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C’est quoi, les taux directeurs de la BCE ? Le Monde.fr | 10.03.2016 à 20h17 • Mis à jour le 10.03.2016 à 20h25 | Par Alexandre Pouchard La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi 10 mars une série de mesures pour relancer la croissance dans la zone euro. L’institution monétaire a notamment abaissé d’un coup ses trois taux directeurs, à commencer par le principal, le taux central, baromètre du crédit en zone euro : celui-ci a été ramené de 0,05 % à 0 %, une première. Mario Draghi, président de la BCE, a signalé que ces taux allaient rester aussi bas, voire descendre encore plus bas si nécessaire, pendant une longue période, en tout cas bien au-delà de mars 2017. Qu’est-ce que cela signifie ? Le taux principal, ou de refinancement minimum Ce taux est utilisé pour les prêts de la BCE aux établissements bancaires qui ont besoin de liquidités à court terme (une semaine). Elles peuvent en demander chaque semaine, à condition de rembourser le prêt de la semaine précédente. Les banques sont ensuite censées répercuter l’évolution du taux de refinancement minimum sur les taux d’intérêt qu’elles accordent à leurs clients, particuliers ou entreprises. Cela signifie que si la BCE diminue son taux, elle veut favoriser les crédits et donc relancer les investissements. Si elle l’augmente, c’est qu’il y a un risque d’inflation (trop d’argent circule, les prix augmentent trop rapidement) et qu’elle souhaite contrôler la situation. Page 1

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C’est quoi, les taux directeurs de la BCE ?Le Monde.fr | 10.03.2016 à 20h17 • Mis à jour le 10.03.2016 à 20h25 | Par Alexandre Pouchard

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi 10 mars une série de mesures pour relancer la croissance dans la zone euro. L’institution monétaire a notamment abaissé d’un coup ses trois taux directeurs, à commencer par le principal, le taux central, baromètre du crédit en zone euro : celui-ci a été ramené de 0,05 % à 0 %, une première. Mario Draghi, président de la BCE, a signalé que ces taux allaient rester aussi bas, voire descendre encore plus bas si nécessaire, pendant une longue période, en tout cas bien au-delà de mars 2017. Qu’est-ce que cela signifie ?

Le taux principal, ou de refinancement minimumCe taux est utilisé pour les prêts de la BCE aux établissements bancaires qui ont besoin de liquidités à court terme (une semaine). Elles peuvent en demander chaque semaine, à condition de rembourser le prêt de la semaine précédente.

Les banques sont ensuite censées répercuter l’évolution du taux de refinancement minimum sur les taux d’intérêt qu’elles accordent à leurs clients, particuliers ou entreprises.

Cela signifie que si la BCE diminue son taux, elle veut favoriser les crédits et donc relancer les investissements. Si elle l’augmente, c’est qu’il y a un risque d’inflation (trop d’argent circule, les prix augmentent trop rapidement) et qu’elle souhaite contrôler la situation.

Avec un taux à zéro, les banques vont pouvoir se financer sans frais auprès de la BCE, et devraient ainsi abaisser les taux qu’elles pratiquent auprès de leurs clients qui s’endettent. Les placements des épargnants auprès des banques ne rapporteront plus rien, ce qui doit les inciter à consommer plutôt qu’à thésauriser.

La BCE a progressivement diminué son principal taux directeur

Evolution du taux de refinancement depuis 1999.

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Le taux de dépôtLes banques peuvent choisir de confier des sommes d’argent à la banque centrale (une partie étant obligatoire). Le taux de dépôt correspond aux « intérêts » appliqués à la somme placée et reversés aux banques.

La BCE a adopté en juin 2014, pour la première fois, un taux de dépôt négatif. Elle l’a renforcé, jeudi 10 mars, avec un passage de - 0,3 % à - 0,4 %. Un taux négatif est censé inciter les banques à ne pas laisser « dormir » cet argent auprès de la banque centrale mais à le prêter à leurs clients.

Une augmentation de ce taux sert, au contraire, à diminuer les prêts à l’économie, en cas de risque d’inflation.

Lire aussi :   Taux négatifs : qui accepte de payer pour prêter ?

Le taux de prêt marginalIl est similaire au taux de refinancement, dans le sens où il s’applique quand une banque a besoin de liquidités. Mais ces prêts sont quotidiens et doivent être remboursés pour le jour suivant, contrairement au taux de refinancement, qui est hebdomadaire.

Le taux de prêt marginal est toujours plus élevé que le taux de refinancement. Il a été fixé à 0,25 % le 10 mars.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/10/c-est-quoi-les-taux-directeurs-de-la-bce_4880844_4355770.html#rtIijG3Ul3TJ8KvU.99

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Taux négatifs : qui accepte de payer pour prêter ?Le Monde.fr | 10.03.2016 à 10h29 • Mis à jour le 10.03.2016 à 14h22 | Par Mathilde Damgé

La situation semble défier le bon sens : l’État français emprunte depuis fin août 2014 à des taux négatifs – en tout cas, lorsqu’il s’agit d’emprunts pour une durée inférieure ou égale à quatre ans. Cela signifie que les investisseurs perdent de l’argent en prêtant à la France, pour qui, au contraire, emprunter sur ces échéances devient rémunérateur.L’Agence France Trésor n’est pas la seule dans ce cas : ses homologues en Allemagne, en Suisse ou au Japon sont dans la même situation. Au niveau mondial, selon un calcul de Bloomberg, fin février, c’est plus d’un quart du montant total des emprunts d’État qui affiche désormais un rendement négatif, soit l’équivalent d’environ 6 000 milliards d’euros.

L’ère des taux négatifs prévaut aussi du côté des banques centrales. Certaines d’entre elles acceptent de payer pour prêter de l’argent aux banques. Ces derniers mois, la Banque nationale de Suisse et la Banque de Suède (Riksbank) ont adopté un taux de refinancement négatif : en Suède, une banque qui emprunte 100 à la Riksbank ne remboursera, à terme, que 99,90.

Inversement, ces institutions monétaires ont aussi adopté un taux de dépôt négatif, à l’image de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque du Japon : cela signifie que les banques doivent payer pour placer des liquidités à court terme dans les coffres des banques centrales. Jeudi 10 mars, la BCE a de nouveau abaissé son taux de dépôt de - 0,3 % à - 0,4 %.

Lire aussi :   La BCE dévoile un nouvel arsenal de mesures pour soigner l’économie européenne

Dans ce contexte inédit, économistes et banquiers multiplient les tribunes, chercheurs et think tank y consacrent des études. L’agence de presse américaine Bloomberg a même publié une explication en bande dessinée. Retour en cinq questions sur ce phénomène.

Pourquoi en est-on arrivé là ?Dans le cas des obligations d’État, les investisseurs cherchent avant tout la sécurité : ils sont donc prêts à payer pour placer leur argent en prêtant à un pays considéré comme « sûr ». Une sécurité que les emprunts émis par les grands pays sont a priori de nature à leur apporter.

Dans la zone euro, l’action de la BCE inscrit les marchés dans un contexte de taux très bas, voire parfois négatifs. Une politique monétaire qui tient au fait que la banque centrale n’a plus beaucoup de marge de manœuvre pour relancer l’économie. Des taux très faibles, voire négatifs, permettent d’exercer une pression à la baisse sur le taux de change et d’inciter les acteurs économiques à faire circuler l’argent dans l’économie réelle plutôt que de le laisser dormir dans un coffre, où il ne rapporte rien.

Est-ce vraiment nouveau ?Oui et non. Les taux d’intérêt des obligations d’État françaises ont connu des passages en territoire négatif lors d’une conjonction de faible taux et de forte inflation, produisant des taux d’intérêt « réels » négatifs :

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lorsque le taux d’inflation dépassait le taux d’intérêt nominal, le rendement du prêt consenti devenait négatif pour le prêteur.

Ces épisodes de rendement réel négatif ont été assez courts. Ce qui est nouveau, c’est que la France « offre » désormais sur le marché des titres à rendement négatif : l’Agence France Trésor vend, depuis deux ans, des obligations d’État qui coûtent plus qu’elles ne rapportent à leurs souscripteurs – le déposant confie son argent à l’État en rémunérant ce dernier.

La dette française, comment ça marche

La France se finance essentiellement grâce aux marchés. Son encours total de dette négociable sur les marchés était de 1 576 milliards d’euros au 31 décembre 2015. La majorité de ces emprunts sont à taux fixe, dont certains à taux négatifs.

C’est l’Agence France Trésor qui est chargée de gérer ces emprunts. Concrètement, l’AFT prévient le marché qu’elle va avoir un besoin de financement ; chaque investisseur dit combien il est prêt à mettre. En fonction des offres, l’AFT va attribuer des lots aux taux les plus intéressants pour elle ; ce sont des enchères inversées.

C’est dans ce cadre que la France peut décider d’émettre des emprunts à taux négatifs ; si elle perçoit une demande forte, elle peut miser sur le fait que les investisseurs seront prêts à payer pour lui prêter et obtenir en échange les précieux titres de dette tricolores.

Qui emprunte à taux négatif ?Les États et les banques commerciales, mais pas les particuliers : le code civil l’interdit, comme il défend à une banque de prêter à perte (articles 1892 et 1902). Si les banques centrales peuvent prêter de l’argent avec des intérêts négatifs aux banques commerciales, ces dernières ne peuvent pas en faire de même avec

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leurs clients : tout contrat de prêt stipule que le remboursement intégral est une obligation pour l’emprunteur.

Ainsi, il est impossible d’appliquer un taux négatif aux dépôts des particuliers dans les banques, comme le confirme la BCE : « Il n’y aura aucune incidence directe sur votre épargne. Seules les banques qui déposent des fonds sur certains comptes à la BCE devront payer pour ce faire. »

En réalité, les particuliers souscrivent à ces taux négatifs indirectement puisqu’une large partie de leurs portefeuilles d’assurance-vie (environ 20 %) est investie dans des titres d’État français.

Qui accepte de payer pour prêter et pourquoi ?En ce qui concerne les emprunts d’État, ce sont les grandes banques, les compagnies d’assurance, les fonds de pension… Dans une situation d’excès de liquidités, la question est davantage de ne pas trop perdre d’argent que d’en gagner.

La dette française ou européenne reste un actif sans risque (gestion saine des finances publiques, risque de défaut faible), dont la détention est fortement recommandée par la réglementation actuelle.

« Ces grands investisseurs font aussi le pari que la valeur de l’obligation puisse remonter : ils pourraient alors les revendre à la BCE en faisant une plus-value, explique Victor Lequillerier, du think tank BSI Economics. Mais c’est un pari risqué : si les taux remontent et que le cours de l’obligation diminue significativement, ce pari est perdu. »

Les non-résidents en Europe ont aussi un intérêt à « investir » dans les obligations à taux négatifs : outre la diversification de leurs portefeuilles, acheter de tels produits (libellés en euros) permet de compenser les effets de variations de monnaies des autres actifs. En 1993, seul un tiers de la dette publique française était détenu par des non-résidents ; la proportion était de 63 % à la fin de l’année dernière.

Quels sont les effets et conséquences des taux négatifs ?Quand la Banque nationale de Suisse a commencé à imposer des taux négatifs dans les années 1970, il s’agissait de lutter contre l’appréciation du franc suisse à cause de l’entrée de capitaux étrangers, qui a été dissuadée par cette politique de « taxation » de l’épargne – une politique qui dure encore aujourd’hui.

En 2009, la banque centrale suédoise a procédé de même, mais cette fois pour encourager les banques commerciales à prêter aux entreprises et aux particuliers.

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En pratiquant le taux de « dépôt » négatif, la BCE cherche à inciter les banques à prêter aux ménages et entreprises, mais aussi à faire baisser le cours de la devise par différents mécanismes.

Mais, de l’avis des économistes de Natixis, relancer la croissance et ranimer la circulation de liquidités dans l’économie réelle est un objectif difficile à atteindre :

« Dans la zone euro, le crédit bancaire n’a pas réagi, l’offre de crédit n’étant pas limitée auparavant ; les entreprises n’ont pas réduit leurs dépôts, les banques éprouvant des difficultés pour passer les taux d’intérêt négatifs aux taux des dépôts ; l’euro ne s’est déprécié que transitoirement […]. Le bilan global des taux directeurs négatifs dans le cas de la zone euro est donc très faible. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/10/taux-negatifs-qui-accepte-de-payer-pour-preter_4880059_4355770.html#oR63aHkWcqT0Y6pw.99

Décision historique de la BCE : le pourquoi du comment ? OUEST-FRANCE - Modifié le 10/03/2016 à 16:54 | Publié le 10/03/2016 à 16:48

La banque centrale européenne a décidé ce lundi d'abaisser ses taux directeurs. | AFP

Les taux directeurs de la BCE. | Infographie Visactu.

La Banque centrale européenne abaisse l'ensemble de ses taux directeurs. Pourquoi ? Quelle incidence pour les pays de la zone euro ? Pour les particuliers ? On vous dit tout.La Banque centrale européenne c'est quoi ?La Banque centrale européenne (BCE), instituée le 1er juin 1998, met en œuvre la politique monétaire unique dans la zone euro. En concertation avec les banques centrales nationales de la zone euro, la BCE définit la politique monétaire unique.

C'est quoi un taux directeur ?Le taux directeur de la Banque centrale européenne est en fait le taux auquel la BCE prête des liquidités à court terme aux banques commerciales; ce que qu'on appelle le taux de refinancement. C'est aussi un

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moyen pour la BCE de moduler l'inflation dans la zone euro.

Ce taux directeur, qui peut être revu très régulièrement, est au final le véritable baromètre du coût du crédit dans les pays qui ont adopté la monnaie unique européenne.

 Quelle est aujourd'hui la décision de la BCE ?L'institution monétaire a abaissé d'un coup ses trois taux directeurs, à commencer par le taux central qu'il fait passer de 0,05 % à zéro. C'est une première dans l'histoire du bloc monétaire. Il signifie que les banques se refinancent sans frais auprès de la BCE.

Mario Draghi, président de la BCE, a signalé jeudi que les taux allaient rester aussi bas, voire descendre encore plus bas si nécessaire, pendant une longue période, en tout cas bien au-delà de mars 2017. 

Pourquoi la BCE a-t-elle pris cette décision ?Plus elle prête bas aux banques, plus ces banques vont elles-mêmes prêter bas à leurs clients, ce qui est censé générer une certaine activité. Les banques devraient donc logiquement abaisser à leur tour les taux qu'elles facturent à leurs propres clients qui s'endettent.

Cela veut aussi dire que les placements des épargnants auprès des banques ne rapportent plus rien, ce qui doit les inciter à consommer plutôt qu'à épargner.

Quelle incidence pour les pays de la zone euro ?Depuis mars 2015, la BCE rachète sur les marchés de la dette, principalement des obligations émises par les États de la zone euro. Elle débourse à cette fin 60 milliards d'euros par mois. L'objectif est de faire baisser les taux d'emprunt et de stimuler l'activité économique.

La baisse de l'euro par rapport aux autres devises, parce que les placements en zone euro sont du coup moins attractifs, est un bienfait de cette politique : les produits des exportateurs européens sont moins chers pour les acheteurs hors de la zone euro.

En décembre dernier la BCE a prolongé ce programme d'« assouplissement quantitatif », ou « QE », de six mois, jusqu'à mars 2017. Aujourd'hui elle a fait ce que les marchés attendaient d'elle, et même plus : elle déboursera à partir d'avril 80 milliards d'euros par mois à ce titre. Au total, en deux ans, ce sont 1 740 milliards d'euros qu'elle aura ainsi injectés dans le système, 600 milliards de plus que ce qui était prévu au départ.

Quelle incidence pour les particuliers ? Les placements des épargnants auprès des banques vont perdre en attractivité. À l’inverse, les coûts du crédit ont des chances d'être bon marché. Ce qui devrait pousser les particuliers à emprunter pour mener à bien projets (immobilier, vélo, etc).

LES ÉCHOS 10/03/2016

L’institution baisse l’ensemble de ses taux directeurs et augmente la taille mensuelle de son programme de rachat d’actifs. Celui-ci pourra porter sur les obligations d’entreprises.La BCE a sorti son bazooka monétaire ! Après la légère déception provoquée par ses annonces en décembre dernier une simple baisse du taux de dépôt et des changements cosmétiques à son programme de rachats d’actifs, la Banque centrale européenne avait donné rendez-vous aux marchés en mars. Mario Draghi, le président de l’institution de Francfort, avait en effet promis de procéder à un examen complet de l’orientation de sa politique monétaire , et de la recalibrer si les conditions économiques l’exigeaient.

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La promesse a été plus que tenue : si la baisse du taux de dépôt était attendue, la banque centrale européenne a annoncé des mesures exceptionnellement fortes, qui ont même pris par surprise les spécialistes de la politique monétaire.La BCE a ainsi abaissé son principal taux directeur, le taux de refinancement, qui passe de 0,05% à 0% dès le 16 mars. C’est une première : cela signifie que les établissements bancaires pourront emprunter gratuitement auprès de l’institution monétaire. Le taux d’escompte, passe pour sa part de 0,30% à 0,25%. Le taux de dépôt, baisse encore de 10 points de base pour s’établir à-0,40%. Un peu moins que ce à quoi s'attendaient certains économistes. Plusieurs d’entre eux anticipaient une baisse à -0,50%. De même, la possibilité d’un système de taux négatifs différenciés, en fonction du montant des dépôts, a été discutée, mais n’a pas été retenue.« Ces taux bas, très bas devraient rester en place très longtemps, au-delà de la fin du programme de rachat d’actifs (qui devrait durer jusqu’à mars 2017, NDLR). Ils ne devraient a priori baisser davantage », a déclaré Mario Draghi lors de la conférence de presse qui a suivi l’annonce des mesures. Révision à la baisse des prévisions d’inflation et de croissance

La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé jeudi ses prévisions d’inflation et de croissance pour la zone euro pour 2016 et 2017, prenant acte notamment de la faiblesse du cours du pétrole.L’institution monétaire de Francfort a notamment drastiquement abaissé sa prévision d’inflation pour cette année, de 1% à 0,1%, selon les chiffres communiqués par son président Mario Draghi. La BCE table sur une inflation de 1,3% en 2017 -contre 1,6% auparavant- et 1,6% en 2018. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) devrait être inférieure à ce qu’escomptait jusqu’ici la BCE: 1,4% en 2016, 1,7% en 2017 et 1,8% en 2018.Révolution pour le programme de rachats d’actifs

Du côté du quantitative easing (QE), le programme de rachat d’obligations de la BCE, l’ampleur des mesures est tout aussi impressionnante. Son enveloppe mensuelle passe de 60 à 80 milliards d’euros par mois. Surtout, la banque centrale va intervenir directement sur le marché du crédit aux entreprises, à compter d’avril, en rendant éligibles les obligations émises par des sociétés de bonne qualité (catégorie « investissement ») à son programme. Une véritable révolution.Par ailleurs, la BCE passe désormais la limite de rachat d’une même souche d’obligations de 33% du nombre de titres émis à 50%, mais seulement pour les titres émis par les organisations internationales et les banques de développement supra-gouvernementales.Un soutien de taille à la distribution de crédit

De nouveaux programmes de refinancement long terme (TLTRO) seront proposés aux banques, pour une durée de 4 ans au taux de refinancement, soit 0%. Si le volume des prêts d’une banque est supérieure à un certain niveau, celle-ci pourra bénéficier de taux négatifs, jusqu’à -0,40 %. Les banques toucheront ainsi de l’argent de la BCE pour prêter ! La Bourse de Paris a bondi de plus de 3 % dans la foulée de ces annonces. Les économistes ont été impressionnés, à l'image de Frederik Ducrozet, qui a publié le tweet ci-dessous. Pour l’avenir, le président de la BCE a déclaré que l’institution de Francfort n’était pas à court de munitions, « comme nous l’avons montré aujourd'hui ».

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/monde/europe/021756784535-la-banque-centrale-europeenne-sort-lartillerie-lourde-1206137.php?d7Or1sLZyMJq5fcY.99

Banques: La BCE abaisse son taux d'intérêt directeur à zéro et lance un nouveau prêt20 Minutes avec AFP

La BCE a abaissé son taux directeur à 0% le 10 mars 2016. - BORIS ROESSLER / DPA / AFP

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ZONE EURO La Banque centrale européenne a annoncé ce jeudi une série de mesures destinées à soutenir l'économie européenne...

La Banque centrale européenne a dévoilé ce jeudi un arsenal de mesures de politique monétaire, dont une baisse de son taux central à zéro pour la première fois de son histoire. En outre, un nouveau prêt de long terme géant pour les banques sera lancé en juin 2016.

Trois taux directeurs abaissésEngagée dans une bataille contre l’inflation trop basse de la zone euro, la BCE a abaissé ses trois taux directeurs. Pour la première fois de son histoire, le taux central va être porté à zéro. Ce taux stationnait à 0,05 % depuis septembre 2014.

Le taux de dépôt, qui s’applique aux dépôts de liquidités que les banques font auprès de la BCE d’un jour à l’autre et était à -0,30 % depuis décembre, passe à -0,40 %, a annoncé une porte-parole de la BCE.

Le taux de prêt marginal, lui, passe à 0,25 %.

80 milliards d’euros par mois pour racheter des dettesLa banque des banques va aussi gonfler de 20 milliards d’euros par mois, à 80 milliards, le volume de ses rachats de dettes sur les marchés, et a étendu le champ des titres éligibles pour ces opérations.

En parallèle, elle a décidé de rendre éligibles à ces rachats des obligations émises par des entreprises non-financières de la zone euro, élargissant singulièrement le champ de son action.

Un nouveau prêt de long terme pour les banquesEnfin, les banques seront à nouveau abreuvées de liquidités, avec de nouveaux prêts appelés TLTRO à long terme et taux très avantageux.

Ces mesures vont au-delà des espérances des marchés, qui attendaient seulement une augmentation des rachats de dettes et une baisse d’un des taux directeurs, le taux de dépôt. Les Bourses européennes ont d’ailleurs salué ces annonces, avec un bond dès ces annonces, de 2,5 % à Francfort, de plus de 3 % à Paris à 13 heures par exemple.

L’objectif de toutes ces mesures est d’inciter les banques à faire circuler l’argent dans l’économie, pour faire repartir le crédit, les prix, et la croissance.

Pour créer des CDI, El Khomri a oublié de regarder du côté de l'ItalieLe HuffPost  |  Par Jean-Baptiste Duval Publication: 10/03/2016 13h56 CET Mis à jour: il y a 45 minutes

EMPLOI - Au lendemain de la journée de manifestation pour le retrait de loi El Khomri, le gouvernement avance ses premières concessions pour faire accepter le texte qui sera présenté le 24 mars en conseil des ministres.

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Invitée par France Info, la ministre du travail Myriam El Khomri a précisé que la surtaxation des CDD était "posée sur la table", même si c'est dans le cadre de "la discussion avec les partenaires sociaux sur la nouvelle convention assurance chômage".

Cette question "a un lien avec le projet de loi parce qu'elle vise à réduire la précarité", a ajouté la ministre. Il s'agit d'une demande réitérée à chaque négociation sur l'assurance chômage par tous les syndicats.

En fin d'après-midi, François Hollande lui a apporté son soutien, excluant un retrait du projet de loi, mais reconnaissant qu'il y aurait "forcément" des "corrections à établir" et soulignant que "le CDI doit être la voie normale pour entrer dans l'entreprise".

Une nouvelle taxe pour décourager les CDD et relancer les créations de CDI? Même si cela ne manque pas de bon sens, c'est un peu court. Depuis la dernière négociation chômage, et la création des "droits rechargeables", il y a bien un abus du recours au CDD par certaines entreprises. "Une entente tacite entre salariés et employeurs favorise la multiplication des contrats courts pour garantir les droits à l'indemnisation chômage, sans créer de CDI", décrypte Michel Ruimy, professeur d'économie à l'ESCP, pour le HuffPost.

Moins taxé, le CDD ne contribue pas autant que le CDI au financement de l'allocation chômage. "La surtaxation revient à réduire les facilités sur les contrats courts", poursuit Michel Ruimy.

"Il y aurait une substitution, mais aussi des destructions de CDD"

"Cela pourrait fonctionner, mais cela aura un impact sur le stock de CDD, avertit Xavier Timbeau, directeur principal à l'OFCE. Les CDD sont souvent des emplois peu qualifiés, à bas salaires, très sensibles aux hausses de coût. Il y aurait une substitution, mais aussi des destructions de CDD." Quand on sait que ce statut concerne près de 10% de la population active, surtout chez les jeunes, le gouvernement a intérêt à agir avec prudence...

Si Myriam El Khomri veut redorer le blason du CDI, il existe pourtant d'autres solutions. "Les majorations de cotisations déjà applicables aux CDD n’ont eu aucun effet pour limiter leur développement, dénonce le député-maire de Neuilly-sur-Seine Jean-Christophe Fromantin. (...) Plutôt que de surtaxer le CDD, abandonnons-le et transformons le CDI pour en faire un contrat plus souple pour les entreprises et moins précaire pour les salariés."

En Italie, un nouveau genre de CDI à protection croissante

Pour l'OFCE, le "Jobs Act" du Premier ministre italien Matteo Renzi peut être une bonne source d'inspiration. En 2015, il a introduit une troisième sorte de contrat intermédiaire. "C'est un CDI progressif qui offre des facilités de licenciement les trois premières années. Au terme de cette période, cela ressemble beaucoup à un CDI", analyse Xavier Timbeau, de l'OFCE.

Et au lieu de dissuader par le biais d'une nouvelle taxe, comme l'envisage Myriam El Khomri, ces nouveaux CDI à protection croissante bénéficient d'une exonération de charges pendant trois ans.

Surtout, il va de pair avec de nouvelles garanties. "Le volet qui manque à la loi El Khomri, c'est la partie sécurité en échange de la flexibilité", regrette Xavier Timbeau. Si la définition du licenciement économique est plus souple, il manque sa contrepartie.

Au Danemark, jusqu'à 4 ans d'indemnité chômage en cas de formation

Matteo Renzi a ainsi doublé la durée maximale d'indemnisation, de 12 à 24 mois. En France, le gouvernement demande au contraire une réduction des dépenses de l'assurance chômage. Le 1er février, le ministre des Finances Michel Sapin a levé le "tabou" de la dégressivité des indemnités. Ambiance...

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Aujourd'hui, la péninsule compte à nouveau moins de chômeurs que la France depuis le mois de juillet dernier. Compte tenu de sa population moins nombreuse (60 millions), le taux reste un peu plus élevé qu'en France, proche de 11%. Les chiffres avancés par l'OFCE invitent à réfléchir:

"Outre les nouvelles embauches en CDI, le Jobs Act a conduit à substituer des emplois permanents à garantie progressive aux emplois précaires. Ainsi, 5,4 millions de nouveaux emplois ont été créés en 2015 (+11% par rapport à 2014), principalement à durée indéterminée. Sur les 2,4 millions de CDI créés, on dénombre 1,9 million de nouveaux CDI et 500 000 de contrats à durée déterminée transformés en CDI (dont 85 000 contrats d’apprentissage), en forte hausse par rapport à 2014.

Bien sûr, la France n'est pas l'Italie, et la plan Renzi n'est pas irréprochable. Ainsi, il n'a pas introduit de vrai progrès du côté de la formation. Qu'importe, Myriam El Khomri n'aura qu'à regarder du côté du Danemark cette fois. Les chômeurs qui acceptent une formation peuvent prétendre jusqu'à une durée impressionnante de quatre ans dans ce cas. En France, le maximum est de 36 mois pour les plus de 50 ans.

Politique économique : haro sur l'AllemagneFace au risque de stagnation séculaire ces 10 prochaines années, la plupart des économistes exhortent Berlin à assouplir d'urgence sa politique budgétaire.Par Marc Vignaud Publié le 04/03/2016 à 06:10 | Le Point.fr La croissance dépendra de la capacité de la zone euro à coordonner sa politique budgétaire. © IP3/ Julien MUGUET Quel sera le niveau de croissance de la prochaine décennie ? C'est la question que s'est posée France Stratégie, le centre de réflexion non partisan du gouvernement, dans le premier volet d'une série de notes censées éclairer le débat sur les projets lors de la campagne présidentielle.

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Et la conclusion de ce travail rédigé par l'économiste Arthur Sode n'est pas très optimiste. Alors que la logique économique voudrait que la croissance dans les économies avancées reparte fortement après une décennie post-crise financière perdue (1,1 % de croissance moyenne), le rebond est loin d'être assuré au cours des deux quinquennats potentiels d'un futur président français de 2017 à 2027. Le prochain chef de l'État ne pourra toujours pas miser sur un retour cyclique à 2 ou 2,5 % pour bâtir son programme, comme l'avait fait François Hollande en 2012. Une erreur qui a plombé le mandat de l'actuel locataire de l'Élysée.Vieillissement de la population

Il est beaucoup plus probable qu'il doive se contenter d'un PIB en hausse de 0,5 à 2 %, un scénario central peut-être encore trop optimiste. La croissance potentielle pourrait avoir été durablement affaiblie en zone euro par la profondeur et la durée de la crise, qui a exacerbé le chômage de longue durée et un sous-investissement prolongé.Plusieurs autres freins structurels devraient tirer la croissance des pays avancés vers le bas, comme le vieillissement de la population. Pour la première fois, la population active commence à fléchir et la productivité de la population en âge de travailler, vieillissante, devrait aussi en souffrir.Augmentation des inégalités

Et cela, alors que les économies avancées font toujours face à un endettement, public comme privé, fort. « La zone euro est très en retard sur ce point : depuis la crise de 2008-2009, il n'y a pas eu de désendettement public et privé », a relevé Arthur Sode lors d'une présentation, jeudi matin. Du coup, les agents économiques consacrent une part importante de leurs revenus au paiement d'intérêts plutôt qu'à l'investissement.Autre frein à la croissance : l'augmentation des inégalités observées « depuis le début des années 1990 ». Auparavant, ses effets négatifs étaient compensés par la hausse de l'endettement des ménages, qui pouvaient ainsi continuer à consommer et à acheter des maisons. Ce n'est plus le cas. L'augmentation des inégalités pèse d'autant plus sur l'activité économique que les ménages modestes ont une propension moyenne à consommer plus importante que les plus riches, lesquels privilégient l'épargne.Le moteur des émergents en panne

À cela il faut ajouter la baisse de la contribution des pays émergents à la croissance mondiale, alors qu'ils ont progressé de 5,5 % en moyenne au cours de la décennie précédente et que leur poids dans l'économie mondiale augmente. On pense évidemment à la Chine, qui change de modèle de croissance. « Elle arrive à la fin d'un cycle sur ce qu'elle peut faire pour relancer sa croissance en termes de politique budgétaire et de politique monétaire », estime Arthur Sode.À ces freins quasi certains à la croissance mondiale il faut ajouter plusieurs facteurs d'incertitude forte. Outre des risques géopolitiques importants, certains pays émergents pourraient se retrouver pris dans la « trappe à revenu intermédiaire », c'est-à-dire la difficulté de passer du statut de pays en développement à pays développé, une fois le rattrapage technologique « le plus facile » effectué.Techno-optimistes contre techno-pessimistes

Mais, pour l'économiste Gilbert Cette, venu commenter la note de France Stratégie, le risque le plus important pour la France est celui du déclin de la productivité du travail, principal facteur de croissance de l'économie à long terme dans les économies avancées. Depuis le milieu des années 2000, elle connaît un recul marqué un peu partout. C'est tout le débat de la « stagnation séculaire », envisagé du côté de l'offre, c'est-à-dire de la production. Malgré la diffusion des nouvelles technologies, la progression de la productivité ne cesse de ralentir. Toute la question est de savoir si ce ralentissement est permanent ou provisoire. Les techno-pessimistes comme l'Américain Robert Gordon s'opposent à ceux qui croient à l'avènement d'une nouvelle vague de progression de la productivité, comme Gilbert Cette. « Il y a des gains phénoménaux à venir dans tout un tas de domaines, estime cet économiste français spécialiste de la croissance. Je suis relativement optimiste, même si ce n'est peut-être pas à attendre pour les deux à quatre années qui viennent. » D'autant qu'en matière de technologie l'Europe a accumulé du retard par rapport aux États-Unis, ce qui pourrait lui permettre de bénéficier d'un effet de rattrapage. Même à supposer que la productivité rebondisse, encore faut-il que ses effets ne soient pas entravés par la stagnation séculaire décrite par l'ancien secrétaire d'État au Trésor de Bill Clinton, Lawrence (Larry) Summers. Le problème serait cette fois du côté de la demande. Pour cet économiste américain, il est à craindre que la politique monétaire expansionniste des banques centrales soit devenue « inopérante ».

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Déjà à zéro, voire négatifs, les taux d'intérêt des banques centrales ne peuvent pas descendre suffisamment pour s'attaquer à un excès d'épargne dont le miroir n'est rien d'autre qu'un manque d'investissement au niveau mondial (à cause du creusement des inégalités et d'une montée spectaculaire des taux d'épargne dans les pays émergents depuis 2008). Le manque de demande de capital destiné à des investissements dans des activités productives et innovantes (Apple, comme d'autres grandes sociétés, ne sait pas quoi faire de son énorme cash) pourrait même être renforcé par le développement de l'économie du partage « peu gourmande en capital nouveau », souligne la note. Un scénario dans lequel le Japon se débat depuis la fin des années 1980. Face à un tel diagnostic, seule la politique budgétaire serait efficace. Il serait donc urgent de lancer un programme d'investissements publics, tout particulièrement en zone euro, caractérisée par un fort excès d'épargne.Lire aussi La croissance est-elle derrière nous ? L'Allemagne en ligne de mireQu'ils soient plutôt de droite ou de gauche, les économistes sont donc dorénavant quasi unanimes pour réclamer au minimum une coordination des politiques budgétaires en zone euro afin de la rendre plus expansionniste. Faute de quoi la croissance pourrait rester anémique encore longtemps. « Le déficit de demande et l'excès d'épargne sont un problème très lourd et concernent spécifiquement la zone euro », souligne Gilbert Cette.Autrement dit, Berlin doit accepter de mettre fin à l'anomalie que constitue son énorme excédent courant de 8 % de sa production annuelle, supérieure à la limite de 6 % fixée par les institutions européennes. « Si l'Allemagne garde un excédent courant de 8 % du PIB, on va avoir un gros problème de croissance. Le problème immédiat de la zone euro est celui de la demande », martèle l'économiste, par ailleurs avocat de réformes structurelles ambitieuses en France (marché du travail, etc.). L'Allemagne doit donc accepter de relâcher sa discipline budgétaire pour stimuler l'économie européenne, car tout le monde ne peut pas tout miser sur la relance de la compétitivité, comme l'a fait l'Espagne après la crise, au détriment de ses voisins.La France doit toujours faire des efforts

Le chef économiste Europe de Bank of America Merrill Lynch, Gilles Moëc, va plus loin : « Il y a une croyance un peu simpliste dans la capacité des réformes structurelles à relever à elles seules la croissance », explique-t-il, même si l'Europe et la France, en particulier, auraient plus de marge de manœuvre que les États-Unis en la matière. Lui aussi en appelle donc à un stimulus budgétaire à l'échelle de la zone euro afin de relancer l'investissement public.Mais cela ne veut pas dire pour autant que la France peut lâcher la bride des dépenses publiques, surtout pour financer ses transferts sociaux. Contrairement à l'Allemagne, avec un taux de dépenses de plus de 57 % du PIB, « la France est un peu au bout de ce que peut faire la politique budgétaire en termes quantitatifs », prévient Gilbert Cette.

Et si la croissance était derrière nous ?Des économistes américains craignent l'avènement d'une "stagnation séculaire". La France a-t-elle encore une capacité de rebond ? Par Marc Vignaud

Publié le 15/09/2014 à 12:52 - Modifié le 15/09/2014 à 17:39 | Le Point.fr

Le film se répète d'année en année. Au moment d'établir son budget, le gouvernement table sur la croissance pour boucler les comptes. 0,8 % du PIB en 2013, 1 % en 2014, 1,7 % en 2015. Puis l'indécrottable optimisme de François Hollande est démenti par les faits. En 2013, la croissance a finalement plafonné à 0,3 %. Cette année, elle ne devrait pas dépasser 0,4 %. Et, pour l'année prochaine, Bercy ne se fait plus d'illusions : le PIB ne devrait pas augmenter de plus de 1 %.

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Et si la véritable croissance était derrière nous ? La question agite la communauté des économistes. François Hollande et les experts de Bercy semblent eux-mêmes se la poser. Selon Les Échos de vendredi, le retour promis à 3 % de déficit en 2017 repose sur des hypothèses un peu plus raisonnables que celles de la trajectoire budgétaire transmise à Bruxelles en avril. Au lieu de 2,25 % par an, Bercy aurait retenu 1,6 % en 2016 et 1,9 % en 2017. Mais il se pourrait que ces estimations soient encore beaucoup trop optimistes.

L'alarme des Américains

La croissance pourrait, en effet, être durablement faible et ne jamais revenir à ses niveaux d'avant-crise. L'hypothèse ne concerne pas seulement la France, mais l'ensemble des pays développés. Pour preuve, ce sont surtout des économistes américains qui ont sonné l'alarme, à commencer par Larry Summers, célèbre secrétaire au Trésor du président américain Bill Clinton et candidat malheureux à la présidence de la banque centrale. Selon ces oiseaux de mauvais augure, le déclin de la croissance est inexorable à long terme. Au point qu'il faudrait se préparer à un risque de "stagnation séculaire", susceptible de faire vaciller le modèle économique des sociétés occidentales.

Pour Larry Summers, la croissance est menacée aux États-Unis par une demande insuffisante, liée à l'accroissement continu des inégalités de revenus, les riches ayant une tendance à épargner une plus grande partie de leurs revenus plutôt qu'à consommer. Une mécanique qui finit par réduire les opportunités d'investissements des entreprises dans l'économie réelle. Gavées de cash dont elles ne savent plus quoi faire, elles préfèrent placer leur montagne de profits sur les marchés financiers, voire dans l'immobilier, au risque de générer des bulles, plutôt que d'investir. De quoi expliquer le succès, outre-Atlantique, du livre de Thomas Piketty Le Capital au XXIe siècle, centré sur la dynamique des inégalités.

Vers un ralentissement du progrès technique ?

Selon les tenants de la "stagnation séculaire", la tendance au déclin de la croissance, déjà engagée depuis des décennies, serait aussi entretenue par l'affaissement du progrès technique. C'est la thèse de Robert Gordon. L'économiste américain estime que les révolutions industrielles nées de l'invention de l'électricité, puis de la combinaison du moteur à essence et des canalisations domestiques, ont été infiniment plus importantes pour l'augmentation de la qualité de vie et de la productivité que l'électronique grand public. Et il ne voit pas de technologies futures capables d'inverser la tendance. Or, si les gains de productivité peuvent d'abord conduire à détruire de l'emploi (par l'utilisation plus intensive de machines, par exemple), ils constituent à long terme une source de croissance.

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Beaucoup ne partagent pourtant pas un tel pessimisme sur le progrès technique. Barry Eichengreen, lui aussi économiste américain, ne croit pas qu'il soit durablement stoppé. "Les pessimistes ont prédit un ralentissement du rythme des inventions pendant des siècles et ils ont eu constamment tort", écrit-il. Ce spécialiste du système monétaire mondial voit un potentiel formidable dans le développement des robots intelligents ou de la génétique. Et rappelle que les débuts de l'électrification, dans les années 1890, ont été marqués par une période de faible augmentation de la productivité, parce que l'économie n'avait pas eu le temps de s'adapter pour profiter du progrès.

Déclin de la productivité du travail ?

D'autres économistes relativisent le ralentissement de la productivité en invoquant des problèmes d'évaluation du phénomène. Si la comptabilité nationale prend en compte l'amélioration de la qualité des biens, elle ne sait en effet pas mesurer celle de la qualité des services. Le gain de temps généré par les commandes sur Internet n'est, par exemple, pas bien appréhendé. Beaucoup de nouveaux services gratuits, comme YouTube ou Google, ne comptent donc pour rien dans le calcul de la richesse nationale produite.

En attendant, le déclin des gains de productivité du travail, c'est-à-dire le rapport entre une production donnée et les moyens humains mis en oeuvre pour l'obtenir, apparaît en tout cas particulièrement fort en Europe. "Depuis les années 1970, les gains de productivité dans la zone euro ont continuellement diminué ; ils sont devenus aujourd'hui extrêmement faibles", écrit Patrick Artus, le directeur de la recherche économique de la banque Natixis.

Pour ce partisan de réformes structurelles ambitieuses, le "PIB potentiel"* de la France est donc durablement affaibli. En d'autres termes, le volume de richesses que l'économie française est capable de produire de façon récurrente par la simple combinaison du volume de travail et de capital disponibles ainsi que du progrès technique a diminué.

Nombreux sont les experts qui pensent en effet, comme Patrick Artus, que la crise financière, puis celle de la zone euro, a été d'une telle violence qu'elle a détruit de façon permanente des capacités de production. Pour eux, les usines fermées auront beaucoup de mal à être remplacées tandis que des chômeurs sans emploi depuis plus d'un an, voire deux, auront énormément de difficulté à se réinsérer un jour sur le marché du travail, même en cas d'amélioration de la conjoncture. Dans une note de juin, l'économiste de Natixis évalue ainsi que la crise a détruit 2,4 % du PIB potentiel de la France. Et il estime la "croissance potentielle à 10 ans" à seulement 0,8.

La démographie, atout de la France

Mais ces chiffres sont très controversés. Car le calcul du PIB et de la croissance "potentiels" est loin d'être une science exacte. Pour Éric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la "croissance potentielle" française atteint encore 1,3 %, dont 0,4 point au titre de la croissance de la population active et 0,9 point au titre de la hausse de la productivité du travail. La France jouirait ainsi de son relatif dynamisme démographique par rapport à d'autres pays avancés.

Certes, "la croissance de la productivité est aujourd'hui quasi nulle", reconnaît Éric Heyer. Mais, pour cet économiste partisan d'un relâchement des contraintes budgétaires en zone euro, cette situation n'est pas durable. La productivité devrait se redresser en cas de reprise conjoncturelle : "Les entreprises nous disent dans les enquêtes qu'elles peuvent produire plus sans embaucher." Face à la crise, elles auraient en effet moins ajusté leurs effectifs qu'elles n'auraient pu le faire. En d'autres termes, elles auraient conservé des capacités de production non utilisées. En cas de reprise, elles vont donc améliorer leur productivité plutôt qu'embaucher. À court terme, la hausse de la productivité détruit donc de l'emploi. Mais à long terme, elle en crée.

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Déficit structurel ou temporaire ?

Très théorique, le débat sur le déclin supposé du potentiel de croissance de l'économie sous-tend en réalité tout le débat qui oppose le gouvernement aux frondeurs sur l'arbitrage entre politique "de l'offre" ou "de la demande". Si les tenants de l'affaiblissement durable de la croissance ont raison, alors le déficit public de la France est bien plus structurel que ne le disent les spécialistes de Bercy. Le risque est qu'il ne se résorbe jamais. La dette pourrait alors devenir insoutenable. La solution ne peut être que radicale : la poursuite de réformes structurelles lourdes tout en continuant à marche forcée la réduction du déficit.

Au contraire, si la chute de croissance est essentiellement conjoncturelle, liée à une politique monétaire trop restrictive, un euro trop fort et des politiques budgétaires trop rigoristes, alors le déficit est en grande partie conjoncturel. Il peut donc être largement résorbé par une relance de l'investissement européen, un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire et un relâchement de la rigueur budgétaire pour générer de la croissance. "Le risque est que la théorie de l'effondrement de la croissance potentielle devienne une prophétie auto-réalisatrice, prévient Éric Heyer. Car plus l'austérité se prolonge et plus l'économie détruit son potentiel."

* Le PIB potentiel est le PIB qu'une économie peut atteindre sans accélération de l'inflation grâce à la combinaison du progrès technique et du volume des deux facteurs de production, le capital et le travail. Le volume de travail est notamment déterminé par l'évolution de la population active, son temps de travail, le taux d'emploi.

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L'Allemagne anticipe un budget équilibré jusqu'en 2020, malgré la crise migratoireBoursorama avec AFP le 23/03/2016 à 14:19

Berlin estime que l'équilibre budgétaire peut être maintenu jusqu'en 2020, bien que l’accueil des réfugiés entraîne des dépenses supplémentaires.En grand défenseur d'une stricte orthodoxie budgétaire, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble avait déjà prévu de faire de ce "zéro pile" la norme budgétaire pour les années à venir. En 2014, l’État fédéral allemand avait réussi à équilibrer son budget et à ne pas contracter de nouvelles dettes. Le ministre estime que cet équilibre pourra être maintenu en 2017, grâce à une augmentation des rentrées fiscales, et jusqu'en 2020, selon un premier projet de budget pour 2017 que l'AFP a pu consulter mardi 22 mars et qui doit être présenté ce mercredi.Le volume total du budget fédéral doit passer de 316,9 milliards en 2016 à 325,5 milliards d'euros en 2017, selon ce projet. Recettes et dépenses de l’État allemand devraient ensuite continuer d'augmenter au même rythme sur les années 2018, 2019 et 2020, jusqu'à atteindre 347,8 milliards d'euros en 2020.Le budget de l’État fédéral est une composante du budget de l'Allemagne, aux côtés des comptes publics des États régionaux, des communes et des caisses de sécurité sociale. Au niveau national, les comptes publics étaient légèrement excédentaires l'année dernière, et devraient le rester sur les prochaines années. NOUVELLES DÉPENSESLes dépenses elles, sont anticipées également à 325,5 milliards d'euros exactement, avec 33,7 milliards d'euros d'investissements. L'afflux sans précédent de réfugiés va engendrer d'importantes dépenses : l’État allemand a prévu une enveloppe 10 milliards d'euros à cet effet.Berlin va continuer de financer des cours d'allemand, des programmes d'intégration, ou encore le renforcement des forces de police. S'ajoutent 800 millions d'euros pour la construction de logements, 1,1 milliard d'euros pour l'intégration sur le marché du travail et 450 millions d'euros pour des mesures de politique familiale.En 2015, l'Allemagne a accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile, et des milliers de personnes continuent d'affluer vers le pays. "C'est le plus grand défi depuis la Réunification" de l'Allemagne en 1990, "son financement a pour le gouvernement la plus grande priorité", affirme le projet de budget.Le "conseil des Sages", cinq économistes allemands influents qui conseillent le gouvernement, y voient aussi un "défi", car l'intégration des nouveaux migrants sur le marché du travail est beaucoup retardée par la longueur des procédures d'asile. Ils considèrent qu'environ 360.000 réfugiés reconnus comme tels seront sur le marché du travail allemand d'ici fin 2017, mais que beaucoup d'entre eux seront dans un premier temps sans emploi.1,5% DE CROISSANCE MOYENNE ANNUELLE Dans son projet, le gouvernement table sur une croissance économique annuelle moyenne de 1,5% jusqu'en 2020. Les "Sages" tablent sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,5% pour 2015 et 1,6% pour 2016 et 2017. "La reprise se poursuit en Allemagne", portée par la consommation intérieure, estiment-ils dans un communiqué publié mercredi 23 mars. L'économie allemande profite notamment "de la bonne situation du marché du travail, d'une politique fiscale expansionniste et d'une politique monétaire particulièrement accommodante", ajoutent-ils.Quant aux turbulences observées sur les marchés financiers en début d'année, elles sont "un signal que les investisseurs se préparent à une longue période de taux bas qui va à l'encontre du modèle d'activité des banques" et n'indiquent pas "de recul global de la croissance", selon eux. Outre cette agitation sur les marchés financiers, les perspectives de l'économie mondiale comprennent de nombreux risques notent les Sages : difficultés économiques en Chine et dans d'autres pays en développement, aggravation de conflits géopolitiques, "résurgence de la crise de l'euro" ou encore le risque de voir le Royaume-Uni quitter l'Union européenne si le "non" l'emporte au référendum de juin.

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