zaman france n° 232 - fr

17
16 12 Premier champion du monde turc de moto, Kenan Sofuoglu est prophète en son pays. Le 23 septembre, le pilote a façonné encore plus sa légende en glanant pour la troisième fois la couronne en Super- sport. Un record dans sa catégorie. Le premier festival d’Anatolie ouvre ses portes le vendredi 28. Organisé par l’Union des démocrates européens turcs en France, l’événement veut faire connaître la richesse de la culture turque, et devenir avec le temps une manifestation annuelle incontournable. SPORT CULTURE Kenan Sofuoglu, le pilote prodige L’Anatolie fait son festival à Paris 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 N° 232 WWW.ZAMANFRANCE.FR Pour la première fois en Turquie, des centaines d’officiers ont été condamnés pour avoir projeté de renverser par un putsch le gouvernement AKP. Pour de nom- breux observateurs, ce jugement marque l’espoir d’en finir avec les coups d’Etat militaires dans un pays qui en a déjà connu quatre depuis 1960. Comment la Turquie a échappé à un nouveau coup d’Etat HILMI ÖZKÖK CENGIZ ÇANDAR Charlie Hebdo ou l’extrémisme comme fonds de commerce Revenir à la laïcité de 1905 - Plus d’une semaine après la publica- tion des caricatures sur le Prophète, les critiques pleuvent toujours sur Charlie Hebdo. Surfant sur une islamophobie ram- pante pour les uns, le journal satirique, qui revendique une ligne anticléricale, est aussi accusé de donner «du grain à moudre à l’extrême droite». R SOCIETE 05 - Spécialiste de la laïcité, l’historien Jean Baubérot insiste sur l’écart entre la loi de 1905 et ses multiples ins- trumentalisations d’aujourd’hui, notam- ment par la droite. R FRANCE 03 Pourquoi il faut défendre le procès Balyoz EMRE DEMIR -02 EDITO «Le coup d’Etat a été empêché par d’autres militaires» MÜMTAZER TÜRKÖNE -15 OPINION «Ce que j’observe en tant que citoyen, c’est que le jury a agi de manière très conscien- cieuse durant ce procès. (…) Donc, je ne peux pas dire : “Le procès n’a pas été équitable”». «Le procès en 1975 des auteurs du coup d’Etat en Grèce avait été qualifié de Nurem- berg grec. Vu sous cet angle, le procès Balyoz peut être qualifié de “Nuremberg turc”». L’AFFAIRE BALYOZ UN VERDICT HISTORIQUE MAIS INSUFFISANT De nombreuses voix insistent en Turquie sur l’insuffisance de ce jugement qui devrait, selon elles, être suivi de profondes réformes afin de limiter le pouvoir politique de l’armée. La justice turque a lour- dement condamné le 21 septembre plus de 300 offi- ciers accusés d’avoir comploté pour renverser le gouverne- ment AKP, le premier verdict d’une série de procès au re- tentissement historique dans la Turquie moderne. La cour de Silivri, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Is- tanbul, a infligé au «cerveau» du complot, l’ex-général Ce- tin Dogan, ancien comman- dant de la 1 re armée, et aux anciens chefs de l’armée de l’air et de la marine, Ibrahim Firtina et Özden Örnek, des peines de vingt ans de prison. Elle a également condamné 78 officiers à dix-huit ans et 246 autres à seize ans de ré- clusion. Vingt-huit d’entre eux ont vu leur sentence ré- duite à douze ans pour bonne conduite. R TURQUIE 08 RTURQUIE 09 Les détails macabres d’un plan de 5000 pages -08

Upload: zaman-france

Post on 26-Mar-2016

233 views

Category:

Documents


2 download

DESCRIPTION

Zaman France est le premier hebdomadaire franco-turc. Fondé en septembre 2005, c'est d'abord un mensuel qui devient hebdomadaire en février 2008. Distribué auprès de 10.000 abonnés, le journal se propose un double objectif : offrir une fenêtre ouverte sur la Turquie et la communauté turque de France, et participer à une meilleure connaissance de la société française auprès de ses lecteurs d'origine turque. Chaque semaine, l'actualité parcourue par l'équipe de rédaction contribue à présenter cette double culture comme une richesse.

TRANSCRIPT

Page 1: Zaman France N° 232 - FR

1612Premier champion du monde turc de moto, Kenan Sofuoglu est prophète en son pays. Le 23 septembre, le pilote a façonné encore plus sa légende en glanant pour la troisième fois la couronne en Super-sport. Un record dans sa catégorie.

Le premier festival d’Anatolie ouvre ses portes le vendredi 28. Organisé par l’Union des démocrates européens turcs en France, l’événement veut faire connaître la richesse de la culture turque, et devenir avec le temps une manifestation annuelle incontournable.

SPOR

T

CULT

URE

Kenan Sofuoglu, le pilote prodige

L’Anatolie fait son festival à Paris

28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 N° 232WWW.ZAMANFRANCE.FR

Pour la première fois en Turquie, des centaines d’offi ciers ont été condamnés pour avoir projeté de renverser par un putsch le gouvernement AKP. Pour de nom-breux observateurs, ce jugement marque l’espoir d’en fi nir avec les coups d’Etat militaires dans un pays qui en a déjà connu quatre depuis 1960.

Comment la Turquie a échappé à un

nouveau coup d’Etat

HILMI ÖZKÖK CENGIZ ÇANDAR

Charlie Hebdo ou l’extrémisme comme fonds de commerce

Revenir à la laïcité de 1905

- Plus d’une semaine après la publica-tion des caricatures sur le Prophète,

les critiques pleuvent toujours sur Charlie Hebdo. Surfant sur une islamophobie ram-pante pour les uns, le journal satirique, qui revendique une ligne anticléricale, est aussi accusé de donner «du grain à moudre à l’extrême droite». RSOCIETE 05

- Spécialiste de la laïcité, l’historien Jean Baubérot insiste sur l’écart

entre la loi de 1905 et ses multiples ins-trumentalisations d’aujourd’hui, notam-ment par la droite. RFRANCE 03

Pourquoi il faut défendre le procès BalyozEMRE DEMIR -02

EDITO «Le coup d’Etat a été empêché par d’autres militaires» MÜMTAZER TÜRKÖNE -15

OPINION

«Ce que j’observe en tant que citoyen, c’est que le jury a agi de manière très conscien-

cieuse durant ce procès. (…) Donc, je ne peux pas dire : “Le procès n’a pas été équitable”».

«Le procès en 1975 des auteurs du coup d’Etat en Grèce avait été qualifi é de Nurem-berg grec. Vu sous cet angle, le procès Balyoz peut être qualifi é de “Nuremberg turc”».

L’AFFAIRE BALYOZ

UN VERDICT HISTORIQUE MAIS INSUFFISANT De nombreuses voix insistent en Turquie sur l’insuffi sance de ce jugement qui devrait, selon elles, être suivi de profondes réformes afi n de limiter le pouvoir politique de l’armée.

La justice turque a lour-dement condamné le

21 septembre plus de 300 offi -ciers accusés d’avoir comploté pour renverser le gouverne-ment AKP, le premier verdict d’une série de procès au re-tentissement historique dans la Turquie moderne. La cour de Silivri, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Is-tanbul, a infl igé au «cerveau» du complot, l’ex-général Ce-

tin Dogan, ancien comman-dant de la 1re armée, et aux anciens chefs de l’armée de l’air et de la marine, Ibrahim Firtina et Özden Örnek, des peines de vingt ans de prison. Elle a également condamné 78 offi ciers à dix-huit ans et 246 autres à seize ans de ré-clusion. Vingt-huit d’entre eux ont vu leur sentence ré-duite à douze ans pour bonne conduite. R TURQUIE 08

R TURQUIE 09Les détails macabres d’un plan de 5000 pages -08

Page 2: Zaman France N° 232 - FR

Il est légal de se marier voiléeAZIZ OGUZ PARIS

Peut-on se marier civile-ment en étant voilée ?

C’est la question que soulève l’affaire de Myriam et Saad*. Le 6 septembre, ces deux trente-naires n’ont pu se marier dans leur commune de la Seyne-sur-Mer dans le sud-est de la France. L’adjointe de la mairie Florence Cyrulnik (PS) a refusé de prononcer leur union le jour de la cérémonie de mariage, à cause du jilbeb de la mariée. «Choqué» par cette «injustice», le couple a porté plainte. Mais, le 21 septembre, le tribunal de grande instance (TGI) de Tou-lon a donné raison à Florence Cyrulnik. «Dans la mesure où le port d’un voile dissimule le visage, même pour partie, d’un des futurs époux et ne permet pas à l’officier d’état-civil de s’assurer de façon certaine de l’identité de celui-ci, il ne peut lui être reproché de refuser de célébrer le mariage faute de pouvoir recueillir valablement les consentements néces-saires», a jugé le tribunal. Cette décision a scandalisé l’avocat du couple, Gilles Devers, affi r-mant que «cet argument du

doute sur l’identité n’est apparu que devant le tribunal, comme une roue de secours». L’avocat dénonce la décision du TGI qui «botte en touche», car selon lui, c’est un problème de liberté religieuse et non d’identifi ca-tion. Le Collectif contre l’isla-mophobie en France (CCIF) dénonce ce refus et rappelle qu’il est légal de se marier en étant voilée. «Juridiquement on doit pouvoir reconnaître les mar iés pour prononcer

l’union», explique Lila Charef, juriste au CCIF. «Dans le cas où un tissu dissimule le visage de la personne, l’offi cier de l’état civil a le droit de lui demander de se dévoiler ; mais ce n’est évidemment pas le cas de My-riam qui porte un jilbeb laissant apparaitre son visage», pour-suit-elle. Le CCIF a apporté son soutien au couple et a affi rmé que «le référé du TGI de Toulon ne doit, en aucun cas, dissuader les musulmans de défendre

leurs droits devant le pouvoir judiciaire». Le couple a lui-même déjà fait appel du juge-ment. «Madame Cyrulnik ne pensait pas que nous porte-rions l’affaire en justice. Mais nous irons jusqu’au bout», pré-vient Myriam. «C’est une ques-tion de liberté fondamentale, le débat se posera en ces termes devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence», renchérit l’avo-cat du couple.* Les noms ont été modifi és.

EMREDEMIR

EDITO

Dès le verdict du procès Balyoz, vendredi dernier, la presse française n’a pas tardé à présenter l’affaire comme un bras de fer politique entre les «militaires laïques» et le «gouvernement islamiste». On a ainsi sur-tout insisté sur les spéculations et les débats entourant le procès évoqués par Dani Ro-drik, professeur d’économie à l’université de Harvard. Rodrik, qui est aussi le beau-frère de Cetin Dogan, suspect numéro 1 du pro-cès, affi rme ainsi à qui veut bien l’entendre qu’il s’agit d’un complot fabriqué par les pro-cureurs. Il présente ainsi certains documents comme étant faux, mais n’évoque jamais les autres, des CDs, des témoignages et surtout des enregistrements audio d’une réunion sous la direction du général Cetin Dogan au siège de l’armée turque au début du mois de mars 2003, qui montrent indiscutable-ment qu’il y a bien eu une tentative de coup d’Etat. Qui connaît la tradition tutélaire de l’armée turque sait que les coups d’Etat militaires et les mémorandums publiés par l’armée contre le gouvernement ne sont pas rares en Turquie. Le processus de démocra-tisation du pays a été à plusieurs reprises stoppé du fait des tentatives de l’institution militaire de s’immiscer dans la vie poli-tique. L’armée turque, qui s’est longtemps considérée comme la gardienne du système politique, a été à l’origine de nombreux coups d’Etat et de mémorandums contre le gouvernement en 1960, 1972, 1980, 1997 et 2007. Si les allégations de Dani Rodrik sont ne serait-ce que partiellement vraies, les juges et les procureurs devront rendre des comptes. Même si les failles chroniques dans le système judiciaire turc persistent, il n’y pas le moindre doute quant à la légiti-mité du procès intenté par les procureurs. La majorité des cadres militaires mis en cause dans cette affaire pensent certes qu’ils n’ont commis aucun crime, mais ont sim-plement agi conformément à l’idéologie kémaliste qui leur a été inculquée dans les écoles militaires et conformément au devoir de «défendre la République» prescrit par la Constitution et les lois. Mais la Turquie n’est plus un pays sous-développé dirigé par une dictature militaire. C’est la raison pour laquelle ce verdict inédit est capital pour la démocratisation du [email protected]

C’est une première dans l’histoire de la Nor-vège. En nommant Hadia Tajik ministre de la Culture, le 21 septembre 2012, le Premier ministre Jens Stolten-berg a fait d’elle la première femme musulmane du pays à accéder à ce statut. La ministre, âgée de 29 ans, est également devenue la plus jeune ministre norvégienne. Née en 1983 de parents pakistanais, Hadia

Tajik est avocate, journaliste et femme politique. Depuis 2009, elle est parlementaire pour le

Parti travailliste norvégien. Le Premier mi-nistre a décrit la jeune femme comme une «personne travailleuse, dotée de capacités

intellectuelles vastes». Hadia Tajik a, quant à elle, déclaré qu’elle ne s’attendait pas à

être nommée à ce poste, mais «a promis de faire de son mieux en se fondant sur ce

que ses prédécesseurs ont accompli».

Une musulmane nommée ministre en Norvège

...ET UNE MAUVAISEUNE BONNE...

NOUVELLE

Le 22 septembre, un concours d’hommes-oiseaux était organisé dans la ville du Nouveau Taipei à Taïwan. La compétition a réuni au total 280 per-sonnes réparties en 60 équipes.

FRANCE02 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La démocratie recule dans le monde

En 2011, la démocratie a reculé à travers le monde. Ce constat tiré par la Freedom House, une organisation basée à Washing-ton dans son dernier rapport Countries at the Crossroads en conclut que les avancées démocratiques, consécutives au Printemps arabe, sont très fragiles. La Freedom House souligne également les débuts chaotiques des nouveaux gou-vernements, qui pourraient à terme se

transformer en régimes autoritaires selon l’organisation. Seule la Tunisie a nettement amélioré la qualité de sa gouvernance au sein des pays d’Afrique du Nord, d’après le rapport qui portait sur 72 pays. Les critères utilisés pour mesurer la solidité des régimes en matière démocratique sont notamment la séparation des pouvoirs, les libertés civiles, la transparence et la lutte contre la corruption.

Pourquoi il faut défendre le procès Balyoz

Page 3: Zaman France N° 232 - FR

AZIZ OGUZ PARISLa question des rapports entre l’islam et la laïcité a eu l’occasion de revenir au

premier plan ces dernières semaines. Et si la solution à la stigmatisation de l’islam passait par un retour aux fondements de la loi de 1905 ? C’est cette piste qu’a évoquée Jean Baubérot, directeur d’études émérite à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) à l’occasion d’une rencontre à la Plateforme de Paris autour de son dernier ouvrage, paru en 2012, La laï-cité falsifi ée (La Découverte). Grand spécialiste de la question, le sociologue avait notamment participé à la commission Stasi en 2003 sur «l’application de la laïcité dans la République». Pour le professeur, il faut revenir à la «concep-tion de la laïcité de 1905 où la séparation de l’Eglise et de l’Etat était explicitement coordon-née à la liberté de conscience pour tous». Jean Baubérot fustige ainsi les forces de droite, notamment d’extrême droite, qui défi nissent, selon lui, la laïcité dans sa conception de neu-tralité pour mieux stigmatiser les musulmans. Il en voit la preuve dans la dernière sortie de Marine Le Pen, le dimanche 23 septembre, sur l’interdiction du voile et de la kippa dans l’es-pace public. Il soutient que les défenseurs de cette «nouvelle laïcité» font dire «à la loi de séparation de 1905 le contraire de ce qu’elle a réellement dit». «Elle n’a jamais été une laïcité de combat», poursuit-il.

La loi de 1905 garante de la liberté religieuseLe professeur va en effet à contre-courant d’un discours présentant la laïcité comme une force offensive contre les religions. Jean Baubérot défend même l’idée que la Séparation a permis de «libérer la parole de l’Eglise catholique». Il rappelle aussi que la République s’est «ac-commodée», au début du siècle, avec celle-ci en donnant par exemple un jour libre dans la semaine à l’école publique pour permettre aux enfants de suivre des cours de catéchisme à l’église. Elle doit donc retrouver, explique-t-il, cette même force d’accommodation avec l’islam. Mais elle doit pour cela surmonter «l’impensé colonial de la laïcité». Car, pour lui, la France n’a pas digéré son histoire coloniale, ce qui explique les diffi cultés auxquelles sont confrontés actuellement les musulmans. Mais le professeur se veut optimiste : « Même si ce n’est pas suffi sant, des choses sont faites. De plus en plus de mosquées sont construites. Il y a encore 20-30 ans, l’idée ne nous venait même pas que les musulmans aient des lieux de culte décents».

Jean Baubérot a donné une

conférence sur son ouvrage

La laïcité falsifi ée à la Plateforme

de Paris.

La campagne «Israel loves

Iran» connaît un véritable

succès en Israël.

EMMANUELLE GRIMAUD PARIS«Israel loves Iran», un mou-vement né en mars dernier

sur Facebook, connaît un véritable succès. Et pour cause, près de 84.200 personnes «aiment» le

groupe sur le célèbre réseau social. C’est par le biais d’internet que le groupe diffuse des messages de paix au peuple iranien, comme «Not ready to die in your war» (Pas prêts à mourir pour votre guerre) ou «Iranians, we will never bomb your country» (Iraniens, nous ne bombarderons jamais votre pays). Grâce à ceux-ci un vrai dialogue est né entre les internautes israé-liens et iraniens. A l’origine du mouvement, un couple d’Israé-liens, Ronny Edry et Michel Tamir, deux graphistes enseignant le de-sign à Tel Aviv. «L’idée en tant que graphiste designer (mon métier) était d’essayer de faire un poster simple, d’adresser un message à mes amis, juste pour dire que je n’ai rien contre les Iraniens. Je ne pensais pas que cela aurait cet impact» confi e Ronny. Car le mou-vement a pris une ampleur consi-dérable depuis sa création en mars dernier. Aujourd’hui, celui-ci n’est

plus uniquement virtuel. En août dernier, Ronny Edry a organisé un voyage à Munich qui a été l’occa-sion pour les internautes impliqués dans le mouvement de se rencon-trer. Le 6 septembre, le fondateur «d’Israel loves Iran» a également donné une conférence lors d’un événement organisé par Tedx, une structure qui vante le slogan «Les idées méritent d’être diffusées». C’est donc grâce à des actions concrètes que les acteurs du mou-vement diffusent leur message d’amour et de paix au peuple ira-nien. Après avoir placardé les por-traits d’Israéliens et d’Iraniens dans des abribus à Tel Aviv, l’en-seignant a donné une conférence sur l’histoire du mouvement. En Israël, on évoque souvent une guerre imminente contre l’Iran. Le succès de l’initiative «Israel loves Iran» montre néanmoins qu’une partie de la population y est oppo-sée.

Ces Israéliens qui aiment les IraniensZoom

‘‘«Dans toute guerre entre l’homme civilisé et le sauvage, soutenez l’homme civilisé»

Un groupe de pression conservateur américain a obtenu par un juge new-yorkais le droit de placarder ses affi ches en soutien à Israël, portant cette mention dans le métro de la ville.

FRANCE03 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Revenir à la laïcité de 1905Spécialiste de la laïcité, l’historien Jean Baubérot a insisté sur l’écart entre la loi de 1905 et ses multiples instrumentalisations d’aujourd’hui, notamment par la droite.

Page 4: Zaman France N° 232 - FR

Asya Food - Toptan Gıda 168 rue de Paris93000 Bobigny

Tel.: 0033 01 48 40 05 06Fax: 0033 95 96 42 16 4

, ,

market ve restorant müsterilerimize degerinde Bisiklet

hediye!

ve

Asya Food - Toptan Gıda Asya Food - Toptan Gıda

[email protected]

Page 5: Zaman France N° 232 - FR

Charlie Hebdo ou l’extrémisme comme fonds de commerce

Un impressionnant dispositif policier, déployé dans plusieurs grandes villes françaises, a empêché samedi toute manifestation de musulmans contre le fi lm anti-islam et la publication des caricatures de Charlie Hebdo. A Paris, 50 personnes «qui ne respectaient pas les interdictions» ont été interpellées et rapidement relâchées après vérifi ca-tion de leur identité, a précisé la pré-fecture de police. A Lille, une tentative de rassemblement a rapidement avorté lorsqu’une vingtaine de personnes a voulu dénoncer à la fois des «provo-cations à l’égard de l’islam» et l’inter-diction de manifester. Un homme, qui semblait donner des ordres aux mani-festants, a été emmené au poste pour vérifi cation d’identité et quatre femmes ont été verbalisées pour le port du

niqab. A Marseille, une soixantaine de CRS, appuyés par un hélicoptère de la gendarmerie, étaient mobilisés, comme une trentaine de journalistes... pour un seul manifestant. Dans la capitale, les forces de l’ordre, réparties sur plusieurs zones jugées à risque, ont dissuadé toute velléité de manifestation illégale, alors que deux demandes de rassemble-ment, au Trocadéro et devant la Grande Mosquée, avaient été refusées par la préfecture de police. Au Trocadéro, des journalistes de l’AFP ont compté plus d’une trentaine de cars de gendarmes mobiles et de policiers en tenues anti-émeutes. Touristes, femmes voilées, hommes barbus et de nombreux jeunes étaient régulièrement approchés par les forces de l’ordre, parfois pour des contrôles d’identité.

FOUAD BAHRI PARISPour 56 % des Français, la publica-tion des caricatures sur le Prophète

par Charlie Hebdo était irresponsable. C’est le résultat du sondage réalisé par la chaîne de télévision M6 avec MSN, en plein cœur de la polémique suscitée par l’hebdomadaire satirique peu de temps après la flambée de colère du monde musulman provoquée par la diffusion d’un film américain anti-islam. Les respon-sables de Charlie Hebdo se défendent en invoquant le combat anticlérical qu’ils mènent contre les religions et en particu-lier contre l’extrémisme religieux. Mais de nombreuses personnalités comme Tariq Ramadan ont dénoncé la surenchère de ces publications dans un contexte marqué par la montée de l’islamophobie. S’expri-mant sur Europe 1, l’intellectuel suisse a expliqué que «la seule attitude noble en face de la provocation de ceux qui cherchent à développer une islamophobie en France, c’est d’ignorer ces attaques».

Les liaisons dangereuses avec l’extrême droiteJournaliste et animateur du Forum débat sur Beur FM, Abdelkrim Branine a suivi avec attention l’évolution du journal sati-rique. S’il s’accorde à penser que la tra-dition anticléricale de la presse satirique «est très bien et [qu’] il faut s’en féliciter», il juge que le contexte international et local doit inciter à plus de responsabilité. D’autant qu’en France «les musulmans ne sont pas une communauté qui pèse poli-tiquement [mais] un géant aux pieds d’argile». Abdelkrim Branine, qui qualifi e l’initiative de Charlie Heb-do d’«imposture», considère donc qu’on ne peut pas «taper avec la même intensité sur les trois reli-gions». «Il ne s’agit pas d’interdire mais d’appeler à la responsabilité» ajoute-t-il. Il estime par ailleurs que la posture de Charlie Hebdo le mène directement sur les terres de l’extrême droite. «Quand on est sou-tenu par Fdesouche, le Bloc iden-titaire, Marine Le Pen, on ne peut pas ne pas se poser des questions» poursuit-il. Un lien renforcé par l’ori-gine des premières caricatures danoises, publiées par Jyl-lands-Posten, un journal populiste de droite. Ainsi,

Charlie Hebdo, qui «donne l’occasion aux obscurantistes de briller», offrirait aussi «du grain à moudre à l’extrême droite». Une collusion qu’Abdelkrim Branine attri-bue directement à une recomposition de l’extrême gauche traversée par un clivage entre les partisans d’un métissage avec les musulmans et les ultra-laïcards, «les salafi stes de la laïcité» qui seraient sur le point de l’emporter.

Une colère fruit de la rancœur sociale Mais à cette logique de la confronta-tion idéologique d’une certaine extrême gauche avec l’islam, répondrait en retour la réaction très émotive des masses musul-manes, alimentant ainsi un cercle vicieux ayant les apparences de l’antagonisme civilisationnel. C’est l’avis de la journa-liste Nadia Moulaï auteure d’un ouvrage à paraître en octobre intitulé Petit précis de l’islamophobie ordinaire aux éditions Les points sur les I. «L’émotivité dans le monde musulman est tellement à son comble que la moindre critique peut prendre des réactions disproportionnées» dit-elle. Selon la journaliste, il faut surtout éviter «le mélange des genres» consistant à parler d’islam en lieu et place de logiques tenant plus de la frustration sociale. «C’est le fruit d’années de rancœurs sociales. Ce ne sont pas des motivations purement spi-rituelles car [si c’était le] cas il n’y aurait pas de violences» précise-t-elle, mettant en garde contre les amalgames. «On peut avoir envie de manifester et de dénoncer

ces caricatures sans être un extrémiste. En interdi-

sant les manifesta-tions, on part du postulat que seuls l e s e x t r é m i s t e s

sont choqués par ces caricatures» explique Nadia

Moulaï.

Plus d’une semaine après la publication des caricatures sur le Pro-phète, les critiques pleuvent toujours sur Charlie Hebdo. Surfant sur une islamophobie rampante pour les uns, le journal sati-rique, qui revendique une ligne anticléricale, est aussi accusé de donner «du grain à moudre à l’extrême droite».

PLUS DE POLICIERS QUE DE MANIFESTANTS

SOCIETE05 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

comme fonds de commerce

Les locaux de Charlie Hebdo ont été placés sous protection policière suite à la publication des caricatures.

Abdelkrim Branine est journaliste et animateur du Forum débat sur Beur FM.

Page 6: Zaman France N° 232 - FR

La liberté de pensée comme «bouclier de la violence symbolique»

UGUR KÖMEÇOGLU ISTANBULPour Nilüfer Göle, qui vient de publier en turc Seküler ve

Dinsel : Asinan Sinirlar (Laïc et religieux : les limites franchies) chez Metis, les dernières affaires de fi lm anti-islam et de caricature sont un nouvel exemple d’interpénétra-tion entre le monde occidental et l’Islam, de violence entraînée par cette proximité et de dépassement des limites. La directrice d’étude à l’EHESS juge ainsi que la colère du monde musulman ne peut être entièrement attribuée à l’Occident ou à l’Islam. Elle interprète les manifestations les plus violentes comme des «symptômes patholo-giques de rencontre entre ces deux mondes», en rappelant l’impor-tance du phénomène d’«interpéné-tration» des deux identités. Elle ajoute toutefois que certaines mou-vances minoritaires telles que les salafi stes djihadistes, qui ne sont pas représentatifs de l’Islam, es-saient de profiter du printemps arabe pour asseoir leur pouvoir et intimider leurs concitoyens par le biais de la violence.

La liberté de pensée ne doit pas servir la dominationDu côté occidental, le concept de liberté de pensée est devenu selon elle le garant de la violence symbolique. Ainsi, elle juge que le monde occidental doit redéfi nir son principe de liberté de pensée et s’assurer qu’il ne soit pas uti-lisé pour servir une domination hégémonique car «le principe de la liberté de pensée n’est pas de pou-voir tout dire». Pour elle, la liberté de pensée ne peut donner de résul-tats que dans un environnement où des critères de production et de diffusion sont préservés. Alors qu’aujourd’hui internet permet précisément à chacun de diffuser n’importe quelle photo, propos ou vidéo. Pour réussir à mettre en place des relations plus apaisées, les pays musulmans et le monde occidental doivent «opter pour un nouveau style de communication, d’interaction et de pénétration, quand ils dépassent les limites,

rencontrent les symboles et les valeurs sacrées de l’Autre et testent son seuil de tolérance». Cependant, la solution ne passe pas nécessai-rement par un effort d’adaptation aux politiques modernes, mais aussi par un réinvestissement de certaines valeurs traditionnelles. La sagesse du silence pourrait ainsi, dans certains cas, «ouvrir la voie d’un nouveau style en politique».

En fi nir avec les visions polariséesNilüfer Göle rappelle par ailleurs que l’identification de la moder-nité occidentale à la laïcité est de plus en plus remise en question. «Les débats sur la laïcité ont été enrichis par la laïcité pluraliste en Inde et la résistance anticolo-

nialiste et pacifiste de Gandhi», indique-t-elle, en ajoutant que les observations à propos de la laïcité islamique font également partie de ces débats. «C’est pourquoi, pour elle, il n’est plus possible de faire une lecture dualiste avec la moder-nité laïque occidentale et le reste du monde». Une telle vision relève de la «paresse intellectuelle» ou même d’une «idéologie raciste». La modernité n’a plus un seul centre, ce qui montre de plus en plus les failles du discours sur la moder-nité laïque hégémonique. Or, les positions qui exigent de choisir entre telle et telle idéologie font l’impasse sur les interactions et les interpénétrations entre la laïcité et la religion.

Directrice d’études à l’EHESS et auteur d’Interpénétrations. L’Islam et l’Europe (Galaade), Nilüfer Göle interprète les événements qui ont fait suite au fi lm L’innocence des musulmans en terme d’«interpénétration» des croyances et des cultures. Pour elle, la liberté de pensée ne devrait pas être un moyen d’alimenter la domination de l’Autre.

Nilüfer Göle est sociologue, spécialiste de l’émergence de nouveaux signes de la religiosité islamique dans l’espace public.

SOCIETE06 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Canan Özenici

Aujourd’hui au courrier : une assignation devant le tribunal de grande instance. Pas de panique, les réponses à vos ques-tions sont les suivantes : tout d’abord, c’est quoi une assignation ? C’est un acte introductif d’instance, c’est-à-dire, le premier acte juridique qui commence une instance civile. Que dois-je faire ? La première chose à faire est de trouver un bon avocat ! En effet, la représenta-tion est obligatoire devant cette juridic-tion. Il vous faut donc obligatoirement constituer avocat. Combien ça coûte ? Les honoraires d’un avocat sont libres. Le principe clé est d’en discuter ! Les hono-raires peuvent être fi xés au temps passé, en fonction des résultats, un forfait peut être conclu, une convention peut prévoir un système intermédiaire, etc. Un avocat pas cher est-il forcément mauvais ? Payer beaucoup d’honoraires garantie-t-il for-cément le résultat à la clé ? Non et non ! Des honoraires peu élevés peuvent être liés à des faibles frais de fonctionnement et malheureusement un avocat très ex-périmenté ne peut pas éviter à coup sûr l’aléa judicaire. Dans ce domaine, ce qu’il y a de plus important à savoir, c’est que votre intérêt est d’avoir les services de l’avocat que vous avez choisi et qu’il est de l’intérêt de l’avocat de ne pas perdre un dossier. Mais comment choisir l’avo-cat qui saura défendre vos intérêts au mieux ? Tout d’abord, méfi ez-vous des avocats qui vous donnent des garanties ou qui vont jusqu’à donner 100 % de réussite à votre dossier ! Il y a plus de 22.000 avocats rien qu’à Paris, il n’y a pas de règles strictes pour choisir un bon avo-cat. Pour une première sélection, le site des avocats du barreau de Paris (ou celui mis en place par le barreau de votre ré-gion) peut vous venir en aide grâce à des critères tels que la langue, la spécialité, la situation géographique de son cabinet. Vous pouvez également faire appel à vos proches pour avoir des noms d’avocats qui ont donné satisfaction. Le plus im-portant est de pouvoir communiquer avec votre avocat, donnez-lui le maximum de détails sur votre affaire : il fera le tri des informations. Il faudra également vous assurer sur le fait de savoir si l’avocat que vous avez choisi est bien un spécialiste de la matière qui vous concerne. En effet, il y a certaines matières très techniques qui imposent les conseils d’un spécialiste expérimenté. N’hésitez pas à rencontrer plusieurs avocats avant de faire votre choix et vous ferez forcément la diffé-rence de celui qui sait et celui qui est sûr ! Pour vos questions : [email protected]

Vous avez reçu une assignation, les étapes clés à respecter

MON AVOCAT

Page 7: Zaman France N° 232 - FR

ECO MARKET - 2Dijon Bölgesi’nde 1200 m2

Bourgogne Bölgesi’nin en büyük helal supermarketi

AÇILDI

ECO MARKET-2 ADRESCentre Commersial Saint exupery

rue antoine Saint exupery21300 CHENOVE

Page 8: Zaman France N° 232 - FR

Comment la Turquie a échappé à un nouveau coup d’Etat

Les projets de coup d’Etat avaient débuté en 2003 juste après que l’AKP

se soit retrouvé seul au gouvernement. La décision aurait été prise à l’issue d’un sémi-naire où se seraient retrouvés 29 généraux et 162 offi ciers et durant lequel le plan aurait

été appelé «Masse de forgeron» (Balyoz). Le coup d’Etat devait suivre le modèle de celui du 12 décembre 1980. Le plan de 5.000 pages comporte également les noms de 137 journalistes qui devaient coopérer avec le pouvoir militaire et de 36 autres qui devaient

être arrêtés. Les documents du plan Balyoz ont été analysés par le Conseil de la re-cherche scientifique et technologique de Turquie (Tübitak) et les laboratoires de cri-minologie de la police. Ce sont les résultats de ces analyses annonçant que «les docu-ments sont authentiques et qu’ils appar-tiennent bien aux personnes concernées» qui ont poussé les forces de sécurité à lancer les perquisitions et les interpellations. Les généraux ne nient pas l’existence de ce plan détaillé mais le présentent comme un entraî-nement stratégique interne à l’armée. Par ailleurs, la mise en œuvre d’une des quatre parties du plan, dénommée «Infi ltration» (Sizma), aurait déjà débuté. Cette première étape consistait à infi ltrer des organisations terroristes d’extrême droite et d’extrême gauche.

Faire croire à des menaces islamistes et grecquesL’une des parties du plan comportait l’opé-ration aérienne Oraj (Orage) et portait la si-

gnature présumée d’Ibrahim Firtina, ex-chef de l’armée de l’air. D’après le document, le «Devoir », titre de l’une des parties, du commandement des forces aériennes devait être de «s’assurer que l’état d’urgence soit décrété dans la totalité du pays et que l’ac-tion du Commandement de l’état d’urgence soit un succès». Il s’agissait aussi «d’accroître la tension avec la Grèce et de provoquer les intégristes». Selon la partie intitulée «Niqab et barbe», les mosquées de Fatih et de Beya-zit, d’Istanbul, devaient subir des attentats à la bombe, afi n de créer un climat de tension. Une force spéciale constituée de 9 militaires devait installer la charge explosive dissimu-lée dans un téléphone portable dans une des entrées des mosquées. La bombe de-vait précisément exploser au moment de la prière du vendredi, alors que les mosquées sont pleines de fi dèles. Par ailleurs, après les provocations militaires avec la Grèce, des groupes d’hommes barbus et en djellaba ainsi que des femmes en niqab devaient faire irruption au Musée de l’air.

La justice turque a lourdement condamné vendredi 21 septembre

plus de 300 offi ciers accusés d’avoir com-ploté pour renverser le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP), le premier verdict d’une série de procès au retentissement historique dans la Turquie moderne. La cour de Silivri, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Istanbul, a infl igé au «cerveau» du com-plot, l’ex-général Cetin Dogan, ancien commandant de la 1re armée, et aux an-ciens chefs de l’armée de l’air et de la ma-rine, Ibrahim Firtina et Özden Örnek, des peines de vingt ans de prison. Elle a égale-ment condamné 78 offi ciers à dix-huit ans et 246 autres à seize ans de réclusion. Vingt-huit d’entre eux ont vu leur sentence réduite à douze ans pour bonne conduite. Tous ont été reconnus coupables, à des degrés divers, de «tentative d’empêcher par la force l’ac-tion du gouvernement de la République», une peine passible de la prison à vie mais qui a été réduite car le crime, indépendam-ment de la volonté des accusés, n’a pas pu être réalisé, a indiqué la Cour. La plupart des accusés sont par ailleurs interdits à vie d’activité dans le secteur public. Trente-

quatre prévenus ont été acquittés à l’issue d’un procès qui a sonné la fi n de l’impunité d’une armée à l’origine de quatre coups d’Etat depuis 1960.

«Le Nuremberg turc»Au total, 365 offi ciers d’active ou à la re-traite, dont plusieurs anciens chefs d’armée et de corps d’armée, étaient poursuivis depuis décembre 2010 pour leur participa-tion à un complot dont le nom de code est «Masse de forgeron» (Balyoz). 250 d’entre eux étaient en détention provisoire. Selon le jugement de la Cour, cette conspiration avait pour objectif de chasser l’AKP du

pouvoir auquel il venait d’accéder un an plus tôt. Elle prévoyait une série d’attentats destinés à semer le chaos en Turquie et à justifi er une intervention de l’armée. Mais les inculpés ont tous contesté cette version des faits, prétendant que le plan incriminé n’était qu’un scénario d’exercice. Ce procès est la plus retentissante des procédures pour complot qui émaillent depuis 2007 la vie judiciaire turque, car il attaque frontalement une armée jusque-là intouchable, gardienne autoproclamée de la laïcité dans un pays à la population très majoritairement musul-mane. C’est, par ailleurs, la première fois qu’un tribunal civil condamne des militaires

pour tentative de coup d’Etat. Avant même le verdict très lourd rendu vendredi, ces dossiers ont été dénoncés dans les milieux pro-laïcité comme une chasse aux sorcières visant à faire taire l’opposition et à faciliter l’islamisation en catimini du pays. Pour-tant, pour Cengiz Candar, du journal de gauche libérale Radikal, de même que le procès des auteurs du coup d’Etat de 1967 en Grèce avait été qualifi é de Nuremberg grec, le procès Balyoz peut être qualifi é de «Nuremberg turc». Il écrit espérer que ce jugement marquera la fin dans l’histoire turque des coups d’Etat et des interventions de l’armée dans la sphère politique.

Pour la première fois en Turquie, des centaines d’offi ciers ont été condamnés pour avoir projeté de renverser par un putsch le gouvernement AKP. Pour de nombreux observateurs, ce jugement marque l’espoir

Le «cerveau» du complot, l’ex-général Cetin Dogan, ancien commandant de la 1re armée, a été condamné à vingt ans de prison.

Les détails macabres d’un plan de 5.000 pages

TURQUIE08 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Le «cerveau» du complot, l’ex-général Cetin Dogan, ancien commandant de la 1 armée, a été condamné à vingt ans de prison.

à un nouveau coup d’Etatà un nouveau coup d’Etatà un nouveau coup d’Etat

Page 9: Zaman France N° 232 - FR

Un verdict historique mais insuffi sant

Les minorités religieuses de Turquie ont accueilli avec une

grande satisfaction les verdicts pro-noncés, les décisions de la cour d’Is-tanbul étant susceptibles à leurs yeux de réduire la perspective d’un nou-veau coup d’Etat militaire, et d’épar-gner ainsi des minorités, qui, histori-quement, ont beaucoup pâti du pouvoir de la junte. S’adressant à Zaman, plusieurs représentants ont de manière unanime évoqué les plans de la junte élaborés dans le cadre de Balyoz et visant à menacer et à tuer des membres des minorités chré-tiennes en Turquie pour faire croire à l’Occident que les chrétiens du pays étaient opprimés par le gouverne-ment «islamiste» dirigé par le Parti de la justice et développement (AKP). Markar Esayan a ainsi déclaré que la junte avait des plans visant clairement les minorités et destinés à «dénoncer l’AKP auprès de l’Occident», néan-

moins le verdict dans cette affaire «prouve qu’une justice [indépen-dante] est possible en Turquie». «Les minorités ont toujours souffert des gouvernements militaires», a déclaré Mihail Vasiliadis, qui a ajouté se ré-jouir que le procès ait pu se clore dans des délais relativement courts. Souli-gnant que «les minorités ont toujours été instrumentalisées dans les com-bats politiques et les luttes de pouvoir en Turquie», M. Vasiliadis a ajouté qu’«Il est agréable de penser qu’il n’y aura plus de nouvelle intervention de l’armée [dans les affaires de l’Etat]».

Des réformes doivent suivre Le militant et écrivain arménien Hayko Bagdat a déclaré pour sa part qu’il «trouve la décision [de jus-tice] très positive, mais néanmoins insuffisante», évoquant les aspects non résolus de l’assassinat de Hrant Dink. «Nous avons été témoins des

agissements de l’Etat. Ils avaient déjà mis en œuvre le plan Cage. Nous connaissons les faits», a-t-il ajouté, dénonçant ainsi les arguments selon lesquels l’affaire Balyoz s’appuierait sur de faux documents. De même, le juge militaire à la retraite Ümit Kardas insiste sur l’insuffi sance du procès car, selon lui, il est impossible de mettre fi n aux coups d’Etat par le seul biais des décisions judiciaires. «On ne peut pas [rompre avec cette tradition de coups d’Etat en Turquie] en ayant recours aux [seuls] moyens judiciaires, à travers des décisions de justice : il faut plus de réformes structurelles» a-t-il déclaré. Il propose ainsi de «rat-tacher l’Etat-major au ministère de la Défense, et mettre ainsi fi n à son statut d’autonomie», de «modifi er la structure administrative des Forces armées turques» et d’«abolir le sys-tème judiciaire bicéphale [civil et mili-taire]».

De nombreuses voix insistent en Turquie sur l’insuffi sance de ce jugement qui devrait, selon elles, être suivi de profondes réformes afi n de limiter le pouvoir politique de l’armée.

En réponse aux critiques adressées au procès, l’ancien chef d’état-major qui était à la tête de l’armée durant les événements incriminés juge le procès équitable. Le général Hilmi Özkök a déclaré qu’il lui était impossible d’être de ceux qui critiquent le procès du coup d’Etat Balyoz, qui s’est achevé la semaine dernière, et de prétendre qu’il n’était pas impartial, ajoutant que tout ce qu’il y avait à faire était de respecter le verdict de la Cour. «Je ne peux pas dire une chose pareille [que le procès n’était pas équitable]. Parce que je ne suis pas juriste. Néanmoins, ce que j’observe en tant que citoyen, c’est que le jury a agi de manière très consciencieuse durant ce procès. Ils ont écouté les témoins. L’équipe d’experts a également fait ce qu’il fallait. Donc, je ne peux pas dire : "Le procès n’a pas été équitable"» a affi rmé le général Özkök, dans une déclaration publiée par plusieurs journaux turcs dimanche 23 septembre.

De gauche à droite, le journaliste et écrivain Markar Esayan, le rédacteur en chef du quotidien Apoyevmatini Mihail Vasiliadis, ainsi que Hayko Bagdat, écrivain, se sont félicités du verdict prononcé par les juges.

UN PROCES EQUITABLE SELON LE GENERAL ÖZKÖK

TURQUIE09 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Page 10: Zaman France N° 232 - FR

La Turquie déploie son armée à la frontière syrienne

L’armée turque a déployé samedi des canons et des

missiles anti-aériens à proximité d’un poste frontière avec la Sy-rie, où rebelles et forces gouver-nementales s’affrontent, selon les médias turcs. L’armée a ef-fectué le déploiement de ses armes de manière préventive à la suite de violents affronte-ments en Syrie pour le contrôle du poste frontière de Tall al-Abyad, selon la chaîne NTV News. Ce déploiement fait suite à un bombardement, jeudi 20 septembre, par les forces gou-vernementales syriennes proche de la ville frontière d’Akçakale, dans le sud-est du pays, et au cours duquel deux Turcs ont été blessés. Les forces syriennes tentaient alors de reprendre cette position aux rebelles. Les civils ont été blessés par des éclats d’obus qui ont explosé du côté syrien de la frontière. Un autre projectile trouvé à proxi-mité et qui n’a pas explosé, a été désamorcé. Mercredi 19 sep-tembre, les rebelles avaient pris

le contrôle du poste frontière qui se situe sur la route nationale entre la ville de Raqa dans le nord-est de la Syrie et la ville turque de Sanliurfa, où de vio-lents affrontements avec les troupes du président al-Assad se poursuivent. Trois autres civils avaient été blessés, le 18 sep-tembre, par des balles perdues tirées du côté syrien, encoura-geant les autorités locales à re-commander aux habitants de rester éloignés de la frontière. Les écoles du secteur sont fer-mées depuis lundi. Tall al-Abyad est à une centaine de kilomètres au nord de Raqa et le poste-frontière est relativement petit et mis en service depuis peu. De-puis juillet, les rebelles syriens qui combattent le régime du président Bachar al-Assad ont pris le contrôle des points de passage Bab al-Hawa, Al-Sala-ma et Jarabulus situés sur la frontière avec la Turquie. Ils ont également pris des points de passage entre l’Irak et la Syrie, sur la frontière orientale du pays.

Le président égyptien Mohamed Mor-si a estimé que son pays et les Etats-

Unis étaient de «vrais amis» mais pas forcé-ment des alliés, dans une interview publiée samedi soir par le New York Times. M. Morsi, attendu dimanche à New York pour une visite à l’ONU quelques jours avant l’assemblée générale de l’organisation, était interrogé sur

les propos tenus mi-septembre par le prési-dent américain Barack Obama, qui avait sur-pris en affirmant que les Etats-Unis ne «considér[aient] pas [les Egyptiens] comme des alliés», ni «comme des ennemis». Inter-rogé pour savoir s’il considérait son pays comme un allié des Etats-Unis, le président égyptien est resté évasif, répondant simple-

ment : «cela dépend de votre défi nition d’un allié». M. Morsi a toutefois estimé que les deux pays étaient de «vrais amis». Après les décla-rations de M. Obama, prononcées sur fond d’échauffourées devant l’ambassade améri-caine au Caire, plusieurs responsables améri-cains avaient tenté de rectifi er le tir. Le porte-parole du département d’Etat Victoria Nuland avait notamment estimé que Le Caire demeu-rait «un allié des Etats-Unis, non-membre de l’Otan». L’Egypte a le statut d’allié majeur non-membre de l’Otan depuis 1989, lui of-frant une coopération militaire privilégiée avec les Etats-Unis, comme l’Australie, le Japon, la Jordanie, Israël et la Thaïlande. Des milliers d’Egyptiens, en majorité des salafi stes, avaient manifesté le 11 septembre devant l’ambassade américaine pour dénoncer le fi lm anti-islam, qui a provoqué une vague de protestations violentes dans le monde musulman. Le diri-geant égyptien a souhaité rencontrer le prési-dent Obama à la Maison Blanche mais l’idée a été fraîchement accueillie par Washington et M. Morsi y a fi nalement renoncé, affi rme le New York Times.

Fotaaaaaaaao yaaaaaaaani

L’Egypte et les Etats-Unis sont des amis mais pas des alliés

INTERNATIONAL10 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

BREVES ECO

INDU

STRI

E Des voitures turques d’ici 2023Le ministre de l’Econo-mie turc, Zafer Caglayan, en est convaincu : son pays construira d’ici 2023 «ses propres voitures, ses avions ainsi que ses hélicoptères». Cette date de 2023 est sym-bolique, car elle correspond au centenaire de la Répu-blique turque. Le ministre des Transports, Binali Yil-dirim, avait déjà annoncé début 2011 que la Turquie se positionnait dans ce type d’industries, évoquant éga-lement la volonté du pays de construire ses propres satel-lites. La Turquie héberge de nombreux sous-traitants dans l’industrie. Mais pour le moment, elle ne dispose pas de ses propres filières.

Le nombre de manifestants contre les caricatures représente 0.01% de la population musulmane mondiale, selon Etienne Leenhardt qui s’exprimait au JT de France 2.0.01%

La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a rencontré le président égyptien Mohammed Morsi lundi 24 septembre à New York.

En réaction à un bombardement près de la ville frontière d’Akçakale par les forces syriennes, l’armée turque s’est déployée le long de la frontière.

Page 11: Zaman France N° 232 - FR

Le témoignage de paix du dernier moine de Tibhirine

L’esprit de Tibhirine, témoignage inédit du dernier moine survivant

du drame qui inspira le fi lm Des hommes et des dieux, fait revivre l’atmosphère de ces années de plomb en Algérie et se veut un message de paix entre les reli-gions en cette période de «détestation de l’islam». Le journaliste lyonnais Nicolas Ballet, qui cosigne avec frère Jean-Pierre ce livre figurant parmi les meilleures ventes de la rentrée des éditions du Seuil, y voit le signe d’un «intérêt pour un autre discours sur les relations avec les musul-mans», loin des fi lms islamophobes et autres caricatures. Le livre s’ouvre sur une lettre manuscrite de frère Jean-Pierre, 88 ans, évoquant son départ en 1964 du monastère trappiste de Tima-deuc, en Bretagne, pour «construire une

petite communauté implantée en plein milieu musulman, vivant pauvre parmi les pauvres». Aujourd’hui retiré dans un monastère au Maroc, le vieux moine ra-conte sa peur pendant la «décennie noire» des années 1990 marquée par la montée de l’islamisme.

Une croyance dans le dialogue interreligieuxAvec une candeur assumée, le moine évoque des souvenirs plus heureux, comme ce Credo composé par frère Cé-lestin «sur le ton de l’appel du muezzin» ou ces liens tissés avec les villageois. Lors de ses six semaines passées au monastère au Maroc, Nicolas Ballet a pu assister à la lecture du journal du prieur de Tibhirine, Christian de Chergé, qui figure parmi

les sept moines enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, puis tués. Il revient certes sur la nuit du rapt et la façon dont frère Jean-Pierre a eu la vie sauve (avec frère Amédée, mort en 2008) grâce au mensonge de Mohamed, le jardinier du monastère : «Ils ont demandé "Ils sont bien sept ?". Et il leur a répondu «C’est comme vous dites». Or, nous étions neuf». Mais si frère Jean-Pierre confi e que «connaître la vérité serait un soula-

gement pour tous», le livre n’a pas pour objet l’enquête sur la mort des moines, imputée au GIA. Le vieux moine refuse de prendre partie et évoque les islamistes comme «les frères de la montagne». Car, rapporte Nicolas Ballet, le message qu’a voulu faire le dernier survivant de Tibhi-rine avec ce livre est celui de sa croyance invaincue dans le dialogue entre chré-tiens et musulmans, fi dèle à «l’esprit de Tibhirine».

La rentrée littéraire est marquée par le témoignage inédit du dernier moine de Tibhirine, paru aux Editions du Seuil. Cet ouvrage basé sur une trentaine d’heures d’entre-tiens avec le frère Jean-Pierre est un vibrant appel au dialogue et à la paix entre religions.

Le nombre de riches asiatiques a surpassé celui des nord-américains pour la première

fois l’année dernière, mais le montant de leur for-tune a légèrement reculé et leur richesse totale est toujours à la traîne par rapport au continent nord-américain, selon le groupe Capgemini et RBC Wealth Management. La région de l’Asie-Pacifi que compte à présent 3.37 millions d’individus jouissant d’un patrimoine net élevé. Dans le jargon des sta-tistiques il s’agit du high net worth individuals (HNWI), soit le nombre d’individus pouvant à leur actif investir un million de dollars ou plus. En Amé-rique du Nord, ce chiffre s’élève à 3.35 millions et en Europe à 3.17 millions de personnes, ont souli-gné les groupes dans leur rapport. La richesse de l’Asie, dont 54 % est concentrée au Japon, 17 % en Chine et plus de 5 % en Australie, a vu le montant total des fortunes de ses citoyens passer de 10.7 trillions (milliers de milliards) de dollars en 2010 à 10.8 trillions, tandis que celle des Etats-Unis reste

toujours supérieure avec 11.4 trillions. Le rapport sur la richesse de la région Asie-Pacifi que, réalisé par Capgemini et RBC Wealth Management, est particulièrement attendu par les gestionnaires de fortune du monde entier, les agents immobiliers haut de gamme, les détaillants de produits de luxe, entre autres, qui souhaitent connaître où et com-ment les très riches investissent, et comment évolue leur patrimoine. Selon Claire Sauvanaud, la vice-présidente des services fi nanciers de Capgemini, la plupart des riches asiatiques ont construit leur for-tune grâce à un business familial, un modèle qui jusqu’à présent n’a pas beaucoup évolué : «il n’y a pas de changement important dans les différents postes de gestion des portefeuilles». Notons que le pays où, en volume, le nombre de riches a le plus augmenté est le Brésil, avec une explosion de + 6.2 %, ce qui ne signifi e en aucun cas qu’il y a moins de pauvres, mais peut au contraire être signe parfois, d’une augmentation des inégalités.

Plus de riches en Asie qu’en Amérique du Nord

En 2007, le cardinal Phi-lippe Barbarin, archevêque de Lyon, se recueille sur la tombe des sept moines de Tibhirine tués en 1996.

Une boutique Louis Vuitton à Shanghai, où la demande de biens de luxe est très forte.

INTERNATIONAL11 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Page 12: Zaman France N° 232 - FR

L’Anatolie fait son festival à Paris

MAUD DRUAIS PARISPour sa grande première, le festival d’Anatolie, dont Zaman France est

partenaire et qui se tiendra du 28 au 30 septembre au parc des expositions de Villepinte, a vu les choses en grand. «Nous attendons environ 5.000 per-sonnes» au cours de l’événement qui tendra à «devenir une tradition», assure Serap Okuyucu, l’une des organisatrices. Cette année, ce rendez-vous à l’initiative de l’Union des démocrates européens turcs (UETD) en France, mettra en avant la ville d’Istanbul, symbole de la splen-deur du passé et du présent de la Tur-quie. Le Grand bazar ainsi que cer-tains quartiers d’Istanbul, comme Ortaköy, seront ainsi reconstitués à une échelle réduite. Et, pour faire connaître ce pays qui a déjà attiré près de 400.000 Français en 2011, rien de moins que la présenta-tion de 17 arts traditionnels turcs, tels que le souffl age du verre, l’art de l’enluminure, de la céramique, de la marbrure, ou encore de la calligraphie.

De nombreuses activitésPour les petits comme pour les grands, des initiations sont prévues, animées par des artistes «arrivés directement de Turquie» pour partager leur savoir-faire, explique Mme Okuyucu. La gastrono-mie turque aura aussi une place spéciale,

avec de nombreuses dégustations autour d’un verre de thé. Parallèlement à ces différentes découvertes, d’autres acti-vités seront proposées aux visiteurs : ils pourront notamment admirer les toiles de peinture à l’huile de l’exposition «Efeler» de Mustafa Ali Kasap, la cérémonie soufi e du sema, ainsi que des représentations de danses folkloriques traditionnelles. Les arts cinématographiques seront aussi au rendez-vous, avec la projection du fi lm très largement récompensé Turkish Pass-port ; et du documentaire De l’Orient à

l’Occident, portant sur les civilisations successives au Moyen Orient.

Présenter les particularités de la TurquieLe but du festival est ainsi double : il «permettra aux visiteurs amoureux

de cette destination de vivre des moments de nostalgie et pour d’autres d’aller à sa découverte en voyageant le temps d’une visite dans cette ville» d’Istanbul. Il s’agit aussi, selon Serap Okuyucu, de présenter les «particularités de la Turquie et de cas-ser les préjugés associés à ce pays souvent méconnu» et de «donner envie aux visi-teurs de se rendre dans le pays». A travers tous ces stands et ces nombreuses activi-tés, les visiteurs sortiront avec une vision assez complète de la culture turque. Deux moments particulièrement forts sont au programme, avec les concerts de Ugur Isi-lak et de Mustafa Ceceli, respectivement les samedi 29 et dimanche 30 septembre.

Le premier festival d’Anatolie ouvre ses portes le vendredi 28. Organisé par l’Union des démocrates européens turcs en France, l’événe-ment veut faire connaître la richesse de la culture turque, et devenir avec le temps une manifestation annuelle incontournable.

La popularité en Croatie d’une série télé-visée turque sur le personnage histo-

rique du sultan ottoman Soliman le Magni-fi que a contribué au projet de reconstruction d’un pont dans l’est du pays dont il avait or-donné la construction. «Le moment n’aurait pu être meilleur pour notre idée. […] La diffu-sion de la série […] nous a beaucoup aidé pour attirer le soutien et l’intérêt pour le pont», a déclaré à l’AFP Sinisa Maurus, de la Société de l’amitié turco-croate à Osijek (est). Le feuille-ton Siècle magnifi que (Muhtesem Yüzyil) sur la vie du sultan, diffusé sur la chaîne commer-ciale RTL depuis plusieurs semaines, est deve-nu très populaire en Croatie. Le sultan a été de 1520 à 1566 à la tête de l’Empire ottoman, qui a régné sur les Balkans pendant environ cinq siècles. Le pont en bois à Osijek surnommé «Sultan Soliman», qui faisait huit kilomètres de long et était fabriqué sans clous, a été construit sur ses ordres. Il traversait la rivière Drava pour relier Osijek au village de Darda. Le pont a été détruit en 1686 par l’armée des Habsbourg qui

ont fait cesser le règne des Turcs sur le territoire actuel de la Croatie. L’association de M. Mau-rus, créée il y a quelques mois seulement, veut reconstruire le pont qui, selon elle, enrichirait l’offre touristique d’Osijek. Le projet est sou-

tenu par le conseil touristique local, ainsi que par l’ambassade turque en Croatie. Le coût de la reconstruction du pont est estimé à plusieurs millions d’euros qui seront fournis par le sec-teur privé, a précisé M. Maurus.

Une série permet de restaurer un pont ottoman

La mosquée de Fethiye, à Athènes, est l’un des nombreux vestiges ottomans de la région des Balkans.

EN BREF

JUST

ICE

CARI

CATU

RES Des livres pour

répondre aux insultesFace aux caricatures et autres blas-phèmes, le président de l’associa-tion des musulmans de Grigny Abdelhak Eddouk a lancé, le 21 septembre, l’opération «un livre face à l’insulte», qui a duré une se-maine. L’aumônier a acheté à moi-tié prix 430 exemplaires de Moham-mad, un Prophète pour l’humanité, de l’indien Mawlana Wahidudin Khan, à la maison d’édition Al-Azhar. Le religieux a ensuite de-mandé aux fidèles d’offrir «ce livre à un non-musulman, à ceux que vous connaissez, qui vont aborder le sujet avec vous» pour ainsi «ré-pondre pacifiquement à ceux qui nous insultent, et participer à faire connaître le Prophète».

Condamné pour menaces contre un consulat français.Un habitant de Limoges a été condamné, le 21 septembre, à cinq mois de prison avec sursis et des travaux d’intérêt général. Le jeune homme de 23 ans avait adressé des menaces de mort au consulat de France à Ankara. Il avait notam-ment mis en ligne une vidéo où il s’exhibait avec une arme et profé-rait des menaces de mort. Convo-qué le 19 septembre par la police de Limoges, il a reconnu les faits, expliquant avoir agi ainsi pour se plaindre de la lenteur des services consulaires. Il a aussi précisé lors de son audience avoir voulu «faire le buzz sur internet», car il rêvait d’une «carrière de vedette».

Déclaration au journal Le Monde de Brian White, analyste de la société de Bourse Topeka Capital Markets, à propos des ventes de l’iPhone 5. Ce chiff re n’atteint pas les 6 à 6.5 millions de ventes attendues en trois jours.‘‘

«Le chiff re de cinq millions est inférieur à nos attentes»

Mustafa Ceceli est l’un des chan-teurs invités au festival d’Anatolie.

CULTURE12 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Page 13: Zaman France N° 232 - FR
Page 14: Zaman France N° 232 - FR

CULTURE14 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Jeûner c’est, en substance, apprendre à être heureux avec moins. Pour les auteurs de cet ouvrage à la fois pratique et lumineux, le paradoxe n’est qu’apparent. Son absence même dénoncerait en creux la vaine prétention de notre société, qui associe le bonheur à la possession, au plus, au plein. Or la véritable plé-nitude est spirituelle, et ne peut qu’être telle. Et le jeûne

est par excellence le moyen de pouvoir libérer le corps du poids de la contingence, et partant, de se rapprocher de Dieu. Théologiens tous deux, les auteurs ont voulu rendre compte de cette ascèse spirituelle à partir de leur propre tradition. Anselm Grün est Bénédictin. Conseil-ler spirituel, il enseigne la méditation, le jeûne et la contemplation. Peter Müller

est éducateur et formateur. Il dirige des pèlerinages et forme des accompagnateurs de groupes de jeûneurs. Leur ouvrage a bénéfi cié de leurs savoirs complémentaires. Tandis qu’Anselm Grün rap-pelle l’arrière-plan spirituel du jeûne et son importance dans la vie du croyant, Peter Müller donne des recommandations pratiques pour l’organiser dans les meilleures conditions.

Le jeûne : libérer le corps pour libérer l’esprit

AGENDA CULTUREL

CINÉ

MA

EXPO

PHO

TOFE

STIV

ALCO

NFÉR

ENCE

-DÉB

AT

Ekümenopolis ou l’Istanbul sans finChoqué par l’absence de débat public sur la construction d’un troisième pont sur le Bosphore, et inquiet pour l’avenir de sa ville, le réalisateur Imre Azem se lance dans son premier docu-fiction (2011, Turquie, 1h28).Le 28 septembre à 18:00Institut hongrois92 rue Bonaparte75006 Paris

Takva, l’homme qui craint DieuUn croyant rigoriste devient col-lecteur de fonds pour une confrérie d’Istanbul et découvre les tenta-tions de la modernité. Un premier film éblouissant de maîtrise, dû à Özer Kiziltan (2006, Turquie / Alle-magne, drame, 1h36).Le 30 septembre à 20:45Artewww.arte.tv

Le bilinguisme est un cadeau, pas un fardeau !Alessandra Mapelli, ethnopsy-chiatre, montrera notamment comment la construction d’un bilinguisme «heureux» peut favo-riser la construction identitaire, la réussite scolaire et l’intégration des enfants.Le 1er octobre 2011 à 16:00 ou 18:00Maison d’Europe et d’Orient3, passage Hennel75012 ParisFrance

Les paysages urbains d’Istanbul dans la péninsule historiqueGravures, peintures, plans, cartes et photos offrent ici un point de vue historique sur Istanbul à la fois original et fort intéressant. Une exposition constituée à partir de la collection personnelle du profes-seur Aykut Karaman.Du 21 septembre au 30 octobreCentre culturel Anatolie77, rue La Fayette75009 Paris

1er Festival d’AnatolieTrois jours de festival destinés à faire connaître l’histoire, la culture et les arts turcs aux Français. Des monuments historiques reproduits en miniature, des concerts, des conférences, mais aussi des pro-duits et des services (ameublement, déco, habillement, organisation de mariages, joaillerie, photographie, arts traditionnels, gastronomie...).Du 28 au 30 septembreParc des Expositions de Paris-Nord VillepinteAvenue des Nations93420 Villepinte

A lire & à voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir...àààààààààààààààààààààààà&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&A lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lire &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

pelle l’arrière-plan spirituel du

FEST

IVAL

Jeûner avec le corps et l’espritde Anselm Grün et Peter Müller,

éditions Salvator, 224 pages, 20 €.

SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNISLe 29 août dernier sortait en salles La Vierge, les coptes et moi de

Namir Abdel Messeeh. En enquêtant sur les apparitions de la Vierge en Egypte, le réalisateur se proposait entre autres de rendre compte de ce lien entre chrétiens et musulmans que constitue le personnage de la Vierge. Marie oc-cupe en effet une place éminente en islam. Une sourate entière lui est dédiée (Maryam), ainsi que de nombreux autres versets. Marie représente en effet le modèle coranique du parfait croyant. Elle est toute entière dans cette soumis-sion patiente, cette humilité et cette sereine acceptation du décret divin qui sont les vertus premières du musulman. Dans le Coran, l’excellence de Marie est d’abord exprimée par la divine provision de boisson et de nourriture. Alors qu’elle est adossée au tronc d’un pal-mier, en prise aux douleurs de l’enfan-tement, une voix (celle de Gabriel ou de Jésus, selon les exégètes) l’appelle pour la consoler, et l’avertit de l’apparition d’un ruisseau à ses pieds et de la vivifi -cation du palmier, qui porte maintenant des dattes «fraîches et mûres» (XIX : 23-25). Prodige (karamât) selon Tabari, ou miracle (mu‘jiza) selon Jubbai, il y a là pour tous les exégètes un élément manifeste d’élection. «Mange et bois, rends à ton œil la fraîcheur. Au premier humain que tu verras, dis : «J’ai fait vœu au Tout Miséricordieux de jeûner. Je ne parlerai ce jour à personne !» » (XIX : 26). C’est en effet lorsque le croyant se met en état d’abstention que Dieu lui confère Sa Grâce : pendant que Marie jeûne / fait vœu de silence, Dieu envoie Sa propre nourriture et Son Verbe au monde. Jésus est Kalimat Allâh, «Parole de Dieu». Les épisodes de l’annoncia-tion et de la conception qui suivent font de Marie l’élément humain d’une triade qui magnifi e la puissance du Verbe di-vin : la nature physique de l’Ange venu

lui annoncer la naissance de Jésus ac-cuse la transcendance absolue que constitue le kun !, « sois !». Car «Dieu crée ce qu’Il veut. S’Il décrète une chose, Il Lui suffi t de dire : "Sois", et elle est.» (III : 47). Ailleurs, le Coran loue «celle qui préserva son sexe» (XXI : 91). Les exégèses varient de l’interprétation lit-térale (elle resta chaste) à d’autres plus imagées (elle protégea son encolure du souffl e de Gabriel). Néanmoins, il faut avoir à l’esprit qu’en islam la chasteté n’est pas une valeur : ce qui mérite l’approbation de Dieu, ce n’est pas tant la chasteté volontaire que l’obéissance à Ses lois, c’est-à-dire, en l’espèce : la modération et la pudeur, vertus dont ici encore, Marie est le parangon. «Du fi ls de Marie et de sa mère, Nous avons fait un signe» (XXIII : 50). Le singulier a retenu l’attention des commentateurs. Et notamment Razi, pour qui le miracle est ici à la fois en Marie et en Jésus, non

pas en tant qu’ayant été accompli par Dieu par leur biais (contrairement aux miracles que Jésus accomplira, par exemple), mais en tant que constitué par eux, qui dès lors constituent une unité. Des 25 occurrences du nom de Jésus dans le Coran, 24 sont constituées par la forme insécable «Jésus fils de Marie». Une des signifi cations essen-tielles de Marie est sans doute dans cette gémination avec la fi gure du pro-phète Jésus, assimilation qui procède de sa qualité de réceptacle du souffl e divin, elle-même liée à sa conduite respec-tueuse de la Loi. Elle sera ainsi, affi rme l’exégète al-Qurtubi, «parmi les pre-miers à entrer au Paradis, avec les pro-phètes», n’ayant pas, contrairement à Zacharie, demandé «de signe lorsqu’on lui annonça la Nouvelle». La Vierge a manifesté une confi ance en Dieu et un abandon total à Sa volonté. Elle incarne de fait le modèle du parfait croyant.

La Vierge Marie, modèle coranique du parfait croyant

La Pietà (1498-1499) est une statue en marbre de Michel-Ange de la Basilique Saint-Pierre du Vatican à Rome représentant la Vierge Marie.

Islam des m

ondes

Page 15: Zaman France N° 232 - FR

Mümtazer TürköneOPI

NIO

N15

28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Le chroniqueur Mümtazer Türköne insiste sur l’importance du caractère dissuasif des peines prononcées dans l’aff aire Balyoz mais rappelle que c’est grâce à d’autres militaires que le pire a pu être évité.

«Le coup d’Etat a été empêché par d’autres militaires»

L’affaire Balyoz n’était pas simplement le pro-

cès d’une tentative de coup d’Etat suivi d’une condamna-

tion. Cette affaire a également fini par montrer aux Turcs comment a pu être prise la décision d’élabo-

rer et de mettre en œuvre un coup d’Etat. Il faut avoir à l’esprit que la junte est une organisation, et que son acti-vité principale est de mener à bien un coup d’Etat et de prendre le contrôle du pays, pour concevoir à quel genre de travail complexe ses membres doivent se plier pour atteindre leur but. Ela-borer un coup d’Etat suppose en effet des calculs aussi complexes que difficiles, ainsi qu’une organisation ir-réprochable. D’autant plus si on songe que tout doit se faire sous le sceau du secret, et que, malgré le grand nombre de personnes impli-quées, aucune n’a violé la règle. Balyoz, c’est le procès d’une tentative de coup d’Etat, d’un coup d’Etat qui, s’il n’a pas été mené à bien, a néanmoins été minutieuse-ment préparé. Ce que la Cour a fait, c’est, devant les yeux du public, l’autopsie du crime, en exposer les instru-ments, aussi bien que les criminels eux-mêmes, et montrer comment et au moyen de quels instru-ments le véritable «assas-sinat» a été commis. Dans une affaire qui

compte 365 suspects et où l’ensemble des faits incrimi-nés ont été enregistrés, il est difficile d’imaginer qu’un élément puisse demeurer dans l’ombre. La lumière a donc été faite sur l’ensemble de l’affaire. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, per-sonne n’a été surpris par les condamnations.

Un coup d’Etat contre la volonté de l’état-majorMais l’affaire Balyoz n’a pas seulement permis de mettre en lumière, dans ses moindres détails, un plan de coup d’Etat, elle nous a éga-lement montré comment un c o u p d ’ E t a t s o i g n e u s e -ment préparé et pour lequel il n’y avait plus qu’à appuyer sur le bouton «on», pouvait être empêché. Le coup d’Etat Balyoz a été élaboré contre la volonté de l’état-major. Et il n’a pu être empêché que lorsque, au dernier moment, le commandant des forces

terrestres a changé de camp pour rejoindre la position de l’état-major. Dès lors, le coup d’Etat est devenu une action assumée par la seule 1re Armée d’Istanbul. Les affrontements personnels et les positions prises par certaines fi gures des Forces armées turques (TSK) ont, dans une perspective plus large, constitué également un facteur déterminant. Bref : un coup d’Etat planifi é par la 1re Armée d’Istanbul a été effectivement empêché par la coopération entre les

forces terrestres et l’état-major. Ce qu’il importe de retenir, c’est que le coup d’Etat a été empêché par d’autres militaires : le gouvernement, la sécurité natio-nale ou encore les services de ren-seignement n’ont

pratiquement joué aucun rôle ici. Ce que nous voyons donc, c’est qu’un responsable militaire irréfl échi a pu plani-fi er un coup d’Etat, en usant librement de la force mili-taire. Mais qu’à la fi n, il a été empêché par d’autres mili-taires. La première conclu-sion que nous pouvons en tirer est la suivante : s’il n’y avait pas eu de désaccord sur le sujet au sein de l’armée,

un coup d’Etat aurait certainement eu

lieu en Tur-quie au prin-

temps 2003. Plus grave en-

core : si l’armée décidait aujourd’hui de faire un coup d’Etat, élaboré et exécuté à tous les niveaux dans le res-pect de la hiérarchie, rien ne pourrait l’en empêcher. En fait, que le commandant des forces terrestres soit convaincu, comme ce fut le cas en 2003, et la Turquie sera de nouveau confrontée à un coup d’Etat, n’est-ce pas ?

L’importance de la dimension dissuasive des peinesIl est également vrai qu’il ne semble pas que le gouver-nement ou les divers corps de l’Etat disposent d’outils leur permettant d’arrêter un coup d’Etat. La conclusion est effrayante, mais c’est là la vé-rité. Ce que cela signifi e, c’est que toute une nation est obli-gée de compter sur la probité morale de quelques individus et ce, au sein de sa hiérarchie militaire. C’est la raison pour laquelle l’aspect dissuasif de l’affaire Balyoz est très important. Dans le prononcé des peines à l’encontre de 323 officiers de l’armée, un ensemble de sanctions éma-nant d’une institution exté-rieure à l’armée a été sollicité pour la première fois : la loi. Les réactions qu’ont suscitées les sentences lorsqu’elles ont été rendues publiques nous montrent qu’il existe toujours une atmosphère qui peut théoriquement inciter des of-fi ciers à envisager un putsch. La seule force assez puissante pour prévenir une telle action est maintenant la crainte sus-citée par les peines de 18 à 29 ans prononcées par les tribu-naux pour tentative de coup d’Etat. Ainsi, nous voyons

qu’en Turquie un tel projet a fait l’objet à la fois d’un jugement et d’une condamnation. Nous voyons dans le

même temps qu’il n’existe toujours pas de mécanisme de contrôle politique pour empêcher les coups d’Etat. Aussi la mesure qui s’impose aujourd’hui est-elle d’enta-mer un débat national sur la mise sous contrôle démocra-tique de l’institution [email protected]

‘‘«Au dernier moment, le commandant des forces terrestres a changé de camp»

Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin Paris 75010Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58, [email protected] manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP 112U90032

Imprimerie : ROTOCENTRE348, rue Marcel Paul 45770 SARAN

ISSN 1869-5795

Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ

Rédacteur en chef : EMRE DEMİ[email protected]

Gestionnaire administratif : FAHRETTIN TEKİ[email protected]

Responsable publicité : MEHMET SELVİ[email protected]

Secrétaires de rédaction :BAYRAM Ş[email protected] [email protected]

Directeur artistique :EVREN [email protected]

Edité par : Zukunft Medien GmbHSprendlinger Land Str. 107-10963069 Offenbach / Allemagne

SIDDIK İLHAN PARİ[email protected]

MEHMET DİNÇ Strasbourgm.dinç@zamanfrance.fr

OSMAN USTA [email protected]

Relations publiques :

Page 16: Zaman France N° 232 - FR

AZIZ OGUZ PARISKenan Sofuoglu est entré dans l’his-toire de la moto. En remportant le

championnat de Supersport, le turc est de-venu le premier pilote triple champion du monde dans sa catégorie. Et de quelle ma-nière ! Alors qu’il lui suffi sait de terminer quatrième du Grand Prix du Portugal, ce dimanche 23 septembre, le prodige turc a

bataillé toute la course pour terminer deu-xième derrière son rival français Jules Cluzel. «Même si je n’ai pas terminé premier, je suis très heureux», a déclaré le pilote en perfec-tionniste. D’autant plus qu’il a réalisé cette démonstration avec un genoux douloureux. Né en 1984, à Adapazari, près d’Istanbul, Kenan Sofuoglu a grandi dans une famille de motards. Son père est mécanicien de moto. Et alors qu’il est adolescent, ses deux grands frères, Bahattin et Sinan, sont déjà des pilotes professionnels en Turquie. C’est d’ailleurs en voyant son frère Sinan concou-rir à une course, en 1996, qu’il veut lui-même devenir pro. Quatre ans plus tard, il fait sa première course dans le championnat turc. Mais la Turquie n’est pas assez grande pour le talent du jeune prodige qui s’envole

en Allemagne en 2002, où en 2003 il fi nit deuxième du Grand prix d’Alle-

magne de Supersport. Sa carrière internationale est lancée. Et sa

progression est constante. En 2007, il devient le premier

turc à devenir champion du monde d’un sport moto. Il double la mise en 2010 en gagnant à nouveau le championnat de Supers-port.

Être champion malgré les tragédiesMais entre ses deux titres, le pilote vit une année totale-ment noire en 2008. Alors qu’il passe à la catégorie au-dessus, en Superbike, Kenan Sofuoglu est endeuillé par la mort de son frère Sinan. Ce-lui-ci meurt dans un accident de course en Turquie. Le pilote avait déjà perdu son autre frère, Bahattin, renversé par une voiture en 2002. Son année est catastrophique, mais promet-il, «Si Dieu le veut, je vais redevenir champion pour mes frères». Ce qu’il réussit avec brio. Aujourd’hui à nouveau au som-

met du monde, le pilote se voit concourir encore «3-4 ans» mais pas plus. Fatigué par le train de vie «diffi cile» de son sport, il dit vouloir ouvrir une école de moto dans sa région natale, à Sakarya, pour «former les stars de demain». En attendant, on retrou-vera le champion à l’occasion de la dernière course de la saison à Nevers au circuit de Magny-Cours, le 7 octobre prochain.

Premier champion du monde turc de moto, Kenan Sofuoglu est prophète en son pays. Le 23 sep-tembre, le pilote a façonné encore plus sa légende en glanant pour la troisième fois la couronne en Supersport. Un record dans sa catégorie.

Kenan Sofuoglu, le pilote prodige

Kenan Sofuoglu est triple cham-pion du monde de Supersport.

Page 17: Zaman France N° 232 - FR

-aaaa

aaaa

aaaaaaa

WWWaa 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

INTERNATIONALaa 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

EUROPEaa 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

ECONOMIEaa 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

TURQUIEaa 28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

FRANCESOCIETE

aaaa

28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

28 SEPTEMBRE - 4 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

ECONOMIEECONOMIEaaECONOMIE