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A LA MEMOIRE DES 1 500 000 VICTIMES ARMENIENNES 24 avril 2018 : 103e anniversaire du génocide arménien de 1915 perpétré par le gouvernement Jeune-Turc 103 ans de déni : ça suffit ! --------------------------------------------------------------- ---- VEILLE MEDIA Lundi 25 Juin 2018 Retrouvez les informations sur notre site : http://www.collectifvan.org Rubrique Info Collectif VAN : http://www.collectifvan.org/rubrique.php?r=0&page=1

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A LA MEMOIRE DES 1 500 000 VICTIMES ARMENIENNES

24 avril 2018 : 103e anniversaire du génocide arménien de 1915

perpétré par le gouvernement Jeune-Turc

103 ans de déni : ça suffit !

-------------------------------------------------------------------

VEILLE MEDIA

Lundi 25 Juin 2018

Retrouvez les informations sur notre site :

http://www.collectifvan.org

Rubrique Info Collectif VAN :

http://www.collectifvan.org/rubrique.php?r=0&page=1

SOMMAIRE

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme] vous propose une revue de presse des informations parues dans la presse francophone sur les thèmes concernant le négationnisme, le racisme, l'antisémitisme, le génocide arménien, la Shoah, le génocide des Tutsi, les crimes perpétrés au Darfour, la Turquie, l'Union européenne, l'occupation de Chypre, etc... Nous vous suggérons également de prendre le temps de lire ou relire les articles mis en ligne dans la rubrique Info Collectif VAN et les traductions regroupées dans notre rubrique Actions VAN. Par ailleurs, certains articles en anglais, allemand, turc, etc, ne sont disponibles que dans la newsletter Word que nous générons chaque jour. Pour la recevoir, abonnez-vous à la Veille-Média : c'est gratuit ! Vous recevrez le document du lundi au vendredi dans votre boîte email. Bonne lecture!

24/06/2018 - Info Collectif VAN Élections en Turquie : Arrestation de la délégation du PCF en Turquie 

22/06/2018 - Info Collectif VAN Turquie : Une parodie de justice pour Taner Kiliç, président d’honneur d’Amnesty Turquie 

25/06/2018 - Info Collectif VAN Collectif VAN : l'éphéméride du 25 juin 

20/06/2018 - Info Collectif VAN Arménie: Signature de l’Accord de réadmission avec les pays du Benelux 

25/06/2018 - Le Monde Erdogan réélu, les Turcs face à l’« hyper-présidence » 

25/06/2018 - Ariane Bonzon - Slate.fr Présidentielle turque: Erdogan parachève sa conquête absolue du pouvoir 

25/06/2018 - Gauthier RYBINSKI - France 24 La victoire d'Erdogan "prouve la droitisation complète de la Turquie" 

25/06/2018 - Bourdin Direct (avec C.P.) - BFMTV Membres du PCF arrêtés en Turquie: "Nous avons reçu plus de 200 menaces de mort dans la nuit" 

25/06/2018 - Ouest-France Présidentielle en Turquie. Recep Tayyip Erdogan officiellement élu au 1er tour 

25/06/2018 - Le Point Turquie : Erdogan remporte l'élection présidentielle 

24/06/2018 - YVES BOURDILLON - Les Echos La Turquie d'Erdogan restera un partenaire international difficile 

24/06/2018 - Francetvinfo Turquie : à l'approche d'un double scrutin crucial, le principal parti pro-kurde joue sa survie 

24/06/2018 - RTL.be Turquie: Erdogan célèbre sa réélection à la présidence 

24/06/2018 - Bruno RIPOCHE - Ouest-France Élections en Turquie. « Erdogan dresse les gens les uns contre les autres » 

24/06/2018 - Bruno RIPOCHE - Ouest-France Élections en Turquie. « Erdogan ne peut se permettre de perdre » 

24/06/2018 - Zafer SIVRIKAYA - Ouest-France Élections en Turquie. « Un scrutin non libre et non équitable » 

24/06/2018 - Zafer SIVRIKAYA - Ouest-France Turquie. Des élections sous très haute tension pour Erdogan ce dimanche 

24/06/2018 - Bruno RIPOCHE et Zafer SIVRIKAYA - Ouest-France Turquie. Les électeurs semblent hésiter à sacrer le « reis » Erdogan 

24/06/2018 - Zafer SIVRIKAYA - Ouest-France Élections en Turquie. Izmir l’« infidèle », bastion de l’opposition à Erdogan 

24/06/2018 - TV5MONDE Elections en Turquie : Erdogan menacé ? 

23/06/2018 - La Croix Un nouvel évêque pour les Arméniens catholiques de France 

23/06/2018 - Anissa El Jabri - RFI Turquie: la purge sans fin 

23/06/2018 - Anissa el-Jabri - RFI Medyascope, chaîne indépendante en Turquie: faire «notre boulot comme il faut» 

23/06/2018 - Myriam Baele - RTBF "Purge" des services publics en Turquie: un médecin témoigne 

23/06/2018 - 20MINUTES.FR Elections en Turquie: Qui face au président Recep Tayyip Erdogan ? 

23/06/2018 - Ariane Bonzon - Slate.fr Loi électorale et manipulation, Erdogan aura tout fait pour gagner 

23/06/2018 - Nouvel Obs Selahattin Demirtas, le candidat qui peut faire basculer le destin d'Erdogan depuis sa cellule 

22/06/2018 - Le Figaro.f Turquie: 14 membres présumés de l'EI arrêtés 

22/06/2018 - Allan Kaval - Le Monde La campagne très électorale de l’armée turque en Irak et en Syrie 

22/06/2018 - L'Humanité Turquie. Le tribunal défie toute logique en ordonnant le maintien en prison du président d’Amnesty Turquie 

22/06/2018 - L'Echo "Si Muharrem Ince gagne la présidence turque, nous levons l'état d'urgence dans les 48h" 

22/06/2018 - Marianne Meunier - La Croix « Il faut cesser d’envisager la Turquie à travers des filtres » 

25/06/2018 - Anissa el-Jabri et Alexandre Billette - RFI Turquie: Recep Tayyip Erdogan a gagné son pari 

25/06/2018 - L'Orient le Jour Poutine salue la "grande autorité politique" d'Erdogan après sa réélection 

25/06/2018 - Franceinfo Erdogan réélu en Turquie dès le premier tour : "C’est un régime d’extrême droite, un régime où il n’y a plus aucune liberté" 

25/06/2018 - Julien Sellier avec Jérôme Florin - RTL Le journal de 6h30 - Turquie : soupçons de fraudes après l'élection d'Erdogan 

25/06/2018 - Géraldine Hallot - France Inter En Turquie, Erdogan réélu pour un nouveau mandat 

25/06/2018 - France Inter En Turquie, "Erdogan a une maîtrise hors du commun du processus électoral" 

25/06/2018 - NAM L’Union européenne accorde une aide de 3 millions d’euros pour les réfugiés syriens en Arménie 

24/06/2018 - Sara Daniel - L’Obs Turquie : Erdogan, l'inéluctable dérive autocrate 

24/06/2018 - Europe 1 Elections en Turquie : la délégation française communiste relâchée 

24/06/2018 - L'Orient le Jour Erdogan revendique la victoire à l'issue d'élections disputées 

24/06/2018 - MARINE BUISSON - Le Soir Élections en Turquie: et maintenant, place à l’hyperprésidence 

23/06/2018 - Le Point Turquie : ultime confrontation entre Erdogan et Ince à la veille des élections 

23/06/2018 - Marie Jégo - Le Monde En Turquie, des élections aux enjeux inédits pour Erdogan, face à une opposition ragaillardie 

23/06/2018 -Mediapart L'actu dessinée : la Turquie à l'heure du vote 

22/06/2018 - Vincent Hervouet - Europe 1 Turquie : suspense à J-2 avant l'élection présidentielle 

INFOS COLLECTIF VAN

Élections en Turquie : Arrestation de la délégation du PCF en Turquie

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous soumet ici le Communiqué du PCF (Parti communiste français) mis en ligne le 24 juin 2018. 

PCF 

URGENT/Élections en Turquie : Arrestation de la délégation du PCF en Turquie 

24/06/2018 - PCF 

La délégation du PCF qui séjourne en Turquie à Agri comme observateur des élections présidentielles et législatives a été arrêtée et ses membres ont comparu ce matin devant le procureur de la république. 

Le pouvoir turc veut ainsi étouffer toutes les voix qui dénoncent les fraudes massives à l'œuvre, notamment en véhiculant sur Twitter que « les membres de la délégation seraient de faux observateurs qui tenteraient de manipuler les élections ». 

Le PCF condamne ces méthodes qui ne font que le renforcer résolument à rester aux côtés des démocrates de Turquie qui entendent mettre un terme à la dictature de R.T. Erdogan. 

La délégation se compose de Christine Prunaud, Sénatrice des Côtes d’Armor, Hulliya Turan, Secrétaire départementale du Bas-Rhin et Pascal Torre, Membre du secteur des Relations Internationales au PCF. 

Parti communiste français, 

Paris, le 24 juin 2018.

https://2017.pcf.fr/urgent_lections_en_turquie_arrestation_de_la_d_l_gation_du_pcf_en_turquie

http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=99308

Turquie : Une parodie de justice pour Taner Kiliç, président d’honneur d’Amnesty Turquie

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN publie ci-dessous le Communiqué d'Amnesty International en date du 22 juin 2018. 

Amnesty International 

Une parodie de justice pour Taner Kiliç 

Publié le 22.06.2018. 

Les éléments de l'accusation s’effondrent pendant le procès, et pourtant notre ami et collègue, Taner Kiliç, président d’honneur d’Amnesty Turquie, reste en prison. Une incarcération défiant toute logique. 

Au terme de la cinquième audience du procès contre Taner et les 10 autres défenseurs des droits humains, le tribunal a pris la terrible décision de prolonger la détention de Taner Kiliç. 

Déjà une année passée loin de sa famille, et en l’absence du moindre début d’élément crédible présenté pour soutenir les accusations absurdes portées contre lui, son incarcération cruelle et prolongée défie toute logique. 

Aujourd’hui, c’est la consternation et l’incompréhension pour les proches de Taner et pour la communauté des défenseurs des droits humains. La prochaine audience se tiendra le 07 novembre. 

Aucune preuve crédible 

La décision cruelle prononcée aujourd’hui de maintenir notre collègue en prison est une parodie de justice de plus 

Avec plus de 2 heures de retard dès le démarrage de l’audience, cette journée aura été marquée par une longue attente et une tension forte. Au fur et à mesure des témoignages et des preuves présentées, toutes les allégations s’effondrent contre Taner Kiliç et les 10 d’Istanbul. 

Concernant le cas précis de Taner Kiliç, la principale accusation à son encontre concernait le téléchargement d’une application d'une messagerie présentée par les autorités comme utilisée par les responsables du coup d'Etat avorté. 

Cependant, non pas un mais DEUX rapports de Police ont confirmé hier qu’il n’a jamais téléchargé cette application. 

Lire aussi : Absence de preuve pour l'accusation de Taner Kiliç 

Des témoignages incohérents 

Pour les 10 d’Istanbul, une partie de l’accusation reposait sur l’interception par un "témoin secret" d'une conversation de 5 minutes de l'atelier de formation auxquels participaient les 10 D'Istanbul. 

Il accusait les participants à cette formation d’avoir tenu une réunion secrète et des discours complotistes. Le témoin secret qui aura répondu aux questions des avocats de la défense et du juge pendant un peu moins d’une heure, a refusé de répondre à plusieurs questions, n’était plus sûr de ce qu’il avait vu ou entendu, et ne se rappelle à quel moment de la journée il aurait entendu ce bout de discours.

Il aurait intercepté ce bout de conversation derrière une porte (entrouverte) et en se rendant aux toilettes... Quelle mascarade ! 

Alors que Taner Kiliç devrait plus que jamais recouvré la liberté, que sa famille s’apprêtait à fêter sa libération, la justice turque a finalement décidé de le réincarcérer. 

La Justice turque vit un jour sombre. C'est un nouveau coup très rude démontrant que les autorités turques ne reculeront devant rien, et que cette farce cruelle pourrait encore durer longtemps. 

Comme toujours, nous devrons nous mobiliser avec encore plus de force, pour montrer à ces mêmes autorités qu'elles ne feront pas plier notre détermination à le voir libre. 

https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/une-parodie-de-justice-pour-taner-kilic

http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=99310

Arménie: Signature de l’Accord de réadmission avec les pays du Benelux

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous invite à lire le Communiqué de presse du Ministère des Affaires étrangères de la République d’Arménie publié le 20 juin 2018. 

Ministère des Affaires étrangères de la République d’Arménie 

Communiqués de presse 

Un Accord de réadmission a été signé avec les pays de Benelux à Bruxelles 

20.06.2018 

Le Ministre des Affaires étrangères d’Arménie, Zohrab Mnatsakanyan, qui est en visite de travail à Bruxelles, a assisté, le 20 juin, à la cérémonie de signature de l’Accord de réadmission avec les pays du Benelux. 

Le Chef de la diplomatie arménienne, Zohrab Mnatsakanyan, le Secrétaire d'État à l'Asile et aux Migrations, Theo Francken et Secrétaire général adjoint à la direction du secrétariat général du Benelux, Alain de Muyser, ont prononcé des discours de salutation lors de la cérémonie. 

Le Chef de la diplomatie arménien, se référant aux résultats de la mise en œuvre de l'accord de réadmission, a souligné: «Ensemble avec l'Union européenne et les États membres, nous avons mis en œuvre plusieurs projets visant à créer des conditions favorables et de soutenir la réintégration complète de nos citoyens, prenant en considération non seulement les aspects socio-économiques, mais aussi psychologiques du processus. Des efforts ont été déployés pour le renforcement des capacités des organismes gouvernementaux arméniens en vue d’élaborer leur propre politique de réintégration. La réadmission et la réintégration sont à la base du partenariat de mobilité". 

Nous accordons également une attention particulière à la sensibilisation, ainsi qu’à la lutte contre la migration illégale. Et nos organismes chargés de l’application de la loi sont prêts à poursuivre la coopération avec les États membres de l'UE autour de toutes les questions en suspens. Nous avons des relations de travail très chaleureuses et pragmatiques avec l’UE et les pays de Benelux. Le protocole de mise en œuvre qui sera signé dans quelques minutes sera un ajout précieux au cadre juridique existant et assurera certainement une meilleure réglementation des procédures liées à la réadmission ". 

Dans le contexte du problème de migration, le Ministre des Affaires étrangères d'Arménie a noté que l'Arménie a accueilli environ 22 000 Arméniens de Syrie et a investi son expérience afin de les réintégrer et de leur donner la possibilité de reprendre leur vie. 

Pour conclure, Zohrab Mnatsakanyan a considéré l’accord à signer comme un complément extrêmement important, un nouvel outil dans le travail conjoint du règlement de migration.

http://www.mfa.am/fr/press-releases/item/2018/06/20/fm_signing_brussels/

http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=99316

Collectif VAN : l’éphéméride du 25 juin

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - La rubrique Ephéméride est à retrouver quotidiennement sur le site du Collectif VAN. Elle recense la liste d’événements survenus à une date donnée, à différentes époques de l’Histoire, sur les thématiques que l’association suit au quotidien. L’éphéméride du Collectif VAN repose sur des informations en ligne sur de nombreux sites (les sources sont spécifiées sous chaque entrée). Vous pouvez retrouver tous les éphémérides du Collectif VAN dans la Rubrique Actions VAN, en cliquant ici

Les éphémérides du Collectif VAN (1ère partie) http://www.collectifvan.org/article.php?r=3&id=51673

Les éphémérides du Collectif VAN (2ème partie) http://www.collectifvan.org/article.php?r=3&id=55304

Ça s’est passé un 25 juin (les événements sont classés du plus ancien au plus récent) :

25 juin 1096 -- Des participants à la première croisade, massacrent à Wevlinhofen (Allemagne) les juifs qui avaient fui Cologne. Beaucoup d’entre eux se suicident avant l’arrivée des croisés. 

 Skynet : 25 juin, ce jour-là, n'oubliez pas 

25 juin 1298 -- 57 juifs sont tués à Rothenburg ober der Tauber (Allemagne) lors des persécutions de Rindfleisch (du nom du chevalier responsable des massacres de juifs en Allemagne méridionale et centrale). Skynet : 25 juin, ce jour-là, n'oubliez pas 

24 et 25 juin 1915 -- Empire ottoman / Harpout et Mezreh (vilayet de Mamuret ul-Aziz) : La police procède à l’arrestation de tous les hommes qui sont assassinés dans la périphérie de Harpout, notamment au lieudit Gügen Bogazi, une gorge située près de Maden. *** (Riggs, 1997 :77-78; Piranian, 1937 :179-182; Kévorkian, 2006 :477). Mass violence : Chronologie de l’extermination des Arméniens de l’Empire ottoman par le régime jeune-turc (1915-1916) 

25 juin 1915 -- Empire ottoman/Bitlis : Cevdet et ses 8 000 « bouchers d’humains » commencent à rafler les mâles de Bitlis. 700 hommes sont exécutés à 6 milles de la ville ; les garçons âgés de un à sept ans sont brûlés vifs à la périphérie de Bitlis, en présence du vali Mustafa Abdülhalik. ** (Kévorkian, 2006 :417). Mass violence : Chronologie de l’extermination des Arméniens de l’Empire ottoman par le régime jeune-turc (1915-1916) 

25 juin 1915 -- Empire ottoman : à Trébizonde, il était défendu aux Arméniens, depuis le 25 juin, date de la proclamation, de rien vendre, défendu également à tout individu, sous peine, de rien acheter d'eux. Comment devaient-ils donc se procurer le nécessaire pour le voyage ? Depuis six ou huit mois, toute transaction commerciale était arrêtée à Trébizonde, et les gens avaient épuisé toutes leurs économies. Pourquoi a-t-on voulu les empêcher de vendre des tapis ou quelque autre chose pour se procurer l'argent nécessaire au voyage ? Beaucoup de gens qui avaient des propriétés, qu'ils auraient pu vendre s'ils en avaient eu la permission, durent aller à pied, sans moyens, et pourvus seulement de ce qu'ils ont pu ramasser en toute hâte dans leurs maisons et qu'ils pouvaient porter sur leur dos. © Jean-Marie Carzou, Arménie 1915, un génocide exemplaire Imprescriptible : 1915 : la solution finale 

25 juin 1919 -- Dans une Note datée du 25 juin 1919, M. Georges Clémenceau, Président du Conseil des principales Puissances alliées et associées, a d'une manière remarquable réfuté en ces termes la thèse turque : « Le Conseil est bien disposé envers le peuple turc, dont il admire les excellentes qualités. Mais il ne peut compter au nombre de ces qualités l'aptitude de gouverner des races étrangères. L'expérience a été trop souvent et trop longtemps répétée pour qu'on ait le moindre doute quant au résultat. L'histoire nous rapporte de nombreux succès turcs et aussi de nombreux revers turcs: nations conquises et nations affranchies... Cependant, dans tous ces changements, on ne trouve pas un seul cas, en Europe, en Asie, ni en Afrique, où l'établissement de la domination turque sur un pays n'ait pas été suivie d'une diminution de sa prospérité matérielle et d'un abaissement de son niveau de culture; et il n'existe pas non plus de cas où le retrait de la domination turque n'ait pas été suivi d'un accroissement de prospérité matérielle et d'une élévation de niveau de culture. Que ce soit parmi les Chrétiens d'Europe ou parmi les Mahométans de Syrie, d'Arabie et d'Afrique, le Turc n'a fait qu'apporter la destruction partout où il a vaincu; jamais il ne s'est montré capable de développer dans la paix ce qu'il avait gagné par la guerre. Ce n'est pas dans ce sens que ses talents s'exercent. Mandelstam, André. La Société des Nations et les Puissances devant le problème arménien, Paris, Pédone, 1926 ; rééd. Imprimerie Hamaskaïne, 1970. Imprescriptible : Le traité de Sèvres comme dernière manifestation de l'intervention d'humanité en Turquie 

25 juin 1920 -- La Conférence de San Remo : M. Aristide Briand, Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangère prononça, à la séance du 25 juin 1920 de la Chambre des députés, les mémorables paroles que voici : « Moi je m’honore, dans le moment où je les ai conclus, d’avoir fait ces accords. Ce que je souhaite, c’est que l’on en tire parti. Je sais que M. le Président du Conseil, du côté de la Cilicie, a obtenu des résultats au point de vue économique, et je le sais trop avisé pour ne pas comprendre que, tout de même, il y a une partie de la Cilicie qu’il n’est pas négligeable de garder, que c’est une question d’honneur et une question d’humanité.Et je me tourne vers vous (l’extrême gauche) ; vous dites : « Partez » ! Si vous étiez au gouvernement, précisément, pour le respect de vos principes, de vos idées, je vous mettrais au défi de partir. Vous entendez : au défi. (Vifs applaudissements à gauche, à droite et au centre.) Partir, après avoir amené là ce qui restait d’Arméniens non massacrés, partir après ce qui s’est passé pour les Syriens, et les essais de représailles qui s’accumulent dans l’esprit des Turcs. Savez-vous ce que cela veut dire ? Cela signifie que des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants seront massacrés, parce que le drapeau français leur aura manqué. (Vifs applaudissements.) Je dis que la France n’a pas le droit de se comporter de la sorte. Elle n’en a pas le droit. (Nouveaux applaudissements) » Mandelstam, André. La Société des Nations et les Puissances devant le problème arménien, Paris, Pédone, 1926 ; rééd. Imprimerie Hamaskaïne, 1970. Imprescriptible : Situation politique vis-à-vis de la Turquie des trois principales Puissances alliées depuis l'armistice et jusqu'au traité de Sèvres 

25 juin 1920 -- La Conférence de San Remo : le 25 juin 1920, Damad Ferid pacha, qui, après avoir démissionné, était à nouveau Grand Vizir, adressa au nom de la délégation ottomane à la conférence de la Paix, une lettre où il admettait le principe de réparer les dommages causés par des actes contraires au droit des gens: « Si, contrairement à sa volonté non moins qu'à ses intérêts les plus évidents, le peuple turc a été entraîné dans la conflagration mondiale, cela a été le fait d'une oligarchie qui recevait des ordres de l'étranger. Et si des actes inhumains, qu'aucune excuse ne peut justifier, ont été perpétrés, c'est à ce même plan politique qu'ils sont entièrement imputables. Ils ne sont en aucune mesure la manifestation d'un fanatisme religieux. C'est uniquement l'oeuvre d'une faction révolutionnaire qui a sévi sur la Turquie comme on a vu et voit encore des bandes révolutionnaires sévir dans d'autres pays. [...] En reconnaissant cette responsabilité devant le droit des gens, le peuple turc a le droit de se désolidariser moralement d'actes qu'il réprouve avec énergie. » Ternon, Yves. Enquête sur la négation d'un génocide, Marseille, Parenthèses, 1989 Imprescriptible : Enquête sur la négation d'un génocide 

25 juin 1938 -- Allemagne : les médecins juifs sont exclus du Conseil de l’ordre. Skynet : 25 juin, ce jour-là, n'oubliez pas 

25 juin 1940 -- Les nazis créent un ghetto à Bilgoraj (Pologne) et commencent à déporter les juifs. Skynet : 25 juin, ce jour-là, n'oubliez pas 

25 juin 1941 -- Après le déclenchement du conflit germano-soviétique, les troupes allemandes occupent Slonim (Biélorussie) où vivent 15 000 juifs. Les nazis édictent des ordonnances antijuives puis en viennent aux déportations. 

- Des pogromes éclatent à Jassy (Roumanie). - Les Allemands entrent à Pflunge (Lituanie) où vivent 2 000 juifs. Arnoldo Pebrescha, un célèbre tueur lituanien, accompagne les troupes allemandes et participe personnellement au massacre des 7 000 Juifs détruisant toute la communauté. 

 - L’armée allemande occupe Radochkowitz (Biélorussie) exécutant de nombreux juifs accusés d’être communistes. - 

Les Allemands entrent à Dubno (Ukraine) où vivent 12 000 juifs. La population ukrainienne est autorisée à s’en prendre aux juifs et à leurs biens, ce qui donne lieu à des meurtres, à des viols et à des pillages. - Des fascistes lituaniens égorgent 800 juifs à Kaunas (Lituanie) sous la protection des Allemands, entrés dans la ville un jour plus tôt. 

 - Les nazis occupent la ville d’Ozmiana ( Biélorussie), tuant de nombreux juifs. - Départ d’un convoi du camp de Pithiviers pour le camp d’extermination d’auschwitz avec 999 déportés, 51 personnes survivront à ce massacre à la libération - En roumanie, l'armée, le gendarmerie et la police roumaine assassinent 7 000 Juifs à Iassy. Skynet : 25 juin, ce jour-là, n'oubliez pas 

25 juin 1942 -- Massacre de 5 000 juifs par les SS et des volontaires lituaniens à Lida (Lituanie). 6 000 juifs sont massacrés en deux jours par les SS à Lehovicz (Biélorussie). Un convoi de déportés juifs quitte le camp de regroupement de Pithiviers (France) pour le camp d'extermination d'Auschwitz. 51 hommes survivront. Skynet : 25 juin, ce jour-là, n'oubliez pas 

25 juin 1943 -- Après que les juifs eurent résisté les armes à la main, et que beaucoup eurent été tués, à Czestochowa (Pologne), les nazis déportent 1 000 juifs au camp d'extermination d'Auschwitz. - Les derniers 300 juifs de Stanislavov (Ukraine), sont fusillés. par les nazis. Skynet : 25 juin, ce jour-là, n'oubliez pas 

25 juin 2010 -- Donnant une conférence en Allemagne, l’ancien directeur de la Société d’Histoire Turque a de nouveau nié le génocide arménien. A l’initiative de Seyfettin Karagol directeur de l’ONG turque L’Organisation de la Culture Schwabach Yusuf Halacoglu a donné une conférence intitulée « la question arménienne et le déplacement ». Collectif VAN - Halacoglu : les arméniens ont été déplacés vers une région plus sûre de l’empire 

Compilation réalisée par le site www.collectifvan.org 

http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=65045

ARMENIE

L’Union européenne accorde une aide de 3 millions d’euros pour les réfugiés syriens en Arménie

NAM

L’Union européenne vient d’accorder une aide de 3 millions d’euros à l’Arménie destiné à compenser les frais du pays pour l’accueil des dizaines de milliers de réfugiés de Syrie au cours de ces dernières années. Le ministère arménien des Affaires étrangères qui communique cette information rappelle que cette aide européenne fut annoncée lors de la première réunion Union européenne-Arménie dans le cadre d’une coopération élargie entre l’Arménie et l’Europe. Cette somme de 3 millions d’euros sera confiée à un organisme non gouvernemental qui sera chargé de distribuer les fonds aux réfugiés de Syrie séjournant en Arménie.

Krikor Amirzayan

lundi 25 juin 2018,Krikor Amirzayan ©armenews.com

http://www.armenews.com/article.php3?id_article=160811

TURQUIE

La victoire d'Erdogan "prouve la droitisation complète de la Turquie"

Vidéo par Gauthier RYBINSKI

Texte par FRANCE 24 

Dernière modification : 25/06/2018

Recep Tayyip Erdogan a remporté son pari de rester aux commandes du pays avec des pouvoirs élargis. Pour cela, l'hyperprésident s'est allié à l'extrême droite. Le spécialiste Gauthier Rybinski y voit "la droitisation complète" du pays.

Les coudées franches. Recep Tayyip Erdogan, qui a revendiqué dimanche soir sa victoire à l'élection présidentielle en Turquie et celle de son parti AKP aux législatives, a remporté le grand pari qu'il s’était lancé, afin d’élargir ses pouvoirs. À 64 ans, il est assuré de diriger la Turquie au moins jusqu'en 2023.

Sur la base de plus de 99 % des bulletins de vote dépouillés, le président Erdogan a obtenu dès le premier tour 52,5 % des suffrages. Son rival le plus sérieux, Muharrem Ince, qui a atteint les 31 %, a reconnu sa défaite.

"Recep Tayyip Erdogan a gagné pour plusieurs raisons, estime Gauthier Rybinski, spécialiste des questions internationales à France 24. Notamment parce qu’il a réussi une synthèse entre deux idéologies qui se sont souvent affrontées en Turquie, à savoir la religion, l’islam donc, et le nationalisme incarné par le kémalisme [l'héritage laïque et autoritaire du père fondateur de la république turc Mustafa Kemal, NDLR]. Il a réussi son pari, en s’alliant avec le parti d’extrême droite MHP, ce qui prouve la droitisation complète de la société turque, à la fois sur le plan religieux et politique."

"Vote légitimiste"

Selon Gauthier Rybinski, le chef d'État, qui règne sur la Turquie depuis quinze ans, a "manifestement bénéficié d’un vote légitimiste" de la part d’une majorité de la population, et profité de la fragmentation de l’opposition. "Enfin, son message, selon lequel la Turquie est menacée de toutes parts, qu’elle serait l’objet d’une haine internationale, c’est-à-dire une sorte de paranoïa qui fait que l’on se sent traqué et malaimé, lui a permis de cimenter son électorat."

Aux législatives qui avaient eu lieu également, dimanche, l'AKP (Parti de la justice et du développement), la formation islamo-conservatrice du chef de l’État, a obtenu 42,5 % des voix et ses alliés du MHP (Parti d'action nationaliste) recueillent 11,1 %.

Sur la base de résultats encore provisoires, l'AKP et le MHP devraient détenir 343 sièges sur les 600 que compte le parlement (293 pour l'AKP et 50 pour les nationalistes).

Avec Reuters Première publication : 25/06/2018

http://www.france24.com/fr/20180625-turquie-president-erdogan-remporte-son-pari-electoral-election-droitisation-religion-islam

Présidentielle turque: Erdogan parachève sa conquête absolue du pouvoir

Slate

Ariane Bonzon — 25 juin 2018 à 11h44 — mis à jour le 25 juin 2018 à 11h44

Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier tour président de la République de Turquie le 24 juin, dans un contexte de dénonciation de fraudes électorales par l'opposition.

Ce moment, il l’a espéré, voulu, préparé. Pas à pas. Depuis des années. La ligne d’arrivée à peine franchie, dimanche 24 juin au soir, Recep Tayyip Erdogan n’a d'ailleurs pas attendu que le Conseil électoral supérieur (YSK) valide les résultats des élections pour annoncer sa victoire et devenir enfin le véritable «reïs», le maître de son pays, en disposer des pouvoirs et être reconnu comme tel.

Premier ministre depuis 2003, il lui a fallu pendant des années tenir compte des réticences des présidents en poste –Ahmet Necdet Sezer, un digne représentant de l’establishment kémaliste honni, jusqu’en 2007, puis Abdullah Gül jusqu'en 2014, co-fondateur du Parti de la Justice et du développement (AKP), son frère ennemi et rival supposé.

«Cadeau du ciel» de 2016

En ces années-là, il faut également rendre des comptes au Parlement. Premier ministre, il tente de faire adopter une constitution plus musclée et à son avantage, mais la commission constitutionnelle réunie en 2011, profondément opposée à la mise en place d’un régime présidentiel, renâcle –compte tenu de l'histoire turque, la classe politique se méfie du pouvoir personnel.

Tenace, Erdogan réussit cependant à obtenir l’élection au suffrage universel du chef de l’État, titre qui lui revint en 2014, même si celui-ci se trouve flanqué sur le papier d’un Premier ministre, responsable devant la Grande Assemblée nationale de Turquie. Il est en réalité le maître, alors qu’officiellement, le régime parlementaire n’accorde que de faibles prérogatives au chef de l’État.

Survient l’occasion rêvée, un «cadeau du ciel», dira-t-il: la tentative de putsch militaire du 15 juillet 2016. Erdogan passe à la vitesse supérieure, proclame la nation en danger, fait appel au peuple, déclare l’état d’urgence. Le voilà muni des pleins pouvoirs –mais, et il en a conscience, pour une période forcément limitée.

La mobilisation patriotique est l’occasion d’enfin imposer la réforme de la Constitution qui lui est refusée depuis si longtemps. Il rallie à son plan le Parti d'action nationaliste (MHP, extrême droite), et obtient au forceps le vote de la réforme en janvier 2017, ratifiée dans la foulée par un référendum, organisé en avril.

La Constitution modifiée n'est censée s’appliquer qu’après les nouvelles élections, prévues pour novembre 2019, mais l’état d’urgence –régulièrement prolongé– donne déjà à Erdogan le pouvoir sans guère de limites prévu par la réforme.

Mise en place d'un contexte favorable

Début 2018, l’économie turque jusque-là plutôt florissante ralentit. Or n’est-ce pas le progrès indéniable des revenus du pays et de sa populationqui a fait le succès du président? Il faut agir, et vite.

Une salve de quatre décisions déterminantes est lancée: accord électoral avec le MHP pour s’assurer des chances d’obtenir le soutien majoritaire de l’Assemblée, annonce de la tenue des élections législatives et présidentielle seize mois en avance –sans attendre le retournement de l’économie, prolongation de l’état d’urgence, qui permet le contrôle de l’opinion, et adoption d’une réforme électorale facilitant de nombreuses manipulations.

Le renforcement des interventions militaires à l’extérieur contre le PYD-YPG, déclinaison syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, en guerre contre l’État turc depuis 1984), et la répression à l’intérieur contre les cadres du Parti démocratique des peuples (HDP) soutenant l’autonomie kurde en Turquie soudent la population turque au-delà du seul électorat islamo-conservateur du Parti de la justice et du développement (AKP) d'Erdogan.

Maîtrise du calendrier, dispositions électorales favorables, ressources publiques mobilisées: à défaut de permettre une campagne équilibrée, le contexte était propice à la victoire Recep Tayyip Erdogan, ce qui explique qu'il ait pris tous les moyens pour ne pas rater l’occasion unique –et anticipée– de remporter les deux scrutins du 24 juin.

Élu au premier tour

Le résultat est au rendez-vous. Le voilà élu président de la République au premier tour. Son score est somme toute modeste (autour de 52,5 %), mais finalement assez commode pour crédibiliser sa démarche démocratique: «On n’est pas en Égypte, ni en Russie», pourra-t-il arguer.

L’«Alliance du peuple» qu’il a conclue avec les ultra-nationalistes d’extrême droite obtient la majorité absolue au Parlement, avec plus de 53% des votes et 343 des 600 sièges –même si le résultat de l'AKP est en deçà de ses espérances (41%) et ne lui permet pas de disposer à lui seul de la majorité parlementaire.

Le très faible résultat (moins de 2%) obtenu par les islamistes du Parti de la félicité (SP), la matrice d’Erdogan, et par le Parti de la cause libre, le parti kurde issu du Hezbollah de Turquie, signifie qu’il a réussi son OPA sur le noyau dur des islamistes turcs et qu'il les a ramenés dans le giron de son parti islamo-nationaliste.

Dans l’opposition, le beau score du Parti démocratique des peuples (HDP), le parti autonomiste kurde de gauche est à souligner, qui devrait permettre à son leader Selahattin Demirtas de quitter sa prison et de siéger à l’Assemblée. Un succès qui contraste avec le score décevant du vieux parti kémaliste, le Parti républicain du peuple (CHP, 22%) qui n’a pas su profiter du charisme de son leader et candidat à la présidentielle Muharrem İnce, lequel a pourtant recueilli 30% des voix.

Concentration des pouvoirs

L'état d’urgence, devenu inutile, devrait être bientôt levé. La réforme constitutionnelle, qui entrera en vigueur dès l’intronisation du nouveau chef de l’État, donne à Erdogan des pouvoirs considérables: plus de Premier ministre et de Conseil des ministres, le président dispose seul de la totalité d’un pouvoir exécutif renforcé.

En tant que chef du parti vainqueur des élections législatives, il contrôle également le Parlement –quoiqu’il lui faudra composer avec le MHP, l’autre grand vainqueur auquel il s’est allié.

La réforme, tout en affirmant l’impartialité du pouvoir judiciaire, place celui-ci sous la tutelle du chef de l’État: les membres du Conseil des juges et des procureurs –qui a la main sur la nomination et le contrôle des magistrats– sont nommés par le président et l’Assemblée nationale. C’en est fini de la théorie des poids et contrepoids, principe essentiel d'un régime présidentiel démocratique: Recep Tayyip Erdogan est bien le maître.

Installé pour quinze ans?

Quelles conséquences? Tout va dépendre de l’homme et de ses intentions. Il pourrait, s'il revenait à son attitude initiale des années 2002-2005, être un chef de l’État libéral. Mais son tempérament autocratique le poussera sans doute plus volontiers dans le sens inverse, prolongeant ainsi les traditions autoritaires de la culture politique turque, et vers un positionnement anti-européen et anti-occidental –qui pour l'instant ne lui a somme toute pas mal réussi.

Faut-il craindre que la répression se poursuive, et que celles et ceux actuellement condamnés à de très lourdes peines de prison sur des accusations parfois fantaisistes de soutien du terrorisme ne croupissent des années encore dans leurs geôles? Cela n’est pas exclu, tout comme un coup de théâtre inverse ne l'est pas non plus, tant le Président peut désormais imposer sans contrôle ni limite ses vues et ses lubies, en proclamant à la face du monde qu’il est le souverain démocratique d’un peuple qui a retrouvé sa fierté nationale en phase avec son passé ottoman.

Recep Tayyip Erdogan peut accomplir deux mandats de cinq années –voire un troisième, s’il appelle à des élections anticipées le moment venu. Autrement dit, le voilà possiblement installé jusqu'en 2033, ayant réussi la synthèse entre le nationalisme turc porté par le kémalisme et l'islamisme qui en fut longtemps le rival.

http://www.slate.fr/story/163640/international-turquie-erdogan-victoire-election-presidentielle-legislatives-akp-reforme-constitutionnelle

Erdogan réélu, les Turcs face à l’« hyper-présidence »

Editorial. Vainqueur de la présidentielle en Turquie avec 52,5 % des voix, Recep Tayyip Erdogan concentre désormais la totalité du pouvoir exécutif et reste plus que jamais le « Reis ».

LE MONDE | 25.06.2018 à 11h07 • Mis à jour le 25.06.2018 à 12h25

Une situation qui tranche avec la manière dont il a été élu. Même s’il a réussi à éviter une mise en ballottage, qui aurait représenté un camouflet politique, sa victoire n’a pas été « une promenade de santé », comme il l’avait lui-même anticipé. La mobilisation de tous les rouages de l’administration, tous les réseaux de l’AKP, le parti islamo-conservateur, devenu un parti-Etat, a permis d’éviter une « mauvaise surprise », alors que les sondages le montraient à la peine face à la percée du candidat de la gauche kémaliste, Muharrem Ince.

Au pouvoir depuis quinze ans, d’abord comme premier ministre, puis comme président, M. Erdogan remporte 52,5 % des suffrages, un score légèrement supérieur à celui de l’élection présidentielle de 2014 et à celui du référendum d’avril 2017 instaurant un régime présidentiel. Celui-ci avait été marqué par de nombreuses irrégularités dénoncées par les observateurs internationaux.

Une nouvelle fois, ceux-ci ont critiqué l’iniquité de la campagne au cours de laquelle les grands médias, en quasi-totalité contrôlés par le pouvoir, n’ont guère laissé de place à l’opposition, à commencer par Selahattin Demirtas, du parti prokurde HDP, qui a été contraint de mener campagne depuis sa cellule.

Pour une majorité de Turcs, M. Erdogan reste plus que jamais le « reis », le chef, et nombre d’entre eux approuvent sa dérive autoritaire toujours plus affirmée. Depuis 2002 son parti a gagné toutes les élections, sauf les législatives de juin 2015. D’où son hubris, convaincu qu’il est d’avoir été désigné par Dieu pour remettre la Turquie dans la voie de l’islam et lui rendre sa grandeur passée.

Le chef de l’Etat peut arguer de son bilan. Le PIB par habitant a triplé depuis son arrivée au pouvoir, même si la dette a explosé dans les mêmes proportions. En outre, la Turquie est devenue un acteur majeur sur la scène régionale, malgré son échec syrien, et il joue du nationalisme d’une bonne partie de la population comme de ses nostalgies de grandeur ottomane.

Une alarmante radicalisation de l’électorat

Il incarne un bloc religieux conservateur, sunnite et turc, majoritaire au sein de la population, attisant la haine contre les autres : les laïcs, les alévis, courant hétérodoxe issu du chiisme, et les Kurdes. Ces élections permettent à l’AKP d’asseoir sa majorité à la Chambre, grâce à son allié de l’extrême droite nationaliste, le MHP. Celui-ci réalise le même score qu’en 2015, malgré la scission d’une bonne partie de sa base, qui a rejoint Le Bon Parti. Ce dernier, en séduisant les déçus de l’AKP, illustre une alarmante radicalisation de l’électorat.

Pendant des années, M. Erdogan a représenté à l’extérieur du pays un gage de stabilité. Mais ses volte-face, ses brouilles avec l’Europe et sa fuite en avant dans la répression depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016, ne cessent d’inquiéter. La monnaie turque dévisse et le risque de retournement de l’économie ainsi que la grogne sociale ont été des facteurs qui l’ont incité à appeler les Turcs aux urnes un an avant la date prévue.

Cet obstacle franchi, M. Erdogan devient un « hyperprésident » concentrant la totalité du pouvoir exécutif. Une grande partie de la société civile turque a jusqu’ici su résister avec une grande maturité. Ce renforcement du régime autocratique constitue pour elle un nouveau défi.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/25/erdogan-reelu-les-turcs-face-a-l-hyper-presidence_5320837_3232.html

Présidentielle turque: Erdogan parachève sa conquête absolue du pouvoir

Membres du PCF arrêtés en Turquie: "Nous avons reçu plus de 200 menaces de mort dans la nuit"

 BFMTV 25/06/2018 à 08h15

Ce dimanche 24 juin, une délégation communiste française a été arrêtée en Turquie pendant près de sept heures. Ses trois membres avaient répondu à un appel du HDP, le principal parti pro-kurde, pour surveiller les urnes.Le chef de l’Etat Turc, Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier tour avec un score de 52%. Dans le même temps, une délégation de trois communistes français a été arrêtée dans l’Est de la Turquie pendant près de sept heures.

Ces trois observateurs, invités par le parti pro kurdes pour surveiller les urnes et s’assurer qu’aucune fraude ne soit commise, ont été emmenés au commissariat pour être interrogés à la fin de la visite de deux bureaux de vote. Aucune poursuite n’a été engagée contre eux.

"Ils n’avaient pas l’intention de nous laisser visiter les bureaux de vote"

Pascal Torre, membre du PCF arrêté en Turquie est intervenu ce lundi dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin. Il décrit un interrogatoire "assez dur".

"Aucune charge n'a été retenue contre nous. Dans un premier temps, on nous a accusé de vouloir modifier le scrutin des élections dans la région. Nos documents ont été publiés sur internet et à la télévision turque. On nous a accusé d’être des agents du PKK. Visiblement, ils n’avaient pas l’intention de nous laisser visiter les bureaux de vote".

"Je n'ai jamais vu une fraude aussi massive"

Cette volonté d’opacité, Pascal Torre l’explique par le truquage massif des résultats.

"Je n'ai jamais vu une fraude aussi massive. On a retrouvé dans des bennes à ordures des milliers de bulletins aux noms des différents candidats qui ont été remplacés. Beaucoup de bureaux étaient fermés et des électeurs devaient se déplacer parfois à plus de 50 kilomètres pour pouvoir voter. Ils ont donc truqué massivement les résultats".

"Le Consul de France à Ankara a demandé une protection policière que nous n’avons pas pour l’instant"

Accompagné des deux autres membres du PCF, Pascal Torre devrait arriver en France ce lundi dans la soirée. Un retour prévu sous haute protection.

"Nous avons reçu plus de 200 menaces de mort dans la nuit nous indiquant que nous n’arriverions pas vivant à l’aéroport donc en plus de la délégation qui doit venir nous chercher à l’hôtel où nous sommes confinés, le Consul de France à Ankara a demandé une protection policière que nous n’avons pas pour l’instant".

Bourdin Direct (avec C.P.)

https://rmc.bfmtv.com/emission/membres-du-pcf-arretes-en-turquie-nous-avons-recu-plus-de-200-menaces-de-mort-dans-la-nuit-1477592.html

Turquie: Recep Tayyip Erdogan a gagné son pari

Par RFIPublié le 25-06-2018 Modifié le 25-06-2018 à 10:04

Turquie, élections législatives à un tour et premier tour de la présidentielle et coup double pour le président sortant Recep Tayyip Erdogan qui a tout emporté. Il était crédité de 52,5% des voix selon l'agence officielle Anadolu après dépouillement de 98% des bulletins. Toute la soirée dimanche l’opposition a contesté les chiffres, parlé de fraudes, mais c’est jeu set et match pour le président turc qui écrase l’opposition et son nouveau chef de file Muharrem Ince. 

avec notre envoyée spéciale, Anissa el-Jabri et notre correspondant Alexandre Billette

Il avait gagné en quelques semaines le statut de révélation, de star de la campagne de l’opposition. Premier à pouvoir défier Erdogan sur le terrain de l’art oratoire, à répondre à ses attaques et à faire rire. Dimanche, après la fermeture des bureaux de vote, on n’a plus entendu la voix de Muharrem Ince, lui qui faisait et c’était une première, vibrer des foules entières d’opposants au président sortant.

Muharrem Ince, surnommé «l'apprenti» par Erdogan, s’est contenté d’un message, tard dans la soirée. Quelques mots brefs presque secs. «Ce n’était pas une campagne équitable, mais je reconnais la victoire de Recep Tayyip Erdogan». Une déclaration plus longue de l’ex-professeur de physique est attendue ce lundi. Peut-il construire sur sa nouvelle notoriété ou sa campagne n’a-t-elle été qu’un exutoire pour les anti-Erdogan ? Elle a en tout cas buté sur la polarisation du pays. Selon un observateur de la vie politique turque, Muharrem Ince n’a jamais su trouver les mots pour s’adresser à l’électorat conservateur…

Pour Muharrem Ince, la campagne n’a pas été équitable mais il appartient aux observateurs évidemment d’apporter un jugement complet : les irrégularités, intimidations et violences relevées ce dimanche ont-elles réellement modifié le résultat ? Ce qui est sûr, c’est que jamais la couverture médiatique n’a été équilibrée. Tous les discours du président ont été intégralement retransmis quand les autres candidats ont à peine eu accès aux écrans. Sans parler du leader du HDP, le parti de gauche pro-kurde, Selahattin Demirtas, qui a fait campagne de sa prison.

«élargir toujours plus le champ des droits et des libertés»

A quoi ressemble le paysage politique en Turquie ce matin ? Il faut noter une très forte progression de l’extrême droite : le MHP, allié de l’AKP le parti au pouvoir, atteint les 11%. C’est plus que leur ex-membre Meral Aksener, ex-ministre de l’Intérieur, qui avait quitté le parti pour créer le sien. Pour l’unique femme candidate c’est un échec cinglant : 7 et demi % des suffrages. De l’autre côté de l’échiquier politique, satisfaction pour le HDP, puisque le parti pro-kurde passe la barre des 10% et revient au Parlement.

Avec un record de participation près de 90% ce dimanche, le «reis» a donc gagné son pari. Il a tenu deux discours cette nuit, taclant les « vieilles » démocraties occidentales où l'on vote beaucoup moins...  « En seize ans, on a lutté contre la tutelle militaire, la junte, les putschistes, les interventions extérieures dans notre politique et notre économie, déclarait-il dimanche soir.Nous ne permettrons jamais de remettre en question les progrès démocratiques et économiques auxquels nous sommes parvenus ! Nous continuerons à renforcer la légitimité de la justice avec plus d’indépendance et d’impartialité ! Nous sommes déterminés à élargir toujours plus le champ des droits et des libertés, et à consolider notre démocratie ! »

Une concentration unique des pouvoirs

Recep Tayyip Erdogan va encore pouvoir affermir son contrôle du pays d’autant que ce lundi matin il va étrenner les nouveaux supers pouvoirs votés lors du référendum constitutionneldu printemps dernier : chef de l’Etat, chef du gouvernement, chef de parti et chef de la majorité parlementaire… La séparation des pouvoirs déjà bien mise à mal ces deux dernières années c’est fini. Recep Tayyip Erdogan a entre les mains l’exécutif et le législatif, il va aussi avoir le pouvoir judiciaire avec la nomination de la moitié des hauts magistrats. Une concentration unique…

Ce lundi matin la presse, qui est essentiellement pro-gouvernementale, se réjouit de cette « victoire du peuple » comme le dit un quotidien, une « victoire historique » dit un autre, la « révolution du 24 juin » pour le quotidien islamo-nationaliste Yeni Safak qui titre « et s’est reparti ». Peut-être un cri de soulagement après une campagne qui a été quand même bcp plus difficile que prévu pour Recep Tayyip Erogan.

http://www.rfi.fr/europe/20180625-turquie-elections-erdogan-gagne-pari-ince-droite-nationaliste?ref=tw

Erdogan réélu en Turquie dès le premier tour : "C’est un régime d’extrême droite, un régime où il n’y a plus aucune liberté"

Franceinfo Radio France

Mis à jour le 25/06/2018 | 08:07publié le 25/06/2018 | 08:07

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier tour dimanche, avec 52,5% des voix. Il va entamer un nouveau mandat avec des pouvoirs renforcés. L'écrivaine franco-turque Kenizé Mourad s'inquiète d'un "régime qui tient tous les pouvoirs".

"Il n'y a plus de contre-pouvoirs en Turquie", a estimé, lundi sur franceinfo Kenizé Mourad, une écrivaine franco-turque, après la réélection de Recep Tayyip Erdogan. Le président turc a obtenu 52,5% des voix dès le premier tour, selon les résultats quasi-définitifs lors de l'élection présidentielle dimanche 24 juin. Une victoire entachée de nombreuses fraudes, selon l'opposition. 

franceinfo : Une délégation du Parti communiste français a été arrêtéedimanche en Turquie. La France va-t-elle le condamner ?

Kenizé Mourad : La France devrait condamner cette arrestation mais elle ne le fera pas dans la mesure où Erdogan a 3,5 millions de migrants réfugiés syriens et qu’il menace chaque fois qu’il y a une contestation de lâcher les migrants sur l’Europe. L’Europe meurt de peur donc Erdogan a là une arme très forte. Mais c’est grave. C’est un régime d’extrême droite, un régime où il n’y a plus aucune liberté. C’est un régime qui tient tous les pouvoirs, il n’y a plus de contre-pouvoirs en Turquie.

Faut-il reconnaître l’élection de Recep Tayyip Erdogan ?

En fait l’opposition ne la reconnaît pas actuellement. C’est vrai que ce sont des élections qui ont été faites sous état d’urgence. En plus, la presse est à 95 % dans les mains du parti au pouvoir, et il y a eu pas mal de fraudes. Le résultat a été annoncé alors qu’il y avait encore pas mal de bulletins qui n’étaient pas ouverts. Cela dit, je pense qu’il n’y aura pas de possibilité de vraie contestation. Il peut y avoir de la contestation dans la rue, mais vu le régime assez autoritaire, et la police partout, je pense que cette contestation ne pourra pas aller très loin. Il faut se demander pourquoi un tel résultat a lieu alors que ce régime autoritaire est très mal perçu par près de la moitié de la population.

Erdogan a fait quand même des choses très bien au départ. Il a un noyau dur de 40 % de la population qui le soutient, parce qu’il a donné au peuple turc des meilleures conditions économiques, il a été aidé par le contexte, il a fait des hôpitaux formidables. Avant, les gens qui n’avaient pas d’argent étaient soignés n’importe comment. Mais surtout, il leur a redonné leur fierté avec deux choses : il a redonné une sorte de fierté de leur religion alors qu’il faut savoir que les milieux laïcs, kémalistes, étaient non seulement en général peu religieux mais souvent laïcs combattants et avec un certain dédain pour ce peuple religieux. Il leur a donné aussi un orgueil de leur grand passé ottoman.

Est-ce que sa victoire était courue d’avance ?

Non, c’est étonnant. L’opposition espérait gagner, parce que la situation économique est de moins en moins bonne. La Turquie a encore des bons chiffres, mais le peuple souffre beaucoup parce qu’il y a une inflation énorme, la vie est très chère. Donc c’est quand même un peu étonnant. Mais, encore une fois, Erdogan a donné au peuple turc une fierté qu’il n’avait plus, ce sentiment aussi d’une stabilité. La démocratie pour le peuple turc souvent est synonyme d’un certain désordre. Il a besoin d’un chef qui lui dise où aller. Il y a effectivement un déficit de l’éducation dans une partie de la population et une éducation religieuse qui a été accentuée par Erdogan, avec les écoles religieuses, qui remplacent de plus en plus les écoles laïques. Et donc il a de façon très habile mis une sorte de filet avec des menaces et promesses et réalisations très positives pour un peuple qui n’a jamais été tellement aidé par sa bourgeoisie turque. On parle des Turcs blancs et des Turcs noirs. Les Turcs blancs sont les Turcs occidentalisés et les Turcs noirs qui sont des Turcs plutôt encore moyen-orientaux avec des valeurs traditionnelles. Et Erdogan leur parle à eux et ils sont sans doute la majorité.

https://www.francetvinfo.fr/monde/turquie/erdogan-reelu-en-turquie-des-le-premier-tour-cest-un-regime-dextreme-droite-un-regime-ou-il-ny-a-plus-aucune-liberte_2818629.html

Le journal de 6h30 - Turquie : soupçons de fraudes après l'élection d'Erdogan

Recep Erdogan a été réélu dès le premier tour à la tête de la Turquie mais certains opposants dénoncent déjà des fraudes. Des accusations qui sont, pour l'heure, invérifiables.

 Julien Sellier avec Jérôme Florin et La rédaction numérique de RTL

PUBLIÉ LE 25/06/2018 À 07:07L'opposition rate son pari en Turquie. Recep Erdogan reste en place, il n'y aura même pas de second tour puisque le président sortant est réélu avec 52,5 % des voix au parlement. Son parti, l'AKP, l'emporte aussi largement. Erdogan est réélu et tout puissant puisque sa réforme des institutions lui donne désormais tous les pouvoirs et que le poste de Premier ministre n'existe plus.

Dès les premiers résultats, des rumeurs de fraude ont circulé mais elles sont invérifiables pour l'heure. "Des fraudes, des tricheries dans les bureau je n'en ai pas vu mais de la manipulation il y en a, avec les chiffres notamment. C'est une énorme déception mais que voulez-vous faire ?Si nous sommes dans un pays démocratique et que ce sont les résultats annoncés par nos institutions alors on ne peut pas s'y opposer. On ne va pas utiliser la violence", a témoigné un opposant d'Erdogan. 

http://www.rtl.fr/actu/international/le-journal-de-6h30-turquie-soupcons-de-fraudes-apres-l-election-d-erdogan-7793863602

En Turquie, Erdogan réélu pour un nouveau mandat

France Inter

Publié le lundi 25 juin 2018 à 7h09 par France Inter avec, Géraldine Hallot@geraldinehallot

Le chef de l'État turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier tour dimanche avec près de 52% des voix, pour un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés. Le dirigeant est venu à bout d'une opposition pourtant revigorée, lors d'élections présidentielle et législatives âprement disputées.

En Turquie, le président turc Recep Tayyip Erdogan semble avoir réussi son pari et  revendique une nouvelle victoire aux élections présidentielle et législatives : d'après l'agence de presse étatique Anadolu, il est arrivé en tête de la présidentielle avec un score de 52,5% après dépouillement de plus de 99% des urnes, tandis que l'alliance dominée par l'AKP menait avec 53,61% dans le volet législatif du scrutin. 

Sans attendre le décompte final des bulletins, le dirigeant a savouré sa victoire en s'adressant dans la nuit de dimanche à lundi à des milliers de partisans réunis à Ankara devant le siège de son parti islamo-conservateur, l'AKP : 

Le vainqueur de cette élection, c'est la démocratie, la volonté nationale. Le vainqueur de cette élection, c'est chacun des 81 millions de nos concitoyens

Erdogan s'est imposé comme le dirigeant turc le plus puissant depuis le fondateur de la République, Mustafa Kemal. Il a transformé la Turquie à coups de méga-projets d'infrastructures et en libérant l'expression religieuse, et a fait d'Ankara un acteur diplomatique clé. 

Dans le quartier Beyoğlu à Istanbul des femmes en transe chantent à la gloire de Recep Tayyip Erdogan, dont la réélection a été annoncée : "C’est notre père, c’est notre patrie" (24 juin 2018) © Radio France / Clémence Bonfils

Mais ses détracteurs accusent le "Reis", âgé de 64 ans, de dérive autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes et suscité l'inquiétude de l'Europe. 

INFO

Turquie : à la veille des élections, un pays divisé comme jamais

Un mandat aux pouvoirs renforcés pour Erdogan

Sa victoire aux élections de dimanche asseoit encore son pouvoir, car le scrutin marque le passage du système parlementaire en vigueur à un régime présidentiel où le chef de l'Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif, aux termes d'un référendum parlementaire qui s'est tenu l'an dernier. 

INFO

En Turquie, la profession reporter passible d'une peine de prison à vie.

Recep Tayyip Erdogan devrait donc conserver sa majorité au Parlement, ce qui équivaut donc à un carton plein pour le président turc, alors que ses partisans ont fait la fête une bonne partie de la nuit, tandis qu’au QG du CHP, le parti social-démocrate, une immense tristesse prévalait.  

Résultat contesté par l’opposition

Le candidat du CHP Muharrem Ince avait, lui, réuni des centaines de milliers de personnes lors de ses meetings, et ses partisans tablaient au moins sur un second tour. Abattus, sonnés et muets, les militants du CHP ont eu du mal à trouver les mots hier soir : "Je suis très déçu, ça me donne envie de quitter le pays. Vous avez vu le monde qu’il y a avait à nos meetings, à Izmir, Ankara et Istanbul ? Non franchement, je suis effrondré." 

MONDE

Turquie : Erdogan, le tout puissant

Les cadres du parti refusent de parler de défaite : "Un second tour est encore possible", disaient-ils encore dimanche soir. Mais Cerat, un jeune militant n’y croiyait déjà plus : "Je pense que nous avons perdu, même si les responsables de notre parti ne veulent pas l’admettre et parlent de manipulation de la part du pouvoir en place". 

Cette défaite est incompréhensible : nous avons réuni au total 7 millions de personnes dans nos meetings, ça représente plus de 10% des électeurs. Non, vraiment, je ne comprends pas

Les militants du CHP étaient d’autant plus dépités que leur leader, le charismatique Muharrem Ince, n’a fait aucun discours à la télévision dimanche soir, comme si lui aussi avait du mal à trouver les mots.

https://www.franceinter.fr/monde/en-turquie-erdogan-reelu-pour-un-second-mandat#Echobox=1529904773

En Turquie, "Erdogan a une maîtrise hors du commun du processus électoral"

France Inter

L'INVITÉ DE 7H50

lundi 25 juin 2018 par Léa Salamé

Guillaume Perrier, ancien correspondant du "Monde" à Istanbul, est l'invité de Léa Salamé à 7h50. Delphine Minoui, correspondante du "Figaro" au Moyen-Orient nous donne ses impressions depuis la Turquie.

Alors que le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé dès dimanche soir sa réélection à la tête de la Turquie, Delphine Minoui, correspondante du "Figaro" au Moyen-Orient raconte une nuit "très éprouvante pour l'opposition turque qui avait cru à une victoire", et estime que la base du président réélu est encore solide, malgré les fraudes constatées sur place : 

Pour Guillaume Perrier, "Erdogan a une maîtrise hors du commun du processus électoral" : "Il connait chaque militant de chaque circonscription qu'il a lui même nommé (...) Il y a une grande lassitude, une crise mais tous ces obstacles, il a réussi à les renverser, grâce à son instinct politique hors du commun."

Les Turcs ont ils trouvé leurs opposants ? "Son principal opposant Muharrem Ince est parti la queue entre les jambes, sans même faire de discours dimanche soir, une grosse déception pour les électeurs de l'opposition" estime Guillaume Perrier : 

Erdogan exploite de manière efficace les faiblesse de ses adversaires, et la grande faiblesse de l'Europe, c'est la crise des migrants

Pour Delphine Minoui, "cette campagne électorale a tout de même prouvé la vitalité de la société civile."

Les invités

· Guillaume Perrier

Journaliste

· Delphine Minoui

journaliste, grand reporter

L'équipe

· Léa SalaméJournaliste

https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-25-juin-2018

Elections en Turquie : la délégation française communiste relâchée

Europe 1

15h56, le 24 juin 2018, modifié à 22h07, le 24 juin 2018

Une délégation du Parti communiste français a été interpellée dimanche à Agri, en Turquie, alors qu'elle participait aux opérations de surveillance des élections législatives et présidentielle. 

Une sénatrice du Parti communiste français (PCF) a été interpellée, avec deux autres militants, dimanche dans l'est de la Turquie, alors qu’elle participait à la surveillance des élections législatives et présidentielle dans le pays à l'invitation d'un parti pro-kurde, rapporte le PCF dans un communiqué.

"La délégation du PCF qui séjourne en Turquie à Agri comme observateur des élections présidentielles et législatives a été arrêtée et ses membres ont comparu ce (dimanche) matin devant le procureur de la République", affirme le parti. La délégation du PCF se compose de Christine Prunaud, sénatrice des Côtes d’Armor, Hulliya Turan, secrétaire départementale du Bas-Rhin et Pascal Torre, membre du secteur des Relations Internationales au PCF.

Relâchés à la fin du scrutin. Selon les informations d'Europe 1, les trois Français arrêtés ont été entendus par le procureur au commissariat d'Agri, avant d'être relâchés et invités à rester à leur hôtel par le consulat de France en fin d'après-midi. "Nous avons été arrêtés à 10h30 et retenus à la gendarmerie jusque 17h, à la fin des opérations de vote. On nous a dit qu'il n'y aurait pas de poursuites contre nous car notre présence n'était pas délictuelle", a expliqué Hulliya Turan à l'AFP.

La délégation s'était rendue dans deux bureaux de vote et revenait en ville quand elle a été interpellée. "On nous a emmenés à la gendarmerie pour vérifier nos identités puis on nous a demandé ce qu'on faisait là, pour quelle organisation on travaillait", a raconté Hulliya Turan. "Ils avaient du mal à admettre qu'on était juste là pour observer les élections", a-t-elle ajouté. La délégation a été laissée libre de poursuivre son séjour en Turquie, a-t-elle précisé.

"De faux observateurs". "Le pouvoir turc veut ainsi étouffer toutes les voix qui dénoncent les fraudes massives à l'œuvre, notamment en véhiculant sur Twitter que 'les membres de la délégation seraient de faux observateurs qui tenteraient de manipuler les élections'", a dénoncé plus tôt le PCF dans son communiqué, en "condamnant ces méthodes". Sur Twitter, le secrétaire de la section de Villejuif du PCF a rapporté que "les autorités turques ont empêché les observateurs français membres du PCF de surveiller les opérations de vote en Turquie".

Le parti réaffirme soutenir "les démocrates de Turquie qui entendent mettre un terme à la dictature de Recep Tayyip Erdogan", le président turc. Le PCF a répondu dimanche à un appel du HDP, le principal parti prokurde : les émissaires du PCF étaient sur place pour "une mission d'observation de nature citoyenne comme cela se fait dans d'autres pays", afin de s'assurer qu'aucune fraude n'était commise, car "il y a eu des doutes lors des précédentes élections sur la sincérité du scrutin", a expliqué Pierre Laurent, secrétaire général du parti, sur franceinfo. "On n'a pas du tout caché la raison pour laquelle ils se rendaient sur place", a assuré en outre le patron du PCF.

Scénario similaire pour une délégation du Parti de Gauche. Le Parti de Gauche, qui a apporté son soutien aux communistes, a affirmé dimanche soir que sa propre délégation invitée par le HDP, Danielle Simonnet, Jean-Christophe Sellin et Simon Berger, avait "subi une inacceptable garde à vue de deux heures à l'aéroport d'Istanbul samedi avec menace d'expulsion immédiate et interdiction définitive du territoire". "Cette fébrilité illustre la peur de perdre les élections malgré la répression menée et la tentation renouvelée de recourir à des fraudes massives", a-t-il estimé dans un communiqué.

Des tentatives de fraudes selon l'opposition. Plus de 56 millions d'électeurs sont appelés à voter pour leur président et leurs députés dimanche, dans un scrutin qui marquera le passage du système parlementaire en vigueur à un régime hyper-présidentiel, voulu par Recep Tayyip Erdogan, mais décrié par ses opposants. Le principal parti d’opposition turc, le CHP, a dénoncé dimanche des tentatives de fraudes, de bourrages d’urnes et d’intimidations dans les bureaux de vote.

10 étrangers interpellés dimanche en Turquie. L'agence de presse étatique Anadolu a rapporté de son côté que des procédures judiciaires avaient été engagées contre 10 étrangers, accusés d'avoir tenté de se faire passer pour des observateurs internationaux. D'après l'agence, trois Français, trois Allemands et trois Italiens figurent parmi les personnes interpellées. Craignant des fraudes, en particulier dans le Sud-Est à majorité kurde, opposants et ONG ont mobilisé plusieurs centaines de milliers d'observateurs pour surveiller les urnes.

 

http://www.europe1.fr/international/elections-en-turquie-une-senatrice-francaise-pcf-interpellee-3691877

Turquie : suspense à J-2 avant l'élection présidentielle

 08h20, le 22 juin 2018

Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

J moins deux avant les élections législatives et présidentielles en Turquie. Et il y a un suspens.Tous les scrutins en Turquie sont des référendums pour ou contre Erdogan. Des plébiscites. Le scrutin est anticipé, le résultat aussi. Mais il y a un retournement de l’économie. Du coup, l’opposition rêve que Recep Tayip Erdogan trébuche, sur la toute dernière marche qui le hisse au trône du sultan. Car s’il est réélu, il profitera de la nouvelle constitution qui donne tous les pouvoirs au Président. Vous me direz qu’il les a déjà, avec l’état d’urgence. Oui, mais il aura cinq ans devant lui et beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts du Bosphore en 2023. Erdogan fait la course avec son voisin Vladimir Poutine à moins que ce soit avec l’autre, Bachar el Assad. Les trois hommes ont atteint le sommet à peu près en même temps et sont prêts à tout pour y rester.L’opposition turque présente cette fois une alternative crédible.Muharrem Ince est la révélation de la campagne. Une langue bien pendue, un batailleur qui sait parler au peuple, le faire rire, le faire rêver. Comme Erdogan ! S’il y a un second tour, Il rassemblera tous les opposants, notamment les Kurdes. Car il y a aussi Selahattin Demirtas, le champion kurde, réapparu dimanche. Deux ans qu’il est aux oubliettes. En prison comme six députés de son parti, tous accusés de liens avec les terroristes du PKK. Il a enregistré en prison la vidéo de la campagne officielle. Il est allé au parloir comme d’autres vont en meeting. S’il obtient plus de dix pour cent des voix aux législatives, il privera de majorité absolue ce vieux renard d’Erdogan allié aux loups gris du parti nationaliste… Dans cette vidéo, il dénonce le régime.Il a dit "la partie effrayante du film est encore à venir". On pense à Midnight Express qui racontait l’évasion d’un prisonnier. Le film donne de la Turquie une image déplorable. C’était prémonitoire. Recep Tayip Erdogan a jeté en prison 50 000 suspects. Dont une centaine de journalistes. Il a limogé 170.000 personnes. Tous accusés d’être des putschistes. Il dénonce son ancien mentor, le prédicateur Gullen.  Dans le monde entier, les barbouzes turques traquent les gülenistes. Des milliers d’agents des services secrets quadrillent la communauté turque en Europe. Des tueurs traquent ceux du PKK. Les Européens ferment les yeux.Ils ont été aveugles ! Erdogan les fait maintenant chanter. Lui qui dénonce l’occident en est aussi le garde-frontières. Il a déjà touché trois milliards pour fermer les vannes de l’immigration. Et Bruxelles s’apprête à en verser trois autres.

Par Vincent HERVOUET

http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international/turquie-suspense-a-j-2-avant-lelection-presidentielle-3689774

En Turquie, des élections aux enjeux inédits pour Erdogan, face à une opposition ragaillardie

La Turquie a commencé à voter dimanche lors d’élections présidentielle et législatives à hauts risques pour Recep Tayyip Erdogan qui fait face à une opposition déterminée.

LE MONDE | 23.06.2018 à 15h52 • Mis à jour le 24.06.2018 à 11h33 |Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)

La Turquie a commencé à voter, dimanche 24 juin, lors des élections présidentielle et législatives à hauts risques pour Recep Tayyip Erdogan. 59 millions d’électeurs turcs (56 millions dans leur pays, trois millions à l’étranger) sont appelés aux urnes pour élire leur président et leurs députés au Parlement ; un double scrutin inédit dans l’histoire de la République fondée par Mustafa Kemal, dit Atatürk, en 1923.

Après quinze ans d’un règne sans partage, le président Recep Tayyip Erdogan parviendra-t-il à convaincre l’électorat de lui confier un nouveau mandat ?

Ces élections anticipées, organisées sur demande du président au pouvoir pour le 24 juin, soit dix-neuf mois avant la date prévue, se présentaient comme une partie facile pour lui et pour le Parti de la justice et développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir). Or, elles s’avèrent plus difficiles qu’escomptées pour le candidat Erdogan, rattrapé par une opposition ragaillardie et par les piètres résultats de sa politique économique.

« A chaque élection, j’ai de l’espoir. Mais cette année, j’y crois beaucoup plus », a déclaré Hulya Ozdemiral, une électrice, devant un bureau de vote à Istanbul. Le candidat du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, a été contraint de fairecampagne depuis une cellule : accusé d’activités « terroristes », il est détention préventive depuis 2016. « Je suis persuadé que le résultat sera excellent », a-t-il toutefois écrit sur Twitter après avoir voté depuis sa prison.

L’étoile pâlit

A 64 ans, celui que ses partisans appellent familièrement « Tayyip » a beau demeurer l’homme politique le plus adulé de Turquie depuis Atatürk, il est aussi le dirigeant le plus clivant que le pays ait jamais connu.

Selon les instituts de sondage, M. Erdogan ne sera pas élu dès le premier tour. Un second aurait alors lieu le 8 juillet. Et l’AKP pourrait perdre sa majorité au Parlement le 24 juin – les législatives, elles, se déroulent sur un seul tour.

Ces enquêtes d’opinion mitigées interviennent alors que le candidat au pouvoir comme son parti ont bénéficié de sérieux avantages lors de la campagne : les médias, contrôlés à 90 % par le gouvernement, retransmettent en intégralité leurs meetings. Le « raïs » (chef) Erdogan voit donc son étoile pâlir malgré les ressources de l’Etat, dont il use et abuse. Ses meetings ne sont plus aussi vibrants et plus aussi fréquentés qu’autrefois. Lui-même apparaît à cours d’idées, répétitif, fatigué. Face à ses partisans à Van (est de la Turquie), il a même donné une date erronée pour le scrutin, évoquant « le 26 juin », au lieu du 24.

Ses promesses de créer « des maisons de thé-librairies » avec « cakes gratuits » au moment où les Turcs sont touchés au porte-monnaie par l’inflation, ont suscité tollé et moqueries sur les réseaux sociaux. Tout comme ses déclarations sur les frigos et les téléviseurs acquis par les ménages turcs depuis l’avènement de l’AKP au pouvoir.

Alliance de l’opposition

Loin d’être un chemin facile, cette campagne a été, de loin, la plus ardue que M. Erdogan, inlassable vainqueur dans les urnes depuis 2002, ait jamais connue. Ceci pour deux raisons.

En premier lieu, l’opposition a réussi à s’unir autour d’un dénominateur commun : le refus du système présidentiel taillé spécialement pour lui et censé entrer pleinement en vigueur après le 24 juin. Ce système, dont les modalités ont été adoptées de justesse par référendum en 2017, dote le chef de l’Etat de pouvoirs exorbitants. Le Parlement, réduit au rôle de chambre d’enregistrement, n’aura plus son mot à dire sur la composition du gouvernement, le poste de premier ministre sera supprimé, le président aura aussi la main sur la nomination des hauts magistrats.

Plus que tout, M. Erdogan veut refonder l’identité culturelle de la Turquie. Son rêve est de mettre en place un modèle plus conservateur, plus religieux. Son horizon préféré est 2023, la date du centenaire de la fondation de la République, qu’il cite fréquemment comme l’étape ultime venant parachever son régime absolutiste.

Hostiles à ce projet, les kémalistes du Parti républicain du peuple (CHP, centre gauche, le parti d’Atatürk), les conservateurs du Bon Parti (Iyi partisi), les islamistes du Parti de la félicité (Saadet partisi) ont formé une alliance pour les législatives. Chacune des trois formations présente son candidat au premier tour de la présidentielle, mais un accord de désistement aura lieu au second dans l’espoir de mettre fin au règne du « raïs ».

Rejet de l’« hyperprésidence »

En tout, cinq candidats vont affronter M. Erdogan à la présidentielle du 24 juin. D’après les sondages, Muharrem Ince, celui du CHP, est le mieux placé pour affronter le président sortant au second tour, prévu le dimanche 8 juillet.

M. Erdogan a beau parler de lui comme d’un « apprenti » tandis qu’il se qualifie de « maître » (usta), son inquiétude est palpable. Dans une vidéo diffusée en boucle sur les réseaux sociaux, il reconnaît que la campagne « n’est pas facile » et n’exclut pas que l’AKP, sa formation, soit contrainte de former un gouvernement de coalition si elle venait à perdre sa majorité parlementaire.

Bon orateur, énergique, Muharrem Ince, 54 ans, un ancien professeur de physique-chimie, a mené une campagne dynamique à travers toute la Turquie, suscitant l’enthousiasme des foules comme à Izmir, un bastion du CHP, où deux millions de personnes sont venues l’applaudir, le 21 juin. En cas de victoire, il promet d’être « le président de 81 millions de Turcs, qu’ils soient de droite, de gauche, alévis, sunnites, turcs, kurdes », de « rétablir la justice » et de se montrer « impartial ».

Son alliée, l’opposante Meral Aksener, une ancienne ministre de l’intérieur devenue la nouvelle égérie du centre droit, fait, elle aussi, de l’ombre au « raïs » en chassant sur les terres du Parti de l’action nationaliste (MHP) qui est allié avec l’AKP pour ces élections.

Le parti prokurde de la Démocratie des peuples (HDP) n’a pas rejoint formellement l’opposition. Mais il partage certaines de ses vues, notamment le rejet de l’« hyperprésidence » voulue par Erdogan. Selahattin Demirtas, le leader kurde emprisonné depuis novembre 2016, fait campagne, pour sa part, depuis sa cellule de douze mètres carrés de la prison de haute sécurité d’Edirne, en Thrace orientale.

Chute de la livre turque et hausse des prix

L’économie turque est la deuxième raison du désenchantement actuel pour M. Erdogan. Malgré une forte croissance (+ 7,4 % en 2017), elle va mal. La devise locale, la livre turque, s’effondre un peu plus chaque jour (– 18 % depuis janvier 2018), l’inflation (+ 12 % annuels) flambe, les investisseurs fuient.

Les islamo-conservateurs sont ainsi privés de leur atout majeur. Jusqu’ici, ils pouvaient porter à leur crédit le fait d’avoir réussi à tripler le produit intérieur brut (PIB) du pays depuis 2002 et d’avoir offert aux Turcs une décennie de forte croissance économique et de stabilité politique.

Il faut dire que la gouvernance souple et pragmatique des débuts a été remplacée par l’autoritarisme et le culte de la personnalité. L’état d’urgence, imposé depuis le coup d’Etat raté du 15 juillet 2016, permet au président de gouverner par décrets, avec, pour résultat, l’arrestation de dizaine de milliers de personnes.

519 000 observateurs

Dans ce contexte, l’opposition redoute tout particulièrement des fraudes électorales lors de ce double scrutin anticipé ; 519 000 observateurs, en majorité des Turcs, vont être répartis dans les plus de 180 000 bureaux de vote à travers le pays.

L’inquiétude des opposants au pouvoir est justifiée par les modifications récentes de la loi électorale qui assurent à l’AKP un contrôle accru sur le déroulement du scrutin. Dorénavant, le Conseil électoral suprême peut redécouper les circonscriptions et déplacer les urnes pour des raisons de sécurité, ce qui est le cas dans le Sud-Est à majorité kurde, où 150 000 électeurs doivent faire des kilomètres pour aller voter.

L’inquiétude s’est renforcée un peu plus, le 19 juin, quand l’agence Anatolie a transmis à la chaîne de télévision Tvnet des résultats préliminaires du vote de dimanche très favorables au président sortant. Selon ce tableau diffusé, par inadvertance, au cours d’un débat sur Tvnet, M. Erdogan apparaissait réélu président avec 53 % des suffrages. L’opinion publique s’en étant indignée, la chaîne a expliqué qu’il s’agissait d’« un test ».

https://www.lemonde.fr/international/article/2018/06/23/en-turquie-des-elections-aux-enjeux-inedits-pour-erdogan-face-a-une-opposition-ragaillardie_5320227_3210.html

Turquie : Erdogan, l'inéluctable dérive autocrateDeux ans après le putsch avorté, le président turc brigue un nouveau mandat. Ses réseaux en Occident sont puissants, et ses ambitions géopoliques, sans limites. Mais la campagne électorale est plus difficile que prévu. Jusqu'où le "reis" peut-il aller ?

L’Obs

Par Sara Daniel

Publié le 24 juin 2018 à 07h58

Comment le parti d’Erdogan s’infiltre en France

Les 24 juin et 8 juillet, les Turcs rééliront ou non Recep Tayyip Erdogan président. Depuis le coup d'Etat manqué organisé contre lui dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, l'autoritarisme de l'hyperprésident s'est durci : il a jeté des dizaines de milliers de personnes dans les geôles turques. Selahattin Demirtas, principal candidat de l'opposition, est en prison. Même ses compagnons de route au sein du Parti de la Justice et du Développement ne sont pas épargnés.

Assassinats, enlèvements, menaces… Le MIT, les terribles services secrets à la solde du "reis", vise tous les opposants, particulièrement les Kurdes et les partisans de la confrérie de Fethullah Gülen contre lesquels la Turquie a lancé une traque mondiale. Terrifiant dispositif. Comme ceux du Mossad ou des services russes, les espions turcs sont soupçonnés d'être mêlés à des actions criminelles à l'étranger. Et les opposants d'Erdogan, poursuivis jusque dans leurs exils occidentaux, ne sont plus en sécurité. A Paris, ses adversaires vivent dans l'angoisse. Ils fuient leur ambassade. On les comprend : Ismail Hakki Musa, actuel ambassadeur de Turquie en France, a été numéro deux du MIT, chargé des opérations extérieures…

Erdogan, le despote turc : "Son talent, c'est l'opportunisme"

Face à ces barbouzeries inadmissibles, la France fait le gros dos. Emmanuel Macron a ainsi qualifié d'"exemplaire" la coopération de la Turquie dans la lutte contre le terrorisme. Car les Européens sont totalement dépendants de leur "allié" turc. D'abord pour sa capacité à traquer les membres de l'Etat islamique qu'Ankara a un temps protégés. Et surtout pour la protection de nos frontières. En mars 2016, Angela Merkel a conclu un accord pour que la Turquie, en échange d'un chèque de 6 milliards d'euros, joue le rôle de garde-frontières pour contenir les 4 millions de réfugiés syriens qui vivent dans le pays.

Une ambition sans limites

Ce qui confère à Erdogan un pouvoir immense sur cette Europe dont il voulait faire partie et qui a rejeté sa candidature. Il en use et en abuse, n'hésitant pas, après un vote du Parlement européen sanctionnant la Turquie, à menacer ses voisins :

"Sachez-le, si vous allez plus loin, ces frontières s'ouvriront."

Quant aux Américains, ils ont besoin des bases militaires turques pour lutter contre Daech et rester actifs dans la région.

Pour ou contre Erdogan : la Turquie coupée en deux

L'ambition du dirigeant turc est sans limites. Enferré dans une dérive autocratique, il ne se contente pas d'éradiquer ses opposants et de faire chanter ses alliés. Il aspire à devenir le nouveau leader de l'islam sunnite. A cette fin, il instrumentalise le conflit israélo-palestinien, occupant la place vacante laissée par l'Egypte et l'Arabie saoudite, nouveaux alliés des Américains et d'Israël. Tout en finançant massivement, en Occident, ces mosquées que l'Arabie saoudite a eu tendance à délaisser.

Comme s'en inquiète l'écrivain Kamel Daoud, Erdogan est aujourd'hui en passe de contrôler une partie de l'internationale des Frères musulmans. Ahmet Ogras, l'actuel président du Conseil français du Culte musulman (CFCM), est un Franco-Turc, proche d'Erdogan. Tandis que le Ditib, réseau de mosquées françaises, est géré directement par le ministère turc des Affaires religieuses qui dépend de l'AKP au pouvoir.

Imams, internet, associations : les réseaux d’Erdogan en France

Comme la Russie, la Turquie se dote en France de ses propres médias dans lesquels on voit le darwinisme ou la récente percée de l'antisémitisme remis en question. Dans ce contexte de démission hexagonale, la population turque est solidement encadrée par Erdogan : les diasporas française et européenne constituent un réservoir important de voix pour le président autoritaire qui pourrait faire la différence dans une élection. Verdict imminent.

Sara Daniel

https://www.nouvelobs.com/monde/20180619.OBS8369/turquie-erdogan-l-ineluctable-derive-autocrate.html

L'actu dessinée : la Turquie à l'heure du vote

Mediapart

23 JUIN 2018

Ce dimanche 24 juin est un jour décisif pour la Turquie. Pour la première fois, les élections parlementaires se doublent d'une présidentielle anticipée, comme l’a voulu Recep Tayyip Erdogan. Au pouvoir depuis quinze ans, le « Reïs » a façonné un régime politique à son image, nationaliste et autoritaire. Retour, en dessin, sur les moments charnières de ce glissement.

Ce dimanche, les citoyens turcs éliront simultanément leurs députés et leur président de la République. Le président sortant, au gouvernement depuis 2003, brigue un nouveau mandat. Mais les élections ont pris une tournure inattendue : des partis nationalistes, islamistes et socio-démocrates se sont unis au sein d’une coalition politique qui s’apparente, selon le politologue Ahmet Insel au micro de France Inter, à un positionnement « contre le régime d’un seul homme ». Ce régime, c’est celui que Recep Tayyip Erdogan s’emploie à batir, au gré des opportunités, depuis bientôt quinze ans.

Dans un reportage publié dans le numéro #19 de La Revue Dessinée, le dessinateur Benjamin Bachelier et le journaliste Guillaume Perrier, spécialiste de la Turquie, retracent ce basculement vers l’autoritarisme.

En 2004, le journaliste s’installe à Istanbul en tant que correspondant pour le quotidien Le Monde. Le 16 décembre, la Turquie est reconnue comme pays candidat à l’Union européenne. Plusieurs réformes menées durant le premier mandat d’Erdogan, alors Premier ministre, sont considérées comme des avancées démocratiques. 

Certains pays, à l’image de la France, de l’Allemagne, ou de Chypre restent néanmoins frileux quant à l'adhésion de la Turquie. À la fin des années 2000, la politique gouvernementale devient de plus en plus nationaliste et autoritaire.

Ce durcissement n’affaiblit pas la popularité d’Erdogan : aux élections législatives de 2011, il remporte un franc succès et rassemble quasiment un électeur sur deux. Pourtant, des voix critiques s’élèvent : en mai 2013, des militants pacifiques se rassemblent place Taksim pour protester contre la destruction du parc Gezi. Le mouvement prend de l’ampleur et quelques jours plus tard, des milliers de personnes se rendent à Taksim pour contester le pouvoir en place.

La vis se resserre progressivement, le pays connaît alors des vagues d’arrestation. Dans le même temps, les attentats terroristes se multiplient. Le président profite de ce climat d'insécurité pour s’imposer en homme fort et justifier la restriction des libertés.

Le point d’orgue de la dérive autoritaire du gouvernement d'Erdogan fait suite au putsch manqué le 15 juillet 2016, mené par une faction militaire. Cinq jours plus tard, Erdogan déclare l’État d’urgence, prolongé six fois depuis.

Dans un discours resté célèbre, prononcé en 1996 alors qu’il était maire d’Istanbul, Erdogan laissait déjà entrevoir sa conception de la politique : 

A l'heure où les citoyens turcs sont appelés aux urnes, plusieurs observateurs étrangers se sont vus refuser l’entrée sur le territoire turc et les arrestations de dissidents et de journalistes* se poursuivent. Malgré la fermeté du régime, les partis d’opposition sont tout de même parvenus à faire entendre leurs voix. Preuve que les efforts d’Erdogan pour museler ses détracteurs n’ont pas eu raison de la contestation.

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