vía crucis en el coliseo 1998

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OFFICE DES CÉLÉBRATIONS LITURGIQUES DU SOUVERAIN PONTIFE CHEMIN DE CROIX MÉDITATIONS ET PRIÈRES PRÉPARÉS PAR Olivier Clément POUR LE CHEMIN DE CROIX AU COLISÉE PRÉSIDÉ PAR LE PAPE JEAN-PAUL II VENDREDI SAINT 1998 PRÉSENTATION Le texte de cette Via Crucis a été écrit par un quelconque membre laïc de l'Église orthodoxe. Il a accepté cette tâche avec beaucoup d'émotion et de gratitude, pour deux principales raisons. La première, c'est que sur la route du Golgotha, il ne peut plus y avoir de séparation. La mort d'amour du Christ rend dérisoire toute autre attitude que de pénitence et de réconciliation. En second lieu, écrire un "chemin de croix", c'est méditer par une étrange expérience mystique, les paroles et les gestes du Dieu fait homme UFFICIO DELLE CELEBRAZIONI LITURGICHE DEL SOMMO PONTEFICE VIA CRUCIS MEDITAZIONI E PREGHIERE DE Olivier Clément PER LA VIA CRUCIS AL COLOSSEO PRESIEDUTA DAL SANTO PADRE GIOVANNI PAOLO II VENERDÌ SANTO 1998 PRESENTAZIONE PRESENTAZIONE Il testo di questa Via Crucis è stato scritto da un cristiano laico, membro della Chiesa Ortodossa. Questo laico sente di essere uno qualunque, ed ha accettato l'invito con molta emozione e riconoscenza per almeno due motivi principali. Prima di tutto, perché sul cammino verso il Golgota non ci può più essere alcuna separazione. La morte d'amore del Cristo rende irrisorio ogni atteggiamento che non sia di penitenza e di riconciliazione. In secondo luogo, perché scrivere una Via Crucis, significa meditare, attraverso una strana esperienza mistica, le parole e i gesti del Dio

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Via Crucis

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OFFICE DES CLBRATIONS LITURGIQUES DU SOUVERAIN PONTIFE

OFFICE DES CLBRATIONS LITURGIQUES DU SOUVERAIN PONTIFECHEMIN DE CROIXMDITATIONS ET PRIRES PRPARS PAROlivier ClmentPOUR LE CHEMIN DE CROIX AU COLISE

PRSID PAR LE PAPEJEAN-PAUL IIVENDREDI SAINT 1998PRSENTATIONLe texte de cette Via Crucis a t crit par un quelconque membre lac de l'glise orthodoxe. Il a accept cette tche avec beaucoup d'motion et de gratitude, pour deux principales raisons.

La premire, c'est que sur la route du Golgotha, il ne peut plus y avoir de sparation. La mort d'amour du Christ rend drisoire toute autre attitude que de pnitence et de rconciliation.

En second lieu, crire un "chemin de croix", c'est mditer par une trange exprience mystique, les paroles et les gestes du Dieu fait homme lorsqu'il assume jusqu'au bout notre condition, pour connatre de l'intrieur la mort et l'ouvrir sur la rsurrection.

Il existe comme on a pu le voir ces dernires annes, deux versions de la Via Crucis. La plus rcente cite et commente uniquement des textes vangliques. La plus traditionnelle ajoute des scnes nes de la sensibilit mdivale, surtout franciscaine: ainsi les trois chutes de Jsus, ou sa rencontre avec Vronique, scnes commentes par des passages de l'Ancien Testament. Tant de peintures ou de sculptures qui s'grnent sur les murs des glises, en Europe occidentale et maintenant partout dans le monde, tant de chapelles ou de croix dresses au long des sentiers de plerinages, dans nos montagnes, ont rendu tous ces reprsentations familires. C'est pourquoi le commentateur a prfr cette expression traditionnelle pour entrer pleinement, sans rien perdre de sa vision propre de la rdemption, dans la sensibilit du monde catholique.

On a souvent dit que l'Occident chrtien avait mis l'accent sur le Vendredi saint et l'Orient sur Pques. C'est oublier que la Croix et la Rsurrection sont insparables, comme le souligne ce commentaire. Les stigmatiss du monde catholique savaient (et savent) que le sang qui coule de leurs plaies est un sang de lumire, et les orthodoxes clbrant aux Vigiles du Vendredi Saint l'office des saintes souffrances , ou voyant dans tout homme de prire et de compassion un stavrophore c'est--dire un porteur de la Croix , ont toujours compris que seule la Croix est rsurrectionnelle.

Pour un orthodoxe, entrer dans la spiritualit franciscaine de la Via Crucis, c'tait tenter d'en souligner la profondeur non seulement humaine mais divino-humaine. Car c'est Dieu lui-mme qui, au Golgotha, souffre humainement nos agonies dsespres afin de nous frayer des voies (peut-tre inattendues) de rsurrection.

On le sait, la modernit a intent Dieu un procs acharn, impitoyable, que Dieu soit conu comme tout-puissant, au sens terrestre et humain de ce mot (alors que le monde est absurde et mauvais), ou que Dieu nous ait crs libres (mais en sachant ce que nous ferions de notre libert). Il fallait donc montrer tenter de montrer que la seule rponse l'insoluble question du mal, c'est justement la Via Crucis.

Dieu descend volontairement dans le mal, dans la mort un mal, une mort dont il n'est nullement responsable, dont peut-tre il n'a mme pas l'ide, a dit un thologien contemporain , pour s'interposer jamais entre le nant et nous, pour nous faire sentir, nous faire vivre, qu'au fond des choses il n'y a pas le nant, mais l'amour.

Dieu au-del de Dieu, cet ocan de la limpidit , et cet homme couvert de sang et de crachats qui chancelle et tombe sous le poids de toutes nos croix, c'est le mme, oui, c'est vraiment le mme dans sa transcendance et sa folie d'amour . Telle est l'antinomie qui fait l'inimaginable originalit du christianisme. La souffrance du corps, la drision sociale, le dsespoir de l'me abandonne, tout se conjugue pour que Dieu se rvle ici, non comme une plnitude crasante, qui juge et condamne, mais comme l'ouverture sans limite de l'amour dans le respect sans limite de notre libert.

Et voici que cette distance impensable entre Dieu et le Crucifi mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonn? s'emplit soudain du souffle de l'Esprit, du souffle de la rsurrection. S'ouvre l'ultime tape de l'histoire humaine et du devenir du cosmos: dans le sang qui jaillit du ct transperc du Christ, le feu que celui-ci est venu jeter sur la terre brle dsormais, ce feu de l'Esprit Saint qui fconde notre libert afin qu'elle devienne capable de changer en rsurrection la longue passion de l'histoire. Influx de paix et de lumire qui ne peut justement se manifester qu' travers cette libert qu'il libre et qui le libre...

De l vient sans doute la dernire caractristique de ce Chemin de croix repris sous sa forme traditionnelle: le rle majeur des femmes, part Jean les seules fidles, la fois les plus exposes et les plus aimantes. Comme le prouve le geste de Vronique essuyant le visage du Christ d'un voile o il s'imprime et se transmet nos glises: tant de saintes Faces o se montre en pleine pte humaine le visage de Dieu, afin que dsormais nous puissions voir en Dieu, tout visage d'homme.

Olivier ClmentPRIRE D'ENTRELe Saint-Pre:Au nom du Pre, et du Fils, et du Saint-Esprit.

R. Amen.

Seigneur Jsus,nous allons, dans les larmes et l'esprance,t'accompagner sur ton chemin de croix.Souvent, sous le poids de nos haines,ou peut-tre de notre indiffrence,tu chancles, tu tombes et la poussireemplit ta bouche.

Fais que nous puissions alors t'aider,mystrieusement dsignscomme le fut Simon de Cyrne.Et que nous osions, comme Vronique,essuyer ta face maculepour rvler au monde sa lumire.

Nous lirons et mditeronsles textes les plus poignants des Evangiles,et aussi d'Isae et des Lamentations de Jrmie.Nous le ferons ensemble, chrtiens d'Orient et d'Occident,car partout le soleil se lve, partout il se couche:l'Orient et l'Occident sont en nous.

Dans l'aube du troisime millnaire,l'Esprit montre la jeunesse du christianisme.Oui, aujourd'hui le christianisme commencedans la pauvret et le pardon.Au pied de la croix plus rien ne nous spare,nos regards convergent vers toi,et nous avons besoin du regard de l'autrepour mieux te connatre et t'aimer.

Toute la douleur du monde se concentredans ces heures de ta Passion.Souvent aujourd'hui on rejette le Preen le disant coupable du mal.C'est volontairement que dans la mort tu t'enfonces,apportant la vraie rponse Job,au Job innombrable de l'histoire.

Par les plaies de tes mains, de tes pieds,de ton ct, sans doute de ton cur,c'est la lumire maintenant qui rayonnepour tout changer en rsurrection.

Fais de nous, dans la force et la fiert de l'Esprit,des tmoins de l'amour aussi fort que la mort.(1)Montre nous dans les convulsions de l'histoire,la Femme vtue de Soleil,(2) la fois ta Mre et ton Egliseet qu'elle enfante un monde transfigur.

A toi, Pre,par le Christ, dans l'Esprit,tout honneur et toute gloiredans les sicles des sicles.

R. Amen.

(1) Ct 8, 6.

(2) Ap 12, 1.

VIA CRUCISPREMIERE STATIONJsus est condamn mortPilate leur dit: Que ferai-je donc de Jsus qu'on appelle Christ? Ils dirent tous: Qu'il soit crucifi! Qu'a-t-il donc fait de mal? demanda-t-il. Mais eux crirent plus fort: qu'il soit crucifi!Alors il leur relcha Barabbas. Quant Jsus, aprs l'avoir fait flageller, il le leur livra pour tre crucifi (Mt 27, 22-23. 26).

* * * Qu'il soit crucifi! Ce cri redoubl par la passion aveugle de la foule, trange liturgie de la mort, il retentit tout au long de l'histoire, il retentit au long du sicle qui s'achve, cendres d'Auschwitz et glace du Goulag, et l'eau sanglante des rizires d'Asie, des lacs d'Afrique, paradis massacrs et tant d'enfants nis, prostitus ou mutils. Oh, non pas le peuple juif, par nous si longtemps crucifi, non pas mme la foule qui prfre toujours Barabbas parce qu'il rend le mal pour le mal, mais nous tous, mais chacun de nous, car tous nous sommes les assassins de l'amour. Et voici que le Vivant, celui en qui ne fut sem nul germe de mort, est condamn mort. Le fouet lacre ce corps o respire l'Esprit. On l'emmne pour le crucifier.

* * *

Esprit de vie, Esprit de vrit, onction messianique de Jsus,(1) toi qui de ses paroles faisait des semences d'ternit, maintenant tu es le silence au cur de la Parole humilie. Revts de ce silence notre prire pour qu'elle accompagne, bouleverse, Jsus cheminant dans nos abmes.

DEUXIEME STATIONJsus est charg de la CroixAlors les soldats du gouverneur emmenrent Jsus au prtoire et rassemblrent auprs de lui toute la cohorte. Aprs l'avoir dvtu, ils jetrent sur lui un manteau de pourpre, tressrent une couronne d'pines et la posrent sur sa tte, avec un roseau dans sa main droite. Flchissant le genou devant lui, ils le raillaient: Salut, roi des Juifs! Ils lui crachaient dessus et, prenant le roseau, ils le frappaient la tte. Puis, aprs s'tre ainsi moqus de lui, ils lui retirrent son manteau, lui remirent ses vtements et l'emmenrent pour le crucifier (Mt 27, 27-31).* * * Jsus, la drision te sacre trangement. Te voici revtu de la pourpre des rois, la tte couronne, le sceptre dans la main. Mais la pourpre est celle de ton sang et du sang innocent dont le monde ruisselle. Ta couronne est faite de ces pines que fait crotre le sol maudit par nos pchs (2). Le sceptre est un roseau qui transperce ta main. Pourtant, sans le savoir, les railleurs disent vrai: c'est toi le roi des Juifs peut-tre, travers les larmes d'Agar (3), un jour le sauront-ils et par eux mais bien au-del roi de l'humanit entire et du cosmos. De ton front les pines font jaillir des toiles. Le sceptre dans ta main n'est pas le fer qui brise mais le roseau qui de folle tendresse chantera. Bienheureux serez-vous quand on vous insultera, qu'on vous perscutera, qu'on vous calomniera (4). Alors l'Esprit fera clore les cieux dans vos curs.

* * * Jsus bafou, Jsus exclu et humili, donne-nous de te dcouvrir, de te servir, dans tous les exclus et tous les humilis. Et aussi: dans tous ceux que nous divisions et nos paroles mortes loignent de toi et qui cherchent la vie dans l'intensit de la mort: drogue des bombes et des poignards, drogue des sens, batitude sans bienheureux. Prions ton Esprit Saint qu'il leur montre au trfonds de tant de paroxysmes, non le nant tant redout, tant attendu mais ton visage ivre d'amour, soleil de sang.

TROISIEME STATIONJsus tombe pour la premire foisVraiment ce sont nos souffrances qu'il portait et nos douleurs dont il s'tait charg. Et nous, nous le considrions comme puni, frapp par Dieu et humili. Mais lui, il a t transperc cause de nos crimes, broy par nos iniquits. Le chtiment qui nous donne le salut s'est abattu sur lui et dans ses plaies nous trouvons la gurison. Tous nous errions perdus comme des brebis, chacun suivant sa propre route et le Seigneur a fait retomber sur lui, l'iniquit de tous (Is 53, 4-6).

* * * Sous le poids de la Croix, Jsus, sous le poids de toutes nos Croix, tu tombes pour la premire fois. Et te relves pour aller jusqu' ces plaies mortelles qui guriront nos plaies. Toi qui n'a cr ni le mal ni la mort, tu les accueilles en serviteur souffrant pour nous donner l'Esprit qui les terrasse. Quiconque souffre aujourd'hui dans le monde, c'est sa douleur qui te fait trbucher. Maintenant tu connais vraiment l'homme, chacun errant sur une route vaine, la sienne, croit-il, et seulement la sienne, vers le nant qui tt l'engloutira. Tu parcours le chemin de nos solitudes, de nos meurtres, de nos idoltries, et te fais chemin de pardon.

* * * Quand viennent le dcouragement et l'amertume et la rvolte, rvolte devant l'atroce maladie qui poignarde une jeune mre et l'arrache ses bien-aims, nause quand le bourreau cartle sa proie et que Mammon sereinement affame les peuples, alors donne-nous de savoir, Jsus, que ces Croix sont aussi la tienne insparable de ta rsurrection. Fais de mon dsespoir une esprance, de ma nuit une confiance, de ma faiblesse un combat de vie, toi qui, pour avoir pleur des larmes de sang, peux essuyer toute larme de nos yeux (5).

QUATRIEME STATIONJsus rencontre sa MreSymon dit Marie, sa mre: "Cet enfant amnera la chute et le relvement de beaucoup en Isral. Il sera un signe de contradiction afin que se dvoilent les penses de bien des curs. Et toi, une pe te transpercera l'me". Sa mre gardait fidlement toutes ces choses dans son cur (Lc 2, 34-35.51).Ainsi parle le Seigneur: Cesse ta plainte, sche tes yeux! Car tes peines auront leur salaire (Jr 31, 16).* * *

Marie, femme de force et de lucidit, ton consentement libra notre libert. Sans lui, malgr la fervente attente du Pre, le Verbe n'aurait pu s'incarner. "Qu'il m'advienne selon ta parole" (6): L'Esprit alors a pu venir sur toi, premire Pentecte, et retentir le Cantique des Cantiques, celui de l'histoire et celui de l'univers. Marie, tu tais une trs jeune fille de Galile. Tu ne pouvais tout fait comprendre et ton visage se faisait grave et doux quand en silence tu mditais tant de merveilles. Peut-tre plus tard as-tu dout dans ton inquitude de mre (7). Mais l'vidence toi s'est impose, l'vidence de l'accomplissement des prophties car Dieu dploie la force de son bras et comble de biens les affams (8). Alors tu as suivi Jsus sur son chemin de Croix, un glaive dans le cur. Sans doute pleurais-tu, mais c'est lui qui t'a console: ne pleure pas, ma mre, car dans trois jours je ressusciterai (9).

* * * Sainte Marie, Mre de Dieu, prie-le pour nous quand la Croix innombrable de l'humanit devient un glaive dans nos curs. Qu'avec toi nous mettions au monde ce Dieu exclu que tu sus accueillir pour qu'il renouvelle tout par son amour. Sainte Marie, Mre de Dieu, donne chacun cette maternit de l'me qui permet le rayonnement de l'amour.

CINQUIEME STATIONJsus est aid par Simon de CyrneComme ils sortaient, ils rencontrrent un homme de Cyrne nomm Simon, et ils le requirent pour porter la Croix de Jsus (Mt 27, 32).Jsus dit ses disciples: Si quelqu'un veut venir ma suite, qu'il se renie lui-mme, prenne sa Croix et me suive (Mt 16, 24).* * * Simon de la lointaine Cyrne, sans doute un exil revenu, un paysan, prcise saint Marc (10), un de ces pauvres qu'on mprise parce qu'ils connaissent mal la loi. Il rentre des champs, ne sait rien du drame. L'officier romain le remarque pour ses bras muscls, ses larges paules, et parce qu'il fait partie de ces gueux que l'on peut trater en esclaves. Il obit parce qu'il faut obir, prend sur lui le gibet de l'homme puis, sans doute un gueux comme lui-mme, plus malchanceux, bandit ou rsistant. Mais peut-tre un change furtif des regards ouvrit son cur la compassion, vraiment ici passion partage. Ainsi parfois le destin nous requiert, une Croix nous est impose, un appel au secours qu'on ne peut fuir ou la dtresse d'un ami. Comment alors ne pas renier nos personnages drisoires, nos occupations drisoires et porter cette Croix soudaine dans une aveugle confiance.

* * * Miraculeux change des douleurs: Jsus, donne-nous de comprendre que c'est toi, lorsque nous chancelons, qui charge notre Croix sur ton paule. Par toi, par ta vie ressuscite, la Croix inattendue devient celle qui sauve.

SIXIEME STATIONVronique essuie le visage de JsusIl n'a ni apparence ni beaut pour frapper nos regards, ni splendeur pour attirer sur lui notre amour. Mpris et rejet par les hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu'un devant qui on se voile la face (Is 53, 2-3).De toi mon cur a dit: "Cherche sa face". C'est ta face, Seigneur, que je cherche, ne me cache point ton visage (Ps 27, 8-9).* * * On disait alors d'un esclave qu'il est "sans visage", et voici que le plus beau des fils des hommes n'est plus que cet esclave tortur qu'on voit d'autant moins qu'on le torture. Ainsi s'est-il identifi tous les "sans-visages" du monde, ceux qu'on frappe pour les dfigurer et voler leur me, ceux qui n'ont en face d'eux, pendant des heures, que les crans des ordinateurs, ceux qu'on dsire sans aimer et les riches de fausse jeunesse farde. Et vous, passants des foules solitaires, que personne ne regarde d'un regard qui fasse exister. Visages feuilles mortes dans les ruisseaux des grandes villes mais que le grand vent de l'Esprit fait ressusciter sous la Croix lorsqu' chacun tu dis: aujourd'hui tu seras avec moi en paradis. Seule une femme, un tre de tendresse et de compassion, d'un geste de mre ou d'amante, a libr ton visage du masque de sueur, de sang, de crachats. Et voici que la Sainte Face, imprime sur le voile de Vronique ou celui que reut un roi d'Edesse ou le suaire brl du feu de l'Esprit, se multiplie dans nos glises pour nous apprendre dceler, sous tant de masques, le visage de l'homme, sous tant de masques le visage de Dieu.

* * * O Dieu, toi, l'inimaginable, tu nous a rvl ta face dans un visage d'homme transfigur, dans un visage d'homme dfigur. Car la Vie s'est manifeste elle nous est apparue (11). Donne-nous le regard de Vronique pour deviner en tout homme ton image. Et comme sur le voile miraculeux, imprime ta face sur notre cur pour qu'il s'embrase.

SEPTIEME STATIONJsus tombe pour la seconde foisJe suis l'homme qui a connu la dtresse sous la verge de sa fureur. Il m'a conduit, il m'a fait cheminer dans les tnbres et non dans la lumire. Il a barr mes chemins avec des blocs de pierre, obstru mes sentiers... Il a donn mes dents du gravier broyer, il m'a nourri de poussire (Lm 3, 1-2, 9, 16).Nous avons un grand prtre qui n'est pas incapable de compatir nos faiblesses, lui qui a t prouv en toute chose, notre ressemblance, le pch except (He 4, 15).* * * Jsus, ton front royal, dj ensanglant de tant d'pines, dans ta chute heurte les pierres du chemin. Ta bouche se remplit de poussire, c'est nouveau Gethsmani: Pre, si tu veux, carte de moi cette coupe, pourtant non pas comme je veux mais comme tu veux (12). Le prophte Jrmie, dans sa dtresse, se croyait frapp par la fureur de Dieu. Mais nous voyons bien maintenant que c'est l'homme qui frappe Dieu. Jsus, entre le Pre et toi nulle distance, tu t'abandonnes sa volont dans les tnbres et non dans la lumire; les tnbres aussi deviennent prsence. Ainsi tu scrutes jusqu'au fond notre misre quand tous nos chemins sont barrs. Certes l'illusion mme du pch reste trangre ton amour lucide. Mais son revers d'angoisse et de souffrance t'crase sous des blocs de pierre. Tu souffres la passion de chacun. Tu souffres la passion de l'histoire, pour la faire rsurrection.

* * * Seigneur, lorsque tout semble sans issue, chemins barrs, poussire dans la bouche, rvle-nous la force du baptme dont tu voulus pour nous tre prouv (13) pour jeter sur la terre le feu du Saint-Esprit (14). Dis-nous que nous renatrons de ce baptme, que jamais nous ne sommes abandonns. Compagnon trange de nos chutes, fais qu'elles arrachent nos peaux mortes et que poussire et cendre dans nos bouches, quand le cur et l'intelligence se retournent, prennent saveur d'Eucharistie.

HUITIEME STATIONJsus rencontre les femmes de JrusalemCrie de ton cur au Seigneur, vierge fille de Sion; laisse couler tes larmes comme un torrent... lve tes mains vers lui pour la vie de tes petits enfants qui dfaillent de faim aux coins de toutes les rues (Lm 2, 18-19).Une grande foule du peuple le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et pleuraient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jsus leur dit: "Filles de Jrusalem, ne pleurez pas sur moi, pleurez plutt sur vous-mmes et sur vos enfants. Car viendront des jours o l'on dira: Heureuses les striles, les entrailles qui n'ont pas enfant et les seins qui n'ont pas allait... Car si l'on traite ainsi le bois vert, qu'en sera-t-il du sec?" (Lc 23, 27-29, 31).* * * Jsus, tu n'as pas eu d'ennemis parmi les femmes. Une inconnue verse sur ta tte un parfum prcieux (15), sacre messianique; une prostitue baigne tes pieds de ses larmes et les essuie de ses cheveux; pour son amour et par ta mort tu la bnis (16). Tu as justifi Marie la contemplative (17) et Marthe autant que Pierre a confess que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (18). Maintenant les femmes t'accompagnent et pleurent mais tu leur dis: pleurez plutt sur vous et sur vos enfants. Le monde est plein des larmes des mres, folles de la Place de Mai, et cette potesse russe qui dix-sept mois attendit devant les prisons (19). Le monde est plein des larmes des mres qui la drogue, l'argent ou la faim volent leurs enfants. Rachel ne veut pas qu'on la console (20), c'est toujours le massacre des innocents. Et c'est toujours toi que les femmes pleurent sur les violettes du printemps. Oh ressuscite, ressuscite, ressuscite tous nos enfants. Donne-nous ta sve, bois vert, pour que la Femme vtue de soleil, toutes les femmes, enfantent une terre o puisse descendre la nouvelle Jrusalem.

* * * Seigneur, tu confirmas la femme dans sa libert de personne. Qu'elle assume librement le monde mais travers sa fminit. Qu'elle soit la mre qui console l'homme, cet enfant perdu. Qu'elle soit la femme forte qui lutte pour la vrit. Nous te bnissons, Marie trs sainte, toi qui n'as pas hsit devant l'incroyable aventure des noces de Cana ces noces de sang.

NEUVIEME STATIONJsus tombe pour la troisime foisIl est bon pour l'homme de porter le joug ds sa jeunesse. Qu'il reste l'cart en silence, qu'il mette sa bouche dans la poussire, peut-tre y a-t-il de l'esprance! Qu'il tende la joue qui le frappe, qu'il se rassasie d'humiliations. Car le Seigneur ne rejette pas jamais. S'il afflige, il a compassion selon sa grande misricorde (Lm 3, 27-32).Venez moi, vous tous qui tes chargs et fatigus et je vous donnerai du repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous mon cole, car je suis doux et humble de cur (Mt 11, 28-29).* * * Jsus pour la troisime fois tombe. Et c'est plus bas que toutes nos chutes pour s'interposer jamais entre nous et l'enfer du vide, entre nous et le nant pervers. Dans le silence alors nat l'esprance car dans l'humiliation du Dieu-homme il n'y a rien d'autre que l'amour: l'amour fou qui flchit notre rvolte en se rvlant crucifi. Ainsi au fond de nous l'angoisse devient respiration de l'Esprit et nous n'avons plus besoin d'ennemis pour projeter sur eux notre nuit. Alors avec toi nous tenterons de rompre l'enchanement de la violence: qui te frappe sur une joue, dis-tu, tends lui l'autre (21) humour de l'amour. Bienheureux les pacificateurs de l'existence car ils seront appels fils de Dieu (22).

Nous arrachs au village blotti contre l'paule de la colline et jets, nomades immobiles, dans les banlieues informes, nous n'avons plus d'autre lieu que toi et les curs habits par toi.

* * * Que la misricorde de Dieu me permette d'avancer encore, d'oser poser un pied devant l'autre non dans le vide mais dans le pardon. Que l'Esprit qui te soutient, Jsus quand volontairement tu vas au calvaire, me donne, si lourd et si lger, le joug de la vraie libert qui me fait responsable de l'autre. Alors nous ptrirons la poussire o ta face s'est imprime pour que toute la terre soit Vronique. Nous la ptrirons pour donner aux hommes du pain, du sens, de la beaut, pain saveur eucharistique, sens Sagesse crucifie, beaut qui traversant la mort se fait source de communion (23)

DIXIEME STATIONLes vtements de Jsus sont partagsArrivs un lieu dit Golgotha, ils lui donnrent boire du vin ml de fiel (Mt 27, 33-34).Quand les soldats eurent crucifi Jsus, ils prirent ses vtements et firent quatre parts, une pour chaque soldat, et sa tunique. Or cette tunique tait sans couture, tisse d'une seule pice du haut en bas. Ils se dirent donc les uns aux autres: ne la dchirons pas, mais tirons au sort qui l'aura. Ainsi s'accomplit l'Ecriture: ils se sont partag mes vtements et ils ont tir au sort ma tunique (Jn 19, 23-24).* * * Des femmes apportaient aux condamns pour engourdir leur souffrance du vin ml de myrrhe. Jsus n'en voulut pas (24) pour que ni sa mort, ni sa rsurrection n'aient de limites. Alors par drision les soldats lui donnrent une boisson de fiel, voulant ajouter la douleur du corps celle de l'me. Sur la montagne de la Transfiguration, les vtements du Christ taient devenus blancs comme l'clair (25). Les soldats lui ont arrach ses vtements, et les immensits du monde, les rocs, les eaux, les toiles, et la vigne et le bl ne le revtent plus. Dpouillement ultime, corps oubli, corps blasphm, corps trou. Le monde n'est plus que tnbres. Pourtant ils n'ont pas os dchirer la tunique sans couture. Mais nous, chrtiens, que faisons-nous? Au pied mme de la Croix, nous nous disputons la tunique et nous prsentons Jsus non la coupe que tous partagent mais le fiel de nos sparations. Tunique sans couture, en Christ Eglise de l'Esprit, on ne peut pas la dchirer. Les saints, les justes, les martyrs, les crateurs de vie et de beaut, les perscuts pour la justice, refont sans cesse son tissu de lumire.

* * * Seigneur, nous nous sommes partag tes vtements, nous les avons disperss l'Est et l'Ouest, au Nord et au Sud. Fais-nous comprendre que la diversit des regards ne divise pas la lumire. Secrtement, la tunique reste sans couture, la communion des saints et des pcheurs existe toujours. Permets-nous de la dcouvrir au pied de la Croix, non dans l'avidit qui divise mais dans l'amour pour l'Homme de douleurs, pour tous les hommes de douleurs.

ONZIEME STATIONJsus est clou la CroixQuand ils l'eurent crucifi, ... s'tant assis, ils restaient l, le garder. Ils avaient plac au-dessus de sa tte un criteau avec le motif de sa condamnation: "Celui-ci est Jsus, le roi des Juifs". Alors on crucifia avec lui deux bandits: l'un sa droite et l'autre sa gauche. Et ceux qui passaient par l l'insultaient, hochant la tte et disant: "... Si tu es le Fils de Dieu, descends de la Croix". De mme se moquaient de lui les grands prtres ainsi que les scribes et les anciens, disant: "... Qu'il descende maintenant de la Croix et nous croirons en lui" (Mt 27, 35-42).Or l'un des malfaiteurs mis en Croix l'insultait: "N'est-ce pas toi qui es le Messie? disait-il. Sauve-toi toi-mme, et nous aussi!" Mais l'autre le reprit: "Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes. Mais lui, il n'a rien fait de mal". Et il dit: "Jsus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume". Et lui lui rpondit: "En vrit, je te le dis, ds aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis" (Lc 23, 30-43).* * * La lumire luit dans les tnbres mais les tnbres ne l'acceptent pas (26). Le mal n'est pas un simple chaos comme si le nant remuait, mais une intelligence perverse qui voudrait nous faire douter. Meurtrier ds l'origine, dit Jsus (27), une personne mais trangement clate puisqu'elle avoue que son nom est lgion (28). Au dsert dj il invitait Jsus des prodiges fascinants. Il le tente nouveau en ce moment ultime: qu'il montre son pouvoir puisqu'il est roi, qu'il se dtache miraculeusement de la Croix et tous l'acclameront, le mettront leur tte. Ou le pouvoir, l'hypnose collective, ou l'amour crucifi. Jsus se tait. Ne rpond rien non plus au bandit qui le somme d'tre un Messie de puissance et de gloire. Mais l'autre bandit qui lui clame sa foi, il ouvre sur le champ le Paradis. Car le Verbe incarn, dchir sur la Croix, portait en lui le Paradis, plantant au cur de la terre sanglante le nouvel Arbre de Vie.

* * *

Seigneur, je suis la fois le larron qui blasphme et celui qui met sa confiance en toi. Unifie-moi, Jsus, dans cette confiance. Qu'au moment de mes rvoltes, de mes doutes, qu'au moment de ma mort, je t'appelle: "Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume" (29). L'instant alors devient la porte de l'ternit, ta mort juge mon jugement, la lumire de ton cur est mon Paradis.

DOUZIEME STATIONJsus meurt sur la CroixPrs de la Croix de Jsus se tenaient sa mre et la sur de sa mre, Marie, femme de Clophas, et Marie de Magdala. Jsus alors, voyant sa mre et, auprs d'elle, le disciple qu'il aimait, dit sa mre: "Femme, voici ton fils". Puis il dit au disciple: "Voici ta mre" (Jn 19, 25-27).De midi la troisime heure de l'aprs-midi, l'obscurit se fit sur toute la terre. Vers trois heures, Jsus cria d'une voix forte: "Eli, Eli, lam sabactni?", ce qui veut dire: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonn?" ... Et, poussant de nouveau un grand cri, il expira (Mt 27, 45-46. 50).* * * Prs de la Croix se tiennent la Mre et l'Ami et deux femmes encore, seules fidles quand les autres disciples ont fui. Premire Eglise, laquelle, en mourant, Jsus a remis son Esprit (30). L'Esprit jaillit de son flanc transperc avec l'eau du baptme et le sang de l'Eucharistie. La Mre, l'Ami, il les a confis l'un l'autre dans cette immense communion qui fait de nous tous ses amis et d'elle notre mre. Et pourtant la tnbre semble se refermer sur lui. Le Fils de Dieu, oui, Dieu lui-mme, souffre humainement notre enfer, l'enfer de sa propre absence. Pourquoi, pourquoi m'as-tu abandonn? Un instant l'unit du Pre et du Fils semble se rompre, tellement Jsus s'identifie notre interrogation dsole. Mais retentit jusqu' nous un autre cri: "Pre, entre tes mains je remets mon esprit" (31). Et l'abme un instant ouvert s'emplit du grand Souffle de la rsurrection.

* * * En silence, nous voici au pied de la Croix o le Dieu incarn meurt d'amour. D'tre ainsi aims fait taire rancunes et accusations, nos accusations contre l'autre. Notre libert achve de se librer. Dans le silence du cur un cri soudain jaillit avec des larmes: Mon Seigneur et mon Dieu. Et nous comprenons aussi le vieil adage monastique: qui voit son frre voit son Dieu.

TREIZIEME STATIONJsus est dpos de la CroixIl y avait l de nombreuses femmes qui regardaient de loin, celles-l mme qui avaient suivi Jsus depuis la Galile et le servaient... Le soir venu, il vint un homme riche d'Arimathie, du nom de Joseph, qui, lui aussi, tait devenu disciple de Jsus. Il alla trouver Pilate et lui demanda le Corps de Jsus. Alors Pilate ordonna qu'on le lui remit (Mt 27, 55. 57-58).* * * Au crpuscule vint une trange paix pourpre comme la mer que le soleil embrase lorsqu'il meurt. Les femmes qui suivaient Jsus sont toujours l. D'elles il n'hsitait pas faire des disciples. Leur douloureux amour les garde de la peur. Elles seront aptres des aptres (32). Elles viennent de la Galile des nations, collines o vibrent encore les Batitudes, o la terre offre au ciel le lac tout rond. Elles chantent le psaume des funrailles Heureux, gardant son tmoignage, ceux qui cherchent Dieu de tout leur cur (33) pour dire leur indfectible confiance dans le Seigneur, notre bouclier, notre secours. Et vient le noble Joseph, riche de gnrosit. Il ne craint pas d'affronter le cruel Pilate pour lui demander ce corps tortur dont la mort fait une relique immacule. Joseph veut dire le fcond, le pre la fois charnel et adoptif. Jsus, un Joseph t'a tenu dans ses bras petit enfant, un Joseph va te prendre dans ses bras aprs ta mort. Car le premier cri de l'enfant et le dernier soupir de l'agonisant composent le Nom du Seigneur.

* * * Jsus, aujourd'hui tu dors d'un sommeil qui semble de mort la poupe du vaisseau du monde, comme tu dormais sur le lac (34). Dieu est mort, nous ont dit les doctes, il n'y a rien, rien que le ciel creux et vide o le nant suinte dans les trous noirs. Fais que nous soyons comme ces femmes qui mme dsespres espraient. Dans la nuit de l'indiffrence et de l'imposture o beaucoup s'imaginent ignorer Dieu ou devenir Dieu dans une complaisante intriorit, fais-nous tenacement fidles comme ces femmes et comme Joseph, courageux.

QUATORZIEME STATIONJsus est mis au tombeauJoseph prit le corps de Jsus, l'enveloppa d'un linceul trs pur et le dposa dans son propre tombeau, un tombeau neuf qu'il avait fait creuser dans le roc. Puis il roula una grande pierre l'entre du tombeau, et s'en alla. Or il y avait l, devant le spulcre, Marie de Magdala, et l'autre Marie (Mt 27, 59-61).* * * Les femmes et l'Esprit veillent Jsus qui dort, lui le seul qui ne devait pas mourir mais s'est livr par folie d'amour pour faire de la mort une pque. Dans la tombe que je suis Jsus dort, et sur lui j'ai scell la pierre de l'oubli. O Vie, comment peux-tu mourir? (35). Mais ce mort n'est pas mort, mais ce mort ne dort pas. Son tre de lumire veille encore plus bas le roc funbre. Il descend jusqu' ces confins o le monde, abandonn par nous, glisse au nant. Il descend et de ses mains imprieuses saisit l'Homme et la Femme, tous les hommes et toutes les femmes, et les recre dans sa lumire. Car la lumire lui dans les tnbres et les tnbres par elle sont consumes. Tombe, grotte matricielle ou chambre nuptiale, la terre est ensemence du feu de l'Esprit comme le fut Marie, notre buisson ardent. Christ va ressusciter des morts, Christ va ressusciter les morts, tout sera jamais vivant.

* * *

Avec les deux Marie veillons la porte encore scelle, porte du tombeau, du cur, de l'histoire. Entre la Croix et la Rsurrection, dans la Pnombre d'un long Samedi saint, l'Esprit nous donne confiance. Que ta mort, Jsus, brise la force de la mort et fasse jaillir la vie pour le monde (36). Dans la lumire qui soudain nous submerge, que s'ouvre la porte du tombeau, que se brise le cur de pierre, et que l'histoire trouve sens. Soyons dans l'allgresse et dans la joie car voici les noces de l'Agneau (37).

(1) Ct 8, 6.

(2) Ap 12, 1.

(3) S. Grgoire de Nysse, Contre Apollinaire, 52: PG 45, 1249 D.

(4) Gn 3, 18.

(5) Gn 21, 16.

(6) Mt 5, 11.

(7) Ap 7, 17; 21, 4; Is 25, 8.

(8) Lc 1, 38.

(9) Mt. 12, 46. 50.

(10) Lc 1, 51. 53.

(11) Liturgie byzantine et iconographie.

(12) Mc 15, 21.

(13) Jn 1, 2.

(14) Mt 26, 39.

(15) Lc 12, 50.

(16) Ibid. 12, 49.

(17) Mt 26, 7-10.

(18) Lc 7, 37-50.

(19) Ibid. 10, 38-42.

(20) Jn 11, 27.

(21) Anna Akhmatova, Le Requiem.

(22) Jr 31, 15.

(23) Mt 5, 39; Lc 6, 29.

(24) Mt 5, 9.

(25) Denys l'Aropagite, Noms divins: IV, 7: PG 3, 704 C.

(26) Mc 15, 23.

(27) Lc 9, 29.

(28) Jn 1, 5.

(29) Ibid. 8, 44.

(30) Lc 8, 30.

(31) Lc 23, 42.

(32) Jn 19, 30.

(33) Lc 23, 46.

(34) Expression tire de la liturgie byzantine.

(35) Ps 119 (118), 2.

(36) Mc 4, 38.

(37) Rite byzantin.

(38) Rite byzantin.

(39) Ap 19, 7.

UFFICIO DELLE CELEBRAZIONI LITURGICHE DEL SOMMO PONTEFICEVIA CRUCISMEDITAZIONI E PREGHIEREDE Olivier ClmentPER LA VIA CRUCIS AL COLOSSEOPRESIEDUTA DAL SANTO PADREGIOVANNI PAOLO IIVENERD SANTO 1998PRESENTAZIONEPRESENTAZIONEIl testo di questa Via Crucis stato scritto da un cristiano laico, membro della Chiesa Ortodossa. Questo laico sente di essere uno qualunque, ed ha accettato l'invito con molta emozione e riconoscenza per almeno due motivi principali.

Prima di tutto, perch sul cammino verso il Golgota non ci pu pi essere alcuna separazione. La morte d'amore del Cristo rende irrisorio ogni atteggiamento che non sia di penitenza e di riconciliazione.

In secondo luogo, perch scrivere una Via Crucis, significa meditare, attraverso una strana esperienza mistica, le parole e i gesti del Dio fatto uomo nel momento in cui assume fino in fondo la nostra condizione, per conoscere dal di dentro la morte e aprirla alla risurrezione.

Esistono, come si potuto costatare negli ultimi anni, due versioni della Via Crucis. La pi recente cita e commenta soltanto testi del vangelo. Quella pi antica aggiunge delle stazioni nate dalla sensibilit medievale, soprattutto francescana: quali le tre cadute di Ges, oppure il suo incontro con la Veronica, scene che sono commentate con testi dell'Antico Testamento.

Tanti dipinti o sculture che si succedono sui muri delle chiese, in Europa occidentale ed oramai dappertutto nel mondo, tante cappelle e tante croci erette lungo i sentieri dei pellegrinaggi, sulle montagne, hanno reso familiari a tutti le rappresentazioni di queste scene della Via Crucis. E per questo il commentatore ha preferito seguire la forma tradizionale, per entrare pienamente e senza nulla perdere della propria visione della redenzione, nella sensibilit del mondo cattolico.

Si ripete spesso che l'Occidente cristiano aveva messo l'accento sul Venerd Santo e l'Oriente sulla Pasqua. Ci sarebbe dimenticare che la Croce e la Risurrezione sono inseparabili, come sottolinea questo commento. Gli stigmatizzati del mondo cattolico sapevano (e sanno) che il sangue che scorre dalle loro piaghe un sangue di luce, e gli ortodossi, celebrando durante i Vespri del Venerd Santo l'ufficio delle sante sofferenze , oppure affermando che ogni uomo di preghiera e di compassione uno stauroforo, cio un portatore della Croce , hanno sempre capito che soltanto la Croce portatrice di risurrezione.

Per un ortodosso, entrare nella spiritualit francescana della Via Crucis, era tentare di sottolinearne la profondit non solo umana ma divino-umana. Perch Dio stesso che sul Golgota soffre umanamente le nostre agonie disperate per aprirci cammini (forse inattesi) di risurrezione.

L'epoca moderna, come si sa, ha intentato un processo accanito e senza piet contro Dio, sia Egli l'onnipotente, nel senso umano della parola (allora perch il mondo assurdo e cattivo?), sia Egli Colui che ci ha creati liberi, ma sapendo che cosa avremmo fatto della nostra libert. Bisognava far vedere tentare di far vedere che all'insolubile questione del male, l'unica risposta appunto la Via Crucis.

Dio scende volontariamente nel male, nella morte, un male e una morte di cui non affatto responsabile, di cui forse non ha neanche l'idea, come ha detto un teologo contemporaneo scende per frapporsi per sempre fra il nulla e noi, per farci sentire, farci vivere, che al fondo delle cose, non c' il nulla, ma l'amore.

Dio al di l di Dio, questo oceano della limpidezza , e questo uomo coperto di sangue e di sputi che barcolla e cade sotto il peso di tutte le nostre croci, lo stesso, s veramente lo stesso nella sua trascendenza e nella sua follia d'amore . Tale antinomia fa l'inimmaginabile originalit del cristianesimo. La sofferenza del corpo, la derisione sociale, la disperazione dell'anima abbandonata, tutto si concentra affinch Dio si riveli qui, non come pienezza che schiaccia, giudica e condanna, ma come apertura senza limite di amore nel rispetto senza limite della nostra libert.

Ecco che la distanza impensabile fra Dio e il Crocifisso Dio mio, Dio mio perch mi hai abbandonato? si riempie tutto ad un tratto del soffio dello Spirito, del soffio della risurrezione.

Si apre l'ultima tappa della storia umana e del divenire del cosmo: nel sangue che sgorga dal costato trafitto del Cristo, il fuoco che egli venuto a gettare sulla terra brucia ormai, questo fuoco dello Spirito Santo che feconda la nostra libert affinch diventi capace di cambiare in risurrezione la lunga passione della storia. Effusione di pace e di luce che non pu appunto manifestarsi se non attraverso questa libert che egli libera e che lo libera...

Da qui viene senza dubbio l'ultima caratteristica di questa Via Crucis ripresa nella sua forma tradizionale: il ruolo pi grande delle donne, le uniche rimaste fedeli, a parte Giovanni, le pi esposte, le pi capaci di amore. Come dimostra il gesto della Veronica che asciuga il Volto di Cristo con un velo sul quale esso si imprime e si trasmette alle nostre chiese: tanti Santo Volto in cui si mostra nella sua pasta umana il volto di Dio, affinch noi possiamo vedere in Dio ogni volto umano.

Olivier Clment

PREGHIERA INIZIALEIl Santo Padre:Nel nome del Padre e del Figlio e dello Spirito Santo.

R. Amen.

Signore Ges,nelle lacrime e nella speranza,ci disponiamo ad accompagnarti nella tua Via Crucis.Spesso sotto il peso dei nostri odi,o forse della nostra indifferenza,tu vacilli, cadi,e la tua bocca si riempie di polvere.Fa' che allora ti possiamo aiutare noi,misteriosamente scelticome lo fu Simone di Cirene,e osiamo, come la Veronica,asciugare il tuo volto imbrattatoper rivelare al mondo la sua luce.Leggeremo e mediteremoi testi pi strazianti dei Vangeli,del profeta Isaia e delle lamentazioni di Geremia.Lo faremo insieme, cristiani d'Oriente e d'Occidente,perch in ogni luogo il sole si alza e in ogni luogo tramonta:l'Oriente e l'Occidente sono in noi.All'alba del terzo millennio,lo Spirito mostri la giovinezza del cristianesimo;s, oggi il cristianesimo ricomincinella povert e nel perdono.

Ai piedi della croce, niente pi ci separa,i nostri sguardi convergono verso di te,ed ognuno di noi ha bisogno dello sguardo dell'altro per meglio conoscerti e amarti.Tutto il dolore del mondo si concentrain questa ora della tua Passione.Spesso oggi si rifiuta il Padreritenendolo colpevole del male.Tu invece volontariamente sprofondi nella morte,e porti cos la vera risposta a Giobbe,al Giobbe innumerevole della storia.

Dalle piaghe delle tue mani, dei tuoi piedi,del tuo costato, e sicuramente del tuo cuore,si irradia ora la luce per tutto cambiare in risurrezione.Nella forza e nella fierezza dello Spirito,fa' di noi testimoni dell'amore forte come la morte.(1)Mostraci attraverso le convulsioni della storia,la Donna vestita di sole,(2)tua Madre ed insieme tua Chiesa:essa partorisca un mondo trasfigurato.

A Te, Padre,per Cristo, nello Spirito,ogni onore e glorianei secoli dei secoli.

R. Amen.

(1) Ct 8, 6.

(2) Ap 12, 1.

VIA CRUCISPRIMA STAZIONEGes condannato a morteDisse loro Pilato: "Che far dunque di Ges chiamato il Cristo?". Tutti gli risposero: "Sia crocifisso!". Ed egli aggiunse: "Ma che male ha fatto?". Essi allora urlarono: "Sia crocifisso!".Allora rilasci loro Barabba e, dopo aver fatto flagellare Ges, lo consegn ai soldati perch fosse crocifisso (Mt 27, 22-23. 26).

* * *Sia crocifisso! Questo grido, moltiplicatodalla cieca passione della folla, strana liturgia della morte risuona lungo la storia, risuona lungo il secolo che finisce:ceneri di Auschwitz e ghiaccio del Gulag, acqua e sangue delle risaie dell'Asia, dei laghi dell'Africa, paradisi massacrati.Tanti bambini negati, prostituiti, mutilati.

O no, non il popolo ebraicoda noi per tanto tempo crocifisso, non la folla, che preferisce sempre Barabba, colui che rende male per male, non loro, ma noi, tutti noi e ognuno di noi, perch noi siamo tutti assassini dell'amore.

Ed ecco che il Viventenel quale non c' seme di morte, lui condannato a morte.La frusta lacera il corpo in cui respira lo Spirito.Viene portato via per essere crocifisso.

* * *Spirito di vita, Spirito di verit, unzione messianica di Ges (1), tu che delle sue parole facevisemi di eternit, adesso sei il silenzionel cuore della Parola umiliata.Rivesti di questo silenzio la nostra preghiera, perch turbata e commossa accompagniGes che cammina nei nostri abissi.

SECONDA STAZIONEGes caricato della croceAllora i soldati del governatore condussero Ges nel pretorio e gli radunarono attorno tutta la coorte. Spogliatolo, gli misero addosso un manto scarlatto e, intrecciata una corona di spine, gliela posero sul capo, con una canna nella destra; poi mentre gli si inginocchiavano davanti, lo schernivano: "Salve, re dei Giudei!". E sputandogli addosso, gli tolsero di mano la canna e lo percuotevano sul capo. Dopo averlo cos schernito, lo spogliarono del mantello, gli fecero indossare i suoi vestiti e lo portarono via per crocifiggerlo (Mt 27, 27-31).

* * *Ges, la derisione stranamente ti consacra.Eccoti rivestito della porpora dei re, la testa incoronata, lo scettro in mano.Ma la porpora quella del tuo sanguee del sangue innocente che scorre in tutto il mondo.La tua corona fatta delle spineche fa crescere il suolo maledettoa causa dei nostri peccati (2).Lo scettro una canna che trafigge la tua mano.Eppure, senza saperlo, coloro che ti scherniscono dicono la verit:tu sei il re dei Giudei.

Forse, attraverso le lacrime di Agar (3), un giorno lo saprannoe, attraverso loro, le moltitudini ti riconoscerannore dell'umanit intera e dell'universo.Dalla tua fronte, le spine hanno fatto spuntare stelle.Lo scettro nella tua mano non la spranga che spezzama la canna che canter con folle tenerezza.Beati voi quando vi insulteranno, vi perseguiteranno e mentendodiranno ogni sorta di male contro di voi (4).Allora lo Spirito far sbocciare i cieli nei vostri cuori.

* * *Ges schernito, Ges escluso e umiliato, fa' che ti possiamo scoprire, servirein tutti gli esclusi e in tutti gli umiliati.E anche in tutti quelli che le nostre divisionie le nostre parole morte allontanano da te, e cercano la vita nell'intensit della morte:droga delle bombe e dei pugnali, droga dei sensi, beatitudine senza beati.Preghiamo il tuo Spirito Santo che mostri a tuttinel pi profondo di tanti parossismi, non il nulla tanto temuto, tanto atteso, ma il tuo volto ebbro di amore, sole di sangue.

TERZA STAZIONEGes cade per la prima voltaEppure egli si caricato delle nostre sofferenze, si addossato i nostri dolorie noi lo giudicavamo castigato, percosso da Dio e umiliato.Egli stato trafitto per i nostri delitti, schiacciato per le nostre iniquit.Il castigo che ci d salvezza si abbattuto su di lui;per le sue piaghe noi siamo stati guariti.Noi tutti eravamo sperduti come un gregge, ognuno di noi seguiva la sua strada;il Signore fece ricadere su di luil'iniquit di noi tutti (Is 53, 4-6).

* * *Sotto il peso della croce, Ges, sotto il peso di tutte le nostre croci, tu cadi per la prima volta. E ti rialzi per andare fino a quelle piaghe mortaliche guariranno le nostre piaghe.Tu che non hai creato n il male n la morte, li accogli come servo sofferenteper dare a noi lo Spirito che li vince.Il dolore di chiunque soffre oggi nel mondoti fa inciampare e cadere.Ora tu conosci veramente l'uomo, ogni uomo smarrito in una strada cieca, la sua egli crede e soltanto sua, strada verso il nulla che presto lo inghiottir.Tu percorri il cammino delle nostre solitudini, dei nostri omicidi, delle nostre idolatrie, e ti fai cammino di perdono.

* * *Quando giunge lo scoraggiamento e l'amarezzae la ribellione, ribellione davanti all'atroce malattiache colpisce una giovane madre e la strappa ai suoi cari, nauseaquando il boia squarta la sua predae Mammona tranquillamente affama i popoli, allora, Ges, donaci di comprendereche queste croci sono anche la tua, inseparabile dalla tua risurrezione.Fa' della mia disperazione una speranza, della mia notte una fiducia, della mia debolezza una lotta per la vita, tu che, per aver pianto lacrime di sangue, puoi asciugare ogni lacrima dai nostri occhi (5).

QUARTA STAZIONEGes incontra la MadreSimeone parl a Maria, sua madre: "Egli qui per la rovina e la risurrezione di molti in Israele, segno di contraddizione perch siano svelati i pensieri di molti cuori. E anche a te una spada trafigger l'anima". Sua madre serbava tutte queste cose nel suo cuore (Lc 2, 34-35. 51).

Dice il Signore:"Trattieni la voce dal pianto, i tuoi occhi dal versare lacrime, perch c' un compenso per le tue pene" (Ger 31, 16).

* * *Maria, donna forte e lucida, il tuo consenso ha liberato la nostra libert.Senza di esso, malgrado la fervida attesa del Padre, il Verbo non avrebbe potuto incarnarsi."Avvenga di me quello che hai detto" (6):lo Spirito allora potuto scendere su di te, prima Pentecoste, ed echeggiare il Cantico dei Cantici, quello della storia e quello dell'universo.

Maria, tu eri una giovanissima ragazza di Galilea.Non potevi capire tuttoe il tuo volto diventava serio e dolcequando in silenzio meditavi su tante meraviglie.Forse pi tardi hai dubitatonella tua preoccupazione di madre (7).Eppure si imponeva l'evidenzadel compimento delle profezie, perch Dio spiega la potenza del suo braccioe ricolma di beni gli affamati (8).Allora tu hai seguito Ges sul cammino della croce, una spada nel cuore.Certamente piangevi, ma lui ti ha consolata:"non piangere, madre, perch dopo tre giorni risusciter" (9).

* * *Santa Maria, Madre di Dio, prega il Figlio per noi, quando la croce innumerevole dell'umanitdiventa una spada nei nostri cuori.Fa' che con te possiamo dare al mondoquesto Dio escluso che tu hai saputo accogliereperch egli rinnovi tutto col suo amore.Santa Maria, Madre di Dio, dona ad ognuno questa maternit dell'anima, che permette all'amore di risplendere.

QUINTA STAZIONEGes aiutato dal CireneoMentre uscivano, incontrarono un uomo di Cirene, chiamato Simone, e lo costrinsero a prender su la croce di Ges (Mt 27, 32).

Ges disse ai suoi discepoli: "Se qualcuno vuol venire dietro a me rinneghi se stesso, prenda la sua croce e mi segua" (Mt 16, 24).

* * *Simone veniva dalla lontana Cirene, forse un esiliato tornato in patria, un contadino, precisa san Marco (10), uno di quei poveri che vengono disprezzatiperch non conoscono bene la legge.Torna dai campi, non sa niente del dramma che si svolge.Il soldato romano lo nota, perch ha le braccia robuste e le spalle larghe, e perch fa parte di quegli straccioniche ci si sente autorizzati a trattare da schiavi.Obbedisce perch bisogna obbedire, prende su di s il patibolo dell'uomo sfinito:uno straccione come lui, ancor pi sfortunato, un bandito o un sobillatore.Ma forse uno scambio furtivo di sguardiha aperto il suo cuore alla compassione, in questo caso, una passione veramente condivisa.

Cos talvolta il destino ci interpella, una croce ci imposta, un grido di aiuto al quale non si pu sfuggireo la disperazione di un amico.Come non rinnegare allora immediatamenteil nostro personaggio irrisorio, le nostre occupazioni irrisorie e portare questa croce improvvisacon una cieca fiducia?

* * *Miracoloso scambio di dolori:Ges, donaci di comprendereche quando vacilliamosei tu che prendi la nostra croce sulle tue spalle.Tramite te, tramite la tua vita risorta, la croce inattesa diventa quella che salva.

SESTA STAZIONELa Veronica asciuga il volto di GesNon ha apparenza n bellezzaper attirare i nostri sguardi, non splendore per potercene compiacereDisprezzato e reietto dagli uomini, uomo dei dolori che ben conosce il patire, come uno davanti al quale ci si copre la faccia (Is 53, 2-3).

Di te ha detto il mio cuore: "Cercate il suo volto";il tuo volto, Signore, io cerco.Non nascondermi il tuo volto (Sal 27, 8-9).

* * *Si diceva allora di uno schiavo che "senza volto", ed ecco che il pi bello dei figli dell'uomonon altro che uno schiavo torturato, che si vede tanto meno quanto pi lo si tortura.Cos lui si identificatocon tutti i "senza volto" del mondo, quelli che vengono picchiati perch siano sfiguratie derubati della loro anima, quelli che per ore e ore, davanti al voltonon hanno altro che schermi di computer, quelli che sono desiderati senza essere amati, e i ricchi di una falsa giovent truccata.

E voi, passanti tra folle solitarie, che nessuno guardacon uno sguardo che faccia esistere.

Volti come foglie morte nei rigagnoli delle grandi citt, ma che il vento forte dello Spiritofa risorgere sotto la crocequando ad ognuno tu dici:oggi sarai con me in paradiso.Solo una donna, creatura della tenerezza e della compassione, con un gesto di madre o di amante, ha liberato il tuo volto dalla mascheradi sudore, di sangue, di sputi.

Ed ecco che il tuo Volto Santo, quello impresso sul velo della Veronica, quello ricevuto da un re di Edessa, o quello del sudario bruciato dal fuoco dello Spirito, il tuo Volto si moltiplica nelle nostre chieseper insegnarci a scoprire, sotto tante maschere, il volto dell'uomo, sotto tante maschere il volto di Dio.

* * *O Dio, tu, l'inimmaginabile, ci hai rivelato il tuo voltoin un volto di uomo trasfigurato, in un volto di uomo sfigurato.Perch la Vita si manifestatae si fatta visibile (11).Donaci lo sguardo della Veronicaper intravedere in ogni uomo la tua immagine.E, come sul velo miracoloso, imprimi il tuo volto nel nostro cuoreperch si infiammi.

SETTIMA STAZIONEGes cade per la seconda voltaIo sono l'uomo che ha provato la miseriasotto la sferza della sua ira.Egli mi ha guidato, mi ha fatto camminarenelle tenebre e non nella luce.Ha sbarrato le mie vie con blocchi di pietra, ha ostruito i miei sentieri.Mi ha spezzato con la sabbia i denti, mi ha steso nella polvere (Lam 3, 1-2. 9. 16).

Infatti non abbiamo un sommo sacerdoteche non sappia compatire le nostre infermit, essendo stato lui stesso provato in ogni cosa, come noi, escluso il peccato (Eb 4, 15).

* * *Ges, la tua fronte regale,gi insanguinata dalle ferite delle spine, nella caduta urta contro le pietre del cammino.La tua bocca si riempie di polvere, ed di nuovo Getsemani:"Padre mio, se possibile, passi da me questo calice!Per non come voglio io, ma come vuoi tu!" (12).

Il profeta Geremia, nella sua angoscia, credeva di essere stato colpito dall'ira di Dio.Ma noi adesso vediamo beneche sempre l'uomo a colpire Dio.

Ges, fra il Padre e te non c' alcuna distanza, tu ti abbandoni alla sua volontnelle tenebre e non nella luce;e cos anche le tenebre diventano presenza.Cos tu scruti fino in fondo la nostra miseriaquando tutte le nostre strade sono sbarrate.Certo, l'illusione stessa del peccatorimane estranea al tuo amore lucido.Ma il suo risvolto di angoscia e di sofferenzati schiaccia sotto blocchi di pietra.Tu soffri la passione di ognuno, tu soffri la passione della storia,per farne risurrezione.

* * *Signore, quando tutto sembra senza uscita, cammini sbarrati, polvere nella bocca, rivelaci la forza del battesimoche hai voluto subire per noi (13)per far scendere sulla terrail fuoco dello Spirito Santo (14).Di' che rinasceremo da questo battesimo, che mai saremo abbandonati.Compagno singolare nelle nostre cadute, fa' che vengano strappate le nostre pelli mortee che la polvere e la cenere nelle nostre bocche, quando il cuore e l'intelligenza si rivolgono a te, prendano il sapore dell'eucaristia.

OTTAVA STAZIONELe donne di Gerusalemme piangono su GesGrida dal tuo cuore al Signore,vergine figlia di Sion;fa' scorrere come torrente le tue lacrime ... alza verso di lui le maniper la vita dei tuoi bambini, che muoiono di fameall'angolo di ogni strada (Lam 2, 18-19).

Lo seguiva una gran folla di popolo e di donne che si battevano il petto e facevano lamenti su di lui. Ma Ges, voltandosi verso le donne, disse: "Figlie di Gerusalemme, non piangete su di me, ma piangete su voi stesse e sui vostri figli. Ecco, verranno giorni nei quali si dir: Beate le sterili e i grembi che non hanno generato e le mammelle che non hanno allattato... Perch se trattano cos il legno verde, che avverr del legno secco?" (Lc 23, 27-29. 31).

* * *Ges, tu non hai avuto nemici tra le donne.Una sconosciuta versa sulla tua testa un prezioso profumo (15):consacrazione messianica;una prostituta bagna con le sue lacrime i tuoi piedie li asciuga con i suoi capelli;per il suo amore e con la tua morte tu la benedici (16).Hai giustificato Maria che contemplava (17)e Marta che, come Pietro, ha confessatoche tu sei il Cristo, il Figlio del Dio Vivo (18)Ora le donne ti accompagnano e piangono, ma tu dici loro:"piangete piuttosto su di voi e sui vostri figli".Il mondo pieno delle lacrime delle madri, le donne folli della piazza di Maggio, e quella poetessa russa che per diciassette mesiaspett davanti alle prigioni (19).

Il mondo pieno delle lacrime delle madrialle quali la droga, i soldi o la fame hanno rubato i figli.Rachele non vuole essere consolata (20), continua il massacro degli innocenti.Ed sempre te che le donne piangonotra i fiori di primavera.

O Signore, risuscita, risuscita, risuscita tutti i nostri figli.Donaci la tua linfa, legno verde, affinch la Donna vestita di sole, e tutte le donne, partoriscano una terra sulla quale possa scenderela nuova Gerusalemme.

* * *Signore, tu hai confermato la donnanella sua libert di persona.Fa' che essa assuma liberamente il mondoma attraverso la sua femminilit.Sia la madre che consolal'uomo, questo figlio smarrito.Sia la donna forteche lotta per la verit.Noi ti benediciamo, Maria santissima, tu che non hai esitato davanti all'incredibile avventura:dalle nozze di Cana alle nozze di sangue.

NONA STAZIONEGes cade per la terza volta bene per l'uomo portare il giogo fin dalla giovinezza.Sieda costui solitario e resti in silenzio, cacci nella polvere la bocca, forse c' ancora speranza;porga a chi lo percuote la sua guancia, si sazi di umiliazioni.Poich il Signore non rigetta mai... Ma, se affligge, avr anche pietsecondo la sua grande misericordia (Lam 3, 27-32).

"Venite a me, voi tutti, che siete affaticati e oppressi, e io vi ristorer. Prendete il mio giogo sopra di voi e imparate da me, che sono mite e umile di cuore" (Mt 11, 28-29).

* * *Ges per la terza voltacade. Cade pi gi di tutte le nostre caduteper frapporsi per sempretra noi e l'inferno del vuoto, tra noi e il nulla perverso.Nel silenzio allora nasce la speranzaperch nell'umiliazione del Dio-Uomonon c' altro che l'amore:amore folle che vince la nostra ribellionerivelandosi crocifisso.

Cos nel nostro profondo, l'angoscia diventa respiro dello Spiritoe non abbiamo pi bisogno di nemiciper proiettare su di loro le nostre tenebre.

Allora con te tenteremodi rompere la spirale della violenza:a chi ti percuote su una guancia, hai detto, porgi anche l'altra (21) paradosso dell'amore.

Beati i pacificatori dell'esistenzaperch saranno chiamati figli di Dio (22).Noi, strappati dal villaggio rannicchiatocontro il fianco della collinae gettati, nomadi immobili, nelle periferie informi, non abbiamo altro luogo all'infuori di tee dei cuori abitati da te.

* * *

Che la misericordia di Diomi permetta di andare avanti ancora, di osare mettere un piede dopo l'altro, non nel vuoto ma nel perdono.Che lo Spirito che ti sostiene, Ges, mentre vai volontariamente al Calvario, mi dia il giogo cos pesante e cos leggerodella vera libert, che mi fa responsabile dell'altro.Allora noi impasteremo la polveresulla quale il tuo volto si impressoaffinch tutta la terra sia Veronica.La impasteremo per dare agli uominiil pane, il senso della vita, la bellezza, pane dal sapore eucaristico, senso Sapienza crocifissa, bellezza che, attraversando la morte, si fa fonte di comunione (23).

DECIMA STAZIONEI soldati si dividono le vesti di GesGiunti ad un luogo detto Glgota, gli diedero da bere vino mescolato con fiele (Mt 27, 33-34).

I soldati poi, quando ebbero crocifisso Ges, presero le sue vesti e ne fecero quattro parti, una per ciascun soldato, e la tunica. Ora quella tunica era senza cucitura, tessuta tutta d'un pezzo da cima a fondo. Perci dissero tra loro: Non stracciamola, ma tiriamo a sorte a chi tocca. Cos si adempiva la Scrittura: Si son divise tra loro le mie vesti e sulla mia tunica han gettato la sorte (Gv 19, 23-24).

* * *Le donne portavano ai condannati, per alleviare le loro sofferenze, vino mescolato con mirra.Ges non vuole prenderne (24)perch n la sua morte, n la sua risurrezioneabbiano limiti.Allora, per schernirlo, i soldati gli danno una bevanda di fiele, volendo aggiungere al dolore del corpo quello dell'anima.Sul monte della Trasfigurazionela veste di Cristo divenne candida e sfolgorante (25).

I soldati gli strappano le vesti, e le immensit del mondo, le rocce, le acque, le stelle, e la vigna e il grano non lo rivestono pi.Spoliazione ultima, corpo dimenticato, corpo oltraggiato, corpo forato.Il mondo non pi che tenebre.Eppure i soldatinon hanno osato dividersi la tunica senza cuciture.

Ma noi, cristiani, che facciamo?Persino ai piedi della croceci disputiamo la tunica e presentiamo a Gesnon la coppa della condivisionema il fiele delle nostre separazioni.Tunica senza cuciture, Chiesa dello Spirito, in Cristo, non si pu lacerare.I santi, i giusti, i martiri, i creatori di vita e di bellezza, i perseguitati a causa della giustizia, ricostruiscono incessantemente il suo tessuto di luce.

* * *Signore, ci siamo divise le tue vesti, le abbiamo disperse all'Est e all'Ovest, al Nord e al Sud.Facci capireche la diversit degli sguardinon divide la luce.Nel segreto, la tunica resta senza cuciture, la comunione dei santi e dei peccatori esiste sempre.Permettici di scoprirlaai piedi della Croce, non nell'avidit che divide, ma nell'amore, per l'Uomo dei dolori, per tutti gli uomini dei dolori.

UNDICESIMA STAZIONEGes inchiodato sulla croceDopo averlo quindi crocifisso... sedutisi, gli facevano la guardia. Al di sopra del suo capo, posero la motivazione scritta della sua condanna: "Questi Ges, il re dei Giudei". Insieme con lui furono crocifissi due ladroni, uno a destra e uno a sinistra. E quelli che passavano di l lo insultavano scuotendo il capo e dicendo: "Se tu sei Figlio di Dio, scendi dalla croce!". Anche i sommi sacerdoti con gli scribi e gli anziani lo schernivano: "... Scenda ora dalla croce e gli crederemo" (Mt 27, 35-42).

Uno dei malfattori appesi alla croce lo insultava: "Non sei tu il Cristo? Salva te stesso e anche noi!". Ma l'altro lo rimproverava: "Neanche tu hai timore di Dio bench condannato alla stessa pena? Noi giustamente, perch riceviamo il giusto per le nostre azioni, egli invece non ha fatto nulla di male". E aggiunse: "Ges, ricordati di me quando entrerai nel tuo regno". Gli rispose: "In verit ti dico, oggi sarai con me nel paradiso" (Lc 23, 39-43).

* * *La luce brilla nelle tenebrema le tenebre non l'hanno accolta (26).Il male non un semplice caoscome se il nulla si muovesse, ma un'intelligenza perversache vorrebbe farci dubitare.Omicida fin da principio, dice Ges (27), una persona stranamente frantumatapoich confessa che il suo nome "legione" (28).Nel deserto aveva invitato Gesa compiere prodigi affascinanti.Lo tenta di nuovo in questo momento ultimo:faccia vedere ora il suo potere poich re, scenda miracolosamente dalla crocee tutti lo acclameranno, lo faranno loro capo.

O il potere, ipnosi collettiva, o l'amore crocifisso. Ges tace.Non risponde nulla neanche al malfattore che lo incitaad essere un Messia di potere e di gloria.Ma all'altro malfattore, che proclama la sua fede, apre subito il paradiso.Perch il Verbo incarnato, dilaniato sulla croce, portava in s il Paradiso, piantandonel cuore della terra insanguinatail nuovo Albero della Vita.

* * *Signore, io sono insieme il ladrone che bestemmiae quello che ripone la sua fiducia in te.Unificami, Ges, in questa fiducia.Fa' che nel momento delle mie ribellioni, dei miei dubbi, nel momento della morte, io ti chiami:"Ricordati di me quando entrerai nel tuo Regno" (29).L'istante allora diventa la porta dell'eternit, la tua morte il mio giudizio,la luce del tuo cuore, il mio Paradiso.

DODICESIMA STAZIONEGes muore sulla croceStavano presso la croce di Ges sua madre, la sorella di sua madre, Maria di Clofa e Maria di Mgdala. Ges allora, vedendo la madre e l accanto a lei il discepolo che egli amava, disse alla madre: "Donna, ecco il tuo figlio!". Poi disse al discepolo: "Ecco la tua madre!" (Gv 19, 25-27).

Da mezzogiorno fino alle tre del pomeriggio si fece buio su tutta la terra. Verso le tre, Ges grid a gran voce: "El, El, lem sabactni?", che significa: "Dio mio, Dio mio, perch mi hai abbandonato?"... E Ges, emesso un alto grido, spir (Mt 27, 45-46. 50).

* * *Stavano presso la croce la Madre e l'Amicoe due donne ancora, uniche fedeli, mentre gli altri discepoli erano fuggiti.Prima Chiesa alla quale, morendo, Ges ha consegnato lo Spirito (30).Lo Spirito sgorga dal suo fianco squarciatocon l'acqua del battesimo e il sangue dell'eucaristia.La Madre e l'Amico, affidati l'uno all'altra, nell'immensa comunione che fa di tutti noi i suoi amicie di lei la nostra madre.Eppure le tenebre sembrano richiudersi su di lui.Il Figlio di Dio, s, Dio stesso, soffre umanamente il nostro inferno, l'inferno dell'assenza di Dio."Perch,perch mi hai abbandonato?".Per un istante l'unit fra Padre e Figliosembra spezzarsi, a tal punto Ges si identificacon la nostra stessa disperata domanda.Eppure arriva fino a noi un altro grido:"Padre, nelle tue mani consegno il mio spirito" (31).E l'abisso, aperto per un istante, si riempiedel grande Soffio della risurrezione.

* * *In silenzio, stiamo ai piedi della crocel dove il Dio incarnato muore d'amore.L'essere cos amatifa tacere i nostri rancori e le nostre accuse, accuse contro di te, accuse contro l'altro.La nostra libert finalmente libera.Nel silenzio del cuoreun grido tutt'a un tratto sgorga fra le lacrime:Mio Signore e mio Dio.E cos capiamo anche l'antico detto dei monaci:chi vede il fratello vede Dio.

TREDICESIMA STAZIONEGes deposto dalla croceC'erano anche l molte donne che stavano a osservare da lontano; esse avevano seguito Ges dalla Galilea per servirlo... Venuta la sera giunse un uomo ricco di Arimata, chiamato Giuseppe, il quale era diventato anche lui discepolo di Ges. Egli and da Pilato e gli chiese il corpo di Ges. Allora Pilato ordin che gli fosse consegnato (Mt 27, 55. 57-58).

* * *Mentre scende la sera, viene una pace stranarossa come il mare che il sole accendementre muore all'orizzonte.Le donne che seguivano Ges sono sempre presenti.Di loro, egli non ha esitato a fare discepoli.Il loro amore sofferente le protegge dalla paura.Saranno apostoli degli apostoli (32).Vengono dalla Galilea delle genti, colline che ancora portano l'eco delle Beatitudini, dove la terra offre al cielo un lago rotondo.Le donne cantano il salmo dei funerali:"Beati quelli che, fedeli ai suoi insegnamenti, cercano Dio con tutto il cuore" (33), per dire la loro indefettibile fiducianel Signore, nostro scudo e nostro aiuto.E viene il nobile Giuseppe, ricco di generosit.Non teme di affrontare il crudele Pilatoper chiedergli il corpo torturatodi cui la morte fa una reliquia immacolata.Giuseppe significa il fecondo, insieme padre nella carne e padre adottivo.

Ges, un Giuseppe ti ha tenuto fra le bracciaquando eri bambino, un Giuseppe ti prende nelle braccia una volta morto.Il primo grido del bambinoe l'ultimo respiro dell'agonizzantedicono il Nome del Signore.

* * *Ges, oggi tu dormi un sonno che somiglia alla mortementre stai a poppa della nave del mondo, come una volta dormivi sul lago (34).Dio morto, ci hanno detto i dotti, non c' niente, niente oltre il cielo vuotoin cui il nulla trasuda dai buchi neri.Fa', o Signore, che siamo come quelle donneche, pur disperate, speravano.Nella notte dell'indifferenza e dell'imposturain cui molti si illudono di ignorare Dioo di diventare dioin una compiaciuta interiorit, rendici, Signore, tenacemente fedeli come quelle donne, e coraggiosi come Giuseppe.

QUATTORDICESIMA STAZIONEGes deposto nel sepolcroGiuseppe, preso il corpo di Ges, lo avvolse in un candido lenzuolo e lo depose nella sua tomba nuova, che si era fatta scavare nella roccia; rotolata poi una gran pietra sulla porta del sepolcro, se ne and. Erano l, davanti al sepolcro, Maria di Mgdala e l'altra Maria (Mt 27, 59-61).

* * *Le donne e lo Spirito vegliano Ges che dorme, lui, l'unico che non doveva morire, ma si consegnato per follia d'amoreper fare della morte una pasqua.Nella tomba che sono ioGes dorme, e su di lui ho posto la pietra della dimenticanza.

O Vita, come puoi morire (35)?Ma questo morto non morto, questo morto neppure dorme.Il suo essere di lucepenetra ancor pi a fondo nella roccia del sepolcro.Scende fino a quei confinidove il mondo, abbandonato da noi, scivola verso il nulla.Scende e con le mani imperiose afferra l'Uomo e la Donna, tutti gli uomini e tutte le donne, e li ricrea nella luce.Perch la luce brilla nelle tenebree le tenebre da essa sono consumate.Tomba, grotta matrice o stanza nuziale, la terra fecondata dal fuoco dello Spiritocome lo fu Maria, nostro roveto ardente.Cristo risusciter dai morti, Cristo risusciter i morti.Tutto sar per sempre vivo.

* * *Con le due Marie vegliamodavanti alla porta ancora chiusa, porta della tomba, del cuore, della storia.Fra la Croce e la Risurrezione, nella penombra di un lungo Sabato Santo,lo Spirito suscita fiducia.La tua morte, Ges, spezzi la forza della mortee faccia zampillare la vita per il mondo (36).Nella luce ancora incerta, nella luce che tutt'a un tratto ci inondasi apra la porta della tomba, si rompa il cuore di pietra e la storia trovi senso.Rallegriamoci ed esultiamo, perch sono giunte le nozze dell'Agnello (37).

NOTE1) Gregorio di Nissa, Contro Apollinare, 52: PG 45, 1249D.

2) Gn 3, 18.

3) Gn 21, 16.

4) Mt 5, 11.

5) Ap 7, 17; 21, 4; Is 25, 8.

6) Lc 1, 38.

7) Mt 12, 46. 50.

8) Lc 1, 51. 53.

9) Liturgia bizantina e tradizione iconografica.

10) Mc 15, 21.

11) 1Gv 1, 2.

12) Mt 26, 39.

13) Lc 12, 50.

14) Ibid. 12, 49.

15) Mt 26, 7-10.

16) Lc 7, 37-50.

17) Ibid. 10, 3-42.

18) Gv 11, 27.

19) Anna Akhmatova, Requiem.

20) Ger 31, 15.

21) Mt 5, 39; Lc 6, 29.

22) Mt 5, 9.

23) Dionigi Areopagita, I Nomi divini, IV, 7: PG 3, 704 C.

24) Mc 15, 23.

25) Lc 9, 29.

26) Gv 1, 5.

27) Ibid. 8, 44.

28) Lc 8, 30.

29) Lc 23, 42.

30) Gv 19, 30.

31) Lc 23, 46.

32) Espressione della liturgia bizantina.

33) Sal 119 (118), 2.

34) Mc 4, 38.

35) Rito bizantino.

36) Rito bizantino.37) Ap 19, 7