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Dans un manuscrit du savant islandais Arne Saknussemm, le jeune Axel et son oncle, l’impulsif géologue Lidenbrock, font une découverte bouleversante. En empruntant une cheminée du Snæfell, un volcan éteint d’Islande, le vénérable scientifique aurait atteint le centre de la Terre ! Le professeur et son neveu s’embarquent sur-le-champ à l’assaut des profondeurs de la planète. Autant qu’un défi lancé à la science, leurs aventures sont une célébration de la puissance de l’imagination. ISBN 979‑10‑358‑0709‑2 336 pages Voyage au centre de la Terre Jules Verne Édition de Cédric Hannedouche Classe de Première Le roman et le récit du Moyen Âge au XIX e siècle Parcours associé : Science et fiction

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Dans un manuscrit du savant islandais Arne Saknussemm, le jeune Axel et son oncle, l’impulsif géologue Lidenbrock, font une découverte bouleversante. En empruntant une cheminée du Snæfell, un volcan éteint d’Islande, le vénérable scientifique aurait atteint le centre de la Terre ! Le professeur et son neveu s’embarquent sur-le-champ à l’assaut des profondeurs de la planète. Autant qu’un défi lancé à la science, leurs aventures sont une célébration de la puissance de l’imagination.

ISBN 979‑10‑358‑0709‑2336 pages

Voyage au centre de la Terre

Jules VerneÉdition de Cédric Hannedouche

Classe de Première☛ Le roman et le récit du Moyen Âge au xixe siècle☛ Parcours associé : Science et fiction

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Proposition de séquence

Étude d’une œuvre intégrale : Voyage au centre de la Terre de Jules Verne

Objectifs Supports utilisés

Activités proposées

Compétences mobilisées

Séance 1

Jules Verne

Présenter l’auteur, l’œuvre et son contexte.

— Fiche 1 « Jules Verne en 20 dates », p. 286.— Fiche 2 « L’œuvre dans son contexte », p. 287.— Fiche 3 « La structure de l’œuvre », p. 288-290.

— Recherche documentaire.— Travail sur la temporalité du roman.

— Contextualiser un auteur et une œuvre.— Exploiter des connaissances sur l’histoire littéraire.

Séance 2

La mise en place d’un cadre réaliste

— Aborder le roman.— Découvrir le début de l’œuvre.

— Chapitre I, p. 9-14.— Questionnaire « Arrêt sur lecture 1 » : « Un cadre réaliste », p. 110.

— Lecture expressive.— Restitution des impressions de lecture.

— Écouter et comprendre un texte.— Repérer des informations explicites.

Séance 3

La découverte du cryptogramme

Mettre en lumière les caractéristiques de l’écriture de Jules Verne.

— Chapitre II, p. 16-19.— Questionnaire associé, « Zoom sur… », p. 112-114.

— Lecture analytique.— Activité de langue.— Activité d’appropriation (2. p. 114).

— Saisir les motivations des personnages.— Percevoir l’humour et l’ironie dans un texte.— Identifier les types de phrases.

Séance 4

La science dans le roman

Comprendre le rôle de la science dans la fiction vernienne.

— Questionnaire « Arrêt sur lecture 2 », p. 175-176.— Dossier iconographique « Les sciences naturalistes au xixe siècle », verso de couverture à la fin de l’ouvrage.— Questionnaire associé, « Prolongements artistiques et culturels », p. 325.

— Questionnaire transversal de compréhension.— Analyse d’images et mise en relation avec le texte.

— Questionner les enjeux d’un roman.— Employer le vocabulaire de l’analyse d’image.

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Objectifs Supports utilisés

Activités proposées

Compétences mobilisées

Séance 5

La solitude d’Axel

— Approfondir la connaissance d’un personnage.— Étudier un récit initiatique.

— Chapitre XXVII, p. 160-163.— Questionnaire associé, « Zoom sur… », p. 177-179.

— Lecture analytique.— Activité de langue.— Activité d’appropriation (1. p. 179).

— Questionner les enjeux d’un texte.— Repérer le lexique des sentiments.— Revoir les temps du récit au passé.— Effectuer des rapprochements culturels.

Séance 6

La tempête

— Revoir les définitions des tonalités épique et fantastique.— S’entraîner à l’explication linéaire.

— Chapitre XXXV, p. 215-216.— Questionnaire associé, « Vers l’oral », p. 326-327.

— Lecture expressive.— Lecture linéaire.

— Relever des procédés d’amplification.— Maîtriser les tonalités littéraires.

Séance 7

La fin du voyage

Identifier les étapes du dénouement.

Questionnaire « Arrêt sur lecture 3 », p. 279-280.

— Lecture expressive.— Questionnaire transversal de compréhension.— Échange oral autour du questionnaire.

— Justifier l’évolution d’un personnage.— Effectuer des rapprochements avec d’autres mouvements littéraires.

Séance 8

La vallée des monstres

Étudier l’utilisation de l’écriture fantastique.

— Chapitre XXXIX, p. 238-243.— Questionnaire associé, « Zoom sur… », p. 281-283.— Dossier iconographique « Les Voyages extraordinaires », p. IV du cahier photos.— Questionnaire associé, « Prolongements artistiques et culturels », p. 325.

— Lecture analytique.— Activité de langue.— Activité d’appropriation.— Analyse d’images et mise en relation avec le texte.

— Questionner les enjeux d’un texte.— Maîtriser les tonalités littéraires.— Maîtriser les valeurs du présent de l’indicatif.— Employer le vocabulaire de l’analyse d’image.

Proposition de séquence

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Objectifs Supports utilisés

Activités proposées

Compétences mobilisées

Séance 9

Science et fiction

— Délimiter les frontières d’un genre.— Repérer des évolutions et des ruptures en littérature.

— Fiche 8 « Science et fiction », p. 299-300.— Groupements de textes 1 et 2, p. 303-321.— Questions sur les groupements de textes, p. 321-322.— Dossier iconographique « Science et fiction », p. II-III du cahier photos.— Questionnaire associé, « Prolongements artistiques et culturels », p. 325.

— Confrontation de textes.— Activité de langue.— Analyse d’images et mise en relation avec le texte.

— Prélever des informations dans un texte.— Identifier des genres littéraires.— Formuler des éléments de définition.— Connaître les emplois du conditionnel.— Employer le vocabulaire de l’analyse d’image.

Séance 10

Synthèse

Exprimer les connaissances acquises et les prolonger.

— Questionnaire « Jules Verne, un auteur entre science et fiction ? », p. 323-324.— Questionnaire « Prolongements artistiques et culturels » (p. 325) : « Les Voyages extraordinaires », p. IV du cahier photos.

— Questionnaire transversal de compréhension.— Activités d’écriture.— Analyse d’images et mise en relation avec le texte.— Activité d’appropriation.

— Formuler des hypothèses à l’oral.— Employer le vocabulaire de l’analyse d’image.

Séance 11

Préparer l’évaluation

Vérifier et consolider les acquis de la séquence.

Sujets d’écriture « Vers l’écrit du Bac », p. 329-330.

— Commentaire.— Dissertation.

— Solliciter ses connaissances au sujet de l’œuvre.— Analyser un texte.— Produire un texte argumentatif.

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Arrêt sur lecture 1

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Arrêt sur lecture 1 p. 110-114

Pour comprendre l’essentiel p. 110-111

Un cadre réaliste

1 Les premières lignes du roman (p. 9) informent clairement le lecteur sur le cadre initial du récit. Relevez les informations spatio-temporelles qui le pré-cisent. Rapprochez la date en ouverture du récit de la date de parution du roman. Les premières pages du Voyage au centre de la Terre introduisent le lec-teur dans une intrigue étroitement liée à un cadre réaliste. Elles correspondent au rôle confié à l’incipit d’un roman. Le chapitre I débute ainsi : « Le 24 mai 1863, un dimanche » (chapitre I, l. 1, p. 9). Le narrateur insiste également sur la localisation de la « maison située au numéro 19 de Königstrasse, l’une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg » (chapitre I, l. 2-4, p. 9). Axel évoque même la présence de l’église « Saint-Michel » (chapitre I, l. 13, p. 9) à proximité. Très vite, le narrateur évoque d’autres lieux qui soulignent l’ancrage réaliste du roman. Le lec-teur apprend de cette façon que l’oncle Lidenbrock enseigne au « Johannæum » (chapitre I, l. 36, p. 10) à Hambourg. La date initiale du récit entre en relation avec la date de la première parution du roman en 1864. C’est en effet l’une des caracté-ristiques de plusieurs romans des Voyages extraordinaires que de réduire l’écart temporel entre l’aventure vécue par les personnages et le moment de la publica-tion. Le monde ainsi créé par Jules Verne se veut contemporain de la réalité. Il est possible de rapprocher cette ouverture du roman des premières phrases du Tour du monde en quatre-vingts jours, qui paraît pour la première fois en feuilleton à la fin de l’année 1872 et qui reprend ce dispositif : « En l’année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens, — maison dans laquelle Shéridan mourut en 1814, — était habitée par Phileas Fogg, esq., l’un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu’il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l’attention. »

2 Le roman se lit comme le témoignage rétrospectif de l’un des personnages. Identifiez le narrateur et dites à quelle personne il s’exprime. Précisez sa réaction à l’annonce du départ pour l’Islande. Le roman est écrit à la première

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personne du singulier. Le « je » du narrateur apparaît à la ligne 7 (chapitre I, p. 9) et indique l’emploi d’un narrateur interne à l’histoire. C’est en effet à travers les yeux du neveu du professeur Lidenbrock que le récit va être mené. Les liens de parenté et l’identité de ces personnages sont vite annoncés : « il avait jeté […] à son neveu ces paroles retentissantes : “Axel, suis-moi !” » (chapitre I, l. 26-29, p. 10). Le récit revêt de cette manière la forme d’un témoignage rétrospectif qui laisse place à une grande subjectivité, généralement caractéristique de la narra-tion interne. L’annonce du départ pour l’Islande à la fin du chapitre V (p. 37) pro-voque chez le jeune homme « un frisson […] par tout le corps » (chapitre VI, l. 1, p. 37). D’après lui, ce projet est une « folie » (chapitre VI, l. 5, p. 37). L’affolement le gagne à l’idée d’entreprendre un voyage au centre de la Terre. Ses arguments ne font pas le poids face à l’obstination de son oncle.

3 Montrez que le voyage d’Allemagne en Islande concourt au réalisme de ce début de roman (chapitres VIII-IX). Le voyage en Islande qu’entreprennent les deux personnages principaux respecte le cadre géographique attendu par le lec-teur. Les noms de villes et de pays se succèdent dans un ordre et une tempora-lité vraisemblables. Les deux voyageurs partent de Hambourg en empruntant la « ligne du chemin de fer de Kiel » (chapitre VIII, l. 1-2, p. 51). De Kiel, un bateau les conduit à Korsör, au Danemark, avant un nouveau voyage en train qui les amène à Copenhague (chapitre VIII, p. 52-54). De là, ils longent les côtes d’Écosse (cha-pitre IX, l. 44, p. 61) et prennent la direction de la « côte méridionale de l’Islande » à bord de la Valkyrie (chapitre IX, l. 51, p. 61). Le récit de cette expédition est nourri de détails minutieux sur la géographie, les rues (« Bred-Gade », chapitre VIII, l. 79, p. 54) et les monuments des villes traversées (chapitre VIII, l. 121-129, p. 55-56). Tous ces détails font écho au cadre réaliste de l’incipit qui représente les person-nages dans un quotidien familial, et le prolongent. Marthe, la servante, gère une maison où vivent l’oncle, son neveu et Graüben, la pupille de Lidenbrock, secrète-ment fiancée à Axel : rien ne prépare ces personnages à l’extraordinaire aventure qui va suivre.

Une équipe surprenante

4 Le professeur Lidenbrock est présenté comme « un puits de science » (l. 43, p. 10). Relevez dans les premiers chapitres les informations qui permettent de dresser son portrait. Citez les qualités et les défauts successifs dont il fait preuve jusqu’à l’arrivée au sommet du Snæfell. Même s’il n’est pas le narrateur, le profes-seur Lidenbrock apparaît très tôt comme le personnage principal du roman. C’est lui qui fait avancer le récit et met en œuvre l’expédition en Islande. Les premiers

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Arrêt sur lecture 1

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chapitres développent son portrait. Les premières lignes du roman insistent sur son caractère impétueux : « le plus impatient des hommes » (chapitre I, l. 7-8, p. 9) ; « [le] plus irascible des professeurs » (chapitre I, l. 19-20, p. 9). Son statut social et professionnel est également mis en avant : « professeur au Johannæum, et faisait un cours de minéralogie » (chapitre I, l. 36-37, p. 10). La description sou-ligne son irascibilité naturelle ainsi que son incapacité à faire des concessions : « C’était un savant égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en voulait tirer quelque chose » (chapitre I, l. 42-44, p. 10). Sa description physique corrobore cette représentation (chapitre I, l. 89-93, p. 12). Lidenbrock fait preuve d’une grande autorité à l’égard de ses proches. Il entraîne son neveu contre son gré dans l’aventure périlleuse vers le centre de la Terre. Toutefois, il indique les routes à emprunter et les dangers auxquels il faut se préparer. C’est un scienti-fique hors-pair, sûr de ses connaissances et de son savoir. Polyglotte et linguiste, les langues même anciennes n’ont aucun secret pour lui. Mais il s’emporte quand il se retrouve dans une impasse (chapitre III, l. 201-205, p. 27). Conscient des enjeux de son expédition, il sait garder le secret lors de ses entretiens avec d’autres scien-tifiques, comme lors du repas avec M. Fridriksson (chapitre X, p. 66-71). C’est un homme pratique : conscient des dangers que l’équipe peut rencontrer, il embarque avec lui de nombreux instruments de mesure mais aussi des armes et des explo-sifs (chapitre XI, p. 75-77).

5 Le jeune Axel est entraîné malgré lui dans la course au centre de la Terre. Commentez les nombreux recours au comique et à l’ironie dans son discours. Détaillez ce qu’apportent ces éléments à la construction des personnages et au récit, et ce qu’ils nous disent de l’intention de Jules Verne. De son côté, le jeune Axel ne semble pas taillé pour une expédition si extraordinaire. Il le fait savoir à plusieurs reprises au lecteur par l’insertion de remarques humo-ristiques et bien souvent ironiques. Celles-ci offrent un contrepoint plaisant au grand sérieux que professe Lidenbrock. Ainsi, le début du roman nous pré-sente Axel comme un jeune homme romantique, amoureux de sa Virlandaise, au « caractère un peu indécis » (chapitre I, l. 20, p. 9). Jules Verne instaure de cette manière une distance avec la vocation pédagogique du roman et en faci-lite la lecture. Les remarques d’Axel sur le magnétisme de son oncle (chapitre I, l. 94-95, p. 12) font sourire le lecteur, tout comme son admiration feinte lors de la présentation du fameux manuscrit de Snorre Turleson (chapitre II, p. 15-20) – séance au cours de laquelle il se trouve instruit « malgré [lui] » (chapitre II, l. 70-71, p. 17) – ou l’évocation de ses « progrès […] dans l’art “des hautes contem-plations” » (chapitre VIII, l. 193-194, p. 59) au cours de ses ascensions du clocher de l’église Vor Frelsers Kirk.

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6 L’arrivée de Hans Bjelke permet aux deux scientifiques d’atteindre le som-met du Snæfell. Montrez en quoi son portrait (chapitre XI, p. 72-73) le présente comme un homme qui se révèle dans l’action. C’est au début du chapitre XI (p. 72-73) que le lecteur fait la connaissance du troisième membre définitif de l’expédition Lidenbrock. L’Islandais Hans Bjelke bénéficie d’un long portrait qui insiste sur ses qualités physiques de guide : « haute taille » (l. 7) ; « vigoureuse-ment découplé » (l. 7-8) ; « grand gaillard » (l. 8) ; « force peu commune » (l. 8-9) ; « tête très grosse » (l. 9) ; « athlétiques épaules » (l. 12). À cela s’ajoute une atti-tude impassible qui contraste avec l’agitation de Lidenbrock (l. 14-15) : « bleu rêveur » (l. 10) ; « remuait peu les bras » (l. 13) ; « dédaignait la langue des gestes » (l. 14) ; « tempérament d’un calme parfait » (l. 14-15) ; « ne pouvait être ni étonnée ni troublée » (l. 17-18) ; « immobile » (l. 21). Le personnage se caractérise surtout par son silence. Chez lui, chaque mot a sa motivation pratique et chaque geste a une signification et une fonction précises. Ce personnage se révélera d’une impor-tance vitale et d’un grand secours dans le déroulement des aventures au centre de la Terre.

La mise en place de l’aventure

7 Le manuscrit de Saknussemm est à l’origine de l’incroyable projet de Lidenbrock. Citez les procédés d’écriture utilisés par l’auteur pour restituer l’ex-citation du minéralogiste à la fin du chapitre V (p. 36-37). Dans le chapitre V, Axel révèle à son oncle la solution de l’énigme de Saknussemm. Les dernières lignes du chapitre restituent l’exaltation du professeur qui se trouve dès lors « transfi-guré » (l. 134, p. 36). La comparaison « comme s’il eût inopinément touché une bouteille de Leyde » (l. 153, p. 36) introduit l’image d’un choc brutal et violent. Comme souvent, la révélation produit un effet euphorique sur le scientifique qui se trouve « magnifique d’audace, de joie et de conviction » (l. 153-154, p. 36). Cet enthousiasme s’exprime au travers d’une syntaxe articulée par de multiples jux-tapositions dans une longue phrase, dans laquelle l’énumération de sept verbes à l’imparfait restitue le vertige qui étreint Lidenbrock (l. 153-157, p. 36). Plus rien ne semble arrêter ce personnage foudroyé par sa découverte.

8 Les personnages doivent se rendre en Islande avant les premiers jours de juillet. Listez les dates données dans les chapitres I à XVI et précisez les effets que produit cette abondance. Les seize premiers chapitres du roman multiplient les indications calendaires :— chapitre I : « 24 mai 1863 » (l. 1, p. 9) ;— chapitre VII : « 26 mai » (l. 125, p. 49) ; « 22 juin » (l. 133, p. 49) ;

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— chapitre VIII : « 2 juin » (l. 101, p. 55) ;— chapitre IX : « le 2, à six heures du matin » (l. 6, p. 59) ; « le 8 » (l. 49, p. 61) ; « le 11 » (l. 60, p. 61) ;— chapitre XI : « 16 juin » (l. 78, p. 74) ; « la journée du 14 » (l. 146, p. 77) ;— chapitre XIII : « mois de juin et juillet » (l. 3, p. 84) ; « 19 juin » (l. 132, p. 89) ; « samedi 20 juin » (l. 150, p. 89) ;— chapitre XIV : « 23 juin » (l. 157, p. 96) ;— chapitre XVI : « 25 juin » (l. 135, p. 108) ; « le 26 » (l. 144, p. 109) ; « 28 juin » (l. 155, p. 109).De la sorte, la narration restitue l’inévitable échéance à respecter (fixée « avant les calendes de Juillet », chapitre V, l. 148, p. 36) afin de bénéficier de l’indice qui permet la découverte du cratère conduisant vers le centre de la Terre. L’importance de cette date est soulignée par l’augmentation des précisions tem-porelles dans les derniers chapitres. C’est une véritable course contre la montre à laquelle Lidenbrock et son neveu se livrent à travers toute l’Europe du Nord.

9 Le hasard joue un rôle important dans un roman d’aventures. Trouvez des moments du récit où il permet de faire avancer l’intrigue. Dans le roman d’aven-tures, le hasard insuffle l’action à la narration, et motive l’aventure. Sans lui, le récit demeure dans une stase réaliste, ou tout du moins vraisemblable. C’est un hasard vraisemblable qui fait tomber le parchemin codé de l’ouvrage de Snorre Turleson (chapitre II, l. 79-80, p. 18) ou qui dévoile le secret du code à Axel (chapitre IV, l. 77-78, p. 30). C’est encore le hasard qui permet au soleil de projeter une ombre indiquant l’entrée du tunnel au sommet du volcan (chapitre XVI, l. 162-163, p. 109). Derrière ces phénomènes, le lecteur devine la main d’un auteur régisseur. De cette manière, le hasard dans le roman d’aventures traduit la métaphore de l’écriture.

Zoom sur… p. 112-114

La découverte du cryptogramme, chapitre II, l. 24‑124, p. 16‑19

V Mettre en lumière les caractéristiques de l’écriture de Jules Verne

Analyse du texte

I. L’oncle Lidenbrock

a. Tout au long du passage, le professeur Lidenbrock monopolise la parole. Qualifiez l’attitude de l’oncle envers son neveu. Justifiez votre point de vue en précisant les termes que Lidenbrock emploie quand il désigne Axel. Durant

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tout ce passage, l’oncle Lidenbrock affiche très clairement sa supériorité sur son neveu. C’est lui qui oriente la conversation et apporte les informations qu’il juge utiles. Sa première réplique (l. 33-40) se révèle tout à fait exemplaire de cette attitude. Le professeur se pose à la fois en tant qu’émetteur et récepteur de son propre discours, écarte Axel de sa réflexion et apporte les réponses aux questions qu’il formule lui-même. Cette supériorité se devine également à travers son atti-tude condescendante, que l’on retrouve dans l’usage d’un tutoiement répété (« ta traduction », l. 53 ; « Qui te parle de caractères […] ? », l. 63) et par une gestuelle expressive (« en haussant les épaules », l. 58). Cette supériorité s’affiche et s’ex-prime surtout dans les termes dévalorisants qu’emploie Lidenbrock pour désigner son neveu : « malheureux Axel » (l. 63) ; « ignorant » (l. 65) ; « impie » (l. 74). Pour le savant, seul l’objet scientifique est digne de son intérêt. Il dédaigne l’humain qui selon lui n’est pas son égal.

b. Les romans de Jules Verne visent à instruire le lecteur en le divertissant. Montrez en quoi la leçon que le professeur donne à son neveu correspond à cet objectif. L’objectif imposé par l’éditeur Hetzel à Jules Verne pour la collec-tion des Voyages extraordinaires est de transmettre par le biais de la fiction un savoir scientifique le plus étendu possible à un vaste public. Cette contrainte explique la présence de nombreux noms propres empruntés à des champs de connaissance variés, comme la reliure (« Bozerian, Closs ou Purgold », l. 39-40) et la littérature (« l’Heimskringla de Snorre Turleson », l. 47), ou d’informations culturelles, quand il évoque notamment « les deux mille langues et les quatre mille idiomes employés à la surface du globe » (l. 105-106). De plus, par l’inter-médiaire de son savant personnage, l’auteur propose ici une vaste leçon de lin-guistique. Lidenbrock évoque en effet la langue islandaise : « ce magnifique idiome, riche et simple à la fois, qui autorise les combinaisons grammaticales les plus variées et de nombreuses modifications de mots » (l. 54-56) et qui « admet les trois genres comme le grec et décline les noms propres comme le latin » (l. 59-60). Cette pulsion pédagogique s’incarne enfin dans de nom-breux passages explicatifs fortement inspirés des ouvrages documentaires que compulse l’auteur : « Les runes, reprit-il, étaient des caractères d’écriture usités autrefois en Islande, et, suivant la tradition, ils furent inventés par Odin lui-même ! » (l. 72-74).

II. Axel, l’insaisissable neveu

a. Face à l’enthousiasme de son oncle, Axel se contente de lui adresser quelques mots. Commentez son attitude en vous appuyant sur les amplifications dans ses premières paroles. Axel joue ici le rôle du faux interlocuteur. Il connaît bien le

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caractère de son oncle et il est tout à fait conscient du rôle qu’il doit jouer dans cet échange. Il arbore dès lors « un enthousiasme de commande » (l. 27-28) face à l’émerveillement qu’exprime le professeur pour son livre. Afin de se mettre à l’unisson avec le discours du savant, Axel emploie plusieurs adjectifs mélioratifs dont le but est de prolonger et d’amplifier dans son propre discours la joie de son oncle : « magnifique » (l. 27) ; « merveilleux » (l. 44). Conscient des colères qu’il pourrait provoquer en manifestant son désintérêt, Axel s’adonne ainsi à une flatterie de caractère.

b. Le neveu et l’oncle ne partagent pas le même intérêt pour les livres rares. Repérez les expressions qu’utilise Axel pour désigner le livre et le parchemin. Opposez-les à celles qu’emploie le professeur Lidenbrock. Les deux hommes divergent totalement dans leur appréciation de l’ouvrage. Tandis que le profes-seur Lidenbrock s’adonne à un grand moment de bibliophilie en multipliant les constructions exclamatives et les expressions valorisantes quand il parle de sa trouvaille (« trésor inestimable », l. 24-25 ; « beau », l. 34 ; « admirable », l. 34 ; « quelle reliure ! », l. 34 ; « et ce dos […] ! », l. 38), Axel emploie un lexique qui rabaisse l’objet à sa matérialité première (« vieil in-quarto », l. 28 ; « veau gros-sier », l. 29 ; « bouquin jaunâtre », l. 29-30 ; « le vieux bouquin », l. 42). Le jeune homme ne comprend pas la sidération de son oncle pour un objet vieilli et illisible. L’opposition que dessine Jules Verne entre ces deux personnages s’affirme très clairement dans ces premiers échanges du roman.

c. L’appel de Marthe sonne l’arrêt des réflexions pour Axel. Commentez l’ex-pression « neveu dévoué » (l. 123) et la tonalité employée ici. Au terme de cet échange d’un intérêt peu réciproque pour le manuscrit et les caractères runiques, la servante Marthe annonce le repas du soir. Aussitôt repoussée par Lidenbrock, la servante s’enfuit en compagnie d’Axel. L’emploi de l’expression « neveu dévoué » (l. 123) par Axel pour désigner sa propre attitude (il accepte de prendre part au repas) entre en résonnance avec un ensemble d’expressions pré-sentes dans le passage : « insinuai-je avec assez de bonheur » (l. 57) ; « ébranlé dans mon indifférence » (l. 61) ; « m’instruisit, malgré moi, de choses que je ne tenais guère à savoir » (l. 70-71). Ces expressions teintées d’humour renvoient à l’attitude d’Axel, notamment à son enthousiasme feint pour le manuscrit : « bien que cela ne m’intéressât aucunement » (l. 43). L’écart entre les propos et les pensées du personnage introduit une ironie visible pour le lecteur. Ce décalage nourrit le texte d’humour, contrepoint nécessaire à la lecture des passages de vulgarisation scientifique.

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III. Le mystère runique

a. L’aventure qui s’annonce semble liée à des temps anciens. Citez les adjectifs qui caractérisent l’ouvrage puis le parchemin et précisez les aspects sur lesquels l’auteur insiste. Le parchemin découvert dans le manuscrit de Snorre Turleson est l’élément déclencheur de l’aventure à venir. Les deux objets se caractérisent par leur aspect ancien. La description de l’ouvrage par des termes comme « vieil » (l. 28), « grossier » (l. 29), « jaunâtre » (l. 30), « décoloré » (l. 30) l’indique claire-ment. Le professeur précise alors qu’il s’agit un ouvrage original du douzième siècle (l. 48). Il insiste également sur l’emploi des caractères runiques « usités autrefois en Islande » (l. 72-73). Jules Verne rattache de la sorte son récit à des temps pas-sés et non aux temps à venir. Le passage utilise en ce sens l’adjectif « vieux » à de nombreuses reprises (l. 28 ; l. 42 ; l. 82 ; l. 83 ; l. 102 ; l. 122). Cette répétition souligne l’importance de l’histoire dans l’aventure qui attend les personnages.

b. Le mystérieux document est écrit en runes illisibles. Dites quel est l’intérêt d’en proposer une copie au lecteur. De façon originale, Jules Verne et Hetzel intègrent dans le récit un fac-similé du parchemin retrouvé. Ce procédé graphique a avant tout vocation à apporter de la vraisemblance à un récit dont l’intrigue va développer une aventure extraordinaire, mais il permet également d’introduire dans le roman une illustration plaisante destinée à renforcer l’adhésion du jeune public. Cette reproduction permet en outre d’amplifier le mystère et l’énigme à laquelle sont confrontés les personnages : le lecteur peut à son tour tenter de donner du sens à ces étranges caractères.

c. La découverte du parchemin annonce l’aventure au centre de la Terre. Relevez les phrases qui le suggèrent au lecteur et appuyez-vous sur l’emploi du super-latif. Dès le début du roman, l’aventure vers le centre de la Terre est annoncée. L’ensemble des termes mélioratifs qui désignent l’ouvrage découvert comme « un trésor inestimable » (l. 24-25), « admirable » (l. 34), ainsi que l’étendue du passage consacré à sa description souligne son importance capitale pour la suite du roman. Le récit rétrospectif que mène Axel l’indique d’une manière explicite : « Je tiens à faire connaître ces signes bizarres, car ils amenèrent le professeur Lidenbrock et son neveu à entreprendre la plus étrange expédition du dix-neuvième siècle » (l. 90-92).

Étude de la langueIdentifiez et commentez les types de phrases qu’emploie le professeur pour exprimer son enthousiasme devant son neveu. Afin d’exprimer son enthousiasme,

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le professeur Lidenbrock emploie de nombreuses phrases exclamatives qui marquent son émotion et l’intensifient.

Activités d’appropriation

1. Recherche documentaire Dans ce chapitre II apparaît le nom de Snorre Turleson (l. 47 et l. 96), « le fameux auteur islandais du douzième siècle », défor-mation du nom de Snorri Sturluson. Vérifiez les informations données par le professeur Lidenbrock.Retrouvez ensuite dans le chapitre le nom d’un dieu nordique. Que savez-vous de lui ? L’élève pourra se rendre sur la page Wikipédia dédiée à Snorri Sturluson et vérifier les éléments biographiques donnés par le professeur Lidenbrock. L’auteur a bien écrit une Histoire des rois de Norvège (le Heimskringla) que l’on peut encore se procurer et lire dans des traductions, comme celle des éditions Gallimard.

Arrêt sur lecture 2 p. 175-179

Pour comprendre l’essentiel p. 175-176

Un voyage périlleux

1 Les aventuriers ont enfin découvert la bonne entrée dans les entrailles du Snæfell. Commentez la première phrase du chapitre XVII (p. 115), puis retrouvez-en un écho dans le chapitre suivant ; dites qui la prononce. Après avoir découvert et décodé le parchemin de Saknussemm, le professeur Lidenbrock et son neveu traversent l’Europe du Nord pour gagner l’Islande. En route, ils font la connaissance de leur précieux guide Hans, qui les conduit au sommet du Snæffel. Là, ils découvrent l’accès à une cheminée, qui marque le début de leur descente vers le centre de la Terre. La première phrase du chapitre XVII – « Le véritable voyage commençait » – indique au lecteur que l’aventure exploratrice

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des entrailles de la Terre débute et que l’odyssée européenne qui a précédé n’était qu’un prélude. Le narrateur signale ainsi dans son récit rétrospectif que les véri-tables difficultés vont apparaître. Dans le chapitre suivant, la troupe parvient à la base de la cheminée du volcan et c’est le professeur Lidenbrock qui déclare à son neveu : « Voici donc le moment précis auquel notre voyage commence » (cha-pitre XVIII, l. 62, p. 121), reprenant à son compte la phrase d’Axel. Une fois de plus, c’est le professeur qui assume la fonction de chef de cordée.

2 La descente se révèle longue et pénible. Nommez la principale inquiétude d’Axel au cours du premier jour de marche et précisez quand elle se vérifie. La première journée de marche se révèle longue et pénible. « La faim et la fatigue » (chapitre XVIII, l. 121, p. 123) empêchent Axel de raisonner. Cependant, le jeune homme ne peut s’empêcher de faire remarquer à ses camarades que la « réserve d’eau [est] à demi consommée » (chapitre XVIII, l. 126, p. 123) et que l’absence de source souterraine risque de faire peser un danger fatal sur leur expédition. Un mauvais choix du professeur emmène les explorateurs dans une impasse. Alors qu’ils sont contraints de rebrousser chemin, Axel renouvelle ses inquiétudes sur « le manque d’eau » (chapitre XIX, l. 145, p. 130). Au chapitre XX, les trois voya-geurs sont contraints de « se rationner » (chapitre XX, l. 1, p. 130). Le mardi 8 juil-let, après plusieurs jours de marche, les réserves d’eau sont épuisées. Malgré leur état, les trois hommes reprennent l’expédition « à demi morts » (chapitre XXI, l. 18, p. 136). Leurs forces les abandonnent au chapitre XXII (p. 142).

3 Dans le chapitre XIX, Axel exprime sa peur de « perdre [s]es compagnons de vue » (l. 78-79). Citez le moment où cette crainte prend forme, puis étudiez les procédés qui intensifient l’angoisse de ces chapitres et leurs effets sur le lec-teur. Dès le chapitre XIX, Axel explique que « [s]a grande préoccupation [est] de ne point perdre [s]es compagnons de vue » (chapitre XIX, l. 78-79, p. 128) dans les pro-fondeurs de ce labyrinthe. Cette crainte se réalise à la fin du chapitre XXVI, quand au détour d’une galerie les explorateurs se voient séparés. L’auteur consacre le chapitre XXVII (p. 160-163) à la solitude d’Axel et à la peinture de son désespoir. Sa détresse est restituée par l’emploi de nombreuses phrases exclamatives, par l’usage du lexique de l’absence, de répétitions (« perdu », l. 18 et 19, p. 161 et l. 68, p. 162), par un récit introspectif dans lequel le jeune homme retrace son parcours jusqu’à cette situation (chapitre XXVII, l. 22-27, p. 161), ou encore par la multiplica-tion des pronoms personnels de la première personne, qui accentue cette solitude. Tous ces procédés cherchent à émouvoir le lecteur sur le sort funeste qui attend désormais Axel.

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La science en question

4 L’exploration au centre de la Terre a une vocation scientifique. Citez des élé-ments du texte qui rappellent cet objectif en vous appuyant sur des champs lexicaux précis. Voyage au centre de la Terre est tout à fait emblématique des règles qu’impose l’éditeur Hetzel à Jules Verne pour les Voyages extraordinaires. En effet, le roman, qui a une vocation scientifique et pédagogique, multiplie les références à des ouvrages de minéralogie que l’on devine dans les longs passages descriptifs : « C’est évident, m’écriai-je, les sédiments des eaux ont formé, à la seconde époque de la Terre, ces schistes, ces calcaires et ces grès ! Nous tour-nons le dos au massif granitique ! » (chapitre XIX, l. 92-94, p. 128) ; « Cela devait être, car, à l’époque silurienne, les mers renfermaient plus de quinze cents espèces végétales ou animales. Mes pieds, habitués au sol dur des laves, foulèrent tout à coup une poussière faite de débris de plantes et de coquilles. Sur les parois se voyaient distinctement des empreintes de fucus et de lycopodes » (chapitre XIX, l. 123-127, p. 129) ; « La science géologique considère ce terrain primitif comme la base de l’écorce minérale, et elle a reconnu qu’il se compose de trois couches dif-férentes, les schistes, les gneiss, les micaschistes, reposant sur cette roche iné-branlable qu’on appelle le granit » (chapitre XXII, l. 14-18, p. 141). Dans ces passages comme dans d’autres, le lecteur reconnaît les champs lexicaux de la minéralogie et de la géologie.

5 Jules Verne se plaît à malmener les lois et les hypothèses scientifiques. Donnez des exemples de contradictions des lois scientifiques connues. Aidez-vous pour cela des calculs qu’effectue Axel au chapitre XVIII (p. 124-125). Le roman de Jules Verne reste une œuvre de fiction. Même si Voyage au centre de la Terre apparaît vraisemblable par le biais de l’illusion romanesque, son auteur s’amuse à réinventer sans cesse le monde et les règles physiques qui le régissent. Il écarte ainsi les contraintes de la pression atmosphérique en grande profondeur. Pour cela, il propose cette solution dans la bouche du professeur Lidenbrock : « Nous descendrons lentement, et nos poumons s’habitueront à respirer une atmosphère plus comprimée. Les aéronautes finissent par manquer d’air en s’élevant dans les couches supérieures, et nous, nous en aurons trop peut-être. Mais j’aime mieux cela » (chapitre XVIII, l. 31-34, p. 120). De même, il tord le cou aux théories d’accroissement de la chaleur, comme le fait remarquer Axel au chapitre XVIII : « D’après les observations les plus exactes, l’augmenta-tion de la température à l’intérieur du globe est d’un degré par cent pieds. Mais certaines conditions de localité peuvent modifier ce chiffre » (l. 149-152, p. 124) ; « La température, qui aurait dû être de quatre-vingt-un degrés en cet endroit,

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était de quinze à peine. Cela donnait singulièrement à réfléchir » (l. 173-175, p. 125). Une autre fois encore, Lidenbrock fait fi des règles de la gravité : « Il est vrai que l’intensité de la pesanteur diminuera à mesure que nous descendrons. Tu sais que c’est à la surface même de la Terre que son action se fait le plus vive-ment sentir, et qu’au centre du globe les objets ne pèsent plus » (chapitre XXV, l. 116-120, p. 157).

6 L’exploration des grottes souterraines s’apparente à une remontée dans les temps anciens. Retrouvez des exemples de changement d’ère géologique (cha-pitres XVII à XXII) et précisez quelle est l’intention de l’auteur ici. Une fois leur descente amorcée, les trois explorateurs se retrouvent face à un univers minéral changeant. Ils passent ainsi du tunnel creusé par la lave de « la dernière éruption de 1229 » (chapitre XVIII, l. 78, p. 122) à des couches de roches sur lesquelles Axel peut lire « la succession variée des grès, des calcaires et les premiers indices des terrains ardoisés, […] période pendant laquelle ont apparu les premières plantes et les premiers animaux » (chapitre XIX, l. 101-105, p. 129). La descente vers le centre de la Terre revêt ainsi des allures de remontée vers les temps anciens. La narra-tion s’accompagne de nombreuses indications géologiques : « Toute l’histoire de la période houillère était écrite sur ces sombres parois, et un géologue en pouvait suivre facilement les phases diverses. Les lits de charbon étaient séparés par des strates de grès ou d’argile compacts, et comme écrasés par les couches supé-rieures. À cet âge du monde qui précéda l’époque secondaire, la Terre se recouvrit d’immenses végétations dues à la double action d’une chaleur tropicale et d’une humidité persistante. Une atmosphère de vapeurs enveloppait le globe de toutes parts, lui dérobant encore les rayons du soleil » (chapitre XX, l. 74-83, p. 133). L’explication de la formation du monde se prolonge au chapitre XXII : « Lorsque la terre se refroidit peu à peu aux premiers jours du monde, la diminution de son volume produisit dans l’écorce des dislocations, des ruptures, des retraits, des fendilles. Le couloir actuel était une fissure de ce genre, par laquelle s’épan-chait autrefois le granit éruptif. Ses mille détours formaient un inextricable laby-rinthe à travers le sol primordial. À mesure que nous descendions, la succession des couches composant le terrain primitif apparaissait avec plus de netteté. La science géologique considère ce terrain primitif comme la base de l’écorce miné-rale, et elle a reconnu qu’il se compose de trois couches différentes, les schistes, les gneiss, les micaschistes, reposant sur cette roche inébranlable qu’on appelle le granit » (chapitre XXII, l. 7- 18, p. 140-141). Dans ces chapitres, la narration prend ainsi des allures de voyage temporel, comme on en retrouve dans certains récits de science-fiction (ceux de H. G. Wells, par exemple). L’auteur respecte ainsi les contraintes éditoriales d’une pédagogie divertissante tout en s’inscrivant dans un

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genre littéraire plus proche de l’aventure, qui se nourrit d’un exotisme nécessaire et du dépaysement, afin de capter un large lectorat.

Un étrange scientifique

7 Coupés du monde, les trois explorateurs sont soumis à de nouveaux rapports sociaux. En vous fondant sur des exemples précis ainsi que sur le type de phrase qu’il emploie le plus souvent, montrez que le professeur Lidenbrock impose un régime autoritaire au sein du groupe. Au cours de leur descente vers les entrailles du globe, les trois explorateurs recréent des rapports sociaux qui tendent à dénon-cer l’absolutisme du professeur Lidenbrock. Son aptitude à donner des ordres s’exprime dans les phrases injonctives qui ponctuent régulièrement ses prises de parole : « Marchons ! marchons ! » (chapitre XVIII, l. 99, p. 123). Le professeur Lidenbrock s’affirme également en chef de cordée quand il fait précipiter un colis d’ « objets non fragiles […] dans le gouffre » (l. 53-55, chapitre XVII, p. 116) ou qu’il indique « le signal de repos » (chapitre XIX, l. 43, p. 127). Hans, de son côté, « l’im-passible serviteur » (chapitre XXI, l. 112-113, p. 139), obéit aveuglement à celui qui le rémunère, malgré les tentatives d’Axel de le rallier à ses arguments. Contraint de se ranger à la majorité, Axel doit suivre ses deux coéquipiers : « qu’il soit fait comme le désirez » (chapitre XXI, l. 137, p. 140) déclare-t-il alors à son oncle.

8 Le professeur Lidenbrock s’acharne à démontrer la supériorité de ses déci-sions. Montrez en quoi sa détermination extrême finit par s’apparenter à une condamnation à mort de ses compagnons. Dans sa course au centre de la Terre, Lidenbrock expose ses compagnons à des dangers funestes. Il assume des déci-sions périlleuses sur l’itinéraire à prendre. Son choix du « tunnel de l’est » (cha-pitre XIX, l. 12, p. 126) conduit la troupe vers une impasse et épuise leurs ressources en eau. Axel perd connaissance et frôle la mort. La folie de Lidenbrock transparaît quand il se compare à Christophe Colomb : « Quand Colomb a demandé trois jours à ses équipages pour trouver les terres nouvelles, ses équipages, malades, épou-vantés, ont cependant fait droit à sa demande, et il a découvert le nouveau monde. Moi, le Colomb de ces régions souterraines, je ne te demande qu’un jour encore » (chapitre XXI, l. 128-131, p. 140). Dans ce labyrinthe souterrain, Axel s’égare et se blesse gravement (chapitre XXVII, p. 160-163). À son réveil, le chef Lidenbrock lui annonce qu’une traversée en mer les attend (chapitre XXIX, l. 105-106, p. 174).

9 Obsédé par son projet, Lidenbrock en devient insensible aux souffrances humaines. Retrouvez le passage où il fait toutefois preuve d’une grande géné-rosité envers Axel et relevez les termes qui renforcent l’aspect pathétique de ce passage. Si Lidenbrock semble incarner l’intransigeance scientifique, il fait

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cependant preuve d’un geste unique d’humanité envers son neveu. Ainsi, le chapitre XXI raconte le chemin du retour de l’impasse et le manque d’eau. C’est alors que Lidenbrock offre à Axel les quelques gouttes d’eau qu’il avait conser-vées : « “Pauvre enfant !” murmura-t-il avec un véritable accent de pitié. Je fus touché de ces paroles, n’étant pas habitué aux tendresses du farouche profes-seur. Je saisis ses mains frémissantes dans les miennes. Il se laissa faire en me regardant. Ses yeux étaient humides. » (chapitre XXI, l. 27-31, p. 136-137). Dans ce passage, les champs lexicaux de la pitié (« pauvre enfant », l. 27 ; « accent de pitié », l. 27-28) et de l’émotion (« touché », l. 28 ; « mains frémissantes », l. 29 ; « yeux […] humides », l. 30-31), ainsi que l’emploi de l’adjectif « pauvre » placé à gauche du nom confèrent une valeur subjective à la scène et amplifient son aspect pathétique.

Zoom sur… p. 177-179

La solitude d’Axel, chapitre XXVII, p. 160‑163

V Approfondir la connaissance d’un personnage

Analyse du texte

I. Une scène de désespoir

a. Axel se retrouve séparé de ses compagnons ; un sentiment d’angoisse le gagne. Étudiez la manière dont la syntaxe restitue cet état d’esprit dans les premiers paragraphes du chapitre (l. 1-21). Perdu dans les entrailles de la Terre, séparé de ses amis, Axel se laisse submerger par un terrifiant sentiment d’an-goisse. L’organisation syntaxique des premiers paragraphes du chapitre restitue ce sentiment, tout comme la composition phrastique. Le lecteur peut ainsi repérer la présence de nombreuses phrases simples qui visent à amplifier cette détresse. Incapable de mener une réflexion complexe, Axel voit ses pensées réduites à de simples propositions isolées les unes des autres, allant même jusqu’à la simple construction infinitive (« Comment revenir », l. 15), qui suspend tout jugement et restitue la difficulté d’Axel à organiser ses pensées. De même, les phrases s’or-donnent en des paragraphes courts ou tout au plus de longueur moyenne, loin des longues envolées scientifiques de l’oncle Lidenbrock.

b. Ce passage est fortement teinté d’expressions liées à la tonalité pathétique. Appuyez-vous sur les hyperboles et les autres procédés d’amplification pour montrer qu’Axel perd tout espoir. Cet extrait traduit la détresse d’un personnage.

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Il s’appuie donc sur la tonalité pathétique. L’intention de l’auteur, qui consiste à émouvoir son lecteur, s’exprime grâce à différents procédés, comme la fréquence des phrases exclamatives et des constructions interrogatives, qui marquent l’affo-lement du personnage. Ensuite, il convient de souligner l’usage des répétitions. L’anaphore du pronom personnel « je » au début des phrases martèle le cri de désespoir du jeune homme. Enfin, la tonalité pathétique s’appuie sur des amplifi-cations, un lexique intensif et des généralisations, poussant de cette manière l’an-goisse à son terme ultime : « Nul mot » (l. 1) ; « incommensurable » (l. 19-20) ; « tout ce monde » (l. 24) ; « disjoindre ces voûtes énormes » (l. 31) ; « impénétrable » (l. 64) ; « absolue » (l. 91) ; « les plus douloureux » (l. 94) ; « inextricable » (l. 95).

c. Le silence et l’obscurité s’ajoutent à la détresse d’Axel. Prouvez-le en rele-vant les champs lexicaux du silence (début du chapitre) et de l’effacement. Cette détresse s’exprime également dans l’usage du lexique du silence et de l’efface-ment qui sillonne le texte, comme le montrent ces exemples : « nul » (l. 1) ; « mou-rir » (l. 3) ; « desséché » (l. 5) ; « abandonné » (l. 6) ; « silence étrange » (l. 7-8) ; « absence » (l. 11) ; « aucune empreinte » (l. 16) ; « désespérer » (l. 29) ; « aucun signe » (l. 61) ; « fossilisé » (l. 71) ; « s’amoindrir » (l. 79) ; « s’évanouir » (l. 83). Axel apparaît ainsi comme un être disparu, une ombre en devenir qui s’efface sous le poids et les ténèbres de la roche.

II. La logique face à la foi

a. Même dans ce moment de désespoir, Axel tente de faire preuve de lucidité. Soulignez l’articulation de son raisonnement en relevant les mots qui marquent l’avancée de sa pensée et sa confiance dans son raisonnement (l. 6-14). Si la tonalité pathétique permet de restituer le désespoir du jeune homme, il convient de constater que celui-ci se réfugie tout d’abord dans le raisonnement scientifique. Partant de l’examen des faits, il élabore une démarche explicative de sa situa-tion. La question initiale du troisième paragraphe du chapitre (« Mais comment avais-je abandonné le cours du ruisseau ? », l. 6) actionne un dispositif structuré autour de liens logiques et d’expressions analytiques : « car » (l. 6) ; « alors » (l. 7) ; « Ainsi » (l. 9) ; « Il est évident que » (l. 11) ; « tandis que » (l. 12-13). De la sorte, le jeune homme oriente son jugement vers une rationalité rassurante et entame une démarche qui consiste à retrouver la source perdue.

b. Se sentant perdu, le jeune homme se tourne alors vers la prière. Repérez les références à la religion et dites quel effet ce recours à la Providence produit sur le lecteur. Pressentant que sa réflexion ne lui apportera aucune solution, Axel cherche un réconfort dans la religion : il se réfugie dans « la prière » (l. 41),

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s’adressant « avec ferveur » (l. 42) à « Dieu » (l. 42), dont il espère une interven-tion salvatrice. Le recours à « la Providence » divine (l. 43) restaure le calme chez le jeune homme. Cette attitude paraît étonnante chez un tel représentant de l’es-prit scientifique du xixe siècle. Cependant, il souligne l’importance accordée à la religion chez Jules Verne. Dans le texte et dans cette scène en particulier, cette intrusion du spirituel renforce une nouvelle fois le désespoir d’Axel.

c. Axel échafaude un plan de sauvetage pour rejoindre ses deux compagnons. Précisez la conclusion à laquelle il arrive et le nouvel objet de sa quête. Ayant retrouvé son calme et « les forces de [s]on intelligence » (l. 44), Axel élabore le projet de retrouver le ruisseau perdu en « mont[ant], mont[ant] toujours » (l. 48) afin de « regagner le sommet du Snæffel » (l. 51). La raison semble l’emporter sur l’affolement. Il reprend dès lors sa marche dans le labyrinthe de galeries jusqu’à atteindre une « muraille de granit » (l. 67). Là, il perd tout espoir et comprend que sans une intervention extérieure, voire miraculeuse, il est perdu à jamais.

III. Un récit initiatique

a. Entraîné par son découragement, Axel semble peu à peu sombrer dans la folie. Expliquez quelle tentation le guette alors en justifiant votre réponse. Isolé de ses camarades et étant dans l’incapacité de trouver une issue à la galerie dans laquelle il erre, Axel passe du désespoir à la folie. La dernière lueur qui s’échappe de sa lampe (l. 84) traduit l’extinction de sa raison : « Alors ma tête se perdit » (l. 93). Le jeune homme se met à hurler, à fuir dans les ténèbres. Blessé, il « cherch[e] à boire ce sang » (l. 98-99) qui lui inonde le visage. De là naît la tentation de percuter volontairement sa tête à un mur de granit pour qu’elle « s’y bris[e] » (l. 100).

b. La course finale dans les ténèbres revêt des allures mythologiques. Commentez ce passage en faisant référence au mythe auquel est associée l’image des « trente lieues d’écorce terrestre » qu’Axel semble porter sur ses épaules (l. 20). Comme ailleurs chez Jules Verne, ce texte fait allusion à de célèbres mythes grecs. De la sorte, l’auteur ne cesse d’intégrer une importante somme de connaissances dans ses récits. Le lecteur peut ainsi repérer une référence au mythe du Titan Atlas quand Axel déclare : « Ces trente lieues d’écorce terrestre pesaient sur mes épaules d’un poids épouvantable » (l. 20-21). Rappelons que dans la mythologie grecque, le Titan Atlas (dont le nom signifie « le porteur » en grec) est condamné par Zeus à porter le monde sur ses épaules pour l’éternité. Une autre fois, le nar-rateur évoque le « labyrinthe » (l. 68) dans lequel il se perd. L’auteur renvoie ici ses lecteurs au mythe du labyrinthe conçu par Dédale et dans lequel on enferme le Minotaure. Enfin, le lecteur pourra s’interroger sur la volonté d’Axel de remonter

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encore et toujours la galerie afin de retrouver la lumière du soleil et y voir peut-être une nouvelle allusion au mythe d’Orphée (ou à d’autres grands héros mytholo-giques) descendu aux Enfers et cherchant à remonter à la surface.

c. Une initiation se définit par le passage d’un état à un autre. Dites en quoi ce chapitre apparaît comme le moment de la mort symbolique et de la renais-sance du narrateur, et ce qu’il annonce de la suite des événements. Cet extrait se révèle capital dans la transformation que subit Axel durant tout le voyage. Il apparaît clairement comme l’un des moments initiatiques dans le parcours du jeune homme. L’initiation se définit comme un rituel de transformation par le biais d’une épreuve. Ce rituel est alors associé à une mort symbolique. C’est le cas ici, Axel passant d’un état de désespoir à une mort symbolique : la fin du chapitre nous le décrit « tomb[ant] comme une masse inerte le long de la paroi » (l. 103). En outre, ce chapitre intègre une référence à l’enfance d’Axel et au souvenir de sa mère. Cette image nous invite à voir la cavité dans laquelle il se trouve comme une forme fantasmée et symbolique du ventre. Par la suite, le jeune homme va être expulsé de cette cavité par une chute convoquant une nouvelle fois l’image d’une (re)naissance. Transformé par cette expérience, Axel assurera à de nombreuses reprises le commandement de la troupe dans la suite du roman.

Étude de la langueÀ quels temps sont majoritairement conjugués les verbes de ce chapitre ? Différenciez leurs emplois. Ce chapitre emploie majoritairement les temps du récit au passé. Le lecteur retrouve l’imparfait dans l’expression de verbes qui se situent à l’arrière-plan narratif, et donc étroitement liés aux descriptions ou à une temporalité durative. Le passé simple, lui, s’illustre dans des actions situées au premier plan de la narration.

Activités d’appropriation

1. Recherche documentaire Dans ce chapitre, Axel compare les entrailles de la Terre à un « inextricable labyrinthe » (l. 95). Documentez-vous sur l’histoire du héros Thésée et rapprochez ce mythe de l’épreuve vécue par le narrateur du Voyage au centre de la Terre. Le lecteur devra fournir les éléments essentiels de l’histoire de Thésée. Le professeur pourra compléter ce récit à l’aide d’œuvres artistiques, comme le célèbre bronze d’Antoine-Louis Barye (Thésée combattant le Minotaure, bronze, vers 1843, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de

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Paris), une mosaïque ou une illustration évoquant le combat de Thésée face au Minotaure. Dans tous les cas, le récit doit mettre l’accent sur l’aventure de l’héritier athénien et sa décision de mettre fin à la coutume liée aux sacrifices d’Athéniens au Minotaure de Crète, et rappeler que le héros parvient à sortir du terrible laby-rinthe créé par Dédale (à la demande de Minos) grâce au fameux fil d’Ariane. Le labyrinthe dans lequel on enferme le Minotaure est en effet connu pour ne pas laisser ressortir ses visiteurs : celui qui y entre est incapable d’en retrouver l’issue. Jules Verne rapproche de la sorte la course éperdue d’Axel dans les galeries sou-terraines avec le mythe de Thésée.

Arrêt sur lecture 3 p. 279-283

Pour comprendre l’essentiel p. 279-280

Un décor fantastique

1 Les explorateurs atteignent un continent souterrain. Dites comment l’auteur justifie la présence de lumière (chapitre XXX, p. 180-182). Les trois explorateurs atteignent au chapitre XXX un mystérieux continent perdu sous la surface du globe. Celui-ci se constitue d’un long rivage et d’une mer sans fin. Surtout, les visiteurs découvrent un paysage baigné d’ « une lumière “spéciale” » (l. 25, p. 180) que le narrateur oppose à la lumière de l’astre solaire et à « ses faisceaux écla-tants » (l. 26, p. 180). Cette lumière se caractérise par « sa diffusion tremblotante, sa blancheur claire et sèche, le peu d’élévation de sa température » (l. 29-30, p. 182) et se rapproche davantage d’une clarté lunaire. Le récit attribue son « ori-gine [à un] phénomène électrique » (l. 31-32, p. 182), à la manière d’« une aurore boréale » (l. 32, p. 182).

2 La traversée de la mer Lidenbrock se trouve perturbée par une tempête d’une extrême violence (chapitre XXXV). Montrez en quoi ce chapitre se rap-proche d’une scène d’apocalypse. Justifiez votre réponse. La troupe embarque sur un radeau improvisé pour gagner l’autre rive de la mer Lidenbrock. En pleine

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traversée, le ciel, qui est saturé de phénomènes magnétiques et de tensions élec-triques, prend un aspect redoutable et se mue en tempête titanesque. Les cheveux des navigateurs « se dressent […] comme aux abords d’une machine électrique » (l. 24-25, p. 214). Un ouragan se déchaîne sur l’embarcation et terrifie les voyageurs. La pluie se change en « cataracte » (l. 72, p. 216), « la mer entre en ébullition » (l. 74, p. 216). Les phénomènes tournent à l’apocalypse, « des éclairs sans nombre s’entre-croisent » (l. 77-78, p. 216). L’image du feu se joint à la violence des mers et se pro-longe dans tout le passage : « étincelants » (l. 77, p. 216) ; « incandescente » (l. 79, p. 216) ; « ignivomes » (l. 81, p. 216) ; « feu » (l. 82, p. 216) ; « flamme » (l. 82, p. 216). Ce spectacle infernal dure trois jours durant lesquels les camarades n’échangent pas un mot. Ces phénomènes électriques les atteignent même : Hans « crach[e] du feu » (l. 158, p. 220) et tous sont « couverts par des jets de flammes » (l. 156, p. 216).

3 Dans ces chapitres, le récit se débarrasse de la vraisemblance scientifique qui le soutenait jusqu’à présent. Relevez les éléments qui le montrent. Les chapitres XXX à XLV relèvent d’une écriture de l’amplification soumettant les personnages à des dangers extraordinaires. Ils sont dès lors associés à la tonalité épique et se détachent définitivement de la vraisemblance scientifique. Les phénomènes qui justifient la présence de la lumière dans le chapitre XXX ou la tempête magné-tique du chapitre XXXV, qui soumet les corps des voyageurs à des phénomènes incroyables, ne reposent plus sur des explications scientifiques crédibles. De même, la présence d’un continent souterrain aussi vaste et habité de créatures antédiluviennes (chapitre XXXIX) relève de la pure fiction.

Une odyssée homérique

4 Les trois explorateurs assistent impuissants à un combat titanesque entre deux créatures préhistoriques (chapitre XXXIII, p. 206-209). Étudiez le carac-tère épique de la scène en vous appuyant sur l’usage des hyperboles et des termes intensifs. Au cours de leur traversée de cette mer interminable, une force vient soulever le radeau et le « rejet[te] à vingt toises de là » (l. 118, p. 206). Les personnages assistent alors à l’apparition de deux créatures préhistoriques d’une taille considérable. La tonalité épique émane de l’emploi d’amplifications lexi-cales et d’hyperboles : « colossal » (l. 123, p. 206) ; « grosseur peu commune » (l. 125, p. 206) ; « monstrueux » (l. 126, p. 206) ; « dimensions surnaturelles » (l. 134, p. 206). La narration multiplie les précisions de distance et de grandeur : « à une distance de deux cents toises » (l. 120, p. 206) ; « large de quarante pieds » (l. 137-138, p. 206) ; « long de trente » (l. 137-138, p. 206) ; « à cent toises du radeau » (l. 151, p. 207) ; « mesure pas moins de cent pieds » (l. 176, p. 208).

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Cette lutte à mort titanesque dure plusieurs heures jusqu’à la victoire de l’un des deux animaux. Le récit intègre également un lexique de la violence et de la peur qui rapproche cette scène de combats épiques : « monstrueux » (l. 126, p. 206) ; « armée » (l. 127, p. 206) ; « épouvantés » (l. 132-133, p. 206) ; « briserait » (l. 134, p. 206) ; « dangereux » (l. 136, p. 206) ; « fureur » (l. 150, p. 207) ; « furie » (l. 184, p. 208) ; « craindre » (l. 188, p. 208) ; « blessé à mort » (l. 199, p. 208).

5 L’équipage fait d’autres rencontres gigantesques. Listez-les et analysez l’évo-lution de la réaction de Lidenbrock au chapitre XXXIX (p. 240-244). L’équipage finit par regagner la terre. Dans le chapitre XXXIX, Axel et son oncle entament une brève expédition. Ils découvrent des végétaux disparus avant d’apercevoir au loin un troupeau de mastodontes préhistoriques (à partir de la l. 55, p. 239). Là, les deux hommes observent un berger géant qui surveille ces créatures : « Sa taille dépassait douze pieds. Sa tête, grosse comme la tête d’un buffle, disparaissait dans les broussailles d’une chevelure inculte » (l. 87-89, p. 242). D’abord fasciné et tenté de se rapprocher, le professeur Lidenbrock se laisse cette fois-ci convaincre par son neveu et préfère fuir loin de ce tableau d’effroi.

6 Les voyageurs se retrouvent subitement expulsés vers la surface (cha-pitre XLIV). Précisez où ils atterrissent et en quoi ce lieu est lié à la mythologie grecque. À son réveil, le narrateur se retrouve « couché sur le versant d’une mon-tagne » (l. 4, p. 268). Les explorateurs comprennent qu’ils ont été expulsés hors du centre de la Terre par le cratère d’un volcan. Interrogeant un enfant en diffé-rentes langues, ils obtiennent une réponse en italien et découvrent que le volcan est le Stromboli, situé en pleine Méditerranée, là « où Éole tenait à la chaîne les vents et les tempêtes » (l. 140-141, p. 273). Pendant un instant, Axel admire poindre à l’horizon « le farouche Etna » (l. 143, p. 273). La référence au volcan sicilien sou-ligne l’aura mythologique dans laquelle baigne cet extrait. En effet, dans la mytho-logie grecque, l’Etna est lié au géant Encelade, enseveli sous le volcan à la suite de son combat contre Athéna. Le volcan est également supposé abriter les forges du dieu forgeron Héphaïstos.

Un dénouement imminent

7 Axel est marqué par les merveilles du continent souterrain (chapitre XXX). Commentez son ressenti et rapprochez cette attitude des aspirations des romantiques. Après sa chute dans les ténèbres, Axel se réveille dans une grotte qui se situe le long de la mer Lidenbrock. La description qu’il en propose relève d’une esthétique romantique. Il débute sa rêverie par une méditation sur le bord des eaux. Les phrases s’enchaînent au rythme du flux et du reflux de l’eau sur le

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rivage (l. 8-33, p. 180-182). La description suit ensuite le trajet du regard du nar-rateur qui s’arrête sur la voûte de la caverne. Les explications scientifiques dispa-raissent peu à peu derrière les impressions subjectives. Le décor évoque ainsi un paysage « mélancolique » (l. 46, p. 182) à l’image du caractère du jeune homme.

8 L’attitude d’Axel a bien évolué depuis le début du roman. Détaillez ces chan-gements. Au début du roman, Axel est d’un naturel craintif et se montre rétif à l’aventure. Il cherche d’ailleurs à empêcher son oncle d’entreprendre le voyage en proposant à plusieurs reprises des arguments démontrant l’inutilité d’une telle expédition. La traversée des régions souterraines et les épreuves subies l’ont peu à peu transformé. Dans la dernière partie du roman, il se montre l’égal de son oncle. Les remarques ironiques ont disparu de son discours. Tout comme Lidenbrock, Axel cherche désormais à poursuivre ce merveilleux voyage. C’est lui qui est à l’initiative de l’explosion de la roche du 27 août (chapitre XL, l. 135-136, p. 250) qui entraîne le radeau dans la cheminée d’un volcan. Au terme de cette aventure, Axel se montre désormais prêt à assumer son expérience et son rôle d’époux auprès de Graüben.

9 Lidenbrock commet plusieurs erreurs successives. Relevez-les et interprétez l’explication finale d’Axel. Au terme du roman, le professeur Lidenbrock semble avoir commis un certain nombre d’erreurs. Dans ces derniers chapitres, il se trompe quand il évalue la taille de la mer souterraine à traverser (chapitre XXXIII). Au chapitre XXXIV, Axel pointe les erreurs dans les théories de son oncle. Après la tempête magnétique, Lidenbrock pense que le radeau a fait demi-tour et insiste pour reprendre la mer, n’ayant pas compris pas l’énigme de la boussole. C’est fina-lement Axel qui lui révèle la solution de l’inversion de la polarité des aiguilles (cha-pitre XLV).

Zoom sur… p. 281-283

La vallée des monstres, chapitre XXXIX, l. 7‑121, p. 238‑243

V Étudier l’utilisation de l’écriture fantastique

Analyse du texte

I. Un lieu inquiétant

a. Axel remarque que les lois des sciences naturelles ne s’appliquent plus dans cet étrange lieu. Relevez les phénomènes qui introduisent l’étrange dans cet extrait. Le regard que porte Axel sur ce mystérieux continent des profondeurs l’amène à s’interroger sur les lois naturelles et physiques qui le régissent. Pour des

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raisons qu’il ne peut expliquer, « grâce à sa diffusion, complète alors, la lumière éclair[e] uniformément les diverses faces des objets » (l. 10-11, p. 238). De cette manière, chaque objet, chaque roche ne bénéficie d’aucune ombre (l. 12-13, p. 238). Le jeune homme note aussi l’absence de verdeur et de couleur de la végétation, qui partage « une teinte uniforme, brunâtre et comme passée » (l. 32-33, p. 239) ainsi qu’une juxtaposition d’espèces végétales provenant de « contrées si diffé-rentes de la surface du globe » (l. 45-46, p. 239).

b. L’exploration des lieux s’accompagne d’un accroissement de la peur. Étudiez la naissance et l’évolution de ce sentiment chez les personnages. La décou-verte de phénomènes inexplicables par la raison scientifique amène le narrateur à éprouver une étrange inquiétude qui va se renforcer tout au long de l’explo-ration jusqu’à aboutir à une terreur panique. Le premier sentiment qui anime le narrateur au contact de ce paysage surnaturel est « une certaine appréhen-sion » (l. 39, p. 239). La vue des mastodontes gardés par le berger géant est pour eux source de terreur. Axel et son oncle prennent alors la fuite, « accablés sous une stupéfaction qui touch[e] à l’abrutissement » (l. 118-119, p. 243). Le nar-rateur rapproche alors ces rencontres de terribles scènes de « cauchemars » (l. 121, p. 243).

II. Des rencontres monstrueuses

a. L’apparition des mastodontes est placée sous le signe du danger. Relevez les termes qui insistent sur la menace qu’ils représentent pour les deux explora-teurs. La rencontre des mastodontes est rapportée et traitée sous le signe d’un terrible danger qui plane sur les explorateurs. Le narrateur insiste tout d’abord sur la taille des créatures : « formes immenses » (l. 54, p. 239) ; « animaux gigan-tesques » (l. 55, p. 239) ; « grands éléphants » (l. 58, p. 240). Le lecteur notera ici l’évolution dans l’appellation des mastodontes, qui sont comparés à une « légion de serpents » (l. 59, p. 240). Les actions de ces créatures s’expriment au tra-vers de verbes ou de participes passés qui soulignent leur force et leur nombre : « grouillaient » (l. 58, p. 240) ; « taraudait » (l. 60) ; « craquaient » (l. 61) ; « arra-chées » (l. 61) ; « s’engouffraient » (l. 62). La description d’Axel se termine sur « la vaste gueule de ces monstres » (l. 62) et insiste sur la voracité de ces immenses éléphants.

b. Axel et son oncle apparaissent comme des intrus dans ce monde dispro-portionné. Montrez-le en relevant le lexique de la démesure. Axel et son oncle apparaissent comme des intrus dans un monde qui se caractérise surtout par sa disproportion. Le texte multiplie les précisions à l’aide d’un nombre considérable

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d’adjectifs sur la taille des végétaux et des animaux qui y vivent : « immense » (l. 20, p. 238 et l. 54, p. 239) ; « grands » (l. 23, p. 238 et l. 58, p. 240) ; « gigan-tesques » (l. 38 et l. 55, p. 239) ; « larges » (l. 42, p. 239) ; « considérables » (l. 61, p. 240) ; « géants » (l. 71, p. 240). Le narrateur et son oncle ne sont pas à leur place dans ce monde qui n’est pas à taille humaine.

c. Une autre créature de ce monde perdu suscite la terreur des deux scienti-fiques. Étudiez son portrait en précisant notamment à qui Axel compare cette nouvelle apparition. Après avoir croisé la route d’immenses éléphants antédilu-viens, Axel et son oncle restent stupéfaits et terrifiés à la vue du berger qui veille sur ce troupeau. Le géant est surtout caractérisé par son animalité : la taille de sa tête évoque celle d’un « buffle » (l. 88, p. 242) et ses cheveux une « crinière » (l. 89, p. 242). Aussitôt, le narrateur le compare à la figure mythologique de « Protée » (l. 81, p. 242), le gardien des troupeaux de Poséidon. Le lecteur pourra également songer au cyclope Polyphème, autre terrible berger de la mythologie grecque. Une grande bestialité émane de ce portrait et suscite l’effroi des deux hommes qui le contemplent.

III. Le recours au fantastique

a. L’apparition du fantastique dans un récit se matérialise souvent par le fran-chissement d’un seuil. Repérez le moment où les personnages pénètrent dans ce lieu interdit. L’impossibilité d’apporter des explications scientifiques sur la pré-sence de la vie dans cette immense caverne va peu à peu amener la narration à un traitement fantastique, annoncé par l’évocation du « personnage d’Hoffmann qui a perdu son ombre » (l. 18-19, p. 238). Le franchissement des « gigantesques tail-lis » (l. 38, p. 239) marque clairement l’entrée dans un monde où les règles natu-relles ne s’appliquent plus. Les personnages pénètrent ainsi dans un lieu interdit. Il convient de rapprocher cette action symbolique des violations d’espaces interdits ou dangereux dans les récits fantastiques (château, forêt, cimetière…). De même, la scène est comparée à un « cauchemar » (l. 121, p. 243), comme c’est souvent le cas dans les récits fantastiques.

b. Afin de valider une rencontre entre des personnages et un phénomène irra-tionnel, les auteurs fantastiques ont fréquemment recours au vocabulaire des sens. Dites quels sont ceux utilisés dans le passage. Justifiez ce choix de l’auteur. Les deux sens qui sont privilégiés tout au long de ce texte sont la vue et l’ouïe. On peut ainsi relever de nombreux termes et expressions qui ren-voient à l’ouïe : « silencieusement » (l. 8, p. 238) ; « j’entendais » (l. 59, p. 240) ; « craquaient » (l. 61, p. 240). De même, le lexique du regard est très présent :

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« ressemblions » (l. 18, p. 238) ; « ombre » (l. 29, p. 239) ; « teinte » (l. 33, p. 239) ; « couleurs » (l. 35, p. 239) ; « J’apercevais » (l. 41, p. 239) ; « apparaissaient » (l. 45, p. 239) ; « voir » (l. 53, p. 239) ; « yeux » (l. 54, p. 239) ; « voyais » (l. 54, p. 239) ; « vu » (l. 63, p. 240) ; « regardait » (l. 67, p. 240) ; « regarde » (l. 75, p. 240). Ces sens sont souvent privilégiés par les récits fantastiques car ils permettent de resti-tuer le phénomène surnaturel tout en mettant en doute la raison du lecteur, qu’ils sont susceptibles de tromper.

c. Après avoir croisé la route des mastodontes et du géant, Axel se réfugie dans le raisonnement scientifique. Reproduisez l’hypothèse qu’il formule pour réfuter cette dernière rencontre. Afin de contourner l’impossibilité scientifique d’une rencontre avec un géant des temps mythologiques, Axel se réfugie dans une démonstration rationnelle. Revenant sur l’illusion dont ont été victimes ses yeux, il accepte l’éventualité de l’existence d’un animal qui évoquerait la silhouette humaine. Il songe alors aux découvertes de la paléontologie. Poursuivant cette démonstration intérieure, il évoque « quelque singe des premières époques géolo-giques, […] quelque Protopithèque, […] quelque Mésopithèque » (l. 108-110, p. 242), cherchant à conjurer cette abominable rencontre par la précision de termes scien-tifiques. Pour appuyer cette démonstration et contredire la vision du berger, la narration recourt également à des phrases exclamatives ainsi qu’au connecteur « mais » (l. 112 et 114).

Étude de la langueLe roman est écrit au passé. Cependant, le narrateur utilise le présent de l’in-dicatif dans les paragraphes qui suivent sa rencontre avec le géant (l. 98-111). Justifiez son emploi et expliquez ses effets. Les différents verbes conjugués au présent de l’indicatif rétablissent une énonciation directe du narrateur. Dans ce passage, le geste rétrospectif du récit au passé se trouve aboli. De la sorte, le pré-sent superpose la pensée du narrateur et le moment de l’écriture de son récit et traduit l’émotion d’Axel, encore vive ; c’est un présent d’énonciation. Cependant, les verbes « existe » (l. 102) et « habite » (l. 103), associés à l’adjectif indéfini « nulle », peuvent également se voir attribuer une valeur de présent de vérité générale, qui viendrait ici affirmer la supériorité de la raison scientifique sur une expérience fantastique et des sens abusés.

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Groupements de textes

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Activités d’appropriation

1. Recherche documentaire L’extrait évoque le personnage mythologique de Protée (l. 81). Recherchez des informations qui justifient ce rapprochement de la part de l’auteur. La figure d’un berger géant renvoie également à un autre fils de Neptune célèbre dans la mythologie. Lequel ? Le rapprochement entre le géant que rencontrent les deux explorateurs et Protée se justifie par le fait que dans les deux cas, nous avons affaire à des gardiens de troupeaux. Dans la mythologie grecque, le récit de Protée nous est notamment transmis par l’Odyssée d’Homère. Le lecteur peut songer également à la figure de Polyphème, fils de Poséidon (« nou-veau fils de Neptune », l. 82). Ce cyclope à la force colossale sera vaincu par Ulysse dans l’un des épisodes les plus célèbres de son aventure.

3. Mise en relation du texte et d’une image Observez et décrivez l’illustration du roman de Jules Verne intitulé Le Château des Carpathes (➦ voir p. IV du cahier photos). Quels détails présents sur cette gravure renvoient aux thèmes récur-rents des récits fantastiques ? Au premier plan de l’illustration du Château des Carpathes apparaît une succession de créatures ailées proches des dragons ou de créatures infernales, voltigeant autour d’une tour de château médiéval, lieu propice à la rencontre fantastique. À l’arrière-plan se dessine la figure spectrale d’une femme séduisante, généralement fatale pour les personnages de récits fan-tastiques. Cette accumulation de figures diaboliques et fantomatiques est associée à la pleine lune et par conséquent à la nuit, dont les ténèbres permettent la ren-contre avec l’être d’outre-tombe.

Groupements de textes p. 303-322

■ L’humain artificiel

1. Ce corpus souligne la permanence et l’évolution d’un thème dans l’histoire littéraire. Présentez-le dans une courte synthèse en vous appuyant sur la variété des genres proposés. Ce corpus traduit la permanence du thème de la vie

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artificielle en littérature. Ces cinq textes soulignent le questionnement des auteurs à différentes époques sur la possibilité d’une vie humaine recréée de la main d’un autre être vivant, ou de son imitation parfaite. Avec Ovide, le lecteur assiste à la transformation d’une statue en femme. Le texte relève du mythe et insiste sur la métamorphose des matières inertes en figures vivantes. Hoffmann reprend le thème et l’introduit dans la littérature fantastique. L’andréide de Villiers de L’Isle-Adam pose les bases de la vie artificielle en science-fiction. Le thème est ensuite repris dans les romans d’aventures de Gustave Le Rouge et se poursuit dans les nouvelles de Philip K. Dick. Ce corpus démontre la lente transformation du thème de la vie artificielle en littérature et son basculement d’un genre relevant du mer-veilleux et des croyances au genre de la science-fiction.

2. Citez le point commun qui réunit les trois premiers textes. Précisez la nature de chaque créature et décrivez la progression qui s’effectue. Les trois premiers textes (Ovide, Hoffmann, Villiers de L’Isle-Adam) proposent des créatures fémi-nines. Systématiquement, un inventeur insuffle la vie à un corps de femme. Tout d’abord, chez Ovide, nous avons affaire à une statue dont la perfection des traits affecte le jugement amoureux de l’artiste qui l’a sculptée. Puis, chez Hoffman et ses histoires cruellement fantastiques, le lecteur découvre que la belle Olympia dont est tombé amoureux le jeune Nathanael se révèle en réalité un automate doté de l’étincelle de vie. Même si le corps fonctionne avec des mécanismes arti-ficiels, l’étincelle de vie émane de forces surnaturelles. Enfin, avec la création de l’ingénieur Thomas Edison, le lecteur découvre pour la première fois une forme de vie entièrement recréée et façonnée de la main de l’homme. De l’Antiquité au xixe siècle s’opère ainsi une lente métamorphose du thème, qui passe d’un univers régi par la magie à une société de la raison et de la science.

3. Les trois premiers textes s’opposent à la fonction que les deux derniers extraits assignent à la vie artificielle. Détaillez cette fonction, puis dites quel élé-ment essentiel différencie les robots de l’ingénieur Hatison (texte 4) des Griffes (texte 5). Les trois premiers textes montrent des créations artificielles de la vie qui entrent au service de la passion. La femme y est présentée comme un objet créé, entièrement tourné vers la satisfaction du désir masculin. Les deux derniers textes du corpus proposent des robots militaires dont l’existence est paradoxale-ment liée à la destruction de la vie humaine. Cependant, les robots de l’ingénieur Hatison sont des créations mécaniques réalisées par l’homme dans un but mili-taire, tandis que les Griffes sont des machines créées par d’autres machines afin de tromper et de détruire l’homme.

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Groupements de textes

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■ Voyages entre science et fiction

1. Ces textes d’explorations présentent systématiquement des explications tech-niques ou scientifiques au lecteur. Précisez quels phénomènes scientifiques, innovations, ou descriptions techniques sont détaillés dans chaque texte. Le premier texte du corpus est un extrait de l’ouvrage de Cyrano de Bergerac intitulé Histoire comique des États et Empires de la Lune. Dans ce texte, l’auteur raconte de quelle manière son personnage se rend sur la Lune à l’aide d’une machine magnétique. Installé sur un chariot de fer, le personnage lance régulièrement un aimant de sa composition dans les airs afin que la force magnétique permette à son chariot de s’élever de plus en plus haut dans les airs. L’extrait proposé des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift offre la description d’une île flottante que les habitants dirigent à volonté. Au cœur de celle-ci se trouve une pierre magné-tique « d’une grosseur prodigieuse » (l. 20-21, p. 314) et dont la position permet de rapprocher ou d’éloigner l’île de la surface du sol. La Journée d’un journaliste américain en 2889 de Jules Verne présente plusieurs modes de transport des cités futuristes, comme l’aéro-train, l’aéro-car ou l’aéro-omnibus. Le narrateur de La Machine à explorer le temps d’H. G. Wells visite un Palais de Porcelaine Verte. Celui-ci se révèle être un musée abandonné dans lequel les peuples du futur pou-vaient découvrir des collections de minéraux, une section d’Histoire Naturelle et des machines, dont le narrateur offre de brèves descriptions. Les personnages de La Planète des singes de Pierre Boulle voyagent dans un vaisseau spatial et font le choix d’atterrir sur une planète ressemblant à la Terre. Le texte de Bernard Werber « Le Chant du papillon » suit l’équipage d’un vaisseau spatial qui débarque sur le Soleil. Les scientifiques découvrent que l’astre de lumière est peuplé de Soliens.

2. Relisez l’extrait de La Machine à explorer le temps et confrontez-le à votre lecture du Voyage au centre de la Terre. Mettez en lumière les points communs entre ces deux textes. Chez H. G. Wells comme chez Jules Verne, on trouve un intérêt identique pour les sciences et les techniques. Cet extrait de La Machine à explorer le temps s’attarde en outre sur des éléments de sciences naturelles, de géologie et de minéralogie. Le lecteur du Voyage au centre de la Terre peut ainsi faire le lien avec les spécialités scientifiques des deux personnages au cœur de l’intrigue vernienne. Cet extrait se présente également comme la visite d’un musée futuriste qui n’est pas sans rappeler la « visite » dans les entrailles du globe chez Jules Verne. Dans les deux cas, le regard du voyageur se remplit d’étonne-ment et de curiosité.

3. Certains extraits appartiennent pleinement au genre de la science-fiction ; d’autres s’en approchent. Classez-les dans ces deux catégories et justifiez votre

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réponse en vous appuyant sur votre connaissance du genre (➦ voir Fiche 8, p. 299-300). Indéniablement, les extraits des textes de Jules Verne (La Journée d’un journaliste américain en 2889), de H. G. Wells (La Machine à explorer le temps), de Pierre Boulle (La Planète des singes) et de Werber (« Le Chant du papil-lon ») relèvent d’une définition convenue du genre de la science-fiction. Ces textes transportent le lecteur dans des univers éloignés soit dans le temps (Verne, Wells, Boulle), soit dans l’espace (Boulle, Werber). Les extraits des textes de Cyrano de Bergerac et de Jonathan Swift relèvent davantage de réflexions philosophiques et/ou politiques. L’emploi qu’ils font de la science dans la narration n’infléchit pas la structure globale et générique de l’œuvre.

4. Explication de texte Vous effectuerez une étude linéaire de l’extrait de La Journée d’un journaliste américain en 2889 (texte 3) en interrogeant le motif de l’utopie futuriste. Pour cela, vous mettrez en évidence les bienfaits et les mérites des innovations techniques, tout en relevant une forme de satire à l’égard de la société scientifique de la fin du xixe siècle. Vous ferez également ressortir les éléments caractéristiques du genre de la science-fiction déjà pré-sents dans ce texte. L’étude devra s’appuyer sur l’emploi du présent de l’indica-tif qui réduit à l’évidence la distance entre le moment de l’action et celui de la lecture. Il pourra également s’arrêter sur le caractère futuriste des inventions et mettre en évidence le fonctionnement de créations lexicales qui s’appuient sur un usage affirmé du néologisme. En parallèle, il reviendra à l’élève d’interroger la dimension pédagogique, typiquement vernienne, en jeu dans cet extrait. De même, l’élève sera invité à souligner la présence de la tonalité satirique dans ce bref passage dans lequel le mode de vie contemporain au temps de l’écriture, celui de Jules Verne en 1889, se révèle attaqué, ou tout du moins mis en cause par le narrateur.

5. Étude de la langue Relevez les verbes conjugués au conditionnel dans l’ex-trait de Jules Verne. Justifiez leur emploi. Les verbes « apprécieraient » (l. 4), « rendraient » (l. 6), « apparaîtraient » (l. 7), « attacheraient » (l. 18) et « joui-rait » (l. 21) sont conjugués au conditionnel présent. Ils ont une valeur d’irréel du présent.

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Jules Verne, un auteur entre science et fiction ?

Le voyage avant tout

1 Les trois personnages principaux ont des caractères assez différents. Étudiez la place réservée à leur histoire personnelle dans l’intrigue, et dites s’ils sont affectés durablement par leurs accidents et leurs tourments suc-cessifs. Justifiez vos réponses. Les trois personnages ne sont pas construits à partir d’une épaisseur identitaire remarquable. Le jeune Axel est un amoureux, Hans un aventurier silencieux et le professeur Lidenbrock n’a qu’une obsession : la science. Ces personnages sont dotés du minimum romanesque requis pour évoluer dans l’intrigue. Axel ne garde d’ailleurs aucune trace de la chute qui a failli lui coûter la vie. Hans est littéralement frappé par la foudre sans en être affecté.

2 Les voyageurs ne sont jamais arrêtés dans leur marche et leurs multiples découvertes. Déduisez de ce constat le ressort principal de l’intrigue ainsi que le genre auquel l’œuvre se voit rattachée. Dans le roman, l’intrigue se concentre avant tout sur le voyage. Les personnages sont perpétuellement en mouvement. Ils franchissent une à une les étapes et ne sont même pas ralentis par les obs-tacles. S’il se reposent, c’est pour répondre à un besoin de vraisemblance. Le roman se rattache ainsi étroitement au roman d’aventures géographiques.

Une réflexion sur le progrès

3 Les explorateurs se lancent à la conquête du centre de la Terre. Dites s’ils atteignent leur but et commentez l’événement qui provoque leur retour à la sur-face du globe. La troupe n’atteint malheureusement pas le centre de la Terre. En suivant la piste de Saknussemm, ils se retrouvent bloqués par une roche qu’ils font exploser et qui provoque leur retour à la surface par une cheminée de volcan. Leur expulsion des entrailles peut ainsi être lue comme une réponse à l’acte de violence dont ils font preuve envers la Terre.

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4 Tout au long du roman, le professeur Lidenbrock commet plusieurs erreurs. En vous appuyant sur ce relevé, précisez quelle vision de la science nous est ainsi transmise par l’auteur. Dans ce roman à vocation scientifique et pédagogique, Jules Verne intègre à l’évidence une forme de méfiance à l’égard des certitudes scientifiques. Dès le début du roman, l’omniscient Lidenbrock ne parvient pas à déchiffrer seul le fameux parchemin de Saknussemm (chapitre III). Par la suite, il mène ses compagnons sur un mauvais sentier qui les conduit à un rationnement presque fatal (chapitre XIX). De même, il ne perçoit pas le changement de polarité de l’aiguille de la boussole (chapitre XLV). Ces erreurs successives contribuent à construire l’image d’une science imparfaite car parfois défaillante. On peut consi-dérer que Jules Verne condamne ainsi la science qui, à l’image du professeur Lidenbrock, serait incapable de faire des concessions au nom d’un but à atteindre.

5 Le roman multiplie les références scientifiques. Cependant, Jules Verne intro-duit des références religieuses dans son texte. Justifiez-les. Jules Verne emploie un certain nombre de références à la religion dans Voyage au centre de la Terre. C’est au sommet d’une église que Lidenbrock entraîne son neveu à résister au vertige du vide (chapitre VIII). Ensuite, le professeur décide que le dimanche sera le jour du repos (chapitre XXIV), respectant de la sorte la tradition de la semaine chrétienne. Une autre fois, c’est à Dieu qu’Axel demande « la force de remonter » jusqu’à la surface (chapitre XXI, l. 61, p. 137), c’est la Providence qu’il implore pour trouver l’issue d’une galerie dans laquelle il s’est perdu (chapitre XXVII, l. 40-42, p. 161) et c’est Dieu qu’il remercie de l’avoir sauvé (chapitre XXVIII, l. 135, p. 169). Ces références à peine masquées laissent penser au lecteur que Jules Verne reste habité par la croyance chrétienne en une organisation transcendante de l’univers. Il ne récuse pas Darwin, mais il mentionne à plusieurs reprises l’existence d’une création divine à l’origine du monde (chapitre XXX, l. 163, p. 186 ; chapitre XXXII, l. 147 et l. 160, p. 199).

Un genre incertain

6 Voyage au centre de la Terre s’intègre au projet éditorial de Pierre-Jules Hetzel qui consiste à promouvoir la connaissance sous toutes ses formes auprès d’un large public. Déterminez si cet objectif est atteint. Pour cela, interrogez notamment la quantité de passages descriptifs et explicatifs au regard des aventures vécues par les personnages, et qualifiez-les. Voyage au centre de la Terre répond parfaitement à la volonté de l’éditeur de présenter au public un ouvrage à vocation pédagogique. Le roman présente de cette manière d’innom-brables passages descriptifs et explicatifs qui ne servent pas un projet narratif ou

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de densification des personnages mais qui ont bel et bien pour objectif d’apporter des connaissances aux lecteurs.

7 Par le choix de ses thèmes et ses interrogations, ce roman évoque le genre de la science-fiction. Interrogez cette affirmation et précisez dans quelle mesure on peut la limiter. Ce roman pourrait très bien être considéré comme exemplaire de la science-fiction (c’est l’idée généralement partagée sur Jules Verne). Il n’en est rien. Ce roman possède une vocation scientifique mais l’auteur n’emploie nulle part une technologie futuriste qui déplacerait les personnages dans l’espace ou dans le temps.

8 La science-fiction a tendance à explorer des univers tournés vers l’avenir de l’humanité. Montrez en quoi on peut affirmer que Jules Verne propose à son lecteur un voyage vers les temps anciens. Si l’on peut considérer que la descente vers les entrailles de la Terre s’apparente à un voyage dans le temps, ce n’est que dans un sens métaphorique : les compagnons retracent en effet l’histoire des dif-férentes époques géologiques au fil de leur exploration. Le parcours de l’expédi-tion Lidenbrock s’intègre dans le calendrier de l’année 1863, clairement ponctué de dates. Le voyage s’effectue sous la Terre et non dans le temps.

Activités d’appropriation

1. Recherche documentaire La première partie du roman se présente comme un voyage à travers l’Europe du Nord. Reconstituez le parcours et le temps de trajet des deux voyageurs. Quels moyens de locomotion successifs empruntent-ils ? Rapprochez ces chapitres d’un autre roman de Jules Verne, Le Tour du monde en quatre‑vingts jours. Retracez l’itinéraire emprunté par les personnages prin-cipaux et citez quelques moyens de transport employés. L’élève pourra s’appuyer sur la fiche 3 (« Structure de l’œuvre », p. 288-290). Les deux voyageurs com-mencent leur périple par un voyage en train jusqu’ « au rivage des Belt », à Kiel (chapitre VIII, l. 2, p. 51). Là, ils embarquent le soir à bord du steamer l’Ellenora pour le Danemark (chapitre VIII). Arrivés à Korsör, ils prennent le train pour Copenhague (chapitre VIII). Quelques jours plus tard, ils montent à bord du bateau la Valkyrie qui les emmène jusqu’en Islande, à Reykjavik (chapitre IX). Là, ils continuent leur route à cheval en compagnie de Hans, jusqu’à Stapi, au pied du Snæffel. Partis le 27 mai, ils parviennent à Stapi le 21 juin. Cette incroyable odyssée des locomotions évoque celle de Phileas Fogg dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours.

3. Lecture cursive Lisez La Machine à explorer le temps de H. G. Wells dont un extrait est proposé dans le Groupement de textes 2 p. 311-321. À l’image

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d’Axel et de l’expédition Lidenbrock, le narrateur descend dans les entrailles de la Terre. En confrontant les deux romans, demandez-vous en quoi La Machine à explorer le temps relève bien du genre de la science-fiction alors que Voyage au centre de la Terre s’affiche davantage comme un roman d’exploration scien-tifique. Construisez votre réponse à l’aide de paragraphes argumentatifs struc-turés avec des connecteurs logiques. Ici, l’élève doit solliciter sa compréhension du genre de la science-fiction dont La Machine à explorer le temps de H. G. Wells est un parfait exemple. Le roman débute en effet dans un présent contemporain à celui de l’auteur et de son écriture. Le récit plonge le lecteur dans le Londres de la fin du xixe siècle (le roman paraît en 1895) et propose de suivre les aventures d’un ingénieur et de sa formidable machine temporelle qui le propulse jusqu’en l’an 802 701. À cette époque, l’humanité s’est divisée en deux populations : les Éloïs, peuple pacifiste vivant dans un bonheur béat continu et les Morlocks, créatures souterraines se nourrissant de chair humaine. À la différence de Jules Verne, H. G. Wells élabore un récit complètement détaché des contraintes scientifiques, dans lequel la fiction solutionne les anomalies. Jules Verne, lui, propose un roman d’exploration du monde qui l’entoure en s’appuyant sur les dernières trouvailles scientifiques de son époque. Ses descriptions et ses explications minérales ou géologiques correspondent aux connaissances de la seconde moitié du xixe siècle. Ainsi, la descente vers le centre de la Terre prend bien souvent l’allure d’une visite muséale ou d’une présentation professorale. Contrairement à celle d’H. G. Wells, l’écriture de Jules Verne est avant tout guidée par le souci pédagogique de son éditeur.

Prolongements artistiques et culturelsLe roman scientifique

1. Les sciences naturalistes au xixe siècle (➦ voir le verso de couverture, à la fin de l’ouvrage). Quelles images représentent les animaux préhistoriques et les fossiles mis en scène dans le roman ?Comparez la gravure Dinosaures aquatiques, terrestres et aériens de l’âge des reptiles à l’illustration du rêve d’Axel (p. 201) et relevez leurs points communs. L’illustration naturaliste Dinosaures aquatiques, terrestres et aériens de l’âge des reptiles présente une scène du passé dans laquelle le monde est encore peuplé de nombreux dinosaures. Le lecteur du Voyage au centre de la Terre pourra aisé-ment identifier les fameux « ichthyosaurus » (l. 165, p. 207) et « plesiosaurus » (l. 168, p. 207) qui s’affrontent jusqu’à la mort dans le chapitre XXXIII. Le lecteur

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peut également distinguer un certain nombre d’autres créatures qu’Axel évoque dans son rêve, comme le ptérodactyle, le Leptotherium ou le Mericotherium (cha-pitre XXXVII, l. 113 et 115, p. 230).Observez la couverture du manuel d’histoire naturelle et citez les domaines que traite cet ouvrage. Dites si, selon vous, cette image ou une des autres de la page pourrait servir de couverture au roman de Jules Verne ou en illustrer certains épisodes. Justifiez votre réponse. Ce manuel d’histoire naturelle traite de géo-logie, de minéralogie et de paléontologie, domaines scientifiques abondamment représentés dans Voyage au centre de la Terre. La couverture de ce manuel pour-rait donc tout à fait servir de couverture au roman de Jules Verne. On y aperçoit en effet quelques personnages explorant des grottes, de nombreux fossiles évo-qués dans le roman, ainsi que des créatures antédiluviennes rappelant celles du continent perdu.

2. Les progrès des sciences et techniques au xixe siècle (➦ voir p. I du cahier pho-tos). Indiquez les inventions évoquées sur cette page. En quoi vous paraissent-elles entrer en relation avec les thèmes abordés par Jules Verne dans ses romans ? La page se compose de trois documents : une photographie montrant Graham Bell utilisant son invention, le téléphone ; une locomotive à vapeur ; une photographie de la galerie des machines de l’Exposition universelle parisienne de 1878. Ces trois documents présentent des inventions de la fin du xixe siècle et donc susceptibles d’inspirer Jules Verne dans l’un de ses romans scientifiques.

3. Dans quelle mesure la diapositive Le volcan Hekla en Islande (➦ voir le verso de couverture, au début de l’ouvrage) aurait-elle pu illustrer le dénouement du roman ? Appuyez votre réponse sur la remarque du narrateur au chapitre XLIII quand il évoque « le cratère de l’Hécla » (l. 75, p. 265). Cette diapositive montre le volcan Hekla en pleine éruption. La scène peut évoquer le dénouement du roman, lorsque les trois compagnons sont expulsés du Stromboli au cours d’une éruption. Le volcan Hekla est d’ailleurs évoqué au chapitre XLIII, peu avant la fin du roman (l. 75, p. 265). Les personnages songent en effet à ce volcan comme issue possible à leur ultime aventure souterraine.

Les Voyages extraordinaires

1. Dans la couverture des Indes‑Noires (➦ voir p. IV du cahier photos), relevez l’information qui souligne la collaboration entre l’auteur et son éditeur. Quel thème de la collection l’illustrateur cherche-t-il à mettre en avant ?Dans l’affiche du film d’Henry Levin, repérez les éléments qui rappellent le roman de Jules Verne. D’après cette affiche, quelle est la principale différence entre cette adaptation cinématographique et l’intrigue initiale de Jules Verne ?

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Cette couverture des Indes-Noires souligne le lien étroit qui unit Jules Verne à son éditeur. En effet, sur la couverture on peut voir que le nom du navire est le J. Verne, tandis que sur le ponton apparaît l’inscription « collection Hetzel ». De cette manière, l’illustration matérialise très nettement le lien entre les deux indi-vidus. L’auteur est attaché à son éditeur comme le bateau au port. La présence d’un navire destiné à effectuer de longues traversées se dirigeant vers l’horizon renvoie aux thèmes de l’aventure et des voyages, caractéristiques de la collection.L’affiche du film d’Henry Levin présente de nombreux éléments en lien avec l’in-trigue du roman. Au milieu, le lecteur aperçoit une sphère ouverte en deux dans laquelle descendent trois individus suspendus à une corde. Nous devinons ici la sil-houette du globe terrestre dont les protagonistes cherchent à atteindre le centre. La scène renvoie à l’évidence au chapitre XVII du roman. Des créatures préhis-toriques ainsi qu’un volcan en éruption lié au dénouement de l’intrigue peuvent également être distingués. Le lecteur sera cependant surpris de la présence d’une femme sur l’affiche, tenant l’un des rôles principaux (Arlène Dahl). Contrairement au roman, le film intègre une trame amoureuse entre Lidenbrock et une veuve qui l’accompagne dans son expédition.

2. Dites quels paysages des Expéditions polaires (➦ voir le verso de couver-ture, au début de l’ouvrage) évoquent ceux rencontrés par les personnages (chapitres IX à XVI). Correspondent-ils à l’idée que vous vous en faisiez à la lec-ture des passages concernés ? L’œuvre intitulée Dumont d’Urville échappant au péril que lui offraient les banquises d’Ambroise-Louis Garneray peut évoquer la longue traversée en bateau d’Axel et de Lidenbrock au chapitre IX. Dans le roman, le navire sur lequel embarquent les deux compagnons longe en effet les côtes scandinaves, l’Écosse et les fjords d’Islande. L’illustration de Sir George Stewart Mac Kenzie donne une idée de la géographie islandaise qu’Axel et son oncle découvrent à leur arrivée ainsi que durant leur route vers le Snæffel.

Science et fictionIdentifiez les images qui appartiennent clairement au genre de la science-fiction (➦ voir p. II-III du cahier photos). Laquelle écarteriez-vous ? Justifiez votre réponse. La plupart de ces images se rattachent à la science-fiction. L’illustration de George Rioux montrant un « homme qui mange et s’entretient avec une femme sur écran » est associée à la nouvelle de Jules Verne La Journée d’un journaliste américain en 2889. Celle-ci transporte le lecteur dans un avenir très éloigné du moment de l’écriture, dans une société où la technologie a nettement évolué. De la même façon, l’affiche du film Voyage pour Mars (1926) exploite le thème des voyages interplanétaires. La couverture de la revue américaine Planet stories

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(1942) montre l’enlèvement d’une jeune femme par une créature extra-terrestre. La gravure de Robert Seymour et l’illustration d’Albert Robida se présentent davantage comme des fantaisies sur le développement des machines à vapeur de l’époque et l’électricité.

Vers l’oral du Bac p. 326-328

Extrait 1Le déchiffrage du cryptogramme, fin du chapitre IV, l. 71-121, p. 30-31

■ Explication de texte

Vous procéderez à l’explication linéaire de cet extrait en montrant de quelle façon les procédés de la tonalité pathétique traduisent la terreur ressentie par le narrateur. Vous étudierez dans un premier temps les circonstances de la révélation de l’énigme, en soulignant la manière dont l’auteur exprime l’étour-dissement d’Axel (l. 71-97). Puis, vous observerez comment la narration ampli-fie le vertige d’Axel, en vous arrêtant notamment sur l’emploi des tournures exclamatives (l. 98-121). Vous évaluerez également l’importance et les effets de l’implicite.

I. La révélation de l’énigme, l. 71-97

— Le caractère insurmontable du déchiffrage du cryptogramme se trouve d’em-blée exprimé dans une relation conflictuelle entre l’esprit d’Axel et une « insoluble difficulté » (l. 71). L’effort intellectuel requis par cette opération se traduit par une longue phrase aux multiples propositions juxtaposées qui restitue l’incapacité du jeune homme à élaborer un raisonnement construit. Le vertige ressenti par le narrateur se lit à la fois dans l’assonance en [e] qui résonne dans tout le pre-mier paragraphe comme une sorte d’écho lancinant et maladif (« difficulté », l. 71 ; « papier », l. 72 ; « voltiger », l. 73 ; « porté », l. 75), et dans la comparaison « comme ces larmes d’argent… » (l. 73-74). Le malaise d’Axel se devine enfin dans la succession des paragraphes brefs qui caractérisent cet extrait et qui s’appa-rentent à la respiration haletante du narrateur.

— La vérité jaillit à la ligne 83 à travers la métaphore de la lumière. L’usage de l’adverbe « soudain » (l. 83) et du passé simple soulignent le caractère instantané et surprenant de la découverte. La narration se caractérise dès lors par un usage de tournures exclamatives qui réduisent l’écart entre la scène rapportée et les

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sentiments du narrateur. L’effet est renforcé par l’emploi de multiples répétitions et de parallélismes de construction « tel il était, tel il m’avait été dicté » (l. 86-87). La narration intègre alors le lecteur dans l’agitation par le biais du pronom « on » (l. 91).

II. Le vertige et le refus d’Axel, l. 98-121

La découverte du narrateur provoque aussitôt une hésitation, voire un refus de révéler cette découverte capitale. La présence d’antithèses traduit les tourments du jeune homme. Le récit amplifie l’angoisse du narrateur en refusant de nom-mer et de restituer explicitement la traduction du manuscrit. Pour cela, l’auteur déploie de nombreuses structures généralisantes (« document », l. 85, l. 89 et l. 116 ; « cette phrase latine », l. 90-91 ; « la feuille de papier », l. 93 et l. 119) et insiste sur l’emploi de pronoms indéfinis. Prévoyant la résolution de son oncle, le jeune homme préfère se débarrasser du parchemin. Le chapitre s’achève par une dramatisation et une accélération des événements. Les actions s’enchaînent jusqu’à l’apparition de Lidenbrock. Les trois mots qui constituent la dernière phrase (« Mon oncle parut », l. 121) anéantissent l’emportement des paragraphes précédents.

■ Étude de la langue

Relevez les verbes au conditionnel et justifiez leur emploi. Les verbes conju-gués au conditionnel présent se trouvent dans la dernière partie du texte : « manquerait » (l. 108) ; « voudrait » (l. 109) ; « pourrait » (l. 109) ; « partirait » (l. 110) ; « emmènerait » (l. 111) ; « reviendrions » (l. 112) ; « pourrait » (l. 116). Tous ces verbes expriment les actions possibles de l’oncle Lidenbrock s’il apprenait le secret du manuscrit. Le conditionnel a donc une valeur d’hypothèse.

Extrait 2La tempête, chapitre XXXV, l. 39-85, p. 215-216

■ Explication de texte

Vous proposerez une explication linéaire de cet extrait en vous demandant en quoi la tonalité épique est ici au service de la dramatisation d’un combat entre l’homme et les éléments naturels. Pour cela, vous montrerez tout d’abord dans quelle mesure le calme avant la tempête introduit une tension qui annonce la catastrophe (l. 39-49). Vous étudierez ensuite les procédés qui restituent le déchaînement des éléments de la nature contre les hommes (l. 50-68). Enfin, vous interrogerez les phénomènes d’amplification qui transforment cette tem-pête en scène apocalyptique (l. 69-85).

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I. Une tension qui préfigure la catastrophe, l. 39-49

Ce passage se construit autour du déploiement de procédés liés à la tonalité épique. Les dangers qu’affronte l’équipage suggèrent l’intervention de forces infernales. Le texte débute par une mise en scène de la tension à venir dans une phrase nominale à valeur minimale (l. 39). Le passage s’appuie ensuite sur les champs lexicaux du silence et de l’immobilité. La nature est personnifiée dans une comparaison funeste (« a l’air d’une morte », l. 39). Cependant, cette appa-rente impassibilité annonce la catastrophe qui va s’abattre sur l’équipage. Les dan-gers sont alors évoqués dans les injonctions à valeur prophétique du professeur Lidenbrock (« quand notre radeau devrait s’y briser en mille pièces », l. 48-49). Le lecteur remarque également que toute cette première partie est traversée par des éléments lexicaux liés à la destruction.

II. Le déchaînement de la nature, l. 50-68

Dans un second temps, la nature se déchaîne sur les personnages. La narration multiplie les structures juxtaposées dans un rythme syncopé. Ainsi réduites à une expression minimale, les phrases restituent la violence des forces de la nature.

III. Une scène apocalyptique, l. 69-85

Le texte se mue peu à peu en une fantasmagorie apocalyptique. Les procédés liés à l’expression de l’amplification soulignent ce déferlement de forces incon-trôlables. L’adjectif « mugissante » animalise la « cataracte » (l. 72), tandis que l’isotopie du feu traverse l’ensemble de ce passage et transforme cette traversée en une scène infernale.

■ Étude de la langue

Analysez les phénomènes de juxtaposition de l’avant-dernier paragraphe (l. 76-82) et interrogez ses effets stylistiques. Cette longue phrase se compose d’une série de propositions juxtaposées construites sur un modèle identique et séparées entre elles par un point-virgule. Cette accumulation accentue le souffle épique qui traverse tout ce passage.

Extrait 3La vallée des monstres, chapitre XXXIX, l. 22-95, p. 238-242

■ Explication de texte

Vous aborderez cet extrait lors d’une étude linéaire en montrant la manière dont il met en scène des rencontres inattendues en faisant glisser la narration

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de la vraisemblance scientifique à l’aventure fantastique. Vous interrogerez d’abord le cadre de l’aventure en soulignant la visée pédagogique du passage (l. 22-37), avant de vous arrêter sur les procédés qui amplifient la rencontre avec les mastodontes (l. 38-66). Enfin, vous commenterez le portrait du ber-ger (l. 67-95), en insistant sur son aspect fantastique et sur les réactions des explorateurs.

I. Une description à visée pédagogique, l. 22-37

Le professeur Lidenbrock et Axel s’aventurent dans un incroyable paysage végé-tal. Le récit recourt alors à des énumérations d’espèces (l. 23-27) dans un style asyndétique (qui écarte les liens coordonnants). Les noms de ces diverses espèces végétales de l’époque tertiaire apparaissent dans une liste caracté-ristique des descriptions verniennes. Cette description à valeur pédagogique intègre très vite des éléments fantastiques qui permettent une gradation de la peur dans ce passage. Ceux-ci s’appuient surtout sur des notations visuelles, comme l’absence des couleurs attendues dans les espèces rencontrées (l. 30-37).

II. La rencontre avec les mastodontes, l. 38-66

Le franchissement des taillis (l. 38) suggère le passage d’un seuil vers un autre monde qui provoque l’appréhension du narrateur. Le bouleversement des règles de classification traditionnelles (l. 49-50) renforce le mystère de ce paysage. La rencontre des mastodontes est caractérisée par un emploi de termes liés à l’am-plification (« immenses », l. 54 ; « gigantesques », l. 55 ; « grouillaient », l. 58 ; « légion », l. 59 ; « considérables », l. 61 ; « vaste », l. 62). Elle est annoncée par la présence de phrases exclamatives qui marquent l’incompréhension du narrateur. Les verbes employés dans le récit de cette apparition se rapportent à l’idée de la force et de la destruction. Cette description saisissante accentue le sentiment de peur par le biais des comparaisons et des métaphores, qui rapprochent notam-ment ces créatures antédiluviennes de « serpents » (l. 59).

III. Le portrait du berger, l. 67-95

Le portrait du berger revêt des allures fantastiques. Ce géant est caractérisé par des expressions liées au monde animal. Comparé à Protée, le berger de Poséidon (l. 81), il est également rapproché du redoutable cyclope Polyphème (« un nou-veau fils de Neptune », l. 82). Face à ce spectacle terrifiant, les explorateurs ne peuvent que fuir.

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■ Étude de la langue

Relevez et classez les différents types de phrases employés dans les lignes 67 à 79. Donnez-en les effets de sens.Phrases injonctives : « Allons, dit-il tout d’un coup en me saisissant le bras, en avant, en avant ! » (l. 68-69) ; « Venez, mon oncle, venez ! » (l. 72) ; « Regarde, regarde, là-bas ! » (l. 75)Phrases exclamatives : « Non ! m’écriai-je, non ! Nous sommes sans armes ! » (l. 70) ; « Nulle créature humaine ! répondit mon oncle, en baissant la voix ! Tu te trompes, Axel ! » (l. 74-75) ; « Il me semble que j’aperçois un être vivant ! un être semblable à nous ! un homme ! » (l. 75-76)Phrases interrogatives : « Que ferions-nous au milieu de ce troupeau de quadru-pèdes géants ? » (l. 70-71)Phrases déclaratives : « Nulle créature humaine ne peut braver impunément la colère de ces monstres. » (l. 72-73) ; « Je regardai, haussant les épaules, et décidé à pousser l’incrédulité jusqu’à ses dernières limites. Mais, quoi que j’en eusse, il fallut bien me rendre à l’évidence. » (l. 77-79)La multiplication des phrases injonctives et exclamatives souligne les vives émo-tions qui saisissent les deux explorateurs à la vue du géant.

Vers l’écrit du Bac p. 329-330

Commentaire

■ Sujet 1 VOIES GÉNÉRALES

Vous commenterez le passage sur le rêve d’Axel (chapitre XXXII, l. 133-190, p. 198-200). Vous pourrez vous appuyer sur le parcours de lecture suivant :— vous montrerez tout d’abord que ce texte se présente comme une description saisissante d’un paysage imaginé ;— vous interrogerez ensuite la progression de ce passage en soulignant par exemple son aspect didactique.

Introduction rédigéeLes trois explorateurs ont accédé à une immense mer souterraine. Des indices laissent à penser que la vie animale des temps primitifs y a survécu. Embarqué sur le radeau qui doit l’emmener de l’autre côté de cette mer sans fin, Axel médite sur la possibilité de croiser ces créatures depuis longtemps éteintes. L’espace d’un instant, un rêve aux vertus symboliques lui fait remonter le cours de l’histoire

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géologique du monde. Comment l’auteur dessine-t-il un tableau du vivant et dans quelle mesure cette scène revêt-elle une dimension symbolique ? Cette étude s’attardera sur la construction de la description qui revêt des allures de tableaux vivants, avant de mettre en évidence les procédés qui entraînent la remontée dans les temps anciens. Enfin, il conviendra d’interroger la dimension symbolique de ce rêve qui finit par virer au cauchemar.

Plan détaillé

I. Une description saisissantea. L’ordre et les étapes de la descriptionLe regard d’Axel scrute d’abord les airs (l. 133, p. 198) puis se pose « à la surface des eaux » (l. 139-140, p. 198-199). Le paysage actionne dès lors la plongée imaginaire d’Axel qui recrée le tableau des temps passés (l. 138-174). Le narrateur achève sa rêverie par une remontée dans les temps primitifs de la création (l. 175-190).b. L’emploi d’un vocabulaire spécialisé qui alimente la vraisemblance scientifiqueDe nombreux noms de fossiles et d’espèces animales et végétales disparues sont cités : « Chersites » (l. 140) ; « Leptotherium » (l. 142) ; « Mericotherium » (l. 143) ; « Lophiodon » (l. 144) ; « Anoplotherium » (l. 146) ; « Mégathérium » (l. 150) ; « Protopithèque » (l. 152) ; « Ptérodactyle » (l. 154) ; « Sphenophylles » (l. 173) ; « Asterophylles » (l. 174) ; « Lycopodes » (l. 174). Le nom du scientifique Frédéric Cuvier (l. 134) apparaît également.c. Mise en évidence de deux procédés : l’hypotypose et l’emploi du présent de l’indicatifL’hypotypose est une figure de style qui consiste à peindre des éléments avec tant de détails et de précisions qu’elle projette un tableau en mouvement dans l’ima-gination du lecteur. Ici, elle s’appuie clairement sur l’usage des verbes conjugués au présent de l’indicatif et sur la présence de déictiques, comme les détermi-nants démonstratifs et les adverbes de lieu. L’impression dynamique est issue d’une présence accrue de verbes de mouvement. Les animaux apparaissent alors saisis dans leur quotidien en pleine action. Cette description prend ainsi des allures de fresques antédiluviennes. Son organisation suggère celle d’une toile en construction.

II. Une histoire à reboursa. Les mots et expressions qui renvoient à l’idée de l’effacementLa corporalité d’Axel s’efface peu à peu du texte. Son être s’allège au point de quitter la vision terrestre. De même, la vie semble retourner à un état primitif :

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« Les plantes disparaissent ; les roches granitiques perdent leur dureté ; l’état liquide va remplacer l’état solide sous l’action d’une chaleur plus intense ; les eaux courent à la surface du globe ; elles bouillonnent, elles se volatilisent ; les vapeurs enveloppent la Terre, qui peu à peu ne forme plus qu’une masse gazeuse, portée au rouge-blanc, grosse comme le soleil et brillante comme lui ! » (l. 176-182).b. La tonalité didactiqueL’écriture de Jules Verne multiplie les références pédagogiques. L’évocation de chaque créature préhistorique s’accompagne d’une précision descriptive à valeur didactique (l. 140 à 158). Le narrateur retrace alors une histoire scientifique de la création. La description passe du monde animal à la vie maritime puis microbienne.c. Le rythme de la narrationAux premiers paragraphes, dont la construction est caractérisée par des phrases amples (l. 133 à 158), succèdent des passages plus incisifs définis par la parataxe et un jeu des modalités liées à l’expressivité (phrases interrogatives et phrases exclamatives, l. 175 à 190).

III. Un rêve métaphysiquea. Le rêve d’Axel, une méditation sur la condition humaine. Emploi des ampli-fications et des hyperbolesLe narrateur apparaît comme un être détaché de son corps, apte à voyager dans le temps et l’espace : « Mon corps se subtilise, se sublime » (l. 185). Le lecteur peut s’appuyer sur le repérage des structures généralisantes : « Tout ce monde » (l. 159) ; « Toute la vie » (l. 166).b. La science de Jules Verne ne nie pas la création divineBien au contraire, le narrateur renvoie « aux époques bibliques de la création » (l. 160). La science entre ici en communion avec une vision chrétienne de la créa-tion du monde.c. La désintégration finale du corps d’Axel. Mise en évidence de l’intertexte bibliqueLe personnage rejoint ainsi l’immensité de l’univers ; il retourne à un état primitif, celui de la poussière chrétienne. Le rêve d’Axel pourra de la sorte être mis en rela-tion dans sa progression avec un extrait de la Genèse, dans la mesure où il retrace à rebours le développement de la Création.

Conclusion rédigéeIndéniablement, le rêve d’Axel annonce la suite de l’intrigue. Très vite, les explora-teurs auront à faire face à cette vie animale gigantesque et prédatrice que redoute tant le narrateur. Par ailleurs, le songe illustre sans aucun doute une nouvelle fois

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la volonté de transmettre un savoir, qui dépasse cette fois-ci le domaine géolo-gique. L’hypotypose permet ainsi de proposer au lecteur un savoir paléontolo-gique en l’invitant à visiter une scène de vie préhistorique.

■ Sujet 2 VOIES TECHNOLOGIQUES

Vous commenterez l’extrait du discours de Lidenbrock (chapitre XXXVIII, l. 74-131, p. 234-237). Vous pourrez vous appuyer sur le parcours de lecture suivant :— vous montrerez dans quelle mesure ce discours se présente comme une démonstration savante ;— vous mettrez ensuite en lumière l’humour, la parodie et la charge satirique contenus dans cet extrait.

Introduction rédigéeAu cours de leur exploration d’un monde perdu, peuplé de créatures gigantesques et de plantes disparues depuis les temps anciens, le professeur Lidenbrock et son fidèle neveu Axel découvrent une plaine d’ossements et un corps humain. Là, le professeur commence à discourir sur un ton doctoral. Face à un auditoire imaginaire, le savant célèbre sa découverte et questionne l’origine de ce corps. Comment cette argumentation intègre-t-elle alors une dimension comique, voire satirique ? L’étude raisonnée de ce passage mettra tout d’abord en évidence son organisation rhétorique, basée sur un art de la démonstration. Dans un second temps, il conviendra d’évaluer l’humour présent dans ce texte qui relève d’une mise en scène comique, avant d’interroger dans un troisième temps la charge sati-rique présente dans le discours et ses commentaires.

Plan détaillé

I. Un discours savanta. Les termes et expressions donnant l’illusion d’un publicLe lecteur pourra s’appuyer sur la présence des appels au public (« Messieurs », l. 74 ; l. 87 ; l. 105 ; l. 129) et des pronoms personnels de l’adresse « vous » (l. 74 ; l. 87…). De même, le discours de Lidenbrock intègre des temps de l’oral qui donnent l’impression d’une leçon offerte à son auditoire.b. Une leçon construite selon un ordre précisLe texte reprend un développement rhétorique clairement balisé. Le lecteur devra mettre en évidence le préambule qui sert de captatio benevolentiae (l. 74-79) suivi d’une longue narration (l. 80 à 116) principalement caractérisée par la multiplica-tion de références scientifiques qui servent toutes d’arguments d’autorité. Enfin,

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l’exposé de Lidenbrock s’achève sur ses conclusions personnelles (l. 119 à 131) qui annoncent la péroraison (la conclusion du discours).c. La rhétorique de la démonstrationUne analyse de l’utilisation des connecteurs logiques qui font avancer le dis-cours du professeur pourra ici être proposée : « Si » (l. 112) ; « Mais » (l. 114) ; « Cependant » (l. 115) ; « Mais » (l. 126).

II. Humour et parodiea. Un discours savant qui apparaît comique de par sa situationLe professeur s’adresse à un auditoire fictif sous le regard de son neveu et déclame un discours au milieu de squelettes. Le discours perd ainsi d’emblée de sa force et de sa valeur.b. Relevé des expressions et images familières qui alimentent un comique de motLe discours scientifique se trouve sans cesse ponctué d’expressions qui intro-duisent un décalage humoristique : « saint Thomas » (l. 76) ; « Barnum » (l. 80) ; « rotule » (l. 81)…c. Les interventions d’Axel et l’introduction d’un décalage humoristiqueLes pensées d’Axel rapprochent cette scène de la comédie burlesque. Le narra-teur souligne en effet l’incapacité de son oncle à prononcer des termes phonologi-quement complexes (l. 96-103), commentant ses efforts avec humour. Il introduit de la sorte le rire imaginaire d’un public invisible : « On aurait bien ri… » (l. 100-101).

III. La charge satiriquea. Dénigrement de la communauté scientifique (charge contre les « Saint Thomas de la paléontologie »)Ce discours retrace toutes les contradictions qui ont alimenté les discours scien-tifiques à travers les âges. L’auteur accumule ainsi les fausses découvertes : « la rotule d’Ajax » (l. 81-82) ; le « prétendu corps d’Oreste » (l. 82) ; le « corps d’Asté-rius » (l. 83), etc. Il souligne par conséquent les nombreux errements de la com-munauté scientifique.b. Mise en évidence du fanatisme scientifique chez Lidenbrock, à rebours de la figure traditionnelle du scientifique caractérisé par son usage de la raisonCe discours renforce l’autorité qui caractérise le personnage de Lidenbrock dans tout le roman. Ici, le professeur, seul, au milieu des cadavres, s’attarde dans une démonstration qui tourne au soliloque. Son discours s’apparente davantage à un déroulement de sa pensée. Sans les remarques humoristiques d’Axel, il apparaî-trait comme celui d’un homme au bord de la folie.

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Conclusion rédigéeCe discours relève bien d’une véritable démonstration scientifique. Son articula-tion logique le prouve. Cependant, le décalage entre la visée de ce texte et les commentaires du neveu nourrit cet extrait d’une indéniable dimension ironique, voire satirique. Jules Verne illustre une nouvelle fois le caractère extrême et monomaniaque du scientifique, saisi ici d’une forme de folie du savoir.

Dissertation VOIES GÉNÉRALES

Dans le chapitre XXXI du Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, le pro-fesseur Lidenbrock déclare à son neveu Axel : « La science, mon garçon, est faite d’erreurs, mais d’erreurs qu’il est bon de commettre, car elles mènent peu à peu à la vérité ». Dans quelle mesure peut-on appliquer cette citation au roman scientifique ? Vous répondrez sous la forme d’un développement rédigé et argumenté à la lumière de votre lecture du roman de Jules Verne et de votre connaissance du genre mêlant la science et la fiction.

Plan détaillé

I. De multiples erreursa. Il convient d’admettre qu’en science, l’erreur s’affirme comme une étape nécessaire (ou à envisager) de l’expérimentation.Afin de confirmer son hypothèse, le scientifique admet généralement un faisceau de possibilités à vérifier. Le roman débute par un dialogue argumentatif entre Lidenbrock, convaincu que le centre de la Terre est creux, et son neveu, qui sou-haite l’amener à renoncer à un projet qu’il juge insensé. Jules Verne pose ainsi le débat scientifique comme préalable à son roman.b. Chez Jules Verne, le roman scientifique respecte un protocole d’hypothèses à vérifier.Plus précisément, dans la première partie du roman (chapitre III), le professeur Lidenbrock soumet le manuscrit de Saknussemm à un vaste examen linguistique. Celui-ci demeure cependant sans résultat probant. Le scientifique est ainsi mis en échec pour la première fois.c. De la sorte, dans Voyage au centre de la Terre, le professeur Lidenbrock, en tant que représentant de l’institution scientifique, commet de nombreuses erreurs « qu’il est bon de commettre ».Il demeure par exemple incapable de traduire le code du manuscrit de Saknussemm (chapitre III). Il indique ensuite à ses compagnons la direction de la galerie qui les avait conduits vers une impasse (chapitre XIX). Enfin, Lidenbrock

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n’est pas en mesure d’évaluer la taille de la mer souterraine à traverser (chapitre XXXIII). Ainsi, le scientifique chez Jules Verne ne se révèle pas le garant d’une vérité absolue mais d’une vérité que le récit cherche à éprouver ou à construire.

II. Des erreurs nécessaires d’un point de vue littérairea. Le roman de Jules Verne propose également des exemples d’erreurs rendues obligatoires par la nécessité de conduire le récit jusqu’à son aboutissement.C’est ainsi que le chapitre XXVII dans lequel Axel perd de vue ses compagnons permet d’introduire un moment de grande intensité dramatique dans le roman. Un peu plus tard, Lidenbrock et Axel sont convaincus que la tempête qu’ils viennent d’essuyer les a ramenés à leur point de départ (chapitre XXXVII). Ils décident donc de reprendre la mer sans se douter qu’ils explorent de nouveaux territoires.b. L’erreur peut ainsi devenir salvatrice.En effet, l’erreur du groupe quand il décide d’utiliser des explosifs pour libérer l’entrée d’une grotte (chapitre XLI) les propulse vers une cheminée du Stromboli.

III. Le projet pédagogique du romana. Les nombreuses erreurs qui ponctuent Voyage au centre de la Terre sont l’essence même de tout projet pédagogique.En science comme dans tous les autres domaines de la connaissance, il convient de connaître des échecs. L’obstination de Lidenbrock finit par gagner son neveu. Axel subit ainsi les décisions et les choix de son oncle avant de se ranger à ses côtés et de reconnaître la supériorité de ses hypothèses initiales.b. De la sorte, le roman apparaît au lecteur comme une métaphore du projet éducatif mené par le maître Lidenbrock envers l’élève Axel.La réussite de ce projet émane du renversement final, où l’on assiste au triomphe du jeune homme sur son ancien maître. La solution du problème lié à la boussole dont l’aiguille n’indique plus le Nord démontre la capacité du jeune homme à éla-borer seul un raisonnement abouti.c. Voyage au centre de la Terre se révèle bien plus un véritable roman d’aven‑ture qu’un roman scientifique.Si le roman évoque de façon incessante de nombreux domaines de la science, comme la géologie ou la minéralogie, il se présente avant tout comme un formi-dable récit d’aventures. La science passe ainsi au second plan, loin derrière les dangers et les mystères auxquels les trois héros font face. La science y est qui plus est malmenée et adaptée au besoin de l’intrigue.

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Bibliographie / Sitographie■ Bibliographie

Roger Bellet (dir.), L’Aventure dans la littérature populaire au xixe siècle, Presses Universitaires de Lyon, coll. « Littérature et idéologies », 1985.

Daniel Compère, Jules Verne, parcours d’une œuvre, Encrage, 1997.

Daniel Compère, Un voyage extraordinaire de Jules Verne : « Voyage au centre de la Terre », Minard, 1977.

Matthieu Letourneux, Le Roman d’aventures 1870-1930, Presses Universitaires de Limoges, 2010.

Jean-Yves Tadié, Le Roman d’aventures, PUF, 1982.

■ Ressources sur Internet

La revue en ligne Belphégor, consacrée notamment aux littératures populaires : journals.openedition.org/belphegor