vol de nuit vuelo nocturno

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1 Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes Vol de nuit de Antoine de Saint-Exupéry Gallimard, Paris, 1931. A Monsieur Didier Daurat. PRÉFACE Il s’agissait, pour les com- pagnies de navigation aé- rienne, de lutter de vitesse avec les autres moyens de transport. C’est ce qu’ex- pliquera, dans ce livre, Ri- vière, admirable figure de chef : « C’est pour nous une ques- tion de vie ou de mort, puis- que nous perdons, chaque nuit, l’avance gagnée, pen- dant le jour, sur les chemins- de-fer et les navires. » Ce ser- vice nocturne, fort critiqué d’abord, admis désormais, et devenu pratique après le ris- que des premières expérien- ces, était encore, au moment de ce récit, fort hasardeux : à l’impalpable péril des routes aériennes semées de surprises, s’ajoute donc ici le perfide mystère de la nuit. Si grands que demeurent encore les ris- ques, je me hâte de dire qu’ils vont diminuant de jour en jour, chaque nouveau voyage faci- litant et assurant un peu mieux le suivant. Mais il y a pour l’aviation, comme pour l’ex- ploration des terres incon- nues, une première période héroique, et Vol de Nuit, qui nous peint la tragique aven- ture d’un de ces pionniers de l’air, prend tout naturelle- ment un ton d’épopée. J’aime le premier livre de Saint-Exupéry, mais celui-ci Vuelo Nocturno de A. de Saint-Exupéry tr. de J. Benavent Apéndice y notas: Emilio Pascual Anaya, Madrid 1982, 1984, 1986, 1989, 1995, 2000 [después del prefacio] Prefacio Para las compañías de navegación aérea se trata- ba de luchar en rapidez con los otros medios de transporte. Rivière, ad- mirable figura de jefe, lo explicará en este libro: «Para nosotros es una cuestión de vida o muerte, puesto que perdemos por la noche lo que ganamos du- rante el día a los ferroca- rriles, y navíos (1).» Éste ser- vicio nocturno, muy criticado al principio, aceptado más adelante, y convertido en práctico después del riesgo de las primeras experiencias, era todavía, cuando se escribió este relato, sumamente arriesgado: al peligro impalpable de las rutas aéreas, sembradas de sorpresas, se añade en este caso el pérfido misterio de la noche. Por grandes que sean todavía los riesgos, me apresuro a decir que van disminuyendo de día en día, pues cada nuevo viaje facili- ta y asegura un poco más el siguiente. Mas para la avia- ción, como para la explora- ción de las tierras desconoci- das, [8] hay una primera época heroica, y Vuelo nocturno, que nos pinta la trágica aventura de uno de esos pioneros del aire, adquiere con toda natu- ralidad un tono de epopeya. Me gusta el primer libro de Saint-Exupéry, pero este de 1 Cf cap. XI, pág. 91.

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Page 1: Vol de nuit Vuelo Nocturno

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

Vol de nuitde

Antoine de Saint-Exupéry

Gallimard, Paris, 1931.

A Monsieur Didier Daurat.

PRÉFACE

Il s’agissait, pour les com-pagnies de navigat ion aé-rienne, de lutter de vitesseavec les autres moyens detransport . C’est ce qu’ex-pliquera, dans ce livre, Ri-vière, admirable figure de chef: « C’est pour nous une ques-tion de vie ou de mort, puis-que nous perdons, chaquenuit, l’avance gagnée, pen-dant le jour, sur les chemins-de-fer et les navires. » Ce ser-vice nocturne, fort critiquéd’abord, admis désormais, etdevenu pratique après le ris-que des premières expérien-ces, était encore, au momentde ce récit, fort hasardeux : àl’impalpable péril des routesaériennes semées de surprises,s’ajoute donc ici le perfidemystère de la nuit. Si grandsque demeurent encore les ris-ques, je me hâte de dire qu’ilsvont diminuant de jour en jour,chaque nouveau voyage faci-litant et assurant un peu mieuxle suivant. Mais il y a pourl’aviation, comme pour l’ex-ploration des terres incon-nues, une première périodehéroique, et Vol de Nuit, quinous peint la tragique aven-ture d’un de ces pionniers del’air, prend tout naturelle-ment un ton d’épopée.

J’aime le premier livre deSaint-Exupéry, mais celui-ci

Vuelo Nocturnode

A. de Saint-Exupéry

tr. de J. BenaventApéndice y notas: Emilio PascualAnaya, Madrid 1982, 1984, 1986,1989, 1995, 2000

[después del prefacio]

Prefacio

Para las compañías denavegación aérea se trata-b a d e l u c h a r e n r a p i d e zc o n l o s o t ro s m e d i o s d et r a n s p o r t e . R i v i è r e , a d -mirable f igura de je fe , loe x p l i c a r á e n e s t e l i b r o :« P a r a n o s o t r o s e s u n acuest ión de vida o muerte,puesto que perdemos por lanoche lo que ganamos du-rante el día a los ferroca-rriles, y navíos (1).» Éste ser-vicio nocturno, muy criticado alprincipio, aceptado más adelante, yconvertido en práctico después delriesgo de las primeras experiencias,era todavía, cuando se escribió esterelato, sumamente arriesgado: alpeligro impalpable de las rutasaéreas, sembradas de sorpresas,se añade en este caso el pérfidomisterio de la noche. Por grandesque sean todavía los riesgos,me apresuro a decir que vandisminuyendo de día en día,pues cada nuevo viaje facili-ta y asegura un poco más elsiguiente. Mas para la avia-ción, como para la explora-ción de las tierras desconoci-das, [8] hay una primera épocaheroica, y Vuelo nocturno, quenos pinta la trágica aventurade uno de esos pioneros delaire, adquiere con toda natu-ralidad un tono de epopeya.

Me gusta el primer librode Saint-Exupéry, pero este de

1 Cf cap. XI, pág. 91.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesbien davantage. Dans Cour-rier Sud, aux souvenirs del’aviateur, notés avec uneprécision saisissante, se mê-lait une intrigue sentimentalequi rapprochait de nous lehéros. Si susceptible de ten-dresse, ah! que nous le sen-tions humain, vulnérable. Lehéros de Vol de Nuit , nondéshumanisé, certes, s’élèveà une vertu surhumaine. Jecrois que ce qui me plaît sur-tout dans ce récit frémissant ,c ’ e s t s a n o b l e s s e . Lesfaiblesses, les abandons, lesdéchéances de l’homme, nousles connaissons de reste et lalittérature de nos jours n’estque trop habile à les dénon-cer; mais ce surpassement desoi qu’obtient la volonté ten-due , c ’es t là ce que nousavons surtout besoin qu’onnous montre.

Plus étonnante encore quela figure de l’aviateur, m’appa-raît celle de Rivière, son chef.Celui-ci n’agit pas lui-même :il fait agir, insuffle à ses pilo-tes sa vertu, exige d’eux lemaximum, et les contraint à laprouesse. Son implacable déci-sion ne tolère pas la faiblesse,et, par lui, la moindre dé-faillance est punie. Sa sévéritépeut, au premier abord, paraî-tre inhumaine, excessive. Maisc’est aux imperfections qu’elles’applique, non point àl’homme même, que Rivièreprétend forger. On sent, à tra-vers cette peinture, toute l’ad-miration de l’auteur. Je lui saisgré particulièrement d’éclairercette vérité paradoxale, pourmoi d’une importance psycho-logique considérable que lebonheur de l’homme n’est pasdans la liberté, mais dans l’ac-ceptation d’un devoir. Chacundes personnages de ce livre estardemment, totalement dévouéà ce qu’il doit faire, à cette tâ-che périlleuse dans le seul ac-complissement de laquelle iltrouvera le repos du bonheur.Et l’on entrevoit bien que Ri-vière n’est nullement insensible(rien de plus émouvant que leréci t de la vis i te qu’i l re-

ahora mucho más aún. En Co-rreo del sur, con los recuerdosdel aviador, consignados conuna precisión sorprendente, semezclaba una intriga senti-mental que nos aproximaba alhéroe. Tan susceptible de ter-nura, ____ que lo sen t í a m o sh u m a n o , v u l n e r a b l e . Elhéroe de Vuelo nocturno, aun-que no deshumanizado, se ele-va a una virtud sobrehumana.Creo que lo que más me com-place en este relato estremecedore s s u n o b l e z a . Lasflaqueas, los abandonos, lascaídas de los hombres los co-nocemos de sobra y la lite-ratura de nuestros días esharto hábil en denunciarlos;pero esa superación de s ímismo que obt iene la vo-luntad tensa es lo que so-bre todo neces i tamos quese nos muestre.

Más asombrosa aún quela figura del aviador me pa-rece la de Rivière, su jefe.Este no obra, hace obrar;infunde su virtud a los pi-l o t o s , e x i g e d e e l l o s l omáx imo y los ob l iga a laproeza. Su implacable deci-sión no tolera la f laquea, ycast iga el menor desfal le-cimiento. Su severidad pue-de parecer al principio in-h u m a n a , e x c e s i v a . P e r oella se aplica a las imper-f e c c i o n e s , n o a l h o m b remismo, al que Rivière pre-tende forjar . A través de esapintura se percibe toda la admi-ración del autor. Le estoy reco-nocido particularmente por ha-ber ilustrado esa verdad para-dójica, para mí de una impor-tancia psicológica considerable:que la felicidad del hombre noestá en la libertad, sino en laaceptación de un deber. Cadauno de los personajes de estelibro está total, y ardientementeconsagrado a lo que debe hacer,a esa tarea peligrosa en cuyo cum-plimiento sólo en él encontrará eldescanso de la felicidad. Y seentrevé con claridad que Rivièreno es en modo alguno insensible(nada más emocionante que elre la to de la v i s i ta que le

¡cómo no!

puntuación

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesço i t de l a f e m m e d u d i s -p a r u ) et qu’il ne lui faut pasmoins de courage pour donnerses ordres qu’à ses pilotes pourles exécuter.

Pour se faire aimer, dira-t-il, il suffit de plaindre. Je neplains guère, Ou je le cache...je suis surpris parfois de monpouvoir. » Et encore : « Aimezceux que vous commandez;mais sans le leur dire. »

C’est aussi que le senti-ment du devoir domine Ri-vière; « l’obscur sentimentd’un devoir, plus grand quecelui d’aimer ». Que l’hommene trouve point sa fin en lui-même, mais se subordonne etsacrifie à je ne sais quoi, quile domine et vit de lui . Etj’aime à retrouver ici cet «obscur sentiment » qui faisaitdire paradoxalement à monProméthée : « Je n’aime pasl’homme, j’aime ce qui le dé-vore. » C’est la source de touthéroïsme : « Nous agissons,pensai t Riv ière , comme s iquelque chose dépassait, envaleur, la vie humaine... Maisquoi ? » Et encore : « Il existepeut -ê tre quelque chosed’autre à sauver, et de plusdurable; peut-être est-ce àsauver cette part de l’homme,que Rivière travaille. » N’endoutons pas.

En un temps où la notionde l’héroïsme tend à déserterl’armée, puisque les vertus vi-riles risquent de demeurersans emploi dans les guerresde demain dont les chimistesnous invitent à pressentir lafuture horreur, n’est-ce pasdans l ’av ia t ion que nousvoyons se déployer le plus ad-mirablement et le plus utile-ment le courage ? Ce qui se-rait témérité, cesse de l’êtredans un service commandé. Lepilote, qui risque sans cesse savie, a quelque droit de sourireà l’idée que nous nous faisonsd’ordinaire du « courage ».Saint-Exupéry me permettra-t-il de citer une lettre de lui,déjà ancienne; elle remonte au

hace la mujer del desapa-recido) y que necesi ta tan-to valor para dar sus órde-nes como los pi lotos paraejecutarlas.

[9] «Para hacerse amardirá, basta compadecer. Yo nocompadezco nunca, o lo ocul-to... Me sorprendo a veces demi poder. o Y también: «Amea los que manda. Pero sindecírselo (2).»

Y es que también el senti-miento del deber domina aRivière: «El oscuro sent i -miento de un deber más gran-de que el de amaré. (3) Queel hombre no encuentra su fi-nalidad en sí mismo, sino quese subordina, se sacrifica aun no sé qué que lo domina yvive de él. Y me gusta encon-trar también aquí ese «oscu-ro sentimiento» que hacía ex-clamar paradójicamente a miPrometen: «No amo al hom-bre, sino a lo que le devora(4).» Es ésta la fuente de todoheroísmo: «Obramos pensabaRiv ière—como s i hub ieraalgo que sobrepasara en va-lor a la vida humana... Pero¿qué?» Y aún: «Tal vez exis-te alguna otra cosa más du-radera que salvar; tal ved hayque salvar esa parte del hom-bre que Rivière trabaja (5).»No nos cabe la menor duda.

En un tiempo en que la na-ción de heroísmo tiende a de-sertar del Ejército, puestoque las virtudes viriles correnel riesgo de permanecer ocio-sas en las guerras de maña-na, cuyo futuro horror nosinvitan a presentir los quími-cos, ¿no es en la aviacióndonde vemos desarrollarsemás admirablemente y másútilmente el valor? Lo quesería una temeridad deja deserlo en un servicio manda-do. El piloto, que arriesga suvida sin cesar, tiene cierto de-recho a sonreír ante la ideaque de ordinario nos hacemosdel «valoro. Saint-Exupéryme permitirá citar una cartasuya, antigua ya; pertenece al

2 Cf. Cap. XI pág. 90 y Cap. VI, pág. 59.

3 Cf. Cap. XIV, pág. 111.

4 El escritor francés André Gide (1869-1951), au-tor de este prólogo, se refiere aquí a su relato filo-sófico El Prometeo mal encadenado, publicado en1899. (La cita está en el capítulo titulado «La de-tención de Prometen», V.) Gide escribió poesías,cuentos, novelas, ensayos, teatro, y un importan-te Diario. En 1947 se le concedió el premio Nobelde Literatura «por su vasta obra literaria, de ele-vado valor artístico, en la que ha expuesto los gran-des problemas humanos con un denodado amor ala verdad y una lúcida penetración psicológica»,según figuraba en el texto del diploma que le con-cedieron.

5 Cf. Cap. XIV, pág. 111.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notestemps où il survolait la Mau-ritanie pour assurer le serviceCasablanca-Dakar

« Je ne sais quand je ren-trerai, j’ai tant de travail de-puis quelques mois : recher-ches de camarades perdus,,dépannages d’avions tombésen territoires dissidents, etquelques courriers sur Dakar.

« Je viens de réussir unpetit exploit passé deux jourset deux nuits avec onze Mau-res et un mécanicien pour sau-ver un avion. Alertes diverseset graves. Pour la premièrefois, j’ai entendu siffler desballes sur ma tête. Je connaisenfin ce que je suis dans cetteambiance-là : beaucoup pluscalme que les Maures. Maisj ’ai aussi compris , ce quim’avait toujours étonné pour-quoi Platon (ou Aristote ? )p l a c e l e c o u r a g e a u d e r -n i e r r a n g d e s v e r t u s *. C en ’ e s t p a s f a i t d e b i e nbeaux s en t imen t s : un peude rage , un peu de van i t é ,b e a u c o u p d ’ e n t ê t e m e n t e tu n p l a i s i r s p o r t i f v u l -g a i r e . S u r t o u t l ’ e x a l t a -t i o n d e s a f o rc e p h y s i q u e ,q u i p o u r t a n t n ’ a r i e n à yv o i r *. O n c ro i s e l e s b r a ss u r s a c h e m i s e o u v e r t e e to n r e s p i r e b i e n . C ’ e s tp lu tô t agréable . Quand ças e p ro d u i t l a n u i t , i l s ’ ym ê l e l e s e n t i m e n t d ’ a v o i rf a i t u n e i m m e n s e b ê t i s e .Jamai s p lus j e n ’admire -rai un homme qui ne sera i tq u e c o u r a g e u x . »

Je pourrais mettre en épi-graphe à cette ci tat ion unapophtegme extrait du livre deQuinton (que je suis loin d’ap-prouver toujours) :

« On se cache d’être bravecomme d’aimer » ; ou mieuxencore : « Les braves cachentleurs actes comme les honnê-tes gens leurs aumônes. Ils lesdéguisent ou s’en excusent. »

Tout ce que Saint-Exupéryraconte, il en parle « en con-

tiempo en [10]que volaba por encimade la Mauritania para mantener el ser-vicio Casablanca-Dakar (6):

«No sé cuándo volveré;tengo tanto trabajo desdehace ayunos meses: búsque-das de compañeros perdidos;reparaciones de aviones caí-dos en territorios disidentes,y algunos correos a Dakar.

Acabo de realizar una pe-queña hazaña: he pasado dosdías y dos noches con oncemoros j un mecánico para sal-var un avión. Diversas y gra-ves alarmas. Por primera vezhe oído silbar las balas sobremi cabeza. Conozco por fin loque soy en este ambiente: mu-cho más sereno que los mo-ros . Pero he comprendidotambién algo que siempre mehabía sorprendido: por quéPlatón (?o Aristóteles?) sitúael valor en la última catego-ría de las virtudes*. Es que noestá formado por muy hermo-sos sentimientos: un poco derabia, un poco de vanidad,m u c h a t e s t a r u d e z y u nv u l g a r p l a c e r d e p o r t i -v o . S o b r e todo, la exalta-ción de la propia fuerza físicaque, no obstante, ahí no pintanada*. Crujamos los brazossobre la camisa desabrochada,y respiramos fuerte. Es másbien agradable. Cuando estose produce durante la noche, semezcla con el sentimiento dehaber hecho una inmensa ton-tería. Jamás volveré a admirara un hombre que no sea másque valeroso.»

Podr ía poner comoepígrafe a esa cita un apoteg-ma ex t ra ído de l l i b ro deQuinton (que aun hoy andomuy lejos de aprobar)

[11]«Se oculta la valentíacomo el amor»; o, mejor aún:«Los valientes ocultan sus ac-tos como la gente buena suslimosnas. Las disfrazan o seexcusan de ellas.»

De todo lo que cuenta,Saint-Exupéry habla «con co-

6 Casablanca, ciudad y puerto de Marrue-cos en la costa atlántica, era escala obligada paraira Dakar, así como para volver. Dakar, actualmentecapital de la República del Senegal y de la regiónde Cabo Verde, por estar en el extremo más occi-dental de Africa era el punto elegido por losaciones para desde allí cruzar el Atlántico.Casablanca será siempre recordada por la pelí-cula homónima de Michael Curtiz, interpretada porHumphrey Bogart e Ingrid Bergman.

*Tragedia

*Romance

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesnaissance de cause » . Le per-sonnel affrontement d’un fré-quent péril donne à son livreune saveur authentique et ini-mitable. Nous avons eu denombreux récits de guerre oud’aventures imaginaires oùl’auteur parfois faisait preuved’un souple talent, mais quiprêtent à sourire aux vraisaventuriers ou combattantsqui les lisent. Ce récit, dontj’admire aussi bien la valeurlittéraire, a d’autre part lavaleur d’un document et cesdeux qualités, si inespérémentunies, donnent à Vol de Nuitson except ionnel le impor-tance.

André Gide.

I

Les collines, sous l’avion,creusaient déjà leur sillaged’ombre dans l’or du soir. Lesplaines devenaient lumineusesmais d’une inusable lumière :dans ce pays elles n’en finis-sent pas de rendre leur or demême qu’après l’hiver, ellesn’en finissent pas de rendreleur neige.

Et le pilote Fabien, qui ra-menait de l’extrême Sud, versBuenos Aires, le courrier dePatagonie , r e c o n n a i s s a i tl ’ a p p r o c h e d u s o i r a u xm ê m e s s i g n e s q u e l e se a u x d ’ u n p o r t : à c eca lme , à ce s r ides l égè re sq u ’ à p e i n e d e s s inaient detranquilles nuages. Il entrait dans unerade immense et bienheureuse.

Il eût pu croire aussi, dansce calme, faire une lente pro-menade, presque comme unberger. Les bergers de Patago-nie vont, sans se presser, d’untroupeau à l’autre : il allaitd’une ville à l’autre, il était leberger des petites villes. Tou-tes les deux heures, il en ren-contrait qui venaient boireau bord des fleuves ou quibroutaient leur plaine.

nocimiento de causa». El ha-ber arrostrado frecuentemen-te el peligro confiere a su li-bro un sabor auténtico e ini-mitable. Poseemos numerososrelatos de guerra o de aven-turas imaginarias donde elautor a veces hace gala de unflexible talento, pero que pro-vocan la sonrisa de los ver-daderos aventureros o comba-tientes que los leen. Este re-lato, cuyo valor literario ad-miro, tiene además el valortambién de un documento; yesas dos cualidades, tan ines-peradamente unidas, dan aVuelo nocturno su excepcio-nal importancia.

ANDRÉ GIDE[13]

A Didier Daurat (1)

I

Las colinas, bajo el avión,cavaban ya su surco de som-bra en el oro del atardecer. Lasllanuras tornábanse luminosas,pero de una luz inagotable (l):en este país no terminabannunca de devolver su oro,como, acabado el invierno,no terminaban nunca de de-volver su nieve.

Y el piloto Fabien, que lle-vaba desde el extremo sur ha-cia Buenos Aires el correo dePatagonia (2) , conocía laproximidad de la noche por lasmismas señales que las aguas deun puerto: por aquella calma,por aquellas ligeras arrugas[17] que dibujaban apenas nu-bes tranquilas. Penetraba enuna rada inmensa y feliz.

También hubiera podidocreer que, en aquella calma,se daba un lento paseo, casicomo un pastor. Los pastoresde Patagonia van, sin prisa, deuno a otro rebaño; él iba deuna a otra ciudad, era el pas-tor de las pequeñas ciudades.Cada dos horas encontraba al-guna que se acercaba a beberen el ribazo de un río o quepacía en la llanura.

1 Didier Daurat (1891-1971) fue jefe de explota-ción de la compañía aérea Latécoère desde 1920e iniciador de los vuelos nocturnos. Director de lalinea postal aérea entre Toulouse y Dakar en laépoca en que Saint-Exupéry pilotó bajo sus órde-nes, era un hombre tan duro e inflexible con losdemás como consigo mismo. No admitía el menorerror ni la menor debilidad entre sus mecánicos ypilotos. En él se inspiró Saint-Exupéry para el per-sonaje de Rivière. Por su parte, Didier Daurat re-cordaba a Saint-Exupéry como un hombre «con lavoz suave, el aire modesto y una expresión muyseria. Pero —añadía Daurat — a medida que em-pezaba el diálogo se animaba, y las respuestasque daba a mis preguntas descubrían un jovendotado de un verdadero temperamento de avia-dor, al mismo tiempo que un inventor de gran ima-ginación [...]. Quizá no tenía el talento de Mermoz,pero... pilotaba con su inteligencia, con su cere-bro, metódicamente, como un matemático».

1 El adjetivo «inagotables subraya la inmensidaddel trayecto (más abajo especificará que se tratade 2.500 kilómetros), la soledad del piloto en elaire y la lentitud de un tiempo que parece estan-cado.

2 La región de Patagonia se extiende desde elestrecho de Magallanes, al sur de Argentina, has-ta el río Colorado. San Julián, una de las escalasde vuelo mencionada más abajo, está en las cos-tas atlánticas a unos 300 kilómetros del estrechode Magallanes. Para localizar las ciudades delrecorrido, así como la trayectoria de los tres avio-nes de Vuelo nocturno, véase mapa de pág. si-guiente.ride= ondulaciones surcos, plieges, erosiones

1. Petit pli de la peau, sillon cutané (le plussouvent au front, à la face et au cou, dû àl’âge, à l’amaigrissement, ou au froncement).

2. (1690). Légère ondulation, cercles concentri-ques à la surface de l’eau.

3. (1865). Les rides du terrain (- Égoutter, cit. 1),d’une plaine, plissement, ondulation.

4. (1634; de rider, II.). Mar. Anc. «Bout de filinqui, passant dans les trous de cap de mou-ton, sert à raidir ou rider les haubans, étais,etc.» (Gruss).

radeBassin* naturel de vastes dimensions, ayant

issue vers la mer et dans lequel les navirespeuvent trouver un bon mouillage – Mouillage

rada bahía o ensenada donde los barcospueden anclar al abrigo de vientos

brouter1. Manger en arrachant sur place (l’herbe, les

pousses, les feuilles).

hendía, excavaban, abrian,ahondaban, hundían, calaban,

surcaban / estela, surco

duradera, que no se puede desgastar oromper con el uso indestructible, inagotable.

Es más complejo que inagotable; la luz nose desgasta pero es duradera, ambigüe-

dad que nos arroja en el corazón de latrama no la geografía

X * aquí «erosiones» sería más apropiado ypodría guardar ese paralelismo conpágina 29 creando una metáfora devisual calado en ambos conextos y eladjetivo «ligeras» no sería sino «suaves»,o quizás mejor «apenas imperceptibles»

Page 6: Vol de nuit Vuelo Nocturno

6

Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

Quelquefois, après centkilomètres de steppes plusi n h a b i t é e s q u e l a m e r, i lcroisait une ferme perdue, etqui semblait emporter en ar-r i è r e , d a n s u n e h o u l e d eprairies, sa charge de vieshumaines, alors il saluait desailes ce navire.

- - -

« San Julian est en vue ;nous atterrirons dans dix mi-nutes. »

Le radio navigant passait lanouvelle à tous les postes dela ligne.

Sur deux mille cinq centskilomètres, du détroit de Ma-gellan à Buenos Aires, des es-cales semblables s’échelon-naient; mais celle-ci s’ouvraitsur les frontières de la nuitcomme, en Afrique sur le mys-tère, la dernière bourgadesoumise.

L e r a d i o p a s s a u np a p i e r a u p i l o t e :

« Il y a tant d’orages queles décharges remplissent mesécouteurs. Coucherezvous àSan Julian ? »

Fabien sourit : le ciel étaitcalme comme un aquarium ettoutes les esca les , devanteux, leur signalaient : « Cielpur, vent nul. »

Il répondit :« Continuerons. »

M a i s l e r a d i o p e n s a i tq u e d e s o r a g e s s ’ é t a i e n ti n s t a l l é s q u e l q u e p a r t ,comme des ve r s s ’ i n s t a l -l en t dans un f ru i t ; l a nu i ts e r a i t b e l l e e t p o u r t a n tg â t é e : i l l u i r é p u g n a i td ’ e n t r e r d a n s c e t t e o m b r ep r ê t e à p o u r r i r .

E n d e s c e n d a n t m o t e u rau ra len t i sur San Ju l ian ,Fabien se sen t i t l as . Toutce qui fa i t douce la v ie desh o m m e s g r a n d i s s a i t v e r s

A veces, después de cienkilómetros de estepas más de-siertas que el mar, cruzabauna granja perdida, que pare-cía arrastrar tras de sí, en unamarejada de praderas, su car-ga de vidas humanas, y enton-ces sa ludaba con las a lasaquella nave (3).

San Julián a la vista; ate-rrizaremos dentro de diez mi-nutos.

El radiotelegrafista comu-nicaba la noticia a todas lasestaciones de la línea.

Se sucedían semejantes es-calas a lo largo de dos mil qui-nientos kilómetros, desde elestrecho de Magallanes hastaBuenos Aires; pero ésta seabría sobre las fronteras de lanoche (4), así como en Africala última aldea sometida seabre sobre el misterio.

El radiotelegrafista pasóun papel al piloto:

[18] «Hay tantas tormen-tas, que las descargas colmanmis auriculares. Hará nocheen San Julián?»

Fabien sonrió; el cielo es-taba calmo como un acuario,y todas las escalas ante ellosles anunciaban: «Cielo puro,viento nulo.» Respondió:*

—Continuaremos.

Pero el radiotelegrafistapensaba que las tormentasse habían aposentado en al-gún lugar, como los gusanosse instalan en un fruto; lanoche sería hermosa, peroestropeada. Le repugnaba en-t r a r en aque l l a oscur idadpróxima a pudrirse.

Mientras descendía sobreSan Julián, con el motor alralentí, Fabien se sintió can-sado. Todo lo que alegra lavida de los hombres crecía

3 Nótese la fuerte carga metafórica de todo el pá-rrafo. El hombre está tan identificado con su avión,que se hace un cuerpo con él, se convierte enpájaro, y desde arriba todo cobra un nuevo signi-ficado: la estepa se convierte en mar; la granja ennave la pradera en marejada; el hombre y su aviónen una gaviota que saluda con las alas... El sim-bolismo del mar, con su soledad y su grandeza,se irá repitiendo a lo largo de la obra.

4 En un recorrido sin fronteras, la única frontera laimpone el transcurso del tiempo. San Julián era laúltima escala antes de que comenzase el vuelonocturno propiamente dicho.

houle = movimiento tumultuoso de grandesolas, aunque no haya borrasca

- 1. Mouvement ondulatoire qui agite la mer sansfaire déferler les vagues [deferler=- 1. V. tr.Mar. Déployer (les voiles ou un pavillon).- 2.V. intr. (1787). Se dit des vagues qui sebrisent en écume en roulant sur elles-mê-mes.] (- Fuyant, cit. 3; onde, cit. 13). Forte,grosse houle (- Fatiguer, cit. 16; est, cit. 1,Chateaubriand). Houle d’ouragan. Le balan-cement de la houle (- Électricité, cit. 2).Canot (cit. 2) soulevé par la houle. Navirebalancé par la houle. - Roulis. - Hauteur de lahoule : dénivellation entre le creux et la crête.- Période de la houle : temps qui sépare lepassage de deux crêtes successives.

Au plur. Grosses vagues d’une mer agitée. Lefrisson (cit. 31) des houles. Navire ballottépar les houles. - Tangage.

- 2. (Après 1850). Par métaphore ou par anal. Lahoule d’un champ de blé sous la brise (-Haleine, cit. 31). Des houles de feuillages (-Bois, cit. 11, Leconte de Lisle).

Par métaphore ou fig. (- Foule, cit. 10). Unehoule humaine (- Battre, cit. 41). La houledes passions.

- 3. Littér. Mouvement qui forme des vagues;surface ondulée. - 1. Vague; ondulation. Lahoule d’une chevelure. La houle des monta-gnes à l’horizon.

bourgade- Petit bourg*, dont les maisons sont dissémi-

nées sur un assez grand espace (- Village)

* punto y aparte no respetado

oleaje

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Noteslui : leurs maisons, leurs pe-tits cafés, les arbres de leurpromenade. Il était sembla-ble à un conquérant, au soirde ses conquêtes, qui se pen-che sur les terres de l’em-pire , e t découvre l ’humblebonheur des hommes. Fa-bien avai t besoin de dépo-ser les armes , de ressent i rs a l ourdeur e t s e s cour-batures , on es t r iche auss ide ses misères, et d’être iciun homme s imple , qui re-garde par la fenêtre une vi-s ion désormais immuable .C e v i l l a g e m i n u s c u l e , i ll ’eû t accepté , après avoi rc h o i s i o n s e c o n t e n t e d uhasard de son exis tence e to n p e u t l ’ a i m e r. I l v o u sborne comme l ’amour. Fa-bi e n e û t d é s i r é v i v r e i c il o n g t e m p s , p r e n d r e s ap a r t i c i d ’ é t e r n i t é , c a rl e s p e t i t e s v i l l e s , o ù i lv i v a i t u n e h e u r e , e t l e sj a r d i n s c l o s d e v i e u xm u r s q u ’ i l t r a v e r s a i t , l u is e m b l a i e n t é t e r n e l s d ed u r e r e n d e h o r s d e l u i . E tl e v i l l a g e m o n t a i t v e r sl ’ é q u i p a g e e t v e r s l u is ’ o u v r a i t . E t F a b i e n p e n -s a i t a u x a m i t i é s , a u xf i l l e s t e n d r e s , à l ’ i n t i -m i té des nappes b lanches ,à t ou t c e qu i , l en t emen t ,s ’appr ivo i se pour l ’ é t e r -n i té . Et le v i l lage coula i tdéjà au ras des ailes, étalantl e mys tè re de ses j a rd insfermés que leurs murs neprotégeaient plus. Mais Fa-bien, ayant atterri , sut qu’iln ’ a v a i t r i e n v u , s i n o n l emouvement lent de quelqueshommes parmi leurs pierres.Ce village défendai t , par saseule immobi l i té , le secre tde ses passions , ce v i l l a g er e f u s a i t s a d o u c e u r : i leû t f a l lu renoncer à l ’ ac -t ion pour l a conquér i r.

- - -

Quand les dix minutes d’es-cale furent écoulées, Fabiendut repartir.

I l se re tourna vers San

hac ia é l : l a s casas , l o scafetuchos, los árboles de laavenida. El parecía un con-quistador que, en el crepúscu-lo de sus conquistas, se incli-na sobre las tierras del impe-rio y descubre la humilde fe-l i c idad de los hombres .Fabien tenía necesidad de de-poner las armas, de volver asentir la torpeza y el cansan-cio que le embargaban —tam-bién se es rico de las propiasmiserias (5)— y de ser aquí unhombre simple, que mira porla ventana una visión ya inmu-table. Hubiera aceptado aque-lla aldea minúscula: una vezdecidido, se conforma unocon el azar de la propia exis-tencia e incluso puede amar-la. Te limita como el amor.Fabien hubiera deseado viviraquí largo tiempo, recogeraquí su porción de eternidad(6), pues las pequeñas ciuda-des , [20] donde vivía unahora, y los jardines cerradospor viejos muros, que él atra-vesaba, le parecían eternospor el hecho de perdurar fue-ra de él. Y la aldea subía ha-cia la tripulación y hacia élse abría. Y Fabien pensaba enlas amistades, en las chicastiernas, en la in t imidad delos b l ancos mante le s , entodo lo q u e , l e n t a m e n t e ,se hace familiar para la eter-nidad. Y la aldea se deslizabaa flor de alas, mostrando elmisterio de sus jardines cerra-dos, a los que sus muros ya noprotegían. Pero Fabien, des-pués de aterrizar, supo que nohabía visto nada, sino el len-to movimiento de algunoshombres entre las piedras.Aquella aldea, con su sola in-movilidad, defendía el secre-to de sus pasiones; aquellaaldea rechazaba su dulzura:para conquistarla hubiera sidopreciso renunciar a la acción.

Transcurridos los diez mi-nu tos de e sca la , Fab ienreemprendió el vuelo.

Volvióse hac ia San Ju-

5 Aunque desde arriba el aviador aparece comoun «conquistador», es esta riqueza de «miserias»la que lo reconcilia con la raza humana, la que loconvierte en un hombre más con sus «torpezas»,«cansancios» y debilidades.

6 El motivo de la «eternidad», que está presenteen toda la obra, tiene aquí un sentido diferentedel que tendrá para Rivière: mientras para éste elhombre entra en la eternidad cuando sacrifica suvida en aras de algún objetivo duradero, aquí elpiloto se conforma con la eternidad del instante,es decir, esa «porción de eternidad» que ofrecenlas pequeñas cosas de cada día: la «aldea minús-cula», las «pequeñas ciudades», los «jardinescerrados por viejos muros»...

derrengamiento

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesJulian : ce n’était plus qu’unepoignée de lumières , puisd’étoiles, puis se dissipa lapoussière qui, pour la dernièrefois, le tenta.

- - -

« Je ne vois plus les ca-drans : j’allume. »

I l t oucha l e s con tac t s ,mais les lampes rouges de lacarlingue versèrent vers lesaiguilles une lumière encoresi diluée dans cette lumièrebleue qu’elle ne les coloraitpas. Il passa les doigts devantune ampoule : ses doigts seteintèrent à peine.

« Trop tôt. »

Pourtant la nuit montait,pareil le à une fumée som-bre, et déjà comblait les val-lées. On ne distinguait pluscelles-ci des plaines. Déjàpour t an t s ’ éc l a i r a i en t l e svillages, et leurs constella-tions se répondaient. Et luiaussi, du doigt, faisait cli-gner ses feux de posi t ion,répondait aux vil lages. Laterre était tendue d’appelslumineux, chaque maison al-luman t son é to i l e , f ace àl’immense nuit, ainsi qu’ontourne un phare vers la mer.Tout ce qui couvrait une viehumaine déjà scintillait. Fa-bien admira i t que l ’ent réed a n s l a n u i t s e f î t c e t t efois , comme une ent rée enrade , lente et belle.

Il enfouit sa tête dans lacar l ingue . Le radium desaiguilles commençait à luire.L’un après l’autre le pilotevérifia des chiffres et fut con-tent . I l se découvrai t sol i-dement assis dans le ciel. Ileffleura du doigt un longerond’acier, et sentit dans le mé-tal ruisseler la vie : le métalne vibrait pas, mais vivait.Les cinq cents chevaux dumoteur faisaient naître dansla matière un courant t rèsdoux, qui changeait sa glaceen chair de velours. Une fois

lián: ya no era más que unpuñado de luces, luego deestrellas, luego se disipó lapolvareda, que por úl t imavez le tentó.

«No veo los cuadrantes;enciendo.»

Tocó los in te r rup tores ,pero las lámparas rojas de lacarlinga derramaron sobrelas esferas una luz tan dilui-da aún en medio de aquellaluz azulada, que no llegó a co-lorearlas. Pasó los dedos pordelante de una bombilla: susdedos apenas se tiñeron.

«Demasiado pronto.»

N o o b s t a n t e , l a n o c h eascendía, cual humo oscu-ro , co lmando ____ lo s va -lles. Estos no se distinguíanya de las l lanuras. Sin em-bargo ya se i luminaban lospueblos y sus constelacio-nes se contestaban. Y tam-bién él hacía parpadear conel dedo sus luces de posición,contestaba a los pueblos (7) .La tierra estaba llena de lla-madas luminosas; cada casa en-cendía su estrella, frente a la in-mensa noche, del mismo modoque se vuelve un faro hacia elmar. Todo lo que cubría unavida humana centelleaba (8).Fabien se admiraba de que laentrada en la noche fuese estavez como una entrada en unarada, lenta y bella.

Sumergió su cabeza en lacarlinga. El radio (9) de lasesferas empezaba a brillar.Una después de otra el pilotocomprobó las cifras, y quedósatisfecho. Se descubría só-lidamente sentado en el cielo.Rozó ______con el dedo unlarguero de acero, y percibióel metal chorreando vida: elmetal no vibraba, pero vivía(10). Los quinientos caballosdel motor engendraban en lamateria un fluido muy sua-ve, que convertía su hielo encarne aterciopelada. Una vez

7 Este diálogo entre las luces de la tierra y las delavión indica el contacto y la relación entre el pilo-to y los hombres de abajo.

8 De nuevo una inversión metafórica de términos:desde arriba la tierra parece el cielo, y sus lucesestrellas. Anteriormente las ha llamado «conste-laciones».

9 El material fosforescente que ilumina las agujasy las esferas del cuadro de mandos. Volveremosa verlo en el cap. XII: «...todos los instrumentos,con cifras de radio, derramaban una pálida clari-dad de astros» (pág. 96).

10 La identificación del hombre con su avión, queya vimos en la nota 3, se traduce aquí en una se-rie de metáforas que confieren al aparato caracte-rísticas de ser vivo: «el metal chorreando vida»,«vivía», «carne aterciopelada», «cuerpo vivo», yun poco más abajo «el avión que respira».

deployé en allongeant une surfacetachonada a lo largo de la superficie

uso reflexivo raro si no incorrecto

rozó ligeramente con el dedo refleja unaintimidad y simpatía con el avión

especiales, más allá de los meramentefísico

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesde plus, le pilote n’éprouvait,en vol, ni vertige, ni ivresse,mais le t ravail mystérieuxd’une chair vivante.

Maintenant il s’était re-c o m p o s é u n m o n d e , i l yjouait des coudes pour s’yinstaller bien à l’aise.

I l tapota le tableau dedistribution électrique, tou-cha les contacts un à un, re-m u a u n p e u , s ’ a d o s s amieux, et chercha la posi-tion la meilleure pour biensentir les balancements descinq tonnes de métal qu’unen u i t m o u v a n t e é p a u l a i t .Puis il tâtonna , poussa enplace sa lampe de secours,l ’ abandonna , l a r e t rouva ,s’assura qu’elle ne glissaitpas , l a qu i t t a de nouveaup o u r t a p o t e r c h a q u e m a -nette, les joindre à coup sûr,instruire ses doigts pour unm o n d e d ’ a v e u g l e . P u i s ,quand ses doigts le connu-rent bien, i l se permit d’al-lumer une lampe, d’orner sacarlingue d’instruments pré-cis, et surveilla sur les ca-drans seuls, son entrée dansla nuit, comme une plongée.P u i s , c o m m e r i e n n e v a -cillait , ni ne vibrait , ni net r e m b l a i t , e t q u e d e m e u -raient fixes son gyroscope,son altimètre et le régime dumoteur, i l s ’é t i ra un peu ,appuya sa nuque au cuir dus iège , e t commença ce t t eprofonde méditation du vol,où l’on savoure une espé-rance inexplicable.

Et maintenant, au coeurd e l a n u i t c o m m e u nveilleur, i l découvre que lanu i t mont re l’homme : cesappels, ces lumières, cette in-quiétude. Cette simple étoiledans l’ombre : l ’ i solementd’une maison. L’une s’éteint: c ’ e s t u n e maison qui seferme sur son amour.

Ou sur son ennui. C’est unemaison qui cesse de faire sonsignal au reste du monde. Ilsne savent pas ce qu’ils espè-

más el piloto no experimenta-ba en vuelo ni vértigo ni em-briaguez, sino el trabajo mis-terioso de un cuerpo vivo.

[22] Ahora se había re-compuesto un mundo, donde,a codazos, trataba de lograrun lugar cómodo.

Golpeteó e l cuadro dedistribución eléctrica, tocóuno a uno los interruptores,removióse un poco, se recostómejor, y buscó la posición máscómoda para sentir el balanceode las cinco toneladas de me-tal, que una noche movedizallevaba sobre sus espaldas(11). Luego tanteó, colocó ensu sitio la lámpara de socorro,la abandonó, volvió a encon-trarla, se aseguró de que no sedeslizaba, la dejó otra vezpara golpetear cada clavija,encontrarlas sin equivocarse,educar sus dedos para unmundo de c iegos . Luego ,cuando sus dedos lo conocie-ron bien, se permitió encen-der una lámpara, adornar sucar l inga con ins t rumentosprecisos, y vigi ló, sólo enlos cuadrantes, su entrada enla noche, como una zambu-llida. Luego, como nada va-cilaba, ni vibraba, ni tem-blaba, y permanecían fijosel giroscopio, el altímetro yel régimen del motor (12),se desperezó un poco, apo-yó su nuca en el cuero delrespaldo, e in ic ió esa pro-funda meditación del vuelo,en la que se saborea una es-peranza inexplicable (13).

Y ahora, como un centine-la en el corazón de la noche,él descubre que la noche re-vela al hombre (14): esas lla-madas, [23] esas luces, esa in-quietud. Esa simple estrellaen la oscuridad: el aislamien-to de una casa. Hay una quese apaga: es una casa que secierra sobre su amor.

O sobre su tedio. Es unacasa que cesa de hacer su se-ñal al resto del mundo. Esoscampesinos sentados alrede-

11 La personificación de la noche corre pareja conla del avión: también ella se «mueve» y tiene «es-paldas». La noche está presente en todo el libioya desde el título. Al final del capítulo VI (nota 11)encontraremos otra espléndida metáfora: «Lleva-ba la vida en sus flancos.»

12 El giroscopio es un aparato que tiende a con-servar el equilibrio en cualquier posición. Se usaen la navegación marítima y aérea para indicar laestabilidad de naves y aviones. El altímetro es uninstrumento que sirve para determinar la altura so-bre el nivel del mar. El régimen del motor es elnúmero de revoluciones que da el motor en unaunidad de tiempo, generalmente un minuto.

13 Esperanza tanto más «inexplicable» por el ries-go que suponían para los pilotos aquellos prime-ros vuelos nocturnos.

14 La «meditación del vuelo», unida a la expe-riencia de estar solo «corno un centinela en el co-razón de la noche», revela al hombre nuevas di-mensiones y significados de las cosas, que en eltráfago de la vida diaria por la tierra pasan des-apercibidas. Nótese el cambio del tiempo verbal:del pretérito ha pasado al presente.

épauler = llevar a hombros (mejor)- 1. Vx. Rompre, démettre l’épaule de; blesser à

l’épaule (un animal).- 2. (1822). Appuyer (qqch.) contre l’épaule.- 3. (1599). Aider (qqn) dans sa réussite.- 4. (1690). Garantir par un épaulement*.- 5. (1948). Mar. Épauler la lame, l’aborder

obliquement par l’avant.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesrent ces paysans accoudés à latable devant leur lampe : ilsne savent pas que leur désirporte si loin, dans la grandenuit qui les enferme. MaisFabien le découvre quand ilvient de mille kilomètres etsent des lames de fond pro-fondes soulever et descendrel’avion qui respire, quand il atraversé dix orages, commedes pays de guerre, et, entreeux, des clairières de lune, etquand il gagne ces lumières,l’une après l’autre, avec lesent iment de vaincre . Ceshommes c ro ien t que l eu rlampe luit pour l’humble ta-ble, mais à quatre-vingts ki-lomètres d’eux, on est déjàtouché par l’appel de cette lu-mière, comme s’ils la balan-çaient désespérés, d’une îledéserte, devant la mer.

II

A i n s i l e s t r o i s a v i o n spostaux de la Patagonie, duChil i et du Paraguay reve-naient du Sud, de l’Ouest etdu Nord vers Buenos Aires.On y at tendait leur charge-ment pour donner le départ,v e r s m i n u i t , à l ’ a v i o nd’Europe.

Trois pilotes, chacun à l’ar-rière d’un capot lourd commeun chaland , perdus dans lanuit, méditaient leur vol, et,vers la ville immense, descen-draient lentement de leur cield’orage ou de paix, commed’étranges paysans descen-dent de leurs montagnes.

Rivière, responsable du ré-seau entier, se promenait delong en large sur le terraind’a t te r r i ssage de BuenosAires. Il demeurait silencieuxcar, jusqu’à l’arrivée des troisavions, cette journée, pour lui,restait redoutable. Minute parminute, à mesure que les télé-grammes lui parvenaient, Ri-vière avait conscience d’arra-

dor de la mesa ante la lámpa-ra no saben lo que esperan; nosaben que su deseo, en laenorme noche que los rodea,vaya tan lejos. Pero Fabien lodescubre, cuando llega desdemil kilómetros de distancia ysiente inmensas olas de fon-do elevar y hacer descender!el avión, que respira, cuandoha atravesado diez tormentascomo países en guerra, y traséstas algunos claros de luna,y cuando alcanza esas luces,una después de otra, con lasensación de conquistarlas.Aquellos hombres creen quesu lámpara brilla para su hu-milde mesa, pero al g u i e n , ao c h e n t a k i l ó m e t r o s , per-c ibe e l b r i l l o de e sa luz ,como s i , desesperados , labalanceasen ante el mar des-de una isla desierta.

[25]

II

De esta manera los tresav iones pos ta l e s de l aPatagonia, de Chile y de Pa-raguay regresaban del sur, deloeste y del norte hacia Bue-nos Aires. Allí se esperaba sucargamento, para dar salidahacia medianoche al avión deEuropa.

Tres pilotos, cada uno trassu capota (1), pesada comouna chalana, perdidos en lanoche, meditaban su vuelo, ybajarían lentamente hacia laciudad inmensa de un cielotormentoso o pacífico, comoextraños campesinos que des-cienden de sus montañas.

Rivière, responsable detoda la red, paseaba a lo lar-go y ancho de la pista de ate-rrizaje de Buenos Aires. Per-manec ía s i l enc ioso , pues ,hasta la llegada de los tresaviones, para él este día eratemible. Minuto por minuto,a medida que le [28] llegabanlos telegramas, Rivière sen-t í a que a r rancaba a lgo a l

1 Especie de capot que en los antiguos avionescubría la carlinga.

lame- 1. Bande de métal plate et mince, de forme

allongée.- 2. [a] Partie tranchante (d’un couteau, d’un outil

servant à couper, gratter, tailler...). [b] Petitrectangle d’acier mince tranchant sur deuxcôtés, qui s’adapte à un rasoir mécanique.

-3. Mar. et cour. Ondulation de la mer sousl’action du vent, qui s’amincit à son sommet,écume et déferle [deferler= 1. V. tr. Mar.Déployer (les voiles ou un pavillon). 2. V. intr.(1787). Se dit des vagues qui se brisent enécume en roulant sur elles-mêmes..]

barca plana

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notescher quelque chose au sort, deréduire la part d’inconnu, et detirer ses équipages, hors de lanuit, jusqu’au rivage.

Un manoeuvre aborda Ri-vière pour lui communiquer unmessage du poste radio

— Le courrier du Chili si-gnale qu’il aperçoit les lumiè-res de Buenos Aires.

— Bien.

Bientôt Rivière entendraitcet avion : la nuit en livrait undéjà, ainsi qu’une mer, pleinede f lux e t de ref lux e t demystères, livre à la plage le trésorqu’elle a si longtemps ballotté.Et plus tard on recevrait d’elleles deux autres.

Alors cette journée seraitliquidée. Alors les équipesusées iraient dormir, rempla-cées par les équipes fraîches.Mais Rivière n’aurait pointde repos : le courrier d’Eu-rope, à son tour, le chargeraitd’ inquiétudes. I l en serai tt o u j o u r s a i n s i . To u j o u r s .P o u r l a p r e m i è r e f o i s c evieux lutteur s’étonnait de sesentir las . L’arrivée des avi-ons ne sera i t jamais ce t tev i c t o i r e q u i t e r m i n e u n eguerre, et ouvre une ère de paixbienheureuse . Il n’y auraitjamais, pour lui , qu’un pasde fai t précédant mil le passemblab les . I l s embla i t àR i vi è r e q u ’ i l s o u l e v a i tu n p o i d s t r è s l o u r d , àb r a s t e n d u s , d epu i s l ong -t e m p s : u n e ff o r t s a n s r e -p o s e t s a n s e s p é r a n c e . «Je vieillis... » Il vieillissait sidans l’action seule il ne trou-vai t plus sa nourr i ture. I ls’étonna de réfléchir sur desproblèmes qu’il ne s’était ja-mais posés. Et pourtant reve-nait contre lui, avec un mur-mure mélancolique, la masse desdouceurs qui’il avait toujoursécartées : un océan perdu. « Toutcela est donc si proche ?... »Il s’aperçut qu’il avait peuà p e u r e p o u s s é v e r s l avie i l lesse , pour « quand il

sino, que reducía la porciónde lo ignoto (2), que sacabaa sus tripulaciones de la no-che hasta la orilla (3).

Un obrero se acercó paracomunicarle un mensaje de laestación radiotelegráfica.

—El correo de Chile anun-cia que divisa las luces deBuenos Aires.

—Bien.

Pronto Rivière oiría eseavión: la noche abandonabaya uno, como un mar, lleno deflujo y reflujo y misterios,deposita en la playa el tesoroque ha zarandeado t an totiempo. Más tarde, se recibi-rían de ella los otros dos.

Entonces, este día habríaterminado. Entonces, las tri-pulaciones cansadas, reem-plazadas por otras de refres-co, se irían a dormir. PeroRivière no tendría reposo: elcorreo de Europa, a su vez,l o c a rg a r í a d e i n q u i e t u d .Siempre así . Siempre. Porprimera vez aquel viejo lu-chador se asombraba de sen-tirse cansado . La llegada delos aviones no sería nunca esavictor ia que concluye unaguerra y abre una era de pazventurosa. Jamás habría paraél otra cosa que un paso hecho,precediendo a mil otros pasossemejantes. Le parecía a Rivièreque, desde hacía mucho tiempo,levantaba un peso muy grande,con los brazos tendidos: unesfuerzo sin descanso y sin es-peranza. «Envejezco...» En-vejecía, cuando en la sola ac-ción dejaba de hallar su ali-mento. Se asombró de re-flexionar sobre problemas quejamás se había [29] planteado.Y, no obstante, volvía haciaél, con melancólico murmu-llo, la suma de cosas agrada-bles que siempre había eludi-do: un océano perdido. «Tancerca está, pues, todo eso...?»Se dio cuenta de que poco apoco había aplazado para lavejez, para «cuando tuviera

2 Aparece aquí ya la primera insinuación del problema conque más adelante se enfrentará Rivière: el de la incom-prensión y oposición de quienes consideraban los vuelosnocturnos como algo imposible, casi un suicidio. Rivièreaparece así como un descubridor que lucha contra el des-tino, que va ganando parcelas a lo desconocido.

3 La metáfora de la noche como un mar procelosoque es preciso atravesar aparece múltiples vecesen la obra.

BIENHEUREUX 1. Vieilli ou littér. Qui jouit d'ungrand bonheur, de la félicité. 2. Relig. [a] Qui jouitde la béatitude*, du bonheur parfait.“[b] Qui a étébéatifié* par l'Église catholique.“- 3. (Choses).Vieilli ou littér. Qui s'écoule dans la paix, lebonheur; qui procure la félicitéventurosa 1. adj. Que tiene buena suerte.2. Borrascoso, tempestuoso.3. Que implica o trae felicidad.

bamboleado

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesaurait le temps » ce qui faitdouce la vie des hommes.Comme si réellement on pou-vait avoir le temps un jour,comme si l’on gagnait, à l’ex-trémité de la vie, cette paixbienheureuse que l’on imagine.Mais il n’y a pas de paix. Il n’ya peutêtre pas de victoire. Il n’ya pas d’arrivée définitive detous les courriers.

Rivière s ’ar rê ta devantLeroux, un vieux contremaî-tre qui travail lait . Leroux,lui aussi, travaillait depuisquarante ans. Et le travailp rena i t tou tes ses fo rces .Quand Leroux rentrait chezlui vers dix heures du soir,ou minuit, ce n’était pas unautre monde qui s’offrait àlui, ce n’était pas une évasion.Rivière sourit à cet homme quirelevait son visage lou r d , e td é s i g n a i t u n a x e b l e u i :« Ça tenait trop dur, mais je l’ai eu. »R i v i è r e s e p e n c h a s u rl ’ a x e . R i v i è r e é t a i t r e -p r i s p a r l e m é t i e r . « Ilfaudra dire aux ateliers d’ajus-ter ces pièces-là plus libres. »Il tâta du doigt les tracesdu gr ippage , pu i s cons i -d é r a d e n o u v e a u L e r o u x .Une drôle de question lui ve-nait aux lèvres, devant cesrides sévères. Il en souriait:

— Vous vous ê tes beau-coup occupé d ’amour, Le -roux , dans votre vie?

— Oh! l’amour, vous sa-vez, monsieur le Directeur...

— Vous êtes comme moi,vous n’avez jamais eu letemps.

— Pas bien beaucoup...

Rivière écoutait le son dela voix, pour connaître si laréponse é ta i t amère : e l len’était pas amère. Cet hommeéprouvait, en face de sa viepassée, le tranquille contente-ment du menuisier qui vient depolir une belle planche : «Voilà, c’est fait. »

tiempo», lo que hace agrada-ble la vida de los hombres.Como si realmente un día sepudiese tener tiempo, como sial fin de la vida se ganase esapaz venturosa que uno se ima-gina. Pero la paz no existe.Tal vez no existe siquiera lavictoria. No existe la llegadadefinitiva de todos los co-rreos.

Riv iè re se de tuvo an teLeroux, el viejo contramaes-tre, que estaba trabajando.También Leroux t rabajabadesde hacía cuarenta años. Yel trabajo consumía todas susfuerzas. Cuando Leroux en-traba en su casa, hacia las diezo las doce de la noche, no sele ofrecía un mundo diferen-te, no era una evasión (4). 4.Rivière sonrió a aquel hombreque, levantando su tosca faz,señalaba un eje pavonado (5):

Estaba duro, pero he podido con él.Rivière se inclinó sobre el

eje. Rivière estaba otra vezcogido por el oficio.

Habrá que decir a los talleresque no ajusten tanto estas piezas.

Pasó un dedo sobre las huellasdel agarrotamiento; luego,observó de nuevo a Leroux.Una extraña pregunta se le ve-nía a los labios ante aquellasarrugas* severas. Sonrió:

¿ S e h a o c u p a d o u s t e dm u c h o d e l a m o r e n s uv i d a , L e r o u x ?

[30] —¡Oh!, el amor, sabeusted, señor director...

—Sí, a usted le ha pasadolo que a mí; nunca ha tenidotiempo.

—No mucho, no.

Rivière escuchaba el soni-do de la voz, para saber si larespuesta era amarga: no loera. Aquel hombre experi-mentaba frente a su vida pa-sada el tranquilo contento delcarpintero que acaba de ce-pi llar una hermosa tabla: «Ahíla tiene. Ya está hecha.»

4 Es decir, que la vida «privada» de Leroux, comola de Rivière, no era más que una prolongacióndel trabajo: el mundo del avión lo llenaba todo.

5 El pavonado es una delgada película de óxidode color azul que se aplica a la superficie del ace-ro para preservarlo de la oxidación. Aquí está to-mado como adjetivo.

grippage = agarrotamiento de un motor- 1. Techn. (et cour.). Ralentissement ou arrêt du

mouvement de pièces ou organes mécani-ques, provoqué par le frottement et la dilata-tion des surfaces métalliques mal lubrifiées.

- 2. Techn. Formation de rides sur un enduit[préparation molle ou semi-fluide qu’on appli-que en une ou plusieurs couches continues à lasurface de certains objets pour les protéger, lesgarnir.], une peinture, par rétraction.

- 3. (Mil. XXe). Mauvais fonctionnement d’insti-tutions, de systèmes économiques, politi-ques, etc.

* aquí «erosiones» sería más apropiado ypodría guardar ese paralelismo con

página 17 creando una metáfora devisual calado en ambos contextos

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes« V o i l à , p e n s a i t

Rivière, ma vie est faite. »

I l re p o u s s a t o u t e s l e spensées tr is tes qui lui ve-naient de sa fat igue, et sedirigea vers le hangar, carl’avion du Chili grondait.

III

Le son de ce moteur loin-tain devenait de plus en plusd e n s e . I l m û r i s s a i t . O ndonna les feux. Les lampesrouges du balisage dessinè-rent un hangar, des pylônesde T.S.F., un terrain carré.On dressait une fête .

— Le voilà!

L’avion roulait déjà dans lefaisceau des phares. Si brillantqu’il en semblait neuf. Mais,quand il eut stoppé enfin de-vant le hangar, tandis que lesmécaniciens et les manoeuvresse pressaient pour décharger laposte, le pilote Pellerin nebougea pas.

— Eh bien? qu’attendez-vous pour descendre ?

Le pilote, occupé à quel-que mystérieuse besogne, nedaigna pas répondre. Proba-blement il écoutait encore toutle bruit du vol passer en lui.Il hochait lentement la tête, et,penché en avant, manipulaiton ne sait quoi. Enfin il se re-tourna vers les chefs et les ca-marades , e t l e s cons idéragravement, comme sa pro-priété. Il semblait les comp-ter et les mesurer et les peser,et il pensait qu’il les avaitbien gagnés, et aussi ce han-gar de fête et ce ciment solideet, plus loin, cette ville avecson mouvement, ses femmeset sa chaleur. Il tenait ce peu-ple dans ses larges mains,comme des sujets, puisqu’ilpouvait les toucher, les enten-dre et les insulter. Il pensad’abord les insulter d’être là

«Ahí la tienes —pensabaRivière, mi vida ya está hecha.»

Rechazó los pensamientostristes que en él despertaba lafatiga, y se dirigió hacia e lhangar, pues ya se oía zum-bar el avión de Chile.

III

El ruido del lejano mo-tor se hacía cada vez másdenso*. Maduraba**. Se en-cendieron los faros. Las lucesrojas del balizaje dibujaronun hangar, los postes de T. S.H. (1), una pista cuadrada. Sepreparaba una fiesta.

—¡Ahí está!

El avión corría ya en me-dio del haz de los faros. Tanbrillante, que parecía nuevo.Pero, cuando finalmente separó ante el hangar, mientraslos mecánicos y los obreros seapresuraban a descargar el co-rreo, el piloto Pellerin no semovió.

Pero ¿a qué espera parabajar?

E l p i l o t o , o c u p a d o e nalguna misteriosa faena, nose dignó responder. Proba-blemente aún escuchaba en su [34]interior todo el estrépito del vuelo.Movía lentamente la cabeza e,inclinado hacia delante, mani-pulaba Dios sabe qué. Por finse volvió hacia los jefes y ca-maradas, y los consideró congravedad, como si fueran desu propiedad. Parecía contar-los y medirlos y pesarlos, ypensaba que se los había ga-nado de sobra, y también aquelhangar en fiesta, y aquel sóli-do cemento, y, más lejos, laciudad, con su tráfico, sus mu-jeres y su calor. Tenía a aquelpueblo en sus anchas manos,co m o s ú b d i t o s , p u e s p o -d í a t o c ar los , o í r l o s ei n s u l t a r l o s . P e n s óprimero insultarlos por estarse

1 Siglas de «Telegrafía .Sin Hilos».

daigner- Vouloir bien accepter de (faire qqch.), soit en

faveur d’une personne qui n’en paraît pasindigne, soit parce qu’on ne juge pas cettechose indigne de soi.

[a] (Adressée à une haute autorité : demande,prière). Que votre Majesté daigne s’asseoir.Seigneur, daignez écouter ma prière (-Apaiser, cit. 8 et ci-dessus, cit. 5).

[b] (Adressée à une femme). Daignez agréer(Madame) mes hommages.

[c] (Adressée à un correspondant, dans laformule finale d’une lettre). Daignez agréer,M..., l’expression (l’hommage...) de messentiments... Daignez recevoir, M..., messalutations respectueuses

* denso, consistente, redondo** agrandar, desarrollar

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notestranquilles, sûrs de vivre, ad-mirant la lune, mais i l futdébonnaire

— ... Paierez à boire!

Et il descendit.

Il voulut raconter son voyage :

— Si vous saviez!...

J u g e a n t s a n s d o u t e e navo i r a s sez d i t , i l s ’ en fu tr e t i r e r s o n c u i r.

- - -

Quand la voi ture l ’em-porta vers Buenos Aires encompagnie d’un inspecteurmorne et de Rivière si len-cieux, il devint triste : c’estbeau de se t irer d’affaire ,e t de lâcher avec santé, enreprenant pied, de bonnesinjures . Quel le jo ie puis-s a n t e ! M a i s e n s u i t e ,q u a n d o n s e s o u v i e n t , o nd o u t e o n n e s a i t de quoi .

La lutte dans le cyclone, ça,au moins, c’est réel , c’estfranc. Mais non le visage deschoses, ce visage qu’el lesprennent quand elles se croientseules. Il pensait :

« C’est tout à fai t parei là une révol te des v i sagesqui pâl issent à peine, maischangent tellement 1 »

Il fit un effort pour se sou-venir.

Il franchissait, paisible, laCordi l lère des Andes. Lesneiges de l’hiver pesaient surelle de toute leur paix. Lesneiges de l’hiver avaient faitl a pa ix dans ce t t e masse ,comme les siècles dans leschâ teaux mor ts . Sur deuxcents kilomètres d’épaisseur,plus un homme, plus un souf-fle de vie, plus un effort. Maisdes arêtes verticales, qu’à sixmille d’altitude on frôle, maisdes manteaux* de pierre quitombent droit, mais une formi-dable tranquillité.

allí, tranquilos, seguros de vi-vir, admirando la luna, pero fuebenigno:

—¡Me pagaréis una copa!

Y descendió.

Quiso explicar su viaje:

—¡Si supierais...!

Juzgando, sin duda, haberdicho lo suficiente, se fue aquitarse su traje de cuero.

Cuando el coche se lo lle-vó hacia Buenos Aires, encompañía de un inspectortaciturno y de Rivière silen-cioso, se entristeció: es her-moso salir de un mal paso ,y, a l t omar t i e r r a , so l tarsaludablemente unas fuertespalabrotas . ¡Qué potencialde alegría! Pero en seguida,cuando uno se acuerda, seduda sin saber de qué (2).

Bregar con un ciclón, esopor lo menos es real, es fran-co. Pero no lo es el rostro delas cosas, ese rostro que to-man cuando se creen solas.Pensaba:

[35] « E s l o m i s m o q u e u nm o t í n : r o s t r o s q u e a p e -n a s p a l i d e c e n , ¡ p e r oc a m b i a n t a n t o ! »

Hizo esfuerzos por recor-dar.

Franqueaba apacible lacordillera de los Andes (3).Las nieves invernales gravita-ban sobre ella con todo elpeso de su paz. Las nievesinvernales habían llevado lapaz a aquella mole, como lossiglos a los castillos muertos.Sobre doscientos kilómetrosde espesor, ni un hombre, niun hálito de vida, ni un esfuer-zo. Sólo aristas verticales quese rozan a seis mil de altura, sólocapas de piedras** desplomándo-se verticalmente, sólo una formi-dable tranquilidad.

2 La duda de Pellerin se refiere no tanto al ciclón— eso es algo «real», «franco»—, sino al «rostroque toman las cosas cuando se creen solas», comodice a continuación. Es el encuentro con la natu-raleza viva, casi en estado puro, que a veces ad-quiere caracteres de «milagro».

3 La cordillera de los Andes separa Chile de Ar-gentina y se prolonga por el norte hasta Venezue-la. De los tres aviones postales que hemos visto aprincipios del capítulo II, el que hacía el trayectoChile—Buenos Aires tenía, pues, que cruzarla adiario.

frôler - 1. Toucher légèrement en glissant, en passant.- 2. Par ext. Passer très près de, en touchant

presque. - 3. Fig. (Sujet n. de chose abs-traite). être tout près de..

benigno:afable, complaciente, bonachónDebonnair = buenazo, bonachón- 1. Vx. De noble nature, digne de sa race.1080, Chanson de Roland; de l’expression de

bonne aire «de bonne race».

debonair adj. 1 carefree, cheerful, self-assured.2 having pleasant manners.

Etymology ME f. OF debonaire = de bon aire ofgood disposition

* capas, capotes, plieguesX**plural de «piedras» incorrecto

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

Ce fut aux environs du picTupungato...

I l r é f l éch i t . Ou i , c ’ e s tbien là qu’il fut le témoind’un miracle.

Car i l n ’a l l a i t d ’abordr ien vu , mais s ’é ta i t s im-p lemen t s en t i gêné , s em-blable à quelqu’un qui secroyai t seul , qui n’es t p lusseu l , que l ’on regarde . I ls ’ é t a i t s en t i , t rop t a rd e tsans bien comprendre com-ment , entouré par de la co-l è r e . Vo i l à . D ’ o ù v e n a i tce t te colère ?

A q u o i d e v i n a i t - i lqu’e l le suintai t des p ie r -res , qu’e l le su in ta i t de laneige? Car r ien ne semblaitvenir à lui , aucune tempêtesombre n’é ta i t en marche.Mais un monde à peine dif-férent sur p lace , sor ta i t del ’aut re . Pel ler in regardai t ,avec un serrement de coeuri n e x p l i c a b l e , c e s p i c si n n ocents , ces arêtes , cescrêtes de neige, à peine plusg r i s , e t q u i p o u r t a n tc o m m e n ç a i e n t à v i v r e -comme un peuple.

Sans avoir à lutter, il ser-rait les mains sur les comman-des. Quelque chose se prépa-rait qu’il ne comprenait pas. Ilbandait ses muscles, telle unebête qui va sauter, mais il nevoyait rien qui ne fût calme.Oui, calme, mais chargé d’unétrange pouvoir.

Puis tout s’était aiguisé .Ces arêtes, ces pics, tout de-venait aigu : on les sentait pé-nétrer, comme des étraves, levent dur. Et puis il lui sem-bla qu’elles viraient et dé-rivaient autour de lui, à lafaçon de navires géants quis’installent pour le combat.E t pu i s i l y eu t , mê lée àl ’a i r, une pouss ière : e l lemontait, flottant doucement,comme un voile, le long desneiges. Alors, pour chercherune issue en cas de retraite

Fue en los alrededores delPico Tupungato (4) ...

Ref lexionó. Sí , a l l í pre-c i s a m e n t e f u e t e s t i g o d eun mi lagro .

Porque en principio no ha-bía visto nada, pero se habíasentido simplemente desazo-nado, como cuando uno quese cree solo no está solo y al-guien está mirándolo. Dema-s iado ta rde y s in l legar acomprender cómo, se habíasentido envuelto por el furor.Mas , ¿de dónde p roced í aaquel furor?

¿En qué ad iv inaba querezumaba de las piedras querezumaba (5) de la nieve? Por-que nada parecía acercársele,ninguna sombría tempestadestaba en marcha. Pero unmundo apenas diferente sur-gía del otro en el mismo lu-gar. Con el corazón inexplica-blemente encogido, Pellerinobservaba [36] aquellos picosinocentes, aquellas aristas ,aquellas crestas de nieve, ape-nas grisáceas, y que no obs-tante empezaban a vivir, comoun pueblo.

S i n t e n e r q u e l u c h a r ,apretó las manos sobre losm a n d o s . A l g o q u e é l n ocomprendía se p reparaba .Tendía sus músculos, como unanimal que va a saltar, pero noveía nada que no estuviese tran-quilo. Sí, tranquilo, pero cargadode un raro poder.

Luego (6), todo se había agudizado.Las aristas, los picachos, todose hizo agudo: se los sentíapenetrar como rodas en elviento duro. Y luego le pare-ció que viraban y derivaban asu alrededor, como gigantes-cos navíos que se preparanpara el combate. Y luego,mezclado con el aire, polvo:un polvo que ascendía, flotan-do suavemente, como un velo,a lo largo de las nieves. En-tonces, para buscar una esca-patoria en caso de retirada

4 El Pico Tupungato se halla en la frontera entreChile Y Argentina y separa las provincias de San-tiago y Mendoza respectivamente. Tiene 6.800 mde altura y la cumbre está cubierta por nieves per-petuas.

5 La repetición del mismo verbo subraya la pre-sencia indefinible del peligro, agazapado en laspiedras, en la nieve.

6 Obsérvese cómo crece en rapidez el ritmo deeste fragmento hasta llegar a la conciencia de lacatástrofe que se avecina: «Luego... Y luego lepareció... Y luego... Entonces... Estos— perdido.»La palabra rolo, que aparece después, perteneceal vocabulario marino: es una pieza gruesa y cur-va, de madera o hierro, que forma la proa de lanave.

suinter- 1. (V. 1560). S’écouler très lentement, sortir

goutte à goutte.- 2. Produire un liquide qui s’écoule goutte à

goutte.

Bander=poner los músculos en tensión- 1. Entourer d’une bande que l’on serre. - 2. [a] Tendre* avec

effort.[b] Fig. Vx ou littér. Tendre*. [c] Archit. Bander un arc, une voûte,

en poser le dernier claveau, qui formera la clef de voûte.-SE BANDER v. pron. -II. V. intr. - 1. Vx. être tendu. - 2. (1677).

Fam., érotique. Cour. être en érection.[tender Del lat. tendere. X [nada que ver con tender los

músculos]1. tr. Desdoblar, extender o desplegar lo que está cogido,

doblado, arrugado o amontonado. 2. Echar a alguien o algopor el suelo de un golpe. 3. Echar por el suelo una cosa,esparciéndola. 4. Extender al aire, al sol o al fuego la ropamojada, para que se seque. 5. Suspender, colocar oconstruir una cosa apoyándola en dos o más puntos.TENDER una cuerda, TENDER la vía, TENDER un puente.6. Alargar una cosa aproximándola hacia alguien o algo. 7.Propender, referirse a algún fin una cosa. 8. Tener alguien oalgo una cualidad o característica no bien definida, pero síaproximada a otra de la misma naturaleza. 9. Albañ. Ponerel tendido en paredes y techos. 10. Mat. Aproximarseprogresivamente una variable o función a un valordeterminado, sin llegar nunca a alcanzarlo. 11. prnl.Echarse, tumbarse a la larga. 12. Encamarse las mieses yotras plantas. 13. Presentar el jugador todas sus cartas, enla persuasión de ganar o de perder seguramente. 14.Extenderse en la carrera el caballo, aproximando el vientreal suelo. 15. fig. y fam. Descuidarse, desamparar oabandonar la solicitud de un asunto por negligencia.]

étrave= roda: pieza gruesa y curva, demadera o hierro, que forma la proa de lanave. (2. Tributo)

Mar. Pièce courbe et saillante (qui ressort,avance, dépasse; saliente) qui forme la prouedu bateau.

X

solicitude n. 1 the state of being solicitous;solicitous behaviour. 2 anxiety or concern.Cuidado, afán, ansiedad, solicitousness, afeeling of excessive concern, preocupación,ansiedad, atención, celo

solicitud request, applicationsolicitous: 1 diligente [pronto, presto, activo],

cuidadoso, gustoso 2 inquieto aprensivo,receloso

solícito diligente [pronto, presto, activo],cuidadoso, gustoso

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesnécessaire, i l se retourna ett r e m b l a : t o u t e l a C o r -dillère, en arrière, semblaitfermenter.

« Je suis perdu. »

D’un pic, à l’avant, jaillitla neige : un volcan de neige.Puis d’un second pic, un peuà droi te . Et tous les pics ,ainsi, l’un après l’autre s’en-f l ammèren t , comme suc-cessivement touchés par quel-que invisible coureur. C’estalors qu’avec les premiers re-mous de l’air les montagnesautour du pilote oscillèrent.

L’act ion violente laissepeu de traces : i l ne retrou-vait plus en lui le souvenird e s g r a n d s r e m o u s q u il’avaient roulé . Il se rappe-l a i t s e u l e m e n t s ’ ê t r e d é -bat tu, avec rage, dans cesflammes grises.

Il réfléchit.

« Le cyclone, ce n’est rien.On sauve sa peau. Mais aupa-ravant! Mais cette rencontreque l’on fait! »

Il pensait reconnaître, en-tre mille, un certain visage, etpourtant il l’avait déjà oublié.

IV

Rivière regardait Pellerin.Quand celuici descendrait devoiture, dans vingt minutes, ilse mêlerait à la foule avec unsentiment de lassitude et delourdeur. Il penserait peut-être: « Je suis bien fatigué... salemétier! » Et à sa femme ilavouera i t quelque chosecomme « on est mieux ici quesur les Andes ». Et pourtanttout ce à quoi les hommes tien-nent si fort s’était presque dé-taché de lui : il venait d’enconnaître la misère. Il venaitde vivre quelques heures sur

f o r z o s a , v o l v i ó l a c a b e z ay tembló : toda l a cord i l l e -r a , a sus e spa ldas , pa rec íafermentar.

«Estoy perdido.»

De un pico, delante de él,brotó la nieve: un volcán denieve (7). Luego, de otro pico,algo a la derecha. Y así, to-dos los picos, uno tras otro,como tocados sucesivamentepor algún invisible mensaje-ro, se inflamaron. Fue enton-ces cuando, con los primerosremolinos de aire, las montañasoscilaron alrededor del piloto.

La acción violenta deja po-cas huellas: ya no encontraba[37] en sí mismo el recuerdode los grandes remolinos quelo habían arrollado. Sólo seacordaba de haberse debatidorabiosamente entre aquellasllamaradas grises.

Reflexionó.

« E l c i c l ó n n o e s n a d a .S e s a l v a e l p e l l e j o . ¡ P e r oa n t e s ! ¡ P e r o e l e n c u e n t r oc o n é l ! »

Creía reconocer, entre mil,cierto rostro; y, no obstan-te, ya lo había olvidado (8).

[39]

IV

Rivière miraba a Pellerin.Cuando éste, dentro de veinteminutos, descendiese del co-che, se perdería en la muche-dumbre con un sentimiento delasitud y pesadez. Pensaría talvez: «Qué cansado estoy.. .¡Cochino oficio!» Y a su mu-je r l e confesa r ía a lgo as ícomo: «Se está mejor aquí queen los andes.» Y, sin embar-go, casi se había desprendidode todo aquello a que los hom-bres se aferran con tanta fuer-za: acababa de conocer la mi-seria. Acababa de vivir unas

7 Saint-Exupéry ha descrito magistralmente la tem-pestad de nieve tomando los términos de un cam-po semántico tan opuesto como es el fuego: así,volcán de nieve», «los picos... se «inflamaron»,«llamaradas grises».

8 Esta frase que cierra el capítulo redondea 1odicho en la nota 2.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesl’autre face du décor, sans sa-voir s’il lui serait permis derétablir pour soi cette villedans ses lumières. S’il retrou-verait même encore, amiesd’enfance ennuyeuses maischè res , t ou te s se s pe t i t esinfirmités d’homme. « Il y adans toute foule, pensait Ri-vière, des hommes que l’on nedistingue pas, et qui sont deprodigieux messagers. Et sansl e savo ir e u x - m ê m e s . Amoins que... » Rivière crai-gnait certains admirateurs. Ilsne comprenaient pas le carac-tère sacré de l’aventure, etleurs exclamations en faus-sa ient le sens, diminuaientl’homme. Mais Pellerin gardaitici toute sa grandeur d’êtresimplement instruit, mieux quepersonne, sur ce que vaut lemonde entrevu sous un certainjour, et de repousser les approba-tions vulgaires avec un lourd dé-dain. Aussi Rivière le félicita-t-il : « C o m m e n t a v e z -vousréussi? » Et il l’aima de par-ler s implement mét ier, deparler de son vol comme unforgeron de son enclume .

- - -

Pellerin expliqua d’abordsa retraite coupée. Il s’excu-sait presque : « Aussi je n’aipas eu le choix. » Ensuite iln’avait plus rien vu : la neigel’aveuglait. Mais de violentscourants l’avaient sauvé, en lesoulevant à sept mille. « J’aidû être maintenu au ras descrêtes pendant toute la traver-sée. » Il parla aussi du gyros-cope dont il faudrait changerde place la prise d’air : la neigel’obturait : « Ça forme verglas,voyez-vous. » Plus tard d’autresc o u r a n t s a v a i e n t c u l b u t éPellerin, et, vers trois mille,i l ne comprenait plus com-ment i l n’avait r ien heurtéencore . C’est qu’ i l survo-l a i t d é j à l a p l a i n e . « J em’en suis aperçu tout d’uncoup, en débouchant dansdu ciel pur. » Il expliqua en-fin qu’i l avait eu, à cet ins-tant-là, l’impression de sor-t i r d’une caverne.

horas sobre la otra cara deldecorado, sin saber si le seríapermit ido hal lar de nuevoaquella ciudad con sus luces.Si encontraría incluso amigasde la infancia, enojosas peroqueridas, todas sus pequeñasdebilidades de hombre. «Entoda mul t i tud —pensabaRiv iè re— hay hombres aquienes nadie distingue, peroque son prodigiosos mensaje-ros. Y ni ellos lo saben. r1menos que...» Rivière temía aciertos [40] admiradores: nocomprendían el carácter sa-grado de la aventura (1), y susexclamaciones falseaban susentido, disminuían al hom-bre. Pero Pellerin guardabaaquí toda su grandeza de sa-ber sencillamente mejor quenadie lo que vale el mundoentrevisto bajo cierta luz, yde rechazar las aprobacionesvulgares con un rudo des-d é n . R i v i è r e l o f e l i c i t ó :«¿Cómo se las ha arreglado?» Ylo estimó por hablar sencilla-mente en términos del oficio,por hablar de su vuelo como unherrero de su yunque.

Pellerin explicó primero suretirada cortada. Casi se excu-saba: «Así que no pude escoger.»Después no había visto nadamás: la nieve lo cegaba. Pero co-rrientes violentas lo habían sal-vado, levantándolo a siete milmetros. «Seguramente me hemantenido durante toda la tra-vesía a ras de las crestas.» Ha-bló también del giroscopio, cuyaentrada de aire sería precisocambiar de sitio: la nieve lo ob-turaba: «Se forma escarcha,sabe?» Más tarde otras corrien-t e s hab ían derr ibado * aPellerin, que no comprendíacómo hacia los tres mil metrosno se había estrellado contranada. Es que volaba ya sobrela llanura. «De repente me hedado cuenta de ello, al irrum-pir de improviso en un cielopuro.» Explicó, finalmente,que en aquel instante habíatenido la impresión de salir deuna caverna.

1 Rivière considera a sus hombres «mensajeros»no sólo en cuanto portadores de la corresponden-cia, sino como testigos y portadores de otro «men-saje»: el de la acción y la aventura, un mundo «sa-grado» para él. Pero Rivière no está seguro deque sus hombres sean conscientes de ello.

enclume- 1. Masse de fer aciéré sur laquelle le forgeron

bat les métaux, à froid ou à chaud.- 2. (1611). Anat. L’un des osselets de l’oreille,

servant de trait d’union entre le marteau etl’étrier.

culbuter =voltear o hacer caer brusca oviolentamente; zarandear

-I. V. intr. - 1. Faire une culbute (2.). Tomber à larenverse. - 2. Fig. et vieilli. Faire faillite,s’effondrer.

-II. V. tr. (1546, cullebuter). - 1. Faire tomberbrusquement (qqn). - 2. Bousculer, pousser.

culbute- 1. Tour qu’on fait en mettant la tête en bas et

les jambes en haut, de façon à retomber del’autre côté.

- 2. Chute où l’on tombe brusquement à larenverse.

- 3. Fig. (Du double mouvement de la culbute).Comm. Faire la culbute : revendre qqch. audouble du prix d’achat.

- 4. Anciennt. Ruban porté par les jeunes filles àl’arrière de leur coiffe, au XVIIe siècle.

- 5. Argot. (Vx). Culbutant (2.).-culbuté, ÉE p. p. adj.- 1. Perturbé, en désordre (au propre et au fig.).- 2. (1956). Techn. Moteur culbuté : moteur à

explosion dont les soupapes sont comman-dées par des culbuteurs*.

heurter- 1. (Sujet n. de personne ou de chose). Toucher plus ou

moins rudement, en entrant brusquement en con-tact avec... (généralement de façon accidentelle).

- 2. (1280). Abstrait. (Compl. n. de personne ou de chosehumaine). Venir contrecarrer (qqn), aller à l’encontre*de (sentiments, intérêts...), d’une façon choquante, rudeou maladroite qui provoque ou durcit la résistance.

- 3. Factitif. Heurter qqch. à qqch. : faire se heurter, faire heurter (II.) à...- 1. Vieil l i. (Avec contre). Entrer brusquement, plus ou

moins rudement en contact avec...- 2. V. tr. ind. (V. 1135; sujet n. de personne). HEUR-

TER à : frapper avec intention à...-SE HEURTER v. pron.- 1. (V. 1170, soi hurter à). Réfl. (- ci-dessus, II.). [a] Se heurter à

un obstacle (- Banc, cit. 8; barreau, cit. 4; chauve-souris, cit. 2;croiser, cit. 4; frelon, cit. 4), contre un obstacle (- Eau, cit. 3).

[b] (Mil. XVIIe). Fig. Se heurter à (qqch., qqn) : rencontrer (unobstacle qui freine ou arrête l’action, le développement...).

[c] Régional (Suisse). Entrer en collision avec (qqch.).- 2. Récipr. Se rencontrer en produisant un heurt réciproque - Cogner (se).-HEURTÉ, ÉE p. p. adj. (1752).

X * hecho descender bruscamente boca abajo

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

— Tempête aussi à Men-doza?

— Non. J’ai at terr i parciel pur, sans vent. Mais latempête me suivait de près.

Il la décrivit parce que, di-sait-il, « tout de même c’étaitétrange ». Le sommet se per-dait très haut dans les nuagesde neige, mais la base roulaitsur la plaine ainsi qu’une lavenoire. Une à une, les villesétaient englouties. « Je n’aijamais vu ça... » Puis il se tut,saisi par quelque souvenir.

Rivière se retourna versl’inspecteur.

— C’est un cyclone du Pa-cifique, on nous a prévenustrop tard. Ces cyclones ne dé-passent jamais les Andes.

« On ne pouvait prévoir quecelui-là poursuivrait sa marchevers l’Est. »

L’inspecteur, qui n’y con-naissait rien, approuva.

- - -

L’inspecteur parut hési-ter, se retourna vers Pelle-r in , e t sa pomme d’Adamremua. Mais il se tut. Il re-prit , après réflexion, en re-gardant droit devant soi, sadignité mélancolique.

I l l a p r o m e n a i t , a i n s iqu’un bagage, cette mélanco-l ie . Débarqué la vei l le enArgentine, appelé par Rivièrepour de vagues besognes, ilétait empêtré de ses grandesmains et de sa dignité d’ins-pecteur. I l n’avait le droitd’admirer ni la fantaisie, ni laverve : il admirait par fonc-t i on l a p o n c t u a l i t é . I ln’avait le droit de boire unverre en compagnie, de tu-toyer un camarade et de ris-quer un calembour que si, parun hasard invraisemblable, ilrencontrait, dans la même escale,un autre inspecteur.

—Tempestad también enMendoza?

—No, he aterrizado con cie-lo puro, sin viento. Pero la tem-pestad me seguía de cerca.

[41] La describió porque,decía, «a pesar de todo era ex-traña». La cima se perdía,muy alta, en las nubes de nie-ve, pero la base rodaba por lallanura como lava negra. Unaa una, las ciudades iban sien-do tragadas: «Jamás lo habíavisto...» Luego se calló, em-bargado por algún recuerdo.

Rivière se volvió hacia elinspector.

—Es un ciclón del Pacífi-co; nos han prevenido dema-siado tarde. Esos ciclones nuncavan más allá de los Andes.

Nadie podía prever que elde ahora proseguiría su marchahacia el este.

El inspector, que nada sa-bía de ello, aprobó.

El inspector pareció vaci-lar; se volvió hacia Pellerin,y su nuez se movió. Pero guar-dó silencio. Tras un momentode reflexión, mirando de nue-vo recto ante sí, recobró sumelancólica dignidad.

Llevaba consigo, como unequipaje, aquella melancolía.Desembarcado la víspera enArgen t ina , l lamado porRivière para imprecisas tareas,no sabía qué hacer con susgrandes manos y su dignidadde inspector. No tenía derechoa admirar ni la fantasía, ni lainspiración : admiraba poroficio la puntualidad. No te-nía derecho a beber un vasoen compañía, a tutear a uncamarada, y a aventurar unjuego de palabras más que si,por una casualidad inverosímil,se encontraba en la misma es-cala con otro inspector.

verve- 1. (XVe). Vx. Caprice, fantaisie.- 2. Littér., vx. Inspiration vive, chaleureuse;

fantaisie créatrice.- 3. Vieilli. Fougue, vivacité.- 4. Mod. Qualité brillante; imagination et fantai-

sie dans la parole.

calembour- Jeu de mots fondé soit sur une similitude de

sons (homophonie) recouvrant une différencede sens (- Équivoque), soit sur des mots prisà double sens

faltan comillas en castellano

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

« I l es t dur, pensai t - i l ,d’être un juge. »

A vrai dire, il ne jugeaitpas , mais hocha i t l a t ê te .Ignorant tout, il hochait latête, lentement, devant tout cequ’il rencontrait. Cela trou-blait les consciences noires etcontribuait au bon entretiendu matériel. Il n’était guèreaimé, car un inspecteur n’estpas créé pour les délices del’amour, mais pour la rédac-tion de rapports. Il avait re-noncé à y proposer des métho-des nouvelles et des solutionstechniques, depuis que Rivièreavait écrit : « L’inspecteurRobineau est prié de nous four-nir, non des poèmes, mais des rap-ports. L’inspecteur Robineauutilisera heureusement ses com-pétences, en stimulant le zèle dupersonnel. » Aussi se jetait-ildésormais, comme sur sonpain quotidien, sur les dé-faillances humaines. Sur lemécanicien qui buvait, le chefd’aéroplace qui passait desnuits blanches, le pilote qui re-bondissait à l’atterrissage.

Rivière disait de lui : « Iln ’es t pas t rès in te l l igen t ,aussi rend-il de grands servi-ces. » Un règlement établi parRivière était, pour Rivière,connaissance des hommes;mais pour Robineau n’exis-tait plus qu’une connaissancedu règlement.

« Robineau, pour tous lesdéparts retardés, lui avait ditun jour Rivière, vous devezf a i r e s a u t e r l e s p r i m e sd’exactitude.

— Même pour le cas deforce majeure ? Même parbrume?

— Même par brume. »

Et Robineau éprouvait unesorte de fierté d’avoir un chef sifort qu’il ne craignait pas d’êtreinjuste. Et Robineau luimême ti-rerait quelque majesté d’un pou-voir aussi offensant.

« E s p e s a d o s e r j u e z » ,pensaba.

En realidad no juzgaba,sólo meneaba la cabeza. Igno-rándolo todo, meneaba la ca-beza lentamente ante todo loque encontraba. Aquello tur-baba las conciencias negras ycontribuía a la buena conser-vación del material. No eraamado, pues un inspector noha sido creado para las deli-cias [44] el amor, sino para laredacción de informes. Habíarenunciado a proponer méto-dos nuevos y soluciones téc-nicas, desde que Rivière ha-bía escrito: «Se ruega al ins-pector Robineau que no nosmande poemas, sino informes(2). El inspector Robineauutilizará felizmente su com-petencia, estimulando su celopersonal.» Y así se lanzó des-de, entonces, como sobre supan cotidiano, sobre las fla-quezas humanas: sobre el me-cánico que bebía, el jefe deaeropuerto que pasaba las no-ches en blanco, el piloto querebotaba al aterrizar.

Rivière decía de él: «Noes muy inteligente; por esopresta grandes servic ios .»Un reg lamento hecho porRivière era para Rivière co-nocimiento de los hombres;mas para Robineau no exis-tía más que un conocimientodel reglamento.

Por todas las salidas retra-sadas, Robineau —le habíadicho un día Rivière—,tieneusted que descontar las pri-mas de exactitud.

—¿Inc luso en caso defuerza mayor? Incluso debidoa la niebla?

—Incluso debido a la niebla.

Y Robineau sentía una es-pecie de orgullo de tener unjefe tan enérgico, que no temíaser injusto, y de aquel poder tanofensivo el mismo Robineausacaba cierta majestad.

2 Esta frase marca la diferencia de carácter entreRivière y Robineau. Adviértase que este últimoestá dibujado a base de oraciones negativas: «notenía derecho», «no juzgaba», «no era amado»,«había renunciado», seguidas de precisioneslimitativas: «admiraba por oficio», «más que si»,«sólo» , «sino». Robineau aparece así como elnegativo de Rivière. (Véase Apéndice.)

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

— Vous avez donné le dé-part à six heures quinze, répé-tait-il plus tard aux chefs d’aé-roports, nous ne pouvons vouspayer votre prime.

— Mais, monsieur Robineau,à cinq heures trente, on nevoyait pas á dix mètres !

— C’est le règlement.

— Mais , monsieurRobineau, nous ne pouvonspas balayer la brume!

Et Robineau se retranchaitdans son mystère. Il faisait par-tie de la direction. Seul, parmices totons, il comprenait com-ment, en châtiant les hommes,on améliorera le temps.

« Il ne pense rien, disait delui Rivière, ça lui évite depenser faux. »

Si un pilote cassait un ap-pareil , ce pilote perdait saprime de non-casse.

« M a i s q u a n d l a p a n n ea e u l i e u s u r u n b o i s ?s ’ é t a i t i n f o r m éR o b i n e a u .

— Sur un bois aussi. »

Et Robineau se le tenaitpour dit.

— Je regret te , d isa i t - i lplus tard aux pilotes, avecune vive ivresse, je regrettemême in f in iment , ma i s i lf a l l a i t a v o i r l a p a n n ea i l leurs .

— Mais , monsieurRobineau, on ne choisit pas!

— C’est le règlement.

« Le règlement, pensaitRivière, est semblable auxrites d’une religion qui sem-blent absurdes mais façon-nent les hommes. » Il étaitindifférent à Rivière de pa-raître juste ou injuste. Peut-être ces mots-là n’avaient-

—Han dado ustedes la sa-lida a las seis repetía más tar-de a los jefes de los aeropuer-tos, no podremos pagarles suprima.

[45]—Pero, señor Robineau,¡a las cinco y media no se veíani a diez metros!

—Es el reglamento (3).

— ¡ P e r o , s e ñ o rRobineau, no podemos ba-rrer la niebla!

Y Robineau se atrincherabaen su misterio. Pertenecía a ladirección. Sólo él entre aque-l los peones comprend íacómo, castigando a los hom-bres, se mejoraba el tiempo.

—No piensa nada decía deél Rivière—; eso le evita pen-sar mal.

Si un piloto destrozaba unaparato, aquel piloto perdía suprima de conservación.

—¿Y cuando la avería hatenido lugar sobre un bosque?—se hab ía in fo rmadoRobineau.

—Sobre un bosque, también.

Y Robineau se daba porenterado.

—Lo s ien to contes tabamás tarde a los pilotos, conviva embriaguez—; lo sientoinfinitamente, pero deberíahaber tenido la avería en otrositio.

—Pero, señor Robineau,¡no se puede escoger!

—Es el reglamento.

«El reglamento pensabaRivière es como los ritos deuna religión, que parecen ab-surdos pero forman a los hom-bres.» Le daba igual que lotuviesen por justo o por injus-to. Quizá tales palabras ni si-quiera tenían sentido para él.

3 Esta breve frase, repetida más abajo, recuerdala que hará decir Saint-Exupéry años después alfarolero de su Principito: «Es la consignan (Elprincipito, XIV).

toton- Jouet d’enfant, sorte de dé traversé par une

cheville sur laquelle on le fait pivoter

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesi l s même pas de s ens pou rl u i . L e s p e t i t s b o u rg e o i sdes pe t i t e s v i l l e s tou rnen tl e s o i r a u t o u r d e l e u rk io sque à mus ique e t R i -v i è r e p e n s a i t : « J u s t e ouinjuste envers eux, cela n’apas de sens : i ls n’existentpas. » L’homme était pourlui une cire vierge qu’il fal-lait pétrir . I l fallait donnerune âme à cette matière, luicréer une volonté. Il ne pen-s a i t p a s l e s a s s e r v i r p a rcette dureté, mais les lancerhors d’eux-mêmes. S’il châ-tiait ainsi tout retard, il fai-sait acte d’injustice mais iltendait vers le départ la vo-lonté de chaque escale ; i lcréait cette volonté. Ne per-mettant pas aux hommes de seréjouir d’un temps bouché ,comme d’une invitation aurepos, il les tenait en haleine*,et l’attente humiliait secrète-ment jusqu’au manoeuvre leplus obscur. On profitait ainsidu p r e m i e r d é f a u t d a n sl ’ a r m u re : « Débouché auNord, en route! » Grâce àRivière, sur quinze mille ki-lomètres, le culte du cour-rier primait tout.

Rivière disait parfois

« Ces hommes-là sont heu-reux, parce qu’ils aiment cequ’ils font, et i ls l’aimentparce que je suis dur. »

Il faisait peut-être souffrir,mais procurait aussi aux hom-mes de fortes joies.

« Il faut les pousser, pen-sait-il, vers une vie forte quientraîne des souffrances etdes j o i e s , ma i s qu i s eu lecompte. »

C o m m e l a v o i t u r ee n t r a i t e n v i l l e , R i v i è r es e f i t c o n d u i r e a u b u -r e a u d e l a C o m p a g n i e .R o b i n e a u , r e s t é s e u la v e c P e l l e r i n , l e r e -g a r d a , e t e n t r o u v r i t l e sl è v r e s p o u r p a r l e r .

Los pequeños burgueses delas pequeñas ciudades danvueltas a la caída de la tardealrededor del quiosco de lamúsica (4), y Rivière pensa-ba: «Justo o injusto con res-pecto a [46]ellos? Esto care-ce de sentido: ellos no exis-ten.» El hombre para él eracera virgen que había quemoldear. Había que dar unalma a esa materia, crearleuna vo l u n t a d . N o c r e í aesc lav iza r los con aque l l adureza, sino lanzarlos fuerade sí mismos. Si castigabaas í t odo r e t r a so , come t í auna injusticia, pero dirigíahacia la salida la voluntadde cada escala; creaba aque-lla voluntad. No permitien-do que los hombres se ale-grasen del mal tiempo, comosi fuera una invitación al re-poso, los tenía pendientes deque clarease, y la espera humi-llaba secretamente hasta al másoscuro peón. Se aprovechabaasí la primera imperfección dela armadura (5): «Despejadoen el norte, ¡listos!» Graciasa Rivière, en quince mil kiló-metros el culto al correo lodominaba todo.

A veces decía Rivière:

— E s o s h o m b r e s s o nf e l i c e s , p o r q u e a m a n l oq u e h a c e n , y l o a m a np o r q u e s o y d u r o .

Tal vez hacía padecer, perotambién proporcionaba a loshombres grandes alegrías.

«Es preciso empujar los—pensaba— hacia una vidafuerte, que entrañe dolores yalegrías, pero es la única quevale.»

Como el coche ya en-traba en la ciudad, Rivièremandó que los condujeran alas oficinas de la Compañía.Robineau, que se había que-dado solo con Peller in, lomiró y entreabrió los labiospara hablar.

4 El quiosco de 1a música, ese templete colocadoen el centro de la plaza de muchas ciudades pro-vincianas y alrededor del cual suele pasearse lagente, se convierte aquí en símbolo de la vida sinhorizontes, aburguesada y sin comprometerse enla acción. El mismo símbolo volveremos a encon-trarlo al principio del capítulo VIII (pág. 67) y alfinal del capítulo XIV (pág. 112).

5 Indica así el conjunto de las condiciones atmos-féricas que, como una armadura, se oponen a queel avión pueda levantar el vuelo y romper el aire.

petrir- 1. Presser, remuer fortement et en tous sens

avec les mains ou à la machine (une pâte*consistante).

- 2. (1762). Palper fortement en tous sens.- 3. (1580). Fig. Donner une forme (cit. 47) à,

façonner.- 4. Littér. (Surtout au passif et p. p.). PÉTRIR

DE... : former, faire avec...moldear1. tr. Hacer molduras en una cosa. 2. Sacar el

molde de una figura. 3. Dar forma a unamateria echándola en un molde, vaciar

modelar1. tr. Formar de cera, barro u otra materia blanda

una figura o adorno. 2. fig. Configurar oconformar algo no material. 3. Pint. Presentarcon exactitud el relieve de las figuras. 4. prnl.fig. Ajustarse a un modelo.

Deboucher= dégagé, ouvert, despejado- 1. Débarrasser (qqch.) de ce qui bouche,

obstrue.- 2. Débarrasser (un contenant) de son bouchon.- 3. Fig. Déboucher qqn, lui ouvrir l’esprit.II- 1. (Sujet n. animé : personnes, animaux; ou

véhicules...). Passer d’un lieu resserré dansun lieu plus ouvert.

- 2. (Le sujet désigne un cours, une voie d’eau).- Jeter (se).

- 3. (Le sujet désigne une voie, un passage).Aboutir à un lieu ouvert ou à une artère pluslarge.

- 4. (V. 1954). Fig. Aboutir, mener à, ouvrir (sur).

Xguión por comillas

tenía en vilo

X

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

V

O r , R o b i n e a u c e s o i ré ta i t l as . I l vena i t de dé-couvrir, en face de Pel ler inv a i n q u e u r, q u e s a p r o p r ev i e é t a i t g r i s e . I l v e n a i ts u r t o u t d e d é c o u v r i r q u elui , Robineau, malgré sont i t r e d ’ i n s p e c t e u r e t s o nautor i té , va la i t moins quecet homme rompu de fa t i -gue, tassé dans l ’angle dela voi ture , les yeux c los e tl e s ma ins no i r e s d ’hu i l e .P o u r l a p r e m i è r e f o i sRobineau admirait. Il avaitbesoin de le dire. Il avait be-soin surtout de gagner uneamit ié . I l é ta i t las de sonvoyage et de ses échecs dujour, peut-être se sentait-ilmême un peu r id icu le . I ls’était embrouillé, ce soir,dans ses calculs en vérifiantles stocks d’essence, et l’agentmême qu’il désirait surpren-dre, pris de pitié, les avaitachevés pour lui. Mais surtoutil avait critiqué le montaged’une pompe à huile du typeB. 6, la confondant avec unepompe à huile du type B.4, etl e s mécan ic iens sourno i sl ’ a v a i e n t l a i s s é f l é t r i rpendant vingt minutes « uneignorance que rien n’excuse», sa propre ignorance.

I l avai t peur auss i de sachambre d’hôte l . De Tou-louse à Buenos Aires , i l lar e g a g n a i t i n v a r i a b l e m e n taprès le t ravai l . I l s ’y en-fermait , avec la conscienced e s s e c r e t s d o n t i l é t a i tl o u r d , t i r a i t d e s a v a l i s eune rame de papier, écr i -vait lentement « Rapport »,hasa rda i t que lques l igneset déchi ra i t tout . I l aura i ta imé sauver la Compagnied ’un g rand pé r i l . E l l e nec o u r a i t a u c u n p é r i l . I ln’avait guère sauvé jusqu’àprésent qu’un moyeu d’hé-l ice touché par la roui l le .I l avai t promené son doigtsur ce t te roui l le , d ’un a i rfunèbre , lentement , devant

[47]

V

Aquella noche Robineause sentía cansado. Acababa dedescubrir, frente a Pellerinvencedor. que su propia vidaera gris. Acababa sobre todode descubr i r que é l ,Robineau, a pesar de su títulode inspector y de su autori-dad, valía menos que aquelhombre quebrantado por lafatiga, acurrucado en el ángu-lo del coche, con los ojos ce-rrados y las manos negras deace i t e . Por p r imera vezRobineau admiraba. Necesita-ba decirlo. Necesitaba, sobretodo, ganarse una amistad.Estaba cansado de su viaje yde sus fracasos del día; tal vezincluso se sent ía r idículo.Aquella tarde se había con-fundido en sus cálculos alcomprobar las existencias debencina, y el mismo agente alque deseaba sorprender, mo-vido por la piedad, se los ha-bía terminado. Pero sobretodo había criticado el mon-taje de una bomba de aceitedel tipo B.6 confundiéndolacon una del tipo B.4, y los[48] mecánicos, socarrones ,lo habían dejado reprenderdurante veinte minutos «unaignorancia que nada excusa»...su propia ignorancia.

Tenía miedo también a suhab i t ac ión de l ho te l . DeToulouse a Buenos Aires, vol-vía invariablemente a el ladespués del trabajo. Se ence-rraba en ella, con la concien-cia de secretos que le resulta-ban muy pesados, sacaba desu maleta una resma de papel,escribía lentamente Informe,aventuraba algunas líneas, ylo rompía todo. Hubiera de-seado salvar a la Compañía dealgún gran peligro. Pero laCompañía no corría ningúnpeligro. Hasta ahora sólo ha-bía salvado un cubo de héliceatacado de herrumbre (1) .Había pasado su dedo poraquella herrumbre con unaire fúnebre, lentamente, ante

1 La imagen de la aherrumbre» en los cubos dehélice, símbolo de 1a competencia —o incompe-tencia— de Robineau, volveremos a encontrarlaen el cap. siguiente: «Robineau, con gran celo,ordenará otra vez limpiar los cubos de hélice» (pág.59) f en el cap. XIX: «Una humilde fuerza en mar-cha, que preservaba de la herrumbre (2) los cu-bos de hélice» (pág. 137).

tasser -I. V. tr.- 1. Mettre en tas*, en comprimant le plus

possible.- 2. Pron. (1907). Fam. Prendre, absorber.- 3. (1902). Sports. Serrer irrégulièrement (un

adversaire) contre le bord de la piste oucontre d’autres coureurs, en ne conservantpas sa ligne.

-II. V. intr. (En parlant des végétaux). Croître ens’épaississant, pousser en touffe compacte,dense.

-SE TASSER v. pron.- 1. (1834). S’affaisser sur soi-même.- 2. (1900). Fig., fam. Revenir, après quelque

incident à un niveau égal, à un état normal.-TASSÉ, ÉE p. p. adj.- 1. (1690). Qu’on a tassé.- 2. (1848, Sand). Affaissé* (cit. 1).- 3. (1903). Fam. BIEN TASSÉ : qui remplit bien

un récipient (verre, tasse).

flétrir- 1. Faire perdre sa forme naturelle, son port et

ses couleurs à (une plante) en privant d’eau.- 2. Littér. Dépouiller de son éclat, de sa fraî-

cheur (une partie du corps, le corps).- 3. Mod. et littér. (avec l’infl. de 2. flétrir). Faire

perdre la pureté, l’innocence à (un sentiment,un affect, etc.).

-FLÉTRI, IE p. p. adj.- 1. Qui a perdu sa sève, sa forme, sa couleur.- 2. Littér. Qui a perdu sa beauté.- 3. Littér. (sens moral). Qui a perdu sa pureté,

son innocence.

rame = resma (conjunto de veinte manos de papel) - 1. Comm. Ensemble de cinq cents feuilles ou

vingt mains* de papier d’impression.- 2. (1915; «convoi de péniches», 1869). File de

wagons attelés qui manoeuvrent ensemble.- 3. Techn. Assemblage de deux ou trois tiges de

forage pétrolier.

moyeu = cubo- 1. Partie centrale de la roue que traverse l’axe

ou l’essieu (eje) autour duquel elle tourne.- 2. (XIXe). Par ext. Pièce centrale sur laquelle

sont assemblées des pièces devant tournerautour d’un axe.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesu n c h e f d ’ a é r o p l a c e , q u ilui avait d’ail leurs répondu: « Adressez-vous à l’escalep récéden te : c e t av ion - l àv i e n t d ’ e n a r r i v e r. »R o b i n e a u d o u t a i t d e s o nrôle.

Il hasarda, pour se rappro-cher de Pellerin :

— Voulez-vous dîner avecmoi ? J’ai besoin d’un peu deconversation, mon métier estquelquefois dur...

Puis corrigea pour ne pasdescendre trop vite

— J’ai tant de responsabi-lités!

Ses subalternes n’aimaientguère mêler Robineau à leurvie privée. Chacun pensait :

« S’ i l n ’a encore r ient rouvé pour son rappor t ,comme il a très faim, il memangera. »

Mais Robineau, ce soir,ne pensait guère qu’à ses mi-sères : le corps affligé d’ungênant eczéma, son seul vraisecret, il eût aimé le racon-ter, se faire plaindre, et netrouvant point de consola-tions dans l’orgueil, en cher-c h e r d a n s l ’ h u m i l i t é . I lpossédait aussi, en France,une maîtresse, à qui, la nuitde ses retours, i l racontaits e s i n s p e c t i o n s , p o u rl’éblouir un peu et se faireaimer, mais qui justement leprenait en grippe, et il avaitbesoin de parler d’elle.

— Alors, vous dînez avecmoi ?

P e l l e r i n , d é b o n n a i r e ,accepta .

un j e f e d e a e r o p u e r t o q u el e h a b í a r e s p o n d i d o :

— D i r í j a s e a l a e s c a l ap r e c e d e n t e : e s e a v i ó na c a b a d e l l e g a r .

Robineau dudaba de su co-metido.

Pa ra ap rox imarse aPellerin, aventuró:

—¿Quiere cenar conmi-go? Necesito un poco de con-versación; mi profesión a ve-ces es tan dura...

Luego corrigió para no descen-der con demasiada pidez:

—¡Tengo tantas responsa-bilidades!

A sus subalternos no les gus-taba mezclar a Robineau en suvida privada. Todos pensaban:«S i aún no ha encon t r adonada pa r a su i n fo rme , cone l h a m b r e q u e t i e n e m ecomerá .»

[49]Pero aquel la nocheRobineau no pensaba más queen sus miserias: el cuerpomortificado por un molestoeczema, su único secreto ver-dadero; hubiera deseado ex-plicarlo, sentirse compadeci-do y, no encontrando consue-lo en el orgullo, buscarlo enla humildad. Tenía tambiénuna amante en Francia, a laque la noche de su vuelta con-taba sus inspecciones, parades lumbrar la un poco yganarse su cariño; pero justa-mente le tenía tirria, y él ne-cesitaba hablar de ella..

—¿Qué, cena usted conmi-go?

P e l l e r i n , b o n a c h ó n ,aceptó .

[51]

hasarder- 4. (1580, Montaigne). Plus cour. Mettre en

avant, se risquer à exprimer ce dont on n’estpas bien sûr, ce qui risque de se révéler fauxou d’être mal accueilli, de déplaire, deproduire un effet fâcheux.

Debonnair = buenazo, bonachón- 1. Vx. De noble nature, digne de sa race.1080, Chanson de Roland; de l’expression de

bonne aire «de bonne race».

debonair adj. 1 carefree, cheerful, self-assured.2 having pleasant manners.

Etymology ME f. OF debonaire = de bon aire ofgood disposition

guión por comilla y punto y aparte; todaesta tirada hasta «me comerá» --5

párrafos más abajo-- va como muchasotras entre comillas porque son monólo-

gos interiores

X

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24

Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesVI

Les secré ta i res somno-laient dans les bureaux deBuenos Aires, quand Rivièreentra. Il avait gardé son man-teau, son chapeau, il ressem-blait toujours à un éternelvoyageur, et passait presqueinaperçu, tant sa petite tailledéplaçait peu d’air, tant sescheveux g r i s e t s e s vê te -m e n t s a n o n y m e s s ’ a d a p -taient à tous les décors. Etpourtant un zèle anima lesh o m m e s . L e s s e c r é t a i r e ss’émurent, le chef de bureaucompulsa d’urgence les der-niers papiers, les machines àécrire cliquetèrent.

Le téléphoniste plantait*ses fiches dans le standard ,et notait sur un livre épais lestélégrammes.

Rivière s’assit et lut.

Après l’épreuve du Chili,il relisait l’histoire d’un jourheureux où les choses s’or-donnent d’elles-mêmes, oùles messages dont se déli-vrent l’un après l’autre lesaéroports franchis, sont desobres bulletins de victoire.Le courrier de Patagonie, luiaussi, progressait vite : onétait en avance sur l’horaire,car les vents poussaient duSud vers le Nord leur grandehoule favorable.

— Passez-moi les messagesmétéo.

Chaque aéroport vantaits o n t e m p s c l a i r, s o n c i e ltransparent, sa bonne brise.Un soir doré avai t habi l lél’Amérique. Rivière se ré-jou i t du zè l e des choses .Maintenant ce courrier luttaitquelque part dans l’aventurede l a nu i t , ma i s avec l e smeilleures chances.

R i v i è r e r e p o u s s a l ec a h i e r.

— Ça va.

VI

Los secretarios dormita-ban en las oficinas de BuenosAires cuando Rivière entró.No se había quitado el abrigoni el sombrero: parecía siem-pre un eterno viajero; era tanpoco el aire que desplazaba supequeña estatura, tan grisessus cabel los, y su ropa seadaptaba tan bien a todos losdecorados, que pasaba casiinadvertido. Y, sin embargo,un nuevo ce lo an imó a losh o m b r e s . L o s s e c r e t a riosse agitaron , el jefe de ofici-na consultó urgentemente losúltimos papeles, las máquinasde escribir crepitaron.

El telefonista clavaba susclavijas en el cuadro** y ano-taba en un voluminoso librolos telegramas.

Rivière se sentó y leyó.

Después de la prueba deChile, releía la historia de undía feliz en el que las cosasse ordenan por sí mismas, enel que los mensajes, expedi-dos por los aeropuertos unotras otro, [52] son sobriosboletines (1) de victoria. Elcorreo de Patagonia progre-saba también con rapidez:se ade lan taba su hora r io ,pues los vientos empujaband e l s u r a l n o r t e s u g r a noleaje favorable.

—Páseme los partes me-teorológicos.

Cada aeropuerto encomiabasu t i empo c la ro , su c i e lotransparente, su buena brisa.Una tarde dorada había vesti-do a América. Rivière se re-gocijó por el celo que mostra-ban las cosas. Ahora el correoluchaba en alguna parte en laaventura de la noche, pero conlas mejores posibilidades.

R i v i è r e a p a r t ó e l c u a -de rno .

—Bien .

1 Partes comunicados por medio de la radio, eltelégrafo o los periódicos, con noticias sobre de-terminados temas, como las condiciones atmos-féricas, el resultado de una batalla, etc.

standard = centralita- Dispositif permettant, dans un réseau télépho-

nique peu important, de mettre en relation laligne du demandeur avec celle du demandé.

se vanter = jactarse, vanagloriarse, presumir[encomiar Alabar con encarecimiento a unapersona o cosa.]

- 1. Absolt. Exagérer ses mérites ou déformer lavérité par vanité.

- 2. (Fin XIIe). SE VANTER DE : tirer vanité, seglorifier de (qqch. de vrai ou de faux).

* metía** cuadro de la centralita

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesEt sor t i t j e t e r un coup

d ’ o e i l s u r l e s s e r v i c e s ,veilleur de nuit qui veillaitsur la moitié du monde.

- - -

Devant une fenêtre ouverteil s’arrêta et comprit la nuit.Elle contenait Buenos Aires,mais aussi, comme une vastenef , l ’Amér ique . I l nes’étonna pas de ce sentimentde grandeur : le ciel de Santi-a g o d u C h i l i , u n c i e lé t r a n g e r, m a i s u n e f o i s l ec o u r r i e r e n marche versSantiago du Chili, on vivait,d’un bout à l’autre de la ligne,sous la même voûte profonde.Cet autre courrier maintenantdont on guettait la voix dans lesécouteurs de T.S.F., les pêcheursde Patagonie en voyaient luireles feux de bord. Cette inquié-tude d’un avion en vol quandelle pesait sur Rivière, pesaitaussi sur les capitales et lesprovinces, avec le gronde-ment du moteur.

H e u r e u x d e c e t t e n u i tb i en dégagée , i l s e souve -n a i t d e n u i t s d e d é s o r d r e ,o ù l ’ a v i o n l u i s e m b l a i td a n g e r e u s e m e n t e n f o n c ée t s i d i f f i c i l e à s ecou r i r.O n s u i v a i t d u p o s t e r a d i ode Buenos Aires sa p la in tem ê l é e a u g r é s i l l e m e n td e s o r a g e s . S o u s c e t t eg a n g u e s o u r d e , l ’ o r d el ’ o n d e m u s i c a l e s e p e r -da i t . Que l le dé t resse dansl e c h a n t m i n e u r d ’ u nc o u r r i e r j e t é e n f l è c h eaveug le ve rs l e s obs tac lesde l a nu i t !

- - -

Rivière pensa que la placed’un inspecteur, une nuit deveille, est au bureau.

— Fai tes-moi chercherRobineau.

Robineau était sur lé pointde faire d’un pilote son ami.Il avait, à l’hôtel, devant luidéballé* sa valise; elle livrait

Y, vigilante nocturno quevelaba sobre la mi tad de lmundo (2), salió a echar unvistazo a los servicios.

Se detuvo ante una venta-na abierta y abarcó la noche.Contenía a Buenos Aires ,pero también, como una enor-me nave, a toda América. Nose asombró de aquel senti-miento de grandeza: el cielode Santiago de Chile era uncielo extranjero; pero, puestoen marcha el correo haciaSantiago de Chile, se vivía deun extremo a otro de la líneabajo la misma bóveda profun-da. Del otro correo, cuya vozse acechaba en los receptoresde T. S. H., los pescadores dePatagonia veían brillar las lu-ces de a bordo. Cuando la [54]inquietud de un avión en vue-lo pesaba sobre Rivière (3),pesaba también sobre las ca-pitales y las provincias con elronroneo del motor.

Feliz por aquella noche tandespejada, se acordaba de lasnoches de desorden en las quee l avión se le antojabapeligrosamente hundido y muydifícil de socorrer. Desde la es-tación radiotelegráfica de Bue-nos Aires se seguía su gemidomezclado con los chirridos delas to rmentas . Ba jo aque-l l a g a n g a ( 4 ) s o r d a , s ep e r d í a e l o r o d e l a o n d amus ica l . ¡Qué angus t i a ene l canto* menor (5) de uncorreo lanzado como flechaciega contra los obstáculosde la noche!

Rivière pensó que el puesto deun inspector, en noche de guar-dia, se hallaba en la oficina.

—B ú s q u e n m e aR o b i n e a u .

Robineau estaba a puntode hacerse amigo de un pilo-to. Había abierto** ante él enel hotel su maleta, que ofre-

2 Es decir, la zona del mundo sumergida en 1anoche, a través de la cual efectúan su recorridolos aviones de vuelo nocturno, esos aviones queluchan «en alguna parte en la aventura de la no-che». Rivière se considera responsable de losvuelos nocturnos: por eso «velaba sobre la mitaddel mundo», y dos líneas más abajo se dice que«abarcaba» la noche.

3 Nótese el doble significado de «inquietud de unavión»: sobre Rivière pesa no sólo la inquietudpor el avión, sino la inquietud del piloto. Aquí, comoen tantas otras ocasiones, el avión está personifi-cado e identificado con el hombre que lo maneja.

4 Esta palabra, tomada del campo semántico mine-ral, prepara la metáfora «oro» aplicada a la ondamusical. Se crea así una especie de ecuación deimágenes: «los chirridos de las tormentas» son a la«onda musical» como la «ganga» al «oro». La com-paración se ve reforzada por la sinestesia que pro-duce el adjetivo «sorda» acompañando a «ganga».

5 En tono menor, y, como tal, melancólico, doloro-so, sin triunfalismos.

* tono menor

sorti et étalé** deshecho

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesces menus objets par quoi lesinspecteurs se rapprochent dureste des hommes : quelqueschemises de mauvais goût, unnécessaire de toilette, puisune photographie de femmemaigre que l’inspecteur piquaau mur. I l f a i s a i t a i n s i àPel le r in l ’humble confes -sion de ses besoins, de sestendresses, de ses regrets .Alignant dans un ordre mi-sérable ses trésors, il étalaitdevant le pilote sa misère.Un eczéma moral. I l mon-trait sa prison.

M a i s p o u r R o b i n e a u ,comme pour tous les hom-mes, existait une petite lu-mière. Il avait éprouvé unegrande douceur en tirant dufond de sa valise, précieu-sement enveloppé, un petitsac. Il l’avait tapoté long-temps sans r ien dire. Puisdesserrant enfin les mains :

— J ’ a i r a m e n é ç a d uSahara . . .

L’inspecteur avait rougid’oser une telle confidence.Il était consolé de ses déboi-res et de son infortune con-jugale, et de toute cette grisevérité par de petits caillouxnoirâtres qui ouvraient uneporte sur le mystère.

Rougissant un peu plus :

— On trouve les mêmes auBrésil...

E t P e l l e r i n a v a i t t a -p o t é l ’ é p a u l e d ’ u n i n s -p e c t e u r q u i s e p e n c h a i ts u r l ’ A t l a n t i d e .

Par pudeur, Pellerin avaitdemandé :

— Vous aimez la géologie ?

— C’est ma passion.

Seules, dans la vie, avaientété douces pour lui, les pierres.

- - -R o b i n e a u , q u a n d o n

cía esos pequeños objetos porlos que los inspectores se pa-recen a los demás hombres:algunas camisas de dudosogusto, un neceser completo deaseo, la fotografía de una mu-jer delgada, que el inspectorclavó en la pared. De estemodo hacía a Pellerin la hu-milde confesión de sus nece-sidades, de sus ternuras, desus pesares. Alineando en unorden [56] miserable sus teso-ros, extendía ante el piloto sumiseria. Un eczema moral.Mostraba su prisión.

Sin embargo, paraRobineau, como para todos loshombres, existía una pequeñaluz. Experimentó una gran dul-zura al sacar del fondo de sumaleta un pequeño estuche,cuidadosamente envuelto. Ledio unos golpecitos largo ratosin decir nada. Luego, abrien-do por fin las manos:

—H e t r a í d o e s t o d e lSahara...

El inspector enrojeció dehaberse atrevido a tal confi-dencia. Se consolaba de sussinsabores, de su infortunioconyugal y de toda esa grisverdad, con pequeños guija-rros negruzcos que abrían unapuerta al misterio.

Enrojeciendo un poco más:

—L o s h a y i g u a l e s e nB r a s i l . . .

Y Pe l l e r in d io unosgolpecitos en el hombro de uninspector que se inclinaba so-bre la Atlántida (6).

Por pudor Pellerin habíapreguntado:

—¿Le gusta la geología?

—Es mi pasión.

Sólo las piedras habían sidodulces para él en la vida.

Cuando recibió la llamada,

6 La Atlántida es el continente mítico situado en-tre África y América —límites indicados aquí porel Sahara e Brasil respectivamente—, que segúnla leyenda se hundió a consecuencia de un cata-clismo unos 9600 años a. C. La Atlántida viene aser el símbolo de la evasión de Robineau hacia el«misterio», para consolarse de sus «sinsabores»,de su «infortunio conyugal», de su vida «gris».

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesl ’ a p p e l a , f u t t r i s t e , m a i sredev in t d igne .

— Je dois vous quitter, M.Rivière a besoin de moi pourquelques décisions graves.

Quand Robineau pénétraau bureau, Rivière l ’avai toublié. Il méditait devant unecarte murale où s’inscrivait enrouge le réseau de la Compa-gnie. L’inspecteur attendaitses ordres. Après de longuesminutes, Rivière, sans détour-ner la tête lui demanda :

— Que pensez-vous decette carte, Robineau ?

Il posait parfois des rébusen sortant d’un songe.

— Cette carte, monsieur ledirecteur...

L’ i n s p e c t e u r , à v r a id i r e , n ’ e n p e n s a i t r i e n ,mais , f ixant la car te d’una i r sévère, il inspectait engros l’Europe et l’Amérique.Rivière d’ai l leurs poursui-vai t , sans lu i en fa i re par t ,ses méditations : « Le visagede ce réseau es t beau maisdur. I l nous a coûté beau-coup d’hommes, de jeuneshommes . I l s ’ impose i c i ,avec l ’autor i té des chosesb â t i e s , m a i s c o m b i e n d eproblèmes il pose! » Cepen-dan t , l e bu t pour R i v i è r edominai t tout .

Robineau, debout auprès delui, fixant toujours, droit de-vant soi, la carte, peu à peuse redressait. De la part deRivière, il n’espérait aucunapitoiement.

I l avai t une fois tenté sachance en avouan t sa v iegâchée par sa r id icule in-f irmité , e t Rivière lui avai trépondu par une boutade :« Si ça vous empêche de dormir,ça stimulera votre activité. »

Ce n’était qu’une demi-boutade. Rivière avait cou-tume d’affirmer : « Si les in-

Robineau se entristeció, pero re-cobró de nuevo su dignidad.

—Debo dejarlo; el señorRivière me necesita para algu-nas decisiones graves.

Cuando Robineau penetróen la oficina, Rivière lo había[57] olvidado. Meditaba anteun mapa mural donde se des-tacaba en rojo la red de laCompañía. El inspector espe-raba órdenes. Después de lar-gos minutos, Rivière, sin vol-ver la cabeza, le preguntó:

—¿Qué p iensa de e s t emapa, Robineau?

A veces planteaba jeroglíficosal despertar de un sueño (7).

— E s t e m a p a , s e ñ o rd i rector. . .

En realidad el inspector nopensaba nada, pero, exami-nando resueltamente el mapacon aire severo, inspecciona-ba a bulto Europa y América.Rivière, por otra parte, prose-guía, sin comunicárselas, consus meditaciones: «El rostrode esta red es hermoso, peroduro. Nos ha costado muchoshombres, y hombres jóvenes.Ya se va imponiendo aquí conla autoridad de las cosas yaconstruidas, pero ¡cuántosproblemas plantea!» No obs-tante, para Rivière el fin lodominaba todo.

R o b i n e a u , d e p i e a s ul a d o , e x a m i n a n d o a ú n e lmapa con la misma firmeza,se enderezaba poco a poco.De Rivière no esperaba nin-guna compasión.

Una vez había probado suer-te confesando su vida destroza-da por causa de su ridícula en-fermedad, y Rivière le había res-pondido con un exabrupto:

«Si eso le impide dormir,estimulará su actividad.»

Era un exabrupto a me-dias, pues Rivière acostum-braba a afirmar: «Si el in-

7 Robineau, que no comprende la profundidad delos pensamientos y preocupaciones de Rivière, loconsidera sumergido en un sueño. Cf. también cap.XXI: «Rivière despertaba de un sueño tan profun-do, tan lejano, que tal vez ni había notado aún lapresencia de Robineau» (pág. 154).

rebus- 1. Ensemble de dessins, de mots, de chiffres,

de lettres utilisant des identités ou similitudesformelles et des différences de sens (homo-nymies) pour évoquer une phrase (ex. : nezrond, nez pointu, main = Néron n’est pointhumain).

- 2. Vx. Mauvais jeu de mots.- 3. Écriture difficile à lire.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notessomnies d’un musicien lui fontcréer de belles oeuvres ce sontde belles insomnies. » Un jouril lui avait désigné Leroux : «Regardez-moi ça comme c’estbeau, cette laideur qui re-pousse l’amour.. . » Tout ceque Leroux avait de grand,il le devait peutêtre à cettedisgrâce qui avait réduit savie à celle du métier.

— Vous êtes très lié avecPellerin?

— Euh!...

— Je ne vous le reproche pas.

Rivière fit demi-tour, et,la tête penchée, marchant àpetits pas, il entraînait aveclu i Rob ineau . Un sou r i r etriste lui vint aux lèvres, queRobineau ne comprit pas.

— Seulement... seulementvous êtes le chef.

— Oui, fit Robineau.

Rivière pensa qu’a ins i ,c h a q u e n u i t , u n e a c t i o ns e n o u a i t d a n s l e c i e lc o m m e u n d r a m e . Unfléchissement des volontéspouvait entraîner une défaite,on aurai t peutêtre à lut terbeaucoup d’ici le jour.

— Vous devez rester dansvotre rôle.

Rivière pesait ses mots :

— Vous commanderezpeut-être à ce pilote, la nuitprochaine, un départ dange-reux : il devra obéir.

— Oui...

— Vous disposez presquede la v ie des hommes, e td’hommes qui valent mieuxque vous...

Il parut hésiter.

— Ça, c’est grave.

Rivière, marchant toujours

s o m n i o d e u n m ú s i c o l ohace crear hermosas obras,es un hermoso insomnio.»Un día se había referido aLe roux : «Dígame si no eshermosa esa fealdad que re-chaza el amor...» Todo lo quede grande tenía Leroux lo [58]debía tal vez a aquella desgra-cia, que había reducido suvida entera a la del oficio.

—¿Es us ted amigo dePellerin?

—Pues...

—No se lo reprocho.

Rivière dio media vuelta y,con la cabeza inclinada, andan-do a pasos cortos, arrastró con-sigo a Robineau. Una tristesonrisa, que Robineau no com-prendió, le vino a los labios:

—Sólo que... sólo que us-ted es el jefe.

—Sí —dijo Robineau.

R i v i è r e p e n s ó q u e d ee s a m a n e r a c a d a n o c h ese desarrollaba una acción enel cielo como un drama (8).Una f lexión de voluntadespodía acarrear un desastre; talvez habría que luchar muchohasta que se hiciera de día.

—Debe permanecer usteden su papel.

Rivière pesaba sus palabras:

La próxima noche tal veztendrá que ordenar a ese pi-loto una salida peligrosa: ten-drá que obedecer.

—Sí...

—Dispone usted casi dela vida de los hombres , yhombres que valen más queusted...

Pareció titubear.

—Eso es grave...

Rivière, que seguía andan-

8 Etimológicamente drama significa «acción». Launión de ambas palabras (acción/drama), con eldoble sentido de 1a segunda, subraya el aspectodramático de estos vuelos pioneros, que ya vimosen el capítulo II (nota 2).

tramar, urdir, anudar

doblegamiento, sumisión, repliegue

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesà petits pas, se tut quelques se-condes.

— Si c’est par amitié qu’ilsvous obéissent, vous les du-pez. Vous n’avez droit vous-même à aucun sacrifice.

— Non... bien sûr.

— Et , s ’ i l s c ro ien t quev o t r e a m i t i é l e u r é p a r -g n e r a c e r t a i n e s c o r v é e s ,v o u s l e s d u p e z a u s s i : i lf aud ra b i en qu ’ i l s obé i s -sen t . Asseyez-vous l à .

Rivière doucement, de lam a i n , p o u s s a i t R o b i n e a uvers son bureau.

— Je vais vous mettre àvotre place, Robineau. Si vousêtes las, ce n’est pas à ceshommes de vous soutenir.Vous êtes le chef. Votre fai-blesse est ridicule. Ecrivez.

— Je...

— Ecrivez : « L’inspecteurRobineau inflige au pilote Pel-lerin telle sanction pour telmotif... » Vous trouverez unmotif quelconque.

— Monsieur le directeur!

— Faites comme si vousme compreniez, Robineau.Aimez ceux que vous commandez.Mais sans le leur dire.

Robineau, de nouveau,avec zèle, ferait nettoyer lesmoyeux d’hélice.

Un terrain de secours com-muniqua par T.S.F. : « Avionen vue. Avion signale :

« Baisse de régime, vais at-terrir. »

On perdra i t sans douteune demi-heure. Rivière con-nut cette irritation que l’oné p r o u v e q u a n d l e r a p i d estoppe sur la voie, et que lesminutes ne dé l ivren t p lusl e u r l o t d e p l a i n e s . L agrande aiguille de la penduledécrivait maintenant un es-

do a pasos cortos, se callóunos segundos.

Si lo obedecen por amis-tad, está engañándolos us-ted. No tiene usted derechoa ningún sacrificio (9).

[59]—No... ciertamente.

—Y si ellos creen que laamistad de usted les ahorraráalguna tarea ingrata, tambiénestá engañándolos: será abso-lutamente necesario que obe-dezcan. Siéntese ahí.

Rivière empujaba suave-mente con la mano a Robineauhacia su mesa.

—Lo voy a poner en supuesto, Robineau. Si está can-sado, no tienen por qué sos-tenerlo esos hombres. Ustedes el jefe. La debilidad de us-ted es ridícula. Escriba.

—Yo...

Esc r iba : «E l in spec to rRobineau impone al pilotoPellerin tal sanción por talmotivo...» Encuentre un mo-tivo cualquiera.

—¡Señor director!

—H a g a c o m o s i l o e n -t e n d i e r a , R o b i n e a u .A m e a l o s q u e m a n d a .P e r o s i n d e c í r s e l o .

Robineau, con gran celo,ordenará otra vez limpiar loscubos de hélice.

Una pista de socorro co-municó por T. S. H.: «Avión ala v is ta . Avión comunica :«Bajo de régimen; voy a ate-rrizar».»

Se perdería sin duda me-d i a ho ra . R iv i è r e expe r i -mentó esa irritación que sesiente cuando el tren expre-so se detiene en la vía y losminutos dejan de entregar sulote de l lanuras . La agujam a y o r d e l r e l o j r e c o r r í aahora un espac io muer to :

9 Rivière, que no duda en sacrificar una vida a laempresa colectiva del vuelo nocturno, quiere acla-rarle a Robineau que no tiene derecho a exigir poramistad lo que sus hombres han de hacer por de-ber y entrega.

régimenEstado de una máquina o dispositivo cuando

funciona de un modo regular y permanente.

lot = lote- 1. Partie d’un tout que l’on partage entre

plusieurs personnes.- 2. Quantité de marchandises.- 3. Ce qui échoit à qqn; ce que le hasard, la

destinée, la nature lui réserve, lui donne enpartage.

TO SANCTION es sancionar para aprobar,confirmar, castigar.

SANCIONAR 1. Dar fuerza de ley a unadisposición. 2. Autorizar o aprobar cualquieracto, uso o costumbre. 3. Aplicar una sancióno castigo.

SANCTION [EN] Y SANCIÓN coinciden casicompletamente como pena, ratificación,castigo, confirmación aprobación, pero sancióntiene como primera denotación según elDRAE ley, estatuto, y que en inglés es law,decree, statute

SANCIÓN [DRAE][1. f. Estatuto o ley. 2.Acto solemne por el que el jefe del Estadoconfirma una ley o estatuto. 3. Pena que laley establece para el que la infringe. 4. Maldimanado de una culpa o yerro y que es comosu castigo o pena. 5. Autorización oaprobación que se da a cualquier acto, uso ocostumbre.

SANCTION [FR] A) 1. Hist., dr. Acte parlequel le souverain, le chef du pouvoir exécutifrevêt une mesure législative de l'approbationqui la rend exécutoire. 2. (1762). Fig. -Approbation, confirmation, consécration,ratification. La sanction de l'autoritépublique à l'oppression du faible (- Destructif,cit. 2). 3. Conséquence inéluctable. B) 1.(1765). Dr. Peine ou récompense prévuepour assurer l'exécution d'une loi. 2. (XXe).Cour. Peine établie par une loi pour réprimerun acte.

RETRIBUCIÓN [DRAE] 1. f. Recompensa opago de una cosa.

retribución no es retribution sinoremuneration, compensation, reward, pay,payment, salary, fee

retribution [EN] justo castigo, pena merecidaDivine Retribution, castigo divino

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notespace mor t : t an t d ’événe-m e n t s a u r a i e n t p u t e n i rd a n s c e t t e o u v e r t u r e d ecompa s. Rivière sortit pourtromper l’attente, et la nuitlui appa r u t v i d e c o m m e u nthéâ t r e s ans ac t eu r. « Unet e l l e nu i t qu i s e pe rd ! » I lr e g a r d a i t a v e c r a n c u n e ,par la fenêtre, ce ciel décou-vert , e n r i c h i d ’ é t o i l e s ,c e b a l i s a g e d i v i n , c e t t elune, l ’or d’une te l le nui tdilapidé.

M a i s , d è s q u e l ’ a v i o nd é c o l l a , c e t t e n u i t p o u rR i v i è r e f u t e n c o r e é m o u -v a n t e e t b e l l e . E l l e p o r -t a i t l a v i e dans se s f l ancs .R i v i è r e e n p r e n a i t s o i n

— Quel temps rencontrez-v o u s ? f i t - i l d e m a n d e r àl’équipage.

Dix secondes s’écoulèrent :

« Très beau. »

P u i s v i n r e n t q u e l q u e snoms de villes franchies, etc’é ta i t pour Rivière , dansc e t t e l u t t e , d e s c i t é s q u itombaient.

VII

Le radio navigant du cour-rier de Patagonie, une heureplus tard, se sentit soulevédoucement, comme par uneépaule. Il regarda autour de lui: des nuages lourds éteignaientles étoiles. Il se pencha vers lesol : il cherchait les lumièresdes villages, pareilles à cellesde vers luisants cachés dansl’herbe, mais rien ne brillaitdans cette herbe noire.

Il se sentit maussade, en-trevoyant une nuit difficile :marches, contremarches, terri-toires gagnés qu’il faut rendre.Il ne comprenait pas la tacti-

tantos acontecimientos hu-b ie ran pod ido acaece r enaquella abertura de compás(10). Rivière salió para ma-tar la espera, y la noche lepareció vacía, como un tea-tro sin actor. «¡Que se pier-da una noche así!» Por laventana miraba con rencora q u e l c i e l o d e s p e j a d o ,enriquecido de estrellas, aquel[60] balizaje divino, aquellaluna, el oro dilapidado de unanoche así.

Pero, en cuanto despegó denuevo el avión, la noche fuepara Rivière aún más emocio-nante y más hermosa. Lleva-ba la vida en sus flancos (11).Rivière cuidaba de ella.

—Q u é t i e m p o e n c u e n -tran? —mandó preguntar ala t r ipulación.

Transcurrieron diez segundos:

—Muy bueno.

Luego l legaron algunosnombres de ciudades atrave-sadas, que para Rivière eranen aquella lucha ciudades quese rendían.

[61]

VII

Una hora más tarde elradiotelegrafista del correo dePatagonia se sintió suavementelevantado, como si lo tirasen deun hombro. Miró a su alrededor:pesadas nubes oscurecían lasestrellas. Se inclinó hacia tie-rra: buscaba las luces de lasciudades, parecidas a las deluc iérnagas ocul tas en lahierba, pero nada relucía enaquella hierba negra.

Previendo una noche difí-cil, se sintió de mal humor:marchas, contramarchas, te-rritorios ganados que es pre-ciso ceder. No comprendía la

10 El ángulo formado por las agujas en 1a esfera.

11 La noche, que hace poco «le pareció vacía,como un teatro sin actor»—de nuevo 1a connota-ción de la palabra drama—, vuelve a llenarse aldespegar el avión, vuelve a estar viva. Y Rivièrevuelve asentir su alegre y dolorosa responsabili-dad (cf. anteriores notas 2 y 3). A principios delcapítulo VIII dirá: «Esta noche, con mis dos co-rreos en vuelo, soy responsable del cielo entero»(pág. 68).

maussade- 1. Qui est peu gracieux, peu avenant; qui

laisse voir de la mauvaise humeur*.- 2. Qui inspire de l’ennui

X

¡tenían apagadas?

son comillas

malgastado

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesque du pilote ; il lui semblaitque l’on se heurterait plusloin à l’épaisseur de la nuitcomme à un mur.

Maintenant, il apercevait,en face d’eux, un miroitementimperceptible au ras de l’ho-rizon : une lueur de forge. Ler a d i o t o u c h a l ’ é p a u l e d eF a b i e n , m a i s c e l u i - c i n ebougea pas .

Les premiers remous del’orage lointain attaquaientl’avion. Doucement soule-vées, les masses métalliquesp e s a i e n t c o n t r e l a c h a i rmême du radio, puis sem-blaient s’évanouir, se fon-dre, et dans la nuit, pendantquelques secondes, il flottaseul. Alors il se cramponnades deux mains aux longeronsd’acier.

Et comme il n’apercevaitplus rien du monde que l’am-poule rouge de la carlingue, ilfrissonna de se sentir descen-dre au coeur de la nuit, sanssecours, sous la seule protec-tion d’une petite lampe de mi-neur. Il n’osa pas déranger lepilote pour connaître ce qu’ildéciderait, et, les mains ser-rées sur l’acier, incliné enavant vers lui, i l regardaitcette nuque sombre

- - -

Une tête et des épaulesimmobiles émergeaient seu-les de la fa ible c lar té . Cecorps n’étai t qu’une masses o m b r e , a p p u y é e u n p e uver s l a gauche , l e v i sageface à l ’ o r age , l a v é sansd o u t e p a r c h a q u e l u e u r .Mais le radio ne voyai t r i end e c e visage. Tout ce quis’y pressai t de sentim e n t sp o u r a ff r o n t e r u n e t e m -p ê t e : c e t t e m o u e , c e t t ev o l o n t é , c e t t e c o l è r e ,t o u t c e q u i s ’ é c h a n -g e a i t d ’ e s s e n t i e l , e n t r ec e v i s a g e p â l e e t , l à -b a s , c e s c o u r t e sl u e u r s , r e s t a i t p o u rl u i i m p é n é t r a b l e .

táctica del piloto; le parecíaque más allá chocaría contrala espesura de la noche, comocontra un muro.

Descubría ahora, frente aellos, un fulgor imperceptiblesobre la línea del horizonte:un resplandor de fragua. Elradiotelegrafista tocó en elhombro a Fabien, pero éste nose inmutó.

[64] Los primeros remoli-nos de la lejana tormenta ata-caban el avión. Suavemente le-vantadas, las masas metálicaspesaban (1) contra la carne mis-ma del radiotelegrafista; lue-go parecían desvanecerse ,fundirse, y durante algunossegundos flotó solo en la no-che. Entonces se agarró consus dos manos a los larguerosde acero.

Y como no distinguía otracosa en el mundo que la bom-billa roja de la carlinga, seestremeció al sentirse descen-der en el corazón de la noche,sin ayuda, bajo la sola protec-ción de una pequeña lámparade minero. No osó molestar alpiloto para saber lo que iba adecidir y, con las manos apre-tadas sobre el acero, inclina-do hacia su camarada, mirabala oscura nuca de éste.

Sólo la cabeza y unos hom-bros inmóviles se destacabanen la débil claridad. Aquelcuerpo no era más que unamasa oscura, algo ladeada a laizquierda, con el rostro vueltoa la tempestad, lavada sinduda por cada fulgor. Pero elradiotelegrafista no veía nadade aquel rostro. Todos los sen-timientos que en él se agolpa-ban para afrontar una tempes-tad: aquel gesto, aquella vo-luntad, aquella cólera, todo loque de esencia l seintercambiaba entre aquel ros-tro pálido y los breves resplan-dores que surgían allá en lohondo seguía siendo para élimpenetrable.

1 Aquí el verbo pesar tiene un sentido pasivo paralos aviadores, que sufren el agobio y la inseguri-dad de la tormenta. En cambio más abajo tendráun sentido activo: «Aquellas manos, cerradas so-bre los mandos, pesaban ya sobre la tempestad.»Y lo mismo en el capítulo X: «Aquellos anchoshombros pecaban va contra el cielo» (pág. 85).

lueur- 1. Lumière* faible, affaiblie ou diffuse; lumière

éphémère.- 2. Expression vive et momentanée (du regard).- 3. Par métaphore ou fig. Illumination soudaine,

faible ou passagère; légère apparence outrace.

- 4. Littér. (Au plur.). Des lueurs : des connais-sances superficielles sur un sujet.

moue- Grimace que l’on fait en avançant, en resser-

rant les lèvres

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

I l dev ina i t pou r t an t l ap u i s s a n c e r a m a s s é e d a n sl’immobilité de cette ombre,et i l l’aimait. Elle l’empor-tait sans doute vers l’orage,mais aussi elle le couvrait .Sans doute ces mains, fer-mées su r l e s commandes ,pesaient déjà sur la tempête,comme sur la nuque d’unebête, mais les épaules plei-nes de fo rce demeura ien timmobiles, et l’on sentait làune profonde réserve.

Le radio pensa qu’aprèstout le p i lo te é ta i t respon-s a b l e . E t m a i n t e n a n t i ls a v o u r a i t , e n t r a î n é e ncroupe dans ce galop versl ’ i n c e n d i e , c e q u e c e t t efo rme sombre , l à , devan tlu i , expr imai t de matér ie le t de pesant , ce qu’el le ex-pr imai t de durable .

A gauche, faible comme unphare à éclipse, un foyer nou-veau s’éclaira.

Le radio amorça un gestepour toucher l’épaule de Fa-bien, le prévenir, mais il levit tourner lentement la tête,et tenir son visage, quelquessecondes , face à ce nouvele n n e m i , p u i s , l e n t e m e n t ,reprendre sa pos i t ion pr i -mitive. Ces épaules toujoursimmobiles, cette nuque ap-puyée au cuir.

VIII

Rivière é tai t sor t i pourmarcher un peu et tromper lemalaise qui le reprenait, etlui, qui ne vivait que pourl’action, une action dramati-que, sentait bizarrement ledrame se déplacer, devenirp e r s o n n e l . I l p e n s aqu’autour de leur kiosque àmusique les petits bourgeoisdes pet i tes vi l les vivaient

Adivinaba, sin embargo, lapotencia concentrada en la in-movilidad de aquella sombra,y la estimaba. Sin duda lo [65]arrastraba hacia la tormenta,pero también lo cubría. Sinduda aquellas manos (2), ce-rradas sobre los mandos, pe-saban y a sobre la tempestadcomo sobre la nuca de unabestia, pero los hombros car-gados de fuerza seguían inmó-viles y se adivinaba en ellosuna profunda reserva.

El radiotelegrafista pensóque en definitiva el piloto erae l r e sponsab le . Y ahora ,arrastrado en la grupa delavión en aquel galope hacia elincendio, saboreaba todo loque aquella oscura figura, allí, de-lante de él, expresaba de material yde fuerte, todo lo que expre-saba de perdurable.

A la izquierda, débil como unfaro en eclipse, un nuevo fuegose iluminó.

El radiotelegrafista retuvoun gesto para tocar el hombrode Fabien y prevenirlo; perolo vio volver lentamente lacabeza, y mantener su rostrounos segundos frente al nue-vo enemigo; luego, lentamen-te, tomar de nuevo su posiciónprimitiva. Los hombros se-guían inmóviles, y la nucaapoyada sobre el cuero.

[67]

VIII

Rivière había salido paraandar un poco y engañar aquelmalestar que volvía a domi-narlo, y él, que sólo vivía parala acción —una acción dramá-tica, sentía extrañamente queel drama (1) se desplazaba, sehacía personal. Pensó que, al-rededor de su quiosco de lamúsica, los pequeños burgue-ses de las pequeñas ciudades

2 Véase cap. IX, nota 3.

1 Nótese la gradación acción - acción dramática -drama (cf. cap. VI, nota 8), y el desplazamiento designificado hacia la tragedia íntima, «personal».Comp. con cap. XIV: «Los elementos afectivos deldrama empezaban a aparecen» (pág. 109).

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesune vie d’apparence silen-c i e u s e , m a i s q u e l q u e f o i slourde aussi de drames : lamaladie, l’amour, les deuils,et que peutêtre... Son propremal lui enseignait beaucoupde choses : « Cela ouvre certai-nes fenêtres » , pensait-il.

Puis, vers onze heures dus o i r, r e s p i r a n t m i e u x , i ls’achemina dans la directiondu bureau. Il divisait lente-ment, des épaules, la foulequi stagnait devant la bou-che des cinémas. Il leva lesyeux vers les étoiles, qui lui-saient sur la route étroite,presque effacées par les af-fiches lumineuses, et pensa: « Ce soir avec mes deuxcourriers en vol, je suis res-ponsable d’un c ie l en t ie r.Cette étoile est un signe, quime cherche dans cette foule,et qui me trouve : c’est pour-quoi je me sens un peu étran-ger, un peu solitaire.

Une phrase musicale lui revint: quelques notes d’une so-nate qu’il écoutait hier avecd e s a m i s . S e s a m i sn’avaient pas compr is : «Cet art-là nous ennuie et vousennuie, seulement vous nel’avouez pas. »

— Peut-être... » avait-il répondu.

Il s’était , comme ce soir,s en t i so l i t a i r e , ma i s b i envite avai t découvert la r i -chesse d’une telle solitude.Le message de cette musi-que venait à lui, à lui seulparmi les médiocres, avec ladouceur d’un secret. Ainsile signe de l’étoile. On luip a r l a i t , p a r - d e s s u s t a n td’épaules, un langage qu’ilentendait seul.

Sur le trottoir on le bousculait; il pensa encore : « Je ne mefâcherai pas. Je suis semblableau père d’un enfant malade, quimarche dans la foule à petitspas. Il porte en lui le grand si-lence de sa maison. »

Il leva les yeux sur les

vivían una vida en aparienciasilenciosa, pero a veces car-gada también de dramas: laenfermedad, el amor, la muer-te, y tal vez... Su propia do-lencia le enseñaba muchascosas: «Eso abre ciertas ven-tanas (2)», se decía.

[68] Luego, hacia las oncede la noche, respirando yamejor, se encaminó a la ofici-na. Lentamente se abría pasoa codazos entre el gentío quese agolpaba ante la puerta delos cines. Levantó los ojoshacia las estrellas, que lucíansobre la estrecha calle, borra-das casi por los anuncios lu-minosos, y pensó: «Esta no-che, con mis dos correos envuelo, soy responsable delcielo entero. Esa es t re l la esun s igno que me busca en-tre esta muchedumbre, y queme encuentra; por eso mesiento algo extranjero, algosolitario.»

Se acordó de una frasemusical: unas notas de una so-nata que escuchaba ayer conunos amigos. Sus amigos nola habían comprendido:

—Ese arte nos aburre y loaburre, sólo que usted no loconfiesa.

—Tal vez . . . r e spond ió .

Se hab ía sen t ido , comoh o y, s o l i t a r i o , p e r o m u yp r o n t o h a b í a d e s c u b i e r t ola r iqueza de t a l so ledad .El mensaje de aquella músicavenía a él, sólo a él, entre losmediocres, con la suavidad deun secreto. Como el mensajede la estrella. Alguien le ha-blaba, por encima de tantoshombros, en un lenguaje quesólo él entendía.

Lo empujaban por la ace-ra; pensó aún: «No me enfa-daré. Me parezco al padre deun niño enfermo, que anda enmedio de la multitud a pasoscortos. Lleva en sí el gran si-lencio de su hogar.»

Levan tó los o jos sobre

2 Nuevas ventanas abiertas al sentido de la vida fsus múltiples significados posibles (cf. cap. IX, nota2).

Xrester immobile, languir, être inert

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Noteshommes. Il cherchait à re-connaître ceux d’entre euxqui promenaient à petits pasleur invention ou leur amour,et il songeait à l’isolement desgardiens de phares.

- - -

Le silence des bureaux,lui plut. Il les traversa lente-ment, l’un après l’autre, etson pas sonnait seul. Les ma-chines à écr i re dormaientsous les housses . Sur les dos-siers en ordre les grandes ar-moires étaient fermées. Dixannées d’expérience et detravail. L’idée lui vint qu’ilvisitait les caves d’une ban-que ; là où pèsent les riches-ses. Il pensait que chacun.de ces registres accumulaitm i e u x q u e d e l ’ o r : u n eforce vivante. Une force vi-vante mais endormie, commel’or des banques.

Quelque part il rencontre-rai t l ’unique secrétaire deveille . Un homme travaillaitquelque part pour que la viesoi t cont inue, pour que lav o l o n t é s o i t c o n t i n u e , e ta ins i , d ’esca le en esca le ,pour que jamais , de . Tou-louse à Buenos Aires, ne serompe la chaîne.

« Cet homme-là ne sait passa grandeur. »

L e s c o u r r i e r s q u e l q u epart luttaient. Le vol de nuitdurait comme une maladie :il fallait veiller . Il fallait as-sister ces hommes qui, desmains et des genoux, poi-trine contre poitrine, affron-taient l’ombre, et qui ne con-naissaient plus, ne connais-saient plus rien que des cho-ses mouvantes , invis ibles ,dont il fallait, à la force desb r a s a v e u g l e s , s e t i r e rc o m m e d ’ u n e m e r. Q u e l saveux terribles quelquefois: « J’ai éclairé mes mainspour les voir... » Velours desmains révélé seul dans cebain rouge de photographe.Ce qu’il reste du monde, et

los hombres . In ten taba re -conoce r a l o s que pasea -ban a pasos cor tos su in -venc ión o su amor, y pen-saba en l a so ledad de lostorreros de los fa ros .

Le agradó el silencio de lasoficinas. Iba atravesándolaslentamente, una tras otra, y suspasos resonaban solos. Las[70] máquinas de escribir dor-mían bajo los hules*. Losgrandes armarios estaban ce-rrados sobre los expedientesen orden. Diez años de expe-riencia y de trabajo. Se le ocu-rrió que visitaba los subterrá-neos de un Banco; allí dondesopesan las riquezas. Pensabaque cada uno de aquellos re-gistros acumulaba algo mejorque el oro: una fuerza viva (3).Una fuerza viva pero dormida,como el oro de los Bancos.

En alguna parte encontra-ría al único secretario de ser-vicio. Un hombre trabajaba enalguna parte para que la vidatuviese continuidad, para quela voluntad tuviese continui-dad, y así, de escala en esca-l a , pa ra que j amás , deToulouse a Buenos Aires, serompiera la cadena.

«Ese hombre desconoce sugrandeza.»

En alguna parte los correosluchaban. El vuelo nocturnoduraba como una enfermedad:era preciso velar. Era precisoasistir a aquellos hombres quecon las manos y con las rodi-l l a s , pecho con t ra pecho ,afrontaban la oscuridad, y queno conocían nada más, abso-lutamente nada más, que co-sas movedizas, invisibles, delas que había que salir, comode un mar, a fuerza de bra-zos c iegos . ¡Qué terr iblesconfesiones a veces! «He ilu-minado mis manos para ver-las...» Manos de terciopelo,sólo reveladas en aquel bañorojo de fotógrafo (4). Lo úni-co que queda en el mundo y

3 ha acción y la energía humana necesaria parallevarla a cabo son siempre albo vivo. El autor uti-liza con frecuencia términos del campo semántico«vida».

4 Alude a la luz escasa de la cabina, roja como lautilizada por los fotógrafos en la cámara oscurapara revelar películas (cf. cap. XI, nota 1).

* fundas de hule

Se pierde la idea de vela o vigía ocentinela de alguien mientras los demás

duermen vela en tierra por lo máspreciado en vuelo como el vigía el oro

durmiente en un banco

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesqu’il faut sauver.

Rivière poussa la portedu bureau de l’exploitation.Une seu le l ampe a l luméec r é a i t d a n s u n a n g l e u n eplage c la i re . Le c l iquet i sd’une seule machine à écriredonnait un sens à ce silence,sans le combler. La sonneriedu téléphone tremblait par-fois ; alors le secrétaire degarde s e l evai t , e t m a r -c h a i t v e r s c e t a p p e l r é -p é t é , o b s t i n é , t r i s t e . L esecrétaire de garde décro-chait l’écouteur et l’angoisseinvisible se calmait : c’étaitune conversation très doucedans un coin d’ombre. Puis,impassible, l’homme revenaità son bureau, le visage fermépar la solitude et le sommeil,sur un secret indéchiffrable.Quelle menace apporte unappel, qui vient de la nuit dudehors, lorsque deux cour-r iers sont en vol? Rivièrepensait aux télégrammes quitouchent les famil les sousles lampes du soir, puis aumalheur qui, pendant des se-condes presque éternelles,reste un secret dans le visagedu père. Onde d’abord sansforce, si loin du cri jeté, sicalme. Et, chaque fois, il en-tendait son faible écho danscette sonnerie discrète. Et,chaque fois, les mouvementsde l’homme, que la solitudefaisait lent comme un nageurentre deux eaux, revenant del’ombre vers sa lampe, commeun plongeur remonte, lui pa-raissaient lourds de secrets.

— Restez. J’y vais.

Rivière décrocha l’écou-teur, reçut le bourdonnementdu monde.

— Ici, Rivière.

Un faible tumulte, puis unevoix

— Je vous passe le posteradio.

Un nouveau tumulte, celui

hay que salvarlo.

Rivière empujó la puertade la oficina de la explota-ción. Una sola lámpara encen-dida creaba en un ángulo unazona clara. El martilleo deuna sola máquina de escribirdaba sentido a aquel silencio,sin colmarlo (5). El timbre del[71] teléfono temblaba a ve-ces; entonces el secretario deguardia* se levantaba y se di-rigía hacia aquella llamadarepetida, obstinada, triste. Elsecretario de guardia descol-gaba el receptor y la angustiainvisible se calmaba: era unaconversación muy suave en unrincón de sombra. Luego, im-pasible, el hombre volvía a sumesa, el rostro cerrado por lasoledad y el sueño, sobre unsecreto indescifrable. ¿Quéamenaza trae una llamada,que viene de la noche exte-rior, cuando dos correos estánen vuelo? Rivière pensaba enlos telegramas que les llegana las familias bajo las lámpa-ras nocturnas, y en la desgra-cia que durante unos segundoscasi eternos sigue siendo unsecreto sobre el rostro del pa-dre (6) . Onda pr imero s infuerza, tan lejos del grito lan-zado, tan tranquila. Percibíasu débil eco en cada discretotimbrazo. Y los movimientosdel hombre, al que la soledadhacía lento como un nadadorentre dos aguas, volviendo dela oscuridad hacia su lámpa-ra, como un submarinista alremontarse, le parecían cadavez henchidos de secretos.

—No se mueva. Voy yo.

R i v i è r e d e s c o l g ó e laparato y oyó un murmullode gen te .

—Aquí Rivière.

Un débil tumulto, luegouna voz:

—Le pongo en comunicación conla estación radiotelegráfica.

Un nuevo tumulto, el de

5 La máquina de escribir da sentido al silencionocturno, porque significa que alguien en tierravela en el silencio, estableciendo un vínculocon los pilotos.

6 La comparación con el padre, que es el primeroen saber la noticia y por un momento lleva é1 soloel peso de la desgracia, empalma con lo que dijoun poco más arriba: «Me parezco al padre de unniño enfermo.»

* vigía

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesdes fiches dans le standard,puis une autre voix

— Ici, le poste radio. Nousvous communiquons les télé-grammes.

R i v i è r e l e s n o t a i t e thochait la tête :

— Bien... Bien...

Rien d’important. Des mes-sages réguliers de service. Riode Janeiro demandait un ren-seignement, Montevideo par-lait du temps, et Mendoza dematériel. C’étaient les bruitsfamiliers de la maison.

— Et les courriers?

— Le temps est orageux.Nous n’entendons pas les avi-ons.

— Bien.

Rivière songea que la nuitici était pure, les étoiles lui-santes, mais les radiotélégra-ph i s t e s d é c o u v r a i e n t e nel le l e souffle de lointainsorages.

— A tout à l’heure.

Rivière se levait, le secré-taire l’aborda

— Les notes de service,pour la signature, monsieur...

— Bien.

Rivière se découvrait uneg r a n d e a m i t i é p o u r c e thomme, que chargeait aussile poids de la nuit. « Un ca-marade de combat, pensaitR i v i è r e . I l n e s a u r a s a n sdoute jamais combien cetteveille nous unit. »

las clavijas en el cuadro; lue-go otra voz:

—Aquí la estación radiotelegráfica.Vamos a comunicarle los te-legramas.

[72] Rivière los anotaba ymeneaba la cabeza:

—Bien... Bien.

Nada importante. Mensa-jes regulares de servicio. Ríode Janeiro pedía una infor-mación, Montevideo habla-ba del t iempo, y Mendozadel material. Eran los ruidosfamiliares de la casa.

—¿Y los correos?

—El t iempo es tempes-tuoso. No oímos los avio-nes.

—Bien.

Rivière consideró que lanoche aquí era pura, las estre-l l a s b r i l l an tes , pe ro losradiotelegrafistas descubríanen ella él aliento de lejanastormentas.

—Hasta luego.

Rivière se levantó, el se-cretario lo abordó:

—Las notas del servicio(7) para la firma, señor...

—Bien.

Rivière descubría en sí unagran amistad por aquel hom-bre que cargaba también conel peso de la noche. «Un ca-marada de combate —pensa-ba Rivière—. No sabrá nun-ca, sin duda, cuánto nos uneesta vela (8).»

7 Datos, órdenes e instrucciones referentes a lamarcha de la compañía.

8 Se trata de esa solidaridad profunda, perodesconocida —de ahí aquel «Ame a los que man-da. Pero sin decírselo» (cap. VI, pág. 59), que dijoa Robineau—, que une a los hombres más allá delas fórmulas sonoras y huecas. Esa aran amis-tad» la expresa Rivière «velando» con él. Recuer-da un poco a aquel hombre de La caída, de Camus,acuso amigo había sido encarcelado, que se acos-taba todos los días en el suelo para no disfrutarde una comodidad que le era negada al ser queri-do». En el capitulo XI (pág. 91) volveremos a en-contrar esta «silenciosa fraternidad [que] ligabaen el fondo a Rivièrc con sus pilotos».

secouer; (de haut en bas ou de droiteà gauche)

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

IX

C o m m e , u n e l i a s s ede papiers dans les mains, ilrejoignait son bureau person-nel Rivière ressentit cette vivedouleur au côté droit , qui,depuis quelques semaines,le tourmentait.

« Ça ne va pas... »

Il s’appuya une secondecontre le mur

« C’est ridicule. »

Puis il atteignit son fauteuil.

Il se sentait, une fois de plus,ligoté comme un vieux lion, etune grande tristesse l’envahit.

« Tant de travail pour abou-tir à ça! J’ai cinquante ans;cinquante ans j’ai rempli mavie, je me suis formé, j’ai lutté,j’ai changé le cours des évé-nements et voilà maintenant cequi m’occupe et me remplit, etpasse le monde en impor-tance... C’est ridicule. »

I l a t t e n d i t , e s s u y a u npeu de sueur, et, quand il futdélivré, travailla.

Il compulsait lentement lesnotes.

« Nous avons constaté àBuenos Aires, au cours du dé-montage du moteur 301... nousinfligerons une sanction graveau responsable.

Il signa.

« L’escale de Florianopolisn’ a y a n t p a s o b s e r v é l e sinstructions... »

Il signa.

« Nous déplacerons parmesure disciplinaire le chefd’aéroplace Richard qui... »

Il signa.

Puis, comme cette douleur

[73]IX

Cuando volvía a su despa-cho particular, con un legajode pape les en l a mano ,Rivière experimentó en sucostado derecho el vivo dolorque desde hacía unas semanaslo atormentaba.

«No estoy bien...»

Se apoyó un segundo con-tra la pared:

«Esto es ridículo.»

Luego alcanzó su sillón.

Una vez más se sen t í aatado como un viejo león, yuna gran tristeza lo invadió.

«¡Tanto trabajo para aca-bar así! Tengo cincuenta años;en cincuenta años he llenadomi vida, me he formado, heluchado, he alterado el cursode los acontecimientos; y heaquí lo que ahora me ocupa,y me llena, y supera al mundoen importancia... Es ridículo.»

[74] Esperó, se enjugó unpoco de sudor, y, cuando se violibre, trabajó.

Examinaba lentamente lasnotas.

«Hemos comprobado enBuenos aires, mientras se des-montaba el motor 301... Im-pondremos una sanción graveal responsable.»

Firmó.

«La escala de Florianópolis(1), no habiendo observado lasinstrucciones . . .»

Firmó.

«Desplazaremos por medi-da disciplinaria al jefe de ae-ropuerto, Richard, que...»

Firmó.

Luego, como aquel dolor

1 Ciudad del Brasil meridional, capital del estadotic Santa Catarina, en la isla de Santa Catarina.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesau côté, engourdie, mais pré-sente en lui et nouvelle commeun sens nouveau de la vie,l’obligeait à penser à soi, ilfut presque amer.

« Suis-je juste ou injuste ?Je l’ignore. Si je frappe, lespannes diminuent. Le respon-sable, ce n’est pas l’homme,c’est comme une puissanceobscure que l’on ne touche ja-mais, si l’on ne touche pas toutle monde. Si j’étais très juste,un vol de nuit serait chaque foisune chance de mort. »

Il lui vint une certaine las-situde d’avoir tracé si dure-ment cette route. Il pensa quela pitié est bonne. Il feuilletaittoujours les notes, absorbédans son rêve.

« ... quant à Roblet, à par-tir d’aujour d’hui, il ne faitplus partie de notre person-nel. »

I l r ev i t ce v i eux bon-homme et la conversation dusoir

— Un exemple, que vou-lez-vous, c’est un exemple.

— Mais Monsieur... maisMonsieur.

Une fois, une seule, pensezdonc! et j’ai travaillé toute mavie!

— Il faut un exemple.

— Mais Monsieur!... Re-gardez, Monsieur!

A l o r s c e p o r t e f e u i l l eu s é e t c e t t e v i e i l l ef e u i l l e d e j o u r n a l o ùR o b l e t j e u n e p o s e d e b o u tp r è s d ’ u n a v i o n .

R i v i è r e v o y a i t l e sviei l les mains trembler surcet te gloire naïve.

— Ça date de 1910, Mon-sieur... C’est moi qui ai fait lemontage, ici, du premier aviond’Argentine ! L’aviation de-

en el costado, adormecidopero presente y nuevo comoun nuevo sentido de la vida(2), lo obligaba a pensar en sí,se sintió casi amargo.

«Soy justo o injusto? Loignoro. Si castigo , las averíasdisminuyen. El responsableno es el hombre, sino algocomo una potencia oscuraque jamás se alcanza si no sealcanza a todo el mundo. Sifuese muy justo, un vuelonocturno sería cada vez unpeligro de muerte.»

Lo invadió cierto cansan-cio por haber trazado tan du-ramente aquella vía. Pensóque la piedad es buena. Se-guía hojeando las notas, ab-sorto en su sueño.

[76] «... en cuanto a Roblet,a partir de hoy, dejará de for-mar parte de nuestro perso-nal.»

Volvió a ver a aquel buenviejo y la conversación de lanoche anterior.

—Un ejemplo, qué quiereusted? Es un ejemplo.

— P e r o , s e ñ o r ; p e r o ,s eño r.

Por una vez, sólo por una vez;piense usted en ello, ¡he tra-bajado toda mi vida!

Hace falta un ejemplo.

—Pero, señor... ¡Vea us-ted, señor!

Entonces surgió aquellagastada cartera y aquella vie-ja hoja de periódico dondeaparece Roblet, joven, al ladode un avión.

Rivière veía tamblar lasviejas manos (3) sobre aque-lla gloria ingenua.

Es el año 1910, señor. . .¡Fui yo quien montó aquí elprimer avión de Argentina!¡ L a a v i a c i ó n , d e s d e

2 La presencia del dolor es un interrogante, unanueva «semana» que cuestiona el sentido de lavida defendido por Rivière. Por eso se pregunta sies «justo o injusto», cuando antes «1e daba igualque lo tuviesen por justo o por injusto» y decíatranquilamente: «¿Justo o injusto con respecto aellos? Esto carece de sentido: ellos no existen.»Allí tenía la convicción de que el hombre «para elera cera virgen que había que moldean» (cap. IV,págs. 456). Aunque va apuntaba que esa aparen-te injusticia «crea voluntad», aleja el mal.

3 El viejo Roblet está reflejado en esa sinécdoqueobsesiva de sus «viejas manos». Las manos, sím-bolo de fuerza, de vida, de «acción», ahora lo sonde debilidad. Más abajo leemos: «Rivière veía denuevo sus manos... Pensaba en el chorro de ale-gría que bajaría sobre aquellas viejas manos.» Yva al final del capítulo evoca otra vez esa «manoque tiembla». En general, el tema (le las manos—o el de los dedos— es frecuente en esta nove-la. Lo mismo que las de Roblet, se mencionan endiferentes momentos las manos de Robineau, lasde Pellerin, las del piloto de Europa, las delradiotelegrafista, las del operador y, por supues-to, las de Fabien, al que ya hemos visto con «aque-llas manos, cerradas sobre los mandos», y pesan-do «sobre la tempestad como sobre la nuca deuna bestia» (cap. VII, pág. 65). Por otra parte, lasmanos serán algo muy importante para los escri-tores existencialistas y los de la esperanza huma-na (piénsese en las manos de Roquentin en Lanáusea, de Sartre, o en las de Katow poco antesde morir en La condición humana, de Malraux).No en vano Sartre ha llamado a Saint-Exupéry «elprecursor de una literatura de construcción» (véa-

Xfalta punto y aparte

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notespuis 1910... Monsieur, ça faitvingt ans! Alors, commentpouvez-vous dire... Et les jeu-nes, Monsieur, comme ils vontrire à l’atelier!... Ah! Ils vontbien rire!

— Ça, ça m’est égal.

— Et mes enfants, Mon-sieur, j’ai des enfants !

— Je vous ai dit : je vousoffre une place de manoeuvre.

— Ma dignité, Monsieur,ma dignité! Voyons, Mon-sieur, vingt ans d’aviation, unvieil ouvrier comme moi...

— De manoeuvre.

— Je refuse, Monsieur, jerefuse!

Et les vieilles mains trem-blaient, et Rivière détournaitles yeux de cette peau fripée,épaisse et belle.

— De manoeuvre.

— Non, Monsieur, non... Jeveux vous dire encore...

— Vous pouvez vous retirer.

Rivière pensa : « Ce n’estpas lui que j’ai congédié ainsibrutalement, c’est le mal dont iln’était pas responsable, peut-être, mais qui passait par lui.

« Parce que les événements,on les commande, pensait Ri-vière, et ils obéissent, et oncrée. Et les hommes sont depauvres choses, et on les créeaussi. Ou bien on les écarte lors-que le mal passe par eux. »

« Je vais vous dire en-core. . . » Que voulait-i l direce pauvre vieux ? Qu’on luiarrachait ses viei l les joies?Q u ’ i l a i m a i t l e s o n d e sout i l s sur l ’ac ier des avi -ons , qu ’on p r iva i t s a v i ed ’ u n e g r a n d e p o é s i e , e tpuis . . . qu’i l faut vivre ?

« Je suis très las » , pen-

1910. . . ! ¡Señor, hace vein-te años! Cómo puede ustedentonces decir. . .? ¡Y los jó-venes, señor, cómo se van a reíren el taller...! ¡Ah, cómo se vana reír!

[77] —Me da igual.

—¿Y mis h i jos , señor?¡Tengo hijos!

—Ya se lo he dicho: leofrezco una plaza de peón.

—¡Mi dignidad, señor, midignidad! Pero, señor, sonveinte años de aviación, unantiguo obrero como yo...

—De peón.

—¡Me niego, señor, meniego!

Las viejas manos tembla-ban , y R iv iè re apa r tó losojos de aquella piel ajada ,gruesa y bella.

—De peón.

—No, señor, no... Quierodecirle aún...

—Puede retirarse.

Rivière pensó: «No es a éla quien he despedido así, tanbrutalmente; es al mal (4) delque él tal vez no era responsa-ble, pero que pasaba por él.»

«Porque a los aconteci-mientos se los manda —pen-saba Rivière, y obedecen, yasí se crea. Y los hombres sonpobres cosas (5), y se los creatambién. O se los aparta cuan-do el mal pasa por ellos.»

«Quiero decir le aún. . .»¿Qué quería decir el pobreviejo? Que se le arrebatabansus viejas alegrías? Que ama-ba el ruido de las herramien-tas sobre el acero de los avio-nes, que se privaba a su vidade una gran poesía, y, ade-más..., que es preciso vivir?

«Es toy muy cansado» ,

se Apéndice. Cf. también cap. XI, nota 1).

4 Un poco más arriba lo ha definido como «unapotencia oscura que jamás se alcanza si no sealcanza a todo el mundo».

5 Es el precio de la «acción». Otra vez el hombrevuelve a ser «cera viren», una acosa» (cf. nota 2).

fripée = ajada, chafada, arrugada

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notessait Rivière. La fièvre montaiten lui, caressante. Il tapotait lafeuille et pensait : « J’aimaisbien le visage de ce vieux com-pagnon... » Et Rivière revoyaitces mains. Il pensait à ce fai-b l e m o u v e m e n t q u ’ e l l e sébaucheraient pour se join-dre. Il suffirait de dire : « Çava. Ça va. Restez. » Rivièrerêvai t au ruissel lement dejoie qui descendrait dans cesvieilles mains. Et cette joieque diraient, qu’allaient dire,non ce v i sag e , mais cesvieilles mains d’ouvrier, luiparut la chose la plus belle dumonde. « Je vais déchirer cettenote ? » Et la famille du vieux,et cette rentrée le soir, et cemodeste orgueil

« Alors, on te garde ?

— Voyons! Voyons ? C’estmoi qui ai fait le montage du pre-mier avion d’Argentine! »

Et les jeunes qui ne ri-raient plus, ce prestige re-conquis par l’ancien.. .

« Je déchire? »

Le téléphone sonnait, Ri-vière le décrocha.

Un temps long, puis cetterésonance, cette profondeurqu’apportaient le vent, l’es-pace aux voix humaines. En-fin on parla

Ici, le terrain. Qui est là?

Rivière.

Monsieur le directeur, le650 est en piste.

— Bien.

— Enfin, tout est prêt, maisnous avons dû, en dernièreheure, refaire le circuit électri-que, les connexions étaientdéfectueuses.

— Bien. Qui a monté lecircuit?

— Nous vérif ierons. Si

pensaba Rivière. La fiebre lesubía acariciarte. Golpeaba lahoja y pensaba: «Amaba mu-cho el rostro de ese viejocompañero...» Y Rivière veíade nuevo sus manos. Pensabaen aquel débil movimiento[78] que esbozar ían paraunirse. Bastaría decir: «Bien.Bien. Quédese.» Rivière pen-saba en el chorro de alegríaque bajaría sobre aquellasviejas manos. Y aquella ale-gría que dirían, que iban adecir, no el rostro, sino lasviejas manos de obrero, leparecía la cosa más hermosade l mundo . ««¿Rompo lanota?n Y la familia del viejo,y la vuelta por la noche, y elmodesto orgullo:

—¿Entonces, continúas?

—¡Pues claro! ¡Si fui yoquien montó el primer aviónde Argentina!

Y los jóvenes, que ya no sereirían más, y ese prestigio re-conquistado por el veterano...

«¿La rompo?»

Sonó el teléfono; Rivièrelo descolgó.

Un t iempo largo, luegoesa resonancia, esa profundi-dad que dan el viento y elespacio a la voz humana. Porfin habló:

—Aquí el campo. Quién está ahí?

—Rivière.

Señor director, el 650 estáen la pista.

—Bien.

—Todo l is to ya; pero aú l t ima hora hemos ten idoque rehacer el circuito eléc-t r ico: las conexiones erandefectuosas.

—Bien. ¿Quién ha montadoel circuito?

—Lo aver iguaremos . S i

Xfaltan comillas; ¿cuál es la razón y elfectos de esta puntuación?

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesvous le permettez, nous pren-drons des sanct ions : unepanne de lumière de bord, çapeut être grave!

— Bien sûr.

Rivière pensait : « Si l’onn’arrache pas le mal, quandon le rencontre, où qu’il soit,il y a des pannes de lumière :c’est un crime de le manquerquand par hasard il découvreses instruments : Roblet par-tira. »

L e s e c r é t a i r e , q u i n ’ arien vu, tape toujours.

— C’est?

— La comptabilité de quin-zaine.

— Pourquoi pas prête ?

— Je...

— On verra ça.

« C’es t cur ieux commeles événements prennent led e s s u s , c o m m e s e r é v è l eune g rande fo rce obscure ,l a m ê m e q u i s o u l è v e l e sf o r ê t s v i e rg e s , q u i c r o î t ,qui force, qui sourd de par-t o u t a u t o u r d e s g r a n d e soeuvres. » Rivière pensait àces temples que de pet i tesl ianes font crouler.

« Une grande oeuvre... »

Il pensa encore pour se ras-surer : « Tous ces hommes, jeles aime, mais ce n’est pas euxque je combats. C’est ce quipasse par eux... »

Son coeur battait des coupsrapides, qui le faisaient souf-frir.

« Je ne sais pas si ce que j’aifait est bon. Je ne sais pasl’exacte valeur de la vie hu-maine, ni de la justice, ni du cha-grin. Je ne sais pas exactementce que vaut la joie d’un homme.Ni une main qui tremble. Ni lapitié, ni la douceur... »

u s t e d l o p e r m i t e , a p l i c a -r e m o s s a n c i o n e s : ¡ u n aave r í a de luz a bo rdo pue -d e s e r g r a v e !

—Desde luego.

Rivière pensó: «Si no searranca el mal cuando se loencuentra, dondequiera queesté, se producen averías enla luz: es un crimen flaquearcuando por azar se descubrea sus instrumentos: Roblet seirá.»

El secretario, que no havisto nada, sigue tecleando.

[79] —¿Qué es?

—La contabilidad quince-nal.

—¿Por qué no está lista aún?

—Yo...

—Luego veremos eso.

«Es curioso ver cómo to-man la batuta los aconteci-mientos, cómo se muestra unaenorme fuerza oscura, la mis-ma que levanta las selvas vír-genes , que c rece , queforcejea, que ruge por todaspartes alrededor de las gran-des obras.» Rivière pensabaen esos templos que pequeñaslianas derrumban.

«Una gran obra. . .»

Pensó aún para t ranqui-l izarse : «Amo a todos es-tos hombres , y no los com-bato a e l los , s ino a lo quepasa por e l los . . .»

Su corazón la t ía a gol-pes rápidos, que lo hacíansufrir.

«No sé si lo que hago estábien. No sé cuál es el exactovalor de la vida humana, dela justicia, o de la tristeza.No sé exactamente lo quevale la alegría de un hombre.O una mano que tiembla. Ola piedad, o la dulzura...»

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

Il rêva :

« La vie se contredit tant,on se débrouille comme onpeut avec la vie... Mais du-rer, mais créer, échanger soncorps périssable... »

- - -

Riv ière ré f léchi t , pu issonna.

— Téléphonez au pilote ducourrier d’Europe. Qu’il vienneme voir avant de partir.

Il pensait

« Il ne faut pas que ce cour-rier fasse inutilement demi-tour. Si je ne secoue pas meshommes, la nuit toujours lesinquiétera. »

X

La femme du pilote, ré-veillée par le téléphone, re-garda son mari et pensa

— Je le laisse dormir en-core un peu.

Elle admirait cette poi-trine nue, bien carénée , ellepensait à un beau navire.

I l r e p o s a i t d a n s c e l i tcalme, comme dans un port,e t , pour que r ien n’agi tâ tson sommeil , e l le effaçai tdu doigt ce pli, cette ombre,cette houle , elle apaisait cel i t , c o m m e , d ’ u n d o i g tdivin, la mer.

Elle se leva, ouvrit la fe-nêtre, et reçut le vent dans levisage. Cette chambre domi-nait Buenos Aires. Une mai-son voisine, où l’on dansait,répandait quelques mélodiesqu’appor ta i t l e ven t , ca rc’était l’heure des plaisirs etdu repos. Cette ville serrait les

Meditó:

«La vida se contradice tan-to (6), que uno se las arreglacomo puede con la vida. . .Pero perdurar, crear, cambiarel cuerpo perecedero...»

Rivière reflexionó, luegollamó:

—Telefoneen al piloto delcorreo de Europa. Que vengaa verme antes de despegar.

[80] Pensaba:

«Es preciso que ese correono dé media vuelta inútilmen-te. Si no zarandeo a mis hom-bres, siempre los inquietará lanoche.»

[81]

X

La muje r de l p i lo to ,despertada por el teléfono,miró a su marido y pensó:

« L o d e j a r é d o r m i r u npoco más.»

Admiraba aque l pechodesnudo, b ien carenado* ;pensaba en un hermoso navío.

El piloto reposaba en ellecho tranquilo, como en unpuerto, y, para que nada agi-tase su sueño, ella borrabacon el dedo ese pliegue, esasombra, esa ola; apaciguabael lecho, como con un dedodivino el mar.

Se levantó, abrió la venta-na, y el viento le dio en el ros-tro. La habitación dominabaBuenos Aires. Una casa veci-na, donde estaban bailando,esparcía algunas melodías quetraía el viento, pues era lahora de los placeres y el re-poso. La ciudad encerraba a

6 Para Rivère la vida no es un valor supremo, pre-cisamente por sus contradicciones, porque «con-tra los hombres —como dirá más adelante— sepractica un juego donde cuenta tan poco el verda-dero sentido de las cosas...» (cap. XIII, pág. 102).Por eso Rivière no quiere dejarse dominar por las«apariencias», sino sacrificarse a la esencia, estoes, a la eternidad: de ahí el «perdurar, crear, cam-biar el cuerpo perecedero ...».

houle = movimiento tumultuoso de grandesolas, aunque no haya borrasca

- 1. Mouvement ondulatoire qui agite la mer sansfaire déferler les vagues [deferler=- 1. V. tr.Mar. Déployer (les voiles ou un pavillon).- 2.V. intr. (1787). Se dit des vagues qui sebrisent en écume en roulant sur elles-mê-mes.] (- Fuyant, cit. 3; onde, cit. 13). Forte,grosse houle (- Fatiguer, cit. 16; est, cit. 1,Chateaubriand). Houle d’ouragan. Le balan-cement de la houle (- Électricité, cit. 2).Canot (cit. 2) soulevé par la houle. Navirebalancé par la houle. - Roulis. - Hauteur de lahoule : dénivellation entre le creux et la crête.- Période de la houle : temps qui sépare lepassage de deux crêtes successives.

Au plur. Grosses vagues d’une mer agitée. Lefrisson (cit. 31) des houles. Navire ballottépar les houles. - Tangage.

- 2. (Après 1850). Par métaphore ou par anal. Lahoule d’un champ de blé sous la brise (-Haleine, cit. 31). Des houles de feuillages (-Bois, cit. 11, Leconte de Lisle).

Par métaphore ou fig. (- Foule, cit. 10). Unehoule humaine (- Battre, cit. 41). La houledes passions.

- 3. Littér. Mouvement qui forme des vagues;surface ondulée. - 1. Vague; ondulation. La

X¿¿??

* revestido

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Noteshommes dans ses cent milleforteresses; tout était calmeet sûr ; mais i l sembla i t àcet te femme que l’on al lai tc r i e r « A u x a r m e s ! » e tqu’un seul homme, le sien, sedresserait. Il reposait encore,mais son repos était le reposredoutable des réserves quivont donner. Cette ville en-dormie ne le protégeait pas :ses lumières lui sembleraientvaines, lorsqu’il se lèverait,jeune dieu, de leur poussière.Elle regardait ces bras solidesqui, dans une heure, porte-r a i en t l e so r t du cour r ie rd’Europe, responsables de quel-que chose de grand, comme dusort d’une ville. Et elle fut trou-blée. Cet homme, au milieu deces millions d’hommes, étaitpréparé seul pour cet étrangesacrifice. Elle en eut du cha-grin. Il échappait aussi à sadouceur. Elle l’avait nourri,veillé et caressé, non pour elle-même, mais pour cette nuit quiallait le prendre. Pour des lut-tes, pour des angoisses, pourdes victoires, dont elle ne con-naîtrait rien. Ces mains tendresn’étaient qu’apprivoisées, etleurs vrais travaux étaient obs-curs. Elle connaissait les sou-rires de cet homme, ses pré-cautions d’amant, mais non,dans l’orage, ses divines co-lères. Elle le ch a r g e a i t d et e ndres l iens : de musique,d’amour, de f leurs; mais, àl ’heure de chaque dépar t ,c e s l i e n s , s a n s q u ’ i l e np ar t i t sou ff r i r, t omba ien t .Il ouvrit les yeux.

— Quelle heure est-il?

— Minuit.

— Quel temps fait-il ?

— Je ne sais pas...

Il se leva. Il marchait len-tement vers la fenêtre en s’éti-rant.

— J e n ’ a u r a i p a s t r è sfroid. Quelle est la directiondu vent ?

los hombres en sus cien milfortalezas; todo estaba quietoy seguro; pero a aquella mu-jer [83] le parecía que alguieniba a gritar: «¡A las armas!»,y que sólo un hombre, el suyo,se erguiría. Descansaba aún,pero su descanso era el repo-so temible de las reservas quevan a consumirse. La ciudaddormida no lo protegía: susluces le parecer ían vanas,cuando se levantara, jovendios, de su polvo (1). Contem-plaba aquellos brazos sólidos,que dentro de una hora lleva-rían la suerte del correo deEuropa, responsables de algogrande, como la suerte de unaciudad. Se turbó. Aquel hom-bre, en medio de aquellos mi-llones de hombres, era el úni-co preparado para el extrañosacrificio. Se apenó. El esca-paba así a su dulzura. Ella lohabía alimentado, velado yacariciado, no para sí misma,sino para aquella noche queiba a arrebatárselo. Para lu-chas, para angustias, para vic-torias, de las que ella nadasabría. Aquellas manos tier-nas eran todo suavidad, perosus verdaderas tareas eran os-curas (2). Ella conocía lassonrisas de aquel hombre, susprecauciones de amante, perono sus cóleras divinas en me-dio de la tormenta. Ella lo car-gaba de tiernos lazos: de mú-sica, de amor, de flores; perocuando sonaba la hora de lapartida, caían los lazos sin queél pareciese sufrir por ello.

Abrió los ojos.

—¿Qué hora es?

— Las doce.

—¿Qué tiempo hace?

—No sé...

Se levantó. Andaba lenta-mente hacia la ventana, des-perezándose.

[84] —No tendré mucho frío.C u á l e s l a d i r e c c i ó n d e lviento?

1 Es decir, el polvo producido en el momento dedespegar.

2 De nuevo el simbolismo de las manos en su doblevertiente: «tiernas», para ofrecer y recibir esa «por-ción de eternidad» que vimos en el cap. I (nota 6),y a la vez dedicadas a «sus verdaderas tareas»,las de la acción, las que producen obras «durade-ras». Rivière, en cambio, entregado en cuerpo yalma a la causa, no ha tenido tiempo para el amor(cf. cap. 11, pág. .30).

houle d’une chevelure. La houle des monta-gnes à l’horizon.

X¿punto y aparte?

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes— Comment veux-tu que je

sache...

Il se pencha :

— Sud. C’est très bien. Çat i e n t a u m o i n s j u s q u ’ a uBrési l .

Il remarqua la lune et seconnut riche. Puis ses yeuxdescendirent sur la ville.

Il ne la jugea ni douce, nilumineuse, ni chaude. Il voyaitdéjà s’écouler le sable vain deses lumières.

— A quoi penses-tu ?

I l p e n s a i t à l a b r u m eposs ib le du côté de Por toAlegre.

— J’a i ma tac t ique . Jesais par où faire le tour.

Il s’inclinait toujours. Ilrespi ra i t profondément ,comme avant de se jeter, nu,dans la mer.

— Tu n’es même pastriste... Pour combien de jourst’en vas-tu?

Huit, dix jours. Il ne sa-vait pas. Triste, non; pour-quoi ? Ces plaines, ces villes,ces montagnes... Il partait li-bre, lui semblaitil, à leur con-q u ê t e . I l p e n s a i t a u s s iqu’avant une heure il possé-derait et rejetterait BuenosAires.

Il sourit :

— Cette ville... j’en seraisi vite loin. C’est beau departir la nuit. On tire sur lamane t t e de s gaz , f a ce auSud, e t d ix secondes p lustard on renverse le paysage,face au Nord. La ville n’estplus qu’un fond de mer.

E l l e p e n s a i t à t o u t c eq u ’ i l f a u t r e j e t e r p o u rc o n q u é r i r.

— Tu n’aimes pas ta mai-

—¿Cómo quieres que losepa...?

El se inclinó.

—Sur. Muy b i en . Es todura por lo menos hasta elBrasil.

Se fijó en la luna y se suporico. Luego sus ojos bajaronhacia la ciudad.

No la juzgó ni dulce, niluminosa, ni cálida. Veía yaderramarse la arena vana desus luces.

—¿En qué piensas?

El pensaba en la brumaposible por la parte de PortoAlegre (3).

—Tengo mi estrategia. Sé pordónde hay que dar la vuelta.

Seguía inclinado. Respi-raba profundamente, comoantes de lanzarse, desnudo,al mar.

— N i s i q u i e r a e s t á st r i s t e . . . C u á n t o s d í a s e s -t a r á s f u e r a ?

Ocho, diez días. No sabía.Triste, no; por qué? Aquellasllanuras, aquellas ciudades,aquellas montañas... Le pare-cía que marchaba, libre, a suconquista. Pensaba tambiénque antes de una hora po-seería y desecharía a BuenosAires.

Sonrió:

—Esta ciudad... muy pron-to estaré lejos. Es hermosomarcharse de noche. Se tira dela manecilla de los gases, caraal sur, y diez segundos más tar-de se invierte el paisaje, caraal norte. La ciudad no es ya másque un fondo de mar.

Ella pensaba en todo loque es preciso desechar paraconquistar.

[85] — ¿ N o t e g u s t a t u

3 Ciudad del Brasil meridional, capital del estadode Rio Grande do Sul, junto al Guaíba.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesson?

— J’aime ma maison...

Mais dé jà sa femme lesentait en marche. Ces largesépaules pesaient déjà contrele ciel.

Elle le lui montra.

— Tu as beau temps, taroute est pavée d’étoiles.

Il rit :

— Oui.

E l l e p o s a l a m a i n s u rcette épaule et s’émut de las e n t i r t i è d e : c e t t e c h a i rétai t donc menacée?. . .

— Tu es très fort, mais soisprudent!

— Prudent, bien sûr...

Il rit encore.

Il s’habillait. Pour cettefête, il choisissait les étoffesles plus rudes, les cuirs lesp lus lourds , i l s ’habi l la i tcomme un paysan. Plus il de-venait lourd, plus elle l’admi-rait. Elle-même bouclait cetteceinture, tirait ces bottes.

— Ces bottes me gênent.

— Voilà les autres.

— Cherche-moi un cordonpour ma lampe de secours.

Elle le regardait. Elle répa-rait ellemême le dernier défautdans l’armure tout s’ajustaitbien.

— Tu es très beau.

Elle l’aperçut qui se pei-gnait soigneusement.

— C’est pour les étoiles?

— C’est pour ne pas mesentir vieux.

— Je suis jalouse...

casa?

—Me gusta mi casa...

Pero ya su mujer lo sabíaen marcha. Aquellos anchoshombros pesaban (4) ya con-tra el cielo.

Ella se lo mostró:

—Tendrás buen tiempo, turuta está tapizada de estrellas.

El volvió a reír.

—Sí.

Ella le puso su mano sobreel hombro y se emocionó alsentirlo tibio: aquella carneestaba, pues, amenazada...?

—¡Eres muy fuerte, perosé prudente!

—Prudente, sí, claro...

Rió de nuevo.

Se ves t ía . Para aquel lafiesta (5) escogía las telas másrudas, los cueros más pesa-dos; se vestía como un cam-pesino (6). Cuanto más pesa-do se hacía, más lo admirabaella. Le ceñía el cinturón, ti-raba de sus botas.

—Estas botas me molestan.

—Aquí están las otras.

—Búscame un cordón parami lámpara de socorro.

Lo contemplaba. Ella mis-ma reparaba el último defectode la armadura: todo ajustababien.

—Eres muy hermoso.

Vio que se peinaba cuida-dosamente.

—¿Es para las estrellas?

[86] —Es para no sentirmeviejo.

—Estaré celosa...

4 Recuérdese lo dicho en la nota 1 del cap. VII.Un poco más abajo repite el mismo verbo: «Cuan-to más pesado se hacía...»

5 El piloto se viste con una especie de ritual, comoun guerrero o un caballero antiguo.

6 Ya a principios del capítulo II vimos 1a mismacomparación: «Tres pilotos... bajarían lentamen-te... como extraños campesinos que desciendende sus montañas» (pág. 25).

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

Il rit encore, et l’embrassa,et la serra contre ses pesantsvêtements. Puis il la souleva àbras tendus, comme on soulèveune petite fille, et, riant tou-jours, la coucha:

— Dors!

Et fermant la porte derrièrelui, il fit dans la rue, au milieude l’inconnaissable peuplenocturne, le premier pas de saconquête.

Elle restait là. Elle regar-dait, triste, ces fleurs, ces li-vres , ce t te douceur, quin’étaient pour lui qu’un fondde mer.

XI

Rivière le reçoit :

— Vous m’avez fait uneblague, à votre dernier cour-rier. Vous m’avez fait demitourquand les météos étaient bon-nes : vous pouviez passer.Vous avez eu peur ?

Le pilote surpris se tait. Ilfrotte l’une contre l’autre, len-tement, ses mains. Puis il re-dresse la tête, et regarde Ri-vière bien en face :

— Oui.

R iv iè re a p i t i é , au fondde lu i -même, de ce ga rçons i c o u r a g e u x q u i a e up e u r . L e p i l o t e t e n t e d es ’ e x c u s e r.

— Je ne voyais plus rien.Bien sûr, plus loin. . . peut-ê t r e . . . l a T. S . F. d i s a i t . . .Mais ma lampe de bord afaibl i , e t je ne voyais plusmes mains. J’ai voulu al lu-mer ma lampe de posi t ionpour au moins voir l ’ai le :

El volvió a reír, la besó, yla apretó contra su pesadavestimenta. Luego la levantóen vilo, como se levanta auna niña, y, sin dejar de reír,la acostó:

—¡Duerme!

Y, cerrando la puerta trasde sí, dio en la calle, en me-dio del nocturno pueblo in-cognoscible, el primer pasode su conquista.

Ella se quedó allá. Mira-ba, triste, las flores, los li-bros, la suavidad que para élno eran más que un fondo demar.

[87]

XI

Rivière lo recibe:

—Me ha gastado usted unabroma en su último correo. Hadado media vuelta cuando lospartes meteorológicos eranbuenos; podía haber pasado.¿Ha tenido miedo?

El piloto, sorprendido, secalla. Frota lentamente susmanos una contra otra. Luegoendereza la cabeza, y mira aRivière a la cara.

—Sí.

Rivière, en el fondo, sien-te piedad por este muchachotan valiente que ha tenidomiedo. El piloto trata de ex-cusarse:

—No veía absolutamentenada. Ciertamente, a lo le-jos... tal vez... la T. S. H. de-cía... Pero mi lámpara de bor-do se debilitaba, y no veía yamis manos (1). Quise encen-der mi [88] lámpara de posi-ción para distinguir por lo

1 «He iluminado mis manos para verlas...», leí-mos en el cap. VIII (pág. 70). El momento del pe-ligro empieza a hacerse palpable cuando el pilotoni siquiera y e sus manos. La misma imagen esta-rá presente en 1a mente de Rivière cuando sepaque Fabien va a desaparecer en medio del hura-cán. «Rivière piensa en la mano de Pabien» (cap.XVIII, pág. 134).

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesje n’ai r ien vu. Je me sen-tais au fond d’un grand troudont i l é tai t diff ici le de re-monter. Alors mon moteurs’est mis à vibrer.

— Non.

— Non?

— Non. Nous l’avons exa-miné depuis. Il est parfait. Maison croit toujours qu’un moteurvibre quand on a peur.

— Qui n ’aura i t pas eupeur! Les montagnes me do-minaient. Quand j’ai vouluprendre de l’altitude, j’ai ren-contré de forts remous. Voussavez quand on ne voit rien...les remous... Au lieu de mon-ter j’ai perdu cent mètres. Jene voyais même plus le gyros-cope, même plus les manomè-tres. Il me semblait que monmoteur baissait de régime,qu’il chauffait , que la pres-sion d’huile tombait. . . Toutça dans l’ombre, comme unemaladie. J’ai été bien con-t e n t d e r e v o i r u n e v i l l eéclairée.

— Vous avez trop d’imagi-nation. Allez.

Et le pilote sort.

- - -

Rivière s’enfonce dans sonfauteuil et passe la main dansses cheveux gris.

« C’est le plus courageuxde mes hommes. Ce qu’il aréussi ce soir-là est très beau,mais je le sauve de la peur... »

Puis, comme une tentationde faiblesse lui revenait :

« Pour se faire aimer, ilsuffit de plaindre. Je ne plainsguère ou je le cache. J’aime-rais bien pourtant m’entourerde l’amitié et de la douceurhumaines. Un médecin, dansson mét ier, les rencont re .Mais ce sont les événementsque je sers. Il faut que je forge

menos el ala, no veía nada.Me sentía en el fondo de ungran agujero por el que eradifícil remontarse. Entoncesel motor empezó a vibrar...

—No.

—¿No?

—No. Lo hemos examina-do. Está perfecto. Pero siem-pre se cree que un motor vi-bra cuando se tiene miedo.

—¡Quién no hubiese teni-do m i e d o ! L a s m o n t a ñ a sm e d o m i n a b a n . C u a n d oquise tomar a l tura , encon-tré fuertes remolinos. Ya sabeusted, cuando no se ve ni pizca...,los remolinos... En lugar de su-bir, perdí cien metros. Ni si-quiera veía el giroscopio, nisiquiera los manómetros (2).Me parecía que el motor dis-minuía de régimen, que se ca-lentaba, que la presión deaceite menguaba... Todo esoen la oscuridad, como una en-fermedad. Me alegró muchoel ver de nuevo una ciudadiluminada (3).

—Tiene usted demasiadaimaginación. Retírese.

Y el piloto sale.

Rivière se hunde en su si-llón y se pasa la mano por suscabellos grises.

«Es el más valiente de mishombres. Lo que logró esanoche es muy hermoso, peroyo lo salvo del miedo...»

Luego, como le volvieseuna tentación de debilidad:

[90] «Para hacerse amar, bas-ta compadecer. Yo no compa-dezco nunca, o lo oculto. Sinembargo me gustaría muchorodearme de la amistad y dela dulzura humanas. Un médi-co, en su profesión, las en-cuentra. Pero yo sirvo a losacontecimientos. Tengo que

2 Instrumento para indicar la presión de los ga-ses.

3 La luz de la ciudad disipa las tinieblas, que en-volvían hasta las manos, y devuelve (12) seguri-dad. Nótese el contraste con la referencia a la ciu-dad del capítulo anterior: «Veía va derramarse laarena vana de sus luces» (pág. 84).

tourbillons

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesles hommes pour qu’ils lesservent. Comme je la sensb ien ce t t e lo i obscure , l esoir, dans mon bureau, de-vant les feuilles de route. Sije me laisse aller, si je laisseles événements bien régléssuivre leur cours, alors, mys-tér ieux, na issent les inc i -dents. Comme si ma volontéseule empêchait l’avion dese rompre en vol, ou la tem-pête de retarder le courrieren marche. Je suis surpris,parfois, de mon pouvoir. »

Il réfléchit encore

« C’es t peut -ê t re c la i r.Ainsi la lutte perpétuelle dujardinier sur sa pelouse. Lepoids de sa simple main re-pousse dans la terre, qui la pré-pare éternellement, la forêtprimitive. »

Il pense au pilote

« Je le sauve de la peur. Cen’est pas lui que j’attaquais,c’est, à travers lui, cette résis-tance qui paralyse les hommesdevant l’inconnu. Si je l’écoute,si je le plains, si je prends ausérieux son aventure, il croira re-venir d’un pays de mystère, et c’estdu mystère seul que l’on a peur.I l f a u t q u e l e s h o m -m e s s o i e n t d e s c e n -d u s d a n s c e p u i t ss o m b r e , e t e n r e -m o n t e n t , e t d i s e n tqu’ils n’ont rien rencontré. Ilfaut que cet homme descendeau coeur le plus intime de lanuit, dans son épaisseur, etsa n s m ê m e c e t t e p e t i t el a m p e d e m i n e u r , q u in ’éc la i re que l e s ma ins oul ’ a i l e , m a i s é c a r t e d ’ u n el a r g e u r d ’ é p a u l e s l ’ i n -connu . »

- - -

Pourtant, dans cette lutte,une s i l enc ieuse f ra te rn i t éliait, au fond d’euxmêmes,Riv iè re e t s e s p i lo t e s .C’é ta ien t des hommes dumême bord, qui éprouvaient lemême désir de vaincre. Mais

forjar a los hombres para quelos sirvan. ¡Cómo siento esaleyoscura durante la noche enmi oficina ante las hojas deruta (4)! Si me dejo ir, si dejoque los acontecimientos bienregulados sigan su curso, en-tonces nacen misteriosamen-te los accidentes. Como siúnicamente mi voluntad impi-diera que el avión se estrella-se en pleno vuelo, o que latempestad retrasase el correoen marcha. Me sorprendo aveces de mi poder.»

Reflexionó aún:

«Es claro, tal vez. Es comola lucha perpetua del jardine-ro con su césped (5). El pesode su simple mano devuelveel bosque primitivo a la tie-rra, que lo está preparandoeternamente.»

Piensa en el piloto:

«Yo lo salvo del miedo. Nolo ataco a él, sino, a través deél, a esa resistencia que para-liza a los hombres ante lo des-conocido. Si lo escucho, si locompadezco, si tomo en seriosu aventura (6), creerá volverdel país del misterio, y sólodel misterio se tiene miedo.Es preciso que no haya másmisterios. Es preciso que loshombres desciendan a esepozo oscuro (7) y, al remon-tarlo, digan que no han encon-trado [91] nada. Es precisoque ese hombre descienda almás íntimo corazón de la no-che, en medio de su espesura,sin siquiera esa pequeña lám-para de minero que no alum-bra más que las manos o elala, pero que aparta a lo des-conocido a una braza de dis-tancia.»

No obstante, en medio deaquella lucha, una silenciosafraternidad ligaba en el fon-do a Rivière con sus pilotos.Eran hombres embarcados enla misma nave, que sentían elmismo deseo de vencer. Pero

4 las órdenes escritas para el despegue y trayec-to de los vuelos.

5 Sencilla metáfora para indicar la lucha contralos acontecimientos hostiles, como el jardinerocontra la naturaleza.

6 Rivière quiere que se considere «trabajo» lo queen realidad ha sido una aventura. Sólo así se pue-de quitar misterio al «misterio» y ganar terreno alo «desconocido».

7 Al principio del capítulo ha dicho el piloto: «Mesentía en c fondo de un gran agujero» (pág. 88).Ricière mantiene la metáfora del «pozo oscuro»,pero dándole la vuelta: es preciso que sus hom-bres bajen al pozo, al «corazón de la noche», «sinsiquiera esa pequeña lámpara de minero», paraque vean que aun así es posible salir del pozo yhacer retroceder «lo desconocido».

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesRivière se souvient des autresbatailles qu’il a livrées pourla conquête de la nuit.

On redoutait, dans les cerclesofficiels, comme une broussei n e x p l o r é e , c e t e r r i t o i r esombre. Lancer un équipage,à deux cents k i lomètres àl’heure, vers les orages et lesbrumes et les obstacles maté-riels que la nuit contient sansles montrer, leur paraissaitune aventure tolérable pourl’aviation militaire : on quitteun terrain par nuit claire, onbombarde , on rev ien t aumême terrain. Mais les servi-ces réguliers échoueraient lanuit. « C’est pour nous, avaitrépliqué Rivière, une questionde vie ou de mort, puisquenous perdons, chaque nuit,l’avance gagnée, pendant lejour, sur les chemins de fer etles navires. »

Rivière avait écouté, avecennui, parler de bilans, d’as-surances, et surtout d’opi-nion publique : « L’opinionpublique... ripostait-il, on lagouverne! » Il pensait : « Quede temps perdu! Il y a quelquechose.. . quelque chose quiprime tout cela. Ce qui est vi-vant bouscule tout pour vivreet crée, pour vivre, ses propreslois. C’est irrésistible. » Ri-vière ne savait pas quand nicomment l’aviation commer-ciale aborderait les vols denuit, mais il fallait préparercette solution inévitable.

I l se souvient des tapisverts, devant lesquels, le men-ton au poing, il avait écouté,avec un étrange sentiment deforce, tant d’objections. Elleslui semblaient vaines, con-damnées d’avance par la vie.Et il sentait sa propre force ra-massée en lui comme un poids: « Mes raisons pèsent , jeva incra i , pensa i t R iv iè re .C’est la pente naturelle desévénements. » Quand on luiréclamait des solutions par-faites, qui écarteraient tousles risques : « C’est l’expé-rience qui dégagera les lois,

Rivière se acuerda de las otrasbatallas que ha librado por laconquista de la noche.

En los círculos oficiales setemía como a una malezainexplorada a aquel territoriooscuro. Lanzar una tripula-ción a doscientos kilómetrospor hora hacia las tormentas,las brumas y los obstáculosmateriales que la noche con-tiene sin mostrarlos les pare-cía una aventura tolerable parala aviación militar; se abando-na un campo en noche clara,se bombardea, se vuelve alcampo de partida. Pero los ser-vicios regulares fracasaríanen la noche. «Para nosotroshabía replicado Rivière— esuna cuestión de vida o muer-te, puesto que perdemos porla noche lo que ganamos du-rante el día a los ferrocarrilesy navíos.»

Con tedio había oído ha-blar Rivière de balances, deseguros, y, sobre todo, deopinión pública: «¡r1 la opi-nión pública —replicabase lagobierna!» Pensaba: «¡Cuán-t o t i e m p o p e r d i d o ! H a yalgo.. . algo que aventaja atodo eso. Lo que vive lo atro-pella todo para vivir y paravivir crea sus [92] propiasleyes. Es irresistible.» Rivièreno sabía cuándo ni cómo laaviación comercial abordaríalos vuelos nocturnos, pero erapreciso preparar aquella solu-ción inevitable.

Rememora los tapices ver-des ante los cuales, con la bar-billa sobre el puño, había es-cuchado con un extraño sen-timiento de fuerza tantas ob-jeciones. Le parecían vanas,condenadas de antemano porla vida. Y sentía su propiafuerza, recogida en él comoun peso: «Mis razones pesan;venceré pensaba Rivière. Esla inclinación natural de losacontecimientos.» Cuando lereclamaban soluciones. per-fectas, que descartasen todoslos peligros: «La experiencianos dará las leves respondía—

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesrépondait-il, la connaissancedes lois ne précède jamaisl’expérience. »

Après une longue année delutte, Rivière l’avait emporté.Les uns disaient : « à cause desa foi », les autres : « à causede sa ténacité, de sa puissanced’ours en marche » , mais se-lon lui, plus simplement, parcequ’il pesait d a n s l a b o n n edirection.

M a i s q u e l l e s p r é c a u -t i o n s a u d é b u t ! L e s a v i -o n s n e p a r t a i e n t q u ’ u n eh e u r e a v a n t l e j o u r ,n ’ a t t e r r i s s a i e n t q u ’ u n eh e u r e a p r è s l e c o u c h e rd u s o l e i l . Q u a n d Rivièrese jugea plus sûr de son expé-rience, alors seulement il osapousser les courriers dans lesprofondeurs de la nui t . Apeine suivi , presque désa-voué, il menait maintenantune lutte solitaire.

Rivière sonne pour con-naître les derniers messagesdes avions en vol.

XII

Cependant, le courrier dePatagonie abordait l’orage, etFabien renonçait à le con-tourner . I l l ’est imait t ropétendu, car la ligne d’éclairss’enfonçait vers l’intérieurdu pays et révélait des forte-resses de nuages. Il tenteraitde passer par-dessous, et, sil’affaire se présentait mal, serésoudrait au demi-tour.

Il lut son altitude : millesept cents mètres. Il pesa despaumes sur les commandespour commencer à la réduire.Le moteur vibra très fort etl’avion trembla. Fabien corri-gea, au jugé, l’angle de des-cente, puis, sur sa carte, vérifia

; el conocimiento de las leyesno precede jamás a la expe-riencia (8).»

Después de un largo añode lucha, Rivière había ven-cido. Unos decían: «debidoa su fe»; otros: «debido a sutenacidad, a su potencia deoso en marcha»; pero , se-gún é l , s implemen te por -que gravitaba en la buenadirección.

Pero, ¡cuántas precaucio-nes en los comienzos! Losaviones no despegaban másque una hora antes de despun-tar el día, no aterrizaban másque una hora después de lapuesta del sol. Cuando Rivièrese sintió más seguro de su ex-periencia, sólo entonces seatrevió a enviar los correos alas profundidades de la noche.Apenas seguido, casi desauto-rizado, ahora mantenía una lu-cha solitaria.

Rivière llama para conocerlos últimos mensajes de losaviones en vuelo.

[93]

XII

Mientras tanto el correo dePatagonia abordaba la tormen-ta, y Fabien renunciaba a evi-tarla con un rodeo. La juzga-ba demasiado extendida, puesla línea de relámpagos se hun-día en el interior del país, des-cubriendo fortalezas de nubes.Intentaría pasar por debajo, ysi el asunto se presentaba mal,daría media vuelta.

Leyó su altura: mil sete-cientos metros. Apoyó lasmanos* sobre los mandos paraempezar a reducirla. El motorvibró muy fuerte y el avióntembló. Fabien corrigió a ojode buen cubero el ángulo dedescenso ; luego , sobre e l

8 Para conocer la realidad no basta enunciar hi-pótesis: has que meterse en ella. Sólo la acción,el riesgo, la experiencia, permiten enunciar levescon conocimiento de causa.

contourner= rodear, evitar soslayar, dar unrodeo(Sujet n. de chose ou de personne).Faire le tour de, passer autou

* palmas de las manos

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesla hauteur des collines : cinqcents mètres. Pour se conser-ver une marge, il navigueraitvers sept cents.

Il sacrifiait son altitudecomme on joue une fortune.

Un r emous f i t p longe rl’avion, qui trembla plus fort.Fabien se sentit menacé pard’invisibles éboulements . I lrêva qu’i l faisai t demi-toure t r e t r o u v a i t c e n t m i l l eé to i les , mais i l ne v i ra pasd’un degré .

F a b i e n c a l c u l a i t s e schances : i l s’agissait d’unorage local, probablement,p u i s q u e Tr e l e w, l a p r o -chaine escale, signalait unciel trois quarts couvert. Ils’agissait de vivre vingt mi-nutes à peine dans ce bétonnoir. Et pourtant le pi lotes’inquiétait . Penché à gau-che contre la masse du vent,il essayait d’interpréter leslueurs confuses qui, par lesnuits les plus épaisses, cir-c u l e n t e n c o r e . M a i s c en ’ é t a i e n t m ê m e p l u s d e slueurs. A peine des change-m e n t s d e d e n s i t é , d a n sl’épaisseur des ombres, ouune fatigue des yeux.

I l d é p l i a u n p a p i e r d ur a d i o :

« Où sommes-nous? »

Fab ien eû t donné che rpour le savoir. Il répondit :« J e n e s a i s p a s . N o u st r a v e r s o n s , à l a b o u s s o l e ,u n o r a g e . »

Il se pencha encore. Il étaitgêné par la flamme de l’échap-pement, accrochée au moteurcomme un bouquet de feu, s ip â l e q u e l e c l a i r d e l u n el ’ e û t é t e i n t e , m a i s q u i ,d a n s c e n é a n t , a b s o r b a i tl e m o n d e v i s i b l e . I l l ar e g a r d a . E l le était tresséedrue par le vent, comme laflamme d’une torche.

Chaque trente secondes,

mapa, verificó la altura delas colinas: quinientos metros.Para conservar un margen,navegaría a unos setecientos.

Sacrificaba su altura comoel que se juega una fortuna.

Un remolino hizo cabecear elavión, que tembló muy fuerte.Fabien se sintió amenazado porinvisibles hundimientos. [94]Soñó que daba media vueltay que encontraba de nuevocien mil estrellas, pero no viróni un solo grado.

Fabien calculaba sus posibi-lidades: probablemente se trata-ba de una tormenta local, puesTrelew (1), la próxima escala,anunciaba un cielo cubierto ensus tres cuartas partes. Se trata-ba de vivir veinte minutos ape-nas en medio de aquel negrohormigón. No obstante, el pilo-to se inquietaba. Inclinado a laizquierda contra la masa delviento, intentaba interpretar losconfusos resp landores quese pueden perc ib i r aun enl a s n o c h e s m á s e s p e s a s .Pero n i s iqu ie ra hab ía res -p l a n d o r e s . A p e n a s c a m -b ios de dens idad en e l e s -pesor de las sombras o unafa t iga de los o jos .

Desdob ló un pape l de lradiotelegrafista:

«Dónde estamos?»

Fabien hubiera dado cualquiercosa por saberlo. Respondió:

—No lo sé. Estamos atra-vesando una tormenta con labrújula.

Se inclinó más aún. Se sen-tía molesto por la llama delescape, agarrada a l motorcomo un penacho de fuego,tan pálida que el claro de laluna la hubiera extinguido, peroque en aquella nada absorbía elmundo visible. La contempló.El viento la había trenzadodu r a m e n t e , c o mo lallama de una antorcha.

Cada t re in ta segundos ,

1 Ciudad argentina de la provincia de Chubut, si-tuada en la orilla izquierda del río Chubut.

drue- 1. [a] Adj. Qui présente des pousses serrées et

touffues.[b] Adv. Le blé pousse dru. Semer dru. La pluie,

la neige tombe dru. «Les balles pleuvaientdru comme mouches» (Littré).

- 2. Littér. Qui a poussé avec vigueur; qui estd’une «belle venue».

- 3. (Abstrait). Littér. Vigoureux, fort (en parlantdes productions de l’esprit, du langage).

- 4. Vieilli ou littér. (Personnes). Comparable àun végétal dru, pour la vigueur de la constitu-

X ¿?

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notespour vérifier le gyroscope etle compas, Fabien plongeaitsa tête dans la carlingue. Iln’osait plus allumer les fai-b les l ampes rouges , qu il ’éblouissaient pour long-temps, mais tous les instru-ments aux chiffres de radiumversaient une clamée pâled’as t r e s . Là , au mi l i eud’aiguilles et de chiffres, lepilote éprouvait une sécuritétrompeuse : celle de la cabinedu navire sur laquelle passe leflot. La nuit, et tout ce qu’elleportait de rocs, d’épaves, decollines, coulait aussi contrel’avion avec la même éton-nante fatalité.

« Où sommes-nous ? » luirépétait l’opérateur.

Fabien émergeait de nou-veau, et reprenait, appuyé àgauche, sa veille terrible. Ilne savait plus combien detemps, combien d’efforts ledé l iv re ra ien t de ses l i enssombres. Il doutait presqued’en être jamais délivré, caril jouait sa vie sur ce petitpap ie r, s a l e e t ch i f fonné ,qu’il avait déplié et lu millefois, pour bien nourrir son es-pérance : « Trelew : ciel troisquarts couvert , vent Ouestfaible. » Si Trelew était troisquarts couvert , on aperce-vrait ses lumières dans lesdéchirures des nuages . Amoins que...

La pâ le c la r t é p romiseplus loin l’engageait à pour-suivre; pour tan t , comme i ldou ta i t , i l g r i ffonna pourl e r a d i o : « J’ignore si jep o u r r a i p a s s e r . S a c h e z -m o i s ’ i l f a i t t o u j o u r sb e a u e n a r r i è r e . »

L a r é p o n s e l e c o n s -t e r n a :

« Commodoro signale :Retour ici impossible. Tem-pête. »

I l commençai t à devinerl ’offensive insol i te qui , dela Cordi l lère des Andes, se

para comprobar el giroscopioy el compás (2), Fabien hun-día su cabeza en la carlinga.No se atrevía a encender lasdébiles lámparas rojas, que locegaban [96] por largo tiem-po, pero todos los instrumen-tos, con cifras de radio, derra-maban una pálida claridad deastros. Allí, en medio de agu-jas y de cifras, el piloto expe-rimentaba una seguridad en-gañosa: la de la cabina delnavío sobre la que pasa eloleaje. La noche, y todo loque traía de rocas, pecios (3),colinas, corría también contrael avión con la misma asom-brosa fatalidad.

—¿Dónde estamos? —lerepetía el operador.

Fabien surgía de nuevo yreanudaba, apoyado a la iz-quierda, su vigilia terrible. Nosabía cuánto tiempo, cuántosesfuerzos lo librarían de aque-llas cadenas sombrías. Duda-ba casi de verse jamás libre deellas, pues se jugaba su vidasobre aquel pequeño papel,sucio y arrugado, que habíadesplegado y leído mil veces,para alimentar su esperanza:«Trelew: cielo cubierto en sustres cuartas partes, viento oes-te débil.» Si Trelew estabacubierto en sus tres cuartaspartes, distinguirían sus lucespor los desgarrones de lasnubes. A menos que...

La pálida claridad prometidamás lejos lo impulsaba a prose-guir; sin embargo, como las du-das lo acuciaban, garrapateó parael radiotelegrafista: «Ignoro sipodré pasar. Pregunte si de-trás de nosotros continúa elbuen tiempo.»

La respuesta lo dejó cons-ternado:

«Comodoro (4) anuncia:Vuelta aquí imposible. Tem-pestad.»

Empezaba a adivinar laofensiva insólita que, desde la[97] cordillera de los Andes,

2 Instrumento que sirve para comparar todas lasdirecciones con la del norte magnético, y que seutiliza a bordo de los buques y aeronaves paraseguir una ruta determinada.

3 Desde el momento en que Fabien se siente per-dido en medio de la tormenta, empiezan a multi-plicarse las metáforas marinas. Pecio es todo ob-jeto o resto flotante a merced de las olas, frag-mentos de naves naufragadas, etc.

4 Comodoro Rivadavia, ciudad argentina de la pro-vincia de Chubut, situada en el golfo de San Jor-ge. Está aproximadamente a medio camino entreSan Julián y Trelew.

tion, l’ardeur du tempérament.- 5. (XVIe-XVIIe). Vx. Gai, vif.

Epave = pecio = objeto o resto flotante amerced de las olas, fragmentos de navesnaufragadas, etc.

-I. Adj. (vx). Qui est égaré; dont le propriétaireest inconnu.

-II. N. f. (mod.).- 1. Dr. Objet mobilier égaré par son propriétaire.- 2. (1581, épave de mer; épave, 1690). Cour.

Coque d’un navire naufragé ou objet aban-donné en mer ou rejeté sur le rivage.

- 3. Fig. Ce qui reste après une destruction,après la ruine de qqch.

- 4. Personne désemparée qui ne trouve plus saplace dans la société.

X ¿?

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesr a b a t t a i t * v e r s l a m e r .Av a n t q u ’ i l e û t p u l e sa t t e i n d r e , l e c y c l o n er a f l e r a i t l e s v i l l e s .

- - -

« Demandez le temps deSan Antonio...

— S a n A n t o n i o a r é -pondu : « Vent Ouest se lèveet tempête à l ’Ouest . Cielquatre quarts couvert. » SanAntonio entend très mal àcause des paras i tes . J ’en-tends mal aussi. Je crois êtreobligé de remonter bientôtl’antenne à cause des déchar-ges. Ferez-vous demi-tour?Quels sont vos projets ?

— Foutez-moi la paix. De-mandez le temps de BahiaBlanca... »

- - -

« Bahia Blanca a répondu :« Prévoyons avant vingt minu-tes violent orage Ouest surBahia Blanca. »

— Demandez le temps deTrelew. »

- - -

« Trelew a répondu : Oura-gan t rente mètres secondeOuest et rafales de pluie. »

— Communiquez à BuenosAires : « Sommes bouchés detous les côtés, tempête se dé-veloppe sur mille kilomètres,ne voyons plus rien. Que de-vons-nous faire ? »

- - -

Pour le pi lote, cet te nuité t a i t s a n s r i v a g e p u i s -qu’elle ne conduisait ni versun port (ils semblaient tousi n a c c e s s i b l e s ) n i v e r sl ’ a u b e : l ’ e s s e n c e m a n -q u e r a i t d a n s u n e h e u r eq u a r a n t e . P u i s q u e l ’ o ns e r a i t o b l i g é , t ô t o u t a r d ,d e c o u l e r e n a v e u g l e ,d a n s c e t t e é p a i s s e u r.

se abatía* hacia el mar. An-tes de que hubieran podido al-canzarlas, el ciclón le arreba-taría las ciudades.

—Pregunte el tiempo deSan Antonio (5).

—San Antonio contesta:«Se levanta viento oeste ytempestad hacia oeste. Cielocubierto cuatro cuartos.» SanAntonio ove muy mal a causade los parásitos. Yo tambiénoigo mal. Creo que me veréobligado muy pronto a reco-ger la antena debido a las des-cargas. ¿Dará media vuelta?¿Cuáles son sus proyectos?

—Déjeme en paz . P re -gunte e l t i empo de BahíaBlanca.

—Bahía Blanca contesta:«Prevemos antes de veinteminutos violenta tormentaoeste sobre Bahía Blanca.»

—Pregunte el tiempo deTrelew.

—Trelew contesta: «Hura-cán treinta metros segundooeste y ráfagas de lluvia.»

—Comunique a BuenosAires: «Estarnos taponadospor todos lados, tempestad secierne sobre mil kilómetros,no vemos nada. ¿Qué debe-mos hacer?»

Para el piloto era aquéllauna noche s in ori l las (6) ,puesto que no conducía ni ha-cia un puerto (todos parecíaninaccesibles), [98] ni hacia elalba: la bencina se agotaríaantes de una hora cuarenta.Así que, más pronto o más tar-de, se vería obligado a descen-der como un ciego en medio deaquella espesura.

5 Ciudad argentina de la provincia de Río legro,en el litoral del golfo San Matías. Está a unos 250km al norte de Trelew.

6 Nótese cómo la noche tormentosa se ha con-vertido definitivamente en mar. Desde ahora abun-dan los términos tomados del campo semánticodel mar: «orillas», «puerto», «playa de arena do-rada», «encallado», «riberas», «pecios»...

X ¿ejemplo típico que no respeta puntua-ción?

¿?

raflairer- 1. V. tr. (De rafle, II.). Fam. Enlever, emporter

rapidement (ce qui tombe sous la main), sansrien laisser.

- 2. V. intr. (De rafle, I.). Jeu. Amener, faire unerafle*.

- 3. Franç. d’Afrique. V. intr. Faire une rafle.

rafale- 1. Coup de vent* soudain et assez violent.- 2. (1904). Ensemble des coups tirés rapide-

ment, à intervalles variables (par plusieursarmes, par une batterie ou par une armeautomatique).

- 3. (1931). Sports. Descente des avants grou-pés, au rugby.

- 4. Techn. (transports urbains). Successionrapprochée (de trains).

* desviaba de rumbo por impulso delviento o la corriente; volverse hacia el

mar

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

S’i l avai t pu gagner lejour...

Fabien pensait à l ’aubecomme à une plage de sabledoré où l’on se serait échouéaprès cette nuit dure. Sousl’avion menacé serait né le ri-vage des plaines. La terretranquille aurait porté ses fer-mes endormies et ses trou-peaux et ses collines. Toutesles épaves qui roulaient dansl’ombre seraient devenuesinoffensives. S’i l pouvait ,comme i l nagerai t vers lejour!

Il pensa qu’il était cerné .Tout se résoudrait , bien oumal, dans cette épaisseur.

C’est vrai. Il a cru quelque-fois, quand montait le jour,entrer en convalescence.

Mais à quoi bon fixer lesyeux sur l’Est, 0ù vivait le so-leil : il y avait entre eux unetelle profondeur de nuit qu’onne la remonterait pas.

XIII

— Le courrier d’Asuncionmarche bien. Nous l’auronsvers deux heures. Nous pré-voyons par contre un retardi m p o r t a n t d u c o u r r i e r d ePa ta g o n i e q u i p a r a î t e ndifficulté.

— Bien, monsieur Rivière.

— Il est possible que nousne l’attendions pas pour fairedécoller l’avion d’Europe : dèsl’arrivée d’Asuncion, vous nousdemanderez des instructions.Tenez-vous prêt.

Rivière relisait maintenantles télégrammes de protectiondes esca les du Nord . I l souvraient au courrier d’Europe

Si pudiera aguantar hastael día...

Fabien pensaba en el albacomo en una playa de arena do-rada, donde habría encalladodespués de aquella dura no-che. Bajo el avión amenaza-do nacería la ribera de lasllanuras. La tierra tranquilahabría l levado sus granjasdormidas, sus rebaños y susco l inas . Todos los pec iosque rodaban en la oscuridadse volverían inofensivos. Sipudiese, ¡cómo nadaría haciael día!

Pensó que estaba cercado.Todo se resolvería, bien o mal,en medio de aquella espesura.

Ciertamente. Algunas veceshabía creído, cuando amanecía,entrar en convalecencia.

Pero de qué sirve fijar losojos en el este, donde vive elsol? Había entre ambos talprofundidad de noche, quejamás podría remontarla.

XIII

—El correo de Asunciónsigue sin novedad. Estará aquídentro de dos horas. Preve-mos, en cambio, un retrasoimportante en el correo dePatagonia, que parece tenerdificultades.

—Bien, señor Rivière.

—Es posible que no lo es-peremos para hacer despegarel avión de Europa: en cuantollegue el de A s u n c i ó n , p í -d a n o s i n s t r u c c i o n e s .E s t é p r e p a r a d o .

Rivière releía ahora los te-legramas de protección (1) delas escalas norte. Abrían al co-rreo de Europa una ruta de

Telegramas que las escalas de la ruta envían a labase anunciando las condiciones atmosféricas.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesune route de lune : « Ciel pur,pleine lune, vent nul. » Lesmontagnes du Brésil, bien dé-coupées sur le rayonnementdu ciel , plongeaient droi t ,dans les remous d’argent de lamer, leur chevelure serrée deforêts noires. Ces forêts surlesquelles pleuvent, inlassa-blement, sans les colorer, lesrayons de lune. Et noires aussicomme des épaves, en mer, lesîles. Et cette lune, sur toute laroute, inépuisable : une fon-taine de lumière.

Si Rivière ordonnait le dé-part, l’équipage du courrierd’Europe entrerait dans unmonde stable qui, pour toutela nuit, luisait doucement. Unmonde où rien ne menaçaitl’équilibre des masses d’om-bres e t de lumière . Où nes’infiltrait même pas la ca-resse de ces vents purs, qui,s ’ i ls f ra îchissent , peuventgâter en quelques heures unciel entier.

Mais Rivière hésitait, enface de ce rayonnement ,comme un prospecteur en facede champs d’or interdits. Lesévénements, dans le Sud, don-naient tort à Rivière, seul dé-fenseur des vols de nuit. Sesadversaires tireraient d’un dé-sastre en Patagonie une posi-tion morale si forte, que peut-être la foi de Rivière resteraitdésormais impuissante; car lafo i de Rivière n’é ta i t pasébranlée : une f issure dansson oeuvre avai t permis ledrame, mais le drame mon-t ra i t la f i ssure , i l ne prou-va i t r i en d ’au t re . « Peu t -ê t re des pos tes d’observa-t ion sont- i l s nécessa i res àl’Oues t . . . On ver ra ça . » I lp e n s a i t e n c o r e : « J ’ a i l e sm ê m e s r a i s o n s s o l i d e sd ’ ins i s t e r, e t une cause demoins d ’acc iden t poss ib le: c e l l e q u i s ’ e s t m o n t r é e .» L e s é c h e c s f o r t i f i e n tl e s f o r t s . M a l h e u r e u s e -men t , con t r e l e s hommeson joue un jeu où comptesi peu le vrai sens des cho-s e s . L’ o n g a g n e o u l ’ o n

luna: «Cielo limpio, luna lle-na, viento nulo.» Las montañasdel Brasil, limpiamente recor-tadas sobre la luminosidaddel cielo, [100] hundían en losremolinos plateados del marsus espesas cabelleras de sel-vas negras. Esas selvas, sobrelas cuales llueven incansable-mente, sin colorearlas, los ra-yos de la luna. Y en el mar,negras también como pecios,las islas. Y, a lo largo de todala ruta, esa luna inagotable:un manantial de luz.

Si Rivière ordenara la sa-lida, la tripulación del correode Europa entraría en un mun-do estable que, durante todala noche, lucía dulcemente.Un mundo donde nada amena-zaba el equilibrio de las ma-sas de luz y de sombra. Don-de ni siquiera se insinuaba lacaricia de esos vientos puros,que, si arrecian, pueden estro-pear (2) en unas horas un cie-lo entero.

Pero Rivière t i tubeaba,frente a aquella luminosidad,como un buscador de o rofrente a vedados campos au-ríferos. Los acontecimientosen el sur quitaban la razón aRivière, único defensor de losvuelos nocturnos. Sus adver-sarios sacarían de un desastreen Patagonia una posiciónmoral tan fuerte, que tal vezharía impotente en adelante lafe de Rivière; pero la fe deRivière no había vacilado*:una grietas (3) en su obra ha-bría permitido el drama, peroel drama mostraba la grieta,no probaba nada más. «Talvez sean necesarias en el oes-te algunas estaciones de [102]observación... Lo estudiare-mos.» Pensaba además: «Ten-go las mismas razones sólidaspara insistir y una causa me-nos de posible accidente: laque acaba de mostrarse.» Losf racasos robus tecen a losfuertes (4). Desgraciadamen-te , con t ra los hombres sepractica un juego donde cuen-ta tan poco el verdadero sen-tido de las cosas... Se gana o

2 Al final del capítulo volverá a utilizar el mismoverbo, especificando la comparación: «Se iba es-tropeando .... como la pulpa de un fruto lumino-so.» (De paso, adviértase una vez más la impor-tancia de la luz.) La imagen del fruto estropeadova la vimos en el capítulo I: «Las tormentas sehabían aposentado en algún lugar, como los gu-sanos se instalan en un fruto» (pág. 19), y volve-remos a verla más abajo: «Noche amenazadoraque un viento dañino picaba y pudría.»

3 La grieta está insinuando ya el accidente delcorreo de Patagonia. Pero como dirá más abajo,idos fracasos robustecen a los fuertes». Rivièreconsidera el accidente como un tributo, pero nocomo una negación de su obra. Uno de los pione-ros de la aviación, el ingeniero alemán OttoLilienthal (1848-1896), que murió en accidenteensayando un vuelo experimental, dijo poco an-tes de morir: «El progreso exige víctimas.» Esta-ba en la misma longitud de onda que Rivièrc.

4 Una frase parecida encontraremos en el capítu-lo final: «Una victoria debilita a un pueblo, unaderrota despierta a otro. La derrota que ha sufridoRivière es tal vez una incitación que aproxima a laverdadera victoria» (págs. 163-161).

* quebrantada, socavada

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesp e r d s u r d e s a p p a r e n c e s ,on marque des points misé-rables . Et l ’on se t rouve l i -goté par une apparence dedéfa i te .

Rivière sonna.

— Bahia Blanca ne nouscommunique toujours rien parT.S.F. ?

— Non.

— Appelez-moi l’escale autéléphone.

Cinq minutes plus tard, ils’informait

— Pourquoi ne nous pas-sez-vous rien’?

— Nous n’entendons pasle courrier.

— Il se tait ?

— Nous ne savons pas. Tropd’orages. Même s’il manipulaitnous l’entendrions pas.

— Trelew entend-il ?

— Nous n’entendons pas Trelew.

— Téléphonez.

— Nous avons essayé : laligne est coupée.

— Quel temps chez vous?

— Menaçant. Des éclairs àl’Ouest et au Sud. Très lourd.

— Du vent?

— F a i b l e e n c o r e , m a i sp o u r d i x m i n u t e s . L e sé c l a i r s s e r a p p r o c h e n tv i t e .

Un silence.

— Bahia Blanca ? Vousécoutez? Bon. Rappelez-nousdans dix minutes.

Et Rivière feuilleta les té-légrammes des escales Sud.Toutes signalaient le même si-

se pierde según las aparien-cias, se marcan puntos mise-rables. Y uno se encuentraatado por la apariencia de unaderrota.

Rivière llamó.

—Bahía Blanca (5), anonos comunica nada aún porT. S. H.?

—No.

—Llame a la escala porteléfono.

Cinco minutos más tardese informaba:

—Por qué no nos comuni-ca nada?

— N o o í m o s e l c o -r r e o .

—¿No habla?

—No sabemos. Demasia-da tormenta. Aunque trans-mitiese, no lo oiríamos.

—¿Oye Trelew?

—No oímos a Trelew.

—Telefonee.

—Lo hemos in ten tado :está cortada la línea.

—¿Qué tiempo hace ahí?

—Amenazador. Relámpagosal oeste y al sur. Muy cargado.

[103] —¿Viento?

—Débil aún, pero sólo du-rante diez minutos. Los relám-pagos se acercan a gran velo-cidad*.

Un silencio.

—Bahía Blanca? ¿Escu-cha? Bien. Llámeme dentro dediez minutos.

Y Rivière ojeó los telegra-mas de las escalas sur. Todasseñalaban el mismo silencio

5 Ciudad argentina de la provincia de Buenos ai-res, situada en la bahía del mismo nombre, a me-dio camino entre Trelew y Buenos Aires.

* ¿veloces?

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Noteslence de l’avion. Quelques-unes ne répondaient plus àBuenos Aires, et, sur la carte,s’agrandissait la tache des pro-vinces muettes, où les petitesvilles subissaient déjà le cy-clone, toutes portes closes, etchaque maison de leurs ruessans lumière aussi retranchéedu monde et perdue dans lanuit qu’un navire. L’aube seuleles délivrerait.

Pourtant Rivière, inclinésur la carte, conservait encorel’espoir de découvrir un re-fuge de ciel pur, car il avaitdemandé, par télégrammes,l’état du ciel à la police deplus de trente villes de pro-vince, et les réponses com-mençaient à lui parvenir. Surdeux mil le ki lomètres, lespostes radio avaient ordre, sil’un d’eux accrochait un ap-pel de l’avion, d’avertir dansles trente secondes BuenosAi res , qu i lu i communi -querait, pour la faire trans-mettre à Fabien, la position durefuge.

Les secréta i res , convo-qués pour une heure du ma-t in , avaient regagné leursbureaux. I ls apprenaient là,mystérieusement, que, peut-être, on suspendrait les volsde nuit , et que le courrierd’Europe lui-même ne dé-co l l e ra i t p lus qu ’au j our.Ils parlaient à voix basse deFabien, du cyclone, de Ri-v ière sur tout . I l s le devi -n a i e n t l à , t o u t p r o c h e ,é c r a s é p e u à p e u p a r c ed é m e n t i n a t u r e l .

M a i s t o u t e s l e s v o i xs’éteignirent : Rivière, à saporte , venai t d’apparaî tre ,serré dans son manteau, lec h a p e a u t o u j o u r s s u r l e syeux, é ternel voyageur. I lf i t un pas tranquil le vers lechef de bureau

— Il est une heure dix, lespapiers du courrier d’Europesont-ils en règle ?

— Je... j’ai cru...

del avión. Algunas no respon-dían ya a Buenos Aires, y enel mapa aumentaba la manchade las provincias mudas, don-de las pequeñas ciudades su-frían ya el ciclón, con todaslas puertas cerradas, y’ cadacasa de sus calles sin luz ytan aislada* del mundo y per-dida en la noche como un na-vío. Sólo el alba las liberta-ría.

Sin embargo, Rivière, incli-nado sobre el mapa, conserva-ba aún la esperanza de descu-brir un refugio de cielo puro,pues había pedido por telegra-ma el estado del cielo a la po-licía de más de treinta ciuda-des de provincia, y las respues-tas empezaban a llegarle. Endos mil kilómetros, las estacio-nes radiotelegráficas tenían or-den, si una de ellas captaba unallamada del avión, de advertiren treinta segundos a BuenosAires , que l e comunica r í a ,p a r a r e t r a n s m i t i r l a aF a b i e n , l a s i t u a c i ó n d e lr e f u g i o .

Los secretarios, convoca-dos para la una de la madru-gada, habían ocupado de nue-vo sus mesas. Allí se entera-ban, misteriosamente, de quetal vez se suspenderían losvuelos nocturnos, y de que elmismo correo de Europa nodespegaría hasta cl amanecer.H a b l a b a n e n v o z b a j a d eFabien, del ciclón, y sobretodo de Rivière. Lo adivi-n a b a n a l l í , m u y ’ c e r c a ,aplastado poco a poco por aquelmentís de la naturaleza.

Pero todas las voces seapagaron: Rivière acababa deaparecer en su puerta, envuel-to en su abrigo, el sombrero[104] como siempre sobre losojos, eterno viajero. Se diri-gió con paso tranquilo haciael jefe de oficina:

Es la una y diez; está enregla la documentación delcorreo de Europa?

—Yo... yo creía que...

retranché- 1. (Sens I. du trans.). Séparé d’un tout.- 2. (Sens II. du trans.). Défendu par des retran-

chements.- 1. (1611). Vx. Fortifier par des retranchements

(II., 1.).- 2. Mod. Protéger, séparer comme par un

retranchement.- 3. (1690). (Sens II. du trans.). Se fortifier, se

protéger par des moyens de défense appro-priés (- Retranchement).

* sustraída, disminuida

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

— Vous n’avez pas àcroire, mais à exécuter.

I l f i t demi- tour, l en te -m e n t , v e r s u n e f e n ê t r eouverte, les mains croiséesderrière le dos.

Un secrétaire le rejoignit :

— Monsieur le directeur,nous obtiendrons peu de ré-ponses. On nous signale quedans l’intérieur, beaucoup delignes télégraphiques sont déjàdétruites...

— Bien.

Rivière, immobile, regar-dait la nuit.

Ainsi, chaque message me-naçai t le courr ier. Chaqueville, quand elle pouvait ré-pondre, avant la destructiondes lignes, signalait la marchedu cyclone, comme celle d’uneinvasion. « Ça vient de l’inté-rieur, de la Cordillère, ça ba-laie toute la route, vers lamer... »

Rivière jugeait les étoilestrop luisantes, l’air trop hu-mide. Quelle nuit étrange!Elle se gâtait brusquementpar plaques, comme la chaird’un fruit lumineux. Les étoi-les au grand complet domi-naient encore Buenos Aires,mais ce n’était là qu’une oa-sis, et d’un instant. Un port,d ’ a i l l eu r s , ho r s du r ayond’action de l’équipage. Nuitmenaçante qu’un vent mau-vais touchait et pourrissait.Nuit difficile à vaincre.

Un avion, quelque part,était en péril dans ses profon-deurs : on s’agitait, impuis-sant, sur le bord.

—Usted no tiene que creernada, sino hacer.

Dio media vuelta, lenta-mente , hac ia una ven tanaabierta, las manos cruzadastras la espalda.

Un secretario lo alcanzó:

— S e ñ o r d i r e c t o r , o b -tendremos pocas respues -tas . Se nos comunica que ,en e l in te r io r, muchas l í -neas t e legrá f icas han s idoya des t rozadas .

—Bien.

Rivière, inmóvil, contem-plaba la noche.

Así, cada mensaje amena-zaba al correo. Cada ciudad,cuando podía responder, an-tes de que las líneas fuesendestruidas, daba cuenta de lamarcha del ciclón, como deuna invasión. «Viene del in-terior, de la cordillera. Ba-r r e t oda l a ru t a , hac i a e lmar...»

Rivière juzgaba las estrellasdemasiado brillantes, el aire de-masiado húmedo. ¡Qué nochetan extraña! Se iba estropeandobruscamente por zonas, comola pulpa de un fruto luminoso.Las estrellas, sin faltar ningu-na, dominaban aún Buenos Ai-res, pero aquello era sólo unoasis, y de un instante. Ademásun puerto fuera del radio deacción del avión. Noche ame-nazadora que un viento da-ñino picaba y pudría*. Nochedifícil de vencer.

En algún lugar un avióncorría peligro en sus profun-didades; ellos se agitaban,impotentes, a la orilla.

[105]

* deterioraba, descomponía; no espudrirse o deteriorar que no implicitamal olor

X

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesXIV

La femme de Fabien télé-phona.

La nuit de chaque retourelle calculait la marche ducourrier de Patagonie : « Ildécolle de Trelew... » Puis serendormait. Un peu plus tard :« Il doit approcher de San An-tonio, il doit voir ses lumiè-res... » Alors elle se levait,écartait les rideaux, et jugeaitle ciel : « Tous ces nuages legênent... » Parfois la lune sepromenait comme un berger.Alors la jeune femme se recou-chait, rassurée par cette luneet ces étoiles, ces milliers deprésences autour de son mari.Vers une heure, elle le sentaitproche : « Il ne doit plus êtrebien loin, il doit voir BuenosAires... » Alors, elle se levaitencore, et lui préparait un re-pas, un café bien chaud : « Ilfait si froid, làhaut... » Elle lerecevait toujours, comme s’ildescendait d’un sommet deneige

— Tu n’as pas froid ?

— Mais non!

— Réchauffe- toi quandmême... »

Vers une heure et quarttout était prêt. Alors elle té-léphonait.

Cet te nui t , comme lesautres, elle s’informa

— Fabien a-t-il atterri?

Le secrétaire qui l’écou-tait se troubla un peu :

— Qui parle?

— Simone Fabien.

— Ah! une minute...

L e s e c r é t a i r e , n ’ o s a n trien dire, passa l’écouteurau chef de bureau.

— Qui est là?

XIV

La mujer de Fabien telefo-neó.

La noche de cada regreso,calculaba la marcha del correode Patagonia: «Despega enTrelew...» Luego se dormía denuevo. Algo más tarde: «Debede acercarse a San Antonio.Debe de ver sus luces...» Enton-ces se levantaba, apartaba lascortinas, y juzgaba el cielo: «To-das esas nubes lo molestan...»A veces la luna se paseaba comoun pastor. Entonces la jovenmujer volvía a acostarse, tran-quilizada por aquella luna yaquellas estrellas, aquellos mi-llares de presencias alrededorde su marido. Hacia la una losentía próximo. «No debe deandar ya muy lejos. Debe dever Buenos Aires...» Entoncesse levantaba, y le preparaba unacena y un café muy caliente:«Hace tanto frío allá arriba...»Lo recibía siempre, como sidescendiese de una cumbre ne-vada:

[106] —No tienes frío?

—No.

—Es igual; caliéntate...

Hacia la una y cuarto, todoestaba dispuesto. Entoncestelefoneaba.

Aquella noche, como lasdemás, se informó:

—¿Ha aterrizado Fabien?

El secretario que la escu-chaba se turbó un poco:

—¿Quién habla?

—Simone Fabien.

—¡Un momento...!

El secretario, no atrevién-dose a decir nada, pasó el au-ricular al jefe de la oficina.

—¿Quién es?

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

— Simone Fabien.

— Ah!... que désirez-vous,Madame ?

—- Mon mari a-t-il atterri?

I l y eu t un s i l ence qu idu t pa ra î t r e inexp l icab le ,p u i s o n r é p o n d i t s i m p l e -ment :

— Non.

— Il a du retard?

— Oui...

Il y eut un nouveau silence.

— Oui... du retard.

— Ah! ...

C’était un « Ah! » de chairblessée. Un retard ce n’estrien... ce n’est rien... maisquand il se prolonge...

— Ah!... Et à quelle heuresera-t-il ici ?

— A quelle heure sera-t-il ici?Nous... Nous ne savons pas.

Elle se heurtait mainte-nant à un mur. Elle n’obtenaitque l’écho même de ses ques-tions.

— Je vous en prie, répondez-moi! Où se trouve-t-il ?...

— Où il se trouve ? Atten-dez...

Cette inertie lui faisait mal.Il se passait quelque chose, là,derrière ce mur.

On se décida

— I l a décol lé deCommodoro à dixneuf heurestrente.

— Et depuis?

— Depuis ? . . . Très re -tardé.. . Très retardé par lemauvais temps...

—Simone Fabien.

—¡Ah...!, ¿qué desea us-ted, señora?

—¿Ha aterrizado mi marido?

Hubo un silencio que de-bió de parecer inexplicable;luego respondieron simple-mente:

—No.

—¿Lleva retraso?

—Sí...

Hubo otro silencio.

—Sí... retraso.

—¡Ah...!

Era un «¡Ah!» de carneher ida . Un re t r a so no esnada... , no es nada... , perocuando se prolonga...

—¡Ah...! ¿Y a qué horaestará aquí?

—¿A qué hora estará aquí?No..., no lo sabemos.

Ahora es taba chocandocontra un muro. Sólo obteníael eco de sus propias pregun-tas.

—Se lo ruego, ¡dígame!,¿adónde está?

[108] —¿Dónde está? Espe-re...

Aquella inercia le hacíadaño. Algo ocurría allí, detrásde aquel muro.

Se decidieron:

—Ha despegado deComodoro a las diecinuevetreinta.

—¿Y luego?

—¿Luego...? Muy retrasa-do... Muy, retrasado por elmal tiempo...

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

— Ah! Le mauvais temps...

Quelle injust ice, quellefourberie dans cette lune éta-lée là , ois ive , sur BuenosAires! La jeune femme se rap-pela soudain qu’il fallait deuxheures à peine pour se rendrede Commodoro à Trelew.

— Et il vole depuis six heu-res vers Trelew ! Mais il vousenvoie des messages! Maisque dit-il ?...

— Ce qu’il nous dit ? Natu-rellement par un temps pareil...vous comprenez bien... ses mes-sages ne s’entendent pas.

— Un temps pareil!

— Alors, c’est convenu,Madame, nous vous télépho-nons dès que nous savonsquelque chose.

— Ah! vous ne savez rien...

— Au revoir, Madame...

— Non! non! Je veux par-ler au directeur !

— Monsieur le directeurest très occupé, Madame, il esten conférence...

— Ah! ça m’est égal! Çam’est bien égal! Je veux luiparler!

Le chef de bureau s’épon-gea

— Une minute...

Il poussa la porte de Ri-vière

— C’est Mme Fabien quiveut vous parler.

« Voilà, pensa Rivière, voilàce que je craignais. » Les élé-ments affectifs du drame com-mençaient à se montrer. I lpensa d’abord les récuser : lesmères et les femmes n’entrentpas dans les sal les d’opé-ration. On fait taire l’émotion

—¡Ah! El mal tiempo...

¡Qu é i n j u s t i c i a , q u ébribonada la de aquella lunaque se ostentaba ociosa sobreBuenos Aires! La joven mujer seacordó de repente de que apenaseran necesarias dos horas para irde Comodoro a Trelew.

—¡Y lleva volando seishoras hacia Trelew! ¡Pero 1enviará mensajes a ustedes!Pero qué dice...?

—¿Qué nos d ice? Natu-ra lmente con ese t i empo. . .c o m p r e n d a u s t e d . . . s u smensa jes no se oyen .

—¡Con ese tiempo!

— A s í , p u e s , s e ñ o -r a , l e t e l e f o n e a r e m o se n c u a n t o s e p a m o sa l g o .

—¡Ah! No saben nada...

—Hasta luego, señora...

—¡No, no! ¡Quiero hablarcon el director!

—El señor director estámuy ocupado, señora; está enuna reunión...

—¡Ah! ¡Me da igual, meda exactamente igual! ¡Quie-ro hablar con él!

El jefe de oficina se enju-gó la frente:

—Un momento...

Empujó l a pue r t a deRivière:

—Es la señora Fabien, quequiere hablar con usted.

«Eso —pensó Rivière, esoes lo que me temía .» Los[109] elementos afectivos deldrama empezaban a aparecer.Pensó primero eludirlos: lasmadres y las esposas no en-tran en las salas de operacio-nes. Se manda callar también

fourberie- 1. (1655). Caractère du fourbe*; disposition à

tromper par artifice.- 2. Littér. (Une, des fourberies). Tromperie

hypocrite, artificieuse et basse.

récuser= rechazar, recusar- 1. Dr. Refuser, conformément aux dispositions

légales, d’accepter (qqn) comme juge,arbitre, expert, juré ou témoin.

- 2. (Mil. XVIIe; 1669, Racine). Cour. Repoussercomme tel.

- 1. Dr. Le juge s’est récusé.- 2. (1690). Affirmer son incompétence sur une

question; refuser de donner son avis, d’assu-mer une responsabilité.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesaussi sur les navires en dan-ger. Elle n’aide pas à sauverles hommes. Il accepta pour-tant :

— Branchez sur mon bu-reau.

Il écouta cette petite voixlointaine, tremblante, et toutde suite il sut qu’il ne pourraitpas lui répondre. Ce serait sté-rile, infiniment, pour tous lesdeux, de s’affronter.

— Madame, je vous en prie,calmez-vous! Il est si fréquent,dans notre métier, d’attendrelongtemps des nouvelles.

I l é ta i t parvenu à cet tefrontière où se pose, non leproblème d’une pet i te dé-tresse particulière, mais ce-lui-là même de l’action. Enface de Rivière se dressait,non la femme de Fabien, maisun autre sens de la vie. Ri-vière ne pouvait qu’écouter,que plaindre cette petite voix,ce chant tellement triste, maisennemi. Car ni l’action ni lebonheur individuel n’admet-tent le partage : ils sont enconflit. Cette femme parlaitelle aussi au nom d’un mondeabsolu et de ses devoirs et deses droits. Celui d’une clartéde lampe sur la table du soir,d’une chair qui réclamait sachair, d’une patrie d’espoirs,de tendresses, de souvenirs.Elle exigeait son bien et elleavait raison. Et lui aussi, Ri-vière, avait raison, mais il nepouvait rien opposer à la vé-rité de cette femme. Il décou-vrait sa propre vérité, à la lu-mière d’une humble lampedomestique, inexprimable etinhumaine.

— Madame...

Elle n’écoutait plus. Elleé ta i t r e tombée , p resque àses p ieds , lu i sembla i t - i l ,ayant usé ses faibles poingscontre le mur.

- - -

a la emoción en los navíos enpeligro. Eso no ayuda a sal-var a los hombres. No obstan-te, aceptó:

—Páseme la comunica-ción.

Escuchó aquella vocecitalejana, temblorosa, y en se-guida supo que no podría res-ponderle. Sería estéril, infini-tamente estéril para los dos,enfrentarse (1).

—Señora , s e l o ruego ,¡cálmese! Es harto frecuen-te en nuestro oficio esperarnoticias largo t iempo.

Había llegado a esa fron-tera donde se plantea no elproblema de un pequeño pe-ligro personal, sino el de laacc ión misma . F ren te aRivière se erguía no la mujerde Fabien, sino otro sentidode la vida (2). Rivière sólo po-d ía escuchar, compadeceraquella vocecita, aquel cantotan triste, pero enemigo. Puesni la acción ni la felicidad in-dividual admiten particiones:están en conflicto. Aquellamujer hablaba también ennombre de un mundo absolu-to, y de sus deberes y de susderechos. El de la claridad deuna lámpara en la mesilla denoche (3), de una carne quereclama [110] su carne, de unapatria de esperanzas, de ter-nuras, de recuerdos. Ella exi-gía su bien y tenía razón. Ytambién él, Rivière, tenía ra-zón, aunque no podía oponernada a la verdad de aquellamujer. El descubría, a la luzde una humilde lámpara do-mést ica , su propia verdadinexpresable e inhumana.

—Señora.. .

Ella ya no lo escuchaba.Le parecía que había caídocasi a sus pies, luego de ha-ber cansado sus débiles puñoscontra el muro.

1 Estéril, porque se trata de dos mundosinconciliables. Como dirá más abajo, «ni la acción,ni la felicidad individual admiten particiones: es-tán en conflicto».

2 Para Rivière la vida no tiene más sentido que elde la acción pura: de ahí «el carácter sagrado dela aventuran (cap. IV, pág. 40). La mujer de Fabienle pone ante los ojos «otro sentido de la vida»,que va había vislumbrado ante la presencia deldolor (cf. cap. IX, nota 2). (Véase Apéndice, notaC.)

3 La lámpara en la mesilla de noche —que apare-ce varias veces más adelante—, así como la «car-ne», las «ternuras», los «recuerdos», son los sím-bolos concretos de la felicidad individual, de la«porción de eternidad» (cap. I, nota 6), frente almundo de la acción pura. Dos sentidos contrapues-tos dos verdades lícitas: pero ante la de la mujer,la de Rivière —por intraducible— resultará «inex-presable e inhumana».

detresasedifficile et angoissante (besoin, danger, souf-

france...).- 2. Situation difficile et angoissante, spécialt,

manque dramatique de moyens matériels.- 3. Mar. Situation périlleuse d’un navire.- 4. Spécialt. Méd. Détresse cardiaque, respira-

toire, insuffisance fonctionnelle aiguë ducoeur, de l’appareil respiratoire.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesUn ingénieur avait dit un

jour à Rivière, comme ils sepenchaient sur un blessé, auprèsd’un pont en construction :« C e p o n t v a u t - i l l e p r i xd ’ u n v i s a g e é c r a s é ? »Pas un des paysans, à quice t t e rou t e é t a i t ouve r t e ,n’eût accepté, pour s’épar-gner un détour par le pontsuivant, de mutiler ce visageeffroyable. Et pourtant l’onbâtit des ponts. L’ingénieuravait ajouté : « L’intérêt géné-ral est formé des intérêts parti-culiers : il ne justifie rien de plus.» — « Et pourtant, lui avait ré-pondu plus tard Rivière, sila vie humaine n’a pas deprix, nous agissons toujourscomme si quelque chose dé-passait, en valeur, la vie hu-maine.. . Mais quoi? »

Et R iv iè re , songean t àl ’ é q u i p a g e , e u t l e c o e u rserré. L’action, même cellede construire un pont, brisedes bonheur s ; R iv i è r e nepouvait plus ne pas se deman-der : « Au nom de quoi? »

« Ces hommes, pensait-il,qui vont peutêtre disparaître,auraient pu vivre heureux.» I l voyait des visages pen-c h é s d a n s l e s a n c t u a i r ed’or des lampes du soir. « Aunom de quoi les en ai-je tirés?» Au nom de quoi les a-t-ilarrachés au bonheur indivi-duel ? La première loi n’est-e l l e p a s d e p r o t é g er c e sb o n h e u r s - l à ? M a i s l u i -même les brise. Et pourtantun jour, fatalement, s’éva-nouissent, comme des mirages,les sanctuaires d’or. La vieillesseet la mort les détruisent, plusimpitoyables que lui-même. Ilexiste peut-être quelque chosed’autre à sauver et de plus dura-ble; peut-être est-ce à sauver cettepart-là de l’homme que Rivièretravaille ? Sinon l’action ne sejustifie pas.

- - -

« A i m e r, a i m e r s e u l e -ment, quelle impasse! » Ri-vière eut l’obscur sentiment

Un ingeniero había dichoun día a Rivière, cuando se in-clinaban sobre un herido jun-to a un puente en construcción:

—Vale este puente el pre-cio de un rostro aplastado?

Ninguno de los labradorespara quienes se abría aquellacarretera hubiera aceptado paraahorrarse un rodeo mutilaraquel rostro espantoso. Y, sinembargo, se construían puentes.El ingeniero había añadido:

—El interés general estáformado por intereses particu-lares: no justifica nada más.

—Y, no obstante —le habíarespondido más tarde Rivière—, si la vida humana no tiene pre-cio, nosotros obramos siemprecomo si hubiera algo que sobre-pasara en valor a la vida huma-na (4)... Pero ¿qué?

Y a Rivière, pensando en latripulación, se le encogió el[111] corazón. La acción, in-cluso la de construir un puen-te, destruye felicidades; Rivièreno podía dejar de preguntarse:«¿En nombre de qué?»

«Esos hombres —pensa-ba— que tal vez van a desapa-recer habrían podido vivir di-chosos.» Veía rostros inclina-dos en el santuario de oro delas lámparas de noche. «¿Ennombre de qué los he sacadode ahí?» ¿En nombre de quélos ha arrancado de la felici-dad individual? ¿No es la pri-mera ley precisamente la dedefender esa felicidad? Peroél las destroza. Y no obstanteun día, fatalmente, los santua-r ios de oro se desvanecencomo espejismos. La vejez yla muerte, más despiadadasque él mismo, los destruyen.Tal vez existe alguna otracosa más duradera que salvar?Tal vez hay que salvar esaparte del hombre que Rivièretrabaja? Si no es así, la acciónno se justifica.

«Amar, amar únicamente,¡qué callejón sin salida!(5)»Rivière tuvo el oscuro senti-

4 Como va vimos en cap. IX, nota 6, no es queRivière no conceda ningún valor a la vida huma-na: lo que no le concede es un valor absoluto.Para él la realización de obras que superan enduración a la brevedad de una vida, l0 que sub-siste a la desaparición de un individuo concreto,tiene más calor que las parcelas de felicidad decada uno.

5 Quiere decir que un amor singular impide al hom-bre proyectarse más allá de su existencia limita-da, finita.

X???

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesd’un devoir plus grand quece lu i d ’a imer. Ou b ien i ls’agissait aussi d’une ten-dresse, mais si différente desautres. Une phrase lui revint: « I l s ’agi t de les rendreéternels. . . » Où avait-i l lucela ? « Ce que vous pour-suivez en vous-même meurt.» Il revit un temple au dieudu soleil des anciens Incasdu Pérou. Ces pierres droi-tes sur la montagne. Que res-terai t - i l , sans el les , d’unecivi l isa t ion puissante , quipesait, du poids de ses pier-res, sur l’homme d’aujour-d’hui, comme un remords? «Au nom de quelle dureté, oude quel é t range amour, lec o n d u c t e u r d e p e u p l e sd’autrefois, contraignant sesfoules à tirer ce temple surla montagne, leur imposa-t-il donc de dresser* leur éter-n i t é ? » R i v i è r e r e v i t e n -c o r e e n s o n g e l e s f o u l e sd e s p e t i t e s v i l l e s , q u it o u r n e n t l e s o i r a u t o u r d eleur k iosque à mus ique : «Ce t t e so r t e de bonheur, ceharnais... » pensa-t-il. Le con-ducteur de peuples d’autrefois,s’il n’eut peut-être pas pitié dela souffrance de l’homme, eutpitié, immensément, de sa mort.Non de sa mort individuel le ,m a i s p i t i é d e l ’ e s p è c equ’eff a c e r a l a m e r d e s a -b l e . E t i l m e n a i t s o n p e u -p l e d r e s s e r a u m o i n s d e sp i e r r e s , q u e n ’ e n s e v e l i -r a i t p a s l e d é s e rt.

XV

Ce pap ie r p l i é en qua-t re l e sauvera i t peu t -ê t re :F a b i e n l e d é p l i a i t , l e sden t s se r rées .

« Impossible de s’entendreavec Buenos Aires. Je ne puismême plus manipuler, je reçoisdes étincelles dans les doigts. »

m i e n t o d e u n d e b e r m á sgrande que el de amar. O setrataba también de una ter-nura, ¡pero tan diferente delas otras! Evocó una frase:«Se trata de hacerlos eter-nos...» Dónde lo había leí-do? «Lo que perseguís envoso t ros mismos muere .»Imaginó un templo al dios Solde los antiguos incas del Perú(6). Aquellas piedras [112] er-gu idas sobre l a montaña .¿Qué quedaría sin ellas de unacivilización poderosa que gra-vitaba con el peso de sus pie-dras sobre el hombre actualcomo un remord imien to?«¿En nombre de qué rigor, ode qué extraño amor, el con-ductor de pueblos de antaño,obligando a sus muchedum-bres a construir aquel templosobre la montaña, les impusola obligación de erguir sueternidad?» Rivière se imaginóuna vez más a los habitantes delas pequeñas ciudades que a lacaída de la tarde dan vueltas al-rededor de sus quioscos de lamúsica: «Esa especie de felici-dad, ese arnés (7) ...», pensó.El conductor de pueblos deantaño, si no tuvo piedad porel dolor del hombre, tuvo unainmensa piedad por su muer-te. No por su muerte indivi-dual, sino piedad por la espe-cie que el mar de arena borra-ría. Y él conducía a su puebloa levantar, por lo menos, al-gunas piedras que no sepulta-ría el desierto.

[113]

XV

Aquel papel doblado encuatro tal vez lo salvaría:Fabien lo desplegaba, con losdientes apretados.

«Imposible entenderse conBuenos Aires . Ni s iquierapuedo manipular; me saltanchispas en los dedos (1).»

6 El esplendor del imperio inca tuvo lugar en loscien años que precedieron a la conquista por losespañoles, es decir, en el siglo XV. Rivière poneeste ejemplo para demostrar su teoría: en efecto,el pueblo inca se ha «eternizado» a través de esasconstrucciones, que en un sentido pesan «sobreel hombre actual como un remordimiento», por elprecio de opresión y muerte que costaron, peroque han servido para arrancarlo del anonimato ydel silencio. De nuevo aparece la oposición entreel amor singular y ese «extraño amor» que impu-so a un pueblo «la obligación de erguir su eterni-dad».

7 En este sentido la felicidad individual es, en efec-to, una especie de armadura, que protege, sí, peroque también aísla e impide realizaciones más pro-fundas y esenciales. Como el tiempo lo era a lahora de despegar el avión (cf. cap. IV, nota 5).

1 La fuerte electricidad de que está cargada laatmósfera se transmite al aparato de radio a tra-vés de la antena. Adviértase una vez más la seriede connotaciones de tormenta marina: cola pode-rosa», «remolinos», «oleaje»...

* faire tenir droit; aquí hay que utilizar «preparar» como

se hizo en la página 31 «dresser unfête» para conservar esos paralelismos

internos que dan resonancias significati-vas profundas o eternas a lo trágico de

la vida humana

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesFabien, irrité, voulut ré-

p o n d r e , m a i s q u a n d s e sma ins l âchè ren t l e s com-m a n d e s p o u r é c r i r e , u n esorte de houle puissante pé-nétra son corps : les remousle soulevaient, dans ses cinqtonnes de métal, et le bas-culaient. Il y renonça.

Ses mains, de nouveau, sefermèrent sur la houle et la ré-duisirent.

Fabien respira fortement.Si le radio remontait l’antennepar peur de l’orage, Fabien luicasserait la figure à l’arrivée.Il fallait, à tout prix, entrer encontact avec Buenos Aires,comme si, à plus de quinzecents kilomètres, on pouvaitleur lancer une corde dans cetabîme. A défaut d’une trem-blante lumière, d’une lamped’auberge presque inut i le ,mais qui eût prouvé la terrecomme un phare, il lui fallaitau moins une voix, une seule,venue d’un monde qui déjàn ’ex i s t a i t p lus . Le p i lo t eéleva et balança le poing danssa lumière rouge, pour fairecomprendre à l’autre, en ar-rière, cette tragique vérité,mais l’autre, penché sur l’es-pace dévasté, aux villes en-sevelies, aux lumières mor-tes, ne la connut pas.

Fabien aurait suivi tousles conseils, pourvu qu’ils luifussent criés. Il pensait : « Etsi l’on me dit de tourner enrond, je tourne en rond, et sil’on me dit de marcher pleinSud... » Elles existaient quel-que part ces terres en paix,douces sous leurs grandesombres de lune. Ces camara-des, làbas, les connaissaient,instruits comme des savants,penchés sur des cartes, tout-puissants, à l’abri de lampesbelles comme des fleurs. Quesavait-il, lui, hors des remouset de la nuit qui poussait con-t r e l u i , à l a v i t e s s e d ’ u néboulement, son torrent noir.On ne p o u v a i t a b a n d o n n e rd e u x h o m m e s p a r m i c e st r o m b e s e t c es f l ammes

Fabien, irritado, quiso res-ponder, pero, cuando sus ma-nos abandonaron los mandospara escribir, una especie deola poderosa penetró en sucuerpo: los remolinos lo le-vantaban, haciéndolo oscilaren sus cinco toneladas de me-tal. Renunció a escribir.

Sus manos se cerraron denuevo sobre el oleaje , y lodominaron.

[114] Fabien respiró profunda-mente. Si el radiotelegrafista re-cogía la antena por miedo a la tor-menta, le rompería la cara en cuan-to llegasen. Era preciso a toda costaentrar en contacto con Buenos Ai-res, como si, a más de mil quinien-tos kilómetros, se les pudie-se lanzar una cuerda en aquelabismo. A falta de una luztemblorosa de una lámparade albergue (2) casi inútil,pero que como un faro ha-bría indicado tierra, les eraprec iso por lo menos unavoz, una sola, llegada de unmundo que ya no existía. Elpiloto levantó y sacudió elpuño en su luz roja, para dara entender al de atrás la trá-gica verdad, pero el otro, in-clinado sobre el espacio de-vas tado , con las c iudadesenterradas y las luces muer-tas, no lo comprendió.

Fabien hubiera seguido to-dos los consejos, mientras lefuesen gritados. Pensaba: «Sime dicen que dé la vuelta enredondo, daré la vuelta; si medicen que marche hacia elsur...» En alguna parte habíatierras en paz, tranquilas bajolas grandes sombras de laluna. Los camaradas, allá le-jos, las conocían, instruidoscomo sabios inclinados sobremapas , todopoderosos , a labrigo de lámparas hermosascomo flores. ¿Qué sabía él,fuera de los remolinos y de lanoche que lanzaba contra él sutorrente negro a la velocidadde un derrumbamiento*? Nopodían abandonar a dos hom-bres entre aquellas trombas yaquellas l lamaradas (3) en

2 Es decir, cualquier señal luminosa que indicaseun refugio.

3 La tempestad, con sus truenos y relámpagos,está sintetizada en dos elementos: agua y fuego.

* desprendimiento

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesdans les nuages. On ne pou-vait pas. On ordonnerait à Fa-bien : « Cap au deux centquarante... » Il mettrait le capau deux cent quarante. Maisil était seul.

Il lui parut que la matièreaussi se révoltait. Le moteur,à chaque plongée, vibrait sifort que toute la masse del’avion était prise d’un trem-blement comme de colère.Fabien usait ses forces à do-miner l’avion, la tête enfon-cée dans la carlingue, face àl’horizon gyroscopique car,audehors, i l ne dist inguaitplus la masse du ciel de cellede la terre, perdu dans uneombre où tout se mêlait, uneombre d’origine des mondes.Mais les aiguilles des indica-teurs de position oscillaientde plus en plus vite, deve-na ien t d i ff ic i les à su ivre .Déjà le pilote, qu’elles trom-paient, se débattait mal, per-dait son altitude, s’enlisaitpeu à peu dans cette ombre.Il lut sa hauteur « cinq centsmètres ». C’était le niveaudes co l l ines . I l l e s sen t i trouler vers lui leurs vaguesvertigineuses. Il comprenaitaussi que toutes les massesdu sol, dont la moindre l ’eûtéc rasé , é ta ien t comme a r -r a c h é e s d e l e u r s u p p o r t ,déboulonnées , et commen-çaient à tourner, ivres, autourde lu i . E t commença ien t ,autour de lui, une sorte ded a n s e p r o f o n d e e t q u i l eserrait* de plus en plus.

Il en prit son parti. Au ris-que d’emboutir, il atterriraitn’importe où. Et, pour éviterau moins les collines, il lâchason unique fusée éclairante. Lafusée s’enflamma, tournoya,illumina une plaine et s’y étei-gnit : c’était la mer.

I l p e n s a t r è s v i t e : «Perdu. Quarante degrés decorrection, j’ai dérivé quandmême. C’est un cyclone. Oùest la terre ? » Il virait pleinOuest. Il pensa : « Sans fu-sée maintenant, je me tue. »

medio de las nubes. No po-dían hacerlo. Ordenarían aFabien: «Dirección doscien-tos cuarenta.» Y él tomaríaesa dirección. Pero estabasolo.

Le pareció que también lamateria se sublevaba. motor,a cada inclinación, vibrabatan fuerte, que toda la [115]masa del avión era presa de untemblor como de cólera (4).Fabien consumía todas susfuerzas en dominar el avión,con la cabeza hundida en lacarlinga, cara al horizonte delgiroscopio, pues fuera no dis-tinguía ya la masa del cielo dela de la tierra, perdido en unaoscuridad donde todo se mez-claba, una oscuridad del ori-gen del mundo (5). Las agu-jas de los indicadores de po-sición oscilaban cada vez másaprisa, haciéndose imposiblesde seguir. El piloto, al que en-gañaban, se debatía mal, per-día altura, se hundía poco apoco en aquella oscuridad.Leyó la altura «quinientosmetros». Era el nivel de lascolinas. Sintió que sus olasvertiginosas corrían hacia él.Comprendía también que to-das las masas del suelo, lamenor de las cuales hubierapodido aplastar lo, estabancomo arrancadas de su sopor-te, desenroscadas, y empeza-ban a dar vueltas, ebrias, asu alrededor. Empe z a b a n as u a l r e d e d o r u n a e s p e c i ed e d a n z a p r o f u n d a q u ese estrechaba cada vez más.

Tomó una resolución. Auna riesgo de estrellarse, aterri-zaría en cualquier sitio. Y,para evitar al menos las coli-nas, lanzó su único cohete lu-minoso. El cohete se inflamó,revoloteó, iluminó una llanu-ra y se apagó: era el mar.

Pensó rápidamente: «Mehe perdido. Cuarenta gradosde corrección (6), y aun así hederivado. Es un ciclón. ¿Dón-de está la tierra?» Viró de lle-no hac ia e l oes te . Pensó :«Ahora, sin cohete, me mato.»

4 Otra vez el avión vuelve a cobrar vida propia,pero ahora parece que se torna hostil que se re-bela contra el hombre.

5 Se refiere a las tinieblas originales del «caos»,antes de la creación del mundo: «En el principio...la tierra era caos y confusión y oscuridad por en-cima del abismo» (Génesis, 1,1).

6 Esto es, de desviación de la ruta primitiva.

partiI - 1. (Vx au sens général). Ce qu’une personne a

pour sa part.- 2. Vx. Situation qui est le lot de quelqu’un.- 3. (1538). Personne à marier, considérée du point

de vue de sa situation sociale.-II.- 1. (1360). Littér. Solution proposée ou choisie

pour résoudre une situation.- 2. Cour. (Avec le verbe prendre). - Décision,

résolution. Savoir choisir et prendre un parti (-Artiste, cit. 11).

-III.- 1. Vx. Détachement de soldats.- 2. Groupe organisé, association* de personnes

unies pour la défense d’intérêts, de buts com-muns.

* enfermer

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesCela devait arriver un jour.E t s o n c a m a r a d e , l à d e r -rière... cc Il a remonté l’an-tenne, sûrement. » Mais lepilote ne lui en voulait plus.Si lui-même ouvrait simple-ment les mains, leur vie s’enécoulerait aussitôt, commeune poussière vaine. Il tenaitdans ses mains le coeur bat-tant de son camarade et lesien. Et soudain ses mainsl’effrayèrent.

Dans ces remous en coupsde bélier , pour amortir lessecousses du volant , s inone l l e s eussen t sc i é l e s câ -b l e s d e c o m m a n d e s , i ls ’é ta i t c ramponné à lu i , det o u t e s s e s f o r c e s . I l s ’ycramponnait toujours . Etvoici qu’il ne sentait plus sesmains endormies par l’effort. Ilvoulut remuer les doigts pouren recevoir un message : il nesut pas s’il était obéi. Quelquechose d’étranger terminait sesbras. Des baudruches insen-sibles et molles. Il pensa : «Il faut m’imaginer fortementque je serre... » Il ne sut passi la pensée at teignai t sesmains. Et comme il percevaitles secousses du volant auxseules douleurs des épaules :« I l m ’ é c h a p p e r a . M e smains s’ouvriront . . . » Maiss’eff raya de s ’ê t re permisd e t e l s m o t s , c a r i l c r u tsentir ses mains, cet te fois ,obéir à l’obscure puissancede l ’ image, s ’ouvr i r lente-ment , dans l ’ombre , pourle l ivrer.

Il aurait pu lutter encore,tenter sa chance : il n’y a pasde fatalité extérieure. Mais ily a une fatalité intérieure :vient une minute où l’on sedécouvre vulnérable ; alorsl e s f a u t e s v o u s a t t i r e n tcomme un vertige.

Et c’es t à ce t te minuteque fuirent sur sa tête, dansune déchirure de la tempête,comme un appât mortel aufond d’une nasse, quelquesétoiles.

Algún día tenía que ocurrir. Ysu [118] camarada, allí de-trás... «Ha recogido la antena,sin duda.» Pero el piloto no leguardaba rencor. Bastaría queél mismo abriera simplemen-te las manos, para que sus vi-das se esfumasen inmediata-mente, como polvo vano. Te-nía en sus manos el corazónpalpitante de su compañero yel suyo propio. Y, de repente,sus manos lo horrorizaron.

En aque l los r emol inoscomo golpes de ariete, paraamortiguar las sacudidas delvolante, que de otro modohabrían roto los cables de losmandos, se agarró a él contodas sus fuerzas. Y continua-ba agarrado. Pero ya no sen-tía sus manos, adormecidaspor el esfuerzo. Quiso moverlos dedos para percibir sumensaje: no supo si le habíanobedecido. El extremo de susbrazos era algo extraño paraél. Tripas insensibles y blan-das. Pensó: «Es preciso ima-ginarme que aprieto con todasmis fuerzas...» No supo si elpensamiento l legaba a susmanos. Y como sólo percibíalas sacudidas del volante porel dolor de sus hombros: «Seme escapará. Mis manos seabrirán.. .» Pero se espantópor haberse permitido talespalabras, pues creyó sentirque sus manos obedecían estavez a la oscura potencia de laimagen (7), y se abrían len-tamente en la sombra paraentregarlo.

H a b r í a p o d i d o l u c h a raún, probar suerte: no hayfatalidad externa. Pero hayuna fatalidad interior: llegaun minuto en que nos descu-brimos vulnerables; enton-c e s l a s f a l t a s n o s a t r a e ncomo un vértigo.

Y fue en aque l minutocuando, en un desgarrón de latormenta, como cebo mortalen el fondo de una red, lucie-ron sobre su cabeza algunasestrellas...

7 La imaginación del peligro es tan fuerte, queparece que sus manos van a obedecer a la imagi-nación antes que a 1a voluntad.

bélier- 1. Mâle non châtré de la brebis.- 2. Astron. Constellation zodiacale de l’hémis-

phère boréal figurant un bélier.- 3. (1548). Hist. Machine de guerre composée

d’une poutre terminée souvent par une têtede bélier, et servant à battre les murailles enbrèche.

- 4. (1797). Techn. Bélier hydraulique : machinequi utilise la surpression causée par l’arrêtbrutal d’une colonne d’eau (coup de bélier)pour élever une partie de l’eau à une hauteurtrès supérieure à la hauteur de chute.

- 5. (1660). Machine à enfoncer les pieux.

Baudruche = tripa, globo de goma- 1. Pellicule provenant du caecum de boeuf ou

de mouton et qui sert à recouvrir ou à fabri-quer divers objets.

- 2. Pellicule mince de caoutchouc.- 3. Fig. Homme ou idée sans consistance.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesIl jugea bien que c’était un

piège : on voit trois étoilesdans un trou, on monte verselles, ensuite on ne peut plusdescendre, on reste là à mor-dre les étoiles...

Mais sa faim de lumièreétait telle qu’il monta.

XVI

Il monta , en corr igeantmieux les remous, grâce auxrepères qu’offraient les étoi-les. Leur aimant pâle l’atti-rait. Il avait peiné si long-temps, à la poursuite d’unelumière, qu’il n’aurait pluslâché la plus confuse. Riched’une lueur d ’auberge , i la u r a i t t o u r n é j u s q u ’ à l am o r t , a u t o u r d e c e s i g n edont il avait faim. Et voiciq u ’ i l m o n t a i t v e r s d e schamps de lumière.

Il s’élevait peu à peu, ensp i ra le , dans l e pu i t s qu is’était ouvert, et se refermaitaudessus de lui. Et les nuagesperda ien t , à mesure qu’ i lmontait, leur boue d’ombre,i l s passa ien t con t re lu i ,comme des vagues de plus enplus pures et blanches. Fabienémergea.

Sa surpr ise fu t ext rême: la clarté était tel le qu’ellel ’éblouissa i t . I l dut , q u e l -q u e s s e c o n d e s , f e r me r l e sy e u x . I l n ’ a u r a i t j a ma i sc r u q u e l e s n u a g e s , l an ui t , pussent ébloui r. Maisla pleine lune et toutes lesconstellations les changeaienten vagues rayonnantes.

L’avion avait gagné d’unseul coup, à la seconde mêmeoù il émergeait, un calme quisemblait extraordinaire. Pasune houle ne l ’ inc l ina i t .Comme une barque qui passe

[119] Juzgó que era una tram-pa: se ven tres estrellas en unagujero, se sube hacia ellas,y ya no se puede descender,se permanece allí, mordien-do las estrellas...

Sin embargo, era tal suhambre de luz, que subió.

[121]

XVI

Subió, soslayando mejorlos remolinos, gracias a loshitos* que ofrecían las estre-llas. Su pálido imán lo atraía.Se había afanado tan largotiempo en la búsqueda de unaluz, que no habría abandona-do ni la más confusa. Rico conaquel fulgor de albergue (1),habría dado vueltas hasta lamuerte alrededor de aquellaseñal, de la que estaba ham-briento. Y ahí estaba, subien-do hacia los campos de luz.

Se elevaba poco a poco en es-piral, por el interior del pozo quese había abierto y que se cerrabade nuevo a sus pies. A medida queascendía, las nubes p e r d í a n s uc e n a g o s a o s c u r i d a d ,p a s a b a n c o n t r a é l ,c o m o o l a s c a d a v e z m á sp u r a s y b l a n c a s . F a b i e ne m e r g i ó .

Su sorpresa fue extraordi-naria: la claridad era tal quelo [124] deslumbraba. Duran-te unos segundos tuvo que ce-rrar los ojos. Jamás hubieracreído que las nubes, que lanoche, pudiesen deslumbrar.Pero la luna llena y todas lasconstelaciones las convertíanen olas resplandecientes.

El avión había ganado deun solo golpe, en el mismosegundo de emerger, una cal-ma que parecía extraordina-ria. Ningún oleaje lo zaran-deaba. Como barca que pasa

1 Cf. cap. anterior, nota

* marcas, puntos, localizaciones

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesla digue, il entrait dans leseaux réservées. Il était prisdans une part de ciel inconnueet cachée comme la baie desîles bienheureuses. La tem-pête, au-dessous de lui, for-mait un autre monde de troismille mètres d’épaisseur, par-couru de rafales, de trombesd’eau, d’éclairs , mais el letournait vers les astres uneface de cristal et de neige.

Fabien pensait avoir gagnédes limbes étranges, car toutdevenait lumineux, ses mains,ses vêtements, ses ailes. Car lalumière ne descendait pas desastres, mais elle se dégageait,au-dessous de lui, autour delui, de ces provisions blan-ches.

Ces nuages, au-dessous delui, renvoyaient toute la neigequ’ils recevaient de la lune.Ceux de droite et de gaucheaussi, hauts comme des tours.Il circulait un lait de lumièredans lequel baignait l’équi-page. Fabien, se retournant, vitque le radio souriait.

— Ça va mieux! criait-il.

Mais la voix se perdaitdans le bruit du vol, seuls com-muniquaient les sourires. « Jesuis tout à fait fou, pensaitFabien, de sourire : nous som-mes perdus. »

P o u r t a n t , m i l l e b r a so b s c u r s l ’ a v a i e n t l â c h é .On ava i t dénoué ses l i ens ,comme ceux d ’un p r i son -n i e r q u ’ o n l a i s s e m a r c h e rseu l , un t emps , pa rmi l e sf l eu r s .

« Trop beau », pensait Fa-bien. Il errait parmi des étoi-les accumulées avec la den-s i t é d ’ u n t r é s o r, d a n s u nmonde où rien d’autre, abso-lument rien d’autre que lui,Fab ien , e t son camarade ,n’était vivant. Pareils à cesvoleurs des villes fabuleuses,murés dans la chambre auxtrésors dont i ls ne saurontplus sortir. Parmi des pierre-

el dique, entraba en las aguasabrigadas. Había penetrado enuna región ignota y escondi-da del cielo, como la bahía delas islas felices (2). La tem-pestad, debajo de él, forma-ba otro mundo de tres milmetros de espesor, atravesa-do por ráfagas , trombas deagua, relámpagos, pero pre-sentaba a los astros un ros-tro de cristal y de nieve.

Fabien creyó haber arriba-do a limbos extraños, porquetodo se hacía luminoso: susmanos, sus vestidos, sus alas(3). Porque la luz no bajabade los astros, sino que se des-prendía, debajo de él, a su al-rededor, de aquellas provisio-nes blancas.

Las nubes, bajo él, devol-vían toda la nieve que reci-bían de la luna. Las de dere-cha e izquierda, altas comotorres, hacían lo mismo. Cir-culaba una leche de luz, en laque se bañaba la tripulación.Fabien, volviéndose, vio queel radiotelegrafista sonreía.

—¡Esto va mejor! gritó.

Pero la voz se perdía en elruido del vuelo: sólo las son-risas se comunicaban. «Estoycompletamente loco —pensa-ba Fabien— por sonreír; es-tamos perdidos.»

[125] Sin embargo, mil brazososcuros lo habían abandonado.Se habían desatado sus cade-nas, como las de un prisio-nero al que se permite andarso lo po r un t i empo en t r eflores.

«Demas iado hermoso» ,pensaba Fabien. Erraba entrelas estrellas acumuladas conla densidad de un tesoro, enun mundo donde no v iv íanada, absolutamente nada ex-cepto él, Fabien, y su cama-rada (4). Igual que esos ladro-nes de ciudades fabulosas,emparedados en la cámara delos tesoros, de donde no sa-brían salir. Andan errantes

2 La narración toma aquí un tono idílico, casi decuento, que luego adquirirá un carácter trágico.

3 Ya al principio del relato (cap. I, nota 3) vimosal piloto con alas. Pero ahora «todo se hace lu-minoso», contribuyendo así a crear una atmósfe-ra irreal, fantástica, reflejada en esos «limbos ex-traños», en «sus manos, sus vestidos, sus alas»,en «aquellas provisiones blancas», en la «lechede luz», etc.

4 La certidumbre de que son los dos únicos seresvivos en aquel mundo mágico los devuelve a ladura realidad: han caído en esa atrampa» de luzque el piloto temía al final del capítulo anterior.Abajo está la tormenta, ya no pueden descender.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesries glacées, ils errent, infi-niment riches, mais condam-nés.

XVII

Un des radiotélégraphistesde Commodore Rivadavia, es-cale de Patagonie, fit un gestebrusque , e t tous ceux quiveillaient, impuissants, dansle pos te , s e r amassè ren tautour de cet homme, et sepenchèrent.

Ils se penchaient sur un pa-p ier v ierge e t durementéclairé. La main de l’opérateurhésitait encore, et le crayon sebalançait. La main de l’opéra-teur tenait encore les lettresprisonnières, mais déjà lesdoigts tremblaient.

— Orages ?

Le radio fit « oui » de latête. Leur grésillement l’em-pêchait de comprendre.

P u i s i l n o t a q u e l q u e ss i g n e s i n d é c h i f f r a b l e s .Pu i s des mots . Pu i s on pu tr é t a b l i r l e t e x t e :

« Bloqués à t rois mil lehui t au-dessus de la tem-p ê t e . N a v i g u o n s p l e i nOuest vers l ’ intér ieur, carét ions dérivés en mer. Au-d e s s o u s d e n o u s t o u t e s tbouché . Nous ignorons s isurvolons toujours la mer.C o m m u n i q u e z s i t e m p ê t es’étend à l ’ intérieur. »

On dut , à cause des ora-ges, pour transmettre ce té-légramme à Buenos Aires,faire la chaîne de poste enposte. Le message avançaitdans la nuit , comme un feuq u ’ o n a l l u m e d e t o u r e ntour.

Buenos Aires fit répondre

entre pedrerías heladas, infi-nitamente ricos, pero conde-nados.

[127]

XVII

Uno de los radiotelegrafistasde Comodoro Rivadavia, es-cala de Patagonia, hizo unademán brusco, y todos losque velaban, impotentes, en laestación, se agruparon alrede-dor de aquel hombre y se in-clinaron.

Se inclinaban sobre un pa-pel virgen y crudamente ilu-minado. La mano del opera-dor titubeaba aún, y— el lá-piz se balanceaba. La manodel operador tenía aún las le-tras prisioneras, pero ya susdedos temblaban.

—Tormentas?

El radiotelegrafista hizo «sí»con la cabeza. Su chirrido leimpedía entender.

Luego anotó algunos sig-nos indesc i f rables . Luegopalabras. Luego se pudo res-tablecer el texto:

«Bloqueados a t res milochocientos por encima de latempestad. Navegamos rumbooeste, hacia el interior, pues[129] habíamos derivado so-bre el mar. Debajo de nosotrostodo está obstruido. Ignoramossi seguimos sobrevolando elmar. Comunicad si la tempes-tad se extiende al interior.»

A causa de las tormentas,para transmitir aquel telegra-ma a Buenos Aires, tuvieronque hacer la cadena de esta-ción en estación. El mensajeavanzaba en la noche, comofuego que se enciende sucesi-vamente.

Buenos Aires mandó responder:

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes

— Tempête générale à l’in-térieur. Combien vous reste-t-il d’essence ?

— U n e d e m i - h e u r e .

Et cette phrase, de veilleuren veilleur, remonta jusqu’àBuenos Aires.

L’équipage était condamnéà s’enfoncer, avant trente mi-nutes, dans un cyclone qui ledrosserait jusqu’au sol.

XVIII

Et Rivière médi te . I l nec o n s e r v e p l u s d ’ e s p o i r :c e t é q u i p a g e s o m b r e r aquelque part dans la nuit.

Rivière se souvient d’unevision qui avait frappé sonenfance : on vidait un étangpour trouver un corps. Onne trouvera r ien non plus,avant que cette masse d’om-bre se soit écoulée de sur laterre, avant que remontentau jour ces sables, ces plai-nes , ces b lés . De s implespaysans découvriront peut-être deux enfants au coudeplié sur le visage, et parais-s a n t d o r m i r, é c h o u é s s u rl ’he rbe e t l ’ o r d ’un fondpa is ib le . Mais l a nu i t l e saura noyés.

Rivière pense aux trésorsensevelis dans les profondeursde la nuit comme dans les mersfabuleuses... Ces pommiers denuit qui attendent le jour avectoutes leurs fleurs, des fleursqui ne servent pas encore. Lanuit est riche, pleine de par-fums, d’agneaux endormis etde fleurs qui n’ont pas encorede couleurs.

Peu à peu monteront vers le

«Tempestad general en elinterior. ¿Cuánta bencina lequeda?»

«Media hora, aproximadamente .»

Y esta frase, de vigilanteen vigilante, remontó hastaBuenos Aires.

La tripulación estaba conde-nada a zozobrar antes de treintaminutos, en un ciclón que laarrojaría contra el suelo.

[131]

XVIII

Y Rivière medita. No con-serva ya ninguna esperanza:esa tripulación naufragará enalgún lugar esta noche.

Rivière se acuerda de unavisión que impresionó su infan-cia: vaciaban un estanque paraencontrar un cuerpo. Tampocoencontrarán nada, antes de queesta masa de oscuridad hayadesalojado la superficie de latierra, antes de que asciendanal día esas arenas, esas llanu-ras, esos trigales. Algún senci-llo labrador descubrirá tal veza dos niños (1) con el codoplegado sobre el rostro, dur-miendo, al parecer, varadossobre la hierba y el oro de unfondo apacible. Pero la nochelos habrá ahogado.

[134] Rivière piensa en lostesoros sepultados en las pro-fundidades de la noche comoen mares fabulosos.. . Esosmanzanos nocturnos que es-peran el día con todas sus flo-res, flores que no sirven aún.La noche es rica, colmada deperfumes, de corderos dormi-dos y de flores que no tienentodavía color.

Poco a poco ascenderán

1 Como si la muerte les devolviera el aspecto ino-cente de dos niños dormidos, dos mártires de laacción. Obsérvense las connotaciones marinas:«naufragará», «varados», «ahogado».

X

Xcambio incomprensible cuando siempreha hecho lo contrario además son dos

frases que no están dichas por nadie enconcreto

sombrer - 1. (D’un bateau). Cesser de flotter, s’enfoncer

dans l’eau, faire naufrage.- 2. (1830). Fig. Échouer, disparaître.

entraîner vers la côte (barco o avión),arrastrar por la fuerza, llevar consigo,empujar

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesjour les sillons gras, les boismouillés, les luzernes fraîches.Mais parmi des collines, main-tenant inoffensives, et les prai-ries, et les agneaux, dans lasagesse du monde, deux en-fants sembleront dormir. Etquelque chose aura coulé dumonde visible dans l’autre.

Rivière connaît la femmede Fabien inquiète et tendre :cet amour à peine lui fut prêté,comme un jouet à un enfantpauvre.

Rivière pense à la main deFabien, qui tient pour quel-ques minutes encore sa desti-née dans l e s commandes .Cet te main qui a caressé .Cette main qui s’est posée surune poitrine et y a levé le tu-multe, comme une main di-vine. Cette main qui s’est po-sée sur un visage, et qui achangé ce visage. Cette mainqui était miraculeuse.

Fabien erre sur la splen-deur d’une met de nuages, lanuit , mais , plus bas, c’estl’éternité. Il est perdu parmides constellations qu’il habiteseul. Il tient encore le mondedans ses mains et contre sapoitrine le balance. Il serredans son volant le poids de larichesse humaine, et promène,désespé ré , d ’une é to i l e àl’autre, l’inutile trésor qu’ilfaudra bien rendre...

R i v i è r e p e n s e q u ’ u np o s t e r a d i o l ’ é c o u t e e n -c o r e . S e u l e r e l i e e n c o r eF a b i e n a u m o n d e u n eonde mus ica le , une modu-l a t i o n m i n e u r e . P a s u n eplainte. Pas un cri . Mais leson le p lus pur qu’a i t j a -mais formé le désespoir.

hacia el día los gruesos sur-cos, los bosques mojados, laalfalfa fresca. Pero, entre lascolinas, ahora inofensivas, ylas praderas y los corderos, enmedio de la bondad del mun-do, dos muchachos parecerándormir. Y algo habrá pasadodel mundo visible al otro.

Rivière sabe que la mujerde Fabien es inquieta y tier-na: este amor apenas le fueprestado, como un juguete aun niño pobre.

Rivière piensa en la manode Fabien, que durante algu-nos minutos aún tiene su des-tino en los mandos. Esa manoque ha acariciado. Esa manoque se ha posado sobre unpecho, y ha levantado en él untumulto, como una mano di-vina. Esa mano que se ha po-sado sobre un rostro, y hacambiado a ese rostro. Esamano que era milagrosa.

Fabien anda errante sobreel esplendor de un mar de nu-bes, la noche, pero más abajoestá la eternidad (2). Está per-dido entre constelaciones quesólo él habita. Tiene aún elmundo en sus manos, y lo in-clina contra su pecho. Aprie-ta en el volante el peso de lariqueza humana, y pasea, des-esperado, de una estrella aotra el inútil tesoro que ten-drá que entregar...

Rivière piensa que una es-tac ión rad io te legrá f ica lo[135] escucha aún. Sólo unaonda musical, sólo una modu-lación menor (3) une aún aFabien con el mundo. Ni unaqueja. Ni un grito. Sino el so-nido más puro que jamás hayaformado la desesperanza.

[137]

2 De nuevo la oposición: para Risière la muertede Fabien va a significar su entrada en la verda-dera «eternidad». Aún tiene en sus manos su pe-queña «porción de eternidad», la —ida, «la rique-za humana», pero se verá obligado a entregarlaen aras de la acción...

3 Paso de una tonalidad a otra (cf. cap. VI,nota 5).

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesXIX

Robineau le tira de sa soli-tude

— Monsieur le directeur,j’ai pensé... on pourrait peut-être essayer...

Il n’avait rien à proposer,mais témoignait ainsi de sabonne volonté. Il aurait aimétrouver une solution, et lacherchait un peu comme celled’un rébus . Il trouvait tou-jours des solutions que Rivièren’écoutait jamais : « Voyez-vous, Robineau, dans la vie iln’y a pas de solutions. Il y ades forces en marche : il fauttes créer et les solutions sui-vent. » Aussi Robineau bor-nait-il son rôle à créer uneforce en marche dans la cor-poration des mécaniciens. Unehumble force en marche, quipréservait de la rouille lesmoyeux d’hélice.

Mais les événements dec e t t e n u i t - c i t r o u v a i e n tRobineau désarmé. Son titred’inspecteur n’avait aucunpouvoir sur les orages , nisur un équ ipage fan tôme,qui vraiment ne se débattaitplus pour une prime d’exac-titude, mais pour échapper àune seule sanction, qui an-nulait celles de Robineau, lamort.

Et Robineau, maintenantinutile, errait dans les bureaux,sans emploi.

- - -

La femme de Fabien se fitannoncer. Poussée par l’in-quiétude, elle attendait, dansle bureau des secrétaires, queRivière la reçût. Les secrétai-res, à la dérobée, levaient lesyeux sur son visage. Elle enéprouvait une sorte de hontee t r e g a r d a i t a v e c c r a i n t eautour d’elle : tout ici la re-fusait. Ces hommes qui con-tinuaient leur travail, commes’ils marchaient sur un corps,ces dossiers où la vie hu-

XIX

Robineau lo sacó de su so-ledad.

— S e ñ o r d i r e c t o r , h ep e n s a d o . . . , s e p o d r í ai n t e n t a r . . .

No tenía nada que proponer,pero testimoniaba así su buenavoluntad. Hubiera deseado en-contrar una solución, y la bus-caba algo así como la de unjeroglífico . Siempre encon-traba soluciones que Rivièrejamás escuchaba: «Ya lo ve us-ted, Robineau, en la vida nohay soluciones. Hay fuerzasen marcha: es preciso crear-las, y las soluciones vienendetrás.» También Robineau li-mitaba su acción a crear unafuerza en marcha en la corpo-ración de los mecánicos. Unahumilde fuerza en marcha, quepreservaba de la herrumbre alos cubos de hélice.

Pero los acontecimientosde aquella noche encontrabana Robineau desarmado. Su tí-tulo de inspector no tenía nin-gún poder sobre las tormen-tas, ni sobre una tripulaciónfantasma, [138] que ya no sedebatía en realidad por unaprima de exactitud, sino paraescapar a una sola sanción,que anulaba las de Robineau:la muerte.

Y Robineau, ahora inútil,andaba errante por las ofici-nas, sin ocupación.

La mujer de Fabien pidióque la anunciaran. Empujadapor la inquietud, esperaba enla oficina de los secretariosque Rivière la recibiese. Lossecretarios, a escondidas, al-zaban sus ojos hacia su rostro.Experimentaba una especie devergüenza, y miraba, temero-sa, a su alrededor: todo aquíla rechazaba. Aquellos hom-bres, que continuaban su tra-bajo como si anduvieren sobreun cuerpo; aquellos expedien-

rebus- 1. Ensemble de dessins, de mots, de chiffres,

de lettres utilisant des identités ou similitudesformelles et des différences de sens (homo-nymies) pour évoquer une phrase (ex. : nezrond, nez pointu, main = Néron n’est pointhumain).

- 2. Vx. Mauvais jeu de mots.- 3. Écriture difficile à lire.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesmaine, la souffrance humainene laissaient qu’un résidu dechiffres durs. Elle cherchaitdes s ignes qui lui eussentparlé de Fabien. Chez elletout montrait cette absence :le lit entrouvert, le café servi,un bouquet de fleurs... Ellene découvrait aucun signe.Tout s’opposait à la pitié, àl ’ ami t i é , au souven i r. Laseule phrase qu’elle entendit,car personne n’élevait la voixdevant elle, fut le juron d’unemployé, qui réclamait unbordereau . « . . . Le borde-reau des dynamos, bon Dieu!que nous expédions à Santos.» Elle leva les yeux sur cethomme, avec une expressiond’étonnement infini. Puis surle mur où s’étalait une carte.Ses lèvres t rembla ien t unpeu, à peine.

Elle devinait, avec gêne,qu’elle exprimait ici une véritéennemie, regrettait presqued’être venue, eût voulu se ca-cher, et se retenait, de peurqu’on la remarquât trop, detousser, de pleurer. Elle se dé-couvrait insoli te, inconve-nante, comme nue. Mais sa vé-rité était si forte, que les re-gards fugitifs remontaient, à ladérobée, inlassablement, lalire dans son visage. Cettefemme était très belle. Elle ré-vélait aux hommes le mondesacré du bonheur. Elle révélaità quelle matière auguste ontouche, sans le savoir, en agis-sant. Sous tant de regards elleferma les yeux. Elle révélaitquelle paix, sans le savoir, onpeut détruire.

Rivière la reçut.

Elle venait plaider timide-ment pour ses fleurs, son caféservi, sa chair jeune. De nou-veau, dans ce bureau plus froidencore, son faible tremblementde lèvres la reprit. Elle aussidécouvrait sa propre vérité,dans cet autre monde, inexpri-mable. Tout ce qui se dressaiten elle d’amour presque sau-vage, tant il était fervent, dedévouement, lui semblait pren-

tes donde la vida humana, eldolor humano, no dejaba otroresiduo que el de las duras ci-fras (1). Buscaba señales quele hablasen de Fabien. En sucasa todo le hablaba de su au-sencia: el lecho desembozado,el café servido, un ramo de flo-res... Aquí no descubría ningu-na traza. Todo se oponía a lapiedad, a la amistad, al recuer-do. La única frase que oyó,pues nadie levantaba la vozante ella, fue el juramento deun empleado, que reclamabauna factura: «... La factura delas dínamos, ¡santo Dios!, queexpedimos a Santos (2).» Ellalevantó los ojos hasta aquelhombre, con una expresión deinfinita sorpresa. Luego, has-ta la pared donde se desplega-ba un mapa. Sus labios tembla-ban un poco, apenas.

Adivinaba con embarazoque representaba aquí una[140] verdad enemiga (3) ,casi lamentaba haber venido,hubiera querido esconderse, y,por miedo de que se fijasen enella demasiado, retenía la tosy el llanto. Se descubría insó-lita, inconveniente, como des-nuda. Pero su verdad era tanfuerte, que las miradas fugiti-vas subían, a escondidas, in-cansablemente, a leerla en surostro. Aquella mujer era muyhermosa. Revelaba a los hom-bres el mundo sagrado de lafelicidad. Revelaba qué mate-ria augusta se lastima, sin sa-berlo, al actuar. Bajo tantasmiradas cerró los ojos. Reve-laba qué paz, sin saberlo, sepuede destruir.

Rivière la recibió.

Venía a defender tímida-mente sus flores, su café ser-vido, su carne joven. De nue-vo en aquella oficina aún másfría su débil temblor de labiosvolvió a aparecer. Tambiéndescubría su propia verdad,inexpresable (4) en este otromundo. Todo lo que en ella seerguía de amor casi salvaje,por ferviente, de abnegación,le parecía tomar aquí un ros-

1 Esa «dureza» es el rostro ingrato de la acción.El mismo adjetivo empleó Rivière ante el mapa dela Compañía: «El rostro de esta red es hermoso,pero duro» (cap. VI, pág. 57').

2 Ciudad de Brasil perteneciente al estado de SaoPaulo, en la isla de Sao Vicente, situada en labahía de Santos.

3 Enemiga en cuanto que representa una opcióntotalmente opuesta al sentido de la vida que tieneRivière. El mismo adjetivo se empleó cuando lla-mó por teléfono: «Rivière sólo podía escuchar...aquel canto tan triste, pero enemigo» (cap. XIV,pág. 109).

4 He aquí un nuevo dato que subraya el irreconci-liable antagonismo de ambos mundos. El autoremplea el mismo adjetivo que había empleado paraRivière (cf. cap. XIV, nota 3). La verdad de Simonees inexpresable en el mundo de Rivière, como lade Rivière era inexpresable e inhumana en el deella.

bourdereau- 1. Relevé détaillé énumérant les divers articles

ou pièces (d’un compte, d’un dossier, d’uninventaire, d’un chargement...) - État, liste,note.

- 2. État des opérations effectuées par unemployé.

- 3. Dr. Bordereaux réglementaires, exactementcollationnés.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesdre ici un visage importun,égoïste. Elle eût voulu fuir

— Je vous dérange...

— Madame, lui dit Rivière,vous ne me dérangez pas. Mal-heureusement, madame, vouset moi ne pouvons mieux faireque d’attendre.

Elle eut un faible haus-sement d’épaules, dont Ri-vière comprit le sens : « Aquoi bon cette lampe, ce dî-ner servi , ces f leurs que jev a i s r e t r o u v e r. . . » U n ejeune mère avai t confesséu n j o u r à R i v i è r e : « L amort de mon enfant, je ne l’aipas encore comprise. Ce sontles petites choses qui sont du-res, ses vêtements que je re-trouve, et, si je me réveille lanuit, cette tendresse qui memonte quand même au coeur,désormais inutile, comme monlait... » Pour cette femme aussila mort de Fabien commence-rait demain à peine, dans cha-que acte désormais vain, danschaque objet, Fabien quitteraitlentement sa maison. Rivièretaisait une pitié profonde.

— Madame...

La jeune femme se reti-rait, avec un sourire presquehumble, ignorant sa proprepuissance.

Rivière s ’ass i t , un peulourd.

« Mais elle m’aide à décou-vrir ce que je cherchais... »

Il tapotait distraitement lestélégrammes de protection desescales Nord. Il songeait.

« Nous ne demandons pasà être éternels, mais à ne pasvoir les actes et les choses toutà coup perdre leur sens. Levide qui nous entoure se mon-tre alors... »

Ses regards tombèrent surles télégrammes

tro inoportuno, egoísta. Hu-biese querido huir.

—Lo molesto...

—No me molesta usted,señora le dijo Rivière. Des-graciadamente, ni usted ni yopodemos hacer otra cosa queesperar.

Ella tuvo un débil encogi-miento de hombros, cuyo sen-t ido comprend ió Riv iè re :«Para qué la lámpara, la cenaservida, las flores que voy aencontrar de nuevo...» Una[141] joven madre había con-fesado un día a Rivière: «Aúnno he comprendido la muertede mi hijo. Lo duro son laspequeñas cosas: su ropa, queme encuentro a cada paso, y,si me despierto durante la no-che, esa ternura, ya inút i lcomo mi leche, que me subesin embargo al corazón.. .»También para aquella mujer lamuerte de Fabien comenzaríaa p e n a s m a ñ a n a , e n c a d ao b j e t o , e n c a d a a c t o , y avano. Fabien abandonar íalentamente su casa. Rivièresilenciaba una profunda piedad:

—Señora...

La joven mujer se retira-ba, con sonrisa casi humil-de, ignorando su propia po-tencia (5) .

Rivière se sentó, algo som-brío.

«Pero ella me ayuda a descu-brir lo que yo buscaba (6)...»

Golpeteaba distraídamentelos telegramas de protección delas escalas norte. Meditaba:

«No pedimos ser eternos,sino no ver que los actos ylas cosas pierden de repen-te su sentido. El vacío quenos rodea se hace entoncespatente.. .»

Sus miradas cayeron sobrelos telegramas:

5 La potencia, la fuerza de su verdad, que unavez más se opone a la de Rivière. También éstehabía dicho: «Me sorprendo a veces de mi po-den» (cap. XI, pág. 90). Pero hay un pequeñomatiz: mientras para Rivière el autor emplea lapalabra pouvoir, para Simone emplea puissance.Son dos tipos de fuerza diferentes.

6 Es decir, el significado real de la vida y de lamuerte, tanto para el hombre de acción como parael que se conforma con su felicidad privada.

* qui deplaît, innoportun, désagreable,gênant, incómodo

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes« Et voilà par où, chez

nous, s’introduit la mort : cesmessages qui n’ont plus desens... »

Il regarda Robineau. Cegarçon médiocre, maintenantinutile, n’avait plus de sens.Rivière lui dit presque dure-ment

— Faut- i l vous donner,moi-même, du travail ?

Pu i s R iv iè re poussa l ap o r t e q u i d o n n a i t s u r l asal le des secrétaires, et lad i s p a r i t i o n d e F a b i e n l efrappa, évidente, à des si-g n e s q u e M m e F a b i e nn’avait pas su voir. La fiche duR. B. 903, l’avion de Fabien,figurait déjà, au tableau mu-ral, dans la colonne du maté-riel indisponible. Les secré-taires qui préparaient les pa-piers du courrier d’Europe,sachant qu’il serait retardé,travaillaient mal. Du terrainon demandait par téléphonedes instructions pour les équi-pes qui, maintenant, veillaientsans but. Les fonctions de lavie étaient ralent ies . « Lamort, la voilà! » pensa Ri-vière. Son oeuvre était sem-blable à un voilier en panne,sans vent, sur la mer.

- - -

I l en tendi t la voix deRobineau

— Monsieur le directeur...ils étaient mariés depuis six se-maines...

— Allez travailler.

R i v i è r e r e g a r d a i t t o u -jours les secrétaires, et au-d e l à d e s s e c r é t a i r e s , l e sm a n o e u v r e s , l e s m é c a n i -ciens, les pilotes, tous ceuxqui l ’avaient aidé dans sonoeuvre, avec une foi de bâ-t isseurs. I l pensa aux pet i-t e s v i l l e s d ’ au t r e fo i s qu ie n t e n d a i e n t p a r l e r d e s «I les » et se construisaientun navire. Pour le charger

«Y mira por dónde se in-troduce en nosotros la muer-te: esos partes que carecen yade sentido...»

Contempló a Robineau.Aquel muchacho mediocre,ahora inútil, no tenía senti-do. Rivière le dijo casi condureza:

—¿Tengo que da r le yomismo trabajo?

[142] Luego Rivière empujóla puerta que daba a la sala delos secretarios, y la desapari-ción de Fabien le sorprendió,evidente, por señales que laseñora Fabien no había sabi-do ver. La ficha del «R. B.903», el avión de Fabien, fi-guraba ya en el tablero muralen la columna del materialindisponible. Los secretariosque preparaban los papelesdel correo de Europa, sabien-do que saldría con retraso,trabajaban mal. Desde el cam-po pedían instrucciones porteléfono para las tripulacionesque ahora velaban sin objeto.Las funciones de la vida sehabían hecho más lentas. «Lamuerte , hela aquí» , pensóRivière. Su obra se parecía aun velero averiado, sin vien-to, en el mar.

O y ó l a v o z d eRobineau:

—Señor director..., se ha-bían casado hace seis sema-nas...

—Váyase a trabajar.

Rivière seguía contem-plando a los secretarios, y,más allá de los secretarios,a los peones, a los mecáni-cos, a los pilotos, a todos losque lo habían ayudado en suobra, con una fe de construc-tores. Pensó en las pequeñasciudades de antaño, que oíanhablar de las «islas» (7) y seconst ru ían un navío . Paracargarlo con su esperanza.

7 Probable alusión a las «islas felices» que vimosen el cap. XVI, nota 2. Se trata del mito de lasIslas Afortunadas, islas paradisíacas que los anti-guos identificaron con las actuales Islas Canarias,consideradas entonces como el fin del mundo.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesde leur espérance. Pour quel e s h o m m e s p u s s e n t v o i rl eu r e spé rance ouvr i r sesv o i l e s s u r l a m e r. To u sg r a n d i s , t o u s t i r é s h o r sd’eux-mêmes, tous délivrésp a r u n n a v i r e . « L e b u tpeut -ê t re ne jus t i f ie r ien ,mais l ’act ion dél ivre de lamort . Ces hommes duraientpar leur navire. »

Et Rivière lut tera aussicontre la mort, lorsqu’il rendraaux télégrammes leur pleinsens, leur inquiétude aux équi-pes de veille et aux pilotes leurbut dramatique. Lorsque la vieranimera cette oeuvre, commele vent ranime un voilier, enmer.

XX

Commodoro Rivadavian’entend plus rien, mais à millekilomètres de là, vingt minutesplus tard, Bahia Blanca capteun second message

« Descendons . Ent ronsdans les nuages... »

Puis ces deux mots d’untexte obscur apparurent dans leposte de Trelew

« ... rien voir... »

Les ondes cour tes sontainsi. On les capte là, maisici on demeure sourd. Puis,sans raison, tout change. Cetéquipage, dont la posi t ionest inconnue, se manifestedé jà aux v ivants , hors del’espace, hors du temps, etsur les feuilles blanches despostes radio ce sont déjà desfantômes qui écrivent.

L’essence est-elle épuisée,ou le pilote joue-t-il, avec lapanne, sa dernière carte : retrou-ver le sol sans l’emboutir?

Para que los hombres pudie-sen ver cómo su esperanzaabría las velas sobre el mar.Todos engrandecidos, todossacados fuera de sí mismos(8), todos libertados por unnavío. «El fin quizá no jus-tifica [143] nada, pero la ac-ción libera de la muerte (9).Aquellos hombres perdurabana causa de su navío.»

Y Rivière luchará tambiéncontra la muerte, cuando dé alos telegramas su pleno senti-do, su inquietud a las tripula-ciones en vela y a los pilotossu dramática meta. Cuando lavida reanime esta obra comoel viento reanima un velero enel mar.

[145]

XX

Comodoro Rivadavia ya nooye (1) nada; pero, a mil kiló-metros de allí, veinte minutosmás tarde, Bahía Blanca captaun segundo mensaje:

«Descendemos. Entramosen las nubes...»

Luego, en la estación deTrelew, aparecieron estas dospalabras de un texto oscuro:

«... ver nada...»

Las ondas cortas son así.Las captan allí, mientras se-guimos sordos aquí. Luego,sin razón alguna, todo cambia.Esa tripulación, cuya posiciónes desconocida, se [146] ma-nifiesta ya a los vivos, fueradel espacio, fuera del tiempo;y sobre las hojas blancas delas estaciones de radio son yafantasmas que escriben.

¿Se ha agotado la bencina,o el piloto juega antes de laparada su última carta: encon-trar tierra sin estrellarse?

8 Esta forma de «engrandecer» a los hombres«sacándolos fuera de sí mismos» es clave en elpensamiento de Rivière. Ya lo había expresadoen el cap. IV: «No creía esclavizarlos con aque-lla dureza, sino lanzarlor fuera de sí mismos»(pág. 46).

9 La acción libera no de la muerte individual, sinode la muerte eterna, del olvido, de la insignifican-cia, de la nada. Es el cierre de la larga reflexiónque ha tenido Rivière tras su charla telefónica conla mujer de Fabien (cap. XIV). Allí decía: «Se tratade hacerlos eternos...» (pág. 111). Se trata, en unapalabra, de durar, a través de las obras, más alláde la existencia mortal.

1 Nótese el paso del pretérito al presente en estecapítulo, como si fuera una tregua en el desenla-ce de la tragedia que se avecina. El único verboen pasado es «aparecieron», verbo narrativo queofrece el único hilo de unión con los náufragos:esas dos palabras tan perdidas como los que lasemiten: «...ver nada...».

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesLa voix de Buenos Aires

ordonne à Trelew

« Demandez-le-lui. »

- - -

Le poste d’écoute T.S.F.ressemble à un laboratoire :nickels, cuivres et manomè-tres, réseau de conducteurs.Les opérateurs de veille, enblouse blanche, silencieux,semblent courbés sur une sim-ple expérience.

De leurs doigts délicats ilstouchent les instruments, ex-plorent le ciel magnétique,sourciers qui cherchent laveine d’or.

— On ne répond pas?

— On ne répond pas.

Ils vont peut-être accrochercette note qui serait un signede vie. Si l’avion et ses feuxde bord remontent parmi lesétoiles, ils vont peut-être en-tendre chanter cette étoile...

Les secondes s’écoulent.El les s ’écoulent vra imentcomme du sang. Le vol dure-t-il encore? Chaque secondeemporte une chance. Et voilàque le temps qui s’écoule sem-ble détruire. Comme, en vingtsiècles, il touche un temple,fait son chemin dans le granitet répand le temple en pous-sière, voilà que des sièclesd’usure se ramassent danschaque seconde et menacentun équipage.

Chaque seconde emportequelque chose.

Cette voix de Fabien, cerire de Fabien, ce sourire. Lesilence gagne du terrain. Unsilence de plus en plus lourd,qui s’établit sur cet équipagecomme le poids d’une mer.

Alors quelqu’un remarque

— Une heure quarante. Der-nière limite de l’essence : il est

La voz de Buenos Aires orde-na a Trelew:

—Pregúntenselo.

La estación de escucha de T. S.H. pa rece un l abora to r i o :píqueles, cobres y manómetros,red de conductores. Los ope-radores de guardia, en blusablanca, silenciosos, parecencurvados sobre un sencillo ex-perimento.

Con sus dedos delicadostocan los instrumentos, explo-ran el cielo magnético (2),brujos que buscan la vena deoro.

—¿No responde?

—No responde.

Tal vez van a captar esanota que sería una señal devida. Si el avión y sus lucesde bordo suben entre las es-trellas, oirán tal vez el can-to de esa estrella...

Corren los segundos. Co-rren en verdad como sangre.Dura aún el vuelo? Cada se-gundo se lleva una posibili-dad. Por eso el tiempo quecorre parece destruir. Del mis-mo modo que, a lo largo deveinte siglos, hiere a un tem-plo, se abre camino por el gra-nito y derrama el templo en elpolvo, también aquí siglos dedesgaste se amontonan encada segundo y amenazan auna tripulación.

Cada segundo se l l evaalgo.

Esa voz de Fabien, esa risade Fabien, esa sonrisa. El [148]silencio gana terreno. Un silen-cio cada vez más pesado, quese instala en esta tripulacióncomo el peso de un mar.

Entonces alguien advierte:

—La una cuarenta. Ultimolimite de la bencina: es impo-

2 Las ondas electromagnéticas.

Xpunto y aparte

???

usure- 1. Détérioration par un usage prolongé, par

effet mécanique (frottement, etc.), chimique.- 2. (Déb. XXe). Diminution ou altération (d’une

qualité, de la santé).- 3. État de ce qui est altéré, détérioré par

l’usage (- Usagé).- 4. Par métonymie. Rare. (Une, des usures).

Partie usée.

- 1. Vx. Intérêt pris sur une somme d’argent.- 2. (Mil. XVIIe). Mod. Intérêt de taux excessif; le

fait de prendre un tel intérêt (- Usurier).

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesimpossible qu’ils volent encore.

Et la paix se fait.

Quelque chose d’amer et defade remonte aux lèvrescomme aux fins de voyage.Quelque chose s’est accomplidont on ne sait rien, quelquechose d’un peu écoeurant. Etparmi tous ces nickels et cesartères de cuivre, on ressent latristesse même qui règne surles usines ruinées. Tout cematériel semble pesant, inu-tile, désaffecté : un poids debranches mortes.

I l n ’ y a p l u s q u ’ àa t t e n d r e l e j o u r .

Dans que lques heuresémergera au jour l’Argentineentière, et ces hommes de-meurent là, comme sur unegrève, en face du filet que l’ontire, que l’on tire lentement,et dont on ne sait pas ce qu’ilva contenir.

- - -

Rivière, dans son bureau,éprouve cette détente que seulspermettent les grands désas-tres, quand la fatalité délivrel’homme. Il a fait alerter lapolice de toute une province.Il ne peut plus rien, il faut at-tendre.

M a i s l ’ o r d r e d o i t r é -gner même dans l a maisondes mor t s . R iv iè re fa i t s i -gne à Robineau :

— Télégramme pour les es-cales Nord : « Prévoyons retardimportant du courrier de Patago-nie. Pour ne pas retarder tropcourrier d’Europe, bloqueronscourrier de Patagonie avec lecourrier d’Europe suivant. »

Il se plie un peu en avant.Mais il fait un effort et se sou-vient de quelque chose, c’étaitgrave. Ah! oui. Et pour ne pasl’oublier

— Robineau.

sible que sigan volando.

Y la paz se hace.

Algo amargo y soso subea los labios como en el tér-mino de un viaje. Se ha con-sumado algo de lo que nadase sabe, algo descorazona-dor. Y entre todos esos ni-queles y esas arterias de co-bre se experimenta la mismatristeza que reina en las fá-bricas destruidas. Todo esematerial parece pesado, in-útil, fuera de uso: un peso deramas muertas.

No hay más remedio queesperar el nuevo día.

Dentro de unas horas sur-girá a la luz toda Argentina,y esos hombres permanece-rán allí , como en una playa,frente a la red de la que seva t i rando , t i r ando len ta -mente, y no se sabe lo quecontendrá.

Rivière en su oficina expe-rimenta ese alivio que sólopermiten los grandes desas-tres, cuando la fatalidad libe-ra al hombre (3). Ha alertadoa la policía de toda una pro-vincia. No puede hacer más,hay que esperar.

Pero el orden debe reinarincluso en la mansión de losmuertos. Rivière, con un ges-to, llama a Robineau:

—Telegrama para las esca-las norte: «Prevemos retrasoimpor tan te de l co r reo dePatagonia. Para no retrasardemasiado correo Europa,juntaremos correo Patagoniacon próximo correo Europa.»

[149] Se dobla un poco haciadelante. Pero hace un esfuer-zo y se acuerda de algo; eragrave. ¡Ah, sí! Y para no ol-v i d a r l o :

—Robineau.

3 El conocimiento de la desgracia libera de la es-pera, de la incertidumbre, de la angustia.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notes— Monsieur Rivière?

— Vo u s r é d i g e r e z u n enote. Interdiction aux pilotesde dépasser dix-neuf centstours : on me massacre lesmoteurs.

— Bien, monsieur Rivière.

Rivière se plie un peu plus.Il a besoin, avant tout, de so-litude

— A l l e z , R o b i n e a u .A l l e z , m o n v i e u x . . .

E t R o b i n e a u s ’ e f f r a i ede ce t te égal i té devant desombres .

XXI

Robineau errait maintenant,avec mélancolie, dans les bu-reaux. La vie de la Compagnies’était arrêtée, puisque ce cour-rier, prévu pour deux heures,serait décommandé, et ne par-tirait plus qu’au jour. Les em-ployés aux visages fermésveillaient encore, mais cetteveille était inutile. On recevaitencore, avec un rythme régulier,les messages de protection desescales Nord, mais leurs « cielspurs » , leurs « pleine lune », etleurs « vent nul » éveillaientl’image d’un royaume stérile.Un désert de lune et de pierres.Comme Robineau feuilletait,sans savoir d’ailleurs pourquoi,un dossier auquel travaillait lechef de bureau, il aperçut ce-lui-ci, debout en face de lui, etqui attendait, avec un respectinsolent, qu’il le lui rendît,l’air de dire : « Quand vousvoudrez b ien , n’es t -ce pas? c’es t à moi . . . » Cet te a t -t i tude d’un infér ieur cho-q u a l ’ i n s p e c t e u r , m a i saucune réplique ne lui vint ,e t , i r r i té , i l tendi t le dos-s ier. Le chef de bureau re-tourna s ’asseoi r avec unegrande noblesse. « J’aurais

—Señor Rivière?

—Redacte una nota: Pro-hibición a los pilotos de so-brepasar las mil novecientasrevoluciones: me destrozanlos motores.

—Bien, señor Rivière.

Rivière se dobla un pocomás. Necesita, ante todo, so-ledad:

—Márchese , Robineau .Márchese, amigo mío...

Y Robineau se asusta deaquella igualdad (4) ante lassombras.

[151]

XXI

Robineau vagaba ahora,melancólico, por las oficinas.La vida de la Compañía sehabía detenido, pues aquelcorreo, previsto para las dos,sería suspendido y no saldríahasta que fuese de día. Losempleados, con rostros her-méticos, velaban aún, peroaquella vela era inútil. Llega-ban aún, con ritmo regular,los mensajes de protecciónde las escalas norte, pero sus«cielo puro», sus «luna lle-na», y sus «viento nulo» des-pertaban la imagen de un rei-no es tér i l . Un desier to del u n a y d e p i e d r a s . C o m oRobineau hojease, y ademássin saber por qué, un expe-diente en el que trabajaba eljefe de oficina, percibió queéste, de pie ante él, esperabacon un respeto insolente aque se lo devolviese, con airede decirle: «Cuando a ustedle plazca, ¿no? Es mío. . .»Aquella actitud de un subal-terno desagradó al inspector,pero no se le ocurrió ningu-na réplica e, irritado, le ten-dió el expediente. [152] Eljefe de oficina volvió a sen-tarse con gran nobleza. «Hu-

4 Robineau se sorprende de que Rivière, que sóloda órdenes, haya bajado a su nivel llamándolo«amigo mío».

annulé, suprimé

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesdû l ’envoyer promener » ,pensa Robineau. Alors , parcontenance , i l f i t quelquespas en songeant au drame.C e d r a m e e n t r a î n e r a i t l ad i sg râce d ’une po l i t i que ,e t R o b i n e a u p l e u r a i t u ndouble deui l .

P u i s l u i v i n t l ’ i m a g ed’un Riv iè re enfe rmé, l à ,dans son bureau, et qui luiavait di t : « Mon vieux. . . »Jamais homme n’avait , à cep o i n t , m a n q u é d ’ a p p u i .Robineau éprouva pour luiune grande pit ié. I l remuaitdans sa tête quelques phra-ses obscurément destinées àp l a i n d r e , à s o u l a g e r. U nsentiment qu’i l jugeait t rèsb e a u l ’ a n i m a i t . A l o r s i lf r appa doucement . On nerépondit pas. I l n’osa frap-per p lus fo r t , dans ce s i -lence , e t poussa la por te .Rivière é ta i t là . Robineauentra i t chez Rivière , pourla première fois presque depla inpied, un peu en ami ,u n p e u d a n s s o n i d é ecomme le se rgen t qu i r e -joint, sous les balles, le gé-néral blessé, et l ’accompa-gne dans la déroute, et de-vient son frère dans l’exil .« Je su is avec vous , quoiq u ’ i l a r r i v e » , s e m b l a i tvouloir dire Robineau.

Rivière se taisai t e t , latête penchée, regardait sesmains. Et Robineau, deboutdevant lui, n’osait plus par-ler. Le l ion, même abattu,l’ int imidait . Robineau pré-parai t des mots de plus enplus ivres de dévouement,mais, chaque fois qu’i l le-vait les yeux, i l rencontrai tcet te tête incl inée de troisqua r t s , c e s cheveux g r i s ,c e s l è v r e s s e r r é e s s u rquel le amertume! Enfin i lse décida :

— Monsieur le directeur...

Rivière leva la tête et le re-garda. Rivière sortait d’unsonge si profond, si lointainque peut-être il n’avait pas

biera debido mandarlo a pa-seo», pensó Robineau. Enton-ces , pa ra con tene r se , d iounos pasos pensando en eld r a m a . A q u e l d r a m aentrañaría la desgracia de unapolítica, y Robineau llorabaun doble luto (1).

Luego le vino la imagen deun Rivière encerrado en suoficina y que le había dicho:«Amigo mío...» Nunca a nin-gún hombre le había faltadoapoyo has ta e se pun to .Robineau sintió por él unagran piedad. Combinaba en sucabeza algunas frases oscura-mente destinadas a compade-cer, a aliviar. Un sentimiento,que juzgaba muy hermoso, loanimaba. Entonces llamó consuavidad. No le contestaron.No se atrevió a llamar másfuerte en medio de aquel si-lencio, y empujó la puerta.Rivière estaba allí. Robineauentraba en los dominios deRivière, por primera vez casien pie de igualdad, algo asícomo un amigo, algo así a sujuicio como el sargento queentre las balas se reúne con elgeneral herido, y lo acompa-ña en la derrota, y se convier-te en su hermano en el destie-rro. «Ocurra lo que ocurra,estoy con usted», parecía que-rer decir Robineau.

Rivière callaba y, con lacabeza inclinada, contempla-ba sus manos. Y Robineau, depie ante él, no se atrevía ahablar. El león, incluso abati-do, lo intimidaba. Robineaupreparaba palabras cada vezmás ebrias de devoción, perocada vez que levantaba losojos se encontraba con aque-lla cabeza inclinada en trescuartos, aquellos cabellos gri-ses, aquellos labios apretados¡sobre qué amargura! Por finse decidió:

—Señor director...

[154] Rivière levantó la cabe-za y lo miró. Rivière desper-taba de un sueño tan profun-do, tan lejano, que tal vez ni

1 Por el drama en sí mismo y por la «desgracia deuna política», es decir, la de los vuelos nocturnosfundada por Rivière.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesremarqué encore la présencede Robineau. Et nul ne sut ja-mais quel songe il fit, ni cequ’il éprouva, ni quel deuils’était fait dans son coeur.Rivière regarda Robineau,longtemps, comme le témoinv ivan t de que lque chose .Robineau fut gêné. Plus Ri-v iè re regarda i t Robineau ,plus se dessinait sur les lè-vres de celui-là une incom-préhensible ironie. Plus Ri-vière regardait Robineau etplus Robineau rougissait. Etplus Robineau semblait, à Ri-vière, être venu pour témoi-gner ici, avec une bonne vo-lonté touchante, et malheu-reusement spontanée, de lasottise des hommes.

Le désarroi envahi tRobineau. Ni le sergent, ni legénéral, ni les balles n’avaientplus cours. Il se passait quel-que chose d’inexplicable. Ri-vière le regardait toujours.Alors, Robineau, malgré soi,rectifia un peu son attitude,sortit la main de sa poche gau-che. Rivière le regardait tou-jours. Alors, enfin, Robineau,avec une gêne infinie, sans sa-voir pourquoi, prononça :

— Je suis venu prendre vosordres.

Rivière tira sa montre, etsimplement

— Il est deux heures. Lecourrier d’Asuncion at ter-rira à deux heures dix. Fai-tes décoller le courrier d’Eu-rope à deux heures et quart.

Et Robineau propageal’étonnante nouvelle : on nesuspendait pas les vols de nuit.Et Robineau s’adressa au chefde bureau :

— Vous m’apporterez ce dos-sier pour que je le contrôle.

Et, quand le chef du bureaufut devant lui .

— Attendez.

había notado aún la presenciade Robineau. Y nadie supojamás qué soñó, ni qué expe-rimentó, ni qué luto se habíahecho en su corazón. Rivièremiró a Robineau largo rato,como el testigo vivo de algu-na cosa. Robineau se sintióincómodo. Cuanto más mira-ba Rivière a Robineau, más sed ibu jaba en los l ab ios deaquél una incomprensible iro-n ía . Cuan to más mi rabaRivière a Robineau, más en-rojecía éste. Y más le parecíaa Rivière que Robineau habíavenido a testimoniar, con unabuena voluntad conmovedoray desgraciadamente espontá-nea, la estupidez de los hom-bres.

R o b i n e a u s e s i n t i ódesconcer tado . N i e l s a r -g e n t o , n i e l g e n e r a l , n il a s b a l a s s e r v í a n y a . S u -c e d í a a l g o i n e x p l i c a b l e .R iv iè re segu ía mi rándo lo .Entonces Robineau, a pesarsuyo, rectificó un poco su acti-tud, sacó la mano del bolsilloizquierdo. Rivière seguía mi-rándolo. Finalmente, Robineau,con infinito embarazo, sin sa-ber por qué, balbució:

—He venido a recibir ór-denes.

Rivière sacó su reloj, ysimplemente:

—Son las dos . El correod e A s u n c i ó n a t e r r i z a r á alas dos y d iez . Que e l co-r reo de Europa despegue alas dos y cuar to .

Y Robineau propagó lasorprendente noticia: no sesuspendían los vuelos noctur-nos. Y Robineau se dirigió aljefe de oficina:

—Tráigame ese expedien-te para que lo compruebe.

Y, cuando el jefe de ofici-na estuvo ante él:

—Espere.

esarroi=confusión, turbación, desasosiego- 1. Vx. Désorganisation complète.- 2. (Av. 1558). Mod. Trouble moral.

* «El desasosiego se amparó deRobineau.»«desarroi» debe tener un paralelismocabal con una misma palabra.

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent NotesEt le chef de bureau atten-

dit.

XXII

Le courrier d’Asuncion si-gnala qu’il allait atterrir.

Rivière, même aux piresheures, avait suivi, de télé-gramme en télégramme, samarche heureuse. C’était pourlui, au milieu de ce désarroi,l a revanche de sa fo i , lapreuve. Ce vol heureux an-nonçait, par ses télégrammes,mille autres vols aussi heu-reux. « On n’a pas de cyclo-nes toutes les nuits. » Rivièrepensait aussi : « Une fois laroute tracée, on ne peut pas neplus poursuivre. »

Descendant, d’escale enescale, du Paraguay, commed’un adorable jardin riche defleurs, de maisons basses etd’eaux lentes, l’avion glis-sait en marge d’un cyclonequi ne lui brouillait pas uneétoile. Neuf passagers, rou-lés dans leurs couvertures dev o y a g e , s ’ a p p u y a i e n t d ufront à leur fenêtre, commeà une vitrine pleine de bi-joux, car les peti tes vil lesd’ A r g e n t i n e é g r e n a i e n tdéjà , dans la nuit , tout leuror, sous l’or plus pâle desvilles d’étoiles. Le pilote, àl’avant, soutenait de ses mainssa précieuse charge de vieshumaines, les yeux grandsouverts et pleins de lune, commeun chevrier . Buenos Aires,déjà, emplissait l’horizon deson feu rose, et bientôt luiraitde toutes ses pierres, ainsiqu’un trésor fabuleux. Le ra-dio, de ses doigts, lâchait lesd e r n i e r s t é l é g r a m m e s ,c o m m e l e s n o t e s f i n a l e sd’une sonate qu’il eût tapo-tée, joyeux, dans le ciel, etdont Rivière comprenait lechant, puis il remonta l’an-

Y el jefe de oficina espe-ró.

[155]

XXII

El correo de Asunción in-dicó que iba a aterrizar.

Riv iè re , inc luso en laspeores horas, había seguidode telegrama en telegrama sumarcha feliz. Era para él, enmedio de aquella confusión,e l d e s q u i t e d e s u f e , laprueba . Aquel vuelo fel izanunciaba, por sus telegra-mas, mil otros vuelos tambiénfelices. «No hay ciclones to-das las noches.» Rivière pen-saba también: «Cuando la rutaestá trazada, no se puede de-jar de proseguir.»

Descendiendo de escala enescala desde Paraguay, comodesde un adorable jardín pró-digo de flores, de casas bajasy de aguas lentas, el avión sedeslizaba al margen de un ci-clón que no le enturbiaba niuna estrella. Nueve pasajeros,arrebujados en sus mantas deviaje, apoyaban la frente en suventanilla, como en un escapa-rate lleno de joyas, pues laspequeñas ciudades de Argen-tina desgranaban ya en la no-che [158] todo su oro bajo eloro más pálido de las ciudadesde estrellas. El piloto, en laparte delantera, sostenía conlas manos su preciosa carga devidas humanas, con los ojosabiertos y llenos de luna, comoun cabrero. Ya Buenos Airesllenaba el horizonte con sufuego rosáceo, y muy prontobrillaría con todas sus piedrascomo un fabuloso tesoro. Elradiotelegrafista enviaba consus dedos los últimos telegra-mas, como las notas finales deuna sonata que hubiese teclea-do gozoso en el cielo, y cuyocanto Rivière comprendía;luego recogió la antena; des-

desasosiego

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notestenne, puis il s’étira un peu, bâillaet sourit : on arrivait.

Le pilote, ayant at terri ,retrouva le pilote du cour-rier d’Europe, adossé con-t r e s o n a v i o n , l e s m a i n sdans les poches.

— C’est toi qui continues?

— Oui.

— La Patagonie est là?

— On ne l’attend pas : dis-parue. Il fait beau ?

— Il fait très beau. Fabiena disparu?

Ils en parlèrent peu. Unegrande fraternité les dispensaitdes phrases.

On t ransbordai t dansl ’avion d’Europe les sacstransmis d’Asuncion, et le pi-lote, toujours immobile, la têterenversée, la nuque contre lacarlingue, regardait les étoiles.Il sentait naître en lui un pou-voir immense, et un plaisirpuissant lui vint.

— Chargé ? fit une voix.Alors, contact.

Le pilote ne bougea pas.On met ta i t son moteur enmarche. Le pilote allait sen-t i r d a n s s e s é p a u l e s , a p -puyées à l’avion, cet avionvivre. Le pilote se rassurait,enfin, après tant de faussesnouvelles : partira... partirap a s . . . p a r t i r a ! S a b o u c h es ’en t rouvr i t , e t s e s den t sbrillèrent sous la lune commecelles d’un jeune fauve.

— A t t e n t i o n , l a n u i t ,hein !

Il n’entendit pas le conseilde son camarade. Les mainsdans les poches, la tête ren-versée, face à des nuages, desmontagnes, des fleuves et desmers, voici qu’il commençaitun rire silencieux. Un faiblerire, mais qui passait en lui,

pués se estiró un poco, bostezó ysonrió: estaban llegando.

El piloto, después de ate-rrizar, encontró al piloto deEuropa recostado contra suavión, con las manos en losbolsillos.

—Eres tú el que continúa?

—Sí.

—¿Ha llegado el Patagonia?

—No lo esperamos: des-aparecido. Buen tiempo?

—Muy bueno. ¿Fabien hadesaparecido?

Hablaron poco. Una granfraternidad los dispensaba delas frases hechas.

Trasbordaron al avión deEuropa las sacas de Asunción,y el piloto, aún inmóvil, conla cabeza echada hacia atrás,la nuca contra la carlinga,miraba las estrellas. Sentíanacer en él un poder inmen-so, y lo invadió un placer po-deroso.

—¿Cargado ya? dijo unavoz—. Entonces arrancando.

El piloto no se movió. Es-taban poniendo su motor enmarcha. El piloto iba a perci-bir en sus espaldas, apoyadasen el avión, cómo aquel aviónvivía. El piloto estaba ya se-guro, por fin, después de tan-tas falsas noticias: «Saldrá...»«No saldrá...» «¡Saldrá!» Suboca se entreabrió, sus dien-tes brillaron bajo la luna comolos de una fiera joven.

[159]—¡Cuidado con lanoche, eh!

No oyó el consejo de sucamarada. Las manos en losbolsillos, la cabeza levanta-da cara a las nubes , a lasmontañas, a los ríos y a losmares, empezaba a reír si-lenciosamente. Una risa dé-bil, pero que pasaba por él

appuyé, placé

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notescomme une brise dans un ar-bre, et le faisait tout entiertressail l ir . Un faible r i re ,mais bien plus fort que cesnuages, ces montagnes, cesfleuves et ces mers.

— Qu’est-ce qui te prend ?

— Cet imbécile de Rivièrequi m’a... qui s’imagine quej’ai peur!

XXIII

Dans une minute il fran-chira Buenos Aires, et Rivière,qui reprend sa lutte, veut l’en-tendre . L’entendre na î t re ,gronder et s’évanouir, commele pas formidable d’une arméeen marche dans les étoiles.

R i v i è r e , l e s b r a s c r o i -s é s , p a s s e p a r m i l e s s e -c r é t a i r e s . D evant une fe-nêtre, i l s’arrête, écoute etsonge.

S ’ i l a v a i t s u s p e n d u u ns e u l d é p a r t , l a c a u s e d e sv o l s d e n u i t é t a i t p e r -d u e . M a i s , d e v a n ç a n t l e sf a i b l e s , q u i d e m a i n l ed é s a v o u e r o n t , R i v i è r e ,d a n s l a n u i t , a l â c h é c e ta u t r e é q u i p a g e .

Victoire. . . défaite. . . cesmots n’ont point de sens. Lavie est au-dessous de ces ima-ges, et déjà prépare de nou-velles images. Une victoireaffaiblit un peuple, une dé-faite en réveille un autre. Ladéfaite qu’a subie Rivière estpeut-être un engagement quirapproche la vraie victoire.L’événement en marchecompte seul.

D a n s c i n q m i n u t e s l e sp o s t e s d e T. S . F. a u r o n ta l e r t é l e s e s c a l e s . S u rq u i n z e m i l l e k i l o m è t r e s

como una brisa por un árboly lo hacía estremecerse dearriba abajo. Una risa débil, peromucho más fuerte que aquellasnubes, aquellas montañas, aque-llos ríos y aquellos mares.

—¿Qué te pasa?

—¡Ese imbécil de Rivièreque me ha..., que se imaginaque tengo miedo!

[161]

XXIII

Dentro de un minuto fran-queará Buenos Aires , yRivière, que prosigue su lucha,quiere oírlo. Oírlo nacer, rugiry desvanecerse, como el pasoformidable de un ejército enmarcha hacia las estrellas.

Rivière, con los brazoscruzados, pasa por en mediode los secretarios. Ante unaventana se detiene, escucha ymedita.

Si hubiese suspendido unasola salida, la causa de losvuelos nocturnos estaba perdi-da. Pero, adelantándose a losdébiles, que mañana desapro-barán su actuación, Rivière,durante la noche, ha lanzadoesta nueva tripulación.

Victoria... Derrota... Estaspalabras carecen de sentido.La vida está por debajo de esasimágenes y prepara ya nuevasimágenes. Una victoria debili-ta a un pueblo, una derrotadespierta a otro. La derrotaque ha sufrido Rivière es [164]tal vez una inci tación queaproxima a la verdadera vic-toria. Sólo importa el aconte-cimiento en marcha (1).

Dentro de cinco minutoslas estaciones de T. S. H. ha-brán alertado a las escalas. Enquince mil kilómetros, el es-

1 En este final, como en otras ocasiones, 1avoz del narrador se mezcla con el monólogointerior de Rivière, recogiendo y recapitulandolos motivos centrales de su pensamiento. Cf.cap. XIII, nota 4.

x

tressallir 1. (Sujet n. de personne). Éprouverdes secousses musculaires, untressaillement. [a] (Sous l’effet d’uneémotion vive, agréable ou désagréable) -Effluve, cit. 5. [b] (Sous l’effet d’unesensation qui surprend). - 2. (Sujet n. depersonne, d’animal). être agité debrusques secousses, remuer de façondésordonnée. - 3. Techn. (de trésaillé*,confondu avec tressailler). Se fendillersous l’effet de la chaleur (céramique).

Page 86: Vol de nuit Vuelo Nocturno

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Notes Saint-Exupñery’s Vol tr. de J. Benavent Notesl e f r é m i s s e m e n t d e l a v i ea u r a r é s o l u t o u s l e s p r o -b l è m e s .

Déjà un chant d’orguemonte : l’avion.

Et Rivière, à pas lents, re-tourne à son travail, parmi lessecrétaires que courbe son re-gard dur*. Rivière-le-Grand,Riv iè re l e -Vic to r i eux , qu iporte sa lourde victoire.

tremecimiento de la vida ha-brá resuelto todos los proble-mas (2).

Ya sube un canto de órga-no: el avión.

Y Rivière, a pasos lentos,vuelve a su trabajo, entre lossecretarios que su dura mira-da encorva. Rivière-el-Gran-de, Rivière-el-Victorioso, quelleva su pesada victoria (3).

2 No es que se hayan resuelto definitivamente,sino que han empezado a resolverse desde quese ha tomado la decisión de resolverlos. Comoacaba de decir, «sólo importa el acontecimientoen marcha». Es la recapitulación de lo que dijoRivière a Robineau: «En la vida no hay solucio-nes. Hay fuerzas en marcha: es preciso crearlas,y las soluciones vienen detrás» (cap. XIX, pág.137). La decisión de Rivière no evitará todos losproblemas de los vuelos nocturnos, pero hará quelos vuelos nocturnos lleguen a ser una realidadestable y segura.

3 Pesada en el doble sentido de la palabra: porel precio que hay, que pagar por ella, y por loque tiene de afirmación, de hito en el camino dela victoria definitiva, de la permanencia, de la«eternidad».

* riguroso, fueret, nada indulgente,obstinado, (insensible)