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Un film réalisé par Julie Allione VIRIL . E . S

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Un film réalisé par Julie AllioneVIRIL.E.S

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SÉANCE ON DEMANDProposer Viril.e.s en « Séance On Demand » est une nouvelle offre que JHR Films le distributeur a décidé d’inventer pour proposer une alternative au mode de distribution classique et pour pallier aux embouteillages et au turn over des films chaque semaine dans les salles. Plutôt que de proposer une énième sortie en salle d’un documentaire dans le paysage saturé de l’exploitation cinématographique, le film est présenté en festivals et mis à disposition des salles de cinéma qui peuvent s’en emparer à la demande en fonction des thématiques de leurs programmations et des séances mises en place de façon construite et positive. L’idée est de repenser la distribution et la programmation indépendantes qui s’essouffle de jour en jour agressée par la violence du Marché…

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Un film réalisé par Julie Allione

72min / DCP / Couleur / France / 1.77 / 5.1 / 2018

Andolfi et JHR Films présentent

DistributionJHR Films09 50 45 03 [email protected]

PresseMakna PresseChloé Lorenzi01 42 77 00 [email protected]

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JULIE ALLIONE

Après avoir grandi entre le continent et le village comme beaucoup d’enfants de la diaspora corse, elle intègre en 1998 la fac de Paris VII où sont enseignées les premières gender studies. En 2001, la Corse lui manque et elle quitte Paris pour être directrice de cas-ting à Bastia. En 2017 sort Lutte jeunesse, documen-taire compilant les entretiens qu’elle a menés auprès de la jeunesse insulaire pour le casting sauvage d’Une vie violente de Thierry de Peretti.

Viril.e.s est son premier film en tant que réalisatrice.

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SYNOPSIS

Viril.e.s est une invitation à penser – sur un territoire donné, la Corse – le mythe du féminin et celui de la virilité. Dans Viril.e.s, il y a des hommes virils, des femmes qui aiment ça, des jeunes filles revoltées, des garçons qui roulent des mécaniques, et plein de gens qui se posent des questions.

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EN CORSE, DANS LA FABRIQUE DU GENRE

« Sè tu si una vera corsa, tu dois avoir deux qualités, nentre lu core e mica in borsa, la pudeur et la dignité », chante Charles Rocchi ! La vraie femme corse pourrait donc se définir en deux mots ? Comment être une femme, comment se comporter en homme, et quelles valeurs, quelles vertus, pensez-vous qu’il faille y mettre ?

Comment se construit et à quoi ressemble l’identité de genre en Corse ? C’est une question à laquelle on ne peut pas répondre par des généralités. C’est une question qui n’appelle que des réponses individuelles et fluctuantes. C’est une question que j’ai voulu aller déplier avec les Corses eux-mêmes ; discuter à propos d’éducation, de modèles auxquels on s’identifie et d’injonctions à être qui entravent ou auxquelles on adhère sans réserve. Parler des rapports de séduction ou de domination, des fraternités où l’on chasse, boit, chante ou prie, des filles qui sont des garçons manqués, de liberté et de violences. Écouter ce qui se dit autant que ce qui ne se

dit pas ; non pas parce que c’est tu mais parce que cela va sans dire, qu’il n’y a rien à en dire, parce que c’est normal...

Toutes sortes de gens défilent devant ma caméra, sur le canapé du salon, dans la cuisine autour d’un café, après une partie de foot sur le banc du village ; je vais chercher la parole intime, par petits groupes (1 à 3 personnes) et réfléchir avec eux à la notion de genre, d’égalité des sexes, de non binarité... Ils sont vieux ou jeunes, ruraux ou urbains, ils n’ont jamais quitté le village ou vivent dans une capitale, ils sont dupes ou conscients, pour ou contre. En revanche, ils sont tous corses.

À l’origine du projetDepuis les années 2000, je suis directrice de casting en Corse et sur le continent. J’ai travaillé en casting classique ou sauvage, à partir d’un dispositif que j’ai imaginé au fil de ma pratique et qui consiste à rencontrer d’abord les comédiens amateurs en groupes pour les faire parler d’eux, de leur intimité.

À force de discussions, il est devenu de plus en plus difficile de ne pas orienter mes questions vers celle qui me semble être à la source de toutes : celle de la construction du genre.

En 2016, Thierry de Peretti m’a demandé de faire le casting du film Une vie violente (dont le sous-titre pourrait être « Des ravages de l’injonction à la virilité dans une petite île méditerranéenne »). Les entretiens se sont avérés si passionnants que nous les avons montés en un documentaire (Lutte Jeunesse) qui a suscité un grand intérêt partout où il a circulé. Cet intérêt ne tient pas à la qualité des images – c’est un matériau de travail brut – mais à la qualité des paroles. Des Corses sont interrogés, entre eux, sur leur histoire commune, sur la violence et sur le rapport à l’engagement. Et ce qui étonne le plus, c’est à la fois la liberté de parole, et combien cette parole est construite et consciente.

Il s’avère que si cette parole est aussi libre c’est parce qu’elle est intime. Parce que nous parlons entre nous, de nous. Parce que – l’un l’a énoncé en sortant d’entretien – si ces questions sont posées par quelqu’un qui n’est pas Corse, on se sent obligé de tenir un discours didactique et formaté, et puis on se méfie des malentendus. Bref, la parole n’est pas libre, et si on est entre amis, on ne se pose jamais ces questions-là. Cela n’arrive pas que quelqu’un de chez nous nous pousse à nous interroger sur nous-mêmes. Le public a

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aimé entendre parler des Corses sans le filtre des préjugés, des Corses qui pouvaient leur parler sans démonstration de singularité ou d’excuses pour leur brutalité archaïque.

Mon père est d’origine italo-polonaise et ma mère est corse. Née à Marseille, élevée à Bastia puis étudiante à Aix et finalement mère à Nice. La Corse – sorte de terre promise –, elle y est retournée quand j’avais 16 ans. Moi j’y passais de plus en plus de temps. Jusqu’à l’obsession. Jusqu’à, un beau matin, quitter mon CDI « d’assistante-de-prod’ dans une boite-de-com’ » parisienne et prendre un aller simple pour Bastia. J’avais 26 ans et la sensation de – enfin – rentrer chez moi. Pourtant, en arrivant, j’ai très vite réalisé le décalage en matière d’éducation : j’avais grandi dans une grande ville du continent et non pas dans une petite cité insulaire.

Mais ce n’était pas la seule différence. J’avais grandi avec un modèle d’organisation sociale sensiblement différent, et je me suis vite rendu compte, par une multitude de petits détails, que mon comportement était en décalage avec ce qu’on attendait de moi. Que si j’étais drôle l’été au village, je pouvais être inappropriée dès septembre à Bastia, et que ce qui m’était le plus étrange(r), c’était

les rapports entre les sexes. Les sociétés occidentales se sont organisées autour d’une répartition genrée des rôles : un sexe fort, un sexe faible, et l’obligation de coller aux semblants de l’un ou de l’autre.

Cette organisation, qu’on appelle patriarcat, mute en fonction des époques et des lieux, et connait des différences sensibles entre le Nord et le Sud, entre la ville et la campagne, entre les îles et les continents. Entre Nice et Bastia, il y avait plus de différences que je l’avais imaginé.

“La Corse est la patrie des clichés. On les subit autant qu’on les crée.”

La société corse est doublement ambivalente, censée être un matriarcat rempli de machos, on s’y sent en sécurité quand les hommes s’y entretuent. Je n’ai pas l’ambition ni la vocation d’arbitrer ces paradoxes. Je ne saurais établir une sociologie de la guerre des sexes en Corse ni faire un pamphlet en faveur d’un cliché plutôt qu’un autre. Ce que je souhaite c’est regarder le tricotage de la fabrication des genres dans cette île qui a

en partie fabriqué mon identité. Ce que je souhaite, c’est faire un film, non pas sur la libération des femmes de l’oppression virile, mais sur la fabrique des identités genrées en Corse. Si le dossier que le magazine corse Settimana a consacré au sujet des violences faites aux femmes en décembre 2017 montre bien combien la Corse est concernée par ce sujet, les réactions stupéfaites à l’annonce de la mort de Savannah Torrenti, en mai 2016, ou de Julie Douib, en mars 2019, montrent combien les Corses se croient épargnés par ces violences (« pas chez nous ! »).

La Corse est la patrie des clichés. On les subit autant qu’on les crée, on les nourrit autant qu’on les récuse, on se complait parfois dans cette espèce d’auto-fiction, mais dans tous les cas, ils sont partie indissociable de notre construction identitaire : on se construit aussi à partir de ce que l’Autre dit de nous. Dans un cercle proche, il s’agit des parents, des profs, des amis et voisins ; dans un horizon plus lointain, il s’agit des médias, de la fiction. On est plus ou moins dupes de ces discours, de ces clichés en tant qu’éléments de construction, mais on fait avec.

La littérature et la fiction sont très dissertes sur la violence en Corse. Thierry de Peretti,

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Jérôme Ferrari, Marcu Biancarelli, Pierre Leccia, Ange Leccia... pour ne citer qu’eux. Tous montrent ce que j’interprète comme le résultat d’une éducation ultra genrée. Moi, je voudrais parler de cette éducation. Celle de la famille, mais aussi du village, de l’école, des médias, de « ce que l’on dit de nous ».

Une éducation où les garçons doivent faire avec le mythe du voyou, de l’argent facile, de la virilité méditerranéenne ; mais aussi avec la fiction d’une série de codes supposément corses – codes virils s’il en est – de courage, d’honneur, de sang chaud et finalement de violence. Une éducation où les filles ont pour totem une jeune femme cloitrée au village, avide de vengeance et plus virile encore que son frère (un peu dévirilisé par le continent, soit dit en passant). Une éducation où ils payent pour elles, et où elles affichent à coup de sacs à main hors de prix la puissance des hommes de leurs clans. Une éducation où les femmes sont craintes et respectées, où elles n’ont pas peur dans la rue mais où leurs désirs sexuels sont tabous.

Comment fait-on pour se construire en étant confronté à des images aussi puissantes ? Quel est le bidouillage de chacun.e face à

ça ? Quels chemins pour la féminité et pour la masculinité, dans et hors des sentiers battus ?Ces questions-là intéressent les Corses comme un miroir que l’on se tend, mais en dehors de l’île aussi, non pas seulement la diaspora, non pas seulement parce que la Corse est exotique ou à la mode ou que sais-je, mais parce que ces questions sociétales, cette – parfois violente – remise en cause du patriarcat, nous concernent tou.te.s.

À la recherche de l’intimeViril·e·s est un film d’entretiens et uniquement d’entretiens. Je crois en la force des paroles, au charisme des intervenants et ne veux pas édulcorer le tout avec des images d’illustration. Il s’avère que le propos s’y prête : quoi de plus intime que la construction de sa propre identité, puisque c’est de cela qu’il s’agit. J’ai d’abord eu envie de faire des images de vie. Filmer mes protagonistes lors d’un pique-nique ou des jeunes sur la plage en train de faire des plongeons ou un moment de comptoir. Mais finalement, pour montrer quoi ? Comment se comportent les hommes ? Quelles sont les attitudes féminines ? Quelles images de vie pourraient illustrer cela qui ne soient

un jugement de la part du filmeur ? Ce serait aller à l’encontre même du projet, ce serait comme des images subliminales qui serviraient à souligner un prérequis que je ferais semblant de ne pas annoncer. Parce que la réalité est plus subtile, plus nuancée que ce que je pourrais en capter en quelques images.

Je crois aussi en ce dispositif parce qu’une heure de paroles environ, c’est beaucoup et peu à la fois et que les expériences sont suffisamment nombreuses et particulières pour qu’on n’en fasse jamais le tour. Les silences, les rires et les hésitations sont la respiration du film. Léa Masson et moi avons travaillé à un montage qui voulait permettre à ce « mille-feuilles » de n’être pas un train composé de wagons aléatoires, ou une accumulation à la manière d’un catalogue, mais bien au contraire nous avons voulu tisser des fils et des échos dans la complexité de cette question du genre en Corse. Pour que les paroles de l’un, mises en regard des hésitations d’un autre, précédées de l’anecdote d’un troisième, finisse par nous montrer, par ce bout d’humanité, comment font les autres. Parce que finalement, la littérature et le cinéma ne parlent que de ça !

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FICHE TECHNIQUE & ARTISTIQUERéalisation Julie AllioneImage et son Julie AllioneMontage Léa MassonProducteur Arnaud DommercProduction AndolfiDistribution JHR Films

Avec le soutien de la collectivité de Corse

PRIXPrix KLM du public du meilleur film documentaire Rencontres cinématographiques In&Out,Nice, 25-30 juin 2019, France

FESTIVALSFestival du film de fesses Paris, 27-30 juin 2019, France

Festival du film de Lama 27 juillet - 2 août 2019, France