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N°106 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JUILLET-AOÛT 2016 72 DOSSIER S upports de manutention SUPPORTS DE MANUTENTION Optimisez vos dépenses ! En bois ou en plastique, à vendre, à louer ou même à échanger, bacs et palettes évoluent et se déclinent sous de nombreuses formes pour répondre au mieux à vos besoins. A chacun ses forces et faiblesses, et à chaque flux son support et son mode d’utilisation. Alors que bien des contrats se jouent à coups de centimes et définissent l’activité à courte échéance, l’optimisation des supports de charge devient un enjeu majeur requérant parfois une vision à plus long terme. L’arrivée de l’automatisation, notam- ment dans la grande distribution, ne fait que mettre en évidence leur rôle central et l’importance de faire le bon choix. Offreurs et utilisateurs vous offrent quelques pistes de réflexion. ©SCHOELLER HATTELAND P lus communément rencontrée en for- mat 80 x 120 (Europe), la palette était jusqu’à récemment fabriquée en bois et se déclinait pour la logistique en version 1/2 palette 800 x 600 (Düssel- dorf), et en 1/4 de palette 600 x 300, en plus du format industriel 100 x120. Mais depuis quelques années, elle peut être en plastique (vierge, recyclé ou mix), lisse ou anti- dérapante, équipée de rebords pour bien caler la charge, ajourée, renforcée, en 3, 5 ou 6 semelles, en version légère notamment pour les utilisations « one way » (palette perdue) pour le grand export, en version lourde ou intermédiaire, voire même en carton, soit largement de quoi y perdre son latin. A cela s’ajoute le bac en plastique qui entend rem- placer à la fois le carton et le bon vieux cageot en bois que l’on retrouve dans la plupart des super- marchés au rayon fruits et légumes. Des bacs au « look bois » sont d’ailleurs apparus au catalogue ©CABIKA IPS

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Page 1: vos dépenses - Supply Chain Magazinesupplychainmagazine.fr/TOUTE-INFO/Archives/SCM106/... · injuste et ineffi cace », déplore Olivier Legendre, Directeur Général France de

N°106 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JUILLET-AOÛT 201672

DOSSIERSupports de manutention

SUPPORTS DE MANUTENTION

Optimisezvos dépenses !En bois ou en plastique, à vendre, à louer ou même à échanger, bacs et palettes évoluent et se déclinent sous de nombreuses formes pour répondre au mieux à vos besoins. A chacun ses forces et faiblesses, et à chaque fl ux son support et son mode d’utilisation. Alors que bien des contrats se jouent à coups de centimes et défi nissent l’activité à courte échéance, l’optimisation des supports de charge devient un enjeu majeur requérant parfois une vision à plus long terme. L’arrivée de l’automatisation, notam-ment dans la grande distribution, ne fait que mettre en évidence leur rôle central et l’importance de faire le bon choix. Offreurs et utilisateurs vous offrent quelques pistes de réfl exion.

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Plus communément rencontrée en for-mat 80 x 120 (Europe), la palette était jusqu’à récemment fabriquée en bois et se déclinait pour la logistique en version 1/2 palette 800 x 600 (Düssel-dorf), et en 1/4 de palette 600 x 300, en plus du format industriel 100 x120.

Mais depuis quelques années, elle peut être en plastique (vierge, recyclé ou mix), lisse ou anti-dérapante, équipée de rebords pour bien caler la charge, ajourée, renforcée, en 3, 5 ou 6 semelles, en version légère notamment pour les utilisations « one way » (palette perdue) pour le grand export, en version lourde ou intermédiaire, voire même en carton, soit largement de quoi y perdre son latin. A cela s’ajoute le bac en plastique qui entend rem-placer à la fois le carton et le bon vieux cageot en bois que l’on retrouve dans la plupart des super-marchés au rayon fruits et légumes. Des bacs au « look bois » sont d’ailleurs apparus au catalogue

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de Schoeller Allibert à la demande de clients dis-tributeurs nord-européens.

Un système injuste et ineffi caceLa palette bois s’octroie environ 90 % du marché, lequel se divise à parts égales entre la palette dite locative, car fournie par les grands loueurs que sont Chep, IPP Logipal et LPR principalement, et la palette Europe aussi appelée palette échange, Epal ou blanche. Celle-ci est achetée par les indus-triels puis échangée entre pairs après être passée entre les mains des transporteurs et acteurs de la grande distribution. Ses fl ux sont parfois gérés par des « poolers » comme Paki Logistics ou PGS mais le sont le plus souvent par les Responsables Logis-tique sur des tableurs Excel et sur base déclarative. Le manque d’information, de suivi et de clarté donne lieu à toutes sortes de confl its entre char-geurs et distributeurs, au milieu desquels les trans-porteurs se retrouvent inévitablement englués.

« Dès lors qu’on vous confi e une palette, vous en devenez responsable. Quand elles ne reviennent pas dans les quantités et qualités souhaitées, on pointe du doigt le transporteur. C’est un système injuste et ineffi cace », déplore Olivier Legendre, Directeur Général France de Chep. D’où le besoin de l’optimiser : « L’avantage du pooling pour le chargeur est qu’il n’a plus à acheter les palettes ou à en gérer les allées et venues. Le pooler s’occupe de tout. Le pool de palettes Europe comprend plus de 500 M de palettes », dépeint Christian Agasse, Directeur Général de Pooling Partners et Respon-sable pour le service Paki Logistics.

Des fabricants à l’écoutePour répondre à de nouvelles attentes, notam-ment liées à l’avènement de l’automatisation qui requiert des contenants aux dimensions parfaites, les supports évoluent sans cesse. « L’exigence de qualité est beaucoup plus forte qu’il y a 3 ans.

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DOSSIERSupports de manutention

Nous travaillons donc sur le bois mais aussi, et surtout, sur la qualité de réparation des palettes », atteste Yves Degouve, Directeur Général France de LRP. « Nous avons récemment lancé une demi-pa-lette alternative à la Düsseldorf car la qualité de cette dernière est devenue trop aléatoire. Conçue par Pooling Partners et mise à disposition par le réseau IPP Logipal, elle correspond aux besoins des chargeurs et acteurs de la grande distribution qui s’automatisent », corrobore Christian Agasse (Paki Logistics). Les fabricants de bacs plastiques se mettent également à la page, notamment les Allemands, comme SSI Schaefer et Bito, dont les clients locaux ont été les pionniers de ce mou-vement. « Avec l’automatisation, les clients demandent des bacs plus silencieux, plus fl exibles, traçables et aux cotes extrêmement précises. En 2015, nous avons sorti un bac spécialement conçu pour les miniloads. Il peut être poussé, tiré, levé

par les systèmes. Il est équipé de trous pour laisser passer l’eau en cas de déclenchement des sprinklers et il comprend un double fond qui fait gagner entre 6 et 8 dB face à la concurrence. Nous en a v o n s v e n-dus 500.000 en 6 mois, indiquait un responsable de Bito lors du salon Cemat à Hanovre. En 2016, nous

lançons son successeur, le bac « EQ » pour « ergo-nomie et intelligence ». Il comprend 3 types de poi-gnées différentes pour satisfaire les manutention-naires. Il est très facilement pliable et est doté de 2 fenêtres pour les étiquettes. Ainsi elles peuvent être placées depuis l’intérieur ce qui apporte plu-sieurs avantages : elles sont protégées contre une dégradation intentionnelle ou non et cela évite la multiplication des étiquettes qui restent parfois collées à l’extérieur parce qu’elles se décollent mal et que le personnel ne prend pas le temps de les retirer ». Le fabricant hollandais Schoeller Allibert a également lancé plusieurs nouveaux produits au cours des 6 derniers mois dont la Maxilog, une caisse en plastique conçue pour les secteurs de l’agroalimentaire et du recyclage avec 450 kg de charge utile pour un poids à vide de seulement 35 kg, une version plus petite (Agrilog) pour le transport de fruits frais, une palette (H1) lisse et plus facile à laver correspondant aux attentes du secteur de la viande, le bac Euroclick à la hau-

teur ajustable ainsi qu’un bac spécifi quement conçu pour être utilisé dans le système automatisé Autostore de Hatteland.

Coûts annexes réduitsDe plus en plus légers et fl exibles, ces nouveaux supports sont désormais conçus avec l’intention ferme de vous aider à économiser de l’espace de stockage et du volume de transport. Une fois pliés, 260 bacs peuvent s’entasser sur une palette selon Pierre-Olivier Blanchard (Ifco) et jusqu’à 10.000 dans un camion selon Patrice Jorge, Directeur Général d’Euro Pool France. Lorsqu’ils ne sont pas pliables, les bacs sont conçus pour être parfaite-ment emboîtables, une qualité également attri-buable aux palettes sans fond (pour applications légères ou mi-lourdes) en carton et en plastique.

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Certains fabricants, notamment PGS, insistent également sur le fait que leurs palettes, plus légères et moins épaisses, aident à optimiser en poids et en hauteur le chargement des camions, aussi bien à l’aller (chargement de marchandises), qu’au retour (chargement de palettes). « Plus rigides que les cartons, les bacs plastiques protègent bien la marchandise, évitant la casse et les litiges », note Pierre-Olivier Blanchard. Les surfaces d’entrepo-sage et de vente bénéfi cient elles aussi de l’arrivée massive de ces supports fl exibles. En effet, non seulement ces supports occupent physiquement moins de volume mais ils peuvent aider les opé-rateurs à travailler plus vite. « Norauto utilise des bacs pour la préparation de commandes de petites pièces. Ils aident les manutentionnaires à gagner du temps sur la mise en rayon, remarque Didier Maréchal, Responsable des ventes chez Gam-ma-Wopla. Presstalis gagne non seulement du temps mais n’encombre désormais plus la surface de vente avec des rolls et des cartons. Cela évite d’autre part d’éventuels accidents avec la clien-tèle. » Accidents et TMS (troubles musculo-sque-lettiques) étant dans le collimateur des sociétés, notamment avec l’entrée en vigueur du compte pénibilité, le poids et la relative dangerosité

(blessures, écorchures) des supports sont étudiés de plus près. « Auchan, Intermarché, Boulanger et Norauto se convertissent à la palette plastique notamment en raison de son poids inférieur à celui de la palette bois. Cela va faire réfl échir les autres acteurs et insuffl er un changement sur le marché », prévoit Didier Maréchal (Gamma-Wopla). Si les acteurs du bois contestent avec véhémence le caractère accidentogène des supports en bois, le (léger) vent de changement constaté sur le marché semble confi rmer cette hypothèse.

Des fl ux internationauxEn partie grâce à notre marché unique européen, les fl ux entre industriels et distributeurs sont le plus souvent transfrontaliers. Bien maîtrisés, les fl ux destinés à la GMS sont le marché de prédi-lection des loueurs : « 90 % de notre activité est axée sur la grande distribution », confi rme Frédé-ric Sammut, Directeur Général de Pooling Partners France et Responsable pour le service d’IPP Logi-pal. Une fois libérés de leur chargement, palettes et bacs repartent, en camions pleins le plus souvent lorsqu’ils sont la propriété de loueurs ou gérés par des poolers, vers des centres d’inspection avant de retourner vers les sites de production des char-

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DOSSIERSupports de manutention

geurs. « Toutes les palettes repassent par un centre de conditionnement. Elles sont triées, et réparées le cas échéant, mais jamais ne repartent directement chez le client », assure Frédéric Sammut (IPP Logi-pal). C’est lorsque l’on sort de ces fl ux maîtrisés que la situation se complique. En effet, sur les fl ux internationaux, notamment hors Europe et entre industriels, les supports sont généralement consi-dérés comme perdus. Ces palettes one way sont le plus souvent en bois mais aussi parfois, sur le grand export et grand import, notamment à cause des différentes normes sanitaires, des palettes plastiques à la résistance et au coût étudiés pour minimiser leur impact, aussi bien fi nancier que carbone. Certains offreurs se sont donc penchés sur la question afi n d’apporter une réponse à cette problématique, c’est le cas de PGS qui a lancé un service baptisé PGS Reverse : « Hors GMS, sur les circuits ouverts, il n’existait pas d’offre. Grâce à notre activité historique de réparateur de palettes, nous savons collecter les palettes chez les indus-triels et ce, à l’échelle européenne, avec l’aide de notre réseau de partenaires. Le service PGS Reverse repose sur nos propres palettes. Elles sont éco-conçues, plus légères mais tout aussi résis-tantes. Nous savons aussi aider nos clients à trou-ver des palettes là où nous ne sommes pas pré-sents en leur proposant des solutions sur mesure à l’international », témoigne Eric Demé, Directeur Général de PGS France. Même constat côté bacs : « Le bac plastique est très utilisé dans les fruits et légumes. Les distributeurs ayant tendance à aller chercher les produits de plus en plus loin, nous développons de nouvelles lignes de transport ainsi que de nouveaux emballages pour le grand import », révèle Patrice Jorge (Euro Pool System France).

La qualité de serviceLe terrain de jeu étant de plus en plus vaste, l’en-vergure du prestataire et son maillage territorial s’avèrent indispensables à un service de qualité. Ceci explique d’ailleurs le nombre limité d’ac-teurs dans le secteur de la location de bacs et palettes, Ifco et Euro Pool se partageant le mar-

ché du bac plastique

et celui de la palette locative n’étant guère plus fragmenté. Tous 2 fi liales du groupe australien Brambles, Ifco et Chep peuvent se targuer d’avoir une présence mondiale, l’un comptant 145 M de rotations de bacs à l’échelle européenne et l’autre 36 M de rotations de palettes rien qu’en France, où son réseau compte 25 sites. En face, LPR avance 14 implantations et 75 M de mouvements, PGS 13 sites de fabrication plus 30 de reconditionne-ment, IPP France annonce 14 M de mouvements via un réseau de 16 dépôts et 8 sites de fabrication. Surtout présent dans le nord de l’Europe, mais aussi chez Auchan en France, Euro Pool fait état de 880 M de mouvements de bacs. Cette envergure traduit une certaine capacité à fournir les supports au bon endroit, au bon moment, et dans les quan-tités voulues. Mais la qualité du service dépend également de la relation entre le loueur ou pooler, son client (le chargeur) et la grande distribution. Le fournisseur doit en effet connaître précisément les fl ux de marchandises et savoir où elles sont prises en charge et où et quand les supports vides doivent être collectés. « Nous travaillons en bonne intelligence avec la GMS pour pouvoir déclencher la collecte au moment le plus judicieux afi n d’op-timiser les fl ux retours », confi rme Frédéric Sam-mut (IPP Logipal). « Une bonne connaissance du secteur est essentielle pour bien repositionner le stock de bacs selon les fl ux et saisonnalités des

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produits », ajoute Patrice Jorge (Euro Pool).

Le suivi des supportsOutre le code-barres omniprésent, la RFID peut apporter une visibilité en temps réel mais son coût demeure un frein certain. « Nous avons mis des puces RFID sur nos palettes pendant 15 ans mais les clients n’ont pas souhaité investir dans la solution complète. Nous avons donc arrêté, même si elles restent disponibles en option », avoue Germinal Fonfria, Directeur Commercial du fabri-cant Craemer. « La RFID n’a pas pris, confi rme Yves Degouve (LPR). Les inven-

taires sont réalisés par nos agents sur le terrain ». Même perception pour les loueurs de bacs : « Son coût est prohibitif par rapport à la valeur d’un bac rempli de fruits et légumes, estime Pierre-Olivier Blanchard (Ifco). Mais l’équation pourrait être dif-férente sur de la marchandise à plus haute valeur comme la viande. » Spécialiste de l’identifi cation, Inotec ne l’entend pas de cette oreille : « La tra-çabilité par RFID existe en grande distribution. Auchan l’utilise sur ses bacs plastiques Euro Pool

depuis plusieurs années. Martin Brower y recourt sur environ 50.000 palettes plastiques et Lidl trace ainsi environ 500.000 palettes. L’enjeu est de gérer les fl ux et d’éviter de perdre des supports, ce qui peut représenter des sommes colossales à l’échelle d’un distributeur. Nous avons ressenti dernièrement un intérêt certain pour cette tech-nologie et avons d’ailleurs développé une solution spécifi que pour les palettes bois », dévoile Bernard Pagnon, Directeur Général d’Inotec France. La récente enquête Track & Trace réalisée par Cereza Conseil semble lui donner raison puisque 52 % des personnes interrogées ont identifi é le suivi

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DOSSIERSupports de manutention

des emballages et supports de charge comme un enjeu d’importance et un réel potentiel d’optimi-sation. Des solutions de type IoT, notamment la technologie LoRa associée à un réseau de com-munication international permettant des échanges entre un émetteur et des capteurs intelligents sur de très longues distances et avec une très faible consommation, se développent actuellement, por-tées par des sociétés comme Objenious, et pour-raient apporter une réponse viable et peu onéreuse à la question du suivi des supports à relativement court terme.

Combien ça coûte ?Pour mieux comprendre l’enjeu fi nancier, il convient de mettre un prix sur les supports de manutention. Combien coûte une palette ? « Une palette bois Europe nous coûte environ 5,50 à 6 € », répond Amélie Want, Responsable Transport, Direction Logistique chez Panapro. « Entre 35 et 95 € pour une palette plastique 80 x 120, tout dépend du modèle et de l’utilisation, et quelques euros de plus pour une 100 x 120. Nous ne fabriquons pas de palette one way mais elles coûtent entre 6 et 8 € », annonce Germinal Fonfria (Craemer). Quid de la palette en carton de DS Smith, réutilisable, dispo-nible en location et souvent utilisée pour la pré-paration de commandes par couche ? « Son tarif est économiquement viable comparé à la palette bois locative », indique prudemment Mathieu Bultelle, Sales & Development Manager chez DS Smith Packaging. Le tarif des bacs plastiques varie lui aussi grandement selon qu’ils doivent trans-porter des légumes, de la viande ou des bouteilles de bière. L’échelle de prix s’avérant aussi ample que le panel d’utilisation. Comptez de 15 à 20 € pour un bac à viande chez Euro Pool et entre 5 et 10 € pour un bac de fruits et légumes. Si leur tarif vous paraît élevé, considérez l’exemple suivant : le client d’un fabricant de bacs plastiques ayant remplacé 50.000 cartons, jetés quotidiennement, par plusieurs centaines de milliers de bacs, certes plus onéreux à l’achat, est rentré dans ses frais en à peine 2 mois. L’achat n’est par ailleurs pas la seule solution : « Le coût du support n’a d’im-portance que si vous l’achetez, rappelle Christian

Agasse (Paki). Lorsque vous faites du polling, vous choisissez la qualité de palette à livrer et ne payez que le mouvement ». Les contrats de location, de palettes et de bacs, sont en effet pensés pour rester compétitifs face aux supports jetables : « L’embal-lage dans le secteur fruits et légumes coûte entre 0,70 et 0,90 € la rotation (format 60 x 40 cm), soit pas plus qu’un support jetable », affi rme Patrice Jorge (Euro Pool).

Le tarif reste le nerf de la guerreLes contrats sont le plus souvent négociés à l’an-née, calculés selon le besoin précis du client. « Le coût est fi xe, il n’y a pas de supplément d’immobili-sation ou de casse. Nous faisons un pari sur le pro-jet global, il n’y a donc pas de pénalité. Le produc-teur est notre partenaire et il n’est pas maître de ses contrats. Il ne peut pas s’engager sur ses volumes et ses rotations », reprend-il. D’autres préfèrent baliser et défi nir la fl exibilité : « Le contrat est basé sur le besoin. Le chargeur défi nit le nombre de palettes dont il a besoin dans chaque format, le temps d’immobilisation des supports (long sur les produits secs, plus court sur les produits frais). Cela nous donne le nombre de rotations sur l’an-née. Ensuite nous devons connaître le point de destination des palettes pour en optimiser la col-lecte. Grâce à tout cela, nous calculons ensuite un tarif de mise à disposition qui peut être « all inclu-sive » ou contenir une clause de dépassement de

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Panapro mise sur Opalean

Créé en 2012 par Gabriel Pierini, un pro-fessionnel de la logistique, Opalean adresse la problématique de la gestion de la palette échange. Opatrace, son logiciel de PMS (Pal-let Management System) offre une alterna-tive au fameux fi chier Excel, source d’erreurs et de confl its entre les intervenants. Filiale du groupe Holder, Panapro l’a essayé… et adopté, comme en témoigne Amélie Want : « Nous gérons annuellement environ 200.000 rotations de palettes échange en Europe, plus environ 15.000 palettes non-récupé-rables à l’export. Jusqu’en octobre 2015, les mou-vements étaient enregistrés sur Excel, une réelle usine à gaz quasiment incompréhensible. La gestion des fl ux aval et amont des 25 différents types de supports était très lourde. Elle était source de nom-breuses tensions sans répondre à l’ensemble de nos besoins. Nous perdions peu de palettes mais passions beaucoup de temps à les suivre. Leur suivi n’étant pas la priorité des équipes, les retards s’accumulaient et l’année se clôturait par un vrai bras de fer. Nous avons trouvé une solution avec PMS. Désormais nous localisons immédiatement les palettes, les trans-porteurs renseignent les fl ux dans le logiciel en temps réel car l’outil est très simple et très intuitif. Résultat, notre encours de palettes a déjà chuté de 50%, les litiges sont gérés sans délai et réglés très rapidement. Cette solution nous fait économiser environ 45 h/mois, tous postes confondus. Le R.O.I. est pour ainsi dire immédiat, le temps de s’habituer au système. Nos 2 principaux transporteurs sont entièrement satisfaits et ont eux aussi commencé à le déployer chez leurs clients. Et cerise sur le gâteau, l’outil nous aide également à suivre précisément le nombre de palettes que nous envoyons à l’export ». ■ PM

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Indice de résistance à la charge (en kg) de palettes 800x1200Support Dimension Matériau Poids Statique Dynamique Sur rack

Craemer D1 800x1200 Plastique 12 (14¹) 5.000 1.000 400 (1.200¹)

Craemer CR3 1200x1000 Plastique 25,5 7.500 1.500 1.400

Craemer TC3 1200x1000 Plastique 21,5 7.500 1.500 1.000 (2.000¹)

IPP E812 800x1200 Bois 25 4.800 1.200 1.200

IPP A1210 1200x1000 Bois 29 6.000 1.500 1.500

PGS EPAL 800x1200 Bois 5.000 1.500 1.000

Smartfl ow SF 800 ES 800x1200 Plastique 10,6 4.000 1.000 500

Smartfl ow SF 1000P/5/P 1200x1000 Plastique 19 5.000 1.500 1.000

Schoeller Allibert H1 800x1200 Plastique 18 5.000 1.500 1.000

1. Version renforcée

volume », remarque Frédéric Sammut. Proposant un logiciel de gestion des échanges de palettes Epal, Opalean applique également une tarifi ca-tion au volume. « Il en coûte environ 150 €/mois pour un site de taille moyenne, en plus des coûts de paramétrage au départ. Il y a des surcoûts liés aux volumes pour les très gros sites ». Enfi n, voici quelques indications tarifaires sur la technologie RFID. Chez Inotec, la fourchette de prix dépend de l’utilisation et du support. Des étiquettes RFID stan-dard se négocient 0,30 à 0,40 € selon le volume et le format alors qu’un tag utilisé sur un bac subis-sant de fréquents lavages à haute pression (dans un abattoir par exemple) peut valoir entre 1,50 et 2 € pour un grand modèle. Un tag durci avec code-barres et puce utilisé sur un roll coûtera, suivant la distance de lecture souhaitée, 2,50 à 3 €. Quant aux tags actifs pour géolocaliser un conteneur, ils peuvent atteindre une vingtaine d’euros. « Le nerf de la guerre reste le tarif du bien ou service. Mais il existe une solution adaptée à chaque type de fl ux », conclut Christian Agasse. ■ PIERRE MONCEAUX

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DOSSIERSupports de manutention

Réginald Desrousseaux,Responsable des fl ux logistiques d’Auchan

« Nous ne pouvons plus continuer à utiliser des caddies en 2016 ! »

Convaincu de longue date des avantages des bacs plastiques par rapport aux rolls métalliques, Réginald Desrousseaux, Responsable des fl ux logistiques d’Auchan, a trouvé en 2013 un fournisseur prêt à jouer le jeu. 2 ans après leur premier déploiement, le recours aux bacs plastiques a fait ses preuves, avec de nombreux gains à la clé.

Supply Chain Magazine : Quel a été le point de départ de ce projet ?Réginald Desrousseaux : Un fournisseur m’a contacté afi n de déployer ce nouveau contenant sur nos plates-formes et magasins, en remplace-ment des « caddies » [NDLR : aussi appelés rolls]

utilisés pour le transport de la viande de bœuf P.A.D. (Prêt A Découper). Ce contenant ayant déjà fait ses preuves depuis 20 ans sur le marché de la viande de porc, je n’ai pas hésité une seconde !

SCMag : Quel était votre objectif ?R.D. : Notre volonté était de lever les irritants liés à la manipulation des caddies. C’est un sujet tou-chant d’abord au bien-être du

personnel. En effet, les manipulations sont diffi -ciles sur l’ensemble de la chaîne de distribution. Chargés, ces caddies pèsent environ 400 kg, ce qui les rend dangereux et générateurs d’acci-dents parfois très graves. Ces caddies ont plusieurs défauts notoires : leur poids donc – près de 100 kg à vide –, leur vieillissement – ils ont tendance à rouiller et un entretien conséquent est nécessaire notamment sur les roues –, sans oublier un coût de transport excessif, notamment sur les retours, les caddies n’étant pas pliables et de format non standard, 700 x 800.

SCMag : Quelle solution avez-vous retenue ?R.D. : Le choix s’est donc porté sur des bacs plastiques posés sur un Dolly [NDLR : petit chariot à roulettes + frein] fournis par Euro Pool et Cogit. Les caddies et leurs 6 plateaux étant remplacés par 7 bacs plastiques pour moins de poids et plus de fl exibilité. A vide, le Dolly et les bacs ont une tare de 36 kg seulement, ce qui représente une économie de 38.000 t de manipulations sur un an. Soit plus de sécurité au travail et moins de TMS… Des couvercles spécifi quement conçus pour cette application rendent possible la superposition

des ensembles bac/Dollies afi n de cumuler les commandes de différents types de viandes (bœuf + porc).

SCMag : Quel sont les gains observés ?R.D. : Les gains sont multiples. En transport amont, le gain est de 14 % au sol et de bien davantage sur la partie aval, les retours de nos contenants occu-pant 5 fois moins de places dans nos remorques. Gain identique en surface de stockage au sol sur nos plates-formes. D’autre part, il n’y a plus de risque de refus en réception pour cause de conte-nant en mauvais état ou de marchandise fuitée. D’un point de vue fi nancier, la location des conte-nants payée par les fournisseurs est plus que com-pensée par la baisse de leurs investissements en caddies et leurs coûts d’entretien et de nettoyage associés. Enfi n, grâce à la mise en place de puces RFID, nous pouvons suivre les contenants et pour-quoi pas, à l’avenir, leur contenu ! Le succès de cette aventure dépend de l’adhésion au système de l’ensemble des fournisseurs et distributeurs, ce qui n’est pas encore le cas mais elle progresse signi-fi cativement depuis 2 ans. Côté Auchan, nous atteindrons 50 % des volumes livrés d’ici à fi n 2016. Nous ne pouvons plus continuer à utiliser des caddies en 2016, heureusement le déploiement est bien en marche ! ■

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MONCEAUX

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