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Coopération Technique Brésil- Afque | | Les partenariats de succès qui renforcent le développement africain 2019 Algée – Bénin – Botswana – Sénégal – Togo

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Coopération Technique

Brésil-Afrique| |Les partenariats de succès qui renforcent le développement africain

2019

Algérie – Bénin – Botswana – Sénégal – Togo

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Coopération Technique

Brésil-Afrique| |Les partenariats de succès qui renforcent le développement africain

Algérie – Bénin – Botswana – Sénégal – Togo

2019

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©L’agence Brésilienne De Coopération(ABC) / Ministère Des Affaires Étrangères (MRE), 2018

La reproduction du contenu de cette publication est interdite à des fins commerciales.

www.abc.govb.br

Production: Proativa Comunicação

Édition: Flávio Resende RP-4237 DF

La rédaction: Luciano Marques

Réviser: Dayane Holanda e Janaina Plessmann

La photographie: L’agence Brésilienne De Coopération (ABC)

Projet visuel et schématisation: Vinícius Souza

FICHE TECHNIQUE 1) Projet intitulé “Transfert de connaissances dans le domaine de la production de gemmes taillées, de bijoux et d’artisanat minéral”

a. Pays partenaire : Algérieb. Période d’effet : 2010-2018c. Institutions partenaires :

i. Au Brésil : 1. Association brésilienne des petits et moyens producteurs de gemmes et de bijoux (ABRAGEM)

ii. En Algérie : 1. Ministère des Affaires Etrangères2. Ministère du Tourisme et de l’Artisanat

d. Domaine: Artisanat

2) Projet intitulé “Renforcement institutionnel de la formation professionnelle et technologique au Bénin dans les domaines de l’agroécologie et du coopérativisme”

a. Pays partenaire : Béninb. Période d’effet : 2011-2018c. Institutions partenaires :

i. In Brazil: 1. Institut Fédéral de Bahia (IFBA)2. Institut Fédéral de Brasilia (IFB)

ii. Au Bénin : 1. Ministère de l’Enseignement Secondaire et de la Formation Professionnelle (MESFTP)2. Lycée Agricole Medji de Sékou (LAMS)

d. Domaine: Agriculture

3) Projet intitulé “Renforcement institutionnel du système des coopératives au Botswana à partir d’un projet pilote avec les horticulteurs”

a. Pays partenaire : Botswanab. Période d’effet : 2013-2017c. Institutions partenaires :

i. Au Brésil : 1. Organisation des Coopératives Brésiliennes (OCB)

ii. Au Botswana : 1. Ministère du Développement Agricole et de la Sécurité Alimentaire (MDASA)2. Ministère de l’Investissement, du Commerce et de l’Industrie (MITI)3. Ministère des Affaires Etrangères

d. Domaine: Coopérativesme agricole

4) Projet intitulé “Soutien au développement du Projet “PAIS” au Sénégal”

a. Pays partenaire : Sénégalb. Période d’effet : 2011-2015c. Institutions partenaires :

i. Au Brésil : 1. Société d’Assistance Technique et de Vulgarisation du District Fédéral (EMATER-DF)2. Institut d’Etudes Socio-environnementales

ii. Au Sénégal : 1. Ministère des Affaires Etrangères (MRES)2. Ministère de l’Agriculture3. Agence Nationale de l’Intégration et du Développement Agricole (ANIDA)

d. Domaine : Agriculture

5) Projet intitulé “Soutien institutionnel à l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA)”

a. Pays partenaire : Togob. Période d’effet : 2010-2017c. Institutions partenaires :

i. Au Brésil : 1. Entreprise Brésilienne de Recherche Agropastorale (EMBRAPA)

ii. Au Togo: 1. Insititut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA)

d. Domaine : Agriculture

Brésil. Ministère Des Affaires Étrangères.L’agence Brésilienne De CoopérationLes partenariats de succès qui renforcent le développement africain/ Ministère Des Affaires Étrangères, Brasília, L’agence Brésilienne De Coopération.68p.ISBN: 978-85-60123-13-1

I.Coopération Technique Internationale.II. L’agence Brésilienne De Coopération

CDD: 327.81

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FEDERATIVE REPUBLIC OF BRAZIL

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRESMINISTRE D’ÉTATEmbaixador Ernesto Araújo

SECRÉTAIRE-GÉNÉRAL AUX AFFAIRES ÉTRANGÈRESEmbaixador Otávio Brandelli

SECRETAIRE A LA POLITIQUE ETRANGERE COMMERCIALE ET ECONOMIQUEEmbaixador Norberto Moretti

DIRECTEUR DE L’AGENCE BRÉSILIENNE DE COOPÉRATIONEmbaixador Ruy Pereira

DIRECTEUR CONSEILLÉ DE L’AGENCE BRÉSILIENNE DE COOPÉRATION Embaixador Demétrio Bueno Carvalho

DIVISION GÉNÉRAL DE LA COOPERÁTION TECHNIQUE SUD-SUD “AFRIQUE, ASIE AND OCÉANIE”Nelci Peres Caixeta

LES INSTITUTIONS BRÉSILIENNES COOPÉRANTESAssociation brésilienne des petits et moyens producteurs de gemmes et de bijoux (ABRAGEM) ; Société d’Assistance Technique et de Vulgarisation du District Fédéral (EMATER-DF) ; Entreprise Brésilienne de Recherche Agropastorale (EMBRAPA) ; Institut Fédéral de Bahia (IFBA) ; Institut Fédéral de Brasilia (IFB); Institut d’Études Socio-environnementales ; Organisation des Coopératives Brésiliennes (OCB)

ÉQUIPE TECHNIQE DE LA ABCAna Carla Rodrigues Pereira do Valle ; André Gustavo Barros; Armando Vieira Filho ; Camila Guedes Ariza ; Fábio Webber Tagliari ; Melissa Sendic Sudbrack ; Paula Silveira.

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Adoptée par les Nations Unies en 1978, la coopération Sud-Sud est un mécanisme d’intéraction entre pays en développement qui prend de l’élan et revêt une importance croissante au cours des dernières décennies. Dans le cadre de la coopération Sud-Sud (CSS), les pays partenaires partagent des expériences et des bonnes pratiques leur permettant de relever des défis communs. Cet ouvrage marque les partenariats à succès loués entre le Brésil et les cinqs pays africains suivants : l’Algérie, le Bénin, le Botswana, le Sénégal et le Togo.

Le Brésil dispose, au niveau fédéral, d’une agence chargée de piloter les projets et initiatives en matière de CSS menés par le pays. Il s’agit de l’Agence Brésilienne de Coopération (ABC), rattachée au Ministère des Affaires Étrangères (MRE en portugais). L’ABC qui existe depuis plus d’une trentaine d’années, a accumulé dans son portefeuille plus d’une centaine de projets de CSS dans plusieurs domaines et dans plus de 100 pays.

Créée en 1987 pour coordonner les actions de coopération technique fournies et menées par le gouvernement fédéral dans le cadre de l’ensemble de la politique extérieure brésilienne, l’ABC s’emploie à renforcer la coopération technique et humanitaire du Brésil à l’étranger ainsi qu’à coordonner les

projets de coopération technique reçue de l’étranger au Brésil.

Au cours des 31 dernières années, les pays développés et les organismes internationaux ont contribué au renforcement de nombreuses institutions brésiliennes en rendant plus solides leurs bases de connaissances. Alors que le Brésil, qui bien auparavant se limitait à recevoir de la coopération technique en provenance des pays développés, est devenu, ces quinze dernières années, un acteur incontournable de la coopération technique Sud-Sud.

L’ABC a développée une expertise en matière de mise en oeuvre de projets et de programmes ayant comme principe de base l’horizontalité des relations. Elle a donc mis en place une méthodologie dans laquelle le travail est effectué ensemble, c’est-à-dire, il n’y a pas de formule prête à l’emploi : l’ensemble du travail est mené en collaboration avec les pays partenaires grâce au partage des connaissances émanant des deux parties, y compris en ce qui concerne l’élaboration des projets.

Or, cela s’est fait dans les cadre des projets de coopération menés en Algérie, au Bénin, au Borswana, au Sénégal et au Togo, s’agissant-là des initiatives réussies qui ont marqué les relations entre Brésiliens at Africains ces dernières années. La coopération

Présentation

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technique brésilienne avec d’autres pays se fait à la demande et suit des directives émanant du Ministère des Affaires Étrangères, qui préconise la non-ingérence dans les affaires intérieures des partenaires ainsi que la non-imposition de conditionnalités.

L’Algérie a récemment découvert une source généreuse de pierres précieuses, et s’est appuyée sur les connaissances et le savoir-faire brésiliens pour procéder à la modernisation des techniques utilisées chez eux pour la production de bijoux et d’artisanat minéral. Le Bénin a quant lui bénéficié du soutien et de l’expertise brésilienne pour une meilleure compréhension de ce que c’est l’agroécologie et le coopérativisme chez les petits producteurs agricoles. Il en va de même pour le Botswana et le Sénégal. Alors que le Togo a amélioré ses connaissances sur la culture et la transformation du manioc, une denrée très importante pour le pays.

Il est important de souligner que les projets de CSS fournis par l’ABC ne sont possibles que grâce aux expertises techniques et aux partenariats établis avec l’ensemble des institutions brésiliennes coopérantes, mais aussi avec les gouvernements des pays étrangers participants à chaque projet.

L’Afrique étant l’une des priorités de la politique étrangère brésilienne, cet ouvrage cherchera à manifester l’engagement du Ministére des Affaires Étrangères brésilien à se conformer au mandat énoncé au paragraphe IX de l’article 4 de la Constitution fédérale, aux termes duquel “la République fédérative du Brésil, en ce qui concerne ses relations internationales, est guidée”, entre autres, “par le principe de la coopération entre les peuples en faveur du progrès de l’humanité”. C’est le jalon majeur de la coopération internationale fournie par le Brésil.

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TABLE DES MATIÈRES

LE BÉNINRenforcement institutionnel de la formation

professionnelle et technologique au Bénin dans les domaines de l’agroécologie et du coopérativisme.

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59LE TOGOSoutien institutionnel à l’Institut togolais de recherche

agronomique (ITRA)

LE BOTSWANA Renforcement institutionnel du système des coopératives au

Botswana à partir d’un projet pilote avec les hosticulteurs.

LE SÉNÉGAL Soutien au développement du projet de “Production agroécologique intégrée et durable” (PAIS en portugais) au Sénégal

10L’ALGÉRIE Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la

production de pierres précieuses et de bijoux.

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L’AlgérieBrésil et Algérie : une

décennie de coopération pour la production de pierres

précieuses et de bijoux. |

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L’Algérie est un pays de l’Afrique du nord connu notamment pour ses grandes réserves de pétrole et de gaz naturel. Mais les richesses de cette région du Sahara ne s’arrêtent pas là. Des études géologiques montrent que le sud du pays regorge de mines qui abritent des gemmes de haute qualité. Correctement taillées et traitées, ces gemmes peuvent devenir des bijoux uniques. Ceci peut générer des revenus pour les artisans et contribuer à la diversification de l’économie locale et par conséquent à l’amélioration de la qualité de vie des familles de la région.

Cette vaste réserve était là, alors qu’elle n’était pas explorée comme il fallait, à l’exception de la petite production artisanale de célèbres bijoux algériens. L’orfèvrerie est une tradition millénaire en Algérie : des artisans fondent et forgent l’argent à l’aide d’outils manuels, assis devant le feu, dans un rituel minutieux. Mais le sud de ce pays africain avait un plus grand potentiel à exploiter. Il fallait mieux tirer parti des ressources de cette

région, améliorer les compétences techniques et artistiques des artisans locaux et épurer la confection des objets.

Le projet “Transfert de connaissances dans le domaine de la production de gemmes taillées, de bijoux et d’artisanat minéral” a donc été signé en juin 2008 sous la coordination de l’ABC, en partenariat avec l’Association brésilienne des petits et moyens producteurs de gemmes et de bijoux (ABRAGEM) et la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAM) de la ville de Tamanrasset. Un projet de formation qui a permis en qualques années d’augmenter la qualité et le volume de production de bijoux, non seulement dans la région mais aussi dans l’ensemble de l’Algérie.

Ce projet visait à contribuer au développement de cette filière, mais aussi au développement socioéconomique de l’Algérie grâce à la formation professionnelle des artisans, à l’introduction de techniques

Les trésors du SaharaUne coopération d’une décennie entre le Brésil et l’Algérie a mis en commun des techniques modernes de bijouterie, en particulier à Tamanrasset, région très riche en matériaux géologiques à tailler.

La coopération technique internationale Brésil-Algérie

Au cours de la mise en oeuvre, le projet a apporté une contribution financière importante s’élevant à 3 millions de USD.”

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Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la production de pierres précieuses et de bijoux

Uma das maiores conquistas da parceria entre o Brasil e a

Argélia foi a inclusão de mulhe-res nas capacitações realizadas

no âmbito do projeto. O setor de ourivesaria e artesanato era

predominantemente de homens.Mulheres passaram a integrar

os cursos na Escola-Piloto e, aos poucos, ganharam espaço e reconhecimento local. O projeto já formou artesãs em ourivesa-

ria, design de joias manual e 3D, e artesanato mineral.

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de prodution d’artisanat minéral et également à l’inclusion sociale. Bien qu’on ne s’y attendait pas, il est important de souligner que ce projet a également favorisé la rupture de paradigmes : les femmes algériennes, historiquement éloignées de ce métier, ont pu participer aux ateliers de formation, et ce, dans le but d’exercer une profession leur permettant d’avoir une indépendance sociale et financière.

“Il y avait au début une résistance parce

que la fabrication de bijoux en Algérie était un métier d’hommes. Les familles algériennes n’ont pas bien accueilli la participation des femmes aux formations fournies par le projet. Les équipes d’experts brésiliens s’y sont mis avec patience, et les femmes algériennes ont tout de suite compris qu’elles avaient beaucoup de potentialités”, affirme Nelci Caixeta, coordinateur général des projets de CSS avec les pays africains francophones et anglophones au sein de l’ABC.

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La coopération technique internationale Brésil-Algérie

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TAMANRASSETLa population de Tamanrasset compte environ 90 000 habitants, principalement des Touaregs (la ville est considérée comme la capitale algérienne de ce peuple nomade). Grâces aux routes commerciales historiques qui la relient aux pays voisins, Tamanrasset est devenue un centre commercial régional. La ville a été choisie de manière stratégique car elle est riche en pierres précieuses et autres ressources minérales. De plus, l’artisanat y est une importante activité économique pour la population locale.

L’un des principaux résultats de ce projet de coopération technique Sud-Sud qui a l’année dernière fêté ses dix ans, a été la mise en place d’une école pilote. Cette école dispense des programmes de formation destinés à améliorer les pratiques tant des artisans locaux que ceux d’autres régions du pays.

A cette fin, des experts brésiliens ont partagé avec les artisans algériens de nouvelles techniques de bijouterie, des techniques modernes et offrant de meilleures conditions de travail, utilisant des machines et des équipements donnés par la coopération brésilienne.

En plus, ce projet a permis aux artisans locaux de mettre en place une coopérative d’artisans afin d’inciter le partage de connaissances, d’augmenter la production de bijoux et d’artisanat et d’établir, auprès des institutions partenaires algériennes et des marchés, de canaux efficaces de négociation, de collaboration et de commercialisation.

Lors d’une visite en Algérie en 2010, le vice-président d’ABRAGEM, Rogério Viana Leite, était suspris par les potentialités de cette région. “Ce fut une visite très importante et passionante car nous avons constaté que, dans un endroit aussi isolé, la population démunie

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Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la production de pierres précieuses et de bijoux

Mise en place de l’Ecole pilote d’artisanat de Tamanrasset, acquisition et installation des machines et équipements nécessaires à la réalisation des formations.

Renforcement des capacités des artisans grâce aux formations dispensées à l’Ecole pilote d’artisanat, dont le but est d’augmenter la production de bijoux de manière à ce qu’elle devienne plus industrialisée et compétitive.

Développement d’une économie sociale et solidaire chez les artisans algériens selon le modèle réussi mis en place au Brésil, grâce à la formation en coopérativisme et la création d’une coopérative d’artisans sur place.

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de Tamanrasset, appartenant pour la plupart aux tribus touarègues du désert, dispose déjà d’un centre de formation prometteur permettant de diffuser des connaissances à un niveau supérieur, même si l’école n’a pas encore le statut d’université”, explique Rodrigo Viana Leite, gemmologue lui aussi.

Six ans plus tard, le président d’ABRAGEM, Harilton Sobrinho, a décrit l’évolution de cette initiative : “Le projet est un grand succès pour nos deux pays, car il vise à multiplier les techniques apprises sur l’ensemble de l’Algérie, et les partenaires ne ménagent aucun effort pour que, avec la créativité caractéristique des artisans algériens, les rares et merveilleuses pierres du Sahara soient présentées au monde entier”.

Selon Benzarour Choukri, directeur national pour la promotion de l’artisanat et point focal du projet auprès du gouvernement algérien, il s’agit d’un projet emblématique, à très grande visibilité et susceptible de contribuer

efficacement à l’amélioration des conditions de vie des artisans de Tamanrasset et de ceux d’autres régions, en plus de contribuer à la diffusion de la culture locale.

“Avant, les gens ne savaient pas ce que c’était tailler ou identifier une pierre précieuse, et beaucoup le savent aujourd’hui”, souligne Choukri. “Les bijoux fabriqués dans cette région présentaient des imperfections, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les artisans s’appuyent à présent sur une connaissance axée sur le design de bijoux, à la fois manuel et en 3D. Avant, les artisans travaillaient assis par terre, alors qu’aujourd’hui ils disposent d’un atelier équipé de machines et d’équipements. L’école devient connue, accueille la visite des touristes et fait désormais partie du circuit touristique du pays. Enfin, les gens ont découvert la valeur des gemmes sahariennes. Maintenant, il y a un marché de pierres précieuses dans la région et pour nous, c’est le début d’un brillant voyage.”

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L’ECOLE PILOTE D’ARTISANAT Au moyen des techniques millénaires et rudimentaires, les artisans algériens mettaient environ une semaine pour fabriquer un bijoux ou même un objet d’artisanat. Au terme de ce projet de CSS, la coopération brésilienne leur a montré, au moyen de nouvelles méthodes et de nouvelles techniques et machines, qu’il est possible d’effectuer le même travil en une seule journée. Toutefois, il convient de rappeler que les traditions, us et coutumes transmis de père en fils ont été conservés au niveau de la fabrication des bijoux, car il s’agit-là d’un aspect fondamental de ce projet : il était essentiel de préserver la richesse culturelle pour les prochaines générations.

L’École, installée dans les locaux de la Maison de l’artisanat de Tamanrasset, a pour objectif de poursuivre les

formations en fabrication de bijoux, sur les différentes étapes de cette fabrication, depuis la fonderie et la taille jusqu’au design, c’est-à-dire, la création qui transforme la pierre brute en objets précieux, et ce, grâce à la technique dénommée artisanat minéral, jusqu’alors méconnue en Algérie. Les élèves eux-mêmes ont par la suite créé une coopérative d’artisans. “Tirtit N’Ahaggar” entend garantir la continuité des enseignements dispensés par les experts brésiliens en matière de production d’artisanat et de bijoux. Grâce à ce projet et à cette initiative, on s’attend à ce que la région devienne un centre national de production de bijoux faits à la main et d’artisanat minéral, ce qui peut renforcer son attractivité touristique.

Le premier groupe d’élèves formés par l’Ecole a franchi quatre étapes: i) notions générales sur gemmologie et approfondissement des connaissances

La coopération technique internationale Brésil-Algérie

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en taille artisanale et à facettes ; ii) orfèvrerie et fonderie, c’est-à-dire, la transformation des pierres en bijoux ; iii) artisanat minéral, c’est-à-dire, le travail lui-même au niveau des pierres, ce qui permet de leur donner forme et en créer des sculptures ; iv) design manuel et en 3D, qui permet la création de bijoux et d’objets plus sophistiqués.

L’Ecole a 6 000 m², deux étages et 25 appartements, l’idée étant d’accueillir des étudiants venant de l’ensemble du pays. Elle est désormais sous la direction des Algériens, mais ABRAGEM reste disponible, le cas échéant, pour élargir la coopération entre nos deux pays.

Lors d’une nouvelle visite à Tamanrasset, entre octobre et novembre 2017, les experts brésiliens ont constaté sur place la réussite de la mise en oeuvre du projet. “Au moyen du soutien mutuel, de la gestion démocratique et de l’égalité des droits pour tous –

hommes et femmes – les élèves ont compris que dans une coopérative, la couleur des yeux ou de la peau importe peu, encore moins si la personne est riche ou a un lien de parenté avec la reine de Saba. Ils ont tous les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes responsabilités, c’est-à-dire, ce sont tous égaux”, explique l’expert brésilien en coopérativisme, Evandro Ninaut. “Les experts, nous n’avons fait que semer une graine de coopérativisme moderne en Algérie. Il reviendra aux amis Algériens de s’occuper de la germination et de la croissance de cette plante jusqu’à ce qu’elle produise les fruits souhaités.”

L’expert Ninaut a également souligné l’importance de cette initiative pour les jeunes : “Il est très important que les jeunes puissent envisager l’avenir différemment. C’est ce qui contribue au développement de n’importe quelle région ou pays.”

Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la production de pierres précieuses et de bijoux

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LES BIJOUX DU SAHARA En 2017, plus de 500 bijoux produits par les élèves de l’Ecole pilote de Tamanrasset ont été exposés au Brésil, dans la galerie de la Fédération des industries de l’Etat de Minas Gerais et celle de Mina Du Veloso, toutes les deux situées dans la ville de Ouro Preto, Etat de Minas Gerais.

Les objets ont été fabriqués avec de l’argent algérien et des pierres précieuses trouvées dans la région sud du pays, dans le désert du Sahara. Les colliers, bracelets, bagues, boucles d’oreille, entre autres, utilisaient également de l’ébène africain.

Au-delà d’améliorer leurs carrières en Algérie grâce aux formations dispensées à l’Ecole de production de gemmes taillées et d’artisanat minéral, créée

et mise en place dans le cadre de ce projet de CSS, 26 artisans ont suivi une formation au Brésil, à savoir à Ouro Preto, Etat de Minas Gerais, dans les domaines suivants : taille à facettes, taille artisanale, orfèvrerie de base, fonderie pour la production de bijoux, design de bijoux et artisanat minéral, avec le soutien de l’Institut Fédéral de Minas Gerais (IFMG).

Harilton Sobrinho, président d’ABRAGEM, a jugé cet échange très utile pour la continuité de l’initiative : “Comme il s’agit d’une mission de seulement 10 jours, j’estime que l’apprentissage s’est avéré très important pour les artisans algériens, car ceux qui se sont distingués lors des formations en Algérie sont donc venus au Brésil. Je crois que la mission a donc accompli ses objectifs avec succès. Les artisans algériens ont acquis de nouvelles connaissances au Brésil et amélioré les techniques apprises à Tamanrasset”.

Irapuã Rodrigues da Silva, professeur

La coopération technique internationale Brésil-Algérie

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expert à l’IFMG dans le domaine de l’orfèvrerie qui a lui-même dispensé l’une des formations aux artisans algériens, a souligné l’intérêt des élèves : “L’emplacement privilégié, étant donné que Ouro Preto est une ville historique où l’on extrait de l’or et des pierres précieuses, a motivé davantage les artisans algériens. Toutes les techniques appliquées ont été développées avec clarté, mettant en évidence l’assimilation des contenus”, a-t-il déclaré.

L’année précédente à l’exposition qui a eu lieu à Outo Preto, les bijoux et objets algériens ont fait l’objet d’une exposition dans leur pays d’origine. En décembre 2016, dans les locaux de l’Ambassade du Brésil à Alger, les bijoux et objets produits par les artisans locaux ont été exposés et mis en vente, constituant ainsi un nouveau et florissant chemin ouvert aux bijoux algériens. Les autorités algériennes, les dirigeants de sociétés locales et étrangères ainsi que les membres du corps diplomatique y ont assisté à la cérémonie d’ouverture.

L’Ambassadeur du Brésil en Algérie, Eduardo Barbosa, et la Ministre

déléguée à l’Aménagément du Territoire, au Tourisme et à l’Artisanat d’Algérie, Aïcha Tagabu, ont salué vivement cette initiative. Et les excellents résultats obtenus en termes d’inclusion sociale productive ont été attestés notamment par les sourires et les expressions de satisfaction des artisans dont les oeuvres y étaient exposés. Enfin, il est important de souligner que parmi ces artisans il y avait huit femmes ayant été formées dans le cadre du projet.

Au même moment, une autre mission d’experts brésiliens s’est déplacée à Alger, à Batna, à Tipaza et à Blida, dans le but d’établir sur place un diagnostic concernant le coopérativisme. Selon Kleber Damasceno, expert dans le domaine du coopérativisme, le point fort de cette mission était le suivant : découvrir l’importance accordée aux coopératives dans cette région. L’expert, impressionné par l’exposition de bijoux réalisée dans le cadre du projet à l’Ambassade du Brésil à Alger, a déclaré : “Les visiteurs étaient attirés par la dimension extraordinaire de cette exposition, la diversification des objets exposés, mais aussi par la qualité, la richesse et la beauté de ces objets”.

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Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la production de pierres précieuses et de bijoux

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JUSTE LE DÉBUT Lors de la cérémonie de clôture, les coordinateurs brésiliens et algériens du projet ont loué le succès de cette initiative qui, entre autres, consistait à afficher au monde des bijoux et des sculptures d’artisanat minéral confectionnés avec les pierres précieuses du Sahara. Outre l’innovation historique, le projet a travaillé sur des composantes liées à l’inclusion sociale : il a intégré, parmi les artisans qualifiés, des individus ordinaires n’appartenant pas aux traditionnelles familles d’artisans producteurs de bijoux de la région, pour aboutir à la création et à la mise en place de la première coopérative professionnelle de la région.L’une des artisanes formées dans le cadre du projet, qui possède déjà sa propre boutique de bijoux, Tandarat Bengaoui, a souligné l’importance d’être l’une des femmes artisanes pionnières au niveau de la région : “Je suis fière d’être la première femme à participer aux formations dispensées à l’école pilote et d’ouvrir la voie à d’autres femmes”.Selon Benzarour Choukri, le succès du projet ouvre les portes et de nouveaux horizons pour l’artisanat local, qui gagnera non seulement les autres régions d’Algérie, mais aussi d’autres pays au niveau international. “Nous savons que ce n’est

que la première étape. Nous, les Algériens, nous sommes censés poursuivre le projet et le développer comme il faut. Ce que nous faisons là, c’est semer une graine : il faut en prendre soin et la transplanter ailleurs, dans toutes les régions de l’Algérie”, a déclaré le directeur national pour la promotion de l’artisanat et point focal du projet auprès du gouvernement algérien. Le directeur de la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAM) de Batna qui était lui aussi présent à la cérémonie de clôture, a informé que le Ministère du Travail a déclenché une procédure officielle pour inclure l’artisanat minéral, modalité jusqu’alors méconnue en Algérie et y introduite grâce à la coopération brésilienne, dans les disciplines des formations professionnelles. Le représentant algérien a également souligné que le projet suscite de l’espoir et renforce la confiance en soi chez les artisans. “Si vous voulez changer le destin de quelqu’un, vous lui donnez compétence et confiance. La leçon à tirer, à mon avis, c’est que tout changement doit venir d’abord de la personne elle-même. Tous les artisans formés à Tamanrasset savent qu’ils ont désormais une compétence et une qualification professionnelle, il leur suffit de décider comment en tirer parti et utiliser ces compétences”, a déclaré Choucri.

La coopération technique internationale Brésil-Algérie

L’AVENIR L’un des grands défi à présent, sans aucun doute, ce sera d’augmenter la production et de renforcer la commercialisation des produits finis. Outre la création de la coopérative et le soutien aux artisans pour l’identification des opportunités de marché permettant de commercialiser les bijoux et les objets, il va falloir continuer à évoluer. Or, l’un des objectifs des artisans algériens est la poursuite du partenariat avec le Brésil dans le cadre d’une nouvelle phase du projet, au cours de laquelle un laboratoire de gemmologie devrait être créé. L’avantage de ce laboratoire, ce serait la rapidité et la précision en termes d’identification et de qualification des pierres précieuses du désert du Sahara découvertes dans la région de Tamanrasset.

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Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la production de pierres précieuses et de bijoux

C’est le perfectionnement des techniques manuelles et millénaires de transformation et de traitement de gemmes pour chercher leur beauté et leurs couleurs variées, très apprécieés par les gens et les marchés. Il s’agit à présent de la technique de tailler des pierres précieuses à l’aide de machines. Les gemmes taillées et polies affichent un éclat qui enchante les hommes et les femmes de tous les âges, partout dans le monde, dans toutes les époques historiques.

LA TAILLE À FACETTES

LES TECNIQUES

C’est l’art de transformer la pierre brute en belles facettes brillantes à mains nues, de donner vie à la gemme avec la sagesse et le don naturel d’un artiste qui façonne un trésor à partir d’un minéral brut et inanimé.

LA TAILLE ARTISANALE

Il s’agit d’une technique de dernière génération qui, par le biais d’un programme informatique, permet à l’artiste-artisan de créer des centaines de modèles de bijoux pour l’industrie de fonderie de métaux précieux.

LE DESIGN (CONCEPTION) DE BIJOUX EN 3D

C’est l’art de fabriquer des bijoux à partir d’un mélange de métaux précieux, tels que l’or ou l’argent, et après fonderie, d’y ajouter des pierres précieuses pour permettre d’orner et de valoriser la beauté de l’être humain qui les porte.

L’ORFÈVRERIE

Il s’agit de la technique et de l’art permettant de fondre la cire et de sculpter un moule pour fabriquer des bijoux. Une fois ce moule solidifié, il servira à multiplier des centaines de fois la même pièce avec du métal précieux.

LA FONDERIE DE BIJOUX

C’est l’art de dessiner un bijou à la main, à travers l’observation de la nature et de l’être humain lui-même, c’est-à-dire, un art qui est censé développer la crátivité et la précision dans les détails. Il s’agit d’une technique qui permet de créer ce qu’on appelle les bijoux d’auteur.

LE DESIGN (CONCEPTION) DE BIJOUX MANUEL

C’est l’art de créer, à partir de l’imagination et de l’observation visuelle, des sculptures, des objets utilitaires et des ornements avec des minéraux bruts tels que les pierres opaques et transparentes, à l’aide d’équipements mécaniques et électriques.

L’ARTISANAT MINÉRAL

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Les relations entre le Brésil et l’Algérie sont marquées par l’amitié et la coopération dans plusieurs domaines. Dans le domaine culturel, par exemple, il existe un lien étroit entre nos deux pays : l’architecte brésilien Oscar Niemeyer a réalisé deux projets importants en Algérie : l’Université de Constantine et l’Université de Bab Ezzouar.Le projet “Transfert de connaissances dans le domaine de la production de gemmes taillées, de bijoux et d’artisanat minéral” constitue un autre exemple de coopération réussie entre nos deux pays. Le projet s’est déroulé dans le cadre de l’Accord cadre de Coopération scientifique, technologique et technique signé le 3 juin 1981 et promulgué le 2 décembre 1983. Le gouvernement algérien a présenté cette demande de

LA RELATION BRÉSIL-ALGÉRIE

coopération technique au Brésil en 2007 et, à la suite des négociations et d’une conception commune, les activités du projet ont démarré l’année 2010.Selon Harilton Sobrinho, président d’ABRAGEM, l’idée d’explorer les gemmes du désert du Sahara est venue lorsque les Algériens ont découvert que ces minéraux pouvaient être transformées en bijoux. “L’Algérie a de belles pierres précieuses, et nous étions ravis quand nous en avons entendu parler. Beaucoup de gens pensent que le désert du Sahara n’a que du sable, mais ce n’est pas vrai”, a-t-il déclaré.Ce partenariat e également été motivé par le fait que le Brésil possède la plus grande variété de pierres précieuses au monde et constitue une référence dans le domaine de la production de gemmes et de bijoux, en plus d’exporter environ un tiers de sa production de pierres précieuses.

La coopération technique internationale Brésil-Algérie

La région sud de l’Algérie s’est avérée riche en mines de béryl, corindon, topaze, quartz piézoélectrique, disthène, calcite, zircon grenat, fluorine, agate, jaspe, calcédoine, tourmaline, turquoise, quartz rose, néphrite, serpentinite, olivine et apatite.

Béryl La pierre béryl pure est incolore, alors qu’on peut la retrouver dans les couleurs verte, bleue, jaune, rouge et blanche. Certaines variétés sont considérées comme des pierres précieuses ou semi-précieuses. Le vert, par exemple, s’appelle émeraude, alors que le béryl rouge, très rare, s’appelle émeraude rouge ou écarlate.

JaspeCette pierre est une variété de quartz et est

essentiellement utilisée comme ornement. Opaque à légèrement translucide, elle contient une variété immense

de couleurs, en fonction de la quantité d’impuretés présentes : l’hématite donne une couleur rouge ; les

argiles donnent des couleurs blanches, grises et jaunes ; et la goethite quant à elle donne une couleur marron foncé.

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Du côté brésilien, l’ABC-MRE est l’institution responsable du pilotage, de la négociation, de la validation et du suivi des activités prévues dans le cadre du projet. L’Agence, qui a plus de 30 ans d’expérience en matière de coopération internationale, encourage au niveau international le partage de connaissances, de compétences et d’expériences réussies menées par les institutions brésiliennes, en mettant l’accent sur le renforcement des capacités et l’apprentissage mutuel entre les acteurs impliqués. La coopération technique fournie par l’ABC-MRE repose sur les principes de la coopération technique Sud-Sud, c’est-à-dire, l’horizontalité des relations, la non-imposition de conditionnalités, entre autres. Des principes permettant aux projets d’être durables et au pays partenaire d’adapter les bonnes

pratiques et les expériences réussies du Brésil à ses réalités, pour qu’il puisse par la suite développer ses propres institutions et mettre en place des politiques publiques en fonctions des caractéristiques locales.De son côté, ABRAGEM, association créée l’année 2000 dans le but de défendre les droits des orfèvres de petite et de moyenne taille, des artisans, des mineurs et des chercheurs d’or brésiliens, est l’institution resposnable de la mise en oeuvre technique du projet, c’est-à-dire, des activités elles-mêmes du projet. ABRAGEM est composée d’un personnel technique expérimenté chargé de fournir les services spécialisé tant de conseil que de formation technique aux professionnels de cette filière, en vue de l’inclusion sociale des personnes à faible revenu sur le marché du travail.

Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la production de pierres précieuses et de bijoux

Turquoise C’est une pierre très connue pour sa couleur bleu céleste, vert sarcelle ou encore vert jaunâtre. Elle varie de semi transparente à opaque et a un éclat de porcelaine, tandis que la plupart de ces gemmes a un éclat vitreux. Parmi les nombreuses variétés, celle à couleur bleue céleste et compactée est plus appréciée sur le marché.

Topaze Il s’agit d’une des gemmes les plus traditionnelles.

Elle créé des cristaux prismatiques incolores ou blancs, jaunes, oranges, marrons, roses, saumons, rouges ou encore bleus. Transparent à translusice,

son éclat est vitreux. Le topaze n’est pas synthétisé à l’échelle industrielle, raison pour laquelle il est très

apprécié sur le marché.

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Mission d’ABRAGEM en Algérie afin d’effectuer un diagnostic sur place. Les experts ont constaté l’existence d’un commerce primaire de pièces faites à la main, mais toujours sans incrustation de pierres précieuses, ce qui témoigne du peu d’importance accordée au gemmes locales.

Formation dans les domaines du design manuel et du design en 3D de bijoux, à Tamanrasset, pour un groupe d’une douzaine d’artisans.

Mission technique d’une délégation brésilienne à Alger, à Tipaza et à Blida en vue d’effectuer un diagnostic sur place sur l’importance du coopérativisme et de fournir des éléments pour la création d’une coopérative d’artisans dans la région.

Mission de la délégation algérienne au Brésil pour les derniers ajustements et la signature du projet, tenue le 28 janvier dans les locaux de l’ABC à Brasília.

Formation dans les domaines de l’orfèvrerie et de la fonderie de bijoux, à Tamanrasset.

Exposition-vente des bijoux et des objets fabriqués par des artisans de Tamanrasset, dans les locaux de l’Ambassade du Brésil à Alger.

Formation dans les domaines de la taille à facettes et de la taille artisanale, à Tamanrasset, pour un groupe d’une vingtaine d’artisans.

Mission technique d’une délégation algérienne à Ouro Preto (Etat de Minas Gerais) pour participer aux ateliers de formation dispensés par l’Institut Fédéral de Minas Gerais (IFMG). Y ont participé 26 artisans algériens, ce qui leur a permis d’améliorer leurs connaissances dans les domaines suivants : taille à facettes, taille artisanale, orfèvrerie de base, fonderie de bijoux, design de bijoux (manuel et en 3D) et artisanat minéral.

Juin 2007

Chronologie

Janvier 2010

Septembre à décembre 2015

Février à mai 2016

Décembre 2016 Décembre 2016 Août 2017

Mai à juin 2015

La coopération technique internationale Brésil-Algérie

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Des représentants d’ABRAGEM participent au 15ème Salon international de l’artisanat traditionnel (SIART) à Alger, le Brésil étant le seul pays latino-américain à participer à ce salon.

Mission brésilienne à Tamanrasset pour apporter un soutien technique permettant d’identifier les adaptations nécessaires à la rénovation du bâtiment où l’école pilote d’artisanat a été mise en place par la suite.

Mission technique à Tamanrasset pour installet et tester les machines et équipements offerts par le projet.

Mission en Algérie pour évaluation finale et clôture du projet.Formation dans le domaine du

coopérativisme pour les artisans de l’École pilote de Tamanrasset. La coopérative “Tirtit N’Ahaggar” a également été créée à l’initiative des artisans-élèves.

Tenu du “Séminaire international sur les techniques de production de pierres taillées, de bijoux et d’artisanat minéral” en Algérie, animé par l’ABRAGEM, auquel ont assisté environ 80 personnes.

Arrivée en Algérie des équipements et machines offerts à l’École pilote d’artisanat de Tamanrasset dans le cadre du projet.

Mars 2010 Avril 2010

Mai 2013

Juillet 2018 Octobre à décembre 2017

Mai 2010

Juillet 2012

Brésil et Algérie : une décennie de coopération pour la production de pierres précieuses et de bijoux

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Inauguration de l’École pilote d’artisanat de Tamanrasset. Le Ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Amine Hadj Said, a assisté à cette cérémonie. Ce mois-ci, un premier atelier de formation a été organisé pour un groupe d’une vingtaine d’artisans.

Novembre 2013

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La coopération technique internationale Brésil-Algérie

• Création et mise en place de l’École pilote d’artisanat de Tamanrasset.

• Renforcement de la main-d’oeuvre algérienne ayant fait l’objet des formations dans les domaines de l’orfèvrerie et de la fabrication de bijoux.

• Partage et transfert des technologies et des innovations industrielles importantes dans le domaine de la production de bijoux.

• Création des associations professionnelles de cette filière.

• Partage et transfert des connaissances dans les domaines de l’identification et du catalogage de gemmes, ce qui a permis de contribuer à la professionnalisation du commerce local.

Les principaux résultats

• Formation de 80 artisans de différentes régions de l’Algérie, dans les domaines suivants : taille à facettes et taille artisanale (20 artisans); orfèvrerie et fonderie de bijoux (20 artisans); design de bijoux (manuel et en 3D) (20 artisans); et artisanat minéral (20 artisans);

• Atelier de formation dans le domaine du coopérativisme pour un groupe de 45 artisans, en Algérie.

• Création d’une coopérative de production d’artisanat minéral, à l’initiative des artisans-élèves et composée de 27 membres, tous segments confondus.

• Atelier de formation (niveau spécialisation technique) pour un groupe de 26 artisans algériens à Ouro Preto (Etat de Minas Gerais), au Brésil.

• Ouvrages et notes techniques produits dans le cadre du projet publiés.

• Une large couverture médiatique, tout au long du projet, témoignant de l’intérêt de cette filière et de la coopération brésilienne pour le pays.

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Le BéninRenforcement du

coopérativisme rural |

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Le Bénin est un pays de l’Afrique de l’ouest situé entre l’océan Atlantique au sud, le Niger au nord, le Togo à l’ouest et le Nigéria à l’est. Ses plus de 11 millions d’habitants, répartis sur 112.622 km², vivent dans une économie axée sur l’agriculture, cette agriculture ayant d’immenses potentialités de croissance. Un projet de coopération technique entre les gouvernements du Brésil et du Bénin envisage de contribuer à l’amélioration de certaines des politiques de la filière agricole, qui représente 38% du PIB de ce pays africain.Porto Novo est la capitale administrative du Bénin, tandis que Cotonou en est la capitale économique, même si elle accueille de nombreuses institutions publiques. Le pays est structurellement caractérisé par une économie de transit et de commerce. Bien que l’économie soit basée sur l’agriculture, elle n’est pas très compétitive en raison du manque de moyens et d’outils de production de meilleure qualité.Le projet “Renforcement institutionnel de la formation professionnelle et technologique au Bénin dans les domaines de l’agroécologie et du coopérativisme” a été lancé en 2011. Piloté par l’Agence Brésilienne de Coopération (ABC) en partenariat avec l’Institut Fédéral de Bahia (IFBA) et l’Institut Fédéral de Brasilia (IFB), ce projet, conçu conjointement avec le

L’agroécologie et le coopérativisme renforcés au Bénin

La coopération technique internationale Brésil-Bénin

Bénin suite à la demande de coopération transmise au gouvernement brésilien par le gouvernement béninois, associait également le Lycée Agricole Medji de Sékou (LAMS), établissement public de formation professionnelle agricole située à Allada, à 45 km de Cotonou.La coopération a été démarrée après que le gouvernement béninois ait identifié deux défis prioritaires majeurs : développer la compétitivité globale et sectorielle de l’économie et améliorer la qualité de vie des populations locales. Par conséquent, la coopération technique internationale a été intégrée à cette vision de développement définie par le Bénin.Le projet avait pour objectif majeur de renforcer les institutions chargées de la formation professionnelle agricole au Bénin, mais aussi d’augmenter le taux d’intégration des diplômés dans le monde du travail, par le biais de la promotion de pratiques coopératives et agroécologiques. La première étape du projet consistait à former le corps enseignant du LAMS. La seconde étape quant à elle consistait à mettre en place un atelier de transformation des produits agricoles cultivés sur place qui était censé servir également de pépinière d’entreprises solidaires permettant de soutenir les projets de coopératives au niveau de la région d’Allada.

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Des experts brésiliens ont formés des enseignants de Cotonou sur la façon dont le coopérativisme et l’agriculture paysane peuvent aller de pair avec la durabilité et le respect de l’environnement.

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Renforcement du coopérativisme rural

LES DÉFISLa filière agricole au Bénin est caractérisée par la primauté de petites exploitations et leur vulnérabilité aux phénomènes climatiques. Cette filière a également besoin de modernisation, pour augmenter sa production, ainsi que d’une formalisation accrue. On sait également que la filière agricole occupe un pourcentage important de la main-d’oeuvre du pays, d’où l’importance accordée à son renforcement continu et à sa croissance.

LE PROJETLe projet “Renforcement institutionnel de la formation professionnelle et technologique au Bénin dans les domaines de l’agroécologie et du coopérativisme” a été lancé en 2011 suite à une mission technique brésilienne composée de professeurs experts de l’Institut Fédéral de Bahia (IFBA) et de l’Institut Fédéral de Brasilia (IFB) au Lycée Agricole Medji de Sékou. Cet établissement est un lycée public de formation professionnelle qui comprend les trois dernières années de l’enseignement secondaire, en vue de l’enseignement supérieur. Vânia Costa Pimentel, professeure à l’IFB, était la coordinatrice du projet au sein de son établissement. “En 2011 nous avons effectué le premier déplacement au Bénin. C’était une mission de diagnostic

pour permettre de construire le projet en fonction de la demande émanant du pays partenaire, de la réalité locale. Nous avons organisé une série de réunions avec les enseignants béninois pour essayer d’identifier ce que nous pourrions partager par rapport à notre expérience. Nous avons réalisé que le lycée manquait de supports didactiques et d’une vraie perspective pédagogique, en plus d’autres intrants. Les questions liées au coopérativisme et à l’agroécologie seraient très importants pour eux. Car les modèles de gestion agricole étaient ceux importés de la France, qui avait colonisé le Bénin par le passé. C’étaient des techniques adaptées au climat froid européen, alors qu’au Bénin il s’agit d’un clima tropical. C’est-à-dire, des techniques et une gestion très peu adaptées à la région où se trouve le Bénin”, explique la professeure Vânia.Les professeurs experts brésiliens ont compris que les élèves des lycées agricoles étaient pour la plupart des enfants d’agriculteurs locaux et qu’ils produisaient, ces agriculteurs, essentiellement de l’ananas, principale matière première locale. C’était le point de départ propice à l’introduction de l’agroécologie, dont les principes sont, entre autres, la cohabitation de l’activité agricole avec la nature. “Nous avons donc travaillé sur la transformation de l’ananas. Auparavant, il était uniquement commercialisé à l’état naturel, les pertes et les gaspillages

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étant énormes en raison de la production élevée et du fait qu’il s’agit d’un fruit extrêmement périssable. Ils ont appris que de ce fruit il était également possible de fabriquer une série de produits à valeur ajoutée : la pulpe, la confiture, les gelées, le jus, l’écorce pour des infusions, entre autres, qui durent plus longtemps”, explique la professeure de l’IFB. L’objectif était de former les enseignants du LAMS et de leur faire partager par la suite les connaissances en matière d’entrepreunariat, de coopérativisme et d’agroécologie. “Notre intention était de travailler avec les enseignants du Lycée pour qu’ils forment les élèves, ces élèves devenant des multiplicateurs au sein de leurs communautés”, dit-elle. “La première étape du projet consistait à former le corps enseignant au niveau d’une formation divisée en six modules. La deuxième étape consistait à créer et à mettre en place la pépinière, sorte de laboratoire

pour le traitement et la transformation d’aliments”.Les six modules des cours de formation ont été adaptés aux modèles et à la réalité socioéconomique du pays. Les professeurs experts brésiliens ont abordé les thématiques suivantes : associations

d ’ é c o n o m i e solidaire et coopéra t i v i sme ; principes et concepts de l ’ a g r o é c o l o g i e ; planification stratégique et entrepreunar iat ; pratique agroécologique et technologies

sociales, entre autres.Au terme de la formation, les enseignants béninois ont dû procéder à une soutenance orale de leurs travaux de clôture d’etudes, ces séances de soutenance ayant lieu dans les locaux de l’Ambassade du Brésil à Cotonou, avec transmission simultanée via Skype aux professeurs experts brésiliens qui étaient au Brésil, tous rassemblés dans les locaux du Ministère de l’Éducation à Brasilia.

Twenty-eight trainers were trained in Benin. They,

in turn, will pass on their knowledge to other teachers

and to LAMS graduates.

La coopération technique internationale Brésil-Bénin

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Les enseignants béninois formés dans le cadre du projet sont venus au Brésil à deux reprises pour compléter leur formation avec de nouvelles connaissances sur place, chaqu’une de ces missions comprenant six enseignants.Une fois les connaissances théoriques ayant été assimilées, les béninois ont participé à des visites de terrain, au District Fédéral, Goias et Bahia, pour connaître sur place les expériences brésiliennes réussies en matière de coopérativisme et d’agroécologie. Ces visites leur ont permis d’apprendre davantage et d’assimiler les modules théoriques appris, mais aussi de ramener de nouvelles idées chez eux. “Nous les avons conduits à des exploitations agricoles qui pratiquent une gestion agroécologique. Nous avons visité un groupe d’agriculteurs à Padre Bernardo, le “Assentamento Colônia”, qui tire profit de la transformation des fruits du biome Cerrado (les savanes de la région Centre-ouest brésilienne). Il s’agit d’une communauté rurale qui travaille selon les principes

du coopérativisme. Nous nous sommes également rendus à l’exploitation agricole “Fazenda Malunga”, une ferme destinée à la production agricole biologique aux environs de Brasilia créée par des anciens étudiants de génie forestière, le but étant de connaître l’utilisation d’intrants biologiques ou verts et les actions qui y sont menées pour inciter les petits producteurs agricoles de cette région à effectuer la transition vers l’agriculture bio. Rester en classe pour parler de compostage est une chose, alors que procéder à des visites de terrain pour voir tout ce qui se passe sur place, c’est une chose bien différente, car, sur place, il est possible de voir ce que c’est la pratique, de vérifier les défis et les contraintes auxquelles les gens sont confrontés, mais aussi de voir les potentialités énormes de cette forme de production et de gestion agricole”, note la professeure Vânia.Elle a expliqué que l’apprentissage bidirectionnel a énormément aidé les partenaires béninois à mieux comprendre le fonctionnement de l’agroécologie et la mise en valeur des produits locaux, ainsi que l’intérêt et l’importance de la coopération mutuelle au sein d’une

Renforcement du coopérativisme rural

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LES DÉPLACEMENTSAU BRÉSIL

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La coopération technique internationale Brésil-Bénin

communauté de petits agriculteurs. “Nous avons cherché à leur montrer sur le terrain des expériences réussies se centrant sur l’organisation sociale de ces communautés. Là dessus, nous avons visité la coopérative “Coopercuc”, dans l’Etat de Bahia, une coopérative qui produit des bonbons, des confitures, des biscuits, des gâteaux, entre autres, des produits issus de la transformation des fruits du biome Caatinga (le semi-aride brésilien, situé dans la région Nord-est). C’est-à-dire, nous avons essayé de les amener à regarder leur propre réalité au Bénin. Nous avons essayé de les amener à identifier les produits locaux, les sols, les végétations, les aspects liés à la commercialisation, entre autres. Ce processus de construction et d’apprentissage a été très enrichissant tant pour eux que pour nous-mêmes. Nous, les professeurs experts brésiliens, nous avons également beaucoup appris avec cette grande expérience de coopération technique Sud-Sud”.

LA PÉPINIÈRE

La deuxième partie de ce projet consistait à concevoir et à mettre en place, au niveau du Lycée Agricole Medji de Sékou, un laboratoire pour la transformation des produits du terroir, faisant office d’un espace destiné aux élèves du Lycée pour qu’ils puissent mettre au point les connaissances apprises au cours de leur formation, en plus de permettre de générer des revenus par le biais de la commercialisation de ces produits transformés. Cette pépinière, installée dans les locaux du LAMS, a bénéficié du don effectué par la coopération brésilienne en termes de machines et d’équipements appropriés à la transformation. Elle dispose de locaux pour la réception des aliments et produits, pour le stockage, mais aussi d’un local pour la ventre des produits transformés.Carlos Alex Cypriano, professeur expert à l’IFBA où il est le coordinateur de l’Incubateur technologique des coopératives populaires (ITCP), travaille dans des projets de vulgarisation dans le domaine de l’économie solidaire et du coopérativisme populaire. Il était l’un des experts brésiliens qui ont contribué à concevoir et à mettre en place la pépinière au LAMS. “L’atelier de transformation des aliments, comme les amis béninois l’appellent, est doté d’une adéquation sociotechnique, c’est-à-dire, d’équipements susceptibles d’être appropriés et utiliser sans compliquer les choses. Car, souvent, un projet fait le don d’un équipement sophistiqué et cet équipement finit par être mis de côté après le premier problème ou panne, car il n’y a pas de moyens techniques pour le réparer. Nous avons rassemblé un certain nombre d’équipements mieux adaptés aux moyens techniques locaux et aux sources d’énergie. L’approvisionnement en électricité au Bénin, par exemple, est problématique et coûteux”, explique le

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Renforcement du coopérativisme rural

professeur Carlos Alex.Selon lui, il a fallu plus que de la formation pour que les producteurs locaux se rendent compte de la nécessité de valoriser les produits du terroir : “L’objectif de la pépinière est de fournir une formation pratique à l’ensemble des diplômés du LAMS en matiére de transformation des aliments, certes, mais aussi d’ajouter de la valeur aux produits, de mieux utiliser la matière première. Si auparavant ils ne commercialisaient que les fruits à l’état naturel, désormais ils produisent également des bonbons, des confitures, des gelées, des jus de fruits, des marmelades, des purées et pâtes de fruits, entre autres. L’ananas déshydraté en est un exemple. En plus d’être facile à faire, il y en a une très bonne demande et cela évite le gaspillage, car c’est un fruit très périssable. Il est important de souligner que cet atelier vise également à devenir une pépinière permettant de faire émerger des initiatives de petits producteurs de la région”.

LA TRANSFORMATIONLe processus de transformation des produits locaux peut apporter de nombreux changements sociaux bénéfiques aux communautés impliquées. L’un des exemples est la tomate. Plusieurs producteurs locaux vivent de la production de ce fruit, qui est saisonnière. La saison de la tomate ne dure que quatre mois, alors que la demande est très importante pendant toute l’année car elle entre dans la préparation de nombreux plats béninois.“Lors des soutenances, nous avons eu un projet très intéressant sur l’exploitation de la tomate, qui pourrait être reproduit au niveau des autres lycées agricoles du Bénin et qui résoudrait le problème d’une denrée très appréciée des Béninois, mais dont la production est saisonnière. Hors

saison, le prix du fruit peut être 30 fois supérieur à la normale. Le projet présenté lors des formations prévoit une conserve de tomate qui résoudrait deux problèmes. D’abord, cela éliminerait un grand gaspillage, car une partie importante de la production est perdue lors de la saison. Ensuite, cela mettrait à dispositon des consommateurs pendant toute l’année une denrée à très forte demande et à un prix plus abordable”, explique le professeur Carlos Alex.

LES BONS FRUITSLe projet continue d’être suivi par les experts brésiliens impliqués, qui ont effectué des déplacements au Bénin en 2018. L’une des missions avait pour objectif de contribuer à l’amélioration du système de sécurité de la pépinière et d’effectuer sur place une formation dans les domaines de l’opération et de l’entretien de la chaudière, alors que l’autre mission avait pour objectif de dispenser une formation dans le domaine du fonctionnement et de l’entretien des autres équipements de la pépinière. Ces deux formations se sont déroulées sous la responsabilité de l’IFBA.

Un professeur expert de l’IFBA s’est rendu à deux reprises au Bénin pour dispenser une formation sur l’opération et le fonctionnement de la chaudière

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et l’entretien des équipements de la pépinière. En outre, un autre expert de l’IFBA a dispensé une formation concernant l’opération, le fonctionnement et l’entretien des autres équipements de la pépinière. Pendant une semaine, onze enseignants du LAMS et d’autres établissements de la région ont participé à ces formations. À présent, le LAMS poursuit l’accomplissement de ses attributions : former ses élèves et leur apprendre sur le coopérativisme, l’agroécologie et la transformation des aliments. Parmi les différents produits transformés figurent la sauce de tomate, la gelée et la confiture d’ananas, le jus d’ananas, le piment en sauce et le piment rouge desseché.“L’agroécologie a été bien acceuillie au Bénin, ainsi que les principes du coopérativisme, qui certes existait depuis l’époque de la colonisation, sauf que maintenant cela se fait dans le cadre d’une économie solidaire. La dernière nouvelle que nous avons eu de nos amis béninois, c’est que le projet continue de contribuer

à la création de nouvelles coopératives et que cette coopération, une vraie révolution verte, ne cesse d’y évoluer”, a conclu le professeur de l’IFBA.En novembre 2018, une équipe composée de professeurs de l’IFB et de l’IFBA ainsi que d’experts de l’ABC s’est rendue au Bénin pour procéder à la première partie de l’évaluation finale du projet. À cette occasion, la délégation brésilienne a pu constater sur place que le projet a suscité un intérêt accru pour la transformation des produits agricoles. O antigo no qual os alunos tinham aula foi está sendo ampliado. Un autre aspect important signalé, c’est qu’il existe un intérêt affiché par le gouvernement béninois d’appliquer l’expérience réussie de ce projet aux autres lycées agricoles du pays. C’est-à-dire, le gouvernement béninois a l’intention de mettre en place des pépinières dans les lycées techniques (formation professionnelle) du pays, quelle que soit le domaine d’apprentissage.

La coopération technique internationale Brésil-Bénin

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LE LAMSLe Lycée Agricole Médji de Sékou a à présent environ 1 500 élèves (dont 30% de femmes) et une centaine d’enseignants. Il s’est spécialisé dans certains domaines agricoles, tels que la production végétal et animale, la transformation des aliments, le reboisement, la pêche et le traitement des sols. En ce qui concerne la transformation des aliments, il faut souligner la fabrication d’aliments issus des cultures suivantes : manioc, ananas et canne à sucre. Les cours qui y sont enseignés ont une durée moyenne de quatre ans, entre théorie et pratique, par le biais de formation complémentaire, c’est-à-dire, des stages chez des sociétés et d’autres acteurs de la filière agricole.

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L’agroécologie est la gestion agricole axée sur une perspective écologique. Elle privilégie l’utilisation des ressources naturelles de manière plus consciente, tout en respectant et en préservant ce que la nature offre tout au long du processus de production agricole – du semis à la commercialisation des produits.

L’agroécologie s’avère une alternative permettant de réduire les problèmes occasionnés par la gestion agricole traditionnelle, qui entraîne la réduction de la biodiversité, mais aussi de présenter des options durables pour que la terre continue à produire.

L’agroécologie

Le développement durable a changé la façon de penser, et ce, par rapport aux besoins de la génération actuelle sans pour autant compromettre l’avenir des prochaines générations. Ce mouvement repose sur le développement économiquement viable, socialement

équitable et écologiquement correct.

La révolution verte

Cycle :Toutes les formes

de vie qui sont présentes dans un cycle agricole ont une importance :

Les produits agrochimiques

L’agroécologie rénonce à l’utilisation de produits

agrochimiques (des pesticides, par exemple) ou d’engrais chimiques

solubles.

Plantes

Oiseaux

Minéraux

Micro-organismes

HistoriqueLe mot “agroécologie” a été utilisé pour la première fois en 1928 par l’agronome russe Basil Bensin. Pourtant, la transition vers le nouveau concept n’a eu lieu que ces dernières années, lorsque les producteurs agricoles ont compris que l’utilisation de pesticides et d’autres intrants chimiques, qui attaquent la nature et la biodiversité, peut être remplacée par une gestion agricole respectueuse de l’environnement, en plus de procurer une qualité de vie accrue aux populations, c’est-à-dire, tant les consommateurs que les agriculteurs.

L’évolution récenteLes études agroécologiques ont développé des aspects qui continuent de fournir aux producteurs agricoles des outils importants leur permettant de travailler dans le cadre d’une gestion agricole intégrée avec l’environnement, à savoir : les études sur l’agriculture biodynamique, sur l’agriculture

biologique et sur les systèmes agroforestiers.

3333

Renforcement du coopérativisme rural

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L’ananas est une des principales denrées commercialisées au niveau de la région de Cotonou. Historiquement, ce fruit était vendu è l’état naturel par les petits agriculteurs locaux. Après la coopération technique entre le Brésil et le Bénin en la matière, les enseignants du LAMS ont appris à effectuer le traitement de ce fruit.

Ce traitement consiste à transformer un produit primaire en un produit industrialisé à plus forte valeur ajoutée.

Les processus :• Le laboratoire de tranformation des aliments du LAMS reçoit les fruits, les sélectionne, les lave et les stock ;

• Ensuite, l’ananas est envoyé à la chaîne de préparation en fonction du produit fini qu’on souhaite avoir ;

• L’ananas peut être transformé en pulpe, jus de fruit, confiture, marmelade, gelée, fruit desséché, entre autres ;

• La transformation ajoute de la valeur à la matière première, mais aussi évite le gaspillage et rend le produit disponible à la consommation pour plus longtemps.

L’utilisation et le traitement des déchets :Environ 50% du poids total de la matière première reçue est éliminé sous forme de feuilles, de tiges et d’écorces. Une telle élimination est impropre à la consommation humaine, mais peut être utilisée comme matière première au compostage ou être

destinée à l’alimentation animale.

Le compostage, l’un des processus clé pour l’agroécologie, est un engrais de sol écologique-ment correct qui peut être utilisé sur les jardins potagers ou les cultures.

Le traitement de l’ananas

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La coopération technique internationale Brésil-Bénin

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• Formation des enseignants de l’éta-blissement Lycée Agricole Medji de Sékou (LAMS).

• Renforcement des techniques axées sur l’agroécologie et le coopérativisme (l’économie solidaire) en fonction de la réalité béninoise.

• Partage et transfert des technologies et des innovations industrielles essen-tielles à l’agroécologie et au coopérati-visme.

• Partage et transfert des connaissan-ces dans le domaine de la transforma-tion des aliments.

Les principaux résultats • Formation technique des enseignants

béninois dans le domaine du fonction-nement et de l’entretien des machines et équipements pour la transformation des alimentas.

• Création et construction du laboratoi-re de transformation des aliments (une pépinière d’entreprises solidaires) dans les locaux du LAMS.

• Formation de 25 enseignants du LAMS, équivalant à un diplôme de troisième cycle, c’est-à-dire, une spécialisation dans les domaines de l’agroécologie et du coopérativisme.

• Mise en place d’un centre multipli-cateur de techniques et d’incitation au coopérativisme chez les petits agricul-teurs locaux.

Les formations au BrésilLa première mission des enseignants béninois au Brésil a eu lieu en 2013. Ils ont été témoins de projets concrets axés sur le coopérativisme et l’agroécologie, tels que :

• L’exploitation agricole “Fazenda Malunga” (production et gestion agroécologiques – Brasilia, District Fédéral).• Institut de Permaculture du biome Cerrado (Pirenopolis, Etat de Goias).• L’exploitation agricole “Comunidade de Caxambú” (production et gestion agroécologiques familiale et agroindustrie – Pirenopolis, Etat de Goias).• L’exploitation agricole “Colonização Agrária Colônia I” (production et gestion agroécologiques – Padre Bernardo, Etat de Goias).• L’exploitation agricole “MASSAE” (production et gestion agroécologiques – Taguatinga, District Fédéral).• La coopérative “Coopersuc” (Salvador, Etat de Bahia).

La deuxième mission a permis aux enseignants béninois de visiter d’autres projets, à savoir :• L’unité de transformation agro-industrielle de l’IFB (Brasilia, District Fédéral).• L’usine de transformation de produits biologiques “Mama Gê Orgânicos” (production de sauces, confitures et gelées – Paranoa, District Fédéral).• La société de production de légumes et de fruits “Alimentos Primavera” (transformation de produits agricoles – Brazlandia, District Fédéral).• L’agro-industrie “DESIFRUT” (production de fruits desséchés – Sobradinho, District Fédéral).• L’agro-industrie “Delícias da Primavera” (production de confitures et gelées – Samambaia, District Fédéral).• L’agro-industrie “Rainha de Pimentas” (production de sauces de piment et de gelées avec du piment – Lago Oeste, District Fédéral).

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Renforcement du coopérativisme rural

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Le BotswanaRenforcement institutionnel du système des coopératives au Botswana à partir d’un projet pilote avec les horticulteurs.|

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L’un des pays du monde où la croissance économique est la plus rapide depuis 50 ans. C’est le Botswana, situé dans une région semi-aride de l’Afrique australe, sans débouché sur la mer. Le pays a réussi à augmenter son revenu per capita de plus de 100 fois en un demi-siècle. Ancienne colonie britannique jusqu’en 1966, l’année de son indépendance, cette république a su développer des secteurs économiques tels que l’exploitation minière et l’écotourisme, tout en conservant une économie étroitement liée à l’activité agricole de subsistance pratiquée par la majeure partie de sa population. C’est dans ce contexte-là que le projet “Renforcement institutionnel du système des coopératives au Botswana” a vu le jour.

Il s’agit d’une initiative de coopération technique Sud-Sud impliquant nos deux pays ayant pour objectif de mettre en oeuvre un projet pilote avec des horticulteurs, pour renforcer l’agriculture locale. Le relief du Botswana, qui borde l’Afrique du Sud, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe, est plat et recouvert à 80% par le désert du Kalahari, c’est-à-dire, soumis à des sécheresses sévères qui durent des années. Cela explique pourquoi la nation est l’un des pays des moins peuplés du monde, avec un peu plus de deux millions d’habitants répartis sur 581 730 km².Le pays dispose de réserves écologiques et de pierres précieuses qui ont dynamisé l’économie au niveau

Ensemble nous sommes plus forts

L’agriculture de subsistance concerne la majorité de la population rurale du Botswana.

Un projet de coopération technique entre le Brésil et le Botswana permet aux agriculteurs de la région de Kweneng North de renforcer l’agriculture locale grâce au coopérativisme.

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international, ce qui a fait du Botswana la quatrième plus grande économie d’Afrique. D’autre part, l’agriculture reste le moyen de subsistance de la majorité de la population rurale du pays, selon le Ministère du Développement Agricole et de la Sécurité Alimentaire (MDASA), qui connaît égalelement un taux de chômage élevé chez les jeunes en zone rurale.Fort de cette réalité, le gouvernement du Botswana a officiellement demandé au Brésil de fournir une coopération technique centrée sur le renforcement de l’activité agricole, considérée par les Nations Unies comme l’un des fronts pour lutter contre la pauvreté et augmenter le PIB. La demandé a été validée par l’Agence Brésilienne de Coopération (ABC) qui l’a transmise par la suite à l’Organisation des Coopératives Brésiliennes (OCB), choisie en tant qu’institution partenaire ayant l’expertise technique en la matière. Ces deux institutions brésiliennes sont débarquées à Gaborone en 2010 pour effectuer une mission de prospection permettant d’identifier, auprès des institutions locales, comment le Brésil pourrait contribuer au renforcement du coopérativisme en milieu rural, la thématique chosie par l’ensemble des partenaires pour le projet de coopération technique Sud-Sud à mettre oeuvre.“La première mission de prospection au Botswana a eu lieu en 2010. Elle avait pour objectifs de diagnostiquer la situation locale”, a déclaré João Marcos Martins, cadre chargé des Relations internationales au sein de l’OCB. “L’objectif était d’établir un diagnostic permettant d’identifier les acteurs pressentis et de valider la demande déposée par le Botswana. Car dans le cadre de la coopération Sud-Sud, le Brésil cherche à optimiser les potentialités locales, sans aucune ingérence culturelle. C’est un processus de concertation politique et

d’échanges économique, scientifique et technologique avec les pays en développement.”Selon lui, les Botswanais avait une idée très négative du coopérativisme. “Ils croyaient que le coopérativisme était une pratique communiste. Ce n’est que vers les 1980 que certains gouvernements africains ont fini par comprendre, autoriser et même encourager le modèle basé sur les coopératives. Pour vous donner idée, la législation relative au coopérativisme n’y est entrée en vigueur qu’en 2011, pour lutter contre la pauvreté, éliminer la faim et promouvoir le développement social. Ils ont donc constaté que le coopérativisme était le meilleur modèle pour faire face à cette réalité.”L’un des défis majeur auquel le Botswana est confronté, c’est que la plupart de la nourriture consommée dans le pays est importée, notamment de l’Afrique du Sud. La solution rencontrée par le gouvernement botswanais prévoyait de renforcer la production locale des denrées car, si cette production est bien conduite, elle pourrait permettre au pays d’alimenter ses populations avec ses propres cultures.

LE PLAN Le Kweneng North a été la région choisie par le MDASA et le Ministère de l’Investissement, du Commerce et de l’Industrie (MITI). Cette région, l’un des neuf départements du Botswana, est

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très proche de la capitale Gaborone et présente une production agricole (fruits et légumes) importante. Le projet pour objectif de diffuser le coopérativisme chez les agriculteurs locaux, de promouvoir la durabilité de la production des fruits et légumes et de répérer les opportunités économiques susceptibles de remplacer ou de réduire les importations des denrées alimentaires.La première étape a été franchie au Brésil. En 2014, une vingtaine de botswanais s’y sont déplacés pour démarrer le projet. Au départ, une dizaine de cadres du gouvernement et de producteurs de Kweneng North ont eu l’occasion de vérifier sur place comment fonctionne une coopérative et de participer à un atelier de formation. Ensuite, à la fin de l’année 2014, une dizaine de cadres du MDASA et de producteurs de Kweneng North se sont également déplacés au Brésil pour un autre atelier de formation. “Les formations ont été dispensées par l’OCB en partenariat avec l’EMBRAPA, qui a organisé les ateliers en fonction de leur réalité, à savoir une production dans

un climat plutôt sec et moins coûteuse”, explique João Marcos.L’année suivante, les formations ont eu lieu au Botswana. Les ateliers sur la législation et la gestion des coopératives ont été dispensés le mois de mars 2015 par les experts de l’OCB et du Service national d’apprentissage sur le coopérativisme brésilien (SESCOOP). À cette occasion, plusieurs producteurs agricoles de la région de Kweneng North ont finalement constaté qu’ils pourraient se renforcer les uns les autres s’ils travaillaient ensemble. Les objectifs-cibles énoncés concernant les résultats/produits escomptés ont été atteints : diffusion et transfert des connaissances sur le coopérativisme, sur le fonctionnement des coopératives et le fonctionnement du système brésilien des coopératives et sur le parcours théorique et pratique du coopérativisme au niveau mondial, ainsi que sur les exigences légales et pratiques pour mettre en place une coopérative de producteurs de légumes et de fruits.“Si l’année 2014 nous avons accueilli au

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Brésil une vingtaine de Botswanais, nous avons réussi à en qualifier un nombre encore plus important l’année suivante. Plus de 50 personnes ont assisté à ces formations, dont des représentants du gouvernement, des producteurs agricoles et des enseignants des lycées agricoles. Et cela les a incités à créer et à mettrre en place leur propre coopérative agricole”, déclare João Marcos.

LA MATÉRIALISATION Au terme du projet, il était envisager que les producteurs locaux formés dans les domaines de la production de légumes et de fruits et de la gestion des coopératives élaborent un plan d’action pilote pour une coopérative agricole modèle. Ce plan s’est déroulé comme prévu.“La bonne chose à propos d’une coopérative, c’est que le gouvernement ne peut pas avoir d’ingérence. Elle est censée naître d’une initiative libre. Une coopérative doit disposer d’un conseil fiscal et d’un code de conduite éthique, son président doit être élu et chacun des membres a le même pouvoir décisionnel. Et cette phase du projet de formation a abouti à la création d’une coopérative par les Botswanais eux-mêmes. Cette coopérative a été enregistrée en 2016, son siège a été construit sur la propriété de l’un de ses membres et son conseil d’administration a été constitué”, affirme

l’expert brésilien de l’OCB.La Coopérative des horticulteurs de Kweneng North est née, et c’était la première coopéreative professionnelle de toute cette région. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’elle devienne un acteur économique du Botswana et affiche d’importants résultats. “La plupart des denrées alimentaires du Botswana étant importé, le gouvernement national privilégie et favorise la production locale plutôt que les denrées venant de l’étranger. D’autant plus que la Coopérative a remporté un appel d’offre public d’approvisionnement exclusif à l’Armée de terre du Botswana”, se réjouit João Marcos.La réalité de la Coopérative des horticulteurs de Kweneng North est encore faible par rapport aux potentialités du marché. Au départ, dix producteurs s’y sont associés – ce nombre varie considérablement en fonction de la dynamique de la coopérative elle-même. Mais l’idée est de faire émerger d’autres coopératives pour que la dépendance aux importantions diminue de plus en plus. “Le modèle coopératif se marie très bien avec la réalité des Botswanais et peut se développer dans de nombreux domaines. Au fil du temps, nous estimons qu’un certain nombre de coopératives seront en mesure de concurrencer les grands producteurs sud-africains qui exportent des denrées au Botswana.”

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LA DEUXIÈME PHASELa première phase du projet, qui a duré trois ans (2014-2017), a permis d’importants progrès dans le secteur, alors que la coopération technique ne s’est pas arrêtée là. Le projet visant à renforcer le coopérativisme au Botswana démarre maintenant une nouvelle phase. Il s’agit de trois ans de plus, à partir de 2019. Cette deuxième phase portera sur la difficulté liée à la gestion des cultures, notamment en ce qui concerne les récoltes, mais aussi sur la gestion et la commercialisation des produits issus de la coopérative, comme l’explique André Gustavo Barros, analyste de projets au sein de l’ABC qui a coordonné une mission au Botswana le mois de mai 2018. À cette occasion, les parties prenantes ont constaté la nécessité de mettre en eouvre une deuxième phase de ce projet. “En 2017, nous avons repris les pourparleurs avec les amis Botswanais et confirmé la pertinence d’une deuxième phase. Si la première phase a abouti à la création et à la mise en place d’une coopérative, cette deuxième phase s’est justifiée par la nécessité de renforcer la gestion de cette coopérative. Nous sommes donc retournés à la région de Kweneng North pour formaliser cette reprise et avons fait un exercice avec les acteurs participant au projet à travers une méthodologie participative, l’objectif étant de définir les lignes directives qui donneraient forme à cette deuxième

phase du projet. À cette occasion, nous avons défini ensemble l’objectif principal, à savoir augmenter l’accès des produits issus de la coopérative aux marchés nationaux”, a déclaré André Barros.Les représentants de l’ABC et de l’OCB se sont donc rendus au Botswana le mois d’octobre 2018 pour assembler et finaliser cette deuxième phase. Suite aux réunions et à la renégociation du projet, trois résultats sont attendus. Le premier, c’est le renforcement des outils de gestion de la coopérative ; le deuxième, c’est l’amélioration des techniques de culture ; et le troisième concerne le suivi du projet lui-même. Pour ce faire, de nouveaux partenaires doivent être impliqués. Pour ce qui est du renforcement des outils de gestion de la coopérative, il reviandra à la Faculté de Technologie du Coopérativisme (ESCOOP), de l’Etat de Rio Grande do Sul, de s’en occuper, tandis que l’Université Fédérale de Viçosa (UFV, Etat de Minas Gerais) se chargera des aspects techniques de ces activités. En ce qui concerne le suivi, il continuera d’être assuré par l’ABC et l’OCB. Il convient de rappeler que le nouveau projet n’a toujours pas fait l’objet d’ajustements finaux et que la définition des partenaires ne se fera qu’après la signature du document de projet concernant cette nouvelle phase.

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TRAVAILLER EN ÉQUIPE Il est déjà possible de vérifier les acquis et les accomplissements des agriculteurs botswanais grâce au travaille mené en équipe visant à tirer parti de la production et de la commercialisation des produits agricoles locaux.“Leur évaluation est très positive par rapport à la première phase du projet, ainsi que la nôtre”, a déclaré João Marcos. “La coopérative a été mise en place comme prévu et ses résultats sont excellents. Tout, y compris les contrats, c’est le résulat de l’action collective des membres de la coopérative, sans l’intervention de personne. C’est-à-dire que la coopérative a su marcher de ses propres jambes. Et ses résultats économiques et sociaux sont plus que positifs.”André Gustavo estime que ces acquis doivent être certes célébrés, mais que les expertises techniques de l’OCB et de l’ABC peuvent encore contribuer à la consolidation de l’agriculture familiale au Botswana. “Il n’est pas évident de mesurer pleinement les acquis des Botswanais dans le cadre de cette coopération technique, car le processus est en cours et nous en sommes à la moitié du projet. Pourtant, les accomplissements et les résultats obtenus jusqu’à présent sont clairs. En très peu de temps, ils nous ont présenté des locaux plus grands, grâce à une rénovation de leur siège, ils nous également montré une structure de gestion beaucoup plus professionnelle et une excellente stratégie pour attirer des partenaires. Avoir remporté l’appel d’offre public pour fournir à l’Armée de terre botswanaise des légumes et des fruits en est un exemple.”

LES ACQUIS OBTENUS Outre l’obtention de ce contrat via appel d’offre, la coopérative a également été en mesure de vendre ses produits à des chaînes de vente au détail et de participer aux “Market Days”. Cette action, promue par le gouvernement, concerne plusieurs producteurs et leurs coopératives pour la commercialisation directe de leurs marchandises, tant pour des particuliers que pour des institutions publiques, permettant aux producteurs et aux coopératives d’être en contact direct avec le consommateur final.Les principales denrées alimentaires cultivées par la coopérative de Kweneng North sont les suivantes : citrouille, bette à carde, laitue, pomme de terre, patate douce, betterave, brocoli, oignon, carotte, chou, agrumes, pastèque, piment et tomate.Lors d’une visite de terrain à trois exploitations agricoles à Kweneng North, effectuée par des experts brésiliens de l’OCB et de l’ABC, il a été possible de constater l’engagement et l’investissement des agriculteurs vis-à-vis de cette initiative. Les défis restent nombreux, tels que ceux concernant les récoltes, le stockage et la distribution appropriée des aliments, la diversification des cultures, le coût des intrants et l’accès aux marchés, mais

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les Botswanais estiment qu’ils sont sur la bonne voie pour promouvoir la création de postes de travail et pour augmenter le revenu des agriculteurs de cette région. À tel point qu’ils ont élaboré un plan stratégique pour les huit prochaines années.“Bien que nous ayons une petite population, deux millions d’habitants au niveau nacional, nous souhaitons atteindre ces consommateurs et leur proposer nos produits”, affirme Kagiso Nkago, président de la Coopérative. “À présent, une grande partie de nos denrées alimentaires viennent d’Afrique du Sud, alors que nous savons déjà que nous sommes en mesure de nourrir notre peuple, les coopératives agricoles étant un excellent moyen pour réduire les coûts de production.”Kelebonye Tsheboeng, directrice du Département des affaires agricoles du MDASA, estime que son pays ne peut pas compter uniquement sur le commerce des diamants. “Les ressources minérales sont limitées et épuisables. Les ressources agricoles ne le sont pas. Nous souhaitons que les gens s’impliquent davantage dans l’activité agricole et développent l’économie rurale. Je suis sûre que ce projet contribue à cela”, a-t-elle ajouté.Le Brésil est à présent le pays au monde qui compte le plus grand nombre de coopératives, constituant une référence

en matière de gestion de ce type de structure. En créant des postes de travail, les coopératives contribuent de manière très efficace à réduire la pauvreté, à promouvoir la sécurité alimentaire, à accroître les revenus des familles et à améliorer la qualité de vie dans les zones rurales.Il convient de noter que, par le biais de la coopération technique Sud-Sud, le Brésil n’impose pas des modèles ou des paquets technologiques prêts à porter. Il partage les connaissances qu’il a déjà accumulées pour que chaque pays partenaire les adapte à ses réalités. En outre, le Brésil n’effectue pas des transferts des fonds dans le cadre des projets de coopération technique fournis. Il transfert en revanche des technologies, de bonnes pratiques et des expériences réussies grâce aux expertises techniques émanant des institutions publiques brésiliennes.

LA FORCE DES FEMMES DU BOTSWANA

La Coopérative des horticulteurs de Kweneng North rassemble plusieurs agriculteurs locaux, dont des femmes. Sarah Mosarwa, 44 ans, président adjoint de la Coopérative, est également responsable des ventes et du marketing. Électricienne de niveau technique

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chez la société mixte Botswana Power Corporation, cette jeune femme entrepreneure possède, avec son mari, électricien lui aussi, une petite exploitation de 10 hectares. Elle dit avoir décidé de s’investir dans l’agriculture pour avoir une source de revenu de plus pour que, à l’avenir, cet investissement devienne son revenu principal. Le siège de la coopérative et l’entrepôt des produits qu’elle commercialise fonctionnenet temporairement sur la propriété de Sarah. Dans le petit siège, les certificats de constitution de la coopérative et l’autorisation de commercialisation sont affichés avec fierté. Il y a également du matériel informatif (brochures, dépliants, ...) avec l’identité visuelle qu’ils ont créée pour la coopérative.“Nous nous sommes rassamblés au sein d’une coopérative en raison de la difficulté de pénétrer les marchés ici au Botswana. Les grands détaillants ont toujours réussi à baisser les prix des produits, car ils achetaient individuellement de chaque agriculteur qui, en voulant vendre, finissait pas réduire son prix final. Grâce à la coopérative, nous avons désormais un plus grand pouvoir de négociation. Ensemble, nous sommes plus forts”, a-t-elle déclaré. Elle s’est investie dans l’horticulture maraîchère depuis 2015. Elle et son mari ont construit un système d’arrosage des plantations qui pompe de l’eau depuis le puits artésien qu’ils ont chez eux. L’efficacité de ce système impressionne : Sarah et son mari sont capables de suporter les plusieurs mois de sécheresse auxquels le pays est confronté chaque année. En plus des fruits et légumes, elle s’occupe également de l’élevage du poulet, du

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lapin, du canard et de la chèvre.Pour la vente des produits pour le compte de la coopérative, Sarah a créé un portefeuille dans lequel elle présente aux intéressés chaque denrée alimentaire produite par les agriculteurs membres de la coopérative. “Nous ne sommes pas là où nous voulons être, mais nous savons tous et toutes que nous sommes sur la bonne voie”, a-t-elle déclaré.Au sein de la Coopérative des horticulteurs de Kweneng North, le rôle des femmes est le leadership. Pour le président de la coopérative, les femmes sont essentielles à l’union des producteurs. “Nous ne saurons par arriver là sans le travail mené par et avec les femmes. Tout fonctionne pour le mieux avec elles, avec la gestion qu’elles effectuent”, a affirmé Kagiso. “Nous avons besoin là de plus de membres. Il y a environ 45 agriculteurs dans cette région et nous voulons qu’ils viennent se joindre à nous, qu’ils fassent également partie de la coopérative.”Boipuso Ndabambi, 52 ans, institutrice à la retraite, est une autre collègue membre de la coopérative. Ayant une exploitation de 3 hectares, la secrétaire du conseil d’administration de la coopérative est très motivée par son

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nouveau métier. “Après ma retraite, j’ai pensé à quelque chose que je pourrai investir pour laisser à mes enfants. Je construis mon avenir et leur avenir à la fois avec la coopérative”, a-t-elle dit.

LA COOPÉRATION SEMÉE

Jusqu’à une époque récente, le coopérativisme dans le domaine de l’agriculture n’était pas chose courante au Borswana. Cependant, petit à petit, le gouvernement national a pris des mesures pour encourager les producteurs à échanger leurs expériences en la matière. Selon le président de la Coopérative, certains aspects culturels empêchent toujours que davantage d’agriculteurs deviennent des membres de coopératives. En plus de résister au paiement de la cotisation, qui représente le capital permettant à une coopérative de mettre en oeuvre ses activités, des incertitudes subsistent quant à l’avenir du secteur agricole du pays.Le gouvernement du Botswana a mis en place un Centre de formation en coopérativisme, qui dispense des formations gratuites pour ceux et celles qui souhaitent créer leurs propres coopératives. Selon le Centre, il y a environ 270 coopératives au Botswana, et il est généralement admis que l’agriculture est le secteur le plus important pour fournir et assurer des postes de travail aux jeunes

vivant en zone rurale.Selon le directeur du Service du coopérativisme au sein du MITI, Motse Otlhabanye, les connaissances acquises dans le cadre de ce projet de coopération technique avec le Brésil seront transmises à d’autres coopératives du pays par le biais de l’Association des coopératives du Botswana (Botswana Cooperative Association-BOCA). Pour Marang Motlaleng, diplomate point focal du projet au sein du Ministère des Affaires Étrangeres et de la Coopération, “la coopération technique fourni par le Brésil dépasse l’environnement

gouvernemental et atteint les gens. Avant ce projet, il y avait une concurrence entre les agriculteurs de la région. Aujourd’hui, il y a une collaboration”, explique Motlaleng.Mmadima Nyati, vice-ministre du MDASA, souscrit à l’idée selon laquelle les coopératives représentent un moyen d’autonomiser les citoyens et les citoyennes du Botswana. “Quand les gens sont ensemble, leur voix peut être entendue beaucoup plus fort que s’ils sont seuls. Nous connaissons à présent un taux de chômage très élevé. Donc, ce projet est arrivé au bon moment. La Coopérative des horticulteurs de Kweneng North deviendra un modèle pour l’ensemble du pays”, a-t-elle conclu.

Fonctionnelle depuis décembre 2017, la Coopérative des horticulteurs de Kweneng North compte à

présent environ 10 membres, dont six femmes.

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Renforcement institutionnel du système des coopératives au Botswana à partir d’un projet pilote avec les hosticulteurs

En ce qui concerne le Brésil, le premier mouvement coopératif a débuté en

1889 dans l’Etat de Minas Gerais, avec la création de la Coopérative économique des fonctionnaires de la ville de Ouro

Preto qui se centrait sur la consommation de produits agricoles.

Les pionniers:En 1844, 28 tisserands (27 hommes et une femme) se sont réunis à Rochdale en Angleterre pour, ensemble, procéder à leurs achats à un prix inférieur. Les “pionniers de Rochdale”, tels qu’ils sont devenus connus, ont défini les sept principes directeurs du coopérativisme, qui sont par ailleurs utilisés à nos jours, à savoir :

L’adhésion volontaire : les coopératives sont ouvertes à tous et à toutes, à condition que les gens soient conformes à l’objectif social de cette entreprise solidaire.

La formation : les coopératives ont pour objectif permanent de favoriser l’éducation et la formation de ses membres, tant dans le cadre coopératif que dans le cadre technique.

L’indépendance : les coopératives sont une société par actions simplifiée, contrôlée et gérée par ses membres eux-mêmes, sans l’intervention d’aucun autre organisme ou institution.

La gestion démocratique : même avec un conseil d’administration bien établi, tous les membres ont le même pouvoir décisionnel.

L’échange : en plus de favoriser la formation, les membres d’une coopérative sont également censés transmettre leurs connaissances acquises.

La participation économique : les membres contribuent au capital de la coopérative et partagent les recettes si elles sont supérieures aux dépenses.

L’action communautaire : les coopératives sont normalement soucieuses du bien-être de la communauté et travaillent à son développement et à son autonomisation.

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La coopération, en tant que processus social, existe depuis des milliers d’années. À cette époque-là, la survie était assurée par le travail con-joint qui renforçait les communautés humaines. Or, le coopérativisme contemporain n’est pas si différent que ça.

Le coopérativisme

• Formation au Brésil de 20 Botswanais, à l’EMBRAPA, dans le domaine du coopérativisme.

• Formation à Kweneng North de 50 Botswanais (des représentants du gouvernement et des producteurs locaux) dans les domaines de la législation et de la gestion des cooperatives.

• Création et mise en place de la Coopérative des hosticulteurs de Kweneng North.

Les principaux résultats

• Passation de contrats entre la Coopérative et le gouvernement, via appel d’offre, pour le fournissement de denrées alimentaires à l’Armée de terre.

• Partage de connaissances dans le domaine du coopérativisme ayant pour objectif de sensibiliser les autres agriculteurs sur l’intérêt et l’importance de s’entraider.

• Renégociation réussie en vue d’un nouveau projet de coopération technique entre nos deux pays, toujours dans le cadre du renforcement institutionnel du système de coopératives au Botswana, qui se tiendra entre 2019 et 2021.

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Une mission de l’OCB et de l’ABC au Botswana effectue localement un diagnostic des besoins et dé-finit la thématique du projet de coopération technique à mettre en place, en collaboration avec le gouvernement du pays partenaire. Il est convenu de créer une coo-pérative agricole au niveau de la région de Kweneng North, près de la capitale.

Des représentants du Bortwana se sont rendus au Brésil, à deux re-prises, pour apprendre davantage sur l’expérience réussie du Brésil en matière de coopérativisme.

Plus de 50 Botswanais ont participé à une formation dispensée par l’OCB, à Kweneng North, sur la législation et la gestion des coopératives.

Des agriculteurs se sont réunis pour créer et mettre en oeuvre la Coopérative des horticulteurs de Kweneng North, la première coopérative agricole professionnelle de la région.

La Coopérative des horticulteurs de Kweneng North remporte un appel d’offre public pour le fournissement de produits agricoles à l’Armée de terre du Botswana.

2010 2014 2015

20162017

Chronologie

Lors de nouvelles missions au Botswana, les experts de l’ABC et de l’OCB négocient une nouvelle phase du projet de coopération technique permettant de poursuivre le renforcement du coopérativisme dans la région de Kweneng North. La deuxième étape du projet est censée concerner de nouvelles formations et durer trois ans (2019-2021).

2018

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Le SénégalSoutien au projet PAIS au Sénégal |

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Le Sénégal, situé en Afrique de l’ouest et bordé par l’océan Atlantique, la Mauritanie, le Mali, la Guiné-Conakry et la Guinée-Bissau, mise sur l’agriculture comme moteur de croissance depuis son indépendance, en 1958. Au cours des deux dernières décennies, le gouvernement sénégalais a introduit de nouveaux concepts et renforcé ce secteur incontournable, qui peut potentiellement réduire le chômage, augmenter les exportations et atteindre l’autosuffisance alimentaire.Selon la Banque africaine de développement, l’Afrique représente 65% de toutes les terres arables du monde, ce qui peut contribuer à satisfaire aux besoins alimentaires de milliards de personnes sur la planète au cours des prochaines décennies. Il faut cependant améliorer de manière permanente les connaissances techniques et l’accès aux infrastructures, telles que l’eau et l’électricité.Dans ce contexte, en réponse à une demande émanant du gouvernement du Sénégal, le projet de coopération technique Sud-Sud intitulé “Soutien au projet de ‘Production agroécologique intégrée et durable’ (PAIS en portugais) au Sénégal” est envisagé, piloté par l’Agence Brésilienne de Coopération (ABC), en collaboration avec l’Entreprise d’assistance technique et de vulgarisation du District Fédéral (EMATER-DF) et avec l’Institut d’études socio-environnmementales. Le projet a permis de partager avec les partenaires sénégalais les expertises techniques

La production agroécologique au Sénégal

La coopération international Brésil-Sénégal

brésiliennes sur le système de production agroécologique. Grâce à la mise en oeuvre réussie du projet, ce système a fini par devenir une politique publique au Sénégal.Il est important de mentionner que l’agriculture et l’élevage fournissent une grande partie des postes de travail à la population économiquement active du Sénégal. Ce secteur repose toutefois sur la subsistance et est fortement dépendant des conditions climatiques. Le pays possède également un univers agraire assez varié en raison de la présence marquée de la biodiversité, ainsi que de l’existence de différents types d’agriculteurs qui mettent au point des techniques de gestion et de production variées. La première mission brésilienne au Sénégal, en vue de la mise en oeuvre de ce projet, a lieu l’année 2012. Les experts de l’ABC, de l’EMATER-DF et de l’Institut d’études socio-environnementale ont travaillé sur place sur le concept de projet de “PAIS” et l’ont introduit dans le projet de coopération technique, comme le confirme Camila Guedes, analyste de projets au sein de l’ABC :“L’Institut avait développé une méthodologie agroécologique en partenariat avec la Fondation Banco do Brasil e le SEBRAE, cette méthodologie étant axée sur la polyculture sous forme d’un mandala. Au niveau d’une même exploitation agricole on introduit des légumes, des cultures maraîchères, des fruits, des poissons et des volailles,

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La coopération entre le Brésil et le Sénégal fournit infrastructure et technique aux petits agriculteurs familiaux afin de générer du revenu et des postes de travail.

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Soutien au projet PAIS au Sénégal

c’est-à-dire, l’agriculture et l’élevage. Le système de “PAIS” a été très bien accueilli par le gouvernement sénégalais, d’autant plus que 11 initiatives relevant du budget du gouvernement ont été mises en place au niveau national”, a déclaré Camila Guedes.Le système de “Production agroécologique intégrée durable” (PAIS en portugais) intègre des techniques de production agricole simples axées sur des modèles utilisés par de petits producteurs. Il permet aux familles à faible revenu de cultiver dans leur exploitation de manière durable et rentable à partir des intrants disponibles sur place. Le système propose l’intégration d’animaux, de cultures maraîchères et des fruits, tout en profitant des cycles de ces productions et de leurs résidus, dans la

chaîne alimentaire. Cette proposition peut aboutir à une stratégie de production d’aliments basée sur la sécurité alimentaire, mais aussi sur la génération de revenu, grâce à la commercialisation du surplus.La technologie sociale “PAIS” s’est inspirée de l’action de petits producteurs qui ont choisi de faire une agriculture qui aurait également pour objectif de préserver l’environnement. La méthodologie est censée intégrer des techniques simples déjà connues de nombreuses communautés rurales afin de minimiser les impacts sociaux et environnementaux et de contribuer au renforcement de capacités en conformité avec les principes du développement durable et avec les processus de gestion participative et partagée.

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Le mandalaLe “PAIS” est une technologie so-ciale à faible coût dont le principe est la gestion intégrée de la production, évitant donc la gestion traditionnelle et en-courageant les agriculteurs à adopter, au niveau de leurs explitations, la poly-culture.

Ce système s’appelle “man-dala” du fait qu’il s’agit d’une

production intégrée (animaux et végétaux) sous forme circulaire. Au centre, il y a un espace pour

l’élevage de petits animaux dont le poulet rustique. Le fumier produit par ces volailles est

utilisé pour fertiliser les planta-tions ou le jardin potager, alors

que les oeufs sont destinés à l’alimentation de la famille et/ou

à la commercialisation. Aux alen-tours du poulailler sont préparés

les parterres des plantations.

Le Sénégal subissant des mois de sécheresse, il a fallu construire de puits arté-siens de manière à assurer l’approvisionnement en eau continu. Et puisque le courant électrique est lui aussi précaire, il a fallu alimenter la pompe de ces puits par des panneaux solaires.

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L’adaptation À La Réalité LocaleLe gouvernement du Sénégal a choisi les régions et les exploitations à prendre en considération pour le projet et le gouvernement brésilien a fourni la technologie, la mise en place de la structure de base et la formation pour mettre au point les unités de “PAIS”. “D’abord, une mission de prospection a été effectuée au niveau de chacune des régions choisies. La plus grande difficulté rencontrée sur place était à vrai dire l’accès à l’eau et à l’énergie électrique. Il a donc fallu perforer des puits artésiens, le pompage étant résolu avec l’installation des panneaux solaires”, souligne Camila Guedes.La pisciculture est une autre composante du projet. La pêche étant l’une des activités économiques les plus rentables au Sénégal, elle ne saurait être exclue du projet de “PAIS”. Au Brésil, en général, la structure mise en place sur chaque propriété implique un poulailler au centre et les parterres des plantations autour. Au Sénégal, en revanche, on a conçu une alternative : à la place d’un poulailler, on a mis dans certains cas un bac pour l’élevage de poissons. Les axes d’action ont été donc structurés, pour chaque unité, autour de quatre domaines : l’horticulture, l’aviculture, la fruticulture et la pisciculture.

Les puits artésiens et la pompe à énergie solaire ont permis de résoudre les problèmes liés à l’approvisionnement en eau et ont commencé à desservir les familles et les différentes activités rurales des propriétés agricoles impliquées. En ce qui concerne les légumes, nous avons constaté sur le terrain les cultures suivantes : aubergine, oignon, poivron, piment, tomate, manioc, pastèque, maïs, gombo, melon et patate douce. Il y eu l’introduction de poules de race à double aptitude, de chair et pondeuses. Cinquante plants d’arbres fruitiers ont été également semés (manguier, agrumes, bananier, cocotier, papaye et corossol) dans chaque unité, ainsi qu’une pisciculture avec des alevins de tilapia. Certaines de ces unités ont bénéficié des améliorations, ce qui a contribué à changer en mieux la vie des agriculteurs. “L’Entreprise d’assistance technique et de vulgarisation du District Fédéral (EMATER-DF) était également un partenaire important, notamment en ce qui concerne la pisciculture, c’est-à-dire, la construction des bacs pour l’élevage des poissons”, explique Camila. “L’une des grandes réalisations du projet, c’est qu’il a repris une tradition sénégalaise perdue au fil du temps, à savoir celle de planter autour des habitations. C’est pourquoi ce projet est devenu une

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politique publique au Sénégal.”Du côté sénégalais, les institutions responsables du projet étaient le Ministère des Affaires Étrangères (MRES) e l’Agence nationale d’intégration et de développement agricole (ANIDA). Plusieurs représentants de ces deux structures publiques ainsi que des agriculteurs ont bénéficié d’un soutien technique au Brésil et au Sénégal, pour mettre en oeuvre le projet, grâce à des formations dans les domaines suivants : la construction des réservoirs d’eau, les systèmes agroécologiques et la production agricole via le système de “PAIS”.

Une Nouvelle Vie Tous les producteurs impliqués dans les activités du projet ont affiché leur satisfaction et ont signalé une amélioration de la qualité de vie grâce aux connaissances acquises dans le cadre du projet et aux infrastructures qui ont été mises en place au niveau de leurs propriétés, dont une située à Dakar, qui a transformé la vie de Mafoudji Soné.Pour ce qui est de la culture des légumes, Mafoudji a commencé à produire des aubergines, du poivron et des patates douces. Son élevage de poulets se distingue des autres : elle en a 130 têtes. Son objectif est désormais d’atteindre un millier de têtes de volailles. La famille de Mafoudji est composée de quatre personnes qui voient à présent un avenir dans l’agriculture qu’ils pratiquent.Les dix autres unités du système de “PAIS” ont été mises en place dans d’autres régions du pays, à savoir Kaolack, Diourbel, Saint-Louis et Thiès. À Thiès, l’agriculteur Mamadou Sené cultive des aubergines, des tomates, du maïs, des oignons et du piment. Grâce à son revenu supplémentaire, il est en mesure d’améliorer sa propriété et de répondre aux besoins de ses 14 enfants. Selon lui, suite à la création et à la mise en

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place du système de “PAIS”, il a cessé de dépenser en médicaments, il n’est plus jamais tombé malade et a commencé à “distribuer de la joie”.Il convient de rappeler que les agriculteurs faisaient eux aussi partie du projet. Leur participation a été très efficace à toutes les étapes de la mise en oeuvre, et les experts brésiliens ont su chercher à partager leurs connaissances et expertises tout en respectant les savoirs traditionnels locaux ainsi que les habitudes culturelles des communautés concernées. Du fait d’être impliqués dans les prises de décision, les producteurs eux-mêmes présentaient les résultats

aux voisins, ce qui a permis d’avoir un effet multiplicateur très intéressant pour le projet.

Une Politique PubliqueLes résultats de cette coopération technique ont été si efficaces que l’ANIDA a transformé ce projet en une politique publique à mener par le gouvernement. Le systéme de “PAIS” doit être désormais mise en oeuvre au niveau national afin que le concept puisse aider les autres régions du pays à tirer également parti des atouts de l’agriculture familiale.“De ce fait, l’ANIDA a commencé à recevoir beaucoup de demandes par rapport aux actions du projet, car il répondait aux besoins en matière de subsistance des familles mais aussi de l’économie elle-même, puisque le surplus

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Un village agricole a été mis en place comprenant dix agriculteurs, chacun d’entre eux étant responsable d’un hectare de terrain. Même avant de créer les 20 nouvelles unités, le projet fournira aux dix agriculteurs de ce village agricole un support technique dans les domaines de la production agroécologique et de la gestion économique.Selon Luiz Carlos Lima, vice-recteur et professeur d’économie à l’UFRRJ, qui faisait partie de la délégation brésilienne ayant effectué la mission d’août 2017, les Sénégalais ont eu les infrastructures de la part des Européens, ces infrastructures fonctionnent bien, mais ils se sont rendus compte de ce que la formation technique fournie par la coopération brésilienne reste incontournable et indispensable, notamment en ce qui concerne la durabilité. “Du fait que le projet est devenu une politique publique, les agriculteurs vont bénéficier des subventions pendant trois mois, puis d’un emprunt bancaire avec un taux d’intérêt annuel ne dépassant pas 7%. Selon les calculs effectués, les agriculteurs qui sont censés travailler au niveau de ce village agricole auront besoin, pour chaque cycle de culture, des intrants suivants : un salaire de subsistance, des fonds pour l’achat des engrais et la préparation des sols, d’un tracteur à louer, entre autres. C’est-à-dire qu’ils sont censés à apprendre à avoir cette organisation-là de la production et générer un revenu égal ou supérieur à cet emprunt pour que le projet soit durable”, a affirmé João

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des productions familiales est destiné à la commercialisation”, explique Camila Guedes, qui souligne encore d’autres avantages du projet. “Le système de “PAIS” ayant quatre axes (domaines) d’action, la production peut donc fournir des aliments toute l’année. Auparavant, les agriculteurs produisaient uniquement pendant la saison des pluies et le reste de l’année, ils étaient obligés de se rendre en ville pour chercher du travail. Suite à la mise en place chez eux du système de “PAIS”, dont les axes (domaines) ont une saisonnalité différente les uns des autres, ils ont trouvé finalement un moyen pour que la famille reste sur ses terres.”La volonté affichée du gouvernement sénégalais de poursuivre le projet initial (mené de 2012 à 2015) a débouché sur une deuxième phase, qui a débuté en juillet 2018. L’objectif de la coopération technique est maintenat de prolonger le projet pour trois ans de plus et de renforcer l’agroécologie chez les agriculteurs familiaux du Sénégal. Cette nouvelle phase du projet sera mise en oeuvre en partenariat avec l’Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro (UFRRJ), l’Association des agriculteurs biologuques de l’Etat de Rio de Janeiro (ABIO) et le cabinet de conseil Pais Consultoria em Agroecologia.En août 2017, le gouvernement brésilien a envoyé au Sénégal une nouvelle mission de l’ABC avec des experts de ces institutions-là ayant pour objectif de renforcer les capacités techniques des agriculteurs qui ont participé à la première phase du projet ainsi que d’y mettre en place une vingtaine d’unités du système de “PAIS” de plus.Entre la fin de la première phase et le début de la deuxième phase, les Sénégalais ont réussi à avoir des fonds fournis par d’autres pays permettant de subventionner la mise en place d’autres unités du système de “PAIS”, similaires aux 11 autres unités qui avaient été créées.

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Carlos Lima.Le village agricole mis en place au terme de la première phase du projet est lui aussi circulaire, mais contrairement aux 11 unités, ce village regroupe plusieurs familles d’agriculteurs. Et cela peut fournir un autre avantage, à savoir le coopérativisme. “Cette proximité leur permettra d’organiser une coopérative plus facilement. Ensemble, il est plus économique pour eux d’acheter des intrants ou de recruter des services à fournir, comme des machines à louer pour la préparation des sols, entre autres. Et à terme, ils peuvent acheter des véhicules de transport pour une meilleure commercialisation de leurs produits, qui ne sont aujourd’hui négociés qu’avec des intermédiaires”, explique Luiz Carlos Lima.Le nouveau projet de coopération a été signé en juillet 2018 et trois mois plus tard,

des experts brésiliens se sont rendus au Sénégal dans le cadre d’une mission de diagnostic, pour visiter les exploitations agricoles où les nouveaux systèmes de “PAIS” seront installés. Cette nouvelle phase est censée démarrer en 2019 et doit s’achever à la mi-2021. Au cours de cette période, une assistance technique sera fournie aux dix unités mises en place lors de la première phase, alors que 20 autres unités seront installées, sauf que cette fois-ci il y a aura un nouveau volet en matière de formation : l’économie rurale, afin que les agriculteurs puissent être en mesure de quantifier les coûts de la production et les bénéfices, entre autres. “Nous envisageons également de mettre en place un systéme de certification biologique des aliments, et ce, avec le soutien de l’Association des agriculteurs biologiques de Rio de Janeiro (ABIO), ce qui permettra aux producteurs sénégalais d’avoir un atout. Au Sénégal, il est possible d’avoir un label biologique, même si le prix pour avoir cette certification reste encore très cher. La certification participative est reconnue au niveau international et le Brésil en profite déjà grandement.”, affirme l’analyste de projets de l’ABC. Selon Anelise Dias de l’Institut

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d’Agronomie de l’UFRRJ, cette deuxième phase est censée renforcer ce qui a été fait lors de la première phase et introduire un élément différencié pouvant contribuer à un processus de changement du marché agricole sénégalais. “Il s’agit de la mise en place de ces nouvelles unités du système de “PAIS” et la formation de l’ensemble des acteurs impliqués dans les domaines suivants : la production agroécologique et le système de garantie participative (SPG en portugais), qui est un mécanisme de certification biologique, ce qui n’existe toujours pas au Sénégal, l’objetif étant d’avoir un accès au marché par le biais d’un produit différencié”, explique la professeure impliquée dans le projet et qui a elle aussi participé à la mission au Sénégal. “La perspective de cette nouvelle phase du projet concerne la partie structurelle, c’est-à-dire, la mise en place d’un système de production intégré, tel que le “PAIS”, mais basé sur l’agroécologie et l’introduction d’une production avec à côté des mécanismes de garantie reposant sur une expérience très réussie et consolidée au Brésil.”

Toujours selon la professeure Anelise Dias, la question liée à la promotion de la santé par le biais de la nourriture est traitée avec une importance primordiale dans le monde entier, et ceci a transformé ce marché. “Le produit issu d’une agriculture biologique a de la valeur ajoutée, en plus des nutriments. Le marché se concentre de plus en plus sur ce type de nourriture et cela constituera une innovation importante pour le Sénégal.”

Des Résultats Au-Délà des Résultats Attendus Ce projet a eu des résultats très positifs. On peut mentionner, par exemple, l’amérioration des revenus des familles bénéficiaires, qui ont augmenté en moyenne de plus de 60%, alors que dans certains cas cette augmentation a atteint plus de 200%.Un autre aspect important au niveau institutionnel, c’était la décision du gouvernement sénégalais via l’ANIDA

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d’adopter ce modèle du système de “PAIS” en tant que politique publique et de vouloir la mettre en oeuvre au niveau national.La situation au début au niveau des communautés qui ont participé au projet représentait un risque social important, car leurs petites exploitations ne présentaient pas du tout des perspectives en termes de revenu ou de production. La plupart des familles dépendaient des pluies, c’est-à-dire, ne pouvaient cultiver que pendant quatre mois de l’année, et la production résultant de ces quatre mois de culture ne répondait pas à leurs besoins au long de l’année. Cela entraînait une recherche effrénée des jeunes dans les villes et parfois à l’étranger pour trouver du travail.Grâce aux résultats obtenus dans le cadre du projet, les familles sont désormais en mesure de générer du revenu en travaillant sur leurs propres exploitations, en plus d’avoir de la nourriture pendant les douze mois de l’année. “Ce projet a

pour objectif également de permettre aux jeunes de retourner à la campagne, car ils peuvent trouver une place dans cette nouvelle agriculture agroécologique. Et cela peut également réduire l’immigration d’autres jeunes sénégalais”, explique Luiz Carlos Lima.L’effet multiplicateur escompté est en train de se produire. Étant donné que les agriculteurs impliqués directement dans la première phase du projet ont pu augmenter leurs revenus ainsi que le volume de nourriture dont ils disposent, il a été remarqué que de nombreuses communautés autour des unités mises en place sont en train de copier et de reproduire certaines pratiques. Dans certains cas, les agriculteurs ont su tirer parti de l’élevage de volailles et ont réussi à établir des partenariats qui leur ont permis d’augmenter leur revenu mais aussi de créer des postes de travail dans des régions n’ayant pas participé à la première phase du projet.

Mettre en valeur l’agriculture familiale et ses différentes formes d’organisation et de gestion, ainsi que promouvoir l’inclusion des participants dans le processus de production et de commercialisation.

Produire des aliments propres et sains.

Mettre en place un système agroécologique de production et de gestion.

Promouvoir en zone rurale le développement durable et solidaire, et ce, grâce aux expériences dans les domaines environnemental, social, productif et commercial.

Donner de la visibilité aux politiques générationnelles et de genre (femmes, jeunes et personnes âgées).

Procurer un rendement économique et social, c’est-à-dire, générer du revenu pour les communautés impliquées.

Fournir des moyens permettant aux jeunes, aux femmes et aux hommes de rester chez eux, en milieu rural.

Promouvoir des politiques publiques visant à générer du revenu et créer des postes de travail, pour améliorer la qualité de vie des familles et par conséquent des communautés impliquées.

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Le TogoSoutien institutionnel

à l’Institut togolais de recherche

agronomique (ITRA) |

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Coopération internationale Brésil-Togo

Consitué d’un petit territoire où habitent des peuples d’origines différentes, le Togo est un pays de l’Afrique de l’ouest bordé par le Burkina Faso, le Bénin et le Ghana. Le pays est, depuis son indépendance en 1960, très dépendant de l’agriculture, à la fois sur le plan commercial et sur le plan de la subsistance. C’est pourquoi ce secteur fait l’objet d’une attention particulière de la par du gouvernement national, qui s’est tourné vers le Brésil et a déposé une demande de coopération technique auprès du gouvernement brésilien dans ce domaine, afin de pouvoir contribuer à réduire la pauvreté en zone rurale et à promouvoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau national.C’est dans ce contexte que l’Agence Brésilienne de Coopération (ABC), l’Entreprise brésilienne de recherche agropastorale (EMBRAPA) et le gouvernement togolais ont mis en place le projet intitulé “Soutien institutionnel à l’Institut togolais de recherche agronomique (ITRA)” signé en 2009 et qui avait pour objectif de moderniser la filière du manioc au Togo, en particulier, et de renforcer le développement rural et la génération tant de revenu que de postes de travail, en général. L’économie togolaise est basée sur l’activité agricole comme étant l’une des ses principales sources de recettes. Sur les plaines du sud du pays, on cultive du manioc, du coton, du maïs, des fruits, du café, du cacao, entre autres. Parmi les principaux défis à relever, il convient de mentionner la faibre productivité. Cette faible productivité est liée à l’absence des moyens techniques et modernes de

L’augmentation de la production du manioc au Togo

production. Le manioc, l’une des denrées alimentaires les plus cultivées au Togo, a été donc choisi pour les activités de ce projet de coopération technique Sud-Sud.“La source de glucides en Asie est le riz, en Europe est le blé, aux Etats-Unis est la pomme de terre et le maïs. En Afrique, au moins dans la plupart de l’Afrique, c’est le manioc,”, affirme Laércio Duarte Souza, chercheur à l’EMBRAPA et coordinateur technique du projet. “Le manioc est davantage cultivé au Togo pour des raisons pratiques, notamment pour supporter les sols dégradés et les sécheresses, entre autres facteurs. Les techniques rudimentaires suffisent pour en obtenir une production digne du nom. Alors que nous réalisons que beaucoup de producteurs de manioc cherchent toujours à accroître leur productivité et à réduire leurs coûts de production.”, a-t-il affirmé.La première mission de la coopération technique brésilienne au Togo a eu lieu en novembre 2010. À cette occasion, des experts de l’EMBRAPA se sont rendus dans le pays pour effectuer un diagnostic, à la suite de la demande émanant du gouvernement togolais. “Le Togo n’étant si grand que ça, nous avons eu l’occasion de couvrir une grande partie du territoire et de visiter l’ensemble des zones de production du manioc. Nous y avons identifés trois types d’agriculteurs, le type le plus développé se trouvant au niveau d’une industrie d’amidon, et même alors, ils recontraient de grandes difficultés. Les producteurs togolais n’arrivent pas à se conformer à la plantation de la manière dont ils besoin”, affirme Laércio Duarte

La coopération technique entre le Brésil et le Togo partage avec des experts et des agriculteurs togolais les techniques de semis, de récolte et de traitement du manioc.

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Souza.Ce diagnostic initial a également identifié des contraintes relatives à la méconnaissance de certaines techniques de gestion de la production, ainsi qu’à l’absence de variétés résistantes aux maladies. Il fallait former les agents techniques et les chercheurs de l’ITRA, raison pour laquelle nous avons conçu le premier atelier de formation à l’égard de cinq agents techniques de l’Institut, tous impliqués dans les pratiques de culture du manioc au Togo.

L’ÉTAPE INITIALE Les premières formations ont eu lieu au Brésil, le mois de juin 2016, dans les locaux du Centre national de recherche du manioc et de la fruticulture (CNPMF) rattaché à l’EMBRAPA, à Cruz das Almas, État de Bahia. “Cinq agents techniques de l’ITRA ont appris à minimiser les pertes liées à la récolte et au traitement, en plus de stratégies visant à accroître l’efficacité des transports. Des techniques simples à vrai dire, mais qui leur sont très chères”, souligne Laércio Duarte Souza.En plus de Laércio, les formations ont été animées par Francisco Laranjeira et Carlos Estevão Leite Cardoso, coordinateur du Service de la gestion

et du transfert de technologie au CNPMF. Ils étaient chargés de montrer aux Togolais les locaux et services de l’EMBRAPA, mais notamment de dispenser les volets suivants des formations : i) aspects économiques de la production du manioc ; ii) gestion et conservation des sols pour la culture du manioc ; iii) gestion phytotechnique de la culture du manioc ; iv) contraintes phytosanitaires et méthode de lutte contre les ravageurs ; v) gestion après récolte ; vi) production et transformation des produits agricoles ; vii) analyse des semences ; viii) traitement du manioc.Les agents techniques de l’ITRA ont également fait connaissance du Programme brésilien de recherche et développement sur le manioc, puis visiter les champs expérimentaux de l’unité EMBRAPA “Manioc et Fruticulture” et enfin se sont rendus dans des structures où l’on cultive, travaille ou commercialise le manioc, telles que le marché municipal de la ville de Cruz das Almas, les exploitations et plantations de manioc aux alentours de la ville et les coopératives COOPATAN et COOPAMIDO (des institutions expérimentées dans la filière du manioc, notamment en ce qui concerne les aspects pratiques de la gestion phytotechnique et l’usage du manioc pour l’alimentation animale).

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LE SEMIS LÀ-BASLes formations ayant lieu en 2011 ont été une première étape importante pour le partage et le transfert de l’expertise brésilienne. Deux ans plus tard, l’ABC et l’EMBRAPA ont organisé une formation, cette fois-ci à Lomé, la capitale du Togo, dans le domaine suivant : la qualité physique, physiologique et phytosanitaire des semences du manioc. Or, cette formation, ainsi que le projet en général, était en conformité avec la politique de modernisation de l’agriculture menée par le gouvernement togolais, pour contribuer à l’amélioration de cette culture essentielle.Lors de la primière mission en 2011, les Togolais étaient ravis de prendre connaissance des variétés brésiliennes de manioc, et souhaitaient les emmener au Togo. Par conséquent, le projet a dû avoir une nouvelle composante, à savoir l’introduction de matériel génétique. “La mission, cependant, n’était pas du tout simple”, comme l’explique Laércio Duarte Souza : “Le transfert de matériel génétique d’un pays à l’autre n’est chose simple, au contraire, car il ne peut pas y avoir le transport de revageur ou de maladie. Et le personnel de l’ITRA au Togo est censé savoir comment recevoir ce matériel. Or, le laboratoire ayant les conditions requises pour accueillir ce matériel a pris deux ans pour être

construit et ce matériel n’est arrivé au Togo qu’en 2013”.Après la mise en place de ce laboratoire, l’ITRA disposait finalement des conditions lui permettant d’accueillir les nouvelles variétés, mais aussi de dispenser de nouvelles formations qui ont beaucoup contribué à la modernisation de la production. Ces formations concernaient les thématiques suivantes : i) pratiques de laboratoire ; ii) culture des tissus et micropropagation du manioc ; iii) isolement des méristèmes du manioc ; iv) techniques d’acclimatation, de micropropagation et d’extraction de méristèmes et v) reproduction rapide du manioc. “Les agents techniques de l’EMBRAPA se sont rendus au Togo pour former les experts locaux sur la manière d’accueillir ce matériel génétique, de le traiter sans contamination et de procéder

Les variétés brésiliennes de manioc fournies au

Togo.• BRS Tapioqueira

• BRS Rosada• BRS Caipira

• BRS Verdinha• BRS Mulatinha• BRS Dourada

Cassavas BRS Mulatinha e Verdinha no campo

Cassava BRS Rosada

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La micropropagationCette activité permet d’effectuer la micro-bouture in vitro des variètés afin d’obtenir un nombre assez important de plants, en plaçant une partie dans la collection in vitro, puis la seconde partie au niveau du processus de transfert vers les champs. La micropropagation est effectuée de ma-nière à permettre la croissance harmonieuse des plants in vitro dans des conditions d’éclairage, de température et d’hygrométrie idéales. Il s’est agi d’une activité trimestrielle, répétitive, de renou-vellement des plants in vitro, pour la conservation de la collection, au cours des années 2012 et 2013. Tout était prévu pour que les plantes pouvaient subir le processus de sevrage l’année 2014, date à laquelle il serait possible de les transférér vers les champs.

Le sevrageIl faut deux à trois mois de croissance pour que les plantes participent au processus de sevrage. Pour cette étape, deux techniques de confinement ont été utilisées : A) celle du plateau en bois et B) celle du gobelet en plastique jetable.

• La technique de confirnement avec le plateau en bois consiste à retirer des éprouvettes les plantes in vitro et les semer dans un soubstrat solide, où elles seront arrosées à l’aide d’un liquide nutritif. Une fois bien préparées, les plantes in vitro sont réparties sur un plateau en bois où il y a une pellicule d’eau permettant de créer une hygrométrie de saturation.

• La technique du gobelet en plastique jetable, c’est une technique appliquée par les chercheurs brésiliens lors de leur mission en 2013 à Lomé, pour dispenser la formation mentionnée ci-dessus. Deux types de gobelets en plastique transparents, ayant des diamètres différents, sont placés de manière à ce que l’un couvre l’autre. Le substrat de sevrage est constitué de terre végétale ayant été arrosée au préalable à l’eau, pour humidification, puis stérilisation. La plante in vitro est rétirée de l’éprouvette et semée directement dans la terre végétale, dans le gobelet en plastique de petit diamètre. La fermeture se fait immédiatement à l’aide du gobelet en plastique de plus grand diamètre, qui sert de couvercle.

La greffe sur le terrainAprès création, les plantules (communément appelées plants) sont transférées et plantées sur le champ dans un espace ayant 50 cm x 50 cm. Avec une irrigation régulière, un traite-ment insecticide et une fertilisation foliaire, toutes les deux semaines, les conditions favorables au développement rapi-de des plantules sont réunies.

La multiplication des espèces de maniocLe transfert des variètés brésiliennes de manioc au Togo a été réalisé en trois étapes différemtes : micropropagation, sevrage et greffe.

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à la multiplication par le biais de la biotechnologie et, à la fin, d’organiser le transport sur le terrain. Vingt-cinq personnes ont assisté à cette nouvelle formation qui a eu lieu à l’ITRA. Et lorsque le matériel génétique était prêt pour être utilisé sur le terrain, un autre agent technique de l’EMBRAPA s’est rendu au Togo pour accompagner les Togolais là-dessus”, a déclaré Laércio Duarte Souza.C’était donc de cette manière qu’on a introduit au Togo les nouvelles variétés brésiliennes de manioc, par le biais de plants in vitro. Les variétés choisies ont été les suivantes : “Tapioqueira”, “Rosada”, “Caipira”, “Verdinha”, “Mulatinha” et “Dourada”. Il y avait eu une formation spécifique sur la multiplication végétale in vitro, dénommée “micropropagation”, et sur l’adaptation de ces plantules produites en laboratoire aux conditions environnementales, car elles étaient censées être transférées vers les champs.

LA CONSOLIDATION DU TRAVAIL Le mois de juillet 2014, l’ABC et l’unité EMBRAPA “Manioc et Fruticulture” ont donné suite aux formations. Sous la houlette de l’unité EMBRAPA “Manioc et Fruticulture”, les nouveaux agents techniques togolais se sont rendus au Brésil pour consolider les connaissances acquises lors du semis, de la résolte et du traitement du manioc.

Après avoir visité l’unité EMBRAPA “Manioc et Fruticulture” et le Centre national de recherche du manioc et de la fruticulture (CNPMF), les Togolais ont suivi des ateliers de formation spécifiques sur les thématiques mentionnées ci-dessus. Ces formations se sont terminées par la visite technique aux coopératives et entreprises solidaires de la région de la ville de Vitória da Conquista, également dans l’État de Bahia.Le mois de septembre 2016, les experts brésiliens impliqués dans le projet se sont à nouveau rendus au Togo pour clôturer le projet et procéder aux évaluations finales de cette initiative de cooperation technique. Selon Armando José Vieira Filho, analyste de projets au sein de l’ABC, les acquis ont été très importants pour les deux parties.“L’introduction des nouvelles variétés brésiliennes a permis aux Togolais de les croiser avec les variétés locales afin d’obtenir un amidon de meilleure qualité. Ils ont pu augmenter leur répertoire génétique. En outre, les agents techniques de l’ITRA ont été formés à différentes techniques d’analyse de plantes, telles que l’analyse moléculaire, l’analyse de la plante en fleur, l’analyse de semences, les maladies, les ravageurs, entre autres. Bref, un acquis qui rapportera des fruits à l’Institut”, a affirmé Armando Vieira Filho. “En outre, ils ont appris des techniques modernes en termes de semis et de gestion de la culture du manioc qui pourront être reproduites à l’ensemble des producteurs locaux, ce qui peut dynamiser et optimiser de manière globale la production du manioc au Togo.”Selon lui, le marché du manioc au Togo peut avoir ses potentielités élargies à la suite de ce projet de coopération technique Sud-Sud. “La mission au Brésil des agents techniques togolais a été une étape très importante car elle leur a permis de vérifier sur place

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plusieurs manières de transformer le manioc, et les produits issus de ces transformations, tels que les chips, les farines, et la “tapioca”. Ils ont fait connaissance de ces processus et vérifié comment ces produits sont appréciés sur les marchés locaux au Brésil, ce qui représente également des potentialités importantes pour ces produits chez eux, c’est-à-dire, des idées qu’ils pourraient mettre en pratique au Togo et qui, jusque-là, n’avaient pas été le cas.”Une deuxième étape d’évaluation a eu lieu du 4 au 9 juin 2017 à Cruz das Almas au Brésil. Cette réunion d’évalution entre les agents techniques de l’ITRA et les experts brésiliens a eu pour objectif de finaliser les processus d’évaluation au Brésil, c’est-à-dire, des entretiens avec les agents techniques, les chercheurs et la direction de l’EMBRAPA et de l’ABC, mais aussi de démarrer les négociations en vue de la deuxième étape du projet. Les agents techniques togolais ont également visité des laboratoires et des champs expérimentaux à Laje, toujours dans l’État de Bahia, ainsi que les marchés à Cruz das Almas.

À cette occasion, une vue d’ensemble sur la deuxième étape du projet a été présentée, ainsi que la demande émanant du Togo vis-à-vis de cette “Phase II – Composante systémes de production du manioc”.Cette coopération technique qui s’est déroulée de 2009 à 2017 a été tellement positive que les deux pays ont déjà manifesté leur intention de mettre en place un nouveau projet, comme l’explique Laércio Duarte. “Ils étaient très satisfaits des progrès au niveau des systèmes de production et de la formation fournie à plus de 30 agents techniques, d’un laboratoire fonctionnel, du matériel génétique nouveau sur les champs et des nouvelles façons de traiter et de tranformer le manioc. Mais ils ont également soulevé des dysfonctionnements tant sur le plan industriel que sur le plan économique. Et l’idée d’une nouvelle phase du projet a été évoquée. Une demande de la part des partenaires togolais qui attend toujours des discussions approfondies.”

Les RésulatsLes nouvelles variétés de manioc ont été plantées au Togo entre décembre 2014 et mars 2015. Il est donc désormais possible de produire de nouveaux plants qui seront par la suite distribués au niveau national.

Soutien institutionnel à l’Institut togolais de recherche agronomique (ITRA)

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• Formation des agents techniques de l’ITRA dans les domaines suivants : semis, récolte et traitement/transformation du manioc.

• Renforcement des techniques d’analyse, tant des plantes que des ravageurs et maladies, mais aussi en matière de biotechnologie.

• Transfert de technologies et d’innovations de laboratoire.

• Acquisition et introduction de nouveaux matériels génétiques, ce qui a permis de croiser de variètés de manioc et d’avoir un produit final plus performant.

Les principaux résultats

• Perspective de développement d’une recherche commune entre le Brésil et le Togo sur la base d’une variété brésilienne résistante au virus de la mosaïque africaine du manioc (maladie qui n ‘existe toujours pas au Brésil) – Agriculture préventive.

• Aptitude de recevoir du matériel génétique in vitro.

• Construction d’un laboratoire.

• Mise en place d’un centre de multiplication des techniques au profit des producteurs togolais de manioc.

LES LEÇONS TIRÉES DU PROJET POUR LE BRÉSILUn projet de coopération technique de ce type, mené entre le Brésil et le Togo, a pour objectif principal le développement du pays demandeur, qui recherche un soutien et un renforcement technique de ses capacités. Mais celui qui enseigne finit toujours par apprendre également.Lors du transfert de matériel génétique vers le Togo, les experts brésiliens qui ont participé à l’ensemble de ce processus et ont formé les Togolais, ont compris qu’un ravageur local était extrêment nocif pour la culture du manioc et que cet échange a été essentiel car il a permis de vérifier comment les experts brésiliens pouvaient d’ores et déjà mettre au point des mesures de prévention à l’égard de l’agriculture brésilienne.“Le Brésil a également beaucoup profité de cette coopération technique avec le Togo. Le virus de la mosaïque africaine en est un exemple”, a précisé Armando Vieira. “Nous avons introduit six nouvelles variétés au Togo, dont quatre n’ont pas survécu à ce virus. Il est très résistant aux variétés brésiliennes. Les experts de l’EMBRAPA ont donc tout de suite compris que si ce virus entrait au Brésil, il pourrait mettre fin à la production de manioc chez nous.”Les chercheurs de l’EMBRAPA n’étaient au courant de ce virus de la mosaïque africaine que par le biais des recherches universitaires. Le disgnostic du virus, peu de temps après le semis des plants au Togo, a bouleversé le travail sur place, ce qui a permis aux experts brésiliens d’acquérir davantage de connaissances techniques sur cette maladie, ces connaissances étant transférées vers l’EMBRAPA.

Coopération internationale Brésil-Togo

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