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--- T09 // Manifeste // --- La nuit … « Le monde, non plus comme un parcours sans cesse à refaire, non pas comme une course sans fin, un défi sans cesse à relever, non pas comme le seul prétexte d’une accumulation désespérante, ni comme illusion d’une conquête, mais comme retrouvaille d’un sens, perception d’une écriture terrestre, d’une géographie dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs. » Georges PEREC, Espèces d’espaces. 0 // Positionnement A – Une métaphore A partir du film « L’an 01 » 1 , il m’est apparu ma métaphore. Ils proposent, dans une émission pirate, de faire un pas de côté afin de s’amuser, de regarder en soi, d’éviter les queues d’attente devant les guichets, de se rencontrer sur un trottoir, sur un palier (entre voisins), d’échanger de carte d’identité, de pisser à côté de l’arbre, enfin de faire la révolution à partir d’un geste simple, d’arrêter tout ou plutôt de tout recommencer à zéro… Ainsi, c’est ma nuit, ce pas de côté . Ma nuit me permet de voir le territoire autrement, de côté, de façon qu’il m’émerveille, qu’il m’est nouveau, qu’il me surprend, qu’il m’attire, qu’il retient des secret, et en même tant tout se ressent plus fort… Les odeurs, les vides, les pleins, les problèmes de transports, les exclus, les réseaux… B – Un titre « Nous ce qu'on veut, c'est cramer la capitale, investir des lieux incroyables » 2 Voilà ce que dit un des 4 membres du Collectif des Heretik après leur assaut de la piscine Molitor (site historique du XVI° arrondissement) suivi de 5000 raveurs alors que les RG les suivent de près… C’est un peu dans le même genre que je lancerais un titre, mon fer de lance : « Moi ce que je veux, c’est faire un pied de nez à Paris capitale, investir la nuit banlieusarde » 1 // Expérience du réel… de nuit Il fait plus frais. Il y a moins de bruits, moins de lumière, de couleurs, de relief qu’en plein jour. Même les odeurs sont différentes. L’offre urbaine est limitée, spécialisée et localisée. A mesure que l’on s’engage dans la nuit, la ville ressemble à un archipel d’îlots mal reliés entre eux. La liberté est réduite, 1 L’an O1 de Gébé et Jacques Doillon 1969, Paris 2 Entendu dans le documentaire « we had a dream » du collectif, sur www.youtube.fr Page 1

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Page 1: Web viewGeorges PEREC, Espèces d’espaces. 0 // Positionnement. A – Une métaphore. A partir du film « L’an 01 » L’an O1 de . Géb

--- T09 // Manifeste // ---La nuit …« Le monde, non plus comme un parcours sans cesse à refaire, non pas comme une course sans fin, un défi sans cesse à relever, non pas comme le seul prétexte d’une accumulation désespérante, ni comme illusion d’une conquête, mais comme retrouvaille d’un sens, perception d’une écriture terrestre, d’une géographie dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs. »Georges PEREC, Espèces d’espaces.

0 // PositionnementA – Une métaphore

A partir du film « L’an 01 » 1, il m’est apparu ma métaphore. Ils proposent, dans une émission pirate, de faire un pas de côté afin de s’amuser, de regarder en soi, d’éviter les queues d’attente devant les guichets, de se rencontrer sur un trottoir, sur un palier (entre voisins), d’échanger de carte d’identité, de pisser à côté de l’arbre, enfin de faire la révolution à partir d’un geste simple, d’arrêter tout ou plutôt de tout recommencer à zéro…

Ainsi, c’est ma nuit, ce pas de côté. Ma nuit me permet de voir le territoire autrement, de côté, de façon qu’il m’émerveille, qu’il m’est nouveau, qu’il me surprend, qu’il m’attire, qu’il retient des secret, et en même tant tout se ressent plus fort… Les odeurs, les vides, les pleins, les problèmes de transports, les exclus, les réseaux…

B – Un titre

« Nous ce qu'on veut, c'est cramer la capitale, investir des lieux incroyables » 2

Voilà ce que dit un des 4 membres du Collectif des Heretik après leur assaut de la piscine Molitor (site historique du XVI° arrondissement) suivi de 5000 raveurs alors que les RG les suivent de près…

C’est un peu dans le même genre que je lancerais un titre, mon fer de lance : « Moi ce que je veux, c’est faire un pied de nez à Paris capitale, investir la nuit banlieusarde »

1 // Expérience du réel… de nuitIl fait plus frais. Il y a moins de bruits, moins de lumière, de couleurs, de relief qu’en plein jour. Même les odeurs sont différentes. L’offre urbaine est limitée, spécialisée et localisée. A mesure que l’on s’engage dans la nuit, la ville ressemble à un archipel d’îlots mal reliés entre eux. La liberté est réduite, sûrement dû à l’accroissement des coûts, à la réduction de l’offre urbaine, à la diminution des espaces collectifs accessibles et à la manipulation médiatique qui stigmatise les périphéries et survalorise les centres animés.

Mon archipel, à moi, mon point d’accroche de la nuit, mon repère fut le bureau de tabac de l’Ecole Centrale à Châtenay-Malabry (92). Ce que j’ai appris en vivant cette expérience d’analyse un point de ravitaillement nocturne c’est :

- Un point de ravitaillement qui reste ouvert après 22h00 doit être bien desservi. Plus il s’éloigne de Paris et donc du métro, plus le réseau routier joue un rôle capital dans la survie de la boutique.

1 L’an O1 de Gébé et Jacques Doillon 1969, Paris

2 Entendu dans le documentaire « we had a dream » du collectif, sur www.youtube.fr

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- Le bureau de tabac de l’Ecole Centrale est une particularité. Lorsque l’on dessine la carte de la répartition des bureaux de tabac et supérettes ouverts après 22h, dans toute la petite couronne parisienne, on remarque que seulement 3 se situent dans les Hauts-de-Seine et 1 seul dans la banlieue Sud. Le territoire d’attraction du « Centrale » est donc exceptionnel. Il traverse les départements, les communautés d’agglomérations… tout cela grâce à son implantation au carrefour d’axes routiers majeurs à l’échelle de Paris Métropole (A86, N20, N7, N118…)

- Il est important de remarquer que même dans un tissu urbain « sans urbanité » (rupture, nuisance sonore, aucun éclairage, aucun commerce et activités de nuit…), ce bureau de tabac brasse environ 900 personnes de 18h à Minuit, de tout sexe, de tout âge, de toute religion, de toute culture, de commune et de département différents et un seul point commun, fumeurs ! Il a beau être point de ravitaillement il est aussi, à sa manière et de façon éphémère, point de ralliement…

2 // La N20, un axe de réflexion…de jourLes fumeurs du « Centrale » avaient pour la plupart un autre point en commun : celui d’appartenir à une commune traversée par la N20. C’est cette nationale qui attire toute mon attention…

Est-ce qu’il peut y avoir centralité dans un contexte d’urbanisation en « strip » ? Un axe routier peut-il être porteur d’un point de ravitaillement/ralliement

A – La périurbanisation logistique

« L’évolution spatiale des villes modèle aussi le transport des marchandises en lien avec la production et la distribution. Deux forces peuvent être retenues pour expliquer la dynamique urbaine à l’échelle métropolitaine. Les forces centripètes renvoient au processus d’agglomération que représente la ville en général. Inversement, à plus grande échelle, celle de l’aire urbaine, des forces centrifuges rejettent vers la périphérie les fonctions les plus banales pour conserver dans le cœur celles à fortes valeurs ajoutées (Combes et alii, 2006). Elles participent à la dispersion et à l’étalement des activités en périphérie. Forces centripètes à petite échelle et centrifuges à grande échelle permettent de mettre en évidence trois moments logistiques liés à la dynamique urbaine.

(…)

A petite échelle, les forces centripètes continuent de l’emporter : les plus grandes villes concentrent les entrepôts parce qu’elles sont les plus grands centres de production et de consommation tout en étant très bien connectées aux autres villes par le développement du réseau autoroutier (Cidell, 2010). A l’échelle de l’aire urbaine, le système routier crée un effet de levier en faveur des forces centrifuges. Les zones périphériques où les prix du foncier diminuent avec l’éloignement par rapport au centre gagnent en accessibilité grâce au développement du réseau autoroutier. Les fonctions logistiques sont rejetées à l’extérieur (Dablanc et alii, 2010). Dans la première couronne, elles sont aussi en concurrence avec le développement des centres commerciaux et tertiaires. Elles sont rejetées dans la couronne périurbaine où des espaces sont encore disponibles pour de vastes entrepôts qui répondent à la demande logistique actuelle. A grande échelle, ces entrepôts sont situés à proximité des échangeurs autoroutiers et le long des rocades qui ceinturent les villes afin de bénéficier d’une forte accessibilité en coût et en temps. Les forces centrifuges aboutissent à un mitage logistique et à une dilatation de l’espace métropolitain avec un processus d’agglomération le long des axes routiers qui jouent alors à l’échelle de l’aire urbaine un rôle structurant. La logistique, tout comme l’habitat, participe à l’étalement de la métropole qui s’accompagne de la création de nouveaux pôles d’activités en périphéries, donnant à la métropole son caractère polycentrique. Les processus étant très similaires à celui de l’habitat, le terme de « périurbanisation logistique » est proposé pour désigner ce troisième moment logistique. »3

3 FREMONT. A., Fleuve et métropole : la grande déconnexion, 4 pages, Programme de recherche FLUIDE, Agence Nationale de la Recherche, Université Paris Est, Unité Systèmes Productifs, Logistique, Organisation des Transports, Travail.2011.

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B – Ville « airiale »

Une forme d’habitat isolé

C – Campagne résidentielle

D’un espace consacré à l’agriculture à un espace convoité, multifonctionnel. De l’exode rural à l’exode urbain. Ce qui conduit à des concurrences et des conflits d’usage. Les relations ville-campagne est passé des flux de produits à des flux de population.4

D – La nature industrielle / (la guerre des enseignes) 5

4 http://www.region-limousin.fr/2027/data/pdf/phase_prospective/conferences/Conference4/Diaporama.pdf

5 Les 4 termes ont été trouvés dans un écrit intitulé Connaissance et valorisation des paysages de la Gironde de

Bertrand Folléa et Claire Gautier, paysagistes à Montrouge diplômé de l’ENSAP de Versailles

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E – Les poches de vide

F – Phénomène des boîtes à chaussure

Ce pourrait être décrit comme un « amoncellement d’architectures caricaturales quel que soit le site, mêmes enseignes et même aspect partout » mais aussi le résultat de la pauvreté de la recherche architecturale accompagnée de « l’anarchie des enseignes et des signalétiques, l’absence de relation au site et de structure d’ensemble (pas d’alignement, pas de traitement commun, voirie mal hiérarchisée), difficulté de se repérer et de trouver son chemin (tout parcours autre que le transit relève le plus souvent du labyrinthe), nappes de parkings, pauvreté du traitement des espaces publics, inadaptation au piéton, très important renouvellement des entreprises».6

G – Urbanisme de séquence

3 // Problématique jour… nuit

En quoi mon expérience du point de ralliement nocturne peut-elle alimenter la réflexion sur l’urbanisation ou l’urbanité d’un axe routier aujourd’hui délaissé à sa fonction première de mobilité et de transport?

6 Les Cahiers de l’IAURIF, les paysages d’Ile-de-France : comprendre, agir, composer , n°117-118, Octobre 1997, chap. « Requalifier les voies de communication et les entrées de villes », p235

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