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Rapport No. 14375-TUN Republique Tunisienne Vers Ie 21 e siecle Memorandum Economique (En deux volumes) Volume II: Annexes Ocfobre 1995 Division des Operations Geographiques I Departement Maghreb & Iran Bureau Regioral Moyen-Orient et Afrique du Nord Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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Rapport No. 14375-TUN

Republique Tunisienne Vers Ie 21 e siecle Memorandum Economique (En deux volumes) Volume II: Annexes

Ocfobre 1995

Division des Operations Geographiques I Departement Maghreb & Iran Bureau Regioral Moyen-Orient et Afrique du Nord

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Devise et Taux de Chanee

Unite Monetaire : Dinar Tunisien (DT)

DT par $ US

Moyennes de la periode

1980 = ° ,4050 1981 =0,4938 1982=0,5907 1983 =0,6788 1984=0,7768 1985=0,8345 1986=0,7940 1987 =0,8287 1988=0,8578 1989=0,9493 1990=0,8783 1991 =0,9246 1992=0,8844 1993 = 1,0037 1994= 1,0116

Exercice budeetaire

1er janvier 31 decembre

Poids et Mesures

Systeme metrique

ANPE BCTICBT BNA CDs CNSS CPI CTN EPA EPIC EU FDI FODEP FTA FTZ GATT GDI GOT lOF INNORPI

INS MEAT MMR MOA MOH NIE OC OECD

ONAS ONH O&M QRs SICAF SICAV SME SONEDE STAM STIL VAT WTO

ABREVIATIONS ET ACRONYMES

Agence Nationale de Protection de l'Environnement (Environment National Agency) Banque Centrale de Tunisie (Central Bank of Tunisia) Banque Nationale Agricole (Agricultural National Bank) Certificates of Deposits (Certificats de Depot) Caisse Nationale de Securite Sociale (National Social Security Fund) Consumer Price Index (Index des Prix a la Consommation) Compagnie Tunisienne de Navigation (Tunisian shipping company) Etablissement Public Administratif (administrative entity) Etablissement Public Industriel et Commercial (quasi-commercial entity) European Union (Union Europeenne) I;oreign Direct Investment (Investissement Direct Etranger) Fonds de Depollution (Anti-Pollution Fund) }'ree Trade Agreement (Accord de Libre Echange) Free Trade Zone (Zone de Libre Echange) General Agreement on Tariffs and Trade (Accord General sur les Tarifs Douaniers et Ie Commerce) Gross Domestic Investment (Investissement Interieur Brut) Government of Tunisia (Gouvemement de Tunisie) l:1stitutional Development Fund (Fonds de Developpement Institutionnel) Institut National pour la Normalisation des Produits Industriels (National Institute for Industrial Products Normalization) Institur National de Statistiques (National Institute of Statistics) Ministere de l'Environnement & de l' Amenagement du Territoire (Ministry of Environment & Regional Planning) Money Market Rate (Taux du Marche Monetaire) Ministry of Agriculture (Ministere de }' Agriculture) Ministry of Health (Ministere de la Sante) I\'ewly Industrializing Economies (Economies Nouvellement Industrialisees) Office des Cereales (National Agency for Cereal Marketing) Grganization for Economic and Cooperation Development

(Organisation de Cooperation et de Developpement Economiques - OCDE) S)ciete Nationale d' Assainissement (National Sewerage Company) Cffice National de I'Huile (National Agency for Edible Oil) Operation and Maintenance (Exploitation et Entretien) Quantitative Restrictions (restrictions quantitatives) Societe d'Investissement a Capital Fixe (closed-end mutual fund) Societe d'Investissement a Capital Variable (open-end mutual fund) Small-Medium Sized Enterprises (Petites et Moyennes Entreprises) Societe Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux (National Water Supply Utility Company) Societe Tunisienne d' Affretement Maritime (Tunisian cargo-handling company) Societe Tunisienne d'Industrialisation Laitiere (National Company for Milk Marketing) Value-Added Tax (taxe It la valeur ajoutee) World Trade Organization (Organisation Mondiale du Commerce)

Ce rapport est l'o.!uvre d'une equipe dirigee par Linda Likar et composee de Norman Loayza (Politique Macro-economique et Politiques pour une Croissance Accrue) Aziz Bouzaher et Sarah Forster (Questions Iiees a l'Environnement), Mohamed Lahouel (Politiques Concurrentielles) et Guillermo Hakim (Politiques du Travail), Laura Burakreis et Richard Bmn (Reformes des Secteurs Bancaire et Financier), Fay~al Lakhoua (Role de rEtat dans l'Economie) et Juan Lopez (Analyse de Pays Comparables et Soutien Macro-economique). Le rapport principal a ere prepare par Linda Likar et Norman Loayza. Divers documents de travail (repris dans la notice bibliographique) ont ere prepares par des cadres des divisions sectorielles ainsi que par des consultants tunisiens. La contribution et les conseils fournis par Laurie Effron et David Tarr ont ete des plus precieux pour I'equipe. Fataneh Semsarzadeh a servi d'assistante de recherche.

Nous tenons a remercier Ie Gouvernement tunisien pour son excellente cooperation et en particulier Ie Ministere du Developpement Economique et l'Institut d'Economie Quantitative. Le rapport a egalement benet'icie du precieux concours des Professeurs Mohamed Labouel et Fayeal Lakhoua de l'Universite de Tunis, consultants locaux., ainsi que de la societe de consultants SIDES.

REPUBLIQUE DE TUNISIE EN ROUTE VERS LE 21 e SIECLE

MEMORANDUM ECONOMIQUE

VOLUME II - ANNEXES

Table

ANNEXE I CROISSANCE ECONOMIQUE ET DURABILlTE ECOLOGIQUE EN TUNISIE : RELA nONS ET LEUR PORTEE

I - Apen;u general

II - La strategie environnementale du Gouvernement et son cadre institutionnel

A. Priorites et strategies en matiere d'environnement B. Programmes gouvernementaux C. Cadre institutionnel

III - Problemes sectoriels lies a l'environnement et implactions economiques

A. Agriculture B. Industrie et energie C. Tourisme

IV - Cout collectif de la pollution de l'environnement et de la degradation des ressources naturelles

A. Sante publique et environnement B. Couts de la degradation des res sources naturelles

V - Conclusion : relations macro-economiques et developpement durable

ANNEXE II - COMPETITION POLICIES

I - Trade Liberalization

Quantitative Restrictions Tariff Barriers

II - Competition Policies and Differentiated Support Measures

The Old Investment Incentive System The New Incentive System

Contents (cont'd)

Specific Incentives and Distortions The Removal of Capacity Licensing Industrial Support Measures Absorption of Technology and Support Services Public Procurement Policies Transparency of Rules Tendering Procedures Differentiated Treatment of Firms

ill - Pricing and Deregulation Policies

Price and Distribution Controls Major Shifts in 1991 Procedure and Pace of Price Liberalization Price Control at the Producer Stage Price Control at the Distribution Stage Deregulation: The Transport Sector Banking

ANNEXE In ~ LE SECTEUR FINANCIER EN TUNISIE

CHAPITRE I - LE SYSTEME BANCAIRE

A - Apercu B - Reglementations bancaires C - Sources du financement et composition des avoirs D - Intennediation et efficacite du systeme bancaire E - Recommandations finales

CHAPITRE IT - FINANCEMENT DU TRESOR ET MARCHES FINANCIERS

A - Le financement du Tresor I - Le financement du Tresor (marche primaire)

et la gestion de la dette publique interne (marc he secondaire)

B - La modernisation des marches boursiers et obligataires I - L'environnement juridique et l'organisation du marche II - Evolution de l'activite du marche et problemes actuels

C - Recommandations

Annexe I Page 1 de 49

I. APERC;U GENERAL

1. Les dix dernieres annees, la Tunisie a connu une croissance economique relativement stable basee sur une strategie de developpement axee sur trois secteurs principaux: l'agriculture irriguee, l'industrie manllfacturiere et Ie tourisme (Tableau 1). La croissance du PIB s'est etablie en moyenne a quelque 5 % les cinq dernieres annees. Cette croissance, toutefois, n'a pas ete reguliere, car elle manifeste plutat a quel point l'economie depend du secteur agricole, dont la production est sujette a d'amples variations en fonction de la pluviosite.

Tablt-.au 1: Composition de Ia valeur ~outee au pourcentage du PIB et taux de croissance

Annee 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994

Taux de c:roissance globale de PIB 6.7 0.1 3.7 7.6 3.8 8.0 2.6 6.1

Agriculture Pourcentage du pm 15.3 11.7 12.1 14.4 15.7 15.5 14.1 14.1

Taux de croissance annuelle du pm (%) 20.5 -25.8 5.7 27.7 14.3 6.6 -7.0 5.1

Industrie Pourcentage du pm 27.8 28.1 29.0 28.2 28.0 27.1 26.5 26.4

Taux de croissance annuelle du pm (%) 0.4 2.3 5.4 6.2 5.1 5.6 1.8 7.2

(Ind. manufa(;t.) Pourcentage du pm 13.1 13.9 14.4 15.0 15.1 15.0 15.0 15.3

Taux de croissance annuelle du pm (%) 4.4 6.5 6.0 11.3 4.0 8.1 3.0 7.4

Services Pourcentage du pm 32.5 35.8 35.3 34.0 32.0 33.1 34.4 34.6

Taux de croissance annuelle du pm (%) 8.6 9.0 2.2 3.3 -1.3 11.9 5.9 6.1

(Tourisme) Pourcentage du pm 3.8 4.3 4.2 3.9 2.9 3.8 4.0 4.0

Taux de croissance annueUe du pm (%) 37.2 11.6 -2.8 -0.8 -25.0 44.8 7.0 6.5

Source: Donnees ·de la Banque mondiale

2. Les dernieres annees, cependant, les couts ecologiques de cette strategie de developpement ont suscite des preoccupations de plus en plus importantes. La poursuite des objectifs de developpement dans ces secteurs prioritaires, jointe a une migration interieure croissante vers les zones cOtieres (Oil plus de 77 % de lao population est concentree sur 25 % du territoire national) met de plus en plus la base de ressources naturelle a l'epreuve, en particulier les res sources en sols et en eau de la bande cOtiere,

Annexe I Page 2 de 49

ressources relativement limitees, et entraine une degradation de l'environnement qui se manifeste principalement dans trois domaines:

• degradation des terres: d'apres les estimations, plus de 60 % des ressources utilisables en terres souffrent de degradation. Ceci se traduit par une perte irreversible de I'equivalent de 24.000 hectares de terres agricoles par an (environ 0,5 % des terres arables), les ressources les plus touchees etant les parcours pastoraux, dont la productivite subit une baisse continuelle de quelque 2 % en moyenne annuelle.

• penurie d'eau: la presque totalite des ressources tunisiennes en eau sera pleinement exploitee d'ici l'an 2000. Si I'agriculture, I'industrie et Ie tourisme continuent a s'accroitre a leur rythme actuel, les ressources hydrauliques seront mises de plus en plus a contribution; ceci entrainera une deterioration de la qualite de I'eau due a la pollution domestique, industrielle et touristique, ce qui augmentera la concurrence entre les secteurs pour une offre fort limitee et pourrait creer des contraintes a la croissance economique a long terme.

• degradation des cotes: Ies problemes de pollution industrielle et petroliere, I'erosion des plages et Ie surdeveloppement deviennent de plus en plus serieux dans la bande cotiere, a mesure que les zones urbaines, industrielles et touristiques poursuivent leur croissance rapide. Au cours des dix prochaines annees, Ia population de la Tunisie devrait augmenter estimativement de 3,15 millions, dans son immense majorite Ie long des cotes si Ia tendance actuelle perdure, ce qui mettra encore davantage les res sources maritimes et cOtieres a contribution.

3. Le gouvernement est pleinement conscient de ces problemes; aussi a-t-il fait des progres sensibles dans la mise en place d'institutions, de politiques et de programmes pour leur solution. l Cependant, leur approche des problemes environnementaux est jusqu'ici basee essentiellement sur I'investissement; d'importantes res sources ont ete consacrees notamment a I'infrastructure d'assainissement et a Ia protection des sols et de I'eau. La mise en place d'incitations a reduire Ie gaspillage et a encourager la conservation a beaucoup moins retenu I'attention, bien qu'il faille reconnaitre que des progres sont actuellement realises dans des reformes cruciales en matiere de politique des prix, pour encourager une utilisation plus rationnelle et durable des ressources naturelles (politique des prix de I'eau et de l'energie, reduction des subventions aux produits agro-chimiques). Neanmoins, une approche plus integree de I'utilisation rationnelle des sols et de I'eau reste toujours a elaborer.

4. Le present rapport a pour objet d'examiner la nature et l'ampleur de ces problemes ecologiques et leurs consequences economiques. II commence par un examen de l'evolution et de la situation presente de la strategie globale du gouvernement en matiere d'environnement ainsi que du cadre institutionnel de la gestion ecologique. En deuxieme lieu, il analyse les problemes environnementaux lies aux trois secteurs principaux de la Tunisie: I 'agriculture, I'industrie et Ie tourisme. Troisiemement, dans la mesure ou Ie permettent les contraintes en matiere de temps et de donnees disponibles, Ie rapport presente une estimation approximative des couts, tant sociaux qu'economiques, qU'entrainent pour l'economie ces problemes environnementaux, notamment la degradation des ressources naturelles, la pollution atmospherique et Ie manque d'eau salubre et d'assainissement. Entin, Ie rapport formule des conclusions initiales et des recommandations concernant I 'harmonisation des objectifs de developpement economique et de protection de I' environnement.

Se referer aux Annexes 2 et 3 pour des indicateurs economiques et ecologiques selectionnes pour la Tunisie et des pays comparables.

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5. La presente etude sera suivie d'une analyse plus etendue des contraintes en matiere de ressources naturelles qui pourraient peser sur Ie developpement economique de la Tunisie. Une etude plus detaillee doit etre entreprise en etroite collaboration avec Ie gouvemement tunisien; elle presentera une analyse economique plus poussee et systematique des problemes lies aux pretentions difficilement conciliables sur l'eau et les ressources cotieres en sols, ainsi que les consequences de celles-ci d'un point de vue ecologique et economique.

II. LA STRA TEGIE ENVIRONNEMENTALE DU GOUVERNEMENT ET SON CADRE INSTlTUTIONNEL

A. PRIORITES ET STRATEGIES EN MATIERE D'ENVIRONNEMENT

6. La protection de l'environnement est depuis longtemps une preoccupation du gouvemement tunisien; cependant, ce n'est que ces dernieres annees que la comprehension des probIemes de l'environDement et de leur relation avec Ie developpement. ainsi que les mesures qui doivent decouler de eette comprehension, ont fait l'objet d'une approche systematique et efficaee. En 1990, avec l'appui de la Banque mondiale, Ie gouvemement a elabore un Plan d'action national pour l'environnement, qui ccnstituait une premiere etage du processus, actuellement en cours, de determination de la politique environnementale. La gestion de I' environnement est un objectif central du Huitieme Plan de developpement social et economique (1992-96), qui cons acre tout un chapitre a la protection de l'environnement, fait sans precedent, et formule en matiere d'environnement les priorites suivantes2

:

• veiller a une utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles du pays • maintenir la pollution dans des limites accept abIes • assainir les zones polluees • susciter Ia participation de Ia population a l'effort de protection de I'environnement.

7. Pour Ia realisation de ces objectifs, Ie gouvemement compte sur une strategie en trois parties, dont Ia mise en oeuvre est confiee globalement au Ministere de l'environnement et de l'arnenagement du territoire (MEAT).

• Prevention - eet element procede du fait que Ie gouvemement comprend qu'une strategie de croissance dans l'immediat, quitte a proceder par Ia suite a un grand nettoyage, n'est plus acceptable et est inutilement couteuse. Aussi met-il l'accent sur Ia conception et I 'application de politiques et de mecanismes visant a prevenir la pollution et I'utilisation gaspilleuse des ressources naturelles. Un instrument cle a eet egard est I'evaluation de l'impact sur I' environnement. 3

• Inspection et surveillance de la situation ecologique - La surveillance de la situation 6cologique est indispensable au controle de I'observation des reglementations en matiere de lutte contre la pollution. La strategie vise a augmenter Ies capacites des laboratoires

Ministere de I'environnement et de I'amenagement du territoire (MEAT), 1994. Environment and Sustainable De·.'elopment: A Review of the Tunisian Strategy,rapport de la Tunisie presente a la Conference de Tunis sur Ie deleloppement durable dans Ie bassin de la Mediterranee.

Le~ evaluations environnementales constituent la piece maitresse de la politique en matiere d'environnement dans de nombreux pays, notamment les Etats-Unis.

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de recherche et d'analyse, des stations de surveillance et du personnel technique autant que scientifique.

• Actions curatives - Bien que la strategie du gouvemement vise principalement a prevenir la pollution et la degradation des res sources naturelles, d'importants degats se sont deja produits dans certains domaines. La straregie du gouvemement prevo it la correction de ces degats. Les couts et avantages de ces programmes de remise en etat doivent etre soigneusement peses et la priorite doit etre attribuee au nettoiement des zones OU la degradation de I'environnement pose de serieux risques a la sante humaine OU a l'activite economique et OU les plus grands avantages peuvent etre recueillis. A long terme, on peut esperer qu'une approche preventive reduira Ie besoin de programmes couteux de remise en etat.

B. PROGRAMMES GOUVERNEMrnNTAUX

8. Pour la mise en oeuvre de cette strategie, la MEAT a lance sept programmes:

i) Assainissement urbain et rural. Ce programme a pour objectif d'etendre Ie reseau d'egouts et Ie systeme de decharges, pour accroitre Ie pourcentage des menages branches sur Ie systeme d'evacuation, d'augmenter Ia capacite de traitement, en mettant en service de nouvelles installations de traitement des eaux usees, enfin, d'accroitre la reutilisation des effluents traires, specialement dans l'agriculture.

ii) Protection de la zone cOtiere (programme "Main bleue"). Ce programme consiste en activites visant a la securite de la natation aux plages du littoral tunisien, a la protection de I' environnement maritime contre les ecoulements de petrole et la pollution, a la reduction de l'impact de I'urbanisation Ie long des cOtes -- tant du point de vue de l'esthetique que de celui des dechets liquides et solides, enfin, a l'execution des mesures d'occupation des sols necessaires a la realisation de ces objectifs.

iii) Gestion de dkhets solides (programme "PRONAGDES") visant a ameliorer la situation, de moins en moins satisfaisante, de Ia collecte, du traitement et de l'utilisation fmale de dechets menagers, industriels et speciaux (provenant des h6pitaux, des abattoirs, etc.). A court terme, ce programme est con~u pour l'amelioration de l'enlevement des ordures; a long terme, l'objectif est la reduction du volume global de dechets et la maximisation du recyclage des dechets solides.

iv) Lutte contre la pollution industrielle. Ce programme comporte deux composantes: prevention et reduction de la pollution. La prevention est mise en oeuvre principalement par a) les evaluations d'impact environnementaI, desormais obligatoires pour tout nouveau projet; b) la creation du fonds de depollution (FODEP) destine a fmancer la Iutte contre la pollution (para. 11); c) I'encouragement de procedes industriels non polluants et d) la creation de zones industrielles ou Ie pretraitement des effluents industriels est plus facile. La reduction de fa pollution recouvre I'identification des secteurs et regions ou les problemes de pollution sont particulierement graves, ainsi que la conception et l'execution de plans d'action pour la reduction ou l'elimination de Ia pollution, apres due consideration des options en Ia matiere.

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v) Lutte contre la desertification (programme "Mainjaune"). Ce programme comprend toute une gamme d' activites execut~ par divers ministeres et coordonnees par Ie MEAT, y compris Ie planning familial dans les zones rurales, Ie developpement rural integre, des programmes de conservation des forets, des sols et des eaux et des activites de recherche entreprises par l'Institut des regions arides.

vi) Gestion des ressources naturelles et protection de la biodiversite ("Main verte"). Ce programme a pour objectif la protection des ressources biologiques, des especes rares et menacees et de leurs ecosystemes; la sensibilisation du public a la necessite de la protection de la nature; enfin, la promotion du tourisme ecologique.

vii) Prise de conscience et education ecologiques. Ce programme comprend I'education ecologique et I'effort de sensibilisation, diriges essentiellement vers les enfants et la jeunesse. Ce programme est mis en oeuvre en collaboration avec d'autres minis teres et DNG.

9. Financement. Le budget de l'Etat alloue a la protection de I'environnement a augmente les dix dernieres annees, passant de 260 millions de dinars au cours du Septieme Plan de developpement (1987-1991), soit approximativement 0,3 % du pm, a 600 millions de dinars pour la periode du Huitieme Plan (1992-1996), soit quelque 0,4 % du PIB. Ce chiffre s'eleve a 1.400 millions de dinars, soit environ 1 % de PIE, si I'on y ajoute les credits a la protection de }'environnement au niveau des municipalites et a la preservation des ressources naturelles, telles que les eaux, forets et sols. Ceci se compare aux depenses de gestion environnementale des pays industrialises, lesquelles se situent entre 0,8 % et 2 % de leur PIB, bien que les credits budgetaires destines aux programmes ecologiques n'atteignent toujours pas les besoins d'investissement proposes. Selon certaines previsions a long terme, Ie budget de la protection de l'environnement devrait etre porte a plus de 3 % du pm.4 Le budget devrait etre finance en grande partie par une aide exterieure qui n'est pas encore assuree pour la totalite du programme d'investissement. Le tableau 2 ci-dessous presente les credits budgetaires alloues aux programmes ecologiques susmentionnes et aux autres investissements a caractere environnemental.

Ministere de l'environnement et de I'amenagement du territoire, 1993. Rapport national, l'etat de l'environnement.

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Tableau 2 : Allocations budgetaires de rEtat destinees aux investissements a caractere environnemental

Investissements environnementaux planifies

Huitieme Plan de developpement economique et social (1992-1996)

Investissements environnementaux Dinars (millions) %du % budget decaisses

Programmes de protection de 259 25 35 I' environnement

- lutte contre la pollution industrielle 157

- gestion des dechets solides 53

- prevention de la pollution petroliere 20

- protection de I 'heritage naturel et 16 culturel

- appui institutionnel a la protection de 8 I' environnement

- sensibilisation du public et recherche 5

llssainissement 299 28 55

Protection contre les inondations 40 4 35

Conservation des sols et des eaux 196 19 94

Forets 259 25 71

TOTAL 1.053

Source: Ministere de l'environnement et de l'amenagement du territoire (MEAT), 1994. Environment and Sustainable Development: A Review of the Tunisian Strategy, rapport de la Tunisie presente a la Conference de Tunis sur Ie developpement durable dans Ie bassin de la Mediterrane.

10. Bien que les credits budgetaires soient encore inferieurs aux besoins d'investissement proposes, les problemes operationnels constituent une importante entrave au decaissement des fonds disponibles. Une analyse realisee par la Banque concernant I'execution du PANE tunisien a montre que seuls 17 % des projets proposes ont ete acheves dans les delais fixes. s La qualite de la conception ainsi que des facteurs institutionnels semblent etre les principaux determinants des taux de decaissement et d'achevement des projets. Bon nombre de ces projets ont ete choisis et inclus au programme d'investissement avant que des etudes de pre-faisabilite aient pu ctre entreprises. Les dispositions institutionnelles sont un autre facteur important dans la determination du taux de succes des projets. Au total, on n'observe que fort peu de retards dans les projets municipaux d'egouts et d'installations de traitement des eaux usees, projets diriges par une institution fort competente (l'ONAS), alors que les

Banque mondiale (1994). Note sectorielle concernant la mise a jour du Programme d'Action National pour l'Environnement (pro jet) , preparee par Ie MN1IN.

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programmes visant a n!soudre les problemes de plus en plus aigus que posent Ies dechets solides subissent de serieux retards. Ces demiers sont du ressort des municipalites dont Ia capacite institutionnelle est faible.

11. Fonds de depoHution (FODEP). L'administration elabore de nouveaux mecanismes pour Ie financement des investissements environnementaux sous forme de fonds ecologiques. Le plus important de ceux-ci est Ie Fonds de depollution (FODEP), cree en vertu de Ia loi de 1993 sur l'investissement, et qui doit flnancer les investissements pour la maitrise de la pollution. Toute entreprise industrielle, qu'elle soit publique ou privee, peut ~tre subventionnee jusqu';l concurrence de 20 % du cout des activites de depollution. Au moins 30 % du financement doit provenir de I' entreprise elle-m~me~ pour Ies 50 % restants, l'entreprise peut beneficier d'un financement bancaire, obtenu au titre de Iignes de credit reservees a la protection de I'environnement. Parmi Ies questions concernant les politiques du fonds qui requierent encore des eclaircissements figurent: i) Ie traitement des firmes publiques et privees~ ii) Ia maniere dont l'administration doit traiter les firmes polluantes mais financierement non viables et iii) Ie traitemem respect if des firmes anciennes et nouvelles.

Encadre 1 :

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12. Beaucoup de fonds analogues ont ete constitues dans les pays de l'OCDE et de l'Europe de l'Est. Certains de ces fonds sont fInances par les recettes tirees des impots sur la pollution, ce qui correspond mieux au Principe de paiement par Ie pollueur (PPP). La Tunisie n'a pas encore adopte d'impat sur la pollution. Le FODEP subventionne les activites de depollution, ce qui equivaut a violer Ie PPP, et l'on pourrait faire valoir qu'elle des incite ainsi les pollueurs a internaliser Ie cOllt de leur pollution. A court terme, cependant, Ie FODEP pourrait s'averer un mecanisme utile durant la phase transitionnelle de l'application de la politique, en attenuant les difficultes financieres qu'entraine un renforcement dc.:s normes de pollution. II peut aussi hater Ie remplacement d'usines anciennes par des technologies moins polluantes. Dans Ie moyen, puis Ie long terme, Ie role d'instruments de politique plus efficaces, tels que les impots sur la pollution, doit etre renforce et la necessite de subventions doit etre reduite.

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13. Ret'onnes. En plus des programmes susmentionnes, Ie gouvemement entreprend un certain nombre de reformes, y compris la fixation des prix de I'eau et de I'energie, qui doivent encourager la conservation des ressources naturelles et reduire Ie gaspillage et Ia pollution (resumes au Tableau 3). Beaucoup de ces ref ormes ont ete decidees pour des raisons economiques, par exemple, pour accroitre les recettes publiques et ameliorer la recuperation des couts des services publics; elles n'en representent pas moins des mesures a 100 % gagnantes qui donnent egalement lieu a des ameliorations de I' environnement.

I'~nergie

agro­chimiques

aux alimentS du Mtail

accrue de I 'utilisation d'eau et de la r~cupe-ration

des couts

efficaci~ ~onomique et ~nerg~tique

ment a I 'utilisation d'engrais et pesticides

~Ieveurs a maintenir la taille des troupeaux au cours des ann~s de s~heresse et pour stabiliser les revenus

Tableau 3: Retonnes cles

prix, I'eau est toujours subventionn~ en particulier pour I' agriculture et I'usage m~nager, pour un total estim~ a 83 millions de D.' Tarifs bas~s sur Ie volume d'eau consomm~. Les tarifs pour 1994 vont de D 0,095 a 0,585 par m3• Les recettes nationales moyennes conso\id~es sont actuellement de D 0.326/m3

une a enfm augmen~ les tarifs de 1'~lectrici~ et les prix du p~trole sous forme d'ajustements periodiques a partir du 1990. Les prix sont maintenant jug~s con formes au CMLT.

a considerablement reduit les dix demieres ann~es.1 Le montant brut des subventions a atteint en 1989 20 millions de D mais etait tomM a 900.000 D en 1993. On manque de donnees sur les subventions aux produits agrochimiques .

... u .• ",,,,,,, pour sont sUbventionnes.l surtout en p6riode de ~cheresse. Les subventions ont connu un maximum durant la secheresse de 1989, soit 50 milliards D (Plus 20 M de D de subventions aux engrais pour la production d'aliments du Mtail) mais sont retom~s a 4 MD en 1993. Les montants globaux des subventions durant les annees 80 ont depas~ ceux des ann~s 70.

Ugende: + + = impact positif direct; - - = impact n6gatif direct + = impact positif indirect; - = impact n6gatif indirect.

! Les subventions ont 616 61imin6es pour 3 des 4 principaux types d'engrais utilis6s

+

+

+

<Ie maintien de la raille des trou­peaux en p6riode de s6cheresse peut mettre les pAturages excessi­vement a 1'6preuve)

++ (une fois que les tarifs sont

alignes sur Ie cOilt

moyen)

l Les subventions ont 6t6 61imin6es pour Ie mars et les tourteaux de soja; eUes demeurent principalement pour I'orge.

++

3 Le maintien de: la taille des troupeaux au cours des ann6es de s6cheresse peut engendrer des pressions insoutenables pour les parcours.

, Le chiffre represente une subvention indirecte basee sur la difference entre Ie coilt et Ie prix de I'eau. Le Tableau 14 presente cette question du point de vue des depenses publiques.

++

++

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14. Cadrejuridique. La Tunisie dispose de plus de 350 textes juridiques relatifs aux problemes de I'environnement qui souvent se chevauchent, constituent des approches sectorielles et n'appartiennent pas a un cadre juridique et directif d'ensemble. Les lois les plus importantes sont Ie Code forestier (1988), Ie Code de I'eau (1975), Ie Code de I'urbanisme (1979) et Ie Code du travail (1966) qui reglementent actuellement la pollution. Un nouveau code relatif aux sols a ete soumis a I'approbation du corps legislatif. Le MEAT se propose de consolider tous les textes relatifs a I'environnement dans un cadre coherent base sur une politique ecologique integree, englobant tous les secteurs et moyens. A cet effet, I' ANPE a inventorie et c1asse tous les textes juridiques existants qui se referent a I' environnement. Sur cette base, Ie cadre juridique de la protection de I'environnement fait en ce moment I'objet d'une revision approfondie.

C. CADRE INSTlTUTIONNEL

15. Apres une serie de reformes d'institutions, Ie gouvernement tunisien dispose maintenant d'un bon cadre institutionnel pour la conception et la mise en oeuvre de sa politique environnementale :

L'office national d'assainissement (ONAS) cree en 1974 pour maitriser la pollution des eaux et proteger les res sources hydrauliques du pays. L'ONAS gere I'ensemble du systeme d'assainissement, car il est charge de la conception, de la construction, du fonctionnement et de la maintenance de tous les ouvrages d'assainissement de la collecte jusqu'au traitement. Cependant, certains plans sont a I'etude en vue de la privatisation eventuelle de certains aspects des operations de I'ONAS. Cette institution peut se vanter de remarquables resultats durant ses 20 ans d'existence. Plus de 80 % de la population urbaine est maintenant raccordee au systeme d'assainissement, quoique I'assainissement en milieu rural en soit encore a ses debuts. Plus de 100 millions de m3 d'eau sont traites chaque annee, et la qualite des eaux epurees correspond aux normes internationales. Une reutilisation de I'eau traitee permet aussi des economies dans I'utilisation d'eau fraiche.

L' Agence nationale de protection de l'environnement (ANPE), creee en 1988, s'est vu assigner un double mandat: analyser et surveiIler la situation ecologique du pays et combattre toutes les sources d'endommagement et de degradation de I'environnement naturel. L'ANPE execute un bon nombre de mesures de prevention: i) I'elaboration et I'approbation des evaluations d'impact sur I'environnement qui sont devenues obligatoires pour tous les nouveaux investissements; ii) I'elaboration des normes environnementales; iii) la sensibilisation du public; iv) la formation et I'education ecologiques. II entreprend aussi des mesures curatives, comme i) I'inspection des installations industrielles et de leurs appareils de traitement de la pollution, et ii) Ie controle de I'observation des lois. L' ANPE est legalement habilitee a intenter des actions judiciaires contre toute entite qui contrevient a la loi et elle peut conclure avec les entreprises qui contreviennent aux lois des accords relatifs aux mesures a prendre pour remedier aux problemes de pollution.

Le Ministere de l'environnement et de l'amenagement du territoire (MEAT) a ete cree en 1991 pour completer la structure des institutions qui s'occupent de I'environnement et pour conferer a la politique environnementale plus de prestige et d'importance politique. Ce minisrere, en collaboration avec d'autres, est charge de proposer des mesures en matiere de protection de I'environnement, d'amelioration des conditions de vie et d'amenagement du territoire. II est egalement responsable de la legislation concernant I' environnement. Des structures autorisees a prendre des mesures concernant I' environnement existent aussi dans d' autres minis teres • comme

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par exemple Ie Departement d'hygiene et de protection environnementales au Ministere de Ia sante publique, mais Ie MEAT doit veiller a une collaboration globale entre tous ces organismes.

En plus, une Agence Nationale du Littoral a ete creee recemment sous tutelle du MEAT.

16. Capacite institutionneUe. Le MEAT possede un degre relativement eleve de pouvoir politique et de res sources comparativement a beaucoup d'autres institutions environnementales dans Ie monde. Cependant, d'apres une evaluation des systemes de gestion de I'environnement dans les pays en developpement (voir Tableau 4), bien que Ie cadre institutionnel de Ia Tunisie soit maintenant integre, Ie fait que des ministeres d'execution ont toujours la maitrise de certains aspects de la gestion de I'environnement signifie que Ie systeme en ce domaine demeure fragmente de fait. Ceci reduit I'aptitude du MEAT a avoir une influence veritable sur Ia coordination des diverses initiatives sectorielles et sur la facilitation de l'integration de la politique ecologique dans Ies initiatives generales de developpement. Les eff0l1s devront etre poursuivis en vue de consolider Ie MEAT et Ies unites environnementales des ministl!fC::s sectoriaux, tout en ameliorant leur coordination.

Tableau 4. Caractere des systemes de gestion de l'environnement dans quelques pays

Pays Cadre institutionnel Gestion de l'environnement

Tunisie Integre Fragmentee

Maroc Coordonn.e Fragmentee

Thailande Quasi-integre Fragmentee

Indonesie Integre Fragmentee

Argentine Coordonne Fragmentee

Chili Coordonne Fragmentee

Mexique Quasi-integre Integree

Nigeria Integre Integree

Allemagne Integre Fragmentee

E.U.A. Integre Integree

Definitions:

Fragmente : les fonctions de protection de I' environnement sont executees par des organismes de secteur et de milieu, sur la base de lois et reglementations visant primordialement des problemes de secteur ou de milieu.

Coordonne : les fonctions de protection de I' environnement sont toujours assignees a plusieurs ministeres et organismes sectoriels, mais la formulation de la politique ecologique est coordonnee par un organisme interministerieL

Quasi-integre : un des ministeres d'execution est charge des questions de protection de l'environnement, mais Ies possibilites de conflits d'interets avec la fonction principale du ministere ne sont pas eliminees.

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Integre : un organisme ou ministere distinct de protection de l'environnement est etabli et les fonc:tions administratives et ressources en la matiere sont transferees a cet organisme.

Source: Lovei M., 1994. Institutional Issues of Environmental Management and the Bank's Approach in Development countries, ENVPE, World Bank.

17. Surveillance. Bien que la Tunisie ait maintenant en place un cadre institutionnel bien organise, la capacite de surveillance et de sanction devrait encore etre considerablement renforcee. Les effectifs actuels sont insuffisants pour une evaluation adequate des evaluations d'impact environnemental et une surveillance suivie des tendances de pollution. En ce moment, I' attention se porte sur Ie financement et la mise en oeuvre des programmes ecologiques, tels que la preservation des sols et les programmes de lutte contre la pollution, sans que I'on se preoccupe suffisamment de I'importance de la surveillance de la degradation des res sources naturelles et des tendances de la pollution. De ce fait, les renseignements sur la situation generale et les tendances de I'environnement font dHaut. Plusieurs mesures sont prises pour y remedier, y compris l'etablissement d'un "observatoire environnemental" et la decentralisation du MEAT; Ie MEAT projette des bureaux regionaux auxqueis serait confiee la surveillance et I'imposition de sanctions au niveau regional (voir Carte 1). Ces efforts devraient ameliorer la qualite et l'homogeneite des donnees sur I'environnement. L'aptitude a surveiller les progres en matiere ecologique est indispensable au suivi des couts et avantages marginaux des investissements environnementaux, avec Ies consequences que ceia implique pour I'allocation des ressources au niveau national.

18. Mise en application. La mise en application est entravee par Ie manque de normes realistes (bien que Ie gouvernement soit en train de fixer de nouvelles normes pour la pollution atmospherique, les eaux toxiques et Ia pollution par Ie bruit) ainsi que de capacite institutionnelle pour faire respecter les normes existantes. On peut se demander si Ie gouvernement est vraiment resolu a appliquer a tout prix les normes ecologiques. Bien que I'ANPE soit officiellement mandatee pour prendre des mesures strictes contre les pollueurs, comme Ia fermeture temporaire des usines pollueuses, on observe encore beaucoup de repugnance a appliquer ces mesures, particulierement s'il s'agit d'entreprises publiques. Partout dans Ie monde I'approche qui reussit Ie mieux en matiere ecologique est une demarche integree, a base de permis, qui fait participer les poIIueurs a la fixation de nOrmes realistes et realisables.

III. PROBLEMES SECTORIELS LIES A L'ENVIRONNEMENT ET IMPLICATIONS ECONOMIQUES

A. AGRICULTURE

19. Strategie sectorieUe. La strategie de la Tunisie en matiere de developpement agricole est formulee clairement au debut du 8e Plan (1992-96). L' agriculture a ete Ie premier secteur a passer par un processus d'ajustement structurel (1987) et est toujours consideree comme Ie fondement de I'economie nationale. Bien la croissance annuelle moyenne du secteur durant fa periode du 7" Plan n'ait ete que de 3,8 %, I'Administration a estime par projection qu'elle s'eleverait a 6 % durant la periode 1995-2001. La strategie de developpement du secteur coutera a peu pres 4 milliards de DT (en prix courants), dont fa moitie doit provenir du budget de I'Etat: elle comportera cinq composantes principales, dont les elements cMs sont resumes ci-dessus.

• Mobilisation et utilisation rationneUe des ressources hydrauliques. Environ 1,4 milliard de m3 d'eau devraient etre mobilises it un cout d'un peu moins de 2 milliards de DT (ce qui correspond it un cout moyen de 0,15-0,20 DT/m3); Ie taux de mobilisation des res sources hydrauliques connues sera porte ainsi a 89 % d'ici l'an 2001.

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• Conservation des sols et des ressources natureUes. Un programme ambitieux de conservation des sols et de reboisement, dont Ie coilt prevu par projection depassera 1,5 milliard de DT, comportera essentiellement les elements suivants: gestion des bassins versants (600.000 ha), conservation des sols sur 400.000 hectares de terres qui se pretent a la production cerealiere, maintenance des travaux de conservation entrepris precedemment sur un million d'hectares, afforestation de 300.000 hectares, developpement de cultures fourrageres sur 400.000 hectares et gestion des paturages sur 2,2 millions d' hectares.

• Amelioration de la productivite agricole par l'investissement a la recherche appliquee et Ie d(:veloppement d'une production de semences de haute qualite, ainsi que de systemes culturaux aclaptes aux climats arides ou semi-arides. En outre, la vulgarisation agricole sera renforcee grace a I'appui de l'Agence de la vulgarisation et de la formation agricoles creee en 1990.

• Irltensification de la production agricole et developpement des agro-industries, en vue de trois ol~ectifs principaux: i) autarcie de la production de ble dur, d'orge et de viande; ii) reduction dts importations de sucre, de lait et de ble tendre; iii) augmentation des exportations d'huile d'olive, de fruits, de legumes et de produits de la peche. A cette fin 100.000 ha. de plus seront amenages pour I'irrigation intensive (5.000-6.000 m3/ha) 77.000 hectares de cultures cerealieres seront amenages pour I' irrigation d' appoint. D' autres mesures sont a I' etude pour I' augmentation de: la production d'huile d'olive, de betail, de betteraves sucrieres, de fruits, de legumes et de poisson et pour Ie developpement des agro-industries correspondantes.

• Amelioration du cadre institutionnel grace a des rHormes du regime foncier, des systemes de credit agricole et d'imposition de l'agriculture et de la mise en place d'un systeme subventionne d'assurance des cultures (par Ie Fonds national de garantie). Pour promouvoir la conservation de: I' eau, avec Ie soutien des associations d 'usagers de I' eau (700 nouveaux taux de coilt marginal moyen de l'eau d'irrigation seront etablis d'ici I'an 2001). Le secteur beneficiera en outre du subventionnement poursuivi des cereales, du lait et de I'huile d'olive, de la dereglementation des marches des intrants et des produits, ainsi que de la poursuite du developpement de I'infrastructure rurale (electricite, adduction d'eau et routes rurales).

20. Repartition des terres. La superficie terrestre totale de la Tunisie est de 15,6 millions d'hectares, dont 62 % classes comme surface agricole utile (se pretant a I'agriculture ou a I'elevage). La superficie cultivee est de 5 millions d'hectares, dont 2,1 millions utilises pour les cultures annuelles et 1,9 million pour les cultures permanentes (68 % en oliveraies, Ie reste en vergers et vignobles), 1 million etant en friche (Figure 1).

21. Structure des cultures et regime fonder. Le secteur agricole de la Tunisie se caracterise par une repartition asymetrique de la taille des exploitations, avec un grand nombre de petits cultivateurs (47 % ne detknnent que 8 % de la terre) et une forte concentration des terres aux mains d'un petit nombre (moins de 2 % detenant plus de 28 % des terres). La taille moyenne des exploitations est de moins de 14 ha., 85 % des exploitations comptant moins de 20 hectares (Figure 2).

22. Le regime foncier se revele de plus en plus comme une puissante contrainte au developpement futur du secteur agricole. Les principales caracteristiques de ce regime sont la fragmentation, l'absenteisme et I'absence de tit res de propriete clairs et assures. En outre, on constate Ie besoin d'un systeme de cadastre et d'institutions necessaires a un fonctionnement regulier des marches fonciers. La terre etam divisee en 1,2 million de parcelles, les 380.000 exploitations travaillent en moyenne 3,2 parcelles. Cette tendance est encore amplifiee par les successions et des facteurs socio-culturels. L'absentei.sme. allant souvent de pair avec des pratiques de culture extensive, entrave I'investissement

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et I 'intensification, en partie parce que les proprietaires absenteistes se livrent a d'autres activites economiques. Sur Ie 5 millions d'hectares de terres cultivees, quelque 54 % sont sous propriete privee, 30 % sous propriete et exploitation collective et 16 % font partie du Domaine de I 'Etal. Le tableau 5 presente certains indicateurs des du regime foncier.

Tableau 5. Caracteristiques du Rgbne foncier (a revoir apres S. Mink)

I~ete OOOha % Caracteristiques cles Privee @ 2,700 54 Absenteisme (estimation a completer)

Collective @ 1,500 30 1,2 million d 'ha privatises 300.000 en instance de titres

Etat@ 816 16 Propriete du Domaine sous bail de 40 ans a des personnes privees (86.000 ha. reserves a cet effet) 216.000 distribues aux ouvriers et techniciens

Forets 650 Quelque 340.000 ha de forets d'Etat sont a inventorier et delimiter. Les parcours collectifs doivent encore etre assujettis a la legislation forestiere (40% seulement du 1,5 million d'ha. a ete traite).

Cadastre 80% enregistre (417.000 titres); 60% des titres sont surannes* enregistrement de parcelles des systemes publics d'irrigation: 28% (a la fin du 7e Plan)

Source: 1) VIlle Plan du developpement economique et social (1992-96), Republique de Tunisie, MA, aoiit 1992; 2) Republique de Tunisie: Agricultural Expenditure Review, Banque mondiale, mai 1991. * Transferts de propriete par suite d'heritage ou de vente Ie plus souvent non enregistres. @ Terres cuItivees seulement.

23. Composition des cultures. Les tendances de la production depuis Ie debut des annees 60 mont rent que la structure de la production n'a pas connu de modifications fondamentales (Figure 3 et Tableau 6). La composition actuelle (Figure 4) est dominee par les cereales (30 %), les cultures perrnanentes (40 %, dont les olives, 27 %, servent a la production d'huile d'olive) et les jacheres (19 %). Les cultures fourrageres (9 %) et les legumes (2 %) viennent completer la composition. Les cultures industrielles, dont la valeur ajoutee potentiellc est elevee, se sont stabilisees a environ 25.000 ha. les dix demieres annees.

24. Au fil des annees, la composition des cultures n'a que peu varie par rapport a Ia stmcture actuelle, mais on a pu observer une tendance generale ascendante des superficies consacrees aux cereales et aux cultures perrnanentes (vergers et vignobIes), tres probablement aux depens des jacheres et des paturages (Tableau 6). La reduction des terres en friche pourrait indiquer une modification des systemes de base de rotation des cereales, ce qui pourrait avoir des effets negatifs sur la conservation de I'humidite des sols et, par consequent, sur Ie rendement des recoltes et la qualite des sols. Un examen des changements intervenus regionalement dans les superficies des cereales et cultures perrnanentes indique que les prelevements sur les paturages sont les plus importants dans Ie centre et Ie sud du pays, ou la majeure partie de l'elevage extensif est localisee. La region centrale, en particulier, possede 30 % du

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cheptel bovin et est en train de perdre certains de ses meilleurs paturages, car Hs sont les plus facHes a convertir en cultures cerealieres et autres. L'alternance de l'utilisation d'une terre entre la culture cerealiere et les paturages est une source importante de degradation des sols.

25. Rendement des cultures. Le rendement des cereales non irriguees oscille autour d'une tonne a I'hectare, mais on observe depuis Ie debut des annees 60 une legere tendance a la hausse, d' environ une demie tonne a l'hectare. Le rendement des cereales (et de la production agricole en general) est fortement tributaire des conditions meteorologiques. D'autres facteurs jouent aussi un role dans la variation des rendements, particulierement Ie recours aux engrais et aux semences selectionnees (Figure 5). Lors de la secheresse de 1988, par exemple, Ie rendement du ble dur n'a ete que d'environ 0,25 tonne a l'ha., mais la meme annee l'utilisation d'engrais et de semences selectionnees a egalement ete plus faible. 7

26. L'importance de la production cerealiere en Tunisie (comme dans toute la region) tient a son role traditionnel dans la subsistance et la situation economique des petits cultivateurs (moins de 20 ha. et 85 % des exploitants), ainsi que des subventions de l'Etat et des objectifs de securite alimentaire. Toutefois, tout partkulierement dans les zones de conditions defavorables en matiere de sols et de climat, la production de cereales en culture pluviale n'est ni suffisamment rentable ni soutenable d'un point de vue ecologique. Les rendements globaux n'atteignent meme pas la moitie de la moyenne mondiale et ne se comparent favorablement qu' avec les rendements de l' Afrique. Meme en admettant qu' il existe d'importantes differences d'un endroit a l'autre, les formes extensives et non durables de production cereaJiere finiront fatalement par exacerber les penuries de terres et d'eau. II faut recourir a une approche ciblee pour abandonner graduellement une production cerealiere condamnee a terme, et pour promouvoir d'autres systemes de culture qui integrent mieux la production de recoltes et l'elevage, par Ie recours a des paturages ameliores et a la culture de legumineuses.

27. Production animale. Plusieurs facteurs importants caracterisent Ie secteur de l'elevage; its ont un impact direct, bien que difficile a estimer, sur l'environnement. La politique generale du pays, qui est d'accroitre l'autarcie en matiere de produits animaux, a donne lieu a divers systemes de fixation des prix et de subventionnement (Partow et Mink, Banque mondiale, 1993), phenomene particulierement visible en periode de secheresse. C'est ainsi que durant les annees de secheresse 1988-89 et 1993-94 la taille des t:roupeaux n'a pas ete rMuite. Malgre les fluctuations annuelles, deux tendances particulieres sont a rei ever , en raison de leurs consequences potentielles pour l' equilibre global entre les unites de betail et la disponibilite d'aliments et, par consequent la capacite de charge des terres: i) l'augmentation du cheptel (Tableau 7) et ii) l'expansion des superficies cultivees (entre 1986 et 1993, Ie nombre total d'animaux s'est accru de plus de 15 %, tandis que la superficie cultivee a aug mente de quelque 5 %). Ces tendances generales doivent evidemment etre examinees en detail par especes et au niveau regional pour detenniner plus exactement ou les ressources en paturages sont mises Ie plus fortement a contribution. Toutefois, les observations initiales indiquent que Ie Centre et Ie Sud, ou les systemes d'elevage extensifs (surtout de petit betail) a base de parcours prMominent, sont aussi les regions ou l'accroissement des superficies cultivees est Ie plus frappant. Entre 1980 et 1990, les superficies cultivees ont augmente de respectivement 4,8 %, 17,6 % et 9 % dans Ie Nord, Ie Centre et Ie Sud (Msellati, 1994).8

Le coefficient de correlation simple entre Ie rendement et la quantite de semences selectionnees a ete estime a 0,65 sur la base des donnees de series chronologiques (1969-1991).

Le:; resultats de cette etude ("Contribution a une strategie des parcours" , decembre 1994) sont encore preliminaires et :ioivent ttre verifies aupres de Laurent Msellati avant de pouvoir etre cites.

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28. Trois sources assurent l'approvisionnement global de l'alimentation pour betail : les concentres; les cultures fourrageres; et les paturages. Cependant au fil des annees, la contribution des parcours a la balance globale fourragere a fortement diminue, passant de 1.200 millions d'unites fourrageres en 1964 a 533 millions d'unites fourrageres en 1990. Les premieres estimations indiquent que, en plus de la conversion des paturages en terres arables, la principale cause de cette tendance est une perte de productivite des parcours, qui ne peut etre attribuee qu'a des schemas d'utilisation insoutenables (Tableau 8, adapte de Msellati 1994).

Tableau 6. Tendances de la composition des cultures (1000 ha.)

1982 1986 1987 1990 1992

cereales 1,197 1,278 1,710 1,551 1,499

jacheres 1,184 1,091 755 875 960

c. fourrageres· 428 419 407 449 432

legumes 121 165 137 141 96

c. industrielles 9 24 27 30 24

Total partiel 2,939 2,977 3,036 3,046 3,011

huile d'olive 1,306 1,294 1,379 1,327 1,327

amandes 295 311 304 389 389

autres c. pennan. 226 210 213 257 248

Total partiel 1,827 1,815 1,896 1,973 1,973

Total 4,777 4,792 4,932 5,019 4,975

iOurce: Han ue mondiale et MA et M. . '" cultures q ourra !eres et ]e g gu mmeuses.

Tableau 7. Tendances du cheptel

1986 1993

Bovins 624,290 659,000

Ovins 5,409,080 7,110,000

Caprins 1,046,950 1,417,000

UAT (unites animales type) 1,770,000 2,085,000

)ource: (1) Tumsla Small Farmers Potential and Prospects: A TechniCal Study, Banque moridlaIe, Mars lWl; (2) Laurent Msellati, 1994.

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Tableau 8. Sources de la degradation des ressources en parcours

Millions d'unites % d'aliments

Diminution de superficie des parcours (720.000 ba en 14 ans) 145 21.7 Diminution des paturages forestiers 30 4.5 Perte dt: productivite des parcours existants (33% sur 4 millions d'ba.) 270 40.5 Parcours non utilises dans Ie Sud 138 20.7 Parcours non utilises a cause de contraintes du regime foncier 84 12.6

Perte totale 667 100

Source: L. Msellati, 1994.

29. l,a durabilite de ('agriculture irriguee. L'agriculture irriguee en Tunisie apporte au PIB agricole une contribution d'environ 30 %. Le secteur utilise quelque 82 % des ressources hydrauliques mobilisees9 et devrait continuer a Ie faire a ce meme rythme bien au-dela de I'an 2010 (Republique de Tunisie : Etude du Secteur de l'Eau, Banque mondiale, septembre 1994). La superficie irriguee s'est etendue de 7.500 ha. en moyenne annuelle durant les annees 80 et elle atteint en ce moment 300.000 ha. Cependant, les statisti.ques tunisiennes indiquent que seulement quelque 250.000 hectares sont effectivement irrigues, ce qui equivaut a un taux d 'utilisation de 83 %. Nous examinons dans les deux sections qui suivent Ie rOle de deux facteurs qui sont d'une grande importance pour la durabilite de la production agricole en Tunisie, la rarete de I'eau et la fixation du prix de celle-ci.

30. Rarete de l'eau. La Tunisie a effectue des investissements considerables dans la mise en valeur de ses ressources hydrauliques, au point que, selon les estimations, les sources traditionnelles d'eau en Tunisie seront pleinement exploitees d'ici I'an 2000 (Republique de Tunisie : Etude du Secteur de l'Eau, Banque mondiale, septembre 1994). Comme Ie solde hydraulique du pays s'amenuisera de plus en plus, tandis que I'agriculture continue a etre l'utilisateur principal, la pollution des sources imputable essentiellement a I'agriculture augmentera la salinite des ressources hydrauliques et Ie probleme de la rarete revetira encore plus d'acuite. Compte tenu de ces faits, en incorporant explicitement les contraintes de qualite lO et en supposant que la totalite de I'eau potable doit provenir de ressources dont la teneur en sel ne depasse pas 1,5 gramme Ie litre, nous pouvons examiner dans queUe mesure Ie solde d'eau representera une contrainte d'ici I'an 2010, en nous basant sur la source de I'approvisionnement, la qualite et la demande, prenant ces facteurs separement ou globalement, de la fac;on suivante:

9

10

Bien que Ie secteur se voit allouer environ 82 pour cent des ressources hydrauliques, il utilise environ 60 pour cent dans une annee moyenne (S. Mink, Banque mondiale).

Elant donne Ie manque de donnees systematiques sur la qualite de I'eau, nous limitons notre analyse 11a seule salinite, sous-estimant ainsi Ia contrainte de rarete. Nous utilisons une distribution de salinite comme suit, posant comme hypothese qu'eUe restera conslante jusqu'en 2010:

Eau de surface: 74% < I,Sgn; 24% entre I.Sgn et 3.0gn; et 2% > 3,Ogn Eau souterraine: 8.4% < I,S gIl: 31,7% entre I,S gn et 3,0 gn; et 60% > 3.0 gn

Source des donnees: (I) Tunisie : Etude du Secteur de l'Eau, Banque mondiale, septembre 1994 et (2) Developpement du tourisme et preservation de I'environnement en Tunisie. Volume II. Projet METAP. fevrier 1994.

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36. Fixation des prix de l'eau. Sur la base des sources de donnees disponibles, les estimations actuelles de la valeur, du prix et du cout de l'eau sont resumees au Tableau 11.

Tableau 11. Valeur, prix et com de l'eau

Utilisation Valeur de I'eau (DT/m~ Prix de .'eau (DT/m3) Cont de I' eau (DT 1m3)

Agriculture 0,34 - 0,48 0,04 (Annexe 5, Etude du eau souterraine: 0,24 - 0,52* (details aI' annexe 1) Secteur de l'Eau, eau de surface: 0,15 - 0,39*

mai 1994 & Mink) eaux usees traitees: 0,25* Cout de l'eau additionnelle : 0,15-0,20/(1996-2001) (voir par. 19)

Domestique: 1 - 14 (consentement a 0,32 (moyenne de 1993 0,45# Urbaine payer pour fourniture de la liste des tarifs de la 0,86# Rurale privee)& SONEDE)

Industrie 0,59@ 0,59 (tarif Ie plus eleve 0,45# de la SONEDE)

Tourlsme O,59@ 0,59 (comme l'industrie) 0,45#

* Projet Annexe 4 (Rezebos) "Valeur et cout de l'eau", Tunisie : Etude du Secteur de l'Eau, Mission de la Banque mondiale 1993/94) & Projet d'annexe 4. "Valeur et cout de 1 'eau", Tunisie : Etude du Secteur de l'Eau, Mission de la Banque mondiale 1993/94. Base sur des donnees fragmentaires et s'appliquant aux disponibilites irregulieres d'eau. # Etude economique sur l'eau potable en Tunisie, Rapport, Ie partie, M. L. Lahouel et al., novembre 1993. @ Faute de donnees, on suppose que la valeur de l'eau est egale au prix de l'eau de la SONEDE pour les utilisateurs des plus fortes quantit6s (> 151 m3 /trimestre). Les fonctionnaires tunisiens ont indique au cours de nos discussions que, dans l'industrie et Ie tourisme, certains operateurs commencent a exploiter d'autres sources d'eau, parce qu'ils estiment que Ie prix de la SONEDE est trop eleve, une indication du consentement a payer, que nous prenons comme variable de substitution pour la valeur de l'eau dans ces deux secteurs.

37. Ces estimations indiquent que: i) l'eau est toujours subventionneell (d'environ 94 millions de DT par an, la difference entre cout et prix moyens); ii) Ie niveau de subventionnement est encore plus eleve si l'on tient compte du consentement a payer; iii) la valeur ajoutee moyenne de l'eau dans l'agriculture (estimee a l'annexe 1 comme se situant entre 0,34 et 0,48 DT/m3

) represente environ Ie double du cout moyen actuel de mobilisation de l'eau et iv) a mesure que Ie cout marginal moyen de la fourniture d'eau d'irrigation augmente (rappelons que d'ici l'an 2010 les ressources disponibles auront ete mobilisees pour la plupart) la valeur ajoutee par reau devra egalement augmenter, ce qui semble recommander que soit entreprise une analyse detaillee par region et culture pour determiner la composition des cultures la plus economiquement viable et ecologiquement durable pour Ie pays. Un objectif important sera it d'identifier des zones determinees du pays ou la production peut etre soutenue sans mesures distortives, sans insuffisance du prix des res sources naturelles et sans mise en danger de l'environnement.

38. Degradation des sols. Soixante pour cent des ressources en sols utiles de la Tunisie (estimees entre 8,5 et 10 millions d'hectares) sont sujets a differentes formes de degradation d'intensite variable, sous les effets combines de phenomenes naturels et de l'activite humaine. Le schema de la pluviosite du

II Si reau d'irrigation est vendue dans sa totalite au prix de 0,04 DT/ml mais cofite en moyenne 0,22 DT/ml, Ie montant de la subvention s'e\i:verait a quelque 284 millions de DT. Toutefois, selon Steve Mink, 20 % seulement de l'eau d'irrigation sont subventionnes, ce qui place Ie montant total des subventions a 52,1 millions de DT.

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pays (importantes variations regionales, cadence, irregularite, ruissellements importants, et inondations sporadiques violentes) et Ia topographie montagneuse s'ajoutent aux facteurs socio-economiques (pression demographique sur Ie couvert vegetal, notamment I'exploitation de terres marginales utilisees auparavant pour Ie paturage et Ie deboisement) ainsi qu'aux pratiques inadequates de gestion (labourage Ie long des pentes, dechaumage, et operations mecaniques) pour engendrer une importante erosion des sols.

39. Le document tunisieI!de 1992 "Rapport national a la Conference des Nations-Unies sur }'environnement et Ie developpement" et Ie "Rapport sur l'etat de l'environnement" de 1993 identifient quatre causes principales de degradation des sols.

a. L' erosion due ai' eau et aux inondations entraine des pertes de sol qui equivalent a retirer chaque annee definitivement 11.000 ha de la production. Cette forme d'erosion est predominante dans Ie nord (7} %) et Ie sud (23 %); les taux estimatifs d'erosion s'etablissent a entre 5 et 50 tfha/an. On ne dispose pas de donnees regionales detaillees, mais les donnees partielles figurant au Tableau 12 donnent une indication de la tendance de l' erosion a se repandre en Tunisie et de la gravite de ce probleme.

Tableau 12. Repartition de l'erosion dans la Tunisie septentrionale

Classe Nord-ouest Nord-est Totale (Ha) d'erosion

Ha % Ha %

Faible 301,500 26.1 301,500

Moderee 242,800 21.0 183,000 19.9 425,800

Serieuse 148,200 12.8 27,000 2.9 232,200

Tres grave 57,000 6.2

Total regional 1,155,000 100 918,000 100 2,073,222

Source: Sols de Tunisie. Bulletin de la division des sols, N° 11, 1980, Ministere de I'agriculture, Tunisie

b. Desertification, due a l'erosion eolienne, ala salinite et a l'affaiblissement genetique des parcours, qui entraine annuellement la perte de 8.000 ha de terres relativement productives.

c. Empietement des villes. On estime que l'urbanisation rapide observee entre 1975 et 1985 s'est produite essentiellement sur des terrains agricoles. On estime que 4.000 ha sont perdus definitivement pour l'agriculture chaque annee.

d. La salinisation, due a des variations de la nappe phreatique et aux pratiques d'irrigation, contribue a une pei1e de quelque 1.000 ha par an.

40. En outre la degradation des ressources pastorales (effet global des terres perdues pour la culture, pertes de productivite et autres facteurs) peut etre estimee a environ 23 % de la demande globale d'aliments pour animaux (une valeur alimentaire de 460.000 UTA).12 II faut noter, toutefois, qu'une partie de cette perte est compensee par la conversion de terres a d'autres fins.

12 En supposant qu'une unit~ type d'animal exige 1450 uni~s d'aliment par an.

B. INDUSTRIE ET ENERGIE

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41. Structure et tendances du secteur industriel. Durant les demieres decennies, Ie developpement industriel a ete comme Ie piIier central de la strategie du developpement en Tunisie. Le pays possede maintenant une importante base industrielle qui a represente 31 % du PIB en 1992 contre 24 % en 1970. 13

L'industrie manufacturiere est la principale compos ante du secteur (elle consiste principalement en agro­industries, materiaux de construction, machines, textiles et produits chimiques), suivie de la production de carburants, Ie gaz et I'electricire et l'extraction (principalement des phosphates et de fer). La Tunisie a enregistre de bons resultats en matiere de croissance des exportations, Ies exportations de produits manufactures s'etant accrues de 9 % par an durant la periode 1980-92, quoique cette croissance se soit raIentie ces dernieres annees. Ce taux de croissance a ete atteint grace a une combinaison de mesures qui ont favorise la stabilite macro-economique et ont accentue I'orientation de I'economie vers l'exterieur.

42. Structure et tendances du secteur de I'energie. Les principales sources d'energie primaire en Tunisie sont Ie petrole et Ie gaz naturel. La structure de consommation d'energie s'est fortement modifiee les 30 demieres annees, au point que la consommation de gaz a atteint 30 % de Ia consommation totale d'energie en 1992 contre seulement 7 % en 1970. Les sources traditionnelles d'energie (principalement Ie bois) constituent une importante source d'energie pour les menages, mais Ies donnees relatives a la consommation de bois sont toutefois limitees. La demande d'electricite augmente annuellement de 6 %, ce qui exigera une expansion de la capacite de production de la Tunisie. Cette demande sera probablement couverte en grande partie par une augmentation de I 'utilisation de gaz naturel, ce qui constitue une evolution positive du point de vue de I'environnement. La societe d'electricite de l'Etat (STEG) estime que 80 % de la capacite actuelle de production pourraient se servir du gaz.

43. "Points chauds" sur Ie plan kologique. L'activite industrielle et energetique se deroule principalement autour des centres urbains ou la pollution affecte la sante et Ie bien-etre de larges segments de la population. La pollution industrielle s' est regulierement accrue en Tunisie au cours des 20 demieres annees. L'activite industrielle est considerable et diversifiee et elle se concentre principalement autour des grandes villes et Ie long des cotes. Au moins 12 % des 10.000 etablissements industriels officiellement enregistres ont ete identifies comme importants pollueurs. Les "points chauds" sur Ie plan ecologique (regions ou les problemes lies a la qualite atmospherique, a Ia pollution provoquee par Ies eaux industrielles et municipales et les dechets solides ont tendance a converger) sont d'importants centres de concentration demographique cotiers : Tunis, Bizerte, Sousse, Sfax, Gabes, Gafsa et Bizerte. C'est dans ces centres que I' on trouve les principales industries a la source de la pollution de I' eau et de l'atmosphere, ainsi que les installations portuaires et les sites touristiques. Les pJages de la region de Sfax et de Gabes sont fermees depuis plusieurs annees en raison de la pollution industrielle. Bien qu'il ne s'agisse pas de plages touristiques et que la pollution ne semble pas avoir d'effet negatif sur Ie tourisme, jusqu'ici du moins, si la pollution industrielle n'est pas maitrisee Ie tourisme pourrait etre menace.

44. La reglementation regissant l'occupation des sols dans ces regions est mal definie, ce qui se traduit par lajuxtaposition de zones industrielles, de plages touristiques et de regions residentielles. Tres peu d'etablissements industriels ont des stations de pre-traitement sur site qui soient en etat de fonctionnement ou capable de traiter les effluents industriels generes. Les rejets industriels sont rarement pre-traites et it n'existe pas de stations centrales de traitement. Historiquement, I'industrialisation rapide notamment pendant les annees 60 et les annees 70 s' est faite sans prise en compte des problemes de pollution.

13 Rapport sur Ie developpement dans Ie monde, 1994.

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45. Pollution industrielle: analyse comparative. Si I' on veut evaluer les progres de la Tunisie en matiere d'environnement, on fait bien de comparer les resultats atteints avec ceux d'un certain nombre de pays de differentes regions et qui presentent des similitudes en ce qui concerne la taille de I' economie ou Ie stade de developpement economique. Sur la base de donnees empruntees au Systeme de projection de la pollution industrielle (IPPS) de la Banque mondiale,14 les intensites et charges de pollution ont ete estimes pour 28 secteurs a trois chiffres de la CITI pour la Tunisie (TUN), Ie Chili (CHL), l'Equateur (ECU), la Jordanie (JOR), Ie Portugal (PRT, la TharIande (THA) et la Turquie (TUR). Le systeme SPPI est base sur la premisse que lila pollution industrielle est fortement influencee par I'echelle de l'activire industrielle, sa composition par secteur et les procroes technologiques qui president a sa production. " Comme les donnees sur la production industrielle ne sont pas immediatement disponibles pour tous les pays, l'on recourt a des informations sur la production provenant d'enquetes aupres des industries pour estimer les intensites de pollution (c.-a-d., la pollution par unite d'activite). Un certain nombre d'indicateurs sont choisis, de f~on a englober toute la gamme des effets de la pollution. Tout d'abord, trois indicateurs doivent mesurer la pollution toxique respectivement de l'air, de I'eau et du sol; puis la DBO (demande biochimique en oxygene) et les MES (matieres en suspension) indiquent Ie degre d'intensite de la pollution de l'eau; enfin N02 (dioxyde d'azote), S02 (dioxyde de sulfure) et COV (composes organiques volatils) sont utilises pour l'intensite de la pollution atmosph6rique. IS Les resultats comparatifs sont resumes a la Figure 6 et dans les tableaux qui I'accompagnent.

46. Plusieurs observations import antes peuvent etre etablies. Premierement, la Tunisie presente les memes structures de pollution que d'autres pays, en particulier Ie Portugal, Ie Chili, la Jordanie et la Turquie, mais la comparaison lui est favorable. Deuxiemement, en ce qui concerne la qualite de l'eau, Ie degre relativement eleve de MRS et la modicite relative de la DBO traduisent peut-etre Ie fait que I'on se preoccupe davantage du traitement des eaux usees que des problemes de sedimentation et de dechets industriels. Troisiemement, la Tunisie a Ie degre d'intensite Ie plus eleve pour Ie N02, ordinairement Ie resultat de la combustion de carburants fossiles; ceci indique peut-etre I'inefficacite relative des techniques dans les secteurs de I'industrie et des transports.

47. La repartition de I' intensite de la pollution au sein du secteur industriel de la Tunisie revele aussi certaines structures interessantes (Voir a la fin de la presente etude des tableaux abreges ou detailles de la repartition de 1a pollution). L'industrie chimique contribue Ie plus a la pollution toxique (respectivement 52 % de 1a pollution atmosph6rique, 70 % de celIe de I'eau et 60 % de celle des sols); des facteurs de pollution beaucoup moins importants sont la papeterie, la siderurgie et Ie textile. La pollution de l'eau est presque entierement attribuable a I'industrie alimentaire (53 % de 1a DBO) la siderurgie (82 % des MES), la papeterie (21 % de la DBO et 6 % des MES) et l'industrie chimique (18 % de la DBO et 8 % de la TSS). La production de mineraux non metalliques, la siderurgie, I'industrie chimique et les raffineries de petrole sont 1es principaux pollueurs de I'atmosphere.

53. Impacts de la pollution sur la sante. Ce qui importe n'est pas la quantite totale de polluants degages, mais bien les dommages qu'ils causent a la sante humaine et a I'environnement. Une quantire

14

IS

"The Industrial Pollution Projection System", par H. Hettige, P. Martin, M. Singh et D. Wheeler, decembre 1994.

Les indicateurs de toxicite sont utilises parce qu'ils tiennent compte des metaux Iourds qui empoisonnem Ies !tres humains. La DBO et Ies MES sont des indicateurs classiques de la qualite de \'eau qui revelent des implications directes pour la sante de I' ecosysteme et les besoins de traitement des eaux; les nitrates et les coliformes sont encore des indicateurs de Ia quaJite de l'eau qui ont plus directement trait it la sante humaine, mais !'IPPS ne les comprenait pas. Pour ce qui regarde !a pollution atrnospherique, S02 et N02 sont causes par Ia combustion des carburants fossiles utilises dans les activites de transport et industrielles, et Ie COYest particulierement important dam, les industries petrochimique et plastique; tous ces polluants agissent sur la sante humaine.

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croissante d'indices font conclure a un rapport coherent entre la pollution atmospherique et la sante. Cependant, les rapports entre la sante humaine et/ou I'endommagement des ecosysoomes, I'exposition a divers facteurs, les concentrations de pollution ambiantes et les emanations de toutes sortes sont compUques et ne peuvent etre compris qu'a I 'aide de donnees abondantes et d'analyses approfondies. On ne dispose que de tres peu de donnees consolidees sur I'impact de la pollution tant du point de vue des dommages effectifs causes a la popUlation et a l'environnement et meme de la mesure OU ceux-ci y sont exposes en Tunisie. Neanmoins, sur la base des estimations etablies pour I 'ensemble de la region MENA (MENA Environmental Strategy, Banque mondiale, 1994), on estime que la pollution atmospberique de la Tunisie entraine une perte annuelle de 105.000 DALY (annees de vie ajustees en fonction des maladies). 16

49. Politique gouvemementale de lutte contre la pollution. Jusqu' en 1990, Ie gouvemement n' avait pas de politique homogene et integree concernant la pollution industrielle. L'organisme charge de surveiller la pollution industrielle n'avait ni Ie personnel ni Ies moyens financiers qu'illui fallait pour s'acquitter d'une f~on credible de sa fonction de surveillance. Les inspections n'etaient que sporadiques et meme alors Ia mise a execution n'etait que partielle, etant donne Ie manque de normes adequates de qualite de l'environnement. Jusque 1988, it n'y avait aucune limite aux emanations dans l'atmosphere et it n'existait que des normes partielles sur les effluents liquides des principaux pollueurs, mais les limites etaient souvent tellement strictes qu'elles etaient impossibles a observer. Les reglementations concernant l'evacuation des dechets etaient egalement inexistantes.

50. Avec la creation de l' ANPE en 1988, la situation s'est considerablement amelioree. L' Administration est actuellement en train d'elaborer de nouvelles normes environnementales et un cadre de prevention de la pollution qui combine des reglementations economiques et ecologiques, des incitations basees sur Ie marche, une surveillance, une mise a execution et des accords negocies entre Ies entreprises et les auto rites , tout cela etant base sur une strategie bipartite:

• l'assainissement des zones fortement polluees (les "points chauds") • la promotion d 'une croissance industrielle "propre" ou la pollution est maintenue dans des normes

acceptables.

51. Depuis 1992, des efforts considerables ont ete deployes pour nettoyer les points chauds et institutionnaliser Ie recours aux evaluations d'impact sur I'environnement. Des plans d'action ecologique ont ete mis au point pour Ies zones industrielles de Bizerte, du Grand Tunis, de Sousse, de Sfax, de Gabes et de Gafsa. Deux plans specifiques pour les tanneries et les industries de traitement des produits agricoles ont egalement ete lances. Les mesures appliquees en vertu de ces plans comprennent Ia mise en place d'installations de pretraitement et de traitement. En general, toutefois, les industries considerent toujours les mesures de Iutte contre la pollution comme une charge qui menace la rentabilite. Bien que Ie gouvemement se soit rallie au principe du "pollueur payeur", celui-ci doit encore etre mis en application. Le coOt de la lutte contre la pollution et, chose plus importante, de sa prevention, doit encore etre integre dans les preoccupations des industriels car it n'y a pas d'impOts sur la pollution. Cependant, certaines autres mesures ont ete prises, qui contribueront a la prevention de la pollution, y compris la creation du FODEP (voir para. 11). Les tarifs de l'eau et de I'energie ont egalemcnt ete majores. Les autorites ont egalement commence a augmenter les tarifs de l'electricite en 1990 et ceux-ci

16 Une ann~e de vie ajust~e en fonction de maladies mesure Ia perte de vie en bonne sanre; elle est basee sur les annees perdues du fait de mortalire pr~matur~e et de morbidM.

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sont maintenant juges conformes au cOlit marginal a long terme. 17 Les tarifs de l'eau se sont egalement eleves considerablement ces dernieres annees; toutefois la consommation d'eau est tarifee selon une echelle mobile suivant la categorie d'utilisateurs et Ie volume de I'eau consommee. Bien que, pour les grandes unites industrielles, Ie prix de l'eau ait deja atteint un niveau qui couvre son cout de distribution, il est fort possible que les petites entreprises ne se sentent pas encore assez incitees a economiser I' eau.

52. PoJitique gouvemementaIe de conservation de l'energie. La strategie du gouvernement pour la roouction de I'impact de I'energie sur l'environnement consiste en une gestion de la demande, une approche preventive, plutot qu'en un recours aux solutions frappant la consommation effective. Pour la prochaine decennie, les principaux elements de la strategie du gouvernement sont: i) Ie lancement d'un programme de rendement de l'energie dans les principaux secteurs; ii) la poursuite de la politique d'ajustement des prix; iii) la preparation de reglementations qui doivent formuler des normes d'efficience de I'energie; entin, iv) la poursuite de I'incitation a I'utilisation de gaz naturel comme source finale d'energie. Ce programme couterait estimativement 65 millions de DT durant la periode 1990-2001. II permettra d'economiser 300.000 tonnes d'equivalent petrole d'ici I'an 2000, ce qui correspondrait a 50 millions de dinars.

53. Le gouvernement vise aussi a ce que I'utilisation de gaz naturel se repande a toutes les centrales electriques, ce qui reduirait les emanations de CO2 et eliminerait pratiquement Ie S02' Dans Ie scenario Ie plus pessimiste, Ies emanations de S02 n'augmenteraient que de 20 % a 30 % d'ici I'an 2000, alors que la demande d'electricite augmenterait de 50 % a 75 %. Ces emanations disparaitraient entierement si Ie prix du gaz devenait concurrentiel par rapport a celui du mazout. Les emanations de CO2

diminueraient de 3% a 5% d'ici I'an 2000 grace a une amelioration de I'efficacite du cycle combine et de 16 % a 33 % si Ie gaz naturel est utilise au maximum.

54. Lt! gouvernement projette aussi d'investir 100 millions de dinars au cours des dix prochaines annees dans Ie developpement de I'energie renouvelable en vue des programmes suivants.

• developpement du biogaz dans les zones rurales, Ie potentiel etant estime a 30 millions de m3 par an, l'equivalent de 50.000 m3 de bois

• developpement de chauffc-eau solaires -- 800.000 menages pourraient etre equipes de ces appareils qui pourraient economiser 300.000 tonnes d'equivalent petrole par an. Le programme du GEF a accorde a la Tunisie un don de 4 millions de dollars pour subventionner Ie prix d'achat de chauffe-eau de faeon a accelerer leur diffusion

• di~,tribution de systemes photovoltaiques de dimensions roouites dans les zones rurales eloignees du reseau electrique.

55. Croissance industrielle future et ses consequences pour l'environnement. Le secteur industriel devrait jouer un role central dans la croissance economique future de la Tunisie. Le gouvernement se propose de libenUiser encore davantage son economie et s'est fixe un objectif de croissance annuelle du PIB de 6 % au cours des cinq prochaines annees. L'industrie, particulierement la croissance des exportations manufacturieres, est regardee comme un secteur economique indispensable a la realisation de cet objectif. Cette importance accrue attachee a la privatisation et a la promotion des exportations est de bonne augure pour I'environnement, car Ia concurrence avec les pays de I'VE exigera vraisemblablement que les entreprises se conforment a des normes ecologiques plus strictes. L'histoire

17 Banque mondiaJe, 1994. Rapport d'achevement du projet: quatrieme pro jet d'~lectricite pour Ia Tunisie.

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enseigne que les problemes de pollution ont eu tendance a etre beaucoup plus graves dans les pays a politique economique autocentree, ou la croissance industrielle est attendue d'entreprises d'Etat, comme ce fut Ie cas pour l'Europe de l'Est, la Chine, et I'lnde. 56. L'etroite interaction entre Ie developpement du secteur prive, la liberalisation economique, une croissance "propre" et les avantages pour la sante humaine est indeniable. II importe souverainement que Ie gouvernement formule une politique et etablisse un cadre institutionnel qui assure une croissance rap ide et propre, s'il veut tirer avantage de ces liens positifs. A cet effet it est imperatif de demanteler les obstacles tarifaires et non tarifaires a I' importation de technologies non polluantes, et de supprimer les subventions aux intrants, qui decouragent la conservation des ressources et les ameliorations de I' efficience. Ces reformes doivent aller de pair avec I' application de redevances ou impots sur les activites polluantes afin d'encourager une utilisation efficiente des ressources et reduire les niveaux de pollution (voir para. 89).

C. TOURISME

57. Aper~u general. Depuis les annres 60, Ie tourisme a connu en Tunisie une croissance explosive, devenant rapidement une de ses plus importantes sources de devises. En 1993, les recettes du tourisme en devises ont atteint pres de 1,3 milliard de dollars, soit 30 % des recettes des exportations de marchandises, si bien que Ie secteur a apporte au PIB une contribution de 6 % (a verifier). Le tourisme est aussi une importante source d'emploi direct et indirect, creant 200.000 emplois dont 60.000 directs; it exerce un effet positif sur d'autres parties de I'economie, comme I 'agriculture, les industries manufacturieres et la construction.

58. Le tourisme tunisien est essentiellement un tourisme de masse qui s'adresse it un grand nombre de touristes a budget reduit dans des stations balneaires. La Tunisie est consideree comme une des destinations mediterraneennes pour les voyages it prix forfaitaire, au meme titre que la Grece et l'Espagne, bien que la densite des tits soit moins elevee en Tunisie que dans ces pays concurrents. En 1993, 3,6 millions de touristes ont sejourne en Tunisie. Le pays comptait 144.000 lits d'hOtel fin 1993 contre 4.000 en 1962. Quatre-vingt kilometres sur une cote de 1.300 km sont maintenant equipes en stations de vHiegiature, groupees autour des villes de Sousse, Monastir et Hammamet.

59. Les etudes de marche indiquent qu'it existe toujours une demande non satisfaite de tourisme de masse a bon marche dans Ie bassin de la Mediterranee. 18 Le gouvernement souhaite vivement tirer parti de ce potentiel et encourager une croissance supplementaire du secteur touristique, dont la contribution a I'economie, particulierement sous forme de creation d'emplois et de centres de devises, est jugee cruciale. De nouvelles incitations au tourisme ont ete adoptees en 1993 dans Ie cadre du Code d'Investissement Unique; Ie gouvernement espere qu'elles permettront d'atteindre son objectif qui est de porter la capacite d'accueil de 130.000 tits d'hOtel a 200.000 d'ici l'annee 2000.

60. Politique gouvemementale. On peut distinguer trois periodes dans la politique du gouvernement en matiere de tourisme au cours desquelles on a enregistre une sensibilisation croissante aux liens entre Ie tourisme et I'environnement :

1963 a 1972 - Le tourisme se developpe au petit hasard sans guere de planification. L'Etat intervient uniquement en accordant aux hOteliers des avantages fiscaux et financiers et en effectuant des

18 Comete Engineering 1994. Developpement du tourisme et preservation de l'environnement en Tunisie (projet METAP).

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investissements directs dans des amenagements touristiques. Quatre-vingt dix pour cent des amenagements representaient des stations balneaires, dont beaucoup sont baties Ie long de dunes cotieres, ce qui cause des problemes d'erosion it long terme.

1973 il1981 - Cette periode se caracterise par la prise de conscience de l'insuffisance des infrastructures, notamment en matiere d'adduction d'eau et d'assainissement, dans les zones touristiques, avec les risques que cela comporte pour la sante humaine. Le gouvemement commence a faire preuve de plus d'activisme, developpant de fa~on strategique six "zones touristiques": Tunis-nord, Tunis-sud, Hammamet-NabeuI, Sousse, Djerba et Zarzis. Ces zones ont fait l'objet d'investissements sur une grande echelle, avec Ie financement de la Banque mondiale, en adduction d'eau, assainissement, electricite, routes et communications. Des efforts ont ete entrepris pour Ie nettoyage des plages, Ie controle de la qualite de l'eau dans les zones balneaires, la reduction des dangers pour la sante publique et la protection de I'Mritage culturel du pays. En ce sens, Ie tourisme a eu en Tunisie une incidence favorable sur 1 'env ironnement , car it a encourage des investissements en services d'eau et d'assainissement et en amelioration de l'environnement dans les zones cotieres.

1982 - moment present - Le gouvemement adopte une politique de developpement plus "integre" des stations touristiques en elargissant la gamme des attractions, y compris des terrains de golf et des ports de plaisan(:e. Plus recemment, I' Administration etudie les moyens de diversifier davantage Ie tourisme, en encourageant les touristes it visiter l'interieur du pays, en organisant des vacances culturelles et des excursions dans Ie Sahara, etc. Cette periode se caracterise aussi par une comprehension plus profonde des liens entre I'environnement et Ie tourisme. Le Ministere de I'environnement et de l'amenagement du territoire (MEAT) elabore Ie programme "Main bleue" qui vise it proteger les ressources marines et cotieres. Dans Ie cadre de la loi de finances de 1993, un fonds special de protection ecologique des zones touristiques est constitue. Les etablissements touristiques sont assujettis it un impot de 0,5 % sur leur revenu; son produit sert a financer des projets de nettoyage et d'amelioration des localites touristiques et des zones cotieres. Au total, l'accent se deplace du subventionnement du tourisme vers l'encouragement des etablissements touristiques a payer Ie COl.lt integral de I'eau et de l'energie et, plus recemment, celui des terrains.

61. Tolllrisme et environnement. II existe essentiellement un rapport bilateral entre Ie tourisme et I'environnement. D'une part, un environnement intact attire les touristes, de sorte que la degradation environnementale peut avoir un effet negatif sur les recettes du tourisme mais, d'autre part, Ie tourisme lui-meme peut entrainer une degradation, car les foules de touristes mettent a une rude contribution les ressources rares en terrains et en eau et leurs activites peuvent endommager les ecosystemes maritimes et cotiers.

62. II est difficile d'isoler les effets environnementaux du tourisme sur la base de ressources naturelles et sur Ia sante humaine de ceux des activites industrielles et de I 'urbanisation qui sont egalement concentres Ie long des cOtes, bien que I'effet de ces demiers soit probablement plus puissant que celui du tourismt~. Celui-ci n'est pas une importante source de pollution. Son incidence la plus directe est celie sur l'integrhe des systemes maritimes et cotiers et il est difficile d'evaluer ce dommage. Etant donne la co~nplexite de la situation et Ie manque de donnees, it est egalement difficile de chiffrer Ie COllt economique de !'incidence de la degradation de I'environnement sur Ie tourisme. Toutefois, il est possible d'enoncer certaines observations sur la durabilite environnementale du tourisme.

63. Impact sur les ressources en terrains. Le tourisme est un des principaux utilisateurs des terrains cotiers, toul comme l'industrie et l'urbanisation. La Tunisie possede 1.300 kIn de cotes, dont 525 kIn de plages de sable. La cote tunisienne est deja amenagee sur 80 kIn pour Ie tourisme et Ie gouvemement projette d'en amenager 74 kIn de plus, de sorte qu'ici it I'an 2005 un total de 154 kIn, soit 12 % de la

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cote, seront amenages pour Ie tourisme, et cela sur une superficie de 10.000 ha contre 4.000 en ce moment. 19

64. II n'existe encore aucun plan integre d'occupation des sols pour l'amenagement de la zone cotiere; divers organismes participent a cet amenagement et leur coordination est minime. Les autorites en matiere touristique decident de la localisation de nouveaux centres touristiques sans guere de communication avec d'autres autorites. II est rarement tenu compte des consequences indirectes du developpement du tourisme, par exemple sur la croissance des zones urbaines avoisinantes. Alors que les stations touristiques elles-memes sont ordinairement pourvues d'une infrastructure adequate, les agglomerations urbaines en question s'etendent d'une maniere anarchique et manquent generalement des infrastructures qui leur permettraient de tenir tete a la demande croissante d'eau et de services de base et a l'augmentation des ordures menageres.

65. Les ressources cotieres dont l'industrie touristique de la Tunisie est tributaire sont fragiles et sensibles aux press ions de la construction que Ie tourisme de masse requiert. Une partie considerable du littoral qui a ete amenage pour Ie tourisme est deja sujette a l'erosion et recule graduellement. Un des principaux problemes est que les hoteliers ont construit trop pres du bord de la mer, detruisant ainsi l'integrite naturelle des zones cotieres et provoquant I 'erosion. Les reglementations de planifications cotieres ne sont guere respectees. Les dunes de sable sont mobilisees par la construction ou la disparition de leur vegetation, it mesure que les vacanciers les frequentent, ce qui accelere Ie processus d'erosion. Si les tendances actuelles se poursuivent, les plages des iles de Djerba et de Kerkennah devraient disparaitre dans quelques decennies. L'erosion cOtiere a son tour menace l'infrastructure touristique.

66. Un autre facteur qui aggrave la fragilite des plages tunisiennes est l'elevation du niveau de la mer. D'apres les mesures faites, Ie niveau de la mer est monte de 3,6 mm par an it Sfax. Ces chiffres depassent ceux de la montee generale du niveau de la mer, observee partout dans Ie monde et imputable a une modification climatique globale, et qui a ete estimee a 1,4 mmlan entre 1881 et 1980 et it 2,3 mmlan pour la periode 1930-1980.

67. Tourisme et consommation d'eau. Dans les zones touristiques la consommation d'eau par tete est beaucoup plus elevee que dans Ie reste de la Tunisie. En moyenne la consommation quotidienne d'eau potable s'eleve it 574 litres par lit d'h6tel occupe (300 l.Ijour par lit installe) contre une moyenne de 70 l. par personne et par jour pour l'usage domestique. Le tourisme pourrait ainsi donner I'impression de concurrencer Ies autres activites economiques pour les ressources en eau. Cependant la consommation totale du secteur touristique ne represente que 6 % de Ia consommation globale d'eau potable, bien que celIe des touristes augmente plus rapidement que celle de tout autre secteur. L'eau deviendra vraisemblablement une contrainte de plus en forte au developpement du tourisme, notamment dans Ie Sud et des les nes de Kerkanneh. 20

68. Des progres encourageants ont deja ete realises en matiere de fixation des prix de l'eau, Ie secteur touristique etant facture au tarif Ie plus eleve, soit 585 millimes Ie m3 (Tarif de 1993). Ce prix

19 Comete Engineering, 1994.

II ya deja des problemes localises relatifs ala quantire d'eau. Dans la region de Hammamet, les hOtels om creuse des puits pour irriguer leurs terres. La plupart d'entre elles sont toucMes par l'assechement au fur et a mesure de I'epuisement des ressources en eaux souterraines. Les reglementations en matiere d'eau sont rarement respectees et les hotels avoisinants ont acces aux memes nappes phreatiques en depit des limitations de pompage. Une plus grande utilisation de I'eau traitee pourrait contribuer a reduire ce probleme.

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eleve a amene certains hotels a construire et a exploiter leurs propres installations de desalination, ce qui se revele une fa~on plus efficace par rapport au cout de satisfaire leurs besoins en eau.

69. L'administration tunisienne, sous les auspices de l'ONAS, a mis en place dans les regions cotieres un sysreme de traitement des eaux usees superieur a celui de la plupart des pays mediterraneens. Sur la totalite des eaux usees recueillies, 76 %, proportion impressionnante, sont traitees. Tous les hOtels sont tenus d'etre relies au systeme d'egouts. L'extension continuelle du champ couvert par les egouts a produit un volume croissant d'effluents traites. Le gouvemement encourage activement la reutilisation des eaux usees et celle-ci a deja lieu dans une certaine mesure dans les zones touristiques pour I'arrosage des terrains de golf. Les eaux traitees mais non utilisees sont deversees en mer a un kIn du rivage. Le secteur touristique possede peut-etre Ie plus grand potentiel de reutilisation des effluents traites.21 Le tarif eleve de l'eau et sa forte utilisation par lit gonflent les factures des etablissements touristiques. La reutilisation reduirait Ie montant de ces factures, en diminuant la demande d'eau potable qui est plus chere que Ie 0,25 dinar que coutent les eaux usees.

70. La qualite de l'eau de mer dans les zones balneaires est surveillee par l'Etat et est generalement bonne. La pollution maritime constitue un probleme dans certaines zones, comme a Sfax, Gabes et Tunis, mais elle n'a pas encore touche les plages touristiques (bien que les plages locales soient fermees). EIle n'en represente pas moins une menace future pour Ie tourisme, si rien n'est entrepris pour combattre Ia pollution.

71. Conservation de l'eau et de l'energie. Les hotels tunisiens ont ameliore leurs economies d'eau et d'energie. Un nombre croissant d'hOtels adoptent des techniques modemes pour reduire leur consommation d'energie et en ameliorer la rentabilite, par exemple des unites de climatisation et des robinets qui s' eteignent ou se ferment automatiquement.

72. Gestion de la zone cotiere. L'absence d'une gestion adequate des zones cotieres est une des causes principaies de la degradation et de Ia pollution cotieres. II conviendrait d'adopter une approche integree de I'amenagement colier pour harmoniser la croissance simuitanee de l'industrie, de l'urbanisation et du tourisme dans les zones cOtieres, laqueIle est en train de mener a des difficultes sociales environnementales intolerables a la longue. Pour remedier a cette situation, Ie MEAT elabore en ce moment, de concert avec les autres ministeres interesses, une "charte cotiere", qui contiendra des directives en vue d'un amenagement cotier integre tenant compte des preoccupations sociales et ecologiques. Cette charte n'aura, toutefois, guere d'effet si l' Administration n'est pas habilitee a interdire la constru(:tion dans certaines zones protegees. Une solution serait peut-etre que PEtat achete les terrains qui doivent etre proteges comme c'est Ie cas du "National Trust" en Angleterre et de la "Conservation du littoral' en France. Le cout de cette mesure pourrait etre recupere si la zone protegee etait ouverte au public.

73. Plans de developpement du tourisme et leur durabilite ecologique. Selon une etude, recemmem achevee22 et effectuee sous les auspices du MEAT avec un financement du MET AP, qui traite de l'impact du tourisme sur l'environnement, it convient de limiter les plans de developpement du tourisme dans certaines zones afin d'en assurer la durabilite environnementale, dans les cas ou: i) une expansion des amenagements detruirait certaines zones ecologiquement sensibles; ii) Ie manque de

21 Hanrahan, D.,1994. Development of Effluent Reuse in Tunisia.

Cornete Engineering, 1994. Developpement du tourisme et preservation de I'environnement en Tunisie (projet METAP).

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ressources hydrauliques et d'une infrastructure d'assainissement entrave Ie developpement du tourisme et iii) l'echelle des projets proposes en comparaison des ressources humaines existantes menerait fatalement a des effets indirects extremement negatifs, tels qu'un niveau tres eleve d'immigration.

74. Impact social. Sur la base des donnees disponibles et des observations faites sur place, I'etude a conclu qu'aussitot que l'emploi direct cree par Ie tourisme atteint un quart de la population de la zone immediate d'implantation touristique, it en resulte une immigration rap ide et une urbanisation anarchique. Elle recommande donc de reduire la taille de projets qui emploieraient probablement plus d'un tiers de la population d'ici Ii l'an 2004. Ceci vaut pour cinq regions: Zouaraa, Skanes, Ie littoral entre Nabeul­Hammamet et Sousse et les iles de Kerkennah et Djerba.

75. Impact physique. Si Ie nombre de tits mentionne ci-dessus est reduit, .. impact physique du developpement du tourisme sera attenue. Toutefois, une reduction encore plus severe des plans du tourisme se recommande dont sept regions: les iles de Kerkennah et de Djerba ou l'environnement est fragile par nature et ou l'approvisionnement en eau et l'assainissement sont difficiles, et cinq aut res ou la construction d'hOtels risque de provoquer I'erosion du rivage ou la destruction d'ecosystemes tels que les bancs de coraux et les marais salants.

76. Au total, il est Ii conseiller que l'augmentation prevue du nombre de Hts soit reduite de 30 % (I 'equivalent de 138.000 tits) pour arriver Ii un total de 326.400. Ceci cadre avec les objectifs de developpement du tourisme au cours des 20 prochaines annees et ne constituerait aucune contrainte serieuse au developpement du tourisme (voir carte 2).

77. Une question fondamentale est celIe de savoir si la rapidite du developpement du tourisme en Tunisie pourrait en fait compromettre la rentabilite future du secteur. La demande de ce type de tourisme de villegiature est en baisse partout dans Ie monde et d'autres pays, comme la France et l'Espagne, eprouvent des difficultes a convertir des zones de stations surdeveloppees qui ont perdu de leur succes en quelque chose de plus attrayant. En outre, comme les etablissements touristiques sont contraints de payer Ie prix integral de leurs terrains, des autres res sources et du respect des normes ecologiques, its devront rechercher des rendements plus eleves. II semble donc imperatif de reflechir a la fa~on de diversifier l'industrie touristique en Tunisie et de developper un produit a valeur ajoutee plus elevee. Le gouvernement est conscient de ce besoin; aussi certaines pistes de reflexion sont-elles suivies pour Ja mise en place de programmes touristiques plus diversifies et de plus grande valeur. Toutefois, it est encore necessaire d'examiner sous un angle strategique la viabilite economique et ecologique des plans actuels de developpement. Les tendances actuelles semblent indiquer la necessite d'une certaine reduction d'echelle des projets et d'une gestion plus judicieuse de la bande cotiere.

IV. com COLLECTIF DE LA POLLUTION DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA DEGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES

78. La Tunisie a fait d'importants progres sur Ie plan economique et a pris conscience des defis et des contraintes que font peser la pollution de l'environnement et la degradation des res sources naturelles. Dans Ie dessein d'enregistrer de nouveaux gains de bien-etre, Ie pays cherche resolument a integrer les objectifs environnementaux avec les objectifs generaux de developpement. Les progres realises jusqu'ici sont considerables, mais la realisation de progres additionnels et durables dependra de l'etablissement de liaisons permanentes au niveau macro-economique, en incorporant systematiquement les couts et avantages de I' environnement et des res sources naturelles dans les compromis qui doivent etre faits

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continuellement. La presente section met en lumiere certaines des liaisons les plus importantes et leurs consequences possibles pour l'economie.

A. SA.NTE PUBLIQUE ET ENVIRONNEMENT

79. Les problemes ecologiques continuent a poser de serieux risques pour la sante publique, particulierement pour celle des populations rurales qui y sont Ie plus exposees, tandis que l' economie tunisienne poursuit son expansion:

• quelque 2,5 millions d'habitants n'ont pas d'acces a de l'eau salubre (tous dans les zones rurales) e1t plus de la moitie de la population (4,5 million), dont les deux tiers en milieu rural, manque d'un assainissement salubre.

• 2,5 millions d'habitants vivent dans des agglomerations urbaines eprouvant des problemes (au moins potentiels) de pollution atmospherique imputables aux emanations industrielles ainsi qu'aux transports et a I'utilisation d'energie.

80. Suivant une estimation etablie pour I'ensemble de la region MENA (MENA Environmental Strategy, Banque mondiale, 1994) et ramenee a une base par habitant, la perte de vie humaine, a cause de mortalite prematuree et d'infirmite, pourrait bien atteindre 2,3 millions d'annees de vie ajustees en fonction de I'infirmite (DALY). Sur cette charge totale, environ 11 %, so it 150.000 DALY par an, pourraient etre attribues aux causes tenant it I'environnement, la qualite mediocre de I'eau, Ie manque d'acces it I'eau, a I'assainissement et it I 'hygiene, en plus de 105.000 DALY dus it la pollution atmospherique et au surpeuplement des habitations. Le cout social de ces problemes environnementaux pourrait bien etre considerable. Le fardeau que constitue Ie manque d'eau et d'assainissement it lui seul, si I'on evalue la perte de vie active (DALY) causee par la mortalite prematuree et la morbidite en termes du PIB courant par habitant ($1.700), depasse 250 millions de $EV (Tableau 14).

81. Vne amelioration de I'eau et de I'assainissement peut donner lieu it une reduction appreciable de la mortalite et morbidite. 23 En Tunisie, la foumiture d'eau potable salubre (it 2,4 millions d'habitants, presque taus dans les zones rurales) et d'un assainissement (it 4,5 millions d'habitants, dont plus des deux tiers dans les zones rurales) reduirait Ie DALY de 100.000 par an, soit environ deux tiers des maladies d'origine hydrique. Les couts sociaux economises par la prevention de DALY imputables au manque d'eau salubre et d'assainissement entrent dans une fourchette de 170 it 255 millions de $E.V., sans compter l'economie du cout des soins de sante connexes. Le surplus des consommateurs du it la difference entre Ie prix et ce qu'its consentiraient it payer rend la foumiture d'eau salubre et d'assainissement encore plus profitable (s'ajoutant a la valeur des DALY economises).

B. COLrr DE LA DEGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES

82. Le cout collectif global de la degradation des res sources naturelles est probablement eleve, mais n'est pas facile a chiffrer. Certains des effets a consequences economiques sont: i) les couts subis sur place dus Ii une baisse de la fertilite des sols et aux pertes de productivite, couts ordinairement supportes par les proprietaires ou exploitants et qui nuisent a long terme a la productivite et it la valeur des terres; ii) les couts subis a distance, dus a I'envasement des reservoirs et a la reduction de leur capacite de

23 Base sur un examen de 144 etudes publiees dans Ie bulletin de I'Organisation mondiale de la sante, 1991.

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retention, ala perte d'eaux de ruissellement deversees en mer, aux risques accrus d'inondations et leurs consequences pour les localites sinistrees, a la baisse de qualite des eaux rendues troubles, a une diminution de la valeur de loisirs, augmentation des couts de dragage des fosses, cours d'eau et ports.

83. D'autres formes de degradation des ressources naturelles ont des incidences plus difficiles a identifier et a evaluer, comme l'epuisement de ressources genetiques de faune et de flore, pertes d'integrite des ecosystemes et pertes d'heritage culturel et archeologique. II est fort difficile d'estimer l'ampleur de la perte de ressources biologiques. C'est ainsi que la steppe d'alfa en Tunisie, utilisee pour la production de fourrage et de papier et qui joue un role des plus importants comme barriere contre Ia desertification, s'est amenuisee a un taux moyen de 5.800 ha par an au cours du dernier siecle. Divers facteurs y ont contribue, en particulier Ie surpAturage, Ie manque de gestion des parcours, les problemes de statut foncier et la politique agricole. La valeur des ressources cotieres et les recettes du tourisme sont toucMes par la surexploitation des ressources halieutiques, Ia pollution bacteriologique provenant des decharges d'eaux usees des menages et du tourisme, Ia pollution provenant des activites industrielles et des hydrocarbures et la degradation des plages.

84. Bien que I' on ne dispose pas de suffisamment de donnees pour calculer, meme par approximation, Ie cout social total de la degradation des ressources naturelles, H est possible de se faire une idee de certaines composantes plus facHes a estimer. C'est ainsi que Ie cout collectif partiel de la degradation des sols par l'erosion est estime a 30 millions de DT par an (I'estimation correspond au cout d'option des terrains agricoles et de Ia capacite de retention des reservoirs, sur la base de la valeur ajoutee agricole) (Tableau 13).

Tableau 13. CoOt annuel de la degradation de l'environnement et des ressources naturelles

Couts aonuels de sante 1994

Manque d'eau salubre/assainissement 150.000 DALY ou Mortalite SEU 255 millions

Pollution atmospherique et surpeuplement 105.000 DALY ou $EU 178 millions

Degradation des ressources naturelles Perte directe de productivite SEU 14,4 millions Capacite de retention des reservoirs SEU 13,3 millions Pertes de ruissellement $EU 216 millions@ Degradation des piturages 270 millions de FU

Cout social total par an > $EU 670 millions

@Cette estimation est basee sur la valeur 1,2 milliard de m3 au prix de l'eau net du emit de mobilisation (0,18 DT/m3

) et sans y apporter d'ajustement pour les ressources capturees indirectement.

V. CONCLUSION: RELATIONS MACRO-ECONOMIQUES ET DEVELOPPEMENT DURABLE

85. La Tunisie a deploye d'importants efforts pour combattre la pollution de l'environnement et la degradation des ressources naturelles. En particulier, elle a fait de bons progres dans la reduction des subventions a l'eau, a l'energie et aux produits agrochimiques. II est indispensable de continuer a reduire ces subventions pour parvenir a une approche plus integree de la gestion des ressources naturelles; celle-ci

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donnera lieu a des gains d'efficience moyennant i) une reallocation des ressources naturelles entre les secteurs suivant leur efficacite par rapport au cout, et ii) un effort accru de conservation. 'A present, la politique de developpement du gouvemement est toujours fortement axee sur I'offre, l'investissement public jouant un r61e essentiel. C'est ainsi que Ie Huitieme Plan prevoyait environ 4 milliards de $EU pour I'investissement dans I' agriculture et la conservation des eaux et des sols. Le gouvemement pourrait s'engager dans un sentier de developpement plus facile a soutenir, si ses investissements etaient mieux cibles et accompagnes i) d'une gestion plus active de la demande; ii) d'une politique recourant davantage aux incitations; iii) d'une reduction des obstacles et d'un soutien aux transferts de technologies plus favorables a I'environnement, comme des technologies propres pour I'industrie et des techniques a valeur ajoutee plus elevee et a meilleure conservation des ressources pour l'agriculture; iv) d'une reforme du regime foncier par une clarification des droits de propriete et I'appui institutionnel Ii l'apparition de marches fonciers efficaces; enfin v) d'un renforcement des institutions chargees d'appuyer Ies systemes de Ia surveillance et de l'execution des lois, la diffusion des informations, la participation des citoyens ala conduite des affaires publiques, ainsi que Ia recherche et la vulgarisation.

86. Il est en particulier deux domaines OU Ia Tunisie peut faire davantage de progres dans Ie renforcement des liens entre la politique macro-economique et environnementale et dans I'internalisation des couts sociaux de la pollution, les mesures de recuperation des couts et les imp6ts sur Ia pollution.

87. Recuperation des couts. Une partie importante des depenses publiques est consacree aux activites qui ont un effet direct sur la qualite de I'environnement et I'utilisation des ressources naturelles. La plupan des depenses fiscales en question sont consacrees ala fourniture d'eau, d'assainissement, d'eau pour I'irrigation, a Ia conservation des sols et de I'eau, I'electricite et I'infrastructure des transports. La fourniture de ces services aux usagers a un prix faible ou nul met obstacle a leur utilisation rationnelle, ce qui cause des problemes de pollution et des habitudes de consommation des res sources naturelles impossibles a soutenir. En outre, ces depenses publiques (irrecouvrables) entrainent d'autres couts d'opportunite: i) une fourniture plus faible de services dans d'autres zones (p.ex. I'adduction d'eau et I'assainissement dans les campagnes et Ies franges des agglomerations) avec tous les couts en matiere de sante et d'environnement que cela entraine et ii) une aggravation possible de Ia charge fiscale discretionnaire. avec les distorsions qui s'ensuivent et l'effet negatif de celles-ci sur I'investissement des particuliers et des societes.

88. Une politi que de recuperation integrale des couts, tant de I'investissement que du fonctionnement et de Ia maintenance peut donner lieu a des avantages considerables en matiere d 'utilisation efficace des ressources naturelles, en particulier de l'eau, de protection accrue de la sante de la population, d'incitations a investir davantage dans la croissance economique, de reduction de la fiscalite distorsive et d'augmtmtation des recettes pouvant etre consacrees a des interventions sociales bien ciblees.

89. Red.evances et imp6ts sur la pollution. En plus du recouvrement des couts, une internalisation du cout social de la pollution, notamment Ii mesure que l'industrie, Ie tourisme et I'agriculture poursuivent leur expansion, se traduirait par une plus grande efficacite et contribuerait Ii la protection de l'environnt!ment.. L'urbanisation et I'industrialisation continuelles, l'expansion du tourisrne, l'intensification de l'agriculture et la croissance demographique peseront de plus en plus lourd sur les ressources de base, I'air, l'eau et la terre. Ces pressions, causees par Ies activites qui epuisent les res sources naturelles et sont source de pollution, constitueront un fardeau plus pesant encore sur Ia collectivite tunisienne, Ii moins que soient prises des maintenant des mesures qui mettent effectivement en application Ie principe du pollueur payant dans tous les secteurs de l'economie. Des redevances de pollution snr les activires polluantes, liees directement au niveau des emanations, ainsi que des taxes sur certains intrants et produits, encourageront une utilisation rationnelle des ressources et Ie freinage de la pollution par les pollueurs eux-memes. La charge fiscale doit etre transparente, equitable et non

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distorsive. Les principaux domaines d'imposition de la pollution sont l'energie, I'essence aplomb, les produits agrochimiques, les dechets dangereux et les decharges d'eau polluee dans l'industrie et I 'agriculture. En outre, une taxe sur les ressources naturelles liee a l'utilisation des sols pourrait renforcer les incitations a une utilisation durable des terres (Tableau 14).

90. Le cout annuel estimatif de l'attenuation de la pollution de l'air et de l'eau et de la fourniture d'eau potable et d'assainissement les 10 a 15 prochaines annees n'est pas facile a verifier. A titre indicatif, sur la base d'une approximation (par habitant) empruntee a la strategie environnementale de la region MENA (Banque mondiale, 1994) 1 'investissement annuel necessaire les 10 prochaines annees serait de I'ordre de 190 a 260 millions de $E.U., montant qui equivaut a environ 30-40 % de la mobilisation potentielle des ressources tirees de la recuperation des couts et des taxes sur la pollution (Tableau 14).

Tableau IS. Mobilisation potentielle de ressources (par an)

Recouvrement des couts

Electricite Adduction d'eau (SONEDE)* Assainissement (ONAS)* Mobilisation d'eau (reservoirs etc ... )# Irrigation# Eau potable (zones rorales)# Conservation des sols et de l'eauH

Subventions diverses

Agriculture# Industrie Tourisme Autres

Redevances de pollution

Total partiel

Total partiel

Eau d'irrigation (a titre d'illustration: $E.U. 0,05 par m3 pour 20 % de 1.575 Mm3

)

Eau industrielle (85 M a $E. U. 0,05) Eau pour Ie tourisme (20 Mm3 a $E.U. 0,05) Ressources de terres agricoles @ Plomb dans l'essence ($E.U. 65,00 par tonne)

Total partiel

$EU (convertis du DT, selon I'hypothese que 1 $EU = 1 D1)

(ne figure pas dans Ie budget de 1'l1tat) $E.U. 154,3 $E.U.93,3 $E.U. 120,0 $E.U.44,4 $E.U. 14,9 $E.U.56,7

$E.U.20,0

$E.U. 16,0 $E.U. 4,0 $E.U. 1,0 $E.U.50,0 $E.U.18,0

$E. U. 484 millions

$E. U. 20 millions

$E. U. 89 millions

* Source: Social public expenditures, Banque mondiale, 1994. # Source: Budget d'investissement, Ministere de I'agriculture, 1994. Dans: Revue des depenses agricoles VIlle Plan de developpement 1992, 1993, 1994, Banque mondiale. @ Sur Ja base de 2 % du PIB agricole par hectare

91. Le programme de recuperation des couts et d' impats sur la pollution presente a titre d'illustration, bien que base sur des approximations, indique c1airement une trajectoire pleinement gagnante qui reunit

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une croissance economique menee par Ie secteur prive, un recouvrement des couts de la fourniture de services et d'utilisation des ressources naturelles et une internalisation des couts sociaux de la pollution autant que possible. Toutefois, un certain nombre de ref ormes institutionnelles et autres doivent !tre poursuivies ou amorcees en ce qui concerne l'elimination des obstacles a une croissance industrielle propre, y compris Ie role des entreprises publiques a cet egard et Ie regime foncier. Certains groupes de la population seront incapables de remunerer les services qui leur sont rendus, mais des recettes fiscales supplementaires permettront a l'Etat d'elaborer une conception bien ciblee de la fourniture de services aux personnes vraiment necessiteuses.

92. La Tunisie a fait des progres notables sur Ie plan de I'economie comme de l'environnement. La structure de ses problemes environnementaux est comparable a celIe des pays qui se trouvent a un stade similaire de developpement, mais l'ampleur de sa degradation est loin d'etre aussi serieuse que dans certains pays en developpement comme ceux de I'Europe de I'Est (voir la figure des indicateurs comparatifs de I'environnement). En de nombreux domaines, notamment I'assainissement, la Tunisie a depasse les realisations meme de certains pays de l'OCDE, comme I'Espagne et l'Italie. Neanmoins,les estimations initiales figurant dans la presente etude font ressortir que Ie cout collectif de la pollution de l'environnement et la degradation des ressources naturelles est considerable (670 millions de dollars par an). Seule la marche vers une integration complete des poUtiques environnementale et economique permettra de reduire ce cout. Toutefois, comme on l'a mis en lumiere dans Ie present rapport, deux ref ormes plus specifiques s'imposent: i) la poursuite de la reforme des structures d'incitation, I'accent etant mis en particulier sur les mecanismes de recuperation des couts et les impots sur la pollution et ii) l'achevement du systeme de gestion de I 'environnement , une importance speciale etant attach6e a I'integration de la structure institutionnelle et au developpement de la capacite de suivi des progreso

ANNEXE 1

Estimations de la valeur ajoutee de l'eau dans l'agriculture

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Hypothese: la valeur ajoutee de I'eau (V AE) dans I'agriculture peut etre calculee globalement par approximation en deduisant la valeur ajoutee moyenne de Pagriculture irriguee (V AMAI) et la valeur ajoutee moyenne de la totalite de l'agriculture (VAMTA); on peut egalement etablir une estimation en rempla~ant V AA T par la valeur ajoutee moyenne de I' agriculture non irriguee (V AMANI). Notons aussi que si I'on disposait de donnees specifiques sur Ie budget des cultures, des estimations plus precises pourrait etre obtenues pour des cultures determinCes, la composition des cultures et les regions.

Sur la base des donnees suivantes:

Valeur ajoutee agricole totale en 1994 (V AAT) = 2,4 milliards DT Contribution de l'agriculture irriguee a la V AAT (30 %):

VAAl = 0,3*VAA = 720 millions de DT Contribution de I'agriculture non irriguee (1-,30) a la V AAT:

VAANI = 0,7*VAA = 1.680 millions de DT Superficie cultivee, jacheres comprises: SCjc = 5,0 millions d'ha. Superficie cultivee, jacheres comprises: SCjc = 4,0 millions d'ha. Superficie theoriquement irriguee: STI = 300.000 ha. Superficie effectivement irriguee: SEI = 250.000 ha. Taux moyen d'irrigation: TMI = 5.250 m31ha.

Nous calculons ensuite, par hectare, la valeur ajoutCe agricole totate, irriguee et non irriguee:

VAAT = 2.400 millions/Sou 4 millions d'ha. (selon que les jacheres sont comprises ou exclues) = 480-600 DT Iha;

VAANI = 1.680 millions de DT/5 ou 4 millions d'ha. (selon que les jacheres sont comprises ou exc1ues) =·336-420 DT/ha.

VAAl = 720 millions de DT/3oo.000 ou 250.000 (selon que I'on tient compte des terres irriguees en theorie ou en fait) = 2.400-2.880 DT/ha.;

Nous calculons enfin la valeur ajoutee agricole moyenne par metre cube d'eau en considerant 8 scenarios d6finis par toutes les combinaisons possibles des valeurs de V AA T et V AANI.

La valeur ajoutee de I'eau dans I'agriculture:

VAE = {VAAl -[VAAT ou VAANI]}/TMI = [0,34-0,48] DT/m3•

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Distribution de l'intensite de pollution (% du total)

CITI3 Air Eau Sol DOB SST S02 NOz VOC CITI3 Produits alimentaires 311 1.41 2.16 2.95 52.84 1.08 6.15 9.58 4.98 Boissons 313 0.26 0.21 0.11 3.25 0.48 1.20 1.19 4.03 Tabac 314 1.70 0.06 0.09 0.01 0.00 1.38 1.30 0.86 Textiles 321 4.05 4.08 1.31 0.43 0.05 1.74 3.55 3.25 Habillement, sauf chaussures 322 0.09 0.00 0.02 0.00 0.00 0.04 0.02 0.03 Produits du cuir 323 0.77 0.17 0.97 0.14 0.03 0.07 0.03 0.35 Chaussures, sauf

caoutchouc ou plastique 324 1.01 0.00 0.02 0.24 0.02 0.01 0.00 0.16 Produits du bois, sauf meubles 331 0.58 0.01 0.07 0.18 0.07 0.36 1.09 2.64 Meubles non metalliques 332 1.62 0.01 0.08 0.00 0.00 0.05 0.05 3.50 Papier et produits 341 6.72 9.18 1.48 21.32 5.86 6.30 5.39 3.56 Imprimerie et edition 342 0.50 0.00 0.04 0.01 0.00 0.01 0.56 Produits chimiques industriels 351 36.41 69.20 50.36 17.85 2.60 10.05 17.24 26.18 Autres produits chimiques 352 16.37 2.55 10.12 0.66 5.44 5.01 3.02 11.78 Raffineries de petrole 353 2.97 1.22 6.87 0.85 0.35 10.84 9.69 17.83 Divers prod.

petroliers et houillers 354 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 Produits du caoutchouc 355 1.24 0.02 0.36 0.00 0.19 0.66 0.35 2.20 Produits en plastique 356 3.99 0.05 0.65 1.20 0.00 0.02 0.01 0.77 Poterie, porcelaine, ceramique 361 0.49 0.01 0.44 0.05 0.01 0.06 0.04 0.68 Verre et produits du verre 362 0.21 0.09 0.07 0.00 0.00 0.59 1.82 0.47 Autres produits mineraux

non meta1liques 369 5.16 0.47 4.14 0.27 0.37 39.09 34.33 3.55 Siderurgie 371 4.62 8.94 14.45 0.07 82.28 14.67 9.90 6.10 Metaux n.on ferreux 372 0.35 0.07 0.51 0.39 0.45 0.80 0.04 0.09 Produits metalliques fabriques 381 4.39 1.26 2.65 0.08 0.18 0.14 0.73 3.55 Machines non electriques 382 0.06 0.01 0.02 0.00 0.00 0.01 0.01 0.05 Machines electriques 383 3.35 0.19 1.83 0.15 0.02 0.63 0.48 1.30 Materiel de transport 384 1.41 0.03 0.33 0.00 0.00 0.12 1.10 1.43 Materiel professionnel

et scientifique 385 0.03 0.00 0.01 0.00 0.00 0.00 0.00 0.00 Autres produits manufactures 390 0.22 0.02 0.05 0.00 0.51 0.01 0.01 0.12

Voir Ie texte (para. 50-52) pour Ia definition des indicateurs de pollution.

38'

...

Q

eo 9-e COMIlTE Engineering 10"

I Cartel

Kerkennah. ~

DIRECTIONS REGIONALES DU MINISTERE DE L'ENVIRONNEMENT

ET DE L'AMENAGEMENT DUTERRITOIRE

DRLN : Littoral Nord (Tunis)

DRLC : Littoral Central (Sousse)

DRLS : Littoral Sud (Sfax)

DRPPN : Hauts plateaux et plaines du Nord (~ja)

DRS : Steppes (Kairouan)

DRSS: Sud saharien (Tozeur)

Si~ge de direction regionale L .... ~~ ___________________________________ ~

•. r·

ZOlW'ai : 4 500

••

. Douz: 1440

PROposmON SIMPLIFlEE DfUNE NOUVELLE PLANIFICA TION o Capacite initiale ~.'.. .. '" Rigiotl de recher:he ~ de nouvellux proJets

• Proposition de capacite restreint~ ~:.' .' ,.

MER MEDfTERRANt.E '!"

Annele . Page 39 d

1

Menzel Temime: 9500

Ghedabna : 4 SOO

~

~""'."'1""

• I 10000lits -""T'""--~-lIIoo'5 000 IIts

Carte 2

Figure 1. Repartition des terres

cultivees jach6res olives c. vivaces for6ts

Annexe I Page 40 de 49

pAturages marginales

Repartition des terres en pourcentage

13%

II eunlvl!es

39% II jachltres

[]ollves

8% Se. Vlvaces

Bfor~ls

4% BpAturages

m marglnales

26%

50%

45%

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0%

Figure 2. Structure des exploitations agricoles

II Exploitants

III Superflcle (ha) i

Annexe I Page 41 de 49

0-5 ha 5-10 ha 10-20 ha 20-50ha 50-100 ha 100+ ha

50% .

45%-

40% + 35% T 30% t 25% ·r

20% .;.

15% --

10%

Tallie des exploitations

5%

O%,-----~------~------+_----_+----~

0-5

ha 5-10

ha 10-

20ha 20-

50 ha so-100

ha

100+ ha

- Exploltants

- Superflcle (ha)

.!! I -c 0 :g :::J

~ Q.

.!! CD "0 .. CD

f ~ :::J 0 a.

Annexe I Page 42 de 49

Figure 3: Tendances de la structure de la production

35

30

25 -1962-71

20 -1972-81

15 -1982-91

10 --1992

5 -1993

0 c6reales 8utres plantes b6ta1l poisson

vlvaces

27%

AnDexe I Page 43 de 49

Figure 4: Composition des cultures (1000 he - 1992)

5%

9%

mcereales

lID jacheres

iI fqurrageres

Eillegumes

• industrlelles

Ii huile d'olive

. IJI amandes

16

14

12

10

8

6

4

2

0

~ ..... ..... en ..... .....

1,6

1,4

1,2

1

0,8

0,6

0,4

0,2

0

~ ..... S; ..... .....

Annexe I Page 44 de 49

Figure 5. Semences selectlonnees et tendances des rendements

- Ote(OOOOT) -6-Rendement (T fha)

~ ~ .....

~ ..... en ..... .....

- Ote(OOOOT) -6- Rendement (T fha)

I I I I I I I I I I C') LO .....

~ S; S; S; ..... ..... ..... ..... ..... ...

Annexe I Page 4S de 49

Figure 6: Water pollution by type of industry

:;

7000

6000

~ 5000 S ~ 4000 ~ i 3000 III

-g 2000 ~

1000

o +-------l-

Metal products

(incl'g machinery

Iron and steel

Source: Industrial Pollution Projection System. World Bank.

Food products

Textiles Wood Paper and Chemicals Non-products products metallic

mineral products

45000

40000

135000

is 30000

~ 25000

i 20000

i 15000

2 10000

5000

o -t----+_

Metal products

Uncl'g machinery)

Iron and steel

Source: Industrial Pollution Projection System

Annexe I Page 46 de 49

Figure 7: Air pollution by type of industry

Agro­processing

Textiles Wood products

Paper and Chemicals Non-metallic products mineral

products

300c1

2SOCI

2000

1500

1000

SOCI

(I

Annexe I Page 47 de 49

Figure 8. Intensite de la pollution (pounds par million de $EU de production)

Tunisie Chili Portugal Jordanie Turquie

.Air

aEau a sol

Annexe I Page 48 de 49

Intenslte de pollution comparative (pounds par million de $EU de production) (Donnees de la Figure 8)

Tunlsle Chili Portugal Equaleur Jordanle Thallande Turqule

AIr 801 1285 1024 687 1~ 489 874

Eau 147 125 223 98 268 51 165

Sol 1469 2849 1915 1 163 2793 835 1958

DOB 726 1469 962 1021 809 529 566

TSS 8897 17671 6718 7567 11738 4811 13169 N02 4585 2548 2974 3002 2063 2947 3579 S02 4579 12642 4380 4979 7582 3405 6509 voe 1475 1832 1963 1920 3089 1526 2132

Voir Ie texte (paras. 50-52) pour la definition des indlcateurs de pollutIon.

Distribution de l'lntensite de pollution (% du total)

CITl3 CITl3 Nr BIu Sol COB TSS

Proc:Iulls alimental .. 311 1,41 2,18 2,95 52.84 1,08

Paplerel produlls 341 8,72 9,18 1,48 21.32 5.86

Proc:Iulls chlmlques IndUSlr1e18 351 36,41 69,20 50,36 17,85 2,60

Autres prodUIIs chlmlques 352 16,37 2.55 10,12 0,66 5,44

RIIIIInerIeII de p6trole 353 2,97 1,22 6.87 0,85 0,35

Autres produlls mln6raux non m6taillques 369 5,18 0,47 4,14 0,27 0,37

Sk:l6rurgle 371 4,62 6,94 14,45 0.07 82.28

Voir Ie texte (paras. 50-52) pour la cUlftnHlon des Vlll'lables.

S02 N02

8,15 9,58

6,30 5,39

10.05 17,24

5.01 3.02

10,84 9,69

39,09 34,33

14,67 9,90

voc 4,98

3,56

26,18

11,78

17,83

3.55

6,10

1 ~

~i i'~ oIIo.~ '0_

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ANNEXE II

POLITIQUES DE PROMOTION DE LA CONCURRENCE

I. Liberalisation des echanges commerciaux

Restrictions quantitatives et systeme de licences

1. Avant la promulgation de la legislation de mars 1994 regissant les echanges internationaux, les importations etaient reglementees en Tunisie par un systeme compose de deux regimes, un premier regime libre selon lequel les operations d'importation etaient soumises a l'obtention plus ou moins automatique d'un certificat d'importation, et un deuxieme regime restrictif selon lequel une autorisation administrative, une licence ou une carte d'importation etait requise, suivant Ie caractere des importations, la taille de la firme ou de l'importateur et les besoins de celui-ci. Ce systeme etait un systeme de liste positive specifiant les biens regis par Ie regime libre, tous les biens non inclus etant soumis au second regime restrictif. La loi de 1994 a simplifie la procedure administrative en unifiant les procedures d'autorisation, et -ce qui est plus important- elle a remplace la liste positive par une liste negative OU ne figurent que les biens encore soumis au regime restrictif.l

2. Jusqu'a 1986, les importations etaient pour la plupart fortement reglementees aussi bien par des droits de douane eleves que par Ie systeme de licences. Les difficultes rencontrees au niveau des paiements exterieurs en 1985 et 1986 ont impose une modification de l'orientation des politiques et amene Ie gouvernement a entreprendre un vaste programme de reformes en de nombreux domaines, notamment dans celui du commerce exterieur, l'objectif ultime etant la promotion de la competitivite et des exportations .

3. La nouvelle politique de liberalisation a perm is ala Tunisie de devenir, en 1990, membre a part entiere du GATT, apres avoir beneficie d'un statut d'observateur depuis 1959. En prenant part aux negociations de I' Uruguay, elle s' est engagee a une suppression progressive des restrictions quantitatives et a leur remplacement par des droits a l'importation.

4. Le demantelement des licences d'importation s'est fait graduellement. En 1986, plus de 94% des importations -en termes de lignes tarifaires- etaient soumises a licence. Ce regime etait encore plus restrictif qu'auparavant, car les importations non soumises a restriction representaient en 1983 plus de 20% du total des lignes tarifaires (Tableau 1.1). La reforme du commerce exterieur a ete reellement amorcee en 1987, quand la part des importations liberalisees a ete portee a 20% de positions tarifaires et a presque 32 % de la valeur totale des importations. Durant les deux premieres annees de l'ajustement structure I (1987-88) la reforme a porte essentiellement sur la liberalisation des importations de matieres premieres, de biens semi-finis et de biens de capital. A la fin de 1988, presque 40 % des importations ont ete exemptees de restrictions ; la part des importations libres de biens d' equipement, se situant a pres de 70 %, depassait de loin celIe des autres biens, mais 54 % des

. 11 Loi n° 94-41 en date du 7 mars 1994 (Article5).

ANNEXE2 Page 2 de 33

importations de mati~res premi~res (energie exceptee) et des biens semi-finis etaient egalement Iibres de restrictions (Tableau 1.2). Toutefois, la part relativement elevee de biens de consommation libres (41 % en 1987 et pr~s de 32% en 1988) est trompeuse, car cette categorie comprend du tissu utilise principalement par des firmes textiles off-shore pour leurs activites d'exportation.

5. La suppression des licences s'est poursuivie apr~s 1988 et a ete graduellement etendue aux produits alimentaires et energetiques ainsi qu'aux biens de consommation. Pour la totalite des biens, la part des importations non soumises h restrictions se chiffrait, en termes de lignes tarifaires, h pr~ de 73 % en avril 1994 et h plus de 76% apr~s la publication de la liste negative des importations h la fin d'a06t de la meme annee (Tableau 1.4). En termes de valeur des exportations, les importations liberalisees ont atteint en 1993 pr~ de 77% des importations totales2

; I'energie a ete partiellement Iiberalisee mais les importations de produits alimentaires sont encore reglementees dans une large mesure par Ie syst~me de licences (fableau 1.2).

6. Comme iI est bien connu, i1 est plus significatif d'evaluer Ie degre de liberalisation par rapport h la part de la production interieure protegee par les licences d'importation, vu que la liberalisation a pour but de pr'Jmouvoir la competitivite, en expos ant les firmes interieures h la concurrence etrang~re, et d'induire une reallocation de ressources en fonction d' avantages comparatifs. Sur la base de ce crit~re, on peut estimer que Ie rythme de la liberalisation a ete fort lent au debut du PAS, la part de la production interieure pour laquelle les importations ne faisaient pas I'objet de restrictions ne depassait pas respectivement 6% et 14% de la production totale en 1988 et 1989 (Tableau 1.3). La quasi-totalite des produits alimentaires, textiles et miniers etaient encore proteges par Ie syst~me de licences. L'abolition des restrktions quantitatives ne s'est en fait acceIeree que depuis 1992, annee oil presque la moitie de la production interieure a commence h ~tre expo see h la concurrence d' importations non soumises h restriction. Cette part est passee h 60% en 1993 et s'etablissait, selon les estimations officielles/ h 83% de la production interieure totale en 1994. Selon Ie Budget Economique de 1995, la Iiberalisation devait s'etendre d'ici la fin de l'annee 1995 h d'autres biens representant 8,5% de la production interieure. Une fois cette Iiberalisation projetee realisee, les licences ne seront plus requises que pour des produits de base subventionnes et des produits de luxe representant 8,5 % seulement de la production interieure.

7. Lt~s estimations preparees pour ce document de travail font etat de taux de production interieure plus faibhl pour lesquels les importations ont ete liberalisees que celles estimees auparavant. La mesure de la part de la production national protegee par les restrictions h l'importation peut donner des resultats tr~ differents selon la methodologie et les ponderations de production selectionnees. Ces nouvelles estimations sont basees sur la liste negative la plus recente, celIe d'a06t 1994. Cependant, ces calculs consid~rellt les produits energetiques comme etant parmi les produits sous restrictions, mais ces produits ne Ie sont pas sur la liste negative. Toutefois, l'etat detient un monopole d'importation de ces produits ~ travers une entreprise parapublique (ETAP). On trouvera au Tableau 1.41es taux de liberalisation des differentes activites et de I'ensemble de l'economie. Pour I'agriculture et la p~che, la suppression des licences porte sur environ 54% de la production interieure ; et, pour l'instant, les auto rites n'ont pas I'intention de Iiberaliser Ie reste. Les cereales et la plupart des legumes et des animaux sur pied (vaches) sont encore protegees par des licences.

'1:.1 Selon des estimations plus recentes, Ie rapport entre les importations liberalisees et la valeur totale des importations n'I:.st que de 11,5% depuis la pUblication de la liste negative it la fin d'aout 1994 (Tableau 1.4)

'J/ Suivant les estimations de la Banque, la part des importations non sujettes Ii restriction (en termes de production interieure) etait de 76% en 1994.

ANNEXE2 Page 3 de 33

8. Pour I' ensemble du secteur manufacturier, Ie taux de liberalisation s' etablit it moins de 53 %. Au sein de ce secteur les textiles et les articles en cuir continuent it ~tre fortement proteges, 39% seulement de ceux-ci etant exemptes de licences. Les produits encore soumis it restriction sont principalement les articles d'habillement pour lesquels la suppression de licences est prevue pour cette annee (1995). Une fois celle-ci effectuee, la liberalisation de ce sous-secteur atteindra pres de 87% de la production interieure. Des progres bien plus importants ont ete realises dans la suppression des restrictions sur les produits meeaniques et electriques oil la liberalisation avoisine 82 % en termes de production interieure. Par contre, les produits alimentaires transformes sont encore fortement soumis au regime de licence, avec environ 60% de la production interieure protegee par ce systeme. Les produits en question sont presque tous it base de cereales, en plus de l'huile d'olive qui est l' un des principaux produits d'exportation de la Tunisie. Enfin, plus de la moitie des produits chimiques requierent encore une autorisation prealable it l'importation, en partie, selon les authorites, it cause du danger it la sante publique.

9. La politi que commerciale est encore toujours fort restrictive en ce qui concerne les produits miniers et energetiques. Nos estimations (Tableau 1.4) font etat d'un degre tres faible de liberalisation pour ces produits, soit moins de 26% en termes de production interieure ; qui plus est, ce sous-secteur est domine par des entreprises publiques qui jouissent d'un quasi-monopole it I'importation. Si I 'on ajoute les produits miniers et energetiques it ceux de l'agriculture, de la peche et de I'industrie manufacturiere, Ie taux estime de liberalisation des importations se ramene it quelque 50% seulement de la production interieure totale. Les autorites se proposent de liberaliser les articles d'habillement d'ici la fin de cette annee (1995). Cette mesure mettra presque entierement fin aux restrictions sur les textiles, l'habillement et les produits en cuir. Pour l'ensemble de l'industrie manufacturiere, Ie degre de liberalisation passera ainsi de son niveau actuel de 53% it 65% de la production interieure ; pour la totalite des biens, miniers et energetiques compris, la liberalisation couvrira ainsi quelque 59% de la production. Suivant les documents officiels (Ie Budget economique de 1994), la liberalisation des textiles do it constituter la derniere etape de processus de liberalisation engage en 1987. Nos estimations indiquent cependant qu'une fois les textiles liberalises, une partie importante de la production interieure sera encore protegee par les licences it I'importation.

10. La loi sur Ie commerce exterieur promulguee en mars 1994, entree en vigueur en juillet de la m~me annee, posait comme principe que les operations d'importation comme d'exportation sont lib res de restrictions pour tous les biens, exception faite de deux groupes de produits qui devaient ~tre ulterieurement enumeres par decret ; Ie premier comprendrait les produits ayant trait it la securite, l'ordre public, la sante, la protection des especes et l'heritage culturel. La seconde liste, dont la loi ne speeifie pas la nature, etait censee demeurer temporairement soumise aux licences d'importation jusqu'it ce que Ie programme de liberalisation des echanges so it acheve.

11. La loi de 1994 a donc introduit pour la premiere fois dans la politique commerciale tunisienne Ie systeme de Iiste negative, signal ant ainsi l'engagement it la suppression des retrictions quantitatives. Le deeret d'aout 1994 a etabli en deux tableaux distincts (A et B) les deux listes de produits, definis au niveau du SH it neuf chiffres, les produits qui demeurent soumis it des restrictions respectivement permanentes et temporaines. Le tableau A couvre une large gamme de produits qui ne repondent pas toujours it l'une des raisons mentionnees dans la loi et enumerees ci-dessus ; c' est Ie cas des cereales et produits derives, des fruits et legumes, de l'hQile d'olive, des vehicules it moteur, etc. En plus des produits qui concernent nettement la sante, la securite et la preservation de l'heritage culturel, beaucoup d'autres produits figurant it ce tableau sont soit des denrees alimentaires de base subventionnees ou des articles consideres comme des biens de luxe, tels que bijoux, montres, yachts et surtout les vehicules it

ANNEXE2 Page 4 de 33

moteur pour passagers. Le tableau B, Ott figurent les importations soumises temporairement a restriction, contient pour l'essentielles articles d'habillement et les vehicules a moteur pour passagers.

12. Les cereales et les produits a base de cereales appartiennent a la liste negative permanente. Ils ont en commun d'etre subventionnes par I'Etat au niveau de la production en ce qui conceme les grains et, en principe, a celui de la consommation pour les grains traites et leurs produits derives. L'Office des cereales, organisme public, detient Ie monopole des importation cerealieres. II collecte aussi toute la production interieure disponible a des prix qui sont depuis plusieurs annees sensiblement superieurs aux prix mondlaux. II transrere ensuite les quantites ainsi acquises, tant interieures qu'importees, a des prix tres faibles aux minotiers. Ceux-ci vendent les produits desires, farine ou semoules, aux boulangeries ou a d'autres transformateurs de produits alimentaires et aux grossistes a des prix bien inferieurs au cOlit, en moyenne moins du tiers du colit total, en ajoutant au colit des grains une marge de mouture couverte par des subventions d'Etat. On comprend qu'en raison de ce subventionnement considerable, l'exportation de ces produits est interdite ; mais its figurent aussi dans la liste des importations sujettes a restrictions.

13. Les autorites tunlSlennes ont impose des restrictions a ces produits en raison de leur subventionnement. Si ces restrictions etaient levees en meme temps qu' est aboli Ie monopole a l'importation que detient l'Office des cereales, les importateurs prives pourraient alors vendre a celui-ci des cerealieres etrangeres, qui sont moins cheres, aux prix beaucoup plus eleves fixes par Ie gouvemement ; cela entrainerait de nouvelles ponctions considerables sur la Caisse Generale de Compensation, la source des subventions, et finirait par evincer la production nationale. Ce risque peut etre evite en ajustant les droits a l'importation de cereales en fonction du prix de soutien fixe par Ie gouvemement pour la production locale; toutefois, I 'intervention d'un organisme public comme l'Office demeurera necessaire tant que Ie systeme de subvention reste en place.

14. Les restrictions a l'importation de produits alimentaires finis ne peuvent pas etre justifiees par Ie meme argument des subventions, car ces dernieres interviennent a des stades de transformation anterieurs. Les prix a l'importation tendent a etre generalement bien plus eleves que ceux de produits nationaux simiJaires (p.ex. les pates italiennes), si bien qu'ils soient incapables de concurrencer ces demiers tant que les subventions ne sont pas reduites ou eliminees. Toutefois, la liberalisation de ces produits est de nature a inciter les producteurs locaux a ameliorer leur qualite et reduire leurs colits, bien que la concurrence eventuelle par les prix soit pour Ie moment negligeable.

Barrieres tari/aires

15. Etant donne la suppression considerable des licences qui a eu lieu depuis 1992, la protection interieure repose de plus en plus sur les droits tarifaires. En plus des droits existants, des prelevements temporaires additionnels, appeles droits comptementaires provisoires, ont ete institues a partir de 1991, afin de proteger les producteurs nationaux pendant qu'ils proc&:lent a la restructuration qu'exige la concurrence etrangere. Ces prelevements, qui vont de 10% a 30%, ne doivent pas en principe durer plus de trois an.,.

16. La loi de 1994 sur Ie commerce exterieur a aussi introduit des droits compensatoires destines a neutraliser les effets des pratiques de dumping ou de subventionnement des exportations par les pays exportateurs et qui entrainent des prejudices a la production nationale de biens similaires. Selon cette loi, H y a dumping d'un produit si son prix d'exportation sur la Tunisie est inferieur a sa valeur normale ou a celIe d'un produit similaire. La production interieure doit aussi etre protegee, par Ie biais de droits

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compensatoires, contre toutes especes de subventions directes ou indirectes, qu'elles soient basees sur la production, I' exportation ou Ie transport. Ces droits sont auto rises par l' Article VI du GATT a des niveaux egaux a la marge de dwnping estimative (la difference entre la valeur normale et Ie prix effect if) ou au montant de la subvention.

17. La legislation tunisienne stipule que des droits compensatoires peuvent etre preleves meme apres que les marchandises ont ete introduites dans Ie pays, pendant une p6riode qui ne depasse pas 90 jours apres Ia declaration en douane. Cette disposition est une source d'incertitude pour Ies importateurs, etant donne que les biens importes sont souvent vendus sur Ie marche interieur, a un prix base sur les droits deja acquittes, avant que I'administration n'ait pu etabli s'il y avait ou non un cas de dwnping ou de subventionnement. En outre, en raison des difficultes que comporte la determination des vaIeurs normaIes et des subventions directes ou indirectes ou I'etablissement du prejudice materiel ou de la menace de ceIui-ci pour la production interieure de biens similaires, ou ne voit pas bien dans certains cas si Ie droit compensatoire vise vraiment it compenser des pratiques de ce genre a l'etranger ou tout simplement a renforcer Ia protection de produits interieurs similaires. Quoi qu'it en soit, la disposition anti-dumping est potentiellement un moyen puissant de proteger les producteurs interieurs de la concurrence etrangere.

18. La protection tarifaire nominaIe a connu de nombreux changements depuis Ie debut des annees 80. A. Ia veille de I'ajustement structurel, les droits de douane etaient relativement eleves, depassant en moyenne 40%. Ils etaient egalement fort disperses, s'etalant entre 5% et 236%. Comme I'indique Ie tableau 1.5, les droits ont ete majores considerabIement pour tous les secteurs entre 1983 et 1986, depassant en moyenne 60% pour les produits alimentaires transformes et les textiles et s'etablissant en moyenne a 40% pour l'ensembIe de I'economie. A. la suite des ref ormes appliquees durant la periode 1987-1990, les taux moyens ont e16 ramenes a 24% pour I'ensemble de l'economie, les reductions les plus prononcees s'appJiquant a l'agriculture, au traitement des denrees alimentaires et aux textiles. La dispersion a aussi ete reduite sensiblement, Ies droits etant comprimes en 1990 a I'interieur d'une gamme de 15 a 43 %. Cependant, il ne faut pas interpreter la reduction des droits a l'importation de produits alimentaires et textiles durant cette periode comme une etape importante de Ia lii>eralisation, car Ie systeme de licences a continue a couvrir plus de 90% de la production interieure de textiles et quelque 85% de celle de l'agriculture et de l'industrie alimentaire (Tableau 1.3).

19. La protection effective a suivi la meme tendance, tomb ant pour l'ensemble de l'economie de 70% it 52% en 1981, puis it un taux moyen de 43% sur les annees 1988-1990 (Tableau 1.5). Elle est restee, cependant, fort elevee pour l'industrie manufacturiere, se chiffrant en moyenne a 84% en 1990, la protection veritable etant probablement encore bien plus elevee que ce taux, en raison de l'obligation de licences a I 'importation.

20. La suppression graduelle du systeme de licences s'est depuis lors accompagnee d'une revision en hausse des droits pour les positions tarifaires non consolidees ainsi que de l'imposition de droits complementaires provisoires (DCP) depuis 1991. Le tarif moyen simple a ete porte en 1994 a environ 33%, DCP compris. De nouveaux DCP, de l'ordre de 35%, ont, toutefois, ete ajoutes depuis Ie debut de cette annee (1995), sp6cialement sur I'habillement, de sorte que les droits tarifaires moyens ont ete augmentes probabIement de quelque deux points de pourcentage pour atteindre 35% pour l'ensemble de l'economie. La dispersion des taux s'est aussi accentuee pour se situer dans une fourchette de 0-73%, suite a l'introduction des droits provisoires.

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21. Le Tableau 1.6 presente la protection tarifaire en vigueur en 1994 pour les divers groupes de produits correspond ant aux differentes activites de production. Les droits moyens simples y figurent sans et avec Ie DPC. Parmi tous les secteurs, l'agriculture et la ¢che jouissent du taux de protection Ie plus eleve, soit plus de 40%, DCP compris. Ce demier a ajoute en moyenne six points de pourcentage aux droits permanents. Pour beaucoup de ces biens, les droits tarifaires ne sont pas signifiactifs en termes de concurrence exterieure subie par la production interieure. Les cereales, par exemple, sont non seulement soumises au regime de licences a I'importation, mais egalement au monopole d'importation dont jouit l'Office des cereales. Le gouvemement essaie toutefois de fixer les prix a la production interieure en fonction des prix internationaux. Pour chaque annee, les prix sont, en principe, fixes sur la base des prix internationaux moyens calcules sur cinq ans, auxqueis sont ajoutes les couts de transport et des droits au taux de 15 % .

22. Le taux moyen des produits manufactures s'etablissait au milieu de 1995 a environ 33%, Ie DPC representant environ 2,5 points de pourcentage. Les textiles, articles d'habillement et produits du cuir sont les plus proteges, avec un taux moyen de 43%. Avec I'adoption depuis Ie debut de 1995 de nouveaux droits provisoires de 30% sur Ies articles d'habillement, I'industrie interieure du vetement jouit d'un taux moyen de protection de 70%, tandis que l'industrie de la chaussure est deja protegee un taux moyen (DCP compris) de plus de 62 %. De ce fait, Ie tarif moyen sur l' ensemble des produits textiles, d'habillement et de cuir a ete porte a plus de 50% apres I 'adoption du DCP sur les vetements. L'industrie locale des produits alimentaires, boissons et tabac est protegee par des tarifs a plus de 42 %, mais Ie degre veritable de protection est plus eleve encore, en raison du caractere fort restrictif de I'octroi des licences a l'importation de produits similaires. Enfin, comparativement aux textiles et a I 'alimentation, les produits metalliques fabriques, les machines et materiels sont imposes a des taux beaucoup plus faibles, soit de 28 % en moyenne (DCP compris). Comme les licences a l'importation ont ete presque entierement supprimees pour ces produits, I'imposition de ces droits relativement faibles a signifie que cette activite a ete jusqu'ici de loin la plus liberalisee.

23. Les droits complementaires provisoires (DCP) ont ete imposes depuis 1991 principalement sur l'agriculture, les textiles et les produits du cuir. Cette politique vise a faire beneficier Ies producteurs interieurs d'une protectiontarifaire supplementaire durant une periode de trois ans apres la levee des restrictions quantitatives. Cependant, des DCP ont ete leves sur des biens encore soumis a ce genre de restrictions, p. ex. sur les pommes de terre qui sont frappees d'un DCP de 10%. En outre, on ne voit pas tres bitm la justification d'un DCP de 30% sur Ia plupart des fruits, y compris les agrumes que Ia Tunisie exporte.

24. Consolidation de tarifs : en preparation de son acres au statu de membre du GATT en 1990, la Tunisie a reforme son sysreme de classification en adoptant Ie Systeme harmonise (SH) a 6052 intitules de tarif au niveau de 7 chiffres. Une fois admise a Ia qualite de membre a part entiere, Ia Tunisie s'est engagee a c:onsolider 909 titres (15% de I'ensemble des intitules du SH) a des droits allant de 17% a 52%, Ia limite superieure etant plus elevee que les 43% des tarifs autonomes. La consolidation a ete proportiomlellemeht beaucoup moindre pour les produits agricoles que pour les produits industriels, Ie rapport entre leurs nombres respectifs de lignes tarifaires etant d'environ 5% et 18%. En termes de valeur, ces consolidations n'ont represente que 4% des importations de biens agricoles en 1992 et 32,5% des importations des autres biens.

25. Lors des negociations de I'Uruguay Round (1993), la Tunisie a fait des concessions supplementaires en termes de consolidation portant sur environ 2900 lignes basees sur Ie SH a 7 chiffres. Tous les articles agricoles ont ete consolides a des taux variant entre 25 et 200%, une fourchette qu'on

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peut juger tres large. Pour les produits industriels, les nouvelles consolidations ont porte sur quelque 1500 articles, si bien que Ie nombre total de consolidations a atteint 2330 articles, soit 51 % de l'ensemble des intitules non agricoles. Les tarifs consolides se situent entre 27% et 43%, a l'exception des textiles pour lesquels un tarif uniforme de 90% sera consolide a partir de 1996 ; it diminuera graduellement, I'objectif etant de Ie ramener a 60% en 2005. Les consolidations cumulees ont represente ainsi environ 63 % de la totalite des articles, ce qui est fort comparable a ce que les pays en developpement ont offert en moyenne dans Ie cadre des negociations de l'Uruguay Round (GATT, 1994). II convient, toutefois, de noter que les tarifs consolides sont toujours trop eleves pour les textiles et les produits de I'agriculture. En outre, les taux de protection effective depassent de loin ce que les taux nominaux semblent signifier, bien que I'on ne dispose pas d'estimations recentes pour les premiers taux. Quoi qu'il en soit, sur la base d'hypotheses raisonnables concernant la structure des coiits, on peut comprendre qu'avec les consolidations offertes, la production interieure d'articles d'habillement continuera a jouir, pour encore bien du temps, de taux de protection effective appreciables.

26. Compte tenu de ces tendances et etant donne Ia protection elevee qui peut etre imposee par Ie biais des droits compensatoires contre Ie dumping et Ie subventionnement, i1 est difficile d'evaluer l' etendue de la liberalisation des textiles et des produits du cuir. II faut, certes, reconnaitre que I' abandon du systeme de licences represente un progres considerable vers Ia liberalisation des activites interieures correspondantes, mais la consolidtion des droits tarifaires a des niveaux eleves pourrait bien avoir des effets contraires.

ll. Politiques de concurrence et mesures de soutien difTerenciees

27. Le systeme tunisien des incitations a l'investissement a evolue depuis la premier code de 1969 reglementant aussi bien l'investissement national qu'etranger. D'importantes mesures ont ete prises en we de liberaliser les operations d'investissement et de reduire les obstacles a I'entree et les distorsions entre Ies diverses activites ; toutefois, d'autres ref ormes meritent d'etre poursuivies.

L'ancien systeme d'incitations a l'investissement

28. Suivant la loi 69-35 de 1969, tout projet quelconque d'investissement, que ce soit un premier projet, un projet d'extension ou de remplacement, ou une relocalisation d'une unite de production existante, exigeait I 'approbation preaIable de I' Administration. L'investissement etait donc extremement reglemente et la capacite strictement soumise a licence. Ce code, toutefois, contenait deja d'importantes incitations fiscales et financieres a I'investissement, lesquelles ne faisaient pas de discrimination entre secteurs. Les principales incitations, qui variaient suivant la taille de I'investissement et Ie nombre d'emplois a creer, etaient des exonerations fiscales temporaires des benefices, des credits d'impot a I'investissement, des exemptions de droits d'importation et d'autres taxes sur les biens d'equipement importes et des garanties d'Etat facilitant I'acres aux prets bancaires. Selon ce code, l'Etat pouvait aussi conceder d'autres avantages importants sur une base contractuelle, comme des reductions d'impOt de tres longue duree et meme I'octroi gratuit d'un emplacement, des taux d'interet preferentieIs, etc.

29. Le Code de 1969 allait jusqu'a offrir a certains investisseurs sur une base conventionnelle une situation de monopole et Ia prohibition d'importations pour les produits du projet envisage. Ces incitations representaient evidemment des mesures tres fortes de protection qui ont persiste jusqu' a 1987 et qui ont donne lieu a un bon nombre de projets d'investissement peu rentables et tres coftteux.

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30. Depuis 1972 un systeme specifique d'incitations a ete applique a la promotion des exportations. Les firmes dites totalement exportatrices ou offshore se sont vu accorder des avantages speciaux, dont les plus importants etaient .. exemption integrale des droits et autres taxes a I'importation de materiels, de matieres premieres et d'intrants intermediaires, ainsi qU'une exoneration fiscale sur 10 ans de l'impot sur les benefices. Ce dernier avantage a eM converti par la suite en une exemption permanente.

31. Les annees 80 ont assiste a une proliferation de codes d'investissement ou de programmes d'incitation sectoriels, en contraste avec Ie code de 1969 qui, du moins en principe, ne faisait pas de differences entre secteurs. Ces codes prevoyaient des incitations liees a la realisation de divers objectifs dont les plus importants etaient la promotion des exportations et Ie developpement des regions en retard sur Ie reste du pays. lis contenaient tous plus ou moins les memes mesures d'incitation : credits d'impOt a l'investissement, exonerations temporaires des benefices, reductions ou exemptions des droits d'importation ou de la taxe sur la valeur ajoutee. Toutefois, en plus de ces avantages, Ie tourisme et I'agriculture beneficiaient d'un acres au credit a des taux d'interet preferentiels ce qui, dans Ie cas de tourisme, a attire une importante part de l'investissement total et provoque un recours massif a un credit bancaire a bon marche et bien moins au financement par fonds propres.

32. C(~s programmes d'incitation prevoyaient de genereux avantages qui ont entraine pour I'Etat des coOts financiers relativement eleves, depassant annuellement 1 % du PIB ou 4 % des recettes fiscales totales. lis ont egalement cause de fortes distorsions entre les diverses activites, notamment en faveur des firmes offshore, qu'elles soient de nationalite etrangere ou tunisienne, par opposition a celles qui produisent pour Ie marche local et, en ce qui conceme I'allocation par secteur, en faveur du tourisme et de I'agriculture comparativement a la production manufacturiere pour Ie marche interieur et aux services. Bien que Ie traitement de faveur des exportations fIlt largement justifiable a une epoque OU les firmes produisant pour Ie marche interieur etaient fortement protegees contre la concurrence par des barrieres tarifaires elevees et un systeme de licences tres restrictif, it se justifie beaucoup moins a present dans Ie nouveau contexte de liberalisation des importations et l'ouverture croissante du marche interieur.

33. La discrimination entre secteurs a donne lieu a des taux marginaux d'imposition effectifs fortement diversifies qui se sont ecartes considerablement du taux apparent legal de 35 % pour l'impot sur les benefices. Etant donne les taux d'interet preferentiels et les abattements et exonerations fiscaux applicables au tourisme et a I'agriculture, les taux effectifs pour ces deux secteurs etaient presque nuls. Par contre, pour d'autres activites telles que la production manufacturiere destimSe au marche local et abstraction faite de la fraude fiscale, les taux effectifs avoisinaient Ie taux legal de 35 %. Ces distorsions ne pouvaient manquer d'entrainer une mauvaise allocation du capital et ont probablement deja donne lieu a un surinvestissement en tourisme.

34. L'octroi de taux preferentiels d'interet a I'agriculture et au tourisme dans Ie systeme d'incitations des dernieres annees 80 a egalement donne lieu, malgre les exemptions fiscales au titre des benefices reinvestis, a une preference pour la dette au lieu du financement par fonds propres.

Le nouveau sysame d'incitations

35. Le nouveau code des investissements institue par la loi 93-120 de decembre 1993 a rempla.ce les codes sectoriels des annees 80, ainsi que pratiquement tous les autres avantages gene raux ou specifiques accordes aux investisseurs. II a ete appelc "code unique" en ce sens qu'il s'applique a toutes les activites et contient un ensemble de mesures liees a la realisation d'objectifs horizontaux, quel que soit Ie secteur OU its sont atteints. A la difference des codes anterieurs qui offraient des incitations pour essentiellement

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deux objectifs, la promotion des exportations et la decentralisation regionale, Ie nouveau code etend beaucoup des mesures d'incitation a d'autres objectifs importants et eela d'une f~on relativement coherente : Ie developpement agricole qui est, certes, une preoccupation sectorielle mais qui est lie a l'objectif de securite alimentaire, protection de l'environnement et lutte contre la pollution, Ia promotion de Ia technologie, de la recherche et developpement et des economies d'energie, Ie developpement du nouveau entrepreneuriat Geunes promoteurs) et enfin Ie soutien aux institutions de services d'appui et de valorisation du capital humain : education, sante, fonnation professionnelle, production cultureIle, etc.

36. Les incitations communes, qui ne font donc pas de discrimination entre activites, sont les suivantes :

- L' exoneration fiscale du revenu reinvesti a concurrence de 35 % du revenu total tant pour les personnes physiques que pour Ies societes. Dans Ie cas de ces demieres, eet avantage est obtenu sous condition que Ie capital social ne soit pas reduit dans les cinq annees qui suivent I'investissement.

- Amortissement accelere pour Ie materiel dont la periode d'amortissement fiscal depasse sept ans. C'est une nouvelle mesure du nouveau code, car elle ne figure pas dans les codes sectoriels anterieurs.

- Abaissement des droits d'importations au taux de 10%, suspension de la taxe sur Ia valeur ajoutee et du droit de consommation pour les equipements importes dont it n'existe pas de produits locaux similaires et suspension des deux demieres taxes pour Ies biens d'equipement de production locale stipules dans un decret. Les equipements sont donc imposes pour la plupart au taux relativement modere de 10% a I 'importation, contre des taux h5gaux beaucoup plus eleves, s'elevant a 25% en moyenne.

Incitations specijiques et distorsions

37. Finnes exportatrices : Ie systeme tunisien d'incitations accorde depuis 1972 des avantages fiscaux tres genereux aux firmes exportatrices. Ces avantages, qui ont ete graduellement augmentes, ont atteint leur maximum en 1987, lorsqu'il a ete decide d'octroyer une exemption totale et permanente de l'imp6t sur les benefices aux firmes offshore ou totalement exportatrices. Les autorites tunisiennes ont fait valoir a l'epoque que cette decision avait ete prise parce qu'une exoneration fiscale limitee -de 10 ans­poussait les firmes a cesser leurs activites au terme de la periode d'exoneration et a rouvrir sous un nouveau nom pour echapper a l'impot. La nouvelle legislation de 1993 a apporte quelques modifications a ee systeme d'investissement mais maintenu la distinction entre firmes totalement et partiellement exportatrices, limitant d'une maniere fort restrictive l'acces de firmes du premier type au marche interieur.

38. Aux termes de la legislation mise en vigueur depuis Ie debut de 1994, les firmes dites totalement exportatriees, definies comme celles qui exportent au moins 80% de leur production pour les produits manufacturiers et les services, et 70% de leur production pour les produits agricoles, beneficient des avantages suivants : une exoneration de l'impot sur les benefices durant les dix annees qui suivent leur premiere operation d'exportation et ensuite une imposition a la moitie du taux normal applique aux autres firmes qui s'eleve actuellement a 35 % ; une exemption fiscale totale sur les revenus des personnes physiques et morales qui soot reinvestis dans des activites exportatrices ; une exoneration integrale de tous

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droits et taxes sur les equipements ainsi que sur tous les autres intrants importes qui sont integres dans les produits exportes.

39. Les firmes offshore sont autorisees Ii ecouler jusque 20% de leurs ventes totales sur Ie marche local si elles produisent des biens manufacturiers ou des services et 30% de leur production si celle-ci est agricole. Toutefois, ces ventes ne sont inconditionnelles que s'U s'agit de produits pour lesquels il n'existe pas d'autre production inrerieure similaire. Si elles entrent en concurrence avec la production interieure, leurs ventes sur Ie marche local ne peuvent pas depasser Ie montant de leurs achats d'intrants produits dans Ie pays et 50% seulement de Ia valeur de ces achats s'il s'agit de textiles et de chaussures. En outre, pour les firmes offshore autres que celles qui concernent l'agriculture, un montant egal Ii 2,5% de celui des ventes sur Ie marche local est retenu Ii la source au titre d'impot sur Ie revenu.

40. l'un des objectifs vises par ces restrictions est Ie renforcement des relations en amont des activites offshore avec les autres activites, mais ce systeme comporte des inconvenients. Premierement, Ie plafond de 20% impose aux societes produisant des biens n' ayant pas d'equivalents locaux ne semble avoir aucune utilite et constitue une discrimination Ii l'encontre de ces entreprises par rapport au traitement reserve aux produits similaires achetes directement Ii l'etranger. De toute evidence, comme l'activite de ces entreprises ne fait pas la concurrence Ii quelque production interieure, il serait bien plus judicieux de laisser les societes offshore et les investisseurs etrangers developper leurs exportations tout en jouissant d'un acres libre au marche local pour ces produits. Dans Ie cadre de la liberalisation des echanges, I' economk tunisienne aurait grand interet Ii ce que les ventes de ces produits par les societes offshore beneficient du meme traitement que les importations. Ce traitement doit consister, comme stipule dans Ie code des investissements, Ii taxer ces ventes aux memes droits de

douane que les importations, sans qu'aucun plafond ne soit impose Ii la part de production ecoulee sur Ie marche local.

41. La politi que appliquee aux firmes offshore produisant des biens concurren~ant les activites non exportatrices vise de toute evidence Ii proteger ces dernieres. Jusqu'ici la quasi-totalite de la production offshore, essentiellement articles d'habillement et vetements de toute sorte est du type concurrentiel et la plupart des firmes en question n'achetent pas d' intrants produits localement dans les proportions requises pour qu'elles soient autorisees Ii vendre 20% de leur production dans Ie pays. II s'agit ici indubitabkment d'une mesure hautement restrictive se traduisant par une discrimination entre les biens importables produits dans Ie pays et ceux produits Ii I'etranger. Cette discrimination devient d'autant plus reelle que les autorites ont opte pour Ie demantelement des restrictions quantitatives et leur remplacement par des droits d'importation temporaires pour tous les biens, , y compris les textiles et chaussures dont la liberalisation a ete deja bien engagee. Il est vrai que Ie controle des ventes interieures par ces societes comporte ces difficultes fiscales, mais elles ne sont ni insurmontables ni probablement plus serieuses que celle~ qui concernent les firmes on-shore.

42. Ce qui est encore plus consequent a ce propos, c'est que la Tunisie prendra des engagements importants de liberalisation dans Ie cadre de la Zone de libre echange avec l'Union europ6enne, dont la part d' echanges exterieurs s'eleve Ii environ 80 %. Tous les obstacles tarifaires ou autres sur les importations provenant de l'U.E. devront etre elimines sur une periode de douze ans au maximum, et cette Iiberalisation devra porter, dans les cinq premieres annees, sur au moins 60% de ces importations. Si les restrictions sur les ventes interieures des societes offshore sont maintenues, cela se traduira par une discrimination- aux depens de la promotion de I' activite economique nationale- Ii I' encontre de ces societes et en faveur de producteurs etablis a I'etranger.

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43. Finnes partiellement exportatrices : Le nouveau systeme d'incitations accorde a ces firmes une grande partie, mais non pas la totalite, des avantages octroyes aux firmes offshore. Elles beneficient de la m~me exoneration temporaire sur dix ans, suivie du meme type d'abattement, mais uniquement sur les benefices realises sur leurs exportations. Les droits d'importation percus sur les equipements et les intrants intermediaires sont remboursables, mais aussi au pro rata du volume d' exportations. Toutefois, les benefices reinvestis dans I'expansion de leur capacite d'exportation ne beneficient d'aucune exoneration fiscale ou exemption, au dela du taux minimum de 35 % commun a toutes les activites, tant que ces firmes n'adoptent pas Ie statut offshore, ce qui ne leur est possible que si leurs exportations depassent 80% de leur chiffre d'affaires total (pour les activites autres qu'agricoles). En outre, Ie remboursement des droits d'importation sur les equipements n'est auto rise que s'il n'existe pas de produits interieurs similaires, une mesure qui desavantage les exportateurs partiels comparativement aux firmes totalement exportatrices et n'est pas de nature a les inciter pour acheter des biens d'equipement d'origine locale.

44. Ainsi, Ie code des investissements ne met pas les firmes partiellement et totalement exportatrices sur un pied d'egaHte en matiere fiscale. De toute evidence, il se produit de graves distorsions si la detention de capital social dans une firme qui exporte entre 80% et 100% de sa production est totalement exemptee de l'impot sur Ie revenu alors que l'investissement dans une firme qui realise moins de 80% de son chiffre d'affaires a l'exportation ne benefice que d'un credit d'impot au titre du reinvestissement de 35 % seulement.

45. Etant donne les engagements de liberalisation que la Tunisie a pris envers Ie GATT et, chose plus importante encore, les engagements enonces dans I' ALE avec I'V .E., Ie systeme des incitations doit etre entierement repense en ce qui conceme les firmes totalement exportatrices et celles qui produisent pour Ie marche interieur. Vne fois que sont levees, comme prevu, toutes les barrieres tarifaires et quantitatives aux importation en provenance de I'VE, c'est a dire de la plupart des importations tunisiennes, les incitations a I'exportation ne pourront plus jouer leur role, prevu a l'origine, qui etait de compenser les distorsions imputables a la protection. Si ces incitations sont maintenues, elles se traduiront par une discrimination inversee contre les firmes produisant pour Ie marche interieur et devant faire face a la concurrence etrangere. Le statut de membre du GATT et de l'OMC exige aussi la suppression, dans une periode de cinq ans, de mesures d'investissement liees au commerce. Les incitations a l'exportation sont dans cette categorie puisqu'elles subordonnent les avantages fiscaux a la realisation d'objectifs d'exportation. Des revisions fondamentales dans Ie traitement des firmes exportatrices et non exportatrices devront donc etre soigneusement preparees et mises en vigueur a moyen terme. Entre temps, et tant que Ie marche interieur continue a etre protege par des tarifs et des droits complementaires provisoires eleves, il convient d'entreprendre des reformes de simplification des procedures en matiere de restitution des droits et autres taxes levees sur les intrants intermediaires rentrant dans la production de biens exportes par les firmes partiellement exportatrices. Au cours de la periode de transition, il serait aussi a la fois judicieux et faisable de lever les restrictions sur les ventes interieures des firmes offshore.

46. Autres activites : Le code de 1993 comporte aussi d'importantes incitations a l'investissement dans l'agriculture, Ie premier stade de transformation des produits agricoles (comme Ie traitement et Ie conditionnement du lait, Ie traitement et la mise en conserves de fruits, legumes et produits halieutiques) et dans les activites de p&he et les services lies a 1 'agriculture et a la peche, y compris la collecte et Ie stockage des cereales. Toutes ces activites sont pratiquement exemptees de I'impot sur Ie revenu des personnes physiques et des societes. Non seulement exempte-t-il tout revenu reinvesti de ces impots, mais Ie code leur accorde aussi une exoneration fiscale de 10 ans, apres quoi its seront imposes, aux termes du code, a un taux forfaitaire de 10%, un taux de loin inferieur au taux de 35 % paye par les

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autres secteurs. Qui plus est, l'investissement en agriculture peut beneficier, apres approbation par une commission competente au Ministere de l'agriculture, de subventions variant suivant la taille de la firme, mais pouvant representer jusqu'a 7% du cout de l'investissement. Cette mesure constitue surement une amelioration par rapport a l'ancien systeme OU Ie code agricole de 1988 ouvrait aux investisseurs l'acces au credit a des taux d'interet hautement preferentiels. Ces taux preferentiels ont egalement ete supprimes pour Ie tourisme, ce qui devrait probablement reduire l' intensite de cette activite en capital et l' attrait considerable de ce secteur comparativement aux autres activites. La suppression de la bonification des taux d'interet est donc une importante reforme incorporee au nouveau code.

Suppressl:on du contrOle des capacites

47. L'investissement a ete sensiblement liberalise depuis Ie debut du PAS. Comme on l'a vu ci­dessus, Ie code des investissements de 1969, qui a continue a reglementer l'investissement jusqu'a 1987, stipulait rapprobation prealable du gouvernement pour n'importe quel genre d'investissement et prevoyait meme I'octroi d'un pouvoir de monopole aux investisseurs dans certains cas. Cette reglementation extremement restrictive a certainement entrave Ie developpement de l'investissement prive et suscite une attitude de suspicion de la part des investisseurs potentiels envers les organismes de reglementation et d' appui, notamment envers l' organisme charge de la reglementation de l' investissement dans les industries manufacturieres (appelee a l'epoque Agence de promotion de l'investissement - API). Les entrepreneurs devaient subir de longues periodes d' attente avant que l' API ne prenne de decision ; en outre, les licences d'extension de la capacite etaient accordees d'une maniere fort restrictive pour certaines activites comme Ie textile, la raison souvent avancee etant que Ie secteur en question etait deja sature et que la capacite totale existante avait atteint son "niveau optimal". Les organismes de reglementation creaient ainsi des obstacles ai' entree de promoteurs aptes a reussir et cela pour proteger des firmes existantes contre une concurrence eventuelle. En d'autres termes, ces organismes empechaient Ie marche de jouer son role Ie plus important qui est de recompenser les projets rentables et de sanctionner ceux qui ne Ie sont pas.

48. Dans Ie cadre du PAS et avec la promulgation du code manufacturier en 1987, la dereglemc:ntation a ete levee pour les projets d'investissement ne sollicitant aucune des incitations prevues au code. Cela signifiait evidemment un net progres dans Ie sens de la liberalisation ; toutefois, comme l'investissement prive recourait pour la plupart aux avantages fiscaux et financiers et en faisait usage, l'approbation prealable de l'administration continuait a causer des retards dans l'execution des projets.

49. u: nouveau code unique de 1993 a reaffirme Ie principe de liberte de I'acte d' investissement, la seule exigence administrative etant une declaration deposee aupres de l'organisme ou du departement ministeriel competent. L'autorisation prealable de l'administration a donc ete supprimee sauf pour certaines a.ctivites enumerees dans un decret ulterieur (decret n° 94-492 de 1994), ainsi que pour certaines activites qui restent encore non specifiees. Les activites explicitement enumerees relevent pour 1 'essentiel du secteUI des services mais concernent aussi d'autres secteurs : la peche, Ie tourisme sous toutes ses formes: (hebergement, loisirs et transports), l'artisanat, les transports (routiers, maritimes et aeriens), les telecommunications, l'enseignement, la formation professionnelle, la production culturelle et la promotion fonciere. Les investissements dans les autres services sont toujours fort reglementes bien qu'ils ne soient pas mentionnes dans Ie code (cafes par exemple) Par contre, Ie code ne s'applique pas aux services financiers, aux mines et a l'energie qui continuent a etre reglementes respectivement par les autorites monetaires et les departements economiques competents.

50. Nous pouvons donc conclure que I'investissement a ete sensiblement dereglemente depuis 1987 et que cette dereglementation a ete confirmee pour la plupart des activites dans Ie nouveau code de 1993.

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Cependant, une autorisation prealable de I' administration est toujours exigee pour I' investissement dans d'autres activites qui, en 1993, depassaient 40% de I'investissement total, tant prive que public. Les transports en particulier sont encore strictement reglementes et l'entree d'entrepreneurs prives dans ce secteur fait toujours I'objet de restrictions injustifiees.

51. Concernant I' investissement etranger, la legislation fait la distinction entre les firmes offshore ou totalement exportatrices operant dans toutes les activites en dehors de l'agriculture, les services autres que ceux exportes par des firmes ayant Ie statut offshore et enfin les projets agricoles. Les investissements entrepris par la premiere categorie de firmes ne sont soumis it aucune restriction, leur traitement etant identique it celui des firmes nationales. La seconde categorie, qui recouvre de nombreuses activites de service, est soumise it I 'approbation prealable de la Commission superieure d'investissement, si Ie capital etranger est majoritaire (depasse 50% du capital total). Les principales activites en question concernent les transports, les telecommunications, les agences de voyage, la promotion fonciere et immobiliere, la construction et la maintenance, les services informatiques, la consultation et I'audit comptable. Enfin, les societes ou particuliers etrangers ne peuvent investir en agriculture que sur une base locative, la propriete fonciere leur etant strictement interdite (loi 92-120 de decembre 1993).

52. La reglementation de l'investissement etranger en agriculture peut etre consideree comme restrictive; elle n'en represente pas moins une decision significative de liberalisation par rapport au passe 011 I'investissement etranger etait exclu de ce secteur. En revanche, on comprend moins bien Ie bien fonde des restrictions imposees it l'investissement dans de nombreux services d'appoint. C'est, par exemple, Ie cas du developpement et de I'actualisation des logiciels d'informatique, de la consultation et de l'audit de comptes, alors que des pays comme l'Inde ont tire avantage de la participation de societes etrangeres it ces activites. En outre, etant donne les besoins de restructuration des entreprises tunisiennes en vue d' ameliorer leur competitivite, I'accueil de l'investissement etranger dans les services de d'audit et d'etudes, notamment en matiere de commercialisation internationale et d'amelioration de la qualite et des techniques de production, sera tres benefique, tant directement it travers la qualite des services qui seront rendus, qu'indirectement a travers la concurrence et les effets positifs que cela entrainerait pour les bureaux locaux.

Mesures de soutien a l'industrie

Incitations rlScales et financieres a la promotion tecbnologique

53. Le systeme des encouragements it I'investissement prevoit egalement des avantages speciaux pour les investissements dans I'industrie, l'agriculture et la peche qui contribuent it la maitrise ou au developpement de technologies ou it l'accroissement de Ia productivite. Ces avantages sont accordes sous forme de financement partiel ou total de la formation liee it ces investissements. En outre, les investissements en economies d'energie beneficient de subventions a raison de 5 % des depenses engagees. La recherche et developpement effectuee par Ies firmes de ces secteurs est exemptee de droits, de TV A et de taxes it· la consommation sur les equipements importes it cet effet et peuvent beneficier de subventions it concurrence de 20% du cotit des equipements concernes. Enfin, les firmes engagees dans ces activites sont encouragees it ameliorer la qualite de leur personnel et Ie degre d'utilisation de leurs capacites de production, en leur offrant Ie financement par l'Etat de 50% des cotisations de securite sociale exigibles respectivement au titre des diplomes d'universites et d'equipes de travail supplementaire sur une periode de cinq ans. Ces avantages fiscaux et financiers renforcent d'autres systemes et programmes d'assistance tels que Ie Fonds de promotion et d'absorption de technologie industrielle constitue en 1991 et qui accorde des subventions aux petites et moyennes entreprises industrielles pour

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leur depenses relatives a I'audit de leur techniques, aux etudes pre technologiques, a I'achat ou conception de materiel de contrOle et a la mise au point de nouveaux produits industriels. II existe donc toute une panoplie d'encouragements fiscaux et financiers visant I'absorption ou Ie developpement de techniques, I'amelioration de la qualite et la mise au point de nouveaux produits. II est, toutefois, encore difficile d'evaluer I'importance du COl'lt total, en termes tant de depenses effectives que de revenus sacrifies, de la poursuite de ces objectifs technologiques.

Absorption de technologie et services d'appui

54. Les services d'appui destines a aider les firmes a modemiser leurs techniques et a faciliter I'absorption de technologie sont foumis par plusieurs centres techniques sectoriels : Ie CTMCCV pour les mater:taux de construction, Ie CNNC pour Ie cuir et les chaussures, Ie CETIM pour les machines ainsi que Ie ma.teriel electrique et electronique, Ie CETTEX pour Ie textile, etc. Ces centres ont pour mission d'aider les firmes a resoudre leurs problemes techniques, de dispenser une formation (a un cout fortement subventionne) dans leurs domaines techniques respectifs et d'effectuer eventuellement des etudes sollicitees par des firmes de leur secteur. Leur personnel se compose en majeure partie d'ingenieurs, Ie CETIM, Ie plus important de ces centres, ayant des effectifs de 160 unites dont 60% d'ingenieurs. Beaucoup d'entrepreneurs se plaignent de ce que ces centres ne repondent pas suffisamment a leurs besoins. D'autres s'en mefient, craignant que leur savoir-faire technique soit communique a leurs concurrents; aussi les firmes ont-elles recouru jusqu'a present beaucoup plus a I'assistance technique pretee par leurs foumisseurs etrangers qu'a l'appui offert par ces centres. Ceci a amene Ie gouvemement tunisien a concevoir un nouveau cadre juridique pour Ie transfert de la gestion et des responsabilites de ces institutions aux associations patronales.

Politique en matiere de marches publics

55. Les marches publics sont essentiellement regis par Ie decret 89-442 de 1989 (modifie par les decrets de mars 1990 et de septembre 1994). Ce decret a unifie la legislation et les regles s'appliquant aux entreprises publiques comme aux administrations, bien qu'il ait conserve de la legislation anterieure, datant de 1974 pour les premieres et de 1985 pour les dernieres, certaines regles propres aux entreprises publiques.

Transparence des regles

- Le respect des procedures de passation des marches est exige pour tous les achats de biens et dl! services dont Ie cout depasse un certain seuiI, fixe a un niveau plus eleve pour les entreprises pubJiques que pour les autres organismes publics.

- Le deeret de 1989 est assez explicite concernant I' obligation de definition de Ia nature, du contenu et des caracteristiques techniques des services et des biens recherches avant Ie lancement de tout appel d'offres.

- Les contrats de marches publics peuvent etre fractionnes en plusieurs contrats si cela peut donner lieu a des avantages techniques ou financiers. Les termes du marche doivent specifier Ie nombre, la nature et I'importance de chaque contrat et, eventuellement, Ie nombre maximum de contrats pour lequel tout soumissionnaire individuel peut faire une offre.

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- Les organismes, administrations et entreprises du secteur public sont auto rises a regrouper leurs marches en des contrats commons. Cette faeon de proceder renforce Ie pouvoir de negociation du secteur public par rapport au secteur prive.

- Les contrats peuvent stipuler des prix fixes ou revisables. Dans Ie dernier cas, ils doivent mentionner la periode au cours de laquelle les prix initialement proposes resteront en vigueur et les regles precises a appliquer aux fins de revision.

- Les soumissiormaires doivent constituer un cautionnement ou depot temporaire ne depassant pas 1 % de la valeur de leur offre. Pour I'adjudicataire, un cautionnement ou depot definitif de 3 % de la valeur du contrat peut etre exige. Dne garantie supplementaire de respect du contrat peut etre demandee, Ie total des garanties ne pouvant pas depasser 15 % de la valeur du contrat.

Procedures d'appel d'ojjres

56. Le systeme tunisien permet des mises en adjudication concurrentielles ou, sous certaines conditions bien definies, individuelles. Les premieres adoptent la forme soit d'appel d'offres, soit d'adjudication. Elles peuvent etre ouvertes a toutes les firmes ou limitees a des firmes pre qualifiees. Les conditions du marche doivent etre communiquees a tous les soumissiormaires interesses au moins vingt jours avant Ie delai final de la soumission. Le systeme des adjudications est subordonne aux conditions suivantes : la publication de l'ouverture des plis et la conclusion du contrat apres Ie choix du soumissiormaire au prix Ie moins eleve. La mise en adjudication individuelle permet de contacter une firme determinee et de lui confier Ie contrat moyennant Ie respect d'une des conditions definies dans Ie deeret de 1989 : fournitures liees a certains brevets, conditions techniques dictant Ie recours a un fournisseur determine, appels d'offres restes sans reponse ou ayant suscite des off res inacceptables, urgence du marche etc. Le rneme decret definit la composition et les responsabilites des commissions des marches au niveau de I'entreprise d'Etat, du departement, de la region ou de I'administration centrale (Commission su¢rieure des marches). Cette derniere est chargee de verifier Ie respect des reglementations sur la base de tous les documents interessant les appels d'offres dans Ie cas des importants contrats de marches publics, definis en fonction de seuils stipules dans Ie decret.

Traitement dif/erencie des flrmes

57. Le systeme ne favorise pas en principe les entreprises pubJiques ou autres organismes publics par rapport a des firmes privees, exception faite des cautionnements, depOts et garanties dont sont exemptes les organismes publics OU l'Etat detient plus de 50% du capital social. Pour ce qui regarde les firmes etrangeres et dans Ie cas d'appel d'offres international, la reglementation accorde certains avantages aux producteurs interieurs. Premierement, les soumissions etrangers doivent inelure Ie plus possible de sous­traitances a des firmes nationales, tant que celles-ci sont capables d'assumer des parties du marche ; deuxiemement, pour des produits de la meme qualite, des produits d'origine tunisienne doivent recevoir la preference sur les produits etrangers, tant que leurs prix ne depassent pas de plus de 20% ceux offerts par les soumissiormaires etrangers. Enfin et a moins que ce soit impossible, un bureau de consultants etrangers doit s'associer avec un homologue tunisien choisi parmi la liste de bureaux d'etudes etablie par l'organisme public conceme. Cette reglementation about it donc a une discrimination en faveur des tirmes nationales ; toutefois, elle differe peu de la lt~gislation et de la pratique en vigueur dans la plupart des autres pays, developpes ou en voie de developpement. L'accord sur les marches publics (GPA) conelu au sein du GATT durant les negociations de Tokyo, interdit toutes preferences au benefice de firmes interieures, mais autorise les pays en developpement a deroger au principe de non-discrimination pour

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certains produits et organismes. II convient. cependant, de remarquer que peu de pays ont souscrit au GPA (la Tunisie n'est pas signataire) et que la plupart continuent a favoriser les finnes interieures au detriment des finnes etrangeres.

58. Les restrictions de la reglementation tunisienne visent a lier Ie choix de foumisseurs etrangers a la realisation de transferts de technologie ou de savoir-faire. Cependant. la protection de 20% par les prix, suivant laquelle des foumisseurs nationaux doivent etre choisis tant que leurs prix depassent au maximum de 20% ceux de foumisseurs etrangers, represente une protection quelque peu excessive, dans la mesurc! 011 ces demiers ont a acquitter plus ou moins les memes taxes et droits de douane que les foumisseurs interieurs sur les biens qui seront foumis. En principe, la protection supplementaire devrait etre liee it Ia valeur ajoutee locale de production ou de prestation de services et non pas a la valeur totale du marche. Avec un taux de 20% de protection sur cette demiere, Ie taux de protection effective dont jouissent les soumissionnaires tunisiens depasse de loin ce que Ie taux nominal de 20% Iaisse entendre.

lIT. Mesures en matiere de prix et de dereglementation

Controle des prix et de la distribution

59. L'economie tunisienne a connu des refonnes considerables en matiere de dereglementation des prix depuis 1986. Jusqu'alors I'intervention de l'Etat etait generalisee et les finnes avaient peu de liberte dans la detennination des prix. Ces demiers etaient reglementes en vertu d'une Ioi de 1970 qui etablissait cinq regimes s'appliquant a diverses categories de biens et de services. Ces regimes etaient les suivants i) fixation des prix par l'Etat applicable aux produits de base et aux entreprises d'utilite publique ; ii) homologation des prix; iii) auto homologation; iv) regime de liberte contrtllee et v) liberte totale des prix.

60. Dans Ie premier regime, les prix sont detennines par I 'administration et modifies de temps a autre en fonction de I'augmentation des coOts, la poooeration des subventions accordees et la situation socio­politique. Ce regime s'appliquait essentiellement aux biens et intrants de base subventionnes, au produits de grande consommation (the, cafe poivre noir), aux services d'utilite publique et aux services de sante.

61. Dans Ie regime d'approbation preaIable (homologation), les finnes soumettent au Departement de contrtlle des prix leurs comptes et autres documents lorsqu'elles sollicitent une augmentation de leur prix. Ce departement arrete alors ses decisions en fonction de ces documents et de donnees sectorielles, les finnes n'etant pas autorisees a modifier leurs prix avant que I'administration ne prenne en la matiere une decision et la notifie, en principe dans les 45 jours qui suivent la requete. Les prix sont determines pour chaque finne en fonction des coOts moyens de production (la somme des coOts des matieres premieres, des frais de main-d'oeuvre et du coOt d'autres elements tels que les carburants, I'eau et I'electricite, les reparations et I'entretien, les loyers, I'amortissement et Ie coOt des dettes), auxquels est ajoutee IDle marge beneficiaire nette egale a 20% des fonds propres de la finne et d'une marge supplementaire pour couvrir les frais generaux. Ces deux marges constituent ensemble une marge brute totale fixee pour chaque finne ce qui donne lieu parfois a des prix differents d'une finne a l'autre pour un meme produit.

62. En raison d'une insuffisance de concurrence, tant de producteurs locaux que des importations, cette politique garantit un rendement de 20% sur les fonds propres, que les finnes soient efficientes ou non et quel que soit Ie degre d'utilisation de leurs capacites. En fait, Ie prix autorise par Ie Departement

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de reglementation etait d'autant plus eleve que Ie taux d'utilisation etait faible. Une telle reglementation tend evidemment a encourager les firmes a se constituer des surcapacites de production, a choisir des projets d'investissement a forte intensite capitalistique et a utiliser les intrants intermediaires d'une maniere peu rentable. En outre, cela les amenait probablement a sous-declarer les quantites produites de fa,¥on a ce que ('administration homologue des prix unitaires plus eleves. C'est ce dernier defaut qui a pousse I'administration a modifier sa formule de fixation des prix, sur la base non pas des quantites declarees mais plutot d 'un pourcentage de la capacite installee fixe a 80 %. II est egalement utile de noter que les augmentations declarees des prix des matieres premieres ne peuvent pas etre prises en consideration par la Direction des Prix a moins tant qu' elles ne depassent pas Ie taux de 3 %. II faut rappeler que cette disposition a ete maintenue dans la loi de 1991. Comme I'inflation s'est sensiblement ralentie (5% en 1994), cette disposition penalise les produits encore soumis au controle.

63. Si Ie regime d'approbation prealable (homologation) s'appliquait a chaque ensemble de produits et a chaque firme, Ie regime auto homologation concernait les produits et etait applicable de la meme maniere a toutes les entreprises concemees. Ces demieres etaient autorisees a modifier leurs prix 45 jours apres notification a I' administration, a moins que celle-ci ne rejette les modifications envisagees dans les memes delais. Ces modifications devaient etre fondees sur Ie COllt moyen, auquel pouvait s'ajouter une marge brute fixee par l'administration en accord avec les representants des entreprises en question (UTICA). Les marges variaient d'une categorie de produits a I'autre : en moyenne 15% pour Ies denrees alimentaires, 22 % pour les articles en cuir, 20% pour Ie textile et I 'habillement, 18 % pour Ies materiaux de construction, etc.

64. Le regime de liberte surveillee des prix permettait aux firmes de fixer Iibrement leurs prix et d'y apporter n'importe queUe modification 15 jours apres notification au Departement de reglementation ; I' administration, toutefois, se reservait Ie droit de surveiller, d' exercer eventuellement une certaine influence sur les decisions des firmes et d'aller jusqu'a rejeter les modifications des prix projetees dans les 15 jours apres la notification.

65. Ce systeme complexe permettait a I'administration de controler les marges beneficiaires, en particulier dans la secteur OU Ie pouvoir de marche etait concentre entre les mains d 'un nombre tres reduit de firmes a une epoque ou celles-ci etaient fortement protegees contre la concurrence etrangere. C'etait egalement un moyen efficace de Iutte contre I'inflation. Toutefois, i1 en resultait bien des distorsions surtout en ce qui conceme la maniere dont les marges etaient calculees et incorporees dans Ies prix par I 'administration, comme it a ete expJique ci-dessus.

66. Ce systeme etait lourd et difficile a gerer. Le Departement de reglementation n'avait pas les res sources logistiques et humaines lui permettant de Ie faire fonctionner efficacement et d'evaluer serieusement les demandes de modification de prix que les firmes lui soumettaient. Des quelques six mille demandes enregistrees chaque annee, c'est a peine si Ie personnel pouvait en evaluer de quelque fa,¥on que ce soit plus du tiers. Ceci entrainait de longs retards avant que des decisions soient prises et communiquees- aux firmes. Entre temps et compte tenu la structure fortement monopolistique et protegee de la concurrence exterieure de la plupart des secteurs, les firmes etaient en mesure de reduire la qualite de leurs produits, ce qui avait evidemment les memes effets qu'une majoration des prix. Le contr6Ie des prix eta it donc loin d'etre efficace.

67. Jusqu'a 1982, Ie contr6le des prix s'etendait a plus de 80% du total des biens et services. Les firmes ne pouvaient fixer librement Ies prix que pour 17 % des biens et services (essentiellement les prix aux producteurs de produits agricoles, les marges de distribution etant toujours regIementees). En 1982,

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Ie regime de liberte a ete etendu a 18 % de plus de l' ensemble des biens et services, ce qui portait la couverture totale de ce regime a quelque 35 %. Le regime auto homologation a ete etendu a environ 26 % des produits qui etaient soumis anterieurement au regime des prix fixes et, dans de rares cas, au regime de liberte surveillee. Ce dernier ne couvrait que 2 % du total. Une fraction de 37% etait reglementee par Ie biais des deux autres regimes, la fixation des prix par voie administrative et l'homologation, Ie premier representant 34 % du total.

Principales modifications en 1991

68. La loi de 1991 a liberalise I'etablissement des prix en posant Ie principe general de libre determination des prix dans des limites dictees par des considerations de protection du pouvoir d'achat des groupes a faible revenu ou, pour certains autres produits, par la concentration excessive de marche et une structure extremement oligopolistique ou monopolistique du marche. Ce principe ne devait donc pas s'appliquer a l'ensemble des biens et services mai~ seulement a ceux qui ne tombaient pas sous Ie coup d'ul1e de ces deux restrictions, l'objectif final etant de liberaliser environ 85% de I'ensemble des produits .:l.U stade de la production et de la distribution.

69. En outre, ce principe s'accompagnait de nouvelles reglementations precisant les regles de la concurrence et protegeant l'economie d'abus pouvant resulter de positions dominantes sur Ie marche ou de collusions entre firmes. Le gouvernement a donc change Ie caractere de ses interventions et en a considerablement la portee, en etablissant les regles de la concurrence et en faisant obstacle a tout comportement de collusion, que ce soit a l'entree, a la production, a l'extension des capacites ou au partage du marche (loi n° 91-64 du 29 juillet 1991). Cette loi exige egalement la transparence de l'information concernant les prix et les conditions de vente. Une reserve est cependant mise a ce principe en ce sens que I'administration peut parfois intervenir en fixant les prix lorsque elle Ie juge necessaire, pendant une periode ne depassant pas six mois. II conviendrait de supprimer cette disposition, car on peut y voir une source d'incertitude pour les firmes.

70. S'agissant des biens et services qui continuent a etre reglementes par homologation ou auto homologation, dans Ie premier de ces regimes, Ie Departement charge de la reglementation fixe les prix sur la base des comptes de la firme sollicitante ou bien, si les modifications portent sur l'ensemble d'un secteur ou activite, sur la base de donnees sectorielles. Ce regime, applicable a la production comme a la distribution, remplace les deux regimes de fixation administrative du prix et d'homologation de l'ancienne legislation. Quant au second regime, il d6finit les marges de distribution sous forme de taux, de montants absolus ou d'une combinaison de ces deux methodes.

Procedur.es et rythme de la liberalisation des prix

71. Entre 1982 et 1991, la liberalisation des prix a d'abord ete annoncee dans la presse, et enoncee par la suite dans· des textes juridiques (decrets de 1986 et 1990). Les premieres mesures significatives de liberalisation ont ete prises en 1986, et ont ete suivies en 1990 par la publication de nouvelles listes de produits. Les deux listes concernaient essentiellement Ie stade de la production et fort peu celui de la distribution .

. 72. En 1990,43 % de I'ensemble des produits tombaient sous les regimes reglementes de fixation des prix par "oie administrative, d'homologation et auto homologation; la determination du prix etait libre pour les 57% restants. Les textiles, vetements, articles en cuir et chaussures etaient deja entierement

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lib6res, de meme que les produits electriques et electroniques, les engrais, et les produits animaux, halieutiques et forestiers (tableau ).

73. Avec la loi de 1991, la Iiberalisation s'est acceleree et s'est etendue aux deux stades de production et de distribution. Des listes additionnelles mais plus courtes de produits ont ete publiees en 1992 et 1993, si bien que Ie nombre des produits encore soumis a un regime reglemente a ete considerablement reduit.

74. A la fin de 1993, 87% des produits etaient lib6res au stade de la production et 70% a celui de la distribution. Ces estimations sont, toutefois, sujettes a caution, etant donne qu'elles sont calculees exclusivement sur la base de listes de produits alimentaires ou manufactures et ne tiennent pas compte des services et des produits non manufactures dont la plupart des prix continuent a etre reglementes. En outre, les prix des cereales ont ere consideres comme Iibres, quoiqu'ils soient fixes par l'administration et que l'Office des cereales ait detenu un monopole de fait d'achat de grains. En ce qui conceme la totalite des biens et services, Ie coefficient de 87% represente donc une surestimation.

75. II faut aussi noter que les donnees utilisees pour ces estimations portent sur l'annee 1989. Comme ponderation, on a utilise les parts de la production totale au stade de la distribution des biens reglementes, les parts de l'absorption totale, definie comme la somme de la production et des importations diminuees des exportations.

ContrOie des prix au stade des producteurs

76. En 1993, 13 % seulement de l'ensemble des produits etaient encore soumis au regime de 1 'homologation. Les biens en question representent des produits de base, des biens de grande consommation et les services d'utilite pubJique. La liste des produits de base se resume en fait aux produits subventionnes par Ie budget de l'Btat. D'autres biens tombent sous ce regime parce qu'its sont vendus sur des marcMs domines par des monopoles ou structures de faeon non concurrentielle.

Les produits encore reglementes sont les suivants :

- Produits a base de cereales : pain subventionne, farine et semoule subventionnees, pates et couscous subventionnes.

- Autres produits alimentaires : huile de cuisine subventionnee, sucre subventionne, poudre de lait subventionnee, levure a pain, tM, cafe, boissons chaudes et biere, tabac, allumettes et alcools.

- Papier, Iivres et camets subventionnes.

- Produits chimiques : essence, ciment, chaux, gaz comprime, medicaments.

- Autres produits manufactures : recipients et emballages metalliques et vehicules a moteur.

- Services d'utilite publique : transport de passagers, eau et electricire, telecommunications et redevances portuaires.

- Autres services : honoraires de medecins.

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77. La reglementation porte essentiellement sur deux secteurs, les agro-industries et materiaux de construction, qui representent plus de 90 % de la production totale encore reglementck Le premier secteur prend a son compte pres de deux tiers de cette production et Ie second 26% (tableau). Le reste, soit 10 %, conceme les secteurs mecanique et electrique (7 %) et chimique (essentiellement les medicaments) .

78. Le controle des prix continue a revetir une grande importance pour deux categories subventionnees de biens, les produits a base de cereales et I 'huile de cuisine, la fixation des prix par I'administration couvrant plus de 86% et 96% de leur production respective. Ces deux categories constituent 40 % de la production totale de biens encore reglemenres. Le controle est aussi tres restrictif pour les biens de monopole ou de production d'Etat, comme les tabacs, la biere, les produits pharmac<mtiques et Ie ciment qui representent ensemble plus de 40% de la production reglementee totale (principalement ciment et tabacs).

79. Pour la plupart des biens et services dont les prix sont encore reglementes, la necessite d'un controle de ce genre devrait se dissiper a mesure que la liberalisation du commerce progresse et que les subventions a la consommation sont reduites. Pour des denrees alimentaires telIes que Ie the, Ie cafe et les boissons chaudes, la poursuite des restrictions mises aux prix ne se justifie plus. En effet, les importations des deux premiers produits ont ere liberalisees et ouvertes au secteur prive ; de plus, les fluctuations des prix internationaux sont telles que les prix a la consommation ont ete majores de 60 % en 1994, bien que les importations fussent pratiquement monopolisees par l'Office de commerce, un organisrne public. En fait, on peut se demander si les marges gagnees par cet office sont vraiment inferieures a ce que des importateurs prives gagneraient sur ces produits. En ce qui conceme les boissons chaudes, les cafes sont classes en diverses categories et les prix reglementes varient fortement d'une categorie a I'autre. En outre, I'entree dans cette activite n'est pas libre, car une autorisation prealable de I'administration est requise.

80. La reglementation des honoraires medicaux n'est en fait pas restrictive tant qu'it s'agit de soins prives. Les honoraires determines par l'Etat ne s'appliquent en fait qu'aux hOpitaux publics et aux societes publiques d'assurance maladie dans leurs remboursements a leurs membres (CNSS et CNR). Les medecins et les cliniques operant dans Ie secteur prive facturent des honoraires beaucoup plus eleves que les tarifs officiels. Cette rtSglementation manque done d'efficacite pour autant qu'elle conceme Ie seeteur prive ; elle devrait ctre supprimee, car toute legislation perd sa credibilite si elle n'est pas mise en app lication.

ContrOle des prix au stade de la distribution

81. Malgre l'ampleur de la liberalisation adoptee, la reglementation des marges de distribution demeure importante. Alors que Ie regime exempt de restrictions ne couvrait en 1990 que 47% de l'absorptlon totale (production interieure augmentee des importations et diminuee des exportations), ce regime est monte a 70% en 1993. Le gouvemement s'est fixe comme objectif final d'etendre ce regime a 85 % des biens et services, ce qui signifie que 15 % de plus des biens et services doivent encore etre liberes au stade de la distribution.

82. Presentement, les secteurs les plus reglementes a ce stade sont I 'agro-industrie , l'industrie mecanique et electrique, I'agriculture et la peche. Ces trois secteurs representent respectivement environ

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28%,31 % et 19% de I'absorption totale fC!glementee, soit une part totale de 78% (tableau). Les produits chimiques et materiaux de construction constituent pour leur part 15% de l'absorption totale.

83. Rappelons qu'il n'existe pour l'agriculture pratiquement pas de controle des prix au stade de la production, bien que l'Etat garantisse, pour les cereales et Ie lait, des prix minimums superieurs aux prix internationaux. En revanche, les marges de distribution sont reglementees pour plus de 80% des legumes et 60% des fruits. Or, l'activite de distribution est fort concurrentielle et se prete fort bien a une liberalisation sur la base du critere de structure du marche. Certes, les produits en question sont dans la plupart des cas des produits de base, mais ils sont vendus sur des marches suffisamment concurrentiels, de sorte qu'il n'y a pas lieu de craindre que les marges moyennes n'augmentent sensiblement si la distribution est liberaIisee. Les avantages a escompter de cette liberalisation sont en toute probabilite un elargissement de la gamme de qualites des produits et peut-etre meme une baisse des prix pour les groupes de revenu faible. Etant donne Ie nombre de marches concernes et, partant, l'ampleur des ressources publiques necessaires a des actions efficaces et regulieres de controle, la suppression de cette reglementation liberera des ressources publiques pour un controle, bien plus necessaire, de l'hygiene et de la qualite des produits vendus.

84. Enfin, la reglementation des marges de distribution pour les vehicules a moteur se poursuivra tant que les importations sont soumises a licence. Les importateurs et distributeurs ont joui jusqu'ici d'une position d' oligopole et, en raison des restrictions quantitatives imposees aux importations, ils auraient empoche des rentes importantes (malgre Ie montant tres eleve des droits d'importation) si les prix a la consommation avaient ete dereglementes. Jusqu'a la fin de 1994, les distributeurs pouvaient se prevaloir d'une representation exclusive des societes etrangeres d'automobiles, qui leur assuraient des positions de monopole et leur auraient probablement permis de faire de copieux benefices bien que les prix soient reglementes par l'adrninistration. A compter de 1995, la representation exclusive n'est plus autorisee legalement, une reforme qui est de nature a promouvoir la concurrence dans Ie secteur bien qu'on ne voie pas bien comment elle sera mise en execution. Quoi qu'il en soit, Ie gouvernement n'a pas l'intention de liberaliser les marges de distribution dans un proche avenir et il y a peu de chances qu'ille fasse, a moins que les importations de ces produits ne soient liberees. 11 convient de noter a ce propos que les importations de voitures automobiles sont depuis bien longtemps assujetties a de severes restrictions, bien que Ie volume des importations se soit sensiblement accru les deux dernieres annees (1993-1994). La severite des restrictions quantitatives, jointe a des droits d'entree fort eleves et a d'autres taxes, a fait que l'lige moyen des automobiles est tres eleve, au point de depasser douze ans. De ce fait les importations de pieces detachees sont abondantes, si bien qu'on peut se demander si un arbitrage optimum a ete fait entre les importations de voitures et de pieces de rechange.

Dereglementation

Le secteur des transports

- Le transport de marchandises

85. II s'agit de l'activite la plus liberalisee de ce secteur, ce qui represente une experience interessante de dereglementation comme de privatisation et aura probablement des incidences sur Ie deroulement et Ie rythme de la liberalisation a l'avenir. Une loi ouvrant l'acces au transport regional de marchandises etait deja en place en 1985, mais n'a ete mise en vigueur qu'en 1989. Le nombre de transporteurs prives s'est accru considerablement depuis lors, atteignant 77 en 1992. En 1994, plus de cent transporteurs prives operent au niveau regional.

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86. On peut concluFe sans crainte de se tromper que la reforme a profite au secteur. Les frais de transport ont ete abaisses en moyenne d'un tiers par rapport aux prix factures par les entreprises publiques regionales avant la prise d'effet de la dereglementation de 1989. Pour certaines marchandises, les tarifs ont ete meme reduits de moitie en valeur nominale. En outre et contrairement aux objections souvent formulees, les regions desheritees ont profite elles aussi de la reforme.

87. Toutefois, les entreprises publiques regionales ont serieusement souffert de Ia reforme. A cause de leur manque flagrant d'efficacite et de leurs couts eleves, surtout mais pas uniquement des couts de main-d'oeuvre, elles ont ete incapables de s'ajuster a la concurrence que leur ont imposee des transportl!urs prives de petite ou moyenne taille, plus dynamiques et ayant une plus grande faculte d'adaptation. La suppression des obstacles a l'entree de ce secteur a donc suscite une forte concurrence, d'autant plus que cette activite ne requiert plus une large base de capital ou une certaine echelle d'activite pour etre rentable.

88. Au debut, douze entreprises publiques etaient engagees dans Ie transport de passagers comme de marchanclises. Apres la decision du gouvemement de 1992 de privatiser Ie transport des marchandises, il s'est opere une separation complete entre ces deux activites et douze entreprises de marchandises ont ete cree~;. Elles sont maintenant en cours de privatisation une fois resolu Ie probleme des Iicenciements (les indemnites de licenciement pour Ie personnel s'elevent jusqu'a 29 mois de salaires).

89. Ce processus a peut-etre pris trop de temps et les entreprises concemees ont subi plus de pertes ces deux demieres annees en raison de la dure concurrence provenant des transporteurs prives. L'Etat exploite aussi une autre societe, la Societe de Transport de marchandises (STM) operant sur l'ensemble du territoire et dont les problemes financiers et de gestion sont tout aussi serieux, sinon plus, que ceux des societes regionales. Celles-ci ont perdu une part considerable de leur activite au profit des transporteurs prives, comme it se degage clairement du tableau suivant.

ANNEXEl Page 13 de 33

Tableau: Transport routier de marchandises (Secteurs publiclprive, 1991-93) (parts en %)

1991 1992 1993

Entr. publiques 42 38,2 30,8 regionales

STM 21,6 12 4,6

Secteur public 63,6 50,2 35,4 (total)

prive 36,4 49,8 64,6

Source: Ministere des transports.

90. Ces modifications structurelles ont ete rapides et tres significatives, etant donne que les transporteurs prives ont porte leur part du volume total des transports d'un peu plus d'un tiers en 1991 a presque deux tiers en 1993. Cette expansion s'est operee aux depens des firmes publiques tant regionales que nationales (STM). Chez cette derniere Ie volume d'activite s'est contracte de maniere spectaculaire, car il ne representait plus en 1993 que moins d'un quart de celui de 1991. La situation s'est donc degradee brutalement ce qui montre que Ia privatisation aurait dft s'effectuer beaucoup plus tot.

- Transport de passagers

91. Le transport des passagers est encore essentiellement Ie fait du secteur public, qui comprend Ia Societe Nationale de Transport Interurbain (SNTRI) ainsi que Ia Societe Nationale de Transport (SNT) et douze entreprises regionales pour les transports urbains. Jusqu'ici Ie secteur prive n'est autorise qu'a organiser des services de taxis pour Ie transport tant urbain qu'interurbain, a I'exception de deux licences, accordes d'une mani~re fort restrictive, a des compagnies d'autobus, pour Ie transport de passagers a I'interieur de Ia ville de Tunis; l'une d'elle est deja en service.

92. La dereglementation de cette activite a concerne jusqu'ici seulement les autorisations accordees aux exploitants de taxis. Elle s'est limitee a la levee de certaines barrieres administratives et a la conception d'un systeme d'encouragements a Ia modernisation et a l'expansion du reseau de taxis. Ceci a donne lieu a une augmentation tr~s importante du nombre des licences ; celui-ci, en effet, a triple entre 1991 et 1993. Le gouvernement n'envisage pas d'ouvrir au secteur prive l'acces l'activite autobus, a I'exception peut-etre d'un petit nombre de lignes bien definies et strictement reglementees. La societe publique parvient actuellement a maintenir plus ou moins un equilibre financier, en couvrant les pertes qu'elle encourt sur ses lignes horizontales qui relient Ie littoral a l'interieur par des exc6dents qu'eUe realise sur ses operation du littoral. Le gouvernement craint que s'il autorise des transporteurs prives a s'engager dans cette activite, ceux-ci ne s'interesseraient qu'au littoral, Iaissant les operations non rentables dans Ies autres regions a Ia societe publique. Cette derniere subirait alors de lourdes pertes qui auront a etre couvertes par Ie budget de PEtat. Cet argument en faveur de I'exclusion des transporteurs prives appelle deux questions, sans parler du fait qu'une grande partie de cette activite etait effectuee de fa~on rentable par des transporteurs prives dans les annees 60. La premiere est celie de savoir si les Iignes en dehors du littoral subissent des pertes parce qu'elles ne peuvent pas etre rentables ou tout

ANNEXE2 Page 24 de 33

simplement parce qu'elles sont exploitees d'une maniere non efficiente et trop couteuse. Et meme si elles etaient vraiment non rentables, la seconde question est celle de savoir si la dereglementation et, finalement, Ia privatisation de cette activite, accompagnee de Ia desserte des regions interieures par des services publics subventionnes, ne serait pas une option preferable a un statu-quo onereux.

- Les transports maritimes

93. Le commerce exterieur de la Tunisie depend des transports maritimes, qui ne sont effecrues qu'a 20% par Ia flotte nationale tunisienne, dominee par une seule compagnie publique, la Compagnie tunisienne de navigation (CTN). A celle-ci s'ajoutent trois transporteurs prives en plus de I'entreprise specialisi~e "Gabes Chimie Transport", jadis publique mais privatisee en 1993. Le secteur prive est. toutefois, encore fort reduit et ne prend dans Ie volume total transporte par mer qu'une part ne depassant pas 1 %.

94. La compagnie publique, la CTN, s'est vu accorder des avantages qui constituent en fait un obstacle a l'entree du secteur prive. Le premier est Ie monopole dont elle jouit sur les lignes les plus rentables (principalement Tunis-Marseille). Des accords recents, conclus en conformite avec Ie GATT, ont reparti Ie transport maritime des marchandises entre les ports du sud de la France et la Tunisie entre les transporteurs fran~ais, tunisiens et autres dans des proportions respectives de 40%, 40% et 20%. La flotte tunisienne n'est a present pas a meme de remplir sa part; aussi Ie secteur prive devrait-il etre autorise ,1 entrer dans les principales lignes de fa~n a combler l'ecart. En outre, la CTN jouit toujours du droit de preemption; elle doit etre informee de toute operation d'expedition maritime demandee par les impoltateurs et exportateurs residents, et est autorisee a faire en priorite une offre concurrentielle dans les deux jours apres la notification. Ceci pourrait bien avoir entraine des couts supplementaires pour les operations commerciales. Certes, cette activite est fortement capitalistique et requiert d'importantes ressources qui depassent peut-etre les possibilites du secteur prive, mais les deux restrictions susmentionnees constituent des obstacles institutionnels supplementaires qui devraient etre repenses.

95. Le transport maritime se ressent aussi du monopole que la societe de manutention d'Etat, la STAM, detient dans les ports de Tunis (Tunis, la Goulette et Rades) ou la productivite est d'une faiblesse notoire et ou les couts sont tres eleves comparativement aux autres ports (Sousse et Sfax) ou la manutention est effectuee par des finnes privees.

- Transport aerien

96. La compagnie publique Tunis Air se partage les lignes regulieres avec des societes etrangeres conformement a des accords bilateraux. L'activite charter a ete liberalisee et ouverte au secteur prive (deux compagnies ont ete recemment constituees en partenariat avec des transporteurs etrangers) mais Tunis Ail' continue a beneficier d 'une protection en ce qui conceme la partie la plus importante du trafic aerien, les lignes regulieres. Ce privilege, joint a l'importante depreciation du dinar enregistree depuis 1985, lui assure une situation financiere confortable qui masque les serieux problemes de sureffectifs et de gestion. Sa privatisation ou la suppression du monopole dont elle jouit pour les lignes regulieres n' est pas prevue. La seule option envisagee est de vendre en bourse 10% de son capital social.

m: \linda\cern\french\annexe2

Table 1-1- Liberalized and Restricted Imports (1983-1994) 'Based on tariff lines) .

1983 1986 1987

Restricted imports - Number of tariff lines 6598 7966 6781 - % of total number of lines 78.3 94.2 80.0

Unrestricted imports - N umber of tariff lines 1827 489 1694 - % of total number of lines 21.7 5.8 20.0

Total number of tariff lines 8425 8455 8475 Sources: For the years 1983 to 1990: IEQ.1992

For 1994: GATT, 1994.

Table 1-2- Unrestricted Imports {1987.1993) I(Shares of unrestricted iml=lorts in total imports)

Year 1987 1988 1989

0.9 0.4 2.5 Food 0.0 0.0 15.4 Energie 37.0 54.2 65.1 Raw Mate. and Semi-Processed 40.5 69.6 77.9 Capital Goods 41.2 31.7 54.9 Consumer Goods Total 31.8 39.4 53.0

Source: Institut d'Economie Quantitative.

1988

5963 69.8

2577 30.2

8540

1990

9.4 17.5 82.7 73.5 66.1

64.0

ANNEXE2 Page 25 de 33

1989 1990 1994

4747 4045 1646 56.7 48.3 27.4

3629 4331 4367 43.3 51.7 72.6

~376 8376 6013

1991 1992 1993

19.6 28.9 41.5 . 23.9 94.1 99.7

82.9 85.9 86.1 76.2 94.6 80.3 78.9 91.0 70.4

72.2 84.2 76.8

Table 1-3. Shares of Domestic Production Protected by Quantitative Restrictions

1987 1988 1989 1990

Total manufacturing 96.6 94 85.6 68.4

- Food 99.8 99.6 95.6 83.9 -Chemicals 94.4 93.7 90.2 50.9 - Textiles 98.5 97.8 93.6 90.5 - Electrical & Machinery 90.3 88 61.3 53.8

Agriculture 97.3 98.4 98.3 85.5

Mining 99.3 98.4 98.3 85.5

Total Economy 97 94.7 87.5 71.9 Sources: 1987··1990: World Bank unpublished document on changing the structure of incentives, April 1991. For 1991-93: 8anque Centrale de Tunisie.

Table (1-4)- Liberalized imports.1995 (in terms of domestic production)

1991

70.33

ANNEXE2 Page 26 de 33

1992

52.45

1993

39.95

In terms of production 89 In terms of production 92

(, ) (2) Share(in %) % lib. if

of libera. imp. garments inc. Activity

Agriculture and Fishing 58.0 58.0

Manufacturing 54.1 64.9 - Agro-industry 41.5 41.5 - Construction materials 79.8 79.8 - Mechanical and electrical products 82.9 82.9 - Chemical products 47.1 47.1 - Textiles. clothing and leather products 41.2 86.2 - Other manufactring products 69.7 69.7

Agriculture. Fishing and Manufacturing 54.9 63.6

Minerals and Energy 24.6 24.6

All goods 61.1 68.8

Source : Estimates based on the negative list of August. 1994. Columns (11 and (31 : based on the list of restricted imports of August 1994 Columns (2) and (4) = suppose that all garments will be liberalized.

(3) (4) Sharelin %) % lib. if

of libera. imp. garments inc.

54.5 54.5

52.8 65.0 38.7 38.7 81.7 81.7 81.6 81.6 49.9 49.9 39.1 86.8 69.1 69.1

63.2 62.6

25.2 25.2

60.4 58.9

Table 1-4'- Liberalized imports 1995 (in terms of imports) Tariff lines (1) (2)

Liberalized Ratio libera. ( %) inc. garments

Activity

Agriculture and Fishing 66.7 66.7

Manufacturing 77.2 81.6 - Agro-industry 60.2 60.2 - Construction materials 84.9 84.9 - Mechanical and electrical products .83.9 83.9 - Chemical products 83.8 83.8 - Textiles, clothing and leather products 61.4 82.6 - Other manufactring products 80.·5 80.5

Agriculture, Fishing and Manufacturing 76.7 80.9

Mines and Energy 35.1 35.1

All goods 76.2 80.3

Source : Estimates based on the negative list of August 1994 and INS statistics. (a) : Rates of liberalization based on import values for the year 1989

ANNEXE 2 Page 27 de 33

Value of imports (a) (3) (4)

liberalized Ratio libera. ( %) inc. garments

24.0 24.0

79.6 82.4 35.8 35.8 85.7 85.7 88.3 88.3 83.5 83.5 72.3 85.4 86.1 86.1

75.0 77.5

16.7 16.7

71.5 73.9

Table 1-5. NOMINAL PROTECTION BY SECTOR (1980-1990)- Domestic sales

Sector 1983 1986 1987 1988

Agricultural and Fishing 22 41 39 25

Manufacturing 37 47 36 34 - Food-processing & Agro-industries 30 63 38 35 - Electrical and Machinery 25 37 32 29 ·Chemicals 33 37 32 31 -Textiles 58 67 46 40

Mining 11 13 15 17

Total EconJmy 29 41 33 29

Source: IEel, 1992 Notes: 1} For the E~conomy as a whole, nominal protection has decreased significantly

between 1986 and 1987. 2) The largest cuts have involved food-processing and textiles;

Table 1-5' - EFFECTIVE PROTECTION BY SECTOR (1980-1990)- Domestic Sales

Sector 1983 1986 1987 1988

Agriculture and Fishing 33 46 43 25

Manufactur ng 178 124 81 78 - Food-processing & Agro-industries 191 421 120 134

- Electricai and Machinery 67 88 73 63 -Chemicals 161 88 67 62 -Textiles 175 194 107 82

Mining 24 9 14 16

Total Economy 67 70 52 42 Source: Institut d'Economie Quantitative, 1992.

ANNEXE 2 Page 28 de 33

1989 1990

23 23

35 35

33 33 36 36 32 33 38 37

17 17

29 29

1989 1990

22 24

87 84

110 100 98 101 70 78 76 73

17 18

43 44

Table ( 1-6 ). NOMINAL PROTECTION BY SECTOR (1994 Tariff without DCP Simple Range Averaae (1 ) (2)

Agricultural and Fishing 34.1 10-43

- Agriculture and Livestock Production 34.4 10-43

- Forestry and Logging 23.4 20-43

- Fishing 39.8 20-43

Mining and Energy 22.9 0-43

- Coal Mining 20 20-20 - Crude Petroleum and Natu. Gaz Produc. 0 0-0

- Metal Ore Mining 20 20-20

- Other Mining 25.4 17-43

Manufacturing (Total) 30.7 0-43

Food, Beverages and Tobacco 37.5 15-43

- Food Products 37.8 15-43

- Beverages 39.7 20-43

- Tobacco 38.5 34-43

Textiles, Wearing apparel and leather 39:1 17-43

- Textiles 38.4 17-43

- Wearing Apparel 42.4 20-43 - Leather products (excluding footwear) 36.8 20-73

- Footwear 41.8 31-43

Chemicals 24.5 0-43 - Industrial Chemicals 23.2 15-43 - Other chemicals{inc. Pharmaceuticals) 26.3 0-43 - Refined Petroleum 9.1 0-43 - Rubber Products 32.7 17-43

- Plastic Products 38.3 20-43

Construction materials, ceramlcs,glass 34.7 10-43

Basic metal 25.4 0-43

Fabricated metal products, mach. § equip. 26.5 0-43 - Fabricated metal products 35.5 0-43 - Non electri. machin., incl. computers 19.3 0-43 - Electrical machinery 31.3 10-43 - Transport equipment 26.5 0-43 - Professional and scienti. equipment 26.3 0-43

Other manufacturing 37.2 10-43

Source: GATT, 1994 and Budget Law (Loi de Finance) ,1995.

ANNEXE 2 Page 29 de 33

Tariff with DCP Simple Range Averaae (3) (4)

40.3 10-73 42.4 10-73 25.1 20-73 41.5 20-73

23.1 0-73 20 20-20 o 0-0

20 20-20 25.7 17-73

33.1 0-73

42.1 15-73 42.7 15-73 40.8 20-73 38.5 34-43

43 17-73 42.1 17-73

72 50-73 44.2 20-73 62.3 31-73

25.8 0-73 23.3 15-73 28.6 0-73

9.9 0-73 43 17-73

38.6 20-53

39.1 10-73

25.8 0-63

28 0-73 28 0-73

20.4 0-73 33.4 10-73 28.8 0-73 26.7 0-73

38.S 10·73

Columns (1) and (2) are related to 1994 and Columns (3) and (4) are related to 1995.

Table 4. Quantitative Restrictions or Import Licensing (1983-1992) ICshares of restricted imoorts in total import values)

1983 1986 1987

All goods 82 92 92.9 - Food products 99.2 - Energy - Raw ma.lsemi-processed goods 88.5 - Capital goods 96 - Consumer goods 96.6

1988

63.7 99.5

72.7 12 64

Source: Institut National de Statistiques, INS/CONJ/930202 for the period 1987-1992 and IEQlBJ/89083 for 1983 and 1986.

1989

46.5 97.6 96.3 28.2 4.7

57.5

ANNEXE2 Page 30 de 33

1990 1991

41.3' 37 86.9 80.7

96 97 15.8 10.6 8.8 9.3 63 63.7

1992

35.6 69.1

73 13.4 9.6 65

ANNEXE2 Page 31 de 33

LISTE DES PRODUITS DONT LES PRIX SONT CONTROLES

AU STADE DE LA DISTRIBUTION En 1993

Part des Part Dans

SECTEUR PRODUIT Produits -Non L'ensemble Part des

Libres dans des Produits Produits dans

L'absorptlon non libres Ie Secteur

Totale

Agric &~ich 5.60% 19.06% Grand Cultur 0.09% 0.31% 1.61%

Fruits 2.06% 7.01% 36.78%

Legumes 1.97% 6.70% 35.16%

Elevages 1.48% 5.04% 26.45%

IAA 8.29% 28.19% Lait 0.52% 1.78% 6.32%

Grains 2.97% 10.09% 35.78%

Huiles 0.90% 3.04% 10.79%

Conserves 0.60% 2.05% 7.28%

Sucre .0.71% 2.40% 8.51%

Diverses 0.44% 1.49% 5.29%

Boissons 0.63% 2.15% 7.62%

Tabacs 1.53% 5.19% 18.42%

IMCCV 1.78% 6.05% Ciment 1.68% 5.70% 94.26%

Cerami que 0.10% 0.35% 5.74%

IME 9.06% 30.79% Siderurgie 2.16% 7.33% 23.81%

Metaux 0.46% 1.55% 5.04% Equip Agric 0.60% 2.04% 6.63% Voiture/Cam 3.72% 12.65% 41.09% Mat Transp 0.00% 0.00% 0.01% Mat Eh~ctriq 0.46% 1.58% 5.13% Mat Electron 1.26% 4.29% 13.93% Equip Mena 0.39% 1.34% 4.35%

Ind Chimiq 2.85% 9.69% Parachimie 0.83% 2.84% 29.26% Medicament 1.13% 3.83% 39.55% Caoutchouc 0.89% 3.02% 31.18%

Textiles 0.12% 0.40% Tissus 0.12% 0.40%

Diverse. 1.71% 5.82% Papiers 0.79% 2.69% 46.28% Diverses 0.92% 3.13% 53.72%

Ensembie 29.41% 100.00%

LISTE DES PRODUITS DONT LES PRIX NE SONT PAS LIBRE AU STADE DE LA PRODUCTION Y Compris Ble Tendre et Ble Our

Part des Part Dans SECTEUR PRODUIT Produits Non L'ensemble

Libres dans des Produits La Production non libres

Totale Agrlcultute 1.13% 7.79%

Grand Cultur 1.13% 7.79% IAA 8.63% 59.52%

Lait 0.63% 4.37% Grains 3.48% 24.01% Huiles 1.83% 12.60% Sucre 0.27% 1.83% Diverses 0.38% 2.64% Boissons 0.27% 1.88% Tabacs 1.77% 12.19%

IMCCV 3.49% 24.09% Ciment 3.49% 24.09%

IME 0.94% 6.49% Metaux 0.53% 3.66% Voiture/Cam 0.41% 2.82%

Chimie 0.31% 2.11% Parachimie 0.11% 0.74% Medicament 0.20% 1.37%

Ensemble 14.50% 100.00%

En 1993

ANNEXE1 Page 31 de 33

Part des Produits dans

Ie Secteur

100%

7.34% 40.34% 21.16% 3.07% 4.44% 3.16%

20.48%

100%

56.49% 43.51%

34.91 % 65.09%

USTE DES PRODUITS DONT LES PRIX NE SONT PAS lIBRES AU STADE DE LA PRODUCTION Sans Bh3 Tendre et Shl Dur

Part des Part Dans SECTEUR PRODU1T Produits Non L'ensemble

Libres dans des Produits La Production non libres

Totale IAA 8.63% 64.55%

lait 0.63% 4.74% Grains 3.48% 26.04% Huiles 1.83% 13.66% Sucre 0.27% 1.98% Diverses 0.38% 2.87% Soissons 0.27% 2.04% Tabacs 1.77% 13.22%

IMCCV 3.49% 26.13% Ciment 3.49% 26.13%

IME 0.94% 7.03% Metaux 0.53% 3.97% Voiture/Cam 0.41% 3.06%

Chimie 0.31% 2.29% Parachimie 0.11% 0.80% Medicament 0.20% 1.49%

Ensemble 13.37% 100.00%

Parts Sectorlelles

Production Distribution

Agric &Pech 19.68% 18.37% IAA 19.74% 17.63% IMCCV 6.25% 4.78% IME 11.03% 22.25% Ind Chimiq 15.66% 13.43% Textiles 19.32% 14.47% Diverses S.32% 9.07%

Totale 100.00% 100.00%

ANNEXEZ Page 33 de 33

En 1993

Part des Produits dans

Ie Secteur

7.34% 40.34% 21.16% 3.07% 4.44% 3.16%

20.48%

100.00%

56.49% 43.51 %

34.91% 65.09%

ANNEXE III

LE SECTEUR FINANCIER EN TUNISIE

CHAPITRE I - LE SYSTEME BANCAIRE

A. APERCU

1. 0 1 Le but de cette annexe est d' analyser I' impact des rt!centes rHormes sur Ie secteur financier, d'identifier les problemes actuels du systeme bancaire et de proposer un agenda pour d'autres rHormes en vue d'ameliorer I'efficacite du systeme. L'annexe couvre une periode de rHorme de sept ans et demi allant de 1987 a la mi-1994.

1.02 Le systeme bancaire compte douze banques commerciales, un Centre des cheques postaux, de huit banques de developpement, cinq societes de credit-bail, huit banques off-shorelet une institution specialisef~ dans les depots d'epargne, la "CENT". Cinq des douze banques commerciales sont publiques : la Banque Nationale Agricole (BNA), la Societe Tunisienne des Banques (STB), l'Union Internationale des Banques (UIS), la Banque du Sud (BS), et la Banque d'Habitat (BH). Ces banques representent 68 % des operations totales de pret a I'economie des banques commerciales. Les sept banques commerciales restantes sont privees : la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BlAT), l'Arab Tunisian Bank (ATB), la Banque de Tunisie (BT), Ie Credit Foncier et Commercial de Tunisie (CFCT, recemmem renomme Amen Bank), l'Union Bancaire pour l'lndustrie et Ie Commerce (UBCI), la Banque Franco-Tunisie (BFT), et la Citibank:. A I' exception d 'une d' entres elles, toutes ont une prise de participation etrangere, mais seules quatre ont une prise de participation conjointe ou majoritaire etrangere I' ATB, I'UBCI, la Citibank, et la Banque Franco-Tunisie. Les partenaires etrangers des banques privees sont, entre autres, l'Arab Banking Group, la Banque Nationale de Paris, Ie Gruppo Bancario San Paolo, la Banque Transatlantique, Ie Credit Industriel et Commercial, la Societe Generale, Ie Credit Suisse, et la Citibank.

1.03 Outre les banques commerciales, on compte egalement huit banques de developpement qui, en tant que groupe, representent un pourcentage moins important de l'ensemble des actifs (19 %), mais qui octroient la majorite des prets a moyen et long terme. Les deux plus importantes, la Banque de Developpement Economique de Tunisie et la Banque Nationale de Developpement Touristique, sont considerees comme publiques dans Ie cadre de la legislation; les six autres sont des associations entre Ie Gouvemement tunisien et des gouvernements d'Etats Arabes, et sont a caractere public. Cinq petites societes d~: credit-bail viennent recemment de faire leur entree dans Ie systeme bancaire. Quatre d'entre elles ont ete etablies par les banques commerciales; Ie montant de leurs avoirs est toutefois insignifiant par rapport a I' ensemble des actifs du systeme financier.

11 Le:; huit banques off-shore omprennent, entre autres, la Citibank, I'Union Tunisienne des Banques (UTB), la Tunis International Bank (Tm), la Loan and Investment Company (LINK), Ie Beit Ettamouil Saoudi Tounsi (BEST), la North African International Bank (NAIB) and la Alubaf International Bank (Am). Les services des banques off-shore couvrent : Ie fmancement du commerce et autres operations de pret it court terme, les operations de change, et les 0pI:rations de pret it I'investissement it moyen et long terme. Pour fmancer leurs activites, les banques off-shore mobilisent des depots en dinars convertibles et du financement aupres de leurs societes meres. Les banques commerciales et off-shore different essentiellement au niveau de leur clientele. La clientele des banques off-shore est principalement compos~e d' entreprises off-shore appartenant it des societes multinationales et tunisiennes, bien qu' elles pel' vent accorder des pn!ts en devises aux banques et entreprises residantes.

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Graphlque 1 : Repartition du march6 entre les banques conmerclales tunlslennes

1.04 Le Graphique 1 illustre les parts de marche de divers types de banques commerciales2 au niveau de I' ensemble des depots et credits dans Ie systeme depuis la fin de 1993. Les deux banques les plus importantes, la BNA et la STB, controlent respectivement, 17 % et 19 % des depots; laBIAT, une importante banque privee, controle 14 % ,Ies deux banques publiques de taille intermediaire, I'um et la BS, controlent 8 % et 9 % des depots, respectivement. La BH, la banque de l'habitat, controle 7 % des depots. Enfin, les banques commerciales privees de taille intermediaire controlent ensemble 27 %

45.00% ..,..------,===<'----------------,

40.00%

35.00%

30.000/0

25.00%

20.00%

15.00%

10.00%

5.00%

0.00% Grande. banque.

publlques

Banques publiques detalfle

moyenne

Banque publlq. de finane.du legem.

Grandes banques pM"'e.

Soun:e: RappoI1S annuels de rAs.odation des banques runisiennes. 1987-1993.

Banque. prj"'e. de

laille moyenne

des depots. II est a noter que ce schema est different en ce qui concerne la repartition des credits. l'ensemble les banques privees detiennent une plus large proportion de depots que de credits.

B. REGLEMENTATIONS BANCAIRES

Dans

1.05 La promulgation de la legislation bancaire en fivrier 1994 a redistribue des marches fortement segmentes entre banques commerciales et banques de developpement et, de ce fait, favorise la concu"ence sur l'ensemble du systeme bancaire. Les banques commerciales et de developpement sont maintenant autorisees a exercer une vaste gamme d 'activites qui se recoupent. Les banques commerciales sont, de part la loi, autorisees a realiser des operations de prets quelle que soit l'echeance et a prendre des prises de participation. De meme, les banques de developpement peuvent entreprendre Ie meme type d'activites, quoique avec certaines restrictions au niveau de la collecte de depOts et d'operations de pret a court terme. Avant la promulgation de la recente legislation bancaire, les operations de pret a long terme etaient exclusivement du ressort des banques de developpement et celles a court terme exclusivement du ressort des banques commerciales. En outre, les banques d'investissement ont ete introduites comme une nouvelle categorie d'institution bancaire, et les banques commerciales et de developpement sont autorisees a rendre des services de conseils financiers, principale activite des banques d'investissement, ce qui aceroit encore davantage la concurrence du systeme bancaire. Enfin, dans Ie but de separer les fonctions au sein du marche de capitaux et de minimiser les conflits d'interet, une loi de 1994 (No. 94-17) sur la reforme de la bourse des valeurs mobilieres a exclu les banques des activites de courtage.

1.06 Le seeteur bancaire est supervise par Ie Departement des Banques, une unite de la Banque Centrale, qui dispose des pleins pouvoirs pour faire respecter les normes prudentielles. En promufguant une nouvelle legislation bancaire en 1994, I 'Etat a etendu les pouvoirs de la Banque Centrale et a renforce son role de "chien de garde" du systeme financier. De plus, en etablissant des reglementations prudentielles en 1991, fa BCT a peaufine et elargi la portee du role de supervision de la Banque Centrale.

7:.1 Aux fins de cette annexe et de I'analyse qui s'ensuit de Ia perfonnance des banques commerciaIes, grou¢es par taille, structure de prise de participation, et fonction, les deux plus petites banques privees ont e16 omises, etant donne que leurs avoirs sont peu importants.

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Le resultat de ces mesures ainsi que d'autres mesures prises pour renforcer la capacite de supervision de la BCT, est que la qualite de la supervision bancaire en Tunisie est d'un niveau eleve, en comparaison' de pays similaires a revenu intermediaire.

1.07 En 19911a Banque Centrale a publii de nouvelles riglementations prudentielles dans Ie but de renforcer I'assise jinanciere des banques. Ces reglementations definissent : (i) les normes minima de capital pour les banques, (ii) les normes minima pour la classification des prets et les provisions pour pertes sur pret basees principalement sur I'anciennete des impayes, (iii) les plafonds de concentration des risques pour les groupes d' emprunteurs et les plafonds des engagements pour les administrateurs et affilies des banques, (iv) les criteres pour la collecte d'etats financiers certifies, et (v) les plafonds des Iignes de credit er, fonction du chiffre d'affaires d'une entreprise. Dans l'ensemble les normes minima d'adequadon du capital et des reserves sont plus strictes que celles prevues dans les recommandations du Comite de BAle, connues sous Ie nom d'Accord de Brue.3 Bien que les banques tunisiennes ne soient tenues que de respecter un coefficient de 5 % de capital par rapport au capital-risque pondere, les normes strictes de classification des prets et reserves ainsi que celles arretees pour calculer I'engagement net contrebalancent I'ecart entre la norme minimum tunisienne et Ie ratio de Cooke de 8 %.

1.08 L 'application de ces nouvelles reglementations prudentielles est etalee sur une periode de plusieurs annees, trois ans pour les banques commerciales privees et les banques de developpement et cinq ans pour les banques commerciales publiques. La periode de temps impartie aux banques par la BCT pour se conformer aux reglementations est adaptee a leur capacite. A l'heure actuelle, toutes les banques du systeme ont ete audirees pour la premiere fois, en tant que groupe, conformement aux normes et standards internationaux et ont dans leurs portefeuilles des prets classifies conformement aux nouvelles normes objectives de provisions pour pertes sur pret. Sur la base des resultats de ces audits, Ie Departement de Supervision Bancaire a conelu avec chaque banque un accord concernant un plan d'action et un calendrier de recapitalisation, de provisionnement et de renforcement des capacites institutionnelles.

1.09 AJin de se conformer aux nouvelles normes en matiere de capital et de provisions pour penes sur prets, toules les banques qui se trouvaient dans Ie systeme au cours des deux demieres annees ont pris des mesures pour mobiliser du capital etlou relever Ie niveau de leurs provisions. A la fin de 1994 toutes les banques de developpement etaient tenues de respecter Ie ratio minimum de 5 % de capital par rapport au ratio de solvabilite. En outre, les cinq banques de depot privees et la Banque d'Habitat devraient avoir satisfait a la nouvelle norme minimum de capital, la plupart d'entre elles apres avoir emis de nouve:les actions a la bourse des valeurs mobilieres en 1993 et 1994. Au cours des trois annees a venir, les quatre banques de depot publiques devraient atteindre Ie meme ratio de solvabilite minimum, et arneliOl'er la qualite de leurs portefeuilles de pret. En bref, l'introduction de normes strictes de capital a entrain!!: la recapitalisation de toutes les banques commerciales ainsi que de la plus grande banque de developpement.

1.10 L' etablissement de nouvelles reglementations prudentielles a ete la pierre angulaire des ref ormes . de la Banque Centrale en vue de renforcer Ie systeme bancaire. Pour accompagner cette reforme, a la mi-1993 :ia Banque Centrale a renforce les normes relatives au rapport du Commissaire aux Comptes, ainsi que les rapports sur pieces, assurant ainsi sa propre capacite a veiller a ce que toutes les institutions financieres se conforment rigoureusement aux nouvelles reglementations.

'Jj L! Comite de Bale sur les Reglementations Bancaires et les Pratiques de Supervision (egalemem connu sous Ie nom dE: Comite Cooke, qui prend sa denomination du nom de son President, Peter Cooke) est compose de representants df's banques centrales et autorites de supervision d'un groupe de dix pays (Belgique, Canada, France, ltalie, Japon, Pays-Bas, Suede, Suisse, Btats-Unis et Grande-Bretagne) et du Luxembourg. L' Accord de Bale fixe un ratio minimum de capital par rapport a une couverture de risques ponderes de 8 %, avec un capital de base d'au moins 4 %. L Accord de Bale sur I'adequation du capital est la premiere tentative en vue d'harmoniser les reglementations bancaires par dela les frontieres nationales.

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1.11 Depuis 1989 1a Banque Centrale a exige de reserves de 2 % ne port ant pas interit contre tous les depots libelUs en dinars, excepte pour les comptes d'epargne. Ce pourcentage est relativement peu important compare a d'autres systemes similaires. Il y a toutefois une taxe implicite sur les depots qui peut contribuer a augmenter substantiellement Ie cout de I' intermediation. Cette taxe implicite constitue une prescription imposee aux banques commerciales pour financer des secteurs prioritaires selectionnes a des marges d'interet fixes (voir egalement par. 33). Les banques commerciales sont tenues de preter aux secteurs prioritaires un montant egal a 10 % de leurs depots. Si une banque commerciale ne se conforme pas a cette prescription obligatoire pour financer des activites prioritaires (agriculture, micro­entreprises et exportations), elle est tenue de verser dans un compte de depot proviso ire la difference entre Ie montant requis et Ie montant qui a actuellement ere octroye a I'activite prioritaire. Compte tenu du fait que ces fonds ne portent pas d'interet au compte de depot provisoire, Ie cout de Ia prescription pour les banques commerciales serait equivalent a une reserve obligatoire de 12 % au lieu de 2 % imposee par la Banque Centrale. A I'heure actuelle, plusieurs banques commerciaies privees sont obligees de placer des fonds dans des comptes de depot provisoire a la Banque Centrale; Ie montant exact des fonds qui leur manquent pour octroyer les prets requis n'est pas disponible.

C. SOURCES DU FINANCEMENT ET COMPOSITION DES AVOIRS

1.12 Le tableau ci-dessous donne un aperfu des bilans des banques commerciales, banques de developpement et institutions specialisees.

Tableau 1 : Comparaison des Bilans Consolides de 1993 des Banques Commerciales et de J>eveloppement et des Institutions Spkialiseesa

12 Banques % 8 Banques de Devlpt & Commerciales Inst. Specialisees

(Milliers de DT) (Milliers de DT)

Liquidites et Reserves 181.106 2 25.649

DepOts dans des Banques Etrangeres 277.653 3 54.578

Effets Publics 535.911 5 28

Pr~ts 7.052.812 66 1.677.943

Prises de participation et Actions de societe 285.558 3 263.899

AUlres Actifs 2.140.348 20 383.978

Actifs Nets Fixes 161.851 2 9.688

Total Actifs 10.635.239 100 2.415.763

Endettement aupres de la Banque Centrale 790.219 7 95.001

Ressources Speciales 824.454 8 703.386

DepOts 5.490.201 51 95.001

DepOts de Non Residents et Banques Etrangeres 613.852 6 28.588

Aulres Engagements 1.953.123 18 296.714

502.763 5 ~ Capital et Reserves 550.627 5 727.791

Total Engagements, Capital & Reserves 10.635.239 100 2.415.763

Source: Statistiques Financieres No. 106-107

%

1

2

0

69

11

16

0

100

4

29

16

I

12

7

30

100

Engagements des Banques Commerciales et de Developpement

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1.13 Les depOts sont a la base dujinancement des banques commerciales. Ils representent 50 % des ressources totales des banques commerciales et consistent environ pour un tiers de depots a vue et deux tiers de depots a tenne. Au cours des six dernieres annees, les banques commerciales ont enregistre une croissance spectaculaire des depots a tenne, phenomene attribuable a la liberalisation des taux de depots en 1987 ainsi qu'it la croissance de l'economie dans son ensemble. Le tableau ci-dessous illustre la proportion des depots a tenne et d'epargne par rapport aux depots a vue qui est passee de 1,3 it 1 en 1987 it 2,3 it 1 en 1993, suite it la sophistication croissante des depositaires et de la concurrence entre banques commerciales en vue de I'obtention des depots.

Tableau 2 : Ml et M2 en Pourcentage du PIB (Prix Courants) (en Millions de Dinars)

1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 Banques Conunerciales

DepOts a Vue 1.226 1.557 1.557 1.386 1.401 1.516 1,623

DepOts a Terme & d'Epargne 1.687 1.974 2.637 3.319 3.196 3.490 3.777

Banques dl~ Developpement

Depots a Vue 17 14 6 8 5 5 8

Depots a Terme & d'Epargne 256 329 116 187 275 327 378

Systeme Financier

DepOts a Vue 1.243 1.571 1.563 1.394 1.406 1.522 1.631

Depots a Terme & d'Epargne 1.943 2.303 2.753 3.506 3.471 3.817 4.155

MlIPIB 25 % 28 % 26 % 24 % 22 % 20 %

~ M2/PIB 46 % 51 % 51 % 48 % 45 % 42 %

1.14 La dependance des banques commerciales vis-a-vis des achats de fonds (fonds provenant de la Banque Centrale, du marche interbancaire, et des banques co"espondantes) s'est accrue au cours de la peri(',de, lorsque I'expansion du credit s'est averee lBgerement superieure a la mobilisation de depOts. En 1987, I' ensemble des depots a finance 82 % des credits it I' economie octroyes par les banques commerciaies, contre 77 % en 1993. Ce differentiel a ete principalement finance par la Banque Centrale par Ie biais du mecanisme de refinancement et du marche interbancaire. Sur une base nette, une seule banque du systeme financier compte a elle seule pour les retraits de fonds au titre du mecanisme de refinancement de la Banque Centrale et du marche monetaire. En 1993, la BNA, la banque commerciale la plus importante, et egalement Ie preteur Ie plus important aux quatre grandes entreprises d'Etat (OC, ONH, SAEPA, et SlAPE), a refinance des obligations et/ou fonds empruntes pour un montant approximatif de 800 millions de DT pour combler son deficit fmancier.

1.15 La dependance des banques de developpement vis-a-vis des achats de fondS repose, par contre, quasi exclusivement sur les agences bilaterales et multilaterales sous forme d'emprunts intemationaux et, dans une moindre mesure, sur l'Etat,sous forme de ressources speciales. Mise a part la BDET, peu de banques de developpement ont emis des actions sur Ie marche des capitaux au cours des dix dernieres annees. En 19931'encours des emissions internes de la BDET s'elevait it 84 millions de DT, tandis que I'encours total des emissions des trois autres importantes banques de developpement, BNDT, BTKD, et STUSID, clont les actifs combines se montent au double des actifs de la BDET, ne representait que 72

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millions de DT. Cette difference est particulierement frappante si I'on tient compte du fait que les actifs combines de ces trois banques s'elevent a 1,2 milliard de DT. Cette situation s'explique partiellement par Ie fait que, pour des raisons politiques, certains partenaires arabes du groupe des banques de developpement ne sont pas disposes a emprunter sur Ie marche. Cette attitude est regrettable compte tenu des avantages que representeraient de telles emissions pour Ie marche interieur de capitaux a moyen et long terme.

Actifs des Banques Commerdales et de Developpement : Credits a I'Eoonomie et Actifs SODS fonne des Effets Publics

1.16 Avant 1987, les banques commerciales publiques, etaient utilisees par l'Etat pour financer les entreprises publiques et les programmes incitatifs parraines par I 'Etat pour encourager les investissements du secteur prive. La plupart des banques de developpement investissaient dans des projets institutionnels et dans des projets appartenant au secteur prive. Les banques commerciales publiques, Quant a elles, fman~ient les grandes entreprises publiques au niveau des investissements et du fonds de roulement. Ces activites liees au credit qui avaient ete initiees par l'Etat pour des raisons politiques et qui ne reposaient pas sur une saine gestion fmanciere des ressources expliquent en grande partie la pietre performance financiere et Ie niveau eleve des prets non standards dans les quatre banques publiques commerciales. La faiblesse des controles du credit et des systemes inadequats de suivi des engagements expliquent egalement la pietre performance et qualite de leurs portefeuilles.

1.17 L 'Etat a ete en mesure de compter sur les banques publiques commerciales et dans une moindre mesure sur les banques commerciales privees pour financer les deficits budgetaires des entreprises publiques mime apres I'elimination des controles de credit a priori, entree en vigueur en 1987. Cette situation se reflete dans Ie cas des credits croissants a un certain nombre d'entreprises publiques en difficulte. Un nombre important d'entreprises publiques sont a la base des prets problematiques (dependant de I 'institution bancaire, les engagements d'une certaine banque a des entreprises de categorie 2-4 peuvent atteindre jusqu' a 50 %); ces entreprises sont la Societe Industrielle d' Acide Phosphorique et d'Engrais (SlAPE), la Societe Arabe des Engrais Phosphates et Azotes (SAEPA), l'Office National de I'Huile (ONH) et "Office des Cereales (OC). En 1993 l'ensemble des credits aces entreprises en tant que groupe a atteint un maximum d'I,O milliard de DT (11 % de l'ensemble des credits a l'economie).

1.18 nest difficile de mesurer avec precision les operations globales d'emprunt aux entreprises publiques. En 1989, l'Etat a m.odijU la definition des entreprises publiques pour ne couvrir que les entreprises dans lesquelles I 'Etat dete1Ulit un interet direct ou indirect, par Ie biais d'une jilioJe a part enaere, de 50 % ou plus. Ce changement dans la definition a fait baisser de pres de moitie Ie montant total declare des operations de pret aux entreprises publiques, tel qu'illustre au Tableau 3 ci-dessous. La defInition utilisee depuis 1989 est demeuree la meme au cours des annees suivantes. Ainsi, et du moins pour les entreprises publiques dans Iesquelles l'Etat detient un interet de 50 % ou plus, Ie total des prets octroyes par les banques commerciales atteint Ie meme pourcentage (19 % de l'ensemble du credit) en 1993 qu'en 1989, et I'ensemble des prets octroyes par les banques de developpement est legerement inferieur en 1993 par rapport a 1989 (5 % contre 8 %).

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Tableau 3 : Pr~ts a Court, Moyen & Long Terme aux Entreprises PubJiques 1987-1993 (en millions de DT)

1987 1987 1987 1989 1989 1989 1991 1991 1991 1993 1993 1993

CHU MLT Tow CHU MLT Tow CHU MLT Tow CHU MLT Total

Tow Cri!dits Banques Commerciales 2.473 1.094 3.567 3.339 1.408 4.747 4.175 1.863 6.038 5.237 2.366 7.603

dont ceux .. ux Entrepri5ell Publiques 969 449 1.418 692 202 894 840 188 1.028 1.204 216 1.420

en '.It de I'Ensemble des Cri!dits 39 % 41 % 40% 21 % 14 % 19 % 20 " 10 '.It 17 " 23 " 9" 19"

Tot. Cri!dits Banques Dhe10ppement 225 950 1.175 74 645 719 154 912 1.066 282 1.250 1.532

dont ceux aux Entrepri5ell Publiques 3 70 73 5 50 55 0 57 57 40 38 78

en % de l'l'memble des Cri!dits 1% 7% 6" 7% 8% 8% 0% 6% 5" 14 '.It 3" 5"

Total Cri!dits au Sysreme Bancaire 2.698 2.044 4.742 3.413 2.053 5.466 4.329 2.775 7.104 5.519 3.616 9.135

dant ceux aux Entrepri5ell Publiques 972 519 1.491 697 252 949 840 245 1.085 1.244 254 1.498

en % de l'Ensemble des Cri!dits 36 % 25 % 31 % 20 % 12 % 17 % 19 % 9% 15 " 23 " 7" 16"

1.19 Le jardeau que represente pour les banques commerciales I'octroi de credits lJ la SlAPE, lJ la SAEPA, lJ I'ONH et lJ l'OC (pour qui toUies les banques sont tenues d'accumuler des reserves) est reconnu par I 'Etat. AJin de minimiser ce jardeau, lJ plusieurs reprises l'Etat a pris un certain nombre de mesures visant lJ restructurer ces entreprises par Ie biais d'une recapitalisation. Dans d'autres cas, l'Etat est en train de revoir ses propres politiques de prix, afin d'assurer un revenu positif a ses entreprises et it etudie egalement d'autres moyens de renforcer leur situation fmanciere. II est interessant de noter que dans Ie cas de l'ONH et de l'OC, les hausses rapides des credits aces entreprises en 1991-93, etaient partiellement dues a l'accumulation de stocks d'huile d'olive et de cereales au cours de ces annees de recoltes records, La recente diminution des stocks et les mesures arretees pour remedier a la situation financiere des entreprises publiques permettra un renforcement significatif du systeme bancaire. Dans Ie cas de la BNA, par exemple, qui a foumi Ii l'OC et a l'ONH des credits et garanties pour un montant equivalant a 20 % de ces engagements sur et hors bilan en 1993, l'impact de la reduction des stocks et d'un programme visant a redresser les problemes financiers et d'exploitation de ces deux entreprises sera extremement important.

1.20 Les credits lJ I'economie octroyes par les banques commerciales de 1987lJ 1993 sont passes de 3,5 milliards de DT lJ 7,4 milliards de DT, lJ un taux de croissance de 12 % par an ou un taux cumulatij de 100 %. En tennes reels la croissance des credits est de 55 %. En pourcentage de l'ensembk des actifs des banques commerciales, les crtdits a I'economie representaient 64 % des actifs en 1993, ce qui reflete un transfert en faveur d'un role elargi de l'allocation du credit suite Ii l'elimination des placements obligatoires des bons du Tresor.

1.21 R«fpartition par tenne de financement des banques commerciales. En Tunisie, les banques commerci4ues sont les principaux preteuTS a court tenne, c'est-a-dire que la majorite de leurs credits sont const.itues par des prets a moins de deux ans ou des Jinancements tires sur des comptes decouverts. Leur role ,iU niveau des operations de prets a moyen et long terme s'est toutefois etendu depuis 1987, et en 1993 les operations de prets ayant des echeances superieures a deux ans representaient pres de 40 % de l'ensemble des prets. Compte tenu des recents changements apportes a la legislation bancaire et de la liberalisation des taux preteurs pour la plupart des secteurs, les banques commerciales joueront vraisemblCLblement un role plus important dans les operations de pret a I' economie a moyen et long terme.

1.22 CJ'oissance des credits octrores par les banques de develoDPement et autres institutions specialise,·s. Les banques de developpement octroient generalement des prets ayant une echeance de sept ans ou plus, Les societes de credit-bail quant a elles offrent des contrats de leasing a cinq ans maximum. Quoique,llu niveau de l'ensemble du systeme bancaire, les actifs des societes de credit-bail soient insignifiants, ils ont connu un developpement important. Les actifs des societes de credit-bail ont double

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au cours des six demieres annees. Depuis 1993, les operations de credit-bail ont atteint les 100 millions de DT. L'ensemble des credits octroyes par ces societes de credit-bail et banques de developpement entre 1987 et 1993 est passe de 1,2 milliard de DT a 1,7 milliard de DT, soit un taux de croissance de 6 % par an ou un taux cumulatif de 42 %. En termes reels, la croissance des credits est de -3 %, en tenant compte d 'un taux cumulatif du prix a la consommation de 45 %.

1.23 Repartition du credit par secteur. LtJ repartition sectorieUe des prets est illustree au Graphique 2. Celui-ci iUustre les portejeuiUes combines des banques de developpement et des banques commerciales, soit I 'ensemble des operations de pret iJ court, nwyen et long tenne. En ce qui conceme Ie credit a moyen et long terme, Us sont principalement octroyes au secteur des services et notamment aux secteurs du logement, de la construction, et du tourisme. Cette concentration est importante mais conforme au pourcentage de capitaux d'investissement fixes prives dans les sous-secteurs de l'economie.

1.24 Le graphique n'iUustre pas la concentration des prets au tourisme dans un certain nombre de banques de developpement. Il s'agit la d'une preoccupation croissante a cause du pourcentage eleve des approbations de prets au secteur du tourisme au cours des deux demieres annees. Les trois banques de developpement les plus importantes (BNDT, BDET et BTKD) ont des portefeuilles de plus de 65 % d'investissements prives au tourisme, y compris Ie portefeuille de la BNDT, qui est une banque de developpement specialisee quasi exclusivement (99 %) dans les operations de prets au secteur du tourisme.

Graphique 2 : Repartition des prits bancaires par secteur Oec.1993)

14.00% ,---------"=;....;..;;,.::...::..!.-------, 12.00% 10.00% 8.00% 6.00% 4.00% 200% 0.00%

8<>"",,: 1993 Annual Report of Central Bonk of Tunisia. 11 !Aalert .. , et c/ramlques, Y comprls.

I

1.25 Historiquement, les banques de developpement ont ete les preteurs du secteur, etant donne que les projets touristiques requierent generalement un financement iJ long tenne pour la construction d'hotels. Avec les changements qui sont intervenus dans la recente loi bancaire autorisant plus d'operations de pret a long terme par les banques commerciales, la concentration sectorielle dans Ie secteur du tourisme pourrait etre repartie plus equitablement entre toutes les institutions financieres. Cependant, la BDET, la BNDT et la BTKD devraient en premier lieu identifier les risques excessifs qu' elles detiennent actuellement dans leurs portefeuilles et elaborer des strategies a long terme visant a limiter leurs engagements au secteur.

1.26 Dans Ie cadre des reglementations prudentielles, en 1992 les banques ont ete requises de se conjonner iJ une limite d'engagement maximum de 40 % de leur capital vis-a-vis d'un groupe d'emprunteurs unique, limite qui a eli ramenee a 25 % en 1994. La plupart des banques ne sont pas en mesure de se conformer entierement a la reglementation. Toutefois, suite aux recentes augmentations de l'assise financiere des banques, Ie nombre de groupes depassant cette limite a diminue. Les banques et Ie Gouvemement doivent explorer les solutions permettant de limiter les engagements excessifs vis-a­vis de groupes uniques. La solution la plus naturelle serait d'autoriser les groupes, sans que cela n'entraine de consequences fiscales, a se restructurer en societes de holding, pour autant qu'aucun changement n'intervienne dans la structure de leur prise de participation. Ceci faciliterait la capacite des groupes a emettre des obligations sur Ie marcbe afin de mobiliser du financement, sous reserve qu'its

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puissent se conformer aux criteres de la bourse des valeurs mobilieres et qu'ils soient disposes a divulguer les informations pertinentes relatives a leurs situation financiere. A I'heure actuelle, la seule fac;on d' organiser la restructuration du capital est, pour un groupe, de creer une SICA V. Mais ce systeme ne prevoit pas que les emissions de titres soient ouvertes au public.

1.27 Al'oirs decroissants en effets publics. En pourcentage de I'ensemble des actifs, en 1993 les banques commerciales ne detenaient que 5 % seulement de leurs avoirs en effets publics contre 13 % en 1987. Le changement intervenu dans la structure du solde est attribuable a I'elimination des avoirs obligatoires d'effets publics et a la reduction du deficit. De nos jours les banques sont libres de placer les obligations pubJiques aupres de leurs clients et d'investir dans ce type d'inscription a leur discretion.

D. INTERMEDIATION ET EFFICACITE DU SYSTEME BANCAIRE

Taux d'Interet et Marges des Banques Commerciales et de Developpement : Ressources et Credits

1.28 Les taux de la plupart des depots son! librement fixes par les banques commerciales. La Banque Centrale determine Ie taux des depots a vue a un maximum de 2 %, et Ie taux des comptes d'epargne, qui est fix,e a 2 % en dessous du TMM (taux du marche monetaire). En ce qui conceme les autres depots et instruments d'epargne, depuis janvier 1987 la Banque Centrale n'a plus eu aucun contr61e sur les taux des instruments superieurs a trois mois mais inferieurs a cinq ans. Les taux sur ces depOts a terme varient selon Ie montant depose et I'echeance mais ils ne different toutefois pas fortement entre banques. II semblerait que les banques aient adopte un accord tacite en ce qui conceme les taux des depots a tennes.

1.29 Lt~ cout des achats de fonds varie peu d'une banque a l'autTe. Toutes les banques ont, en pratique un acces egal aux approvisionnements de fonds offerts par appels d'offres par la BCT au meme taux fixe et toutes les transactions bancaires sur Ie marche monetaire interbancaire ont Ie meme taux de 5/8 % m3:,iore du taux de l'appel d'offres. En outre, une banque a acces a la prise en pension aupres de la Banque Centrale a un taux de 1 a I1h % par rapport au taux de l'appel d'offre pour autant qu'elle fournisse :es documents recevables en garantie.

1.30 u~s taux de la plupart des credits octroyes par les banques commerciales sont variables et lies au TMM. Erant donne que leurs res sources sont principalement a des taux variables, la pratique visant a fixer les taux lies au TMM minimise Ie risque de changements du taux d'interet.

1.31 D.~puis juin 1994, la Banque Centrale a autorise les banques commerciales a fixer librement les taux d.'! la plupart des credits. Par Ie biais d'une serie de mesures s'etalant sur une periode de sept ans et demi, la BCT a eUmine les restrictions sur les marges ainsi que sur les taux absolus. En janvier 1987, Ie Gouvemement a pris comme premiere mesure d'abandonner sa politique de fixation des taux sur les credits, sauf pour ceux aux secteurs prioritaires et maintenu un plafond de 3 % au dessus du taux du marche moneta-ire. Quelques annees plus tard, en decembre 1991, ce plafond pour Ie taux de chaque credit a etc~ remplace par un plafond de 3 % sur Ie TMM pour Ie taux preteur moyen des prets octroyes par une banque. Cette derniere mesure a apparemment ete difficile a suivre et a controler. Enfin en 1994, cette derniere restriction a ete eliminee.

1.32 &;ception faile des taux sur les credits a quelques secteurs prioritaires, Ie taux d'interet est librement determine. Depuis I 'elimination enjuin du taux plafond moyen de 3 %, peu de changements ont ete enregistres dans les taux des prets commerciaux, ce qui confirme partiellement que Ie plafond sur la moyenne d'un taux preteur donne n'avait pas un caractere contraignant. Les banques experimentent cependant de nouvelles formules de prets a la clientele et l'acres au credit semble s'etendre avec

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l'emergence d'operations de prets orientees au consommateur (p.ex., des prets pour l'achat de biens domestiques durables).

1.33 Les taux preteurs des banques commerciales aux secteurs prioritaires. Depuis 1989la BeT a impose aux banques commerciales un financement obligatoire a moyen terme des secteurs prioritaires egal a 10 % de leurs depOts, et fixe les taux sur ce type de credit. Les credits prioritaires qui couvrent a la fois les prets a moyen terme et les prets a court terme, sont actuellement octroyes a des secteurs tels que I'agriculture, les industries exportatrices, et les micro-entreprises et representent environ 10 % des prets des banques commerciales. Depuis 1987, Ie nombre de secteurs qui beneficient de ces crooits prioritaires a diminue. Tel qu'illustre au Tableau 5, les taux d'interet fIXes par la BCT ont regulierement augmente depuis 1987 pour les credits aux secteurs prioritaires et sont actuellement positifs en termes reels. En ce qui conceme les credits aux secteurs prioritaires, les banques commerciales sont assurees d 'une marge de 3 % par la BCT. 4 Si un credit justifie une marge plus elevee, les banques ne sont pas autorisees a imputer une telle marge pour couvrir leurs risques. Pour que l'Etat puisse parachever Ie processus de liberalisation des taux preteurs, la demiere mesure a prendre est I'elimination de cette prescription au fmancement et aux taux fixes restants sur les crooits aux secteurs prioritaires. La BCT a planifie d'6liminer la prescription financiere de 10 % aux credits prioritaires d'ici la fin de 1995.

Tableau 4: Taux d'Intem seJectionnes, 1987-94 (en pourcentage; fin de periode)

1987 1988 1989 1990 1991

Taux du Marche Monetaire (TMM) 8.65 8,65 11,31 11,81 11,81

Banque Centrale Appel d'offres credit refinancement II 8,65 8,65 10,31 10,38 10,38 Prise en pension 21 8,65 8,65 11,31 11,88 11,88

Banques Commerciales Pret Maximum/taux de decouvert 31 11,65 11,65 13,75 14,81 15,81

Credit lie a l'exportation 8,00 8,00 8,00 9,00 10,00 Credit Recolte 7,00 7,00 7,00 8,00 9,00 Investissement Agricole 7,50 7,50 7,50 8,00 9,00 Investissements PME 41 8,00 8,00 8,00 9,00 10,00

Source : Banque Centrale de Tunisie

1992 1993 Sept. 1994

11.31 8,81 8,81

10,38 7,88 7,88 11,38 8,88 8,88

na" na na

11,00 11,00 11,00 10,00 10,00 10,00 10,00 10,00 10,00 11,00 11,00 11.00

11 Dans Ie cadre de l'appel d'offres un montant fixe de sept jours de liquidites est mis en vente contre les actifs detenus par les banques.

21 La prise en pension est un guichet de rachat automatique a I'initiative des banques. 31 Le taux preteur maximum a ete fixe au TMM majore de 3,00 % en 1987. En novembre 1988, l'Association des

banques a accepte de reduire Ie plafond au TMM majore de 2,5 %. En 1990-1991 Ie plafond se situait au TMM majore de 3 points. Depuis Ie debut de 1992 Ie taux preteur moyen pour chaque banque eta it limite au TMM plus 3 points ettoutes les restrictions ont ete levees au debut de juin 1994.

41 PME, petites et moyennes entreprises. 51 NA, Non applicable.

1/ A vanll991, ces credits etaient refinances par la Banque Centrale et Ie recours au mecanisme de ref man cement assurait aux banques une marge de 3 % sur les credits. En 1991 la BCT a abandonne la pratique d'injection de liquidites au systeme bancaire au moyen du refmancement de ces credits. En remplacement de ce sysreme, la BCT offre une marge comph~mentaire aux banques pour les credits prioritaires, et les banques s'adressent au marche monetaire pour mobiliser du fmancement.

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1.34 Ecarts entre les prets des banques commerciales. Les ecarts bruts observes sur les preis des banques commerciales, a l'exclusion des credits aux secteurs prioritaires, sont de l'ordre de 6 % ce qui n'est pas excessif. Dans des marches performants l'ecart standard est habituellement de 60 % des taux de depots. Les ecarts bruts observes pour les prets aux grands groupes sont de 3-4 %, ce qui reflete une concurrence reelle entre banques pour preter a une clientele bien etablie.

1.35 Taux d'interet sur les prets octroyes par les banques de developpement. Contrairement aux banques commerciales, toutes les banques de developpement, excepte la BDET pour les prets a moyen terme a l'industrie, imposent un taux d'interet fixe base sur l'echeance et Ie secteur du pret. La concurrence entre banques de developpement sur base du prix est limitee. Les conseils d'administration de chaque banque de developpement fixent les taux sur les peets en fonction de I'echeance et du secteur. Aucun ajustement n'est fait pour couvrir Ie risque specifique du projet ou la solvabilite du client. Soit Ie projet est sain, les garanties sont suffisantes et Ie projet merite d'etre finance, soit it ne l'est pas, auquel cas aucun financement n'est disponible.

Rentabilite des Banques Commerciales : Une Comparaison entre la Rentabilite de l'lnvestissement (ROE) et: Ie Rendement de I' Actif (ROA).

1.36 Dans Ie but d'evaluer l'efficacite du secteur bancaire et de ses principales composantes, les dix banques <:ommerciales les plus importantes sont groupees en cinq categories, en fonction de leur taille, de la structure du capital social et de leur fonction. Les cinq groupes sont : (i) les grandes banques publiques (BNA et STB); (ii) la grande banque privee (BIA T); (iii) les banques publiques de taille moyenne (BS, urn, et BS); (iv) les banques privees de taille moyenne (ATB, BT, CFCT, et UBCI); et (v) la banque publique de l'habitat (BH). L'analyse qui suit repose sur les revenus et bilans des dix banques tels qu'ils sont presentes dans les rapports annuels de l'Association des banques pour les annees 1987-1993. Les chiffres sont bases sur les ratios moyens des annees 1988 a 1993. La moyenne pour la periode donne une vue plus precise de la performance, compte tenu du sous provisionnement de la plupart des banques du systeme avant 1991 et des importantes provisions accumulees en 1992 et 1993. De maniere generale, les chiffres suivants pour la ROE et Ie ROA des banques commerciales privees et de la banque de I 'habitat refletent la performance reelle de ces banques. Les chiffres presentes pour les banques publiques surestiment cependant leur rentabilite reelle compte tenu des importants deficits enregistres a la fin de 1993 au niveau des provisions.

1.37 L~ rendement moyen de l'actif avant imposition, au cours de la periode d4! six ans etait de 0,7 % pour les dix banques commerciales. Les grandes banques publiques et la banque privee etaient proches de la moyenne, et Ie ROA des banques publiques moyennes etait identique. Par contre, les banques privees moyennes ont atteint un ROA de 1,3 %, so it pres du double de la moyenne des banques commerciales (voir Graphique 3). Cette moyenne ayant ere atteinte apres la mise en reserve d'un provisionnement suffisant, on peut dire que les banques privees moyennes ont

~a: RrniBrnIt IJ1¥W1dirl.'df aat Irrp:litla'ldasbnpsCDl1'lWdales (Bl%dllla /1'I¥II1'Bdasactlfspu 1!1f3B.19f13)

1.4,---------------------, 1.2t------------------10t------------------oat--------------06 +---=c=---04 02 00

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eu un ROA "reel" qui se compare favorablement au ROA des banques des pays de l'OCDE.s

1.38 Le degre de rentabilite de chaque groupe se compare Ie mieux sur la base du revenu avant imposition etant donne que les taux d'imposition varient entre les cinq groupes de banques commerciales. La ROE moyenne de la grande banque privee est de 21 % contre 13 % pour les grandes banques pubJiques. L'ecart entre ces chiffres est principalement attribuable au ratio d'endettement plus important des grandes banques privees par rapport aux banques pubJiques. Une comparaison entre la ROE reelle indiquerait un ecart plus important, compte tenu de I'insuffisance de provisions des banques publiques a Ia fin de 1993 et de I'impact de l'ajustement des chiffres pour refleter Ie niveau adequat des provisions. Pour les cinq banques privees de taille moyenne la ROE est de 25 % contre 10 % pour deux banques publiques moyennes, et 19 % pour la banque publique de l'habitat. Cette comparaison ne tient egalement pas compte des importants deficits de provisions que les deux banques publiques moyennes enregistraient a la fin de 1993.

Rentabilite des Banques de Developpement par rapport aux Banques Commerciales

1.39 L'etablissement d'une compa­raison du rendement de I' actif entre banques de developpement et entre banques de developpement et banques commerciales pourrait preter a confusion compte tenu des differences au niveau des sources de revenus. Toutes les banques bilaterales de developpement sont dotees de solides assises financieres, de sorte que leurs depenses d' interet sont generalement peu importantes et, en consequence, leur ROA est eleve. Une comparaison de la ROE, meme approximative, constitue une base raisonnable pour pouvoir etablir une comparaison entre les banques commerciales et de developpement. II y a une nette

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difference entre la ROE avant imposition des banques de developpement et des banques commerciales, comme Ie montre Ie Graphique 4. 6 La ROE, avant imposition, du groupe de banques de developpement est de 4,7 %, ce qui est negatif en termes reels, compare a 16 % pour les banques commerciales. Ceci peut partiellement s'expliquer par Ie fait que les banques de developpement en tant que groupe disposent de provisions suffisantes contrairement aux banques commerciales, en groupe ou en particulier, les quatre banques publiques (BNA, B5, UIB et 5TB). Cette explication n'est toutefois pas suffisante. Le faible niveau de la ROE moyenne reflete egalement la faible rentabilite des portefeuilles prets et prises de participation des banques de developpement et leur manque de revenus derives des commissions. La

2.1 Le ROA des banques commerciales des pays de I'OCDE varait entre 0,31 % a 1,01 %, avant imposition. pour la moyenne des annees 1980-1986. "Measuring Commercial Bank. Efficiency; Use and misuse of Bank. Operating Ratios" Dimitri Vittas, Document de Travail de la Banque mondiale, WPS806, novembre 1991.

§/ La ROE moyenne pour Ie groupe est basee sur les resultats de toutes les banques de developpement a I'exception de la plus petite, la BCMA (Banque de Cooperation du Maghreb Arabe dont I'ensemble des actifs s'elhe a 69 millions), et de la BTQI (Banque Tuniso-Qatarie d'Investissement) qui a subi d'importantes pertes de change au debut des annees 1990.

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ROE moyenne pour chaque banque de developpement, avant imposition, pour la periode de six ans varie entre 2 % et 13 %.

Caracteristiques d' Autres Actifs Cles, Coefficient des Couts et Revenus

1.40 Les banques tunisiennes font etaJ de faibles marges d'interet en pourcentage de la moyenne totale des actifs. Ceci est attribuable a la forte incidence des prets non perfonnants dans Ie portefeuille de prets des banques publiques, et, jusqu'a recemment, les limites sur les ecarts de pn!ts et politiques d'emprunt qui ne tenaient pas compte des risques lies au credit lors de la fixation des prix. Cette marge devrait s'ameliorer avec la recente liberalisation des taux d'interet, une moindre interference de I 'Etat dans les operations bancaires, et la recente introduction de criteres de garantie plus stricts.

1.41 Une comparaison des ratios des cinq groupes illustre les principaux points forts et les faiblesses des differents types de banques commerciales. Les grandes entreprises publiques (en particulier la BNA), ont un cmit d'emprunt legerement plus eleve du fait de la pietre mobilisation de ressources (par rapport a I'octroi de credits). Ceci explique en partie la marge d'inten!t peu importante des grandes banques publiques. En comparaison, l'element Ie plus saillant des banques les plus rentables est que les cinq banques (;ommerciales privees moyennes ont un faible cout de financement, grace a une importante mobilisation de ressources, tel qu'illustre au Graphique 1. II Y a egalement lieu de noter que panni les banques privees, on constate une correlation entre Ie niveau eleve de la marge et celui des couts d'exploitation. ce qui donne a penser qu'elles ont cible des marches a marge et a cout eleves et que ce segment du secteur bancaire est Ie plus rentable.

1.42 Les coUts d'exploitation des banques commerciales publiques et pnvees s 'alignent sur les couts d'exploitation des banques des pays de I 'OCDE, tant en termes de couts en pourcentage des actifs moyens que de coUts en pourcentage du revenu. Compte t,enu des ecarts importants au niveau des salaires entre banques publiques et pnvees, les couts d'exploitation et de personnel, en pourcentage des actifs, sont plus faibles pour les banques pubUques. Le personnel des banques privees est toutefois plus productif. Les banques privees ont des ratios cout-revenu moins e:leves que les banques

~e:r.t¥rred!sa.ilsd~d!slJnps<lJllllil1iaes \Eh % dill a::IIfsp::u 1988-1993) 11

25.---------------------------------------~

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1.5

o

commerciales publiques, ce qui demontre une plus forte productivite. En moyenne pour les annees 1988-1993, pour chaque dinar genere en revenu brut par Ie groupe de banques commerciales, 35 % ont ete consacres aux salaires et 17 % aux aut res couts d' exploitation a I' exclusion de l' amortissement. La situation I~st comparable a celle des banques commerciales des pays de I 'OCDE, pour lesquelles les chiffr'es des couts d'exploitation, amortissement compris, se situent entre 58 % et 72 % du revenu brut. Le Graphique 5 donne une comparaison des couts d'exploitation des cinq groupes.

1.43 En ce qui conceme les effectifs des banques tunisiennes, la moyenne est legerement inferieure aux nonnes intemationales. En general, les banques commerciales de Grande Bretagne, d' Allemagne, de France et d'autres pays de l'OCDE ont un effectif d'environ 25 personnes par filiale. En Tunisie, par contre, la moyenne du groupe est de 20; ce chiffre est pratiquement Ie meme pour toutes les banques du

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groupe qu'elles soient publiques ou privees. La difference entre les banques tunisiennes et celles des pays de I'OCDE peut s'expliquer par une ganune plus restreinte de services. A titre d'exemple, dans la plupart des sites touristiques les succursales bancaires offrent seulement des services de change.

1.44 Une mesure de la sophistication des services bancaires est Ie montant du revenu genere au titre des commissions. La grande banque privee a enregistre Ie volume Ie plus important de revenus generes par les commissions en pourcentage de I'ensemble de ses actifs. En pourcentage du revenu moyen pour les annees 1988-1993, Ie montant du revenu genere au moyen des commissions pour cette banque est de 29 %, so it I'equivalent de 50 % des couts d'exploitation, amortissement noncompris. Cette banque offre des services tels que les operations bancaires par guichet automatise, cartes de credit VISA et Mastercard, et operations bancaires a domicile pour la clientele commerciale. En gemSral, toutes les banques commerciales off rent les services bancaires traditionnels, et plus recemment les services de courtage et de change.

1.45 Les impots payes par les banques commerciales privees de taille moyenne sont nettement plus eleves que ceux payes par les banques commerciales et de developpement publiques. Cette difference depend de la mesure selon laquelle les banques tirent avantage d'une legislation fiscale qui permet au revenu investi sous forme de prises de participation d'etre exonere du paiement de l'impot. Les deux banques publiques les plus importantes, qui detiennent les plus importants portefeuilles de prises de participation des 12 banques commerciales, semblent avoir Ie plus bCneficie de cette reglementation fiscale.

1.46 En pourcentage du revenu net,les banques privees paient des taux d'imposition moyens d'environ 28 % alors que les banques publiques paient en moyenne environ 20 %. Ces chiffres se comparent favorablement avec les taux d'imposition sur Ie revenu net des pays de l'OCDE.

QuaIiw du Portefeuille des Banques Commerciales et de Developpement

1.47 Banques commerciales. La qua/ite des portefeuilles des banques et rubriques hors bilan varie consuIerablement d'une banque a I'autre. Les actifs combines et engagements hors bilan des banques privees sont cependant nettement meilleurs que ceux des banques publiques. Par ailleurs, Ia tendance qui se dessine des audits des deux dernieres annees est que la qualite de leurs portefeuilles s'ameliore, a un rythme plus rap ide que celIe des banques publiques. Les risques lies aux actifs et engagements hors bilan qui tombent dans les categories 2 a 4 (une mesure approximative du pourcentage de prets non performants) representent environ 25 % de l'ensemble des actifs et engagements hors bilan pour la BlAT (1993), 14 % pour l'UBCI (1993) et 28 % pour Ia BT (1993). L'ensemble des risques bilan et hors bilan des categories 2 a 4 est de 72 % a. la BNA (1993) et 36 % a. la STB (1993). Pour la BNA cet ecart s'explique en partie par ses engagements importants vis-a.-vis d'entreprises publiques peu performantes, et des progranunes publics speciaux pour lesquels la BNA achemine Ie financement public.

1.48 Banques de developpement. La performance de ces banques varie en fonction de la qualite des normes d'evaluation et de supervision anterieures et du poUls des prets aux entites du secteur public. Cependant, ces banques ont systematiquement une forte incidence d'actifs non performants. Etant donne

1/ En bref, si un client accuse un retard de paiement de 90 jours sur les interets ou Ie principal, I'exposition totale vis-A­vis de ce client est classee dans la categorie 2. De plus, si une deterioration du cashflow d'un client compromet Ie remboursement des dettes, Ie client est classe dans la categorie 2. La categorie 3 correspond aux clients en arriere de paiement de plus de 180 jours et la categorie 4 aux clients en arriere de paiement de plus de 360 jours. Les banques sont tenues de maintenir des provisions egales A20 %. 50 % et 100 % des engagements nets qui tombent sous la categorie 2, 3 et 4, respectivement (voir la circulaire de la BeT n° 91-24 pour une description complete).

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que les banques de developpement ont peu d'engagements hors bilan, la classification des risques est presentee de maniere legerement differente que dans Ie cas des banques commerciales. Les ratios d'actifs non performants (prets dans les categories 2 a 4, ainsi que les actifs dans des secteurs en difficuIte) pour les banques de developpement les plus importantes sont de 41 % pour la BDET (1993), 40 % pour la BNDT (1993), 47 % pour la STUSID (1992),62 % pour la BTKD (1992) et 41 % pour la BTEI (1992).

1.49 Ces chiffres, bases sur des normes objectives de classification des risques, sont difficiles a compareI' aux normes internationales, compte tenu des pratiques anterieures du systeme bancaire tunisien : en partiC\llier, Ie fait que les banques de developpement et les banques commerciales ont rarement passe par pertes et profits les pertes sur pret. De plus, un bon nombre de banques, avant la recente adoption de nouvelles regles comptables sur Ie revenu d'interet, consideraient comme revenu les interets non per\!us en arriere de plus de 90 jours. Elles comptabilisaient egalement l'interet non per\!u comme effets a recevoi.r et fixaient leurs provisions en consequence. (Le revenu des interets impayes en arriere de paiement de plus de 90 jours est la norme comptable internationale et la pratique actuelle en Tunisie.) Un impact des anciennes pratiques est que les bilans des banques les plus anciennes sont generalement gonfles. L'autre consequence est un pourcentage plus eleve d'actifs et d'engagements hors bilan vis-a.-vis de clients classes dans les categories 2 a 4.

Evolution du Role des Banques de Developpemeut

1.50 La plus ancienne banque de developpement, la BDET, a ete creee en 1965. Par la suite, six des sept autres banques de developpement ont ete etablies, avec des capitaux des gouvemements du Royaume d'Arabie Saoudite, du Koweit, des Emirats Arabes Unis, de la Libye, de l'Algerie et du Qatar, et la BDNT etait creee. Ces institutions ont servi Ii combler Ie manque d'operations de prets pour les investissements des entreprises du secteur prive ainsi que pour encourager Ie financement de nouvelles technologie en Tunisie. A une epoque ou les marches de capitaux etaient pratiquement inexistants en Tunisie ces banques ont joue un role essentiel dans l'approvisionnement du financement a long terme. Avec Ie renforcement du systeme financier et une plus grande variete d'instruments financiers ainsi que l'etablissement d'institutions financieres de types differents, Je role des banques de developpement doit evoluer. L'Etat a conscience que la survie a long terme de ces institutions est menacee par leur faible rentabilite en termes nominaux et qu'il faut renforcer les normes de supervision, relever Ie niveau de quaHte d!~s portefeuilles et, de maniere encore plus significative, developper de nouvelles strategies pour l'avenir.

1.51 Dans Ie but d'ameliorer leurs operations de pret, les grandes banques de developpement se sont mises d',lccord avec la Banque Centrale sur des mesures vis ant a faire respecter les normes de supervision et a rele\er Ie niveau de qualite de leurs portefeuilles de prets. Cependant, ces mesures a elles seules ne seront pas suffisantes pour accroitre leur rentabilite. Avec l'evolution du secteur financier, les banques de developpement se trouvent confrontees a une concurrence plus forte au niveau des prets a long terme. Les banques de developpement sont de plus en plus desavantagees pour s'attirer la clientele rnaintenant que les banques commerciales sont mieux a meme d'evaluer et d'approuver les operations, qu'elles ont des contacts hebdornadaires et meme quotidiens avec leurs clients, et que les banques commerciales peuvent offrir des conditions de pret favorables aux meilleurs clients. Le fait que les banques de developpement offrent un certain niveau d' expertise teChnique generalement superieur a celui des banques commerciales a, par Ie passe, justifie leur participation Ii plus d'un projet. Une ou deux banques de developpement pourraient a l'avenir continuer Ii jouer un role catalyseur dans la mobilisation de financement pour l'investissement; rnais tenant compte de la transformation que subit actuellement Ie secteur, il est peu vraisemblable que les huit pourront survivre essentiellement sous leur forme actuelle.

1.52 A l'heure actuelle, les banques de dlveloppement explorent des strategies en vue d'etendre leur role sur Ie marche grace a la diversification. Plusieurs banques sont en train d'etudier l'experience des

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anciennes banques de developpement portugaises qui se sont transformees en banques d'investissement et envisagent d'offrir des services de conseils sur la base de commissions. L'une des banques de developpement est egalement en train de creer un fonds d'investissement dans lequel elle pourra placer les investissements selectifs de prises de participation qu'elle realisera a l'avenir. En bref, les banques de developpement sont en train d'envisager et de mettre au point des moyens en vue de redefinir leurs activites. Cependant, elles doivent egalement envisager serieusement comment acquerir la capacite necessaire pour offrir ces nouvelles activites. Certaines d'entre elies pourront etre mieux poursuivies par la creation de coentreprises en association avec d'autres banques de developpement ou banques commerciales.

E. RECOMMANDATIONS FINALES

Encourager la Concurrence Intra et Inter-Industrie

1.53 Avec la promulgation de la nouvelle loi bancaire en 1994, une restriction majeure a la concurrence a ete levee lorsque les plajonds aux operations de pret a long terme des banques commerciales ont ete elimines. En outre, la loi bancaire a egalement renforce la capacite des nouvelles banques a penetrer Ie systeme et offert la possibilite aux banques d'investissement de s'y implanter, ce qui permettrait d' accroitre la concurrence sur I' ensemble du systeme financier. D' autres restrictions ou criteres couteux imposes par les banques centrales au developpement des banques commerciales devront egalement etre re-examines et elimines. Actuellement, lorsqu'une banque commerciale ouvre quatre filiales dans un gouvernorat oil d'autres banques operent deja, elle est tenue d'ouvrir une agence dans un centre rural ou il n'y a pas encore d'institution bancaire. De plus, dans certaines regions ou il y a deja un grand nombre de banques, la Banque Centrale peut refuser l'autorisation d'implanter une succursale. L'impact de cette prescription, appliquee systematiquement, est que I' expansion d 'un reseau d' agences est couteux pour les nouvelles banques, et limite par la Banque Centrale.

1.54 En ce qui concerne les soc;etes de credit-bail, et bien qu'elles se soient averees rentablesJ leur croissance est limitee par les normes strictes de capital minimum. Ces normes ne sont pas uniformes pour toutes les societes de credit-bail et Ie ratio d'endettement Ie plus eleve autorise est de 7 a 1. Le relevement progress if de ce ratio d'endettement maximum pour toutes les societes de credit-bail a 10 a 1 et l'etablissement d'un calendrier d'examen de la performance de ces nouvelles entreprises permettraient Ulle croissance prudente des operations de leasing et contribueraient a intensifier la diversification ~~t la concurrence au sein du systeme financier.

1.55 L'Etat devrait encourager les grands groupes commerciaux a se restructurer et a se financer directement a la bourse des valeurs mobilieres par l'emission d'obligations et/ou d'actions. Ceci favoriserait Ie developpement rap ide du rnarche de capitaux, encouragerait la concurrence inter-industrie dans Ie systeme financier, et permettrait aux banques de reduire leurs importantes concentrations d'engagements financiers a des entreprises et industries correlees. Les engagements excessifs vis-a··vis de grands groupes d'emprunteurs remettent en question la viabilite du systeme bancaire. Le Gouvernement devrait envisager de modifier la legislation fiscale afin que les groupes puissent changer leur structure de capital et creer des compagnies de holding. De telles structures leur permettraient de rendre public leurs besoins de financement, pour autant qu' elles satisfassent aux prescriptions en matiere de divulgation de l'information de la Bourse des valeurs mobilieres. A cette fin, des regles comptables pour consolider les comptes devraient egalement etre adoptees et appliquees.

Etendre Ie Role du Secteur Prive dans les Activites Bancaires

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1.56 Le probleme fondamental du systeme bancaire tunisien est la predominance du secteur public dans les activites bancaires commerciales. Son imposante presence dans Ie systeme a un impact sur l'efficacite du secteur, au niveau de l'allocation des credits et dans une moindre mesure, au niveau de la mobilisation des depots. Ceci se reflete dans les differences notoires qui existent au niveau des mesures cles de la rentabilite et de la qualite du portefeuille.

1.57 Depuis deux ans Ie Gouvemement s'est engage it desengager progressivement sa prise de participation dans les plus grandes banques publiques et la BDET. A cette fin l'annee demiere Ie Gouvernement a reduit directement et indirectement Ie pourcentage de ses participations par Ie biais d'adjudications publiques it la bourse ainsi que par Ie biais de la vente de ses actions it la "Cote occasionnelle". Neanmoins, l'Etat detient toujours des interets significatifs dans les cinq banques commerciales (BNA, STB, BS, UIB et BH), qui dans Ie cadre de la legislation sont considerees comme publiques. Par Ie biais de la promulgation de la recente loi sur les entreprises publiques en aout 1994 (Loi 94-102), toute banque dans laquelle I' Etat detient une participation directe ou indirecte superieure it 34 % est consideree comme publique et soumise aux memes codes et reglementations en matiere de gestion et de personnel que les entreprises detenues de maniere directe ou indirecte it concurrence de 50 % par l'Etat.

1.58 L'impact de cette legislation recente sur les entreprises publiques est qu'it moins que la participation de l'Etat ne soit inferieure it 34 %, Ie desengagement n'a pratiquement aucun impact sur les operations et politiques de ces banques. La composition des conseils d'administration et, de maniere encore plus significative, la capacite de la gestion a compenser les effectifs en rapport avec leur performance demeurent inchangees meme apres une augmentation sensible au niveau de la prise de participation des banques par Ie secteur prive. Afin d'ameliorer Ies operations des banques commerciales, i1 faudrait au moins que les conseils d'administration representent equitablement tous Ies actionnaires.

1.59 Le Gouvemement devrait activement envisager la vente de ses actions dans les banques publiques afin d'y eliminer totalement tout controle de l'Etat. Avec l'elimination des controles au credit, la liberalisation des taux de depot et des taux d'interet preteur, et Ie renforcement de la reglementation prudentielle et de la capacite de supervision de la Banque Centrale, les importantes prises de participation de I'Etat dans les banques commerciaies sont contraires a l'esprit du programme de reforme. Etant donne la taille nettement plus petite des banques commerciales publiques moyennes compare aux deux grandes banques publiques, les prises de participation de l'Etat dans l'UIB ou la BS devraient etre cectees au secteur prive. Alternativement, si la qualite du portefeuille d'une banque publique est nettement superieure it celles des autres, la vente des actions de cette banque serait plus facile et contribuerait it faciliter la mise en place de la privatisation.

1.60 L 'Eta! devrait egalement envisager la fusion de banques publiques avec des banques privees tunisiennes ou, alternativement, viser a ce que les prises de participation minoritaires de blocage soient detenues par des institutions financieres qui peuvent offrir un appui technique et surtout de gestion. Le desengagement de I'Etat par la vente des actions au public comporte des avantages limites uniques. Ce type de vente offre un moyen facile de mobiliser rapidement des liquidites. Compte tenu des difficultes rencontrees par les banques tunisiennes it mobiliser les capitaux necessaires aux fusions, l'Etat pourrait identifier une institution financiere privee en mesure d'acquerir un interet minoritaire de blocage. Cet actiomlaire majoritaire devrait se voir confier certaines responsabilites et droits tels que la nomination des principaux membres du Conseil d'administration et des cadres de gestion. II est interessant de noter que les banques les plus performantes du systeme bancaire tunisien, sur la base de leur capacite a mobiliser des ressources de developper de solides portefeuilles et de generer des revenus de commissions,

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tout en maintenant les couts conformes aux normes de I'OCDE, sont celles qui sont privees et travaillent avec des partenaires etrangers d'envergure.

1.61 Le Gouvernement devrait mettre en place une strategie pour l'avenir des banques de developpement, afin de relever Ie niveau de leur contribution a l'efficacite du systeme bancaire. Les banques de developpement detiennent moins de 20 % des actifs du systeme bancaire, mais leur capital combine est superieur it 50 % du capital total du systeme bancaire. Avant que cette assise financiere ne soit trop fortement erodee, leur role au sein du systeme financier devrait etre redefini. Le Gouvernement devrait envisager toutes les options possibles pour accroitre I' efficacite de ces banques et leur permettre d'arriver it un niveau adequat de rentabilite permettant d'assurer leur perennite financiere. Les banques de developpement doivent non seulement definir leur gamme d'activites, mais egalement la maniere dont elIes se procureront les capacites necessaires pour offrir ces activites.

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CHAPITRE II FINANCEMENT DU TRESOR ET MARCHES FINANCIERS

A. LE FINANCEMENT DU TRESOR

Breve Introduction

2.01 La gestion de la dette interieure et la politique monetaire sont etroitement lUes et d'une importance capitale pour Ie renforcement du secteur financier, Ie developpement de l'epargne domestique et, en fin de compte, l'amelioration du taux de croissance. Dans la plupart des pays les effets publics l sont les elements qui composent les marches financiers, la dette publique interne offrant Ie volume Ie plus important de valeurs mobilieres aux investisseurs et celles-ci representant I'investissement Ie moins risque disponible sur Ie marche. Les effets publics a moyen et long terme (bons et obligations) constituent la base des marches obligataires modernes, tandis que les bons du Tresor cessibles sont des instruments a court terme utilises par la Banque Centrale pour faire face aux besoins de refinancement des banques commerciales, et ils constituent egalement les instruments de base d'une politique monetaire efficace. Dne gestion saine de la dette publique interne est donc un element cle en vue d'etablir une courbe de rendement et un repere2

, qui permettent aux investisseurs d'allouer efficacement leurs epargnes.

2.02 Depuis 1988, Ie GT a progressivement rem place la gestion directe des instruments monetaires par des methodes indirectes. La gestion de la dette publique interne s'est davantage orienree vers Ie marche au cours des trois dernieres annees par (i) l'introduction de nouveaux instruments a des prix de marche (bons du Tresor negociables assimilables et cessibles), (ii) l'introduction de nouvelles procedures d'adjudication et, (iii) l'elimination progressive des Emprunts nationaux et Bons d'equipement (ces instruments sont pratiquement des valeurs non liquides car ils sont emis a des prix inferieurs aux taux du marche et constituent des placements obligatoires).

2.03 En depit des ameliorations, Ie marche secondaire est toujours limite pour les bons du Tresor compte tenu du fait que Ie transfert de propriete est pratiquement impossible comme nous Ie verrons plus tard. La gestion des liquidites du Tresor est egalement a moderniser pour developper une capacite de modelisation avec des technologies et methodes informatisees. Depuis 1989, la Banque Centrale a decide d'adopter une gestion plus indirecte de sa politique monetaire par Ie biais des taux d'interet mais des progres supplementaires sont necessaires pour etablir une courbe de rendement et pour que les taux d'interets retletent Ie niveau de liquidites dans l'economie. Neanmoins, la mise en oeuvre de la nouvelle politique n' a toujours pas ete totalement mise en oeuvre, car la Banque Centrale utilise encore des methodes directes de controle de gestion. La gestion des liquidites des banques ne se fait pas giobalement mais plu!Jt sur une base verticale. De ce fait it n'y a pas de courbe de rendement et les taux d'interet ne retletent pas completement Ie niveau de liquidites de l'economie.

11 Lf:S effets publics comprennent les bons d'equipement et les bons du Tresor, tous deux generalement negocies sur Ie marcM moneta ire ainsi que des obligations negociees sur Ie marcM obligataire (en Tunisie, la Bourse des Valeurs MJbilieres).

'1:.1 Lf rendement des effets publics represente la rentabilite de base de I'investissement Ie moins risque dans I'economie.

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I. Le Financement du Tresor (Marche Primaire) et la Gestion de la Dette Publique Interne (Marche Secondaire)

En millions

deDT

Graphique 6: Evolution de la dette publique interieure

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0 1990 1991 1992 1993

Source: Tresor tunisien.

1994

[]JBTN • Emprunts nationaux lSI Bons d'equippement Cl Bons du Tresor

Instruments de la Dette PubUque

2.04 Au cours des 20 dernieres annees, Ie Tresor a emis quatre types d'instruments pour financer son deficit: (i) les Emprunts nationaux; (ii) les bons d'equipement; (iii) les bons du Tresor negociables assimilables; les bons du Tresor cessibles. Au til des annees Ie Tresor a progressivement transfere son financement des emprunts nationaux et bons d'equipement (pour les raisons citees ci-dessus) aux bons du Tresor negociables assimilables et cessibles (Graphique 6). Les instruments du Tresor sont decrits ci­dessous :

Les emprunts nationaux ont ete les premiers instruments financiers utilises par Ie Tresor apres l'independance en 1957, et ils sont toujours emis en petites quantites. Depuis 1986, seules trois obligations nationales a cinq ans ont ete emises et la seule qui subsiste encore est celle de 1992. La part des obligations nationales dans la dette interieure a progressivement diminue au cours des annees, de 50 % dans les annees 1970 a 4 % a la fin de 1994. Les obligations nationales ont ete principalement souscrites par les banques commerciales et les menages. Elles sont cotees et peuvent etre negociees en Bourse, mais en fait, les investisseurs les gardent en portefeuille jusqu'a echeance, etant donne que la procedure de reglement est lourde : elle requiere des formulaires d'agrement, des coupons pour Ie principal et les interets, et surtout Ie transfert de propriete est difficile. Au cours des dernieres annees, I'Etat n'a que modestement3 eu recours aces effets pour financer son deficit, du fait que les emprunts nationaux etant

;"1 Entre 1986 et 1992, Ie Gouvemement a emis pour 230,2 millions de DT d'emprunts nationaux en trois tranches. La seule emission qui subsiste est celie de l'Emprunt National 1992, dont Ie montant s'elevait a 71.4 DT a la fin de 1994.

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pratiquement non liquides Ului fallait offrir des avantages substantiels (avantage fiscal, rendement) aux investisseurs pour pouvoir les placer.

Entre 1969 et 1992, les bons d'equipement ont constitue les principaux instruments du financement du deficit. Ils representaient en moyenne 70 % de I' ensemble des effets publics emis au cours de la periode. Ces bons a 10 ans ont ete emis mensuellement a des taux inferieurs au marche, initialement a 5,5 %, puis 6,5 %, et enfin 8,125 %. Il s' agissait pratiquement tous de placements exclusivement obligatoires aupres des banques, compagnies d'assurance et caisses de retraite. Les entreprises publiques rentables etaient egalement "tenues" de souscrire. En principe les bons d'equipement etaient negociables en bourse, mais etant donne leur faible niveau de rentabilite ils etaient-et sont toujours-­rarement negocies. En fait, compte tenu de leur faible niveau de rendement ces effets peuvent etre cons ide res comme I 'equivalent d'un imp6t sur Ie systeme financier. Des que les besoins de financement automatique ont diminue (baisse du deficit public depuis 1992), Ie Gouvernement a cesse d'emettre ces bons, et a commence ales rembourser en 1993, en les echangeant contre des bons du Tresor, emis a des taux de marche qui demeurent des taux administratifs, par Ie biais de mecanismes d'adjudication. En 1994, Ie Gouvernement a continue a rembourser par anticipation les bons d'equipement en les echangeant contre un nouvel instrument introduit la meme annee, les Bons du Tresor negociables en Bourse (BTN). Ces BTN offrent en theorie plus de liquidites que les bons d'equipement reguliers, etant negociables en Bourse, en I'absence d'un reel marche secondaire pour les bons du Tresor. On s'attend a ce que les Bons d'Equipement restants seront entierement repayes d'ici la fin de 1996.

Les Bons du Tresor Negociables en Bourse (BTN) ont eM crees en 1993 pour rem placer les Bons d'Equipement, mais leurs caracteristiques doivent etre ameliorees pour accroitre leur niveau d'acceptabilite. Depuis decembre 1993, les banques sont autorisees a placer des bons du Tresor d'une echeance superieure a un an en tant que Bons du Tresor negociables. En theorie ces nouveaux effets sont negocies a la Bourse des Valeurs Mobilieres comme si elles etaient des obligations emises par des entreprises publiques ou privees alors qu'elles ne sont pas des titres publics. Ces effets sont actuellement difficiles a negocier du fait que, conformement a la circulaire publiee par la Banque Centrale, les banques ont converti les instruments du marche monetaire d'une echeance de plus d'un an (bons du Tresor) en instruments financiers (BTN) pour lesquels les procedures de reglement ne permettent pas Ie transfert de propriete d'un investisseur a I'autre. De ce fait Ie succes des BTN a ete limite. 4 Afin d'assurer la reussite de ce nouvel instrument Ie Gouvernement devrait emettre directement les BTN et Ia Banque Centrale devrait faciliter Ie transfert de propriete des bons du Tresor. Nous decrirons plus en detail les ameliorations a apporter dans Ie cadre des recommandation.

Les Bons du Tresor ont eM introduits en 1989 par Ie Tresor et ont progressivement remplace les autres instruments. lis ont une importance croissante dans la dette publique interieure (Graphique 7). Le stock de bons du Tresor a augmente huit fois au cours des cinq dernieres annees, passant de pres de 200 millions de DT a 1600 millions de DT, et compte actuellement pour 70 % de la dette publique interieure totale. De 1989 a 1993, des circulaires de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) ont introduit des bons du Tresor

!I En 19!14 Ie volume total de bons du Tresor transforme en BTN s'elevait a 7,5 % de I'ensemble de la dette publique interieure .

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a echeances diverses. Depuis Ia fin de 1993, Ie Tresor emet sur une base hebdomadaire des effets a echeance de 13, 26, 52 semaines et 2, 3, 5, et 7 ans. Si I'on exclut Ies emprunts nationaux, les bons du Tresor sont actuellement les seuis instruments emis par Ie Tresor. Afin de rendre Ia dette plus homogene, et de limiter Ie nombre d'emissions ayant une meme echeance, Ie Tresor est en train de mettre en place une technique de Bons du Tresor assimilables.~ L'introduction de cette technique est tres importante car elle permettra d'accentuer I'importance de Ia dette publique et facilitera Ie developpement future de liquidites sur Ie marche secondaire en Iimitant Ie nombre d'emissions differentes. Les taux d'interet sur Ies bons du Tresor ont ete tres stables au cours des quatre dernieres annees, et sont etablis independamment des echeances. Cette stabilite est etroitement liee ala gestion de Ia politique monetaire. En 1991-921es taux d'interet ont atteint 11 ,6875 %, et ils ont baisse a 9,5 % a la fin des annees 1993, suite a l'evolution des taux de refinancement pour Ies banques.

Graphique 7: Financement interieur du Tresortunisien

500

400

300

En millions 200

deOT 100

0

-100

-200 0 In co co co co 0) 0) 0) ..... ..... .....

...... co 0) ~ ..... co co co 0) 0) 0) 0) 0) 0) ..... ..... ..... .....

Source: Tresor tunisien.

N C") 0) 0) 0) 0) ..... .....

ClAutres Empr. Nets CJ Bans du Tresor LIllI Bans d'Equip.

2/ La technique des bons du Trt!sor assimilables consiste a reouvrir la meme caregorie d'emissions a echeance identiques. Si par exemple un Bon du Tresor a sept ans est emis en janvier 1995, avec remboursement prevu en janvier 2002, Ie Tresor sera en mesure de re-emettre d'autres bons du Tresor a sept ans dans Ie courant de 1995 avec la meme periode d'amortissement et les memes caracteristiques, mais iI Ie fera a des niveaux de prix differents afm d'ajuster la rentabilite a celie de la premiere emission. Si I'emission a sept ans de janvier 1995 avec remboursement prevu pour janvier 2002 est emise a 100, celie A sept ans de juin 1995 avec remboursement prevu pour janvier 2002 sera emise A 102. Cette technique limite Ie nombre des emissions, si par exemple l'Etat souhaitait emprunter 100 millions de DT en bons du Tresor A cinq ans au cours d'une annee donnee, avec les techniques traditionnelles, iI aurait probablement lance cinq emissions differentes durant I'annee avec cinq periodes d'amortissement differentes, en fragmentant Ie marche avec cinq lignes de 20 millions de DT par exemple. Avec la technique des bons du Tresor assimilable, il aurait reouvert la m!me emission cinq fois, et it n'y aurait donc qu'une ligne de 100 millions de DT de caracreristiques fmancieres specifiques. En limitant Ie nombre des emissions, cette technique contribue a accentuer la profondeur du marche et ses liquidires potentielles.

Procedures d'Emissions, Echanges et Gestion de la Dette

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2.05 La description suivante s'appliquera seulement aux bons du Tresor etant donne qu'ils constituent actuellement Ie gros des emissions du Tresor. Les autres instruments (bons d'equipement) ne sont plus, ou rarement (emprunts nationaux) utilises. L'usage des BTN sera vraisemblablement etendu a l'avenir des qu'ils auront ete techniquement ameliores (notamment les procedures d'emissions et Ie systeme de transfert de propriete) mais les bons du Tresor demeureront Ie principal instrument de la dette publique interieure.

Procedures d'Emissions

2.06 Les bons du Tresor sont emis sur base de la technique des adjudications "a la hollandaise 'Kt

et reserves exclusivement aux banques commerciales. Les adjudications ont lieu tous les mardis matin. Elles sont organisees par la Banque Centrale et accessibles seulement aux 12 banques commerciales de Tunisie (dont une banque off-shore, ayant une filiale etablie sur Ie territoire). Les compagnies d'assurance, les menages et les societes ne peuvent prendre part aux adjudications etant donne que les banques sont considerees comme les operateurs primaires "de facto" (dans les pays de l'OCDE I'adjudication est ouverte aux investisseurs hors banque). Les banques sont avisees du n!sultat de I' adjudication deux jours apres qu' elle a eu lieu, la transaction est enterinee et les fonds credites au Tresor sept jours apres I 'adjudication. La periode de temps necessaire a la conclusion de l'operation est plus longue que dans les pays de I'OCDE (respectivement 1 a 3 jours). Les bons du Tresor sont inscrits au nom de la banque acquereur dans un compte a la Banque Centrale. Tel que note ci-dessus, il est pratiquement impossible de transferer un bon du Tresor d'une banque a une autre ou a un autre investisseur. Au fur et a mesure que les bons du Tresor ont progressivement remplace les placements obligatoires en bons d'equipement), un quota d'adjudication a ete assigne a chaque banque (la difference avec Ie systeme de Bons d'equipement est que les banques beneficient du taux du marche). afin de pouvoir toujours satisfaire aux besoins de financement du Tresor.

2.07 Outre les encheres competitives, Ie Tresor a autorise le developpement d'adjudications non concurrentielles. Introduite en 1992, cette technique consiste a permettre aux banques de faire des offres pour compte de leur clientele. Les banques sont autorisees a faire des offres non concurrentielles pour des montants equivalant a 30 % de leur propre soumission.7 Comme c' est Ie cas dans les pays developpes, les offres non concurrentielles sont octroyees a la moyenne du prix des adjudications competitives qui ont ete acceptees. En fait la plupart des offres non competitives viennent de grandes entreprises et de SICA V8 affiliees aux banques commerciales. Les clients qui souscrivent a des appels d'offres non cornpetitifs ont l'avantage de beneficier du paiement total de l'interet par Ie Tresor sans avoir a payer de commission bancaire. La technique d'appel d'offres non competitif est de plus en plus utilisee par les invc$tisseurs. En 1992, it n'y a pas eu d'appels d'offres non competitifs, 12 ont eu lieu en 1993 et 20 en 1994. Le seul inconvenient des appels d'offres non competitifs est Ie risque lie a la liquidite.

21 L'adjudication "it la hollandaise" est un sysreme dans Ie cadre duquel un commissaire-priseur lance les encheres it un prill eleve, prix qu' il baisse ensuite jusqu' a ce qu'il ait trouve acheteur. Le commissaire-priseur attribue l' adjudication au meilleur prix offen. En fait dans Ie cas de la Tunisie la technique n'est pas exactement "a la hollandaise" du fait que Ie Tresor determine les prix auxquels il acceptera les offres des investisseurs, ce qui ne correspond pas toujours a l'offre la plus elevee.

11 Si une banque soumet une offre pour 100 millions de DT, elle est autorisee a placer pour sa clientele un maximum de : .. 0 millions de DT en offres non concurrentielles.

~I Les Societes d'Investissement a Capital Variable (SIV AV) sont I'equivalent fran~ais des Caisses Mutuelles.

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Les investisseurs qui achetent des bons du Tresor directement par appels d'offres non competitifs n'ont pas I'assurance de pouvoir les negocier avant l'echeance, etant donne qu'it n'existe pas de rnarche secondaire pour les bons du Tresor. Dans Ie cas de bons du Tresor achetes par un client aupres de sa banque, Ie client et la banque signent un contrat de liquidite, dans lequel il est stipule que les banques racheteront les bons sur demande et sans penalite et assureront ainsi la liquidite des bons du Tresor qui leur ont ete achetes.

2.08 En Tunisie, Ie processus d'adjudication ne suscite qu'une faible concurrence elant donne qu'il n 'y a pas de hierarchie des taux d'interet (la courbe de rendement est presque horizontale). Les soumissionnaires paient pratiquement Ie meme taux pour un bon du Tresor de 13 semaines que pour un bon du Tresor a cinq ans, a un taux proche du taux de refinancement obtenu de la Banque Centrale (TMM). La concurrence ne se developpe qu'autour des echeances demandees par les soumissionna.ires. En fait la position du Tresor depend de ses besoins de financement et des liquidites du marche. Lorsque Ie marche est liquide et que les besoins de refinancement du Tresor sont limites, il propose les echeances qu'it est pret a accepter des banques soumissionnaires. Par contre lorsque sa situation financiere est serree, cornrne ce fut Ie cas en 1993, it accepte les echeances proposees par les sournissionnaires. Etant donne qu'il n'y a pas reellement de marche secondaire pour les effets publics et pas de courbe de rendement, les banques ont tendance a soumissionner essentiellement pour les eCheances a court terrne. Ainsi l'echeance moyenne de la dette interieure a diminue au cours des trois dernieres annees, de 6 it 4,5 ans.

Echanges et Marche Secondaire

2.09 En Tunisie il n'existe pas vraiment de marche secondaire pour les bons du Tresor mais les banques commerciales ont mis au point un systeme similaire dans Ie cadre duquelles banques jouent un role central. Le developpement d'un veritable marche secondaire pour les bons du Tresor est relativement difficite en Tunisie du fait que les banques cornrnerciales et I'Etat ont des objeetifs contradictoires :

D'une part, et afin d'assurer son financement, Ie Tresor a demande aux banques cornrnerciales de maintenir un quota (plus limite) d'effets publics apres Ie rachat des bons d'equipement, obligeant les banques a rnaintenir un important portefeuille de bons du Tresor, sans possibitite de les negocier, du fait de l'absence d'un marche secondaire. D'autre part, Ie Tresor souhaite que les banques soient en mesure de financer plus facilement Ie secteur prive et essaie de ne pas l'evincer.

La Banque Centrale est disposee a developper un rnarche secondaire actif pour les bons du Tresor. La circulaire publiee en novembre 1991, arretait divers criteres pour l'etablissement d'un marche secondaire en bons du Tresor.9 Cependant son plan d'action

2.1 Les banques doivent indiquer leurs soumissions quotidiennes et offres de prix pour les bons du Tr~sor. et soumettre un rapport quotidien et mensuel a la Banque Centrale de leurs ·~changes secondaires". ce qui correspond a un rapport du nombre de clients ayant un contrat de liquidit~ avec une banque particuliere. En fait dans la circulaire les banques commerciales sont clairement considerees comme op~rateurs du rnarche secondaire pour les bons du Tr~sor.

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ne s'est pas conforme it la politique annoncee du fait que la Banque Centrale maintient un systeme de reglement restrictif, interdisant en pratique Ie transfert de propriete. 1O

2.10 Afin de contourner les limitations imposees par l'absence d'un marche secondaire et la restrictioll au niveau du trans/ert, les banques commerciales ont developpe un marche secondaire /ragmenti pour les bons du Tresor. La Banque Centrale a cree un systeme de marche secondaire banque a banque, par Ie biais des contrats de liquidite. 1l En fait la majorite des bons du Tresor detenus par les banques et les investisseurs prives sont negocies sur 12 marches distincts (un pour chacune des 12 banqut:s). Dans ce systeme, les banques vendent les bons du Tresor a des investisseurs prives, avec une garantie de rachat a un prix determine. Les investisseurs prives qui achetent des bons du Tresor d'une banque sont certains de pouvoir les revendre it la meme banque a tout moment a un prix pre­determine. Les participants au systeme apprecient sa flexibilite : Ie Tresor peut mettre aux encheres de grandes quantites de bons du Tresor, car it est pratiquement certain que les banques soumissionneront, tenant compte du potentiel de liquidites offert par Ie contrat de liquidite. La Banque Centrale n'a pas besoin de modifier Ie systeme de reglement puisque les bons du Tresor peuvent etre echanges a la banque it laquelle its appartiennent sans qu'intervienne la question de non transferabilite de propriete impliquee dans les echanges interbancaires. Ce systeme assure au Tresor les fonds dont it a besoin lorsqu'il doit financer Ie deficit, mais it a deux desavantages : (i) il ne favorise pas Ie developpement d'un marche secondaire moderne qui viendrait it I' appui d 'une gestion globale du systeme monetaire et (ii) Ie contrat de liquidite expose les banques aux risques du taux d'interets.

2.11 Les banques ont egalement mis en place, entre elies, un systeme in/ormel appete "accord de place" qui complete les "accords de liquidite" en limit ant la concurrence pour les fonds entre les banques sur la base des taux d'interet. Dans Ie cadre de cet accord, toutes les banques acceptent d'offrir a leur clientele Ie meme taux pour l'achat de bons du Tresor, normalement Ie TMM minore de 0,5 %. II est interessant de noter que Ie taux de rendement offert ne tient pas compte de I'echeance des titres, et de ce fait it est impossible de determiner une courbe de rendement,12 indiquant aux investisseurs comment investir efficacement (en echeances ou instruments).

2.12 La combinaison du contrat de liquidite et de l'accord de place offre de nombreux avantages aux autorites monetaires et aux banques commerciales :

Le Tresor peut emettre de grandes quantites de bons du Tresor, en etant assure que les banques soumissionneront, compte tenu de la liquidite potentielle offerte par Ie contrat.

-----,--------101 En Tunisie, les banques peuvent etre considerees comme les principauK operateurs du marche primaire pour les bons

du Tresor. Elles n'ont toutefois pas la possibilite de devenir des participants actifs, etant donne que les effets qu'elles act,etent sont enregistres a leur nom. Lorsqu'un bon du Tresor est emis par Ie Tresor et achete par une banque, la Banque Centrale enregistre Ie bon du Tresor au nom de la banque. Le bon du Tresor restera au nom de 1a banque jusiu'a echeance, meme si 1a banque desire Ie vendre a une autre banque ou a l'un de ses autres clients. Les paiements d'interet et Ie remboursement du bon se font a la banque et si Ie bon est vendu ou transfere Ie second pre prieta ire n'a aucune garantie de recevoir les interets ou Ie remboursement. Cette situation empeche Ie transfert de bons du Tresor et la creation d'un marche secondaire.

ill Le contrat de liquidite, est un accord par lequelles banques comrnerciales vendant des bons du Tresor aUK investisseurs prh'es, offrent un taUK de rendement minore de .50 %, et s'engagent a racheter ces bons a la demande des investisseurs sans penalite

121 La ,:ourbe de rendement est Ie trace de 1a courbe au niveau des taUK d'interet Ie long de I'echelle de duree des bons du fresor allant de 13 semaines i\ 30 ans (auK Etats-Unis; en Tunisie elle pounait s'etendre a sept ans).

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L'accord de place offre aux banques commerciales des marges pour organiser Ie marche secondaire fragmente pour les bons du Tresor. II evite egalement aux banques plus vulnerables d'avoir a payer des taux plus eleves pour leurs fonds.

La Banque Centrale peut etroitement controler la politique monetaire et Ie refinancement du Tresor. Tout d'abord, les taux d'interet des bons du Tresor sont lies au taux de refinancement de la Banque Centrale, et deuxiemement en maintenant Ie systeme de reglement actuel, les banques ne sont pas lib res de negocier leurs effets.

2.13 Outre les bons du Tresor ditenus par les banques et gires dans Ie cadre des "contrats de liquiditi", une grande quantitilJ de bons du Tresor est achetie par Ie biais d'appels d'offres non competitifs. Les appels d'offres non competitifs ne sont pas inclus dans Ie contrat de liquidite. Les banques n'acceptent pas d'acheter ces tit res car elles assument que Ie rendement plus eleve per~u par les soumissionnaires non competitifs compense Ie manque de liquidite. En fait Ie systeme actuel determine l'origine de l'investisseur et son comportement. Au nombre des soumissionnaires non competitifs, on compte les compagnies d'assurance et les grandes entreprises. Ces investisseurs ne recherchent pas les liquidites mais la rentabilite. Us investissent generalement leurs reserves mathematiques ou leurs liquidites excooentaires, et souscrivent essentiellement les emissions a court et moyen terme. L'essentiel des appels d'offres non competitifs vient cependant des SICAV qui sont generalement des filiales des principales banques commerciales.

2.14 Les SICA V sont utilisees par les banques commerciales pour contourner les "accords de place /I et concurrencer les aUlres banques en vue d'attirer les depots en offrant des rendements plus eleves. Tenant compte de leur possibilite d'acheter des bons du Tresor au taux de souscription, les SICAV peuvent offrir un meilleur rendement aux investisseurs que les banques elles-memes. Ceci explique pourquoi un grand nombre d'investisseurs ont transfere leurs depots bancaires en bons du Tresor aux SICA V. Si un veritable marche secondaire etait en place pour les bons du Tresor, Ie comportement des investisseurs serait dicte par la courbe de rendement qui refleterait de maniere adequate Ie niveau global de liquidites dans l'economie et la preference des investisseurs pour des echeances de duree differente.

B. LA MODERNISATION DES MARCHES BOURSIERS ET OBLIGATAIRES

2.15 Apres une longue piriode d'activite reduite, les marches boursiers et obligataires ont iti modernisis entre 1989 et 1994, et de puis lors I'activiti s'est developpee. lis ont tous deux connu une robuste croissance au niveau du chi/fre d'affaires et de la capitalisation mais doivent nianmoins etre renforces pour devenir des marches naissants efficients. La Bourse des valeurs mobilieres de Tunis a ete creee en 1969 et a commence a operer en 1970. Pendant pres de 20 ans, Ie marche a ete pratiquement inactif avec seulement quelques rares transactions. Une refomle importante a ete entreprise en 1989 avec la promulgation de la loi 89-49. 14 Depuis lors, de nouveaux instruments et activites ont ete

13/ Le Gouvernement ne divulgue pas Ie nombre de bons du Tresor achete par Ie biais des appels d'offres non competitifs, ni les noms des soumissionnaires.

14/ La loi boursiere 89-49 promulguee Ie 8 mars 1989 et la reglementation y afferent definissent les principales caracteristiques de la bourse, et organisent les entites de supervision et de reglementation ainsi que leurs responsabilites. Elles precisent egalement les reg\es de fonctionnement de I'institution.

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introduits sur Ie marche. En novembre 1994, une nouvelle lops a etc adoptee qui a parachevc la modernisation de l'environnement juridique et reglementaire. Comme suite a cette legislation, la phase finale de modernisation des marches est en cours et devrait etre completee d'ici la fin de 1995. Le niveau de modernisation atteint jusqu' a present a permis Ie developpement des marches boursiers et obligataires qui tous deux ont connu un regain d'activites au cours des deux dernieres annees (par Ie marcheS obligataire, c'est surtout Ie marche primaire qui s'est developpe). Neanmoins cette poussee de l'activite a entraine une hausse des prix des valeurs mobilieres a un niveau tres eleve qui devrait etre consolide aussi rapidement que possible par une meilleure liquidite du secteur financier, et par une augmentation du nombre de titres offerts aux investisseurs (de nouvelles emissions de la privatisation), comme nous Ie verrons ci-apres.

Chart 8: Evolution of Refinancing Rates

12 ~ .&.1"' .... - ...................

"- .. 11.5 - ,~ , .. 11 ""- ..

~-:....: ----- --Taux des Appels d'Offre 10.5

.. - • Taux des Prises en 10 pensions

9.5 - -TMM

9 Oec-90 Oec-91 Nov-92 Oec-92 Jan-93 Jun-93

So ... ce: Central Bank of Tunisia.

I. L'Environnement Juridique et I'Organisation du Marche

2.16 Le Gouvemement a entame une vaste reforme du marche boursier entre 1989 et 1994. Une premiere loi a ete promulguee en mars 1989 (loi 89-49). Cette premiere loi a permis de lancer Ie marche, mais devait etre renforcee pour attirer un plus grand nombre d'entreprises. 16 Par ailleurs, I'organisation du marche-dans Ie cadre de laqueUe les entites reglementaires et de gestion etaient concentrees en une seule institution publiquel7-n'ctait pas efficace et ne prevoyait pas un systeme

ill Une nouvelle loi a ete adoptee Ie 14 novembre 1994 dans Ie but de reorganiser les marches boursiers et obligataires. CI!tte loi complete la loi 89-49. L'objectif principal de la nouvelle loi etait de creer une nouvelle entite de supervision, de defmir les regles professionnelles des intermediaires et d'introduire de nouveaux instruments.

161 Ell decembre 1993, Ie nombre d'entreprises cotees en boUrse s'elevait a 20 et depuis la promulgation de la loi une seule entreprise a ete introduite sur Ie marcM.

171 Dans Ie cadre de la loi 89-49, la Bourse des Valeurs MobiIieres de Tunis ewt une institution pubUque chargee de la supervision et de la gestion du marcM.

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modeme de reglement. 18 Afin de depasse~ les limitations de la loi 89-49, en novembre 1994 Ie Gouvemement a promulgue une nouvelle loi (loi 94-117) revisant la loi 89-49. Cette nouvelle legislation reprend les elements les plus modemes des marches boursiers de I'OCDE (bourse privee, systeme modeme de reglement, etc). La publication des decrets et circulaires sera terminee en 1995, et la nouvelle structure administrative devrait etre totalement mise en place d'ici la fin de 1995.

VEnvironnement Juridique

2.17 La nouveUe loi a cree les trois principales institutions regissant les marches financiers : Ie Conseil du Marche Financier, la Bourse des Valeurs Mobilieres de Tunis, et la Societe de Depots, de Compensation et de Reglement. Le Conseil du Marche Financier est une institution de supervision, la Bourse une institution de gestion, et la Societe de depot une institution administrative (chargee des operations de reglement et de transfert de propriete).

2.18 Le Conseil du Marche Financier est charge de proteger I'epargne investie en titres, d'organiser Ie marche boursier, et de superviser Ie bon jonctionnement des marches. Le Conseil jouit de I' autonomie juridique et financiere, it est compose d 'un president et de neuf membres. 19 Les principales attributions du conseil sont :

L'organisation et la reglementation de la bourse.

La mise en vigueur des regles professionnelles et obligations de tous les participants au marche.

L'application de la loi sur Ie marche financier.

2.19 La Bourse des Valeurs Mobilieres de Tunis est une entre prise privee dont les actionnaires son( les courtiers de Tunis. Cette institution se trouve sous la tutelle du Conseil, et est chargee de :

L'execution des structures techniques et administratives en vue du fonctionnement efficace du marche.

L'autorisation des emissions de nouveaux titres sur Ie marche.

L'enregistrement des operations sur Ie marche et des cotations.

La suspension des cotations sur Ie marche en cas de risque technique ou financier.

La publication de l'information relative aux cotations et operations du marche.

III En fait dans Ie cadre de la legislation precedente, les entreprises qui emettaient des titres etaient responsables du transfert de propriete de ces demiers ainsi que du reglement de toutes les operations relatives aux valeurs mobilieres. Une des consequences du systeme etait que la lenteur des prestations rMuisait la liquidite des effets et augmentait Ie cout de transaction.

191 Le Conseil comprend trois juges. un representant du Ministere des Finances, un representant de la Banque Centrale. un representant des courtiers. et trois membres choisis pour leur expertise professionnelle.

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La preparation des reglementations de plancher, et Ie controle d'eventuelles pratiques iIlegales.

2.20 La Societe de Depot, de Compensation et de Reglement sera chargee du reglement et du trans/ert de propriete des titres. Cette nouvelle institution n'est pas encore operationnelle et sera developpee au cours de 1995. Le modele choisi reprend les elements du systeme fran~is SICOVAM. Ce systeme de reglement est un element essentiel du processus de modernisation de la bourse. II aidera a attirer les investisseurs en rationalisant Ie processus de reglement qui est actuellement lent et it devrait favoriser Ie developpement du marche obligataire (notamment pour les bons du Tresor negociables et les obligations). II permettra, notamment, une elimination progressive de l'accord de liquidite, et Ie remplacement partiel des bons du Tresor par des BTNB.

La Structure de Marche

2.21 Les transactions a la Bourse des valeurs mobilieres de Tunis se deroulent sur trois marches distinct~' : Ie marche permanent ouvert aux entreprises les plus importantes, Ie marche occasionnel reserve aux entreprises plus petites, et Ie marche obligataire. Le marche permanent est subdivise en deux sous-marches : Ie marche primaire ouvert aux entreprises et banques les plus importantes, et Ie marche st::condaire ouvert aux entreprises de plus petite taille. Le marche occasionnel est ouvert aux tres petites entreprises et ses activites sont limitees. Le marche obligataire a, a l'origine, ete principalement utilise par Ie secteur public, mais Ie secteur prive y a de plus en plus recours.

Le Marche Pennanent

2.22 Le premier marche est ouvert aux prises de participation des entreprises qui jouissent de la meilleure reputation finandere et semes 13 entreprises sont cotees. Les entreprises publiques qui sont desireuses d'etre cotees sur Ie marche primaire doivent disposer d'un capitallibere d'au moins 1 million de DT. compter au moins 300 actionnaires et distribuer au moins 20 % du capital aux actionnaires. BIles doivent avoir ete etablies depuis trois ans au moins et avoir distribue des dividendes au moins pendant une des trois dernieres annees fiscales. En aout 1995, seules 18 entreprises etaient enregistrees sur ce marche, soit 11 banques, une societe financiere et une seule entreprise industrielle. Ce marche represente Ie gros du marche permanent; au nombre des 63,7 millions d'actions du marche permanent, 60,3 millions sont core,;!g sur Ie marche primaire.

2.23 I.e second marche est ouvert aux entreprises plus petites et seules sept entreprises sont enregistrees sur Ie marche secondaire. Afin d'etre enregistree sur Ie marche secondaire, une entreprise do it disposer d'un capitalliben~ d'au moins 500.000 DT, elle doit etre en exploitation depuis au moins un an, avoir un minimum de 100 actionnaires et atteindre une distribution de 10 % de son capital; elle doit egalement avoir distribue un dividende pendant une des deux dernieres annees fiscales. En decembre 1994, sept entreprises etaient enregistrees dont cinq entreprises industrielles et deux institutions financieres. La part du marche secondaire est tres Iimitee et Ie nombre d'actions echangees ne s'eleve qu'a 3,4 millions.

201 D existe un autre marche en Tunisie, Ie Marche d'enregistrement. Dans Ie cadre de la loi, toutes les entreprises (m8me privees), doivent realiser la vente de leurs actions sur Ie marche des registres, m8me si elles sont exclusivement d6tenues par I'entrepreneur, ses associes ou les membres de sa famille. Le marche des registres fait theoriquement partie du marche boursier mais constitue en fait un endroit 011 Ie transfert des titres de propriete est enregistre. Les 5"000 Societes anonymes du pays doivent enregisrrer tout changement de capital sur Ie marche des registres.

Grephique9: Mouvements de 111 Bour811 de Tunis

EnM-.a, deDT

1900 1991 1992 1993 19se

S .... .,.,:B ...... deT .....

Le Marche Obligataire

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Gfephiquel0: EvoIUlillll des fonds g6flls Pili' les SlCAFet 188 SlCAV

~ 600

OT::~: o .:.: .' :,:, '

2.24 Les bom du Tresor et bom d'equipement sont cotes sur Ie marche obligataire ainsi que les obligations emises par les entreprises publiques et pril'ees. Avant 1988 les emissions d' obligations etaient interdites pour les emprunteurs prives. Jusqu'en 1990, les obligations ont ete principalement emises par Ie Tresor et les entreprises pubIiques (ou semi-publiques). Parmi les entreprises publiques, la majorite des emetteurs etaient des banques de developpement pour lesquelles les emissions d'obligations constituaient Ie principal moyen de refinancement. Jusqu'en 1990, Ie marcbe obUgataire a ete presque exclusivement reserve au secteur public et it n'y avait pratiquement pas d'emissions privees. Depuis 1990, les emissions des entreprises privees ont fortement augmente (nous analyserons plus loin l'evolution du marche et les raisons de cette evolution), cependant les ecbanges d'effets publics representent toujours la majorite (plus de 80 %) des ecbanges obligataires.

Le Marche Occasionnel

2.25 Le marche occasionnel s'adresse aux petites entreprises qui souhaitent s'ouvrir au public mais qui ne sont pas autorisees a s'enregistrer sur Ie marche permanent et dont les actions sont regulierement ecbangees sur ce marcbe (ce marche peut etre assimile au NASDAQ aux USA). Ce marche est egalement ouvert aux cessions de blocs de titres des actions des entreprises enregistrees sur Ie marche occasionnel, mais egalement sur Ie marche permanent. On y realise egalement la cession de blocs d'obligations. La valeur des ecbanges du marche occasionnel est relativement elevee. En 1994, eUe s'elevait a 89,6 millions de DT contre 179 millions de DT pour Ie marche permanent. Les cessions de blocs de titres se sont elevees a 75,7 millions de DT alors que les transactions regulieres des titres enregistrees sur Ie marche occasionnel ne se sont elevees qu'a 12,3 millions de DT seulement.

Instruments et Regime Fiscal

Instruments Developpes

2.26 Depuis la promulgation de la loi et des reglementations regissant Ie marche financier en 1989·90, dil'erses circulaires relatil'es a la creation de nOUl'eaux instruments om ete promulguees. Les instruments introduits au cours des quatre dernieres annees sont similaires a ceux utilises sur les marches boursiers des pays developpes, notamment : fonds commun de placement, actions preferentielles, actions a dividendes prioritaires, obligations convertibles, titres participatifs, certificats d'investissement

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et droits de vote. Deux instruments essentiels au developpement du marche ont ete crees: les Societes d'investissement a Capital Variable (SICA V) , comparables aux fonds commun de placement, et les Societes d'Investissement a Capital Fixe (SICAF) comparables aux fonds de placement prives :

les SICA V, qui sont I'lquivalent tunisien des fonds commun de placement americains ont Ite crlees par lilloi No. 88-92 du 2 aout 1988. En decembre 1994, 16 SICAV avaient ere autorisees, dont 12 en exploitation. Trois d'entre eUes n'investissent que dans des obligations et les neuf autres investissent dans des obligations et actions. Les fonds geres par les SICA V avaient atteint les 301 millions de DT a la fin de septembre 1994 (Graphique 10). L'augmentation du volume des actifs geres a ete particulierement spectaculaire au cours des deux demieres annees, du fait que les fonds geres par les SICAV s'elevaient a 7 millions de DT en octobre 1993. Nous examinerons ci-apres plus en detail Ie comportement des SICA V au cours des 18 demiers mois.

les SICAF, qui sont I'equivalent des fonds de plilcement prives du marche americain, ont III creles par la loi No. 85-108 et la loi No. 88-92. En decembre 1994, 62 SICAF avaient ete autorisees, dont 52 en exploitation. Les actifs geres par les SICAF s'elevaient a 280 millions de DT a la fin de septembre 1994. Les SICAF ont remporte un grand sucres au cours des six dernieres annees; succes du en partie aux incitations fiscales mises a la disposition des investisseurs. A l'origine, la loi specifiait que 100 % des fonds investis par une entreprise dans une SICAF etaient deductibles du revenu imposable de l'entreprise. La creation des SICAF est des lors devenue une occasion exceptionnelle pour les groupes industriels prives de proceder a leur restructuration financiere et de beneficier de cette franchise fiscale. En fait les SICAF ont offert aux groupes de holding la possibilite d'investir pratiquement en franchise totale d'impOt dans les actions des entreprises appartenant au holding. A l'origine les SICAF ont ete creees pour attirer les investisseurs sur Ie marche boursier et pour encourager les entreprises a s'ouvrir au public. Les lois n'ont jamais specifie que les titres achetes par les SICAF devaient etre pubJiquement negocies sur Ie marche boursier, de sorte que les proprietaires de groupes familiaux ont cree des SICAF, y ont investi leurs benefices en franchise d'impot et achete a titre prive les actions de leurs propres entreprises. En fait les SICAF ont encourage les proprietaires a maintenir leurs entreprises privees a un cout eleve pour Ie budget de I'Etat. En 1993, l'incitation fiscale a ete reduite lorsque l'exoneration fiscale sur les fonds investis dans les SICAF a ete ramenee a 50 %, mais l'interet pour les SICAF est neanmoins toujours important.

Regime Fiscal des Instruments Financiers

2.27 AloTS qu'elles etaient en train de moderniser Ie marchl obligataire, les autoTitls ont egalement harmonisl Ie rlgime jiscal des instruments jinanciers, cependant, les valeurs mobilieres benljicient toujours d'incitations splciales tres glnlreuseSM dans Ie but d'attirer les investisseurs et d'amener les entreprises sur Ie marchl obligataire et les marchls d'action :

Les investissements en actions benljicient toujours d'importantes incitations jiscales. Les investissements dans les nouvelles emissions d'actions peuvent etre deduits du revenu imposable ou des benefices des investisseurs, a concurrence de 35 %. Les dividendes

211 Dans les pays de "OCDE. aucun investisseur ne peut obtenir de telles incitations fJSCales.

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ne sont pas imposables que I 'investisseur soit un particulier ou une entreprise. Les plus­values en capital sont egalement exonerees de I'impot pour les personnes physiques.

Les obligations pour leur part ont un traitement fiscal moins /avorable, mais Ie regime

Graphique 11 : Evolution de I'index de la Bourse de Tunis

500 450 400 350

Valell" de 300 I'index 250

Source: Bourse de Tunis. Sep-94

d'imposition est harmonise au traitement fiscal des comptes d'epargne bancaires. Les premiers 1500 DT d' interets ne sont pas imposables22 , au deia de 1500 DT, les personnes physiques paient 25 % d'impot sur I'interet percu (y compris 15 % de retenue a la source). En ce qui concerne les obligations achetees par Ie biais d'un Compte d'Epargne en Emprunts Obligataires, l'impOt se limite a un taux de retenue a Ia source de 15 % seulement qui est considere comme un taux liberatoire. L'incitation fiscale ne peut etre obtenue que si I'epargne est bloquee pour cinq ans au moins. Si l'epargne est retiree avant I'echeance de cinq ans, une retenue supplementaire de 10 % est prelevee (pour atteindre un taux liberatoire de 25 %).

Les Operations de Courtage

2.28 Le secteur du court age a subi deux re/ormes, en 1989 et 1994. En 1989, Ies banques agissaient en tant que courtiers directs (en fait Ies operations de courtage etaient realisees par des services speciaux des banques commerciales). La Ioi 94-117 interdit dorenavant aux banques d'intervenir directement sur Ie marche boursier. Depuis 1994, les banques participent aux operations de courtage uniquement (en theorie) par Ie biais de filiales independantes. Ces nouvelles reglementations ont ameliore la transparence du marche obligataire et contribue a developper la concurrence. On compte actuellement 26 entreprises de courtage. Parmi elles, 15 sont des filiales de banques, 2 sont des institutions financieres appartenant en partie aux banques, et 4 sont des entreprises independantes.

221 En fait Ie minimum non imposable de 1500 DT couvre egalement les interets per~us sur les comptes d'epargne bancaires.

II. Evolution de P Activit6 du Marche et Problemes Actuels

Recente Evolution de I' Activite du Marche

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2.29 Apres 15 ans d'une activite ralentie, la Bourse de Tunis a connu un developpement important de ces activites entre 1989 et 1994 (Graphique 11), la capitalisation est passee de 5 % a 16 % du PIB, mais Ie marche est toujours fortement domine par les activites bancaires. Ce developpement de I'activite a affecre tout autant Ie marche primaire et secondaire des actions que Ie marche obligataire. II a ete particulierement prononce en 1994. Outre I'augmentation au niveau de Ia capitalisation, I'activite s'est radicalement transformee en termes des instruments utilises et des emprunteurs. En 1991, par exemple, les emissions globales d'obligations et d'actions sur Ie marche primaire se sont elevees a 157 millions de DT. Sur Ie marche boursier Ie montant total de dinars mobilises par des entreprises aux mains du public s'est cleve a 100 millions de DT dont 42 millions de DT emis par quatre banques pubJiques et 58 millions de DT par cinq entreprises privees. Pour ce qui est du marche obligataire, 57 millions de DT ont ete emis par des entreprises cotces dont seulement 15 millions de DT ont ete emis par des organismes non bancaires, ce qui signifie que ce marche est toujours largement domine par I'emprunt bancaire. Au cours de la meme annee, Ie chiffre d'affaires global du marche secondaire s'est eleve a 91 millions de DT et la capitalisation a environ 400 millions de DT.

2.30 En 1994, la situation a change avec, notamment, une augmentation substantielle de la participation des entreprises privees sur Ie marche primaire et une augmentation impressionnante du nombre des transactions realisees. Pour un montant total de 230 millions de DT pour Ie marche primaire, 153 millions de DT ont ete emis sur Ie marche obligataire et 77 millions de DT sur Ie marche boursier. Sur Ie marche obligataire, 70 millions de DT ont ete emis par les banques publiques, tandis que 83 millions de DT ont ete emis par les entreprises privees. Sur Ie marche boursier 37 millions de DT ont ete emis par des banques semi-publiques et 40 milliards de DT par des entreprises privees. II est interessant de noter en ce qui conceme Ie marche boursier, que tres peu de nouvelles emissions en souscription publique sur Ie marche primaire ont eu lieu au cours des quatre demieres annees, du fait que, comme nous Ie verrons ci-dessous, les entrepreneurs prives hesitent encore a s'ouvrir au public. Cinq entreprises seulement ont ete introduites sur Ie marche permanent. Les chiffres relatifs aux nouvelles emissions sur Ie marche boursier representaient des augmentations de capital d' entreprises existantes ou des emissions d'actions libres pour les actionnaires. Les statistiques relatives au chiffre d'affaires et a la capitalisation du marche secondaire refletent une forte augmentation (qui sera expliquee dans les paragraphes suivants). Le chiffre d'affaires a atteint 437 millions de DT, et la capitalisation 2,5 milliards de DT, soit dans les deux cas pres du double de I'annee precedente.

Problemes et Contraintes

2.31 L'expansion importante du marche des valeurs mobilieres en Tunisie reflete a la fois l'augmentation recente des liquidites dans l'economie, et I 'impact des reformes introduites pour rendre Ie marchi plus efficace. Le marche a connu une croissance stable au cours des cinq demieres annees, mais son developpement a ete particulierement impressionnant au cours des demiers 18 mois. Ce sont des raisons macro-economiques et techniques qui sont a la base de cette evolution :

Depuis la mi-I993, suite a une roouctionde la demande du credit due a un ralentissement de I'investissement du secteur prive, les autorites monetaires ont reduit Ie taux de refinancement de base, ce qui en consequence a reduit Ie rendement de I'epargne dans

Annexem Page 34 de 38

les banques.23 Deux autres developpements ont encourage un regain d'activites des marches obligataire et boursier :

Introduites legalement a la mi-1988, les premieres SICAV ont ete creees en 1992. Elles ont constitue un vehicule efficace pour attirer les investisseurs sur les marches obligataire et boursier. De plus, les banques commerciales ne pouvant entrer en concurrence pour les accords de place, elles se sont concurrencees pour s'attirer les depOts en creant les SICAV en mesure d'offrir un rendement plus eleve en investissant lourdement en actions et en obligations.

Au cours des quatre dernieres annees Ie nombre d'actions n'a pas ete suffisant pour satisfaire la demande pour les valeurs mobilieres. En ce qui conceme les quelques emissions en souscription publique sur Ie marche primaire realisees au cours des quatre demieres annees, la demande a excede l'offre des emissions d'action de 200 a 500 %. La raison principale de ce comportement est Ie taux de rendement tres eleve qu'offraient les actions.24

2.32 Alors que Ie marchi boursier enregistrait une croissance tres importtmte au cours des quoJre demieres annees (l'indice a augmente de 350 %), la croissance du marche obligatoire primaire s'est operee a un rythme nettement plus modere. Les paragraphes qui suivent analyseront les raisons des compos antes fondamentales des deux marches :

Le Marche ObJigataire

2.33 Jusqu'en 1991, la majorite des obligations emises etaient publiques ou semi-publiques. Les obligations emises par les emprunteurs prives etaient negligeables. En 1991, sur les 176 millions de DT empruntes sur Ie marche, seuls 15 millions de DT l'ont ete par Ie secteur prive. Cette situation a ete la consequence des contraintes diverses :

Le Tresor contrOle directement ou indirectement plus de 50 % du financement a moyen et long terme en Tunisie, etant donne que ces fonds viennent essentiellement des caisses de la securite sociale, des compagnies d'assurance et de l'epargne postale et que I 'utilisation de ces fonds est obligatoirement determinee.

Jusqu'en 1978, Ie secteur prive n'a pas ete autorise a emettre des obligations. En 1979, Ie Tresor a permis aux entreprises privees d'emettre des obligations, mais seules les

231 La baisse des taux d'inrerets a eu des consequences sur l'epargne traditionnelle des banques ! 1a fois pour les petits et les grands investisseurs. Cornme nous I'avons explique dans les chapitres precedant, les taux d'inreret sur I'epargne ont ere strictement lies au TMM, de sorte que toute baisse des taux de rerroaneement bancaires a ere appliquee aux comptes bancaires d'epargne des petits investisseurs.

241 Aux normes de I'OCDE, Ie rendement du marche boursier tunisien peut etre considere comme tees eleve. en particulier si nous considerons que les dividendes et plus-values sont exoneres de l'impOt. En 1991, qui selon les professionnels n'etait pas une bonne annee, Ie rendement moyen des actions pouvait etre estime a 31 % (y compris plus-values. dividendes et distributions d'actions gratuites). Le rendement a ere estime a 40 % en 1990.

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obligations emises au nom du proprietaire etaient librement autorisees, alors que pour les obligations au porteur une autorisation du Tresor etait necessaire. 2S

Le Tresor controlait egalement Ie rendement des obligations privees. Jusqu'en 1993, Ie Tresor a rarement accorde son autorisation pour les obligations dont Ie rendement etait superieur au bons du Tresor. Puisque ces obligations comportant evidemment plus de risques que les bons du Tresor, iI etait pratiquement impossible pour les emprunteurs prives de lancer ces emissions avec sucres.

Etant donne que certaines obligations avaient ete emises par les entites semi-publiques (souvent des banques publiques) (graphique 6), Ie Gouvernement a demandeaux entreprises publiques, banques publiques et investisseurs institutionnels d'acheter des obligations. Compte tenu du fait que Ie marche obligataire secondaire etait inexistant, les entreprises 'qui achetaient ces obligations devaient les maintenir dans leurs livres jusqu'a echeance. En agissant ainsi I'Etat a en fait trans forme Ie marche obligataire en un rnarche de placement prive.

2.34 Au cours des deux demieres annees Ie marche obligataire primaire a enregistre un developpement important, evolution qui refiete la modernisation du systeme fmancier par Ie biais de nouvelles legislations et regiementations, et Ie developpement de nouveaux instruments financiers.

Depuis 1993, Ie Tresor a rei ache la plupart de ses controles sur les emissions obligataires. Les entreprises privees peuvent dorenavant emettre des obligations lorsqu'elles Ie souhaitent sans autorisation prealable du Tresor. La seule condition est liee a l'obligation d'une garantie bancaire. II y a cependant lieu de noter que cette condition devrait etre eliminee etant donne qu' elle introduit des distorsions au niveau du comportement de certaines banques commerciales qui ont tire profit de la reglementation actuelle pour accorder leur garantie a des entreprises de reputation financiere mediocre empruntant aupres de leur etablissement. Ainsi, elles ont transforme un risque classique en un risque hors bilan.

Vne des principales raisons a I'expansion du marche obligataire tient a I'important developpement des SICAV qui investissent massivement dans les emissions d'obligations privees. Le Gouvernement a oblige les SICA V a investir 70 % de leurs actifs dans des obligations publiques et privees (et actions). Les autorites ont egalement aide it developper Ie marche en offrant un meilleur traitement fiscal aux investissements dans les SICA V, en fait, Ie systeme fiscal a developpe considerablement la demande par rapport aux investissements directs en obligations.

Le Marche Boursier

2.35 Le developpement du marche boursier a encore ete plus important que celui du marche obligataire, mais cette montee a plutot ete Ie reflet d'une activite plus intense sur Ie marche secondaire que sur Ie marche pri~ire, vu que cinq entreprises seulement ont lance une souscription publique sur une pen'ode de quatre ans. La croissance de I' activite du rnarche a ete tres important au cours des deux dernieres annees, que ce soit au niveau du chiffre d'affaires ou au niveau de la capitalisation. Entre Ie 31 juillet 1994 et Ie 31 juillet 1995, I' indice du marche a augmente de 67 %, passant de 373 a 623. Sur

25i En fait en autorisant I'emission privee d'une obligation. Ie Tresor garantit cette obligation.

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Ie premier marche, seules trois nouvelles entreprises ont lance une souscription publique au cours des quatre dernieres annees. La hausse du nombre d'actions sur Ie premier marche a ete principalement attribuable a la distribution d'actions gratuites et a I'augmentation du capital des entreprises cotees. La situation actuelle reflete la reticence des entreprises a emettre des actions et la forte concurrence entre investisseurs pour acquerir les quelques valeurs mobilieres disponibles.

Sur l'offre :

II est interessant de noter que peu de nouvelles actions ont ete emises en d6pit des gene reuses incitations fiscales - une entreprise qui emet des actions sur Ie marche primaire acquitte un impot reduit sur Ie revenu de 17,5 % au lieu de l'impot normal de 35 %. Le developpement de nouveaux instruments offrant une protection contre les offres publiques d'achat (actions a dividende prioritaire et obligations convertibles) n'a pas presente d'attrait suffisant pour les entreprises privees d'ouvrir leur capital au public. La principale raison en est la reticence des entrepreneurs a divulguer des informations financieres concern~t leur entreprise.

L' expansion des SICAF a egalement freine Ie developpement des emissions nouvelles, etant donne que la plupart des groupes prives ont cree des SICAF privees beneficiant des memes incitations fiscales que les investisseurs d'actions publiquement negociees.

Sur la demande :

Les SICA V sont a la base du developpement de I' activite du marche boursier du fait que les fonds geres par ces institutions ont plus que quadruple au cours des trois dernieres annees.

2.36 L'appreciation du marche boursier tunisien peut etre consideree comme importante meme en se basant sur les normes des marches emergents.

Le ratio prix de marche/revenu (PIE ratio) a ete estime a environ 25 en 1994, et certaines valeurs mobilieres ont ete cotees jusqu'a 40 compare aux autres marches emergents ou Ie ratio est de I'ordre de 15-20.

Les petits investisseurs ont ete attires sur Ie marche boursier par Ie haut niveau de rentabilite des valeurs mobilieres bancaires. A la suite des changements relatifs aux prix des actions et a Ia repartition des dividendes, Ia rentabilite des banques commerciales a ere importante au cours des dernieres annees, se situant en moyenne aux environs de 25 % par an.

Le marche a besoin des instruments qui pourraient introduire une plus grande flexibilite sur Ie marche. En particulier, il n'est pas possible de prendre des positions courtes ou d'acheter des options. Ces deux instruments introduisent une regulation du marche et favorisent la baisse de la volatilite.

C. Recommandations

2.37 Afin d'ameliorer l'e/ficacite du secteur financier, les autorites tunisiennes doivent mettre en place les dernieres re/ormes du secteur financier. Elles offriront au pays I' occasion de reI ever les taux

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d'epargne, favoriseront Ie developpement de techniques d'investissement saines et encourageront la croissance de I'economie.

Gestion de la Politique Monetaire

2.38 Dans Ie contexte d'une amelioration dufinancement du Tresor, les autoTites tunisiennes doivent moderniser la gestion de la politique monetaire, ce qui ren/orcera la re/orme du financement du Tresor et /acilitera sa mise en oeuvre. II faut souligner que dans Ie cas de la Tunisie, la modernisation de la politique monetaire est plus une question de pratiques que de techniques, les principaux instruments sont deja en place.

Financement du Tresor

2.39 Ces recommandations sont conformes aux recommandations presentees par plusieurs experts qui ont procede a l'audit du Tresor tunisien.26 II s'agit des recommandations suivantes :

Moderniser Ie systeme de compensation et de reglement a la Banque Centrale pour les bons du Tresor afin de faciliter les echanges entre banques et aut res participants au marche secondaire.

Ameliorer les previsions des schemas des besoins en Iiquidites du Tresor et gerer la question de la dette comme un programme, avec la publication d'un calendrier tel que Ie calendrier des emissions-d'un usage repandu dans les pays de I'OCDE.

Encourager la concurrence sur Ie marche primaire, avec l'etablissement de veritables adjudications. Le Tresor devrait envisager d'autoriser quelques operateurs primaires qui s'occuperont d'organiser Ie marche, de garantir les emissions, et eventuellement de devenir des o¢rateurs du marche secondaire (comme c'est Ie cas dans la plupart des pays europeens) .

Le Tresor devrait offrir des instruments de la dette a plus long terme sous forme d'emissions obligataires, et remplacer progressivement tous les instruments a long terme en BTNB negociables essentiellement en bourse, (la procedure d'emissions a guichet ouvert devrait egalement etre generalisee pour les BTNB). En prenant une telle mesure, Ie Tresor pourrait poser la base d'un marche obligataire solide, base sur une dette publique stable a long terme comme dans la plupart des pays de I'OCDE.

Tout en ameliorant la gestion de sa dette, Ie Tresor devrait encourager Ie developpement du marche secondaire des effets publics a court terme en autorisant touts les agents economiques a participer au marche, et en eliminant progressivement les accords de Iiquidite et les accords de place.

Marches Obligataire et 80ursier

2.40 Les principales re/ormes ayant deja ete lancees, les recommandations presentees s 'attacheront davantage aux pratiques des marches financiers qu'aux lois ou reglementations. Depuis 1989, Ie

261 Recommandations d'UIrich Ernst, Hassine Trad, Edward Dey, en juin 1994 ("Strengthening Tunisia's debt management system") et de Lars Kalderen en juin 1993.

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Gouvernement a lance un impressionnant train de reformes qui ont cuI mine en decembre 1994 par la promulgation d'une nouvelle loi conferant au marche tunisien les caracteristiques des marches les plus modernes de l'OCDE. En 1995, Ie Gouvernement appJiquera la legislation et creera les nouvelles structures (privatisation de la bourse, mise en place du systeme de reglement).

Par la suite des rHormes deja en cours, les ameliorations suivantes sont proposees :

m:lalexltunlnotable

II est essentiel que Ie processus de privatisation soit lance aussitot que possible. II contribuera a accroitre Ie nombre d'entreprises cotees et renforcera Ie marche.

Afin de developper et de renforcer Ie marche boursier et obligataire et de rei ever Ie taux d'epargne, il est necessaire de rHormer et de moderniser Ie secteur des investisseurs institutionnels (compagnies d'assurance, securite sociale, institutions d'epargne).

Pour faciliter I'introduction de nouvelles entreprises sur Ie marche boursier, les incitations fiscales offertes pour creer et investir dans les SICAF devraient etre supprimees, a moins que des investissements ne soient operc.~s dans des entreprises co tees publiquement.

Sur Ie marche obligataire la majorite des rHormes qui avaient ete jugees necessaires il y a deux ans ont ete realisees, en particulier Ie regime fiscal des obligations a ete rationalise. Deux ameliorations doivent encore y etre apportees; premierement, Ia garantie bancaire a I' emission d' obligations privees doit etre supprimee afin de laisser Ie prix du marche evaluer adequatement Ie niveau d'emprunt des entreprises sur Ie marche. Deuxiemement, et en parallele, une agence privee de notation doit etre etablie.

Sur Ie marche boursier, diverses techniques devraient etre autorisees afin d'attenuer les fluctuations de marche et d'accroitre les liquidites. En particulier, les investisseurs devraient etre autorises a rendre des positions a decouvert, et la vente et l'achat d'options devraient egalement etre autorises aussitot que possible.