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Thibault Marin 1 * Mickaël Soudain-Pineau 2 William Bertucci 2 1 Département Recherche de l’Ecole Supé- rieure d’Ostéopathie (ESO) Paris Marne-la-Val- lée, Champs-sur-Marne, France. 2 Université Reims Champagne Ardenne Laboratoire d’Analyse des Contraintes Mécaniques LACM-DTI, Ea n° 4302, LRC-CEA n°DSM0534 UFR STAPS. * Auteur correspondant Tèl.: 01 64 61 08 46 Courriel : [email protected] Keywords: Osteopathy, observation, clinical exam, posture Mots clés : Ostéopathie, observation, examen clinique, posture Validity of visual observation of static posture during the osteopathic examination Abstract Objective: Visual observation of the posture is a way to assess the primary areas to be tested and treated. Our objective is to evaluate the validity of this subjective observation comparing it to an objective measure. Influence of qualitative criteria (gender, years of experience, master eye, ametro- pia) is also assessed. Methods: Ten pictures of patients, standing still, are taken. Translations and angles of inclination of the pelvic and scapular girdles are measured on a computer. 108 osteopathic practitioners or soon to be practitioners observe the pictures and subjectively assess translations and angles of inclination. Results: Validity of visual observation ranges from 60 % to 85 %, depending on the accuracy requi- red. Qualitative criterions do not give any significant result. Conclusion: Visual observation is valid within a 15 % to 40 % margin of error. This debatable result confirms that the rest of the osteopathic protocol remains necessary. Using simple equipment could greatly improve its validity. Résumé Objectif : L’observation visuelle de la posture permet de déterminer les zones à tester et à traiter en priorité. L’objectif est d’évaluer la validité de ce type d’observation subjective en la comparant à une mesure objective. L’influence de différents critères qualitatifs (sexe, niveau d’expérience, œil directeur, amétropie) est également évaluée. Méthodes : Dix photographies de patients debout en position statique sont acquises. Les transla- tions et inclinaisons des ceintures scapulaire et pelvienne sont mesurées sur ordinateur. 108 prati- ciens ou futurs praticiens en ostéopathie observent ces photographies et quantifient subjective- ment les translations et inclinaisons des ceintures. Résultats : La validité de l’observation visuelle varie entre 60 % et 85 %, selon la précision recher- chée. Aucun critère qualitatif ne marque une différence significative concluante. Conclusion : L’observation visuelle engendre une marge d’erreur de 15 à 40 % ; ce résultat discu- table rend l’observation indissociable des autres étapes de la prise en charge ostéopathique. L’utili- sation de matériel simple pourrait grandement en améliorer la validité. Numero 1-1: 2011 13 Validité de l’observation visuelle de la posture statique dans l’examen ostéopathique Article original www.larevuedelosteopathie.com n i =1 S x 2 (p=0,05) a x x x x x x x x x x x x x La Revue de l'Ostéopathie

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Thibault Marin 1 * Mickaël Soudain-Pineau 2 William Bertucci 2

1 Département Recherche de l’Ecole Supé-rieure d’Ostéopathie (ESO) Paris Marne-la-Val-lée, Champs-sur-Marne, France.

2 Université Reims Champagne ArdenneLaboratoire d’Analyse des Contraintes MécaniquesLACM-DTI, Ea n° 4302, LRC-CEA n°DSM0534UFR STAPS.

* Auteur correspondant Tèl.: 01 64 61 08 46Courriel : [email protected]

Keywords: Osteopathy, observation, clinical exam, posture

Mots clés : Ostéopathie, observation, examen clinique, posture

Validity of visual observation of static posture during the osteopathic examination Abstract

Objective: Visual observation of the posture is a way to assess the primary areas to be tested and treated. Our objective is to evaluate the validity of this subjective observation comparing it to an objective measure. Influence of qualitative criteria (gender, years of experience, master eye, ametro-pia) is also assessed.

Methods: Ten pictures of patients, standing still, are taken. Translations and angles of inclination of the pelvic and scapular girdles are measured on a computer. 108 osteopathic practitioners or soon to be practitioners observe the pictures and subjectively assess translations and angles of inclination.

Results: Validity of visual observation ranges from 60 % to 85 %, depending on the accuracy requi-red. Qualitative criterions do not give any significant result.

Conclusion: Visual observation is valid within a 15 % to 40 % margin of error. This debatable result confirms that the rest of the osteopathic protocol remains necessary. Using simple equipment could greatly improve its validity.

Résumé

Objectif : L’observation visuelle de la posture permet de déterminer les zones à tester et à traiter en priorité. L’objectif est d’évaluer la validité de ce type d’observation subjective en la comparant à une mesure objective. L’influence de différents critères qualitatifs (sexe, niveau d’expérience, œil directeur, amétropie) est également évaluée.

Méthodes : Dix photographies de patients debout en position statique sont acquises. Les transla-tions et inclinaisons des ceintures scapulaire et pelvienne sont mesurées sur ordinateur. 108 prati-ciens ou futurs praticiens en ostéopathie observent ces photographies et quantifient subjective-ment les translations et inclinaisons des ceintures.

Résultats : La validité de l’observation visuelle varie entre 60 % et 85 %, selon la précision recher-chée. Aucun critère qualitatif ne marque une différence significative concluante.

Conclusion : L’observation visuelle engendre une marge d’erreur de 15 à 40 % ; ce résultat discu-table rend l’observation indissociable des autres étapes de la prise en charge ostéopathique. L’utili-sation de matériel simple pourrait grandement en améliorer la validité.

Numero 1-1: 2011 13

Validité de l’observation visuelle de la posture statique dans l’examen ostéopathique

Article original

www.larevuedelosteopathie.com

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Validité de l’observation visuelle de la posture statique dans l’examen ostéopathique

formulaire de consentement. Ils devaient être capables de tenir debout sans aide le temps de l’acquisition photogra-phique.

Population « observateurs »Elle était constituée de 108 volontaires (66 femmes, 42

hommes), praticiens ou futurs praticiens en ostéopathie, âgés de 18 à 44 ans (âge moyen 23 ± 3,2 ans). Les sujets ont été recrutés parmi les six promotions de l’ESO, de la première à la sixième année d’études (18 ± 1 sujets par promotion). Il leur a été demandé de signer un formulaire de consentement.

Protocole & équipementAcquisition photographiqueChaque photographie a été prise dans la même pièce et dans

les mêmes conditions notamment d’éclairage : la lumière du jour était complètement occultée, afin de garantir un éclairage artificiel constant. L’appareil photo utilisé (Canon Powershot G10) était fixé sur un trépied muni d’un niveau à bulle, réglé à une hauteur telle que l’objectif soit à 1,25 m du sol. Une plateforme de posturométrie (Techno Concept®, respectant les normes fixées par l’Association Française de Posturologie [10]) était positionnée à une distance constante (4,70 m) de l’appareil photo. L’horizontalité de la plateforme était vérifiée à l’aide d’un niveau à bulle (Stanley®, I-Beam 180™ de 38 cm). Avant de commencer l’acquisition photo-graphique, nous avons placé en projection du centre de la plateforme un fil à plomb (Facom® de 125 g) afin de s’assurer de l’horizontalité de la photographie. Après les ajustements nécessaires, le fil à plomb etait enlevé.

Chaque sujet de la population observée s’est mis en sous-vêtements. Nous avons repéré à l’aide d’une croix au feutre dermographique les Épines Iliaques Postéro-Supérieures (EIPS) gauche et droite et la face postérieure de l’acromion gauche et droite. L’expérimentateur effectuait le repérage sur l’ensemble de la population observée. Les sujets étaient debout sur la plateforme de posturométrie, pieds à plats à l’aplomb des hanches, afin de s’assurer que chacun soit posi-tionné au même endroit lors de la photographie. L’acquisi-tion était faite à une résolution de 10 méga-pixels au format RAW. Les réglages étaient effectués manuellement : sensibi-lité ISO à 100, temps d’exposition de 1/60e de seconde, ouver-ture du diaphragme à f3.5, sans flash. Pour chaque sujet, trois photographies ont été effectuées successivement.

Importation et analyse objective des photographies

Une fois les 30 sujets photographiés, les photos étaient importées sur ordinateur, via le logiciel Photoshop© CS4 (Adobe Systems Incorporated, San Jose, CA, USA). Un trai-tement par lot (correction de l’ensemble des photos par des réglages constants) était effectué pour corriger la distorsion de l’objectif, recadrer la photo et améliorer l’exposition lumi-neuse et le contraste.

IntroductionPlusieurs ouvrages traitant de la pratique de l’ostéopathie

[1-5] s’accordent sur l’importance de l’observation visuelle dans l’examen clinique ostéopathique. L’observation est réa-lisée après l’anamnèse, patient en sous-vêtements. Elle ren-seigne sur :

- l’aspect général : apparence physique, taille, morpholo-gie, etc. ;

- l’aspect de la peau : couleur, hygiène corporelle, présence de cicatrices, plaies, éruptions, etc. ;

- le tonus musculaire : principaux reliefs musculaires, symétrie ou non ;

- la posture : répartition des appuis au sol, translations/rotations/inclinaisons des ceintures scapulaire et pel-vienne et de la tête, rotations des membres.

Ce dernier point tient une place particulière dans la prise en charge ostéopathique. En posturologie, « la posture est l’élaboration et le maintien actif de la configuration des dif-férents segments du corps dans l’espace, elle exprime la ma-nière dont l’organisme affronte les stimulations du monde extérieur et se prépare à y réagir. » [6] Dans le cadre de l’exa-men clinique comme dans la vie, la principale contrainte mécanique du monde extérieur est la pesanteur : l’intégrité de l’ensemble des structures du corps du patient permet une adaptation optimale à la gravité.

L’objectif de l’ostéopathe est d’identifier le premier élément traumatique – ou dysfonction ostéopathique primaire – dans le schéma dysfonctionnel du patient. Le schéma dysfonction-nel [2, 4, 5, 7, 8] est la chaîne d’adaptations conduisant à la posture actuelle du sujet.

Bien que chaque patient soit unique, des modèles dysfonc-tionnels ont été établis par le biais de l’observation visuelle statique [9]. L’ostéopathe peut ainsi cibler les régions à tester après l’observation et identifie plus simplement et rapidement la dysfonction ostéopathique primaire. Pour ces raisons, l’observation est une étape essentielle de l’examen clinique ostéopathique, et il est fondamental que celle-ci soit valide pour assurer l’efficacité de la prise en charge.

Cette étude est née de la constatation clinique que l’obser-vation visuelle d’un même patient par plusieurs praticiens amène souvent à des constatations différentes.

Le but de cette étude est d’évaluer la validité de l’observa-tion subjective de praticiens comparée à la mesure objective de la posture statique du patient réalisée à l’aide de mesures par ordinateur ; ainsi que l’influence de différents critères – sexe, niveau d’expérience, œil directeur, amétropie – sur la validité de l’observation.

Matériel et MéthodePopulation observée

Trente sujets volontaires (10 femmes, 20 hommes) ont été recrutés de manière aléatoire parmi les étudiants de l’École Supérieure d’Ostéopathie (ESO) (Paris, France). Ils étaient tous majeurs et informés, il leur a été demandé de signer un

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Correspondance objectif/subjectifEn fonction de la valeur moyenne de chacun des items, de

l’étendue, du maximum et de l’écart-type, une échelle de cor-respondance a été établie (Tableau I).

Observations subjectives des photogra-phies

Chaque observateur est venu à tour de rôle, dans une pièce sombre, équipée d’un vidéoprojecteur Mitsubishi XL2550U. Le vidéoprojecteur était fixé au plafond, à une distance constante de l’écran. Dans un premier temps, chaque obser-vateur a complété un court questionnaire afin de connaître notamment son âge, son avancée dans le cursus ostéopa-thique, son œil directeur, son déficit visuel (si présent) et la correction oculaire utilisée. Une fiche expliquant le prin-cipe de quantification lui était présentée (figure 4). Puis, les 10 photographies lui ont été projetées l’une après l’autre, aussi longtemps qu’il le désirait. Les photographies étaient projetées à échelle 1:1, dans un ordre différent pour chaque observateur, afin d’éviter les biais imputables à la compré-hension de l’exercice ou à la lassitude. Pour chaque obser-vation, il estimait et quantifiait les quatre items (translation de la ceinture pelvienne, inclinaison de la ceinture pelvienne, translation de la ceinture scapulaire, inclinaison de la cein-ture scapulaire).

La largeur connue du niveau à bulle (38 cm) situé dans le plan du sujet observé servait de valeur de référence pour la quantification des distances. Une droite verticale passant par le centre du polygone de sustentation – à mi-distance des deux appuis podaux, au centre de la plateforme – était tra-cée. Les translations était quantifiées par la différence de la mesure des distances des repères gauche et droit à cette ver-ticale, avec une sensibilité de 1 cm (figure 1). Les inclinaisons étaient quantifiées par mesure d’angle, avec une sensibilité de 0,1° (figure 1).

Dans les deux cas, nous avons utilisé l’outil «Règle» de Photoshop© CS4. Pour nous assurer de la fiabilité de cet outil, nous avons répété quatre fois la mesure sur différentes photos. Les valeurs retrouvées étaient systématiquement les mêmes.

Ce protocole a permis de mesurer quatre items : la transla-tion de la ceinture pelvienne, l’inclinaison de la ceinture pel-vienne, la translation de la ceinture scapulaire, l’inclinaison de la ceinture scapulaire.

Après mesures des 90 photos, une sélection de 10 photos (4 femmes, 6 hommes) a été effectuée (figure 2). La sélection a été faite de telle sorte qu’un maximum d’attitudes statiques différentes soit représenté.

Figure 1. — Description du protocole de mesure des inclinaisons/translations via Photos-hop© CS4.

Mesure objective Mesure objective

T<-6 cm -3 I<-5° -3

T<-4 cm -2 I<-3° -2

T<-2 cm -1 I<-1° -1

-2 cm<T<+2 cm 0 -1°<I<+1° 0

T>+2 cm +1 I<+1° +1

T>+4 cm +2 I>+3° +2

T>+6 cm +3 I>+5° +3

Translations Inclinaisons

Quantification subjectiveQuantification subjective

TABLEAU I – Échelle de correspondance entre mesures objectives et quantifications subjectives

Figure 2. — Aperçu de la sélection photographique.

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possibles : - valeur subjective = mesure objective : le score 2 est attri-bué ;

- valeur subjective = mesure objective ±1 : le score 1 est attribué ;

- valeur subjective ≠ mesure objective ±1 : le score 0 est attribué.

Le Score S (S pour «Strict») correspond à l’effectif du score 2 (observation subjective strictement concordante à mesure objective). Le score E (E pour «Étendu») correspond à la somme des effectifs du Score 2 et du Score 1 (observation subjective concordante à la mesure objective à une modalité près). Les effectifs ont été rapportés en pourcentages pour en faciliter l’interprétation.

On comprend alors qu’un Score S élevé démontrerait la validité de l’observation ; un score E élevé signerait la vali-dité de l’observation mais avec une précision amoindrie ; des scores faibles indiqueraient la non-validité de l’observation.

Influence des critères qualitatifsLes 17 critères qualitatifs étudiés sont les suivants :

- sexe : femme, homme ; - niveau d’expérience : P1 (1e année), P2 (2e année), P3 (3e an-née), D1 (4e année), D2 (5e année), TC (6e année) ;

- œil directeur : droit, gauche ; - amétropie : aucune, myopie, astigmatie, hypermétrope, myopie astigmatie, hypermétropie astigmatie.

Suivant la méthode détaillée précédemment, on obtient les matrices de scores S et E pour l’ensemble des 17 critères qualitatifs. Pour comparer les critères deux à deux (sexe, œil directeur), le test de Wilcoxon a été utilisé. Dans le cas de la comparaison de plus de deux critères (niveau d’expérience, amétropie), nous avons utilisé l’ANOVA de Friedman.

RésultatsPar la méthode de comparaison à un standard, nous avons

noté une différence significative entre les mesures objectives et les quantifications subjectives dans 88 % des cas (p<0,05).

La méthode par scores a mis en évidence les résultats sui-vants : sur l’ensemble des observateurs, 60 % des observations sont strictement concordantes (valeur subjective=mesure objective), et la concordance monte à 85 % avec une sou-plesse de ±1 (Score E). Aucune différence significative n’est relevée par rapport au critère «Sexe» (figure 4), «Niveau d’ex-périence» (figure 5) ou «Œil directeur» (figure 6). Concernant le critère «Amétropies» (figure 7) seule une différence signi-ficative (p<0,04) entre les emmétropes (sans défaut visuel) et les hypermétropes astigmates est à noter. Les premiers ont un score S égal à 0,55 et un score E égal à 0,85 ; les scores des seconds sont respectivement 0,40 et 0,83.

La quantification a été faite pour chaque item suivant cette notation :

Analyse statistiqueL’analyse statistique a été effectuée à l’aide du logiciel

Statistica© 6.1 (Statsoft, inc., Tulsa OK, USA). L’hypothèse de normalité de chaque item était évaluée par un test W de Shapiro-Wilk ; aucun item n’était distribué suivant la loi nor-male (p<0,05). Pour l’ensemble de l’analyse statistique, nous avons donc utilisé des tests non-paramétriques sur échan-tillons appariés.

Validité de l’observationDeux méthodes on été utilisées pour évaluer la validité de

l’observation.La première méthode classiquement utilisée en recherche

expérimentale est un test statistique de comparaison d’une moyenne à une valeur standard. Pour chaque item, la valeur standard fixée est la valeur objective mesurée informati-quement. La moyenne des observations est comparée à la mesure objective. Pour valider l’observation, il ne doit pas y avoir de différence significative entre les deux mesures.

La seconde méthode est l’établissement de scores. Pour l’ensemble de la population «observateurs», on reprend le mode de chacun des 40 items. Trois cas de figures sont alors

Transl° bassin : Transl° épaules :Inclinais° bassin :Inclinais° épaules :

-3 -2 -1 0 1 2 3-3 -2 -1 0 1 2 3-3 -2 -1 0 1 2 3-3 -2 -1 0 1 2 3

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Transl° bassin : Transl° épaules :Inclinais° bassin :Inclinais° épaules :

-3 -2 -1 0 1 2 3-3 -2 -1 0 1 2 3-3 -2 -1 0 1 2 3-3 -2 -1 0 1 2 3

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Transl° bassin : Transl° épaules :Inclinais° bassin :Inclinais° épaules :

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Figure 3. — Exemples à l’attention des sujets Observateurs (Schéma de l’auteur).

: pas de translation/inclinaison ;: translation/inclinaison gauche faible ;: translation/inclinaison gauche modérée ;: translation/inclinaison gauche importante ;: translation/inclinaison droite faible ;: translation/inclinaison droite modérée ;: translation/inclinaison droite importante.

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Discussion

Si l’on s’en tient au test de comparaison d’une moyenne à un standard (88 % de différences significatives, soit 12 % d’ob-servations valides), la conclusion évidente est que l’obser-vation en tant qu’outil diagnostique dans la prise en charge ostéopathique n’est pas fiable. L’analyse par la méthode des scores donne des résultats bien plus positifs : l’observation posturale statique dans l’examen clinique ostéopathique est valide dans 60 à 85 % des cas, suivant le degré de précision recherché.

La différence entre les deux méthodes d’analyse peut s’ex-pliquer en partie par le fait que la première s’appuie sur une comparaison des valeurs moyennes, tandis que la seconde repose sur le mode. Revenons sur le score E (Étendu). Il est important d’insister sur le fait que celui-ci est, par définition, approximatif : il autorise trois réponses correctes – soit 3 modalités sur 7. Alors, pour chaque item, chaque observateur a 42 % de probabilité de faire une évaluation correcte, contre 14 % avec le score Strict (1 modalité sur 7). En résumé, le score E permet d’évaluer plus globalement que le sujet voit la bonne inclinaison/rotation (gauche, droite, ou absente) mais la quantification (faible, modérée, importante) n’est réelle-ment évaluée que par le score S.

L’influence des facteurs qualitatifs apparaît négligeable au vu des résultats obtenus ; statistiquement, seuls les emmé-tropes sont plus à même de réaliser une observation valide que les hypermétropes astigmates.

Les erreurs ou imprécisions ne seraient donc pas impu-tables aux facteurs que nous avons évalués, qui sont tous praticien-dépendants. Nous émettons l’hypothèse qu’elles seraient imputables aux conditions d’observation.

Revenons sur la non-influence des années d’expérience sur la qualité des observations réalisées. Il semblerait que la visualisation dans l’espace, la capacité à évaluer les vertica-lités et horizontalités, reste propre aux capacités cognitives de chacun, sans être influencée par l’entraînement ou les années d’expérience. Bien que le niveau scientifique de cette étude reste à démontrer, il est intéressant de mettre ce constat en parallèle avec les résultats de Guidi et al. [11] : cette étude montre que la perception tactile des ostéopathes est de meil-leure qualité que les non-ostéopathes et que cette perception augmente en qualité avec les années d’expérience. La main – qui reste l’outil premier de l’ostéopathe – serait donc plus éducable que l’œil.

Figure 4. — Scores S et E en fonction du sexe.

Figure 5. — Scores S et E en fonction de la promotion.

Figure 6. — Scores S et E en fonction de l’oeil directeur.

Figure 7. — Scores S et E en fonction de l’amétropie.

Scores en fonction du sexe

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Femme Homme

Score S

Score E

Scores en fonction de la promotion

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

P1 P2 P3 D1 D2 TC

Score E

Score S

Scores en fonction de l'oeil directeur

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Gauche Droit

Score S

Score E

Scores en fonction de l'amétropie

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Score S

Score E

Aucun

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Validité de l’observation visuelle de la posture statique dans l’examen ostéopathique

ConclusionSi l’on garde comme référence la quantification par scores,

l’observation posturale statique dans l’examen clinique ostéopathique est valide dans 60 à 85 % des cas, suivant le degré de précision recherché. Si ce pourcentage est suffi-samment élevé pour ne pas remettre en cause l’utilisation de l’observation, il reste bien trop faible pour s’en conten-ter, surtout dans le domaine de la santé. Nous démontrons donc que l’observation est indissociable des autres étapes de l’examen clinique ostéopathique : anamnèse, palpation, tests spécifiques ; l’ensemble s’inscrit dans une logique globale d’évaluation et de prise en charge du patient.

De plus, nous rappelons ici que l’observation ostéopathique ne se limite pas aux inclinaisons et translations des ceintures, mais concerne aussi les rotations des ceintures, de la tête et des membres, les reliefs musculaires, etc. La prise en compte de ces différents éléments apporte un complément d’infor-mations non négligeable dans la prise en charge du patient.

L’utilisation de matériel pourrait améliorer le degré de pré-cision de cette observation ; un simple fil à plomb, un mur ou miroir quadrillé, un laser, une plateforme de stabilométrie, une analyse informatique systématique, etc. Des systèmes plus évolués ont également été créés : ainsi le SAM3D (Sys-tème d’Analyse Morphologique 3D) de Sam Instruments permet d’effectuer des bilans morphologiques complets dans tous les plans de l’espace.

Plusieurs travaux intéressants pourraient donner suite à la présente étude : premièrement, l’utilisation des différents matériels évoqués afin d’évaluer leur impact sur la qualité de l’observation ; deuxièmement, effectuer les observations à partir d’une projection tridimensionnelle, de façon à être dans des conditions encore plus réalistes ; troisièmement, étendre les critères d’évaluation au-delà des inclinaisons et translations des ceintures ; quatrièmement, évaluer la repro-ductibilité intra-observateur de l’observation. Tout cela per-mettrait d’établir de nouvelles statistiques quant à la validité de l’observation dans la prise en charge ostéopathique.

Conflits d’intérêtsLes auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt à la rédac-

tion de la présente étude.

RéférencesAuquier O. Ostéopathie, principes et applications ostéoar-ticulaires. Issy-les-Moulineaux (France): Elsevier-Masson; 2007. 161 p.Croibier A. Diagnostic ostéopathique général. Issy-les-Mou-lineaux (France): Elsevier-Masson; 2005. 318 p.Chantepie A, Perot JF, Toussirot P. Ostéopathie clinique et pra-tique. Paris: Maloine; 2005. 417 p.Chantepie A, Perot JF, Toussirot P. Concept ostéopathique de la posture. Paris: Maloine; 2005. 149 p.Amigues JP. L’ostéopathie. Fondements, techniques et appli-cations. Paris: Ellébore; 1998. 251 p.Site APE, Association Posture Equilibre. http://www.posture-equilibre.asso.fr/ Consulté le 17/02/2010. Javerliat P. Précis de matière ostéopathique. Vannes (France): Sully; 2008. 245 p.Parsons J, Marcer N. Osteopathy. Models for diagnosis, treat-ment and practice. Edinburgh (Scotland): Elsevier; 2006. 352 p.Clauzade M, Marty JP. Orthoposturodontie 2. Perpignan (France): SEOO; 2006. 218 p.Gagey PM, Bizzo G, Bonnier L, Gentaz R, Guillaume P, Ma-rucchi C, Villeneuve P. Huit leçons de posturologie (tome 1 à 8). Paris: Association Française de Posturologie; 1993. n pages.Guidi L. La perception tactile des ostéopathes [mémoire]. Émerainville (France): École Supérieure d’Ostéopathie; 2007. 72 p.SAM Instruments. http://www.saminstruments.com/ Consulté le 17/02/2010.

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