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S!lence N°317 Décembre 2004 4 6 FS Nord-Sud Vaccins et colonialisme Systèmes d’échanges locaux Analyses internes ou récupération Vivre à la campagne sans voiture ? Vivre à la campagne sans voiture ?

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S!lence

N°317Décembre

20044 €6 FS

Nord-Sud

Vaccins et colonialisme

Systèmes d’échanges locaux

Analyses internes ou récupération

Vivre à la campagnesans voiture?

Vivre à la campagnesans voiture?

SILENCE N°317 Décembre 2004 2

22 Environnement23 Annonces24 Alternatives27 Femmes28 Santé30 Nord/Sud31 Energies

32 Nucléaire38 Paix39 Politique42 Société43 Courriers45 Livres

Brèves40 DébatDébattre à Thiviers

de Madeleine Nutchey

3429Nord/Sud

Vaccin et colonialismede Francis Vergier

Sommaire

SELAnalyses internesou récupération

de Bertrand Liatard et Daniel Lapon

La campagne sans voiture, ça n’existe pas?Vive la rurbanisation?

Les dégats de la voiture à la campagneL’habitat écolo sera-t-il

à la campagne?de François Schneider

Vivre dans l’Arctique sans voiture

de Elisa Peter

Des îles turques qui ontrefusé la motorisation

de Yaakov Garb

Libérer les villes ou la campagnede François Schneider

Voiture et nature peuvent-elles coexister?

de Madeleine Nutchey

VUde l’intérieur...Offrir S!lence !Si vous offrez cinq abonnements découvertepour six mois (15 x 5 = 75 €), vous bénéfi-ciez de votre réabonnement gratuit pour unan (40 €).

Index 2004L’index des articles et brèves parus en 2004est disponible contre 2 euros. Les index desannées précédentes sont également dispo-nibles à ce prix (depuis 1994).

Objectif décroissancePratiquement tous les numéros traitant de la décroissance sont épuisés ! Les tirés à partqui ont suivi également. Les trois premiers

dossiers ont été repris dans lelivre Objectif décroissance, livredans lequel figure un tiers detextes inédits. Celui-ci est toujoursdisponible auprès de nous (13 €+ 2,5 € de port) ou en librairie.

I L E - D E - F R A N C E

Echos de S!lence L’émission Les échos de S!lence basée sur les thèmes de la revue aura lieu le mercredi 8 décembre, de 16h30 à 17h30 sur Radio Ici-et-Maintenant, 95,2 FM. Si vous n’habitez pas en Ile-de-France, vous pouvez aussi l’écouter sur internet suricietmaintenant.com.

Vivre à la campagnesans voiture?

L E S A T E L I E R S

Un fonctionnement non capitalistiqueS!lence est locataire avec une dizaine d’autres associations (Réseau sortir du nucléaire,Primevère, Casseurs de Pub, Greenpeace-Lyon…) des locaux du 9, rue Dumenge (environ100 m2 au sol + 40 m2 de mezzanine). Pour fonctionner, il existe une fédération qui détientle bail et où l’on discute de la répartition des charges et des espaces selon le principe «dechacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins». Les locaux appartiennent à une SCI,Société civile immobilière. Pour acheter les locaux, la SCI a procédé à un emprunt à LaNef, la société financière, et a ensuite remboursé cet emprunt au fur et à mesure que despersonnes ou que les associations locataires prenaient des parts de capital. Le procédé auraduré presque dix ans et en 2005, nous serons enfin entièrement propriétaires des locaux. Le capital de la SCI se répartit aujourd’hui entre 170 actionnaires ou copropriétaires dontles plus gros sont le Réseau Sortir du nucléaire et S!lence (15% des parts chacun),Primevère et Casseurs de Pub (3% chacun). Le plus gros actionnaire individuel dispose de4 % du capital. Particularité de cette SCI : le capital n’est pas rémunéré et le bail avec lafédération des associations est un «bail d’usage», procédé peu connu qui fait que le locatairene paie pas de loyer, mais paie l’ensemble des charges du local. Ainsi, aucun bénéfice ne sefait sur le dos des associations qui disposent de locaux au plus juste prix. Autre dispositionau sein de la SCI : une minorité de blocage à 33% des parts. Les associations détenant plusque ce pourcentage, elles ne peuvent être mises en minorité par les actionnaires indivi-duels… qui eux ont vraiment placé leur argent là pour défendre nos idées et non pas pourfaire «travailler» leur capital.

Bulletin d’abonnement page 47

Soirées Silence :

«Vers des campagnes sans voitures»…Vendredi 17 Décembre à 18 h : débat autour du dossier «Vers des campagnes sans voitures», aux Ateliers, 9, rue Dumenge, Lyon 4e.

Débats suivants : 21 janvier, 18 mars, 18 avril...

Dossier

N° 318-319 (janvier) : clôture des articles et comité de lecture samedi 27 novembre à 14 h. Clôture des brèves : mardi 30 novembre à 12 h.N° 320 (février) : clôture des articles et comité de lecture : samedi 18 décembre à 14 h. Clôture des brèves : mercredi 5 janvier à 12 h.

Les infos contenues dans ce numéro ont été arrêté au 3 novembre 2004.

SILENCE N°317 Décembre 2004 3

EditorialLE MOIS DE LASSERPE

Pas besoin d’être perspicace pour s’apercevoir qu’il y a des difficultés d’accès au moindre service à la campagne (1),pour aller à l’épicerie, pour aller à l’école, pour aller à

la poste. Le message étant : comme ces services s’éloignent, alors la voiture est indispensable. Mais les services sont bien souvent supprimés car les gens ont l’alternative d’aller en voiture. Les villages où de nombreuses per-sonnes sont sans voiture ont beaucoup plus de services de proximité.Il suffit de comparer le nombre de bars et d’épiceries dans un villageportugais avec une très faible motorisation et dans un village améri-cain de même taille. La baisse des services a longtemps été attribuéeà la dépopulation des campagnes. Mais ce n’est plus un argumentvalable : les populations augmentent en campagne depuis les années70 et cela n’empêche pas le gouvernement de supprimer de nom-breux petits hôpitaux ou petits bureaux de poste en milieu rural. Le phénomène d’étalement qui s’est déroulé dans les villes se retrou-ve dans les campagnes avec une perte de cohésion des villages dû à l’usage omniprésent de la voiture. Là aussi les villages n’ont plusbesoin d’être «multifonctions», offrant logement, travail, convivialité,services, transports en commun puisqu’on peut aller voir ailleursavec la voiture. Cela contribue à l’uniformisation de la campagne,sans «couleur locale», réduisant la diversité du pays. Et c’est ainsique l’on voit apparaître des restaurants isolés, des habitats de plusen plus dispersés, des zones d’activités loin des zones d’habitation et de grands supermarchés, le tout connecté par des voies rapides.C’est la campagne telle qu’elle est actuellement. Heureusement, des réflexions et des expériences commencent à percer.

François Schneider n

François Schneider, coordinateur de ce dossier, habite à la campagne, sans voiture. Il a parcouru l’Europe en long et en large pour étudier les alternatives à la voiture…

en utilisant uniquement le train, le vélo et la marche à pied.

Les joies de la campagne moderne

(1) Par campagne, nous entendons le milieu rural, ce qui inclut également les villages.

DR

Vivre à la campagne sans voiture

La campagne sans voiture, ça n’existe pas?

C’est presque un lieu communmaintenant de dire «qu’il n’estpas possible de vivre sans voitu-

re à la campagne». C’est une forme de«pensée unique». Si on demande à quel-qu’un à quelle distance se situe le villagede «pétaou», il nous sera répondu parexemple «25 minutes», il est impliciteque le mode de transport sera la voiture.On saura si une personne est chez elle à lavue de sa voiture garée. On parlera dequelqu’un, en rappelant la marque de savoiture ou sa couleur. Une route coupéecrée un sentiment d’isolement inquiétant(1). Les alternatives sont systématique-ment dénigrées et sous-utilisées. Il y abien peu de responsabilisation pour sau-vegarder un service de transport en com-mun en l’utilisant, même si cela faitquand même plaisir qu’il existe. Avez-vous vu une seule ferme sans voitures àson entrée ? La facilité de stationnementet l’absence de congestion rend l’usage dela voiture systématique même pour desdistances très courtes.Et pourtant… La plupart de la campagne est encore sansvoiture. La campagne était non-motorisée jusqu’àrécemment.De nombreuses régions du monde ont peu ou pas de voitures à la campagne.Des gens vivent sans voiture à la campagne.Des zones sans voitures existent à la campagne.

Des campagnes sans voiture

La voiture est en effet complètementtributaire des routes pour ses accès. Et ilexiste fort heureusement encore de nom-breux espaces sans routes et donc sansvoiture. Ce sont les forêts, les prairies, leschamps. Et ces espaces, accessibles àpieds, représentent un grand attrait pourles gens en mal de campagne.

La campagne était non-motoriséejusqu’à récemmentPendant la plus grande partie de l’his-

toire humaine, les humains ont habité à lacampagne et sans voiture. Et même aprèsl’apparition des villes, les campagnes sontrestées très peu motorisées au moins jus-qu’à la deuxième guerre mondiale (2). LesGrisons en Suisse sont même restés inter-dits aux voitures jusqu’aux années 30 (3).Après la dernière guerre, le taux de moto-risation est resté faible. Sans internet,sans techniques modernes, les anciensont semblé survivre à la campagne sansvoiture, tandis que cela semble tout à faitimpossible de nos jours, malgré notre fiertétechnologique.

Décembre 2004 SILENCE N°317 5

Quelle belle contradiction : l’écolo est censé habiter à la campagne, et la vieà la campagne «est impossible sans voiture». Or quoi qu’on dise «la bagnole,

ça pue, ça tue et ça pollue» et «les carapaces, ça prend de la place» et même à la campagne. Moralité le soi-disant modèle écologique

serait dramatique s’il était généralisé.

(1) Une pile du pont menant à Die (Drôme) s’étantécroulée lors d’une tempête fin 2003, la pression a étételle qu’un pont militaire flottant a dû être mis enplace dans les plus brefs délais. C’est dire que larégion n’est pas vraiment autosuffisante.(2) Selon l’INSEE, en 1953, en France, un ménage surcinq seulement avait une voiture. En 1966, un ména-ge sur deux a une voiture. En 1973, on atteint unevoiture par ménage dans les campagnes, un peu plusd’une voiture par ménage dans la banlieue de Paris etseulement deux voitures pour trois ménages dansParis. Aujourd’hui, 28% des ménages disposent deplus d’une voiture. Ce taux monte à 47% pour lesménages ayant des enfants scolarisés. (3) www.bikecult.com.

DR

Mahlen

Une chose a bien sûr changé dansnotre mentalité : nous avons paraît-ilbesoin de mobilité. Et pourtant n’étaient-ils pas mobiles nos anciens ? Une partieétait sédentaire, mais d’autres étaientnomades. Ce qui a changé ce n’est pastant le besoin de mobilité, mais le besoinde se déplacer tous les jours, de 30 km enmoyenne (4) (5). Il est d’ailleurs intéres-sant de noter que le temps dévolu auxtransport a très peu changé au cours desdécennies, des siècles voire depuis la pré-histoire (6), c’est seulement la vitesse ins-tantané à laquelle nous nous déplaçons quia changé.

Des régions du mondeont peu ou pas de

voiture à la campagneCertaines régions du monde ont

encore un taux de motorisation très faibleà la campagne. En Europe, il suffit de sepromener au Portugalpour s’apercevoir que lesvillages ont un nombrede voitures très réduit.Et il existe bien sûr dansle monde de nombreusesrégions où les campa-gnards n’ont pas de voi-ture. Dans bien des cas,l’absence de voiture n’estpas choisie, elle a uneorigine économique. Lesfaibles revenus de lacampagne ne permettent pas toujours depayer les coûts liés à la motorisation.

Des gens sans voitureà la campagne

Même dans nos contrées, de nom-breuses personnes continuent à vivreencore sans voiture à la campagne. Etsemblent même parvenir à survivre ! Maisil est vrai que le taux de motorisation esten général plus élevé à la campagne. EnGrande Bretagne, le taux des ménagescampagnards sans voiture est de 16%alors que 40% des ménages londoniensn’ont pas de voiture. En France, le taux denon-motorisation est sensiblement lemême en ville et à la campagne : entre 15et 20%, à l’exception des grandes villes :30% à Lyon et Marseille, 50% à Paris. Plusles villes sont grandes et plus les per-sonnes… marchent à pied. Jusqu’à untiers des déplacements dans la capitale (7).

Ce sont, nous dira-t-on, pour la plu-part des personnes âgées qui n’ont jamaissu conduire. En réalité il existe d’autres

catégories sans voiture àla campagne. Ce sont lesjeunes qui n’ont pas lepermis, des défavorisés,les membres de la famil-le qui n’ont pas accès à lavoiture car elle est déjàutilisée par un autremembre de la famillepour aller travailler et,parfois, des gens qui fontle choix de vivre sansvoiture à la campagne

pour des raisons écologiques ou éthiques.

Des zones sans voitures à la campagne

Il y en a de plusieurs types. En pre-mier lieu ce sont les zones où il n’est paspossible d’accéder avec des voitures.Cette catégorie comprend des îles, des vil-lages et refuges haut-perchés en mon-tagne, des zones de vallée abrupte où uneroute ne pouvait être construite (8). Uneautre catégorie existe, dont les habitantssont en général aisés, ce sont les zones àvocation touristique. Sans parler des dif-férents parcs d’attraction, dont l’attraitprincipal, peu mentionné, est d’être libérédes autos, ce sont les villages touristiques,médiévaux pour la plupart…

Puisqu’il existe des gens sans voiture àla campagne, c’est que ça doit être possible ?

François Schneider n

Décembre 2004 SILENCE N°317 6

Ce qui a changé ce n’est pas tant lebesoin de mobilité,mais le besoin de se déplacer tous les jours, de 30 km en moyenne.

Un sentier dans les Vosges saônoises.

(4) Le Monde Initiatives, juillet/août 2003.(5) Selon une étude de l’INSEE de 1994, le kilométra-ge parcouru diminue avec la densité de la population.Un automobiliste de centre-ville parcours deux foismoins de distance qu’un automobiliste rural. (6) F. Schneider, A. Nordmann, F. Hinterberger, RoadTraffic Congestion, Extend of the Problem, WorldTransport Policy & Practice, Volume 8, Number 1,2002, pp34-41, http://www.Transport.org.(7) La mobilité urbaine et sa régulation, quelquescomparaisons internationales, Alain Bieber, Jean-Pierre Orfeuil, www.urbanisme.equipement.gouv.fr. (8) En fait dans de nombreux cas une route aurait puêtre construite ou des voitures auraient pu être ame-nées sur les îles sans voiture, mais la difficulté del’opération a permis aux habitants de s’habituer à cettesituation et d’en apprécier les avantages.

Dorothée Fessler

Le mot «rurbanisation» est un con-densé du mot «urbanisation», quiétait jusqu’alors un phénomène

urbain, et du mot «rural» et désigne unprocessus d’urbanisation des campagnes.Les gens n’en ont pas conscience — onparle encore de désertification rurale —mais il existe en France etdans le reste de l’Europeun phénomène d’exodeurbain. L’épisode d’exoderural qui a duré plusieurssiècles s’est historique-ment inversé en Francevers les années 70. Entre1990 et 1999, le nombredes arrivées dépasse lenombre des départs de410 000 (1).

Le phénomène a com-mencé en grande banlieueet atteint progressivementdes zones de plus en pluséloignées des centres ur-bains. Certains parlent en Angleterred’une «cascade de contre-urbanisation»dans laquelle les emplois et les popula-tions se déplacent des grandes aggloméra-tions aux petites villes, des centresurbains à la périphérie jusqu’aux zonesles plus isolées (2).

Plusieurs raisons de ce phénomènesont citées par Guy Herzlich :

• le coût moindre des terrains,

• la fuite des nuisances (dont les pol-lutions dues aux voitures !),

• l’image positive de la campagne,• le progrès des communications.Selon lui «Le choix a été facilité par le

progrès des communications, auquel il apoussé à son tour. Transport individuel

pour l’essentiel : l’aména-gement de routes péri-phériques ou de voiesrapides a accompagné lagénéralisation de l’auto-mobile et a permis que ladurée des déplacementsdomicile-travail n’aug-mente pas, alors que s’al-longeaient les distancesparcourues».

La France détient lerecord mondial de rési-dences secondaires parhabitant (4 pour 100 ha-bitants). Et les autoroutesjouent un rôle décisif : de

tous les hébergements touristiques, cesont en priorité les résidences secondairesqu’elles favorisent (3).

La quête de la campagne avec la voi-ture permet aux gens de vivre à la cam-pagne comme à la ville, la ville en moins.Il y a toujours un hypermarché à côté ouune zone d’activités pas loin. On ne saitplus quelles sont les limites entre l’espacerural et l’espace urbain (4).

«Triste paradoxe, la quête d’air pur etde beaux paysages conduisant à créer,sous forme d’ersatz sans âme, la villequ’on est censé fuir, dans des sites magni-fiques irrémédiablement détruits» (5).

Tout cela est permis et amplifié par laconstruction d’infrastructures : «Nousavons besoin d’infrastructures routières,ferroviaires, mais nous sommes aussi trèsen retard du point de vue des technolo-gies de l’information et de la communica-tion» (6).

«Il est nécessaire pour nous d’avoirdes réseaux rapides qui lient les grandesvilles aux métropoles régionales, les villesaux grandes villes, les bourgs aux villes etles villages aux bourgs» (7).

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La France détientle record mondialde résidencessecondaires parhabitant (4 pour100 habitants).Les autoroutesjouent en cela unrôle primordial.

La campagne est devenue un enjeu de la marchandisation générale, phénomène quis’accentue du fait que nombre d’habitants ruraux

travaillent en ville.

Vive la rurbanisation?

(1) Guy Herzlich, Vers la France rurbaine, Le MondeInitiatives, juillet-août 2003(2) T. Champion, D. Atkins, M. Coombes.& S.Fotheringham. (1998) Urban Exodus, CPRE, London.(3) Alain Lontferrand, directeur de l’observatoirenational du tourisme, cité par Christine Durand,Village magazine n°63, juillet-août 2003.(4) Philippe Langevin cité par Dorian Sabo dans leMonde Initiatives, juillet-août 2003.(5) Christine Durand, Village magazine n° 63, juillet-août 2003.(6) Bertrand Pancher, président du conseil général dela Meuse cité dans le Monde Initiatives, juillet-août2003.(7) François Fortassin, président du conseil généraldes Hautes-Pyrénées cité dans le Monde Initiatives,juillet-août 2003.

Un attelage au Burkina Faso.

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Funiculaire de Bridgnorth (GB). C’est le poids de l’eau qui actionne les cabines.

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Marchandisation de la campagne…Après des années à regarder la cam-

pagne devenir de plus en plus résidentiel-le, la DATAR (8) a développé quatre scé-narios décrivant ce qui pourrait se passeren France dans les campagnes du futur.

Le premier scénario consiste en uneprolongation de la tendance actuelle, c’estla «campagne résidentielle généralisée»,les urbains pourront continuer à profiterdu cadre de vie campagnard tout en tra-vaillant une partie du temps au moinsdans d’autres endroits plus urbanisés. Undeuxième scénario est basé sur un «ruralagro-industriel», la campagne est alorspeuplée d’agro-businessmen, la profes-sion agricole est «relookée», et on imagi-ne bien la production intensive chimiquecomme on sait bien la faire. Un troisièmescénario prend le titre de «campagne-nature» : on conserve, on préserve la bio-diversité et les ressources naturelles enfaveur de… marchés privés de la nature,c’est la campagne musée pour les urbainsavec grands parkings à l’entrée des parcsnaturels (payants). Le dernier scénarioprend le titre de «campagnes indus-trieuses et concurrentielles» : ce sont lesunités de production industrielle à lacampagne, la campagne pleine d’emplois.

Comme on le remarque la logiquemono-fonctionnelle prévaut encore unefois dans l’analyse institutionnelle. Lesquatre scénarios sont quatre fonctionspossibles de la campagne : logement, pro-duction agricole, offre de nature ou pro-duction industrielle. Autant dire que danscette campagne mono-fonctionnelle, letransport à tout va est la seule option(vraisemblablement en voiture), car si lacampagne est dédiée à une fonction, lesautres fonctions ne sont pas disponibles,il va falloir bouger !

La DATAR semble se poser la questionde quelle pourrait être la fonction de lacampagne, mais rien sur l’association des

fonctions et aucune remise en cause del’hyper-mobilité. C’est la même logiquequi a détruit la ville qui va détruire lacampagne, ou qui est déjà en train de ladétruire. La DATAR n’imagine bien sûrpas une campagne où les différentes fonc-tions s’associent pour créer des espacesdesquels il n’est plus besoin de se dépla-cer sans cesse (9). Dans la logique insti-tutionnelle, cela doit être trop compliquéd’imaginer une zone qui serve plusieursfonctions à la fois !

… Ou choix de la biodiversité

Une campagne regroupant ces quatrefonctions de logement, nature, produc-tion agricole et artisanale et d’autrescomme la convivialité, la beauté, lasanté… redévelopperait la vie locale.Dans cette campagne multi-fonctionnel-le-là, ses habitants n’auraient pas sanscesse besoin de voyager pour travailler ouvoir de la nature, ni d’importer des den-rées alimentaires et des biens produitsailleurs. Elle ne serait pas coupée du restedu monde grâce à l’offre de transports encommuns (ferroviaire, bus), ou d’infra-structures de transports doux et lents(marche et vélo) tout à fait appropriésdans le cadre de séjours prolongés dansd’autres parties de campagne ou à la ville.La fonction de nature se ferait toute seule,sans accès routiers, une bio-diversité fan-tastique se développerait toute seule (10).Nous sommes encore loin de cette visionde rêve : il faut la vouloir pour l’atteindre !

La campagne multi-fonctionnelle nesupprimerait pas l’existence de villes,durables et multi-fonctionnelles elles-aussi, gardant une densité plus élevée.L’association des fonctions dans chaque

quartier, incluant la nature avec une com-posante de maraîchage urbain, permet-trait là aussi d’éviter de devoir voyagersans cesse vers d’autres quartiers urbainsou vers la campagne et viserait à éviterune bonne partie des importations/expor-tations (11).

François Schneider n

Décembre 2004 SILENCE N°317 8

(8) Délégation à l’aménagement du territoire et à l’ac-tion régionale, institution gouvernementale.(9) Cette idée que le trafic ne peut qu’augmentersemble être une de ces croyances qui s’auto-réalisent.Si tout le monde y croit et que l’on prévoit tout pourcela, cette «prédiction» va se réaliser. Les anglo-phones parlent de remplacer le «forecasting» (la pré-vision) où l’on prévoit la situation future en se basantsur la réalité présente, par du backcasting (la «post-vision» ?) où l’on «prévoit le présent» en se basant surune situation future désirée : on tente d’imaginerl’utopie du futur, dans notre cas une campagne multi-fonctionnelle sans ou avec moins de voitures, pourréaliser en retour les étapes qu’il faut réaliser pour yparvenir.(10) Les forêts primaires existent dans les territoiressans accès routier par exemple.(11) Voir le dossier sur les Ecocités, S!lence n°307,février 2004.

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Bus à pédales pour douze personnes, en grande partie en bois, mis au point par des étudiants néerlandais.

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Décembre 2004 SILENCE N°317 9

Tandis que la voiture en ville com-mence à être honnie par certains, laperception à la campagne est tout

autre. Quoi de plus innocent qu’une voi-ture campagnarde. L’image commencebien sûr avec la petite 2CV pleine de boueparcourant les chemins de terre, symboledu retour à la nature…

Pourtant, loin des images poétiques,la voiture et le transport routier en géné-ral ont une responsabilité énorme auniveau de la destruction de nos paysages,au niveau de l’effet de serre, de la pollu-tion, de la mortalité des humains maisaussi des animaux écrasés, de la consom-mation d’espace, au niveau de l’inégalitéplanétaire, de la consommation d’énergie.Je ne rentrerai pas dans les détails. Il y ade nombreux articles sur le sujet, mais ilsemble que les problèmes des transportssoient maintenant au premier plan desproblèmes écologiques. Ce sont les pro-blèmes qui augmentent sans cesse (1) etpour lequel les solutions sont les plusardues. Alors attachons-nous au cas cam-pagnard : la voiture de la campagne est-elle moins responsable ?

Voitures des villes, voitures des champsLes voitures campagnardes parcou-

rent plus de distance en moyenne que lesvoitures urbaines. D’un côté elles sontmoins sujettes aux embouteillages quin’est pas une allure ayant le meilleur ren-dement énergétique, d’un autre côté ellessont souvent plus puissantes, vont plusvite, en effectuant parfois des dénivelésplus importants. Si les voitures urbainespolluent la campagne, les voitures de lacampagne visitent aussi la ville. Si les voi-tures de la campagne affectent peu les uti-lisateurs eux-mêmes, en regard de l’usageintensif qui en est fait, elles créent unepollution importante. Pour ce qui est del’effet de serre, cela a été chiffré : elles ontclairement un impact des plus important.

Les voitures campagnardes deman-dent beaucoup plus d’espace de route etchemins de terre, surtout quand l’habitat

est isolé. Elles contribuent donc à uneplus grande part de la destruction despaysages.

En relation à la distance parcourue,l’hécatombe se déroule à la campagne. Lesvoitures à la campagne sont plus dange-reuses car, contrairement à la ville où ledanger est visible, on est souvent trompépar un faux sentiment de sécurité en sepromenant sur les bords d’une routecalme à la campagne. Au niveau des ani-maux écrasés, l’impact est beaucoup plusimportant à la campagne, et pourrait enfait surpasser le nombre d’animaux tuéspar les chasseurs (2).

Pour ce qui est de la contribution àl’inégalité planétaire, les campagnardsoccidentaux ayant un taux de motorisa-tion des plus élevés, contribuent à ceniveau à une plus grande inégalité plané-taire. Les campagnards occidentaux peu-vent donc faire des efforts à ce niveau. Laperception à ce sujet est bien souventinverse : on veut dans une fuite en avantdémocratiser par le haut. Jean Viard nousexplique ainsi que «si on ne démocratisepas la mobilité, c’est une nouvelle cartedes inégalités qui se dessine», mais com-ment sera le monde quand tous les gensde la planète feront 30 km par jour ? (3).

Au niveau de la perte des services, lefaible peuplement de la campagne estbeaucoup plus sensible à une destructionde sa clientèle qui ira par exemple plutôtacheter au supermarché, qu’en ville où ilrestera toujours quelques services, étantdonnée la densité. C’est ainsi que de nom-breux petits villages n’ont plus aucun ser-vice ou commerce suite à l’arrivée de lavoiture.

On pourra aussi citer la destructiondes chemins de terre par les passages devoitures et engins agricoles en créant desnuages de poussière, des jets de flaqued’eau et de la boue. Ceci rend la vie plusdifficile aux piétons et cyclistes et crée del’érosion. On pourra aussi ajouter la des-truction des surfaces perméables par l’as-phalte (4) et la pollution des plantes cul-tivées ou sauvages aux alentours de laroute. L’utilisation de bio-carburants —déjà utilisés par quelques militants

«écologistes» — risque de répandre lamonoculture de tournesol ou de colza quine sera sans doute pas biologique.

Malgré une perception opposée,chaque voiture campagnarde semble créerdes problèmes au moins aussi importantsque chaque voiture urbaine. Les pro-blèmes des transports routiers augmen-tent d’autant plus avec cette propensiondes gens à habiter dans des endroits deplus en plus isolés.

La voiture à la campagne nous faitperdre un lien important avec notre envi-ronnement immédiat qui nous fait alorsfermer les territoires avec des murs et desbarbelés (voir l’isolement des autoroutes).Vivre sans voiture à la campagne a parcontre le potentiel de nous reconnecteravec notre environnement immédiat,développant par exemple une connais-sance des plantes ou une découverte desvieux cheminements piétonniers.

François Schneider n

(1) L’augmentation du trafic automobile est actuelle-ment expliquée par l’allongement des déplacementsquotidiens qu’a entraîné la péri-urbanisation, Jean-René Carré, Ecomobilité, INRETS/PREDIT mai 2003.(2) www.bikecult.com.(3) Jean Viard, le bonheur est dans la maison, proposrecueillis par M.G., le Monde initiatives, juillet-août2003.(4) Les routes créant des passages rapides d’eau en casd’orage, elles ont un rôle non négligeable dans la mul-tiplication des inondations et des glissements de ter-rain. Ce phénomène n’est pas que rural : les villes inon-dées comme Sommières (Gard) peuvent en témoigner.

DR

La voiture propre ? Un mythe renversant !

Vivre à la campagne sans voiture

Si la voiture créé des pollutions en ville, elle pose tout autant de problèmes à la campagne.

Les dégâts de la voiture en campagne

L’habitat dit «écologique» semblesitué systématiquement à la cam-pagne. En feuilletant les maga-

zines et livres sur le sujet de l’habitatécolo il semble que la question des trans-ports des personnes est bien souvent misede côté. C’est d’autant plus surprenantque certaines réflexions sont très pous-sées sur le cycle de vie des matériaux parexemple, et les innovations sont très pro-metteuses dans le domaine énergétiquedans l’habitat même. Mais l’emplacementdes maisons écologiques, et les modes detransport qu’elle vont imposer à ses habi-tants est rarement mis dans l’équation. Lacréation d’une dépendance à la voituren’est pas pris en compte.

Pour de nombreuses personnes, allervivre à la campagne est en soi un acte éco-logique. Mais un acte écologique neconsiste pas seulement à bénéficier d’unenvironnement moins détruit, il s’agitaussi bien de moins contribuer à la des-truction des milieux écologiques. Et c’estici que la voiture a un rôle central. L’usaged’une voiture va permettre aux nouveaux«rurbains» de continuer un mode de vieurbain à la campagne (1). Les statistiquesen provenance d’Allemagne sont diabo-liques (2) : bien qu’il y ait certainementdes exceptions, il semble que l’usage desvoitures n’est pas réduit par les convic-

tions écolo. Autrement dit, quand on l’a,on l’utilise. Les écolos ne ressentiront pastellement les problèmes de pollution, tan-dis qu’individuellement, ils créeront unproblème plus grand mais dont les consé-quences seront ressenties ailleurs. Au-trement dit, ils vont pouvoir externaliserune bonne partie de leur pollution. Grâceà la voiture ils pourront aller travaillerailleurs, aller au cinéma ailleurs, acheterleur nourriture et importer ce que bonleur semble, et toutes ces productionsseront produites ailleurs, mais tous lesdéplacements générés seront très peu res-sentis au niveau de leur habitation.

Un système globalL’abandon de la voiture ne viendra pas

tout seul ! Il s’agit de se pencher sérieuse-ment sur le mode de vie écologique etréussir à concevoir une proximité de lanature qui ne transforme pas en un étale-ment urbain généralisé sur le mode de cequi s’est passé depuis trois décennies enmarge des villes, c’est-à-dire une explo-sion du trafic dans une quête destructricede la nature. La voiture n’est pas le bonoutil pour chercher la nature car elle ladétruit dans son sillage !

Et il ne s’agit pas de science fiction : lerésultat du retour à la campagne des der-nières décennies est déjà là. L’étalementde l’habitat avec la voiture transforme lacampagne en une sorte de sous-ville avecles mêmes habitudes, les mêmes modesde pensée, la même dépendance à l’exté-rieur. Un des grands aspects oubliés de lavoiture, c’est son énorme capacité à trans-former l’espace autour de nous et nosmodes de vie. On n’acquiert pas simple-ment une voiture, on acquiert aussi touteune nouvelle relation à l’espace et autemps, de la pollution, du bruit, des amisdifférents, des relations différentes, unstatut différent, un travail pour la payer,et des infrastructures énormes qui

incluent entre autres, des routes, desvoies rapides, des stations essence, unhabitat disséminé, des hôpitaux pour lesblessés, des garages, des parkings, c’est cequ’on peut appeller le système technico-social lié à la voiture.

Un habitat écologique doit au moinssurvivre au test de la généralisation : «quese passerait-il si tout le monde suivait cemode de vie ?». Généralisé à l’échelle dupays, le mode de vie écolo-campagnardavec voiture (tel qu’il se développe actuel-lement) aurait un impact dramatique surl’environnement et ne constituerait pasun exemple à suivre (3). Il nous faut doncchercher autre chose.

Pour de nombreux habitants de lacampagne, la voiture est principalementperçue comme une solution permettantune meilleure autonomie. Dans cetteoptique la voiture permet de ne pas êtredépendant des transports publics, de pou-voir partir à l’horaire préféré. Les voiturespermettent aussi de vivre dans n’importequel endroit isolé de la campagne. Maiscette analyse peut être renversée. La voi-ture permet à une non-autonomie de seperpétuer. A chaque fois que nous n’arri-vons pas à autoproduire, que ce soit lanourriture ou l’énergie, nous utilisonsl’automobile. Sans voiture nous dévelop-perions des systèmes conviviaux indépen-dants, incluant des systèmes de transportplus doux, qui nous rendraient finale-ment bien plus indépendants.

Et un aspect important de la perted’autonomie est le coût que représente lavoiture dans le cadre des faibles revenusqui sont souvent le lot de ceux qui viventà la campagne. On m’a rapporté le casd’un couple isolé qui dépensait 80% deses revenus dans les frais de transport. Lesraisons sont simples : les revenus sontplus faibles à la campagne et les coûtssont plus élevés (nombreux 4x4, infra-structures plus lourdes, distances plusimportantes).

François Schneider n

Décembre 2004 SILENCE N°317 10

L’habitat écolo sera-t-il à la campagne ?

(1) Les nouveaux rurbains n’hésitent pas à faire 30km pour aller travailler. (2) S. Lorek, J.H. Spangenberg, 2001. Indicators forEnvironmentally Sustainable Household Con-sumption. Int. J. Sustainable Development 4.(3) Pire que l’existence des villes car la campagne àurbanisation étalée ne bénéficie pas de l’économied’échelle que l’on trouve dans les villes. Le problème estque les citadins consomment souvent plus, en partie carils ont quand même plus de tentations et de revenus.

Vivre à la campagne sans voiture

C’est une grande contradiction : les écolos veulent vivre proche de la nature, pour cela,

ils font appel aux engins et au système les plus destructeurs des milieux naturels :

la voiture et tout ce qu’elle implique. Peut-on résoudre ce paradoxe ?

Décembre 2004 SILENCE N°317 11

La première chose qu’ils m’avaientdis était «il te faut une voiture ici!».Je venais d’arriver a Jokkmokk, un

village de 3000 habitants perdu dans lataïga au-delà du cercle polaire en Suède.J’y suis restée cinq ans. Cinq ans sans voiture.

Comme si Jokkmokk n’était pas assezisolé, j’ai décidé d’emménager six moisaprès mon arrivée dans un hameau devingt habitants a 15 km de Jokkmokk,dans la forêt. Et j’ai acheté… un véloorange que j’ai appelé Féja (la superbedéesse de la fertilité que les Vikings véné-raient). Et là, j’ai cru que les gens deve-naient fous autour de moi. Par contreeux, c’est moi qu’ils trouvaient folle. Ils se

sont fait un peu de soucis les premierstemps, les voitures s’arrêtaient sur laroute pour me proposer d’embarquer etmon vélo et ma personne jusqu’à ma des-tination finale. Il faut dire que j’avaisoublié de me procurer des vêtementscontre la pluie et je me suis fait bien rin-cer quelques fois, mais c’était rafraîchis-sant, surtout que l’on n’avait pas dedouche à la maison.

Et puis l’hiver est arrivé. Un hiverrude, sombre et long, très long. Le mercu-re est descendu doucement mais sûre-ment jusqu’à -40°C et la terre s’est recou-verte d’un épais manteau blanc. J’ai arrêtéde pédaler quand le froid m’a empêchéede changer mes vitesses. Il faisait seule-

ment -5°C. J’ai des amis en Alaska quivont au boulot toute l’année à vélo, mêmequand il fait -30°C, mais ils n’habitent pasà quinze kilomètres de leur lieu de travail.Je me suis donc installée dans unechambre «en ville» (à Jokkmokk) pourles quatre mois les plus rudes de l’hiver.Et j’ai continué à faire ça les cinq hiversque j’ai passés là-haut. J’avais donc marésidence principale au hameau, et marésidence d’hiver à Jokkmokk.

Je me souviendrai toute ma vie de cesmoments de solitude privilégiés, seule surla route déserte et silencieuse entreJokkmokk et le hameau, au fil des saisonssous le soleil de minuit ou sous lesaurores boréales, longeant la forêt et leslacs, faisant un bout de chemin avec lesrennes, croisant un élan, un lièvre ou unfaisan, le vent dans mes cheveux, le silen-ce de la taïga, les odeurs de mousse et dechampignons après la pluie. Des mo-ments uniques de communion avec lanature, de réflexion, propices à l’imagina-tion et aux rêves les plus fous.

Elisa Peter n

[email protected]

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Même dans un endroit particulièrement rude à vivre, il est possible de se passer d’une voiture.

A condition de bien s’organiser.

Vivre dans l’Arctique sans voiture

Quand, en 1911, les premiers véhi-cules sont apparus à Istanbul, ilétait difficile de les transporter sur

les îles. Au début, les îliens n’étaient pastrès intéressés par ces nouvelles machineset, peu à peu c’est devenu une traditionpuis une loi : les véhicules à moteur sontinterdits encore aujourd’hui sur l’en-semble de l’archipel.

Depuis plusieurs siècles, ce sont lesvoitures à chevaux qui ont été utiliséessur les îles et aujourd’hui. Seules les bicy-clettes ont réussi à se développer à leurscôtés. La population permanente sur cesîles est de 17 000 personnes, chiffre quigrimpe à un quart de million pendant lasaison touristique estivale.

Aujourd’hui, sur l’ensemble des neufîles, on ne compte qu’une douzaine devéhicules à moteur : un minibus deramassage scolaire qui ne fonctionnequ’en hiver, des véhicules de police et desvéhicules de pompiers. Interrogé,Huseyin Sahin, le chef de la police, n’arri-ve pas à se souvenir d’un seul accidententre voitures à chevaux depuis 26 ansqu’il est en fonction sur ces îles. Il n’a que

le souvenir de quelques plaintes concer-nant l’odeur des chevaux ou le bruitexcessif de certains véhicules. Pour diffé-rentes raisons, onze conducteurs ont euleur permis suspendu en 2003 (sur 304permis délivrés) pour divers délits. Unefois par exemple parce qu’un conducteurtransportait des touristes sur un véhiculeprévu pour le transport du bois.

Y a-t-il des demandes pour supprimerla loi interdisant les véhicules à moteur ?Munir Hamamcioglu, un hôtelier natif deBuyukadan, estime que cela serait aussidur que de détrôner la reine d’Angleterre.

Effet de symbioseLa gare de transport est située à proxi-

mité du square central de la ville. Là, despassagers font la queue en attendant unvéhicule. Les transports en commun, envoiture à chevaux donc, fonctionnent desix heures du matin à trois heures dumatin en été et de huit heures du matin àminuit le reste de l’année. Le tarif le plusélevé, pour faire le tour complet de l’île

principale, est actuellement de 10€. Unesymbiose s’est mise en place entre les voi-tures à chevaux et les vélos. Les cyclistespeuvent mettre leurs véhicule dans lesvoitures à chevaux, ce qui est pratiquepour franchir les collines. Partout dansces îles, les piétons sont prioritaires surles voitures à chevaux.

Mais même avec ce choix de non-motorisation, les îles dépendent encoredu pétrole : il existe tout un ensemble deliaisons maritimes entre les îles et avec lacôte dont Istanbul qui se fait avec desbateaux fonctionnant au fuel. Un autreusage curieux du pétrole est fait sur cesîles : les pesticides comme le DDT étantinterdit, la solution pour se protéger desmoustiques en été est de pulvériser dansla ville un fin nuage de pétrole, ce qui,selon les informations officielles, nereprésenterait pas de danger pour leshumains !

Malgré cela, on est frappé par la pure-té de l’air et la tranquillité. Nous sommestellement habitués à entendre en bruit defonds différents grondements de moteursque cela en est bouleversant. Les rues,libres de voitures, paraissent extrême-ment larges et calmes. Ceci n’a pas échap-pé aux touristes qui ne se plaignentjamais de l’absence de motorisation. Aucontraire. La sérénité de ces îles montrequ’une communauté de personnes peutvivre et prospérer en se passant complète-ment de moyens de transport motorisés.

Yaakov Garb n

Décembre 2004 SILENCE N°317 12

Lorsque l’on descend du ferry à Buyukada, la plus importante des neuf îles Princesse, à moins d’une heure au sud d’Istanbul, dans la mer de Marmara, on prend subitement

conscience de quelque chose : il n’y a pas de voitures !

Des îles turques qui ontrefusé la motorisation

Un des taxis de l’île.

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Si la voiture a autant de succès à lacampagne, c’est aussi parce que lesdonnées fondamentales de la cam-

pagne favorisent un tel développement.Les faibles densités ne créent pas de limi-te par congestion. Les distances sontgrandes entre les gens donc les moyensdoux comme la marche ou le vélo sontdifficiles à utiliser.

La solution inadaptée de la voiture,détruit ce pour quoi on a fait appel à elle :l’accessibilité des services, la proximité dela nature et des gens, tout en créant unsystème «technico-social» où toute alter-native devient impossible (1).

Au niveau psychologique, étantdonné l’importance qu’a prise la voituredans la tête des gens, il faut s’attendre àdes réticences extrêmes (2).

Je ne pense pas qu’il soit possible dansl’état actuel des choses de supprimer lesvoitures des campagnes, car toute l’orga-

nisation des activités campagnardes s’estbasée sur leur présence. Par contre, jepense primordial le développement delieux alternatifs et innovants qui en évitent l’usage (lire en encadrés l’état deréflexion dans divers écovillages).

Imaginons une ferme sans voitureLa façon la plus facile de vivre à la

campagne sans voiture serait de vivredans un village relié aux transportspublics et avec quelques services.Imaginons comment un tel projet pour-rait exister au niveau d’une ferme isolée.J’habite depuis quelques temps à la fermePaulianne (3) et j’ai eu loisir d’imaginercomment ce lieu pourrait devenir la pre-mière ferme (volontairement) sans voitu-re. Juste histoire de rêver un peu.

Paulianne est un grand corps deferme dans un terrain de 90 ha dont 20cultivables, la ferme est située à quatrekilomètres de Luc-en-Diois, 500 habi-tants, dans la vallée de la Drôme, un sitemagnifique. De par la proximité de la garede Luc-en Diois (ligne Paris-Briançon) etdes accès possibles à vélo, la ferme dePaulianne est un site potentiel pour unetelle remise en cause.

Il s’agit de créer un lieu qui arrive àdévelopper une relation différente autemps, où les gens prendraient le tempsde se connaître, de connaître là où ilsvivent et là où ils vont ; un hameau utili-sant les techniques modernes au moinsaussi écologique que les anciens hameauxqui arrivaient à vivre de manière complè-tement locale avec des techniques rudi-mentaires ; un centre qui associe de nom-breuses problématiques, mais mettant laproblématique du transport au premierplan d’un accord entre les associés,duquel découleraient toutes les autres.

Ce lieu réussirait à remettre en causel’usage des transports motorisés indivi-duels, mais en même temps serait un lieude passage où de nombreuses activitésvariées prendraient place, avec des gens

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Un projet rural sans voiture ?

Parking à ânes.

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Vivre à la campagne sans voiture

(1) On retrouve là la critique d’Ivan Illich du mono-pole radical lié à la voiture(2) Jean-René Carré est pessimiste : «les solutions res-trictives à l’usage de la voiture peuvent difficilementse justifier quand il n’y pas de congestion. Sans res-triction, les incitations aux autres modes ne suffisentpas à provoquer un report modal». Ecomobilité, mai2003 INRETS/PREDIT.(3) Site de Paulianne : http://paulianne.free.fr.

Pour développer des alternatives à la voiture enmilieu rural, il faut se confronter à des obstacles

structurels, systémiques et psychologiques.

Tamera (Portugal)

Cet écovillage de 134 hectares fonc-tionne depuis 1995 en coopérative

autour d’une charte visant à développerun mode de vie non-violent. Il se trouve àune trentaine de kilomètres de l’océan. Ila été fondé par des personnes venant d’unautre écovillage à l’origine en Allemagne.Il n’est pas relié au réseau électrique. Uneréflexion s’est engagée pour essayer deréduire les nuisances des villageois et desvisiteurs qui utilisent beaucoup la voiture.La station de train la plus proche est à 15km. Une première étape pourrait être lamise en place d’un transport en communentre le village et la gare. Il est intéressantde noter que se couper du réseau élec-trique semble plus facile que de se couperdu réseau routier.

Contact : Tamera, Monte do Cerro, P-7630Colos, Portugal, tél : 00351 283 6353 06.

de toutes les générations, ayant une grandediversité d’opinions et de philosophies, seretrouvant sur la base d’un contratsimple. Cette remise en cause de la voitu-re loin de faire fuir les gens, créerait uneattractivité que l’on retrouve dans lesriches villages sans voituressuisses, dans les refugesautrichiens approvisionnéspar câble, dans les villagesafricains qui font rêver tantd’Occidentaux ou dans lesbourgades médiévales. Saufque dans ce cas, cette situa-tion serait le résultat d’unchoix délibéré. De la remiseen cause des transports indi-viduels motorisés découle larelocalisation, l’écologie et lapermaculture. Cette relocali-sation permettrait de vivre enfin les béné-fices de qualité de vie découlant de noschoix écologiques.

Multiples conséquences

Réduire les transports motorisésimplique de réduire l’importation de den-rées alimentaires, évite l’imperméabilisa-tion ou la minéralisation de larges sur-faces, favorise l’utilisation d’énergie et dematériaux locaux, remet en cause lesallées et venues à tout va pour passer uneheure à 50 km de là, incite à explorer lesalentours immédiats. Partir se fait alorssur une plus longue période et permet dedécouvrir vraiment d’autres gens etd’autres horizons.

La non-dépendance à la voiture per-met de créer un pôle de vie autonome, deréduire les coûts, de réduire les pro-blèmes de mécanique, de créer une soli-darité entre personnes qui ont fait cechoix, de limiter notre pollution, deréduire le danger pour les enfants et les animaux, de favoriser le commerce

et les échanges vraiment locaux, de sou-tenir les transports publics existants et ledéveloppement de nouveaux transportspublics, de favoriser le recyclage et laréduction des déchets à la source.

Des luttes comme l’alter-mondialisa-tion ou l’anti-mondialisa-tion sont liées à la questiondes transports. C’est bienparce qu’il y a une révolu-tion des transports rapidesà faible prix que la délocali-sation de la production aété possible ; c’est parce queles gens avaient la possibili-té d’acheter en grandequantité les choses dans lessupermarchés que le litpour le développement desmultinationales a été fait.

La baisse de la biodiversité, les OGM etautres hybrides sont liés aux transportsqui ont permis l’uniformisation desespèces et produits agricoles. Une foisqu’il y a moins de transport, une foisqu’on vit à un endroit donné, alors sedéveloppe la récolte des semences et l’uti-lisation des semences, une diversité qui sedéveloppe à chaque kilomètre ou presque.

Un lieu sans voitures doit permettred’être solidaire. Pas juste d’aider les«pauvres» qui n’ont pas de voiture, maisoù tout le monde se donnerait les moyensde ne pas brûler de pétrole, d’être logiquedans la minimisation de la dépendance àla voiture pour un mieux-être écologique.

Mais comment les transports fonc-tionneraient-ils de manière concrète dansla ferme ? Paulianne est pour le moment

accessible en voiture, le «challenge» étantde créer volontairement un lieu aussiagréable que les lieux qui sont sans voitu-re grâce à une impossibilité d’accès.

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Des luttescomme l’alter-mondialisationou l’anti-mondialisationsont liées à laquestion destransports.

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Station-services.

Communautés Amish (USA)

Les Amish sont des prostes-tants d’origine suisse qui

ont fuit les persécutions au 18e

siècle et se sont réfugiés à l’ori-gine en Pennsylvanie. Lors dela révolution industrielle, ilsprennent la décision de refusertoutes les machines autres quemanuelles ou à traction anima-le. Ce refus est toujours d’ac-tualité. Ils sont aujourd’hui18 000 en Pennsylvanie et40 000 dans le reste des Etats-Unis. Ils pratiquent l’agriculture biologique, refusent lessystèmes d’assurance ou de retraite, la communauté devant vivre sur l’entraide entretous. Alcool, tabac et autres drogues sont interdits. Cela pourrait paraître séduisant,mais encore aujourd’hui, les femmes y sont considérées comme des esclaves !

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Funiculaire à eau.

Centre des technologiesalternatives (Pays-de-Galles)

Bizarrement, jusqu’à récemment, ce centrequi présente de très nombreuses alterna-

tives dans les domaines de l’énergie, n’avaitpas pris en compte la consommation d’éner-gie des 50 000 visiteurs annuels qui, du faitde l’isolement, viennent presque tous en voi-ture. Une étude récente a montré que les visi-teurs consommaient quatre fois plus d’éner-gie que le centre ! Depuis, ils offrent l’entréeau site à demi-tarif pour ceux qui viennentsans voiture. Le centre dispose d’un funicu-laire qui fonctionne uniquement en remplis-sant alternativement d’eau les réservoirssitués sous les cabines.

Contact : Centre for Alternative Technology,Machynlleth, Powys, SY20 9AZ, UK, tél : +44 (0)1654 705950.

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Rendre le lieu inacessible à la voiture

La propriété serait au croisement devélo-routes évitant la route nationale. A laferme seraient organisés des rencontresde cyclistes nationaux ou internationauxavec des vélos de toutes sortes. Les véloscouchés seraient utilisés quotidienne-ment car bien adaptés aux trajets rurauxet aux distances plus importantes.L’utilisation des vélos impliquerait parfoisde ne pas revenir le même jour et deséjourner une nuit sur les lieux de visite.

Les liens avec le milieu associatifseraient riches avec le réseau mondialsans voiture (4), Vélo et chemins de tra-verses (5) et d’autres (6).

Il y aurait des ateliers de fabricationde carrioles, toute une étude des systèmesde carrioles à vélo, de carrioles à mains et

autres systèmes de transport à pédalecomme les tandem-taxi et vélos taxi, deschaises d’handicapés… (7).

On peut imaginer des systèmes depoulies pour aider à tirer les carriolesdans les endroits plus pentus de la ferme.Le rêve serait d’aller vendre des produitsaux marchés locaux voisins (Luc-en-Diois, Die…) avec une carriole à vélo.

Les ânes peuvent aussi permettre letransport de personnes ou de marchan-dises. Les charrettes à vélo seraient adap-tables aux ânes. Les ânes peuvent servirlorsqu’il y a trop de dénivelé, dans des ter-rains en hauteur, sur des chemins non car-rossables par les vélos. Des sentiers depromenade utilisables par les ânes seraientbalisés pour les randonnées en partant dePaulianne. Enfin, les ânes seraient aussiutilisés pour la traction animale.

Transport en communLe train serait largement utilisé, ce qui

aurait pour conséquence de soutenir lagare de Luc-en-Diois toujours menacée. Ilest envisageable d’organiser un service detransport en commun autonome, quipourrait être utilisé par d’autres gens surla distance entre la gare et la ferme (4 km). L’important, c’est que l’heure dedépart et le trajet, ne soient pas décidéspar le conducteur, mais par un accord detous les usagers, qui soit à heure fixe etdonc planifiable.

Un parking, invisible de la ferme, peutpermettre d’accueillir la famille qui vienten voiture et qui ne peut pas imaginer devenir autrement. Ou des gens qui veulentabsolument une voiture quand ils restentsur place ou pour les problèmes d’urgen-ce, quand on doit aller à l’hôpital. Ce par-king serait juste une espèce de soupape.

Décembre 2004 SILENCE N°317 15

(4) Voir le site www.worldcarfree.net.(5) Vélo et chemins de traverses, association relais enRhône-Alpes de AF3V, Association française vélos etvoies vertes, chez Association Vélo, 5, avenue F.-Collignon, 31200 Toulouse, tél : 05 34 30 05 59.(6) Comme Cyclo-camping international, EuropeanCycle Federation, Regroupement pour une Ville sansvoiture, Fubicy…(7) voir www.carrioles.com.

Sieben-linden ecovillage (Allemagne)

L’écovillage Sieben-linden (les septtilleuls) se situe à Altmark dans la

région de Sachsen-Anhalt (dans l’ancien-ne Allemagne de l’Est). Il réunit des per-sonnes dont le but commun est d’avoirune attitude la plus responsable possiblevis-à-vis de la nature. Le groupe est vegan,c’est-à-dire sans aucune exploitation ani-male que ce soit par la nourriture ou parles vêtements. Afin de ne pas détruirel’environnement avec la voiture, celle-ciest interdite dans l’écovillage. Commel’école la plus proche se trouvait à unedemi-heure de voiture, il a été décidé defaire une école au sein de l’écovillage.Plusieurs maisons collectives ont étéautoconstruites selon les principes del’habitat sain, économes en énergie etchauffage solaire. L’écovillage cherche àmettre en pratique des moyens tech-niques facilement utilisables localement(cuiseurs solaires par exemple). Le projeta vu le jour en 1989, juste après la fin dela séparation entre les deux Allemagne. Ila commencé à se concrétiser en 1997 surun terrain de 22 hectares. Une vingtainede personnes ont commencé à y habiteren 2000 et actuellement y vivent 60 per-sonnes (45 adultes et 15 enfants).L’objectif est d’atteindre 250 à 300 per-sonnes d’ici une vingtaine d’années. Levillage se développe chaque été par latenue de chantiers internationaux.

Contact : Freundeskreis Ökodorf e.V., ÖkodorfSieben Linden, D 38486 Poppau, Allemagne, tél : 49-39000-51235.

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Autoconstruction d’une habitation collective à Sieben-Linden.

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Paulianne aujourd’hui.

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Voies SNCF passant sur les terres de Paulianne.

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La chose normale en tout cas pour lesvisiteurs serait de venir en train et vélo ouà pied, en kayak, en bus… en gros, pas envoiture. Pour ceux qui viendraient avecun véhicule individuel qui utilise le pétro-le, ils devraient payer une éco-taxe (parexemple égale au prix du train) qui servi-rait à financer les aménagements cy-clables ou de transport en ânes ou encommun. Une taxe est préférable à uneréduction pour être bien clair que lachose «normale» c’est de venir à vélo eten train.

Transport par câbleAssez développé en Suisse et en

Autriche dans les Alpes pour approvision-ner des villages et refuges isolés ou pourtraverser des fleuves (8), le système detransport par câble est très peu développéen France de nos jours (sauf de grossesinstallations pour les stations de ski : télé-sièges et autres). Il ne manque pourtant

pas d’atouts : consommation énergétiquetrès faible (9), très faible emprise au sol(surtout si on le compare avec les routesen lacets dans les zones montagneuses),simplicité, coûts modiques si on réussit àl’installer soi-même. Sa mise en place esttotalement supplantée par la frénésie dubulldozer (10).

La situation de Paulianne, en aval dela gare et du village, pourrait permettred’approvisionner le lieu par un chariotpendu à un câble. Les produits qui sortentde la ferme pourraient l’être par un autrecâble qui rejoint la route normale en aval.

Des câbles mobiles pourraient per-mettre de descendre des collines du boiset des récoltes agricoles.

Un moteur électrique mobile seraitutilisable dans les cas où on veut faireremonter des matériaux par les câbles(compost, piquets, planches, outils…),mais dans la plupart des cas, les possibili-tés offertes par les lois de la gravitéseraient utilisées au mieux.

Elfi (Italie)

Les écovillages d’Elfi, en Toscane (Italie) existent depuis une trentaine d’annéeset depuis leur origine, ils sont habités en permanence par 100 à 400 personnes

réparties dans une dizaine de hameaux, dans une vallée sauvage pleine de châtai-gniers. Chaque hameau est distant d’un autre d’une à deux heures de marche. Laplupart ne sont accessibles qu’à pied. Il n’y a ni électricité, ni téléphone, ni télévi-sion, ni système de chauffage dans la plupart des pièces, parfois pas de vitres. Il n’ya pas non plus d’ordinateurs et donc d’internet. Interrogées, une personne qui vitlà estime qu’environ 20 % ont quand même des voitures parquées ici où là.

Les moyens techniques utilisés sont minimums comme une machine à laver le linge fonctionnant avec un système de pédales (quand il fonctionne). L’un deshameaux, celui de Picolo Burrone est totalement sans voiture.

Récemment, quelques hameaux d’Elfi ont été reliés au reste du monde parquelques mauvaises routes sinuant dans les bois. Certains restent aujourd’hui à cinq minutes à pied d’une route, d’autres à une heure de marche. La nécessitéd’une liaison carrossable proche s’est justifiée essentiellement pour les enfants quidoivent aller à l’école pour garder un lien avec le «monde» (les enfants le deman-dent eux-mêmes).

Même si ces nouvelles routes ne pénètrent pas dans les hameaux, cela a quandmême considérablement changé le mode de vie. Ils peuvent maintenant facilementaller chercher de la nourriture à l’extérieur, pour eux ou pour leurs animaux. Celaa crée un trafic estival avec de nombreux visiteurs et a nécessité, à la demande depersonnes génées, de mettre en place des limitations.

Faire les navettes avec les écoles nécessite plus de deux heures d’utilisation de véhicules par jour.

L’arrivée de la voiture a eu comme conséquence de réduire le recours aux che-vaux et aux ânes. Elle a aussi permis de développer des activités extérieures commela vente de pizzas ou la cueillette d’olives. Cette recherche d’activités rémunéra-trices à l’extérieur s’est avérée nécessaire pour payer les nouvelles dépenses induitespar les voitures.

Cet écovillage a pu naître car les maisons, squattées à l’origine, avaient été aban-données parce que trop éloignées alors des routes. Se trouver au départ trop loindes modes de transports publics conduit un jour ou l’autre à vouloir construire desroutes pour se relier au monde extérieur. La présence de constructions encoreaujourd’hui loin des routes, laisse supposer que les matériaux de construction ontété amenés par transport animal.

(8) Le câble est le plus souvent aérien, mais il existedes systèmes intéressants où les bateaux utilisent laforce du courant pour traverser un fleuve le long d’uncâble.(9) Parfois uniquement en bénéficiant de la chute del’eau par gravité, comme dans de nmbreux funicu-laires de montagne.(10) Encore autre chose à remettre en cause ou toutau moins à utiliser avec plus de modération. Si on s’at-taque aux ouvrages avec des pelles et pioches, le câbleprend l’avantage, mais quand de telles machines, pou-vant déplacer des montagnes, sont si facilement dis-ponibles alors les solutions les plus insensées pren-nent toujours le dessus. Voir l’article de Schneider etNiza, 2004, Extractors, a Material Flow Analysis pers-pective, sur www.seri.at.

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François Schneider à Paulianne.

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Transport par câble en Allemagne.

grises peut servir également à alimenterdifférentes machines où l’eau fournit del’énergie par gravité.

Chauffage et électricité devraient pro-venir des énergies renouvelables (solaire,éolien, biomasse) et s’accompagner d’unesuper-isolation des maisons. On peutmême imaginer un centre de gymnastiqueécologique. Au lieu de faire des mouve-ments dans le vide ou sur des appareilsdivers, les efforts faits par chacun permet-trait de fournir l’énergie pour différentesactivités : presser des jus de fruit, moudredifférents grains pour le pain, les épices,remplir des batteries d’électricité, remon-ter de l’eau, faire remonter les chariotsremplis sur les câbles, faire marchermachines à laver, perceuses… Ce centrede gym serait une attraction du lieu et enmême temps un moyen efficace de fairemarcher efficacement de nombreusesmachines.

François Schneider n

Décembre 2004 SILENCE N°317 1717

Steward communautywoodland (Angleterre)

Cette communauté est née dans l’op-tique de développer un mode de vie

dans la forêt à base de permaculture (cul-ture avec des plantes pérennes). Elle s’ins-talle en 2000 dans une forêt, avec desimples tentes et construit ensuite en duravec les matériaux locaux. Quelques per-sonnes y vivent sans voiture et sans beau-coup d’autres choses.

Contact : AffinityWoodland WorkersCo-op, StewardCommunityWoodland,Moretonhampstead,Newton Abbot,Devon TQ13 8SD,Grande-Bretagne,tél : 0845 4581926.

Tinker’s bubble(Angleterre)

Cette communauté est née en 1994avec comme objectif de «peser» au

minimum sur son environnement.Actuellement, seize personnes y vivent(douze adultes et quatre enfants). Ellescherchent à remettre au goût du jour destechniques et des outils qui fonctionnent àla main ou à vapeur (à partir du bois) et nedisposent que d’une vieille camionnettepour faire la jonction avec la civilisation.

Contact : Tinker’s bubble, Little Norton, nr.Yeovil, Somerset, Grande-Bretagne.

Autour des transports

Pour être en accord avec la recherched’un moindre poids écologique, l’agricul-ture devrait être «biolocale», sans herbi-cides, sans engrais chimiques, sansimportations et peut-être sans labour ;développement de techniques de ruches«biolocales» basées sur un lien avec despratiques agricoles générant des fleurstoute la saison, et évitant le déplacementdes ruches ; traction animale.

Un centre de compostage sur le hautde la propriété près de la route avec sys-tème de chargement par câble, serviraitde site de compostage en grande quanti-té, ouvert au dépôt des matières orga-niques des voisins pour réduire la quanti-té de déchets à traiter par la commune.

La lutte contre l’érosion par l’eau depluie, avec des systèmes de digues etmini-barrages, et le recyclage des eaux

Tiberkul (Russie)

En 1994, un groupe de personnes déci-de de développer dans la taïga, en

Sibérie, près de Tiberkul, un projet d’éco-village. Celui-ci se développe sur 250 hec-tares. Cette communauté a un caractèrespirituel important sur le principe duretour aux rites de la «Terre-mère».Aujourd’hui, 3000 personnes y vivent…sans voiture, à 8 km de la première routeet de la première gare.

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Maison autoconstruite.

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Moulin à céréales.

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Groupe électrogène.

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Concert de musique verte.

Décembre 2004 SILENCE N°317 18

Actuellement, il existe de multiplesmouvements contre la voiture dansles villes. Aucun à la campagne.

D’une part, il y a beaucoup de gens quivivent en ville et qui peuvent se mobilisersur une telle question, d’autre part, ilexiste souvent des alternatives par lestransports en commun publics pour sepasser de la voiture. C’est donc relative-ment facile de se passer de la voiture.

Les villes ont pour elles qu’ellesdevraient faciliter les rencontres entrepersonnes de différentes origines… sielles ne sont pas en train de regarder latélé ou leur ordinateur. Aujourd’hui lesvilles sont dépendantes de la campagnepour la nourriture, pour l’eau, pourl’énergie et même pour respirer de l’airpur. Les villes sont égale-ment dépendantes de lacampagne pour évacuerune quantité incroyablede matériaux, de dé-chets, solides, liquidesou gazeux.

Aujourd’hui, il estimpossible de parlerd’améliorer la conditionde vie en ville sans yintégrer les conditionsde vie à la campagne.Car le développementinsoutenable des villestue aussi le mode de vie des villages :déplacement pour acheter dans les grandscentres urbains, la voiture invite à aller sereposer à la campagne et pendant que lespersonnes qui vivent dans les campagnesdisparaissent, elles sont remplacées parles urbains qui viennent pour s’y distraireet échapper à un environnement pollué.Les villages deviennent alors des cités-dortoirs et les aller-retour pour le travailen ville se multiplient. La pollution à lacampagne par la voiture provient doncpour une bonne part des dysfonctionne-ment de la ville (1). Combien de villages

sont coupés par un axe routier ? Combiend’enfants perdent ainsi la vie ? Beaucoup

de villages n’ont plus detransport public, les nou-velles routes qui annon-cent le désenclavementdevenant des incitations àprendre la voiture pourrejoindre la ville. Tous cestrajets villes-campagne dé-truisent la campagne ici,mais également dans lereste du monde avec lesémissions de gaz et leréchauffement climatique,les guerres pour s’appro-prier le pétrole…

Vouloir réduire les nuisances de lavoiture à la campagne doit donc inclureune réflexion sur l’hyper-centralisationdes villes.

Pour diminuer les trajets en voiture, ilfaut donc penser à une décentralisationdes besoins primaires : production denourriture, habitat, relations humaines,envisonnement sain… ce qui suppose unchangement dans la manière de penser lesvilles qui doivent aller vers plus d’autono-

mie. A l’inverse, à la campagne, il fautaller vers une centralisation au niveau desvillages pour éviter le mitage de l’habitatdont l’éparpillement coûte extrêmementcher en ressources naturelles. Habiter unvillage et non une maison isolée permetd’énormes économies non seulement auniveau des transports, mais égalementpour le maintien des services publics,pour les canalisations d’eau, pour l’appro-visionnement en énergie, pour favoriserle recyclage…

Il n’y aura de campagne sans voitureque quand il y aura des villes sans voiture.

François Schneider n

Vivre à la campagne sans voiture

Une bonne partie des problèmes liés à la voiture à la campagne est liée à la politique… de la ville. Il est nécessaire de relier les deux : il faut rendre

la ville plus autonome, il faut favoriser les villages au détriment des maisons isolées à la campagne.

Libérer les villes ou la campagne?

(1) Selon l’ADEME, un tiers des camions qui circulenttransportent des déchets !

Vouloir diminuerles trajets en voiture supposeun changementdans la manièrede penser lesvilles qui doiventaller vers plusd’autonomie.

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Deux chevaux.

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La voiture de demain ?

Décembre 2004 SILENCE N°317 19

L’ air est pollué en grande partie parla circulation pléthorique, mêmeles constructeurs d’automobiles

n’osent plus le nier.Or, de récentes études américaines

l’ont démontré, l’augmentation des can-cers du poumon non liés au tabagisme (letabac étant un des facteurs aggravants)serait due, dans les mégapoles, aux parti-cules d’hydrocarbures dans l’air que lescitadins respirent.

L’effet de serre est causé, outre lesrejets de l’industrie chimique, par ceuxdes voitures.

Les accidents de la route provoquentencore, en dépit d’une diminution cheznous, des milliers de morts et quand onne roule pas à tombeau ouvert, on peutrouler en fauteuil roulant en échappantau dit tombeau. Et le paisible piéton osantemprunter un trottoir est aussi concerné.

Las ! Un pareil constat ordinaire nedevrait-il, tout aussitôt, nous faire condam-ner sans appel ces engins diaboliques ?

Oui, la voiture, maintenant, nousempoisonne les existences. La nôtre, celledes voisins, des enfants allant à l’école etdes hérissons qui ont l’inconscience detraverser.

Oui, la voiture exige non seulementson plein de carburant pollueur ainsi queles guerres pour l’approvisionner maisaussi du goudron pour «enrober» (joliterme…) routes et parkings. Rappelonsque le goudron est un dérivé du pétrolequi imperméabilise de très importantessurfaces de terre indispensables pour l’ab-sorption des pluies, d’où les excès d’inon-dations.

On essaie bien aujourd’hui de luijouer des tours, à la voiture, des tours etdétours en transformant les abords d’ag-glomération en labyrinthes de ronds-

points et méandres, réalisés à très grandsfrais avec nos sous de contribuables. Descontribuables étrangement muets pour-tant. Chicanes et dos d’ânes, ils paientsans chicaner C’est pour la bagnole etaucun budget municipal ou régional n’estcontesté s’il s’agit de voirie, ou plus exac-tement du voiturisme, le plus grand partioccidental en nombre d’adhérents…J’ai parlé des villes, mais à la campagne ?

Alors là, posons-nous d’abord la ques-tion : où est-elle, la campagne ?

A l’origine, la campagne c’était unpays plat (le champ, le campus) opposé àla montagne. On pouvait distinguer aussile paysage de champs ouverts, contraire àcelui du bocage avec ses haies. Tout celareposait sur le régime agraire et l’organi-sation collective en villages entourés decommunaux utilisables par tous les habi-tants (1). Mais ces définitions ne corres-pondent plus à aucune réalité.

Dès que l’on sort des villes, on neretrouve plus la campagne. On bénéficiede zones. Passées celles d’éducation prio-ritaires des masses de HLM des banlieues,on tombe dans les zones commerciales,artisanales et industrielles, en secteursbien séparés par des voies express totale-ment dissuasives pour un promeneurégaré. Mais savez-vous qu’aux USA (réfé-rence obligée, ce sont eux qui nous ontimposé leur modèle motorisé) tout mar-cheur au bord d’une route est considérécomme un individu louche ? De l’Hommemarchant, fier de sa station debout, d’hu-manoïde évolué, ils ont fait l’Hommemarchand qui ne pense plus qu’au profit.Une petite lettre qui change tout… C’estune autre histoire ? Pas vraiment, puisquec’est le système libéral américain quenous avons voulu imiter qui a contribué àbouleverser nos modes de vie et nos cam-

pagnes. Mécanisées et américanisées, dela marque du tracteur aux types d’engraisen passant par le coca dans le frigo.

En continuant notre parcours, aprèsces zones semi-urbaines, on arrive doncdans la zone d’agriculture intensive.Zones patates, zones maïs ou betteravesselon région, à perte de vue, jusqu’à…l’horizone.

Si l’on se détourne des grands axes,on finira par découvrir des villages qui nesont pas encore des vestiges, qui ressem-blent aux images de l’école primaire où leclocher, en dépit de la laïcité, regroupaitdes toits de couleur et facture semblablesdans un vallon ou sur un coteau agreste etbucolique à souhait.

Quand la nationale traverse le village,vous n’avez pas intérêt à y flâner. Pourrespirer, c’est juste un peu mieux qu’engrande ville, ça ne sent plus ni l’établechaude, le pain sorti du four ni le tilleulde la place mais les gaz. Si le village n’estaccessible qu’à pied (extrêmement rare)ou par une toute petite route, les façadesseront moins noircies et l’odeur du tilleulretrouvera ses prérogatives. Vous pourreztraîner dans des ruelles assez torduespour décourager les grosses cylindréesd’aller essayer d’y croiser un poulet. Ouf !

Alentour, vous verrez des troupeaux,mais oui. Nous sommes dans le Morvan,ou bien les Cévennes, le Jura, lesPréalpes. Les villages se sont accrochés àleurs terroirs là où la pente dissuadaitl’emploi de machines agricoles géantes.

Aujourd’hui, la voiture nous empoisonne l’existence. Pour obtenir sa diminution, à la villecomme à la campagne, il faut redévelopper letissu social et l’entraide collective et trouver

des dirigeants politiques courageux.

Voiture et nature peuvent-ellescoexister?

(1) Voir articles d’Alain-Claude Galtié abordant cettequestion.

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Vision de la campagne “moderne”.

Décembre 2004 SILENCE N°317 20

Est-ce le bonheur ?Le bistrot vient de fermer après l’éco-

le, on fait du «ramassage», pas des poi-vrots mais des écoliers. Et roule, jeunes-se ! De l’épicerie et du boulanger ne sub-sistent que les vieillesenseignes, leurs boutiquestransformées en logementssinon à l’abandon (lesbesoins en logis moins chersdes citadins s’étendent jus-qu’ici). Pour les achats ettoutes les nécessités quoti-diennes, on prend la voiture.Car tout est désormais trèsloin dans ce siècle de la communicationqui éloigne. Qui a provoqué le phénomè-ne, le premier qui s’est payé une bagnolequi a fait envie aux voisins, l’épicier tropvieux qui a pris sa retraite, le désird’autres loisirs que le match local après lamesse (il n’y a plus de messes, plus decuré). Les bonnes veillées chez l’un oul’autre, on ne les a appréciées avec nostal-gie qu’après que l’achat de toutes les télésles ait fait disparaître. Les foins, les bat-tages, les occasions de travailler très durmais ensemble n’existent plus, il y a desmachines pour ça.

Sauf que : un manque de relationshumaines a fini par se faire sentir et, unpeu partout, on recrée des rencontres, onretrouve d’anciennes fêtes, des jeunesmontent des groupes pour faire de la

musique (ils ont le matériel sono). Peut-être que la vie a besoin d’un peu de tempspour renaître après la voiture.

Peut-être que les villageois les pluscoriaces réussiront à obtenir un minibus

municipal pour pouvoir res-treindre l’usage des véhi-cules particuliers, peut-êtrequ’un courageux ouvriraune boutique (il y en a ici oulà qui l’ont fait), surtout sic’est une coopérative quiassociera les habitants àl’entreprise. Ils commencentà le savoir, les habitants, que

l’hypermarché c’est de l’arnaque et qu’ilsperdent beaucoup de temps pour y aller.

Autrefois, l’organisation sociale ruralepermettait une vie pratique acceptablesinon facile et agréable. Car il ne faut passe raconter des histoires, tout n’était pasparfait il y a cinquante ou cent ans. Il yavait souvent une charrette qui s’arrêtaitpour prendre le marcheur fatigué, mais,sous la pluie, la charrette, ce n’est pas siconfortable que ça. Le car passait le matinet revenait le soir. En se pliant à sonhoraire, on pouvait certes se rendre chezle dentiste ou à la foire pour acheter lesoutils. Dans les hameaux les plus éloi-gnés, l’épicier passait une ou deux fois parsemaine. A lui comme au facteur, onconfiait des messages à transmettre au vil-lage voisin. Ce n’était pas encore un cour-riel, mais un système fiable et gratuit. Desservices qui ont presque tous disparu.

Même si l’on est enthousiasmé parune ferme reconstituée à l’ancienne aumilieu de sa basse-cour, on n’est en géné-ral capable d’y vivre qu’un temps devacances. Les changements ne sont passeulement structurels, ils sont profonds.Le corps humain a suivi, plus grand, plusmince, amolli par les heures devantl’écran, il ne résisterait pas au labeur denos ancêtres paysans. La marche, on aimepour une randonnée en été, mais les tra-jets interminables après une journéeharassante avec un fardeau sur l’épaule,

les feriez-vous ? Il faut comprendre etreconnaître que la voiture a vraimentamélioré la vie dans les campagnes et que,si l’on veut la remplacer, ce ne sera possible qu’avec des moyens de transportacceptables et présentant d’autres qualités(ceci du moins tant qu’il y aura encoredes carburants disponibles…).

On avait autrefois une forme de col-lectivité dictée par la nécessité absolued’être associés pour les travaux les plusépuisants. Il serait aujourd’hui possibled‘instaurer une forme de collectivité tota-lement différente, voulue, issue d’unedémarche lucide, sans qu’elle soit obliga-toirement calquée sur celle des écovil-lages qui rebute certains par trop de refus.Il peut exister, parallèlement aux écovil-lages, des villages qui s’en inspirent maisplus faciles d’accès à tous et prenant encompte la population installée, c’est-à-dire ceux qui sont restés au pays et lescitadins qui ont échoué là uniquementpar le hasard d’une agence immobilière etsans vocation d’écolos. Le mélange desautochtones et nouveaux venus estcomme une greffe commençant tout justeà prendre après beaucoup d’échecs.

Remettre en place un tissu social

Une diminution considérable des voi-tures en circulation dans les campagnescomme dans les villes sera un bienfait,mais je le dis au futur car il convient decommencer par tout mettre en place pourque cela devienne possible. La réouvertu-re des petites gares, des lignes de bus lesreliant aux villages, la réouverture desécoles stupidement fermées et l’encoura-gement envers les personnes et les asso-ciations qui animent la vie locale avecl’estime énorme qui leur est due. Onentend encore bien trop souvent parleravec ironie de «ploucs» et de «trous pour-ris» alors que la qualité culturelle est deplus en plus souvent de leur côté et nonplus de celui d’une nomenclatura endéclin. La campagne est aussi le lieu pri-vilégié par ceux qui veulent réfléchir.

Et l’on peut y réfléchir aux moyensd’inverser le processus : disparition descommerçants locaux voulue pour rentabi-liser l’hypermarché, dont l’accès est facili-té par d’immenses parkings. Il faudraitdonc… supprimer ces parkings, se battrepar tous les moyens pour qu’ils soientinterdits, remplacés par des espaces verts.Nous pourrions tous aller encombrer lesparkings des hypers par des tas de terre,de branches, de sable, de fumier si vous

La vie a besoind’un peu detemps pourrenaître après la voiture.

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Elevage de voitures ?

Transports par rail en Suisse

Contrairement à la France où la moindre installation de montagne est reliée à la val-lée par une route, la Suisse a développé, depuis le début du vingtième siècle, des

installations plus légères et moins destructrices de la nature : télésièges, funiculaires,chemins de fer à crémaillère… Si ces installations servent aujourd’hui essentiellement à des fonctions touristiques, elles contribuent à en limiter les impacts sur l’environne-ment. En 1996, la Suisse comptait ainsi 540 téléphériques (ou télécabines ou télésièges)qui ont transporté 150 millions de personnes, 55 funiculaires (contre 63 en 1950) quiont transporté 18 millions de personnes, 12 chemins de fer à crémaillère (contre 15 en1960), qui ont transporté 17 millions de personnes. (source Office fédéral suisse)

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en avez (tout cela amené par tombereauxet brouettes pour être en accord avec nosprincipes, tout en tentant d’obtenir desgouvernants l’interdiction de ces parkings(possible peut-être avec la raréfaction dupétrole…). Bien sûr, il conviendrait denégocier avec municipalités et proprié-taires des grandes surfaces la mise enplace de bus fréquents. On n’irait pas jus-qu’à demander la démolition, non, mais latransformation de ces géants du commer-ce en lieux de vente de meubles, chaus-sures, casseroles et paniers, avec des sallesà louer par les associations pour grandesfêtes et congrès, un vrai marché paysandans les anciens parkings, pourquoi pas ?

Priorité aux modes de déplacements doux

A l’interdiction des parkings autourdes grandes surfaces, il serait bon d’ajou-ter une révision des priorités, pour quepriment partout les droits des piétons, descyclistes et des chevaux, les automobi-listes irréductibles se contentant de voiesde plus en plus difficiles sauf itinérairesstrictement réservés aux ambulances. Ils’agit bien d’interdictions, de restrictions,de nouvelles règles, car malheureusementles humains sont encore très loin desavoir s’autodiscipliner.

Dans les campagnes, il y a aussi destracteurs. Ils consomment énormémentde carburant, ils défoncent les cheminsque les amateurs de randonnée essaientde réabiliter. Mais ils sont utiles. La trac-tion animale ? Certains y pensent (2).L’emploi de certains biocarburants à basede déchets agricoles qui permettraient dediminuer les besoins en gasoil pourrait segénéraliser très vite (3). Il est vrai aussique préconiser les reconversions versl’agriculture bio supprimerait l’utilisationdes plus grosses machines, celles quidéfoncent et compactent les terres. Toutesces mesures sont du domaine des déci-sions politiques. Il ne nous manque quedes politiciens courageux. Seront-ils nésavant les chevaux de trait ?

A vous de faire d’autres propositionspour redonner aux campagnes indus-trielles un aspect humain aussi démotori-sé que possible.

Madeleine Nutchey n

(2) Voir S!lence n° 298-299, «Valorisation de la trac-tion animale», mais les chevaux de trait nécessaires nesont pas encore nés…(3) Mais les surfaces occupées par les biocarburantspeuvent être plus utiles pour produire des aliments.Voir controverse dans le numéro 311.

Sauver les chemins de fer

La première voie de chemin de fer est inaugurée en Angleterre en 1824. La première enFrance, entre Saint-Etienne et Andrézieux, dans la Loire, en 1827. Ces premières voies sont

d’abord conçues pour faire la liaison entre les voies d’eau, alors moyen le plus utilisé pour lestransports de marchandise de longue distance. Les premières grandes lignes voient le jour en1847. C’est alors l’envolée : en 1875, on dispose de 25 000 km de lignes reliant toutes lesgrandes villes. En 1879, le gouvernement décide, pour raison de service public, de relier au che-min de fer toutes les préfectures et sous-préfectures. Cela est presque réalisé avant la guerre de1914. Le réseau fait alors 40 000 km. Après la guerre, les voies détruites sont reconstruites etles programmes interrompus sont achevés. La concurrence avec la route commence alors. Leréseau atteint alors sa taille maximum avec environ 50 000 km. A partir de 1928, des lignescommencent à fermer. Le Front populaire crée la SNCF en 1937 qui regroupe les cinq grandes compagnies del’époque, celles-ci étant fortement endettées. La deuxième guerre mondiale entraîne une chuteimportante avec la non reconstruction de nombreuses lignes détruites. En 1972, la SNCF est régionalisée et doit avoir un budget équilibré. En 1983, elle devient socié-té commerciale et commence alors un partenariat avec les régions qui va contribuer à sauver lespetites lignes (TER). En 1997, une séparation est faite entre la SNCF qui gère les trains et leRéseau ferré de France qui gère les lignes, ouvrant de fait les voies à la concurrence. Aujourd’hui, le réseau SNCF fait 31 385 km dont 1700 km de TGV. Ce sont donc environ 20 000 km de voies qui ont disparu depuis la fin de la guerre, au nom de la rentabilité. Lesconventions avec les régions ont freiné le phénomène et même permis dans certaines régionscomme Rhône-Alpes, la réouverture de quelques lignes. Les élus régionaux soucieux de laisserla porte ouverte à un retour au rail devraient au minimum s’assurer que les sites propres qui nesont pas exploités actuellement ne soient pas irrémédiablement détruits : destruction desouvrages d’art, empiètement d’autres usages, ventes de tronçons comme des tunnels qui dans lesPyrénées servent aujourd’hui de champignonnières.

Carte des chemins de fer en 1921.

Petite phrase«L’environnement n’est pas uneaffaire de religion, d’éthique oude morale. Celles-ci sont desluxes, car on peut survivre sanselles. Mais survivre nous seraimpossible si nous continuons ànous acharner contre la nature»Dalaï Lama, Au loin la liberté.

Effet de serren Dérapages des transports.Alors que globalement, les émis-sions de gaz à effet de serre sontstables en France depuis 1990, il existe de forte disparité entreles différentes sources de ces gaz.Ainsi, alors que le secteur indus-triel baisse régulièrement sesémissions, ce bénéfice est annulépar l’augmentation des émissionsdans le domaine des transports :+18% en 2000, +22% en 2001,+23% en 2002. Les solutions quiconsisteraient à favoriser lestransports collectifs, à relocaliserl’économie, à taxer le kérosènedes avions… ne sont pas mises enapplication. Dans le logementindividuel, on a également unedérive (+8,8% depuis 1990) du fait de la multiplication desappareils électriques. n Oiseaux perturbés. La Liguepour la protection des oiseauxs’inquiète du comportement decertains oiseaux. Ainsi, certainssemblent avoir renoncer à migrervers le sud en hiver : des hiron-delles ont par exemple passé lasaison froide en Camargue. Plusétonnant, fin octobre, des ornitho-logues ont constaté des volsd’aigles bottés vers le nord alorsque d’habitude ils se rendent ausud du Sahara. n Fonte de l’Arctique. Depuisquelques années, la banquise sebrise jusqu’au pôle nord. D’annéeen année, elle est de moins en

moins épaisse. Selon un rapportscientifique, si la tendance sepoursuit, la banquise n’existeraplus d’ici la fin du siècle.

Fin de Combat nature ?La revue Combat-Nature estpubliée depuis 1974. Issued’autres revues d’environnement,elle a assuré chaque trimestre unsuivi de l’actualité des associa-tions. A l’approche de ses 80 ans,son principal animateur, Alain deSwarte, passe le relais… Francenature environnement lance doncun appel pour une reprise dutitre. On peut prendre contactavec France nature environne-ment, 6, rue Dupanloup, 45000Orléans, tél : 02 38 62 54 73.

E R I K A

Abandon despoursuitesLe souvenir du naufrage del’Erika s’éloigne… et les procèsaussi ! La cour d’appel de Paris aestimé en juin dernier qu’ellen’était pas compétente pour pro-céder à l’inculpation de l’autoritémaritime maltaise qui avait déli-vré le pavillon de complaisance àl’Erika, cet organisme étant unorganisme d’Etat, mis en exameninitialement pour «complicité depollution», les poursuites sontdonc abandonnées. Seul unrecours de l’Etat français devantl’ONU est théoriquement possible,mais Malte faisant maintenantpartie de l’Union européenne, un tel recours est peu vraisem-blable. Malte pourra donc tran-quillement continuer à bénéficierde la manne des pavillons decomplaisance.

H-50Si rien n’est fait aujourd’hui,l’humanité pourrait être considé-rablement affaiblie d’ici 50 ans.C’est à partir de ce constatqu’une association est née, H-50,à l’initiative de juristes cherchantà pousser le plus possible dans ledomaine du droit pour obliger lesdécideurs à agir dès maintenanten faveur de l’environnement.

Une autre action est menée endirection des enfants pour quel’éducation fasse plus de place auxquestions liées à la dégradation dela planète. L’association a vu lejour sous le parrainage de PhilippeDesbrosses, agriculteur bio et écri-vain, de Dominique Bourg, spécia-liste du développement durable…Pour en savoir plus : H-50, 92,rue de Richelieu, 75002 Paris, tél : 01 40 15 62 05.

Et maintenant ?L e Parlement russe (la Douma)

a voté officiellement la ratifica-tion du protocole de Kyoto par laRussie. En rejoignant les 126 paysdéjà signataires de ce protocoleinternational de lutte contre le chan-gement climatique, la Russie prometson entrée en vigueur (qui intervien-dra début 2005). C’est une nouvelleère qui s’ouvre pour la protection dela planète, dont le climat est de plus

en plus bouleversé par les activités humaines. Théoriquement, les Etats-Unis, en tant que membres, devraient avoir l’obligation d’appliquer leprotocole. Bush s’y refuse d’avance, Kerry demande à renégocier… (ce texte est écrit avant la fin de la campagne !)

Si les associations environnementales se félicitent de l’entrée en vigueurde ce protocole, elles soulignent qu’il reste insuffisant pour inverser le processus actuel de réchauffement de la planète. La première période d’engagement pour 2012 ne fixe qu’une diminutionmodeste de 5,2% des émissions des pays industrialisés par rapport auniveau de 1990.Les associations françaises soulignent que le plan Climat présenté par le gouvernement en juillet dernier ne comporte pas de mesures assezfortes pour respecter le protocole… alors que l’engagement de la Franceest des plus modestes. Elles demandent donc au gouvernement de «mus-cler» sa politique… d’autant plus que la Commission européenne a rejetéce plan, l’estimant insuffisant. Les associations rappellent que le nucléaire, une technologie de luxe, n’a pasété retenu dans le protocole comme une solution pour lutter contre l’effetde serre et que ce qui est préconisé, plutôt que de construire un nouveauréacteur, c’est la maîtrise de l’énergie, le recours aux énergies renouvelables,la priorité donnée aux transports en commun… Réseau Action-Climat, 2 b, rue Jules-Ferry, 93100 Montreuil, tél : 01 48 58 83 92.

Déchetsn Turquie : déchets coulés. En février 2000, un cargo, le MV Ulla,battant pavillon des Caraïbes, part des côtes espagnoles chargé de2200 tonnes de cendres provenant de centrales thermiques. Ces cendressont hautement toxiques car très riches en métaux lourds, en particulieren chrome. Greenpeace dénonce alors la tenue de ce voyage : le bateau doit décharger les cendres à Iskenderun, en Algérie, alors que la convention de Bâle interdit l’exportation de déchets toxiques si aucune installation de traitement à l’arrivée n’est prévue. L’Algérierefuse alors l’entrée du navire dans ses eaux et celui-ci cherche alors une destination. Il part en direction de la Turquie. Une nouvelle fois,Greenpeace rappelle la loi au gouvernement d’Ankara. Le bateau est une nouvelle fois bloqué au large des côtes turques. Sans solution,l’Espagne refusant son retour, le bateau ancre au large et est simple-ment abandonné… Le 6 septembre, quatre ans après, il a coulé, ce qui n’a rien d’illégal. Et ainsi le problème est réglé.n Hôpitaux : la France hors-jeu.Mi-octobre, se tenait à Vienne, enAutriche, le premier salon européenpour l’utilisation de matériaux sansrisques dans les hôpitaux. 29 expo-sants, 60 conférenciers, 300 parti-cipants. Aucun exposant français !Pas plus d’hôpital français ! Pasde fournisseur français de maté-riaux sans PVC, un plastique dontl’incinération donne les dioxines,pas de fabricant de produits detraitement des déchets : en France, tout passe par l’incinération ! Il y apourtant de multiples innovations pour diminuer ou supprimer les pollu-tions provenant de l’intérieur des hôpitaux. Pour ceux et celles qui tra-vaillent dans le domaine, on peut en savoir plus en contactant AurélieGigandet, au CNIID, tél : 01 55 78 28 66.n Picardie : marché bio sans sacs plastiques. En partenariat avec leCNIID, l’association de l’agriculture biologique en Picardie qui animeplusieurs marchés bio a annoncé que les stands ne fourniront plus desacs plastiques à leurs clients. Ces derniers sont invités par tract à veniravec leurs sacs, cabas ou paniers, à amener sacs, pots et bouteilles. Bio-Picardie, 19 bis, rue Alexandre-Dumas, 80096 Amiens cedex 3,tél : 03 22 33 64 72.

Environnement

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Greenpeace

Action de Greenpeace devant l’Ambassade russe à Paris (juillet 2003).

P R O T O C O L E D E K Y O T O

SILENCE N°317 Décembre 2004

B R E T A G N EGaspidoEaux et rivières de Bretagne amis au point un jeu de rôles bap-tisé Gaspido qui se joue sur unesurface d’au moins 20 m2. Leséquipes de joueurs disposent audépart d’un bidon de 5 litresd’eau et se déplacent sur un par-cours qui leur permet de gagnerou de perdre de l’eau. Ceux quiont le plus d’eau en fin de par-cours ont gagné. Le jeu a évoluéau cours de «classes d’eau» danslesquelles sont passées plus de 50000 personnes depuis 1997. Unenouvelle version du jeu est main-tenant disponible avec la possibi-lité pour les associations qui veu-lent l’acquérir de suivre une for-mation d’initiation.Renseignements : Eaux etrivières de Bretagne, 9, ruePierre-Philippe, 56100 Lorient,tél : 02 97 87 42 66.

A L P E S

Loups abattusLe 21 octobre, une jeune louve a été abattue par des gardes del’office national de la chasse, àBouvante, dans le Vercors. Undeuxième loup a été abattu le 27 octobre dans le massif deTaillefer, en Isère, par un autregarde. Ceci en contradiction avecl’arrêté ministériel qui préciseque la chasse n’est possible que si «les dommages restent impor-tants malgré l’ensemble desmoyens de protection mis en place». Or, il n’y avait plusd’attaques de troupeaux, ceux-ciétant déjà redescendus d’alpage

à cette date. Les associations deprotection de la nature dénoncentune politique incohérente : lesloups ayant un rôle de régulationen hiver sur d’autres espèces quiposent problème comme les san-gliers, les chevreuils… qui proli-fèrent par manque de grands pré-dateurs. Mais les chasseurs préfè-rent tuer les loups et le grosgibier ! La FRAPNA, FédérationRhône-Alpes de protection de lanature demande l’ouverture d’undébat pour définir les conditionsd’un pastoralisme viable et res-pectueux des espèces sauvages,loin des visées à courte vue deschasseurs. FRAPNA, 19, rue Jean-Bourgey, 69625Villeurbanne cedex, tél : 04 78 85 97 07.

P Y R É N É E S

Ourse abattueLe 2 novembre, un chasseur s’esttrouvé face à Cannelle, la derniè-re ourse de souche pyrénéenne. Ila eu peur, il a fait feu et l’a tuée.L’ourson qui l’accompagnait aréussi à fuir… mais ne passerapeut-être pas l’hiver. Les associa-tions de protection de la natureont dénoncé la présence des chas-seurs dans cette partie de laVallée d’Aspe, alors que tout lemonde sait que les ours se trou-vent par là. Ils estiment doncqu’il s’agit d’un acte prémédité.

L Y O N

La voiture au ralentiAprès avoir limité tout le centre-ville à 30km/h en septembre, lamunicipalité a fait une enquête :80 % des Lyonnais jugent lamesure favorable, 75 % deman-dent que cela soit maintenu.L’expérience a été prolongée.

SILENCE N°317 Décembre 2004 23

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Rencontresn Réf.317.01. Envisageant installa-tion en Lozère, dame cinquantaine,proche nature, calme, pondérée, appré-ciant et pratiquant peinture, souhaitecommuniquer par écrit avec ami(es)habitant la région, même profil, mêmetranche d’âge. Ecrire au journal quitransmettra.n J’aimerai rencontrer des personnesqui comme moi adorent flotter sur ledos dans l’eau, sans mouvement, pourenvisager un voyage à la Mer Morte.Vianey Malige, place de la Gare,48100 Marvejols, tél : 06 07 56 61 77.

Vivre ensemblen Noël autour du feu dans une yourte.Du 10 décembre au 20 janvier, et àchaque vacance, chant, musique,cercles de paroles, méditation, repaspréparés ensemble, participation libre(avec un minimum de 50 centimes parnuitée), matelas disponibles dans your-te, trois cabanes, possibilité de garercamions et monter tipis. Immenseyourte de 10 m de diamètre permet-tant d’accueillir jusqu’à 50 personnes,équipée d’un feu central. Possibilité devivre sur place en partageant cetteyourte commune, partage des travauxtels que le jardinage, le bois de chauf-fage, la construction d’habitats écolos,préparation de fêtes pendant lesvacances, éduquer nous-mêmes lesenfants avec les cours par correspon-dance de la CNED ou créer une écolealternative, mi-nomade, mi-sédentaire,sortir du système de consommation, enachetant le moins possible, donc pasd’alcool, de tabac, de drogue, de café,de sucre, pas de viande ni de produitslaitiers dans les lieux communs. Alain Auguste, yourte Vivace, les Drouillèdes, 30160 Peyremale, tél : 06 19 42 18 69.

Recherchen Femme schizophrène cherche psycompétente, femme, raisonnable, écolo-libertaire et pas trop chère ou rem-boursée sécu pour entretiens surValence (Drôme) ou bien par télépho-ne et lettres. Dans le but de pouvoirenfin vivre et travailler à la campagne,d’améliorer mes relations avec lesautres êtres humains, et peut-êtreaussi de savoir si je suis ou non schizoet ce que ça signifie. Je cherche aussiun médecin psychothérapeute femme.Tél : 04 75 55 47 39.n Cherchons un terrain de préférencedans le sud de la Sarthe pour yconstruire la maison autonome dontnous avons envie. De plus nous cher-chons des personnes désireuses defaire de même afin de réaliser, ensynergie, un écolieu convivial maispoint «communautariste». Hélène et Daniel, tél : 02 43 43 85 51.n Dans la perspective de participer à l’élaboration d’une vidéo de 52minutes sur le thème «vous travaillezautrement» (titre provisoire), jecherche à joindre des personnes ou desgroupes ayant modifié leur rapport autravail dans un esprit de décroissanceet qui accepteraient d’en parler devantune caméra. Il peut s’agir d’un passa-ge à temps partiel choisi, d’un change-ment de métier, d’entreprise et/ou detoute autre modification qui aura prisdu sens aux yeux des intéressés. Les entreprises dépassant le niveau

indiviuel mais créées ou replacées dansun esprit de décroissance nous intéres-sent également. Je propose qu’on separle d’abord au téléphone à celles ouceux qui voudront bien me donner aumoins un téléphone où je puisse lesappeler en écrivant à Jean Monestier,19, avenue Jean-Jaurès, 66270 LeSoler ou en laissant un message au 0468 92 89 49 ou au 06 83 99 03 25.n Lyon. Je cherche une chambre oupetit studio meublé à loyer modéré surLyon ou environs pour ma fille devanteffectuer un stage de six mois durantle 1er semestre 2005. Contact : 03 85 38 49 91 et laisser un messagesur le répondeur, merci. n Cherche documentations sur éco-paysagisme, création et entretien d’espaces verts, espaces forestiers, etc.Avec utilisation des méthodes del’agriculture biologique. Cherche orga-nismes de formation ou associations,entreprises, revues spécialisées… dansce domaine. Alfonso Apolonia Vaz,18, rue du Minotaure, 91350 Grigny.n Bretagne. Cherche terrain totale-ment isolé dans le Morbihan ou leFinistère sud, un hectare minimumsans voisinage, 50 km de Lorientmaximum, constructible ou avec ruineà reconstruire pour projet d’habitatsain et autonome (sans eau, sans électricité, sans tout à l’égout, solaire,éolien, eau de pluie et lagunage). Marc Gironce, tél : 06 07 63 60 79,[email protected] Beaujolais. Boulanger bio chercheune location de maison ou d’apparte-ment gratuite en échange du gardien-nage, avec entretien ou non des abords,durant 9 à 10 mois par an (absentl’été). Contact : 04 74 26 91 15.

Emploisn Rennes. Aqua-SCOP-Services,entreprise spécialisée dans la plombe-rie et le chauffage solaire, cherchepour renforcer son équipe un ouvrierou ouvrière qualifié(e) plombier ouélectricien pour devenir associé(e)coopérateur, motivé(e) par fonctionne-ment en coopération, mixitéhomme/femme, écologie. Niveau bacou équivalent, aptitudes manuellesprouvées, connaissance en écologie,économie d’énergie, préservation del’environnement, apport de capital au sein d’une équipe fonctionnant enSCOP, société coopérative ouvrière de production. Envoyer CV à :Aqua-SCOP-Services, 73, rue de Châteaugiron, 35000 Rennes.

Gratuites : Les annonces de Silencesont gratuites pour les abonnés. Elles sont également gratuites pour les offres d’emplois.Pour passer une annonce, joindre le bandeau d’expédition qui entoure la revue ou joindre un chèque corres-pondant à un abonnement.

Domiciliées : Silence accepte lesannonces domiciliées à la revue contreune participation de 5 € en chèque.Pour répondre à une telle annonce,mettre votre réponse dans une enve-loppe. Ecrire sur cette enveloppe aucrayon les références de l’annonce,puis mettre cette enveloppe dans uneautre et envoyer le tout à la revue.

Sélection : Silence se réserve le droitde ne pas publier les annonces qui luidéplaisent.

AnnoncesInterdire la chasse le dimancheEntre 1997 et fin 2003, 235 per-sonnes ont été tuées par la chas-se, et 1217 blessées. Le nombred’accidents a été en hausse de12% en 2003 et la moitié desaccidents ont lieu le dimanche. Lachasse le dimanche est un facteurd’insécurité pour tous, chasseurset non chasseurs. C’est pourquoil’ASPAS, avec le soutien de centautres associations, a envoyé àtous les députés une fausse boîtede cartouches de chasse portantla mention «chasser tue (aussi les humains)». Un texte demandel’interdiction de la chasse ledimanche. ASPAS, BP 505,26401 Crest cedex, tél : 04 75 25 10 00.

Sortir du puitsUn jour, l’âne d’un fermier tombadans un puits. L’animal gémissaitpitoyablement depuis des heureset le fermier se demandait quoifaire. Finalement, il décida quel’animal était vieux et le puitspeu utile. Cela n’était pas ren-table de récupérer l’âne. Il invita ses voisins à l’aider. Ilsprirent une pelle et commencè-rent à boucher le puits. Au débutl’âne réalisant ce qui se passait,se mit à brailler terriblement.Puis ce fut le silence. Quelquespelletées plus tard, le fermierétonné, regarda dans l’ouverturedu puits : après chaque pelletée,l’âne se secouait pour enlever laterre de son dos et montait des-sus. Bientôt, à force de monter, ilput sortir du puits et se remettreà trotter !La vie va essayer de vous englou-tir de toutes sortes d’ordures ?Chacun de nos ennuis est unepierre qui permet de progresser.Nous pouvons sortir des puits lesplus profonds en n’abandonnantjamais. (La Mée socialiste, 19décembre 2001)

Chaud devant !Et voilà-t-y pas qu’elle s’emballePetit à petit qu’elle s’embraseElle a des vapeurs notre terreElle canicule, elle vocifère…

«Croissance durable» pour mieux tenirJuste encore quelques décenniesImpression glauque d’être en sursisC’est vrai «qu’on va pas mourir de rire»

Chacun de nous, terrien basiqueCitoyen d’une terre mutiléePressent l’avenir qui s’étriqueHéritage mal assumé…

Mais pour les puissants prédateursLes Zorros de l’exponentiel ;Augmentons le prix du gazoilClimatisons les hôpitauxUn peu plus de pistes cyclablesTrions nos déchets, mangeons bio…Gérons le commerce du pireConfusion dans nos ciboulos…

Je dis qu’il s’agit de décroîtreDe déconsommer radicalTerrasser l’hydre démoniaqueSe délectant de notre moelleNe plus nous livrer corps et âmeAu crédo des apprentis-sorciersA leur nouvel «ordre mondial»Tour-de-Babel réincarnée…

Désert dans l’âme de nos campagnesIl n’est plus temps de persiflerSur la stratégie d’un programmeIl est juste l’heure de sauver… la terre-mère

Chanson de Morice Bénin, février 2004.Contact : MJC Châteauvert, 3, place des Buissonnets, 26000 Valence, tél : 04 75 78 33 16.

Agriculturebiologiquen Déconversion ?L’arrivée de la biodans les grandes sur-faces a provoqué cesdernières années ledébut d’un phénomè-ne de baisse des prix comme dansle cas de l’agriculture chimique.Dans deux domaines, le lait et lescéréales, on commence même àvoir des «déconversions», des pro-ducteurs bio abandonnant la bio.Alors que du côté des consomma-teurs, ceux-ci indiquent de plus enplus vouloir manger bio, ils nesemblent pas prêts à en payer leprix (pas si cher si l’on comptabi-lise les économies dans le secteurde la santé !). L’Observatoire dela production biologique bretonnea publié une étude sur les dix der-niers années qui montre, enBretagne, une stagnation dunombre de producteurs et dessurfaces cultivées depuis mainte-nant quatre ans. (Symbiose, été 2004)n Maïs non hybride. Afin de neplus dépendre des marchands desemence, un programme a étélancée par les organismes derecherche en bio pour la réintro-duction d’une variété de maïs, le«blanc d’Astarac» qui n’est pasune variété hybride et qui permetdonc au cultivateur de gérer lui-même ses propres semences.

Une expérimentation sur 800 m2

s’est déroulée cette année chezHenri Ferté, un agriculteur duGard. La parcelle a été récoltéedébut octobre avec l’aide de laConfédération paysanne qui pourune fois n’a pas eu en face d’ellegendarmes et hélicoptères.Replanter ses propres graines ensélectionnant ses semences, repré-sente pour l’agriculteur une éco-nomie qui peut atteindre 150€à l’hectare. Le «blanc d’Astarac»présente un autre avantage : il aune teneur en protéine supérieurede 30% aux maïs courants. (LeMidi libre, 7 octobre 2004)

n Europe : 43% pour l’espéranto. Peu avant les élec-tions européennes, un lent travailpour convaincre les eurodéputés a débouché sur une propositiondemandant de faire de l’espéranto

une langue pivot pour l’Europe. La proposition a été soutenue par43% des élus. Avec l’arrivée desnouveaux élus de l’Est, où l’espé-ranto est plus parlé, cette proposi-tion devrait revoir le jour et a unechance d’avoir la majorité… cequi ne signifiera pas pour autantson adoption puisque les élus pro-posent et la Commission dispose.n Malgorzata Handzlik.Malgorzata Handzlik a été éluedéputé européenne en juin derniersur une liste Plate-forme citoyen-ne qui a rejoint le PPE (la droitelibérale). Elle est la premièredéputée du Parlement a parlercouramment l’espéranto et va enfaire la promotion.

A L L E M A G N E

Archiv AktivArchiv Aktiv est une associationqui, à Hambourg, essaie dereconstituer l’histoire des mouve-ments non-violents depuis 1945.

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P A Y S - B A S

Un lotissement écologiqueEn 1994, un projet de lotissement écologique a vu le jour

à Culemborg, aux Pays-Bas, suite à un accord passé entre la commune et EVA, un centre écologique d’éducation, d’informa-tion et de conseil.Le quartier écologique ‘Lanxmeer’ doit prendre en compte les prin-cipes de la «permaculture» (contraction pour une «agriculture per-manente). En permaculture, la priorité est donnée aux arbustes etaux plantes persistantes plutôt qu’aux cultures agricoles classiquesqu’il faut renouveler chaque année.Le centre écologique a eu pour mission de voir comment dans un lotissement urbain il serait possible de gérer les espaces nonconstruits pour favoriser une production locale saine assurant unepartie de la nourriture nécessaire aux habitants. Marleen Kaptein, initiatrice du projet pense que cela nécessite un tel changement de mentalité qu’un tel projet ne peut se faire que si l’on associe les habitants au projet dès la construction.Pour l’habitat, il a déjà été cherché à mettre en place un lotissementdont le bilan soit équilibré en termes d’énergie. Cela signifie queconsommation et production d’énergie se compensent. Pour cela, lequartier utilise en partie l’énergie solaire ; des espaces ont été pré-vus pour intégrer l’énergie éolienne. Le quartier est pourvu d’une installation de biogaz où les effluentssolides des eaux usées, les déchets végétaux et les déchets de jardinsont compostés avec récupération d’énergie. Le reste des eaux uséesest épuré par lagunage.Un système de récupération d’eau de pluie fournit l’eau pour les sanitaires. Pour diminuer l’utilisation de la voiture, une norme de parking de 0,7 voiture par habitation a été instaurée. La lutte contre la voiture est facilitée par la proximité d’une gare. Les quarante premières maisons ont été habitées à partir de 2000.Au total, deux cents habitations et appartements sont prévus sur le site ainsi que des bureaux pour accueillir des entreprises. L’idéeest que les gens puissent travailler dans le lotissement pour éviterles déplacements. Le lotissement est construit autour d’une fermeurbaine qui doit fournir les fruits et légumes au lotissement. Pour faciliter l’accession à la propriété, un accord a été passé avecla banque alternative Triodos qui prête de l’argent à un taux d’inté-rêt bas car subventionné par le ministère néerlandais du logementsocial. EVA-Bureau, Achterstraat 38, NL 4101 BB Culemborg, tél : (31) 345 53 26 99.

Alternatives

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Morice Bénin.

Achiv Aktiv collecte pour cela lesrevues et brochures du mouve-ment international, en prioritépour le moment en allemand, enanglais et en français. Il est indé-pendant de toute instance univer-sitaire et ne reçoit aucune sub-vention. Il n’est financé que pardes dons provenant des personnesou des associations non-violentes.Il est preneur de tout documenten lien avec la non-violence.Archiv Aktiv, Wolfgang Hertle,Sternschanze 1, D 20357Hamburg, tél : 00 40 43 02 046.

CompagnonnagealternatifLe réseau REPAS que nous avonsprésenté dans le numéro de sep-tembre, organise chaque année un parcours de compagnonnagealternatif et solidaire de février à juin. Ce parcours est ouvert auxjeunes de 18 à 30 ans. Les per-sonnes intéressées doiventprendre contact avec REPAS

pour retirer un dossier de candi-dature. Il faut dans la mesure dupossible avoir le projet de tra-vailler dans un cadre alternatifpour y participer. n Association REPAS, 4, alléeSéverine, 26000 Valence, tél : 04 75 55 76 82.n Centre de formation Le Mat,Viel Audon, 07120 Balazuc, tél : 04 75 37 73 80.n Voir également : http://reseaurepas.free.fr.

Objecteurs de croissanceUn projet de film Objecteurs decroissance est en cours de réali-sation pour une sortie prévuedébut 2005. Le film montre com-ment nos gestes quotidiens peu-vent avoir une influence sur lemonde et comment un agriculteurbio en colère contre les OGM, desenfants qui défendent leur école,un sage dans le désert, des écono-mistes dissidents, une communequi protège ses services publics…ont tous une influence positivepour la survie de la planète. Ledocumentaire de 52 mn en VHSou DVD peut être commandé dèsmaintenant contre 15 € + 3,40 €de port à Airelles Vidéo, Maison de la vie associative, Le Ligourès, 8, place Romée-de-Villeneuve, Encagnane, 13090 Aix-en-Provence, tél : 06 19 55 19 97.

B R E T A G N E

Peau dechanvrePeau de chanvre est une jeuneentreprise dont le but est deconcevoir et de promouvoir les produits à base de tissu

de chanvre. Les produits sontconçus et confectionnés enBretagne. Les boutons sont enmatières naturelles : argile, coco,bois, métal. Les couleurs sontchoisies pour être les moins pol-luantes possibles. Peau dechanvre, 13, rue de Siam, quar-tier de Saint-Servan, 35400Saint-Malo, tél : 02 99 82 83 50.

NORDPAS-DE-C A L A ISSemaine de jeûneUne semaine de jeûne, de prièreet de méditation est organisée du29 novembre au 5 décembre avecdeux jours de bouillon et jus defruits, trois jours de jeûne à l’eau,un jour de reprise jus et bouillon.Mais le jeûne alimentaire s’ac-compagnera également d’un jeûneaux dépendances : pas de télévi-sion, de médias, d’argent, de télé-phone, d’électricité et de voitures.A la place : dialogue, méditations,prière, convivialité, feu de bois,chant, massage, danse… selon lesenvies de chacun. Renseignements :Maison des sept vallées, 4, rue du Bas-Parcq, 62770 Le Parcq, tél : 03 21 03 69 96.

B E S A N Ç O N

Pédagogiespopulaires et libertairesAprès trois ans de colonies liber-taires et de nombreux contactsautour d’un projet de reprise del’école Bonaventure (ancienne-ment sur l’Ile d’Oléron), le groupeProudhon de la Fédération anar-

chiste à Besançon envisage desrencontres sur les pédagogiespopulaires et libertaires en 2005.Les groupes et personnes intéres-sées peuvent prendre contact avecla Librairie l’Autodidacte, 5, rueMarulaz, 25000 Besançon.

L I M O U S I N

EntropiaLe centre national d’art et dupaysage du lac de Vassivière pro-pose jusqu’au 27 mars, diffé-rentes installations d’artistes surle thème de l’entropie (et donc del’usure, de la dépense d’éner-gie…). Les artistes explorent, surce thème, l’architecture, le paysa-ge, la sculpture et l’espace. Unefois par mois, le dimanche, unerencontre est organisée avecGilles Clément, paysagiste. Centrenational d’art et du paysage, îlede Vassivière, 87120 Vassivière,tél : 05 55 69 27 27.

T O U L O U S E

Eco-hameau en auto-constructionUne association a vu le jour àToulouse, AEC, Auto-éco-constructeurs, pour la mise enplace d’un éco-hameau en auto-construction sur une parcelled’une petite commune ruraleproche de Toulouse. Cette asso-ciation aura pour rôle de favori-ser la mise en relation et l’entrai-de entre les personnes intéresséespar un projet qui s’appuie sur uneréflexion sur l’articulation entrele rural et l’urbain. Une premièreétape prévoit la construction decinq maisons selon les critères dehaute qualité environnementale,

SILENCE N°317 Décembre 2004 25

n Grenoble : 5e Bio et environnement. 27 novembre au 5 décembre, à Alpexpo. Alpexpo, BP 2408, 38034 Grenoblecedex 2, tél : 04 76 39 66 00.n Montpellier : 5e Harmonies. 3 au 5 décembre, parc desexpositions, 180 exposants (40 % bio, habitat sain, santé,environnement, renouvelables,artisanat…). Thème de l’année :vivez les fêtes en bio. Goral,126, impasse Juvenale, 30900Nîmes, tél : 04 66 62 07 16.n Paris : 1er Bâtir sain, 3 au 5 décembre, à la cité desSciences, La Villette. Artisans,architectes, distributeurs dematériaux sains, organismes deformation… Démonstrations demise en œuvre, vidéos et confé-rences : construction respectueu-

se de la santé et de l’environnement, collectivités locales etconstruction écologique, construire écologique en milieuurbain, normes et assurances, climatisation naturelle, isolationécologique. Association CASEAT, tél : 01 45 55 71 50.n Grenoble : 1er Ecocompétences. 9 au 12 décembre, à Alpes Congrès. Salon sur les métiers de l’environnement,stands associatifs et institutionnels, conférences sur l’éco-habitat, les énergies renouvelables, le reconversion en milieurural… MNEI, 5, place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble, tél : 04 76 54 31 62.n Pau : 9e Asphodèle. 10 au 12 décembre, au parc des expositions. 200 exposants dont 75% de bio, habitat sain,santé, environnement, pédagogies alternatives, carburantspropres, jardinage, services financiers… Expositions, ateliers,conférences. Utovie, maison Perissaout, 40320 Bats, tél : 05 58 79 17 93.

Fêtes, foires, salons

Alternatives

avec l’appui d’une entreprise d’in-sertion locale. Le projet est enca-dré par François Plassard, ex-for-mateur en développement local.AEC, 6, rue Saint-Aubin, 31000Toulouse, tél : 05 61 99 03 25.

B A Y O N N E

TerresocéanesTerres océanes est un nouveaulieu à Bayonne. Il présente demultiples facettes : médiathèque,espace lecture, coin presse, expo-sitions temporaires, éco-boutique,portail des associations environ-nementales, centre de ressources. L’éco-boutique propose diversproduits accompagnés de petitesaffichettes permettant de décou-vrir comment entretenir sa mai-son de manière écologique avecpresque rien, comment réduire saconsommation de papier ou sonempreinte écologique... Le centre de ressources permetde se documenter sur de nom-breuses thématiques, d’entrer encontact avec les associationslocales ou nationales, de consul-ter les «petites annonces vertes»pour le troc ou le co-voiturage, dedécouvrir des revues pas toujoursdiffusées en kiosque. Les enfantsont aussi leur espace avec desjeux pédagogiques ou coopéra-tifs, livres, revues. Terres océanesaccueille jusqu’au 31 décembre2004 l’exposition la forêt s’af-fiche. Terres océanes, 12, ruePannecau, 64100 Bayonne, tél :05 59 25 79 64.

D O R D O G N E

Stages d’auto-constructionL’écocentre du Périgord proposedes stages sur la constructionécologique en février prochainanimés par l’architecte ClaudeMicmacher. Stage de réalisationd’un toit en chaume au prin-temps, construire une piscine éco-logique à épuration par lesplantes, du 26 au 30 mai, avecWalter Riedel… Des stages peu-vent être programmés à lademande (serre solaire, construi-re en paille, construire en fuste,électricité solaire, solaire ther-mique, habitat et santé…) pourdes groupes d’au moins six per-sonnes. Ecocentre, Pégase-Périgord, Froidefon, 24450Saint-Pierre-de-Frugie, tél : 0553 52 59 50.

H É R A U L T

Une AMAPautour d’une ferme de spiruline

La spiruline est une algue richeen protéines dont la culturenécessite moins d’eau que la plu-part des cultures. Elle ne nécessi-te que peu d’investissement et nepollue pas les nappes phréatiques.Elle constitue un aliment plusriche que les céréales, le soja… etévite les grandes surfaces de cul-ture que demande la viande. La ferme Spiruline cultive cettealgue sous une serre actuellementde 58 m2. Il est envisagé de pas-ser à 100 m2, ce qui peut per-mettre de couvrir les besoins enprotéines de 25 personnes. La ferme Spiruline propose doncun fonctionnement en AMAP,association pour le maintien del’agriculture paysanne, où desconsommateurs achètent àl’avance une part de la récolte, enéchange de prix attractifs. Ici,l’AMAP se doublerait d’une acti-vité de solidarité internationalepuisque la ferme envisage de col-laborer avec des fermes dePalestine et du Burkina Faso.L’AMAP fonctionnant en associa-tion, ces projets seront portés encommun. Ferme Spiruline, LesBalmes, 34360 Saint-Jean-de-Minervois, tél : 06 33 47 65 91.

PU Y -DE -DÔME

Universitépopulaire et citoyenneL’Université populaire et citoyen-ne du Puy-de-Dôme se composede multiples sous-groupes quiproposent des rencontres, des ate-liers, des conférences, sur de mul-tiples thèmes. Au programme :projection du film «TierraCaliente» (30 novembre), du climat et des hommes

(7 décembre), agriculture etdéveloppement durable (9 et 13 décembre), festival du courtmétrage (28 janvier au 5 février)… UPC, 3, rueGaultier-de-Biauzat, 63000Clermont-Ferrand, tél : 04 73 31 14 05.

G R E N O B L E

Squat des400 couvertsDepuis près de trois ans, un squat s’est ouvert dans lecentre de Grenoble, dans six bâti-ments depuis rénovés. On y trouvede nombreuses activités : habita-tions, four à pain, infokiosque,jardin potager avec des arbres

fruitiers, zone de gratuité, atelierset spectacles. Le squat essaie dedévelopper des relations entrepersonnes en dehors des rapportsde domination. La municipalitéenvisage de tout raser pour ymener un projet immobilier de 32 logements. Les squateurs sontdemandeurs de toute aide pour lemaintien de cette initiative. Squatdes 400 couverts, traverse des400 couverts, 38000 Grenoble,tél : 04 76 86 07 37.

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Mouvement CamphillL e mouvement Camphill est né en Ecosse en 1939, à l’initiative

du Dr. Karl König, reprenant la pédagogie curative lancée dans les années 20 par Rudolf Steiner. Comme dans le cas de l’éducation,le mouvement anthroposophe part du principe que chaque personne est unique et que donc que tout traitement pour une maladie ne peutse faire que par une approche individuelle. Le mouvement Camphill agit pour mettre en place des villages théra-peutiques où des familles accueillent des enfants handicapés. Il existeactuellement 75 de ces villages dans le monde où vivent environ 3000personnes. Aucun n’est situé en France, par contre il existe des associa-tions utilisant la pédagogie.Ces villages comprennent généralement un réseau de fermes biodyna-miques, des maraîchers, des artisans (menuiserie, papeterie, laverie, restauration…). Les fermes assurent une partie de l’alimentation, le surplus permettant des revenus extérieurs et servant à faire fonction-ner les autres activités. Des médecins et des thérapeutes vivent égale-ment sur place et développent des activités manuelles, artistiques, musicales selon les principes de l’art-thérapie. Dans certains villages,l’action sociale est étendue aux personne âgées, avec une recherche de mixité intergénérationnelle. Dans la plupart on trouve également un «jardin d’enfants» (l’équivalent de la maternelle) où l’enfant estlibre de son propre développement selon les principes de la pédagogieSteiner. Certains villages disposent d’école de plus haut niveau, parfoisjusqu’au lycée.n ECCE, Fédération européenne pour la pédagogie curative, Stationsweg 2, NL-3972 KA Driebergen, tél : 31 343 44 99 00. n Fondation Perceval, route de Lussy, 45, CH-1162 Saint-Prex, tél : 41 (0)21 823 11 11.n Paul Elst, Iona Institut, Nieuwe Bevelsesteenweg 66, B-2560 Kessel, tél : 32 34 91 02 16.n Adrienne Thier, Atrebatenstraat 131, B-1040 Bruxelles, tél : 32 27 34 33 79.n Association pour la pédagogie curative et la sociothérapie anthroposophiques en langue française, Bernadette Bernier, Centre de pédagogiecurative «Les Fontenottes», 89330 Saint-Julien-du-Sault, tél : 03 86 63 21 87.n «Les Ravis», Association française de parents d’handicapés mentaux, BéatriceCussac, 10, rue Thimonnier, 75009 Paris, tél : 01 48 78 23 77.

Alternatives

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Spiruline.

S U È D E

Impôt sur les hommes ?Des parlementaires suédois ontfait une proposition pour distin-guer les impôts entre les deuxsexes et pour faire payer plus leshommes. Selon les statistiques,ceux-ci sont responsables de plusde violences dans la société,entraînant plus de dépenses pourl’Etat. (Les Pénélopes, novembre2004)

E S P A G N EBracelet électroniqueEnviron 100 Espagnoles sontassassinées chaque année par leurmari. De très nombreuses autressont victimes de violences conju-gales. Depuis janvier 2004, lamairie de Madrid délivre des bra-celets électroniques qui sontappliqués aux hommes qui sontinterdits d’approche du foyer deleur femme. Suivis par électro-nique, ils déclenchent immédiate-ment une alerte s’ils pénètrentdans le périmètre qui leur a étéinterdit. (SOS Violence conju-gales, novembre 2004)

Pigeonnées !Les historiennes essaient aujour-d’hui de reconstituer l’histoiremasquée des femmes actuelle-ment complètement occultée dansles livres d’histoires. Ainsi, unpointage a permis de relever quesur 1024 récompenses attribuéesà la libération, seules 8 femmesen ont reçu une contre 32 pourdes pigeons voyageurs ! (Les Pénélopes, juin 2004)

S É N A TLoi sur la paritédétournéeLa loi sur la parité oblige dansles listes à mettre en alternanceune femme et un homme. Maiscomme de nombreuses listes com-mencent par un homme et n’ontfinalement qu’un seul élu, à l’arri-vée, on compte nettement plusd’hommes que de femmes. Celas’est encore confirmé le 26 sep-tembre, pour les élections sénato-riales. Il y avait 128 nouveauxélus au total et il n’y a eu

que 31 élues soit seulement unquart de femmes. Cela fait quandmême monter le taux de femmesau Sénat à son plus haut niveau :17% (contre 11% avant etcontre 12,7% à l’Assembléenationale). Si la loi n’est pasmodifiée, avec le principe deslistes actuelles, le nombre defemmes pourrait être plafonné à 25%.

D O U A IPlacementspour hommesviolentsDepuis début 2004, le tribunal de Douai a passé un accord avec une communauté Emmaüs.Les hommes condamnés pour violences conjugales peuvent y être placés pour une période de quinze jours comme mesure

d’éloignement du foyer conjugal.En un an, 103 hommes ont étéainsi éloignés de leurs femmes.Suite à l’expérience de vie avecdes précaires, il n’y a eu que troiscas de récidive et vingt demandesde divorce. L’initiative est mainte-nant reprise à Marseille, Amienset Thonon-les-Bains.

P O I T I E R S

Egalité pourles retraitesLe tribunal de Poitiers a donnéraison le 15 septembre à 21 enseignants, père d’au moinstrois enfants, qui ont demandé àbénéficier d’une mesure de retrai-te anticipée qui pour le momentn’était accordée qu’aux mères deplus de trois enfants. La jurispru-dence européenne a été appliquéepour rectifier la loi françaisejugée sexiste.

SILENCE N°317 Décembre 2004 27

50 000 nounours contre l’incesteL’AIVI, Association internationale des victimesde l’inceste a lancé mi-octobre une cam-pagne nationale «50 000 nounours contre l’inceste» qui fait vingt propositions au gouver-nement. La campagne rappelle les chiffres de l’inceste : 20% des filles et 7% des garçons sontvictimes d’incestes, 45% ont moins de neuf ansau moment des faits, le taux triple pour les enfants handicapés, la moitié des victimes se trouve dans des familles ayant des problèmesd’alcoolisme. Comme il y a souvent prescription quand les enfantsosent porter plainte, 10% seulement des agresseurs, à 98% deshommes, sont condamnés et souvent à de faibles peines de prison.Alors que les victimes en souffrent toute leur vie : 86% présentent desproblèmes d’ordre familial, 85% psychologique, 49% social, 46% sco-laire, 34% sexuel, 26% délinquance, 25% font des fugues, 23% ontdes problèmes de santé, dont des troubles du sommeil, de l’anorexie…50% des anorexiques et 75% des boulimiques évoquent des problèmesde violence sexuelle. 76% des femmes prostituées, 90% des hommesprostitués sont des victimes de violences sexuelles pendant leur enfan-ce, le plus souvent de nature incestueuse. Les victimes de l’inceste sesuicident huit fois plus que la moyenne.L’AIVI demande la réintroduction dans le code pénal du crime d’incestequi a été enlevé au dix-neuvième siècle, l’imprescriptibilité du crimed’inceste, la mise en place de statistiques, la mise en place d’une poli-tique de prévention chez les parents, l’information des parents dès lagrossesse, le suivi médical des enfants dans ce domaine, des campagnesd’information grand public, l’information des enfants dans les écoles,une plus grande attention dans le recrutement des personnes travaillanten contact avec les enfants, la formation de ces personnes, le suivi psychologique des parents en cas d’indices (fugues, anorexie, délinquan-ce…), faciliter la parole de l’enfant, protéger l’enfant présumé victime,réduire les temps de procédure judiciaire, possibilité de recueillir lesparoles de l’enfant en dehors d’une séance de procès (comme aux Pays-Bas), création de professionnels contre la pédocriminalité. Pour appuyer ces demandes, l’association collecte des nounours qu’elle distribuera ensuite régulièrement dans la rue (première opération le 20 novembre). n AIVI, maison des associations, B7, 20, rue E.-Pailleron, 75019 Paris. n Collecte des nounours en France ; AIVI, Mory Team, ZA Le Bajolet, 91470Forges-les-Bains. n Collecte en Belgique : Parole d’enfants, 7C, boulevard d’Avroy, 4000 Liège.

WangariMaathai

Le prix Nobel de la paix 2004 a été attribué vendredi

10 octobre à la militante écolo-giste kenyane Wangari Maathai,première femme africaine àrecevoir la récompense. Née en1940, elle est la première femmede son pays a obtenir un docto-rat de biologie. Elle étudie auxEtats-Unis puis en Allemagne.Elle est la première femme éga-lement à diriger un départementà l’université de Nairobi. Sonmari entre en politique en 1970et devient ministre par la suite.En 1977, elle profite de sa popu-larité pour lancer le Green beltmovment le mouvement ceintureverte, un mouvement de femmesqui, année après année, ontappris aux groupements defemmes à faire des plantsd’arbres et à reboiser. 20 millions d’arbres ont été ainsireplantés par plus de 80 000femmes, constituant le plusgrand réseau écologiste africain.Plusieurs pays voisins ont lancédes mouvements de femmes surle même modèle. Son mari, deve-nu ministre, souffre de sa noto-riété et demande le divorce dansles années 80. Elle est arrêtéeplusieurs fois par le dictateurkenyan Daniel Arap Moi, mais sa renommée internationale luiévite de «disparaître». En 1996,elle participe en France aucontre-sommet du G7 à Lyon.Elue députée Verte lors duretour à la démocratie endécembre 2002, elle a été nommée en janvier 2003ministre de l’environnement.Avant le prix Nobel de la Paix,elle avait déjà reçu 14 prix inter-nationaux dont le prix Nobelalternatif en 1984. A l’annoncede cette attribution, elle a rappe-lé que planter un arbre, c’estsemer des graines de paix.

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Wangari Maathai

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L’Etat de Jigawa, au nord du Nigeriaa annoncé, fin 2003, qu’il refusaitdésormais les campagnes de vacci-

nations. Dans une interview publiée dansune revue locale et traduite dans leCourrier d’Alis, l’Emir qui dirige cetterégion s’explique. En voici quelquesextraits significatifs.

Pourquoi la polio et pas la malaria ?«Récemment quelques membres de

l’Assemblée nationale sont venus et nousavons discuté longuement au sujet duvaccin polio. Nous avons demandé pour-quoi les gens dans notre pays conti-nuaient à recevoir ce vaccin polio. Ilsnous ont répondu que sur les dix Etats dunord, dont celui de Jigawa, on avait recen-sé un cas de polio. C’est donc à cause d’unseul cas que l’on veut vacciner tous leshabitants de l’Etat. J’ai fait remarquer quedepuis cinq ans, tous les ans, le mêmescénario se reproduisait. Pourquoi vouloirà tout prix vacciner tous les habitants desdix Etats du nord, précisément les dix quipratiquent la sharia. J’ai pressenti qu’il yavait quelque chose de louche : soit ils ontquelque chose contre l’islam ou contre lesmusulmans, soit il y a quelque raisonpolitique derrière cela.

Nous avons également demandépourquoi les Américains avaient arrêté levaccin oral depuis 1995. Ils n’ont pasrépondu à cette question. Si les vaccinsoraux ne sont pas bons pour les enfantsaméricains, pour les utiliser chez lesenfants du Nigeria ?

(…) Lors d’une cérémonie qui a eulieu au Rotary Club à Abuja, j’ai entendudire par le président qu’il avait sa propresolution pour contrôler le nombre d’habi-tants. Qu’est-ce que cela veut dire ? S’ilsn’utilisent pas une méthode de contrôledes naissances, pourquoi avoir dit cela ?Et c’est le même Rotary club qui sponso-rise le vaccin polio.

J’ai demandé aux membres del’Assemblée nationale combien de cas depolio on avait recensé cette année auNigeria. Ils ont répondu environ 190 cas.Et ils dépensent sept milliards pour unecampagne de vaccination alors que cheznous les moustiques tuent trois à quatremillions de personnes, jeunes et vieux,chaque année ! Les autorités prétendentqu’avec 190 cas, la polio est pire que lamalaria.

OGMn Sondages contradictoires.Selon un sondage CSA réalisé fin septembre, à la demande de l’industrie des semences, 74 % desFrançais désapprouveraient lesactions de fauchage, mais dans ledétail du sondage, on relève que surces 74 %, 56 % en comprennentles motivations. Un autre sondageIFOP réalisé pour Ouest-France, le 3 octobre indique que 63 %sont inquiets à l’idée de trouver desOGM dans leur alimentation(contre 73 % il y a quatre ans),mais le nombre de gens favorablesaux OGM n’atteint que 20 % (+ 4 % depuis 4 ans), les indécisayant augmenté. Selon ce deuxièmesondage, seulement 51 % condam-nent les actions des faucheurs, 46 % les soutenant (49 % chez lesfemmes, 64 % de l’électorat Vert).Dans le sondage pour les semen-ciers, 67 % des sondés seraientfavorables à des expérimentationsen milieu naturel du moment quel’Etat les autorise. Mais bizarre-ment dans ce sondage Ouest-France, seulement 48 % sont pourdes essais en plein champ. Tout estdans l’art de formuler la question.n Fauchés volontaires. Le 18 octobre, la FNAB,Fédération nationale de l’agricultu-re biologique, a détruit symbolique-ment une parcelle de maïs biolo-gique sur la commune dePessoulens, dans le Gers. Cettedécision fait suite à la découverted’un essai de maïs OGM dansla commune voisine à une distancequi ne permet plus de garantir quele maïs bio l’est encore. La FNABprécise que «pour cet arrachage, lesforces de l’ordre n’auront pas be-soin de déplacer hommes, grenadeset hélicoptères». La FNAB entendainsi dénoncer l’impossibilité pourl’Etat de garantir la survie del’agriculture bio en cas de pour-suites des cultures OGM en pleinchamp. FNAB, tél : 01 43 38 38 69ou GABB 32, tél : 05 62 61 77 55.n Bourgogne sans OGM. Dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 octobre, une trentaine de fau-cheurs volontaires de Bourgogne et de Franche-Comté se sontretrouvés pour nettoyer une parcel-le de 6000 m2 située sur la commu-ne de Varois-et-Chaignot, près deDijon. Cultivée en maïs transgé-nique, c’était la deuxième parcellela plus grande de France en OGM.Une parcelle voisine avec une expé-rimentation de colza avait déjà éténettoyée, ce qui fait que laBourgogne se retrouve après cetteaction sans OGM. Bizarrement,bien que l’action ait été revendi-quée, aucun média local n’a relayél’information.

SILENCE N°317 Décembre 2004 28

O G M

Soutien aux faucheurs inculpésL es procès des faucheurs de champs d’OGM

devraient dans les prochains mois être lelieu de multiples rassemblements de soutien etautant de tribunes pour contester l’invasion desplantes transgéniques. Le premier procès a eulieu le 8 novembre à Toulouse (9 inculpés pourun fauchage le 25 juillet), le deuxième auralieu à Riom (Puy-de-Dôme), le mardi 14décembre à 8h30, au tribunal correctionnel (3 inculpés pour un fauchage le 14 août). Le suivant aura lieu à Orléans, le mercredi 19 janvier à 14 h, au tribunal correctionnel (3 inculpés pour une action le 14 août égale-ment). Deux autres procès auront sans doutelieu début 2005 : le procès de dix faucheursdevant le tribunal de Lille (pour une action à l’automne 2002), un autre au tribunal de Versailles pour neuf inculpés (action en juillet 2003). Si la justice le veut bien, d’autres procèsdevraient cette fois concerner les violencesfaites par les forces de l’ordre lors des deuxderniers fauchages à Solomiac (Tarn-et-Garonne) et à Valdivienne (Vienne). Parionsque là, les choses vont traîner plus longtemps.Collectif des faucheurs volontaires, 1, rue Droite, 12100 Millau, tél : 05 65 59 14 36.

Vaccins de l’hépatite BBarrages judiciairesG isèle Mor est avocate. Elle a pris à sa

charge de défendre les centaines de vic-times présumées du vaccin de l’hépatite B. Ellea été inculpée en 2003 pour «violation dusecret de l’instruction», suspectée d’avoir rendupublic un rapport d’expertise sur les consé-quences du vaccin. Elle a été convoquée etinterrogée pendant deux jours, en septembre2003, au moment même où se tenait uneconférence sur le vaccin, moyen d’être sûrqu’elle n’y soit pas présente. Fin septembre, desvictimes décident de porter plainte contre troisministres et elle fait la démarche au tribunal…Elle se voit convoquer au tribunal correction-nel, le 14 octobre toujours pour «violation del’instruction». Le REVAHB, Réseau Vaccinhépatite B fédère déjà 3000 victimes du vaccin !

n Ligue nationale pour la liberté des vaccinations, BP816, 74016 Annecy cedex, tél : 04 50 10 12 09.n Réseau Vaccin hépatite B, 8, rue Josephine, 94170Le Perreux-sur-Marne, tél : 01 48 71 80 20.

Santé

Maison des droits de l’hom

me de Limoges.

Tel le béotien, je ne peux comprendrepourquoi ils sont si soucieux de la polioet qu’ils ne se préoccupent pas de mala-dies qui tuent les Nigérians comme parexemple les anémies à hématies falci-formes. Pourquoi le gouvernement nigé-rian ne peut-il pas distribuer gratuitementdes médicaments contre la malariacomme ils le font pour le vaccin polio ?Pourquoi ne pas fournir gratuitement desmoustiquaires aux populations rurales etmême en équiper gratuitement nos hôpi-taux pour ainsi réduire l’incidence de lamalaria ?»

Chasse aux enfants en Ouganda

Toujours dans la même revue, on peutlire aussi le témoignage de Kihura Nkuba,fondateur d’une importante radio africai-ne, président de l’association des journa-listes de radio de l’Est africain, sur les

campagnes de vaccination en Ouganda :«Le 15 octobre 2003 fut le jour du ‘juge-ment dernier’ pour le ministère de lasanté et ses ‘vieux copains’ appelés les‘trois grands’ à savoir l’OMS, l’UNICEF etl’USAID. En effet, c’était le jour où devaitêtre proclamé le bilan de la campagne devaccination massive contre la rougeole, lejour où l’on devait annoncer une couver-ture de plus de 100% ! Pour atteindre cesuccès, le gouvernement avait ‘mis lepaquet’ : il avait commencé à étendre l’âgede la vaccination jusqu’à 15 ans, ensuite ilavait décrété que les parents devaientfaire vacciner leurs enfants sans tenircompte de leur état de santé, en outre,étaient menacés d’emprisonnement tousceux qui résisteraient et refuseraient lavaccination, jeunes ou vieux, femmes ouhommes.

Crispus Kiyonga, ministre sans porte-feuille et commissaire du gouvernement,lui-même médecin et ancien ministre dela santé, avait donné l’ordre à la policed’arrêter quiconque serait soupçonné desaboter l’entreprise (…) C’était une vacci-nation sous la menace des armes.

Ce petit et joli pays appelé Ouganda,dépense neuf millions de ses maigres res-sources pour promouvoir un produiteuropéen ! L’argent dépensé aurait permisde construire 120 000 puits d’eau de sour-ce qui auraient pu approvisionner 30% dupays en eau potable ; cet argent aurait per-mis aussi de construire dix centres ultra-modernes pour des recherches sur lesnuisibles qui ravagent les bananeraies,mais le gouvernement a opté pour que lesEuropéens imposent leurs procédés.

Selon le gouvernement, la rougeoleétait une menace pour l’intérêt généralcar elle entraîne 40 000 morts par an.Cette statistique est risible et inventée detoutes pièces quand on sait que la plupartdes personnes qui ont la rougeole restentchez eux et se soignent (…) Très peu deparents se souviennent d’avoir perduquelqu’un de la rougeole. Dans lesregistres, il n’y a pas trace de gens qui ensoient décédés. Et même si ces 40 000

morts étaient réels c’est beaucoup moinsque celles qui sont tuées en Ougandachaque année pour cause de la guerrecivile, ce n’est rien du tout comparé à lamalaria qui tue un enfant toutes les cinqsecondes, et là-dessus, le gouvernementferme les yeux allègrement.

Les responsables de la santé, à bord deleur jeep 4x4 modèles de luxe (qui coûteseulement 70 000 dollars), en costumecravate, coupe allemande dernier cri,sirotant des sodas américains, sont des-cendus dans les meilleurs hôtelsd’Ouganda pour aider les pauvres à rece-voir le message de la vaccination. (…)Tandis que la Banque mondiale et le FMIdépouillent les pauvres, la campagne devaccination enrichit les ‘pauvres méde-cins’.

(…) Le jour de la vaccination, lesélèves qui devaient aller à l’école, sontrestés à la maison ; des mères ont cachéleurs enfants dans la forêt, d’autres dansleur lit. Selon les témoignages recueillis,partout les vaccinateurs sont tombés surdes classes vides, tandis que les boîtes devaccins restaient à chauffer au soleil. (…)Le fait qu’on les oblige à recevoir un vac-cin contre une maladie qu’ils jugentbénigne et qu’ils savent soigner dans lescas courants, a été perçu comme unevolonté de tuer la population au profit dupouvoir des Blancs.

(…) Je suis sûr que bientôt, l’OMSs’en prendra à la peau noire et qu’un vac-cin obligatoire verra le jour quelque partpour tenter d’en venir à bout».

En conclusion, derrière une façademédicale, se cachent des enjeux finan-ciers immenses et des pratiques commer-ciales criminelles. Les vaccins masquentsouvent de vastes détournement de fonds.Détournements de fonds qu’il serait plusdifficile de faire en développant des cam-pagnes d’hygiène, beaucoup moins coû-teuses et tellement plus efficaces.

Francis Vergier n

Courrier d’Alis, 19, rue de l’Argentière, 63200 Riom, tél : 04 73 63 02 21.

Campagne de vaccination polio orale en Afrique (interdit aux Etats-Unis depuis 1995).

Décembre 2004 SILENCE N°317 29

Nord-Sud

Et si les campagnes de vaccinations ne cachaientque des réseaux de financement occultes comme

au bon vieux temps du colonialisme. Des témoignages éclairants.

Vaccins et colonialisme

N É P A LPrésenceaméricaineAu Népal, 42% de la population,essentiellement rurale, vit en des-sous du seuil de pauvreté. Le roià la tête du pays doit faire facedepuis plusieurs années à unevéritable guerre civile, laquelle estsoutenue par le parti communis-te. Il n’en fallait pas plus pourque le gouvernement américainvole au secours de l’Armée royalenépalaise en livrant pour 17 mil-lions de dollars d’armement. LeNépal étant entre la Chine (com-muniste) et l’Inde (hindouiste),ceci ne peut que contribuer àenflammer la région. Le cap des10 000 morts a été atteint pen-dant l’été 2004.

M E X I Q U ECommerceéquitableSud-SudL’UCIRI (Union de Communi-dades Indigenas de la Region del Istmo) est une coopérativecréée en 1983 dans la région de Oaxaca, au Mexique. La production de café dans cetterégion existe depuis près de centans mais compte tenu de leuréloignement géographique, de la difficulté d’accès, les condi-tions de travail sont précaires. La production suivant les règlesde l’agriculture biologique a démarré en 1987.Le choix de l’agriculture biolo-gique a permis dans un premiertemps d’avoir un prix de vente de30% supérieur aux autres cafés,avec la garantie pour les produc-teurs de toucher 85% du prixnet. Comme souvent dans lesréseaux de commerce équitable,le producteur touche l’argent en trois fois : deux avances defévrier à avril, ajustement enjuillet, fin du paiement enoctobre. Au départ, l’essentiel de la pro-duction (85%) est tourné versl’exportation en collaborationavec des associations du Nord.Tout au long des années 90, uneréflexion s’engage sur cette dépen-dance à l’expor ta tion. Le café bio-logique se développe un peu par-tout et les différentes structures se fédèrent. Elles cher chent alors à développer la vente locale. Pourl’UCIRI, dès 1995, la majorité du café est vendue localement.

Depuis fin 2002, un accord a étépassé entre l’association mexicai-ne Comercio Justo et une grandechaîne de distribution. Cela aencore accéléré le développementdu commerce équitable au sein dupays… mais cela se heurte main-tenant aux mêmes problèmesqu’ici : le commerce équitable nel’est qu’au niveau de la produc-tion et non de la distribution.

T C H A D

Le pétrolecoule, lespopulationssubissentPendant des années, les associa-tions écologistes et de solidaritéinternationale ont dénoncé lesconditions dans lesquelles s’estconstruit l’oléoduc Tchad-Cameroun destiné à l’exploitationdu pétrole tchadien. L’oléoduc aété inauguré le 12 juin dernier etla Banque mondiale s’est félicitéedes bonnes conditions dans les-quelles s’est effectué le chantier.Il doit falloir comprendre que laBanque mondiale se félicite depouvoir piller les richesses d’unpays en n’ayant à arroser que le seul dictateur en place.

Du commerceéquitable aucommercetransparent ?Azimuts, entreprise de vêtements,a décidé d’ouvrir un site internetoù sont publiés ses comptes financiers avec les prix payés aux fournisseurs (du Népal), les salaires ici et là-bas, l’argent qui est reversé à des actionssociales… (www.tranparent-trade.org). L’entreprise lance le

concept de «commerce transpa-rent» qui devrait être une alter-native au commerce «équitable»,un mot aujourd’hui récupéré etgalvaudé. Si la transparence nepermet sans doute pas de garan-tir que le commerce soit équi-table, elle permet au moins auconsommateur de faire librementson choix. Chez Azimuts, onapprend ainsi que 19,45% duprix du produit vont dans le paysde fabrication auquel il revientd’enlever 2,75% pour le trans-port. Les 16,70% financent laculture du coton, la confection, le tissage, la couleur, les acces-soires, les taxes et 1,7% sert à alimenter un fonds social pourdes initiatives sociales. Pour lereste, la TVA représente 16,39%,le reste se partage entre le réseaucommercial, la rémunération dessalariés d’Azimuts (22%) et un léger bénéfice pour investir(moins de 1%). Azimuts Artisansdu Népal, 54,rue Gambetta,47400 Tonneins, tél : 05 53 64 30 39.

A F R I Q U E D E L ’ O U E S T

Le train ne siffle plus !L’axe ferroviaire Dakar(Sénégal)-Bamako (Mali)permet à de très nombreusespersonnes du désert de rejoindrela côte atlantique. Cette ligne a commencé à fonctionner en1904 et fait 1288 km de long.Pendant l’époque coloniale, il aservi à l’exportation du coton et de l’arachide. Le 1er octobre2003, les gouvernements malienet sénégalais ont accepté la pri-vatisation de la ligne, celle-ci passant sous le contrôle de Transrail pourune valeur estimée au dixième de sa valeur réelle. La société privée a immédiatement fait des études de marché. Conséquences : le traficvoyageurs, avec des horaires réguliers, a été jugé non rentable, de nom-breuses gares ont été fermées (26 sur 36) et le personnel licencié (700personnes). Transrail appartient à des capitaux canadiens (via la socié-té de chemin de fer CANAC) et français (via la GETMA, société detransports maritimes). Les conséquences de cette privatisation ont étéimportantes pour les villages d’un seul coup coupés notamment desinstallations sanitaires (hôpitaux, maternités, dispensaires situés enville). Les aides apportées par les systèmes de micro-finances avaientpermis à des groupements de femmes de développer des activités enlien avec le passage des voyageurs (alimentation, artisanat local…).De nombreux projets ont fait faillite. La distribution des fruits etlégumes qui se faisaient par des personnes empruntant le train a étéinterrompue… sauf pour les grosses sociétés qui ont le volume néces-saire pour bénéficier des trains de marchandises. Les échanges entrefruits de l’intérieur et poissons de l’océan ont grandement diminués. Le Sénégal et le Mali ont été poussés à la privatisation pour rembour-ser une partie de leur dette, sous contrôle de l’OMC. (Les Pénélopes,novembre 2004).

SILENCE N°317 Décembre 2004 30

Nord/Sud

G U A T E M A L ATerreur chez les sans terresLa fin de la guerre civile en 1996 n’a pas mis un terme aux vio-

lences provenant de l’Etat ou des grands propriétaires (2% de la population détient 80% des terres). Trois millions de personnessouffrent de la faim et les manifestations des paysans pour avoir desterres sont fréquentes. Depuis début 2004, plus de cinquante occupa-tions de terre ont été dénombrées et la répression est violente. En marset avril, deux marches de paysans ont réuni plus de 20 000 personnes.Les 8 et 9 juin, une grève générale a paralysé le pays. L’accès à laterre faisait partie des accords de paix de 1996, mais les réformesagraires n’ont pas suivi. Réseau-Solidarité a lancé une campagne delettres adressées à la présidence de la République pour demander quedes enquêtes soient ouvertes sur les violentes expropriations des sans-terres et que soit engagées les réformes agraires. Réseau-Solidarité,10, quai de Richemont, 35000 Rennes, tél : 02 99 30 60 53

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Gare de Bamako.

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Puit de forage au Tchad.

Petite phrase«La maîtrise de l’énergie n’estpas un supplément d’âme, commeon voudrait nous le faire croire :c’est le choix de premier rang. Ilrelègue loin derrière lui la ques-tion des parts de chacune des res-sources dans le bilan d’approvi-sionnement»Benjamin Dessus, «maîtriser l’énergie pour sauverla planète», Le monde diploma-tique, novembre 2004.

Le gaz suivrale pétrole de peu !L’association d’experts pétroliersinternationaux pour l’étude du picde Heubert, vient de réviser sesestimations concernant lemoment où la production depétrole sera inférieure à lademande : de 2010, elle estimemaintenant que cela sera en2008, soit dans seulement quatreans. Certains pensent que l’onpourra alors amortir le choc enutilisant plus le gaz. Mais lamême association a refait lesestimations pour cette formed’énergie. Alors que jusqu’à main-tenant, le pic était prévu entre2020 et 2040, elle estime quecela devrait arriver en 2013.Autant dire que la crise du pétro-le déjà sensible aujourd’hui (dou-blement du prix en un an) serasuivie de près par celle du gaz(qui a déjà augmenté de plus de20% en un an).

P É T R O L E

Pêcheurs,agriculteurset routiers en colèreLe 4 octobre, les pêcheurs ontbloqué plusieurs ports de laMéditerranée pour protestercontre la hausse du prix du pétro-le. Les syndicats de routiers etd’agriculteurs protestent égale-ment. Or ces professions bénéfi-cient déjà de carburants très lar-gement détaxés, ce qui les rendparticulièrement sensibles à lahausse actuelle du pétrole. Ladécroissance pourrait commencerrapidement dans ces trois sec-teurs, ce qui bien sûr est néfasteà l’emploi, mais positif en termed’environnement : moins de pollu-tion atmosphérique, moins d’en-grais, et une chance de surviepour de nombreux poissonsaujourd’hui en voie de disparition.Le blocage des pêcheurs pourraitmême permettre une meilleure

répartition des richesses, les paysafricains protestant depuis desannées contre la concurrence desgros navires-usines qui pillent leslieux de pêches de leurs popula-tions. La cherté dans le domaineagricole devrait profiter auxpetits agriculteurs bio, moinsconsommateurs de carburants. Lalimitation des transports routiersdevrait être une bénédiction pourl’économie en limitant les déloca-lisations, les syndicats devraientdonc soutenir la hausse du prixdu pétrole au lieu de protester.

S U I S S E

Cités del’énergieLa Fondation suisse de l’énergieet le WWF avaient lancé il y avingt ans le label «cité de l’éner-gie» qui est attribué à des com-munes menant de manièredurable une politique d’économied’énergie, d’utilisation des éner-gies renouvelables, de transportsen commun, d’information dupublic sur toutes ces questions.En Suisse, cent communes ontdéjà bénéficié de ce label. L’idéede ce label vient d’être repris par l’Union européenne.

BIOCARBURANTS:

Le risque de la fuite en avantLa hausse rapide et probablementdurable du prix du pétrole rendchaque jour plus intéressantel’usage des biocarburants. Ceux-ciayant souvent des rendementsfaibles (il faut pas mal de biocar-burants pour produire un peu plus

de biocarburants), le risque estque l’on veuille simplement rem-placer le pétrole par ceux-ci sansse poser de question sur nosmodes de consommation. Celasignifierait une très vaste confis-cation des terres agricoles pourles produire… avec évidemmentla possibilité de confisquer cesterres là où elles sont le moinschères, à savoir dans les pays duSud. Autre possibilité : produireles biocarburants dans les paysdu Nord en important de plus enplus de denrées alimentairesvenues du Sud. Ce qui au niveaudésastre écologique revient aumême. Entre le désir de vouloircontinuer à rouler en voiture etcelui de vouloir sauver la planète,il va falloir choisir.

SILENCE N°317 Décembre 2004 31

S O L A I R En Production mondiale dephotopiles en hausse. Les sta-tistiques des industriels indiquentpour l’année 2003, une hausse dela production des panneaux pho-tovoltaïques de 32% au niveaumondial, de 41% en Europe etde 27% par an au cours des cinqdernières années. Cinq industrielsse partagent 60% du marché, la moitié des panneaux sontfabriqués au Japon. Aux Etats-Unis, le programmelancé par Bill Clinton en 1997,«un million de toits solaires» aété saboté par l’administrationBush : la production de photo-piles a baissé de 14% aux USAen 2003. Il y a quand même 230 000 installations photovol-taïques dans ce pays.n Voitures solaires ? Lescourses de voitures solairesréunissent des prototypes quiroulent à 100 km/h, en pleinsoleil, dans le désert australien.Cela en fait rêver certains : voilàqui va remplacer le pétrole. Unsimple calcul montre les limitesdu rêve. Les voitures de coursene pèsent qu’environ 100 kgcontre une tonne pour la moindrepetite voiture. Pour déplacercelle-ci, sur 10 000 km en un an,il faut environ 3000 kWh (ensupposant que les pertes soientminimales). Pour produire cetteénergie en France, il faut comp-ter environ 30 m2 de capteursphotoélectriques (donc ce ne serapas sur la voiture) et cela coûtela bagatelle (hors aides pos-sibles) de 160 000 €. Ce n’estdonc pas encore pour demain !(calcul fait par Jean-Louis Gabyde Solaire 2000).

Energies

E S P A G N E

Stocker l’énergie solaireStocker l’électricité est extrême-

ment difficile, avec de très mau-vais rendements. Cela pose un pro-blème aussi bien pour les centralesnucléaires qui doivent tourner demanière régulière (et donc inutile-ment la nuit) et pour le vent ou lesolaire dont la production est irré-gulière. A Alméria, dans le sud del’Andalousie (Espagne), un centrede recherche pour la réalisation de centrales solaires développe actuel-lement trois techniques : une centrale avec des miroirs paraboliquesqui concentrent l’énergie solaire sur un tuyau qui circule devant lesmiroirs, une centrale où chaque miroir paraboloïde concentre l’énergiesur un moteur Stirling pour produire directement de l’électricité parcompression et détente de la vapeur d’eau. Une troisième technique oùun champ de miroirs concentre l’énergie sur un foyer à haute tempéra-ture. C’est à ce niveau qu’une méthode simple de stockage a été miseau point : au niveau du foyer, de l’air est chauffé à haute température(800°C) lequel peut être compressé et conservé pendant une quinzained’heures actuellement avant de chauffer de la vapeur d’eau qui faittourner une turbine comme dans une centrale thermique classique. Ladurée de stockage actuelle permet de passer le cap des nuits et sembleune bonne piste pour un stockage de plusieurs jours en cas de manquede soleil. Actuellement la centrale avec une tour de 100 m de hautproduit 1 MWe et une étude porte sur la réalisation d’une telle centra-le de 200 MWe.

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Tour de stockage de la vapeur de la centrale solaire.

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A R I È G E

SolsticeSolstice est une association d’in-formations et de démonstrationssur les énergies renouvelables,installée en Ariège. Elle a mis en place une base itinérante : lescamions des membres de l’asso-ciation, équipés en solaire serontbientôt renforcés par le «camionsolstice» munis de panneaux pho-tovoltaïques, d’isolation en matiè-re recyclable, d’un point internetmobile. Il circulera sur les festi-vals, manifestations, marchés,vous pourrez y trouver des infor-mations, des conseils pour amé-nager votre habitation ou votrevéhicule, des diaporamas, desactivités et ateliers pour tousâges sur divers thèmes (énergiespropres et renouvelables, gestionde l’eau, récupération et recycla-ge, gestion des déchets, découverte

de la nature...) et unpetit café. Solstice, tél :05 61 66 17 45, courriel :energie.solstice

@laposte.net

V A U C L U S E

FormationL’APTE, Association pour la pro-motion des techniques écolo-giques propose tout au long del’année des stages de quatre joursdestinés aux particuliers afin des’initier aux économies d’énergieet aux énergies renouvelables :bilan de sa consommation person-nelle, moyens de réduction, consé-quences écologiques et sociales de la consommation énergétiqueactuelle, solutions alternatives.Renseignements : APTE, LesGardiols, 84360 Mérindol, tél : 04 90 72 89 89.

P Y R É N É E SRessourcesgéothermiquesIl existe 42 stations thermalesabandonnées dans les Pyrénées.Le BRGM, Bureau de recherchesgéologiques et minières, vient delancer une étude pour étudier lepotentiel géothermique de cessources chaudes. (Systèmessolaires, octobre 2004)

Par ici, la sortie dunucléaireLe Réseau Sortir du nucléairevient de rééditer une nouvelle ver-sion de sa brochure Par ici, lasortie du nucléaire, qui en 52pages rappelle les raisons des’opposer au nucléaire, le situa-tion exceptionnelle de la France,les autres sources d’énergie dis-ponibles et les scénarios de sortiedu nucléaire. Elle est disponiblecontre 4 € auprès de RéseauSortir du nucléaire, 9, rueDumenge, 69004 Lyon, tél : 04 78 27 29 22.

Un million de signaturespour sortir du nucléaireLe 26 avril dernier, les différentescoordinations antinucléairesd’Europe ont lancé une pétition

pour réunir, en un an, un millionde signatures au cas où laConstitution européenne passeraiten l’état, ceci permettrait d’obli-ger l’Europe à ouvrir un débatsur le sujet. Pour la France, l’ob-jectif est de 200 000 signatures.Début octobre, environ 50 000signatures avaient été collectées.On demande les feuilles de péti-tion à : Réseau Sortir du nucléai-re, 9, rue Dumenge, 69317 Lyoncedex 04, tél : 04 78 28 29 22.

La CRII-Radmaintient sonindépendanceLe 17 octobre 2003, André-Claude Lacoste, directeur de laDGSNR, dite autorité de sûreténucléaire, a signé un arrêté met-tant en place un réseau nationalde mesures de radioactivité dansl’environnement, en profitant pourmodifier considérablement lesconditions permettant à des labo-ratoires indépendants d’être certi-fiés et donc de pouvoir répondre

SILENCE N°317 Décembre 2004 32 Décembre 2004 SILENCE N°317 32

Eolienn Perspectives encore revues à la hausse. Au fur et à mesure que le prix du pétrole s’envole et que le nucléaire fait du surplace, les indus-triels de l’éolien se frottent les mains et publient de nouvelles perspec-tives. Ils pensent maintenant atteindre une puissance de 150 000 MWd’ici 2012 (contre 40 000 MW aujourd’hui). n Pas-de-Calais : grosse centrale. La société allemande Ostwind a obtenu le permis de construire pour 70 éoliennes de 2 MW, soit 140 MW, réparti sur neuf communes près de Fruges dans le Nord-Pas-de-Calais. La mise en route est prévue pour 2006.n Caen : colloque. Caen reçoit du 9 au 11 décembre, au Zénith, un col-loque national sur le thème : «Eolien : la fin de l’exception française ?».Très technique, le colloque sera ouvert par Philippe Duron, président duconseil régional de Basse-Normandie, région qui vient de se battre pouraccueillir l’EPR, par Patrick Devedjian, ministre délégué à l’industrie,qui soutient le développement de l’EPR, le débat sur la concertation etle montage des projets sera introduit lui par Jean-François Legrand,président du conseil général de la Manche, département qui vient de sebattre pour accueillir l’EPR. Avec ça, on peut penser que l’éolien serautile, mais restera malheureusement marginal… ADEME, 27, rueLouis-Vicat, 75737 Paris cedex 15. n Poitou-Charentes : aide de la région. La nouvelle assemblée régio-nale a adopté un plan éolien qui prévoit 330 MW installés avant 2010.La région offre son aide pour le montage administratif des dossiers.n Dordogne : stage d’autoconstruction d’éoliennes. L’Ecocentre du Périgord organise, du 10 au 14 janvier, un stage d’autoconstructiond’éolienne. Celle-ci, avec des pales de 1,60 m, un début de charge avecun vent de 12 à 14 km/h, peut atteindre une puissance de 800 à 1000 W par vent moyen, sortie en 12 volts. Le stage coûte 1070€mais le formateur vous fournit en pièces neuves pour une valeur de700€. Il faut se signaler rapidement car les stagiaires doivent commen-cer par récupérer différentes pièces dans des «casses auto».Renseignements : Ecocentre, Pégase-Périgord, Froidefon, 24450 Saint-Pierre-de-Frugie, tél : 05 53 52 59 50.

Energies

EPR et Relance du nucléairen Flamanville. EDF a annoncé le 21 octobre que le site choisi pourl’implantation de l’EPR serait Flamanville, dans la Manche, fief des pro-nucléaires, avec déjà deux réacteurs et l’usine voisine de la Cogéma à LaHague. Le conseil régional de Basse-Normandie a adopté avec les voixdu PS, du PC et du MRC la motion suivante : «le conseil assume latotalité des responsabilités qui lui incombent dans le domaine de sescompétences si le gouvernement retient le site de Flamanville, ce qui estsouhaitable». Le fait que ces élus soient régulièrement arrosés par lestaxes professionnelles d’Areva ne doit pas être étranger à leur comporte-ment. Les départements de la Drôme (pour Pierrelatte) et de l’Ardèche(pour Cruas), aussi de majorité socialiste, ont adopté des vœux en faveurde l’EPR. CRILAN, 10, route d’Etang-Val, 50340 Les Pieux.

n EPR en fonctionnement en 2012 ? EDF a annoncé son intention demettre en route l’EPR avant 2012, ce qui au vu des délais de construc-tion semble indiquer une volonté de démarrer le chantier au moins cinqans avant soit… au lendemain des élections présidentielles. D’ici là denombreuses procédures administratives doivent encore avoir lieu.Pendant le jeûne, des contacts à EDF nous avaient dit qu’il y a avait plu-sieurs scénarios selon que les Verts reviennent ou non au gouvernementen 2007. Du fait des difficultés financières actuelles, certains à EDFseraient favorables à un report de cinq ans… ce qui peut signifier la finde l’EPR qui coûte déjà plus cher que son équivalent en éolien.

n Des emplois ? Si la construction du réacteur créé jusqu’à 5000emplois, un réacteur n’embauche en fonctionnement qu’environ 400personnes. Greenpeace a calculé qu’avec la même somme d’argent, onpourrait, au large du département de la Manche, construire deséoliennes offshore qui produiraient trois fois plus d’électricité pour3000 emplois.

Nucléaire

à des appels d’offres provenantde collectivités publiques. Parmiles nouvelles conditions d’agré-ment figure l’obligation pour leslaboratoires de transmettre leursdonnées au gouvernement lequelpourra ensuite en donner sapropre analyse. Jusqu’à maintenant, la CRII-Rad,Commission de recherche et d’in-formation indépendantes sur laradioactivité, a toujours refusé departager ses données pour lasimple raison que le mélangeavec des données officielles estgénéralement utilisé pour cau-tionner des bilans rassurants. La CRII-Rad s’est vu signifierpar des inspecteurs des DRIRE,Direction régionale de l’industrie,qu’il s’agit d’une opération délibé-rément pensée pour la museler.La CRII-Rad se trouve donc

devant un dilemme : soit céder,avoir son agrément, avoir descommandes publiques, mais neplus avoir de réelle indépendance,soit refuser cet agrément, ce quilimite ses études aux seulesdemandes de particuliers et d’as-sociations. Le 11 octobre, réunisen assemblée générale extraordi-naire, les adhérents ont adopté àl’unanimité un rapport d’orienta-tion qui va dans le sens de refuserl’agrément et de préserver l’indé-pendance du laboratoire. Celaprive de fait la CRII-Rad du tiersde ses ressources. La CRII-Radétudie actuellement les recoursjuridiques pour que son expertisesoit reconnue au nom de critèresscientifiques et non politiques.CRII-Rad, 471, avenue Victor-Hugo, 26000 Valence, tél : 04 75 41 82 50.

B U R E Elus en colère

Lors d’une réunion du CLIS,comité local d’information et desuivi, à la préfecture de Bar-le-Duc, le 13 octobre, des élus ontprovoqué un clash, estimant qu’onleur avait menti depuis le début.Claude Kaiser, maire meusien, adénoncé le fait qu’on leur annon-ce maintenant «un stockage aus-sitôt que possible», ce qui signifiequ’officiellement, le laboratoiredevient un site de stockage dedéchets… alors que la loi pré-voyait une période d’études et decomparaisons avec d’autres sites.Or, d’autres sites, il n’y en a pas.Le conseiller général communistehaut-marnais Jean-Luc Bouzon adénoncé la parodie de démocra-tie, estimant que le but, commeannoncé par les opposants, a tou-jours été le stockage et non larecherche scientifique. Jean-MarcFleury, opposé au site, vice-prési-dent de la CLIS, a alors déchirépubliquement le rapport «scienti-fique» entérinant le passage defait de labo en site d’enfouisse-ment, les associations déployantalors une banderole.

L O I R E

FonderienucléaireCela fait maintenant plus d’unedizaine d’années que la CRII-Raddénonce les projets des nucléo-crates de réutiliser les métauxfaiblement contaminés en lesnoyant dans des fonderies pourpasser en-dessous des normestolérées. Jusqu’à maintenant, lamobilisation des opposants a pro-voqué l’arrêt de tous les projets.En 2002, une loi a même étévotée qui limite fortement lesdérogations possibles. Mais laméthode est bien tentante pouressayer de diminuer les coûtsmonumentaux du démantèlementdes réacteurs. Au nom d’«éssais»,la fonderie FeursMétal à Feurs

dans la Loire, a ainsi été retenuepar Areva, avec le feu vert duministère de l’Industrie commesite expérimental de dilution dematériaux faiblement contaminés.Habitants de Feurs et salariés del’entreprise se sont retrouvés à unmillier le 23 octobre pour deman-der l’organisation d’un débatcontradictoire entre la CRII-Radet la DRIRE, Direction régionalede l’industrie. La CGT s’interrogesur les risques pour les salariésdans une fonderie qui présenteselon elle une «grande vétusté».La fonderie qui recycle actuelle-ment des piles le fait déjà dansdes conditions jugées inaccep-tables par les syndicats. Les syn-dicats rappellent également quedes essais avaient déjà été faitsen 1984 avec des matériaux irra-diés sans aucune information dela population et des salariés.Association de défense de lasanté et de l’environnement, maison de la commune, 42110 Feurs.

SILENCE N°317 Décembre 2004 33 Décembre 2004 SILENCE N°317 33

Nucléaire

Privatisationd’EDFn Endettement d’EDF. Les nouveaux dirigeants d’EDF ontdécouvert une situation comp-table notablement trafiquée.Alors qu’officiellement la detted’EDF était annoncé à 24,35milliards d’euros, fin 2003, lesnouveaux dirigeants ont décou-vert qu’il y avait une dettecachée dans les filiales étran-gères. La dette réelle serait autotal de l’ordre 41 milliardsd’euros… soit sensiblement lamême que quand EDF annonçaitson maximum de dettes au débutdes années 80. Le nucléaire n’adonc généré aucun bénéfice, mal-gré les nombreuses aides del’Etat. Une nouvelle qui pourraitretarder la privatisation de l’en-treprise. (Les Echos, 15 octobre2004)

n Coûts cachés. Le CEA,Commissariat à l’énergie ato-mique, qui assure la recherche en amont a bénéficié de 1946 à1992 de 47 milliards d’eurosd’aides de l’Etat pour larecherche «civile». Plus de 90%de cette recherche a consisté àlancer les réacteurs nucléaires.(source : CEA, un demi-siècle depouvoir nucléaire , BrunoBarrillot, Damoclès, CDRPC,Lyon).

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Quand le nucléaire avance, la démocratie prend ses distancesn Choc des civilisations. Pas de chance pour AREVA, le 5 octobre, veille de l’arrivée du convoi de plutonium américain à Cherbourg, un camion transportant 4500 kg d’uranium enrichi sur l’autoroute A10, dans le Loiret, a été percuté à l’arrière par un camion transportant des téléphones mobiles. Le camion venaitd’Allemagne et se rendait à la centrale du Blayais (Gironde). Cetaccident, sans gravité, prouve en tout cas qu’un accident nucléaireroutier est tout à fait possible.n Huit heures pour un procès ! Le jeudi 7 novembre, à 8h30 du matin, un huissier se présente au siège du Réseau Sortir dunucléaire, à Lyon. Celui-ci se voit notifier une convocation en justicepour le… jeudi 7 novembre à 14 h à Aix-en-Provence. La convoca-tion… ne fait que 700 pages ! Evidemment pas le temps de la lire.Stéphane Lhomme arrive à temps au tribunal et demande un reportdu procès. Refusé ! A 16h30, Le Réseau, comme Greenpeace, estinterdit d’approche du convoi à moins de 100 m mais le tribunal nesuit pas la Cogéma sur deux points : le Réseau a le droit de manifes-ter devant Cadarache, il n’a pas à payer de frais de justice. 8 heurespour un procès ! Un record ! Souhaitons à la justice d’être aussiefficace pour le blanchiment d’argent, pour les malades de la thyroïde, pour le vaccin de l’hépatite B… n Convoi imposant. CRS, gendarmes, motos, fourgonnettes, voitures banalisées, hélicoptères… il ne manquait qu’un sous-marin pour accompagner le convoi de plutonium quia traversé la France deCherbourg à Cadarache en passant par Nantes,Bordeaux, Toulouse et Montpellier le 9 octobre. A Bègles, Noël Mamère qui avait pris un arrêté contre le passage du convoi, a été maintenu à distance par les forces de police avec une cinquantaine de manifestants. A Toulouse, des militants qui ont essayé de déployer une banderolesur un péage ont été brièvement interpellés. En début d’après-midi,cinq militants de Greenpeace ont suspendu une banderole au-dessusde l’entrée du tunnel de Mirabeau, à 7 km de Cadarache. Ils ont été délogés par la police vers 16h30. Une banderole géante du réseau a été déployée sur une falaise face à l’entrée du site. Lesoir, 200 manifestants ont essayé de s’installer devant l’entrée du sitede Cadarache… mais le convoi est passé par une entrée secondaire,le vendredi vers 2 h du matin. Le 9 octobre, des manifestations deprotestations contre les convois nucléaires se sont tenus dans prèsd’une trentaine de villes, totalisant un millier de manifestants.

Greenpeace

Le camion pisté le long de son trajet.

Décembre 2004 SILENCE N°317 34

La plupart des nombreux écritsconsacrés aux SEL (1) suivent uneapproche globale qui apporte les

indispensables éclairages de la sociologieclassique et les critiques nécessaires despolitiques économiques (2). Pourtant lesmouvements alternatifs, et les SEL en pre-mier, dans leur morcellement et tâtonne-ments, veulent se construire sur les pra-tiques singulières de chacun : ils exigentde ce fait des travaux capables d’offrirl’outillage théorique et pratique nécessai-re pour faire face aux problèmes abyssauxqui se posent inévitablement dans leurscollectifs. Ceux-ci semblent trop souventdésarmés face à la reproduction collectivedes mécanismes contre lesquels ils sontcensés lutter. L’enjeu est de taille et appel-le à l’élaboration de groupes capables

d’auto-analyses lucides et systématiques,aujourd’hui aussi rares que précieuses.Tous deux adhérents d’un SEL (3) depuisplusieurs années, dont un mem-bre réélu du CA et trésorier, nous faisonsici brièvement le point sur une expérien-ce, en cours, d’analyse interne. Nous pré-sentons les hypothèses auxquelles nousaboutissons, mais également le dispositifcollectif, le pôle SELanalyse (4) qui nousa permis de les élaborer, en espérant quel’aspect un peu dense du présent texte nedécouragera ni la lecture ni les réactionssouhaitées.

Des nécessaires contradictions au capitalisme bureaucratique

Les SEL en se voulant une «construc-tion démocratique de l’économie» tra-vaillent l’opposition pluriséculaire entreéconomie et politique qu’impose le capi-talisme. En s’attaquant à la contradictionfondamentale de ce dernier, l’impossibili-té de soumettre l’être humain à la (pseu-do) rationalité économique, ils sont ame-nés à s’affronter à d’autres antagonismesqui les traversent très concrètement.

Le catalogue, par exemple, peut réfé-rencer les offres et demandes des adhé-rents sous deux formes : par thèmes (bri-colage, informatique, etc.) ou par numérod’adhérent. La première relève plus d’uneorganisation égalitaire et concurrentielleet la seconde d’un réseau d’affinités. Cetteopposition entre formel et informel (5)semble également se retrouver dans notreSEL, dans les débats qui l’agitent depuissa création en 1996, sur la nécessité detrouver un lieu d’activité fixe, indispen-sable pour une association déclarée etreconnue mais superflu pour une com-munauté d’échange libre. Cette opposi-tion intrinsèque recoupe par beaucoupcelle entre don et marché (6), visible dansl’impossibilité d’appliquer les règles de

l’échange et de la comptabilité (interdic-tion de l’euro, honnêteté, hospitalité,planchers et plafonds,...), et les situationséquivoques que provoquent le don et letroc. N’est-ce pas ce à quoi veut remédier«l’Esprit du Sel», complément moral ettacite des très explicites statuts et charte.Le clin d’œil à «l’esprit du don» décritcomme régulant la vie sociale des sociétésarchaïques, est tout à fait symptomatiquede cette volonté d’articuler le moderne etle non-moderne. On retrouve cettecontradiction dans la critique sociale anti-capitaliste, qui peut se définir comme lalutte contre les inégalités (au nom del’égalité, de la transparence) et contrel’atomisation sociale (au nom de la com-munauté et de la solidarité) (7). Les SELparticipent à son renouveau depuis ledébut des années 90, qui affichent autantl’exigence de convivialité que celle deconfrontations constantes d’assembléesdémocratiques. Toutes ces contradictionssont constitutives de l’identité même desSEL et représentent d’immenses chantiers(8) qui imposent de rigoureux travaux derecherche profane.

Les risques sont grands de sacrifier àl’un des termes, quel qu’il soit, sans trou-ver d’articulations réellement novatrices :le SEL des «patates douces» d’Ivry deve-nu véritable communauté affinitaire s’estdissout en tant qu’association, suppri-mant comptes et monnaie. On peut seréjouir de cette «création de lien», tout enreconnaissant le danger d’un repli néo-clanique qui élude la question du fonc-tionnement démocratique du collectif. Demanière symétrique l’accent mis presqueexclusivement sur le versant économiquedans l’approche de «l’économie solidaire»au détriment de l’aspect politique (9),masqué par l’invocation du rôle «social»des SEL (10) (11), est déjà une conces-sion faite à l’imaginaire capitaliste. C’estcette résurgence de l’idéologie néo-clas-sique à travers la reproduction des méca-nismes du capitalisme bureaucratiqueque nous croyons déceler au sein de notreassociation.

Analyses internes contreapathie et récupération

Systèmes d’échanges locaux

Les SEL, systèmes d’échanges locaux, semblent souvent désarmés face auxmécanismes collectifs contre lesquels ils sont censés lutter. Le manque

d’auto-analyse favorise alors la récupération par le système. Est-ce inévitable ?

(1) «Un Système d’échange local (SEL) est un regroupe-ment de personnes qui, sous une forme associative et surune base locale, échangent des services [des savoirs] etdes biens par l’intermédiaire d’un bulletin d’information,d’une unité de compte interne des transactions et d’unsystème de bons d’échanges ou d’une feuille personnellede tenue des comptes, remis régulièrement à l’équiped’animation du groupe » in Servet J.M. (sous la direc-tion de), 1999, Une économie sans argent. Les Systèmesd’échange local, éd. Seuil.(2) Lipietz A., 1995, La société en sablier, éd. LaDécouverte, Duboin M.L., 1997, «Du SEL au contratcivique», revue S!lence, n°219, par exemple.(3) Nous préférons l’anonymat parce qu’il peut empê-cher la fixation sur un cas particulier.(4) Dans ce SEL, les activités à l’initiative des adhé-rents sont qualifiées de pôles.(5) Latouche S., 1996, «La monnaie au secours dusocial ou le social au secours de la monnaie : les SELsou l’informel», revue S!lence n° 211.(6) Voir Servet & al., 1999, p.120, op cit.(7) Voir Boltanski L., Chiapelleo E., 1999, Le nouvelesprit du capitalisme, éd. Gallimard.(8) Voir · Plassard F., 1997, «SEL : entre économie demarché et économie de don», revue S!lence n°216.(9) Voir Caillé A., 2003, «La crise ou quand l’écono-mique dissimule la question du sens de l’existence» et«L’économie solidaire. Poser les exigences dedemain», http://perso.wanadoo.fr/marxiens/politic/revenus/caille.htm.(10) Une relation n’est jamais neutre et ne vautqu’en référence à son contexte : une «relation de tra-vail» n’est pas une relation entre membres d’unefamille recomposée... Le «lien social» revendiqué parles adhérents des SELs de France semble, lui, trèsfortement teintée d’exigences politiques. VoirLaacher S., 2004, Les SEL : une utopie anticapitalisteen pratique, éd. La Dispute, pp.74-75.(11) Voir également Gilet B., 2004, «Les SEL, échecéconomique, réussite sociale», revue Réfraction n°9,repris dans S!lence n°311.

Décembre 2004 SILENCE N°317 35

Créé sur l’initiative d’une vingtaine depersonnes (dont les trois-quarts l’ontquitté depuis) à l’issue d’une conférence,le SEL devint peu à peu une autocratiequasi régalienne qui rendit les deuxcomptabilités (euro et unité locale) trèsopaques tout en anesthésiant les centresde décisions (assemblées générales etcomité d’animation). «On» décida alorsd’octroyer un «cadeau debienvenue» de 500 unitéslocales aux nouveauxadhérents, afin de contre-carrer leur «peur dudécouvert», et de rétribuerles volontaires pour leurparticipation aux tâchesmatérielles (tenue et diffu-sion des catalogues et bul-letins internes, perma-nences, etc.). Cette pério-de, qualifiée aujourd’huid’»ancien régime», marquée par les mani-pulations et les suspicions de détourne-ments, prit fin par une mini-révolution enAG (décembre 2002) sous contrôle judi-ciaire. Le CA qui en fut issu régularisacomptes et rôles, et se conforma aux sta-tuts standards de l’association (tout enlaissant en suspens la question des condi-tions de l’avènement d’une telle situationet celle du payement de l’huissier).

Le nouveau CA eut alors à gérer unexcédent de 600 000 unités locales crééesex nihilo, et un désintérêt général (12).Le premier fut lu comme une menaced’inflation (le «puits sans fond»), la

seconde comprise comme un manqued’attractivité monétaire. La rétributiondes volontaires fut donc maintenue etétendue aux membres du CA, mais cettefois financée par un prélèvement trimes-triel sur les comptes de tous les adhérents(13). Ces décisions censées «dynamiserles échanges», depuis reconduites par desAG convenues sont lourdes de consé-

quences : le prélève-ment systématiqueentretient la tendanceindividuelle au crédittandis que la rémuné-ration crée des inégali-tés de comptes farami-neuses (comptes deplus de 10 000 unitéslocales) le tout entre-tenant la désertion deslieux de décisions (CArégulièrement élu en

AG extraordinaire donc sans minimumrequis, démissions et absentéisme massifsdes élus).

Ces phénomènes, leur lecture et lesréponses qui leur furent faites, relèvent del’imaginaire capitaliste bureaucratique. Etles contradictions originelles fortementpolitiques sont aujourd’hui devenuessiennes : opposition structurelle entre unappareil plus ou moins dépersonnalisé etune base dépossédée de facto de pouvoirsdécisionnels, antagonisme entre compor-tements individuels et injonctions culpa-bilisantes (règles d’échanges, appel à laconsommation/dépense, à la participa-

tion...), accumulation, d’abord collective,puis individuelle par la généralisationd’un salariat horaire primitif banalisé etélargi aux «décideurs», fétichisation de lamonnaie prise comme identité même duSEL, ralliement à la lecture monétaristecontemporaine dénié par l’impositiond’une «novlangue» («participation obli-gatoire» et «bénévolat rémunéré»), et infine (re)production de l’homo oeconomi-cus mû uniquement par le calcul ration-nel de ses intérêts financiers. Le cas de ceSEL demande d’interroger les autres SELde France, qui n’ignorent ni logique ban-caire (limite au débit plus qu’au crédit),ni impôts et salariat pratiqués par la moi-tié d’entre eux, ni mesures économiquesincitatives (14), donc ni, visiblement, la«reproduction perverse des pratiquesdénoncées» (15).

Ces constatations alliées à quelquesspécificités encore esquissées — référenceau temps comme richesse (16), au réseaucomme mode d’organisation (17), capita-lisation des relations sociales (18), repro-duction de phénomènes d’exclusion (19),etc. — amènent à une hypothèse hardie,mais déjà soulevée — de façon très ambi-guë — dans ces pages (20) : Les SEL, parl’abandon du travail politique de leursvocations contradictoires, peuvent facile-ment se rapprocher du néo-management(21) du nouvel esprit du capitalisme (22),voire un nouveau type de capitalisme(23), qui auraient tiré les leçons des mou-vements contestataires des années 60.

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(12) Turn-over très fort (1600 adhérents depuis lacréation pour un effectif moyen de 300 adhérents,c’est-à-dire une moyenne de 150 adhésions/départspar an), déclin des adhésions et recrudescence desdéparts, peu de suivi dans les animations (pôles éphé-mères), faible volume des échanges, etc. qui se pour-suivent aujourd’hui.(13) Pour des raisons «techniques» cet impôt n’a enfait jamais été appliqué depuis l’établissement du«nouveau régime» malgré un retour obsessionnel dela question (résistance ?)…(14) Voir Henry P., Ristori N., Laacher S., Lenfant A.,1999, Les Systèmes d’échange local. Les SEL en juin1998, Rapport d’étude.(15) Timidement notée par Laacher, 2004, pp. 98-99,op cit.(16) Plassard F., 2004, «Les trois sel de la vie», revueS!lence n°310.(17) Castells M., 1998, La société en réseaux, éd. Fayard.(18) Honsstchoote F., 2000, Les monnaies locales :création et rentabilité d’un capital social. Analyse com-parative de l’Ithaca tour et du SEL de Paris, DEA socio-logie du pouvoir, Université Paris VII Jussieu.(19) Neyer E., 1997, Les SEL, système d’échange local,Marris B. (dir), DEA de sociologie, universitéBordeaux IV.(20) Plassard, 2004, op cit.(21) Le Goff, 1999, La barbarie douce. La modernisa-tion aveugle des entreprises et de l’école, coll. Sur le vif,éd. La Découverte. Mendel G., 2001, Pour une histoirede l’autorité. Permanences et variations, éd. LaDécouverte, pp.218-232.(22) Boltanski & Chiapello, 1999, op cit.(23) Corsani A., Azais C., Dieuaide P., 2001, Vers uncapitalisme cognitif, éd. l’Harmattan.

La résurgence de la reproduction des mécanismes du capitalisme bureau-cratique menace lefonctionnement des SEL.

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D’un cas particulier à une analyse plus générale

A l’origine de ces hypothèses était lemalaise de l’association, et particulière-ment la désaffection généralisée des adhé-rents, qui était mise sur le compte du sui-visme et de l’apathie contemporaine.Prenant au sérieux ces traits constitutifsde l’époque, en cherchant les mécanismeslocaux susceptibles de l’entériner, nousdécidons de créer le pôle « SELanalyse »,afin d’»étudier ce qui se passe dans unSEL : objectifs, moyens, résultats, évolu-tions, dérives, esprit et pratiques,bilans…» (24). Il s’agit d’une réunionlibrement animée et reconduite par lesparticipants présents (elle sera mensuellede fait, se calquant spontanément sur lerythme de parution du bulletin interne).Elle produit un compte-rendu à formelibre, rédigé par les volontaires et publiédans le bulletin interne mensuel (ainsique sur le site de l’association). La vie dece dispositif peut se diviser grossièrementen trois phases.

• L’état de grâce, le premier, commen-ça et se termina avec la première réunion,qui vit venir six personnes — dont quatrefaisaient partie du CA, dont le respon-sable du comité de rédaction du bulletininterne — venus pour encourager autantque pour sonder. Le point abordé (laquestion de l’huissier) vint spontané-ment, et révéla les profondes divisions duSEL, et notamment la surimplicationd’une douzaine de personnes symétriqueà la désaffection générale. Le compte-rendu fut partiellement autocensuré surla demande du responsable du bulletin.

• L’événement annonça la secondephase, agonistique, caractérisée par unconflit permanent entre lepôle et l’association. Il estpossible d’y distinguer«l’effet Ben Barka» (25) ;la disqualification par l’ou-bli, l’ignorance, l’indiffé-rence (26) : les effectifs dupôle furent réduits (unedizaine de personnes pas-sèrent sur huit réunions),nos sollicitations furentquasi sans réponse, lesproblèmes de publicationsfrappés de mutisme. Carc’est principalement autour de l’éditiondes comptes-rendus que se concrétisa leconflit : malgré l’adoption d’un style télé-graphique et humoristique plus ellip-tique, résistances, oublis divers, coupuresciblées, erreurs de pagination, furent

constants. C’est ici «l’effet Muhlmann»(27), selon lequel des forces nouvelles nepeuvent être intégrées dans un collectifqu’en les rendant équivalentes aux formesdéjà en place : notre discours ne corres-

pondait en effet en rien àcelui que le SEL se tenaitsur lui-même (ce qui nepréjuge en rien de leursvaleurs respectives). Pasde réactions officielles,pas de débats, très peu deréactions publiques (surlistes internet) et majori-tairement défavorables.Cette posture qu’un mes-sage résume bien («lesnouveaux s’en foutent etles anciens [en] ont déjà

discuté plein de fois (…) soit entre eux,soit avec des sociologues soit aux jour-nées d’été soit dans des CA») pourraitêtre traduite par un «effet fin del’Histoire», dont l’omniprésence contem-poraine le dispute à la force du sous-

entendu : rien de nouveau ne surgira dudébat d’idées... La légitimité de notreentreprise, largement remise en cause parces biais «publics», se fondait «en privé»sur la profondeur des questions abordéesen réunions, de fréquentes et spontanéespromesses (souvent non tenues) de pré-sence, et quelques courriels d’encourage-ments.

• La dernière phase, crisique, apparueen mai 2004 dès la réadoption decomptes-rendus plus explicites, dont lesecond («Le SEL est-il soluble dans lecapitalisme ?») fut sans motif refusé

(24) Extrait de la présentation parue dans le numérode septembre 2003 du journal interne.(25) Lourau R., Lapassade G., 1971, Clefs pour lasociologie, éd. Seghers.(26) La revue S!lence elle-même, n’a-t-elle pas héritéson nom d’un tel effet appliqué il y a 25 ans aux idéesdéfendues dans ses pages ? Réponse de la rédaction :pas du tout, cela vient du titre de la BD du même nom(de Didier Comès, éd. Castermann) lors d’unerecherche de rime avec non-violence.(27) Lourau R., 1973, «L’effet Muhlmann», revueL’Homme et la Société, dossier «analyse institutionnel-le et politique».

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L’apathie et leconformisme denos sociétés nesemblent pas unefatalité pour peuqu’on se refuse à les recréer collectivement...

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à parution. La discussion en CA autour decette «censure» sans avertissement pro-voqua plusieurs heures de vifs débatscontradictoires, qui faisaient suite à lalongue intervention d’un adhérent venu«dénoncer l’embourgeoisement du SEL»et proposant un «grand débat». Le res-ponsable du bulletin interne, seul à assu-mer la parution depuis plusieurs mois,démissionna à cette occasion. Nous fîmesparaître le texte incriminé et la réponse de deux pages qu’il reçut d’un membre duCA dans un ersatz de bulletin interne, finjuin 2004, intitulé «SEL débat». Etait sti-pulée la décision du CA d’épauler pour larentrée l’organisation de débats à ce sujet,à charge de deux adhérents, l’intervenantqui le proposa et l’un de nous. A suivre...

Notre dispositif balbutiant est large-ment perfectible, mais son analyse cri-tique, rendue difficile par l’absence deretour, ne peut être faite ici, faute deplace. Signalons juste la difficulté de lerendre appropriable par tous : de par nosliens amicaux, et notre proximité de vue,le risque existe de nous constituer defacto en «boîte noire» malgré notre soucide transparence, de résilience quant auxvisées d’analyses critiques et de résistancequant aux problèmes rencontrés. Ces obs-tacles font écho à ceux que les SEL ren-contrent pour se créer en collectifs démo-cratiques et novateurs, et leurs dévoile-ments sont autant d’encouragements :l’apathie et le conformisme de nos socié-tés ne semblent pas une fatalité pour peuqu’on se refuse à les recréer collective-ment... Notre démarche, fondamentale-ment politique, se réclame principale-ment d’une sociologie militante, l’analyseinstitutionnelle (28). Si elle s’inspire d’ex-périences précédentes (29) qui refusentles analyses de complaisance des carrié-ristes des sciences sociales actuelles (30),elle ne saurait s’enfermer dans aucun car-can disciplinaire ou paradigmatique : lesanalyses internes sont le fait quotidien dechacun d’entre nous, mais morcelées, par-cellisées, privatisées, puis dilapidées dansl’auto-dénigrement systématique. Ellesforment néanmoins l’or du temps quandelles se collectivisent, se confrontent,s’élaborent mutuellement en collectif :mortelle confusion entre le penser parsoi-même et le penser seul... Seule l’inter-rogation permanente — quelle que soit saforme — peut maintenir une brècheouverte face à cette tendance de toute ins-titution à se clore sur elle-même en recou-vrant ses contradictions inévitables. Cetteclôture par un retour à l’imaginaire domi-nant est la réponse hétéronomique à l’an-goisse d’un collectif qui n’est fondé quesur lui-même. Il semblerait que la résur-

gence du capitalisme bureaucratique dansnotre SEL se soit enclenchée par unrecours à une autorité personnifiée (auto-cratie) parallèlement à une accumulationcollective par la création de monnaie exnihilo. Toutes deux étaient-elles appeléesà combler le «vide» que représentait lasomme nulle de tous les comptes et l’in-détermination fondamentale du pouvoir ?

Créé au cœur d’un SEL reproduisantce contre quoi il s’est bâti, le pôleSELanalyse se veut une expérienceconcrète et reproductible visant la consti-tution de collectifs capables d’auto-analy-se lucide et d’auto-institution explicite.L’enjeu est de taille, bien compris de ceuxqui ont tiré quelques enseignements desaventures «communistes» et souhaitentvoir «l’altermondialisme» bégayant s’éri-ger sur autre chose qu’une omerta dictéepar le sceau quasi-métaphysique du«bien» face au «mal» (31). Si nous sou-haitons la venue d’une «société des petitsgroupes» autonomes, il faut renouer avecle travail sur le fonctionnement institu-tionnel interne. Il semble aujourd’huiabandonné aux managers/psychosocio-logues qui récupèrent à leur profit la ten-dance générale des années d’après-guerreà l’autogestion. L’auto-institution perma-nente est sans cesse une formule à créer,en-deçà et au-delà des panoplies liber-taires traditionnelles. Elle est à conquérir

sur les regains de l’imaginaire dominant,protéiforme aujourd’hui plus que jamais,dont le capitalisme est la forme la plussaillante. Nous ne pouvons qu’y opposerradicalement la pluri-millénaire traditiongréco-occidentale du projet d’auto-nomie,l’incessante mise en question en acte desrègles, lois, traditions, fondements de nospropres institutions, y compris, et sur-tout, celles que nous auto-constituonscomme alternatives (32). Travail ardu,in(dé)fini, raréfié, mais qui constitue sansdoute le sel de la Terre (33).

Bertrand Liatard et Daniel Lapon n

(28) Lourau, Lapassade, 1971, op cit.(29) Boumard P., 1988, «L’analyse interne», dansPerspectives de l’Analyse Institutionnelle, Hess R. &Savoye A. (dir.), éd. Meridiens Klincksieck ; LiatardB., 2004, «Post-gauchisme et néo-capitalisme», revueFailles, à paraître ; Khayati L., 2005, «‘C’est pire ques’il y avait rien’. Expérience en classe relais ‘expéri-mentale’», La revue du MAUSS n°25, à paraître.(30) Caillé A., 1993, La démission des clercs. La crisedes sciences sociales et l’oubli du politique, éd.Armillaire La Découverte.(31) Liatard B., 2003 ; «Le Larzac est-il une marchan-dise ? La contestation sur un plateau», La revue duMAUSS, n°22, pp. 334–339.(32) Castoriadis C., 1975, L’institution imaginaire de lasociété, éd. Seuil ; Lapon D., 1994, Eléments d’intro-duction à l‘œuvre de Cornélius Castoriadis, mémoire deMaîtrise de l’Institut d’études politiques, Toulouse,pour une synthèse.(33) Nous projetons de créer une revue autour desanalyses internes : les avis sont les bienvenus. Ecrire à[email protected] ou [email protected] ou aujournal qui transmettra.

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Petite phrase«Chaque fusil qui est fabriqué,chaque bateau de guerre lancé,chaque fusée qui éclate, signifiedans leur sens final un vol pourceux qui ont faim et qui n’ontrien pour se nourrir, pour ceuxqui ont froid et rien pour se vêtir.Le monde en armes ne dépensepas seulement de l’argent. Ildépense la sueur des travailleurs,le génie des scientifiques et lesespoirs de ses enfants»Général Dwight D. Eisenhower, 16 avril 1953.

Sécurité occidentaleEn janvier dernier, aux USA, 28 militant-e-s antimilitaristesfurent condamnés à un total de 5 ans et 10 mois de prisonainsi qu’à 8500 $ d’amendespour avoir manifesté devantl’Institut pour la coopération etla sécurité de l’hémisphère occi-dental (ex SOA). Rebaptisée en2001, cette école a une sinistreréputation. Depuis 1946, elle aformé nombre de militaires del’Amérique Latine. D’après leCentre de politique internationale(CIP), «les manuels de formationutilisés dans cette école, desannées 80 jusqu’à 1991, promou-vaient des techniques violant lesdroits de l’homme et les règlesdémocratiques.» (Peace News,décembre 2004)

Mercenairesdu tour de FranceIvan Basso, troisième du derniertour de France, est membre del’équipe CSC. Avant le leaderétait Laurent Jalabert. Maisqu’est-ce que cette marque ? CSCsignifie Computer SciencesCorporation (90 000 employésdans 80 pays) dont l’une desbranches d’activité est DynCorp,première société mondiale de ser-vices militaires. DynCorp, crééeen 1946, travaille fidèlement avec

le Pentagone pour différents tra-vaux «externes» à l’armée US :maintenance de matériel, protec-tion rapprochée (comme celle del’Afghan Hamid Karzai), gestionde centres pénitentiaires, et desmoins avouables… En Bosnie, lesautorités ont ainsi retrouvé chezun responsable local des enregis-trements vidéos de viols et de tor-ture. En Irak, DynCorp assure laformation de la police locale. Onretrouve la firme au Proche-Orient, au Kosovo, etc. EnBelgique, on la retrouve pourassurer les sites sensibles dunucléaire d’Electrabel…(Imagine, septembre 2004)

Dessins sur lanon-violence

L’association Non-violence XXIa lancé un concours de dessinssur le thème de la non-violence(jusqu’en juin 2005). Dessiner surce thème n’est pas forcémentfacile : les dessins peuvent êtregraves ou humoristiques, parlerpassion, colère, (in)justice,concerner la maison, la rue, l’éco-le, etc. Dans tous les cas, le dessindoit suggérer que la non-violencepeut être une solution. Les des-sins sont destinés à la publicationd’un recueil dont le produit de lavente servira à financer des pro-jets non-violents. Non-violence XXI, 114, rue de Vaugirard, 75006 Paris, tél : 01 45 48 37 62.

Qu’est-ce qui te prend de parlercomme ça ?Peut-on réamorcer le dialogueavec les enfants en difficulté ? La non-violence dans la commu-nication peut être une solution.Laurent Boualleg a décidé de lancer une collection de petitslivres sur ce thème, très courts(16 p.). On peut les lire et propo-ser d’autres situations : LaurentBoualleg, 11, rue des Frères-Vallon, 13090 Aix-en-Provence.

Prolifération nucléairen Têtes nucléaires américaines en Europe. Le bulletin Atomics scientists a révélé dans sonnuméro de septembre lessites et le nombre de têtesnucléaires que les Etats-Unis maintiennent enEurope : 20 têtes à KleineBrogel (Belgique), 20 àBuchel (Allemagne), 130 àRamstein (Allemagne), 50 à Aviano (Italie), 40 àGhedi (Italie), 20 à Volkel

(Pays-Bas), 110 à Lakenheath (Grande-Bretagne) soit un total de 480 têtes nucléaires dont la possession est juridiquement illégale (il y en avait 7300 en 1971). La France possède, elle, 348 têtesnucléaires, ce qui est un obstacle pour obtenir des Etats-Unis le retraitde leurs propres têtes : ceux-ci ne voulant pas que la France soit leaderen Europe. (Stop essais, octobre 2004)n Arrestations en Suisse. Les autorités suisses ont procédé à plu-sieurs interpellations fin septembre : trois personnes, deux Suisses etun Allemand résidant en Suisse, près du lac de Constance, à la frontiè-re allemande. Ils sont soupçonnés d’avoir vendu des télécommandesnécessaires aux armes nucléaires. Un ingénieur ayant la double-natio-nalité Suisse-Afrique du Sud a été arrêté au Cap soupçonné d’avoirfait transiter par la Suisse du matériel nécessaire à l’enrichissement de l’uranium. Il serait lié aux trois premières personnes. En Grande-Bretagne, plusieurs personnes ont été interpellées, toujours fin sep-tembre, alors qu’elles cherchaient à acheter des produits radioactifs.

n Belgique : bombardements militants.La Belgique abrite des basesmilitaires de l’OTAN où despilotes sont formés pour lancerdes bombes nucléaires. Or l’ar-me nucléaire a été déclaréeillégale. Un collectif s’est misen place pour demander l’arrêtdes activités liés à la bombeatomique. 94 organisations ontrejoint ce collectif(Greenpeace, Oxfam, Formother earth, etc.). Des actionsde désobéissance ont été lan-cées le 11 octobre dernier avecdes «bombardements militantsnon-violents». Il s’agit d’entrersur les sites militaires etd’avancer jusqu’à l’arrestation.Le 27 novembre, une conféren-ce de presse a rendu publiquela liste des militants revendi-quant la participation à cesactions et le collectif annonceune grande journée d’actionspour le 16 avril 2005, à laveille de la conférence du traitéde non-prolifération, les lieux«bombardés» seront le siège del’OTAN à Bruxelles, le SHAPEà Mons, la base militaire deKleine Brogel. Bomspottingasbl, rue Van Elewyck 35,

1050 Bruxelles, www.bomspotting.be.n Arrestations en Suisse. Les autorités suisses ont procédé à plusieurs interpellations fin septembre : trois personnes, deux Suisses et un Allemand résidant en Suisse, près du lac de Constance, à la fron-tière allemande. Ils sont soupçonnés d’avoir vendu des télécommandesnécessaires aux armes nucléaires. Un ingénieur ayant la double-natio-nalité Suisse-Afrique du Sud a été arrêté au Cap soupçonné d’avoirfait transiter par la Suisse du matériel nécessaire à l’enrichissement de l’uranium. Il serait lié aux trois premières personnes. En Grande-Bretagne, plusieurs personnes ont été interpellées, toujours fin sep-tembre, alors qu’elles cherchaient à acheter des produits radioactifs.

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Paix

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Petite phrase«Ce 2 novembre, pour voterBush, il faudra être très riche ou très con. Aux USA, les pre-miers ne sont pas légion, maismalheureusement, des derniers,on en a des tas»Scott Phillips, Libération, 11 septembre 2004.

P O L Y N É S I E

Coup de force Aux élections territoriales qui onteu lieu en 2004, en même tempsque les élections régionales enmétropole, une coalition a porté à la présidence de la Polynésie

Oscar Temaru, le leader indépen-dantiste. Gaston Flosse, au pou-voir depuis vingt ans, fidèle lieu-tenant de Chirac et grand copaindes militaires de Moruroa, a toutfait pour renverser ce nouveaugouvernement. Le 9 octobre, il afait voter une motion de censureavec le soutien de deux élus de lacoalition au pouvoir… ce qui aprovoqué la chute d’OscarTemaru. Perçu comme une largemagouille par la population et le 16 octobre s’est tenue la plusgrande manifestation qu’aientjamais vue les îles polynésiennes,entre 15 et 30 000 personnesselon les estimations (sur 245 000habitants) : en proportion, c’estcomme s’il y avait entre 3 et 6millions de personnes manifestant

en métropole, ce qui en dit longsur le sentiment des Polynésiens.Cela n’a pas empêché GastonFlosse de se faire réélire le 25octobre, jour où Oscar Temarudébutait un «jeûne spirituel» dans son bureau de président.

B R É S I L

Electionsmunicipalesn Succès des Verts. Les élec-tions municipales se tenaient auBrésil le 3 octobre dernier. LesVerts brésiliens ont obtenu plusde deux millions de voix et comp-tent désormais 54 maires, plus de100 maires-adjoints, plus de 600conseillers municipaux.

n Porto Alegre à droite. Après16 ans à la tête de la mairie, leParti des travailleurs a perdu lesélections municipales de PortoAlegre au profit d’une coalitionmenée par la droite dans laquelleon retrouve des petits groupes degauche. La nouvelle coalition apromis de maintenir le budgetparticipatif et son engagementdans les rencontres du Forumsocial mondial.

L O I R E

L’autre croissanceL’autre croissance est un groupede réflexion né dans la région deRoanne pour réfléchir à la fin desemplois et aux mensonges deceux qui promettent du travailpour tous. Il est nécessaire de

distinguer le travail des revenuset de réfléchir à ce que cela peutêtre. La «croissance» de nos éco-nomistes n’a jamais cessé et n’ajamais créé d’emplois. Il esttemps de chercher des modes devie qui ne soient pas lié à la per-pétuation des emplois. L’autrecroissance prône la décroissancede la consommation parallèle-ment à la croissance des relationsde solidarité. L’autre croissance,Bernard Faure, La Font Grand,42430 Chérier, tél : 04 77 63 38 53.

C O R S E

Contre le racismeLe 24 octobre, une manifestationà l’appel des associations antira-cistes a réuni 2000 personnes àAjaccio. La manifestation étaitsous protection des forces de poli-ce, des groupuscules «indépendan-tistes» ayant menacé les organi-sateurs. Deux alertes à la voiturepiégée ont perturbé le déroule-ment de la manifestation.

C R E U S E

Démissiondes élusLe 24 octobre, 260 élus de la Creuse, dont vingt-huit maireset un conseiller général, ontdémissionné pour protester contrele démantèlement des servicespublics dans les zones rurales :fermeture des postes, perceptions,écoles, gares…

Paradis fiscauxS’il y a bien un sujet dont l’Europe ne veut pas entendre parler, c’est le problème de l’argent sale et de son blanchiment. Pourtant,le Syndicat national unifié des impôts estime qu’en France, l’argent dela fraude fiscale représente autant que l’impôt sur le revenu. Dans lemonde, on estime qu’il existe 4000 banques installées dans des paradisfiscaux travaillant avec plus de deux millions de sociétés écrans et

brassant plus de 5000milliards d’euros. Au sein de l’Union euro-péenne, on compte plu-sieurs de ces paradis fis-caux et ATTAC a lancéune journée européenne de protestation le 9 octobre dernier avec des actions devant lesbanques de Genève, auLuxembourg, à Monaco,en Andorre, et dans les îlesanglo-normandes. ATTAC,66-72, rue Marceau,93100 Montreuil, tél : 01 41 58 17 40.

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Politique

L O N D R E SForum social européenLa mobilisation antiguerre a pris le dessus sur les questions altermondialisation, en particulier

lors de la manifestation finale (75 000 personnes selon les organisateurs, 15 000 selon la poli-ce). Les Britanniques étaient en effet extrêmement mobilisés pour demander le retrait de leurstroupes d’Irak. Les sondages en Grande-Bretagne donnent 70% de la population favorables auretrait. Cette mobilisation a quelque peu masqué la faible mobilisation dans les débats du Forum : 20 000 personnes soit trois fois moins que l’année précédente à Paris. Il y avait environ 1500Français. Si les débats et la mise en réseau ont toujours été aussi nombreux et controversés, il y a eu peu d’accords collectifs : appel à une manifestation européenne contre le racisme le 19 mars prochain à Bruxelles, à la veille d’une réunion des chefs d’Etat européens dans la capitale belge.Soutien aux initiatives de la marche mondiale de femmes (après l’absence de l’Assemblée desfemmes cette année). Rien de précis contre le prochain G8 qui doit se tenir en Ecosse en juillet. Pas de position commune sur la Constitution européenne. Le maire de Londres, «Ken le rouge» qui a financé en grande partie le sommet, n’a pas pu prendre la parole, une centaine de militantsanarchistes envahissant la tribune pour protester contre sa réintégration dans «le parti de la guerre»,le parti travailliste. Des femmes ont contesté la présence de Tariq Ramadan, celui-ci ayant préfacé unlivre de Yusuf Al Qaradawi, «la place des femmes dans l’islam» où il est dit que le principal rôle desfemmes est de «fabriquer des musulmans». La France est attaquée par les militantes britanniquespour sa loi sur le voile… mais avec des informations erronées (la loi interdirait le voile dans les lieuxpublics !). Un prochain sommet est annoncé à Athènes dans dix-huit mois.

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Une initiative du ROCAD, Réseaudes objecteurs de croissance etpour l’après-développement, et de

La Ligne d’Horizon nous a valu une invi-tation à participer aux travaux de son uni-versité d’été en Dordogne fin septembre…Il serait normal que je rende compte deces journées ici, mais les circonstancesont voulu que j’y sois seule représentan-te officielle de la revue, donc sollicitéedans diverses tribunes au lieu d’être sage-ment attentive et prenant des notes.

Je situerai juste la scène : Thiviers estun de ces très beaux villages que la Dor -dogne a si bien su construire autour du

quinzième siècle. Le monastère qui ser-vait de cadre à nos chères études dedécroissants a été bien restauré, maisl’église où se tenaient les réunions prin-cipales (nous étions 200 tout de même)ne favorise pas les débats. L’estrade (lechœur !) où parlent (officient ?) lesintervenants a des micros en panne etl’acoustique est déplorable.

Antoine et Jacques, deux lecteurs,semblent un peu déçus. Mais la «décrois-sance» n’est pas un système élaboré.C’est seulement une façon de prendre lecontre-pied du dogme de la croissanceque presque personne n’osait mettre en

doute et qui nous détruira irrémédiable-ment sans ce sursaut. C’est l’amorced’une autre façon de concevoir la sociétéque nous tentons de faire connaître.Nous n’avons ni catéchisme ni petit livrerouge, la décroissance ne s’apprend pas,elle se vit et se montre, et elle sape le sys-tème en place.

Madeleine Nutchey n

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Décroître à ThiviersDébat

Affirmation sereine de nos convictions

I l semblerait que ce colloque n’ait pas été suffisamment préparé, comme si l’on avait faitune confiance aux apports structurés des partici-pants, eux-mêmes apparemment dépourvus faceà une question si complexe et si irréductible à lapensée unique.L’église qui accueillait ne se prêtait pas à des«tables rondes». (…) Il ne faudrait pas hésiter,quel que soit le lieu, à bouleverser l’ordre établi. J’ai participé à une université d’été des Verts.L’argent du contribuable avait permis de bienfaire les choses matériellement, mais la nourritu-re livrée par un traiteur était à peine au-dessus du niveau macdo et pas biologique.Chez les autres écologistes de Waechter, l’univer-sité d’été s’est tenue dans une ferme bio-dynamique. A Thiviers, pas de nourriture biolo-gique, hélas. (…) La décroissance c’est aussi lenon-recours aux supermarchés ! L’asso cia tion«Partage» aurait pu être invitée à faire un petiteffort dans cette direction. Ce qui devrait caractériser de telles rencon-tres,c’est une grande ouverture d’esprit, de la bienveillance, de la tolérance, du respect, ce qui n’est pas toujours le cas. Nous n’avons pas d’adversaires, qu’ils soient degauche ou de droite. Nous avons en face de nousdes êtres humains qui, même lorsque nous consi-dérons qu’ils sont dans l’erreur, sont le plus souvent honnêtes, sincères, et croient ce qu’ils professent. On ressent souvent, à certaines attitudes, à certaines paroles, uneagressivité, un rejet, alors que seule l’affirmationsereine de nos convictions devrait figurer dans le débat. (…) La décroissance devrait aller de pair avec la croissance de la bienveillance, de l’ouvertureau dialogue, surtout avec ceux dont nous approu-vons les agissements, car c’est avec eux que nous devons construire une société viable.

Jacques Vecker nGard.

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Construire et combattre

Cette rencontre à Thiviers, c’était un peucomment avancer encore.

La première impression fut très bonne : maplace réservée dans le train au départ de Lyonse trouvait à côté de Madeleine Nutchey… nousavons pu faire un peu connaissance. La deuxiè-me était moins bonne, en arrivant le soir aucentre Partage de Thiviers en voyant le buffetfroid, composé quasi exclusivement d’une as -siet te de… charcuterie industrielle. La décrois-sance implique la condamnation d’une industrieinhumaine, déshumanisante et irrespectueuse dela vie. Comment être crédible face à ceux quinous rejoignent, nouvellement intéressés parcette idée de la décroissance, si rien n’est visiblede notre engagement sur cette voie ?Les interventions étaient en général assez inté-ressantes. Parfois aussi, c’est vrai, c’étaitdehors pendant les «récréations» ou le tempsdes repas, que les échanges étaient les plusriches, que les rencontres étaient les plus belles.«L’éducation» est revenu souvent dans les diffé-rents propos. Pas mal de désaccord parmi lesparticipants quant à sa place, si place elle doitavoir… Quand on parle éducation on pense aus-sitôt à pédagogie, à école et celle-ci ressemblede plus en plus à un apprentissage pour réussirune vie future de parfait travailleur et consom-mateur. Reste, il est vrai, des enseignants d’ex-ception… mais il y a un combat à mener pourtransformer l’école. La table ronde sur l’éduca-tion à la décroissance a dérapé d’entrée dansquelque chose de confus et il ne m’en est pasresté grand chose…J’ai entendu, quelquefois, parmi les intervenants«j’étais en Inde il y a deux mois…» ou «cet étéà New York…». L’avion donc ? Cela concerneheureusement une minorité mais nous nedevrions pas entendre cela. Il ne sert à riend’élaborer des concepts si nous sommes inca-pables de les mettre en pratique.Pas toujours simple et réalisable, mais ici, nousles acteurs fervents de la décroissance devonsêtre cohérents, et presque exemplaires, c’est-à-dire que nos actes et nos idées s’accordent, outout du moins aillent dans ce sens.J’ai entendu

aussi, avec une connotation négative, parler du«courant simplicité volontaire» axé sur «l’épa-nouissement personnel». Sur pre nante critique…Comment peut-on être favorable à la décroissan-ce sans repenser nos besoins et tenter de réduirenotre empreinte écologique ?Et il est vrai que si nous acceptons pleinement aufond de nous ce passage à une vie plus simple,nous nous en trouvons régénérés, plus légers.En nous débarrassant du matériel, nous nousremplissons d’un sens plus fort de la vie. Cettesimplicité retrouvée est alors davantage plénitu-de que frustration.C’est comme acheter bio, ce n’est pas (ou entout cas ne devrait pas être) pour une meilleuresanté mais avant tout pour condamner une in -dus trie irrespectueuse de la vie et des hommes,pour ne pas cautionner ses pratiques. Et tantmieux s’il y a un «effet rebond» positif !Il me semble normal qu’en vivant plus en accordavec notre environnement, nous nous sentionsmieux dans notre peau.Et même si je sais très bien que ma seuledécroissance, ma seule cohérence ne peut suffi-re à sauver la planète, ni faire tomber ce systè-me, cela ne me donne aucun droit, aucune justi-fication à ne pas appliquer mes idées.Un battement d’ailes de papillon peut provo-quer, ou éviter, une tempête à l’autre bout duglobe… nos actions ont toutes une résonancesur la planète.Vivre de plus en plus, et même de mieux enmieux, cette décroissance me semble le point dedépart incontournable.(…) Des mots d’Alain Gras résonnent encore enmoi… «le ver est dans le fruit». Cette civilisa-tion se pourrit toute seule, même si nous ne lacombattons pas… elle est condamnée à dispa-raître. C’est une histoire de temps.Une constatation grave, et évidente… qui n’en-lève en rien notre devoir de nous battre, dans lanon violence et la détermination.(…) On a beaucoup parlé de résister… Peut-être pas assez de combattre, combattre cetteidéologie dominante.Il y a un système à abattre et nous devons toutfaire pour accélérer sa chute.

Antoine Calandra nVaucluse.

Décembre 2004 SILENCE N°317 41

L’imaginaire ? et l’économie ? Peut-on seulement «imaginer» unefonction de l’imaginaire dans le

domaine de l’économie ?Pourtant, et là je ne rêve pas, j’ai bien

lu dans le manifeste de Rocad l’expression«imaginaire économique», ce qui m’a faitbondir. Serions-nous devant un oxymorede plus ? Dans l’appareil économique etdonc actuellement dans le commercemondial dominant, je ne vois que de sor-dides calculs d’intérêts, des statistiques,des indices et des indicateurs, le toutdéterminant des prévisions à court terme.L’ensemble est orchestré avec une habile-té diabolique pour réus-sir à vendre la terre etses âmes. Mais ce n’estpour moi que roueriesuprême de boutiquier,pas œuvre d’imagina-tion. On ne peut pasconfondre imaginationet spéculation !

Je sais que les socio-logues se sont appropriéle terme et mettentl’imaginaire à toutesleurs sauces mais on neva pas, en plus, l’aban-donner aux écono-mistes. C’est trop beau,l’imaginaire. C’est notreespace absolu de liberté.

Bien que l’on n’aitpas encore tout comprisdu fonctionnement du cerveau, il sembleque le raisonnement froid ne s’élabore pasdu même côté que la création artistique,le rêve éveillé, la construction des uto-pies, aptitudes reconnues de l’imaginaire,avec, peut-être bien, l’humour.

Et je comprends d’autant moins qu’ilest écrit aussi, dans les pages de ce mani-feste, que l’objectif est de «mener labataille du sens»… et que Serge Latouchea très bien dit que «l’on ne gagne jamaisrien… en s’alignant sur le langage et lesconcepts des adversaires». Toutes les bali-vernes du même acabit que le «dévelop-

pement durable» l’ont bien démontré, ilnous faut nous mettre d’accord sur unebase de vocabulaire limpide, sans com-promis ni approximations ni dérives,pour avancer sur un terrain solide. Alorsl’on pourra avoir recours à l’imaginairesans ambiguïté et l’on en a effectivementgrand besoin pour sortir des pièges inex-tricables où nous a englués un systèmeéconomique sans imagination.

Je ne veux pas dire qu’il n’a pas su uti-liser notre faculté de rêver, mais il l’adévoyée et réduite pour n’y plus laisserplace qu’à l’objet présenté pour être aussi-tôt convoité. On a mélangé en une mixtu-

re infâme les «besoins»indispensables à la survie(boire, manger etc.) et les«envies» artificiellementcréées par la pub (et l’ex-ploitation de nos vilainsdéfauts comme la jalou-sie, le désir de dominer).C’est du rêve bas degamme en promo !

Mais les super-mar-chands libéraux ont peut-être fait pire : ils ont pro-fité de la carence spiri-tuelle où nous a plongésle recul des religions pournous offrir une croyancede remplacement : lacroyance dans une pro-ductivité garante decroissance, un nouveau

mythe incarné dans le dieu Progrès, seulcapable de nous consoler, nous rassurer,nous promettre le paradis de la consom-mation et tout de suite (c’est ça ou bienles extrémismes religieux).

Si le système économique n’a pasd’imagination, il est parfaitement docu-menté et sait très bien exploiter toutes lescomposantes de notre caractère et surtoutnos faiblesses.

Mais il n’a pas oublié notre goût pourl’art et la beauté. Certaines pubs fontappel à nos meilleurs souvenirs musi-caux, à des images oniriques, car si les

maîtres de l’économie n’ont aucune ima-gination, ils en connaissent le pouvoir etsavent acheter celle des créateurs publici-taires (ils paient même très cher ce quileur manque…).

Et là j’en viens à la décroissance, cetâge de raison de l’économie.

Après les caprices insensés d’unesociété immature saccageant ce qui estprécieux pour assouvir des envies de futi-lités, la décroissance peut apparaîtrecomme l’âge de raison, l’âge du renonce-ment réfléchi à ce qui n’est pas indispen-sable, et la capacité de n’en pas ressentirde frustration. Etre conscient de devenir«capable de» est, au contraire un conten-tement profond. (on peut faire ici unepetite remarque sémantique : contenter,c’est procurer du plaisir et, se contenter,c’est mesurer ses besoins…)

Le sentiment artistique n’étant plusperverti par la pub pourrait satisfairenotre besoin du beau. De la courbe par-faite d’une simple colline aux lignes épu-rées de l’art moderne quand il retrouve lasobriété de certains monastères pournous faciliter l’accès aux dimensions mys-tiques ou aux diverses formes de la médi-tation. L’art de vivre avec sobriété pourraits’en inspirer.

L’imaginaire il le faut mais il ne suffitpas. Il faudrait apprendre à coordonnerles possibilités de nos deux hémisphèrescérébraux pour imaginer comment«contenter» tout ce qui vit sur la planèteet le concrétiser par le savant calcul desressources dont nous pouvons réellementdisposer sans rien mettre en péril.

Madeleine Nutchey n

Imaginaire ? Vous avez dit imaginaire ?

Ceci est le texte d’intervention de MadeleineNutchey dans le cadre du débat sur

«décroissance et imaginaire».

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Face à une sociétéimmature saccageant ce qui est précieuxpour assouvir desenvies de futilités,la décroissancepeut apparaîtrecomme l’âge de raison, l’âge durenoncement réfléchi.

Petite phrase«Les médias publics sont là pourdiffuser l’idéologie d’Etat»Alexandre Loukachenko, dicta-teur du Bélarus, récemment rééluavec 77% au premier tour.

L’histoire du monde est fausseOn savait déjà que ChristopheCollomb n’a pas découvertl’Amérique puisqu’avant lui, lesIndiens venaient d’Asie et lesVikings avaient déjà réussi à traverser l’océan Atlantique. Des historiens londoniens vien-nent de retrouver des manuscritsarabes du 7e au 16e siècle quimontrent que Champollion n’apas non plus la primeur de la lec-ture des hiéroglyphes égyptienspuisque Ahmad Ibn Washhiyah,avait déjà publié au 11e siècleune méthode pour la traductionde ces hiéroglyphes, méthode qui a ensuite servi à traduire enarabe des centaines de documents.Pasteur n’a pas inventé le vaccin,ni son proche collaborateur,puisque la méthode a été impor-tée de Turquie… Les exemplessont nombreux pour nous mon-trer que l’histoire que l’on nousapprend est surtout une énormeméthode de propagande visant àfaire croire à la suprématie de laculture occidentale.

C H I N E

Exécutions Amnesty international avaitrecensé en 2002, des témoignagesportant sur 1060 exécutions. Unrapport interne du parti commu-niste chinois rendu public par unjournal de Pékin, indique que lacélèbre organisation est encorebien en deçà de la réalité. Entre1997 et 2002, il y aurait eu dansle pays 60 000 exécutions soit 15 000 en moyenne par an !(Courrier international, 30 sep-tembre 2004)

E S P A G N E

Contre le travail précaireLe gouvernement socialiste espa-gnol a annoncé en juin dernierqu’il étudie la mise en place d’uneréforme des cotisations patro-nales qui prenne en compte laprécarité du travail offert. Plusles contrats sont à durée indéter-minée, moins il y a de charges.

Les grosraflent la miseBouygues a annoncé la rémunération des actions de l’en-treprise. Comme lui-même possè-de 14,1 % du capital, il empoche au passage une prime de 233 000 000 € (soit 16 000années de SMIC). (La Mée socialiste, 11 août 2004)

JeuxOlympiques etmultinationalesLes sponsors des jeux Olympiquessont de plus en plus exigeantspour rentabiliser leurs investisse-ments. Ainsi, à Athènes, cetteannée, il était interdit d’amenernourriture et boissons avec soi : il fallait obligatoirement se four-nir auprès des sponsors : Caca-Collé, Mac-Crado, ou les bièresHaineconne. Il était interdit deporter des vêtements portant desmarques autres que celles dessponsors. (Le Monde, 11 août2004)

Journée internationaledes migrantsLes Nations Unies ont adopté le18 décembre 1990 la Conventioninternationale sur la protectiondes droits de tous les travailleursmigrants et des membres de leursfamilles. Depuis le 18 décembreest un journée pour mettre enlumière les conditions souventépouvantables dans lesquelles lestravailleurs migrants travaillent etvivent et pour exiger des paysd’origine et des pays hôtes unemeilleure protection.

C’est également une occasionpour démontrer la contribution dela part des travailleurs migrantsà notre économie et société et lanécessité d’une solidarité interna-tionale. Cette année, il n’est passûr que le père Noël obtienne sonvisa pour venir nous voir à Noël !Coordination en France : GISTI,3 villa Marcès, 75011 Paris, tél : 01 43 14 60 66 et enBelgique : ABVV, Frédéric Fioré,vzw Welkom, Vlaams ABVV,Watteeustraat 10, 1000 Brussel,tél : 02 289 01 61.

Interprète de la languedes sourdsActuellement, le taux d’illettrismedes sourds atteint 70% enFrance. Une des causes est lemanque d’interprètes dans lalangue des sourds : seulement unecinquantaine exerce ce métier.

Soyons sport !93 % des Français consommentdes articles de sport, avec en2002 un budget moyen de 353euros par ménage. Mais seule-ment un tiers est utilisé pour lapratique effective d’un sport ! Etdeux tiers ne servent donc qu’àsuivre la mode... des marques.

Mac Cradon Jeux Olympiques. La firme apayé 65 millions de dollars pourbénéficier de l’exclusivité desrepas servis dans l’enceinte desjeux olympiques d’Athènes. DesJeux qui n’ont attiré que 60 %des places prévues… d’où unlourd déficit. (Alternatives écono-miques, septembre 2004)

n Lozère : slow food contrefast food. La Lozère, dernierdépartement épargné par McDonald va être bientôt envahie.Une action va être menée contrecette menace : la mise en placed’un marché artisanal «slowfood». Pour en savoir plus :Simon Carraz, tél : 04 66 46 22 35.

SILENCE N°317 Décembre 2004 42

C H I N E

DélocalisationsL e salaire annuel moyen en Chine est actuellement de 550 euros

(contre 14 000 en France). Et ceci pour un temps de travail heb-domadaire de 76 heures (contre 36 en France). Ceci explique en gran-de partie la tentation des délocalisations. Si cela donne des argumentsau patronat pour faire du chantage, il faut quand même savoir que lesentreprises délocalisées depuis trois ans ne représentent que moins de1% des pertes d’emplois. (Alternatives économiques, octobre 2004).

Une usine textile en Chine.

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Astérix en langues régionalesLe dernier Astérix, sorti en août2003, s’est vendu à plus d’unmillion d’exemplaires. Il existedésormais en différentes languesrégionales : picard, gallo, breton,alsacien, corse, occitan. Le totaldes tirages régionaux atteint 150 000 exemplaires.

Société

Décembre 2004 SILENCE N°317 43

OGM : faucheurs VertsJe souhaiterais corriger quelques erreurs et omissions relatives à l’article«faucheurs volontaires» (n°315) (…). La première est d’ordre factuel, àMillau, ce ne sont pas «350 déclarations écrites» qui ont été remises à lagendarmerie, mais environ 200. Moitié par des personnes présentes, moi-tié par des procurations confiées à Jean-Baptiste Libouban, le dynamiqueanimateur du collectif. Inversement, à la brigade de la gendarmerie deToulouse-Mirail, ce ne sont pas une cinquantaine de personnes, mais envi-ron 150 qui ont été physiquement admises, par petits groupes successifsde cinq, à pénétrer dans les locaux pour y signer leur demande de co-inculpation pour l’action du 25 juillet. Et parmi ces 150, il y avait effecti-vement «de très nombreux Verts» alors que l’article ne les évoque quecomme «venus accompagner d’autres personnes convoquées». Sur les huitpersonnes convoquées, trois d’entre elles étaient des élus Verts : PierreLabeyrie, conseiller municipal de Toulouse, Michel Daverat, conseillerrégional d’Aquitaine et Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts. Deuxautres élus Verts ont été convoqués antérieurement et étaient présents ànouveau : Gérard Onesta, alors vice-président du Parlement européen, et Noël Mamère, député. (…) Ce n’est pas par esprit de «boutique» que je relève l’escamotagedans cet article de S!lence, de la forte contribution des Verts (…) Dans la phase actuelle de la lutte contre les OGM, c’est une erreur, me semble-t-il, d’affaiblir, en le minimisant dans l’information, le relais politique quepeuvent assurer les Verts à la mobilisation citoyenne, tant aux niveauxlocal que national et européen, surtout quand ils le font en continuité avecun engagement de terrain — et non seulement de discours — sur la«désobéissance civile», qu’il faut saluer plutôt que taire.De surcroît, cet engagement s’inscrit dans une stratégie concertée quel’article de Michel Bernard n’a peut-être pas suffisamment explicitée enévoquant les suites judiciaires à venir. Il s’agit bien de continuer et d’am-plifier le débat public sur les OGM par le biais des procès, mais aussi derendre ceux-ci moins insupportables financièrement pour la seuleConfédération paysanne, historique fer de lance de cette lutte et de fairemieux apparaître la nature profondément politique, anti-démocratique, du passage en force des expérimentations en plein champ, avec l’appui del’Etat, de son armée, de ses procureurs. (…) Et pour ce qui est de lanature politique de ce combat, en obligeant la justice à statuer sur demultiples faits de «désobéissance civile» revendiquées «aussi» par desreprésentants politiques, sur lesquels d’ailleurs elle a focalisé ses premières inculpations.

Jacques Bonnet nDrôme.

OGM : violences de l’EtatAlors comme ça, à en croire messieurs Gaymard et Daubert, respective-ment ministre de l’agriculture et ministre de la recherche, les faucheursd’OGM auraient agi de manière «brutale» le 25 septembre à Valdiviennedans la Vienne. De qui se moquent-ils ? Où étaient-ils pour déclarer unechose pareille ? Probablement bien loin du lieu de l’action. Car s’ilsavaient été sur place, s’ils avaient été par exemple dans l’hélicoptère quinous surveillait en permanence, ils auraient vu qui a agi de manière brutale ! Ils auraient vu qui, retranché derrière des barrières métalliqueset une frise de barbelés, avait des casques, des boucliers et des armes faceà des gens qui avançaient pacifiquement, les mains nues, sans même uncanif dans la poche (des consignes fermes avaient été données avant lamarche). Ils auraient vu qui a commencé à lancer des bombes lacrymo-gènes, sans aucune sommation et alors que les manifestants étaient enco-re à au moins cinquante mètres des barrières circonscrivant la parcelle demaïs protégée. Ils auraient vu qui a ensuite, et alors que les manifestantsétaient en train de suffoquer dans un brouillard complet, utilisé desbombes assourdissantes plus offensives qui ont non seulement fait plu-sieurs blessés, mais provoqué en outre un incendie dans une jachère voisi-ne. Ils auraient vu que les blessés étaient du côté des manifestants non-violents et non du côté des militaires qui, une fois de plus, avaient laisséleur cerveau et leur conscience au vestiaire, prêts à tuer si on leur avaitdemandé pour protéger non pas des êtres humains mais un pied de maïs !Lamentable ! Honte à ces hommes et à ceux qui les ont commandés cejour-là, je pense à leurs supérieurs hiérarchiques, mais aussi au préfet dela Vienne et aux ministres cités plus haut sans oublier leur chef Raffarin,toujours prompt à soutenir les intérêts des multinationales de la semencecomme Monsanto.

Jean-Luc Lebrun nLoir-et-Cher.

Courrier

Décembre 2004 SILENCE N°317 44

Libres sentimentsEn réponse à Marie Franco de Forbach (S!lence n°315). Je m’étonne du cadrage total de la pensée et du désir que tu souhaites instaurer chez les hommes. J’ose revendiquer laliberté de ma pensée intime vis-à-vis des femmes que je croise.A la base, il y a mon désir, que je ressens ou que je ne ressenspas au fond de moi. Je refuse de me sentir le moins du mondecoupable de ce désir si par bonheur il existe, alors qu’il est sirare, alors que j’ai appris que réfléchir à son sujet, c’est déjàconstater qu’il n’est pas si important, et qu’il n’y a déjà plusqu’à le laisser passer comme le soleil couchant. Ensuite, il y a ma pensée, et j’entends penser librement ce que je veux de telle ou telle femme, ou des femmes d’unerégion donnée, ou d’une femme imaginaire qu’il me prendraitla fantaisie de créer. Ensuite, seulement, il y a les actes, regarder, parler, touchermême et là, j’admets que j’implique l’autre, la femme en l’occurrence, et qu’elle a parfaitement le droit de me demanderde m’abstenir de tout, y compris même de la regarder, si monregard lui déplaît. En effet, passer à l’acte, c’est aussi entrerdans la réalité de l’autre et faire entrer l’autre dans la sienne,et le désir, qui est au départ un produit de l’imaginaire, doitdépasser l’attrait visuel de ce visage, de ce corps, de cette ges-tuelle, le son de cette voix, le contenu de cette parole, voire decette attitude politique (je me suis aperçu que ça comptait aussi, et pas qu’un peu) pour que quelque chose puisse, éventuellement, se passer entre l’homme et la femme. (…) Comment s’établissent les relations entre hommes et femmes, les vraies, les égalitaires, les amicales, les peut-être tendres, les qui saitamoureuses ? Egalité ne veut pas dire uniformité. Et c’est bien la diffé-rence qui m’attire dans la femme. Mais faut-il attendre qu’elle fasse le premier pas, alors que le bruit court que son désir serait beaucoupmoins impérieux, beaucoup plus diffus, beaucoup moins physique aussique celui de l’homme ? (…) Au colloque de Lyon sur la décroissance, on y a parlé de restaurer la sensualité. Mais le conférencier sur «un nouveau rapport au temps» a qui je suis allé demander pourquoi il n’avait pas dit que «prendre letemps de vivre, c’était aussi faire l’amour» m’a répondu qu’il y avaitpensé, mais que sa femme s’était opposée à ce qu’il en parle.Ça me fait penser à ce colonial qui, il y a des années, me parlait avec un profond mépris des pygmées, en me précisant avec dégoût qu’ils faisaient l’amour jusqu’à huit fois par jour. Outre l’étrange décompteque cela impliquait, il est évident que pour lui le sous-développement et l’amour débridé étaient liés dans sa condescendance. A contrario,toutes les institutions qui organisent une guerre, une mission, uneconquête, une compétition, ou recherchent simplement la croissance économique, commencent par interdire toute sexualité à leurs membresafin des les rendre plus réactifs, mais aussi plus agressifs. Les viols de la victoire ne sont que la conséquence terrible de cette stratégie. Et ilest vrai que l’idéologie de croissance qui implique la marchandisation de toute la vie, sous-entend évidemment la prostitution comme un service rendu à la place de relations librement consenties, qui ne créentaucune valeur ajoutée. Quand La décroissance se désigne comme le journal de la joie de vivre,j’espère que la restauration de relations affectives et amoureuses libreset authentiques est au programme, mais je n’en suis pas sûr. Au colloquede Thiviers, en septembre 2004, l’ambiance m’a paru plutôt tiède, j’aivu une seule fois un couple s’étreindre et j’ai entendu une seule phrasegalante (d’ailleurs pleine de timidité). Peut-être était-ce l’influence de la chapelle qui servait de cadre aux débats ? Quant aux bons vivants qui ont imaginé de manger dehors puisque la soirée était douce, ils onteu à subir un solide tir de barrage de la part de l’administration :c’était là une joie de vivre bien contingentée.

Jean Monestier nPyrénées-Orientales.

TendreVioletteTout comme S!lence (315 p.42), je pense que la «tendre Violette»des années 80 n’a besoin de per-sonne pour assumer ses propreschoix, ne se laissant déborder ni par ses émotions, ni par les hommes.(…) Je profite de ce courrier pourrappeler à certain-e-s qu’il ne fautpas confondre le genre et le sexe.(…) et je vous joint notre faire-part de mariage — dix ans déjà —qui était un hommage à Servais.

Alain Cochet nPuy-de-Dôme.

Espéranto ou anglais Je réponds à la lettre parue dans S!lence n°314 à propos de l’espé-ranto. Je trouve la réaction de Geneviève Soubise très intéressante parcequ’elle nous montre du «prêt-à-penser» que nous propose l’air du temps.Je reprends donc l’argumentation : l’espéranto est une langue crééeartificiellement. C’est exact, mais après plus de cent ans de pratique,elle est devenue vivante. Tout comme le français, qui a été promu par le décret de Villers-Cotterêts en 1539 et qui n’est, à bien y regarder,qu’un assemblage de bas latin et de mots étrangers.Dire les qualités de l’espéranto, ce n’est pas faire injure à toutes lesautres langues, c’est au contraire chercher à les préserver toutes, desplus parlées aux plus minoritaires. L’espéranto a aussi son histoire, sa culture, son épaisseur. Ce n’est pas un fantôme de langue.Que l’anglais soit pour le moment la langue la plus utilisée, on peut le reconnaître. Mais où a-t-elle vu que c’était une langue simple ? Qu’est-ce qui est simple ? Sa phonétique ? Son orthographe ? Sa conjugaison ? Ses polysémies ? Même si nous ne sombrons pas dans l’ultra-libéralisme étatsunien quand nous l’employons, nous donnons à ceux pour qui c’est la langue native une grosse supériorité, au moment de discuter un contrat ou de défendre une idée. Moi, je crois que la culture anglaiseet anglo-américaine n’ont rien à gagner au développement du sous-anglais qui sert à une communication bien rudimentaire… J’admire le fait que Geneviève ait voulu s’exprimer dans les colonnes de S!lence. Pour conforter ton opinion, ou pour la modifier, il n’y aqu’une solution : aller voir d’un peu plus près ce qu’est réellement l’espéranto. C’est la seule langue que vous pouvez apprendre avec un investissement minime en temps et en argent. (…)Moi, je ne renoncerai pas à faire connaître cette langue qui m’est devenue chère. J’ai tissé de multiples contacts et amitiés à travers le monde. J’ai acquis une identité supplémentaire, multiculturelle plus proche de tous les hommes. Merci l’espéranto !

Marie-France Conde-Rey nCharente.

Courrier

Brésil lamémoire perturbée Les marquesde l’esclavage

MairaEd. Ab irato2004 - 80 p. - 8€

La traite desesclaves est ici pré-sentée à traversl’histoire de lasociété brésilienne.Des plantations desucre ou de café auracisme des élitesde la société du 20e siècle, leBrésil a toujoursjoué la carte de

l’esclavage, même si aujourd’huicette activité est nommée sala-riat. Pour la classe dirigeantebrésilienne comme pour les roisafricains, les esclaves ont tou-

jours été assimilés à de la main-d’œuvre bon marché permettantun enrichissement rapide. Biensûr il y a eu l’abolition de l’escla-vage à la fin du 19e, mais, d’aprèsl’auteur, ce mouvement abolition-niste qui s’est développé avecl’essor de l’industrie et l’arrivéedes immigrants européens n’étaitque supercherie. En effet, il étaitalors moins coûteux de rémunérerfaiblement des ouvriers que l’onembauchait comme intérimairesque de nourrir et de loger desesclaves. Esclaves qui régulière-ment “marronnaient”, s’en-fuyaient, pour échapper à leursort et qui se réfugiaient alors enforêt, et qui ont ainsi donné nais-sance à des «communautés d’es-claves» plus ou moins «libres».Cet ouvrage, qui compile desarticles parus à l’occasion ducent cinquantième anniversaire del’abolition de l’esclavage dans lesterritoires français, est très docu-menté sur l’histoire de l’esclavageau Brésil, sans oublier le com-merce des esclaves dans sonensemble. Des conditions de vie et des traitements que lesesclaves ont subi, de la place de

leurs descendants dans le Brésild’aujourd’hui, en passant par uneanalyse des révoltes d’esclaves,cet ouvrage pointe du doigt unesociété qui se dit multiracialemais qui a toujours su exploitersa main-d’œuvre. Peut-être leschoses vont-elles changer avecpour la première fois la nomina-tion, sous le gouvernement deLula, d’une ministre issu d’unelignée d’esclaves. JP.

Alternativesnon-violentesn°131Centre 308, 82, rue Jeanne-d’Arc, 76000 Rouen2004 - 68 p. - 10,50€

«J’ai fait un rêve» disait MartinLuther King en 1963. Vingt et unmilitants de la mouvance non-vio-lente font dans ce numéro leurpropre rêve, présenté par ordrechronologique dans le futur avecde faux titres de journaux.L’humour est aussi une arme dela non-violence. FV.

La mort n’est pasnotre métierJocelyne PorcherEd. l’Aube2003 - 160 p. - 13€

Juste après la guerre, RobertMerle publie un roman dont letitre est La mort est mon métier.Ce roman suit la vie d’un petitenfant allemand qui devient pro-gressivement un gradé dans l’ar-mée allemande pour finir com-mandant d’un centre de concen-tration. Un livre qui dénonce labanalité de l’obéissance. Ici,Jocelyne Porcher, chercheuse àl’Institut national de la rechercheéconomique, lance un plaidoyeren faveur des éleveurs qui pro-gressivement ont de plus en plusl’impression de faire un métier detueurs. La description des éle-vages intensifs renforce cetteidée. Mais les analyses de l’auteu-re sont pour le moins étranges.Pour elle, «lorsque dans un avenirprobablement pas si lointain, l’in-dustrie agroalimentaire pourraproduire des clones d’animauxgénétiquement modifiés, voire desmasses musculaires en se passantcomplètement des animaux, parculture cellulaire à échelle indus-trielle par exemple, les choses

seront différentes» [p.76], il nes’agira alors plus de viande (vian-de venant de la même racine quevivant), mais d’un mode d’alimen-tation qui respecterait l’animal.Une réponse technologique quicorrespond à une fuite en avant,alors que le plus simple est d’al-ler vers une faible consommationde viande. Quand elle affirme que«les éleveurs, en effet, pour unegrande part d’entre eux, tra-vaillent pour ‘nourrir le monde’.Et pourtant, malgré les quantitésde viandes produites dans lespays industriels, plus de 800 mil-lions d’être humains dans lemonde souffrent de faim» [p.78],Jocelyne Porcher se trompe lour-dement : c’est précisément parceque les élevages du Nord man-gent les céréales du sud qu’il y a800 millions de personnes quisouffrent de faim. Elle sembleignorer qu’il faut 7 à 10 caloriesvégétales pour produire une seulecalorie animale. Si l’on veutnourrir le monde entier, il faut aucontraire diminuer radicalementla consommation de viande dunord. Si ce livre a été écrit pouressayer de comprendre pourquoil’élevage est de plus en plus malperçu dans la société, il faudraitpartir sur des hypothèses justeset non sur le mythe productivistehabituel. Reste un excellent livrepour se dégoûter de manger de laviande : «Lors des interventions,pour s’abstraire de la douleurqu’ils provoquent chez les porce-lets, et pour éviter d’entendre

leurs cris, nombre d’éleveurs uti-lisent des protecteurs d’ouïe, voirdes protecteurs d’ouïe permettantd’écouter la radio tout en ‘soi-gnant’ les porcelets. Cette straté-gie de mise à distance témoignede la difficulté des personnesd’une part à supporter le volumesonore des cris, d’autre part, àtolérer d’entendre les animauxcrier» [p.109]. Ce n’est sansdoute pas non plus un hasard si,comme le signale l’auteure, il y ade moins en moins de femmesdans la profession. MB.

SILENCE N°317 Décembre 2004 45

Semences paysannesHonorine PérinoEd. ADDOCS (10, impasse Cumin, 69005 Lyon)2003 - 20 mn - 15€

La législation oblige à inscrire à un catalogue officiel des semences lesvariétés que l’on souhaite vendre ou sim-plement échanger si la production qui enrésulte entre dans un circuit commercial.Le prix d’inscription étant élevé, celapénalise les variétés locales au détrimentdes plus répandues, cela pénalise leséchanges directs entre producteurs auprofit des semenciers, cela pénalise lesaméliorations d’espèces par simple croi-sement au bénéfice des organismes géné-tiquement modifiés. Vidéo réalisée dansle cadre des premières rencontres«semences paysannes» en février 2003,avec un appel sous-jacent à favoriser les échanges pour la vie au détriment des échanges pour l’argent. MB.

F I L M

One of manyJo Béranger et Doris Buttignol - Production Lardux films2003 - 95 mnOne of Many est un documentaire qui raconte la vie de Sally Tisiga,indienne kaska, enlevée enfant à ses parents, selon les lois d’intégrationcanadienne qui, jusqu’à récemment, permettaient le placement desenfants des minorités dans de bonnes familles d’accueil. Aujourd’huielle-même mère, Sally Tisiga essaie de retrouver sa famille. Le docu-mentaire sort en salle le 5 janvier 2005. Avant-première le 4 janvier auCinéma des cinéastes, 7 avenue de Clichy, Paris.

V I D E O Livres

C . D .

Tribunal animalZembrena, 24, rue de Liège,75008 Paris2004 - 12 titres - 54 mn - 18€Vigoureux textes pour la défensede la cause animale, alternantchansons pour adultes et pourenfants, attaquant le fait que l’onmange de la viande, qu’on fassedes élevages, que l’on expérimen-te sur des animaux, dénonçant lachasse, tout ceci relevant d’unmépris de l’espèce humaineenvers les animaux. Quelquesmorceaux sont un peu trop par-lés, mais dans l’ensemble c’est detrès bonne qualité… et celadevrait nous faire réfléchir sur lesilence fait sur ces questions. FV.

Hotel desperadoEsperanto desperadoEd. Vinilkosmo (31450Donneville)2004 - 12 titres - 55 mn - 17€

Le groupe Esperanto desperados’est constitué dans le villagealternatif de Chistiania, àCopenhague, récemment évacué.Alternant les styles (ska, reggae,rock) et les inspirations d’origine(Balkans, Espagne, Afrique,Proche-Orient, Europe de l’Est),des chansons populaires en espéranto. FV.

E N F A N T S

Debout les Terriens !Protégeons la planèteGwenaëlle Aznar, JulEd. Albin Michel Jeunesse2004 - 190 p. - 11,90€Ce livre est destiné à inciter lesjeunes à adopter des comporte-ments plus respectueux de l’envi-ronnement. De nombreux trucs etpratiques mis en place par l’asso-ciation nationale Les petitsdébrouillards. Deux pages paridée, avec un rappel du problèmeet ce que l’on peut faire : réduc-tion des produits jetables, adopterla bio, économiser l’eau, l’énergie,limiter sa consommation, etc.Plein de bons conseils. Le livre setermine par cette réflexion : «sivous avez l’impression d’être troppetit pour pouvoir faire quelquechose, pensez à ceci : dormezavec un moustique et voyez lequeldes deux empêche l’autre de dor-mir !». FV.

Planète merJean-Baptiste de PanafieuEd. Gallimard jeunesse2004 - 96 p. - 13€

Dès 9 ans. Très bien illustré, celivre fait un tour assez completde la faune et la flore qui habi-tent les mers, montre le rôle pré-pondérant du littoral, lesinfluences des activités humaines,l’importance des mers sur le cli-mat… Chaque double page pro-pose une action de protection dela mer et dénonce une mauvaisepratique. Il manque quand mêmeune pollution : celle du nucléaire,les rejets de la Cogéma à LaHague dans la Manche polluantjusqu’aux côtes norvégiennes.MB.

SILENCE N°317 Décembre 2004 46

NOUS AVONS ÉGALEMENT REÇULivresn Les placements éthiques, Alternatives économiques, 2004, 192 p. 9€.Cinquième édition, 80 manières de placer son argent. Pour boursicoter intelli-gent ? On y trouve joyeusement présents les fonds éthiques des grandes banquesqui vous proposent de placer dans l’environnement (style Générale des eaux), un fonds «croissance durable» (ça ne s’invente pas !) et autres conneries mélan-gées à des pubs pour les mêmes banques qui financent l’armement, le nucléai-re… cela rappelle le commerce équitable en grande surface ! Dommage pourles quelques initiatives sérieuses noyées dans le grand capital.n La montagne de Lure, Les Alpes de Lumière (04 Forcalquier), 2004, 320 p. 40€. Maquette richement illustrée. Une vingtaine d’auteurs pour faire le tour du patrimoine naturel et humain de la montagne provençale.n La fessée, Olivier Maurel, éd. La Plage (Sète), 2004, 128 p. 12€. Rééditionde ce très bon ouvrage de réflexion sur une approche non-violente de l’éduca-tion. Avec des ajouts provenant du débat sur la première édition. n Calendrier lunaire 2005, 6, rue des Prés-Verts, 39120 Chêne-Bertrand,2004, 116 p. 7,20€. Une première grosse partie sur ce que l’on sait sur l’influence de la lune suivi d’un calendrier sur l’année pour gérer son jardin.n Bien manger, c’est facile et c’est pas triste ! Brigitte Fichaux, éd. des dessins et des mots (29 Bannalec), 2004, 160 p. 15€. Un livre de base pourapprendre à manger correctement, ni trop, ni trop peu, avec des illustrations de Belom.n May Picqueray, éd. Libertaires, 2004, 96 p. 8€. Un petit ouvrage pourdécouvrir l’engagement d’une libertaire à travers le 20e siècle : une tentatived’attentat en 1921, le refus de serrer la main à Trotski en 1922, la lutte auxcôtés de Louis Lecoin, l’animation du Réfractaire dans les années 70, le Larzac,Malville… jusqu’à sa mort à 81 ans. Un beau et fidèle parcours.n Pierres assises, pierres mouvantes, Irène Magnaudeix, éd. Alpes deLumière (04 Forcalquier), 2004, 192 p. 15€. La pierre dans le paysage, pierresdes crêtes et des falaises, pierres qui croulent dans les ravins, pierres deschamps et pierriers, murs de pierres sèches, pierres gravées, stèles.n Cahiers Jacques Ellul, 21 rue Brun, 33800 Bordeaux, 2004, 164 p. 15€.Revue annuelle qui regroupe des textes de diverses personnes ayant écrit sur lapensée de Jacques Ellul et des reprises d’Ellul mises en lumière en fonction del’actualité.n Du mépris au respect mutuel, clefs d’interprétation des enjeux autoch-tones au Québec et au Canada, René Boudreault, éd. Ecosociété (Montréal),2004, 224 p. Si les Québécois s’intéressent beaucoup à leur autonomie vis-à-visdes anglophones canadiens, le sort des peuples autochtones, dominés tout autantpar les uns que les autres est beaucoup plus tabou. Un livre pour mieux com-prendre l’histoire et la situation sociale actuelle des premiers habitants.n Paul Martin, un PDG à la barre, Murray Dobbin, éd. Ecosociété(Montréal), 2004, 262 p. Présentation de l’actuel premier ministre canadien :un libéral qui gère l’Etat comme une entreprise.n Démythifier l’universalité des valeurs américaines, sous la direction deJean Liberman, éd. Parangon (Lyon), 2004, 208 p, 13€. Auteurs français etaméricains s’interrogent sur la réalité des valeurs mises en avant par les USApour justifier leur comportement «exceptionnaliste». Comparaison entre l’histoi-re européenne depuis la révolution française et l’histoire de l’Amérique du Nordmarquée par le massacre des populations indiennes, la guerre pour le maintiende l’esclavage et une constante : la solution violente pour essayer de régler lesproblèmes. Si les textes sont parfois remarquables, l’antiaméricanisme fait quel’impasse est faite sur la situation européenne : quid des deux guerres mondialeset du post-colonialisme actuel ?n Le siècle du féminisme, sous la direction de Eliane Gubin, CatherineJacques, Florence Rochefort, Brigitte Studer, Françoise Thébaud, MichelleZancarini-Fournel, éd. de l’Atelier, 2004, 464 p. 27€. Indéniablement le fémi-nisme a marqué le vingtième siècle, d’abord en Occident puis progressivementdans le monde entier. Différentes formes de féminismes ont émergé, différentesformes de militantisme. Vingt-sept auteurs de dix nationalités différentes font untour d’horizon dans les domaines sociaux, culturels, politiques, institutionnels(manque l’Afrique hors Maghreb). Intéressant travail de Ute Gerhard sur lescontroverses au sein du mouvement (difficulté de l’internationalisme, égalité ou différence).n Médiatiquement correct, François Brune, éd. Parangon, 2004, 120 p. 7€.465 petites phrases en réaction aux slogans publicitaires. C’est forcémentinégal, mais certaines sont délicieuses. De quoi se convaincre que «média =arme de désinformation massive». n Sur les sentiers du Moine de Lure, sous la direction de Claude Martel, éd. Alpes de Lumière (Forcalquier), 2004, 96 p. 11€. Le Moine de Lure est lepseudonyme du fondateur de l’association Alpes de Lumières. Un topoguidepour découvrir les plus belles randonnées dans la montagne de Lure, à l’ouestde Sisteron.n Ecologie et spiritualité, revue Dharma, n°49, 2004, 120 p. 12,20€. Cetterevue bouddhiste s’interroge sur les liens entre les formes de spiritualité et laphilosophie de la nature, le respect de l’autre et la non-violence, l’écologie et les traditions et enfin sur la traduction de ce lien entre spiritualité et écologiedans la société. Cette dernière partie reprend des textes d’Edward Goldsmith,Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi.

Numéros régionaux n 218 Alsace Fessenheim. Projet Alter Alsace. Lutterbach.Imagination au pouvoir. Alsace Nature. Steiner.Bilinguisme . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 272-273 Rhône Croix-Rousse. La Duende. Le Bastringue.Cabiria. La Gryphe. Bioclima tique. RéseauSanté. Radio-Canut. Hommes violents . 6 €

n 285-286 Isère Superphénix. Moulin Guitare. 400 couverts.MNEI. Jardin alpin. Lo Parvi. P’tit vélo. Terrevivante. Encre Rage . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 291-292 AquitaineTerre de Jor. Champ d’action. Démos. Iskatola.Abbadia. Nola-Nohika. Maison des femmes.Azimuts. Boussac. Utopia. . . . . . . . . . 6 €

n 298-299 Franche-Comté Cirque Plume. Eau secours ! TGV. Jardins deCocagne. La Fraternelle. La Batailleuse.Biolopin. Spirale. Pochon magique. MaisonVoisine. Convivialité . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 305-306 Bouches-du-Rhône etVaucluse Cours Julien. Loubatas. Ecoforum. Jardins del’Espérance. Ilotopie. Mille babords, Ballonrouge. CIRA. Longo Maï. GERES. Graines devie. Pic Noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 312-313 Poitou-CharentesLes maisons de Béruges. Défense du maraispoitevin. Kvinpetalo, un centre esperantiste.La Tambouille. Le hameau de la Brousse.Maison du MER 17. . . . . . . . . . . . . 6 €

Autres numéros

n 267 Ecologie, où sont les jeunes ?Forces et faiblesses de la bio. Téléphone por-table. Démogestion. . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 269 Déchets nucléaires à Bure Un autre monde est possible. Développementdurable ou croissance infinie. . . . . . . 3,8 €

n 271 Inégalités dans les SEL ?Politique : naïf, conciliateur, rebelle. BP au Tibet 3,8 €

n 274 Habitat convivial aux USA Bure, enjeu international. La bio au secours de l’eau. René Dumont. . . . . . . . . . . . 4 €

n 277 Land-Art et écologie Noël Mamère. Après 11 septembre. Camions et montagnes. Déchets et industrie . . . . 4 €n 283 Déroutes du voyage Refaire le monde, mais où ? La nourriture, ce produit manufacturé ? Eoliennes . . . 4 €n 284 Jeûner et sortie du nucléaire Développement : de la pauvreté à la misère.Ecovillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 289 Un monde écolo possible ? Croissance des associations. Sud et pesticides.Mauvais garçons . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 290 Ne pas oublier le trainService public et gratuité. Micro-hydraulique.Cosmétiques pseudo-naturels. . . . . . . . 4 €n 294 Enfance en collectif Prostitution. Trucs bioclimatiques . . . . . 4 €

n 300 Nos lecteurs ont du talent 40 pages réalisées par les lecteurs… . . 4 €

n 301 La face cachée des vaccinsCommunauté ? Eoliennes. Indépendance de la Nef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 304 Toujours sexistes ? Société de frugalité. Auto-déstructuration.Nucléaire : secret défense. . . . . . . . . . 4 €n 307 Ecocités Carole Poliquin. Féminisme. Grands corpsd’Etat. Entraide . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 310 Nature politique de l’écologieAgribio et circuits courts. Les trois SEL de lavie. Le jeûne de Louis lecoin . . . . . . . . 4 €n 311 OGM Violence marchandeJeûne sortir du nucléaire. SEL : échec écono-mique, réussite sociale . . . . . . . . . . . . 4 €n 314 Le réseau REPASCroissance/décroissance. SEL : de la monnaieau temps comme mode d’échange . . . . 4 €n 315 Décroissance et non-violenceTransport fluvial. Les restes du festin. OGM :faucheurs volontaires . . . . . . . . . . . . 4 €n 316 Réflexions fêtesVivre sans nucléaire : après le jeûne. Nord/Sud :les prix du sang. Agriculture bio . . . . . 4 €

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N° de commission paritaire : 64946N°ISSN 0756-2640Date de parution : 4e trimestre 2004Tirage : 7 500 ex

Editeur : Association SilencePrésident : Xavier SérédineVice-président : Jacques CaclinTrésorière : Myriam CognardSecrétaire : Madeleine Nutchey

RÉALISATION DE LA REVUEDirectrice de publication :Madeleine Nutchey Secrétaires de rédaction :Michel Bernard et Michel Jarru Gestion et abonnements : Michel Jarru Maquette et publicité : Patrice Farine Stands, salons et fêtes : Dorothée Fessler Rédaction :Michel Bernard, AlexandreEsteban, Dorothée Fessler, Alain-Claude Galtié,René Hamm, Madeleine Nutchey, JocelynPeyret, Sylviane Poulenard, MimmoPucciarelli, Francis Vergier Conseillers scientifiques : Roger Bernard,Richard Grantham, Jacques Grinevald,Henri Persat, André Picot Dessinateurs : Altho, Lasserpe, Mahlen Correcteurs : Raymond Vignal, Françoise Weité Expédi tion : Christiane Bessenay, MélanieCombes, Claude Crotet, Christian David,Olivier David, Marguerite Descamps, PaulGarde, Dolores Gracia, Cécile Imbert,Céline Kerdat, Vincent Martin, PauletteMazoyer, Patricia Michel, Sylviane Michel,Mélissa Nayral, Reine Rosset, BertrandRoussel, Myriam Travostino.Ont participé à ce numéro : MoriceBénin, Antoine Calanda, Jean-Louis Gaby,Yaakov Garb, Daniel Lapon, BertrandLiatard, Elisa Peter, François Schneider,Jacques Vecker.Photo de couverture : Emmanuel Rioufol1 D - Photo.

Silence diffuse des ouvrages par correspondance.

Envoi du catalogue contre une enveloppe timbrée.

n Annuaire de la presse alternative, édition 2004, 8 pages, plus de 400 adresses, 4 € (port compris)

R O M A N S

La ClarisseDavid DumortierEd. Cheyne (Haute-Loire)2002 - 48 p. - 12,50€

Clarisse est une petite fille dehuit ans qui inspire ici toute unesérie poétique de petites histoiresliées à la découverte de la vie parcette petite femme. En petitestouches, de brefs instants de vie.Agréable. FV.

Le sang du mondeCatherine ClémentEd. Seuil2004 - 340 p. - 19€

A priori, un gros roman écolo,écrit dans une écriture efficace. Apriori… Ce livre se veut la suitedu «Voyage de Théo», un romande 1999 où le jeune Théo décou-vrait les religions du monde et quis’est vendu à des millions d’exem-plaires dans le monde. Cette fois,Théo retrouve sa tante dépressiveen Inde, en compagnie d’un psy ettous trois vont voyager pour queThéo prépare des dossiers pourentrer dans une ONG écolo. Entrela tante, ancienne de 68, le jeuneThéo et le psy indien, quelquesbons échanges de point de vueorient-occident, jeune-vieux.Après un tour du monde en avion(ce qui n’est déjà pas écolo), onen arrive au dossier sur lenucléaire : là, dommage, le psyindien est parti, il n’y a plusd’écolo avec qui discuter et fina-lement ce sont seulement lesreprésentants d’Areva et d’EDFqui ont la parole, posant les ques-tions et donnant leurs réponses.Et la conclusion est évidemmentque le nucléaire est un problèmemineur, qu’il faut accepter pourlutter contre le réchauffement cli-matique puisqu’il est «propre».Lamentable. Soit l’auteure esttrès naïve et s’est fait embobinerpar les nucléocrates, soit, et ce neserait pas une première, il s’agitd’une commande venant directe-ment d’EDF, pour profiter du suc-cès du livre précédent. Ce quin’est pas invraisemblable quandon retrouve le directeur de l’envi-ronnement EDF dans les remer-ciements. On peut se rappeler unprécédent : «Comme un vold’aigles» le roman de Ken Folletécrit à la gloire du milliardaireRoss Perrot, ex-candidat aux pré-sidentielles aux USA en 1992.MB.

Barouf encampagneJean KergristEd. Des dessins et des mots(29380 Bannalec)2004 - 120 p. - 13€

Jean Kergrist, clown et conteur,nous propose là quelques contescontemporains associant les spé-cialités bretonnes : l’éleveur decochons, le préfet et les céliba-taires. Humour populaire, plutôttendre que cruel. FV.

B A N D E S D E S S I N É E S

TortureblanchePhilippe SquarzoniEd. Les Requins marteaux(Albi)2004 - 90 p. - 14€

Après le succès des deux tomessur l’altermondialisationGarduano en temps de paix etZapata en temps de guerre,Philippe Squarzoni poursuit, sousforme d’essai en bandes-dessi-nées, avec le conflit israélo-pales-tinien. Il a fait partie, avec desmilitants d’ATTAC-Rhône, de la 41e mission de protection dupeuple palestinien en décembre2002 et janvier 2003. Commedans les deux précédentsouvrages, il alterne reportagessur le terrain et réflexions dugroupe. Rappelant la dimensionpolitique du conflit masquée biensouvent par de fausses considéra-tions religieuses, il témoigne de la vie au quotidien des villagespalestiniens, isolés par les forcesarmées israéliennes, parfoisdétruits. Il dénonce la pseudo-égalité qui consiste à renvoyer lesadversaires dos-à-dos, rappelantqu’il y a bien un occupant, avecd’énormes moyens militaires, et un peuple occupé viré

de ses terres : il s’agit bien d’uneguerre coloniale. Quelques pagesd’analyses un peu trop statique(uniquement le portrait de celuiqui parle, on gagnerait à avoirdes images et une voix off), maisdans l’ensemble un excellenttémoignage sur un conflit quin’en finit pas. Déjà deux foisnominés pour le prix Tournesol(prix écolo du festivald’Angoulême), il ne devrait encore cette fois ne pas en être loin. MB.

MisterPresidentClarkeEd. Lombard2004 - 48 p. - 9,45€

Il existe, par-delà lesocéans, un pays mer-veilleux. C’est le paradis de lalibre entreprise et le territoire leplus armé du monde. Elu démo-cratiquement par les PDG descompagnies pétrolières, unhomme personnifie cette terred’opportunités : c’est lePrésident. En pleine campagneélectorale américaine, Clarke,avec son humour dévastateur,trace un portrait d’un présidentinfantile et manipulé. Mélangedes défauts des dirigeants d’unpays bien réel, on y croise uneMonica qui fait scandale, dessuperhéros, des services secrets,et des stars de l’Eglise de scien-tologie. Un petit régal. MB.

SILENCE N°317 Décembre 2004 48

Cyclopolis, ville nouvelleBenoît Lambert Ed. Georg (Suisse)2004 - 285 p. - 29€

Cyclopolis est une contribution à une mise en place d’une urbani-sation et d’une mobilité douce,dans les cités, dont les vélosseraient «l’étalon».Après un historique expliquantpourquoi et comment la voiture a pris une place prépondérantedans l’urbanisation des villes du20e siècle, l’auteur requiert uneautre conception des aménage-ments urbain où la voiture n’auraitplus une place hégémonique.Face à cette suprématie, de nom-breux groupes se sont constituésces trente dernières années, dontles principales revendications sontle droit à se déplacer autrement enville et le développement d’espacespour la bicyclette dans la cité. Tout une partie du livre estd’ailleurs consacré à ces mouvements cyclo-écologistes, hétéroclites,mais omniprésent dans les agglomérations. De même, de nombreuses personnes (Appleyard, Mumford, Illich), ontréfléchi à une utilisation de la voirie par des véhicules plus conviviaux(tramways, vélos), à une vision d’ensemble où le piéton retrouve saplace légitime, afin de redonner un sens et une humanisation à la villeet à ses périphéries.Du réseau ville sans voiture à la création du congrès pour un nouvelurbanisme, en passant par le modèle de Karlsruhe en Allemagne ou de Copenhague au Pays-Bas, ou par des manifestations, plus ou moinstape à l’œil, comme Paris-plage, les exemples ne manquent pas pourattester d’une volonté d’accroître ces cyclopoles que l’auteur appellede ses vœux. C’est un des premiers ouvrages à traiter de l’urbanismepost-automobile et il devrait faire date. MJ.

L E L I V R E D U M O I SLivres