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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage BIOGRAPHIE

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    BIOGRAPHIE

    Depuis son premier voyage en Écosse en 1994, Laurent Cocherel n’a jamais cessé de s’y rendre chaque année pour explorer les moindres recoins

    ou les îles les plus éloignées.

    À pied, en kayak, en voilier, sur terre ou sous l’eau, il a toujours consacré de longues semaines ou de longs mois pour assouvir sa quête insatiable d’images. Grand spécialiste de cette destination, il est l’auteur à ce jour de quatre livres consacrés aux beautés du pays et d’un film de 52 minutes sur l’Écosse sauvage.Il s’est lancé dans la réalisation de ce documentaire exceptionnel avec l’objectif de filmer tous les évènements naturels du pays, au fil des saisons. Les tournages, qui se sont étalés sur quatre années, livrent ainsi des scènes extraordinaires de vie sauvage.Les images de ce livre ont, pour la plupart, été prises sur les lieux de tournage.

    Son parcours de photographe est intimement lié à sa démarche naturaliste, marquée par la connaissance des espèces et le travail minutieux du repérage des lieux. Homme d’images, il s’illustre aussi comme auteur pour avoir signé plus d’une douzaine d’ou-vrages et une centaine d’articles de presse. Il partage sa passion non seulement au travers de l’édition, mais aussi par des expositions, des conférences et la participation à des concours internationaux. À plusieurs reprises, ses images ont été finalistes du prestigieux concours BBC Wildlife Photographer of the Year.

    Amoureux des grands espaces naturels, Laurent ne se cantonne pas qu’aux étendues tourbeuses de l’Écosse ; il voyage à travers le monde pour s’immerger dans tous les grands écosystèmes de la planète et rencontrer les espèces les plus emblématiques : tigre du Bengale, jaguar, grizzly, ours polaire, manchot royal, baleine à bosse, etc.Depuis vingt-cinq ans, il guide et conçoit des voyages d’observation et de photographie de la nature, dont des expéditions en Alaska, en Colombie-Britannique, en Sibérie, au Spitzberg, en Géorgie du Sud… Sa grande expertise du voyage nature l’a conduit à s’associer à la création d’un tour-opérator, Terres Oubliées, spécialisé dans le voyage d’aventure et l’écotourisme.Il a créé la marque « Lochan Alba » (« Petit loch d’Écosse » en gaélique) afin de promouvoir son travail éditorial et audiovisuel.

    Vous pouvez retrouver son travail et commander son film sur son site, ainsi que ses actualités sur sa page facebook.www.laurentcocherel.comwww.lochanalba.comContact : [email protected]

  • PRÉFACE

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    ÉCOSSE | La quête du sauvage

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    PRÉFACE

    « Un livre sur l’Écosse acheté, un verre de whisky offert ».

    Ces quelques mots désuets écrits à la main par un auteur déter-miné annonçaient la couleur : celle de la tourbe et du savoir-vivre. Rassurant dans ce salon du livre qui recevait ses visiteurs avec du jus de mangue, du lait de chèvre et des tisanes en thermos,« Boira, boira pas ? »La bouteille annonçait dix-huit ans d’âge, il était dix-huit heures. Pétantes. Plus aucune hésitation : si l’ouvrage se révélait mauvais, le breuvage ne pourrait l’être. Plus intéressé par la monnaie d’échange proposée par l’épicurien que par ses photos, je passais commande. Trois Laphroaig plus tard, je découvrais l’homme, sa quête, sa passion et son travail sur l’Écosse, ce pays qui nous unissait et qu’il magnifiait de son regard. Avec élégance et retenue.Laurent Cocherel, tel un single malt bien tourbé, rugueux et âpre à la première gorgée, livrait maintenant tout en rondeur et en effluve par l’intermédiaire de sa voix rocailleuse et de ses images ouatées, les parfums complexes et subtils qui l’habitaient.

    Comme si les centaines d’heures qu’il avait passées à photogra-phier les embruns, à poursuivre les nuages, à jouer à saute saumon entre les gouttes et les oiseaux, à cohabiter avec sa solitude, à cher-cher des réponses à des questions qui n’en avaient pas, comme si tous ses nobles abandons l’avaient à la fois endurci et poli, faisant de lui, saison après saison, un homme qui aujourd’hui ressemble à sa vie et à qui sa vie ressemble.

    Qualité rare qui mérite que par l’intermédiaire de ces quelques lignes, hommage lui soit rendu, que sur la pointe de nos bottes, nous l’accompagnions au fil des pages dans son Écosse à lui, dans sa quête du sauvage, authentique hymne à la vie.Âmes insensibles, passez votre chemin.Âmes sensibles, épousez ses pas, suivez sa route, sans modération.

    Thierry des Ouches

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage AVANT-PROPOS

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    AVANT-PROPOS

    L’Écosse est la terre des macareux. L’île de May toute proche en accueille plus de quarante-six mille deux cents couples. À titre de comparaison, cet oiseau de la famille des alcidés, symbole de la LPO, ne compte plus que cent trente couples en France. Ils sont tous nicheurs dans la réserve naturelle des Sept-Îles, première réserve d’oiseaux marins créée en France en 1912, et gérée depuis par la LPO, pour lutter contre la chasse qui les décimait durant chaque printemps.L’Écosse abrite également des milliers d’autres alcidés, ces oiseaux qui se posent sur l’eau avant de plonger pour capturer les poissons dont ils se nourrissent, ce qui les rend alors très vulnérables à toute pollution.En cette année du triste anniversaire de l’Amoco Cadiz (1978), soulignons qu’ils restent les premières victimes des marées noires accidentelles et des dégazages clandestins. Ils doivent de plus faire face aujourd’hui à une surpêche dans les zones côtières, à proximité des colonies de reproduction, forçant les adultes à aller chercher toujours plus loin en mer la nourriture pour élever leurs poussins.Laurent Cocherel a su percevoir les singularités de ce monde de la mer, aussi admirable que fragile. Il fait partie de ces hommes passionnés de nature et de grands espaces qui, lorsqu’ils découvrent

    un territoire, s’y attachent en affirmant leur fidélité au point d’y retourner régulièrement tel un pèlerinage.J’ai rencontré Laurent alors qu’il était le jeune rédacteur en chef du magazine Horizons Nature. Il dirigeait cette publication avec passion, en impliquant le respect dans le voyage et la découverte de la nature.Devenu talentueux photographe, il a su saisir et transmettre toute l’émotion de ce territoire auquel il est tant attaché : l’Écosse. D’autres horizons, il en a vus, mais il est toujours revenu à ses sources, année après année, immortalisant les lumières, les paysages et leurs habitants. Ses images, illustrant la faune qui s’épanouit dans ces milieux restés encore intacts, sont magnifiques et montrent combien il est de notre devoir de tout mettre en œuvre pour la protéger.Merci Laurent pour cet ouvrage révélant une nature sauvage, admirable, à l’instar de ces côtes où l’on voit évoluer et jouer les loutres… une invitation à regarder vers d’autres horizons chargés d’espoir.

    Allain Bougrain Dubourg

  • INTRODUCTION

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    ÉCOSSE | La quête du sauvage

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    INTRODUCTION

    Une terre qui rencontre la mer, c’est une terre de vents et d’écumes. Une terre qui rencontre le ciel, c’est une terre de sommets et de brumes.

    Une terre où le ciel épouse la mer, c’est une terre d’évasion. L’Écosse incarne ces terres où le décor offre à l’imagination

    toutes les rencontres possibles en terme de nature.

    VINGT-CINQ ANS DE PASSION

    Il faut du temps à un homme pour connaître le langage de son âme. Du temps et des lieux.

    J’ai voyagé pour la première fois en Écosse en 1994, avec peu d’in-formations ou d’images en tête. Plus qu’une révélation, ce séjour a été une évidence : mon corps et mon esprit étaient en parfaite résonance avec ces grands espaces, les caprices du temps, un art de vivre et d’être… Le simple fait de poser mon regard sur les cour-bures d’un ben, d’en suivre les arêtes et m’arrêter sur la silhouette d’un cerf provoque un sentiment extatique, une fusion charnelle et organique avec cet environnement. J’ai toujours eu l’étrange sensation d’appartenir à ces territoires, comme un juste retour aux sources. Délire philosophique ou conscience pragmatique ?

    J’ai vite compris et mesuré la puissance naturelle du pays. En tant que naturaliste, féru de faunes sauvages, j’y ai vraiment pris une claque ! Dans ce bout de pays enclavé, à quelques centaines de kilo-mètres seulement de la France, quel contraste ! Tout y est subite-ment sauvage, abrupt, austère parfois, mais tellement ressourçant. La vie sauvage y est abondante ; on peut difficilement se balader sur la côte sans observer des phoques, des oiseaux de mer, voire même surprendre une loutre… à peine concevable chez nous !Depuis, je nourris avec délectation mon éternelle frustration d’at-tendre un prochain voyage pour ressentir la joie des retrouvailles, et l’espoir sans cesse renouvelé de vivre de nouvelles aventures ou d’être simplement ému par un trait de lumière.L’obsession de l’image imprime l’ADN de tout photographe. Au fil des années, j’ai repoussé mes limites pour réussir des approches et des immersions physiquement, parfois moralement, engageantes : les nuits d’affûts, les longues randonnées dans les tourbières, les expéditions en voilier, l’incursion en kayak dans des archipels inhabités et les nombreuses mises à l’eau pour ne plus se cantonner à observer depuis la terre ferme.

    Parmi le florilège d’espèces photographiées au fil des saisons, la loutre d’Europe tient une place à part. Tout comme un enfant apprend à devenir parent, cet animal m’a appris à patienter, observer, interpréter. Grâce à elle, j’ai grandi en tant que natura-liste et photographe animalier.La loutre n’a pourtant pas grand-chose pour plaire au grand public. Avec son allure de ragondin, son pelage entièrement brun, ses mœurs aquatiques et nocturnes, autant dire que le sujet n’est pas très « vendeur » ! Discrète et farouche, elle fuit l’homme : on ne peut la photographier qu’en se faisant oublier, comme une masse ectoplasmique. Il faut à chaque fois relever le challenge : voilà ce qui me plaît par-dessus tout !

    Tout au long de l’année, l’Écosse offre une palette de couleurs et d’ingrédients naturels qui ne laisse personne indifférent. La décou-verte de cette terre celtique est souvent associée à la période printa-nière ou estivale. Quiconque veut vraiment sonder l’âme du pays se plaira à l’explorer en automne et en hiver, lorsque l’on n’entend plus siffler que le vent sur les longs rubans sableux. Nul artifice, nul remue-ménage touristique, une Écosse vraie, pure, révélée sous des lumières divinatoires.

    Je vous laisse maintenant le soin d’égrener les pages de ce livre et découvrir une Écosse sauvage et authentique. Plongez, le temps d’une année, dans les merveilles naturelles d’un pays pas comme les autres.Surtout, prenez le temps, au fil des pages, de fermer les yeux et d’imaginer le parfum des algues vagabondes, la fraîcheur des embruns, la caresse du vent, le vol gracieux des fous de Bassan, le crépitement des galets sous le rouleau de la vague, le tumulte des flots au pied de falaises fractales… vous y êtes ! À très bientôt, au détour d’une baie, d’une dune ou d’une falaise, ou alors autour d’un verre de whisky !

  • CONFESSIONS SAUVAGES

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    ÉCOSSE | La quête du sauvage

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    CONFESSIONS SAUVAGES

    Tout au long de l’année, l’Écosse représente une terre d’asile pour la vie sauvage. Chaque saison délivre son lot de rencontres naturelles et d’émotions !

    Embarquement immédiat…

    À T R A V E R S L E S S A I S O N S

    DÉCEMBRE À MARS : Une Écosse confidentielle, qui récom-pense les plus téméraires par une lumière divine. Les amateurs de paysages privilégieront cette période marquée par la lande rousse, les ciels ténébreux… Les paysages sont généralement recouverts d’un beau manteau blanc, de givre, de glace et de neige. En montagne, c’est le meilleur moment pour rechercher le lagopède alpin et le lièvre variable qui revêtent leur livrée immaculée. À cette époque, les cerfs sont aisément observables, car ils fréquentent les fonds de vallées et les bords de routes en quête d’une maigre verdure. Les oiseaux hivernants s’entassent par milliers dans les baies et les vasières. Les oies, bernaches et cygnes se concentrent dans les prés et les lochs. Les eiders à duvet, aux couleurs chatoyantes, commencent leurs parades nuptiales au cœur de l’hiver. Le soleil reste ingrat, avec seulement quelques heures dans la journée.

    AVRIL ET MAI : c’est la saison des parades amoureuses et de la préparation du nid chez les oiseaux. Dans les forêts et les tourbières, courant avril, les grands tétras et les tétras-lyres se livrent à leurs danses nuptiales. Tout comme les lagopèdes alpins et d’Écosse qui dérogent à leur discrétion par leurs chants scandés dans les landes. Le plongeon catmarin lance ses vocalises troublantes sur des lochs perdus. Ces mois correspondent à la période de chassé-croisé entre les espèces migratrices qui remontent vers le nord comme les oies et les bernaches nonnettes, et le retour des espèces nicheuses. Ainsi, le balbuzard pêcheur revient d’Afrique vers mi-avril. Comme un éternel renouvellement, les falaises se couvrent de plumes avec l’ar-rivée des milliers d’oiseaux de mer : mouettes tridactyles dans un premier temps, puis guillemots, pingouins, macareux, etc. C’est en avril que vous pourrez contempler la huppe du cormoran, qu’il perd le reste de la saison. Les clameurs des sternes arctiques se font à nouveau entendre courant mai.

    Couple de fulmars boréaux

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage HIVER | A lba la b lanche

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    HIVER

    On ne se rend pas en Écosse en hiver par hasard. C’est un acte prémédité, qui doit être assumé !

    Cette saison des extrêmes attise les sentiments les plus ambivalents. Un hiver rigoureux : chaque minute écoulée est un pur bonheur. Le soleil rasant irradie le paysage de son feu tamisé tout au long de la journée.Un hiver doux : la pluie et la grisaille s’emparent des quelques heures de lumières ! Lorsque le vent violent s’en mêle, il faut par-fois se résigner à ne pas mettre un pied dehors.Quand les averses s’abattent avec acharnement, les routes sont sou-vent noyées par les rivières qui jaillissent par dizaines des mon-tagnes et dégueulent en fond de vallée. Les crues dessinent de fascinantes veines blanches sur le flanc des massifs. En hiver, le soleil n’émerge que vers 10 heures et s’éclipse dès 16 heures. Mais parfois, pas une once de clarté ne transperce l’épaisse couche de nuages. Rapidement, le ciel se noircit comme une encre opaque pour laisser place aux ombres indécises des bens.En contrepartie, le visiteur en maraude jouit du sentiment exaltant de vivre seul au cœur des vastes paysages des Highlands.

    SOUS LE JOUG D’UNE TEMPÊTE DE NEIGEJ’ai vécu mon premier hiver écossais il y a vingt-cinq ans. Je m’en souviens encore comme si cette expérience datait de la saison der-nière. Avec un ami de Fac, nous avions entrepris un long voyage depuis la Bretagne à bord de sa 2 CV. Nous savions qu’il y avait beaucoup neigé, et l’incertitude planait sur notre objectif : atteindre l’extrême côte nord pour y passer la Saint Sylvestre avec d’autres amis. Dès la ville de Glasgow, les difficultés s’enchaînaient, les bulletins météo annonçaient une paralysie d’une grande partie du pays. Trop fauchés pour nous payer une nuit d’hôtel, nous avons lutté contre le froid une nuit durant, à bord de la « doche »… et attendu avec hâte l’ouverture matinale d’un MacDo. Les journaux du jour nous ont alors appris que les températures frisaient les -25 °C ! Notre moral restait toutefois au beau fixe et notre lente remontée vers le Nord s’est déroulée au fur et à mesure du passage des déneigeuses. Ce soir-là, nous étions en route pour Tongue, petit village en-clavé entre montagnes et mer. Lairg-Tongue : une single-track road de soixante kilomètres à une allure parfois réduite au pas…

    ALBA LA BLANCHE

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage HIVER | A lba la b lanche

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    Immense désert glacé, le Sutherland nous ouvrait cette voie unique débouchant sur l’océan. Le cœur en fête, le Nouvel An était enfin en vue après bien des kilomètres incertains sur des routes à peine praticables. Nous roulions presque trop vite dans ce paysage fée-rique. Quarante ans que les Highlands n’avaient pas connus tant de neige ! Nous assistions, émerveillés, à l’éphémère plénitude des éléments que la colère et la rage venaient d’abandonner. La pleine lune éclairait ces étendues vierges de sa lumière douce et fantasma-gorique. À perte de vue, un manteau blanc étincelant épousait les collines et les montagnes écossaises. Cette nature infinie imposait avec force sa splendeur. « You did it ! » s’exclamèrent nos hôtes à notre destination finale.À l’époque, je ne possédais que du matériel photographique rudi-mentaire : un vieux Nikon F-501 et un moyen format Lubitel, véritable boîte à images au look rétro, tout comme les images qui en sortaient ! Adepte du noir et blanc, je n’ai conservé que bien peu de photos de cet hiver mémorable. Depuis, je n’ai plus jamais

    connu de telles périodes enneigées en Écosse. Au grand dam des Écossais qui désespèrent de voir la couverture neigeuse de plus en plus éphémère. C’est un fait, comme partout ailleurs, l’effet du réchauffement climatique se fait sentir… Je ne pensais pas avoir autant de difficultés à réaliser des images de l’Écosse recouverte de son manteau blanc. Bien souvent, seuls les sommets sont sim-plement saupoudrés de neige. J’ai longtemps eu l’espoir de saisir les cerfs ou la loutre évoluer dans une épaisse poudreuse. En vain. Tout au mieux, ai-je immortalisé ces animaux dans une ambiance hivernale avec les montagnes enneigées en toile de fond.Les hardes de cerfs sont pourtant faciles à approcher à cette saison, car ces grands ongulés sont à la recherche d’herbe fraîche dans les vallées, et très souvent à proximité des axes routiers. Lorsque la nuit tombe, les routes écossaises deviennent d’ailleurs dange-reuses à circuler en raison de la forte densité de cerfs dans certaines régions.

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage HIVER | A lba la b lanche

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    ESPÈCES MIMÉTIQUESÉtonnamment, même au cœur de l’été, il subsiste des névés per-manents à des altitudes n’excédant pas les 1000 mètres. Balayés par des vents violents et dénudés, les sommets des massifs monta-gneux, en proie à des conditions rudes, hébergent une végétation relictuelle typique de l’étage artico-alpin. Le marcheur y découvre avec surprise une température proche des 0 °C alors qu’il avait débuté sa randonnée avec une température de 20 °C !Ce climat extrême à faible altitude reste une aubaine pour appro-cher des espèces réputées difficiles dans les montagnes européennes. Ainsi, en entreprenant l’ascension du mont Cairngorm, à portée de vue du haut de ses 1245 mètres, on peut espérer rencontrer la perdrix des neiges. Localement commun sur ces montagnes, le la-gopède alpin, de son vrai nom, se montre parfois très peu farouche,

    surtout en période de chant. Ce gallinacé réside à l’année à une altitude peu courante, entre 700 et 1000 mètres, alors que dans les Alpes et les Pyrénées, il s’observe rarement à moins de 2000 mètres d’altitude. En été, son plumage gris ardoisé le confond aisément avec le sol sec et pierreux. En hiver, le lagopède alpin arbore un plumage entièrement blanc, d’un parfait mimétisme, qui permet de le fondre dans un paysage enneigé. En montagne, le costume de saison est une astuce de plus pour survivre en évitant de s’exposer aux prédateurs. Seigneur en sa demeure, l’aigle royal n’hésite pas à tuer un lagopède alpin ou un lièvre variable qui troque égale-ment son pelage brun pour une tenue immaculée. Tout comme le lagopède, ce lièvre descend sur les versants de montagne en Écosse tandis qu’il reste contingenté à l’étage alpin, entre 2000 et 3000 mètres, dans les Alpes françaises.

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage HIVER | A lba la b lanche

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    BASTION DU LUTIN DES BOISEn Écosse, l’écureuil roux est emblématique de la forêt de Calédonie, qui subit la déforestation depuis le Néolithique. Il y a dix mille ans, les forêts recouvraient la moitié de l’Écosse. Il se disait que dans beaucoup de parties de l’Écosse, un écureuil pouvait partir dans n’importe quelle direction sans jamais toucher le sol. Réduites à 2 % de sa surface ori-ginelle, les vieilles pinèdes ne subsistent plus que dans de petites par-celles. Malgré cela, 75 % de la population britannique d’écureuils roux est contingentée au territoire écossais, avec environ cent soixante mille individus.

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage HIVER | A lba la b lanche

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    LE PARADIS DES LOUTRESDès l’aube, je scrute les rives du Loch na Keal, immense anse mari-time de l’île de Mull. Je sais déjà que deux loutres, récemment émancipées, s’activent et pêchent sur les bords du loch en marée montante. J’arrive sur le site au bon moment, je repère les deux loutres sur un îlot qu’elles affectionnent particulièrement, pour se toiletter et marquer leur territoire. Commence alors la phase d’ap-proche tout en prenant soin d’avancer quand elles sont en phase de plongée. Une partie de cache-cache intervient ensuite : s’approcher sans être repéré, et surtout sans être senti. L’absence de vent est à la fois un atout et un handicap, car le moindre bruit suspect porte loin et alerte immédiatement la belle. Tout se passe bien, le duo de loutres vaque à leur partie de pêche et après avoir englouti leur dernière capture, se dirige droit vers la terre ferme. Elles jaillissent hors de l’eau à une vingtaine de mètres où je me suis posté… Après quelques jets d’urine et dépôt d’épreintes sur les algues, elles remontent les rochers et galopent vers un ruisseau, sans prêter gare au mouton en plein dans leur passage ! Ce dernier, effarouché, souffle son mécontentement, et provoque un demi-tour immédiat

    des loutres qui regagnent alors promptement la mer. Inquiètes, les loutres, réfugiées dans un tapis d’algues flottantes, dirigent leur regard vers la source de la menace, narines béantes pour mieux l’identifier par l’odorat, puis choisissent de s’évanouir dans l’ondée océane.J’ai découvert sur Mull une forte densité de loutres et connu mes premiers émois photographiques en réalisant – enfin ! – de belles images de l’animal. L’une d’elles – la tête de loutre émergeant des algues, avec l’eau ruisselante de ses vibrisses – demeure l’un de mes meilleurs portraits.À l’instar du cerf ou du chardon, la loutre est un véritable emblème naturel en Écosse où ses populations sont localement florissantes. Il suffit d’évoquer l’animal avec les autochtones pour comprendre combien il tient une place particulière dans le cœur des Écossais. Les Anglais, férus de nature, manifestent d’ailleurs un véritable engouement pour l’observation des loutres sur les côtes écossaises.Les grands lochs maritimes de Mull sont réputés pour ce mammifère semi-aquatique. Depuis plusieurs années, cet animal est devenu la raison principale de mes séjours en Écosse.

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage PRINTEMPS | Les échos des tourbières et des fa la ises

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    PRINTEMPS

    L’affût a été planté dans une lande marécageuse, quelque part dans le parc national des Cairngorms.

    LES ÉCHOS DES TOURBIÈRES ET DES FALAISES

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage PRINTEMPS | Les échos des tourbières et des fa la ises

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage PRINTEMPS | Les échos des tourbières et des fa la ises

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    Dans les Cairngorms, outre les lochs de toutes tailles, les splendides rivières Spey et Dee traversent les massifs montagneux et achèvent leur course en mer du Nord. Ces cours d’eau pure sont convoités par les pêcheurs de saumons, et par un autre pêcheur hors pair… le balbuzard. Début avril, tous les regards sont rivés vers le ciel du Loch Insh : un impressionnant nid, juché à la cime d’un pin mort et situé sur un îlot, verra bientôt ses occupants revenir d’Afrique. Pendant cinq mois, les grands rapaces occuperont de leurs silhouettes élancées les cieux contrastés du loch. Tous les habitants de la région connaissent bien ce couple de balbuzards pêcheurs, si facilement observable et fier représentant d’une espèce qui, en Écosse, a connu une histoire mouvementée. En 1917, le balbuzard a cessé de nicher en Grande-Bretagne. Il était à la fois victime des parties de chasse, des amateurs de trophées et des collectionneurs d’œufs. C’est en 1954 que quelques individus furent à nouveau observés en Écosse pendant la saison de reproduction ; malheu-reusement, les premières tentatives de nidification se soldèrent par un échec dû, en particulier, au pillage malveillant de certains nids. En 1959, lorsqu’un couple s’est établi aux abords du loch Garten, l’association « Royal Society for Protection of Birds » a entamé

    une large campagne médiatique et construit à cette occasion un observatoire pour permettre aux visiteurs d’apprécier l’évènement. Grâce à une mobilisation populaire, les effectifs du balbuzard se sont redressés et constituent une belle population d’environ 200 couples à travers le pays. Essentiellement piscivore, ce rapace offre des scènes de prédation remarquables : afin de capturer sa proie, il effectue un plongeon spectaculaire (qui peut occasionner une immersion complète) au terme duquel il pointe ses larges serres vers l’avant. Ses armes sont particulièrement efficaces pour la saisie des poissons : les doigts, terminés par des griffes longues et très recourbées, présentent une plante rugueuse recouverte d’écailles dures et coupantes. Le balbuzard agrippe tellement bien ses proies qu’il se trouve parfois lui-même piégé : quelques oiseaux périssent noyés, entraînés par des poissons trop imposants tels la carpe, le brochet et le saumon lorsqu’ils pèsent plus de trois kilos, c’est-à-dire deux fois plus qu’eux ! Le poids normal de ses proies (princi-palement des truites en Écosse) se situe heureusement entre deux cents et quatre cents grammes ; une fois capturé, l’oiseau reprend son envol et part consommer le poisson sur un perchoir.

    Balbuzard pêcheur

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage PRINTEMPS | Les échos des tourbières et des fa la ises

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage PRINTEMPS | Les échos des tourbières et des fa la ises

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    THE BASS !Après avoir quitté le port de North Berwick, le frêle bateau de pêche se dirige droit vers l’imposante île de Bass-Rock, sous la manœuvre éprouvée de son capitaine. Le soleil pointe son nez entre deux masses nuageuses. Peu de vent et une mer calme. Tous les ingrédients sont réunis pour rendre cette sortie mémorable. Les visages s’illuminent dès les premières observations : des escadrilles de fou de Bassan rasent habilement la surface de l’océan, certains transportent dans leurs becs des algues pour garnir leur nid. Une myriade de taches blanches évolue parmi les flots et dans les airs autour du gigantesque rocher, d’une hauteur de 107 mètres. On pourrait croire à l’activité d’une ruche d’abeilles tant les oiseaux sont nombreux : le plus grand oiseau de mer de l’Atlantique Nord, d’une envergure de 1,8 mètre, blanchit ainsi l’île de son plumage de fin mars à septembre. Tous les ans, cent cinquante mille fous de Bassan viennent s’y reproduire, constituant la plus grosse « ganne-terie » mondiale (terme britannique pour désigner la colonie de fous de Bassan). Depuis l’an 500, Bass-Rock reste le refuge favori de ces grands voiliers des airs. Bass-Rock lui a même légué son nom : Fou de Bassan Sula Bassana. Les fous ont pu voir s’y succéder, au cours de l’Histoire, un monastère, une forteresse puis une prison. Le phare a été construit en 1902 sur les fondations de l’ancienne forteresse et signale l’entrée de l’estuaire Firth of Forth, près d’Édimbourg. L’ensemble de l’Écosse accueille 60 % des effec-tifs mondiaux évalués à deux cent soixante-cinq mille couples.Au fil des décennies, la colonie n’a cessé de croître jusqu’à occuper le moindre mètre carré de l’île. Désormais, il y a crise du loge-ment ! Le guano lâché par tout ce petit monde participe également à ce « raz de marée » sensoriel que le visiteur éprouve au contact de la colonie.

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage PRINTEMPS | Les échos des tourbières et des fa la ises

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage ÉTÉ | L’explos ion de v ie

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    ÉTÉ

    Le jour n’en finit plus. À peine quelques heures de pâle obscurité ternissent la nuit. Grâce à cette clarté vespérale, la vie bat son plein

    sur terre comme sous l’eau.

    L’EXPLOSION DE VIE

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage ÉTÉ | L’explos ion de v ie

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    LUNGA, L’ÎLE SANCTUAIRELoin de toute fréquentation humaine, l’île inhabitée de Lunga est un paradis pour les oiseaux de mer. Petit trésor de l’archipel des Treshnish, à quelques encablures de l’île de Mull, elle est peu connue et pourtant, c’est certainement l’un des meilleurs endroits en Écosse pour faire de la photographie d’oiseaux de mer. Débarquer sur ce petit joyau classé réserve ornithologique est un privilège, car, au plus près des oiseaux, on peut contempler et photographier le peuple des falaises qui livre son intimité pendant la période de reproduction. Là, nichent en pagaille macareux moine, guillemot de Troïl, pingouin torda, cormoran huppé, fulmar boréal, mouette tridactyle, etc. Souvent, les plus grandes colonies impressionnent par leurs statistiques et leur nombre de couples nicheurs. Cependant, la configuration des lieux joue un rôle primordial. Bien souvent, les falaises inaccessibles ne permettent pas d’avoir un contact rapproché avec leurs occupants. Sur Lunga, la colonie de macareux est certes peu importante, deux mille couples tout au plus, mais l’environ-nement et la proximité avec les oiseaux sont remarquables ! Les macareux évoluent sur le haut d’une petite falaise au sommet plat et herbeux. Les îlots en arrière-plan offrent un cadre somp-tueux. Enfin, les alcidés (guillemots de Troïl, pingouins tordas et macareux moines) peuvent être photographiés à quelques mètres seulement et sans contre-plongée (il est même possible de les photographier sous leur niveau, ce qui est rare pour ces oiseaux de falaises).L’ambiance d’une colonie est une expérience singulière, des milliers d’oiseaux qui cohabitent, pour quelques semaines seulement, dans une cacophonie étourdissante et blanchissent de leurs déjections des pans de falaises abruptes. Chaque espèce occupe un niveau distinct de la paroi rocheuse. Au sommet, sur les pelouses maritimes, les macareux rencontrent d’étranges bipèdes, lourdement chargés d’appareils photo, qui s’exclament devant leur moindre mouvement.Atterrissage contrôlé, à la manière du macareux, sur un bout de corniche. L’océan est face à nous, immuable. Ses lourds grondements au pied de la falaise résonnent en un écho puissant. En ressen-tant cette force de la nature, il est difficile d’accepter que l’homme vide la mer de ses poissons, de ses ressources, la pollue jusqu’aux pôles… En contemplant l’activité foisonnante d’une colonie d’oiseaux de mer, il est difficile d’imaginer que, d’une année sur l’autre, la falaise puisse se figer dans un silence minéral, parce qu’une marée noire aura englouti ces milliers d’oiseaux…Au-delà des activités humaines, l’émergence de nouveaux phénomènes climatiques et océaniques montre combien l’équilibre de cet écosystème est fragile. La moindre modification du milieu marin entraîne une succession de bouleversements aux incidences graves sur tous les maillons de la chaîne du vivant. Les fluctuations des effectifs des oiseaux de mer sont des symptômes visibles de ces problématiques.

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    HÉBRIDES, MER NOURRICIÈREL’Écosse est un pays de rocaille cerné par les montagnes, un pays d’eau rongé par la mer. Fractale, torturée, sa façade maritime est sans cesse modelée par les vagues ravageuses et les vents violents. La grande diversité de milieux constitue autant d’habitats favo-rables à l’épanouissement d’une faune et d’une flore remarquable-ment riches.Le pays représente pour les oiseaux de mer une terre d’accueil privi-légiée et héberge les plus belles colonies du nord-ouest de l’Europe. Sur huit cents îles, seules cent quarante sont habitées ; la plupart se révèlent être de véritables sanctuaires pour des milliers d’oiseaux de mer, de phoques et de loutres.Contrairement à la Bretagne qui a dû faire face à une série de marées noires, l’Écosse bénéficie d’un milieu marin qui n’a pas trop souffert des pollutions pétrolières de grande envergure à l’ori-gine de véritables hécatombes dans les populations de poissons et d’oiseaux marins. Par ailleurs, le littoral écossais ne subit pas une pression de chasse trop élevée (les espèces nicheuses sont intégra-lement protégées par la loi). Enfin, sa fréquentation limitée, avec peu de dérangement et de piétinement des espaces de nidification, concourt à maintenir un cadre idéal de tranquillité propice à l’épa-nouissement de la biodiversité.

    Ces fabuleux rassemblements de faune sauvage (oiseaux, phoques, dauphins, requins) mettent en évidence la richesse des fonds marins de certaines côtes atlantiques. Tous les milieux marins ne sont pas aussi productifs. Les reliefs sous-marins, plus accidentés que les reliefs terrestres, sont comparables à des déserts ou des plaines fertiles selon leur latitude, leur profondeur et leur éloignement de la côte. Les zones les plus riches se localisent près des côtes et aux abords des plateaux continentaux. Le milieu des océans est, par contre, souvent complètement stérile. Cette hétérogénéité biolo-gique est directement liée au développement planctonique dans les eaux de surface. Le phytoplancton, composé d’algues unicel-lulaires, nourrit le plancton animal qui sera, à son tour, la proie d’une multitude d’invertébrés et de poissons. Les chaînes alimen-taires océaniques reposent donc sur le plancton végétal, qui ne se multiplie qu’à la lumière et se nourrit de certains sels nutritifs. La matière organique est décomposée dans les fonds océaniques et s’y accumule jusqu’à ce que le jeu des courants, du vent, de la topographie et l’effet de Coriolis fassent émerger dans les couches superficielles ces sels minéraux, indispensables à la naissance de la vie sous-marine. La couche de surface, saturée d’éléments nutritifs (nitrates, phosphates), regorge alors de plancton végétal qui peut réaliser la photosynthèse sous l’effet de l’ensoleillement. La méduse à crinière de lion est la plus grande espèce de méduse au monde.

    Jeune phoque gris

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage ÉTÉ | L’explos ion de v ie

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    GARGANTUA DES MERSIl pourrait être le requin qui a englouti Geppetto et Pinocchio, mais l’animal en question, aussi gargantuesque soit-il – jusqu’à douze mètres pour un poids de cinq tonnes - ne s’en prend qu’à de minuscules organismes marins, les copépodes. Quand le plancton est abondant dans les couches supérieures, ce géant débonnaire monte à la surface pour se nourrir. Et de quelle manière ! Gueule grande ouverte, nage lente, le pèlerin filtre l’eau de mer grâce à ses organes particuliers, les peignes branchiaux. Un adulte de sept mètres absorbe ainsi jusqu’à mille cinq cents mètres cubes d’eau à l’heure. Ce comportement alimentaire peut lui donner un air de monstre marin engloutissant tout sur son passage… et susciter des comportements irrationnels de la part de certains observateurs. Toutefois, les rencontres restent peu fréquentes, car ce requin, qui vit dans les eaux tempérées de l’Atlantique et de la Méditerranée,

    n’apparaît qu’au printemps et en été dans quelques secteurs côtiers constituant des zones d’alimentation privilégiées. Des pans entiers de la vie de ce requin demeurent un mystère ; on sait seulement qu’il utilise plusieurs aires de nourrissage, pouvant ainsi effectuer de grands déplacements en quelques mois, jusqu’à trois mille kilo-mètres de distance. Méconnu, le grand squale a pourtant fait l’objet d’une chasse intensive pendant deux siècles pour l’huile extraite de son foie et plus récemment, pour ses ailerons. Près de cent mille requins pèlerins ont été tués dans le nord-est de l’Atlantique au cours de ces cinquante dernières années. La biologie du pèlerin ne peut supporter une telle pression commerciale : taux de croissance lent, maturité tardive (vingt ans pour les femelles), longue gesta-tion (de un à trois ans) et fécondité faible (six petits). Finalement, l’homme n’est-il pas le plus terrifiant des requins ?

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage ÉTÉ | L’explos ion de v ie

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    Chevalier guignette

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage AUTOMNE | Les dern iers émois

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    Les averses semblent laver le paysage et le purifier à chaque fois. Le feu tamisé des lueurs d’automne met alors en exergue toute la splendeur des paysages des Hautes-Terres.

    À cette époque, les baies vermillonnées des sorbiers des oiseleurs étin-cellent dans la lande brunie par le froid. Les cimes des montagnes se couronnent de neige et de glace alors que les aiguilles émeraude des pins d’Écosse ponctuent d’un peu de verdure ce tableau aux teintes subtiles d’or et de roux. Nulle part ailleurs, je n’ai pu admirer de paysages aussi pittoresques et ineffables à la fois. Espaces sensoriels et oniriques, les Highlands méritent d’être vécues… J’aime avant tout l’aspect minéral et désolé de ces territoires où l’homme survit difficilement. La nature semble y reprendre ses droits. Constellées de lochs de toutes tailles, recouvertes de tourbières, marquées par des reliefs âpres, les Hautes-Terres forment une véritable éponge imbibée d’eau, interdisant une quelconque activité humaine et parfois toute incursion dans ces terres sauvages.Derrière les masses nuageuses, des coups de trompette annoncent l’ar-rivée de gros porteurs. Trois cygnes chanteurs, semblant être enveloppés d’une poudre de nuage, s’extirpent de cette cotonnade dans un concerto aux échos interrogatifs  : sur quel lac doivent-ils envisager d’amerrir ? Ces ambassadeurs du Nord poseront leur lourde « carlingue » dans un loch écossais avant de poursuivre leur périple vers un pré littoral de la baie de Wash, en Angleterre. Ces vagues blanches, originaires d’Islande, incarnent toute la pureté, la noblesse et l’élégance des grands voyageurs du froid.

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage AUTOMNE | Les dern iers émois

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage AUTOMNE | Les dern iers émois

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage AUTOMNE | Les dern iers émois

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  • ÉCOSSE | La quête du sauvage LA LPO, AGIR POUR LA NATURE

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    AGIR POUR LA NATURE !

    LA LPO

    La Ligue pour la Protection des Oiseaux est née en 1912, à l’ini-tiative de bénévoles militants pour mettre fin au massacre, chaque printemps, des colonies de macareux moines nichant sur les îles de Rouzic et Malban. La sauvegarde de cette espèce n’a été possible que grâce à l’action des bénévoles et des scientifiques amoureux de la nature, qui ont ainsi créé la première réserve naturelle d’oiseaux marins de France, les Sept-Iles. Depuis, la LPO ne cesse de se déve-lopper en multipliant ses actions de préservation de la biodiversité. Consciente des enjeux environnementaux, la LPO, en 2012, a fait le choix d’étendre son objet social à la protection de la biodiversité toute entière.Avec 46 000 adhérents, La LPO est l’une des premières associa-tions de protection de la nature en France. Elle est présente dans 79 départements et agit au quotidien pour la sauvegarde de la biodiversité. Elle est présidée par Allain Bougrain Dubourg.La LPO est également le représentant officiel de BirdLife Inter-national en France, alliance mondiale de 121 associations, repré-sentant plus de 2,7 millions de membres et plus de 8 millions de sympathisants.Birdlife Europe, qui regroupe 48 associations partenaires dont la LPO, œuvre pour améliorer les politiques et législations euro-péennes en vigueur qui impactent la biodiversité.

    La LPO propose de nombreuses actions autour de trois grandes thématiques :

    LA PROTECTION DES ESPÈCES• Enquêtes et suivis scientifiquesLa LPO a mis en place une base de données sur le statut des espèces de France et des DOM-TOM afin d’acquérir toujours plus de connaissances sur les oiseaux et leurs habitats naturels pour élaborer, adapter les actions de conservation et permettre l’évalua-tion des politiques publiques sur l’état de la biodiversité.La LPO milite pour la mise en œuvre d’actions favorables aux espèces en danger et anime les plans nationaux d’actions pour ces espèces. Elle agit pour le respect des espèces protégées et contre le braconnage ou les abus de la chasse. Elle noue des partenariats pour réduire les impacts des aménagements sur la faune sauvage et la biodiversité en général et elle coordonne des programmes de sauvegarde d’espèces et gère la réintroduction d’oiseaux menacés.• Centres de sauvegarde et Unités Mobiles de SoinsLa LPO accueille chaque année des milliers d’animaux en détresse (oiseaux et petits mammifères), au sein de ses Centres de Sauve-garde de la faune sauvage, épaulés par deux Unités Mobiles de Soins.

    LA CONSERVATION DES ESPACES • Gestion des espaces naturelsLa LPO est un gestionnaire majeur pour la préservation des milieux naturels terrestres et côtiers. Cet engagement se concrétise par la gestion des réserves naturelles nationales et régionales, l’acquisi-tion foncière des espaces naturels, la mise en place de conventions de gestion avec les propriétaires privés, les collectivités territoriales ainsi qu’avec le Conservatoire du littoral et également par la mise en place de mesures de gestion agricoles et forestières favorables à la biodiversité.La LPO intervient également en apportant son expertise aux administrations, aux collectivités territoriales et aux entreprises sur le patrimoine naturel. Elle concourt ainsi à la protection d’espèces et d’habitats menacés dans la construction et la gestion des sites Natura 2000 et à intégrer l’intérêt pour la biodiversité aux projets de développement durable.

    ÉDUCATION ET SENSIBILISATION À L’ENVIRONNEMENT• Animations et sortiesActeur essentiel de l’éducation à l’environnement, la LPO propose à tous les publics des animations, ateliers, visites guidées, confé-rences, expositions… Ainsi chaque année, 250 000 personnes sont sensibilisées dont 88 000 enfants.• Voyages NatureLa LPO propose des séjours nature en France et à l’étranger animés par des guides LPO. Toute l’année, elle accueille le public dans de nombreux sites naturels classés et préservés. • Éditions et CommunicationLa LPO édite ses propres revues : L’OISEAU MAGAZINE et son hors-série Rapaces de France, L’OISEAU MAG junior, et Orni-thos et participe à la publication d’ouvrages de référence avec

    de nombreux éditeurs. À des fins de vulgarisation, elle diffuse régu-lièrement des informations scientifiques aux médias et au grand public.• Des programmes en faveur de la préservation de la biodiver-sité de proximitéN’attendez pas que la nature vienne chez vous, invitez-la  ! Comment  ? En créant, vous aussi, un Refuge LPO. Avec plus de 23 000 terrains, les Refuges LPO constituent le 1er réseau de jardins écologiques partout en France. • Boutique LPOLa LPO propose grâce à sa boutique un grand choix de produits rigoureusement sélectionnés qui permettent d’agir au quotidien et de consommer de manière responsable et éco-citoyenne. En outre, les achats financent directement les actions de protection de la nature de la LPO.

    LA LPO EN QUELQUES CHIFFRES• 46 000 membres• 5 000 bénévoles actifs• 450 salariés• Plus de 5 000 animations ou programmes éducatifs proposés chaque année • 7 Centres de sauvegarde de la faune sauvage et 2 Unités Mobiles de Soins• 24 réserves naturelles gérées

    Un site internet www.lpo.fr, une page Facebook et Twitter pour suivre notre actualité au quotidien …

    LPO France - Fonderies Royales8 rue du Dr Pujos - CS 9026317305 ROCHEFORT CEDEX

  • ÉCOSSE | La quête du sauvage REMERCIEMENTS

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    REMERCIEMENTSOlivier Wright, mon éditeur, pour sa confiance et son enthou-siasme pour ce livre.

    Thierry des Ouches, pour son amicale préface, et toutes ces soirées « made in Scotland » partagées autour du feu.

    Allain Bougrain Dubourg et Yann Hermieu, pour leur partici-pation et leur engagement auprès de la Ligue pour la Protection des Oiseaux.

    Manuella, Lou et Guilherm, pour leur soutien permanent et leurs encouragements.

    Mark, Philip, John, Richard, Shane, Maggie, William,… tous mes amis écossais dont le savoir-faire et l’expertise m’ont permis de réaliser certaines images.