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WHERE THE RAIN FALLS (LÀ OÙ TOMBE LA PLUIE) : CHANGEMENT CLIMATIQUE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET DES MOYENS DE SUBSISTANCE ET MIGRATION RAPPORT SUR LA POLITIQUE GLOBALE KOKO WARNER, TAMER AFIFI, KEVIN HENRY, TONYA RAWE, CHRISTOPHER SMITH, ALEX DE SHERBININ UN PROJET D’ÉTUDE CONDUIT DANS 8 PAYS POUR MIEUX COMPRENDRE LES PRÉCIPITATIONS, LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LES MOUVEMENTS DE POPULATIONS.

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WHERE THE RAIN FALLS (Là où TombE LA pLuIE) : cHANgEmENT cLImATIquE, SécuRITé ALImENTAIRE ET dES moyENS dE SubSISTANcE ET mIgRATIoN

RAppoRT SuR LA poLITIquE gLobALE

KOKO WARNER, TAMER AFIFI, KEVIN HENRY, TONYA RAWE, CHRISTOPHER SMITH, ALEX DE SHERBININ

uN pRojET d’éTudE coNduIT dANS 8 pAyS pouR mIEux compRENdRE LES pRécIpITATIoNS, LA SécuRITé ALImENTAIRE ET LES mouvEmENTS dE popuLATIoNS.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 3

cARE FRANcE

L’uNIvERSITé dES NATIoNS uNIES

INSTITuT dE L'uNIvERSITé dES NATIoNS uNIES pouR

L’ENvIRoNNEmENT ET LA SécuRITé HumAINE (uNu-EHS)

cENTRE pouR uN RéSEAu INTERNATIoNAL d’INFoRmATIoN

SuR LES ScIENcES dE LA TERRE à L’INSTITuT dE LA TERRE dE

L’uNIvERSITé coLumbIA.

décembre 2012

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4_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

crédit photo : © 2012 Lars johansson

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 5

Where the rain falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationKOKO WARNER, TAMER AFIFI, KEVIN HENRY, TONYA RAWE, CHRISTOPHER SMITH, ALEX DE SHERBININ

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6_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

RemerciementsLe présent rapport et les différentes activités du projet ont pour

but de mieux faire comprendre l’incidence du changement

climatique sur la sécurité alimentaire et la mobilité humaine

et de renforcer les mesures pour y répondre. Il a été publié

dans le cadre du projet « Where The Rain Falls : changement

climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance

et migration » (« Rainfalls »), lequel a été rendu possible

grâce à une généreuse contribution du groupe AxA et de

la Fondation john d. et catherine T. macArthur sous la

responsabilité de Alice Steenland, john Slocum et milena

Novy-marx.

Nous voudrions saluer ici les chercheurs dont les études de

cas développé dans le cadre du projet ont inspiré ce rapport

de synthèse. Nous remercions les auteurs suivants pour

leurs contributions : m. panomsak promburom (centre de

recherche sur les systèmes de ressources agricoles) et le

dr. patrick Sakdapolrak (université de bonn) qui ont mené

les recherches de terrain en Thaïlande, m. Raúl Ho (m.Sc

– consultant indépendant) et m. Andrea milan (uNu-EHS)

pour leurs recherches de terrain au pérou, le dr. janakaraj

Murali (TERI Inde) et le Dr. Tamer Afifi (UNU-EHS) pour

leurs recherches en Inde, m. Nguyen cong Thao (Institut

d’anthropologie, Académie vietnamienne des sciences

sociales – doctorant à statut Abd de l’université de Hawaï

à manoa, états-unis), le dr. Nguyen viet Khoa (centre

national d’extension agricole) et le dr. Kees van der geest

(université d’Amsterdam) pour leur travail au viet Nam,

le dr. Ahsan uddin Ahmed et le dr. Sharmind Neelormi

(tous deux du centre pour le changement mondial, dhaka,

bangladesh), m. Selim Reza Hassan (cARE bangladesh)

et le dr. benjamin Etzold (université de bonn), chargés du

travail de terrain au bangladesh, ainsi qu’Andrea milan,

pour ses apports sur le terrain, le dr. Edward Salifu mahama

(université pour les études sur le développement, ghana)

et le dr. christina Rademacher-Schulz (uNu-EHS) qui ont

effectué le travail de terrain au ghana, le dr. Sergio Ruano

(consultant indépendant) et m. Andrea milan pour le travail

de terrain au guatemala, ainsi que le dr. Emma T. Liwenga

(Institut pour l’évaluation des ressources, université de dar

es-Salaam, Tanzanie). Le dr. Koko Warner (uNu-EHS) a

collaboré en tant que directeur scientifique des recherches «

Rainfalls ». Le Dr. Tamer Afifi (UNU-EHS) et M. Kevin Henry

(cARE France) ont coordonné respectivement les recherches

et le projet.

Nous voudrions remercier les membres du groupe technique

consultatif de Rainfalls pour leurs précieux apports : le

professeur Susan martin (Institut pour l’étude des migrations

internationales de l’université de georgetown, états-unis),

le professeur émérite Roger Zetter (université d’oxford),

le dr. mathieu choux (groupe AxA), le dr. Tara Shine

(Fondation mary Robinson), mme Agnes otzelberger

(Réseau cARE International sur la pauvreté, l’environnement

et le changement climatique), le dr. youba Sokona (centre

africain pour la politique climatique) et le dr. Fatima denton

(cRdI).

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 7

Nous tenons aussi à remercier les experts suivants, qui ont

participé à la relecture du présent document : le dr. Saleemul

Huq (IIEd et IcccAd), m. chipo plaxedes mubaya (udSm

– IRA, Tanzanie), m. ced Hesse (IIEd), le dr. marloes mul

(uNESco-IHE), le dr. Siza Tumbo (Sokoine university of

Agriculture, Tanzanie), le dr. rer. pol. Wolfgang-peter Zingel

(Südasien-Institut Abteilung Internationale Wirtschafts- und

Entwicklungspolitik), le dr. Ainun Nishat (université bRAc,

bangladesh), le dr. Rezaur Rahman (Institut pour la gestion

de l’eau et des inondations et bangladesh university of

Engineering and Technology), le dr. A.S.R.A.S. Sastri (Indira

gandhi Agricultural university, Inde), le dr. Anwara begum

(bangladesh Institute of development Studies), le dr. osman

Kanton (udS, ghana), le dr. Abdul-Korah (college of Saint

Rose, états-unis), dr. benjamin Schraven (dIE, Allemagne),

dr. Irit Eguavoen (ZEF bonn, Allemagne), dr. patrick Laux

(Institut de technologie de Karlsruhe, Allemagne), mme.

olivia dun (université de Sydney, Australie), mme jane chun

(pNud), m. Nguyen chi quoc (oIm), m. peter mackay

(consultant en changement climatique), NgÔ THI pHuoNg

Lan (université nationale du viet Nam – Hô-chi-minh-

ville), le dr. NguyEN HIEu Trung (université de can Tho

et Institut dRAgoN – mékong), le dr. Karl Husa (université

de vienne), m. vitoon panyakul (greennet), le dr. jonathan

Rigg (université de durham, Faculté de géographie), le

dr. Edwin castellanos (Institut pour l’environnement et

la biodiversité, université del valle, guatemala), le prof.

claudia donis (université de sciences sociales d’Amérique

latine, guatemala), le prof. Alipio canahua (université

nationale de l’Altiplano – puno – pérou), le dr. Luis Suárez

Salas (université Alas peruanas de Huancayo, pérou), le dr.

juan Torres guevara (université nationale pour l’agriculture

– La molina – Soluciones prácticas – ITdg, pérou), le dr.

Susan cutter (université de caroline du Sud, états-unis), le

dr. pablo Lucas (cFpm), m. vikram Kolmannskog (conseil

norvégien pour les réfugiés), m. david Waskow (oxfam) et

un relecteur anonyme travaillant pour le Fonds de recherche

AxA.

Nous aimerions aussi remercier les experts suivants, qui ont

participé directement à la relecture des huit études nationales

et dont les contributions ont permis d’améliorer la qualité

globale du présent rapport : le dr. chilanga Asmani (uNFpA),

le dr. Stephen Nindi, le prof. Allan m. Findlay (Faculté pour

l’environnement, université de dundee, écosse), m. Tasneem

Siddiqi (The Asia Foundation), le prof. murari Lal (cESdAc),

le dr. bandi venkateswarlu (cRIdA), le dr. Anil Kumar

Singh (IcAR), m. Shirish Sinha dEZA SINSH (Ambassade de

Suisse en Inde), le prof. Stephen Kendie (université de cape

coast, ghana), le dr. Issac Agyemang (FIdS, ghana), le dr.

Felix Asante (ISSER, ghana), mr. Koos Neefjes (pNud), le

dr. james Taylor (université d’Adélaïde, Australie), le dr.

Huynh Truong Huy (Faculté des sciences économiques et

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8_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

d’administration des entreprises, université de can Tho,

viet Nam), le prof. Hugo graeme (université d’Adélaïde), le

dr. Sureeporn punpuing (Institut d’études sur la population

et les sciences sociales, université de mahidol, Thaïlande),

mme Hilda Rivera (Rain Forest Alliance), m. carlos

mansilla (ministère de l’environnement et des ressources

naturelles, guatemala), le dr. juventino galvez (Institut pour

l’agriculture, les ressources naturelles et l’environnement,

université Rafael Landívar, guatemala), le dr. Katrin millock

(cNRS, école supérieure des sciences économiques, paris) et

le prof. Anthony oliver-Smith (université de Floride, états-

unis).

Les auteurs du présent rapport tiennent aussi à exprimer leur

reconnaissance à :

- cARE France qui s’est chargé de la gestion du projet et

en particulier mlle Aurélie ceinos, chargée de programme,

et mlle Kimberly bennett, coordinatrice des communications

externes, pour leurs nombreuses contributions à ce projet.

ce dernier n’aurait pas vu le jour sans le soutien actif

des bureaux de pays de cARE au bangladesh, en Inde,

en Thaïlande, au viet Nam, au ghana, en Tanzanie, au

guatemala et au pérou, ainsi que de l’équipe pEccN (Réseau

pauvreté, Environnement et changement climatique) de

cARE International et de cARE uSA.

- uNu-EHS, en particulier le dr. jakob Rhyner, vice-recteur

de l’université des Nations unies en Europe (uNu – viE) et

directeur de l’uNu-EHS, ainsi que l’équipe de l’information

et des communications : le dr. Alice Fišer, mme Katharina

brach et mme Andrea Wendeler, sans oublier mme verena

Russo et m. Serge birtel.

- nos collègues du centre pour le réseau international

d’information sur les sciences de la terre (cIESIN)/université

columbia, le personnel de SIg cody Aichele, Tricia chai-

onn, dara mendeloff, et Sneha Rao, le cartographe Al

pinto, Andrés gonzalez pour le client de cartes web, Susana

Adamo pour son aide lors de la conception de l’enquête et

de la stratégie d’échantillonnage et michael bell et john del

corral pour leur analyse des données climatiques (Institut de

recherche international sur le climat et la société/université

columbia).

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 9

crédit photo : © 2007 bill dowell/cARE

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10_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Table des MatièresRemerciements

Synthèse

1- Nature et objectif du présent rapport

1.1 Que sait-on de l’influence des changements environnementaux

sur la mobilité humaine ?

1.2 Rapports entre la variabilité pluviométrique, la sécurité alimentaire/

des moyens de subsistance et la mobilité humaine

1.3 De l’utilité de comprendre les décisions en matière de mobilité dans

le contexte des changements climatiques

1.4 Nouvelle approche de réflexion et contribution du présent rapport

1.5 Portée et limites du présent rapport

2- Méthodes multidisciplinaires du projet Where The Rain Falls

2.1 Entretiens auprès d’experts

2.2 Recherches participatives

2.3 Enquête auprès des ménages

2.4 Scénarios futurs des précipitations et de la migration tirés de la

modélisation axée sur les agents

2.5 Champs de recherche, méthodes et triangulation

3- Caractéristiques nationales et des sites de recherche

3.1 Critères pour la sélection des pays et des sites

3.2 Contexte national

3.3 Caractéristiques des sites de recherche

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 11

4- 4. Résultats des études de cas : la migration dans le contexte de la variabilité

pluviométrique et de la sécurité alimentaire/des moyens de subsistance

4.1 Thaïlande : grâce à des sources de revenus diversifiées et un accès aux biens

et aux services la migration est désormais un choix dans la province de Lamphun

4.2 Pérou : les options en matière de subsistance et les stratégies de migration dans

la province de Huancayo varient en fonction de l’altitude et de la proximité avec

les centres urbains

4.3. Viet Nam, delta du Mékong : les populations pauvres de la commune de Hung

Than, sans terres et peu qualifiées, n’ont guère d’options, en dépit de la croissance

économique

4.4 Inde : les ménages pauvres de Janjgir-Champa continuent d’utiliser la migration

saisonnière pour assurer leur sécurité alimentaire, en dépit de l’irrigation, de

l’industrialisation et des Mesures de protection sociales et économiques

4.5 Bangladesh : la migration est une stratégie d’adaptation clé pour les ménages

pauvres de Kurigram, mais les coûts sociaux en sont élevéss

4.6 Ghana : la forte dépendance envers l’agriculture pluviale dans le district de

Nadowli explique la persistance de la migration saisonnière comme stratégie

d’adaptation

4.7 Guatemala : le manque de diversification des moyens de subsistance et de

possibilités migratoires laisse peu d’options aux habitants de Cabricán

4.8 Tanzanie : la migration est une stratégie d’adaptation tant pour les petits

exploitants agricoles que pour les éleveurs qui luttent pour la sécurité alimentaire

dans le même district.t

5- Analyse des décisions des ménages en matière de migration à l’heure actuelle

: caractéristiques des ménages et sensibilité à la variabilité pluviométrique et à la

sécurité alimentaire/des moyens de subsistance

5.1 Caractéristiques des ménages dans les districts ciblés

5.2 La migration : adaptation ou échec de l’adaptation ? Quatre profils de migration

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12_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

liée à la pluviométrie

La migration comme facteur d’amélioration de la résilience (migration efficace)

La migration comme stratégie de survie, mais non de prospérité

La migration comme stratégie d’adaptation aggravante et utilisée en dernier recours

Impossibilité de migration, difficultés et survie dans les lieux d’origine

6-Migration dans le contexte des variabilités pluviométriques et de l’insécurité

alimentaire/des moyens de subsistance futures

6.1 Modélisation axée sur les agents (MAA)

6.2 Le modèle de migration axé sur les agents de « Rainfalls »l

6.3 Scénarios d’anticipation et analyse : modélisation dans le cas du district de

Same, Tanzanie

Résultats pour la Tanzanie : migration de 2014 à 2040 selon les scénarios de

précipitation suivants : augmentation de la sécheresse/de l’humidité, très forte

augmentation de la sécheresse/de l’humidité

7- Conclusions

8- Réflexions pour les décideurs et les praticiens : permettre des choix informés à

l’échelle mondial, national et local

8.1 Décideurs mondiaux

8.2 Gouvernements et partenaires d’exécution

9- Annexe technique

9.1 Modélisation axée sur les agents

9.2 Cartographie et références

10- Notes

A propos

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 13

crédit photo : ©2012 Aurélie ceinos/cARE

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14_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

SynthèseL’étude «Where The Rain Falls» (« Rainfalls ») explore les

rapports entre variabilité pluviométrique, sécurité alimentaire

et des moyens de subsistance et mobilité humaine sur des

sites de recherche très divers dans huit pays d’Asie, d’Afrique

et d’Amérique latine. même si le changement climatique a

des répercussions sur presque tous les aspects de la sécurité

alimentaire – de la production et de la disponibilité des vivres

à la stabilité de l’approvisionnement, l’accès aux denrées

et à leur consommation – nos recherches se sont limitées

aux liens entre l’instabilité des régimes pluviométriques

et de la production alimentaire d’une part et la stabilité de

l’approvisionnement en nourriture d’autre part . L’initiative

« Rainfalls » est essentiellement axée sur l’étude des

circonstances dans lesquelles les habitants des huit sites

choisis comme cas d’étude en Amérique latine, en Afrique et

en Asie envisagent la migration comme stratégie de gestion

des risques face à la variabilité pluviométrique et l’insécurité

alimentaire/des moyens de subsistance.

Il est probable que le changement climatique aggrave la

situation dans certaines régions du monde qui connaissent

déjà des niveaux élevés d’insécurité alimentaire.

L’augmentation de la variabilité pluviométrique et de ses

effets (saisons moins prévisibles, précipitations plus erratiques,

phénomènes météorologiques inhabituels pour la saison ou

disparition des saisons de transition) ont des répercussions

non négligeables sur la sécurité alimentaire, les moyens de

subsistance de millions de personnes et la décision de migrer

des ménages vulnérables. Si les décideurs et acteurs du

développement veulent garantir une transition vers un avenir

plus résilient aux impacts du changement climatique et des

politiques d’adaptation appropriées, ils doivent mieux saisir

les corrélations existant entre le changement climatique,

les profils des ménages en terme de sécurité alimentaire

et des moyens de subsistance et les décisions relatives à la

migration.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 15

Le présent rapport apporte six nouvelles contributions aux recherches sur le changement climatique et la mobilité humaine :

◆ méthodes de recherche de nouvelle génération, combinant méthodes quantitatives et qualitatives, avec notamment une enquête auprès des ménages, divers outils de recherche participative (Participatory Research Approach ou PRA) et des entretiens auprès d’experts ;

◆ données empiriques fournies par huit études de cas détaillées menées dans trois régions, en s’appuyant sur des travaux empiriques antérieurs sur les changements environnementaux et la mobilité humaine (EACH-FOR, 2009) ;

◆ cartes inédites des impacts du changement climatique, avec répartition des populations et schémas de migration, représentant certains des principaux processus associés à la variabilité pluviométrique et certains des grands systèmes humains-écologiques où de tels changements entraînent une migration ;

◆ cadre analytique pour harmoniser les constatations faites sur huit sites de recherche très divers afin de répondre à la question : « Dans quelles circonstances les ménages utilisent-ils la migration comme stratégie de gestion des risques ? » ;

◆ travail de modélisation axé sur les agents pour répondre à la question « Dans quelles circonstances la variabilité pluviométrique influence-t-elle fortement les futures migrations ? », mis en pratique pour la première fois sur le site de recherche tanzanien ;

◆ réflexions politiques pour les pouvoirs publics, les institutions multilatérales ou de recherche et les organisations non gouvernementales qui travaillent directement avec certaines des populations les plus vulnérables du monde

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16_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Principales constatations : relations actuelles entre la

variabilité pluviométrique, la sécurité alimentaire et des

moyens de subsistance et la migration

de par leur diversité, les huit cas d’étude ont fourni l’occasion

d’explorer de façon nuancée la question « dans quelles

circonstances les ménages utilisent-ils la migration comme

stratégie de gestion des risques ? » pour répondre à cette

question, la recherche a utilisé un cadre d’analyse permettant

d’identifier les grands facteurs qui contribuent à la prise de

décision des ménages selon plusieurs niveaux :

◆ Au premier niveau, le cadre établit des distinctions entre

les huit pays en s’appuyant sur des indicateurs sociaux,

économiques et démographiques qui s’imposent au

niveau macro. L’analyse de ces contextes nationaux, qui

présentent des caractéristiques différentes (lesquelles ont

une incidence sur les stratégies de subsistance des ménages,

et notamment sur les décisions relatives à la migration)

a permis de déduire une typologie. Le classement de ces

pays coïncide partiellement avec une typologie régionale

des contextes nationaux. Ainsi, trois des quatre cas d’étude

asiatiques entrent dans la catégorie des pays dynamiques

qui connaissent une pauvreté et une insécurité alimentaire

moyennes à élevées, la Thaïlande faisant exception étant

donné les succès engrangés ces dernières années en termes

de réduction de la pauvreté..

◆ Au niveau infranational, la diversité des sites de recherche

du projet se traduit par une série de caractéristiques

géographiques, météorologiques et agro-écologiques. Les

plus importantes, outre des précipitations annuelles allant

de 560 mm à 1 700 mm, ont trait à : la proximité de villes

ou autres grands centres offrant des opportunités d’emploi

alternatif appréciables (p. ex. des zones industrielles) ;

l’altitude ; la saisonnalité des régimes de précipitations

; le degré de dépendance envers les cultures pluviales par

opposition aux cultures irriguées.

◆ Enfin, les principales caractéristiques qui, au niveau

individuel ou familial, semblent devoir entrer en ligne de

compte dans les prises de décision en matière de migration

ont été répertoriées en s’appuyant sur des données primaires

recueillies lors d’enquêtes auprès des ménages : taille et

composition du ménage ; propriété foncière ; patrimoine

; degré de diversité des moyens de subsistance ; niveaux

d’éducation. ces caractéristiques mettent en lumière les

facteurs qui influent sur les décisions actuelles ou futures

relatives à la migration et permettent de mieux comprendre

quels sont les ménages qui seront sans doute incapables de

s’adapter aux changements pluviométriques soit in situ soit

par la migration ou au contraire, quels sont les facteurs qui

contribuent à la résilience ou à la vulnérabilité de certains

types de ménage face à ces perturbations.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 17

Observations de terrain

Les recherches de terrain dans les huit pays étudiés ont révélé

que :

◆ pour la grande majorité d es populations rurales des huit

lieux de recherche le changement climatique se traduit

à travers les variations pluviométriques. ces perceptions

influent sur leurs décisions quant à la gestion des risques.

Les modifications les plus communément citées concernent

les dates, la qualité, la quantité ou la prévisibilité globale

des précipitations, y compris : l’arrivée tardive de la saison

des pluies, d’une durée réduite ; une réduction du nombre

annuel de journées de pluie ; une fréquence accrue des pluies

diluviennes ; une fréquence accrue et une prolongation des

périodes sèches pendant la saison des pluies. dans nombre de

cas, il y a corrélation entre la perception de ces changements

et une analyse des données météorologiques locales au cours

des dernières décennies.

◆ Les ménages vivant essentiellement de l’agriculture sur

les sites de recherche rapportent dans leur grande majorité

que la variabilité pluviométrique a un effet négatif sur la

production et contribue à l’insécurité alimentaire et des

moyens de subsistance. Les niveaux d’insécurité alimentaire

sur les huit sites varient fortement à cause de facteurs

comme : la quantité totale et les fluctuations saisonnières des

précipitations ; le degré d’intensification de l’agriculture ; le

degré de diversification des moyens de subsistance ; l’accès

des ménages pauvres à des mesures de protection sociale et

autres services d’appui.

◆ L’observation de la migration, phènomène commun aux huit

sites de recherche, permet de dégager les tendances suivantes,

la migration est : presque entièrement confinée à l’intérieur

des frontières nationales ; à prédominance masculine, mais

avec participation accrue des femmes dans un certain nombre

de pays ; essentiellement le fait de membres individuels au

sein du ménage (l’Inde, où des familles entières (nucléaire)

déménagent, fait exception) ; due à des besoins liés à la

subsistance (revenus du ménage) dans la plupart des pays,

quoiqu’un nombre croissant de migrants cherchent à présent

à améliorer leurs compétences (p. ex. grâce à l’éducation)

dans des pays comme la Thaïlande, le viet Nam et le pérou ;

une combinaison de mouvement du type rural-rural et rural-

urbain, les destinations les plus fréquentes étant les zones

agricoles plus productives (ghana, bangladesh, Tanzanie), les

centres urbains à proximité (pérou, Inde), les zones minières

(ghana) ou industrielles (Thaïlande, viet Nam).

◆ Les ménages ont recours à la migration pour gérer des

risques climatiques comme la variabilité pluviométrique. La

migration – saisonnière, temporaire ou permanente – joue

un rôle important dans les efforts menés par beaucoup

de familles pour affronter la variabilité pluviométrique et

l’insécurité alimentaire et des moyens de subsistance. d’après

les informations recueillies sur un certain nombre de sites de

recherche, elle a augmenté au cours des décennies passées.

La pluviosité pèse plus directement sur les décisions relatives

à la migration là où la dépendance envers l’agriculture

pluviale est forte, où il n’y a souvent qu’une seule récolte

par an, et où il existe peu de possibilités de diversification des

revenus. En l’absence d’appui au développement de moyens

de subsistance résilient face au changement climatique, la

pression exercée sur les moyens de subsistance tributaires de

la pluie influencera sans doute davantage la mobilité à long

terme des ménages vulnérables dans les décennies à venir.

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18_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

◆ La vulnérabilité des ménages face à la variabilité

pluviométrique a un impact sur les résultats en matière de

sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et les

choix et schémas de migration. Les ménages possédant des

biens diversifiés et un accès à des options variées en termes

d’adaptation, de diversification des revenus ou de gestion

des risques (par le biais de réseaux sociaux, de programmes

d’appui communautaires ou gouvernementaux et de

l’éducation) peuvent recourir à la migration de manière à

améliorer leur résilience. ceux qui ont le moins accès à ce

type d’options (peu ou pas d’opportunités en matière de

diversification des revenus, pas de terres, peu d’instruction)

ont recours à la migration (en général interne) comme

stratégie de survie pendant les périodes de disette. cette

décision, qui vient s’ajouter à d’autres mesures d’ajustement,

dommageables à long terme,, maintient ces populations en

marge d’une existence décente, ou les y accule.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 19

crédit photo : © 2007 bill dowell/cARE

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20_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Quatre profils distincts : la migration comme stratégie de

gestion des risques

L’analyse préliminaire des données de l’enquête sur les

ménages a permis de dégager quatre profils distincts de

familles pour qui la migration est une réponse possible à la

variabilité pluviométrique et à l’insécurité alimentaire et des

moyens de subsistance.

Le premier groupe (que l’on trouve le plus couramment dans

les pays qui sont en mesure de procurer des sources de revenus

alternatives et une certaine sécurité alimentaire à la majorité

de leur population) se sert de la migration pour améliorer sa

résilience, par exemple en investissant dans l’éducation, la

santé, les emplois résistant aux changements climatiques et

la diversification des risques. Pour ces ménages, la migration

s’insère dans un ensemble de stratégies d’adaptation et ils

se déplacent de façon saisonnière ou temporaire, en général

pour trouver des emplois non agricoles dans les villes ou à

l’étranger.

Le deuxième groupe – que l’on trouve souvent dans les

pays présentant un moindre niveau de sécurité alimentaire

et possédant moins de possibilités de diversification des

revenus – se sert de la migration non pas pour prospérer,

mais pour survivre. Il se déplace de façon saisonnière dans

son propre pays pour trouver du travail (souvent) agricole

dans d’autres zones rurales. pour le troisième groupe, dont

les conditions de sécurité alimentaire sont encore plus fragiles

et pour lequel les possibilités d’adaptation sont plus rares

ou leur recherche, peu persévérante, la migration est une

affaire de sécurité humaine dans le cadre de ce que l’on peut

considérer comme une stratégie d’ajustement dommageable

à long terme. ce groupe se déplace souvent vers d’autres

Relation future possible entre la variabilité pluviométrique,

la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et la

migration

Pour mieux comprendre la forte influence que pourrait exercer

à l’avenir l’augmentation de la variabilité pluviométrique sur la

mobilité humaine, il est important d’inventorier les différents

impacts que des scénarios probables pourraient avoir sur les

flux migratoires. La modélisation axée sur les agents est une

technique informatique de simulation sociale qui permet à

l’utilisateur de modéliser le comportement d’organes de

décision individuels ainsi que leurs interactions mutuelles

et avec l’environnement. L’utilisation d’un processus de

simulation et d’analyses orientées vers l’avenir permet de

comprendre les circonstances dans lesquelles la variabilité

pluviométrique risque d’influencer fortement la migration

vers différents environnements. Les sites qui ont servi de cas

d’étude « Rainfalls » sont utilisés comme exemples d’endroits

où les modifications pluviométriques risquent de contribuer à

un accroissement de l’insécurité alimentaire et de la mobilité

humaine.

Le modèle de migration axé sur les agents du projet «

Rainfalls » (mmAAR) présente deux niveaux d’analyse des

zones rurales de la région pendant les périodes de disette à

la recherche de nourriture ou d’un emploi qui lui permette de

se la procurer. Le dernier groupe semble être composé de «

populations piégées » qui luttent pour survivre sur leur lieu

d’origine et n’ont pas facilement recours à la migration pour

s’adapter aux impacts négatifs des facteurs de stress liés aux

variations pluviométriques.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 21

comme l’indiquent les études de cas et les résultats de la

modélisation, les changements intervenus tant dans la

moyenne que dans la variabilité des précipitations locales

influent sur des facteurs tels que le marché du travail régional

et les systèmes de production alimentaire. La variabilité

pluviométrique a aussi une incidence sur la vulnérabilité des

ménages, en fonction de caractéristiques comme les revenus,

le patrimoine et la taille de la famille. Les résultats des études

de cas et de la modélisation illustrent les circonstances dans

lesquelles interviennent les décisions relatives à la migration.

Ils montrent que les ménages tant « satisfaits » que «

vulnérables » ont recours à la migration, mais que celle-ci

s’opère de façon très différente. Les premiers voient leur

résilience renforcée tandis que la vulnérabilité des seconds

face aux facteurs de stress, climatiques ou non, n’a de cesse

de s’aggraver.

agents, relatifs à la vulnérabilité et au processus décisionnel

intervenant lors de la migration : le ménage et l’individu. Les

caractéristiques de l’un comme de l’autre proviennent des

données de l’enquête menée auprès des ménages sur chacun

des sites étudiés. Le mmAAR est conçu pour représenter le

degré de vulnérabilité des ménages lorsque leurs moyens

de subsistance et leur sécurité alimentaire subissent des

modifications due à la variabilité pluviométrique, ainsi que

l’incidence de ces changements sur la migration des membres

de la famille. Les recherches ont mis en lumière différents

impacts que des scénarios probables pourraient avoir sur les

flux migratoires et ont montré qu’à l’avenir, les variations

pluviométriques risquaient d’influencer fortement la mobilité

humaine. Le modèle a été tout d’abord appliqué au site de

recherche tanzanien avec les résultats suivants :

◆ La migration des ménages vulnérables est extrêmement

sensible aux changements de pluviométrie. pendant la

majeure partie de la période de simulation, le plus grand

nombre normalisé de migrants modélisés destinés à quitter

un foyer vulnérable se trouve dans le scénario 4 (sécheresse

extrême). par contraste, le scénario 3 (humidité extrême)

présente quant à lui le nombre le plus bas de migrants quittant

un foyer vulnérable. Le nombre de migrants modélisés

destinés à quitter un foyer vulnérable dans les scénarios 1

(sécheresse) et 2 (humidité) marque une augmentation nette

par rapport aux chiffres de référence dans les deux cas, mais

pas aussi importante que dans le scénario 4.

◆ par contraste, la migration « répondant à des aspirations »

dans les ménages satisfaits présente moins de susceptibilité

aux diverses hypothèses de variabilité concernant les futurs

régimes pluviométriques. Les deux scénarios sur l’humidité

produisent une légère augmentation de la migration satisfaite

alors que les deux scénarios de sécheresse montrent un léger

recul.

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22_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Réflexions pour les décideurs et praticiens

dans le monde entier, les communautés vulnérables subissent

déjà les impacts associés aux phénomènes météorologiques

extrêmes et aux changements climatiques à évolution

lente . pourtant, selon des estimations récentes, le rythme

actuel des émissions, associé aux promesses de réduction,

pourrait conduire à une augmentation des températures

s’échelonnant de 3,5 à 6°c . Fondamentalement, la crise

climatique exige une réponse beaucoup plus forte de la

communauté internationale, des gouvernements nationaux

et des collectivités locales, tant dans les pays développés

qu’en développement, dans des domaines tels que la

sécurité alimentaire, l’environnement et plus largement le

développement durable.

Les conclusions de l’étude permettent d‘élaborer une série

de recommandations politiques et pratiques qui, prises

collectivement, pourront aider les populations démunies

à faire des choix informés en matière de migration,

d’adaptation et de sécurité alimentaire, choix qui leur

permettront de préserver leur dignité et leur sécurité et

d’améliorer leur résistance aux changements climatiques.

Les états et les communautés les plus sévèrement touchés

ne peuvent assumer seuls l’aide aux populations vulnérables

et leur protection. Le principe d’une responsabilité commune

mais différenciée (tant pour minimiser la pression sur les

populations vulnérables que pour accroître les possibilités

d’adaptation) doit donc sous-tendre les négociations portant

sur les politiques à adopter et leur mise en place à tous les

niveaux.

L’hésitation des états à prendre des mesures ambitieuses

d’atténuation, de financement et d’adaptation face aux

changements climatiques, ne fera qu’en exacerber les

impacts et les coûts, tant humains que financiers. Au plan

mondial, les parties à la convention-cadre des Nations unies

sur les changements climatiques doivent :

◆ accepter une approche équitable pour réduire les émissions

de gaz à effets de serre conformément aux recommandations

de la communauté scientifique afin que l’augmentation de la

température mondiale moyenne ne dépasse pas 2°c, voire

1,5°c

◆ intensifier leur engagement et convenir de sources

innovantes pour assurer un financement de l’adaptation

suffisant, durable, prévisible, nouveau et supplémentaire qui

encourage la transparence, les approches participatives et la

responsabilisation ;

◆ faciliter la coordination régionale et mondiale par

l’intermédiaire du Comité d’adaptation, afin de permettre

l’appui aux développements des plans Nationaux

d’Adaptation ;

◆ évaluer les pertes et dommages et y remédier par le biais

de la convention-cadre des Nations unies et du mécanisme

et programme de travail relatifs aux pertes et dommages

de façon à répondre aux besoins des populations les plus

vulnérables.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 23

Le changement climatique, la sécurité alimentaire, la

pauvreté, la gestion des ressources naturelles et la mobilité

humaine sont inextricablement liés et on ne peut y remédier

séparément. ceux qui décident des mesures à prendre en

matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle au plan

mondial doivent :

◆ appeler davantage à la lutte contre la crise climatique et

incorporer des considérations relatives au changement

climatique et à l’égalité des sexes dans les initiatives

mondiales de sécurité alimentaire et nutritive.

◆ décider d’objectifs qui appuient le droit de tous à un

développement durable après 2015, à la suite des objectifs

du millénaire pour le développement..

Les impacts sont locaux, ce qui rend indispensable une action

aux niveaux national et local. Les gouvernements des pays

tant développés qu’en développement, les organisations

non gouvernementales, les institutions multilatérales et les

agences des Nations unies doivent s’efforcer d’encourager

la collaboration intersectorielle, entre ministères et

transfrontalière. Ils doivent aussi :

pour les populations déjà démunies et vulnérables, le

changement climatique est un nouveau défi majeur et

évolutif . Et toute solution à long terme ne pourra se faire

sans elles.. Il est donc nécessaire de garantir leur autonomie

et leur donner accès à de meilleurs outils de décision et de

gestion: informations, ressources et moyens de subsistance

qui tiennent compte du changement actuel des schémas

pluviométriques. mais on ne peut laisser les populations et

communautés locales relever seules ces défis : l’avènement

de solutions durables nécessitera les efforts concertés et

déterminés de la communauté internationale pour accroître

la résilience face aux facteurs de stress climatiques.

◆ accompagner et favoriser la sécurité alimentaire ainsi que

des moyens de subsistance résilients.

◆ renforcer et étendre la réduction des risques de catastrophe

et ses liens avec le développement à long terme.

◆ incorporer les questions relatives à l’égalité des sexes.

◆ impliquer les populations vulnérables et leur accorder la

◆ accompagner, promouvoir et mettre en œuvre des plans

globaux participatifs, tant nationaux que locaux, afin

d’anticiper et prévoir les éventuelles questions de sécurité

alimentaire et des moyens de subsistance ou de mobilité

humaine liées aux facteurs de stress climatiques.

◆ s’attaquer aux défis et opportunités transfrontaliers liés à

l’adaptation et à la mobilité humaine.

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24_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

crédit photo : © 2012 Lars johansson

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 25

priorité.

1- Nature et objectif du présent rapport

Dès le milieu des années 1980 au moins, les scientifiques

ont établi des corrélations entre les changements

environnementaux et la mobilité humaine . c’est alors que

les premiers débats sur les projections et prévisions quant

au nombre de futurs « migrants environnementaux » ont

vu le jour . plus récemment, des travaux tant conceptuels

qu’empiriques ont étudié les relations plus larges existant

entre les facteurs environnementaux et la migration dans

diverses situations . ces travaux ont permis de dégager

des schémas généraux qui ont servi de point de départ

pour des études plus nuancées sur les interactions entre

facteurs climatiques et socioéconomiques . depuis, des

études ont montré que les facteurs environnementaux

jouent effectivement un rôle dans la mobilité humaine et

souligné le fait qu’il se peut que certaines des populations

les plus exposées aux facteurs de stress environnementaux

(en particulier les agriculteurs, éleveurs, pasteurs, pêcheurs et

1.1 Que sait-on de l’influence des changements

environnementaux sur la mobilité humaine ?

autres, dont le mode de vie dépend des ressources naturelles

et des conditions climatiques) n’aient, par l’avenir, que peu

ou pas la possibilité de se déplacer loin de leur lieu de vie

d’origine . dans les décennies à venir, ces populations à la

« mobilité » potentiellement « limitée » risquent de voir le

potentiel de leurs territoires d’origine se détériorer en même

temps que se réduiront leurs possibilités de migrer vers des

zones plus favorables tout en préservant leur sécurité et leur

dignité. à moyen et long terme, les implications qu’aura

le changement climatique sur de nombreuses questions

relatives aux mouvements de population sont telles que des

chercheurs se sont mis en quête de mieux comprendre dans

quelles circonstances les facteurs climatiques influent sur les

décisions humaines : partir ou ne pas partir, où aller, quand,

et quand revenir ?

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26_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

1.2 Rapports entre la variabilité pluviométrique, la sécurité

alimentaire/des moyens de subsistance et la mobilité humaine

L’étude « Rainfalls » tire ses informations de recherches

empiriques et participatives menées dans huit pays d’Asie,

d’Afrique et d’Amérique latine. Les données primaires

originales ont servi à tracer de nouvelles cartes montrant les

flux migratoires au sein de régions particulières dans les pays

choisis pour l’étude. des recherches de terrain approfondies

ont eu lieu sur des sites au guatemala, au pérou, au ghana,

en Tanzanie, en Inde, au bangladesh, en Thaïlande et au

viet Nam. Les huit études de cas « Rainfalls » apportent

des éléments probants qui dévoilent une série d’interactions

complexes et illustrent les effets réciproques de la variabilité

pluviométrique, de l’insécurité alimentaire et des moyens de

subsistance, et des choix migratoires (saisonniers, temporaires,

permanents ou aucun) pour des ménages présentant des

caractéristiques différentes (richesse, propriété foncière,

accès à des options en termes de diversification des revenus,

sexe, âge, éducation etc.). L’étude détaille également dans

quelles mesures ces caractéristiques influent positivement

ou négativement sur les capacités des ménages à décider de

migrer ou non de manière judicieuse.

En se basant sur les interactions actuelles entre variabilité

pluviométrique, sécurité alimentaire et des moyens de

subsistance et décisions migratoires des ménages, l’étude «

Rainfalls » fait appel à une modélisation axée sur les agents

pour comprendre l’incidence que les modifications futures

des régimes pluviométriques auront sur la migration. pris

dans leur ensemble, les études de cas et les résultats de la

modélisation : (1) démontrent la complexité et la diversité

de ces relations et la nécessité d’adapter les politiques et

interventions pour tenir compte de facteurs clés aux niveaux

nationaux, infranationaux, communautaires, familiaux et

individuels. (2) étudient en détail l’idée selon laquelle la

variabilité pluviométrique a une incidence sur les décisions

migratoires des ménages dans la mesure où elle a une

influence négative sur leur consommation alimentaire et leurs

revenus, surtout sur les sites où les moyens de subsistance

dépendent largement des cultures pluviales.

par conséquent, la question des interactions entre le

changement climatique mondial (et local) et la migration

humaine n’est pas de savoir si les facteurs environnementaux

sont les seules causes de la mobilité mais comment de multiples

facteurs convergent pour peser sur les choix migratoires. une

compréhension plus nuancée de la façon dont les facteurs

climatiques influencent sur ces choix permettra de formuler

des politiques d’investissements et d’adaptation pour que,

quelles que soient les stratégies adoptées par les ménages

(notamment la migration), celles-ci contribuent à améliorer

leur résilience aux changements climatiques .

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 27

1.3 de l’utilité de comprendre les décisions en matière de

mobilité dans le contexte des changements climatiques

L’étude «Where The Rain Falls» (« Rainfalls ») s’inspire des

recherches menées jusqu’à présent sur les changements

environnementaux et la migration . Elle isole la variabilité

pluviométrique et l’insécurité alimentaire en les identifiant

comme des facteurs clés de la migration. ce faisant, elle

permet l’analyse des caractéristiques des ménages et, en

relation avec ces deux facteurs, répond à la question de

recherche : « dans quelles circonstances les ménages ont-

ils recours à la migration comme stratégie de gestion des

risques ? ». L’étude « Rainfalls » apporte des indications sur

la façon dont la mobilité humaine pourrait se développer

dans le contexte du changement climatique, où les régimes

pluviométriques devraient évoluer considérablement au

cours des prochaines décennies, notamment en termes de

dates (saisonnalité), de qualité (phénomènes extrêmes,

intensité des précipitations) et de répartition (géographique).

jusqu’à présent, les publications portant sur la migration

environnementale se sont peu intéressées aux circonstances

entourant les décisions et processus migratoires, tels que la

durée du séjour des migrants sur le lieu de destination, les

caractéristiques des migrants et des non-migrants, les actions

et démarches entreprises par les migrants à leur arrivée, le

type d’emploi recherché et les facteurs qui encouragent ou

découragent leurs choix en matière de migration. L’étude

« Rainfalls » : (1) met en lumière les caractéristiques des

ménages migrants et non migrants et les facteurs qui influent

sur leur décision à l’heure actuelle (résultats des études de

cas) et le feront à l’avenir (résultats de la modélisation) ;

(2) permet de mieux comprendre quels types de ménages

peuvent se retrouver dans l’incapacité de s’adapter aux

changements pluviométriques dans certaines régions, que

ce soit in situ ou par le biais de la migration, et quels sont

les facteurs qui contribuent à accroître la résilience ou la

vulnérabilité de certains types de ménages face aux variations

pluviométriques.

Les résultats de l’étude « Rainfalls » présentés ci-dessous

permettent de dégager quatre profils de ménages allant

de ceux qui sont en mesure de recourir à la migration pour

améliorer leur résilience à ceux qui, disposant d’une marge

d’adaptation réduite, luttent pour survivre sur leur lieu de

vie sans pouvoir envisager la migration comme stratégie de

gestion des risques.

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28_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

1.4 Nouvelle approche de réflexion et contribution du

présent rapport

Une nouvelle approche de réflexion doublée d’une attitude

pragmatique sera nécessaire pour répondre aux menaces

en termes de sécurité humaine que les changements

environnementaux, dont le changement climatique,

font peser sur les schémas actuels de mobilité humaine

(notamment la migration et le déplacement) et sur la

répartition des populations à l’avenir. La mobilité humaine

est une réaction non négligeable (et de plus en plus

fréquente dans certaines régions) aux bouleversements

des régimes climatiques se produisant à travers le monde.

or, les publications relatives au changement climatique ou

à la mobilité humaine ne traitent guère des circonstances

où la mobilité s’avère une option d’adaptation, ni de ses

impacts ni des autres options possibles. Les décideurs ont

besoin de meilleures informations, de données empiriques

et d’une analyse des problèmes et des solutions potentielles

relatives aux mouvements de population dans le contexte

du changement climatique. L’étude « Rainfalls » répond à ce

besoin et permet de combler les lacunes grâce à:

◆ des méthodes de recherche nouvelle génération : L’approche

méthodologique développée pour le projet « Rainfalls », qui a

été publiée pour servir de ressources aux futures recherches,

associe plusieurs méthodes (enquête auprès des ménages,

divers outils pour la recherche participative, et entretiens

auprès d’experts). de plus, les données météorologiques

locales recueillies ont pu être comparées aux perceptions

locales des changements des régimes pluviométriques.

◆ Nouvelles données empiriques : des équipes de chercheurs

nationaux et internationaux se sont déployées sur huit sites

au guatemala, au pérou, au ghana, en Tanzanie, en Inde, au

bangladesh, en Thaïlande et au viet Nam. Elles ont récolté

un grand nombre de données quantitatives et qualitatives

portant sur les régimes historiques de précipitations, les

conditions de sécurité alimentaire des ménages et les

schémas de mobilité humaine (n = 1 295 enquêtes auprès

des ménages et plus de 2 000 participants aux groupes de

discussion et aux entretiens auprès des experts).

◆ cartes : de nouvelles cartes ont été dessinées pour chacun

des sites étudiés afin d’obtenir une représentation visuelle des

principales données relatives aux régimes des précipitations, à

l’agriculture et à la sécurité alimentaire, ainsi qu’aux schémas

migratoires actuels dans les villages étudiés.

◆ Cadre analytique : Afin d’harmoniser les informations

recueillies sur les huit sites de recherche, très différents,

et de répondre à la question « dans quelles circonstances

les ménages utilisent-ils la migration comme stratégie de

gestion des risques ? », un cadre analytique a été proposé

pour mettre en évidence huit considérations clés aux niveaux

national, des sites et des ménages.

◆ modélisation axée sur les agents : grâce aux données

recueillies sur le terrain, le projet a commencé à développer

le modèle de migration axé sur les agents « Rainfalls »

(mmAAR), qui dresse un tableau prévisionnel des décisions

migratoires des ménages dans le cadre de différents scénarios

relatifs à la variabilité pluviométrique. Le rapport présente

les résultats préliminaires obtenus sur le site de recherche

tanzanien.

◆ Réflexions politiques : Les auteurs s’inspirent des conclusions

des recherches de terrain pour proposer des réflexions sur

les politiques à adopter aux niveaux mondial et national, à

l’intention des états, des agences multilatérales, des instituts

de recherche et des organisations non gouvernementales

qui travaillent directement avec de nombreuses populations

parmi les plus vulnérables au monde

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 29

1.5 portée et limites du présent rapport

Les auteurs du rapport n’ont pas tenté de :

◆ Fournir des estimations mondiales sur le nombre d’individus qui pourraient se déplacer ou y être contraints à l’avenir en réaction à la variabilité pluviométrique .

◆ Indiquer les destinations géographiques précises des futurs migrants.

◆ Établir des relations de cause à effet entre la variabilité pluviométrique ou autres phénomènes liés au changement climatique et la mobilité humaine.

Ils se sont attachés plutôt à démontrer les relations actuelles entre la variabilité pluviométrique, la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance, et les circonstances dans lesquelles la migration devient une stratégie de gestion des risques pour ces facteurs de stress dans différentes régions du monde. Ils espèrent que le rapport s’avérera utile à ceux qui essaient de déterminer les zones de tension actuelles en termes de migration et de sécurité alimentaire dues à la variabilité pluviométrique, et celles susceptibles d’y être confronté à l’avenir. La modélisation axée sur les agents du projet « Rainfalls » permet de présenter des scénarios d’anticipation plausibles qui serviront de point de départ aux décideurs. Ainsi, ceux-ci pourront focaliser les débats sur le rôle de la mobilité humaine dans l’adaptation.

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30_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

2- Méthodes multidisciplinaires du projet « Where The Rain Falls »des recherches de terrain ont été menées dans huit pays

(bangladesh, ghana, guatemala, Inde, pérou, Tanzanie,

Thaïlande et Viet Nam) afin de réaliser le premier objectif du

projet Where The Rain Falls, à savoir « conceptualiser la relation

entre le changement des régimes météorologiques (saisons

et précipitations en particulier), la sécurité alimentaire, les

inégalités sociales (notamment en termes d’égalité des sexes)

et les différentes formes de mobilité humaine . » La question

associée à cet objectif est : « dans quelles circonstances les

ménages ont-ils recours à la migration comme stratégie de

gestion des risques en réponse à une augmentation de la

variabilité pluviométrique et de l’insécurité alimentaire ? »

pour les recherches de terrain, trois méthodologies

complémentaires ont été utilisées : recherches participatives

(pRA), enquête auprès des ménages (HH) dans les

communautés étudiées et entretiens avec divers experts

dans leurs pays respectifs. Les chercheurs ont également

procédé à des analyses documentaires pour chacun des cas.

Le choix de ces trois méthodes s’explique par le fait qu’ils

souhaitaient recueillir des observations sur le thème étudié et

sur sa dynamique auprès de sources variées. Ils souhaitaient

ensuite confronter ces observations et vérifier si celles-ci

se complétaient ou se contredisaient. Les méthodologies

utilisées pour le projet Where The Rain Falls apportent une

nouvelle dimension aux recherches effectuées à ce jour sur

la thématique de la migration environnementale provoquée

par les changements climatiques . pour autant que les

auteurs le sachent, c’est la première fois que l’on combine

ces méthodes dans le cadre d’une recherche de terrain multi-

pays sur ce sujet.

même si les séances de recherche participative et l’enquête

auprès des ménages concernent les mêmes communautés, il

était important de recueillir des données tant quantitatives

que qualitatives et ainsi réaliser une analyse approfondie qui

non seulement permette de répondre à la première question

de recherche mais serve aussi à développer et appliquer le

modèle axé sur les agents (mAA). Les trois méthodes ont

été testées avant de commencer le travail sur le terrain

pour garantir leur validité et vérifier leur utilité en termes

de contenu et de longueur ainsi que leur applicabilité dans

divers contextes culturels. on trouvera une présentation de

chacune de ces méthodes ci-dessous .

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 31

crédit photo : © 2008 phil borges/cARE

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32_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

2.1 Entretiens auprès d’experts

Les experts interrogés sont essentiellement des représentants

gouvernementaux, des dirigeants locaux, des acteurs de la

société civile et des scientifiques/universitaires possédant

des connaissances ou des informations précises en rapport

avec le projet (migration, variabilité pluviométrique,

insécurité alimentaire et des moyens de subsistance, plans

de développement nationaux ou locaux, adaptation aux

changements climatiques, vulnérabilité etc.). dans la

mesure où le temps et le budget impartis le permettaient,

les entretiens ont été menés aux niveaux national, régional/

de district et local pour recueillir autant d’informations

utiles que possible. Le manuel pour les entretiens semi-

structurés comprenait des questions relatives à chacun des

trois principaux thèmes (changement climatique et variabilité

pluviométrique, insécurité alimentaire et des moyens de

subsistance, migration). Non seulement ces questions

couvraient les observations, interprétations et analyses des

experts, mais elles étaient orientées vers l’action, un espace

étant réservé pour les recommandations des personnes

interrogées.

crédit photo : © 2007 brendan bannon/cARE

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 33

2.2 Recherches participatives (pRA)

L’objectif des séances de recherche participative était

d’impliquer les communautés locales et certains groupes

particuliers dans l’évaluation de la situation, présente et

antérieure, dans leur village, d’entendre de leur propre

bouche quel avenir ils se souhaitaient et de recueillir des

messages sur lesquels baser l’élaboration des politiques

locales, nationales ou mondiales. ce qu’il faut savoir des

séances de recherche participative, c’est qu’elles comprennent

des questions ouvertes qui permettent tant à l’enquêteur

qu’aux experts interrogés d’explorer certains sujets en

profondeur, sans limiter les réponses au format rigide d’un

questionnaire d’enquête. des éléments visuels comme des

tableaux à feuilles mobiles, des cartes ou des craies ont servi

d’outils pour animer les discussions en groupe. ces séances

ont permis de comprendre les dynamiques de groupe et les

corrélations entre les différentes questions. cette technique

a été utilisée sur les sites des huit pays. La composition des

groupes variait selon les sessions, certains étant homogènes

(rien que des hommes, des femmes, des personnes âgées,

des individus marginalisés, des jeunes, des cultivateurs ou des

personnes travaillant hors du secteur agricole etc.) et d’autres

mélangés, afin d’obtenir l’éventail le plus large possible de

commentaires et de dégager et inclure le vécu de groupes

sociaux précis. cette approche s’est révélée particulièrement

importante afin de recueillir le point de vue des femmes,

des personnes âgées ou des groupes susceptibles d’être

socialement marginalisés etc.

Les séances de recherche participative proposaient une large

gamme d’outils adaptés au contexte, au type d’information

souhaitée et aux groupes invités. En voici une liste non

exhaustive : transect (qui fournit une représentation

transversale des différentes zones agro-écologiques et

les compare à certains paramètres intéressants pour nos

recherches), classement par richesse (explore les perceptions

des différences de niveaux de vie et des inégalités au sein

des communautés), groupe de discussion (réunit divers

groupes appartenant à la communauté pour des discussions

ouvertes), cartes de mobilité (explore les schémas de mobilité

des individus, des groupes et des communautés), calendriers

saisonniers (perceptions qu’ont les habitants des variations

saisonnières sur les sites de recherche), classement des risques

d’atteinte aux moyens de subsistance (perceptions qu’ont

les habitants des risques qu’ils encourent et leur classement

par ordre d’importance), diagrammes de venn (illustrent

l’importance et la facilité d’accès à des institutions cruciales

ou aux individus qui influencent les communautés locales)

et diagrammes d’impact (révèlent les impacts de certaines

activités, interventions ou événements sur les communautés

et les corrélations entre tous ces facteurs).

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34_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

2.3 Enquête auprès des ménages

L’objectif de l’enquête auprès des ménages était d’obtenir

des indicateurs quantifiables et de dégager des tendances

reflétant les différents facteurs qui affectent les ménages en

termes de variabilité pluviométrique, de sécurité alimentaire/

des moyens de subsistance et de migration. Il s’agissait

aussi de rendre possible une analyse statistique pour

compléter les résultats qualitatifs. jusqu’à présent, les études

multi-pays menées sur la relation entre les changements

environnementaux et les migrations faisaient appel soit à

des enquêtes soit à des groupes de discussion, mais pas aux

deux.

L’enquête auprès des ménages comprenait différentes

sections, chacune représentant un aspect important de

l’étude : informations démographiques générales sur les

ménages, activités économiques des ménages, problèmes

de subsistance, sécurité alimentaire et consommation,

migration, stratégies d’adaptation, régimes des précipitations,

patrimoine et ressources familiaux. Les sections n’étaient

pas thématiquement séparées afin de pouvoir détecter les

variables communes et explorer les corrélations mutuelles ainsi

que leurs dynamiques au sein des ménages. contrairement

à la recherche participative, la plupart des questions de

l’enquête étaient fermées et quantifiables. Chaque section

comprenait malgré tout quelques questions ouvertes pour

étayer l’analyse des données et servir à la modélisation.

celles-ci ont permis de révéler davantage de détails tout en

replaçant les réponses des ménages dans leur contexte.

Les foyers ciblés dans chacune des huit études de cas étaient

au minimum 150, chaque site de recherche comprenant

un total de 3 ou 4 villages. Les chercheurs ont utilisé une

technique d’échantillonnage aléatoire simple ou stratifié selon

les informations démographiques disponibles dans chaque

cas . Le répondant ciblé était le chef de famille (homme

ou femme). Lorsque celui-ci/celle-ci n’était pas disponible,

l’entretien s’est déroulé avec le second représentant du

ménage, à condition que celui-ci/celle-ci possède la maturité

nécessaire, et soit capable de traiter des sujets étudiés et de

participer au processus décisionnel familial.

Les chercheurs ont dû accepter des compromis pour

garder une certaine cohérence dans l’administration et

les résultats du questionnaire, puisque les huit cas d’étude

représentaient des contextes culturels très différents. des

tests préalables leur ont permis de déterminer quelles

portions de l’instrument ajuster en fonction du contexte local

: de petites modifications ont été apportées, le cas échéant,

dans la formulation de certaines questions et dans les unités

de mesure afin qu’elles correspondent à celles en usage sur

chaque site. L’on a également tenu compte de certaines

caractéristiques démographiques (appartenance ethnique,

caste, pratiques conjugales etc.) lors de l’adaptation du

questionnaire à chacun des cas d’étude.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 35

2.4 Scénarios futurs des précipitations et de la migration tirés

de la modélisation axée sur les agents

Le premier objectif de l’étude « Rainfalls » était de comprendre

les relations actuelles entre variabilité pluviométrique,

sécurité alimentaire/des moyens de subsistance et décisions

des ménages en matière de migration. pour ce faire, l’on

a eu recours au travail de terrain et aux méthodes décrites

ci-dessus. Le deuxième objectif impliquait d’explorer

des scénarios potentiels pour répondre à la question : «

quels sont les scénarios où la variabilité pluviométrique

et la sécurité alimentaire seront susceptibles d’influencer

fortement la mobilité humaine dans certaines régions du

monde au cours des 20 ou 30 années à venir ? » pour cet

objectif de recherche orienté vers l’avenir, l’on a eu recours à

une modélisation axée sur les agents. Les résultats obtenus

en Tanzanie figurent dans le présent rapport. On trouvera

également dans l’annexe technique une description plus

détaillée de la modélisation.

2.5 champs de recherche, méthodes et triangulation

dans le cadre conceptuel des huit études de cas (Tableau

1), l’interaction entre les aspects les plus importants pour

chaque ménage, à savoir la variabilité pluviométrique, la

sécurité alimentaire et la migration (considérée comme un

élément particulier des stratégies d’adaptation) constitue

le principal centre d’intérêt. c’est là-dessus que se fonde

l’approche globale « moyens de subsistance (sécurité) »

utilisée ici, laquelle apparaît en gris à l’arrière-plan. L’on a

fait abstraction des extensions conceptuelles. Le cadre

peut aussi être déterminé par d’autres facteurs, tels que les

développements économiques ou politiques, les conflits, etc.

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36_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

L’illustration 1 offre un aperçu des trois principaux champs de

recherche du projet « Rainfalls », des sources d’informations

utilisées ainsi que du processus de triangulation effectué

grâce aux méthodes décrites ci-dessus. dans ce cadre, on

voit que la sécurité des moyens de subsistance des ménages

étudiés est influencée par la variabilité pluviométrique

(variable indépendante ayant un effet sur le cheptel et

les récoltes). ces facteurs, ajoutés à celui de la propriété

foncière, aident à déterminer la situation du ménage en

termes de sécurité alimentaire, laquelle est également

structurée par des processus externes. dans le cadre, la

notion de « degré de vulnérabilité » (qui prend en compte le

degré de diversification économique, le nombre de membres

de la famille en âge de travailler, la situation financière etc.)

sert à indiquer l’éventail de stratégies d’adaptation possibles

pour les ménages. Les conclusions de l’étude se fondent

majoritairement sur des données qualitatives et quantitatives

récoltées sur le terrain. L’utilisation de données secondaires

est signalée par des encadrés de couleur en marge de ceux

des domaines de recherche. Enfin, comme le montre le cadre,

les conditions initiales évoluent de façon dynamique étant

donné les corrélations et interactions des actions du ménage

(boucles de rétroaction).

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 37

Illustration 1 : Champs de recherche, méthodes et sources

de données - Source : Rademacher-Schulz et Rossow, 2012

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38_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

3- Caractéristiques nationales et des sites de rechercheétant donné la diversité des huit cas d’étude, la présente section propose un cadre d’interprétation des

résultats du projet qui pourra servir à de futures recherches. Les critères de sélection des pays et des sites

sont détaillés ci-dessous. on trouvera ensuite un premier niveau de catégorisation, qui fait la distinction

entre les huit pays en fonction d’indicateurs sociaux, économiques et démographiques au niveau macro.

Au niveau infranational, les différences entre les divers sites de recherche du projet sont décrites en termes

de caractéristiques géographiques, météorologiques et agro-écologiques.

Les sites de recherche/cas d’étude des huit pays ont été sélectionnés en fonction d’une série de critères

généraux : couvrir plusieurs régions: l’Asie du Sud et du Sud-Est, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique

latine permet de garantir un certain équilibre. ces sites sont représentatifs des principaux écosystèmes et

moyens de subsistance, avec des niveaux moyens de pauvreté et d’insécurité alimentaire et des moyens

de subsistance sensibles à la variabilité pluviométrique. Ils ont été choisis pour produire une représentation

diversifiée de la géographie et du lieu dans un contexte national (proximité avec des centres économiques

majeurs ou mineurs). Pour des raisons pratiques, ils ont été sélectionnés sur la base de données fiables

sur les précipitations, de leur facilité d’accès géographique, de la présence de cARE sur place et des

relations que l’organisation a pu établir au plan local, ce dernier élément permettant de bénéficier de la

confiance des communautés locales et ainsi procéder aux recherches en un court laps de temps puis au

suivi programmatique ultérieur.

Les huit pays où les recherches ont été effectuées présentent, au niveau macro, un large éventail de

conditions dans lesquelles les ménages prennent des décisions, dont celle de la migration, pour assurer

leur subsistance. En termes de performance économique globale, de niveaux de développement et de

sécurité alimentaire, le pérou et la Thaïlande arrivent en tête du classement (voir Tableau 1) . à l’opposé,

le bangladesh et la Tanzanie se situent au bas de l’échelle pour ces trois indicateurs. Les pays du groupe

3.1 critères pour la sélection des pays et des sites

3.2 contexte national

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 39

crédit photo : © 2007 bill dowell/cARE

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40_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Pauvreté et insécurité alimentaire

relativement faibles

Pauvreté et insécurité alimentaire

modérées à élevées

Transition économique et

démographique à un stade plus

avancé

pérou

Thaïlande

vietnam

Inde

bangladesh

ghana

guatemala

Tanzanie

Transition économique et

démographique à un stade moins

avancé

intermédiaire (Inde, viet Nam, ghana et guatemala) ne sont pas homogènes en termes de développement économique et

social ou de sécurité alimentaire. on peut noter par exemple des niveaux plus élevés de malnutrition en Inde et au guatemala.

d’autres indicateurs offrent des enseignements sur le contexte national, en perpétuel évolution, dans lequel les ménages ont

accès à diverses options en matière de subsistance, ainsi que sur la façon dont ces options influent sur les décisions migratoires

dans les familles rurales . Dans les pays où les possibilités de diversifier les sources de revenus en dehors de l’agriculture sont

limitées et où le taux de croissance de la population reste élevé, les ménages ruraux peuvent être obligés de choisir la migration

comme stratégie de gestion des risques face à l’insécurité alimentaire, en tout cas davantage que ceux qui vivent dans des pays

offrant une gamme plus large en matière de diversification des revenus, agricoles ou non. L’analyse montre que le Pérou et la

Thaïlande sont des pays caractérisés par une économie dynamique où la pauvreté et l’insécurité alimentaire sont relativement

faibles. Le viet Nam, l’Inde et le bangladesh appartiennent tous les trois à la catégorie des pays en pleine transition économique

et démographique, avec cependant des niveaux de pauvreté et d’insécurité alimentaire qui restent modérés à élevés. La dernière

catégorie comprend le ghana, la Tanzanie et le guatemala, où les niveaux de pauvreté et d’insécurité alimentaire sont élevés. Leur

croissance économique faible, combinée à la croissance de la population et à une forte dépendance envers l’agriculture paraît, à

des degrés divers, limiter les possibilités de diversifier les moyens de subsistance des ménages ruraux.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 41

Tableau 1 : Contexte des huit pays étudiés : pauvreté, sécurité

alimentaire, transition économique et démographique au

niveau macro

Le classement de ces pays coïncide, quoique partiellement,

avec la typologie régionale des contextes nationaux. Trois des

quatre cas d’étude asiatiques s’inscrivent dans la catégorie

des pays dynamiques possédant un niveau de pauvreté et

d’insécurité alimentaire modérées à élevées, la Thaïlande

faisant exception étant donné les succès que remporte

sa politique de réduction de la pauvreté depuis quelques

dizaines d’années. Le ghana et la Tanzanie sont tous deux les

exemples d’une croissance économique réussie en Afrique,

mais la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la croissance de

la population y restent relativement élevées. Les deux études

de cas latino-américaines se trouvent aux deux extrémités

de l’échelle, le pérou ayant connu d’énormes avancées ces

dernières décennies, tant en termes de croissance économique

que de réduction de la pauvreté, alors que le guatemala fait

face à une stagnation économique et continue de présenter

des niveaux élevés de malnutrition et d’inégalité.

on constate aussi une grande diversité parmi les sites

sélectionnés dans les huit pays où ont été effectuées les

recherches pour le projet. L’un des critères importants pour

la sélection des sites se rapportait à la variable indépendante

de l’étude, à savoir les précipitations. Suivant les sites, leur

moyenne annuelle varient entre 560 mm et 1 700 mm (voir

Tableau 2). La saisonnalité des régimes pluviométriques et

la dépendance envers les cultures pluviales étaient aussi

des considérations importantes, même si, comme dans le

cas de l’Inde, les communautés avaient largement accès à

l’irrigation par canaux. d’autres caractéristiques relatives

à des variables importantes ont été prises en compte :

sensibilité des sources locales de revenus aux modifications

des régimes pluviométriques, niveaux élevés de pauvreté et

d’insécurité alimentaire, migrations documentées au cours

de l’histoire, et rapport supposé entre modifications des

régimes des précipitations, insécurité alimentaire et mobilité

humaine. L’altitude (hautes et basses terres) et la proximité de

villes ou autres centres présentant des opportunités d’emploi

alternatif non négligeables (p. ex. zones industrielles) ont

également joué un rôle dans la sélection.

3.3 caractéristiques des sites de recherche

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42_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Table 2: Average annual rainfall in the research sites

Au guatemala, au pérou et en Thaïlande, les recherches ont été menées sur des hauts plateaux. Si le site du guatemala est fort

éloigné des grands centres urbains, celui du pérou se distingue par sa proximité avec une ville secondaire importante et en pleine

expansion. Les sites à faible altitude se trouvent au ghana, en Inde, au bangladesh et au viet Nam. quant aux villages étudiés

en Tanzanie, ils comprennent tant des plaines que des hautes terres. L’accès à l’irrigation est presque inexistant sur les sites du

guatemala et du ghana, et de 84 pour cent en Inde, ce qui n’empêche que sur ces trois sites, la plupart des agriculteurs doivent se

contenter d’une seule récolte par an. La double récolte annuelle, voire plus, est chose courante au bangladesh, au viet Nam et en

Thaïlande, qui disposent de ressources hydriques plus abondantes pour l’agriculture, en raison des précipitations plus importantes

et de la proximité des rivières. En Tanzanie, bien que le site soit semi-aride, le régime des précipitations est bimodal. Il est donc

possible de procéder à deux récoltes par an lorsque les pluies ne font pas défaut.

bangladesh, région du nord (district de Kurigram)

viet Nam, delta du mékong (province de dong Thap)

Inde centrale (district de janjgir, chhattisgarh)

guatemala, hauts plateaux orientaux (municipalité de cabricán)

ghana du nord (district de Nadowli, Haut ghana occidental)

Thaïlande, région du nord (province de Lamphun)

pérou, Andes centrales (province de Huancayo)

Tanzanie du nord (district de Same, région du Kilimandjaro)

1,700

1,500

1,150

1,036

1,229

1,017

800

560

Plaine fluviale

plaine du delta

plaine irriguée

Hauts plateaux

Savane boisée

Région montagneuse et

fluviale

Région montagneuse

Hauts plateaux et

plaine fluviale

Précipitations moyennes

annuelles approximatives (mm)GeographieSite de recherche

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 43

crédit photo : © 2011 Kees van der geest

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44_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

4. Résultats des études de cas : la migration dans le contexte de la variabilité pluviométrique et de la sécurité alimentaire / des moyens de subsistanceon trouvera dans la présente section un résumé des conclusions des

rapports des études de cas résultant des recherches de terrain menées dans

les huit pays couverts par le projet. ces études ne sont pas regroupées

géographiquement mais en fonction des catégories définies dans le cadre

analytique décrit ci-dessus. chacune des synthèses comprend une carte dont

le contenu et l’objectif sont décrits dans les pages qui suivent. Les schémas

de migration que l’on abordera ci-dessous en relation avec la variabilité

pluviométrique et la sécurité alimentaire/des moyens de subsistance sont

définis de la façon suivante : la migration saisonnière est définie dans la

présente étude comme un déplacement de moins de six mois, alors que la

migration temporaire se réfère à des déplacements de six mois à deux ans.

La migration permanente qualifie les déplacements de plus de deux ans.

chacune des huit études de cas comprend une carte qui situe le site de

recherche en question et fournit des données contextuelles sur l’importance

des précipitations et leur variabilité, la pauvreté et l’agriculture. Les cartes

décrivent aussi les flux migratoires rapportés par les répondants pendant la

recherche de terrain. on trouvera des informations complètes sur tous les

éléments reproduits sur les cartes dans l’annexe technique.

Légende des cartes du présent rapport

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 45

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46_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

4.1 Thaïlande : grâce à des sources de revenus diversifiées et un

accès aux biens et aux services, la migration est désormais un choix

dans la province de Lamphun21

En Thaïlande, les recherches ont été menées dans quatre

villages de la province de Lamphun (deux de l’ethnie thaï et

deux de l’ethnie Karen) : don-moon, Sandonhom, maebon-

Tai et Huai-ping. ceux-ci se trouvent dans le sous-district de

ban puang, dans un environnement rural et montagneux

typique du nord de la Thaïlande. Les villages sont perchés

sur les pentes de collines boisées, le long de ruisseaux qui

se jettent dans la rivière Li. (pour les données relatives à la

situation, au paysage, aux précipitations moyennes, aux terres

agricoles, à la fréquence des sécheresses et aux destinations

de migration du site de recherche, consultez l’Illustration 3

ci-dessous.) En Thaïlande, la migration fait partie depuis 50

ans d’un processus plus large de transformation économique

et de réponse à des niveaux assez élevés par le passé

d’insécurité alimentaire et de pauvreté. pour les populations

rurales, c’est une stratégie courante d’adaptation à la

saisonnalité de la production agricole, la rareté des terres et la

crise économique . une politique d’investissement destinée

à favoriser une agriculture plus productive, diversifier les

sources de revenus et promouvoir l’éducation et la sécurité

sociale a permis d’améliorer la résistance des ménages de

la province de Lamphun à des facteurs de stress comme la

variabilité pluviométrique et l’insécurité alimentaire.

Illustration 3: Site de recherche en Thaïlande

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

très élevée

élevée

modérément élevée

modérée

faible

très faible

Variabilité Pluviométrique/Fréquence des sécheresses

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 47

Illustration 3: Site de recherche en Thaïlande

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48_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

crédit photo : © 2011 phalakorn paomai

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 49

La moyenne annuelle des précipitations dans la province de

Lamphun est de 1 017,03 mm. Les données météorologiques

locales montrent que la pluviosité annuelle a légèrement

augmenté au cours des 30 dernières années. Six des sept

pics dépassant la moyenne annuelle de 1 200 mm ont eu

lieu au cours des deux dernières décennies. Fin 2011, la

Thaïlande a été frappée par l’une des pires inondations

depuis des décennies. de fortes pluies (28 pour cent de plus

que la normale entre janvier et octobre) ont provoqué de

graves inondations accompagnées d’importants dégâts à

bangkok et dans le centre du pays. ces crues ont recouvert

1,6 millions d’hectares, occasionné la perte d’un quart de la

production de riz, provoqué 730 décès et contraint 9 859

usines employant un total de 666 000 personnes à fermer

leurs portes. Selon la banque mondiale, les dommages et

pertes économiques ont atteint 45,7 milliards de dollars

uS. Les pluies exceptionnelles de 2011 ont dominé les

conversations sur les contraintes climatiques parmi les

villageois de la zone de recherche. Les participants à l’étude

ont constaté une évolution des schémas climatiques au cours

de la dernière décennie, dont des précipitations accrues et

des températures plus élevées pendant la saison froide. Les

villageois disaient être régulièrement exposés au stress lié à la

pluviosité, notamment les phénomènes de périodes sèches,

de pluies abondantes et de crues soudaines. quatre-vingt-

sept pour cent des ménages interrogés ont déclaré que des

pluies diluviennes se produisaient plus fréquemment depuis

10-20 ans.

La pauvreté et l’insécurité alimentaire sont d’abord des

phénomènes ruraux en Thaïlande : 88 pour cent des 5,4

millions d’individus défavorisés du pays vivent à la campagne.

Le taux national de pauvreté est passé de 57 pour cent en

1962/63 à 8 pour cent en 2009. dans le nord, il était de

10,5 pour cent en 2010, ce qui est supérieur à la moyenne

nationale et bien plus élevé qu’à bangkok (0,6 pour cent).

même si l’insécurité alimentaire a fortement décru, elle

demeure un problème dans certaines des poches rurales des

régions du nord et du nord-est . dans la zone étudiée, les

deux villages thaïs possèdent deux fois plus de revenus et des

niveaux d’instruction nettement supérieurs à ceux des deux

villages karen. dans les quatre villages, seuls 2,4 pour cent des

ménages ne possèdent pas de terres. Au cours des dernières

décennies, le pourcentage de la population pratiquant

une agriculture de subsistance dans le nord du pays ayant

fortement diminué, les revenus des cultures commerciales,

du tissage, des transferts d’argent, des petites entreprises et

petits commerces et des programmes gouvernementaux de

sécurité sociale (p. ex. indemnités en faveur des personnes

âgées) sont devenus des éléments importants d’une gamme

plus diversifiée de moyens de subsistance pour les habitants

des zones rurales de la province de Lamphun.

La migration est une pratique courante dans les quatre

villages (67 pour cent précisent qu’un membre ou plus ont

connu cette expérience). même si près de 62 pour cent

des personnes ayant fait l’expérience de la migration sont

de sexe masculin, les femmes représentent aujourd’hui une

bonne moitié des migrants internes (non internationaux). Les

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50_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

trois-quarts des migrants internes actuels sont non mariés, et

85,5 pour cent d’entre eux sont des migrants temporaires qui

ont quitté leur village pour une durée de plus de six mois sans

y revenir. La migration internationale s’était autrefois avéré

une stratégie de subsistance importante dans trois des quatre

villages étudiés. Aujourd’hui, seulement 10,7 pour cent

des migrants quittent le pays, la plupart pour Taïwan ou la

corée du Sud. d’après les résultats des séances de recherche

participative, les destinations actuelles privilégiées par les

migrants sont toutes internes, qu’il s’agisse de bangkok (qui

accueille 40 pour cent des migrants), de zones industrielles

(Lamphun, 25 pour cent) ou de centres urbains (chiang

mai, 20 pour cent). Alors que moins d’un quart de ceux qui

ont fait l’expérience de la migration citaient des raisons non

économiques, la migration interne est aujourd’hui motivée

par un désir d’éducation dans 38,6 pour cent des cas,

indiquant que la nature même de l’émigration est en train de

changer dans ces villages.

parmi les ménages interrogés, 51 pour cent considéraient que

les facteurs de stress environnemental liés aux précipitations

avaient un impact non négligeable sur leurs moyens de

subsistance. En outre, trois quarts des ménages indiquaient

une baisse de leurs revenus, suite à des récoltes moins

abondantes et à une baisse des revenus agricoles induites

par le stress environnemental. En dépit de contraintes

climatiques prononcées et manifestes, la diversification

des risques a permis aux ménages d’éviter la faim ou les

stratégies d’ajustement dommageables à long terme.

une grande majorité d’entre eux, dans les quatre villages,

sont à l’abri de l’insécurité alimentaire et pour le moment,

la gravité et la fréquence des agressions climatiques ne

dépassent pas un seuil qui, de leur point de vue, rendrait la

migration nécessaire pour des raisons de survie. des activités

rémunératrices diversifiées, agricoles et non agricoles (moins

sensibles à la variabilité pluviométrique), l’accès à des

ressources financières par le biais de fonds communautaires

et l’aide de l’administration locale contribuent à réduire la

vulnérabilité au stress et à l’insécurité alimentaire liées à la

pluviométrie. En dépit de l’impact négatif du changement

climatique, la majorité des ménages disait pouvoir y faire face

et s’adapter sur place. pour eux, la migration est un moyen

de profiter d’opportunités supplémentaires et d’améliorer

encore leur subsistance. En Thaïlande, les ménages interrogés

se disaient concernés par les agressions climatiques, mais la

plupart ont accès à des ressources qui leur permettent de

surmonter la variabilité pluviométrique. pour eux, la migration

représente une option supplémentaire de gestion des risques

environnementaux ou autres, qui contribue à la résilience

familiale (transferts de fonds pour financer l’éducation, afin

de permettre la diversification des moyens de subsistance du

ménage et réduire sa sensibilité à la variabilité pluviométrique

et l’insécurité alimentaire).

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 51

crédit photo : © 2011 phalakorn paomai

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52_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Illustration 4 : Zone de recherche au Pérou

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

très élevée

élevée

modérément élevée

modérée

faible

très faible

Variabilité Pluviométrique/Fréquence des sécheresses

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 53

4.2 pérou : les options en matière de subsistance et les stratégies de migration dans

la province d’Huancayo varient en fonction de l’altitude et de la proximité avec les

centres24

Les recherches ont été menées dans trois villages du sous bassin du Rio Shullcas (et

de ses environs) qui fait partie du bassin fluvial du Mantaro : Acopalca, Paccha et

chamisería. Ils se situent dans le département de junín, dans les Andes centrales

péruviennes. Les villages, qui font partie de la province de Huancayo, sont perchés

à des hauteurs allant de 2 500-3 500 mètres au-dessus du niveau de la mer (zone

écologique quechua) à 4 000-4 800 mètres (zone écologique puna). (pour les

données relatives à la situation, au paysage, aux précipitations moyennes, aux terres

agricoles, à la fréquence des sécheresses et aux destinations de migration du site

de recherche, consultez l’Illustration 4 ci-dessous.) dans cette zone de recherche,

les schémas de mobilité varient considérablement en fonction de l’altitude et de la

proximité de la ville de Huancayo.

La moyenne des précipitations annuelles dans le sous bassin du Shullcas est

actuellement de 800 mm. Les constatations faites pendant les recherches confirment

la perception de régimes pluviométriques de plus en plus imprévisibles qui, ajoutés

au gel et à des vagues de chaleur intense, ont un impact négatif sur la production

agricole. Les principaux changements rapportés dans la zone de recherche

comprennent des précipitations plus intenses mais moins fréquentes, davantage de

pluies torrentielles à des moments inattendus et des périodes sèches plus longues

pendant la saison des pluies. Inondations et sécheresses touchent respectivement

37 pour cent et 42 pour cent des ménages interrogés. La zone de recherche subit

aussi les effets du recul du glacier Huayatapallana. Les autres impacts anticipés du

changement climatique au pérou comprennent un nombre accru de journées de gel

et une réduction de 10 à 19 pour cent des précipitations .

Le département de junín faisait état d’un niveau de pauvreté de 32,5 pour cent

en 2010, dont 13,8 pour cent d’extrême pauvreté. La malnutrition chronique

dans les zones montagneuses les plus pauvres du pérou concerne jusqu’à 50 pour

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54_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

cent des habitants. dans la zone étudiée, plus d’un tiers

de la population tire sa subsistance de l’agriculture, et les

cultivateurs se plaignent de rendements moindres qu’ils

attribuent à un sol « fatigué ». parmi les ménages qui ont fait

l’objet de l’enquête, 43,3 pour cent ne possédaient aucune

terre, 39,3 pour cent étaient de petits cultivateurs et 8,8 pour

cent étaient de gros exploitants. dans les endroits les plus

isolés, en haute altitude, l’économie dépend largement de

l’élevage. à des altitudes plus basses, les ménages dépendent

majoritairement de l’agriculture à petite échelle et de divers

types d’emplois réguliers ou occasionnels dans la ville voisine

de Huancayo. Les régimes fonciers ont un impact non

négligeable sur les stratégies de subsistance des ménages,

et le morcellement des terres dans les zones agricoles

des plaines ne fait que s’aggraver. Les hauts plateaux ne

connaissent pas ce problème, car on y a gardé des régimes

fonciers communaux, une façon de mutualiser les risques

pour gérer les événements climatiques extrêmes. En dépit

du rôle important qu’elles jouent, tant sur le plan familial

que productif, les femmes et les filles restent largement

exclues des processus décisionnels au niveau du ménage

et de la communauté (sans parler des niveaux décisionnels

supérieurs) et leur accès à l’éducation demeure plus limité

que celui des hommes et des garçons. Elles souffrent aussi

davantage des impacts des changements environnementaux,

car elles sont chargées, entre autres responsabilités, de

l’approvisionnement en eau et en bois pour le feu, en plus de

leurs activités dans l’élevage et l’agriculture.

La migration est une stratégie de diversification des moyens de

subsistance et des sources de revenus, de gestion des risques

et d’adaptation aux changements climatiques. Les émigrés

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 55

crédit photo : © 2007 Nathan bolster/cARE

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56_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

des villages étudiés sont principalement des hommes, jeunes

ou adultes, et pratiquent la migration temporaire plutôt que

saisonnière. comme ils sont, dans leur grande majorité, de

sexe masculin, les femmes se retrouvent avec un supplément

de travail et un lourd fardeau émotionnel lorsque les hommes

émigrent de façon prolongée. Les ménages qui vivent sous le

seuil de pauvreté, y compris ceux ne possédant aucune terre

ou un maximum de 0,5 hectare, ont deux fois plus de chances

d’émigrer à la recherche de revenus non agricoles que ceux

qui se trouvent au-dessus de ce seuil. En ce qui concerne les

facteurs qui influent sur les décisions touchant à la migration,

les pressions induites par les précipitations et l’insécurité

alimentaire sont plus souvent citées que les moteurs de la

migration dite d’aspiration (comme les réseaux sociaux et

l’attrait des « lumières de la ville »). à plus basse altitude, il

est courant qu’un ou plusieurs membres du ménage fassent

le trajet quotidien vers la ville de Huancayo pour travailler

dans le bâtiment, le secteur marchand ou d’autres secteurs

économiques. ces ménages pratiquent aussi la migration

saisonnière aux confins du bassin amazonien pour la

cueillette du café. par contraste, ceux qui vivent à plus haute

altitude s’engagent dans une migration à plus long terme,

notamment en se rendant aux états-unis comme bergers

pour des contrats de trois ans. Là, la migration constitue une

stratégie typique de gestion des risques, car à cette altitude,

les sources de revenus sont moins nombreuses (en dehors de

l’élevage de troupeaux).

Les ménages interrogés se plaignaient d’une pluviométrie

de plus en plus imprévisible, qui ajoutée au gel et aux

vagues de chaleur, influe négativement sur la production

agricole. L’impact des modifications des précipitations sur

la production alimentaire s’avère conséquent pour 53 pour

cent des ménages ayant répondu. deux tiers des ménages

interrogés voient leurs récoltes endommagées et leur

rendement diminuer et pour 42 pour cent d’entre eux, les

effets négatifs sur les revenus du ménage sont substantiels.

même si les variations pluviométriques ont un impact direct

sur la sécurité alimentaire des ménages, le problème est

moins aigu que par le passé dans la zone étudiée, car les

habitants ne sont plus aussi tributaires des revenus agricoles

et qu’ils trouvent davantage d’emplois non agricoles dans les

centres urbains. La population de la ville voisine de Huancayo

a augmenté de 50 pour cent depuis les années 1980. Il est

à noter cependant que les revenus non agricoles s’ajoutent

aux revenus agricoles et qu’ils ne les remplacent pas. Les

modifications de la pluviométrie influent sur la capacité des

ménages à se nourrir et à assurer leur subsistance. En dépit des

progrès importants affichés par le pays quant à la réduction

de la pauvreté et l’insécurité alimentaire, la migration reste

une importante stratégie de diversification des revenus,

surtout pour les ménages pauvres et sans terres. pour éviter

l’insécurité alimentaire/des moyens de subsistance, la moitié

des ménages interrogés cherche à améliorer ses revenus en

pratiquant d’autres activités (facilitées par la migration).

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 57

crédit photo : © 2008 phil borges/cARE

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58_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

4.3 viet Nam, delta du mékong : les populations pauvres

de la commune de Hung Than, sans terres et peu qualifiées,

n’ont guère d’options, en dépit de la croissance économique26

Au viet Nam, les recherches ont été menées dans la commune

de Hung Thanh (district de Thap muoi, province de dong

Thap), qui se trouve à environ 135 km de la côte, dans la

région rizicole du delta du mékong. (pour les données relatives

à la situation, au paysage, aux précipitations moyennes,

aux terres agricoles, à la fréquence des sécheresses et aux

destinations de migration du site de recherche, consultez

l’Illustration 5 ci-dessous.) La zone connaît des crues

annuelles, qui atteignent leur pic en octobre. à l’époque où

a eu lieu le travail de terrain pour cette étude, d’octobre à

novembre 2011, les crues avaient atteint leur niveau le plus

élevé depuis dix ans dans la commune de Hung Thanh,

complètement inondée mise à part une petite bande de terre

le long de la principale route surélevée. Les ménages pauvres,

qui n’ont que peu ou pas de terres, sont les plus vulnérables

face aux modifications des conditions climatiques locales. Ce

sont eux qui bénéficient le moins de l’agriculture intensive

qui se met en place dans la zone étudiée. La mécanisation

croissante de l’agriculture, qui profite aux gros exploitants,

fait baisser la demande de main d’œuvre pour les travailleurs

agricoles sans terres. ces derniers ont de plus en plus recours

à la stratégie de l’émigration pour faire face aux nombreuses

menaces qui pèsent sur leur subsistance, dont la modification

des régimes de précipitation et de crues, la concentration

croissante de la propriété foncière et la réduction du nombre

d’emplois suite à la mécanisation.

Illustration 5 : Zone de recherche au Viet Nam

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

très élevée

élevée

modérément élevée

modérée

faible

très faible

Variabilité Pluviométrique/Fréquence des sécheresses

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 59

Illustration 5 : Zone de recherche au Viet Nam

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60_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Les recherches ont révélé de nombreuses modifications

du régime des précipitations depuis 20-30 ans : le volume

total des précipitations annuelles a augmenté, la saison des

pluies est plus longue, la pluviosité est moins prévisible et le

nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, comme

les tempêtes et les pluies torrentielles, est en hausse. En

dépit du volume plus important des précipitations annuelles,

le niveau des crues a baissé au cours des 20-30 dernières

années, comme le montrent les données fournies par la

station de météorologie et d’hydrologie de cao Lanh pour

la période 1979-2008. ce paradoxe s’explique par le fait

que les niveaux de crue dépendent en grande partie de la

pluviométrie et de la rétention d’eau intervenant en dehors

de la zone considérée, à savoir en amont du bassin du

mékong.

dans la zone étudiée, les moyens de subsistance et la sécurité

alimentaire restent nettement tributaires de l’agriculture en

dépit d’une certaine diversification au cours des dernières

décennies, les transferts d’argent, l’aquaculture et les emplois

salariés gagnant en importance comme sources de revenus.

La grande majorité des répondants à l’enquête auprès

des ménages qui possèdent leur propre rizière (62 % du

total) a indiqué que les rendements ont baissé du fait des

changements intervenus dans les régimes pluviométriques et

de crue. mais cet impact négatif est quelque peu atténué

par les modifications d’origine humaine apportées aux

cultures, notamment l’utilisation de plus en plus fréquente de

semences et d’engrais améliorés, la construction de digues

et la mécanisation, qui ont contribué à une amélioration du

rendement de la riziculture et à l’intensification des cultures.

Les ménages ne possédant que peu ou pas de terres, qui

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 61

crédit photo : © 2005 phil borges/cARE

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62_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

représentent respectivement 26 et 30,7 pour cent des 150

familles interrogées, sont les moins à même de bénéficier

de ces avancées, quand ils n’en subissent pas le contrecoup,

comme c’est le cas pour la mécanisation. La moitié des

ménages sans terres (50 %) et un quart de ceux qui en

possèdent peu (25,6 %) ont souffert de pénurie alimentaire

pendant les sept jours qui ont précédé l’enquête. pour y

remédier, ils ont dû emprunter des vivres ou de l’argent pour

acheter à manger (83,3 %), consommer des aliments moins

chers (63,8 %), limiter les portions (50 %) ou réduire la part

des adultes en faveur des enfants (36,1 %). pour 41,3 pour

cent des ménages sans terres, les apports alimentaires ont

été insuffisants au cours de l’année écoulée et 52,2 pour cent

d’entre eux disent avoir fait face à une situation similaire au

cours des 5 à 10 dernières années, ce qui représente plus

du double de la moyenne de l’ensemble des ménages ayant

fait l’objet de l’enquête. La situation d’insécurité alimentaire

atteint son apogée lors de la saison des crues (de septembre à

novembre), affectant principalement les ménages sans terre

employés comme ouvriers agricoles, pour lesquels le travail

fait défaut en raison de la montée des eaux.

En dépit de l’absence de chiffres officiels sur ce sujet au

niveau de la commune de Hung Thanh, l’ensemble des

informations recueillies par l’enquête auprès des ménages,

les séances de recherche participative et les entretiens auprès

d’experts suggèrent une forte augmentation de la migration

au cours des dix dernières années. Elle devient de plus en

plus fréquente à cause de la pression croissante exercée

sur les moyens de subsistance locaux, la demande accrue

de main d’œuvre industrielle en dehors de la commune et

la levée d’un certain nombre de restrictions politiques sur

crédit photo : © 2011 Kees van der geest

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 63

la mobilité. de plus en plus de femmes et d’hommes de la

commune de Hung Than trouvent du travail dans les zones

industrielles, en particulier à Hô-chi-minh-ville. L’enquête

auprès des ménages révèle que dans 90 des 150 familles

interrogées (60 %), au moins un des membres actuels a fait

l’expérience de la migration. Sur les 168 migrants cités dans

l’enquête, 106 sont de sexe masculin (63,1 %). Les migrants

du site de recherche avaient en moyenne 22 ans au moment

de leur première migration. La migration saisonnière a lieu

surtout pendant la saison des crues, lorsque le travail diminue

au sein de la communauté. près de la moitié des migrants

choisissent des destinations en dehors du delta du mékong,

mais restent dans la partie sud du viet Nam (essentiellement

Hô-chi-minh-ville, binh duoung et dong Nai). Les habitants

de Hung Thanh qui se déplacent au sein de la province sont

surtout des migrants saisonniers qui louent leurs services en

tant que travailleurs agricoles ou ouvriers dans des usines

locales pour des périodes de moins de six mois. En plus de

l’impact indirect de la variabilité pluviométrique sur la mobilité

humaine, les recherches de terrain ont mis en lumière un

lien direct entre les crues et la migration. pendant la saison

des pluies, le travail diminue au sein de la communauté et

beaucoup de jeunes en profitent pour pratiquer la migration

saisonnière. ce phénomène illustre le fait que pour ces

communautés, il existe un facteur récurrent non négligeable

qui influe, et continuera d’influer, sur les décisions relatives à

la migration.

La majorité des personnes qui ont répondu au questionnaire

notait les effets néfastes des pluies torrentielles, des

modifications saisonnières des précipitations et de la fréquence

accrue des jours de pluie sur les récoltes et les sources de

revenus non agricoles. à la question de savoir si les variations

des régimes pluviométriques avaient un impact négatif

sur l’économie du ménage, 89,5 pour cent des personnes

interrogées ont répondu « oui », et 35,9 pour cent d’entre

elles ont répondu « oui, beaucoup ». En règle générale, les

ménages ont plus souvent tendance à recourir à la migration

comme stratégie de gestion des risques s’ils éprouvent des

difficultés à assurer leur subsistance localement parce que :

ils n’ont pas assez de terres ; la demande de main d’œuvre

agricole n’est pas assez forte ; ils n’ont ni les compétences

ni le capital de départ pour se procurer des revenus non

agricoles suffisants sur place.

même si la migration leur permet de gérer les risques à court

terme, l’impact sur leur résilience à long terme peut être

très négatif. Pour les ménages sans terres et peu qualifiés,

la migration permet de parer au manque de revenus si

elle réussit, mais elle peut aussi interrompre le processus

éducatif et d’acquisition de compétences nécessaires pour

renforcer leurs capacités à surmonter les chocs et prospérer

économiquement.

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64_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Illustration 6 : Zone de recherche en Inde

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

très élevée

élevée

modérément élevée

modérée

faible

très faible

Variabilité Pluviométrique/Fréquence des sécheresses

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 65

4.4 Inde : les ménages pauvres de janjgir-champa continuent d’utiliser la migration

saisonnière pour assurer leur sécurité alimentaire, en dépit de l’irrigation, de

l’industrialisation et des mesures de protection sociales et économiques27

Les recherches menées en Inde couvraient quatre villages du district de janjgir-

champa, dans l’état du chhattisgarh : jullan pakaria, Akalteri, banahil et Silli. Les

agriculteurs dépendent presque entièrement d’une unique récolte annuelle de

riz qu’ils cultivent pendant la saison de la mousson. (pour les données relatives

à la situation, au paysage, aux précipitations moyennes, aux terres agricoles, à la

fréquence des sécheresses et aux destinations de migration du site de recherche,

consultez l’Illustration 6 ci-dessous.) L’insécurité alimentaire reste forte, bien que la

majorité des paysans de ces villages (84 %) aient accès à des canaux d’irrigation.

Le système d’irrigation permet une récolte par an. Il n’y a pas assez d’eau pour

une deuxième (rabi), et les agriculteurs locaux semblent avoir presque totalement

abandonné la production de légumes secs et d’autres cultures, ce qui explique le

haut niveau de chômage pendant la saison sèche. La migration devient alors une

stratégie d’ajustement, notamment pour les petits exploitants ou les ménages sans

terres.

Le projet s’est focalisé sur les problèmes liés à la pluviosité (sécheresse, moussons

tardives ou erratiques, décalage des saisons) auxquels sont confrontés les ménages

des quatre villages étudiés. Les recherches ont mis en lumière des changements

ayant un impact négatif sur la sécurité alimentaire. même si la moyenne annuelle

des précipitations ne décroît pas de façon perceptible, les experts signalent une

baisse non négligeable du nombre annuel de jours de pluie (qui est passé de 65

à 56) et un décalage d’une semaine pour le début de la mousson (du 10 au 17

juin), ce que confirment les données météorologiques locales. Le niveau de la nappe

phréatique aurait également baissé. d’après plus d’un tiers des ménages interrogés,

la fréquence des sécheresses et des périodes sèches est en augmentation depuis 10-

20 ans. près de 60 pour cent d’entre eux disent souffrir du fait que les saisons des

pluies ont raccourci.

Les habitants des villages étudiés dépendent largement de l’agriculture pour leur

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66_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

subsistance. Les experts et les participants aux groupes

de discussion s’accordent à dire qu’à chhattisgarh, et en

particulier dans la zone étudiée, les principaux problèmes

agricoles sont les suivants : moussons/saisons décalées,

monoculture du riz/récolte annuelle unique, maladies

chroniques des cultures, agriculture intensive à haut niveau

d’intrants et non durable, manque de main d’œuvre au

moment des récoltes et prix défavorables aux producteurs.

même si les quatre villages ont accès à l’irrigation par canaux,

celle-ci reste insuffisante pour beaucoup d’agriculteurs,

vu le peu d’eau disponible et le manque de gestion des

systèmes. Les habitants dépendant essentiellement de la

monoculture du riz pendant la mousson, il n’est pas étonnant

que lorsqu’ils ont dû classer les menaces pesant sur leurs

moyens de subsistance au cours des séances de recherche

participative, ils aient cité en premier lieu des risques liés

à la pluviométrie, tels que les précipitations (en retard ou

erratiques), le décalage des saisons, les crues soudaines et la

pénurie d’eau potable. La croissance rapide de la population

a des implications tout aussi importantes sur la sécurité

alimentaire des sites étudiés, étant donné le morcellement

des terres voulu par le système traditionnel d’héritage. c’est

sans doute pourquoi on observe que le nombre de ménages

qui s’engagent pour des travaux agricoles à la journée est

nettement plus élevé qu’il y a dix ans, selon les résultats de

l’enquête. d’après les participants aux groupes de discussion,

les habitants cherchent à surmonter l’insécurité alimentaire

en demandant de l’aide à leur famille ou à des institutions, en

réduisant leur consommation et leurs dépenses alimentaires,

ou en essayant d’améliorer leurs revenus sans pour autant

quitter leur village. En ce qui concerne les mesures de

protection sociales ou économiques et les institutions,

les communautés ont mentionné les organismes suivants

comme ayant un impact essentiel sur la sécurité alimentaire

: les panchayat villageois (organes d’autogestion élus), les

centres Anganwadi (crèches/programmes de nutrition pré-

scolaire), les magasins de distribution de rations (système

public de distribution à prix équitable) et le bureau de poste.

S’il existe d’importants programmes nationaux de sécurité

sociale, notamment de rations alimentaires pour les familles

vivant sous le seuil de pauvreté et un système garantissant

100 jours d’emploi (mgNREgA), ceux-ci ne sont pas toujours

administrés de manière équitable et transparente, selon les

participants aux groupes de discussion, si bien que certaines

familles pauvres ne peuvent en tirer profit.

L’émigration est essentiellement saisonnière sur le site de

recherche (environ 66 %). L’émigration effectuée de janvier

à mai, après la principale récolte qui a lieu en novembre et

décembre, est le schéma le plus courant. La majorité (88 %)

est constituée de migrants économiques à la recherche de

meilleurs moyens de subsistance et de nouvelles sources de

revenus. ceux qui émigrent pour parfaire leur éducation ne

comptent que pour 2 pour cent du total. Les émigrés des

villages étudiés cherchent du travail dans les briqueteries (34

%), ou des emplois occasionnels dans le secteur informel (28

%) et le bâtiment (16 %). Les principales destinations sont

Raipur (capitale du chhattisgarh), Korba (mines de charbon

dans la partie nord du chhattisgarh) et les grandes villes à

l’est de l’Inde (calcutta), à l’ouest (pune et Ahmedabad) et

au nord (Allahabad, chandigarh, Amritsar, Shimla, jammu,

Ladakh et delhi). ce type de migration saisonnière se fait

d’autant plus facilement qu’il existe un réseau informel

d’intermédiaires et de courtiers. même si les habitants des

villages étudiés se déplacent le plus souvent en famille (seuls

19 pour cent sont célibataires), la majorité des migrants

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 67

crédit photo : © 2011 julie maldonado

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68_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

est de sexe masculin (62 pour cent). La migration familiale

a ceci de positif qu’elle permet de préserver l’intégrité des

ménages, mais elle perturbe l’éducation des enfants en âge

d’être scolarisés et réduit leurs contacts avec l’enseignement

scolaire ce qui, à long terme, affecte les revenus et la mobilité

sociale des ménages concernés.

La migration est l’une des plus importantes stratégies

auxquelles les habitants des villages étudiés font appel

face aux variations pluviométriques, aux changements

climatiques et à l’insécurité alimentaire. même ceux qui

restent et obtiennent un emprunt risquent de devoir migrer

pour rembourser leurs dettes. c’est pourquoi la migration est

souvent le dernier recours des ménages sans ressources et

sans terres, surtout quand ils n’ont pas accès à ou ne peuvent

bénéficier d’autres options pour assurer leur subsistance sur

place. pourtant, même si elle leur permet de surmonter des

obstacles, la migration n’accroît pas leur résilience pas plus

qu’elle ne leur permet de saisir de meilleures opportunités.

dans certains cas, elle a des conséquences négatives sur les

relations entre générations, car elle nuit à l’apprentissage des

compétences et la poursuite des études qui permettraient

aux ménages d’améliorer leur qualité de vie et leur santé

et d’acquérir les qualifications nécessaires pour se procurer

des revenus stables. des centrales électriques récemment

construites dans la région devraient, en principe, absorber

la main d’œuvre agricole qui se cherche d’autres possibilités

d’emploi, mais en réalité, d’après les groupes de discussion,

elles sont en compétition avec les communautés pour les

mêmes ressources (terres, eau, air pur) et à ce jour, elles n’ont

guère fourni d’emplois aux habitants des villages étudiés.

Au lieu de cela, elles importent une main d’œuvre qualifiée,

forçant les villageois à aller chercher leur subsistance ailleurs.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 69

crédit photo : © 2011 julie maldonado

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70_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

4.5 bangladesh : la migration est une stratégie d’ajustement clé pour les ménages

pauvres de Kurigram, mais les coûts sociaux en sont élevés28

des recherches ont été menées dans quatre villages du district de Kurigram, au nord-

ouest du bangladesh : Khanpara, Khamar Holokhana, Arazi Khodomtola, doalipara.

Le niveau de pauvreté y est très élevé, 75 pour cent des habitants dépendant

directement de l’agriculture pour leur subsistance. La région est baignée par les

fleuves Brahmapoutre et Dharala, et les revenus agricoles des villageois fluctuent

en fonction des sécheresses, des inondations et de l’érosion des berges. (pour les

données relatives à la situation, au paysage, aux précipitations moyennes, aux terres

agricoles, à la fréquence des sécheresses et aux destinations de migration du site de

recherche, consultez l’Illustration 7 ci-dessous.)

Les ménages « pauvres » ou de la « classe moyenne », dont le statut social dépend de

la taille de leur propriété foncière, sont plus « sensibles » aux sécheresses, autrement

dit à la variabilité pluviométrique, car ils dépendent, pour leur subsistance, de

l’agriculture pluviale agrémentée d’un accès limité à l’irrigation. quant aux « plus

pauvres », qui ne possèdent que peu ou pas de terres, leur vulnérabilité est forte

notamment du fait qu’ils disposent de qualifications et d’un patrimoine plus limités

pour surmonter les chocs. La migration rurale à la recherche d’emplois agricoles sert

de stratégie de protection contre l’insécurité alimentaire/des moyens de subsistance

liée entre autres aux facteurs de stress climatiques.

La quantité totale de pluies de mousson n’a diminué que de façon minime au

Kurigram, cependant la variabilité pluviométrique augmente. Les données sur les

précipitations fournies par les stations météorologiques locales révèlent que de 1979

à 2012, la hauteur totale des pluies de mousson (1er juin – 30 septembre) a varié de

moins de 1 000 mm à plus de 2 500 mm certaines années. Les pluies de la mousson

ont été insuffisantes en 2011 : elles n’ont fourni que 57, 75 et 87 pour cent de la

moyenne à long terme pour les mois de juin, juillet et août respectivement. à cela

se sont ajoutées 24 journées consécutives sans pluie. La majorité des habitants de la

zone étudiée a noté des changements majeurs en matière de régime pluviométrique

Illustration 7 : Zone de recherche

au Bangladesh

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

très élevée

élevée

modérément élevée

modérée

faible

très faible

Variabilité Pluviométrique/Fréquence des sécheresses

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 71

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72_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

crédit photo : © 2009 josh Estey/cARE

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 73

au cours des 10-30 dernières années. cette opinion est sans

doute colorée par des vécus plus récents, comme les trois

semaines sans pluie intervenues au milieu de la mousson

2011 : 96 pour cent des personnes interrogées ont mentionné

l’augmentation des périodes sèches et des sécheresses et 84

pour cent, celle de la fréquence des phénomènes climatiques

extrêmes. plus de 90 pour cent des participants à l’étude se

souvenaient qu’une année était auparavant constituée de

six saisons distinctes, alors qu’il n’y en a plus que quatre à

présent. Les groupes de discussion ont dit aussi constater

une diminution drastique de la période de pluviosité appelée

localement Kaitan Satao (au mois d’octobre). Enfin, le district

est très exposé aux inondations, aux sécheresses et aux pluies

torrentielles, d’après respectivement 65, 46 et 38 pour cent

des répondants. ces inondations sont généralement dues

à de fortes précipitations locales, mais même une mousson

normale peut provoquer de graves inondations à Kurigram

si elle s’accompagne de pluies diluviennes en amont, dans le

nord de l’Inde et l’Himalaya.

dans le district de Kurigram, les sources locales de revenus

agricoles sont saisonnières et sensibles aux changements de

régime pluviométrique. Les périodes sans pluie intervenues

pendant la cruciale saison aman (repiquage du riz), que les

participants aux séances de recherche ont décrites comme

sans précédent, nuisent gravement à la sécurité alimentaire/

des moyens de subsistance des ménages. Le taux de pauvreté

a baissé lors des dernières décennies, mais l’insécurité

alimentaire chronique reste un problème majeur à Kurigram,

surtout pendant la période de pénurie alimentaire (monga),

qui culmine en septembre et octobre. même si la production

agricole a augmenté dans le district grâce, en grande partie,

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74_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

à l’introduction de variétés produisant un meilleur rendement

et à une plus grande intensité culturale, les ménages pauvres

en bénéficient très peu, étant donné le prix élevé des

intrants et la rareté des terres disponibles. La croissance de la

population est également un facteur d’insécurité alimentaire

pour les ménages locaux. Ainsi, la taille de Khanpara, qui

comptait environ 200 habitants il y a 30 ans, a presque triplé

: le village dénombre aujourd’hui 590 habitants. Les terres

auparavant cultivées par 25 familles doivent à présent faire

vivre 118 ménages.

à Kurigram, la migration est un phénomène très fréquent

depuis les années 1970. Les ménages ruraux pauvres et

sans terres y ont recours pour éviter l’insécurité alimentaire

saisonnière. près de la moitié d’entre eux (43 pour cent des

familles interrogées) comptent sur les revenus de l’émigration.

dans les villages étudiés, les émigrants ont en moyenne

37 ans (ils sont plus âgés que ceux qui migrent « pour

répondre à leurs aspirations ») et n’ont bénéficié que de 3,5

ans de scolarisation. chaque migrant fait 22 déplacements

en moyenne. La migration saisonnière est le schéma le

plus courant (environ 80 pour cent des cas), et chaque

déplacement dure 5,3 mois en moyenne. Sur le site étudié, 98

pour cent des déplacements migratoires se font à l’intérieur

du bangladesh. dans leur grande majorité, les migrants des

villages de Kurigram se déplacent pour trouver de l’emploi

comme ouvriers agricoles dans d’autres zones rurales, car

cela ne leur demande pas d’autres qualifications que celles

qu’ils possèdent déjà. Les régions agricoles de munshiganj

et Feni sont les deux destinations les plus courantes pour

les migrants saisonniers d’après les participants aux groupes

de discussion à Khanpara. Selon leurs dires, il y existe en

crédit photo : © 2009 josh Estey/cARE

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 75

effet une forte demande de main d’œuvre agricole, ce qui

en fait une destination (rurale) de choix en particulier au

moment des récoltes, à cause de l’intensité culturale accrue

et de l’émigration locale qui y sévit. beaucoup de villageois

travaillent aussi temporairement dans les villes de dhaka

et Rangpur où les salaires sont plus élevés dans le secteur

du prêt-à-porter ou dans l’économie informelle. même si

la vaste majorité des migrants des villages étudiés sont de

sexe masculin (97 %) et chefs de famille (89 %), ce sont

les femmes qui assument presque entièrement le coût social

de la migration. demeurant sur place, elles doivent souvent

assumer la culture de la terre familiale et s’engagent parfois

comme journalières occasionnelles pour nourrir leur famille

et rembourser leurs dettes. En outre, les adolescentes et

les jeunes femmes sont victimes de harcèlement sexuel en

l’absence des hommes de la famille, devenant ainsi les cibles

de l’opprobre sociale ou contraintes à un mariage précoce

avec des implications sociales et démographiques négatives

à long terme.

à Kurigram, la migration est une stratégie d’adaptation

majeure pour surmonter des conditions économiques

défavorables ou des conditions environnementales

inattendues, notamment les implications locales de la

variabilité pluviométrique. 89 pour cent des répondants ont

noté que le régime climatique et la variabilité pluviométrique

actuels ont un impact sur le budget familial. pour 39 pour

cent des ménages interrogés, l’allongement des périodes

sèches constitue une raison « très importante » d’émigrer

alors que pour 36 pour cent d’entre eux, les sécheresses plus

fréquentes peuvent être un déclencheur « très important »

de la migration. Les retombées sur la production agricole

locale (et donc sur les moyens de subsistance des habitants)

de ces deux variations climatiques sont graves. Si les

ménages les plus riches peuvent craindre les effets de la

variabilité pluviométrique en raison des plus grandes surfaces

agricoles dont ils disposent, ils y sont en réalité moins

sensibles car ils possèdent davantage de biens et disposent

de multiples sources de revenus. Les ménages pauvres,

sans terres et peu qualifiés, qui dépendent essentiellement

des cultures pluviales tant pour leur subsistance que pour

leur sécurité alimentaire, sont plus sensibles à la variabilité

pluviométrique. ce sont eux qui émigrent le plus souvent, à

cause de l’insécurité alimentaire/des moyens de subsistance

en période d’absence ou d’imprévisibilité des pluies. Les

ménages sans terre extrêmement pauvres sont sensibles à la

variabilité pluviométrique, mais ne disposent généralement

pas des ressources nécessaires pour émigrer vers des zones

où la demande de main d’œuvre agricole est plus élevée.

c’est pourquoi cette population « piégée » souffre d’une

insécurité alimentaire aiguë tout au long de l’année. Le cas

des ménages qui ont le degré d’éducation et les aptitudes

nécessaires pour saisir des opportunités d’emploi, et dont

un membre au moins a émigré, est différent. L’argent

qu’envoient les migrants travaillant de façon permanente

dans les zones urbaines contribue à la sécurité alimentaire de

ces familles. En revanche, les ménages qui ne possèdent que

peu de terres et de compétences et pratiquent la migration

saisonnière agricole parviennent rarement à briser le cycle de

l’insécurité alimentaire, de l’endettement et de la migration

temporaire pour trouver du travail. pour eux, la migration est

une stratégie d’ajustement destructive, qui à la longue nuit

à leur bien-être.

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76_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Illustration 8 : Zone de recherche au Ghana

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 77

4.6 ghana : la forte dépendance envers l’agriculture pluviale dans le district de

Nadowli explique la persistance de la migration saisonnière comme stratégie

d’ajustement29

Les recherches ont été menées dans quatre villages du district de Nadowli : mantari,

Nanville, Takpo, et Zupiri. ceux-ci se trouvent dans le Haut ghana occidental,

région la plus pauvre du pays. (pour les données relatives à la situation, au paysage,

aux précipitations moyennes, aux terres agricoles, à la fréquence des sécheresses

et aux destinations de migration du site de recherche, consultez l’Illustration 8 ci-

dessous.) Les paysans de ces villages n’ayant pas accès aux systèmes d’irrigation,

la production agricole se limite de fait à une récolte par an et est entièrement

tributaire de la pluviométrie. cette forte dépendance à l’égard des précipitations et

le manque de moyens de subsistance alternatifs in situ accroissent la vulnérabilité

aux changements climatiques des ménages pauvres de ces villages et perpétuent le

recours à la migration (saisonnière, temporaire ou permanente ) comme stratégie de

subsistance et comme mécanisme pour surmonter l’insécurité alimentaire.

Le climat de cette région est marqué par une saison des pluies (de mai à septembre/

octobre) et une saison sèche (le reste de l’année). Au cours des 20-30 dernières

années, les changements suivants ont été observés dans le régime pluviométrique des

villages étudiés : augmentation des pluies torrentielles entraînant des inondations,

saison des pluies décalée (d’avril à mai) ainsi que des périodes sèches associées à

des températures élevées. Les résultats de l’enquête auprès des ménages montrent

que 92 pour cent des participants ont perçu des changements dans la pluviométrie

au cours de cette période : 87,3 pour cent des personnes interrogées estiment que

les sécheresses ont été plus nombreuses au cours des 10-30 dernières années et

64,8 pour cent parlent de phénomènes climatiques plus extrêmes. cette perception

qu’ont les villageois d’un climat de plus en plus imprévisible est largement corroborée

par les données météorologiques locales et les avis d’experts, qui confirment une

hausse des températures moyennes et une plus grande fréquence de phénomènes

comprenant tant des périodes sèches plus longues que des pluies plus fortes pendant

la période des semis. L’analyse du retard de la saison des pluies n’a quant à lui pas

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78_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

crédit photi : © 2011 christina Rademacher-Schulz/ uNu-EHS

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 79

été établi de façon irréfutable : l’analyse des données météorologiques de la station

de Wa ne confirment pas cette tendance mais l’analyse plus large des données

des différentes stations météorologiques du nord du ghana montre que celle-ci a

débuté avec un décalage de plus de quinze jours entre 1961 et 2001 .

La sécurité alimentaire/des moyens de subsistance de 85 pour cent des habitants de

ce district est tributaire de l’élevage ou d’une agriculture de subsistance. Le degré

de diversification économique est minime. Les principaux aliments de base sont le

mil, le maïs, le sorgho et l’igname. La culture commerciale de l’arachide prend de

l’ampleur, car elle permet aux paysans de se procurer des vivres sur les marchés locaux

pour nourrir leur famille. Le manque d’appui aux petits exploitants, qui n’ont, par

exemple, qu’un accès limité aux intrants agricoles bon marché (engrais, pesticides)

compromet la sécurité alimentaire des ménages vivant dans la zone étudiée,

tout comme les pertes élevées dues aux ravages des nuisibles après les récoltes.

pendant la saison sèche, la population s’adonne au commerce, à la transformation

des aliments et à la migration saisonnière. pour la majorité des ménages interrogés

sur le site de recherche (98 %), les changements dans le régime des précipitations

ont un effet néfaste sur les récoltes, ce qui aggrave leur situation économique. Les

périodes sèches ou les fortes pluies survenant à des moments cruciaux de la saison

agricole peuvent affecter les récoltes et en réduire, voire en détruire entièrement,

le rendement, causant ainsi des pénuries alimentaires. ces effets néfastes sur les

cultures provoquent la hausse des prix des aliments. pour trente-sept pour cent

des ménages interrogés, la flambée des prix réduit l’accès à la nourriture pour leur

famille. pendant la période de soudure précédant la récolte suivante (mai à août),

75 pour cent des répondants ne disposaient pas de nourriture en quantité suffisante

pour couvrir les besoins du ménage et 69 pour cent ne disposaient pas de l’argent

nécessaire à l’achat de vivres. d’après 37 pour cent des répondants, la production

animale, pourtant la « soupape de sécurité » qui, en temps de crise, leur permet de

vendre une partie de leur cheptel afin de se procurer les revenus nécessaires à l’achat

de vivres au marché, a également chuté. pour surmonter l’insécurité alimentaire,

due en grande partie à la variabilité pluviométrique, les répondants ont mentionné

les stratégies d’ajustement suivantes, par ordre d’importance (plusieurs réponses

autorisées) : vente de biens (29 %), réduction de la consommation de nourriture

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80_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

(21 %), diversification des revenus du ménage (14 %), principalement par la

migration, et modification des cultures soit en les diversifiant, soit en semant

des variétés à maturation précoce ou en répandant plus d’engrais (11 %).

conformément aux normes sociales et culturelles de la zone étudiée,

la migration est plus courante chez les hommes que chez les femmes. Il

n’empêche que les émigrées se font plus nombreuses depuis les années

1980 et qu’à l’heure actuelle, les femmes comptent pour 31 pour cent

des migrants. L’âge moyen des migrants lors de leur premier déplacement

est de 23 ans. Ils ont recours à cette stratégie avant tout pour des raisons

économiques (83 %). Neuf pour cent seulement le font pour étudier . Les

résultats de l’enquête auprès des ménages montrent que 39 pour cent sont

des migrants saisonniers, 36 pour cent des migrants permanents, et les

derniers 25 pour cent des migrants temporaires. Les résultats des recherches

participatives confirment que la migration saisonnière domine. Les débats

sur la mobilité et les calendriers saisonniers au sein des groupes de discussion

ont révélé que les migrants se déplacent en général pendant la saison sèche

et reviennent pour participer aux travaux agricoles dans leurs champs

lorsque la saison culturale reprend. En cas de pénurie alimentaire aiguë,

des membres de la famille sont parfois obligés d’émigrer à des moments

inhabituels, comme pendant la saison des pluies. Les principales activités

économiques des migrants sont les travaux agricoles (52 %) et miniers (14

%). Les destinations les plus courantes sont les régions de brong Ahafo

(38 %) et Ashanti (39 %). La région de brong Ahafo (ceinture médiane du

pays), aux terres plus fertiles que dans le nord du ghana, produit en effet

deux récoltes par an. Les zones aurifères du pays attirent de jeunes migrants

saisonniers qui espèrent faire fortune en peu de temps. La migration vers ces

régions est facilitée à présent à la fois par les réseaux qui se sont développés

entre migrants du site de recherche et par des systèmes de transport régulier

vers ces destinations.

Les membres de la famille migrent essentiellement pour des raisons de

sécurité alimentaire/des moyens de subsistance, laquelle est directement

crédit photo : © 2009 Sarah bones/cARE

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 81

liée à des facteurs climatiques et environnementaux, étant

donné la dépendance des villageois envers les cultures

pluviales. L’enquête auprès des ménages a montré que

les principales raisons de la migration sont les suivantes

: déclin de la production agricole vivrière pour leur propre

consommation ; changements relatifs à la saison des pluies

; chômage ; périodes de sécheresse plus longues, suivies de

récoltes imprévisibles ; fréquence accrue des sécheresses.

Les dix facteurs les plus importants sont exclusivement

de nature agricole (ou relatifs à l’élevage) et ont un lien

avec la sécurité alimentaire et la variabilité climatique/

pluviométrique. c’est pourquoi, pour les ménages pauvres

du site de recherche, la migration vers d’autres régions du

pays est une stratégie courante pour diversifier les revenus

et recevoir les transferts d’argent qui permettront l’achat de

vivres. La migration permet à ces ménages de remédier à

l’absence de revenus, mais elle ne sert pas à améliorer leur

bien-être à long terme. ce type d’ajustement peut avoir des

conséquences négatives, par exemple lorsque les chefs de

famille (qui ont émigré à la recherche de nourriture ou de

revenus pour acheter des vivres) ne sont pas présents pour

venir en aide aux autres membres du foyer. En revanche,

les ménages plus aisés disposent de sources de revenus plus

diversifiées, les membres en âge de travailler y pratiquent

davantage la migration saisonnière et sont donc beaucoup

moins vulnérables face aux impacts négatifs des changements

pluviométriques. pour eux, la migration saisonnière est

plutôt un outil concourant à leur progression sur l’échelle

sociale. Les femmes chefs de famille sont plus vulnérables

que les hommes : leurs ménages sont davantage menacés

par l’insécurité alimentaire, les personnes en âge de travailler

y sont moins nombreuses, elles possèdent moins de terres et

pratiquent un peu moins la migration que leurs homologues

masculins.

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82_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Illustration 9 : Zone de recherche au Guatemala

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

très élevée

élevée

modérément élevée

modérée

faible

très faible

Variabilité Pluviométrique/Fréquence des sécheresses

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 83

4.7 Guatemala : le manque de diversification des moyens de subsistance et de

possibilités migratoires laisse peu d’options aux habitants de cabricán33

Les recherches ont été menées dans quatre villages de la municipalité de cabricán,

sur les hauts-plateaux orientaux du guatemala : El cerro, buena vista, El durazno,

et quiquibaj. Située à 2 625 mètres au-dessus du niveau de la mer, cabricán est

l’une des municipalités les plus pauvres du pays. (pour les données relatives à

la situation, au paysage, aux précipitations moyennes, aux terres agricoles, à la

fréquence des sécheresses et aux destinations de migration du site de recherche,

consultez l’Illustration 9 ci-dessous.) La population appartient à la communauté

autochtone mam et dépend fortement des précipitations pour son unique récolte

annuelle.

cabricán est située dans une région froide, avec une saison des pluies et une saison

sèche bien démarquées. Le régime pluviométrique normal est bimodal, avec des

pics en juin et en septembre. La hauteur annuelle totale des précipitations, qui

tombent majoritairement de mai à octobre, a fluctué de quelques 600 mm à plus de

1 400 mm, au cours des 35 dernières années. Les données météorologiques locales

des quatre dernières décennies montrent une tendance vers des précipitations

totales plus importantes, les périodes de hausse alternant avec des périodes de

diminution. El Niño est un déterminant important du calendrier et de la pluviosité

au guatemala. or, il a augmenté tant en fréquence qu’en intensité au cours des

60 dernières années : trois apparitions (toutes modérées) de 1951 à 1970, cinq

(dont deux fortes, et une très forte) de 1971 à 1990 et six (dont une très forte) de

1991 à 2010 . El Niño a un impact négatif sur la pluviométrie, surtout sur la côte

Pacifique du Guatemala et en particulier pendant les mois d’août et de septembre

. Les personnes qui ont répondu à l’enquête auprès des ménages ont mentionné

plusieurs modifications non négligeables du climat local ces dernières décennies

: la saison des pluies s’est raccourcie, les pluies sont moins fréquentes mais plus

intenses et les périodes sèches sont plus longues. Les participants aux groupes de

discussion ont confirmé ces constatations, les personnes âgées déclarant qu’il y a 30

ans, la saison des pluies commençait en mars et se terminait en octobre/novembre.

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84_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Au fil du temps, les pluies ne sont plus arrivées qu’en mai/

juin et s’arrêtent normalement en octobre. Soixante-sept

pour cent des ménages interrogés ont mentionné une

augmentation des pluies diluviennes et soixante-cinq pour

cent, une augmentation des phénomènes climatiques

extrêmes pendant les 10-20 dernières années. Au cours des

13 dernières années, le guatemala a été sérieusement touché

par une pluviométrie extrême associée à des ouragans et des

tempêtes tropicales : mitch en 1998, Stan en 2005, Agatha

en 2010 et la dépression tropicale 12-E en 2011. ces quatre

phénomènes ont produit des précipitations anormalement

élevées et les tempêtes ont provoqué des dégâts importants

dans les municipalités des hauts-plateaux de l’ouest comme

cabricán.

Les recherches menées pour le projet ont confirmé le manque

de diversification des systèmes de subsistance locaux : 66

pour cent des ménages citent l’agriculture comme principale

activité économique. Les familles paysannes des villages

étudiés pratiquent un système d’agriculture de subsistance,

le milpa (maïs, associé à différents types de fèves), avec une

seule récolte par an. à cabricán, les propriétés foncières

mesurent moins d’une manzana (7 000 mètres carrés) dans

90 pour cent des cas, et plus de 90 pour cent de la population

gagnent moins de deux dollars uS par jour. La qualité du

logement, plus élevée pour les ménages recevant des

transferts d’argent, est ce qui les distingue principalement les

uns des autres. L’insécurité alimentaire, qui culmine pendant

les mois précédant la récolte de novembre, est très répandue

: 78 pour cent des personnes interrogées disent avoir souffert

de pénurie alimentaire au moins une fois au cours des dix

dernières années. Le manque d’accès à des aliments nutritifs

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 85

photo credit : © 2008 brian Atkinson/cARE

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86_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

(peu de produits dans les marchés locaux) et de mauvaises

habitudes alimentaires (tendance prononcée à consommer

trop de maïs) rendent la situation encore plus précaire. Le

tissage est en train de devenir la deuxième source de revenus

par ordre d’importance, 22 pour cent des ménages le citant

comme leur activité principale et 30 pour cent comme leur

deuxième activité la plus importante. ceci dit, les tisserands

ne sont payés que pour le volume de travail fourni au

propriétaire des métiers à tisser, qui contrôle tant les intrants

(fournitures) que la vente des produits finis. Cela ne permet

guère d’envisager cette activité comme une stratégie viable

de diversification des revenus à long terme.

La mobilité humaine est une stratégie courante de gestion

des risques sur le site de recherche. Au guatemala, les

historiens la font remonter aux années 1870, lorsque le

café est devenu un important produit d’exportation et que

la population autochtone des hauts plateaux a commencé

à fournir l’essentiel de la main d’œuvre des plantations.

Aujourd’hui, les données de l’enquête auprès des ménages

montrent que, dans 97 pour cent des cas, l’émigration à

cabricán est entreprise dans le but de réduire la variabilité de

la consommation et des revenus familiaux liés aux cultures

pluviales. Seuls 25 pour cent des ménages disent avoir fait

l’expérience de la migration, ce qui est peut-être une sous-

estimation due à la crainte d’avouer qu’un membre du

ménage vit à l’étranger. Les migrants sont à 77 pour cent

de sexe masculin, 80 pour cent d’entre eux sont mariés

ou en union consensuelle. outre le caractère patriarcal de

la société guatémaltèque, la langue présente un obstacle

supplémentaire pour les femmes de cabricán, dont beaucoup

ne parlent que le dialecte mam.

photo credit : © 2011 Andrea milan/uNu-EHS

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 87

vu l’isolement économique relatif de cabricán à l’échelle

nationale, les possibilités de migration (tant saisonnière à

l’intérieur du guatemala qu’à plus long terme aux états-

unis) se font rares : 70 pour cent des ménages disent aspirer

à une migration non saisonnière à destination des états-unis

(New york, le New jersey, la virginie ou Los Angeles), où les

villageois ont établi des réseaux au fil des années. Or, cette

démarche est devenue beaucoup plus difficile depuis dix ans

pour les raisons suivantes : renforcement des contrôles à la

frontière américaine ; baisse de la demande de main d’œuvre

immigrée aux états-unis ; coût élevé (de 45 000 à 60 000

quetzales, soit environ 6 000 dollars uS) ; conditions de

voyage plus dangereuses à travers le mexique.

La migration interne vers des centres urbains comme

quetzaltenango ou ciudad de guatemala a moins la faveur

des ménages. par le passé, la migration saisonnière interne

était chose courante, tant vers la côte sud que vers l’intérieur

des terres, mais le marché du travail s’y est fortement

contracté suite au passage à des cultures requérant une main

d’œuvre moins nombreuse (canne à sucre au lieu de coton).

de plus, les producteurs des cultures d’exportation engagent

désormais la main d’œuvre agricole locale à plein temps.

Lorsqu’on a demandé aux personnes interrogées si les

changements de pluviométrie avaient un impact sur la

production de vivres, 68 pour cent ont répondu « oui,

beaucoup » et 29 pour cent « oui, mais seulement un peu

». dans les quatre villages, les participants aux groupes de

recherche ont exprimé de graves inquiétudes quant à l’avenir

de leur famille et de leur communauté. Les préoccupations

des ménages concernent la viabilité à long terme de leurs

systèmes agricoles et de l’accès aux aliments. Selon eux,

rares sont les possibilités de diversification des ressources

(comme le tissage, où les revenus baissent aussi, vu l’excès

de main d’œuvre). Les facteurs de stress climatiques,

l’insécurité alimentaire/des moyens de subsistance et les

obstacles à la migration ne laissent aux paysans locaux

que peu d’alternatives viables pour diversifier leurs revenus

et affranchir leur famille de la pauvreté, que ce soit par

l’adaptation sur place ou par la migration.

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88_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Illustration 10 : Site de

recherche en Tanzanie

Moyenne des précipitations

Terres agricoles (%)

très élevée

élevée

modérément élevée

modérée

faible

très faible

Variabilité Pluviométrique/Fréquence des sécheresses

Pluvi

ales

(%

)Ir

riguée

s (%

)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 89

4.8 Tanzanie : la migration est une stratégie d’ajustement tant pour les petits

exploitants agricoles que pour les éleveurs qui luttent pour leur sécurité alimentaire

dans le même district36

En Tanzanie, les recherches pour le projet ont été menées dans trois villages du

district de Same: bangalala, Ruvu mferijini et vudee. Ils sont situés dans la région

du Kilimandjaro, zone semi-aride du bassin de la rivière pangani, dans le nord-est

du pays. (pour les données relatives à la situation, au paysage, aux précipitations

moyennes, aux terres agricoles, à la fréquence des sécheresses et aux destinations de

migration du site de recherche, consultez l’Illustration 10 ci-dessous.) étant donné

la forte dépendance envers l’agriculture et le peu d’opportunités d’emplois non

agricoles dans le district, des précipitations insuffisantes ou malvenues se traduisent

souvent par la perte des récoltes, l’insécurité alimentaire et la migration des ménages

pauvres qui n’ont que peu ou pas accès à de bonnes terres et à l’irrigation.

Au cours des 60 dernières années, la moyenne annuelle totale des précipitations,

caractérisées par un régime bimodal avec de « longues » pluies (masika) de mars

à mai et de « courtes » pluies (vuli) de septembre à décembre, a été de 560 mm/

an en moyenne. Les recherches effectuées pour le projet mettent en évidence la

perception généralisée que le régime des précipitations a énormément changé dans

le district de Same au cours des 20 dernières années. Les changements perçus sont les

suivants : (1) fréquence accrue de périodes sèches prolongées pendant la saison des

pluies ; (2) arrivée plus tardive et arrêt plus précoce des pluies ; (3) fréquence accrue

des violentes tempêtes. En plus des changements relatifs aux dates et à la répartition

des deux saisons des pluies annuelles, les habitants citent des températures plus

élevées et des vents plus violents comme facteurs d’aggravation des pénuries d’eau

locales dues au climat. L’analyse des données sur la pluviosité locale au cours des

30 dernières années confirme la perception locale d’une modification négative de

la pluviosité, avec notamment : une diminution des pluies pendant la saison longue

(masika) et des précipitations annuelles totales ; une réduction du nombre de jours

de pluie par an (qui sont passés de 90 à 71) ; un arrêt précoce de la saison des pluies,

et donc des saisons végétatives plus courtes.

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90_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Les données fournissent aussi des exemples spectaculaires

du caractère imprévisible des précipitations, comprenant

plusieurs cas présentant des niveaux annuels très bas,

suivis d’années marquées par une pluviosité abondante.

Ces données confirment les perceptions locales au sujet de

la nature changeante et extrêmement imprévisible de la

pluviométrie sur le site de recherche, où le calendrier et la

répartition/l’intensité des précipitations peuvent entraîner la

perte des récoltes, même les années où le total annuel est «

normal ».

L’insécurité alimentaire/des moyens de subsistance est un

problème très répandu dans le district de Same. Elle est

particulièrement présente pendant les mois de septembre

à janvier. à bangalala, le village où était basée l’équipe

de recherche, les groupes de discussion ont révélé que

seulement 5 pour cent des ménages sont considérés comme

« aisés » et capables de servir trois repas par jour à tous les

membres de la famille. Le groupe intermédiaire quant à

lui (65 pour cent des ménages) ne peut pas se permettre

plus de deux repas quotidiens, et les 30 pour cent les plus

pauvres arrivent à peine à un repas nutritif par jour. même

si les trois villages reflètent la grande diversité des conditions

agro-climatiques dans les zones montagneuses et les plaines

du bassin de la rivière pangani, leurs habitants ont ceci de

commun qu’ils dépendent largement de l’agriculture et de

l’élevage pour leur subsistance. d’après les données fournies

par l’enquête auprès des ménages et les séances de recherche

participative, les trois principales activités économiques

(agriculture, élevage et travail occasionnel) sont toutes

fortement tributaires des ressources naturelles de la région,

et il n’y a pour ainsi dire aucune diversification des sources

de revenus en dehors des travaux des champs. quant à

l’agriculture locale, elle dépend largement de la pluviométrie,

soit directement, soit par le biais de systèmes d’irrigation

locaux (dont des retenues d’eau traditionnelles appelées

ndiva). Les propriétés foncières sur la zone ont une taille

moyenne 1,54 hectares (ce qui est considéré comme une

surface très modeste) et nourrissent chacune une famille de

six personnes. dans les trois villages où les recherches ont été

effectuées, les participants aux groupes de discussion disent

utiliser les stratégies d’ajustement à court terme ci-dessous

pour compenser les pénuries alimentaires : (1) changements

dans la consommation alimentaire du ménage (diminution du

nombre de repas quotidiens, voire jeûne pendant la journée,

élimination des aliments les plus chers comme le poisson,

repas plus légers ; (2) changements d’activité économique

(travail occasionnel au sein de la communauté, abattage

des arbres, ramassage du bois, fabrication de charbon de

bois, réduction des zones cultivées) ; (3) vente de biens (en

général du cheptel, presque jamais de terres) (4) chercher

de l’aide chez d’autres (assistance publique, aide des oNg,

emprunts auprès d’amis ou de la famille).

vu l’absence dramatique d’emplois alternatifs non agricoles,

la migration est une stratégie très importante de gestion des

risques pour les ménages de ces villages, où le nombre de

migrants économiques dépassent celui des individus ayant

émigré pour parfaire leur éducation (à raison de deux contre

un). bien que la majorité des émigrés soit jeune et de sexe

masculin, les femmes représentent un tiers du total à présent.

même si une légère majorité des premiers déplacements

(53,4 pour cent) est saisonnière (moins de six mois) avec

retour assuré, les schémas diffèrent d’un village à l’autre.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 91

Il n’y a qu’à Ruvu mferijini, qui comprend une importante

population masaï, que les migrants saisonniers sont nettement

majoritaires (66,3 %). dans les villages étudiés, la migration

est essentiellement interne. Très peu d’habitants traversent

les frontières (pour se rendre au Kenya) et ce sont en majorité

des pasteurs masaï. La plupart semblent se rendre dans

d’autres zones rurales où les conditions météorologiques

sont plus favorables et où ils peuvent pratiquer des activités

qui leur sont familières, comme l’agriculture ou l’élevage,

ou travailler comme journaliers. Les séances de recherche

participative ont révélé que beaucoup se rendent dans la

région du Kilimandjaro et les zones voisines du nord-est de

la Tanzanie. Les résultats de l’enquête auprès des ménages

montrent cependant que la destination la plus courante est

la capitale dar es-Salaam (32 pour cent des migrants), où

ils cherchent du travail sur les marchés/dans le commerce

de détail, dans le bâtiment ou d’autres services. L’émigration

dans le district de Same suit donc deux schémas distincts:

rural-rural et rural-urbain.

vu les conditions qui règnent dans le district de Same, les

modifications de la pluviométrie se traduisent par des

impacts directs sur la sécurité alimentaire. La sécheresse

apparaît comme la plus grande menace qui pèse sur la

subsistance des ménages. plus de 80 pour cent de ceux qui

ont répondu à l’enquête auprès des ménages disent que la

variabilité pluviométrique a un effet négatif « important »

sur la production alimentaire. Les résultats de cette enquête

mettent en lumière la forte relation entre des régimes

climatiques changeants et imprévisibles et la décision

d’émigrer. Les trois principaux facteurs affectant les décisions

des ménages en matière de migration sont les suivants : (1)

fréquence accrue des sécheresses ; (2) périodes de sécheresse

plus longues ; (3) pénurie d’eau. Les participants aux groupes

de discussion se disaient préoccupés par la dégradation de

l’environnement local, qu’ils attribuent aux sécheresses

récentes, au manque de respect des lois contre l’abattage

des arbres et autres pratiques destructrices dans les bassins

hydrographiques cruciaux et à la croissance de la population.

Les groupes de discussions avec les jeunes, lesquels jouissent,

dans l’ensemble, d’une plus grande liberté de mouvement,

montrent que ces derniers n’envisagent guère l’agriculture

pour leur avenir et sont plus enclins à chercher fortune dans

les zones urbaines, en dépit des difficultés qu’y rencontrent

les migrants n’ayant que peu d’éducation et de ressources

financières.

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92_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

crédit photo : © 2007 brendan bannon/cARE

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 93

5- Analyse des décisions des ménages en matière de migration à l’heure actuelle : caractéristiques des ménages et sensibilité à la variabilité pluviométrique et à la sécurité alimentaire/des moyens de subsistancedans la présente section, nous donnons un aperçu des

principales caractéristiques au niveau des individus et des

ménages. Nous nous appuyons pour cela sur les données

primaires réunies lors des enquêtes auprès des ménages. à

partir de là, nous analysons les conclusions des huit études

de cas afin de montrer les relations actuelles entre les moyens

de subsistance tributaires de la pluviométrie et la sécurité

alimentaire, ainsi que les circonstances dans lesquelles les

ménages ont aujourd’hui recours à la migration pour gérer

les risques d’impact sur la consommation et les revenus

familiaux. Nous avons ainsi obtenu quatre profils distincts.

chaque site de recherche possède ses propres

caractéristiques, mais les valeurs médianes fournissent un

aperçu des caractéristiques des populations vivant dans les

zones d’investigation. Le ménage médian a 5,6 personnes à

charge. Le chef de famille et ceux qui sont à sa charge ont

respectivement 4,7 et 5,9 années de scolarisation. La taille

moyenne des ménages qui ont participé à l’enquête est la

plus importante au ghana, au guatemala et en Inde. En se

basant sur la norme internationale qui est de 1,25 à 2 dollars

uS par jour suivant les pays, le taux de pauvreté médian pour

5.1 caractéristiques des ménages dans les districts ciblés

les ménages interrogés est de 67,3 pour cent. Le pourcentage

médian de ménages ayant connu des périodes de pénurie

alimentaire au cours de l’année écoulée est quant à lui de

52,7% Les ménages de Tanzanie, du bangladesh et du pérou

ont été les plus réactifs face à l’insécurité alimentaire au

cours de l’année écoulée, mais comme le montre l’analyse

ci-dessous, l’aptitude à gérer cette insécurité par le biais

d’options comme la migration varie de manière considérable

parmi ces trois pays.

Le tableau 3 constitue une synthèse de l’enquête auprès

des ménages menée dans chacun des huit pays. La dernière

colonne fait entres autre apparaitre le nombre total de

ménages interrogés sur les sites de recherche « Rainfalls

». L’étude a permis d’interroger, pour chaque site, de 136

à 206 ménages représentant au moins 10 pour cent de la

population locale (du district) dans six des huit cas. En tout,

les chercheurs de « Rainfalls » ont interrogé 1 310 ménages

auxquels viennent s’ajouter plus de 2 000 participants

individuels dans les groupes de discussion ou les entretiens

auprès d’experts. Sur la totalité des ménages interrogés, la

valeur médiane de ceux dirigés par des femmes est de 13,3

pour cent.

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94_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Tableau 3 : Ménages interrogés sur les sites de recherche des huit cas d’étude

Lam

phun

Thai

land

Huan

cayo

Peru

Chha

ttisg

arh

Indi

a

Sam

eTa

nzan

ia

Cabr

icán

Gua

tem

ala

Nad

owli

Gha

na

Kurig

ram

Bang

lade

sh

Dong

Tha

pVi

etna

m

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 95

L’accès à des terres de qualité suffisante pour satisfaire à la

consommation alimentaire des ménages et leur procurer les

revenus dont ils ont besoin constitue une problématique

importante dans les zones de recherche. L’absence ou

l’insuffisance de terres se constatent dans les valeurs médianes de

15,5 et 37,7 pour cent respectivement des ménages interrogés,

lesquels présentent des caractéristiques distinctes sur chaque

site en lien avec leurs décisions en matière de mobilité (voir plus

bas). La propriété foncière moyenne pour les ménages, tous sites

confondus, est de 1,5 ha de terres productives (à l’exclusion des

pâturages pour le bétail). L’absence ou l’insuffisance de terres

parmi les ménages échantillonnés étaient importantes sur un

certain nombre de sites de recherche : bangladesh (84 % des

ménages échantillonnés), pérou (82,6 %), guatemala (67,9 %),

Inde (60,5 %), et viet Nam (57 %). Le manque de terres était

plus modéré en Thaïlande (47 %), en Tanzanie (31,5 %), et au

ghana (9,8 %), où, par contre, la qualité du sol est un facteur

important. dans ce dernier pays, d’ailleurs, la rareté des terres

n’est pas un facteur déterminant, dans la mesure où les droits

fonciers sont détenus par la communauté et les agriculteurs ont

facilement accès aux terres d’autres membres de la communauté.

Le rapport de dépendance moyen des ménages est le plus élevé

sur le site de recherche tanzanien (1,29), suivi par le guatemala

(1,10). cela veut dire qu’en Tanzanie, il y a, en moyenne, 1,29

membre inactif (à charge) pour tout membre actif d’un ménage.

à l’opposé, les deux extrêmes sont le viet Nam (0,49) et la

Thaïlande (0,46). Ainsi, sur le site de recherche thaïlandais, il

y a, en moyenne, 0,46 membre inactif (à charge) pour tout

membre actif d’un ménage. Le tableau 4 synthétise l’expérience

migratoire des ménages échantillonnés dans chacune des études

de cas37.

*Définition du rapport de dépendance : rapport entre les membres du ménage ne faisant généralement pas partie de la population active (personnes à charge : 0-14 ans et > 64 ans) et ceux qui en font généralement partie (membres productifs : 15-64 ans). on s’en sert pour mesurer la charge pesant sur les membres productifs du ménage.

** Ayant peur de terres : la définition varie par pays : Thaïlande < = 10 Rai ou 1,6 ha ; pérou 0,1 - 5 ha ; Inde < = 1 acre ; viet Nam 0,1 - 1 ha ; ghana 0,1 - 1 ha ; bangladesh 0,1 - 0,7 ha ; Tanzanie 0,01 à 1,75 acres ; guatemala < 0,44 ha.

*** Exploitation moyenne : la définition varie par pays : Thaïlande 10,01 à 20 Rai ; Inde 1,01 - 2 acres ; ghana < 5 ha ; Tanzanie 1,76 à 4 acres ; guatemala > 0.44 et < 1 ha

**** Exploitation plus grande que la moyenne : la définition varie par pays : Inde > = 2 acres ; Ghana > 5,01 ha ; Tanzanie > = 4,01 acres ; guatemala > 1 ha

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96_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Table 4 : Migration experience in the households sampled

Lam

phun

Thai

land

Huan

cayo

Peru

Chha

ttisg

arh

Indi

a

Sam

eTa

nzan

ia

Cabr

icán

Gua

tem

ala

Nad

owli

Gha

na

Kurig

ram

Bang

lade

sh

Dong

Tha

pVi

etna

m

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 97

*La migration saisonnière est définie comme une migration annuelle récurrente pour des périodes de moins de six mois par an. ** La migration temporaire est définie comme un départ du foyer d’origine pour six mois par an au moins pour une destination au sein du pays ou à l’étranger à des fins de travail, d’étude ou de réunification familiale, à une distance telle que la personne concernée est obligée de s’y installer et d’y passer ses nuits. *** « Migration actuelle » signifie qu’une personne est absente en ce moment pour des raisons de migration.

**** La migration de retour est définie comme le retour d’un membre du ménage qui a émigré à une époque antérieure et n’a pas migré à nouveau depuis plus d’un an.

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98_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Les huit études de cas « Rainfalls » permettent de mieux

comprendre comment les ménages ont recours à la

migration pour gérer les risques ou survivre face à des

régimes pluviométriques changeants qui minent la sécurité

alimentaire/des moyens de subsistance. L’étude « Rainfalls

» a mis en lumière le fait que les ménages « satisfaits », qui

disposent d’actifs variés et de diverses options en matière

d’adaptation, de diversification des revenus ou de gestion

des risques (à travers des réseaux sociaux, des programmes

communautaires ou gouvernementaux ou par l’éducation)

ont recours à la migration pour renforcer leur résilience.

pour les ménages « vulnérables », dont l’accès à de telles

options est minime (peu ou pas d’opportunités de diversifier

leurs sources de revenus, pas de terres, peu d’instruction), la

migration est une stratégie de survie dans un contexte global

de stratégies d’ajustement dommageables à long terme

qui les laissent voire les piègent en marge d’une existence

décente.

L’étude « Rainfalls » synthétisée dans le présent rapport

destiné aux décideurs dresse quatre profils différents pour

les ménages qui ont recours à la migration comme réponse

à la variabilité pluviométrique et aux facteurs de stress liés

à la sécurité alimentaire/des moyens de subsistance. ces

profils, décrits ci-dessous, sont présents sur les huit sites de

recherche parmi les ménages luttant contre les facteurs de

stress climatiques, mais dans certains pays, on constate la

présence de blocs, constitués de ménages caractérisés par des

schémas dominants. Ces profils englobent un large éventail

de cas, dont certains ont d’ailleurs des points communs avec

5.2 La migration : adaptation ou échec de l’adaptation ?

Quatre profils de migration liée à la pluviométrie

La migration comme facteur d’amélioration de la résilience

(migration efficace)

pour ces ménages, la migration se présente, dans tous les

cas d’étude, comme une stratégie utilisée, parmi beaucoup

d’autres, pour gérer les risques ou assurer leur subsistance. Ils

répondent au profil suivant : bas revenu ou pauvreté, mais

avec un accès suffisant à divers moyens de subsistance et avec

des atouts (sociaux, politiques, financiers) qui les rendent

moins sensibles aux facteurs de stress climatiques. dans ces

foyers, les enfants bénéficient en général d’une scolarité de

3 à 5 ans plus longue que celle de leurs parents, les migrants

ont 20 ans environ, sont célibataires, aspirent à de meilleures

opportunités de vie et sont en mesure d’envoyer de l’argent à

leur famille. pour eux, la migration est avant tout une option

accessible qui leur permet d’améliorer la sécurité alimentaire

et la résilience de toute la famille, y compris ceux qui sont

restés au pays. deuxièmement, c’est un choix actif, positif,

leur permettant de saisir une opportunité qui profitera à

tous. Les transferts d’argent des migrants permettent ainsi

à ces ménages d’investir dans l’éducation, dans la santé et

dans des biens qui améliorent leur aisance et diminuent leur

exposition aux facteurs de stress climatiques.

pour les deux groupes suivants, l’effet des migrations sur les

ménages confrontés à ces facteurs dépend du degré de «

réussite » des membres émigrés, qui doivent se procurer de

la nourriture ou obtenir les ressources nécessaires pour en

obtenir.

les profils voisins. Ils ne sont donc pas exclusifs et servent

simplement de points de départ pour des recherches plus

approfondies où l’on affinera les variables explicatives clés.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 99

La migration comme stratégie de survie, mais non de

prospérité

pour ce groupe, la migration permet d’éviter les pires

conséquences de la variabilité pluviométrique et de

l’insécurité alimentaire, mais étant donné que la diversification

des revenus est quasi inexistante et que les possibilités

d’adaptation sur place sont rares, les seules options dont ils

disposent permettent à peine aux individus « de s’en sortir

». ces familles ne possèdent en général que peu de terres,

et même si elles ont accès à des stratégies de diversification

des revenus, les options qui s’offrent à elles sont insuffisantes

pour assurer la sécurité alimentaire du ménage. Les migrants

sont en général des chefs de famille, d’environ 45 ans. Les

enfants ont le même niveau d’éducation (à quatre mois près

en moyenne) et les mêmes compétences que leurs parents.

Les familles n’ont guère accès à des organismes sociaux et

elles ont moins accès que le groupe précédent à d’autres

formes de diversification des revenus ou à des mesures

permettant de surmonter les facteurs de stress climatiques

qui menacent leur sécurité alimentaire et leurs moyens de

subsistance.

bien qu’elle reste un tant soit peu accessible, car ils ont les

moyens d’y recourir, la migration est un choix plus risqué

pour ces ménages que pour leurs homologues « satisfaits ».

Les membres de ce groupe peuvent facilement passer de «

satisfaits » à « vulnérables » si la stratégie échoue ou si les

facteurs de stress liés à la pluviométrie s’accentuent jusqu’à

devenir insurmontables. La migration perpétue alors le cycle

de l’endettement (elle représente un investissement) et de

la faim chronique (si la migration s’avère être un échec). Elle

ne constitue sans doute pas le meilleur des choix si d’autres,

plus durables, sont disponibles ou accessibles sur place. Elle

est souvent saisonnière ou temporaire, permettant de se

procurer immédiatement de la nourriture ou des ressources

donnant accès aux vivres. c’est donc une mesure à court

terme, qui offre une solution temporaire à la variabilité

pluviométrique et à ses effets (mauvaises récoltes, baisse des

revenus ménagers), mais elle n’a pas un effet radical et ne

permet pas aux ménages d’échapper au cycle de la pauvreté.

La migration comme stratégie d’ajustement utilisée en

dernier recours

Le profil suivant comprend les ménages pour qui la migration

est une stratégie d’adaptation dommageable à long terme

(c’est-à-dire qu’elle aggrave leur vulnérabilité ou les

empêche d’échapper à la pauvreté). Ils s’apparentent à ceux

du groupe précédent : pauvres, peu ou pas de terres, peu

ou pas d’options en matière de diversification des revenus

en dehors de l’agriculture et de l’élevage. Les enfants ont

le même niveau d’éducation que leurs parents (bas). Les

migrants issus de ces ménages rivalisent entre eux afin de

trouver des emplois non qualifiés dans le secteur agricole (et

parfois dans des zones urbaines). Leur profil, d’après l’étude

« Rainfalls », est le suivant : chef de famille, la quarantaine,

marié avec personnes à charge. Eux aussi ne font « que

s’en sortir » et ils n’ont pas accès à ou sont incapables de

saisir des opportunités d’adaptation ou de diversification

des revenus in situ. Les mesures les plus courantes pour

surmonter les facteurs de stress liés à la pluviosité influant

sur les moyens de subsistance et la disponibilité des aliments

sont les suivantes : réduire la consommation alimentaire et

la qualité des aliments, vendre des biens, ou demander de

l’aide à d’autres villageois. d’après les groupes de discussion,

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100_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

comme ces ménages ne jouissent déjà que d’une mobilité

limitée, des villages entiers risquent de se trouver confrontés

à des problèmes semblables et ne seront plus en mesure de

s’entraider si le besoin s’en fait sentir (covariance des risques).

pour ces ménages, la migration peut être saisonnière (moins

de six mois), temporaire (plus de six mois) ou permanente,

avec pour destination les zones les plus proches offrant les

meilleures opportunités en matière de subsistance. Lorsque,

pendant les périodes de pénurie alimentaire, ces migrants

quittent leur village à la recherche de nourriture ou de

ressources pour s’en procurer, ceux qu’ils laissent derrière

eux voient leur vulnérabilité s’accroître face à une série de

facteurs de stress aussi bien environnementaux que sociaux.

La migration est un pis-aller pour éviter les pires conséquences

de l’insécurité alimentaire, mais elle oblige également les

ménages à prendre des mesures qui les appauvrissent encore

plus , comme le recours au crédit pour payer les dépenses

qu’elle entraîne. En outre, le déclenchement répété de chocs

et de facteurs de stress environnementaux (de même que

l’émigration répétée) érode les moyens de subsistance de

ces populations, leur sécurité alimentaire et leur patrimoine

au point de rendre la migration impossible. on retrouve

ce schéma pour un petit nombre de foyers sur tous les

sites étudiés, mais il est plus présent dans les pays qui ont

à surmonter des obstacles plus importants en matière de

pauvreté, d’insécurité alimentaire et de diversification des

moyens de subsistance dans les secteurs vulnérables au

climat.

Impossibilité de migration, difficultés et survie dans les

lieux d’origine

Le dernier profil comprend les ménages décrit comme des

« populations piégées » : ils ne disposent d’aucun atout

susceptible d’appuyer le processus de migration, voire même

de les aider à surmonter l’insécurité alimentaire, ni aucun

choix en matière de migration. Ils ne possèdent souvent

que peu ou pas de terres et vivent dans des régions où le

dénuement est extrême. Les caractéristiques de ces ménages

(ou des individus qui les composent) sont les suivantes :

ménages dirigés par une femme, qui assume de multiples

charges car elle doit s’occuper des terres agricoles, mais

aussi des jeunes enfants et des personnes âgées ; ménages

où, souvent, le principal soutien de la famille a déjà quitté

le foyer à la recherche d’autres moyens de subsistance ;

ménages où il y a peu de travailleurs valides par rapport aux

personnes à charge comme les enfants, les personnes âgées

ou handicapées.

Ces familles sont confrontées à des déficits aigus en matière

de production et de consommation alimentaires en cas

de variations pluviométriques, et déclarent disposer de

ressources alimentaires insuffisantes à plusieurs reprises

dans l’année. Elles n’ont que peu ou pas d’options en

matière de diversification et n’en ont que très peu en

matière de migration. pour les ménages ou les populations

piégés, le déclenchement répété de chocs et de facteurs de

stress environnementaux ne fait qu’éroder davantage leur

patrimoine et accroître leur insécurité alimentaire/des moyens

de subsistance. Au guatemala, des communautés reculées,

dépourvues des conditions permettant d’assurer leur sécurité

alimentaire, se trouvent dans une situation où les possibilités

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 101

sont limitées : grande vulnérabilité face aux précipitations,

peu de possibilités de diversifier localement les risques ou les

moyens de subsistance, solutions migratoires trop onéreuses

(vers une grande ville ou un autre pays), trop risquées, où à

destination de lieux porteurs des mêmes difficultés.

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102_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

6- Migration dans le contexte des variabilités pluviométriques et de l’insécurité alimentaire/des moyens de subsistance futuresPour saisir à quel point la pluviométrie pourrait influencer la

mobilité humaine à l’avenir, il est important de répertorier

l’ensemble des répercussions que des scénarios probables

pourraient avoir sur les flux migratoires. En enquêtant sur

les effets de la variabilité pluviométrique sur des facteurs tels

que la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance au

niveau des ménages et des communautés, on comprendra

mieux comment celle-ci influence les décisions individuelles

des migrants. En se fondant sur les données obtenues sur

les sites de recherche, où les changements pluviométriques

peuvent contribuer à accroître l’insécurité alimentaire/des

moyens de subsistance, notre processus de simulation et

d’analyse tourné vers l’avenir permet de mieux comprendre

dans quelles circonstances la variabilité pluviométrique peut

influencer fortement la migration.

La modélisation axée sur les agents est une technique

informatique de simulation sociale qui permet à l’utilisateur

de modéliser le comportement d’entités décisionnelles

individuelles (individus et/ou ménages, par exemple) et

la façon dont ils agissent l’un envers l’autre et en relation

avec l’environnement. ce type de modélisation permet de

combiner différents niveaux d’analyse afin de comprendre le

comportement général du phénomène qui nous intéresse. Le

modèle axé sur les agents (mAA) est constitué de nombreux

6.1 modélisation axée sur les agents (mAA)

individus et unités potentiellement hétérogènes (agents)

capables de prendre des décisions de manière autonome,

souvent avec des objectifs précis, et qui peuvent être aptes

à apprendre, à s’adapter et à modifier leur comportement

en fonction des changements qu’ils perçoivent au sein de

leur environnement. Le comportement des agents et leurs

interactions sont souvent dictés par des règles définies par

l’utilisateur et paramétrées à partir de connaissances ou

de données existantes. Si l’on définit le modèle à partir de

données disponibles et qu’on évalue sa capacité à reproduire

un phénomène réel, il peut servir soit comme outil prédictif

soit comme un moyen d’obtenir des indications inaccessibles

autrement.

Les sections suivantes décrivent le cadre conceptuel du

modèle « Rainfalls » ainsi que les résultats obtenus lors d’une

première modélisation effectuée dans le district de Same, en

Tanzanie. La description du cadre conceptuel et des résultats

du modèle tanzanien présente les conclusions préliminaires

de la modélisation axée sur les agents entreprise par le projet

« Rainfalls ». on trouvera des informations supplémentaires

sur le développement et le paramétrage du modèle dans

l’annexe technique. Les résultats d’investigations plus

approfondies de ce type de modélisation et de la façon

dont il a été appliqué aux autres cas d’étude seront publiés

ultérieurement.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 103

crédit photo : © 2012 Lars johansson

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104_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Le modèle de migration axé sur les agents « Rainfalls

» (mmbAR) a été conçu pour représenter le degré de

vulnérabilité des ménages aux changements provoqués

par la variabilité pluviométrique en termes de sécurité

alimentaire/des moyens de subsistance, ainsi que l’impact

de ces changements sur la migration des membres de

la famille. Le fonctionnement informatique du mmAAR

repose sur un cadre conceptuel (Illustration 11) conçu pour

représenter les relations complexes entre les facteurs qui, à

de multiples niveaux, contribuent à l’insécurité alimentaire/

des moyens de subsistance des ménages et à la migration.

dans le cadre-même, des encadrés indiquent les éléments

inclus dans le modèle à l’un ou l’autre des niveaux d’analyse

(externe, structurel/institutionnel, ménage et individu), et les

flèches indiquent la direction principale de l’influence d’un

élément sur un autre. Les termes en caractères gras mettent

en évidence les composantes principales de l’évaluation de

la vulnérabilité et les processus décisionnels en matière de

migration qui ont été modélisés. Les termes qui ne sont pas

en gras désignent les facteurs secondaires dont on considère

qu’ils contribuent à ces processus.

.

6.2 Le modèle de migration axé sur les agents de « Rainfalls » L’évaluation de la vulnérabilité du ménage, au centre du

cadre conceptuel, est influencée par les effets de tout

changement externe intervenant dans la variabilité et la

moyenne pluviométriques locales sur une large gamme de

facteurs structurels/institutionnels touchant à la sécurité

alimentaire/des moyens de subsistance, y compris l’état

général du marché régional du travail et de la production

alimentaire. Elle dépend également de certains attributs et

caractéristiques propres au ménage, notamment les revenus,

le patrimoine et la taille de la famille. que le ménage se

perçoive comme vulnérable (avec un besoin imminent de

modifier sa situation) ou satisfait (ses stratégies d’adaptation

s’avérant suffisantes), il entreprend un processus décisionnel

au regard de la migration. Toute décision concernant la

migration dépend de facteurs individuels comme l’âge, le sexe

et l’état civil aussi bien que de facteurs propres au ménage

comme le nombre de membres économiquement actifs et les

biens fonciers, avec pour résultat une forme de migration qui

sera soit vulnérable soit satisfaite. La première indique une

migration davantage poussée par le besoin et la deuxième

davantage inspirée par la recherche d’opportunités. comme

dans le monde réel, le comportement d’un agent influence

les actions ultérieures des autres par le biais d’interactions

et d’effets de retour tels que l’impact de la migration sur le

réseau social, les revenus du ménage et le marché du travail

local.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 105

Illustration 11 : Cadre conceptuel du modèle de migration axé sur les agents « Rainfalls »

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106_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

bien qu’il ait été créé pour les huit sites d’étude « Rainfalls »,

le cadre conceptuel ci-dessus a d’abord été développé et testé

sur le site de recherche tanzanien. dans ce mAA de simulation,

les ménages et les individus sont tous représentés comme

des agents en situation d’interaction mutuelle (ménage-

ménage ou individu-individu) ou avec leur environnement.

Les caractéristiques des agents, qu’il s’agisse de ménages ou

d’individus, découlent directement des données de l’enquête

auprès des ménages recueillies dans les trois villages étudiés.

Les règles concernant les actions et interactions qui régissent

le comportement des agents soumis à différents degrés de

variabilité pluviométrique ont aussi été établies après analyse

d’une large gamme de données d’enquête sur les moyens

de subsistance, la sécurité alimentaire et la migration. En se

basant sur ces données, les évaluations de la vulnérabilité et

les décisions migratoires simulées sont censées refléter celles

qui ont été observées sur le terrain.

Les scénarios des précipitations futures utilisées comme

stimulus du changement et modélisées lors du travail de

simulation en Tanzanie sont fournis par la méthode de

simulation de monte carlo. celle-ci reproduit le caractère

pdm (« probability-distributed model » e.g. basé sur la

distribution des probabilités) stochastique de la variation

des précipitations futures autour d’une tendance à plus

long terme. Les flux de migrants modélisés pour différents

scénarios d’anticipation de la pluviométrie permettent

également de comprendre l’influence des précipitations

sur la migration. Les scénarios de précipitations testés en

6.3 Scénarios d’anticipation et analyse : modélisation du cas

du district de Same, Tanzanie

Tanzanie sont censés représenter le degré approximatif de

changement climatique prévu pour le pays. En reproduisant

le taux de changement à l’horizon 2100 estimé par

paavola (2003) , le scénario 1 représente une tendance à la

sécheresse, les précipitations moyennes annuelles diminuant

de 5 pour cent maximum d’ici 2040 et la variabilité autour

de cette moyenne augmentant de 5 pour cent maximum

la même année. Inversement, le scénario 2 présente une

tendance à l’humidité, la moyenne des pluies annuelles et la

variabilité autour de cette moyenne augmentant toutes deux

de 5 pour cent maximum d’ici 2040. En reproduisant le taux

de changement à l’horizon 2100 prévu par Agrawal et al.

(2003) , le scénario 3 présente une tendance à une humidité

extrême, la moyenne des pluies annuelles et la variabilité

autour de cette moyenne augmentant toutes deux de 22,5

pour cent maximum d’ici 2040. Inversement, le quatrième et

dernier scénario représente une tendance à une sécheresse

extrême, les précipitations moyennes annuelles diminuant de

22,5 pour cent maximum d’ici 2040 et la variabilité autour

de cette moyenne augmentant de 22,5 pour cent maximum

la même année.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 107

En se servant du cadre conceptuel décrit ci-dessus, le

mmAAR Tanzanie indique le nombre de migrants issus de

ménages satisfaits ou vulnérables des villages faisant l’objet

de l’étude. chacun des ménages évalue sa vulnérabilité face

aux impacts des changements de pluviométrie mois par

mois. Les changements saisonniers comme les saisons des

pluies vuli et masika influent sur les revenus, la production

alimentaire et par conséquent la vulnérabilité des ménages

tout au long de l’année. qu’il soit satisfait ou vulnérable,

chaque ménage peut citer la migration d’un ou plusieurs

de ses membres comme stratégie de subsistance viable.

L’illustration 12 montre le taux de différence normalisé de

la migration modélisée pour les ménages vulnérables. Les

flux de migrants, normalisés par rapport au nombre d’agents

émigrants selon un scénario de précipitations « moyennes »

(sans changement de variabilité ni de moyenne), constituent

la moyenne des ensembles constitués de cinq membres. Ils

apparaissent comme des moyennes mobiles, étalées sur cinq

ans pour mieux faire ressortir les tendances.

Résultats pour la Tanzanie : migration de 2014 à 2040 selon

les scénarios de précipitation suivants : augmentation de

la sécheresse/de l’humidité, très forte augmentation de la

sécheresse/de l’humidité

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108_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

pendant presque toute la période de simulation, le taux

normalisé de migration modélisée chez les ménages

vulnérables est généralement le plus élevé dans le scénario

4 (sécheresse extrême). d’après ce scénario, le taux annuel

moyen normalisé de la migration vulnérable est de 0,5

(soit une augmentation de 50 % par rapport aux agents

modélisés sous des conditions « normales »). par contraste,

le scénario 3 (humidité extrême) produit généralement les

taux de migration vulnérable les plus bas. Avec un taux

annuel moyen de -0,16, il est également le seul scénario à

produire systématiquement des taux de migration vulnérable

moyenne du scénario 1

(sécheresse) = 0,26Taux de différence normalisé de la migration vulnérable

moyenne du scénario 3

(humidité extrême) = -0,16

moyenne du scénario 2

(humidité) = 0,27

moyenne du scénario 4

(sécheresse extrême) = 0,50

Illustration 12 : différence normalisée sur une moyenne mobile de cinq ans dans le taux de migration vulnérable selon le

modèle MMAAR. Les barres d’erreur indiquent la marge d’erreur modélisée avec des ensembles de cinq membres.

plus faibles que le scénario « normal » par rapport auquel

s’effectue la normalisation des résultats de la simulation. Les

scénarios 1 (sécheresse) et 2 (humidité) présentent des taux

similaires de changement positif dans la migration vulnérable

normalisée au cours de la période de simulation, avec une

moyenne de 0,26 et 0,27 respectivement.

ces résultats correspondent à ce que l’on pourrait

logiquement attendre de ce type de contexte semi-aride

(précipitations annuelles moyennes à long terme de 560

mm/an à peine) caractéristique du site de recherche

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 109

tanzanien. dans un tel environnement, un scénario de

sécheresse extrême devrait entraîner une vulnérabilité accrue

des ménages et par conséquent une augmentation nette

des formes de migration vulnérables. pour la même raison,

on pourrait également s’attendre à un niveau modérément

élevé de migration vulnérable sous un scénario de sécheresse.

Inversement, la prospérité relative que pourrait produire un

scénario d’extrême humidité pourrait s’expliquer par une

vulnérabilité moindre de la plupart des ménages pendant les

périodes où l’eau est plus abondante. Le niveau modérément

élevé de migration vulnérable sous un scénario d’humidité

contredit cette attente. une explication possible tiendrait

à l’interaction entre le désir de migration du ménage et sa

capacité réelle à migrer. La faible humidité constatée dans le

scénario 2 peut produire une augmentation du nombre de

ménages qui seront en mesure d’investir dans la migration

sans pour autant améliorer leur situation au point de ne plus

être considérés comme vulnérables. ou alors, l’augmentation

annuelle moyenne de 5 pour cent des précipitations à

l’horizon 2040 dans le scénario à humidité modérée est

peut-être, dans le contexte semi-aride et marginalisé du

site de recherche tanzanien, tout simplement insuffisante

pour atténuer la vulnérabilité des ménages pauvres et

leur permettre de multiplier les options pour assurer leur

subsistance in situ et ainsi parer à l’avancée de la migration

vulnérable.

bien que les barres d’erreur sur l’illustration 12 indiquent des

variations dans les résultats de la simulation pour les migrants

vulnérables, la nature des rapports entre les différents

scénarios ne s’en trouve pas modifiée même aux extrêmes

de chaque marge. En dépit de sa valeur considérable pour

cette étude, le nombre de migrants vulnérables modélisés

dans chacun des scénarios testés dépend à la fois du fait

que les ménages sont considérés comme vulnérables et de la

tendance de leurs membres à émigrer. c’est pourquoi il est

important de prendre aussi en compte le nombre de migrants

satisfaits modélisés dans les quatre scénarios en question

(Illustration 13).

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110_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Les résultats de la modélisation pour la migration satisfaite

(Illustration 13) montrent une sensibilité bien moindre aux

modifications de la pluviométrie que pour la migration

vulnérable. pendant la quasi-totalité de la période de

simulation, le scénario 2 (humidité) produit le taux le plus

élevé de migration modélisée chez les ménages satisfaits.

ceci dit, le taux annuel moyen normalisé de migration

satisfaite est de 0,05, soit seulement 5 pour cent de plus

que pour le scénario « normal ». de même, pour la majeure

partie de la période de simulation, le scénario 1 (sécheresse)

produit le taux le plus bas de migration satisfaite normalisée

moyenne du scénario 1

(sécheresse) = -0,05

moyenne du scénario 3

(humidité extrême) = 0,03

moyenne du scénario 2

(humidité) = 0,05

moyenne du scénario 4

(sécheresse extrême) = -0,02

Illustration 13 : différence normalisée sur une moyenne mobile de cinq ans dans le taux de migration satisfaite selon le modèle

MMAAR. Les barres d’erreur indiquent la marge d’erreur modélisée avec des ensembles de cinq membres.

avec un taux annuel moyen normalisé égal mais inverse de

-0,05. Entre ces deux limites relatives, les scénarios 3 et 4

(humidité extrême et sécheresse extrême) révèlent des

tendances globales encore plus fines, bien qu’elles présentent

les mêmes signes que leurs équivalents modérés. or, si le

scénario « humidité extrême » révèle un taux positif plus

modéré que celui de l’humidité (moyenne annuelle de 0,03),

celui de l’extrême sécheresse révèle un taux négatif plus

modéré que celui de la sécheresse (moyenne annuelle de

-0,02). Les barres d’erreur qui apparaissent sur les résultats

de la simulation de la migration satisfaite n’indiquent qu’une

Taux de différence normalisé de la migration satisfaite

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 111

très légère déviation de la moyenne pour la marge d’erreur

complète simulée avec des ensembles de cinq membres.

Il est à noter qu’alors que les deux scénarios « humides »

produisent systématiquement un changement positif pour

la migration satisfaite, les deux scénarios de sécheresse

produisent quant à eux un résultat négatif une fois normalisés

par rapport à la migration satisfaite modélisée selon un

scénario « normal ». ces résultats s’expliquent par le fait

qu’en toute probabilité, les ménages seront plus aptes à

investir dans des types de migration satisfaite ou tournée vers

la recherche d’opportunités pendant la période de relative

abondance qu’apporte une pluviosité accrue. Inversement,

leurs capacités seront réduites dans les périodes d’austérité

imposées par une baisse des précipitations. ceci dit, étant

donné la faible ampleur des changements intervenus

dans les formes satisfaites de migration et reproduits

dans l’illustration 13, il paraît irréaliste d’entreprendre une

comparaison approfondie des relations précises entre les

différents scénarios.

pour résumer, les résultats de la modélisation axée sur les

agents pour le district de Same en Tanzanie indiquent une

faible sensibilité à la variabilité pluviométrique des formes

satisfaites de migration. d’après la simulation, les légères

augmentations de la migration satisfaite semblent résulter

d’une pluviosité accrue, alors que les légères baisses sont

attribuées à des précipitations moins importantes. En

revanche, les formes vulnérables de migration sont bien plus

sensibles aux différents scénarios de variations des pluies

: selon la modélisation, la migration la plus vulnérable se

produit suivant un scénario de sécheresse extrême, et la moins

vulnérable en cas d’extrême humidité. Les changements dans

les régimes pluviométriques peuvent avoir un impact sur la

sécurité alimentaire/des moyens de subsistance à l’avenir, et

pourraient accroître la vulnérabilité de nombreux ménages

dans le monde. Les différents scénarios climatiques ayant un

effet manifeste sur les formes vulnérables de migration, la

modélisation axée sur les agents présentée ici illustre le rôle

que pourrait, à l’avenir, jouer la migration dans la gestion des

facteurs de stress climatiques.

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112_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

7- ConclusionsIl est essentiel de comprendre la façon dont les ménages

gèrent aujourd’hui les effets des modifications des régimes

pluviométriques sur leur sécurité alimentaire et leurs moyens

de subsistance, afin de garantir des plans d’adaptation,

des politiques de développement et plus globalement une

transition vers un monde plus résilient qui tiennent compte

des changements climatiques. partout dans le monde, les

communautés vulnérables subissent déjà les effets des

phénomènes météorologiques extrêmes et du changement

climatique à évolution lente, et constatent des changements

dans les précipitations et dans les périodes végétatives ainsi

qu’une augmentation des événements climatiques extrêmes

. Le changement climatique menace la productivité agricole,

aggrave l’insécurité alimentaire et met en péril les moyens

de subsistance et la survie des populations pauvres, et en

particulier des petits exploitants agricoles, des éleveurs

et des paysans sans terre dans les pays les moins avancés.

cela en poussera certains à aller chercher des moyens de

subsistance ailleurs et en piègera d’autres dans la pauvreté. Le

changement climatique affecte de plus en plus l’habitabilité

même de certaines zones, forçant les habitants à partir.

L’étude « Rainfalls » montre que la question qui se pose,

en ce qui concerne les interactions entre les changements

climatiques planétaires (et locaux) et la migration humaine,

n’est pas de savoir si les facteurs environnementaux sont les

seuls responsables de la mobilité, mais comment ces facteurs

se conjuguent pour déterminer les choix migratoires. Si l’on

arrive à appréhender de façon plus nuancée l’interaction

des variables climatiques et des autres variables (dont la

sécurité alimentaire/des moyens de subsistance) et leur poids

sur les choix migratoires, il sera plus facile de structurer les

investissements d’adaptation, afin de s’assurer que quelles

que soient les stratégies auxquelles les ménages ont recours

(y compris la migration) celles-ci contribuent à améliorer leur

résilience face aux changements climatiques.

Les résultats de la modélisation des précipitations en Tanzanie

montrent clairement que la variabilité pluviométrique

et la vulnérabilité des ménages face à ces changements

influencent les décisions relatives à la migration. Les ménages

qui disposent d’options plus variées ou plus avantageuses

en matière d’adaptation semblent moins sensibles aux

changements pluviométriques et moins prompts à migrer,

poussés par le besoin, dans des conditions défavorables.

dans les prochaines décennies, la façon dont les ménages

concernés géreront les changements en matière de sécurité

alimentaire/des moyens de subsistance conditionnera les

schémas de répartition de la population dans les régions du

monde hautement vulnérables aux changements climatiques.

celles-ci comprennent les zones montagneuses, les deltas

à forte densité de population, et les zones arides ou semi-

arides où les cultures pluviales et l’élevage subissent déjà des

pressions. La plupart des ménages tenteront de gérer ces

risques en essayant de diversifier leurs sources de revenus

dans leur lieu d’origine et en faisant appel à la migration

saisonnière ou temporaire.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 113

Des mesures d’adaptation efficaces garantissant

particulièrement la promotion d’une agriculture durable

et d’une diversification des moyens de subsistance ruraux

permettront d’éviter des mouvements de populations massifs

et non planifiés. Cependant, les pays et communautés plus

pauvres ne sont pas en mesure d’entreprendre une adaptation

à grande échelle. Aussi les sociétés touchées par les variations

des régimes pluviométriques (pluies insuffisantes ou trop

abondantes à certaines époques de l’année, sécheresse ou

humidité accrue à long terme) risquent de voir se détériorer

leur bien-être, leurs moyens de subsistance et leur sécurité

alimentaire, en une spirale descendante au bout de laquelle

les réseaux sociaux subiront un stress excessif et où, pour ceux

qui seront obligés de partir comme pour ceux qui resteront

sur place, les tensions et la violence se feront plus fortes.

La mobilité humaine liée aux changements pluviométriques

et à l’insécurité alimentaire/des moyens de subsistance est

une question que l’on ne peut traiter efficacement que si on

l’envisage comme un processus mondial et non comme une

série de crises locales. L’aide et la protection des populations

vulnérables est une lourde responsabilité que ne peuvent

porter seuls les états et communautés concernés. Tous les

pays doivent contribuer à minimiser la pression exercée

sur les populations vulnérables et leur fournir des options

en matière d’adaptation, notamment des déplacements de

population dans la dignité et en toute sécurité si cela devient

inévitable.

photo credit : © 2011 christina Rademacher-Schulz/uNu-EHS

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114_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

photo credit : © 2012 Lars johansson

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 115

8- Réflexions pour les décideurs et les praticiens : permettre des choix informés à l’échelle mondial, national et local.L’étude « Rainfalls » s’est donnée pour objet les relations

entre variabilité pluviométrique, sécurité alimentaire/des

moyens de subsistance et mobilité humaine. Elle étudie aussi

les circonstances dans lesquelles les ménages ont recours à

la migration comme stratégie de gestion des risques face à

la variabilité des précipitations et à l’insécurité alimentaire.

L’étude montre que pour certains ménages, la migration est

un moyen avéré d’améliorer leur résilience. pour d’autres, la

migration s’avère un pis-aller qui perpétue le cycle négatif de

pauvreté et de pénurie alimentaire ou pire encore, érode leur

résilience face aux facteurs de stress climatiques actuels ou

futurs. pour d’autres encore, et pour certaines populations

particulièrement vulnérables, la migration n’est une option

réaliste ni pour améliorer la résilience ni pour éviter les

conséquences les plus pénibles de l’insécurité alimentaire.

ces constatations ont des répercussions sur les politiques

d’orientation qui visent à aider les populations à s’adapter,

voire à prospérer lorsqu’elles sont confrontées, entre

autres, à des facteurs de stress climatiques : si l’on ne

formule pas de nouvelles approches pour offrir davantage

de possibilités de subsistance et de gestion des risques aux

ménages se situant à la frontière entre développement et

pauvreté, ceux-ci ne feront qu’accumuler davantage de

retard dans leur quête d’adaptation et de développement

durable, avec pour résultat probable une migration dans

des circonstances défavorables. cela annulera les avancées

durement obtenues en termes de bien-être des populations

et obligera les états à répondre aux besoins accrus d’un

nombre croissant de citoyens marginalisés et sans doute

mobiles. S’ils comprennent les circonstances et les facteurs

qui déterminent les choix migratoires des ménages (aux

niveaux national, local et familial), les décideurs seront plus

aptes à créer des environnements favorables qui permettront

aux populations de s’adapter au changement climatique

et d’envisager la migration comme une stratégie destinée

à améliorer leur résilience, et non comme une tactique de

survie dommageable à long terme. .

Les considérations qui suivent, tant sur les politiques

d’orientation que sur la pratique, sont une synthèse des

réflexions que l’on trouvera dans les huit rapports nationaux

des études de cas. Les impacts des changements climatiques

sont locaux, mais les orientations mondiales en matière

de changement climatique, de sécurité alimentaire et de

développement durable influencent les choix politiques

nationaux et l’accès aux aides. Il y a des défis pour lesquels

une action planétaire s’impose. pour d’autres, des mesures

aux niveaux national et local sont indispensables pour aider les

communautés et ménages vulnérables. Les recommandations

ci-dessous énumèrent une série de mesures qui, dans leur

ensemble, peuvent permettre aux populations pauvres de

prendre des décisions informées sur la migration, l’adaptation

et la sécurité alimentaire, afin d’améliorer leur résilience.

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116_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

L’étude « Rainfalls » apporte la preuve que certaines

communautés sont déjà aux prises avec les effets d’une

pluviométrie changeante. plus les pouvoirs publics retarderont

leur action face au changement climatique et repousseront

l’adoption de mesures ambitieuses d’atténuation et

d’adaptation, plus les impacts seront graves et les coûts

élevés, tant en termes humains que financiers.

à ce jour, les effets des émissions sont déjà considérables.

Selon des estimations récentes, les tendances actuelles en

matière d’émissions associées aux promesses de réduction

pourraient entraîner un réchauffement de 3,5 à 6° c . même

après avoir pris des mesures d’atténuation et fait des choix

d’adaptation, les pays, communautés et ménages vulnérables

seront sans doute dépassés par les changements climatiques.

certains verront leurs moyens de subsistance et leur sécurité

alimentaire se détériorer inexorablement, accompagné

de pertes et d’une atteinte à leur bien-être qui dépassera,

dans l’ensemble, tout ce que l’on a connu . Les parties à

la convention-cadre des Nations unies sur les changements

climatiques doivent prendre des mesures urgentes dans trois

secteurs (atténuation, adaptation [notamment financière]

et pertes et dommages) afin de s’attaquer aux causes du

changement climatique et de l’impact disproportionné qu’il

exerce sur les populations les plus vulnérables et les moins

responsables de ces changements. Il est nécessaire que les

parties s’engagent à :

Les parties doivent fixer ensemble leur pic d’émissions d’ici

2015 et s’accorder afin de réduire les émissions mondiales

d’au moins 80 pour cent par rapport aux niveaux de 1990

d’ici 2050. Elles doivent aussi se mettre d’accord sur un

processus permettant d’augmenter les niveaux de réduction

des émissions si de nouvelles études scientifiques en

démontrent la nécessité, pour être certaines d’atteindre les

objectifs mondiaux en matière de température et empêcher

que les changements climatiques ne s’emballent. comme

l’explique l’Article 2, l’objectif ultime de la convention (éviter

les perturbations climatiques dangereuses) est le point

d’ancrage pour répondre aux besoins des communautés

vulnérables et éviter les pertes et dommages.

Les parties doivent veiller à ce que le Fonds vert pour le climat

encourage la transparence, les approches participatives

et la responsabilisation afin que les fonds et programmes

répondent aux besoins des plus vulnérables. L’adaptation

demande un financement robuste. Plus les efforts consentis

pour permettre aux communautés vulnérables de s’adapter

aux impacts du changement climatique seront importants (par

le biais d’un financement adéquat favorables aux populations

démunies), plus celles-ci seront en mesure de prendre des

8.1 décideurs mondiaux

A l’attention des Parties à la Convention-cadre des Nations

Unies sur les changements climatiques

Adopter une approche équitable pour réduire les émissions

de gaz à effets de serre conformément aux recommandations

des scientifiques pour que la température mondiale

n’augmente pas de plus de 2 °C, voire de 1,5 °C.

Augmenter les promesses de fonds et convenir de

mécanismes innovants pour garantir un financement de

l’adaptation dans les pays en développement suffisant,

durable, prévisible, nouveau et supplémentaire

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 117

Faciliter la coordination mondiale et régionale pour

permettre aux pays en développement d’avoir accès à

l’aide et de définir et mettre en place leurs Plans Nationaux

d’Adaptation (PNA)

décisions informées afin d’améliorer leur résilience dans le

contexte des changements climatiques. Les pays développés

se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars uS par

an jusqu’en 2020 destinés aux dépenses climatiques. mais

la somme reste insuffisante et les promesses de fonds ne se

sont pas encore traduites par des accords sur des sources de

financement permettant de répondre à ces engagements. En

même temps, la voie de l’atténuation adoptée « par défaut »

lors des négociations climatiques signifie que les impacts du

changement climatique dépasseront sans doute les limites de

l’adaptation. Des mesures supplémentaires spécifiques seront

donc nécessaires pour compenser les pertes et dommages,

en plus de ce que prévoit l’agenda de l’adaptation.

créé en 2010, le cadre d’adaptation de cancún de la

ccNucc a permis de créer une structure mondiale pour

traiter de l’adaptation . certaines parties de ce cadre sont

déjà fonctionnelles, comme le comité d’adaptation et le

programme de travail sur les pertes et dommages. d’autres

deviendront opérationnelles au cours des prochaines années

et devront produire des organismes et mécanismes d’appui

efficaces pour les pays en développement, afin de permettre

à ces derniers de répondre aux besoins des populations

vulnérables.

Alors que les communautés locales qui connaissent des

difficultés pour se nourrir et subsister entreprennent de

s’adapter aux perturbations pluviométriques et autres

facteurs de stress climatiques, notamment en recourant à

la migration, les choix qui s’offrent à elles dépendront des

initiatives que prendront les pouvoirs publics en matière

de planification. De son côté, le Comité d’adaptation

peut jouer un rôle crucial en donnant aux gouvernements

nationaux les moyens d’accéder aux informations et

ressources dont ils ont besoin, ainsi qu’un appui technique

et humain pour que des initiatives efficaces en faveur des

plus démunis atteignent ces communautés vulnérables.

Le plan de travail triennal de ce comité doit inclure une

cartographie des organes internationaux, nationaux et

régionaux en charge de l’adaptation et des ressources

relatives à la sécurité alimentaire/des moyens de subsistance

et à la mobilité humaine. Il doit identifier des moyens

concrets afin de faciliter la coordination entre ces différents

organes, pour ainsi répondre aux problèmes émergents et

combler les lacunes en matière de capacités, de ressources

et d’information dans ces domaines. La cartographie et la

coordination émanant du comité d’adaptation devraient

inclure les activités relatives à la mobilité humaine du HcR, de

l’omI et d’autres organisations, ainsi que des projets comme

l’initiative Nansen qui s’occupent de types particuliers de

mobilité (migration, déplacement, relocalisation planifiée).

Le comité doit aussi formuler des principes de base pour que

la migration s’effectue dans la dignité et en toute sécurité.

Lors de l’examen des capacités des centres régionaux,

le comité devrait tenir compte de leur contribution en

faveur de la coopération régionale en matière d’adaptation

transfrontalière, avec ses défis et ses opportunités.

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118_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Les initiatives mondiales en matière de pertes et dommages

doivent aider les gouvernements nationaux à prendre en

compte les besoins des populations les plus vulnérables,

dont celles n’ayant pas accès aux possibilités d’adaptation

ou de migration ou qui pourraient être forcées de quitter

une région devenue hostile. La ccNucc doit contribuer à

faciliter l’évaluation systématique des pertes et dommages

réels ou potentiels, en particulier les pertes non économiques

ou difficilement quantifiables et l’érosion des moyens de

subsistance, de la sécurité alimentaire et du bien-être.

un mécanisme pour les pertes et dommages devrait

appuyer l’évaluation et la surveillance des perturbations

pluviométriques afin de signaler à la Conférence des parties

tout changement critique en matière de sécurité alimentaire/

des moyens de subsistance, de mobilité humaine ou de

viabilité à long terme des paysages. Il devrait également

appuyer des mesures de protection sociale et économique et

des assurances à prix raisonnable ou autres outils de gestion

des risques ou de transfert, afin de permettre aux populations

pauvres confrontées à une incertitude climatique croissante

de parer aux risques ou de les transférer.

Il est également nécessaire d’évaluer les capacités des

gouvernements nationaux et régionaux à gérer les pertes et

dommages, ainsi que les besoins connexes des communautés

vulnérables. La convention a un rôle à jouer là où les capacités

nationales ne suffisent pas : elle peut faciliter les échanges

d’expériences entre régions et encourager des approches

systématiques pour remédier aux pertes et dommages. ces

approches pourraient inclure une coordination des normes,

Les dernières années ont démontré combien il était difficile de

relever le défi de la faim dans le monde : près d’un milliard de

personnes continuent de souffrir d’une insécurité alimentaire

chronique. Le témoignage des communautés qui ont participé

à l’étude « Rainfalls » démontre de surcroît les liens étroits

entre changement climatique, sécurité alimentaire, pauvreté,

gestion des ressources naturelles et mobilité humaine. ces

questions ne peuvent se traiter de façon isolée. Alors que les

éléments qui les lient aux impacts des actions humaines sur

les ressources naturelles se font plus évidents, les décideurs

et praticiens doivent prendre conscience qu’une approche

globale du développement durable est impérative.

Évaluer et réparer les pertes et dommages de façon à aider

les populations vulnérables

A l’attention des décideurs politiques spécialisés dans

la sécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale et le

développement durable

politiques et principes, par exemple pour que les mesures

relatives aux pertes et dommages (y compris la migration

et la réinstallation) soient transparentes et participatives, et

qu’elles respectent les droits des populations concernées.

Afin d’encourager les initiatives mondiales ou nationales qui

abordent l’intensification de la mobilité humaine dans sa

globalité, la convention doit aussi coordonner ses activités

avec les organismes dont le mandat couvre la gestion de

la sécurité alimentaire/des moyens de subsistance et de la

mobilité humaine. Enfin, la Conférence des parties doit

aussi prendre acte de la nécessité d’envisager des approches

relatives auà la réinsertion, à la restitution et à une série de

questions opérationnelles comme les dispositions financières

ou les dédommagements en faveur des communautés

touchées.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 119

Il est très important que les décideurs mondiaux en matière

de sécurité alimentaire et nutritionnelle, dont le comité

de la sécurité alimentaire mondiale et l’initiative Renforcer

la nutrition, prennent conscience de la menace que le

changement climatique fait peser sur leurs objectifs communs

et l’expriment haut et fort. ces décideurs doivent incorporer

les effets du changement climatique dans les politiques

alimentaires et nutritionnelles et dans leur pratique, en

tenant compte du fait que ces impacts diffèrent pour les

hommes et les femmes. Ils devraient aussi réitérer l’appel à

l’action mondiale pour confronter la crise climatique afin de

démontrer l’importance du leadership et renforcer la volonté

politique en faveur de mesures énergiques.

Alors que la date butoir de 2015 approche pour les objectifs

du millénaire pour le développement, les dirigeants doivent

élaborer et convenir d’une nouvelle série « d’objectifs pour

un développement durable » qui traitent des rapports entre

pauvreté, environnement, changement climatique et mobilité

humaine. Les dirigeants doivent reconnaître l’existence des

facteurs de changement environnemental et leur impact sur

la pauvreté et la sécurité alimentaire. ces objectifs doivent

exiger la contribution active de l’ensemble de la communauté

internationale : chaque pays devra s’employer à réduire

le nombre de ces facteurs et garantir le droit de tous à un

développement durable.

Renforcer l’appel à la lutte contre la crise climatique et

intégrer le changement climatique et les considérations

relatives à l’égalité des sexes dans les initiatives mondiales

en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle

Formuler des objectifs à la suite des Objectifs du Millénaire

pour le développement afin d’appuyer le droit de tous à un

développement durable

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120_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Le cadre d’adaptation de cancún a représenté un grand

pas en avant pour les initiatives mondiales en matière

d’adaptation, en établissant des processus pour appuyer

l’action nationale et prodiguer des conseils sur les principes

d’adaptation, l’assistance et les mesures à prendre (dont la

migration). Il fait aussi référence à de nombreuses questions

connexes (migration, vulnérabilité et sécurité alimentaire)

qui demandent une approche holistique. dans le sillage

des progrès effectués à l’échelle mondiale, il est temps de

s’intéresser aux niveaux national et local pour permettre

aux populations pauvres et vulnérables de s’adapter aux

changements climatiques et de faire des choix qui peuvent

renforcer leur résilience (dont la migration).

Les plans, les politiques et les pratiques des gouvernements

des pays en développement, auront des implications non

négligeables, aux niveaux national et local, sur l’aptitude

des populations pauvres et vulnérables à s’adapter et à gérer

les impacts et la variabilité climatiques. Les gouvernements

des pays développés et les agences humanitaires peuvent

appuyer ces efforts et promouvoir des principes et approches

en matière d’adaptation qui tiennent compte des besoins

des populations les plus vulnérables. En tant que partenaires

d’exécution des gouvernements nationaux et des collectivités

locales, les oNg humanitaires ou axées sur le développement

ou l’écologie, les institutions multilatérales et les agences

des Nations unies ont la responsabilité de veiller à ce que

leur pratique reflète ces principes et intègre les impacts

et vulnérabilités climatiques projetés afin d’améliorer les

capacités d’adaptation des communautés et des populations

pauvres et vulnérables. ces acteurs doivent également

Les gouvernements devraient anticiper les questions de

sécurité alimentaire/des moyens de subsistance ou de

mobilité humaine liée aux facteurs de stress climatiques

et préparer des plans en conséquence. pour cela, il faut

que les processus gouvernementaux de planification aux

niveaux national et local prennent en compte tous les

secteurs concernés. Les plans doivent également incorporer

les projections climatiques, inclure des analyses et proposer

des politiques améliorées qui permettent de multiplier ou

limiter les options en matière d’adaptation, avec notamment

des politiques régissant le travail, les biens fonciers et les

ressources naturelles, le déplacement et l’accès aux services

d’appui à la migration et à la réinstallation. La planification

et la mise en œuvre doivent encourager la participation et

respecter les droits des populations vulnérables, y compris les

migrants, les membres de leur famille ou les personnes qui

se voient dans l’obligation de migrer. Elles doivent respecter

les principes internationaux et les instruments relatifs aux

droits de l’homme. Une bonne planification et une mise en

œuvre efficaces exigent la participation des pouvoirs publics

à tous les niveaux, ainsi que celle de certains ministères,

lesquels doivent avoir les capacités et ressources nécessaires

pour s’impliquer dans ces processus. c’est pourquoi il est

nécessaire d’identifier et de combler les lacunes en matière

de capacités.

8.2 gouvernements et partenaires d’exécution

Appuyer, promouvoir et mettre en œuvre des plans

nationaux et locaux participatifs et couvrant l’ensemble des

secteurs affectés

chercher à améliorer leur collaboration afin de favoriser

l’efficacité et l’efficience et de relever des défis multisectoriels

de plus en plus complexes.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 121

Les mesures visant à améliorer les moyens de subsistance et

la sécurité alimentaire et à multiplier les options d’adaptation

des petits exploitants, des pêcheurs, des éleveurs et pasteurs

ainsi que des ménages sans terres comprennent entre autres

: la promotion d’une diversification durable des moyens

de subsistance ; une agriculture durable et résiliente aux

changements climatiques ; l’amélioration des pratiques

agricoles et de l’accès à des aliments nutritifs diversifiés.

La gestion communautaire des ressources naturelles

et la gestion intégrée des ressources en eau/des

bassins hydrographiques (notamment pour l’irrigation,

l’assainissement et l’hygiène) peuvent protéger les

écosystèmes dont dépendent les moyens de subsistance.

L’accès aux données climatiques locales, aux marchés, à la

microfinance, à la micro-assurance et à l’assurance indexée,

ainsi qu’à la protection sociale et à des programmes sociaux

renforce les capacités des ménages démunis à résister aux

chocs. des programmes d’éducation et de formation peuvent

offrir de nouvelles possibilités en matière de revenus, tant

pour les migrants que pour les non migrants.

Les impacts localisés de phénomènes climatiques extrêmes,

comme les inondations de 2011 qu’on a pu observer

au centre de la Thaïlande et dans le delta du Mékong au

Viet Nam pendant les recherches de terrain pour le projet,

peuvent résulter tant des conditions météorologiques que

de l’activité humaine loin en amont.

Sur le site de recherche du Ghana, 85 pour cent des

habitants du district tirent leur subsistance de l’agriculture

et de l’élevage. Or, les paysans n’ont pas accès à

l’irrigation et leurs cultures sont entièrement tributaires

des précipitations. Les communautés étudiées en Thaïlande

témoignent d’une plus grande résilience, avec un meilleur

accès aux marchés, à l’infrastructure et au crédit, ainsi qu’à

des sources de revenus diversifiées, à la production agricole

et à des programmes publics de protection sociale

Appuyer et encourager la résilience des moyens de

subsistance et la sécurité alimentaire

Appuyer et collaborer avec les initiatives visant à aborder les

défis et opportunités transfrontaliers relatifs à l’adaptation

et à la mobilité humaine

certains des impacts locaux des changements climatiques

résultent d’activités ou d’événements qui se sont produits loin

en amont ou qui peuvent être soit exacerbés soit atténués

par des mesures visant à gérer les risques ou les ressources

au sein d’un écosystème ou bassin hydrologique commun.

de même, les impacts des perturbations climatiques,

qu’elles soient rapides ou progressives, peuvent provoquer

des déplacements transfrontaliers ou rendre des zones

entières inhabitables, obligeant la population à s’installer

ailleurs. Avec l’augmentation des impacts climatiques, voire

de la mobilité humaine, les nations doivent coopérer au

niveau régional pour répertorier les défis transfrontaliers

et les opportunités à effet de levier. comme exemples de

collaboration, citons l’échange d’informations sur les impacts

projetés du changement climatique, l’étude des effets

transfrontaliers potentiels d’activités telles que les barrages

hydroélectriques ou l’irrigation améliorée, la publication des

stratégies climatiques et un dialogue régulier sur les défis et

opportunités communs.

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122_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

conformément au cadre d’action de Hyogo, des systèmes

d’alerte précoce et autres mesures de réduction des

risques de catastrophe, y compris celles qui tirent parti des

capacités et des connaissances locales, doivent être intégrés

à la programmation du développement pour permettre la

préparation et la survie des ménages démunis. La riposte

aux catastrophes doit prendre en compte et multiplier les

stratégies de développement durables à long terme, les

actifs et les services déjà en place notamment l’aide à la

subsistance, l’éducation et les services de santé. de telles

initiatives peuvent minimiser l’impact des catastrophes sur les

populations déplacées, améliorer leur résilience et diminuer

leur vulnérabilité. pour cela, il faut renforcer la collaboration

entre les gouvernements nationaux ou les collectivités locales,

le système des Nations unies et les acteurs humanitaires et

du développement, afin de mieux coordonner les efforts

et d’optimiser les apports financiers. Ces parties prenantes

devraient aussi élaborer et tester des plans de contingence

pour répertorier les solutions, les défis à relever et les lacunes

à combler. Les initiatives visant à renforcer la résilience et les

capacités d’adaptation doivent prendre forme avant qu’une

catastrophe ne se produise, afin de protéger la vie et les biens

des populations pauvres et leur permettre de s’affranchir

définitivement de la pauvreté.

Au Viet Nam, les recherches ont été menées lors de graves

inondations, les plus sévères depuis dix ans. Si le niveau de

la mer montait d’un mètre dans une province située plus au

sud, cela réduirait les capacités de décharge du Mékong,

inonderait de larges bandes de terre et augmenterait peut-

être la fréquence et l’intensité des inondations en amont.

Au cours des 13 dernières années, le Guatemala a été

sévèrement touché par quatre phénomènes pluviométriques

extrêmes associés à des ouragans ou des tempêtes

tropicales : Mitch (1998), Stan (2005), Agatha (2010) et la

dépression tropicale 12-E (2011). Ceux-ci ont entraîné des

précipitations inhabituelles et causé d’importants dégâts.

Lorsque la migration sépare les ménages, non seulement ce

sont les femmes, demeurées sur place, qui doivent désormais

assumer toute la charge de travail, mais les inégalités en

matière de pouvoir décisionnel et d’accès aux ressources

telles que les intrants et la technologie vulnérabilisent celles

chargées des travaux agricoles. L’intégration de l’égalité des

genres demande que l’on étudie les impacts sur les hommes

et les femmes, les garçons et les filles en tant que groupes

sociaux distincts, afin que les mesures prises n’excluent ni

ne nuisent à aucun d’entre eux. Elle implique un dialogue

avec divers groupes sociaux pour examiner et promouvoir

la sensibilisation aux rôles masculins et féminins, aux

dynamiques de pouvoir et aux inégalités afin que ces groupes

comprennent comment ceux-ci appuient ou limitent les

capacités d’adaptation de la population. cela peut d’ailleurs

favoriser l’implication des femmes comme des hommes,

briser les barrières qui empêchent la participation équitable

Renforcer et étendre les actions de réduction des risques

de catastrophe notamment en les liant au développement

à long terme

Intégrer les considérations relatives à l’égalité des sexes

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 123

La priorité doit être donnée aux besoins des populations

les plus vulnérables, comme celles pour qui la migration

constitue une stratégie d’ajustement dommageable à long

terme ou qui sont incapables d’émigrer. Les évaluations

de vulnérabilité qui prennent en compte les dynamiques

socioéconomiques, politiques et environnementales peuvent

localiser ces populations et déterminer les causes sous-

jacentes de leur vulnérabilité. En outre, leur participation

pleine et entière à tous les stades du processus permettra

d’une part de déterminer leurs besoins et d’y remédier, et

d’autre part de valoriser les savoirs locaux ou autochtones et

de les intégrer aux stratégies d’adaptation. La participation

et le renforcement des capacités à l’échelle communautaire

peuvent améliorer le capital social au sein des collectivités,

permettre de mieux faire comprendre la nature des besoins et

Donner la priorité aux populations vulnérables et faire en

sorte qu’elles prennent part aux processus engagés

des impacts locaux et améliorer l’efficacité des programmes

gouvernementaux.

pour les populations déjà démunies et vulnérables, le

changement climatique implique un nouvel ensemble

substantiel de défis dynamiques. Fondamentalement, dans

les secteurs de la sécurité alimentaire, de l’environnement

et plus largement du développement durable, la crise

climatique exige des solutions nouvelles de la part de la

communauté internationale et des autorités nationales ou

locales tant dans les pays développés qu’en développement.

destinées aux parties prenantes à de nombreux niveaux,

les actions préconisées constituent un ensemble de mesures

qui se renforcent mutuellement. Exécutées ensembles,

elles permettront peut-être aux ménages et communautés

vulnérables d’accéder à des options de migration et

d’adaptation qui amélioreront leur résilience. Les populations

démunies font partie intégrante des solutions à long terme.

Il est nécessaire de leur procurer des moyens et des outils,

tels que des informations, des ressources et des options

de subsistance, qui tiennent compte des perturbations

pluviométriques. cependant, l’avènement de solutions

durables ne repose pas seulement sur les populations et les

communautés locales : nous devons tous collaborer en vue

de changements positifs.

Au Bangladesh, les femmes dont les maris émigrent

se chargent des travaux agricoles en plus de leurs

tâches ménagères. Les filles et les jeunes femmes sont

souvent victimes de harcèlement sexuel au sein de leur

communauté. Par crainte du rejet social que cela entraîne,

les pères qui migrent marient souvent leurs filles très tôt,

ce qui les expose à des conséquences néfastes pour la

santé et interrompt leur scolarisation.

aux processus décisionnels au sein de la communauté ou

du ménage et garantir que les membres des deux sexes

bénéficient de manière équitable des initiatives en matière

d’adaptation.

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124_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

9- Annexe technique

comme le montre le cadre conceptuel (Illustration 11) qui

a servi de base au modèle de migration axé sur les agents «

Rainfalls » (mmAAR) en Tanzanie, les effets sur la migration

que provoquent les changements dans la variabilité et la

moyenne des précipitations au sein des trois communautés

reprises dans le modèle se traduisent par un changement de

statut des ménages en termes de vulnérabilité. La présente

annexe technique fournit des informations supplémentaires

sur la façon dont la pluviométrie affecte les processus des

ménages et des communautés et influence, par conséquent,

la migration des agents au sein du modèle.

En Tanzanie, le modèle de simulation a été appliqué avec

un pas de temps d’un mois, au cours duquel un générateur

d’événements appelle une série de fonctions interdépendantes.

ces dernières contrôlent le fonctionnement interne du

modèle, de façon à ce que les relations entre les éléments

puissent se résoudre numériquement sous les conditions

indiquées au temps . Les résultats de ces fonctions au

temps influencent les conditions sous lesquelles les mêmes

fonctions se produisent au temps en modifiant légèrement

les situations tant des agents que de leurs environnements

physiques et sociaux.

Le scénario des précipitations et l’impact des changements

apportés à ce scénario sur les fonctions au niveau des

ménages et des individus constituent le principal type de

9.1 modélisation axée sur les agents

changement vécu par les agents modélisés à chaque pas de

temps. cependant, les fonctions relatives à la population

qui modifient le nombre et les caractéristiques des agents

provoqueront aussi des changements tant parmi les agents

eux-mêmes (personnes individuelles et ménages) que

chez d’autres individus, au travers d’interactions sociales

modélisées. chacune de ces trois principales formes de

modification simulée (impact des précipitations, dynamique

de la population et interaction sociale) influeront donc sur

les conditions dans lesquelles un agent-ménage entreprend

d’évaluer sa vulnérabilité. Le résultat de cette évaluation

pèse alors sur la décision que prendra le ménage d’envoyer

ou de retenir les migrants potentiels. les mêmes fonctions

interdépendantes sont utilisées aumois de simulation suivant

(t+1)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 125

Impact des précipitations :

L’impact des précipitations se traduit au niveau structurel

par l’influence saisonnière qu’elles exercent sur le marché du

travail et les systèmes de production alimentaire.

Interprétation saisonnière des précipitations :

La pluviométrie mensuelle dans le district de Same en

Tanzanie est évaluée mensuellement. Elle est classée selon

les catégories suivantes : extrêmement sec, sec, moyen,

humide et extrêmement humide en utilisant des seuils définis

par quintiles. ces classements mensuels (r)* prennent une

signification saisonnière au travers de leur interprétation dans

les scénarios vuli (v), masika (m) et trimestriels (R) Selon le

mois de simulation à t , les valeurs , v, m et R représentent

le scénario de précipitations recherché.

Précipitations et marché du travail :

chaque mois, le marché du travail structurel de la région est

simulé comme une fonction (f) du scénario de précipitations

de trois mois (R). c’est pourquoi le scénario des trois derniers

mois a une influence sur le marché du travail structurel (L),

qui peut être moins opportun, moyen ou plus opportun.

étant donné la relation non-linéaire entre les précipitations

et le bon comportement du marché du travail, le fait qu’un

scénario de précipitations aboutisse ou non à une catégorie

particulière dudit marché dépend du taux de réponses des

ménages à l’enquête q412b (mois où le ménage n’a en

général pas assez d’argent pour se nourrir).

Précipitations et production alimentaire :

chaque mois, l’état général de la production alimentaire (F)

est évalué comme une fonction (x) des deux saisons des

pluies décrites plus haut : vuli (v) et masika (m). Il peut

être bas, moyen ou bon. étant donné la relation non-linéaire

entre précipitations et production alimentaire, le fait qu’un

scénario de précipitations à un temps t aboutisse ou non à

une catégorie particulière de production alimentaire dépend

du taux de réponses des ménages à l’enquête q412a

(mois où le ménage a tendance à ne pas pouvoir cultiver

suffisamment pour se nourrir).

V = (r(oct)+r(nov)+r(dec)+r(jan))/4

M = (r(feb)+r(mar)+r(apr)+r(may))/4

R = (r(t1)+r(t-1)+r(t-2))/3

L = f (R)

F = x(V, M)

Dynamiques des populations :

Les fonctions naissance, mariage et décès du modèle sont

annuelles. Les taux de naissance définis à partir des variantes

moyennes des données du rapport World population

prospects des Nations unies permettent de simuler la

naissance des agents et de les assigner de façon aléatoire à des

ménages existants. Les agents célibataires âgés de 18 ans ou

plus ont 10 pour cent de chances de se marier chaque année.

Le mariage ne représente aucun lien entre les ménages et ne

dépend pas du fait qu’il y ait ou non un(e) partenaire éligible.

dans le modèle, le décès se produit en fonction des taux de

décès définis à partir des variantes moyennes des données

du rapport World population prospects des Nations unies.

Interaction sociale :

Le modèle offre deux possibilités d’interaction entre les

agents ; compétition sur le marché du travail agricole et

communication entre migrants.

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126_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

o = h(R)

w = b(o)

v = I/H+E/H

I = i(c, l, w, s)

c = j(D, F)

l = k(R, e)

Compétition sur le marché du travail agricole :

Les agents-ménages sont situés dans l’un des trois

environnements représentant les villages. Les ménages qui

se sont définis comme offrant des opportunités d’emploi à

d’autres lors de l’enquête auprès des ménages gardent la

même capacité d’emploi dans chaque simulation. de même,

ceux qui se sont définis comme offrant de la main d’œuvre

le font tout au long de la simulation. (Le même ménage

peut offrir à la fois des opportunités d’emploi et de la main

d’œuvre.)

Le taux d’opportunités d’emploi (o) offertes mensuellement

par les ménages éligibles à leur village est une fonction (h) du

scénario de précipitations (R) qui touche la région. Le travail

est ensuite divisé entre les travailleurs disponibles sur base

pseudo-compétitive (b), où le nombre de journées de travail

(w) octroyé à un individu n’est pas nécessairement celui qu’il

recevrait si celles-ci étaient également réparties entre tous.

Évaluation de la vulnérabilité du ménage :

Suite à l’impact d’un changement dans le régime des

précipitations sur le marché du travail structurel et sur les

niveaux de production alimentaire, chaque agent-ménage

entreprend une évaluation de sa vulnérabilité où le degré

de sécurité alimentaire/des moyens de subsistance qu’il

expérience à t joue un rôle. Le degré de vulnérabilité de

chaque ménage, ou note de vulnérabilité (v), dépend donc

de ses revenus (I) et de sa production alimentaire (E), ainsi

que de la taille du ménage (H).

Communication entre migrants :

dans le modèle, les agents-individus sont placés dans

un réseau social comprenant dix de leurs pairs, avec qui

ils partagent des informations sur chacune des activités

migratoires qu’ils entreprennent. Les réseaux d’agents sont

structurés comme dans le monde réel, mais à moindre échelle.

75 pour cent des connexions établies le sont avec des voisins.

Non seulement les agents partagent leurs comportements

migratoires avec leurs pairs, mais ils échangent aussi ces

informations avec tous les autres membres de leur ménage.

Revenus :

dans la simulation, les revenus du ménage sont donc une

fonction (i) du rendement des récoltes (c), du rendement

du cheptel (l), des travaux agricoles (w) et des transferts

d’argent par les migrants (s).

Seuls les ménages qui ont noté lors de l’enquête que leur

utilisation des récoltes/du cheptel contribuait à leurs revenus,

sont aptes à tirer un tel bénéfice de leurs terres/bétail. Les

revenus des récoltes sont une fonction (j) de la superficie

cultivée par un ménage (d) et du niveau de production

alimentaire structurelle (F), qui dépend lui-même de la

qualité des saisons des pluies vuli et masika.

Les revenus de l’élevage sont également affectés par le

scénario de précipitations de trois mois (R) et sont une

fonction (k) de l’appartenance ethnique (e) et du degré

d’impact (k) que selon les ménages, les changements dans

les précipitations ont eu sur le rendement du cheptel.

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 127

Les revenus des travaux agricoles (w) sont déterminés sur base de la

compétition pour ces emplois telle qu’elle est décrite plus haut. Les individus

qui appartiennent à un ménage mais sont en train de migrer à t contribuent

aussi chaque mois aux revenus du ménage en effectuant des transferts

d’argent (s). dans le format actuel du modèle, la valeur relative des

composantes du revenu et leur maximum et minimum mensuels potentiels

figurent dans le tableau 5 ci-dessous.

Tableau 5 : Valeur relative des composantes du revenu

Valeur relative : Revenu mensuel max. : Revenu mensuel min. :Équivalents des composantes :

Rendement des cultures par acre de terre (y) 6

1

0,5

0,5

0,5

0,25

0,1

0,25

1

0,5

0,25

0,125

0,125

0,125

0,063

0,025

5

1

0-0,05

0-0,05

0-0,025

0-0,025

0-0,25

0-0,0125

0-0,05

0-0,25

1

Note du cheptel (l) : 1 x vache

1 x Âne

1 x boeuf

1 x cochon

1 x chèvre

1 x poule

Travail d’une personne/jour (w)

Transferts d’argent d’un migrant (s)

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128_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Production alimentaire :

pour que la sécurité des moyens de subsistance soit envisagée

sous l’angle de la sécurité alimentaire et des revenus, la

production alimentaire (E) est une fonction (q) du rendement

des cultures (c) et de celui du cheptel (l)

E = q(c, l)

P = A+0.5S

A = u(d, a, g, m)

vu cette double approche (revenus et production

alimentaire), différents types de ménage peuvent être classés

comme « vulnérables » pour différentes raisons. un ménage

à très bas revenu peut ne pas devenir vulnérable étant donné

le niveau de production alimentaire dont il a besoin pour

subsister. par contraste, un ménage ayant une production

alimentaire très faible ne sera pas vulnérable s’il bénéficie de

revenus relativement plus élevés. Les fonctions Rendement

des cultures et du cheptel pour la production alimentaire

fonctionnent de la même manière que celles qui paraissent

contribuer aux revenus mais elles dépendent du fait que les

ménages ont cité la production agricole/l’élevage comme

servant à l’alimentation du ménage et non à la vente.

Seuil de vulnérabilité :

En comparant leur note de vulnérabilité (v) à un seuil de

vulnérabilité (T), les ménages peuvent être considérés

comme vulnérables aux perturbations pluviométriques et

conscients d’un besoin imminent de rectifier leur situation.

Les ménages qui ont une note de vulnérabilité suffisante pour

les empêcher de devenir vulnérables sont considérés comme

satisfaits et aptes à poursuivre leurs stratégies d’adaptation.

Le seuil de vulnérabilité (T) est fixé à 0,04 suite à un

L’attitude d’un individu (A) envers la migration est une

fonction (u) de la catégorie foncière de son ménage (d), de

son âge (a), de son sexe (g) et de son état civil (m).

processus d’épreuve de sensibilité. En activant le modèle

tanzanien sans y inclure de processus migratoire de la part

des membres du ménage (et donc aucune contribution aux

revenus du ménage par le biais de transferts d’argent) mais

avec un classement constant au niveau « moyen » tant

pour le marché structurel du travail que pour la production

alimentaire structurelle, un seuil de vulnérabilité de T=0.04

conduit à un état d’équilibre du classement de la vulnérabilité

des ménages pendant toute la période de simulation. Toute

déviation de T=0.04 entraîne un changement graduel du

contenu et des catégories vulnérables au fil du temps.

Processus décisionnel concernant la migration :

vulnérables ou non, les ménages prennent des décisions

en matière de migration qui, même si elles passent par

l’agent-ménage, dépendent largement des attributs des

individus. que le ménage soit vulnérable ou satisfait, ses

membres individuels développent tous une propension (p)

à la migration qui est conditionnée par leur attitude envers

celle-ci (A) et leurs normes subjectives (S).

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 129

C = y (I, G, B, Q)

on déduit l’attitude d’un individu envers la migration de

l’analyse des attributs de ceux qui, dans l’enquête auprès des

ménages, sont notés comme ayant émigré. Si l’attitude d’un

individu est supérieure à 0, sa norme subjective est dérivée

du nombre de migrants actuels appartenant à la famille de

l’agent (b) et au réseau des pairs (n) en rapport avec la taille

du ménage (H) et du réseau de pairs (N).

La propension à la migration de chaque individu est

rapportée au ménage et classée de la plus forte à la plus

faible. Les ménages évaluent alors leur capacité à investir

dans la migration, leur maîtrise comportementale perçue (c),

dérivée comme une fonction (y) de leurs revenus (I), de leur

patrimoine (g), du nombre de migrants du ménage qui sont

déjà partis (b) et du coût de la migration (q).

Le coût de la migration (Q) est fixé à 1 (pour une comparaison

directe avec les sources de revenus potentielles relatives

du tableau 5 ci-dessus). par contre, le coût des formes

vulnérables de migration est fixé à 50 pour cent (0.5Q) du

coût normal de la migration (0,5).

S = — + — BH

nN

Hypothèses clés/demography:

◆ Le décès peut toucher n’importe quel agent à n’importe

quel point du temps modélisé, quel que soit son âge.

◆ Aucun nouveau ménage n’apparaît. Le mariage est une

fonction statistique et ne représente pas une union entre

deux ménages.

◆ Les agents deviennent économiquement actifs et éligibles

pour le mariage à l’âge de 18 ans.

Vulnérabilité :

◆ un acre de terre produit le même rendement, quel que soit

le lieu.

◆ Les opportunités de travail agricole dans un village seront

saisies par ceux qui vivent déjà dans ce village. on n’introduit

donc pas d’effet d’attraction pour les migrants dans les lieux

étudiés.

◆ Les revenus du ménage ne reçoivent aucun supplément

provenant d’activités non agricoles (dans ce modèle

préliminaire).

◆ Les récoltes et non le cheptel constituent la principale

source de revenus du ménage et de production alimentaire.

◆ Les terres agricoles représentent donc un flux d’actifs alors

que les animaux d’élevage représentent un stock (sauf, dans

une certaine mesure, pour la population masaï).

Les revenus excédentaires détenus à la fin d’un mois civil

produisent une augmentation marginale des biens du

ménage.

Migration :

◆ Le coût de la migration est le même pour tous les ménages,

même si les types de migration diffèrent, selon qu’elle est

satisfaite ou vulnérable.

◆ Toutes les migrations modélisées sont des migrations de

travail.

◆ Toutes les migrations sont réussies et produisent un bénéfice

standard pour le ménage.

◆ Les capacités d’un ménage à investir dans la migration et

sa volonté d’y parvenir diminuent en fonction du nombre de

migrants.

◆ La propension à la migration d’un individu est la même dans

des conditions avec impact (vulnérable) et sans (satisfaite).

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130_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Les cartes (et autres graphiques sur la variabilité

pluviométrique) produites pour ce rapport ont été créées

à partir d’ensembles de données provenant de diverses

sources, et référencés ci-dessous. Lorsque l’une de ces séries

n’a servi que pour certains pays, ceux-ci sont indiqués entre

parenthèses à la fin de la citation.

ces cartes sont le fruit du travail de Tricia chai-onn et dara

mendeloff (membres de gIS) et d’Al pinto (cartographe),

sous la supervision d’Alex de Sherbinin, du centre pour un

réseau international d’information sur les sciences de la Terre

(cIESIN), qui dépend de l’Institut de la Terre de l’université

columbia. Le travail de cartographie a été entièrement

effectué à l’aide du logiciel ArcgIS v10 puis a été converti

en images dans Adobe Illustrator pour la production finale.

L’analyse des données climatiques pour les diagrammes

situés dans le coin inférieur droit de chaque carte est l’œuvre

de michael bell et john del corral, de l’Institut international

de recherche pour le climat et la société (IRI), qui fait partie,

lui aussi, de l’Institut de la Terre de l’université columbia. Ils

ont puisé dans la collection de données climatologiques de

l’IRI pour produire la série de données sur les tendances et

variations en se basant sur le maillage des différentes zones

étudiées.

9.2 cartographie et références

Azzarri, c., Wood, S., Hyman, g., barona, E., bacou, m. et

guo, Z. 2012. Sub-national poverty map for Sub-Saharan

Africa at 2005 International poverty Lines (r12.04). http://

harvestchoice.org/. (ghana, Tanzanie) [carte infranationale

de la pauvreté pour l’Afrique subsaharienne]

centre pour un réseau international d’information sur les

sciences de la Terre (cIESIN)/université columbia. 2005.

poverty mapping project: Small Area Estimates of poverty

and Inequality. palisades, Ny: NASA Socioeconomic data

and Applications center (SEdAc). http://sedac.ciesin.

columbia.edu/data/set/povmap-small-area-estimates-

poverty-inequality. (guatemala, viet Nam) [cartographie de

la pauvreté : estimations sur la pauvreté et l’inégalité]

centre pour un réseau international d’information sur les

sciences de la Terre (cIESIN). 2011. global Infant mortality

grid, 2008. palisades, Ny: cIESIN, Institut de la Terre de

l’université columbia. [cette série de données, mise à

jour en 2008, est issue de la série de données publiques

suivante : centre pour un réseau international d’information

sur les sciences de la Terre (cIESIN)/université columbia.

2005. poverty mapping project: global Subnational Infant

mortality Rates. palisades, Ny: NASA Socioeconomic data

and Applications center (SEdAc).

http://sedac.ciesin.columbia.edu/data/set/povmap-global-

subnational-infant-mortality-rates.] (Bangladesh, Inde,

pérou, Thaïlande) [cartographie de la pauvreté : Taux de

mortalité infantile infranationaux]

Données sur la pauvreté

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 131

centre pour un réseau international d’information sur les

sciences de la Terre (cIESIN)/université columbia, Institut

International de Recherche sur les politiques Alimentaires

(IFpRI), banque mondiale et centre international

d’agriculture tropicale (cIAT). 2011. global Rural-urban

mapping project, version 1 (gRumpv1): urban Extents grid.

palisades, Ny: NASA Socioeconomic data and Applications

center (SEdAc). http://sedac.ciesin.columbia.edu/data/

set/grump-v1-urban-extents. [cartographie mondial rurale-

urbaine]

New, m., Lister, d., Hulme, m. et makin, I. 2002: A high-

resolution data set of surface climate over global land areas.

climate Research 21:1-25. données disponibles sur http://

www.cru.uea.ac.uk/cru/data/hrg/tmc/. [Série de données

haute résolution sur le climat des zones terrestres]

Fischer, g., Nachtergaele, F., prieler, S., van velthuizen,

H.T., verelst, L. et Wiberg, d. 2008. global Agro-ecological

Zones Assessment for Agriculture (gAEZ 2008). Laxenburg,

Autriche et Rome, Italie : IIASA et FAo. [évaluation des

zones agro-écologiques pour l’agriculture]

variabilité pluviométrique/fréquence des sécheresses (carton

en médaillon)

Ce carton représente le coefficient de variation des

précipitations multiplié par l’indice de précipitations

standardisé (SpI) sur six mois. Le SpI représente le nombre

d’écarts-type de la valeur observée par rapport à la

moyenne à long terme pour une variable normalement

distribuée de façon aléatoire. comme les précipitations

ne sont pas normalement distribuées, on procède d’abord

à un ajustement pour transformer les valeurs ajustées des

deLorme publishing company, Inc., 2010, Roads.sdc: un

sous-ensemble de deLorme World base map (dWbm).

2010, deLorme publishing company, Inc., yarmouth, maine,

états-unis.

Lehner, b., Reidy Liermann, c., Revenga, c., vörösmarty, c.,

Fekete, b., crouzet, p., doll, p., Endejan, m., Frenken, K.,

magome, j., Nilsson, c., Robertson, j.c., Rodel, R., Sindorf,

N., Wisser, d. 2011. global Reservoir and dam database,

version 1 (gRandv1): Reservoirs, Revision 01. données

fournies par le NASA Socioeconomic data and Applications

center (SEdAc). http://sedac.ciesin.columbia.edu/data/

collection/grand-v1. [base de données mondiale sur les

barrages et réservoirs]

National geographic basemap. 2012. National geographic,

ESRI, deLorme, NAvTEq, pNuE-Wcmc, uSgS, NASA,

ESA, mETI, NRcAN, gEbco, NoAA, Ipc.

Zones urbaines

Précipitations moyennes (carton en médaillon)

Terres agricoles (carton en médaillon)

Variabilité pluviométrique/fréquence des sécheresses

(carton en médaillon)

Fond cartographique

ocean basemap. 2012. gEbco, NoAA, cHS, oSu, uNH,

cSumb, National geographic, deLorme, NAvTEq, et ESRI.

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132_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

Toutes les données proviennent de l’informathèque

de l’IRI. on trouvera ci-dessous les séries utilisées. Le

document complet sur les sources originales des données

est téléchargeable sur le lien « dataset documentation »

disponible pour chacune des uRL reprises ci-dessous.

Il est à noter que ces sources originales représentent des

données mondiales de réanalyse maillées et basées sur les

données des stations météorologiques disponibles (pour

CPC Unified) et sur des données satellitaires et des modèles

numériques (pour cmAp et Aphrodite), la couverture des

données observées étant souvent peu fournie. Cela signifie

que les résultats de l’analyse de la variabilité et des tendances

pluviométriques seront différents de ceux obtenus par les

stations météorologiques locales et repris dans les rapports

des études nationales.

National oceanographic and Atmospheric Administration

(NoAA), centres nationaux pour la prévision

environnementale (NcEp), centre de prévisions

Précipitations pendant la saison des pluies : déviation par

rapport à la moyenne (graphique)

climatologiques (CPC) : CPC Unified Precipitation gauge

based global data set, v1p0. [Analyse des précipitations

mondiales]

ces données sont produites à une résolution de 0,5° lat/

lon. à télécharger sur : http://iridl.ldeo.columbia.edu/

SouRcES/.NoAA/.NcEp/.cpc/.uNIFIEd_pRcp/.gAugE_

bASEd/.gLobAL/.v1p0/. (pérou uniquement)

National oceanographic and Atmospheric Administration

(NoAA), centres nationaux pour la prévision environnementale

(NcEp), centre de prévisions climatologiques (cpc) : cpc

merged Analysis of precipitation (cmAp): Analyses of global

precipitation using gauge observations, satellite estimates,

and numerical model predictions. [Analyse des précipitations

mondiales]

ces données sont produites à une résolution de 2,5° lat./

lon. et téléchargeables sur http://iridl.ldeo.columbia.edu/

SouRcES/.NoAA/.NcEp/.cpc/.merged_Analysis/.

monthly/. (ghana, guatemala, Tanzanie)

Research Institute for Humanity and Nature (RIHN), Institut

de recherche météorologique de l’Agence japonaise de

météorologie : RIHN aphrodite Asian precipitation from

ApHRodITE v1003R1.

ces données sont produites à une résolution de 0.5° lat./

lon. et téléchargeables sur http://iridl.ldeo.columbia.edu/

SouRcES/.RIHN/.aphrodite/.v1003R1/. (bangladesh, Inde,

Thaïlande et viet Nam)

précipitations en une distribution statistique normale. Les

données proviennent du site suivant :

pNuE (programme des Nations unies pour l’environnement).

2010. Global Risk Data Platform: Drought Coefficient of

variation. disponible à l’adresse suivante : http://preview.

grid.unep.ch/?preview=home&lang=fr (consulté en juillet

2010)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 133

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134_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

10- Notes1 La sécurité alimentaire peut être définie comme une «

situation […] où toutes les personnes, en tout temps, ont

économiquement, socialement et physiquement accès à une

alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs

besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour

leur permettre de mener une vie active et saine ». FAo,

L'état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2001, Rome

: FAo, 2002.2 Tubiello, F. N., et g. Fischer. 2007. Reducing climate

change impacts on agriculture: global and regional effects of

mitigation, 2000-2080. Technological Forecasting and Social

change 74 : 1030-563 jennings, S. and j. magrath. What happened to the

seasons? Article présenté à la conférence sur la saisonnalité,

Future Agricultures consortium International. IdS Sussex,

Royaume-uni, juillet 2009.4 changement environnemental et scénarios de migrations

forcées (EACH-FOR), projet de recherche financé par la

commission européenne dans le 6e programme-cadre (Fp6),

(2007-2009), (contrat n° : 044468) disponible à l’adresse

suivante : http://www.each-for.eu/5 gIEc, 2012 : gestion des risques de catastrophes et de

phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au

changement climatique. Rapport des groupes de travail I

et II du gIEc. [Field, c.b., v. barros, T.F. Stocker, d. qin,

d.j. dokken, K.L. Ebi, m.d. mastrandrea, K.j. mach, g.-

K. Plattner, S.K. Allen, M. Tignor, et P.M. Midgley (eds.)].

version anglaise : cambridge university press, cambridge,

Royaume-uni, et New york, Ny, états-unis, 582 p. Résumé

en français à l’intention des décideurs : https://docs.google.

com/file/d/0B1gFp6Ioo3akZWloNDdVZGkzeDg/edit?pli=1

6 3.5° c : d’après le climate Action Tracker http://

climateactiontracker.org/news/116/durban-Agreements-

a-step-towards-a-global-agreement-but-risk-of-exceeding-

3c-warming-remains-scientists.html ; 6° c d’après l’AIE.7 El-Hinnawy, E. (1985) a proposé la première définition de

« migrants climatiques » dans un rapport du programme

des Nations unies pour l’environnement (pNuE). d’autres

auteurs et institutions, comme l’organisation internationale

pour les migrations (OIM), ont affiné et complété sa

définition en 2007.8 Le document suivant tente de chiffrer la migration

environnementale actuelle et future : myers, N. (2005)

Environmental Refugees: An Emergent Security Issue. 13e

Forum économique, prague, 23-27 mai. christian Aid (2007)

Human Tide: the Real migration crisis, www.christianaid.org.

uk/Images/human_tide3__tcm15-23335.pdf. organisation

internationale pour les migrations (2007), Faits et chiffres

: Estimations et tendances mondiales. organisation

internationale pour les migrations, genève, http://www.iom.

int/cms/jahia/jahia/global-estimates-and-trends/lang/fr9 jäger et al. (2009) ont synthétisé les résultats du projet «

changement environnemental et scénarios de migrations

forcées (EAcH-FoR) » (EAcH-FoR, www.each-for.eu),

première enquête mondiale de ce genre, qui s’appuie

sur un travail de terrain pour explorer les changements

environnementaux et la migration dans 23 études de cas.

Warner et al. (2009) (« In Search of Shelter ») ont fait

connaître les résultats d’EAcH-FoR aux décideurs politiques,

en particulier dans le cadre du processus ccNucc.10 Hugo (2008) migration, development and environment.

genève, organisation internationale pour les migrations

Page 135: WHERE THE RAIN FALLS (Là où TombE LA pLuIE) : cHANgEmENT …WTRF_Rapport_FR.pdf · Selim Reza Hassan (cARE bangladesh) et le dr. benjamin Etzold (université de bonn), chargés

Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 135

brown, o (2008), migrations et changements climatiques,

organisation internationale pour les migrations (oIm), Série

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révisé par j.m.guzmán, g. martine, g. mcgranahan, d.

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l’ImI, n° 21. oxford. / martin, S. F. (2010) climate change

and international migration. document d’information pour

l’équipe d’étude transatlantique sur le changement climatique

et la migration du Fonds marshall pour l’Allemagne. /

martin, p. (2010) climate change, agricultural development,

and migration. document d’information pour l’équipe

d’étude transatlantique sur le changement climatique et la

migration du Fonds Marshall pour l’Allemagne. / Afifi (2011)

Economic or environmental migration? The push factors in

Niger. International migration, vol. 49, No. s1, p. e95–e124.

organisation internationale pour les migrations, Numéro

spécial, oxford, Royaume-uni : Wiley online Library.11 jäger, j., Frühmann, j., grünberger S., vag, A. Environmental

change and forced migration scenarios project synthesis

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2009. Lilleør, H.b., van den broeck, K., Economic drivers

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(7370) : 447–49. A.m. Findlay. migrant destinations in an

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21 pages. (2011) p. 50–58.13 voir black et al. (2008) « demographics and climate

change: future trends and their policy implications for

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(2008) « The politics of international law: transformation

of the guiding principles on internal displacement from soft

law to hard law°». American Society of International Law.

Actes de l’assemblée annuelle, 102. p. 194-198. ISSN 0272-

5037. Leighton m. (2010) climate change and migration:

Key issues for legal protection of migrants and displaced

persons. document d’information pour l’équipe d’étude

transatlantique sur le changement climatique et la migration

du Fonds marshall pour l’Allemagne. collinson S. (2010)

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136_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

developing adequate humanitarian responses. document

d’information pour l’équipe d’étude transatlantique sur le

changement climatique et la migration du Fonds marshall

pour l’Allemagne. gemenne (2010) « La migration, une

stratégie d’adaptation possible ? Synthèse », IddRI, Science

po, paris. Thomas et Rendón (2010) « confronting climate

displacement: Learning from Pakistan’s floods°». Refugees

International, Washington. Warnecke, A., Tanzler, d., vollmer,

R.(2010) Climate change, migration, and conflict: Receiving

communities under pressure. document d’information pour

l’équipe d’étude transatlantique sur le changement climatique

et la migration du Fonds marshall pour l’Allemagne.

Leighton et al. (2011) policy and institutional mechanisms

to address the needs of climate-related migrants. Résultats

de l’académie d’été 2010 sur la vulnérabilité sociale.

document de recherche. uNu-EHS. Scheffran et al. (2011)

migration as a contribution to resilience and innovation in

climate adaptation: Social networks and co-development in

Northwest Africa. Applied geography (2011), doi:10.1016/j.

apgeog.2011.10.002. mcAdam et Saul (2010) An Insecure

climate for Human Security? climate-Induced displacement

and International Law. Sydney centre, document de travail

4. bronen (2011) Forced migration of Alaskan Indigenous

Communities due to Climate Change, in Afifi et Jäger (eds.)

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87-98, Springer, Heidelberg. cohen (2008) Listening to the

voices of the displaced: Lessons Learned. brookings-bern

project on Internal displacement. Ferris et Ferro-Ribeiro

(2012). protecting people in cities: the disturbing case of

Haiti. disasters (overseas development Institute et blackwell

publishing). cNucEd. 2011. Assuring food security in

developing countries under the challenges of climate

change: Key trade and development issues of a fundamental

transformation of agriculture. document d’analyse n° 201.

Février 2011.14 voir aussi : de Sherbinin et al. (2011) Shifts in rainfall

patterns and shorelines will contribute to mass migrations on

a scale never before seen. Scientific American, janvier 2011.

Hummel et al. (2012) climate change, Environment and

migration in the Sahel. Selected Issues with a Focus on

Senegal and mali. document de travail n°1. Francfort-sur-

le-main. Renaud, F. dun, o., Warner, K. bogardi, j. (2011) A

decision framework for environmentally induced migration.

International migration, vol. 49, No. S1, p. e5-e29. Foresight

(2011). migration and global Environmental change: Final

Project Report. Londres : Government Office for Science.15 on trouvera une description des méthodes de terrain et des

instruments de recherche « Rainfalls » dans : Rademacher-

Schulz, C., Afifi. T. Warner, K., Roseneld, T., Milan, A., Etzold,

b., Sakdapolrak, p. (2012). Rainfall variability, food security

and human mobility: An approach for generating empirical

evidence. InterSecTions n° 10. bonn : uNu-EHS.16 Les méthodes de recherche « Rainfalls » se sont inspirées

d’approches novatrices dans des études comme : groenewold

et bilsborrow (2008) design of samples for international

migration surveys: methodological considerations and

lessons learned from a multi-country study in Africa and

Europe. I: bonifazi et al. (2008): migration in Europe.

ImIScoE. Amsterdam university press. Kniveton et al. (2008)

predictive modeling. Forced migration Review, Special Issue:

climate change and displacement, 31, oxford. de Haas

(2010) The Internal dynamics of migration processes: A

Theoretical Inquiry. journal of Ethnic and migration Studies

36(10): 1587 – 1617. piguet (2010) Linking climate change,

environmental degradation, and migration: a methodological

overview. climate change (Wiley Interdisciplinary Reviews)

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 137

1, issue 4, 517-524. piguet et al. (2011) migration and

climate change. cambridge university press. cambridge.

Pour une réflexion sur la migration en tant que stratégie de

gestion des risques : Stark et Zakharenko (2012a) differential

migration prospects, Skill Formation, and Welfare. Review of

International Economics, vol. 20. Stark et janubek (2012b).

Migration networks as a response to financial constraints:

onset and endogenous dynamics. journal of development

Economics, 2012.17 pour une documentation complète sur les instruments

de recherche, voir le protocole de recherche « Rainfalls »

(Rademacher et al. (2012))18 ce qui distingue un échantillon aléatoire d’un échantillon

aléatoire stratifié, c’est que le deuxième permet d’inclure des

sous-populations clés.19 pour classer les pays de recherche, il faut avant tout

leur attribuer une place en termes de développement

socioéconomique. À cette fin, et conformément au fait

que le projet s’intéressait tout particulièrement à la sécurité

alimentaire, on a eu recours à trois indicateurs largement

diffusés : (1) produit national brut par habitant (Source :

Rapport sur le développement dans le monde 2012 : égalité

des genres et développement, 2011, banque internationale

pour la reconstruction et le développement/banque

mondiale, Washington, dc ; (2) Indice du développement

humain (Source : Rapport sur le développement humain

2011, durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous, ©

2011, programme des Nations unies pour le développement)

; et (3) pourcentage des enfants de moins de cinq ans

souffrant d’un retard de croissance modéré à aigu (Source : La

situation des enfants dans le monde 2012 : les enfants dans

un monde urbain, Fonds des Nations unies pour l’enfance

(uNIcEF), février 2012.) Les catégories étaient les suivantes :

élevé, moyen ou bas, le seuil se situant aux points suivants :

revenu annuel par habitant (bas = moins de 1 000 dollars uS,

moyen = > 1 000 dollars uS et < 3 000 dollars uS, élevé =

> 3 000 dollars uS) ; indice du développement humain (bas,

moyen, élevé et très élevé en suivant la définition du PNUD)

et nutrition (retard de croissance modéré et aigu de > 40 % =

bas, > 20 % < 40 % = modéré, et < 20 % = élevé).20 Les huit pays sélectionnés ont aussi été classés selon un

certain nombre d’indicateurs qui permettent de se faire

une idée des changements survenus aux plans économique

et démographique. Les trois variables suivantes ont été

sélectionnées en raison de leur pertinence pour les recherches

du projet « Rainfalls » : (1) croissance annuelle moyenne

du pIb, 2007-2011 (Source : Rapport sur le développement

dans le monde 2012, banque mondiale) ; (2) contribution de

l’agriculture au pIb (Source : Rapport sur le développement

dans le monde, banque mondiale) et (3) Taux annuel de

croissance de la population, 2011 (Source : Rapport sur

le développement dans le monde, banque mondiale).

pour chacune de ces variables, les pays ont été classés en

utilisant les seuils suivants : croissance économique (élevée =

croissance annuelle de > 6 %, faible = croissance annuelle de

< 4 %) ; perspectives d’emploi non agricole (élevées = < 20

% de la valeur ajoutée en agriculture, faibles = > 20 % de la

valeur ajoutée en agriculture) ; et progrès dans la gestion de

la croissance de la population (élevé = croissance annuelle de

< 1 %, modéré = croissance annuelle de > 1 % <20%, faible

= croissance annuelle de > 2 %).21 Les informations reprises dans cette section sont tirées

de : promburom, panomsak ; Sakdapolrak, patrick (2012).

projet « Là où tombe la pluie ». étude de cas : Thaïlande.

Résultats de la province de Lamphun, Thaïlande. Rapport

n° 7. bonn : Institut de l’université des Nations unies pour

Page 138: WHERE THE RAIN FALLS (Là où TombE LA pLuIE) : cHANgEmENT …WTRF_Rapport_FR.pdf · Selim Reza Hassan (cARE bangladesh) et le dr. benjamin Etzold (université de bonn), chargés

138_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

l’environnement et la sécurité humaine (uNu-EHS).22 piguet et al. (2011) migration and climate change.

cambridge university press. cambridge.23 pNud 2010 : Human security today and tomorrow. Thai

human development report 2009. bangkok : programmes

des Nations unies pour le développement.24 Les informations reprises dans cette section sont tirées

de : Ho, Raúl ; milan, Andrea (2012). projet « Là où tombe

la pluie ». étude de cas : pérou. Résultats de la province

de Huancayo, pérou. Rapport n° 5. bonn : Institut de

l’université des Nations unies pour l’environnement et la

sécurité humaine (uNu-EHS).25 mINAm (peruvian ministry of Environment). Segunda

Comunicación Nacional del Perú a la Convencion Marco de

las Naciones Unidas sobre Cambio Climático. Lima, peru :

mINAm, 2010.26 Les informations reprises dans cette section sont tirées de

: Khoa, Nguyen viet ; Thao, Nguyen cong ; van der geest,

Kees (2012). projet « Là où tombe la pluie ». étude de cas

: viet Nam. Résultats de la commune de Hung Thanh dans

le delta du mékong, viet Nam. Rapport n° 8. bonn : Institut

de l’université des Nations unies pour l’environnement et la

sécurité humaine (uNu-EHS).27 Les informations reprises dans cette section sont tirées de

: Murali, J. ; Afifi, T. (2012). Projet « Là où tombe la pluie ».

étude de cas : Inde. Résultats de janjgir-champa, Inde.

Rapport n° 4. bonn : Institut de l’université des Nations unies

pour l’environnement et la sécurité humaine (uNu-EHS).28 Les informations reprises dans cette section sont tirées de :

Ahsan, uddin Ahmed ; Hassan, Selim Reza ; Etzold, benjamin

; Neelormi, Sharmind (2012). projet « Là où tombe la pluie ».

étude de cas : bangladesh. Résultats du district de Kurigram,

bangladesh. Rapport n° 2. bonn : Institut de l’université des

Nations unies pour l’environnement et la sécurité humaine

(uNu-EHS).29 Les informations reprises dans cette section sont tirées de

: Rademacher-Schulz, christina, et Edward Salifu mahama

(2012). projet « Là où tombe la pluie ». étude de cas : ghana.

Résultats du district de Nadowli, Haut ghana occidental,

ghana. Rapport n° 3. bonn : Institut de l’université des

Nations unies pour l’environnement et la sécurité humaine

(uNu-EHS).30 dans le présent ouvrage, la migration saisonnière est

définie comme un déplacement de moins de six mois, alors

que la migration temporaire dure six mois à deux ans. Tout

déplacement de plus de deux ans est considéré comme une

migration permanente.31 Laux 2009. Statistical modeling of precipitation for

agricultural planning in West Africa, mitteilungen/Institut für

Wasserbau, université de Stuttgart, Heft 179, ISSN 0343-

1150, 198 pages.32 Les migrants ne se déplaçant ni pour le « travail » ni pour

« l’éducation » ont donné comme raisons de leur migration

le « mariage » (5 %) et « autres » (2 %).33 Les informations reprises dans cette section sont tirées de

recherches de terrain effectuées par Sergio Rolando Ruano

et Andrea milan dans le district de cabricán, au guatemala.34 mS (1999) « El Niño and Health°». équipe spéciale sur le

changement climatique et la santé. genève, Suisse. ; SNET

(2010) « El Niño y la oscilaciòn del Sur°». ministerio de

medio Ambiente y Recursos Naturales –mARN-. El Salvador.

voir aussi: omS (2000), « El Niño et ses répercussions sur la

santé », Aide-mémoire n° 192, https://apps.who.int/inf-fs/

fr/am192.html35 pedreros et al (2010) « The Effect of El Niño on Agricultural

Water balances in guatemala°», American geophysical

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 139

union, Réunion convoquée à l’automne 2010.36 Les informations reprises dans cette section sont tirées de :

Liwenga, Emma T. ; Kwezi, Lukas ; Afifi, Tamer (2012). Projet

« Là où tombe la pluie ». étude de cas : Tanzanie. Résultats

du district de Same, Tanzanie. Rapport n° 6. bonn : Institut

de l’université des Nations unies pour l’environnement et la

sécurité humaine (uNu-EHS).37 ILes répondants à l’enquête auprès des ménages ne

donnaient pas toujours une réponse précise. dans de tels cas,

l’enquêteur ne réitérait pas la question. Il arrivait aussi que les

personnes interrogées donnent deux réponses là où il n’en

fallait qu’une. c’est pourquoi, dans des cas exceptionnels,

il arrive qu’en additionnant les pourcentages de ce tableau

(surtout pour la Thaïlande, le pérou et l’Inde), on arrive à

une somme totale légèrement supérieure ou légèrement

inférieure à 100 pour cent.38 paavola, j. 2003 vulnerability to climate change in

Tanzania: Sources, Substance and Solutions. Article présenté

lors de l’atelier inaugural de l’initiative sur la vulnérabilité en

Afrique australe (SAvI), maputo, mozambique, 19-21 juin

2003. 39 Agrawala, S., moehner, A., Hemp, A., van Aalst, m.,

Hitz, S., Smith, j., meena, H., mwakifwamba, S.m., Hyera,

T. et mwaipopo, o.u., (2003), development and climate

change in Tanzania: Focus on Kilimanjaro, organisation

de coopération et de développement économiques, paris :

France.40 gIEc, 201 : gestion des risques de catastrophes et de

phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au

changement climatique. Rapport des groupes de travail I et

II du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution

du climat [Field, c.b., v. barros, T.F. Stocker, d. qin, d.j.

dokken, K.L. Ebi, m.d. mastrandrea, K.j. mach, g.-K.

Plattner, S.K. Allen, M. Tignor, et P.M. Midgley (eds.)].

cambridge university press, cambridge, Royaume-uni, et

New york, Ny, états-unis, 582 p. Résumé à l’intention des

décideurs : © 2012, groupe d’experts intergouvernemental

sur l’évolution du climat, https://www.ipcc-wg1.unibe.ch/

srex/downloads/SREx_Spm_French.pdf41 3,5°c d’après le climate Action Tracker http://

climateactiontracker.org/news/116/durban-Agreements-

a-step-towards-a-global-agreement-but-risk-of-exceeding-

3c-warming-remains-scientists.html ; 6 °c d’après l’AIE.42 voir par exemple Arnell, N. « beyond 4° c: Impacts across

the global scale°». Institut Walker pour la recherche sur le

système climatique. université de Reading et équipe du

projet quEST-gSI, 2009. Article présenté à la conférence

internationale « 4° c and beyond°», oxford, septembre

2009.43 Le cadre d’adaptation de cancún comprend des dispositions

sur un ensemble d’approches en matière de gestion des

risques (paragraphe 14), ainsi que des conseils sur une série

de questions de mobilité humaine liées aux changements

climatiques (paragraphe 14(f)). La sécurité alimentaire et des

moyens de subsistance est mentionnée dans les notes en bas

de page.44 Initiative Nansen : communiqué de presse de

l ’ o N u : h t t p : / / w w w. u n . o r g / a p p s / n e w s / s t o r y

asp?NewsId=42298&cr=refugee&cr1=climate.

Liens vers le site de la conférence Nansen 2011 : http://

www.nansenconference.no/ et le rapport de la conférence :

http://www.unhcr.org/4ea969729.pdf45 1/cp.16, paragraphes 11-35 ; le paragraphe 14(f) aborde

la migration dans le contexte de l’adaptation aux impacts du

changement climatique.

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140_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

À propos du projet Where The Rain FallsLe projet de recherche « Where The Rain Falls : changement

climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance

et migration » est un partenariat entre cARE International

et l’Institut pour l’Environnement et la Sécurité Humaine de

l’Université des Nations Unies (UNU-EHS). Il bénéficie de

l’appui financier du Fonds pour la recherche du Groupe AXA

et de la Fondation john d. et catherine T. macArthur. Son

ambition est de permettre aux universitaires, praticiens et

décideurs de mieux comprendre comment la variabilité des

précipitations affecte la sécurité alimentaire et des moyens de

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Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migrationJuin 2013 _ 141

subsistance et pèse sur les décisions des ménages en matière de

mobilité/migration au sein des populations particulièrement

exposées aux impacts du changement climatique. L’étude

se focalise sur les variations pluviométriques tant perçues

que mesurées (p. ex. longues périodes sèches ou humides,

sécheresses ou inondations, précipitations erratiques) et le

décalage des saisons. Les variations pluviométriques influent

sur le rendement des cultures et l’élevage du cheptel, ce

qui peut avoir une incidence sur la production alimentaire

locale, la disponibilité alimentaire et les prix et provoquer

une insécurité et des pénuries alimentaires. En général, les

habitants adoptent diverses stratégies pour surmonter le

stress et les variabilités associés à la sécurité alimentaire et des

moyens de subsistance. Nous avons essayé de comprendre

pourquoi certaines populations réagissent de façon

différente aux difficultés que causent l’instabilité des régimes

climatiques et l’insécurité alimentaire. Nous avons cherché à

savoir dans quelle mesure les modifications météorologiques

pèsent sur les décisions en matière de migration, laquelle

est l’un des mécanismes auxquels ont fréquemment recours

ceux qui éprouvent ce type de pénibilité.

Le projet s’est fixé trois objectifs :

1) comprendre les interactions actuelles entre variabilité

pluviométrique, sécurité alimentaire et des moyens de

subsistance et migrations ;

2) comprendre les interactions potentielles de ces facteurs au

cours des décennies à venir, lorsque l’impact des changements

climatiques commencera à se faire plus fortement sentir ;

3) collaborer avec les communautés pour identifier des

moyens de gérer la variabilité pluviométrique, la sécurité

alimentaire et des moyens de subsistance et la migration.

Le projet explore les trois questions suivantes (qui ont un

rapport direct avec les trois objectifs de recherche cités ci-

dessus) :

1) dans quelles circonstances les ménages envisagent-ils la

migration comme stratégie de gestion des risques en réponse

à une variabilité pluviométrique accrue et à l’insécurité

alimentaire ?

2) quels sont les scénarios où la variabilité pluviométrique

et la sécurité alimentaire seront susceptibles d’influencer

fortement la mobilité humaine dans certaines régions du

monde au cours des 20 ou 30 années à venir ?

3) dans le contexte du changement climatique, quel

ensemble de politiques garantira au mieux le caractère

volontaire de la mobilité humaine, c’est-à-dire son choix

parmi d’autres mesures de gestion des risques liés aux

changements climatiques, plutôt que de la perpétuer comme

une stratégie de survie, adoptée après épuisement de toutes

les autres possibilités ? Le projet explore ces alternatives dans

certaines régions du monde particulièrement affectées.

vous pouvez consulter les études de cas, la modélisation et

obtenir des renseignements supplémentaires sur nos sites

web : www.wheretherainfalls.org, www.ehs.unu.edu, www.

carefrance.org et www.careclimatechange.org .

Page 142: WHERE THE RAIN FALLS (Là où TombE LA pLuIE) : cHANgEmENT …WTRF_Rapport_FR.pdf · Selim Reza Hassan (cARE bangladesh) et le dr. benjamin Etzold (université de bonn), chargés

142_ Juin 2013Where The Rain Falls (Là où tombe la pluie) : changement climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance et migration

uN campus, Hermann-Ehlers-Str. 10, 53113 bonn,

Tel.: + 49-228-815-0200, Fax : + 49-228-815-0299

e-mail : [email protected]

copyright : © uNu-EHS & cARE France 2012 and 2013

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Translation : WordLink

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Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles

de leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement celles

de l’université des Nations unies, de cARE International, de

l’université columbia ou du projet « Where the Rain Falls

» (Where The Rain Falls). questions et commentaires sont

les bienvenus. prière de les adresser aux auteurs principaux

par l’intermédiaire de Koko Warner ([email protected].

edu) ou Kevin Henry ([email protected]). Les requêtes

des médias sont à adresser à Kimberly bennett (bennett@

carefrance.org).

L’université des Nations unies et cARE donnent permission

à toutes les organisations à but non lucratif de reproduire le

présent ouvrage, en tout ou en partie, à condition de citer

Imprintleur source. La notice suivante figurera de façon visible sur

toute reproduction : « Where The Rain Falls : changement

climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance

et migration » © 2012 cARE France. Reproduction autorisée.

Le rapport et des images haute résolution sont disponibles à

l’adresse suivante : www.wheretherainfalls.com

ISbN : 978-3-944535-04-3

e-ISbN : 978-3-944535-05-0

Impression respectueuse de l’environnement

Warner, K., Afifi, T., Henry, K., Rawe, T., Smith, C., de

Sherbinin, A. (2012). Where The Rain Falls : changement

climatique, sécurité alimentaire et des moyens de subsistance

et migration. Analyse et conclusion de la phase de recherche

du projet « Where the Rain Falls ». bonn : uNu et cARE

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Le projet « Where the Rain Falls » (Là où Tombe La pluie) évalue l’impact des

variations de la pluviosité sur les sociétés, grâce à une compréhension plus détaillée

des liens entre variation pluviométrique, sécurité alimentaire, moyens de subsistance

et migration dans huit pays d’étude :

Bangladesh : Kurigram, division de Rangpur

Ghana : district de Nadowli, région du Haut Ghana Occidental

Guatemala : municipalité de Cabricán, département de Quetzaltenango

Inde : district de anjgir-Champa, Etat de Chhattisgarh

Pérou : district de Huancayo, région de Junín

Tanzanie : district de Same, région du Kilimanjaro

Thaïlande : district de Thung Hua Chang, nord de la Thailande

Viet Nam : province de Dong Thap

Le changement climatique entraîne déjà des évènements climatiques extrèmes,

comme des sécheresses et des innondations, donnant lieu à des situations

d’insécurité alimentaire et déplacements de populations. Les résultats de cette étude

permettront de guider les politiques en termes de changement climatique et leur

mise en œuvre, en prenant en compte des aspects pratiques importants, et ainsi,

lutter contre la pauvreté en protégeant les populations les plus vulnérables.

L’ensemble des résultats et des enseignements tirés du projet – un protocole

de recherche, un rapport d’étude de cas ainsi qu’un rapport de synthèse à

destination des responsables politiques – sont disponibles à l’adresse suivante :

www.wheretherainfalls.org.

Soutenu par :un projet de :

copyright © cARE France et uNu-EHS.

juin 2013