Printemps 1946, Antonin Artaud visite en courant l’exposi-tion Van Gogh au grand palais de Paris. Dès sa sortie, ilgriffe ses impressions : un texte instinctif et virulent jaillitde cette rencontre.

VVaann GGoogghh ppeennssaaiitt qquu’’iill ffaauutt ssaavvooiirr ddéédduuiirree lleemmyytthhee ddeess cchhoosseess lleess pplluuss tteerrrree àà tteerrrree ddee llaa vviiee.. EEnnqquuooii jjee ppeennssee,, mmooii,, qquu’’iill aavvaaiitt ffoouuttrreemmeenntt rraaiissoonn.. CCaarr llaa rrééaalliittéé eesstt tteerrrriibblleemmeenntt ssuuppéérriieeuurree àà ttoouuttee hhiissttooiirree,, àà ttoouuttee ffaabbllee,, àà ttoouuttee ddiivviinniittéé,, àà ttoouuttee ssuurrrrééaalliittéé.. IIll ssuuffffiitt dd’’aavvooiirr llee ggéénniiee ddee ssaavvooiirr ll’’iinntteerrpprréétteerr..””

Extrait du texte d’Antonin Artaud

Bien plus qu’une critique ou qu’une analyse, “ Van Goghle suicidé de la société” ouvre la plaie de Vincent l’écor-ché - par cette blessure Artaud le poète se rapproche deVan Gogh le peintre. Il nous plonge dans le sang et la bilequi ont coloré la palette de ces inoubliables tableaux.Artaud s’approprie le combat de Vincent pour se délivrerde ses tourments, et nous révèle la puissante fusion quiles unit : celle de la vie et de l’art.

Pascal Mengelle

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LLee CCoorrppss ssoouuss llaa ppeeaauu eesstt uunnee uussiinnee ssuurrcchhaauuffffééee,, eett,, ddeehhoorrss,, llee mmaallaaddeebbrriillllee,, iill lluuiitt,, ddee ttoouuss sseessppoorreess,, ééccllaattééss..AAiinnssii uunn ppaayyssaaggee ddee VVaann GGoogghh àà mmiiddii..””

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Antonin Artaud Asile de Rodez, 1945

VAN GOGHle suicidé de la société

Antonin Artaud

Pascal Mengelle

David Debrinay

Gilles Domenget

Frédéric Dutertre

Samuel Ripault

Emmanuel Besson

Samuel Ripault

Ville de GrenobleConseil Gal de l’Isère

Texte

Conception et jeu

Lumières

Images vidéos

Musiques et son

Relations Publiques

Costumes

Régie images

Subventions

Espace Molière - Luxeuil-les-Bains / Maison des Arts -Thonon-les-bains / Le Dôme Théâtre - Albertville / Espace

Culturel - Mornant / Festival de Saint Jean-du-Gard /Espace Aragon - Villard-Bonnot / Théâtre de la Croix-Rousse

- Lyon / Festival Off - Avignon / Festival Tous Azimuts -Isère / Festival Communes en Scène - Isère /

Espace 600 - Grenoble ...

JJee ddiirraaii

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Voilà plusieurs années que je travaille Artaud au corps à corps. Je me suisimmergé dans son oeuvre en pratiquant la danse Buto. Le Buto s’est forte-ment inspiré du Momo et notamment de son “Théâtre de la cruauté” . Encréant la Saillie , je pensais aussi à lui et à son attrait pour un théâtre char-nel et dérangeant. Notre théâtre est marqué par cet homme.

“

A travers ce texte écrit d’un seul jet, Artaud nous parle autant deVan Gogh que de lui-même. Car “nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit,inventé, que pour sortir en fait de l’enfer” . Il revendique haut et fort le génie du peintre, dont “la luciditésupérieure lui permet de voir plus loin, infiniment et dange-reusement plus loin que le réel immédiat et apparent des faits.Car ce n’est pas un certain conformisme de moeurs que lapeinture de Van Gogh attaque, mais celui même des institu-tions. Et même la nature extérieure, avec ses climats, sesmarées et ses tempêtes d’équinoxe, ne peut plus, après lepassage de Van Gogh sur terre, garder la même gravitation”.

Durant notre création 99 / 2000 Le Pèse-nerfs librement inspiréd’Artaud, nous avons découvert ce texte sur Van Gogh.Destiné initialement à un travail de lecture publique autour duPèse-nerfs, Van Gogh le suicidé de la société nous a commeenvoûté. Nous ne pouvions plus éviter de passer à l’acte : cet écritest devenu le coeur vibrant de notre nouvelle création.

UUnn ttaabblleeaauu ggééaanntt eett vviivvaanntt””

Reprenant la perspective asymétrique du tableau “lachambre d’Arles” de Van Gogh, la scénographie duspectacle permet à l’acteur d’évoluer à l’interieur des

images. La vidéoprojection sur les quatre plans dudécor donne profondeur aux images et immerge spec-

tateurs et acteur au cœur de la couleur.

DDee llaa ppeeiinnttuurree nnuumméérriissééee””

A partir des tableaux de Van Gogh, nous avons réaliséun film d’images mouvantes un film d’animation assis-té par ordinateur). Ce montage fusionne durant tout le

spectacle avec les gestes et paroles de l’acteur. Ildévoile bien plus que les tableaux, il nous révèle leur

matère même : de la couleur sculptée.

UUnn mmuussiicciieenn ssccuullpptteeuurr ddee ssoonnss””

En accompagnant in vivo le spectacle, un musicienélectronicien filtre la parole de l’acteur et distille une

musique composée à partir des différentes tempéra-tures des couleurs projetées.

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AUTOUR DU SPECTACLE :

• Rencontre avec Pascal Mengelle et projection de précédentesréalisations (2 court-métrages d’après Henri Michaux).

• Atelier de créations d’animations et de musique assistées parordinateur avec Frédéric Dutertre.

• Atelier de Théâtre, à partir de l’œuvre d’Antonin Artaud avecPascal Mengelle.

““Toutes les couleurs du soleil etde la nuit nées des toiles de VanGogh violemment projetées, com-posent un décor impressionnant.Les moyens sophistiqués qui per-mettent les effets spéciaux spec-taculaires du cinéma font pâlefigure à coté du merveilleux arti-sanat qui aboutit à cette force dereprésentation. ””

Chrysale,Les Affiches 23 /02 / 2001

Quand Artaud crie au génie

(...) Ce pari d’intégrer la peinture de Van Gogh aux paroles d’Artaudtout en conservant l’organicité du théâtre est bel et bien gagné. Entrela peinture et l’écriture, c’est la scénographie qui permet aux specta-teurs de pénétrer l’univers que décrit Artaud. Plus précisément, c’estune scène en forme d’entonnoir qui immerge avec un impression-nant réalisme, acteur et public à l’intérieur des toiles de Van Gogh etdes pensées d’Artaud. “Nous refusons de faire des spectacles pourspécialistes. Même si Van Gogh est un des peintres les plus connus,Artaud demeure quasi inconnu du grand public”. Accessibilité maximale donc, d’autant plus que le son et l’image s’im-posent véritablement comme des appels au texte. (...) PascalMengelle, totalement possédé par son personnage, ardent défen-seur de la cause de Van Gogh, propose là une grande performanced’acteur, réussissant par son interprétation, basée notamment surun gros travail de la voix, à saisir toute la fulgurance du texte.“Méfiez-vous des beaux paysages de Van Gogh”, écrivait Artaud,rendez vous sans crainte au spectacle de La Saillie.”

Hugo Gaspard,Le Petit Bulletin 14 / 02 / 2001

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