Thème 1 : Comprendre les territoires de proximité :

La région, territoire de vie, territoire aménagé

Depuis 1982, en France, la région n’est plus seulement un espace d’une certaine étendue, mais elle est une collectivité territoriale gérée par un conseil régional élu. C’est ainsi que la région tend à devenir un territoire de vie, entre le niveau local et le niveau national.

En Suisse, le découpage administratif est lié à son histoire : le pays s’est formé, au fil des siècles par la réunion d’Etats souverains appelés cantons, sous forme d’une confédération. Depuis 1848, le pays est composé de « cantons souverains » qui sont au nombre de 26. Genève entre dans la Suisse en 1815. Tous les cantons sont divisés en communes. Depuis 1999, la Suisse a elle aussi été découpée en sept grandes régions pouvant regrouper plusieurs cantons. Toutefois, contrairement au cas de la France, ces régions ont été créées pour répondre à des nécessités purement statistiques (pour faire des comparaisons et analyses nationales et internationales, et se plier aux standards de l’Union Européenne). Les grandes décisions qui concernent l’aménagement des territoires se font donc au niveau cantonal ou national.

Nous prendrons donc l’exemple ici d’une région française : La Réunion.

Etude de cas : l’île de la Réunion

L’île de la Réunion est un Département et une Région d’Outre-Mer (DROM) situé au Sud-Ouest de l’Océan Indien. C’est un département français depuis 1946 et une région monodépartementale depuis 1973. Elle est aussi considérée comme une région ultrapériphérique (RUP) de l’Union Européenne. Elle est située à 700 km à l’est de Madagascar et à 170 km au sud-ouest de l’île Maurice, ancienne colonie française. Ile au climat tropical, elle abrite plusieurs volcans dont le piton de la Fournaise qui est toujours actif.

L’île de la Réunion n’est pas peuplée avant le milieu du XVIIe siècle avec l’installation d’un comptoir français sur la route des Indes qui se transforme en véritable colonie française pratiquant la culture du café en 1710. Société de plantation, elle se spécialise dans la canne à sucre au début du XIXe siècle. Ce sont des esclaves importés d’Afrique qui travaillent pour les colons français. En 1848, l’esclavage est abolit et les colons font recours à l’engagisme de travailleurs indiens et chinois pour faire marcher leurs plantations.

I. L’identité de la Réunion La démographie locale (870'000 habitants) se caractérise par la jeunesse des

habitants et leurs origines variées : européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, vietnamienne, malaises et chinoises… Les différentes communautés se sont parfois mélangées, et ont parfois gardé leurs traditions.

La spécificité culturelle de la Réunion est donc triple : traits culturels propres à certaines communautés (mosquées, temples hindous, églises catholiques, apprentissage des langues originelles, processions religieuses, usage du sari pour les tamouls, de la barbe et du voile pour les Gujaratis), traits culturels issus des mélanges entre éléments d’origine différente (la langue principale est le créole,

certaines religions se sont mélangées, la nourriture combine des éléments d’origines variées), attachement à la République française et à ses institutions.

II. L’organisation de l’espace Le centre et l’Est de l’île sont occupés par deux importants massifs montagneux

qui constituent une barrière naturelle aux vents dominants : celui du Piton des Neiges entaillé par 3 cirques où la population se localise dans les « Hauts », et celui du Piton de la Fournaise volcan toujours en activité, ce qui explique que sa zone alentour est peu peuplée et peu exploitée. Les pentes de l’île comprennent de nombreux ravins qui rendent difficile la circulation.

La plus grande partie de la population se concentre sur le littoral. L’espace agricole se trouve surtout entre le littoral urbanisé et les massifs montagneux. La préservation des terres agricoles face à la pression urbaine est donc un enjeu fort. Les modes d’occupation du territoire dépendent donc des reliefs, on parle de structure étagée.

L’organisation administrative est divisée en 4 zones mises en place par le schéma régional d’aménagement de 1995.

L’île cherche à devenir un haut lieu de la protection de l’environnement, du fait de l’incroyable biodiversité qui caractérise une partie de son espace. Depuis 2010, 40% du territoire de l’île est classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Le Parc national est donc un élément géographie déterminant l’aménagement du territoire réunionnais. Il est entouré d’un certain nombre d’enjeux : savoir scientifique, braconnage, introduction d’espèces prédatrices (la vigne marronne), inaccessibilité de certains lieux d’habitat isolés des principaux réseaux de transports et de communication, etc.

III. Des bases économiques encore très fragiles L’agriculture a longtemps été le pilier de l’économie avec la production de sucre

de canne. Actuellement les fruits, légumes et l’élevage sont aussi des activités économiques significatives. Cependant, la production dans le secteur primaire reste au même niveau alors que la consommation et les importations augmentent.

Le secteur secondaire est peu développé, il y a peu d’activités productrices. Le secteur de la construction est essentiel du fait du besoin de logements et d’infrastructures majeures comme les routes, les réseaux de transports publics et les plateformes aéroportuaires.

Ainsi, c’est le secteur tertiaire, celui des services, qui est le vrai moteur de l’économie. L’emploi public représente plus de 40% des emplois totaux, et le secteur de la consommation des ménages est en constante progression. Le tourisme est le premier secteur économique de la région, pour ses attraits culturels et paysagers. Chaque année 400'000 touristes fréquentent l’île dont ¾ sont des français de la métropole.

L’économie de l’île est toutefois précaire : le chômage touche 20% de la population.

IV. L’influence de la métropole Les échanges commerciaux avec la France sont essentiels pour La Réunion : ils

sont un facteur de développement mais aussi d’extrême dépendance. Ils permettent aux habitants de l’île de s’approvisionner en biens de consommation de tous genre.

Les relations avec les autres territoires de l’océan indien sont en train de se développer mais elles restent limitées.

En tant que RUP, La Réunion peut s’appuyer sur les politiques de coopération interrégionale financées par l’UE.

Un défi majeur se pose actuellement : assurer un aménagement durable du territoire pour concilier croissance économique, forte densité de population et développement économique fondé sur la valorisation d’espaces naturels exceptionnels.