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Vignes et Territoires Paysages du Cahors Direction Départementale des Territoires du Lot décembre 2011

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Vignes et TerritoiresPaysages du Cahors

Direction Départementale

des Territoires du Lot

décembre 2011

remerciementsparticuliers pour leurcontribution à :

Evelyne Da PiedadeArchivesdépartementales du Lot

Arnaldo Dimanisyndicat de défense del'AOC Cahors

Francis LaffargueElisabeth BesnardAssociationd'expérimentation Fermedépartementaled'Anglars­Juillac

Claudie ArteroDREAL Midi­Pyrénéesinspectrice des sites

Catherine Soula­EspiassePaysagiste­conseil del'Etat dans le Lot

Guy VergneLisette BarrauDDT du LotService EconomieAgricole

Michel LigonieDDT du LotUnité de l'information etdes données territoriales

Jean­Michel Rivièrepour la mise à dispositionde sa collection de cartespostales anciennes

Michel Chambonpour la mise à dispositionde sa collectiond'étiquettes de bouteillesde vin

et à tous ceux qui nousont apporté aide etsoutien

Vignes et TerritoiresPaysages du Cahors

Étude réalisée par

la Direction Départementale des Territoires du Lot

Directeur

Alain TOULLEC

Chef du Service Prospective et Politiques de Développement Durable

Patrick MORI

L'équipe d'étude :

Alain HATTERLEY

Sébastien TRUQUET

Sommaire

introduction 2

courte histoire de paysages 3

la folie de la vigne 5

l'après phylloxera 8

paysages lithiques 12

arbres pluriels et singuliers 17

la renaissance du Cahors 21

terroirs et paysages 24

mises en scène 34

vigne et ville 39

regards 45

paysages 2040 51

à propos du Cahors 56

glossaire 59

sources 61

IntroductionLe vignoble de l'AOC Cahors se développe autour de la vallée du Lotdepuis les abords de l'agglomération de Cahors (Arcambal étant lacommune la plus orientale de l'aire AOC) jusqu'à la limite entre Lot et Lot­et­Garonne. Avec 45 communes dans l'aire AOC, c'est donc une grandepartie du sud­ouest du Lot qui est terroir potentiel de production.

D'un point de vue de l'armature territoriale, cette partie aval de la moyennevallée du Lot est structurée autour d'une succession de bourgs et villages.La densité de population y est plus forte qu'ailleurs dans le département.

La problématique au centre de cette étude nait de deux constats principaux :

• La viticulture est reconnue comme une filière agricole à haute valeur ajoutée et àhaute valeur d'image pour les territoires. Il s'agit aussi d'une pratique agricole, quiavec la professionnalisation, tend à devenir une spécialisation exclusive pourbeaucoup d'exploitations. Ces dernières années sont marquées par une conjoncturedifficile (mévente du vin) dans un contexte où attentes des consommateurs etéconomie mondiale évoluent. Pour autant s'agit­il d'une crise conjoncturelle cycliqueou d'une crise plus profonde ? Quels sont les effets territoriaux de ce contexteéconomique et des stratégies développées par les acteurs ?

• Le développement résidentiel dans le Lot est soutenu par l'arrivée de nouvellespopulations depuis des années avec une accélération constatée durant la dernièredécennie. Ce développement prend la forme d'une urbanisation pavillonnaire dontune étude sur la consommation de foncier a montré certains impacts. Cetteconsommation de foncier pour l'urbanisation est notamment très forte dans le secteurdu vignoble du fait de la dynamique de construction d'une part et de la propension àconstruire sur des terrains de grande superficie d'autre part.

Les débats conduits lors de l'élaboration des PLU sont fortement marqués par cesdeux tendances. Les PLU approuvés sont le fruit d'un équilibre instable fait desstratégies des viticulteurs­propriétaires fonciers en fonction de leur état, de leur âge,de leur succession, de leur situation financière, de leurs projets... Ainsi il y aurait lestenants de la protection du vignoble (des projets de zones agricoles protégées * ontmême été un temps évoqués) qui s'opposeraient aux partisans du développementurbain, y compris par arrachage des vignes, ces derniers étant vraisemblablementplus âgés et en voie de cessation d'activité sans perspective de reprise. Entre cesdeux positions peu d'alternatives et en tout cas une absence flagrante de projetglobal pour le territoire.

L'évolution des paysages est le marqueur et le révélateur de ces tensions et de lacarence de projet collectif. Or ce sont ces mêmes paysages que les acteurs duterritoire entendent mettre à profit dans différentes stratégies de valorisation duproduit et du pays.

Mais quelles sont réellement ces évolutions de paysages ? Quelles sont les logiqueséconomiques et sociétales qui les commandent ?

Contrairement à ce que nous pensions initialement, le vignoble du Cahors semblen'avoir été qu'assez peu étudié sous l'angle du paysage ; les approcheséconomiques et agronomiques prédominent largement. Nous proposons un angle devue différent pour prendre une certaine distance avec les considérations les pluscourantes.

Les éléments d'études que nous proposons sont de plusieurs ordres : synthèsedocumentaire, mise en perspective de données quantitatives, observatoire,témoignages, fictions prospectives.... Il ne s'agit en aucun cas d'une étudeexhaustive et savante, il s'agit plutôt d'une exploration intuitive, d'une invitation auxdébats sur les transformations en cours et à venir de ce territoire.

Toutes les contributions sont rassemblées autour d'une « Courte histoire depaysages » qui en est le fil conducteur et la synthèse. Nous vous invitons à laparcourir...

* Les mots et expressions soulignés sont explicités dans le glossaire

Vignes etTerritoiresPaysagesdu Cahors

page d'accueil

introduction

courte histoirede paysages

la folie de lavigne

l'aprèsphylloxera

paysageslithiques

arbres plurielset singuliers

la renaissancedu Cahors

terroirs etpaysages

mises en scène

vigne et ville

regards

paysages 2040

à propos duCahors

glossaire

sources

2

« Débarqué en 1868 dequelques plantsramenés desAmériques pard'imprudentshorticulteurs, […]moins bien armé queles Anglais de la guerrede Cent Ans et moinseffrayant que la peste,le phylloxéra vastatrixdévasta tout aussiprofondément leQuercy, qui se retrouvaamputé de la moitié desa population, commejadis au temps destroubles moyenâgeux.Trois ans suffirent pourque sonnât le glas dufier vin noir.[…] Les paysages duQuercy avaient changéde figure, couverts defriches et de ruines.[…] L'amertume nesemblait pas avoirseulement pénétré laboisson, le cœur deshommes aussi étaittouché.»

Isabelle Sabathié dansles Mystères du Lot

Courte histoire de paysages

Le texte ci­contre emprunté à Isabelle Sabathié (dans Les mystères duLot) donnent à voir ce qu'a pu être la crise du Phylloxera dans le vignoblelotois à la fin du XIXème siècle : un désastre économique et social d'unerare violence pour le monde paysan et dont les paysages portent encoreaujourd'hui les stigmates. Suivre l'histoire des paysages du vignoble àpartir de cette époque n'est pas anodin. En effet, cet événement, qui ne futpas le premier des avatars du vin de Cahors, est particulièrementsignifiant des liens entre économie, société et paysage. Le spectre duphylloxera plane toujours sur les coteaux de la vallée du Lot et de sesenvirons. Il prend la forme de restes de murets et de cayrous, de cabaneseffondrées, de hameaux en ruine, de quelques ceps de vigne revenus àl'état sauvage... Il hante l'imaginaire des Lotois et leur donne à rêver lareconquête de la vigne sur les coteaux en friche. Rêve d'une grandeurpassée...

Avant d'être perçu, représenté, idéalisé, le paysage est d'abord un produit,la résultante rationnelle d'une société, d'une économie dans un territoire, àune certaine époque. La rationalité dans laquelle s'inscrit le vignoble dansle Lot au XIXème siècle est celle d'une société rurale en plein essordémographique et économique, qui met en production la majeure partiedu territoire selon le meilleur rapport qu'elle peut escompter des sols. Lavigne va conquérir les coteaux impropres à d'autres cultures. En effet,l'abolition des privilèges pour les vins de Bordeaux offrent aux vins desHaut­Pays une opportunité sans précédent. Pour l’ensemble dudépartement, les surfaces en vigne passent de cinquante mille hectaresen 1850 à quatre­vingt mille hectares en 1878 et cette culture tend àdevenir hégémonique en particulier dans l'arrondissement de Cahors (J.C.Tulet 2003). Le territoire actuel de l'AOC Cahors comptait 22 000 hectaresde vignes avant le Phylloxera soit plus que la Surface Agricole Utiliséeactuelle (18 000 hectares au recensement agricole 2000) et le Lot devientle troisième département viticole français après le Gard et l'Hérault (J.Baudel 1972). En 1890, la moitié des vignes sont détruites par lephylloxera ; les pertes en production dans la vallée du Lot s'élèvent à 90%(J.C. Tulet 2003).

Il semblerait pourtant que si le Phylloxera a abattu pour un temps laproduction de Cahors, les vignes, bien qu'en excessive régression, n'ontpas complètement disparu des paysages lotois. Ainsi la « vigne familiale »se développe à partir de cépages divers et atteint dans les années 1930près de 8 000 hectares pour les 45 communes de l'aire AOC actuelle(rapport d'expertise INAO 1982).

Evidemment l'histoire des vins de Cahors est bien antérieure au XIXème

siècle. Cette histoire ancienne participe à construire le mythe du « vinnoir » : importation de la vigne par les Romains au IIème siècle, introductiondu « black wine of Cahors » à la cour d'Angleterre par Aliénor d'Aquitaine,vin de messe officiel au Palais des Papes en Avignon au XIVème sièclesous Jean XXII, introduction du Cahors à la cour de François Ier parClément Marot, vin des Tsars et vin de messe de l'Eglise orthodoxe enRussie...

De cet héritage séculaire, l'expansion du vignoble au XIXème siècle semble constituerl'apogée. Il en a forgé les paysages emblématiques, dont il reste aujourd'hui demaigres reliques (cayrous et murets). Mais surtout, il a permis de constituer le corpusdu patrimoine architectural associé à la vigne (Chais, maisons vigneronnes, cabanesde vignes). Aujourd'hui, on constate une érosion de ce patrimoine lithique. Cabanesen ruines, murets effondrés, architectures détournées... mais pas seulement : plusglobalement, l'aspect minéral des paysages s'estompe du fait de la conquêtevégétale des terroirs abandonnés.

La première moitié du XXème siècle est une période de transformation sociétaleprofonde. La société paysanne n'est plus le modèle dominant. Le Lot est un espacerural en déprise agricole et démographique. Alors que le XIXème siècle avait façonnédes paysages d'une emprise absolue de l'agriculture, le XXème siècle sera celui d'unetransformation radicale de l'économie et la vie rurales. L'abandon des terroirs lesplus ingrats, la diminution drastique de la main d'œuvre disponible entrainent uninévitable enfrichement dont les boisements d'aujourd'hui sont la résultante. Mais,ironie de l'histoire, les arbres, par bien des aspects, sont devenus des composantesessentielles de nos paysages.

Le projet de relance du vignoble de Cahors dans les années 1950 s'inscrit dans cettenouvelle rationalité, bien différente de celle de la fin du XIXème siècle. Mais l'après­guerre est une période favorable aux initiatives économiques et à l'investissement.La filière viticole se développe en même temps que l'agriculture fait sa révolutiontechnique. La production de vin de qualité est alors perçue comme un potentiel parquelques audacieux. Le projet prend corps autour de la cave coopérative des Côtesd’Olt, créée en 1947 à l’initiative de 146 viticulteurs.

Le machinisme offre une alternative au déficit de main d'œuvre. Logiquement, levignoble se développe sur des terres accessibles aux engins, principalement dans lavallée autour d'un noyau de communes qui constituera le berceau de l'AOC (le« noyau d'élite » ), puis, plus tardivement sur les plateaux.

Deux types de productions coexistent et leurs dynamiques se croisent :

• La vigne paysanne, largement répandue dans tout le Lot (sauf le Ségala) pour laproduction de vin de consommation courante est en constante régression, mais restela production majoritaire jusqu'au tournant des années 80 ;

• Les vignobles d'appellations protégées ont pour objectif la production de vins dequalité. Le Cahors décroche le label AOC en 1971. Il va connaître une expansionspectaculaire, même si parfois il s'agit seulement de convertir d'anciennes vignes parré­encépagement.

Ainsi aux paysages de vignes du Quercy se substituent des paysages de vignes duCahors, c'est à dire des vignes confinées à un territoire restreint du Lot. La spécificitédes paysages du vignoble du Cahors aujourd'hui doit autant au succès du projet del'AOC qu'au déclin de la vigne paysanne.

Une des spécificité de l'AOC Cahors réside dans la diversité de terroirs contrastésretenus pour en constituer l'aire d'assise : les différentes terrasses de la vallée, lesplateaux, les versants. Cette palette de terroirs a pour corollaire un éventail despotentiels de production quant aux rendements escomptés et aux qualités des vins.L'implantation du vignoble aujourd'hui et sa répartition dans l'aire AOC est le fruit desstratégies des viticulteurs pour valoriser ces potentiels.

Vignes etTerritoiresPaysagesdu Cahors

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introduction

courte histoirede paysages

la folie de lavigne

l'aprèsphylloxera

paysageslithiques

arbres plurielset singuliers

la renaissancedu Cahors

terroirs etpaysages

mises en scène

vigne et ville

regards

paysages 2040

à propos duCahors

glossaire

sources

3

« Bacchus aussi, sabonne vigne y planta,Par art subtil surmontagne pierreuse,Rendait liqueurs forteset savoureuses. »Clément Marot

« C'était l'été et le jourétait à peine levé.La chaleur montait etquelques mouchescommençaient àdanser.

Sous un pied de vigneune cigale s'était miseà chanter et cela n'avaitrien à voir avec lechant des autrescigales. Non, ce chantlà c'était uniquementau soleil qu'il étaitdestiné. Elle a chantédurant tout l'étécomme les autrescigales, mais elle, c'estpar amour qu'elle l'afait.

Quand septembre estarrivé, elle étaitépuisée et sa gorgedesséchée. Alors quetout le monde croyaitvoir la pluie revenir, lesoleil a redoubléd'intensité. D'un grainde raisin, une petitegoutte est tombée.Voyant là un gaged'amour, plutôt que dese désaltérer, sur soncœur la cigale a gardéla petite goutte de jusde raisin qui afermenté, fermenté,fermenté.

Au début de l'hiver, cen'est pas l'amour maisl'ivresse qui l'aemporté. Ainsi eurentlieu les premièresvendanges du ClosTroteligotte. »

Légende autour deKprice et Klys

Il résulte de ce contexte géologique, géographique et économique uneproduction de paysages où la vigne tient une place plus ou moinsimportante. Ainsi, le motif récurrent, au grès des méandres de la rivière,des terrasses alluviales largement plantées de vignes s'oppose à l'imagedes plateaux où la vigne apparaît le plus souvent en ilots dispersés telsdes archipels. Mais entre ces deux archétypes le vignoble de Cahors secaractérise par une palette de paysages de laquelle il est difficile d'enretenir ce qui pourrait constituer « l'image emblématique du Cahors ».

Les dynamiques d'occupation du sol par la vigne sous l'effet d'arrachages,en partie induit par la crise de la viticulture, et de plantations de nouvellesparcelles des hautes terrasses, des pieds de coteaux, des plateaux oudes versants sont lentes. La « migration de la vigne », sous entendueentre les basses terrasses de la vallée et les terroirs des hautes terrasseset des coteaux, n'est pas de grande ampleur. La conquête des versantsreste un phénomène marginal, même si elle donne des paysages forts.

Le projet d'AOC est une démarche de territoire, une démarche devalorisation de terroirs correspondant à une spécificité locale. Le territoiredevient logiquement la vitrine du produit. Or, si le projet de l'AOC Cahors aconsisté à développer un vignoble en vue de la production de vins dequalité, la gestion territoriale du projet et notamment sa « mise enpaysage » ne semble pas faire l'objet d'un dessein collectif. A contrario,certains propriétaires­viticulteurs jouent à fond cette carte du « territoire­vitrine » autour des châteaux et domaines. Leurs mises en scène donnentlieu parfois à d'importants investissements de valorisation du patrimoine etde constitution d'un environnement viticole. Parfois ces paysages idéauxet évocateurs relèvent seulement de l'imaginaire lorsqu'ils viennentillustrer l'étiquette sur la bouteille.

Vins et vignobles portent en eux de fortes valeurs culturelles dans nossociétés. De ce fait un vignoble n'est pas anodin, il est connu, situé. Ilbénéficie d'une forte valeur d'image : une image évocatrice (mythe,culture, gastronomie), une pratique agricole pérenne et ordonnancée, unproduit à haute valeur ajoutée qui a permis de faire des fortunes et deproduire un patrimoine bâti. Il existe donc une forte empathie pour lespaysages de vignoble (routes des vins). Ce sont des territoires attractifssur le plan touristique et résidentiel. Le revers de l'attractivité résidentielleest la pression urbaine, qui dans des territoires où l'offre foncière estimportante et le marché peu tendu, peut venir brouiller l'image bucoliquedu vignoble. Dans le vignoble du Cahors, la concurrence foncière entrevignes et urbanisation existe. Les troisièmes terrasses sont recherchéespour la production du vin du fait de la qualité du terroir, mais ellesprésentent aussi des caractéristiques séduisantes pour les maisonsindividuelles. Contrairement à d'autres vignobles (Champagne, Alsace...),les prix des vignes ne sont pas un frein au développement del'urbanisation et la vente de terrains à bâtir reste la meilleure espérancedes propriétaires qui souhaitent valoriser leur capital. De ce faitl'urbanisation se développe en nappe ou par mitage. La maisonindividuelle dans les vignes peut même parfois apparaître comme l'idéalde certains ménages. La cohabitation d'espaces résidentiels et d'espacescultivés est de plus en plus forte et les documents d'urbanisme projettentd'accentuer le phénomène. La détente du marché foncier a été largementalimentée dans les années 2000 par un contexte de crise viticole(mévente du vin), mais aussi par le vieillissement des exploitants, enmême temps que la construction connaissait un apogée.

La vente de terrains agricoles en terrains à bâtir est une pratique courante dansl'espace rural. Cela permet d'assurer un revenu complémentaire ou compenser despertes de revenus. A l'âge de la retraite et sans perspective de reprise del'exploitation, une valorisation partielle du foncier en terrain à bâtir correspondégalement à la gestion la plus rationnelle du point de vue du propriétaire. Enl'absence de projet collectif, ce sont donc les logiques et initiatives individuelles quirestent seules à l'œuvre et qui transforment le territoire et les paysages.

Dans ce déroulé historique, l'époque actuelle constitue certainement le troisièmetemps. Depuis les années 90, un nouveau contexte économique prédomine. C'estcelui de la mondialisation. En tant que produit économique, le vin compose avec unelogique de marché mondialisé, c'est à dire de concurrence accrue entre territoiresproducteurs, mais aussi d'ouverture à de nouveaux territoires consommateurs. Pourles uns, cette concurrence entraine la mévente du produit et génère des crises. Pourd'autres elle pose clairement la question d'un positionnement du produit par rapport àde nouveaux marchés.

Les soubresauts provoqués par ces nouvelles tensions sont aujourd'hui perceptibles.Les territoires (les acteurs) ont à composer avec cette complexité :

• S'intégrer dans les logiques internationales où la globalisation gomme les micro­appartenances locales. On évoque le Malbec d'Argentine, le Cabernet­Sauvignon deCalifornie ou d'Afrique du Sud, la Syrah d'Australie... avec une sorte d'uniformité etune référence aux pays et non plus aux terroirs et aux savoir­faire de vinification desviticulteurs. Quelle visibilité d'un petit vignoble du sud­ouest de la France à cetteéchelle ?

• Se singulariser pour exister. C'est à dire cultiver ses différences et mettre en avantla diversité. C'est la logique des appellations d'origine.

• Anticiper pour répondre aux aspirations émergentes et futures de la société. Unretour vers les marchés de proximité ? La demande en bio ? en productions éthiques? …

A partir des années 2000, soit 30 ans après l'obtention de l'AOC et undéveloppement selon une dynamique exceptionnelle, le Cahors semble dans unephase de « crise de croissance identitaire » (J.C. Tulet 2003). Les choix et stratégiesdéfinies aujourd'hui détermineront pour partie le devenir des territoires et de sespaysages pour les prochaines décennies. Qui aurait imaginé en 1971, avec alors 500hectares de vignes AOC, que le vignoble s'étendrait sur 4 500 hectares 30 ans plustard ? Qu'en sera­t­il dans 30 ans ? Que seront en 2040 les paysages du Cahors ?

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la folie de lavigne

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paysageslithiques

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regards

paysages 2040

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glossaire

sources

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« Il y a 50 ans Albasn'était pas riche mais,depuis, les bois etterres incultes ont étédéfrichés et remplacéspar des vignes qui,lorsqu'elles ont été enplein rapport ontlargement dédommagéle cultivateur ; de tellesorte que jusqu'à cesderniers temps cettecommune était la plusriche du département.»

« Les travers etcoteaux [de Trespoux]qui étaient tous boisésil y a quelques annéesont été transformés ; lavigne a remplacé lesbois, et même unegrande partie desterres labourées a ététransformée en vigne. »

1881 – extrait demonographiesd'instituteurs tirées durapport d'archive de E.BAUX Agriculture et vierurale en Quercy auXIXème siècle ­ 1982

La folie de la vigne1850 ­ 1876

La seconde moitié du XIXème siècle reste une forme d'apogée de la sociétépaysanne caractérisée par son essor économique et démographique. Lespaysages d'aujourd'hui sont encore pour beaucoup construits par lesmarqueurs de cette époque. Pour le Lot, parmi les productions enexpansion (tabac, noix, truffe), la vigne tient une place particulière du faitde son développement exceptionnel. Alors que la viticulture lotoisesemblait aux prises avec les pires difficultés, deux faits majeurs ontradicalement inversés la donne :

• Un édit de Louis XVI de 1776 abolit les privilèges des vins de Bordeauxsur ceux des Hauts­Pays ; mais cette condition seule n'est pas suffisantecar les vins du Languedoc lui font une grande concurrence.

• Autour des années 1850, l'oïdium ravage les vignes françaises,notamment dans le midi et le vignoble lotois est relativement épargné. Encinq ans, de 1850 à 1855 la production française tomba de 45 à 11millions d'hectolitres (E. BAUX – 1982).

C'est une aubaine exceptionnelle que les lotois vont mettre à profit. Pourfaire face aux nouveaux débouchés du vin noir, de vastes programmes deplantations sont engagés dans le sud du Lot (cantons de Luzech, Cahors,Catus, Puy­L'Evêque, puis en amont de Cahors et sur les caussesenvironnants). La vigne se développe principalement sur les coteaux desenvirons de Cahors et de la vallée du Lot, puis sur les plateaux suite à desdéfrichements importants. « Ainsi de médiocres taillis virent leurs prixdécupler » (E. BAUX – 1982). La vigne se répand également en vallée,parfois prenant la place des céréales.

L'emprise de la vigne au XIXème siècle

Parnac

Lors de la constitution ducadastre consulaire au débutdu XIXème siècle, la vigneoccupe la moitié de lasuperficie de la commune deParnac. Elle est présentepartout, avec toutefois uneplus forte concentration surles terrasses occupant lecentre de la commune et surles coteaux au sud.

(A noter toutefois qu'il nes'agit pas là de l'image del'expansion maximale de lavigne à Parnac, celle­ci seraatteinte vraisemblablementdans la seconde moitié duXIXème siècle, avant la crisephylloxérique).

Cahors

Les minutes des cartes d'EtatMajor réalisées entre 1825 et1866 donnent également uneindication de l'occupation dusol. La vigne (tons mauves)occupait massivement lescoteaux autour de Cahors.

Compte­tenu de son étendue, la commune de Cahors devait alors compter parmicelles disposant des plus grandes surfaces de vignes.

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sources

5

Paysage d'Albas au début du XX ème siècle

Même si les cartes postales sont postérieures à la crise phylloxérique,elles donnent tout de même une idée des paysages au tournant du XXème

siècle. Illustration ici avec la commune d'Albas.

La présence des arbres est des plus restreinte (parc du château,cimetière, rares bosquets) et l'agriculture a colonisé tout le territoire, plainecomme coteaux, ceux­ci parfois sous forme de terrasses : paysagesdénudés où seuls le relief et la silhouette du village font écrans auxregards (une austérité apparente rehaussée par la photo noir et blanc).

A ces deux faits de l'histoire s'ajoutent deux éléments de conjoncture qui vont faciliterl'essor rapide de la production viticole.

En premier lieu cette dynamique est rendue possible grâce à une main d'œuvreimportante. Cette période correspond à l'apogée démographique du Lot (autour de295 000 habitants entre 1846 et 1861).

La main d'œuvre est effectivement un élément clé pour l'expansion de la vigne. Dansun premier temps, et notamment avant la montée des prix des vins (périodeantérieure à la crise de l'oïdium), les terres labourables restent réservées auxcultures céréalières. La vigne, quant à elle, se développe sur les sols minces,rocailleux. Cette répartition des culture correspond à une rentabilisation de l'espaceproductif. Ainsi « la terre à vigne est le résultat empirique d'une sélection par défaut »(Réjalot, 2006). La mise en culture des coteaux en particulier nécessite un travailimportant pour adapter l'environnement au vignoble : débroussaillage, épierrement,gestion de la pente et de l'eau, aménagement des chemins. Seule une main d'œuvreabondante et la somme du travail de plusieurs générations a permis de constituer untel ouvrage.

Ces parcelles de vignes sur les coteaux surplombant la vallée du Vert donnent un aperçu du moded'occupation de ce type de terrain dans le courant du XIXème siècle. Les murets et amas de pierretémoignent du long labeur d'épierrement pour la mise en culture des vignes.Aujourd'hui ces témoins de l'histoire sont rares. Partout ailleurs murettes et cayrous s'effacent peu àpeu sous le couvert végétal qui conquiert les versants abandonnés par l'agriculture.

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glossaire

sources

1800 1810 1820 1830 1840 1850 1860 1870 1880 1890

260 000

265 000

270 000

275 000

280 000

285 000

290 000

295 000

300 000

Evolution de la population du Lot de 1801 à 1881source : INSEE - recensements de population

nom

bre

d'h

ab

itan

ts

6

« Par cette mêmegorge, les habitantsdes montagnestrouvèrent de touttemps un accès facile àla rivière. Ilsdescendaient chargésde leurs vins et deleurs céréales querecevaient les patronsdes bateaux pour desdestinations diverseset ils remontaient,emportant le sable, lebois et autresmarchandises arrivéespar eau. »

extrait d'un texte del'abbé Massabié, curé deDouelle, paru en 1880dans le bulletin de lasociété des études duLot (E. Baux 1984)

« L'ouverture deslignes de Bordeaux etd'Agen, dont ladernière a eu lieu le 3aout 1863, a faitdiminuer trèssensiblement lemouvement de lanavigation sur le Lot.[…]

Ajoutons que cettediminution va enaugmentant en 1870 etles années suivantes àcause de l'ouverture dela ligne de Libos àCahors, qui a pour effetde relier les partieshautes et basses de lavallée entre lesquellesse fait l'échange desproduits. »

extrait du rapport del'ingénieur ordinaire du12 juillet 1870

(archivesdépartementales ­E.Baux 1984)

Le second élément de conjoncture a été l'aboutissement des grandstravaux d'aménagement de la rivière Lot en voie navigable (1835­1853).E. Baux situe aux alentours de 1958, l'apogée du trafic fluvial à partir dedocuments d'archives comptabilisant le fret et le trafic. Près de 56 000tonnes de vins sont chargés sur des bateaux entre Mercuès et Aiguillon ettransitent par voie d'eau représentant 20 % du tonnage du fret fluvial (E.Baux, 1984). Or, encore à cette époque, ce sont les voies d'eau fluvialeset maritimes qui commandent les transports et permettent de commercer.« Cet impératif logistique, combiné à la soif des populations d'Europe duNord dépourvue de vignes, confère incontestablement un avantage, unerente de situation à toutes les régions climatiquement aptes à la viticulturecommerciale et disposant d'un débouché fluvial sur l'Atlantique, et de làvers la Manche, la mer du Nord et la Baltique. » (M. Réjalot, 2006). Ilexiste donc un lien intrinsèque entre la rivière, voie navigable, et laplantation des coteaux et de sa vallée en vignes, le patrimoine portuairese situant à l'interface, de ces deux éléments majeurs des paysagesviticoles.

Ces cartes postales du début du XXème siècle, laissent voir ce qu'il subsistede l'activité fluviale pour ce village à cette époque. A l'instar de Douelle, laposition d'Albas à l'interface de la rivière et des coteaux, dont on peutpercevoir les plantations en vignes sur la carte postale ci­dessous, luiconfère une position économique de premier plan.

Le développement des chemins de fer marque la fin programmée de l'utilisation de lavoie d'eau. L'ouverture de la ligne Cahors­Libos en 1870 accélère la désaffection dutransport fluvial en particulier pour le vin (E. Baux, 1984) et offre au vignoble duCahors un débouché plus aisé pour ses produits (régularité, volumes transportés,sécurité, tarifs).

Comme le fret fluvial, le fret ferroviaire a facilité l'expansion du vignoble. De plus,comme en témoigne l'abbé Massabié, curé de Douelle dans les années 1870­1880,de nombreux bateliers se sont reconvertis dans l'agriculture, et en particulier dans laviticulture (E. Baux, 1984), participant ainsi à la fièvre viticole de l'époque avantqu'une nouvelle crise sans précédent fasse échec à cet enthousiasme...

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« L'établissement du chemin de fer dans la vallée du Lot, a frappé la navigation d'un coup mortel. Les bateliers abandonnant l'élément liquide se sont adonnés à l'agriculture avec une activité indicible. Leur territoire a été insuffisant pour satisfaire leur irrésistible ardeur ; ils ont passé la rivière et s'étendent dans toutes les directions, ils ont acquis à gros deniers toutes les terres cultivées ou non cultivées qui ont été mises en vente depuis un grand nombre d'années. »

extrait d'un texte de l'abbé Massabié, curé de Douelle, paru en 1880 dans le bulletin de la société des études du Lot (E. Baux 1984) 7

« Avant l'invasion duphylloxéra, leshabitants les pluspauvres avaient du vinà vendre et leuraisance s'améliorait dejour en jour ; maisdepuis l'apparition decet insecte, les petitsbénéfices se sontarrêtés. » Flaujac 1887

extrait de monographiesd'instituteurs tirées durapport d'archive de E.BAUX Agriculture et vierurale en Quercy auXIXème siècle – 1982

« Filotsera, très copsmauditSiosques tu d'aquelqu'as réduitA l'heure sounco depiqueto ! »

« Phylloxera, trois foismaudit, sois­tu de celuique tu as réduit, à neboire que de lapiquette ! »

Vers de Paul Froment,poète occitan, né en1875 d'une famille devignerons de Floressas

L'après phylloxera1880 ­ 1950

La prospérité du vin de Cahors a été de courte durée, une trentained'années tout au plus. Le Phylloxéra est signalé pour la première fois dansle département du Lot en 1876. « Le vignoble des coteaux fut rapidementdétruit, car aucun des moyens de défense contre le Phylloxéra n'étaitapplicable sur ces terrains pierreux et peu profonds » (P. Quercy, 1906).En un peu plus d'une décennie, le vignoble est décimé :

« De 1876 à 1890, plus de la moitié des vignes sont détruites (Hermet,2000). Dans la vallée du Lot, les pertes en production s’élèvent enmoyenne à 90 %. Les conséquences en sont d’autant plus graves que lessols, en général peu profonds, ne permettaient guère de culture autre quecelle de la vigne. Les parcelles situées sur les coteaux ou sur les versantsabrupts de la vallée sont tout simplement abandonnées. " Dans un payspauvre et accidenté comme le département du Lot où le sol ne se prêted’une manière avantageuse à aucune autre culture, la perte de nos vignesest un malheur immense et irréparable. " (Rey, 1906). Beaucoup, parmiles vignerons sinistrés, ont quitté la région, parfois pour des destinationslointaines. Du fait de la minceur des sols, ou de leur absence, lavégétation a mis longtemps à recoloniser ces friches. Lorsqu’on circulaitencore dans les années 1960 et même 1970 sur les routes de crêtes descollines de la région de Cahors, on observait toujours un paysagedirectement issu du vignoble défunt, avec ses cayrous, ses tas de pierres,les murettes séparant les parcelles les unes des autres, les cabanes, oùl’on remisait quelques outils. À présent les murettes se sont écroulées etla végétation arrive à couvrir une partie de la surface, mais pas partout. »(Tulet, 2003)

Ainsi, les surfaces en vigne vont régresser de façon spectaculaire. En1908, elles sont réduites au quart des surfaces plantées en 1879, près de30 ans plus tôt.

Recul de la vigne et enfrichement

cartes d'après W. Charra (« L'évolution des Causses du Quercy », revue géographique des Pyrénéeset du Sud­Ouest, 1950) in « Agriculture et vie rurale en Quercy au XIXème siècle par Etienne Baux,1982

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Le vignoble au début du XXe siècle

Landes et friches au début du XXe siècle

Le vignoble au début du XIXe siècle

Landes et friches au début du XIXe siècle

8

« Ce n'est certes pas laseule cause de ceteffondrement,[...], maisl'émigrationconsécutive à cettecatastrophe fit duQuercy une provincedésertique et inculte. »

Maurice Faure, dansVigne et Vin, Culte etCulture, 1981

« Il y a un peu plus decent vingt ans, enplace des murseffondrés se tenait unfier hameau d'unequarantaine demaisons. Le lieu étaitprospère, niché prèsdes coteaux rocheuxdont les ceps livraient,chaque automnedepuis des siècles, dequoi rendre la viebonne et heureuse. Leprécieux nectar allaitse vendre, pour lamajeure partie, àCahors, toute proche.Dans les caves voutéesde Toulousque, destonneauximpressionnantsgarantissaient plaisir etvigueur à leurpropriétaire. […] Lemalheur s'invita deforce au village. Onperdit une à une lesparcelles de vignes, lesceps se rétractant,sans vie […] La misèreremplaça l'abondance,les maisons furentabandonnées, souventdétruites. »

Isabelle Sabathié dansles Mystères du Lot

La crise viticole, va être un des facteurs aggravants de la déprisedémographique du Lot. La population du Lot se maintient autour de280 000 habitants jusqu'en 1880 puis chute inexorablement pour passeren dessous des 180 000 habitants au lendemain de la première guerremondiale (recensement de 1921). La baisse se poursuivra ensuite defaçon plus modérée jusqu'au milieu des années 50. Ainsi le Lot est ledépartement français dont la diminution de population entre 1881 et 1921a été la plus forte (­37%).

Un tel bouleversement démographique n'est pas sans conséquence sur lasociété, sur l'économie et donc sur les paysages. La perte d'espérancedes revenus de la terre conduit une partie de la population à migrer pourtrouver d'autres ressources. L'exode rural qui toucha indifféremment tousles espaces ruraux en France semble avoir été amplifié dans le Lot. Lacrise de la viticulture provoquée par le Phylloxéra en est certainement lacause. Rappelons qu'avant l'invasion du parasite, la viticulture dans le Lotconnaissait son âge d'or. Si cette période de prospérité a permis aux plusaisés de s'enrichir, elle a aussi permis aux plus modestes d'accéder à unniveau de vie plus décent. Les familles alors nombreuses pouvaient vivredes revenus de la vigne. On peut former l'hypothèse que cette manneéconomique a permis de maintenir des populations dans le Lot pluslongtemps que dans d'autres espaces ruraux et retarder l'exode rural.Entre 1866 et 1880, la vente du vin rapportait de l'ordre de 28 800 000francs (P. Quercy, 1906). La perte de revenus causée par ledépérissement de la vigne est estimée à 90% en 10 ans (Tulet, 2003). Lareconstitution du vignoble sera longue et laborieuse. En 1906, P. Quercynote qu'il subsiste « 990 hectares d'anciennes vignes françaises plus oumoins dépérissantes et 23 000 hectares de vignes américaines grefféesou d'hybrides producteurs directs. » La valeur totale de la récolte de cetteannée 1906 est alors estimée à 5 902 000 francs. Les familles les plusmodestes sont les plus touchées car elles possèdent de petites surfaces,les terres les plus ingrates et ne disposent pas d'économies suffisantespour dans un premier temps acheter les insecticides pour traiter les sols(sulfure de carbone), puis pour acheter les nouveaux plants. Certainss'obstinèrent à replanter des vignes, d'autres remplacèrent les vignes pardes chênes truffiers (P. Quercy, 1906). La majorité cessèrentprogressivement ou brutalement leur activité. Des coteaux furentabandonnés, des villages et des hameaux périclitèrent, et certainsdisparurent.

1850 1860 1870 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960

140 000

160 000

180 000

200 000

220 000

240 000

260 000

280 000

300 000

320 000

Evolution de la population du Lot de 1851 à 1954source : INSEE - recensements de population

nom

bre

d'h

abita

nts

La disparition du village de ToulousqueVignes etTerritoiresPaysagesdu Cahors

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sources

Le hameau de Toulousque, carte d'état­major, IGN, 1825­1866

Ruines de Toulousque, SCAN25®©IGN2005

Coteaux enfrichés de Toulousque, BDOrtho®©IGN2005

De nombreuses ruines occupent encore aujourd'hui une crête gagnée par le boisement

Les dernières parcelles ouvertes sont conquises progressivement par les arbustes puis par les arbres

Les amas de pierre sous forme de murets et cayrous témoignent de la mise en culture passée 9

« La plantation deschênes truffiers,comme lareconstitution duvignoble, ont été lenteset même hésitantes.L'élan est maintenantdonné et tout faitespérer qu'on reverrales coteaux en tropgrande partie dénudés,reverdir encore, enmême temps que lepays retrouveral'aisance qu'il a connuavant l'invasion dufléau phylloxérique. »

P. Quercy, 1906

Pour autant, malgré le phylloxéra, la vigne ne disparaît pas du Lot autournant du XXe siècle. La statistique agricole fait alors état de plus de20 000 hectares de vignes dans le Lot (4 fois plus qu'aujourd'hui). Il estégalement à noter que les rendements obtenus avec les plants américainsétaient supérieurs à ceux des vignes françaises. « Ainsi, à Caillac, àAnglars­Juillac, et surtout à Parnac, la production était en 1901 supérieureà celle d'avant la crise ! » (E. Baux, 1982). Il semble que sur la communede Parnac, la quasi totalité des vignes a été replantée puisque lessurfaces n'ont été réduites que de 14%, et la production multipliée partrois (E. Baux, 1982).

Malgré tout, l'année 1910 semble marquer un apogée dans les surfacesreplantées avec près de 25 000 hectares. L'espérance de P. Quercy ne seréalisera pas (cf. ci­contre). À compter de 1910, le vignoble ne va cesserde régresser. La première guerre mondiale creusera encore plus le déclindémographique des campagnes françaises. En 1940, il subsiste 16 000hectares de vigne (Tulet, 2003). Il s'agit essentiellement de « vignesfamiliales » plantées de cépages divers. Ainsi en 1930, la vigne familialecouvrait 8 000 hectares dans le territoire de l'actuelle aire AOC (Cavaille etLeclair, 1982). Il y subsistait également « une étincelle du bon vignoble,avec des cépages traditionnels, quoique peu sélectionnés, établi sur leshautes terrasses du Lot dans les sept communes du noyau d'élite,étincelle qui fut le départ du renouveau viticole, au prix d'un gros travail desélection de l'Auxerrois. » (Cavaille et Leclair, 1982).

Ces communes du « n oyau d'élite » forment le territoire où la productionde vins de Cahors a été maintenue (il s'agit des communes de Parnac,Saint­Vincent­Rive­d'Olt, Luzech, Albas, Anglars­Juillac, Puy­L'Evêque etVire­sur­Lot). C'est à partir de ce noyau que va pouvoir se reconstruire levignoble du Cahors...

Si, l'exode rural et la guerre vidèrent les campagnes de la moitié de leurpopulation, laissant libre cours à l'enfrichement des terres les plusincultes, un vignoble de superficie significative continue pourtant à semaintenir. Les paysages de vignes se transforment certainement etl'abandon des pentes est vraisemblablement amorcé durant cette période.Mais d'autres paysages de vignes perdurent. C'est a priori le cas pour cescommunes dite du « noyau d'élite ».

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10

Paysages de vignoble au début du XX ème siècle

par Henri MARTIN

En complément des photographies et cartes postales, les œuvres d'HenriMartin représentent des paysages du vignoble que nous imaginonsnaturellement inspirés par des horizons lotois, terre de résidence dupeintre à partir de 1900.

Le triptyque de la Préfecture du Lot

1927­1929

Les vendanges

Préparation de la vigne

Labour

Les tableaux du triptyque destiné à l’escalier d’honneur de la préfecture du Lot àCahors, compte tenu de leur commanditaire, sont certainement représentatifs depaysages lotois de l'époque. Que le thème central en soit la vigne n'est pas neutre.Cela atteste de l'importance de cette production pour le département du Lot et deson ancrage culturel près de 50 ans après la crise phylloxérique.

Le peintre a choisi de représenter des paysages de plateaux aux horizons lointainset non des paysages de vallée. Sur ces plateaux, la vigne est présente dans unemosaïque d'autres cultures. Les plateaux sont largement ouverts, les boisementsrares et restreints. Des arbres isolés, essentiellement fruitiers, ponctuent prés etchamps. La parenté avec des paysages méditerranéens, en particulier ceux duLanguedoc peint par Henri Martin en 1932 pour la Chambre de Commerce etd'Industrie de Béziers peut également être soulignée. Les deux premières peinturesintitulées la cueillette et les vendanges représentent des paysages au cousinage fortavec les plateaux du Bas­Quercy. Les deux suivantes, le sulfatage et le cultivateur,renvoient davantage à l'image de vignes de plaines ou de vallées, avec leursgrandes étendues plus régulières et les horizons de cévennes. La présence de lamer défend pourtant d'y voir les paysages de Parnac ou de Vire­sur­Lot...

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Les paysages peint par Henri Martin peuvent s'apparenter aux paysages d'aujourd'hui, notamment ceux du plateau de Sauzet.

La cueillette

Tableaux réalisés par Henri Martin en 1932 pour le compte de la Chambre de Commerce et d'Industrie et Béziers

Les vendanges Le sulfatage Le cultivateur

11

Mise en scène duchâteau de Mercuès

par la cévenne

Cévenne du cingle deParnac

Cévenne du cingle deParnac entaillée par laroute reliant la vallée

au plateau de Crayssac

Paysages lithiquesarchitecture traditionnelle vigneronne

L'histoire du Quercy est étroitement liée à la pierre et plus particulièrementà la roche calcaire que l'on retrouve dans la quasi totalité desconstructions et édifices aussi nombreux que variés. Mais pas seulement,elle se retrouve aussi sous forme de dalles, de cailloux dans le sol duvignoble de l'AOC Cahors.

La minéralité des sols est un marqueur fort de l'identité des paysages duvignoble. La roche est la matière des cévennes caillouteuses, écrin despaysages de vallée et faire­valoir de châteaux ou villages (Bélaye,Mercuès).

La roche est aussi la matière des falaises, plus rares dans cette partie de la vallée duLot, mais dont la situation de surplomb est partout mise à profit par une implantationbâtie (Albas, Puy­Evêque...).

Sur les plateaux et coteaux, la pierre est parfois affleurante, souvent peu profonde.Au cours du XIXème siècle, en plein essor de la société paysanne, a eu lieu le grandépierrement nécessaire pour la mise en culture intense de la moindre parcelleexploitable. En particulier, l'expansion de la vigne à partir de 1850 a été un desprincipaux facteurs de la valorisation des coteaux, généralement impropres àd'autres cultures. De cette pratique des quantités incroyables de pierres ont étéextraites du sol.

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Carte postale de la falaise d'Albas

Cahors, 1954du côté de Roquebilière 12

Cayrou à Crayssac

Cayrou bâti situé enmilieu de parcelle

(Crayssac)

Parcelle de vignebordée de murets à

Crayssac

Les pierres peuvent être stockées sous forme de simples cayrous , parfoisbâtis pour entasser un maximum de matériau sur le minimum d'espace.

Le stockage devient plus fonctionnel lorsque la pierre est utilisée pourconstituer les murets qui délimitent les pièces exploitées et soulignent lemorcellement parcellaire parfois encore visible aujourd'hui.

C'est aussi de ce même sol qu'a été extraite la pierre calcaire qui servira durant dessiècles à la construction d'édifices. L'architecture vernaculaire liée au vignoble estd'une remarquable diversité.

Pour les besoins de l'exploitation des parcelles des cabanes ont été construites auxabords des vignes.

Sur le plateau les cabanes de vigne, plus modestes, sont aussi présentes. Plusremarquables, les gariottes ou cazelles aux toitures circulaires de lauzes, sont lesvestiges d'un savoir faire particulier. A noter que ces éléments de patrimoine sontmoins présents dans le territoire de l'AOC que sur les causses.

Plus rarement, un pigeonnier peut être implanté sur une parcelle, émergeant del'étendue verte de la vallée.

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13

Succession de cabanes de vignes à Parnac

Abri intégré dans un cayrou­mur (Crayssac) Cazelle en bordure d'une parcelle aujourd'hui convertie en truffière (Cremps)

Anglars­Juillac

Superbe maison surcave avec son bolet

Ensemble bâti sur leplateau à Cambayrac

treille sur maison(Saint­Matré)

La maison traditionnelle du vigneron, quant à elle, est multifonctionnelle.Conçue pour répondre à la culture de la vigne, tout autant que pouraccueillir sa famille. Bâtie sur cave, elle comporte souvent un bolet quiaccompagne l'escalier et abrite ainsi le devant de porte à la fois desintempéries et des rayons du soleil.

On peut donc penser que la vigne a conditionné de nombreuses formesarchitecturales Quercynoises.

Vignes et bâtis sontintrinsèquement liés, y comprisdans les moindres détails tels queles treilles qui accompagnentsouvent le bâti. La vigne tisse sonlien avec l'habitation.

Erosion du patrimoine lithiqueCe patrimoine, de plus en plus reconnu, subit cependant une érosion difficile àendiguer. Les causes ne sont pas uniquement dues au temps qui passe. Lespratiques culturales de ces dernières décennies ont contribué a l'abandon de ce« petit » patrimoine et même parfois à sa disparition. Il y a urgence à instaurer desprotections spécifiques notamment au travers des documents d'urbanisme. Certainescommunes l'ont fait. Cette condition nécessaire n'est certainement pas suffisante.L'entretien ou la restauration du patrimoine repose aussi sur la mobilisation locale(propriétaires, collectivités, associations...).

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14

Cabane de vigne

abandonnée

Cabane aménagée

pour l'activité

Cabane aménagée en

logement

Du côté du Mont Saint­Cyr

Cahors

1954

l'enfrichement est àpeine amorcé.

Les murets sont encoredes éléments saillantsqui donnent à lire le

parcellaire.

2005

L'enfrichement aprogressé

principalement sur lespentes. Le végétal

estompe la minéralitédu site.

Les éléments bâtiss'érodent ; même si

certains restentperceptibles sur la

photo aérienne , depuisle sol, ils sont moinssaillants (écrouléspartiellement ou

totalement, plus oumoins conquis par le

végétal).

Les cabanes de vigne sont un motif singulier des paysages. Leuraltération a des impacts ponctuels. Par contre dans le grand paysage, lesphotos aériennes nous montre des évolutions plus marquantes.

Les paysages lithiques sont la signature du Quercy, mais la végétation aconsidérablement atténué l'aspect minéral de cette campagne. Une ancienne photodes années 1950 du village de Trespoux montre que la minéralité des paysages étaittangible encore récemment.

Aujourd'hui, la minéralité des paysage du plateau est peu lisible tant la végétations'est développée. Seul le bâti et quelques affleurements demeurent comme lesdernières traces de ces paysages d'antan.

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sources

15

Trespouxannées 1950(fond Cayla)

Trebaïx, 2011Sur le même plateau

que Trespoux, le village noyé dans la

végétation

Sur le plateau de Sauzet

Cette palette d'éléments architecturaux est d'une véritable richesse. Cethéritage de nos anciens montre un savoir faire inégalé et donne à voiraujourd'hui des paysages extraordinaires. Comme de multiples indices, ilsnous renseignent et nous confortent sur ce territoire en lui conférant uneidentité unique. Mais ce sont aussi des paysages en évolution où ladimension minérale tend à s'estomper.

… ici la vigne possède une sorte de filiation au sous­sol et au sur­sol qui participent àl'identification de ce territoire de vignoble.

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sources

16

Pradines,vue depuis le Château

de Mercuès

Trebaïx,l'arbre­envahissant

Arbres pluriels et singuliersune composante essentielle

L'évolution des paysages lithiques nous a montré l'importance de l'essorde la végétation... Là où l'agriculture a reculé, l'arbre a pris la place. Il estdevenu une composante essentielle du paysage. L'arbre se décline sousdiverses formes, en fonction de domaines d'appartenance et il devientainsi une clé de lecture du paysage.

Cette photo montre trois registres différents de la composante arborée :

– celui de la rivière où l'arbre forme un cordon boisé (ripisylve)foisonnant, riche de la diversité des espèces et facilement identifiable parla haute taille de ses sujets ;

– celui des terrasses cultivées, où l'arbre devient à la fois plus rare,mais s'inscrit aussi dans des registres plus diversifiés ;

– celui des coteaux, mais aussi des plateaux où l'arbre se noie dansun couvert plus ou moins homogène, envahissant ;

L'arbre peut également être envahissant dans la vallée. L'opulence de la ripisylvepeut tendre parfois à occulter la rivière.

Si cet état de fait est dommageable dans le grand paysage, il n'est pas sûr que leressenti soit aussi négatif du point de vue des plaisanciers navigant sur le Lot. Eneffet, le rôle d'écrin naturel du végétal peut être appréciable.

Il est notamment appréciable lorsqu'il joue le rôle d'intégrateur des extensionsurbaines des villages.

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sources

St­Vincent­Rives­d'Olt,l'arbre­effaceur

Parnac,l'arbre­cordon

Pradines,l'arbre­

intégrateur

17

Cieurac (Haute­Serre),L'arbre­qui­s'efface

Prayssac,L'arbre­qui­s'efface

Trespoux,l'arbre­haie

Si la dynamique générale reste marquée par l'accroissement desboisements, parfois la forêt recule, l'arbre s'efface.

A Haute­Serre, l'arbre recule pour laisser la place à un vaste domaineviticole, véritable ilot au milieu de la chênaie caussenarde.

À Prayssac la conquête agricole des pieds de coteaux créé uneéchancrure indélicate par la forme géométrique imposée à la topographieet par l'effet de rupture brutale entre milieu cultivé et milieu forestier,créant une lisière bien peu naturelle.

Dans les grands espaces agricoles du plateau, l'arbre, contingenté auxlinéaires de haies qui délimitent les parcelles, rompt la monotonie.

L'arbre est également une ressource économique. En particulier, la vallée du Lot estconcernée par une autre appellation d'origine contrôlée, la noix du Périgord. L'arbrede production est ordonnancé en vergers. Il partage des terroirs communs avec lavigne et se fait une place entre concurrence et complémentarité.

Sur les terrasses de la vallée , et en particulier les basses terrasses, les vergersfruitiers se substituent ici ou là à la vigne.

Les vignes coplantées de noyers sont de rares témoins de pratiques passées.

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sources

18

Luzech,l'arbre­production

Parnacl'arbre­production

Crayssac,l'arbre­vigne

Floressas (Chambert),l'arbre­ornemental

Luzech,l'arbre­ornemental

Cahors (Begoux),l'arbre­perspective

Les fonctions des arbres ordonnancés ne sont pas que dans laproduction. L'arbre d'ornement participe à la mise en scène des domaineset châteaux.

Le château Chambert se pare d'un parc ornemental. De plus il est mis enscène par une allée plantée soulignant la perspective particulièrementtravaillée par l'implantation des rangs de vigne.

La présence d'un massif boisé duquel émergent quelques sujetsremarquables (cyprès, cèdre) suffit à indiquer la présence d'un château oud'une maison de maître. Les arbres en sont des attributs identitaires.

L'allée de cyprès traversant la parcelle de vigne est une mise en scène dudomaine. Elle joue aussi avec le motif de l'alignement de platanes associéau vocabulaire de la route.

Il est courant de voir des arbres isolés en bordure ou au cœur des vignes. Le plussouvent banals, les sujets n'en sont pas moins des évènements dans le vignoble.

Arbre de production ou arbre constituant un simple abri ombragé, ils subliment les

paysages de vigne, ils se hérissent offrant un contraste saisissant avec l'uniformitéhorizontale des cultures.

Dans l'immensité de la plaine viticole parfois quelques peu monotone, l'arbre se faitsignal ou repère spatial. Il n'est pas rare de voir un arbre associé à un croisement dechemin.

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sources

...,l'arbre­évènement

...,l'arbre­évènement

...,l'arbre­repère

19

...,l'arbre­cabane

Parnac,l'arbre­maison

Pradines(église de Flaynac),

l'arbre­symbole

Ainsi les arbres isolés sont des évènements qui ponctuent les paysagesde vigne comme les cabanes évoquées par ailleurs. L'association duvégétal et du bâti est également un motif courant, les deux éléments sevalorisant mutuellement.

L'association de l'arbre et de la maison vigneronne créé un paysage degrande qualité.

Les cyprès du cimetière de Flaynac accolé à l'église sont un repèreidentitaire sans ambiguïté.

Enfin, l'arbre est une composante essentielle des paysages car, avec la vigne, cesont des éléments graphiques aux jeux de lumières et de couleurs infinis. Ce sontces instants rares, intenses que le photographe ou le peintre cherche à saisir. Lespaysages emblématiques ne correspondent pas seulement à des lieux précis, ilspeuvent être aussi l'évocation d'un moment rare.

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Mercuès,l'arbre­décor

Prayssac,l'arbre­lumière

Parnac,l'arbre­

graphique

20

En 1970, la concentration du vignoble dans le quart sud­ouest du Lot est manifeste(cf. carte ci­dessous). Mais toutes les communes, hormis celles du Ségala, comptentdes superficies en vigne. C'est en particulier le cas de la frange ouest du Lot(Bouriane), du Nord du Lot dont la région de Saint­Céré/Bretenoux et de l'EstFigeacois.

En 1979, l'aire AOC concentre moins des 2/3 du vignoble lotois (cf. graphique ci­dessus) ; la moitié à peine des vignes y sont classées en AOC même si leurssurfaces ont été multipliées par 4 en 10 ans.

En 2000, 85% des surfaces en vigne du Lot sont dans l'AOC Cahors. Ailleurs, il nesubsistent de manière significative que le vignoble de Glanes au nord et celui descoteaux du Quercy au sud.

Pour autant spectaculaire qu'elle soit, l'expansion du vignoble de Cahors n'a pascompensé les superficies perdues en vigne dans tout le département.

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sources

1979 1988 2000

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

Evolutions des surfaces en vigne dans le Lot et l'aire AOC Cahorssource : Recensements Généraux Agricoles

vignes d'appellation (aire AOC)

vin de table (aire AOC)

vignes d'appellation (reste du Lot)

vin de table (reste du Lot)

sur

face

s e

n h

ect

are

s

21

Au sein de l'aire AOC la vigne est inégalement répartie. Elle est peuprésente dans les communes les plus septentrionales (Castelfranc, Catus,Crayssac, Nuzejouls, Labastide­du­Vert, Pontcirq et Saint­Médard), lesplus orientales (Arcambal, Cahors, Lamagdelaine, Flaujac­Poujols) etdans l'extrémité sud­ouest (Saux, Saint­Matré, Le Boulvé) ; Ainsi 15communes (les 14 précitées + Cambayrac) comptent pour moins de 6%dans les superficies de vignes.

Les vignes se concentrentdavantage dans la vallée, deParnac à Touzac, et sur leplateau de Sauzet. La plus forteconcentration est relevée àPescadoires (57% de lasuperficie cadastréecommunale est plantée envignes), alors que Vire­sur­Lot,Prayssac, Puy­L'Evêque,Luzech, Parnac, Albas, Saint­Vincent­Rives­d'Olt et Anglars­Juillac sont les communes quiprésentent les plus grandessurfaces (plus de 200 hectareschacune) ; à noter qu'il s'agit làdu « noyau d'élite » (auquels'est rajouté Prayssac) à partirduquel s'est reconstruit levignoble. Ces 8 communesconcentrent près de la moitiédes surfaces en vigne de l'AOC(46%).

Au total les vignes AOCoccupent 4 600 hectares, c'està dire 7% d'un territoire de65 500 hectares.

Répartition des vignes dans l'aire AOC – source DGFiP – fichiers fonciers 2009

CASTELFRANCPONTCIRQ

CRAYSSACARCAMBAL

SAINT-MEDARDCATUS

LABASTIDE-DU-VERTNUZEJOULS

LAMAGDELAINESAUX

SAINT-MATRECAMBAYRAC

LE BOULVEFLAUJAC-POUJOLS

CAHORSSERIGNACPRADINES

LAGARDELLEMAUROUXGREZELSTOUZACBELAYE

CARNAC-ROUFFIACCIEURAC

BAGAT-EN-QUERCYMERCUES

LACAPELLE-CABANACSAUZET

DOUELLEPESCADOIRES

DURAVELFARGUES

CAILLACSOTURAC

VILLESEQUEFLORESSAS

TRESPOUX-RASSIELSANGLARS-JUILLAC

SAINT-VINCENT-RIVE-D'OLTALBAS

PARNACLUZECH

PUY-L'EVEQUEPRAYSSAC

VIRE-SUR-LOT

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Superficies en vigne par commune (en hectares)

source : DGFiP - f ichiers fonciers 2009

La cartographie des parcelles de vigne conforte ce constat en faisant ressortir lesfortes densités de vignes dans les méandres du Lot. La topographie, soulignée par larivière, donne dans ces sites sans doute les paysages les plus spectaculaires, etparmi les plus emblématiques, du vignoble. Le col de Crayssac et le village deBélaye sont deux lieux d'observation privilégiés, car aisément accessibles et enposition de balcon sur la vallée.

Cette implantation du vignoble en accompagnement de la vallée et de la rivière faitperdurer le lien historique entre la voie fluviale et le vignoble. D'une certaine manièrece lien se renouvelle aussi aujourd'hui par l'exploitation touristique de la voie d'eau(programme de remise en navigation du Lot) et par les animations culturelles etfestives.

A l'exception des méandres du Lot, le vignoble de Cahors offre peu de grandspaysages de vignes. En effet, la particularité de ce vignoble est son éparpillementdans un vaste territoire. En particulier sur le plateau, il est fait de fragments distantsconstituant autant d'ilots viticoles que d'exploitations. A Cieurac, le domaine deHaute­Serre est un de ces ilots aisément reconnaissable par son unité et sonampleur, à Floressas, quatre ensembles viticoles majeurs sont identifiables, à Saint­Vincent­Rives­d'Olt, il faut se rendre à Cournou pour observer une densité plusimportante de vignes et avec Bovila sans doute les paysages de vignes parmi lesplus intenses du plateau...

S'il y a peu de paysages majeurs emblématiques , il y a par contre une multitude desites, de lieux constituant une palette des paysages du vignoble de Cahors. Ils sontplus ou moins confidentiels, certains sont des vitrines de fait du vignoble, d'autres sedécouvrent au détour d'une petite route ou d'un chemin...

Les paysages de vignes sont la résultante du travail des viticulteurs. Le paysagen'est certainement pas une finalité recherchée du moins dans un cadre collectifexprimé. Par contre, la mise en paysage comme mise en scène de certains lieux faitpartie de stratégies individuelles, notamment lorsque les châteaux et les chais sont lavitrine du produit.

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sources

22

« Autrefois, lesgabares et leurcargaison de vins et debois ; aujourd’hui, lestouristes en vadrouilleau fil de l’eau : le Lottisse toujours un lienentre les hommes »

Site officiel du Tourismedans le Lot

Le vignoble et la rivière

Initialement le lien entre le vignoble et la rivière est d'ordre logistique etdonc économique. Elle est la voie de transport qui permettait aux vins deCahors d'accéder à un débouché commercial.

La mémoire de ce passé est encore vive et fait partie du patrimoine local.Or, ce qui fait patrimoine contribue à l'ancrage territorial qui est, justement,la base de la stratégie du développement des AOC. C'est donc une imagereconnue du terroir sur laquelle peut être adossé le produit (au même titreque le Pont Valentré, la Tour de l'Impernal, le château de Mercuès...).

Une telle synergie entre patrimoine et vin se retrouve à Albas. Ce villagepittoresque du vignoble a connu la prospérité au temps de la navigation.Aujourd'hui, la collectivité renoue le lien avec la rivière par l'aménagementdes berges, l'animation du port et de la rue du port. Le festival Le bon airest dans les caves était l'occasion chaque année de mêler musique,dégustation du vin et redécouverte du patrimoine du village portuaire.

A une échelle plus grande, le programme de remise en navigation du Lot,cette fois­ci à des fins touristiques, relance l'intérêt pour le patrimoinefluvial et offre un nouveau vecteur de découverte de la vallée du Lot et duvignoble. Un potentiel en devenir que certaines collectivités anticipent(réhabilitation du port de Puy­L'Evêque par exemple).

Le vignoble, la rivière, le patrimoine bâti et les paysages que ces élémentscomposent avec la géographie font l'attrait de la vallée du Lot entreCahors et Soturac. Pourtant , il n'existe pas de gestion concertée de cespaysages. Ils sont la somme d'initiatives individuelles ou collectives sansstratégie partagée explicitement. Les paysages du vignoble, leurdécouverte, sont­ils valorisés à la hauteur de leur potentiel ?

Albas, le Bon Air est dans les caves

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sources

Albas, début XX°s

Albas, fin XX°s

23

Terroirs et paysagespaysages du Cahors aujourd'hui

Les terroirs d'assise de l'AOCL'aire de l'AOC Cahors s'étend sur une superficie de 65 500 hectaresdepuis Arcambal, en amont de Cahors, jusqu'à Soturac, sur une longueurd'une cinquantaine de kilomètres, de part et d'autre des rives du Lot. Ausein de ce territoire, les terroirs propices à la production du vin sousappellation ont été délimités. Ils couvrent une surface de 21 000 hectares.Aujourd'hui 4 600 hectares de vignes sont en production AOC, soit 21 %des surfaces potentielles. Leur répartition est des plus hétérogène. Laparticularité du Cahors est de bénéficier de terroirs variés permettant dediversifier les potentiels agronomiques.

La vallée du Lot, en aval de Cahors, est une zone d'alluvions plus oumoins grossiers accumulés dans les méandres de la rivière.Schématiquement, elle se divise en trois terrasses. Plus on s’élève, plusles sols sont drainants. Les troisièmes terrasses ainsi que les grèzes, solscomposés d’éboulis calcaires, sont aujourd'hui parmi les terrains les plusprisés pour la viticulture ; ces terrains en particulier étaient la cible de ladémarche de hiérarchisation engagée au début des années 2000.

Les plateaux calcaires, situés entre 200 et 300 mètres d’altitude, bordentla vallée du Lot. L'aire AOC s'étend davantage sur le plateau sud.

Les versants (coteaux) entre vallées et plateaux, livrés au lessivage deseaux de ruissellement, présentent des sols calcaires maigres.

La plantation des vignes est dense dans la vallée (près de 70% des surfaces envigne). Elle occupe tous les niveaux de terrasses, y compris une partie de la zoneinondable. La concentration des vignes dans cet espace limité génère les paysagesde vignoble les plus forts.

La vallée : 3 000 hectares de vignes dans un espace de 18 400 hectares, soit16 % de l'occupation du sol.

A l'opposé, la vigne apparaît éparse sur les plateaux. Peu présente sur le plateaunord, elle est davantage développée sur le plateau sud. Son développement en ilotsautour des exploitations est manifeste.

Les coteaux et plateaux : 1 500 hectares de vignes dans un espace de 65 300hectares, soit 2,3 % de l'occupation du sol.

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sources

13%

23%

21%

3%

8%

2%

4%

8%

17%

Répartition des surfaces en vigne selon les terroirssource : ferme départementale d'expérimentation d'Anglars-Juillac

T1T2T3T4T5T6T7T8T9

24

La répartition de la vigne sur lacommune de Lacapelle­Cabanacillustre bien le constat général poséprécédemment. Au sud de lacommune, sur le plateau, la vigne estprésente sous forme de petits ilotsépars. Au nord, sur les hautesterrasses de la vallée du Lot, ladensité en vigne est plus forte et desensembles continus commencent àapparaître, préfigurant les espaces demonoculture viticole qui occupentcertains sites de la vallée. Les coteaux(fortes pentes) ne sont guère occupéspar la vigne.

Anglars­Juillac illustre un motif récurentdans la vallée. Celui des méandresdont l'occupation prépondérante est lavigne. Ce sont effectivement dans cesespaces, qui se succèdent au grès dessinuosités de la rivière, que l'onconstate la plus grande densité devignes. Elles occupent la quasi­totalitéde l'espace non­bâti, jusqu'au pied descoteaux. Seule la terrasse inondableest l'objet d'une utilisation plusdiversifiée et la vigne y estgénéralement minoritaire.

Le plateau de Cournousur la commune de Saint­Vincent­Rives­d'Olt estcertainement le lieu de laplus forte densité etcontinuité de vignes desterroirs de plateaux. Anoter que l'implantation dela vigne partage lesespaces les plus platsavec l'urbanisation alorsque les pentes sont peuinvesties par la viticulture.

A contrario Floressasreprésente un archétypede l'implantation desvignes en ilots, enparticulier autour deschais des viticulteurs. Lesensembles viticoles sontimportants, mais distantsles uns des autres. Ilsforment un motif enarchipel, de vastesétendues de plateaux,exempt de vignes, restentvouées à d'autrescultures.

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sources

25

Douelle

la rivière joue un rôlepremier dans laperception des

paysages qu'offre lavallée du Lot. C'est

bien elle qui a structuréet anime cettegéographie siremarquable.

Parnac

simplification àl'extrême du paysagede vigne. L'uniformité

est uniquementrompue par la cévenne

de Crayssac, barréepar la route

départementale.

Prayssac

Changement du pointde vue de

l'observateur. La prisede hauteur permet derévéler la complexité

du paysage (hameaux,maisons isolées,

bosquets, trame viaire,parcellaire, imbrication

des cultures...)

Paysages de vallée, le berceau

Les terrasses alluviales forment le terroir de la renaissance du vignoble duCahors et sont devenues au fil du temps les sites les plus convoités pourson développement. La vigne s'y concentre donnant lieu à des situationsextrêmes : simplification des cultures, océan vert... Mais les configurationsmultiples des terrasses et les circonvolutions de la rivière permettentégalement la production d'une diversité de paysages.

La démarche de qualité à laquelle souscrit l'AOC Cahors, génère une recherche desmeilleurs terroirs. En effet, la première terrasse est délaissée tandis que lesdeuxièmes et troisièmes terrasses sont soumises à une convoitise accrue de la partdes viticulteurs.

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sources

Parnac

La distinction des différentes

terrasses est un exercice complexe qui tient compte à

la fois de la topographie et de la géologie. Les

limites des terrasses sont

parfois soulignées par la voirie ou, plus subtilement, par le parcellaire.

Anglars­Juillac

Autre ambiance, ici un paysage de

carte postale, qui s'enrichit

d'éléments ponctuels émaillant le vignoble (arbre,

pigeonnier, cabane, maison).

Le parcellaire reste lisible sur les

vignes de la haute terrasse. Celles­ci viennent butter

contre le pied de coteaux boisés qui en forment l'écrin.

Parnac

Au delà même de la troisième

terrasse, les pieds de coteaux, lieux

de transition formés d'éboulis (appelés

grèzes) sont également

convoités pour la production des

« meilleurs » vins.

26

Cingle de Parnac

L'horizon est lointain,mais seule l'occupationfoncière du premierplan est perceptible. Lavigne est la culturedominante, mais ellecohabite aussi avecdes vergers et descultures maraichères.

Vers l'ouest (à droite) lacévenne abruptesurligne l'espace duméandre.

Paysages de cingles, le pittoresque

L'ampleur et la succession des méandres du Lot fait sans doute lasingularité des paysages de cette partie de la vallée. Le vignoble y atrouvé sa place, occupant plus ou moins densément les poches pansuesenfermées par la rivière.

Le cingle de Parnac ­ Crayssac

Parnac ­ parcelles de vignesDGFiP – fichiers fonciers 2009

Le cingle de Prayssac ­ BélayeVignes etTerritoiresPaysagesdu Cahors

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Prayssac ­ parcelles de vignes DGFiP – fichiers fonciers 2009

Cingle de Prayssac

Même type de paysage que Parnac. Les terres les plus proches du Lot sont généralement dévolues à d'autres cultures que la vigne. Par contre, la vigne forme de grands ilots relativement homogènes sur la terrasse immédiatement supérieure (elles ressortent par leur couleur brune sur la photo). Même effet de la cévenne côté ouest (à gauche) que pour Parnac.

27

Cingle de Luzech

Le cingle de Luzechoffre le plus homogèneensemble viticole. Leparcellaire de vignesouligne la concavitédu méandre venantborder la rivière ourléede sa ripisylve.

Le cingle de Luzech ­ Saint­Vincent­Rives­d'Olt

Dans ces sites singuliers, la force de la géographie prend le pas surl'occupation du sol. Une emprise forte de la vigne peut magnifier lepaysage (Luzech), mais une alternance de culture peut faire apprécier larichesse graphique d'un parcellaire rayonnant (Parnac), enfin l'occupationdifférenciée des terrasses souligne un relief écrasé par le point de vuedominant (Prayssac).

Luzech ­ parcelles de vignes DGFiP – fichiers fonciers 2009

Paysages de plateaux, les horizons

Les vignes de plateaux offrent aussi une diversité de paysages faite de contrastes.Les perceptions sont parfois lointaines puis se referment subitement pour donner àvoir un petit carré de vigne enserré par un boisement. On distingue principalementtrois configurations :

Les grands ensembles et horizons lointains

Les vignes en chapelets, clairières

Les vignes de corniche

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Cournou(commune de St­Vincent­Rives­d'Olt)

Cournou (commune de St­Vincent­Rives­d'Olt)

Bovila (commune de Fargues)

Luzech

Cournou (commune de St­Vincent­Rives­d'Olt)

Les Roques (commune de St­Vincent­Rives­d'Olt)

Luzech 28

Paysages de pentes, la reconquête

La reconquête de la vigne sur les pentes est une démarche récente etrelativement anecdotique. C'est l'occasion pour certains viticulteurs dedévelopper leurs surfaces en vigne en diversifiant leurs terroirs et pourd'autres, de renouer avec l'histoire du vin de Cahors. Cependant, ces lieuxde reconquête très exposés à la vue impactent assez fortement lepaysage.

La diversification des terroirs. Sur la photo de gauche (Vignes du châteauChambert), on observe la colonisation récente de pentes. A droite, àParnac, le coteau est entamé par une parcelle appelée à être plantée envigne.

Des démarches patrimoniales ? A gauche, recolonisation à Labastide­du­Vert d'anciennes parcelles dans le respect de la tradition (conservationdes murets et cayrous). A droite, sur la commune de Larroque­des­Arcs,au nord de Cahors, il s'agit d'un vignoble récemment planté surd'anciennes parcelles de vigne.

Cependant, certaines initiatives introduisent de nouvelles images dans lepaysage de la vallée, comme les terrasses bâties du coteau de Caix oubien sur les premières pentes au nord de Prayssac où la vigne sesubstitue progressivement au boisement.

Paysages en évolution, la vigne hier et aujourd'hui

Les aléas historiques et climatiques ont eu bien des conséquences sur la viticulturedans le Lot. En effet, le vin de Cahors dans sa plus grande expansion occupaitjusqu'aux secteurs les plus pentus et ingrats. On imagine les conditions d'exploitationde ces vignes particulièrement pénibles. Dans un contexte économique, technique etsocial bien différent, le projet de relance du vignoble conduira à choisir les terrainsles moins pentus du plateau et la vallée du Lot comme lieux de reconquête.

Au fil du temps, la vigne s'est répandue au grès des disponibilités foncières. Envallée, ce sont les premières et deuxièmes terrasses qui seront majoritairementplantées en vigne. Sur le plateau, la répartition est plus éparse, elle correspond auxdifférentes reprises d'exploitations viticoles familiales, il s'agit plus d'un essaimage oùpeuvent se regrouper occasionnellement plusieurs domaines comme par exemplesur le plateau de Cournou.

On peut penser que l'aboutissement du projet de hiérarchisation mené par leSyndicat de Défense de l'AOC Cahors, pourrait lui aussi modifier l'image actuelle duvignoble de la vallée en créant un transfert des vignes sur les terroirs délimités quicorrespondent aux critères imposés. Le choix des terroirs sélectionnés correspond àla troisième terrasse et du talus entre la 2ème 3ème terrasse. Il s'agit de terrassesalluviales suffisamment âgées pour avoir été entaillées par l'érosion permettant unmeilleur drainage. S'agissant de sols maigres et plus pauvres, ils entrainent aussides rendements moins élevés. Sont aussi sélectionnés des hauts niveaux desterroirs alluviaux, des grèzes et cônes d'éboulis calcaires. Sur le plateau aussi unchoix de terroirs bien spécifique a été proposé. Bien évidemment à l'intérieur de cesterroirs d'autre critères sont pris en compte (orientation, pente du terrain...) pour aufinal établir un choix à la parcelle. Cependant, sont exclus les terroirs alluviaux de laplaine inondable (crue centennale) et les terrains de plateau comportant des marnesgrises du Miocène. Au final, la délimitation parcellaire globale du projet premier crureprésente 1 860 hectares (dont 1 500 ha environ en vigne et 360 ha en jeune vigneou terrain nu) soit 8,6% de l'aire AOC et 44% des vignes plantées aujourd'hui.

Un autre facteur d'évolution du vignoble est lié au développement de l'urbanisation.Celui­ci entraine le recul des vignes autour des villages et des hameaux.

L'évolution du marché induit nécessairement une évolution du vignoble. Mais malgréla crise viticole, les arrachages de vigne ne sont pas massifs. Ils sont parfoiscompensés par des replantations en vue d'un ré­encépagement (cf. page suivante).

De façon plus anecdotique, on assiste depuis peu à quelques initiatives decolonisation d'anciennes parcelles de coteaux...

La migration des vignes poursuit son cours. Les paysages de vigne sont donc enperpétuelle transformation.

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29

« Il s'agit d'un vignoblerelativement jeune etrestructuré dont laconversion oul’arrachage ne sont pasou peu d’actualité.

En ce qui concernel'arrachage connu [...],il s'agit pour l'essentielde cessationsd'activité. Si l'onélimine les années où ila représenté moins de10 ha, force est deconstater que lesvignerons de Cahorsn'ont pas souscrit àcette mesure, saufdans une périoderécente. Pour lapériode 2005­2008, cesont 273,6 ha qui ontété primés àl'arrachage soit 6 % dela surfacerevendicable.

Cependant, il sembleintéressant de mettreen parallèle lesinitiatives dereplantations. Pour cequi est de larestructuration priméedu vignoble, dans lapériode 1990­1999 elles'est effectuée sur unrythme de 20 à 50 hapar an. Pour la période2000­2009, [...] l'impactde cette mesure […]connaît un fortralentissement lié à lasituation économiquede l'appellation, [...]. Larestructuration a toutde même permis en 20ans de ré­encépagerprès de 1000 ha devignoble [...]

Texte extrait du rapportde Michel LESCOLEIngénieur général desPonts, des Eaux et deforêts, MAAP ConseilGénéral de l'agriculture,de l'alimentation et desespaces ruraux, intituléL'appellation d'originecontrôlée « Cahors » ausein de la filière viticoleFrançaise « desdifficultés dans uncontexte national decrise » ­ 2009

Le point sur l'arrachage et la replantation

L'évolution des arrachages et plantations montre l'inversion dedynamiques dans les années 2000. Jusqu'en 2003­2004, le rythme desplantations est supérieur à celui des arrachages. Il s'agit là de la fin de lavague d'expansion du vignoble AOC engagée plus de 30 ans auparavant.

A partir de 2004­2005, les surfaces arrachées augmentent pour atteindreprès de 150 hectares en 2007­2008. Le phénomène s'atténue depuis2009. Durant la même période les replantations sont au plus bas.

Globalement, sur la période 1999­2010 le solde des arrachages­plantations est neutre. Mais depuis 2004­2005, la dynamique estnettement marquée par un recul de la vigne ; en 5 ans le vignoble a perdul'équivalent des surfaces gagnées durant les 5 premières années de ladécennie (soit 460 hectares).

Les arrachages et plantations concernent à plus de 80% des vignes encépages AOC, le reste étant des cépages divers pour la production devins de pays ou pour une simple production personnelle, mais égalementpour la production de raisins de table.

Cet équilibre entre surfaces plantées et surfaces arrachées sur la décennie se vérifieà l'échelon communal. Malgré tout des déséquilibres ponctuels apparaissent : Puy­L'Evêque est la commune qui perd le plus de vignes (41 hectares), suivie de Douelle(26 ha), Pescadoires (19 ha), Lagardelle (15 ha) et Albas (13 ha). A contrario ,d'autres communes voient leurs surfaces augmenter : Soturac (27 ha), Cieurac (16ha), Fargues (16 ha), Luzech (15 ha), Prayssac (15 ha)...

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30

Paysages en évolution, la vigne hier et aujourd'hui

Le cas de Parnac

La carte ci­dessous a été réalisée à partir du cadastre consulaire(constitué entre 1803 et 1806) et des fichiers fonciers 2009 :

• les vignes en 1803 figurent en mauve

• les vignes en 2009 figurent en quadrillage rouge

Il est intéressant de constater que pour cette commune qui fait partie du« noyau d'élite » du vignoble, les superficies en vigne sont équivalentes.Toutefois il est vraisemblable que l'emprise de la vigne ait été plusimportante dans la seconde moitié du XXème siècle.

Les principales différences résident dans l'abandon des coteaux etl'investissement des basses terrasses (plaine inondable).

Paysages en évolution, la vigne hier et aujourd'hui

Les cartes postales anciennes apportent un témoignage précieux des paysages dudébut du XXème siècle. Lorsqu'il est possible de retrouver le point de vue, l'exercicecomparatif s'avère alors souvent édifiant...

Crayssac

Au début du XXème siècle, la vigne est omniprésente. Sur les coteaux (premier plan etarrière plan) et jusque dans le village. Par ailleurs, les coteaux apparaissentdénudés, mais la reconquête arbustive semble s'amorcer.

St Vincent­Rives­d'olt

Le contraste est saisissant avec le paysage d'aujourd'hui : avancée de l'enfrichementet développement conséquent du boisement ainsi que l'introduction d'essencesd'arbres exogènes (résineux). Cette transformation profonde du territoire a pourconséquence une modification identitaire des paysages : d'un espace mis enproduction (il correspond à une société paysanne qui tire son revenu de la terre) à unespace léthargique, parfois résidentiel, parfois récréatif, rarement productif (dans uneéconomie mondialisée, la société d'aujourd'hui n'a plus besoin de ces espaces pourproduire, ils deviennent le décor de lieux de vie, des espaces de pratiques de loisirsou des espaces abandonnés). Ici la plantation en résineux correspond bien à unelogique de mise en production, mais selon des échelles de temps bien différentes.

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31

Cahors

Autres exemples à partir de photos des années 1950.

Certains secteurs laissent encore voir les « stigmates » de la culture de lavigne comme par exemple sur les coteaux qui enserrent Cahors où lareconquête du végétal a été retardée par un sol pauvre. A préciser que laphoto de l'époque actuelle de droite a été prise en hiver, sous entendusans feuille sur les arbres. Un nouvel élément vient cependant s'imposer, ils'agit de plantations de résineux qui apparaissent en tâches vertesfoncées.

A la sortie sud de l'agglomération Cadurcienne, en arrière plan,l'enfrichement progresse aussi mais de façon aléatoire. Très visible enpartie centrale, on constate peu de changement sur la partie droite, peut­être par l'action du pastoralisme aujourd'hui abandonné.

Floressas

Peu de changements aux abords de Floressas. La vigne, toujours présente, asimplement changé de parcelle pour se rapprocher du village. On note aussi uneconduite de la vigne différente avec des rangs mieux marqués et des vignes plushautes.

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Palette de paysages du vignoble

Il n'y a pas UN paysage de l'AOC Cahors mais bien une véritable diversitéqui certes, fait la richesse de ce territoire mais en contre partie renddifficile son identification partagée. Toutefois, doit­on rechercher LEpaysage emblématique et consensuel du Cahors ou plutôt s'enorgueillir desa diversité et la promouvoir ?

Les paysages du Cahors sont parfois grandioses, parfois confidentiels, ilss'imposent ou se découvrent...

Mais parmi les évolutions des paysages du vignoble il est des érosionsinsidieuses qui portent atteinte à la notion d'authenticité, à l'héritagepatrimonial, valeurs sur lesquelles est fondée l'AOC : arrachages,urbanisation, abandon du bâti vernaculaire, apport d'éléments exogènes...

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Sur la route de laCévenne de Crayssac

Mises en scèneChâteaux et domainesLes paysages du vignoble d'aujourd'hui sont la résultante de la réussite duprojet de l'AOC Cahors amplifiée par l'histoire de la vigne dans ceterritoire. Pour autant il n'existe pas, a priori, de stratégie collective définied'une mise en paysage du territoire. Les paysages spectaculaires ouintimistes s'inventent de façon fortuite. Les routes jouent un rôle essentiel,elles constituent les itinéraires d'observation privilégiés.

Malgré l'absence de volonté affirmée, les paysages du vignoble sontappréciés, recherchés. Les politiques publiques s'en saisissent dansl'optique d'une valorisation touristique ou résidentielle.

Avec leur forte dimension patrimoniale, culturelle et mythique, lesvignobles bénéficient d'une véritable empathie. Il est peu de productionsagricoles qui entretiennent un lien si étroit entre produit et paysage. Lesexploitants l'ont bien compris et ils développent des stratégiesindividuelles de valorisation de leur domaine. Vendre du vin c'est aussivendre une image... une part de rêve. L'image du château associé au vins'inscrit dans une tradition (tradition bordelaise notamment), c'est sonfaire­valoir. Faire­valoir social, faire­valoir commercial. Ainsi les châteauxet domaines se mettent en scène : du château magnifié au milieu desvignes au château qui semble se suffire à lui même puisque les vignessont ailleurs.

Les étiquettes des bouteilles de vin peuvent être un prolongement de cesmises en scène. Plus généralement elles reflètent les stratégies devalorisation du produit. Ainsi, certaines conduisent à valoriser despaysages d'emprunt (patrimoine commun avec le Pont Valentré ou Notre­Dame de l'Ile à Luzech) ou des paysages idéalisés, d'autres s'attachent àdes images d'ambiance, des scènes évocatrices (vendanges)...

Les châteaux magnifiésVignes etTerritoiresPaysagesdu Cahors

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Château Chambert(Floressas)

un archétype de la référence aux

châteaux bordelais.

Un cas unique dans son genre dans le vignoble

du Cahors ?La gestion du végétal et la

signalétique ne sont pas en

cohérence avec le parti pris.

Château de Caîx(Luzech)

Comme pour Chambert, la

stratégie de mise en scène a consisté

à « installer » le château au milieu des vignes. Celles­

ci occupent le glacis et entourent

l'allée « majestueuse » qui amène au

château.

Mais à Caïx, la démarche va plus

loin avec la conquête des

coteaux. Le modelage de la pente en terrasses successives rompt avec les pratiques

traditionnelles. C'est un

aménagement marquant et

unique dans la vallée.

Château Haute­Serre(Cieurac)

Le vignoble de Haute­Serre a été développéautour du château. Il

s'agit du plus grand ilotviticole du plateau.C'est une mise en

scène unique : du faitde son envergure et

parce qu'elle s'imposecomme horizon depuisde nombreux points devue (horizons lointains

du plateau).

Le château occupe lapartie sommitale du

plateau. L'ilot viticolese développe autour

sur les parties les plusplanes. Son caractèrecultivé contraste avec

les coteaux avoisinantsenfrichés.

Cette assise duchâteau dans son

environnement viticoleest utilisée pour

valoriser le produit.

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Château Lagrezette(Caillac)

La haute silhouette du

château émerge des vignes et

créé l'évènement.

Les abords du château sont

particulièrement soignés. La

restauration des bâtiments s'est accompagnée

de la plantation d'une vigne assortie d'un pigeonnier et ceinturée d'un mur en pierre.

Le tout constitue le paysage

« idéal » pour le prestige d'un

domaine viticole.

Sur l'étiquette, seule la façade principale du

château apparaît. Le

monument avec son épaisseur historique et

patrimoniale est associé au

produit pour lui conférer son

prestige.

Château de Mercuès

Associer un paysageviticole au château deMercuès demande un

certain effort. Parexemple celui

d'emprunter les petitesroutes de la boucle deMercuès pour trouver

le point de vue adéquatEn effet, le château

perché sur la cévennene s'inscrit nullement

dans un environnementviticole, mais dans un

coteau boisé.

Les abords immédiatsdu château sont

également dénués demise en scène viticole,

si ce n'est le chaisparfaitement dissimulépar son aménagementsouterrain à l'entrée

des lieux.La splendeur du

château suffirait à elleseule à conférer du

prestige aux vins quilui sont associés

Il semble pourtant quecette association de lavigne et du château aitpu être perçue commeun manque. Sur cetteétiquette, un paysage

imaginaire a étéreprésenté. Il proposeune mise en scène du

château avec unvignoble à son pied à la

place du parc.

Ces maisons qui singent les châteauxA défaut de château, certains domainesjouent également cette même stratégiede la mise en scène.

Les exemples sont nombreux. Maisonsde maître ou maisons plus banales, leurmise en scène est similaire : uneperspective sur la façade mise en valeurpar une vigne en premier plan.

De telles mises en scène sont plussouvent virtuelles que réelles. Denombreux chais et domaines ne fontl'objet que d'un soin minimaliste quicontraste avec l'image véhiculée par lesétiquettes.

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Clos de Gamot(Prayssac)

L'étiquette est inchangée depuis au moins 1918 comme un gage de l'inscription du produit dans une lignée

patrimoniale.

Il est également intéressant de noter que

l'étiquette du Clos de Gamot utilise en plus

l'image du Pont Valentré, comme pour

mieux affirmer son ancrage territorial et

patrimonial.

Le Clos de Pougette(St­Vincent­Rives­d'Olt)

Une mise en scène virtuelle est proposée par un panneau qui

nous invite à contempler une mise en scène

réelle qui a sa qualité propre.

Les paysagesd'emprunt mis enscène par l'AOCCahors sontgénéralement lesmonumentsemblématiques duterritoire.

La logique AOC joue àplein, il s'agitd'associer produit etterritoire, la notoriétéde l'un servant celle del'autre.

Naturellement le PontValentré étant lemonument majeur dansle territoire de l'AOC,c'est celui qui a étéchoisi pour symboliserles vins de Cahors etc'est l'objet d'empruntle plus souvent mis enscène pour promouvoirle vin.

Cette stratégied'association dumonument et duvignoble s'estégalement concrétiséepar la mise en scène deceps de vigne dans lesespaces jardinés quiaccompagnentl'ouvrage. C'estégalement le lieu qui aété choisi pouraccueillirl'évènementiel desJournéesInternationales duMalbec.

Les autres monuments,bien que d'unenotoriété moindreservent égalementd'appui à lavalorisation du vin(Barbacane de Cahors,tour de l'Impernal et,Chapelle de NotreDame de l'Ile àLuzech...).

Pour cette dernière,l'étiquette propose enillustration un paysageinventé.

Paysages d'emprunt

Luzech © J . Morel

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La représentation de paysages viticoles sur les étiquettes de bouteilles de vin révèle l'absence de paysages emblématiques du vignoble du Cahors. Les paysages proposés sont peu identifiables, si ce n'est la silhouette supposée du village de Bélaye pour le domaine des Grauzils.

Ce qui prime c'est la représentation d'un paysage viticole. Cette appartenance à une production parfaitement identifiable est soulignée par l'adjonction d'objets traditionnels de la viticulture (comportes, pressoir).A noter que le Domaine de la Cévenne n'utilise pas le motif emblématique de la vallée du Lot qui lui donne son nom. L'étiquette du Domaine de Labarrade nous offre aussi un joli contrepied puisque « la barra », fermant l'ouverture de la cour a disparu pour nous offrir une belle perspective sur le vignoble.

Mais on retrouve aussidans cette expressiondes paysagesgénériques comme cevillage difficilementidentifiable au vignoblede Cahors.

On y retrouve aussi lavalorisation depaysages d'empruntcomme cettecommande de la cavedes cotes d'Olt àJeffery Stride pourillustrer une série des« Sites du Lot »apposée au dos desbouteilles.

La médiation artistiqueLa médiation artistique est régulièrement utilisée sur les étiquettes debouteilles de vin.

Il semble qu'il existe une certaine alchimie entre vin et peinture. Les toiless'exposent dans les chais, le vignoble se fait mécène (fresque de Chamizoà Douelle) et se met en scène au travers du regard des artistes.

Les paysages du vignoble du Cahors sont source d'inspiration. Le vinaussi.

L'alchimie est poussée à son extrême lorsque l'artiste fait du vin, lamatière de son œuvre et transforme l'aquarelle en « vinarelle ».

Adam COPE, Vines ­ Terre Rouge, © The Artist.

Une « vinarelle » de YRB ­ Le Bal des Heureux

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NB : l'aire AOC comptebien 45 communesmais la commune deCahors a été exclue del'analyse pour cettepartie car avec plus de20 000 habitants et unedensité de plus de 300habitants par km² elleintroduit une fortedistorsion au calculdes moyennes.

Vigne et villeL'aire du vignoble de l'AOC Cahors comprend le tronçon de vallée du Lotcompris entre Arcambal et Soturac. Du point de vue de l'occupationhumaine, il s'agit là d'une région du Lot les plus densément habitées : ladensité moyenne des 44 communes de l'aire AOC est de 44 habitants parkm², nettement supérieure à celle du Lot établie à 32 habitants par km². Lapopulation se concentre dans la vallée : les 21 communes de la vallée duLot (hors Cahors) accueillent 18 500 habitants (69% de la population del'aire AOC hors Cahors) et présentent une densité moyenne de 69habitants par km², lorsqu'elle n'est que de 24 habitants par km² pour lesautres communes (plateaux et vallées secondaires).

Une telle densité est à mettre en relation avec la succession de bourgs etvillages qui émaillent la vallée du Lot aval. Ces bourgs constituent autantde pôles de services et d'emplois générateurs de développementéconomique et démographique.

La dynamique démographique dans l'aire AOC est relativement forte entre1999 et 2007 (+0,98 % par an), légèrement plus forte que la moyennedépartementale (+0,84 % par an). Toutefois, ce sont les secteurs lesmoins peuplés qui connaissent les croissances relatives les plus fortes(+1,65 % par an pour les communes de plateaux et vallées secondairescontre +0,72 % par an pour les communes de la vallée du Lot). En valeurabsolue c'est quasiment l'équilibre : +118 habitants par an pour le territoirede plateau et des vallées secondaires, +129 habitants par an pour leterritoire des communes de vallée.

Les dynamiques économiques et démographiques génèrent dudéveloppement urbain. Or, l'extension des bourgs, villages ethameaux est susceptible d'interférer notamment avec la vocationagricole de ces espaces, et en particulier avec le vignoble. L'objectifde cette partie est de caractériser ce développement urbain enmontrant de quelle manière il évolue, puis de voir ensuite la manièredont il investit les terroirs viticoles.

Des surfaces urbanisées multipliées par 3,5 en 60 ansSelon les fichiers fonciers de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP),le territoire des 44 communes de l'aire AOC (cf. note page précédente) comporterait15 600 parcelles bâties (soit 10 % des parcelles) contenant plus de 20 000 locaux.Celles­ci couvrent une superficie de près de 3 000 hectares (soit 5,3 % de lasuperficie cadastrée). Le nombre de locaux construits augmente fortement dans lesannées 60 et 70, puis se stabilise autour de 250 constructions par an à partir desannées 80 ; les années 90 sont marquées par un fléchissement (200 constructionspar an), alors que les années 2000 sont celles de la reprise (280 constructions paran). La progression du nombre de locaux entre 1950 et 2009 est de 139 %.

L'évolution des surfaces cadastrées comportant du bâti est plus accentuée (+247 %entre 1950 et 2009). Depuis les années 70, la croissance des surfaces cadastréesbâties est quasiment linéaire, la moyenne annuelle fluctuant entre 40 et 55 ha/an.

Entre les recensements de population de 1968 et de 2007, la population de ces 44communes est passée de 18 473 à 26 177 habitants, soit une augmentation de 42 %sur la période. Pour comparaison, sur une période équivalente (1970­2009), lenombre d'habitations a augmenté de 89 % et la surface du parcellaire bâti de 178 %.

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Evolution du parcellaire bâti entre 1970 et 2009Vignes etTerritoiresPaysagesdu Cahors

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NB : l'exploitation desdocuments d'urbanismea été faite au mois d'aout2010 sur la base desplans locaux d'urbanismeet des cartescommunales approuvéset numérisés à cettedate.

Le potentiel urbanisableest la somme dessuperficies cadastréesde toutes les zones AUouvertes et fermées etdes superficiescadastrées non bâtiesdes zones U (pour lescartes communales, ils'agit des surfacescadastrées non bâtiesdes zones C)

4 communesconcentrent plus de50 % de ces capacités :

Prayssac (215 ha),

Puy­L'Evêque (181),

Luzech (139 ha),

Catus (122 ha).

3 communes prévoientplus d'un doublementdes surfacesurbanisées :

Sauzet (+148 %),

Luzech(+128 %),

Les prévisions des documents d'urbanisme, vers undoublement des surfaces urbanisées« Le développement urbain maîtrisé, l'utilisation économe des espacesnaturels, la préservation des espaces affectés aux activités agricoles etforestières, et la protection des sites, des milieux et paysages naturels... »(Extrait de l'article L121.1 du code de l'urbanisme) sont autant d'objectifsdévolus aux documents d'urbanisme. Pourtant, force est de constater quela majorité des documents d'urbanisme entérine un processusd'urbanisation dispendieux de l'espace. En effet, en développant une offrefoncière disproportionnée par rapport aux besoins en logements, lesdocuments d'urbanisme favorisent une urbanisation peu dense, peuorganisée, peu rationnelle.

Sur les 45 communes de l'aire AOC, nous disposons d'un panel de 22communes dotées d'un document d'urbanisme. Celles­ci totalisent unecapacité foncière urbanisable de 1 285 hectares, soit plus du double dufoncier bâti sur la période 2000­2008 pour l'ensemble des communes del'aire AOC (625 hectares). Pour ces 22 communes, les prévisions dedéveloppement représentent une augmentation potentielle des surfacesurbanisées de 81 %. 3 communes prévoient plus qu'un doublement dessurfaces urbanisées.

Le graphique suivant a été obtenu en transformant les capacités potentiellesd'urbanisation telles qu'elles ressortent des documents d'urbanisme approuvés ennombre de logements en appliquant pour chaque commune la densité moyenne dessurfaces cadastrées bâties pour la période 2000­2009.

Les 22 communes totalisent une capacité de construction de près de 6 000logements, nombre à comparer aux 13 200 logements construits dans le Lot entre2000 et 2009, dont 1 104 construits sur ces 22 communes. Autrement dit, lesprévisions sont de 5 à 6 fois supérieures au nombre de constructions réalisées lorsde la dernière décennie.

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Les 4 communes les plus « ambitieuses » sont :

Puy­L'Evêque (1 200 logements)Prayssac (860 logements)Luzech (670 logements)Mercuès (510 logements) 41

3 communes flirtent oudépassent le siècle enprévisions dedéveloppement :

Bélaye(108 années)

Parnac (104 années)

Albas (93 années)

Enfin on peut convertir les prévisions des documents d'urbanisme ennombre d'années nécessaires au remplissage des zones selon uneconsommation foncière annuelle fixe (ici égale à la consommation foncièremesurée sur la période 2000­2009). La moitié des communes flirte oudépasse les 50 ans, deux communes dépassent le siècle (Bélaye etParnac) et le terme de l'urbanisation de leurs zones constructibles seraitpostérieur à l'année 2110.

La confrontation des logements et des vignes concerne

1 vigne sur 5 et 1 maison sur 10L'accentuation de l'étalement urbain telle que démontrée dans les pagesprécédentes a pour conséquence directe la disparition de terres agricoles et ladestruction d'espaces naturels, mais aussi une incidence sur l'accroissement desconfrontations entre espaces urbanisés et espaces agricoles.

Sur les 5 000 hectares de vignes, plus de 1 000 hectares jouxtent des parcelleshabitées. Ainsi, ce sont plus de 20 % des surfaces de vignes qui sont en mitoyennetéde parcelles urbanisées. La moitié de ces surfaces jouxte des parcelles urbaniséesavant 1950, mais le phénomène semble prendre de l'ampleur.

Les parcelles habitées jouxtant des vignes représentent une superficie cumulée de371 hectares, soit 11 % du foncier cadastral bâti (une maison sur 10 serait mitoyenned'une vigne). 55 % de ces surfaces concernent des habitations construites après1975. En 60 ans, la surface des vignes en mitoyenneté de parcelles habitées adoublé. Pendant la même période, les surfaces des parcelles habitées mitoyennesdes vignes ont plus que triplé. Enfin, le linéaire de contact entre parcelles en vigne etparcelles habitées est supérieur à 80 km. Plus de la moitié (43 km) concerne desparcelles bâties depuis 1975.

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42

Prix des vignes et paysages

Les paysages qui résultent de la confrontation entre vigne et urbanisationsont d'une certaine manière le produit des valeurs foncières.

Le prix des vignes d'appellation pour le Lot fluctue pour l'année 2006 entre9 150 € et 15 250 € l'hectare (source AGRESTE – Le prix des terresagricoles en 2006). Le prix du terrain à bâtir dans le Lot s'établit autour de30 000 € (source PERVAL). Par exemple, une parcelle d'1 hectaredivisible en 5 terrains à bâtir de 2 000 m² représente une valeur vénale del'ordre de 125 000 €, soit dix fois supérieure à la valeur vénale moyenned'1 hectare de vigne AOC. La réalisation de cette espérance en cas decrise ou pour se constituer une retraite permettant de vivre dans unecertaine dignité est un fait culturel et social relevant d'une gestion en « bonpère de famille », même si vendre « le capital » est toujours un sacrificedouloureux. L'absence de perspective de reprise dans le cadre familial estalors un facteur décisif du passage à l'acte.

De ce constat ressortent deux enseignements :

• Les valeurs vénales des vignes et terres à vignes dans l'AOC Cahors nesont pas concurrentielles du foncier à urbaniser. La viticulture n'est doncpas, de ce point de vue, un frein à l'expansion de l'urbanisation et aumitage.

• Le classement de vignes et de terres à vignes en terrains à urbaniserest un enjeu pour certains exploitants dans une perspective de cessationd'activité. Cette question devient le point central des débats des PlansLocaux d'Urbanisme des communes où la vigne est quantitativementprésente, au risque d'occulter toutes autres dimensions du projetterritorial.

A l'opposé l'AOC Champagne offre un cas extrême de terroir viticoleprotégé par sa valeur foncière (734 000 € par hectare en 2007). Lesterroirs de production du Champagne et des grands crus d'Alsace, deBourgogne, de Bordeaux sont sanctuarisés du fait du rapport économiquequ'ils représentent. Le moindre arpent de terre est planté en vigne. Il enrésulte des paysages viticoles forts.

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43

Parnac,

les nouvelles constructions

s'installent aux franges du cœur

villageois, en confrontation

directe avec les vignes

Luzech (Caïx),

en pied de coteaux, terrains et

terroirs en concurrence entre vigne et maisons

individuelles.

Luzech

L'implantation de bâtiet en particulierd'habitations au cœurdes vignes n'est pas unfait nouveau.

La rupture est dans lelien entre les différentséléments. Dans un casl'un est leprolongement logiqueet nécessaire de l'autre.Les implantations, lesimbrications, lesmatériaux sontharmonieux et fontpaysage.

Dans l'autre cas, leséléments sontjuxtaposés sans lienfonctionnel, sansdialogue. L'habitationest une résidence quiprofite du lieu. Ellecohabite plus ou moinsbien avec les parcellesde vigne voisine et leurexploitation. Elles'implante enbrutalisant le site pourle plier à sescontraintes(terrassement,enrochement), avecune intelligence plusque minimaliste deslieux.

La recherched'aménitésindividuelles estprioritaire : recherched'un point de vue sur legrand paysage,agrément d'unenvironnementviticole... comme unidéal de « vie à lacampagne ».

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44

Anglars­Juillac

Implantation sur les troisièmes

terrasses.L'architecture créé

l'évènement.

Ces formes urbaines en archipel qui occupe les

terrasses des méandres du Lot sont l'héritage des

implantations traditionnelles des

exploitations le long des voies de

circulation.

Souvent considérées comme des

supports d'urbanisation, le

risque est grand de voir se développer de longs cordons distendus de bâti avec des impacts

potentiels sur l'identité de ces

lieux et un enclavement d'ilots

agricoles qui occupent le

territoire plus en profondeur.

RegardsLes paysages du vignoblevus par...

Catherine Soula­Espiassepaysagiste conseil de l'Etat dans le Lot de 2003 à 2010

Francis LaffargueDirecteur de la ferme expérimentale du vin de Cahors àAnglars­Juillac,

Responsable du service viticulture à la Chambred'Agriculture du Lot.

Claudie ArteroChargée de missions territoriales à la Direction Régionalede Environnement, de l'Aménagement et du Logement(DREAL) Midi Pyrénées

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Vallée du Lot,

Regards en quatre temps

de Catherine Soula­Espiassepaysagiste conseil de l'Etat dans le Lot de 2003 à 2010

« Le Lot, c'est toutes les forces de l'eau du pays qui se concentrent sur le ruban et qui" travaillent " sur le plateau.

Mais ce travail est très long et très compliqué. L'entaille de la rivière dans le plateau est nette,verticale, mais quand la rivière s'éloigne la falaise s'effondre et la coupure vallée/plateaus'estompe. A côté de la rivière, tous les petits ruisseaux se dessinent et font leur percées.

Le résultat est une vallée très large où chaque méandre est un " pays " à part, car même enrestant du même côté de la rivière, communiquer d'un méandre à l'autre n'est pas facile : larencontre de la rivière et du plateau est toujours un lieu escarpé, pittoresque, où les routes ont étédifficiles à construire.

Aussi, à l'intérieur de chaque méandre, nous pouvons suivre les différents cheminsde la rivière : les plus anciens sont sur les hautes terrasses (+20 à 40 mètres audessus du Lot), puis sur les moyennes terrasses (+5 à 20 mètres) et enfin sur laterrasse la plus récente (+1 à 5 mètres).

D'anciens vallons perchés, comme Vire, évoquent de façon très sensibles lesanciens méandres.

La vie, les activités humaines sont intenses dans la vallée : l'abondance de l'eau, larichesse des sols permettent une implantation pérenne des hommes.

Au XIXème tout l'espace est occupé à l'exception des versants les plus escarpés descévennes ces versants rocailleux du plateau. La vie autour de la rivière s'organiseautour du fret fluvial et de la pêche. De nombreuses chaussées associées à desécluses, des ports et des moulins, seront alors construits.

A cette époque, l'essentiel de la vigne est sur les cévennes, les sols alluviauxservent à la polyculture (maraichage, céréales, fourrage, vergers). Mais lephylloxéra, ce petit puceron, causera une crise agricole sans pareil qui modifierafondamentalement ce paysage, notamment par le redéploiement conséquent de lavigne en vallée.

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Les cartes postales anciennes nous montrent un pays jardiné dans les moindres recoins.Quelques maigres taillis de chênes sur les sommets calcaires, des fruitiers, des peupliers d'Italiele long du Lot, forment une trame végétale très claire, discontinue. La rivière est visible partout. Leparcellaire, les cultures en terrasses, impriment une toile complexe qui compose avec le relief. Leschâteaux, les bourgs, l'architecture, l'organisation foncière hérités du XIXème sont les témoins d'unesociété rurale riche à tout point de vue : agriculture, commerce, industrie, artisanat, art,gastronomie, …

Les paysages d'aujourd'hui, s'ils nous semblent pourtant immuables, sont en fait très différents dece passé.

La rivière est presque partout cachée par une épaisse ripisylve, les bois ont gagné tous lesversants calcaires, la vigne est descendue sur les terrasses jusqu'au bord du Lot. L'élevage adisparu. La polyculture subsiste entre les vignes.

La présence de la vigne est quasi exclusive sur certains méandres comme celui de Pescadoireset Lagardelle : paysages intenses, où chaque rang de vigne redessine la parcelle et où chaqueparcelle rayonne vers la rivière.

Mais paysage fragile aussi, car tout se voit, le nouveau pavillon comme l'ancienne ferme, et toutest soumis aux fluctuations du cours du vin.

A Vire, dans l'ancienne vallée perchée, les bois de chêne, les cultures non pérennes, l'espace plusfragmenté, offrent des paysages plus composites, moins fragiles, plus intimes aussi.

A Prayssac, la pression foncière a mangé le parcellaire agricole. L'urbanisme moderne vientoccuper même les espaces improbables, comme la zone d'activité qui, à grands renforts deterrassements, s'est installée entre la D 811 et le Lot, devant le village de Pescadoires...

Du XIXème (et d'avant) restent le cadre fermé de la vallée, les perspectives en longues courbes(courbes des versants et de la rivière), l'architecture de pierre, les chaussées sur le Lot, le dessindu parcellaire (au moins en partie) et beaucoup de traces encore d'une organisation ruralecomplexe et diversifiée. Organisation où s'exprime beaucoup l'identité de la vallée, notamment parla présence d'un " petit " patrimoine rural tout à fait spécifique.

Sous le même titre d'AOC Cahors, coexistent les vins de la vallée et les vins du plateau, où lavigne est élevée en ilots épars de tailles fluctuantes dans un paysage qui contraste à bien deségards avec celui de la vallée : paysage de ciel aux limites lointaines qui ondule doucementdepuis les points hauts ( les serres et les tuques) jusqu'aux fonds des vallons et des combes oùles cultures s'installent sur un maillage parcellaire lâche.

Le lien est le socle calcaire, la tradition architecturale, les savoir­faire… vaste débat où chacunpeut apporter les arguments de la différence, comme ceux des liens.

C'est une question importante à l'heure où la communication autour du TERROIR cherche àconforter l'identification des AOC.

Si la vallée du Lot avec ses falaises et ses sites touristiques (Puy l'Evêque, Luzech...) est trèsemblématique du vin de Cahors, la complémentarité entre les vignes de vallée et les vignes duplateau est une réalité importante du territoire de l'AOC et doit être retraduite dans son identitépaysagère. »

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Le vignoble de Cahors

Francis LaffargueDirecteur de la ferme expérimentale du vin de Cahors à Anglars­Juillac,

Responsable du service viticulture à la Chambre d'Agriculture du Lot.

Retour sur un entretien réalisé le 14 octobre 2011

Difficile de prime abord de synthétiser les propos de Francis Laffargue sans en altérer le sens tantleur contenu est riche. Puis, rapidement, nous sommes frappés par le fait que, asseznaturellement, le paysage a été appréhendé au cours de cet entretien dans toute sa complexité.Finalement nous pouvons nous appuyer sur différentes dimensions du paysage pour structurercette synthèse...

une géographie

Malgré ses débordements sur le plateau (et l'intérêt géophysique même du plateau) le vignoblereste attaché à l'entité de vallée et en particulier à ce tronçon de la moyenne vallée du Lot entreCahors et Lot­et­Garonne où la rivière serpente dans une vallée qui s'évase. Cet espaces'appréhende en trois dimensions et ne se réduit pas à une plaine alluviale. La vallée se déploiede crête à crête en passant par les versants, les terrasses successives, la plaine inondable et sonpoint bas marqué par la rivière. Elle recèle donc une palette de milieux, une palette de terroirs.

La vallée associée au vignoble est le marqueur de l'identité du territoire dont la communauté decommunes de la vallée du Lot et du vignoble tire son nom. Les acteurs du territoire, ses habitants,cultivent un sentiment d'appartenance à la vallée du vignoble. Ce sentiment se construitégalement par opposition à la dénomination (à la connotation perçue péjorative) de « bassevallée », née d'une vision « centralisatrice » cadurcienne. (En considérant le territoire depuisCahors, centre de toute chose !). Cette appellation est géographiquement impropre puisque lavallée s'étire en aval jusqu'à sa confluence avec la Garonne à Aiguillon. Si on veut que leshabitants se conduisent correctement avec leur territoire, il faut qu'ils en soient fier et il existe unefierté à habiter et travailler dans la vallée du Lot et du Vignoble.

Cette appartenance territoriale porte également en germe un clivage entre vallée et plateaux...

un héritage

La dimension patrimoniale est importante. Elle nous rappelle qui nous sommes, d'où nous venons.Elle est constitutive de notre identité.

Le patrimoine c'est les châteaux et les églises autourdesquels se construisent encore les identitéscommunautaires et la valorisation du territoire.

C'est également le patrimoine civil rural : chais, maisonsde vignerons, cabanes de vignes, pigeonniers, cazelles...Ces éléments , mêmes les plus modestes sont essentielsdans les paysages du vignoble. Ils sont les témoins despratiques passées, ils alimentent l'imaginaire collectif, ilssont des motifs exceptionnels qui donnent un cachetparticulier aux paysages de vigne.

le travail des hommes

Le paysage est le fruit du travail des hommes. C'est une évidence dans un vignoble.C'est aussi le fruit d'un projet collectif. Le projet de l'AOC a permis de développer unvignoble de 4 500 hectares. Un vignoble bien différent de celui qui pouvait exister auXIXème siècle et en peu de chose comparable. La main d'œuvre, les pratiques, lecontexte économique ont radicalement changé la donne.

des regards

Le regard des uns permet de valoriser le travail des autres, de leur rendre leur fierté.La société peut avoir des attentes sur la conservation du patrimoine, sur le maintiendes murets, sur l'enherbement des vignes... Il faut reconnaître en retour le rôle duvigneron dans la gestion de l'espace, son investissement sur le temps long dans leterritoire, dans la terre... Il faut lui donner envie de s'investir.

un contexte économique, social, politique

Le lien entre paysage et produit marchand est une évidence. Une mévente desproduits de la vigne aura pour répercussion à moyen et long terme une régression duvignoble et donc une altération de ses paysages. Cette régression est aujourd'huiamorcée avec un repli de l'ordre de 200 hectares. Visuellement, quelques parcellesde vigne sont arrachées, puis laissées en pré ou plantées en noyers. Uneaccélération du phénomène pourrait conduire à une transformation radicale despaysages vers un modèle polycultural, là où aujourd'hui la vigne dominemassivement.

Face à cette situation les stratégies sont multiples. Deux scénarios s'opposent :

• Celui de la massification de la production autour d'un nombre réduit de structures.Positionnement sur des logiques de marché mondialisé. Grandes exploitations(latifundia). Simplification, spécialisation, uniformisation, apports de capitauxextérieurs. Vers des vins de cépage et des vins haut de gamme.

• Celui de l'ancrage dans la tradition et l'économie locales vise à conserver un grandnombre d'exploitations de petites et moyennes tailles. La consolidation de cesexploitations se fait par la diversification des activités. La relocalisation desinvestissements des viticulteurs dans le territoire devient un enjeu majeur pour faireun vignoble intégré au tissu économique et social. Les débouchés se multiplient dansdes marchés de niche par les micro­réseaux des nombreux acteurs de la filière. Lesproduits se diversifient et il est attendu que la hiérarchisation du vignoble appuyéesur les terroirs rende cette diversification plus visible et lisible.

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Sites et paysages en vallée du vignoble de Cahors

Claudie ArteroChargée de missions territoriales à la Direction Régionale deEnvironnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) MidiPyrénées

Retour sur un entretien réalisé le 29 septembre 2011

Claudie Artero est Chargée de missions territoriales à la DREAL, elle intervient plusparticulièrement sur le territoire des Contreforts du Massif central – Quercy, dont fait partie ledépartement du Lot. Les chargés de missions territoriales s'occupent de la coordination de lamise en œuvre des politiques territoriales de protection et de gestion des paysages, des milieux etdes sites. Cela fait déjà de nombreuses années que Claudie « arpente » le département du Lot,ardente défenseur de l'environnement prônant la biodiversité et le maintien de la qualité despaysages.

Une de ses dernières actions d'envergure a été la réalisation du bilan des sites classés et inscritsdu département du Lot (protections au titre de la loi du 2 mai 1930). Il s'agit de faire connaître etde valoriser ces paysages remarquables du département, de définir un programme de nouvellesprotections à mettre en œuvre ainsi qu'un programme d’actions qui porte notamment sur les sitesconfrontés à une perte de leur qualité. Ce travail a fait l’objet d’un rapport à disposition de tous lesacteurs du territoire.

Interrogée sur sa vision du contexte départemental et plus particulièrement sur sa perception duvignoble du Cahors, son constat fait apparaître une certaine méconnaissance du territoire AOC vinde Cahors, justifié par le faible nombre et la faible superficie des sites disposant d'une protectioninstitutionnelle, mais aussi par l'absence de sites « tapageurs » jouissant d’une forte notoriétémais souffrant souvent d’une surfréquentation. Et pourtant, il s’agit d’un territoire de vallée tout àfait singulier, très différent de celui de la Dordogne au nord du Lot.

Est­ce pour palier un manque de reconnaissance que le bilan des sites classés etinscrits de 2010 met en avant la vallée du Lot ? En effet, l'illustration de couverturedu rapport est une photo de l'ile de Floiras et du vignoble d'Anglars­Juillac et lapremière fiche technique du rapport concerne la vallée du Lot.

Dans la partie de la vallée en aval de Cahors, on compte un seul site classé, celui duchâteau de Mercuès et tout de même sept sites inscrits.

On peut y lire : « Les vignobles en aval de la vallée du Lot contribuent au maintiendes paysages et à leur entretien. » il est aussi précisé « Une étude paysagèreglobale de l'ensemble de la vallée du Lot permettrait d'avoir une connaissanceapprofondie du territoire afin de protéger et valoriser tous les sites sensibles de lavallée. Une telle démarche ne pourrait que renforcer l'attrait touristique de la rivièrerécemment rendue à la navigation ».

Ces commentaires dénoncent l'absence de valorisation du paysage et de projetpatrimonial à l'échelle de la vallée. Et pourtant, sa diversité intrinsèque mais aussi lesdifférences entre les deux parties de la moyenne vallée du Lot à l'amont et à l’aval deCahors, la présence d'une production viticole de renom, ses paysages et sonarchitecture épique remarquables… font de cet ensemble un territoire à forts enjeuxmais en manque d'une réelle stratégie d'ensemble.

Prendre en compte l'environnement paysager et biologique notamment, dans lesprojets d'aménagement du territoire n'est pas toujours un réflexe. Il faut enpermanence expliquer, donner à voir, faire connaitre, persuader, argumenter, malgréparfois les outils réglementaires conçus pour préserver et valoriser. Ceci dit lesmentalités évoluent, par exemple la biodiversité est une notion qui a fait son cheminet qui est aujourd'hui très bien comprise et acceptée... lorsqu'elle ne génère pas tropde conflits d'usages !

Des élus qui ne discernent pas forcément les notions de paysage, environnement,développement durable, écologie... Beaux paysages ne riment pas forcément avecbiodiversité....

Les notions de paysage, environnement, développement durable, écologie... trèsutilisées de nos jours doivent être régulièrement expliquées pour qu’élus ou simplescitoyens sachent de quoi on parle et puissent faire des choix éclairés lors de toutacte d’aménagement du territoire. D’autant que parfois des objectifs paysagerspeuvent contrarier des objectifs biologiques et inversement. (Par exemple, lasuppression d’un bosquet pour ouvrir une fenêtre visuelle peut être préjudiciable à laconservation d'une continuité écologique ; autre exemple, les beaux paysagesviticoles sont pauvres biologiquement parlant).

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Vision sensible de ce territoire...

Il se dégage de ce territoire de vignes une certaine quiétude que procure la rivière Lot, lente etsinueuse. La géographie très présente et très lisible de la vallée révèle les paysages soignés,propres aux vignobles de vallée. En terme de découverte, les nombreux points de vues donnent àvoir de façon remarquable un territoire qui semble préservé et immuable et dont la dimensionhistorique du vin « charge » son ressenti.

Mais il faut aussi y voir des points faibles tels que :

• la déconnexion de la ville de Cahors avec la vigne... Quand on est à Cahors on ne voit pas devigne !

• la perception des paysage peu qualitative depuis la départementale 811, notamment aprèsEspère. « Il faudra faire du ménage ! »

• la perte du lien avec la rivière, par une ripisylve trop fournie parfois.

Le paysage est subjectif, chacun en a sa propre perception avec ses propres sens. Pour autantles sciences humaines (c'est à dire la géographie dans toutes ses composantes – géologie,démographie,…– mais aussi l’histoire, la sociologie, l’économie …) et la botanique, disciplinesutilisées par les paysagistes permettent de l’objectiver

Environnement et paysage, en quelque sorte deux mots pour qualifier la même chose, ce que l’onvoit et ce qui nous entoure. « Faire » de l'Environnement c'est « faire » du paysage ! Nous ensommes tous acteurs, à des degrés divers. La prise en compte émotionnelle du paysage peutmarquer une certaine différence d’appréciation mais chaque regard est légitime et doit pouvoirenrichir la perception d’autrui pour parvenir à un regard partagé, fondement des divers projetsd’aménagement et donc de la physionomie du territoire (le paysage) que nous lèguerons à nosenfants.

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Paysages 20404 fictions pour illustrer des avenirs possibles

Nous ne livrons pas un réel exercice de prospective. Nous n'en avons pasla compétence. Nous proposons simplement d'imaginer de façonpurement intuitive ce que pourrait devenir les paysages du Cahors àhorizon de 30 ans. Avant tout, cet exercice a vocation à ouvrir le débat...

Concernant l'horizon 2040, le pas de temps de 30 ans qui nous en sépares'impose presque naturellement. C'est d'abord le temps durenouvellement d'une génération permettant d'imaginer des changementssocio­culturels profonds. C'est aussi une période récurrente dans unehistoire du Cahors qui pourrait se schématiser selon cette successiongénérationnelle :

• 1850­1880 ­ 30 ans de folie de la vigne

• 1880­1914 ­ 30 ans de crise phylloxérique et de reconstruction

• 1914­1945 ­ 30 ans d'exode (guerres, crises, exode rural)

• 1945­1971 ­ 30 ans pour l'émergence du projet d'AOC

• 1971­2005 ­ 30 ans de développement du vignoble AOC

• 2005­2040 ­ 30 ans pour passer le cap de la « crise de croissance » etvoir installé un projet mâture pour ce territoire ?

Les scénarios sont présentés sous forme de fictions décrivant lespaysages de 2040. Les facteurs de changement et les évolutions ne sontpas explicités (quelques mots­clés donnent à voir le contexte imaginé denos scénarios). A titre d'exemple voici quelques facteurs de changementspossibles :

• crise énergétique

• évolutions de la demande mondiale et des marchés

• changements climatiques

• crises économiques et sociales localisées ou mondialisées

• fortes ou faibles tensions sur les productions alimentaires

• crises sanitaires

• croissance démographique

• modalités du développement résidentiel

• évolutions des politiques territoriales, économiques et sociales

• ...

Nous avons privilégié la présentation d'un nombre réduit de scénarios ;rien n'empêche d'en imaginer d'autres ou de penser que la réalité serapeut­être plus nuancée...

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mondialisation

coopérationinternationale

multinationales

axe franco­argentin

industrialisation

productivisme

intensification

performance

adaptabilité

complémentarité

capitaux

cépage

Les latifundiaDepuis le hublot de l'avion qui la conduit de Toulouse à Paris, Léacontemple les grandes étendues d'un vert profond éclairées par lespremiers rayons du soleil. Après les grands ensembles céréaliers de lavallée de la Garonne et des coteaux du bas Quercy, elle sait qu'elle survolele vignoble du Malbec et que bientôt après, la vallée du Lot franchie, cesera le tour des grands domaines forestiers. Née à Cahors, Léa est unbébé de l'an 2000 ; elle a grandi à Parnac et aujourd'hui, à 40 ans, ellemesure l'évolution stupéfiante du territoire...

Face à la croissance démographique (les 12 milliards d'habitants ont étéatteint en 2038), l'enjeu alimentaire est devenu une priorité duGouvernement Mondial. En 2030, il a fait inscrire dans la ConstitutionPlanétaire la fonction productive des espaces ruraux. Les terres agricolessont sanctuarisées et le développement résidentiel diffus est bannis.D'ailleurs 90% de la population vit en ville.

Sur le plateau, les vignes forment de grands ilots homogènes. Les autresterres agricoles sont principalement dévolues aux cultures céréalières. Leplateau accueille les 2/3 du vignoble Malbec, soit près de 10 000 hectares.Le reste (5 000 hectares) est implanté dans la vallée du Lot formant làaussi de grands ensembles homogènes sur les 2ème et 3ème terrasses. Desnoyeraies occupent les basses terrasses. On y retrouve également descultures vivrières (maraîchage, fruitiers). Les cévennes sont laissées à lafriche alors que les versants moins pentus sont exploités pour le bois­énergie dont la valeur ne cesse de croître.

L'occupation bâti du territoire se réduit aux bourgs et villages. Le nombred'habitants est en forte régression. Des hameaux désertifiés ont été rasés.Lorsque le premier pavillon a été racheté pour être démoli et pourimplanter une vigne sur sa parcelle de 5 000 m², Léa se souvient que celaavait fait la une de la presse locale ; c'était en 2019 ! Aujourd'hui, c'estdevenu banal. Les maisons individuelles construites il y a 40 ou 50 anssont pour la plupart vides et sans valeur. La seule espérance despropriétaires est un rachat par une de ces grandes sociétésagrobiologiques qui investissent ici.

En effet, plus de 95% du vignoble est aux mains de deux multinationalesqui détiennent également 70% du vignoble Malbec d'Argentine et du Chili.Le vin est intégralement commercialisé sous l'appellation Malbec sansréférence aux territoires de production (les mélanges entre les jus produitsen Amérique du Sud et ceux produits en Europe est devenu une pratiquecourante pour lisser la qualité de la production d'une année sur l'autre, etgarantir aux consommateurs la saveur qu'ils recherchent). D'ailleurs lesindications géographiques des produits alimentaires ont été supprimées,voilà bientôt quinze ans. Une trentaine de viticulteurs indépendantsrésistent. Ils détiennent environ 700 hectares de vignes, assurent lavinification et la commercialisation de leur produit souvent sur des marchésde niche haut de gamme. Leur attachement à la tradition est leur marquede fabrique. Il est vrai que leur échelle de production dans leur chais, avecleur domaine ou leur château, contraste avec celle des trois wineriesimplantées sur le territoire. Ces « usines » à transformer le raisin en vinsont imposantes dans le paysage. Une est implantée en vallée et a pris laplace de l'ancienne cave coopérative. Les deux autres sont installées surle plateau.

Si Léa vient régulièrement pratiquer des sports de nature dans le ParcNaturel Ludique des Causses du Quercy, il ne lui viendrait pas à l'idéeaujourd'hui de revenir dans le vignoble.

La reconversionCe 15 mai 2040, les instances lotoises accueillent pour la 3ème fois en 3 ans leSecrétaire d'Etat à la reconversion agraire. Si les visites gouvernementales sontfréquentes c'est que les premiers résultats des politiques publiques conduites depuisdeux décennies apparaissent enfin tangibles. L'enjeu est de première importance,puisqu'il s'agit d'assurer la reconversion agricole des anciens territoires viticoles dusud de la France décimés entre 2015 et 2030 par un parasite inconnu.

Des 4 000 hectares du vignoble de Cahors en 2015, il n'en restait plus un seul en2030. La crise économique et sociale qui s'ensuivit n'est pas sans rappeler la crisephylloxérique de la fin du XIXème siècle. Dans la vallée du Lot, c'est un pan majeur del'économie qui a disparu mais aussi son principal attrait touristique et résidentiel. Al'image des bassins industriels en déclin dans la deuxième moitié du XXème siècle, ona eu à faire avec un bassin rural en déclin : perte d'attractivité, perte de population,paupérisation.

Le plan de reconversion mis en place dès 2025 a conduit à l'amendement desmoyens et prérogatives des SAFER pour le rachat des terres, à la transformation dela ferme expérimentale d'Anglars­Juillac en ferme d'expérimentation et dedéveloppement de nouvelles filières, à la création d'un fond de soutien auxentreprises en difficultés et à la mobilisation des moyens de professionalisation desagriculteurs pour s'adapter à de nouvelles filières.

Des tentatives de replantations de vignes sont entreprises par quelques viticulteurstenaces. Tant et si bien que l'on compte aujourd'hui 500 hectares de ces nouvellesvignes qui ont produit leurs premières cuvées il y a 5 ans. Comme un invariant del'histoire ces vignes se situent pour la plupart sur les hautes terrasses des 7communes du noyau d'élite à partir desquelles le projet AOC avait été initié dans lesannées 1950. Un éco­musée de la vigne a été inauguré il y a 2 ans dans les locauxde la cave coopérative de Parnac pour transmettre aux nouvelles générationsl'histoire du Cahors.

Partout ailleurs, au fur et à mesure de l'arrachage des vignes, l'enfrichement agagné. Le développement résidentiel a pris ses aises, grâce à une offre foncièredevenue subitement abondante et donc peu chère. Il n'y a pas ailleurs dans le Lot demitage plus important que sur les terrasses de la vallée du Lot. Ce phénomène debanalisation a accentué encore davantage la perte d'attractivité du territoire.

Malgré tout le plan de reconversion a permis de développer un projetd'investissement pour la production de fruits de vergers et petits fruits. Aujourd'hui lesplantations de fraises et framboises sous abris occupent une place importante etgrandissante dans la vallée. Les grandes étendues recouvertes de tunnels enplastiques témoignent de la vitalité économique retrouvée de ce territoire.

Par contre sur le plateau, désormais la friche domine. Les anciennes vignes enclairières sont en voie de boisement. Seuls les grands ilots viticoles de plateaux ontpu être reconvertis, le plus souvent en productions céréalières.

La perte d'attractivité résidentielle et touristique a laissé un grand nombre de frichesurbaines : villages de vacances et hôtels à l'abandon, maisons et immeublesvacants. Les bourgs et villages peinent à retrouver un certain équilibre ne serait ceque pour la gestion des équipements et espaces publics, accentuant encore plus ledéficit d'image du territoire.

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Crise Faillite Arrachages

nouvelles filières solidarité nationale

exode reconstruction

spécialisation

patrimoine

exclusion

excellence

renommée

international

qualité

prestige

investisseurs

grand cru

Le berceau du MalbecCe soir il pleut sur Shangaï, pas question de sortir. Ce sera soirée vidéo.Le mur du salon s'anime. Dans le menu de la chaine Planète Patrimoine,Xiaolin consulte la liste des reportages inédits. Son choix se porte sur Leberceau du Malbec...

Le survol de la vallée du Malbec offre au spectateur des paysages aucharme évocateur : patrimoine, gastronomie et douceur de vivre. Ce sontces atouts qui ont permis à ce petit territoire du sud­ouest de la France dedécrocher son inscription par l'UNESCO au patrimoine mondial del'humanité. Cette reconnaissance suprême vient récompenser des annéesd'efforts pour tirer vers l'excellence. Durant les 30 dernières années, levignoble, qui s'appelait alors le Cahors, s'est réduit pour se concentrer surla production de grands vins, laissant à d'autres pays plus compétitifs laproduction de masse. Aujourd'hui, les vignes occupent exclusivement leshautes terrasses de la vallée et tirent le meilleur parti de ce terroird'exception. C'est aussi une utilisation exclusive de cet espace ; aucunautre usage n'y est admis. Des zones de viticulture protégées ont permisde stopper l'insidieux mitage pavillonnaire. Les investisseurs se sontmême évertués à racheter des maisons aux seules fins de les démolirpour reconstituer le paysage historique du vignoble.

Car il s'agit bien d'un héritage historique que les grands noms des vinsentendent faire fructifier. La vallée du Malbec a été reconnue comme leberceau de ce cépage grâce aux traçages ADN. Cette légitimité historiqueconfère aux vins d'ici une valeur particulière.

La restructuration du vignoble s'est accompagnée d'importantsinvestissements sur le patrimoine bâti. Les châteaux se succèdent au grèsdes méandres de la rivière Lot, ils donnent leur nom aux grands crus duMalbec. Ils se mettent en scène par un environnement viticoleparticulièrement soigné. Le château de Floiras est emblématique de cettedynamique : en état de ruine il y a 30 ans, il apparaît aujourd'hui danstoute sa fierté. Fleuron de la vallée, il donne son nom au dernier né desgrands crus du Malbec. Ici patrimoine rime aussi avec architecturecontemporaine. Des architectes de renom conçoivent les nouveaux chais,mais aussi hôtels, restaurants et résidences secondaires des famillesfortunées qui choisissent la vallée du Malbec comme lieu de villégiature.

Le vignoble occupe près de 2 000 hectares. Les vignes forment des ilotsdenses en pieds de coteaux et sur les hautes terrasses. Ils se succèdentsur les quarante kilomètres de la vallée entre Cahors, capitale du Quercy,et l'Agenais. Le patrimoine constitué des cabanes de vigne, pigeonniers,murets de pierre a également été restauré et confère au vigne un charmeparticulier.

Assez rapidement les collectivités locales (la communauté de la vallée duMalbec et la Région Sud­Ouest) se sont engagées pour amplifier l'actioninitiée par les acteurs privés. Les politiques publiques concourent à unemeilleure gestion du paysage et à une valorisation du patrimoine. Ledéveloppement urbain est contenu aux bourgs principaux. Desinvestissements importants sont consentis pour développer l'élevage ovinextensif sur les versants de la vallée et pour valoriser le patrimoine urbain.

Croisière sur le Lot et survol en montgolfière, chambres d'hôtes ou hôtelde standing, tables étoilées, visite de caves et dégustations... Xiaolinpense déjà à programmer un séjour en vallée du Malbec pour deprochaines vacances...

L'héritage fructifiéEn ce 1er septembre 2040 les vendanges sont bien avancées dans le vignoble duCahors. C'est la date qui a été choisie pour célébrer l'adhésion de la vallée du Lot etdu vignoble à la Charte de Fontevraud. Le président de la Communauté Rurale duSud du Lot accueille les acteurs du territoire, habitants, élus, entrepreneurs,agriculteurs... réunis pour une conférence­débat sur l'évolution des paysages duvignoble durant les 30 dernières années...

Le vignoble AOC Cahors s'étend sur près de 6 000 hectares. Mais la relativeprospérité d'aujourd'hui succède à des périodes plus difficiles : en 2015 la surface duvignoble était passée en dessous de 4 000 hectares avant que le projet de relancene parvienne à inverser la tendance. Dès les années 20, cela a été un franc succèsavec un accroissement annuel moyen de 200 hectares. Aujourd'hui le vignoblecontinue de se développer, mais selon un rythme moins soutenu..

Il faut dire que l'agriculture est devenue l'enjeu prioritaire de l'aménagement duterritoire en France et dans de nombreux pays, notamment pour faire face aux défisdémographiques (11 milliards d'humains), sociaux, environnementaux eténergétiques. Le travail de la terre a été revalorisé et les nouvelles générationsn'hésitent plus à se tourner vers cette activité, véritable alternative sur un marché del'emploi morose. Le contexte sociétal a également nettement évolué ; les valeurs du« local » sont recherchées et demandées.

A Cahors, la viticulture se développe au sein d'un système agricole valorisant auxmieux les potentiels locaux. La vigne a reconquis les hautes terrasses en bordure devallée, ainsi que certains coteaux où elle cohabite avec des parcours à moutons. Lesfonds de vallée sont réservés aux cultures vivrières (légumes et fruits). Ce partagedes fonctions productives a été rendu possible grâce aux Plans LocauxAgrobiologiques qui ont remplacés les plans locaux d'urbanisme pour les territoiresdont le taux d'artificialisation des sols est inférieur à 30%. On note un net recul del'enfrichement.

Les espaces de nature valorisés par l'agriculture sont préservés (réservesagrobiologiques) et l'urbanisation se conçoit également dans une perspective deréduction de l'emprise sur les ressources naturelles (foncier, énergie, air, eau...). LesProjets d'Espaces à Vivre sont intégrés dans les Plans Locaux Agrobiologiques. Ilsne couvrent que la partie agglomérée bâtie du territoire, et définissent la manièredont cet espace doit évoluer pour satisfaire les besoins des habitants (habitat,services, déplacements...).

L'essentiel de la population est urbaine. L'espace rural est avant tout perçu comme lenécessaire réservoir de production pour les villes et un réservoir de nature. Ils ontdonc une haute valeur aux yeux des populations qui deviennent vigilantes quant àleur préservation. D'autant plus que ce sont des espaces de loisirs (l'horizon desvilles, puisque les vacances à l'autre bout du Monde sont passées de mode). Lesvilles sont solidaires des campagnes. Elles investissent dans le cadre de contratsville­campagne, réalisent des investissements fonciers et organisent des partenariatspublic­privé avec les producteurs, les distributeurs et les associations deconsommateurs.

Le territoire accueille une activité touristique raisonnable autour du développementhôtelier de Cahors devenue la plaque tournante du tourisme en Quercy, à partir delaquelle s'organisent les excursions.

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ancrage territorial ruralité local

Identité transmission

Territoire social AOC culture

Annexes

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A propos du Cahorséléments contextuels

Quelques dates et chiffres repères

• 1929 : création du syndicat de défense du vin de Cahors

• 1947 : création de la cave coopérative des Cotes d'Olt

• 1951 : Obtention de l'Appellation d’Origine Vin Délimité de QualitéSupérieure (A.O.V.D.Q.S)

• 1964 : création de la confrérie du vin de Cahors

• 1971 : création de l'AOC Cahors

• 45 communes dans l'aire AOC

• 21 000 hectares, c'est la superficie de l'aire délimitée pour l'AOC

• 80 000 hectares de vigne dans le Lot en 1880

• 5 000 hectares de vignes dans le Lot aujourd'hui

• 500 hectares de vignes AOC en 1971

• 4 500 hectares de vignes AOC Cahors dans le Lot aujourd'hui

• 430 exploitations viticoles produisent du Cahors

• 180 000 hectolitres produits en moyenne par an

• L'AOC Cahors est la première appellation de Midi­Pyrénées devantGAILLAC (180 000hl en blanc et rouge) et FRONTON (90 000 hl).

• En 20 ans, entre 1980 et 2000 le nombre de viticulteurs a été quasimentdivisé par deux alors que la surface en vigne a nettement augmenté.

• Les négociants mettent en marché prés de 70 % de la production AOC.

• 100% de la production de Cahors est en vin rouge

• la production de Cahors représente 11% de la superficie mondialeplantée en Malbec (19% pour la France entière)

L'AOC Cahors

Le vin de Cahors a obtenu l'appellation d'origine contrôlée par décret du 15 avril1971. L'aire concerne 45 communes de la vallée du Lot et du plateau. Au sein dechaque commune une délimitation de l'aire AOC a été réalisée en fonction desterroirs. Cette aire s'étend sur 21 000 hectares. En 1971 le vignoble AOC ne comptaitque 500 hectares de vignes. Depuis, la superficie plantée a été multipliée par 10 etcompte environ 4 500 hectares.

Cette évolution rapide a été favorisée par l’embellie sur les vins d'appellationd'origine contrôlée et la stratégie commerciale de certains opérateurs visant àsatisfaire le marché en développement de produits accessibles à bas prix dans lagrande distribution.

Le Cahors est Une AOC très spécifique car elle repose sur une répartition de terroirstrès différents entre les terrasses de la vallée du Lot et le plateau calcaire, créantainsi une plus grande diversité de produits. La spécificité du Cahors est aussi liée àson cépage principal : le Cot (ou Malbec ou Auxerrois) très largement dominant dansl’encépagement. Le Cahors compte pour 11 % dans la superficie mondiale duMalbec après l'Argentine (71,5 %). Ce cépage donne des vins très colorés d'unrouge profond (d'où le surnom largement répandu et exploité de vin noir) et d'unegrande complexité aromatique.

Une AOC fondée sur l'histoire... en effet, le Cot est un cépage dont l'origine estrevendiquée dans le Quercy. Conformément au cahier des charges de l'AOC, il peutêtre utilisé seul ou assemblé à hauteur de 30 % maximum avec deux autres cépagesnobles, le Merlot et le Tannat.

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Les 45 communes de l'aire AOC Cahors

ALBASANGLARS­JUILLACARCAMBALBAGAT­EN­QUERCYBELAYECAHORSCAILLACCAMBAYRACCARNAC­ROUFFIACCASTELFRANCCATUSCIEURACCRAYSSACDOUELLEDURAVELFARGUESFLAUJAC­POUJOLSFLORESSASGREZELSLABASTIDE­DU­VERTLACAPELLE­CABANACLAGARDELLELAMAGDELAINELE BOULVELUZECHMAUROUXMERCUESNUZEJOULSPARNACPESCADOIRESPONTCIRQPRADINESPRAYSSACPUY­L'EVEQUESAINT­MATRESAINT­MEDARDSAINT­VINCENT­RIVE­D'OLTSAUXSAUZETSERIGNACSOTURACTOUZACTRESPOUX­RASSIELSVILLESEQUEVIRE­SUR­LOT

Organisation de la filière viticole

Sur l'ensemble des 450 vignerons qui produisent les 180 000 hl de vin de Cahors, ondiscerne trois types de producteurs :

• les coopérateurs, soit une grosse moitié des vignerons (240 producteurs) quiadhèrent à la cave coopérative "Côtes d'Olt" de Parnac ;

• les producteurs embouteilleurs, ils sont environ 200 vendant une partie de leurproduction sous leur étiquette, et le reste au négoce (vrac) ;

• les producteurs de vrac, une dizaine de vignerons qui vinifient dans leur cave etvendent au négoce la totalité de leur production ;

Quant aux structures locales de l'organisation économique, on distingue :

• d'une part, le Syndicat de défense du vin A.O.C. CAHORS qui regroupe 300vignerons. Ce syndicat assure une mission d’appui technique auprès des viticulteurset possède un laboratoire d’œnologie.

• D'autre part, le Syndicat des Négociants en Vin de Cahors et commerce en grosdes vins et Spiritueux du Lot (SNVCSL)

• Ces deux syndicats sont réunis au sein de l'Union Interprofessionnelle des Vins deCAHORS (UIVC) qui agit pour la promotion du vin et la structuration de la filière de laproduction à la commercialisation.

• Et enfin, La Fédération des vignerons indépendants. Elle regroupe une centaine decaves particulières qui mettent en bouteilles à la propriété.

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Eléments du contexte mondial

La production mondiale est relativement stable bien qu'en baisse parrapport à la moyenne des trois années précédentes. Cette baisse est,pour une part, dû au recul de la production européenne.

La consommation mondiale qui était sur une évolution tendancielle à lahausse depuis 1999 semble se stabiliser depuis 2008, année où les effetsde la crise économique mondiale ont commencé à être ressentis. Pour lesannées à venir un indicateur positif est l’augmentation prévisible de laconsommation en raison d'une part de la croissance démographique maissurtout par l'apparition et le développement de nouveaux foyers deconsommation.

Les échanges internationaux progressent rapidement (de 68 Mhl en 2002à 91 Mhl en 2007) en alimentant les marchés des pays non producteursmais aussi ceux des pays producteurs et les plate­formes logistiquesd'Europe ou d'Asie.

Le Brésil, l'Argentine, le Chili, la Nouvelle­Zélande, l'Afrique du Sud, fontpreuve d'une grande agressivité commerciale sur les marchésinternationaux. Nouvel arrivant la Chine qui plante 9.000 ha/an et qui voitsa consommation progresser de plus de 14 % par an dans les villes.

Eléments du contexte national

La production Française oscille ces dernières années de 20%, avec unerécolte correcte de 47,3Mhl pour 2009

La consommation intérieure est en baisse régulière. Cependant les vinsd'appellation connaissent une baisse moins forte (­ 7 %)

Après avoir subit une érosion nos exportations sont actuellement enberne, en particulier vers nos marchés traditionnels (manque le volumed'export)

Eléments du contexte départemental

La production bien qu'en baisse constante depuis 2005, est remontée lorsde la récolte 2009 très productive. Avec pour conséquencel'accroissement du stock déjà excédentaire.

Le marché du vin AOC de Cahors se rétrécit.

L’AOC Cahors est peu positionné à l’export (moins de 15% des volumes).

Conjoncture et commerce

Après les années 80 qui ont laissé de bons résultats économiques avec de fortescroissances économiques, les années 90 ont été plus difficiles en raison d'un marchémondial plus concurrentiel, de la baisse de la consommation et des restructurationsde la filière. En conséquence, les cours accusaient des baisses de 1995 à 1997,mais depuis 1998 la situation s'était bien améliorée (hausse des cours et desvolumes de vente, stocks très faibles).

Depuis 2002, la morosité s’est installée dans la filière viticole au niveau national etnotamment sur l’aire Cahors. Les cours ont fortement chuté. Le prix du vrac de l’AOCCahors est passé d’une moyenne de 128 €/hl en 2002 pour atteindre un niveaunettement inférieur à 100 €/hl.(entre 60 et 70€).

Les stocks ont beaucoup augmenté et leur importance accentue la dépression surles prix. Toutefois, le faible rendement obtenu par les viticulteurs en 2007 et 2008, dûà une pluviosité excessive, a permis de stabiliser ce stock de vin AOC qui pèsenéanmoins fortement sur les cours.

Les exportations ont tendance à progresser mais restent modestes (ellesreprésentent 10­15% du volume total).

Contexte actuel de la filière

Parmi les circuits de production, l'activité viticole occupe une place particulière car ils'agit d'une filière hyper­spécialisée donc particulièrement fragile et à la merci dumoindre aléa.

La crise qui touche aujourd'hui le monde agricole n'a pas épargné la filière viticole. Ilfaut souligner que le système des aides agricole ne s'applique pratiquement pas enviticulture obligeant les viticulteurs à faire eux même face aux aléas conjoncturels.

En 20 ans, entre 1980 et 2000 le nombre de viticulteurs a été quasiment divisé pardeux alors que la surface en vigne a sensiblement augmentée.

... sur le marché Français :

doit faire face à la baisse régulière de la consommation individuelle

modification de la demande

modèle unique de développement de la viticulture nationale obsolète

offre pléthorique et complexe et donc peu lisible (450 AOC et 140 vins de pays) pourle consommateur.

manque de synergie de la part des producteurs pour prendre des marchés àl'exportation

… sur le marché international

augmentation prévisible de la consommation

modifications profondes du consommateur de demain

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GlossaireAppellation d'Origine Contrôlée : (définition INAO) L'appellationd'Origine Contrôlée est un signe français qui désigne un produit qui tireson authenticité et sa typicité de son origine géographique. Elle estl'expression d'un lien intime entre le produit et son terroir.

Auxerrois : Cépage principal du Cahors (le nom scientifique est le CotNoir)

Bolet : perron et escalier de pierre extérieur couvert d'une toiture enauvent permettant d'accéder à l'étage de la maison.

Cayrou : amas de cailloux amorphes résultants de l'épierrement deschamps

Cazelle / gariotte : Petite construction de pierres sèches issues de lamise en culture de terrains où la roche est affleurante. Exempt decharpente, le toit est édifié en assises de lauzes de pierre posées enencorbellement, formant un plan circulaire. Ces constructions avaient pourfonctions d'abriter le vigneron des intempéries, de ranger les outilsagricoles, de soustraire au soleil les boissons et les provisions pour lapause du midi, de servir de lieu de repos pour le paysan ou le vigneronharassé par la pénible besogne des champs ou de la vigne.

Cévenne : versant caillouteux en pente raide sur l'un des deux flancsd'une vallée

Charte de Fontevraud : La Charte Internationale de Fontevraud a étéélaborée sous l’impulsion de l’Interprofession InterLoire et de la « Missiondu Val de Loire » à la suite de l’inscription sur la liste du patrimoinemondial par l’UNESCO de la région Val de Loire en 2000 et du colloqueinternational de Fontevraud « Paysages de vignes et de vins » qui s’esttenu en juillet 2003. pour en savoir plus :http://www.chartedefontevraud.org/

Combe : petit vallon

Cot (cote noir) : Le cot est le nom scientifique du cépage principal duCahors (il peut être également appelé Malbec, Auxerrois et de biend'autres noms...)

Glacis : Partie constituant le pied d'un versant. De plus faible pente que leversant, il s'est constitué par l'accumulation de matériaux qui s'en sontdétachés.

Grèzes : Les grèzes sont des éboulis de pentes consolidés.

Hiérarchisation : classification interne aux appellations (icône,premium...)

Latifundium (pl. latifundia) : Grands domaines agricoles.

Malbec (Malbeck) : cépage principal du Cahors, vraisemblablement dunom d'un certain Malbeck qui l'aurait introduit en Gironde (Ainsi le Cotprend différents noms suivants les régions, noms souvent inspirés par lepatronyme de son importateur). C'est aujourd'hui le nom commercialinternationalement reconnu.

« Noyau d'élite » : L'expression « noyau d'élite » est attribuée à G. Kuhnholtz­Lordatet fait référence aux 7 communes qui ont assuré la continuité de production de vinsde Cahors. Il s'agit des communes de Parnac, Saint­Vincent­Rive­d'Olt, Luzech,Albas, Anglars­Juillac, Puy­L'Evêque et Vire­sur­Lot. C'est à partir de ce noyau queva pouvoir se reconstruire le vignoble du Cahors...

Ripisylve : cordon boisé des berges d'un cours d'eau (forêt rivulaire).

Segmentation : La segmentation consiste à décliner un produit initial en une gammede produits pour répondre à une palette des demandes des consommateurs.

Serre : relief allongé de plateau entre deux vallées parallèles

Surface Agricole Utilisée : (définition INSEE) La superficie agricole utilisée (SAU)est une notion normalisée dans la statistique agricole européenne. Elle comprend lesterres arables (y compris pâturages temporaires, jachères, cultures sous abri, jardinsfamiliaux...), les surfaces toujours en herbe et les cultures permanentes (vignes,vergers...). La mesure de la SAU résulte des données des recensements agricolesissues de déclarations des exploitants agricoles.

Tuque : sur les plateaux du Quercy blanc, éminence de relief généralementrecouvert de pelouse ou de landes.

Vin Délimité de Qualité Supérieure (VDQS) : La catégorie de vins d'appellationd'origine vin de qualité supérieure (AOVDQS), ou plus souvent VDQS, est apparuependant la Seconde Guerre mondiale et a été officialisée par une loi du 18 décembre1949. Les VDQS étaient dès le départ des vins d’une certaine qualité, mais d’unenotoriété moindre que ceux des vins d'AOC. Le VDQS, pour circuler sous ce nom,doit être muni d’un label délivré par le syndicat viticole de la région intéressée. LeParlement français a ratifié le 28 novembre 2007 l'ordonnance 2006­1547 du 7décembre 2006, sur le régime des labels de qualité et des appellations d'origine enorganisant, au 31 décembre 2011, la suppression de la catégorie VDQS. Les VDQSconcernés doivent choisir entre la dénomination vin de pays (qui n'est pas uneappellation au sens strict administratif français du mot) ou l'AOC.

Winerie (anglicisme Winery/Wineries) : Établissement au sein duquel sont élaborésdes vins. En France, il semble que ce mot soit le plus souvent associé aux grandesunités agro­industrielles par opposition aux chais traditionnels et à une vinificationplus artisanale. Dans les pays anglo­saxons, les wineries sont autant des chaisartisanaux que de grandes caves industrielles.

Zones Agricoles Protégées : définies par l'article L112­2 du code rural et de lapêche maritime. Les Zones Agricoles Protégées visent à préserver de l'urbanisationdes terres agricoles qui présentent un intérêt général en raison soit de la qualité deleur production, soit de leur situation géographique.

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AcronymesAOC : Appellation d'Origine Contrôlée

AOP : Appellation d'Origine Protégée

CGAAER : conseil général de l'agriculture, de l'alimentation et desespaces ruraux

IG : Identification Géographique

IGP : Indications Géographiques Protégées

INAO : Institut National des Appellations d'Origines

IVSO : Interprofession des Vins du Sud­Ouest

OCM : Organisation Commune du Marché (viti­vinicole)

ODG : Organisme de Défense et de Gestion

UIVC : Union Interprofessionnelle des Vins de CAHORS (Ancien SyndicatInterprofessionnel du vin de Cahors). L’Union Interprofessionnelle du Vinde Cahors est un syndicat interprofessionnel constitué des organisationsprofessionnelles représentatives des producteurs et négociants : leSyndicat de Défense de l’Appellation d’Origine Contrôlée Cahors et leSyndicat des Négociants en Vin de Cahors et commerce en gros des vinset Spiritueux du Lot (SNVCSL)

SAU : Suface Agricole Utilisée

VDQS : Vin Délimité de Qualité Supérieure

VQPRD : Vin de Qualité Produits dans une Région Déterminée

VSIG : Vins Sans Indication Géographique

ZAP : Zones Agricoles Protégées

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Sources

bibliographie,

iconographie,

cartographie

et différentes sources

Bibliographie

Bilan des sites, classés inscrits du Lot ­ « lieux de beauté, lieux de mémoire » ­ Janvier 2010– Valérie LABARTHE pour la DREAL Midi­ Pyrénées – Ministère de l'écologie, de l'énergie,du développement durable et de la mer

Sud­Ouest Européen, revue géographique des Pyrénées et du Sud­Ouest n°21, Territoires etpaysages viticoles, Presses universitaires du Mirail, 2006

dont, avant propos de Michel RÉJALOT

Albert CAVAILLE et Philippe LECLAIR, experts de l'INAO, délimitation de l'AOC Cahors,rapport d'expertise, 1979­1981

dont citations de José BAUDEL, Le vin de Cahors, éd. Quercynoises, 1972

Vigne et vin, Culte et culture, catalogue de l'exposition du même nom au Grenier duChapitre, 1981

Etienne BAUX ­ Archives du Lot ­ Agriculture et vie rurale en Quercy Au XIXème siècle –1982

dont citations de :

P. QUERCY, Professeur départemental d'agriculture, article L'ancien vignoble du Lotet son état actuel dans extrait du Bulletin de la Société Agricole et Industrielle dudépartement du Lot , 1906

W. CHARRA, L'évolution des Causses du Quercy dans Revue géographique desPyrénées et du Sud­Ouest, 1950

Annuaire statistique et administratif du département du Lot, 1840

Rapports du directeur des services agricoles au Préfet du Lot sur l'état de l'agriculturedans le département, 1914

Etienne BAUX ­ Archives du Lot – Sur le Lot au temps de la navigation – 1984

Jean­Christian TULET et Hélène VELASCO­GRACIET ­ Refondation d’un grand vignoble duSud de la France : le Cahors – article in La vigne en Méditerranée occidentale – ouvragecollectif – 2003

dont citations de :

Mary HERMET, Le phylloxéra et ses conséquences sur le vignoble de la Vallée duLot, Mémoire de maîtrise, univ. de Toulouse­Le Mirail, 2000

Emile REY, L’agriculture progressive dans le Lot, 1906, cité dans Hermet

José BAUDEL, Le vin de Cahors, éd. Quercynoises, 1972

Elisa SABATHIE, Les mystères du Lot, 2009

Michel LESCOLE Ingénieur général des Ponts, des Eaux et de forêts, MAAP ConseilGénéral de l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux, rapport intitulé L'appellationd'origine contrôlée « Cahors » au sein de la filière viticole Française « des difficultés dans uncontexte national de crise » ­ 2009

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sources

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IconographiePhotos aériennes IGN BDOrtho®©IGN2005

Photos aériennes 1954, campagne Vallée du Lot – DDT46 dans paysageslithiques page 3

Cartes postales tirées de la collection particulière de Jean­MichelRIVIÈRE

Albas, La vallée, dans La folie de la vigne page 3

Albas, La Rivière Haute, dans La folie de la vigne page 3

Mercuès, au loin Espère, dans La folie de la vigne page 6

Albas, Les Roches et l'église dans Paysages lithiques page 2

Puy­L'Evêque, le Port et la Gare, dans La folie de la vigne page 6

Crayssac, dans Terroirs et paysages page 15

Saint­Vincent­Rives­d'Olt, le château, dans Terroirs et paysagespage 15

Floressas, dans Terroirs et paysages page 17

Etiquettes de vin tirées de la collection particulière de Michel CHAMBON

Les Gabarres, 1988 dans la renaissance du Cahors page 5

et dans Mises en scène

Cartes postales tirées de l'exposition en Mairie d'Albas

Albas, le Port dans La folie de la vigne page 5 et dans Renaissancedu Cahors page 5

Albas, les bord du Lot dans La folie de la vigne page 5

Albas, les Roches et l'église dans paysages lithiques page 2

Photographies réalisées par Alain HATTERLEY, DDT du Lot sauf :

Photographies du festival d'Albas Le Bon Air est dans les caves – siteinternet Atelier de Jelly dans Renaissance du Cahors page 5

Tableaux d'Henri MARTIN

La cueillette, les vendanges, le sulfatage, le cultivateur, 1932, siteinternet de Christie's dans l'après phylloxéra page 7

Photographies de Cahors et de ses environs, années 50, collection DDTdu Lot dans Terroirs et paysages page 16

Photographies du fond Cayla (Site du Conseil Général du Lot), dansPaysages lithiques pages 2, 7 et 8

Photographie de l'Impernal à Luzech (© J . Morel) dans mises en scènepage 7

CartographieRéférentiels IGN : SCAN25®©IGN2005, BDOrtho®©IGN2005,GEOFLA®©IGN2000

Carte des communes de l'aire AOC, DDT du Lot, dans l'introduction

Carte des densités de population dans l'aire AOC, DDT du Lot, dans l'introduction etdans vignes et ville page 1

Carte de l'occupation du sol par la vigne au début du XIXème siècle à Parnac, DDT duLot d'après le cadastre consulaire, archives départementales dans La folie de lavigne page 2 et Terroirs et paysage page 14

Carte d'Etat Major, IGN, 1825­1866 sur Géoportail dans La folie de la vigne page 2 etl'après phylloxéra page 4

Cartes de l'évolution comparée de l'emprise de la vigne et de l'enfrichement entre ledébut du XIXe siècle et le début du XXe siècle, DDT du Lot d'après W. Charra,L'évolution des Causses du Quercy dans Revue géographique des Pyrénées et duSud­Ouest, 1950 dans l'après phylloxéra page 2

Carte des superficies de vignes par commune en 1970 et 2000, Université deToulouse­Le­Mirail, Tulet et Barcet, 2003 dans La Renaissance du Cahors pages 1 et2

Cartes de la répartition des vignes dans l'aire AOC, DDT du Lot d'après fichiersfonciers 2009 – DGFiP, dans La Renaissance du Cahors pages 3 et 4, dans Terroirset paysages pages 2, 3, 4, 7, 8 et 9

Cartes de l'évolution de l'urbanisation entre 1970 et 2009 d'après les fichiers fonciers2009 (DGFiP), DDT du Lot, 2011 dans Vigne et ville page 4

autres sourcesRecensements Généraux de l'Agriculture 1979, 1988, 2000

Recensements de la population, INSEE, 1800 à 2008

DGFiP – fichiers fonciers 2009

Coupe schématique des terroirs viticoles de l'AOC Cahors et répartition dessuperficies en vignes selon les terroirs, Association d'Expérimentation – FermeDépartementale d'Anglars­Juillac dans terroirs et paysages page 1 et 2

AGRESTE – Le prix des terres agricoles en 2006

PERVAL – Prix des terrains à bâtir

Sites internetUnion Interprofessionnelle des Vins de Cahors

Association expérimentale de la Ferme Départementale d'Anglars­Juillac

Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement

Réseau International Paysages Viticoles ­ Charte de Fontevraud

Institut Français de la Vigne et du Vin

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Etude réalisée par la Direction Départementale du Lot

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mise en forme en avril 2012

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http://www.lot.equipement.gouv.fr/