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8/3/2019 Venance Grumel. Les douze chapitres contre les iconomaques de saint Nicphore de Constantinople. Revue des

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Venance Grumel

Les douze chapitres contre les iconomaques de saint

Nicphore de ConstantinopleIn: Revue des tudes byzantines, tome 17, 1959. pp. 127-135.

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Grumel Venance. Les douze chapitres contre les iconomaques de saint Nicphore de Constantinople. In: Revue des tudesbyzantines, tome 17, 1959. pp. 127-135.

doi : 10.3406/rebyz.1959.1201

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1959_num_17_1_1201
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_44http://dx.doi.org/10.3406/rebyz.1959.1201http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1959_num_17_1_1201http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1959_num_17_1_1201http://dx.doi.org/10.3406/rebyz.1959.1201http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_44


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LES DOUZE CHAPITRESCONTRE LES ICONOMAQUES

DE SAINT NICPHORE DE CONSTANTINOPLE

Depuis quelque vingt ans, saint Nicphore de Constantinople, legrand apologiste du culte des images, a fait l'objet d'importants travaux auxquels on ne saurait assez rendre hommage. Nous les rappelonsci. C'est d'abord une recherche, fort rudite, modestement qualifie e note, du R. P. Blake : Note sur l'activit littraire de Nicphore Ier, Patriarche de Constantinople (Byzantion, XIV, 1939, p. 1-15),puis deux tudes plus considrables, l'une de J. A. Visser, Nikephorosund Bilderstreit, Haag, 1952, et l'autre, retraant toute la vie du personnage et les divers aspects de son activit, The Patriarch Nikephorosof Constantinople : Ecclesiastical Policy and Image Worship in theByzantine Empire, Oxford, 1958, par P. J. Alexander. Grce eux,nous sommes dsormais beaucoup mieux renseigns sur l'un des chefsles plus reprsentatifs de l'glise byzantine, ainsi que sur l'une despriodes les plus critiques de son histoire. Mais il arrive aux meilleursouvriers, quelles que soient leur comptence et leur vidente application,'tre, une fois ou l'autre, victimes d'oublis ou d'inadvertances.C'est ainsi que les auteurs que nous avons nomms ont omis de signalerun opuscule de saint Nicphore, court, il est vrai, mais dont l'importance ocumentaire est de premier ordre pour l'histoire de ce patriarcheet de la seconde priode inonoclaste. Aussi croyons-nous utiled'attirer l'attention des historiens sur cet crit oubli et heureuxsommes-nous d'apporter ainsi quelque contribution aux tudes nic-phoriennes.L'opuscule dont nous parlons est ainsi dsign en abrg : LesDouze chapitres contre les iconomaques de Nicphore de Constantinople . Le titre original, que nous donnons plus loin, est beaucoupplus long : il ne nomme pas les iconomaques. Cet crit de Nicphoreest connu depuis plus de trois sicles par une traduction latine faitepar Turrianus (Torres) sur un manuscrit du Vatican non dsign,et publi pour la premire fois avec d'autres pices du mme auteur,


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128 REVUE DES TUDES BYZANTINESdans les Antiquae Lectiones de H. Canisius, au tome IV (1603). De l,il est pass dans YAuctarium de la Bibliotheca Veterum Patrum(Paris, 1610), t. II, p. 729-731, puis dans la Magna Bibliotheca VeterumPatrum (Cologne, 1618), t. IX, p. 17-18, et dans le Thesaurus Monumen-torum Ecclesiasticorum et Historicorum de Basnage (Amsterdam, 1725),p. 1 sq., trs probablement aussi dans d'autres collections, maispoint dans celle de Migne. Il faut dire que cet diteur avait sa disposition la masse considrable de textes grecs de saint Nicphorepublis par le cardinal Mai dans sa Nova Patrum Bibliotheca. blouisans doute par cette riche moisson, il en aura oubli de vrifier si lesquelques textes jusqu'alors connus en latin se trouvaient tous absorbsu non dans l'norme apport du texte original. Notre opuscule,de ce fait, est absent de sa Patrologie grecque. Cette lacune, jointe ceci qu'on n'a gnralement pas l'habitude,' ni le got, ni souventl'occasion ou la facilit, ou mme tout simplement l'ide de compulserles anciennes collections des Pres, surtout si elles n'offrent qu'untexte latin, rend bien comprhensible que nos rudits aient pu n'avoiraucune connaissance des traductions latines de Turrianus.Ce qui parat moins explicable, surtout de la part de ceux qui ontfait une recherche spciale sur les crits de Nicphore, savoir Blake xet Alexander, c'est l'ignorance o ils sont des ditions grecques denotre opuscule, dont la premire, due au cardinal A. Mai, a dj plusd'un sicle d'existence et est accessible dans une collection de textesque possde toute grande bibliothque, savoir le Spicilegium Roma-num. On l'y trouvera au tome X (paru Rome en 1844), IIe partie,pp. 152-156. Le texte est tir d'un codex Vaticanus du xne sicle.L'diteur n'a pas manqu de rappeler que cette pice se trouvait djen traduction latine, celle de Turrianus, dans les Antiquae Lectionesde Canisius. A la suite de ce premier opuscule de Nicphore, Mai enditait un autre, transmis aussi par la traduction de Turrianus dansles Antiquae Lectiones : De differentia Imaginis Christi et Crucis,Decem syllogisticae demonstrationes. Cet opuscule n'est pas un crit part, comme le croyait d'abord Mai aprs Turrianus, mais faitpartie du IIIe Antirrheticus de Nicphore, que le savant cardinalallait diter quelques annes plus tard dans la Nova Patrum Bibliotheca, t. V (reproduction dans P. G., t. C, col. 428 C 433 A).L'autre dition grecque des Douze chapitres contre les iconomaques

1. Blake a mme pouss le soin jusqu' consulter Mgr Devreesse, alors vice-prfet laVaticane, qui lui a indiqu les crits de Nicphore qu'il connaissait dans cette bibliothque; parmi eux ne figure pas celui dont nous nous occupons.


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LES DOUZE CHAPITRES CONTRE LES ICONOMAQUES 129est celle de Papadopoulos-Krameus, parue dans une collection bienconnue des byzantinologues, les ' ,t. I (1891), p. 454-460. Le savant grec la tirait d'un manuscrittrs ancien, certainement du xe sicle, le cod. 2 de Sainte-Croix. Ilne connaissait pas alors, en donnant cette dition, celle de son prdcesseur, dont il et pu profiter en quelques endroits, mais, quelquesannes plus tard, en dcrivant ledit manuscrit dans le t. III de sa (1897), et en rappelant cette occasionsa propre dition, il porte un jugement trs svre sur celle de Mai,qu'il qualifie de lacuneuse et de trs mauvaise .Si aucune de ces deux ditions n'a t connue de nos spcialistes,ce n'est pas faute d'avertissement. Un recueil documentaire universellement connu, le Dictionnaire de thologie catholique, a mentionnl'une et l'autre, l'une l'article Iconoclasme (par C. Emereau), otait indique l'dition de Papadopoulos-Krameus, l'autre l'articleNicphore de Constantinople (par R. Janin), o tait indique l'ditionde Mai. Ces mentions ne sont pas dans le corps de l'article c'estpeut-tre un tort mais seulement dans la bibliographie, qu'on n'a pasconsulte avec une attention suffisante. A dfaut de ces mentions discrtes, il y en a d'autres, trs explicites, celles-l, qui ont chapp comment? pourquoi? l'enqute de nos spcialistes. En effet,j'ai personnellement, par trois fois je m'excuse de le rappeler attir l'attention sur ce document : d'abord dans mon article : Quelques tmoignages byzantins sur la primaut romaine (Echos d'Orient,t. XXX (1931), pp. 423-424), o je cite un extrait, d'aprs l'ditionde Papadopoulos-Krameus; j'y indique les anciennes ditions latinesci-dessus ( l'exception de la premire, celle de 1603, que je n'avaispas encore repre) ; ensuite, dans mon article : Nicphore de Constantinople et la primaut romaine (U Unit de V glise, t. IV, nov.-dc. 1935, p. 546), o je mentionne les deux ditions; enfin dans unrecueil qui doit tre la porte, comme instrument de travail, detout byzantiniste : Les Regestes des Patriarches de Constantinople(voir Nicphore Ier , dans les remarques finales, o sont les rfrences,fasc. II, 1936, p. 39-40). J'y explique que cette pice ne peut prendreplace dans la srie des actes de Nicphore, parce qu'il est postrieur au temps de son patriarcat.Ces observations acheves, revenons notre document.Des deux ditions que nous avons signales, la seconde est assurment a meilleure, l'ouvrier tant pour le moins aussi bon et le manuscrit tilis tant meilleur. Si celle de Mai est dficiente, c'est que l'diteur

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130 REVUE DES TUDES BYZANTINESne pouvait connatre ni mme souponner le manuscrit de Sainte-Croix, tandis que Papadopoulos-Krameus a fait son dition en ignorant celle de Mai, qu'il pouvait connatre et qui, en quelques endroits,aurait pu lui tre utile. Lacuneuse, l'dition romaine l'est assurment,car il y manque un long passage qui tient une page dans l'dition dePapadopoulos-Krameus : il consiste en une suite de citations desPres commentant la parole de saint Paul : Conservez les traditionsque vous avez reues soit par crit, soit sans crit. Leur absence ne nuitabsolument en rien au sens du document et la suite des ides. Gommeautres lacunes, il y a signaler, au chapitre vu, les mots qu'il faut placer aprs dans la dsignation desanctres des iconomaques au chapitre ix, le mot (. 458, 1. 26dans P.-K.), qui manque dans Mai; la fin du chapitre x, la proposition . Au chapitre vi,les deux ditions sont diffremment lacuneuses et se compltentmutuellement : dans l'dition romaine, l'endroit o est indiquela prsence au VIe concile cumnique des autres trnes apostoliques et archiratiques , il manque aprs lesmots , etc .Par contre, immdiatement aprs ce texte, il manque dansPap.-Kr. plusieurs mots qui sont dans Mai et que nous soulignonsici : (i. e. ) , ( deestin Mai) ' ... Au chapitre iv, il manque dans Pap.-Kr. la dsignation numrique du concile : . Enfin, Pap.-Kr. est corriger la p. 459, 1. 19, o l'on lit .A la place de , il faut (c'est pourquoi), comme dans Mai.Aprs cette brochette de remarques sur le texte dit, o sont ngliges les variantes minimes (synonymes, interversions de mots), passons l'analyse du document. Voyons d'abord le titre : Les DouzeChapitres de notre saint Pre Nicphore patriarche de Constantinoplepar lesquels sont confondus les chefs de V apostasie qui ont attaqu notrefoi nous chrtiens et repouss V conomie faite dans la chair et pournotre salut du Seigneur Christ notre Dieu d'O il rsulte qu'ils setrouvent selon les divins canons et les lois conformes la religion trangers la sainte glise de Dieu, de sorte qu'il ne leur est pas permis deprendre la parole Vglise ni au tribunal commun et public.Il est noter que ce titre est prcd dans l'dition de Pap.-Kr. decet autre : . Celui-ci ne saurait videmment lu i


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LES DOUZE CHAPITRES CONTRE LES ICONOMAQUES 131convenir; il est du reste absent de l'dition romaine. C'est sans douteoriginairement une indication marginale employe comme point derepre et passe ensuite dans le texte.Le chapitre Ier tablit le principe gnral de l'autorit de l'glisequi s'exprime par la tradition soit crite, soit non crite. Les chapitres n,m et iv exposent que les nouveaux hrtiques sont condamns parles conciles Ier, IIIe et IVe, qui professent la nature humaine du Christque dtruit leur prtention de dclarer le Christ . Lechapitre s'appuie sur le canon du VIe concile (in Trullo), qui interdit 'employer des icnes reprsentant V Agneau et ordonne deles remplacer par des images du Christ. Le chapitre vi rappelle le IIeconcile de Nice sur les images, vritablement cumnique cause dela participation des autres trnes apostoliques, l'horos duquel ontsouscrit ceux qui ont maintenant apostasie et se sont par l anathematises. Le chapitre vu accuse les iconomaques de nier la ralitde l'Incarnation du Christ et de la tenir pour apparente, la suite desmanichens, des doctes et des eutychiens, du fait qu'ils dclarentle Christ selon son lment humain ( ,).Le vine leur reproche d'avoir, dans leur mpris de la tradition, dmoliles temples, enfoui les autels, brl les images sur les places publiques,bris les vases sacrs, et avec cela foul et effac la croix du Christ,plus criminels envers ces symboles de notre foi que les Juifs et lespaens eux-mmes. Le chapitre ix les accuse d'tre les auteurs de laperscution des chrtiens : mutilation des membres, sang vers, mortsviolentes, chanes et prisons, faim, exils, confiscations, en y excitantles impies qui taient au pouvoir par des promesses de longue vie etprosprit, dont l'vnement a montr le caractre mensonger. Lexe les accuse d'avoir corrompu les crits des saints Pres. Le xie leurreproche de s'tre spars de l'glise catholique et d'avoir fait desconventicules schismatiques.Le xne regroupe l'ensemble des articles prcdents : par leur apostasie de la foi de l"glise catholique, leur mpris des coutumes, lois etmystres des chrtiens, et par l'anathme jet par eux contre lessaints Pres, ils se trouvent rejets par les trnes apostoliques et n'ontaucune part avec les orthodoxes, sont sujets mille peines et anathmeset sont privs de l'esprance et du salut des chrtiens.Comme on le voit, cet opuscule n'est pas un crit de controverse.Aucune discussion, aucune argumentation. C'est un expos, une listedes crimes et forfaits pour lesquels les chefs de l'hrsie se trouventrejets de l'glise catholique. Tous les chapitres commencent par


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LES DOUZE CHAPITRES CONTRE LES ICONOMAQUES 133Son ide lui, pour le moins au dbut, tait de laisser chacun libre devnrer ou de ne pas vnrer les images, comme tant chose indiffrente, pourvu seulement que rien ne ft chang dans la capitale oaucune image ne devait plus paratre 2. Les iconophiles ne pouvaientaccepter un tel compromis.On connat le refus des vques et des higoumnes orthodoxes parla lettre que Thodore Studite crivit en leur nom 3. Notre documentmanifeste celui de Nicphore. Le patriarche, d'un ton ferme et dcisif,repousse catgoriquement tout contact avec les hrsiarques. Ilssont hors de l'glise; on ne doit point les rencontrer ni mme esprerleur conversion. Ces invitations la paix religieuse eurent lieu dansles premiers mois de 821. On peut mme prciser la circonstance, savoir la vacance du trne patriarcal, mars-avril 821. C'est alors eneffet que les conditions taient les plus favorables. L'apaisementapport par le changement de rgime devait se prolonger et se complter l'occasion du changement de patriarcat. On a du reste uneindication de Thodore Studite qui ne permet pas de s'carter dupremier trimestre 821. Dans une lettre crite sur la fin de la guerrecivile souleve par Thomas le Slave, Thodore, l'occasion d'unenouvelle invitation impriale discuter avec les iconoclastes, rappelle celle qui a t faite par le basileus rgnant (Michel II), il y atrois ans, et le refus qu'il y a oppos, et aussi celui dupatriarche 4. Or Thomas le Slave fut pris et supplici au milieu d'octobre 823 5. On voit que les trois ans ne sont pas mme achevsdepuis l'avnement de Michel II. Il est donc ncessaire de placer l'opuscule e Nicphore la fin de l'hiver ou au dbut du printemps 821,et sans nul doute, dans la circonstance de la vacance. Il suit de l quel'ambassade mentionne ne peut tre que celle du pape Pascal Iersous Lon l'Armnien. Comme trs probablement elle eut lieu en 818,cela correspond au temps marqu par Nicphore (peut-tre y avait-il ) 6. Cette ambassade ne parat pas chez lesanciens chroniqueurs byzantins, et est passe inaperue des historiens modernes.Il reste un dernier point relever dans l'opuscule de Nicphore,

2. Vita Theodori, n. 118; P. G., XCIX, col. 221.3. Theodori Studitae Epist. Sirmondi coll., n, 86; P. G., 99 , col. 1329-1332.4. Sirm., n, 129; P. G., t. C, col. 1417 B.5. Genesius, Bonn, 44-45; Theoph. Cont., Bonn, 47 , 70. Cf. Bury, A History of EasternRoman Empire from the Fall of Irene bis the Accession of Basile I (802-867), p. 462-464.6. Toutefois, la leon de Pap.-Kr. est , ce qui est indtermin, maisdoit signifier ici : il y a peu de temps , comme nous avons traduit ci-dessus.


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134 REVUE DES TUDES BYZANTINESsavoir l'opposition irrductible de ce patriarche non seulement l'iconoclasme, mais aux iconoclastes, dclars pour toujours sparsde l'glise, l'gal des Manichens dont il est vain d'attendre uneconversion sincre, qu'on estime impossible.Cette attitude est situer dans le cadre des discussions entre orthodoxes sur la conduite tenir envers les inonoclastes repentants. Autemps de la perscution, Thodore Studite les recevait pnitenceet arrtait leur situation canonique, s'ils taient prtres ou diacres.D'autres que lui, vques et prtres, en firent autant. Une telle conduitefut approuve au temps de l'accalmie (en 821) dans une runion dupatriarche et de plusieurs vques, Thodore tant prsent 7. Maisbientt un libelle parut, sous forme de lettre encyclique, qui proclamait rrmissible le pch d'iconoclasme et jetait le blme sur tousceux qui avaient rconcili les repentants. On y prtendait que lesiconoclastes taient des manichens et que c'est une loi pour les manichens, lorsqu'ils renoncent de bouche leurs erreurs, de les conserverans leur cur, et qu'ainsi toutes leurs confessions tant feintes,on ne doit jamais les recevoir dans l'glise. L'auteur du libelle taitun simple moine nomm Thodore. Il envoya son encyclique, bienentendu, son clbre homonyme. Dans la rponse qu'il lui fit, celui-ci le reprit vivement sur cette audace qui le faisait s'riger, lui simplemoine, en lgislateur de l'glise. Sur le fond, il rpond ce qui suit :Entre iconoclastes et manichens il y a une similitude ou assimilation,mais non identit; c'est comme quand l'Aptre dit que l'avarice estune idoltrie : l'une n'est l'autre que par similitude; on traite en effetdiffremment les avares -ils sont nombrex parmi nous, dit saint Thodore et les idoltres; de mme on ne doit pas traiter les iconoclastescomme les manichens 8. Est-ce dire que Thodore partageait lamme ide que l'auteur du libelle sur la conduite tenir envers lesmanichens? Certainement non, mais il se place sur le plan de l'auteurdu libelle. Lui-mme, en effet, s'tait vivement lev autrefois contrele dcret de Michel Ier vouant la mort tous les manichens, et ildclare dans une de ses lettres propos de ce dcret que ce qu'il ya faire pour les hrtiques, c'est, non de les maudire, mais de prierpour eux et de les instruire 9. Il tait de ces opposants dont Tho-phane dit, en les blmant, qu'ils avanaient pour prtexte la conversion

7. Theod. Stud. Epist., Sirm. , 152; P. G., 99, col. 1473 B.8. Id., , 162; P. G. 99 , col. 1504-1516.9. Id., il, 155; P. G. 99, col. 1481-1485.


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LES DOUZE CHAPITRES CONTRE LES ICONOMA.QUES 135possible de ces impies 10. Quant au patriarche Nicphore, son attitudeantrieure ce sujet est caractrise par le fait que c'est lui-mme, avecson synode, qui avait provoqu l'dit de mort contre les Athingienset les Pauliciens ou manichens, par la raison qu'ils taient inconver-tissables u. On voit ici que son sentiment leur gard n'a pas vari.Mais on voit en outre qu'il pousse, lu i aussi, jusqu'au bout l'assimilation ntre iconomaques et manichens, et qu' cause de cela il lesconsidre comme dfinitivement et irrmissiblement rejets hors del'glise catholique, toute conversion de leur part ne pouvant qu'trefausse et simule. Il est juste d'ajouter que cette position extrmede Nicphore envers les iconoclastes ne concerne que les chefs del'hrsie et les doctrinaires. C'est d'eux en effet qu'il s'agit dans sonopuscule. C'est pourquoi il pouvait approuver la condescendanceenvers ceux qui n'avaient failli que par faiblesse.Comme on a pu s'en apercevoir, l'opuscule de Nicphore que nousvenons de prsenter est le document-tmoin de la prise de positionde ce patriarche au lendemain de la mort de Lon l'Armnien et l'avnement du nouveau souverain qui voulait amener la paix dansl'glise par un essai de rapprochement des solutions extrmes. Ilmritait par l d'avoir une place de choix dans l'histoire de l'icono-clasme de cette priode, et bien entendu dans celle de ce patriarche.Dans un prochain article, nous attirerons l'attention sur un autrecrit de cette priode, gnralement oubli des historiens, qui ne lecde pas en importance l'opuscule de Nicphore, je veux parler dela lettre de Pascal Ier Lon l'Armnien, et, cette occasion, de ladouble ambassade de cet empereur au pape et de ce pape au basileus.

V. Grumel.10 . Thophane, Chronographia, a. 6304, d . C. de Boor, I, p. 495, 1. 1-6.11 . Ibid.; cf. V. Grumel, Regestes..., n 384.

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