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Cahier du « Monde » N o 21658 daté Vendredi 5 septembre 2014 - Ne peut être vendu séparément Festival d’automne Du 4 septembre au 31 décembre « Le Capital et son singe » de Sylvain Creuzevault. DR Classe contre classe A l’image du jeune metteur en scène Sylvain Creuzevault, qui s’empare de Karl Marx , le 43 e Festival d’automne promet de grands moments de dialectique D ans Le 18 Brumaire de Louis Bo- naparte (1852), Karl Marx saisit, d’une formule cinglante, la part de théâtralité qui traverse l’His- toire : « Tous les grands événe- ments et personnages histori- ques se répètent pour ainsi dire deux fois (…) la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. » Ô joie de la dialectique! Plus d’un siècle et demi plus tard, c’est au tour de Marx lui-même de devenir un personnage de théâtre : adapté du célébrissime essai du philosophe allemand, Le Capital et son singe, de Sylvain Creuzevault, est l’un des spectacles les plus attendus du 43 e Festi- val d’automne à Paris. Chaque année, à l’orée du mois de septembre, le début de la manifestation francilienne sonne comme une rentrée des classes pour les ama- teurs de théâtre, de danse, de musique classi- que, d’arts plastiques et de cinéma. Cette saison, le mot « classes » résonnera d’une belle polysémie: il faudra l’entendre dans son acception marxiste donc, mais aussi dans son acception générationnelle, tant l’édition 2014 fait la part belle aux jeunes metteurs en scène français. Agés de 25 à 45 ans, regroupés autour de Sylvain Creuzevault, Vincent Macai- gne, Julien Gosselin, Fanny de Chaillé et quel- ques autres, ces créateurs «en culotte courte» évoluent à la croisée des idiomes et des discipli- nes, avec l’ambition, la fraîcheur et la radicalité de leurs vertes années. Ne pas croire, cependant, que Paris ne sera la capitale que d’une classe d’âge. Par les «por- traits» qu’il consacre à trois figures tutélaires –le chorégraphe William Forsythe, le composi- teur Luigi Nono, le metteur en scène Romeo Castellucci–, par les hommages qu’il rend à Marguerite Duras ou Jérôme Bel, auxquels s’ajoutent les nouvelles créations d’artistes aussi reconnus que Matthew Barney, Robert Wilson ou Claude Régy, par cette manière de faire cohabiter les générations, les formes et les continents, le Festival d’automne promeut une certaine idée de l’excellence – de la classe, au sens le plus aristocratique du mot, cette fois. p aureliano tonet

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Cahier du « Monde » No21658 daté Vendredi 5 septembre 2014 ­ Ne peut être vendu séparément

Festival d’automneDu 4 septembre au 31 décembre

« Le Capital et son singe»de Sylvain Creuzevault.

DR

ClassecontreclasseAl’imagedujeunemetteurenscène

SylvainCreuzevault,quis’empare deKarlMarx,le43eFestivald’automne

prometdegrandsmomentsdedialectique

D ans Le 18 Brumaire de Louis Bo­naparte (1852), Karl Marx saisit,d’une formule cinglante, la partde théâtralité qui traverse l’His­toire: «Tous les grands événe­ments et personnages histori­

ques se répètent pour ainsi dire deux fois (…) lapremière fois comme tragédie, la seconde foiscomme farce.»Ô joie de la dialectique! Plus d’un siècle et

demi plus tard, c’est au tour deMarx lui­mêmededevenirunpersonnagede théâtre: adaptédu

célébrissime essai du philosophe allemand, LeCapital et son singe, de Sylvain Creuzevault, estl’undes spectacles lesplusattendusdu43eFesti­val d’automne à Paris.Chaque année, à l’orée dumois de septembre,

le début de lamanifestation francilienne sonnecomme une rentrée des classes pour les ama­teurs de théâtre, de danse, de musique classi­que, d’arts plastiques et de cinéma.Cette saison, le mot «classes» résonnera

d’une belle polysémie: il faudra l’entendre dansson acception marxiste donc, mais aussi dans

son acception générationnelle, tant l’édition2014 fait la part belle aux jeunes metteurs enscène français. Agés de 25 à 45 ans, regroupésautour de Sylvain Creuzevault, Vincent Macai­gne, Julien Gosselin, Fanny de Chaillé et quel­ques autres, ces créateurs «en culotte courte»évoluent à la croisée des idiomes et des discipli­nes, avec l’ambition, la fraîcheur et la radicalitéde leurs vertes années.Ne pas croire, cependant, que Paris ne sera la

capitale que d’une classe d’âge. Par les «por­traits» qu’il consacre à trois figures tutélaires

–le chorégraphe William Forsythe, le composi­teur Luigi Nono, le metteur en scène RomeoCastellucci–, par les hommages qu’il rend àMarguerite Duras ou Jérôme Bel, auxquelss’ajoutent les nouvelles créations d’artistesaussi reconnus que Matthew Barney, RobertWilson ou Claude Régy, par cette manière defaire cohabiter les générations, les formes et lescontinents, le Festival d’automne promeut unecertaine idée de l’excellence – de la classe, ausens le plus aristocratique dumot, cette fois. p

aureliano tonet

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2 | festival d'automne VENDREDI 5 SEPTEMBRE 20140123

Dynamiterle théâtre,disent­ils

Çabourgeonnecetautomne.LeFestivalararementaccueilliautantdejeunesartistes

français.Qui,chacunàleurmanière,cherchentunnouveaulangage

Dans le Midi, «adieu»s’utilise parfois pourdire bonjour ou sa­luerunproche, avec lesourire et les brasouverts. Et pas seule­ment pour tournerles talons et prendre

congé de quelqu’un. Ce mot charnière,qui signifie une chose et son contraire,illustre parfaitement les tensions àl’œuvre dans le théâtre contemporain.«Adieu le langage!», clame en subs­tance une nouvelle génération de met­teurs en scène français, comme pour si­gnifier son appétit des formes… et sa vo­lonté de tri. Ils l’affirment: il faut donnerdu jeu au théâtre, comme on parleraitd’une porte qui n’ouvre plus très bien.Alors, bienvenue au langage, un champ

bien plus vaste que le texte, qui va de ladanse aux arts plastiques, en passantpar le cinéma. Que retient­on de l’héri­tage des aînés? Qu’est­ce qu’on invente,qu’est­ce qu’on reformule, qu’est­cequ’on oublie?En écho à ces questionnements, la qua­

rante­troisième édition du Festivald’automne programme une dizaine dejeunes artistes, venus de tous les hori­zons. Certes, ils sont déjà bien identifiéssur la scène contemporaine,mais ils sontpeu connus du grand public. Tout en ex­plorant leur propre voie, certains se ré­

clament de grandes figures du théâtrecontemporain, les Claude Régy, FrançoisTanguy, Roméo Castelluci –des auteursque le festival créé par MichelGuy en 1972 accompagne depuis long­temps. Il y aurait donc une filiation. Ci­tons­les, par ordre alphabétique: outre letandem Patricia Allio­Eléonore Webersont présents à l’affiche Jeanne Candel,

Fanny de Chaillé, Sylvain Creuzevault, Ju­lieDeliquet, Yves­NoëlGenod, JulienGos­selin, Vincent Macaigne ou encore Phi­lippe Quesne. Celui­ci, âgé de 44 ans, issudes arts plastiques, est le seul, parmi legroupe, à diriger un lieu: le Théâtre Nan­

terre­Amandiers (Hauts­de­Seine), de­puis novembre 2013. Cette année, il pré­sente Next Day, une pièce avec des en­fants âgés de 8à 13 ans, qui découvrentl’adolescence. Quand on demande à cemetteur en scène des «microcosmes hu­mains» comment il entend piloter cettescène emblématique, il répond sur unterrain inattendu : «Il y a un répertoirecontemporain, au théâtre, qui est sous­ex­posé et que je souhaiterais mettre en va­leur. » Vincent Macaigne ne lui donnerapas tort. « Un film d’auteur, on en parletoujours plus que d’un spectacle qui a dusuccès», confirme la starmontante du ci­néma français, réalisateur, comédien etaussi metteur en scène. Actuellement, ilest enpleine répétitiond’Idiot ! parce que

nous aurions dû nous aimer !, après avoircréé Idiot !, en 2009. Il extrait la matièredu chef­d’œuvre de Dostoïevski, plusqu’il ne l’adapte. « Je veux réentendre letexte que j’en avais tiré il y a quatre ans,voir où cela en est. Ne pas baisser lagarde », dit­il simplement. «Tous ont unegrande ambition intellectuelle. Ça brûle,c’est rouge et ça chauffe tout le temps»,souligne Marie Collin, directrice artisti­que du Festival d’automne pour la danse,le théâtre et les arts plastiques. Paraphra­sant le titre du dernier film de Godard,Adieu au langage, Eléonore Weber ré­sume la réflexion qu’elle mène avec Pa­tricia Allio: «Nous, ce n’est pas “Adieu aulangage”, mais adieu au langage et auximages.» Philosophes de formation, les

deux auteures et metteuses en scènes’emparent de «symptômes» de la so­ciété –la question migratoire, par exem­ple – afin de produire une pensée, etaussi des formes scéniques. Leur pro­chaine création,Natural BeautyMuseum,interroge la fascination des individuspour la contemplation de la nature.Avant d’arriver sous les projecteurs du

prestigieux festival, certains de ces artis­tes (Creuzevault, Deliquet…) ont été re­pérés par des programmateurs avisés,tels José Alfarroba, directeur du Théâtrede Vanves, ouMarie­Thérèse Allier, de laMénagerie de verre, à Paris, consacrée àla danse. «Comme dans le cinéma fran­çais, et dans la danse, on observe un re­nouveau dans le théâtre. A Vanves, on a le

«Il y a un répertoirecontemporain,au théâtre,

qui est sous­exposé.Je voudrais

le mettre en valeur »philippe quesne

directeur du Théâtre Nanterre­Amandiers

«Idiot !parce quenous

aurions dûnous aimer»de VincentMacaigne,créationde 2009,recrééeen 2014.

PHILIPPE DELACROIX

N on identifiable, inclassable… Bien­venue dans la danse ! Depuis unedizaine d’années, jamais la scène

chorégraphique n’a autant accueilli les ar­tistes qui fuient les cadres, les étiquettes etles genres pour inventer uneœuvre aucarrefour des disciplines, voire carrémentdans lamarge.Lorsque, en 2004, PhilippeQuesne crée

son premier spectacle, LaDémangeaisondes ailes, il trouve preneur auManège, àReims. Entre canettes de bière et élucubra­tions entre copains, sa pièce navigue à vuesur le thème du vol avec simulation vir­tuelle, interviews filmées d’un dentiste oud’un expert en tai­chi, créant un espacescénique où la vraie vie et l’illusion théâ­trale jouent la confusion. Aucune dansedans cette bulle de sensations. PhilippeQuesne raconte: «Jeme lançais dans uneaventure artistique sans présumer de rienet jeme suis soudain retrouvé chorégrapheparce que remarqué par lemilieu de ladanse.» Jusqu’à ce que le théâtre le récu­père (apparemment !) et le nomme cetteannée directeur deNanterre­Amandiers,scène historique emblématique.Ouverte et curieuse, la danse ne de­

mande ses papiers à personne. PhilippeQuesne vient des arts visuels, Fanny de

Chaillé a fait ses apprentissages du côté dela dansemais a aussi collaboré avec lemet­teur en scèneGwenaëlMorin, Yves­NoëlGenod et l’Italien Alessandro Sciarroni ontété comédiens. Génération de quadras,apparus au tournant des années 2000, ilsont d’abord été reconnus par lemilieu cho­régraphique, et par des lieux comme laMé­nagerie de verre et le Théâtre de la Cité in­ternationale, à Paris, leManège, à Reims,amateurs de formes inédites.Yves­Noël Genod, nourri par ses dix ans de

travail auprès de Claude Régy, tisse depuis2003 des espaces conçus sur lemode d’ap­paritions,maillage élastique de corps, voix,lumières. «S’il fautmettre un nom surmesspectacles, je parlerai de théâtre chorégraphi­que ou de son et lumière, précise­t­il. Ladansem’a donné une liberté incroyable.»Fanny de Chaillé se considère, elle, «plus

commeunmetteur en scène que commeunchorégraphe», et compose des partitions so­nores et gestuelles où le rythmedes corpsne tolère aucune improvisation. Souvenirinoubliable de son Ta Ta Ta (2005), comédiede ronflements et de claquements de portechorégraphiée pour cinq interprètes.Un point commun saute aux yeux: aucun

texte théâtral dans le sens classique dutermene vient soutenir le propos scénique.

«Tant que j’aimis en scènemes propres tex­tes, je n’étais pas repérée par lemilieu théâ­tral, affirme Fanny de Chaillé, par ailleursexperte en poésie sonore.Depuis que jem’attaque à des auteurs référencés commeThomas Bernhard et aujourd’hui Hugo vonHofmannsthal, on veutmemettre l’étiquettethéâtre.Même si, pour lemoment, les gens decemilieu ne viennent pas encore souvent voirmon travail. » Plus prosaïquement, impossi­ble de décrocher des subventions du côté duthéâtre si on ne signale pas uneœuvrecomme socle du spectacle. Exception ita­lienne, Alessandro Sciarroni, comédien, ad’abord séduit quatre festivals de danse ita­liens en 2007,mais est aujourd’hui soutenupar unemaison de production théâtrale.Laméthode de fabrication de ces artistes

se détache aussi de celle desmetteurs enscène au sens classique du terme. Fanny deChaillé ne travaille jamais à la table sur untexte,mais directement sur le plateau à par­tir de thèmes qui génèrent une idée de texte(ou pas).Même concentration sur l’espacepour Yves­Noël Genod, qui aime d’abord«habiter les lieux pour en faire les personna­ges principaux de ses pièces ». Lequel rêve demettre en scène un ballet, « à condition queles danseursme fassent plus confiance ». p

rosita boisseau

Ladansenedemandesespapiersàpersonne

SAISON14 – 15

www.vidy.ch

CRÉATIONS À VIDYVINCENT MACAIGNERODOLPHE BURGERPERRINE VALLISÉVERINE CHAVRIERMASSIMO FURLANROMEO CASTELLUCCIMARTIN ZIMMERMANNCHRISTOPH MARTHALERGUILLAUME BÉGUINMATTHIAS LANGHOFFSTANISLAS NORDEYWINTER FAMILYANGELICA LIDDELLCINDY VAN ACKERMATHIEU BERTHOLET…

Et à voiraussi

RIMINI PROTOKOLLSHE SHE POP

MARIELLE PINSARDBORIS CHARMATZARTHUR NAUZYCIELALEXIS FORESTIER

FOOFWA D’IMOBILITÉDIEUDONNÉ NIANGOUNA

CHRISTIAN RIZZOMAGUY MARIN

JULIEN GOSSELINNICOLAS BOUCHAUD…

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0123VENDREDI 5 SEPTEMBRE 2014 festival d'automne | 3

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«Le Capitalet son singe»

de Sylvain Creuzevault.DR

C’ est un peu de sa faute.Si tant de collectifs sesont imposés sur les

scènes, ces dernières années,si une nouvelle esthétique abousculé le regard et si l’art del’improvisation a retrouvé unevigueur qu’il avait perdue, c’estparce que Sylvain Creuzevaultest entré dans le paysage duthéâtre français un beau soirde 2005 où, dans une salle dusous­sol du Théâtre des Deux­Rives, à Charenton­le­Pont(Val­de­Marne), certains ont eula chance de voirVisage de feu,deMarius vonMayenburg. Unspectacle bricolé avec 3 francs6 sous,mais d’une facture siremarquable qu’aussitôt laquestion s’est posée : qui sontces jeunes gens ? Un collectif,fut­il répondu, en précisantque son nom, D’ores et déjà,avait été choisi comme ça, auhasard d’une discussion entreles quatre garçons qui l’avaientfondé, en 2002 : Arthur Igual,DamienMongin, Sylvain Creu­zevault et Louis Garrel.En ce temps­là, ils avaient

autour de 20 ans,mais leur his­toire s’était soudée quand ilsétaient lycéens, et que, déjà, ilsfaisaient du théâtre. Depuis,beaucoup d’eau a coulé sousles ponts de Charenton : le col­lectif, qui a présenté Baal,en 2006, puis Le Père Tralalère,en 2008, etNotre terreur,en 2009, n’existe plus. L’ami­tié, elle, est indéfectible : vouspouvez la voir à l’œuvre dansMes copains, le court­métragede Louis Garrel, devenu unestar. Sylvain Creuzevault, lui, afait un choix radical: se taire leplus possible, ne pas rencon­trer la presse et travailler loinde l’agitation dumonde, dansles Cévennes.C’est là, sur les terres sévères

etmagnifiques où fut tournéMichael Kohlaas, le film d’Ar­

naud des Pallières (2013), qu’ils’est installé, il y a plus de deuxans. Après le triomphe deNotreterreur, qui aurait pu tourner desannées, il a eu besoin de prendredu champ. Tous les grands théâ­tres le courtisaient, mais il a dit :«Je ferai quelque chose quandj’en sentirai la nécessité.» Il estparti, armé de sa conviction, etd’unemultitude de livres, dontLe Capital, de Karl Marx. Après laRévolution française, il s’estainsi immergé dans un autregrandmoment de l’Histoire : ce­lui de la révolution économique.Il a fallu beaucoup de temps

pour que naisse Le Capital et sonsinge. A son habitude, et avec lahaute exigence qui le caracté­rise, Sylvain Creuzevault a tra­vaillé sans relâche avec les co­médiens qui l’ont rejoint dansles Cévennes. En suivant le pro­cessus de création dont il a faitson credo, lui, l’ancien élève del’école Jacques Lecoq: improvi­ser, encore et toujours, en par­tant de solides connaissances,jusqu’aumoment où, de l’im­provisation, naîtra le récit.C’est ce processus qui a valu à

Notre terreur d’atteindre à la foisla rigueur sans faille de la véritéhistorique, et la jouissance, pourle spectateur, d’une réflexion in­carnée d’unemanière on nepeut plus simple: vêtus commeà la ville, les comédiens étaientautour d’une table placéesur l’aire de jeu, entre desgradins qui se faisaient face.Déjà, dans Le Père Tralalère,

il y avait une table. Depuis,c’est fou ce qu’on en a vu,des tables, dans des spectaclesde collectifs rompus à l’improvi­sation. En décidant de son his­toire, Sylvain Creuzevaulta libéré d’autres comédiens etmetteurs en scène. Et ouvertune des pages les plus excitan­tes du théâtre d’aujourd’hui. p

brigitte salino

SylvainCreuzevault,lidermaximo

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«Les Particulesélémentaires»

de Julien Gosselin,créé au Festivald’Avignon 2013.

SIMON GOSSELIN

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«Next Day»de Philippe Quesne.

PHILIPPE DIGNEFFE

droit d’expérimenter, et de se tromper»,explique José Alfarroba.Julie Deliquet, justement, n’a pas peur

de l’accident. Ses comédiens du collectifIn Vitro sont connus comme des as del’improvisation. Pour une scène de re­pas, elle a pu les embarquer dans unemaison, en banlieue parisienne, lesplongeant dans une improvisation desept heures. Elle s’interroge: «Quandj’étudiais le théâtre, on nous demandaitd’articuler le mot “maintenant” en troissyllabes. Çame perturbait, car dans la viede tous les jours, on dit maint’nant!» Ju­lie Deliquet revendique un théâtre duréel : elle va présenter une trilogie, unesaga générationnelle des années 1970 ànos jours, dont le troisième volet a étéécrit collectivement, avec les comédiens.Mais rien n’est figé dans le marbre. Cha­que soir, les acteurs adaptent la trame…Yves­Noël Genod, lui, crée à partir de

ses comédiens, «comme Coco Chanel lefaisait avec ses modèles», sourit­il. Cetelfe, ce dandy aux cheveux longs,blonds, commeunemèche qui brûle, estune performance à lui seul. Il peut en­voûter les spectateurs en lisant du Bau­delaire. Pourtant, l’essentiel est ailleurs,dit­il. «Je n’ai absolument rien contre ladécouverte d’un texte au théâtre, maisl’obédience du théâtre au texte souventme gêne. François Tanguy disait : “Lemotque je déteste le plus quand on parle duthéâtre, c’est le mot texte.”» «YvNo» fait«du théâtre d’après les lieux et d’après lespersonnes». La surprise de sa prochainecréation sera totale, une fois de plus.

Avec Jeanne Candel, aussi, « on ne sait ja­mais ce que l’on va voir », assure la pro­grammatrice du Festival d’automne.Formée au théâtre, la jeune femme estégalement marquée par le travail de lachorégraphe Pina Bausch. Elle ne partpas d’un texte,mais de plusieurs, et se li­vre à des collages.La méfiance à l’égard du langage et de

son «absurdité» est assurément un mo­teur de création. C’est le cas pour Fannyde Chaillé, qui a travaillé avec Daniel Lar­rieu au Centre chorégraphique nationalde Tours. « Je viens de la danse. Pourcréer, je pars d’une forme et non d’untexte», dit­elle. Le spectacle qu’elle vaprésenter, Le Groupe, d’après La lettre deLord Chandos, de Hugo von Hofmanns­thal, est «une sorte d’adieu auxmots», lepersonnage ne parvenant plus à écrire,parce que, dit­il, les mots ont perdutoute valeur. «Faire groupe, c’est créerune langue ensemble», explique­t­elle.«C’est aussi jongler avec tous les arts»,

conclut Julien Gosselin, le plus jeuned’entre tous, 27 ans. «Le théâtre est unartimpur, il n’a pas d’acte de naissance. Il estné de la réunion de la danse, de la musi­que, de la poésie, du chant. Cette diversitédes disciplines sur le plateau est là depuisle début. Mais on s’est enfermé dans uneconception patrimoniale du théâtre»,dit­il. En 2013, il a mis en scène à Avi­gnon Les Particules élémentaires, de Mi­chel Houellebecq. Pourquoi Houelle­becq? «Parce que, dans ce livre, il y a unevariété de langages et de formes narrati­ves, entre le décryptage de la société libé­rale, la poésie, etc. Cela permet de tra­vailler sur le rythme, l’arme numéro undu théâtre pour capter l’attention duspectateur », estime­t­il. La pièce serajouée, à nouveau, dans le cadre du Festi­val d’automne. Il découvre les metteursen scène de sa génération, voit leursspectacles. Ça se contamine, dit­il, maischacun est différent, poursuit sa recher­che esthétique: «Il ne faut pas parlerd’une nouvelle vague, ce serait réducteur.Je suis juste content que nous soyonsnombreux», se félicite­t­il. Et d’insister:«Ce n’est pas du vent. Il y a quelque chosequi existe.» C’est maint’nant. p

clarisse fabre

«Le théâtre est un art impur,il n’a pas d’acte de naissance.

Il est né de la danse, de la poésie,du chant. Cette diversité est

sur le plateau depuis le début»julien gosselinmetteur en scène

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FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS

Théâtre du Radeau PassimFESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS

Claudia Triozzi Boomerangou le retour à soicRéATION FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS

Grand Magasin Inventerde nouvelles erreurscRéATION FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS

Pascal Rambert RépétitionJan Fabre Le Pouvoirdes folies théâtrales

Jan Lauwers & NeedcompanyPlace du marché 76Julie Nioche & A.I.M.EEn classeLe festival (tjcc) Programmation Joris Lacoste+ Art contemporain, Claudine Doury+ Philosophie Emmanuel Alloa + Radio LabJoëlle Gayot

Pass & carte vos places à partir de 9 €

L’Art comme expérience. Théâtre de Gennevilliers. Direction : Pascal Rambert

Centre Dramatique National de Création Contemporaine.

41 avenue des Grésillons, 92230 Gennevilliers. Métro Gabriel Péri [13]

www.theatre2gennevilliers.com. Réservations : +33 [0]141322626.

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4 | festival d'automne VENDREDI 5 SEPTEMBRE 20140123

RomeoCastellucci, fauteurdetroubleIldivise, irrite,bouleverseaussi. Si l’artisteitalien provoque undérangementsiintime,c’estparcequ’il sonde lesâmesauplusprofond. Danssestroisspectaclesàl’affiche,dontunstupéfiant«Sacreduprintemps»,ilvatoujoursplusloinderrièrelemiroir

Romeo Castellucci,le 24 août, à Bochum,

où il répétait «Neither»,l’opéra deMorton Feldman.

FRANK BEER POUR «LE MONDE»

duisburg (allemagne)Envoyée spéciale

L’ image semble àmille lieues de ce àquoi on s’attendait– mais à quoi doncs’attendait­on?Longue silhouette

vêtue de noir, fragile au milieudes imposants vestiges d’uneaciérie emblématique de la Ruhr,Romeo Castellucci pédale tran­quillement sur son vélo. En cesjours d’août, il répète Le Sacre duprintemps programmé au festivalde la Ruhrtriennale. Depuis quel­ques années, il est devenu l’artis­te­culte de la scène contempo­

raine. Le Festival d’automne achoisi de lui consacrer un grandportrait sur deux ans. StéphaneLissner, le nouveau directeur del’Opéra de Paris, lui a demandé defaire l’ouverture de la saison 2015­2016 avec Moïse et Aaron, deSchönberg.Le grand public, pourtant, le

connaît mal. Ses spectacles divi­sent, font peur, voire provoquentle scandale, à l’image de Sul con­cetto di volto nel figlio di dio (Surle concept du visage du fils deDieu), qui, en octobre 2011, auThéâtrede laVille, à Paris, fut prispour cible par un petit grouped’intégristes catholiques.Mais ilsbouleversent, aussi, et troublent

au plus profond – ainsi de sonOr­phée et Eurydice, de Gluck, qui atriomphé en juin au Théâtre de laMonnaie, à Bruxelles.L’homme qui suscite des réac­

tions aussi extrêmes est d’unedouceur et d’une simplicité con­fondantes. Du moins, il l’est de­venu : on se souvient de lui,fermé, tendu, torturé,«cachéder­rière une barrière formelle»,comme il le reconnaît avec hu­mour. En 2008, il fut l’artiste as­socié du Festival d’Avignon.

Est­ce la rencontre d’un publicplus large? Toujours est­il quel’homme s’est ouvert. Et son art,cet art du choc, de l’effroi, aussi.Sans rien céder sur sa radicalitéprofonde, sa recherche formelle,son théâtre prend aujourd’hui encharge la douleur, la mort et lesexpériences les plus limite, lesplus universelles.Ce fut toute une histoire pour

en arriver là. Romeo Castelluccisemble aujourd’hui heureuxd’y revenir, lui qui ne voulait par­lerquede théorie. Il étaitune fois,donc, en Emilie­Romagne, un pe­tit garçon et une petite fille quin’auraient jamais dû croiser laroute de l’art. Le père est mineuren Belgique, il mourra jeune, dela silicose, la mère est institu­trice. Mais Claudia Castellucci, lagrande sœur, décide d’aller faireles beaux­arts à Bologne. Romeo,qui a toujours été mauvais élève,est dans une école d’agriculture–« J’aimais les animaux ».Et puis un jour de 1975, il a

15 ans, il croise la route de Car­melo Bene, le déconstructeur fu­rieux du théâtre italien, qui s’ar­rête à Cesena, la petite ville où vi­vent les Castellucci. Romeo seglisse dans le théâtre, l’observe,fasciné, sansoser luiparler. Il ren­contre Chiara Guidi, une jeunefemme qui, comme eux, est pas­sionnée par les questions d’es­thétique, et qui deviendra safemme. Et il part lui aussi faire lesbeaux­arts à Bologne.Ensemble, les trois jeunes gens,

«les» Castellucci, vont inventerun nouveau théâtre, totalementhors des circuits officiels. Pour­quoi le théâtre? «Parce que c’étaitbeaucoup plus puissant et dange­reux que la performance. Dans laperformance, il y a certes les troisunités aristotéliciennes, mais lethéâtre, lui, réinvente la réalité,produit du réel, et il est le seul à lefaire. Alors, on a plongé dedans:on a tout réinterrogé, tout réex­ploré, de manière barbare, sau­vage. »Avec comme sainte trinité, la

Bible, la tragédie antique et leconte de fées. Lamythologie con­tre l’anecdote. Et l’histoire de l’artcomme une arme au poing. Ilsdécident d’appeler leur compa­

gnie Societas Raffaello Sanzio. Lechoix du peintre emblématiquede la beauté lumineuse de la Re­naissance surprend. «Cela peutd’autant plus étonner que nousavons choisi ce nom dans la pé­riode où nous étions le plus fâ­chés, révoltés contre l’art officiel,s’amuse Romeo Castellucci.Maisil y a déjà chez Raphaël le doute,l’inquiétude qui vont s’exprimerdans le baroque. Dans un tableaucomme La Muette, on peut obser­ver dans cette beauté parfaite, lepetit pli dans la bouche qui estdéjà le début de la crise qui va tra­verser toute l’histoire de l’art occi­dental, le signal dumal­être… »Leur tout premier spectacle,

destiné aux enfants –une cons­tante dans leur trajet–, réunit300 animaux vivants. L’animal,l’homme et la machine: l’autretrinitéqui sous­tend tout leur tra­vail. Ensemble, Romeo et Chiaraont six enfants –une famille ita­lienne comme on n’en fait plus.Leur premier spectacle «pouradultes», Santa Sofia, théâtre kh­mer, met au centre la notion fon­damentale pour eux d’« icono­clastie», en confrontant Pol Potet l’empereur byzantin Léon III.On n’avait jamais vu ça, en Italie.Et en France non plus, où les Cas­tellucci déboulent à la fin des an­nées 1990 avec Jules César, Ge­nesi, L’OrestieouHamlet. LaVéhé­mente Extériorité de la mort d’unmollusque. Des obèses, des ano­rexiques, une endoscopie prati­quée en direct, Auschwitz mon­tré dans la blancheur et la dou­ceur létales d’une nurserie pleined’enfants…Les uns crient au génie, les

autres à l’imposture ou à l’her­métisme. L’art des Castellucci nese laisse pas aborder facilement.Chez eux, «l’image ne doit jamaisse figer enunobjet saisissable, lisi­ble et esthétiquement apprécia­ble, mais toujours inquiéter, viserà une violence et à une effectivitésensitive et mentale, à un effet de

Pour sa pièce « Sur leconcept du visage du filsde Dieu», en octobre 2011au Théâtre de la Ville,il fut pris pour ciblepar un petit groupe

d’intégristes catholiques

scandale», analysent ChristianBiet et Christophe Triau dansQu’est­ce que le théâtre ? (Ed. Gal­limard, Folio).Aujourd’hui, Romeo Castellucci

travaille seul. Lui qui passe pourne pas aimer les mots lit inlassa­blement des romans américains,surtout ceux de David FosterWallace, écrivain­culte qui s’estsuicidé en 2008.Dans l’art actuel,où la provocation a été tellementrécupérée et digérée par le mar­ché, il est l’un des rares à susciterun dérangement intime si pro­fond et si authentique. «C’est unthéâtre qui entraînederrière lemi­

roir», constateMarie Collin, la di­rectrice artistique du Festivald’automne pour le théâtre.Les trois spectacles présentés

par ce Festival en témoignent,qu’il s’agisse de revenir sur la reli­gion comme impensé, avec Godown, Moses, de lever les voilesde la douleur et de la mort, avecSchwanengesang D744, ou d’in­terroger encore et encore l’idéede sacrifice, et la mort indus­trielle à l’œuvre, avec ce stupé­fiant Sacre du printemps. RomeoCastellucci n’a pas fini de nousaspirer dans ses trous noirs. p

fabiennedarge

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0123VENDREDI 5 SEPTEMBRE 2014 festival d'automne | 5

LuigiNonoenpointd’orgue

Hommageaucompositeurvénitienàtraversundialogueentresamusiqueetcelledemusiciensamisouémules

E n 1987, le Festivald’automne présentaitun cycle de neuf con­certs, consacré à l’unedes figures musicalesles plus insaisissables

du XXe siècle, le compositeur ita­lien LuigiNono (1924­1990). LeVé­nitien – personnalité complexe etradicale – avait suscité de nom­breuses polémiques visant no­tamment l’apparente dichotomieentre son engagementmilitant (ilest inscrit au Parti communisteitalien dès 1951) et sa musiqueavant­gardiste, voire«élitiste», enlien avec la pensée postsérielle deDarmstadt.Dans la seconde moitié des an­

nées 1970, il s’oriente vers un lan­gage élaboré à partir des studiosexpérimentaux de musique élec­tronique. Parmi les cinq créationsfrançaises de 1987, son grandœuvre, Prometeo, Tragediadell’ascolto («Prométhée, tragédiede l’écoute») – deux heures d’abs­traction éthérée entre hypnose etextase–, donnésix fois auThéâtrede Chaillot. Trois décennies plustard, la musique de Nono n’a tou­jours pas trouvé le chemin de nos

salles. «Depuis plus de dix ans,ses grandes œuvres n’ont pas étéjouées à Paris», constate José­phine Markovits, directrice ar­tistique responsable de la pro­grammation musicale au Festi­val d’automne. Aussi a­t­elleimaginé un portrait de LuigiNonoaumiroird’autres compo­siteurs amis (Karl AmadeusHartmann, Bruno Maderna,Wolfgang Rihm, KarlheinzStockhausen...) et émules (Hel­mut Lachenmann, Gérard Pes­son, Olga Neuwirth...), lequelsera couronné en 2015 par unenouvelle production du génialPrometeo, cette fois à la Philhar­monie de Paris.Que l’héritage de Luigi Nono

soit toujours problématiquen’étonne pas le pianiste et com­positeur français Jean­FrédéricNeuburger, interprète de Comounaolade fuerzay luz («Commeun fleuve de force et de clarté»),sortedeconcertopourpianovo­calement « commentarisé » de1971­1972, composé après lamortduChilienLucianoCruz, fi­gure de la gauche révolution­naire, mystérieusement assas­

siné en septembre 1971. «Encoreau­jourd’hui, la perception deNono reste tributaire de la violencede son engagement antifasciste etsocialiste », affirme­t­il. Ainsi destrois Canti di vita e d’amore : Sulponte di Hiroshima («Chants devie et d’amour : sur un pont à Hi­roshima») de 1962, dénonçant labombe atomique comme artefactde l’apocalypse, la répressionfran­quiste et la résistance algériennecontre l’oppression coloniale,

avant le chant final d’utopie em­prunté à Cesare Pavese. Ainsi deRicorda cosa ti hanno fatto in Aus­chwitz («Souviens­toi de ce qu’ilst’ont fait à Auschwitz») pourbande magnétique, composé en1966 ; d’A Floresta é jovem e chejade vida («La forêt est jeune etpleine de vie»), également de1966, condamnant l’impérialismeaméricainet laguerreauVietnam.Rencontres et amitiés ont jalonné

Le Vénitiena suscité

de nombreusespolémiquesen raison de

son engagementpolitique

Luigi Nono en 1988.MARCELLO MENCARINI/LEEMAGE

la vie de Luigi Nono ; musiciens,philosophes, écrivains, peintres(lui­même était petit­fils du pein­tre Luigi Nono), dont témoigne samusique: Für Paul Dessau pourbande magnétique (1974), dédiéau compositeur allemand et par­tenairedeBertoltBrechtetHeinerMüller Paul Dessau, etOmaggio aGyörgyKurtag (1983­1985), élaboréau studio expérimental de la Fon­dation Heinrich Ströbel, à Fri­bourg,enréponseàunOmaggioaLuigi Nono que lui avait offert lemusicienhongrois en 1979.«Toutes mes œuvres partent

d’une stimulation humaine: unévénement, une expérience, untexte entre en contact avec moninstinct et avec ma conscience etexigedemoi –entantquemusicienet en tant qu’être humain– de té­moigner.» Nono, témoin à chargedes fureurs du temps, s’orienterapeu à peu vers une pluralité plusgrandedesmondes sonores.Unemanière d’écoute intérieure

aux portes du silence dans le mi­roitement d’un drame «hölderli­nien» aux confins de la raison.C’est le cas de Risonanze erranti.Liederzyklus a Massimo Cacciari(«Résonances errantes. Cycle delieder pour Massimo Cacciari» ),de1986, sortede«Voyaged’hiver»

Toutvu,toutconnu,toutentendu

LeFestivalasesfidèles.Etilssontexigeants.Rencontreavecl’undeux

S’ il fallait décerner le prixdu spectateur le plus as­sidu du Festivald’automne, Dany

NGuyen, 57 ans, serait probable­ment un bon finaliste. A raison de20 à 30 billets achetés par édition,ce professeur de philosophie pari­sien y passe une bonne partie desa fin d’année : «Cela fait partiedes joies de la rentrée.» Son pre­mier souvenir du festival date de1977. Il y avait vu La Classe morte,du metteur en scène polonais Ta­deusz Kantor.«Un souvenir éternel! Sans paro­

lesnimusique, blafard, très loindesdéclamations des grands textes.»Depuis, ce spectateur enthou­siaste a enchaîné les spectacles,principalement de théâtre, parfoisde danse, plus rarement de musi­que. « Il n’y a jamais de spectaclesfranchement mauvais, ajoute­t­ilen souriant, et ceux­là, je les aioubliés… » Spectateur exigeant, ilpréfère les grandes salles aux pluspetits théâtres: «Au Théâtre de laBastille ou au Théâtre de la Cité in­ternationale, je trouve qu’il y aquelque chose dans la scène qui nemarche pas.» Dany NGuyen a, en­tre autres, découvert et apprécié letravail de Simon McBurney et desa compagnie, Complicite: «Unegrande surprise! C’est quelqu’un

dont je suis désormais le travail.» Ilse souvient, avec émotion, s’être«roulé par terre» devant les spec­tacles de Romeo Castellucci,«ébloui» notamment par Sur leconcept du visage du fils de Dieu,cette pièce du metteur en scèneitalien qui avait suscité l’ire des ca­tholiques intégristes en 2011.Cette année, fidèle, il est impa­

tient de retrouver les œuvres deRomeo Castellucci; et il souhaitemieux connaître le travail demet­teur en scène de Vincent Macai­gne, qui monte Idiot ! parce quenous aurions dû nous aimer,d’après le texte deDostoïevski.Il se montre également très im­

patient de voir Le Capital et sonsinge, de Sylvain Creuzevault, auThéâtre de la Colline. Et puis, dit­il,faussement nonchalant, «j’iraipointer chez Robert Wilson etWilliam Forsythe, car on n’est ja­mais déçu ». Bonprince, il ira «paracquis de conscience» voir Inté­rieur,deClaudeRégy:«Il nem’a ja­mais tourneboulé.»Et compte aussi aller voir les

œuvres de Matthew Barney, «untype rigolo », ou de Pascal Ram­bert, dont il est «fan». Vaste pro­gramme, d’autant que DanyNGuyen dit ne pas aller au théâtrele reste de l’année… p

johanna luyssen

de Nono convoquant bribes pho­nétiques désespérées d’HermanMelville et d’Ingeborg Bachmann,ainsique lesmânesdesmaîtresdemusique ancienne –Machaut, Jos­quin, Ockeghem. Et de sa dernièrepièce de 1989, «Hay que caminar»soñando («“Il fautmarcher” en rê­vant»), inspirée par l’inscriptionmurale –attribuée à Antonio Ma­chado– luedansunmonastèredeTolède aumitan des années 1980,dont il avait fait samorale et sade­vise: «Il n’y a pas de chemins. Ilfautmarcher.» p

marie­auderoux

SAISON 2014 / 2015ONCLE VANIAAnton TCHEKHOV / Eric LACASCADEDu 8 au 19 octobre1er Prix du Concours “La Défense Jazz Festival 2014”

OPUS 14Kader ATTOUDu 6 au 9 novembre - Première en Ile-de-France - Coproduction

UN ÉTÉ A OSAGE COUNTYTracy LETTS / Dominique PITOISETDu 12 au 16 novembre - Première en Ile-de-FranceJazz / Ibrahim Maalouf

CORRERIA / AGWAMourad MERZOUKI / CCN de Créteil et du Val de Marne

HENRY VI CYCLE 2William SHAKESPEARE / Thomas JOLLYDu 3 au 14 décembre - CoproductionPremière en Ile-de-France - Festival d’Avignon 2014Jazz / Stéphane Huchard quintet

MESURE POUR MESUREWilliam SHAKESPEARE / Declan DONNELLAN(Londres-Moscou)Du 9 au 31 janvier - Création en France - CoproductionJazz / Thierry Maillard trioJazz / Giovanni Mirabassi quartet

LE PRINCE DE HOMBOURGHeinrich VON KLEIST / Giorgio Barberio CORSETTIDu 5 au 14 févrierPremière en Ile-de-France - CoproductionCréation / Cour d’honneur Festival d’Avignon 2014Jazz / Baptiste Herbin

LA PASSION SELON SAINT-JEAN / BACH / Benoît HALLERLa Chapelle Rhénane en résidence de productionDu 13 au 15 mars - Création

Jazz / Franck Tortiller

LA MÉGÈRE APPRIVOISÉEWilliam SHAKESPEARE / Mélanie LERAYDu 24 au 29 marsJazz / Renaud Garcia-Fons

Rencontres Musicales de Bourg-la-ReineJazz / André Manoukian quartet

LES RENDEZ-VOUS CHORÉGRAPHIQUESDE SCEAUX - du 10 avril au 30 maiRENCONTREKader ATTOU / CCN de la Rochelle et Andrès MARÍN (Séville)ROBOTBlanca LIIN THE UPPER ROOMTwyla THARP, Noé SOULIERBallet de Lorraine CCN de NancyTUETANOAndrès MARÍN (Séville) - Première en Ile-de-France

RÉSERVATIONS : 01 46 61 36 67

Théâtre de l’Europe 2014 – 2015

3 octobre – 21 novembre / Odéon 6e

lEs nÈgrEsJean genet / robert Wilsoncréation

9 octobre – 14 novembre / Berthier 17e

lEs parTiculEs ÉlÉmEnTairEsmichel Houellebecq / Julien gosselin

3 – 14 décembre / Odéon 6e

yOu arE my dEsTiny(lo stupro di lucrezia)angélica liddell

10 décembre – 31 janvier / Berthier 17e

la rÉunificaTiOn dEs dEux cOrÉEsJoël pommerat

16 janvier – 28 février8 – 29 avril / Odéon 6e

ivanOvanton Tchekhov / luc Bondycréation

4 mars – 2 avril / Berthier 17e

TOuJOurs la TEmpÊTEpeter Handke / alain françon

11 – 29 mars / Odéon 6e

das WEissE vOm Ei(une île flottante)Eugène labiche / christoph marthaler

2 – 17 mai / Berthier 17e

HEnry viWilliam shakespeare / Thomas Jolly

15 mai – 27 juin / Odéon 6e

lEs faussEs cOnfidEncEsmarivaux / luc Bondy

28 mai – 28 juin / Berthier 17e

liliOmferenc molnár / Jean Bellorini

octobre 2014 – juin 2015les Bibliothèques de l’Odéonlittératures, philosophie, société

theatre-odeon.eu01 44 85 40 40 L

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6 | festival d'automne VENDREDI 5 SEPTEMBRE 20140123

MatthewBarney joue lesdivasLastardumarchédel’artaméricaincommetavec«RiverofFundament»,dernieropusducycle«Cremaster»,unfilm­opéraauxlimites dubaroqueetdelasophisticationnarrativeWagner 2.0

Deux scènes de «Riverof Fundament»,

de Matthew Barney.ROF HUGO GLENDINNING

ET CHRIS SEGUINE

U n livre des mortsfait opéra auto­mobile, un ro­man américaintraité en épopéepharaonne, un

filmqui tourneaucreusetd’alchi­miste… Comme toujours, le plas­ticienMatthew Barney déjoue lesqualificatifs. Bienheureux celuiqui saurait écrire le synopsis deRiver of Fundament, dernier opusde l’auteur du fameux cycle defilms «Cremaster». A chaque fois,la star du marché de l’art améri­cain repousseunpeuplus les limi­tes du baroque ultime et de la so­phistication narrativeWagner 2.0,dont chaque film se voudraitœuvre d’art totale. Avec ce (très)

long­métrage de six heures, arti­culé en trois chapitres (et deux en­tractes bienvenus), il porte sonœuvreà laquintessence.Avec toutce qu’elle a d’irritant, d’énigmati­que, d’obscène, d’opératique, desuintant.Avecsapuanteuretsafu­reur. Bref, voilà du Barney enbarre, et ce n’est pas peu direquand l’on connaît sonœuvre en­vahissante et prolifique.Comment décrire River of Fun­

dament, ce fleuve insensé quicharrie son lot de métaphoreshors d’âge, de fantômes en cos­tume boueux, de carcasses devoitures et autres résonancesmystiques ? Tentons le « ré­sumé». Ce filmest inspiré de l’undes derniers romans de NormanMailer, écrivain souvent venuhanter l’imagerie barneysienne :Ancient Evenings (1983), ou Nuitsdes temps dans sa traductionfrançaise, soit une relecture éche­velée du Livre des morts des an­ciens Egyptiens. River of Funda­ment chante feu l’écrivain soustous ses avatars, de Detroit à New

York, de cérémonies de deuil enréincarnations incongrues. Har­ponné par le souvenir sourdd’Hemingway, investi tour à tourdu rôle d’Isis, d’Osiris ou d’autresdieuxd’Egypte, l’auteur duChantdubourreau trouveaussi vienou­velle sous la formedeChrysler oude Pontiac déchues…Le tout est porté par Barney lui­

même, en tablier de cuir impérialet figuremaçonnique,mais aussipar toute une flopée deguest stars (parmi lesquelles lesplasticiens Jonas Mekas etLawrence Weiner ou l’écrivainSalman Rushdie, ou autres chan­teurs de funk et barytons). Etvoilà, rien qu’avec le «résumé»,vousêtesperdu…Heureusement,l’essentiel n’est pas dans ce récitébouriffé, truffé de flash­backvers le fleuve des Enfers et de pa­raboles industrielles, d’intestinsartificiels, de vaches éventrées etde phallus dorés à l’or fin. L’es­sentiel est plutôt dans lamanièredont ces multiples réalités paral­lèles engloutissent notre propreimaginaire.Le son, magnifiquement com­

posé par Jonathan Bepler, parti­cipe au premier chef de cet en­voûtement. Lemusicien est un fi­dèle complice de Barney, et tousles «Cremaster» lui doiventbeaucoup. Mais leur collabora­tion, dansRiver of Fundament, estpoussée à la perfection. Dissémi­nées dans l’espace de la salle deprojection, les mélodies bruitis­tes constituent le meilleur guideau fil de ce chaos d’images, et l’onne peut s’empêcher de penser,dans cette façonde faire sympho­nie à partir des bruits dumonde,à Björk, la compagne de Barney.Tragiques chants mexicains,chœurs antiques et concerts detrompettes sont les fluides don­nant vie à ce film organique,sculpture cinématique àmille va­ses communicants.Ennui, amusement, dégoût,

fascination, épouvante…Au longdes six heures, le spectateurpasse par tous les états. De rêve­ries intellectualisantes en orgiesde zombies restés au stade anal,rien ne lui est épargné. Mais, àses points d’acmé, le film se ré­vèle stupéfiant. Notammentdans sa manière d’évoquer une

Ce film estinspiré de l’undes derniersromans de

NormanMailer

certaine idée de l’Amérique, im­monde et héroïque. Le secondchapitre est, à cet égard, un bi­jou. En son cœur, une perfor­mance réalisée en 2010 dans lesforges de Vulcain. Pardon, de De­troit. Où une Chrysler Imperial(avec Osiris dans le coffre, soitNorman version II, pour ceuxqui suivent) se voit réduite à unflux d’acier ardent. Scène dan­tesque, qui rend d’autant plussaisissant le portrait de la villedévastée par la faillite : cette fa­

ble de l’Amérique que Barneyporte à incandescence. Elle faitécho à la récurrente demeure debrownstone où se fait le deuil, etdont les entrailles sont rongéespar les eaux grouillantes irri­guant et dévorant chacune destrois parties. Avec River of Fun­dament, Barney parvient ainsi àfaire circuler à l’infini les millefondements de son œuvre. Soitun fleuve d’or et de merde, deboue et demercure. p

emmanuelle lequeux

La Villede

Martin Crimpmise en scèneRémy Barchédu 27 novembre

au 20 décembre 2014

La Missionde

Heiner Müllermise en scène

Michael Thalheimercréation à La Colline

du 5 au 30 novembre 2014

Le Chagrinpar la compagnie

les Hommes Approximatifsmise en scène

Caroline Guiela Nguyendu 6 mai au 6 juin 2015

Le Capital et son Singeà partir du Capital de

Karl Marxmise en scène

Sylvain Creuzevaultdu 5 septembre

au 12 octobre 2014

Geschichtenaus dem Wiener Wald[Légendes de la forêt viennoise]

deÖdön von Horváth

mise en scèneMichael Thalheimerspectacle en allemandsurtitré en français

du 16 au 19 décembre 2014

Il faut toujours terminerqu’est-ce qu’on a commencé

(Le Mépris)librement inspiré des oeuvres de

Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Danteconception du spectacleNicolas Liautarddu 3 au 29 mars 2015

Rien de moide

Arne Lygremise en scène

StéphaneBraunschweigcréation à La Colline

du 1er octobreau 21 novembre 2014

www.colline.fr15 rue Malte-Brun, Paris 20e

01 44 62 52 52

Du painet des Rolls

écritureJulie Duclos

etGuy-PatrickSainderichin

mise en scèneJulie Duclosdu 15 janvier

au 14 février 2015

La Bêtedans la jungle

deHenry James

adaptation françaiseMarguerite Duras

mise en scèneCélie Pauthedu 26 février

au 22 mars 2015

Platonovde

Anton TchekhovCollectif Les Possédés,création dirigée parRodolphe Dana

du 8 janvierau 11 février 2015

Hinkemannde

Ernst Tollermise en scène

Christine Letailleurdu 28 mars

au 19 avril 2015

Affabulazionede

Pier Paolo Pasolinimise en scène

Stanislas Nordeydu 12 mai

au 6 juin 2015

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Ladansecommeunjeudequilles

Passionnéd’artsgraphiques,lechorégrapheAlessandroSciarronirevisitelesritesanciens,

qu’iltransformeenperformances

P arfois, ça arrivecomme ça. Un jourde 2007, le comédienet performeur Ales­sandro Sciarroni en­voie cinqDVDdeson

spectacle Your girl à cinq festivalsde danse en Italie. Bingo! Quatremanifestations répondent «pre­neur»! Voilà comment le succèsdéboule dans une vie de jeunehomme qui ne s’y attendait pasetqui se retrouve chorégraphedujour au lendemain avant mêmede savoir qu’il l’était. Voilà Ales­sandro Sciarroni parti commeune fusée, «choqué et [se] de­mandant bien ce qui intéressaittant les programmateurs», maisheureux d’être ainsi propulsé surla planète danse.Attablé dans un café vénitien, à

quelques jours de sa perfor­mance You don’t know how luckyyou are, pièce pour une trentained’amateurs et semi­profession­nels, à l’affiche le 11 juin de laBiennale de la danse de Venise,Alessandro Sciarroni, 38ans, n’enrevient toujours pas d’avoir dé­croché le gros lot aussi vite. Passépar des études en histoire de l’artcontemporain à l’université deParme, il devient comédien «parhasard».«Lorsque je suis arrivé à Parme,

tous mes amis jouaient dans depetits groupes de rock, se sou­vient­il. Je savais que je n’étais pastrès doué en musique, alors je mesuis dit : “Essayons le théâtre,n’importe qui peut parler !”. Etdonc jemesuis retrouvé sans le sa­voir dans ce qui était l’une descompagnies de théâtre italiennesles plus radicales : Lenz Rifra­zioni.» Un an d’apprentissagedans la poche, il intègre la troupeoù il restera de l’âge de 20 ans à30 ans.Depuis 2007 et son fameux hit

Your girl, ce passionné d’arts vi­suels et de performances en­chaîne les pièces. Il est retournévivre dans sa ville natale, SanBenedetto del Tronto, située aubord de lamer, près d’Ancona. Il ya décroché le soutien financierd’un producteur de théâtre, Mar­che Teatro, et d’un distributeur,Amat, qui l’embarque sur le ré­seau italien et international.«Trop minimaliste pour le théâ­tre», Sciarroni saute dans ladanse et ça éclabousse.En France, FOLK­S will you still

love me tomorrow?, pièce poursix danseurs, qui a fait connaître

son nom en 2013, grâce aux Ren­contres chorégraphiques inter­nationales de Seine­Saint­Denis,a tout de suite donné le ton dupropos. Sous sa houlette, cinqperformeurs hybrident la dansebavaroise schuhplattler avec unmarathon de danse. Littérale­ment, lemot signifie «batteur dechaussures». Repérée dès le mi­lieu du XIXe siècle dans le sud del’Allemagne et en Autriche, cettedanse ne peut être interprétéeque par des hommes, qui plus estnés dans lemême village.Précisément rythmée, elle com­

bine sauts d’un pied sur l’autreavec claques sur les chaussures etles cuisses, agrémentées de lan­cers de jambes et de pirouettes.Ensemble ou l’un après l’autre,les interprètes enchaînent des

boucles demouvements qui rico­chent les unes sur les autres.Ce numéro, qui passait pour

une parade de séduction, fait ducorpsunecaissede résonancequicaptive l’œil et l’oreille dans lemême mouvement. « Je suistombé sur la pochette d’un CD duchanteurRufusWainwright sur la­quelle il est habillé à lamanière ty­rolienne, explique AlessandroSciarroni. J’ai commencé à medire qu’il y avait peut­être quelquechose de contemporain à en ti­rer.» Pour apprendre cette tradi­tion excessivement complexe,Sciarroni a décidé de rencontrerune compagnie professionnelle.Refus du groupe de lui transmet­tre la danse. Il commence doncson apprentissage tout seul avecses interprètes –dont une

Cet exerciced’éreintementqu’est «FOLK­Swill still lovemetomorrow?»dure tant

qu’un interprètereste sur scèneou un spectateurdans la salle

Alessandro Sciarroni dans«Untitled_I will be there

when you die».FABIO LEONE

femme!– avant de revenir à lacharge auprès des professionnelsde schuhplattlerqui valident fina­lement son travail.Cet exercice d’éreintement

qu’est FOLK­Swill you still lovemetomorrow ? dure tant qu’un in­terprète reste sur scène ou unspectateur dans la salle. Les unsquittent la piste selon leur bonplaisir ou leur fatigue, lesautres aussi. Ce qui vous a un pe­tit goût de dépassement de soiétrangement ludique et fait sur­girundialogueaciduléentredan­seurs et spectateurs. Restera?Resterapas? Sciarroni, quin’apasbaptisé tout à fait pour rien sacompagnie Corpoceleste, a lesensdu jeuet legoûtde l’épreuve.Pour Untitled _I will be there

when you die (2013), il se con­fronte à un art et une pratiquequ’il déteste, le cirque et le jon­glage. Et c’est ainsi qu’il met qua­tre jongleurs aux prises avec leurvirtuosité sans faille et leur peurpanique de la chute de l’objet.Pour finalement tomber sous lecharme puissant de cette techni­que, « dont la grande solitude [l]’abeaucoup frappé ».FOLK­S will you still love me to­

morrow ? et Untitled _I will bethere when you die sont les deuxpremiers volets d’une trilogie«sur des pratiques qui existentdéjà», selon sa formule qui surfeentre l’italien, l’anglais et le fran­çais. Aurora, troisième partiedont la création est prévueen 2015, déclinera un geste spor­tif, celui du goalball, pratiqué pardes aveugles. Chaque pièce s’em­ploie à déplacer les techniquessur le front d’une performancecontemporaine. «C’est une sortede recherche autour de l’idée deready­made», glisse Sciarroni,plus que jamais proche des artsplastiques.Créée en 2013, Joseph_kids,

piècedestinée au jeunepublic, té­moigne de sa passion pour lesnouvelles technologies. Il est fande Chatroulette, ce site de ren­contres aléatoires qui connecteses utilisateurs avec des centai­nes de personnes en un clic, etqui lui a d’abord donné l’idéed’un autoportrait intitulé Joseph(2011).Habillé en super­héros, il ydanse seul devant sa webcamavant de dialoguer avec des inter­locuteurs par Chatroulette. PourJoseph_kids, il s’est concentré surle jeude rôle en faisant intervenirun autre performeur via Skype.

Plus de partenaire aléatoire,maisun pas de deux écrit entre deuxhommes qui se retrouvent à dan­ser sur la même musique. Pré­senté à Londres, face à 200 en­

fants dont certains étaient âgésde 4ans, ce spectacle a fait un car­ton.Auprèsdespetits commedesgrands. Bingo ! p

rosita boisseau

FESTIVAL D’AuTOMNE à PARIS | FESTIVAL D’AuTOMNE à PARIS | FESTIVAL D’AuTOMNE à PARIS | FESTIVAL D’AuTOMNE à PARIS

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Les Amisdu FestivALd’Automneà PAris

Subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, laVille de Paris et le Conseil Régional d’Île-de-France, le Festivald’Automne à Paris remercie de leur soutien :

Grand Mécène du Festival d’autoMne à ParisFondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

Grand Mécène 2014Les Galeries Lafayette pour Cloakroom – Vestiaire obligatoire

Mécènesagnès b., Arte, Baron Philippe de Rothschild S.A., Crédit Municipal de Paris,Koryo, Royalties, TotalFondation Aleth et Pierre Richard, Fondation Clarence Westbury, Fondationd’entreprise Hermès, Fondation Ernst von Siemens pour la Musique,Fondation pour l’étude de la langue et de la civilisation japonaises sousl’égide de la Fondation de France, HenPhil Pillsbury Fund The MinneapolisFoundation & King’s Fountain, Fondation pour les Arts de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Mécénat Musical Société GénéralePierre Bergé, Pâris Mouratoglou, Philippine de Rothschild, Béatrice etChristian Schlumberger, Guy de Wouters

donateursSylvie Gautrelet, Jean-Claude Meyer, Sydney Picasso, Ariane et Denis Reyre,Yves Rolland, Nancy et Sébastien de la Selle, Bernard Steyaert, Sylvie WincklerSociété du Cherche Midi

aMisJean-Pierre Barbou, Annick et Juan de Beistegui, Jacqueline et AndréBénard, Christine et Mickey Boël, Irène et Bertrand Chardon, Catherine etRobert Chatin, Hervé Digne, Aimée et Jean-François Dubos, BrigitteGovignon, Agnès et Jean-Marie Grunelius, Micheline Maus, Brigitte Métra,Tim Newman, Guillaume Schaeffer, Agnès et Louis Schweitzer, Reoven Vardiet Pierluigi RotiliLe Festival remercie également les Mécènes, Donateurs et Amis qui ontsouhaité garder l’anonymat.

rejoignez les amis du Festival d’automne à PariscontactMargherita ManteroFestival d’Automne à Paris – 156, rue de Rivoli – 75001 ParisTel : + 33 1 53 45 17 00 – Fax : + 33 1 53 45 17 01 – [email protected], Sacem, SACDONDA, Institut Culturel Italien de Paris, Tandem culturel Paris-Rome 2014, Croatia HouseFoundation, INA, Shangri-La Hotel, Paris, Suona Italiano, les galeries d’art Annet Gelink(Amsterdam), Georg Kargl Fine Arts (Vienne), Metro Pictures (New York), Massimo Minini(Brescia), Sprüth Magers (Berlin, Londres)

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8 | festival d'automne VENDREDI 5 SEPTEMBRE 20140123

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Les AbbessesJone San MartinLegítimo/RezoUn solo et une conférence danséesur le thème de la notationchorégraphique.Du 5 au 7 septembre

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Collectif In Vitro, Julie DeliquetDes années 70 à nos jours...Fresque chorale et saga générationnelle,par le jeune Collectif In Vitro.Du 18 au 28 septembre

She She PopSchubladenLe collectif féminin berlinois s’emparedu thème de la réunification allemande,façon thérapie de groupe.Du 14 au 17 octobre

She She Pop« Le Sacre du Printemps »Stravinsky vu par le collectifféminin berlinois.Du 20 au 24 octobre

Maguy MarinBITDans cette création, Maguy Marinreprend la question du rythme.Du 30 octobre au 15 novembre

Fabrice Mazliah, IoannisMandafounisEifo EfiDeux collaborateurs de The ForsytheCompany, entre humouret minimalisme.Du 10 au 13 septembre

Atelier de Paris-CarolynCarlsonGeorges LavaudantTalents Adami Paroles d'acteurs/Archipel Marie N DiayeDe jeunes acteurs lisent un montagede textes de l'écrivaine Marie N Diaye.Du 13 au 17 octobre

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Alessandro SciarroniJOSEPH_kidsAutoportrait chorégraphique, numérode morphing en live : l’image de soià l’heure du numérique.Les 25 et 26 septembre

Alessandro SciarroniUNTITLED_I will be therewhen you dieLa question du rapport à la règleà partir de l’art du jonglage.Du 26 au 30 novembre

Le CENTQUATRE-PARISJone San MartinLegítimo/RezoUn solo et une conférence danséesur le thèmede la notation chorégraphique.Du 2 au 8 octobre

Sylvain CreuzevaultLe Capital et son singe, d’aprèsLe Capital, de Karl MarxUne comédie « pure, dure »,adaptée du Capital.Du 5 septembre au 12 octobre

La Colline - théâtre national6

Grande Halle de La VilletteRomeo CastellucciLe Sacre du printempsLe manifeste de Stravinsky parCastellucci, accompagné d'une piècedu compositeur Scott Gibbons.Du 10 au 14 décembre

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Jeu de paumeEszter SalamonEszter Salamon 1949La construction de l’identité parla performance, le travail documentaireet l’autofiction.Du 14 octobre au 9 novembre

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La Ménagerie de verreJérôme BelJérôme BelUne pièce de 1995 au dénuement radical.Du 18 au 22 novembre

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Le MonfortAlessandro SciarroniFOLK-S_will you still love me tomorrow?Des variations jusqu’à l’épuisement,sur une danse folklorique bavaroise.Du 4 au 8 novembre

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Alessandro SciarroniUNTITLED_I will be there when you dieLa question du rapport à la règleà partir de l’art du jonglage.Du 26 au 30 novembre

Jérôme BelJérôme BelDans cette pièce au dénuement radical,le chorégraphe dresse le constat qu’onne peut faire l’économie d’un corps.Le 24 octobre

Angélica LiddellYouAre My Destiny (Lo stupro di Lucrezia)Un regard nouveau sur le viol de Lucrèce,relaté par Tite-Live.Du 3 au 14 décembre

Odéon-Théâtre de l’EuropeRobert WilsonLes Nègres, de Jean GenetUne pièce gigogne pour un théâtrede funambule, avec Dickie Landryau saxophone.Du 3 octobre au 21 novembre

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Odéon-Théâtre de l’Europe/Ateliers BerthierJulien GosselinLes Particules élémentaires,d'après Michel HouellebecqHouellebecq enfin adapté par unmetteur en scène français.Du 9 octobre au 14 novembre

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Musée du Louvre13

Opéra national de Paris /BastilleLuigi Nono/Karlheinz Stockhausen/Wolfgang Rihm/Julien JametLa dernière pièce de Luigi Nono s’inspiredu poète espagnol Antonio Machado.Le 9 octobre

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Nono/Neuwirth/Maderna/Pesson/Kurtag/Knox/Tamestit/HolligerDernier volet du cycle Nono, commeune course à l’abîme.Le 6 novembre

Luciano Berio/Pierre-Yves Macé/Karlheinz StockhausenUne création de Pierre-Yves Macéface à deux œuvres du répertoiredu XXe siècle.Le 22 novembre

Palais Galliera, musée dela Mode de la Ville de ParisOlivier Saillard, Tilda SwintonCloakroom,Vestiaire obligatoireUne performance sur le thèmedes vestiaires, comme autantde variations intimes.Du 22 au 29 novembre

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Palais de Tokyo

David MaljkovicIn Low ResolutionUne installation « site-specific »au Palais de Tokyo.Du 20 octobre 2014 au 11 janvier 2015

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Salle PleyelLuigi Nono/Franz LisztPremière en France des Chants de vieet d'amour de Nono.Le 3 octobre

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Théâtre de la BastilleRabih MrouéRabih Mroué: TrilogyUne œuvre à la croisée du théâtre,de la performance et des arts visuels,avec le Liban en toile de fond.Du 14 au 18 octobre

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Amir Reza KoohestaniTimelossLe metteur en scène iranien nousemmène dans les arcanes du tempsperdu.Du 24 au 30 novembre

Théâtre des Bouffes du NordRomeo CastellucciSchwanengesang D744Un récital, une soprano, un chantdu cygne.Du 28 au 30 novembre

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Eglise Saint-EustacheLuigi Nono/Karlheinz Stockhausen/Wolfgang Rihm/Julien JametLa dernière pièce de Luigi Nono s’inspiredu poète espagnol Antonio Machado.Le 9 octobre

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L’Apostrophe, scène nationalede Cergy-Pontoiseet du Val-d’OiseWilliam ForsytheRépertoireLes pièces de Forsythe,par le Ballet de l'Opéra de Lyon.Les 15 et 16 janvier

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Arts plastiques

Performance

Théâtre

Danse

Musique

Cinéma

Théâtre du ChâteletWilliam ForsytheLimb's TheoremL’une des pièces phares de Forsythe,un exercice de style sur la lumière.Du 4 au 6 septembre

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Théâtre de la CitéinternationaleRabih MrouéRiding on a CloudEntre document et fiction, l’œuvre duLibanais revisite le passé troublédu Moyen-Orient.Du 6 au 11 octobre

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Marco BerrettiniiFeel2Un trip existentiel où l’ex-élève de PinaBausch s’illustre en tant quechorégraphe, performeur et musicien.Du 20 au 25 novembre

Jeanne CandelLe Goût du faux et autres chansonsUn ovni théâtral sur la base de rêveriesautour de Borges et de Botticelli.Du 24 novembre au 13 décembre

Xavier Le RoySans titre (2014)Une expérimentation en trois tempspar une figure majeure de la danseconceptuelle. Du 8 au 13 décembre

Théâtre National de ChaillotThe Forsythe CompanyStudy # 3Une chorégraphie cinétique, qui prenden contre-point le passé tout en ypuisant sa sève. Du 5 au 12 décembre

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Théâtre du Rond-PointYves-Noël GenodRester vivantLes Fleurs du mal, dans le noir, parle « distributeur de spectacles »Yves-Noël Genod.Du 16 au 31 décembre

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Théâtre de la VilleVincent MacaigneIdiot ! parce que nous aurions dû nousaimer,d'après L’Idiot de F. DostoïevskiDe la colère, du sublime et du festifdans cette adaptation de L'Idiot.Du 1er au 12 octobre

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William ForsytheSteptext/Neue Suite/In the Middle,Somewhat ElevatedUn précipité de l’art singulierdeWilliam Forsythe.Du 28 au 30 octobre

Luigi NonoRévoltes ouvrières, combatsrévolutionnaires, et le spectred'Auschwitz.Le 14 novembre

William ForsytheRépertoireLes pièces de Forsythe,par le Ballet de l'Opéra de Lyon.Du 17 au 26 novembre

Boris CharmatzmangerL’ingestion commemoteurchorégraphique, par le directeurdu Musée de la danse.Du 29 novembre au 3 décembre

Romeo CastellucciGo down, MosesRéflexion sur la figure deMoïse, quihante Castellucci. Du 4 au 11 novembre

Lucinda ChildsDanceSur une musique de Philip Glass,L. Childs invente une danse du flux.Du 17 au 25 octobre

Centre nationalde la danse - PantinAlessandro SciarroniUNTITLED_I will be there when you dieLa question du rapport à la règleà partir de l’art du jonglage.Les 13 et 14 novembre

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Matthew Barney, Jonathan BeplerRiver of FundamentEtrange veillée funèbre pour NormanMailer.Les 24 et 25 octobre

Luigi Nono/Karl Amadeus Hartmann/Bruno MadernaTrois œuvres symphoniques majeures,aux exécutions rares.Le 18 novembre

Cité de la musiqueLuigi Nono/Helmut Lachenmann/Clara IannottaNono convoque l’inventivitélabyrinthique de Lachenmann,et le son existentiel de Iannotta.Le 17 octobre

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La Ferme du Buisson, scènenationale de Marne-la-ValléeBrett Bailey, Third World BunfightMacbethLe metteur en scène sud-africaintransposeMacbeth en RDC.Les 25 et 26 novembre

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La Commune, Centredramatique nationald’AubervilliersJérôme BelJérôme BelDans cette pièce au dénuement radical,le chorégraphe dresse le constat qu'onne peut faire l’économie d'un corps.Du 24 au 27 septembre

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Le Forum,scène conventionnéedu Blanc-MesnilLucinda ChildsDanceSur une musique de Philip Glass,Lucinda Childs invente une danse du flux.Le 15 octobre

Maguy MarinBITMaguy Marin met le rythme au cœurde cette nouvelle création.Le 18 novembre

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Maison des Arts CréteilWilliam ForsytheLimb's TheoremL'une des pièces phares de Forsythe,un exercice de style sur la lumière.Du 4 au 6 décembre

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Alessandro SciarroniJOSEPH_kidsAutoportrait chorégraphique, numérode morphing en live : l’image de soià l’heure du numérique.Du 2 au 4 octobre

Nouveau Théâtre de Montreuil,centre dramatique nationalBrett Bailey, Third World BunfightMacbethLe metteur en scène sud-africaintransposeMacbeth en RDC.Du 18 au 22 novembre

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L’Onde-Théâtre Centre d’Artde Vélizy-VillacoublayWilliam ForsytheRépertoireLes pièces de Forsythe,par le Ballet de l’Opéra de Lyon.Les 11 et 12 décembre

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Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène nationaleWilliam ForsytheRépertoireLes pièces de Forsythe,par le Ballet de l’Opéra de Lyon.Les 28 au 29 novembre

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T2G - Théâtre de GennevilliersClaudia TriozziBoomerang ou « le retour à soi »La performeuse italienne racontela naissance du langage et de la sexualité.Du 5 au 15 novembre

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Grand MagasinInventer de nouvelles erreursLes enfants spirituels de Perec explorentle terrain de l’infra-ordinaire.Du 5 au 15 novembre

Pascal RambertRépétitionEt si la Russie de 1900 n'était qu'une« Répétition » de l'Europe de 2014 ?Du 12 décembre 2014 au 17 janvier 2015

Théâtre du RadeauPassimDes images de mort, de démesure,d’amour, dans une dramaturgie onirique.Du 26 septembre au 18 octobre

Maison de la musique de Nan-terre, scène conventionnéeJérôme BelCédric AndrieuxUne pièce chorégraphique mettanten scène le savoir et l’expériencedu danseur.Les 8 et 9 novembre

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Studio-Théâtre de Vitry37

Luciano Berio/Pierre-Yves MacéUne création de Pierre-Yves Macéaccompagnée d’œuvres de Berio,Bach et Stravinsky.Le 6 décembre

La ScèneWatteau, scèneconventionnée deNogent-sur-MarneSylvain CreuzevaultLe Capital et son singe, d’aprèsLe Capital, de Karl MarxUne comédie « pure, dure »,adaptée du Capital.Les 5 et 6 novembre

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Luciano Berio/Pierre-Yves Macé/Karlheinz StockhausenUne création de Pierre-Yves Macéface à deux œuvres du répertoiredu XXe siècle.Le 26 novembre

Théâtre Gérard-Philipe,Centre dramatique nationalde Saint-Denis

Collectif In Vitro, Julie DeliquetDes années 70 à nos jours...Fresque chorale et saga générationnelle,par le jeune Collectif In Vitro.Du 2 au 12 octobre

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Théâtre Louis-Aragon -Tremblay-en-FranceAlessandro SciarroniJOSEPH_kidsAutoportrait chorégraphique, numérode morphing en live : l’image de soià l’heure du numérique.Les 8 et 9 décembre

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Alessandro SciarroniFOLK-S_will you still love metomorrow?Des variations jusqu’à l’épuisement,sur une danse folklorique bavaroise.Le 6 décembre

Théâtre Nanterre-AmandiersVincent MacaigneIdiot ! parce que nous aurions dû nousaimer, d’après L'Idiot, de FiodorDostoïevskiDe la colère, du sublime et du festifdans cette adaptation de L'Idiot.Du 4 au 14 novembre

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Philippe QuesneNext DayQuand Philippe Quesne imagineune pièce avec des enfants de 8à 11 ans...Du 7 au 9 novembre, du 5 au7 décembre, du 12 au 14 décembre

Théâtre de Sartrouvilleet des Yvelines, centredramatique nationalRabih MrouéRiding on a CloudEntre document et fiction, l’œuvredu Libanais revisite le passé troublédu Moyen-Orient.Le 21 novembre

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Young Jean LeeSTRAIGHTWHITE MENLa metteuse en scène new-yorkaiseexplore la figure du mâle blanchétérosexuel.Du 16 au 19 octobre

Fanny de ChailléLe Groupe, d’après La Lettre de LordChandos, de Hugo von HofmannsthalDélires linguistiques et constructionsoulipiennes dans cette adaptationde l’œuvre du « Rimbaud viennois ».Du 29 octobre au 2 novembre

Eléonore Weber, Patricia AllioNatural Beauty MuseumUnmusée de la beauté naturelle, oùl’art aurait disparu au profit du paysage.Du 19 au 22 novembre

Marguerite DurasCinéasteUne rétrospective intégrale de l’œuvrecinématographique de Duras,trop longtemps sous-estimée.Du 28 novembre au 20 décembre

La Ribot, Juan Dominguez,Juan LorienteEl Triunfo de La LibertadLa chorégraphe espagnole retrouvedeux partenaires avec qui elle a déjàpartagé la scène : Juan Dominguezet Juan Loriente.Du 10 au 14 décembre

Maison de la culturedu Japon à ParisClaude RégyIntérieur, de Maurice MaeterlinckLa pièce de Maeterlinck sous le regardde Claude Régy, avec des comédiensjaponais.Du 9 au 27 septembre

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Ile-de-France

Centre PompidouBertrand BonelloRésonancesUne réflexion sur le rapport entre sonet image par le réalisateur de l’Apollonide.Du 19 septembre au 26 octobre

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