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Elément de correction Khôlle n°8 Après avoir présenté les avantages des régimes de change fixe vous en soulignerez les inconvénients Quelques remarques avant de proposer des pistes de réflexions : - il y a toujours un déficit de phrase d’accroche ; une accroche sert à montrer que le sujet qui est posé est intéressant au regard de l’actualité. Il faut donc plutôt éviter une accroche « historique » et trop générale. A partir de l’accroche, il est alors possible de proposer une série de questions qui renvoient toutes au sujet ; ensuite, vous pouvez proposer la définition des termes et annoncer votre plan ; - vous avez globalement tous traité de la période historique qui s’ouvre après les accords de la Jamaïque (1976) ; pourquoi, pas ; mais cela vous prive d’éléments de réflexions autour de l’étalon or ou de l’étalon de change or ; - vous avez eu du mal à faire le lien entre ces sujets sur les régimes de change et le triangle des incompatibilités ; nous avons vu en rappel de cours, que le choix d’un SMI conduit à définir un type de régime de change et à choisir la place que l’on accorde à la politique monétaire et à la libre circulation des capitaux ; - il faut être plus clair sur la diversité des régimes de change fixe en distinguant au moins les situations d’ancrage et celles de changes fixes durs dans lesquelles on trouve les caisses d’émission, la dollarisation ou les unions monétaires. Accroche : la Chine a instauré un régime de change fixe de facto depuis la fin des années 1990 jusqu’en 2005 ; qu’elle a ensuite relâché entre 2005 et 2010 ; puis qu’elle a de nouveau contrôlé. Avec le ralentissement mondial et la chute de ses exportations, la Chine a de nouveau choisi d’ancrer sa monnaie sur dollar. Comment justifie ce changement de politique de change ? Pourquoi a-t-elle durant 5 ans laissé le yuan se fixer

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Elément de correctionKhôlle n°8

Après avoir présenté les avantages des régimes de change fixe vous en soulignerez les inconvénients

Quelques remarques avant de proposer des pistes de réflexions : - il y a toujours un déficit de phrase d’accroche ; une accroche sert à montrer que le

sujet qui est posé est intéressant au regard de l’actualité. Il faut donc plutôt éviter une accroche « historique » et trop générale. A partir de l’accroche, il est alors possible de proposer une série de questions qui renvoient toutes au sujet ; ensuite, vous pouvez proposer la définition des termes et annoncer votre plan ;

- vous avez globalement tous traité de la période historique qui s’ouvre après les accords de la Jamaïque (1976) ; pourquoi, pas ; mais cela vous prive d’éléments de réflexions autour de l’étalon or ou de l’étalon de change or ;

- vous avez eu du mal à faire le lien entre ces sujets sur les régimes de change et le triangle des incompatibilités ; nous avons vu en rappel de cours, que le choix d’un SMI conduit à définir un type de régime de change et à choisir la place que l’on accorde à la politique monétaire et à la libre circulation des capitaux ;

- il faut être plus clair sur la diversité des régimes de change fixe en distinguant au moins les situations d’ancrage et celles de changes fixes durs dans lesquelles on trouve les caisses d’émission, la dollarisation ou les unions monétaires.

Accroche : la Chine a instauré un régime de change fixe de facto depuis la fin des années 1990 jusqu’en 2005 ; qu’elle a ensuite relâché entre 2005 et 2010 ; puis qu’elle a de nouveau contrôlé. Avec le ralentissement mondial et la chute de ses exportations, la Chine a de nouveau choisi d’ancrer sa monnaie sur dollar. Comment justifie ce changement de politique de change ? Pourquoi a-t-elle durant 5 ans laissé le yuan se fixer plus librement ? à partir de cet exemple de la Chine, nous pouvons nous demander quels sont les avantages et les inconvénients d’un régime de change fixe. Définition régime de change fixe : un régime de change fixe est un régime dans lequel l’autorité monétaire s’engage à intervenir le marché des changes pour maintenir la valeur d’une monnaie à une parité définie au préalable. Cette parité peut être officielle ou pas.

Les avantages attendus du choix d’un régime de change fixeA quoi cela peut-il servir d’adopter un régime de change fixe ? Deux grandes réponses : faciliter les échanges et réduire des déséquilibres macroéconomiques. La stabilité des taux de change : un instrument pour faciliter les échanges internationaux Tout d’abord, la fixité du régime de change permet de stabiliser les anticipations des agents économiques (entreprises ou investisseurs internationaux). Lorsque les autorités monétaires s’engagent à intervenir sur le marché des changes pour assurer une parité qui a été définie et qui est connue de tous, cela permet d’éliminer les doutes sur les évolutions futures du taux de change (document 4 - bien sur cette volonté de maintenir la parité doit être jugée crédible par les agents économiques). Il faut rappeler ici que pendant longtemps (du 19ième siècle à Bretton Woods), la fixité des taux de change a été

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considérée comme un élément essentiel de la stabilité du SMI (cf la volonté des Etats européens de revenir à l’étalon or dès la fin de la première guerre mondiale). Lorsque les règles du FMI s’accompagnent de fixité des régimes de change, les Etats doivent alors choisir entre un objectif d’autonomie de la politique monétaire (choix du système de Bretton Woods) ou un objectif de libre circulation des capitaux (choix du système de l’étalon-or). Un régime de change fixe peut prendre la forme d’un ancrage sur une devise étrangère (que l’on appelle une monnaie ancre). L’ancrage sur une devise étrangère peut être un moyen de stimuler les exportations en appliquant une parité qui est au-dessous de la valeur d’équilibre (cf : on verra dans une khôlle ultérieure comment mesurer cette valeur d ‘équilibre du taux de change). Ainsi, la Chine a appliqué sur toute la décennie 2000 un régime de change fixe de facto que certains ont jugé sous-évalué par rapport à sa valeur fondamentale. La Chine aurait donc cherche à sous-évaluer sa monnaie pour stimuler ses exportations en pratiquant un « mésalignement » de son taux de change. Enfin, l’adoption d’un régime de change fixe dur conduisant à l’adoption d’une monnaie unique est un avantage lorsque les pays forment une zone monétaire optimale (R.Mundell) (on reprendra cette notion dans le cours sur l’union européenne). Adopter la monnaie unique fait alors baisser les coûts de transaction et stimuler les échanges (document 8). La contrepartie de cette adoption est le transfert de l’autorité monétaire vers une autorité supranationale. Vous pouvez citer ici la création de la zone euro, mais attention, nous verrons un peu plus tard que cette zone euro ne répondait pas, et ne répond toujours pas, aux critères d’une ZMO.

La stabilité des taux de change : un instrument de stabilisation macroéconomique Il existe d’autres avantages attendus de l’adoption d’un régime de change fixe. Ces avantages relèvent cette fois d’objectifs de stabilité macroéconomique. Un régime de change fixe permet de lutter contre l’inflation et peut assurer la stabilité des revenus des exportations. Un pays peut chercher à travers la rigidité du taux de change à lutter contre l’inflation. En effet, un écart d’inflation avec le pays de la monnaie ancre signifie que les produits domestiques deviennent plus chers et perdent en compétitivité prix. Pour gagner en compétitivité, il faut donc avoir une hausse du niveau général des prix inférieurs (document 2). C’est la politique qui sera menée en France à partir de 1983 jusqu’au début des années 1990 avec un ancrage sur le Deutsch mark (document 3). En modifiant les règles de fixation des salaires, les autorités françaises ont peu à peu fait chuter l’inflation hexagonale qui est passée au-dessous de l’inflation allemande. L’ancrage monétaire permet donc de discipliner la politique monétaire et l’inflation. F.Miskhin dans le document 1 prend l’exemple du Mexique qui a réussi à faire passer son inflation de 100% en 1988 à 10% en 1994 en ancrant le peso sur le dollar américain. Ensuite, un ancrage peut se justifier lorsqu’un pays est un mono-exportateur d’un produit qui est facturé dans une devise étrangère sur les marchés mondiaux, par exemple, le pétrole en dollar. Dans ce cas, l’ancrage sur le dollar permet d’éviter des évolutions des recettes des exportations si la monnaie locale s’écarte du dollar américain. On constate donc que l’ancrage relève d’une stratégie de stabilisation macroéconomique : lutte contre l’inflation, stabilisation des recettes des exportations. Certains régimes de changes fixes durs, telles que la caisse d’émission ou la dollarisation ont le même objectif en conduisant les autorités à se priver leur souveraineté monétaire. Comme le rappel le document 6, dans certains pays, les autorités monétaires et

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politiques sont particulièrement fragiles, et ces pays sont alors sujets à des épisodes d’hyperinflation. Un moyen pour « casser » l’inflation et de retirer le pouvoir de création monétaire aux « autorités » monétaires. Dans le cas de la dollarisation, le retrait est absolu, puisque la monnaie en circulation est une devise étrangère (par exemple, en Bosnie au moment de la guerre en ex-Yougoslavie, la monnaie utilisée était le mark allemand). Dans le cas de la caisse d’émission, les autorités monétaires ne créent de la monnaie domestique qu’en fonction de leurs réserves en devise étrangère, par exemple le dollar. Chaque sortie de dollar se traduisant par une baisse de la quantité de monnaie en circulation.

En conclusion de cette première partie, on constate que les avantages attendus des régimes de change sont nombreux et qu’ils concernent aussi bien les pays développés que les pays en développement. Par ailleurs, ces avantages renvoient également à des périodes historiques différentes durant lesquelles ont évolué, en même temps que le régime de change, le degré d’autonomie accordée à la politique monétaire et le degré de liberté des mouvements de capitaux. Les bonnes raisons d’adopter un régime de change fixe semblent donc évoluer avec le temps et avec le type de pays. On comprend donc mieux pourquoi de nombreux Etats qui choisissent de jure un régime de change flottant, appliquent de facto un régime de change fixe.

Quels sont maintenant les désavantages à adopter un régime de change fixe ?Deux arguments à développés : les régimes de change fixe sont contraignants et peuvent entraîner des pratiques spéculatives contre les monnaies. L’adoption d’un régime de change fixe s’accompagne de contraintes  Ces contraintes ont un point commun : elles pèsent sur l’autonomie de la politique monétaire. Comme le rappel les documents 9 et 10, au moment de la crise du système de Bretton Woods durant les années 1970, les principaux PDEM ont choisi d’abandonner les changes fixes pour des changes flottants afin de concilier la liberté des mouvements de capitaux et l’autonomie des politiques monétaires. Le régime de change fixe empêche donc la politique monétaire de pouvoir suivre des objectifs internes notamment pour stimuler la croissance et l’emploi à partir du moment où les marchés des capitaux mondiaux se développent (il faut reprendre ici l’exemple du Canada/ USA). Par ailleurs, lorsqu’un pays ancre sa monnaie sur celle d’un autre pays, il «  importe » les chocs monétaires de ce pays ancre chez lui. Par exemple, lorsqu’au début des années 1990, l’Allemagne doit faire face à une poussée inflationniste engendrée par la réunification elle fait augmenter ses taux d’intérêt ; afin de ne pas voir le franc décroché du DM, la Banque de France augmente à son tour son taux d’intérêt, au moment où il aurait fallu baisser le taux d’intérêt pour faire baisser le chômage. L’adoption d’un régime de change fixe développe les comportements spéculatifsLa défense d’une parité peut être considérée comme non crédible par les agents économiques. On sait par exemple que la fin du système de Bretton woods se caractérise par l’apparition d’attaques spéculatives sur des monnaies dont les agents anticipent soit une dévaluation (franc, livre) soit une réévaluation (deutsch mark). Ces attaques spéculatives ont aussi mise à mal le système monétaire européen (SME) en 1992 et 1993. Pourquoi ces attaques spéculatives se déclenchent-elles ? Elles se déclenchent lorsque les Banques centrales ne semblent plus en mesure d’utiliser leurs réserves de change pour défendre la parité de la monnaie sur le marché des changes. Ces attaques concernent aussi des pays en développement. Elles peuvent provoquer des crises de

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change dont les conséquences macroéconomiques sont désastreuses, comme ce fut le cas en Thailande et dans toute l’asie du sud-est en 1997. La crise de change s’est transformée en crise bancaire et a eu impact négatif très puissant sur l’activité économique. Comme le rappelle le document 14, les autorités monétaires des PVD qui cherchent à contrôle l’inflation en ancrant leur monnaie savent aussi qu’il y a eu contrainte à cette politique, le risque de crise de change. De fait, le recul de l’inflation durant les années 1990/2000 a rendu l’attrait pour les politiques de change fixe moins fort, ce qui explique l’augmentation du nombre et de la part des régimes de change flottant.

Les avantages que les pays espèrent retirer de la fixité du régime de change sont donc différents suivant le type de régime de change fixe adopté. On peut néanmoins distinguer deux types d’arguments : le régime de change fixe stimule les échanges internationaux ou permet l’équilibre macroéconomique. Ces régimes sont choisis aussi bien par des PDEM que par des PVD, à des époques et pour des circonstances différentes. D’ailleurs, beaucoup de PVD ont adopté un régime de change fixe par « peur du flottement » (Calvo & Reinhart), c’est-à-dire parce qu’ils considèrent que les avantages d’un régime de change fixe sont supérieurs à ceux d’un régime de change flottant. Pourtant, l’adoption de régimes de change fixe soulève aussi un certain nombre de critiques. Il existe donc des contraintes qui tempèrent l’intérêt pour ce type de régime de change. Ces contraintes portent sur la perte d’autonomie de la politique monétaire et sur les risques de voir se développer les pratiques spéculatives sur les marchés des changes. Comme l’affirme donc Frankel (1999), il n’existe pas un régime de change qui convienne à tous les pays en toutes circonstances.

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