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La Ville de Guingamp a engagé sur deux ans (2009 et 2010) un projet de valorisation de son patrimoine industriel et de la mémoire ouvrière, représentés par les Usines Tanvez (1856-1966), qui furent implantées sur les rives du Trieux, à l’emplacement du moulin de La Tourelle, près de Pont-Ezer. En effet, cette entreprise de fonderie, mécanique générale, émaillerie et menuiserie a marqué pendant plus d’un siècle la vie économique et sociale de Guingamp, employant jusqu’à 1 600 ouvriers. Elle a ainsi longtemps constitué un

pôle industriel important à l’échelle du Pays de Guingamp. Les dernières traces tangibles de ces usines sont appelées à disparaître courant 2010 dans le cadre du Plan du Renouvelle-ment Urbain mené par la Ville, le site devant accueillir des logements. Ce projet s’articule en deux temps :- En 2009, une double exposition (archives,

collectage et travail photographique) a pour objectif de faire émerger l’histoire des Usines Tanvez et la mémoire ouvrière de Guingamp ;

- En 2010, sera constituée une banque de mémoire à partir d’enregistrements sonores et de vidéos de témoignages d’anciens em-ployés de l’entreprise, responsables locaux et autres acteurs intéressés par le sujet.

Il intègre par conséquent une dimension identitaire de l’histoire et de la mémoire de l’activité industrielle guingampaise.Notons que les Usines ont également entre-tenu un lien étroit avec l’équipe de football En Avant de Guingamp.

Pourquoi se souvenir ?La mémoire n’est pas une reconstruction du passé, mais une exploration de ce qui n’est plus.La prolétarisation des masses au XIXè siècle, puis leur émancipation progressive est l’un des phénomènes essentiels de l’histoire contemporaine de l’Europe.Avec la disparition des friches industrielles, de Renault Billancourt à Tanvez, seuls la parole et les souvenirs des ouvriers sont intacts pour nous restituer la mémoire sociale et industrielle qui n’est plus incarnée par les murs, les machines, l’activité. Elie Wiesel disait en 1998, lors d’un forum international de l’ UNESCO, que : « l’homme est défini par sa mémoire individuelle, liée à la mémoire collective. La mémoire est liée à l’identité. Les deux s’alimentent mutuellement. Se souvenir, c’est permettre à l’homme d’affirmer que le temps laisse des traces et des cicatrices sur la surface de l’histoire, que tous les évènements sont liés les uns aux autres, comme le sont les êtres ». Dans cette optique, le travail sur la mémoire industrielle et la culture ouvrière à travers les Usines Tanvez, offre l’opportunité d’éclairer comment fut vécue, par le Pays de Guingamp et une grande partie de ses habitants, cette bascule du monde rural et agraire au monde industriel. L’histoire des ouvriers et du mouvement ouvrier, d’où est issu le mouvement syndical, fait partie de notre environnement culturel depuis plus de 150 ans : nous leur devons collec-tivement la majeure partie du droit social et du travail. État d’esprit que l’on retrouvera dans la démarche collective de la construction du quartier ouvrier des Castors et dans l’expression sportive de ce jeu collectif qu’est le football avec ces ouvriers footballeurs qui œuvraient chez Tanvez la semaine, et jouaient au ballon rond le dimanche…Alors, se souvenir ? Oui, nous avons un devoir de mémoire à l’égard de ce qui fut, de ce qui a produit de la richesse économique à Guingamp, de ce qui a façonné en partie l’architecture de notre ville, de ce qui a nourri notre histoire collective. Annie Le Houérou, Maire de GuingampMona Bras, Adjointe à l’identité guingampaise et aux patrimoines,Conseillère régionale de Bretagne

Perak derc’hel soñj ?Ne eñvorer ket evit adsevel an amzer dremenet, met evit ergerzhet ar pezh zo aet da get.Proleteriezh ar werin en XIXvet kantved, o tishualañ tamm-ha-tamm da c’houde, zo unan eus darvoudoù pennañ istor Europa a vremañ. Goude distruj ar fraostoù greantel, eus Renault-Billancourt da Danvez, ne chom mui nemet komzoù hag eñvorennoù ar vicherourien evit derc’hel koun eus ar vuhez sokial ha greantel n’eus ket mui anezhi war ar mogerioù, an ardivinkoù, an obererezh. Sed amañ ar pezh a lavare Elie Wiesel e 1998 en ur forom etrebroadel aozet gant an UNESCO : « Mab-den a vez termenet gant e vemor hiniennel zo liammet ouzh ar memor a-stroll. Stag eo ar memor ouzh an identelezh. An daou a vez maget gant an eil hag egile. Eñvoriñ zo reiñ an tu da Vab-den da ziskouez e lez an amzer roudoù ha kleizhennoù war c’horre an istor, ez eo liammet an holl zarvoudoù an eil ouzh egile, evel an dud ». Gant ar pal-se, al labour war ar memor greantel ha war sevenadur ar vicherourien el labouradegoù Tanvez a ro tro da deuler sklêrijenn war an doare ma oa bet bevet an tremen eus ar bed troet war-du ar maezioù hag al labour-douar d’ar bed greantel e bro Gwengamp ha gant an darn vrasañ eus an dud a oa o chom eno. Istor ar vicherourien hag al luskad micherel, alese al luskad sin-dikadel, a ya d’ober ul lodenn eus hon endro sevenadurel abaoe ouzhpenn 150 vloaz : al lodenn vrasañ eus ar gwir sokial hag eus gwir al labour a reomp holl ganto bremañ zo dleet d’an istor-se. Adkavet eo bet ar spered-se gant ar youl stroll da sevel ar c’harter micherourien « An Avanked » hag ivez gant ar sport a-stroll zo eus ar vell-droad, gant ar vicherourien-c’hoarierien a laboure e ti Tanvez e-pad ar sizhun hag a c’hoarie mell-droad da Sul… Derc’hel soñj neuze ? Ya, dleet eo dimp derc’hel koun eus an amzer dremenet, eus ar pezh en deus degaset pinvidigezh ekonomikel e Gwengamp, eus ar pezh en deus roet un tamm eus he stumm da savouriezh hor c’hêr, ar pezh en deus maget memor an dud.Annie Le Houérou, Maerez GwengampMona Bras, Eilmaerez evit an identelezh hagar glad Kuzulierez-rannvro Breizh

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La municipalité et l’ensemble des porteurs du projet remercient vivement toutes les personnes qui ont, soit par le prêt de documents ou d’objets dont ils étaient dépositaires, soit par leur témoignage, contribué à la mise en œuvre de cette exposition et renforcé l’objectif de construction d’une mémoire collective.

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La Ville de Guingamp a confié une mission artistique à deux photographes.Olivier Metzger a réalisé des portraits d’an-ciens ouvriers et salariés et de leurs descen-dants, et mis en valeur la mémoire de ces acteurs et témoins de la vie des Usines Tan-vez. Laurent Bellec, quant à lui, a mené une recherche, à la manière d’une enquête, sur le passage du monde agricole à l’ère indus-trielle, en photographiant les traces laissées dans le paysage par cette industrie locale.

La restitution de ces deux photographes nous donne la vision d’une mémoire qui se construit, avec sa part d’honnêteté et de subjectivité, à travers deux approches sensibles.

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Sur base de documents d’archives, collectés auprès de particuliers ou prêtés par les Ar-chives départementales des Côtes-d’Armor, l’exposition tentera de reconstituer l’histoire de cette usine et son évolution au fil des ans. S’appuyant également sur des témoignages d’employés, du matériel ou encore des « ves-tiges » issus de ses ateliers (machines agri-coles, enseigne aux initiales de l’usine, sirène

et tableau de pointage, etc.), l’exposition per-mettra de saisir à la fois l’activité et l’ambiance qui régnaient dans l’usine aux différentes époques de sa longue existence. Elle mettra par ailleurs en avant tous les liens ayant existé entre l’entreprise et la Ville de Guingamp, celui établi avec l’équipe d’En Avant mais aussi la tentative politique d’un de ses plus marquants directeurs.

© Olivier METZGER

L’installation initiale d’une usine à La Tourelle, près de Pont Ezer, remonte à 1856, date à laquelle Simon Joret, constructeur mécanicien, fonde une filature et un atelier d’ajustage à l’emplacement d’un ancien moulin. En 1872, Emile Lever et Pierre Tanvez reprennent l’établissement, qui restera aux mains de leur lignée jusqu’en 1920. Une centaine de personnes y sera alors employée. Poursuivant la même activité de production de machines destinées à l’agriculture, ils développent l’entreprise et modernisent certains secteurs comme celui des presses cidricoles. Ce n’est qu’en 1920 que l’entreprise familiale devient Société Anonyme, les descendants ne pouvant plus assurer la relève de leurs aïeux.

L’objet de la société est large : l’exploitation de fonderies et d’aciéries et toutes les opérations métallurgiques et mécaniques s’y rattachant ; la fabrication, la construction et l’usinage de tous les articles, produits et machines d’usage domestique, commercial, industriel ou agricole ; la mécanique générale ou de précision et la construction métallique ; l’exploitation forestière, le sciage, la charpente et toutes les autres industries du bois et de ses dérivés ; le machinisme agricole, cidricole et vinicole.

Les années 1930 vont donner lieux aux premiers soubre-sauts, l’usine subissant une mise en liquidation judiciaire en 1936, avant de connaître d’importantes grèves dans les années 1937-38. Un nouveau type de productions apparaîtra cependant, celui de matériel domestique de la marque Faunus (cuisinières et poêles de chauffage), qui obtiendra la faveur des ménagères. Pendant la seconde guerre mondiale, l’entreprise va être réquisitionnée pour la production d’armement, employant un effectif d’environ 1 600 personnes. Cet épisode aura des conséquences au sortir de la guerre, créant une polémique autour du directeur en place, Hubert Couquet. Ce dernier, arrivé à la direction générale de l’usine en 1939, y restera jusqu’en 1960. Entre 1944 et 1954, la vie de l’usine sera marquée d’une large contestation, tantôt de la part d’une opinion publique dénonçant la production d’obus et de grenades qui va perdurer pendant la guerre d’Indochine, tantôt de la part d’ouvriers insatisfaits des conditions de leur rému-nération.

Hubert Couquet était un patron ambitieux pour son en-treprise.Il brigua également la mairie dans les années 1950, ce qui lui valut quelques désillusions et entraîna son retrait progressif de la scène guingampaise. L’entreprise rencontra dès lors de nombreuses difficultés, malgré un redéploiement dans la production de vérins hy-drauliques pour les engins de travaux publics, finissant par fermer en 1966 alors qu’elle employait encore 135 salariés. Les ateliers connurent alors des reprises successives, la partie mécanique étant récupérée par le groupe NGH (siège social à Neuilly) sous le nom de SAAAH (Société armoricaine d’application et d’automatisme hydraulique) tandis que les ateliers de fonderie étaient réinvestis par la Fonderie du Pas (basée à Lanfains près de Quintin). Mais le contexte économique dans le secteur de l’industrie métallurgique n’était guère favorable, et le site finit par fermer définitivement en 1985, laissant vide d’activité un important patrimoine bâti.

La Ville de Guingamp s’est portée acquéreur des lieux en 1990, souhaitant accueillir à leur emplacement une nou-velle zone d’activités. Les bâtiments situés sur la rive droite du Trieux seront ainsi démolis en 1991, permettant à une nouvelle entreprise, Gamm Vert, de s’implanter.

La lettre du 3 juin 1938, Syndicat CGT, col. ADCA

Pressoir à cidre ambulant avec élévateur de pommes © Service photo Usines Tanvez

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L’implantation des usines Tanvez en 1856 à Guingamp est en lien direct avec l’acti-vité agricole intense qui règne alors dans les campagnes, en cours de mécanisation. Produisant essentiellement du matériel agri-cole, l’usine trouve ainsi des débouchés im-médiats sur son territoire d’implantation. Sa localisation est également liée à la tradition métallurgique de la ville, qui accueille déjà de nombreux artisans (forges, maréchaux-ferrants) répondant aux demandes du mon-de rural alentour. Tanvez constitua un pôle d’attractivité important pour la région guin-gampaise, puisque les usines ont employé

jusqu’à 1 570 personnes. En effet Guingamp, comme la Bretagne, n’a pas échappé au phénomène de l’exode rural favorisé par les choix politiques, visant à apporter une main-d’œuvre suffisante à l’industrie.

Après avoir connu son apogée, l’usine vit progressivement apparaître le déclin du marché notamment en raison d’une forte concurrence étrangère, mais aussi faute de n’être pas parvenue à adapter son outil de production, qui avait considérablement vieilli.

Hubert Couquet, outre le fait d’avoir été Directeur général des Usines Tanvez de 1939 à 1960, fut également le troisième président d’En Avant de Guingamp. Il voulait un grand club de football aux côtés de son entreprise et établit alors un lien consubstantiel entre vies industrielle et sportive. En 1943, une convention fut signée entre EAG et les Usines Tanvez selon laquelle les recrues d’EAG seraient prioritaires pour travailler dans l’usine. Il initia alors une ambitieuse politique de recru-tement, confiant les rênes de l’équipe à Jean Prouff, ancien international du Stade rennais. Duval, ancien international militaire, gardien de but et salarié des Usines Tanvez, contacta Vincent Llido, parisien originaire d’Espagne, qui arriva à Guin-gamp en 1946. À la demande de Couquet, ce dernier contacta d’anciennes relations parisiennes qui vinrent à leur tour grossir les rangs des Espagnols de Guingamp (Del Monte, Garcia, Del Pozo,…). Puis, les grandes heures de la Division d’Honneur (1949-1953) virent arriver de l’Est un nouveau gardien, Marcel Schmitt, lui aussi recruté par Couquet. Marcel Schmitt s’établira à Guingamp et poursuivra une longue aventure avec EAG. À cette époque, EAG rejoignit donc l’élite du football breton. Le 8 janvier 1950, les 32ème de finales de la coupe de France se jouèrent à Chartres ; Guingamp fut battu 5 à 1 par Sochaux, club professionnel de l’équipe de Peugeot, en quelque sorte le modèle du président Couquet. Directeur de la plus grosse usine de la Ville, Président du club EAG, Hubert Couquet avait acquis une certaine notoriété.

Francis, atelier de mécanique : « Lorsque je suis arrivé en 1950, on travaillait encore pour l’armement. On faisait des grenades, et il y avait donc toute une série de petits tours prototypes qui sortaient des gre-nades. (…) C’était des tout petits tours, donc c’était les femmes qui travaillaient là-dessus, à l’usinage. Et donc en même temps, on faisait les machines agricoles. Sur les machines agricoles, c’était les carters de tracteurs que l’on faisait. (…) Il y avait 850 personnes environ chez Tanvez en 1950. Et en 1966 lorsque nous sommes partis, on restait à 130. Et sur les 850 personnes de l’époque, il y avait environ 800 hommes et une cinquan-taine de femmes, qui travaillaient elles surtout déjà à la mécanique et autrement au chauffage, parce que l’on faisait des cuisinières Faunus à cette époque. Les fem-mes travaillaient au montage de ces cuisinières-là, cui-sinières, poêles à bois, tout ça en fonte, c’est pourquoi à la fonderie ça marchait très bien à cette époque-là. »

Claude, apprenti ajusteur : « L’usine était coupée en deux ; d’un côté, il y avait l’usinage, c’est-à-dire l’armement, et de l’autre côté, il y avait la mécanique, et alors on avait des relations mais, il y avait un petit bois, aménagé entre les deux usines (…). Il y avait une piscine là, un petit ruisseau qui descendait et qui passait là, juste à cet endroit ; et alors il y avait des bambous et des petits ponts aménagés. » - « Les Allemands sont arrivés le 20 juin (1940) et moi je les ai vus arriver. J’étais allé chercher du tabac en bas de Montbareil là, (…) il devait être 6 heures et demi ou 7 heures moins le quart. Je ne connaissais pas les Allemands mais j’ai bien vu que ce n’était pas des Français. Ils étaient avec leurs fusils et leurs casques. Je suis allé leur dire à l’usine, et personne a bougé, ils ont continué à faire des grenades ! (…) J’ai connu du début des grenades jusqu’à ce que les Allemands arrivent. On a fait des grenades et des petits obus, et les grenades étaient pour l’aviation, lancées dans des tubes. »

Marcel, ajusteur et gardien de but à En Avant de Guingamp : « Je vois une annonce dans France football :région Ouest demande gardien de but et avant. Donc qu’est-ce que je fais, je vois un copain, Delacroix, qui est venu avec moi. Alors j’ai écrit à Paris, et j’ai reçu une convocation pour venir à Guingamp. Et c’est là qu’on est rentré à l’usine, pour faire un essai naturellement, en tant qu’ouvriers (…) puisqu’ils embauchaient à la fois des footballeurs et des ouvriers. Alors on a passé notre essai tous les deux, et on a été gardé. (…) Je suis originaire de Liverdun, à une trentaine de kilomètres de Nancy, (…) où je travaillais à l’usine de Pompey comme ajusteur. (Chez Tanvez) Ils employaient des ouvriers spécialisés quand même, pas forcément des manœu-vres parce qu’ils jouaient aussi au foot. »

© Olivier METZGER

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De gauche à droite: Del Monte, Gabillard R., Parenthoën, Schmitt, Male, Rolland, Gabillard M., Le Bihan, Garcia, Bogas, Llido.

Messieurs Penhoat, Hépert et Couquet

« Cette usine a été créée en 1865, derrière la gare SNCF de Saint Brieuc, par mon grand-père, M. Vau-couleur, venu du Nord accompagné de nombreux ouvriers et amis. L’usine transformait alors le fer venu majoritairement de Grande Bretagne (un accord avait été conclu sous Napoléon III avec la Grande Bretagne qui dans ce domaine était beaucoup plus développée que la France).En 1935, les Forges ont acquis un « Four Martin », four qui permettait de traiter la ferraille de récupération locale, les mines de fer de la région (Plémet, Forêt de Lorge) ayant disparu.Mon grand père est décédé en 1946, laissant à ma grand-mère une entreprise sur le déclin.Licencié en droit et en sciences, j’habitais alors à Nice et rien ne me prédisposait à la reprise de cette entreprise mais ma grand-mère souhaitait qu’elle reste dans le patrimoine de la famille et a ainsi fait appel à moi. Je me suis pris en quelque sorte d’amitié pour cette usine

et ses ouvriers, persuadé qu’il y avait quelque chose à faire. Ce ne fut pas toujours facile et j’ai souvenir d’avoir souvent « bataillé dur » pour convaincre ma grand-mère de la nécessité de tel ou tel investissement.Je suis ainsi arrivé en 1952. Cette année-là, était créée la CECA (Communauté européenne charbon Acier), qui réunissait 5 pays : la France, l’Allemagne, l’Italie, la Bel-gique et le Luxembourg. La CECA a été à l’origine de la création d’une taxe sur la ferraille qui n’a pas avantagé les petites entreprises comme la nôtre. Le Four Martin a ainsi cessé son activité en 1953 et j’ai dû alors procéder au licenciement de plusieurs employés (ce qui me valut plusieurs nuits blanches !)Petit à petit, nous avons remonté la pente. En 1973, l’usine a rejoint la Zone industrielle des Châtelets à Ploufragan pour des locaux plus performants et surtout, permettant l’installation d’un four électrique qui, pour moi, était essentiel à la survie de l’entreprise. Ce projet s’inscrivait en outre dans le développement du Port du

Légué. Mais il nécessitait un investissement important et j’ai été à maintes reprises au ministère de l’industrie à Paris tenté de convaincre quelques polytechniciens pour qui, une usine comme la nôtre ne représentait pas grand-chose au niveau national face aux deux grands groupes Usinor et Sacilor.Ce que je regrette c’est que jamais je n’ai pu rencontrer un représentant du ministère de l’industrie au fait des réalités locales. En Allemagne et en Italie, l’organisation politique est différente, chaque région a son ministère de l’industrie qui soutient un tissu régional de PME. En France, il n’y avait pas à l’époque cette volonté et les petites usines ont ainsi progressivement disparu. Sans ce four électrique, les Forges et Laminoirs ont ainsi peu à peu décliné pour être rachetées par SACILOR puis cé-dées aux Italiens qui ont par la suite vendu le matériel en Iran et licencié le personnel. »

Jean Cottarel a été directeur pendant plus de 30 ans des Forges et Laminoirs de Bretagne à Saint Brieuc, autre usine métallurgique ayant compté dans le paysage industriel costarmoricain et qui a fermé ses portes dans les années 90.

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Des conférences / Prezegennoù, organisées en partenariat avec le Pays de Guingamp, dans le cadre du cycle de conférences Histoire et Patrimoine.

Les Usines Tanvez constituent un ancien site industriel lié à la présence d’un cours d’eau. Ce projet plu-riannuel développé par la ville de Guingamp lui permettra d’intégrer en 2010 le réseau d’art et d’histoire « Au fil de l’eau », qui regroupe déjà trois sites industriels du Pays de Guingamp : les Papeteries Vallée, Le Petit Echo de la Mode et Le moulin du Palacret, chacun implanté le long d’une rivière dont le courant permettait de produire de l’énergie.

Le travail du fer en Bretagne, Histoire et Patrimoine / Labour an houarn e Breizh, Istor ha Glad

Vendredi 18 septembre à 20h30,au Théâtre du Champ au Roy

Une conférence menée par Louis André, ancien Conser-vateur du patrimoine, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2.

Du XVIème au XXème siècle, le travail du fer et la métallurgie se sont développés en Bretagne, produisant de la fonte et du fer pour les outils et machines agricoles, des tôles pour la construction navale ou des pièces pour les construc-tions mécaniques. Implantée d’abord au cœur des forêts, puis dans les villes et ports proches des activités consom-matrices, l’industrie métallurgique est liée au territoire breton. Elle a traversé de multiples étapes dont témoigne l’histoire de l’Usine Tanvez de Guingamp et laissé une mémoire et un patrimoine jusqu’à nos jours.

La notion de patrimoine à travers les deux siècles derniers / Talvoudegezh ar glad a-dreuz an daou gantved tre-menetLa définition et les nouveaux usages du patrimoine industriel / Termenadur hag implijoù nevez ar glad greantel

Samedi 24 octobre à 15h, à l’auditoriumde l’école de musique, Centre culturel

Le propos de Jean-Michel Le Boulanger, Géographe, Maître de conférences à l’Université de Bretagne Sud, où il est également Directeur du Master « Métiers du Patrimoine », s’attachera à contextualiser la notion de patrimoine et son évolution.

Il fera apparaître les liens existant entre territoire, identité & patrimoine, allant du temps des terroirs aux temps des réseaux, en passant par la construction de l’État nation au XIXè siècle pour en venir à l’idée de patrimoine en tant qu’outil d’émergence des territoires du local à la fin du XXè siècle (lien social, notion de pays, identités locales, etc.). Son propos permettra de comprendre l’élargissement de la notion et la place des «nouveaux» patrimoines, mariti-mes ou industriels par exemple...

Puis, Maogan Chaigneau-Normand, Maître de conféren-ces à l’Université de Rennes 2, interviendra sur le champ plus spécifique du patrimoine industriel.

Le patrimoine industriel compte parmi ces « nouveaux »patrimoines qui ont émergé dans la seconde moitié du XXème siècle. D’abord développé en Angleterre, plus rapidement confrontée au phénomène de désindustriali-sation, le concept est apparu en France au cours des an-nées 1970 et ce patrimoine est bien souvent aujourd’hui au cœur de nombreux débats et enjeux, notamment en milieu urbain, où les friches industrielles constituent d’im-portantes réserves foncières et immobilières où tout est à (ré)inventer. Cette partie de l’intervention s’articulera en deux temps, avec un premier volet consacré à l’émergen-ce de ce patrimoine et à ses particularités et un second volet qui en présentera les nouveaux usages, avec des exemples de réappropriations et reconversions ayant pris lieu en France au cours des trente dernières années.

Une taverne de l’Histoire, dans le cadre du festival DIGOR

/ Un davarn Istor, e-pad ar festival DIGOR

Samedi 31 octobre à 15h, au Centre culturel breton (place de Verdun)(réservée aux bretonnants)

Retour sur le passé industriel de Guingamp à travers l’évocation des Usines Tanvez qui ont marqué le paysage guingam-pais pendant un siècle avant leur fermeture en 1966. Celles et ceux qui ont écrit cette page de la mémoire ouvrière du

Pays de Guingamp sont invités à se retrouver à la « Taverne de l’Histoire » pour échanger souvenirs et témoignages en toute convivialité. En ouverture : une intervention en breton de Gi Kerherve, enseignant en histoire, qui présentera une vidéo projection de documents photographiques et divers outils élaborés dans les Usines Tanvez.

© Olivier METZGER

© Service photo. Usines TANVEZ.ADCA

Une ancienne usine de parfumerie réhabilitée, Grasse (Alpes-Maritimes)

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En 2006, un partenariat avec l’Office de déve-loppement culturel des Côtes d’Armor et trois sites patrimoniaux du Pays a permis l’émer-gence d’un réseau d’anciens sites industriels dont le thème fédérateur est l’eau. Le projet du réseau se décline autour de la réhabilitation de trois sites industriels dont l’histoire écono-mique a été marquée par la présence de l’eau :

Les Papeteries Vallée à Belle-Isle-en-Terre, le Petit Echo de la Mode à Châtelaudren et le moulin du Palacret à Saint-Laurent Bégard. La réhabilitation de ces lieux de mémoire se fait grâce à la présence d’artistes, de conféren-ciers, dont les interventions accompagnent le projet de réhabilitation. Au programme : rési-dences d’artistes (photographes, plasticiens,

comédiens), expositions, spectacles, cycle de conférences,… Le Pays plaide en faveur d’un élargissement du réseau à d’autres sites porteurs des mêmes thématiques. La Ville de Guingamp intégrera ainsi le réseau « Au fil de l’eau » à partir de 2010 à travers le projet de valorisation des Usines Tanvez.

Le réseau « au fil de l’eau », réseau d’art et d’histoire.

Avec le programme LEADER (Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale), cons-truisez votre projet de développement local.Vous êtes : Un ménage agricole, un entrepreneur, un acteur de tourisme, une association, une collec-tivité locale, une structure intercommunale…Vous avez un projet pour :- Améliorer la compétitivité de l’agriculture, dans le respect de l’environnement- Diversifier votre activité agricole- Diversifier vos activités en milieu rural- Développer le tourisme- Proposer des services utiles pour les habitants- Conserver ou mettre en valeur le patrimoine na-turel ou culturel- Développer des projets de coopération interterri-toriale ou transnationale

Relever le « défi de l’énergie » en Pays de GuingampDes partenaires publics et privés se sont regroupés pour mettre en place un plan de développement local répondant aux besoins du territoire.Ils décident ensemble des projets à soutenir par le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Déve-loppement Rural).Votre projet se déroule sur le territoire du Pays de Guingamp et a un lien avec la priorité ciblée : L’énergie.

Nous vous accompagnons dans :- L’aide à la définition du projet et à la clarification des objectifs- L’identification des sources potentielles definancement et l’aide au montage financier- L’aide à la formalisation du dossierBénéficiez de financements de l’Union Européenne pour soutenir vos projets en contactant le Pays de Guingamp au : 02 96 40 05 051 396 275 euros ont été attribués au GAL du Pays de Guingamp pour la période 2009-2013.

Vos contacts au GAL du Pays de Guingamp :• Franck LE PROVOST – Chef de projet [email protected]• David CONNAN – Conseiller é[email protected]• Céline LARRIERE – Culture et [email protected]• Maryline LE ROY – [email protected]él : 02 96 40 05 05

Les Papeteries Vallée à Belle-Isle-en-Terre Le Petit Echo de la Mode à Châtelaudren Le moulin du Palacret à Saint-Laurent - Bégard Les Usines Tanvez à Guingamp

Le programme LEADER en Côtes d’Armor

En juin 2008, le comité régional de sélection a décidé de soutenir 15 territoires, dont 5 costarmoricains, pour la mise en œuvre de stratégies locales de développementrural et ce, dans le cadre du pro-gramme LEADER.La dotation est de 6,816 M€ pour les territoires de notre département pour la période 2007-2013.

Depuis le premier programme LEA-DER en 1988, le Conseil général des Côtes d’Armor soutient significative-ment les territoires sélectionnés en leur allouant une dotation complé-mentaire. À ce titre, plus de 2 M€ de crédits départementaux ont été attribués entre 1999 et 2006.

Pour de plus amples informations : www.cotesdarmor.fr, rubrique Europe & International

© Olivier METZGER

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Avec le soutien actif des Archives départementales des Côtes d’Armor

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La région Bretagne soutient les projets de valorisation du patrimoine dans la démarche de développement du territoire.

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© Olivier METZGER

• En février/mars aura lieu un Bistrot de l’histoire, organisé en partenariat avec l’association briochine éponyme*, per-mettant à de nombreux invités (acteurs économiques, historiques, touristiques) d’échanger, à partir de l’exemple des usi-nes Tanvez, sur l’activité économique, les luttes sociales,… Un « embrayeur de mé-moire » (extrait sonore ou vidéo) permet-tra d’amorcer la discussion, qui se tiendra dans un restaurant à proximité du site des anciennes Usines de Pont Ezer.

* L’objectif de cette association est de ré-véler un secteur géographique rural, com-posant du territoire Pays de Saint-Brieuc - dont l’association sortira à cette occasion, de donner la parole aux habitants et ceci en lien avec des historiens, sociologues, et consultants divers.

Les principaux objectifs sont de per-mettre l’appropriation par la population de l’histoire du territoire, l’affirmation de son identité, de renforcer son attractivité, de mettre en valeur «les savoir-faire» écono-miques, culturels, touristiques, de revivifier le lien social (entre habitants et nouveaux arrivants) et de renforcer les liens inter-générationnels. Chaque séance retenue dure environ une heure avec de nombreux participants, dont les interventions sont entrecoupées de reportages sonores et d’extraits de films de la Cinémathèque de Bretagne ou films documentaires diffusés en embrayeurs d’imaginaire.

Une banque mémoire : l’originalité des bistrots de vie du Pays briochin, tout comme pour les bistrots de l’histoire sera de restituer aux Archives Départementales et aux communes participantes une ban-que mémoire comprenant des reportages radios, les enregistrements des soirées en direct, des films d’auteurs, des films de la Cinémathèque de Bretagne, des portraits des participants.

• Un ouvrage est également en projet. Il permettra de réunir la reconstitution histo-rique de l’évolution des Usines Tanvez, ba-sée sur les recherches menées auprès des archives et des particuliers, le travail de collectage par retranscription d’une partie des entretiens réalisés auprès d’anciens ouvriers ou employés de bureau, et le fruit de la double résidence photographique de l’année 2009.

• Il sera couplé avec un DVD documentaire comprenant des entretiens vidéo menés auprès d’anciens ouvriers (bretonnants et non-bretonnants), d’acteurs locaux et de témoins de l’épopée Tanvez.

• À partir de septembre, une promenade photographique agrémentera les ber-ges du Trieux, au niveau des anciennes Usines Tanvez, présentant une partie de la résidence photographique de 2009 ainsi que des panneaux historiques comportant des reproductions de photographies et documents d’archives.

• À l’occasion des Journées du patrimoine, des manifestations événementielles seront proposées autour des thèmes du travail du fer, de l’emploi de l’eau et du feu : démonstrations d’un maréchal-ferrant, de boulangerie ambulante, de ferronnerie d’art,…

• Au Lycée Jules Verne se dérouleront des échanges de pratiques entre jeunes apprentis et professionnels aguerris sous la forme de démonstrations. Des confé-rences auront également lieu sur l’histoire des techniques et celle de la pédagogie des pratiques professionnelles dans les métiers de la métallurgie. Tout cela pren-dra forme sous l’œil attentif de l’équipe pédagogique, parmi laquelle Jean-Pierre Corbel interviendra dans le cadre d’un re-portage photographique, qui donnera lieu à une exposition.

© Laurent BELLEC

Exposition/Diskouezadeg

Les Usines TANVEZAl labouradegoù Tanvez

1856-1866

Culture industrielle et mémoire ouvrièreSevenadur greantel

ha memor ar vicherourien

19 SEPT - 28 NOV 2009 / Eus an 19 Gwengolo d’an 28 Du 2009

Médiathèque / MediaouegEspace François-Mitterrand (Mairie)

/ sal François-Mitterrand (Ti-kêr)GUINGAMP / GWENGAMP

© Cristal d’Argent - Bistrot de la Ville Andon, 24 avril 2009

© Cristal d’Argent - Bistrot de la Ville Andon, 24 avril 2009

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