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DÉCEMBRE 2006/3 Recherche et innovation en Bretagne n° 238 À travers champs, le long du littoral La biodiversité en question La cartographie littorale de demain Innovation, les projets ne manquent pas en Bretagne ! Changement de climat : les insectes cherchent à survivre

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Page 1: À travers champs, le long du littoral La biodiversité en ... · nels de l’agriculture, du tourisme et de la pêche se réunissent en effet tous les ans dans le cadre du programme

DÉCEMBRE 2006/3€

R e c h e r c h e e t i n n o v a t i o n e n B r e t a g n e n°238

À travers champs,le long du littoralLa biodiversitéen question

La cartographie littorale de demain

Innovation, les projets nemanquent pas en Bretagne !

Changement de climat : lesinsectes cherchent à survivre

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sommaire

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éditorial

Sciences Ouest est rédigé et édité par l’Espace des sciences, Centre de culture scientifique technique et industrielle (Association)■ Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes - [email protected] - www.espace-sciences.org - Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41 ■ Président de l’Espace des sciences : Paul Trehen. Directeur de la publication : Michel Cabaret. Rédactrice en chef : Nathalie Blanc. Rédaction : Christophe Blanchard, Nicolas Guillas, Nicolas Longépé, Nathalie Thieriet. Comité de lecture : Louis Bertel (télécommunications), Gilbert Blanchard(biotechnologies-environnement), Philippe Blanchet (sciences humaines et sociales), Jean-Claude Bodéré (géographie), Bernard Boudic (information et communication), DanielBoujard (génétique-biologie), Michel Branchard (génétique-biologie), Alain Hillion (télécommunications), Jacques Lenfant (informatique), Gérard Maisse (agronomie), ChristianWillaime (physique-chimie-matériaux). Abonnements : Marion Romain, tél. 02 23 40 66 40, [email protected]. Publicité : AD Media - Alain Diard, tél. 02 99 67 76 67, [email protected] ■ Sciences Ouest est publié grâce au soutien de la Région Bretagne,des départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine ■ Édition : Espace des sciences. Réalisation : Pierrick Bertôt création graphique, 35510 Cesson-Sévigné. Impression : TPI, 35830 Betton. Tirage du n°238 : 6000 ex. Dépôt légal n°650 ISSN 1623-7110

MICHEL CABARET,directeur de l’Espace des sciences

La biodiversitéen BretagneLe statut de péninsule de la Bretagne

fait qu’elle bénéficie d’une grandepanoplie de milieux maritimes, littorauxet d’espaces intérieurs remarquables. Ce patrimoine naturel riche et diversifiéconstitue un facteur d’attractivité et dedéveloppement. La biodiversité estaujourd’hui affectée par le réchauffementde la planète et par l’intensification del’activité humaine. Quelle est lacontribution des scientifiques bretonsà l’état des connaissances surl’environnement ? Quels sontles enseignements qui peuvent êtreapportés afin de mieux gérer durablement notre environnement ? C’est avec grand plaisir que nousconsacrons ce dossier à la valorisationdes débats qui ont eu lieu en octobredernier lors du dixième anniversaire des entretiens Science et éthique deBrest, sur la biodiversité du littoral, ainsique des travaux qui seront présentéspendant les rencontres régionalesCNRS Jeunes “Sciences et citoyens”, en mai prochain, sur la biodiversité etl’évolution des paysages. Je souhaitesouligner ici la qualité des travaux menéspar les chercheurs du CNRS, de l’Inra, des universités, au sein du Caren(1) et del’IUEM(2), qui nous permettent de porter un regard nouveau sur ces questions.

Avec la nouvelle exposition, l’Espace des sciences aborde une autre dimensionessentielle à la vie : “L’eau pour tous”nous convie à une promenade où il seranotamment question de la préservation et du partage des ressources en eau de la planète.

Bonne lecture. ■

(1) Caren : Centre armoricain de recherches en environnement.(2) IUEM : Institut universitaire européen de la mer.

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3238/DÉCEMBRE 2006Toutes les archives de Sciences Ouest sur Internet en accès gratuit ➜ www.espace-sciences.org

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En bref....................................................................................................................... 4/5EntrepriseDeux lauréats rennais du concours Oséo Anvar témoignent...................... 6L’invité du moisJacques van Alphen, spécialiste de la lutte biologique ................................ 7LaboratoireDétection et analyse de la neige par satellite .................................................. 8DossierLa biodiversité à travers champs........................................................................... 9Deux rencontres bretonnes sur la biodiversité .................................... 10/11La biodiversité littorale à Brest.................................................................. 12/13Pleine-Fougères, un site d’étude pilote.................................................. 14/15La biodiversité vue par le droit et la sociologie .................................. 16/17Pour en savoir plus ........................................................................................ 16/17Comment ça marche ?La biodiversité. Du gène à l’écosystème ........................................................ 18L’actualité de l’Espace des sciences ................................................................ 19Agenda .............................................................................................................. 20/21

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4 238/DÉCEMBRE 2006

(1) Voir Sciences Ouest n°237 - novembre 2006. (2) La LPO (Ligue de protection des oiseaux), le Ciele (Centre d’information sur l’énergie et l’environnement), Bretagne Vivante et Eaux et rivières de Bretagne. (3) Sage : Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau.

■ Les échos de l’Ouest

■ Les actus de Bretagne Environnement■ Rendez-vous sur Internet pour mieux connaître les solsbretons ■ Les zones côtières de demain ■ Bassins versants :cinq nouveaux Sage(3) en Bretagne ■ Conférence de l’eau : laBretagne face aux enjeux européens et mondiaux

➜ www.bretagne-environnement. org/quoideneuf/en_bref/

■ Du côté d’InternetLes sciences de la Terre sur le Web■ Après la physique et la chimie, c’est au tour dessciences de la Terre de faire l’objet d’un nouveau site Web destiné aux lycéens et à leurs enseignants. Il met en scène les notions clés des programmes del’enseignement secondaire, regroupées en sept chapitres (astronomie, sismologie etgéochimie, géodynamique interne, géochronologie, géodynamique externe,paléoclimatologie, géologie et biologie), tout en conduisant l’internaute vers leslaboratoires de recherche qui “font” les sciences de la Terre d’aujourd’hui. Dernier-néde la collection Les sciences au lycée, publiée par CNRS Images.➜ www.cnrs.fr/cnrs-images/sciencesdelaterreaulycee/

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Marées vertes : une année2006 atypique■ La réunion de suivi

des marées vertes, des actions deprévention et de traitement a eu lieu le15 novembre dernier. Partenaires finan-ciers, porteurs de projets, profession-nels de l’agriculture, du tourisme etde la pêche se réunissent en effet tousles ans dans le cadre du programmeProlittoral (programme régional etinterdépartemental de lutte contre les marées vertes en Bretagne), lancé en 2002. L’année 2006 est atypique :moins d’algues que les années précé-dentes et certains secteurs indemnes.Le début d’un déclin définitif ?Rens.➜ Sylvain Ballu, tél. 02 96 22 93 50.

Le Catel s’internationalise■ Le Club des acteurs de télémédecine(Catel), basé à Vannes et dirigé par Pierre Traineau, est depuis le 12 octobredernier, le représentant de la France au sein de la Société internationale detélémédecine : ISfTeH. Cette dernière est une organisation dont les membres,des sociétés, fédérations, associations,

institutions, industriels..., ont pour butde promouvoir la télémédecine et lestéléservices relatifs à la santé. Créé en 2000, le Catel compte aujourd’hui300 membres et relais, dont la moitié en Bretagne et Pays de la Loire. Sesmissions sont l’organisation de lieuxd’échanges et d’expériences, la diffusiond’informations et l’accompagnement deprojets de télésanté, comme le suivi de lamise en place de technologies permet-tant l’hospitalisation à domicile(1).Rens.➜ Catel, [email protected]

Accord entre technopôles

■ Les Technopôles de Brest Iroise etde Quimper Cornouaille ont signé unaccord de partenariat le 22 novembredernier. Cette convention a pour butde renforcer et d’unifier leurs actions :développement de pôles de compé-tences, accompagnement au montage

de projets ou d’entreprises, promotionet animation scientifique. Des moyenscomplémentaires ont par ailleurs étémis à disposition par le Conseil généraldu Finistère pour inclure le Pays deMorlaix, permettant ainsi à ce dernier debénéficier de ces services, sans pourautant créer une troisième technopoledans le département.Rens.➜ www.tech-brest-iroise.fret www.tech-quimper.fr

“Illéco, j’agis pour ma planète”

■ Sensibiliserles collégiens àla préservationde l’environ-nement et au

développement durable, tel est le but duCD-Rom “Illéco, j’agis pour ma planète”,lancé en novembre dernier par le Conseilgénéral d’Ille-et-Vilaine. Diminuer saconsommation d’eau, générer le moinsde déchets possible, des scénarios ludi-ques mettent le collégien en situation. Lecontenu a été réalisé par l’observatoirede l’environnement du Conseil général,en lien avec la communauté éducative etquatre associations compétentes dansla pédagogie de l’environnement(2).Conçu pour une utilisation en classe, oude façon autonome, le CD-Rom peut êtredistribué dans tous les établissementsqui en font la demande. Il sera égale-ment accessible sur le site Internet duConseil général d’Ille-et-Vilaine.Rens.➜ Carmen Toxé, tél. 02 99 02 35 95,[email protected], www.ille-et-vilaine.fr

Un an pour le portailde l’innovation■ 100 000 visites enregistrées,400 000 pages vues et plus de 600 contacts noués, tel est le bilan, dutrafic et des échanges engendrés par le portail de l’innovation en Bretagne,après une première année d’existence.Créé pour faciliter les démarches desPME bretonnes en leur proposant unpoint d’entrée vers l’ensemble des infor-mations sur l’innovation dans la région,ce portail a été initié par Bretagne Inno-vation et financé par le Conseil régional,ainsi que par des fonds européens(Feder). Rens.➜ www.bretagne-innovation.fr

L’innovation à l’ENS Cachan■ L’antenne bretonne de l’ENS Cachan(campus de Ker Lann) vient de signer unaccord de partenariat avec le cabinetScientific Facilitors, dont la mission estd’assister les créateurs dans toutes lesétapes du développement de leur inno-vation. L’ENS Cachan dispose d’uncentre de prototypage rapide, équipé demoyens de conception, de réalisation etde contrôle qui permet de répondre àdes exigences de développementrapide de produits. Scientific Facilitorsavait pris contact avec l’école en 2005,pour aider un inventeur de semellesde chaussure interchangeables ! Deuxautres projets ont été portés en 2006 etquatre sont prévus pour 2007. La signa-ture de la convention, le 23 novembredernier, officialise la collaboration entreles deux partenaires.Rens.➜ Yann Macé, tél. 02 99 05 52 77.

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(4) Lire l’article “Nutrialys soutenue par Valorial” dans le n° 226 de Sciences Ouest - novembre 2005. (5) Lire l’article “Claude Berrou, ses turbocodes ont boosté la transmission numérique” dans Sciences Ouest n° 230 - mars 2006. (6) www.cvc.u-psud.fr

■ Du côté des entreprises

Recherche : les allocationsde Rennes Métropole■ Depuis 2001, Rennes Métropole

délivre des allocationsscientifiques à desjeunes chercheurs,

destinées à financer l’acquisition dematériel (40 000 € pour les sciencesdures, 10 000 € pour les scienceshumaines). Suite à un appel à candi-datures lancé par voie d’affichage en janvier 2006, 45 dossiers ont étédéposés et 9 chercheurs distingués :Alexandra Viel (physique des atomes),Roland Leborgne (génétique et dévelop-pement), Emmanuel Guicide (biologiestructurale), Valérie Marchi-Arztner (ingé-nierie chimique), Olivier Cador (chimie),Rozenn Piron (physique optique),Samuel Corgne (géographie télédétec-tion), Sandrine Depeau (sociologie),Virginie Bonaillie-Noël (mathématiques).Rens.➜ www.rennes-metropole.fr

L’Ifremer signe des collaborations

■ Le 20 novembre,l’Ifremer a signé unenouvelle convention

de collaboration avec Nausicaa, leCentre national de la mer à Boulogne-sur-Mer. Établi pour cinq ans, cet accordréaffirme leur volonté de coopérer pourune gestion durable des océans et plusprécisément dans les domaines de laconnaissance générale du milieu marin,de l’environnement littoral, de l’exploi-tation du milieu marin par la pêche etl’aquaculture, des produits de la mer.

Par ailleurs, le 23 novembre, l’Ifremers’est associé au Centre nationald’études spatiales (Cnes), pour renforcerleur coopération dans le développementde l’océanographie opérationnelle.Cette discipline repose en effet sur lamise en œuvre de moyens de modélisa-tion numérique, à partir de donnéesd’observation spatiale et in situ. Rens.➜ www.ifremer.fr

Pracom, un pôle derecherche avancée

■ Le pôle de recherche avancée encommunication, Pracom, créé par leGroupe des écoles de télécommuni-cations (Get), au travers de l’ENSTBretagne, a été inauguré le 20 novembredernier à Brest. Trois millions d’eurosont été investi par l’Union européenne,l’État, le Conseil régional de Bretagne,le Conseil général du Finistère, BrestMétropole Océane et le Get, dans le but de renforcer les collaborations entrela recherche publique de renomméeinternationale, et l’industrie. Les théma-tiques de Pracom sont : les futursservices multimédias, le travail sur les

3e et 4e générations de téléphoniemobile, la boucle locale radio, les objetscommunicants, les communicationsradio à l’intérieur des bâtiments ouencore la diffusion terrestre et satelli-taire des services Internet et de télévi-sion numérique. Inspirateur du Pracom

et codécouvreur des turbocodes avecAlain Glavieux, Claude Berrou(5) a, à cetteoccasion, reçu les insignes de chevalierde la Légion d’honneur. Rens.➜ Claude Berrou, tél. 02 29 00 11 11,[email protected]

■ La Commission a élaboré un plan d’action visant à préserver et àstopper la perte de biodiversité à l’intérieur des frontières de l’Unioneuropéenne et au niveau international. Le plan d’action prévoit depréserver les principaux habitats et espèces de l’Union européenne enrenforçant le réseau Natura 2000 (désignation et gestion des sitesprotégés, cohérence et connectivité du réseau), en rétablissant lesespèces les plus menacées, ainsi qu’en prenant des mesures deprotection dans les régions ultrapériphériques. Il prône également unemeilleure utilisation des dispositions de la Politique agricole commune(Pac), en vue de la préservation des terres agricoles ayant une hautevaleur naturelle et des forêts. Il insiste aussi sur le rétablissement desstocks de poisson, sur la nécessité de limiter l’impact sur les espècesnon ciblées et sur les habitats marins, notamment dans le cadre de la Politique commune de la pêche. Renforcer la compatibilité dudéveloppement régional et territorial avec la préservation de labiodiversité dans l’UE est un autre objectif prioritaire du plan d’action(meilleures planifications, évaluations environnementales des actions). Enfin, l’impact du changement climatique sur la biodiversité, ainsi que lacontribution potentielle de celle-ci pour limiter les gaz à effet de serredans l’atmosphère, grâce au mécanisme de capture du carbone, sontégalement soulignés par ce plan d’action.Consulter le plan d‘action ➜ http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2006/com2006_0216fr01.pdfRens.➜ Euro Info Centre, tél. 02 99 25 41 57,[email protected]

■ Du côté de l’Europe

Naissance de Nutrialys■ Lauréate en 2005 du concours national de création d’entreprises innovantesorganisé par le ministère et Oséo Anvar, la société Nutrialys vient officiellement de voirle jour. Son créneau : la production d’aliments pour lutter contre le cancer et la douleur.Le professeur Jacques-Philippe Moulinoux, directeur du Groupe de recherche enthérapeutique anticancéreuse (Gretac) à l’Université de Rennes 1, en est l’initiateur.Les cellules cancéreuses ont besoin de polyamines pour croître et l’idée de Jacques-Philippe Moulinoux est de produire des aliments synthétiques qui n’en contiennentpas(4). La production industrielle des flacons de soluté, aujourd’hui 10 000 par an,assurée par la Coopérative agricole Coralis, pourrait passer à 5 millions par mois !Rens.➜ Jacques-Philippe Moulinoux, tél. 02 23 23 49 33,[email protected]

Synerg’Étic : 4e édition■ La 4e édition des rencontresSynerg’Étic a eu lieu à Nantesle 16 novembre dernier. Organisées par la Meito, dont la

mission consiste à animer la filière électronique, informatique et télécommunicationsdu grand Ouest, elles avaient pour thème “Innover et entreprendre” et ont rassembléplus de cent personnes. Une vingtaine de laboratoires de recherche sont venusprésenter leurs compétences aux entreprises, alors que huit entreprises ont témoignéde la réussite d’innovations nées du partenariat avec le monde de la recherche.Rens.➜ Meito, tél. 02 99 84 85 00, www.meito.com

■ Du côté des laboratoires

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Le secret de CopernicLe coup de cœur de la Bibliothèque de Rennes Métropole

■ Dans ce roman, premier volume d’une saga intitulée Les bâtisseurs du ciel (qui se continuera avec la vie deKepler), l’astrophysicien, romancier et poète, Jean-PierreLuminet nous fait découvrir la vie tumultueuse de NicolasCorpernic. Astronome célèbre, mais aussi médecin etchanoine, cette figure du XVIe siècle avait remis enquestion la cosmologie de Ptolémée, vieille de quatorzesiècles. Accessible à tous (avec des dessins et desschémas, ainsi qu’une biographie des personnages), cet

ouvrage constitue un éclairage passionnant sur les débats théologiques etscientifiques de ce temps. Jean-Pierre Luminet est aussi l’auteur du Rendez-vous de Vénus (1999) et du Bâton d’Euclide (2002). ➜ Jean-Pierre Luminet,JC Lattès, 2006. Vous pouvez retrouver ce livre à la Bibliothèque de RennesMétropole - Les Champs Libres.

Abécédaire de la chimie■ D’adrénaline à zircon en passant parphotographie, réaction ou vinaigre, l’objectif de cepanorama de 26 lettres est de montrer que la chimieest partout : dans les laboratoires, dans l’industrie,mais aussi dans la nature, dans la maison et chez lesêtres vivants. Produits, notions ou phénomènes chimiques sont décrits etexpliqués en quelques lignes efficaces par le Centre de la vulgarisation de laconnaissance(6). Rens.➜ 15 €, wwwcnrsedition.fr

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➜Entreprise ➜

Parmi la centaine de lauréats 2006 duconcours à la création d’entreprisesde technologies innovantes coor-donné par Oséo Anvar, douze étaientbretons. Qu’est-ce qui les pousse à selancer ? L’aventure est-elle facile ?Sciences Ouest a recueilli deux témoi-gnages.

Pour Yannick Boulis, jeune créateur del’entreprise Allugium Nutrition et

lauréat dans la catégorie “création-dévelop-pement” en juin dernier(1), le déclic a eu lieuquand la communauté européenne aannoncé qu’elle interdisait l’utilisation des antibiotiques dans l’alimentationanimale, à compter du 1er janvier 2006.

“Pour remplacer les antibiotiques, nous avionsétudié de près des publications vantant l’intérêt nutritionnel pour les animaux de protéines issuesdu lactosérum(2. Conceptuellement, ça devaitmarcher ! L’idée de créer une entreprise acommencé à faire son chemin. Nous avonsapproché Emergys(3) pour la première fois enjanvier 2002 et pendant 6 mois, l’incubateur nousa aidés à financer les études préliminaires d’ana-lyse du marché et de la propriété industrielle.”

Incubation réussie

Avec un dérivé du lait comme matièrepremière et des débouchés dans le marchéde la nutrition animale, l’entreprise nepouvait pas trouver mieux que la Bretagnecomme berceau. Les choses s’enchaînentavec une précision de métronome. Chaqueannée, le projet de Yannick Boulis franchitune étape : entrée dans l’incubateur en2002 ; tests à l’échelle du laboratoire en

2003 ; premier produit intéressant fin 2003 ;changement d’échelle en 2004 avecplusieurs centaines de kilogrammes deproduits fabriqués pour des essais sur desanimaux. Yannick Boulis communique sespremiers résultats prometteurs lors duSpace(4) en septembre. Les tests grandeurnature commencent chez des industriels en2005 et l’entreprise Allugium Nutrition estcréée en octobre. Aujourd’hui, l’atelier deproduction hébergé chez un industrieldonne 8 à 10 tonnes de Lactoprim (voirencadré) par mois et Yannick Boulis pensedéjà à la construction d’une usine ! Maissans précipitation.

“Aujourd’hui, le challenge consiste à trouverl’équilibre entre les différentes activités : le dévelop-pement de la R&D, des ventes et de la production”,conclut-il.

La précipitation n’est pas non plus ledéfaut de Mathieu Bécus. Le lauréat de lacatégorie “émergence” porte un projet dedéploiement d’informatique diffuse, quirepose sur une technologie développée parl’Irisa(5) depuis 1998 ! “Nous continuons biensûr à la faire évoluer. Mais ce qui est remarquable,c’est que c’est vraiment au fil des discussions, aucontact des industriels, que nous nous sommesrendu compte du potentiel énorme des applica-tions”, explique Mathieu Bécus.

Projet en émergence

Basée sur la technologie de communica-tion sans fil “Bluetooth”, l’informatiquediffuse consiste à rendre les objets commu-nicants (voir encadré). Ce mode de circula-tion de l’information se répand actuellementdans le monde.

À Rennes, l’idée de créer une entreprisepour commercialiser des produits et desservices est née fin 2005. Mais le projet varester interne à l’Irisa jusqu’à fin 2007. “Nousvoulons affiner le projet, pousser nos contacts avec les industriels et bien étudier le marché,poursuit Mathieu Bécus. Notre savoir-faire etnotre ancienneté dans la technique sont une forcequi nous permettra d’être très réactifs face auxdifférentes applications.” ■ N.B.

Zoom sur les produitsLactoprim contient des protéines issues du lactosérum. Il est utilisé en nutritionanimale pour améliorer la régulation du système digestif et de la flore intestinale desvolailles et des porcs. Il apporte des résultats équivalents aux antibiotiques, désormaisinterdits par la Commission européenne, en termes de gain moyen quotidien desanimaux, et supérieurs à d’autres produits déjà existants sur le marché.

Ubi-Board est un service qui permet à un panneau d’affichage électronique decommuniquer avec un téléphone portable ou une puce RFID(6), via la technologie sansfil Bluetooth. Quand une personne s’approche suffisamment près du panneau, celui-ciidentifie la langue qu’elle parle et adapte son message. L’information est égalementtransmise au téléphone portable. Ce système peut s’avérer utile dans les aéroports oulors de meetings sportifs, par exemple. ■

Rens.➜ Des films présentant Ubi-Board et d’autres applications basées sur la même technologie sontvisibles sur le site de l’Irisa : www.irisa.fr/aces/

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Édition 2007Le 9e concours national d’aide à lacréation d’entreprises de technologiesinnovantes, organisé par le ministèredélégué à l’Enseignement supérieur età la Recherche et Oséo Anvar, est lancé !Les candidats peuvent concourir dansdeux catégories :

● Les projets en “émergence” peuventbénéficier d’une subvention de 45000€

pour financer leur maturation tech-nique, économique ou juridique.

● Les projets “création-développement”peuvent recevoir 450 000 € pourfinancer leur programme d’innovation.

Dossiers de participation disponiblessur Internet depuis le 1er décembre sur :www.recherche.gouv.fr et www.oseo.fr

En Bretagne, les contacts sont :➜ Nelly Le Roy-Crété, Oséo Bretagne, tél. 02 99 38 45 45,[email protected]➜ Jean-Marie Haussonne, délégué régional à la Recherche et à la Technologie, tél. 02 99 87 43 30,[email protected]

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Mathieu Bécus

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Créateurs, à vos projets !Deux lauréats rennaistémoignent

(1) Yannick Boulis avait déjà obtenu une récompense en 2003, dans la catégorie“émergence”. (2) Le lactosérum ou “petit lait” est un coproduit de la fabrication des yaourtset des fromages. (3) Emergys : incubateur breton d’entreprises : www.emergys.tm.fr(4) Space : Salon international de l’élevage, qui a lieu tous les ans à Rennes. (5) Irisa : Institutde recherche en informatique et systèmes aléatoires. L’équipe Aces, informatique diffuseet systèmes embarqués, dirigée par Michel Banâtre, est responsable du projet. (6) RFID :Radio Frequency Identification. Voir l’article “La RFID fait son entrée en bibliothèque” dansle n° 230 de Sciences Ouest - mars 2006.

Contacts ➜ Yannick Boulis, tél. 02 99 54 52 86,[email protected]➜ Mathieu Bécus, tél. 02 99 84 25 02,[email protected]

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➜L’invité du mois

Pour anticiper les prochaines guerres entre insectesLa lutte biologique suit la course du climatLe changement climatique bousculeles équilibres entre populationsd’insectes. Au laboratoire Écobio, àl’Université de Rennes 1, des recher-ches démarrent, avec un grand scien-tifique européen, pour anticiper lesprochaines guerres entre insectes... etinventer la lutte biologique de demain.

Pour éliminer les pucerons, on peututiliser des pesticides... ou d’autres

insectes. C’est le principe de la lutte biolo-gique. Les Aphidius, par exemple, sont desinsectes utilisés pour tuer les pucerons.Mais dans ce petit monde des “parasi-toïdes” tueurs, l’évolution du climat peuttout chambouler, très vite. La chenilleprocessionnaire, venue d’Espagne, estarrivée aux Pays-Bas, où il fait maintenantplus chaud... mais ses pires ennemis, lesparasitoïdes, n’ont pas suivi leur “hôte” !L’équilibre entre les populations d’insectes,établi dans une coévolution à long terme,peut se rompre.

Le comportement des parasitoïdes

“On ne sait pas comment vont se comporter lesparasitoïdes, explique Jacques van Alphen,professeur en écologie aux Pays-Bas, qui vient d’arriver au laboratoire Écobio(1), à l’Université de Rennes 1 (lire encadré). Il ne suffit pas de comparer des populations derégions aux climats différents. L’environnementn’est pas le même.” Le chercheur se lancedans un programme de trois ans(2), avecJoan van Baaren, maître de conférences àÉcobio. Ils veulent savoir comment lesparasitoïdes modifieront la gestion de leursressources énergétiques - on parle de “traitsd’histoire de vie”. “Aujourd’hui, aucune publi-cation scientifique ne relie les traits d’histoire de viedes parasitoïdes aux changements climatiques”,précise Joan van Baaren.

Le parasitoïde pond dans l’œuf, ou dansla larve, de son hôte... qui n’a, en général,aucune chance de s’en sortir. Le bébé para-sitoïde se nourrit de ses lipides et, dans savie d’adulte, il n’aura besoin que d’un peude sucre. C’est pratique ! Mais il doit biengérer son budget initial en lipides : soit ilpond un maximum d’œufs, soit il volebeaucoup, à la recherche de ses hôtes.“Si la température augmente, le parasitoïde digère rapidement ses lipides, détaille Jacques

van Alphen. Il «brûle» plus vite son énergie, peut faire plus de générations dans une saison...mais il vit aussi moins longtemps.” Une féconda-tion plus élevée compensera-t-elle unedurée de vie courte ? Grande question ! Car si la densité de population des parasi-toïdes change, la lutte biologique estmoins efficace.

Prévoir la pullulation d’insectes

Connaître la distribution des hôtes sur leterrain est aussi primordial. Avec l’évolutiondu climat, si les pucerons résident loin, lesuns des autres, le parasitoïde dépenseratrop d’énergie pour les atteindre... et nepourra pas suivre ! “Si l’on comprend commentle climat va affecter, à la fois, l’hôte et ses parasi-toïdes, pour modéliser leurs comportements et cequ’il se passera dans leurs interactions, nous pour-rons aussi prévoir l’éventuelle pullulation d’hôtes”,complète Joan van Baaren.

Ce programme ne veut pas simplementmesurer l’effet, aujourd’hui, du climat surdes animaux. “Nous nous intéressons à l’évolu-tion des insectes, qui vont s’adapter assez vite”,résume Jacques van Alphen. En faisant venirce professeur à Rennes, l’Europe encouragele transfert de connaissances. Et développeen France les recherches sur la lutte bio-logique... dans un pays qui est encore ungrand utilisateur de pesticides. ■ N.G.

(1) Le laboratoire Écobio “Écosystèmes, biodiversité, évolution”, UMR 6553 CNRS, Universitéde Rennes 1, est dirigé par Pierre Marmonier. Site Web : http://ecobio.univ-rennes1.fr(2) Le projet s’appelle Parasitoid Lige History Evolution and Climate Change (Comparevol).

Contacts ➜ Joan van Baaren, tél. 02 23 23 50 27,[email protected]://comparevol-univ-rennes1.fr➜ Jacques J.M. van Alphen,[email protected]

Un grand chercheur européen à RennesJacques van Alphen, de l’Université de Leiden, aux Pays-Bas, est lauréat d’une chaired’excellence Marie Curie. Chaque année, une quinzaine de professeurs européens,parmi les meilleurs, sont invités à intégrer une équipe de recherche dans un autrepays. La Commission européenne finance l’Université de Rennes1, qui rémunère lescientifique. “Ce projet est un aboutissement, se réjouit Joan van Baaren, qui a fait venirle chercheur néerlandais. Jacques van Alphen est très performant ! Il est l’un des meilleurschercheurs européens en écologie comportementale. C’est indispensable aujourd’hui de travaillerdans un contexte international.” Pour Jacques van Alphen, “c’est très attractif de venir ici, carla France est devenue un centre international pour l’étude du comportement des parasitoïdes.” ■

Jacques van Alphen et Joan van Baarendémarrent des recherches pour anticiperles luttes biologiques à venir.

Une femelle de parasitoïde

du genreAphidius

en position de ponte dans

une larve depuceron.

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➜Laboratoire

La neige vue du cielLes caractéristiques du manteauneigeux détectées par satelliteMesurer avec précision, par satellite,l’épaisseur, la densité ou l’humiditédu manteau neigeux à l’échelle de laplanète : une utopie ? À Rennes, uneéquipe de l’IETR(1) relève pourtant cechallenge.

Le manteau neigeux de l’hémisphèreNord varie de près de 50 millions de km2

en hiver à 4 millions en été. La caractérisa-tion précise de ces étendues immenses,souvent difficiles d’accès et très variablesdans le temps et l’espace, est primordialetant d’un point de vue économique qu’éco-logique. L’estimation de la teneur en eau dumanteau représente, par exemple, un enjeuimportant dans de nombreuses applica-tions comme la gestion des ressources électriques ou la prévention de risquesd’inondations et d’avalanches.

En France, les climatologues du Centred’étude de la neige (Cen) du Centre nationalde recherches météorologiques (CNRM) -Météo France développent des modèlesnumériques, Safran/Crocus, qui simulentl’accumulation de la neige et la formationdu manteau neigeux. Mais ces derniersmanquent encore de précisions spatiales :les conditions météorologiques sont suppo-sées homogènes à l’échelle d’un massif (500à 1000km2), les variations d’altitudes se fonttous les 300 m et le modèle ne prend encompte que six orientations cardinales.

Analyser le manteau en profondeur

À Rennes, les chercheurs de l’équipeSaphir(2) de l’IETR développent depuis desannées une technique de traitement radarpour la télédétection spatiale qui lui vautune renommée mondiale : la polarimétrieSar. Basé sur l’effet Doppler (voir encadré),le Sar(3) induit une résolution spatiale del’ordre du mètre et présente un espoir d’uneanalyse en profondeur du manteau neigeux.

En effet, à des fréquences de l’ordre du GHz,la rétrodiffusion radar est sensible aux para-mètres bio et géophysiques du milieu. Lacomparaison entre l’onde émise et l’ondereçue est donc susceptible de contenir uneinformation sur le milieu diffusant.

Dans toutes les directions

Les radars de nouvelle génération présen-tent par ailleurs un autre avantage : ils sontconçus de manière à transmettre et recevoirle rayonnement des hyperfréquences enmodes horizontal (H) ou vertical (V), ce quipermet d’étudier quatre combinaisonspossibles de polarisations en transmission-réception (HH, VV, HV, VH). Actuellement enplein essor avec le lancement du satelliteeuropéen Envisat en 2004, du japonais Alosen janvier 2006, et du canadien Radarsat-2

en mars prochain, la polarimétrie constitueun potentiel majeur pour la télédétection ducouvert neigeux puisqu’il a été montré quela “signature polarimétrique” varie aussi enfonction de l’état de la neige.

C’est donc dans ce cadre que, pour mathèse, nous développons des modèles dediffusion qui simulent l’interaction d’uneonde électromagnétique avec le manteauneigeux. La tâche n’est pas facile puisque,au-delà des paramètres classiques (densité,humidité, épaisseur...), il faut prendre encompte la taille et même la forme des parti-cules de glaces constituant la neige dans lamodélisation. Une fois ces interactionsparfaitement maîtrisées, il ne “restera” plusqu’à décoder l’information contenue dansles ondes électromagnétiques polariséespour estimer les différentes caractéristiquesdu manteau neigeux.

La télédétection Sar polarimétrique appa-raît ainsi comme un outil qualitatif promet-teur, qui complètera les informationsdonnées par Safran/Crocus. À long terme,Météo France et même EDF pourraientalors disposer d’informations sur la neigeavec une résolution de quelques mètres. ■

Cet article a été écrit par Nicolas Longépé en deuxième année de thèse à l’IETR(1)

et moniteur au CIES(5)

L’effet DopplerL’effet Doppler est un phénomène qui se produit lorsqu’une source de vibrations (sons,ultrasons) ou de rayonnements électromagnétiques (lumière, ondes radar...) defréquence donnée est en mouvement par rapport à un observateur et qui se traduitpour celui-ci par une modification de la fréquence perçue. Ainsi la sirène des pompiersdevient plus grave quand le véhicule s’éloigne, car la fréquence de l’onde sonore perçuepar l’observateur diminue, alors qu’elle devient plus aiguë lors de l’approchement. Dans le cas des radars Sar “satellitales”, leur porteur évolue à une vitesse proche de20000km/h à près de 800km d’altitude. ■

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Signature polarimétrique du Massif desGrandes Rousses au nord, et des Écrins au sud.En rouge, le canal VV, en vert, le canal VV-HV et en bleu le canal HV. Ces données, acquisesle 8 avril 2004, proviennent du capteur Asarembarqué sur le satellite européen Envisat.

Simuler nécessitedes relevés sur

terrain pour validerles approches

théoriques. Ici, lorsd’une campagne

expérimentale sur leglacier d’Argentière

(Haute-Savoie), enoctobre dernier,pour mesurer la

stratigraphie de laglace par radar

pénétrant(4).

(1) IETR : Institut d’électronique et de télécommunications de Rennes. (2) Saphir : SarPolarimétrie holographie interferométrie radargrammétrie. (3) Sar : Synthetic ApertureRadar. (4) Radar pénétrant GPR : Ground Penetrating Radar. (5) La diffusion de la culturescientifique et technique est entrée officiellement au programme de la formation desfuturs maîtres de conférences. Écrire un article dans Sciences Ouest fait partie des projetsproposés aux moniteurs en formation au Centre d’initiation à l’enseignement supérieur(Cies) du grand Ouest.

Contact ➜ Nicolas Longépé, tél. 02 23 23 55 47, [email protected]

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À travers champs,le long du littoral

La biodiversitéen question“Des océans à sec en 2048 ?” On a pu lire ce titre un brin

provocateur, suite à la publication le 3 novembre dernierdans la revue Science de l’article d’un chercheur canadienannonçant la disparition de presque toutes les espèces depoissons et de fruits de mer à consommer en 2048. Info ou intox ?

Les exemples de ce type ne manquent pas, comme le souligneYvan Lagadeuc, directeur du Caren(1) : “Il ne se passe pas unejournée sans que l’on parle d’environnement dans les médias.” D’oùl’utilité d’espaces de discussion où scientifiques de toutes lesdisciplines, politiques et citoyens peuvent venir s’exprimer.

En Bretagne, la 10e édition des entretiens “Science et éthiqueou le devoir de parole” a eu lieu en octobre dernier à Brest. Les débats ont porté sur la biodiversité du littoral. À Pleine-Fougères, au bord de la baie du Mont-Saint-Michel, se tiendronten mai 2007 les rencontres régionales CNRS Jeunes “Sciences et citoyens”, sur la biodiversité et le paysage.

Vous trouverez dans ce dossier quelques-uns des sujets quiont été ou qui seront débattus. Côté mer, un biologiste exposeles vraies menaces de la biodiversité littorale, alors qu’un outilde suivi de la pollution des bassins versants est déjà en placedepuis plusieurs années à Brest et que la collaboration entrel’IGN et le Shom risque de révolutionner le domaine de lacartographie. Côté terre, vous découvrirez Pleine-Fougères, unsite atelier du CNRS et de l’Inra, où écologues, agronomes,géographes, archéologues et juristes du Caren croisent leursinformations sur la biodiversité et le changement d’usages desterres. Le regard d’une ethnologue termine ce panorama sur unthème décidément très riche et très complexe, qui ne peut serésumer à un titre. ■ N.B.

(1) Le Caren, Centre armoricain de recherches en environnement, est une fédération de recherche : Agrocampus, CNRS, Inra, Université de Rennes 1 et Université Rennes 2.

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Des rencontres sur la biPatrickSaubost est le délégué régionalCNRS Bretagne - Pays de la Loiredepuis octobre 2004. Un an après sonarrivée, il relance une initiative queson prédécesseur, Alain Marchal, avaitfait naître en 2002 : l’organisation derencontres “Sciences et citoyens” à l’échelle régionale. Un rendez-vousqui devient aujourd’hui régulier etitinérant.

Sciences Ouest : Pouvez-vous nousprésenter les rencontres régionales CNRSJeunes “Sciences et citoyens” de 2007 ?

Patrick Saubost : Lebut de ces rencontresest de rendre l’infor-mation scientifiqueaccessible au plusgrand nombre, maisaussi de “montrer” leschercheurs qui travail-lent tout près des habi-tants, mais qui sont

souvent méconnus. Nous choisissons doncdes thèmes proches des préoccupations dugrand public et en même temps en rapportavec les recherches menées localement.Les prochaines rencontres “Sciences et

citoyens” auront lieu les 11 et 12 mai 2007 à Pleine-Fougères, une ville de la communauté de communes de la baie du Mont-Saint-Michel, qui accueille desscientifiques du Caren, Centre armoricainde recherche en environnement(1). Lesthèmes de la biodiversité et du paysage sesont naturellement imposés.

S.O. : Ces rencontres visent aussi les jeunes ?P.S. : Oui. Le choix du thème se fait très tôt,pour permettre aux enseignants de rencon-trer les chercheurs et de travailler ensuiteavec leurs élèves. Deux cents collégiens etlycéens préparent actuellement des projets,qu’ils présenteront en mai prochain. Nousvoulons démystifier la science, montrerqu’elle est source d’emplois, présenter lesmétiers de la recherche et dire qu’elle estl’affaire de tous : du chercheur au techni-cien. Le but est aussi que la synergie entrel’école et la science se poursuive et que lesscientifiques continuent à venir dans lesclasses, au-delà des rencontres. Pour cela,nous sommes en train de mettre en placedes clubs “CNRS jeunes sciences etcitoyens”, qui n’existent pas encore enBretagne.

S.O. : Le rendez-vous sera désormaisrégulier ?P.S. : Cela fait partie des missions de servicepublic du CNRS que d’aller dans des villesde petites et moyennes tailles, moinstouchées par les manifestations spectacu-laires telles que la Fête de la science, qui,par ailleurs a son public. Mais on ne doitpas faire que ça. Je crois beaucoup auxpetites actions. Les rencontres régionalesauront donc lieu tous les ans et tournerontdans trois villes différentes(2).

Je suis persuadé, par ailleurs, que larecherche n’a pas encore atteint sa massecritique dans le grand Ouest. Il y a encoredix Caren à faire ! Même dans les grandesvilles. À Rennes, les collectivités localesjouent très bien leur rôle : le Conseilrégional et Rennes Métropole attribuentdes subventions, des allocations d’installa-tion... On a la boîte à outils, mais il fautmaintenant une volonté pour faire venirencore plus de chercheurs dans l’Ouest. À mon échelle, j’essaie d’y contribuer. ■

Propos recueillis par Nathalie Blanc(1) Le Caren est une fédération de recherche multidisciplinaire (Agrocampus Rennes, CNRS,Inra, Université de Rennes 1, Université Rennes 2), qui regroupe plus de cent chercheurs.(2) L’organisation des rencontres a commencé en 2002 à Plozévet (Finistère), à l’occasiondes 40 ans des travaux que le sociologue Edgar Morin avait réalisés dans cette ville. 2005 : Plozévet ; 2007 : Pleine-Fougères (Ille-et-Vilaine) ; 2008 : Les Sables-d’Olonne(Vendée) ; 2009 : Plozévet.

Rendez-vous à Pleine-Fougères en mai 2007“La recherche est l’affaire de tous”

Une trentaine de scientifiques duCentre armoricain de recherche enenvironnement - Caren - sont impli-qués dans la préparation des rencon-tres “Sciences et citoyens” de maiprochain. Et dans d’autres actions.

ÀPleine-Fougères, la recherche estconcrète et palpable : elle a lieu dans les

champs. Depuis 1993, les habitants ont l’ha-bitude de croiser les chercheurs avec leurspièges jaunes, leurs bottes et leur ciré. Poursa thèse, une doctorante en ethnologie(3) esten train d’étudier les relations entre cher-cheurs et agriculteurs sur la gestion de la

biodiversité. “Il est important de maintenir lecontact avec la population et de poursuivre cetravail de transfert des connaissances. D’où l’orga-nisation des rencontres «Sciences et citoyens»,souligne Yvan Lagadeuc, le directeur duCaren. C’est la première fois qu’un rendez-vous dece type, en direct avec la population, est organisé.Or, celle-ci est demandeuse. Surtout dans notredomaine ! Il ne se passe pas une journée sans quel’on parle d’environnement dans les médias.”

Aujourd’hui les scientifiques sontconscients qu’ils doivent communiquer sur leurs travaux, mais ils doivent y êtrepréparés. Lors de la fondation du Caren, en 2000, cette dimension a été prise en

compte : une cellule de communication aété créée pour coordonner les différentsprojets. “Avant, des actions étaient menées aucoup par coup par des chercheurs, sans que cela nesoit vraiment visible ni reconnu, reprend YvanLagadeuc. Aujourd’hui, ces actions entrent encompte dans l’évaluation des chercheurs et, auCaren, nous souhaitons les renforcer. Pour cela, noussommes en contact avec le rectorat, les communautésde communes, l’Espace des sciences...” ■ N.B.(3) Thèse menée par Aurélie Javelle sur la période 2004-2007. Rens. :[email protected]

Contact ➜ Yvan Lagadeuc, [email protected]

Le Caren développe des actions de culture scientifique et techniqueLes scientifiques sont en directavec la population

Dossier

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odiversité

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Dix ans après leur création, les entre-tiens “Science et éthique ou le devoirde parole”, qui se sont déroulés les 13et 14 octobre à Brest, ont une fois deplus rencontré l’engouement auprèsd’un public éclectique de scientifiques,d’étudiants, d’élus et d’entrepreneursvenus en nombre échanger sur lethème de la biodiversité du littoral. Unanniversaire réussi donc, dont ne peutque se réjouir Brigitte Bornemann-Blanc, la fondatrice de cet événement.

Sciences Ouest : Pour vos dix ans, vous avez opté pour la thématique de labiodiversité du littoral : pourquoi ce choix ?Brigitte Bornemann-Blanc : Ce thème s’ins-crivait dans un cycle de quatre ans durantlequel nous nous étions penchés sur lesquestions entourant l’océan (2003), la pêche(2004) et le littoral (2005). Nous voulionsmieux saisir ce qui se passait aujourd’hui auniveau de la biodiversité sur la zone côtièreet quels étaient les outils mis en place parles experts pour observer les changements.C’était une thématique riche mais aussihouleuse, qui se prêtait bien à la variété desapproches. À ce titre, la contribution à cesdébats de spécialistes en sciences humainesa été l’une des nouveautés fructueuses decette édition 2006, qui aura permis derappeler que les entretiens demeurent unformidable lieu de débats et de dialoguesentre les communautés scientifique et civile.

S.O. : En tant qu’organisatrice, quellesatisfaction tirez-vous de ces journées ?B.B.B. : Je pense que cette 10e édition nous a permis de trouver une porte d’entréepour associer totalement les jeunes à ladémarche des entretiens. Les étudiants del’Institut universitaire européen de la mer -l’IUEM- se sont impliqués dans cette mani-festation en prenant part à la présentationdes différentes conférences. L’autre satisfac-tion de ces journées réside dans le fait queles entreprises ont désormais saisi tous lesbénéfices qu’elles pouvaient tirer en venantparticiper à ces rencontres internationales(1).

S.O. : Les entretiens ont-ils atteintleur maturité ?B.B.B. : D’une certaine façon oui, même sidix ans c’est encore jeune et que nousentendons bien poursuivre avec nos parte-naires dans la dynamique que nous avons

enclenchée. Rendez-vous donc l’annéeprochaine pour les entretiens 2007 qui sedérouleront à Brest les 18 et 19 octobre.Nous aborderons alors le thème des éner-gies de la mer, des énergies alternatives et des énergies renouvelables. ■

Propos recueillis par Christophe Blanchard

Les dix ans des entretiens Science et éthique de BrestUn anniversaire sous le signe de labiodiversité

Dix ans après leur création, les entre-tiens ont fait des émules, puisqu’ilsont été précédés, cette année, par lespremiers entretiens Science et éthiquejunior.

“Notre ambition était de rassembler desjeunes, des enseignants et des chercheurs

dans un même lieu pour permettre la rencontreinformelle entre des scientifiques, désireux de faireconnaître leurs travaux à des jeunes et des ensei-gnants, qui souhaitent sensibiliser leurs élèves auxsciences et à leur impact dans la vie quotidienne”,explique Brigitte Bornemann-Blanc.

Alliant à la fois science, vie quotidienne,culture, économie et société, cette journéede rencontres, parrainée par quatre figuresemblématiques de la recherche et dumonde de la mer(2), a permis à des centainesd’élèves de la région brestoise de participerà différents ateliers thématiques et projec-tions-débats. Ils y ont découvert, en vrac, ce

que contenait une goutte d’eau, ce qui se cachait derrière l’expression “dévelop-pement durable” et ont appris à mieuxconnaître la mer et ses risques. “Ces entre-tiens Science et éthique junior avaient été précédéspar une journée pilote le 29 septembre àConcarneau, organisée en partenariat avec l’asso-ciation Cap vers la nature, le musée de la Pêche, le Marinarium, le lycée professionnel hôtelierSaint-Marc de Trégunc et la conserverie Gonidec,souligne Brigitte Bornemann-Blanc. Devantle succès de ces deux manifestations, nous avonsdécidé de reconduire l’opération l’année prochaine,ce qui devrait permettre de donner un élan supplé-mentaire à nos journées de recherche.” ■

(2) Parmi lesquelles : Charles Claden, commandant de l’Abeille Bourbon, Pierre Léna, del’Académie des sciences, Michel Segonzac de l’Ifremer et Frank Zal, chercheur à la Stationbiologique de Roscoff.

Vous pouvez retrouver toute l’information concernantles entretiens sur les sites ➜ www.science-ethique.org➜ http://canalc2.u-strasbg.fr

Une première: les entretiens juniorCh

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(1) Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, l’ambassadeur de Madagascar en France etplusieurs scientifiques malgaches avaient ainsi fait le déplacement pour participer à cette10e édition.

Contact ➜ Brigitte Bornemann-Blanc, tél. 02 98 41 46 05, [email protected],http://3bconseils.com

De gauche à droite : Marc Le Gall, enseignant au

lycée Vauban et responsabledes Web-trotteurs des lycées.

Julien Salaün, Webmasterà 3B Conseils.

Brigitte Bornemann-Blanc,organisatrice des entretiens

Science et éthique etdirectrice de 3B Conseils.

Michel Glémarec, professeurhonoraire d’océanographiebiologique à l’UBO. Aurélie

Cazoulat et Charline Lasterre,chargées de projets à

3B Conseils. Au premier plan :deux Web-trotteurs.

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La biodiversité en mer

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Dossier

La pollution au fil de l’eauÉcoflux : un outil qui contrôle et informe

La biodiversité du littoral se trouveparfois menacée. Mais les pollueursne sont pas toujours ceux que l’oncroit. C’est le message du biologistebrestois Jacques Grall.

A rca tetragona, Atrina fragilis, Gryphus vitreus,Nucella lapillus..., autant de noms

surannés pour désigner les mollusques,brachiopodes et autres gastropodes qu’on

aura bientôt plus dechances de trouverdans les manuels naturalistes que sur les fonds océaniquesbretons, où ils étaientpourtant légion il y apeu de temps encore.Mais qu’on ne viennepas raconter de

sornettes à Jacques Grall, quand bienmême celles-ci seraient enrobées de fuellourd. Quand on lui dit que le naufrage del’Erika aurait causé d’importants ravages surla biodiversité littorale, le responsable del’observatoire du domaine côtier de l’IUEMentend rectifier immédiatement le tir, résul-tats à la clé : “Contrairement à ce que beaucoupde gens pensent, cette catastrophe n’a eu aucun

impact notable sur la biodiversité. C’est ce qu’ontmontré nos collectes, réalisées régulièrementpendant trois ans sur vingt estrans des îles situéesautour du golfe du Morbihan(1).” D’après lebiologiste brestois, en matière de dispari-tion d’espèces, le danger vient d’ailleursplus souvent de la terre que de la mer.

Une pollution moins visible

Spectaculaires et traumatisantes, lesdéjections noires, qui s’échappent descuves des navires croisant au large de noscôtes, feraient presque oublier que noussommes, nous aussi, des pollueurs en puis-sance. Contaminations métalliques issuesde rejets industriels ou pesticides agricolessont ainsi directement responsables deravages irréparables sur la biodiversité dulittoral. “Cette pollution chronique est beaucoupmoins visible que celle provoquée par les hydro-carbures, souligne Jacques Grall. Elle touchepourtant toutes les espèces, et notamment celles quisont relativement rares et fragiles. Du coup, dèsqu’il y a une perturbation, les espèces les moinscompétitrices en milieu découvert à basse merdisparaissent.”

Si les pollutions d’origine tellurique sontpréjudiciables à la biodiversité, la modifi-

cation de l’habitat des espèces a, elle aussi, un impact direct sur la disparition decertaines d’entre elles. “Les aménagementsportuaires ont contribué à modifier durablement leshabitats, commente Jacques Grall. La pêche aelle aussi sa part de responsabilité. Les dragagesdes fonds marins par les chalutiers ont eu tendanceà modifier la structure verticale du sédiment en

Les vraies menaces de la biodiversité littoraleUn biologiste brestois se jette à l’eau

Mis en place en 1998 par l’Institutuniversitaire européen de la mer, leréseau Écoflux a pour mission desuivre la qualité de l’eau des treizebassins versants du Finistère. Uneinitiative unique en France, à la dimen-sion pédagogique clairement affichée.

N itrates et phos-phates, voici un

cocktail qui cause biendes remous dans lesrivières bretonnes.Mais qui est contrôlédepuis 1998, grâce à unoutil de diagnosticnovateur mis en placepar Paul Tréguer, le

directeur de l’Institut universitaire euro-péen de la mer (IUEM), en collaborationavec le Conseil général du Finistère. “Écoflux

nous permet de mieux surveiller la concentration etle niveau des flux de nitrates, de phosphates et desilicates qui transitent par les bassins versants dudépartement”, explique Patrick Pouline, ingé-nieur d’études à l’IUEM et coordinateur duréseau.

Des prélèvements hebdomadaires de ces éléments sont réalisés et analysés ausein de laboratoires spécialisés qui colla-borent avec l’IUEM. Effectués par une ving-taine de bénévoles sur treize rivières(1) dudépartement, ils constituent une base dedonnées. “Ces données permettent d’aider d’autres scientifiques, comme ceux d’Agrocampus à Rennes ou de l’Ifremer, à mieux comprendre l’origine de l’apparition d’algues vertes et de phytoplancton toxique, poursuit-il. Étant donnéla multiplicité des paramètres telluriques ouanthropiques pouvant faire varier la concentrationdes nitrates et des phosphates dans un cours d’eau,ce suivi doit s’effectuer sur le long terme. Il n’est

en effet pas simple de réaliser des diagnostics immédiats.”

Citoyens responsables

Outre le caractère scientifique, Écoflux a aussi une vocation pédagogique. “Noustravaillons beaucoup avec les lycées agricoles, dontles élèves réalisent d’ailleurs certains prélèvements.Mais notre volonté est d’aller à la rencontre du plus grand nombre de jeunes, précise PatrickPouline. Il est en effet essentiel de les sensibiliser àces thématiques pour en faire des citoyens respon-sables. N’oublions pas que si les agriculteurs sontsouvent montrés du doigt lorsque nous parlons dela pollution de l’eau, chacun de nous est directe-ment responsable d’une partie de celle-ci, à traversnos rejets urbains et industriels.”

Grâce à des interventions régulières dansles lycées ou dans des colloques scienti-fiques grand public, comme ce fut le cas en

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L’Institut géographique national (IGN)et le Service hydrographique et océa-nographique de la marine (Shom)s’associent et réunissent une nouvellefois leurs compétences en cartogra-phie, en vue d’un inventaire du littoral.Les premiers résultats sont attendusd’ici un an.

Côté terre, prenez les compétences del’IGN et associez-les, côté mer, avec

celles du Shom. Vous ne tarderez pas àobtenir un mélange cartographique déton-nant qui devrait permettre d’aboutir, d’ici

quelque temps, àl’élaboration decartes du littorald’une très grandeprécision. “Ceprojet est né en2002, suite à unerecommandationeuropéenne incitantles États côtiers àprocéder à un inven-

taire de leur littoral, explique Laurent Louvart,chef de la section Géodésie-géophysiquedu Shom. Or, la première étape est de connaîtrele relief sur lequel s’appuierait cet inventaire. D’oùla vocation du projet Litto3D.”

Appuyés par le Conseil national de l’in-formation géographique (CNIG) et leComité interministériel de la mer, le Shomet l’IGN se sont donc vu confier la missiondélicate de mutualiser pour la première foisleurs compétences afin de mettre au pointune cartographie fine des zones littorales :“Ce travail est important, car il existe encore denombreux endroits du littoral qui ne sont pas décritssur les cartes marines. C’est le cas, par exemple, de

certaines zones économiques comme les pêcheries oudes zones ostréicoles, autour desquelles la navigationdemeure dangereuse à cause des tables, des pieux etautres enclos non répertoriés.”

Un trait de côte unique

Cette collaboration entre le Shom etl’IGN est aussi l’occasion de mettre enlumière des divergences dans la manière detravailler des deux structures. “Quand nousavons procédé à l’inventaire de nos données respec-tives, nous nous sommes aperçus que nos traits decôtes n’étaient pas les mêmes, poursuit LaurentLouvart. L’IGN restitue les limites du plan d’eauau moment de la prise de vue aérienne, sansprendre en compte le fait que la mer peut parfoismonter plus haut, alors qu’au Shom, nous nousbasons sur les plus hautes mers astronomiques.”

Un continuum “terre-mer”

Le Shom et l’IGN auront gommé cesapproximations d’ici avril 2007, date àlaquelle les deux structures souhaitentproposer gratuitement au public une carteunique du trait de côte. “Cette carte sera lerésultat de la visualisation conjointe de la marée etdu relief, précise-t-il encore. À plus long terme,l’objectif du projet Litto3D reste la mise en placed’un modèle “terre-mer” en trois dimensions, quipermettrait de décrire l’ensemble de l’espacelittoral. On pourra ainsi avoir la limite des plusbasses mers pour savoir jusqu’où aller sans semouiller les pieds ! Grâce à un tel outil, nousserons aussi en mesure de simuler des schémasd’inondations ou de raz de marée avec beaucoupplus de précisions.” ■ C.B.

Contact ➜ [email protected], www.shom.fr/litto3d.fr

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Du nouveau dans la cartographie du littoral

Le projet Litto3D réunitles données de la terre et de la mer

octobre dernier durant les entretiensScience et éthique junior(2), nul douteque le réseau finistérien continuera àfaire des émules parmi les établisse-ments scolaires du département. ■ C.B.

(1) Il s’agit des rivières : le Dourduff, le Dossen, la Penzé, le Guillec, le Quillimadec, la Flèche, l’Elorn, la Douffine, l’Aulne, le Kerharo, le Lapic, le Ris, le Saint-Laurent. (2) Les entretiens Science et éthique junior se sont déroulés le 12 octobre 2006 auQuartz à Brest. Lire l’article page 11.

Contact ➜ Tél. 02 98 49 86 13,[email protected]

homogénéisant l’habitat de certaines espèces et favorisant ainsi leur déclin(2).” ■ C.B.

(1) Ces travaux ont été réalisés par l’IUEM, l’association Bretagne Vivante et lebureau d’études TMB Télédétection et biologie marine. (2) Dans le golfe deGascogne, certains mollusques comme l’Atrina fragilis, qui occupaient, il y a peude temps encore, des centaines d’hectares, ont ainsi largement reculé, entraînantdans leur sillage la disparition d’un cortège d’autres espèces qui dépendaientd’eux pour survivre.

Contact ➜ [email protected]

Le maërl est un fond sous-marin typiquementbreton, qui abrite une biodiversité exceptionnelleoù se reproduisent un grand nombre d’espècesde poissons et de mollusques. À terre, le maërlest utilisé dans le traitement des eaux usées,l’amendement calcaire, l’alimentation animaleou encore dans la parapharmacie. Même si elle a tendance à décroître lentement depuis unedizaine d’années, l’extraction du maërl atteint300 0000 tonnes par an en Bretagne !

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Réalisé dans le cadre du projet Litto3D,

ce modèle altimétriquedonne une idée de ceque pourront être les

futures cartes du littoral.

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La biodiversité sur terreDossier

Une zone du nord-est de l’Ille-et-Vilaine est depuis plus de dix ans lethéâtre des recherches des scientifi-ques du Caren(1), qui suivent l’évolu-tion de la biodiversité continentale.Un site original, aujourd’hui labelliséau niveau européen.

Cela fait maintenantdouze ans que

la zone de Pleine-Fougères(2) est sillonnéepar les chercheurs duCaren et de laboratoirespartenaires. FrançoiseBurel, de l’UMR Écobioprécise : “À notre arrivée

en 1993, nous avons analysé la distribution desplantes, des oiseaux, des petits mammifères et de

certains invertébrés en fonction de la diversitépaysagère”. Depuis, la récolte des informa-tions n’a jamais cessé et la gestion desbases de données mobilise cinq personnesdu Caren. Les chercheurs suivent ainsi ladynamique du paysage, de la biodiversité etde l’agriculture. “Il est rare de pouvoir disposerd’un suivi aussi complet d’une zone, surtout quandelle accueille une activité humaine, préciseFrançoise Burel. Nous avions choisi ce site car ilest relativement grand - plus de 9 000 hectares -,possède partout le même système de production -des vaches laitières -, tout en offrant des différencesdans les paysages.” Dans le Nord, il y a moinsde haies, les parcelles sont plus étendues etles exploitations plus grandes avec uneintensification agricole plus importante.

Aujourd’hui, les écologues ne sont plustout seuls à Pleine-Fougères. L’équipe de

recherche est désormais composée degéographes, d’agronomes, d’archéologues,de sociologues et de juristes. Labellisé“Zone atelier” du CNRS, le site vient aussid’être labellisé dans le réseau d’excellenceeuropéen Alternet(3). L’objectif est d’y orga-niser un suivi sur le long terme des relationsentre la biodiversité et les changementsd’utilisation des terres, notamment parl’agriculture. Mais Pleine-Fougères accueilleaussi des projets à court terme sur desquestions de recherche plus précisescomme le suivi du rôle de la structure dupaysage sur la dénitrification. “Notre connais-sance de la biodiversité du site nous permet d’éva-luer les changements liés à de nouvelles politiques,reprend Françoise Burel. Par exemple, desbandes enherbées sont mises en place le long descours d’eau dans le cadre de la nouvelle Politiqueagricole commune et nous évaluons leurs effets surla biodiversité, en relation avec les agriculteurs.”

La question de l’utilisation des donnéesscientifiques, qui sont à la base des déci-sions politiques, intéresse de près FrançoiseBurel. “Nos résultats ne sont pas forcément acces-sibles aux personnes censées les utiliser : les servicesde l’État ou les agriculteurs. Avec des écologues,mais aussi des économistes et des philosophes, jevais donc m’intéresser à l’utilisation des résultats dela recherche par les décideurs publics.” Déposé àl’ANR(4), le projet a été accepté et débute le1er février 2007. ■ N.B.

(1) Caren : Centre armoricain de recherches en environnement. (2) www.caren.univ-rennes1.fr/pleine-fougeres/ (3) Il est coordonné par Jacques Baudry, de l’unité derecherche Inra-Sad-paysage. www.alter-net.info (4) ANR : Agence nationale de la recherche.

Contact ➜ Françoise Burel, tél. 02 23 23 61 45,[email protected]

Pleine-Fougères, un site piloteUne étude grandeur naturede la biodiversité

D’une dizaine de mètres de large etdisposées en bord de champs ou le longdes cours d’eau, les bandes enherbéessont ensemencées d’herbes et de fleursdiverses. Elles doivent permettre à des populations d’animaux, comme les perdrix, qui nichent au sol, derecoloniser des zones où les pesticidesles ont parfois fait fuir. Sous terre, ellesdoivent servir de zone de captage desnitrates, évitant ainsi la fuite trop rapidede ceux-ci vers les cours d’eau ou lesnappes souterraines. ■

L’intérêt des bandes enherbées

Françoise Burel

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Que font des géographes et desarchéologues sur un site tel quePleine-Fougères, investi par des biolo-gistes depuis plus de dix ans ? Ilsrendent compte du changement despaysages au fil du temps. Mais netravaillent pas à la même échelle detemps, ni avec les mêmes outils.

“ÀPleine-Fougères, nous recherchons desindicateurs fiables et facilement utilisables

pour rendre compte des changements d’usage des terres”, explique Laurence Hubert-Moy,

enseignant-chercheurau laboratoire Costel(1).Les photos aériennes,dont les premiersclichés datent desannées 50, permettentaux géographes d’ex-traire et de comparerdes informations surune longue période :

taille des parcelles, surfaces occupées parles cultures... Sur des échelles de tempsplus courtes, les chercheurs exploitent lesimages satellites. Le satellite peut en effetfournir plusieurs clichés par an, permet decouvrir de grandes surfaces et offre surtoutla possibilité de recueillir des données quirenseignent sur l’état des surfaces terres-tres. “Nous évaluons en ce moment des capteurscapables de détecter automatiquement la présencede bandes enherbées(2), mais aussi de les carac-tériser. Les données de télédétection permettentd’accéder à des paramètres biophysiques tels que le

taux de couverture du sol par la végétation sur lesparcelles agricoles ou la biomasse. Nous travaillonsaussi, à partir de ces mêmes données, sur la délimi-tation et la caractérisation des zones humides.”

Les bocages du Moyen Âge

“Coincés entre les géologues et lesgéographes”, les archéologues cherchent à raconter l’histoire du paysage dans letemps, depuis que l’Homme le façonne. Lestraces d’habitat ou d’établissements agri-coles datant de l’âge du fer ou de l’époquegallo-romaine sont très souvent révélées parprospections aériennes à basse altitude :des fossés dessinant des formes de parcel-laires peuvent apparaître très clairement.“Il suffit qu’une structure en creux ou qu’un mursoient enterrés pour que, à la surface, la cultureprenne des allures différentes, qu’une même plantesoit fleurie ou non,” précise Guirec Querré,directeur de l’UMR Civilisations atlantiqueset archéosciences(3). Lors des fouilles, lesvestiges doivent être décryptés, car

plusieurs époques peuvent se superposer.C’est ainsi que l’on sait aujourd’hui que lebocage est une création beaucoup plus“récente” qu’on ne croit, qui date seulementde la fin du Moyen Âge ! L’occupationancienne des sols peut aussi avoir unimpact sur le paysage actuel, c’est ce qu’ontdémontré les archéologues, après un travailmené en collaboration avec les agronomesde l’unité Sad-paysage de l’Inra(4), notam-ment sur un site près de La Guerche. “Laprésence d’une forge peut, par exemple, avoirmarqué chimiquement le sol. L’apport de calcaire,phosphates, nitrates peut être à l’origine d’une floreparticulière, précise Dominique Marguerie,chercheur dans l’UMR. Nous allons faire cegenre de recherche sur Pleine-Fougères.”

Des données sur dix ans

Si géographes et archéologues travaillentsur d’autres sites, où ils mènent leurspropres travaux de recherche, ils sontunanimes sur l’avantage à tirer de leurprésence à Pleine-Fougères et leur collabo-ration avec les biologistes et les agronomes.“L’intérêt ici est de travailler sur un même site avec des chercheurs de plusieurs disciplines, et dans la durée, précise Laurence Hubert-Moy.On ne trouve pas ces conditions quand on travaillesur d’autres types de sites dans le cadre de projetsplus ponctuels.” “Sur le site de Pleine-Fougères, les biologistes nous apportent la connaissance des processus dans l’histoire écologique récente,complète Dominique Marguerie. Cela nousaide à étayer notre interprétation archéogéo-graphique. Car toutes disciplines confondues, laquestion que l’on cherche toujours à élucider est :quelle est la part du climat et celle de l’Hommedans l’évolution des paysages ?” ■ N.B.

(1) Laboratoire Costel UMR CNRS 6554 LETG, Université Rennes 2, Caren, www.uhb.fr/sc_sociales/Costel/ (2) Voir encadré ci-contre. (3) L’UMR 6566 CNRS, Université deRennes 1, Université Rennes 2, Caren, ministère de la Culture. (4) L’unité de recherche Sad-paysage de l’Inra fait partie du Caren.

Contacts ➜ Laurence Hubert-Moy, tél. 02 99 14 18 48, [email protected], ➜ Guirec Querré, tél. 02 23 23 59 16, [email protected]

Géographes et archéologues ont investi le même siteLa lecture du paysage estun travail interdisciplinaire

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Image satellite prise par un capteur detrès haute résolution spatiale permettant

d’identifier les sols nus (en vert) et lessols recouverts de végétation (en rouge).

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Vue aérienne d’un enclos protohistorique et d’un parcellaire associé sur la communede Pleine-Fougères.

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Deux autres regards suDossierDossier

Percer les arcanes du droit de l’environnementUne juriste rennaise veut comprendrele langage de l’environnementD’un côté le droit, de l’autre l’environ-nement : deux mondes complexes,avec des codes et un langage parti-culiers. Et pourtant le droit de l’envi-ronnement a été créé. ChercheurCNRS, spécialisée en droit européenet de l’environnement, NathalieHervé-Fournereau a pris le pari decomprendre et d’apprécier le lien !

Le droit de l’environnement s’est édifié àpartir de 1972. Mais depuis, on ne peut

pas dire que ce dernier ait été vraimentrespecté, voire tout simplement appliqué.“Depuis les années 90, une augmentation desarrêts pour non-respect du droit communautaire de l’environnement a même été clairement enre-gistrée”, note Nathalie Hervé-Fournereau, del’Institut de l’ouest droit et Europe (Iode)(1),à l’Université de Rennes 1. Il faut avouerque les règles ne sont pas toujours faciles àcomprendre, surtout quand aux questionsd’environnement, on superpose le droiteuropéen, le droit national et le droit inter-national.

Partage des compétences

Un des rôles de Nathalie Hervé-Fournereau est justement d’analyser leprocessus d’intégration des exigences enmatière de protection de l’environnementdans les politiques et actions de l’Unioneuropéenne : par exemple, la Politique agri-cole commune ou la Politique communedes pêches. “Dans le domaine de l’environ-nement, la Communauté européenne bénéficied’une compétence partagée avec les Étatsmembres. Conformément au principe de subsi-diarité, elle n’intervient que si, et dans la mesureoù, les objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas

être réalisés de manière suffisante par les Étatsmembres et peuvent donc, en raison des dimen-sions ou des effets de l’action envisagée, être mieuxréalisés au niveau communautaire. Je travailleaussi beaucoup sur le concept de gouvernance, enparticulier sur l’articulation des compétences et lacontribution des différents acteurs, tels les juges, les entreprises, les scientifiques lors de l’applicationdes réglementations.” En effet, il n’est pastoujours facile pour un juge de trancher surl’identification de la cause d’une pollution,ni de quantifier le préjudice, de seprononcer sur l’état de conservation favo-rable des habitats naturels et des espècesde faune et flore d’intérêt communautaire,ou encore sur le “bon état écologique” ou le“bon état chimique” de l’eau.

À l’Iode, une passerelle a été tendue entrele droit et l’environnement : un axe derecherche spécialisé en environnement etdéveloppement durable a été créé en 2004.Depuis, la jeune équipe ne cesse des’agrandir et compte aujourd’hui huitpersonnes. Nathalie Hervé-Fournereau en apris la responsabilité et elle est bien décidéeà servir de médiatrice. Elle a tissé des liens

avec les scientifiques : deux étudiants endroit ont effectué leur stage dans un deslaboratoires du Caren(2) et les juristes del’Iode ont participé à un cycle de confé-rences sur le droit de l’environnement. Unouvrage est également en cours : “Le thèmede chacune des conférences sera à chaque foisdécliné par un juriste et par un scientifique, afin de croiser les regards”.

Amener les juristes sur le terrain

L’équipe est aussi impliquée dans lapréparation d’un colloque sur les approchesvolontaires et le droit de l’environnement enmars 2007. Mais son dernier “coup” estd’avoir répondu à deux appels d’offres, auxcôtés des agronomes et des écologues, dontl’un sur le site atelier de Pleine-Fougères(voir articles des pages 14-15). “Un site commePleine-Fougères est au carrefour de la politiqueagricole, de la politique d’aménagement du territoire et de la politique de l’environnement, soit trois branches juridiques ! Qui s’harmonisentou s’entrechoquent... Mon but est donc de dépasserla théorie et d’aller sur le terrain pour identifier les problèmes et réaliser une cartographie de l’application du droit. En fait, j’aimerais traduirejuridiquement les questionnements scientifiquespour amener mes collègues sur le terrain !” Unvéritable défi pour cette juriste qui avoueque l’idée d’interdisciplinarité est encoredélicate à promouvoir et concrétiser dansune discipline comme le droit. ■ N.B.

(1) L’Iode est le résultat de la fusion du Cedre (Centre de recherches européennes deRennes) et du Crjo (centre de droit privé), deux laboratoires de la faculté de droit deRennes. (2) Caren : Centre armoricain de recherches en environnement.

Contact ➜ Nathalie Hervé-Fournereau, tél. 02 23 23 76 79, nathalie.herve-fournereau@univ-rennes1.frwww.iode.univ-rennes1.fr/

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La Bretagne élabore une charte des espaces côtiers■ La Région Bretagne vient de lancer la réalisation d’une charte des espacescôtiers bretons, à laquelle elle veut associer tous les acteurs du littoral.L’objectif : mobiliser des secteurs souvent traités de façon séparée(environnement, tourisme, économie, transport) pour favoriser une gestiondurable du littoral. Pour y participer, une enquête est accessible en ligne sur le site Internet du Conseil régional et des forums sont organisés : le 13 janvierà Lorient et le 20 janvier à Brest. Rens.➜ www.region-bretagne.fr

Le plus grand inventaire de la biodiversité a commencé■ 160 scientifiques du monde entier se succèdent depuis le mois d’aoûtdernier sur Santo, une île de l’archipel du Vanuatu, pour réaliser le plus grandinventaire de la biodiversité jamais réalisé. La mission “Santo 2006” est le fruit du partenariat entre le Muséum d’histoire naturelle, l’IRD(1) et l’ONG(2) ProNatura. Les travaux des chercheurs portent sur quatre écosystèmes : la mer, lesforêts, la montagne et les rivières. Toutes les informations scientifiques etpédagogiques sont accessibles en ligne. Rens.➜ www.santo2006.org

Pour en savoir plus

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Souvent montrés du doigt commeétant les principaux destructeurs de labiodiversité marine, les pêcheurssont, d’après l’ethnologue AlietteGeistdoerfer(1), les boucs émissairesidéals de certains économistes ethommes politiques. Pourtant, ils sonteux-mêmes les principales victimesd’un système qui détruit peu à peul’univers social dans lequel ilsévoluent.

Sciences Ouest : Les pêcheurs sont-ilsune menace pour la biodiversité marine ?

Aliette Geistdoerfer :C’est effectivementl’avis d’une nouvellegénération de bio-logistes qui relaientainsi l’opinion deplusieurs économisteset hommes politiquesconcernant les ques-tions de surproduction,

par exemple. En général, les pêcheurs ne nient pas qu’ils effectuent des prélè-vements trop importants sur certainesespèces, mais ils participent aussi à denombreuses discussions pour tenter detrouver des solutions. Pourtant, certainsdécideurs persistent à les faire passer pourdes prédateurs, alors qu’ils sont desproducteurs, des travailleurs. C’est unefaçon de simplifier le problème complexede la pêche.

S.O. : Quelles sont les répercussionsexactes de cette stigmatisation des pêcheurs ?A.G. : Les conséquences peuvent être catas-trophiques ! Quand on applique certainespolitiques soi-disant pour la défense d’unebiodiversité durable, on entraîne malheu-

reusement une disparition de certainescommunautés de pêcheurs, sans se soucierde leur lendemain économique mais aussisocial : un pêcheur ne se reconvertit pasaisément à terre. On applique des planssociaux parfaitement “utopiques”.

S.O. : Pouvez-vous nous donner un exemple précis ?A.G. : Ce fut le cas en Vendée lorsque l’onsupprima la pêche du thon à l’île d’Yeu, aunom de la défense d’une espèce nonmenacée ! Mais c’est également le cas, defaçon encore plus spectaculaire, à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Terre-Neuve.

Depuis 1994, un moratoire sur lamorue et d’autres espèces a étémis en place par le Canada surtoute la zone économique exclu-sive(2) canadienne. Cela a conduità la crise économique mais aussisociale dans cet archipel, qui nesurvit plus aujourd’hui qu’avec lessubventions directes et indirectesde la métropole. En quelquesannées, au mépris général, on a assisté à la liquidation d’unesociété qui, pendant des siècles,avait fondé son travail, sa vie, saculture sur la pêche à la morue. À Saint-Pierre-et-Miquelon, lapopulation perd peu à peu sesmarqueurs identitaires et son“mal de vivre” préoccupe lesmédecins et les assistantessociales de l’île, qui tentent d’ail-leurs d’alerter les autorités.

S.O. : Au final, la communauté des pêcheurs serait-elle égalementune espèce à protéger ?A.G. : Aujourd’hui, sous le couvertde préserver des espèces biolo-

giques, supprimer des activités de pêcheapparaît comme la seule solution. AuCanada la mesure ne fait pas ses preuves !On veut oublier que les pêcheurs font partied’un système très complexe comprenant àla fois des aspects politiques, économiques,biologiques, techniques, sociaux et cultu-rels intimement liés. Or, lors des discus-sions menées avec les pêcheurs, et dans les mesures prises pour défendre lesespèces marines, on ne prend en compteque les aspects biologiques de la question,en éludant les déterminants économiquesqu’ils subissent pourtant. Pêcher coûte eneffet très cher aux professionnels de la merqui ne maîtrisent pas l’aspect commercialque leur activé génère. Pour préserver uneculture maritime vivante, il conviendraitdonc de reconstituer l’ensemble dusystème en n’éludant ni en ne surévaluantaucun de ses paramètres. ■

Propos recueillis par Christophe Blanchard

(1) Directrice de recherche au CNRS et responsable de la formation CNRS/Muséumnational d’histoire naturelle “Techniques et culture anthropologique maritime”, AlietteGeistdoerfer est également enseignante à Lorient dans le cadre du master 2 “Histoire dessociétés littorales” de l’UBS. (2) Tout pays ayant une façade maritime peut revendiquer uneZone économique exclusive (ZEE), large de 200 miles. Un aperçu de la répartition de cesespaces maritimes est consultable sur le site : www.maritimeboundaries.com

Contact ➜ [email protected]

La biodiversité marine vue par une ethnologue“Les pêcheurs font partie du système”

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Un ouvrage sur le développement durable au quotidien■ Dans cet ouvrage richement illustré, le Cemagref propose un voyage à travers 25 annéesde recherche sur le développement durable. On y découvre comment la recherche s’est remise en question (interdisciplinarité, changement d’échelle, anticipation desscénarios...) pour répondre aux enjeux actuels de la société : risques naturels, déchets, paysage,innovations technologiques. ➜ Récits de recherche partenariale pour l’ingénierie del’agriculture et de l’environnement, 124 p., 19 €. Pour commander le livre : tél. 01 40 96 62 85.(1) IRD : Institut pour la recherche et le développement. (2) ONG : Organisation non gouvernementale.

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Le mois prochain : La pollution lumineuse

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La biodiversitéDu gène à l’écosystème

➜Comment ça marche ?

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La biodiversitéDu gène à l’écosystèmeBocages, plages, falaises, oiseaux,insectes, plantes..., la biodiversité estun ensemble de systèmes écologi-ques et biologiques très organisés, enévolution permanente. C’est unerichesse utilisée par l’Homme, quin’en finit pas de l’observer, la classer,l’évaluer.

La connaissance du monde vivant inté-resse l’humanité et plus particulière-

ment les scientifiques depuis des siècles.Cependant, le terme “biodiversité” n’estutilisé dans le langage courant que depuisune quinzaine d’années(1) ! Aujourd’huiselon les experts scientifiques, on peutmême distinguer trois approches écolo-gique, biologique et génétique.● Les écologistes s’intéressent à la diver-sité des écosystèmes terrestres et de leursinteractions. Dans chaque écosystème, lesorganismes vivants font partie d’un tout, ils interagissent les uns avec les autres,mais aussi avec l’air, l’eau et le sol qui lesentourent ;● Les biologistes étudient la diversité desespèces et des organismes, la façon dont ilsfonctionnent et s’organisent dans leur envi-ronnement ; ● Les généticiens travaillent à l’échelle del’ADN. Ils étudient la diversité des gènes et

des processus génétiques tels que lesmutations et les échanges de gènes.

1,75 million d’espèces répertoriées

En ce qui concerne l’approche biolo-gique, la biodiversité repose sur unescience appelée systématique, qui range touteespèce vivante dans un système dont lescritères de référence ont été définis précisé-ment (végétaux, animaux, vertébrés, inver-tébrés...). Ainsi, on estime à 1,75 million lenombre d’espèces répertoriées sur unnombre véritable d’espèces vivantes esti-mées de 3,6 à plus de 100 millions ! Maisleur nombre diminue. L’équilibre est fragilecar chaque être, chaque chaînon, chaqueorganisme y contribue à son échelle. Lemaintenir est crucial : si l’un disparaît,l’existence des autres devient incertaine.

Le rôle des bio-indicateurs

Or, les Hommes puisent dans lesressources biologiques végétales,animales, microbiennes pour s’alimenter,se soigner, produire l’énergie, des maté-riaux de construction, des textiles... Demême, la biodiversité a une dimensionsociale, culturelle et esthétique qui s’inscritdans l’histoire de nos rapports au paysage,au cadre de vie, à la nature.

Cependant, la biodiversité ne peut êtreévaluée par une unique mesure objectivemais par des mesures relatives à des utilisa-tions ou applications ciblées. Les scientifi-ques utilisent des bio-indicateurs : espècesou groupes d’origine végétale ou animale,qui renseignent sur certaines caractéristi-ques physico-chimiques ou biologiques del’environnement ou sur l’incidence decertaines pratiques. Les effets sont observa-bles au niveau de l’individu et se traduisentpar des altérations morphologiques,comportementales, tissulaires ou physiolo-giques. Par exemple, le bio-indicateur leplus approprié pour évaluer l’impact toxico-logique en milieu marin d’une peintureantisalissures de coques contenant undérivé de l’étain, sera... les femelles gastéro-podes de type Nucelle lapillus ! Bien connuesen rade de Brest, celles-ci développent eneffet des organes sexuels mâles en présencede dérivé de l’étain même à faibles doses.

La conservation de la biodiversité estdevenue de nos jours un motif de préoccu-pation mondiale. Au niveau européen, leréseau Natura 2000(2) comporte les direc-tives Oiseaux et Habitats, qui visent àstopper la perte de biodiversité d’ici 2010.En Bretagne, 72 sites naturels ont été dési-gnés pour faire partie de ce réseau. ■

Nathalie Thieriet, Centre de vulgarisation de la connaissance, Université Paris-Sud 11,

www.cvc.u-psud.fr

(1) Le concept a été défini au sommet de Rio en 1992. (2) http://natura2000.ecologie.gouv.fr/(3) Retrouver certains de ces animaux sur le site de Bretagne Environnement : www.bretagne-environnement.org/rubrique/la-faune

Quelques exemples de bio-indicateurs bretonsVoici quelques espèces répertoriées et étudiées par des spécialistes en Bretagne,pour rendre compte de l’état de l’environnement(3).● Loutres, saumons, anguilles, moules perlières, araignée Argyronète en eau douce,● la libellule Sympétrum noire dans les tourbières,● le papillon damier de la Succise et la Pie-grièche dans les marais,● l’escargot de Quimper dans le bocage ou les chênaies humides,● varech, divers crustacés et gastéropodes, et aussi la Grande Nébrie des Sables enbord de mer. ■

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De Séville à Rennes !Le “Livre Monde” anime le hall des Champs LibresUne sculpture animée a pris place dans le hall des Champs Libresle 7 novembre dernier. Imaginé et réalisé par Jack Vanarsky, le “Livre Monde” raconte l’histoire de la connaissance, au travers de l’évolution de l’écriture. De l’écriture cunéiforme, à la bandedessinée, en passant par les hiéroglyphes et les enluminures duMoyen Âge, l’artiste a également mis en scène les supports de cesécrits : pierre, parchemin, papier, écran. “La connaissance ne s’arrêtepas, explique-t-il. C’est pourquoi les pages vont et viennent, sans tournervéritablement. J’ai matérialisé le futur par des pages qui ne bougent pas, pourillustrer le fait que l’histoire n’est pas encore passée.”

Réalisé pour le pavillon de la France à l’occasion de l’Expositionuniverselle de Séville en 1992, le “Livre Monde” est une donation dugroupe Aréva à l’Espace des sciences. Ses pages s’animent dans lehall des Champs Libres, au carrefour de la bibliothèque, du muséeet des expositions scientifiques. ■

Expo itinéranteDe l’herbe au laitUne nouvelle exposition à louer vient enrichirla collection de l’Espace des sciences. “Del’herbe au lait” a pour but de mieux faireconnaître le travail de l’éleveur de vacheslaitières : nutrition des animaux, traite, impactde l’élevage laitier sur les paysages ruraux,ainsi que le produit brut : de quoi est composéle lait, qu’est-ce qu’un lait de bonne qualité ? ■

Rens.➜ Patrick Le Bozec, tél. 02 23 40 66 46, [email protected]

Exposition

Espace des sciences

www.espace-sciences.org19238/DÉCEMBRE 2006

Conférences

6,5 milliards d’habitants sur Terre... etl’eau en partage ! Avec cette nouvelleexposition l’Espace des sciences vousinvite au cours d’une promenade à ladécouverte de cette ressource. Dèsvotre arrivée, entrez dans un décorfleuri, passez sous les nuages etécoutez les chants des hommes quiracontent l’eau selon leur civilisation.Au cœur de l’exposition, contournez

la mappemonde géante et abritez-vous sous lesparapluies qui vous montrent les solutions envisagéespour l’avenir afin de partager ce liquide inégalementréparti. Enfin, asseyez-vous un instant dans l’espaceconsacré aux jeunes enfants dont le décor évoque unepetite mare. Le parcours est agrémenté de multiplesmanipulations interactives, dont un voyage unique avecune goutte de pluie ! ■

Rens.➜ Retrouvez toutes les informations pratiques sur lesanimations et toute l’actualité de l’Espace des sciences sur notresite Web.

L’eau pour tous

Kako

Actualité

Les mardis de l’Espace des sciences■ Le 19 décembre/Les observatoires sous-marins : un nouveloutil pour la connaissance des océans. Par Jérôme Blandin, chefde projets d’observatoires et Roland Person, coordinateur desprojets d’observatoires à l’Ifremer.

■ Le 16 janvier/L’océan, gardien de l’équilibre climatique : ledébut du déséquilibre ? Par Catherine Jeandel, du laboratoired’étude en géophysique et océanographie spatiales(1).

Rens.➜ Aux Champs Libres, salle Hubert-Curien, à 20 h 30. Entrée libre.

(1) Laboratoire CNRS, Université Toulouse III, Cnes, IRD.

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(1) Itert : Institut de transplantation et de recherche en transplantation. (2) INH : Institut national d’horticulture.

■ Colloque1er février/Impact du phosphore dansl’environnement

■ Rennes - Organisée par l’Association française pour l’étude des sols (Afes) et leconseil scientifique de l’environnement de Bretagne, cette journée abordera l’étudedes mécanismes de transfert des sols en eaux et la gestion du phosphore à l’échelledu bassin versant. Elle se tiendra dans le cadre du Carrefour des gestions locales del’eau, Parc des expositions à Rennes - St-Jacques.Rens.➜ Josette Launay, tél. 02 23 48 56 32, [email protected]

Adria■ 17 et 18 janvier, Quimper/Manipulations de base en

analyses microbiologiques ■ 18 janvier, Paris/Réglementation et étiquetage nutritionnel ■ 25 janvier, Paris/Responsabilitésjuridiques des IAA et de leurs dirigeants ■ 30 janvier, Nantes/Conception et réalisation hygiénique des ateliers en IAA : les bonschoixRens.➜ Séverine Pierre, tél. 02 98 10 18 49, www.adria.tm.fr

■ Formations

■ Appel à projet20 décembre/À quellessouffrances sommes-noussujets ?■ Brest - Conférence donnée par RolandChemama, dans le cadre d’un cycle surles souffrances psychiques, organisépar le Centre de recherche en psycho-logie. À 19 h, amphi Guilcher de lafaculté Victor-Segalen.Rens.➜ Bureau coordinationrecherche, tél. 02 98 01 81 87,[email protected]

21 décembre/Nouveauxservices liés à laconvergence des Tic

■ Rennes - Quelles tech-nologies ? Quels usages ?Quels marchés pour lesservices liés à la conver-

gence de Tic ? Tel sera le thème de cetteMatinale de Rennes Atalante. De 8 h 15à 10 h 15. À la faculté des métiers, sur leCampus de Ker Lann.Rens.➜ Rennes Atalante, tél. 02 99 12 73 73, www.rennes-atalante.fr

9 janvier/Greffes humaines,greffes végétales : desapplications différentes ?■ Nantes - Conférence donnée dans lecadre des mardis Museum par Sophie

Brouard, chargée derecherche à l’Itert(1)

(Inserm Nantes),Magali Giral, prati-cienne hospitalièreen néphrologie auCHU de Nantes, et

Jean-Claude Mauget, professeur d’arbo-riculture fruitière, directeur scientifique

de l’INH(2), à Angers. À 20 h 30 dansl’amphithéâtre du muséum de Nantes.Entrée libre.Rens.➜ Muséum d’histoire naturellede Nantes, tél. 02 40 99 26 20,www.museum.nantes.fr

10 janvier/Biodiversité etnodules dans les grandsfonds du Pacifique

■ Brest - Proposéepar l’Ifremer, cette

conférence sera animée par la biologisteJoëlle Galéron. À 15 h 30, dans le bâti-ment Bougainville de l’Ifremer, pointedu Diable, à Brest.Rens.➜ Service communication, tél. 02 98 22 40 07.

17 janvier/Travailler dansles tabacs au XIXe siècle■ Nantes - Proposée dans le cadre d’uncycle sur la vie ouvrière en basse Loireau XIXe siècle, cette conférence seradonnée par Jean-Noël Retière, socio-historien du département de sociologiede l’université de Nantes. À 19 h, auCnam, 25, bd Guy-Mollet.Rens.➜ Cnam Pays de la Loire, tél. 02 40 16 10 50, [email protected]

23 janvier/Chirurgieesthétique : pourquoil’engouement actuel ?■ Rennes - Cette conférence seradonnée par le professeur Wattier et ledocteur Aillet, dans le cadre des mardissanté du CHU. À 18 h, amphithéâtreBretagne, centre des congrès, hôpitalPontchaillou.Rens.➜ www.chu-rennes.fr

■ Conférences

■ Sortie14 janvier/Journée du bois■ Rennes - L’Écomusée du Pays de Rennes accueille, pour une

journée, professionnels et passionnés de bois. Ceux-ci commenteront les qualitéset les usages des différentes essences, au travers de certaines de leurs réalisations.Rens.➜ Écomusée du Pays de Rennes, tél. 02 99 51 38 15, www.ecomusee-rennes-metropole.fr

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Transplantation■ Le congrès Nantes - Actualités -Transplantation (Nat) est une réunion annuelle de deux jours destinée aux spécialistes dans le domaine de l’immunologiefondamentale appliquée à l’allo et à la xénotransplantation. L’édition 2007 de Natsera consacrée aux “Marqueurs précoces de la survie du greffon” et les conceptsles plus avancés seront directement présentés par des orateurs de réputationinternationale. Ce congrès se déroulera les 14 et 15 juin 2007 à la Cité des congrèsde Nantes. Les participants sont invités à soumettre des communications ou desposters avant le 1er avril 2007. Rens.➜ Valérie Châtellier, tél. 02 40 08 74 10, www.nat.nantes.inserm.fr/

Pour paraître dans le prochain ➜ Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41

[email protected]

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21238/DÉCEMBRE 2006

■ ExpositionsJusqu’au 7 janvier/Les oiseaux d’Amérique

■ Nantes - “Alain Thomas,parcours de rêve” Lesoiseaux d’Amérique. Lesoiseaux peints par AlainThomas entre 1993 etaujourd’hui constituent le

prétexte à cette exposition dans laquelleles visiteurs pourront découvrir lesoiseaux naturalisés du muséum.Rens.➜ Muséum d’histoire naturellede Nantes, tél. 02 40 99 26 20,www.museum.nantes.fr

Jusqu’au 17 janvier/Art et science : informatiqueet numérique au musée

■ Laval - Faire la diffé-rence entre un originalet une copie, découvrirdes informationsinédites sur uneœuvre, voici de quoisont capables les tech-nologies informatiques

et numériques quand elles sont misesau service de l’art. Cette exposition estproposée par le CCSTI de Laval, enpartenariat avec le Centre de rechercheet de restauration des musées de France(C2RMF), le technopôle de Laval et leCentre lavallois de ressources techno-logiques (Clarte).Rens.➜ Musée des sciences de Laval,tél. 02 43 49 47 81.

Jusqu’au 31 janvier/L’arbre,la haie, les hommes

■ Rennes - Des chênesémondés (ou “ragosses”)aux haies, en passant par les

différentes essences traditionnelles dubassin de Rennes, leurs qualités et leursusages, cette exposition retrace l’his-toire du bocage haut breton. Objets etpratiques anciennes associées y sontégalement présentés.Rens.➜ Écomusée du Pays de Rennes,tél. 02 99 51 38 15, www.ecomusee-rennes-metropole.fr

Jusqu’en mars/Fabuleuxmonstres marins

■ Brest - Océano-polis fait revivre lechant des sirènes àtravers une exposi-tion mélangeant lemythe et la sciencerépartie en troisthèmes sur troissites différents “lebestiaire fabuleux”sous le chapiteau,

“les baleines gigantesques” dans leforum, “les sirènes” dans le pavillontempéré au niveau 1. Rens.➜ Océanopolis, tél. 02 98 34 40 40,www.oceanopolis.com

Jusqu’en avril/La radiodiffusion■ Rennes - La nouvelle expositiontemporaire de l’Espace Ferrié, muséedes transmissions, a pour thème laradiodiffusion. Souvent traitée pour la

partie réception,la radiodiffusionest ici abordéesous l’angle plusoriginal de l’émis-sion, notamment

au travers des travaux du général Ferrié.C’est en effet lui qui a sauvé la Tour Eiffelde la destruction en lui trouvant unusage nouveau pour l’époque : celui desite d’émissions radiophoniques.Rens.➜ Espace Ferrié, tél. 02 99 84 32 43,www.espaceferrie.fr

Jusqu’au 30 juin/En quête de nos ancêtres■ Vannes - Pour partir à la recherche

des t races dupassé et découvrirnos lointains ancê-tres et leurs modesde vie. Cette expo-sition retrace l’évo-lution de l’Homme,

depuis l’australopithèque jusqu’àl’Homo sapiens. Présentée à l’Espaceenfance de la Caisse d’allocations fami-liales du Morbihan, pour les enfants de6 à 12 ans.Rens.➜ Caf du Morbihan, Espace enfance, [email protected],www.espace-enfancecaf56.com

Jusqu’à fin 2007/Grand-pèreraconte-moi la pêche

■ Le Guilvinec (29) - Lanouvelle expositionproposée par l’espacedécouverte de la pêcheen mer, Haliotika,retrace 50 ans d’aven-ture humaine et d’évo-lution du métier depêcheur (techniques,

commerce, avenir). Une évolutionretracée à travers des documents, desobjets et des vidéos.Rens.➜ Philippe Gredat, tél. 02 98 58 28 38,www.leguilvinec.com

■ Tarif normal : 2 ANS 54 € (au lieu de 66 €*) soit 4 numéros gratuits /1 AN 30 € (au lieu de 33 €*) soit 1 numéro gratuit ■ Tarif étudiant (joindre unjustificatif) : 2 ANS 27€ (au lieu de 66 €*) soit 13 numéros gratuits / 1 AN 15 €

(au lieu de 33 €*) soit 6 numéros gratuits ■ Tarif étranger ou abonnement desoutien : 2 ANS 76 € / 1 AN 50 €

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■ Tarif normal : 2 ANS 54 € (au lieu de 66 €*) soit 4 numéros gratuits /1 AN 30 € (au lieu de 33 €*) soit 1 numéro gratuit ■ Tarif étudiant (joindre unjustificatif) : 2 ANS 27€ (au lieu de 66 €*) soit 13 numéros gratuits / 1 AN 15 €

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L’info scientifique et technique du grand Ouest

Bulletin d’abonnement et chèque à l’ordre de l’Espace des sciences, à retourner à :Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes.

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“Oceans that have dried up by 2048?” This controversialheadline followed thepublication on 3rd November in the “Science” journal of an article by a Canadian

researcher who forecast the almost totaldisappearance of all species of edible fish and seafood by 2048. Is this real information or media hype? There are plenty of similar examples, says YvanLagadeuc, Director of Caren(6): “Scarcely a daygoes by without somebody talking about theenvironment in the media.” Quite apart from eye-catching headlines, there are also areas

of discussion between politicians, scientistsfrom a whole range of disciplines and thegeneral public.In Brittany, the 10th “Science and Ethics, or theDuty to Speak” conference was held in Brest inOctober. The discussion centred on coastalbiodiversity. Pleine-Fougères on the shores ofMont-Saint-Michel Bay will host the regionalYoung CNRS “Science and Citizens” meeting inMay 2007 on biodiversity and landscape.This feature contains some of the subjects thathave been, or will be, topics for discussion. Asfar as the sea is concerned, the conference willlook at the cartography of the coastal zone forinventory purposes, the exposure of real threats

to coastal biodiversity and measurements of the pollution in catchment areas that is thecause of this. On land, you will learn aboutPleine-Fougères, one of the CNRS and INRAwork sites where ecologists, agronomists,geographers, archaeologists and lawyers fromCaren cross-check their data on biodiversity andchanges in land use. The view of an ethnologistcompletes this summary of a subject that isdecidedly rich and complex, with a range ofaspects that cannot be summed up in a singleheadline. ■

(6) Caren: Centre armoricain de recherches en environnement (Brittany’s environmental researchcentre) is a research federation involving: Agrocampus, CNRS, Inra, University of Rennes 1 andUniversity of Rennes 2.

22 238/DÉCEMBRE 2006

These abstracts in English are sent to foreign universities that have links with Brittany and to the Scientific Advisers inFrench Embassies, in an effort to widen the availability of scientific and technical information and promote the researchcarried out in Brittany. If you would like to receive these abstracts on a regular basis, with a copy of the corresponding issueof Sciences Ouest, please contact Nathalie Blanc, Editor, fax +33 2 23 40 66 41, E-mail: [email protected]

Brittany Regional Councilis providing financial backingfor this service.

Research and innovation in Brittany

Abstracts for the international issue

December 2006 ■ N°238

FEATURE P.9/17Biodiversity

SPOTLIGHT ON - COMPANIES P.6Company start-ups, ready, set, go!Two winners from Rennes at the OséoAnvar awards tell of their experiencesAmong the hundred or more prize winners at thecompetition for innovative technology companystart-ups, coordinated by Oséo Anvar in 2006,twelve were from Brittany. Sciences Ouest has beengiven a glimpse behind the scenes in two ofthem.For Yannick Boulis, the young founder of theAllugium Nutrition company and prize winner inthe “Start-up & Development” category lastJune(1), the “road to Damascus” moment camewhen the European Union announced that itwas banning the use of antibiotics in animalfeeds from 1st January 2006. In fact, since thecompany first began working from Brittany’sEmergys business incubator in 2002, its projecthas made constant progress, going one stepfurther every year - taking it from laboratorytesting in 2003 to full-scale industrial testing in2005. Today, the production plant outputs 8 to10 tonnes of Lactoprim per month, a productthat improves the digestive system andintestinal flora of poultry and pork. Mathieu Bécus, a prize winner in the“Emergence” category, has been making use ofdiffuse computing, based on a technologydeveloped by Irisa(2), since 1998. One of the services developed is Ubi-Board. Itenables an electronic display to communicatewith a mobile phone or an RFID chip, usingBluetooth wireless technology. When somebodyis sufficiently close to the display, it identifies thelanguage he or she is speaking and adapts itsmessage. The information is also transmitted toa mobile phone. The system can be useful inairports or at athletics meetings, for example.The idea of setting up a marketing companycame into being at the end of 2005. However, the

project will remain internal to Irisa until the endof 2007, to leave more time to study the marketin detail. ■

SPOTLIGHT ON - THIS MONTH’S GUEST P.7In Rennes, changes in parasitoids are closely monitoredWhen biological control followsclimate changeTo get rid of aphids, you can use pesticides orother insects. This is the principle behindbiological control. Aphidius, for example, is aninsect used to kill aphids. However, in the smallworld of killer parasitoids, climate change canupset the balance between insect populations.In the Ecobio laboratory at the University ofRennes 1, a three-year research programme(3)

has been set up with a leading Europeanscientist to prepare for the next insect wars - andinvent the biological control of the future. “Wedon’t know how the parasitoids are going to behave.It is not sufficient to compare populations fromregions with different climates because theenvironment is not the same”, explains Jacquesvan Alphen, Professor of Ecology in theNetherlands.The programme does not simply aim to measurethe effect of climate on animals today; it alsolooks at changes in insects which will adapt fairlyquickly to a change in the climate. By bringingthe Professor to Rennes, Europe is encouragingthe transfer of knowledge, and developingresearch into biological control in France, acountry that is still a major user of pesticides. ■

SPOTLIGHT ON A LABORATORY P.8A Bird’s Eye View of SnowThe characteristics of snow cover as detected by satelliteIn Rennes, the researchers in IETR’s Saphir(4)

team have spent years developing a radar

processing technique for remote detection fromspace known as Sar polarimetry and the team isnow world-famous. Applied to the remotesensing of snow, Sar(5) produces spatialresolution of the order of one metre and it ishoped that it will one day be possible to analysesnow cover in great detail. At frequencies of theorder of 1 GHz, radar backscatter is sensitive tothe biological and geophysical parameters of theenvironment.The precise definition of these vast snow fields,which are difficult to reach and vary greatly inarea over time, is essential from an economicand ecological point of view. Estimating thewater content of snow cover, for example, is animportant issue for many applications such asthe management of electricity resources or theprevention of flooding and avalanche risks.Sar polarimetric remote sensing seems to be apromising qualitative tool which will completethe information already supplied bySafran/Crocus, digital models developed byclimatologists at the Centre d’étude de la neige(Cen, snow study centre) in the Centre national de recherches météorologiques (CNRM, nationalmeteorological research centre) - Météo France.This article was written by Nicolas Longépé, asecond-year Ph.D student at IETR and monitorat CIES.The circulation of scientific and technicalknowledge is now an official part of the trainingcurriculum for future university lecturers. Writingan article in Sciences Ouest is among the projectsproposed to monitors being trained at WesternFrance’s Centre d’initiation à l’enseignementsupérieur (CIES, Training centre for highereducation staff). ■(1) Yannick Boulis was already a prize winner in 2003, in the “Emergence” category. (2) Irisa:Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (computer and random systemresearch) The Aces team specialising in diffuse computing and embedded systems is directedby Michel Banâtre and is heading up this project. (3) The project called Parasitoid links changesin history and climate change (Comparevol). (4) Saphir: Sar Polarimetry, Holography,Interferometry and Radargrammetry. (5) Sar: Synthetic Aperture Radar.

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