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rJ. Ivoir. Océanol. Limnol. Abidjan VoLI, n°2, Novembre 1991: 47-60 (4) CONTRIBUTION A L'ETUDE DES MODIFICATIONS HYDRS-SEDIMENTAIRES CONSECUTIVES A LA REOUVERTURE ARTIFICIELLE DE L'EMBOUCHURE DU COMOE A GRAND-BASS CONTPJI;UIION TO THE STUDY OF THE HYlRO-SEDIMENTARY MODIFICATIONS RESULIÌNG FROM THE ARTIFICIAL REOPENING OF COMOE INLET AT GRAND-BASSAM RESUME La réouverture artificielle du canal naturel du fleuve Comoé (22 septembre 1987) en vue de l'élimination en mer des plantes flot- tantes envahissantes, a modifié considérable- ment l'environnement hydro-sédimentaire du domaine lagunaire à Grand-Bassam. L'action des courants de marée a conféré un caractère plus estuarien aux eaux lagunaires, l'intrusion saline (25-30%o) remontant au delà des ponts de Moossou à la confluence du fleuve Comoé. Ceci a entraîné un curage du cours in- férieur du fleuve et surtout des fonds lagunaires antérieurement confinés. La remobilisation des vases (des fonds autour de l'île Bouét), éva- cuées en suspension vers le large a découvert les faciès sableux lagunaires et marins. Ce nouveau système demeure fragile, par la Suite d'un colmatage saisonnier du canal en étiage. Mots-clés: Côte d'ivoire, Lagune Ebrié, Hy- drologie, Plantes flottantes, Canal, Ero- sion. ABSTRACT The Bassam artificial inlet was opened (in September 22, 1987) in order to revacuate offshore invasive aquatic plants. This has considerably modified the hydro-sedirnentary environment of the lagoonal domain at Grand- Pa r KOFFI K. Ph., J. ABE et J.B. AMON KOTHIAS Centre de Recherches Océanologiques B.P. V 18 AHDJAN (Côte d'ivoire) --==ooOoo=-- Bassam. Tidal currents effect has confered the lagoonal waters an estuarine feature, the saline intrusion (25-35%o) increasing beyond the Moossou bridges up to the confluence of the Comoe river. This has led to a cleaning of the river lower course and above all to the bottoms of the lagoon which were previously confined. The remobilization of mud (from lagoonal bot- toms around Bouet Island) evacuated offshore, has exposed lagoonal and oceanic sandy fea- tures. This new system remains fragile, with the seasonal (low river-flow) clogging. Key words: Côte d'ivoire, Ebrie lagoon, hy- drology, Floting plants, sediments, inlet, erosion. ÌNTRODUCTION L'embouchure naturelle du fleuve Co- nioé à Grand-Bassam communique avec l'océan par un canal peu profond (2 à 3 m) à travers le mince cordon littoral quaternaire. Cet exutoire, comme la plupart des passes de la côte orientale ivoirienne est in- stable. Sa migration dans le cordon qúi est liée à l'équilibre dynamique entre le transit sédi- mentaire littoral et les processus estuariens (marée, courant de chasse et vidange de crue) a provoqué des épisodes successifs de colmatage et d'ouverture.

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rJ. Ivoir. Océanol. Limnol. AbidjanVoLI, n°2, Novembre 1991: 47-60

(4) CONTRIBUTION A L'ETUDE DES MODIFICATIONSHYDRS-SEDIMENTAIRES CONSECUTIVES A LA REOUVERTURE

ARTIFICIELLE DE L'EMBOUCHURE DU COMOE A GRAND-BASS

CONTPJI;UIION TO THE STUDY OF THE HYlRO-SEDIMENTARYMODIFICATIONS RESULIÌNG FROM THE ARTIFICIAL REOPENING

OF COMOE INLET AT GRAND-BASSAM

RESUME

La réouverture artificielle du canalnaturel du fleuve Comoé (22 septembre 1987)en vue de l'élimination en mer des plantes flot-tantes envahissantes, a modifié considérable-ment l'environnement hydro-sédimentaire dudomaine lagunaire à Grand-Bassam.

L'action des courants de marée a conféréun caractère plus estuarien aux eaux lagunaires,l'intrusion saline (25-30%o) remontant au delàdes ponts de Moossou à la confluence du fleuveComoé. Ceci a entraîné un curage du cours in-férieur du fleuve et surtout des fonds lagunairesantérieurement confinés. La remobilisation desvases (des fonds autour de l'île Bouét), éva-cuées en suspension vers le large a découvertles faciès sableux lagunaires et marins. Cenouveau système demeure fragile, par la Suited'un colmatage saisonnier du canal en étiage.

Mots-clés: Côte d'ivoire, Lagune Ebrié, Hy-drologie, Plantes flottantes, Canal, Ero-sion.

ABSTRACT

The Bassam artificial inlet was opened(in September 22, 1987) in order to revacuateoffshore invasive aquatic plants. This hasconsiderably modified the hydro-sedirnentaryenvironment of the lagoonal domain at Grand-

Pa r

KOFFI K. Ph., J. ABE et J.B. AMON KOTHIASCentre de Recherches OcéanologiquesB.P. V 18 AHDJAN (Côte d'ivoire)

--==ooOoo=--

Bassam. Tidal currents effect has confered thelagoonal waters an estuarine feature, the salineintrusion (25-35%o) increasing beyond theMoossou bridges up to the confluence of theComoe river. This has led to a cleaning of theriver lower course and above all to the bottomsof the lagoon which were previously confined.The remobilization of mud (from lagoonal bot-toms around Bouet Island) evacuated offshore,has exposed lagoonal and oceanic sandy fea-tures. This new system remains fragile, with theseasonal (low river-flow) clogging.

Key words: Côte d'ivoire, Ebrie lagoon, hy-drology, Floting plants, sediments, inlet,erosion.

ÌNTRODUCTION

L'embouchure naturelle du fleuve Co-nioé à Grand-Bassam communique avecl'océan par un canal peu profond (2 à 3 m) àtravers le mince cordon littoral quaternaire.

Cet exutoire, comme la plupart despasses de la côte orientale ivoirienne est in-stable. Sa migration dans le cordon qúi est liéeà l'équilibre dynamique entre le transit sédi-mentaire littoral et les processus estuariens(marée, courant de chasse et vidange de crue) aprovoqué des épisodes successifs de colmatageet d'ouverture.

Ainsi les divagations de l'embouchure,observées sur environ un siècle portent sur plusdc 11 km de côte, entre le village d'Azureti àl'Ouest et le bras mort du fleuve Comoé àMondoukou (Varlet, 1958 ; Tricart, 1957). 11faut souligner dans cet historique du grau,l'épisode actuel (1951-1987) après le per-cement du Canal de Vridi (1951), où la baisseconsécutive des courants de chasses dansl'estuaire et le détournement des eaux depuisMoossou en direction des passes de Vridi ontfavorisé le colmatage, l'ensablement quasi-per-manent(i) des passes et le confinement du mi-lieu.

La vidange de cet estuaire bifide par leseul pôle du canal de Vridi, a provoqué unesurcharge des eaux lagunaires. L'envahissementsaisonnier (crue du fleuve Como é) des plansd'eau des secteurs Central et Oriental de la la-gune Ebrié par les végétations flottantes(Eiclthornia crassipes, Salvinia molesta, Pistiastratiores) ces dernières années en constitue unaspect à la fois spectaculaire et gênant. Aussi laréouverture de l'embouchure du fleuve Comoé àGrand-Bassam a-t-elle été décidée par laCommission Nationale de l'Environnement, envue de l'évacuation en mer de ces plantes par legrau de Bssam.

Cette opération a suscité un programmeconcomitant d'étude de l'impact de cette réou-verture sur l'évolution du domaine estuarien.L'approche hydro-sédimentaire de ce suivi quia fait l'objet de trois campagnes, 15-17 Avril1987 (état zéro), 8-10 Octobre 1988 et 9-12Janvier 1989 (post-ouverture) est développéeci-après.

1- GENERAUTES

1.1. Cadre général

La zone étudiée est le secteur estuariendu fleuve Comoé à l'extrémité orientale de lalagune Ebrié. Celle-ci couvre les environs del'île Morin au Nord, les ponts dc Moossou à laconfluence du fleuve Comoé-lagunc Ebrié, l'îleBouèt et le cordon littoral au Sud (Fig.1 et 4).

1.2. Géologie et paysage littoral

Le domaine du Canal du fleuve Comoése localise dans la zone centrale du bassin sé-dimentaire où on observe du Nord au Sud les

(1) L'embouchure a été totalement fermée en Avril 1972(Tastet,1979) et depuis 1975, l'aménagement de laroute littorale avait rendu cette fermeture définitive.

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formations miopliocène à quaternaire (Fig.1Tastet, 1979).

Les plateaux sablo-argileux mìoplio-cène du Continental Terminal au Nord, domi-nent les sables argileux des bas-plateauxantéholocène qui sont relayés au Sud par lesvases et sables lessivés fluvio-lagunaires. Lecordon littoral quaternaire plus au Sud estformé de cordons marins sableux successifs. Onobserve à l'Est de ces cordons et rides de sablemarins, moyens à grossiers-roux, une généra-tion de cordons de sable moyen à fin blancjaunâtre (Mondoukou-Assinie).

2- APERCU HYDROLOG!OUE

Le fleuve Comoé et la lagune Ebriéconfluent à Grand-Bassam pour former le plusvaste estuaire du littoral Ivoirien (Fig.1). Cetestuaire bifide, assez singulier est alimenté parle fleuve Comoé qui draIne du Nord au Sud,78000 km2, selon un régime tropical de transi-tion (débit moyen annuel 156,8 m3s1, 1987) àcrue unique (Septembre-Octobre) et par le sys-tème lagunaire Ebrié et les rivières forestières àcrue dédoublées (Juin-Juillet et Octobre-No-vembre).

L'évolution de cet estuaire se résume endeux états transitoires, la période ávant le per-cement du canal de Vridi (1950-1951) où seull'embouchure "temporaire" du fleuve Comoé àBassam évacuait en mer et la période aprèsl'ouverture dudit canal qui a entraîné de pro-fondes modifications hydrologiques. La situa-tion actuelle créée par la réouverture du grau dufleuve Comoé à Bassam (22 Septembre 1987)n'est qu'une des nombreuses variantes de ccdernier cas.

2.1. L'hydrologie ancienne avant l'ouverturedu Canal de Vridi

La pénétration de l'onde de marée parl'unique exutoire du fleuve Comod,. secaractérisait par d'énormes pertes de chargesdans le cours inférieur du fleuve avec un fortamortissement 6 à 10 (rapport des marnages enmer et dans l'estuaire), dès la confluence Oula-dine jusqu'à Moossou presqu'équivalent enzone centrale lagunaire Ebrié-Abidjan. La dy-namique de l'intrusion saline conférait troissecteurs distincts qui étaient respectivementun domaine sous influence marine, sans dilu-

Figure 1: Localisation et géologie du secteur détude (Tastet, 1979).Location and geology of the study area (Tastet, 1979).

tion (salinité supérieure à 30%), à laconfluence Ouladine ; un domaine saumâtre, 10à 13%o, du cours inférieur du fleuve Conioé àla confluence des lagunes Potou ; et un domaineà salinité inférieure à lO% dans la zone Cen-trale de la lagune Ebrié (Abidjan) à caractèreplus lacustre à l'Ouest.

Les essais de bilan hydrique (Varict,1978) avec un canal aux dimensions moyennes(largeur : 300 m ; profondeur : 3,5 m) souli-griaient une contribution égale du fleuve Comoéet de la lagune Ebrié, avec 12.106 m3 d'eauévacués au jusant et représentant le double desentrées au flot.

2.2. L'hydrologie de Uestuaire aprèsl'ouverture du Canal de Vridi

L'estuaire dès lors bifide a maintenu unflux principal en direction du canal de Vridi.Cette situation favorisée par le caractèretemporaire du canal et les dimensions du canalartificiel (longueur : 2.7 km ; largeur : 230 mprofondeur moyenne: 12 m ; section mouillée:2760 m2) a provoqué le déplacement du secteurestuarien sous forte influence marine (salinitésupérieure à 20%o) däns la zone centrale depart et d'autre de Vridi (Tastet, 1979).

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L'onde de marée, depuis Vridi, induitdans le secteur de l'embouchure naturelle dufleuve Comoé (confluence Ouladine - Moossou- Ile Vitré) un marnage faible sensiblementéquivalent à celui occasionné par le flux du ca-nal de Bassam, 17 à 33 cm pour 100 cmd'amplitude au large de Vridi. Toutefois, il fautmentionner la réduction sensible du retard dcpropagation de la marée et l'apparition dunfront salé à la confluence Ouladine lorsque lesdeux exutoires sont fonctionnels.

Le bilan estimé au niveau du Canal deVridi (Mai-Octobre), le grau fermé, confirmedes flux nets plus importants de 18,6.106 m3évacués par cycle de marée pour un flux de..ju-sant de près de 46,7.106 m3 (Tastet, 1974).

Les écoulements résiduels estimés de-puis Moossou traduisaient un flux préférentielen direction du canal de Vridi (1).

(1) Les maxima des courants de marée à Moossouétaient de 1,15 in si (jusant) et 0.70 in sl(flot).

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4005 4°O0 3055 3'SO 3

2.3. Hydrodynamique à l'embouchure aprèsla réouverture artilicieHe du 22 Sep-tembre 1987

Nous avons procédé à des essais de re-levés de vitesse de courant de marée sur deuxétats post--ouverture (Station Moossou: S2Station Embouchure : Si ; Fig. 3).

2.3.1. A l'état "zéro", Avril 1987.

On distinguait deux zones dynamiquesdistinctes

- Une zone interne confinée II, sau-mâtre des environs de l'île Bouet jusqu'à laconfluence Ouladine sans courant de marée ef-fectif (Anonyme, 1987)

- Une zone interne, fluviale I, drainéeen permanence par le jeu des courants dechasses du fleuve et dc la marée depuis Vridi,La circulation résiduelle correspond en surfaceà 6.3 ems-1 direction jusant et au fond 34ems-4 direction flot. Il s'agit là d'une réparti-tion classique dans les estuaires.

2.3.2. Les deux états post-ouverture.

Les deux essais de relevés de vitesse decourant de marée que nous avons réalisés les 17Août 1988 et 7-8 Janvier 1989 nous permettentde déterminer trois zones dynamiques commesuit

- L'apparition d'une zone externe III,sous forte influence marine à salinité compriseentre 25 et 30% ou supérieure à 30% plus oumoins réduite à la confluence Ouladine-grau(Fig. 2). Les vitesses instantanées supérieures à0,400 ms-' ont été relevées

- La zone interne II, de la confluenceOuladine à 111e Bouet soumise à l'action decourants de marée faibles à modérés selon lasection du canal. Les vitesses maximales re-levées à la station embouchure sont comprisesentre 0,18 ms-1 le 17 Août 1988, avec le grautrès ensablé et une section de moins d'une cen-taine de mètres, et 0,50 ms-1 le 7 Janvier 1989avec l'embouchure largement dégagée (Fig. 3).

Les écoulements résiduels, de surfaceVr 0,08 ms-1 direction jusant et du fond V =0,08 ms-1 direction flot, sont équivalents.

La salinité dc cette zone intermédiairevari entre 5%o et 30%o avec une stratificationdes eaux (Fig. 2);

50

10m

5

10m

0m

ORAl) DuFL. COMOE

17 AOUT 1988

07 JANVIER 1989

Figure 2 : Coupe de salinité dans l'estuaires du fleuveComoé. Zone de Grand-Bassam.Saiinity transect in Ihe Comoe estuary in the vicinity ofGrand-Bassam.

- La zone interne «fluviale» I, à laconfluence du fleuve Comoé - lagune EbriéMoossou est drainée par un écoulement plusimportant. La vitesse maximale à la stationMoossou varie entre 0,68 ms-' (17 Août 1988)et 0,55 ms-1 (7 Janvier 1989) (Fig.3). Les cou-rants alternatifs donnent respectivement unécoulement résiduel de 0,04 ms' directionjusant en surface et 0,08 ms-1 et 0,11 ms-'direction flot à 3 m et 5 m de la surface. Lasalinité traduit la plus forte dilution del'intrusion saline (5-iS%o) et l'écoulement ensurface des eaux du fleuve Comoé (Avril 1988).L'eau de mer remonte en profondeur (4-5 m)jusque dans cette zone en étiage (7 Janvier1989; Fig. 2).

L'onde dynamique de marée décritepour les différents états ci-dessus entraîne untrès faible marnage de moins de 30 cm.

CONFLUENCEL. OULADINE

CONFLUENCEFL. COMOE

STATION EMBOUCHURE STATION MOOSSOU

ZONEZONE EXTE,F 'C-- INTERNEn -44g-ZONE INTENEIFLUVI4L

I I I t

1000m 2000m 3000m 4000mNORD

oSUD

50

40302010

olo

20

3040

V(cm/s)30

aoloolo

203040

/\ /

STATION MOOSSOU

FLOT

JUSANT

Surface3m5m

STATION EMBOUCHURE 7-8 JANVIER 1989

FLOT

9 HEURES(TU)

Figure 3 Relevés des courants de marée au grau de Bas-sam.Tide currents in the Grand-Bassam inlet.

3- ETUDE DES SEIMENTS SUPER-FICIELS

3.1. Méthodologie

3.1.1. Echantillonnage.

Il a été réalisé trois campagnes de prélè-vements des sédiments superficiels au CôneBerthois

- La campagne "état zéro', 15-17 Avril1987, 87 échantillons.

- La campagne du 8 au 10 Octobre1987, 75 échantillons.

- La campagne du 9 au 11 Janvier 1989,64 échantillons.

3.1.2. Analyse des sédiments.

Les analyses effectuées sur les sédi-ments sont les suivantes

- description sommaire des sédiments.- tamisage sous l'eau des échantillons

bruts pour séparation des sables et vases etanalyse granulométrique de la fraction sableuse.

51

Les résultats de l'analyse granulo-métrique ont été traités à l'aide d'un programmeFORTRAN IV (Allen, 1970). Les paramètressuivants sont calculés

E f.di

100

Ef.d2a =V

loo

f.d3Sk =

aoù

Mz: moyenne ou le grain moyen.

C : l'écart-type; il définit le perfectionnementdu classement.

Sk : représente le coefficient dassymétrie.

f : pourcentage des différentes catégoriesde grains dans l'échantillonnage considéré.

di :distance respective qui sépare, sur le dia-gramme, l'origine du milieu des divisionscorrespondantes (on prend comme originele milieu de la division où a lieu le maxi-mum).

d2 :distance du centre de gravité au milieu dechaque division correspondante de l'histo-gramme

d3 :distance du centre de gravité au milieu dechaque division correspondante de l'histo-gramme, mais pris positivement à droite etnégativement à gauche.

3.2. Cartographie des faciès superficiels

3.2.1. Description des faciès.

11 a été déterminé cinq faciès sédi-mentaires dans le domaine de l'embouchure dufleuve Comoé pour les 3 campagnes:

- Les sables grossiers (ç> 500 1um) dudomaine fluvial, jaune-roux, généralementazoïques : ce faciès se caractérise par une forteoccurrence de gravillons. Les populations sontrelativement homogènes modérément classées(0,55 < a < 0,93). La teneur en carbonate estfaible et inférieure à 5%;

V(cm/s)8 JANVIER 1989

- Les sables moyens (500 ,um <, < 250

Ces sables jaune-roux à grisâtrecontiennent quelques débris coquilliers. Ils sontpeu homogènes, multimodaux avec un écart-type compris entre 0,51 et 1,17 pour despopulations modérément classées à mal clas-sées. La teneur en carbonate est modérée avecquelques exceptions à plus dc 30%.

- Les sables fins à très fins (250 1um >> 63zm).

Les sables fins à très fins sont blancs àgrisâtres. Ils constituent une population assezhétérogène, modérément classée à mal classée(0,51 < u < 1,32). On y observe les plus fortesteneurs en carbonate pour les sables fins vaseux(40%);

- Les vases et silt ( < 63 ,um)comprennent

* les vases molles gris-verdâtres, bio-turbées, assez riches en matière organique pro-venant en grande partie de la décomposition desplantes flottantes;

* les vases fluides, noires, à forte odeurde H2S et très riches en matière organique.

L'analyse granulométriquc de la fractioninférieure à 63 1um n'ayant pu être faite, le facièsdes vases couvre ici les silts et argiles

- Les faciès de mélange (sables vaseuxet vases sableuses).

Il s'agit du mélange des faciès sableux etvaseux susmentionnés en des proportions va-riables. La coupure entre vases et sables est si-tuée à 50% de particules inférieures ou supé-rieures à 63 um.

3.2.2. Carte des faciès sédimentairessuperficiels et interprétation dynamique.

La répartition des faciès superficielsdans le domaine de l'embouchure en relationavec le niveau d'énergie et la dynamique desfonds trace parfaitement les différentes zonesdynamiques définies dans l'aperçu hydrolo-gique.

3.2.2.1. La cartographie des sédimentsavant l'ouverture (15 Avril1987; Fig. 5)

La cartographie des sédiments avantl'ouverture, état du 15 Avril 1987, met en évi-dence, avec l'hydrologie, les principales zonesdynamiques suivantes

52

100%

50

100%

50-

50

4.00 a-ao0.063 0.125

2.0.250 0.000

Courbes CUO'."°°s soU5 fln

N°45 (09-Ol-Se)N°3 (09-01-89)

N°87 (17-04-. 87)

N°19 (08-10- 87)

Courbes cuniuloIiesdei sables 8rresiieru

(î) N°15C09-ro-eflN°85(17-04-87)

N°55(10-0,-89)

N°25(09-10-87)if Courbes ciula'imsdos zabi rsoymm

N°36(09-01-89)

N°41 (09-10-87)

(î) N°58 (16-04-87)N°67(16-04-87)

1.00 -0.33 01,25 rem

Figure 4 : Courbes cumulatives des sables. (a : grossiersb : moyens; o : fins).Cumulative curves of sands from coarse to fine.

- La zone interne I de Moossou, sousforte influence fluviale, est caractérisée par lesfaciès les plus grossiers: sables grossiers roux àsables moyens fluvio-lagunaires (Martin, 1977;Tastet, 1979). Leur répartition délimite parfai-tement la confluence du fleuve en lagune Ebrié.Les vases sont localisées sur les berges for-tement colonisées par les plantes flottantes. Lesabords de 111e Morin au Nord sont tapissés desables fins

- 534.00 3C0 aoø 1.000.043 0.125 0.250 0.500

-0.33 04.00 3.00 2.00 tOO

O063 0.125 0.250 0.500 1.25 mIn

- La zone interne IL du Nord de 111eBouët à la confluence Ouladine au Sud, où leconfinement du milieu a favorisé la décantationdes eaux lagunaires et des crues du fleuve Co-moé. Les fonds sont formés de vase jusqu'à laconfluence Ouladine où sont observés les sablesfins à très fins lagunaires. Les affleurements desables (moyens et fins) dans cette zone formentles bancs et hauts fonds.

Le bras lagunaire à l'opposé de la laguneOuladine est très confiné avec des dépôts devases fluides noires à forte odeur de H2S.

3.2.2.2. La cartographie des sédimentsaprès louvertureture du Canal

* Etat du 8-t0 Octobre1987 (Fig. 6)

La répartition des faciès superficielscomparativement à l'état initial traduit uneamorce d'érosion des fonds avec l'apparitiond'une zone externe sous influence marine (houicet swash).

La zone intcrnc I de Moossou. Lessables moyens occupent une superficie plusimportante à la faveur du lessivage des vaseslocalisées aux berges orientales du ficuve Co-moé et dc la lagune Ebrié.

L.a zone interne II du Nord de 111e Bouètau Nord de la confluence Ouladinc : L'érosiondes fonds des berges Nord de 111e Bouët dé-couvre des sables moyens. Les fonds restentvaseux dans le secteur de l'île. Les vases remo-bilisées sont évacuées en suspension per-manente vers le large (Rivière, 1977 ; Migniot,1968 ; Allen, 1977).

La zone externe III, du Canal à laconfluence Ouladine: on observe la prograda-tion 4es sables marins moyens sur les sablesfins lagunaires à la faveur des courants de ma-rée de flot . Le bras lagunaire oriental n'a pasévolué. Les fonds y demeurent vaseux.

* Etat du 6-11 Janvier1989 (Fig. 7)

L'érosion des sédiments du fond est à unstade très avancé; les faciès sableux, sablesgrossiers à fins sont dominants.

La zone interne I de Moossou n'a passensiblement évolué, toutefois, l'on remarque ledépôt de vases le long des berges abritées.

Le lessivage des vases au niveau de lazone interne II est plus important. Les parti-cules fines sont localisées sur quelques plagesde vase au Nord-Ouest et la baie Sud de l'îleBouët. Les sables fins à très fins qui se décou-vrent dans cette zone interne correspondent àun faciès de mélange sable fin vaseux.

53

La zone externe III, au Sud de laconfluence Ouladine. Les sables moyens marinssont réduits à l'axe du chenal du canal. Lessables fins à très fins charriés vers le canaloccupent la lagune Ouladine et les berges dc larive gauche. Les vases noires fluides du braslagunaire ne sont pas remaniées.

3.3. Colmatage et ensablement du canal.

Avant le percement du cordon (Annexe2a), la fermeture permanente du canal depuis1972, avec le développement d'un mince cor-don aménagé en route littorale (1975), a favo-risé le confinement du milieu lagunaire : sédi-mentation et colonisation des berges et baiespar les plantes flottantes.

La dynamique des sédiments dans l'axede l'embouchure correspond à une pénétrationdes sables moyens marins remaniés à la côtesous l'action de la houle en déferlement(Swash) et des courants de marée. L'importancede cet apport de sable est favorisée par la dimi-nution de l'énergie des chasses du fleuve(Planche II) en étiage et par l'érosion des plages

6 Novembre 1987 : l'embouchureprésente sa section maximale (plus de 600 m)suite à l'élargissement spectaculaire observé

dès les premières marées qui ont suivi le per-cement du cordon (22-24 septembre 1989).Ceci étant accéléré par la vidange dc crue dufleuve.

9 Septembre 1988 : l'ensablementdes passes amorcé au début dc l'étiage(Février-Avril) a entraîné la formation dcflèches libres sur les berges. L'ouverture"aérienne" du canal très réduite (moins d'unecinquantaine de mètres, et peu profonde ncpermet plus par le jeu dc marée un écoulementefficace malgré l'amorce de crues). Les sablesmoyens marins du cordon littoral érodé sontremontés par la houle (jet de rive et uprush)dans l'axe du canal et alimentent ces flèches.

- e. 6 Novembre 1988 : fin des crues.On retrouve l'état de fin des crues, déjà observé1987 (a) avec un canal largement dé-gagé (environ 400 m de large). Ceci correspondà une érosion des apports sableux (estran etflèche libre) de la rive droite, quartier France,avec allongement de la flèche de la rive gauche.

- d. 11 Août 1989 : (fin d'étiage -amorce des Crues) : On observe le Colmatagetotal du canal avec le développement d'un bancsableux dans le lit de celui-ci.

54

Sable fin d très fin(250»< Z<63»)

Figure 5 - Carte des faciès sédimentaires superficiels. 15 Avril 1987

3' 44'O 3OQcn

ri

Sable grossier(0 :' QQ pin)

Sable moyen(500< )<250)

Soble tin a tres fin(2bOp<S< 63p)

Vase(<63p)

Foret Moossou

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Figure 6 - Carte des faciès sdirnentaire Superficiels. 8 Octobre 1987

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Figure 7 - Carte des faciès sédimentaires superficiels. 6 Janvier 1989

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6 Novembre 1987Elargissement spectaculairedu Grau (plus de 600 m)consécutif au percement ducordon (22-23 Septembre) et àla vidange de crue.

9 Septembre 1988Ensablement très avancédes passes avec la forma-tion de 2 flèches libres.

6 Novembre 1988Erosion des berges de larive droite lors de lavidange de crue (Octobre).

11 Août 1989Fermeture du Grau et déve-loppement d'un banc sableuxsur environ 400 mètres.

PLANCHE II - Colmatage et ensablement saisonnier du Grau.

p4lrrA

58

Légende : Fi. L. Flèche Libre ; Ba : Barre sous-marine ; Pa : Passe. Photos Amon Kothias

C.L: Cordon Littoral ; P1.-Plage ou estran ; Estu : Estuaire.

CONCLUSI t.N

La réouverture artificielle du Canal dufleuve Comoé à Grand-Bassam, le 22 Sep-tembre 1987, a entraîné de profondes modifi-cations de l'environnement hydro-sédimentairedu secteur lagunaire avec un flux dominantmaintenu en direction du canal dc Vridi.

La pénétration d'une onde de marée àmoins de 4 km de la confluence du fleuve Co-moé en lagune Ebrié, bien qu'amortie (trèsfaible marnage), a induit un caractère estuariendans un domaine lagunaire antérieurementconfiné, malgré les crues annuelles du fleuveComoé. La dynamique de l'intrusion salineaprès la pénétration des premières marées sui-vant la coupure du cordon, détermine la créa-tion de trois zones distinctes:

- la zone externe II, sous influence ma-rine à salinité comprise entre 25% et 30% ousupérieure à 30% correspondant àl'embouchure (canal-confluence Ouladine);

- la zone interne II, intermédiaire à sali-nité comprise entre 15 et 25%o, avec des vi-tesses de courant maxima de 0,18 ms' à 0,50ms-i entre la confluence Ouladine et le Nordde l'ue Bouët:

- la zone interne I sous influence per-manente du fleuve Comoé où les salinités sontcomprises entre 0% et 25%o; les courants as-sez forts avec des vitesses maxima de l'ordre0,55 ms-1 à 0,70 ms1.

La modification des fonds est si-griificative. Le curage amorcé dès la réou-verture de l'embouchure, s'est poursuivi selonles deux états cartographiés (8 Octobre 1987 et9 Janvier 1989).

L'action des courants de marée sur lefond a entraîné une importante remobilisationdc ces sédiments cohésifs (vases) évacués ensuspension vers le large. Les vitesses maximaque nous avons relevées sur le fond dépassentlargement le seuil critique de leur remise ensuspension (Migniot, 1968).

Le lessivage de ces fonds confinés a dé-couvert des faciès plus grossiers : sables fins àtrès fins lagunaires dans la zone interne II,confluence Ouladine - Ile Bouèt; sablesmoyens à grossiers, dans la zone interne I,confluence fleuve Comoé à Meossou.

Le domaine particulier du canal, très in-stable traduit une progradation des sablesmoyens marins vers le domaine interne sur lessables fins lagunaires sous la forme de hautsfonds et flèches libres.

5g

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