zaman france n° 228 - fr

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12 07 La recrudescence de violences commises par des salafi stes au lende- main de la révolution tunisienne, marque-t-elle un tournant politique majeur dans l’histoire de ce pays où naquit le printemps arabe ? Pour les experts interrogés par Zaman France, si le phénomène salafi ste n’est pas récent dans le monde musulman, le soutien politique et nancier saoudien lui ont permis de gagner en puissance. L’âge moyen du mariage des femmes turques a augmenté, passant de 20 à 23 ans a révélé une étude de l’Institut turc de la statistique (Türk- Stat). Un changement qui traduit lui-même une évolution sociologique de la femme turque, plus active et plus indépendante fi nancièrement. INTERNATIONAL TURQUIE Les Turques se marient plus tard 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 N° 228 WWW.ZAMANFRANCE.FR La violence psychologique, meilleure arme du PKK ? Les astuces des grandes enseignes pour consommer plus r La persistance des attaques du PKK en Turquie et l’impasse sécuritaire du gouvernement serait-elle la traduction d’une impuissance plus profonde de l’Etat turc face à la ques- tion kurde ? D’après les experts turcs spécialisés sur le PKK, qui défendent une politique kurde équilibrée, Ankara a sous-estimé la nature psychologique des actions menées par l’organisation terroriste. R TURQUIE 08 r La multiplication de l’offre concurrentielle et la réduction du budget des ménages poussent constam- ment les grandes enseignes à plus d’inventivité pour inciter leur clientèle à surconsommer. Baisse des prix, design renouvelé ou encourage- ment à l’achat impulsif, les techniques mises en place ne poursuivent qu’un but : la maximisation des profits, même en temps de crise. R ECONOMIE 13 Pourquoi la Turquie échoue dans le sport La mauvaise prestation de la Turquie aux Jeux olympiques de Londres, avec seulement cinq médailles remportées, dont deux en or, soulève des interrogations sur les causes des contre-performances sportives turques. Pour les professionnels du secteur, les raisons de cet échec telles que l’insuffisance des fédérations, le manque d’entraîneurs et d’installations, peuvent être surmontées. 1SPORT 16 Le «génocide arménien» débarque au collège A l’occasion de la rentrée sco- laire 2012, le gouvernement français a fait inclure un chapi- tre sur le «génocide arménien» de 1915 dans les programmes d’histoire-géographie destinés aux élèves du secondaire. - Suite à la rénovation des programmes lan- cée par les ministres de l’Education nationale Xavier Darcos et Luc Châtel, les classes de troisième et de terminale d’enseignement général seront do- tées de nouveaux manuels scolaires pour la rentrée 2012. Pour la première fois, ces der- niers évoqueront longuement le «génocide arménien». En réalité, ce n’est pas la première fois que la question est traitée dans les manuels français, mais cette fois le fait historique n’est pas simplement cité. Certains de ces ouvrages développent sur deux pages pleines les évènements de 1915, photographies et cartes à l’appui. Chez Hachette, le «génocide» est traité en tant qu’évène- ment indépendant du contexte his- torique international de l’époque et comme un exemple type de «violence de masse», qui struc- ture tout le chapitre 3 de l’ouvrage sans toutefois en donner une dé- finition précise. R SOCIETE 06 La hausse des loyers menace le «petit Istanbul» à Berlin rEUROPE 09 50 % des médicaments vendus en ligne sont faux rSOCIETE 04 Le chiisme : un schisme clérical en islam rCULTURE 14 Le salafi sme, «un outil de la politique étrangère saoudienne» La guerre totale du KCK contre Ankara rEMRE DEMIR 02

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Zaman France N° 228 - FR

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1207La recrudescence de violences commises par des salafi stes au lende-main de la révolution tunisienne, marque-t-elle un tournant politique majeur dans l’histoire de ce pays où naquit le printemps arabe ? Pour les experts interrogés par Zaman France, si le phénomène salafi ste n’est pas récent dans le monde musulman, le soutien politique et fi nancier saoudien lui ont permis de gagner en puissance.

L’âge moyen du mariage des femmes turques a augmenté, passant de 20 à 23 ans a révélé une étude de l’Institut turc de la statistique (Türk-Stat). Un changement qui traduit lui-même une évolution sociologique de la femme turque, plus active et plus indépendante fi nancièrement. IN

TERN

ATIO

NAL

TURQ

UIE

Les Turques se marient plus tard

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 N° 228WWW.ZAMANFRANCE.FR

La violence psychologique, meilleure arme du PKK ?

Les astuces des grandes enseignes pour consommer plus

rLa persistance des attaques du PKK en Turquie et l’impasse

sécuritaire du gouvernement serait-elle la traduction d’une impuissance plus profonde de l’Etat turc face à la ques-tion kurde ? D’après les experts turcs spécialisés sur le PKK, qui défendent une politique kurde équilibrée, Ankara a sous-estimé la nature psychologique des actions menées par l’organisation terroriste. RTURQUIE 08

rLa multiplication de l’offre concurrentielle et la

réduction du budget des ménages poussent constam-ment les grandes enseignes à plus d’inventivité pour inciter leur clientèle à surconsommer. Baisse des prix, design renouvelé ou encourage-ment à l’achat impulsif, les techniques mises en place ne poursuivent qu’un but : la maximisation des profi ts, même en temps de crise. RECONOMIE 13

Pourquoi la Turquie échoue dans le sportLa mauvaise prestation de la Turquie aux Jeux olympiques de Londres, avec seulement cinq médailles remportées, dont deux en or, soulève des interrogations sur les causes des contre-performances sportives turques. Pour les professionnels du secteur, les raisons de cet échec telles que l’insuffisance des fédérations, le manque d’entraîneurs et d’installations, peuvent être surmontées. 1SPORT 16

Le «génocide arménien» débarque au collègeA l’occasion de la rentrée sco-

laire 2012, le gouvernement français a fait inclure un chapi-tre sur le «génocide arménien»

de 1915 dans les programmes d’histoire-géographie destinés

aux élèves du secondaire.

-Suite à la rénovation des programmes lan-cée par les ministres de l’Education nationale

Xavier Darcos et Luc Châtel, les classes de troisième et de terminale d’enseignement général seront do-tées de nouveaux manuels scolaires pour la rentrée 2012. Pour la première fois, ces der-niers évoqueront longuement le «génocide arménien». En réalité, ce n’est pas la première fois que la question est traitée dans les

manuels français, mais cette fois le fait historique n’est pas simplement cité. Certains de ces ouvrages développent sur deux pages pleines les évènements de 1915, photographies et cartes à l’appui. Chez Hachette, le «génocide» est traité en tant qu’évène-

ment indépendant du contexte his-torique international de l’époque et comme un exemple type de «violence de masse», qui struc-ture tout le chapitre 3 de l’ouvrage sans toutefois en donner une dé-fi nition précise. RSOCIETE 06

La hausse des loyers menace le «petit Istanbul» à Berlin rEUROPE 09

50 % des médicaments vendus en ligne sont faux rSOCIETE 04

Le chiisme : un schisme clérical en islam rCULTURE 14

Le salafi sme, «un outil de la politique étrangère saoudienne»

La guerre totale du KCKcontre Ankara rEMRE DEMIR 02

EMREDEMIR

EDITO

Le Parti des Travailleurs Kurdes (PKK) mène une «guerre totale» depuis un mois contre l’Etat turc en mobilisant tous ses moyens militaires, économiques, politiques et sociaux. Il saisit toutes les occasions et tous les moyens dont il dispose pour poursuivre cette guerre. Il court après la victoire en misant tout sur la ligne de front. Le confl it militaire qui a duré pendant deux semaines a Semdinli, l’attaque contre un véhicule militaire à Foça, la visite des députés du parti pro-kurde aux terroristes du PKK, et, en-fi n, le massacre qui a tué neuf civils dont quatre enfants à Gaziantep ne sont que des aspects différents de cette stratégie. L’Union des com-munautés kurdes (KCK), l’organisation clan-destine qui se pose en alternative kurde à l’Etat, appelle cette stratégie sanglante «la guerre du peuple». Même si le KCK n’a pas reconnu sa responsabilité dans l’attentat à Gaziantep, le suspect principal est un haut fonctionnaire de l’organisation. Le KCK est une organisation parapluie qui rassemble toutes les organisa-tions pro-kurdes, y compris le PKK, la branche armée du KCK. Au cours du procès sur le KCK qui a commencé en décembre 2009, un grand nombre d’hommes politiques kurdes, dont plu-sieurs maires du parti pro-kurde BDP, ont été arrêtés. L’enquête contre le KCK est perçue par la presse européenne comme une manœuvre politique du gouvernement actuel pour étouf-fer le mouvement kurde. Les organisations internationales continuent à faire pression sur la Turquie pour arrêter les opérations contre le KCK. Même si les failles du système judiciaire turc et certaines méthodes de ses procureurs méritent une critique, cette enquête contre le KCK n’est pas du tout une simple affaire poli-tique. Pourtant, l’horrible attentat à Gaziantep a montré que le KCK n’est pas un mouvement politique légitime mais une organisation crimi-nelle complice du PKK. Murat Filiz, le cerveau de l’opération terroriste qui a tué quatre enfants était le garde du corps de Murat Karayilan, qui se considère comme le chef du KCK. Le PKK a réussi à étendre ces attaques dans des grandes villes grâce a l’organisation urbaine du KCK qui a servi la logistique humaine et matérielle de l’organisation terroriste. L’enquête contre le KCK doit se poursuivre tout en respectant les critères universels des droits fondamentaux. Parallèlement, le gouvernement d’Erdogan doit répondre à toutes les demandes politiques, so-ciales et culturelles du peuple [email protected]

Des chercheurs ont découvert un gène qui permet au plant de riz de mieux se dévelop-per sur des sols très pauvres en phosphore ainsi que d’accroître les rendements de près de 20 %. Ce gène serait même actuelle-ment le seul rempart à une crise alimen-taire semblable à celle de 2007-2008 qui menace d’éclater avec la fl ambée des cours de céréales. Le riz, aliment de base pour trois milliards d’êtres humains, est stocké

jusqu’en 2013 et ses prix stagnent autour de 580 dollars la tonne pour le riz thaï. Les récoltes futures risquent d’être pénalisées par la stagnation des rendements. Toutefois, alors que le sol retient souvent étroitement le phosphore qu’il renferme et que seule une petite partie du précieux minéral pénètre les racines des plantes, le nouveau gène remédierait aux conséquences négatives de cette rétention.

Selon les derniers rapports des journaux locaux et nationaux, des sites et agences d’actualité compilés par Bianet, un réseau de communication indépendant, Istanbul se tient, une fois de plus, en haut de la liste du nombre de meurtres de femmes commis par des hommes en Turquie. La province de Bursa a, quant à elle, été le théâtre du plus grand nombre de cas de violences à l’encontre des femmes.

Mais encore, la province méridionale d’Antalya fait état du plus grand nombre de viols. Les hommes, auteurs des violences, sont en moyenne âgés de 23 à 58 ans, alors que les victimes ont entre 18 et 46 ans. A ce jour, la Turquie est signataire d’une Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Un riz pour remédier à la crise alimentaire La violence contre les femmes explose à Istanbul

...ET UNE MAUVAISEUNE BONNE...

NOUVELLE

Des Syriens fuyant les persécutions du régime de Bachar al-Assad trouvent refuge en Turquie. Ils passent la frontière au niveau du village de Reyhanli dans la province d’Hatay avant de subir le contrôle des soldats, qui les placent dans le camp de Cilvegozu.

Soliman le Magnifi que passionne les téléspectateurs

EMMANUELLE GRIMAUD PARISLe 21 août dernier, les nom-breux fi dèles de l’émission à

succès Secrets d’histoire se sont passionnés pour le destin de Soli-man le Magnifi que, le plus grand de tous les sultans ottomans. Et pour preuve, cette immersion dans le Moyen-Orient du milieu du XVIe

siècle a intéressé pas moins de 3,43 millions de téléspectateurs. L’his-toire du sultan a ainsi permis à France 2 d’enregistrer une part de marché de 18 %. Avec ce score, la chaîne prend la deuxième place du classement de première partie de soirée. Le documentaire, qui a été filmé à Istanbul et en France en collaboration avec le Conseil de la culture et de la présentation de Paris, était ponctué de déclarations de spécialistes du sujet (historiens,

écrivains). Pendant près d’1h30, Stéphane Bern se sera promené dans des cadres aussi sublimes qu’impressionnants tels le musée Sainte-Sophie ou le palais Topkapi à Istanbul et tant d’autres mer-veilles au gré d’une musique en-voûtante. Avec aussi, pour illus-trer le sujet du jour, de nombreux extraits d’une série télévisée turque à succès, diffusée en 2011, intitulée Le Siècle magnifi que, déjà distri-buée dans une quarantaine de pays.

Un documentaire plébiscité par les FrançaisEn raison d’une forte demande de la part des auditeurs, le documen-taire a été rediffusé dans la nuit du 25 au 26 août. L’émission Secrets d’Histoire, diffusée en début de

soirée sur France 2, et consacrée à Soliman le Magnifi que, valait donc le détour. En réalité, le documen-taire a remporté un grand succès populaire dès sa première diffusion en janvier 2011. Le Siècle magni-fique a aussi provoqué plusieurs

polémiques, de jeunes nationa-listes radicaux et certains poli-tiques ayant violemment protesté, en reprochant aux producteurs de «dépeindre leurs ancêtres comme des personnes lubriques dans des alcôves de harem».

Le documentaire Soliman le magnifi que, diff usé le 21 août sur France 2 dans le cadre de l’émission Secrets d’histoire a battu des records d’audience.

Le documentaire Soliman le magnifi que diff usé sur France 2 a réuni 3,43 millions de téléspectateurs.

FRANCE02 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La guerre totale du KCK contre Ankara

L’Institut de langue turque

prépare un nouveau

dictionnaire de la langue

des signes qui synthétisera

les diff érents dialectes

turcs.

MAUD DRUAISL’Institut de langue turque (Türk Dil Kurumu, TDK), fondé en 1932, a

commencé à travailler à l’unifi cation des différentes langues des signes dont se servent les personnes malentendantes en Turquie. Le ministère de la Famille et des politiques sociales, le ministère de l’Edu-cation et l’Institut de la langue turque

prépareront conjointement un dic-tionnaire de 1986 mots pour mettre fi n aux différences entre les lan-gues. Le quotidien turc Star a rapporté que les éducateurs spé-cialisés chargés de l’enseigne-ment du langage des signes commenceront leur activité après avoir été soumis à un exa-men sur ce nouveau diction-naire. Grâce à celui-ci, les dif-férences entre les langues des signes, dues aux erreurs des

professeurs, seront réduites. Un certifi cat d’interprète de la langue

des signes sera décerné à ceux qui pas-seront avec succès l’examen sur le nou-

veau dictionnaire. Cet examen n’aura lieu qu’une fois. La date limite d’inscription, qui a été déterminée par les directions provinciales de l’Education nationale turque sera le 21 septembre. Par ailleurs, le dictionnaire contiendra les signes des mots et expressions, mais pas leur signi-fi cation.

Un dictionnaire standardLe directeur de l’éducation spéciale au sein de l’Education nationale, Hakan Sari, a ainsi assuré que chacun pourra utiliser à sa guise l’un ou l’autre des dictionnaires. «Notre but, explique M. Sari, en publiant ce code standard de la langue des signes, c’est aussi de permettre à une personne malentendante de communiquer avec tout le monde dans n’importe quel hôpi-tal ou tribunal, et qu’il soit compris». La langue des signes est considérée comme une langue à part entière, avec des moda-lités visuo-gestuelles, qui diffèrent des langues dites audio-orales. Un diction-naire est déjà en ligne sur le site de l’Ins-titut de langue turque.

Un nouveau dictionnaire turc pour les malentendantsZoom

EN BREF

LYON

LIBY

E Destruction de sites soufi sLa directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, «a exprimé sa vive pré-occupation face à la destruction et à la profanation de sanctuaires soufis et de bibliothèques à Zliten, Misrata et Tripoli en Libye». Celle-ci «a appelé les auteurs à cesser immédiatement cette destruction». En effet, des isla-mistes radicaux ont démoli samedi le mausolée d’Al-Chaab al-Dahmani à Tripoli et profané le tombeau de ce sage, lieu de pèlerinage pour certains musulmans, notamment les soufis. Des mausolées à Zliten et à Misrata ont aussi été détruits.

Le recteur de la Grande mosquée menacé de mortLe recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a annoncé avoir reçu une lettre de menaces de mort pour laquelle il a porté plainte. Dans ce courrier manuscrit de quatre pages, l’auteur écrit en rouge : «Une bombe ça fait boum et toi c’est pas une tête de porc que tu vas retrou-ver devant ta mosquée mais la tienne [...]». «On reçoit à peu près une fois par mois une lettre de menaces de cette même personne, mais qui n’avaient pas la même tonalité», a affirmé le recteur.

Pour Alain Juppé, l’un «des points de clivage fondamentaux» dans le choix du candidat qu’il soutiendra pour la direction de l’UMP est l’islamophobie, contraire aux principes républicains.

M. Juppé «attend de voir ce que propose chacun des deux candidats».

‘‘«Un des points de clivage fondamentaux, c’est l’attitude vis-à-vis de l’islam»

EMMANUELLE GRIMAUD PARISA en croire le discours ambiant, nous vivons dans une société très violente. Celle-ci est instrumen-

talisée à coup de statistiques particulièrement douteuses que reprennent sans relâche les politiques dans leurs discours. Dans L’invention de la violence. Des peurs, des chiffres et des faits (Fayard), Laurent Mucchielli, socio-logue du CNRS spécialiste des questions de délinquance et de violence, s’en prend aux nombreuses idées reçues en la matière. La thèse du sociologue est de dire qu’il y a un décalage entre le discours des politiques ou des médias et la réalité de la violence. Son essai condense les recherches du sociologue sur ces dix dernières années en terme de sécurité. Ainsi, il prend appui sur de nom-breux travaux existants, dont les siens, pour passer en revue différents thèmes qui sont aujourd’hui au coeur du débat public. Dans son livre, Laurent Mucchielli étu-die le fait sociétal global, examine les chiffres, aussi bien que les statistiques offi cielles ou les résultats d’enquêtes de terrain auprès de la population.

L’insécurité, un fond de commerce politiqueIl propose également une réelle mise en perspective historique comme pour mieux démentir les déclarations alarmistes sur une prétendue augmentation brutale, un rajeunissement et une féminisation de la violence. En clair, Laurent Mucchielli pointe la confusion récurrente entre sécurité et sentiment d’insécurité. Il met à bas les fantasmes concernant la «montée de la délinquance» des mineurs, celle des étrangers ou des immigrés, ou encore les homicides et les viols. Il est vrai que l’insécurité est un problème sérieux qu’il est nécessaire d’étudier de façon scientifi que. Or, comme le montre Laurent Mucchielli dans son livre, c’est tout le contraire qui se produit. Le thème de l’insécurité est devenu un élément essentiel de la communication politique et le fond de commerce de certains partis ou mouvements politiques. Leurs déductions idéologiques sont motivées par l’appât du gain électoral au prix d’une exploitation de sentiments comme la xénophobie ou la peur. Le sociologue montre que ces sentiments révèlent plus que jamais l’état de notre société, l’évolution de nos valeurs, autrement dit les inégalités croissantes de richesse, les façons d’habiter les villes, les drames familiaux, l’échec scolaire, l’ampleur du chômage et la ghettoïsation de certains quartiers.

Souvent animés par des visées politiques, de nombreux discours confondent la violence, l’incivilité ou l’injure… De ces contradictions naît l’image d’une société de plus en plus victime de la violence. Le sociologue Laurent Mucchielli traite de ce problème dans son essai L’invention de la violence. Des peurs, des chiff res et des faits.

Comme l’explique le sociologue Laurent Mucchielli, il existe un véritable décalage entre la perception de l’insé-curité et l’insécurité réelle mesurée.

Les idées reçues sur l’insécurité décryptées

FRANCE03 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

cation et l’Institut de la langue turque prépareront conjointement un dic-

tionnaire de 1986 mots pour mettre fi n aux différences entre les lan-gues. Le quotidien turc rapporté que les éducateurs spé-cialisés chargés de l’enseigne-ment du langage des signes commenceront leur activité après avoir été soumis à un exa-

férences entre les langues des

des signes sera décerné à ceux qui pas-

50 % des médicaments vendus en ligne sont faux

MAUD DRUAIS PARISSusie, une Américaine de 62 ans, a un jour décidé de s’acheter des mé-

dicaments en ligne pour lutter contre ses troubles du sommeil. Ceux-ci contenaient de l’acide borique, et la patiente a dû se faire greffer un nouveau foie pour survivre. D’autres, comme elle, se sont procuré des pilules censées leur faire perdre du poids et sont devenues diabétiques à vie. Ces his-toires macabres relatées dans le cadre de l’opération annuelle Pangea, coordonnée par Interpol et l’organisation mondiale de la santé (OMS), afi n de combattre la vente illicite de médicaments sur Internet, viennent témoigner des dangers de s’en procurer sur la toile. Et le message de ces campagnes de sensibilisation est clair «Don’t be your own killer, buy from a legi-timate pharmacy» («ne soyez pas votre propre meurtrier, achetez dans une phar-macie légale»). Les autorités sanitaires de plus de 80 pays – dont l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) – tentent ainsi de réagir

face à un commerce qui augmente de façon exponentielle. Il suffi t de taper «pharmacie en ligne» pour tomber sur une myriade de sites vantant la possibilité d’acheter des médicaments sur Internet, et ce, avec ou sans ordonnance. En 2011, les douanes françaises ont procédé à la saisie de plus de 65.000 contrefaçons de médicaments, soit un progrès de 75 % par rapport à 2010. En réaction à ces prises record, le directeur général de la Fédération professionnelle des industriels du médicament (LEEM), Philippe Lamoureux, avait souligné qu’«à ce jour, en France, la vente de médica-ments sur Internet n’est pas réglementée».

Diffi culté de légiférerComme souvent sur le web, il existe un vide juridique qu’un arrêt de la Cour européenne – l’arrêt Doc Morris – avait tenté de juguler en 2003. Depuis, il n’y a toujours pas eu d’adaptation à la régle-mentation française. Les consommateurs de l’Hexagone se tournent donc souvent vers des offi cines autorisées à exercer sur le

territoire européen pour trouver des médi-caments en ligne. Malgré cette possibilité légale, 14 % des Français, soit 6,9 millions d’individus, reconnaîtraient pourtant ache-ter des produits délivrés uniquement sur ordonnance en dehors de ces circuits auto-risés, selon une étude de la société phar-maceutique Pfi zer en 2010. Il s’agit là d’un des travers propre à Internet : les pouvoirs publics rencontrent des diffi cultés à légi-férer sur la toile. Comment, par exemple, contrôler des sites internet hébergés en dehors du territoire national ? Rappelons qu’en principe les autorités sanitaires fran-çaises contrôlent tout le procédé, depuis la fabrication du médicament jusqu’à sa distribution en pharmacie. Avec Internet et l’émergence des «cyberpharmacies», tout ce processus est faussé, et selon une enquête de l’OMS publiée en 2012, 50 % des médicaments vendus en ligne sont des faux. Au mieux, ces derniers ne font aucun effet ; au pire, ils sont à l’origine de graves problèmes de santé, voire de la mort des patients.

Selon une étude de l’OMS parue cet été, 50 % des médicaments vendus sur Internet sont des contrefaçons. Un chiff re très élevé qui inquiète les autorités sanitaires, celles-ci peinant à faire cesser ce commerce illicite en pleine expansion.

C’était une promesse de cam-pagne de François Hollande

lors de la course à la présidentielle. Proposer des «emplois d’avenir» aux jeunes sans qualifi cation. Ils visent quelques 140.000 jeunes qui sortent chaque année de l’Education natio-nale sans diplôme. Le Conseil des ministres a examiné mercredi le pro-

jet de loi créant les 150.000 «emplois d’avenir». Ce texte sera le premier soumis aux parlementaires lors d’une session extraordinaire qui devait s’ouvrir la semaine du 24 sep-tembre mais qui a été avancée à celle du 10, les textes étant «prêts», selon le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies. Ces

emplois, subventionnés par l’Etat et principalement destinés aux jeunes de moins de 25 ans, ressemblent beaucoup aux emplois jeunes créés par Lionel Jospin entre 1997 et 2002. L’Etat fi nancera ces nouveaux em-plois à hauteur de 75 % du SMIC brut. Les employeurs verseront le reste.

Le gouvernement crée 150.000 emplois-jeunes

En France, seules 22.500 offi cines sont autorisées à vendre des médica-ments.

Canan Özenici

Si la création d’une SCI (société civile immobilière) n’est pas une fi n en soi, l’acquisition des biens immobiliers via cette structure juridique constitue dé-sormais le schéma d’acquisition clas-sique, et cela même pour les particu-liers… surtout lorsque l’acquisition est réalisée par plusieurs personnes. Mais pour quelles raisons ? Ce type de struc-ture permet, dans un premier temps, d’éviter les situations d’indivision. Les droits de propriété de chacun des asso-ciés portent sur les parts sociales de la société et non sur l’immeuble directe-ment, ce qui permet d’optimiser toute la gestion de l’immeuble et d’éviter les situations de blocage. Ainsi, dans la société, chacun exprime son point de vue sur l’immeuble dont il est ques-tion et la décision est prise à la majo-rité en fonction du nombre de parts détenu par chacun des co-associés. De la même manière, dans le cas où la société accueille un local destiné à une activité commerciale ou artisanale par exemple, elle permet d’isoler la valeur de l’immeuble à construire des risques liés à l’activité de la société qui occupe les locaux. A long terme, la détention d’un immeuble à travers une telle structure permet également d’éviter le démembrement du patrimoine foncier, lorsque la personne qui l’a constitué vient à décéder en laissant plusieurs héritiers. Ces derniers ne peuvent pas, en effet, demander le partage en nature des immeubles, puisque leurs droits dans la succession portent sur des parts sociales et non pas sur les immeubles directement, ce qui permet de conser-ver l’actif immobilier intact. Toutefois, il faut préciser qu’à l’égard des tiers, les associés de la SCI répondent des dettes sociales proportionnellement à leur part dans le capital social. Même si le risque est limité quand on connaît la valeur des patrimoines immobiliers au-jourd’hui et leur rentabilité, il convient tout de même de le prendre en consi-dération. De plus, il faut noter que la SCI est une véritable société. Ce statut implique la réalisation de formalités diverses comme la tenue d’une assem-blée générale annuelle, la souscription d’un compte propre à la société auprès d’une banque… A défaut, l’administra-tion fi scale peut requalifi er la société et la soumettre à un redressement fi scal. Pour vos questions : [email protected]

Biens immobiliers : les avantages de la SCI

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Le «génocide arménien» débarque dans les ouvrages scolaires

EMMANUELLE GRIMAUD PARISSuite à la rénovation des programmes lancée par les ministres de l’Educa-

tion nationale Xavier Darcos et Luc Châtel, les classes de troisième et de terminale d’enseignement général seront dotées de nouveaux manuels scolaires pour la rentrée 2012. Pour la première fois, ces derniers évoqueront longuement le «génocide armé-nien». En réalité, ce n’est pas la première fois que la question est traitée dans les manuels français, mais cette fois le fait historique n’est pas simplement cité. Certains de ces ouvrages développent sur deux pages pleines les évènements de 1915, photogra-phies et cartes à l’appui. Chez Hachette, le «génocide» est traité en tant qu’évènement indépendant du contexte historique inter-national de l’époque et comme un exemple type de «violence de masse», qui structure tout le chapitre 3 de l’ouvrage sans toutefois en donner une défi nition précise. Pour illus-trer le sujet, les auteurs proposent un total de six documents. Un encart est consacré au vocabulaire défi nissant les termes «camp de concentration», «déportation», «génocide» et «nationalisme». Une carte intitulée «Les lieux du génocide arménien» indique la zone des massacres de 1915, les routes de déportation et les camps de concentration. Mais encore, trois textes extraits d’une af-fi che placardée par le gouvernement otto-man, d’un entretien avec un historien et d’un rapport du consul américain d’Alep viennent interpeller les élèves. Parmi ces

documents, l’analyse de François Georgeon donne le ton : «Il s’agissait pour le ministre de l’Intérieur ottoman Talat Pacha de faire de l’Anatolie un espace homogène sur le plan ethnique et donc d’en chasser les Ar-méniens».

Des répercussions diplomatiques ?La double page est également illustrée d’une photographie ainsi que d’un tableau chiffré faisant état du bilan humain des évè-nements de 1915. Chez Hatier, le cours est construit de manière similaire. En revanche, l’éditeur reprend le thème dans une sous-

partie d’une page consacrée aux «Violences de la guerre». Une modification du pro-gramme qui n’est pas du goût de la classe politique turque qui craint de mauvaises ré-percussions sur les élèves franco-turcs… Le fait de traiter des évènements de 1915 dans l’enseignement secondaire français pourrait à nouveau affecter les relations bilatérales avec Ankara. La Turquie était jusqu’alors optimiste quant au rétablissement des rela-tions avec la France après l’élection du nou-veau président François Hollande, le 6 mai. Les relations entre les deux pays avaient commencé à s’apaiser après la décision en

février dernier de la Cour constitutionnelle de ne pas adopter une loi sur la négation du «génocide», la jugeant anticonstitution-nelle. Plus tôt, en décembre, la Turquie avait annulé toutes les relations économiques, politiques et militaires prévues avec la France, après que le Parlement français ait voté en faveur du projet de loi. Pour l’heure, le gouvernement turc examine les fameux livres scolaires afi n de s’assurer qu’aucune expression n’incrimine la Turquie. Si tel est le cas, la Turquie pourrait bien répondre par des canaux diplomatiques, conformément au droit international.

La décision d’introduire dans le programme d’histoire-géographie une double page sur le «génocide» arménien a suscité un tollé en Turquie. Retour sur les réactions des acteurs politiques et diplomatiques turcs.

A l’occasion de la rentrée scolaire 2012, le gouvernement français a fait inclure un chapitre sur le «génocide arménien» de 1915 dans les programmes d’histoire-géographie destinés aux élèves du secondaire.

MAUD DRUAIS PARISL’enseignement du «génocide» arménien dans le programme

scolaire des élèves de troisième en France a suscité de vives critiques à travers la Turquie. Ainsi, Nabi Avci, le président de la Commission de l’édu-cation nationale, de la culture, de la jeunesse et des sports au Parlement turc a accusé le gouvernement français de planter les graines de la haine au sein de la jeunesse de France en intro-duisant dans le programme d’histoire-géographie un chapitre sur le «géno-cide» arménien. Il a ajouté au cours d’une interview accordée à Zaman que «l’érosion de la culture française et le glissement de la politique française vers l’extrême droite qui a commencé avec

Sarkozy continuent d’avoir un impact négatif sur le système scolaire fran-çais». Dans la foulée, l’ambassadeur de Turquie en France, Tahsin Burcuoglu a confi é lors d’une interview à l’agence de presse Cihan que cette décision avait «mis en colère» la Turquie, en soulignant que celle-ci n’était pas ré-cente mais émanait du gouvernement Fillon.

Un gouvernement qui n’a pas appris «la leçon»Il a également souligné que ce n’était pas la première fois que cette question était évoquée dans les livres du pro-gramme de l’Education nationale, mais que la nouveauté résidait dans la place conséquente qui y était consacrée. Tah-

sin Burcuoglu a ajouté que l’ambassade suivait avec attention les développe-ments concernant cette question et a exhorté les Turcs de France à se mobiliser autour de cette question. Egemen Bagis, le ministre des Affaires euro-péennes et négociateur en chef pour l’entrée dans l’UE a quant à lui ironisé. «Regardez, le peuple français a envoyé à la pêche le précédent gouver-nement pour avoir mis en place de mauvaises politiques [...]. Il semble que les poli-tiques de ce pays n’ont pas appris la leçon qu’ils ont reçue», a-t-il déclaré.

L’indignation des politiques turcs

L’enseignement du «génocide arménien» sera intégré dès cette année dans les programmes d’histoire des collégiens français.

SOCIETE06 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

avec attention les développe-ments concernant cette question et a exhorté les Turcs de France à se mobiliser autour de cette question. Egemen Bagis, le ministre des Affaires euro-péennes et négociateur en chef pour l’entrée dans l’UE a quant à lui ironisé. «Regardez,

nement pour avoir mis en place de mauvaises politiques [...]. Il semble que les poli-

ues de ce pays n’ont pas appris la leçon qu’ils ont reçue», a-

Tahsin Burcuoglu, l’ambassadeur de la Turquie en France, s’est indigné contre l’enseignement du «génocide arménien» dans le nouveau programme d’histoire de 3e.

Les Turques se marient plus tard

Le nombre de femmes qui choisissent de se marier plus tard dans la vie a

augmenté ces dernières années en Turquie, d’après une étude de l’Institut turc de la sta-tistique (TürkStat) sur le mariage et le divorce pour l’année 2011. Par le passé, elles étaient nombreuses à choisir ou à se voir contraintes de se marier très jeunes pour des raisons fi -nancières ou pour se libérer de la pression familiale et sociale qui pousse à se marier avant d’être «trop vieux». Néanmoins, l’amé-lioration de la situation financière des femmes et le fait que l’attitude des Turcs vis-à-vis du mariage plus tardif a commencé à changer font qu’un nombre grandissant de femmespréfèrent aujourd’hui reporter leur mariage. D’après le Berlin-Institut, elles se marient en moyenne à l’âge de 23 ans au-jourd’hui, contre 20 ans en 1975. Bien que la probabilité de divorce pour les conjoints de plus 30 ans soit élevée, on observe une aug-

mentation de 70 % des mariages pour la tranche 30-44 ans, d’après la Direction géné-rale de l’état civil et la nationalité. Pour Ala-nur Özalp, psychothérapeute familial, c’est là un phénomène positif : «L’âge moyen actuel du mariage pour les femmes ne doit pas être considéré comme tardif. Il semble qu’il y ait moins de problèmes fi nanciers. En outre, les couples plus âgés sont aussi plus stables.»

Un handicap pour poursuivre ses étudesNurhan Öztürk, une Turque qui vit au Canada, rappelle qu’autrefois une femme qui était encore célibataire à l’âge de 22 ans était considérée comme ayant «manqué le coche». C’est ainsi qu’en 1989, alors qu’elle était âgée de 20 ans, elle a dû abandonner ses études pour pouvoir se marier. Chez d’autres femmes, au contraire, la recherche de meilleures opportunités d’emploi ou

d’une évolution de carrière conduit à repous-ser le mariage. Les gens qui se sont mariés il y a quatre ou cinq décennies avaient le sentiment que se marier à un âge précoce était une nécessité. Zahide, 62 ans, explique

ainsi que son mariage à l’âge de 20 ans était à l’époque considéré comme très tardif. «A 17 ans, une fi lle était censée être déjà mariée, et à cette époque-là beaucoup n’avaient pas reçu d’éducation», a-t-elle expliqué.

L’âge moyen du mariage des femmes turques a augmenté, passant de 20 à 23 ans, a révélé une étude de l’Institut turc de la statistique (TürkStat). Un changement qui traduit lui-même une évolution sociologique des Turques, plus actives et plus indépendantes fi nancièrement.

Le concours des femmes entrepreneurs de Turquie est organisé chaque année par la revue Ekonomist et Garanti Bankasi en partena-riat avec l’association des femmes entrepreneurs de Turquie.

TURQUIE07 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La violence psychologique, meilleure arme du PKK ?SEVGİ AKARÇESME

On ne peut pas s’empêcher de se poser la question : la Turquie souffre-

t-elle d’impuissance après des décennies passées à résister au terrorisme ? L’idée d’une sécession des Kurdes de Turquie, jusqu’alors éminemment taboue, est main-tenant évoquée à voix haute, notamment à l’ouest du pays. Confi rmant le fait que la société turque baignait dans une atmos-phère de désespoir dûe à l’acharnement du PKK, un expert en terrorisme qui a sou-haité garder l’anonymat, a affi rmé qu’«il y aura une question turque si ce processus est mal géré». Cet expert a également ajouté qu’en Turquie Kurdes et Turcs sont mélan-gés dans une proportion qui tranche avec ce que connaissent les pays de la région, les Kurdes de Syrie, d’Iran et d’Irak vivant iso-lés du reste de la population. Gültekin Avci, ancien procureur et chroniqueur du journal Bugün, affi rme que le but de toutes les or-ganisations terroristes est de créer le senti-ment qu’elles exercent un contrôle sur la société. «Les organisations terroristes veulent établir un contrôle sur la psyché de la société en instillant le désespoir et le pes-simisme et en ruinant la confiance dans l’Etat», a-t-il déclaré.

Le PKK ne représente pas le Kurde moyen ! Pour Nihat Ali Özcan, expert de la Fonda-tion turque pour la recherche en politique économique (TEPAV), «il est impossible de parler d’une réaction uniforme au sein d’une population de 74 millions d’indivi-dus», explique-t-il, ajoutant que «le ter-rorisme vise à augmenter le sentiment de frustration chez certains, tout en essayant de donner aux autres l’impression qu’ils ont été vengés». M. Özcan évoque ainsi le pou-voir structurant de la violence au sein de la société et constate que du point de vue de l’organisation terroriste PKK «tuer des sol-dats ou des policiers est légitime, mais tuer des civils ne l’est pas», quoiqu’il lui arrive parfois de viser des civils, comme ce fut le cas dans la récente attaque de Gaziantep. L’expert anti-terroriste et chroniqueur au journal Taraf, Emre Uslu, considère éga-lement que créer un sentiment d’empri-sonnement au sein de la société est un des objectifs du PKK. «Ils ne se contentent pas comme par le passé d’essayer de créer des zones de non droit, mais tentent d’accuser

la fracture psychologique en laissant penser aux Kurdes qu’il n’y a pas d’Etat, qu’il n’y a que le PKK» ajoute le chroniqueur de Taraf. De même, l’ancien procureur Avci affi rme que les Kurdes, en particulier, tendent à préférer l’autorité qu’ils supposent être la plus forte. Il est ainsi partisan d’une position plus ferme dans la lutte contre le terrorisme tant que les montagnes abrite-ront des terroristes du PKK, et milite en faveur de l’octroi de davantage de droits aux Kurdes comme l’éducation dans leur langue maternelle et une citoyenneté défi -nie sur une base constitutionnelle. Il ne fait pas de doute que le PKK ne représente pas le Kurde moyen, ni même une majorité de Kurdes en Turquie. Si c’était le cas, l’aile politique de l’organisation terroriste, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP) serait beaucoup plus fortement représen-tée, compte tenu de l’importance de la population kurde en Turquie. Cependant, il est également indéniable que le BDP, et donc indirectement le PKK, a presque dé-tourné la «défense des droits des Kurdes» à son profi t, ce qui a marginalisé la question, compromettant les possibilités de progrès.

D’un autre côté, selon Emre Uslu, l’Etat peut toujours réparer la fracture psycholo-gique, en particulier dans l’ouest du pays, et ce en visant le leadership du PKK.

La précipitation du gouvernementIl y a un quasi-consensus parmi les ex-perts antiterroristes pour recommander une position ferme vis-à-vis du PKK, une organisation qui n’a jamais cessé de re-courir à la violence. Mais, heureusement, il y a également consensus sur la nécessité d’accroître la démocratisation et de don-ner, quoique tardivement, leurs droits aux Kurdes. Tout le monde est d’accord pour dire que le fait d’avoir dénié ces droits par le passé a contribué au développement du terrorisme, et servi de prétexte au PKK. Le professeur Avci, qui reproche au gouverne-ment de ne pas avoir consulté les experts en psychologie politique sur cette question, souligne l’importance de développer ces droits dans les moments d’accalmie, car le contraire – donner davantage de droits en période d’attaques terroristes – amènerait à penser que c’est la violence qui fait avancer les choses.

La persistance des attaques du PKK en Turquie et l’impasse sécuritaire du gouvernement serait-elle la traduction d’une impuissance plus profonde de l’Etat turc face à la question kurde ? D’après les experts turcs spécialisés sur le PKK, qui défendent une politique kurde équilibrée, Ankara a sous-estimé la nature psychologique des actions menées par l’organisation terroriste.

Décombres d’un bâtiment en-dommagé dans une attaque du PKK la semaine dernière à Gaziantep. Neuf personnes ont été tuées dans l’explo-sion, dont un bébé de 1 ans.

BREVE ECOIM

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Selon les derniers chiff res de l’Insee, 14 % de la population française dispose de 60 % ou moins du revenu médian, soit 954 euros par mois pour vivre. 14

Le marché turc ouvert aux ChinoisUne nouvelle loi immobilière turque, approuvée récemment par le pré-sident Abdullah Gül, ouvre sous conditions le marché immobilier aux ressortissants chinois. Une décision qui ne peut que booster les investis-sements chinois en Turquie. Les res-sortissants chinois doivent demander une permission au ministère turc de l’Intérieur pour pouvoir acquérir un bien dans le pays. De plus, d’après la loi, les citoyens chinois ne peuvent acheter des maisons en Turquie que dans le but d’y habiter. Cette nou-velle loi représente la plus grande ouverture du marché de l’immobilier turc aux investisseurs étrangers. Plus généralement, le texte autorise désor-mais 183 nationalités à investir dans l’immobilier en Turquie contre 89 auparavant. Il a pour but principal de rendre la Turquie plus accessible aux investissements étrangers.

TURQUIE08 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

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EUROPE09 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La hausse des loyers menace le «petit Istanbul» à Berlin

La fl ambée des loyers à Berlin menace de faire voler en éclat

la vitrine cosmopolite de Kreuzberg, fi ef d’une importante communauté turque, poussée de plus en plus à quitter ce «petit Istanbul» pour la banlieue. Les classes populaires de ce quartier de l’ancien Berlin-ouest à l’histoire et au paysage profondément marqués p a r l ’ i m m i g r a t i o n turque depuis les an-nées 1960, subissent depuis quelques an-nées un rattrapage bru-tal de leurs loyers. La hausse moyenne du bail à la reloca-tion, dans cet arrondissement popu-laire mais réputé branché, a atteint 11 % en 2011, l’une des plus fortes dans la capitale allemande, notamment à cause de l’afflux d’étudiants et de jeunes couples. La fl ambée de l’im-mobilier est un phénomène général à Berlin, où des experts craignent la formation d’une bulle spéculative. Mais Kreuzberg, qui compte 280.000 habitants, est d’autant plus impacté qu’après la chute du Mur en 1989 et la réunifi cation des deux parties de la ville, la municipalité a vendu en masse des dizaines de milliers de logements sociaux à des groupes immobiliers privés qui peuvent aug-menter les loyers à leur guise. Paral-lèlement, cette partie de Berlin-ouest coincée contre le mur, s’est retrouvée en plein centre de la cité.

Un quartier turc qui s’embourgeoise !Aujourd’hui encore, beaucoup de ces logements sociaux sont occupés par des familles turques. Attachées à leur quartier, certaines ont décidé de rejoindre un mouvement de protestation local. Depuis juin, une centaine d’habitants gravitent ainsi autour d’un campement permanent installé à «Kottbusser Tor» pour ré-clamer un plafonnement des loyers. «Nous resterons ici jusqu’à ce que les loyers aient baissé», prévient Detlev Kretschmann, 63 ans, un des piliers du mouvement. «Arriverons-nous à tenir ? C’est une autre question», ajoute ce musicien en sirotant un café devant une assiette de pâtisse-ries turques. Selon lui, des familles ont déjà été contraintes de déména-

ger. Il évoque notamment cet ancien habitant, parti vivre en banlieue, qui a pleuré récemment en venant soute-nir le campement, ému de retrouver son quartier. Autour de ce carrefour, dominé par les barres d’immeubles

e t emblémat ique du Kreuzberg «multikulti», grouille toute une acti-vité autour des épiceries, étals de fruits et légumes à prix cassés, restaurants rapides, locaux associa-tifs, turcs pour la plupart. Et, à un jet de pierre, une mosquée fl ambant neuve. Signe que l’embourgeoi-

sement avance, des magasins bio, inabordables pour la plupart des familles vivant ici, ont commencé à pousser comme des champignons. «Hors de question que je parte» en banlieue, «là-bas il n’y a aucun bus, tout est mort», lâche une femme turque, sous couvert d’anonymat.

Plafonner les loyers ? Pas réaliste pour le maire du quartierFatih Ulutürk, un étudiant de 21 ans dont la famille vit ici depuis plus de deux générations, accuse la munici-palité de vouloir «sortir les Turcs de Berlin». «Nous avons construit notre vie ici. Mais si les loyers continuent de grimper il est fort probable que nous devrons déménager», regrette-t-il. Le jeune homme, qui paie 600 euros par mois pour son deux-pièces, craint la casse du «vivre-ensemble» avec «des minorités parquées en périphérie, sur le modèle de Paris». Le maire du quartier, Franz Schulz, fait parfois un saut au campement pour déposer des petits pains. Mais il ne partage pas les revendications des manifestants. Selon l’élu écologiste, plafonner les loyers ne serait pas réaliste. «Cela ne concernerait que le logement social et obligerait Ber-lin déjà lourdement endetté à verser des sommes colossales aux bailleurs» pour les dédommager du manque à gagner. En attendant, plusieurs groupes immobiliers ont concédé aux manifestants des baisses de charges et la garantie que personne ne sera expulsé en cas d’impayé. Et la ville promet la construction de 30.000 logements sociaux par an pour ac-cueillir des familles modestes.

Les habitants du «petit Istanbul», un quartier majoritai-rement turc de Berlin, sont confrontés à une hausse considérable des loyers qui ont augmenté de 11 % depuis 2011. Un mouvement de protestation de Turcs berlinois s’est mis en place.Le quartier

du «petit Istanbul» à Berlin qui compte 280.000 habitants regroupe une forte population turque.

Sousse: +216 2 4 27 81 29Den Haag: +31 6 29 93 71 80

Istanbul: +90 216 632 7066

Stuttgart: +49 15787014798

München: +49 89 54 3 8688Mannheim: +49 178 7625833Antwerpen: +324 86 70 76 19Montpellier: +336 05 12 41 24

Lyon: +336 11 22 74 35Paris: +336 79 40 78 78Besançon: +333 81 53 19 25Strasbourg: +336 22 94 51 55

‘‘«Nous resterons ici jusqu’à ce que les

loyers aient baissé»

INTERNATIONAL10 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

EN BREF

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OZAM

BIQU

E Le port du voile autorisé à l’écoleLe gouvernement du Mozambique a au-torisé les élèves musulmanes à porter le voile à l’école si elles le souhaitent, faisant marche arrière après des protestations de la communauté islamique locale. Rafael Bié, porte-parole du ministre de la Justice, a admis un «problème de communication», mais souligné qu’il y avait une liberté reli-gieuse au Mozambique. «Par exemple, une nonne catholique peut faire cours voilée, et il n’y a pas de problème», a-t-il ajouté. Une décision qui a satisfait le Conseil islamique du Mozambique. Selon les médias, le parti au pouvoir, le Frelimo, a subi de fortes pres-sions de la communauté musulmane.

Une nouvelle maladie qui inquièteUne nouvelle maladie dont les symptômes sont identiques à ceux du SIDA a été décou-verte chez des patients aux Etats-Unis et en Asie. Plus précisément, c’est en Thaïlande et à Taïwan que le nombre de cas recensés est le plus élevé. Une étude menée depuis 2004 dans cette région asiatique montre que les personnes infectées souffrent de graves troubles immunitaires, les rendant vulnérables aux infections opportunistes. Selon l’étude publiée dans le New England Journal of Medicine, les chercheurs ne dis-posent pas de chiffres précis du nombre de personnes décédées mais il semble que cette affection soit assez restreinte et très localisée.

Le débat sur la circoncision, objet d’une vive controverse en Allemagne, met en danger la liberté de religion, a estimé le ministre turc des Aff aires européennes, Egemen Bagis, dans une tribune parue dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.‘‘

«La pratique de la religion n’est plus totalement garantie en Allemagne»

Israël déboute la plainte des proches de Rachel CorrieMAUD DRUAIS PARIS

«Ne t’inquiète pas trop pour moi, pour le mo-

ment je suis plus inquiète par le fait que nous ne soyons pas très effi caces. Je ne me sens pas particulièrement en danger» : ce sont les mots du dernier courriel de Rachel Corrie, mili-tante pacifi ste du mouvement international de solidarité (ISM), adressé le 28 février 2003 à son père. Deux se-maines plus tard, Rachel Cor-rie, alors âgée de 23 ans, mour-ra sous les chenilles d’un bulldozer de l’armée israé-lienne alors qu’elle tentait de s’opposer à la destruction d’une maison à Rafah, dans la bande de Gaza, là où elle rési-dait depuis un mois et demi. Elle devient alors le symbole du soutien aux Palestiniens dans le monde. Suite à son enquête, l’armée israélienne conclut que la jeune fi lle a été tuée «alors qu’elle perturbait les opéra-tions menées sur le terrain par

des bulldozers», et que le conducteur de l’engin n’était pas responsable de sa mort. Il ne l’aurait pas vue. Les parents de Rachel Corrie décident alors de déposer une plainte au civil contre l’Etat d’Israël. Le 26 août, le juge Oded Gershon, en charge de l’affaire, déclare être parvenu à la conclusion «qu’il n’y a pas eu de négligence de la part du conducteur».

La plainte au civil rejetéeIl a également assuré que «la défunte s’est mise dans une situation dangereuse (…). Elle ne s’est pas éloignée comme l’aurait fait une personne rai-sonnable. Sa mort résulte d’un accident qu’elle a provoqué elle-même». Les parents de Rachel Corrie ainsi que les autres militants présents sur les lieux sont quant à eux per-suadés que cette mort aurait pu être évitée. Pour l’avocat de la famille, Me Hussein Abou Hussein, «le verdict est

fondé sur des faits déformés et aurait pu être rédigé par le procureur». Il a annoncé que la famille allait faire appel. La jeune fi lle laisse un témoignage poignant dans ses courriels publiés en anglais par The

Guardian et réunis dans un document par l’organisation If America Knew. Un bateau portant son nom avait tenté de forcer le blocus israélien de la bande de Gaza, en juin 2010.

L’Etat d’Assam, dans le nord-est de l’Inde, vit les heures les plus

sombres de son histoire. Depuis le 20 juillet, des violences opposant l’ethnie bodo et des musulmans ont fait 78 morts et entraîné l’exil de 400.000 per-sonnes. Entre les maisons incendiées et les campements de fortune, la tra-versée en voiture des districts de Chirang, Dhubri et Kokrajar offre un spectacle de désolation. Ce n’est pas la première fois que des heurts éclatent entre les deux communautés. En effet, l’animosité qui existe entre les autoch-tones et les musulmans s’explique en grande partie par des litiges de pro-priété. Les Bodos sont un peuple d’agriculteurs et louent des terres aux musulmans, arrivés du Bangladesh dans les années 1970, qui sont accusés d’avoir eu recours à la force pour se les approprier illégalement. Et l’absence

de titres de propriété complique en-core plus la situation. De leur côté, les Bodos attribuent les récentes fl ambées de violence à l’immigration clandes-tine. Jamais depuis 1947 des violences n’avaient engendré de tels déplace-ments de populations. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, lors de sa visite dans la région, le 28 juillet dernier, a qualifi é cette crise de «souillure pour notre pays». L’ex-pression de crise humanitaire est plus appropriée tant la répartition des camps de réfugiés reproduit l’antago-nisme ethnique. On dénombre au-jourd’hui 178 camps de réfugiés dans le district de Dhubri, à majorité musul-mane, où se sont retranchés la plupart des musulmans qui fuient le district de Kokrajhar, où ils sont minoritaires. Les Bodos, quant à eux, sont répartis dans les 108 camps de Kokrajhar.

Des tensions ethniques destabilisent une région musulmane de l’Inde

Rachel Corrie est décédée sous les chenilles d’un bulldozer israélien en mars 2003, alors qu’elle tentait de s’opposer à la destruction d’une maison palestinienne.

Une manifestation de protestation de musulmans indiens contre les vio-lences qu’ils subissent de la part de l’ethnie bodo, dans le nord-est du pays.

Le salafi sme, «un outil de la politique étrangère saoudienne»

FOUAD BAHRI PARISDepuis la chute du régime de Ben Ali, les Tunisiens font face à une nouvelle

menace : l’émergence visible et violente de grouspuscules salafistes. En quelques se-maines, les attaques impliquant des éléments de cette mouvance religieuse radicale se sont multipliées. L’agression d’un élu français, Jamel Gharbi, au Festival de Bizerte le 16 août dernier, celle du quartier de Sidi Bou-zid où des dizaines de sala-fistes ont fait 7 blessés ou encore l’annulation de la re-présentation du spectacle «Made in Tunisie, 100 pour cent Hallal» de l’humoriste Lotfi Abdelli dans la localité de Menzel Bour-guiba, ont illustré violemment la montée en puissance de cette tendance ultra-minoritaire mais très active. Comment comprendre ce phénomène qui a frappé également d’autres pays du monde arabe comme l’Egypte ou d’Afrique noire tels que le Mali ou la Soma-lie ? En Tunisie, «on a l’impression que les salafi s viennent de nulle part alors qu’ils sont d’implantation lointaine» explique Samir Amghar, spécialiste de ce mouvement et auteur du livre Des islamistes au défi du pou-voir (Michalon). «Ils étaient tout juste tolérés sous Ben Ali, on laissait faire car ils ne prô-naient pas l’action armée, étaient apolitiques et très critiques à l’égard des autres mouve-ments islamistes» précise le sociologue.

L’équation géopolitique saoudienneToutefois, la recrudescence de leur activisme serait aussi l’une des conséquences du prin-temps arabe. «Depuis la révolution tuni-sienne, on assiste à un développement du salafi sme qui est la conjonction de trois fac-teurs : le retour de salafi s installés en Europe après la chute de Ben Ali, de djihadistes partis en Irak et la libération de militants ultra-ra-dicaux des prisons tunisiennes» ajoute Samir

Amghar. Si elles ont toujours existé dans les pays musulmans, les tendances salafi stes ont néanmoins bénéfi cié d’un soutien extérieur, à la fois financier et politique, clairement identifi é et qui les ont nettement renforcées. Pour Mohamed-Ali Adraoui, chercheur et

enseignant à Sciences Po sur le monde arabe, «leur émergence est l’une des conséquences et l’un des outils de la politique étrangère saoudienne». «Depuis la guerre en Libye, poursuit-il, l’Arabie saoudite a adopté une politique plus proactive pour empêcher l’émergence de pôles qui pourraient lui nuire. Le calcul qui a consisté à fi nancer et appuyer l’émergence des

mouvements salafi stes est fait par certains dirigeants saoudiens». Ainsi, en Egypte, le résultat impressionnant du parti politique salafi ste An-Nour aux dernières élections a été rendu possible par le soutien fi nancier de plusieurs millions de dollars en provenance de Ryad. Un soutien décisif car «moins d’un an avant les élections égyptiennes, An-nour ne voulait pas faire de politique», précise M. Adraoui.

Ennahda joue-t-elle un double jeu ?A quels objectifs obéit ce soutien saoudien ? D’après Samir Amghar, à des considérations purement géopolitiques éloignées de toute motivation religieuse. «Il faut savoir que les Frères musulmans sont fi nancés par le Qatar. En arrière-cour, se joue une sorte de guerre entre ces deux pays qui luttent pour le leadership islamique sur le monde mu-sulman et avoir des relais pro-qataris ou pro-saoudiens dans ces pays là. Ils font le pari qu’à un moment ou à un autre, ces partis auront le pouvoir» dit-il. Dans cette compétition poli-tique, les mouvements salafi stes sont utilisés comme un moyen de faire barrage aux Frères musul-

mans dont se méfi e pleinement Ryad. «Les relations entre l’Arabie saoudite et les Frères musulmans se sont détériorées», confi rme Mohamed-Ali Adraoui. «Une partie des dirigeants des Frères musulmans voudrait faire des ouvertures à l’Iran ce qui a soulevé la crainte que l’Egypte s’éloigne des Etats-Unis et de Ryad» précise encore le cher-cheur à Sciences Po. Mais les relations entre Frères musulmans et mouvements salafi stes pourraient être plus ambigües qu’elles ne le paraissent a priori. Selon Samir Amghar, une convergence idéologique et un certain oppor-tunisme politique auraient poussé les leaders d’Ennahda, actuellement au pouvoir à Tunis, à instrumentaliser les groupes salafi stes. «On a l’impression, dit-il, même s’il faut le recou-

per par des entretiens et des témoignages, qu’il y a une instrumentalisation, de la part des islamistes tunisiens, des sala-fi stes, pour capitaliser leur succès sur

leur propre parti. C’est une manière pour eux de sous-traiter le champ

islamique. Les Frères musulmans vont tenir des postures offi cielles hyperconsensuelles. En même temps, leur base leur réclame d’avoir des postures un peu plus

radicales, qu’ils ne peuvent pas avoir et qu’ils vont donc déléguer aux salafi s».

Parler d’islam pour ne pas parler du chômageLes salafi stes rempliraient ainsi une double fonction de soutien politique mais aussi de contrefeux social pour les responsables islamistes tunisiens. «Ennahda se sert des salafi s comme d’un épouvantail pour dire : "vous nous accusez d’être des radicaux ! Or, il y a pire"» confi rme Samir Amghar, tandis que la focalisation sur la question religieuse permet de faire diversion sur la crise économique et sociale traversée par le pays. «Il est plus facile de se prononcer pour plus d’islam dans la société que de mettre en place une politique de lutte effi -cace contre le chômage» remarque le socio-logue. Une analyse qui n’est pas partagée par Mohamed-Ali Adraoui. Le chercheur croit en effet qu’«il y a une impossibilité à court terme (en Tunisie) de combattre les groupes salafi stes». «Les gens d’Enna-hda sont sur la défensive et ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. Les salafi s sont plutôt une épine dans leurs pieds» conclut M. Adraoui.

La recrudescence de violences commises par des salafi stes, au lendemain de la révolution tunisienne, marque-t-elle un tournant politique majeur dans l’histoire de ce pays où naquit le printemps arabe ? Pour les experts interrogés par Zaman France, si le phénomène salafi ste n’est pas récent dans le monde musulman, le soutien politique et fi nancier saoudien lui ont permis de gagner en puissance.

Les mou-vements salafi stes sont pleinement soutenus et fi nancés par l’Arabie saoudite.

Rencontre entre le roi d’Arabie saoudite et le nouveau président égyptien Mohamed Morsi.

INTERNATIONAL12 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

‘‘«Les relations entre l’Arabie saoudite et les Frères musulmans se

sont détériorées»

Consommez plus ! Comment les marques nous infl uencent

«Les hypermarchés distribuent 70 % des fournitures scolaires vendues en

France». Pour Rémy Garandeau, directeur des produits «maison et loisirs» chez Auchan, cité par le quotidien La Croix, la rentrée sco-laire représente l’un des grands moments commerciaux de l’année. Chaque saison, les grandes enseignes investissent des moyens considérables pour inciter l’ensemble de leur clientèle à consommer toujours plus. «Les techniques d’incitation à la consommation sont évidentes» explique le sociologue Simon Langlois comme dans le cas de «la nourriture industrielle». «Les portions offertes dans les fast-foods ont été augmentées, les pizzas sont plus larges dans les pizzérias [tandis que] l’ajout systématique de sucre [constitue] une autre technique privilégiée» décrit le socio-logue. Les grandes enseignes cherchent à travers ce type de procédé à créer une dépen-dance physiologique à leurs produits généra-trice de consommation et donc de profi t. «On se rappellera que les compagnies de tabac avaient ajouté des produits chimiques entraî-nant l’addiction à la cigarette» rappelle le sociologue. La réduction des prix d’achat est un autre moyen effi cace d’inciter à la consom-mation des ménages au budget de plus en plus limité du fait de l’infl ation.

Conditionner le consommateur !Mais d’autres méthodes d’accès à la clien-tèle ont également été développées dans les grandes surfaces pour infl uencer direc-tement les clients sur les lieux de vente. «La grande distribution a très vite compris qu’en tant que consommateurs nous avions des besoins et des envies impulsives. C’est pour cela que la PLV (promotion sur le lieu de vente) a été mise en place» analyse Pau-line Breduillieard, doctorante à l’université Bordeaux 3 et cher-cheure associée à la Chaire de relations publiques et commu-nication marketing – UQAM. L’objectif de la PLV, dit-elle, est de favoriser une «expé-rience de consommation», à travers un échange avec un spécialiste du produit dans le but de faciliter sa découverte. «Le plus souvent, la dégusta-tion est accompagnée d’une réduction sur le prix de vente pour motiver l’acte d’achat» précise-t-elle, n’hésitant pas à parler de «conditionnement» de la clientèle. Autre technique employée, la présence de rabais et de réductions sur le lieu de vente. «Pour stimuler l’achat d’un produit plutôt qu’un autre», ou bien encore les opérations de vente type «deux pour un». Toutes ces techniques ont pour objectif de favoriser ce que les spécialistes du marketing nomment

l’achat impulsif. Elles prennent place dans un dispositif plus large qui inclut toute une orga-nisation spatiale des lieux de vente avec «la

mise en place des rayons, l’am-biance du magasin, les odeurs, les lumières, la musique, la tempéra-ture» ajoute Pauline Breduillieard. Pour la doctorante, «tout est fait pour stimuler nos sens», et donc encourager notre consommation. Le développement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication a sensi-blement amplifi é les possibilités d’actions et d’évaluation des grandes enseignes qui peuvent

à présent constituer des fi chiers de clients potentiels à partir d’informations disponibles dans les dossiers des cartes de fidélité ou même des cartes de crédit maison.

L’obsolescence programmée : le vrai et le fauxPar ailleurs, d’aucuns parlent volontiers d’une autre stratégie plus inavouable, celle de l’obsolescence programmée voulue par les

grandes marques qui commercialiseraient des produits à durée de vie limitée dans le but de pousser à la surconsommation. Simon Lan-glois nuance cette appréciation. «Obsoles-cence planifi ée ? Oui et non. C’est un fait que certains produits de consommation durent moins longtemps, notamment les gros élec-troménagers, [mais] les voitures sont mieux construites et plus durables qu’auparavant» précise-t-il. Pour le sociologue, deux autres facteurs doivent être considérés dans le cas de l’usure prématurée des objets consom-més. «Le progrès technique qui rend rapi-dement obsolètes les objets, dans l’informa-tique, par exemple. Ensuite, le design est un autre facteur à ne pas négliger. Les formes, les couleurs changent avec l’innovation et la créativité. Même les objets les plus cou-rants comme les ustensiles de cuisine sont de beaux objets». Le célèbre iPhone d’Apple illustre très bien le succès de cette nouvelle stratégie commerciale. «Steve Jobs [de la fi rme Apple] était préoccupé par la recherche de la beauté en plus de celle du profi t et de la rentabilité» poursuit Simon Langlois, obte-nant ainsi l’une et l’autre.

La multiplication de l’off re concurrentielle et la réduction du budget des ménages poussent constamment les grandes enseignes à plus d’inventivité pour inciter leur clientèle à surconsommer. Baisse des prix, design renouvelé ou encouragement à l’achat impulsif, les techniques mises en place ne poursuivent qu’un but : la maximisation des profi ts, même en temps de crise.

ECONOMIE13 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

‘‘«Steve Jobs était préoccupé par la

recherche de la beau-té en plus de celle de la rentabilité»

Les grandes enseignes de la distribution française s’apprêtent à faire l’un de

leur plus important chiff re d’aff aires en cette période de rentrée scolaire.

Avril2012

Mai2012

Juin2012

Alimentaire 14,639 14,655 14,802

évolution (%) –0,7 0,1 1,0

Biens fabriqués 20,266 20,716 20,720

évolution (%) –2,3 2,2 0,0

Dont :

automobiles 4,663 4,763 4,753

évolution (%) –2,3 2,2 –0,2

éqpt. du logement 5,217 5,144 5,209

évolution (%) 2,4 –1,4 1,3

textile-cuir 3,536 3,866 3,798

évolution (%) –9,6 9,3 –1,7

autres biens fabriqués 5,909 5,973 5,988

évolution (%) –1,1 1,1 0,2

Énergie 6,724 6,531 6,447

Dont prod. Pétroliers 4,081 3,972 4,003

évolution (%) 8,3 –2,7 0,8

Total 41,687 41,883 41,938

évolution (%) 0,5 0,5 0,1

Produits manufacturés 35,687 36,207 36,400

évolution (%) –1,4 1,5 0,5

Dépenses de consommation des ménages

En milliards d’euros

Sour

ce :

Inse

e

CULTURE14 31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Du cinéma social venu d’outre-Atlantique avec cette brillante adaptation de la pièce d’Evelyne de la Chene-lière, Bachir Lazhar. Le fi lm, sorti l’an dernier au Canada, a d’ailleurs remporté près de dix récompenses, dont notamment le Prix du Public à Locarno, le Prix du Meilleur fi lm canadien à Toronto et le Prix spécial du Jury à Namur. L’acteur

franco-algérien Fellag y tient d’ailleurs le premier rôle. Un rôle à la fois grave et subtil qu’il interprète avec brio. Montréal. Malgré les réticences préa-lables de la directrice, Bachir Lazhar, un immigré algérien, est rapidement embauché pour remplacer une enseignante dis-parue subitement. L’homme, qui risque l’expulsion à tout moment, s’est exilé à la suite

d’une tragédie personnelle. Fragilisés par le décès de leur enseignante, les écoliers sont quant à eux aussi ébranlés qu’attachants. Avec humour et sensibilité, le cinéaste décrit la rencontre de ces deux mondes, et, singulièrement, un homme humble, prêt à transcender sa propre souffrance pour aider ses élèves à vaincre le silence qui les emmure.

Un Algérien s’improvise prof au Canada

AGENDA CULTUREL

DÉBA

TEX

POSI

TION

VISI

TE G

UIDÉ

EFÊ

TE

Evolutions sociales et politiques des mondes européen et arabe : comparaison / clés de compréhensionAvec Pierre Lafrance, ambassadeur de France et Abdelkader Abid, chercheur, spécialiste des élites arabes. Un débat organisé par l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient, en collaboration avec RFI.Le 5 septembre à 18:00

iReMMO

5 / 7, rue Basse des Carmes

75005 Paris

Comics 2, illustrations et dessinsVingt tableaux dus à quatorze dessi-nateurs et illustrateurs de Bassem, une revue pionnière du Comics arabe qui célèbre à Paris ses 25 ans. Le vernissage aura lieu le 7 septembre à 18:00.iReMMO

5 / 7, rue Basse des Carmes

75005 Paris

L’Aïd à la mosquéeStructures gonflables et autres jeux, une fête conviviale où les enfants seront par-ticulièrement mis à l’honneur. Pour les parents, des stands collations sont pré-vus, ainsi que des animations spécifiques.Le 1er septembre à partir de 10:00

Mosquée Sahaba

4, rue Jean Gabin

94000 Créteil

Fêter l’AïdDes stands restauration, pâtisseries et confiseries, des stands associatifs, mais surtout, pour les enfants, des structures gonflables et des balades en poneys entre autres animations, pour continuer de fêter l’Aïd en famille.Le 2 septembre de 11:00 à 18:00

Place du Marché

Boulevard des Etats-Unis

69008 Lyon

Le Paris arabe historiqueCette conférence à ciel ouvert permet de découvrir les liens entre le monde arabe et la France tels qu’ils sont inscrits dans le paysage du Ve arrondissement : le Col-lège de France et la Sorbonne, où l’arabe fut enseigné dès le XVIe siècle, les lieux de culte des chrétiens arabes de France, ou encore la Grande mosquée de Paris.Tous les samedis à 15:00

Départ en face du Collège de France

Rue des Ecoles

75005 Paris

Réservations : 01 40 51 38 14

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Monsieur Lazhar,réalisé par Philippe Falardeau (drame, Canada, 2011, 1h34).

Avec Fellag, Sophie Nélisse, Emilien Néron. Sortie en salles

le 5 septembre.

Le 18 août dernier, le média en ligne Tiwinoo relatait un fait di-

vers à la fois «drôle et triste» : un jouet pour enfants a provoqué l’ire des sala-fi stes tunisiens. Il s’agit d’un pistolet en plastique qui, lorsqu’on appuie sur sa gâchette, diffuserait le message sui-vant : Go ! go ! go ! w-idhrab as-sayyi-da ‘Â’isha !, «Vas-y ! vite ! vite ! et tue ‘Â’isha !». Enclins aux théories du com-plot, les wahhabites tunisiens y ont vu quelque manœuvre sournoise des chiites destinée à pervertir leurs en-fants… En réalité, le message appelait à sauver des otages (pull over and save the hostages !). ‘Â’isha, l’épouse du Prophète – «la Mère des croyants», pour l’ensemble des sunnites – de-meure pour les chiites celle qui s’était opposée à ‘Alî, leur premier imâm. A l’origine du grand schisme qui, au VIIe siècle, va scinder la jeune communauté musulmane en sunnites, chiites et kha-rijites, la question de la succession cali-fale, centrée autour du personnage de Ali Ibn Abi Talib, cousin, gendre et compagnon du Prophète. Succédant à Othman à la tête de l’Etat islamique, Ali, et, à sa suite, ses partisans, consi-dèrent que seul un descendant du Pro-phète peut assumer la fonction califale. Ils s’opposent en cela aux sunnites, qui élargissent le cercle à l’ensemble des membres de Quraysh, la tribu de Mu-hammad. Pour les kharijites enfi n, tout musulman, pour peu qu’il en soit digne, peut prétendre à l’éligibilité califale.

L’imam est infaillible pour les chiitesA l’image de ce qui l’a fait naître, la divergence entre chiites et sunnites est d’ordre théologico-politique et centrée sur la fi gure de l’imâm. Pour les sun-nites, le calife est essentiellement un souverain temporel. Son titre de Com-mandeur des croyants ne correspond

pas à un magistère religieux, mais est lié au cadre islamique de l’Etat, cadre dont il lui incombe d’assurer la péren-nité. Chez les chiites, le calife est imâm, et il a trois fonctions : diriger la com-munauté ; rendre compte des sciences religieuses et des lois ; être un guide spirituel pour les fi dèles, qui à travers lui accèdent au sens caché des choses. Car, si le «cycle de la prophétie» s’est achevé avec la mort du Prophète, celui de l’«initiation» se poursuit à travers la personne de l’imâm. Pour toutes ces raisons, il ne saurait être choisi par le biais d’une élection. Chaque imâm est désigné par son prédécesseur, en vertu d’un «commandement divin». De par sa fonction à la fois humaine et cos-mique, il est infaillible et connaît les choses cachées. Ce savoir ésotérique, intime, Dieu l’a secrètement com-muniqué à Muhammad lors de son Ascension, Muhammad à ‘Alî, et ainsi chaque imâm à son successeur. Aussi

leur autorité doctrinale fait-elle défi -nitivement loi pour l’interprétation du Coran et de la Sunna. Pour les sunnites, l’infaillibilité est le fait des prophètes et Dieu seul a connaissance des choses cachées ; quant aux interprétations, leur validité, par ailleurs relative, résulte d’un consensus. Ainsi, alors que dans le sunnisme la relation entre le croyant et Dieu est directe, le chiisme suppose un clergé. Dans sa forme duodécimaine (95 % des chiites), la hiérarchie est la suivante : simples mollâhs, hujjat al-islâm, âyatu Llâhs (collège de docteurs de la foi), et enfin, au sommet de la pyramide, l’âyatu Llâh suprême. En Iran, ce clergé – qui, historiquement, constitue un corps social très auto-nome, et largement indépendant, sur le plan économique, de l’appareil étatique – a dans une large mesure réussi à ins-taurer le velâyat-e faqih, le «gouverne-ment du docte», pouvoir éminemment temporel.

Le chiisme : un schisme clérical en islam

Les chiites considèrent que seul un descendant du Prophète peut assumer la fonction califale.

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OPI

NIO

N15

31 AOÛT - 6 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Cet obscur objet de répulsionJEAN-MICHEL CROS STRASBOURG

Le site Turquie européenne – Pour une Europe pluraliste et

ambitieuse a publié les 20 et 21 août, un article de Maximilien Popp sur le mouvement Gülen intitulé «Le monde obscur du mouvement isla-miste de Fethullah Gülen». Quelles sont les thèses que développe cet article ? Elles ne sont pas nom-breuses et peuvent se résumer à une seule : celle du complot. En effet, «Le mouvement Gülen a deux visages : l’un qu’il montre au monde et l’autre qui s’en cache», c’est, nous dit un intertitre, «une secte semblable à la scientologie», qui pratique le double langage, dont les transfuges, qui té-moignent tous de façon anonyme, craignent pour leur carrière voire pire, et qui s’étendrait tel une pieuvre sur la Turquie… Il est vrai que croire aux théories du complot est sans doute une manière d’enchanter le monde, d’y mettre du mystère et du suspense. Ces théories sont aux adultes ce que les contes de fées sont aux enfants. Mais que nous révèle cet article si nous prenons les choses plus posément et de façon plus ra-tionnelle ? Politiquement, tout d’abord, il y a une contradiction gê-nante : alors que l’on fait passer le mouvement Gülen pour une «socié-té secrète ultra-conservatrice», la méthode employée par l’article rap-pelle furieusement les attaques maurrassiennes contre le complot judéo-maçonnique, ou le film de Marquès-Rivière Forces occultes, emblématique du régime de Vichy. On y voyait un jeune député idéa-liste, happé par la franc-maçonnerie, découvrant progressivement un milieu affairiste, intriguant, ne visant que sa propre hégémonie, faisant la carrière de ses membres et empê-chant celle des autres… Bref, tout ce que l’on reproche au mouvement Gülen dans cet article. Il y a donc une contradiction, pour ne pas dire une incohérence, entre l’implicite de l’article, qui est celui d’une option libérale et pluraliste, et la méthode utilisée pour décrire ce dont on parle. Mais ce n’est pas la seule, nous y reviendrons. Passons brièvement tant sur le titre de l’article : un mou-vement «islamiste», que sur la réfé-rence au fait que Fethullah Gülen aurait usé ses fonds de culottes sur les mêmes bancs d’école que Cema-leddin Kaplan, le «calife de Cologne» : cela prouve quoi ? Rien ! Rien, dans les positions du mouvement Gülen, que je suis depuis quelques années

quand même, comme dans les écrits de Fethullah Gülen ne peut corrobo-rer une hypothétique relation intel-lectuelle ou politique entre Gülen et Kaplan. Procéder ainsi est d’une flagrante malhonnêteté intellec-tuelle. Dont acte. L’idée de la com-paraison avec l’anti-maçonnisme m’est venue à la lecture de ce pas-sage : «en 2006, l’ancien chef de la police Adil Serdar Sacan a estimé que les Fethullahcis tenaient plus de 80 % des positions haut placées des forces de police turques. L’affi rma-tion selon laquelle la TNP (Police nationale turque) est contrôlée par les gülénistes est impossible à vérifi er mais nous n’avons trouvé personne pour la contredire», a écrit James Jeffrey, qui fut ensuite ambassadeur américain à Ankara, dans un câble diplomatique de 2009». Que signifi e ce galimatias ? Pas grand-chose… Que sont tout d’abord les «positions haut placées» ? Desquelles parle-t-on ? Un commissaire de police est-il «haut placé» ? 80 % des commis-saires de police seraient-ils Fethulla-hcis ? Pourquoi 80 % et pas 70 % ? On n’en sait rien. Que dirait-on en-suite si l’on affi rmait que 80 % des «positions haut placées» étaient oc-

cupées par des juifs ? Des homo-sexuels ? J’entends d’ici les cris d’in-dignation, qui seraient au demeurant justifi és… Nous retrouvons exacte-ment là les informations non véri-fiables, non contredites parce que précisément non vérifi ables, qui ont fait le miel de l’extrême droite euro-péenne dans les années 30. On en connaît aujourd’hui les consé-quences. Je suis perplexe ensuite sur la manière d’instruire le dossier. Lorsque l’on se revendique, au moins implicitement, de principes démocratiques, il est nécessaire d’instruire à charge et à décharge. Or, que ce passe-t-il dans cet article ? Tous les témoignages susceptibles d’être favorables sont systématique-ment suspectés, ainsi celui d’Ercan Karakoyun, dont on nous dit à pro-pos de sa bibliothèque : «la sélection de livres parait être équilibrée et judi-cieuse, avec un peu de tout et rien de trop controversé. Cela semble voulu afi n de transmettre le message sui-vant aux visiteurs : regardez, nous sommes de bons musulmans. Nous pleurons les morts de l’Holocauste, nous sommes intéressés par des dis-cussions théologiques sur le christia-nisme et nous sommes démocrates».

Les musulmans, selon notre auteur, visiblement atteints de ce que j’ai appelé ailleurs «le syndrome de Hadji Mourad» (que j’ai tiré du texte de Tolstoï), ne peuvent donc prati-quer que le double langage, la parole du musulman étant toujours sus-pecte. En même temps, il est fait état des déclarations de Fethullah Gülen appelant voici quelques années à «ébranler l’Etat turc», déclarations toujours contestées par l’intéressé mais qui, là, ne sont curieusement pas mises en doute. Or, dans un sys-tème de droit démocratique digne de ce nom et pour une bonne adminis-tration de la justice, on ne peut pas retenir comme témoignage à charge un propos nié par celui à qui on le prête. Ou alors, c’est revenir à la jus-tice inquisitoriale de l’Ancien Ré-gime, qui admettait comme preuves les rumeurs et ouï-dire. Il y a une contradiction également, dans le fait de reprocher à un mouvement une part «obscure» et de ne présenter que des témoignages anonymes à l’appui de sa thèse. Parce que les personnes intéressées auraient peur : «Tous ceux qui touchent à Gülen sont détruits» nous dit-on. J’appor-terai un jour – ce serait trop long ici – le témoignage de la manière dont sont traités, dans leur carrière, ceux qui cherchent à lutter contre les pré-jugés touchant l’islam. Les auteurs des destructions et les victimes ne sont manifestement pas là où les voit l’auteur de l’article. Enfi n, il est fait référence à un message vidéo de novembre 2011, dans lequel Fethul-lah Gülen appellerait l’armée turque à attaquer les séparatistes kurdes. Je suis actuellement à Istanbul, où je vis en direct l’émotion causée par l’at-tentat de Gaziantep attribué au PKK et qui a fait dix morts, sans compter les blessés. J’ai eu la curiosité de re-chercher sur le site «Turquie euro-péenne» ce que l’on en disait. Rien. Un vide sidéral. La grandeur des espaces infi nis qui nous effraie… Où est donc le danger véritable ? En conclusion, je suis extrêmement per-plexe sur le pluralisme que propose Turquie européenne dans son titre, avec les méthodes que je vois utiliser. On sait en France ce qu’a coûté la chasse aux francs-maçons induite par ces théories du complot. Que veut-on pour la Turquie ? La même chose à l’encontre des partisans de Gülen ? Si les bombes tuent immé-diatement, n’oublions pas qu’à terme les mots peuvent aussi tuer. [email protected]

Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin Paris 75010Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58, [email protected] manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP 112U90032

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Pourquoi la Turquie échoue dans le sportFATYH VURAL ISTANBUL

Alors que viennent de s’ouvrir les XIVe Jeux paralympiques de Londres, com-

ment expliquer le manque de résultats et de performances sportives des Turcs sur le plan international ? Les 5 médailles décrochées aux Jeux olympiques et la modeste place de 32e nation au classement final n’ont fait que confi rmer l’idée qu’un malaise sportif existe en Turquie. D’après les spécialistes de nom-breuses disciplines sportives, les causes sont nombreuses mais bien identifi ées. Mehmet Atalay, ancien directeur général de la Jeunesse et des Sports lors des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 et de Pékin en 2008 sou-ligne par exemple la dégradation des relations entre les fédérations sportives et la Direction générale de la Jeunesse et des Sports «Vous ne pouvez pas retirer l’indépendance que vous avez accordé à une fédération parce qu’elle a commis une erreur. Si nous connaissons au-jourd’hui des soucis, c’est en grande partie pour cette raison» dit-il soulignant par ailleurs que «vous ne devez pas lésiner sur l’argent». L’ancien directeur turc estime également qu’il convient d’organiser davantage de tournois internationaux en Turquie et d’augmenter le nombre de compétitions : «si vous ne faites pas les sélections de boxe en Turquie, vous ne pouvez faire augmenter de beaucoup le nombre de sportifs qui ira aux Jeux olym-piques. Si le championnat mondial de basket-ball ne s’était pas tenu en Turquie, nous au-rions pu ne pas arriver en deuxième position !»

ajoute-t-il s’appuyant sur l’exemple australien. «L’Australie a organisé les Jeux olympiques de Melbourne en 1956 et de Sydney en 2000. Pendant le laps de temps qui a séparé les deux jeux, elle a développé des installations spor-tives et propagé la culture sportive. Sa réussite après les Jeux olympiques de 2000 a perduré».

Que le sport devienne un mode de vie !Pour Mustafa Ferit Acar, ancien directeur de la Faculté d’éducation sportive et de sport ratta-chée à l’université d’Ege et membre du Comité olympique national, «il n’y a pas d’entraîneur pour former les sportifs !». Même constat pour les psychologues pouvant aider les sportifs à faire face au stress. «Nous vivons toujours une frustration. Les installations parfaites, l’environnement, la culture, font ressentir aux sportifs un sentiment d’infériorité. Ils vivent un choc de cultures. Pour le dépasser, il faut un psychologue spécialisé, mais il n’y en a pas». La question du rapport psychologique à la victoire ou la défaite apparait comme essen-tiel à l’ancien directeur sportif. «La défaite provoque le stress des sportifs. Cela peut venir de la peur de passer à côté de la récompense car nous ne pouvons pas vivre pleinement l’ambiance de la compétition» explique-t-il. Au-delà de ces problèmes structurels et humains, la dimension culturelle n’est pas absente du manque de résultats sportifs des Turcs. «Il faut faire du sport non pas une acti-vité qui se regarde mais en faire un mode de vie. Le fait de n’avoir que 2 millions de sportifs

professionnels dans un pays de 75 millions d’habitants et que leur grande majorité soit des footballeurs creuse l’écart dès le début entre nous et les pays avec lesquels on riva-lise» observe-t-il. Un défi à relever qui passera également par un autre rapport culturel et

linguistique avec les nations sportives. «Nous ne sommes pas bons dans le domaine des lan-gues étrangères. Beaucoup de nos entraîneurs et dirigeants ne savent pas parler l’anglais. C’est pourquoi le dialogue ne peut se créer !» ajoute Mustafa Ferit Acar.

La mauvaise prestation de la Turquie aux Jeux olympiques de Londres, avec seulement cinq médailles remportées, dont deux en or, soulève des interrogations sur les causes des contre-performances sportives turques. Pour les professionnels du secteur, les raisons de cet échec telles que l’insuffi sance des fédérations, le manque d’entraîneurs et d’installations, peuvent être surmontées.

Défi lé de la délégation turque au cours des Jeux olympiques de Londres.