Violences à l’école: Quelles politiques de prévention?

Benoît Galand

Conseil Supérieur de la Santé

Journée d’étude : « Jeunes en eaux troubles? »

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Plan

1. Quel est le problème ?

2. Quel est le rôle de l’école dans ce problème ?

3. Que peut-on faire face à ce problème ?

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1. Quel est le problème ?

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Différentes formes de violence… • Indiscipline, non respect des règles scolaires

– absentéisme, passivité, déplacement intempestif, bavardage, niveau de langage inapproprié, écart à la norme vestimentaire, contestation d'une décision scolaire (note, sanction), etc. (Debarbieux, 1999).

• Harcèlement, brimades, intimidations – = actions négatives dirigées intentionnellement et de manière

répétée vers une personne perçue comme moins à même de se défendre (Jimerson, Swearer, & Espelage, 2009)

– peut combiner dans des proportions variables, par ordre de prévalence, des atteintes verbales (ex. : moquerie, insulte), des atteintes relationnelles (ex. : rejet, exclusion), des atteintes contre les biens et/ou des atteintes physiques (ex. : bousculade).

• Vols et dégradation de biens• Agressions aigües

– Coups et blessures, menaces avec armes, vols avec violence, attouchements sexuels, … (Galand et al., 2004).

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… de fréquence inégale

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Conséquences des violences scolaires (Cornell & Mayer, 2010)

Incidents disciplinaires répétés perturbent l'enseignement et réduisent les opportunités

d'apprentissage des élèves réduisent la satisfaction et la motivation professionnelle des

enseignants Transgressions répétées

réactions négatives, escalade des sanctions, répercussions sur la motivation et les résultats scolaires

Victimes de harcèlement détresse psychologique : dépression, anxiété, sentiment de

solitude, voire tentative de suicide; absentéisme Auteurs de brimades

vécu scolaire négatif, risque d’évolution vers d’autres conduites à risque

Agressions répétées dans la durée et dans plusieurs milieux de vie échec scolaire et délinquance

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2. Quel est le rôle de l’école dans ce problème ?

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In Walker & Shinn, 2002, p. 7-8

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Un effet de l’école ?

• La plupart des auteurs de « violence » sont internes aux écoles. – Adopter un comportement problématique à l'école n'est pas

nécessairement lié à un comportement similaire en dehors de l'école (Baldry & Farrington, 2000).

• Études de cas et monographies d’écoles– élèves qui changent d’enseignant/d’école – écoles qui changent de direction/d’équipe (Viaud, 2005)

• Enquêtes sur les différences entre écoles/classes – sentiment d’insécurité, victimisation, harcèlement entre élèves,

problèmes de disciplines, absentéisme, consommation de drogues, … – Liées à des facteurs structurels (taille, retard scolaire, pauvreté) +

organisationnels et pédagogiques (Galand, 2009)• Comparaison internationale

– Le niveau de violence à l’école dans un pays n’est pas lié au niveau global de criminalité, mais bien au degré d’inégalité de résultats entre élèves, mais (Akiba et al., 2002).

• Évaluations de programmes d’intervention en milieu scolaire

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Évaluations de programmes d’intervention en milieu scolaire

• Diminution des comportements violents plutôt que prévention de leur apparition (Wilson et al., 2003).

• Effets plus marqués sur indiscipline et harcèlement que sur agressions aigües (Wilson et al., 2001).

• Rôle médiateur de l’expérience scolaire : – exposition aux violences scolaires, affiliation avec des pairs,

perception du climat scolaire, qualité des relations avec les enseignants, attitudes vis-à-vis de l’école, rendement scolaire (Gottfredson, 2001).

Double effet : Réduction de la fréquence des incidents Meilleure gestion des incidents

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3. Que peut-on faire face à ce problème ?

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Prévenir et gérer les violences Trois axes d'intervention

complémentaires (Galand, 2011; Osher et al., 2010) : A. La régulation des activités d'apprentissage

B. La gestion de la discipline

C. La formation aux compétences sociales et émotionnelles

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A. La régulation des activités d'apprentissage

• Travailler sur les contenus et les modalités d’enseignement pour avoir une action préventive – mettre en place des activités qui mobilisent l'énergie

des élèves sur l'apprentissage ;– (re)mettre les élèves au travail par des interventions

discrètes plutôt que recourir à des punitions ; – minimiser les interruptions ou les moments de

flottements.

• Objectif = détourner les élèves d'autres types de comportement et réduire les occasions de frictions

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B. La gestion de la discipline

• Rendre plus explicite et accessible ce qui est attendu, en mettant en avant les comportements positifs des élèves – petit nombre de règles formulées positivement – explicitation et enseignement des comportements attendus – attention partagée portée au respect de ces règles et attentes – réaction consistante en cas de violation des règles, en évitant

les punitions lourdes – emploi d'une vaste gamme de renforcements positifs pour les

comportements attendus

• Objectif = favoriser l’adhésion aux comportements attendus (légitimité)

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C. La formation aux compétences sociales et émotionnelles

• Développer chez les élèves des compétences qui favorisent les acquisitions scolaires, l'adaptation sociale et la santé mentale (ex.: connaissance de soi, affirmation de soi, régulation émotionnelle, empathie, résolution de conflit, comportements prosociaux) – curriculum précis – moments planifiés dans la durée – opportunités de pratiquer ces compétences + rétroactions aux

élèves – attention portée à la qualité des relations enseignants-élèves

• Objectif = développer chez les élèves des alternatives socialement plus acceptables que le recours à la violence.

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Développer la prévention en milieu scolaire (Hoagwood & Johnson, 2003)

• Comprendre et travailler avec les caractéristiques structurelles des écoles – Les écoles ont la charge de tous les élèves, pas uniquement

ceux qui ont des problèmes. – La préoccupation principale des écoles est l’enseignement.– Prendre en compte les conditions socio-économiques des

élèves. • Se préoccuper des adultes qui interagissent avec les

élèves à l’école – La plupart de changements à l’école dépendent pleinement des

personnes qui y travaillent. – Les bonnes intentions ne suffisent pas si l’on ne sent pas

capables de les réaliser. – Les acteurs de changements ont besoin de préparation et de

soutien.

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Passer de l’intervention à l’accompagnement (Elis et al., 2003)

• Une intervention est rarement mise ne œuvre comme prévu. Les conditions d’implémentation sont le facteur clé (plutôt que le type d’intervention). Il ne suffit pas de transposer une intervention qui a été efficace ailleurs.

• Expliciter les processus d’apprentissage et d’action sur lesquels on est censé agir.

• Mettre en place ou développer : capacités de management, collaboration et appropriation locale, planning détaillé mais flexible, gestion des ressources financières et humaines.

• Éclaircir les liens entre apprentissages socio-émotionnels et apprentissages cognitifs.

• Partir des compétences des élèves et les promouvoir à travers des contextes et des interactions « habituelles ».

• Équilibre entre expansion de pratiques jugées « aidantes » et exploration de nouvelles pratiques « prometteuses »

• Dégager des ressources (temps, lieu, etc.) pour apprendre de sa pratiques et collectiviser les connaissances nécessaires à l’innovation

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Des défis à relever

• Comment aider les enseignants à bâtir de la cohérence à travers une diversité d’outils ?

• Comment accompagner les équipes pédagogiques dans la durée ?

• Comment mieux coordonner les actions de différents intervenants « extra-scolaires »?

• Comment soutenir le développement professionnel de ces intervenants ?

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Plus d’information sur www.uclouvain.be/violence-ecole.html