitpascommuniqueraveclesesprits.Elleaffirmaitqu’ellenelesvoyaitpas,ninelesentendait,maisqu’ellepouvaitfacilementdétecterleurprésence.Lefantômeleval’épéeversleplafondetdéclara:–Tuvasavoirplusdecompagnieencore.Kylie ignorait ce que cela signifiait, alors elle se concentra sur son grand-père qui avait l’air

perdu.Levieilhommeregardasabelle-sœur.–De lacompagnie?Oh.Est-cemonépouseoumon fils,Daniel?demanda-t-il, tendu, lesyeux

grandouverts.KylieauraitbienvouluqueDaniel,sonpèremortavantsanaissance,vienneluirendrevisite. Elle n’aurait pas été contre un peu d’affection, et celui-ci savait très bien lui en prodiguer.Toutefois,ilavaitépuisétoutsontempsallouésurTerre.–Non.Cenesontpaseux.C’est…quelqu’und’autre,répondit-elle.Une personne qui ne lui avait pas encore expliqué ce qu’elle voulait ou désirait. Sauf pour lui

annoncerqu’elleavaitbesoind’ellepour tuerquelqu’un.Maispourqui l’esprit laprenait-il ?Unetueuseàgages?Lefantômesepenchaprèsdel’oreilledesongrand-père.–Queldommagequetunepuissespasmevoir.Tuesplutôtmignon!Puisl’apparitionentrepritde

lécherlesangsursajoue.Lentement.ToutenregardantKylie.Celle-cienlâchasafourchette.–Arrêtedeléchermongrand-père!Immédiatement!L’espritrentrasalanguedanssaboucheetlaregardafixement.–Arrêtedeluttercontretondestin.Acceptecequetudoisfaire.Laisse-moitemontrercommenttu

doisletuer.–Tuerqui?lâchaKylie,puiselletressaillitquandellecompritqu’elleavaitparléàvoixhaute.–Lécher?Tuer?Quoi?fitsongrand-père.–Rien,insistaKylie,jeparlais…–Elleparlaitàl’esprit,jecrois,ditsatante,lessourcilsfroncésd’inquiétude.–Detuerquelqu’un?demandasongrand-père,enregardantKyliedroitdanslesyeux.Commeellenerépondaitpas,Malcolm,nerveux,passalapièceenrevue.Lapeursursonvisage

rappelaittantàKyliecelledesautressurnaturelsàShadowFalls.Elle était venue ici enpensantqu’elle se sentirait chezelle, et pourtant,mêmeenvivantdansun

enclos de vingt-cinq hectares au cœur des collines texanes, en compagnie de vingt-cinq autrescaméléons,ellen’étaittoujourspasàsaplace.Etpasuniquementparcequ’ellesavaitcommuniqueraveclesfantômes,maisparcequ’elleétaitbeaucoupplusenavancequelesquatreautresadosd’ici.Ceux-cin’enétaientd’ailleurspasravis.Lesanciensdugroupe–parmi lesquelssongrand-père,sagrand-tanteetquatreautres–avaient

devinéqueKylieétaitbienplusdouée,carelleétaitenplusuneprotectrice,unesurnaturelleàlaforceexceptionnelle. Si cela avait l’air très cool, Kylie contestait cette définition pour de nombreusesraisons.Entêtedeliste,ilyavaitlefaitqu’ellenepouvaitseservirdecespouvoirsquepourprotégerles

autres,etjamaiselle-même.Cequin’avaitaucunsens.Sielleétaitchargéededéfendrelesautres,nefallait-ilpasqu’elle-mêmeresteunminimumenvie?Quidoncavaitinventécetterègle?Ellesoupiratristement.Était-elledestinéeàresterenmarge?Songrand-père sepencha et posa sa fourchette et son couteau en argent à côtéde laporcelaine

horsdeprix.–Kylie,jedétestememêlerdeteshistoiresd’esprit,maispourquoiunfantômetedemanderait-il

detuerquelqu’un?

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Lajeunefillesemorditlalèvreetréfléchitàuneexplicationquinelesferaitpaspaniquer.Surtoutquand elle-même l’était. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais fut sauvée par lehurlementd’unetrèsfortesirène.Lelustreau-dessusdelatabletrembla.Son grand-père se rembrunit encore, sortit un téléphone de sa chemise blanche parfaitement

repassée,tapasurunboutonetleportaàsonoreille.–Oui?Qui?lança-t-ild’untonsecetilbraquasonregardsurKylie.J’arrivetoutdesuite!Ilraccrocha,selevadesachaised’uncoupetsetournaverssabelle-sœur.–Kylieettoi,disparaissez.Cachez-vousdanslagrange,jen’enaipaspourlongtemps.Par«disparaître»,Kyliesavaitqu’ilentendait«sevolatiliser»,cequ’uncaméléonsavait faire.

Disparaître.Commeparenchantement.–Quesepasse-t-il?demanda-t-elleensesouvenantquelefantômel’avaitprévenuequ’elleaurait

delacompagnie.–Nousavonsdesintrus.Sontongraveetneutredevintplustragiqueetsérieux.–Desintrus?Lesyeuxduvieilhommeseplissèrent.–Oui,l’URF!Maintenant,disparaissez!Satantefitletourdelatableetattrapal’adolescenteparlamain.Puislafemmesevolatilisa,eten

unefractiondeseconde,Kylievitquesespropresjambesavaientdisparu.

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Troisminutesplustard,latantedeKyliel’avaitconduitedansl’écurie.En respirant l’odeur terreuse des bottes de foin, Kylie ajouta à sa liste une autre capacité : les

caméléonsavaientledondefairedisparaîtrelesautres,puisqu’ellen’avaitpasfaitlevœudedevenirinvisibleetqu’apparemmentlesimplecontactdesatanteavaitsuffi.–Est-cequenoussommestouslà?La voix de sa tante brisa le silence étrange, tendu.Kylie passa en revue la grange vide.Elle ne

voyaitpersonne.Biensûr,ellenepouvaitpassevoirnonplus.Elleentenditàpeinelevaguebruitdepiedsquitraînaient.–Comptons,résonnadenouveaulavoixdesatante.Un,commença-t-elle.–Deux,fituneautrevoix.Ledécomptesepoursuivitjusqu’àvingt-quatre,maisilyeutplusieurspausesetonsautaplusieurs

chiffres.Kyliereconnut laplupartdesvoix.Surtoutcellesdesquatreadoscaméléons,pluscelledeSuzie, la fillettede six ans, ainsiquede sesparents, les enseignantsdugroupe.Les absents étaientmanifestementsongrand-pèreetlesquatreanciens.–Et j’aiKylie, dit sa tante.Kylie, tonnuméroest levingt-cinq.Retiens-lebien, chaque foisque

nousdevronsdisparaître,tunousledonneras,commeçanoussauronsquetueslà.Ellehochalatête,puisserappelantqu’ilsnepouvaientpaslavoir,ellerépondit:–D’accord.Millepensées traversèrent son esprit, sur cequi s’était passé, sur le fait d’être le numérovingt-

cinq,d’êtreinvisible,etsurtoutsurcequel’URFdésirait.Lesagentsétaient-ilsvenuslachercher?Puissespenséess’arrêtèrentsurunseulsujet:songrand-père.Elles’inquiétaitdesasécuritéetdecequel’URFpourraitluiinfliger,àluietauxanciens.Allait-ilbien?Devait-ellepartiràsarechercheaucasoùilauraitbesoindeprotection?Elleeutl’impressionquesonsangsemettaitàpétiller,commetoujoursquandellecraignaitquequelqu’unsoitendanger.–Nousdevrionspeut-êtreallerretrouverlesautres,proposa-t-elle.

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–Non,ditsatante,d’unevoixquinelaissaitpaslemoindredoutesurquidirigeaitlegroupe.Nousattendonsici.C’étaitça,leplan,etonnes’écartejamaisd’unplan.Kylie perçut quelque chose dans sa voix. Nervosité, inquiétude. Son sang se réchauffa dans ses

veines.–Lesmembresdel’URFsontdéjàvenusici?Ilssaventquenouspouvonsdisparaître?demanda-t-

elle.–Seulementsituleleurasdit,larembarraBrandon.Brandon,l’adoquinel’aimaitpas.Oh!si,audébut,elleluiplaisaitbeaucoup,maisquandKylie

l’avait prévenu sans prendre de gants qu’il perdait son temps avec elle, cela l’avaitmanifestementvexé. Depuis, il la snobait. Et chaque fois que la jeune fille réussissait quelque chose que lesprofesseurs leur enseignaient, commemodifier leur configuration, il semblait prendre sa réussitepouruneinsultepersonnelle.Cen’étaitpasunecompétition.Kylievoulaitsimplementapprendretoutcequ’ellepouvait,puis…retourneràShadowFalls.Rentrerchezmoi.Cetteidées’attardaquelquepartenelle,toutprèsdesoncœur.–Jeneleurairiendit,rétorquaKylie.–Cen’estpaslemomentdesechamailler,lançasatante.–C’estàcaused’elle,toutça!crachaBrandon.Avant,lesagentdel’URFn’étaientjamaisvenus.Et

quisaitcequ’ilsnousferontsijamaisilsnoustrouvent!–Tais-toi,ordonnaFrancyne.Maisdanslesilencequisuivit,Kylieentenditcequelesautresnedisaientpas.Ilsétaientd’accord

avecBrandon.Àcaused’elle,l’URFavaitdécouvertleurenclos.Laculpabilité l’envahit.Ellen’avait jamaisenvisagéque savenue icipuissemettre lesautresen

danger.Etpourtantc’étaitlecas.Sonsangnefitqu’untour.Imaginersongrand-pèreblessé,etparsafaute,fitbattresoncœurencoreplusvite.Kylietâchadedégagersamain.–Non,ditsatante.Situmelâches,tudeviendrasvisible.–Jedoism’assurerqu’ilsvontbien.Et…jepeuxredevenirinvisibletouteseule.–C’estimpossible,lançaBrandond’untonsec.Tunepeuxpasyarrivertantquetun’aspasvingt

ans.Toutlemondelesait.Kylie leva les yeux au ciel. Elle en avait assez de sa jalousie mesquine. Des bruits de pas

résonnèrent.Onfitl’appel.Ellereconnutlavoixdesongrand-père,ainsiquecelledesautresanciens.–Ilsvontvenirfouillerici,déclaraMalcolm.Lesadultes,veillezàtenirbienfortlamaindevotre

enfant.Rendez-vousàl’extrémitésuddelapropriété.Lebruitdegensquisortaientrésonnaàtraverscequi,mêmepourKylie,ressemblaitàunegrange

vide.Ellesentitl’étreintedesatantesursonpoignet,quiluimontraitladirectionàprendre,maissongrand-pèrerepritlaparole.–FrancyneetKylie,vousdeux,rejoignezlalisièredesboispar-derrière.Kyliesedemandapourquoionleurréservaituntraitementparticulier.

–Pourquoi?demanda-t-elleaprèsavoirentendus’éloignerlesbruitsdepas.Elletrouvaittoujoursétrangedeparleralorsquepersonnenepouvaitlavoir.–Enétatd’urgence,onneposepasdequestion.Lavoixdesatanterésonnaitdanslagrangevide.TenanttoujourslepoignetdeKylie,lafemmese

miten routeet, àpasprudents, l’entraînavers la sortie.Kylie suivait sa tantemaisn’arrivaitpasàgarderlesilence.

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–Quesepasse-t-il?Pourquoionnesuitpaslesautres?demanda-t-ellequandellepassalaportedelagrange.Lalumièredel’après-midil’éblouit.–Ilsembleraitquecesoittoiqu’ilscherchent,expliquasongrand-père.Savoixétaittouteproche,maissasilhouetterestaitinvisible.–Maisjesuisuneprotectrice,insistaKylie,siquelqu’unabesoind’aide,ilfautquejerestedansle

coin!–Jetesens,bonsang!Oùes-tu?fitunevoixfamilièrederrièreKylie,quin’appartenaitniàson

grand-pèreniàsatante.Lesoufflecoupé,elleregardaderrièresonépaule.Àunequinzainedemètres,dansl’herbehaute,

setenaitquelqu’unquicomptaitbeaucouppourelle.–Derek!cria-t-elle.Puisellesesouvintquepersonne,àpartunautrecaméléoninvisible,nepouvaitl’entendre.–Nousdevrionsyaller!Sa tante la tira légèrementpar lebras,maisKylienebougeapas.Ellese raiditets’imprégnade

l’imagedeDerek,avidedetoutcequiavaitunlienavecsavieàShadowFalls.Sescheveuxchâtainclairs’agitaientauventsursonfront,luidonnantunairinsouciant,maisses

yeuxvertsmouchetésd’orétaientinquiets.Quefaisait-ilici?–Oùes-tu,Kylie?demanda-t-il,etlabriseemportasesparoles.

–Vaàlacrique!exigeasongrand-père.Tun’auraispasdûleurdireoùtuétais!Sonaccusationetsontonlamirentsurladéfensive.Siellenepouvaitpasvoirsongrand-père,elle

imaginaitsansmalsonexpression,sévèreetintransigeante.Ellesetournaversl’endroitd’oùvenaitlavoix.–Jen’airiendit,etnon,jenepartiraipas.Tuasmenti.Cen’estpasl’URF.Unsentimentdetrahisonl’envahit.–Jerépétaislesproposdeceuxquigardentlaporte.Quandbienmême,cen’estpasunmensonge.

Touslesdeuxtravaillentpourl’URF.Lesdeux?Quid’autreétaitlà?Elleentenditdespasvenirdelamaison.Sapremièrepenséefut

quecepourraitêtreLucas.Soncœurseserraà l’idéede levoir.Ladouleurdesadéloyautépesaitlourdsursoncœuretavaittoujoursungoûtamer.Pourtant,àmesurequelespasserapprochaient,ellenepouvaitpasplussedétournerquecesserderespirer.ElleregardaderrièreelleetvitBurnettJames,l’undesdirecteursducamp.Ladéceptionl’envahit,

maisellerefusaitdecroirequel’absencedeLucasenétaitlacause.Ellenevoulaitpasqu’ilvienne.Nevoulaitpas levoir,nimaintenantni jamais.Alorsmêmequecettepensée traversaitsonespritàtouteallure,ellesentitsoncœurbattrelachamadeàcausedesonmensonge.Maisunepartiedel’amertumequ’elleressentaitétaitaussiliéeàBurnett.Elleneluiavaitpasditau

revoirparcequ’ilauraitessayédel’empêcherdes’enaller.Àprésent,elleauraitvoululeserrerdanssesbras.S’excuserd’avoirnégligélapolitessed’unsimpleaurevoir.Satanterepritlaparoleetluitiralégèrementlamain:–Kylie.Tongrand-pèresaitcequ’ilyademieuxpourtoi.Écoute-le.Ilfautyaller.Kylieinspiraetessayadenepaslaissersesémotionslasubmerger.Maisilétaittroptard.Satête

tournaitalorsquetropdesentimentstourbillonnaientenelle.Solitude,regretetcolèrequ’onluiaitmenti.–Ilsaitcequ’ilyademieuxpourlui,maispasforcémentpourmoi.

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–Tudoisluifaireconfiance,insistasatante,enresserrantsonétreintesursonpoignet.Viens,s’ilteplaît.Nousvoulonsseulementteprotéger.– Je n’ai pas besoin d’être protégée de Burnett ou Derek, répondit-elle calmement, la douleur

perceptibledanssavoix.Etapparemmentmongrand-pèredevraitmefaireconfianceluiaussi.Jen’aiditàpersonneoùj’étais.Jevousaidonnémaparoleetjel’airespectée.–Cen’estpasimportant,ditsongrand-père.Kylien’étaitpasd’accord,maisavantqu’ellepuisseformulercequ’elleressentait,ilpoursuivit:–Cequicompte,c’estqu’ilsvontessayerdeteforceràrentrer.Sinouspartonsmaintenant,nous

éviteronsuneconfrontation.–Parici,criaDerekàBurnett.Jelasens.Sérieusement,ellen’estpasloin.Kylieseconcentrasurl’endroitoùellepensaitquesetenaitsongrand-père.–Personnenemeforceraàfaireceque jeneveuxpas.Nieux…ni toi,ajouta-t-elle.Monbuta

toujoursétéderentreràShadowFalls,jetel’aiditdèsledébut.– Et je n’étais pas du tout d’accord, je te l’ai dit aussi, riposta son grand-père en haussant

légèrementleton.

Kylie,attiréeparlebruitdepas,regardadenouveaupar-dessussonépaule.ElleobservaBurnettserapprocher.Fier,fort,unpeutropimpétueux.Àbiendeségards,illuifaisaitpenseràsongrand-père.Ellepritunegrandeinspiration,puisrépliqua:–Jesuisvenueicidemonpleingré,etquandjedécideraidepartir,jeleferai.–Tuesbientroptêtue.–Etjecrainsdetenirmonentêtementdemongrand-père,rétorquaKylied’untonsec.PuisellereposalesyeuxsurDereketBurnett.–Viensavecmoi,Kylie,l’implorasatante.Etelleagrippabienfortlamaindelajeunefille.–Non,répétaKylieenregardantBurnetts’avancer.Ils’arrêtaàcôtédeDerek,àcinqmètresseulementdelajeunefille.Ellemouraitd’enviedecourir

versluietdesejeterdanssesbras.– La pizza dans lamaison principale était encore chaude, déclaraBurnett. Tu es sûr qu’elle est

encorelà?–Certain,réponditDerek.Etquelquechosel’énerve.Nivue,nientendue,maistoutdemêmeperçue,pensaKylie.Satanteluitapotalamain,commesice

légercontactallaitlapersuader.MaisriennepouvaitconvaincreKylie.–Jet’enprie,laisse-moipartir,luidit-elle,maislavieilledamerefusaitdelâcherprise.–Est-elleendanger?grommelaBurnett.Derekfermalesyeuxcommes’ilessayaitdetoucherintérieurementsesémotions.–Jenecroispas,réponditDerek.Elleestfrustréeetjesens…delasolitude.Etelleressent…une

sortede…déchiremententredeuxloyautés.Kylieeutleslarmesauxyeux.Onpouvaitfaireconfianceaudemi-Faepourdécryptersesémotions

sansjamaissetromper.Ellesavaitquesongrand-pèreetsagrand-tantesepréoccupaientd’elle,qu’ilsnevoulaientquesonbien,maiscommentpouvait-ellenepasserendrevisibleàBurnettetDerek?Pourquoipensait-ellequecelareviendraitàsemontrerdéloyaleenverssongrand-père?Elleavaitessayédejouerselonleursrèglesdujeu,vraiment.Maistrop,c’étaittrop.Burnettjetauncoupd’œilautourdelui,etKylieputjurerqu’illaregardait.–Ilyenad’autresici?

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–Jen’ensuispassûr,réponditDerek,jepeuxjustesentirKylie,parceque…Il ne finit pas sa phrase,mais elle connaissait la réponse. S’il sentait si bien sa présence, c’était

parcequ’ill’aimait.Burnettsetintunpeuplusdroit.–M.Summers,ilfautquejevousparle.Immédiatement!–Commentsais-tuqu’ilestici?demandaDerek.–SiKylieestlà,alorsluiaussi.–Montrez-vous.Kylieentenditsongrand-pères’avanceràcôtéd’elle.–Taplaceestici,parminous,monenfant.Laisse-lespartir,déclara-t-il.Son épaule invisible effleura la sienne.Elle avait beau être furieuse contre lui, son contact et sa

voixdeténorluirappelaientsonpère.Onnepouvaitpasnierlesliensquilesunissaienttouslesdeux.–Jenepeuxpas,répondit-elle.–Laisse-lespartiretnousenparleronsdefaçonrationnelleplustard,proposasongrand-père,et

ellecompritausondesavoixqu’ilessayaitdetempérersonhumeur.–Jesuisrationnelle,dit-elle.L’étreintedesa tantese resserrasursamain,etKyliedutprendresurellepournepas la retirer

d’uncoupsec.–Non,tunel’espas,corrigea-t-il.D’un seul coup, l’humeur deKylie s’emballa. Peut-être ne lui avait-il pasmenti, quand il avait

affirméquec’étaitl’URF.Mais,sansl’ombred’undoute,ilavaitprévudelafairepartirpourqu’ellenepuissepassavoirquiétaitlà.Depuisquandcroyait-ilavoirledroitdedéciderdequiellepouvaitvoiretnepasvoir?Laréponsesurvintàlaminuteoùlaquestionluitraversaitl’espritdansunmurmure.Depuisqueje

suisarrivéeici.Quesaconnexionaumondeextérieursoitaussilimitéedepuissonarrivéeneluiavaitpas échappé. Pas de téléphone, pas d’ordinateur. Et ce n’était pas que pour elle : le mode de viecaméléonencourageaitl’isolement.–Non!Lâche-moi,intima-t-elleàsatante.Elleparlalentement,maissurunton,quil’espérait-elle,leurmontreraitbienqu’elleneplaisantait

pas.–Faiscequ’elletedemande,ditsongrand-pèred’untonvaincu.Enunbattementdecil,ilapparutsoussesyeux.Cen’étaitpastoutàfaitcommeunfantômequise

matérialisait.Davantagecommesil’airs’entrouvraitetleramenaitdanslemonde.Satante lâchalepoignetdeKylieetcettedernièresentitunlégerpicotement,puisellebaissa les

yeuxetconstataquesespiedsetsesjambesredevenaientvisibles.–Waouh!s’écriaDerek.Ellelevalevisage:ill’observait.Elleréprimal’envieirrésistibledesejeterdanssesbras.Jetant un coupd’œil àBurnett, elle décelaune légère surprisedans sesyeux.Son regard croisa

brièvement le sien, puis elle porta son attention sur son grand-père, qui se tenait à son côté,protecteur.–Quefaites-vousici?demanda-t-il,d’untonlugubreetmenaçant.

–LaviedeKylieestendangeretsijepeuxvoustrouver,alorsceluiquilarechercheaussi.–Cen’estpasluiquejeredouteleplus,rétorquaMalcolm,sanslaisserlemoindredoutesurlefait

qu’ilconsidéraitl’URFainsiqueBurnettcommelaplusgrandemenace.

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–Vous laissez le passé vous aveugler et vous empêcher de voir la vérité, déclaraBurnett.Oui,l’URF aimerait testerKylie et certains d’entre nous ont décidé que cela ne se produirait pas,maisc’estMarioetsabande,quiontdéjàtué,quisontaprèselle.–Jeprotégerailesmiens,affirmalevieilhommeenredressantseslargesépaules.–Comment?Endevenantinvisible?Savez-vousqueMarioadéjàprisKylieenotageetqu’ellea

découvertqu’ilestuncaméléontoutcommevous,etdoncqu’ilconnaîtvotretruc?Celavousrendd’autantplusvulnérables.–Jesaistoutça,réponditlegrand-pèredeKylie,surladéfensive.–Alorsceladevraitsuffireàvouseffrayer.Marion’apaspassécescinquantedernièresannéesàse

cacherpendantquevosamisetvous-mêmen’avezcesséd’allerd’unendroitàunautre.Ilatuédesinnocents. Il a usédevospouvoirs pour assassiner les autres. Il a tué sonpetit-fils de ses propresmainsdevantKylie,parcequecegarçonladéfendait.SiMarioestprêtàsacrifiersadescendance,iln’hésiterapasàtuerceuxdesonespèce.–Attends,intervintKylie,quiessayaitdesuivre,commentsais-tuqueMarioestderetour?–Onl’arepéré.–Quil’arepéré?demandaMalcolm,d’untondanslequell’irrespectperçait.L’URF?Parceque

vousallezlescroire?–Jecomprendsvosréserves,observaBurnett,dontlesparolessortaientdeseslèvresserréespar

lacolère.Maisvousdevezcomprendre…Levisageduvieilhommedevintrougedefureur.–Vousosezmedemanderde comprendre ?Ceque je comprends, c’est quevous et lesgensde

votre espèce avez tué mon épouse. À cause de vous, je n’ai jamais connu mon fils. Ce que jecomprends…c’est qu’àprésent vousdésirez faire lamêmechose àmapetite-fille ! riposta-t-il enmartelantsapoitrinedesonpoing.Kylie s’aperçut queBurnett tâchait de se contenir,mais il ne parvenait pas à dissimuler la vive

colèrequienvahissaitsesyeux.Ilfallaitqu’elleintervienne,maiscomment?Malheureusement,ellen’eutpasletempsdetrouverunplan.Songrand-pèreavançad’unpasverslevampire.–Stop!Kylietâchades’interposerentrelesdeuxhommes.Maistroptard.Aucunnes’arrêta.Songrand-

père balança le poing, et Burnett reçut le coup en pleine mâchoire. S’il était loin d’être aussivigoureuxquecedernier,levieillardnemanquaitpasdeforcesetlevampiretomba.Lebruitd’unefureurabsoluesurgitd’undescombattants,deBurnett,supposaKylie.Enmoinsd’uneseconde,songrand-pèreseruasurluietlabagarresepoursuivit.Derekarrivaàtouteallure,maisdeuxcaméléonsmâlesapparurentbrusquementetchacunluipritunbras.Commentleschosesavaient-ellespudégénéreràcepoint,etsivite?

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–Arrêtez!Kyliesesentitaussitôtpasserenmode«protectrice»,lasensationfamilièredepétillementtraversa

soncorps,maisrienàfaire,ellenesavaitpasoùappliquercetteforce.Déchiréeentredeuxloyautés.LesparolesdeDerekrésonnaientdanssatête.Lescaméléonsétaientdesonespèce.Songrand-père,desonsang.PourtantBurnettetDerekétaient…safamille,euxaussi.Soudain surgit une autre silhouette qui arracha son grand-père de Burnett avec une extrême

brutalité.Malcolmparvintàresterdebout,maisdécochauncoupdepoingaunouveauvenu.Sesentantobligéed’agiravantmêmederéfléchiràcequ’ellefaisait,Kylieattrapal’intrusdansla

bagarreetleprojetaloindesongrand-père.Impuissant,ilseretrouvaàprèsdetroismètresenl’air,etenretombantsesyeuxbleuscroisèrentceuxdelajeunefille.Lucas.Alorscommeça,ilétaitvenu.Le souvenir dugarçonqui embrassait sa fiancée surgit dans sa tête et résonnadouloureusement

danssoncœur.L’espaced’uneseconde,elleregrettadenepasl’avoirjetédeuxfoisplusfort.Ellesedétourna,etparvintnonsansmalàreprendresonsouffle,quandsesyeuxseposèrentsur

Derek,quiluttaitencorecontrelesdeuxcaméléonsquiletenaient.–Lâchez-le,dit-elle,bouillonnantderage,auxdeuxhommes.Ilsfaisaientpartiedugroupedeson

grand-père,maiselles’enmoquait.ElleneleslaisseraitpasfairedemalàDerek.Sesmotsétaientàpeinesortisdesabouchequed’unseulcoup,lestypesquitenaientledemi-Fae

tombèrentcommedesmouches.Celui-ciregardaleurcorpsd’unairrenfrogné,etseredressa,avecunesortedefierté.Voir les corps inanimés par terre fit naître une vaguede panique chezKylie.Qu’avait donc fait

Derek?Elleavaitvouluqu’ilslerelâchent,maispasqu’il…Elleserappelaledondugarçondefaireperdre conscience aux gens sans leur faire de mal. Du moins espérait-elle qu’il ne les avait pasblessés.Setournantsursadroite,ellerefusaderegarderLucas.Ellel’entenditsereleveretsentitqu’illa

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fixait,qu’ill’imploraitduregarddeluijeterunbrefcoupd’œil.Ilpouvaitlasupplierdetoutcequ’ilvoulait:iln’auraitjamaisrien.Pourtant,moins de deux semaines auparavant, elle lui aurait donné son cœur.De qui se fichait-

elle?Elleleluiavaitdonné!Voilàpourquoic’étaitsidifficile.Ellesoupiraetrevintverssongrand-père,quisemblaitprêtàattaquerBurnettdenouveau,lequel

se relevaitpéniblement, la lèvre fendue.Sonexpressionet son langagecorporelvéhiculaientde laférocité,maislamainqu’iltendaitmontraitqu’ilvoulaitfairelapaix.Heureusementquequelqu’unavait du bon sens, parce qu’avec son cœur brisé qui repassait la douloureuse chansondans sa têteencoreetencore,Kyliesevoyaitmalmaîtriserlasituation.Malcolmfitunpasenavant.–Jeneveuxpasmebattrecontrevous,ditBurnett.Arrêtezimmédiatementavantqu’iln’yaitun

blessé.Kyliecompritqu’elledevaitagir.–Ilaraison,dit-elle,arrête,s’ilteplaît!Elleposaunemainsurlebrasdesongrand-père.Unedoucechaleurenvahitsapoitrine,passadans

sonbras,puisdanssesdoigts.EllesepropageadanslebrasdeMalcolmqui,peuàpeu,sedétendit.Ilinclinalatêteetinspiralonguementpoursereprendre.PuisilseprécipitaversleshommesqueDerekavaitendormis.– Ils vont bien, remarquaDerek, redoutant que l’hommene vienne l’attaquer.Mais l’agressivité

dontMalcolmavaitfaitpreuveunpeuplustôtavaitdisparu.Kylieserappelalecalmequ’elleluiavaittransmis.S’était-elleinstinctivementtransforméeenfée?

Forcément,non?Lucasserapprochad’unpas.Sanslefixerdirectement,elleremarquasesmouvementsducoinde

l’œil. Elle tâcha d’emprunter un peu de la sérénité qu’elle venait de transmettre à son grand-père.Maiscelanefonctionnaitpas.LadouleurdelatrahisondeLucassurgitdanssoncœur,écrasanttouteobjectivitéetluinouantlagorge.Songrand-pèrepritlaparole:–Toutlemondes’enva,àpartKylieetM.James.–Pourquevouspuissiezdenouveaul’attaquer?demandaLucasd’untonduretfurieux.Et pourtant, elle aurait pu jurer reconnaître le remords dans sa voix. Elle imaginait bien son

expression,sesyeuxremplisd’ombresetderegret,maisellerefusaitdeleregarder.–Faitescequ’ildit,ordonnaBurnett.Kyliecompritquecommeelle,ilreconnaissaitquesongrand-pèreavaitentenduraison.Tout le monde s’en alla peu à peu. Kylie sentit de nouveau Lucas se déplacer, mais ses pas

hésitèrent quand il se postaderrière elle.Sonodeur emplissait l’air qu’elle respirait et la questionqu’ilchuchotaiteffleurasesoreilles.–Tumedétestesaupointderefuserdemeregarder?Siseulementjepouvaisledétester,pensaKylie.Puisilpoursuivitdansunmurmure:–Ellen’ajamaiscomptépourmoi.Iln’yaquetoi.Lebruitdesespasquis’enallaientressemblaitauxdernièresmesuresd’unechansontriste.Sesparolesplanaientencoredansl’air.EllesenvahirentKyliedeplusieursvaguesd’émotion.Elle

savaitqueLucasdisaitlavérité;elleétaitencorefée,elleressentaitsessentiments,ilss’infiltraientdanssapeau,seglissaientdanssoncœuretenflaient jusqu’à ladouleur.Maissavoirqu’ildisait lavériténechangeaitriendutout.

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Qu’il ait eu l’intention ou pas de la blesser, il l’avait fait.Comment aurait-il pu ignorer qu’elleseraitdévastéed’apprendrequ’ilétaitpromisàuneautre?Nepouvait-ildevinerqu’elleseraitblesséededécouvrirquetoutletempsoùqu’ilss’étaientfréquentés,ilvoyaitcettefilletoutenfeignantdesesoucierd’elle?Ellesursautaquandunlégercontacteffleurasesomoplates.Unfrôlementlentetdoux,pasdansle

but de séduire ni d’attirer l’attention.Uniquement d’apaiser. Le calme chaud du toucher ne laissaitaucundoutesurl’identitédelapersonne.Derek.Ladouleurs’atténuadanssapoitrine,etd’unbattementdecils,ellefitdisparaîtreleslarmesquilui

piquaient les yeux. Tâchant de reprendre le contrôle de ses émotions imprévisibles, elle restaimmobile,lesyeuxfermés,seconcentrantsurlesoleilsursapeauetlabrisesursesjoues.–Kylie?LavoixdeBurnettluifitouvrirlesyeuxd’uncoup.Songrand-pèreetluisetenaientjustedevantelle.L’inquiétudeselisaitsurleursvisages.–Tuvasbien?demandasongrand-père.–Super.Elleébauchaunsourire,aussipeucrédiblequelaréponsequ’ellevenaitdedonner.–Alorsviens,ditlevieilhomme,ilfautquel’onparle.Àlamaisonetdevantunetassedethé.Burnett luiadressauncoupd’œilrapide: iln’étaitpasdupeetvoyaitqu’ellen’allaitpasbiendu

tout.Elle,de soncôté,discernaautrechosedansson regard.Ouavait-elle lu sesémotions?De lapeur. Comme s’il craignait qu’elle n’aime pas ce qu’il allait révéler. D’ailleurs ce qu’elle avaitentenducesdernierstempsneluiplaisaitpasdutout.Puiselleserenditcomptequ’ellen’avaitpenséqu’àelle.Égoïstement,elles’étaitconcentréeuniquementsursapropredouleur.SiBurnettavaitfaitledéplacement,cen’étaitpeut-êtrepasseulementàcaused’elle.Elles’arrêtabrusquementetattrapalevampireparlecoude.–Toutlemondevabien?Que…ques’est-ilpassé?

Cinqminutesplustard,Kylie,assiseàlatabledelasalleàmanger,attendaitquesatanteleurserveduthéglacéavantdecommencerlaconversation.Ellepriaitsimplementpourquecelan’aggravepasce qui s’était produit devant la grange. La tension entre Burnett et son grand-père remontait toutdoucement.CelledeKylie,en revanche,avaitdéjàatteint sonparoxysme.Quelqu’unavait intérêtàprendrelaparole,sinonelleallaitcraquer.Etparquelqu’un,ellepensaitàBurnett.Il avait repoussé la réponse à sa question jusqu’à ce qu’ils aient un endroit où parler.Ce qui la

mettaitenétatd’alertemaximale :elleavait raison.Iln’yavaitpasqueMario, ils’étaitpasséautrechose.Quelqu’unallaitmal.Surlaroutedelamaison,elleétaitdevenuefolleenimaginantlepire.Àprésent,assisedevantune

pizzafroideaucentredelatable,elleréprimaunesensationdenauséealorsquediversesversionsdupire transperçaient son cœur. Elle savait que Derek et Lucas allaient bien. Elle n’aurait pas dû sesoucierdeLucas,maispourtantelles’enfaisait.Holidayallaitforcémentbien,sinonBurnettn’auraitpasétédanssonétatnormal.Ill’aimaittrop

pournepaslaisserparaîtreuneémotions’illuiétaitarrivéquelquechose.Cequilaissait…Ellesongeaimmédiatementàsesdeuxplusprochesamies–aveclesquellessongrand-pèreavait

insistépourqu’elleneparlepaspendantunmoment.Maisparcequ’ilavaitfinalementacceptéqu’ellediscuteavecHoliday,elleavaitessayédes’yfaire.Mais…s’illeurétaitarrivéquelquechose…Ohnon!Sansmêmequ’elleconnaisselaréponse,deslarmespiquèrentlesyeuxdeKylie.

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Ellepensa tout d’abord àDella.Lavampirebornée était enmissionpour l’URF.Quelque choses’était-ilmalpassé?Dellaallait-ellebien?Kylie se revit luidirequecelane luiplaisaitpasqu’elle travaillepour l’URF,maisquandDella

était carrément venue lui demander si elle voulait qu’elle refuse d’aider l’organisation, elle ne luiavaitpasréponduparlanégative.Ellesavaitàquelpointsonamiedésiraittravaillerpourl’agence.Maiss’illuiétaitarrivéquelquechose,Kylieauraitregrettésaréponseàtoutjamais.L’inquiétuderéduisitsapatienceenunfiltoutmince.–Est-ceDella?lâcha-t-elleenfinalorsquel’onposaitunverredethédevantelleetquesatante

sortaitdelapièce.Illuiestarrivéquelquechose?Burnettlaregarda.–Non.Dellavabien…pourcequej’ensais.Elleesttoujoursenmission.–Alorsqui…ques’est-ilpassé?Burnettpritleverrefroiddanssesmainsencoupe,maisnelesirotapas.Sicen’étaitpasdusang,

ilnebuvaitpresquerien,àpartlecafénoirqu’ellel’avaitvuconsommercertainsmatins.–AprèsavoirétéinformésqueMarioavaitétévuàFallen,nousavonsassistéàunincident.Nous

nesommespassûrsquecelasoitlié.–Ilyaeuunblessé?Cesmots la piquèrent à vif quand ils franchirent ses lèvres,mais quelque part, elle savait avec

certitudequequelqu’unnes’enétaitpastiréindemne.Ilfittournerleverredeuxfoisdanssesmainsavantderépondre:–Helens’estfaitattaquer.Kylie en eut le souffle coupé.Helen était lademi-fée laplus timide et laplusdociledeShadow

Falls.Quidoncvoudraitluifairedumal?Laréponserésonnacommeunéchonondésiré.Mario.–Est-cequ’elle…vabien?L’adjectifvivantetraînaitsurseslèvres,maiselleredoutaitdeleprononcercarcelaluiauraitfait

tropdemal.–Oui,répondit-il,çavaaller.Etnousnesavonsmêmepassitoutcelaestliéoupas.–Cen’étaitdoncpasceMarioquicherchaitKylie,observasongrand-père.Elleleregarda,puisenfonçauneporteouverte:–Burnettneseraitpaslàs’ilnelecraignaitpas.Àcontrecœur,celui-ciopinaenjetantuncoupd’œilàKylie.–Nouslecraignons.Maisenréalité,aucunepreuveneleconfirme.Elleaétéattaquéepar-derrière.

Ellenesesouvientderien.– Comment va-t-elle ? demandaKylie en priant pour que Helen ne garde pas de cicatrice – ni

physiqueniémotionnelle.–Elleestplusfortequenousnelepensions.Sesblessuresétaientgraves,maissansmettresavieen

danger. Comme tu peux l’imaginer, Jonathon reste à son chevet nuit et jour. Ses parents sont àl’hôpital, et il y a eu desmoments gênants…Apparemment,Helen ne leur avait pas parlé de sonnouvelamour.Kylie imagina le grandvampire efflanqué et piercé tenir lamain d’Helen sous le regard de ses

parents.–J’imagineaussiqu’ilesthyperénervéetqu’ilveutsevenger.UnsemblantdesourireeffleuraleslèvresdeBurnett.Maisilnedurapas.– Je vois que tu connais très bien Jonathon.Nous avons posté des gardes à l’hôpital, au cas où

l’agresseurreviendrait.

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–Jepeuxyaller?demandaKylie.–Non,répondirentBurnettetsongrand-pèreenmêmetemps.Lepremierpoursuivit:–SiMarioestderrièretoutça,c’estpeut-êtreunstratagèmepourt’attireràl’hôpital.L’idéequ’elleetelleseulesoitlaraisondel’agressiond’Helenluifitmalaucœur.Puislacolère

parvintàsefrayerunchemindanslepeudeplacequirestait.ElleenavaitmarredesgensqueMariofaisaitsouffriràcaused’elle.Maiscommentpouvait-elleymettreunterme?C’étaitlaquestionàunmilliondedollarsàlaquelleilfallaitrépondre,décidaKylie,etleplusvitepossible.Burnettseredressasursachaise.– Après l’attaque d’Helen, j’ai commencé à m’inquiéter pour la sécurité de Kylie, reprit-il en

regardantMalcolm.Jemesuisditquesijepouvaisvoustrouver,alorsluiaussi,j’ensuissûr.JecroisqueKylieseraitplusensécuritésielleretournaitaucamp.–Etmoijenesuispasd’accord,répliquasongrand-père.–Vousn’êtespasd’accord?Burnettbouillonnaitderage.–Marioaétéclair:ilveutqueKylierejoignesongroupedecaméléonsescrocs,sinonillatuera.Il

sesentmenacéparsonpouvoirdeprotectrice.– Je sais tout cela, insistaMalcolm.Vous n’êtes pas le seul à quiKylie se confie.Mais si cette

attaquesurl’autrefillevisaitàéloignerKylie,alorscelasignifiequ’ilnesaitpasoùellesetrouve.–Maispourcombiendetemps?demandaBurnett.Marion’estpasdugenreàlaissertomber!–Peut-être,maiss’ilestdéjàparvenuàentreraucamppourattaquercettefille,pourquoivoudriez-

vousmefairecroirequ’ilnerecommencerapaspouratteindreKylie?–Mais…Kyliepritlaparole,maisleregardglacialqueluiadressaBurnettluiintimadelelaisserfaire.Elle

fermalabouched’uncoup,mêmesicelal’agaçait.–Jecomprendsvosinquiétudes,ditBurnett,toutefoisl’agressionn’apaseulieudansl’enceintedu

camp.Il fit denouveau tourner leverrede théentre sesmainsetbaissa lesyeux sur le liquideambré,

commes’ilréfléchissaitavantdeleboire.Puisillevalesyeux.– Ilyaunautre facteuràprendreencompte :nous sommesplusnombreuxpourcombattrecet

escrocetsesadeptes.Etsijesaisquecetteidéevousmetprobablementenrage,j’aiégalementl’aidede l’URF. Avec le bureau à Fallen, près du camp, je peux disposer d’une centaine de personnesentraînéesenquelquesminutes.Malcolmserembrunit.–Vousavezraison,celamefaitenrager.IlmarquaunepauseetKylielevitserrerlesdentsavantdereprendrelaparole.–Jedoisvousdirequelaseuleraisonpourlaquellejesuisassisàcettetableavecvous,c’estparce

que ma petite-fille a un respect profond pour vous. En l’absence de son vrai père et vu saconfigurationfamiliale,vousavezàbiendeségardsreprésentéunefigurepaternellepourelle.Burnettpassaledoigtsurlacondensationquelethéformait,commesientendretout lebienque

Kyliepensaitdeluilemettaitmalàl’aise.–J’espèredetoutmoncœurquevousméritezsonrespect.Levieilhommeinspiraprofondément.–Celadit,lalogiquedontvousfaitespreuvelàmedéconcerte.Vousprétendezéloignermapetite-

filledel’URF,etpourtantvousn’hésiteriezpasàleurfaireappelpourlaprotéger.Commentest-ce

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possible?–Je ferai toutpournepasqu’ils la testent, simplementparceque jenesuispassûrque les tests

soient à cent pour cent sans risque. Je crois que leur empressement à trouver des réponses lesempêched’enmesurerlesconséquences.Maisjevousenprie,n’allezpasimaginerquejelescroiscapables de reproduire ce qu’ils ont fait à d’autres par le passé. L’URF n’est pas parfaite,M.Summers,aucuneorganisationne l’estoune lesera jamais,maiscen’estplus lamêmeagencequ’àl’époque.Lesilenceenvahitlapièce.Latensionfutpalpable.–Laissez-moiramenerKylieàShadowFalls,oùjecroisqu’elleestlaplusensécurité,poursuivit

Burnett.J’auraidesgardesquiattendrontMarioetquilesurveillerontquandilpasseraàl’acte.Nousseronsprêts.Nousl’attraperonsetmettronsuntermeàtoutcela,unebonnefoispourtoutes.–Etnouspouvonsfairelamêmechose,ajoutasongrand-père,letonencorepincé.LagrimacedeBurnetts’accentua.–Regardez-moidans lesyeuxetdites-moihonnêtementquevouscroyezquevouset lesvôtres,

vousêtescapablesdegérercela.Malcolmentrelaçasesdoigts–bien fort–etposasesmains jointessur la table.Puis il les fixa,

commes’ilsoupesaitlesparolesdeBurnett.Quandillevalesyeux,ilcroisaceuxdeKylie,puisilregardaBurnettd’unairrenfrogné.– Je ne suis pas du tout d’accord avec votre plan ; ni avec votre impression que nous sommes

prétendument incapables de protéger l’un des nôtres. Encore que je puisse me raccrocher auxpréjugés du passé. Des préjugés qui, j’en suis certain, feront partie de moi jusqu’à mon derniersouffle.Ils’éclaircitlagorgeetlaissaéchapperunsoupir.–Toutefois,simapetite-fillem’aapprisquelquechosedepuisqu’elleestici,c’estqu’elleestelle-

même.Doncsij’espèrequ’elleécouteramonconseilàcesujet,jesuisconscientqueladécisionluiappartiendra.J’aiperdubientropdemembresdemafamilledanscettevie,etjetiensbientropàellepourlafairefuirenessayantdelagarderauprèsdemoi.LeslarmespiquèrentdenouveaulesyeuxdeKylie.Elleposasesmainssurcellesdesongrand-

père.Illesserradanslessiennesetlaregarda.–Resteici,Kylie.Resteetcontinueàapprendrequituesetoùesttaplace.Soncontactlaréchauffa.Etunepartied’ellevoulutcapituler.Maisàquelprix?

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AvantqueKylieneparle,elleconstataàl’expressiondesongrand-père,qu’ilconnaissaitdéjàsadécision.Ellevitlemalqu’elleluifaisaitetressentitsadouleur.–Tunemeperdraspas.L’endroitoùjevisnechangerarien.Jeseraitoujourstapetite-fille.Maisje

croisqueBurnettamarquédespoints:jedoisrepartirlà-bas.C’était,pensait-elle,leseulchoixqu’ellepuissefaire.ShadowFalls,c’étaitchezelle,maiscelan’expliquaitqu’unepartiedesadécision.Toutau fond

d’elle,ellesavaitqueBurnettnesetrompaitpas.Sisongrand-pèreetsonenclosdecaméléonsétaienttrèsdoués,ilsavaientpassélamajoritédeleurvieàéviterlaconfrontation,ànepass’ypréparer.IlsnefaisaientpaslepoidsfaceàMarioetàsonclanassassin.LeproblèmeétaitqueKylien’étaitpassûrenonplusqueShadowFallspuissefairefaceàMario.Et

sioui,combienencoreseraientblesséscommeHelen,oupire, tués?Cen’étaitpascommesicelan’étaitjamaisarrivé.Alorsqu’elleavançaitencalantsespassurceuxdeBurnettjusqu’àlaported’entrée,ilsgardèrent

lesilence.Lanuitlesenveloppait.Unepartieducieloccidental,teintéderose,indiquaitledépartdusoleil.Quandilsparvinrentàlaporte,illaregarda.–J’appelleraitongrand-pèrepourfixerl’heureàlaquellejeviendraitechercherdemain.Kylieacquiesça.Elleavaitinsistépouravoirletempsdedireaurevoiràsongrand-père.Maisà

présent, son cœur ne voulait pas voir Burnett partir. Ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion dediscuter.Cedernierquartd’heure,songrand-pèrel’avaitpasséàdemanderàBurnettcommentillesavaittrouvés.Celui-cileurexpliquaquec’étaitgrâceàl’agenceimmobilière.Quandsongrand-pèreavaitvendusamaison,Burnettavaitputrouverquis’étaitoccupédelavente,etgrâceauxarchives,ilavaitdécouvertuneautremaisonquiavaitappartenuauvieuxmonsieur.–Promets-moiqueHelenvavraimentbien.–Commejetel’aidit,ellevaguérir.–EtlamissiondeDella?Toutsepassebien?Ellen’estpasendanger?

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–Madernièrecommunicationavecelleaconfirméquetoutallaitbien.Kyliehochalatête.–EtHoliday?–Elleestinquiète.Maiselles’esttoujoursfaitdusoucipourvous,lesjeunes.Elleestcommeça,

voilàtout.–Maisentrevous,ça…va?Ilsourit.–Oui,trèsbien.LessouriresdeBurnettétaienttellementraresqu’elledevinaqu’effectivement,çadevaitallertrès

bienentreeux.–EtMiranda?demandaKylie.–Ellesesentseule.Depuisledépartdesesdeuxcolocs,ellenesaitplustropoùelleenest.Comme

beaucoupd’autres,elleseraravied’apprendrequeturentres.–Biensûr.Sansaucuneconfigurationchangeanteàvérifier,ondoitplutôts’ennuyer,c’estclair!Burnetthaussalesépaules.– Je crois que tu n’en reviendrais pas si tu savais combien de personnes ont demandé de tes

nouvelles.Tuesloind’êtrelapariaquetuimagines,Kylie!–Tout lemondememanqueaussi, avoua-t-elle. Jepeux te serrerdansmesbraspour tedireau

revoir?IlarquaunsourcildésapprobateuretKyliecompritimmédiatementpourquoi.Burnettn’étaitpasdu

genreàpassercomplètementl’éponge.–Jenepensaispasmériteruncâlin, lança-t-il, lui rappelantqu’ellene luiavaitmêmepasditau

revoirquandelleavaitquittélecamp.–J’aieutort,admit-elle,reconnaissantqu’ellen’avaitquecequ’elleméritait.Jesavaisquetum’en

voudrais.Maiscelan’auraitfaitqu’empirerleschoses.–Oui,jet’enaivoulu.J’auraisinsistéentedisantquetuavaistort,dit-il.Etj’auraisbienfait.–Pasforcément.J’aiappriscertaineschosesici.Deplus,j’aipuprofiterdemongrand-pèreetde

magrand-tante.Letempsquej’yaipassén’apasétéqu’unegrosseerreur.–Jecomprendstonbesoind’enapprendreplussurtoi-mêmeetjesuisd’accord,ilyaunmoment

pourseréconcilieraveclafamille,maispasquandtavieestendanger.Kylieleregarda:–Doncnotrebien-êtreestplusimportantquelafamille?Holiday,c’esttafamille,non?Ellesavaitqu’elleavaitmarquéunpoint.Iln’essayamêmepasdebaratiner.–J’enconviens.–Waouh,c’estraredetapart!dit-elleensouriant.

–Alors,profites-en!rétorquaBurnett.Maiscen’estpasjuste:tuconnaissaismaseulefaiblesseettut’enesservicontremoi!–Êtreamoureux,cen’estpasunefaiblesse,observaKylie.Puissoninquiétudechassalalégèretédumoment.–Es-tuvraimentsûrqueMarioafaitcelaàHelen?–Suffisammentpourêtreici,dit-il.Etsuffisammentpourordonneràdesgardesdesurveillercet

endroitcesoir.Marioadécelétonpouvoir,Kylie.Tuconstituesunemenacepoursonexistence.Pourtant,ellesesentaitimpuissantefaceàlui.Elleregardaderrièrelaported’entréeetvitlesdeux

silhouettesdeLucasetDerek.Ilssetenaientàcinqmètresl’undel’autre,commes’ilsn’étaientmême

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pasensemble.Oucommes’ilsétaient…postéspour…Allaient-ilsluiservirdegardes?L’idéequeLucaspuisseveillersurellealorsqu’ill’avaittellementfaitsouffrirfitnaîtreunenouvellevaguededouleurdanssapoitrine.–PasLucas,murmura-t-elle.–PasLucasquoi?demandaBurnett.Kyliesetrouvaunpeupuériledeleressentir,etplusencoredeleformuler,maisellenevoulaitpas

lesavoirsiprèsd’elle.Elles’enpréoccuperaitdèslelendemain,quandellerentreraitàShadowFalls,maispascesoir.–JeneveuxpasqueLucasveillesurmoi.Burnett ouvrit la bouche pour dire quelque chose,mais se ravisa. Puis, fronçant les sourcils, il

hochalatête.Kylieignorasonairdésapprobateuretallaleserrerdanssesbras.L’étreintedeBurnett,bienquefroideàcausedesatempératurecorporelledevampire,laréchauffa.

Savoir que le lendemain elle rentrerait chez elle lui permit d’y mettre plus facilement un terme.Pourtant,l’idéedeseretrouverenprésencedeLucasrendaitdoux-amersonretouràShadowFalls.Kylie se remit en route vers la maison, mais à mesure qu’elle se rapprochait, elle redoutait la

conversation qui se tiendrait sûrement à l’intérieur. Comme elle avait besoin de quelquesminutespour trouver lesmots qui aideraient songrand-père et sa tante à comprendre, elle passa devant lamaison sans s’arrêter et se dirigea vers le belvédère. Le ciel étincelait d’un rose vif et le soleilcouchantéclairaitlascèned’uneteintedorée.Alorsqu’elleavançaitentreleschênesverts,sonregards’arrêtasurlatillandsiequisebalançaittoutdoucementdanslabrise.Ellesedemandasisongrand-pèresesentiraitobligédepartir,maintenantqueBurnettavaitprouvé

qu’il était facilede les retrouver.Elle espérait quenon.Aussimécontente fût-elle cette semaine, labeautédeslieuxneluiavaitpaséchappé.Leséchosdelanatureannonçaientlatombéedelanuit–unoiseau,quelquescriquets.Puislecrépusculesemblaretenirsonsouffleetlatranquillitédel’instantvolaenéclatsquandune

brindillesebrisa.LecœurdeKyliemanquaunbattementlorsquesonregardseposaverslarangéed’arbres.Pourquoi cepetit bruit lui semblait-il importun, elle l’ignorait. Il s’agissaitprobablementd’unecréatureinnocentequirentraitchezelleavantlanuit.Pourtant,cebruitn’avaitriend’innocent.Une ombre se faufila soudain entre les arbres. Sans pouvoir expliquer pourquoi, au lieu de

s’enfuir,Kyliesesentitobligéed’allerverselle.Enseruantverslalisière,ellecrut,l’espaced’uneseconde,reconnaîtrelasilhouettefémininequi

entraitetsortaitdesténèbresàtouteallure.Kylies’arrêtabrusquement.Commentétait-cepossible?Commentpouvait-elleêtre là?Quefaisait-elle?Elle l’avait suivie.

ElleavaitforcémentsuiviLucas.Sinon,queferaitlàsafiancée?Sanstropsavoirsiellevoulaitaffrontercettefille,Kylie tournales talons.Ellen’avaitparcouru

quequelquesmètresquandelleentenditunbruitdepasdanslaterredouce,calésurlessiens.–Queveux-tu?lâchaKylied’untonsec,sansregarderlapersonnequiavançaitàcôtéd’elle.–Parler, répondit celle-ci,mais la voixn’était pas lamême.Cen’était pas le ton léger et fleuri

qu’elleavaitentendupromettresonâmeàceluiqu’elleaimait.Cen’étaitpasMonique.Kylies’arrêtaetregardaJenny,uncaméléondedix-septans.Elleétaitbruneetmesuraitlamême

taille.Kyliel’avait-elleprisepour…?–C’étaittoi?–C’étaitmoiquoi?fitJenny.

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Kylieregardadenouveaulestraitsdelajeunefille:unnezdroit,unmentoncarréetdesyeuxvertclair tirant sur legris.Sonvisage lui était familier ;oualors, elle ressemblait àquelqu’unqu’elleconnaissait.–Tu…tuétaisdanslesbois?–Oui.Jevenaisdecheznous.Kylieeutunbrefregardpourlapersonnequ’elleavaitprisepourMonique.–As-tuvuquelqu’und’autre?–Nonpourquoi?Ilyavaitquelqu’un?Kylieregardadenouveaulebois.–Peut-êtrepas,admit-elle.Maisellen’étaitpastotalementconvaincue.Enloup-garouqu’elleétait,

Monique pouvait semontrer très discrète si elle le désirait. Ou s’enfuir très rapidement. Kylie seremitenroute,pensantplusvitequ’ellenemarchait.–Alors…tuveuxbien?demandaJenny.Perduedanssespensées,Kylielevalesyeux.–Jeveuxbienquoi?–Quel’ondiscute,expliquaJenny,etelleserrasesmains,commesielleredoutaitquelquechose.–Je…Jedoisparleràmongrand-pèreetàmatantetoutdesuite.Maistun’asqu’àpasserunpeu

plustard?Elleremarqual’expressioninquiètedeJennyettrouvabizarrequecelle-civeuilleluiparler.Jenny

nes’étaitpasmontréedésagréableavecelledepuisqu’elleétaitlà,maisellen’avaitpasnonplusététrèsaimable.–Quelquechosenevapas?–Larumeurditquetut’envas?C’estvrai?Kylieacquiesçad’unsignedetête.Jennysemorditlalèvreinférieure,nerveuse.–Quand?–Demain,réponditKylie.Desvoixvenaientdelamaisondesongrand-père.Kylieregardaverslaporte.–Je…jedoisyaller.Jennypartitcommeuneflèche.Kylieseretournaetvitquatreanciensdeboutsurleporche,comme

surledépart.Elleregardaderrièreelleetessayadeseconvaincrequ’elleavaitvuJennyetpasMonique.Mais

ellen’enétaitpaspersuadée….Quandellesedirigeaverslamaison,ellecroisalesanciens.Ilsluidirenttousbonjourd’unsigne

detête,maisellesentitlatensionémanantd’eux.Elleétaitsûrequ’ilsétaientvenusvoirsongrand-pèrepourparlerd’elle.SielleétaitsoulagéequecedernieraitfaitlapaixavecBurnett,cen’étaitpasforcément le cas pour les autres. Et cela, comprit Kylie, pourrait causer des problèmes. Nonseulementàelle,maisaussiàMalcolm.Ellehésitaà frapperquandelleentradans lamaison.Elleyavait séjourné treize joursetni son

grand-père ni sa grand-tante ne lui avaient donné l’impression qu’elle gênait, mais elle n’avaitsimplement pas le sentiment d’être chez elle. Peut-être parce que, au fond, elle savait que sa placen’étaitpaslà,maisàShadowFalls.EllerevitBurnettdéclarerqueveniriciétaituneerreur.Etmêmesicelaluisemblaitinexact,ellen’étaitpasprêteàformulerleschosesainsi.Elleentenditdesvoixprovenantdelasalleàmanger,maisquandelleyentra,ellesseturent.Trop

vite.Detouteévidence,onnevoulaitpasparlerdevantelle.Elles’arrêtasurleseuil.Satanteetsongrand-père,assisàtable,laregardaient.Siseulementellesavaitquoidire!Pourtant,unepartied’elle

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avaitconsciencequequoiqu’elledise,cela leur feraitde lapeine.Peut-êtreBurnettavait-il raison.Elleavait commisuneerreurenvenant.Neserait-cequepour lechagrinqu’elleavait causéà songrand-pèreetàsatante.–Jesuisdésoléesij’aicréédesproblèmes.Jesuisdésoléeque…–Net’inquiètepas,monenfant;assieds-toi,larassurasatante.Veux-tuquejeréchauffetapizza?–Non,jen’aipasfaim,ditKylieens’asseyantetenregardantsongrand-père.Lesancienssont-ils

énervésàcausedecequis’estpassé?Sont-ilsencolèrecontremoi?Etvous,m’envoulez-vous?Songrand-pèresoupira.–Ilssonténervés,oui,maissansraisonparticulière.Ilsn’aimentpaslechangementet,cesjours-ci,

ilyenaeubeaucoup.Surtoutàcausedemoi,pensaKylieensemordantlalèvre.–Quelqu’unm’aditunjourquec’étaitquandriennechangequ’ilfallaitcommenceràsefairedu

souci.–Jepariequecettepersonnen’étaitpasuncaméléon,lançasongrand-père.–Non,réponditKylie.

–À tort ou à raison, nous avons tendance à apprécier nos zones de confort, lui répondit-il, enhochantlatête.–Jepeuxfairequelquechosepouraider?demanda-t-elle.Lesridesentrelesyeuxduvieilhommes’accentuèrent.–Resteavecnousetcontinueàapprendrelesensdetonhéritage,dit-il.Tun’asfaitquegratterla

surfacedetoutcequ’ilyaàdécouvrir.–Malcolm,intervintFrancyne,nelametspasdansl’embarras!–Jecrainsqu’ellenes’ymettetouteseulequandellerepartira,observa-t-il.–Jeferaitoutmonpossiblepourarrangerleschoses,maisjenepeuxpasrester,déclaraKylie,qui

sentitsagorgeseserrer.–Jesuisdésolé,dit-il,enlevantlamain.Tatantearaison,jetemetslapressionetjenedevraispas.

Maissachequetuvasmemanquer.–Toiaussi,réponditKylie.Vousallezresterici?Ilhaussalesépaules.–Silesautresanciensobtiennentcequ’ilsveulent,alorsnouspartirons.–Parcequ’ilsnefontpasconfianceàBurnett?demandaKylie.–Jesuissûrequec’estenpartiepourcela.–Commentferai-jepourvouscontacter?–HaydenYatestravailleencoreàShadowFalls.Haydenétait lecaméléonquesongrand-pèreavaitembauchépourgarderunœilsurKylie.Pour

uneraisonquelconque,quandelleétaitpartie,elleavaitsimplementsupposéqu’ils’eniraitluiaussi.–Ilenseignetoujourslà-bas?Songrand-pèreopina.– Il les a convaincus que tu avais manœuvré pour qu’il t’emmène loin du camp. Ils ne savent

toujourspascequ’ilest,etc’esttrèsbiencommecela.Kylie hocha la tête, mais ne put s’empêcher d’être méfiante. On ne bernait pas Burnett aussi

facilement.–Enfait,Haydenpenseleplusgrandbiendelafaçondontleschosessontgéréesàl’école.–Tuvois,ditKylie,ilyapireendroit!

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Cettenuit-là,nesachantpasàquelleheureBurnettpasserait laprendre,elle fitsesbagages.Puiselles’étenditsursonlit,danslesdrapslesplusdouxetlacouettelaplusmoelleusequ’elleeûtjamaiseus, et passa en revue les photos de son père.On aurait pu croire que rester avec son grand-pèreatténueraitlemanquepaternel,maisnon,celaavaiteuexactementl’effetcontraire.Voircethomme–uneversionplusâgéedesonpère–n’avaitfaitquerenforcersonmanque.Après avoirpassé tropde tempsà regretterque les chosesne soientpasdifférentes,Kylie resta

allongée à fixer le plafond.Elle craignait que quitter son grand-père ne lui fasse de la peine.Elles’inquiétaitpourDella, etpourMirandaqui se sentait abandonnéeparellesdeux.Elle se faisaitdusoucipoursamèrequiétaitpartieenAngleterreetquicouchaitsûrementaveccetypequiluidonnaitlachairdepoule.Oh!bonsang,ilfallaitqu’ellechassetrèsvitecetteimagedesatête,sinonelleallaitvomirlepeu

depizzaqu’elleavaitavalé.EllesepréoccupaitaussidelafaçondontelleallaitgérerLucas.–Etmoi,alors,tunet’inquiètespaspourmoi?Le froid frappa Kylie si fort que son souffle se coupa quand l’oxygène glacial envahit ses

poumons.Elleremontalacouettejusqu’àsonmenton.–Jedevraism’inquiéterpourtoi?demandaKylie,etellejetauncoupd’œilaufantôme.Ses cheveux détachés pendaient pratiquement jusqu’à sa taille et l’apparition portait le même

peignoirblanccouvertdesang.Etelleparaissait…morte.Plusmortequ’auparavant.Kylie ne comprenait pas. Si un fantôme avait le choix entre avoir l’airmort ou presque vivant,

pourquoinechoisissaient-ilspastoujoursladernièreoption?–Non,netefaispasdesoucipourmoi.Jesuisdéjàmorte.Tuvois?Elleserrasajupecontreelleet

révélaunedouzainedefentesensanglantéesdansletissublanc.Onauraitditquequelqu’unluiavaitadministrédescoupsdecouteau.–C’esthorrible!lançaKyliequidétournalesyeuxuninstant.Quit’afaitça?Lefantômeneréponditpasetcontinuaàexaminerlestrousdanssarobe.–Enréalité,cen’estpasaussihorrible.Etpourêtrehonnête,lapersonnepourlaquelletudevrais

tefairedusouci,c’esttoi.Parcequesitunem’écoutespasenfin,tumourras.Exactementcommemoi.–Écouter quoi ?T’écouter déblatérer sur le fait que je dois tuer quelqu’un, c’est ça ? demanda

Kylieenfronçantlessourcils.–Oui.Ellecontinuaàfixerlestrousdanssarobe.Etnevapast’imaginerquecesoithorrible.Ôter

unevie,ilyapireaumonde.–D’accord,jesuiscurieuse.Combiendepersonnesas-tutuées?Larevenantelevalesyeux,commesielleréfléchissaitàlaquestion.Etcelaeutl’airdeluiprendre

beaucoupdetemps.Commesielledevaitcalculer.–Tul’asvraimentfait,hein?Tun’aspastuéqu’uneseulepersonne?–J’ensuisàunevingtaine,maisjesaisquej’enailoupéquelques-unes.Quin’avaientpasl’airde

compterbeaucoup.–Qu’étais-tu?Unetueuseàgages?–Non,enfinsi,plusoumoins.Jen’aipastiréprofitdemonboulot.Jemesuisjusteoccupéedes

problèmesd’unautre.Ettrèspeudemoi.Lesangapparutbrusquementsursesmains.Ellelesregarda.Ilgouttaitduboutdesesdoigts.Ilen

tombaunpeusursarobedéjàensanglantée,etsurletapisbeige.L’odeurenvahitlapièceetdonnades

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haut-le-cœuràKylie.Elleremarquaqu’elledevaitseréjouirdenepastrouvercetteodeuralléchantepourl’instant.–Essaierais-tudem’emmenerenenferavec toi?C’estbiença?J’aientenduparlerdemauvais

espritsquivontenenferetquifontcegenredechose.Maisjerefused’yalleretjerefusedet’aideràcommettreunmeurtre,alorslaissetomber.Pigé?Kylie ferma les yeux et, comme le lui avait montré Holiday, elle tâcha d’avoir des pensées

positivesquiempêchentlesfantômesdeprendrelecontrôle.Lefroiddisparut,maisl’espritchuchotadanssatête.–Jeneveuxpasquetuaillesenenfer.Jeveuxquetuyenvoiesquelqu’und’autre.–Va-t’en,va-t’en,va-t’en,murmuraKylie.Jenetueraipersonnepourtoi.Jamaisdelavie.Pasmoi.Kylie respira un bon coup.Mais le craquement à sa fenêtre la fit sursauter violemment et elle

poussaunpetitcriperçant.Sonregardseposasurlavitre,maisellenevitrien.Unefoislapaniqueinitialepassée,ellepensaaugeaibleu–celuiqu’elleavaitsauvédelamort.La

créaturel’avait-ellesuiviejusque-là?Elleseleva,sedirigeaverslafenêtreet,avecentêtedesimagesdefantômesenroutepourl’enfer,

tiraprudemment les rideauxdedentelleblanche.Unvisagedéformécolléà lavitresurgitdenullepart.Kyliehurla.

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–Kylie?Toutvabien?Lavoixdesongrand-pèrerésonnaderrièrelaportedelachambreaumomentmêmeoùlajeune

filleparvenaitàdistinguerlevisageàlafenêtre.Jenny.Lajeunecaméléonsinerveusequiluiavaitparléunpeuplus tôtetqueKylieavaitprisepourMonique.Quefaisait-ellecolléeà lavitre?Quevoulait-elleàuneheuresitardive?Jennydésignaduregardlaportedelachambreensecouantlatête.Lapaniquegagnasonvisage.

Elleouvritgrandslesyeux,l’implorantdenepasdireàMalcolmqu’elleétaitlà.–Oui,jevaisbien,j’aidûrêver,mentit-elle,enespérantquesongrand-pèrenesoitpasenmode

vampire,sinonil l’auraitpercéeà jour…Enjetantuncoupd’œilà lafenêtre,ellevitapparaître lesoulagementdanslesyeuxvertsdelafille.–Dorsbien,alors,ditlavoixderrièrelaporte.–D’accord,réponditKylie.Elleattenditquelespass’éloignent,puisallaouvrirlafenêtre.Jennyportaundoigtàseslèvresetluifitsignedesortir.Auparavant,Kyliepassa la têtepar laporteet jetauncoupd’œilautourd’elle.Ellenesavaitpas

tropcequ’ellecherchait,maisnevoulaitplusde surprises.Laprésencede Jenny l’inquiétait assezcommecela.Justeaumomentoùelleallaitsortiràquatrepattes,Jennyl’arrêtaetsepenchaversl’intérieur.–Cesonttesbagages?Kylieregardasavaliseposéesurunechaise.–Oui.–Prends-les,murmura-t-elle.–Pourquoi?–Ilfautquejetefassesortird’ici.–Non.Jem’envaisdemain.

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–Pasdutout.Entoutcas,tuneparspasoùtupensesaller.–Qu’est-cequeturacontes?demandaKylie.ElleeutenviederefermerlafenêtreaunezdeJenny,card’instinctellecompritquelanouvellene

seraitpasbonne.

Dixminutes plus tard, alors qu’elle traversait sans se presser le fond de la propriété, sa vieillevalisemarronàlamain,KylieneparvenaittoujourspasàcroirecequeJennyluiavaitrévélé.–Jenepeuxpascroirequemongrand-pèrefassecegenredechose.–Jetel’aidit,cen’estsûrementpaslui.Maislesautresanciens.Pourêtrehonnête,c’esttongrand-

pèreleplustolérantdetous.Kylies’arrêta.–Maisiln’accepteraitpascela!Ilneleslaisseraitpasmekidnapperetmegardercontremongré!–Écoute,jenesaismêmepass’ilestaucourant.Siçasetrouve,ilsagissentderrièresondos.Mais

toietmoi,nousavonsvulesautresanciensluiparler.LacolèreetledouteenvahirentsiviteKyliequeleslarmesluimontèrentauxyeux.–Maism’enallercommecela…jetrouvecelasiinjuste…jedevraisretournerluiparler.–Non!Situyretournes,ilyadesrisquesqu’ilsnousretrouvent.Jeconnaisl’emploidutempsdes

gardesetsinousnenousdépêchonspas,ilsteprendront.Kylie inspira. L’odeur de la forêt envahit ses poumons et elle essaya de rationaliser. La nuit

semblaitramperentrelesarbresetl’airétaitépais.–Pourquoi?Pourquoiferaient-ilsunechosepareille?–C’estclair,non?Tuesuneprotectriceettuappartiensauxcaméléons!–Jen’appartiensàpersonne!– Je ne voulais pas dire ça… je sais que tu n’appartiens à personne. Mais eux, c’est ce qu’ils

pensent.Ilsonttort,ilsonttortsurdestasdesujets.Pourquoijefaisça,selontoi?KylieregardaJenny,etlaquestionvibradanssatête.–Eneffet,pourquoi fais-tu ça, tiens ?Et nemedis pas que c’est simplement parceque tu crois

qu’ilsonttortouparcequetum’aimesbien,non,parcequ’onnepeutpasdirequetum’aiessouventadressélaparole.Moninstinctmeditqu’ilyaautrechose,etengénéral,ilnesetrompejamais!Elledétournalesyeux,maisKylieeutletempsd’ydécelerdelaculpabilité.–C’estunesortedepiège?demandaKylieenregardantautourd’elle.–Non,cen’estpasunpiège,réponditJenny.Kyliereconnutlaconvictiondansletondelajeunefille,maisellen’étaitpasenmodevampireet

nepouvaitpasjugersiellementait.ElleregardaJennyplusattentivement.–Soittut’expliquesimmédiatement,soitjetournelestalonsetjerentre.–Expliquerquoi?demandaJenny,frustrée.–Pourquoituvoudraism’aideralorsquetunem’appréciesmêmepas!Jennymaugréa:–Écoute,jenet’aimaispasparcequetuplaisaisàBrandon.Jesuiscenséeêtresafiancée,etsicela

merendfurieusequ’ilspensentpouvoirmediredequijedoistomberamoureuse,celam’atoutdemêmeénervéequandilestdevenufoudetoi.–Safiancée?Tuveuxdirequelesanciensessaientd’arrangerdesmariages?–Ilsessayentdetoutfaire.Ilssonttousfous!Enfinpastongrand-père,pascomplètement,mais…

(Jennyfrottasamainsursonjean,commesiavouercequ’elleressentaitlarendaitnerveuse.)Ilsnous

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protègentdetout.Ilsprétendentquec’estparcequ’ilsneveulentpasquelesgensnousvoienttantquenousn’avonspaslacapacitédedissimulernosconfigurations.Maisregarde-toi!Tuasvécudanslemondenormal;tunet’espasfaittuerettun’espasnonplusdevenueesclave!–Esclave?–Oui,ilsseserventdelapeurpournousfaireobéir.Pournousconvaincrederestericietdene

pasallerdanslemonde.Kyliesecoualatête.–Jen’airienentendudetel.Mais elle se rendit brusquement comptequ’elle s’était vraiment sentie isoléedepuis sonarrivée.

Elleavaitététellementsubmergéequ’ellenes’enétaitpasaperçue.–Ilsfonttrèsattentionàcequ’ilsdisentdevanttoi.Maistudoismecroire.Ilsveulentqu’onreste

ici.Pournousprotéger, selon eux,mais…parfois, je penseque cequ’ondevrait redouter le plus,c’estdeselaisserétoufferparcemodedevie.Ets’ilsdécouvrentqu’onn’estpasd’accordaveceux,ilyaunsacréprixàpayer.–Cequimeramèneàmapremièrequestion,ditKylie.Situassipeur,pourquoifais-tuça?Elledétournadenouveaulesyeux.–Pourquoirefuses-tudemeledire?insistaKylie.Jennysoupira.–C’estpourHayden.–HaydenYates?–Nousparlonsparfois.Mesparentsnelesaventpas,lesanciensnonplus.Ettunedoislerépéterà

personne.Kyliefitlecalculdanssatête,comparal’âgeprobabledeHaydenetceluideJenny.–Ilesttropvieuxpourtoi.LesyeuxvertsdeJennys’écarquillèrent.Ellesecoualatête.–Cen’estpasmoncopain!C’estmonfrèreaîné!Kylietâchad’enregistrercettenouvelleinformation.–Alorspourquoitesparentsrefuseraient-ilsdeluiparler?–Parcequ’ilestparti.Lorsqu’uncaméléons’enva, ilestcensécouper lespontsavecsafamille

pournepasnousexposer.–Maismongrand-pèrel’acontacté,fitremarquerKylie.–Comme je te l’aidit,desdeuxmaux, tongrand-pèreest lemoindre ici. Ilme laissemême lui

parlerde tempsen temps.Maisnousn’avonspas le tempsdebavarder.Jesuissérieuse,sinousnepartonspastoutdesuite,lesgardesvontnousrattraper.Unbruitdepasponctual’avertissementdeJenny.– Zut ! dit-elle, cours ! Continue vers le sud, tu devrais parvenir en lisière de la propriété. Tu

devraismêmeyarriveravantlesgardes,situtedépêches!–Mais…–File!J’aipromisàmonfrèrequejeteferaissortird’ici!L’urgence dans le ton de Jenny l’avait fait détaler comme une flèche, mais à peine avait-elle

parcourucentmètresquesapoitrineseserrasouslemauvaispressentimentd’abandonnerJenny.Ellesentit le changement subtil dans son corps à l’idée que quelqu’un puisse être en danger. Ellen’abandonneraitpascettefille,non,pastantqu’ellen’étaitpassûrequeceuxquisedirigeaientversellenereprésentaientpasunemenace.Ellerebroussacheminetrepartitdansl’autresens.

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–Mince alors ! fit unevoix rauquedans l’obscuritéde la forêt, unevoixqui lui était familière.Lâche-moi!–Laissez-latranquille!hurlaJenny.Ellerentrechezelle.LespiedsdeKyliemartelèrentencoreplusdurementlesollorsqu’elleseruaenlisièredesarbres.

Ellenes’étaitpasencorearrêtéequ’ellereconnutsavoix.EllevitDerekavecuneJennytrèsénervée,accrochéeàsondos,lesmainssursesyeuxetlesjambesenrouléesautourdesataille.Derekécartad’uncoupseccesmainsdesesyeux,maisJennymaintintsonétreinteautourdesa

gorge.–OùestKylie?grogna-t-il.Etilvirevoltasurlui-mêmepourfairetombersonattaquante.Kylie faillit sourireenvoyantJennyperchéesurDerek.Sonsouriredisparutquandelleconstata

qu’ilnebougeaitplusetfermaitlesyeuxpourseconcentrer.Ellecompritqu’ilallaitfairecetrucquilaisseraitJennysansconnaissance.–Arrête!Jesuislà!braillaKylie.–Tuleconnais?demandaJenny,lesjambesenserranttoujoursDerek.–Oui,jeleconnais,lâche-le,suggéraKylie,quin’étaitpassûrequeDerekcomprennequelajeune

fillen’étaitpasunemenace.Jenny relâchasonétreinte,puis recula rapidementd’unpas,commesi l’instantdepaniquepassé

avaitfaitplaceàdelapeur.Derekseretourna,regardal’adolescented’unairrenfrogné,cequeJennylui rendait bien.Au bout d’une seconde seulement, sa colère s’apaisa.Tous deux s’affrontèrent duregard,sejaugèrent.–Alorspartez…touslesdeux,ditJennyenagitantlesbrasetendétournantrapidementlesyeuxde

Derek.Allez-y,avantquelesgardesnevoustrouvent.–Quesepasse-t-il?demandaDerekàKylie.Ellevitsesyeuxseposersurlavalisequ’elletenaitàlamain.–Elleprétendquelesanciensveulentm’empêcherdepartir.Kyliesentitalorslepincementdelatrahison.Songrand-pèreétait-ilmêléàcela?–MaisBurnettadit…–Vousn’avezpasletempsdeparlerdeça!lançaJennyd’untonsec.DerekregardaKyliecommes’ilattendaitqu’elleprenneladécision.–Ondevraityaller,déclara-t-elle,tristeàl’idéedenepassavoirsisongrand-pèrel’avaittrahieou

non.EllejetaundernierregardàJenny.–Merci,dit-elle.Jennyluiadressaunsouriretimideethochalatêtejusteavantleurdépart.Kylie cala sonpas sur celuidugarçon, sachantqu’il nepourrait pas la suivre.Lavalisequ’elle

tenaitfermementàlamainétaitlégère,maisrebondissaitdemanièregênante.–J’auraispulafairetomber!Tusaisquejenevoulaispasfairedemalàcettefille!–Jesais.Elleréprimaunsourire.C’étaitquoi,leproblèmed’egodesmecs?Le bruit de leurs pas remplit l’obscurité. Mais, soudain, l’ambiance fut différente. Si Kylie ne

parvenait pas à l’expliquer, sa peau devint ultrasensible et son cœur battit un peu plus vite. Peur.Danger.Etaucoupd’œilrapidequeDerekluilança,Kyliecompritqu’ellen’étaitpaslaseuleàleressentir.

Ils hâtèrent brusquement le pas et parvinrent à une centainedemètres duportail enmoinsde cinqminutes.Kylieauraitpuyarriverendeuxfoismoinsdetemps,maispasledemi-Fae.Ilspourraient

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facilementsauterpar-dessus.Elleallaitparlerdesonplanaugarçonquandellesesouvint:cen’étaitpasparcequ’ilsnepouvaientpasvoirlesgardesqueceux-làn’étaientpaslà.Elleattrapasonamiparlebras,etl’entraînaderrièreunarbre.–Attends,murmura-t-elle.–Lavoieestlibre,dit-ilenjetantunregardcirculaire.–Passûr,répondit-elle,cesontdescaméléons.Leregarddujeunehommeseposabrusquementsurlaclôture,etsonfrontseplissadeperplexité.

Ellevitàlasecondeprécisequ’ilcomprenaitcequ’ellevoulaitdire.–Commentpourrions-nouslesavoir…s’ilssontinvisibles?demanda-t-il.Kylie se souvint que si elle ne pouvait voir personne quand elle était invisible, elle pouvait

entendre.–Laisse-moivérifierquelquechose,dit-elle.Ellefermalesyeuxetseconcentrapourdisparaître.L’espaced’uninstant,ellecraignitquecelane

marchepas.Maisl’espècedechatouillementbizarrecommençadanssespiedsetmontajusqu’àsesgenoux.Les yeux de Derek s’écarquillèrent quand elle disparut. Kylie se concentra pour écouter. Son

regardpassaentre lesarbres,essayantdedistinguerquelquechosedans lenoir.Àcôtéd’elle, elleentendait Derek respirer. Elle lui jeta un coup d’œil et le vit, le regard toujours fixe, comme s’iltrouvaitsonnumérodedisparitionunpeuexagéré.Puisellel’entendit.Lebruitdepas.Mince.Quelqu’un approchait. Sans doute les gardes. Paniquée, elle chercha la bonne chose à faire. Ils

pouvaientl’entendre,invisibleoupas.Maisaumoinsilsnepouvaientpaslavoir.EtDerek,alors?Elle décida de réapparaître. Le garçon la regarda, légèrement stupéfait. Elle se pencha et lui

murmuraàl’oreille.–Ilssonttoutprès!Elle lui prit lamain et entrelaça ses doigts aux siens. En temps normal, Kylie ne craignait pas

d’affronterlesgardes.Lescaméléonsn’étaientpasdescombattants,maisàlapeurquiluipiquaitlapeau,ellecompritqu’ellenepouvaitpasprendrederisques.Pasmaintenant,pasquandilsétaientsiprèsdes’échapper.Ellesepenchatoutprèsdesonoreilleetmurmura:–Jevaisterendreinvisibleavecmoi.Tunedoispasfairelemoindrebruitcars’ilsnepeuventpas

nousvoir,ilspourrontnousentendre.Tucomprends?–Attends?Tuvasme…?Ellel’interrompitenportantundoigtàseslèvres.Puis,sansvraimentsavoirsielleréussirait,elle

fermalesyeuxtrèsfortetnepensaplusqu’àdisparaîtreavecDerek.Lentement,sesjambess’évanouirent,puisellevitlamaindudemi-Faeétinceler.Elleentenditson

légerhalètementquand ils’enrenditcompteàson tour. Il luivintà l’espritque toutecettehistoired’invisibilitépourraitnepasfonctionnerpourlesnon-caméléons.Etsicelaluifaisaitdumal?Ellefaillitlâchersamain,maisécoutasoninstinctquiluidisaitquetoutiraitbien.Bonsang,elleespéraitvraimentnepassetromper!Tousdeuxdisparaissaient lentement.Elle secramponnaà sonpoignetet sentitqu’il effleurait sa

maindesonpouce.Quandellelevalesyeuxsurlui,ellevitqu’ilregardaitsabouche.Ilsepenchatrèslégèrement.Ohmince!Heureusement,avantqueseslèvresnesecollentauxsiennes,ilavaitdisparu.Etelleaussi.Quandellesentitsonsoufflesurseslèvres,ellereculajusteunpeu.–Est-cequetum’entends?

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Elle murmurait, pensant toujours au baiser qu’ils avaient failli échanger. Pourquoi lui avait-ilsemblétellementcoupable?Ellen’avaitplusbesoind’êtreloyaleenversLucasàprésent.Maiselledevaitrespectercequiluiparaissaitjuste,etcequasi-baisernel’étaitpas.Peut-êtrepascomplètementmauvais,maispasjustenonplus.–Çava?demanda-t-elle.Elleentenditsaréponsepresquesilencieuse.–Oui,c’esttellementcool.Étrange,commeonpouvaitinterpréterdessituationsdifféremment.Lapremièrefoisquecelalui

étaitarrivé,elleavaitflippécommeunefolle.Biensûr,elleétaittouteseuleetnesedoutaitmêmepasquec’étaitpossible.–Net’éloignepasdemoi,sinonturedeviendrasvisible,murmura-t-elle.Entoutcas,ellepensaitquecelafonctionnaitainsi.Oh!super!Etsicen’étaitpasaussisimple?–Mecramponneràtoi,c’esttellementfacile,murmura-t-il,etileffleuradenouveausonpoignet

dupouce.Jen’aijamaisvouluquetupartes…–Cen’estpaslemoment…–Jesais.Unsemblantdeculpabilitérésonnadansletondesavoix.Kylietâchad’apaisersonespritquitournaitàcentàl’heure,entrelequasi-baiseretlacraintequ’il

nesouffredecettetransformation.Heureusement,ilavaitl’aird’allerbien.Àprésent,ellepriaitpourqu’ilsoitaussisimpledelefaireréapparaître.Commeelleespéraitnepasavoircommisd’erreur!–Etmaintenant ? demanda-t-il d’une voix à peine audible. Elle sentit son souffle sur sa joue et

changeadeplace.–Sij’aibiencompriscequeJennyvoulaitdire,lesgardesarpententlapropriété.J’entendsdespas,

etjesupposequecesonteuxquiapprochent.Ondiraitqu’ilssontdeux.Jepensequ’ilsvontcontinuerleurronde.–Ondiraitunplan.Ondiraituntrucditauhasard,oui!songeaKylie.Ils restèrent totalement silencieux et invisibles. Les pas se rapprochaient de plus en plus. Leur

souffle résonnait trop fort dans l’air nocturne.Kylie tendit l’oreille pour vérifier si l’on entendaitleurrespiration.Derekbrisaunebrindillesoussonpiedetlebruitenvahitl’air.Kylieseraiditetpriapourquecelanelestrahissepas.–As-tuentendu?fitunevoix.C’étaitcelledel’undescaméléons.Kylieneleconnaissaitpasassezpourl’appelerparsonnom.

Maiscelaneluiserviraitàrienpourl’instant.S’ilslesdécouvraient,ilsappelleraientprobablementlesanciens.Etcequ’ilsferaientalorsladépassait.–Qui est là ? cria une autre voix, et les bruits de pas se rapprochèrent. Ils étaient deux, c’était

évident.–Parlezmaintenant,sivousêtesdesnôtres,fitladeuxièmevoix,etelleserapprochatellementde

Kyliequecelle-ciputjurersentirlachaleurdesoncorpsinvisible,cequilaglaçadepeur.D’autantplusquelecorpssematérialisaàuncentimètred’elle.L’étreintedeDerekseresserrasur

sesdoigts,luiindiquantqu’ilressentaitsaterreur.Legardecaméléonrouxjetauncoupd’œilautourdeluietcria.–Ilyaquelqu’un?

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D’autresbruitsdepassefirententendre.–Cen’estquemoi!criaunevoixféminine,àplusieursmètresderrièreKylieetDerekinvisibleset

silencieux.KyliereconnutlavoixdeJennyavantquecelle-cinesurgissedesténèbres.Ellelesavaitsuivis,à

l’évidence, pour s’assurer qu’ils avaient réussi. Elle culpabilisa légèrement d’avoir douté del’adolescente.–JennyBeth?Quefais-tudanslesboisàcetteheuredelanuit?demandal’undesgardes.Derek serra lamain deKylie, qui supposa que c’était parce qu’il s’inquiétait pour Jenny. Cette

dernièreavançadequelquescentimètres.– Je n’arrivais pas à dormir, je suis sortie faire une petite promenade, et… ensuite… j’ai vu

quelqu’un.–Qui?–Jenesaispas,jeneleconnaissaispas.Cheveuxblondroux,unpeuplusd’unmètrequatre-vingts.

Corpulencemoyenne. Jeune.Et quand le clair de lune l’a éclairé, on aurait dit qu’il avait les yeuxclairs.Kylie semordit la lèvre. Jenny décrivait-elle Derek ? Lequel se posa silencieusement la même

question.L’autrecaméléonsematérialisaàcôtédesonpartenaire.–Ondiraitl’undecesgardesquecessalestypesdel’URFnousontcollés!Celuiquinousamis

K.O.!J’adoreraismefrotterdenouveauàlui!LatensiontraversalamaindeDereketenvahitlebrasdeKylie.Lebesoindeleprotégers’agita

danssapoitrine.L’undesgardesregardaversJenny.–Pourquoies-turestéeiciavecunétrangerquis’enfuyait?demandal’homme.– Je n’ai rien fait de tel.En fait, c’est pour ça que je suis arrivéepar là. Il se trouvait entrema

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maisonetmoiquandjel’airemarqué.Ilsedirigeaitverslapartienorddelapropriété.JemerendaischezM.Summerspourlesignaler.–Jesavaisquecelafiniraitmal, lançalegarded’untonsec.(Ilsortitunportabledesapocheet

composaunnuméro.L’autreserapprochadeJenny.)Jeteraccompagneàlamaison.–Jecroisquejepeuxmedébrouillertouteseule.–Pasavecdesétrangersincontrôlablesquisebaladent.Kylie vit Jenny regarder dans sa direction et celle de Derek, comme si elle savait où ils se

trouvaient.Elleeutl’aird’envoyerunmessagesilencieux,quidisaitqu’unefoislesgardeséloignés,ilsdevraientcourir.UnmessagequeKylien’avaitpasbesoinderecevoirdeuxfois.L’hommequiétaitautéléphoneracontaitqu’ilavaittrouvéJenny.–Elleprétendqu’ilsedirigeaitverslenord…Nousleferons…Ilraccrocha,puisregardal’autregarde.–Raccompagne-laàlamaison,etrejoins-moidanslapartienord.Nousavonsl’ordredesonner

l’alarmesinousnetrouvonspascegarsrapidement.– Deux fois en vingt-quatre heures, je trouve que c’est un sacré record, observa l’autre avec

dégoût.–Ouais,voilàcequisepassequandnouscommençonsàamenerdesétrangers.Protectriceounon,

jesavaisquel’arrivéedecettefilleicificheraitlebazar.Etdirequ’ilsveulentlagarder!Le cœur deKylie se serra. Elle avait cru Jenny,mais entendre ça le rendait plus réel. Et faisait

encoreplusmal.LecontactdeDerekseréchauffaetKyliecompritqu’ilessayaitdelaconsoler.L’undestypesserapprochadel’endroitoùellesavaitquesetenaitledemi-Fae.Celui-cichangea

deplace,paniquéàl’idéequequelqu’unenvahissesonespace,mêmeinvisible.Legardejetauncoupœilautourdelui,commes’ilsedoutaitqu’iln’étaitpasseul.–Etsil’undenousallaitvérifiersielleestencoredanssarésidence?–Ouais,ondevraityaller,lâchal’autred’untoncinglant.Dès qu’ils découvriraient sa disparition, ce serait d’autant plus difficile de s’échapper, réalisa

Kylie.LesgardesetJennys’enallèrent.Kylieattenditqu’ilsnepuissentpluslesentendrepourparler.Elle

avaitdesmotssurleboutdelalangue,quandelleentenditd’autrespasserapprocher.L’undesgardesétait-ilredevenuinvisible?Ouétait-cequelqu’und’autre?KylieserralamaindeDerek,dansl’espoirdeluifaireprendreconsciencedel’arrivéedunouveau

venu.L’étreintedujeunehommesecrispacommes’ilcomprenait.Lesbruitsdepass’arrêtèrentàquelquescentimètresd’eux.Elleessayadecontrôlersarespiration,

priantpourquel’airquiglissaitdansleurspoumonsnelestrahissepas.

Plusieurs longuesminutes s’écoulèrent. Enfin, celui qui traînait dans le coin laissa échapper unsouffle profond rempli d’émotion et s’en alla. Kylie fut fortement tentée de crier le nom de songrand-père.Carlacadencedecespas,ainsiquecelongsoupir,luidisaitquelquechose.Maisellenepouvait en être sûre. Peut-être prenait-elle simplement ses désirs pour la réalité.Le désir qu’il aitdécouvertsadisparitionetque,mortd’inquiétude,ilviennelachercher.Ledésirqu’iln’aitpassucequelesautrescaméléonsavaiententête.Maiscelapouvaitaussi leurattirerdes tonnesdeproblèmes.Alorselleattenditsansbouger.Dès

quelesbruitsdepasdisparurent,Kylielança:–Ilfautpartir,etvite!Quandjetelâcherai,turéapparaîtras,enfin…j’espère.

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–Tuespères?fitDerek,avecuneoncedepeurdanslavoix.Ohmince!C’estlapremièrefoisquetulefais?–Euh…oui,avoua-t-elle.–Alors,espéronsqueçamarchera.Il lui lâcha lamain.Kylie ferma lesyeuxet s’adjurade redevenirvisible.Une secondeoudeux

passèrent,etelle lesouvrit.CommeellenevoyaitpasDerek,soncœurbattit lachamadeet lapeurtourbillonnadanssapoitrine.–Derek?murmura-t-elle.Deslarmesemplirentsesyeux.Oh!non,avait-ellefaitquelquechosed’horrible?–Jesuisderrièretoi,dit-il.Kylieseretournad’uncoupetsoupiradesoulagementenlevoyant.–Tuesprête?demanda-t-il.Etilsouritcommes’ilavaitluetappréciéqu’ellepaniqueàl’idéedeleperdre.Celavoulaitbien

direqu’elletenaitàlui.–Prête,dit-elle.Dépêchons-nous!Ilscoururent,côteàcôte.Elleseretintd’atteindreunrythmequ’ilnepouvaitpastenir.Quandilsparvinrentdevantlaclôturedeunmètrecinquante,Kylieluipritlamain,prêteàl’aider

s’ilenavaitbesoin.Iln’eutpasl’airfroissépourautant.Ilsouritmêmeetcollasapaumecontrelasienne.Lesourireet lasatisfactionquienvahirentsonregardrappelèrentàlajeunefillequ’ilavaitessayédel’embrasser,etcelanefitqu’aggraversonangoisse.Était-cesimplementtroptôtaprèssonchagrind’amouravecLucas?OutroptardpourDerek?Serendantcomptequecen’étaitpaslemomentdepenseràça,elleaccéléra.Serrantleursmains

avecforce,ilsfranchirentlaclôtured’unbond.Ilsatterrirentdansunbruit sourd.Derek l’attrapapar la taille.Sa respirationsoulevait son torse

sous le T-shirt sombre, en rythme avec la sienne. Leurs regards se croisèrent une seconde, unesecondetoutdroitsortied’unfilmd’amour.Dugenreavecdelamusiquedouceenfondsonorequiseterminaitparunbaisertorride.Ellereculad’unpas.–Ondoityaller.Ladéceptionselutsurlevisagedudemi-Fae,puisdisparuttoutaussivite.Ellesavaitqu’ilavaitlu

sesémotionsetressentisontrouble.Iln’insisteraitpas,dumoinspastrop.Maisessayerdeluivolerunbaiseravaitététrèstémérairedesapart.Peut-êtreétait-ceunnouveauDerek?Peut-êtredevait-ellefaireunpeuplusattention?Le garçon arracha d’un coup sec la valise de sa main et ils se remirent à courir. Fuyant ses

nouveauxproblèmes,maisfonçantdanslesprécédents.

IlsavaientparcouruunbonkilomètreetdemiavantqueKylien’abandonneetnes’arrête.Ellejetauncoupd’œilautourd’elle.Ilsétaienttoutprèsd’uneroute,etsielleavaitperdusesrepères,elleétaitsûreetcertainequ’ilssetrouvaientàmoinsdehuitkilomètresdeShadowFalls.Auloin,unoiseauappelaitsonoiselle.Dedouxbruitsd’insectesvibraientdansl’airnocturne.Les

odeurs verdoyantes de la flore tourbillonnaient autour d’eux. Le danger imminent était écarté. Ilsavaientparcouruduchemin– lesgardesneviendraientpas jusqu’ici.Maisuneinfimesensationaucreuxdesonventreluirappelaitdenepasenêtreaussisûre.–JedevraisappelerBurnett,ditDerek.–Oui,jepense.

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Ellesongeaalorsàl’explicationqu’elledonneraitauvampiresévère.Lafrustrationmontaenelle.Burnett serait furieux, et il en déduirait que son grand-père lui avait menti tout du long. Kyliereconnaîtraitqueçasemblaitprobable,mêmesiellen’arrivaitpasàycroire.Elleluiconserveraitsaconfiance,tantqu’elleneluiauraitpasparlé,tantqu’ilnelaregarderaitpasdanslesyeux,tantqu’ilnelenieraitpas.Elleneleconnaissaitpasdepuistrèslongtemps,maiscependantassezbienpoursedireques’il l’avait trahie, il assumerait. Il avouerait tout,prétendraitmêmequ’ilavait ses raisons,maisnementiraitpas.Unefoisdeplus,ellesedemandasic’étaitluiquiavaitétélàunmomentplustôt,avantqu’ilsne

s’enfuientencourant.Illuimanquaitdéjà,etcelal’émut.–Hé…tuvasbien?demandaDerekenposantlamainsursonavant-bras.–Çavaaller,répondit-elle,seforçantàycroire.–Alors…tuneveuxpasquej’appelleBurnett?Dereklaissatomberlavaliseetsortitletéléphonedesapoche,maishésitaàcomposerlenuméro,

attendantsonautorisation.–Appelle-le,dit-elle.C’étaitlaseulechoseàfaire.ElledevaitjustegérerlemécontentementdeBurnettàl’égarddeson

grand-père.Ilappuyasurunboutonetfronçalessourcils.–Plusdebatterie.(Ilappuyasurd’autrestouches.)Jesuissûrdel’avoirrechargépourtant,zut!Ilsursautaetlâchasoudainsontéléphone.–C’estquoi,cebazar?Cetrucm’acarrémentenvoyéunedécharge!s’inquiéta-t-il.Kylieregardalesétincellesjaillirdutéléphone,puisunbourdonnementsortitdel’appareil,suivi

d’unnuagedefumée.–Jenesavaispasquecegenredechosespouvaitarriver!ditDerek.–Habituellement,çan’arrivepas,non.–C’estunnouveauportable,enplus,seplaignit-il.Mamèrevaavoiruneattaque!Sesouvenantquecertainsespritspouvaientagirsurlestéléphones,Kyliedéployasesantennesde

détectrice de fantômes. Aucune sensation de froid ne vint effleurer sa chair. Elle regarda autourd’elle, chercha… Elle ne savait pas ce qu’elle espérait trouver, mais quelque chose lui dit quel’incident n’était pas un hasard. Lorsque son regard balaya les alentours, la nuit ne révéla rien.L’obscuritéengloutitlepaysage,laruepavéesemblaitabandonnée.Lesréverbèresétaientéteints.Ellesentaitquelquechosedanslesparages,maisquoi?Çan’avaitpasl’aird’êtreunfantôme.–Onferaitmieuxdecourir.Illuitouchalebras.–Qu’est-cequec’est?–Jenesaispas,maisçanemeplaîtpas.–Alorsonestdeux,ditDerek.–Trois,fitunevoixàcôtédeKylie.Kylieseretourna.L’espritdelameurtrièresetenaitàcôtéd’elle.–C’esttoiquiasfaitça,pasvrai?–Pourquoijebousilleraismonpropretéléphone?demandaDerek.–Pastoi,ditKylie,maisellenedétournapaslesyeuxdel’esprit.–Non ! Ça fait des années que j’ai arrêté de faire sauter des téléphones. J’ai trouvé de bien

meilleuresfaçonsdemanifestermaprésence.KyliesetournaversDerek.

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–Partonsd’ici.Ilpritlavaliseetilssemirentàcourir.–Non,parici!L’espritfiladansuneautredirection.Kylie s’immobilisa, attrapa le bras deDerek et l’arrêta dans un sursaut.Le fantôme se retourna

versKylie.–Parici,vaaucimetière.Tuaurasdel’aide.Pouruneraisonidiote,touslesmortslà-bast’aiment

bien.–Pourquoidevrais-jetefaireconfiance?demandaKylieet,ducoindel’œil,ellevitDerekfroncer

lessourcils.Pasdedoute, lavoir teniruneconversationavecunfantômeledéconcertait.S’ilavaitessayélui

aussi,ilauraitpuvoirquec’étaitdéroutant.–Parcequetuveuxresterenvie.Kylie,lesoufflecoupé,regardaDerek.–Parici,luidit-elle,enpriantpourquesoninstinctnelatrompepasetpourqu’ellepuissefaire

confianceàcetesprit.Enpriantpourquecenesoitpasunpiègepourlafaireveniraucimetièreavantdel’emmenerenenfer.Ilscoururentvite.MaisKyliesentitquequelquechose lessuivait.Etquecettechoseétaitprêteà

attaquer.Ellevit lesportesducimetière.Soncœurbattaitplusvite,etsielles’épuisait,Dereknepourrait

sûrementpasallerplusloin.–Attends!Dereks’arrêtaettenditlamainverselle.–Pourquoi…pourquoiallons-nousaucimetière?dit-ilenreprenantsarespiration.

–J’aidesamislà-bas,expliqua-t-elle.–Desamismorts,rétorqua-t-il,mécontent.–Nefaisonspaslesdifficilespourl’instant.Iljetauncoupd’œilsurlesportesrouillées.–NousdevrionsalleràShadowFalls,noussommestoutprès.–Onn’yarriverapas,ditKylie.Unecertitudes’ancraitenelle:lacréaturequilessuivaitnes’amusaitpas;c’étaitMario.Comme

elleespéraitsetromper!ElleattrapaDerekparlebrasetseremitàcourir.Malheureusement,ilsn’atteignirentpasleportail

àtemps,lamenacedevintvisible.Mario,l’escrocsuper-puissantquivoulaitlamortdeKylie,nesetenait qu’àquelquesmètres d’eux.Lemêmequi avait blesséHelen, tuéEllie, assassiné sonproprepetit-filsetquisemoquaitbiendeprendrelaviedequiconquesemettantsursonchemin.Lesyeuxnoirsdel’hommeétincelaientdehaine.Sapeausemblaitvieilleettannée.Ilportaitune

robenoire,commes’ilseprenaitpourunprince.Lessouvenirdecethommefoudroyantsonpetit-filsdéclenchèrentlafureurdeKylie–etsanature

protectrice–enunefractiondeseconde.ElleattrapaDerekparlebrasetlepoussaderrièreelle.

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–Commeonseretrouve!lançaMario.Unebrisechaudeetobscureagitaitlebasdesarobe.Lecielsemblaits’assombrir.Mêmelaluneet

lesétoilesavaientl’airdereculerensaprésence.–Etc’estbienregrettable,rétorquaKylie.L’airnocturneavaitlegoûtdesavilenie.Ellesentitlesangpétillerdanssesveinesetlasensation

dedangersemblaitpuiserl’oxygènedirectementdansl’air.Derekbougeaderrièreelle,etKyliepassalamaindanssondospourl’immobiliser.Protège-le.Protège-le.Lesmotsserépétaientcommeunelitaniedanssonâme.Mariogloussacommes’ilpouvaitliredanssespensées.–Net’inquiètepas,monenfant,jememoquebiendetonpetitjoujou.Iln’arienàcraindredema

part.Levieilhommesourit.Sesdents–mincesetlégèrementjauniesparl’âge–dépassèrentdesalèvre.

Laterreurdel’instantfitnaîtreunfrissonlelongdelacolonnevertébraledeKylie.–Tupeuxcalmertoncôtéprotecteur,ricanaMario,commes’ilsentaitsoncôtédéfensifs’animer.

Celaneteserviraàrien.Pourtoninformation,laseuleàquij’enveux,c’esttoi.Jeneveuxaucunmalaugringalet.Derekselibérad’uncoupsecetfonçaverslevieilescrocterrifiant.Kylieavançapourintervenir.

MariodevintinvisibleetDereks’écrasaparterre.Marioréapparutàquelquesmètres.–Commec’estmignon!semoqua-t-il.Lepetithommeveutteprotéger!Derekn’hésitapasàl’attaquerdenouveau.Maisencoreunefois,Mariosevolatilisaetréapparut

quelquesmètresplusloin.–Arrête,ordonnaKylieàDerek.Ill’ignoraetfoudroyaMarioduregard.–Jenesuispasdugenreàdisparaître,moi,espècedesalaud!Bats-toicommeunhomme!

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LaméchancetéduriredeMariotitillalesnerfsdeKylie.–Tuveuxquejemebattepourquetacopinepuisseteprotéger!Jenesuispasidiot,gamin!Celaavaitbeauluidéplaire,Marioavait raison:s’ilneblessaitpasDerek,ellenepourrait faire

appelàsespouvoirspourlecombattre.Lapeurs’installaenelle.–Va-t’en,insistaKylie.Ellevitlesespritsserassemblerprèsdesportes,marmonnantd’inquiétudepourelle.– Pas sans toi, rétorquaMario,mais sa confiance semblait légèrement érodée quand il posa les

yeux sur la porte du cimetière. Pouvait-il sentir les esprits, lui aussi ? Il se rapprocha d’elle d’unpas…ous’éloignait-ilsimplementdelaporteducimetière?Ellerecula.Ducoindel’œil,ellevitDerekessayerd’attraperunegrossepierreàsespieds.Elle

savait que son plan consistait à mettre Mario suffisamment en colère pour qu’il représente unemenacepourlui,afinqu’ellepuissedéployersoninstinctdeprotection.MaisKylienesavaitpassielleenétaitcapable.L’indécisionl’envahit:l’arrêteroupas?Queceplanluiplaiseounon,ceseraitpeut-êtreleseuletl’unique.Mario,concentréesurelle,nevitpaslapierrearriver.Ellelefrappaàlatempedansunbruitsourd.

Mais elle savait que les conséquences seraient terribles. Et elle avait intérêt à se préparer à lesaffronter.La tensionétait palpable ; lesyeuxde l’escroc seplissèrent, tandisque le sang jaillissait de son

front.MarioémitunesortedegrondementfurieuxenregardantDerek.Kyliesentitlaforcegagnerpeuàpeusesmuscles,maiscelanesuffisaitpasàfaireémergerson

véritablepouvoir.–Viensmechercher,espècedelâche!lenarguaDerek.Marioessuyalesangdesonfront,etlafureurdisparutdesesyeux.–Tunem’intéressespas.–Etmoi,salauddevampire?Lucas,commesurgidenullepart,jaillitdederrièrelesarbresetterrassalevieillard.Kylien’eutpasletempsdepenserauchaosémotionnelenelle.Dereksaisitl’opportunitéetfonça

surMario.Kylie intervint, sa force tournaitdésormaisàplein régime,maisellen’était rien faceàcelledeMario.L’escrocpropulsad’abordLucas,puisDerekloindelui.Leurscorpsfurentprojetésenl’aircommedespoupéesdechiffon.Cespectacleluicoupalesouffle.Ellefilaenl’aircommeuneflècheet les rattrapa.Aprèsune fractionde seconde seulement, elle lesdéposa tousdeuxpar terreavantdeseruersurl’ennemi.Prouvant de nouveau ce dont il était capable, il se relevad’unbond avant qu’elle ne l’attrape et

s’écartadesonchemin.Elles’arrêtanet,faceàlui;ill’observaitcommeunsimpledivertissement.Iljouaitavecelle.Etellenesavaitpascommentretournerlasituationàsonavantage.Elleserralespoingssifortqu’elleeneutmalauxmains,elledevaitl’accepter.Ilavaitbeauêtre

âgé,sonpouvoircontribuaitmanifestementàsonagilitéetàsarapidité.Laregardantfixement,ilpartitd’unrirerailleur,puis,avided’envoirdavantage,iltenditlamain

versLucas.–Jusqu’oùiras-tupourlessauver?KylievitunebouledefeujaillirdesdoigtsdeMario.Commeuneflèche,elles’interposadevant

Lucas. Elle attrapa le cercle de flammes et le retourna surMario, qui l’évita de justesse,mais enbalança deux autres. Elle en attrapa une, et l’autre passa devant elle à toute allure. Elle regardaderrièresonépauleetvitl’autrebouledefeuterrasserLucas.Legoûtdelafureur,ameretsalé,sedéversasursalangue.Endépitdelaconfusiondessentimentsqu’elleéprouvaitpourLucas,soncœur

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l’implorait de s’assurer que ses blessures n’étaient pas graves.Mais le besoin d’arrêterMario lapoussaàl’affronterencore.Ungrandsourireenvahitlesyeuxgrismarquésparl’âgedecedernier.–Vas-tumourirpourlesauver?Lequelsauveras-tuenpremier?Il la scruta, amusé, visiblement sans effroi, et tellement occupé à la tourmenter qu’il ne vit pas

Derek revenir à l’attaque. Et Kylie non plus, sinon elle l’en aurait empêché. À l’instant oùDerekpercutaMariodepleinfouet,celui-cil’attrapaetserrasesdoigtsnoueuxautourdesoncou.Kyliefitunbondenavant.Safureur,sonbesoindevengeanceétaienttrèsforts.Enserrantd’unemainlagorgedeMario,elleseservitdel’autrepourdétacherducoudeDereklesmainsduvieillard.ÀlaminuteoùellesentitDerekselibérer,elleresserrasesdeuxmainsautourdelagorgedel’escroc.–Lâche-le,fitunevoixdanssonoreille,aumomentmêmeoùlefroidspectraldansaitlelongdesa

colonnevertébrale.Arrête!Kylieignoral’esprit.Cen’étaitpaslemoment.Elle entendit Derek haleter. À présent, c’étaitMario qui ne pouvait plus respirer. Elle sentit ses

tendons rouler sous son étreinte. Son objectif était simple, l’arrêter. L’arrêter à tout jamais. Ellen’avaitqu’unechoseàfaire,serrerunpeuplusfort.Elleallaitluiécraserlatrachéeenforçantencoreuntoutpetitpeu.Ellel’enverraitenenfer,chezlui.EllepensaalorsàEllie,àquiMarioavaitôtélaviebeaucouptropjeune.Ellepensaaupetit-filsde

cethomme,particonscientdecequel’undessiensétaitàl’originedesamort.Marioméritaitdemourir.Unepenséeluitraversal’esprit.Tuern’étaitpasfacile.Mêmesic’étaitlégitime.–Laisse-lepartir!hurlal’esprit.Tuesaveugle.Cen’estqu’uneillusion.Ellevoyaittrèsbien,merci!Elleresserrasonétreintesurlecouduvieillard,tâchantd’acheverce

qu’ilfallaitachever.LebruitrauquedelarespirationdeDerekretentitderrièreelle.LebrasdeMariosebalançait,essayantdetrouverquelquechoseàquoiseraccrocher.Essayantdetrouverdelavie.ElleentenditDereklâcherétourdimentsonnomd’unevoixrauque,maisl’ignora.Ignoratout,sauf

qu’elleallaitôterunevie.Soudain, une espèce de répulsion l’envahit – comme si quelque chose n’allait pas du tout. Elle

aperçutMario qui souriait, plusieursmètres en retrait. Elle suffoqua, et son regard se posa sur levisagedeceluiqu’elleallaittuer.Lucas.LeriredeMariorésonnaautourd’elle.LapaniquetraversaKyliecommeunedouleurbrute.Elle

relâchasonétreinteautourducoudeLucas.Ils’écroulacommeunemasse,maisKylienequittapasMariodesyeux.Lucasbougeaàsespieds.Deslarmesemplirentsesyeuxquandelleserenditcomptequ’elleavait

étéàdeuxdoigtsd’ôterlavieàquelqu’unqu’elleaimait.–Jedevraistetuersur-le-champ,lançaMario.Maisc’esttellementdrôledetevoirsouffrir.Ilvit,

maispourcombiendetemps?fit-il.Son ton exprimait l’excitation de lui avoir fait du mal. Sa méchanceté semblait envahir

l’atmosphère.KylienesavaitpasdutoutcommentMarioavaitinversélesrôles.Toutcequicomptait,c’étaitde l’empêcherdecontinuer.Etsiellene trouvaitpasune idéerapidement, il ladétruirait.Etelleneseraitpaslaseule.Sonsangsedéchaîna.L’airqu’elle respiraitavaitungoûtamer,celuidesémotionsqui faisaient

rageenelle,telsdesvirus.Puislapeur,commeunliquidequitentaitdelanoyer,envahitsapoitrine.Sonpoulss’emportaquandelles’aperçut,horrifiée,quec’étaitunebataillequ’ellenepourraitpas

remporter.L’espaced’uneseconde,elleacceptaladéfaiteetpleura.Pleuranonpassurelle,maispour

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Derek et Lucas. Ils étaient venus ici pour la sauver et allaient enmourir. Puis d’autres suivraient.Mariones’arrêteraitjamais.Unevoixsemblasurgiraveclevent.–Tun’espasseule.Demande,etturecevras.Lesangesdelamortétaient-ilslà?ElleseconcentrasurMario,maispriapourqu’onl’aide.Des

prièressansfoi,semblamurmurersoncœur.Ledoutel’envahitetrésonnadanssonâme.Silesangesde lamort comptaient l’aider, n’auraient-ils pas été déjà là ?Pourquoi se sentait-elle aussi seule ?Aussiimpuissante?Neluiauraient-ilspasproposédel’aideavantqu’ellenesoitprèsdetuerl’undessiens?D’unseulcoup,elleserappelalesmortsauportailducimetière,etunephrasedeHolidaytraversa

sonesprit en flottant, commeunepenséeà laquelleelledevait se raccrocher.Parfois, jepensequetouslesmortssontmesangesdelamort.Kylieaspiraunsouffled’espoir.Aidez-moi.Lasupplicationrésonnadanssatête.Soyezmesanges

delamort.Uncraquementbruyant,àvousdonnerdesfrissons,retentitdanslenoir.Leportails’ouvritpeuà

peu;legrincementdumétalrouilléquel’onforçaitrésonnaàsesoreilles.Puislesmortssurgirenten trombe,parcentaines.Hommes, femmes, jeunes,vieux, ilsarrivèrent tousencourant, lesmainstendues.Lesyeuxhantés.Maisleurexpressionn’imploraitpasd’aide,elleenoffrait.Lecontactglacialde leurprésence luibrûla lapeau.L’airdanssespoumonssemblait tropfroid

pourlalaisserrespirer.Maismêmedanssadouleur,elleconstataqu’ellen’étaitpasseule.Etcelaluidonnaleseulespoirauquelellepouvaitseraccrocher.LevisagedeMario, froid et ridé, grimaçad’unedouleur intense. Il balança la tête en arrière et

grogna.Delavapeursortitdesaboucheetdansaau-dessusdeses lèvres.Reprenantsonsouffle, ilreculaàtouteallured’unebonnedizainedemètres.Commesiladistanceluioffraitdurépit,sonregardseposasurelle.Kylieplissalesyeuxetlutsa

configuration. Il était assurément caméléon. Bizarrement, avec sa vision légèrement floue, ildégageait quelque chose de différent. De familier, mais quoi au juste ? Cette pensée lui parutimportante,maiscommeunnuagemenaçantquipromettaitderevenir,elledisparut.– Tu as peut-être gagné cette fois, maismon heure approche, cracha-t-il. Tu viendrasme voir,

KylieGalen,tuviendrasmevoirpourmourir,poursouffrirentremesmains,pourmonplaisir,parcequeleprixseratropélevé!Tafaiblesseteperdra!Sa faiblesse ?Laquelle ? se demandaKylie,mais son esprit bouillonnait à la fois de douleur et

d’espoir,etlaquestionrestaitsansréponse.Alors,elleseconcentrasurl’espoir.Celuid’avoirépargnéLucasetDerek.Etquelquepartaufond

desonâme,elledésiraitqu’onlaménage,elleaussi.Les esprits, qui continuaient à grouiller autour d’elle, se ruèrent de nouveau sur Mario.

Délibérément.Leurintention–laprotéger–selisaitsurleursvisagesinquiets,cendrés.Holidayavaitraison.Touslesespritsétaient,enunsens,desangesdelamort.Unrapidecoupd’œilsurleportailducimetière,etKylievitd’autresfantômesensortirentitubant.Certainsavançaientd’unedémarchelenteetincertaine,commesil’onvenaitdelesréveillerd’un

profondsommeil.–Merci,parvintàarticulerKylie,mêmesisesdentsclaquaientetsilaprésencefroidedetropde

mortsrendaitdifficilelefaitd’êtrevivante.Alorsquelesespritsserassemblaientautourdel’escroc,Marioseremitàhurleretlebruitdesa

frustrationetdesonimmensedouleurfutladernièrechosequ’elleentendit,avantquel’élancement

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glacialdanssoncorpsnedevienneinsupportable.Savisionsevoila,laglacerecouvritseslèvres,etellesesentitattiréedansl’obscurespiraledunéant.

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–NousattendonsBurnett.–Onsebarred’iciimmédiatement,oui!Kylie prit peu à peu conscience des voix. Qui ? Attendre Burnett pour quoi ? Les questions

roulaientçàetlàdanssonespritconfus.Oùsetrouvait-elle?Quilatenaitsi…?Elle entendit un bruit sourd et rythmique.Un battement de cœur ?Mais pas le sien. La chaleur,

l’ardeurdequelqu’uncollétoutcontreelle,paradisiaque.Elleavaitsifroid.Maispourquoi?Sielleseconcentrait,ellepourraitlesavoir.Maisunepartied’ellenevoulaitpasseconcentrer,unepartied’ellevoulaitresterainsi.Inconsciente,bienauchaud,etensécuritédanslesbrasdeceluiquilatenaitbienserrée.Quilatenaittendrement.Quilatenaitcommes’illachérissait.–Nousnepouvonspaspartir,fitl’unedesvoix.Lavoixauloin.Pascellequilatenait.–Ilpourraitrevenir.Nousdevrionspartirtantquel’onpeut.Elleentendaitlesmotsvibrertoutaufonddelapoitrinedeceluiquiparlait.–Jenecroispas.TuasditqueBurnettétaitenroute.Nousnepartonspas.–Parcequetuaspeur…–Jen’aipaspeur,bonsang!Jesuisraisonnable.Kylieestvenueicipouruneraisonprécise.Les

esprits,jepariequecesonteuxquiontenvoyépromenercesalaud.KyliereconnutlavoixdeDerek.Toutluirevintàtouteallure.Latrahisondesongrand-père,l’aidedeJenny,Derekquilaretrouve,

Marioquidébarque, labagarre, etLucas…La sensation familièredesbrasqui l’enveloppaient luiindiquaitquilatenait,quellechaleurelleabsorbaitdésormais.Seraidissant,ellesedécolladutorsedeLucas.–Pose-moi.

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Sesyeuxbleufoncé,percevantsansaucundouteledanger,seposèrentsursonvisage.–Tuarrivesàtenirdebouttouteseule?–Oui,dit-elle,etquandelleavisalebleuautourdesoncou,soncœurseserra.Bontédivine,elle

avaitfailliletuer!Leslarmesluimontèrentauxyeux,maiselleleschassad’unbattementdecils.Cen’étaitpaslemomentdes’écrouler.Plustard,ellelaisseraitlibrecoursàsespensées.Plustard,ellese lâcheraitets’apitoieraitsursonsort, longuement.Elle leméritaitbien.Maispasmaintenant.Pasmaintenant,serépéta-t-elle,essayantdecombattrelasurchargeémotionnelle.–Tuasmalquelquepart?demandaLucas.–Elle t’ademandéde la reposer, insistaDerek, le tonpincé, luttant sans aucundoute contre ses

sentiments.–J’aientendu,grommelaLucas.SonaversionpourLucasfitbrillersesyeuxdeDerekd’unorangeplusclair.–Jem’assurequ’ellevabien.–Jevaisbien,mentit-elle,sesémotionssebousculant.Trahison.Peur.SonregardseposasurlecoudeLucas.Culpabilité.–S’ilteplaît,repose-moi,insista-t-elle.Ils’exécuta.Sesgenouxétaientfaibles,maiselleveillabienàcequ’ilsnesedérobentpassouselle,

etparvintàresterdebout.Lucastenditlamainpourlarattraperaucasoùsesjambesnelasoutiendraientpas.Ellenevoulait

pasdesonaide.Quefaisait-illà?N’avait-ellepasdemandéàBurnettdenepasleposterenfactioncesoir?PuisellesesouvintavoirvuMonique.Était-cebienelle?Elledevait se reprendre.Pour l’heure, l’important étaitde rentrer sains et saufs àShadowFalls.

Comme la fiesta d’auto-affliction qu’elle avait mentalement planifiée, elle passerait du temps àpleurersurLucasetsesproblèmesplustard.–Tutesensprêteàyaller?demandaLucas.–NousnepartironspastantqueBurnettneserapaslà,lerembarradenouveauDerek.KylieregardaDerek,puisleportailàprésentfermé.Lesespritsmontaientlagarde,jetantuncoup

d’œilàtraverslesbarresdemétalrouillées.–Derekaraison,nousrestonsicijusqu’àl’arrivéedeBurnett.UnéclairpassadevantKylieàtoutevitesse,puisunautre.Burnett,accompagnédetroisautresmembresdel’URFetdeplusieurscampeurs,dontPerry, les

entourabrusquement.–Jesuislà,lançaBurnett.Sesyeuxbrillantssemblaientdirequ’ilétaitprêtàsebattre.Ilregardaautourdeluicommepour

vérifiers’ilyavaitundanger,avantdeseconcentrersureux.–Etquelqu’unaintérêtàmedirecequisepasseici.Commepersonneneparlaitassezvitepourcomblersonimpatience,ilbraqualesyeuxsurKylie.–J’étaiscensévenirtechercherdanslamatinée.IlregardabrusquementDerek.–Tuétaissupposélaprotégerchezsongrand-père.IlsetournaversLucas.–Ettoi,tum’asaffirméquetuallaischeztonpère.

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– Eh bien, j’ai menti, rétorqua Lucas d’un ton sec. Je voulais m’assurer que Kylie n’avait pasbesoindemoi.Etelleavaitbesoindemoi.–Ques’est-ilpassé?demandadenouveauBurnett.Sontonindiquaitqu’ilperdaitpatience.–Mario,réponditKylie.LesyeuxdeBurnetts’illuminèrent.–Tuessûrequec’étaitlui?demanda-t-il.–Sûreetcertaine,réponditKylie.Ellefrissonnaausouvenirdelaméchancetéémanantdecethomme.Elleserappelacequ’elleavait

éprouvé,qu’ilavaitaiméjoueravecellecommeunchatavecunesouris.Maislasourisavaitgagné,cette fois. Grâce auxmorts,Mario n’avait tué personne.Mais la prochaine fois ? Elle entendit samenace résonner dans sa tête. Tu viendrasme voir,KylieGalen, tu viendrasme voir en souhaitantmourir,souffrirentremesmainspourmonplaisir,parcequeleprixenseratrèsélevé!Ilparlaitavecconviction,commes’ilavaitdéjàmisunplanenplace.Lapeurs’insinuaenelle.Burnettvérifiaànouveaulesalentoursd’unregardperçant.–Ilestpartiàprésent,ditDerek.–Jevoisça,oui.Maisétait-ilréellementparti?Entantquecaméléon,ilpouvaitsetransformer.Siçasetrouvait,il

étaitencorelà.Kyliefaillitdirequelquechosedanscesens,maisserappelalesautresmembresdel’URF. Et son manque de confiance en eux la fit se taire. Moins ils en savaient sur elle et lescaméléonsdansleurensemble,mieuxcelavalait.–Mais que faisais-tu ici ? demanda Burnett, visiblement de plus en plus frustré àmesure qu’il

réfléchissait.Lesordresétaientlessuivants:m’attendrejusqu’àdemain.Pourquoiest-cequejedonnedesordressipersonnen’yobéit?–Nous ne pouvions pas. Ils n’allaient pas la laisser partir, expliquaDerek, et il regardaKylie,

comme s’il savait que la vérité était difficile à entendre pour elle. Et il avait raison. La douleurs’accentuadanssapoitrine.–Ils?fitBurnett.Quinevoulaitpaslalaisserpartir?SonregardfitdebrusquesallersetretoursentreDereketKylie.–Lescaméléons,réponditDerek.Burnett fixaKylie et sapoitrine se serra, car elle savaitqu’il allait rejeter toute la faute sur son

grand-père.–Mongrand-pèren’étaitpasaucourant,dit-elle,maisellen’enétaitabsolumentpascertaine.Et

Burnettsavaitreconnaîtreunpieuxmensonge.Sonexpressions’adoucitunefractiondeseconde,commes’ilcomprenaitsadouleur.–Tuauraisdûm’appeler,lança-t-ilàDerek.–Ilaessayé,réponditKylie,peudisposéeàcequecelaretombesurDerek.Onadûsedépêcher

pour essayer de battre les gardes de vitesse et ensuite… ensuite… quand il a voulu téléphoner,Mario…afaitfrireleportabledeDerek.Brusquement,unfaisceaudepharesilluminal’obscurité.Unevoituresegaradansuncrissementde

pneus.CelledeHoliday.ElledescenditdesaHondaentrombe,sescheveuxrouxdétachéscommesiellevenaitdeselever.

EtquandsesyeuxlarmoyantsseposèrentsurKylie,ellemarmonna:«Dieumerci»,portantsamainàseslèvres.

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UnetelleémotionchezHolidayaffaiblitladéterminationdeKyliederemettresoneffondrementàplustard.Ellecourutverselleettombadanssesbras.Quandelleblottitsafigurecontrel’épauledeladirectrice,elleentenditBurnettlaréprimander.–Jecroyaist’avoirdemandéd’attendreaucamp!KyliesentitHolidaysetendre,puisellelevalatête.–Etjecroyaisquetusavaisquejenerecevaisd’ordredepersonne.–Ya-t-ilquelqu’unquim’écoute,parici?demandaBurnett.Safrustrationrendaitsontonpresquecomique.–Àl’évidencenon,réponditunagentengloussant.Burnettgrommela,maisKylievitdusoulagementdanssesyeux.Ellesavaitqu’ilestimaitque la

protectiondetoutlemondeàShadowFallsrelevaitdesaresponsabilitépersonnelle.Etellel’aimaitpourcelaaussi.–Que s’est-il passé ? demandaHoliday en resserrant son étreinte rassurante sur les épaules de

Kylie.–Nousendiscuteronsplustard,proposaBurnett.NousdevonsrentreràShadowFallsmaintenant.Kylie savait que cette conversation viserait à accuser son grand-père.Même si cette pensée lui

faisaitdumal,seretrouverdanslesbrasréconfortantsetchaleureuxdeHoliday,etmêmel’entendresechamailleravecBurnettdonnaitunelégitimitéàcemoment.Elleavaitl’impressiond’êtrepresquerentréechezelle.Etça,c’étaitvraimentgénial.

Repasser lesportesdeShadowFalls réchauffa lecœurdeKylie.Elleyétaitàsaplace.MêmeledebriefingdeBurnett,dansuneheure,nechasseraitpasentièrementlesentimentd’êtrederetouràlamaison.–Jesuisdésolé,maisjedoisfaireçatoutdesuite,avaitrépétéBurnettplusieursfois.IlavaitdéjàtoutrabâchéavecDereketLucaspendantqueKylieétaitdanslebureauavecHoliday.

Ils n’avaient pas parlé de ce qui s’était passé ce soir, parce qu’elle savait queBurnett tenait à êtreprésent,alorsilsdiscutèrentdecequ’elleavaitapprisquandelleséjournaitchezsongrand-père.LorsqueBurnettentra,l’atmosphèredevintplussérieuse.–Jesaisquetun’aspasdormidelanuit,maisd’aprèslesstatistiques,plusonattend,plusonrisque

d’oublierquelquechose.Kylie,assisesurlecanapéàcôtéd’Holiday,hochalatête.–Jesais.Ellesemorditlalèvre,essayadeseconcentreretdelerenseignersurtoutcequis’étaitpassé.Elle

évoquaMarioetsamenace.PuisellerecommençadepuisledébutetluiparladeJennyquiétaitvenueàsafenêtre.Cequ’elleneluiprécisapas,c’étaitqueJennyétaitlasœurdeHaydenYates.Ellenesavaitmême

passiBurnettavaitdécouvertquecedernierétaituncaméléon.PuiselleracontaunefoisdeplusqueDerekavaitsurgidanslesbois.Elleluireparladélibérémentdelapersonneinvisiblequ’elleyavaitsentie avantqu’ilsnepartent.Et elle lui rappelaqu’elle croyaitquecelle-ci était songrand-pèreetqu’ilavaitétélàpourlaprotéger.–Mais tu ne lui as pas parlé ? fit Burnett.Donc tu n’es pas sûre que c’était lui, nimême si sa

présencelà-basnesignifiaitpasqu’iln’étaitpasderrièretoutcela.Kylieserembrunit.

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–Jeleconnais.Jelevoismalfairecegenredechose.MêmeJennyadéclaréqu’ilétaitdifférentdesautresanciens.Etjeneveuxpasquetutemettesàleconsidérercommeunennemi.LamâchoiredeBurnettseserra.– Il t’aime,Kylie. Je l’ai sentiquandonaparlé.Mais iln’a jamaiscachéqu’ilnemefaisaitpas

confianceniàmoiniàShadowFalls.Ilpourraittrèsbienjustifiersesactionsendisantquetavieétaiten danger. Il pourrait croire qu’il a lesmeilleures intentions,mais il a tort. Et si je sais que c’estdifficilepourtoid’acceptercela,nousnepouvonsplusluifaireconfiance.LaremarquedeBurnettluiserralagorge.Ellecomprenaitsonpointdevue,maisellen’arrivait

pasàsedébarrasserdecequesoncœurluidisait.Engros,songrand-pèren’avaitrienàvoiraveclestentativespourlagardercontresongré.– Pourquoipasses-tuautantde tempsà tepréoccuperde luialorsque levéritableennemi,c’est

Mario?– Je sais, répondit Burnett.Mais c’est à cause de quelqu’un de la bande de ton grand-père, que

Marioafaillit’avoir.–Sabanden’avaitrienàvoiravecl’apparitiondeMario.– J’en conviens, mais elle était totalement liée au fait que tu te retrouvais dans une situation

fâcheuse.–J’aifaitseulelechoixdem’enfuir.Elletorditlesmainssursesgenoux.–Tu ne crois pas que l’on devrait s’arrêter pour ce soir ? intervintHoliday.Nous reprendrons

demainmatin.Burnettlaregardaenfronçantlessourcils,puisallas’agenouillerdevantKylie.Ilposaunemain

sur sesmains jointes.Soncontact était froid,mais tendre et affectueux.Lenœuddans lagorgedeKyliedoubla.Quandillaregarda,ellevitdanssesyeuxqu’illuttaitpournepaslaissersamauvaisehumeurl’emporter.Ilavaitdesexigences,ilvoulaitmenerlejeu.Pourtant,Kyliesentaitaussiqu’ilsedémenaitpourfairecequeHolidayavaitessayéd’instillerenlui:transiger,pasimposer.En regardant sa main sur ses doigts joints, elle comprit que Burnett l’aimait bien – que son

intentionn’étaitpasde lui fairedumal,maisde l’aider.Pourtant,n’était-cepasprécisémentcequeressentaitsongrand-père?–Kylie,jesaisquec’estdurpourtoi,reprit-il.Maisj’aibesoinquetumepromettesquetunevas

past’enfuirendoucepourvoirtongrand-père.Ilserrasonpoignet.–S’ilteplaît,jeneseraipasenpaixtantquetunemel’auraspaspromis.–Jeneleferaipas.Ellenepouvaitpasluirefusercela,pasquandill’imploraitpratiquementdeluiobéir.Sa loyauté

étaitvéritablementtiraillée.

BurnettetHolidayaccompagnèrentKyliedanssonbungalow.Lesétoilesétincelaientdansleciel,commesiellessavaientquelesoleilallaitbientôtleséteindreetqu’ellesvoulaientdiffuserencoreunpeudelumière.Elle était épuisée, mais se voyait mal s’écrouler sur son lit et s’endormir tout de suite. Elle

retournaittellementdechosesdanssatêtequemettresoncerveausurpauseluiparaissaitimpossible.Deplus,elleavaitunrendez-vous:sasoiréetrèspersod’auto-affliction.Ellesentaittoujourslenœuddanssagorge,etsoncœurétaitmeurtri.Danslepassé,Kylieavaitapprisqueseuleunebonnecrisedelarmespouvaitapaisercegenrededouleur.

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Manifestement,leseffetsapaisantsducontactdeHolidaydisparaissaient.Oupeut-êtreétait-cetroppourquelamagied’uneféeleseffacetotalement.Ilfallait justeassumercertaineschoses.Dustylepartirdechezsongrand-pèresansluidireaurevoir;dustyle,elleavaitfaillituerLucas.Dustyle,ellesedemandaitsic’étaitvraimentMonique,lafiancéedeLucas,qu’elleavaitvuecesoir.Dustyle,samèrequiluimanquaitetquiétaitàl’autreboutdumondeentraindecoucheravecunnaze.Dustyle,unpsychopathevoulaitlazigouiller.Samenacerésonnaitcommelesparolesd’unechansonidiotequel’onnepouvaitpasoublier.Tu

viendrasmevoir,KylieGalen, tuviendrasmevoirpourmourir,poursouffrirentremesmains,pourmonplaisir,parcequeleprixenseratropélevé.Tafaiblesseteperdra!Etdans«assumercegenredechose»ilyavaitaussi«verserdeslarmes».Quipourrait luien

vouloir?Biensûr,elledevaitpasserunpeudetempsàessayerdecomprendrecequ’ilentendaitparsafaiblesse.–Etsionallaitsebaladerauxcascadesdemain?proposaHolidayd’unseulcoup.Puis,devinantle

chagrindeKylie,elleluiserraaffectueusementlebras.–J’estimeraiquandceseralebonmomentdemainmatin,àlapremièreheure,ajoutaBurnett,pour

leurfairecomprendrequ’illesaccompagnerait.Lesilencetombasureuxcommeunedoucepluie.Leciels’étaitlégèrementempourpré,commesi

lematinarrivaitdansuneheure.Burnetts’éclaircitlagorge.–Tusaisquenousallonsdenouveautefaireescorter,n’est-cepas?–Jem’endoutais,réponditKylie.–Avantquejenemetteenplaceleplanningdesurveillance,ilya…ya-t-ilquelqu’unparquitune

voudraispasêtreprotégé?–Uneseulepersonne,répliquaKylie,ettusaisqui.Burnettsecontentadehocherlatête.Leurspascrissaientsurlegravier.–CommentvaHelen?demanda-t-elle.–Bienmieux,réponditHoliday.–Ellesesouvientdequelquechose?C’étaitMario?–Non,réponditHoliday.–Nousmenonsencorel’enquête,expliquaBurnett,unelégèrefrustrationdanslavoix.Maisnous

savonsqueMarioaétérepéréàFallencematin-là.Etavecsonapparitioncesoir,toutporteàcroirequ’ilestbienderrièretoutcela.Ils étaient presque arrivés au virage dans le chemin. Au loin, Kylie parvint à distinguer le

bungalow.Pasuneseulelumièrenetremblotaitàl’intérieur.KyliedemandaàBurnett.–Dellaest-elledéjàrentrée?–Non,pasencore,etsafaçondeprononcercestroismotsdéclenchadesalarmespartoutenelle.Ellelepritparlebras.–Ques’est-ilpassé?Burnettlevalamain.–Ellevabien.Elleaeuquelquesproblèmes,maistoutvabienàprésent.Ellenedevraitplustarder.–Quelgenredeproblèmes?demandaKylie.L’inquiétudequeDellaluiinspiraitluifitmettresespropresproblèmesentreparenthèses.Burnetthésitaavantdeluirépondreetcelaéveillaencoreplussaméfiance.–Ques’est-ilpassé?insista-t-elle.–Elleaeuunealtercationaveclesmembresd’ungang.Mais…

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–Es-tusûrquecen’étaitpasMario?–Sûretcertain.–A-t-elleétéblessée?Jesavaisquec’étaitunemauvaiseidéedelafairetravaillerpourl’URF.–Elleajustedesbossesetdesbleus.–Commentça,desbossesetdesbleus?–Riendegrave,c’estsonegoquialeplussouffertdanstoutça.–Ellevavraimentbien,jetelepromets,luiassuraHoliday.Jeluiaiparlé.Kylie inspira, sachant qu’elle dramatisait sûrement, mais son barrage émotionnel était à deux

doigtsderompre.Elleseremitenroute,sehâtaverslebungalow,désirantsetrouverseuleavantsondélugedelarmes.Holidaylarattrapaetglissasamaindanscelledesonamie.–Veux-tuquej’entreavectoi,commeçanouspourronsparlerunpeu?–Non,réponditKyliequisesentaitbête.Ilmefautjusteunpeudetempspourdigérertoutcela.ElleétreignitHoliday,absorbantencoreunpeudesoncontactapaisant.Kylies’apprêtaitàouvrirla

portelorsqueBurnetts’éclaircitlagorge.Ellelevalesyeux.Iltenditlesbras.–Etmoialors?KylielutlasurprisedanslesyeuxdeHoliday,puiscefutplusfortqu’elle,maisellesefenditd’un

grandsourire.–Faisattention,lesgenspourraientbiencroirequetuesdevenugentilavecnous!–J’endoute,dit-il,etill’étreignitrapidement.Lementoncollédanssescheveux,ilmurmura:«Je

l’attraperai,cesalaud,jetelepromets.»–Merci,dit-elle,etelleseretira.L’odeur du bungalow envahit ses sens. Elle ne savait pas au juste de quoi était constituée cette

odeur,maisseseffetsétaientapaisants.Puisellecompritquec’étaitleparfumdesgensqu’elleaimait.Miranda.Della.Et ilyavaitcetteodeurboiséequ’ellereconnaissait.Uneodeurquiappartenaità…non!C’étaitjustel’odeurdesonchez-elle,pensa-t-elle.La porte de la chambre à coucher de Della était ouverte – comme une enseigne lumineuse qui

indiquaitqu’ellen’étaitpaslà.Lavamp,unepersonnetrèsdiscrète,gardaittoujourssaportefermée.LeregarddeKylieseposasurlaportedeMiranda.–Ilmefautdutempspourreprendremesesprits,sedit-elle.Si elle devait craquer, elle voulait le faire toute seule.Elle se dirigeavers sa chambre ; à peine

avait-elleouvert laportequ’elleentendit le légercraquementdusolenbois.Ellen’étaitpas seule.Dansuncoindelachambre,ellevitunesilhouette.Décidément,personnenevoulaitqu’ellesoitseulecesoir.

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Kylievirevolta sur sesReebok, laissantprobablementdesmarquessur leplancher,et sortitde lapièce.–Neparspas,ditLucas,s’ilteplaît!Ilfaudrabienquetumeparlestôtoutard!Tard,ceseraittrèsbien.Puis,decolère,elleserralespoings.Cen’étaitpasjuste.Ellesedétourna,

ellenevoulaitpasl’affronter.–Pourquoi?Pourquoidevrais-jeteparler?Jenetedoisrien.Paslamoindreexplication,pasla

moindreexcuse.Cen’estpasmoiqui…Sagorgeseserraetellesetut.Ellel’entenditbougerderrièreelle.– Je sais, j’ai tout fait foirer. Je le reconnais. Je… j’aurais dû t’en parler. Non, c’était mal, je

n’aurais jamais dû laisser les choses aller si loin. J’aurais dû envoyer promenermon père dès ledébut. C’estmoi, le fautif,mais… je n’ai rien fait… d’autre. Je n’ai pas couché avec elle. Je l’aiembrassée deux fois. Tu nous as vus une fois. Et l’autre, on m’a mis au pied du mur. C’étaituniquementpourconvaincremonpèrequej’iraisjusqu’auboutdecemariage,maisjen’aijamais,pasuneseuleminute,eul’intentiondel’épouser.Lenœud se resserradans sagorge.Sesyeux lapiquaient, son cœur aussi.Elle secoua la tête et

parvintàdireunseulmot.–Non.Ellenesavaitmêmepasàquoielledisaitnon.Puiselleseretournaverslui.Cequ’elledisaitn’avaitaucuneimportance,carilnel’écoutaitpas.Ilrestaitplantésurplaceàla

dévisager,danssonpropremondedepeineetdedouleur.–Tum’aimes,dit-il,jelesais.C’étaitàcemoment-làqu’elleauraitdûluirépondre«non»,maiselleneparvintpasàprononcer

unmot.Oh, il se trouvait sur leboutde sa langue,mais ilyétait colléà lacolle forte.Elleauraitmenti,certes,maislavéritéfaisaitbeaucouptropmal.–Jesaisaussiquetumepunis.Etçamarche,puisquejesouffreénormément.Maisjelemérite.

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Ilpassalamaindanssanuque.Kylieréprimaunocéandelarmesquimenaçait.Mêmedanslenoir,elleparvenaitàdistinguerles

bleus autour de son cou.Des bleus qu’elle lui avait elle-même infligés.Elle serra lesmains en sedisantqu’elleavaitétéàdeuxdoigtsdeluicomprimerlatrachée.–Jenevoulaispast’étrangler,lança-t-elle,c’étaitunpiège…deMario.Jenesaispascommentila

fait,mais…–Je le sais, tunevoulaispasmepunir…de cette façon,dit-il en tâtant sesbleus.Cen’est rien,

comparéàtoutcequejeressensprofondément.Jeveuxdire,queturefusesdemeparler,quetuneveuilles pas que je t’approche.Tunepeuxpas savoir combien cela faitmal d’être là, tout près detoi…Siprès…Peux-tumêmeimaginercommec’estdurd’êtrelàtoutensachantquetuneveuxpasquejetetouche?Ilavançad’unpas,commes’illatestait.S’ilnesetrouvaitqu’àquelquescentimètres,sonodeurlasuivaitpartout.Elleserevitinhalerson

parfumen entrant.Elle aurait pu se douter que l’odeur familière qui l’avait accueillie ici était sonessenceàlui.Ilétaitsonchez-elle.Oul’avaitété.Àprésent,ellesesentaitsans-abri.Ilavaitdûrassemblerunpeuplusdecourage,parcequ’ilfitunautrepas.Ellereculad’uncentimètre.Etcepetitcentimètreétaittellementéloquent!–Tuvois,dit-il,d’unairdouloureux.Maisjesaisquejecompteencorepourtoi,parceque…tu

m’assauvélavie.Tuauraisput’écarteretlaisserMariometuer.Tunel’aspasfait.Tuasinterceptélesboulesdefeuquim’étaientdestinées.L’émotion deKylie était à son comble, et elle aurait donné n’importe quoi pour ne pas avoir à

ressentircela.Combiendebouleversementsencorepourrait-ellesupporter?Yavait-ilune limite?Elleavaitassurémentatteintlessiennes.–Oui,jet’aisauvélavie,maisnem’obligepasàleregretter.Elledésignalaported’unsignedela

main.–Pars,jeneveuxpasdetoiici.Etc’étaitlavérité,ellenevoulaitpasdeLucas,celuiquil’avaittrahie.Ellevoulaitlegarçonenqui

elle avait confiance, celui qui était prêt à aller au bout dumondepour la protéger, pensait-elle.Etpourtant,c’étaitlemême.Ilavançaencore.Ellevitsapommed’Adammonteretdescendre.–Jet’aiblessée,dit-il,jelesais,etjesuisprêtàacceptertoutcequetumebalancerasàlafigure.Je

lemérite.C’estcequejesuisvenutedire:jereconnaisquecequej’aifaitétaitnul.Etquandtuneserasplusencolère,jeseraiencorelà.Jememoquebiendutempsqu’ilfaudra.Elledétournalesyeux,ellelerevitdeboutdevantsafamilleetsesamis,danssonsmokingchic,et

ilétaitsibeau,déjàunhomme!MaisellelerevitaussiprendrelesmainsdeMonique,etelleentenditlespromessesqu’ilséchangeaient.Dugenredecellesquel’onnebrisaitpas.Unenouvellevaguededouleurlasubmergea.Ellereposalesyeuxsurlui.–Tuluiasdonnétonâme.Ilsecoualatête,etréponditd’unvoixtremblante:–Non,tutetrompes.Jeneluiaipasdonnémonâme.J’aimenti.Jen’auraispaspulaluidonner.

Parcequejel’aidéjàdonnée.Tul’asprisequandj’avaisseptans.Etsijamaisilm’enrestaitunpeu,tu l’asprise le jourde tonarrivéeàShadowFalls.Dans laculture loup-garou,oncroitqu’iln’yaqu’uneseuleâmesœur.Ettueslamienne,KylieGalen.Jelesavaisdéjààl’époque,etcelan’apaschangédepuis.

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Ses yeux étaient humides. Elle inspira, espérant maîtriser sa faiblesse, ses larmes.Mais elle ensentituneglissersursajoue.Elle l’essuya. Son souffle trembla, quand elle aspira l’oxygène dont elle avait besoin. Pourquoi

celafaisait-ilaussimalderespirer?Tum’appartiens, KylieGalen. Ses paroles résonnèrent dans son cœur. Elle ne pouvait pas nier

qu’unepartied’ellevoulait allervers lui, lui faire répéter celaencoreet encore, jusqu’àceque ladouleur qui bouillonnait dans sa poitrinedisparaisse. Jusqu’à cequ’elle puisse le regarder sans sesouvenircombiencelaavaitétédurdelevoiréchangerdespromessesavecuneautre.Maisellenepouvaitpasallerverslui,parcequ’ellesavaitqueladouleurnedisparaîtraitpas.Pasmaintenant.Peut-êtrejamais.Ellenepouvaitpaslesavoir.Ilmarqua une pause et elle vit lamême douleur que celle qu’elle ressentait dans sa poitrine se

refléterdanslesyeuxdugarçon.Celas’amplifiadesavoirqu’elleluiavaitfaitdumal.Maisn’était-cepassafaute?Pourquoidevait-elleculpabilisers’ilsouffraitàprésent?– Je suis désolé de t’avoir fait tout cela, dit-il. Et tu as beau être en colère contremoi, tu dois

comprendrequejesuisencoreplusfurieuxcontremoi-même.C’estmoiquit’aifaitcela,nousaifaitcela.J’aiblessélapersonnequicompteleplusdansmavie.Siquelqu’und’autret’avaitfaitautantdemal,jeluiauraisarrachélecœur.Ilrestait lààladévisager.Lesilencedanslapièceétait tropfort.Ouétait-celadouleurdansson

cœurquiluiperçaitlestympans?–Jevaisyaller,annonça-t-il.J’aiditcequejevoulaisdire,etsachequejetedonneraitoutletemps

nécessaire pour me pardonner. Mais ne pas me pardonner, ce n’est pas une option. Parce que jet’aime.Elle ne l’avait jamais entendu aussi vaincu. Aussi perdu.Elle le laissa passer et il sortit. Elle se

dirigeaverssonlit.S’assit.Ôtaseschaussuresd’uncoupdepied.–Minou,minou…fit-elle,cherchantquelquechoseàquoiseraccrocher.MaisSocksrestacaché.Il

n’aimaitvraimentpaslesloups-garous.Pourl’heure,unepartied’elleétaitd’accordaveclui.Elleremontalesjambes,serrasesgenouxsifortcontresapoitrinequecelaluifitmal.Puiselleattendit.Attenditqueleslarmescoulentàflot.Attendit qu’une partie de la pression quimontait dans son cœur disparaisse.Mais les larmes ne

coulèrentpas.Lapressiondemeura.Elle ferma lesyeuxet semordit la lèvre.Pourquoin’arrivait-ellepasàpleurer?Était-elle juste

tropcrevéeémotionnellement?Elleétaitsacrémentperdue.CommentLucaspouvait-il brusquement se rendre comptequ’il s’était trompé sur toute la ligne,

sansl’avoirvuauparavant?Commentavait-ilpupromettresonâmeàuneautre,s’ilaimaitKylie?Maispourquoimentirait-il?Pourquoiviendrait-il luidire toutesceschosessiellesn’étaientpas

sincères?Ellerestaassisedanslapièceenténébréependantplusieurslonguesminutes.Ellesesentaitseule.

Isolée.Unepenséefolleetquelquepeupuérile lui traversal’esprit : jeveuxmamaman.Maissamaman

n’étaitpaslà.NiàShadowFalls.Nimêmedanslepays.SamamanétaitenAngleterreavecuntypequeKyliedétestait.

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Maisellepouvait toujoursl’appeler.Etpuisflûte,ellepourraitmêmefaireavorterlesprojetsdecoucheriedeJohn.Celarendaitsonappelencoreplustentant.EllevoulaitqueJohnsachequesamèren’étaitpasseuleaumonde.Ellefouilladanssapoche,puisrâla.Elleavaitlaissésonportablechezsongrand-père.–Zut!,marmonna-t-elle.Soudain, elle pensa à Jenny, à ce qu’elle lui avait confié concernant Hayden, et à certaines

accusations qu’elle avait portées contre les anciens. Les jeunes caméléons étaient-ils vraimentcontraintsàvivredansunmonded’isolement?Celasemblaitsinul…ElledevaitparleràHaydenYatespouravoirdesréponses.Peut-êtreluiassurerait-ilmêmequeson

grand-père n’était pas derrière tout cela. Elle se releva d’un coup, sortit puis ralentit dès qu’elleparvintàlaporte.Génial!Elleétaitcenséeêtreescortée!Burnettallaitexplosers’ilsavaitqu’ellesebaladaittouteseuledanslanuit.Tantpis!Etparfoisil

suffisait de briser les règles. Elle sortit, referma tout doucement la porte pour ne pas réveillerMiranda. En descendant les marches du perron, elle prit le chemin qui menait au bungalow deHayden.Ildormaitsûrement,maiselles’enmoquait.Ellen’avaitparcouruquequelquesmètresquandellevitquelqu’unsurgirdesarbres.L’expression

quiluivintàl’espritétaitcellequeNanadisaitsouventquandelleseretrouvaitenmauvaiseposture:elleétaitmalbarrée.

–Je…jesuisdésolée,marmonnaKylie.–N’essaiemêmepasdemeconvaincredemecalmer!grommelaBurnett.Pasunseulmot!–J’aijuste…–Çaenfaittroisetj’aiditpasunmot!aboya-t-il.Etilbalayal’airdelamainpoursefairebiencomprendre.Kyliesemordit la lèvre,etcommeparhasard,cefutàcemoment-làque les larmessemirentà

couler.Degrosseslarmesbienrondesetrapides.Ellereniflaets’essuyalesjouesdudosdelamain.Sonsoufflesecoinçadanssapoitrine.Pff,celan’aurait-ilpaspuseproduirequandelleétaitseule?–Ceslarmesnemetouchentpas,jeunefemme!Il lamontra du doigt. Si elle ne pouvait pas entendre le cœur deBurnett battre au rythme d’un

mensonge,ellelereconnutdanssavoix.Seslarmesletouchaient.Passuffisammentpourl’empêcherd’êtreencolère,maisassezpourquesavoixseserred’émotion.Etsavoirqu’ellel’avaitdéçuremitunecouchededouleurdanssapoitrine.Exactementcequ’illui

fallait…Encoresouffrir.Ellevoulutcesserdepleurermaisleslarmescontinuaientàcouler.Ilnedisaitrien.Secontentaitde

fairelescentpasdevantelle.D’alleretvenir.D’alleretvenir.En la fixantd’unairmécontent etdéçu.Elle allait rebrousser cheminquand il semit àgrogner.

Juste un grognement. Pas de mots, mais suffisamment d’inflexions pour lui faire savoir qu’il nevoulaitpasqu’ellebouge.Àl’évidence,sapunitionétaitderestericietdereconnaîtrequ’ellel’avaitdéçu.Ellesedemandasic’étaitcelaqueLucasavaitressenti.–J’aijuste…–Ai-jeditquetupouvaisparler?demanda-t-il.Ilfittroisautrestoursàtoutevitessecommes’ilsedéfoulait,puislaregardadenouveau

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–Oùallais-tu?Commeellelefixaitsansriendire,illâcha:–Réponds-moi.–Tuasditquejenepouvaispasparler.Elles’essuyadenouveaulesjoues.–Oùallais-tu,Kylie?Bonsang,ellenesavaitpasquoidire.Ellenepouvaitpasluiavouerlavérité.Elleavaitpromisà

songrand-pèredenejamaisdénoncerHaydenYates.Ouaip,elleétaitmalbarrée.Hypermalbarrée,même.–Allais-tuvoirLucas?demanda-t-il.Elle allait hocher la tête, mais elle sentit son cœur battre la chamade, rien que parce qu’elle

envisageaitdementir.–Donccen’étaitpasLucas,fulmina-t-ilendevinantqu’elleétaittentéedementir.Il se rapprochad’unpas et ses yeux foncés la scrutèrent.De tropprès.Engros plan.Elle vit la

déceptiondanssonregardetlenœudsereformadanssagorge.Elleessayadepenseràcequ’elleallaitdire,quelquechosed’utilequinetrahisserien.Etquine

soitpasunmensonge.–J’aijuste…–Nedisrien,sic’estpourmebaratiner.OK,soncœurnelaisseraitmêmepassortirunpieuxmensonge.–Jeveuxlavérité,exigea-t-il.Allais-turetrouvertongrand-père?–Non,réponditKyliehonnêtement,etellesesentitimmensémentsoulagée.Illaregardadeplusprès,sesyeuxseplissèrent.–Bien, je vais te poser une question directe, et je veux que tume répondes par « oui » ou par

« non ».N’essaie pas de travestir la vérité, parce que je le devinerais. (Ilmarqua une pause pourl’effet,etpeut-êtrejustepourrassemblersespensées.)Allais-tuvoirHaydenYates?MillepenséesdéfilèrentdanslatêtedeKylie.QuesavaitBurnettaujuste?Quandsongrand-père

luiavaitconfiéqueBurnettcroyaitlemensongedeHayden–queKylieavaitsimplement,parlaruse,amenél’enseignantàcroirequ’elleavaitl’autorisationdepartir–ellenes’étaitpasditqueHaydenavaitdupéBurnett.Ilsavaitquelquechose.–OK,tonsilencerépondparfaitementàmaquestion.Viens.Illuifitsignedesemettreenroute.–Pouralleroù?demanda-t-elle,redoutantsaréponse.– Tu voulais voir Hayden, alors allons-y, et ensuite vous aurez intérêt àm’expliquer ce qui se

passe,vousdeux,sinonvousallezpasserunsalequartd’heure!Unesaledemi-heure,même!

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Kylieavaitentendul’expression«marchersurlaligneverte»,lorsquelescondamnésempruntaientlecouloirdelamortavantd’êtreexécutés,etlamarchejusqu’aubungalowdeHaydenétaitsaligneverteàelle.Burnettneparlapas.Ellel’entendaitàpeinerespirer.Etpourtant,ilavançaitàcôtéd’elle,durcommeleroc,etsaposturetrahissaitsonimpatience.Saloyautéenverssongrand-pèreetBurnettluidéchiraitlecœur,commedansunepartiedelutteàlacorde.–Pouvons-nousd’abordparleràHoliday?demandaKylie,quisavaitquecettedernièresauraitle

calmeretluifairecomprendre.–Non!fit-ild’untoncassant.Jeveuxlavéritéetjel’aurai!« Mais à quel prix ? » songea Kylie. Hayden se rendrait-il compte que Kylie ne l’avait pas

dénoncé ? Elle l’espérait. Mais son grand-père comprendrait-il pourquoi elle brisait la promessequ’elleluiavaitfaite?Ellenelepensaitpas.Commel’hommequiavançaitavecbrutalitéàcôtéd’elle,songrand-pèren’étaitpasindulgent.Unefoisqu’ilsfurentarrivésauvirageprèsdubungalowdeHayden,Kyliecherchadésespérément

uneéchappatoire.–Ildoitdormir…Onpourraitpeut-être…– Il ne dort pas, répondit Burnett avec sévérité. Il n’arrête pas de se retourner dans son lit, de

s’inquiéterpourdestasdechoses.S’attendait-ilàtevoircematin?Es-tudéjàenretard?–Non,marmonna-t-elle.Ils gravirent les marches du bungalow, quand, d’un seul coup, Kylie comprit quelque chose.

Secouéeparlacolère,elleattrapaBurnettparlecoude.–C’estbon,tupeuxtoutentendre!– Et quel est ton intérêt dans tout ça, tout à coup ? demanda-t-il, en constatant son nouvel état

d’esprit.Etoui,lacolèredonnaitunlégerrépitàsaculpabilité.–Tout à l’heure, quand tum’asdéposée àmonbungalow, tu savaisqueLucas était là ; n’est-ce

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pas?Tusavaisqu’ilattendaitpourmeparler?LaculpabilitéselutsurlevisagedeBurnett.–Ilm’asuppliédeluilaisserdixminutes.–Ettulesluiasdonnées.Tupensaisquec’étaitàtoidefairecechoix,l’accusaKylie.Burnettfronçalessourcils,maislaculpabiliténedisparutpascomplètement.–Simessouvenirssontbons,tuasbienmistongraindeseldansnotrehistoired’amour,àHoliday

etmoi.–Aucundevousdeuxnes’estenfuipoursefianceràquelqu’und’autre!Ilnetressaillitpas,mais,àsonexpression,ellevitquesonargumentavaitfaitmouche.–Tout lemondedevraitpouvoir s’expliquer, lança-t-il,mais son tonmanquait complètementde

conviction.–Iln’yaaucuneexplicationpourcequ’ilafait,rétorqua-t-elle.Burnettinspiraetpinçal’arêtedesonnez.–OK,jereconnaisquej’aipeut-êtreeutortdeluilaisserceprivilège.Etjerenonceraiàcegenre

d’actionsdans le futur.Etàprésent,peut-êtrequeHaydenet toipouvez faireamendehonorableenm’expliquantcequevousmecacheztouslesdeux.IlregardaKylieenarquantunsourcil,levalepoingettapasurlaportedeHaydensifortqueles

gondstremblèrent.Une fois qu’il eut passé ses humeurs sur la porte,Burnett reposa les yeux sur elle. Elle vit son

esprit bouillonner, chercher des réponses. C’était la première fois qu’elle avait le sentiment queBurnettnesavaitpaslamoitiédecequ’ellecraignaitqu’ilsache.–Soisprévenue,ditBurnett,que si j’apprendsqu’il sepassequelquechosede romantiqueentre

vous,ilvam’entendre…Kylieouvritlaboucheengrand.–Romantique?Oharrête,ilestvieux!Aussivieuxquetoi!LefrontdeBurnettseplissa.Etilserembrunitencoreplus.–C’estbiença,leproblème!Maisjenesuispassiâgéquecela!

HaydenouvritlaporteetsonregardalladeBurnettàKylieàtouteallure.Burnettgrommela.Puisentrasansyavoirétéinvité,pourbienmontrerquiétaitlepatronici.Ce

quinefitpasplaisiràHayden.Kyliedéglutit,ellenesavaitpasquelletournureallaitprendrecettevisite.Burnettseraitfurieux,et

dèsquesongrand-pèreapprendraitqu’ils’enprenaitàHayden,ilseraitfurieuxluiaussi.–OK,qu’unechosesoitclaire,commençaBurnett.Personnenequittecettepiècetantquejen’ai

pas de réponses. Et jememoque bien de faire usage de la force pour les obtenir, affirma-t-il enregardantHaydendroitdanslesyeux.Etcommejenefrappepaslesfilles,jevoussuggèredevousexpliquer.Haydenseredressa.–Expliquerquoi?demanda-t-il,sansmontrerlemoindresigned’intimidation.Kyliedutl’admirerpourcelaaussi.ElleaimaitBurnettetsavaitqu’iln’étaitpasinjustenidéloyal,

maiselletremblaitunpeuenl’écoutant.Cethommeavaitfaitdel’intimidationunart.Danslequelilexcellait,enplus.–Quelestlelienentrevousdeux?demandaBurnett.–Lelien?fitHayden.– Il y a quelque temps,Kylie vous tenait pour responsable de lamort de ces filles, et d’un seul

coup,vousvoilàsonallié.Vousavezmentiquandvousm’avezaffirméqu’elleavaitdemandéàce

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qu’onlalaissesortiraucimetière.–Jel’aibienlaisséesortir.– Ensuite, vous avez menti en prétendant qu’elle était venue vous voir. Je connais Kylie, elle

n’auraitpassollicitévotreaidesansraison.– Je suis son enseignant, répondit Hayden. Je pensais qu’aider une élève dans des situations

difficiles,ici,c’étaitunplus.–Etjevouscroyaissuffisammentintelligentpoursavoirquandtoutavouer.Laseuleraisonpour

laquellejenevousaipasencorefichuàlaporte,c’estparcequejeveuxd’aborddesréponses.Alors,parlez!Kylie,decraintequecelanedégénère,sepostaentrelesdeuxhommes.–J’aimeraisparleravecHaydenentêteàtête.Justeuninstant.L’expressiondeBurnettsedurcit.–S’ilteplaît,insistaKylie,je…jecroisquecelanousaideraàalleraufonddeschoses.LamâchoiredeBurnettseserraaupointqu’ellesemblaitprêteàcraquer.–Etquandtureviendras,j’auraidesréponsespourtoi.Sonfrontseplissa.–Jeseraijustedevantlaporte.–Maistupourrasquandmêmeentendre…–C’estçaetriend’autre!exigea-t-il.Elleréalisabrusquementquecelasuffisait–carHaydenetellepourraientdevenirinvisiblesetles

oreillesintrusesduvampiren’entendraientpasleurconversation.EllehochalatêteetobservaBurnetts’enallerencolère.Dèsquelaporteseferma,ellecollaundoigtsurseslèvres,puisattrapalamaindeHaydenetl’emmenadansleroyaumeinvisible.–Tuarrivesdéjààfaireça?–Oui,ditKylieetelleluitintlamainpourqu’ilsacheoùelleétait.–C’estgénial,Kylie,sais-tuquetuestrèsenavance?Quandas-tu…?–Désolée,maisnousn’avonspas le tempsdeparlerdecelapour l’instant.Qu’allez-vousdireà

Burnett?Jecroisquenousdevrionstoutavouer.–Ilinsisterapourquejem’enaille,réponditHayden.Ettuperdrasmaprotection.–D’abord, jen’aibesoind’aucuneprotection ici.Mais jeneveuxpasquevouspartiez. Jeveux

avoirquelqu’unversquimetournersij’aidesquestions.Ensuite,jenesuispassûrequeBurnettvousvire…maissinousneluidisonspas,ilvousenverrasûrementbalader.Notremeilleurechancepourquevousrestiez,c’estdeluidirelavérité.–Jecomprendstonpointdevue,ditHayden,mais…–Jeneluiairiendit,voussavez.Ilnesaitmêmepasquevousêtesuncaméléon.Ilajuste…–Jesais,ditHayden.Ilseméfiaitdéjàdemoiavanttondépart.–C’estmafaute.Je…–Lebruitdelaported’entréequiclaquaitfittaireKylie.Burnettrevintentrombedanslapièce,les

yeuxétincelantsdefureur.–Cethommeestincroyable!s’écriaHayden.–Bonsang!Kylie,oùes-tu?–Jevaisluiparler,ditKylieàHayden.Vous,restezinvisible.Ellerelâchasamainetréapparut.Ellevitimmédiatementl’airrenfrognédeBurnett.–Oùest-il?lança-t-ild’untonsec.

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–Ilestlà.Nousparlonsencore.Enprivé,commejel’aidemandé.–Tupeuxrendrelesautresinvisibles?Elleopina.Maisjen’aipaseubesoinderendreHaydeninvisible–étantdonnéquec’estuncaméléon–mais,

ça,Burnettnelesaitpas.–C’estridicule!Jeveuxdesréponses!–Ettulesaurassitumelaissesagircettefois,exigea-t-elle.Jetedemandedemefaireconfiance

commetul’asréclamésisouventdemoidanslepassé.Il grommela et leva lesyeuxvers le plafond, comme s’il implorait la patience.Kyliedisparut à

nouveau.–Jesuislà,fitHayden.Alors,queveux-tuquejeluidiseaujuste?– Tout, répondit Kylie. Que c’est mon grand-père qui vous a envoyé ici et que vous êtes un

caméléon–etquevousvoulezrester.Ellemarquaunepause.Etcelaneferaitpasdemald’ajouterque cet endroit vous impressionne.Si nouspouvons l’amener àvous considérer comme son allié,alorspeut-être…–Peut-êtrequoi?demandaHayden.–Jenesaispassic’estpossible,maisjemedisaisquebeaucoupdesplusjeunescaméléonscomme

JennypourraienttirerprofitdeShadowFalls.–J’aimoi-mêmeeucettepensée,avouaHayden,maislesanciensne…–OK!C’estl’heure!lançaBurnettd’untonsecetilfitlescentpasdanslapièce.Ramenez-vous

immédiatement!–Encoreuneminute,insistaKylie.Nousavonspresqueterminé.–Ilnepeutpast’entendre,ditHayden.–Ohsi.Elle marqua une pause, les questions pour Hayden traversaient son esprit à toute allure, mais

Burnettétaitsurlepointdecraquer.EtunBurnettcraquant,voilàquideviendraitviteingérable.–Êtes-vousprêt?demandaKylie.J’aibeaucoupd’autreschosesàvousdire,maispourl’instant…

jecroisquenousdevronsnouscontenterdecela.Attendez!lança-t-elled’untonsec.–Oui?– Croyez-vous que mon grand-père avait adhéré au plan qui consistait à me kidnapper, et à

m’éloignerdeShadowFalls?–Non,jenecroispas.Ilsefaisaitbeaucoupdesoucipourtoi,ilamêmeappelésixfoisavantque

tun’arrives.Lesoulagementl’envahit.–Voulez-vousbienluidirequejesuisdésoléede…nepasluiavoirditaurevoir?–Jeleferai.–Kylie!grondaBurnett.Respirantunboncoup,elleseforçaàredevenirvisible.Haydenapparutàsoncôté.Burnettn’eutpasl’airimpressionné.IlattrapaHaydenparledevantdesachemise.–Disparaisencoreunefois,etjeveilleraiàcequecesoitpourtoujours!–Ducalme,fit-elleenserapprochantdeBurnett.Haydenn’estpasl’ennemi.C’estgrâceàluique

nousavonspuretrouverHolidayquandWarrenl’avaitcapturée.Enréalité,c’estencoregrâceàluiquej’aipum’échappercesoir.KylievitHaydenlaregarder,commeétonnéqu’elleconnaissecettepiècedupuzzle.Burnettlerelâchaetscrutaensuitesonfront.

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–Vousêtesuncaméléon?Celui-ciseraidit.–Ondiraitquec’estuneinsultepourvous!LesépaulesdeBurnettsetendirent.–Ondiraitplutôtquevousm’avezmentitoutdulong.Haydenlissasachemisetoutefroissée.–Jesuisvenuicipourm’assurerqueKylien’étaitpasvendueàl’URFparquelqu’unquiavaitun

réelproblèmed’autorité.Burnettserenfrogna.–C’estmoi,l’autoritéici.Etj’aifaitdesrecherchessurvous.Toutporteàcroirequevousêtesmi-

vampire,mi-fée.Vousêtesmêmeenregistrécommetel.–Oui,réponditHayden.–Maisc’estfaux?Haydennecillapas.–C’estainsiquej’aidécidédevivremavie.Burnettsecoualatête,commes’ilessayaitdecomprendre.–Mais selonmes recherches, legrand-pèredeKylieest catalogué«humain»par l’URF.Et les

rarescaméléonsquej’aivusdevantleurenclosarboraientlaconfigurationhumaine.Jepensaisquec’étaitcequevouslaissieztouscroireaumonde.Justement,pourquoin’avez-vouspaschoisidevivredanscetenclosaveclesautres?Seriez-vousunrebelle?Haydensetendit.–Êtes-vousunrebelleparcequevousnevivezpasauseind’unecommunautédevampires?On

devraitvivresaviecommeonledécide,n’est-cepas?Jepréfèresimplementvivretoutseul,etj’aidécidédevivremavieentantquesurnatureletnonentantqu’humain.–Alors,vousavezsimplementchoisiuneespèceettruquésaconfiguration?–Jen’airienfaitdemalpourquevousmejugiez,répliquaHayden.Burnettavaittoujoursl’airconfus.–Combienilenexistecommevous?Àvivresousuneformedesurnatureldifférente?– Pas assez pour se sentir à l’aise au point de se faire connaître, répondit Hayden. Pas quand

l’histoireaprouvéquecelapouvaitsepasser.KylievitBurnettessayerd’intégrercequ’ilentendaitetdeleclasser.–Donc,quandvousavezvuque jenereprésentaispasdemenacepourKylie,pourquoinevous

êtes-vouspasfaitconnaître?–Vousm’auriezenvoyébalader,oupire,m’auriezfaitarrêter.Burnettavaitbeauexcellerdansl’artdebousculerlesgens,ildevaitreconnaîtrequeverbalement

Haydensedéfendaitbien.Etcelal’agaçait.–Voustravaillezpourlegrand-pèredeKylie?demandaBurnett.–Travaillerpourlui?Non.Sijel’aidais?Oui.Commevouslesavezd’aprèslesrecherchesque

vous avez effectuées surmoi plus d’une fois, j’ai enseigné dans le secondaire pendant trois ans àHouston.–L’aidez-voustoujours?LaquestiondeBurnettrestaensuspens,commesilaréponseallaitêtredécisive.–Toutdépenddecequevousentendezpar«aider».Est-cequej’essaied’allercontrevouspour

fairedumalàKylie?Non.Maisest-cequejegardeencoreunœilvigilantsurelleetest-cequejerépondsauxangoissesdesongrand-père?Oui.

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–Lemêmegrand-pèreinquietquiavaitl’intentiondelakidnapper?–Iln’avaitrienàvoiravecça,intervintKylieavantqueHaydennepuisserépondre.Etjeneveux

pasqueturenvoiesHaydennonplus.S’ilteplaît,Burnett,fais-lepourmoi.Burnettlaregarda.–Jenesaispassijepeuxtravailleravecquelqu’unquiestdéchiré.Kylierouladesyeux.–Tuveuxdire,entrel’URFettoi?LesyeuxdeBurnettseplissèrent–Maloyautéatoujoursétédevousprotéger.–Maistucontinuesàtravailleraveceux?Parcequecommetudis,tuvoislebienquefaitl’URF.

Pour Hayden, c’est pareil. Il veut me protéger, mais il comprend que mon grand-père est bienintentionné.Pourquoinepeux-tupasacceptercela?Burnettserenfrogna,maisKylieconstataquesesproposl’avaienttouché.–JevaisyréfléchiretendiscuteravecHoliday.Hayden opina. Son expression indiquait qu’il ne les supplierait pas pour rester. Kylie ne lui en

voulaitpas,maisellen’étaitpasbouffied’orgueilaupointdes’enabstenir.SavieseraitsimplementplusfacilesiHaydenrestait là,etcelafaciliteraitsonlienavecsongrand-père.Elleavaitvraiment,vraimentbesoindelui.–Mesrègles,toutefois,tiennenttoujours,poursuivitBurnett.Quoiquejedécidequantàl’avenirde

M.YatesàShadowFalls,reprit-ilenseconcentrantsurKylie, tunedoispas t’enfuirpourvoir tongrand-père.Tuaurasencoredesescortes,etsijedoispersonnellementsurveillertonbungalowtouteslesnuitspourt’empêcherd’enfreindrelerèglement,jeleferai.Kylieopina.Ellereconnaissaitqu’illuifaudraitregagnersaconfiance.IlreportasonattentionsurHayden.–EtsijedécidaisdevousgarderàShadowFalls,jevousdemanderaisderespectermesrègleset

de m’aider à maîtriser Kylie. Et de m’apprendre comment m’y prendre avec un escroc de votreespèce.–Sivousdécidezquejepeuxrester,jeréfléchiraiàvotreproposition,ditHayden,latensiondans

savoixmontrantquel’attitudedeBurnettlelaissaitmanifestementdeglace.Maisjepeuxvousdireunechose,jerefusequel’onmemanquederespect.–Manquerderespect?grondaBurnett.Puistoutpartitenvrille.BurnettetHaydens’injurièrentàquimieuxmieux.PourHayden,Burnettétaitun«connard»,et

pourBurnett,Haydenétaitun«enfoiréprésomptueuxetunmenteur».Ellen’étaitpassûreàcentpourcentqu’ilsn’enviennentpasauxmains.S’ilssecassaientlenez,

alorssoit.Ellenepensaitpasqu’ilsiraientjusqu’àsetuer.Maisbon,ellepouvaitsetromper.Maiselleétaitbientroplassepouressayerdelesarrêter.Sesgenouxtremblèrentetsesyeuxs’alourdirent.Elleduts’asseoirpournepastomber.Ignorant

les deux hommes qui se disputaient, elle traversa la pièce et s’affala lourdement sur le canapé deHayden.Sentant un froid glacial la submerger, elle remonta ses genoux contre elle. Elle était tellement

fatiguée qu’il lui fallut uneminute pour se rendre compte que le froid n’était pas qu’une réactionnaturelledueàsagrandefatigue. Il lui fallutaussiunesecondepours’apercevoirque leshommesavaientcessédesebattreetlaregardaientfixement.Kylielesignorapours’occuperdel’esprit.

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–Pasmaintenant,marmonna-t-elle,etelleregardafixementlatablebassedevantelle,nesouhaitantpas affronter le fantôme et ses discours demeurtre insensés.Et ne désirant pas nonplus affronterBurnettetHayden.–Alorsquoi,maintenant?demandaBurnett.–Rien,ditKylie.Et le fantôme se posta devant elle. Sa robe rose clair trempée de sang pendillait lourdement.

Beaucoupdesang.Dumoins,celayressemblait.Tueousoistuée.Lesparolesdel’espritserpentèrentdanslatêtedeKylie.Ellesepenchaenarrièreetfixalesyeuxmortsetfroids.–Pourl’heure,jevaisfaireaveclesoistuée.Jesuisbeaucouptropfatiguée.–Es-tuprêteàretournerdanstonbungalow?Burnett regardait autour de lui, il sentait une présence. En réalité, il n’arrivait pas vraiment à

percevoirlefantôme,maiscommeilavaitpudistinguerHannah,lasœurdeHoliday,Kylienesavaitpastrop.–Peux-tulavoir?demanda-t-elle.–Voirqui?demandaHayden.–Larevenante,réponditBurnettàHayden.–Zut!articulaHaydensilencieusement,etsonregard inquiet restarivésurKylie.Tunevaspas

t’évanouir,hein?–Jenecroispas,répondit-elle.–Bon,onyva,fitBurnett.–Oui,acquiesçaKylie.Alorsqu’elleallaitselever,ellevitletéléphonedeHaydensurlatablebasse.–Jevousl’emprunte,luidit-elle;j’ailaissélemienchezmongrand-pèreetjevoudraisjoindre

mamère.Haydenfronçalessourcils.–N’appellepasmacopine,parcontre!Commeladernièrefoisoùtuasempruntémontéléphone.Elle se dirigea vers lui, ignorant l’esprit qu’elle sentait près de la porte, et l’étreignit. Peut-être

n’aurait-elle pas dû, parce qu’il se raidit. C’est quoi, le problème des mecs avec les câlins ? sedemanda-t-elle.–Merci,dit-elle,ensortant.–Derien,répondit-il.Elle jeta un coup d’œil à Burnett. Il avait l’air énervé, comme si elle venait de pactiser avec

l’ennemi.–Tusais,votreproblèmeàtouslesdeux,c’estquevousvousressemblezbeaucouptrop.Tous les deux se raclèrent la gorge. Kylie roula des yeux avant de se mettre en route. Et son

fantôme,quitenaituneépéeensanglantéedansunemain,et…unetêtedansl’autre,seplantadevantelle. La tête, qui venait d’être coupée et qui dégoulinait encore de sang, pendillait et rebondissaitcontresahanchequandilavançait.Kylies’arrêtabrusquement.L’espritseretourna,etsourit.Puissoulevantlatêteparunepoignéede

cheveux,commeuntrophée,ill’agitaendisant:–Jetel’aidit,tuer,c’estdugâteau!Lesyeuxtressautèrentcommes’ilsétaientenlibertédansleurcavité,etdusanggicladucou.Kylie

laissaéchapperuncrideterreuretseprécipitaauxcôtésdeBurnett.

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–Jesuistropfatiguée,jen’enpeuxplus,marmonna-t-elle.Fais-lapartir,jet’enprie,fais-lapartir!

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Cinqminutesaprèsledépartdufantôme,KyliegravitlesmarchesdesonperronetseretournapourdireaurevoiràBurnett.Illadévisageaaveccompassion.Ilnes’étaitpasexcusédes’êtremontréaussidurenverselle,etil

ne le ferait sûrement pas. Pas de doute, il devait penser qu’elle leméritait. Et en un sens, il avaitraison,estimait-elle.Ilouvritlaporte.–Promets-moiquetuvastecoucher,etquetun’essayeraspasderepartir?–Jelepromets.–Etessaiedemefaireconfiance.–Jetefaisconfiance.–Non, c’est faux, dit-il sombrement. Si c’était le cas, je ne serais pas en train d’apprendre des

chosessurHayden.–Quelqu’unm’a fait jurerdenepas enparler, avoua-t-elle.Si tu avaispromisquelque chose à

quelqu’un,n’essaierais-tupasd’honorercettepromesse?Ilsoupira,luioffrantprobablementlameilleurecompréhensionpossible.–Maistudoisfaireattentionauxsermentsquetufais.Ilregardaautourdelui,unpeuméfiant.Est-

ellepartie?Kylieregardaàgauche,puisàdroite.–Jenelavoisplus.Mais au fond d’elle, elle craignait que l’esprit ne revienne. Demain, elle s’entretiendrait avec

Holidaysurlafaçondesedébarrasserdufantômeàtoutjamais.Holidayavaitraison.Kylienedevaitenaucuncasaiderquelqu’und’aussiméchant.–Sais-tucequ’elleveut?Ouàquilatêteappartenait?demandaBurnett.–Aucuneidée,celaapuseproduireilyadesannées,pourcequej’ensais.Maiscequ’elleveut,

oui,jelesaisplusoumoins.

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–Etc’est?demanda-t-il.–Elleveutquejetuequelqu’unpourelle.Kylieétaittropfatiguéepourmettredusarcasmedanssavoix.Burnettserenfrogna.–Qui?–Ça,ellenel’apasencoreexpliqué.–Finalement,cen’estpasgrand-chose,si?dit-il,ironique.Visiblement,ilétaitaussifatiguéqu’elle.Kyliehaussa les épaules.Elle allait faireunpas en arrière,mais cette fois, ce futBurnett qui la

surprit, quand il avançapour la serrerdans sesbras.L’étreinte fut courte,mais affectueuse, et elles’aperçutqu’elleenavaitvraimentbesoin.– Tu veux que je reste un peu ? demanda-t-il, l’air mal à l’aise après cette démonstration

d’affection.–Non,réponditgentimentKylie,luiôtantuneépinedupied.–Veux-tuquej’aillechercherHoliday?–Non,çava,jeveuxjustemecoucher.Ellelevalesyeuxversleciel:c’étaitpresquelematin.Elleavaitvraimentbesoindesommeil.Et

elleétaitépuiséephysiquement,maisleretouràpiedavaitremissoncerveauenmarche.EntouchantletéléphonedeHaydendanssapoche,ellesesouvintqu’ellevoulaitaussiappelersamère.Burnettn’arrivaitpasàpartir.Illadévisageaitavecuneinquiétudetoutepaternelle.Ellerevitsongrand-pèreluiaffirmerqueBurnettavaitendossélerôled’unpèreet,enunsens,elle

supposaitqueoui.–Çavaaller,l’assura-t-elle,sansenêtretoutàfaitsûre.–Promets-moiquetunequitteraspaslebungalow,répéta-t-il.–Promis,fit-elleensouriant,puisellefermalaporte.Unefoisqu’elleentenditsespass’éloigner,Kylies’adossaauchambranleetnebougeaplus.Puis

quelquechosesouslaporteattirasonattention.Soncœurseserraquandellevitdelavapeurs’éleverenvolutes,luiindiquantqu’elleavaitdelacompagnie.Oh non, a-t-elle encore apporté d’autres petits objets à montrer, style leçon de choses ? Quels

morceauxdecorpsa-t-elletraînéavecelle,cettefois?Bonsang,Kylien’avaitvraimentpasbesoindecettecompagnie.Elleavaitbesoind’unami.Elleavaitbesoind’unedesesmeilleuresamies.Elleregardaderrière

sonépaule ; laportedeMiranda.Aucunevapeurnes’enéchappait.Elleouvrit laporte. Il était tôt,maisquelquechoseluiditqueMirandan’yverraitaucuninconvénient.

Elle poussa un soupir de soulagement quand elle vit la sorcière qui dormait dans son pyjamarecouvertdesmileys,etquifaisaitdesmamoursàunimmenseoursenpeluchecommesic’étaitsonamoureux. Kylie contempla ses cheveux blonds aux mèches roses, vertes et noires, étalées surl’oreiller.Elles’approchatoutdoucement,maisfitcraquerleplancher.Mirandasursauta.–Jecroyaisquel’ondevaitattendrepourcoucherensemble,marmonna-t-elle.LesouriredeKylies’élargit.–Jecroisqueceseraitplussage.Jenesuispassûrequenotrebellehistoirepuissesupporterce

genredechoseencemoment.

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Mirandaseretournad’uncoup,sanslâcherl’oursenpeluche.Sesyeuxendormisétaientdésormaisgrandsouverts.–Deplus,ajoutaKylie,jepensequel’oursettoi,vousl’avezpeut-êtredéjàfait,non?Mirandapoussauncriperçant,balançalapeluchesursonamieetsortitdulitàtouteallure.–J’aicruquec’étaitPerry!Engloussant,lajeunefilleserraKyliedetoutessesforcesdanssesbras.–Waouh,tuesrentrée!Jesuisteeeeeellementcontentequetusoisderetour!Ellelarelâcha,reculad’unpas,etlaregardacommesiellecraignaitàmoitiéqu’ellenesoitpas

réelle.–Tuesbienrentrée,hein?Cen’estpasunrêve?–Cen’estpasunrêve,acquiesçaKylie,mêmesielleauraitaiméquetoutecettenuitenfûtun.Lesouriredelasorcières’évanouitetelletapadupied.– Imagines-tu comme j’ai étémalheureuse ?D’abord, tume laisses tomber, et ensuiteDella se

barrepourjouerlessuperhéroïnes!Jedevraisêtrefurieusecontretoi!Pascontentedetevoir!–Non,nesoispasencolère.Réjouis-toiquejesoisderetour!Kylieattrapal’oursetlerejetasurlelit.Mirandalaregarda,incrédule.–Est-cequetuvasrester?Tunevasplust’enfuir?–Jenevaisplusm’enfuir.–Promis,juré?demandaMirandaentendantl’auriculaire.Qu’est-cequ’ilsavaienttous,àvouloirdespromesses?Kylieregardalepetitdoigtdesonamie,

unearmedesorcière.–Jenesaispassic’estsansdangerdefairecegenredepromessealorsque…–Çanerisquerien,c’estunsermententresorcières.Etcommetul’esenpartie…c’estlapromesse

laplussacréequetupourrasfaire.–Trèsbien,promis.Kylietenditlepetitdoigtpourvalidersaparole.Etcelaavaitbeauêtreungesteidiot,àlaminute

oùleurspetitsdoigtssejoignirent,unevagued’émotionenvahitsapoitrine.Peut-êtrequecegenredepromessesentresorcièresétaitbeaucoupplusqu’ungestepuéril.Oupeut-êtreétait-ellesimplementtropheureused’êtrerentréechezelle.–Tum’astellementmanqué!ditKylieenserrantaffectueusementMirandadanssesbras.–Toiaussi!Mirandarebonditsursonlit.–Maintenant, assieds-toi et raconte-moi tout ce qui s’est passé.Elle plissa les yeux et vérifia la

configurationdeKylie.Tuasretrouvécetteconfigurationétrange.–Jecroisquec’estcelled’uncaméléon.SiKylieavaitétéuntoutpetitpeuparano,commelamajoritédesautrescaméléons,elleauraitdû

essayerdecachercetteconfiguration.Maisilétaitunpeutroptardpourcela,non?Troptardpourcommencer à feindre d’être quelque chose qu’elle n’était pas ? Tout lemonde ici l’avait vue. Et,d’ailleurs,pouvait-ellefairesemblant?Bien sûr, elle avait pumodifier sa configuration quelquefois, mais comment faisait-on pour la

conserver ? Selon ce qu’elle avait appris, la plupart des caméléons n’en étaient pas capables tantqu’ilsn’avaientpaseuvingt-cinqans.Etbonsang,ellene laisseraitpersonne l’enfermer tantquesaconfigurationn’avaitpascesséde

malsecomporter.EllerepensaàJennyetauxautresadoschezsongrand-père.Soudain,Kylieeutle

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sentiment qu’aider les jeunes caméléons faisait partie de ce qu’elle avait l’intention de faire.MaiscommeHaydenl’avaitaffirmé,convaincrelesancienssemblaitimpossible.–Maistupeuxtetransformerenpresquetout,n’est-cepas?LaquestiondeMirandalatiradesespensées.–Plusoumoins,répondit-elle.Maiscelarestedifficile.–Quelleschosesinsenséespeux-tufaireàprésent?demandaMiranda.Sesyeuxvertsétincelaientd’excitation.Kyliehaussalesépaulesets’affalasurlelitàcôtéd’elle.–Riendenouveau,jemaîtrisejusteunpeupluscequejesaisfaire.Ohsi,attends,ilyaquelque

chose.Jepeuxrendred’autrespersonnesinvisibles.–Sérieux?Rends-moiinvisible,alors?Toutdesuite,vas-y,vas-y!–Non,pasmaintenant,jesuisépuisée.Deplus,jenesaispastrop…çafaittoujourspeur,cegenre

detruc.ElleserappelaavoireulatrouilledesaviequandelleavaitcruavoirperduDerekdanslemonde

invisible,cesoir.Puis,n’ayantplusenviedeparlerd’elle,elleattrapal’oursetleserrabienfort.–Alors commeça, il y aquelque chose entre cet ours et toi, hein ?Çaavait l’ait super sérieux

quandjesuisentréedanstachambre.Mirandasourit.–Perrymel’adonnépourmetenircompagnieensonabsence.Maisiln’embrassepasaussibien

quelui!Kyliesourit.C’étaitcelaquiluiavaitmanqué.Avoirquelqu’unàquiparler,avecquirigoler.–C’estmignon.–Oui,ditMiranda,puiselledemanda:Arrives-tuàt’embraserquandtuveux,maintenant?Elleremontasesgenouxcontresapoitrine.–Non,réponditKylie.Non,seulementquandjesoignedesgens.Oulesfaisrevenirdeparmilesmorts,songea-t-elle.Quand elle se rendit compte de tous les pouvoirs fous qui semblaient aller et venir, elle fut

effrayée.Elle espérait sincèrement qu’Hayden etBurnett puissent régler leurs différends.Ce seraitvraimentbienqueHaydensoitlàpourl’aidersileschosesrepartaientenvrille.–Dommage,toutcetembrasement,c’étaittropcool!C’estvrai,j’yarrivemoiaussi,maiscen’est

paspareil.Jenesaispaspourquoi,maisc’estdifférent.Kyliesecoualatête.–Cen’étaitpassicoolqueça,crois-moi.–Si,çal’était.Mirandafitlagrimace.Toutlemondeesttombéd’accord,turessemblaisàunange.

Ilssedemandaientmêmesipeut-êtretun’enavaispasunentoi.–Jenesuispasunange.DemandeàBurnett.–Toutlemondeenparleencore,repritMiranda.Super.Maismêmel’idéed’êtrelesujetdeconversationgénéraletd’attirerlesregardsgênésdes

autresélèvesneluifaisaitplusaussipeurqu’avant.C’estvrai,elleétaitravied’êtrederetour,mêmesi,pourcela,ilfaudraitencorequ’onlaprennepourunmonstre.EllemittoutceladecôtéetrevintversMiranda.–Alors,qu’ai-jeloupédepuismondépart?

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–Tout.Çaaétédelafolie.Oh…Unelueursombreapparutdanssesyeux.Es-tuaucourantpourHelen?–Oui.Holidaym’aditqu’elleallaitbien.Mirandafituneautregrimace.–Sais-tuquiilssoupçonnent?CesaletypedeMarioaétévu…–Jesais.Mirandaserembrunit.–Jecroisquec’étaitlui,moiaussi.J’avaisrecommencéàsentiruneprésenceétrange.Commesi

quelqu’untraînaitdanslecoin.C’étaitflippant.Etj’étaistouteseule,moiaussi.–Jecomprendscequetuveuxdire.Un frisson horrible parcourut la colonne vertébrale de Kylie, quand elle se remémora sa

confrontationavecMariounpeuplustôt.PuiselleregardaMiranda.–Etjesuisdésolée.C’estmafaute,s’ilestlà.–Cen’estpastafaute,ilestmauvais.–Oui.C’était un fait. Kylie savait qu’elle devait dire àMiranda ce qui c’était passé ce soir, mais elle

n’avaitpasl’énergiedes’yatteleraussitôt.–Tunelesenspasencemoment,si?Mirandaattendaitavecappréhensionlaréponse.–Non.–Tantmieux.Kyliechassalesentimentd’insécuritéquinelaquittaitpas.Ellevoulaitvraimentcroirequ’ellene

couraitaucunrisqueàShadowFalls,maisdequisemoquait-onaujuste?–Tuvasbien?demandaMirandaenlajaugeant.–Bien,etàl’école,quoideneuf?–Nous avons un nouveau prof d’histoire. Pour remplacer l’autre naze, CollinWarren.Unmec

cool,unloup-garou,lavingtaine.C’étaitungéniequandilétaitpetit,maisonnelediraitpas.SituvoyaisFredericka,elleestfolledelui!Kylieopina,maispréféraitqu’onne la surprennepasen traindecommérerà sonpropos.Elles

avaientplusoumoinsfaitlapaix.–Etquelsautrestrucsfoussontarrivés?Mirandaarquasonsourcildroit.–Nikki,voilàcequiestarrivé!Etsiellecontinue,jevaisluifaireapparaîtredegrosboutonsun

peupartout!Ellelevalamain,agitalepetitdoigtd’unairrenfrogné.IlluifallutunmomentpourserappelerqueNikkiétaitlanouvellemétamorphequiavaitunfaible

pour Perry. Kylie fronça les sourcils, en pensant à l’Heure pour faire connaissance qu’elle avaitpasséeaveclajeunefille.Celle-cicraquaiteneffetpourPerry.–Mince!Commentçasepasse?–Çaaintérêtànepassepasserdutout,oui!JesuistellementfurieusecontrePerry.C’estvrai,il

jurequ’ilnelatoucherapas,maisjecroisqu’iljubileparcequ’unefilleestraidedinguedelui.Etjevois trèsbienquecela lui faitplaisirque je sois jalouse. Il l’évoquedansdesconversations futiles.Commesiçaluiplaisaitdevoirqueçam’énerve.KyliesemorditlalèvreetsedemandasiLucasn’avaitpasétélégèrementraviqueMoniquecraque

pour lui. Lucas disait-il vraiment la vérité quand il affirmait qu’ils n’avaient fait que partager

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quelquesbaisers?Était-cebienMoniquequeKylieavaitentrevue?Lesquestionsluivenaientsivitequ’elleavaitenviedes’enfouirlatêtesousl’eau.Mirandaselaissaretombersurlelitavecunpeud’exagération,etKyliecompritquesespensées

l’avaientramenéeàsesproblèmesalorsqu’elledevaitplutôtseconcentrersurMiranda.–Tuluifaisconfiance?demanda-t-elle.Sioui,arrêtedefaireunefixation.Mirandapinçaleslèvres,commesielleréfléchissait.–C’estcequetuasfaitavecLucas?–C’estdifférent,rétorquaKylie.Mirandas’appuyasuruncoude.–Tuvasbien?Bonsang,jesaiscombientuasdûsouffrir.–Çaira.Illefaut.Elle regarda fixement le plafond et tâcha de chasser son chagrin. Ce n’était pas comme si elle

n’avait pas des tonnes d’autres problèmes qui la préoccupaient.Comme le fantôme qui trimballaitplusieurs têtes coupées et qui devait sûrement l’attendre dans sa chambre.Un frisson parcourut sacolonnevertébralequandelleyrepensa.Mirandaserallongeasurlelit.–Tusaisqu’aprèstondépart,ilestvenunousvoir,Dellaetmoi?Kyliesetournaverselle.–Ahbon?–Oui,jecroisqu’ilespérait’qu’onteparledelui.Qu’onarriveàteconvaincredeluipardonner.Kylieattrapal’oursenpelucheetleserrabienfort.–Jesuisdésoléequ’ilvousaitembêtéesavecça.–Pasdutout,réponditMiranda.Jenesaispassituveuxlesavoir,mais…ilsouffraitvraiment.Je

nedispasquetudevraisluipardonner,maisilnousajuréquelaseuleraisonpourlaquelleilallaitsefiancer,c’étaitpourintégrercestupideConseildesloups-garous!–Jenecroispasquelaraisonsoitimportante,ditKylie.Maisqu’ill’aitfait,oui.Etderrièremon

dos.Jenel’auraisdetoutefaçonpasacceptés’ilmel’avaitdit,mais…Sagorgeseserra.Elleserral’oursdeMirandaplusfort.– Je sais.Mirandamarquaune pause.Della lui a pratiquement dit lamême chose, elle lui a fait

vivreunenfer.Legenred’enferqueseuleDellapeutfairevivre!Luiasortiqu’iln’étaitqu’ungrosnazeetqu’ildevaitallersefairecastrer.Mirandalaissaéchapperunprofondsoupir.Lorsqu’elles’estdéfouléesur lui,audébut, j’aicruque j’auraisàgérerunebagarrevampcontre loup-garou.C’estvrai, jepensaisqu’ilallaitpéteruncâble.Les loups-garousnese laissentpassouvent fairepar lesvampires, pas dans ce sens, en tout cas.Mais il n’amême pas réagi. Il n’a pas bronché et a toutencaissé. Plus tard, même Della a reconnu qu’elle était admirative qu’il ait encaissé sa punitioncommeunhomme.LecœurdeKylieseserraunpeuplus.–Jeneveuxpasenparler.Lesilenceenvahitlapièce.Mirandafinitparprendrelaparole.– Alors parlons d’autre chose. Quelque chose de bien. Savais-tu qu’Holiday et Burnett avaient

l’intentiondesemarierici,aucamp?–Non,jel’ignorais.CettenouvellerassuraKylie.Quandest-ceprévu?–Ilsn’ontpasencore fixédedate. J’ai lesentimentqu’elleattendait ton retour.Maiscela risque

d’êtretrèsbientôt.JesuisalléevoirHolidayl’autresoir,etilyavaitdesaffairesdeBurnettpartout

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chezelle. Jepensequ’ilhabite làmaintenant. Ilssont tellement faits l’unpour l’autre ! Jeparieraisqu’ilsfontl’amouraumoinstroisfoisparnuit.Kyliefitlagrimace.–Onpeutlefairesisouvent?–Jenesaispas,ditMiranda,maisjel’espère.Ellesrirentbêtement.UnechaleurenvahitlapoitrinedeKylie.–BurnettetHolidayméritentd’êtreheureux.–Noustous,non?fitremarquerMiranda.Jevaisdireunedernièrechose,etensuitejemetais.Je

sais que tu es très en colère contre Lucas et je ne te le reproche pas, mais… tu ne devrais pascomplètementlelaissertomber.Tunevoudraispasquej’abandonnePerry,hein?Kyliesecoualatêteetfronçalessourcils–Ilyadeuxsemaines,tumedisaisquejedevaisluiflanquerunboncoupdepiedauderrièreet

retournervoirDerek.–C’étaitavantquejeconstatequeLucassouffraitréellement,jepensequ’ilt’aime.–Jen’aivraimentpasenvied’enparler.Jeneveuxpasypenser.Jeveuxsimplement…appelerma

mère,etensuiteallermecoucher.Medétesteras-tusijevaismecouchermaintenant?–Tunevaspasàl’écoleaujourd’hui?demandaMiranda.Kylieréfléchit.–Non,jecroisquejevaissécherlescours.Jenemesuispasencorecouchée.–Alors,aulit!ditMirandaenlaregardant.Pourquoiai-jelesentimentquetunemedispastoutce

quis’estpassé?Kyliefronçalessourcils.–Parcequec’estlecas,maisjesuistropfatiguéepourdévelopper.Jetedonneraitouslesdétails

lesplushorriblesplustard.Mirandaopina.–Horriblescomment?–Vraimenthorribles.–OK.Mirandafronçalessourcils.Maisjepourraisbienpassertevoir,justepourteregarder.Tu

m’asvraimentmanqué.Kyliesourit.–Toiaussitum’asmanqué.–TupeuxemprunterNounourssituveux,ajoutaMirandaensouriant.–Jecroisqueoui.Merci,ditKylieenserrantaffectueusementlamaindesonamie.Elleseleva,sortitavecl’énormeanimalenpeluchedanssesbras.Ellepourraittoujourss’enservir

pourcachersonvisageafindenepasvoirdetêtecoupée.

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Heureusement, le fantôme avait dû se lasser d’attendre, parce queKylie trouva sa chambre bienaccueillante,grâceàSocks,sonchatnoiretblancquisereposaitpaisiblementsursonoreiller.Quand elle le rejoignit sur le lit, l’animal fila, lui cédant la place, puis avec sa patte blanche il

donnadespetitscoupsàl’oursenpeluche.–Bon,j’imaginequec’estmieuxdetecâliner,toi.Elle posa l’ours par terre. Le chat grimpa sur la poitrine de samaîtresse, qui lui accorda cette

attentiontantdésirée.Auboutdeplusieursminutes,Kylies’assit,etreposalefélinàsoncôté.–Désolée,monpote,fautquej’appellemaman,maisnet’inquiètepas,jeseraibrève.Elleestbien

tropoccupéeavecJohnpourmeconsacrerdutemps,àprésent.Àlaminuteoùcesparolessortaientdesabouche,ellecompritsonproblème:elleétaitjalousede

John.Elleavaitl’impressionquesarelationavecsamèrevenaitdetrouverdesbasessolides,lorsqueJohnétaitarrivéetlaluiavaitpiquée.Kylieavait-elletortdevouloirêtrecellequicomptaitlepluspourelle,justeuninstant?Probablement,répondit-elleàsaproprequestion.D’autantplusqu’ellevivaitloindechezelle.Sa

mèreavaittoutàfaitledroitdevivresavie.Lajalousien’étaitpasleseulgriefqu’elleavaitcontrecetype.C’étaitsimple,ellenel’aimaitpas.

Burnettavaitfaitdesrecherchessurluietriendelouchen’enétaitressorti.Ilavaitétéextrêmementchoquéd’apprendrequeHaydenn’avaitrienàvoiraveccequesesrecherchesavaientrévélé.Kylienedevraitpeut-êtrepasaccordertropdecréditàsesenquêtes.Maisbon,elledevaitarrêterdedépeindreJohncommeleméchant,etaccepterqu’ilfassepartiede

laviedesamère.D’autantplusqu’ilsemblaitlarendreheureuse.Celle-cileméritaitbien,non?Déterminéeàselajouersympa,ellecomposasonnuméro.Il sonna une fois. Puis deux. En temps normal, elle décrochait rapidement. Kylie craignait

d’interromprequelque interlude romantique ;elle fronça lessourcilset regarda l’heure ;çadevait

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êtreledéjeunerenAngleterre,ilsn’étaientsûrementpasentrainde…fairedeschoses…oucommediraitDella,defairecrac-crac.Elle chassa cette pensée le plus vite possible et laissa son esprit vagabonder versDella.Burnett

avaitracontéquelapetitevampavaiteuunesorted’altercationavecungang.VoirMirandaavaitétésuperapaisant,maislesavoirtouteslesdeuxàsescôtés,voilàprécisémentleremèdequ’illuifallait.Uneautresonnerieauboutdela ligne.Elles’attendaitàcequ’ellebasculesurmessagerieà tout

moment.Samamanallait-ellebien?ElleenvoulutdenouveauàJohn.S’illuiarrivaitquelquechoseaucoursdecevoyage…–Allô?Samèreavaitl’airdistant,pournepasdirefroid.–Toutvabien?demandaKylieenserrantplusfortleportabledeHayden.–Kylie?Avecqueltéléphonem’appelles-tu?Quandellecompritquec’étaitpourcelaquesamèreavaitmisdutempsàrépondreetdemanière

sifroide,Kylies’écroulasurl’oreiller.–Oùesttonportable,jeunefille?–Oh…je…Elledevaittrouverunmensonge,etvite,etqu’ilsoitconvaincant.Samèrenepouvaitpeut-êtrepas

entendresoncœurbattre lachamade,maiselleavaitunesortededétecteurdemensongesmaternelnaturel,quil’avaitmisedanslepétrinbiendesfois.–J’aiégarémontéléphonehiersoir,alorsj’aiempruntéceluid’unami.Pasvraimentunmensonge.–Ehbien,celaexpliquepourquoitunem’aspasrappeléehiersoir,rétorquasamèresurletonde

laréprimande.OhmonDieu,tuneterendspascompteduprixquecelavanouscoûterderemplacertontéléphone?–Je…jecroisque jepourrais le retrouver.Et jesuisdésolée.KyliecaressaSocksquand ilvint

frottersatêtecontresonmenton.Quelquechosenevapas?Pourquoim’appelais-tu?–Non…juste…tonpèreétaitinquiet.Beau-père,voulutrectifierKylie,maisellen’enfitrien.–Iladitqu’ilt’avaitappeléetroisfoistardhiersoir,etquetun’avaispasrépondu.Etensuiteilm’a

appeléetroisfoisalorsqueJohnetmoiétions…enfin,quandj’étaisaulit.Beurk !Ledégoût deKylie passa enmode« surchargemaximale», et intima à son cerveaude

bloquertouteimagementaleinappropriée.–Jesuisdésolée,lança-t-elle,puisellesemorditlalèvre.Elle s’était dit qu’elle devait arrêter d’espérer que samère et son beau-père revivent ensemble,

mais parfois, c’était difficile. Toutefois, pour ce qui comptait le plus – là où elle chérissait lessouvenirsdecequesafamilleétaitalors–uneétincelled’espoirsubsistait.–Troisfois,c’estridicule,repritsamère,d’autantplusqu’ilsavaitquelleheureilétait!–Jesais,ditKylie,maisellesongea:Fiche-luilapaix,maman!Ilsefaisaitdusoucipourmoi!–Bon,ilesttempsquetonpèreapprennequejenesuispasunpotequ’ilpeutappelerjouretnuit!–Jesuissûrequ’ilcomprendraavecletemps.Jevaisluitéléphonerpourvoircequ’ilveut.–Fais-le,oui,acquiesçasamère,puisellemarquaunepause.Attends.Si tunesavaispasque je

t’avaisappelée,alorsqu’ya-t-il?Toutvabien?–Oui,jevoulaisjusteprendredetesnouvelles.Tues…tellementloin.– Je sais. Tu me manques. Non pas que je ne passe pas un super séjour. L’Angleterre, c’est

charmant!Kylie,quandJohnetmoiyretourneronslaprochainefois,tupourrasnousaccompagner?

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Laprochainefois?Prévoyaient-ilsdéjàunautrevoyage?–Oui,marmonnaKylie,etelleserappelaqu’elleétaitcenséeêtreenmode«sympa.»–Tusaisquoi,mabelle?repritsamaman.Lapeurenvahitbrusquementsapoitrine.MonDieu, jevousenprie, faitesqu’ellenem’annonce

pasqu’ilssesontmariés!–Quoi?fitKylie.Àsavoix,onauraitditqu’elleavaitavaléunegrenouille.–Johnm’ademandési…–Non,larembarra-t-elled’untonsec.–Nonquoi?–Tuneleconnaispasassezbien.Lesilences’installaunpeutroplongtemps.–Quem’a-t-ildemandé,d’aprèstoi?Kylieeutenviederentrersousterre.– Je ne sais pas, dit-elle et elle comprit qu’elle était trop fatiguée pour tenir une conversation

logique–surtoutsielledevaitfairesemblantd’aimerquelqu’unqu’ellen’aimaitpas.–Ilveutquejeviennetravaillerpoursasociété,expliqua-t-elle.Ilestprêtàmepayerpratiquement

ledoubledecequejegagneici.OK.Quesamèretravaillepourcethommen’étaitpasaussihorriblequedel’épouser,maisKylie

n’appréciaitpascelanonplus.–Jecroyaisquetuaimaistonjob.–Oui,mais…ledoubledusalaire,etdesvoyagesgratuits,çaneserefusepas.–Mais…tu…–couchesaveclui–sorsaveclui!Çanes’apparentepasàduharcèlementsexuel?

Ilexistedesloiscontrecela,non?– Pas si nous sommes tous les deux consentants. John et moi avons conscience que notre

collaboration pourrait être difficile. Mais il a souligné que je ne serais pas directement sous sesordres.Doncceneseraitpascommesil’ontravaillaitvraimentensemble.Kyliel’entenditdanslavoixdesamère:sadécisionétaitprise.Elleallaitaccepterlejob.–Oui,mais jenesuispassûrequecesoit judicieuxdecollaboreravecquelqu’unavecqui tu…

sors.–JepensequeJohnetmoisommesassezmaturespourgérercela.Oui,maturecommeladernièrefoisoùtul’asamenéici,quandilafiléunebeigneàpapaetinitié

unemêléegénéraleauréfectoire.Kyliesemorditlalèvrepournepasajouterautrechosedeblessant.–J’imaginequejeneleconnaispasassezbien,conclut-elle.–Et j’aibien l’intentiond’y remédier laprochaine foisque tu rentreras. Jemesuisditque l’on

pourraitpartirensembleunweek-end.Pitié,non!–Jenecroispas…pourêtrehonnête,j’aimebiensavoirquecesweek-endsnesontquepourtoiet

moi.–Maistudoisfairesaconnaissance,Kylie,c’estuntypesuper!Jesuissûrequ’ilteplairaitsitu

apprenaisàleconnaître.–Oui,trèsbien,maispasdeprécipitation,d’accord?Chaquechoseensontemps.Samèresetut.–Çava,mabelle?Jeviensderéaliserl’heurequ’ilestcheztoi!Quefais-tudeboutàcinqheures

etdemiedumatin?

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–J’avaisdutravailàrattraper,mentitdenouveauKylie.Etjeferaismieuxdem’ymettre.–Encoredesproblèmesdegarçons?demandasamère.Etdefantômequisebaladeavecunetêtecoupée.–Non,rienquejenepuissegérer.–Ques’est-ilpassé,moncœur?–Rien,çava.Enfait,jepréfèrenepasenparler.Plustard,peut-être.Samèrepoussaunlongsoupir.–Jesuislà…quandtuserasprête…–Jesais,etjet’aime,maman.–Moiaussi,mabelle.Etenrepassantencoreetencorelesparolesdesamèredanssatête,Kylies’endormitenfin.

–Oùallons-nous?demandaKylieàDerekalorsqu’ellesesentaitsombrerdanscetétatbrumeuxetpaisibledu rêve.Rectificatif :de l’effractionde rêve.Puis lasensationdecalmes’envola.Voilàunmomentqu’ellenes’yétaitpasadonnée,maisellecompritimmédiatementquecen’étaitpassonrêve.Ellen’étaitpasalléevoirDerek.C’est luiquiétaitvenulavoir.Etàprésent, il l’emmenaitquelquepart,marchaitdevantelle,maislamaindanssondosserraitbienfortlasienneetlaconduisaitlelongd’uncheminboisé.Elle essaya de se réveiller.Quelle heure était-il ?Depuis combien de temps dormait-elle ? Elle

devaitarrêtercela.MaisDerek regardaalorsderrière sonépauleet lui sourit.Elle se retrouvadansunmondesans

danger. Elle leva les yeux. Le soleil faisait danser de doux rayons de lumière matinaux entre lesarbres.–Nousallonsànotrerocher.Tuaimesbienyaller,non?Samain serra légèrement la sienne. Sa paume était chaude contre la sienne.Rassurante.Bizarre

commelesimplefaitdetenirlamaindequelqu’unpouvaitressembleràuneétreinte.Maisbon,elleparlaitdeDerek.Ilpossédaittouscespouvoirsdeféequirendaientsoncontactplus…Significatif.Ellesesouvintvaguementqu’ilavaittentédel’embrasser,quandelles’étaitéchappéedechezson

grand-père,etqu’elles’étaitditqueceneseraitpasfaciledeleteniràdistance.Maisétait-cevraimentcequ’ellesouhaitait?La réponse semblait se trouverquelquepart entre soncœuret sonesprit, et ellen’arrivaitpasà

tirer de conclusion. « Mais ce n’était qu’un rêve » se dit-elle en guise d’excuse. Plus tard, ellecomprendraittout.Elleselepromettait.–Tuadoraisalleraurocher,avant,repritDerek.–Oui,mais…ElleportaitunjeancoupéenshortetunT-shirt.Maiselleétaitpiedsnus.C’étaitagréable.Undoux

lit d’herbehumide et de terre sous ses pieds.Un rêve, forcément.Si cela avait été réel, elle auraitressenti les petits cailloux et les épines. Ce n’était pas réel. Pas vraiment. Mais elle devait faireattention.Elleagitalesorteilsetessayadenouveaudeseréveillersuffisammentpourtrouvercequiallaitetcequin’allaitpas.Derekseretourna,luitenanttoujourslamainetluifitdenouveauface:–Viensavecmoi,Kylie,accorde-moiça,s’ilteplaît.Elleentendaitdéjà lefiletd’eauduruisseauquicoulaitdans la terre,quiéclaboussait lespierres

lissées par le temps. L’odeur de l’herbe, des bois, et les grands arbres parfumaient l’air qu’elle

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respirait.UnebriseagitalescheveuxdeDerek.–Donne-moiunpeudetempspourêtreavectoi.Elle le regarda fixement à travers ses cheveuxqui dansaient devant ses yeux.Vit la supplication

danssonregard.Lemotnonreposaitsurleboutdesalangue,maisellevitensuitelesbleusdanssoncou.Desbleus

qui semblaient tout aussi graves que ceux de Lucas.Mais elle n’était pas responsable de ceux deDerek.Mario,oui.Maistoutcelaétaitsafauteàelle.Ils’étaitjetésurMariopourlaprotéger.Derekétaitprêtàmourirpourelle.Ill’aimait.–S’ilteplaît,dit-il,etlesondesavoixrésonnadanssoncœurcommeunechansontriste.Alleravecluineluiparutpascomplètementjuste,maisrefusernonplus.–Justepourparler,leprévint-elle.–Bien.Ilse fenditd’ungrandsourireet lesmoucheturesordanssesyeuxétincelèrent.Ellese rappelait

aussiceregard.Unregardsexy,insouciant,quimontraitqu’ilavaitquelquechosederrièrelatête.Ilseretournaetellecontinuaàlesuivre.Ilsarrivèrentprèsduruisseau.Ildésignalerocherd’unsignedelamain.– La voiture deMadame est avancée ! dit-il d’une voix très formelle, et il lui fit la révérence,

commedansunepiècedethéâtrepouramateurs.Ilétaittellementmignonqu’elleneputs’empêcherdesourire.–Cequetuesbête!–Oui,maiss’ilfautenpasserparlàpourtefairesourire,jeferail’idiottoutelajournée.Tuaseu

unenuitdifficile,tuméritesdet’amuserunpeu.–Oui,n’est-cepas?dit-elle,puisellesautasurlerocher.Sursa«voiture».Il bondit dessus juste après elle ; son épaule effleura la sienne. Elle ne put s’empêcher de se

rappeler lapremière foisqu’ilsétaientvenus ici.Cela luiavaitparu tellementmagique,commeunconte de fées, une image tout droit sortie d’un livre pour enfant.Bien sûr, à l’époque, cela s’étaitproduitsouventquandelleétaitavecDerek,etcen’étaitpasforcémentlà.Kylie regarda, tout autour d’elle, les bois et le paysage. Aucune sensation de conte de fées ne

dominaitleslieux.Peut-êtrecelanesepassait-ilpasdanslesrêves.Nonpasquecenefûtpasjoli,niapaisantd’êtreici.Lesoleilenvoyaitunecouleurdoréeentreles

arbres,etleursfeuillesquis’agitaient.L’airsentaitlafraîcheurdumatin.C’étaitagréabled’êtreassisàcôtédeDerek,desentirsonépauleeffleurerdélicatementlasienne.Etsiellesedétendait?Ellenelaisseraitriensepasserentreeux.Ilsétaienticipourparler,serappela-t-elle.Elle le regarda et l’attirance lui chatouilla le cœur. Pour la première fois, elle remarqua les

changementssubtilsdecesderniersmois.Legarçonavecquielleétaitvenueaurocheravaitpresquedisparu,etunhommeavaitprissaplace.Lescheveuxsursonfrontavaientlégèrementfoncé.Ilavaitunprofilviril,unemâchoirecarréeetdeslèvresmagnifiques.Ilbaissalesyeuxsurelle.–Tusais,c’étaitcoolquandtum’asrenduinvisible.–Oui,maisj’aieutrèspeurquandjenet’aipasvutoutdesuiteaprèst’avoirfaitrevenir.–Jesais,j’aipusentirtesémotions.Ilhésita.Maisçaaussic’étaitcool.Enfait,c’étaitcequ’ily

avaitdepluscool!–Non,dit-elle,sérieux,çam’afaitflipper!

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– Je sais, c’est bien pour ça que c’est cool. Parce que c’est à ce moment-là que j’en ai eu lacertitude.C’estàcemoment-làquej’aisuquetum’aimaisencore.Sesmotsrésonnèrentdanssatêteetrebondirentdanssoncœur.Ilsebaissa.Sondoigteffleurasa

joue.Sonsoufflechuchotacontresatempe.Oh!non,songeaKylie.Merevoilàhypermalbarrée!

Ellesentitqu’illuieffleuraitlementon.Avecdouceur.Avecbienveillance.Avecamour.Elle se rappelait avoir pratiqué l’effraction de rêves avecDerek,mais pas comment cela s’était

terminé.L’effleurement recommença.Lasensationdedrapsque l’onfrottaitcontreelle.Ohmince,était-elleencoreaveclui?Aulit?Qu’avait-elledoncfait?Elleouvritlesyeuxd’uncoup,craignantde…de…Desyeuxjauneslafixaient.Desyeuxdefélin.

Etunepatteblanchereposaitsurleboutdesonnez.–Socks?Ellegloussadesoulagement,soncœurbattantlachamadeàcausedurêve.–Salutbébé,murmura-t-ellequandlechatredonnadescoupsdepattesursonnez.Alorscomme

ça,jet’aivraimentmanqué,hein?–Tuasmanquéàtoutlemonde,fitunevoixàl’autreboutdelapièce.Avantqu’ellenepuisseidentifierlavoix,voiresavoirsielleétaitmasculineouféminine,ellese

levacommeuneflèche,lesyeuxécarquillés…D’accord,ellerespiraunboncoup.Pasderaisondepaniquer.Cen’étaitqueHoliday.–Jenevoulaispastefairepeur,jesuisjustepasséevoircommenttuallais.Jem’inquiétaisunpeu.

Tuasdormipendantdesheures.Jesuisvenuetevoiruneoudeuxfoisettun’asmêmepasbougé.Kyliecillaetregardal’heuresursatabledenuit.Troisheures.–Jenevoulaispasdormiraussilongtemps.–Tuétaisépuisée,observaHoliday,puiselle fronça lessourcils.Burnettm’aparléde l’épisode

«Hayden».Socksdescenditdulitd’unbondetsemitàdessinerdeshuitautourdeschevillesd’Holiday.LadirectriceignoralechatetcontinuaàfixerKylie.–Àcepropos,reprit-elle.À son expression,Kylie comprit qu’elle allait lui passer un sacré savon.Ce n’était pas dans les

habitudesdeHoliday,maisquandelles’ymettait,celafaisaitdeuxfoisplusmal.Et,biensûr,Kylieavaitbeaulemériter,ellenesavaitpassiellepourraitlesupporter.Alors,elle

s’affaladenouveausurlelit,attrapal’oursenpelucheetleserrabienfort.–Tunepeuxpasnousfairedescachotteries,Kylie.Çayest,lepassageàsavoncommençait!

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–Jesaisquejen’auraispasdûlecacher.LapoitrinedeKylieseserra.Etjesaisquej’aibeaucoupdéçuBurnett et tu es sûrement en colère contremoi, toi aussi, et j’ai compris pourquoi, vraiment.Mais…EllerespiraunboncoupalorsqueladésapprobationnequittaitpaslesyeuxdeHoliday.Enserrantl’oursplusfort,ellepoursuivit:–J’aipromisàmongrand-pèredenepasexposerHayden.Jen’auraispastenucettepromessesije

croyaisqu’ilétaitmauvaisouqu’ilessayaitdemefairedumal.Sanslui,jenet’auraispastrouvée,lanuitoùCollinWarrent’aenlevée.Et jen’auraisprobablementpaspu…tesauver. Ilm’aaidéeà tesauverlavie.Holidayfronçalessourcils.–Jenedispasquec’estquelqu’undemauvais,Kylie.MaisBurnettaraisondeteprotéger.Nous

devonssavoircequisepasse.–Ehbienmaintenant,tusaistout.J’imaginequeBurnettt’atoutdit.–Oui,acquiesçaHoliday.Kyliesemorditlalèvreetrepoussasonourssurlecôté.–BurnettetHaydensesont-ilsreparlés?T’a-t-ilexpliquéqu’ilsenétaientvenusauxmainsl’autre

soir?Burnettaditqu’ilréfléchiraitavantdedéciders’illelaissaitrester.Réfléchir!SurquoiHaydenarétorquéqu’ilallaitréfléchirpourdéciders’ilvoulaitrester.Ellesoupiraetselança.Burnetts’estcomportécommeunenfoiré.Holidayfronçalessourcils.– Quand il s’agit de protéger ceux qu’il aime, Burnett n’hésite pas à se servir un peu de ses

muscles.–Unpeu?Vraiment?Kylierouladesyeux.Tuarrivesàdireçaengardanttonsérieux?Unlégersourires’ébauchasurleslèvresdeladirectrice.–D’accord,unpeubeaucoup,peut-être,maislaplupartdutempsilaraison.

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Elletirasescheveuxd’uncôtéetsemitàlestresser.–Maisdanscecas,ilatort.Etc’estbiencela,leproblème.J’auraisbienaiméqueBurnettnefasse

pasfuirHayden.Jesaisqu’ilamentipoursefaireembaucher,maisceseraittellementimportant…d’avoirquelqu’uniciquicomprennecequec’estqued’êtrecaméléon.C’estvrai,tuessuper.Tuastoujoursétélàpourmoi,depuisledébut,etBurnettaussi,maiscommetumel’asrépétéàplusieursreprises,tuneconnaisrienauxcaméléons.Holidayopina.–Jesaisqueceseraitbienqu’Haydensoitlà,etçaaussijel’aiditàBurnett.Etjetelepromets,ily

réfléchit.–Tucompteslelaisserdécider?demandaKylie,quin’aimaitpascela.Qu’est-ilarrivéaubossque

tuétais?–Maintenantquel’onestvraimentensemble,onadécidéqueBurnettauraitlederniermotsurtout

cequitoucheàlasécuritédeShadowFalls.–Ohnon !Tusaisqu’ilpeutêtre tellementexcessif,parfois !Tuviensde le reconnaître,ajouta

Kylie.Être amoureuse de Burnett avait-il semé le trouble dans sa tête ? Kylie avait entendu dire que

l’amournousrendaitbêtes,etmaintenant,elleenétaitsûre.–C’estvrai,ilpeutsemontrerexcessif.Etmoi,tropcoulante,avouaHoliday.Etpourlasécuritéde

nos élèves, je préférerais pécher par excès de prudence. Mais ne t’inquiète pas. Je suis sûre queBurnetttrouveçabienqueHaydensoitparminous.Pasuniquementpourtoi,maispournousaideràprendrenosprécautionscontreles…attaquesfutures.Kylie remontasesgenouxet lesserra.Ellesavaitque,par«attaquesfutures»Holidaypensaità

Mario.SiHelenneserappelaitabsolumentpassonagression,Kyliesavaitaufonddesoncœurquec’était Mario. Une vague de tristesse l’envahit et certains événements de la nuit précédenteréapparurentdanssatête.Ellelevalesyeux.– Jenecroispasque je supporteraisqueMario fassedumal àquelqu’und’autre.Elle serra les

poings.D’abordHelen,puisDerekafaillisefairetueràcausedemoihiersoir.EtMarioafaillimefaireassassinerLucas!–Jesais.Holidayl’interrompit,commesiellesedoutaitquelesimplefaitdelerépéterseraitdifficilepour

elle.–Çaadûêtreduràsupporter.MaiscelanefaitquesoulignercequeditBurnett:quetudoisêtre

prudente. Ila faitbeaucouppour lesystèmedesécuritédepuisque tuespartieet ilpensevraimentqu’ilestinfaillible.CelaauraitdûdonneràKylielesentimentd’êtreprotégée,etc’étaitlecas,mais…– Je suis donc prisonnière ici, dit-elle, en songeant que si les choses ne changeaient pas, ça

deviendraitaussidurquedevivredansl’enclosdesongrand-père.–Non,pasdutout,insistaHoliday,jesavaisqueturessentiraiscela,etBurnettetmoienavonsdéjà

parlé.Onnet’interditpasdesortir,maistantqueleschosesneseserontpascalmées,Burnetttientàresteràtoncôtéoùquetuailles.Jenesaispass’ilt’enaparlé,maisMarioaétévuàFallen.Etdonc,Burnettneveutpastelâcheretn’endémordrapas.Crois-tuquetupourraslesupporter?Ilveutjustes’assurerquetuesensécurité,Kylie.Iltientbeaucoupàtoi.Kylieopina.–Jesais,etmoiaussi je l’aimebeaucoup.Ellesesouvintdesaconversationavecsamère.Et le

week-enddesparents,dansquelquessemaines?Mamèretiredéjàdesplanssurlacomète.Elleveut

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queJohnetmoi…ons’entendebien.Kylie s’imagina contrainte de semontrer polie avec le copain de samère pendant tout un fichu

week-end.Bonsang,ladernièrefoisqu’elleavaitvucetype,elleavaitcomplètementpétélesplombs,etl’avaitcouvertdetoutessortesd’injuressanspouvoirs’arrêter.Ilavaitfaitressortirlagarcequiétaitenelleàlapuissancedixmille.Holidayselaissatombersurleborddulit.–Ons’occuperadeceproblèmeentempsvoulu.MaisKylievitl’inquiétudeétincelerdanssesyeux.Elleserrasesgenouxplusfort.–Pourêtrehonnête,situtrouvaislemoyend’annulerceweek-end,jenet’envoudraispas.Tuas

maparole.Holidaysoupira,compatissante.–Bon,etcetespritquitrimballeunetête?Raconte!Kylierouladesyeux.–Tuveuxdirequetesfantômesnefontpascegenredechose?demanda-t-elle,sarcastique.Holidaygloussa,mêmesiKylien’avaitpaseul’intentiondefairedel’humour.–J’enaieuunquitrimballaitsonbrasetsajambependantunmoment.Illesavaitperdusdansun

accidentetnevoulaitpasleslâcher.C’étaitdégoûtant.–Onenadelachance!s’exclamaKylie,maisellepensaensuiteauxespritsducimetière,ets’en

voulutd’êtreaussicynique.Laplupartétaientjustedesâmesperduesquicherchaientunpeud’aide.Holidaymitunemainsursonbras.–Ce sont euxqui ontde la chancedenous avoir, dit-elle comme si elle avait ludans la têtede

Kylie. Mais tous ne méritent pas notre aide. Je t’en ai déjà parlé, tu peux les faire fuir. Tu asabsolumentledroitdedirenonàcertains.– Je sais, et j’ai essayé, mais j’imagine que je m’y suis mal prise. Ou peut-être n’ai-je pas

suffisammentinsisté.–ÀcequeBurnettm’adit,envoyerbaladercetespritseraitunebonneidée.Pourquoitedemande-t-

ildetuerquelqu’un?T’a-t-ilprécisédequiils’agissait?–Non.Commetouslesfantômes,ilnesenoiepasdansdesdétails.Jenesuismêmepassûrequ’il

connaisselesréponses.–A-t-ill’airméchant?Kylieréfléchituneminute.–Ouietnon.Cen’estpasunange.Ilaavouéavoirtuébeaucoupdemonde.Laplupartdutemps,

quandjelevois,iladusangsurlesmains,maisondiraitqu’ilculpabilise.Ou,parfois,dumoins,ditKylie en se souvenantqu’il avait transporté la tête coupée sansménagements.Mais jenecroispasqu’ilsoitlàpourmefairedumal.Jeluiaimêmedemandés’ilvoulaitm’emmenerenenfer.Holidayarquaunsourcil.–Ettucroisqu’illereconnaîtrait,sic’étaitvrai?–Non,maisiln’apascomplètementnié,commesic’étaitunmensonge.Ilm’aannoncéd’unair

détaché qu’il voulait que j’envoie quelqu’un d’autre en enfer.Et je crois que cette histoire de tête,c’étaitparcequej’avaisdécidédel’ignorer.Ildésiraitjusteattirermonattention.–Etjepariequecelaamarché,lançaHoliday.–Presque,réponditKylie.c’estplutôtdifficiledenepasfaireattentionàcela.Ellefrissonnaenrevoyantcetteimage.–Jepersisteàcroirequ’envoyerbaladercetespritseraitunebonneidée.

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– Je sais, et hier soir, je pensaismême que c’était ce qu’il fallait faire,mais une choseme faitdouteràprésent.–Laquelle?demandaHolidayenremontantunejambesurlelit.Kylie soupira. Jusqu’àprésent, celane l’avait pas trop inquiétée,maismaintenant, elledevait en

tenircompte.–Lefantômeprétendquesijenetuepascettepersonne,jemourrai.Holidayplissalefront.–Voilàquiapporteuneperspectivedifférentesurleschoses.As-tulesentimentqu’ilessaiedete

protéger?Ouqu’ilfaitjustedumalàquelqu’und’autre?Kylieyréfléchit.–Lesdeux, jecrois. Jenesaispaspourquoi ilvoudraitmeprotéger.Maisbon,hiersoir,quand

Dereketmoiquittionsl’enclos,ilm’apousséeàalleraucimetière.Jecroisqu’ilm’aidait.Holidayfronçalessourcils.–OK,gardons-lepourl’instant,maisjet’ensupplie,soisprudente.Ilyadéjàquelqu’undansce

mondequiessaiedetefairesouffrir,nulbesoinqu’unêtredel’au-delàtefasseenplusdumal.Tuesbientropexceptionnellepourquel’onveuilleteblesser.LesparolesdeHolidayrésonnèrentdanslatêtedeKylie,etellerevitbrièvementquelqu’unluidire

lesmêmes choses.Quelqu’un auxyeuxverts, tachetésd’or, et aux lèvres…chaudes.Brusquement,ellesesouvintdurêve.EtplusparticulièrementdumomentoùDerekl’embrassait.–Ohmince,marmonna-t-elle.Etellelaissatombersatêteentresesmains.Qu’ai-jedoncfait?–Quoi?fitHoliday.Kylielevalesyeuxsurelle.–Dans les effractions de rêve, la personne qui initie le rêve contrôle tout,mais celle que l’on

amènededanspeutempêcherlesévénementsdeseproduire,pasvrai?–Oui.Àconditionqu’elleaitréellementenviequecelanesepassepas.–Merde,lâcha-t-elle.Quevoulait-elleaujuste?Cequiétaitbienetcequiétaitmal.Etsielleétaitperduedanslerêve,

alorselleavaitpeut-êtrelaisséseproduiredeschosesquin’auraientpasdû.–Nedevrais-jepasêtreenmesuredetoutmerappeler?–Si,saufquand…Ellefitlagrimace,commesiellepensaitqueKylienevoudraitpasentendrela

suite.Saufquandtuestrèstrèsfatiguée.–Cequiétaitmoncas.Lessivée,marmonnaKylie.– Du calme. Une fois que tu auras mangé quelque chose et que tu te seras détendue, tu te

souviendrassûrementdetout.–Jenesaispassij’enaienvie,grommela-t-elle.Holidayserembrunit.–Veux-tuquej’enparleàDerek?LefrontdeKylieseplissa.–Jen’aipasditquec’étaitDerek.Holidaylaregardad’unairdedire:«Àd’autres!».–Vousdeuxetmoi,noussommeslesseulsàpouvoirinitieruneeffractionderêve,ici.Çadevait

forcémentêtrelui.Kyliesemorditdenouveaulalèvre.– D’accord, c’était lui, mais non, je ne veux pas que tu lui en parles. Je devrais pouvoir me

débrouillertouteseule.Ellelaissaéchapperunprofondsoupir.Ilcroitquejel’aimeencore.–Etcen’estpaslecas?demandaHoliday.

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– Non, répondit Kylie, et elle était sincère. Alors pourquoi avait-elle l’air d’essayer de s’enconvaincre?JeneveuxpasparlerdeDerek.Holidaylaregardaattentivement.–Veux-tuparlerdeLucas?–Non,réponditKylie.–Trèsbien,maissituasenviedeparlerdeluioudequoiquecesoit,jeserailàpourtoi.–Jesais.Puis,justepoursefairepasserpourunementeuse,lesmotsluiéchappèrent:Jemesuis

renducompteque je l’aimais justeavantque toutcelane seproduise. Jecomptais le luidireen lerevoyant.Etjustement,quandjel’airevu,ilpromettaitsonâmeàMonique.Holidayfitlamoue,commesiellehésitaitàdirecequ’ellepensait.–Jenecroispasqu’ilétaitsincère.–Peuimporte.Iln’auraitpasdûlefaire.–C’estvrai.Maisjesaisqu’ilnementpassursesintentions.Etjetedissimplement,situl’aimes

encore,quejenepensepasquecesoitquelqu’undemauvais.Kylieinspiralentement.–Unjour,j’aidemandéàmamèresielleaimaitencoremonbeau-père.Ellem’aréponduqu’elle

ne savait pas. Qu’une fois qu’elle ne serait plus en colère contre lui, elle verrait bien ce qu’elleressentirait. Peut-être que c’est ce qui va se passer entre Lucas etmoi.Mais pour l’instant, çamegonfleroyalementquetoutlemondemerépètequec’estunmecbien.J’ail’impressionquec’estmoiquiaifaitquelquechosedemal.Deslarmesluiserrèrentlagorge,maiselledéglutitetseraidit.–Jesuisdésolée.Holidaylevalamain.Tun’asrienfaitdemal.Etjenedirairiendeplus.–Merci.Sonestomaclaissabrusquementéchapperungrondementbas,commepourluifairecomprendre

qu’ilétaitaussimécontentqu’elle…etvide.–Ilfautquejemangequelquechose.Jecroisquemonventreestentrainderongermacolonne

vertébrale!–Tiens,ditHolidayenluidonnantunsacenpapierposésurlatabledenuit.Jet’aiapportécela

toutàl’heure,enmedisantquetuneseraispascontreunpetiten-cas.Kylieouvritlesachetenplastiqueetvitundemi-sandwichdanslequelquelqu’unavaitmordu.–Désolée,j’aieuunpetitcreuxpendantquej’attendaisquetuteréveilles.PendantqueKyliedéballaitlesandwichetenmangeaitunebouchée,Holidayplongealamaindans

lesacetensortitunsachetdechips.–J’aiencorefaim!Ellesouritd’unaircontritetfourraunechipsdanssabouche.Soudain, Kylie eut l’impression qu’un énorme poids disparaissait. Pas complètement, mais

suffisamment pour lui laisser un peu de répit. Elle avait encore des tonnes de problèmes à traiter.Mais son retour à Shadow Falls, ça, c’était génial. Et être en compagnie d’Holiday, voilà qui ycontribuait.Kylieplongealamaindanslesacdechips…vide.Holidayfitunedrôledetête.–Désolée,jenesaispascequim’arrive.Monappétitestdétraqué.–C’estsûrementl’amour,observaKylie.Tuesrayonnante!Chaquefoisquetuprononceslenom

deBurnett,tesyeuxsemettentàbriller.– En réalité, l’amour a exactement l’effet contraire sur l’appétit. Il paraît que l’on peut vivre

d’amour.Pasbesoindemanger.

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Kyliearquaunsourcil.–Alorstuespeut-êtreenceinte.Holidayléchalagraisseetlesmiettesdechipssursesdoigts.–Paspossible.–Oharrête,Mirandam’aracontéqu’elleétaitvenuecheztoietqu’ilyavaitdesaffairesdeBurnett

partout.Vousdeux,vousallezvousmarier.Mirandame l’adit,çaaussi.Le faitquevouscouchiezensembleest…normal.Etsituprétendslecontraire,tuaurasl’airstupide.Holidayinclinalatêtedecôté,regardantKylied’unairàmoitiésérieux.–Jeneprétends riendu tout.Et jenedevraispasm’expliquer,mais je…jen’aipasditqu’ilne

dormaitpaschezmoi,niquenousne…couchionspasensemble.J’aiditquecen’étaitpaspossible.Noussommesprudents.Nousnousprotégeons.Cequiestlemeilleurconseilquejepuissedonneràtous les ados du camp. Elle désigna le sachet en papier sur le lit : Il y a des biscuits dans le sac.Désolée…j’enaimangéquelques-unsaussi!KylieattrapavivementlesachetaufondduquelilrestaittroisOréo.Elleenpritunpourelle,etpar

politesseenoffritunàHolidayquil’acceptaavecenthousiasme.–J’adorelesOréo,lança-t-elleàKylieestomaquée.Puislaféefourralebiscuitentierdanssabouche,enuneseulegrossebouchée.–Tusaisquelespréservatifsnesontpas infaillibles?déclaraKylieenouvrantsonbiscuiteten

léchantleglaçageblancentrelesgaufrettesauchocolat.D’aprèslesstatistiques,ilsnesontefficacesquedanslaproportionde85à90%pouréviterunegrossesse.Certainsprétendentquejusqu’à10%cetteerreuresthumaine,oudanstoncas,vampirique,etpasdueaupréservatif.Kyliesentitsonvisageseréchauffer.Holidayrougitavecelle.Puis,labouchetoujourspleined’Oréo,laféelevalamaincommepour

direqu’elleavaitbesoind’uneminuteavantdeparler.Kylie,qui,étrangement,n’étaitplusgênée,sesentitfièredetoutcequ’elleconnaissait,etcontinua

àparlerentredeuxléchouillesdeglaçage.–Etsiungarçonentrimballeuntroplongtempsdanssonportefeuille,ilpeutsedéchirer.Ensuite,

ilyalesdéfaillancesliéesauproduit,onnesaitpastroppourquoi,maislepréservatifseperce,ouilyauntoutpetittroudedans.Ettuseraisétonnéesijetedisaisqu’ilsuffitdepresquerienpourqu’unefilletombeenceinte.Ayantterminéleglaçage,Kyliemangeaunboutdugâteauauchocolatetcontinua,labouchepleine

d’Oréo.Holidaydéglutitlonguement.–Tu…enconnaisunrayonsurlescapotes!–Jetel’aidit,mamèrelaissaitdesprospectussurmonlitdeuxfoisparsemaine.Situsavaistoutes

lesinformationsquej’aidanslatête!JepourraisteparlerdetouteslesMST,maiscen’estpasjoli-joli.Jepréfèrenepasypenser.Holidayrit.–Quandj’auraiunenfant,jepensequejedemanderaiàtamèreoùtrouvertoutescesbrochures!–Ohnon,surtoutpas!Çametlebazardanslatêtedeceluiquileslit.Jesuissûrequec’estpourça

quejesuisencorevierge.Holidaygloussa.– Ce qui est précisément la raison pour laquelle j’achèterai ces brochures àmes enfants ! Son

sourires’évanouit.Sérieusement,onnedevraitpasfairel’amouràlalégèrequandonestado.

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–Exact,ditKylie.Elleattrapaledernierbiscuitetlecoupaendeux.Maistropd’informations,cen’estpasnonplusunebonnechose.ElleenoffritunemoitiéàHolidayquin’hésitapasàlaprendre.–Merci.–Es-tu sûreque tun’espas enceinte ? insistaKylie enobservant son amie fourrer lamoitié du

biscuitdanssabouchecommesiellemouraitdefaim.Oucommesiellemangeaitpourdeux.– Sûre et certaine. Les fées, ou dumoins les fées deBrandon, savent toujours quand elles sont

enceintes.Kyliesefenditd’ungrandsourire.–Attends,l’undessignes,cen’estpasqu’ellessontaffaméesetavalentlesrepasdeleursamiesen

attendantqu’ellesseréveillent?–Non.Avoirfaim,c’estunsymptôme,c’estvrai,maislepluscommun,cesontleshoquetsetles

rots.J’aiunecousinequiaeulehoquetpendanthuitmoisquandelleétaitenceinte,c’étaittriste.Holidaycontemplalesachetenpapiercommesielleregrettaitqu’ilsoitvide.– Et si tu allais mettre tes chaussures ? Comme ça, nous irons piquer d’autres cookies à la

cafétéria?EnsuitenouspasseronschercherBurnettpourallerauxcascades.Quelquechosemeditqu’unpeudecalmeteferaitleplusgrandbien.Àcetteidée,Kyliesentieuneondedechaleurlaparcourir.–Oui,super.Peut-être qu’une fois là-bas, elle se rappellerait la fin du rêve.Bon sang, elle espérait vraiment

qu’ellen’avaitrienfaitdestupideavecDerek.Nonpasqu’elleredoutât…êtrealléetroploin–jusqu’aubout,parexemple.Troploin.Avouons-

le,commeellel’avaitditàHoliday,cesbrochuresl’avaientbousillée,letropd’informationspouvaitvraimentêtrenégatif.Ou,danscecasparticulier,positif.Alors,ellecompritquesiellen’avaitpasétésiprudenteenmatièredesexe,elleauraitpeut-être

déjà couché avec Lucas. Elle était contente de ne pas l’avoir fait. La douleur titilla de nouveau sapoitrineetelleneputs’empêcherdesedemanderquelleétaitlapartdevéritédanscequ’elleavaitditàHoliday.QuandelleneseraitplusencolèrecontreLucas,pourrait-elleluipardonner?Méritait-ilunesecondechance?Chassant Lucas de sa tête, elle le remplaça par Derek, qui surgit pile au premier rang de ses

pensées.Ellese rappelasonbaiserdans le rêve.L’avait-ellearrêté?Ous’était-elle laisséentraînerdedans?Mince,mince!Donnerdel’espoiràDerek,cen’étaitpasbien.Et si elle lui en avait donné, elle devait l’étouffer dans l’œuf avant de provoquer des dégâts

irréversibles. Du genre où les gens souffraient. Et le fait qu’elle tienne tellement à ne pas fairesouffrir Derek aurait dû lui donner le loisir de réfléchir, mais elle ne laisserait pas son espritvagabonderdanscettedirection.Pasquestion!Kylieattrapaseschaussures,lesenfilaetpartitavecHoliday.SesouvenantdutéléphonedeHayden,

ellelefourradanssapoche.Hiersoir,elleavaitenvisagéd’appelersongrand-père,maiscommeellenesavaitpasquoidirenicomment,ellenel’avaitpasfait.Etsiellel’appelait,Burnettconsidérerait-ilcelacommeuneautretrahison?–Peut-onpasseraubungalowdeHayden?Jedoisluirendresonportable.J’ailaissélemienchez

mongrand-pèreetjevoulaisappelermamère.–Biensûr,ditHoliday.Elles n’étaient pas sorties de la chambre de Kylie que Holiday laissa échapper un petit bruit

nerveux.Puisunautre.

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Kylielaregarda.Holidayflanquaunemainsurseslèvresetlapaniqueenvahitsesyeuxverts.–Était-cecequejecrois?demandaKylie.Unhoquet?–Ohmince!s’écriaHoliday.Etellehoquetadenouveau.Kyliecriad’excitation.–Jemedemandeàquiressembleralebébé.ÀBurnettouàtoi?

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Hayden ne se trouvait pas dans son bungalow, mais Holiday, toujours un peu paniquée par seshoquets,acceptadepasservoirdanssasalledeclasses’ilyétait.– Je suis sûre que ce n’est rien, dit-elle en tapant sur sa poitrine. C’est psychosomatique. Nous

avonsparlédehoquetsethop,voilà,c’estarrivé.Kylie n’était pas convaincue, et apparemmentHoliday non plus.Elle n’arrêtait pas de répéter la

mêmechose,commepours’enpersuader.– Tu ne veux pas d’enfants ? demanda Kylie, qui se souvint de ce qu’elle avait appris sur les

caméléonsquiavaientdumalàtomberenceintes.–Simais…Burnettn’estpasconvaincu.Ilprétendquecommeiln’apaseudepère,ilnesaurait

pasenêtreun.–Jecroisqu’ilferaitunsuperpapa.– J’en suis sûre. Il serait sûrement surprotecteur, comme la plupart des vampires, mais tout de

mêmefabuleux.Songeantàunautrevampirequipourraitsemontrersurprotecteur,Kyliedemanda:–Dellaest-ellerentrée?–Non,pasavantcesoir,réponditHoliday,maisellevabien,ajouta-t-elle,devinantl’inquiétudede

sonamie.BurnettaencoreparléavecStevecematin.Kylieopina.–EtHelenvabien?–Ilsl’ontlaisséesortirdel’hôpitalhier,enfindejournée.Sesparentsvoulaientqu’ellerentrechez

euxpourunmoment.Justepours’assurerqu’elleaillebien.Biensûr,Jonathonestfurax!– Tu m’étonnes ! lança Kylie qui les revoyait, tous les deux, pratiquement collés-serrés en

permanence.HolidayetKylieparvinrentdevant la sallede classedeHayden.Kylievit quelque chosebouger

derrièrelerideau.

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–Ilestlà.Holidayacceptad’attendreàl’extérieur,etKylieentra.Hayden,seuldanslasalle,étaitassisàsonbureau,untéléphoneàlamain.–Salut,ditKylie.Illevalesyeuxetfittomberletéléphone.–J’allais t’appelerpourvoirsi tuallaisbien.Etprendredesnouvellesdemonportable ; je t’en

prie,nemedispasquetuasrappelémacopine?–Non,justemamère.–Ettuvasbien?–Oui.Ellesortitl’appareildesapoche.Jevoulaisvousledéposer.Mercidemel’avoirprêté!Ilhochalatête.–Tun’aspasappelétongrand-père?LabellehumeurdeKylies’assombrit.Ellesecoualatête.–Jenesaispasquoiluidire.Jel’appelleraidansunjouroudeux.D’accord,elleavaittendanceàremettrebeaucoupdechosesaulendemain,maiselledécidadefaire

unepetitepause.–Luiavez-vousexpliquéqueBurnettsavaittout?Sesyeuxs’assombrirentquandilhochalatête.–J’aidûtentermachanceetutiliserletéléphonedubureau,carjen’avaispaslemien,dit-il.Elleluiadressaunregardcontrit.–Mongrand-pèreest-il…d’accordaveccela?–Iln’estpascontent.Jecontinueàcroirequ’iln’apasparticipéaucomplotquivisaitàt’empêcher

departir.Etilavaitl’airimpatientdet’enparler.–Jesais, jevouscrois.C’est justeque…j’ai l’impressionde luiavoir faitdumalenpartant,et

maintenant il sera en colère parce que j’ai parlé de vous àBurnett.L’idée qu’il soit énervé contremoi…c’estjustetroppourmoi.–J’aiexpliquélesraisonspourlesquellesilfallaitquel’onenparleàBurnett.Haydensecaladans

sachaise.Tongrand-pèret’aimebeaucoup.Jesaisqu’ilpeutsemontrerentêté,maisilaperdutropdechosesdanssavie.Sonenfant,safemme.Àprésent,ilapeurdeteperdretoiaussi.–Jesaisetpourtant…mêmesimaplacen’étaitpasici,àShadowFalls, jenepourraispasvivre

commeilslesouhaitent.Coupéedumonde.–Jesais,cen’estpasfacile.LaraideursoudainedanssesépaulesmontraàKyliequecelaavaitététrèsdurpourlui.–Quelâgeaviez-vousquandvousvousêtesenfui?Ilpritunstylo.–Commentsais-tuquejemesuisenfui?–C’étaitjusteunesupposition,ditKylie.Ilhésita.–Dix-septans.–Avez-vousrevuvosparentsdepuis?Ilsecoualatête.–Tongrand-pèremetient informéde leursanté…et ilacommencéàmelaisserparleràJenny

quand…–Quandquoi?demandaKylie.–Quandils’estmisentêtequ’ellevoulaits’enfuirelleaussi.

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–C’étaitlecas?–Jecroisquejel’aicalmée.Ellen’aplusqu’unanoudeuxàpasserlà.Elleestpresquemature.–Mature?demandaKylie.– Oui. Quand tu arrives à modifier ta configuration. La règle, c’est que si tu pars après cette

maturité, alors tun’espasexcommunié.On te regardebizarrement,mais tupeux revenir.Mais lesanciensessaientdelapousseràsemarier,c’estunautrestratagèmedeleurpartpourqu’ellecontinueàvivredansl’enclos.KyliesentitladouleurdeHayden,etellelaressentitpourJenny,également.–Nevoient-ilspasqu’ilspoussent les jeunesàpartir?Ondiraitundecescultesqui forcent les

gensàvivrecommeen1800!– Ils croient qu’ils les protègent, déclaraHayden. Et peut-être qu’à l’époque des anciens, c’était

bien,maisdepuisleschosesontchangéetilsn’ontpasl’airdes’enrendrecompte.J’airéussiàmecréeruneexistenceetjenevispasdansledanger.Kylieopina,maiselleneputs’empêcherdesedemandersi lavievalaitvraiment lecoupd’être

vécue, s’il fallait cacher sa véritable identité. Néanmoins, elle supposait que c’était la meilleureoption.–Comptez-vousresterici?Elleretintsonsouffled’espoir.Ilsecaladanssachaise.–Burnettn’estpasrevenuversmoi.–Maiss’ilditquevouspouvezrester?Ilattrapaunstyloqu’ilfitroulerdanssamain.–S’ilvousplaît, j’aimeraistantquevousrestiez!J’aiencoredesquestionsetceseraitvraiment

bienquevoussoyez là.Et…je jeveuxessayerdechanger leschoses.Voussavez,aider lesautresjeunes caméléons. Je n’en ai pas encore parlé àHoliday ni àBurnett, j’attends simplement le bonmoment.–Jevaisyréfléchir,dit-il.Maislaisse-moitedirequetonamiBurnettal’airdecroirequepartir,

c’estlameilleureoption.–Iln’estpassimauvais,répliquaKylie.Jesaisqu’ilpeutêtre…difficile.Àbiendeségards,ilme

faitpenseràmongrand-père.Etmêmeàvous,unpeu.–Jesuisloind’êtreaussitêtu,déclaraHayden.Iln’apasledroitdemetraitercommecela.Kylieauraitpuluirétorquerqueveniriciencachantsavéritableidentitén’avaitpasvraimentmis

Burnettenconfiance,maisàquoibon?–Promettez-moiquevousallezréfléchiretrester.J’aivraimentbesoindevousici.–Jevaisyréfléchir,maisc’esttoutcequejepeuxpromettre.

Avec un autre sandwich, desOréo etBurnett à leurs basques,Kylie etHoliday se rendirent auxcascades.Burnettavançaitavecelles,maislevampnecessaitdetrébucher,surtoutparcequ’ilrestaitconcentréetpréoccupéparHoliday,aulieuderegarderoùilallait.Ellen’avaitplus lehoquet,maisellen’avaitpasnonpluscessédepaniquer.Dumoins,c’étaitce

qu’il semblait, parce qu’elle n’avait pas perdu cette expression de « ohmince ! » sur son visage.Manifestement,Burnettavaitprislemêmeairqu’elle.–Toutvabien?demanda-t-ilpourladeuxièmefois.–Jetel’aidit,cesontjustedesmauxdeventre,réponditHoliday,etKyliereconnutquesaréponse

étaituneversiondelavérité,etquedefaitsespulsationsnetrahiraientpassonmensonge.

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–As-tubesoindevoirunmédecin?Sessourcilssefroncèrentetlegrosméchantvampiredevintuntypeinquietd’apparencenormale,

quisepréoccupaitbeaucoup,beaucoupdesonamie.Rien qu’en les regardant, elle sentit une chaleur envahir sa poitrine. Avec la sensation d’avoir

réussiquelquechose.Lesentimentdenepasavoiruniquementcontribuéàréunircesdeux-là,maisd’avoirparticipéàlaquêtequ’elleavaitachevée,etbienachevée.– Non, pas besoin de voir de médecin, répondit Holiday. Du moins pas encore, ajouta-t-elle

rapidementpourcontrerunautremensonge.– Sûrement la trouille dumariage, ajoutaKylie dans l’espoir d’éloigner la conversation de ses

problèmesdeventreavantquesonamienepuissetrouverd’autredemi-véritéàbalancer.Détournant les yeux du couple qui se tenait par la main, Kylie aurait pu jurer entendre le

chuchotementdel’eauquitombaitencascade.Elleralentitlepasettenditl’oreille.Oui,c’étaientbienles cascades, et pourtant elles se trouvaient encore à cinq centsmètres.Elle inspira profondément,mourantd’enviederetrouverlapaixquisecachaitsûrementderrièrelemurd’eaumagique–unlieuoùtouslesmauxsemblaientmoinsdouloureux.Ou,dumoins,paraissaientgérables.–Lafroussedumariage?demandaBurnettcommes’ilréfléchissaitàcequevenaitdedireKylie.

Ellen’aaucuneraisond’êtrenerveuse.Ilparutpresqueblessé.Jeferaitoutcequiestenmonpouvoirpourêtreunbonmari.–Lesfuturesmariéesstressenttoujours,expliquaHoliday.– À cause de quoi ? Ce n’est pas comme si tu ne connaissais pas déjà toutes mes mauvaises

habitudes.Oumoi,lestiennes.Holidayleregardad’undrôled’air.–Quellessontlesmiennes?–Tuesungoinfre, fit-il toutsourire,et il la regardaavecdévouement.Kylieavaitdéjàvucette

expressionchezlui,maisàprésent,ill’arboraitavecfierté.–Maissérieusement,poursuivitBurnett,pourquelleraisonserais-tunerveuse?Kylie constata qu’ils étaient si complices que plus rien n’existait lorsqu’ils était ensemble. Et

n’avait-ellepasressentilamêmechoseàproposdeLucas?Ellechassacettepensée.–Etsituavaislesjetons?demandaHoliday,sérieuse.KyliesesouvintqueBlake,l’exdesonamie,l’avaitplaquéedevantl’autelaprèsavoircouchéavec

sajumelle.Pasdedoute,Holidayavaitsûrementlafrousse.–Jen’aipaslesjetons,j’ailespiedsfroids,jesuisunvampire,ditBurnettd’untontaquincomme

s’ilessayaitdefairedisparaîtrelagravitéd’Holiday.Etsimessouvenirssontbons,tut’enesplaintela nuit dernière. Il prit Holiday par la taille. T’épouser ne me fait pas peur du tout. Je net’abandonneraijamais.Jeserailepremierarrivéàl’église.LecœurdeKyliesegonflaenl’écoutant.ElleentenditHolidaylaisseréchapperunsoupir,attendrie.–Quandtudiscegenredechose,jesaispourquoijesupportetespiedsfroids.Holidaysehissasurlapointedespiedsetl’embrassa.Burnettaccentualebaiser.–Hé,ditKylie,toutsourire,yadesyeuxdeviergequivousregardentencemoment!–Alorstournelatête,rétorquaBurnettensouriant.J’aibienledroitd’embrassermafiancée,non?Kyliegloussa.– Oui, mais tu ferais mieux de faire attention, ils vont te retirer ton permis de vampire si tu

continuesdansleromantismeetlamièvrerie!

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–Net’inquiètepas,ditBurnett,lesyeuxplisséscommes’ilétaitsérieux.Jerestetoutdemêmeunimbécile,etjecassedesgueulesquandillefaut!Oui,commehiersoir,songeaKylie.Sonegoavaitencorequelquesbleus,etHaydenYatesaussi,maisellen’enditrien.Toutaufond

d’elle-même,ellesavaitqueBurnettavaitdesraisonsdes’êtreénervéaussifort.Elle repensa à sa conversation avecHayden,mais déjà le calme des cascades lui procurait une

sensation de paix, et elle arriva à chasser ses inquiétudes. Elle jeta un coup d’œil sur les deuxinséparablesquimarchaientensetenantlamain.Cen’étaientpeut-êtrepasuniquementlescascadesqui offraient cette sensation de bien-être, reconnut-elle. Être de retour à Shadow Falls, parmi sesamis,c’étaittellementgénial!Presqueaubonmoment,lebruitdescascadess’intensifiaetuncalmel’envahittoutentière.Kylie

duts’avouerqueleschutesd’eaucontribuaientdetouteévidenceàcettesensationmagiquedebien-être.Etaprès toutcequiétait arrivécesdernièresvingt-quatreheures, ellevoulait se raccrocheràcettemagie.OubliermalgréHolidayetBurnettqu’elleétaitamoureuse,elleaussi.OublierqueLucasl’avait trahie.Oublierqu’elle s’était confrontéeàMario.Oublier qu’elle avait sûrement blessé songrand-pèreenpartantsansluidireaurevoir.Oh!oui,ellevoulaitlecalmequiallaitaveccetendroitdegrâce,celieuquinourrissaitunesprit

depaix.Quioffraitunesensationdesérénité.Etdecourage.Une voix résonna dans sa tête. Kylie s’arrêta net. La voix semblait vouloir dire quelque chose

qu’elleignorait.Pourquoiaurais-jebesoindecourage?Sans cette tranquillité, la petite intrusion dans sa tête aurait pu la précipiter dans l’angoisse.Les

parolesn’accompagnaientpaslefroidglacialhabituelqu’elleressentaitlorsqu’unfantômeluirendaitvisite. Non pas que Kylie n’eût jamais entendu cette voix auparavant – elle l’avait entendue, et àplusieurs reprises. Dans le passé, elle l’avait imputée à son subconscient, mais cette fois, c’étaitdifférent.Lebruitpaisibledeschutesapaisasoninquiétude.Ellenevoulaitpaspaniqueràcausedecettevoix

intérieure.Nimêmes’inquiéterdelaraisonpourlaquelleilluifaudraitêtrecourageuse.Elleaccéléralepas.Cinqminutesplustard,ilsarrivèrentàl’entréedescascades.L’ambiancesereinel’envahit.Même

lesfeuillessurlesarbresavaientl’airdelasalueràvoixbasse.L’eauquitombaitencataractedelafalaiseau-dessusemplit l’aird’unedoucehumidité.Labrise légère,qui transportaitdeminusculespointsd’eaulumineux,imprégnaitl’aird’unlointainparfumdefleurs,d’herbeetdenature.L’airhabituellementgravedeBurnettfitplaceàuneexpressionbeaucouppluspaisible.Ils’arrêta

en lisière des arbres et accepta de les attendre là, les laissant vivre leur expérience habituelle descascades. Après s’être déchausséeset avoir remonté les jambes de leurs jeans, Holiday et Kylietraversèrentensemblelemurd’eauquitombaitenrideau.Au-delà,ilfallutunesecondeauxyeuxdeKyliepours’accoutumer.Ilnefaisaitpascomplètement

noir, seule filtrait la lumière cachée derrière les chutes. Des ombres iridescentes aux couleurs del’arc-en-cieljouaientsurlesmursdurocher.Del’eaufraîchegouttaitdesescheveux,danssondos,elleappréciaitlafraîcheursursapeau.KylieetHoliday retrouvèrent leurplacesur lespierres lisses, justeaubordde l’eau.Aucunene

parla pendant plusieursminutes.La révérence emplissant l’espace semblait imposer uneminute desilence.

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LecalmeambiantchassacomplètementlessoucisetpréoccupationsdeKylie.–As-tumisunenouvellequêteenplace?demandaHoliday.Àl’instantoùlaquestionsefrayaitunchemindanslespenséesdeKylie,lebesoind’êtreconseillée

montaenelle.–Ai-jeréellementachevél’autre?Laquestionn’étaitpasuniquementdestinéeàHoliday,maisaussiàelle-même.–Tusaiscequetuesettucomprendslaplupartdetespouvoirs.N’était-cepascela,taquête?–Si,maisjenelesmaîtrisepasencorecomplètement.Ellemarquaunepause.Etjeneconnaispas

tout.Lebesoininexplicabledemeurait,etlasoifd’avoirunnouveaubutenvahitsapoitrine.Elledevait

savoirsurquoiseconcentrer.Illuifallaitunenouvellequête.–Tuasraison.Ilfautquej’arriveàcomprendretoutcela.Commentfaire?Commentsavoirparoù

commencer?EllesetournaversHoliday,calme,maisimpatientedecommencer.–Bien,tudoistedemandercequiestimportantpourtoiencemoment.Engénéral,nosquêtessont

deschosesquinouspèsentsurlecœur,quititillentnotreconscienceouquifigurentsurnotrelistedechosesàfairequel’onaignorées.Kylieinspiralentement.–OK, je voudrais avoir ton avis.Mais je n’ai pas encore eu la possibilité de réfléchir au sujet

commeillefaudrait.–Qu’est-cequec’est?demandaHoliday.–Lesjeunescaméléons,lesados…Lesancienslesempêchentpratiquementdesortirdel’enclos.

Ils ont très peu de contact avec le monde extérieur. Ils n’ont pas le droit d’avoir ni portables niordinateurs.Jeneveuxpasdonnerl’impressionqu’ilssontmaltraités,c’estjustequelesancienssontcoincésdansunétatd’espritde l’époqueoù ilsétaientpersécutés. Ilspensentque leseulmoyenderesterensécuritéc’estdevivrecaché.Ilsontunepolitiquestricte:tantquel’onnesaitpascontrôleretdissimulersavéritableconfiguration,onnedoitpasêtreautoriséàsortirdanslemonde.Ilssontaussimauvaisquelesloups-garous.Avectoutesleurscroyancesrétrogrades.–Çam’enatoutl’air,observaHoliday,marquantunepauseenfixantl’eau.Quellehistoire!Ilest

difficiledemodifierdesconvictionsfondéessurunepeurjustifiée.–Jesais,maisildoitbienyavoirunmoyen,non?–Çavautlecoupd’yréfléchir.C’estunebonnequête.Quoid’autre?fitlavoixdanssatête.Lamêmequetoutàl’heure.Maisellenefutpaspluseffrayée

pourautant.C’étaitunequestionqu’elledevaitabordertouteseule.Kylieremontasesgenouxetnouasesbrasautourdesesjambes.–Ilyaautrechose,aussi.Etsoncœurchercha,maisnetrouvapas.– Quoi ? fit Holiday en prenant une grande inspiration, comme si elle voulait s’imprégner de

quiétude.–Jen’ensuispassûre.Elleavaitencoresesmotssurleboutdesalangue,quandtouteslesétincellesdelumièredansla

grottesemirentàtourbillonnercommepourdansersurl’eau.Lechatoiementdecouleursformaunhalo.Pourtant,mêmeaveclemouvementdelalumière,l’eau

semblait d’une immobilité totale et devint claire comme le cristal. Le cercle de lumière semblaitéclairerunobjetsousl’eau,quisoudainremontaendansantàlasurface,puisdérivaverslebord.

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Déboussolée,Kyliereculadequelquesmètres.EllesesentitunpeumoinslâchequandHolidayenfitautant.L’objet flottait à la surface de l’eau et ne se déplaçait pas au hasard. Il arriva à environ trente

centimètresdurocher.Qu’est-cequecelasignifiait?

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Kyliese retourna,chercha le fantômedesyeuxetessayadesentir le froid.Rien.Pasde fantôme.Aucunqu’ellepûtsentir,entoutcas.Mais l’épéequi s’approchait toutdoucementdevaitbienappartenir à la revenante,non?Elle en

trimballaitunedepuisplusd’unesemaine,commesielleallaitfaireunexposéàcesujet!–Maisd’oùa-t-ellepuvenir?demandaHoliday,lavoixpleined’inquiétude.Kylien’arrivaitpasquitterdesyeuxl’armequiserapprochaitlentement.–Desousl’eau.–Jesais,j’aivu,mais…–Jecroisquecelaaunrapportaveclefantôme,dit-elle.Holidayfronçalessourcils.–Tuparlesdeceluiquisebaladeavecdestêtescoupées?Elleopina.–Çapourraitêtreelle.–Pourquoidis-tucela?demandaHoliday.–Jen’ensuispasentièrementsûre,maisondiraitbiensonépée.Moinstoutlesang,biensûr.–Ohzut,criaHoliday,dansquoim’as-tuentraînée?–Jenesaispas,maiscen’étaitpasvolontaire.Kyliesemorditlalèvre.Sansl’ambiancepaisibledescascades,elleauraitcomplètementflippé.Holidays’emparadel’épéeetlaretournaentresesmains.–Elleal’airréelleetancienne.Crois-tuvraimentqu’ils’agissedelamême?Ellesecoualatête,

médusée.Lesfantômesnepeuventpasrapportercegenredechose.–Ondiraitbienquesi.Maisbon, jenesuispasexperteenépées,ditKylieensaisissant l’arme.

Maisdèsqu’elleletoucha,lefichutrucs’embrasa.Ellelabalançaparterreetrecula.–Pourquoia-t-ellefaitcela?

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–Jepréfèrenepassavoir,réponditHolidayenreposantlesyeuxsurl’épée.As-tuapprisquelquechosesurlescaméléonsquifonts’embraserlesépées?–Non.–Tuenessûre?–Oui,jepensequejem’enseraissouvenue.–OK,dit-elle,encontinuantàréfléchir.Ellegratifial’épéed’unautreregardperplexeetreposales

yeuxsurKylie.Ons’enva?–Ouais.KylieselevaetvitHolidayattraperl’épée.Onnepeutpaslalaisserici?Holidayseredressaetregardasonamie.–Jenecroispas.Àmonavis,elleétaitlàpourtoi.–Tusais,jecraignaisquetunedisescela.Maiscommentsais-tuqu’ellen’étaitpaslàpourtoi?–Parcequ’ellenes’estpasembraséequandjel’aitouchée.Kyliefronçalessourcils.–J’enaivraimentmarredetouscestrucsbizarresquim’arrivent.Holidaysoupira.–Sicelapeutterassurer,celanemeplaîtpasnonplus.–Alorscommeça,onestdeux.Kyliesemordillalalèvred’inquiétude.Holidayeutundemi-sourire.–Nousdécouvrironscequisecachederrièretoutcela.Quandnousrentreronsaubureau,jeferai

desrecherches.EtnousparleronsàHayden,aussi.Noustrouverons.Kylieavait lanette impressionquesiHolidaytrouvaituneexplication,ellerisquaitdenepas lui

plaire.

Kylie,Holiday etBurnett, qui portait l’épée, dénichèrentHaydendans sonbungalow. Il examinal’objet,maisn’avait rienàdire.Pasmêmeune suppositionbien informée.Burnett lui tendit l’épéepourvoirsielles’embrasaitàsoncontact.Pasdutout.Puis,commeilnel’avaitpasvuechatoyer,ildemandaàKyliedelaprendre.Délicatement.Etdirequecettechoseavaitdûdécapiterdescentainesdevictimes!À la seconde où elle posa les doigts sur la poignée, le métal se réchauffa contre sa paume et,

exactementcommeàlacascade,ils’embrasa.Celaluirappelaitcesautocollantsphosphorescentsquel’onachetaitdanslesparcsàthème.–Çaira?demandaKylie,presséedelareposer.–Oui,ditBurnett,l’airdéconcerté.C’étaituneexpressionqu’ellen’avaitpasvuesouventsurlevisageduvampire.Ilattrapal’épéeet

attenditqu’elles’embrase…Envain.Ileutmêmel’airunpeudéçu.Quandillareposasurlatable,ilfixalefrontdeKyliecommepourvérifiersaconfiguration.SurlaroutemenantchezHayden,ilavaitsupposéqueKylies’étaittransforméeensorcièreetavait

perdu le contrôle de ses pouvoirs, comme le jour où elle lui avait jeté le presse-papiers dessus,heurtantsespartiesintimes.SiKylieespéraitquecesoitaussisimple,ellen’ycroyaitpas.Cen’étaitpasparcequ’elleavaitpenséàuneépéequ’elleenavaitfaitapparaîtreune.–Jenesuispasunesorcière,si?demanda-t-elleàBurnett.–Non,répondit-ilenhaussantlesépaules.–Jetel’aidit,lançaHoliday,j’aivérifiésaconfigurationdèsqueletrucs’estmisàétinceler.Çaa

l’airfou,maisjenesuispassûrequecesoitl’œuvredeKylie.Maisplutôtcelledel’épée.

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–Tupensesqu’elleestpossédée?demandaHayden.–Quoi?fitKylie.Lesépéespeuventêtrepossédées?C’estbientropbizarrepourmoi!Ellesefrottalesmains,commepourlesnettoyer.–Non,jenecroispas,ditHolidayentouchantlebrasdeKyliepourlacalmer.Jepensejusteque

pouruneraisonquelconque,elleréagitàKylie.Ilyauneconnexionentrel’épéeetelle.–C’esttrèsétrange,observaHayden.Jepourraisinterrogertongrand-pèreàcesujet.Ilensaurait

sansdouteplusquemoi.BurnettserembrunitenentendantparlerdeMalcolm,maisilhochalatêteetellelevitbataillerdur

pourdissimulersonmécontentement.– J’apprécierais, oui. Pourriez-vous me contacter immédiatement, dès que vous aurez obtenu

quelquechose?Haydenopina.–Biensûr.Alorsqu’ils étaient sur lepointdepartir,Burnett tendit lamainàHayden.Celui-ci la serra sans

hésiter. Kylie eut le sentiment que toute cette histoire d’épée avait dû jouer en sa faveur pourconvaincre Burnett que Hayden devait rester. Même si ce dernier n’avait pas les réponses, elleconstata queBurnett appréciait d’avoir quelqu’un vers qui se tourner s’il y avait un sujet qu’il nemaîtrisaitpastrèsbien.Peut-être, songeaKylie, l’épéen’était-elle pasquelque chosedenégatif, après tout.Mais chaque

foisqu’ellelaregardait,ellerevoyaitl’esprit,quienportaituneensanglantéeaveclatêtecoupée,lanuitprécédente.Etellecraignitquetoutcelaneconduiseàunnouveaubaindesang.

Ilsrangèrentl’épéedanslebureaudeHoliday,puispartirenttousdîner.LesnouveauxétudiantsdeShadowFallslavirentpourlapremièrefoisetplusieurscampeurslasaluèrent.Perryseruaverselleet lasoulevadanssesbras,enlafaisant tournerpardeuxfois.Quandil lareposa,ellechancelaunpeu,maiselleétaitcontente.Ellenes’étaitmêmepasrenducomptecombienleloup-garouluiavaitmanquéjusqu’àcequ’ilrîtetcelafitnaîtreenelleunesensationbienvenuededéjà-vu.–Alorscommeça,tutripotesmameilleureamie?fitlavoixdeMirandaderrièrePerry.PerrylarelâchaetgratifiaMirandad’ungrandsourire.–Justeunpeu,dit-il,et il reposa lesyeuxsurKylie.Zutalors, tunousasmanqué!Mirandame

rendaitfou,tellementellesesentaitseule.–Vousm’aveztousmanqué,vousaussi,fitKylie,etelleétaitsincère.Un groupe de loups garous passa à côté d’elle.Kylie reconnut d’abordClara, la demi-sœur de

Lucas. Elle croisa son regard, et sa posture sembla brusquement exprimer dumécontentement.D’accord,toutlemonden’étaitpascontentqu’ellesoitrevenue.Ellepouvaitl’accepter.Maisensuite,derrièreClara,quelqu’und’autresurgit:Fredericka.Ellenesouritpas,maisn’avaitpasnonplusl’airmenaçant,etlagratifiad’unlégerhochementde

tête.Pourluisouhaiterlabienvenue,sûrement,pourluidire«raviedeterevoir».Kylielasaluaetluiadressamêmeunpetitsourire.Pour Fredericka, ce petit signe était sûrement une plus grandemarque d’affection que celui de

Perry.SurtoutquandClararegardaFrederickad’unairmécontentetquecelle-cihaussalesépaulescommepourdire«tut’enremettras».Kylierespiraunboncoup.C’étaitbondesavoirqu’elleavaitréussiàperdreuneennemie.

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–Viens-tu de faire ce que je pense ? chuchotaMiranda à l’oreille deKylie.As-tu souri à cettepétasse?–Jetel’aidit,ons’estplusoumoinsréconciliées,réponditKylie.–C’estunebonnechose,lançaHoliday,quivintsemêleràlaconversation,etjepensequed’autres

icidevraientenfaireautant.–EtmoijecroisqueDellaaraison,marmonnaMiranda.Kylieestbientropgentille.Ignorantl’airrenfrognédeHoliday,lasorcièrejetauncoupd’œilàBurnett.–Enparlantduloup…Dellaest-ellerevenue?– On l’attend d’un moment à l’autre, répondit Burnett alors qu’ils se rendaient dans la salle à

manger.Dès qu’ils passèrent la porte, les conversations se turent, comme si quelqu’un avait coupé le

volume.Des têtesse tournèrent.Leseulbruitquiserépercutaitdans legrandespaceétaitceluidesfourchettessurlesassiettes.Puis,simultanément,aumoinscinquantepairesd’yeuxseplissèrentpourvérifierlaconfigurationdeKylie.Ellesefigea,sentantqu’elleétaitsouslesfeuxdelarampe,cequineluiplaisaitpasdutout.HolidaypassaunemaindansledosdeKylie.–Tuveuxquejefassequelquechose?murmura-t-elle.–Non,marmonnaKylie,déterminéeàmenersespropresbatailles.De plus, elle avait désiré revenir ici, c’était chez elle, et bon sang, elle ne dissimulait pas sa

configuration!Tôtoutard,ilss’habitueraientàelle.Non?Ilsfiniraientbienparl’acceptercommel’unedesleurs.–Bonjevaisagir,grommelaPerry.Ils’avança.Vousvoulezvoirquelquechose?hurla-t-il.Alors,

regardezça!Il se plia en deux, baissa son pantalon et montra ses fesses aux cinquante paires d’yeux qui le

dévisageaient.–Perry!s’écriaHolidayd’untonperçant…etamusé.Burnettfaillitlaisseréchapperunfourire,maisilrefermalabouched’uncoupquandilremarqua

lesourcilarquédesacompagne.–Nemontrepastesfesses,Perry!fitBurnettsansconvictionetensepinçantleslèvres.Danslasalle, tout lemondeéclataderire,mêmeKylie.OnpouvaitfaireconfianceàPerrypour

transformerunmomentdegêneenhilaritégénérale.Kylie regardaMirandaqui levait lesyeuxauciel,mais de la fierté y étincelait. Et elle avait de quoi ! Si baisser son pantalon avait pu semblerextrême,ill’avaitfaitdansdebonnesintentions,pourmettreuntermeàunmomentgênantetdansunseulbut,queKyliesesentemieux.Etcelaavaitmarché.Pantalonremonté,Perryseretournaetfitunclind’œilàKylie.Alorsqu’ilsserendaientvers le

comptoirdesplatschauds,KyliesepenchaversMirandaetmurmura:–T’asintérêtàlegarder,tonPerry!Mirandaroulaencoredesyeuxeteutungrandsourire.–Jesais.Etenplus,iladejoliesfesses,non?Kylieritdenouveau.–Jenelesaipasvues.Maissongrandcœur,oui!Pendant qu’elle attendait son hamburger et ses frites – qui sentaient, en plus, divinement bon –

plusieurspersonnesvinrentluisouhaiterlabienvenue.Mandy,unedesamiessorcièresdeMiranda,Chris,levampire,etJonathon,quifaisaitlatêtecarHelenluimanquaitsûrement.

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–CommentvaHelen?demandaKylie,etbrusquement, laculpabilité la submergea,carc’étaitàcaused’ellequesonamies’étaitfaitattaquer.Jesuisvraimentdésoléepourça.–Cen’estpastafaute,dit-ilavecuncoupd’épaule.Maislaisse-moimettrelamainsurcesalaud

quiluiafaitdumal,etilleregrettera.–Ellevavraimentbien?demandaKylie.–Oui,sesparentsprétendentqu’ellepourrarevenirdansunesemaine.–Tantmieux,observaKylie.–Tantmieux?Maisc’estuneéternité!Unesemaineentière!Septjours.Jevaisdevenirfou!Elle

estcommeunedroguepourmoi.Jenesuispashabituéàvivresanselle.Ildéguerpit,pascontentdutout.Kylie le regarda s’en aller, les épaules tombantes. Un garçon blessé et vaincu. Et elle revit ce

qu’elleavaitressentiquandLucasétaitparti.Commeelles’étaitsentieseule,vide.Sapierredetouchedanslavieavaitdisparu.Elletentadechassercettepensée.Tâchantdenepassefaireremarquer,maiscraignantdesavoir

exactementquilaguettait,elleregardalatabledesloups-garouspar-dessussonépaule.Forcémentilyétaitetlascrutaitdesesgrandsyeuxbleuspleinsd’unetristeculpabilité.Soncœurseserra.Cesserait-elleunjourd’êtreencolère,suffisammentpourluipardonner?Elledétournalesyeux,

filaàtouteallure,percutantuntorsemuscléetfamilier.Contrelequelellesesouvints’êtreblottielanuitprécédente,dansuneeffractionde rêve.Lorsqu’elle leva lesyeux sur levisagedeDerek, soncerveausemblaitavoirdécidéquelemomentétaitparfaitpour télécharger toutcequis’étaitpassé.Touteslespiècesmanquantesdupuzzleluirevinrentviolemment.Lebaiser.Sesbrasautourd’elle.Ladouceuraveclaquelleill’avaitétreinte.Oh,mince!

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Kylieavait arrêtéde l’embrasser,maispasassezvite.Puis elle avaitposé la tête sur son torseettellementpleuréqu’ellesesentaitperdue.Enlaserranttoutcontrelui,ill’avaitlaisséfaire.Celaavaitétécathartiqueetapaisant.Maiscen’étaitpasunebonneidée.Àcausedecequ’elleavaitvuserefléterdanssesyeux.Del’espoir.Del’optimisme,dustyle,une

foisqu’elleauraitoubliéLucas,toutrecommenceraitentreeuxcommeavant.Cettepenséefutunerévélation–l’unedecesétonnantesprisesdeconsciencequi,engénéral,font

desravagesdansunevie.Etoui,elleressentaitcesravages,maisaussidestasdequestionsmonterenelle…etunbesoindecomprendre.Derekl’avaittrompée,avaitmêmecouchéavecEllie,contrairementàcequeLucasavaitfait–ouà

ce qu’elle imaginait. Et si Derek l’avait blessée, et qu’elle s’était sentie trahie, cette histoire avecLucassignifiaitpourellebeaucoupplusquecela.Pourquoi?Était-cerévélateurdel’importancequeDerekavaitpourelle?Était-ilplusfaciledel’oublier,lui?

Oucelafaisait-ilréférenceàlaprofondeurdesessentimentsenversLucas?Ceuxqu’elleressentaitpourluiétaient-ilsplusvrais?–Tuvasbien?demandaDerekenlaregardantavecintensité.Elleopina.–Justeaffamée,mentit-elle,etelleavançadevantluidanslafiled’attente,afindenepasl’affronter.

Niluinilemensongequ’ellevenaitdeluidire.Ilsebaissaetluimurmuraàl’oreille.–Tun’espasencolèrecontremoi,si?Elleréfléchitetsaréponserevint:Jenepeuxpasêtreencolèrecontretoi,maiscontremoi,si.Elleavaitété faible.Elleauraitdûmettreun termeàcetteeffractionderêveavantmêmequ’elle

n’aitcommencé;etelleyseraitparvenue.Alors,pourquoin’avait-ellerienfait?– Non, je ne suis pas en colère, murmura-t-elle. Juste… S’apercevant qu’ils étaient entourés

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d’oreillesdevampiresquipouvaiententendretoutessortesdesecrets,elleajouta:–Onendiscuteraplustard.–Çamarche,dit-il,jeteserviraid’escortecesoir,doncnousauronslargementletemps.Kyliefronçalessourcils.Peut-êtredevait-elleajouterDerekàlalistenoiredesescortesdeBurnett.

Entoutcas,jusqu’àcequ’elleaitfaitletridanssessentiments.

Unplateauàlamain,ellesedirigeaverslatableoùMirandaetPerryétaientassis.Elles’installa,jeta un coup d’œil sur Perry et, une fois de plus, ressentit une vague de gratitude envers lemétamorphe.–Merci,dit-elle.–Chaquefoisquetuaurasbesoinquejemontremesfesses,jeserailàpourtoi,dit-iltoutsourire.Kylieentenditquelqu’unprendrelaplacevoisineetcraignitd’avoirdenouveauencouragéDerek.

Elle attrapa une frite et regarda droit devant elle, tâchant d’ignorer le demi-Fae le plus longtempspossible.Ellepassa lapièceen revue ; son regard s’arrêta sur la tabledes loups-garouset sur lesquatreairsdésapprobateursdeceuxquiyétaientassis.Tous,sauf…Lucas.Uneodeurboiséeémanaitdelapersonneàcôtéd’elleetemplitbrusquementsessens.Lafritelui

glissadesdoigts;lentement,elletournalatêtepourconfirmersonerreur.Erreurconfirmée.Sonsouffles’entrecoupaquelquepeu.Cen’étaitpasDerek,maisLucas.Détournant lesyeuxdesonassiette,elle fixa lehamburgerquibrusquementnesentaitplusaussi

bonetn’avaitplusl’airappétissant.–Tunedevraispasêtreavectabande?murmura-t-ellesansmêmeleregarder.–Enfait…dit-ilensepenchanttoutprèsd’elle,siprèsquesonépauleeffleuralasienne…Jesuis

exactementàmaplace,murmuraLucas.Ellereculadequelquescentimètresaumomentmêmeoùunplateauheurtaitlatabledevantelle.Un

peutropbruyamment.Elleseditquelepropriétairedevaitêtreundemi-Faetrèstrèsénervé.Uncoupd’œil vers lui le lui confirma. Derek se laissa tomber sur la chaise, reluquant Lucas comme s’ilviolaitsonespace.Génial,songeaKylie.Elleréfléchitàcequ’ilfallaitfaire,filerd’iciensachantquetoutlemondela

regardaitdéjàpourvoircommentelleallaitréagir.Resterenespérantqu’iln’yaitpasdedrameentreleloup-garouetledemi-Fae,etessayerdecalmertouslesragots.Se sentantobligéede faire comme si tout allait bien, elleprit sonhamburger et planta lesdents

dans le petit pain blanc et doux. Si elle ne pensait pas au goût qu’il avait, son ventre avait dûapprouver, parcequ’il gargouilla de reconnaissance à laminuteoù la premièrebouchéedescenditdanssonorganevide.Ellenelaissapasletempsàsonestomacdeluienréclameruneautreetcraquapourlasuivante.Cettefois,legoûtdupetitpainlégèrementsucrémélangéausteakhaché,augoûtdefromageetdeketchuppiquantravirentsespapilles.Derek,quilisaitprobablementsondésird’éviterlechaos,pritsonhamburgeretlemangea.Lucas

fitlamêmechose.Latensionretomba,maispasdebeaucoup.–Quiestpartantpourunmatchdebasketaprèsledîner?demandaPerry.Quelques«oui» se firent entendre.Kylie seditqueDereketLucasavaient également répondu,

maisn’enétaitpassûre.Elleseconcentraaumaximumsurlanourritureetévitadecroiserleregarddequiquecesoit.PuisDerekajouta:

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–Maislapartiedevraêtrecourte,jesersd’escorteàKyliecesoir.C’étaitplus la façondont il l’avaitdit,quecequ’il avaitdit,quimontraclairementqu’iln’avait

qu’unseulbut,énerverLucas;etcelafonctionna.Lucaspoussaviolemmentsonplateau,quitraversalatableàtouteallureetpercutaceluideDerek,faisantvalsersesfritessursesgenoux.–Laissetomber,ditLucas.Danspeudetemps,onressortiraensemble,detoutefaçon.–Tuenessûr?demandaDerek.–Arrêtez,lesrembarraKylie.– J’en suis sûr, grommela Lucas, comme s’il ne l’avait pas entendue. Tu vois,moi, je n’ai pas

couchéàdroiteetàgauchecommequelqu’und’autre.–Oui,maismoijenemesuispasfiancéderrièresondos,répliquaDerek.–Moi nonplus, ripostaLucas.Les fiançailles n’ont jamais été validées, car je n’ai pas signé le

papieraprèslacérémonie.–Tuasditquoi?Kylieleregarda,choquée.Elleavaitsimplementsupposéque…–EtleConseil,alors?demanda-t-elle.–Tuesplusimportante.Jetel’aidéjàdit.Non,ilneleluiavaitpasdit.Pasvraiment.Etilneluiavaitpaspréciséqu’ilnes’étaitpasfiancé

nonplus.–Jet’aiexpliquéquec’étaituneerreur,que…Ilhésitajusteuneseconde…Quejet’aime.Elle savait très bien qu’il était très difficile pour lui d’exprimer ses sentiments en public et on

pouvaitparierquechaqueoreilledans lapièceétait tendue,mais il l’avait fait. Il lui avaitditqu’ill’aimaitdevanttoutlemonde.Etcelal’agaçaprodigieusement.QuePerrymontresesfessesavaiteubeaucoupplusdesuccès.–Ettun’auraispasput’enrendrecompteplustôt?Ellelaissatombersonhamburger,jetasonplateausurlatableetquittaleréfectoire.Elleentendait

sesproprespassurlesolcarrelé.Cequisignifiaitquetoutlemonde,toutcefichucamp,venaitd’êtreaucourantdesesbouleversementspersonnels.Super.Génialmême.

Kylie sortit avant d’entendre qu’on la suivait. Pensant que c’était Derek, et prête à l’envoyerbalader,ellefitvolte-face.Mirandaluirentradedans.–Désolée,lançacelle-ci.Kyliechassad’unbattementdepaupièrescequiressemblaitaudébutd’unecrisedelarmes.–C’estbon,tun’espasobligéedem’accompagner.ResteavecPerryetfinistondîner.–Jeviensavectoi,ditMiranda.–Non,tun’espasobligée.–Si,insista-t-elle.Premièrement,parcequetuesl’unedemesmeilleuresamies,etdeuxièmement

parce que…Burnett l’a exigé.Mais je serais venue de toute façon, pour la première raison. ElleétreignitKylie:TuveuxquejedemandeàPerrydemontrerdenouveausesfesses?Kyliesedétachadesonétreinte,gloussaetessuyaseslarmes.–Jenecroispasqu’ilssupporteraientdelesvoirunedeuxièmefois.–Tuplaisantes?Ellessontbelles,pourtant!EllesretournèrentaubungalowetMirandaparladePerry.Beaucoupbeaucoup.Dustylenon-stop.

MaisKylies’enmoquait,ellepréféraitcelaausilencedechaqueinstantqu’elleavaitconnuchezsongrand-père.EtmêmesiMirandaparlaitunpeutrop,Kyliel’aimait,elleadoraittraîneravecelle.

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Ellesparvinrentaubungalow,entrèrent,etleursregardsseposèrentsurlaporteferméedeDella.Etcelanepouvaitavoirqu’uneseulesignification:elleétaitrentrée.Enhurlant,ellesseruèrenttouteslesdeuxdanslachambredelavamp.–Oh!làlà!Vousnesavezpascequ’uneporteferméeveutdire,lesfilles?Maintenantretournez-

vouspendantquejem’habille.–Ons’enmoquequetusoistoutenue,onesttellementcontentesdetevoir!s’exclamaMiranda.–Exact,renchéritKylie.– Oui, mais vous ne devriez pas me voir en entier ! Vous allez vous moquer de mes seins

minuscules!Maintenantretournez-vous.–Ilsnesontpassipetits,observaMirandaenl’examinantdetrèsprès.–Retourne-toi!grondaDella,etd’unemainellecachasesseins,etdel’autresonpubis.– Pas si vite ! lançaMiranda et elle la montra du doigt. D’abord, tu as une explication à nous

donner,machérie!–Machérie ?Mais je ne suis la chérie de personne ; et quelle explication ? demanda-t-elle en

souriant,visiblementaussiheureusedelesvoir.–Cenesontpastespetitsseinsquetudevraiscacher.Maiscesuçonau-dessusdel’épaule.Delladissimulalamarquejustesoussoncou.–Cen’estpasunsuçon.Envirevoltantsurelle-même,elleattrapalepeignoirsurlelitetl’enfila.–Vraiment?demandaMiranda.–Çayressemblaitbien!Kyliegloussa, tellement contenteque toutes les trois soient denouveau réunies.Elle semoquait

bien qu’elles recommencent à se chamailler ou àmenacer de s’arracher les yeux.Rien que le faitd’êtrelà,aveccesdeux-là…Voilàcequec’étaitqued’êtrederetourchezelle.–Çaressembleàunsuçon,çaal’odeurd’unsuçon,doncc’estunsuçon,lançaMiranda.–Lessuçonsnesententpas,rétorquaDella.–Tucomprendscequejeveuxdire.Deplus,jesaisenreconnaîtreunentremille!ElleremontasonT-shirtpourrévélerunemarqueroseau-dessusdesonseindroit.Kylierit,puissoupira.– Je te jure,quelsmauvaisexemplesvousêtespourmoi ! Jene sais si jepourrai resterdans le

mêmebungalowquevous!Vousrisquezdesalirmaréputation.–Oh,arrête!ditDella.Tuasconnuplusd’actionqu’unepoupéesurremontoirsousacide,depuis

quetuesarrivée.–Non,réponditKylie.–Tuessortieavectroistypesdifférents.–Trois?Faux!–TuoubliesqueTreyestvenutevoir!–Treynecomptepas.Deplus,jen’aijamaiseudesuçon.–Ohmapauvre!s’exclamaDella.Voussaviezquel’onpouvaits’enfaireunavecunaspirateur?

Jemesuisfaitmonpremiersuçonensixièmeetj’airacontéàtoutlemondequec’étaitunquatrième!C’étaitvraimentnul!Kylierouladesyeux.–Quandjepensequetuessortieavecunaspirateur!–Oui,etc’étaitmieuxqu’avecmonpremiercopain.Ilétaitcarrémentnulensuçons!KylieetMirandasemirentàrire.PuisDellasecalma.

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–Waouh,c’estbond’êtrederetour!Ellesautasurlelitetrebonditdeuxfois.PuisMirandaetKylieplongèrentdessusàleurtour.–Alorscommeça,tunecomptespasnousexpliquercesuçon?demandaMiranda,enattrapantun

oreilleretleserrant.–Pasquestion,réponditDella,riensurlesuçon!–Aumoinstupourraisnousdirequic’est?insistaMiranda.–D’accord.Elle cessade rire et s’éclaircit la gorge. J’ai retrouvémonvieil aspirateur.Et nous

avonseuungrosmomentdenostalgie.C’étaittellementromantique!lançaDellaenéclatantderire.Ce rire ne dupa pasKylie.Elle distingua quelque chose dans ses yeux.Un semblant de douleur.

Dellan’avaitpasdutoutenvied’enparler.–L’aspirateurs’appelait-ilSteve?demandaMiranda.Dellaserenfrogna.–Oubliezlesuçon.–Maiscen’estpasjuste!Onsedittout!–C’estbon,fitKylie,Etsil’onparlaitdesfessesdePerryquej’aivues?–Tum’asditquetunelesavaispasvues!s’étonnaMiranda.–Attends,quoi?s’enquitDellaenfixantKylie.TuasvulesfessesdePerry?–Oui,vitefait,expliquaKylie.Maislesautressesontbienrincél’œil,enrevanche.–LesfessesdePerry?répétaDella.Mirandahocha la tête, puis lui raconta quePerry s’était vraimentmontré héroïquepour venir à

l’aidedeKylieenbaissantsonpantalon.Dellasefenditd’ungrandsourire.–Jesavaisquecemétamorphemeplaisaitbien.–Ilestmignon,non?Mirandasoupiraetpritsonairdechienbattu.–Alors,ettoi?demandaDellaàKylie.As-tudonnéuncoupdepiedauculàLucasettoutdemême

décidédeluipardonner?Ondiraitunchiotquiaperdusonseulosàronger.Kylieserembrunit.–N’enparlonspas.Mirandafitdesbondssurlelit.–Tuauraisdûassisteraudîner !DereketLucasétaientassisàcôtéd’elle, tous lesdeux!C’est

vrai, quoi, je pensais qu’ils allaient se casser la figure. Puis Lucas a avoué àKylie qu’il l’aimait,devanttoutlemonde.C’étaitsiromantique!LapoitrinedeKylies’alourdit.–Non,pasdutout.C’était…triste.– Triste, voilà qui le décrit parfaitement depuis ton départ, déclaraMiranda. Comme s’il avait

perdutoutejoiedevivre.–Jeneveuxpasenparler,répétaKylie.–Tuesdonctoujoursencolèrecontrelui?demandaDella.Jenetelereprochepas.Kylielaregardad’unairsévère.–Hé,j’airespectétonsouhaitdenepasparlerdusuçon.Alorsàtoiderespecterlemien.Mirandaselaissatombersurleventreengrognant.–Cen’estpasjuste,moijevousracontetout,lesfilles.Jenegarderienpourmoi.–Crois-moi,jesais,ditDella.J’ensaisplussurtonhistoireavecPerryquecequejedevrais.–Necommencepas!fitMirandaenfronçantlessourcils.

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–Et si on allait boire unCoca light ? proposaKylie avant que les deux ne se chamaillent à lapuissancedix.Elles descendirent du lit d’un bond et se dirigèrent vers la cuisine. Pour l’instant, elle voulait

oubliertoussesproblèmes.Elledésiraitsimplements’asseoiràlatabledelacuisineetrireunpeuavecsesamies,échangerdesblaguesetsesouvenirque,quelquesoitlelotdeproblèmesquelavieoffrait,toutiraitbientantqu’ellesétaientlàl’unepourl’autre.Dellaserenditlapremièredanslacuisine.–C’estquoi,cebazar?marmonna-t-elle.ÀlaminuteoùKylievitcequisetrouvaitsurlatable,ellecompritqu’oubliersesproblèmesne

seraitpasaussisimplequecela.–Zut ! grommela-t-elle.Quelqu’un peut-il appelerBurnett etHoliday et leur dire de rappliquer

illico?

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–Commenta-t-ellepuarriverlà?demandaHolidayenfixantl’épéeposéesurlatable.–Àtoidemeledire,répliquaKylieenseserrantlesmainsd’inquiétude.Commentcelaa-t-ilpuse

produire?–Comment?répétaBurnettd’unevoixtonitruante.C’estévident.Quelqu’unl’aapportéeicipour

tefaireunefarce,maismoijenetrouvepasçadrôle,etlecoupablenerigolerapasnonplusquandj’enauraifiniaveclui.Sonfroncementdesourcilsdevintmenaçant.–PrendrequelquechosedanslebureaudeHolidayetl’apportericipourrire,çavaluicoûtercher.

IlregardafixementKylie:Àquias-tuparlédel’épée?–Àpersonne,jen’airiendit.Àper-son-ne.J’aifaittoutcequej’aipupournepasypenser.Donc,

çanepeutpasêtreuneblague.–C’estvrai,marmonnaDella.Ellenenousariendit.Etellenousdittout.Nousdisaittout.DellaregardaKylieenfronçantlessourcils.–Ellenenousditpastout,intervintMiranda.Commecertainespersonnesavecdessuçonsnenous

racontentpastout.DellajetaunregardmauvaisàMiranda,puisreposalesyeuxsurKylie.–Franchementj’aimeraisbiensavoirpourquoionpaniquecommeça.Cen’estqu’uneépée!BurnettcontinuaàfixerKylie,commes’ilréfléchissaitencore.–Alorscommentl’épéeest-ellearrivéeici,selontoi?Kyliehaussalesépaules.–Jenesaispas,maispeut-êtredelamêmefaçonqu’elleestarrivéeauxcascades.Magie,vaudou,

ouparceluiquil’yalaissée.–Tuastrouvécetteépéeauxcascades?fitMiranda.Quil’abandonneraitlà-bas?Ondiraitunobjet

ancien,etengénéral,celacoûteunsacrépaquetdefric!–Çaaussi,jel’ignore.Maiscequejesais,enrevanche,c’estquecelanemeplaîtpasdutout.Alors

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emportezcetruc.Etallez-ymollo.Etcettefois,rangez-ladansunlieuunpeuplussûr.Dustyle,unechambreforte.–Waouh!s’écriaMiranda.–Waouhquoi?fitBurnettenmêmetempsqueKylie.Mirandadésignal’épée.–Elleauneaura.–L’épéeauneaura?Holidays’approchadeMiranda,intriguée.–Quelgenred’aura?demandaHolidayàlasorcière.–Peut-êtrequ’Haydenavaitraison,elleestpossédée,expliquaBurnett.–Attends!Lesobjetsinaniméspeuvent-ilsvraimentl’être?Kyliecroisalesbras,l’inquiétudeselisaitsursonvisage.–Non,réponditDella.Mirandalaregardaenroulantdesyeux.–Biensûrquesi.–Vraiment?fitDella.Cool!–Pascool!lesrembarraKylie.Mirandareposalesyeuxsurl’épée.–Ilfautquelasorcière–ouledémon–soittrèsdouéepourposséderl’objet.Maisjenecroispas

qu’ils’agissedeça.–Pourquoi?demandaHoliday.–Tuasaffirméqu’elleavaituneaura?fitBurnett.–Oui,réponditMiranda,fièredeluifournirl’information.Maiscen’estpasparcequ’unobjeta

uneauraqu’ilestpourautantpossédé.Certainsobjets,lesarmesparexemple,transporterontuneauraparcequel’émotionestplusoumoinsabsorbéeparlamatièrephysiqueaucoursd’uneattaque.–Etdonccetrucatuébeaucoupdemonde?demandaKylie,enserappelantl’épéedufantômeetla

têtequ’illuiavaitsifièrementapportée.– Probablement,mais je ne crois pas qu’elle soit possédée.Normalement, quand quelque chose

l’est,c’estqu’ilestcomplètementmauvais.–Alors,dequelgenred’auras’agit-il?demandaKylie.–Unpeumauvaise,réponditMiranda,quisecontredisait.–J’adore!Dellasefrottalesmains.Kyliegémit.–Maistuviensdedire…–J’aiditquequelquechosequiestpossédéestcomplètementmauvais,expliquaMirandaenfixant

l’épée.C’estjusteque…d’accord,siçasetrouve,ellen’estmêmepasmauvaise.Maisjepeuxsentirqu’elleaôtédesvies.Beaucoupdevies.Maissonauraportesurtoutsurlajusticeet…Ellepenchalatêtedecôtéetseconcentrasurl’épée,commesielleessayaitdeliresaconfiguration

surnaturelle.Sescheveux,striésderose,noiretvertcitron,voilaientuncôtédesonvisage.–Etcelaal’airfou,maiselleporteaussisur…lecourage.–Lecourage?Kylieserappelalavoixqu’elleavaitentendueenallantauxcascades.Commentça,

lecourage?Demande-luicequ’elleentendparcourage?Mirandapartitd’unrirerailleur.–Lesaurasnerépondentpasauxquestions.Jetedisjustecequel’auraal’aird’émettre.

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–Commentlesais-tu?demandaDella.–Lescouleurs,leurintensité,leurfaçondesedéplaceretdesemélanger.Celarevientunpeuàlire

unebagued’humeurmagique.–Siseulementjesavaislirelesauras!confiaDellaàMiranda.Pourrais-tumecommuniquersuper

vitecedon-là?–Non.Pasplusquetunepourraismetransmettretondondevoler.Kyliecontinuaàfixerl’épée,enserappelantcellequelefantômeportait.–Jecontinueàpenserqu’elleaunlienaveclefantôme.Ilauraitpul’apporterici.–Ohnon!Ilyaunfantômeparminousencemoment?demandaDella.– Pas en ce moment, lui répondit Holiday, et elle reposa les yeux sur Kylie. Les fantômes ne

peuventpastransporterd’objetsdematièreréelle.–Faux.Ilyenabienunquiafaittombermontéléphonedematabledenuit,lançaKylie.–Oui,ilssontpeut-êtrecapablesdecréersuffisammentd’énergiepourdonnerunpetitcoupdans

quelque chose de tout petit, et ils peuvent jouer avec l’électronique dans tous les sens,mais ils nepeuventpasdéplacerphysiquementunobjetd’unendroitàunautre.Celanécessiteraituneimmensequantitéd’énergie.C’estimpossible.–Ehbien,voilàquimeréconforteunpeu,observaDella.Holidayserapprochadelatable.–Celan’apasdesens.–Jesais,ditKylie,etcelarésumeassezbienmavieencemoment,rienn’adesens.

Burnett emporta l’épée. Il refusa de laisser Holiday la toucher au cas où elle se réveille. Aumomentoùilsallaientpartir,KylieentenditHolidayémettreunpetitrot.Laféesemorditlalèvre,cequifitsourireKylie,etmalgrésoninquiétudeausujetdel’épée,elle

seditqueceseraitchouettesielleattendaitvraimentunbébé!LorsqueBurnettetHolidayfurentsortisdubungalow,DellaetMirandasetournèrentversKylie.–Bon,assieds-toi,ditDella.Explique-nouspourquoitunenousaspasparlédel’épéeetraconte-

nouscequetunouscachesparailleurs.Kylie rappela àDellaqu’elle aussigardait ses secrets– commecelui àproposdu suçon–mais

d’un seul coup, celane ladérangeaitplusde le leurdire.En fait, celapouvaitmêmeêtreutile.Cen’étaitpascommesielleleuravaitcachéquelquechosedélibérément.Commeellel’avaitdéclaréunpeuplustôt,ellen’avaitpaseuenvied’ypenser.Elleserenditdanslacuisine,regardaautourd’ellepours’assurerquel’épéen’avaitpasréapparu

commeparmagie.Envoyantlatablevide,elleselaissatombersurunechaiseenpoussantunsoupirvaincu.Dellaprittroissodaslightaufrigoetlesdistribua.Lebruitdescapsulesquel’onenlevaitrésonna

dans lapetitecuisine.PuisKylie racontaentredeuxgorgéesdesoda.Cequi s’étaitpasséchezsongrand-père, la façondonton traitait les jeunescaméléons.Ellecachaqu’elle s’étaitenfuieenpleinmilieudelanuitparcequequelqu’unavaitleprojetdelakidnapper.Puisellelâchalapartielaplusdifficile:quandMarioavaitdébarquéetqu’elleavaitfaillituerLucas.–Paspourrien,entoutcas,observaDella.Lucasl’amérité.Jesuissûrequec’étaitagréable!–Non,pasdutout,insistaKylie.–Attends,intervintMiranda,avantd’aborderlesujet«garçons»,tun’aspasparlédel’épisodede

l’épée.KylieleurracontasavisiteauxcascadesavecHoliday.

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–Etcefantôme?demandaDellaenregardantautourd’elle.Est-cequetuvasencorenousprendrelatêteavectesvisions?Ladernièrefoisquetuaspétéuncâbleencoursetquej’aidûdéfoncerlaporteduplacarddelaclassedeMlleCane,çam’afichuunedecestrouilles!Jetejure,dèsqu’ellemevoit,ellesecroitobligéedemedire:«Maisj’avaislacléduplacard!»Maiszut,tuhurlaisaumeurtre,là-dedans!–J’espèrequejenevaispasencorevousfairepeur,ditKylieenfronçantlessourcils.Etjevous

priedem’excuserparavancesic’estlecas.Maisjen’aiaucuncontrôlelà-dessus.Sérieux,sil’unedevousétaitcoincéedansuncercueilavectroisfillesmortes,jeparieraisquevousdeviendriezfolles,vousaussi.–Ohqueoui!Jeleurcasseraislafigure,auxmortes!DellareposasonsodaunpeutropfortetduCocaserépanditsurlatable.–Jenesaispascommenttufaispourgérerça.Çadoitcraindre.–Oui,ditKylieendessinantdesrondsdanslacondensationsursacannette.Parfois,çacraintd’être

moi.PuisMirandafoudroyaDelladuregard:–Alors,lavéritésurlesuçon?Dellarouladesyeux.–Iln’yarienàdire.Ças’estpassé,point.–Qu’est-cequis’estpassé?demandaMiranda.As-tu…tusais?–Non!larembarraDella.Jen’aipas«tusais».Ons’estjusteembrassés.Etaprèsj’airegretté.Et

celanesereproduirapas.–C’étaitqui?demandaKylieensemêlantdelaconversation,énervantunpeuplusDella.Dellase

rembrunit.–Sijevousledis,est-cequevousjurezdenerienrépéter?Parcequesivousditesquelquechose,

jedevraivoustueretensuitejemesentiraimal.Dumoinspourunmoment.–Jejurequejeneraconterairienàpersonne,ditMiranda.–Moiaussi,ditKylieenoubliantunmomentsesproblèmespourseconcentrersurceuxdeDella.Celle-cisecaladanssachaise.–C’étaitSteve.– Je savais que tu l’aimais bien, ditMiranda en se frottant lesmains.Des détails !On veut des

détails!Dellaplaça lesdeuxmains sur la tableet sepenchabienbas, levantdesyeux furieux surelleet

dévoilantlégèrementsescanines.–Jen’endonnepas,tutesouviens?–D’accord,pasdedétails,ditKylie,maisexplique-moipourquoicelaaétéuneerreur.Etpourquoi

celanesereproduiraplus.Parcequ’àl’évidence,c’étaitagréable…–Parceque…jen’aijamaisditquec’étaitagréable.–Oh!arrête,ditMiranda!Tuasunsuçon,doncvousavezvraimentdûêtreàfondpourallersi

loin.Mirandajetauncoupd’œilàKyliepourqu’ellelasoutienne.Pasvrai,Kylie?Celle-ciposalescoudessurlatable.– Je ne suis pas une experte en suçons, donc je n’affirmerai rien à cent pour cent, mais il

semblerait,oui.ElleregardaDella.Donctun’asmêmepasaimé?Dellalaissaéchapperungrondementbas.–Bon,d’accord,j’aipeut-êtreétéàfondjustequelquessecondes.

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–Ilfautplusquequelquessecondespouravoirunsuçon,fitremarquerMirandaens’agitantsursachaise,appréciantmanifestementqueDellaparleenfin.–Cequevouspouvezêtrelourdes!s’exclamaDella.–Alors,combiendetempsfaut-ilpouravoirsuçon?demandaKylie.Mirandapritsonsodalight.–Uneminute,allez,quelquessecondes,toutdépenddutype,s’ilaspirefortoupas.–Çafaitmal?demandaKylie,essayantdes’imagineràsaplace.–Non,répondirentMirandaetDellaàl’unisson.–C’estmêmeplutôtagréable,ditMirandaensouriantàDella.Tunetrouvespas?–Si,acquiesça-t-elleen roulantdesyeux,commesielleavaitdumalà reconnaîtrequ’elleavait

aimécela,puisellesefenditd’ungrandsourire.Veux-tuquejeteprésenteàmonaspirateur?–Qu’ilaillesefairevoir,tonaspiro!s’écriaMiranda.KyliedevraitcouriraprèsSteve.C’estvrai,

elleesténervéecontreDereketLucas,etSteveestdisponibleparcequetunecraquespluspourlui,etmanifestementilsaitfairedessuçons.Dellaluijetaunregardmauvais.–Jenecroispasquecesoitunebonneidée.Mirandasetrémoussadenouveausursachaise.–Parcequetul’aimesencore.Parcequetuveuxqu’ilt’enfasseunautre.Avoue!A-voue!–Tuesodieuse!lançaDella.–Oui,c’estvrai,acquiesçaKylieenfronçantlessourcils.Maislasorcièreamarquéunpoint.– Elle peut garder ses points pour elle ! Della écrasa sa canette dans sa main. Puis ses yeux

s’ouvrirentgrands.–Mince!–Quoi?fitKylie.–Elleestrevenue!s’écriaDellad’unevoixchantantequidonnaitlachairdepoule.–Quiestrevenue?demandaKylie.Maiselleavaitpeurdelesavoir.Elleseretournaet,eneffet,

l’épéetrônaitsurlecanapé.Kylien’avaitpasvoulurappelerHolidayniBurnett,maisDellarefusaitdedormiravecuneépée

possédéedanslebungalow.Miranda,qui luirépétaqu’ellen’étaitpaspossédée,semoquaitbiendel’unecommedel’autreoption.Respectant lessentimentsdeDellaet lescomprenantparfaitement,Kylieempruntason téléphone

pourappelerBurnettetHoliday.Avantqueceux-cinerepartentavecl’épée,Burnettdonnaunordre:–Celanedoitpasallerplusloin.Vousneditesrienàpersonne,compris?–Pourquoi?demandaKylie,quinecomprenaitpaspourquoiilconsidéraitcelacommeunsecret.–J’expliquedéjà tropdechosesà l’URF.Etcela lesrendencorepluspressésde te tester.Mieux

vautnepasébruitercelatantquenousn’avonspastoutrésolu.Àconditionquel’onycomprennequelquechose,songeaKylie,maisellen’enditrien.Quand Burnett et Holiday s’en allèrent, Kylie les suivit sur le perron. Holiday se pencha et

murmura:–Nousl’emportons,maissielleafaitceladeuxfois,rienneditqu’ellenerecommencerapas.–Jesais.Kyliepriapourque,sil’épéedécidaitderevenir,ellelasuivedanssachambreetnedérangepas

Della.Mêmesiunfrissongrimpaitlelongdesacolonnevertébraleàl’idéededormiravecuneépéeenflammée,c’étaitmieuxquesiDellapétaitunplombousiBurnettetHolidaydevaientrevenir.

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ElleespéraitseulementqueMirandaavaitraison,quel’épéen’étaitpasunearmemaléfique.

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–Alors,auprogrammeaujourd’hui…,lançaChris,levampireresponsabledel’Heurepourfaireconnaissance.Il sepréparait à annoncer lescouplesqui seraient formés.C’étaituneheurependant laquelle les

étudiants se retrouvaientpardeux, avecunautre élèveducamp, justepour encourager l’harmonieinter-espèces.Chrisbranditsonhaut-de-forme,histoired’ajouterunpeud’intensitéàl’instant.KyliesetenaitentreDellaetMiranda,laquelletenaitlamaindePerry.Depuisqu’elleavaitappris

queNikki, lamétamorphe, craquait pour Perry, la sorcière ne lâchait plus son petit copain d’unesemelle.Kylieavaitégalementremarquéquel’auriculairedeMirandas’agitait.SiNikkisavaitcequiétait

bon pour elle, mieux valait qu’elle renonce à Perry. Elle voyait mal son amie lui jeter un sortvraimenthorrible,sicen’estdeluifaireapparaîtredespustulessurlevisage,biensûr.Maisdanslamesure où Socks avait passé des mois dans la peau d’une mouffette, les sortilèges de Mirandapouvaientavoirdesrésultatsaccidentelsterribles.Kylie regarda autour d’elle, à l’affût. Pas d’une personne en particulier –mais d’une épée.Elle

n’étaitpas revenue lanuitdernière.Cequi étaitun soulagement.Peut-êtren’était-cequ’uncoupdebol.Ellenecroyaitpasvraimentàlachance,maiselleenavaitenvie.–OK,repritChris,voyonsquiestlepremier.Pour paraphraser le vampire : « Voyons qui a payé de son sang pour passer une heure avec

quelqu’un. »Àune époque,Kylie trouvait tout celabizarre,mais àprésent elle comprenait que cen’était qu’une façon de nourrir les vampires. Ils avaient besoin de sang, et c’était simplement unmoyendepousserlesautresàenoffrirunepinte.C’étaittoutdemêmegênantd’êtrecellepourquil’ondonnaitdusang,justepourpasseruneheure

avecelle.Etmanquedebol,leregarddeChrispercutalesien.Ohnon,pasmoi!

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Ohsuper!Àquiletour,cettefois?Ellejetauncoupd’œilautourd’ellepourtrouverDerekouLucas.Tousdeuxsetenaientàl’écart;chacunfixaitl’autred’unregardglacial.Bon…sicen’étaientpascesdeux-là,alorsqui?–À ta place je serais prudente, déclaraChris. Je vais commencer à croire que Fredericka a un

faiblepourtoi.Enl’occurrence,KylieétaitconcentréesurLucaslorsqueChrisfitsonannonce.Souslechoc, le

loup-garousetenditavantdeprendreunairféroceetprotecteur.Ilpassarapidementlafouleenrevueà la recherche de Fredericka. Quand son regard tomba sur elle, de l’autre côté du cercle, il serenfrognaencoreplus.LafilleluijetaunregardmauvaisàsontouretavançaversKylie.KylieentenditLucasgrogneret

levitapprocherd’unpaslourd.Génial.Àprésent,c’étaientdeuxloups-garousencolèrequis’approchaientd’elle.–Veux-tuquej’intervienne?proposaDella.–Non.–Etsijemontraisencoremesfessesàtoutlemonde?suggéraPerry.–Non,réponditKylie,etjusteparacquitdeconscience,elles’éloignadeplusieursmètresdeses

amis,afinqu’aucunnesoittentédelancerunebagarreoudebaissersonpantalon.Lesdeuxloups-garousdéboulèrentenmêmetemps.L’unàsagauche,l’autreàsadroite.–Rienneteforceàlefaire,lançaLucasàKylie,quibouillonnaitderage.Jepaieraipourqu’elle

aitdusang.Maistun’espasnonplusobligéedepartiravecmoi.EllelaissaallersonregarddeLucasàFredericka.Ladouleurapparutdanslesyeuxdelalouve.–SiKylieneveutpasvenir,ellen’yestpasobligée.Etjepaieraitoutdemêmelesang.Jen’aipas

besoinquetumecouvres.– C’est bon, marmonna Kylie en sentant tous les regards impatients autour d’elle. Un léger

picotement grimpa le long de ses jambes. Son cœur fit une embardée quand elle reconnut lespremières étapes de la disparition.Elle se concentra très fort pour ymettre un terme.La dernièrechosequ’ellesouhaitait,c’étaitsevolatiliserdevanttouslesautrescampeursetdevenirencoreplusunphénomènedecirqueàleursyeux.–Situposesunseuldoigtsurelle,jechasseraitonculdeloup-garouendehorsdelameute.C’est

terminé,detetrouverdesexcuses!Kylie ne savait plus quoi penser.Comment pouvait-il semontrer loyal envers elle, et rejeter un

membredesonespèce?Etvivrecemomentenpublicdevaitêtredifficilepourl’âmedeloup-garoudeFredericka,d’autantplusqu’elleaimaitLucas.Outrel’empathiequeKylieressentaitpourelle,elleétait…choquée.C’étaitlapremièrefoisqu’il

lafaisaitpasseravantlessiens.Oh,illeluiavaitrépétédesmilliersdefois,maissesactesnel’avaientjamaisprouvé.Pasjusqu’à

présent.Cetteprisedeconscienceétaitdouce-amère!Ellenevoulaitpasqu’illachérisse,pasaprèsl’avoirtrahie.Ellenevoulaitpasculpabiliserdelefairesouffrir.Maissi.Laculpabilité,cetaffreuxsentiment,montaenelle.Maispourquoi?Était-celafautedequelqu’un

siellen’arrivaitpasàpardonnerceluiquis’étaitmontrésiinjusteenverselle?Illaregardaencore,ladouleurbrillantdanssesyeux,puiss’enalla–lalaissantdansunbrouillard

de souffranceetdans laconsciencequ’une foisdeplus, tous lesélèvesdeShadowFallsétaientaucourantdesavieprivée.

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Frederickaleregardas’enfuiretsetournaverselle.Kylievitsesœillèress’ouvrirsursespropresémotions, alors qu’elle essayait de cacher sa douleur.Elle déglutit comme si elle essayait de fairepasserunegrossebouledouloureuse,puisbaissalatêteetparla:–Jeluiaiditquej’avaisfaitlapaixavectoi,maisilnem’apascrue.Kylieopina,etcommeellesentaitqueFrederickaétaitaussimalàl’aisequ’elled’êtrelasourcede

divertissement,elles’enalla.Frederickaluiemboîtalepas.Unefoishorsdeportéedevoix,Frederickalança:–Oùveux-tualler?Kylieentenditdesailesbattreau-dessusd’ellesetsesouvintquePerryluiservaitd’escorte.–Onvaavoirdelacompagnie,déclara-t-elle.Monescorte.Ellelevalamain.–Ouij’avaisbiencompris,réponditFredericka.Crois-tuqu’ilpuissenousentendredelà-haut?–Aucuneidée.Jenesaispassil’ouïed’unoiseaupréhistoriqueestdéveloppéeoupas.–Alors,faisonscommesicen’étaitpaslecas,proposaFredericka.–OK.Puiselleposalaquestionfatidique.–Lucassait-ilquec’esttoiquim’enasparlé?–Oui, ilestaucourant. réponditFrederickaenhésitant. Ilcroitque je te l’aiditpourvousfaire

rompretouslesdeux.KyliesesouvintqueFrederickal’avaitalorsnié,mais…–Est-celavérité?Ladouleurétinceladanssesyeux.Ellefitquelquespas.–Tunemecroispas,toinonplus?Jenesuispasstupide.Jesavaisquesijel’empêchaisd’aller

jusqu’auboutavecMonique,ilsetourneraitverstoipourdebon.–Mais tu as aussi reconnuque tu l’aimais.Et tu avaisdéjà essayédenous faire rompredans le

passé.– J’ai enfin réalisé que j’étais pathétique. Il ne m’aime pas. Il t’aime toi. T’a toujours aimé et

t’aimeratoujours.Lapiluleétaitamère,maisjel’aiavalée.Kylieinspiraetserenditcomptequ’ellelacroyait.–D’accord,alorspourquoias-tudonnédusangpourmerevoir?–Pourdeuxraisons,réponditleloup-garou.–Lesquelles?–J’aientendudirequetuétaisunetrèsbonneconseillèreconjugale.LabouchedeKylies’ouvritgrande.–TuveuxdesconseilspourrécupérerLucas?Frederickafitunedrôledetête.–Non,jetel’aiexpliqué,jesuispasséeàautrechose.KyliesesouvintdecequeMirandaluiavaitdit.–Jet’enprie,nemedispasquec’estcenouveauprof?M.Cannon?Frederickaeutl’airchoqué.–Commentes-tuaucourantpourCaryetmoi?Cary?Alorscommeça,ellel’appelaitparsonprénom?–D’aprèslarumeur,tucraqueraispourlui.Leloup-garouserenfrogna.–Jenepensaispasquec’étaitaussi…flagrant.

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–Ehbien,tut’estrompée.Etlaisse-moitedire,cen’estpasunebonneidée.C’esttonprof.–Ilavingtans.C’estunjeuneprodigequiafinisesétudesuniversitairesàdix-neufans.Etmoi,

j’enauraidix-huitlemoisprochain.Onadeuxansd’écartàpeine.Kylieentendait lesailesdePerrybattredans labrise.Elle leva lesyeuxet,pourFredericka,elle

espéraitqu’iln’entendaitrien.–Écoute,cen’estpasl’âgequiposeunsouci.C’esttonenseignant.–Jenevoispasoùestleproblème,rétorquaFredericka.Kylielaissaéchapperunprofondsoupir.–Leproblème,c’estqu’il tientàsestesticules.BurnettadéjàmenacéderenvoyerHaydenYates,

lessiennesenmoins,quand…–M.Yatesettoi,vousavezeuuneliaison?demandaFredericka,lesyeuxécarquillés.Jecroyais

quetuaimais…–Non!C’étaitcequeBurnettpensait.–Pourquoidonc?Frederickafituneautregrimace.Kyliecompritqu’ellen’auraitpasdûenparler.–C’estunelonguehistoire.Burnettserasuperénervésicenouveauproftereluqueunpeutrop.–Etsitumelaissaism’occuperdeBurnettetdesbijouxdefamilledeCary,etsitum’expliquais

simplement…commentfairepourqu’ilsepassequelquechoseentrenous,commetul’asfaitpourlesautres?Kyliesoupira.–Pourquoitoutlemondes’évertue-t-ilàraconterquejesuisuneexperteenconseilsconjugaux?

Tunevoispasquemaproprevieamoureuseestundésastre?Sij’étaisaussidouéequecela,crois-tuquejeseraisdanslepétrindanslequeljesuisencemoment?Frederickahaussalesépaules.–Mais tous ceuxqui sont venus te voir avec leurs problèmesprétendent que tu as tout arrangé.

Perryettacopinesorcière.HelenetJonathon.BurnettetHoliday.–Commentsais-tuqu’ilsn’auraientpaspusedébrouillersansmoi?Frederickafronçalessourcils.–Ilsn’ontpastarid’élogessurtoi.Kyliesecoualatête.–Écoute,jenecroispasquetonprofettoi,cesoitunebonneidée.–Donc,turefusesdem’aider?ditFredericka.Alorsmêmequejet’aipratiquementjetéedansles

brasdeLucasetquejel’aiempêchédepasserlerestedesavieavecquelqu’unqu’iln’aimepas?Kylieexpira.–OK,levoici,monconseil:vavoirHoliday,parle-luidecequetuéprouvespourlui,et…–Ellediranon!Ellenepeutpasmevoir…–Ohquesi!Avectoutlebazarquetuasmis,ilyalongtempsqu’ellet’auraitfichuàlaportesi

ellenet’appréciaitpas.Etsituaspeurqu’ellenesoitpasdutoutd’accord,pourquoinecommences-tupasparluidirequetucraquespourquelqu’unquin’aquedeuxansdeplusquetoi,ettuverrascequ’elleterépondraavantdeluidiredequiils’agit.Amène-laàdirequecen’estpassigrave,puislarguelabombecommequoic’estunprofesseur.–Tucroisvraimentqu’ellem’écoutera?–T’écouter,oui.Qu’elle teconseilleoupasdelefaire,ça,c’estuneautrehistoire.Maisc’est la

personnelaplusjustequejeconnaisse.

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Frederickaeutl’airderéfléchir.–OK.EtCary?Commentjefaispourqu’ilme…–Remarque?–Non, c’est déjà fait. Je sais que je lui plais,mais il place sans cesse des obstacles entre nous,

sûrementpourlaraisonquetuasévoquée.C’estunprofesseuretjesuissonélève.–Alorspourquoi tunevaspas levoirpour luiexpliquerquetucomprendsquecesoitdifficile,

maisquetul’appréciesvraiment,etquetuaimeraisaumoinsquevoussoyezamisjusqu’à…–Jeneveuxpasquenoussoyonssimplementpotes.–Trèsbien,maistucommencescommeça,puis,quandtuauraslefeuvertdeHoliday,alorsvous

pourrez…vousenfuirdanslesboisetfairelestrucslesplusfous…oucequevousvoulez.Ilneteresteplusqueneufmoisdeclasse.Donc,lepirescénarioseraitquevousconstruisiezuneamitiétouslesdeux,puisquevouspassiezàlavitessesupérieureunefoisl’écoleterminée.Elleapprouvad’unhochementdetête.–Tu as raison, j’ai attenduLucas pendant deux ans. Je pourrais bien attendreCary encore neuf

mois, s’il le fallait. Tu vois que tu es une pro !Merci pour tes conseils, ajouta-t-elle, sincère, ensouriant.–Bien,avons-nousterminé?JecroisquePerrys’impatiente.–Non,ilyal’autreproblème.–Lequel?demandaKylie.–Qu’ilfaudraitquetupardonnesàLucas.–Écoute,tum’asdemandéconseil,pasmoi.Elleaccéléralepassurlecheminquimenaitàsonbungalow.Unefuiterapide,bienorchestrée.Frederickanelalâchaitpasd’unesemelle.–Il t’aime.Tunecomprendspaspourquoiils’estdésintéressédesesfiançailles?Ilarenoncéà

tantdechosespourtoi.Peut-êtremêmeàsapropremeute.Kylies’arrêtabrusquementetsetournaverselle.–Pourquoim’enas-tuparlé?Pourquoinel’as-tupaslaisséallerjusqu’aubout?Mincealors,il

n’auraitjamaisdûfaireça!À cet instant précis,Kylie reconnut unepartie de l’angoisse que lui faisait éprouverLucas.Elle

n’avaitpasvoulusel’avouer.Ellenes’étaitmêmepasautoriséeàlaisserleschosesfaireleureffet.Maiselleétaitlà,lavérité,justesouslatrahisonqu’elleressentait.Lucasavaittoutperdupourelle.Sesrêves.Sesquêtes.Mêmesielleluipardonnait,tôtoutard,illadétesteraitpourcela.Frederickaluirenvoyalaquestionenpleineface:–Pourquoi?Parceque,idiote,s’ilétaitalléjusqu’aubout,ilt’auraitperdue.Etquetulecroiesou

non,tuesbienplusimportantepourluiqu’intégrerleConseil.C’esttoiquicompteslepluspourlui.

Kyliearrivaunpeuenretardàsonpremiercours,Perryjustederrièreelle.Elleselaissatomberlourdementsur lachaisevidedevantDella,posason livresur lebureau, l’ouvritet fitsemblantdelire.Kylie eut de nouveau le cœur brisé à la minute où elle sentit le regard de Lucas sur elle. Elle

l’ignora.Essaya,toutaumoins.Elleétaitperdue.Toujourstellementencolèrecontrelui.Toujourstellementamoureusedelui.–MlleGalen,quelbonheurquevoussoyezderetourparminous!lançaMlleCane.MlleGalen?Kylielevalesyeuxmaisneditrien.Unhochementdetête,c’étaittoutcequelaprof

obtiendrait, rien de plus. Elle espérait qu’elle s’en contenterait. Elle se concentra sur son livre

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d’anglais, elle n’avait envie de croiser le regard de personne. Comme celui de Derek, assis troisplacesplusloin,etquilascrutaitavecunegrande,grandeinquiétudeparcequ’ilpouvaitliresonétatémotionnel.Dellasepenchaverselle.–Qu’est-cequinevapas?murmura-t-elle.Est-cequejedoismordreunculdeloup-garouaprès

lescours?–Non.–Ondiraitquetuaspleuré.Quesepasse-t-il?–Allergies,marmonnaKylie.Etelleregrettadenepasavoirséchélescours.Était-iltroptardpourseleveretsortir?–Tun’oseraispasmementir,toutdemême?chuchotaDella.Kylieserralesmâchoires.–Ettoi,tun’oseraispasmemettredansunpétrintelquejesoisobligéedementir,toutdemême?– OK, dit Della. On dira que cette conversation est simplement due à l’humeur de dogue de

MlleGalen.

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La journée deKylie ne s’était pas améliorée.Mais ce n’était pas pire non plus. Elle se surprit àtrouver des raisons de se réjouir. Nana disait toujours que quand on commençe à se dire que lemondenouscherchedesnoises,ilfautdécouvrirlespointspositifs.Et lepointpositifnumérounsur la listedeKylie,c’étaitsonretouràShadowFalls.Endépitde

touteslesquestionsquecelasoulevait,saplaceétaitlà-bas.Detempsentemps,ellesesouvenaitdeson séjour chez son grand-père. Et si ce dernier lui manquait, tout comme sa grand-tante, on nepouvaitpasendireautantdelasensationdelourdeurqu’elleavaitressentielà-bas–celled’êtreaumauvaisendroit.Endeuxièmepositionsursaliste,c’étaitl’épéequiavaitdécidédenepasréapparaîtrecommepar

magie.Biensûr,siçasetrouvait,ellel’attendaitàsonbungalowencemomentmême,maiselleétaitbiencontentedenepasdevoirl’expliqueràquiquecesoitpourl’instant.Etenfin,cen’étaitpaslemoindre,ilyavaitlefaitqueMarios’étaitdetouteévidencecachécommeunratsousunrochersaleetcrasseux.Aumoins,Kylienedétectaitpassaprésence.EtMirandanonplus.Ellesouhaitaitplusquetoutau

mondeneplusavoiràlecroiser,maisautantcroireauPèreNoël…La grande question était : serait-elle prête à l’affronter ? Elle n’avait pas lamoindre idée de la

façondontonsepréparaitàluttercontrequelqu’und’aussipuissant,d’aussimauvais.Attendantladernièresonnerie,quimarqueraitlafinducoursd’histoire,ellelevalesyeuxsurCary

Cannon. Celui-ci notait les devoirs écrits au tableau. Sa chemise blanche amidonnée épousaitparfaitementsontorsemusclé.Oui,Frederickaavaitraison,leprofesseurétaitunpurplaisirpourlesyeux.S’illaissaittomberla

cravateet lepantalonchic,onauraitpuleprendrepourunétudiant.Grand,brun, lesyeuxnoirs, ilétaitplutôtbeaumec.Etsuperbonprof!Iltransmettaitsapassionpourl’histoiredanssescours.Pourunloup-garou,ilétaitd’uneamabilitéincroyable.Ilavaitsûrementappriscelaàl’école.Kylie l’avaitmêmevuposer les yeux surFredericka aumoins unedouzainede fois.Cequi lui

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confirmaitquecetengouementn’étaitpasàsensunique.Troisminutes plus tard, l’école terminée,Kylie sortit de sa classe.Della, son escorte officielle,

l’accompagnait.Àpeineavait-ellemisunpieddehorsqu’onl’attrapaparl’avant-bras.Ellesursauta,puisvitHoliday.–Salut!Jedoist’emprunterKylie,dit-elleàDella.–OK,tularaccompagnerasaubungalow?Oujedoisteretrouverquelquepart?–Jelaraccompagneraichezelle.Dellaeutl’airunpeuembêtéequ’onluipiquesonjobd’escorte.Etellen’étaitpaslaseule.–Qu’est-cequinevapas?s’enquitKylie.–Rien…(Hoquet).Àpartça…,ditelleendésignantsabouche.Enfait, ilyaquelquestrucsdont

j’aimeraisdiscuteravectoi,maischaquechoseensontemps.Ellelaissaéchapperunprofondsoupir,commesielleallaitannoncerunemauvaisenouvelle.–J’aiplusoumoinsbaratinéBurnett.Etj’auraisbesoindetonsoutien.–Tuveuxquejementeàunvampire?demandaKylie.Waouh,tuexagèresunpeu,non?Holidayenroulasescheveuxenchignon.–Non,pasmentir.Ilnevarientedemander.Ilfaudraitjustequetuaillesjusqu’auboutdequelque

chose.–Jenecomprendspas.–Bon,voilàcequis’estpassé:j’airacontéàBurnettqu’ilfallaitquejepasseaudrugstoreetilm’a

proposédem’yaccompagner.– J’ai donc ressorti mon couplet habituel : comme quoi je t’avais dit que tu n’étais pas une

prisonnièreicietquejepensaisquetuauraisenviedesortir.J’airacontéqu’enfaittuavaisbesoindetampons.Kyliesuffoqua.–TuasditàBurnettquej’avaisbesoindetampons?–Non,enfin…justequej’avaislesentimentquetupourraisenavoirbesoin.Et,heureusement,ce

n’était pas un mensonge parce que Miranda m’a raconté qu’en ton absence elle avait dû t’enemprunter.–OK…ditKyliequinecomprenaittoujourspasoùellevoulaitenvenir.Donc…–Donc…j’aimeraisquetunousaccompagnes,Burnettetmoi,etquandtuirasacheterlestampons,

j’aimeraisquetumeprennesaussi…hoquet…untestdegrossesse.– Ah, j’ai compris.Mais s’il demande… non, il ne demandera rien parce qu’il croira que j’ai

achetédestampons…etlesmecsnesupportentpasquel’onparledecela.–Voilà,tuastoutcompris,jelesavais!–Trèsfuté!–Ilfautsemontrermalinquandonaaffaireàunvampire.Ellessemirentenroute.–Maisattends…l’arrêtaKylie,quelgenredetestpréfères-tu?– Je ne sais pas, je n’en ai jamais acheté… hoquet…mais prends-en deux. Différents. Fiables.

Burnettm’accompagnerapourm’aideràtrouverunmédicamentcontrelehoquet.Kylieessayaderéfléchir.–Commentdistingue-t-onuntestdegrossessefiabled’unautrequinel’estpas?–Achètes-endeux,maispaslesmoinschers.Tiens,dit-elle,etelleluidonnadeuxbilletsqueKylie

rangeadanssapochedanssonpetitporte-monnaie.Maintenantquec’estréglé,laisse-moiteparlerde

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l’autretruc.–Qu’est-cequec’est?demandaKylie,brusquementinquiète.–Tonbeau-pèreatéléphoné.Tudoislerappeler.–D’accord.Puis-jemeservirdetontéléphone?–Oui,répondit-elleenfouillantdanssapocheetenleluidonnant.Etensuite…–Cen’estpasfini?–Non,demaintuaurasdesvisiteurs.Situveuxlesvoir.–Desvisiteurs?Qui?Kylierangealeportabledanssapoche.–LesBrighten.Lesparentsadoptifsde tonvraipère. Ils sont rentrésd’Irlandeetonteu tous les

messages.Ilssontimpatientsdeteconnaître.DesfrissonsparcoururentlesbrasdeKylie.–J’avaispresquerenoncéàlesrencontrer.–Ehbien,ilsserontlàdemain,àdeuxheures,sicelateconvient.Kyliedéglutit.–Oui,biensûrquejeveuxlesvoir.Ellepensaàsonpère.Illuimanquaitterriblement.Commeelleaimeraitqu’ilsemontreàelle…

ArrivéesaubureaudeHoliday,ellestrouvèrentHaydenetBurnett,silencieux,prèsdelamachineàcafé.Apparemment,ilss’étaienttusàleurapproche.Avaient-ilsdessecrets?Parlaient-ils d’elle ? Elle faillit le leur demander, mais comprit qu’une dispute risquerait de

retarderleurpetiteescapadeenville.EtHolidayavaitbesoind’elle.Celle-ci,d’ailleurs,devinasonmarathonémotionnel.Aprèsquelquessignesdetêtegênésenguise

debonjour,Holidays’adressaàBurnett:–Prêt?Holiday conduisit et hoqueta tout du long.Burnett, préoccupé, resta sur le qui-vive, comme s’il

craignaitqueMarionedébarque.–Nousdevrionsappelerlemédecin,déclara-t-ilalorsqueHolidayenlaissaitéchapperunautre.–Jevaisprendreunantiacideouautrechose,çaira,répliquaHoliday.Quand ils entrèrent dans la pharmacie, Kylie commença par les « produits féminins ». Burnett

entreprit de la suivre,mais lorsqu’il constata qu’elle arpentait le rayon « tampons », il tourna lestalons.KylievitHolidayl’entraînerdansuneautreallée.Avecun soupirde soulagement, ellepartit à la recherchedes testsdegrossesse.Se sentant sous

pression, elle passa les divers emballages en revue, mais elle était perdue. Il y avait de trèsnombreusesmarques,dontchacuneoffraitunepromessedifférente.Comprenantqu’ellen’avaitpasletempsdetousleslire,elleenchoisitdeuxpuis,justepours’assurerqu’elleavaitlebon,elleenprituntroisième.Lorsqu’ellefutsûrequepersonnenelaregardait,ellefilaàlacaisse.Maisquandellevitl’hommed’uncertainâgederrièrelecomptoir,ellecompritqueceseraitdifficile.Letype,stylevieuxpasteur,allaitcroirequelestestsétaientpourelle.Super.Ellepritsoncourage

àdeuxmainsetposalestroisboîtessurlecomptoir.L’homme regarda les tests, puis leva les yeux.Kylie vit dans ses yeux gris qu’il la jugeait, son

visagereflétantsadésapprobation.Charmant!Illapensaitenceintealorsqu’elleétaitencorevierge!–Sais-tut’enservir?demanda-t-ilsuruntontrèscondescendant.Ellesesentitrougir.

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–Je…lirailemoded’emploi.–Souhaites-tuqu’Angela,monassistante,teparlede…quoiquecesoit?Dustyle,«rapportsprotégés»,Kylieétaitsûrequ’ilpensaitàcela.–Non,lâcha-t-elle.Commeletypecontinuaitàlafixer,elleajouta:Merci.Ilpassalentementlesarticles.LecœurdeKyliebattaitaurythmerégulierdel’embarras.–Ilssontpouruneamie,sesentit-elleobligéedepréciser.Maisquelleschancesyavait-ilqu’illacroie?–Celaferaquarante-deuxdollarsetquatre-vingt-seizecents.KyliecherchalesbilletsqueHolidayluiavaitdonnés.–Merde,marmonna-t-ellequandelleconstataqu’ellen’enavaitpasassez.–Pardon ? fit le petit vieux, qui était à présent outré non seulement parce qu’elle était enceinte,

maisaussiàcausedesonlangage.Etilyavaitdequoi!Ellesegardaitbiendejurerenpublic.Maisbon,elleétaitdéjàgrilléeauprès

delui,alorsqu’est-cequ’unseulpetitmotallaitchanger?Pourtantellelançatoutdemême:–Désolée.–Vouslesprenezounon?Elleopina.–Oui,c’estjustequejenecroispasavoirbesoindestrois,justedeux.Sourcilsfroncés,ilregardalestroisboîtes.–Laquellerendez-vous?Ellerespiraunboncoup,s’apercevantqu’àunmomentdonnéelleavaitcessédelefaire.Puissesouvenantdelacartedecréditdesamère–àutiliseruniquementencasd’urgence–elle

sortitleportabledeHoliday,puislepetitporte-monnaie.–Cen’estpasgrave,jelesprendstous.Jetantlacartesurlecomptoir,ellesemorditlalèvre.Elleignoraitsic’étaitàcegenred’urgence

quesamèrepensait,maiss’éloignerdesyeuxcritiquesdecethommeétaittoutcequicomptait.Ilétudialacartetrèsattentivement.Génial!Etmaintenantill’accusaitdefraudeàlacartebancaire?–C’estbon,déclaraKylie.Jevouslejure.Iln’avaitpasl’airconvaincu.–Puis-jevoirunepièced’identité?Elle entendit Burnett et Holiday quelques allées plus loin. Elle se mordit la lèvre, ouvrit son

portefeuille,etluimontrasonpermisdeconduire.Ellen’avaitjamaisvupersonneprendreautantdetempsàlireunepièced’identité.Lapeurdedevoirfairefauxbondàsonamieluifitmalauventre.–Jesuisunpeupressée,déclara-t-elle.Enfin,illâchasonpermisetmituntermeàlatransaction.Elleentenditquelqu’uns’agiterderrière

elle,etsoncœurseserra.ElleregardaparterreenpriantpournepasvoirlestennisdeBurnett.Non, ce n’était pas lui. Une paire de chaussures chic, comme celles que portaient les hommes

d’affaires,ornaitlespiedsdutypederrièreelle.Merci,monDieu!Lecaissierpoussaunticketverselle.–Souhaiteriez-vousdesbrochuresd’information?demanda-t-il.– Oui, merci, répondit Kylie qui signa le reçu, puis le regarda glisser des prospectus sur les

rapportssexuelsdanssonsac,aveclestestsdegrossesse.S’ilsavait!Cesbrochuresétaientdésuètes!Ellelesavaitluesilyaplusd’unan!

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Quandil lui tenditenfin lesac,Kylieseretournapours’enaller,maiselles’arrêtabrusquementlorsqu’ellereconnutlevisagedel’hommederrièreelle.–Etmerde,répéta-t-elle.

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Mincealors!Detouteslespersonnesaumondequil’avaientvueachetertroistestsdegrossesse,c’étaitluilapiredetoutes.–Ilssontpouruneamie,rabâcha-t-elle.–Quoi?fitlevieilhomme.Etsonfrontseplissad’inquiétude,quandilregardasonpetitsacblanc.Trèsbien,iln’avaitpasvu

sesachats.Maisildevaitcroirequ’elles’étaitprocurédespréservatifs.Etvulatailledusac,elles’enconstituaitunsacréstock!D’un seul coup,Kylie réalisa qu’il y avait bien plus grave que le fait que son grand-père croie

qu’elles’étaitprocurédescapotes.SiBurnettlavoyaitaveclui,çaallaitchauffer!–Quefais-tuici?Nerveuse,KyliepassaleslieuxenrevueàtoutevitesseenpriantpournetombernisurHolidayni

surBurnett.Ellenelesvitpas.Ilsortitletéléphonedesapochedechemise.–Jevoulais te le rapporter.Etpourêtre sûrque tunemecroiespasà l’origineducomplotqui

visaitàt’empêcherdepartir,j’aidonnémaparoleàBurnett.Etça,jenelefaispasàlalégère.Jedoisyaller,maintenant.Cefutplusfortqu’elle,maisKylieleserradanssesbrasetseraccrochaàluiunesecondedeplus

quenécessaire.Quandelleseretira,ellevitBurnettfonceràtoutealluredansl’allée,danssadirection.Heureusementsongrand-pèredisparut.–Quesepasse-t-ildonc?fitlecaissier,ahuri.–C’estpourçaquetuasvouluvenir!lançaBurnettd’untonsec.–Ya-t-ilunproblème?demandalecaissier,puisilajouta:avez-vousvu…?–Toutvabien,luiassuraKylie.–Jen’endiraispasautant,répliquaBurnett.J’enaiassezdetouscesmensonges!–Dois-jeappelerlapolice?demandalecaissier.

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–Non!répondirentBurnettetKylieenchœur.Burnettlapritparlebrasetlafitsortir.–Êtes-voussûrequeçava,jeunefille?crialecaissier.Elleseretourna.–Toutvabien.C’estmonami!Tantpiss’ilnesecomportaitpasenami.–Ques’est-ilpassé?demandaHolidayquiarrivaitencourant.–Sortonsd’abordd’ici,lança-t-ilenbouillonnantderage,etilregardaKylie,lesyeuxbrillantsde

colère.IllesconduisitverslavoituredeHoliday,garéejustedevant.–Ques’est-ilpassé?répétalajeunefemme.ElleregardaKylie,parcequ’àl’évidence,ellesavaitqueBurnettsecomportaitdemanièreinjuste.Elledéverrouillalavoitureautomatiquement,unefractiondesecondeavantqueBurnettn’ouvrela

portièrearrièred’uncoup.LevampirefurieuxfitsigneàKylied’ymonter.Celle-cihésita,ellenesavaitpasquoidire.Ellesedoutaitbienqu’ilétaitfurieuxquesongrand-

pèreaitdébarqué,maiscen’étaitpassafaute.Ellegardasonsang-froid.–Situveuxbienmelaissert’expliquer…–Montedanslavoiture!exigea-t-il.Àprésenttrèsénervéequ’ilsemontreaussiinjuste,ellesejetasurlabanquettearrière.Burnettlui

arrachalesac.Puisellerefermaviolemmentlaportière.Oh!zut!Celaallaitvraimentmal!Kylieregardaparlavitre.Burnettpritlevolant.HolidaysetournaversKylie,desquestionsplein

lesyeux.–Mongrand-pèreétaitlà,expliqua-t-elle.–Elle t’amenti, lâchaBurnett d’un ton sec. Elle n’avait pas du tout besoin de foutus tampons !

C’étaitunstratagèmepourlevoir!–Maisnon,pasdutout!Kyliesepenchaets’agrippaausiègepassager.–Ellen’apasmenti,protestaHolidayenposantlamainsurlebrasdeBurnettpourlecalmer.Kylie ne pensait qu’à une chose : il lui fallait un contact apaisant à elle aussi. Parce que pour

l’heure,elleétaittrèsencolèred’êtreaccuséeàtort.–Jenesavaispasqu’ilseraitlà!dit-elle,d’unevoixaiguë.–Ellenepouvaitpasledeviner,répliquaHoliday.Laférocitédel’expressiondeBurnetts’atténuaquelquepeu,maispassuffisammentpoursatisfaire

Kylie.IlregardafixementHoliday.–Elleademandéàvenir iciet tuveuxmefairecroirequec’estunecoïncidencequ’ildébarque

commeça?–Jeneluiaipasditquejevenaisici,rétorquaKyliedutacautacensecarrantviolemmentaufond

de labanquette.Ellecroisa lesbrassursapoitrineet se revitpetite,envoitureavecsesparents,etcombien,parfois,elleleurenvoulaitàmort.–Attends,lançaHoliday.As-tuditàHaydenoùnousallions?LarideentrelesyeuxdeBurnetts’accentua.–Tucroisqu’ill’arépétéà…

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–Tunedevraismêmepasêtreénervé, répliquaKylied’un tonsec.Toutcequemongrand-pèrevoulait,c’étaitmerendremontéléphoneetm’assurerqu’ilétaitétrangeraucomplotquivisaitàmekidnapper.Ettoi,tupassestesnerfsdevampiresurmoi!–J’aipassémesnerfsdevampiresurtoiparcequetum’asdéjàmentiàplusieursreprises.Burnettagitalesacpoursoulignersespropos.Lesecouabienfort.Kylie retint sonsouffle,craignant lepire.Quiseproduisit.Lesacsedéchiraet les trois testsde

grossesse atterrirent sur le siège avant, entre Holiday et Burnett, ainsi qu’une brochure sur lesrapportssexuelsprotégésetuneautresurlablennorragie.Burnettbaissalesyeux,abasourdi,puisregardaKyliedanslerétroviseur.–Pourl’amourdeDieu!marmonna-t-il.–Attends!fitHoliday,puisellerota.Trèsfort.Burnettl’ignoraetregardafixementKylie.–Situesassezmûrepourcoucher,tul’esaussipoursavoirteservird’uneprotection!Kylieouvritlabouchepourparler,maisellenevoyaitpasdutoutcequ’elleallaitdire.Alorscela

sortittoutseul:–Jesaistoutsurlespréservatifs.Ilserenfrognadavantage.–Alors,pourquoidoncteretrouves-tudanscepétrin?–Attends,Burnett,ditHoliday,tunecomprendspas.Cen’estpasKyliequiadessoucis.BurnettétaittropoccupéàremonterlesbretellesàKyliepourécouterlesaveuxdesonamie.–Enréalité,lespréservatifsnesontefficacesqu’àquatre-vingt-cinqpourcent,expliquaKyliequi

bouillonnaittoujoursderage.–Situlesutilisescorrectement,ilsfonctionnent!J’aijustementparlédecesujetavecLucasilya

deuxsemaines!Jeluiaimêmedemandédefaireattention,bonsang!–Burnett!leréprimandaHoliday.Oh, mais Kylie aimerait bien que son amie la ferme et qu’elle laisse le vampire s’enfoncer

davantage.Etellel’yaida.–Jenelesaipasachetéspourmoi,déclara-t-elle,maispourunecopine.–Tun’espas…enceinte?– Sauf si ces brochures mentent et prétendent que l’on peut être enceinte en s’asseyant sur les

toilettes.Jetel’aidit,ilssontpouruneamie.LesyeuxdeBurnetts’écarquillèrent.–Miranda?Ohmince!J’aieuexactementlemêmefoutudiscoursavecPerry!–Ce sont des choses qui arrivent, c’est tout, réponditKylie, bien plus calmemaintenant qu’elle

avaitcomprisqu’iln’auraitquecequ’ilméritait.–C’esttout?répétaBurnettd’unevoixtonitruante.Tutefichesdemoiouquoi?Tucouches,tute

protèges,point!C’estaussisimplequecela!Cesbêtisesnedoiventpasarriver!Cen’estquedelanégligence!C’estirresponsable!C’estimpardonnable!–Burnett!HolidayregardaKylieenlevantlesyeuxaucieletserembrunit.Laféesavaitexactementceque

sonamieavaitderrièrelatête.MaisKylien’enavaitpasencoreterminé.–Nousdevrionspeut-êtremettreunerègleenplace:toutmâlequimetunefilleencloquedevrait

sefairecastrer.–Çasuffit!criaHoliday.

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–Enfait,cen’estpasunemauvaiseidée!grommela-t-il.–Burnett!s’écriaHolidayd’unevoixgrave.Tais-toiavantd’aggravertoncas.Kylien’apasacheté

lestestspourMiranda,maispourmoi.Kyliesedélectadevoirlevisagedécomposéduvampire.–Aimerais-tulenomd’unbonmédecinquis’occuperaitdetelescouper?lança-t-elle,cinglante.

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Leproblèmede ladoucevengeance,c’estqu’avecdurecul,ellen’est jamaisaussidouce.Burnettfut…abasourdi.IlrentraàShadowFallssansdireunmot.Holidaynecessadehoqueter,commesielleallait semettreàpleurer.Manifestement, la réactiondeBurnettn’étaitpasdu toutcellequ’elleavaitespérée.Oupeut-être,seditKylie,c’étaitprécisémentcellequelaféeavaitredoutée.EllerevitHolidaylui

confierqueBurnettn’étaitpassûrdevouloirêtrepapa.Kylievoulaitbrusquements’excuserpourlerôlequ’elleavaitjouéenannonçantlanouvelled’unemanièreaussi…blessante,maislemomentneluisemblaitpasindiqué.Après avoir garé la voiture, Burnett vit Perry et lui demanda de raccompagner Kylie à son

bungalow.–Qu’y a-t-il ? demanda-t-il, en scrutantKylie et en regardant Burnett qui s’en allait. Je ne l’ai

jamaisvuaussi…ahuri.Commesileslumièresétaientallumées,maisqu’iln’yavaitpersonneàlamaison.–Rien,réponditKylie,quieutenviedepleureretdesedonnerdesgiflespouravoirétéaussipeu

délicate.Dèsqu’elleentradanslebungalow,ellefiladroitdanssachambre.MaisDellalatraversaàtoute

vitesseetbloqualaporte.–Qu’est-cequinevapas?demanda-t-elle.D’abord,tuarrivesencoursenpleurant,puisHoliday

débarque,toutebizarre,etvoilàquetureviensavecl’aird’unchiotàquil’onauraitdonnédescoupsdepied.Etnemedispasquecelanemeregardepas.Jesuistonamieetcelamedonnetouslesdroitsdumondedememêlerdetavieprivée.Kyliel’étreignit.–Jet’aime.–Bon…Je…jen’essayaispasd’êtretoutemièvre,sedéfenditDella,etelleseretira.– Je sais,mais tu l’étais, réponditKylie.Malheureusement, jenepeuxpas…parlerdecelapour

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l’instant.J’aidescoupsdefilàpasser.EllefitsigneàDellades’éloignerdelaporte.Celle-cis’exécutalamortdansl’âme.Le premier coup de fil de Kylie fut pour avertir Hayden que Burnett pourrait débarquer d’une

minuteàl’autreetqu’ilétaitd’humeurmassacrante.–Pourquoi?Qu’ai-jedoncfait,cettefois?demandaHayden.–Mongrand-pèreadébouléaudrugstore.Jesupposequec’estvousquiluiavezditoùj’étais.–Mince!J’enaibienparlé,oui,mais…jamaisjen’auraiscruqu’ils’yrendrait.J’imaginequeje

doisfairemesbagages?marmonna-t-il.–Non,ditKylie,jevousenprie,expliquez-luisimplementquevousnesaviezpasqu’ilviendrait.

Calmez-le.Ditesn’importequoi,maisnepartezpas.J’aibesoindevousici…Etnevousmontrezpastropdurenverslui.Il…aeuunejournéedifficile.–Ahbon?–Iladûmesupporter,ajoutaKylie.–Oh,quellecorvée,eneffet!lataquina-t-il.MaisKylien’étaitpasd’humeuràplaisanter.Ensuite,elleappelasonbeau-père.Elleluiparlacinqbonnesminutes,luiassuraqu’elleallaitbien,

qu’elle avait perdu son téléphone, qu’elle venait de le retrouver et qu’elle était désolée d’avoirmanquésesappels.Elledevinaàsontonqu’ilétaitbouleverséd’apprendrequesamèreétaitàLondres.Oupeut-être

n’était-ce pas sa voix qui lui indiquait cela,mais ses paroles : «Bon sang, elle aurait dûme direqu’ellequittaitlepays!»–Jesuissûrequ’ellen’yasimplementpaspensé,mentitKylie,quinevoyaitpasquoiajouter.Après avoir raccroché, elle sentit brusquement sa poche gauche vibrer. Oh mince ! Elle avait

complètementoubliéqu’elleavaitencoreletéléphonedeHoliday.Ellesortitl’appareiletconstataqueBurnettavaitenvoyéuntextoàHoliday.Soninstinctluiditque

sonamiedevaitlelire.EllesortitprécipitammentdelachambreetcriaàDella:–Onyva!Sachantquesonamielarattraperait,elledétala.Enquelquessecondes,Dellaseretrouvaàsoncôté.–Onvaoù?–Aubureau,jedoisvoirHoliday.–Ettunecomptestoujourspasm’expliquercequisepasse?–Désolée.Kylieaccéléralepas.Elle lui demanda de l’attendre dehors. La vampire roula des yeux,mais s’exécuta.QuandKylie

entradanslebureau,elletrouvalaportedeHolidayfermée.Ellefrappa.–Quiest-ce?demandasonamie.EtKyliedevinaquelaféeattendaitBurnett.–C’estmoi,répondit-elleenouvrantlaporte.Holidayétaitdeboutderrièresonbureau.Ellesoupira.Sesyeuxn’étaientqu’unfatrasde larmes.

Quineréussissaientpasplusàlaféequ’àKylie.–Jesuisvraimentdésolée,dit-elle.Laculpabilitéfitunnœuddanssapoitrine.–Cen’estpastafaute.–Si.Iln’auraitpasdûapprendrelanouvelledecettefaçon.J’étaistellement…

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–Encolère!finitHolidayàsaplace.Ettuavaistouteslesraisonsdel’être.Ilacarrémenttirédesconclusionshâtives.Ilalatrèsmauvaisehabitudedefaireça.Savoixtremblait.Kylievitlesboîtesdestestsdegrossesseàlapoubelle.–Lesas-tufaits?Ellehochalatête.–Et?Elleopinadenouveau.–Lestroisdisenttousoui.Ya-t-ildeschancespourqu’ilssetrompent?–Burnettestaucourant?demandaKylie.–Non.Ilaprislavoitureetilestparti.Sansunmot.–Attends,si,iladitquelquechose.Kyliesortitletéléphonedesapoche.–Ilt’aenvoyéuntexto.C’estpourçaquejesuisvenue.Jemesuisditqueçadevaitêtreimportant.Holidayprit leportableet,presquepaniquée,appuyasurquelques touches.Deslarmesemplirent

sesyeuxetelleportaunemainàseslèvrestremblantes.–Bonneoumauvaisenouvelle?demandaKylie,anxieuse.Holidaylevalatête,lesyeuxmouillésmaissouriante.–Ilaécrit:«Jesuischezlefleuriste,oùj’essaiedetrouverunefleurquidirait:“Jesuisunidiot,

pardonne-moi,s’ilteplaît.”Quelidiot!Ellesoupira,puishoqueta.–Maistonidiotàtoi,lançaBurnettdepuisleseuildelaporte.Kylielevitentrer,portantlebouquetleplusgrosetleplusbizarrequ’elleaitjamaisvu.Holidayse

laissatombersursachaisedebureau.Quelqueslarmesroulèrentsursesjoues.IlpassadevantKylieetdéposalesfleurssurlatable,quioccupèrentquasimenttoutelaplace.–Tunem’aspasditquelgenredefleurs.Alorsj’enaiprisunedechaquesorte.Sesyeuxseposèrentsurlapoubelleoùilremarqualesboîtesvides.IllevalesyeuxsurHoliday.–Sommes-nousenceints?Elleopinaetessuyasesjoues.–Pardonne-moi,dit-il,lavoixremplied’émotion.J’aipeur,voilàtout.Jen’aipaseudepèreetla

plupartdemesparentsadoptifsn’étaientpasceque l’onpourraitqualifierdebonsexemples.Maisensuite,j’aicomprisquetuferaisunemèresigénialequepeuimportesijesuisunpeunulcommepapa.–Tuneseraspasnul,hoquetaHoliday.–Maissic’estlecas,tumeremettrasàmaplace,hein?–Jelejuresurtespiedsfroids!Kyliesefenditd’ungrandsourireettournalestalons.Elleétaitpresqueàlaporte,quandBurnettl’interpella:–Jetedoisdesexcusesàtoiaussi.–Etmoiaussi.Burnettsourit.–Acceptées.–Maisplusdesecrets,ajoutaKylie.MêmeentreHaydenettoi.Sicelameconcerne,jeveuxsavoir.Ilsoupira.

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–Marchéconclu.Maintenantquenousavonspresquetouttiréauclair,pourrais-tut’enallerpourquejepuisseembrasserlamèredemonenfantsansavoirpeurd’offensertesyeuxinnocents?–Netegênesurtoutpaspourmoi!ditKylieentraversantlapièce.–Kylie?ditHoliday.–Oui.–LesBrightenontappeléennotreabsence.Ilsonttoujoursl’intentiondevenirdemain.Jevoulais

justetelerappeler.Kylieopinaetsortit,essayantdetrouvercommentlesgérer.Ellen’avaitpasfaitunpassurleperronqueDellaseruaitdéjàverselleenhurlant:–Holidayestenceinte?Kylierecouvritlabouchedelavampavecsapaume,etserenfrogna.–Tun’étaispascenséeécouter!Dellasouffladerrièrelesdoigtsdesonamie.–Jenel’aipasfaitexprès!Burnettaunevoixquiporte,voilàtout.–Exact.Kyliebraquadesyeuxincrédulessurelle.Dellapoussadenouveauunpetitcri.–C’esttropcool!Kylie,quimitdecôtésesinquiétudessurlesBrighten,eutbrusquementenviedecrierelleaussi.–Qu’est-cequiestcool?demandaMirandaenlesrejoignant.DellaregardaKylie.–OndoitledireàMiranda.JusteàMiranda.–Oui!criacelle-cid’unevoixperçante.J’ignoredequoiils’agit,maisjeveuxlesavoir!–D’accord,maisdéfensedelerépéter.–Promis,juré,alors,c’estquoi?Ellesefrottalesmains,excitéedeconnaîtreunsecret.Dellalesemmenaloindubureau,sousunbosquetd’arbres,prèsduchemin.–Devinequiestenceinte?murmura-t-elle.MirandaregardaKylie,bouchebée.–Maistuasditquetunel’avaisjamaisfait?–Pasmoi!rétorqua-t-elle.Holiday!Mirandaouvritgrandelabouche.–Waouh!OnvaavoirunbébéBurnettquivacourirpartout?Cool!Ellesefenditd’ungrandsourire.–C’estgénial,fitKyliequinepouvaitpluss’empêcherdesourire.Dumoinsjusqu’àcequel’onfassetomberunetêtecoupéequiatterritàsespiedsdepuisl’arbreau-

dessusd’elle.Kyliehurla etdonnauncoupdepieddedans.Elle rouladeuxbonsmètresplus loin.Kylieseremitàcrierquandellevitlesyeuxcilleretlaregarder.

Lelendemainmatin,Kylieallaconsultersese-mailssursonordinateuravantd’allerprendresonpetit-déjeuneravecDellaetMiranda.Ellefixal’écrannoir,ahurie.Iln’yavaitpaseud’autresrêves,pasdetêtescoupéesquitombaientdesarbres,etplusd’épéesvisiteuses.Malgrétout,ellen’avaitpasfermél’œil.Toujoursàcausedeceshistoiresdecœur.Elle était restée éveillée unmoment en songeant qu’elle allait rencontrer les parents adoptifs de

Daniel aujourd’hui, et en sedemandant cequ’elledirait.Elle avaitdes relations avec sonvéritable

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grand-père,maiscen’étaitpasluiquiavaitélevésonpère.Ilneluiavaitpasapprisàfaireduvélo,niàjoueraubaseball,ilneconnaissaitpasvraimentsonproprefils,maiseux,oui.Queluidiraient-ilsdesonpère?L’avaient-ilsaimé,leuravait-ilmanquédepuisqu’onluiavaitôtélavie–troptôt?Elle sortit les photos et passa une bonne heure à les regarder, à lui parler. Oui, elle lui parlait

comme s’il était là, qu’il écoutait tout cequ’elledisait.Elle lui parlade sesquêtes, qu’ellevoulaittrouver lemoyend’aider tous lesadoscaméléons. Ilne lui restaitplusqu’à savoircomment faire.ElleluiparladeMario–ellesentaittoutaufondd’ellequ’elledevraitl’affronter.Enpersonne.Elleavouaàsonpèrequecelal’effrayaitvraiment.Àcausedumalquiémanaitdecethomme.Et

qu’ellenepensaitpasavoircequ’ilfallaitpourlecombattreetgagner.Àdeuxreprises,elleputjurersentirlaprésencedesonpère;cefrissonlégèrementfamilierqui,

en réalité, la réchauffait de l’intérieur.Quimurmurait qu’elle ne serait pas seule – pour affronterMario ou la visite de ses parents. Puis elle entendit les paroles qu’il lui avait dites peu de tempsauparavant.Maisbientôt.Bientôt,nousdécouvrironscelaensemble.Était-cesondestind’affronterMarioetdeperdre?rejoindrait-ellesonpèredel’autrecôté?Elle rangea lesphotosdans leurenveloppe, lecœurbattantunpeuplusvite, et revitHoliday lui

confierqu’ellenecroyaitpasquec’étaitcelaqu’ilvoulaitdire.MonDieu,ellenel’espéraitpas!Ellen’étaitpasprêteàquittercemonde.QuandelledécidadeneplussepréoccuperdumessagedeDanieletchoisitdecroireHoliday,ou

du moins d’essayer, et qu’elle cessa de se tracasser sur sa rencontre avec les grands-parents, lespropos de Fredericka se mirent à l’obséder. C’était à cause de Kylie que Lucas n’intégreraitprobablementpasleConseildesloups-garous.Ellesavaitquecen’étaitpassafaute–ils’étaitmistoutseuldanscepétrin–maislaculpabilitéétaitbeletbienlà.C’étaitdifficiled’êtretrèsencolèrecontre quelq’un et de culpabiliser en même temps. Comment faisait-on pour gérer cela ? Ellel’ignorait.ElledevaitaussisepréoccuperdeDerek.Étoufferleschosesdansl’œufavantqu’ellesnedérapent

totalement.Sicen’étaitpasdéjàlecas.Elleserappelaitledéjeunerdelaveille,raisonpourlaquelleelle avait demandé àMiranda de leur rapporter quelques parts de pizza pour le dîner.Aaahhh, sabonnevieillestratégied’évitementfonctionnaitencoreàmerveille!Devait-elleenêtrefière?Mais honnêtement, elle savait qu’il n’y avait pas de quoi se vanter et qu’elle ne pouvait l’éviter

éternellement.Derekméritaitdeconnaîtrelavérité.Encorefallait-ilqu’ellelasache.Attendez,ellelaconnaissait,

n’est-cepas ?Enpartie, en tout cas.N’avait-ellepas avouéqu’elle aimaitLucas ?Qu’elle l’aimaitencoreendépitdecequ’ilavait fait.Alorspourquoiavait-ellemêmeautoriséDerekà l’embrasserdansl’effractionderêve?Était-ceparceque,toutaufondd’elle,elleéprouvaitencoredessentimentspourlui?Parcequ’elle

craignaitdeperdreLucasetdeneplusavoirpersonne?Parcequ’elleétaitencolèrecontreLucas,etqu’embrasserDerekétaitsarevanche?Parcequ’elleétaituntoutpetitpeustupide?Desquestions.Pasderéponse.–Alors,ceptit-déj?ditDella.– Oui, marmonna Kylie, et elle regarda l’écran noir de son ordinateur. Je consulte juste mes

messages.Dellaéclataderire.–Àmon avis, lemieux serait d’abord d’allumer l’ordi, non ?Àmoins que tes pouvoirs ne te

permettentdeliretese-mailslamachineéteinte?

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KylieregardaDellad’unairrenfrognépar-dessussonépaule.–Tuasoubliélarègle?Interdictiondejouerlespetitesmalignesavantlepetit-déjeuner!Jedois

d’abordfairelepleind’énergie!Mirandafiladansleséjour.–Perso,jepensequel’ondevraitmêmeattendrelerepasdemidi!Celanousdonneraitdeuxrepas

pleinsd’énergiepourréagiràsesbêtises!–Vousvoustrouvezdrôles,vousdeux?lançaDellad’untoncassant.–Oui,onestdrôles!lançaMiranda.– Vous êtes hilarantes, même ! ajouta Kylie en ouvrant sa boîte de réception pour la consulter

rapidement.Unmaildesonbeau-père.Yrépondreplustard.Unautrede…Sara.Zutalors,voilàprèsdedeuxsemainesqu’ellen’avaitpaspenséàsonex-meilleureamie.Étrange

commequelqu’unpouvaitêtretrèsimportantdansvotrevie…etvoussortircommeçadelatête.Cen’était la fautedepersonne.Lavievous faisaitprendredesdirectionsopposées.Elleavait lu

dansunmagazinepouradosquec’étaitgénéralementcequisepassaitunefoisquel’onavaitlebac.Elle supposait que son « chemin différent », elle l’avait simplement pris un peu plus tôt. Tout demême,c’étaittriste.Elleouvritlemaildesacopine,priantpourquecenesoientpasdemauvaisesnouvelles,dustyle:

soncancerestréapparu,ouellecroyaitqu’elleétaitencoreenceinte,ouelleavaitdécidéd’entreraucouventetdesefairenonne.AvecSara,toutétaitpossible.«Salut!Mesuis faitcouper lescheveux.Jemesuisditquetuvoudraisvoirça!Nerispas!Je

déborde de courage maintenant que j’ai survécu au cancer, je suis sûre que ton amie Mirandaapprouverait.Appelle-moiquandtuaurascinqminutes!»ConscientequeDellaetMirandal’attendaient,Kyliecliquasurlaphoto.Quandl’imagedeSara,les

cheveuxcourts,enbrosse,envahitl’écran,unsourires’ébauchasurseslèvres.Elleentendittraînerdespiedsderrièreelle.–J’arrive!fit-elle,ensedisantqu’àtoutmomentDellaallaitseplaindre.Elle attrapa son téléphone et son porte-monnaie, mais au moment où elle se levait, un autre

messagearriva.Ilétaitdesamère,censéeêtrerentréeauxÉtats-Unisparlevoldenuit.Àl’évidence,elleétaitderetour.–Ahbon?Jenetevoispasbouger!observaDella.Trèsbien,lemaildesamèredevraitattendreluiaussi.Retrouvantlesfillesàlaporte,Kyliejetauncoupd’œilsursesdeuxamiesetlatristessel’envahit.

Paspourcequiétait,maispourcequipourraitêtre.–Promettez-moiquelquechose.–Quoi?demandèrent-ellesenchœur.–Quandnoussortironsdiplôméesdecetteécole,nousnenousperdronspasdevue.Nousdevrions

mêmefréquenter lamêmefac.Et jesuishypersérieuse.Holidayparlaitdesdossiersd’inscriptionàl’université, et nous devrions postuler dans la même. Et nous pourrions même prendre unappartementensemble.–Etaussidevenirlesbiennesetfairedestrucsàtrois,lançaDellaengloussantbêtement.–Désolée,ditMiranda,enriant,maisjet’aidéjàvuetoutenueetçanem’arienfait.–Àcausedemespetitsseins,pasvrai?fitDella,toutsourire.Etellesrirentsurlechemindupetit-déjeuner.

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DereketLucasnesemontrèrentpasauréfectoireetcelaconvintparfaitementàKylie.Moinsdedrames,celaouvrait l’appétit,parcequ’elleavalasesœufsbaveuxet sonbacongrilléenun tempsrecord.Sontéléphonesonnapileaumomentoùelleallaitrepoussersonplateau.Quandellereconnutle numéro de son beau-père, elle décida de le rappeler plus tard. Elle se voyait mal l’entendrepleurnichersursamèresitôtlematin.Sontéléphonesonna;elleavaitreçuuntexto.Çanepouvaitpasêtresonbeau-père,iln’envoyait

pasdeSMS.Elleattenditunesecondeavantdevérifierdequiilprovenait.Quatremotsapparurent.«Tumemanques.Lucas.»Toiaussi,pensa-t-elle,maiselleneréponditpas.Uneviveémotionl’empoigna.Ellelevalesyeuxaubruitd’unautreplateauquel’ondéposaitsurlatable.Steve, le métamorphe canon, qui avait laissé un suçon juste sous la clavicule gauche de Della,

s’assitàcôtédelapetitevamp.Celle-cinebougeapas,paralyséesurplace,etfoudroyaduregardsonpetit-déjeunerintact.Sises

yeuxavaientputuer,sonpetit-déjauraitmangélespissenlitsparlaracine.–Salut!lançaSteve.–Tudoist’enaller,rétorquaDellasansmêmeleregarder.–Pourquoi?demanda-t-il.Ellehésita.–Parcequej’escorteKylieetjen’aipasbesoindedistraction.C’était laplusnulledesexcusesqueKylieeût jamaisentendue.Etàenjugerpar l’expressiondu

métamorphe,ilétaitdumêmeavis.–Alorscommeça,jetedistrais?fit-ilens’appuyantcontreelleetensouriantàmoitié.–Va-t’en!s’écria-t-elle,énervée.Lesouriredisparutdesonregardetilselevad’uncoup,pritsonplateaupourallers’asseoiràla

tabledesmétamorphes.–Cen’étaitpasgentil,ditKylie.–Jesais,réponditDella.J’ignorepourquoiilafaitcela.–Jeparlaisdetoi,précisaKylieenlaregardantd’unairaccusateur.–Ouais,etc’étaitaussiunmensonge,ajoutaPerryens’asseyantdeuxplacesplusloin.C’estmoi

quisersd’escorteàKylieencemoment.Dellafitlagrimaceetseleva.–Tuasfinidemanger?Quelques minutes plus tard, elles sortirent pour écouter l’annonce de l’Heure pour faire

connaissance –Della d’un côté,Miranda et Perry de l’autre. Kylie se surprit à chercherDerek etLucasdu regard.Toujoursauxabonnésabsents.Puiselle sentit sespoils sedresserdans sanuque.ElleseretournaetvitDerekàdeuxmètresderrièreelle.SesyeuxvertscroisèrentlessiensetKyliesesouvintdubaiserdurêve.–OK,ditChris.Alorsaujourd’hui,nousavons…Ilsortitunboutdepapierdesonhaut-de-forme–cequeKylieavaittoujourstrouvéridicule,mais

apparemmentc’étaitsontruc.EllesedemandasiChrisavaittoujoursrêvéd’êtreunmagicien.Enlisantlepapier,levampireen

chefbalayalafouleduregard.LecœurdeKyliebattitlachamadequandsesyeuxseposèrentsurelle.Ahnon,pasencorecettefois!PuissesyeuxpassèrentdevantelleetMiranda,puiss’arrêtèrent.Pouruneraisonidiote,Kylieeut

unmauvaispressentiment.LesouriresournoissurleslèvresdeChrisluiindiquaqu’elleavaitraison.

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–Perry,monpote,annonça-t-il,tuasleplaisirdepasseruneheureavecNikki!

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Pouravoirvujuste,elleavaitvujuste!Etc’étaitvraimenthorrible.Kylie laissa aller son regard de l’air choqué de Perry àMiranda. La petite sorcière était raide

commelajustice.Laseulechosequiremuaitchezelle,c’étaientsesyeux,quandellepassalafouleenrevueàlarecherchedeNikki.Etquandilss’immobilisèrent–cequivoulaitdirequ’elleavaittrouvélacoupable–ilss’emplirent

dejalousie.Enfin,uneautrepartieducorpsdelasorcières’agita:sonpetitdoigt.–Non!lâchaKylieàlava-vite,maistroptard.Nikkilajolieblondedisparutet,àsaplace,setenait

unkangouroutrèschoquéettrèsencolère.Oh,maisMirandan’enavaitpasencoreterminé!Sonauriculairecontinuaitàs’agiter.Kylie haleta quand des boutons surgirent brusquement sur le pauvre marsupial d’un mètre

cinquante.Elleentenditlamenacepréféréedesonamiesorcièrerésonnerdanssatête.Jevaistefaireapparaîtrelapirecrised’acnéquetuaiesjamaisendurée!Mirandaavaitraison.Kylien’avaitjamaisvudeboutonsaussihorribles.Bond’accord,ellen’avait

jamaisvudekangourouacnéique,point.Tout lemondedans la foulehurladerire.MêmesiNikkis’était infligécela touteseule,Kyliese

sentaitmalpourelle.Etfranchement,siMirandan’avaitpasétévertedejalousie,ellenonplusn’auraitpastrouvécela

drôle.Kyliel’attrapaparlebras,sepenchaetmurmura:–Elleaeutort;mais…fais-laredevenircommeavant!Retransforme-latoutdesuiteavantquetu

n’oubliescommentromprelesort.Miranda se renfrogna,maisKylie vit la logique se frayer un chemin dans son cerveau. Elle se

mordit la lèvre, leva le petit doigt, marmonna quelques mots, et pouf, Nikki apparut comme parmagie–plusenkangourou,maisenmétamorphesupergênéettrèsencolère.Lesriresdanslafouleavaientdûdépasserlequotient«niveaudegêne».Aulieudesetransformer

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encréatureféroceetderéduirelapetitesorcièreenlambeaux,Nikkiéclataensanglotsets’enfuitencourant.PerryseretournaversMiranda.–Pourquoias-tufaitcela?Mince!songeaKylie,quisavaitquecelui-cin’avaitpasditcequ’ilfallait.Miranda,déjàpleinederemords,leregardaenfronçantlessourcils.–Tuprendssadéfense?Elleessaiedetevoleràmoiettoi,tuprendssadéfense?–Non,pasdutout.Mais…c’étaitstupide,déclara-t-il.Levisagedelasorcièredevintrougevifetdeslarmesemplirentsesyeux.–Stupide?aboya-t-elle.Trèsbien,sijesuistellementstupide,pourquoituneluicourspasaprès

pourlaconsoler?Parcequ’ellerêvedet’avoir,situveuxlesavoir!–Quesepasse-t-il?Holidayarrivaduréfectoireàtouteallure.Pendantqueplusieurspersonneslamettaientaucourant,

Mirandadéguerpitàtoutesjambes.KyliesetournaversPerry,quiregardaitsansbougeruneMirandatrèsblessées’enaller.–Hé!dit-elle.Commeilnerépondaitpas,elletiraunboncoupsurlamanchedesonT-shirt.–Nerestepaslà!Cours-luiaprèsetvasluidirequetuesdésolé.–Désolédequoi?–D’abord,tuluiassortiqu’elleétaitstupide.Commeelleestdyslexique,elledétestecemotplus

quetout.Ensuite,quecelateplaiseounon,tuasvraimenteul’airdeprendreladéfensedeNikki.–Non,j’aiditquecequ’elleafaitétaitstupide.Etc’estvrai.PerrylançaunregardàHoliday.– Elle va se faire sacrément enguirlander ! Mais qu’est-ce qui lui a pris de faire une chose

pareille?–Sûrementpourlamêmeraisonqu’uncertainmétamorphes’esttransforméengrosours,puisen

lion géant pour essayer d’en déchiqueter un autre qui avait embrassé quelqu’un. Parce qu’elle estjalouse.Tunetesouvienspasdecequeçafait?Perryserembrunit,etlaculpabilitéobscurcitsonregard.–Si.Mince,j’aitoutfoutuenl’air,non?dit-ilenpassantunemaindanssescheveuxblonds.Mais

jenedéfendaispasNikki.JeveillaisjusteàcequeMirandanes’attirepasdestonnesdeproblèmes.–Alors,va le luiexpliquer.Etensuite, rends-toi serviceetàNikkiaussi,demande-luide laisser

tomber!–Jenel’aipasencouragée…dutout.–Maisluias-tuditquetusortaisavecMirandaetqu’ilnesepasseraitrienentreelleettoi?Parce

qu’apparemment, elle croit encore que cela pourraitmarcher entre vous. Et ce n’est pas juste queMiranda doive supporter ces bêtises, ni queNikki continue à espérer alors qu’elle ne devrait pas.Maintenant,varéparertoutcebazaravantqu’ilnesoittroptard.Les conseils de Holiday portèrent leurs fruits, et Kylie en profita aussi. C’était ce qu’elle avait

besoin d’entendre. Perry n’était pas le seul qui devaitmettre les choses à plat.Elle devait parler àDerek.Elledevaitêtreclaireaveclui.–Jenepeuxpasyaller,ditPerry.–Si,tupeux,sinontuvasleregretter.–Non,impossible.Jet’escorte.Burnettmepasseraunsacrésavonsijamaisjetelaissaistomber.Kyliegrommela.Dereklesavaitrejoints.Ellelepritparlebras,etletraînadevantPerry.

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–Derekvaprendrelarelève.–Super.Celui-cisouritetellecompritqu’ilavaitmalinterprétésaproposition.Perrysecoualatête.–MaisBurnett…–Jevaisleluiexpliquer.Maintenant,fileavantqueMirandadécidedenepastepardonner.File!Ellepoussalepetitcrétin.Perrysetransformaenoiseauets’envola.Kylieenlevaquelquesétincellesdesonbrasetaffronta

Derek.–Viens,lança-t-elle.–Où?demanda-t-ild’unevoixmielleuse.–Parler,précisa-t-elle.Ilfautqu’onparle.–Etl’Heurepourfaireconnaissance?Ellepoussaunprofondsoupir.–Oublie-la.Tuviensavecmoi!Ellelepritparlebrasetl’entraînaavecelle.Etbiensûr,c’estàcemoment-làqueLucasfitsonapparition.Ses yeux bleus trouvèrent les siens. Elle vit comment il la dévisageait. Elle eut le désir le plus

étrangedes’arrêterpourluiexpliquer,maisquandelleessayadetrouverexactementcequ’ellediraitoupourquoiellepensaitqu’ilméritaituneexplication,celaluiparuttropdifficile.Alors elle croisa son regard avec l’air de s’excuser et invita Derek à la suivre. Plus tard, elle

s’occuperaitdeLucas.Comment,ellen’enavaitpaslamoindreidée.

–Veux-tualleraurocher?proposaDerek.–Non.Ladouleurqu’elleavaitvuedanslesyeuxdeLucasnecessaitdefaireéchodanssoncœur.Illui

avaitfaitdumal,maisleblesser,mêmesanslevouloir,lachagrinait.–Tuveuxparlerdequoi?demandaDerek.–Tulesaistrèsbien.L’espaced’uneseconde,elleregrettasesmots.CeseraitsifaciledechoisirDerek.Iln’avaitpasde

meutequiessayaitdelesséparer.Iln’avaitpasabandonnésaquête,etneluienvoudraitpasunjour.Mais le cœur à ses raisons... Et le sien voulait Lucas, de toute évidence. Ce n’était pas juste pourDerek,maisellen’ypouvaitrien.–Pourquoiai-jelesentimentquecelafiniramal?Elleleregardafurtivement.–Çaneseterminerapeut-êtrepascommetulesouhaites,maisc’estmieuxcommeça.–Jen’ensuispassûr.Elle le conduisit dans son bungalow puis, se souvenant queMiranda et Perry pourraient régler

leurspropresproblèmesàl’intérieur,elles’affalasurlesmarchesduperronetluifitsignedefairedemême.Elle regarda rapidement la porte en espérant que Perry avait réussi à calmerMiranda. Si ça se

trouvait,ilsétaientpeut-êtreentraindeseréconciliersurl’oreiller!EllerespiraunboncoupavantdesetournerversDerek.–Tusaiscequejeressens.Pourquoiessaies-tudemeconvaincrequecen’estpasvrai?–Qu’est-cequin’estpasvrai?Allez,Kylie,tum’aimes,toiaussi.

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Elleremontaunejambecontresapoitrineetlaserra.–Oui.Jenementiraipas,maiscen’estpaspareilavecLucas.Ettulesais,parcequeturessensce

quejeressens.–Maissitoietmoirevenionsensemble,nouspourrionsarrangercela.Ellesecoualatête.–Tuneméritespascela.–Neméritepasquoi?demanda-t-il.Jeveuxteretrouver.Tucroisquejeneseraispascontent?–Pasvraiment,dit-elle.Tuméritesunefillequisoitaussidinguedetoiquetuesfoud’elle.Tune

méritespasquelqu’unqui…enaimeunautre.Ellesemorditlalèvre.–C’est cequi est arrivé àmesparents.Mamanaimaitmonvraipère.Elle appréciaitmonbeau-

père,maisilatoujourssuqu’ellepréféraitmonpère.Mêmemamèreprétendquec’estprobablementl’unedesraisonspourlesquellesilafiniparlatromper.Ellen’arrivepasàluipardonner,maisellesaitquec’estenpartiesafaute.–Alorscommeça,tuveuxrécupérerLucas?Tuvasluipardonnerdes’êtreenfuiavecuneautreet

des’êtrefiancéavecelle?Elleresserrasonétreintesursajambe.–Ilnes’estpasvraimentfiancé.Ilatoutarrêtéavantd’enarriverlà.Derekserembrunitencoreplus.–Uniquementparcequetuasdébarquéàl’improviste.Quetuasdécouvertsonsalepetitsecret.–Jelesais,ça.Etj’ignorecequejevaisfaire.Jeneluiaipasencorepardonné.Maisjen’aipas

nonpluscessédel’aimer.–Mais si tunous laissaisune chance, tupourrais retomber amoureusedemoi ? Je croisque tu

m’aimaisvraiment,avant.Nouspourrionsessayer,aumoins.Ellesoupira,mesurantcequ’ilvenaitdedire.–Nous?Tuvois,tuneressensmêmepluslamêmechose,toinonplus.–Jenevoulaispasdire…Ilsecoualatête.–Si,tul’asdit.Derek,jecroisquenousétionsamoureux,avant,reconnut-elle.Etjeneveuxpaste

fairedemal,Derek.Tucomptesvraimentpourmoi,etjet’aimeencore…maispascommecela.Etjecroisquec’estpareilpourtoi.Ilregardafixementlacimed’unarbre,etellecompritqu’illuifaudraitquelquessecondesdeplus

pourremettredel’ordredanssessentiments.Ellelevitdéglutiretressentitsadouleur.–Maiscequel’onvivaitétaitsifort!–Jelesais,etjesuisvraimentdésolée.Ellesentitsavoixtremblerd’émotion.C’étaitsidurdeluifairedumal.Ilreposalesyeuxsurelle,etelleyvitl’honnêteté,l’inquiétudesincère.C’étaituntypesigénial.Et

rienquepourcela,ilméritaitquelqu’unquil’adorerait.Quil’aimeraitplusquetout.–Tun’asaucuneraisondet’excuser,dit-il.Vraimentaucune.Sil’ondoittrouverunresponsable,

c’estmoi,quandj’aiprispeuretquej’aifaitcequej’aifait.Ouprobablementn’était-cequeledestin.C’étaitcensésepasserainsi.Elleopina.–Jevoudraisuneseulechosedetoi.Unepromesse.–Quoi?demanda-t-elle,sachantqu’ellelaluiferaitsicelaétaitpossible.

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–Restemonamie.Nem’évitepasparcequecelategêne.Quandtuaurasbesoindequelquechose,n’hésitepasàvenirmevoir.Jepeuxaccepterquenousnesortionspasensemble,maisjeneveuxpasteperdreetcenesontpasdesparolesenl’air.Jelepensesincèrement.–Jetelepromets.Deslarmesenvahirentsesyeux.–EtquandturetournerasavecLucas,fais-luibiencomprendrequej’aimeraistoujoursfairepartie

detavie.–Jetel’aidit,jenesaispassinous…Ilessuyaunelarmesursajoue.–Mais si, c’est évident. Parce que quand tu aimes quelqu’un, tu lui pardonnes, dit-il d’une voix

tremblante.–Commetuesentraindelefaireencemomentmême?Etuneautrelarmes’échappa.–Jetel’aidit,tun’asrienàtefairepardonner.Maissic’étaitlecas,alorsoui,jel’auraisfait.Elleinspiraetregardafixementsachaussure.–Mêmesi,àcausedemoi,tun’aspaspuaccomplirlaseulechosedonttuastoujoursrêvé?–Là,jenetesuisplus,avouaDerek.–Jesuisdésolée,jepenseàvoixhaute.–C’estausujetdeLucas?Kyliehochalatêteets’aperçutqu’ellesemontraitvraimentinsensible.–Jesuisdésolée,répéta-t-elle.–Ne lesoispas.C’est justementceque je tedemandedenepas faire.Jeveuxque tumeparles.

Écoute,jedétestedirecela,maisLucast’aimesincèrement.Jelesens.Etilsouffreénormémentencemoment.J’ignoreceque,d’aprèstoi,ilnepourrapastepardonner,maistutetrompes.Ellepassasamainsursajambeavantdeparler.– À cause de moi, il n’intégrera pas le Conseil des loups-garous. Il ne sera pas en mesure de

modifiertoutcequ’ilvoulaitchangerchezlessiens.Sameutelerenieraprobablement.Tôtoutard…–Maisilt’achoisie,Kylie.Ilafaitcechoix.Tunel’yaspasforcé.Kylieopinaetleregardadanslesyeux.–Cen’étaitpeut-êtrepaslebon.Ilsepenchaetsonépauleeffleuralasienne,chaude.–Jepariequ’ilpenselecontraire.Ellesecoualatête.–Êtreunloup-garousignifietoutpourlui.LetéléphonedeKyliebipadanssapoche:untexto.Unesecondeplustard,cefutletourdeceluide

Derek.EllelesortitetvitlenomdeBurnetts’afficheràl’écran.Ilséchangèrentunregard.–UntextodeBurnett,dit-il.–Ohmince,lançaKylieenlisantlemessage.«Vienstoutdesuiteaubureau!»Bonsang!Quesepassait-ilencore?

LemessagedeBurnettàDerekdisaitpratiquementlamêmechose:«AmèneKylieaubureau,toutdesuite!»Touslesdeuxs’yruèrentdonc.Elleauraitpuavancerplusvite,maisattenditDerek.Néanmoins,quandellearrivadevantlebureau,soncœurmartelaitdanssapoitrine.D’épuisement

oudecraintedecequil’attendait,Kylien’étaitpassûre.

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Ellen’avaitpasencoregravilesmarchesqu’elleentenditlesvoix.Mince,songea-t-elle,quefichaitdoncsonbeau-pèreici?–C’estmonbeau-père,annonça-t-elleàDerek.Jeferaismieuxdegérerçatouteseule.Elle se rua à l’intérieur et y trouvaBurnett,Holiday, son beau-père et Jonathon.Que fabriquait

doncJonathonici?TomGalen,aumilieudelapièce,étaitenfacedubureaudeHoliday.Celle-ciétaitassise,détendue, lecalme incarné,mais laposturedesonbeau-pèrenereflétaitpas l’humeurde lajeunefemme.Sesépaulesétaienttendues,sesmainsserrées.Et comme son beau-père, Burnett semblait un peu crispé, mais elle devina qu’il tâchait de se

maîtriser.QuantàJonathon…levampireavaitl’aircoupable.EtKylieeutunmauvaispressentiment.LeregarddeHolidayseposabrièvementsurelle,commeceluideBurnett,maissonbeau-pèrene

serenditpascomptequ’elleétaitlà.–Àlatêtedequelgenred’établissementêtes-vous?lançaTomGalend’untonmordant.–Dumêmegenrequeceuxquel’Étatdirige,réponditHolidayd’unevoixtranquille.Nousavons

unportailsécurisépourunebonneraison.Vousl’avezpasséetvousavezdéclenchélesalarmes.Nousavonscruquevousétiezunemenace.–Jenesuispasunefichuemenace!Jesuislepèred’uneélève!–Engénéral,lespapasn’entrentpaspareffractiondansuneécole,insistaBurnett.–Ques’est-ilpassé?demandaKylie.Sonbeau-pèreseretournad’uncoupetsedétenditunpeuaussitôtqu’illavit.–J’aisautépar-dessusleportailaulieud’appuyersurlebouton,etondiraitquejesuisentrépar

effractiondansFortKnox.Jemesuisfaitattaquerparcepseudogamin!HolidaylevalesyeuxetKylieconstataqu’elleessayaitdelajouercool.– Jonathon a vu ton beau-père et il s’est trompé. Au lieu de l’interroger comme il aurait

raisonnablementdûlefaire,ill’aretenu…–Retenu?Ilm’acarrémentplaquéausol,oui!protesta-t-ilensefrottantlatempe.Etlaissez-moi

vousdire,pourunmaigrichon,ilsaitsacrémentbientacler.–Noussommesdésolés,luiassuraHoliday.N’est-cepas,Jonathon?–Oui,monsieur,toutàfait,affirmacelui-ci.–Papa,ditKylie.LacopinedeJonathons’estfaitagresserlasemainedernière.Tucomprendsqu’il

puissesemontreruntantinetsurlequi-vive.Holidayfitunclind’œildiscretàKylie,commepourluidire:Bienjoué.Burnetteutl’aird’accord

avecelle.Sonbeau-pèresoupira.–Jesuisdésolépourtapetiteamie.Va-t-elleserétablir?demanda-t-ilàJonathon.–Oui,réponditcelui-cietiltressaillit,commes’ilserappelaitsoudainsesbonnesmanières.Euh,

oui,monsieur,merci.Alorsquelatensionretombait,Kylieregardasonbeau-père.–Quefais-tuici,papa?Ilfronçalessourcils.–Jesuisvenutevoir.Jet’aienvoyéunmailtardhiersoiretjet’aitéléphonécematin.Tul’aurais

susituavaisprismesappelsoulumonmessage.–Jesuisdésolée.Çaaétéunematinéedefolie.–Etelleadescours,ajoutaBurnett.Sonbeau-pèreeutl’aircontrit.–Maboîtem’a envoyé ici pour une réunion avec une filiale qui ne commencera qu’à quatorze

heures.Etj’aipenséque,peut-être,jepourraist’enleverpourt’emmenerbruncheravecmoi.

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DerrièreTomGalen,Kylieremarqual’airrenfrognédeBurnett.Levampireavaitétéclair,ellenequittaitpas l’écolesans lui tantqu’ilsn’étaientpassûrsqueMarionesoitpasdans lecoin.BurnettregardaKylie droit dans les yeux et secoua la tête, déterminé. Il ne disait pas simplement non ; ildisait:Jamaisdelavie.–Hum,j’aidéjàprismonpetit-déjeuner,réponditKylie.–Alorsnousironsprendreunpot,proposasonbeau-père.Burnettsecouaencorefermementlatête,toujourspourdire:Jamaisdelavie.–J’ai…j’aidescours,repritKylie.Ladéceptionenvahitlesyeuxdesonbeau-père.Elledétestaitluifairedelapeine.Aujourd’hui,elle

avaitdéjàfaitdumalàLucas,ensuiteàDerek,etmaintenantàsonbeau-père.Cen’étaitpasunebonnejournée.–Écoute,Kylie,insista-t-il,jesuissûrquetupourraismeconsacrercinqminutesdetontemps.Ellesentitlatensionmonterd’uncran.Sonbeau-pèrenecapituleraitpas,etapparemment,Burnett

nonplus.Celasetermineraitmal.

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Kylies’employaàregardersonbeau-pèreettâchadenepasseconcentrersurlascènequisepassaitderrièrelui–unedisputemuetteentreHolidayetBurnett,avecforcegestesetregardséloquents.–Kylieseraclalagorgeuniquementpourgagnerdutemps,parcequ’ilfallaitbienlereconnaître,

ellenesavaitpasdutoutquoidire.–Biensûrquetudevraispasserunmomentavectonbeau-père,finitparlâcherHoliday.LamâchoiredeBurnettserefermasi fortqueKylieput jurerquesesdentss’étaientraccourcies

d’unquartdecentimètre.Holidayseleva.–Toutefois,Kylieaunexamendans sonprochaincours.Vouspourriez revenirdansuneheure.

Kyliem’a confié l’autre jour qu’elle avait bien envie d’essayer le fast-food au centre de Fallen ?Comments’appelle-t-ildéjà?BurgersR’Us?Kylieopina,elleneconnaissaitpasdutoutlerestaurantauquelsonamiefaisaitréférence.Le visage de Burnett s’illumina : soit il entendait raison, soit il comprenait le plan deHoliday.

Kylieauraitbienvouluêtredanslaconfidence,ellenesavaitpasdutoutcequisetramait.Sonbeau-pèresetournaverselle.– Je pense que je pourrais aller faire un tour au drive et revenir vers onze heures. C’est la

campagne,parici.–Ceseraitparfait,ditKylie.Etill’attiracontreluipourl’undesessupercâlinsquifaisaitfondresoncœur.Lachaleurdesonétreintes’infiltradanssapoitrine;elleauraitdûfairedisparaîtresapanique.Et

c’eûtprobablementétélecassi,derrièrel’épauledesonbeau-père,ellen’avaitpasvul’épéetomberàcemoment-là,pointeverslebas.Elleseplantaavec force,dansunbruit secetmétallique, toutedroite,enpleinmilieudubureau

d’Holiday.LecœurdeKyliefituneembardéeensentantsonbeau-pèretressailliràcausedubruit.Unepensée

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sedéchaînadanssatête.Commentallait-elleluiexpliquerça?Burnettréagitàlavitessed’unvampire:ilattrapal’épéed’ungestevif,renversalatassedethéde

Holiday,puiscachal’armederrièresondosendeuxtempstroismouvements.Unefractiondesecondeplustard,sonbeau-pèreseretournapourvoirl’originedufracas.–C’est quoi ce…bor…bazar ?marmonna Jonathon, puis il rougit en se rendant comptede ce

qu’ilavaitfaillidire.Burnettluijetaunregardmauvais.Holidaysourit;elleauraitdûremporterl’oscardelameilleure

actrice.–Zutalors!C’estladeuxièmetassequejecasseaujourd’hui!Le beau-père de Kylie reposa les yeux sur elle, alors qu’elle avait cessé de respirer depuis

l’apparitionmiraculeusedel’épée.–Jeteretrouvetoutàl’heure.Ellehochalatêteetrepritsarespiration.–Çateva?s’enquit-il.Tumeraccompagnesàlavoiture?Elle avait l’impression d’être une poupée de chiffon ; elle opina, puis sourit dans l’espoir de

paraîtreunpeuplusconvaincante.Sonbeau-pèrelaregardafixement.–Tuvasbien?Ondiraitquetuviensdevoirunfantôme!Unfantôme,elleauraitpugérer,songea-t-elle.–Çava,oui,dit-elled’untonqu’elleauraitaiméplusferme.Malheureusement,ellen’avaitpaslestalentsd’actricedeHoliday.

– Je pense que c’est faisable, confiaKylie à son père, et il leva les yeux de la brochure d’unerandonnéeguidéeà travers leGrandCanyon.Unvoyagequ’ilvoulaitorganiserpoureuxdeuxcetété.–Çaal’airsuper!Cen’étaitpasvraimentunmensonge,maisellepariaitqueChris,levampireassisàcôtéd’euxau

restaurant,avaitsûremententenduquesoncœurdisaitautrechose.Lucas,installéenfacedeChris,laregardabrièvement,etelleenfuttouteretournée.Pourjouerles

gardesducorps,Burnettavaitchoisilesdeuxpersonnesquesonbeau-pèreavaitlemoinsdechancesdereconnaître.Quandilluiavaitannoncéquedeuxgarçonsseraientpostésaurestaurant,ellen’avaitpasimaginéqu’ilpuissedésignerLucas.Burnettétait loindesedouterqueKyliecraignaitquesonbeau-pèrenereconnaisselegossequiavaithabitéjusteàcôtédechezeux.Celuiqu’elleavaitaccuséd’avoirtuésonchat.Heureusement, son beau-père ne s’était jusque-là pas attardé sur Lucas. Il n’avait pas non plus

remarquélefauconquiavaitsuivilavoiturejusqu’enville.Elleauraitpariésonplusbeausoutien-gorgequelerapacerépondaitaunomdePerry.Kylie avait pris le temps, avant le retour de son beau-père, d’aller voirMiranda pour s’assurer

qu’elleallaitbien.Lapetite sorcière était encorebouleversée.Elle s’était réconciliée avecPerry,mais avait euune

sérieusediscussionavecHoliday.Sesactesneseraientsûrementpassansconséquences.SiMirandan’étaitpasimpatientedelesconnaître,elleconvenaitqu’elleavaiteutort.– J’étais sûrque cela teplairait, dit sonbeau-père en attirant son attention.C’est unpeucomme

celuiquel’onafaitàTaos,auNouveau-Mexique.Ilyauradukayak,maisriendetropdangereux.

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Lesyeuxdesonbeau-pères’illuminèrentd’excitation.Kyliesesentaitmaldenepaspartagersajoie.Elleavaitpassélesquarante-cinqminutesiciàprierpourquel’épéeneviennepaspoignarderl’undesclientsdurestaurant.Maisenvoyantlesyeuxdesonbeau-pèreseteinterd’inquiétude,elles’efforçadefairebonnefigure.–Tutesouviensdubébécerfquenousavionsvudurantcevoyage?lança-t-elle.Etcettedirectrice

decoloquis’estfaitfairepipidessus?–Ohoui!répondit-il,avecunlargesourire.Onenafait,desupervoyages!–Jesais.Elleposa lamain sur la sienneet il la serra affectueusement.Elle sentit tout l’amourqu’il avait

pourelledanscegeste.–Sais-tucombientumemanques?J’aimeraisvraimentquetusongesàrevenirvivreavecmoi.Ellesemorditlalèvreensesouvenantquequandilavaitquittésamère,elleavaitcruquec’étaitce

qu’elledésirait.Savieavaittellementchangécestroisderniersmois.Elleserradenouveausamainetdéclara:–J’aimebeaucoupShadowFalls.Maisnouspartironsenvoyageensemblecetété.Elleespéraitqued’icilà,elleenauraitfiniavecMario.Ilhochalatête.–J’aicompris!Mapetitefillegrandit!L’émotionenvahitsesyeuxetilregardaautourdelui.Kylietressaillit:ets’ilreconnaissaitLucas?–As-tuaimétonhamburger?lâcha-t-elleencherchantunmoyend’attirersonattention.–Adoré.Tuavaisraisondemeproposerdevenirici.Maistun’aspratiquementpastouchéautien!Ilmontrasonassietteoùlesfritesetlehamburgerrefroidissaient.–J’aiprisuncopieuxpetit-déjeuner,mentit-elle.Maisc’étaitbon.Ellejetauncoupd’œilàsamontre.Ilétaitpresque13heures.Burnettluiavaitdemandéderetenir

sonbeau-pèreafinqu’ilsneseretrouventpasparmilafouleàl’heured’affluence.Soncœurseserralégèrementquandelleserenditcomptequedansmoinsd’uneheureelleaffronteraitlesBrighten,sesvéritablesparentsadoptifs.Etellen’avaittoujourspasdeméthoded’approche.Ellereposalesyeuxsursonbeau-père.–Tusais,ilsefaittard.–C’estvrai,tuvastetransformerencitrouillesijamaisjeneteramènepasaucamp.IlsignalafacturettedecartedecréditqueKylieavaitdéjàdemandéàlaserveused’apporter.D’unseulcoup,lestroisCocasqu’elleavaitavalésparpurenervositéluititillèrentlavessie.–Ilfautquej’ailleauxtoilettesavantquel’onneparte!–Vas-y,j’aiuncoupdefilprofessionnelàpasser,detoutefaçon.Quandellepritlechemindestoilettes,Lucasserembrunit.Ohnon,songea-t-elle,quepouvait-ilse

passerauxW.-C.?D’accord,beaucoupdechosespouvaientarriver.Mariopouvaitarriver.Maiselledevaitfairepipi.Chris et Lucasmurmurèrent à leur table, puis le premier se leva et la devança en direction des

toilettes.Elleespéraitqu’ilsavaitqu’ilnel’accompagneraitpasàl’intérieur.Avecsavessietimide,ellen’iraitjamaisjusqu’aubout.Elleletrouvaappuyéàlaportedestoilettespourhommes.Commes’ilavaitl’intentiondemonter

la garde et d’écouter. Et rien que le fait de savoir qu’il pourrait l’entendre faire pipi rendraitjustementcelaimpossible.–Faiscequetuasàfaireetsors,lançaChris,commeunesorted’agentspécialsérieux.–Promis,réponditKylie.

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À la minute où la porte se referma, quelqu’un mit une étrange musique cajun dans l’une descabines.Chacunsesgoûts,sedit-elle.Finalement,ellecommençaitàapprécierlerythmeendiablédelamusique,quandelleentenditun

bruit.Ellelevalesyeuxetvitdeuxmainsquiagrippaientlehautdelacabine.Puisunpiedapparut:quelqu’ungrimpait.Mince.Iln’yavaitriendepirequedevousfairesurprendreentraindefairepipi,accroupieau-dessusde

lacuvettedesW.-C.alorsquevousdevezaffronterunintrus.Elleserelevad’uncoup,prêteàdéfiercequiallaitdescendre,quoiquecefût.Malheureusement,

ellen’avaitpasréussiàarrêtercomplètementleflux.Ellecompritimmédiatementqu’elles’étaittrompée.Si,ilyavaitpire.Sefairesurprendreavecdu

pipiquidégoulinaitlelongdevotrejambe,parlapresque-fiancéedutypequevousaimiezencore.–Quefais-tuici?lançaKylied’untonsec,sachantquemontrersapeuràunloup-garoupouvaitla

desservir.–Çanesevoitpas?J’étaiscurieuse.–Demafaçondefairepipi?Ellepartitd’unrirerailleur.–Detoi!Doutantquelafilleluisauteàlagorge–etsic’était lecas,Kylienevoulaitpasmouriravecde

l’urine dégoulinant le long de sa jambe– elle arracha des feuilles de papier toilette et s’essuya lacuisse.Culotteremontée,jeanattaché,elleaffrontaMoniqueetdécidadesedébarrasserd’elle.–Tudevraissavoirqu’àtoutmomentunvampirepeutdéboulerici.Sij’étaistoi,jemebarreraisà

touteallure.Moniquearquaunsourcil.–Alorscommeça,Lucasnet’apasenseignéletrucsecretpouraffronterlesvampiresindiscrets,

hein?Justeunpeudezarico,etleursuperouïedevientHS.Kylieserenfrogna.Non,elleneconnaissaitpascetruc,etelleétaitunpeufâchéequeLucasnele

luiaitpasappris.Maispourquoil’aurait-ilfait?Lescachotteries,c’étaitsaspécialité.–Queveux-tuaujuste,Monique?demandaKylie.Celle-cihaussalesépaules.–Jetel’aidit.Jesuiscurieuse.Sais-tuquedenombreuxprétendantsontdemandémamainàmon

père?Etleveinardquemonpapaafiniparchoisirpourmesupportertoutesavieneveutmêmepasdemoi!Kylie perçut le ressentiment dans sa voix. Mais, curieusement celui-ci semblait dû au mariage

arrangéquiluiétaitimposéplutôtqu’àlaréticencedeLucasàs’engagerjusqu’aubout.Maislapartie«LucasneveutpasdeMonique»n’avaitpaséchappéàKylie.Illeluiavaitconfié,Frederickaaussi,maisl’entendredelabouchedel’intéresséemême,quec’étaitagréable!–Donc,maintenanttuveuxt’enprendreàmoi,hein?–Non.ElleplissalefrontetsemitàvérifierlaconfigurationdeKylie.Celle-citournalatêteetessayade

lamodifier,maismanifestement,ellenefutpasassezrapide.–Waouh,c’estbizarre!Tuesquoiaujuste?–Unmystère,réponditKylie,etseretrouverdansunecabineavecMoniqueéveilladeplusenplus

sa méfiance – parce que c’était précisément ce que tous les caméléons redoutaient : se faire

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remarquer,attirerl’attentionsurleurrace.Çatedérangeraitdereculer?demanda-t-elle.Monique fitmachinearrièred’unpas traînantetdéverrouilla laportede lacabine,enpassant la

mainderrièreellesansjamaisquitterKyliedesyeux.–Es-tusûrequetun’aspasdetumeuraucerveau?–Cedoitêtreça,réponditKylieenluifaisantsignedereculerencore.Maislafilles’avançad’unpas.– On raconte que tu es une protectrice, aussi. Et à la cérémonie, on m’a dit que tu avais une

configurationdeloup-garou.Commentas-turéussià…?Kylieseglissadevantellepoursortirdestoilettesetallaselaverlesmains.Elleavaitbeaunepas

vouloirypenser,sonespritseremémoraitlebaiserqu’elleavaitvuLucaséchangeravecMonique.–Tuestoujoursencolèrecontrelui?Jesuissûrequetuesfurieuse!Kylies’acharnasurledistributeurdesavon.Quandellevitlerefletduloup-garoudanslemiroir,

ellefutdenouveaufrappéeparlabeautédeMonique.Sesyeuxnoisetteétaientencadrésdelongscilsnoirsassortisàsescheveuxbruns.Ses lèvresétaientpulpeusescommecellesdesactricescélèbres.Ouais,elleavaitunjolivisagequiallaitparfaitementavecsoncorpsbienroulé.Ensefrottantlesmains,Kylielança:–Siçanetedérangepas,jenecroispasquecesoitunsujetdontj’aieenviedeparleravectoi.–Àtaplace,jem’inonderaisdequestions.ElleinclinalatêtedecôtéetscrutalerefletdeKylie,commepouressayerdelacomprendre.–Commetun’espascurieuse,celasignifiequetulecroisquandilt’aaffirméquel’onnes’était

pastripotéstouslesdeux,déclaraMonique.Vas-y,pose-moilaquestion.UnedouleurviveenvahitKylie.–Tuasdéjàditqu’ilnevoulaitpasdetoi.–Peut-êtreque j’entendaispar-làqu’ilnedésiraitpassemarier.Mais tuconnais lesgarçons, ils

veulenttoujoursd’autrestrucs.Kylieselavalesmains.Puiss’adressaaurefletdeMoniquedanslemiroir.–Jelecrois.Unpointc’esttout.Lesmotssortirentdesabouchesanslamoindrehésitation.Elleenfutmêmeunpeusurprise.–Alors,pourquoies-tutoujoursencolèrecontrelui?D’aprèsClara,tunelecalculesmêmepas.

Ondiraitunchienbattu.Kylieattrapadesserviettesenpapier.–Permets-moidemerépéter:jenetiensvraimentpasàdiscuterdecelaavectoi.MoniquesecoualatêtecommesilecomportementdeKylieladéconcertait.– Il lui en a fallu du courage, pour faire ce qu’il a fait. Pour rompre ses fiançailles. Pour tout

risquer.Tulesais,n’est-cepas?Celle-cineréponditpas.Ellefermalesyeuxunesecondeetauraitbienvoulunepasentendrecela.–Sapropremeuteenvisagedelebannir,poursuivitMonique.S’ilnepeutpasintégrerceConseil,

ilauratoutperdu.Sonpèrel’apratiquementrenié.Ilparaîtquelesanciensontorganiséuneréunionpourdiscuterdesesactes.Monpèresedemandeencores’ilnevapasmettresatêteàprix.Kylieseretournaetlaregardafixement.–Ettucompteslelaisserfaire?–Lelaisserfaire?Jeluiaiditquej’étaisraviedeneplusmemarieraveclui,maismesparoles

n’ontaucuneimportancepourmonpère.CommeLucas,jesuiscenséesuivrelesrègles.C’estdrôle,ilafalluqu’ilrompenosfiançaillespourquejememetteàappréciercetype.Moniqueserapprochalégèrement.

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–Traite-moideromantique,maisjetrouvecelaplutôttristequetuneveuillespasdeluiaprèscequ’ilafait.Maistunelegarderaispastrèstrèslongtemps.L’espérancedevied’unloupsolitaireesttrèscourte.Soittuappartiensàunemeute,soittouslesloupsaffamésenchasseteconsidèrentcommeunmenugibier.Laportedestoilettess’ouvritàgrandfracas.Leloupsolitairefitirruption,prêtàtuer.Quandses

yeuxseposèrentsurMonique,sonagressivitésetassa,maisileutl’airdeplusenplusmauvais.–Quefiches-tuici?Moniquehaussalesépaules.–Quandunefilleaenviedefairepipi,ellevafairepipi.Ellepassadevantluisanslamoindrehonteetsortit.–Quelaviesoitbellepourtoi,Lucas.Ilnelaregardamêmepaspartir.IlfixaitKylie,lacaressantpresqueduregard.–Jesuisdésolé,ellen’avaitpasledroitde…–Ellen’arienfait.Kyliejetalesserviettesenpapierdanslapoubelle.–Tudevraisluicouriraprès.Accepterd’allerjusqu’auboutdesfiançailles.–Quoi?Illaregardafixement,commesielleavaitperdulatête.–Tum’asbienentendu,insista-t-elle.Ilsecoualatête.–Tunelepensespas.–Si,jelepense.Commentpourrait-elleresterlesbrascroisésàleregardertoutperdre?Regardersapropremeute

lepousserdehors,ensachantquec’étaitàcaused’elle?–Tuesjusteencolèrecontremoi.–Oui,tuascomplètementraison!Jesuistoujoursfurieusecontretoi.Deslarmesemplirentsesyeux.–Tum’astrahie.Çafaittellementmaldesavoirquechaquefoisquetumelaissais,tuallaislavoir.

Maisveux-tuquejetedisecontrequijesuisleplusencolère?Contremoi.Jesavaisdepuistoujourscomment cela se terminerait. Que je ne sois pas un loup-garou aurait fini par détruire toutes noschances.–Jememoquebiendecequetues!grogna-t-il.–Tunedevraispas!Parcequeleprixquetuvasdevoirpayeresttropélevé.Ellevitladouleurapparaîtredanssesyeux.–Mêmesi tunem’avaispas trahie, jene te laisseraispas toutabandonner.C’est terminé,Lucas,

accepte-leetnefichepastavieenl’airàcausedemoi.La tête haute, elle sortit.Mais son cœur était comme les serviettes qu’elle venait de jeter – tout

déchiquetéetentortillé.

KylieregardaPerry–toujourssoussaformedefaucon–suivrelavoituredesonbeau-pèrequandils rentrèrent à Shadow Falls. Ce dernier évoqua leur projet de randonnée. Quand il ralentit pourtourner dans le parking de Shadow Falls, elle constata que la Cadillac métallisée devant eux,clignotantallumé,segaraitaussi.Lesvitres teintéesl’empêchèrentdevoirquiétaitauvolant,maisellesedemandasicen’étaientpaslesBrighten.

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Ellecommençaàavoirdespalpitations.Ellenesavaittoujourspasquoidire.Soncœurnecessaitdefaireéchoàladouleurqu’elleavaitressentieenparlantàLucas,maiselleavaitbesoindechangerde vitesse dans sa tête, à présent. Malheureusement, elle avait bien trop de préoccupations pourpouvoirseconsacreràuneseuled’entreelles.Ellejetauncoupd’œilàsamontre.13h40.C’étaitpeut-êtreeux,s’ilsétaientdugenreàarriveren

avance.Sonbeau-pèreénuméraitdésormaislematérieldecampingqu’illeurfaudrait,elleréalisaquece

seraitvraimentbizarres’ildevaitrencontrerlesBrighten.Celalespousseraitàexpliquerdestasdechoses.Etcelafiniraitparfairedelapeineàsonbeau-père,cequ’ellenesouhaitaitpas.Lavoituremétalliséesegarasurunemplacement«visiteur»dansleparking.Sonpèrestationna

deux places plus loin.Détachant sa ceinture avantmême qu’il ne puisse couper lemoteur, elle sepenchaetdéposaunbaisersursajoue.–Mercipourledéjeuner.Jevaisrentrertouteseule!–Passivite.J’ailetempsdet’accompagner.J’aienviedeprofiterdechaquesecondeavectoi.

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–D’accord,réponditKylie,quelquepeuinquiète.Ehbien,ilfaudrafaireviteparcequej’aienviede…fairepipi.–Tuyesalléeaurestaurant,observasonbeau-père.–Minusculevessie,répliqua-t-elle.Elledescenditdelavoitured’uncoup,regardarapidementl’autrevéhicule,vitlaportièrepassager

s’ouvrirpuis…–Ohmince!Cen’étaitpaslesBrighten.Etcommeelleleregrettait!Samèreet…Elleregarda,horrifiée,latêtedeJohnapparaîtresurl’autresiège.–Kylie?criasamèred’unevoixsévère.Ellesetournaverssonbeau-père.–Tudevraispartiravant…avantquecelanedégénère.– C’est bon, répondit celui-ci, gêné. Tu sais, nous pouvons nous montrer courtois l’un envers

l’autre.Lapostureetl’expressiondesamèrequandellesedirigeaverslavoitured’unpaslourdn’avaient

pasl’airenaccordavecladéclarationde«courtoisie»desonbeau-père.Oh!non,Kylien’étaitpasd’humeuràsupporterlesdramesdesesparentsencemoment.Mais quand elle se rapprocha, elle constata que sa mère, les cheveux décoiffés, les vêtements

froissésetlesyeuxinjectésdesang,n’adressaitpassonairdepitbullàsonbeau-père,maisàelle.OK…Dequeldrames’agissait-il?Celuidesesparents?Ou…–Est-cevrai?fitsamèred’untonbrusque.Kylie se souvint aussitôt que celle-ci venait de rentrer d’Angleterre – ce qui expliquait son

apparence,maispascequin’allaitpas.Elleinterrogeasonbeau-pèreduregardpoursavoirs’ilavaitlamoindreidéedecequesamère

racontait.Maisilsemblaittoutaussiperplexe.

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–Dequoituparles?demandaKylie.Johnlesrejoignit.Iln’avaitpasl’airfroissénifatiguéparledécalagehoraire,maissaprésencefit

naîtreunmauvaispressentimentenelle.–Tuasappelétonpèrepourcela,maispasmoi?demandasamère.KylievitHolidayetBurnettsortirprécipitammentdubureauenpensantsûrementquecelaallaitde

nouveaufinirenmêléegénérale.–Jeneluiaipastéléphoné.Qu’est-cequeturacontes?–T’es-tuserviedelacartedecréditquejet’aidonnée?Kylieaccusalecoup.–Es-tuenceinte?lâchadirectementsamère.Kylieenrestabouchebée.Sonbeau-pèrejetaàKylieunregardnoiretsévère.–Elleattendunbébé?Nousnepourronspaspartirenrandonnée,ducoup!–In-cro-ya-ble!J’ycroiscarrémentpas!fitsamèrequibouillonnaitdecolère.Tuapprendsqueta

filleestenceinte,ettunepensesqu’àtarando?–Non…j’étaissouslechoc.Iln’étaitpasleseul.–Stop!lançaKylie.–Réponds-moi,jeunefille,exigeasamère.–Non,jenesuispasenceinte.Jen’aimêmejamais…jesuis…Jesuisencorevierge!Cesmotsrestèrentsurleboutdesalangue,ellen’arrivaitpasàlescracher.–Alors,pourquoiachetertroistestsdegrossesse?–Tuasachetétroistestsdegrossesse?répétasonbeau-père.KylieremarquasoudainuneautrevoituregaréeàcôtédelaCadillacdeJohn.Levieuxcoupleavait

levisagetournéetassistaitàlascène.LesBrighten.Charmant!Justecharmant!Sesgenouxsemirentàlapicoter,signalantsondésirdedisparaître.Pasmaintenant,pasmaintenant!–Respireunboncoupetdétends-toi.Lavoixsurgit,accompagnéed’unfroidglacialfamilier.Kylieregardaautourd’elleetnelevitpas,maiselleputl’entendre.–Papa?–Jesuislà.Çavaaller.Jetelepromets.–Tesparentsvontmeprendrepourunetraînée.–Non. Ils vont t’adorer.Tu verras.Tu vas les impressionner et bientôt, très bientôt, nous serons

ensemble.Kyliehaleta.–Vais-jemourir?Papa?Daniel?Luietsonfroidfamilieravaientdisparu.Elleaspiraunebonneboufféed’air.Àprésent,enplusdes’inquiéterdesamortéventuelleetde

convaincretoutlemondequ’ellen’étaitpasenceinte,elledevaitsepréoccuperdesBrightenetdeleuramourpourelle.Parceques’ilsnel’aimaientpas,celaferaitsansaucundoutedelapeineàsonbeau-père.Ohzut!Etsielledisparaissait,toutsimplement?

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Danielavait raison,dumoinssur le faitque tout iraitbien.Maiselledevaitencoreaffronter lesBrighten. Elle fut soulagée de voir que Holiday les avait pris par le bras et les accompagnait aubureau.Ouf,sesparentsnesavaientmêmepasquiilsétaient.Son beau-père s’en alla. Sa mère n’était pas tout à fait remise, mais plus calme. Holiday avait

expliquétoutecetteconfusionavecles testsdegrossessedefaçonbienplusrationnellequecelanes’était réellement passé. Avait prétendu qu’ils étaient pour elle, qu’elle avait oublié son porte-monnaie, queKylie avait eu la gentillesse de lui proposer sa carte de crédit, et qu’elle avait déjàenvoyéunchèqueàsamère.Etpatatietpatata.Oui,Holidayavaitmenti,maissonmensongeavaittoutarrangé.Sa mère expliqua qu’à son retour elle avait appris que la banque avait appelé, pensant que les

opérations étaient frauduleuses. Parce que la carte n’avait jamais été utilisée et que les paiementsavaientétéeffectuésàFallen,pasàHouston.Voulants’assurerquesacarten’avaitpasétévolée,elleappeladonc ledrugstorepourvérifier l’achat.Onl’informaalorsquecelacorrespondaitaux troistestsdegrossesseetquel’acheteuseétaitunecertaineKylieGalen.Kylieécoutaquelquesminutes samère, feignantd’être intéresséepar sesdéliresbizarroïdes sur

l’Angleterre.Enfin,samèreluiavouaêtretropcrevéeetnepaspouvoirresterpluslongtemps.Ellel’embrassasurlefront,luiassuraqu’elleétaitsoulagéequ’ellenesoitpasenceinte,ets’enallaavecJohn.Celui-ciavaitàpeinealignédeuxmotsdepuisleurarrivée.Toutefois,quandl’hommepassaunbrasautourdesépaulesdesamère,etembrassadélicatementsonfrontenluidisantqu’ellepourraitdormirpendantqu’ilconduirait,Kylieressentitunepointedeculpabilitédenepasl’aimer.Peut-êtreavait-ellebesoinderajustersonattitudevis-à-visdeJohn?Parceques’ilrendaitsamère

heureuse,celaluisuffisait.Menteuse, semblait dire son cœur en loupant quelques battements. Elle n’aimait pas John.Mais

peut-être devrait-elle travailler cela.Essayer de l’apprécier.Cela lui semblait impossible. Pourtant,ces derniers temps, tant de choses dans sa vie lui avaient paru impossibles – comme sa mortimminenteoucommelaissertomberLucas–qu’elledevaitpeut-êtreredoublerd’efforts.Maintenant,c’étaitautourdesBrighten.Ellefitunehaltejusteavantd’ouvrirlaporte,mentalement

épuisée, et pensa à sa journée qui avait entamé une spirale vers le bas, depuis queMiranda avaittransforméNikkienkangourouacnéique.C’étaitassurémentl’unedesesjournéeslesplusbizarres.Carrant lesépaules,déterminéeàgérercommeunchefsarencontreavec lesparentsadoptifsde

Daniel,Kyliedécidaqu’aprèscettevisite,elleretourneraitdanssonbungalowoùellecraqueraitunboncoup,oumangeraitbeaucoupdechocolat.Lesdeux,peut-être.Elle se rappela la promesse de son père, que les Brighten l’adoreraient, et si elle lui faisait

confiance de tout son cœur, elle ne pouvait s’empêcher de se faire du souci.Mais bon, peut-êtreseraient-ilstellementheureuxd’avoirunepetite-fillequecelaleurseraitbienégaldepenserqu’ellecouchaitàdroiteàgaucheetqu’elleétaitsûrementenceinte.Quoi qu’il arrive ici,Kylie saurait le gérer.Elle pouvait presque entendreNana, sa grand-mère

maternelle,chuchoterdepuisl’oréeduparadis:MapetiteKyliegrandit.Kylieentradanslebureau.Holidayseruaverselle.–BurnettaserviduthéauxBrightendanslasalledeconférence.Ilaemportél’épéechezmoietl’a

enferméedansunplacard…Espéronsque…Jeleuraiégalementexpliquétoutecettehistoiredetestsdegrossesse.Holidaysemorditlalèvred’inquiétude.

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–Oh,Kyliejesuisvraimentdésolée!Toutcelaestdemafaute!C’estmoiquit’aimisedanscepétrin!–C’estbon,réponditKylie.Holidaylaserrarapidementdanssesbraspourl’apaiser.–Tuvasvraimentbien?Kylieinspira.–Unpeunerveuse,maisoui,çava.–Veux-tuquejevienneavectoi?Kylieréfléchitquelquessecondes.–Non…jecroisquejevaispouvoirmedébrouillertouteseule.Holidaysoupira.–Tugrandis.Kylieregardafixementlafée.–Jepourraisjurerquejeviensd’entendremagrand-mèremedirelamêmechose!–C’estvrai,ditHoliday,elleétaitjustelà.Kyliesefenditd’unlargesourire.–Vraiment?Elleopina.–Ellepassetevoirauxmomentslesplusétranges.KyliesentitsonamourpourNanas’agiterenelle.–Dis-luique je l’aime, lança-t-elle,etellepartit rencontrer lesdeuxpersonnesquiavaientélevé

sonpèreetsûrementcontribuéàfairedeluilegrandhommeetfantômequ’ilétaitdevenu.

LorsqueKylieentra,Burnettseleva.–Jevaisvouslaissertouslestrois.Quandilpassadevantelle,ilposalamainsursonépaule,etlaserraaffectueusement.Lemessage

était clair : «Vas-y,ma belle, à toi ! » Elle se dit qu’elle avait beaucoup de chance d’être si bienentourée.Lorsqu’ellefutseulefaceauxBrighten,soncœursemitàbattreplusvite.M. Brighten avait un début de calvitie, des yeux gris tirant sur le brun et un visage aimable.

MmeBrightenarboraitunetrèsbellecheveluregriseépaisse.Elleparaissaitdouce.Rondelette,unefiguresympathique.Commequelqu’unquel’onchoisiraitaubeaumilieud’unefoulepourjouerlerôledelagrand-

mèreaimante.–Bonjour, lançaKylie en souriant.Elle avançad’unpasdans lapièceetdécidadeclarifierune

bonnefoispourtoutesasituation.J’aimeraisjusteconfirmerquejenesuispasenceinte.

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–Tondirecteurnousl’aexpliqué,réponditMmeBrightenencontinuantdelafixer.– Je voudrais également dire que… je sais que vous devez trouvermamère etmon beau-père

cinglésaprèslascèneduparking,mais…Mais…ehbien,parfoisilssontunpeufous,maiscesontdesgensbien.Ilsm’aimenttouslesdeux.L’émotionluiserralagorgeetelledéglutit.Mme etM. Brighten opinèrent de nouveau. Une sorte d’embarras étrange emplit la pièce,mais

Kylienelelaissapass’installer.Elledésiraittellementquecelasepassebien.Pasuniquementpoursonpère,maispourelleaussi.– Je suis désolée de te dévisager comme ça, déclara enfin Mme Brighten, mais tu ressembles

tellementàtonpapa.C’eststupéfiant!Kyliesouritdenouveau,d’unsourirecettefoiscomplètementsincère.Elleallas’asseoirenface

d’euxàtable.–Jesais,répondit-elle.–Tuasvudesphotos?demandaMmeBrighten.Oui,sonvraipèreetsatantemelesontapportéesquandilssesontfaitpasserpourvous.Bon,elle

devraitmentir.–Mamèreavaitquelquesphotosdelui.Puisellesesouvintquecelle-ciavaitconservélanécrologieoùfiguraitlaphotodeDaniel.UnairmécontentapparutsurlevisagedeMmeBrighten.– Je ne comprends pas pourquoi elle n’a rien dit à ton sujet. Nous aurions pu… nous aurions

tellementaimétevoirgrandir.Celanousauraitaidés…àsupporterlamortdetonpère.KylierevitsamèreluiconfierquelesBrightenladétesteraientdeleleuravoircaché.–Ellesaitquec’étaituneerreur,expliquaKylie.Maispoursadéfense,elleétaitjeune,enceinteet

terrorisée.Parlasuite,monbeau-pèreavoulum’élevercommesaproprefille…Ilavaittort,certes,maisilsessayaientsimplementdefairedumieuxpossible.MmeBrightenopina.

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–J’imaginequec’étaitdifficile.Kyliesedétenditunpeu.–J’espèrequevousluipardonnerez.Parcequec’estunemamanvraimentgéniale.–J’aimeraisdiscuteravecelle.Kyliefutprisedecourt.–Euh…oui,biensûr,jeluienparlerai…Ellepriapourquesamèresoitd’accord.Maiscommelaconversationseraitdifficile!DeslarmesenvahirentlesyeuxdeMmeBrighten.–J’aiapportéd’autresphotos,situveuxlesvoir.–J’adorerais,réponditKylie.Merci.Lavieilledamesortitunpetitalbumd’ungrossacbeige.AlorsqueKyliefeuilletaitlespages,elle

reconnutcertainsclichés.Sonvraigrand-pères’étaitfaufiléendoucechezlesBrightenetavaitfaitdesmontages-photographiquesafindeleurressembler.Enrevanche,elledécouvritdesphotosdesonpèrequ’elleneconnaissaitpasetsentitl’émotionl’envahir.–Situveux,tupeuxlesgarder,proposaMmeBrighten.Jelesaifaitrefairepourtoi.Kyliesourit.–Merci,jevaisenprendresoin,promis!M.Brightens’assitbiendroit.–Tuaslesmêmesréactionsquetonpère,ilétaittellement…poli.–Oui,acquiesçaMmeBrighten.C’étaitungarçonsiparfait.Undouxesprit.Unpeutimideparfois,

mais…–Jepeuxl’être,moiaussi,déclaraKylie.Jenesupportepasquandonmedemandedemeleveret

deparleroudefaireunexposéenclasse.Ouquandtoutlemonderegardemaconfigurationbizarre.Oupensequejesuisenceinte.MmeBrightensourit.–Iln’aimaitvraimentpasl’école.Ilatoujoursditnepass’ysentiràsaplace.–C’estdingue!Exactementcequejeressens!s’exclamaKylie.–Maiscelaneluiapasposédeproblème.Enfinsi,unefois,lorsdesadernièreannéedelycée.Ily

avaitungarçon,Timmy.Unjourenrentrantdel’école,Danielesttombésurdestypesplusâgésquiavaientdécidéd’embêtercegarçon–delemaltraiter,même.Ilsdevaientêtresix,etDanielestdevenufou.Onnesaittoujourspascommentilafait,maisilssesonttousretrouvésàsaignerdunez,etavecdesyeuxaubeurrenoir!Etnotrepetitbonhommesansuneseuleégratignure!Kylieécoutal’histoire,avided’ensavoirplussurunpèrequ’elleconnaissaitsipeu.–L’écolel’arenvoyé,poursuivitMmeBrighten,maisquandlesparentsdeTimmyl’ontappris,ils

se sont rendus à notre chaîne localed’informations continues et ont fait non seulement savoir queDanielavaitinjustementétérenvoyé,maisqu’ilfallaitplutôtletraiterenhéros.Etlespetitsdursonteudesproblèmes.L’établissementaétécontraintdeleverl’exclusion.Biensûr, toutecetteattentionl’agêné.LachaîneTVluiamêmeremisuntrophée,qu’ils’estempresséd’alleroffriràTimmy.Iladéclaréquec’étaitlui,levéritablehéros,quiavaitdûsupportercesgrosdurstoutescesannées.Kylieéprouvade la fiertépoursonpère. Ilavaitétéunprotecteurcommeelle,etcommeelle il

n’enrevendiquaitpaslemérite.Pourquoiétait-ilpartisitôt?–Maistusaisqu’aprèslebac,ils’estplusoumoinstrouvé.Enl’occurrence,unjour,ilestrevenu

d’unvoyageetm’aannoncéqu’ilavaitdécouvertquiilétait.Kylie revitsonpère lui raconterqu’ilavait rencontréunvieillardetquecelui-ci luiavaitconfié

qu’iln’étaitpashumain.Ellesedemandas’ils’agissaitdecevoyage-là.

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–Je luiai répondu,poursuivitMmeBrighten,que jesavaisdéjàqui ilétait.Quec’étaituneâmedouceetcharitable.EllefixaKylie.–J’aivulamêmechoseentoi.Commesi…tuavaisunespritmagiquedonttrèspeudepersonnes

sontdotées.Elletenditlebrasdel’autrecôtédelatableetposasamainsurcelledeKylie.Àcetinstant,Kylie

compritcombienilseraitfaciled’aimercesgens,etquellechancesonpèreavaiteud’êtreélevéparcecouple-là.

Ilétaitpresque17heuresquandBurnettetHoliday,maindanslamaincommedeuxinséparables,raccompagnèrentKyliedanssonbungalow.Dellaattendaitàl’extérieurpourprendrelarelève.–Tuessûrequeçavaaller?s’enquitHoliday.–Oui.Et, étonnamment, Kylie le pensait. Oui, elle avait toujours une folle envie de chocolat pour

contrebalancercettejournéededingue,etoui,soncœurétaitbriséàtoutjamaisàcausedeLucas;maiselleiraitbien.Ensongeantàsonautrecoloc,Kyliedemanda:–As-tuparléavecMirandadel’épisode«Nikki»?–Oui, répondit Holiday, dont les yeux s’obscurcirent, bien que je ne lui aie pas encore trouvé

d’autrepunition.Kylieneputs’empêcherdemettresongraindesel:–JeneveuxpasexcuserMiranda,maisNikkis’estmontréeunpeulourde,non?Jel’aimiseen

garde,maisellenem’apasécoutée.– Je sais, dit Holiday, Nikki a eu tort, mais Miranda ne peut pas transformer les gens en

kangourousquandcelaluichante!–Vraiment?Çaaeu l’airde teplairepourtant,quand tuasapprisqu’ellem’avait fait ça, lança

Burnett,sarcastique.Holidayhoqueta.–C’étaitdrôle.Ellelegratifiad’unsourirediabolique.Kylielesregardas’enalleravantderentrer.ElletrouvaDellaassiseàlatabledelacuisine,entrain

de siroter un verre de sang, desmanuels scolaires ouverts devant elle. La petite vamp prenait sesdevoirstrèsausérieux.Ellelevalesyeux.–Jesuisd’accordavecHoliday.C’étaitdrôle,quandMirandaatransforméBurnettenkangourou!Kylieselaissatombersurunechaise.–Oùest-elle?Dellarouladesyeux.– Partie avec Perry, faire « presque l’amour » pour se réconcilier – ses mots, pas les miens.

Personnellement,jemeseraisbienpasséedelesavoir!Maisjedoisavouerquejemedemandecequeveutdire«presquel’amour»aujuste.Maisbon,Perrydoitsûrementluiléchouillerleslobesdesoreilles,etjen’aivraimentpasenvied’entendreparlerdeça.Unefoisdeplus.Kyliegloussa.–Quandonypense, tousces trucssexuelssont…commentdire…mêmese roulerdespelles…

avoirlalanguedequelqu’undanssabouche…c’estdégueulasse.

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–Saufsic’esttoiquilefais,ditDella.Etlà,cen’estpasdégoûtant.C’estpresquemagique.Sesmotssortirentcommedansunrêve.Kylieétaitsûrequ’ellepensaitàSteve.KylieserappelaavoirembrasséLucasetmêmefaitplus,lanuitdeleurretourducimetière.Oui,

celaavaitétémagique.Maistoutecettemagieavaitdisparuàprésent.PlusdeLucas.–Oui,c’estvrai,cen’estplusdégoûtantquandc’estnous.Elleserelevad’unbondetallajeteruncoupd’œildansleminusculegarde-manger.–Riendechocolatédanscettecuisine?Riendutout?–Jecroisqu’ilyadusiropdechocolataufrigo.Maisnousn’avonspasdelait.Entoutcas,jene

l’aipasbu!Çadoitêtrelasorcière.Kylietrouvalesiropdanslefrigo.Oh!zut,nécessitéfaisaitloi!Ellefitsortirunpeudechocolat

sursonindexetfourraledoigtdanssabouche.–Alorscommeça,laréunionaveclesBrightennes’estpasbienpassée?demandaDella.–Si,çaaété,marmonnaKylie,enléchantsondoigt.–Alors, pourquoi lèches-tu le chocolat sur ton doigt comme si c’était duwhisky ?Attends ! Je

sais!J’aientenduparlerdufiascoavectonbeau-pèreettamère–toutecettehistoiredegrossesse!Hilarant!Dellaposasescoudessurlatableetéclataderire.Kyliefronçalessourcils.–Pashilarantdutout.Commentes-tuaucourant?Dellahaussalesépaules,l’airunpeucoupabled’avoirmislesujetsurletapis.–Quelqu’unatoutentendu.Ettoutlemondeenaparlé.Désolée.Ellefitunegrimaced’excuse.–Pourquoidois-jesanscesseêtrelasourcederagotsparici?râla-t-elle.Ellepenchalatêteenarrièreetbutdirectementàlabouteille.–Pourlecoup,c’estdégoûtant,gloussaDella.Kylieseléchaleslèvres.–Jen’aipastouchéleflaconavecmabouche.J’aijusteversélechocolatdedans.–Etsurtonmenton.–Désolée,jesuisdésespérée,avoua-t-elleens’essuyantaveclamain.Elleattrapaunboletunecuillère,retournaàtableetvidaunedemi-tasseduchocolatdanssonbol.–Ahoui?Vraimentdésespérée.–Moniquem’asuiviejusquedanslestoilettes.–Quoi?Quiça?–Monique.LaMoniquedeLucas.ElleestentréeparforcedanslesW.-C.durestaurantavecmoi.–Ohnon!Vousvousêtesbagarréesouquoi?Kylieléchalacuillère.–Non.Jemesuisjustefaitpipidessus.Ellemituneautrecuilleréedechocolatdanssabouche.Dellasoupira.–Tuvasbien?–Çaira,oui,quandj’aurailiquidélabouteille.Dellasouritàmoitié.–Sij’étaisunevéritableamie,jet’enempêcherais.Kyliesecoualatête.–Situétaisunevéritableamie,tum’aideraisàlafinir.–Mince!Pourquoipas?Ellerepoussasonverredesang.

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–Allez,donne.Kyliearquaunsourcil.–Pourdevrai?–Oui.Dellapoussasesmanuelsscolairesdecôté.–Auxchiotteslesdevoirs,soûlons-nousauchocolat!Moinonplus,jeneseraispascontreunpetit

remontant.Kylie vit le chagrin se refléter dans les yeux de son amie. Elle lui versa une bonne rasade de

chocolat.–Ques’est-ilvraimentpasséenmonabsence,Della?

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Lavampfixasoncocktaildesangetchocolat.Ellefittournerleliquidedansleverre,enregardantlesingrédientssemélanger.–J’aiposéunlapinàStevelepremiersoiretjesuisalléevoirLee.CelanesurpritpasKylie,ellesavaitquesonamieétaitencoreaccroàLee,maiscelan’expliquait

paspourquoielleavaitdes suçonsdeSteve.Etquelquechose luidisaitqu’iln’yavaitpasqueLeedansl’histoire.Maiségalementunmétamorpheauxjoliesfesses.–Et?demandaKylieenreplongeantsacuillèredanssonchocolat.–Etilestsortiavecsanouvellefiancée.Elleportaleverreàseslèvresetlesirota.–Hé,c’estvraimenttropbon,cettesaleté!–Oui.KylieattenditqueDellapoursuive.Ellen’eutpasàpatienterlongtemps.–Ill’aemmenéedansunrestaurantchinois,etjelesaisuivis.Deslarmesemplirentsesyeux.Kylieposalamainsurlasienne.Dellalaretira.–Ilsm’ontremarquée…Jemesuissentietellementidiote...J’étaishypergênée.Puis,telunsauveur,

Steve a débarqué. Il m’avait suivie. Il m’a empêchée de me ridiculiser totalement. Il a simulé unrendez-vousavecmoietm’aembrasséedevanteux.Commesionétaitunsupercouplequis’aimaitardemment.Kylieprituneautrecuilleréedechocolat.–Etcebaiserétaittellementgénialquevousvousêtestripotésensuite?–Non.Enfinoui.Kyliebraquasacuillèresursonamie.–Cequiveutdire?–Oui,c’étaitbien,maiscelan’apaseulieuavantlelendemain.Dellasepenchaetfronçalessourcils.

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–Lamissions’estmalpassée.Jemesuisfaitpoignarder,avoua-t-elle.Kylieenrestabouchebée.–MaisBurnettaaffirméque…–J’aifaitpromettreàStevedeneriendire.Cen’étaitpasmortel.Leproblème,c’estqueStevem’a

sauvé la vie. Pas uniquement au restaurant devant Lee, mais avec les escrocs, puis quand noussommestombéssurdeméchantsloups-garous.Jen’étaispasenformedutout,jen’arrivaispasàmebattre.J’aidétestéça…Ilnousaréservéunechambredansunhôteletilm’asoignée.Jenesaispascommentc’estarrivé;ilétaitentraindepansermesblessures,etd’unseulcoupnousavonsjouéaudocteur.–Oh!làlà!s’écriaKylie.Alorscommeça,vousavez…–Non,maispresque.Heureusement,nepasconclureauderniermoment,çanetuepersonne.–Quoi?demandaKylie.Dellarouladesyeuxetsefenditd’ungrandsourire.–Siuntypet’affirmequ’ilpeutenmourir,ilment.Etcrois-moi,certainsgarçonsledirontmême

pourculpabiliserlafilleetlapousseràdanserlalambada.Yenaunquiaessayéunefoisavecmoi,avantLee.Jeluiairéponduquej’iraisàsonenterrementetjenesuisplusjamaissortieaveclui.Dellaéclataderire.Kylierougit,maisbon,celan’avaitpasgrandeimportancedevantsacopine.–Alorscommeça,Steveétait...Dellasoupira.–Ilétaitsupermalàl’aise.Jen’auraispasdûlelaisseralleraussiloin.J’étaisjuste…envrac.–Oupeut-êtrequetul’aimesvraiment.Jenedispasquevousauriezdûcoucherensemble,maisce

typeestfoudetoi,etàl’évidencetul’aimesbien.Alors,pourquoiletraites-tucommeunemaladie,àprésent?Dellabutunebonnegorgéedesonsangchocolaté.–Parceque…quandj’aicompriscequiarrivait,jenepensaisplusqu’àunechose:dansunanou

deux,jeseraisdansunautrerestaurantentrainderegarderSteveetsafiancée.Jenepeuxpasrefairecela.Deslarmesemplirentsesyeux.–Maistunesaispascequivasepasser!–Jenesaispassicelanevapassepassernonplus.Dellaattrapalabouteilledesiropetenrajoutadanssonverre.–Voilà,tusaistout.Ettoi,oùenes-tuavecLucas?Kylieremualechocolatdanssonbol.–C’estterminé.LesyeuxdeDellas’écarquillèrent.– Pourquoi ? Monique t’a dit qu’ils avaient couché ensemble ? S’ils ont couché ensemble, on

devraitdemanderàMirandadeluifaireapparaîtrelagalelàoùjepense.–Non,Moniquem’aaffirméqu’ilsn’avaientrienfait.–Alorspourquoiest-ceterminé?Kyliedonnauncoupdecuillèresursonbol.Parcequ’autrement,ilperdraittout.Dellalascruta.–Maisilnet’apastrompée…Kyliesentitlacolèremonter.

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– Même s’il n’ont rien fait, c’est tout comme. C’est vrai, il s’était fiancé derrière mon dos,s’énerva-t-elle.D’abordTrey,puismonbeau-pèrequitrompemamère.Ensuite,DereketmaintenantLucas.Pourquoilesgarçonsfont-ilscela?Dellahaussalesépaules.–Aumoins,Lucasn’acouchéavecpersonne.C’esttoutdemêmeunetrahison.Unegrosse.–Cequimemethorsdemoi,c’estquejel’aimeencore.Aupointqu’ellenepouvaitpasresterlesbrascroisésàleregardertoutperdreàcaused’elle.–Maisjesuistellementencolèrecontreluiquejepourrais…–Luidonnerlagale?pouffaDella.–Non,uncoupdepoing!–Alorstudevraispeut-êtrelefaire,ditDellaenbaissantlesyeuxsursonverre.–Fairequoi?– Lui donner un coup de poing. Peut-être que comme ça, tu ne serais plus en colère et que tu

pourraispasseràautrechose.Kyliesecoualatête.–J’aimeraisquecesoitaussisimple.–Çal’estpeut-être.Tunelesauraspastantquetun’auraspasessayé.Valevoir,supercool,puis

défoule-toi!Sérieusement,çateferaitdubien.–CommetoiavecSteve?–Hé,jesuiscommeunebonnemère!Jeneveuxpasquetufassescequejefais,maiscequeje

dis!Ellegloussa.Kyliesecoualatête.–Etenplus,maintenant,c’est…Ellefermalabouchesanstropsavoirsielledésiraitenparler.–C’estquoi?demandaDella.Autantcracherlemorceau.–Cen’estpasuniquementcequ’ilafait.Ilatoutabandonnéquandilarefusédesignerlecontrat

de fiançailles. Il n’intégrera pas le Conseil, sa propre meute est remontée contre lui. Le père deMoniquemenacedelefairetuer.Tôtoutard,ilmedétesterapourcela.–Àmonavis,tuteprendstroplatête.Kylieraclalebolavecsacuillèrepourrécupérerlesderniersvestigesdechocolat.–Etjecroisquel’ondevraitchangerdesujet.Dellayconsentitetrepritsonverre.Ellesgardèrentlesilencequelquesminutes,puisDellapritlaparole.–Avantd’allerchezLeecesoir-là,jesuispasséeàlamaisonoùj’aijouéàlavoyeuse.–Etalors,commentçaallait?demandaKyliequisentaitquecelas’étaitmalpassé.–Bien, si bien que çam’amise hors demoi. Ils jouaient aux échecs, commeunepetite famille

heureuse.Paparacontaitdesblaguesetilsrigolaienttous,jesuissûrequejeneleurmanquemêmepas.Elleregardafixementlatablequelquesminutes.–SiDella, tu leurmanques. Ils essaient justede s’en sortir.As-tudéjà envisagéd’enparler à ta

mèreouàtonbeau-père?

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–J’étaisàdeuxdoigtsd’entreretdevidermonsac:«Écoutepapa,jenesuispasuneadodifficileniuneparesseuse,jenemedroguepas,jesuisjusteunvampire.»Kyliesemorditlalèvre.Ellenesavaitpasquoidire.–Jesuisterroriséeàl’idéequ’ilspensentquelavéritéestpireencorequecequ’ilscroient.Kylieauraitbienvoululuiaffirmerquecen’étaitpaslecas,maisellen’enétaitpassûre.–J’aipensél’avoueràmamanaussi,maisjenesaispascommentelleréagirait.Dellahochalatête.–Onsecachesurtoutdeceuxquel’onaime.Triste,non?–Oui.Aumoins,tunetecachespasdumondesurnaturel.–Toinonplus.– Si, de l’URF. Tout le monde ici a vu ma configuration, donc c’est un peu tard pour s’en

préoccuper,maisjesaisquelamajoritédesgenspensentqu’àtoutmomentmatumeuraucerveauvadevenirapparente.Dellalaregardad’unairtriste.–Enréalité,ilsparientlà-dessus.–Super…LorsqueMoniqueestentréedanslestoilettes,j’aiessayédechangermaconfiguration.

Maisjen’aipasétéassezrapide.Elleamêmesortiquelquechose,commequoij’auraisunetumeuraucerveau.Laplupartdessurnaturelsnesaventmêmepasquemonespèceexiste.MêmeHaydencachecequ’ilest,pensa-t-elle.–Alors,ilestpeut-êtretempsdechangercela,suggéraDella.–Changerquoi?–Sortirduplacard.Tu sais,genre« je suisgayet j’assume». Il te faudraitun slogandifférent,

peut-être«jesuisunlézard,etsiçanevousplaîtpas,j’avaleraivotregésier»,gloussaDella.Bon,d’accord,çamériteunpeudeboulot,maistuvoiscequejeveuxdire.–Jeneplaisantepas.– Je sais, etmoi non plus.Hormis le slogan débile, bien sûr. Tu ne peux pas le faire avec des

humains,maisavecdessurnaturels,çadevraitêtrepossible!Kyliepassaledoigtsurlebordduverrepourrécupérerlechocolatetréfléchitauxproposdeson

amie.–Elle a raison, fit la voix dans sa tête. La même que tout à l’heure. Celle qui surgissait aux

momentslespluscurieux.–Quies-tu?marmonnaKylie.Dellaredonnauncoupdanssachaise.–OK,jerepenseàlatumeuraucerveau,maintenant.–Pastoi.LesyeuxdeDellas’agrandirent.–Oh!mince!Ilyaunfantômeparminous?–Non,grommelaKylie,justeunevoix.Dellainclinalatêtedecôté.–Jen’airienentendu.–Là-dedans!Kyliemontrasatêtedudoigt.– As-tu déjà entendu parler de schizophrénie ? demanda Della d’un ton sarcastique – elle la

taquinait,maisKylienetrouvaitpasceladrôle.–Jenesuispasfolle,déclara-t-elle.

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Dellasourit.–Situl’étais,jet’aimeraisquandmême!Neserait-cequepourm’avoirapprisquelemélangede

sangetdechocolatestdélicieux.TandisqueDellavidaitsonverre,Kyliepassaenrevuelesmillefaçonsde«sortirduplacard».

Elleavaitchoisipoursaquêtedesauverlesjeunescaméléonsd’unevied’enfermement,maisavantcela,peut-êtreaurait-ilfallus’assurerd’abordqu’ilspuissentfaireleurcomingoutentoutesécurité.Peut-être que Della et cette voix enquiquinante avaient raison. Si elle parvenait à imposer aux

surnaturels de l’accepter pour ce qu’elle était vraiment, les autres caméléons en auraient aussi lecourage.UnpeucommeRosaParksdanscebusdanslesannées1950.Ilfallaitquequelqu’un,uncaméléon,

selèvepourquel’onpuisselesconsidérercommepartieintégrantedumondesurnaturel.Ilsdevaientêtrefiersdequiilsétaient,etnepasavoiràcacherleurvéritablepersonnalité.Instantanément, elle sentitmonterenelleuneémotionqui était à la fois chaleuret confirmation.

C’était saquête, sonnouveaubut, qui rejoignait enpartie l’ancien.Et cela luiparaissait la choseàfaire.Oui,ilneluirestaitplusqu’àtrouvercommentsortirduplacard.Cettenuit-là,latêtecachéesousl’oreiller,ellefutréveilléed’uncoupparlepicotementd’uneautre

présence.Cen’étaitpasuneprésencefroide,cequisignifiaitqueceluiquiétaitlàn’étaitpasunmort.Quandelleouvritlesyeux,unparfumfloralluichatouillal’odorat.Elleremarqualaroserougesursatabledenuit.Uneseulepersonneluilaissaitdesroses.Lucas ? Son cœur chuchota son nom et cela lui fit aussitôtmal. La nuit précédente, elle s’était

allongée sur son lit et avait accepté l’évidence. Le laisser partir.Malgré la peine endurée, elle nepouvaitpaslelaisserdétruiresavieàcaused’elle.Elleretintsonsoufflepourécouter.Était-ilencorelà?Ouétait-ilreparti?Ellevitlerideaublanc

voleterquandunedoucebrisenocturneentra.S’ilétaitparti,ilauraitfermélafenêtre.Ellerefermalesyeux.Peut-êtres’enirait-ilsiellefaisaitsemblantdedormir?–Jesaisquetuesréveillée,fitsavoixgravedanslanuitcalme.–Etjesaisquetunedevraispasêtrelà.Elledéglutitetchassalavagued’émotionsquimontaitenelle.Elleroulasurlecôtéetremontases

genouxcontresapoitrine.Il luifallutencorequelquessecondespourrassemblersoncourageet leregarder.Ellesavaitquecelalaferaitsouffrir.Elleavaitraison.Sescheveuxétaientébouriffésparlevent,commes’ilavaitcouruunsprintetson

regardétaittriste.Unedouleurbruteluitombadessus.Ellesouffraitdesolitude.–Jenepouvaispasdormir,expliqua-t-il.Le silence envahit la pièce. Il se rapprocha. Ses genoux touchèrent le lit. Il s’assit. Le matelas

s’inclina sous sonpoids.Soncœurbattait la chamadeau souvenirde toutesces foisoùelle s’étaitlovéecontrelui,ici,surcelit.Elleavaitmêmedormiserréedanssesbras,avecl’impressiond’êtreensécurité,protégée.Aimée.–Çanepeutpasêtreterminé,Kylie.Toiseulecomptespourmoi.Ellesecoualatête.–Faux.Tameuteestimportante.Ellel’atoujoursété.Tagrand-mère.Ettuasbeauprétendrequetu

n’aimespastonpère,tulesupportes.Alors,ildoitbiencompterpourtoi.Etensuite,ilyatasœur.Ettulesperdraistoussitumechoisissais.

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–Trèsbien,jelesaimetous,c’estvrai.Tous,saufmonpère.Pourl’heure,jememoquebienqu’ilpourrisse en enfer. J’en ai assez qu’il manipule ma vie. Mais les autres, oui. Je le reconnais, ilscomptenttouspourmoi.Maisilsnesontpastoi!–LepèredeMoniqueenvisagedeteliquider!lâcha-t-elled’uncoup.–Cetabrutiricheetprétentieuxnecherchequ’àsefairemousser!Cen’estqu’unegrandegueule!

Ilsaittrèsbiencommentmonpèreréagiraitsijamaisilmefaisaitdumal.Lucass’interrompitetlaregarda.–Maiscelaprouveunechose:tutiensàmoi.Sinon,çateseraitbienégalqu’ilaitl’intentiondeme

tuer.Tuasbeauêtreencolère,etjelemérite,tum’aimes,etvoilàpourquoiçanepeutpasêtrefinientrenous.Ellesecoualatête.Deslarmesobscurcirentsavision.Elleavaitenfincompris,lanuitprécèdente.–L’amournesuffitpas!Tunepigespas,Lucas?NoussommesRoméoetJuliette.Noussommes

les Hatfield et lesMcCoy1. Nous sommes n’importe quelle histoire d’amour malheureuse qui aitjamaisexisté.Noussommesceuxquisefontdumal,àeuxetauxautres,enlaissantégoïstementleursémotionslesguideràlaplacedelalogique.–C’eststupide,grommela-t-ilentendantlamainpourlatoucher.Elleserecula.–Non!Veux-tusavoircequieststupide?JecontinueàtevoirembrasserMoniquedansmatête.À

t’entendreluipromettretonâme.Etjesuissiblesséeetsifurieusequej’aienviedehurler.Maisenmêmetemps,jecomprendsparfaitementpourquoituasfaitça.Àtaplace,j’auraissûrementagidelamêmefaçon.J’aimespropresquêtes–lesfantômes,essayerd’aiderlesautrescaméléons–etjeveuxachevercesquêtes,quoiqu’iladvienne.Elledéglutitetluiassénaladernièrevérité,ledernierargumentquijustifiaitqu’ilsnepuissentpas

êtreensemble:–Jevaislefaire,mêmesituensouffres.Voilàcommentjelesais,Lucas.Voilàcommentjesais

quecen’estpasbien.Quandfairecequiestbienpoursoi-mêmepeutblesserquelqu’unquetuaimessifort,çanepeutpasêtrebien!Nousdeux,cen’estpasbien.Alors,s’il teplaît,arrêtonsdenousfairedumal.Va-t’en.Ellen’avait jamaisvupersonnel’airaussiblesséetdutsefaireviolencepournepas lerappeler

quandilressortitparlafenêtre.

1.LesHatfieldetlesMcCoysontdeuxfamillesaméricaines,célèbrespourleconflitquilesopposapendantprèsdetrenteansàlafinduXIXesiècle.

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Le lendemain,pendant lecoursdesciences,KylieécoutaàpeineHaydenYatesparlerdes loisdumouvementdeNewtonetdeE=MC2.Elleaimaitpourtantlascience,maiscommentexpliquerqu’uneépéepuissesedéplacer touteseule?EtHaydenn’avait-ilpasaffirméqu’EinsteinetNewtonétaientdes surnaturels tous les deux ?Mais cela l’aurait étonnée que des épéesmagiques les aient suivispartout…Nonpasqu’ellefûttotalementrongéed’inquiétudeàcausedel’épéeàcemoment.Samatinéeavait

été de la folie douce. À commencer par une conversation téléphonique d’une demi-heure avec samèrequiavaitentraînédesexcusesdepartetd’autre.Samère,pouravoirdramatisé l’histoiredestestsdegrossesseetavoirfaitunescène;etKylie,pournepasl’avoirinforméequ’elleavaitrégléces articles avec sa carte.Uncoupde fil utile,maisdésagréable.Surtoutquand samère lui confiaqu’ilyavaitdeforteschancespourqueJohnsoitsonâmesœur.Kylie avait tout de même réussi à chasser ses préoccupations à propos de sa mère. Celles

concernant Lucas n’étaient pas aussi faciles à évacuer. Elle souffrait pour lui, mais s’était aussitracasséepourtrouverlemoyendesortirduplacard.Elleavaitmêmeséchél’Heurepourfaireconnaissanceetlepetit-déjeunerafindemettreunplanau

point.Ettoutcelapourrien.Biensûr,ellen’étaitpasaumieuxdesaforme.AprèsledépartdeLucas,l’esprit,commes’ilétait

jalouxqueKylieneseconsacrepasqu’àlui,avaitdécidédepasserlavoirtouteslesheuresdelanuitprécédente. Il n’avait pas apporté sa tête coupée et son épée, et Kylie lui en était éternellementreconnaissante. Mais au cours de sa dernière visite, il lui fit partager une chose troublante. Sonchagrin.Ilsanglotait,marmonnaitquelquechosesursonfilsquiavaitététué.Kylie ressentit sa souffrance et lui en fit part, mais l’esprit était bien trop bouleversé pour lui

répondre.Ellesedemandasilefantômeentendaitparlàquesonfilsvenaitdesefairetuerous’ilrevisitait

quelque chose de son passé. Le temps et les esprits, ça faisait deux ; et cela pouvait être hyper

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perturbantpourlesvivantsquitâchaientdelesaider.Maisbon,celui-làn’avaitpas l’airdecalculerbeaucoupdechoses. Ilne répondait àaucunedes

questionsdirectesdeKylie.Dustyle:Quiveux-tuquejetueaujuste?OuPourquoimoi?Pourquoim’as-tuchoisiepourtueràtaplace?QuandHolidayétaitpasséeaubungalow laveilleausoir, elleavait rappeléàKyliequ’unesprit

avaittoujoursuneconnexionaveclapersonnequ’ilvisitait.–Trouve-la,ettusaurascequ’ilveutvraiment,luiavaitconseilléHoliday.Plusfacileàdirequ’àfaire.Jusque-là,l’espritn’avaitpasdituneseulechosequipuisselaissercroirequ’ellel’avaitconnu,ou

qu’ilsavaientuneconnaissanceencommun.Lapremièrefoisqu’elleétaittombéesurlui,c’étaitenserendantàlacérémoniedefiançaillesde

Lucas.Kyliepensaitqu’ilavaitpeut-êtreététuédanslesbois,nonloindulieudes«réjouissances»,etqu’ill’avaitrencontréeparhasard.Elles’étaitmêmesurpriseàespérerquecesoitlecas.Traitez-ladeprude,maisellenevoulaitpasavoirdelienavecquelqu’unquicoupaitdestêtesetlestrimballaitpartout comme des trophées. Et si Kylie avait connu quelqu’un de ce genre, cette personne ne seserait-ellepassingulariséedanslamémoiredelajeunefille?Biensûr,elleétaitquasisûrequelefantômeavaitapportélatêterienquepourattirersonattention,

mais quelque chose d’un peu moins théâtral aurait suffi. Holiday lui conseilla également deconsidérertoutcequefaisaitouapportaitl’espritcommeunindice.Commel’épée,quiressemblaitàcellequiavaitfaitsonapparitionauxcascades.Latêteétait-elleunindiceouunsigne?Maislàencore,n’était-cepascenséêtreunpeuplussubtil?

Unetêtecoupéen’avaitabsolumentrienderaffiné.Là,Kyliesepréoccupaitdufantômeetnonpasdesaquête.Biensûr,elleétaitobligéederésoudrelesdeux,maissaquêtesemblaitprioritairepourl’instant.

Ouleserait,sil’espritvoulaitbienlalaisserenpaix.Au tableau,Haydenmontrait lesdevoirsdudoigt.Elle les recopiaità lava-vite, lorsquequelque

choseatterritsursesgenouxdansunbruitsourd.Ellefitunbond.Seule sonaversionà sortirdu lot encours lui fit ravaler lepetit hurlementqu’elle s’apprêtait à

pousser.Àcontrecœur,Kyliepassa lamainsoussonbureaupour toucher l’objetenmétal froid.Comme

ellelecraignait,ilétaitlongetvertical,avecunepoignée.L’épéeétaitderetour.Elle entendit quelqu’un s’éclaircir la gorge à quelques places de là. Elle jeta un coup d’œil sur

Derek,quiluiservaitd’escorte,etquiarticulasilencieusement:«Tuvasbien?»Manifestement,ilavaitsentiquelquechose,maisn’avaitpasvul’épée.Ellehochalatête.Auboutd’uneminute,Haydenannonçaquelaclasseétaitterminée.Kyliefeignitdeliresesnoteset

nebougeapas.Burnetttenaitàcequepersonnenesoitaucourantpourl’épée,etbrandirunearmeaubeaumilieud’uncoursdesciencessemblaittoutdroitsortid’unjeuvidéoetavaitdeforteschancesd’attirerl’attention.–Kylie,tuviens?lançaDerekàlaporte.–Euh…jedoisdiscuteravecM.Yates.Jeterejoinsplustard!Ellejetauncoupd’œilàHaydenquilascrutaitd’unairanxieux.–Attendsdehors,demandaunHayden,inquiet,àDerek.KylievitLucas sur lepasde laporte.Son regardcroisa le sien,maiselleavaitd’autreschatsà

fouetter. Pourtant, lorsqu’elle vit l’inquiétude dans ses yeux, l’amour absolu avec lequel il la

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regardait, son cœur fit une nouvelle descente en piqué. La mort dans l’âme, elle ne pouvait nierqu’ellel’avaitdanslapeau.–Fermezlaporte,leurintimaHayden,etils’approchadesonbureau.Fermezlaporte.Lesparolesdel’enseignantrésonnaientdanssatête.Elledevaitfermerlaporteà

sessentimentspourLucas.Maiscomment?–Quelquechosenevapas?demandaHayden.Toutemafichuevie.Kyliecroisaleregardduprof,chassantlapeinequeluiinspiraitLucas.–Oui,ilyauneépéesurmesgenoux.–L’épée?demanda-t-il.Ellegrimaça.–Jenel’aipasregardée,maisjesupposequ’iln’yenaqu’unequiapparaîtcommeparmagieet

quivientanéantirtouteslesrèglesetthéoriesquevousvenezd’aborderdanscecours.Haydensouritetbaissalatêtepourvoirl’arme.–Oui,cesthéoriesnevalentpasunclouquandlamagieintervient!–Lamêmeépée,jeprésume?demandaKylie.Ilopina.–Super.Puisellefitlerapprochementavecsespropos:–Vouspensezquec’estlamagiequifaitcela?CommelaWicca?–Ouautrechosedetoutaussidéconcertant,affirma-t-il.–Donc,d’aprèsvous,ilnes’agitpasdutoutdespouvoirscaméléons?Iltorditlabouche.–Ceux-cisontenpartiedespouvoirswiccans.–Oui,acquiesçaKylie,etellerepensaàsatoutedernièrequête.Cequimedéroutecomplètement,

c’estpourquoic’estsinuld’êtrenous.Ileutl’airperplexe.– Ce n’est pas nul, dit-il. Bon, je vais allez chercher mon sweat, je la cacherai dedans et nous

l’emporteronsaubureau.Tuveuxbienmel’apporter?Ellen’aimaitpastouchercetruc,maiss’emparadélicatementdelapoignéeetluitenditl’arme.À

soncontact,l’épées’embrasa.Ellelafittomberdanslesweatàcapuche.– Si ce n’est pas si nul d’être nous, alors pourquoi dissimulez-vous votre configuration ?Vous

portezmêmeunecapuchepourquepersonnenelavoie.Etpourquoi lesanciensestiment-ilsqu’ilsdoiventcachertouslesjeunes?– Parce que les gens ne comprendraient pas, parce que dans le passé, cela a conduit à notre

persécution,maispasparcequec’estnuld’êtreuncaméléon.– Mais ne serait-ce pas mieux si vous n’aviez pas à le cacher ? Si nous pouvions l’arborer

fièrementcommelesautres?Ilregardafixementl’épée,commes’ilécoutaitàmoitiécequ’elledisait.–Unjour,celaarrivera.–Non,insistaKylie,passitoutlemondecontinueàseplanquer.Illevalesyeuxsurelle.–Tunecomprendspascombienleschosesontétédifficilespournosparents.–Vousavezraison,jenecomprendspas.Etpeut-êtreest-cepourcelaquejevoislasituationplus

clairement.Ilfautqu’ilyaitunchangement.Maisquelqu’undoitleprovoquer.Iln’arriverapastoutseul,niparhasard.

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–OK,ondiraitquetuyasbeaucoupréfléchi.Commentchangerions-nouscela?demanda-t-il.–Jen’aipasencoretrouvé,maisjeleferai.Elleseleva.Ilsoupira,commes’iln’aimaitpascequ’elledisait.–Quand tu trouveras quelque chose, soumets-le-moi d’abord. Je sais que tu ne voudraismettre

personneendanger.–Jeveuxjusteaider.Etjevousenparleraisijelepeux.Ellebraquasonregardsurl’épée.–Qu’est-cequecelaveutdire«sijelepeux»?Pourquoinepourrais-tupasmelesoumettre?Ellelefixa.–Jefaissimplementattentionànepasfairedepromessesquejenesuispassûredepouvoirtenir.Ilserenfrogna.–Nefaisriendestupide,Kylie.–Maintenant,sijepeuxfairedespromesses,dit-elle,j’éviterailastupiditéàtoutprix.Saréponsen’eutpasl’airdelesatisfaire,maisilpassaàunautresujet.–Tongrand-pèrem’aappeléàl’heuredudéjeuner,ilvoulaitsavoirsielleavaitdesmarques,dit-il

enretournantl’épée.Jenevoisriendutout.–Moinonplus,ditKylie.–Est-cequecelat’afaitmaldelatenir?–Mal?Non.Flipper,oui.Pourquoi?–Voudrais-tu réessayer pourmoi ? Juste quelques secondes. Peut-être qu’autre chose apparaîtra

dessus.Kylieserembrunit.–Trèsbien,maissil’épéeoumoidevenonsdingues,voustuonsouautrechosedanslegenre,ce

neserapasmafaute.LadernièrefoisqueHolidaym’afaitessayerquelquechose,Burnettafailliseretrouverstérile.Haydenfronçalessourcils.–Nousdevrionspeut-êtreattendreetessayeraubureau,avecBurnettetHoliday.–Bonneidée,acquiesçaKylie.

– Êtes-vous sûrs que ce soit une bonne idée ? demanda Kylie. Je ne voudrais pas reproduirel’incidentdupresse-papiers…Burnettétaitunpeuinquiet,maisn’enmontrarien.–Tul’asdéjàtenueetelles’estseulementembrasée.–Maisjamaisplusdequelquessecondes.– Kylie, intervint Holiday, tu n’es pas obligée de le faire, et Derek, qui se tenait à côté d’elle,

approuva.PuisqueBurnettluiavaitdemandédefairedesrecherchessurInternetàproposdecetteépée,autant

qu’ilassisteàtoutlereste.–J’aisimplementpeurqu’onnepuissepaslamaîtriseretqu’ellesemetteàtuerdesgens,ditKylie.–Pourquoiferait-ellecela,d’aprèstoi?demandaHoliday.– Je… je ne sais pas… peut-être à cause de l’épée du fantôme, répondit Kylie, et parce qu’il

trimballepartoutunetêteavecl’épée.–Crois-tuvraimentqu’ilyaitunlienentrelefantômeetcetteépée?demandaHoliday.Parceque

jenecomprendstoujourspascommentunfantômeauraitpul’envoyerici.

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–Jenesaispasquoipenser,avouaKylie.Maisjetrouvequ’ellesseressemblent.–Maisc’estuneépéedesplusbanales,observaBurnett.–Jenecroispasquetuferaisdumalàquiconque,ajoutaDerek.Tuesuneprotectrice,si l’épée

réagitavectoi,alorsc’estqu’elledoitseconnecteràcettepartiedetoi.Jenepensepasqu’ellesoitmauvaise.–Jesuisd’accord,lançaHayden.–Trèsbien,vosviessontenjeu,prévintKylieens’emparantdel’arme.–Maisaucasoù,fitHolidayenarrêtantsonamie,soyonstousprêtsànousbaisseretànousenfuir

encourant.Kyliefronçalessourcils.Holidayhaussalesépaules.–Aucasoù.Kylieattrapal’épée.BurnettpoussaHolidayderrièrelui,puisilsreculèrenttousd’unpasdeplus.

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À laminuteoùelles’emparadel’épée,cettedernières’embrasa.Lachaleurdel’armeimprégnasamainetgrimpalelongdesonbras.–Tuvasbien?demandaHoliday,commesiellesentaitlemalaisedeKylie.Celle-ciréprimal’envieurgentedelâcherl’armeetrespiraunboncoup.Àlaplace,ellelaserra

plus fortetveillaàcequesonpoidsne la fassepas trembler.Ellen’étaitpassi lourde,elledevaitpesermoinsdedeuxkilos,etpourtantcelaluiprocuraitunesensationbizarre.Latenirlamettaitmalàl’aise.–Oui,çava,répondit-elle.Elleesttiède,c’esttout.–Nelalaissepastebrûler,ditHoliday.L’épée continua à flamboyerdeplus enplusvivement,maispas aupoint de les aveugler, plutôt

commes’ilsobservaientdelalumièrefiltrée.Kylieretintsonsouffle,puis,d’unseulcoup,n’eutpluspeur.C’étaitcomme…tenirquelquechosequ’elleconnaissait.Unepierremagiqueouuncadrephotoqu’elleavaitregardétroplongtemps.Pourquoiétait-cesiagréabledanssamain?Commesi son sentimentde calme segénéralisait,Burnett etHoliday se rapprochèrentd’unpas.

Dereklessuivit.–Jenevoispasdemarquesdessus,observaHayden.–Moinonplus,ditBurnett.Kylie examina l’épée : elle ne la trouvait même plus encombrante. La gêne avait disparu. Son

étreintesurlapoignéeétaitferme,l’objetdanssamainfaisaitpresquepartied’elle-même.Elletournasonpoignetetvituneinscriptionsurlebouton,toutenhautdupommeau.–Lavoilà,l’inscription,fit-elleendésignantlamarque.Touslesquatreserapprochèrent.–C’estdulatin,observaHoliday.Celaveutdireguerriersaint.–JevaisvoircequejepeuxtrouversurInternet,mais…Dereklaregardacommepours’excuser,commes’ilsavaitquesesproposallaientl’énerver:

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–…maisilyaquelqu’uniciquis’yconnaîttrèsbienenépées.Burnettopina.–Jeviensdem’ensouvenir.LevampireregardaKylieaveclemêmeaird’excusequeDerek.Ellecompritdequiils’agissait

sansqu’ilsaientbesoindeledire.Burnettsortitsontéléphone.–J’appelleLucas.Kyliesecoualatête.–Pourquoi?Depuisquandunloup-garouserait-ilexpertenépées?Burnetthaussaunsourcil.–Sesancêtresétaientscandinaves.–Etalors?–Danssafamille,onsebatàl’épéedepuismilleans.Onl’yaforméquandilétaitpetit.Ellepoussaungémissement.ElleavaitespéréresteràdistancedeLucaslepluspossible.–Trèsbien,appelle-le.Montre-la-lui.Moi,j’yvais.Elles’apprêtaàreposerl’arme.–Enfait,j’aimeraisqu’illavoieenfeu…Lucas,dit-ilautéléphone,peux-tuveniraubureau?J’ai

quelquechoseàtemontrer.Oui…Oui,non,ellevabien…Tuverrasquandtuseraslà…Super.Ilraccrocha.–Ilarrive,ilétaitauréfectoire.Kyliecompritqu’ilavaitdûlessuivreaubureauetattendait,aucasoùquelquechosesepasserait

mal.Qu’ilpenseàellel’émutdenouveau.Ellefermalesyeuxunesecondeetsepréparaàlevoir.Unbruitdepasprécipitéssurleperronbrisalesilence.Laportedubureaus’ouvritd’uncoup.–Entre!direntBurnettetHolidayenmêmetemps.LucasseprécipitaversKylie,maiss’arrêtanetenvoyantl’épée.–Bonsang!s’exclama-t-il,lesoufflecoupé.–Connais-tuquelquechosesurcegenred’épée?demandaBurnett.Lucas approcha. II attrapa le poignet de Kylie délicatement et scruta l’arme de plus près. Elle

l’entendaitrespirer,souffledouxetcalme.Ellesentitqu’ilnepensaitpasseulementàl’épée.Ellesemorditlalèvrepournepassoupirer.–Et?demandaBurnett.Lucasinspira.Il tournalégèrementlamaindeKyliepourregarder l’épéecorrectementdesdeux

côtés.–Elledatedudouzièmesiècle.Trèsprobablementuneépéedecroisé.–J’enétaissûr,lançaBurnett.Aucuneidéedelaraisonpourlaquelleelles’embraserait?Lucaslevalesyeuxsurelle.–CedoitêtreKylie.Sonpouceeffleuralebasdesonpoignet.Soncontactétaitdouxetduràlafois.Elleavaitenviede

pleurer.Elledéglutitdenouveauetpriapourtenirseslarmesenéchec.Maismincealors!Mêmeencolèrecontrelui,mêmesûreetcertainequeleurrelationétaitmaudite,ellel’aimaittellementfort!Ledésirdes’appuyercontrelui,delesupplierdelaprendredanssesbrasétaitintense,maiselleseforçaànepascraquer.–Oui,ons’endoute,répliquaBurnett.Maispourquoi?Lucascontinuaàlacaresserduregard.–Ça,jel’ignore.Maisjepourraisdeviner.–Alorsdevine!luiordonnaBurnett,àboutdepatience.

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–C’estuneguerrièresainte,ditLucas,etilluijetauncoupd’œilrapide.KyliechassasesinquiétudesausujetdeLucaspourseconcentrerànouveausurl’épée.–Non,jesuissimplementuneprotectrice.Jenesuispasuneguerrière.Jen’aimepaslaguerre!–Pourtant,c’estexactementcequeditl’épée,observaBurnett.Guerrièresainte.–Jepeuxvoir?demandaLucas.Kylieretournasonpoignetetluimontral’inscription.–Incroyable!Tuesbienuneguerrièresainte.Ileutl’airintimidé.Impressionné.Àuneépoque,elleauraitétéraviedesuscitercetteexpressiondanssesyeux.Maispasàcetinstant.

EllenevoulaitpasseprendrepourJeanned’Arc,nipouraucuneguerrière.–Onnepeutpascroiretoutcequ’onlit,dit-elle.Saréactionlelaissaperplexe.–C’estpresquelamêmechosequ’uneprotectrice,maispourmoi,c’estencoreplusextraordinaire.

Ilyadeslégendessurça.Jenem’ensouvienspas,maismagrand-mèreaunlivrequienparle.–Maistun’asjamaisrencontrédeguerrièresainte,si?demandaKylie.–Toi,répéta-t-il,légèrementfier.–Avantmoi!lerembarra-t-elled’untonsec.–Non,avoua-t-il.Ellesetournaverslesautresdanslapièce:–L’und’entrevousena-t-ildéjàrencontréune?Ilsfirenttousnondelatête.–Donc la voilà,ma preuve, affirma-t-elle catégoriquement. Ce ne sont que des légendes. Elles

n’existentpasdanslaréalité.Ellenevoulaitpascroirequ’elleétaituneguerrière.Elleessayaitencoredesefaireàl’idéequ’elle

étaituneprotectrice.HolidayapprochaetposaunemainsurlebrasdeKylie.–Nousignorionsl’existencedescaméléonsjusqu’àilyaquelquessemaines.–Ellearaison,approuvaDerek.–Bon,trèsbien,vapourcetargument,songeaKylieentâchantdesecalmer.Lucas,quitenaitencoresonpoignet,leserraunpeuplusfort.–Cen’estpas…grave.Êtreuneprotectrice,c’estpratiquement lamêmechose.Tudois tebattre

pourprotégerquelqu’un.Elle baissa les yeux sur l’épée qui brillait et se rendit compte que le contact deLucas était plus

chaudqueceluidel’arme.– Bon, supposons qu’elle soit une guerrière sainte, mais qu’est-ce que ça veut dire ? demanda

Burnett. Pourquoi l’épée vient-elle d’apparaître ? Est-ce une sorte de rite de passage ? Juste unequestiondetiming?Ou…autrechose?Safaçondedire«autrechose»donnal’impressionquec’étaitgrave.EtKyliedevinaqueçal’était,

eneffet.Etçaneluiplaisaitpasdutout.Lucaslaregardad’unaircompatissant.– Je crois qu’on lui offre une épée dans un but bien précis. Oui, peut-être parce que, jusqu’à

présent,ellen’étaitpasencoreprêteàlarecevoir.Maisjepensequec’estplusparceque…Unairprotecteurtraversasonvisage.Ellesavaitqu’ilspensaienttouspareil.–Parcequequoi?s’enquirentBurnettetHolidayenchœur.–Parcequ’ellepourraitenavoirbesoin.L’épéeapparaîtquandvientl’heuredesebattre.

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–C’estexactementcequ’affirmentlesanciens,lançaHayden.Sionlaluiadonnée,c’estqu’elleenaurabesoin.–Commentenêtresûr?demandaBurnett.Lucassecoualatête.–Aucuneidée.Mais…Sais-tut’enservir?–Commentlesaurais-je?Jenesaismêmepascommentmarcheunéconome!Etc’estjustement

pourcetteraisonquec’estn’importequoi.Jenesuispasuneguerrière.–Jet’aivuetebattre,lançaDerek.Tuesgéniale!– Il a raison, insista Lucas. Tu as également un cœur de guerrière.Mais elle doit apprendre à

manierl’épée,affirma-t-ilenreposantlesyeuxsurBurnett.Manifestement,Kylien’auraitpassonmotàdire.Ellefronçalessourcils.–Peux-tuleluienseigner?demandaBurnett.LeregarddeLucascroisalesien.Non,pensaKylie,etellefinitparretirersamaindelasienne.Ce

n’étaitpasunebonneidée.–Sielleveutbienmelaisserfaire,lançaLucas.–Kylie?insistaBurnett.Avait-ellelechoix?Non.Ellenepourraitpasyéchapper.Ellelesavait.Enétaitconvaincue–si

l’épéesetrouvaitdanssamain,c’étaitparcequec’étaitsaplace.Elleacquiesça,mêmesicelaluiétaitinsupportable.–Bien,approuvalevampire,avant tout j’aimeraisquetum’apportes les livresdelégendesdeta

grand-mèreetensuite,tonjobconsisteraàluiapprendreàmanierl’épée.Lucassetournaverslajeunefille.–J’aihâte,lança-t-il.Pasmoi,songea-t-elle,maisellegardasespenséespourelle.

Dix minutes plus tard, Kylie retourna dans son bungalow, accompagnée de Derek, son escorteofficielle, jusqu’à ce que Della revienne de sa réunion avec ses sœurs vampires. Les courscommenceraientlelendemain.–Jesaisquecelanetefaitpasplaisir,lançaDerek.–Tuesmonescorte,toutvabien.–Non,pasça,jeparledescoursavecLucas.Ellesoupira.–Jenepensepasavoirlechoix.–TuauraispuinsisterpourqueBurnetttetrouveunautreprofesseur.–Jen’yaipaspensé.Maispourquoi?Parcequejedésireêtreaveclui?–C’estsûrementmieuxainsi.–Pourquoi?demandaKylie,quisentaitqu’ilneluidisaitpastout.Ilsourit,maisavecunelégèretouchedetristesse.–Tul’aimes.Jel’airessentisifort.Toutcommetacolère.–J’ailedroitd’êtrefurieuse,marmonna-t-elle,bienqu’ellesûtquecen’étaitpaslepireproblème.–Oui,tuasledroit,réponditDerek,maiscequetuéprouvaisétaitplusfortqueça.Ellecroyaitqu’ilfaisaitallusionaufaitqueLucasfiniraitparladétester,maisilpoursuivitd’unair

penaud:

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–Jel’airessenti.Lemêmetourmentquit’habitaitquandons’estrencontrés.Quandtusouffraisàcausedetonex.Ensuite,c’étaitlapeinequetuéprouvaisàcausedetonbeau-père,quandilatrompétamère.Etpuiscesentimentd’avoirététrahie.Ellevoulaitlenier,maisn’yparvintpas.–Alors,j’imaginequecelaveutdirequevousêtestousdesenfoirés,lesmecs!Soncœursenouaetelledéglutitpouréviterqueleslarmesluimontentauxyeux.Ilsoupiraetluitouchal’épaulepourl’apaiser.–CequeLucasafaitétaitmal,Kylie.Cequenousavonstousfaitétaitmal.Etjeneprétendspas

qu’ilneméritepastacolère,maisilnedoitpaspayerpourleserreursdetouslesautres.Endépitdesesefforts,deslarmesluivoilèrentlesyeux.EtsiDerekavaitraison?Soncontactchaudluifitdubien,maisn’arrangearien.Parcequelepassén’étaitpasréparable.–Mêmesijepouvaisoublier,notrerelationnefonctionneraitpas.–Pourquoipas?demanda-t-il.–Jetel’aidéjàexpliqué.Ilperdraittout.Safamille,sameute.Etsurtout,sesrêves.Jerefused’en

êtrelaraison.Elle se remit en route.Vite, regrettant de ne pas pouvoir courir, s’enfuir loin de tout ce qu’elle

ressentait,detoutcequ’elleavaitperdu.Il la rattrapa, et elle ralentitquand ilsprirent lecheminquimenait à sonbungalow.L’air sentait

l’automne,commepourdirequelaviechangeait.Lechangementétaitdifficile.Ledemi-Faes’éclaircitlagorgeetrompitlesilencefragile.–Alors,tutrouveraslemoyend’esquiverça.Elleleregarda,sanstropcomprendrecequ’ilvoulaitdire.–Esquiverquoi?–Lefaitqu’ilperdetout.–Jenecroispasquecesoitpossible,dit-elle.–Toutestpossible,tuesKylieGalen.Illuiadressaunsouriresincère.Ellesecoualatête.–Tusais,lesgensm’accordentbientropdemérite.–C’estparcequetunetevoispastellequetues,rétorqua-t-il,ungrandsouriresurleslèvres.–Jen’aipasl’étoffed’uneguerrière,Derek.– Tu t’en sortiras très bien. Et tu te souviens quand tu m’as conseillé d’accepter mes dons la

premièrefoisquenoussommesarrivésici?–C’étaitsûrementunmauvaisconseil,lança-t-elle.–Non,pasdutout.Tum’asditquejedevaislesaccueillir.Tuavaisraison.Jenemevoispasnepas

utiliser mes pouvoirs en ce moment. Ils font partie de moi. Et toute cette histoire d’épée et deguerrièrefaitpartiedetoi.–J’aidéjàdupainsurlaplanche,pasbesoind’enrajouter.–C’est-à-dire?–Monfantômeattitré,jedoislerenvoyerdel’autrecôtéavantqu’ilnemerendefolle.Etpuisilya

mesquêtes.–Maistunecroispasquetoutecettehistoired’épéefaitpartiedetesquêtes?Jepensequelefait

qu’elles’embrasequandtulatouchesestunsignequetunedoispasnégliger.–Ehbien,cen’estpasmapriorité,lerembarra-t-elle.–Puis-jet’aiderd’unefaçonoud’uneautre?

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Elleréfléchit.–Jenecroispas.–Raconte-moitonhistoiredefantôme.Elleluiparladel’esprit.Etdelatêteetdel’épée.–Mince,ilyadequois’angoisser!Toutceladoitavoirunrapport.JesaisqueLucasrapportera

ces livres de chez sa grand-mère,mais je ferai des recherches sur Internet. Je trouverai peut-êtrequelquechose.–Merci.Pourtout.–Tout?–Jeneméritepastonamitié.–Oh!quesi!Ilsmarchèrentquelquesminutesensilence.Lebruitdeleurspassurlecheminrocheuxsemêlaità

lamélodiedelanature.Descrisd’oiseaux,desinsectesquibourdonnaient.–Tuveuxsavoirquelquechose?demanda-t-il.–Quoi?–Tuasfaitcequ’ilfallait…pournousdeux.J’avaisbesoinquetumeledises.Çaabeauavoirl’air

fou,maisjemesensmieuxenréalité.–Tudisçapournepasquejeculpabilise?–Non,jesuissérieux.C’estmieuxcommeça.Elleleregardaetsentitqu’ilétaittotalementhonnête.–Çaira,nousdeux,hein?demanda-t-elle.–Biensûr.Etjeneplaisantepasquandjetedisquejesuistonami.–Moinonplus.Ilsmarchèrentencoreunpeuensilence.–Quellessonttesautresquêtes?demanda-t-il.Ellenevoulaitpasaborderlesujetduplacard,alorselleparladel’autre.–Jeveuxaider lesadoscaméléons.Lesanciens les isolentde tout. Impossiblededeveniradulte

commecela.–CommecetteJenny?Elleal’airplutôtnormale.–Elleestcomplètementcoupéedumonde.Elleluiracontaqu’ilsn’avaientnitéléphonesniamisendehorsdel’enclos.–C’esttriste.Jennyal’airsympa.–Oui, c’estvrai,ditKylieen se souvenantde la jeune filleaccrochéeaudosdeDerekquand il

couraitdanstouslessenspouressayerdelafairetomber.Ellesourit.–Jesaisàquoitupenses.–C’étaitdrôle,reconnut-elle.–J’auraispulablesser.–Maisnon,tunel’auraispasfait.–Pasdélibérément,maiselleasurgidenullepartetm’asautédessus.Jenesavaispasquec’était

unenanasexyquis’étaitaccrochéeàmoi.–Donc,tul’astrouvéesexy.Jelesavais!J’aivucommentvousvousregardieztouslesdeux.Ilhaussalesépaules.–Pasdutout!–Si!Tulamatais,même!Etelleaussi.Ilhaussaunsourcil.

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–Vraiment?Ellerit.–Oui,vraiment.–Alorsjevaispasserlavoir,ilsembleraitquej’aiunfaiblepourlescaméléons.–Bonnechance!Ilparaîtqu’ilssontcompliqués.–C’estvrai,admit-ilenriant.–C’estvraimentsidifficilepourlesadoscaméléons?demandaauboutd’unmomentDerek.–Engros, ilsn’ontpas ledroitde semontrer enpublic tantqu’ilsnepeuventpaschanger leur

configuration.Etavantdesavoirlefaire,ilsdoiventavoirdix-huitouvingtans.–Tusaischangerlatienne.– Oui, je ne suis pas différente pour rien, dit-elle, fronçant les sourcils. Apparemment, c’est

l’histoiredemavie.–Çacraintpoureux,c’estvrai.Pourquoi tune lesferaispasvenir ici?JesuissûrqueHoliday

seraitd’accord.–Crois-leounon,j’yaipensé,maisceneserapassisimple.D’abord,ilfallaitqueKylietrouvelemoyendepousserlescaméléonsàfaireleurcomingout.–Entoutcas,tupeuxcomptersurmoi.–Jem’ensouviendrai.Quand ilsparvinrentaubungalow,DellaetMirandas’y trouvaientdéjà.Ellesétaientassisesà la

tabledelacuisine,sodaàlamainetl’airpréoccupé.– Super, te voilà ! s’exclama Miranda comme si elles l’attendaient pour tenir une table ronde

importante;uneconversationàcoupsdeCocalight.PuissesdeuxcolocsregardèrentDerekenluisignifiantqu’iln’étaitpasconviéàleurpetitefête.Il

pouffa.– La dernière fois que j’ai vu cette tête chez les filles, unmot était écrit sur la cabane demon

voisin;ildisait:«Interditauxgarçons.»Àplustard!EtsijetrouvequelquechosesurInternet,jeteleferaisavoir.KyliesetournaversDellaetMiranda:–Pourquoijenel’aipaschoisi,lui,toutauraitététellementplussimple!–Parcelescœurssontdeméchantspetitssalaudssournois,conçuspourprovoquerlemalheur.Ils

sefichentéperdumentdecequifaciliteraitoucompliqueraitlaviedeleurspropriétaires,lançaDellad’untoncassant.Çacraint,vraiment!ajouta-t-elled’unevoixstridente,endonnantungrandcoupdepoingsurlatable.Jeproposequel’onsereprenneunecuiteauchocolat!KylieregardaMiranda,l’airdedire:«Qu’est-cequisepasse?»Celle-cihaussalesépaulesetlutmanifestementlademandesilencieusedesonamie,parcequ’elley

répondit.–Stevel’appelletouteslesdemi-heures,maisellerefusederépondre.

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Lelendemain,aprèsl’école,Kyliesouffraittoutdemêmed’unegueuledeboisauchocolat.Oui,çaexiste.Elleenétait lapreuvevivanteetnauséeuse.Holiday,quiprétendaitqu’ellesméritaient toutesles troisdenoyer leurchagrindans lecacao, leuravaitnonseulement fourni lesiropauchocolat,maisavaitenvoyéBurnettacheterdelaglaceauchocolatetunpaquetd’Oréos.Bien sûr, il en restait moins de la moitié quand Burnett et Holiday arrivèrent, et celle-ci avait

encoredesmiettessurlementon.–Jemangepourdeux,expliqua-t-ellepours’excuser.Dellas’enétaittenueàsesBloodyMarychocolatés,maisKylieetMirandas’étaientgoinfréesde

toutcequ’ellespouvaient.Kylieneseseraitpasétonnéed’enêtredégoûtéeàvie.Ellenepouvaitpasnierquelechocolatavaitréussiàapaisertemporairementtoussesproblèmes.Apaiser,pasrésoudre.Della avait râlé contre Steve, qui n’acceptait pas que ce soit terminé. Miranda se demandait

commentprésentersesexcusesàNikki.Kylieavaitfaillipleurnichersurlesgarçonsquiétaientdesbons à rien, des menteurs. Puis elle se rappela ce que Derek avait dit : qu’elle passait toutes sescolèressurLucas.Etc’étaitvrai.Ellepréféradoncattaquerlechapitredelaguerrièresainte.Elle leur raconta toute l’histoire de l’épée, en leur faisant jurer de ne pas la répéter. Miranda,

naturellement, trouvait l’épisode de la guerrière supercool, et Della était jalouse. Kylie, encoreénervée,vidaunautreboldecrèmeglacéepourl’aideràsupportertoutcela.Puisellesfinirentparrigolerbêtementdechosesidiotes.Parmilessujetsqu’ellesabordèrent,ilyavaitlesexe,lesgarçonsetcequiétaitleplussexy,slipsouboxers.Lesboxersl’emportèrent.–Bond’accord, peut-être que le chocolat et le sangne font pas bonménage, en fin de compte,

déclaraDella,l’airplutôtlugubrecetaprès-midi-là.C’étaitKyliequiauraitdûêtredelapirehumeur.Elleallaitprendresonpremiercoursd’escrimeavecLucas.Auborddulac,enplus.Pourquoiavait-ilchoisicelieupours’entraîner?Mais,biensûr,parcequec’étaitl’endroitqu’ilchoisissaittoujourspourflirter.S’ilavaituneidée

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derrière la tête, il valait mieux qu’il l’oublie très vite. Elle était venue pour se battre, pas pourl’embrasser!Il l’attendait, nonchalamment adossé à un arbre.Elle ne l’avait pas revu depuis la veille dans le

bureau,maiscelaluiparaissaittrèsloin.Ilavaitséchélescours.QuandMmeCanes’étaitinterrogéesur son absence, Fredericka était intervenue et avait expliqué qu’il avait dû aller chercher quelquechosechezsagrand-mère.Kyliepensaqu’ils’agissaitdeslivresqueBurnettvoulait.Il semblait plus loup qu’humain, et elle en déduisit que la pleine lune arrivait. Elle avait déjà

remarquéquequelquesjoursavantlapleinelune,l’animalenluiprenaitledessus.Ses cheveux noirs rebiquaient par endroits, il avait franchement besoin d’une bonne coupe.Ces

bouclesquis’agitaientsouslabrisedonnaientl’envied’ypasserlesdoigts.Ilportaitunjeanmoulant.OndevinaitsesmusclessoussonT-shirtbleu.Ilsemblaittoutdroitsortid’unepub.Il se dirigea vers elles, sans se presser. Sa démarche était lente, assurée.Kylie en eut le souffle

coupé.–Tusaisqu’unloup-garoupeutsentirtesphéromones,n’est-cepas?chuchotaDellaàl’oreillede

sonamie.Génial,songea-t-elle.–Sicelapeutterassurer,tun’espaslaseuleàpolluerl’airencemoment.Kylienes’étaitpashabilléepourattirersonattention.SonT-shirtroseaudécolletérondnerévélait

qu’unpeudepoitrine.Biensûr,ilétaitsuffisammentmoulant,maisc’étaitlecasdelaplupartdesesvêtements. Son short était un jean coupé, rien de trop court, ses chaussures, des tennis blanchesordinaires, sur des chaussettes roses assorties à son T-shirt. Et le seul maquillage qu’elle portait,c’étaitdumascaraetdubrillantàlèvres.Lucass’arrêtadevantelle.Ellefitcommesisaprésencelalaissaitindifférente.Maislorsqueleursregardssecroisèrent,lecœurdeKyliefitunbonddanssapoitrine.–Est-cequevousvoulezquejereste?Le«oui»deKylieetle«non»deLucasrésonnèrentenmêmetemps.– Désolé, fit Lucas, mais pas si désolé que ça. J’ai besoin de toute l’attention de Kylie, et tu

risqueraisdeladistraire.–Mouais,répliquaDella,totalementincrédule.Lucasregardalavampenfronçantlessourcils.–C’estbon,jevaisfaireunpetittour.Appelle-moiquandtuaurasterminé.–Jelaraccompagneraiàsonbungalow,ditLucas.–Jet’appelleraidèsquej’auraiterminé,décrétaKylie.Della partit à toute allure. Kylie se demanda comment elle allait trouver la force de supporter

l’heurequiallaitsuivre.

Aucundesdeuxneparlapendantuneminute.Ellerespiraunboncoupetsetournaverslui.–Jesuisprête.–Attends,jevaischercherlematériel.Il retourna vers l’arbre sous lequel reposait un gros sac en toile. Il en sortit une serviette

enveloppant l’épée. Un frisson la parcourut. Ce n’était pas de la peur, mais une folle prise deconscience.Rienquesafaçondelatenirévoquaitlerespect,larévérence.Kylieserapprochaetleregardaen

sortirunedeuxième.Légèrementdifférente,maissimilaire.Latailleetlaformesemblaientpresque

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identiques.Puisuneautreapparutcommeparmagie.–D’oùvientcelle-là?demanda-t-elle.–Celle-cim’appartient.Jel’aipriseenallantchercherleslivrespourBurnett.Mongrand-pèreme

l’aofferteavantdemourir.Elleremarquaquelesarmesseressemblaient.–Étaient-cedescroisésoudesguerrierssaints?Il lui adressa l’unde sesgrands sourires sexydemauvaisgarçon.Et tantpis si elle se retrouva

hyperembarrassée.Àcetinstant-là,ellesesouvintdugoûtdeseslèvres.–Enréalité,c’étaientdesVikings.DessortesdeRobindesBois,pasdespiratesmeurtriers.Enfin,

c’estcequ’onm’araconté.Elleessuyasesmainsmoitessursespochesarrière.–Burnetta-t-ilapprisquelquechosed’intéressantdansteslivres?–Jel’aivujusteaprèsledéjeuneretilm’aditqu’ilétaitencoreentraindelesétudier,expliqua-t-il

ensortantdusacdeuxépéesenbois.–Ettoi,tulesaslus?– Oui. Quand mon grand-père me donnait les cours, je les ai dévorés. Je me prenais pour un

guerriersaint.Sonsourires’illumina.Jefaisaissemblantdesauverdesdemoisellesendétresse.Ellelevoyaittrèsbiendanscerôle.Ellesesouvintquandilsétaientpetitsetqu’ilavaitrattrapéla

pierrequedegrossesbrutesavaientjetéesurelle.Àsixans,elleleconsidéraitcommeunhéros.Àseize,commeunbourreaudescœurs.–Bon,d’abordjevaistemontrercommenttenirl’épée,etensuitejet’apprendraidesmouvements

défensifstrèssimples.Puisnousnousbattronspourdebon.Ilramassasonépéeetsepositionnaderrièreelle.Elleluifitfaceimmédiatement.–Retourne-toi,jeveuxt’expliquercommentlatenir.–Pourquoitunemepeuxpasmemontrertoutsimplement?Ilserembrunit.–C’estcommeçaquemongrand-pèremel’aenseigné.S’ilteplaît,retourne-toi.Elle le regardad’unair renfrogné,mais s’exécuta.Puiselle retint sonsouffleetattenditqu’il la

touche.Desentirsoncorpscontrelesien.Attenditladouleurdanssoncœurquinemanqueraitpasdesuivre.Ellesentitsontorsechaudsecollercontresondos.Ilplaçaunemainsoussoncoude,puis lafit

lentement glisser le long de son bras. Elle désirait autant ce contact qu’elle l’appréhendait. Elledéglutitetcebruitluiparutpresquetropfort.–Prendsl’épée,murmura-t-il.Elleentouralapoignéedesapaume.–Maintenant,bougeuntoutpetitpeulepoignetjusqu’au…Ilmarquaunepauseaumomentmêmeoùl’armesemettaitàs’embraser.Safaçonderespirerluimontraqu’ilétaitàlafoisrespectueuxetintimidéparcequefaisaitl’épée.

Kylieétaitbientroppréoccupéeparsoncorpscontrelesienpoursesoucierdel’arme.–Commeça,dit-il,etildéplaçatrèslégèrementsonpoignetsurladroite.Ellesentitsajouedanssanuque.–Sens-tuquel’épéeestàl’horizontaledanstamain?Ellehochalatête,nefaisantpasconfianceàsavoix.Sonodeurl’enivrait.–Tutedébrouillesbien.

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Ilsrestèrentainsidelonguessecondes.–Lasuite,c’estquoi?lâcha-t-elle,ensereprenantunpeu.–Maintenant,jevaistemontrerdesmouvements.Armeàlamain, il luifit face.Sonregardbleulapénétra.Ellevit lachaleurdanssesyeux,et le

désir.–Désolée,jenevoulaispasquecelaseproduise.Ellesedétournarapidement.Etespéraqueceduelneseraitpasqu’unjeudeséduction.

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Elle passa les trenteminutes suivantes à imiter sesmouvements, encore et encore. À donner ungrandcoupd’épéeparci,unautrepar là. Ilaboyait lesordres.Commesongrand-père le luiavaitappris.– Pointe l’épée vers l’extérieur, là où se trouvera ton adversaire. Et ne regarde pas en bas.

Maintenant,équilibretonpoids.Étiretesmouvements.Encoreetencore,ilsrecommencèrent.Enfait,c’étaitépuisant.Lesoleilétaitchaudsursapeau,l’air,épais.Lesmusclesdesesjambesla

brûlaient.Maispasunefoiselleneseplaignit.Ellecraignaitquecelanel’inciteàlatoucher.–C’estbien,lafélicita-t-ileneffectuantlesmêmesmouvementsàcôtéd’elle.Tuyarrives!–Tuasçadanslesang!Elleentenditlavoixavantmêmedesentirlefroidquiaccompagnaittoujourslefantôme.Celui-ci,

àgauchedeKylie,tenaitsapropreépéeetsuivaitlesconseilsdeLucas.–Quefais-tu?demanda-t-il.Déplacelepoidsdetoncorpsenarrière,puisenavant.ElleignoraLucas,maiscontinuaàbouger.Elleseconcentraitdésormaissurl’armedel’espritet

nesuivaitplussesinstructions.Comparant les épées, elle constata que celle du fantôme n’était pas tout à fait comme celle qui

étincelait dans ses mains. Elle était bien plus mince et pointue. Et le manche, que Lucas appelait«poignée»,étaitpluslong.–Quel genre d’épée as-tu ? demanda Kylie à l’apparition, en pensant que si elle la poussait à

s’ouvrir,ellepourraitluidonnerunindicedontelleseserviraitpourlafairedisparaître.–L’épéed’unsalaud.Jel’aivoléeàunsalaud.Ellerit,maisnefitpasunseulfauxpas.Elleavait

l’airenforme.Sestalentsd’épéistevalaientlargementceuxdeLucas,etlesdépassaientmême.–Jesuissérieuse.Kylietrébucha.

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–Çava?s’inquiétaLucas.–Oui,répondit-elle.Ilfallaitqu’ellecomprennetoutcela.Plustôtlefantômes’enirait,plusviteellepourraittravailler

sursesautresquêtes.– Qui veux-tu que je tue ? demanda-t-elle en continuant à bouger, mais pas assez bien,

apparemment,parcequeLucass’étaitimmobiliséetladévisageait.–Veux-tufaireunepause?demanda-t-il.–Quiest-ce?criapresqueKylie.L’espritregardaLucas.–Écoutecegarçon,c’estunbonprofesseur.Avecunpeud’entraînement,tuserasprête.Tutueras

monennemi,etensuitejetelaisseraiprendremaplaceenenfer.–Enenfer?LesouffledeKylies’entrecoupa.Ellen’avaitjamaiseuaffaireàcephénomène.Elle

ne put s’empêcher d’espérer qu’il se trompait.Mais sachant ce qu’elle savait, connaissant tous lesgensquel’espritprétendaitavoirtués,ellerisquaitbiend’allerenenfer.Lefantômes’évanouit.Kylie tapadupiedde frustration.Elleétaitmaintenant sûreque le fantômeavaitun rapportavec

l’épéequ’elleavait reçue.Maisqu’est-cequecelavoulaitdire?Était-ellecenséeobéirà l’espritettuerquelqu’unpourlui?L’idéed’ôterunevielafitfrissonner.Encoreuneraisonpourlaquelleelleremettaitenquestionses

donsdeguerrièresainte.–Tuveuxdel’eau?demandaLucas.Elle le regarda. Sa peau, déjà dorée par le soleil, étincelait de sueur. Le devant de son T-shirt

moulaitlehautdesontorseetmettaitsespectorauxencoreplusenvaleur.Ellebaissalesyeuxsurlalame.–Existe-t-ildes…desépéesbâtardes?–Oui,pourquoi?Il sortitdeuxbouteillesd’eaude son sac. Il lui endonnaune.Samaineffleura la sienne.Elle la

retira,ilserembrunit.–Pourrien,répondit-elle.Ellesavaitqu’iln’avaitpasenvied’êtreaucourant.Iln’aimaitpaslesfantômes.Maisilestalléau

cimetièrepourmoi,pourm’aider.Mêmeàuneépoqueoùj’étaisunvampire.Ellereposal’épéeetl’observaperdresateintedorée.–C’esttellementétrange,fit-il.–Oui.Labouteillequ’illuiavaitdonnéeglaçal’intérieurdesapaume.Ellel’ouvritetenpritunelongue

gorgée.Ilsburentsansriendire.–Tuesprêteàreprendrel’entraînement?demanda-t-il.Elleregardasonépée,etcellequireposaitsurlaserviette.Devraiesarmesquipouvaienttuer.Un

écart,etlablessurepouvaitêtretrèsgrave.–Jenecroispas.–Pasaveccelles-là.Tun’espasprête.Aveccelles-ci,oui.Ilsortitlesépéesdebois.Ellevoulaitrefuser,maisseditqueplustôtelleapprendraitàsebattre,moinselleverraitLucas.

Ellerebouchalabouteille,ladéposaàcôtédel’épéeetpritl’unedesarmesdebois.–Prête!

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Vingtminutesplustard,elleparvenaitàbloquerlaplupartdesesattaques.Maistroisfoisilesquivasonépéeetluitouchalapoitrineavecleboutenbois.–Deuxpointspourleprof,disait-ilàchaquefois.Puisilsrecommençaientàdonnerdegrandscoups,avançaient,reculaientettournaientparfoisen

rond. Le bruit de leurs épées de bois qui s’entrechoquaient résonnait à ses oreilles. De la sueurdégoulinaitencoredesonfront.Maisellel’ignora,déterminéeàgagnerquelquespointstouteseule.Elleenregistraitlemoindredesesmouvements.Seservantdecequ’elleavaitappriscontrelui,elle

attenditsonopportunitéetlasaisit.Elletouchaenfinsontorseavecleboutenbois.Ellesentitlasueurruisselerentresesseins.–Deuxpointspourl’élève,claironna-t-elle,savourantcemomentdesuccès.Etelleadoraitça.Ils’arrêtaetbaissasonépée.–Tunepeuxpassavoircommecesourirem’amanqué.Pourromprelecharme,elleassénaungrandcoupdesalamesurlasienne.–Noussommesvenusicipournousbattre,lança-t-elle.Illevasonarmeetseremitàl’entraînement.–Tumemanques,souffla-t-ilenimmobilisantl’épéedeKylie.Ellerecula,puisrevintaussitôtàlacharge.L’épéedeLucasl’arrêta.Ellereculaetreculaencore.–Tuesmonâmesœur,déclara-t-ilenlabloquantàchaquefois.L’émotion l’envahit. En partie car elle se souvenait l’avoir entendu dire cela à Monique, mais

surtoutparcequ’ellesavaittoutcequ’ilavaitàperdre.Ellefrappaplusfortetsonépéeheurtalesoldansunbruitsourd.L’impactfitvolerl’épéedeLucasdesesmains,etlasiennesebrisaendeux.–Tu devrais faire ce que veut ton père.ÉpouserMonique.Entrer auConseil, comme tu l’avais

prévu.–Jeneveuxpasl’épouser,lâcha-t-ild’unevoixgrave.Jen’auraisjamaisdûaccepter.–Jecroisquenousenavonsterminé,répondit-elle,lecœurbattantàtouteallure,etunmondede

douleurpesantsursapoitrine.Lamélancolieenvahitsonregard.–Pourl’épée,oui,maispasentrenous.Ilrangealeursaffaires,tandisqu’elleessayaitdereprendresonsouffle.Iltrouvalamoitiédeson

épéeetlaramassa.Elleneputs’empêcherdesedemandersicen’étaientpaslesmêmesépéesquesongrand-pèreet

lui utilisaient. Et si c’était le cas, elles devaient sûrement signifier quelque chose pour lui. LaculpabilitéenvahitKylie.–Jenevoulaispaslacasser.–Jesais,c’estbon,celaarrivesouvent.Ilmarquaunepauseetàlafaçondontillaregarda,ilsemblaitsurlepointdedirequelquechose

qu’elle ne voulait pas entendre. Le téléphone de Kylie sonna. Elle le sortit de sa poche. Lucas serembrunit.–Sic’estDella,dis-luiquejevaisteraccompagneràtonbungalow.–C’estmamère, précisaKylie en s’éloignant de quelquesmètres, un peu inquiète que samère

l’appelledurantsesheuresdetravail.–Quoi,maman?fit-elle,anxieuse.–Quoi?C’estjustementcequetuvasmedire,toi!rétorqua-t-elled’untonsec.–Quedevrais-jetedire?–Commentoses-tumefaireça,KylieGalen?

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Letondesamèrelarenvoyaàl’époqueoùellesnes’entendaientsurrien–àl’époqueoùellelasurnommaitlaReinedesGlaces.–Maman,qu’ai-jefait?Kylies’éloignaencorepournepasqueLucasentendelaconversation.–Tusaistrèsbiencequetuasfait,nejouepasl’innocenteavecmoi.–Jenejouepas,s’énervaKylie.–TuasrencontréM.etMmeBrighten,pasvrai?Samère parlait si fort que cela lui faisaitmal aux oreilles, et elle était sûre que Lucas pouvait

l’entendre.ElleavaitprévudeluienparlerdèssonretourauxÉtats-Unis,maisaprèslefiascodelagrossesse,

lemomentneluiavaitpasparuidéal.Ethiermatin,avectouteslesexcusesetlesélogessurJohn,celaneluiavaitpassembléopportunnonplus;deplus,c’étaitunsujetqu’ellesdevaientaborderentêteàtête.–Oui,etjecomptaist’enparler.–Comptais?Tucomptaism’enparler?Tunecroispasquetuauraisdûmeledireavantd’agir!–Jet’aiditquejevoulaislefaire.Nousl’avonsévoquéilyadesmois,tutesouviens.–Tuauraisdûendiscuterd’abordavecmoi.Et toi, tu aurais dû m’en parler voilà des années. Mais elle ne dit mot. Sa mère n’était jamais

raisonnablequandelleétait énervéeàcepoint, etmettrede l’huile sur le feudanscesmoments-làn’étaitpasintelligent.–Ilst’ontappelée?demandaKylie.Pourquoiavaient-ilsdécidéde l’appeler?C’estellequidevaits’encharger…Maisbon,elle les

voyaitmalsemontrergrossiersenverssamère.–Oui,ilsm’ontpasséuncoupdefil!Tuimaginesàquelpointlaconversationétaitbizarre?–Jesuisdésolée.MaistuétaisenAngleterre.–Depuiscombiendetempscelaétait-ilprévu,jeunefille?– Ils s’étaientabsentéset jenecroismêmepasqu’ilsaienteumonmessageavantde rentrer. Ils

m’ontrappeléepourmeprévenirqu’ilsvoulaientvenirimmédiatement.–Tuauraisdûd’abordm’enfairepart,missGalen!Ohmince, dès que samère l’appelaitmissGalen,Kylie savait qu’elle était cuite. Et comme de

nombreusesfoisdanslepassé,ellenepensaitpasmériterça.–J’auraisdûêtrepréparéeàleurparler,maisnon,cecoupdefilm’esttombédessussansprévenir.–Jesuisdésolée,répétaKylie.–Johnétaitavecmoiquandl’appelestarrivé.Deslarmesemplirentsesyeuxetelleneparvintplusàcontenirsacolèrepluslongtemps.–C’estpourçaquetuesénervée?ParcequeJohnétaitlà?–JeneluiaipasditqueTomn’étaitpastonpère,c’étaitvraimentlahonte.–Tuashontedemoi?–Arrêtederetournerlasituation.–Retournerlasituation?Jesuisdésolée,maman,maissitusavaiscommetutetrompes…–Ce n’est pas toi quime fais honte.Mais le fait d’avoir attendu un enfant d’un homme que je

connaissaisàpeine.Kylieessuyaseslarmes.–Maistum’astoujoursaffirméquetul’aimais.Samèreseraclalagorge.

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–Biensûr,mais…– Mais quoi ? Tu avais peur que ton cher John prenne ton omission de la vérité pour un

mensonge?–Kylie,nesoispas…–Etceneseraitpasbien,n’est-cepas?poursuivit-elle.Attends,tun’espasobligéederépondre,

parcequejepeuxtedirecequecelafait.Quandquelqu’unquetupensaisconnaîtretecachequelquechose,quelquechosequiauraitdûcompter.Jenepeuxpascroirequetusoisencolèrecontremoidenepas t’avoirditque j’avaiscontacté lesBrighten,alorsque tunem’ascarrément jamaisparlédemonproprepèrenidemesgrands-parentspendanttoutescesannées!Samèreinspiraungrandcoup,cequifuttrèséloquent.–Je…jecroyaistel’avoirexpliqué…–Oui, tum’as expliqué que tu étais folle amoureuse de papa, et voilà que tu prétends que tu le

connaissaisàpeine?–Je…jenecroispasquenousdevrionsdiscuterdecelaautéléphone.–Vraiment?C’estunpeucequejemesuisditàproposdesBrighten.D’autreslarmesruisselèrentsursesjoues.Elleraccrocha,tellementencolèrequ’elleavaitenviedejeterleportable.Ellen’enfitrien,mais

ellel’éteignitaucasoùsamèreessaieraitdelarappeler.–Jesuisdésolé,fitLucasderrièreelle.Elleessuyadenouveauseslarmesetseretourna.Ellenesavaitpasqu’ilsetrouvaitsiprès,etsans

réfléchir elle courut se blottir dans ses bras.Après quelques secondes, durant lesquelles elle sentitcombienc’étaitbond’êtrecontrelui,ellesereculaensedisantqu’ellenedevaitplusjamaisselaisserallercommeça.

Levendredisuivant, ilétaitpresqueminuit,maisKylienedormaitpas.Allongéesursonlit,ellefixaitleplafondenressassanttoussesproblèmes.Samère,contrelaquelleelleétaitencoreencolère,etsaquêtevisiblementimpossiblepoursauver

lesjeunescaméléons.Sonfantômecomplètementinsupportable.EtLucas.Elleavaituneenvieinsoutenabledeparleràsonpère,qu’ellen’avaitnivunisentidepuislavisite

desBrighten.Etenfin,etcen’étaitsûrementpaslemoindre,unescroccruel,dontlamenacerésonnaitencoreà

sesoreilles :TuviendrasmevoirKylieGalen,prêteàmourir, à souffrir entremesmainspourmonplaisir,parcequeleprixseratropélevé!Tafaiblesseteperdra!Pourl’instant,safaiblesse,c’étaitsonincapacitéàcomprendre.Elleavaitl’impressiondepatauger

dansl’incertitudedanstouslesdomainesdesavie.Le seul dans lequel elle s’était sentie productive cette semaine, c’était son don àmanier l’épée.

ParfoisellesedemandaitsicetteétonnantecapacitéétaitsimplementliéeàLucas.Aufaitd’êtreavecluiuneheureoudeuxparjour.Oh!non,ellen’avaitpassuccombéàsesavances.Pasdutout.Desgestessubtils,commemarcher

siprèsquesonépauleeffleuraitlasienne,satactiquedeluimontrersonintérêtensepostantderrièreellepourluifaireadopterunecertainepostureouunmouvement.Etpuis,ilyavaitsatechniquededraguepassisubtile : ilssebattaientenduelavec leursépéesenboisquand,d’unseulcoup, il lui

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sortait : « Je t’aime » ou « Sais-tu comme tu es belle ? » ou «Te souviens-tu de la nuit où noussommesrentrésducimetièreetoùnousavonsfaillifairel’amour?»Elleavaitcassétroisautresépéesdeboisquandilluiavaitditcela,enplus.Elles’étaitditquecela

lerefroidirait,maispasdutout:Lucasavaitmêmeriladeuxièmefois.Maiscen’étaitpasdélibérédelapartdeKylie,non,c’étaitjustesacrémentdifficiledenepaslaissersesémotionssetraduiredanssescoups.Ce jour-là, alors qu’ils partaient, elle avait appelé ce qu’ils faisaient « de l’escrime » et Lucas

l’avaitcorrigée.Illuiexpliquaqu’ellen’apprenaitpasl’escrime.Quecelacomportaitunensemblededonsdifférents.Elleapprenaitàsebattre.Ilnel’exprimapas,maisellelelutdanssespensées.Elles’entraînaitàtuer.Maisqui?Etcomment?Oh,ellesavaitqueceseraitavecuneépée,maiselleignoraitsielleseraitcapablede

lefaire.Deprendrevraimentunevie.Laissant échapper un profond soupir, elle roula sur le côté, donna un coup de poing dans son

oreiller,etserappelaCollinWarrenquandellel’avaitbalancéàl’autreboutdelapièce.Sonintentionn’avaitpasétédeletuer,maissimplementdeprotéger.Ellenel’avaitpastué,maiselleauraitpu.Etpeut-être«cela»sepasserait-ilainsi.Peut-êtrequesisonmodeprotecteurétaitenmarche,elle

serait capable de le faire sans réfléchir ?La grande question, cependant, était : pourrait-elle vivreavecça?Peut-être,sic’étaitpoursauverquelqu’unqu’elleaimait.Oupourtuerquelqu’unqu’elledétestait.Lefroidlasubmergea.Kylies’assitbiendroiteetvitlefantômeàl’autreboutdesonlit,sonépéeà

lamain.Ellel’avaitvutouslesjourspendantqu’elles’entraînaitavecLucas.Ildébarquaitcommeçaetvenait faire les exercicesaveceux,mais endépitde tous les effortsdeKylie, il ne lui avaitpasparléuneseulefois.–Pourquoiest-cequejedétesteautantcela?demanda-t-elle.–Tulesais,réponditlefantôme.–Dis-le-moi,bonsang!J’enaiassez,detesjeux!Della,àmoitiéendormie,fitirruptiondanslachambredesonamie.–Tuvasbien?–Oui.Va-t’en!Commeilnepartaitpas,elleajouta:C’estunproblèmedefantôme.Dellafilad’uncoup.Kylieregardaautourd’elle,maislefantômeavaitdisparu.–Pourquoijedétesteautantcela?répéta-t-elle.Le fantômene revint pas,mais brusquementKylie comprit.Elle en était sûre et certaine.Mario.

ElleétaitsupposéetuerMario.Aufondd’elle,elleavaittoujourssuqu’ilss’affronteraientdenouveau.Cequ’elleignorait,c’était

commentelleallaitlevaincre.Ilavaiteudesannéespourconstruiresespouvoirs.Commentpourrait-elleêtreàlahauteur?Puisuneautrequestions’imposa.Était-celuiquelefantômevoulaitqu’elletue?Quelsétaientses

liensavecMario?

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Samedimatin, au réfectoire,Kylie attendait que samère arrive pour la journée des parents. Ellen’avaitpasprécisésiJohnl’accompagnerait.Ellepriaitvraimentpourqu’ilneviennepas.Conscientedecequesarelationavecsamèreétaitbranlante,ellen’avaitpasbesoindeluienplus.Finalement, lebeau-pèredeKylieavaitdûquitterlavillepourdesraisonsprofessionnellesetne

seraitdoncpaslà–cequil’arrangeait.Sanslui,leniveaudecombustionbaisseraitauminimumd’undegré.Ellen’avaitpascesséd’aimerTomGalen,maispour l’heure, la figurepaternellequeKyliemouraitd’enviedevoir,c’étaitsonvraipère.DepuislavisitedesBrighten,elledésiraitplusquetoutpasserdutempsavecDaniel.Presquetouslessoirsavantdesecoucher,ellesortait l’albumphotosque ceux-ci lui avaient laissé, et presque toutes les nuits elle finissait par pleurer. Elle avaitl’impressionquelaviel’avaitescroquée.L’avaitescroqué,luiaussi.Kylieregardalesparentspasserlaportesanssepresser.CeuxdeMirandaentrèrentetlatrouvèrent

sagementassiseàunetable.VoirMirandaainsi,celadétonnait,commesil’onportaitseschaussuresaumauvaispied.LamèredeMirandamobilisaittoutelaconfianceetlapersonnalitédelasorcière.C’étaittellement

injuste.LamèredeDerekentra,pleined’exubérance,impatientedevoirsonfils.Voilàcommentdevraient

secomporter lesparents, songeaKylie.La femmebalaya lapiècedu regard.Quandelle remarquaKylie,ellesourit,luiadressaungestedelamainetsedirigeaverselle.Heureusement,Derekl’appeladepuis l’autre bout de la salle, lui évitant ainsi une conversation gênante. Que dire à la mère dugarçondontvousvenezdebriserlecœur?Les parents d’Helen arrivèrent, l’air inquiet, ils n’avaient ramené leur fille que quelques jours

auparavant.Jonathonn’avaitcessédesouriredepuisleretourd’Helen.Kylies’étaitassiseaveceuxàpresquechaquedéjeuner,laissantMirandaetDellaavecleursgroupesrespectifs.Laveilleàmidi,elle

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avait examiné toutes les différentes tables réunissant chaque communauté en se demandant s’il yauraitunjourunetabledecaméléonsàShadowFalls.Ensuite, ce fut le tour des parents deDella et de sa sœur. Son père avait toujours lemême air,

énervéetmécontentd’être là. Il luiavaitmêmeconfiéunefoisque laseule raisonpour laquelle ilvenait,c’étaitparcequesafemmel’yforçait.Kylieauraitadoréinjecterunpeudebonsensenlui.Commentpouvait-ilignorerlemalquecesparolesfaisaientàsafille?Àl’autreboutdelasalle,Della,sourcilsfroncés,regardaitsafamillepasserlaporte.Kylieétaitde

toutcœuravecelle.Sitantestquecefûtpossible,saviedefamilleétaitpirequelasienne.–Tuvasbien?demandaHolidayens’approchantd’elle.–Oui,jemedemandaisjustepourquoicesfamillessonttoutesaussitarées.Onnepeutpass’aimer,

toutsimplement?Holidayeffleural’épauledeKylie,enluiprodiguantunpeudecalmeaffectif.–Ilss’aiment,si.Lesdrames,c’estmonnaiecourantequandonaunefamille.Cequetuvoisdans

cettepièceencemoment,c’estsûrementlepirecasdefigure.–Commentça?– Lemoment le plus difficile dans une relation, c’est le changement. Et rien n’apporte plus de

changementdans ladynamiqued’une famillequequandunadodevient lui-même ;c’estaussivraipourleshumainsquepourlessurnaturels.HolidaysurpritleregarddeKyliequiallaitdeMirandaàDella,etajouta:–Dansquelquesannées,Mirandasemoquerabienquesamèreapprouveseschoixounon.Etsa

mèreaccepterapeuàpeuqueMirandasoitunepersonneàpartentière.Dellagrandiraetaccompliradegrandeschosesparcequecesera leminimumqu’elle s’imposera.Sonpèreserabienobligédereconnaîtreque,mêmes’iln’apascomprisleschangementsdanslaviedesafillecelle-ci,unefoisadulte,réussiramagnifiquementsavie.–Ettunecroispasquecetterancœuraltéreraleurrelation?Holidaysoupira.–Oh, ilyaurabiendescicatricesetdes raccommodagesà faire,etdanscertaines familles,cela

finit mal. Elle marqua une pause. Mais pour la plupart, les problèmes que tu vois ici sont desdifficultésdontl’environnementfamilialpourraseremettre.–C’estencourageant,fitKylie.–As-turappelélesBrighten?demandaHoliday.–Oui,jeleuraiparlé.Ilsvoulaientveniràlajournéedesparentspourrencontrermaman.Holidaysetendit.–Tunemel’aspasdit.– Ilsneviennentpas finalement. Jepensequemamèren’estpasprêteà les rencontrer.Après la

disputequel’onaeueparcequejelesvoyais,nousn’avonspratiquementpasparléd’eux.Elles’estexcusée, mais depuis, nous faisons toutes les deux comme si de rien n’était. J’ai un peu peur deremettreçasurletapis.–Celavas’arranger,tamèren’apasl’airdugenredéraisonnableouexcessif.–Onvoitquetunelaconnaispas,répliqua-t-elle.Sielleavaitditcelaenplaisantantàmoitié,elleycroyaitdurcommefer.–J’aieudelavisitehiersoir,annonça-t-ellepourchangerdesujet.–Luias-tuparlé,cettefois?–Unpeu.Ellesemorditlalèvre.Jecroisquetoutestlié.L’épée,lefantômeetMario.Holidayplissalefront.

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–Pourquoipenses-tucela?Kylies’approchad’elle.–Quelquechosequ’iladit.Etjusteunpressentiment.–MlleBrandon?criaquelqu’undepuisl’autreboutdelasalle.Holidaycollaunemainsurlebrasdesonamieetfronçalessourcils.–Nousdiscuteronsplustard.Kylieopina,etalorsqueladirectrices’enallait,ellevitLucasarriver.Ilallarejoindreungroupe

deloups-garous.L’und’euxditquelquechose,puisilsselevèrenttousd’unbondetlaissèrentLucastoutseul.Çacommence,songea-t-elle.Ilslefichaientdehors.Elleavaitmalpourlui.–Triste,n’est-cepas?fitunevoixderrièreelle.Etc’estdetafaute.KylieseretournaetfitfaceàlasœurdeLucas,maiscettedernièredétala.Elleretintsonsouffleet

reposa les yeux surLucas.Ellemourait d’envie d’aller le voir, de le consoler,mais cela ne feraitqu’empirerleschoses.Cinqminutesplustard,lagrand-mèreduloup-garouentraavecpeinedanslasalleàmanger.Kylie

passa la foule en revue. Lucas était toujours assis tout seul à la table du fond. La vieille dameparcourutlasalleduregardettrouvaKylie.Alors qu’elle se dirigeait vers elle de sa démarche traînante, son cœur s’arrêta. Oh non ! Elle

n’avaitpasenviede l’entendre l’enguirlanderparcequ’elleavait ruiné lesobjectifset lesquêtesdesonpetit-fils.Kylieallaitfileràtouteallureparlaportelatérale,quandelleentenditsamère.Elleseretournaet

lavit…avecJohn.Oh!mince,ilestvenu!Kylieseruaverssesinvitésavecunempressementfeint,priantpourqueceladécouragelavieille

damed’approcher.Aprèsuneétreinterapideavecsamère,etaprèsavoirignoréJohn,ellelesconduisitversunetable

vide,leplusloinpossibledeLucas.Soncœurneretrouvapassonrythmenormaltantqu’ellen’eutpasvulagrand-mèredeLucassedirigerverssatable.–MercimonDieu,marmonna-t-elle.Etelleleurfitsignedes’asseoir.–MercimonDieuquoi?demandasamère,toujoursdebout.Kylie ouvrit la bouche, en priant pour que quelque chose d’intelligent,même unmensonge, en

sorte.Cesdernierstemps,sesprièresn’avaientpasétéexaucéesetcelacontinuait.Ellenefutcapabled’aucuneexplication.Pireencore,soncerveaus’étaitfermé.–MercimonDieuquoi?redemandasamère.–Quemonmalauventreaitdisparu,inventa-t-elleencollantunemainsursonabdomen.–Tuasdesdouleursauventre?s’enquit-elle,inquiète.–Cen’estrien.–Tun’ensaisrien,insistasamère.–Si,réponditKyliesuruntonhautperché,craignantquesamèrenelatraîneauxurgences.Siça

setrouvait,ellel’accuseraitdenouveaud’êtreenceinte.–Commentsais-tuquecen’estrien?laquestionnaencoresamère.–Parcequecesontdes…gaz.J’aidesgaz.SamèrerougitetregardabrièvementJohn.Kyliesentitsonproprevisageseréchauffer,commeun

fourBettyCrocker.Detouslesbobardsqu’elleauraitputrouver,pourquoidesgaz?Samamansepenchalégèrement.–As-tubesoind’alleraupetitcoin?

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–Non,c’estparti.–Tuessûre?–Certaine.Kylie se laissa tomber surunechaiseetpriapourquecelane soitpasprémonitoirede la façon

dontleschosesallaientsedérouler.

Quarante-cinqminutesplustard,Kylie,Johnetsamèreétaienttoujoursassisàtableetbavardaient.Enfin,lajeunefilleouvraitàpeinelabouche,tandisqueJohnetsamèrediscutaientàbâtonsrompus.Ils parlèrent de son nouveau boulot, qu’elle commencerait dans deux semaines, et même del’Angleterre.–Oh,jet’aiapportéquelquechose.Ellesortitunsachetdesonsacàmain.–JesaisquetuaimesbienlesT-shirts,ajouta-t-elle.Kylieneput s’empêcherdepenser :Mamèreestallée enAngleterre, et ellem’a rapportéunT-

shirt!maisellesourit,lesortitdusacetgloussaquandellelutlemessagesurledevant:MamèreestalléeenAngleterreetellem’arapportéunT-shirt!–Parfait,lança-t-elle,etenplusilestrose.–Jet’aiaussirapportécela.Ellesortitunepetiteboîteblanche.Lebraceletàbreloquesreflétalalumière,presquecommeparmagie,lorsqueKylieouvritlaboîte.

Son cœurmanquaunbattement envoyant les breloques.Une épéequi ressemblait beaucoup àuneépéedecroisé,unecroixquiressemblaitbeaucouptropàcellequiornaitl’arme,etunemblèmedeJeanned’Arc.– Je l’ai acheté dans l’un des châteaux et il n’y avait pas grand choix,mais… pour une raison

étrange,jemesuissentieobligéedechoisircelui-ci.J’espèrequetunetrouvespasçadébile.Explique-moitaraisonauraitvoululuidemanderKylie,maiselleseretint.–Non,j’aimebien,merci.Unfrissonglacialqu’ellereconnaîtraitentretouslaparcourut.Daniel était-il là ? Son père avait-il poussé samère à acheter ces breloques ?Elle jeta un coup

d’œilautourd’elleenespérantlevoir,maisilnesematérialisapas.–Bientôt,Kylie,bientôt.Lesparolesrésonnèrentdanssatête,lapeurenvahitsoncœur.–Tumemanques, dit Kylie intérieurement. Je ne sais pas si je suis prête àmourir,mais tume

manques.Despasrésonnèrentdanslasalle.Etellevitlesautresparentspartir.Samèreregardaautourd’elle.–Cesvisitespassentsivite!Jedoisfaireuntourauxtoilettesavantdem’enaller.Elleselevad’uncoupetdétala.Kylieallaitsuivresamère,quandJohnposasamainsurlasienne.

Lecontactde sapaume fitnaîtreun frisson le longde sacolonnevertébrale. Iln’étaitni chaudnifroid.Justeémotionnellementmauvais.Elleretirasamain.–J’espéraisavoirunechancedeteparler,avoua-t-il.Etmoi,non.Ellejetauncoupd’œilverslestoilettes.–Jecroisqueje…–Pourquoitunem’aimespas,Kylie?Elleleregarda.Décisions,décisions…Allait-ellesemontrerdiplomateouhonnête?Qui a donc déclaré que l’honnêteté payait toujours ? Elle ne se souvenait pas, mais pensa que

c’étaitungénie.

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–Voyonsvoir,commençaKylie,quineperditpasuneseconde.CommençonsparlabagarreavecTomquetuasdéclenchéedevanttoutemonécole?John,surladéfensive,carralesépaules.–C’estluiquim’afrappé.–Tul’avaisinsulté.Ettuasaussifourrétalanguedanslagorgedemamèredevanttouslesélèves

etleursparents.Veux-tuquejepoursuive?Jepensequejetrouveraitrèsvited’autresraisons.Lacolèreenvahitsesyeux,maisileutl’airdelamaîtriser.–Tunemâchespastesmots,hein?Elleluiadressaunsourirecrispé.–Sijustement,jelesaimâchés.–C’estunplaisirdeparleravectoi!lança-t-il.Toutefois,leproblème,c’estquetamèrem’aime

vraimentetquec’estréciproque.Jenecroispasprendrederisquessijetedisqu’ilvaudraitmieuxquel’ons’entendebien.Kyliesepenchaverslui.– Je ne crois pas prendre de risques si je te dis que tu ne connais pas ma mère depuis assez

longtempspourmesortircegenredechoses.Elle put jurer voir ses yeux s’illuminer. De façon non-humaine. Elle fronça les sourcils pour

vérifiersaconfiguration.Quiétaitdonccethomme?Saconfigurationhumaineapparutclairement.Celanevoulaitpasdirepourautantqu’iln’étaitpas

uncaméléon,mais…Lacolèreenvahitsesyeuxgris.–Celapourraitfinirparfairedumalàtamère.Sesparolesétaientsifroides,simenaçantesqueKyliesentitsoninstinctdeprotectionsemettreen

branle.–Commentça?Elleserralespoings

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Ildétournaleregardpuis,quandillaregardadenouveau,sesyeuxétaientredevenusnormaux.–Justequedesproblèmesentrenouspourraientfairesouffrirtamère.Ellelefixadroitdanslesyeux.Elledevinaqu’ilmentait,quesesparolesavaientbeletbienétéune

menace.Elletâchad’apaiserlepétillementdanssesveines,maiscelui-cicontinua.Par-dessusl’épauledeJohn,ellevitsamèresortirdestoilettes.Ellesepenchaau-dessusdelatableetmurmura.–Siquelqu’unosefairedumalàmamère,jeletue.Kyliecompritsoudaindeuxchoses:elleavaitbeletbienledondedeveniruneguerrièresainte.

ParcequesiJohnposaitunseuldoigtsursamère,ellepourraiteffectivementletuer,etleferaitsansregret.Etdeuxièmement,ellenepouvaitsimplementpasmourir,pasmaintenant.Passipourcelaelledevaitlaissersamèreaveccetenfoiré.–Toutvabien?demandasamèreensentantlatensionquirégnaitentreeux.KylieattenditdevoircommentJohnallaitlajouer.–Toutvabien,nousdiscutions,c’esttout.Ilseleva.J’imaginequec’estl’heuredepartir.Ilssemirentenroute,maislapeurpoursamères’intensifiaitàchacundesespas.Kylienepouvait

paslalaisserpartiraveccetype,passanslamettreengarde.Elleluiattrapalebras.–J’aimeraisteprésenterquelqu’un.Johnseretourna.–Peux-tunouslaisseruneminute?Kylieluiadressaunregardquiledéfiaitd’intervenir.Ilhésita,puisdit:–Jet’attendsàlavoiture.–Alors,quiaimerais-tumeprésenter?–Maman, je sais que ce que je vais te dire ne va pas te plaire, mais Johnm’angoisse. Je suis

inquiètepourtasécurité.–Quoi?Jenecomprendspas.Qu’a-t-ilfait?–Jeneluifaispasconfiance.Ilmefichelatrouille.Etjesuisbonnepsychologue.Ladouleurapparutdanslesyeuxdesamère.–Moiaussi,jeunefille.Désoléequ’ilneteplaisepas,maismoijel’aime.LadouleurdesamèreserépercutadanslapoitrinedeKylie.–J’aimeraisjustequetusoisprudenteetquetunelaissespascelaallertropvite.Samèreserenfrogna.–C’estparcequetuveuxquetonpèreetmoirevenionsensemble.– Premièrement, lança Kylie, à présent embêtée, Tom est mon beau-père. Deuxièmement oui,

j’aimeraisquevousvousréconciliiez,maislàn’estpasleproblème.–Ohquesi,jeunefille,parcequeJohnestl’hommeleplusdouxquejeconnaisse.Ellesepenchaet

l’embrassa sur la joue. Maintenant, je te prie de te faire à l’idée que ton beau-père et moi nereviendronsjamaisensemble.Ellepartit.–Çava?Lavoixmasculinesurgitprèsdesonoreille.Ellecrutquec’étaitDerek.Ilavaitledondedevinerquandellesubissaitunchocémotionnel.Mais

ellereconnutviteletongraveetsexy.Celuiqu’elleavaitessayé,toutelasemainedernière,deréduireenlambeauxàl’aided’uneépéeenbois.Elleseretourna.

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– Oui. Puis sa colère réprimée envahit sa poitrine et elle comprit ce qui allait l’aider. Veux-tut’entraîner?–Maintenant?demandaLucas.–J’aibesoind’expulsermonagressivité.Demedéfouler.–Delapassersurmoi?Ilsouritàmoitié.–Non…Veux-tum’entraîneroupas?répéta-t-elled’untonsec.Ellen’étaitpasd’humeuràfairedel’humour.C’estvrai,quelqu’unluiavaitenvoyéuneépéepour

apprendreàsebattreets’ilsvoulaientqu’ellesebatte,ehbienc’estqu’ilsavaientdésiréqu’elleresteen vie, à l’évidence. Et elle avait bien l’intention de le faire pour protéger samère de sales typescommeJohn.Resterenvie,voilàquiluisemblaitunebonneidée.–Biensûr,fitLucas,unpeuinquiet.Laisse-moienparleràBurnett.Sonregardnequittapasson

visage.Ques’est-ilpassé?–Pasenvied’enparler.Jeveuxjustemebattre.

Unedemi-heureplustard,KylieavaitdéjàcasséuneépéesansqueLucasluiaitsortiqu’ill’aimaitnirien,niqu’elleétaitbelle,nimêmequ’ilaitfaituneallusionàleurscâlinsdansl’herbe.Il lui fit faire des étirements, insista pour la voir évacuer sa tension. Elle n’y parvenait pas, ça

tourbillonnaitenelle.Lapeurpoursamèrerongeaitsasantémentale;lapeurpourLucasetpourcequiluiarriveraitsijamaislameuteseretournaitcontreluientamaitsatranquillitéd’esprit.–Tuneveuxtoujourspasparler?demanda-t-ilalorsqueleursépéess’entrechoquaient.Si,maisjenesaispasquoidire.–Non,mentit-elleenchangeantdepostureetenparvenantàpassersonépéepar-dessuslasienne,

puiselletapotasapoitrineduboutdesonarme.–Tudeviensbonne,observa-t-il,enregardantfixementleboisquitouchaitsoncœur.Ellereculapourlelaisserreprendresonéquilibre.Quelquessecondesplustard,ilsseremirentà

fairedesfeintes,quandellesentitlefroidlasubmerger.–Excellent.L’élèvedépasselemaître.Iltefautunnouveauprof.Kyliejetauncoupd’œilsurlefantômedeboutavecsonépée.–Quid’autrepourraitm’apprendre?–Moi,biensûr.Maispasdecombatdechochotteavecdesépéesenbois.Tudoisapprendreà te

battreavecunearmevéritable.LecœurdeKylies’accéléraaurappeldesapeurprincipale.–Vais-jemourir?Lefantômesoupira:–Àtoidevoir.C’étaittriste,non,qu’ellepréfèrecroireunespritmeurtrierplutôtquesonpère?Maislefaitétait

qu’ellevoulaitvivre.–Tuesprête?demandaLucas.Kyliesetournaverslui.–Uneseconde.Ellesetournaversl’esprit.–Connais-tumonpère?Laquestionquittaseslèvresàl’instantmêmeoùl’espritdisparaissait.

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AffrontantdenouveauLucas,ellelevasonépéeetlecombatreprit.–Dois-jeluidonneruneleçon?demandaLucasquandsonépées’entrechoquacontrelasienne.–Àqui?–Aucopaindetamère,répondit-ilenbloquantsalame.–Non,jedoisl’arrêter.Àconditionqu’ellenemeurepasd’abord.Puisellesentitunincendieembrasersonventre.Ellene

mourraitpas.Elleallaitsebattreetgagner.EtLucasdevaitfairelamêmechose,réalisa-t-elle.– Tu commences à avoir du cran, reconnut-il, mais d’un seul coup elle se déconcentra. Il la

contournaavecsonépéeetluidonnauncoupsurl’épaule.Kylieregardalapointe.–Cen’étaitpasuncoupmortel.Tunepeuxpasdirequec’estunevictoire.–Non,maistusaigneraistellementquetuneferaispaslongfeu.–Trèsbien.Ellerecula,prêteàrecommencer.Cettefois,ellefitplusattention,bloquatouteslesattaques.Dela

sueurdégoulinaitdesonfront.Elleavaitmalauxmuscles,malaucœur.–TuauraisdûmeparlerdeMonique,déclara-t-elle sans se rendrecomptedecequ’ellevoulait

dire.Lebruitduboisquel’onentrechoquaitemplitl’aircommeletonnerre.Sij’avaissu…Qu’aurait-elle fait ? Donner sa bénédiction ? Sûrement pas, mais peut-être ne se serait-elle pas

sentieaussitrahie.Peut-êtrenel’aurait-ellepasmisedanslemêmesacquetouteslesautrestrahisonsdesonpassé.– Tu ne l’aurais pas accepté, finit-il à sa place. Il entama de nouveau ces mouvements de pied

compliquésautourd’elle.Ettuauraiseubienraison.C’étaitunemauvaiseappréciationdemapart.–Mauvaisepournous,peut-être,maispeut-êtrecequ’ilfallaitpourtoi.Tuastropàperdre,Lucas.–C’esttoiquejeneveuxpasperdre!Leursépéess’entrechoquèrent,lebruitviolentcrépitadansl’air.Ilss’éloignèrentl’undel’autre.–Jet’aiditquec’étaitterminé.DisàMoniquequetuveuxl’épouser.–Non.–Alorsretourneàtonplanoriginel:dis-luiquetul’épouseras,intègreleConseil,etensuitetute

rétractes.–Non,c’étaitunmauvaisplan.–Toutlemondem’enveutdegâchertesrêves,lança-t-elle.Etunjour,tum’envoudrastoiaussi.Àconditionquejevive.Illevasonépée.Ellel’imita.Ilparlatoutensedéplaçant.–Celuiquitetientpourresponsableestunidiot.C’estmoiquiaidécidédenepassignerlecontrat

defiançailles.Pastoi.Lesépéess’entrechoquèrentdenouveau.–Tasœurlecroit.Mêmetagrand-mère.Jel’aivudanssesyeuxaujourd’hui.–Masœureststupide.J’aimemagrand-mère,maiscelaneveutpasdirequ’ellearaison.Ellesuit

beaucoupdecroyancesdesanciens.–Tameutete tourneledos, je l’aivu.Sagorgeseserradenouveau.Tunepeuxpaslesperdre,

Lucas.Tum’asrépétémillefoiscombienilsétaientimportantspourtoi.–Maistoitul’esbeaucoupplus.Jenepeuxpasteperdre.–Tum’asdéjàperdue,lança-t-elle,bouillonnantderage,etellebloquadenouveausonépée.

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Ellenepouvaitpas le laisser fairecela.Ellenepouvaitpas le laissersacrifier toutcequ’ilavaitdésiré.Ellenepouvaitpasimaginerqu’illadétesteraitunjour.Il se retira. Elle s’attendait qu’il surgisse sur la gauche, mais il arriva sur la droite. Et elle ne

parvintpasàlebloquer.Ilplaçasonépéepilesursoncœur.Celui-ciétaituncoupmortel.Ildonnadélibérémentuncoupd’épéesursapoitrine.–Toncœurm’appartient.Nel’oubliejamais.Elle recula en titubant, la colère l’envahit à l’idée de savoir tout ce qu’il pourrait perdre. Elle

balançal’épée,seretournaetregardafixementl’eau,sagorgeseserraetsavisiondevinttoutefloue.Ils’approchad’elle.Nelatouchapas,commes’ilsedoutaitqu’ellenelelaisseraitpasfaire.Maisil

sepostasiprèsd’ellequesesparoleseffleurèrentsajoueetenvoyèrentdesfrissonsderegretlelongdesacolonnevertébrale.–J’aiétéaveuglé,murmura-t-il.J’aieutort.J’aiétéstupide.Maispasuneminutejen’aicesséde

t’aimer.Je…jeméritequetumepardonnes.Ilétaitpardonnédepuislongtemps.Maiscen’étaitpasleplusgrosproblème…Unelarmeglissade

sescils.Elles’éloignadequelquesmètres.–Finipourmoi,déclara-t-elle.Jeveuxretourneraubungalow.–OK,fit-il,l’airmalheureux.Ilramassaetrangealematériel.–Jecroisquetuesprêteàt’entraîneravecdevraiesépées.Elleréfléchitaunombredefoisoùleboisavaittouchéaccidentellementsoncorps,puissesouvint

desproposdufantôme.Mourirétaitsonchoix.Etelleavaitdécidédevivre.Elledevaitêtreprêteàsebattrepoursauversapeau.–D’accord,acquiesça-t-elle,entâchantdenepaslaisserlapeurimprégnersavoix.

–Es-tuprête?Kylievenaitàpeinedes’endormir,lorsquelavoixetlefroidglaciallaréveillèrent.–Prêteàquoi?demanda-t-ellesansouvrirlesyeux.–Àt’entraîner.Jetel’aidit.Iltefautunmeilleurprof.–C’estunsuperprof,rétorqua-t-elle,défendantLucassansmêmes’enrendrecompte–Ilestsuperàregarder,oui.Etjereconnaisqu’ilacertainstalents,maisil tefautplusquecela.

Alorsréveille-toi.Kylieouvritunœilnonsansmaletsursautaenvoyantlevisagedufantômeàquelquescentimètres

dusien.–Sais-tuquelesvivantsontbesoindehuitheuresdesommeil?– C’est la règle pour les humains. Les surnaturels peuvent survivre avec beaucoup moins.

Maintenant,deboutetauboulot!–Jen’aipasmonépée.–Aaaah,maissitutelèves,tuverrasqu’elleestdéjàlà.KylierevitHolidayluiaffirmerquecen’étaitpaspossible.«Unfantômenepeutpasdéplacerdes

objets.»–Jen’aipasditquejel’avaisbougée;simplementqu’elleétaitlà.–Alorsquiladéplace?demandaKylie.–Nefaispascommesitunesavaispas.Lesmêmesquit’ontremiscetteépée.Lesangesdelamort.LesouffledeKyliesecoupa.–IlsveulentquejetueMario?

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– Eh bien, je ne leur ai pas parlé directement. Il se pencha. Franchement, ils me rendent trèsnerveux.MaisquantàtuerMario,c’estbiencequ’ilsemblerait,non?–Ettoi?demandaKylie.Queveux-tu?Lamêmechose?–Tu sais, j’ai essayé de comprendre toute seule. Mais chaque fois que je me rapproche de la

réponse,ondiraitqu’elles’éloignedavantage.Pourquoidonc?Lafemmefantômeavaitl’airsincèrementperplexeetvulnérable.Kylie se rappela le fantôme qui pleurait son fils. Peut-être n’était-il pas si mauvais, en fin de

compte.Elles’assitbiendroitetregardal’horloge.–Ilestdeuxheuresdumatin.Tuveuxvraimentquejemelève?–Jetevoismaltebattreallongéeaulit.Jet’auraistranspercéeavantmêmequetun’aieslevéton

épée!Bien,l’espritn’étaitpassimauvais,aprèstout.Enselevant,elleremarqual’épéeauboutdulit.Et

aussiSocks,dontlepetitvisagefélindépassaitàpeinedesouslelit.–OK…jesuisprête,annonça-t-elleens’emparantdesonépée.–Enfileunerobeblanche.Ouquelquechosedeblanc,ditl’esprit.Kyliebaissalesyeuxsursachemisedenuitnoire.–Pourquoi?–Neveux-tupasmourirenblanc?LecœurdeKylies’arrêta.L’espritrit.–Tu démarres au quart de tour !Mets du blanc, parce que sinon, comment sauras-tu que tu es

blesséeetquetusaignes?Kyliereposasonépée.–Jenesuispassûredevouloirjouer.L’espritritdenouveau.–Net’inquiètepas.Jevaisjustemarquertarobe.Jenepeuxpastetoucher,danslaréalité.KylieattrapaunT-shirtetunboxerblancs.Ellesserendirentdansleséjour.L’épéedelajeunefille

étincelaitd’unjaunevif.EllesvenaientdecommenceràfairedesfeinteslorsqueDellasurgitbrusquementdesachambre,

lesyeuxrougeoyants,etregardasonamiequibrandissaitl’épée.–Jem’entraîneunpeu,expliqua-t-elle.–Enpleinmilieudecettefoutuenuit?Etavecunefoutueépéequibrille?–Tuboisdusang.Jem’amuseavecdeslamesquibrillent.Dellas’entouradesesbrascommesielleavaitfroid.–Tuasdelacompagnie,pasvrai?Incapabledementir,Kylieopina.–Bonsang!s’écrialavampetelleretournadanssachambreenclaquantlaportederrièreelle.–Cettefilleadegravesproblèmes.–Pasautantqued’autrespersonnesquejeconnais.Maintenant,allons-yetfinissons-en.Lesquinzeminutessuivantes,Kylienes’étaitjamaisbattueplusâprement.Elleseservitdechaque

techniquequeLucas lui avait apprise,maiscette femmene seconformaitpasaux règles.Elleétaitdéloyaleetfièredel’être.Chaquefoisquel’épéedelarevenanteentraitencontactaveclecorpsdeKylie,unemarquerouge

apparaissaitsursonT-shirtblancousursonboxer.Chaquefoisquel’épéedeKylieentraitencontactavec le corps de l’apparition, elle exhibait une blessure ouverte et du sang. Bien sûr, le fantôme

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n’avaitqu’unepetiteégratignure sur lehautdesonbrasgauche.Pasdegrosdégâts, tandisque lesvêtementsdeKylieétaientcouvertsdemarquesrouges.Celalarenditplusvulnérableetmoinsapteàaffronterunvraicombat.Lequel,ellelesentait,était

sadestinée.UncombatavecMario,qu’ellepourraitbienperdre.Soudain,l’espritaboyadesordres,unpeucommeLucas.–Vaparlà,tienstonépéecommecela.Plusvite,neperdsjamaistalamedevue.Kyliefinitparprendrelepli,etbloquamêmecertainscoupsdel’esprit,quandlaported’entréedu

bungalows’ouvrit avantde sortirviolemmentde sesgonds.Lepanneaudebois s’écrouladansungrandfracas.IdemaveclaportedeDella,quiheurtalesolenfaisanttoutautantdebruit.Levampireapparut,lesyeuxétincelantsetlescaninesacérées.

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Lefroidintensedisparutenmêmetempsquel’esprit.Kyliesepréparaàl’assaut:jambesfléchies,corpstendu,épéepointée.Burnett se tenait au-dessus de la porte à terre, les yeux plus flamboyants que ceux de Della.

Derrièrelui,unearméed’élèvesdeShadowFalls:Lucas,Derek,ChrisetJonathon.Toushypnotisésparl’armequibrillait.–Mincealors!C’étaientChrisetJonathon,quin’avaientjamaisvul’épéeenflammée.–Interdictionderépétercequevousavezvuici!lançaBurnettd’untonsec.Kyliebaissasonarmeetsouffla,espérantquel’airferaitdiminuersonadrénaline.Etmaintenant,

quesepassait-ilencore?EllecroisaleregarddeBurnett.–Qu’ya-t-il?Ilregardaautourdelui.–Quiestlà?–Justel’esprit,répondit-elle.ChrisetJonathonreculèrentd’unpas.Derek, habitué à cette histoire de fantôme, resta sur place. Lucas aussi. Elle remarqua les yeux

orangevifduloup-garou,prêtàsebattre.Sonregardrestarivésurelle.Burnettperditdesaférocité.MaispasassezpourtranquilliserKylie.D’autrespasretentirentsurleperron.Haydenentra,enjetantuncoupd’œilrapidesurlaporte.–Vousfaitesquoi,là?demandaKylie.– Puis-je répéter cette question ? demandaDella d’un ton cassant, et elle dégagea un rideau de

cheveuxbrunsetraidesdesonvisage.Sesyeuxn’étincelaientplus,maisleurteintevertedemeurait,lachemisedenuitnoireuniequiluiarrivaitauxgenouxlamettantencoreplusenvaleur.–Quelqu’unasautélaclôtureetestentrédanslecamppareffraction.–Qui?fitBurnett.

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Miranda,enpyjamableuparsemédeSchtroumpfs,sortitdesachambreenbâillant,agrippéeàsonoursenpeluche.Kylieresserrasonétreintesurl’épée.Était-elleprêteàaffronterMario?«Sûrementpas»,futlaréponse.Maisriennel’empêchaitd’essayer.Pasquandtouteslespersonnes

qu’elleaimaitpouvaientêtred’éventuellesvictimes.– J’ai reconnu l’alarme, expliqua Burnett. Puis je t’ai entendu te battre et j’ai supposé que l’on

t’attaquait.–Jet’avaisprévenuequecen’étaitpasbiendes’entraînerenpleinenuit,marmonnaDella.–OùestPerry?demandaMiranda,commesiellecraignaitqu’ilnesoitmêléàtoutcela.– Il fait le tour de la propriété, pour voir s’il trouve quelqu’un, répondit Burnett, puis il fit un

mouvementde têteversHayden,commes’il luidonnaitunordresilencieux.Lecaméléonressortitsurleperron.Kyliecomprit.Burnettavaitdonnél’ordreàHaydendedevenirinvisiblepourvérifiers’ilentendaitd’autrescaméléons.Elleenvisageadelefaireelle-même,maisavectouslesyeuxrivéssurelle,ellenevoulaitpasfaireflippertoutlemonde.Quelquesminutesplustard,Haydensurgitderrièrelesautres.–Lavoieal’airlibre,lança-t-il.MaisKylie savaitque siun intrus invisible restait complètement immobile,onpouvaitnepas le

détecter.BurnettposalesyeuxsurDella.–ResteicietsurveilleKylie,ordonnaBurnettàDella.Nousallonsjeterunœilalentour.–Siçanetedérangepas,j’aimeraisbienrester,moiaussi,lançaLucas.Sesparoleslafirenttressaillir.Burnettaccepta.Puis,ilss’enallèrent.KylielaissaallersonregarddeLucasàDella,puisàMiranda.Lasorcièreétaittoujoursaccrochéeàsonoursenpeluche.–Quiestlà,d’aprèsvous?demanda-t-elle.Personnenerépondit.ElleregardaKylie.–Oh!lui!Dellasoupira.–Ondiraitquelanuitseralongue,folleetcinglée.Lucass’installadanslefauteuildusalon.Kylie,essayadel’ignorer,etdéposasonépéesurlatable

basse.Ellelaregardaperdredesonéclat,puiss’adressaàMiranda.–Sens-tuquelquechose?Lasorcièrefermalesyeux,etauboutd’unelongueseconde,ellelesrouvrit.–Oui,maiscen’estpasméchant,enfinc’estcequejeressens.LecœurdeKylieseserra.Oh!non,Marioétait-illà?Elletenditlamainverssonépée.–Tunel’aspassentil’autrenuit,si?–Non,maisilauneaura,doncc’estlogiquequejepuisseledeviner.Kylielaissaéchapperunprofondsoupir.Elleespéraitquesonamieavaitraison.Soudain, lebruitdepassur leperronmit tout lemondeenalerte.Lucasselevad’unbonddesa

chaise.Dellatraversalapièceàtouteallure.MaisKyliefutlaplusrapideetseretrouvalapremièreprèsdelaporte.Sic’étaitMario,ildevraitluipasserdessusavantdeleurfairedumal.Steveentra.Dellaserenfrogna.–Quefais-tulà?–Jeviensvérifierquetuvasbien.

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Dellafronçalessourcils.–Jen’aipasbesoinquetumeprotèges.Il repartitd’unpas lourdavecun terrible rugissement.Pashumain : lemétamorphevenaitde se

transformerenungrosfélinénervé.Kylies’apprêtaitàluicouriraprèspourl’apaiser,maiscommeelleavaitfailliservirdedîneràunlionencolèrequandelleétaitarrivéeàShadowFalls,elledécidadelaisserStevegérersonegotoutseul.–Cen’estpasunefaçondetraiterlegarçonquit’afaitunsuçon!s’énervaMiranda.–Quoi?Tuasvulavitesseàlaquelleilestparti?S’ilstressaitvraiment,ilseraitresté!rétorqua

Della.Kylielevalesyeuxauciel.Lucas arqua les sourcils – sûrement à cause de la réflexion sur les suçons. Puis son regard

protecteurseposasurKylie.Maisenmoinsd’uneseconde,quelquechosedeplusdouxapparutdanssesyeux,quelquechosedetendre.«Jet’aime»,semblaient-ilsdire.Le lion, qui se trouvait dehors quelque part, rugit encore et encore, puis un immense oiseau

préhistoriqueseposaàgrandfracas,surlepasdelaportesansporte.Mirandapoussauncriperçant,lâchasapelucheetallaétreindrel’oiseau.Kyliese laissa lourdement tombersur lebrasducanapé.Lavampavaitvu justequandelleavait

déclaréquelanuitseraittrèslongue,folleetcinglée.

–Àquoi sert ce rubanadhésif ?demandaKylie àLucas le lendemain,quand ilvida son sac, sepréparantàl’entraînement.La jeune fille ne s’était pas réveillée et avait loupé les cours. Il l’avait appelée peu après onze

heurespoursavoirsiellevoulaitannulerl’entraînement,vuqu’ilsn’avaientpasdormidelanuit.Elleauraitvoulurépondreoui,maisn’écoutantquesoncœur,ainsiquelamiseengardedufantômequiestimaitqu’elleavaitbesoind’apprendreàsebattre,elleacceptades’entraîner.–Parprotection,nousenvelopperonsleboutdelalame.Ilregardalesboiscommes’ilavaitentenduquelquechose.Ouquelqu’un.–Quiestlà?criaLucas.–ChrisetWill,répondirentceux-là.Vu que l’on n’avait pas trouvé l’intrus la nuit passée, et qu’aucune autre alarme ne s’était

déclenchée pour leur indiquer que quelqu’un était ressorti, tout le camp était en alerte rouge. Ellen’avaitpasuneescorte,maistrois.Charmant. Simplement charmant. Quand elle regarda Lucas sortir les épées, un souffle froid

traversasanuque.Cequifaisaitquatreescortes.–Quelle chochotte !Dis-lui de ne pas protéger les épées. Tu dois apprendre à te battre pour de

vrai!Ilnenousresteplusbeaucoupdetemps.Regardantderrièresonépaule,Kylieconstataquel’espritavaitrenfilésarobetrempéedesang.–Quet’est-ilarrivé?Quit’atuée?demandaKylie.L’esprithésita.–Moijenecomptepas.Toi,si.Mourantd’envied’obtenirdesréponses,Kyliepoursuivit:–Commentmeconnais-tu?Quelestnotreliendeparenté?Ilmefautdesréponses!–Tudoisapprendreàtebattre.Sinontuserasaussimortequemoi.Cetavertissementl’emplitdeterreur.–A-t-onvraimentbesoinderubanadhésif?fit-elleàLucas

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Illevalesyeux,surpris.–Tuessérieuse?Elleopina.–Jedoisapprendreàmebattrepourdevrai.Ilsereleva,inquiet.–Pourquoi?Quesais-tuaujuste?–Justeunpressentiment,mentit-elle.–Jen’aimepascepressentiment.–Apprends-moiàmebattre.Résigné,ilramassalesdeuxarmes.CelledeKylies’embrasaplusquelesautresfoisàlaminuteoùellelapritdanssamain.L’heuredu

combatavait-ellesonné?Ilscommencèrentleséchauffements.Le téléphone deKylie bipa dans sa poche : elle avait un texto.Elle attendit la pause avant de le

sortir.C’étaitDerek.«Appelle-moi.»–Quiest-ce?demandaLucas.Ellehésitapuislâcha:–Derek.Ilfronçalessourcilsmaisgardalesilence.Ilsreprirentleursexercices.–Bon,oncommence?fit-elle,impatiente.–Quandvas-tuluidirequec’estvraimentterminéentrevous?– Je l’ai déjà fait, répondit-elle avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas de comptes à lui

rendre.Ilcessadebouger.Sonépée,dirigéeverslehaut,serabattitbrusquement.Ilsetournaverselle.–Tul’asfait?Ilétaittroptardpourretirercequ’ellevenaitdedire.–Oui.Ilsourit.–Merci.–Jenel’aipasfaitpaspourtoi.Maispourlui.–Maisjesuislaraisonpourlaquelletul’asfait,précisa-t-ilsanssedépartirdesonsourire.Unsourireencorepluslargeapparutdanssesyeux.Unsouriredeconfiance.Unsourired’espoir.–Jet’aime,déclara-t-il.Elleluiadressaunregardnoir.–Cegenrededéclarationn’est-il pasdangereuxdans lamesureoùcene sontpasdes épées en

bois?Ilrit.Unvrairire,quilasubmergeacommeunedoucepluied’été.Puisellerevitbrusquementla

têtequ’il avait faite quand les loups l’avaient laissé seul le jourdesparents.Et elle se souvint queChrisetWillétaientlàetécoutaientsûrementtoutcequ’ilsdisaient.Willétaitcenséêtreunami,maistournerait-ilàsontourledosàLucas?Elledésignalesboisd’uncoupdementonetmurmura:–Nousnesommespasseuls,tutesouviens?–Jem’enmoque,jet’aime!hurla-t-il.Ellefronçalessourcils.

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–Rienn’achangé.–Si,tout,dit-il.Non,rienn’avaitchangé.Ilavaitbeaucroirequ’ilpouvaits’éloignerdetoutcequiavaitcompté

pourlui,ellenelelaisseraitpasfaire.Ellel’aimaittrop.–Bon,sionnecommencepas,jem’envais.–Alors,allons-y.Maissouviens-toiquecen’estpasdubois.Onvayallertoutdoucement.Ilneplaisantaitpas.–Avecquitebattais-tulanuitdernière?demanda-t-il.Saquestionbrisalelongsilencetendualorsqu’ilsprenaientenfindelavitesse.–Lefantôme.–Elleestdouée?demanda-t-il.Qu’ill’interrogesurlarevenantelasurprit.–Elleprétendqu’elleestmeilleurequetoi.–Maintenant,jesaispourquoijenel’aimaispas,lâcha-t-ilavecunbrind’humour.Quiest-ce?–Jenesaispas,répondit-ellesincèrement.Ellecompritsoudaincombienilétaitimpératifqu’elleledécouvre.

KylieoubliaderappelerDerek.Lucasetelles’entraînaientbien. Ilsnese lâchèrentpasvraimentcommeilsl’auraientfaitavecdesépéesdebois,maispresque.Quandelleconsultasontéléphoneàprèsdeminuit,etqu’elletrouvaunautremessagedeDerek,

elleculpabilisa.«Appelle-moiimmédiatement!»Ellel’avaitvuaudîner–bienaprèssontexto–etilneluiavaitriendit.Aucontraire,ilnes’était

mêmepasassisàcôtéd’elle,ilavaitprissonplateauetétaitreparti.Toutdemêmeunpeu inquiète,mais ignorants’ilétaitencoreéveillé,elle lui renvoyaun texto :

Quesepasse-t-il?Elleattendittroisbonsquartsd’heurequ’ilveuillebienluirépondre.Rien.Frustrée,elleretombasursonoreiller.Lefroidglacialetspectraltraversalapièceenserpentant,

pourlatroisièmefoisdepuisqu’elles’étaitcouchée,maisl’espritnerestapas.La conversation avec Holiday cet après-midi-là avait ajouté foi à ses pressentiments. Si elle

parvenaitàtrouverl’identitédel’esprit,celaluipermettraitderépondreàuntasdequestions.Si l’esprit ne l’avait pas confirmé, Kylie était presque certaine que le fantôme avait un lien de

parentéavecMario.–Qui es-tu ? demanda-t-elle à la volute de froid qui avançait commeuneombre rapidedans la

pièce.Dis-le-moi.Ouaumoinsmontre-moiquelquechose.Aucuneréponse.Lesespritsneparlaientpastantqu’ilsn’étaientpasprêts.Elleroulasurlecôtéet

essayadedormir.Sanspluspenseraufantôme.Niàcommettreuncrime.Niàmourir.NiàLucasetàl’espoirqu’elleavaitvudanssesyeux.Lesommeilvenaittoutjustedel’attirer,quandelleentenditdespassurleplancher.Elleouvritles

yeux et chercha l’épée sous son oreiller. Sous son oreiller ?Mais elle ne dormait pas avec elle !Instinctivement,ellecompritqu’ilsvenaientlachercher.Maisqui?Quelquechosen’allaitpas.Kyliesaisit l’armeet se jetahorsdu lit.Sespiedsseposèrentsurun

tapis.Elleregardaletapisoriental.Somptueux.Horsdeprix.Oùétait-elle?Ou,meilleurequestion:quiétait-elle?Lecœurbattantlachamadeenentendantlespasquiapprochaient,ellepassalapièceenrevue.Une

chambre.Paslasienne.

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Le légerclairde lune filtrait à traversune largebaievitréequidonnait surdespalmiers, faisaitmiroiterdesmeublesenboismassif.Terroriséeetencolère,ellelevasonépée.Puisserenditcomptequecen’étaitpascellequ’onlui

avaitremise,maiscellede…Touts’expliquaitàprésent.Elleétaitl’espritetellesetrouvaitdansunevision.Elleremarquaun

lourd miroir en bois au-dessus d’une coiffeuse. L’espace d’une seconde, elle fixa l’image. Sescheveuxbrunsétaientdétachés,malpeignés.Mais ce qui provoqua sa première vague de panique, ce fut la robe.Celle que la femme devait

porterquandelles’étaitfaitassassiner.EtKylieallaitrevivrecettemort.Ellefuttentéedehurler,puissecalmaetcherchadesréponses.Des pas gravissaient les vieilles marches de bois. Instinctivement, elle comprit que la femme

attendait ses attaquants. Elle avait su que cette nuit-là ellemourrait. Elle avait choisi de porter dublanc,toutensedemandantsilesignedelapuretéluiserviraitàquelquechose.Àprésent, alorsqu’elle attendait la fin, un accèsde regret, de remordspour laviequ’elle avait

vécueluitraversal’esprit.Troptard.Troptardpourchangerlafaçondontelleavaitvécu.Maisellepouvaitchangercelledontelleallaitmourir.Etelleleferait.–Quies-tu? chuchota-t-elledans sa tête.Ellepriapourcomprendre la réponseafindepouvoir

sortirdecettevisionavantdedevoirrevivrelamortdecettefemme.L’espritregardaverslafenêtre,presquecommes’ilenvisageaitdes’échapper.–Sors,luiintimaKylie.Tun’espasobligéedemourir.Maistoutétaitdéjàécrit.Ellen’avaitpasprisl’enveloppecharnelledel’espritpourchangerquoi

quecesoit.Maispourlevivre.Pourapprendrelavérité.Laquelle?Pourquoil’espritn’était-ilpasparti?Kyliesentitquevivreavaitétéuneoption.Cette

femmeavaitdécidédemourir.Pourquelleraison?–Maman!Lejeunegarçonpassalaporteencourant.– Ilnousa trouvés!Sesyeuxs’écarquillèrentdepeuretses larmescoulèrent. Ilnousa trouvés.

Maintenant,quefaisons-nous?Elleattrapa l’enfantpar lesépaules.Ellevoulut l’étreindre, enfouir sonvisagedans sescheveux

pourpouvoirmouriravecl’odeurdesonfilsunique.Maisellen’avaitplusletemps.Ellelepoussadansleplacard.–Passeparlatrappequejet’aimontrée.Coursetneteretournepas.Ellefermalaporteduplacardaumomentmêmeoùcelledelachambres’ouvraitd’uncoup.

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LafemmeréincarnéeparKylie,sepréparaitàsebattre.Paspourvaincre,maispourlaisserletempsàsonfilsdes’échapper.Ellesavaitqu’ellemourrait,maisc’étaitpoursongarçon.Ilsentrèrent. Ilsétaient trois,vêtusdenoiret sansmasque.Elle les reconnut.Elle lesconnaissait

bien.Avaitmangéàleurtable.Rideleursblagues.Ellereconnutaussil’expressiondansleursyeux,leurbesoinurgentdemenerunboulotàbien.Donnerlamortétaitleurdevoir.Elle leva son épée et se battit. Pour son fils. Pendant quelques instants, elle eutmême le dessus.

Personnenepourraitdirequ’elleavaitmanquédecourage.La première douleur lancinante surgit dans ses côtes.Kylie hurla. Elle essaya de se convaincre

qu’ellen’était pas réelle, quecen’était pas elle,mais elle avaitmal.C’était ladouleurque l’espritavaitressentiedurantlesdernièresminuteshorriblesdesavie.Ellesentitleursarmesentaillersapeau,atteindresesos.Soncorpsseramollit,ladouleurétaittrop

vive. Elle se laissa tomber à genoux, puis en avant. Son propre sang coulait de ses blessures. Leliquide épais réchauffa le froid glacial et soudain. Elle ne lutta pas. Elle espérait que le sangs’échapperait vite pour ne plus souffrir. La dernière chose qu’elle vit fut la porte du placardentrouverte,etsonjeunefilsquiassistait,horrifié,àsonderniersoupir.Iln’avaitpascouru.Lafureurenvahitsonâme.Comprendrait-ilunjourqu’elleétaitmortepour

qu’ilresteenvie?Pourleprotégerdugenred’existencequesonpèreetelleavaientvécue?Justeavantquelamortnelaprenne,ellejuradesevenger.Pasdeceuxquil’avaienttuée,non,ils

n’étaientquedespantinsqui faisaient leboulotdudiable.Elle le savaitparcequ’elleavait été l’und’eux.Elle voulait se venger de celui qui les avait envoyés, le diable en personne.Et de celui quil’avaitpermis:lefilsdudiable.

–Net’approchepastrop,ellepourraittecouperlatêteaveccetruc.LavoixaiguëdeMirandarésonnadansl’espritdeKylie,maiselleétaitloin.–Ellenemetuerapas,réponditDella.

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–Cen’estpascequejeveuxdire.Maisbonsang,tuasvucommentelledansaitaveccetteépée!Sa conscience se débattit contre le vide de l’obscurité.Elle voulait retomber dedans.Le vide ne

contenaitpasdesouvenirs,iloffraituneéchappatoireàcequ’ellevenaitdevivre.Cettefichuevoix,cellequ’ellen’arrivaitpasàidentifier,parladenouveau.–Tudoistesouvenir.Kylieouvritenfinlesyeuxensuffoquant.LesyeuxnoirsetlégèrementenamandedeDellaluiapparurent.–Elleestrevenueàelle,dit-elled’unevoixchantante.Kylieessayadeserelever,maissesentaittropfaible.Dellal’aidaàs’asseoir.Elleregardaautour

d’elle.Ellesetrouvaitdanslacuisinedesonbungalow.Elleserraittoujoursfortl’épéedanssamain.Lavisionavaitdûlapousseràs’ensaisir.Ellejetal’épéeetpassalamainsursonventrepourvoirsielleétaitblessée.Rien.Seul restait lesouvenirde ladouleur.C’était terminé.Tout,hormis lespleurs.Comment la

viepouvait-elleêtresibrutale?Simauvaise?–Tunevaspasnoustuer,hein?demandaMiranda.Kyliefitnonde la tête.Aussidouloureuxfût-ildesesouvenirdesdétails, il fallaitqu’ellese les

rappelle–illuifallaitdesréponses.Unevisionéclairdupetitgarçondansleplacardapparutdanssatête.Quelquechosedefamilierlui

chatouilla l’esprit. Oui, il lui disait quelque chose. Un sentiment de déjà-vu s’insinua dans sa tête.Quelqu’unluiavaitracontécettehistoire.Qui?D’unseulcoup,ellecomprit.Elleseleva.Sesjambessedérobèrentsouselle.Dellalarattrapa.–Ondoityaller,annonçaKylie.–C’estdurd’yallerquandtunepeuxpastenirdebout,observaDella.–Jepeux.KylieseforçaàselevertouteseuleetrepoussalamaindeDella.–OK,tutiensdebout,lançaDellad’untonsec,étapenumérodeux:marcher.Kylieavançadequelquespasetjetaunregardnoirsurlavamp.–Étapenuméro trois :arriveràcomprendre.Etpourmoi,celaneveut riendiredesortirdece

bungalowsansquejesacheoùnousallons.Kylieinspira.–ChezDerek.J’aibesoindelui.–Derek? fitMiranda.Etdireque jepensaisqu’elle l’avait laissé tomberetqu’elleétaitpresque

revenueavecLucas!Kylieimploralapetitesorcièreduregard.–Jesuissérieuse.–Puis-jed’abordenfilermonsoutien-gorge?demandaDella.–Tun’enaspasbesoin,réponditMirandad’untonrailleur.Dellalaregardad’unairrenfrogné.–Tueslaplussorcièredessorcièresquejeconnaisse.Kylie, trop angoissée pour s’occuper de leurs chamailleries, se dirigea vers la porte. Il fallait

qu’elle sache. Della avait dû décider que Miranda avait raison, car elle sortit derrière Kylie. Enpyjama.–TusaisqueBurnettauramatêtepourtelaisserfairesansleprévenir.Kyliecourut,sonbesoindesavoirluidonnaitdesailes.Ellesentitleventdanssescheveux,etles

larmesruisselèrentsursesjoues.

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Enmoinsdedeuxminutes,elles’arrêtadevantchezDerek.–Trèsbien,grossemaligne,etmaintenant?Della la regarda et son expression deMadame-je-sais-tout se transforma en inquiétude une fois

qu’ellevitleslarmesdeKylie.–Jesuisdésolée,dit-elle,çan’apasdûêtrefacilepourtoi.Kylieopina.–Jevaisessayerlafenêtre.Les fenêtres étaient très hautes. D’un bond, elle accrocha ses doigts au rebord et se hissa pour

regarderàl’intérieur.Et ce qu’elle vit la… la… déconcerta. L’embrouilla. La choqua. Elle cilla, comme si cela allait

changercequ’elleregardait.Maisdeuxoutroisbattementsdecilsplustard,elleparvinttoutdemêmeàdiscernernonpasune,

maisdeuxpersonnesdanslelitdeDerek.L’uneétaitlegarçon.Elledistinguaclairementsasilhouettemasculine… Mais l’autre était… une fille. Elle avait de longs cheveux noirs et des fesses trèsfémininesenpyjama,quidépassaientdesouslacouverture.EtKyliereconnutmêmecepantalondepyjama!C’étaitceluideDerek.La fille s’agita. Kylie retint son souffle. Elle espérait qu’elle se tournerait vers la fenêtre pour

qu’ellepuissevoirquiréchauffaitlelitdeDerek.Kyliemitunesecondepoursavoirsielleétaitjalouse.Quelquepart,toutaufondd’elle-même,ily

enavaitunresteinfimebiencaché.Derekdevaitallerdel’avant.Maisétait-ilobligéd’allersivite?Lafilleseretourna.Kylievitsonvisageet…«Mince!»Sesdoigtslâchèrentaccidentellementle

reborddelafenêtre,elletomba,etatterritsurlesfessesavecungrandbruit.Comment?Commentétait-cepossible?

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–Quesepasse-t-il?demandaDellaquisurgitderrièreelle.–Rien,mentitKylie,toujoursparterre.–Essaieencore,insistaDella.–Laissonstomber.Ets’ilteplaît,j’aimeraisunpeud’intimité…pourluiparler.–Jesuistonescorte,luirappela-t-elle.–Jesais,maisjet’ensupplie.S’ilteplaît,j’aibesoind’intimité.–Pourquoifaire?Pourluisauterdessus?Kylienepritmêmepaslapeinederépondre.Dellatournalestalonsets’enallad’unpaslourd.Kylieremontasurlereborddefenêtre,s’accrochad’uneseulemainetfrappadel’autre.Lesdeux

individusaulitseredressèrentd’uncoup.LeregardpleindesommeildeDerekseposabrusquementsurlafenêtre.Kylienesavaitpasceque

Jenny–oui,Jenny,lasœurdeHayden–avaitfait.Elleavaitdisparu.Passant unemain sur sa figure,Derek s’approcha de la fenêtre.Kylie se laissa tomber quand il

remontalavitre.Iltenditlamainetlaregardaenfronçantlessourcils,puislahissaàl’intérieur.–Ilétaittemps,marmonna-t-ilenlafaisantrentrer.Pourquoidoncas-tuétésilongue?–Tum’asvueaudînerettun’asriendit.–Quepouvais-jediredansunesallerempliedevampires?C’estvrai,ilavaitraison.–Quesepasse-t-il?Elleregardaautourd’elle.EttoiJenny,tupeuxredevenirvisible.Jet’aivue.Jennyréapparutetsesjouesdevinrenttoutesrouges.–Cen’estpascequetucrois.Nousn’étionspasentrainde…Ellemontralesoloùétaientjetésunecouvertureetunoreiller.–Tuétaiscensédormirparterre,lança-t-elleàDerekd’untonsec.–Jen’arrivaispasàdormir…alorsj’aijuste…Jenet’aipastouchée.Kyliesecoualatête.

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–Çam’estégal.–Pasàmoi,répliquaJennyenfoudroyantlegarçonduregard.–Jenet’aipastouchée!répéta-t-il.Kyliegémit.–Jenny?Maisquefiches-tuici?Ellesesouvintalorsdel’alarme.C’esttoiquiassautépar-dessus

laclôture?Jennyserembrunit.–Jenesavaispasqu’ilyavaitdessystèmesd’alarmepartout,ici.Mêmedansl’enclos,iln’yena

pas!Maislescaméléonsnes’attendaientpasquedesescrocspsychopathesviennentlesattaquer.–Mince!lâchaKylie,Haydensait-ilquetueslà?DereketJennysecouèrentlatêtetouslesdeux.–Tut’esenfuie,pasvrai?–S’ilteplaît…nem’enveuxpas,implora-t-elleenjoignantlesmains.DerekregardaJennyaveccompassion,puisfixaKylieavecdéfi.–Pourquoies-tuaussiénervée?Tuasditquetuvoulaisl’aider.–Oui,maiss’enfuirn’estpaslasolution.–Allez,marmonnaDerek.Pourquelqu’unqui s’est enfui ily adeux semaines, je te trouvemal

placéepourporterunjugement.–Jenemesuispasenfuie.J’aiprévenutoutlemondequejepartais.Etjenejugepersonne.AmuséequeDerekprenne ladéfensede Jenny,Kylie inspiraet laissaaller son regardde l’unà

l’autre.–Siuncaméléons’enfuitavantd’êtremature,ilestexcommuniédesafamille.DerekjaugeaJennydehautenbas.–Ellem’al’airplutôtmature,non?Kylierouladesyeux.–Jeneparlepasdesoncorps.Maisdufaitqu’ellesachechangersaconfiguration.Maistupeux

devenirinvisible.Jecroyaisquecelan’étaitpossiblequeplustard?–Entempsnormal,c’estimpossible.J’aitravaillétrèsdurtouteseulecesdeuxdernièresannées,

pourpouvoirpartirtôt.Maisjen’arrivetoujourspasàcontrôlermaconfiguration.Latristesseenvahitlesyeuxdelafille.–Es-tuvraimentprêteàt’éloignercomplètementdetafamille?Jennyselaissatombersurlelitetserradanssesmainslepyjamaextra-largedeDerek.–Çafaitsupermal,maiscettefamilleveutmeforceràépouserquelqu’unquejen’aimepasetqui

neressentrienpourmoi.Jeneveuxpasvivrecommecela.Millechosesdéfilèrentdansl’espritdeKylie.ElleavaitditàHolidayquelespratiquesdesanciens

étaientsemblablesàcellesdesloups-garous.IlsinfligeaientàJennycequelepèredeLucasinfligeaitàcelui-ci.Celasignifiait-ilpourautantqueLucasavait raisondes’opposeràsameuteetàsonpère?Elle

étaittellementpaumée.RéalisantqueDereketJennylaregardaientfixement,elledécidaquecen’étaitpaslemomentdepenseràlui.Unproblèmeàlafois.Problème numéro un, son grand-père et toute la communauté de caméléons allaient la tenir

responsabledecela,parcequ’elleétaitlaraisondelaprésencedeHaydenàShadowFalls.Commentréglerait-ellecela?–Bien,alorsmaintenant,explique-moipourquoitunet’espasenfuieavecHayden?

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–Parceque,commençaJenny,chaquefoisquejeluiaiparlédemondépart, ilm’aréponduquej’avaistort.Quejedevaistenirlecoupjusqu’àcequejesoismature.Maistoutlemondesavaitquecejour-là, je partirais, alors les anciens ont essayé de trouver un autremoyen dem’arrêter. Je doisépouserBrandonlasemaineprochaine.Deplus,jenesuispasvenueiciàcausedeHayden,maisàcausedetoi.Jecroyaisquetucomprendrais.J’imaginequejemesuistrompée.LaculpabilitésubmergeaKylie.–Non,tunet’espastrompée.Simplement…jenesaispascommentarrangercela.Kylieregarda

autourd’elle.Commentt’es-turetrouvéeavecDerek?–Tuétaistoujourstellemententourée.J’aivuDereketjemesuisditquesituluifaisaisconfiance,

alorsjelepouvaismoiaussi.–Es-tuvraimentprêteàperdreledroitdevoirtafamille?Lucasl’était-il?DeslarmesenvahirentlesyeuxdelajeunefilleetKylieressentitlamêmeémotions’agiterenelle.–Non,réponditJenny,maisjenesuispasprêteàépouserBrandonnonplus.–Jesais,ditKylie,nousdevonsjustetrouvercommentgérercela.IdempourLucas.Maismincealors,ellenesavaitpaspluscommentfaire.–Onadupainsurlaplanche,fit-elleens’adressantàDerek.–Commentça?demandaDerek.Kylienes’étaitpasrenducomptequ’elleavaitparléàvoixhaute.Puisdesfragmentsdesavision

passèrentdanssatête,telunfilmd’horreur.–TutesouviensdeRoberto,lepetit-filsdeMario?Tum’asracontéqu’ilavaitassistéaumeurtre

desamère?–Oui.–Terappelles-tucommentelles’estfaitassassiner?Ilpassaunemaindanssescheveuxbruns.–Jecroisqu’unarticledisaitqu’elles’étaitfaitpoignarder.Kyliefronçalessourcils.–C’estbiencequejecraignais.–Pourquoi?demandaDerek.–Elleestmonfantôme.Derekeutl’airinquiet.–LamèredeRobertoesttonfantôme?–Jet’enprie,nemedispasqu’elleestlàencemoment!–C’estbon,fitDerekenposantunemainsurl’épauledeJennypourcalmersapeur.–Arrête!lança-t-elleenluidonnantunetapesurlamain.Jen’aimepasquetumetouches.Tu…

mefaisressentirdeschoses…bizarres.Derekserembrunit.–J’essayaisdefaireensortequetuaillesmieux.–Jen’enaipeut-êtrepasenvie!rétorqua-t-elled’untonsec.Sanstropsavoirpourquoi,leurschamailleriesrappelaientàKyliecellesdeBurnettetHolidayou,

mieuxencore,Dereketelleautoutdébut,etellecompritpourquoi:tensionsexuelle.SiKylieavaitétéunvampire,elleauraitpariéqu’ellepouvaitsentirlesphéromones.–Tuvoiscequejedoissupporterdepuisvingt-quatreheures?La seule chose qui empêchaitKylie de sourire, c’étaient les vestiges de la vision et la prise de

consciencequ’ellen’avaitpaslamoindreidéedelafaçondontelledevaitgérerJenny.Sielleallait

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voirHoliday, elle ne savait pas si la directrice la laisserait rester ou pouvaitmême le faire.Maiscombiendetempsencorepourraient-ilslacacher?D’unseulcoup,lafenêtredeDereks’ouvritetDellaseruaàl’intérieur.–Bon,alorsvoilà :Burnettvientdem’appeler, il faisait leguetdevantnotrebungalowquand il

s’est renducomptequenousétionsparties. Ilvaarriverd’uneminuteà l’autre.Tuasune secondepourcacherWonderGirl.Jenny se volatilisa.Della, qui assistait à une disparition pour la première fois, eut l’air éberlué.

Burnettentraentrombeparlafenêtreouverte.–Quesepasse-t-ilmaintenant?–J’aieuunevision,expliquaKylie,quiluidonnaitunepartiedelavérité.Jevoulaisenparlerà

Derek.–Ettun’auraispaspum’appeleravant?–Tusaiscommentjesuisaprèsunevision.J’étaisfolle,jenepensaisqu’àunechose,découvrirla

vérité.–Laquelle?–Jesaisquiestlarevenanteàprésent.Ellea…avaitunliendeparentéavecMario.C’étaitsabelle-

fille.LamèredeRoberto.Mariol’afaittuer.Kyliesouffraitenserappelant lesdernièresminutesdelaviedelafemme.EnrevoyantRoberto

assisteràcetteterriblemort.Burnettsoupira.–L’épéeluiappartient?–Non,elleprétendqu’elleprovientdes…angesdelamort.Unlongsilenceenvahitlapiècecommes’illeurfallaitplusieurssecondesàtouspourlecroire.–Sais-tupourquoiilsl’ontenvoyée?demandaenfinBurnett.Toutlemondemaintenantsavaitquec’étaitpourqu’elleaffronteMario.Maispersonnen’osaitle

dire.–Nonpasvraiment.Cen’étaitmêmepasunmensonge.Ilyavaitunedifférenceentresavoirquelquechoseetavoirdes

doutes.–Viens,allonsparlerdecettevisionàHoliday,proposaBurnett.KyliequittalebungalowdeDerekpourréglerceproblème,conscientequetôtoutardelledevrait

s’occuperdeceluiqu’ellelaissaitici.Jenny.Pendantcombiendetempspouvaient-ilscacheruncaméléonenfuite?Avecunpeud’espoir,assez

longtempspourqueKyliepuissetrouverunplan.

Burnett et Holiday raccompagnèrent Kylie à son bungalow après leur petite réunion. Elle étaitparvenuejusqu’auboutdeladiscussionsansmentir,engardantlaconversationsurlavision.Elleneleur avait pas parlé de Jenny ni de son père, qui lui répétait sonmessage – qu’ils seraient bientôtréunis. Pour être honnête, elle tâcha de ne pas y penser. Holiday n’avait-elle pas déclaré qu’unepersonnequicommençaitàseprépareràlamortselésaitdupeudeviequiluirestait?Et…quelquepart,toutaufondd’elle,elleseraccrochaitaufaitquesonpèrepouvaitavoirl’espritconfus.Quesadéfinitionde«bientôt»pouvaitaussiseproduiredansquatre-vingtsouquatre-vingt-dixans.LapremièrechosequefitKylieaprèsledépartdeBurnettetHolidayfutdeprendresontéléphone.Derekréponditàlapremièresonnerie.–Tuassurvécu?

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–Àpeine,répondit-elle.–Commentas-tumentiàBurnett?–Enévitantlavérité.Ilsoupira.– À propos, j’ai relu les articles sur la mère de Roberto. La cause du décès est la suivante :

«Multiplesblessurespararmeblanche.»Ah,etsonnom:LucindaEsparza.–Merci.Kylierépétalenomdanssatête.–Etpourmonproblème,queprévois-tudefaire?demanda-t-il.IlconsidéraitdoncJennycommesonproblème,n’est-cepas?–Jenesaispas,maispourrais-tulacacherencoreunpeu,letempsquej’élaboreunplan?Tantque

tun’aspasdecolocvampireniBurnettquifaitleguetdevantcheztoi,elleamoinsderisquesd’êtredécouverteenrestantlà.–J’avaisprévuqu’elleresteraitici,l’informaDerek,l’airpresqueinsistant.Ainsi,sonanciensoupirantcraquaitpourJenny.Elleressentitleurconnexion,commeellel’avait

ressentie entre Holiday et Burnett, Perry et Miranda, et Jonathon et Helen. Elle pouvait presqueentendreDereketJennyraconteràleursenfantscommentilss’étaientrencontrés.«Tamamanm’asautédessuscommeunetigresse.Ellecroyaitpeut-êtrequej’allaisluifairefaire

unebaladesurmondos!»Jennyavaitdelachance.EtDerekméritaitd’êtreheureux.Etmoiaussi.Etsonbonheurétait liéàLucas.Cefutcommesiquelquechoses’allumaitdanssa

tête,etellecompritqu’elleavaiteutort.Ellen’auraitpasdûlerepousser,maistrouverunmoyendetoutarranger.– Hé, euh… je viens de me rendre compte que je dois faire quelque chose. Peut-on discuter

demain?–Fairequoi?demandaDerekquilisaitmanifestementquelquechoseenelle.Convaincrequelqu’unquejeméritequel’onsebattepourmoi.–Salut!Elle raccrocha et entreprit de composer le numéro deLucas. Juste avant qu’elle n’appuie sur la

dernièretouche,ellechangead’avis.Ilyavaitunautremoyen.Bienmeilleur.

Il lui fallut dixminutes pour s’endormir et quelques-unes encore pour prendre le contrôle et serendre,via l’effractionderêve,danslebungalowdeLucas,puisdanssachambre.Ilétaitadorable,endormidanssonlit.Ledrapluiarrivaitàlataille,etelleneputs’empêcherdesedemanders’ilétaitnu.Enréalité,elleendoutait.Mentalement,ellel’habillaenboxerlong,puisseglissadanssonespritetdanssesrêves.–Lucas.Ellemurmurasonnom.Ellerevitsontorsenuetsedemandapourquoiellen’avaitpasrêvédelui

habillé.Sûrementparcequ’elleaimaitlevoirtorsenu.Elleeutenviedeseblottircontrelui.Lucasseréveillad’uncoup.–Salut!fit-il,encoresomnolent.–Viens,allons-y,dit-elle.–Oùça?demanda-t-il.–Quelquepart,pourparler.

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Iltapotasonmatelasetlaregardaàtraverssesépaiscilsbruns,avecunsouriresexy.Avait-illusespenséesdetoutàl’heure?sedemanda-t-elle.–Nouspourrionsparlerici,suggéra-t-ild’unevoixrauqueEllerouladesyeux.–Biententé!Ilrit.Puisilremontaledrapetjetauncoupd’œilendessous.Elleseconcentraetdéplaçalerêvederrièrelebureau,oùilsallaientsouventdiscuter.Lanuitétait

noire,seulesquelquesétoileséclairaientleciel.–Jecroisquejepréféraislerêvedulac,lança-t-ilenparlantdel’effractionderêvequ’ilsavaient

partagéequandilss’étaientbaignésnus.Illapritparlesépaulesetl’attiracontrelui.Soncorpsétaitsichaud,sitentant.Elleauraitadorése

laisseraller.Explorertoutesceschosesencoreinconnuesd’eux.Maispasencore.–Soissage,dit-elleensedétachantdelui.Sonsourires’évanouit.–Quelquechosenevapas?–Non,enfinsi,çanevapas.Toutvamal.Elleinspira.TudoisintégrerceConseil,Lucas.–Jen’épouseraipasMonique,grommela-t-il.–Pasenl’épousant,non.Tudoistrouveruneautresolution.–Ilfautquemonpèreseportegarant.Etilneleferapasmaintenant.Elleserralesdents.–Parle-lui.Tuasditqu’ilteprotégeait.Manifestement,tucomptespourlui.Peut-êtrequesitu…–Tuneleconnaispas.Lafureurmontaenelle.–Alors,trouveuneautresolution.Trouveunautregarant.Ouparletoi-mêmeauConseil.Tum’as

ditquetouslesjeunesvoulaientchanger.Montre-leauxanciens.Ilsontétéjeunesaussi.Pousse-lesàsesouvenir…Quiaditquand laporteest fermée, trouveunefenêtre?Si la fenêtreest fermée,ehbien…casse-la.Siellenesecassepas,ehbienemploielesgrandsmoyens.Ilsecoualatête.–Tunelesconnaispas.– Si, je les connais ! Les anciens, chez les caméléons, sont exactement les mêmes. Ils veulent

arrangerdesmariagesetdécidentdetout.Jenesaispascommentjevaischangertoutcela,maisquejesoismauditesijenetentepaslecoup!–Cen’estpaspareil,rétorqua-t-il,commesisonaccusationlefroissait.–Peut-être,maisturenoncestoutdemême!–Jenerenoncepasànous,voilàcequicompte.–Maissi,turenoncesànous.Situn’intègrespasleConseil,iln’yaurapasde«nous».–Tunelepensespas!s’énerva-t-il.– Je sais que si tu perds ce que tu as toujours désiré, tu m’en voudras un jour. Peut-être pas

maintenant,maisunjour,sûrement.Etjenepeuxpascontinuerainsiensachantça.Jenepeuxpas.Enunéclair,Kyliemituntermeàl’effractionderêveetfiladanssonlit.Puiselles’endormiten

pleurant.Maisjusteavantdesombrer,elleentenditsonpère,unefoisdeplus.–Bientôt,bientôtnousnousretrouverons.Elle ne put s’empêcher de se demander si, quand elle seraitmorte, elle souffrirait encore pour

Lucas.

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Le lendemainmatin,Kylie,quin’avaitqu’uneheurede sommeilaucompteur, attendaitparmi lafoulequeChrisfassesonshowetlancel’Heurepourfaireconnaissance.Perry,sonescorteofficiellepour lamatinée, se tenait à côté d’elle,Miranda collée à lui.Della et ses copains vampires étaientabsents.Lucasn’étaitpaslà.Maiselleavaitreçuuntextodeluiquidisait:«Jepensequej’aitrouvéune

fenêtre.»L’espoirluidonnadel’énergie.EllesesouvintcombienLucasétaitbeaudanssonlitlanuitdernièreetcombienelleavaitététentéedeseblottirtoutcontreluietdelaissersimplementleschosesse faire.Chassant le loup-garou sexyde sa tête, elle chercha autre chose à quoi penser – du style,commentprocéderavecLucinda,quisetenaitaubeaumilieudelafoulecommesielleétaitchezelle,maisneparlaitpasàKylie…Attendait-ellevraimentqu’elletueMariopourpartirdéfinitivement?C’étaitunechose,d’encouragerlesâmesàdestinationdesportesduparadisàlaisserleurexistence

solitaire sur terre et aller de l’avant.Mais comment pouvait-elle encourager quelqu’un à aller enenfer?Cettepenséelafitfrissonner.–Tuesbiencalme,observaMiranda.Toutvabien?Kylie opina et remarquaDerek qui rejoignait la foule. Elle pensa à Jenny et se dit que la seule

choseàfaireétaitd’affronterHayden.EllesavaitqueJennyavait trèspeurqu’ilnelarenvoiechezelle,maisKylien’enétaitpassisûre.Lesbavardagesdanslecercled’étudiantsseturent.Kylielevalesyeux.Chrispritlaparole.–Aujourd’hui,nousavons…Ilregardadanssonchapeau,puislevalesyeux.PilesurKylie.Ohnon,songeacelle-ci.Quiétait-ce,cettefois?– Kylie Galen ? Chris sourit. La fille qui nous a rapporté en l’occurrence plus de sang que

n’importequelcampeurdanslepassé.Ilhésita.Toi,monamie,tuaurasleplaisird’êtreaccompagnéepar…Ilmarquaunepausepourl’effet.Steve!Kylie vit Steve, le métamorphe au beau cul, celui qui avait fait un suçon à Della, se diriger

lentementverselle.Pasuneseuleminuteellen’avaitpenséqu’iléprouvaitdel’intérêtpourelle.Ellesavaitqu’ilcherchaitsimplementdesconseilsamoureux.Maisquepourrait-elledoncluidire,àpartdesemontrerpatient?DellaétaitlapersonnelaplusbornéeetlaplusrésoluequeKylieconnût,etilauraitfallulapatienced’unsaintpourépuiserlavampire.

–Êtrepatient?C’esttoutcequetuasàmedire?seplaignitStevedixminutesplustard.KylielevalesyeuxsurPerryquitournaitautourd’eux,assisderrièrelebureau,puisregardaSteve

enfronçantlessourcils.–Jenesaispaspourquoivousalleztousvousimaginerquejesuislegouroudel’amour.–Allez,donne-moiunvraiconseil.Tulaconnaismieuxquepersonne.Kylieselaissatomberàcôtédel’arbre.–Quetedire?Dellaestcompliquée!TellementcompliquéequesilavampapprenaitqueKylieavaitdonnédesconseilsàSteve,ellelui

retireraitsacartedemeilleureamie.–Tucroisquejenelesaispas?Ellevitsonregarddésespéré.–Quelqu’unluiafaitbeaucoup,beaucoupdemal.–Jelesais,çaaussi,dit-ilencroisantlesbrassursonlargetorse.Elleméritetellementmieuxque

lui.

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–Oh ! zut, lançaKylie, et elledécidade se lâcher.OK,voilà tout ceque jepeux tedire :Dellavoudraitunebonnebagarre.–Jeneveuxpasmebagarrer,déclaraSteve.Toutcequejeveux,c’est…Ilrougit,commes’ilpensaitàsesvéritablesdésirs.Mais,mincealors,KylieappréciaitSteve.–Écoute,jeneveuxpasdire«tebagarreravecelle».Maistebattrepourelle.Quandelleteditque

tu ne peux pas t’installer avec elle pour déjeuner, fais-le quandmême. Quand elle te demande departir,neparspas.Ellevaenavoirmarre.C’estDella,elleestcommeça,maisjepensequecelateferagagnerdesbonspoints.Lemétamorpheréfléchit.–Maisoui,tuasraison.Quandnousétionsenmission,elleaessayédemerepousser,maisjene

l’aipaslaisséefaire.Jenepouvaispas,parcequeBurnettm’avaitavertiques’illuiarrivaitquelquechose,ilmeferaitcouperlatête.Etc’estlàquenous…Hé,jesaiscequej’aiàfaire!–Quoi?demandaKylie,redoutantcequ’elleavaitmisenroute.–Attendsdevoir.Unsourires’étalasurseslèvres.Desétincellescrépitèrentpartoutautourdelui.Ilsetransformaen

oiseau,pasaussigrosniaussimajestueuxqueceluiqui lasurveillaitd’enhaut,mais toutdemêmeimpressionnant.Battantdeuxfoisdesailes,ils’envolaaumomentoùPerryatterrissait..–Tuestrèsdouéepourcela,dit-il,toujourssoussaformed’oiseau.Ilpourrafaired’ellecequ’il

veut.Biensûr,entre-temps,ellet’auraarrachélecœurpourl’avoirtrahie.–Nemeparlepasquandtun’espasdanstaformehumaine!Ellelaissatombersonfrontsursesgenoux.Mince ! Perry avait raison, Della allait la tuer. Mais comme le destin avait déjà décidé de

l’assassiner…

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–Vous attendez un appel ? demanda Kylie à Hayden Yates quand elle entra dans sa classe dixminutesplustardetnelâchaitpassonportable.–Je l’espère,dit-ilenfronçant lessourcils.Et il regarda toutautourde luipours’assurerqu’ils

étaientbienseuls.C’estJenny.Elleestpartie.Dieuseulsaitoù.Kyliesemorditlalèvre.–Sivouslatrouviez,queferiez-vous?–Commentça?demanda-t-il,méfiant.– La ramèneriez-vous chez ses parents ? Si elle s’est enfuie, c’est sûrement parce qu’elle est

commevousquandvousétiezjeune,etqu’ellenesupportepluscettevie.–Ellenesaitpascommec’estdurd’êtrecomplètementseul.–Elleneleseraitpas,répliquaKylie,ellevousaurait,vous.Ilserembrunit.–Jenesaispasdutoutcommentgéreruneado.Kylierouladesyeux.–Vousêtesprof.Vousnousgéreztouslesjours!–J’enseigne, jenematernepas. Ilyaunedifférence.Maisdiscuterdecelaest idiot. Ilpassa les

doigtsdanssescheveux.Elleestjeune,elleestnaïve.–Pastantqueça.KylierevitJennytenirtêteàDereketcommentellelesavaitaidésàs’échapper.–Etsijesavaisoùellesetrouvait?Illuijetaunregardnoir.–Bonsang!L’alarme?BurnettetHolidaysont-ilsaucourant?–Pasencore.–Silesanciensapprennentqu’elleestlà,ilss’attendrontqueBurnettetHolidaylaramènent.–Jesais,ditKylie.C’estbienleproblème.

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Haydencroisasesdeuxmainsderrièresatête.–EtHoliday etBurnett devront le faire. Ils ne peuvent pas légalement la garder sans de graves

conséquences.–C’estl’autrepartieduproblème,soupira-t-elle.Ilplaquaunemainsursonbureau.–Commec’estcompliqué!MillepenséesdéfilèrentdanslatêtedeKylie.–J’aimeraisparlerdecelaàBurnettetHoliday,maissitoutecettehistoiredeMariosetassait,je

pensequej’auraisplusdechancedelesconvaincre.Ilselevad’uncoup.–Oùsetrouve-t-elleencemoment?–ChezDerek.Ileutl’airperplexe.–Derek?Haydenpassade«professeur»à«grandfrère»etKylieeutlesentimentqueDerekpourraitbien

seretrouverdanslepétrin.–C’estmieuxquechezmoi,parcequeBurnettnemequittepasdesyeux.QuandJennyasautépar-

dessus leportail, ellenepouvaitpasm’approcher à causedemesescortes. JennyetDerek se sontrencontréslanuitoùjemesuiséchappéeetelles’estditqu’ellepouvaitluifaireconfiance.Etellearaison.Derekestletypeleplusgentilquejeconnaisse.Ilneferaitjamais…voussavez.–Ilaintérêt…tusais!rétorqua-t-ild’untonsec.–Jepensequ’ilvaudraitmieuxquevousl’ameniezchezvous,pasàcausedeDerek,mais…–Ceseraitplussûrsiellerentraità…–Non!s’écriaKylie,laissez-moiunpeudetemps.Jecroisquejepeuxtrouverunesolution.–Comment?Ellen’estpasencoremature.Kyliedésignasaconfiguration.–Jenesuispascomplètementmatureetjevaistrèsbien,merci.–Tupeuxvraimentdirecelaenrestantsérieuse?demanda-t-il.Tuasunassassinquitecourtaprès,

etL’URFsaliveàl’idéedetemettrelamaindessuspourtetester.Chezmoi,çaneveutpasdire«allerbien».–Laissez-moiquelquesjours,s’ilvousplaît.–Tunepeuxpasréglerçatouteseule.LesparolesdeHaydenrésonnèrentdanssatête.L’URFsaliveàl’idéedetemettrelamaindessus

pourtetester.Pourlapremièrefois,Kylieentrevitleschosestellesqu’ellesétaient.Vite,unefenêtre!–Jepeuxessayerd’arrangerça,reprit-elle.Peut-êtremourirenessayant,songea-t-elle,maispeut-êtrepas.Deplus,resterenvien’étaitpeut-

êtreplusàl’ordredujour,detoutefaçon.Ellesedirigeaverslaporteàreculons.–Ilfautquej’yaille,jediraiàDerekd’amenerJennychezvousaprèslescourscesoir.

Pendantledéjeuner,KylieattenditdevoirsiLucassemontrait.Elleétaitassiseàcôtéd’uneDellaen colère, qui la regardait d’un air noir tout du long, parcequ’elle avait entendudire qu’elle étaitpartie avec Steve. En face d’elle était installée uneMirandaméfiante, qui avait été avertie par sonmétamorpheetescortedeKyliequ’ellesecomportaitbizarrement.

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Perryavaittort.Ellenesecomportaitpasbizarrement,elleétaitmortedetrouille.Pourtant,mêmeterrorisée,ellesavaitquec’étaitlachoseàfaire.Soninstinctleluidisait.EllenepensaplusdutoutàsespeurslorsqueLucasentradanslapièce.IlportaitunT-shirtbleu

marine et son vieux jean, celui qui était délavé de partout et dont le tissu caressait son corps. Sescheveuxétaientébouriffésparlevent.Ilpassalapièceenrevue.Ellecroisasonregardbleu.Ilsedirigeaversellesansmêmeprendrelapeined’allerchercherunplateau.Quandils’assit,son

épauleeffleuralasienne.Ellelaissatombersafourchetteetchuchota.–Serais-tuprêtàsécherlescourspourt’entraîner?–Quesepasse-t-il?Était-ellelisibleàcepoint?–J’aidéjàéclaircicelaavecHoliday.Etladirectriceluiavaitposélamêmequestion:Quesepasse-t-il,Kylie?ElledonnaàLucaslamêmeréponsequ’àHoliday.–J’aienviedem’entraîner.Il était évident qu’elle ne pouvait pas lui dire la vérité ici.Mais elle avait l’intention de tout lui

raconterunefoisseuls.–Commentvatafenêtre?demanda-t-elle.–Toujourscoincée,maisjetravailledessus.L’optimismedanssavoixlafitsourire.Ilattrapalepetitpainsursonassiette.–J’aibesoind’alimentsbiennutritifspourtebattre.Tum’asl’airpleined’entrainaujourd’hui.–Tuasraison,tuferaismieuxdefinirmasaladeaussi,letaquina-t-elle.Ilbaissalatêteetmurmura:–Jet’aime.Moiaussi,songeaKylie,maiselleneparvenaitpasencoreàleluidire.Ellevoulaitattendreque

leursfenêtressoientouvertesetquelavieleuroffrecettepromesse.

QuandilsallèrentchercherlesépéesdanslebungalowdeLucas,Kylieessayadetrouvercommentluiparlerdecequ’ellefaisait.Instinctivement,ellesavaitqu’ilneseraitpasd’accord.Ets’ilyavaitunjouroùellenevoulaitpassedisputer,c’étaitbienaujourd’hui.–Alorscettefenêtre,tuasunplanpourl’ouvrir?demanda-t-elle.Ilhochalatête.–J’ai repenséàceque tum’asditàproposdesanciensquiavaientété jeunesà leurépoque.Eh

bien,iln’yapassilongtemps,magrand-mèrem’ainterrogéesurl’undesanciensduConseil.Ellem’a racontéquesasœur jumelleet lui s’étaientpluquand ilsétaient jeunes,maisqu’elleétaitdéjàpromiseàunautre.Jenesavaismêmepasqu’elleavaiteuunejumelle.Quandjel’aiinterrogéesursasœur,ellem’aréponduqu’elleétaitmorte.Maisj’ailesentimentqu’iln’yavaitpasquecela.Jesuisallélavoircematin.–Et?–Ellem’aavouéquesasœurs’étaittuéelaveilledujouroùelleétaitcenséeépouserl’autre.–Donctuvasallerparleràcetancien?–Cen’estpassisimple.Ilrefuseraitdemevoir,maisilpourraitaccepterderecevoirmagrand-

mère,quiplaideraitmacause.–Tagrand-mèreestd’accord?

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–Non,répondit-il,frustré.Elleesttêtue.Jesuiscenséprendrelethéavecelledansdeuxheures.Ilsoupira.Lethéaledondel’adoucir.Jecroisquejepourraislaconvaincre.–Jel’espère.Ilsarrivèrentprèsdulacets’échauffèrentpendantvingtminutes,répétantlesmouvementsqu’illui

avaitappris.Kylien’avaitpasbesoindeleregarderpoursuivrelerythme.Maisellel’observatoutdemême. Elle adorait la façon dont son corps bougeait, avec force, contrôle, et ses muscles quiondulaientsoussonjeanetsonT-shirtencoton.Ilarrêtaleséchauffementsetsetournaverselle.–Prête?Ellefitouidelatête.Ilslevèrentleurépéel’unecontrel’autre;ilreculapuisavança,sonépéefendantl’airàunebonne

dizainedecentimètresd’elle.Ellel’imita,etauboutdecinqminutes,elleeutl’impressionqu’ilssebattaientvraimentpourlapremièrefois.Lasensationdedangernelaretenaitpas,enfait,ellelaséduisait.Était-elleamatricedesensations

fortes?Ellesentitlasueurdégoulinerdesonfront,etquandellejetaderapidescoupsd’œilsurlui,ellevit

lelustresursapeau,etleT-shirthumideluicolleràlapeau.Lecotonétaitencoreplussexymouilléquesec.–Tuesgénialequandtutebats,déclara-t-ilàboutdesouffle.Elle leva les yeux et se déconcentra, sans se rendre compte que cette petite erreur pouvait être

mortelle,puisellesentitsalameletoucher.

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Kylie suffoqua. Elle lâcha son épée. Celle de Lucas lui glissa de lamain et atterrit à côté de lasienne.Ilreculad’unpas.Sachemisependillait,ouverte,déchirée.–Oh!non,es-tu…?–Toutvabien,justeuneégratignure.Ilcollasapaumesursesabdos.–Montre-moiça,dit-elleens’approchantdelui.–Çava,lança-t-ilenreculant.C’estmafaute.Jet’aidéconcentrée.–Montre-moi,exigea-t-elledenouveau.–Cen’estqu’uneégratignure,insista-t-il.Elle parcourut les quelques pas qui les séparaient, et toucha sa chemise. Son cœur se serra,

redoutant ce qu’elle verrait.Des larmes emplirent ses yeux, quand elle avisa les traces rouges au-dessusdesonnombril.–Cen’estrien,tuvois?Ilavait raison,cen’étaitqu’uneégratignure,maiscelaavait toutdemêmel’airdouloureux.Elle

colla deux doigts sur son ventre et se concentra pour le guérir. Ses mains se réchauffèrent, etlentementellepassasapaumesurlablessure.Ellel’entenditgémir,ouétait-ceungrognement?Ellecroisasonregard.–Est-cequejetefaismal?Puisellediscernalachaleurdanssesyeux.–Non,dit-il,leronronnementhypnotiquequiémanaitdeluienvibrantluiindiquantquesoncorps

cherchaitunepartenaire.Elleeffleurasonabdomendehautenbas.Lesdoucesetchaudesondulationsdesmusclesetdela

peau étaientmerveilleuses sous sa paume. Elle désirait plus. Plus de lui, plus de contacts, plus decaresses,elledésiraittellementqu’illatoucheluiaussi.Commes’il lisaitdans sespensées, il l’attiracontre lui.Ses lèvres trouvèrent les sienneset leur

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baiserfut intense.Ellenesavaitpascomment ilsseretrouvèrentpar terre,maisd’unseulcoup, ilsétaientétendusausol.L’herbedouceluichatouillaitlecou,maissurtout,ellesentaitlamaindeLucassefaufilersoussonT-shirt,soncontactdouxettendresursesseins.Ellesentitsonpoidsàmoitiésurelle,sesjambessurlessiennes.Partoutoùunepartiedeluilatouchait,ellebrûlaitetmouraitdedésir.Ellen’avaitpaspeur,elle

glissasamaindansledosdesachemise.Soudain, l’émerveillement disparut. Elle ouvrit les yeux et vit Lucas debout au-dessus d’elle, le

regard fou, l’air presque sauvage. Ses mains étaient coincées derrière son cou, et il inspirait etexpiraitcommes’ilavaitbesoind’unetonned’oxygène.–Nousnepouvonspas…jenesuispasprêt…jen’aipas…Comme elle essayait elle aussi de respirer, il lui fallut une seconde pour comprendre ce qu’il

essayaitdedire.Iln’avaitpasdeprotection.–Nousnedevons…pascommeça,dit-il.–Jesais.Elleseleva,avalasidifficilementsasalive.–Jesuisdésolée,jen’auraispasdû…Elledétournalesyeux,sanstropsavoircommentformulerleschoses.Ilcomblaladistancequilesséparaitettournadélicatementsonvisageverslesien.–Tun’asrienfaitdemal,nousn’avonsrienfaitdemal.Simplement,ceseraitmieuxdeleprévoir.Ellehocha la tête.Son téléphone sonna.Ellene l’avaitmêmepas sortide sapochequeceluide

Lucascarillonnaàsontour.Elle savait ce que cela voulait dire. L’URF était là. En avance. Elle sortit son portable, vit que

Burnettl’appelaitetcompritqu’ellenes’étaitpastrompée.–C’estBurnett,etjesuissûrequetoi,c’estHolidayquit’appelle.Elleattrapalesépées.Neréponds

pas,onn’aqu’àallerdirectementaubureau.Illadévisagea.Etellesentitlaculpabilitétourbillonnerdanssapoitrine.Elleauraitdûluidire.À

présent,elleavaitlesentimentqu’elleleluiavaitcaché.–Pourquoijenerépondraispas?fit-il.Ilouvritlessacsetrangealesépées.–J’allaist’enparler,mais…Jesavaisquetumetiendraistête.–Quesepasse-t-il,Kylie?–C’estmafenêtre,expliqua-t-elle.–Commentça?–LaraisonpourlaquelleBurnettetHolidayappellent.C’estl’URFquivientmechercher.–Maispourquoidonc?Ellesemitenroute.Ill’attrapaparlecoude,desinterrogationspleinlesyeux.–J’aiacceptédemefairetester.Ilsecoualatête.Sesyeuxpassèrentimmédiatementdebleuàorangefoncé.–Non!– Il le faut,Lucas, c’estma quête.Tout comme la tienne consiste à changer les choses chez les

loups-garous.Jedoislefaire.–Non ! Il seplantadevant elle et l’empêchade faireunautrepas.Oublierais-tuque j’ai vuune

partiedelavisiondecequ’ilsontfaitàtagrand-mère?–C’étaitilyaplusdequaranteans.Leschosesontchangé.

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C’étaitcequ’ellevoulaitcroire.Ellel’esquivaetcontinuatoutdroit.–Non!cria-t-ilenlarattrapant.Elleleregarda,lesuppliadecomprendre.–Jedoislefaire,Lucas.Ettudoismelaisser.–BurnettetHolidaynelepermettrontpas,dit-il,bouillonnantderage.–Burnettpensequel’URFnemeferapasdemal,insista-t-elle,sentantunebrisefraîcheeffleurer

sapeau,etellecompritqu’ellen’étaitpasseule.Sonpèreétait là.Ellepriapourqu’ilapprouvecequ’elleétaitentraindefaire.–Ilyadesrisques,ilmel’aaffirméenpersonne.Ilm’aexpliquéqu’ilavaitcachélecorpsdeta

grand-mèrepourlesmêmesraisons.–Ilyadesrisquesdanstout,Lucas.Ellesetouchaleventre.Danslefaitd’apprendreàsebattreou

pas.Jefaiscequ’ilfaut.Jelesais.

–Nousnel’avonspascontactée,fitlavoixmasculinequisortaitdubureaudeHoliday.C’estellequil’afait.KylieetLucasentrèrentdanslebureau.Lucasétaitencorefurieux,maisiln’essayapasdel’arrêter.

Ellecompritqu’ilsentaitqu’elleneplaisantaitpas.– Kylie n’aurait pas pu le faire, elle ne saurait même pas comment vous contacter, rétorqua

Holiday.Kylies’arrêtaàlaporte.–J’aiappelémamèrepouravoirleurnuméro.Jeluiaiditquec’étaitpourHoliday.Kyliecroisa leregardinquietdesonamie.Burnett,àsoncôté,avait lesyeuxbrillantsdecolère.

Elleespéraitsimplementquecelle-cin’étaitpasdirigéecontreelle.Holidaysecoualatête.–Ehbien,jem’yoppose.Kylieavança,suiviedeLucas.ElleregardaBurnett,espéranttrouverunalliéenlui.–Depuisledébut,Burnettm’aassuréequ’ilsnemeferaientpasdemalvolontairement.Holidayseleva.–Ilaaussireconnuqu’ilpourraityavoirdesrisques,raisonpourlaquelleilaaccepté…quetune

soispasobligéedelefaire.–Ellearaison,acquiesçaBurnett,jeneveuxpasrisquerde…–Lesrisquessontpratiquement inexistants,expliqual’agentde l’URFauxcheveuxgris.C’estce

quejemetueàvousdire.Maisvousrefusiezd’écouter.Kylieignoral’agent,ets’adressaàHoliday:–C’estmaquête.Tuastoi-mêmeditqu’elleétaitbonne.–Maistunedoispasmettretavieenpérilpourautant.–Ellenel’estpas,répétal’agent.–Alors,pourquoiunmédecinnormalnepourrait-ilpasfairepasserlestests?demandaHoliday,

surletond’unemèreencolère.Pasdedoute,elleenferaituneexcellente.–Jevousenaidéjàparléquandnousl’avionsévoquéilyaplusieursmois.Cen’estriendeplus

qu’unscanneretdesexamenssanguins.Etlaraisonpourlaquelleonnepeutpasleseffectuerdansunhôpitalnormal,c’estquecestestsnesontpasfaitspourleshumains.–Maisilspourraientfaireunscanneretdesprisesdesangdansunhôpitalnormal!insista-t-elle.–Lescanestdifférent.Idempourlesprisesdesang.Unlabonormalnepeutpaslesfaire.

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–Etcombiendecestestsont-ilsdéjàétéeffectués?demandaHoliday.–Desmilliers.L’URFlespratiquedepuisplusieursannées.–Dansquelbut?Ilserenfrogna.–Larecherche.–Surqui?Quelgenrederecherche?–Principalementpourétudierlesaffairescriminelles,mais…–Vousvousenservezsurdescriminelsetvoustrouvezçabiendevousenservirsuruneado?

s’énerva-t-elle.–C’estsansdanger.–Vousallezmerépéterqu’iln’yaeuaucuneffetnégatifindésirable?–Pasàmaconnaissance.–Doncilyenaeudontvousn’êtespasaucourant?Holidaynelelâchaitpas.–Jedoislefaire,intervintKylie,jelesais.Jet’enprie.N’essaiepasdem’arrêter,madécisionest

prise.Ellevitdeslarmesapparaîtredanslesyeuxdesonamieetensouffrit,maisellesavaitquec’étaitla

choseàfaire.Elleregardal’agent.–Avez-vousapportélespapiersquejevousaidemandés?–Lesquels?s’enquitBurnett.–Undocumentécritdel’URFquistipuleques’ilsprouventquejesuisissued’uneracespéciale,

alorsilsreconnaîtrontquenousexistonspourlemondesurnaturel.–Maisalors,quoi?demandaHaydenquifitsonapparitiondanslecoindelapièce.Touslesautres

devrontsubircestests?L’agentdel’URFeutl’airméduséparl’apparitiondeHayden,maisnesedémontapas.–Ilfaudraquecesoitconfirméparaumoinsuneautrepersonnedevotreespèce.Maisunefoisque

Kylieetcetteautrepersonneserontenregistrées,nousn’auronsplusbesoinqued’unexamensanguin.HaydenregardaKylieetellecompritcequ’ilpensait.–Vousn’êtespasobligé,luidit-elle.Mettresavieenjeuétaitunechose,demanderàquelqu’undelefaireaussienétaituneautre.–Si, tuasraison, ilest tempsqueleschoseschangent.Haydenreposalesyeuxsur l’agent.Vous

l’avez,votredeuxièmepersonne.L’agent et Lucas plissèrent les yeux et regardèrent, admiratifs et intimidés, la configuration du

professeur.–Çanemeplaîttoutdemêmepas.Ets’ilsnetenaientpasleurpromesse?demandaLucas.Kylie implora silencieusement Burnett de prendre la parole. Il avait toujours fait preuve d’une

grandeloyautéenversl’URFetelleavaituneconfianceaveugleensonavis.–Ilsneferaientjamaiscela,déclaraBurnett.

Lapièce,froide,faisaitbientroppenserKylieàlavisionqu’elleavaiteuedesagrand-mère.Maiselle se raccrochait fort à la présence de Lucas, Burnett et Holiday, qui l’attendaient dehors. Ilsl’avaienttoutd’abordrevêtued’unebloused’hôpital.Magnifique.L’infirmièrevintlavoir.

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–Jevaisvousfairedeuxpiqûrespourvousengourdir.C’estlemêmegenredechosequ’undentisteutilisequandiltravaillesurunedent.Nousdevonspréleverdusangdevotreartèreradialepourcetexamen, c’est donc un peu plus désagréable qu’une simple prise de sang. Mais ces injectionsdevraientêtrebénéfiques.Kylienesavaitpassilespremièrespiqûresfurentbénéfiquesmaisellesluifirentunmaldechien.

Elleserralesdents.En quelques minutes, ce fut terminé. Avant que l’on ne conduise Kylie dans l’autre pièce pour

passerlescanner,ilslaissèrentLucas,HolidayetBurnettentrer.Ellecompritqu’ilsavaientd’abordfaitpasserlescanneràHayden.–Haydenvabien?Cefutlapremièrechosequ’ellevoulutsavoirquandilsentrèrent.–Jeviensdelevoir,réponditBurnett.Iladitquec’étaitdugâteau.Kyliesourit.Holidayétaittoujourssoucieuse.–Tupeuxtoujoursannuler.–Holiday,répondit-elle,jevaislefaire.Laféesoupira,exaspérée,etcollaunemainsursonventre.–J’espèrequemonenfantneserapasaussibornéquetoi.Kyliejetauncoupd’œilàBurnettavecunlargesourire.–Aveclepèrequ’ilaura,jediraisquetun’aspaslamoindrechancequetonenfantnesoitpastêtu.–Hé,yapirequemoi!Il sourit aussi, mais elle devina que c’était forcé. Il essayait d’alléger l’atmosphère, mais

l’inquiétudeselisaitdanssesyeux.Quelques secondes plus tard, Burnett et Holiday s’en allèrent. Lucas resta et alla s’asseoir près

d’elle.Ilpritsamainbandéeetpassalepoucesurlepansement.Elledevinaqu’ilpensaitàlafoisoùellel’avaitguéri.–Quandtoutcelaseraterminé,ilfaudraquel’onparle.Jen’aimepasquetum’aiescachécequetu

avaisl’intentiondefaire,ouqueleprofétaituncaméléon.Etjesais,jeneméritaispasquetum’enparlesàl’époque.Maistuavaisraisonquandtum’asditcejour-làquenousn’avionspasbesoindesecrets.Jen’enveuxplusentrenous.–Moinonplus.D’unseulcoup,Kylieserappelaquelquechose.–Tuétaiscenséprendrelethéavectagrand-mère?Ilsecoualatête.–C’estplusimportant.–Non,Lucas.TudoisintégrerceConseil.–Jen’yaipasrenoncé.J’aijustereportémapetiteentrevueavecelle.Ilsoupira.MaisConseilou

pas,jerefusedeteperdre.Uneinfirmièreentra.–Nousallonsl’emmener.Lucaslâchasamainàregret.Kylierefusaqu’onlapoussedansunechaiseroulantejusqu’aulabo.Ellen’étaitpasmalade.Mais

elles’assuraquesablouseétaitbienferméeavantdedonnerunaperçudesessous-vêtementsrosesàtoutlemonde.Holiday serra affectueusement samain.Burnett lui tapota l’épaule.Lucas, énervé et très inquiet,

restaenretrait.L’infirmièrelaprécédadanslasalle,Kylieallaitlasuivre,maisquelqu’unlatiraen

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arrière.LabouchedeLucassecollabrièvementsurlasienne.«Jet’aime»traînaitsurleboutdesalangue,

maiselleneleditpas.Ellenevoulaitpasqu’ilpensequelapeurdecequiallaitsepasserétaitlaseuleraison pour laquelle elle le lui avouait. Et il ne faisait aucun doute que s’il savait qu’elle lui étaitacquise,ilneferaitplusd’effortspourintégrerceConseil.La porte se referma dans un bruissement derrière elle. Kylie regarda autour d’elle, et constata

l’absencedecouleursdanslapièce.Pasunetouchedepeinture.Toutétaitblanc.–Bien,lançal’infirmière,avez-vousdéjàpasséuneIRM?–Oui,quandj’avaisdesterreursnocturnes.–Eh bien, cela y ressemble beaucoup. Lamachine est un peu bruyante et vous risquez de vous

sentiràl’étroit,maisilfaudraquevousrestieztotalementimmobile.Dixminutesserontnécessairespourpasserl’examen.Vousn’êtespasclaustrophobe,n’est-cepas?–Pasvraiment,réponditKylie.Ellesesouvintpourtantdequandelles’étaitretrouvéecoincéedans

unepetitetombeaveclestroismortes.Maisc’étaientpluslestroismortesquel’espaceconfinéquiluiavaientfichulatrouille.– Bien, expliqua l’infirmière, voici des bouchons d’oreilles.Maintenant, montez là-dedans, que

nousenfinissions.Kylie enfonça ses boules Quies et ravala une angoisse soudaine. Dans sa tête, elle entendit les

parolesdesonpère:Maisbientôt,bientôtnousdécouvrironscelaensemble.Soncœurbattaitlachamade,quandelles’allongeasurlatableglacée.Elleespéraitunmotdeson

pèreluidisantqu’ellen’allaitpasmourirtoutdesuite,voilàquiseraitbien!Lamachinel’attiraàl’intérieur.Sonnezsetrouvaitàmoinsd’uncentimètredudessusetlescôtés

del’appareiltouchaientmêmesesavant-bras.Unemachine,pasuncercueil,sedit-elle.Maisvoilààquoiellepensait:ellereposaitdansuncercueilfermé.Le bruit retentit. Même avec ses bouchons d’oreilles, elle avait du mal à s’entendre penser,

tellementlamachineétaitbruyante.Ellefermalesyeux.Tâchadenepasréfléchir.Ellenesavaitpascombiende tempselleétait restée là-dedans,quandellesentitun légerpicotementdanssa tête.Quis’intensifiajusqu’àluifairemal.Devenirdouloureux.Trèsdouloureux.Elleouvritlabouchepourhurler,essayadebouger,envain.Brusquement,ellesentitunelumière

exploserdanssatêteetellenevitplusquel’obscurité.–Bientôt,bébé,bientôtnousseronsensemble.

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Quelqu’unluitenaitlamain.Auloin,onentendaitlegrondementdevoixfurieuses.EllereconnutcelledeBurnett.Kylieouvritlesyeux,ellenesavaitpastropoùellesetrouvait.Àl’instantoùellevitleplafondblanc,ellesesouvintdelagrossemachineblanche.Deladouleur.Ellenesouffraitplusàprésent.–Dieumerci!KyliesetournaversHolidayquiluiparlaitetluitenaitlamain.Lefrontplisséd’inquiétude,elle

appuyasurunboutonpourappelerl’infirmière.–Elleestréveillée.–Ques’est-ilpassé?demandaKylie.–Tuasperduconnaissance.Holidayavaitleslarmesauxyeux.Onaeuunesacréetrouille!Tuvas

bien?–Jepeuxsentirmesdoigtsetmesorteils.Laportes’ouvritd’uncoupetunBurnetttrèstrèsencolère,entraentrombe,suivid’unhommeen

blouseblanche.Etderrièrelemédecin,l’agentdel’URF.EtenfinLucasetHaydenYates.–Jevousaiditqu’elleiraitbien.LemédecinregardaKylie,puisHoliday.Parle-t-elle?–Oui,réponditlajeunefemme.–Bouge-t-elle?–Oui,etjevousentendsaussi!Illaregardad’unairrenfrogné.–Évidemmentquevousm’entendez.–Lestestssontterminés?Lemédecinhochalatête.–C’étaitfinilorsquevousavezcommencéàsouffrir.–Savons-nousdéjàquelquechose?demanda-t-elleàl’autreagent.

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– Nous avons besoin de temps pour tout analyser, mais il semblerait que vous ayez toutes lescaractéristiquesdessurnaturels,exactementcommeM.Yates.Kylieseredressa.–Celafait-ildenousunenouvelleespèce?–J’ail’impressionqueoui,maislàencore,lesautresdoiventyjeteruncoupd’œil.Kyliesemorditlalèvre.–Quesaviez-vousaujustedetoutcela,d’aprèslestestsdupassé?Lesilenceenvahitlasalle.KylievitlesépaulesdeBurnettsetendre.L’agentmarquaunepause.–Lesrésultatsquenousavionsmontraienttouslamêmechose,maisquatre-vingt-dixpourcentdes

preuvesontétédétruitesparlesmédecinsetadministrateursresponsablesdel’étude,pourdissimulerleursméfaits.– Si vous aviez ne serait-ce que des soupçons sur leurs actes, pourquoi ne pas avoir tenté

d’arrangerleschosesplustôt?demandaHayden.–Nous avons essayé, répondit l’agent.Peut-être pas assez,mais pour notre défense, le domaine

danslequelvotreespèceexcelle,c’estdesecacher.Nousavonscherchédesmembresdelafamilledescassur lesquelsnousavionsconservédesdossiers.Tousavaientdisparu.Àunmomentdonné,nousavionsenvisagédepublierdesavispourdemanderauxgensdeseprésenter,maismalgrétousnosefforts,celaavaittoutd’unechasseauxsorcières.Etvucequis’étaitdéjàpassé,celanesemblaittoutsimplementpaslachoseàfaire.–Etquandcesinformationsseront-ellesdévoiléesaumondesurnaturel?interrogeaKylie.–Probablementpasavantquelquessemaines.Nousannonceronsaussil’enquêteinternesurl’URF

et nos méfaits du passé. Quiconque touché par nos études – ou les membres de leur famille –recevrontunecompensationfinancières’ilsseprésentent.Kyliesongeaàsagrand-mère.–L’argentnerendrapasdesvies.–Non,réponditl’agent,maisc’estlafaçonhumainedereconnaîtrelesméfaitsdel’organisation.

Etcommenousvivonsdansunmondehumain,c’estlemieuxquenouspuissionsfaire.–Pourquoi?demandaKylie.–Pourquoiquoi?fitl’agent,confus.–Vous ne reconnaissez pas vosméfaits et n’offrez pas de compensation sans raison, quelqu’un

menacesûrementdevousperceràjour.Qui?L’agentseraidit.–Cequicompte,c’estcequiestfait.Kylieeut l’impressionqu’ilsneconnaissaientpas lapersonnequi leur forçait lamain.Maiselle

avaitlesentimentqu’elle,si.Quelquesinstantsplustard,lemédecinetl’agentsortirent.KylieregardaBurnett.–Tuneseraisaucourantderien,parhasard?–Riendutout.C’était un mensonge, elle le voyait. Tout du long, il avait fait en sorte que l’URF agisse

convenablementvis-à-visd’elle.Elleaimaitcethomme,ellelesavait.Elle fitunclind’œil àHaydenet sourit.Celui-ci lui rendit son sourire. Ils avaient réussi.Enfin,

avecl’aidedeBurnett.Ellesavaitquecen’étaitpascomplètementterminé,qu’illeurrestaitencoreàconvaincrelesanciensqueleschosesseraientdifférentes,etilsdevaientencoredirelavéritéausujetdeJenny.Mais,dorénavant,aumoins,lescaméléonsn’auraientplusàsecacher.

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Le lendemain, Lucas passa à cinq heures dumatin. Kylie dormait encore quand il sauta par safenêtre. Il avait reporté à cematin-là son entrevue avec sa grand-mère et il voulait prendre de sesnouvellesavantd’yaller.Justeavantqu’ilneparte,ellel’attirapourl’embrasser.–Essaierais-tudemeconvaincrederester?demanda-t-il,lesyeuxbrillantsdepassion.–Non,vas-y.Nouspoursuivronsplustard,fit-elleenriant.–Promis?–Promis.Elleétaitsincère.Elleneluiprécisapasquetouslesparisétaientannulés,qu’elleleprendraittel

qu’ilétait.DansleConseiloupas.Ques’iln’yentraitpasetqu’ilfinissaitparluienvouloirplustard,elleassumerait.Maisellel’aimaittroppoursedétournerdeluiàprésent.Alorsqu’ellesortaitdesvêtementsdesonplacard,Dellas’invitadanssachambre.–C’étaitrapide,lança-t-elleenfaisantréférenceàlabrèvevisitedeLucas.–Ilestjustepassémedirequ’ilallaitvoirsagrand-mère.–Jesais,j’aientendu,frima-t-elle.–Tupourraisteboucherlesoreilles,tusais.–EttupourraisarrêterdefairedelalècheàSteve,siffla-t-elle.Kyliesoupira.–Écoute,ilfautquejem’habille.JevaisparlerdeJennyàBurnettetHoliday,avecHayden.–Burnettvaêtreénervé.–Jesais,maisquandilnel’estplus,ilestplutôtraisonnableengénéral,non?–C’estvrai,maisc’esttoujourssoncôté«énervé»quialedondemefoutrelatrouille.Kylierit.–Pourquoiparles-tuàStevederrièremondos?–Qu’étais-jecenséefaire?Iladonnédusangpourpasseruneheureavecmoi.–Dis-luinon.Crois-leoupas,engénéralcelasuffitpourluicoupersonélan.Peut-êtreplusmaintenant,songeaKylie.–Quevoulait-il,aufait?demandaDellaenselaissanttombersurlelitjumeau.Kylierouladesyeux.–Tulesaistrèsbien.Desconseilspoursavoircomments’yprendreavectoi.–Etqueluias-turépondu?Etn’oubliepasquejepeuxdevinersitumens.Kyliesemitàbrossersescheveux.–Jeluiaiconseilléd’êtrepatient.Desebattrepourtoi,parcequetulevalaisbien.–Conseilsstupides,observaDella.–Passtupides.Vrais.Tulevauxbien.Elleallaserralavampdanssesbras.–C’estquoi,touscescâlins,cesjours-ci?gémitDella.–Jet’aime,ditKylieetellesefenditd’ungrandsourire.–Tumel’asdéjàdit.Alorssérieux,quoideneuf?CommeellenepouvaitpasmentiràDella,elleluidonnauneréponsevague.–Ilfautdireauxgensquetulesaimes,commeça,s’ilarrivequelquechose,ilssaurontcequetu

ressentais.Siseulementellepouvaittrouverelle-mêmelecouragedeledireàLucas.Dellaeutl’airméfiant.–Queva-t-ilsepasser,d’aprèstoi?–Rien,j’espère,fitKylie.

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Elleseditqu’elleavaitsurvécuauxexamensdel’URFqui,enl’occurrence,n’avaientpasétéaussiflippantsqu’ellenel’avaitcru,maisilluirestaitencoreMarioàaffronter,etcelarisquaitdenepasêtreaussifacile.–Queveux-tudire?demandaDella.Unlégercoupfutportéàlaportedubungalow,etsauvaKyliedel’explication.–Haydenestlà,ilfautyaller.Quandellesortit,elleentenditDella:–Perryaraison,tuasdessecrets.Tunepeuxpasnouslescacher!Si,ellepouvait.Bientôtnousseronsensemble.Lesparolesdesonpèretraversèrentsatêtedansun

murmure.Ellesemorditlalèvre.Siçanetedérangepas,papa,j’aimeraisencorerestericiunebonnecentained’années.

HaydenetKylieentrèrentdanslebureau.Burnettlesaccueillitàlaporte.Holiday,deboutderrièresagrandetable,avaitl’airinquiet.–Qu’est-cequinevapas?demandèrent-ilsenchœur.–Rien,vraiment,réponditKylie.–Ilfautquel’onparle,lançaHayden.Burnett,préoccupé,leurfitsignedes’asseoir.Dèsqu’ilssefurentinstallés,Burnettpritlaparole:–Celapose-t-ilunproblèmeauxanciensquevousvoussoyezfaittester,touslesdeux?–Cen’estpasça,réponditHayden,ilsontsoi-disantcontactétouslesanciensdesautresencloset,

del’opiniongénérale,ceseraitunebonnechose.Biensûr,ilyaencorebeaucoupdeméfiancevis-à-vis de l’URF.Ce genre de chose ne change pas du jour au lendemain. Il y aura un long chemin àparcourir.Delaconfianceàreconstruire.Iljetauncoupd’œilàKylie.Personnellementjepensequecertainsanciensont tout simplementhontequ’ilait falluquecesoituneadodeseizeansquinousforceàaffronternospeurs.–Jen’étaispastouteseule,précisa-t-elleenreconnaissantleméritedeHayden.–Non,maisjen’yseraispasallésitun’avaispaspréparéleterrain.Haydenreposalesyeuxsur

BurnettetHoliday.Maiscen’estpaspourcelaquenoussommesici.–Pourquoiai-jelesentimentquecelanevapasmeplaire?Burnetts’assitsurleborddubureaudeHoliday.–Épargne-noustesconclusionshâtives,ditHolidayenluitouchantlajambe.–D’abord,jetiensàdirequej’endossetoutelaresponsabilitédecettehistoire,précisaHayden.–Non,répliquaKylie,sivousvoulezuneresponsable,alorsc’estmoi.–Celanemeplaîttoujourspas,ditBurnettd’untonsec.Maisj’aimeraissavoircequ’ilenest,afin

depouvoirsuivreleconseildeHoliday!–Vousvoussouvenezquandjevousaiditquel’undesautrescaméléonsnousavaitaidés,Dereket

moi,ànousenfuir?–Oui,fitBurnett,etHolidayopina.–CettefilleestlasœurdeHayden.–Et?ditBurnett.–Elles’estenfuie.–Et?répétaBurnettd’untonsec,enfaisantunsigneimpatientàKylie.–Elleestici.–Ici?demandaBurnett.Ici,encemoment?KylieetHaydenopinèrenttouslesdeux.

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–Commentaurait-ellepu?Ilfitlagrimace.Lanuitoùl’alarmes’estdéclenchée?KylieetHaydenopinèrentdenouveau.Ellevitl’undeslustrestrembloterdanslapièce.Pourune

raisonquelconque,ellesentitqueJennyvenaitdepasserparlà.KyliecroisaleregarddeBurnett.–Jet’enprie,netemetspasencolèreetnehurlepas!PaspourHaydennipourmoi,maispour

Jenny;tularendsnerveuse.–Elleaétélàtoutdulong,etc’estmaintenantquetutedécidesàmeledire?Tum’aslaissépasser

ce foutu camp au peigne fin pendant presque vingt-quatre heures et tu savais depuis le début quic’était?Ilselevaetsemitàfairelescentpas.Holidaysemitdeboutet,quandilpassadevantelle,elleposa

unemainapaisantesurlebrasduvampireetl’arrêta.–Nousl’avonssuplustard.Ellesecachaitet…KylienevoyaitaucuneraisondesacrifierDerek:

J’aiignoréqu’elleétaitlàjusqu’aulendemain;etHaydenaussi,jusqu’àcequejeleluidise.–Est-elleencorelà?aboyaBurnett.–Oui,réponditKylie,etelleaimeraitrester.Pourfinirsescours.–Sesparentsvont-ilsl’inscrire?demandaHoliday.LamâchoiredeHaydenseserra.– Je ne sais pas ce qu’ils ressentiront quand ils apprendront qu’elle est ici. Vu les dernières

nouvellesdel’URF,ilspourraientl’yautoriser.Sicen’estpaslecas,j’intenteraiuneactionenjusticepourobtenirsagarde.–Est-elleiciencemoment?s’enquitHoliday.Danscettepièce?Kyliehochalatête.–Jenny?Celle-ciapparut,trèsloindeBurnett,unepaniqueabsoluedanssesyeux.Burnett avait dû reconnaître cette expression, car sa posture s’adoucit aussitôt. Il lui adressa un

signedetête.–Bonjour,Jenny,dit-il.BienvenueàShadowFalls.KylievitHolidayrayonnerdefiertéfaceàlatransformationdesonfuturépoux.Pasdedoute,elle

luiapprenaitàs’humaniser.Etcelafonctionnait.Kylieespéraitsimplementquecelasignifiaitqu’ilyavaitdeforteschancespourqueJennyresteàShadowFalls.

HolidayetHaydenallaientorganiserunetéléconférenceaveclegrand-pèredeKyliepourévoquerl’éventualitéqueJennyresteici.Enattendant,lajeunefilleresteraitavecHoliday,quiavaitleprojetdelaprésenteràtoutlemondeaudéjeuner.Kylieproposadecommencerparsesamis.Ainsi,Jennynepenserait-ellepeut-êtrepasquetousà

ShadowFallsétaientgrossiers.Ellepassaquelquescoupsdefiletdemandaàtoutlemondedelaretrouveraubureauà10h45.

Elleneprécisaàpersonnedequoiils’agissait,maiselleavaitbonespoirqu’ilsviennenttous.Lorsqu’ellequitta lebureau,Della laretrouvaà l’extérieuretellesserendirentà«l’Heurepour

faireconnaissance».Mirandalesrejoignitencourant,accompagnéedePerry.–Alors,c’estpourquoi,laréunion?– Tu le sauras bien assez tôt, répondit Kylie, qui ne voulait pas s’expliquer devant toutes ces

oreilles qui traînaient. Comme Della était déjà au courant pour Jenny, ou comme celle-ci l’avaitsurnommée,WonderGirl,elleluiavaitditlavérité.–Moijesais,lanarguaDella.Kylieluilançaunregardnoir.

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–Pourquoituleluiasditetpasàmoi?fitMiranda,estomaquée.–Jeteprometsquetucomprendrasplustard.Mirandaserenfrogna.–Tuneparspasencore,hein?Parcequetonpetitdoigtm’apromisquenon!Deslarmesapparurentmêmedanslesyeuxdelasorcière.–Jeneparspas,luiassuraKylie.Pas de son plein gré, en tout cas, songea-t-elle, et elle repensa à l’épée et à tout ce que cela

signifiait.–TuvascracherlemorceauetnousavouerqueHaydenettoi,vousêtesamants?lançaPerry.Kylieécarquillalesyeux.–Hé,jenefaisquedessuppositions.Ilyabienquelquechoseentrevous,non?Lucassurgitàcemoment-làetgrognacontrelemétamorphe.PuisilembrassaKylie.–Commentcelas’est-ilpasséavectagrand-mère?demanda-t-elleàvoixbasse.–Lafenêtreestouverte.Ill’embrassadenouveau.Ellevaluidemanderdemerecevoir.Ilpourrait

bienrefuser,maisc’estundébut.–C’estunsuperdébut,oui!Kylielaissaéchapperuncriperçantetpendantquelquesminutes,ellefutsûrequetoutdanssafolle

vieallaits’arranger.PuisChris,annonceurdegrandesnouvelles,sortitsonchapeaudederrièresondosetparcourutla

fouledu regard, s’arrêtant surKylie.Elleeutenviedehurler, tropc’était trop.Mais son regardsedéplaçalégèrementsursadroite.Laregardait-il?Ou…–OK,ditChris,l’undenospropresvampiresacarrémentapportéunpeudesang.Ilétaittemps!Oh!non,songeaKylie,etelleeutlesentimentqu’ellesavaitquiavaitpayéensangpourDella.Et

ellen’étaitpassûrequecesoitunebonnechose.–Della,notreamie,tuasleplaisirdepasseruneheureavecSteve,legénialmétamorphe.LabouchedeDellas’ouvritgrande.Ellecherchalecoupabled’unregardmauvaisetétincelantde

colère.Stevesortitdelafouleensepavanant,etallaaffronterlavampénervéed’unedémarcheassurée.Kyliesavaitqu’elleluiavaitditdesebattrepourDella,maispasdevanttoutlemonde.Ilyavaitde

forteschancespourquesonamie,quin’aimaitpassefaireremarquer,riposte.–Prête?demandaSteve.Dellalefusilladuregard.–Non,jerefusedepasseruneheureavectoi.Steverestaplantésurplace.–J’aiversédubonsangpourtoi.–Alors,tul’asvraimentfoutuenl’air.–Pasdutout.SteveregardaChris,puislaquarantained’élèvesquiprofitaientduspectacle.Quelles

sontlesrègles,Chris?Toutlemonden’a-t-ilpasacceptéd’honorerlebesoindesang?Chrisavaitl’airchoquéqueSteveosesedisputeravecDella.–Ouais,c’estbiença.SteveseretournaversDella.–Prête?Celle-ciinclinalementonetfixalegarçon.PerrysepenchaetmurmuraàKylie.–Sielleletue,ceseratafaute.

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Kyliesepréparaàintervenir.–Jen’yvaispas!lançaDellad’untonsec,lesmainssurleshanches.–Nousallonsvoirça.Steve haussa les épaules et fitmine de tourner les talons,mais il se retourna d’un coup, attrapa

Dellaparlesmollets,lajetasursonépauleetsemitenroute.Toutlemondes’esclaffa.PasKylie. Elle vit une vamp très énervée s’arc-bouter sur les fesses de Steve et lever les yeux.

Ceux-ci étaient verts de colère,mais il y avait autre chose.Quelque chose qui dit àKylie que lesfessesdeSteven’allaientpassefairebotter.Àchaquefractiondesecondequipassait,KylieétaitdeplusenplussûrequeDellan’allaitpaspéter

uncâbleavecSteve,bienaucontraire,ellepartiraitmêmeaveclui.Mincealors,songea-t-elle.Peut-êtreétait-ellelameilleuredesentremetteuses,enfindecompte.

–Puis-jedisparaître?demandaJennyàKyliealorsqu’ellesse tenaientsur lepasde laporteduréfectoireavecHoliday.–Jeneteleconseillepas,réponditKylie.Souris,c’esttout.Crois-leounon,tut’yhabitueras.LarencontreentreJennyetlesamiesdeKylies’étaitpasséesansproblème.Toutlemondeeutl’air

desincèrementl’apprécier.Derek,biensûr,montraleplusgrandintérêt.–Unautresecret,chuchotaLucasensurgissantderrièreelle.Kylieluilançaunrapide«Désolée»etriend’autre.Ellesentaitqueleteniràdistancejusqu’àce

qu’ilrencontreleConseilseraitdifficile.Pourtouslesdeux.Maiselleétaitdéterminée.–Nesavent-ilspasquec’estimpolidemeregardercommeça?demandaJenny.–Si,maisapparemmentc’estplusfortqu’eux,observaKylie.Haydenselevaetallarejoindresasœur.

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Ilnesouriaitpasetelle reconnaissait l’attitudeprotectricedegrandfrèreàsa façonde fixer lesélèves.–Avalezvotredéjeuneretarrêterdelaregardercommeça,ordonna-t-il.Holidaypritalorslaparole.–M.Yatesaraison.Cen’estpasunefaçond’accueillirunenouvelleélève.Puiselleseretournaverslafoule.–J’aimeraisvousprésenterJennyYates.C’estlapetitesœurdeHaydenYates;alorsmaltraitez-la,

etvousaurezdestonnesdedevoirsenplus!–ElleestcommeKylie?demandaquelqu’un.Haydenavançad’unpas.–Etcommemoi,aussi.Tous les yeux se plissèrent. Kylie alla s’asseoir avec Hayden et Jenny, à la table… DES

CAMÉLÉONS!Unsentimentdelégitimitél’envahit.Unepartiedesaquêtevenaitdes’achever.Naturellement, tous les amis deKylie s’empressèrent de se joindre à elles, y comprisLucas. Et

c’étaittoutsimplementparfait;parcequesic’étaitsympad’avoirquelqu’undesonespèceàsoncôté,la configuration d’une personne ne devait pas vous dicter qui accueillir dans votre vie, ni à votretable.

Plus tardcesoir-là, ils se rendirentau lacpournager,parceque l’automnearrivant, l’eauseraitbientôt trop froide.Kylie avait failli refuser,mais quand elle vit queDella y tenait, elle céda.Elleenfila sonmaillot, etune robedebainnoirepar-dessus.Alorsque tout lemondenageait, elle allas’asseoirsurlajetéepourappelersamère.ElleavaittoujourslesentimentqueJohnpréparaitunmauvaiscoup.Laconversationfutbrève.Sa

mèreetJohndînaientdansl’undesmeilleursrestaurantsdeHouston.Enraccrochant,Kylieessayadesavourerlecoucherdusoleil.Justeaumomentoùils’éclipsait,la

nuittombaettransformalecielenuneimpressionnantecollectiondecouleurs.Lesoiseauxvoletaientd’un arbre à un autre, se régalaient d’insectes.En allant rejoindre les autres aubordde l’eau, ellesentit le froidde l’esprit lui tomber dessus.Elle regarda autour d’elle : l’apparition était assise auborddelajetée,l’airperdueetsiterriblementtriste!–Jesaisquitues,Lucinda,ditKylie.Tuétaislabelle-filledeMario.–Je sais, j’ai compris cet épisode.Mais les chosesme sont venues une à une, commequand on

assembleunpuzzle.Jepouvaisvoirpresqueentièrementcequ’étaitmavie,maislorsquecesdernièresdizaines de pièces se sont mises en place, j’ai pu bénéficier d’une vue d’ensemble. Sa voix étaittendue,prêteàsecasser.Çanem’apasplu.Aprèsunelonguepause,elleregardaKylie.–J’aivécuunevie terrible, faitdeschoses terribles.Blessé tantdegens,etmonpropre filsena

payéleprix.J’auraisdûêtreunbonexemplepourlui.Kylielevalesyeuxversleciel.Lesteintesdoréesavaientdisparu,nerestaientplusquelesroses.–Ilestauparadis,murmuraKylieenvoyantlatristessedanslesyeuxdeLucinda.–Jenecroispas.Jesuissûrequesongrand-pèreluiatransmistoutessessalesmanières.Ilétaitsi

jeune,siimpressionnable.Puissonpropregrand-pèrel’atué.L’atmosphèrequientouraitl’esprit–dévastation,sorttragique–fitpressionsurlecœurdeKylie.–Tuétaisunexemplepourlui.Ilestmortensauvantquelqu’und’autre,exactementcommetul’as

faitpourlui.Tuluiasappriscela.Etc’estcequiasauvésonâme.Lesyeuxdufantômesemouillèrentd’émotion.

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–Enes-tusûre?Commentlesais-tu?Kyliehésita,decraintequel’espritneluienveuille.–Ilestmortenmesauvant.L’espriteutuninstantl’airperdudanssespensées.–Alors,c’estpourcelaqu’ilsm’ontenvoyéeici?–Quit’aenvoyéeici?demandaKylie,quasisûredelesavoir,maisellevoulaitl’entendre.–Lesangesdelamort.–Est-celeurvoixquej’entendsdetempsentemps?–Çasepourrait.–Mais pourquoi est-ce que je les entends plus que…Holiday et les autres, qui savent pourtant

communiqueraveclesfantômes?–Ilsveillentdavantagesur lesprotecteurs.Ils ledoivent,parcequetoiseulepeuxtebattrepour

protégerlesautres.–Veulent-ilsquejetueMario,ouest-ceuniquementtoi?Kylieespéraitqu’ellesetrompaitdanssessuppositions.–Au début, je croyais que ce n’était que moi, mais ensuite j’ai compris que c’était aussi leur

souhait.LecœurdeKylieseserra.–Ilfautl’arrêter.Tuesl’élue.Personned’autren’apul’arrêter.–Maissijenepeuxpasmeprotéger,alors…quivais-jeprotégerquandjemebattraicontrelui?–Jenepeuxpasvoircetavenir.–Etsijenepeuxpasl’affronter?Jenesuispassibonnequecelaavecuneépée.–Alors,tumourrasenessayant.Parfois,c’esttoutcequenouspouvonsfaire.Kylie savait que l’esprit faisait également référence à elle-même. Pourtant, en dépit de tout ce

qu’elleressentaitpourlefantôme,lapeurtenaillaitKylie.–Jenesuispasprêteàmourir.–Alorstudoist’entraîner,c’estuneautreraisondemaprésenceici.T’apprendreàtebattre.Parce

quesituéchoues,demauvaiseschosesarriverontàbeaucoupdemonde.Desgensquetuaimes.Desgensquitefontconfiancepourlesprotéger.–Jegagnerai, rageaKylie.Mincealors, ellene laisseraitpasMario fairedumalàceuxqu’elle

aimait.–Quoi?Elle regardapar-dessus son épaule en entendant la voixdeLucas.Torsenu, les cheveux encore

mouillés, avec quelques gouttelettes collant à sa poitrine. Il nageait encore quelques minutesauparavant.Ilavaitdûenfilersonjeansursonmaillotmouillé.Ellelevoyaitdépasser.–Tuvasbien?demanda-t-il.Ellelerassura,maisc’étaitunmensonge.Ellenepensaitplusqu’àl’éventualitédemourir,àceux

quisouffriraientparcequ’ellenepourraitpasreleverledéfi.PuisellefixaLucasetsentitàquelpointelledésiraitvivre.Ellereposalesyeuxsurl’eau,etentenditsespaspresquesilencieuxsurlajetéeàmesurequ’ilserapprochait.–Tuasdelacompagnie?–Non,elleestrepartie.Sontéléphonesonnaetillesortitrapidementdesapoche,commes’ilattendaitl’appel.Ilregarda

lepetitécrand’unairrenfrogné,puislecoupa.–Quelquechosenevapas?demandaKylie.

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–Non,c’estjusteWill.–Ilt’appelleencore?–Ilestdemoncôté,iln’estpasconvaincuparlesvieillesrègles.–C’estunbonami,dit-elle.–Oui.J’espéraisquec’étaitmagrand-mère.Ellevitl’inquiétudedanssesyeux.–Àproposdurendez-vousavecl’ancien?–Ça,etellem’aconfiéqu’ellenesesentaitpasbiencematin.J’aiappeléilyaunmoment,etelle

n’apasrépondu.Elleestsûrementsortiejouerauloto.C’estunefanduloto.Lelotoetlejardinage,c’esttoutesavie.–Tul’aimessincèrement,pasvrai?ditKyliequipercevait ledévouementdanssavoixquandil

parlaitd’elle.Ilinspira,commeungarçonlefaitquandilapeurdepasserpourunfaibleàcausedecequ’ilva

dire.–Elleétait làpourmoi,quandmesparentsontdécidéque jen’étaispoureuxqu’une sourcede

problèmes.Elleétaitcequipouvaitm’arriverdemieux,mais jene lesavaispasà l’époque.Jemesuissentiabandonnéparmesparents.J’aifaitdesavieunenferpendantunmoment.Puis,quandilssesontséparésetquemonpèreestvenumechercher,magrand-mèreafaitdespiedsetdesmainspourmegarder.Jeneseraispasceluiquejesuisaujourd’huisiellen’avaitpasfaittoutçapourmoi.–Tuasdelachancedel’avoir.Kylie culpabilisa légèrement de ne pas aimer cette femme, et de l’avoir évitée le dimanche

précédent.–Oui,c’estvrai.J’airépétécequejevaisdire.Elleleregarda,étonnée.–Direàqui?–L’ancienavecquij’espèredécrocherunrendez-vous.Ellesourit.–C’estbien.–Jeseraiaccepté.Parcequesic’estcequ’ilfautpourterécupérer,alorsjeleferai.–Non,tulefaisparcequec’esttaquête.–Oui,aussi.Ildégageaunemèchedesajoue.Maiscesdernierstemps,jepensequec’esttoi,ma

quête.Illapritparlataille.Elleposalamainsursontorse,sentitsachaleurdeloup-garou,lemartèlementdesoncœur…Il l’embrassa.Elle savait qu’elle nedevait pas le laisser faire,mais elle le désirait, elle en avait

besoin.Songoût et le glissementmouillé de sa langue entre ses lèvres, c’était le paradis,mais dugenrequel’ontrouvaitdanslavie,pasdanslamort.Etellevoulaitchoisirlavie.Espéraitqu’ilenseraitainsi.Elleentenditsonronronnement:ceseraitsisimpledeselaisserprendreaupiège.Ilmituntermeaubaiser,luisourit,puissoupira.–Jeferaismieuxd’yalleravantdenepluspouvoirpartir.Elleregardalecielpresquenoiretespéradetoutsoncœurqu’onnel’enlèveraitpasdecemonde

tant qu’elle n’aurait pas vécu sa vie en entier. Elle souhaitait du fond du cœur queLucas en fassepartie.

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Cettenuit-là,aprèsavoirécoutéDellaetMirandasechamaillerpendantdeuxheures,Kyliesortitdelasalledebainscommeuneflècheetsedirigeaverssachambre.ElleavaitàpeinefaitdeuxpasqueDellaseplantadevantelle.– Non, trouve la solution toute seule ! dit-elle d’un ton sec, persuadée que c’était ce queDella

voulait.J’enaimarredejouerlesarbitres.Celle-cimarquaunepause,luifitunsouriremachiavéliqueetlança:–Tantpis.Contournantlavampàtouteallure,Kylierefermasachambreenfrimant.Ellejetasaserviettesur

sacoiffeuseetsetournaverssonlit,oùelleavaitlaissésonpyjama.Saufquecelui-cin’étaitplusseuldessus,àprésent.Lucas,lesyeuxécarquillés,étaitassisaupieddesonlit,àunmètreenvirondel’endroitoùellese

tenaitentièrementnue.Ellepoussauncriperçant.Ilrit.Elleseruaverssaserviette.Unefoisqu’ellel’eutenrouléeautour

desoncorps,elleregardalaporteaveccolère.–Della,jevaistetuer!Ilritdenouveau.–Jecrainsdedevoirlaprotégersurcecoup-là,lança-t-il.–J’aiessayédeteledire,pouffaDella,etMirandas’esclaffaavecelle.LafureurdeKyliesetransformaengêne,puisquandellevitleregardsexyqueLucasluilançait,

sesémotionssetransformèrentenautrechose.Ilselevaetsedirigealentementverselle.–Tuessacrémentbelle.Elleresserrasonétreintesurlaserviette.Ils’arrêtaàtrentecentimètresd’elle.–Jesuisjustevenutedirequemagrand-mèrem’aappelé.L’ancienaacceptédemerencontrer.Kyliesourit.–Super.Ilparcourutduregardsoncorpsàpeinecachésouslapetiteserviette.–Jesupposequejenepourraipasavoirunautreaperçudecequisetrouvesousceboutdecoton?Elleposalesyeuxsurlui.– Jeneveuxpas avoir l’air tropprésomptueux,mais tu saisbienque tôtou tard je leverrai en

entier,detoutefaçon?–Jesais,dit-elle,etenvéritéelleavaithâte.Simplement,pasavecsesdeuxcolocsquiécoutaient.Sonsourires’élargit.–D’accord,alorsjusteunbaiserd’aurevoir.Il s’approcha.Lebaiserétait fougueuxethypergênant. Ilavaitpassésamainsous laservietteet

touchaitsondosnu.Un quart d’heure plus tard, elle fixait le plafond, dans une heureuse hébétude, lorsque son

téléphonesonna.Elles’enemparabrusquementenpensantquec’étaitLucas.–Jenesaispaspourquoituespartisivite,letaquina-t-elle.Maisellelesavait:illadésirait.–Hum,jenesuispaspartie.C’estSara.–Oh,jecroyaisquec’était…–Tupensaisquej’étaisqui?Oudevrais-jedirelequel?Kylierougitetdécidadejouerfranc-jeu.–Lucas.Unsilences’ensuivit,puisSarareprit.

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–Jepeuxtedemanderquelquechose?–Biensûr,demandetoujours.–Penses-tuqu’entreTreyettoi,c’estcomplètementfini?Dustyle…finidechezfini?Ouya-t-il

unechancepourquevousdeux…?–C’estarchifini.Kylieserraletéléphoneplusfort.Écoute,sic’estluiquit’envoie…–Non,cen’estpasça…C’est…quedirais-tuàunecopinequisortavecl’exd’uneamie?Kyliefixaleplafondentâchantdesefaireàcetteidée.–Waouh…hum…jeluidiraisd’êtreprudente,parcequeTreyaquelquesdéfauts.Sarasoupira.–Jesais,mais…Ilaétésiprochependantmoncancer,et tusais…certainespersonnesméritent

unedeuxièmechance.J’enaieuune.Peut-êtrequeTreyenmériteuneaussi.KyliereconnutquelquechosequiluiplaisaitdanslavoixdeSara.Ellereconnutl’ancienneSara.

Ellesourit.– Tu as raison. Tout lemondemérite une seconde chance. Et quand j’y pense, jusqu’à ce qu’il

devienneunobsédésexuel,c’étaitunmecplutôtbien.–Donc,tun’yverraisaucuneobjection?insistaSara.–Non,jevousdonnemabénédiction!Jechanteraimêmeàvotremariage.–Arrête,gloussaSara.Jedoisêtrel’unedesrarespersonnesàsavoirquetuchantescommeune

casserole.Souviens-toi,ensixième,quandnosmèresnousontfaitpasserdesessaispourlapièce?Etilfallaitquetuchantes.Tuassortiquelquesmots,ettuasvomisurscène!Elles rirent toutes lesdeux.EtKylie reconnutquesiSaraetelleneseraientplus jamaisproches

commeavant,ellereprésentaitunepartiedesaviequ’ellechériraittoujours.Lorsquelesrirescessèrent,Saras’éclaircitlagorge.–Alors,quandvas-tumedirelavéritésurlafaçondonttum’asguérie?Kylieréfléchit.–Tusaisquoi,Sara?Situveuxcroirequejet’aiguérie,alorscrois-le.Maisàtaplace,jenele

diraisàpersonne.Onteprendraitpourunefolle.

Le jeudi soir,Kylie s’entraîna avecLucinda.Ces troisderniers jours s’étaientpassés sans chaosmajeur.SteveetDella s’adressaientmême laparole.Kylienepouvaitpas le jurer,mais elle auraitpariéqueSteveetlavampsevoyaientmêmeendouce.Jennys’adaptait,maiselleavaitencoredumalparcequetoutlemondeladévisageait.Mêmesicela

neplaisaitpasàHayden,Dereketellesefréquentaientbeaucoup.DerekétaitmêmevenuvoirKyliepourluiannoncerqu’iléprouvaitdessentimentspourlecaméléon.Audébut,Kylieavaitcruqu’ilétaitvenupours’assurerqu’ellenevoulaitpasdesecondechance

aveclui,avantqu’ilnepasseàautrechose,maisenréalité,luiaussiattendaitdesconseilsenmatièredecouple.Elleluiendonna.«Soistoi-même,toutsimplement,Derek.Tuesgénial,etellet’aimeradufondducœur.»Holiday était allée voir le médecin et avait découvert que sa grossesse était bien plus avancée

qu’ellenel’avaitcru.Pourcetteraison,elledécidadechangerladatedumariage.Ceneseraitpasunegrandefête.Justesafamilleproche,lesélèvesetquelquescollèguesdeBurnett.Della,KylieetMirandal’aidèrentàchoisirsarobesurInternet.Ellesavaientri,veilléjusqu’àpas

d’heure,discuté,s’étaientgoinfréesdecochonneriesetavaientessayédetrouverunprénompourlebébé.Ellene tenait absolumentpasà l’appelerBurnettBankheadJames Jr, etnulnepouvait lui envouloir.

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KylieetLucasseretrouvaientchaquematinavantqu’ilnepartepasserdutempsavecl’ancien.Cethomme avait non seulement écouté Lucas, mais avait accepté de l’aider à se racheter devant leConseil,qu’ilétaitcensérencontrerlasemainesuivante.Enattendant,levieilhommeoccupaitLucaschaque jour en débattant et en écoutant tous ses arguments pour l’aider à prendre des décisions.C’étaitsuper,maisàpartpendantlesentraînements,ellen’avaitpasvubeaucoupleloup-garouetilluimanquaiténormément.Lepire,c’étaitqu’ilne l’avaitpas touchéeniembrasséedepuis lanuitoù il l’avaitvuenue.Elle

savaitpourquoi.Pluslapleineluneapprochait,moinsilavaitdevolonté.Elleconstatalechangementen lui, en corps et en esprit. Son corps était devenu plus canon, les muscles de ses bras plusprononcés.Ellesentaitqu’ilperdaitpatience.Nonpasqu’ilsesoitjamaismontrébrusqueenverselle,pasdutout,ellelesentait,voilàtout,àsafaçondesetenir,demarcher,deparler…Puis les entraînements s’étaient intensifiés.Mais ceux-ci ne lui faisaient plus peur. Ses combats

nocturnesavec l’esprit l’ypréparaient.Lesmarques rouges làoù le fantôme touchait sonpeignoirs’étaientbeaucoupatténuées.Lesblessuresouvertesquel’espritarboraitàcausede l’épéedeKylies’étaientmultipliées.– Je crois que j’ai terminé, lança-t-elle en détournant les yeux de la blessure qu’elle venait

d’infligeràLucinda.–Tut’améliores.–Jepourraisfairebeaucoupmieux,sijen’étaispasobligéedetevoirsaigner.–Ilfautquecelaaitl’airvrai,observaLucinda.–C’estdéjàlecas,réponditKylie.Ellelaregardavérifiersesblessures.Crois-tuquej’aicequ’il

fautpourcombattreMario?Pourgagner?–Avecl’aidedesangesdelamort,peut-être.Sanseux,tun’aspaslamoindrechance.–Bonsang,tusaiscommentrenforcerlaconfianceensoi,lançaKylie.–Jen’aivuqu’uneseulepersonnecapabledel’affronter.Sonproprefils.Kyliesesouvintdel’histoirequeluiavaitracontéeDereksursadisparition.–Queluiest-ildoncarrivé?–Jenesaispas,j’espèrequ’ilpourritenenfer;maisilyadegrandeschancesqu’ilsoitencoreen

vie.SonregardcroisaceluideKylie.Cesonttoujourslesplusgentilsquimeurentjeunes.–Alors,jedevraispeut-êtrepartirencourantetfairequelquechosedemal,observaKylie,quila

taquinaitàmoitié.–Tu ne pourrais pas. Le bien est en toi. Un peu comme le mal était ancré en monmari. C’est

uniquementgrâceàtoiquemonfilsaétésauvé.–Non,c’estgrâceàlui-mêmequ’ilaétésauvé.–Tuvois,celafaitpartiedetabonté.Tunereconnaismêmepastonmérite.–Était-ilàl’originedetonmeurtre?Tonmari?–Non,maisilalaisséfaire.Etilalaissésonpèreprendrenotrefils.L’éleverpourdevenirmauvais.

Cequiétaitfou,c’estquemonépouxtoutendétestantsonpère,enviaittoutcequ’ilavait.Elleregardapar-dessussonépaule,commesielleentendaitquelquechoseouquelqu’un.Puiselle

disparut.Kylieallaprendresadouche.Delasueurdégoulinaitdesanuquedanssondos.Mêmeaveclefroid

del’esprit,elleavaittoujourschaud.Réglant l’eau sur « tiède», elle fit tomber sesvêtements et entradans la cabinededouche.Elle

ferma les yeux, et le jaillissement chaud touchant sa peau apaisa les muscles qu’elle avait tantsollicitésaucoursdel’entraînement.

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Lechangementdetempératurebrusqueluifitouvritlesyeuxd’uncoup.Sonsoufflesecoupa.Ellefixalemurdelacabine.Lefroidluidonnalachairdepoule.Unevapeurépaissemontaenvolutestoutautourd’elle.Ellen’étaitpasseule.Quelqu’unsetrouvaitsousladoucheavecelle.Etc’étaitunfroiddifférent.

Qu’ellen’avaitencorejamaisressenti.–Tunepeuxpasm’évitercettefois,hein?Ellenereconnutpaslavoix.

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Kylieseretourna,secachantdumieuxqu’ellepûtavecsesmains.Lavapeurétaitsiépaissequ’elleavaitdumalàdistinguerlasilhouette.Maisuncorpssedessinaitderrièrelerideaudevapeur.Touteslesmélodiesflippantesdesfilmsd’horreuravecleursscènesdedouchemortellespassèrent

danssatête,maisplusqu’effrayée,elleétaitfurieuse.Lesfantômesn’avaient-ilsdoncaucunenotiondel’intimité?–Jesuissousladouche!lançaKylie.Çanepeutpasattendre?–Non,fitlavoix.Ilvientchezmoi,etcelaluiferasimal!Ilnedoitpasêtreseul.Kylieconnaissaitcettepersonne,maisd’où?Sansplussepréoccuperdesanudité,elleagitaunemaindansl’air,lavapeurs’étalantcommedela

condensationsurunmiroir.Quandellevitquisetenaitdanslacabineavecelle,soncœurseserra.Pas de peur,mais de chagrin. Et pas pour la femme qui était devant elle, non, pour son petit-fils.Lucas.–Ilarrive.Dépêche-toi!Nelelaissepasseul!Kyliesortitdelacabined’unbondetfilas’habiller.Alorsqu’ellesedémenaitpourvêtirsoncorps

mouillé,elleeutmalpourLucas,pourcequ’ilressentiraitquandildécouvriraitlecorpsdesagrand-mère.–Oùhabitez-vous?Attendez,Burnettlesait-il?–Levampire?Est-ceàluiquetupenses?–Oui,réponditKylie,etelleregrettaqueparlerprenneautantdetemps.–Oui,ilestvenu.–Della!cria-t-elle.–Ilyaunelettredansletiroirdemonbureauqu’ildoitlire.Veilleàcequ’illatrouve.Dellaarrivaencourantdanslachambre.–Quoi?

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–Ilavaitraison,tusais.–Quiavaitraison?demandaKylieàl’esprit,ignorantlevampirequipaniquaitdanssonpyjama

MickeyMouse.–Tufaispartiedesaquête,et luide la tienne.Jevois leschosesplusclairement,de là-haut.Tu

sais,vousfaitespartiedelaquêtel’undel’autredepuisquevousvousêtesrencontrés,ilyatoutescesannées.Tueslaraisonpourlaquelleilaccompliralamissiondesavie,etilseralàpourtesauveretquandtuaurasbesoind’aidepouracheverlatienne.Maispars,maintenant.Val’aider.–Est-ceunevision?fitDellaenfixantsonamie,avecincertitude.–Allons-y!Kylie sortit dubungalowen trombe.Elle se trouvait presquedevant chezHoliday,quandelle se

renditcomptequ’ellevolait,etqu’elleavaitdûsetransformerenvampire.–J’espèrequetum’amènesàunesoirée-pyjama,lançaDella.–OnvachercherBurnett,réponditKylie,alorsquedeslarmeschaudesruisselaientsursesjoues.Ellesatterrirentdansunbruitsourdsurleperron,etn’avaientpasencorefaitunpasqueBurnett

ouvraitlaported’uncoup.–Qu’ya-t-il?–Sais-tuoùhabitelagrand-mèredeLucas?Ilavaitl’airperdu,lesyeuxpleinsdesommeil.–Oui,ilaappeléilyadixminutes,ilallaitprendredesesnouvelles.–Nousdevonsallerchezelle.–Pourquoi?s’enquitBurnett.–Elleestmorte,lâchatoutdegoKylie,alorsqueleslarmesemplissaientsesyeux.Ilnedoitpasla

découvrirtoutseul.–Ohnon!Burnettretournadanssachambreàtoutevitessepourprendresontéléphone.Ilregarda

Kylie.Ilnedécrochepas.–Turesteslà,ordonna-t-ilàDella,puisKylieetluidécollèrent.Sespiedsnetouchèrentterreque

troisfoispendantletrajet.En moins de dix minutes, Burnett amorça enfin sa descente. Ils s’arrêtèrent devant une grande

maison d’un étage en briques blanches, qui évoquait l’argent et l’amour du jardinage. Le jardinsemblaittoutdroitsortid’unmagazine.MaisKylienepassapasbeaucoupdetempsàapprécierlepaysage.Sespiedsavaientàpeinetouché

lapelousemanucuréequ’elleseprécipitaverslamaison.Elleentenditdeprofondssoupirsdechagrinetdetristesse.–Ilestdéjàlà.Jerentre.Burnettluibarralepassage.–Non,j’yvais.–Non!exigea-t-elle.Etelleledevança,presséederejoindreLucas.–Kylie!Burnettluipritlebras.Lorsqu’unloup-garouestendétresse,surtoutsiprèsd’unepleine

lune,ilpeutavoirdesaccèsdecolèreincontrôlables.Elleessuyaquelqueslarmessursesjoues.–Tunecomprendspas.Ilm’aime.Ilnemeferapasdemal.Ilnemeferaitjamaisdemal.Burnetthésita.–C’estexactementcommeHolidayettoi,ajouta-t-elle.Il soupiraet s’éloignade laporte.Elleentradans lamaison.Ellesentait lePlizcitronqueNana

utilisait. Tout dans la demeure, depuis les meubles anciens aux peintures à l’huile, évoquait la

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richesse.–Lucas!Ellecriasonnom.Ilneréponditpas.Elles’approchadelachambreoùellel’entendaitgémir.Ilétaitassisauborddu

lit.Lecorpssansviedesagrand-mèregisaitaumilieudumatelas.–Lucas,murmura-t-elleenentrantdoucement.Ilseretournad’uncoup.Sesyeuxbrillaientd’unelueurqu’ellen’avaitjamaisvue.–Va-t’en!gronda-t-il.–Non,tuasbesoindemoimaintenant.C’étaitcequesagrand-mèreavaitdit.Iltraversalapièceàtouteallureetlaplaquacontrelemur.Il

n’yavaitqu’unefolledouleurdanssesyeux.Ilgrognaet,pourlapremièrefois,ellevitsescaniness’allonger.–C’estmoi,Lucas,dit-elle,sentantsesdoigtss’enfoncerdanssesavant-bras.Puisilrevintàlui.Illalâcha,s’éloignad’elleetcollasatêtecontrelemur.Elleentourasesbrasautourdesataille,collasonvisageentresesomoplatesetlesoutint.–Elleestpartie,dit-il,lavoixrauquedechagrin.–Jesais.Elle le serra plus fort. Il se retourna et l’attira contre lui. Ils restèrent ainsi très longtemps,

accrochésl’unàl’autre.– Je suis tellementdésolée,murmuraKylie, et elle comprit sadouleur, se rappela clairement ce

qu’elleavaitressentiquandonluiavaitannoncéqueNanaétaitmorte.Toute folie avaitdisparude sesyeux.Les larmes sur ses jouesn’était pasun signede faiblesse,

maisdedévouement,del’amourqu’ilressentaitpourlaseulevéritablemèrequ’ilavaitconnue,puisperdue.–Jesavaisqu’ellen’enavaitpluspourlongtemps,maisjen’étaispasencoreprêt.Jecroyaisque

j’avaisencoreunan,voiredeux.Kylietouchasamain.–Jesuisvraimentdésolée,jesaiscequec’est.Ilsoupiraetregardasagrand-mère.Elleentenditsonsoufflecourt.Ellelefitsortirdelachambre.–Commentas-tu…commentas-tusu?–Elleestvenuemevoir.C’estellequim’ademandédeterejoindreici.–Mêmedans lamort,elleveillait surmoi,dit-ildansunsanglot.Elleva tellementmemanquer.

Elleétaitàlafoismagrand-mèreetmamère.Elleseulesesouciaitdemoiquandj’étaispetit.Kylies’approchadelui.Ill’enlaça.–Elleaditqu’ilyavaitunelettrepourtoidansletiroirdesonbureau.–Merci,dit-ilenessuyantseslarmes.J’ailaisséunmessagesurlerépondeurdemononcle.Luiet

lesautresmembresdelafamillerisquentd’arriverd’uneminuteàl’autre.Ilfautquetut’enailles.–Jeveuxêtrelà,déclara-t-elle.Jeveuxêtrelàpourtoi,Lucas.–Jesais,sicelanetenaitqu’àmoi,tupourraisrester.Maislacoutumechezlesloups-garous,pour

sepréparerà lamort,n’est limitéequ’auxliensdesang.Il l’embrassa.Etmêmesicen’étaitpaslacoutume,tuesunvampireencemoment.Jenepeuxpascourirlerisquequetusoisblessée.S’ilteplaît,comprends-moi.Parcequesiquelqu’unposeundoigtsurtoi,jeletue.Celaneluiplaisaitpas,maisellecomprenait.–Çaira?–Grâceàtoi,oui.

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–Jen’airienfait.–Tuesvenue.Ils’arrêta,commes’ilserappelaitquelquechose.Mince,jesuisdésolé.Est-ceque

jet’aifaitmalquandtuesentréedanslachambre?–Non,répondit-elle.IlremontalesmanchesdesonT-shirtetvitclairementdesbleussursesbras.–Ohnon!Jet’aifaitmal!Ilfermalesyeuxetserralesmâchoires.–Cenesontquedesbleus.Ellesehissasurlapointedespiedsetl’embrassadélicatement,espérantapaisersadouleur.–JevaisbienLucas,regarde-moi.Ilouvritlesyeux.Ellesourit.–Jevaisbien.Ilreniflal’airplusieursfois.–Est-ceBurnettquiestdehors?Elleacquiesça.–Iln’auraitjamaisdûtelaisservenir.Ilsaitquec’estdangereux.–Ilaessayédem’enempêcher.J’aiinsisté.Jesavaisquetunemeferaispasdemal.–Maisjet’enaifait,fulmina-t-ilentouchantdélicatementsesbras.–Cen’estrien.Ilsaurontdisparudemain.Illaregardadroitdanslesyeux.–Jet’aime,KylieGalen.Tefairedumalestladernièrechosequejesouhaite.Ellesourit.–Jet’aimeaussi.Levoiledechagrindanssesyeuxchangeauneseconde.Ilcollasonfrontausien.–Ai-jebienentendu?–Oui,tuasbienentendu.EtmêmesijedésireplusquetoutquetuintègresceConseil,danslecas

contraire,celanechangerarienentrenous.Ilpoussaunprofondsoupirdesoulagementetl’embrassatendrement.–J’aimeraisnepasavoiràtechasser.–Jesais,dit-elle.Illaraccompagnajusqu’àlaporte,samaintenantlasienne,etelleconstataqu’eneffetilnevoulait

paslalâcher.Dèsqu’ilsouvrirentlaporte,Burnettluiprésentasescondoléances.–Merci.Safaçondeparler,desetenirdevantBurnett,c’étaitpourcachersadouleur.Etpourtant,ill’avait

laissée lavoir. Ilne luiavait riencaché,àelle. Il lui faisaitentièrementconfiance.Pouruneraisonidiote,cela lerendaitencorepluscheràsesyeux.Des larmes luiserrèrentdenouveaulagorge.Ilavaitautantbesoind’ellequ’elledelui.Cequisignifiaitqu’ellenepouvaitpasmourir.LucasregardaKylie.–Demain,c’estlapleinelune.Ensuite,ilyauradescérémonies.Jeneteverraiprobablementpas

pendantplusieursjours.Ellehochalatête,celaneluiplaisaitpas.Ellevoulaitêtreavecluiencemomentdechagrin.Mais

elleaccepta.Burnettplissalesyeux.–Quelqu’unarrive.

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–Allez-y,ditLucas.

–Est-cejusteLucasouautrechose?demandaHolidaylelendemainmatin.Kyliecontemplaitleschutesd’eau.ElleétaitvenuedanslebureaudeHolidayauxpremièreslueurs

du jour et lui avait demandé de l’accompagner aux cascades.Comme d’habitude,Burnett attendaitplusloin.–J’aijustebesoindecela,ditKylie.Elles’étaitréveilléecematin,inquiètepourLucas,et…Àcausedecequelefantômeavaitdit.Que

siellesebattaitetperdait,lesgensqu’elleaimaitsouffriraient.Elleavaitbesoinde sentir l’énergiedescascades.Ellenevoulaitpasmourir, ellevoulait être là

pourLucas,pourtousleshautsetlesbasdelavie.Maissurtout,ellenevoulaitpasmourirensachantqu’elleavaitlaissétomberceuxqu’elleaimait.Holidaylaregarda.–Qu’est-cequinevapas?Kylie se força à sourire et réprima les larmes qui menaçaient. Elle la sentait ici, la paix,

l’acceptationquetoutiraitbien.–N’as-tujamaiseusimplementbesoindevenirici?–Entempsnormal,c’estqu’ilyaquelquechosequitouchemonéquilibre.Alorsqu’est-cequite

dérange?–Tout.JemefaisdusoucipourLucas.Ilétaittellementbouleversé.Ilpleurait.Etjenecroispas

qu’ilpuisselefairedevantsafamilleousonpère.Ilabesoindemoi,maisjenepeuxpasêtrelààcaused’unerègledébilechezlesloups-garous!Etjesuisinquiètepourmamère.JenefaistoujourspasconfianceàJohn!Ladouceatmosphèredescascadesl’apaisa.EtlamaindeHolidaysursonbrasaussi.–Çaira,hoquetacelle-ci,etsituveux,jedemanderaiàBurnettdefaireunenouvelleenquêtesur

John.–Non,tuasraison,çavaaller.Ilfallaitqu’ellelecroie.Illefallait.–As-tuexpliquéàtamèrecequetuéprouvaispourlui?demandaHoliday.–Oui.Etellepensequejesuisencolèreparcequ’elleneretournerapasavecmonbeau-père.Kylie

plongeasesorteilsdansl’eaufraîche.Jel’aimêmeappeléeavantdevenirtevoir.Ellepassequelquesjours dans samaison sur la plage, elle liquide ses congés, avant de quitter son boulot pour allertravailler avec lui. On dirait qu’il la phagocyte entièrement. Elle vit pratiquement avec lui. Etmaintenantellevatravaillerpourlui.HolidayserraaffectueusementlebrasdeKylie.– Parfois les parents sont aussi ingérables que nous quand on faisait notre crise d’opposition à

deuxans.Mamèreestcarrémentsortieavecunstripteaseuraprèssondivorce!Kyliegloussa.–Bon…assezparlédessujetsnégatifs.Queveux-tuquejemettepourlemariage?fit-elled’unton

frivole.–Tupeuxvenirenshort,çam’estégal.Tuesmademoiselled’honneur,tuportescequetuveux.–J’aiunerobeencachemirepastel,jepensequ’elledevraitaller.–Parfait.Aufait,t’ai-jeditquej’aiinvitéBlakeaumariage?–TuveuxdireBlake-ton-ex?–Çadevraitêtrelui,oui.

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Kyliegrimaça.–Est-cequeBurnettestaucourant?Ellel’imaginaitarracherlesmembresdeBlakejustepourleplaisir.Ellesefenditd’ungrandsourire.–C’estsonidée.Iladitqu’ilvoulaitqu’ilyassistepourqu’ilcomprennebienquejen’étaisplus

surlemarché.–Ça,c’estbienBurnett,lançaKylie,toutsourire.–Biensûr,Blakearefusé.JecroisqueBurnettluifaitunpeupeur.–Çaprouvequetunecraquesquepourlespetitsmalins,ajoutaKylieenriant.Elless’allongèrentetfixèrentleplafonddelagrotte.– Je saisque tu es jeune,maisBurnett etmoinous sommesdit que ce serait bienque tu sois la

marrainedubébé.C’estquandmêmegrâceàtoiquenoussommesensemble!–Jeseraistrèshonorée,fit-elle,touchéeparcetteproposition.Aprèsquelquesminutesdesilence,Holidayrepritlaparole:–J’ailesdossiersd’inscriptionàlafacquetum’asdemandés.Burnettoumoipourronsvousaider

àlesremplirquandvousvoudrez.Aprèsunautremomentdesilencepaisible,Holidaysoupira.–Levois-tu?–Quoi?–Jeviensd’avoirunaperçudecequeseralefutur.Tutermineslafacdanscinqansenviron,puis

turevienstravailleràShadowFalls.–Tum’embaucherais?–Sanshésiter.Kylieluiadressaungrandsourire.–Commetuastoutréglé,quevais-jefaireàlafac?Etquelgenredeboulotferais-jeici?–Psycho,biensûr!Tuferaisunesuperpsychologue!–Tusais,c’estexactementcequejepensais.Ellemarquaunepause.Quandturegardesl’avenir,

peux-tuvoirsiMiranda,Dellaetmoientreronsdanslamêmeuniversité?–Si c’est cequevousvoulez, les filles, alorsoui, c’est cequi sepassera.Mincealors,onvous

embaucherapeut-êtretouteslestrois.Mirandaferaituneexcellenteenseignante.Vusonhandicap,ellesauraittravailleraveclesélèvesàproblèmes;etDella,bonsang,ellecollaboreraitavecBurnettsurlasécurité.–Tonidéedel’avenirmeplaîtbien,observaKylie,puiselledemanda:Lucassera-t-illà?–Devine!Ellesoupira.IltravailleraitavecBurnettàl’URF,eticiàmi-temps.–Jel’aime,avouaKylie.–Jesais.–Waouh!Jen’aipasdroitaudiscours«Tuestropjeunepourêtreamoureuse»?Holidaysoupira.–Tuesjeune,maiszutalors,tuasunevieilleâme,etparfoiscelaterendplussagequetonâge.ElletapotalamaindeKylie.–Çavaaller,vraiment.–Oui,approuvaKylie.Lavisionquesonamieavaitdel’avenirluiplaisaitbeaucoup.Toutcequ’elleavaitàfaire,c’était

deresterenvie.

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Cettenuit-là,Kylie,assisesursonlit,faisaittournerautourdesonpoignetlebraceletàbreloquesquesamère luiavaitoffert.Presqueminuit.Lucasallaitbientôt se transformer.Elle luiavaitparlédeuxfoisaujourd’hui.Ladernièrefoisqu’ill’avaitappelée,c’étaitjustepourl’entendreleluirépéter.Ellesavaitdequoiilparlait,alorselleluifitcepetitplaisir.Jet’aime.Iln’avaitpasprécisés’ilpasseraitlavoircesoir-là,maisellel’espéraittoutdemême.LeregarddeKylieseposasurlavivelumièreàl’autreboutdelapièce.L’épéen’avaitpascesséde

reluiredetoutelajournée,alorsqu’ellenel’avaitmêmepastouchée.Commesielleessayaitdeluidirequelquechose.Manifestement,Kylieneparlaitpaslalanguépée.Cen’étaitpas fauted’avoiressayé.Après ledîner,elles’étaitassiseetavaiteuuneconversation

avec ce truc.Lui avait demandé s’il y avait quelque chosequ’elle avait besoinde savoir.Lui avaitconfiésesinquiétudessurlefaitderesterenvie.L’épée ne lui répondit pas.On ne pouvait pas dire qu’elle s’y attendait,mais sérieusement, elle

n’aurait pas été trop choquée si cela avait été le cas. Il fallait bien avouer qu’il se passait tout etn’importequoiàShadowFalls.Constatantqu’ilétaitprèsdeminuit,Kylieseleva.Dellasortitdesachambreenmêmetemps.–Oùvas-tu?luidemanda-t-elle.–Jeveuxjustem’asseoirsurleperron.Seule.–Tuespèresqu’ilviendra,n’est-cepas?Kyliehochalatête.–Bien,acquiesçaDella.Mêmesidemaintuaurasunehaleinedechien…Kylie rit bêtement et sortit.Elle contempla la lune en sedemandant si la transformation aiderait

Lucasàgérersonchagrin.Ellel’espérait.

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Lesouvenirdeluienloup,quandilavaitempêchéFrederickadel’attaquer,latitillaitencore,etellemouraitd’enviedelerevoirsouscetteforme.Ilyavaittantdechosesqu’ellevoulaitsavoirsurlui.Àquoiressemblait-ilquandilseréveillaitlematin?Dequelcôtédulitdormait-ilentempsnormal?Ronflait-il?Elleconsultasese-mailssursontéléphone.Ellen’avaitqu’unmessage.DeDerek.Illuiavaitfait

suivretouslesliensqu’ilavaittrouvésenrapportavecLucindaEsparza.Commel’espritn’étaitpasréellementparti,elleseditqu’ilresteraitjusqu’àlaconfrontationavecMario.Oupeut-êtren’était-ilsimplementpaspresséd’allerenenfer.Cette idéefitnaîtreunfrisson le longdesacolonnevertébrale.Elleallaitcouperson téléphone,

maisappuyaaccidentellementsurundesliens.Ellelelut,maissansrienapprendredenouveau.Puisellevitlederniersurlaliste,unevieillecoupuredepresse,quiannonçaitlemariagedeJohnAnthonyEsparzaetdeLucindaEdwards.Kylie cliqua sur le lien.Elledécouvrit unephotodeLucinda en robedemariée.Elle était jolie,

jeune et innocente, toute de blanc vêtue. Sur la photo suivante, le couple coupait le gâteau. Kylieregarda l’imagedeplusprès.Soncœurs’arrêta.Ellecilla,priantpourquesesyeux lui jouentdestours.Maisnon,c’étaitbienlui.Pasétonnantqu’ellenel’aitjamaisaimé.John,leJohndesamère,étaitJohnAnthony,lefilsdeMario.Ellepassaimmédiatementenmodeprotectrice,sonsangpétillaalorsquel’adrénalineparcourait

toussesmembres.L’épéeapparutàsoncôtéetétincela,luisignifiantd’agir.Trèsclairement,elleserappelalamenacedeMario.Tuviendrasmevoir,KylieGalen,tuviendrasmevoirpourmourir,poursouffrirentremesmains,pourmonplaisir,parcequeleprixseratropélevé!Tafaiblesseteperdra!Ilavaitélaboréceplantoutdulong.Kylieenvisagead’appelerDellaoud’allerchercherBurnettmais toutau fondd’elle-même,elle

savaitquec’étaitsoncombat.Qu’elledevaitlegagner.Ouperdre.Ellen’avaitpasl’adresseprécisedelamaisondeplagedeJohn,maissamèreavaitditqu’ellese

trouvait dans lamême rue que les vieillesmaisons de planteurs qu’elles avaient visitées voilà unmoment.L’épéetremblotaitetKyliesentitqu’ellesavaitpeut-êtreprécisémentoùellesallaient.S’emparantde l’arme,elleput jurerentendrequelquechose s’agiterdans lesbois ; elle regarda

derrièreelle,nevitrien,puisserenditinvisibleetdécolla.Ellevolapar-dessus leportail, sachantque l’alarme sedéclencherait,mais sans jamais regarder

derrière elle.Burnett serait furieux.Pourtant, tout en elle lui disait que c’était cequ’il fallait faire.Vivreoumourir,cen’étaitmêmepasimportant.Sauversamère,si.Et elle sut exactement cequeMario entendait par «point faible ».L’amour.Point faible oupas,

l’amourétaitlaseulechosepourlaquellemourirvalaitlecoup.

Elle suivit la côte aprèsGalveston, jusqu’à la petite île suivante. La lune suspendue dans le cielobscurétaitrondeetbrillante.ElletrouvalarueoùdevaitsesituerlamaisondeplagedeJohn,etpluselleavançait,plusl’épéebrillait.Quandelles’approchad’unevastemaisonjaunesurpilotis,ferméeparungrandportaildedeuxmètresdehaut,ellesutinstinctivementqu’ellel’avaittrouvée.Ellenotaquel’habitationlongeaitlaplage,maisqu’iln’yavaitqu’untoutpetitportailquidonnaitsurlesableetl’océan.Quiachetaitunedemeuresurlerivagepourlabarricaderainsi?Quelqu’unquiavaitpeurdesintrus.L’épéesemblaitl’attirerencoreplusprès.Bonsang,peut-êtrequel’épéeetelleparlaientlamême

langue,enfindecompte.

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Kylie faillitatterrirà l’intérieurde lapropriété,maissedoutaqueJohndevaitavoirunsystèmed’alarmequivalaitlargementceluideShadowFalls.Lecœurbattantlachamade,lesangpétillantdanssesveines,elles’intimaderalentiretderéfléchir

avantdefairequelquechosequipourraitmaltournerpourelleousamère.Elleinspectalesenvirons.Lavégétationétaitclairsemée,parrapportàHoustonetàtoutelarégion

decollines.Despalmiersetdegrands lauriers rosesbordaient laclôture.Elleentenditdesgensauloin.Elle fila à toute allure jusqu’à l’ombre noire qui longeait le portail, loin du clair de lune, etsuivit laclôturetoutautourdelapropriété,plusprèsdesvoix.Instantanément, lalumièredel’épéedisparut pour lui éviter d’être repérée. Mais sa main qui la tenait était encore imprégnée de sonpouvoir,desonénergie.Aprèsunlégervirage,elleremarquaunevoieprivéeetunportailenfer.Elleavançacalmement

jusqu’à un autre gros buisson de laurier-rose.Regardant entre les branches et les feuilles, elle vitdeuxhommesdeboutderrièreleportail,quidiscutaient.Desgardes.Quelgenre?Elledevaitsavoiràquoielleavaitàfaire.Plissantlesyeux,elleseconcentrasurleursfronts–des

caméléons.Maisleursconfigurationsétaientsombres,presquenoires.Cellesdumal.Ellerespiraprofondément,ellesavaitetacceptaitcequ’elleallaitaffronter.Leronrond’unmoteurattirasonattention.LaCadillacmétalliséeàcôtédelaquelleilssetenaient

avait lemoteurqui tournait.Unautrebruitdemoteuremplit lanuitéclairéepar la lune.Leportailcliquetaets’ouvrit.Elleguetta,tapiedansl’ombre,alorsquel’undesgardesentraitdanslavoitureblanche.C’étaitsachance.Peut-êtrelaseule.Elledevaitpasserceportail.Elledevaitsauversamère.Elleseditqu’ilétaitpeut-êtretroptard.Ellechassacettepensée,incapabledel’accepter.Serendant invisible,conscientequ’elleavaitaffaireàd’autrescaméléons,elleseconcentrapour

savoirs’ilyavaitquelqu’und’autredansleroyaumeinvisible.On n’entendait que le silence dans ce monde à part, mais comme elle, ils étaient peut-être là,

silencieux.Quiécoutaient.Conscientequel’onpouvaitentendresespas,elleattenditquelemoteurdelaportefasseunpeu

plus de bruit, lui procurant un infime avantage.Quand il s’ouvrit de quelques centimètres, elle sefaufilaàl’intérieur.Elleretintsonsouffle,tâchantdeserendrelapluslégèrepossibleetavança.Ellevenaitdepasserle

portaillorsqu’elleentenditunautrebruit.Depas.Ellen’étaitpaslaseuleinvisible.Ungardeapparutàquelquesmètresdel’autre.Ilbalayalesenvironsduregard.–Avons-nousdelacompagnie?demandalepremier.–Peut-être.Fermecefichuportail,commeçajelesaurai!Elles’enfuità touteallure.Accroupiederrièreunbuissonépineux,sachantquelesrisquesd’être

vue dans le monde visible étaient peut-être moins importants qu’être entendue dans la sphèreinvisible,elleréapparut.L’excitation qu’elle ressentait dans son mode protecteur était toujours à son apogée, et elle se

surpritàavoirbesoindeplusd’oxygène.Agrippanttoujoursl’épée,ellefermalesyeuxuneseconde,etl’entenditalors:ungrondementdecolère,grave.Mince.Ilsavaientdeschiensdegarde.Ouvrantlesyeux,elleregardafixementunmuseauauxdentspointuesetdesyeuxjaunesbrillants.

Lecollieràpiquesnoireslui indiquaqu’elleavaitraison:c’étaitunchiendegarde,maissesyeuxsauvagesluiindiquèrentquel’animalétaitenpartieloup.

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Kylieravalasapeuretsentitl’haleinedel’animal.Ilrelevasonmuseaud’uncoupsec,enmontrantencorepluslesdents.Songrognementdevintplusbas,plusintense.Lesplaquesquipendillaientdesoncolliertintèrent;ellesavaientl’airtroplourdes.Elleregardal’animaldroitdanslesyeuxetresserrasonétreintesurl’épée.Nemeforcepasàte

tuer.Moncombatn’estpascontretoi.D’ailleursj’aimebienleschiensloups.Instantanément, l’animalrecula.Sesyeuxjaunesnecillèrentpasuneseulefois. Ils’accroupitsur

son arrière-train et détourna le regard de Kylie. Celle-ci se souvint du loup sur lequel elle étaittombéeàShadowFallsetquiluiavaitmontrésasoumission.Ellenelecomprenaitpas,maiselleprofiteraitdetoutcequiseprésentaitàelle.Parcequ’ilfallait

bienreconnaîtrequ’elleenauraitbesoin.Ellelançauncoupd’œilverslesgardes,prèsduportail.Iln’enrestaitplusqu’un.L’autreétaitrepartidansleroyaumeinvisible.Ilpouvaitêtren’importeoù.Serendantdenouveauinvisible,elleécouta.Entenditlespasquiavançaientdevantlebuisson.Ils

ralentirent.Soncœurbattaitsifortqu’elleétaitsûrequ’ilpouvaitl’entendre.Lechien-loupsurgitd’uncoupdufourré.–Espècedebâtard!fitlavoixdugarde.Jecroyaisquej’avaistrouvéquelquechose!Àtraverslesfeuilles,Kylievitl’hommeapparaître.Ilsedirigeaitversl’animald’unpaslourdet

donna un coup de pied dans sa patte arrière. Violemment. Le chien glapit, et le sang de Kylie sedéchaîna pour le pauvre animal sans défense. L’homme s’apprêtait à le battre encore, alors Kylieramassaunepierreetlajetadanslesbuissonsàsadroite.Legardevirevoltaetallaregarderdanslefourréàcôtéd’elle.Plusilserapprochait,pluselleavait

dumalàrespirer.–Rientrouvé?hurlaceluiduportail.–Jenecroispas,marmonna-t-ilens’éloignant.Justecesaleclébard!Cesaleclébardvientdemesauverlavie,songeaKylie.Son besoin de protéger était à sonmaximum. Comme l’homme restait visible et se remettait à

discuteravecl’autregarde,elledécidad’entrerdanslamaison.Denouveau invisible, elle contourna lamaison silencieusement, cherchant une entrée.Le chien-

louparrivaenboitantverselle,confirmantsesdoutes:ilpouvaitlavoir.Redevenant visible, elle se baissa et toucha la patte arrière du chien. Elle sentit sa main se

réchauffer.Fais-moientrerdans lamaison,monami,dit-elleà l’animal télépathiquement,sans tropsavoirsicelaallaitmarcherousielle l’espéraitsimplement.Maisbon,Dereksavaitcommuniqueraveclesanimaux.Peut-êtrequ’elles’étaitchangéeenfée.Lechiensedirigeasouslespilotisquisoutenaientlamaison.Ellelesuivit.Aprèsavoircontourné

demultiplespoutres,elledoutadesadécision,maislechiens’immobilisadevantcequiressemblaitàune rampe, quimenait à une chatière. Toujours invisible, elle essaya d’avancer au rythme de soncopaincanin.Pasfacilecommeprouesse,quandontenaituneépée.Elleendonnaaccidentellementuncoupsurleborddelaporte.Siquelqu’unsecachaitàl’intérieur

decettedimension,ilouellel’auraitentendue.Àl’intérieur,elles’arrêtapourécouter.Pasunseulbruitdansl’obscurité.Elleavisadeuxsacsde

couchageetdesécuellesvides.Jepariequ’ilsnetenourrissentpasrégulièrement,heinmonpote?Mais si les animauxmangeaient ici, c’était qu’il devait bien y avoir une porte quimenait dans lamaison.Qu’ellesoitferméeàcléoupas,c’étaituneautrehistoire.Passantenrevuelapiècesombre,elletrouvalaporte.Ellecaressadenouveaul’animal.Merci.Elle

selevaetouvrit.Elleinspira,sentantqu’elleavaitplutôtbienréussisoncoupjusqu’àprésent.Maiselleneseleurraitpas,leplusdurrestaitàfaire:trouversamèreetlafairesortird’ici.Vivante.

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L’épéesemblavibrerdanssamain,commepourluirappelerques’échappercesoirneseraitpassisimple.Cesoir,elleseserviraitdel’arme,maiscettefois,paspours’entraîner.Pensantquetout lemondedormait,ellesefrayauncheminà traversunegrandecuisine,puisse

retrouvadansunvasteséjouroùtrônaitunegrossecheminéeenpierre.Cettepièceétaitapparemmentle centrede lamaison.Uneportedonnaitde chaquecôté.Elle remarquaune lumière auboutd’uncouloir.Elleentenditdesvoix.Avançantàpasdeloupdanslecouloir,elleécouta.Elle reconnut toutde suite lavoixde John.Soudain, elle futparcouruede frissons.L’autrevoix

appartenaitàMario.Pasdevoixféminine.Elledécidadepartiràlarecherchedesamère.Àcetteheuredelanuit,elle

dormaitsûrement.Ellepritl’autrecouloir,quidevaitdonnersurleschambres.Lapremièreétaitunechambred’amis.Espérantquesamères’ytrouvait,ellel’ouvrit.Ilyrégnait

unsilencesinistre;elleétaitvide.Elle aperçut une autre porte au bout du couloir et sut immédiatement que c’était là que samère

dormait. Elle couchait avec John. Avec l’ennemi. Mais Kylie était là pour y remédier. Elle seraccrochaàsonépéeettournadélicatementlebouton.Surlelitétaitallongéeunesilhouettefamilière.Uneveilleusel’éclairait.Kylieserappelatoutesces

nuitsoù,enfant, elleétait entréedans lachambredesamère,àcausedecauchemarsoud’unbruitlouche.Pasuneseulefoiscettedernièrenes’étaitmiseencolère.Ellen’avaitpeut-êtrepasétélapluscâline du monde, mais elle avait toujours été là. La colère que Kylie avait ressentie à cause del’histoiredesBrightenluiparutbrusquementhorsdepropos.Elleentraetseplantaàcôtédulit.–Maman?murmura-t-elle.Pasderéaction,etl’espaced’uneseconde,Kyliepaniqua,puisellevitsescôtessesouleverquand

ellerespirait.Elleregardalacoiffeuseetyvitunverredevin.Laveilleusel’éclairaitetmontrademinuscules

particulestoutaufond.Elleletintàlalumièreetremarqualespilulesécrasées.Johnavait-ildroguésamère?Ellelereposaet,denouveauenmode«protectrice»,elleempoignasonépéeetsebaissa:–Maman!Samères’agita,maistrèspeu.Ellesecoualégèrementsonépaule.–Maman,réveille-toi!Sesyeuxs’ouvrirentd’uncoup.–Kylie?Quefais…?Elle regardaautourd’elle,commesielleneparvenaitpasàseconcentrer.Était-ceparcequ’elle

dormaitencoreouàcausedesmédicaments?–Oùest…–John?finit-elleàsaplace.Respirant profondément, Kylie se rendit compte qu’elle n’avait pas pris le temps de trouver

commentelleallaitluiexpliquertoutça.Elledécidadedirelavérité.Lemomentétait-ilbienchoisi?Samèrepourrait-ellelasupporter?–John!criasamère.Kyliemitdeuxdoigtssurseslèvres,priantpourqu’ilnel’aitpasentendue.–Chuuut…–Mon Dieu, qu’est-ce que c’est ? s’exclama-t-elle quand elle vit l’épée qui miroitait à présent

vivement.Ellegrimaça.C’estunrêve,n’est-cepas?

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–Maman.Kylietâchadeparlercalmement.Johnn’estpasceluiquetucrois.Cen’estpasquelqu’undebien,nousdevonspartir.Samèredétournalesyeuxdel’épéeetlesreposasurKylie.–Tudoisarrêterdepensercegenredechose.Jesaisquecelafaitsouffrirtonpère,mais…–Maman,ilfautvraimentquetutetaisesetquetufassescequejedis,d’accord?Le front de sa mère se plissa et Kylie fut convaincue qu’elle avait été droguée. Elle secoua

légèrementlatêtecommesielleessayaitdeseréveiller.Puisellerejetauncoupd’œilsurl’épée.–Commentes-tuarrivéelà?Çadoitêtreunrêve.–Viens.Kylieaidasamèreàselever.Celle-cisemitdebout,maisretombasurlelit.Kylieréessayaetconstataaupassagequ’elleportait

unenuisettesexy.Pasletempsdes’enpréoccuper.Elledevaitlafairesortird’iciauplusvite.Elleluipritlamainetl’accompagnaverslaporte.Justeavantqu’ellesn’yparviennent,celle-cis’ouvritàlavolée.Johnétaitsurleseuil:ilfixaitKylie.Puis,commesurgid’unmauvaisrêve,Marioapparutàson

côté.Kyliepoussasamèrederrièreelleettenditsonépée.–Pousse-toi!Marioluiréponditparunsourirediabolique.–Jesavaisquetuviendraismevoir.–Quiêtes-vous?demandasamère.EtelleessayadeseplanterdevantKylie.Celle-cil’attrapaparlebrasetl’empêchad’avancer.–Etellenousaapportéunpetitjouet,commec’estgentil,ironisaMarioendésignantl’épée.

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Kylienesavaitpasquoifaire.Maiselleoptapourlapremièrechosequiluivintàl’esprit.Attrapantlamaindesamère,ellelarenditinvisiblecommeelle.Cettedernièrehurla.Refusantdecéderàlapaniquematernelle,Kylieseruaverslaporteenesquivantlesdeuxhommes.

Malheureusement,samèreluifutarrachéedesmains.Virevoltantsurelle-même,Kylienepouvaitpaslavoir,maisellel’entendaithaleter,etellecompritqueMario,quis’étaitrenduinvisibleàsontour,lamaintenait.–Lâche-la!criaKylie,quibouillaitderageetredevintvisible.Marioapparutquelquessecondesplustardavecsamère.Samainserraitsifortsagorgequeson

visagebleuissaitpeuàpeu.Kyliebranditl’épée.–Traite-ledelâche!Lavoixdel’espritrésonnaitauxoreillesdelajeunefille,aumomentmêmeoùlefroiddescendait

lelongdesacolonnevertébrale.–Insistepourqu’ilsebattecommeunhomme!–Nesoispas lâche !Laisse-laetbats-toicommeunhomme! lançaKylieenpriantpourqueça

marche.Mario,lamaintoujoursautourducoudesamère,regardafixementKylie,lesyeuxplissés.–Trèsbien.IlbalançasamèreàJohn.Celle-citombaàsespieds,àboutdesouffle.Il larelevabrusquement.

Kylieenrageait.Elleavaitenvied’attaquer.D’oublier l’épéeetdedéchiqueterceshommesàmainsnues. La seule chose qui l’en empêchait, c’était l’esprit qui se tenait devant elle et qui répétait lesmêmesparolesencoreetencore.–Lepouvoirquetuasestdanscetteépée.Lepouvoirestdansl’épée.

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Soudain samère se libéra d’un coup de John et fonça surMario. Elle n’était peut-être pas unesurnaturelle,mais l’amourmaternel était extrêmementpuissant.Malheureusementpas autantque lamagiedecesdeux-là.Johnlarattrapaparlescheveux.–Arrêtedetebattre,pauvreidiote!Samère écarquilla les yeux de stupeur. Pour la première fois, elle voyait qui il était vraiment,

quelqu’undemauvaisquis’étaitservid’elle.Kylie souffraitpourelle, etpriapourquecene soientpas lesderniers instantsde savie.Onne

devraitpasmourirenpensantàseserreursetrongéparleregret.Marioagitaunemainetuneépéeapparut.–Jetetueraiàpetitfeu,ettamèreseraobligéederegarder.Ceseradrôle,non?–Non!hurlaKylie.John coinça les bras de samère dans son dos et les maintint avec force : elle ne pouvait plus

bouger.–Pasici,fitJohn.Cetapism’acoûtécinquantemillelivres!SamèrehurlaencoreetJohnlatirabrusquementverslui.–Laferme,sinonellemourraencoreplusvite!Marioregardasonfils.–Lesangaugmenterasavaleur!SamèrescrutaKylie,deslarmescoulèrentsursesjoues.LarevenantefixaJohn.–Tupourrirasenenferpourtoutcequetuasfait!Kylienepouvaitquesouhaiterqu’elleaitraison,etqu’ilpartetrèsvitepourl’enfer.Marioalla seposterdevant Johnetdirigea lapointede sonépéevers lapoitrinede samèreen

regardantKylie.–Nousallonssortird’ici.Situdécidesdenepasnoussuivreousitutentesquelquechosed’idiot,

jelatuerai.Etavecgrandplaisir.Samèrelaissaéchapperunhorriblehurlementdeterreurabsolue.Quandellelevalesyeux,safille

vitqu’elle imploraitsonpardon.Ellecroyaitqu’ellesétaientmaudites,etKyliepensaqu’ellenesetrompaitpeut-êtrepas.–Jevoussuivrai,déclara-t-elle.Etelles’exécuta.Ellelesuivitdanslecouloiretdansleséjour.Marioagitaunemain,etlesmeublessepoussèrent,leurlaissanttoutelaplacepoursebattre.Kylie

devinaqu’iltiraittoussespouvoirsdumal.–Attendsune seconde, jeveuxprofiter du spectacle, dit Johnen entraînant samère avec elle. Il

ouvrituntiroiretensortitunrouleauderubanadhésifqu’ilenveloppaautourdesespoignets.Puisilfit pareil avec ses chevilles. Il la poussa brutalement contre lemur alors qu’elle se débattait et lesuppliaitd’arrêter.Sonrireretentit,cruel.Ilenarrachaunautrebout,qu’ilcollasursabouche.Kylieobservalascène,entrehorreuretcolère;elleavaitbiendumalàsenepassautersurcesale

typeetànepasluiarrachersoncœurnoir.–Pasmaintenant,pasencore,patience,patience,murmura l’esprità l’oreilledeKylie. Ilyaun

planettudoislesuivresituveuxéchapperàlamort.Elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire, mais elle n’avait pas le temps de réfléchir. Le

hurlementdel’espritl’avertitjusteàtempsdel’attaquedeMario.Elleretintsonépéedelasienne.Lecliquetisrésonnaàsesoreilles,maisellel’entenditàpeineàcausedubruitdusangquiparcouraitsoncorpsenbourdonnant.

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Il l’attaqua de nouveau, et Kylie répondit coup par coup. Leurs épées cliquetèrent,s’entrechoquèrent bruyamment.Lucas aurait été fier d’elle.Mais aussi bonne fût-elle à bloquer lescoups,ellen’eutjamaisl’opportunitédepasseràl’offensive,tropoccupéeàsedéfendre.Siellenes’arrêtajamaispourregarder,elleimaginaitbienquesamèrel’observait,horrifiée.Et

endépitde seseffortspournepasécouter, elleentendait leshurlementsdésespérésétoufféspar lerubanadhésif.–Aidez-nous,criaKylieauxangesdelamort,àDieu,àquiconqueécoutait.Auloin,lehurlement

duchien-loupfenditl’air,commes’ilpriaitpourelle,luiaussi.–Neperdspassonépéedevue.Regarde-lebien,ilvasebaisser,cettefois.Lesordresdel’espritarrivaientviteetbien.Kylies’efforçadelesécouter,d’oublierquec’étaitune

questiondevieoudemort.Ellesuivitlesinstructionsetécoutalebruitdumétalsurlemétal.L’espaced’unebrèveseconde,KylieperçutlevisagedeMario.Ilsouriait,commes’iljouaitavec

elle.Combiendetempspourrait-elletenir?Commentpourrait-ellegagner?–Necessepasdecroireentesdons!crial’esprit.Puis Kylie vit John apparaître derrière son père, avec sa propre épée. Deux contre un ? Les

souvenirs de la vision de Lucinda envahirent sa tête. Pourtant, seule une très légère appréhensionentradanssoncœur.Pasletempsd’avoirpeur.CommeLucinda,lanuitoùelleavaitperdulavie,Kylienepensapasàlamort.Ellesebattait,tout

simplement.Sebattaitdetoutsonêtre,uneprièreauxlèvres.Soudain,Johnpritsonélanetenfonçasonépéedansledosdesonpère,letransperçantdeparten

part.Lesangassombritsachemise.LesyeuxdeMarioétincelèrentd’unvertflamboyant,justeavantquelavienelequitte.Unevolutedefuméenoiresemblableàdubrouillardsortitdesabouche.Sonâme.Souilléeetmauvaise.Puis,lebruitleplusaffreuxqueKylie,eûtjamaisentenduserépanditdansl’air;commedesrats

qui piaillent et des cafards qui se nourrissent. Plusieurs êtres flous, les sous-fifres du diable,traversèrentlapièced’uncoupetvinrentemporterl’âmenoiredeMario.Johnressortitvivementsonépéeducorpsdesonpère,etdusanggicladelablessure.L’épéene

soutenantplussoncorps,Marios’écroula.Samortn’étaitpasbelleàvoir.Kylieleregardafixement,tendantsapropreépéedevantellesansbouger.PourquoiJohnavait-il

faitcela?S’était-elletrompéeàsonsujet?Ellescrutasonvisage,etlesourirefroidqu’ilarboraitluiindiquaquenon,ellenes’étaitpasdutouttrompée.–Commec’estpratique,observa l’esprit.Tuas tué l’hommequia tué ton fils.Maispaspour le

nôtre. Elle se rapprocha de lui, le regarda droit dans les yeux. Puis dit à Kylie.Ne lui fais pasconfiance.–Pourquoiavez-vousfaitça?demanda-t-elleàJohn,sonépéetoujourslevée,prêteàsebattre.–J’attendaisqu’ilmeurepourprendresaplace,l’occasionétaittropbelle.Kyliesentitleméprisdanssavoix.–Etmaintenant?–C’estclair,non?Ilsourit.Tuaslechoix.Soittuacceptesquetamèreettoivousm’apparteniez.

Tufaiscequejedemande,tamèrevit.Sinonellemeurt.Lesyeuxdesamèreluilancèrentdeséclairspleinsdehaine.–Jecroisquel’onpréféreraitencoremourir,réponditKylie.Maiscertainementpastoutdesuite.–Tucroisquetupeuxmebattre?Tun’esqu’unegamine,avecdespouvoirsquetunesaismême

pascontrôler!

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Il l’attaqua avec une rapidité féroce. Son épée avançait et reculait. Elle avait du mal à tenir lerythme.–Vaàgauche,àdroitemaintenant.L’esprithurlaitsesordres.Kylie tâcha de se défendre. Son épée s’abattit,mais la sienne fut plus rapide.Elle sentit la lame

tranchante commeun rasoir s’enfoncerdans sonavant-brasgauche.Lapiqûre et le sang suivirent.Elle ne ralentit pas. Ne pouvait pas. Ralentir, quitter l’épée des yeux une seconde, c’était la mortassurée.Pourelle.Poursamère.Puisellesentitlefroidfamilierdesonpère.Ilétaitlà.Maisétait-cepourl’aideroupourl’emmeneraveclui?Ungrandfracasretentitquelquepart,pasloin.Elleseforçaànepaspenseretàresterconcentrée

surleduel.Puisunaffreuxgrognementsourdvibradanslapièce.Ellevitlelouplatraverserd’unbond.Lagueuleouverte,lesbabinesretroussées,lescrocsacérés,prêtsàmordrelachair.Sonamiétaitvenusebattreavecelle.Soudain, elle comprit.Ce n’était pas le chien-loup.Celui qui s’élançait vers John, c’était Lucas.

Johnpointasonépéeverslanouvellemenace,prêtàtranspercerlapoitrinedufauve.Detoutessesforces,sentantlebesoindeleprotégerdanstoutsonsang,KylieabattitsonépéesurcelledeJohnetlafittomberdesesmains.L’hommerugitdefureur,esquivaLucasetessayadereprendresonarme.MaisKyliefutplusrapidequelui.Ellel’attrapaetl’enfonçadanssonflanc.Unefois.Deuxfois.Il

s’écroula.Soncorpstrembla.Ilhaleta.Dusanggouttaitdel’épéedelajeunefille.ElleregardaLucas.Lesyeuxbrillants,ilmontraittoujourslesdents.Puis,commeprécédemment,desbruitshorriblesenvahirent lapiècealorsque lediableenvoyait

lessienscollecterl’âmeobscures’écoulantdelabouchedeJohn.Lâchantsonépée,Kyliesesentitsouilléed’avoirôtéunevie.Puisellesetournabrusquementvers

samèrequi,étendue,contemplaitlascène.Non,ellen’avaitpasprisunevie,elleenavaitsauvéune.Elletombaàgenouxetsedémenapourdécollerlerubanadhésifdesabouche.Lucas,danstoutesa

splendeurdeloup,s’approchad’elle.Samèresetortillacommesielleavaitpeurdel’animal.LucaseffleuraKylie,croisabrièvementsonregard,puiss’enalla.Kyliesesouvintdecequesagrand-mèreavaitdit:tufaispartiedesaquête,etluidelatienne.–Çavaaller,maman..Elle finit d’enlever le rubanadhésif de sabouche.Lehurlementde samère se répercuta sur les

murs.–Çava,répétaKylie.Calme-toi,nebougepas,jevaistedétacher.Sitôtlibérée,elleétreignitsafilletrèsfortetlonguement.–Quelcauchemar!Puiselle se recroquevillaenboule, sebalançantd’avantenarrièrecommesielleattendaitdese

réveiller.Kylieregardalesdeuxcadavre.Elledevaitappelerlapolice.Ellesedemandacommentsamèreréagiraitquandelleluiraconteraittout.Puis elle se souvint ; elle était peut-être venue toute seule ici, mais elle avait des amis. Elle

s’emparadesontéléphoneetcomposalenumérodeBurnett.Justeavantquesondoigtn’effleurelatouche«appel»,unautrebruitenvahitlapièce.Douxetrassurant.Celuidel’eauquicoule.Celuidescascades.Lasensationdechaleur,delégitimité,dejusticel’envahit.Lemomentdepaixfutbrisélorsquesamèrehurladenouveau,lesyeuxrivéssurquelquechose

derrièreKylie.–Il…quoi?Comment?Samèrerecula.

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Kylie fit volte-face, attrapa son épée enmême temps, et pria pour que le cri de samère ne soitqu’unaccèsdepaniqueàretardement.Elleavaittort.

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Daniel, son père, se tenait devant Kylie, se manifestant intégralement. Encore plus clairementqu’auparavant.Lebruitdecascades’intensifia.Lebourdonnementpaisibledel’eau.–Papa?chuchota-t-elle.–Salutmabelle!–Salut!Ilregardaderrièresonépauleetserembrunit.–Tamères’estévanouie.Kyliejetauncoupd’œilsurelle.–Elleaeuunenuitdifficile.–Toiaussi.IlluimontralesangsursonT-shirt.–Justeuneblessurelégère,dit-elle,ouétait-ceplusquecela?Ellebaissalesyeux,sedemandantsielleavaitseulementimaginéqu’elleétaitsuperficielle,etque

çayétait,quesonpèreétaitvenulachercher.LesangavaitimprégnétoutsonT-shirt,pasbeaucoup,maissuffisammentpourquelasensationde

paixs’amoindrisseetque lapeurprennesaplace.Étrangement,cen’étaitpasde lapeurpourelle-même.Mais la crainte que si jamais ellemourait, elle abandonnerait les autres.Ou sa victoire surJohnetMarioavait-ellerésolutoutcela?Sonheureétait-ellesimplementarrivée?Ellelevalatête,lavuelégèrementvoiléeparleslarmes.–Vais-jemourir?Lesautressouffriront-ilsàcausede…?Ilseruaverselle.Sesmainsserrèrentsesépaules.Sonfroidétaitunréconfortqu’ellereçutavec

plaisir.–Non,Kylie.Tuastantàvivre,monenfant.Jenesuispasvenutechercher.–Lesangesdelamortt’ont-ilsdonnéplusdetempssurterre?–Unpeuplus,oui,maiscequ’ilsm’ontoffertétaitmieuxencore.Uneplacechezeux.

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Kyliemitunesecondepourcomprendre.–Tuvasdevenirunangedelamort?–Oui, après t’avoir aidée une dernière fois. Mais la beauté de tout cela, c’est qu’à partir de

maintenant,jeseraitoujourslàpourveillersurtoi.Lasagessequetuentendrasdanstoncœur,elleviendrademoi,mafille.DeslarmesenvahirentdenouveaulesyeuxdeKylie.–Commentvais-jefaireaccepterçaàmaman?–C’estpourcelaquejesuisici.Nousleferonsensemble.PuisKyliesesouvint:–Elleaputevoir…avantdes’évanouir?–Oui,elleatoujourssentimaprésence,maisl’onm’adonnésuffisammentd’énergiepourqu’elle

puissemevoir.Ilregardaautourdeluietfronçalessourcilsenvoyantlescadavres.–Maispourl’instant,appelleBurnett.Kylierecomposasonnuméro.

–Elleestpresqueréveillée.Le père deKylie s’avança.Kylie, assise sur une chaise à côté du lit dans la chambre d’amis de

John,levalesyeuxsurlui.Samèreavaitperduconnaissancedepuispresquequatreheures.BurnettetHolidayétaientarrivés

quelquesminutesaprèsqu’elleleseutappelés.Levampireavaitaussitôtfaitvenirdupersonnelpourtoutnettoyer.L’URFferaitpassercelapouruncoderouge,unaccidentdevoiture.Commentferaient-ilspasserdescoupsd’épéepourunaccidentdelaroute,ellel’ignoraitetpréféraitnepaslesavoir.Aprèsunebonnecrisedelarmessurl’épauledeHoliday,Kylieexpliquacequis’étaitpassé.Elle

parlaégalementdeDaniel.Holiday futadmirativepourcequesonamieconnaisseenpersonneunangedelamort.Kylieavaitfaillirétorquerqu’elleauraitpréféréavoirsonpèreavecelledanssavie,maiselleserappelaqu’elleavaitdenombreusesraisonsdes’estimerheureuse.Quand elle leur raconta que Daniel était venu pour expliquer la situation à sa mère, Burnett

exprimasoninquiétude:celle-ciallait-ellesupporterlavérité?Alorsilsuggéraquel’onconvoqueDerekpourluieffacerlamémoire.MaisDanielavaitrefusé.–Elledoitsavoirlavérité,avait-ilinsistésansdonnerd’explication.Kyliedevaitfaireconfianceàsonpère.HolidayfitremarquerquelamèredeKylien’étaitpasunhumainnormal.Entantquedescendante

d’unetribuamérindienne,elleétaitconscientedespouvoirssurnaturels.Ainsi,avecl’aidedeDaniel,futurangedelamort,Kyliepourraittoutluiraconter.Maisellen’était

paspressée.Samèreouvritlesyeux.Elleseconcentrasursafille,puislesmotssortirentdeseslèvres.–J’aifaitunhorriblecauchemar.Elleseredressadanslelit.Danielétaitparti.Ellesupposaqu’ilsemontreraitquandelleauraitbesoindelui.Samèrecligna

plusieursfoisdesyeuxenréalisantoùellesetrouvait.–Quefais-tuici?Kylieluipritlamain.–Tuavaisdesproblèmes.Samèresoupira,secoualatêteetretombacontresesoreillers.

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–Jerêveencore.–Non,maman,cen’étaitpasunrêve.–Si,si.C’étaitaffreux.Entoutcas,certainesparties.Tutebattais,et…–C’étaitaffreux,oui,maiscen’étaitpasunrêve.Kylieneconnaissaitqu’uneseule façonde le luiprouver.Ellebaissa lecoldesonT-shirtet lui

montra l’entaille sur sa peau.Bien sûr,Holiday avait vu le sang sur le vêtement et n’avait pas étécontente.Jusqu’àcequ’elletrouvequelquechosedanslamaisonpournettoyerlablessure.Lesyeuxdesamères’arrondirentcommedesbilles.–Est-cequetu…vas…bien?Bienétaituntermetellementvague,réalisaKylie.Ilétaitloind’exprimercequ’elleressentait.Mais

enmêmetempslesmotsluimanquaient.Elleavaitvusamèreàdeuxdoigtsdemourirétranglée.Elleavaitdûsebattrepoursauversapeau

avecuneépéelumineuse.Elleavaitregardésonravisseurtuersonproprepère.Elles’étaitlui-mêmefaittailladerparuneépée.Puiselleavaittuéunhomme.–Oui,opina-t-elle,çava.Elleinspiraettâchadesesouvenirenquelstermeselleavaitprévudeluidirelavérité.–Biensûrquetuvasbien.Puisquec’estunrêve.Kylie luiserraaffectueusement lamain.Danielavaitaffirméqu’ilessaieraitdes’introduiredans

lesrêvesdesamèrepourarrangertoutcela.Avait-ilréussi?–Maman,tesouviens-tum’avoirditquetupensaisqueDanielavaitquelquechosedemagique?–Oui,mais…–Ehbien,tuavaisraison.Ill’était.Etcelam’arenduemagique.Samèreserralesdrapsdulit.–J’aiégalementrêvédelui.Oh!monDieu!Çan’apasdesens!dit-elleensecouvrantlesyeuxde

sesmains.–Si,maisd’abordtudoism’écouter,maman.Elleattenditquelquesminutes.–Tutesouviensquandjepensaisquequelqu’unmesuivaitpartout?Tusais,quandtum’asenvoyé

voircepsy?Samèreopina,maisfaiblement,presquecommesielleallaitdenouveaus’évanouir.–Respire,maman.Ellepritunegrandegouléed’airetKyliepoursuivit:–Tutesouviensquandjetedisaisqu’ilportaituntreillis?Samèrehochadenouveaulatête.–Jecomprendsmaintenantquecelaadûtefaireflipper…Monpèreestmortàl’armée,c’estbien

ça?N’est-cepasunepartiedecequitebouleverse?–Iladitquetumeraconteraistoutcela.Quesepasse-t-il,Kylie?–Exactementcequepapat’adit,répondit-ellecalmement.Jesaisquecelaal’airfouetqueceque

tuasvécu…estdifficile,maistudoisessayerdelecroire.Les yeuxde samère, rivés derrière l’épaule deKylie, s’écarquillèrent brusquement.Le froid la

frappa à l’instant même où sa mère haletait et Kylie comprit que Daniel était apparu. Et vul’expressiondesamère,ellepouvaitlevoirelleaussi.–Respire,maman,répétaKylie.Elleeutleslarmesauxyeux,quandellevitlechagrinenvahirlevisagedesamèreencontemplant

l’hommequ’elleavaitaimésifort,ilyavaitsilongtemps.

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–Dansmonrêve…tu…Lavoixdesamèretremblait.– Je t’ai dit que tu me verrais. Daniel se rapprocha du bord du lit.Maintenant, je veux que tu

écoutestafille.Ellevat’expliquerleschosesmieuxquemoi.Jedoisyalleràprésent,maisrappelle-toicequej’aidit.Tutrouverasdenouveaul’amour.Neluttepascontrelui.Danielsepenchaetl’embrassadélicatementsurleslèvres.–Tuasétél’amourdemavie,déclara-t-il.DeslarmesemplirentdenouveaulesyeuxdesamèrequandDanielseretira.Iljetauncoupd’œilà

Kylieetdéposaundouxbaisersursajoue.DanielregardadenouveausamèreetdésignaKylie.–Onl’aplutôtréussie,n’est-cepas?Ellefitouidelatête.–Jeseraitoujourslàquandtuaurasbesoindemoi.Ildisparut,etKylieessuyaleslarmessurses

joues.–J’aifaitunrêve,ilm’aditqu’ilveilleraittoutletempssurnous.–C’estvrai,maman.Jen’aicommencéàlevoirquerécemment,maisilsavaitdestasdechoses

surmavie.Kylie se faufila à côté d’elle dans le lit, la serra très fort, et elles pleurèrent. Elles pleurèrent

quelqu’un qui était mort des années auparavant, mais qui leur manquerait toujours. Puis elle luiexpliqua queShadowFalls était destiné aux ados surnaturels, lui parla deMario etRoberto, et luiraconta que John était en réalité le fils de Mario. D’un ton doux, elle lui avoua qu’ils étaientmagiques,maisqu’enfaitMarioetJohnl’avaientéténégativement.Samèrehaleta.–JeviensdemesouvenirqueJohnatuéquelqu’un!Unhomme?Oùsontlesflics?–C’étaitMario.EtBurnetts’enestoccupé.ElleagrippalamaindeKylie.–Burnett?Detonécole?Kylieopinaetconstataquesamèreavaitencorearrêtéderespirer.–Respire,maman.–CeBurnettestmagique,luiaussi?s’enquit-elleenreprenantsonsouffle.–Oui.Kylie décida d’attendre pour expliquer cette histoire d’espèces différentes à samère. Vampires,

loups-garousetlesautres…toutcelapourraitbienluifairepeur.CelaavaitétélecaspourKylie,entoutcasjusqu’àcequ’elledevienneamieavecl’uneettombeamoureusedel’autre.Sa mère ferma les yeux comme si elle essayait d’oublier quelque chose… ou peut-être de se

souvenir.–Ensuite,unloupestentré,ettuastué…John.OhmonDieu,mapuce,ilfallaitquetuletues!Que

va dire la police ?Elle s’assit un peu plus droite.Nous lui dirons que c’étaitmoi.M’entends-tu ?C’étaitmoi,pastoi!LecœurdeKylieseserrafaceàl’empressementdesamèredes’attribuerlemeurtre.Comment,se

demanda-t-elle,avait-ellepudouterdesonamourpourelle?–Iln’yaurapasdepolice.BurnetttravaillepouruneorganisationcommeleFBI.Ils’occupedeça

pournous.Cequiveutdirequenousnedevronsenparleràpersonne.Samèreacquiesçaetsepenchaverselle.–MaisKylie,commentBurnettva-t-ilexpliquerlescadavres?OnsauraquejesortaisavecJohn!–Ilsechargeaussideça.

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Elleretombasursesoreillers.–Ilmefaudrabeaucoupdetempspourycroire.–Jesais,ditKylie,c’étaitpareilpourmoi.

Lelundimatinsuivant,jourdelafêteduTravail,Kylieselevatôtetpréparalepetit-déjeunerpoursamère.Elleétaitrestéeavecelleetdutluirappelerfréquemmentderespirer.Ellesdormirentdanslemêmelit.Parlèrentlesoir,tardaprèsminuit.Samèrelamatraquadequestions.Certainesnécessitaientdesréponsesdifficiles.Elleluiparlade

toutescesespècesdifférentes.Vampiresetloups-garousfurentlesplusdifficiles,àcausedelapeurinstinctive liée à tout le folklore qui les entourait.Kylie lui expliqua qu’elle était un caméléon, etdécidad’attendreencoreunpeupourajouterqu’elleavaitenréalitéunpeudetouteslesespècesenelle.Pendantleweek-end,elleavaitaussiparléàDellaetMiranda.Dellaétatfurieusequesonamieait

encoredisparu,alorsqu’elleétaitcenséelasurveiller.–Çavacommenceràcraindrepourmoi,fitDella.Kylie luipromitdeparleràBurnett etd’endosser toute la responsabilité.Miranda lui rappela sa

promessedenejamaispartir,etKylieluiassuraqu’ellereviendrait.Cejourétaitlegrandjour:lemariagedeHolidayetBurnett.Samèreetellearriveraienttôtpour

lesaideràtoutinstaller.LucasavaitappeléKylietroisfois.Ilséjournaitchezsononcledepuislapleinelune.L’enterrement

était une épreuve de plusieurs jours pour les loups-garous. Et la veille du mariage, il avait sonrendez-vousavecleConseil,commeprévu.Elleluiavaitproposédel’accompagner,maisilluiavaitassuréqu’ildevaitsedébrouillertoutseul.Kyliepriapourqu’ilsl’acceptent.Maiscelanechangeraitrienentreeux.Commel’avaitaffirmésagrand-mère,chacunfaisaitpartie

de la quête de l’autre, des quêtes qui étaient en cours depuis qu’ils s’étaient rencontrés longtempsauparavant.Certaineschosesdevaientsefaire,toutsimplement.KylieespéraitquecequeDanielavaitassuréàsamère–qu’elle rencontreraitunautreamour–

étaitvrai.C’étaittriste,maiselleavaitlesentimentqueceneseraitpassonbeau-père.Elleavaitmêmeparlé à Tom Galen, ce matin-là – ils avaient passé vingt minutes à faire des projets pour leursprochaines vacances d’été. Avant qu’ils ne raccrochent, elle lui dit qu’elle l’aimait, et elle étaitsincère.ElleavaitbeausavoirqueDaniel resterait toutprèsd’elleenangegardiende lamort, sonbeau-père occupait sa propre place dans son cœur et l’occuperait toujours. Elle savait queDanielauraitvouluqu’ilensoitainsi.Kylieallasortirlesœufsduréfrigérateur.Delavapeurs’élevadelaboîteencarton,bizarrement.–Devinequoi?Ellereconnutlavoixdel’esprit.–Quoi?–Ilsnem’envoientpasenenfer.Kylieregardal’espritassissurleplandetravail,etsourit.Elleportaitunejolierobesansentailles,

sanstachesdesang,etnetenaitpasd’épée.–Tuvasauparadis?–Non, enfin pas encore. Ils me donnent une seconde chance. Tu sais, travailler pour eux pour

racheter tousmesméfaits.Ensuite,si j’engagneledroit, jepourraiyaller.Jeseraiavecmonpetitgarçon.Ellerayonnait.Kylieluisourit.

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–J’aimelessecondeschances.–Sais-tupourquoiilsmedonnentcettesecondechance?Parcequej’aimaismonfils.Kylie se souvint queMario avait appelé cela une « faiblesse », et pourtant c’était cette faiblesse

mêmequil’avaitperdu.–C’estunsentimentpuissant,déclaraKylie.Etellesongeaàtoutl’amourqu’elleavaitconnudanssavie.Safamille.Sesamis.Lucas.–Ilfautquej’yaille,lançal’esprit.Sonimagedisparut.–Raviedet’avoirconnue,lançaKylie.–Moiaussi.Lavoixdisparutaveclesrelentsdefroid.Kylieseremitàlapréparationdupetit-déjeunerquandsa

mèreentradanslacuisine.–Àquiétais-tuentraindeparler?Kyliesedemandasielledevaitluidirelavérité,etdécidaquenon.–Letéléphoneasonnétoutelamatinée.–Quit’aappelée?demandasamèreenallantseservirunetassedecafé.–Papa,LucasetSara.Lesyeuxdesamères’écarquillèrent.–Tonpère?–Tom,clarifiaKylie.–Jevoismaltonpèreseservird’untéléphonepourtecontacter.Kyliesefenditd’ungrandsourire.–Moiaussi.–CeLucas…compte-t-ilpourtoi?demanda-t-elleenajoutantdulaitenpoudredanssoncafé.–Beaucoup.Jel’aime.Samèreouvritdegrandsyeux.–Est-cequevousavez…tusais?Ellen’arrivaitpasdire«couchéensemble».–Pasencore,réponditlajeunefille.Maisçanesauraittarder.–Tudevraisvoirunmédecinpour…–Qu’ilmeprescrivelapilule,finitKylieàsaplace.Ellehochalatête.–Jevaislefaire,luiassura-t-elle.Samèrerepritsonsouffle,commesilaconversationavaitétédouloureuse,puiselledemanda:–Sarapasseratevoiravantquetunerepartes?–Non,elleestàlaNouvelle-Orléanspouruneréuniondefamille.C’estpourçaqu’elleaappelé,

pourmeledire.Etpourmeraconterquesestantesl’étouffaientavecleursgrosseins.Samèregloussa,puissonexpressionchangea.Ellesecontentadesirotersoncafé,etdeleremuer

encoreetencore.Lecliquetisdelacuillèrecontrelatassesemblaitleseulbruitdelapièce.Ellefinitparleverlesyeux,lefrontplisséd’inquiétude.–Quandj’aiemmenéSarapourvenirtevoir,ellem’aracontéquetul’avaissoignée.Tunel’aspas

vraimentfait…si?–Si.Elles’activaàpréparerlestartinesetfitcommesicen’étaitpassiimportant.–Ya-t-ilautrechosequetusachesfaire?demandasamèreenretenantsonsouffle.

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–Etsij’engardaisunpeupourplustard?proposaKylie.Samèrepoussaunprofondsoupir,quiressemblaitbeaucoupàdusoulagement.–Bonneidée.

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KyliegardasontéléphoneàlamainenrentrantàShadowFalls,elleattendaituncoupdefilouuntextodeLucas.Avait-ilintégréleConseil?Sicen’étaitpaslecas,ladétestait-ildéjà?Oh,biensûr,ilavait soutenu que cela ne changerait rien entre eux, mais elle avait conscience que cela comptaitbeaucouppourlui.Ilétaitprèsde troisheurescetaprès-midi-làquand ils segarèrentdevant lapancarte«Lycéede

Shadow Falls ». Holiday et Burnett accueillirent Kylie et sa mère au portail. On s’étreignit, ons’enlaça,mêmesamèreselaissaallerauxembrassades.Maisaumomentd’enfranchirleseuil,elles’arrêta.–Quelquechosenevapas?demandaBurnett.– Juste un peu nerveuse, répondit sa mère. Je ne suis pas sûre d’être prête à rencontrer des

vampiresoudesloups-garous.Burnettjetauncoupd’œilàKylie,quihaussalesépaules,l’airdedireonverrabien.Ilreposalesyeuxsursamèreetsourit.–Nevousinquiétezpas,ilssontloind’êtreaussiintimidantsquevousnelepensez.–Yenavait-illorsdesjournéesdesparents?demanda-t-elle,hésitante.–Quelques-uns.Kylierouladesyeuxenréalisantqu’elle luiferaitvivreunenferquandelleapprendraitquiétait

vraimentBurnett.–Alors,paroùcommençons-nous?demanda samèreàHoliday, commesi ellevoulaitoublier

toutecettehistoiredesurnaturel.C’estvrai,quoi,noussommesicipouraideràmenercemariageàbien.Holiday les accompagna jusqu’à l’endroit où devait avoir lieu la cérémonie. Plusieurs élèves

installaientdéjàleschaises.DèsqueKyliefutsûrequesamèrenepouvaitpasl’entendre,elledemandaàHoliday:

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–As-tudesnouvellesdeLucas?–Non,ilaappelépourdirequesonrendez-vousavecleConseilavaitétéunpeuretardé.Ilseralà

dansuneheure,maisilnepeutpasarriverenretard,c’estl’undestémoinsdeBurnett.Pourlapremièrefois,lesyeuxdeHolidayseplissèrentd’inquiétude.Ellepassalamainderrière

sonépauleettressasescheveux.Puisellehoqueta.–Ettamère,commentva-t-elle?KylielavitentraindebavarderavecChrissanssedouterlemoinsdumondequ’elleparlaitàun

vampire.–Mieuxquejenelepense.Biensûr,quandellesauraqu’elleadéjàdiscutéavecdeuxvampires,

ellevapéteruncâble!Holidaysefenditd’ungrandsourire,puisrepritsonsérieux.–Ettoi,commentvas-tu?–Pastropmalnonplus,dit-elleensouriant.MaisçairamieuxquandjeverraiLucas.–OùsontDellaetMiranda?–Ellessontpartiesenvillechercherlegâteauetlesfleurspourlaréception.Siellessedisputentet

fonttomberlegâteau,jecroisquejevaispleurer.C’estvrai, jen’aijamaisvudeuxfillesaimersedisputeràcepoint!–Exact,maiselless’aimentsincèrement.Assezparlédesautres!Tunedevraispasêtreentrainde

tedétendredansunebaignoireavantlegrandévénement?Holidaysourit.–Crois-leoupas,mais cettehistoire avec tamèrea étéunebénédiction. Jeme suis faitplusde

soucipourvousdeuxquepourmonmariage.L’heuresuivantefilaàtouteallure,alorsqueKylieetsamèrefinissaientd’installerdeschaiseset

d’aideràdécorerlacantinepourlafête.KylieavaitcraquéetenvoyéuntextoàLucas,maiscelui-cin’avaitpasrépondu.Ellen’avaitpasvunonplussesdeuxcolocsetlemanquecommençaitàsefairesentir.D’unseulcoup,elleentenditdescrisperçants.Familiers.CeuxdeDellaetMiranda.Ellepritsesdeuxmeilleuresamiesdanssesbrasetcelasetransformaenétreintedegroupe.–Vousai-jeditcombienjevousaimais?demanda-t-elle.–Oui,acquiesçaDella.Etlaseuleraisonpourlaquellej’acceptequetusoiscucul,c’estparceque

j’aientendudirequetuavaisassurécommeunebêtel’autrenuit!–Assurécommeuncaméléon,oui!

Kylie,samère,DellaetMirandaallèrentsechangerdansleurbungalow.Elleavaitadorépartagersamèreavecsesamies.Ouaurait adorésiellen’avaitpaspenséqu’àLucas.Oùétait-il ?Lapeurqu’iln’aitpasréussi,etqueducoupilneveuillepluslavoir,envahitsoncœur.Ellesortitdelasalledebainsoùlesfillessemaquillaientpourconsultersonportable.– Tu sais qu’un téléphone que l’on regarde tout le temps ne sonne jamais, l’avertitDella après

l’avoirsuiviedehors.Kylielevalesyeux.–Jesuisjuste…–Inquiète,jesais.Maismoninstinctmeditqu’ilvabien.Kylieregardasacopinevamp.–Depuisquandes-tupositive?–Depuisquel’onm’aobligéeàpartagermonbungalowavecunefichueoptimiste!

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Kylieritetlaserradanssesbras.Quelquesminutesplustard,ellessortirenttoutespimpantes.Ellesavaient prévenu Holiday qu’elles arriveraient avec une demi-heure d’avance pour l’aider à toutinstaller.Kylie avait failli lui envoyerun textopour luidemander si elle avait eudesnouvellesdeLucas,maisrenonçaàl’embêterlejourdesonmariage.Toutes les quatre venaient de prendre le dernier virage, lorsque Kylie le vit. Il se dirigeait

lentementverselles.Sesyeuxbleus,mystérieuxetavides,étaientrivéssurelle.Visiblementhabillépour le mariage, il portait une veste marine et une chemise blanche. Il était craquant. Kylie restaimmobilejusqu’àcequesamèreluimurmure:–Respire,Kylie.C’esttonLucas,pasvrai?J’espèrebienquec’estlemien,oui!Ils’arrêtadevantelle.–MamantutesouviensdeLucas,n’est-cepas?demandaKyliesanslequitterdesyeux.–Etsinousleslaissionsseulsquelquesminutes,cesdeux-là?proposaMiranda.LamamandeKylieeutl’airnerveuse.–Biensûr…Dumomentquejenemeretrouvepasentouréedevampiresoudeloups-garous…Dellatoussapournepasrire.–Nevousinquiétezpas,ditLucas,jevaislaprotéger.Etilleferait,oui,songeaKylie.Ill’avaitprotégée.Illuiavaitsauvélavie.–Enfait,jemefaisaisdusoucipourmoi,précisasamère.Kylieestamieaveceux.Etjesuissûre

quejefiniraisbienparm’yhabituer,maiscetteidéemefaittoutdemêmeflipper.–Jecomprends,ditLucas.Alorsquelesfilless’éloignaient,Kylieentenditsamèredemander:–Est-cequ’ilsnesortentquelanuit?KylieregardaLucasenroulantdesyeux,etsepenchaverslui.–Jenesaispastropcommentellelesimagine!–Net’inquiètepas.Elles’yfera.Safilles’yestbienfaite.Kylieeutunsourirejusqu’auxoreilles.–Pourquoitun’aspasréponduàmestextos?J’étaismorted’inquiétude.–J’avaisdûcoupermontéléphoneetquandjesuissorti,ilétaittroptardetjevoulaistel’annoncer

enpersonne.–TuasintégréleConseil?Sesyeuxbleuss’illuminèrent.–Oui.Ilregardaderrièresonépaule,commepours’assurerquesamèrenelesvoyaitpas.Puisill’attira

contrelui.Etl’embrassa.Undouxbaiser.–J’aiquelquechosepourtoi,dit-il,seslèvressoufflantcesmotscontrelessiennes.Ilpassalamaindanslapochedesaveste,d’oùilsortitunebagueenorsertied’ungrosdiamant.

Magnifique,enformedelarme,etquiressemblaitàunebaguedefiançailles.Kylieeneutlesoufflecoupé.–Elleappartenaitàmagrand-mère.Danssalettre,elleaécritqu’elleétaitpourtoi.Etavantquetu

ne temettes àpaniquer, laisse-moi tepréciserque je saisquenous sommes trop jeunespournousfiancer.C’estpourcetteraisonquejet’aiaussiapportécela.Ilsortitunechaîneenor.Jeveuxquetulagardesautourducou.Appelonsçaunepromesse,unepromessequ’unjourjeglisseraiàtondoigt.L’émotionlasubmergea.–Tun’espasobligédemedonnerquoiquecesoit,pourquejetefassecettepromesse.

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–Peut-être, dit-il englissant labague sur la chaîne,qu’il refermaautourde soncou.Mais c’estjusteunpetitrappelpourtouslesDerekdumonde:tuesprise.Ellesehissasurlapointedespiedsetl’embrassaencore.Cettefois,ill’entraînadanslesfourréset

leur baiser rempli de promesses se fit plus intense.De promesses d’autres baisers…De plus, toutsimplement.Elleglissalamainàl’intérieurdesavesteetcaressasontorsetiède.Sonronronnementfitvibrertoutsoncorpsetellebrûlad’enviedes’abandonneràlatentation.Elleétaitàdeuxdoigtsdesortirunpandechemisedesonpantalonetdetouchersondosnu.Ilrecula,àboutdesouffle.–Jeferaismieuxd’alleraumariage.Sinon,onn’yserajamaisàl’heure!–Sijen’étaispaslademoiselled’honneur,jeteprendraisbienaumot.Ellehaussaunsourciltaquin.–Lasemaineprochaine,jevaisàDallasréglerlasuccessiondemagrand-mère.Crois-tuque…tu

pourraism’accompagner?Onsetrouveraitunpetithôtel.LecœurdeKyliebattitlachamade,sachantcequ’illuidemandait,etellen’hésitapas.–J’adorerais.Soudain,Burnettapparut.Ilavaitl’airpréoccupé.–LesBrightensontici,annonça-t-il.–Pourlemariage?demandaKylie.–Non, ils n’étaient pas au courant, ils sont juste passés en espérant te voir. Il se renfrogna. Et

histoire de compliquer les choses, ton grand-père et ta grand-tante sont là eux aussi. Je peux lesrenvoyerchezeux,ouleurdemanderderester.Àtoidevoir.Kylieregardasamèrequidiscutaitaveclesautresinvités.–Non,jecroisquec’estl’heure.

Unedemi-heureplustard,Kylie,dansl’entrée,attendaitl’arrivéedeHoliday.Lucas,del’autrecôtédurang,lacaressaitduregard.Ellesavaitqu’ilpensaitàlasemainesuivante.

Etcommentnepasypenser?ÀcôtédeLucas,Burnettnetenaitpasenplace.Ellenel’avaitjamaisvucommeça.Onauraitditun

enfantquiavaitenvied’allerauxtoilettes.Lorsque Kylie l’avait taquiné un peu plus tôt en lui disant qu’il avait l’air nerveux, il lui avait

rétorqué : «Oh ! que oui ! Je suismort de trouille à l’idée qu’elle se rende compte qu’elle peuttrouvermieuxquemoi!»Lamusiquecommença.Kylieregardalafoule.SamèreétaitassiseàcôtédesBrighten.Elleavait

éténerveuseàl’idéedelesrencontrer,maisKylieluiavaitassuréqu’ilsl’aimeraientbien.Plusloin,ilyavaitsongrand-pèreetsagrand-tanteFrancyne.Kylieleuravaitégalementprésentésamère.Etquelques minutes plus tard, elle présenta les Brighten à Malcolm Summers et à sa grand-tante.Commeellenepouvaitpasleurpréciserqu’ilsétaientlevraipèreetlavraietantedeDaniel,ellelesfitpasserpourdesamisdelafamille.Cefutbizarre,l’espaced’uneseconde,maisensuitesongrand-père serra lamain deM. Brighten et leur dit que c’était un grand plaisir de les rencontrer. Kyliedevinaque sonvraigrand-pèreétait reconnaissantenvers lesBrightenpour l’amourqu’ils avaientdonnéàsonfils.ToutlemondedanscetterangéeregardaKylieensouriant.Étrangement,onauraitditunegrande

familleheureuse.Etilsétaientsafamille.Kylien’avaitjamaisétéaussifière.Ettoutaufondd’elle,elleentenditlavoixdesonpèrequidisait:«Parfait.»

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Derrièreeux,KylievitMirandaassiseàcôtédePerry.Elleauraitmissamainaufeuquecesdeux-làplanifiaientdéjàleurpropremariage.EtDella,àcôtédeMiranda,fixaitlarangéedechaisessursagauche.Matait-elleSteve?Voudrait-ellede luiun jour?Pendantun temps,Dellaavait légèrementcraquépourlui,puiss’étaitremiseàl’éconduire.Hayden,assisàcôtédeJenny,souritàKylie.ÀdroitedeJenny,ilyavaitDerek.Elleremarquabien

son épaule collée à la sienne. Il se passait quelque chose d’exceptionnel entre ces deux-là et ils leméritaientbien.Toutaufond,audernierrang,Frederickaétaitencompagniedunouvelenseignant.Ellen’avaitpas

entenduHolidaydirequeFrederickaavaitdemandélapermissiondelefréquenter,maiselleavaitlesentimentqu’ils’étaitpasséquelquechoseetquecelaavaitétéauprofitdecelle-ci.Il y avait de l’amour dans l’air. D’un seul coup, Holiday descendit l’allée entre les chaises au

rythme de laMarche nuptiale. Burnett, hypnotisé, fixait sa future femme. Holiday, dans toute sasplendeurdefée,étaitmagnifique.Sesyeuxvertsétincelaient.Sapeaubrillait.Sans savoir pourquoi, Kylie se souvint du jour où son beau-père était parti. Elle avait cru que

c’étaitlepiredesavie,avaitsentiquetoutchangeaitdanssonmonde,etquerienneseraitplusjamaispareil.Etelleavaiteuraisonsurunpoint:toutavaitchangé.Tout.Certaineschosesavaientétédifficilesàgérer,maispourlaplupart…waouh!Elle toucha la bague autour de son cou et regarda Lucas qui lui souriait. Il articula

silencieusement:«Jet’aime.»Kylieluimurmuralamêmechoseetneputs’empêcherdesedirequecejourétaitleplusbeaude

savie.

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Remerciements

ÀRoseHilliard,monéditrice,quim’aentraînéedanslalittératurepourjeunesadultesetm’aaidéeàréalisercerêvefantastiqueet incroyable.Tues tropforte!ÀKimLionetti,monagent,quiafaitempruntermillecheminsetviragesextraordinairesàmacarrière!Cefutunsacrévoyageetj’aihâtedeconnaîtrenotreprochainedestination!ÀSteveCraig,monmarichéri,àl’originedetoutlorsqu’iladéclaré:«Situveuxêtreauteur,alorsvas-y,fonce!»Etmerciàluides’occuperdelacuisineetdes lessives ! (Au fait, les soutiens-gorge ne passent pas au sèche-linge !) À Kathleen Adey etShawnna Perigo, pour leur aide dans tout ce qui concerne l’écriture. Vous deux, vousme donnezl’impressiond’êtretrèsdouées,merci!Àmesfans:cese-mailsquevousm’envoyez,cescommentairesquevouspostezsurFacebook,et

touscestweets,toutcelametmonâmed’auteurenjoie.Vousêtesmoninspiration.Unimmensemercià tous lesparentsqui achètentmes livrespourque leurs adospuissent seperdredansmonmondefictifet,surtout,auxmamansetpapasquilesaccompagnentauxséancesdedédicacesetprennentletempsdemeconfiercombienleursenfantsaimentmeslivres.Àtouslesadultesquiosentavouer :«Jenesuispasunjeuneadulte,maisj’adorevotresérie.»Etenfin,jenevoudraissurtoutpasoubliercesauteursàladéterminationinébranlablequiveulentsefaireuneplacedanslemondedel’édition:pour avoir essuyé des milliers de refus, croyez-moi quand je vous dis de ne jamais, JAMAIS,abandonnervotrerêve.

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Déjàparus

Nésàminuit,tome1:AttirancesNésàminuit,tome2:SoupçonsNésàminuit,tome3:Illusions

Nésàminuit,tome4:Frémissements

TitreoriginalShadowFalls,ChosenatNightfall©ChristieCraigHunter,2013

Tousdroitsdetraduction,d’adaptationetdereproductionréservéspourtouspays.

PremièrepublicationenlangueoriginaleparSt.Martin’sPress,2013.PubliéenaccordavecSt.Martin’sPress,LLC.

©ÉditionsMichelLafon,2014,pourlatraductionfrançaise

118,avenueAchille-PerettiCS70024–92521Neuilly-sur-SeineCedex

www.lire-en-serie.com

Photographiesdecouverture:Fille:©SusanPittard—Mouettes:©nagib/Shutterstock—Arbres:©SiriStafford/Gettyimages—Jetée:©AVTG/Gettyimages

ISBN:978-2-7499-2246-1

Cetteœuvreestprotégéeparledroitd’auteuretstrictementréservéeàl’usageprivéduclient.Toutereproductionoudiffusionauprofitdetiers,àtitregratuitouonéreux,detoutoupartiedecetteœuvre,eststrictementinterditeetconstitueunecontrefaçonprévueparlesarticlesL335-2etsuivantsduCodedelaPropriétéIntellectuelle.L’éditeurseréserveledroitdepoursuivretouteatteinteàsesdroitsdepropriétéintellectuelledevantlesjuridictionscivilesoupénales