vi tania - bordeaux montaigne universityaquitania.u-bordeaux-montaigne.fr/_jumi/pdf/712.pdf ·...

9
VI TANIA Revue interrégionale d'archéologie Aquitaine Limousin lVIi di-Pyrénées Poitou-Charentes TOME 18 2001-2002 Revue jJubliée jJar la Fédération Aquitania avec le concours financier du JVIi?ûstère de la Culture, Direction du Patrimoine, Sous-Direction de l'Archéologie, elu Centre National de la Recherche Scientifique, de l'Université JVIichel de Montaigne- Bordeaux III

Upload: others

Post on 26-May-2020

3 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

VI TANIA

Revue interrégionale d'archéologie

Aquitaine Limousin

lVIi di-Pyrénées Poitou-Charentes

TOME 18 2001-2002

Revue jJubliée jJar la Fédération Aquitania avec le concours financier

du JVIi?ûstère de la Culture, Direction du Patrimoine, Sous-Direction de l'Archéologie,

elu Centre National de la Recherche Scientifique,

de l'Université JVIichel de Montaigne- Bordeaux III

SoMMAIRE

J.-P. BAIGL, C h. VERNOU

Un nouveau Cernunnos découvert en Charente oooooo oo oooooo oo oo oooooooo oooo oooooo .. ....... oo oooo oo oo oo oooo oo oo oo ooooooooooooooo oo .. 000 7

COLLECTIF DE RECHERCHE SUR LA CITÉ DES CONVÈNES

Lugdunum des Convènes (Saint-Bertrand-de-Comminges/Valcabrère , Haute-Garonne) :

acquis récents de la recherche ( 1992-2002) 00 .... oooooooo oooo oooooooo 00 0000000000 oooooooooooooo .... oooooo 0000 .. .. 00 .. 00000000 29

S. BACH, Ph. GARDES,

Un secteur d'Augusta Auscmum. Des origines de la vi lle au rve s. p.C. oo OO oooo OOOOoo oo oooooo oooo oo oooo oooo ooooOOoooooo oo 79

D . HOURCADE, S. LEBRETON,

Les thermes de Chassenon (Charente) :

transformation et réoccupation (rvq11e s. p.C.) .. oo .. oo oo oo oo oooo oo oooooooooooo oo .. oooo .. .. oo .. ooooooooooOOOOooOOoooooo. 111

C. ALLAG, C. VIBERT-GUIGUE,

Peintures antiques à Poitiers. Décors à réseau et plumes de paonooooooooOOoooooooo .. ... ooooooooOO oo •OOoooooooo oo oooooo137

D. D USSOT,j. ROGER, J.-M. BEAUSOLEIL,

La sépulture gallo-romaine de Fontvieille (Vareilles, Creuse) oo oo oooooo oo oo oooo oooooo oo .... oo .. oooooooooo oo oooooooooo oooo1 57

fu'\INEXE 1

A. LORQUIN, Ch. MOULHERAT,

Étude des vestiges textiles de la sépulture gallo-romaine de Fontvieille à Vareilles (Creuse) .. .. .. ... 171

fu'\INEXE 2

A. LORQUIN, Ch. MOULHERAT,

Corpus des vestiges de coton recensés pour l'Antiquité tardive en Syrie, Égypte, Nubie et au Soudan ....... . .. 186

C. CARPONSIN-MARTIN,J.-L. TILHARD,

Les céramiques sigillées trouvées à Périgueux : apport des fouilles récentes ............................. 193

]. M. lGLESIAS CIL,

Contexto hist6rico y vida coti diana en la ciudad romana de luliobriga. (Cantabria) ...... .... ...... ......... 261

J.-P. FOURDRIN, R. MONTURET,

Une tour elu front oriental de l' enceinte antique de Bayonne .. .. .......... ........ ............ ............ .... .... ..... 279

C . FO JDEVILLE, R. GODIN, 0. HENRY, A. MÉTOIS, Ph. V ERGAIN,

Évaluation archéologique de la crypte de l'église abbatiale consacrée à Sainte Quitterie

au Mas d 'Aire-sur-l 'Adour (Landes) (1995-2000) ............................................... .. ......... 301

K. ROBIN, M.-P. CHAMBON,

La Martinière (Deux-Sèvres) :un ateli er de potiers du Bas-Empire .................... . ........ .. ....... . .. . 343

L. BOURGEOIS,

Pièces de j eu et milieu aristocratique clans le Centre-Ouest de la France (xe-xue s.) ....................... 373

NOTES

J.-P . PAUTREAU, C. SOYER,

Chaudron en bronze de l' âge elu Fer découvert à Ouzilly-Vignolles, Vienne (France) ............. . .. . 403

E. ARINO CIL, Â. PAULE R UBIO,

Una delimitaci6n territorial de época de Vespasiano:

clos inscripciones rupestres en el norte de la provincia de Caceres (Espati.a) ..................... 411

C. COUHADE-BEYNEIX,

Un soliclus byzantin d 'Héraclius e t H éraclius Constantin en Bazaclais (Gironde) ....... .. .. . .. .. ....... 421

Aquitania, XVIII , 2001-2002, p. 421 à 426

Cynthia Couhade-Beyneix

Un solidus byzantin d'Héraclius et

Héraclius Constantin en Bazadais (Gironde)

RÉSUMÉ

Publication d 'un solidus d'Héraclius et Héraclius Constantin, trouvé sur la commune de Noaillan, en Gironde, e t qui constitue le premier témoignage de cette nature, non seulement pour cette région, mais aussi pour toute la Gaule mérovingienne. Cette monnaie d'or, frappée au tout début du vne siècle, a donc échappé à la refonte et à la transformation en monnaie mérovingienne. La présente étude complète ainsi l'article sur La pénétmtion des monnaies byzantines en Gaule mérovingienne et visigotique écrit par Jean Lafaurie et Cécile Morrisson et parue dans la Revue Numismatique en 1987.

MOTS-CLÉS

ABSTRACT

Publication of an Heraclius and Heraclius Constantin's solidus, which was found on the commune of Noaillan, in Gironde. It constitutes the first evidence of this nature, not only for this area, but also for the entire Merovingian Gaul. This gold coin, which was struck in the first part of the 7th century, thus escaped recasting and transformation into Merovingian coinage. This study completes the article concerning La jJénétration des monnaies byzantines en Gaule mérovingienne et visigotique (The penetration of Byzantine coinage into Merovingian and Visigothic Gaul), which was written by J ean Lafaurie and Cécile Morrisson and published in the Revue Numismatique in 1987.

Numismatique byzantine, monnaie d 'or, solidus, Sud-Ouest de la France, Bazadais, Gaule mérovingienne.

Doctoran te EHESS.Ccntrc Louis Cemet Paris ATER Uni\'crsitê de Perpignan

422 Aquitania, xvm, 2001-2002 C. Couhade-Beyneix

Fig. 1: Solidus Byzantin à l'effigie d'Héraclius et Héraclius Constantin (clichés C. Couhade-Beyneix).

Un solidus byzantin d'Héraclius et Héraclius Constantin en Bazadais (Gironde) Aquitania, XVIII, 2001-20,02

La monnaie que nous présentons dans cette étude est un solidus byzantin datant du premier quart du vne siècle, et plus précisément de 613 (fig. 1). Bien que cette monnaie ne soit pas une découverte récente, elle est néanmoins restée jusqu'à présent inédite.

CONTEXTE DE LA DÉCOUVERTE

Il nous est difficile atuourd'hui de dire quelles sont les circonstances exactes de sa découverte car l'inventeur de la monnaie est maintenant décédé depuis plusieurs années. Toutefois, nous avons appris par la personne 1 à qui avait été transmise cette monnaie d'or, qu'elle n'est pas une trouvaille isolée et que d'autres monnaies proviennent du même endroit.

Le solidus a été trouvé dans le Bazadais (Gironde), et plus précisément sur la commune de Noaillan , au lieu-dit Peymnenat, à proximité d'une source. Source qui a été en partie maçonnée, de telle sorte que l'on pouvait puiser de l'eau claire 2. Il est fort probable que cette source a servi de point de ravitaillement en eau. Comme nous l'avons signalé quelques lignes plus haut, plusieurs autres monnaies ont été également recueillies dans son environnement proche. La fourchette chronologique de ces différentes trouvailles est large (de l'époque gauloise à l'époque moderne), ce qui laisse à penser que cette zone était fréquentée, et cela à toutes les époques. La tradition orale et locale tend d'ailleurs à confirmer cette hypothèse. Certaines personnes pensent même qu'il y aurait eu anciennement une voie de circulation qui passait à proximité de la source, ce qui

l. Je tiens à remercier très chaleureusement j ean Lafaurie pour ses judicieux conseils et sa patience ainsi que Céci le lvlorrisson qui a bien voulu relire ce texte et l'enrichir de ses remarques. J'adresse mes plus vifs reme rciements au propriétaire de la monnaie pour me J'avoir signalée et surtout pour m' avoir permis de l'é tudier.

2. Nous n'avons pas pu nous rendre sur les lieux de la découverte. Par conséquent, nous ne pouvons pas dire s'il s'agit d'une maçonnerie ancienne ou récente. La tradition locale affirme que "c'est ancien", mais l'acljeCLif ancien est, dans ce contexte, toLUours à relativiser.

expliquerait le nombre relativement élevé de monnaies perdues par leurs propriétaires au cours des différentes périodes historiques 3.

En dépouillant la bibliographie concernant cette zone géographique,je me suis aperçue que les témoignages de la présence mérovingienne en Bazadais étaient rares . Il faut dire que cette région est une zone très boisée et fort peu propice aux découvertes. Les documents de l'époque mérovingienne se résument à la découverte d 'un sarcophage contenant quelques ossements et de quelques fragments de poterie qui ont été exhumés dans la cour du château de Noaillan, lors de la pose d'une canalisation en janvier 1960 4.

A cela, il faut ajouter les fouilles de la place Saint-Martin à Bazas qui ont eu lieu entre 1935 et 1951 et qui ont mis au jour, au cours des travaux de voirie, une nécropole mérovingienne s. Celle-ci a livré des inhumations en pleine terre et des sarcophages en pierre, une intaille en améthyste montée sur une bague en or, deux fibules, deux bagues, une plaque en fer damasquiné, des fragments de poterie, ainsi qu'une boucle de ceinture en bronze qui daterait du vue siècle. Mais aucun numéraire byzantin du tout début du vne siècle n'a été découvert. Le solidus qui fait l'objet de cet article constitue donc, à ce jour, le premier témoin monétaire de cette époque dans cette zone et il marque en même temps l'une des dernières émissions byzantines trouvées en Gaule mérovingienne.

DESCRIPTION ET IDENTIFICATION

La graphie des titulatures (emploie de lettres romaines uniquement) et la légende du revers permettent de penser que ce solidus a été frappé dans l'atelier de Carthage, indiction A (VICTOR IAAUCCA): entre 612 et 613 6. L'indiction A

3. Selon ces mêmes personnes, il paraîtrait que sous la couche d'humus, on trouve des "pierres" sur une bonne longueur et que leur agencement fait penser à une an cienne route.

4. Cadis 1962, 1-4. 5. Grimal 1949, 13 1-1 32 ; Cadis el al. 1961 , 36-50 ; Sion 1994, 320. 6. Morrisson 1970, 298; Hahn 1981, 84a.l. Mais il s'agit d 'une

variante car la légende du reve rs n'est pas continue, mais césurée VICTOR-IA.

423

424 Aquitania, XVIII, 2001-2002

correspond à la première indiction du premier cycle de règne, soit entre le 1er septembre 612 et le 31 août 613. Mais, on peut encore affiner la datation de la monnaie si l'on confronte l'indiction avec le règne conjoint d'Héraclius et de son fils Héraclius Constantin. En effe t, la date d'avènement d'Héraclius Constantin au Césarat se situe le 22janvier 613. Par conséquent, la date de fabrication du solidus ne peut se situer qu 'entre le 22janvier et le 31 août 613.

Le solidus est en parfait état de conservation. En outre, on remarque que le diamètre du coin de revers est inférieur à celui du coin de droit. Cette anomalie est assez courante sur les solidi de ce type issu de l'atelier de Carthage 7. La partie hors du fl an appartient bien au revers du coin de droit, ce qui confirme l'authenticité de ce document.

Poids : c. 4,45 g s Axe : 6 h- 0: 14 mm Légende: A/ : DDNNHERACLIVETERACONSTANV Bustes de face d'Héraclius (à gauche) et

d'Héraclius Constantin (à droite) . Tous les deux sont vêtus de la chlamyde. Entre les deux têtes couronnées, une croix. Cercle entourant la légende de l'avers.

RI: VICTOR IAAVCCA à l'exergue CONOB Croix potencée reposant sur trois degrés.

Cercle entourant la légende du revers.

Cette monnaie appartient au type 2A du Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque Nationale établit par C. Morrisson 9. En effet, Héraclius porte une barbe courte et il est associé à son fils Héraclius Constantin. Ce dernier est représenté comme un personnage beaucoup plus

7. Le même défaut existe sur les monnaies issues de l'atelier de Ravenne, mais l'indiction permet d 'afflnner que ce solidus est une émission de l'atelier de Carthage.

8. Ce poids est tout à fait normal. En général , ce type de monnaie pèse enLre 4,40 g eL4,50 g. Leur poids officiel esl de 4,53 g, mais la tolérance et le frai de circulation situent la plupart des monnaies de cene sone vers 4,40 g.

9. Morrisson 1970, 269.

C. Couhade-Beyneix

petit, c'est-à-dire comme un enfant. Tous les deux portent une couronne pla te avec une croix.

Il est possible que ce solidus ait été enchâssé dans un bijou car on remarque ne ttement deux petites encoches sur la bordure. L'une se situe au­dessus des deux têtes impériales et l' autre au niveau de l'antépénultième lettre de la titula ture . Ces traces de griffe ne sont pas modernes car, dès sa découverte, la monnaie a été précieusement conservée en l' é tat.

LES MONNAJESÀL'EFFIGIE D'HÉRACLIUS ET HÉRACLIUS CONSTANTIN EN GAULE

Cette monnaie présente un inté rêt maj eur à plus d 'un titre, non seulement sur le plan régional, mais aussi au niveau de la Gaule mérovingienne. Nous sommes do nc en présence d 'un document tout à fait exceptionnel.

En effet, si les monnaies de cuivre d 'époque byzantine circulent en relative abondance en Gaule, cela est loin d 'ê tre le cas pour les monnaies d'or Io, surtout dès le règne de justin II avec la mise en place d'une réforme monétaire qui abaisse le poids des solidi de 24 à 21 siliques 11 . En 613, Clotaire II, devenu seul roi des royaumes mérovingiens, abolit en Provence la mention des noms des empereurs byzantins, déjà récusés dans le reste du royaume. Ils sont alors remplacés par son nom et par celui de ses successeurs. Mais jusqu'à cette date les monnaies frappées dans la vallée du Rhône et en Provence continuaient à porter les noms des successeurs de justin II, c'est­à-dire Tibère II Constantin (578-582), Maurice (582-602) , Phocas (602-610) et Héraclius (de 610 à 613) 12.

10. Cette constatation est également observable en de hors de la Gaule . En effeL, la circulalion des solidi hors d'Afrique esl ex trêmement rare. Voir à ce suj et C. Morrisson , L'atel ier de Canhage e t la diffusion de la monnaie frappée dans la province d 'Afrique, Colloque organisé par N. Duval e t l' Institut d 'archéologie de Tunis, Tunis, 2 ocLObre 2000 (publicalion à paraître dans Antiquité Tardive).

Il. Lafaurie 1992, 227-228. 12. Lafaurie & Morrisson 1987, 42 ; Norwich 1999, 435-437.

Un solidus byzantin d 'Héraclius et Héraclius Constantin en Bazadais (Gironde) Aqu.itania, XVIll, 2001-2002

Le solidus présente 10 constitue l'unique exemplaire de ce type pour la région Aquitaine, mais aussi pour l'actuel territoire de la France. Il représente en outre le seul exemplaire qui aurait échappé aux refontes des ateliers de Marseille ou d 'Arles à cette époque pour les transformer en numéraire mérovingien 13, alors que les monnaies d 'or émises dès le règne de Maurice, en Afrique, étaient frappées régulièrement et de plus en plus 14 . On constate donc que la diffusion en Gaule des monnaies d'or frappées à Carthage est extrêmement restreinte pour le début du vue siècle.

Il faut également noter que les monnaies représentant H éraclius e t son fils aîné Héraclius Constantin sont peu nombreuses. Ainsi, dans l'inventaire qui a é té dressé par J. Lafaurie et C. Morrisson en 1987, on dénombre seulement 12 solidi, 1 sou léger de 20 siliques e t 1 follispour toute l'Europe occidentale (fig. 2) 15.

Enfin , sur les 14 monnaies citées ci-dessus, la grande majorité d' entre elles sont issues de l' atelier de Constantinople, une seule provient de l'atelier d'Alexandrie. Or les monnaies de ce type ont été également frappées dans l' exarchat de Ravenne e t à Carthage. Le solidus étudié ici est, encore à ce titre, un témoignage exceptionnel puisqu'il représente le seul document frappé dans l' atelier de Carthage, à l 'effigie d'Héraclius e t Héraclius Constantin, pour toute la Gaule mérovingienne. Précisons tout de même que de

13. Lafaurie 1992, 228. 14. Morrisso n 1999. Il O. 15. Lafaurie & Morrisson 1987, principalemem p. 64-94. Nous

redonnons ici la liste des monnaies byzantin es à l'effigie d'Héraclius et Héraclius Constanlin trouvées en Europe occidentale ainsi que l'ateli er de frappe: -Angleterre: Hockwold cu m Wilton , (solidtiS, Constantin ople), p. 93; lxworth (solidus léger, Constantinople), p. 93. - Pays-Bas: Nie tap (so lidus léger, Co nstantin ople), p. 88; Achlum (solidus, Constantinople), p. 87 ; Cornwe rd (solidus léger, Constantin ople ), p. 87; Wie uwe rd (solidus, Constantinople) , p. 89. -Allemagne : Sin zig (solidus, Constaminople) , p. 85 ; Wonshe im (solidus, Constan tin ople) , p.85; Ellwangen-Pfahlheim (solidtiS léger,?). p. 90 ; Stuttgart-Weilimdorf (2 solidi , Constantinople). p. 92. - Belg ique : Mons (sou léger de 20 siliques), p. 80. -Suisse : Chur (solidus, Constantinople ), p. 86. - France : Chabrillan (fo llis, Alexa ndrie), p. 67.

Fig. 2: Ca-rte de 1ijJarütion des monnaies à l 'effigie d'Héraclius et

H éraclius Constantin (cl 'ap-rès Lafau·rie & Morrisson 1987).

nombreuses monnaies- de cuivre essentiel­lement- à l'effigie d 'H éraclius seul , retrouvées en Gaule et en Bre tagne, ont été frappées à Carthage 16.

LA DIFFUSION DES MONNAIES DE CARTHAGE

Cette monnaie permet également de confirmer la thèse avancée dès 1987 par J. Lafauri e et C. Morrisson dans leur article sur la pénétration des monnaies byzantines en Gaule mérovingienne paru dans la Revue Numismatique.

Leur étude, sur la répartition des monnaies byzantines en Gaule, a montré qu'il a existé des relations avec l'Afrique byzantine jusqu 'au milieu du vue s. Mais la documentation attestant d es relations commerciales entre la Gaule et l'Afrique

16. Voir l 'inventaire de Lafaurie & Morrisson 1987.

425

426 Aquitania, XVIII, 2001-2002

est essentiellement constituée de monnaies d'appoint de bronze. Les monnaies d'or africaines "exportées" -pour reprendre le terme de C. Morrisson- sont quant à elles extrêmement rares, sans doute à cause de l'apogée du monnayage local en or et de la refonte en monnaie mérovingienne 17. Ainsi, pour tout le vue s., il n'existait jusqu'à présent qu'un seul témoignage : le solidus trouvé à Boutenac, dans l'Aude, de Constant II et Constantin IV, frappé en 655-656 à Carthage 18. Désormais, il faut rajouter à ce document celui de Noaillan.

Dès lors se pose la question concernant le "chemin que ces monnaies ont suivi et le temps qu'elles ont mis pour parvenir de leur lieu d'émission à celui de leur enfouissement" 19. Le

17. C. ~·lorrisson , L'ateli er de Canhage e t la diffusion de la monnaie frappée dans la province d 'Afrique, Colloque organisé par N. Duval et l'Institut d 'archéologie de Tunis, Tunis, 2 octobre 2000 (publication à paraître dans Antiquité Tan/ive).

18. Lafaurie & Morrisson 1987, 66. 19. Ibid. , 41.

BIBLIOGRAPHIE

Bazas et le Ba.zadais. Occupation du sol, HistoiTe, A1·t et Economie (1961) : Actes du XIIIe congrès d 'Etudes régionales de la Fédération historique du Sud­Ouest, Bordeaux.

Cadis, L. (1962) :"Les fouilles du château de Noaillan", Les Cahiers du Bazadais, 3, 1-4.

Cadis, L., ]. Coupry et J.-B. Marquette (1961): "La nécropole mérovingienne de la place Saint-Martin de Bazas", in : Bazas et le Bazadais. OccujJation du sol, HistoiTe, A Tt et Economie, Bordeaux, 36-50.

Grimal, P. (1949) : "Informations Antiquités Historiques, IXèmc circonscription", Gallia, 7, 320.

Hahn, W. (1981) : Moneta bnperii Byzantini, III, Vienne. Lafaurie,]. (1992) : "La révolution monétaire du VIc

siècle", in : Maurin et al. 1992, 227-228. Lafaurie,J. etC. Morrisson (1987) :"La pénétration des

monnaies byzantines en Gaule mérovingienne e t visigotique du vic au VIUC siècle", RN, 29, 38-98.

Lance], S. , éd . (1999) : Afrique du Nord antique et médiévale. Numismatique, langues, écritures et arts du livre, spécificité des arts figurés, Actes du VUe

C. Couhade-Beyneix

solidus de Noaillan a dü très vraisemblablement suivre la voie méditerranéenne, qui est la principale voie de diffusion des monnaies byzantines en Gaule , puis transiter par la Narbonnaise avant d'atteindre l'Aquitaine par la vallée de la Garonne 2o . Dans ce cas, ce document vient confirmer qu'il existe bien un couloir "Garonne-Méditerranée" 2! à cette époque. Cela montre la persistance des relations commerciales avec la Méditerranée orientale au vue siècle. Mais, on ne peut pas exclure que le solidus ait pu emprunter une autre voie, celle de l'Atlantique, même si celle-ci était beaucoup moins fréquentée 22.

20. Rouche 1979, 300-308 ; Lafaurie & Morrisson 1987, 53. 21. Se référer à la carte é tablie par C. Morrisson concernant la

diffusion de la monnaie de Carthage hors de la province d'Afrique.

Ceue carte montre bien que les monnaies byzantin es pénétraie nt en Aquitaine par la voie méditerranéenne en passant par Narbonn e, puis e ll es suivaient Je "coulo ir aquitain" en descendant la vallée de la Garonn e. Plusieurs monnaies byzantin es de bro nze ont é té d'ailleurs re trouvées le lo ng de ce coulo ir, ce qui confirme son existence. Morrisson 1999, 11 7.

22. Lafaurie & Mo rrisson 1987, 53.

colloque international sur l'Histoire e t J'Archéologie de l'Afrique du Nord, Paris.

Maurin, L.,J.-P. Bost etJ.-M. Roddaz, éd. (1992): Les Racines de l'Aquitaine. Vingt siècles d'histoiTe d 'une n!gion, vers 1000av.J-C-vers 1000ajJ.j -C., Bordeaux.

Morrisson, C. (1970) : Catalogue des monnaies byzantines de la Bibliothèque Nationale, I ( 491-711), Paris.

--- (1999) : "La diffusion de la monnaie de Carthage hors d'Afrique du vc au VIle siècle", in : Lance), éd. 1999, 109-117.

--- (à paraître) : "L'atelier de Carthage et la diffusion de la monnaie frappée dans la province d'Afrique", Colloque 01ganisé jJaT N. Duval et !Institut d 'anhéologie de Tunis, Tunis, 2 octobn! 2000, Antiquité tanlive.

Norwich , ].]. (1999) : HistoiTe de Byzance (330-1453), Paris.

Rouche, M. ( 1979) : L'Aquitaine des Wisigoths aux Ambes, 478-781. Naissance d 'une Tégion, Paris.

Sion, H . (1994) : Carte aTchéologique de la Gaule, 33, la GiTOnde, Paris.