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Fraternités de Jérusalem http://jerusalem.cef.fr | © FMJ2011 Viens Seigneur, viens nous sauver ! ROUTE DE NOËL 2011

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Fraternités de Jérusalem http://jerusalem.cef.fr | © FMJ2011

Viens Seigneur,viens nous sauver !

ROUTE DE NOËL 2011

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Route de Noël 2011Viens Seigneur, viens nous sauver !

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I

La Route de Noël 2011 va bientôt commencer. Beaucoup d’entre vous en ont déjà fait l’expérience : vivre une retraite en ligne est à la fois une chance et une exigence.

Une chance de vivre tout l’Avent dans la contemplation du Verbe qui vient dans la chair, à l’écoute de la Parole de Dieu et en compagnie d’une communauté de priants : frères et sœurs des Fraternités de Jérusalem, mais aussi et surtout les nombreux retraitants à travers le monde (chaque année, c’est plusieurs milliers de retraitants qui participent à cette aventure). Vous n’êtes pas seul sur la route !

Mais aussi une exigence, car il faut se donner les moyens de la persévérance, un mois durant, bible en main, alors que le quotidien – ou les préparatifs des fêtes... – menace inlassablement de vous rattra-per et de vous engloutir sous le flot de ses propres exigences ! Les lignes qui suivent voudraient être une aide concrète sur votre route ; quelques conseils s’ils peuvent vous être utiles. De toutes les fa-çons, l’essentiel est de ne pas se décourager en chemin ! La route pourra paraître longue : elle est aussi communautaire et si vous sentez que vous décrochez à un moment ou à un autre, n’hésitez pas à vous confier à la prière de tous dans l’espace prévu pour cela (la «Vigne») et à rattraper l’étape suivante !

Que propose la Route de Noël 2011 ?

La Route de Noël 2011 suit un rythme hebdomadaire. Un courriel vous est envoyé le samedi soir (normalement entre 19h00 et 21h00 environ, heure de France : UTC+1) qui contient les liens vers tous les contenus de la semaine. C’est ainsi que dès le samedi soir, vous pouvez télécharger la version imprimable de toute la semaine qui vient.

Chaque semaine est éclairée par l’évangile du dimanche qui la commence.

1 • Le dimanche : introduction à la semaine qui s’ouvre

Le dimanche introduit au thème de la semaine. Vous trouverez pour ce jour qui donne sa couleur à tout le parcours qui va suivre :

• La présentation du thème de la semaine• Un évangile à méditer (l’évangile du dimanche)• À l’écoute des Pères (un texte patristique)

2 • Du lundi au samedi : parcours biblique à l’écoute de la 1e lecture du jour

Chaque jour, vous sont proposés :• une introduction à la première lecture du jour qui en élucide les difficultés (si besoin

était) et propose des pistes de méditation pour la journée• le texte biblique du jour (la première lecture de la liturgie)• une prière à reprendre dans la journée en communion avec tous les retraitants

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IIQuels sont les thèmes qui guideront notre méditation ?

Les thèmes retenus pour les différentes semaines sont les suivants, en lien avec la liturgie :

• 1e semaine (du 27 novembre au 3 décembre) : Le Dieu qui sauve en venant à la rencontre de l’homme

• 2e semaine (du 4 au 10 décembre) : Le Dieu qui sauve en faisant toutes choses nouvelles

• 3e semaine (du 11 au 17 décembre) : Le Dieu qui sauve en faisant alliance

• 4e semaine (du 18 au 24 décembre) : Le Dieu qui sauve en se donnant lui-même

Les ressources de la Route de Noël 2011

• Les versions imprimables : tout emporter et tout garder du parcours de l’Avent 2011

• Les podcasts : pour écouter jour après jour les méditationsUn podcast quotidien pour retrouver le dimanche l’introduction générale au thème de la se-

maine ainsi que les méditation, texte biblique et prière de chaque jour (fichiers audio téléchargeables au format mp3).

• La «Vigne» : pour confier une intention de prière. Pourquoi la «Vigne» ? Dans l’évangile selon saint Jean, Jésus emploie cette image pour parler de son Corps : il est «la vigne véritable» et nous «les sarments» (Jean 15). Partager nos prières, c’est aussi signifier cela : l’unité d’un même corps, dans lequel coule la sève unique de l’amour qui vient de Dieu.

• Le «Figuier» : pour poser une question biblique ou théologique en lien avec le thème de la Route de Noël. Pourquoi le «Figuier» ? Dans la Bible, c’est traditionnellement l’arbre sous lequel on médite la Parole de Dieu (cf. Jean 1,48). Comme Nathanaël, nous vous invitons à passer du temps à l’écoute de cette parole «vivante» (Hébreux 4,12) et, si vous le souhaitez, à poser la question qui vous sera venue sous le figuier !

• L’Album des crèchesComme chaque année pendant l’Avent, nous vous proposons de nous envoyer une ou plusieurs

photos de votre crèche ou de crèches que vous aimez. Nous en ferons un album sur lequel vous pour-rez déposer vos commentaires et voter pour vos crèches préférées.

Comment vivre la Route de Noël 2011 ?

Pour vivre votre semaine de retraite, il pourrait être bon de prévoir dans votre journée un temps (entre 1/2 heure et une heure), voire un lieu, réservés à votre Route de Noël. Commencez par lire (ou par écouter, grâce au podcast) les contenus de la journée : introduction et texte biblique (ou dans l’autre sens, comme vous préférez !). Prenez un moment de silence pour demander à l’Esprit Saint de vous aider à recevoir cette Parole comme votre nourriture pour la route de ce jour. Relisez lentement le texte, autant que vous le pourrez. Notez, si cela vous convient, une phrase qui vous touche plus par-ticulièrement (par exemple dans l’espace réservé à vos notes personnelles dans la version imprimable). Si une difficulté persiste, rendez-vous dans l’espace «Questions bibliques et théologiques» (le «Figuier») en posant votre question sur le texte.

Le parcours vous semble trop chargé ? Contentez-vous, par exemple, de lire l’introduction à l’étape de la semaine, d’écouter le podcast quotidien et de profiter des propositions du dimanche ! Rien n’est requis ni obligé pour vivre cette Route de Noël ! À chacun de piocher parmi les rubriques qui lui conviennent et de trouver son propre rythme.

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IIIUn vitrail pour prier

C’est la particularité de cette Route de Noël 2011 : le vitrail de l’Arbre de Jessé, réalisé par Marc Chagall pour la cathédrale de Reims, accompagne notre Route. Découvrez-en les clés, ainsi qu’une pré-sentation de l’auteur, en page IV de ce document.

Comment savoir si je suis bien inscrit(e) ? Peut-on encore le faire et/ou inviter des ami(e)s à le faire ?

Pour être sûr d’être bien inscrit, vous pouvez tout simplement essayer de vous inscrire à nouveau. Si vous l’êtes, vous obtiendrez le message «Vous êtes déjà inscrit». Si vous voulez envoyer des invitations à des amis pour qu’ils puissent s’inscrire, c’est bien sûr encore possible non seulement aujourd’hui mais encore tout au long de la Route. Les «ouvriers de la onzième heure» seront toujours les bienvenus !

Qu’y a-t-il de plus sur le portail par rapport au courriel hebdomadaire ?

Le courriel hebdomadaire vous donne les liens pour accéder au contenu. Il vous faudra donc cliquer pour vous rendre sur le portail, à la page d’accueil de la Route de Pâques, à la page de chaque semaine, ou, au minimum sur la page des versions imprimables. Ces liens – que ce soit dans le courriel ou sur le portail – sont tous recensés dans un menu qui se trouve dans la colonne de droite. (Si vous vous êtes inscrits pour recevoir la version «texte» et non pas «html», tous ces liens sont en bas de chaque courriel.) Ils fonctionnent tout au long de la Route.

Il ne suffit donc pas d’imprimer le courriel hebdomadaire puisqu’il ne contient pas la totalité des contenus (ce serait trop long !). Il vous donne cependant toutes les clés pour y accéder facilement : en particulier les versions à imprimer et à écouter (podcasts). Les podcasts de la Route de Noël 2011 sont accessibles en abonnement (directement sur le portail ou, mieux, sur iTunes). Si besoin était, un article vous explique la procédure à suivre (voir le menu : Écouter la Route de Noël). Et si vous ne souhaitez pas vous abonner, il est bien sûr aussi possible de vous rendre chaque jour sur le portail à la page des podcasts de la Route de Noël pour écouter directement la méditation du jour en cliquant sur le petit lecteur qui apparaît à gauche de la date du jour.

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IVUN viTRaiL pOUR pRiER

Marc Chagall - Le vitrail de l’arbre de Jessé

Chagall : De la Russie à la Provence

«C’est un artiste extrêmement va-rié, capable de peintures monumentales et il n’est embarrassé par aucun système», disait de Chagall Guillaume Apollinaire. Tout simplement parce que Chagall ne regarde même pas le système, tout oc-cupé qu’il est à plier, à adapter la réalité à ses propres sentiments, selon sa logique interne, pour en extraire un message poétique, un climat spirituel où l’homme enfin se trouve au large. Cet aspect non conventionnel qui séduit tant chez lui, vient tout droit de la culture hassidique dont il est pétri. Si les Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg l’éloignent du climat religieux de sa ville natale (Vitebsk), cet esprit hassidique restera sa vie durant le fondement de son art et la source de son expression artistique. Cela, allié à son tempérament slave et à la néces-sité intérieure de faire rayonner ce qui l’habite dans une exubérance lumineuse, donnera le résultat qui nous enchante.

Lors d’un séjour à Paris en 1910, le fauvisme l’éblouit de couleur et il choisit délibérément la joie ! Il assouplira ensuite la géométrie du cubisme pour en faire une matière de rêve... Tous ces mouvements sont pour lui des moyens d’arriver à la pleine expression de lui-même, à un art épanoui, coloré, tendre et heureux car il va, de plus en plus, oser poser sur le monde un regard serein et confiant. Au milieu des turbulences et épreuves de l’histoire – de la sienne, de celle de son peuple, de celle de l’humanité tout entière – il ne cesse de choisir la vie, de vouloir regarder et espérer en la vie.

Revenu en Russie en 1914, il repart pour la France en 1923 (il obtiendra la nationalité française en 1937). Mais, du fait de la guerre, il s’exile aux États-Unis en 1941. Lors de son retour en France en 1951, il est officiellement consacré comme l’un des plus grands artistes de son temps. Il s’installe dans le Sud, à Vence, et y travaillera jusqu’à sa mort en 1985.

L’œuvre biblique de Chagall

En 1973 est inauguré à Nice un musée Chagall consacré au Message Biblique. Chagall n’a voulu illustrer la Bible qu’après avoir vu et touché la Terre Sainte. Lors de ses séjours là-bas, dès 1931, le pays, les coutumes et l’accueil qu’il y reçoit lui font découvrir – retrouver –, avec émerveillement, quelque chose qu’il portait au plus profond de lui-même. Ce qu’il recueille là, c’est une façon de sentir, de res-

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Vsentir, de spiritualiser les formes et les êtres. «Je ne voudrais pas être pareil aux autres ; je veux voir un monde nouveau»... Du vitrail, il disait : «Pour moi, un vitrail représente la cloison transparente entre mon cœur et le cœur du monde. Le vitrail est exaltant, il lui faut de la gravité, de la passion. Il doit vivre à travers la lumière perçue. La lecture de la Bible est déjà la lumière et le vitrail doit en manifester l’évidence par sa grâce et sa simplicité».

Le vitrail de l’Arbre de Jessé

En 1974, Marc Chagall exécute, avec la collaboration de l’Atelier Jac-ques Simon, trois verrières destinées à la chapelle d’axe de la cathédrale de Reims. Il y travaille depuis 1968. L’en-semble des verrières, hautes de 10 mètres et réparties en six lancettes et trois petites roses, couvre une sur-face de près de 75 m2.

La fenêtre centrale évoque l’histoire d’Abraham, la Passion et la Résurrection du Christ, c’est-à-dire les fondements de l’Ancien et du Nouveau Testament, le sacrifice d’Abraham annonçant celui du Christ. La rosace représente l’Esprit-Saint.

La fenêtre de gauche figure les rois de Juda, arbre de Jessé, ori-gine de la Vierge tenant l’Enfant qui couronne la lancette de droite de cette verrière. En bas à droite, Jessé, couché, levant son bras pour laisser «pousser» l’arbre de son corps ; à gauche Saül et David tenant sa harpe, puis à droite Salomon sur son trône rendant la Justice. Chagall ne retient que les trois grands rois de Juda afin de laisser à la moitié supérieure de la composition la place de s’épanouir et donner sa vraie dimension à la Vierge et à l’Enfant entourés d’un peuple d’orants dans la lancette de gauche. La rosace figure les prophètes, té-moins de l’Esprit et annonciateurs du Messie : Isaïe, Jérémie, Daniel et Jo-nas avec Job et Moïse, entourant Élie s’élevant sur son char de feu. Dans la forme supérieure le chandelier à sept branches entouré de deux Anges fi-gure la lumière d’Israël. D

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Route de Noël 2011 • Semaine 1Le Dieu qui sauve en venant à la rencontre de l’homme

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«Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !» Et voici l’Église – toute l’Église – lancée par cet-te injonction du Seigneur, dans cette véritable aventure qu’est l’Avent. Pourquoi veiller ? Simplement et absolument, parce que le Seigneur vient. Et que nous devons l’accueillir. C’est la mission de l’Église. Le Seigneur vient sauver le monde, et l’Église doit veiller

pour accueillir le salut en accueillant le Sauveur. Là est notre joie. Le Seigneur pour sauver le monde a désiré passer par nous, par cette porte qu’est notre cœur. Il vient nous rencontrer – nous toucher, nous connaître, demeurer avec nous – pour sauver le monde. Et nous ne pourrons hâter le salut que nous espérons qu’en entrant dans cette rencontre vraie, personnelle, intime avec le Seigneur.

Nous pouvons être impressionnés, intimidés par cette perspective. Nous pourrions, considérant la distance qui existe entre la sainteté de Dieu, sa bonté, sa beauté et notre pauvreté, notre faiblesse, notre péché, renoncer à l’envisager pour nous, nous excuser, préférer la laisser à d’autres. Mais Dieu ne peut pas sauver le monde sans nous traverser. Il ne peut pas sauver le monde sans nous rencontrer. Alors il a lui-même aboli cette distance. C’est la prodigieuse merveille que nous fêterons à Noël. Dieu s’incarne, s’enfouit en notre chair, s’unit à elle pour abolir toute distance. Union qu’il accomplira par sa passion. Mais le mystère commence ici déjà.

Cette rencontre entre Dieu et nous est la fin ultime de notre vie. Un jour nous vivrons éternel-lement en sa présence, unis à lui, semblables à lui, participant pleinement de sa vie. Le salut que nous espérons est bien une vie dans la communion de Dieu. Mais cette rencontre entre Dieu et nous est aussi le moyen que Dieu a choisi pour accomplir ce salut. Le pas à pas de Dieu pour accomplir le mer-veilleux dessein. Notre Dieu est un Dieu qui nous sauve en venant à notre rencontre.

Alors, cette première semaine de l’Avent, nous allons la passer à découvrir, à contempler ce Dieu qui vient à notre rencontre, et à l’accueillir, à nous ouvrir à cette rencontre. Dieu espère cela de nous. Nous allons écouter sa Parole, pour l’entendre nous le dire. Nous allons lui accorder notre foi. Et nous allons nous y ouvrir. Ensemble. En Église. Pour le monde.

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Route de Noël 2011 • Semaine 1Le Dieu qui sauve en venant à la rencontre de l’homme

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2Dimanche 27 novembre

En cette première semaine de l’Avent, nous adoptons le rythme qui sera le nôtre durant toute la route de Noël : chaque jour, la première lecture de la liturgie guide notre méditation à partir du thème de la semaine : «Le Dieu qui sauve en venant à la rencontre de l’homme». Le dimanche introduit au thème en proposant un texte d’un Père de l’Église.

Un évangile à méditer

Marc 13,33-37

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : «Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez !»

À l’écoute des Pères

De Guillaume de Saint-Thierry, au XIIe s.

Toi seul, tu es vraiment Seigneur, mon Dieu, toi pour qui dominer sur nous, c’est nous sauver, tandis que pour nous, te servir, ce n’est pas autre chose que d’être sauvés par toi. Comment donc en effet sommes-nous sauvés par toi, Seigneur, ‘de qui vient le salut, et

qui répands sur ton peuple ta bénédiction’, si ce n’est en recevant de toi de t’aimer et d’être aimés par toi ? Et pour cela, Seigneur, tu as voulu que le Fils de ta droite, l’homme que tu as affermi, soit appelé Jésus, c’est-à-dire Sauveur. ‘C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ; en dehors de lui il n’y a pas de salut.’ C’est lui qui nous a appris à l’aimer quand, le premier, il nous a aimés, et jusqu’à la mort de la croix. Par son amour et sa dilection, il éveille en nous l’amour pour lui, lui qui le premier nous a aimés jusqu’à l’extrême.

Oui, il en est bien ainsi : tu nous as aimés le premier, pour que nous t’aimions. Non que tu aies besoin de notre amour ; c’est nous qui ne pouvions, sans t’aimer, devenir ce pour quoi tu nous as faits. C’est pourquoi, souvent, dans le passé, ‘ayant parlé à nos pères par les prophètes, sous des formes fragmentaires et variées, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, tu nous as parlé par le Fils’, ton Verbe ; ‘c’est par lui que les cieux ont été faits, et par le souffle de sa bouche tout l’univers’. Parler par ton Fils, pour toi, ce n’est pas autre chose que de mettre en plein soleil, de faire voir avec éclat combien et comment tu nous as aimés.

Telle est la Parole, le Verbe tout-puissant que tu nous adresses, Seigneur. Tandis que ‘tout baignait dans le silence’, c’est-à-dire au profond de l’erreur, il descendit des royales demeures, pour abattre durement l’erreur et doucement mettre en valeur l’amour. Et tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit sur terre, jusqu’aux opprobres, jusqu’aux crachats et aux gifles, jusqu’à la croix et au sépulcre, ce ne fut rien d’autre que ta parole par ton Fils, parole qui nous provoquait à l’amour, parole qui éveillait en nous l’amour pour toi.

La contemplation de Dieu 9-10

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3Lundi 28 novembre • Un cœur fait pour la paix

«Venez, marchons à la lumière !»

Il faut avoir un jour marché dans les ténèbres, pour comprendre l’exultation et toute l’espérance contenues dans ces quelques versets. Un peuple qui est dans les ténèbres, ne peut pas aller vers la lumière. Il ne sait même pas d’où elle arrivera. Mais il suffit qu’elle commence à poindre et alors tous se dirigent vers elle. Venez, montons ! Venez, marchons ! C’est le peuple qui marche vers Dieu,

mais c’est Dieu qui a suscité cette mise en marche. Parce qu’il est Lumière. Dieu vient à la rencontre de l’homme comme une lumière. Une lumière qui attire. Une lumière qui sauve.

Cette lumière, donnée par Dieu pour attirer l’homme jusqu’à lui, c’est sa Parole. Elle vient juger les cœurs, non au sens de condamner, mais pour les éclairer, pour révéler ce qu’est le cœur de l’homme en vérité. Notre cœur n’est pas fait pour la guerre. S’il est continuellement en conflit, c’est parce que, blessé par le péché, il s’est fermé. Mais, plus profondément, en lui demeure une aspiration à poser les armes. Il est fait pour la paix. Et seule la lumière du Créateur peut le lui révéler. N’ayons pas peur de la lumière. Elle vient nous sauver. Aujourd’hui, nous laisser sauver par Dieu, c’est laisser sa Parole pénétrer profondément notre cœur, pour qu’elle puisse, en nous, éclairer et guérir, révéler et pacifier.

Isaïe 2,1-5

Le prophète Isaïe a reçu cette révélation au sujet de Juda et de Jérusalem : Il arrivera dans l’avenir que la montagne du temple du Seigneur sera placée à la tête des montagnes et dominera les collines. Toutes les nations afflueront vers elle, des peuples nombreux se met-

tront en marche, et ils diront : «Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur.» Il sera le juge des nations, l’arbitre de la multitude des peuples. De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on ne s’entraînera plus pour la guerre. Venez, famille de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur.

Seigneur Jésus, par ton incarnation tu es venu te déposer comme une lumière en nos cœurs. Et plus tu vis en nous, plus notre cœur s’éclaire et révèle sa vérité. La Parole descendant en nous aujourd’hui vient raviver cette vérité. Viens nous la révéler ! Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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4Mardi 29 novembre • Le ciel à la rencontre de la terre

«La connaissance du Seigneur remplira le pays»

Un rameau sort d’une souche, un fils d’homme naît de la terre, et l’esprit du Seigneur vient re-poser sur lui. L’annonce d’Isaïe concernant le Messie est en fait inouïe. C’est le ciel qui vient à la rencontre de la terre, l’esprit qui vient reposer sur la chair, Dieu qui vient à la rencontre de l’homme en s’unissant à lui par son Esprit.

À l’époque où écrit le prophète, la lignée de David est presque totalement réduite à rien, ses descendants s’étaient succédés, s’éloignant toujours plus du Seigneur, jetant sur le peuple la honte et le malheur, jusqu’à ce que l’Exil mette fin à la royauté. Loin de sa terre, pourtant, le petit reste d’Israël continue d’espérer. De cette souche, quasiment morte, jaillira un surgeon, qui sera le Messie. Ça, c’est le fruit de la terre. Mais la grande et belle nouvelle, c’est que sur lui le Seigneur viendra faire reposer son Esprit. Le Très-Haut vient à la rencontre de l’humanité humiliée, en donnant son Esprit à un fils de la terre, l’Esprit dans sa plénitude, l’Esprit aux sept dons, qui habitera et conduira tout son être.

Ce don de l’Esprit à l’homme, parce qu’il vient réconcilier l’humanité avec Dieu, opère une ré-conciliation qui embrasse toute la création. Par cette union, c’est la connaissance du Seigneur qui est de nouveau possible. Dieu vient à la rencontre de l’homme en lui ouvrant cette connaissance.

Isaïe 11,1-10

Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur, qui lui inspirera la crainte du

Seigneur. Il ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays. Comme un bâton, sa parole frap-pera le pays, le souffle de ses lèvres fera mourir le méchant. Justice est la ceinture de ses hanches ; fidélité, le baudrier de ses reins. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l’enfant étendra la main. Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.

Seigneur Jésus, Christ, Fils du Père comblé de l’Esprit, toi qui seul connais le Père et qui es connu de Lui, nous t’adorons. Par la communion avec toi, tu nous donnes part à ton Esprit, et tu nous introduis dans cette connaissance, qui est source de toute réconciliation. Nous espé-rons en toi. Fais de nous ces humbles, qui se laissent enseigner par toi, conduire par toi, unir à

toi. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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5Mercredi 30 novembre • Le feu de la foi

«Leur parole, jusqu’au bout du monde»

Dieu vient à notre rencontre par la foi. Quel surprenant paradoxe ! Dieu vient nous sauver. Il vient sauver ceux qui invoquent son nom. Mais comment l’invoquer sans d’abord croire en lui ? Avant même l’appel au secours de l’homme, à l’origine de ce premier mouvement, il y a un don tout premier de Dieu. Dieu suscite en nous la foi pour que nous criions vers lui, afin

qu’il vienne nous sauver. Même cette étincelle initiale est don de Dieu, pas de Dieu qui vient à notre rencontre.

Que nous reste-t-il alors ? Il nous reste à saisir cette étincelle, pour lui permettre d’allumer en nous ce feu de la foi, à lui offrir, à lui livrer notre intelligence, notre volonté, pour que ce feu les éclaire, les transforme, et leur donne alors une puissance nouvelle. Le don de la Parole, qui éclaire nos cœurs et leur révèle leur vérité et leur liberté, le don de l’Esprit qui nous introduit dans la connaissance de Dieu peuvent alors devenir en nous des puissances de salut. Si notre cœur croit en l’efficacité de la Parole en nous, en l’action de l’Esprit en nous, si nos lèvres confessent que Jésus est Seigneur, rien ne peut empêcher en nous sa puissance de salut.

Romains 10,9-18

Si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Celui qui croit du fond de son cœur devient juste ; celui qui, de sa bouche, affirme sa foi parvient au salut. En effet, l’Écriture dit : Lors

du jugement, aucun de ceux qui croient en lui n’aura à le regretter. Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés. Or, comment invoquer le Seigneur sans avoir d’abord cru en lui ? Comment croire en lui sans avoir entendu sa parole ? Comment entendre sa parole si personne ne l’a proclamée ? Comment proclamer sans être envoyé ? C’est ce que dit l’Écriture : Comme il est beau de voir courir les messagers de la Bonne Nouvelle ! Et pourtant tous n’ont pas obéi à la Bonne Nouvelle ; le prophète Isaïe demandait : Seigneur, qui a cru en nous entendant parler ? C’est donc que la foi naît de ce qu’on entend ; et ce qu’on entend, c’est l’annonce de la parole du Christ. Alors, je pose la question : n’aurait-on pas entendu ? Mais si, bien sûr ! Un psaume le dit : Leur cri a retenti par toute la terre, et leur parole, jusqu’au bout du monde.

Seigneur Jésus, tu es présent en nous par ta Parole et pas ton Esprit Saint, uni à nous pour toujours, et tu es Seigneur. Nous le croyons et nous te le redisons. C’est toi qui, par ta venue, as suscité notre foi, nous te rendons grâce et nous te prions. Par elle, par cet élan qui en nous te donne toute puissance, viens, Seigneur, viens nous sauver !

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6Jeudi 1er décembre • La loi d’amour du Dieu fragile

«Nous avons une ville forte»

Dieu vient à notre rencontre pour préparer une ville, une ville forte pour accueillir, protéger qui se confie en lui. Vivre de la foi demande d’être protégé par Dieu, parce que vivre de la foi c’est reconnaître, accepter, assumer une vulnérabilité de notre être, et la vivre avec Dieu. Nous ne sommes pas des durs. Il y a au plus profond de nous un désir infini d’aimer, une capacité à

aimer, déposés par Dieu. Mais notre nature a été blessée, justement en cette capacité, et notre cœur a tendance à se replier, pour se protéger, pour ne pas souffrir. Pour qu’elle reste ouverte, il faut que ce soit Dieu qui la protège, il faut que nous le laissions, lui, la protéger, il faut que nous la lui confiions. Lui seul peut nous garder dans une vulnérabilité ouverte, pour aimer.

Dieu en son Fils, est venu en notre fragilité humaine, pour rejoindre et pour sauver ce qu’il y a de plus précieux en nous. Jésus nous donne une loi d’amour, pour que jamais nous ne puissions nous fermer. Lui obéir, c’est rester toujours ouverts. Et il vient lui-même en nous déposer la charité qu’il nous demande. Lui, la force, dans notre faiblesse. Vivre de la foi, c’est demeurer dans cette relation vitale avec lui, par laquelle seule nous pouvons aimer.

Isaïe 26,1-6

En ce jour-là, ce cantique sera chanté dans le pays de Juda : Nous avons une ville forte ! Le Seigneur a mis pour nous protéger rempart et avant-mur. Ouvrez les portes ! Qu’elle entre, la nation juste, celle qui reste fidèle. Tu construis solidement la paix, Seigneur, pour ceux qui

ont confiance en toi. Mettez toujours votre confiance dans le Seigneur, car le Seigneur est le Rocher pour tou-jours. Il a rabaissé ceux qui siégeaient dans les hauteurs, il a humilié la citadelle inaccessible, il l’a jetée à terre, il l’a renversée dans la poussière. Elle sera foulée aux pieds par les humbles, piétinée par les pauvres gens.

Seigneur Jésus, tu es Rocher et tu veux que nous nous appuyions sur toi. Nos fragilités, nos pauvretés ne te font pas peur. C’est par elles que tu peux, toi, être force en nous, force pour que nous puissions aimer, nous donner, être des vivants. Notre espérance, c’est toi vivant en nous. Toi notre vie, viens, Seigneur, viens nous sauver !

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7Vendredi 2 décembre • La joie pour les humbles

«Ils proclameront la sainteté de mon nom»

Dieu vient à notre rencontre par des promesses qu’il accomplit au fur et mesure que nous y pénétrons par la foi que nous leur accordons. Et aujourd’hui, Dieu promet de rendre la joie aux humbles, en les délivrant de leurs ennemis. Car il y a un ennemi de l’homme. L’homme est fait pour trouver la joie. Et cette joie est en Dieu, dans une vie dans la connaissance de Dieu,

dans une vie en communion avec Dieu. Tout en Dieu est pour cela. Et le péché est ce tyran, ce moqueur, qui tente de s’y opposer. Il fait croire cette communion impossible, il tourne en dérision la promesse, assaillant la volonté, l’intelligence, la mémoire de l’homme pour lui rappeler qu’il est faible, qu’il est in-digne, qu’il est incapable d’une telle communion.

Jésus vient nous délivrer de ce mensonge-là. En Jésus, Dieu vient à la rencontre du pécheur. Il se fait ami du pécheur, il mange à sa table pour lui faire connaître qu’il est appelé à la communion avec Lui, qu’il est beaucoup plus grand que son péché, que plus profondément que le péché il y a en lui une dignité qui le lie à Dieu, qui l’attire à cette communion. Jésus ouvre nos yeux à cette vérité et il l’accom-plit : il a pris sur lui notre péché, pour enlever cet obstacle à la communion. Si nous accordons notre foi à cet acte-là, nous pouvons entrer en communion avec lui. Et lui nous introduit dans la communion avec son Père.

Isaïe 29,17-24

Encore un peu de temps, très peu de temps, et le Liban se changera en verger, et le verger sera pareil à une grande forêt. En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre. Quant aux aveugles, sortant de l’obscurité et des ténèbres, leurs yeux verront. Les humbles se

réjouiront de plus en plus dans le Seigneur, les pauvres gens exulteront à cause du Dieu Saint d’Israël. Car ce sera la fin des tyrans, ceux qui se moquent de Dieu disparaîtront, et tous les gens empressés à mal faire seront exterminés, ceux qui font condamner quelqu’un par leur témoignage, qui faussent les débats du tribunal et font tomber l’innocent par leur mensonge. C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, Dieu de la maison de Jacob, lui qui a racheté Abraham : «Désormais Jacob n’aura plus de honte et son visage ne pâlira plus ; car, en voyant ce que j’ai fait au milieu d’eux, ils proclameront la sainteté de mon nom, ils proclameront la sainteté du Dieu Saint de Jacob, ils trembleront devant le Dieu d’Israël. Les esprits égarés découvriront l’intelligence, et les récalcitrants accepteront qu’on les instruise.»

Seigneur Jésus, toi la lumière plus forte que nos ténèbres, toi la vérité plus forte que le men-songe, tu ouvres nos yeux à la grandeur de notre vocation, et tu viens, pas à pas, l’accomplir, nous te bénissons. Notre péché nous empêche trop souvent de nous ouvrir à ta venue, mais nous croyons que tu peux nous en délivrer. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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8Samedi 3 décembre • Pris en main par Dieu

«Le Seigneur te donnera la pluie pour la semence»

Le Seigneur vient à la rencontre de l’homme en lui faisant grâce. Que de verbes d’action dans ce passage ! Le peuple criera vers lui et en retour, le Seigneur répondra, donnera, instruira, ne se dé-robera pas, dira, donnera encore, pansera et guérira. Il sera là. En fait il est là. Mais il le montrera. Le Seigneur vient à notre rencontre en nous faisant ouvrir les yeux sur son dessein de salut. Il

porte tout, il conduit tout. De toujours à toujours. Et aujourd’hui il veut que nous le voyions, que nous entrions dans la joie dans ce courant qu’il conduit. Et là encore le seul acte de l’homme qui déclenche ce don, c’est son cri vers Dieu. Il nous suffit de nous tourner humblement vers lui et d’espérer en lui, de croire en son amour, en son désir de nous conduire, de nous bénir, d’être avec nous, d’être Emmanuel.

Alors, ce nouveau regard nous fait entrer dans un mouvement d’abandon filial. Dieu ouvre nos yeux sur son action en nos vies. Et parce que nous voyons sa grâce nous prendre en main en tout ce que nous faisons, nous pouvons nous remettre de plus en plus à lui, toujours plus souples, toujours plus ouverts, toujours plus confiants.

Isaïe 30,19-21.23-26

Peuple de Sion, toi qui habites Jérusalem, jamais plus tu ne pleureras. Quand tu crieras, le Seigneur se penchera vers toi. Dès qu’il t’aura entendu, il te répondra. Dans l’angoisse, le Seigneur te donnera du pain, et de l’eau dans la détresse. Celui qui t’instruit ne se dérobera

plus et tes yeux le verront. Quand tu devras aller ou à droite ou à gauche, tes oreilles entendront celui qui te dira : «Voici le chemin, prends-le !» Le Seigneur te donnera la pluie pour la semence que tu auras jetée en terre, et le pain que produira la terre sera riche et nourrissant. Ton bétail ira paître, ce jour-là, sur de vastes pâturages. Les bœufs et les ânes qui travaillent dans les champs mangeront un fourrage salé, étalé avec la fourche. Sur toutes les montagnes et sur toutes les hauteurs couleront des ruisseaux. Au jour du grand massacre, quand tomberont les tours de défense, la lune brillera comme le soleil, le soleil brillera sept fois plus – autant qu’en une semaine entière – le jour où le Seigneur pansera la blessure de son peuple et guérira ses meurtrissures.

Seigneur Jésus, tu es venu, tout Fils que tu es, nous révéler le Père. Tout en toi est confiance, abandon, amour du Père. Tu t’incarnes, tu t’unis à nous pour nous faire participer par grâce à cet être Fils que tu es par nature, pour que nous puissions enfin nous abandonner à son amour. Nous t’adorons ! Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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C’est lui qui nous a aimés le premier. La semaine dernière, au début de ce temps qui nous conduit à la naissance du Sauveur, nous avons contemplé Dieu venant à notre rencontre. Dieu premier parce qu’il aime le premier, parce que c’est lui qui donne ce qu’il faut pour que nous puissions le chercher. Dieu premier parce que tout vient de lui. Parce qu’il donne tout

et qu’il se donne en tout, non pas en écrasant tout de sa présence, mais en renouvelant ses promesses qui transforment notre vie. Car Dieu vient à notre rencontre, là où nous en sommes, dans notre monde qui va un peu de travers, dans notre vie, parfois un peu cassée, toujours en quête de paix et de joie. Dieu vient dans notre vie et elle en est transformée. Dieu vient dans le monde et quelque chose, en lui, en est changé. N’est-ce pas d’ailleurs secrètement ce que nous attendons ? Dieu est l’au-delà de tout, mais aussi le plus intime à moi que moi-même : il est le seul à connaître les désirs profonds de notre cœur et le seul aussi à avoir la puissance de les combler. Lui, qui est créateur de tout, est ainsi le seul qui puisse tout renouveler.

Voici la grande proclamation de cette semaine ; Dieu vient et il fait du nouveau. Quelque chose dans le monde a changé avec la venue du Sauveur. Quelque chose va changer puisqu’il ne cesse de venir. Et pour nous préparer à accueillir cette nouveauté qui fait irruption dans le monde et dans notre vie, pour l’accepter – car parfois on a peur du nouveau, même si le présent ne nous satisfait guère –, il nous faut avoir l’audace de grands désirs. Des désirs immenses, comme la paix et l’harmonie qui doivent être rétablies dans le monde. Des désirs profonds, de ceux qu’on n’aurait pas osé mettre là devant Dieu, de ceux que notre prière n’ose pas formuler : que du nouveau émerge dans nos vies, que l’être nouveau que je suis, l’être renouvelé par le salut de Dieu, naisse et grandisse en moi.

C’est bien de naissance que nous parlent les textes proposés par la liturgie cette semaine : la naissance d’un monde nouveau que décrit la voix enthousiaste du prophète Isaïe. «Le pays aride qu’il exulte et fleurisse !» La naissance d’un monde où une parole de consolation et de douceur vient toucher les exilés, où une parole de force et d’espérance vient réconforter les accablés. Il ne s’agit pas là d’un rêve, d’une utopie qui bercerait notre désenchantement : au milieu de la semaine, une fête vient nous rappeler que les prémisses de ce monde nouveau sont déjà parmi nous : célébrer l’Immaculée Concep-tion de Marie, c’est affirmer qu’une créature entièrement renouvelée par la grâce de Dieu a foulé notre terre, qu’elle est comme une préfiguration de ce que tous nous sommes appelés à devenir dans la gloire de Dieu. Même si le monde nouveau, parmi nous, a encore la petitesse et la fragilité d’une enfant des hommes. À nous, en étant «attentifs» à la voix de Dieu, dans la tension vers la restauration finale de toutes choses, de travailler à faire grandir peu à peu, en nous et autour de nous, ce monde nouveau laissé comme un cadeau par le Sauveur.

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10Dimanche 4 décembre

En cette deuxième semaine de l’Avent, nous poursuivons notre route de Noël au rythme habituel : chaque jour, la première lecture de la liturgie guide notre méditation à partir du thème de la semaine : «Le Dieu qui sauve en faisant toutes choses nouvelles». Le dimanche introduit au thème en proposant un texte d’un Père de l’Église.

Un évangile à méditer

Marc 1,1-8

Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : «Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint.»

À l’écoute des Pères

De saint Léon le Grand, pape au Ve s.

Notre Seigneur Jésus Christ, en naissant vraiment homme, lui qui n’a jamais cessé d’être vraiment Dieu, a réalisé en lui le début de la nouvelle création, et dans sa naissance il a donné à l’humanité un commencement spirituel. Quelle intelligence pourrait compren-

dre un tel mystère, qui pourrait dire une telle grâce ?

L’injustice redevient innocence, la vieillesse, nouveauté ; les étrangers ont part à l’adoption et des gens venus d’ailleurs entrent en possession de l’héritage. Les impies deviennent justes ; les avides, généreux ; les débauchés, chastes ; les hommes pétris de terre, spirituels.

D’où vient un tel changement, sinon «de la droite du Très-Haut» ? C’est que le Fils de Dieu est venu dé-truire les œuvres du mal ; il s’est incorporé à nous et nous a incorporés à lui de sorte que la descente de Dieu vers le monde des hommes soit une élévation de l’homme vers le monde de Dieu.

Réveille-toi donc, ô homme, et reconnais la dignité de ta nature ! Souviens-toi que tu as été créé à l’ima-ge de Dieu et cette image, bien que corrompue en Adam, est restaurée dans le Christ ! Use, comme il faut en user, des créatures visibles, ainsi que tu uses de la terre, de la mer, du ciel, de l’air, des sources et des fleuves ; et tout ce qui s’y trouve de beau et d’admirable, rapporte-le à la louange et à la gloire du Créateur. Que tes yeux reçoivent la lumière sensible, mais embrasse de tout ton esprit cette vraie lumière «qui éclaire tout homme en venant dans ce monde» et dont le prophète dit : «qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage». Si en effet nous sommes le temple de Dieu et si l’Esprit de Dieu habite en nous, ce que chaque croyant porte en son âme a plus de valeur que ce qu’on admire au ciel.

7e sermon pour Noël 2,6

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Route de Noël 2011 • Semaine 2Le Dieu qui sauve en faisant toutes choses nouvelles

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11Lundi 5 décembre • Voici notre Dieu

«De l’eau jaillira dans le désert»

Une voix s’élève aujourd’hui et proclame : «Voici votre Dieu... Il vient lui-même et va vous sau-ver». Voici votre Dieu... Qu’allons-nous voir ? Qu’est-ce que le prophète Isaïe nous invite à contempler par ce «voici» ? La théophanie grandiose du Sinaï, tonnerre, éclairs et nuée ? Non. Ce qu’évoque Isaïe aujourd’hui, ce n’est pas un monde ébranlé devant la majesté de Dieu qui

s’avance «lui-même». On ne voit d’ailleurs personne s’avancer. Mais le pays aride fleurit. L’eau jaillit dans le pays de la soif. Les lieux désolés deviennent chemin, route sûre pour aller vers une ville habitée. Et ce n’est même pas Dieu qui emprunte cette voie sacrée. C’est l’homme qui y marche : les captifs «rachetés par le Seigneur», chacun de nous en somme. Voici notre Dieu... Quelle discrétion de la part de ce Dieu qui vient ! On ne l’aperçoit nulle part, mais il fait toutes choses nouvelles. C’est ainsi que Dieu choisit de se manifester : non en éclipsant par l’éclat de sa gloire tout ce que nous connaissons. Mais en y faisant jaillir la vie, en y répandant l’eau qui féconde.

Et cette venue est même une «vengeance», ose affirmer Isaïe, une «revanche». Non qu’il y ait en Dieu ces sentiments très mêlés. Mais ces mots humains permettent de dire avec force que Dieu est de notre côté. Devant ce monde qui, tant de fois nous fait souffrir et passer par la mort, devant ce monde si souvent aride et broussailleux, Dieu ne se résigne pas et s’engage du côté de l’homme. Il veut la vie et il le veut vivant. S’il vient, c’est pour que ce monde soit transformé. S’il vient, c’est pour que nous ayons l’audace de désirer que ce monde soit transformé. L’audace de croire que du nouveau est possible et que Dieu le veut plus encore que nous.

Isaïe 35,1-10

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de

notre Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : «Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver.» Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac, la terre de la soif en eaux jaillissantes. Dans le repaire des chacals, les broussailles deviendront des roseaux et des joncs. Il y aura là une chaussée, on l’appellera : Voie sacrée. L’homme impur n’y passera pas et les insensés ne viendront pas s’y égarer. On n’y rencontrera pas de lion, aucune bête féroce n’y surgira ; seuls les rachetés y marcheront. Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allé-gresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuiront.

Seigneur, avec le prophète Isaïe, nous te demandons l’audace de nous présenter en vérité devant toi. Tu viens toi-même et veux nous sauver : voici la terre aride de nos cœurs, et ce pays de la soif, et tant de broussailles. Voici ce monde où l’on ne trouve pas facilement son chemin. Voici tout cela : nous croyons que nous verrons ta gloire en ces lieux désertiques. Nous voulons avoir

cette confiance de reconnaître que nous attendons une chose nouvelle. Nous t’offrons la vérité de no-tre désir pour que tu y sèmes la vie. Avec Isaïe, nous laissons résonner ta parole : «l’eau jaillira», tu l’as promis. «Qu’il exulte et fleurisse» déjà, le pays de la soif : viens, Seigneur, viens nous sauver !

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12Mardi 6 décembre • Entendre Celui qui parle au cœur

«Consolez mon peuple»

Dans le livre d’Isaïe aujourd’hui une voix retentit. On ne sait pas très bien d’où elle vient. C’est «une voix (qui) proclame», ou même «une voix qui dit : Proclame». Certes, cette voix vient de Dieu, c’est lui qui désire parler à Jérusalem. Et pourtant, cette voix n’est pas la sienne, ou plutôt c’est celle d’un Dieu qui se dit par des voix humaines. Aujourd’hui, Dieu dit son grand désir

de donner à l’homme une parole pour être avec lui comme un ami qui parle à son ami, mais avec une étonnante discrétion : c’est un messager qui parle pour lui au cœur de Jérusalem.

«Parlez au cœur de Jérusalem.» Et si c’était cela, la nouveauté de ce jour ? Laisser Dieu se dire dans des mots humains, parler humblement par des frères, et y entendre celui qui parle au cœur ! En effet, ce monde nouveau que nous apprenions à désirer hier est évoqué aujourd’hui encore par cette voix qui retentit : «Toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits». Et le fruit de cette transformation du monde, c’est précisément cela : pouvoir reconnaître en lui que «la bouche du Seigneur a parlé».

Toute parole de Dieu posée sur notre vie porte la consolation. Et pourtant celle-ci dit aussi que «toute chair est comme l’herbe». Mais quand elle atteint le cœur, elle laisse aussi retentir cette incessante proclamation : «Consolez, consolez mon peuple». Alors, quelque chose prend fin. Le crime est pardonné, le service est accompli. Non que Dieu soit celui qui compte et punit. Mais dans sa Parole, le visage du vrai Dieu nous est révélé : nous voici libres parce que nous nous savons pardonnés. Toute chair est comme l’herbe, et nous pouvons accueillir dans cette chair fragile le Dieu qui se fait proche et qui console.

Isaïe 40,1-11

«Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. Une voix proclame : «Préparez à travers le

désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escar-pements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé.» Une voix dit : «Proclame !» et je dis : «Que dois-je proclamer ? – Toute créature est comme l’herbe, toute sa grâce est comme la fleur des champs : l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe le souffle du Seigneur. En effet, le peuple est comme l’herbe. L’herbe se dessèche et la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu demeure pour toujours.» Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nou-velle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : «Voici votre Dieu.» Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Seigneur, tu viens faire toutes choses nouvelles. Nous croyons que tu désires plus que nous-mêmes cette naissance en toi. Aujourd’hui nous mettons notre vie devant toi dans la prière. Apprends-nous à y durer, dans la persévérance et l’amour. Apprends-nous à y déposer avec confiance ce que nous sommes. Fais-nous entendre la parole de bonté que tu viens poser sur nous. Et que nous

soyons pour nos frères messagers de consolation et de paix ! Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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13Mercredi 7 décembre • Se laisser trouver par Dieu

«Dans le Seigneur, des forces nouvelles»

Durer dans la prière et l’écoute pour que Dieu puisse prononcer sur notre vie une parole de consolation, voilà ce que nous demandions hier. Mais aujourd’hui une autre parole s’élève, dou-loureuse et un peu désabusée : «Mon chemin est caché à mon Dieu. Le Seigneur néglige mon bon droit». Certains jours, le chemin semble se perdre dans les broussailles, et l’on demande des

comptes à Dieu : qu’il soit juste, du moins qu’il reconnaisse notre bonne volonté, notre désir de bien faire et que l’on ne s’épuise pas sur ce chemin qui ne mène nulle part ! Cette voix fatiguée et désabusée, c’est Dieu lui-même qui la recueille. Il n’a pas refusé d’entendre cela, et de prendre dans sa Parole ces mots sans confiance ni espérance. «Israël, pourquoi affirmes-tu : mon chemin est caché à mon Dieu ?»

Pourquoi ? dit Dieu. Dieu s’étonne en effet : «Tu ne le sais donc pas ?» Mais nous nous étonnons à notre tour : pour répondre à la fatigue de l’homme, il se présente comme le Dieu fort qui «ne faiblit pas», qui «ne se lasse pas». Il ne craint pas de se dire dans la grandeur et dans l’éclat, même s’il nous semble peut-être que tant de faste ne fait que renforcer la solitude de cet homme essoufflé sur un mauvais chemin. Cependant, si Dieu parle ainsi, c’est que sa force est pour l’homme. Certes, «les jeunes hommes se fatiguent», et même les athlètes voient un jour ou l’autre leur vigueur s’épuiser. «Mais ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles.» Ils trouvent ce qu’ils ne pouvaient se donner à eux-mêmes. Ils se sont laissé trouver par Dieu.

Isaïe 40,25-31

À qui donc pourriez-vous me comparer, qui pourrait être mon égal ? dit le Dieu Saint. Levez les yeux et regardez : qui a créé tout cela ? Celui qui déploie toute l’armée des étoiles, et les appelle chacune par son nom. Si grande est sa force, et telle est sa puissance qu’il n’en

manque pas une. Pourquoi parles-tu ainsi, Jacob ? Israël, pourquoi affirmes-tu : «Mon chemin est caché à mon Dieu, le Seigneur néglige mon bon droit» ? Tu ne le sais donc pas, tu ne l’as pas appris ? Le Seigneur est le Dieu éternel, c’est lui qui crée la terre entière, il ne faiblit pas, il ne se lasse pas. Son intelligence est insondable. Il rend des forces à l’homme épuisé, il développe la vigueur de celui qui est faible. Les jeunes gens se fatiguent, se lassent, et les athlètes s’effondrent, mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils prennent leur essor comme des aigles, ils courent sans se lasser, ils avancent sans se fatiguer.

Dieu créateur de toutes choses, nous te confions aujourd’hui tous ceux qui sont particulière-ment éprouvés et qui, sous le poids du deuil, de la maladie, perdent courage. Toi le Créateur, tu es notre Père, c’est par amour que tu déploies l’univers. C’est en ton amour que nous pui-sons notre force. Béni sois-tu pour ta puissance à l’œuvre dans nos vies ; béni sois-tu pour la

force transformante de ta résurrection. Renouvelle pour nous le don de ta force, celle qui jaillit de la confiance en toi qui sais tout, et qui peux tout. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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14Jeudi 8 décembre • Accueillir la nouveauté de la grâce

«Destinés à devenir des fils»

Comme une pause aujourd’hui dans ce chemin de nouveauté dont parle la grande voix du prophète Isaïe. Mais est-ce vraiment une pause ? Ne s’agit-il pas toujours de la même chose ? N’est-il pas aussi – mais d’une autre façon – question d’une naissance ? L’Église célèbre en ce jour l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, c’est-à-dire qu’elle affirme que Dieu a pré-

paré pour son Fils une demeure «sainte et irréprochable». C’est une nouveauté absolue qui survient aujourd’hui : la conception d’un être humain vraiment saint, vraiment conforme au projet que Dieu avait sur l’homme en le créant à sa ressemblance. Marie, d’une certaine façon, est le seul être pleinement humain puisqu’elle est sans péché, puisqu’elle vit sans entrave dans la familiarité de Dieu.

Mais en quoi cela nous concerne-t-il ? En ce que Marie n’est pas en cela une exception. Elle ne nous reste pas étrangère. C’est chacun de nous, explique Paul, qui a été «choisi avant la création du monde pour être dans l’amour saint et irréprochable». Ce que Marie est, par grâce, depuis sa conception, nous le devenons, toujours avec l’appui de la grâce de Dieu, tout au long de notre vie. C’est notre vocation commune. Non pour que nous soyons impeccables : nous ne sommes pas appelés à être un peuple de parfaits, mais «destinés à devenir son peuple», ceux qui se tiennent en présence de Dieu et chantent sa louange. Pour cela, il faut prendre Marie pour modèle car elle a su accueillir la nouveauté de la grâce qui l’inondait tout entière. Il nous faut accueillir la nouveauté de la grâce qui germe en nous, la protéger, la faire grandir. Et chacune de nos vies, renouvelée de l’intérieur, deviendra de plus en plus conforme au choix éternel de Dieu.

Éphésiens 1,3-6.11-12

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Dans les cieux, il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ. En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a

d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance, à la louange de sa gloire, de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé. En lui, Dieu nous a d’avance destinés à devenir son peuple ; car lui, qui réalise tout ce qu’il a décidé, il a voulu que nous soyons ceux qui d’avance avaient espéré dans le Christ, à la louange de sa gloire.

Seigneur, en Marie tu nous as donné l’icône de la création renouvelée à ton image. En elle nous contemplons ce que tu désires que chacun de nous devienne. Sois béni pour ce don que tu nous as fait de choisir une fille de notre race pour en faire la Mère de ton Fils, pour en faire notre mère qui nous montre le chemin vers toi. Qu’elle vienne nous aider dans les dangers

ou les découragements sur ce chemin. Qu’elle vienne toucher le cœur de ceux qui n’ont pas encore pris la route. Afin que ton œuvre de salut puisse pleinement s’accomplir dans le monde. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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15Vendredi 9 décembre • Le Dieu plus proche

«Si tu avais été attentif»

Dans l’œuvre de recréation qu’opère le salut de Dieu, aujourd’hui se fait entendre comme un soupir de regret : «Si tu avais été attentif...». Ne pas être attentif à la voix de Dieu, être distrait par toutes sortes de préoccupations ou d’intérêts nous met dans ce temps du conditionnel passé : c’est trop tard que l’on se rend compte qu’on s’est trompé de chemin, que nos entre-

prises ont été stériles, que nos idées se sont révélées fausses, qu’on s’est éloigné, sans y prendre garde, du Seigneur.

Mais si le temps de l’homme est celui du regret du passé, le temps de Dieu est toujours l’éternité du présent. «Je suis», dit-il – c’est le nom qu’il avait indiqué à Moïse. Et qu’est-il ce Dieu stable éternel-lement ? Il est le rédempteur, c’est-à-dire, selon la loi juive, le plus proche parent d’un homme dans la détresse, qui rachetait ses dettes pour lui éviter l’esclavage, ou qui épousait sa veuve pour lui donner une postérité. Le Seigneur, le Très-Haut, se fait donc le plus proche. Quels que soient nos errements passés, il refait toujours la même promesse : il promet la paix et la justice, il promet la fécondité et la familiarité retrouvée avec lui, et ceci avec des images qui parlent au cœur des nomades et des exilés : le sable et le fleuve, la mer et les grains de sable.

«Je te donne un enseignement salutaire» : que nous faut-il pour recevoir ce salut que Dieu, «Je Suis», offre éternellement ? Simplement écouter sa parole. Simplement être «attentif», ce beau mot qui dit l’attente en même temps que la tension du désir. Alors, à cette simple condition, le passé, fût-il d’échec ou d’erreur, est dépassé, et la paix de Dieu vient irriguer comme un fleuve la terre de notre vie.

Isaïe 48,17-19

Ainsi parle le Seigneur, ton Rédempteur, le Dieu Saint d’Israël : Je suis le Seigneur ton Dieu, qui te donne un enseignement salutaire, qui te guide sur le chemin où tu marches. Si tu avais été attentif à mes commandements, ta paix serait comme un fleuve, ta justice comme les

flots de la mer. Ta postérité serait comme le sable, et tes descendants nombreux comme les grains de sable ; ton nom ne serait ni retranché ni effacé devant moi.

Seigneur, devant toi qui es éternellement et qui toujours inlassablement viens vers nous, nous voulons aujourd’hui nous présenter avec notre passé, nos regrets, nos déchirures, nos erreurs, pour que tu les prennes en ta force de vie et nous arraches à tout ce qui nous tire en arrière et nous retient d’aller vers toi. Seigneur, nous voulons être attentifs à ta voix et obéir à ta parole

de vie qui ouvre devant nous l’espérance d’un monde réconcilié. Viens Seigneur, viens nous sauver !

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16Samedi 10 décembre • Le cœur nouveau

«Préparé par Dieu»

Le dernier texte proposé par la liturgie en cette semaine qui nous présente le salut de Dieu comme une recréation de toute chose a de quoi nous surprendre. Il y est question d’un vieux prophète dont les «prodiges» ne nous concernent guère et nous choquent même un peu. Quoi ? faire venir la famine et faire périr des hommes par le feu pourrait être considéré comme une

grande œuvre accomplie pour la gloire de Dieu ? Et qui plus est, avec sa complicité ? Il ne faut pas être dupe du ton de ce passage qui veut magnifier les grands ancêtres dans la foi avec des termes plus pro-ches de l’épopée que du récit historique.

Mais ce qui est intéressant, c’est que ce passage, malgré tout, annonce bien un recommencement. Quel rôle en effet la tradition juive attribue-t-elle à Élie ? On pensait qu’il allait revenir à la fin des temps, juste avant le retour du Seigneur. Qu’il allait venir pour réconcilier entre eux «les pères et les fils», pour préparer donc une humanité apaisée, unie, qui pourrait accueillir le Messie. Jésus a déjà expliqué à ses disciples que celui qui était venu jouer le rôle d’Élie, ce rôle de préparation à sa venue, était Jean le Baptiste qui avait rassemblé le peuple pour un baptême de conversion. Ainsi nous est-il dit que le renouvellement du monde qui marque la venue du Sauveur commence par le renouvellement de notre propre cœur. C’est là que le feu d’Élie – tout comme l’eau du baptême de Jean – peut être utile : pour, symboliquement bien sûr, purifier notre cœur, le débarrasser de tout ce qui l’encombre, pour le rendre disponible à la venue de celui qui vient avec la douceur d’un enfant.

Siracide 48,1-4.9-11

Le prophète Élie surgit comme un feu, sa parole brûlait comme une torche. Il fit venir la famine sur les hommes d’Israël, et, dans son ardeur, en fit périr un grand nombre. Par la parole du Seigneur, il ferma le ciel, et à trois reprises il en fit descendre le feu. Comme tu

étais redoutable, Élie, dans tes prodiges ! Qui pourrait se glorifier d’être ton égal ? Toi qui fus emporté dans un tourbillon de feu par un char aux coursiers de feu ; toi qui fus préparé pour la fin des temps, ainsi qu’il est écrit, afin d’apaiser la colère avant qu’elle n’éclate, afin de ramener le cœur des pères vers les fils et de rétablir les tribus de Jacob, heureux ceux qui te verront, heureux ceux qui se sont endormis dans l’amour du Seigneur, car nous aussi nous posséderons la vraie vie.

Seigneur, dans ces grandes figures d’Élie et de Jean Baptiste, tu nous montres le modèle d’hom-mes dévorés d’amour pour toi, brûlants du désir de te faire connaître à leurs frères. Mets en nous le même zèle, la même pureté à ton service pour que notre cœur en soit transformé et que, peu à peu, le monde autour de nous en connaisse mieux la vie et la paix que tu lui donnes.

Béni sois-tu pour tous ceux qui, au long des siècles, ont préparé ta venue. Béni sois-tu pour tous les gestes de réconciliation qui, en notre monde, déjà font advenir ton Règne, toi qui viens pour sauver tous les hommes. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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Route de Noël 2011 • Semaine 3Le Dieu qui sauve en faisant alliance

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17

Le Dieu créateur, le Dieu recréateur, qui fait sans cesse toutes choses nouvelles, est un Dieu de re-lation. Relation en lui-même, il fait de la terre l’écrin de la relation qu’il veut nouer avec l’homme. L’Écriture nous le montre venant «se promener dans le jardin à la brise du jour» et dialoguer avec Adam, puis cherchant l’homme lorsque celui-ci, fourvoyé par le mal, prend peur et se cache de

lui (Genèse 3,8-9). Pour renouer ce dialogue brisé, Dieu invente l’alliance.

Ce beau mot, qui dit la relation fermement établie, apparaît, après le déluge, lorsque sur la terre toute neuve qui émerge des eaux se tend un arc-en-ciel : «Je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d’alliance entre moi et la terre» (Genèse 9,3). Cette alliance que l’homme sans cesse oublie ou bafoue, Dieu inlassablement la propose : il appelle Abraham et se révèle à lui ; il vient trouver Moïse et lui donne mission de tirer le peuple de l’esclavage ; il choisit David, «berger selon son cœur», pour qu’il guide son peuple avec sagesse et justice. Et c’est chacun qu’il aime d’un amour fou qui le fait patienter, reprendre, inlassablement corriger, pardonner, offrir toujours cette alliance qui, au fur et à mesure des textes et des siècles qui passent, de plus en plus explicitement, devient une alliance nuptiale.

En créant l’humanité «à son image et ressemblance», en lui insufflant son souffle de vie, Dieu son-geait aux noces éternelles qu’il lui préparait déjà en sa demeure. Et puisque l’homme s’obstinait à ne pas le comprendre, c’est Dieu lui-même, en son Fils, qui est venu épouser l’humanité jusqu’en sa chair pour lui ouvrir, en un «admirable échange», disent les Pères, le partage de sa divinité. C’est cette histoire que nous contemplerons cette semaine à travers les annonces encore voilées d’un chef mystérieux qui nous sera donné (lundi et samedi) ; à travers les préparations que Dieu met en œuvre pour disposer le cœur de l’homme à l’accueillir (mardi et vendredi) ; à travers enfin la manifestation de son dessein d’amour depuis la création (mercredi) jusqu’aux épousailles (jeudi).

Il fallait la venue de l’Emmanuel, «Dieu-avec-nous», pour qu’une alliance puisse devenir effective entre deux contractants si différents en nature et en force, pour que la toute puissance et la toute faiblesse puissent s’allier. Il fallait la naissance d’un enfant fragile, qui est aussi le Dieu fort, pour qu’en lui – par son corps livré jusqu’à la mort, par son Esprit répandu sur tout –, enfin soit nouée l’Alliance nouvelle et éternelle. Face à ce don radical, que croisse en nous le désir d’y entrer !

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18Dimanche 11 décembre

En cette troisième semaine de l’Avent, nous poursuivons notre route de Noël au rythme habituel : chaque jour, la première lecture de la liturgie guide notre méditation à partir du thème de la semaine : «Le Dieu qui sauve en faisant alliance». Le dimanche introduit au thème en proposant un texte d’un Père de l’Église.

Un évangile à méditer

Jean 1,6-8.19-28

Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour ren-dre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les

Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : «Qui es-tu ?» Il le reconnut ouver-tement, il déclara : «Je ne suis pas le Messie.» Ils lui demandèrent : «Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie ?» Il répondit : «Non. – Alors es-tu le grand Prophète ?» Il répondit : «Ce n’est pas moi.» Alors ils lui dirent : «Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ?» Il répondit : «Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.» Or, cer-tains des envoyés étaient des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : «Si tu n’es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ?» Jean leur répondit : «Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale.» Tout cela s’est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l’endroit où Jean baptisait.

À l’écoute des Pères

De saint Irénée, évêque de Lyon au IIe s.

Il n’y a qu’un seul Dieu qui, par le Verbe et l’Esprit, a fait et harmonisé toutes choses. C’est lui le Créateur, et c’est lui qui a assigné ce monde au genre humain. Selon sa gran-deur, il est inconnu de tous les êtres faits par lui, car personne n’a scruté son élévation.

Cependant, selon son amour, il est connu grâce à celui par qui il a créé toutes choses ; celui-ci n’est rien d’autre que son Verbe, notre Seigneur Jésus Christ qui, dans les derniers temps, s’est fait homme parmi les hommes, afin de rattacher la fin au commencement, c’est-à-dire l’homme à Dieu. Voilà pourquoi les prophètes, après avoir reçu de ce même Verbe le charisme prophétique, ont prêché à l’avance sa venue selon la chair, par laquelle le mélange et la communion de Dieu et de l’homme ont été réalisés selon le bon plaisir du Père. Dès le commencement, en effet, le Verbe a annoncé que Dieu serait vu des hommes, qu’il vivrait et converserait avec eux sur la terre et qu’il se rendrait présent à l’ouvrage par lui modelé, pour le sauver et se laisser saisir par lui, et pour faire en sorte que «nous le servions en justice et sainteté tous les jours de notre vie» (Luc 1,74-75), afin que, enlacé à l’Esprit de Dieu, l’homme accède à la gloire du Père.

Par lui-même, en effet, l’homme ne pourra jamais voir Dieu ; mais Dieu, s’il le veut, est vu des hommes. Car Dieu peut tout : vu autrefois par l’entremise de l’Esprit selon le mode prophétique, puis vu par l’entremise du Fils selon l’adoption, il sera vu encore dans le Royaume des cieux selon la pater-nité, l’Esprit préparant d’avance l’homme pour le Fils de Dieu, le Fils le conduisant au Père, et le Père lui donnant l’incorruptibilité et la vie éternelle qui résultent de la vue de Dieu pour ceux qui le voient. Car de même que ceux qui voient la lumière sont dans la lumière et participent à sa splendeur, de même ceux qui voient Dieu sont en Dieu et participent à sa splendeur. Oui, vivifiante est la splendeur de Dieu. Ils auront donc part à la vie, ceux qui voient Dieu.

Contre les hérésies IV, 20,4-5

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19Lundi 12 décembre • Le signe de l’étoile

«Un astre issu de Jacob»

Le Dieu de l’alliance, le Dieu des pères, Abraham, Isaac et Jacob, avec qui il a noué, nous disent les récits de la Genèse, une alliance indéfectible pour eux et toute leur descendance, voici qu’il se manifeste comme le Dieu qui n’oublie pas ses promesses, le Dieu fidèle dont le don est toujours présent. Il inspire jusqu’aux prophètes étrangers pour rappeler qu’il aime son peuple et le comble

de ses dons. «Que tes tentes sont belles ! Le Seigneur les a plantées comme des cèdres auprès des eaux !»Et il annonce que c’est bien de ce peuple, issu de la lignée de Jacob, que va se révéler, pour le

gouverner – c’est-à-dire le guider vers le salut – «un héros». Et quel héros ! Semblable non à un chef guerrier, mais à une étoile ! Une étoile qui symbolise l’espérance dans la nuit obscure ; une étoile qui indique que le vrai lieu de notre avenir et de notre bonheur, c’est le ciel. Une étoile annoncée du plus lointain des temps et en qui nous reconnaissons «l’Astre d’en haut» venu nous visiter (Luc 1,78), «l’astre du matin (qui) se lève dans nos cœurs» (2 Pierre 1,19). Que le prophète Balaam qui a su écouter ce Dieu qui lui était étranger, nous aide à acquérir nous aussi un regard qui voit au-delà des apparences immé-diates et matérielles, qui voit le salut constamment à l’œuvre dans le monde !

Nombres 24,2-7.15-17a

Le prophète païen Balaam était venu pour maudire Israël. Levant les yeux, il vit le peuple qui campait, rangé par tribus. L’esprit de Dieu vint sur lui, et il prononça ces paroles prophé-tiques : «Oracle de Balaam, fils de Béor, oracle de l’homme au regard pénétrant, oracle de

celui qui entend les paroles de Dieu. Il voit ce que le Tout-Puissant lui fait voir, il tombe en extase, et ses yeux s’ouvrent. Que tes tentes sont belles, Jacob, et tes demeures, Israël ! Elles s’étendent comme des vallées, comme des jardins au bord d’un fleuve ; le Seigneur les a plantées comme des aloès, comme des cèdres auprès des eaux ! Un héros sortira de sa descendance, il dominera sur des peuples nombreux. Son règne sera plus grand que celui de Gog, sa royauté s’étendra.» Balaam prononça encore ces paroles prophétiques : «Oracle de Balaam, fils de Béor, oracle de l’homme au regard pénétrant. Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant – ; je l’aper-çois – mais pas de près : un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël.»

Seigneur, tu es le Dieu fidèle qui inlassablement fait route vers nous. Sois béni pour tes promesses qui, depuis l’origine, illuminent la route des hommes. Sois béni de rendre ces promesses toujours plus lumineuses et d’habituer nos yeux à des réalités qui nous dépassent encore, à la réalité du signe de l’étoile indiquant la naissance de ton Fils venu nous éclairer et nous conduire à toi. Ouvre

nos yeux à ta lumière, toi qui ne cesses de venir nous visiter. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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20Mardi 13 décembre • À la hauteur de l’enfant

«Un peuple petit et pauvre»

Hier éclatait dans la lumière la promesse faite par le Seigneur de donner à son peuple un chef pour le guider. Aujourd’hui il s’agit plutôt de préparer ce peuple, de nous préparer à le recevoir. «Moi, je vais transformer ce peuple et purifier leurs lèvres.» C’est Dieu aussi qui se charge de ce travail ; celui qui propose l’alliance est aussi celui qui nous met en état de la soutenir. Cette

transformation est opérée par le Seigneur en deux sens : l’universalité et la profondeur. Ce n’est plus un seul peuple qui est convoqué mais tous les peuples, «mes enfants dispersés», qui sont invités à invoquer le Seigneur. Et ce n’est plus dans la suffisance ou l’orgueil d’avoir été choisis qu’ils se présentent, mais dans l’humilité de celui qui reçoit tout, dans la pureté de celui qui fait coïncider en lui l’être et le paraî-tre et renonce à toute duplicité. Quelle nouvelle ! Hier il était question de trône et de sceptre – car celui qui vient est bien roi. Aujourd’hui il est question de petitesse, car celui qui vient est un enfant et, à sa suite, le Seigneur veut faire de nous tous ses enfants ; il est question de pauvreté, car la seule chose qu’il demande est de s’abandonner au travail qu’il accomplit en nous. Renoncer à toute suffisance pour ne placer sa confiance qu’en Dieu, se désarmer en quelque sorte, c’est la condition paradoxale pour passer au-delà de la peur, car on a alors «son refuge dans le nom du Seigneur». C’est se mettre à la bonne hauteur pour voir l’enfant qui vient.

Sophonie 3,1-2.9-13

Parole du Seigneur à Jérusalem : Malheureuse la rebelle, l’impure, Jérusalem la ville tyran-nique ! Elle n’a écouté la voix de personne, elle n’a pas accepté de leçon, elle n’a pas fait confiance au Seigneur, elle ne s’est pas présentée pour servir son Dieu. Mais moi, dit le

Seigneur, je vais transformer les peuples et purifier leurs lèvres, pour qu’ils invoquent tous ensemble le nom du Seigneur et le servent d’un seul cœur. D’au-delà des fleuves de l’Éthiopie, mes adorateurs, mes enfants dispersés m’apporteront mon offrande. Ce jour-là, tu n’auras plus à rougir pour tous les méfaits que tu as commis contre moi, car alors j’extirperai de toi les orgueilleux et leur insolence, et tu ne reviendras plus te pavaner sur ma mon-tagne sainte. Israël, je ne laisserai subsister au milieu de toi qu’un peuple petit et pauvre, qui aura pour refuge le nom du Seigneur. Ce Reste d’Israël ne commettra plus l’iniquité. Il renoncera au mensonge, on ne trouvera plus de tromperie dans sa bouche. Il pourra paître et se reposer sans que personne puisse l’effrayer.

Seigneur, nous voici devant toi, pauvres et petits comme tu le désires, non pas pour nous abaisser ou nous humilier, mais pour nous regarder comme tes enfants bien-aimés que tu veux placer, pour peu qu’ils s’abandonnent à toi, au-delà de tout mal. Donne-nous de nous laisser transformer sous ton regard. Donne-nous de laisser nos fausses sécurités et nos faux

semblants, pour accueillir la paix qui vient de toi. La paix qui va nous advenir en cet enfant qui va naître. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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21Mercredi 14 décembre • Depuis la création

«Pour que la terre soit habitée»

Les deux premiers jours de cette semaine nous ont permis de contempler comment Dieu travaille au mystère de l’alliance, en annonçant l’Astre sauveur et en préparant un peuple pour l’accueillir. Aujourd’hui nous remontons plus haut encore, par-delà l’alliance, jusqu’au geste créateur. Dieu qui scande la proclamation prophétique par son nom d’éternité – le nom révélé à Moïse : «Je

Suis» –, Dieu rappelle comment à l’origine il a «modelé la terre et l’a formée». Il s’agit bien toujours ce-pendant du même mystère car le dessein créateur du Seigneur déjà est un dessein d’alliance : la terre, «il ne l’a pas créée comme un désert, il l’a formée pour qu’elle soit habitée».

Dieu, de toute éternité, songeait à l’homme à qui il confierait la création ; le cœur de Dieu, de toute éternité, suscitait l’homme pour entrer en relation avec lui. C’est pourquoi, créateur, il est aussi sauveur ; c’est pourquoi, ayant appelé l’homme à la vie, il veut lui redonner la vie en abondance. Tout est donné ensemble, les présents naturels comme spirituels : la rosée du ciel et les bourgeons, en même temps que la justice et le salut. L’erreur de la vieille traduction latine qui lisait : «Que les nuées fassent pleuvoir le Juste» – et non la justice – est finalement pleine de sens, car celui qui vient couronner les dons que Dieu ne cesse de nous faire depuis la création, c’est Dieu lui-même, le Juste qui vient pour nous sauver.

Isaïe 45,6b-8.18.21b-25

«Je suis le Seigneur, il n’y en a pas d’autre : je fais la lumière et je crée les ténèbres, j’établis la paix et je crée le malheur. C’est moi, le Seigneur, qui fais tout cela. Que les cieux distillent la rosée, que les nuages répandent la justice, que la terre s’entrouvre et que le salut s’épa-

nouisse, que la justice fasse éclater en même temps tous ses bourgeons. Moi, le Seigneur, je crée tout cela.» Ainsi parle le Seigneur, le créateur des cieux, lui qui est Dieu, lui qui a modelé la terre et l’a formée, lui qui l’a fixée ; il ne l’a pas créée comme un désert, il l’a formée pour qu’elle soit habitée : «Je suis le Seigneur, il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas d’autre Dieu que moi ; un Dieu juste et sauveur, il n’y en a pas en dehors de moi. Tournez-vous vers moi pour être sauvés, habitants de la terre entière. Car c’est moi qui suis Dieu, il n’y en a pas d’autre. Je le jure par moi-même : de ma bouche sortira le salut, cette parole ne reviendra pas en arrière ; devant moi toute créature tombera à genoux, par moi jurera toute langue en disant : ‘Au Seigneur seul la justice et la force !’» Vers lui viendront, couverts de honte, tous ceux qui s’étaient dressés contre lui. Et toute la descendance d’Israël trouvera dans le Seigneur sa justice et sa fierté.

Sois béni, Seigneur, pour ta création qui dit ta grandeur et ta beauté, qui dit ta majesté et ta puissance, mais qui parle aussi de ta sollicitude pour l’homme, de ton amour qui t’a fait mode-ler une créature à ton image avec qui tu pourrais entrer en relation, qui t’appellerait : Seigneur, et qui te dirait aussi : Père ! Sois béni pour la terre et les nuages, pour les fruits et le ciel, pour

tout ce que tu ne cesses de donner et de redonner dans le salut qui vient à nous. Toi par qui nous ve-nons à l’existence, viens, Seigneur, viens nous sauver !

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22Jeudi 15 décembre • Jusqu’en l’éternité

«Ton époux, c’est ton Créateur»

L’alliance prend aujourd’hui la forme des épousailles. Le geste de création de Dieu que nous contemplions hier, avait produit une terre féconde que l’homme était appelé à habiter. Aujourd’hui sa finalité est clairement manifestée : l’image nuptiale se déploie dans toutes ses composantes – fiançailles, amour fou, abandon, pardon – pour bien faire savoir que l’alliance

proposée par Dieu à l’homme n’a rien d’un accord juridique entre deux contractants, d’une entente opportuniste entre deux alliés. Non, c’est une alliance qui s’exprime dans les termes vigoureux, exces-sifs de l’amour le plus fort. Il ne faut pas s’y tromper : si dans le langage anthropomorphique, propre à ce type de prophétie, le Seigneur parle d’abandon et de colère, son alliance n’en est pas moins éternelle et constamment renouvelée ; c’est l’humanité qui, par faiblesse ou distraction, se révèle une épouse capricieuse et peu aimante. Mais Dieu, l’Amour même, ne saurait se dédire ni se renier : «Quand les montagnes changeraient de place, mon amour pour toi ne changera pas.»

L’amour créateur devient ainsi l’amour rédempteur. Le «temps de Noé» est rappelé, ce temps où, après le déluge, le signe de l’arc-en-ciel était apparu, pour montrer que l’alliance reste une réalité inscrite dans la nature comme dans l’histoire de l’humanité. Irrémédiablement, indéfectiblement. Et de nouveau, un signe qui relie ciel et terre va nous être donné : l’enfant venu du ciel pour habiter la terre des hommes et les conduire au ciel.

Isaïe 54,1-10

Parole du Seigneur adressée à Jérusalem : Crie de joie, femme stérile, toi qui n’as pas eu d’enfants ; éclate en cris de joie et d’allégresse, toi qui n’as pas éprouvé les douleurs de l’en-fantement ! Car la femme abandonnée aura plus d’enfants que celle qui a son mari, déclare

le Seigneur. Élargis l’espace de ta tente, déploie sans hésiter la toile de ta demeure, allonge tes cordages, renforce tes piquets ! Car ta descendance va éclater dans toutes les directions. Elle recueillera l’héritage des nations, elle peuplera des villes abandonnées. Ne crains pas, tu ne seras pas confondue ; n’aie pas honte, tu n’auras plus à rougir, car tu oublieras la honte de ta jeunesse, tu ne penseras plus au déshonneur d’avoir été abandonnée. Ton époux, c’est ton Créateur, «Seigneur de l’univers» est son nom. Ton Rédempteur, c’est le Dieu Saint d’Israël, il se nomme «Dieu de toute la terre». Oui, comme une femme abandonnée et désolée, le Seigneur te rappelle. Est-ce qu’on rejette la femme de sa jeunesse ? dit le Seigneur ton Dieu. Un moment je t’avais abandonnée, mais dans ma grande tendresse je te rassemblerai. Ma colère avait débordé, et un moment je t’avais caché ma face. Mais dans mon amour éternel j’ai pitié de toi, dit le Seigneur, ton Rédempteur. C’est ainsi qu’au temps de Noé, j’ai juré que les eaux ne submergeraient plus la terre. De même, je jure de ne plus me mettre en colère contre toi, et de ne plus te menacer. Quand les montagnes changeraient de place, quand les collines s’ébranleraient, mon amour pour toi ne changera pas, et mon Alliance de paix ne sera pas ébranlée, a déclaré le Seigneur, dans sa tendresse pour toi.

Seigneur, tu nous révèles que, de toute éternité, ton dessein d’amour est de faire de l’humanité ton épouse, pour la combler de ta tendresse et de ta fécondité. Seigneur, ce dessein est si grand que nous n’osons y croire. Renforce en nous l’espérance. Pardonne-nous nos distractions, nos tiédeurs, nos lenteurs à te répondre amour pour amour. Viens purifier en nous tout ce

qui reste encore incapable d’accueillir cet amour qui vient nous emporter jusqu’en ton éternité. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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23Vendredi 16 décembre • Se tenir devant Dieu

«Attachés fermement à ton Alliance»

L’alliance depuis la création, l’alliance jusqu’aux noces éternelles : depuis deux jours, nous nous émerveillons du projet de Dieu ; mais aujourd’hui, alors que sa réalisation approche, c’est à nous qu’il est demandé d’assumer notre part dans le travail d’alliance. Une béatitude («Heureux l’homme…») précise quelle est cette part de l’homme qui consiste parfois à agir et parfois à

s’abstenir d’agir. De même qu’à l’origine Dieu avait créé le monde en six jours et le septième jour avait pris son repos dans la contemplation de son œuvre, de même l’homme est invité d’une part à agir «selon le droit» et à «s’y tenir fermement», et, d’autre part, à s’abstenir d’agir pour ne pas faire le mal et pour respecter le sabbat «sans le profaner», c’est-à-dire en en faisant un jour non profane, mais consa-cré, un jour donné à Dieu pour le contempler dans sa Parole et dans son œuvre. C’est en retrouvant dans sa vie cette alternance des rythmes, dans la tension constante vers le bien qui est Dieu lui-même, que l’homme entre personnellement, profondément dans l’alliance. Que, pour son bonheur, elle devient sienne. Et cela, est-il précisé, quel qu’il soit et quelle que soit son origine. L’élection qui, pour s’inscrire dans une histoire sainte, était passé par un homme, Abraham, et un peuple, Israël, s’étend maintenant à tous ceux qui «s’attachent fermement à l’Alliance», tant il est vrai, comme l’écrit Paul, que tous, nous sommes «élus en lui dès avant la création du monde» (Éphésiens 1,4). C’est bien l’humanité entière que le Fils, à la plénitude des temps, vient embrasser dans l’Alliance nouvelle et éternelle.

Isaïe 56,1-3a.6-8

Parole du Seigneur : Observez le droit, pratiquez la justice. Car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. Heureux l’homme qui agit selon le droit, qui s’y tient fermement ; il observe le sabbat sans le profaner et se garde de toute mauvaise action. L’étranger qui s’est

attaché au Seigneur ne doit pas dire : «Certainement, le Seigneur va m’exclure de son peuple.» Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l’amour de son nom et sont devenus ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et s’attachent fermement à mon Alliance, je les conduirai à ma montagne sainte. Je les rendrai heureux dans ma maison de prière, je ferai bon accueil, sur mon autel, à leurs holocaustes et à leurs sacrifices, car ma maison s’appellera «Maison de prière pour tous les peuples». Parole du Seigneur Dieu, qui rassemble les exilés d’Israël : Avec ceux qui sont déjà rassemblés, j’en réunirai encore d’autres.

Seigneur Dieu, à ton exemple tu nous apprends à vivre dans l’alternance du travail et du repos, de la transformation et de la contemplation du monde. Tu nous apprends à nous tenir devant toi dans la gratuité de la prière, dans la maison de prière que devient notre cœur habité par ta présence. Toi qui viens rassembler tous les peuples dans l’unité de ton amour, donne-nous

d’avancer dans la paix et la concorde vers la demeure que, depuis toujours, tu nous as préparée. Viens Seigneur, viens nous sauver !

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24Samedi 17 décembre • Celui qui vient

«Vienne celui à qui le pouvoir appartient»

La semaine se termine comme elle avait commencé : par l’annonce prophétique d’un lointain des-cendant de Jacob que Balaam voyait au loin se lever comme un astre et que Jacob ici compare à un jeune lion. Car c’est Jacob lui-même qui, avant sa mort, prononce sur chacun de ses fils, ancêtres des douze tribus d’Israël, un oracle annonçant le devenir de chaque tribu. Et voici que

celle de Juda est distinguée : c’est d’elle effectivement que sortira le pouvoir politique le plus fort et le plus stable qu’ait jamais connu Israël dans son histoire tourmentée, puisqu’elle a donné naissance au roi David. Mais par-delà David, roi brillant et figure du Messie, mais partagé, comme tout homme, entre son amour reconnaissant pour Dieu qui l’a choisi et sa faiblesse pécheresse qui l’écarte de lui ; par-delà Jacob et Juda et David et tous ses fils, est annoncé celui qui doit venir. Celui qui ne cesse de venir vers nous, bien avant le début de l’histoire, bien avant que la première alliance ne soit nouée entre Dieu et les hommes. Celui qui, de toute éternité, vient vers nous, avec la force, la noblesse et la puissance d’un lion, mais aussi avec la douceur et l’humilité d’un agneau. Celui «à qui le pouvoir appartient», car il est «vrai Dieu, né du vrai Dieu». Celui à qui sa force permet d’exercer le pouvoir véritable qui ne s’impose pas par la violence, mais désarme par sa douceur, qui ne se conquiert ni ne se perd par les armes, mais qui règne par l’amour.

Genèse 49,1-2.8-10

Jacob appela ses fils : «Je veux vous dévoiler ce qui vous arrivera dans les temps à venir. Rassemblez-vous, écoutez, fils d’Israël, écoutez votre père Jacob. Juda, tes frères te rendront hommage, ta main fera plier la nuque de tes ennemis et les fils de ton père s’inclineront

devant toi. Juda mon fils est un jeune lion ; il est revenu de la chasse ; il s’est accroupi, il s’est couché comme un lion ; ce fauve, qui le fera lever ? La royauté n’échappera point à Juda, ni le commandement, à sa descendance, jusqu’à ce que vienne celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront.»

Sois béni, Seigneur, pour ton dessein patient d’alliance que tu nous fais connaître à travers ceux qui parlent en ton nom. Sois béni pour cet horizon d’espérance que tu as placé au terme de l’histoire, pour ces multiples préfigurations qui, de Jacob à Juda et de Juda à David, nous habituent doucement à attendre Celui qui les dépasse infiniment puisqu’il est ton Fils unique à

ta parfaite ressemblance. Donne-nous, comme le peuple biblique l’a fait au long des siècles, d’attendre ardemment ce jour si proche où l’enfant qui accomplit les promesses va venir à nous pour nous mener à toi. Viens Seigneur, viens nous sauver !

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Route de Noël 2011 • Semaine 4Le Dieu qui sauve en se donnant lui-même

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Dieu sauve. C’est le mystère que nous méditons depuis le début de cet Avent et de notre route vers Noël. Dieu sauve en venant à la rencontre de l’homme, en faisant toutes choses nouvelles – lui qui est le «Créateur fidèle» (1 Pierre 4,19) – et en faisant alliance avec l’homme. Ces trois dernières semaines nous ont permis de découvrir le visage d’un Dieu qui se fait proche, de plus

en plus proche, qui prend résolument la route de notre humanité pour la sauver, jusqu’à finalement se donner lui-même – et c’est ce mystère que nous allons contempler durant les derniers jours qui nous sé-parent de la Nativité du Seigneur. Jours probablement agités, encombrés de toutes sortes de préparatifs le plus souvent bien légitimes, pendant lesquels nous sommes pourtant encore une fois invités à ouvrir chaque jour le grand livre des Écritures pour nous laisser combler du seul pain qui puisse vraiment nous nourrir et nous rassasier : la Parole «vivante et permanente» (1 Pierre 1,23) de notre Dieu.

Dieu sauve en se donnant lui-même. Il aurait pu faire autrement, lui le Tout-Puissant, et pourtant il choisit non seulement de parler, non seulement de rencontrer ou de faire alliance – toutes choses qui préservent une altérité, voire une extériorité entre deux partenaires –, mais de partager entièrement la condition de l’homme, ce «pauvre pèlerin», pour que nous partagions entièrement ce qu’il est lui-même. Les Pères de l’Église (Irénée, Athanase...) ont une formule lapidaire pour dire cela : «Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu». Dieu se donne tel qu’il est en lui-même en devenant homme. Autre-ment dit : Dieu se donne en se renonçant ; Dieu se donne en descendant, en s’affaiblissant. «L’amour eut pitié de ce qui était vide, écrit Hans Urs von Balthasar, et il lui plut de le remplir» (Le Cœur du monde). De se «vider» lui-même pour le remplir de lui-même, de sa force traduite en faiblesse, de sa lumière voilée dans la chair, de son amour aux couleurs de sang. «L’amour descend» (idem) : comment ne pas nous émerveiller d’un tel mystère ?

Pour contempler cette proximité du Dieu qui se donne, nous allons tout simplement, comme nous le faisons ensemble depuis le début de l’Avent, nous laisser éclairer par les lectures bibliques rete-nues par la liturgie. Une série de témoignages annonçant le Sauveur : de Samson, fruit miraculeux de la stérilité, au messager du Seigneur qui doit «s’installer pour fondre et purifier», en passant par l’Emmanuel, enfant d’une vierge, et Samuel, dont la vocation prophétique sera d’écouter la Parole de Dieu. Des tex-tes surprenants pour une oreille occidentale contemporaine, dans lesquels nous aurons peut-être du mal à entrer tant ils nous dépaysent ! Mais laissons-nous justement dépayser : Dieu lui-même a pris ce chemin en venant «planter sa tente» (Jean 1,14) parmi nous, pèlerin parmi les pèlerins ; pourquoi ne pas risquer l’aventure à sa suite ? Ouvrons la porte des Écritures : le Verbe, pour nous, se fera chair.

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26Dimanche 18 décembre

En cette quatrième et dernière semaine de l’Avent, nous continuons notre route de Noël au rythme habi-tuel : chaque jour, la première lecture de la liturgie guide notre méditation à partir du thème de la semaine : «Le Dieu qui sauve en se donnant lui-même». Le dimanche introduit au thème en proposant un texte d’un Père de l’Église.

Un évangile à méditer

Luc 1,26-38

L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : «Je te salue, Comblée-de-grâce,

le Seigneur est avec toi.» À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : «Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.» Marie dit à l’ange : «Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ?» L’ange lui répondit : «L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. Car rien n’est impossible à Dieu.» Marie dit alors : «Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole.» Alors l’ange la quitta.

À l’écoute des Pères

De saint Grégoire, évêque de Nazianze au IVe s.

Quel est ce grand mystère accompli en notre faveur ? L’ordre des natures est entière-ment renouvelé : Dieu devient homme. Celui qui chevauche les cieux des cieux dans l’orient de sa gloire et de sa splendeur, voici qu’on le célèbre dans le couchant de notre

misère et de notre indigence. Le Fils de Dieu accepte de devenir fils de l’homme et d’en recevoir le nom. Il ne change pas ce qu’il était – le changement ne peut l’atteindre –, mais il prend sur lui ce qu’il n’était pas, car il est l’Ami des hommes : l’Illimité reçoit ainsi des limites et, caché en quelque sorte sous les voiles de la chair, il «converse avec nous». Supporter le pur éclat de sa divinité n’était pas, en effet, au pouvoir de notre nature vouée au devenir et à la mort. Voilà pourquoi les incompatibles s’unissent : Dieu avec le devenir, l’Esprit avec la chair, l’Intemporel avec le temps, 1’Incirconscrit avec le limité, et même la naissance avec la virginité, le méprisable avec ce qui surpasse tout honneur ; avec la sensibilité, l’Impassible ; avec le corruptible, 1’Immortel.

Cette fête de la Nativité, nous la célébrons solennellement, ainsi que tous les habitants de ce monde et ceux qui sont au-delà de ce monde. Nous courons avec l’étoile, nous adorons avec les mages ; avec les bergers, nous sommes environnés de lumière ; avec les anges, nous chantons la gloire de Dieu ; avec Siméon, nous le prenons dans nos bras ; et avec Anne, cette femme âgée et vénérable, nous le fai-sons connaître. Rendons grâce à celui qui descend chez lui comme un étranger, pour glorifier l’homme, ce pauvre pèlerin.

Discours 39, 13-14

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27Lundi 19 décembre • Le fruit de la gratuité

«Tu vas concevoir et enfanter un fils»

Une femme stérile. Voilà le premier témoin que la liturgie nous fait rencontrer pour nous in-troduire à la contemplation du Dieu qui sauve en se donnant. Vacuité, pauvreté, inutilité : sur l’arbre de sa vie, nul fruit n’a germé. Mais Dieu ne s’est laissé rebuter par rien de cela. Au contraire, semble-t-il. Peut-être même en avait-il besoin. Pour «qu’il soit bien clair, comme l’écrit

Paul, que cette extraordinaire puissance soit de Dieu et non pas de nous» (2 Corinthiens 4,7). Ce sont «les mains vides» qu’il peut seules combler. La femme de Manoa ne se plaint pas. Une seule phrase nous dé-couvre son état et son histoire tient en une négation : elle «était stérile et n’avait pas eu d’enfant». Dieu le sait bien qui, par la bouche de son ange, s’adresse à elle en confirmant : «Tu es stérile et tu n’as pas eu d’enfant». Ces mots, qui devraient humilier, libèrent plutôt, chargés qu’ils sont de leur poids d’amour vrai. Je t’ai vue telle que tu es : pauvre, vide, sans fruit ; mais je te vois aussi telle que je vais maintenant te rendre capable d’être par ma puissance que je vais déployer sur toi : «tu vas concevoir et enfanter un fils». À Dieu, «rien n’est impossible», comme le dit l’évangile à propos d’une autre femme stérile, Élisabeth (Luc 1,37). À celui qui ne redoute pas de se présenter à lui dans la vérité de sa pauvreté, de sa stérilité, il se donne, lui-même – et tout entier.

Juges 13, 2-7.24-25a

Il y avait un homme de Soréa, du clan de Dane, nommé Manoa. Sa femme était stérile et n’avait pas eu d’enfant. L’ange du Seigneur apparut à cette femme et lui dit : «Tu es stérile et tu n’as pas eu d’enfant. Mais tu vas concevoir et enfanter un fils. Désormais, fais bien

attention : ne bois ni vin ni boisson fermentée, et ne mange aucun aliment impur, car tu vas concevoir et enfanter un fils. On ne lui coupera pas les cheveux, car il sera voué à Dieu dès sa conception. C’est lui qui entreprendra de sauver Israël de la main des Philistins.» La femme s’en alla dire à son mari : «Un homme de Dieu est venu me trouver ; il avait l’apparence d’un ange de Dieu tant il était imposant. Je ne lui ai pas demandé d’où il venait, et il ne m’a pas fait connaître son nom. Mais il m’a dit : ‘Tu vas concevoir et enfanter un fils. Désormais ne bois ni vin ni boisson fermentée, et ne mange aucun aliment impur, car l’enfant sera voué à Dieu dès sa conception et jusqu’au jour de sa mort !’» La femme mit au monde un fils, et elle le nomma Samson. L’enfant grandit, le Seigneur le bénit, et l’esprit du Seigneur commença à le conduire.

Seigneur, tu es la vie qui, seule, peut venir transfigurer la stérilité ; tu es l’amour qui, seul, peut venir combler le vide que creuse en nous l’absence d’espérance. À toi qui bientôt vas apparaître pour accomplir l’attente des siècles, nous voulons présenter aujourd’hui tous ceux qu’éprouve une vie perçue comme vide, sans but et sans fruit, jusqu’à ne plus savoir quel sens elle peut prendre.

Viens, Seigneur, leur faire sentir ta tendresse présente et agissante. Viens Seigneur, nous visiter, nous qui devant toi sommes tous, de quelque façon, pauvres et stériles, et nous donner part à ta fécondité. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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Route de Noël 2011 • Semaine 4 Le Dieu qui sauve en se donnant lui-même

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28Mardi 20 décembre • Le Dieu qui par-donne

«Le Seigneur lui-même vous donnera un signe»

Le témoin que nous rencontrons aujourd’hui est plutôt un anti-témoin : Acaz, le roi qui ne voulait pas du signe que le prophète Isaïe voulait lui faire demander, que ce soit «au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets» (Isaïe 7,11). Il ne veut pas, Acaz, et il croit avoir de bonnes raisons pour cela : ne pas mettre le Seigneur à l’épreuve, autrement dit : ne pas savoir si, oui ou non, Dieu

est de son côté. Acaz, au fond, a plus peur de Dieu que des «deux rois» qui le «font trembler» (7,16). Et pourtant, à l’approche menaçante de l’ennemi, «son cœur et le cœur de son peuple» ne s’étaient-ils pas «mis à chanceler comme chancellent les arbres de la forêt sous le vent» (7,2) ? Dieu avait promis sa victoire mais il n’y croyait pas, Acaz. Et, en n’y croyant pas, comme Adam déjà dans le premier jardin, il s’était coupé de Dieu. «Où es-tu ?» Pourquoi ne veux-tu pas «tenir à moi», puisqu’il n’y a qu’ainsi que tu puisses toi-même «tenir» (7,9) ? Le prophète se «fatigue» mais Dieu, lui, ne se fatigue pas. L’homme ne donne qu’à celui qui reçoit mais Dieu a cette capacité de par-donner, de donner au-delà des peurs et des refus du cœur de l’homme – tout cela que l’on nomme péché. Dieu répond – et sa réponse précède toute demande – en donnant et en se donnant lui-même : une jeune fille va enfanter au milieu de nous celui qui se fait «Dieu-avec-nous». Le signe se fait chair. La Parole descend pour habiter même le cœur le plus éloigné. Il approche, il frappe, il ouvre, il se donne.

Isaïe 7,10-16

Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Acaz : «Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets.» Acaz répondit : «Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve.»

Isaïe dit alors : «Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, et il saura rejeter le mal et choisir le bien. Avant même que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te font trembler.»

Seigneur, tu viens habiter jusqu’au cœur de nos faiblesses, de nos refus : permets qu’en nous ta fidélité soit toujours plus forte que nos peurs, que ta grâce surabonde là où notre péché nous attire loin de toi. Donne-nous de comprendre qu’en toi seul est le salut, en toi qui nous livres le signe de l’enfant, cette toute faiblesse plus forte que notre intelligence et nos calculs. Qu’en

lui le monde apaise ses angoisses et retrouve la paix, qu’il prenne le chemin de la confiance qui le guérira en le ramenant vers toi, le Dieu de notre salut. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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29Mercredi 21 décembre • Dieu en toi

«Il aura en toi sa joie et son allégresse»

Dieu donne indéfectiblement son amour – jusqu’à ce qu’il devienne joie. Quelle que soit l’his-toire passée, quels que soient les détours empruntés, les refus opposés, les révoltes, les obs-curités, il donne. Aujourd’hui, les promesses s’enchaînent – c’est presque trop beau pour être vrai : l’ennemi est chassé, le malheur éloigné, le salut offert... Le livre de Sophonie, qui s’était

ouvert sur ces mots : «Oui, je vais tout supprimer de la face de la terre, parole du Seigneur» (Sophonie 1,1), se referme au son du tambourin des «jours de fête» (3,18) quand le Seigneur a «accompli lui-même» la «restauration» du peuple «sous ses propres yeux» (3,20). Dieu se rend présent à toutes les facettes de l’histoire de Jérusalem – et il en va de même de notre propre histoire. Pourtant ce n’est pas tant son œuvre que sa présence «en toi» qui est soulignée, à trois reprises (3,15.17). Car Dieu n’est pas seulement celui qui agit en faveur de son peuple mais celui qui le rejoint pour être «au milieu de lui», semblable à lui, pour habiter ensemble une même condition d’espérance et de pauvreté. Alors jaillissent les «cris de joie». Ceux de la fille de Sion, Jérusalem sauvée, rachetée, renouvelée par l’amour de son Dieu, que le prophète lui-même l’invite à «pousser» (3,14), et, plus surprenant peut-être, ceux de Dieu lui-même dont il est dit qu’il danse pour Jérusalem «avec des cris de joie» (3,17). Deux joies qui se tissent l’une l’autre, la seconde appuyée sur la première et comme se nourrissant d’elle. Dieu se donne pour notre joie mais c’est notre joie qui fait la sienne.

Sophonie 3,14-18a

Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allé-gresse, fille de Jérusalem ! Le Seigneur a écarté tes accusateurs, il a fait rebrousser chemin à ton ennemi. Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur. Ce jour-là,

on dira à Jérusalem : «Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir ! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête.»

Sois béni, Seigneur, pour ce salut que tu nous apportes, qui fait exulter et danser de joie tous ceux qui mettent en toi leur espérance et à qui tu donnes bien au-delà de leurs désirs. Sois béni pour ce fruit de l’amour livré qu’est la joie qui convertit notre regard et nous fait voir en chaque chose un don de ta tendresse. Sois béni de venir faire en nous ta demeure, de venir

habiter chaque cœur pour, de l’intérieur, transformer notre être tout entier et l’accorder à la joie que tu trouves toi-même à venir parmi les enfants des hommes, afin que cette joie grandisse jusqu’à nous mener en ton éternité de bonheur. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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30Jeudi 22 décembre • La prophétie de la faiblesse

«L’arc des forts sera brisé, mais le faible se revêt de vigueur»

Anne. C’est la figure de l’espérance comblée que nous contemplons aujourd’hui. «Le Seigneur avait rendu son sein stérile», nous est-il dit au début du livre de Samuel (1,6) – avec cette logique constante, propre aux textes de l’Ancien Testament, qui veut que tout, toujours, soit imputable au vouloir divin. Mais Anne ne s’en satisfait pas : installée dans le Temple, sa prière de «femme

affligée» (1,15) coule avec ses larmes devant le Seigneur. Et pour être sûre d’être celle qui reçoit, elle donne en quelque sorte à l’avance. Elle promet déjà ce qu’elle demande. Le don précède le don. Si tu voulais me «donner un petit d’homme, alors je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie» (1,11). Et elle ne triche pas, Anne : c’est dans le Temple que nous la retrouvons aujourd’hui, où elle vient accomplir ce qu’elle a promis. «Le Seigneur m’a donné... à mon tour je donne au Seigneur» (1,27-28). Parce qu’elle a cru, Anne la stérile a reçu du Seigneur la capacité de donner. Et en donnant ce qu’elle avait reçu, Anne la comblée devient prophétesse : ce ne sont ni les forts ni les puissants qui peuvent accueillir le Dieu qui se donne mais ceux qui, même s’ils sont forts et puissants aux yeux du monde, savent qu’au fond, ils ne sont pas différents de leurs frères : pauvres et petits. Dieu ne se donne pas du haut de sa grandeur, il en descend infiniment jusqu’à se faire le plus petit et le plus faible. C’est son choix à lui, Dieu : «Il voulait s’enfoncer à une telle profondeur que toute chute à l’avenir fût une chute en lui-même» (Hans Urs von Balthasar, Le Cœur du monde).

1 Samuel 1,24-28 ; 2,1a

Lorsque Samuel eut été sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; elle avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin. On offrit le taureau en sacrifice, et on présenta l’enfant au prêtre Éli. Anne lui dit alors : «Écoute-moi,

mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi en priant le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur. Il demeurera donné au Seigneur tous les jours de sa vie.» Alors ils se pros-ternèrent devant le Seigneur, et Anne fit cette prière : Mon cœur exulte à cause du Seigneur ; mon front s’est relevé grâce à mon Dieu ! Face à mes ennemis, s’ouvre ma bouche : oui, je me réjouis de ta victoire ! L’arc des forts sera brisé, mais le faible se revêt de vigueur. Les plus comblés s’embauchent pour du pain, et les affamés se reposent. Le Seigneur fait mourir et vivre ; il fait descendre à l’abîme et en ramène. Le Seigneur rend pauvre et riche ; il abaisse et il élève. De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes et reçoive un trône de gloire.

Seigneur, nous ne pouvons t’offrir que ce que tu nous as donné, mais, comme Anne, nous nous tenons devant toi, dans la force de notre foi. À toi qui nous as comblés, qui vas encore nous combler par la venue de ton Fils, que pouvons-nous offrir sinon nous-mêmes pour te rendre amour pour amour ? Donne-nous la générosité d’Anne et la confiance du petit Samuel pour

que, comme eux, nous nous mettions à ton service, pour qu’avec toi nous travaillions à rassasier ce qui est affamé, à enrichir ce qui est appauvri, à relever ce qui est humilié. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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31Vendredi 23 décembre • Comme un voleur

«Soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez»

En nous faisant lire aujourd’hui les derniers versets du livre de Malachie, la liturgie nous situe dé-libérément à la charnière entre l’Ancien et le Nouveau Testaments. Si l’on tournait ne serait-ce qu’une page, on serait déjà de l’autre côté où l’on pourrait lire : «Livre de la Genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham» (Matthieu 1,1). Pourtant, il n’est ici question ni de naissance ni de pro-

messe, encore moins de joie ou de salut, mais d’un «jour grand et redoutable» (Malachie 3,23), où tout sera brûlé au «feu du fondeur» et purifié par «la lessive des blanchisseurs» (3,2). C’est d’un jugement qu’il s’agit – et peut-être sommes-nous décontenancés de devoir lire ce texte à la veille de Noël. Oui, nous allons être jugés – mais par celui qui s’est fait plus petit et plus faible que ceux qu’il vient juger. Jean le Baptiste a sonné l’heure de la venue du «Seigneur que vous cherchez» (3,1) et «soudain», il sera là, comme celui que l’on n’attendait pas. Car on le cherche et on ne le cherche pas. On l’attend et on ne sait «ni d’où il vient ni où il va» (Jean 3,8), celui qui vient «comme un voleur», comme le répète le Nouveau Testament (1 Thes-saloniciens 5,2.4 ; 2 Pierre 3,10 ; Apocalypse 3,3 ; 16,15), comme la lumière dans les ténèbres, comme le feu sur le bois... Faudrait-il donc avoir peur ? Non bien sûr, mais plutôt prendre résolument le chemin de Bethléem en laissant de côté toutes nos idées préconçues : l’Enfant que nous allons y rencontrer attend de nous l’offrande de la miséricorde et de la paix, l’offrande pure de notre propre vie.

Malachie 3,1-4.23-24

Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que j’envoie mon Messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messa-ger de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient, dit le Seigneur de l’univers. Qui pourra

soutenir le jour de sa venue ? Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera ? Car il est pareil au feu du fon-deur, pareil à la lessive des blanchisseurs. Il s’installera pour fondre et purifier. Il purifiera les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent : ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. Alors, l’offrande de Juda et de Jérusalem sera bien accueillie du Seigneur, comme il en fut aux jours anciens, dans les années d’autrefois. Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils, et le cœur des fils vers leurs pères, pour que je ne vienne pas frapper le pays de malédiction !

Seigneur, le jour approche où tu vas apparaître ; le jour où dans le temple de l’Église nous allons célébrer ta nativité et où, dans le temple de notre cœur, tu vas venir pour y faire ta demeure. Sois béni de nous avoir révélé que tu ne viendrais pas dans la force et l’éclat, mais dans la dou-ceur et la faiblesse. Sois béni de nous faire comprendre que nous serons jugés sur l’amour et

que c’est devant ton amour miséricordieux que nous nous tiendrons, toi notre grand Dieu et Seigneur qui as voulu devenir un enfant désarmé et offert, toi dont le jugement prend la forme du salut. Viens, Seigneur, viens nous sauver !

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32Samedi 24 décembre • Dieu se donne

«Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers»

Voilà ! Dieu sauve en se donnant lui-même et c’est aujourd’hui, cette nuit, que la liturgie rend cet événement présent dans nos vies. Lumière, allégresse et joie sont les signes de cette venue aux accents de victoire et de moisson. La vie semée porte déjà du fruit. Il vient comme celui qui donne «la paix sans fin pour David et pour son royaume» (Isaïe 9,6) : promesse concrète de celui

qui n’habite pas seulement l’espérance d’un peuple mais son histoire, notre propre histoire. Plus : notre propre chair. Dans cet événement qui nous est absolument contemporain, le Verbe vient habiter – et transformer – tout ce que nous sommes : le joug qui pèse, le bâton qui meurtrit, c’est lui qui les endure ; la moisson lève à partir de sa vie semée en nous ; l’allégresse célèbre sa victoire sur toute souffrance et il fait se lever une grande lumière au cœur de nos propres obscurités. Plus rien de ce qui est nôtre ne lui est étranger. «Dieu nous a assumés. Nos abîmes sont ainsi comblés de sa grâce» (Karl Rahner, Une foi qui aime le monde). Mais tout cela, il nous faut le lire sur le pauvre visage d’un enfant de cette terre. Rien de plus. Un visage parmi tant d’autres visages. Un visage unique et en même temps semblable à tous les autres visages des enfants des hommes. En lui qui nous ressemble, Dieu nous sauve. «Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.»

Isaïe 9,1-6

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme

on exulte en partageant les dépouilles des vaincus. Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane. Toutes les chaus-sures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés. Oui ! Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : «Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix». Ainsi le pouvoir s’éten-dra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

Seigneur, ton jour est là, le jour où tu apparais, Dieu fort et enfant livré entre nos mains. Donne-nous de ressentir cette joie qui naît de nos faiblesses assumées, de nos épreuves portées par toi, de notre mort vaincue en toi. Que cette joie s’étende au monde et vienne toucher tous ceux qui, particulièrement en cette nuit, ressentent la morsure de la solitude, de la maladie, de

la vieillesse, de la pauvreté, de l’exil. Que cette joie irrigue toute notre vie et demeure plus forte que nos doutes et nos chagrins. Car tu es béni éternellement, toi qui prends les chemins les plus inattendus, toi qui t’engages radicalement en notre humanité, toi le Dieu dont l’amour nous sauve à jamais. Amen.

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