58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · le rimée sera...

10
58 , , LA DEMIURGIE DU TIMEE - par Anne BALANSARD, Département des Sciencesde 1'Antiquité, Maître de Conférencesà l'Université de Provence, Présidentede l'AGAP Commentaire de la bibliographie: a) Traductions françaises: Platon, Timée, Critias, texte établi et traduit par Albert Rivaud, Paris, Belles Lettres, 1925 (1985): traduction qui a vieilli (qui utilise le vouvoiement de politesse entre les personnages !). Platon, OEuvres Complètes, Paris, Gallimard, 1950 : traduction très fidèle, mais d'une lecture difficile. Platon, Timée, Critias, traduction de Luc Brisson, Paris, GF-Flammarion, 1996: traduction agréable, avec des choix interprétatifs sujets à discussion (à utiliser pour lire le texte; les autres pour le travailler). b) Commentaires: Les commentaires d'A. E. Taylor et de F. M. Cornford sont des commentaires de référence, ainsi que ceux de G. Vlastos (cf. bibliographie). 1. Introduction Dans le Timée, Timée, expose dans un long discours la genèse du monde et de l'homme. Il fait l'hypothèse que le monde est né (yÉYOVEV) ; qu'il n'a pu naître que sous l'action d'une cause('to aï 'ttov) : qui prend métaphoriquement la figure d'un artisan (0 OTll.Lto'Upy6ç) ; et que cet artisan, l'Intelligence, a pris pour modèle de sa création, un modèle (7tapaOEtYl.La) éternel: le vivant éternel (voir Annexe 1). À propos de ce récit, et une fois explicité son contexte, deux questions seront abordées: 1. En quel sens la démiurgie du Timée est-elle une création? Qu'est-ce qui la différencie de la création biblique? 2. Quelle est la place de l'homme ?1 1. Date de composition Le Timée est considéré comme un dialogue de la dernière période. Mais une lecture strictement chronologique des dialogues est une lecture pauvre. Et si le Timée appartient à la dernière période pour le style, le modèle politique que mentionne Socrateau début du dialogue rappelle la République et non les Lois. 2. Dramaturgie 1L'exposé initial devaitcomporter unetroisième partiesur les rapports de la physique et de la politique qui n'a pu êtreévoquée durantle stage. Le plan du résumé a doncétésimplifié.

Upload: buiminh

Post on 13-Sep-2018

212 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

58

, ,LA DEMIURGIE DU TIMEE

- par Anne BALANSARD,

Département des Sciences de 1'Antiquité,Maître de Conférences à l'Université de Provence,

Présidente de l'AGAP

Commentaire de la bibliographie:a) Traductions françaises:Platon, Timée, Critias, texte établi et traduit par Albert Rivaud, Paris, Belles Lettres,

1925 (1985): traduction qui a vieilli (qui utilise le vouvoiement de politesse entre les

personnages !).Platon, Œuvres Complètes, Paris, Gallimard, 1950 : traduction très fidèle, mais d'une

lecture difficile.Platon, Timée, Critias, traduction de Luc Brisson, Paris, GF-Flammarion, 1996:

traduction agréable, avec des choix interprétatifs sujets à discussion (à utiliser pour lire letexte; les autres pour le travailler).

b) Commentaires:Les commentaires d'A. E. Taylor et de F. M. Cornford sont des commentaires de

référence, ainsi que ceux de G. Vlastos (cf. bibliographie).

1. Introduction

Dans le Timée, Timée, expose dans un long discours la genèse du monde et de l'homme.Il fait l'hypothèse que le monde est né (yÉYOVEV) ; qu'il n'a pu naître que sous l'action d'unecause ('to aï 'ttov) : qui prend métaphoriquement la figure d'un artisan (0 OTll.Lto'Upy6ç) ; et quecet artisan, l'Intelligence, a pris pour modèle de sa création, un modèle (7tapaOEtYl.La) éternel:le vivant éternel (voir Annexe 1). À propos de ce récit, et une fois explicité son contexte, deuxquestions seront abordées: 1. En quel sens la démiurgie du Timée est-elle une création?Qu'est-ce qui la différencie de la création biblique? 2. Quelle est la place de l'homme ?1

1. Date de compositionLe Timée est considéré comme un dialogue de la dernière période.Mais une lecture strictement chronologique des dialogues est une lecture pauvre. Et si le

Timée appartient à la dernière période pour le style, le modèle politique que mentionneSocrate au début du dialogue rappelle la République et non les Lois.

2. Dramaturgie

1 L'exposé initial devait comporter une troisième partie sur les rapports de la physique et de la politique qui n'a

pu être évoquée durant le stage. Le plan du résumé a donc été simplifié.

Page 2: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

- .

Le rimée se présente comme un dialogue direct entre quatre personnages: Socrate,Timée, Critias, Hermocrate. Ces personnages sont présentés par Socrate en 20a : ce ne sont nides poètes, ni des sophistes, mais des gens "qui par leur nature et leur formation, participent àla fois de la politique et de la philosophie". C'est le cas de Timée de Locres, dont nous nesavons rien par ailleurs (philosophe pythagoricien ?). L'identification de Critias pose d'autresdifficultés. S'agit-il du tyran, fils de Callaischros, cousin de Périctionè ? Ou s'agit-il du grand-père du tyran, grand-père également de Périctionè ? (Brisson, p. 328) Quant à Hermocrate, ils'agit vraisemblablement du général syracusain (Thucydide, VI 72).

Le dialogue est présenté comme prenant la suite d'une conversation qui s'est tenue laveille; cette conversation portait sur le régime politique idéal et le résumé qu'en fait Socraterappelle les thèses de la République.

3. SkoposLe rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon

(voir Diogène Laërce III, 50 "Comme exemple du type physique, citons: le rimée"). Mais ladescription de la genèse du monde et de l'homme est précédée: 1) d'un résumé, par Socrate,de la discussion de la veille qui portait sur la constitution idéale; 2) d'une narration partielle,par Critias, de la guerre qui opposa l'ancienne Athènes aux Atlantes (récit que lui rapporta sonaïeul, Critias l'ancien, qui le tenait lui-même de Solon). Le dialogue inscrit donc la physiquedans un horizon politique.

4. Description de l'exposé de Timée.L'exposé de Timée suit une progression complexe. Il se décompose en trois temps. Dans

un premier temps, Timée décrit la constitution du corps et de l'âme du monde parl'Intelligence (voûç); dans un deuxième temps, il aborde rétrospectivement l'état du Toutavant son organisation par l'Intelligence. Cet état du Tout précosmique est le fait de laNécessité (àVétYK,,). Dans un troisième temps, il analyse l'action conjointe de l'Intelligence etde la Nécessité dans la constitution de l'être humain: c'est à la fois une description de laphysiologie du corps humain, qu'une analyse des parties de l'âme humaine.

Voir le plan détaillé de l'exposé de Timée dans l'introduction de L. Brisson.L'ordre de l'exposé témoigne à lui seul de l'originalité de la physique platonicienne.

L'explication des phénomènes y est secondaire. Dire "comment" une chose est faite ne nousdit pas "pourquoi" elle existe. La seule cause véritable, c'est la fin, le Bien que se fixe ladivinité dans l'ordonnancement du monde. La physique du rimée est téléologique (voirAnnexe 3).

Il. En quel sens la démiurgie du Timée est-elle une création?

bans la terminologie religieuse, on entend par "création", l'action de donner l'existence,de tirer du néant.

La démiurgie du rimée est une création en un sens plus limité. Il ne faut pas se laisserinduire en erreur par les définitions de la 7toi"mç que l'on trouve dans deux dialogues: leBanquet (205b-c) et le Sophiste (2 1 9a-b, 265b-e) (voir Annexe 3).

Dans le rimée, l'Intelligence/la divinité, présentée métaphoriquement comme un"artisan" (ô,,~touPy6ç), ne crée pas le "monde" (K6Q'~oç) à partir de rien: elle ne crée pasl'existence. Trois sortes d'êtres "existent" préalablement à son action. Deux sont familières aulecteur de Platon: les Formes (ou Idées) et le sensible, ou encore "l'être qui est réellement" et

Page 3: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

"le devenir". La troisième n'est évoquée que dans le Timée, et de manière métaphorique: c'estla nourrice ('tt9ilvll), la xropa, - ce qu'A. Rivaud traduit par "lieu", J. Moreau, par "réceptacle,

plac~", L. Brisson, par "matériau". Rappelons que pour un Athénien, xropa désigne leterritoire de l'Attique. Cette troisième sorte d'être sera identifiée à la "matière" (üÀll) à partird'Aristote. La matière n'étant pas simplement le substrat, mais plus largement la puissanceantérieure à l'acte.

Pourquoi introduire cette troisième sorte d'être? D'abord, pour s'opposer aux théoriesphysiques qui font des corps élémentaires (feu, eau, air, terre) les principes et les éléments detoutes choses. En posant l'existence de la xropa, Timée affirme l'existence d'une substanceantérieure au feu, à l'air, etc. Le feu, l'air, etc. ne sont que les formes que prend cettesubstance.

Ensuite, parce que la xropa sert de soubassement aux Formes intelligibles. Sans la xropa,il n'y aurait pas de devenir, de sensible, puisque les Formes ne "s'imprimeraient" dans rien, ne"se reflèteraient" dans rien. La xropa est au service de l'ontologie des Formes. Timée recourt àplusieurs images pour faire comprendre son rôle de réceptacle des Formes: c'est l'or danslequel on peut façonner toutes sortes de figures (50a-b); la cire molle qui reçoit lesempreintes des réalités éternelles (50c) ; la mère qui, en s'unissant au père, donne naissance àun enfant (50d). Pour faire comprendre que la xropa est fondamentalement amorphe, ilemploie deux autres comparaisons: en parfumerie, la substance humide qui doit recevoir leparfum doit être la plus inodore possible (50e) ; la surface qui reçoit des empreintes doit êtrela plus lisse possible (50e).

Le Démiurge ne crée donc pas le substrat de notre monde (monde dont le statutontologique est, de toute façon, inférieur à celui des Formes), il trouve dans la xropa unmatériau qui obéit à des règles (la Nécessité) et qu'il assujettit à son projet.

L'action du Démiurge est donc plus limitée que celle que l'on prête au Dieu de la Bible.Le Démiurge du Timée ne tire pas le monde du néant. Il agit sur le matériau qui

préexiste à son intervention. Ce matériau a ses lois propres, des lois purement mécaniques quirelèvent de la Nécessité (car elles ne peuvent être autrement qu'elles ne sont).

Le Démiurge fait du sensible un 1COO'flOÇ, un tout ordonné.Surtout, il le dote de la vie. Pour être vivant, il faut posséder une âme. Or c'est le

Démiurge qui crée et l'âme du monde et l'âme des animaux qui le peupleront.Sans l'action du Démiurge, c'est-à-dire de l'Intelligence, le monde ne serait ni ordonné ni

composé d'espèces vivantes.

III. L'homme microcosme.

Une autre singularité du discours de Timée, c'est la place réservée à l'homme dans lemonde. L'homme n'est pas, dans le dialogue, un animal parmi d'autres. C'est l'animal parexcellence, que l'Intelligence crée à l'imitation du monde: un microcosme à l'intérieur dumacrocosme.

2.1. L'homme est au sommet de la hiérarchie des vivants mortelsTimée explique que le monde, pour être parfait, devra contenir quatre espèces de

vivants: l'espèce divine des astres, l'espèce ailée, l'espèce aquatique et l'espèce terrestre (voirAnnexe 5). Mais il ne parle de manière détaillée que de deux espèces (ou plus exactement,d'une espèce et d'une sous-espèce) : les astres, les êtres humains.

Page 4: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

C'est que la perspective téléologique l'emporte sur le souci de décrire exhaustivement lesvivants: il faut resituer l'être humain dans un ordre divin. En Timée 41d-42d, dans uneallocution qu'il prête au Démiurge, Timée expose les lois qui régiront l'incarnation des âmes(voir Annexe 5).

Toutes les âmes doivent d'abord s'incarner dans un être humain de sexe masculin. L'âmequi a su' vaincre les désordres qu'entraîne l'incarnation (plaisirs et désirs liés au corps) rejointson lieu d'origine: l'astre auquel le Démiurge l'a confié. L'âme qui a échoué s'incarne dans lecorps d'une femme. Et si elle échoue encore, elle prendra le corps d'une bête.

L'homme est donc au somment de la hiérarchie des vivants mortels. Les autres espècesanimales (voir Timée 90e-91a puis 91d-92c) ne sont que les incarnations emblématiques d'uneâme humaine qui n'a pas su obéir à la raison (voir Timée 89d-90e). Et c'est à l'homme qu'estconsacrée la troisième partie du dialogue.

2.2. L'homme est à l'image du mondeDans la pensée religieuse traditionnelle, les dieux sont des hommes en mieux: ils sont

plus beaux, plus forts, et surtout immortels. Dans le Timée, les dieux traditionnels sont à peineévoqués (Timée 40d-e). Les véritables dieux créés par la divinité, ce sont les astres. Il n'estjamais question de leurs âmes dans le Timée : elles s'identifient à l'âme du monde. Quant àleurs corps, le Démiurge les compose de feu et leur donne une forme sphérique, à l'image ducorps de l'univers.

Mais si Timée récuse l'anthropomorphisme de la religion traditionnelle, il n'en unit pasmoins étroitement l'homme au monde.

D'abord, l'âme humaine est elle aussi composée par le Démiurge, comme l'est celle dumonde. Mais il lui manque un élément (Timée 41d-e) et le mélange comporte des impuretés.Dire que le Démiurge compose l'âme humaine, c'est affirmer l'immortalité de l'âme humaine.Dire que le mélange manque de pureté, c'est justifier la place de l'homme: il est inférieur auxvivants immortels que sont les astres.

Ensuite, le corps de l'homme est composé de parties de feu, terre, eau et air pris au corpsdu monde, et qui lui sont restituées ensuite (42e-43a).

Il y a donc consubstantialité entre l'homme et le monde, l'homme et les astres.

Mais l'autre trait d'union fondamental, c'est que l'homme est créé à l'imitation du monde.Il est un microcosme dans le macrocosme. C'est la première apparition de ce thèmephilosophique. Si le Démiurge créait non seulement l'âme, mais le corps de l'être humain, ilserait immortel comme le sont les astres. Il confie donc la création de l'homme aux astres quine parviennent pas à unir l'âme au corps par des liens indestructibles (les liens du corps eux-mêmes sont moins solides). Là encore, c'est une façon d'expliquer que l'homme soit un"mortel (corps) immortel (âme)".

Mais les astres n'en travaillent pas moins en imitant l'action de l'Intelligence (voir Timée

41c, 42e, 44d, 69c)Afin que le corps de l'homme soit à l'image du corps du monde, ils lui donnent

initialement la forme d'une sphère: c'est la tête, qui enserre la partie immortelle de l'âme. Lereste du corps n'est ajouté qu'ensuite, comme une excroissance à son service.

C'est également en imitant l'action du Démiurge, qu'ils adjoignent (le récit en est faitdans la troisième partie) à l'âme immortelle deux âmes, qu'ils placent, pour la première dans lethorax, pour la troisième, à proximité du foie (ces deux parties de l'âme sont liées àl'incarnation: elles règlent les fonctions du désir et de l'appétit).

Page 5: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

Mais si l'homme est créé à l'imitation du monde, il est de son devoir d'imiter sonmodèle. Il doit observer la perfection des rotations célestes gouvernées par l'âme du mondepour les reproduire dans sa propre âme (voir rimée 47b-c).

La consubstantialité de l'homme avec l'univers le met dans une obligation éthique.

2.3. L'homme "au centre du monde".Enfin, la physique du rimée place l'homme au centre du monde.De manière générale, les Grecs ont une vision géocentrique: la terre est au centre du

monde (seul Aristarque de Samos fait exception).Le rimée ne déroge pas à cette vision (voir rimée 40b-c). Au cours des développements

qu'il consacre au temps (sa genèse et ses instruments de mesure), Timée évoque brièvement laposition de la terre. Il la présente alors comme notre nourrice: 'tpo<j>ov 1'1/lE'tÉpav (40b).L'image serait anodine, si, dans la troisième partie (voir rimée 76e- 77c), Timée n'expliquaitque les plantes ont été créées à l'intention de l'homme: pour le protéger et subvenir à sesbesoins. L'homme est donc au centre de la création.

IV. Conclusion

La physique du rimée est téléologique et s'inscrit dans un projet éthique. Être unhomme, c'est prendre soin de son âme, créée par la divinité et placée sous la protection desastres. Pour accomplir son destin, cette âme doit se rendre maître des désirs et passions quesuscite son incarnation. C'est un thème récurrent dans les dialogues (voir Apologie, Phédon,Charmide, etc.).

Ce dessein éthique explique que la physique soit précédée d'un prélude politique. Si lajustice est le but que la divinité fixe à l'homme, alors il est d'autant plus urgent de trouver unrégime qui se donne pour but d'éduquer et de faire vivre les hommes dans la justice. Et c'est làtout l'objet de la République.

***

Page 6: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

63

Annexes

l'. Le rélude de Timéerimée 27,d,5-29,b,2 (1) Timée: (1) Or, il Y a lieu, à mon sens, d'établir tout

~EO~lV oOv ~I'j ICŒ't' l!ll'jv ~6E.Œv l1pi3'tOV ~lŒlpE'tÉOV 't&~E' d'abord les divisions que voici: qu'est ce qui "est"l 'tà Sv &'El, yÉI'Ealv ~È oÔIc Ixov, ICŒl 'tl 'fà YLyv6f1EVOV !lÈv toujours et n'a point de devenir? qu'est-ce qui devient

~l, Sv ~È oô~ÉTto't;; 'to !lÈv ~I'j vo~aEL !lE'fà A6you TTEpL- toujours, (a) mais qui n"'est" jamais? L'un, de toute'lTT'f6v, &.El ICŒ'ta 'fŒÔ'f~ ~v, 'fO ~' ŒO ~6E,!1 !lE't' Œto8~aEc')C; évidence, saisissable par l'intellection accompagnée de

~6you ~0E,Œa'f6v, YLyv6!lEVOV ICŒl &'TTo).ÀuflEVOV, ~V'fc')C; ~È. raison, toujours "est" de façon identique; l'autre aur;3~O'fE ~v, nav ~È ~o 'fO YLyv6f1EVOV ÔTT' Œt'tlou 'tlVQ<; contraire, qui fait l'objet de l'opinion accompagnée de

; &'v&YICIJ c; ylyvJo8,Œl' l1ŒV'fl yàp &.~UVŒ'tOV XC,)plc; Œt'flou. sensation irraisonnée, il devient et s'en vient, maisÈVEOLV axELV. UO'fOU ~Èv oOv &.v b ~I]flLOUPY°C; TTpàc; 'fO, réellement jamais il n'est. (2) Or, tout ce qui devient, à

l'tà 'tŒÔ't~ fxov BAÉ'!tc')v &'El: 'fOLou't9 'tlvl TTPOaxpG>!lEVOC; son tour, c'est par l'action de ce qui le cause queXPŒ~ElYflŒ'fl, 't~v ~ÉŒV ICŒl ~uVŒflLV ŒÔ'tOO &'TTEpy&l;IJ'fŒL, 1 nécessairement il devient; car rien ne peut, séparé de

lAov lE, &'V&'(ICIJC; ofj'fC,)c; &.TTo'fEAELa8ŒL TT&V' 00 ~' &~ ce qui le cause, assumer le devenir. (3) Dans ces

1 YEyov6c;, YEVVIJ't~ l1ŒPŒ~ElYflŒ'tL l1poaxPG>flEVOC;, oô: conditions, toute œuvre dont l'ouvrier aura fixé son,A6v. '0 ~~ TT&C; OÔpŒVOC; - ~ 1C6°!l°C; ~ ICŒl !AAo S'fL regard sur ce qui se conserve toujours identique,

l'tÈ 1,uo!1Œl;6!lEVOC: !lŒ).LO'f' &v ~~XOl'fO, 'f008' fJ!lLV utilisant un tel objet pour modèle, afin d'en reproduirev'0!l~o8C,) - 'aK~;;';;f~~-8' oo~. ".it~p1.'a-ô.'t.oo.itpG'tov, 5TTEP; l'essence et les propriétés, cette œuvre sera belle

1t6~El'tŒl ~Epl l1ŒV'tàc; Èv &.pxfi ~ELV aICO1tELV, 116:;EPOV: nécessairement, (b) comme tout ce qui est ainsi

v &El, YEVÉOEC,)C; &px~v IX"'v OÔ8E!llŒV, -~ yÉYOVEV, &1t': accompli; celle au contraire dont l'auteur se sera réglé

~X"c; 'fLVOÇ &pE,&flEVOC;, rÉYOVEV' :bpŒ'fbC; y~p 41t'f6ç 1 sur ce qui est devenu, utilisant un modèle sujet à la~ lo'tLV ICŒl O~!lŒ lX"'v, 1t&V'tŒ ~È ~_~'tOL~O'fŒ Œt~8'l't&, naissance, ne saurait être belle. (1) Soit donc le Cielk ~;Œta8IJ't&, ~6E,!11tEpLAIJ1t't~ !lE't' Œta8~aE"'C;, ylyv6f1EVŒ' tout entier, ou le Monde, ou de toute autre appellationù YEvvI]'tà ~4'&vI]. T~ ~' ŒO ye~o~Év'i' 4'ŒflÈv Ô1t' Œt'tlou' qui lui soit acceptable, appelons-le aussi; il fautVOC; &v&YIC~~ EtVŒL YEvÉo8ŒL. Tov ~lI~v O~\i 1tOLI]on'IV ICŒl examiner dès lors à son sujet tout d'abord ce que, par

l'tÉpŒ 'foQ~E 'toQ 1tŒv'tàc; EÔPMV 'te Ipyov ICŒl eÔp6v'tŒ Etc; hypothèse, en toute chose on doit commencer parlv'tŒC; &~UVŒ'tOV ~~y~~vl 'ft~E ~' oô; 1tciALV ÈTTLOICE'It'tÉOV examiner: est-ce qu'il a été t@ujours, sans avoir nul'Pl ŒÔ'tOO, 1tpOC; 1t6'tËpov 'f~V l1ŒPŒ8ELY!lci'fc')v " 'tEIC'tŒLV6-, commencement de devenir, ou est-il devenu, ayant unVoç ŒÔ'fOV &'Itl]py&l;E'fo, 116'tEpOV 1tpOC; 'tà ICŒ'f& 'fŒÔ'f~. commencement où il ait commencé? Il est devenu; il.l QOŒU'tC,)C; Ixov ~ TTpàç 'tà YEyov6c;. Et !lÈv 8~ ICcxÀ6ç est visible, en effet, tangible, et il a un corps; or tous'tLV S8E " lCoa!l°C; 5 'tE 81]!lLOUpyàC; &YŒ86c;, ~~Aov QI; les objets de cette sorte sont sensibles, (c) et les choses

àc; 'tà &.L~LOV 18AETTE~' Et ~È 8 !l1J~' EtTTELV 'fLV~~ sensibles, saisissables par l'opinion accompagnée deoc; yqov6c;. nŒv'fl81'j OŒ4'ÈC; S'tL 1tpàc; 'fO &l~LOV' 6 !lÈv' sensation, sont, nous l'avons vu, de l'ordre du devenirp lCillla'fOC; 'fl3v YEyov6'fc')v, " 8' !pLO'fOC; 't~V Œt'fL"'V.,. et sujettes à la naissance. (2) Or, ce qui devint, à soni'tC,) 81j YEY~VI]flÉVOC; 1tpOc; 'fO A6y'i' KŒl 4'povi)aEL TTEpL- tour, c'est, disons-nous, par l'action de ce qui le causelt'tOV ICŒl ICŒ'f~ 'tŒÔ't& fxoV 8E81]!lLOUPY7J'tŒL' 'fOÛ'fc')V 3 que nécessairement il lui fallut devenir. Sans doute,ŒpX6v'f"'v Œa TT&aŒ &.v&YICI] 'f6v3E 'fOV ICO°!l°V Et1C6vŒ\ l'auteur et le père de cet Univers, est-ce un travail que'àc; Et~ŒL de le découvrir, et une fois découvert, le révéler à

tous, une impossibilité; (3) voici du moins, derechef,ce qu'il faut examiner au sujet de l'Univers; d'aprèslequel des deux modèles son architecte l'a-t-il réalisé?(a) est-ce d'après celui qui se conserve identique etuniforme, ou d'après celui qui est devenu? Eh bien,s'il est beau, ce monde, et son ouvrier bon, de touteévidence, c'est vers le modèle éternel qu'il a regardé;dans le cas contraire, qu'on ne saurait même énoncersans impiété, c'est vers ce qui est devenu. Il est doncclair pour quiconque que c'est vers le modèle éternel:ce monde est en effet la plus belle des chosesdevenues, son auteur la plus bienfaisante des causes.En telle condition venu à l'existence, c'est sur ce que laraison et la réflexion saisissent et qui se conserveidentique que s'en est réglée la fabrication; (b) et cesconditions étant données, il est aussi de toute nécessitéque ce monde soit l'image de quelque chose. [ ]Traduction de M.-J. Moreau, extraite de Platon,Œuvres com Zèles, Paris, Gallimard, 1950.

--

Page 7: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

64

2. Plan du dialogue proposé par ~Brissono Platon, Timée/ Critias, Traduction âe Luc3risson, Paris, GF-Flan1marion, 1996.

3. Définitions de la w.l"",4dans le Ban ruet et le So])histe3anquet 205.b.8-205.c.1 0 Diotime et Socrate: -Voici. Tu sais fort bien quelle

".o.o-7T~p To8E. 010-8' S'TI 7T0(7j0-(S' l~~t TI 7TOÀV' ~ yap. multiplicité de sens a l'idée de création. Sans nul doute

11 fK TOiJ }J.~ OVTOS' Els TO 3v lOVTI IITlfJ0iJv alTta 7Tao-a fOTI en effet, ce qui, pour quoi que ce soit, est cause de son)(7jo-IS, c,OTE Ka2 al wo 7Tclo-ItIS Ta~s TIxvals fpyao-(al: passage de la non-existence à l'existence, est, dans)11io-~IS El0-2 Kal 01 TOVT(IIV ~7j}J.lovpy02 7TaVT~s 7TOI7jTa(. j tous les cas, une création; (c) en sorte que toutes les

, AÀ7j81Î ÀlYEIS. opérations qui sont du domaine des arts sont des

créations, et que sont créateurs tous les ouvriers de cesopérations. - Tu dis vrai!

Traduction de L. Robin, extraite de Platon, Œuvres

comlJ/ètes, Paris, Gallimard, 1950.:c;>phiste 219,a.10-219.b.12 {CE.} - -L'Etranger: D'une part, l'agriculture et tout ce qui estE:E. rEWpYla JLfll Ka! {,Œ7] 7T~P! Tè 8V1]Tèll 7Tall awJLIt entretien se rapportant au corps mortel en général; et

fpa7T~ia, TO T~ aJ 7T~P! Tè avIl8~'T01l Ka! 7TÀaa'T611, {, 87) d'un autre côté, ce qui se rapporte à ce qui est combiné~~1Î0S' wllo}J.aKaJL~II, ij T~ }J.1}J.1J'TIKr], avjJ.7TaIlTa 'TalÎTa et façonné, (b) bref ce à quoi on a donné le nom;KaLO'Ta'T° âll Éli! 7Tpoaayop~VOI'T' âll ôllo}J.aTL. d'objet mobilier, avec enfin, l'art imitatif: à tout celaeEAI. llws Ka! 'TIIII; ensemble une unique dénomination serait attribuée àE:E. llall {,7T~p âll }J.7) 1Tp°'T~p611 'TIS' Ôll tÏa'T~poli ~iS' ovaiall très juste titre. - Théétète: Comment cela, et quelle

"11, 'Tèll }J.fll ayoII'T1t 1TOI~ill, 'Tè 8f IÎYOJL~1I01l1TOL~ia8ai 1TOtl dénomination? -L'Étranger: Toutes les fois

IJL~II, précisément que c'est quelque chose qui n'existait paseEAI. 'Op8wS'. antérieurement, que l'on amène par la suite à exister,E:E. Td Si y~ IIv1I87) (â) 81r]À80JL~1I a1Tall'Ta ~lX~1I ~iS' on dit, je pense, de celui qui l'y amène, qu'il produit. etIÎTO -r7)11 avTwll 8vllaJLLIl. de la chose qui y est amenée, qu'elle est produite. -~EAI. Elx~ yàp OJII. Théétète: C'est à bon droit qu'on le dit! -L'Étranger:.:oE. llOI1]TIK7)1I 'ToiliVIl av'Td avYK~~aÀalwaa}J.~lIol Or, les choses, en vérité, dont nous avons fait la revueoa~{1Tw}J.~1I

à l'h ., 1 . . , tout eure, toutes sans exception aValent e pOUVOir

qui, en vue de cela, était le leur. - Théétète :Effectivement. elles l'avaient! -L'Étranger: - Lesrassemblant donc sous un même chef, appelons leurpouvoir un pouvoir de produire. Traduction deL. Robin, ibid.

)phiste 265.b.4-265.e.7 {CE.}. -L'Etranger: Dans l'art de produire, mettons donc,E:E. llOI1]'TIK1ÏS' 87) :"PW'TOII Sv' Ëa'TW }J.lp1]. 'pour commencer, qu'il y a deux parties. - Théétète :8EAI. lloiw; . Lesquelles? -L'Étranger: L'une est divine, l'autre,E:E. Tè }J.fll 8~ioll, Tè S'aIl8pw1TLIl01l. . humaine. - Théétète : Je ne comprends pas encore! -8EAI. OV1TW }J.~jJ.1i81]Ka. . ~ L'Étranger: L'art de produire, si toutefois nous nousE:E. llo I1]TIKr] Il, ~i1T~p }J.~jJ.IlrjJL~8a Td KaT' apxdS' rappelons ce qui a été dit en commençant, est d'aprèsx811l'Ta, 1Taaali 1.~a}J.~1I ~lllaL Svlla}J.11I ij'TIS' &11 ai'Tla yiyV1]- nous toute puissance qui, éventuellement. devient,1 :rois }J.7/ 1Tp6T~pOIl oJal1l tÏa'T~poll yiYII~a8aL. ' pour ce qui n'existait pas auparavant, une cause de sa

8EAI. M~jJ.~r]jJ.~8a. venue ultérieure à l'existence. - Théétète : Nous nousSE. Zcfla 87) 1Tall'Ta 8117j'Ta, Ka! 87) Ka! ~V'Tà oaa 'T'F-1T! le rappelons! (c) -L'Étranger: Dès lors, tous lesS',F-K a1T~p}J.~'TWIl Ka! PL~WII ~~~'TaL, Ka! ~aa al/Jvxa ~ r~ animaux mortels, et, comme de juste aussi, tout ceIII.aTa'TaL aw,ua'T~ 'T1]K'Ta Kal a'T1]KTa: JLWII &ÀÀo~ 'TIIIOS' 7j qu'il y a de plantes poussant sur la terre à partir deIV S7jJL~ovPyovII:oS' . ~r]aojJ.~II. VOT~pOIl y~y~~a8aL semences et de racines, enfm, tout ce qui, dans"T~pOIl OVK DIITa; 1] TW 'TWII1TOÀÀWII 86Y}J.aTt Kal p1]JLa'Tl l ,' té . d 1 t t 'tu d . . é" m neur e a erre, cons 1 e es corps malID s,

;~~L-n ' fusibles ou infusibles, dirons-nous que tout cela, alors. Otil> 'Til>; " 1 ' . . 1é .

~E T. .L ' , . ." . , , qu 1 n existait pas auparavant, est venu u t neurement-. 1]11 'l'vatll aV'Ta y~lIlIall a1TO TIIIOS' al'TLaS' aVTO-. ., ,S' Ka ' a.lI~v ~ ' .J.' . d \, ,à l'existence, par l'opération d un être autre qu un

" t . otaliotaS' 'l'VOVŒ7]S'; 1] JL~'T I\OYOU 'T~ Kal. .C77"1]}J.1]S' 8~la) lÎ1Tè 8~olÎ tYllo}J.i . Dieu? Ou bien, adoptant la croyance et le langage de~EAI. 'Eyw JLfll iaw~ 81d ~:. 1/ÀtK{all 1ToÀÀaKI) l~ ,multitu~e,..: - Théétète: ~onsistant. en, quoi? -~6'T~pa }J.~'Ta8o,a'w. IIVII jJ.7)1I pÀi1TWIl ~iS' af Ka! U1TO- L Etranger . Dirons-nous que c est à partir d une cause;pallwlI oi~a8ai a~ Ka'Ta y~ 8~èll avTà yiyv~a8al, 'Tav'T1J spontanée et dont l'action productrice est dépourvueItvTè) lI~v6}J.IKa, ' de pensée, que la Nature les fait naitre? Ou bien:E. KaÀw) y~, W e~ai'T1]'T~. Ka! ~l JLlll yi a~ 1/yotlJL~8a 1 qu'elle exerce cette action avec le concours d'une

~l) Tèll t'1TEI'T' (âv) Xp611o11 &ÀÀw) 1rW) 80,a'6v'Twv réflexion et d'une connaissance divines, dont le

l, vlill &11 'TcfI À6Yil> jJ.~'Tà 1T~t8ovS' allaYKata) F-1T~-

,:.

Page 8: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

65

principe est en Dieu? - Théétète: Quant à moi, en~IpOVjJ.fV 7TOldv OjJ.OÀOYfÎV' i7TflS1} Si crov KaTajJ.av8dvw raison de mon âge probablement, je passe maintes foisIv~vcrlv, ôTIKataVfvTWV7Tap'7]jJ.wvÀoywvav77/7Tpocrfi- d'une de ces opinions à l'autre! Ce qui est sÛT, c'est:v E~' â7Tfp vvv ËÀKfcr8al ~?1S, iacrw' xpOIJOS yàp EK 7TfplT- qu'à présent, !es yeux fixés sur toi et supposant chezIV y{YVOIT' av. dÀÀà 81jcrw Tà jJ.Èv ~Vcrfi ÀfyojJ.fva toi la croyance que cela se produit conformément àufÎcr8al 8f{~ TiXV'1'J, Tà S' iK TOVTWV V7T' dv8pW7TWV avVI- l'action d'un Dieu, j'adopte pour mon compte cette"ajJ.fva dv8pW7T{IJ?], Kat KaTà TOVTOV S1} TOIJ Àoyov SVO façon de voir! -L'Étranger: [...] Je poserai en principeU1JTIK1jS yiV1], TO jJ.ÈIJ dv8pW7TIVOV «val, TO SÈ 8fÎOV. que les soi-disant œuvres de la nature le sont d'un art

E>EAI. 'Op8ws. divin, tandis que le sont d'un art humain les choses

qui, avec les premières comme matériaux, sontconstituées par les hommes. Ainsi donc, en vertu de

cette thèse, il y a deux espèces de l'art de produire:l'une humaine, l'autre divine. - Théétète : C'est juste!Traduction de L. Robin, ibid. .

4. Création du tem simée 37.c.6-37.e.5 Timée : Or, quand il vit le monde en movement et en'ac; 8~ lC,vIJ6~v œô'1:b IClXl l;i3v ~v6IJaEV '1:i3v &t8lc.>v ~Ei3'V-. vie, des dieux éternels devenu pour être le sanctuaire,

:yovoc; !YIXÀ!!IX 6 YEvv~alXC; 111X'tfJp, ~y.xa6IJ '1:E IClXl le père qui l'avait engendré fut saisi d'admiration; il

i4'plXv6Elc; ~'1:l ~q !!&ÀÀov 5!!OlOV 11pOC; '1:0 11lXp.x8ElY!!U fut réjoui et il eut l'idée de le porter encore à plus de

IEv6IJaEv &11Epy.xaua6ul. Ku6.x11Ep o~v IXÔ'1:0 'ruyx.xVEl ressemblance à l'égard de son modèle. (d) De même

~ov &t~lOV 8v, ICIXI '1:6~E '1:0 11&V 06'1:';)C; Etc; ~6VU!!lV donc que celui-ci se trouve être un vivant éternel, cet

rEXElpIJaE '1:0l00'1:0V &110'1:EÀE'LV. 'H !!~V oOv '1:00 ~tpou univers de même, autant qu'il était possible, il~O'lC; t'1:6yxœvEv o,"alX IXtQVlOC;, ICIXI '1:00'1:0 IIÈv - 8q -:t~- entreprit de le rendre finalement tel. Ainsi donc, la

vvIJ'1:1f 11IXV'1:EÀi3C; 11poa«11'1:ElV OÔIC ~v 8UVIX'1:6v' e.tICQ nature de ce vivant se trouvait être éternelle, et unernEv6El lC,vIJ'1:6v '1:lVIX IXti3voc; 11olfjalXl, IClXl B'lXlCoall~v telle condition, l'adapter en tous points à ce qui est

'IX OÔPIXVOV 110lE'L !!ÉVOV'1:0C; IXto>VOC; Ëv Evt 1C1X'1:' &pl6!!ov sujet à la naissance n'était évidemment pas possible;~alXv œtlilvlOv EtlC6vœ, 1:00'1:0V SV 8q XP6vov ~VO!!«ICuIIEv:' aussi eut-il l'idée de former une sorte d'image mobile

!!ÉpIXÇ y«p IClXl VUiC'1:IXÇ ICul IIfjvŒc; ICIXI tVlIXU'1:06ç, O~IC de l'éternité, et, tandis qu'il organise le Ciel, il forme,

TIXC; 11plv OÔPIXVOV YEvÉa6Œ1, '1:6'1:E &!!IX tlCElvfj) auVla1:lX- d'après l'éternité immuable en son unité, une image à

1Ifj) '1:qv yÉvEalv uÔ'1:~V !!IJXŒV&'1:Ul' 1:œO1:1X BÈ 11«V1:IX.~ l'éternel déroulement rythmé par le nombre; et c'est là

PIJ XP6vou, ICIXI '1:6 1:' 'Iv '1:6 '1:' ~aTœl xp6vou YEyov6'1:u' ce que nous appelons le temps. (e) Les jours en effet,

'IJ, & oq 4'ÉpOVT~C; ÀŒv6«vo!!EV t111 'r!)v &lBlOV OÔO'lUII O~IC les nuits, les mois et les années n'étaient pas avant que!l3c;. - . - le Ciel rot né-; c'est alors, simultanément à la

.] constitution de celui-ci, qu'il combine leur naissance.ïmée 38.b.6-38.c.3 Tout cela, ce sont des subdivisions du temps, et les

Xp6voc; ~' o~v !!E'1:' OÔ~IXVOO yÉYOVEII, '(VIX &!!IX YEvvIJ6Év~Eç termes il était, il sera, désignent dans le temps des

IX IClXl Àu60>0'lv, !v 110'1:E ÀUO'lC; '1:lC; ŒÔ'1:~V ylyvIJ1:lXl, lCul' modalités, effets du devenir; et c'est évidemment sans

Tœ '1:0 11lXp«8E'Y!!1X '1:fjç ~llXl,;)vlœc; 4'uaE';)C;, '(v' ~c; Y penser que nous les appliquons à la réalité éternelle,

~l6'1:1X'1:0C; ŒÔ1:/f 1C«'1:« ~6V«!!lV n. '1:0 !!Èv y«p Bq 11up6.-. improprement. [...]

y!!« 11.xV'1:« «t~v6. ~aTlV 8v, 6 ~' IX~ ~lœ '1:ÉÀouç -rOV Le temps, donc, est né avec le Ciel, afm que,IXV1:œ xp6vov YEyovliIç '1:E ICIXI ~v 1C«1 ta6!!EVoc;. ' engendrés ensemble, ensemble aussi ils soient dissous,

si jamais dissolution leur doit advenir; et il a été faitsur le modèle de la nature éternelle, afin d'y être auplus haut point ressemblant, dans la mesure dupossible. (c) Le modèle en effet, de toute éternité, ilest; lui au contraire, d'un bout à l'autre du temps toutentier, a été, est et sera. [...]Traduction de M.-J. Moreau

5. L'homme microcosme

Les espèces. du vivant. . .née 3ge6-40a2 ToO-ro 3~ -ro ICci-rQÀO1.110V &11TJPY6.l.a'ro Tlmée: Ce reste de son ouvrage, Il se mIt donc à lexâ-roO 11pOC; Tl'jv -roO 11«pu3Ely~«'1:oC; &11o'tV'rto6~EVOC; 4'~O'1.v. réaliser en s'efforçant de reproduire la nature du

't;f11EP oCv vooç- lllouolXc; !8É«c; '1:~ 8 la'1:lv l;~OIl, oT«l TE

Page 9: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

66

~ELOZ ~Œl 50ŒL: KŒ8oP4, ;r-QLŒQ'tŒÇ K~l 'tOOŒQ'tŒÇ ~EVO~ST) modèl~. Pour a~tant,. dès. lors, que l'intell!gence

,tv KŒl 't60E axEtv, Etalv B~ 'tÉ't'tapEç, ~la ~Èv oôpavLov aperçoit de spécifications mcluses en ce qu est le,~v yÉvo'ç, nAT) BÈ 'Tt'tT)vov KŒl &Epo'Tt6pov, 'tpl'tT) ai Vivant, saisit quelle en est la na~e et le no~bre,

0 t . r. .È l " É - telles en nature et en nombre Il conçut qu elleslU pov E ooç, 'TtE.,oV 0 Ka XEpoaLov 't 'tŒp'tOV.. .

devaient se retrouver également en ce monde-cI. Or,elles sont au nombre de quatre: la première estl'espèce céleste des Dieux, la deuxième, l'espèce ailéequi parcourt les airs, (a) la troisième l'espèceaquatique, la quatrième, celle qui a des pieds et vit surla terre ferme.

Les lois de la destinée'mée 41,d.8-42d , Timée : Quand il eut combiné le tout, il le divisa en un

'I:uaorfJaaç- aÈ ~o 'Tt6.v BLEtAEV ~Ux&.ç tuaplS~ouç 'totç nombre d'âmes égal à celui des astres; (e) il les"tpOLÇ, ~VEL~ÉV S' ~KaO'tljv 'TtpOç ~KaO'tov, Kal tt'6L6aoŒç distribua une à chacun, l'y fit monter comme sur un

ç Èç 6XIj~a 'r1'Jv 'to{) 'TtŒv'tbç '!'QULV ~8ELE;EV, v6~ouç 'tE char, et leur fit voir la nature de l'univers; puis il leur)~Ç Et~ap~Évouç Et'TtEV aô'tatç, 5'tL yÉVEULÇ 'Ttpt:>'tT) ~Èv: dit les lois fixées par le destin: à la premièrerOL'to 'tE'taYt'ÉvT] t'la 'Tt&aLv, '(va ~~'tLÇ ÈAa't't~'to Ô'Tt' naissance, il serait imposé à tous une condition

l'taO, 5ÉOL 5È a'rTapEtaaç ~Ô't&.ç EtÇ 'tŒ 'Ttpoa~lCov'ta unique, afin que nul ne rot désavantagé par lui; il:aU'tŒLç ~KŒa'tŒ 5pYŒva xp6vt-'v ~ l;tjlt-'v 'tO 8EOaE- faudrait donc que, disséminés selon de respectives

O'ta'tov, 8L'TtAljç 5~ oIJaT]ç 'tfjç &vSpt-'rilvlTI; ,!,uaEt-'ç, 'tO convenances dans les instruments du temps, les âmesIEt't'tOV 'tOLOO'tOV EtT] yÉvoç S lCal I7tEL'ta KEKAfJaoL'to revêtissent la nature du vivant la plus capableIfJp. 'O'Tt6'tE 51') at:>~ŒuLv Ê~,!,u'tEu8E'LEV I.E; &V~YIC'1Ç, d'honorer les Dieux; or, double étant la naturetl 'tb ~Èv 'TtPOUlOL, Tb ~' &.'TttOL 'toO at:>~Œ'toç ŒO't~V, humaine, cette condition supérieure était (a) le sexe

'~TOV ~Èv atuBTJuLv &vay~atov EtT] ~lŒV 'Tt&ULV I.IC BLatt-'v qui serait par la suite appelé viril. Mais, une fois quet8T]t'~'tt-'v a6~,!,u'tov ytyvEa8aL, ~EU'tEpOV ÔÈ l'jôovfi KŒl dans des corps les âmes se trouveraient implantées'Tt!! t'Et'ELy~ÉVOV ~pt-"ta, 'Ttpbç ÔÈ 'tOU'tOLÇ ,!,66ov ICŒl avec nécessité, et que tantôt des gains, tantôt des

-~ -~ J

~ov 5ua 'tE m6~EVŒ ŒÔ'tOtÇ KŒl 6'Tt6aŒ I.VŒVTtt-'Ç 'TtÉ,!,UKE , pertes se produiraient dans le corps leur appartenant::O't1j1C6'ta' 8;v Et ~ÈV KPŒTfJUOLEV, ôllCn BLt:>aOLV'tO,: en premier lieu, la sensation, par un effet nécessaire,~'tJ)8ÉV'tEÇ ~È &~LKt~. Kal 6 ~Èv EO 'tbV'TtP°af]KOV'tŒ, commune à toutes du fait de ces impressions6vov BLOUÇ, 'Tt~ALV EtÇ 'r1'Jv 'to{) auvv6~ou 'TtopEu8EtÇ violentes, viendrait se joindre à leur nature; (b) en:ljaLV &u'tpou, Btov Eoôat~ova ICŒt auv~8T) ~E;OL, U,!,cxAElç second lieu, mêlé au plaisir et à la peine, apparaîtrait'toQ'tt-'v EtÇ YUVŒLKOÇ '!'UULV f;v 'tfi 8EU'tÉp~ YEVÉUE;L-~E'ta- le désir, et, outre ces passions, la frayeur et la colère etlo'L' ~I') 'TtaU6~EV6ç 'tE Êv 'tOU'1:0LÇ ~'tL KŒKtaç, 'tp6'TtOV Sv celles qui leur font suite, et toutes celles qui par leurCUVOL'tO, lCa'1:&. 'r1'Jv 6~oL6'tJ)'ta '1:ljç 'to{) 'tp6'Ttou YEvÉaEt-'C;: nature se tiennent à l'opposé: les dominer, ce serait

; 'tLVŒ 'tOL'XU'tJ)V &El ~E'tŒ6aÀo'L 8~pELOV '!'QULV, lli~'t'tt-'v vivre avec justice; en être dominé, ce serait l'injustice.

00 'Ttp6'1:EpOV 'Tt6vt-'v AfJE;oL, 'Ttplv '1:fI 'tŒO'tOO Kal 6~olou Et celui qui, le temps convenable, aurait bien vécu,)L65cp 'tfl f;v ŒÔ't1j) auVE'ltLa'rTt:>~EVOÇ 'tov TtoA~v 5XAov celui-là reprendrait vers l'astre à lui assigné le chemin

, 6a'tEpov 'TtpOU,!,UV'1:Œ tIC 'TtUpOç ICŒt 6ÔŒ'tOÇ ICŒl &Époc; de sa demeure, pour y mener une vie bienheureuse et, y~ç, 8opu6t:>ôT) ICŒt &Aoyov 6V'tŒ, A6ycp ICPŒ'tfJaaç EtÇ orb conforme à sa condition; s'il échouait dans cette; 'TtPt:>'1:11.ç, ICŒl &pla'tJ)ç &,!,lKO~'tO EtÔOÇ ~E;Et-'Ç, - épreuve, à la seconde naissance il changerait sa nature

pour celle d'une femme; (c) et si, en ce nouvel état, ilne mettait pas encore trêve à sa malice, suivant latournure de son vice il se changerait indéfmiment, à laressemblance de sa tournure naturelle, en une bête denaturel semblable; et à travers ces métamorphoses, ilne veqait pas la fm de ses châtiments avant de s'êtrerallié à la révolution du Même et du Semblable, quis'accomplit en lui : la nombreuse cohue,ultérieurement ajoutée à son être, et faite de feu, d'eau,d'air et de terre, il lui faudrait, turbulente etdéraisonnable, (d) la dominer par la raison et revenir àla forme de son remier et excellent état.

lée 90.e.1-91.a.1 et rimée 91.d.6-92.c.3

Rôle des lantes:lée 76.e.7-77.c.7 Timée: Voilà donc du vivant mortel toutes les parties,~'TtEL81') ôÈ Ti~V'1:' ~v '1:« 't0{) svJ)'to{) l;tjlou aU~'TtE,!,uIC6'tŒ tous les membres, ) Or, sa vie,

1 K~l ~ÉAJ), 'tl')v ÔÈ Z;t-'l')v ~V 'TtUpt K~t 'TtVEU~~'tL auvÉ-

Page 10: 58agap.mmsh.univ-aix.fr/04vie/doc/bulletin/2009/6_10_anne_balansard.pdf · Le rimée sera considéré par la tradition comme le seul dialogue physique de Platon (voir Diogène Laërce

-- .67

6ŒLVEV ~E, &V«YICTJÇ !XELV .ŒO~~, ICŒl8L~..'t"Œ{)'t"Œ 1':;b 't"0~'t"~1Ï c'est au feu du soleil et au vent que la nécessité lui't"TJ1C6~EVOV ICEVO~~EV6v 't"' 1q.8LVEV, Bo~8ELŒV ŒÔ't"/fI 8Eol imposait de la mener; aussi, consummé, épuisé par~TJXŒV~V't"ŒL, Tf\ç y~p &v8pQTtlvTJç auYYEVf\ q.UOEC,)Ç <pUOLV ces agents, allait-il dépérir, quand les dieux lui

aAÀŒLÇ t~ÉŒLÇ ICŒl Œta8~OE'aLV ICEpŒVVUV't"EÇ, {!Jo8' l't"EpOV ménagent un secours. Une nature née en même temps

~~ov EtVŒL, q.U't"EUOUOLV' & ~~ v{)v ~~EpŒ ~ÉV~pŒ ICŒl <pU't"Œ que la nature humaine est mêmée par eux à d'autres

ICŒl a-nÉp~Œ'tŒ TtŒL~EU8Év'tŒ OTtb YEQPylŒÇ iL8ŒO~Ç Ttpbç forme\s et à d'autres sensations de manière à donner

~~8.ç IOXEV, Ttplv ~È ~Vp6VŒ 't"~ 't"~V &yplQV yÉvTJ, TtPEa6U- d'autr~ sortes de vivants, qu'ils vont planter: ce sont'tEpŒ 't"~V ~~ÉPQV ~V'tŒ, n8.v yœp oOv 5't"LTtEp !v ~E't«Oxn aujourd~!es arbres, plantes et graines domestiques;'top ~~v, ~~ov ~Èv &v ~V ~LlCn ÀÉY°i.'to 6p86'tŒ't"Œ' ~E't"ÉXEL YE mais primitivement, il n'y avait que les espèces~~v 'to{)'to 8 V{)V ÀÉYO~EV 't"00 't"pl't"ou ~uxf\ç Et~OUÇ, 8 ~E'tŒE,Ù sauvages, qui sont plus anciennes que les espèces

I!'PEV~V 6~<pcxÀoO 'tE t8pOo8ŒL À6yoç, ~ ~6E,TJç ~ÈV ÀOYLO~OO domestiques. (b) Tout être, en effet, quel qu'il soit, quiTE ICŒL voO ~É'tEO'tLV 't"b ~TJ~ÉV, Œta8~OEQÇ ~È ~8EtŒÇ ICŒl a part à la vie, a droit d'être appelé très justementkÀYELllfjÇ ~E't« ji'lI.8U~L&)V, nuaxoiiy~p ~L«'tEÀd'IT&II'rŒ, ct'tpŒ" vivant; or, il a part, précisément, celui dont~tll'tL ~' ŒÔ't/fl fv iŒU't"1p TtEplluu't6, "rf)v ~tv fE,C,)9EV &i'lQd«- présentement nous parlons, à la troisième espèce!Év~ ICLVTJOLV, orfi ~' olICEL~ XPTJOŒ~ÉV't', 't"~V ŒÔ'tOO 'IL Àoyl-. d'âme, celle que nous disons installée entre le

IŒO8ŒL ICŒ'tL86v't"L <pUOEL oÔ TtUpŒ~É~QICEV ~ yÉVEOLÇ. âLb 8~ ~fI diaphragme et le nombril, et à laquelle il ne revient, niLÈV Ia'tLV 'tE oôX l't"EpOV ~ipOU, ~6VLt!°V ~È ICUl ICU't"EppL~6)- opinion ni raisonnement, ni intelligence aucune, mais

Lavov TtÉTtTJYEV ~LŒ 'tb 'tf\ç ~q.' luu't"oO ICLVfJOEQÇ ta'tEp~oB«L; seulement sensation agréable ou douloureuse, avecTœO'r« ~~ 't~ yÉvTJ 1tuv'rU q.u't"E6ctŒV'tE~ 01 ICpEt't"'tOUÇ 'rotç des appétits. De sa passivité, en effet, un tel être ne

j't't"OOLV ~~tv 'tpo<p~v sort jamais: tourner sur soi autour de soi, repousser lemouvement d'origine extérieure (c) et n'user que dusien propre, y voir en soi et raisonner, voilà qui n'estpas de sa nature, ce que ne lui a point accordé sagenèse. Aussi vit-il, et n'est-il pas autre chose qu'unvivant; mais immobile et enraciné, il demeure fixe,privé qu'il est de se mouvoir par soi. Ainsi, toutes lesespèces végétales, les plus puissants les ont plantéesour notre nourriture à nous, lus faibles, ""

t~