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« Observe le troupeau qui paît sous tes yeux : Il ne sait ce qu’est hier ni aujourd’hui, il gambade, broute, se repose, digère, gambade à nouveau, et ainsi du matin au soir et jour après jour, étroitement attaché par son plaisir et son déplaisir au piquet de l’instant ».

Friedrich Nietzsche

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ATTENTION : Ouvrage en réalité augmentée ! MISE EN GARDE Vous êtes sur le point de lire le roman SF du

XXI ème siècle ! A consommer très longtemps après la date

indiquée. A stocker dans un Endroit humide… Assurez-vous que, vos TV, MP3, radios, Chaines

HIFI, PC, téléphones fixe et portables soient bien en position OFF.

Que bières et cendars soient à portée de main. La lumière tamisée (la bougie est ici fortement

conseillée) Inutile de dissimuler cet ouvrage sous votre lit. Consulter un médecin en cas d’absorption

inopinée. Veillez à ne pas être, en cours de lecture, à la

merci d’un besoin urgent… Et surtout n’oubliez pas : LIRE NUIT GRAVEMENT A VOTRE VIE

SOCIALE VIRTUELLE !

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Préface

C’est à Paris, en 2101, à l’occasion du transfert des restes de mon aïeul organique,

Bruno A. Lepoittevin, du caveau familial situé au cimetière du Portel dans le Pas-de-Calais, jusqu’au Panthéon, que l’on s’aperçut que le cercueil du romancier était… vide !

Un vide sidér@nt… Depuis, certains chercheurs ne manquent pas de

retrouver trace de « l’auteur SF du IIIème millénaire », à chaque début de siècle, dans divers lieux sur Terre et dans leur environnement spatial habité.

R. Lepoittevin – Robhistorien

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Homme sweet home : La base « Youri Gagarine »

Ysahak, se détachait précautionneusement de son matelas douillet qui était encore scotché à une paroi du vaisseau « Eclaireur 1 », ou du moins ce qu’il en restait, quand il vit par le hublot bâbord que l’horizon était loin. Un sol rocailleux, entouré de pics montagneux, s’offrait à son regard encore tout illuminé du voyage qu’il venait de vivre.

Et quel voyage ! Il était l’homme le plus seul sur « Terre ». Sur une

autre Terre. Seul au monde. La nuit lui avait paru courte mais régénératrice. Des milliers d’étoiles brillaient encore au creux de

son cerveau, comme une rivière de diamants brillerait dans celui d’un chercheur d’or, seul, riche en illusions, mais devenu du jour au lendemain l’homme le plus pauvre de la terre.

Ysahak : Lucy, mon petit déjeuner s’il te plaît. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai une faim de loup ce matin. On est bien le matin là hein ? On va dire qu’on

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est le matin. On est posé depuis quarante huit heures, le moment est venu.

Lucy : bien Maître. Fit l’Intelligence Artificielle de bord.

Ysahak : oui je meurs de faim, enfin ne t’emballes pas, ce n’est qu’une façon de parler… humaine. Fais avec ce qu’il reste des bio-réserves de la mission. J’ai hâte d’entamer les provisions de mes premières bio-récoltes ici, si tant est que l’on puisse trouver de l’eau et cultiver quoi que ce soit de comestible sur cette foutue planète.

Lucy : bien Maître. Vous savez, je pense qu’il y a de fortes probabilités que nous trouvions de l’eau liquide, mes indicateurs sont d’ailleurs orientés plein nord, Maître.

Ysahak : très bien, très bien. Tout se présente pour le mieux si j’en crois les rapports que tu me vidéocomes au fur et à mesure. Certaines zones semblent même bien moins arides que prévues.

Les informations récoltées par Lucy, en provenance des capteurs extérieurs de la capsule, montraient clairement un fort taux d’oxygène dans l’air, et une présence d’eau liquide vers le nord de leur position. Toutes ces données s’affichaient en instantané sur la visière du combicasque d’Ysahak, qui voyait là un réel espoir de survie.

Ysahak : tu sais Lucy, j’ai rêvé cette nuit que je commençais à goûter à des bio-aliments d’ici. Je crois que si, comme je le pressens, c’est possible, on tiendra bientôt le bon bout ! Enfin c’est vrai que toi…

Lucy, sèchement : vous savez, Maître, je suis tout à fait capable d’analyser le goût d’un aliment et d’en

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déterminer la saveur. J’ai encore de vieux programmes qui vous surprendraient Maître.

Ysahak : entendu Lucy, entendu. Je m’en doutai, elle n’a rien compris. Qu’est-ce

qu’elle devient susceptible en « vieillissant ». J’ai une totale confiance en tes compétences positroniques. Dit-il, en s’efforçant de ne pas sourire en parlant. Il jubilait à l’idée de pouvoir enfin profiter de son labeur fourni depuis tout ce temps. Toutes ces missions à travers le système allaient enfin payer.

Il allait être le Premier. Le premier Être inter-univers de toute l’Humanité !

Lucy : votre repas matinal est servi Maître. Ysahak : merci ma « bonne » Lucy. Souria-t-il.

Son bon cœur perdra Madame. Fit-il, en appuyant sur le « r »… et en riant aux éclats.

Lucy resta muette. Il savait que ce genre de compliment plaisait à

Lucy qui en ignorait le double sens. Cela échappait à sa capacité d’analyse des sentiments humains. D’ailleurs comment pouvait-il en être autrement, franchement ?

Ledit repas était constitué de petits fruits secs, de pain déshydraté non moins sec, et d’un liquide noirâtre censé être du bio-café fort probablement issu de l’e-commerce. Ysahak, en s’asseyant, fixait machinalement à la table toutes les lanières qui en vol permettaient de stabiliser les éléments, afin que ceux-ci ne se dérobent à sa vigilance, et s’étalent en 4 D dans la cabine !

Une fois acquitté de cette tâche, il se rendit compte qu’ici, cela ne lui servirait à rien puisqu’il était désormais sur le sol…

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Il prit son temps pour petit-déjeuner. Le breuvage avait toujours autant de mal à passer. Le nom de « café » provenait, lui avait-on dit, d’une vielle culture ancestrale, mais ce qu’il consommait n’avait plus rien à voir du tout avec ça, en fait, le liquide était totalement chimique et provenait des usines solariennes situées au sud de la base rebelle terrienne du Portel. Il bu, lentement, puis « cul sec » !

Pour ne plus trop sentir le goût immonde, mais chaud, de ladite substance.

Comme il avait convenu de ne jamais se laisser aller, il gardait donc tout ou partie de son équipement d’astropilote sur lui, même si à l’intérieur du vaisseau la température devenait de plus en plus étouffante. La cabine en avait pris un sacré coup durant le voyage, des coups apparents même à l’intérieur de l’habitacle, ce qui prouvait bien, si tant est qu’il l’eût fallu, que le « passage » par Antarès n’avait pas été une simple partie de plaisir. Il prenait tout son temps en se persuadant que le plus dur était passé, était du passé. Mais au fond de lui, une étrange cordelette de nœuds prémonitoires lui serrait l’estomac. Il savait que le retour n’était plus possible. Il s’était fait une raison comme on dit. Mais il avait du mal à digérer l’idée quand même.

(mettez-vous à sa place et vous verrez…) Au début cela serait très très dur, mais par la suite,

le temps aidant et le travail à faire sur zone qui ne manquerait pas loin s’en faut, il réussirait à penser outre ses envies et ses petits coups de blues. D’ailleurs, il venait juste de décider de ne plus s’attarder à se remémorer des souvenirs qui, de toute façon, s’estompaient de plus en plus chaque jour… À son grand étonnement, mais aussi à son grand regret.

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Il craignait de finir par ne plus avoir le moindre souvenir et cela l’inquiétait fortement, d’autant qu’il ne connaissait ni n’en comprenait la cause. Quoi qu’il en soit, il s’était résolu à ne plus se concentrer que sur sa mission, uniquement sur sa mission, cette ultime mais ô combien incroyable mission, son obligation de faire, faire bien et au plus vite, malgré l’aspect totalement hostile de cette planète.

Bon c’est pas le tout, mais quand faut y aller… Il enclencha son combicasque et appuya sur le bitonio d’ouverture du sas. Celui-ci s’ouvrit lentement, dans un silence presque effrayant. Ysahak s’avança vers le trou qui s’était créé devant lui, et enjamba le rebord de l’écoutille. Ce qui le troubla d’emblée, malgré sa combinaison, c’est la chaleur extérieure qui était encore plus forte qu’il ne le pensait. Presque brûlante. La gravité était quasiment identique à celle de Terre, en tout cas c’est ce qu’il lui semblait aussi.

Ne pas penser. Ne plus penser ! Il commença à évoluer péniblement tant le sol

orangé, gris par endroit, était fin et poudreux. Chacun de ses pas qui s’enfonçait était une vraie corvée. Pour avancer à un rythme correct il lui fallait lever haut les pieds, ce qui n’était pas sans provoquer de plus en plus de fatigue. Il se dit qu’il devrait tracer un petit chemin pour faciliter ses déplacements, sinon il perdrait son énergie à déambuler comme un zombie tout droit sorti des romans de… de… enfin bref, il marcha. Des heures. Sept exactement. Pour enfin arriver, exténué, à l’endroit où il avait dû largué la soute d’Éclaireur 1. Il l’avait éjectée quand il était en approche de la zone d’atterrissage afin d’éviter de tout perdre si il se crashait. Bonne initiative intuitive. Les débris de la capsule étaient répandus un peu partout autour de lui

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maintenant. Ils témoignaient de la puissance du choc lors de l’impact. Seul le caisson de survie était intact et, fort intelligemment, c’est là qu’il avait entreposé le véhicule gonflable destiné à ses recherches, un 8X8 rutilant offert par son petit-fils Lûmä avant son départ.

Les deux soleils étaient à leurs zéniths respectifs, l’un haut dans le ciel, l’autre plus au nord de la position où Ysahak se trouvait. La route avait été longue et surtout éprouvante. Il décida de se reposer un bon moment avant d’attaquer la phase de gonflement. Il resta là, un long moment, à kiffer le paysage, magnifique. Surprenant par ses couleurs plus que par la constitution de son relief assez proche de celui de Lune par endroits. Puis il alla s’allonger à l’arrière de la capsule. Il avait échappé à la tempête de sable prévue par Lucy. Ysahak n’aimait pas le sable, ou plus exactement cette poudre orange qui s’infiltrait à l’intérieur de son combicasque lorsqu’il dés-enclenchait. Ce qu’il fit. Pour s’endormir, serein.

Et de se réveiller en sursaut ! Son implant au poignet lui indiquait qu’il s’était

assoupi plus de quatre heures ! Ce qui, bien sûr, avait déclenché son « alarme

vitale ». Shierde ! Pour rien. Fort heureusement. De toute façon, qui

s’inquiéterait ? Se surprit-il à penser. Il sourit à l’idée de se dire qu’au moins quelqu’un, ou en l’occurrence il y avait peut être quelque chose, en la « personne » de Lucy. Sourire jaune. Une fois le sentiment d’avoir terminé sa première reconnaissance, il se décida à retourner à la base. Le trajet du retour en 8X8 se fit sans encombre et beaucoup plus rapidement évidemment que l’aller. Tant et si bien qu’il se remit à rêvasser en des jours heureux à passer sur cette nouvelle planète