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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 394 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 29.58 ----------------------------------------------------------------------------

La croisée du destin

Valentin Rousseaux

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À ma famille

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Système solaire

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Carte du Bosicard

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Prologue

Tout est calme. À vrai dire, tout est toujours calme dans le petit village de Couze. Il ne se passe jamais rien, il est même réputé pour sa monotonie et sa quiétude.

C’est une très jolie petite commune du sud-ouest de la France qui ne compte que quatre-cents habitants. Difficile donc de faire trembler le monde…

Pourtant, cette nuit, Couze sera témoin d’un drame qui bouleversera longtemps les esprits…

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Première partie

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I Rupture

Il rêvait. Sacha Decoost rêvait. Il était dans un supermarché. Mais, bizarrement, les articles sur les étagères n’étaient ni nourriture ni quoi que ce soit ayant un quelconque rapport avec la réalité. Il s’agissait de souvenirs, de cauchemars, d’envies, d’impressions. Il se promena dans les rayons en regardant vaguement ses pensées. Soudain, l’une d’elles l’attira irrésistiblement et il ne put s’empêcher de traverser le rayon pour l’attraper. Mais au moment où ses doigts effleuraient sa surface, elle rougit violemment et une atroce douleur enflamma son crâne.

Sacha se réveilla en sursaut. Il était couvert d’une sueur froide qui dégoulinait paresseusement dans son dos et il peinait à garder les yeux ouverts tant son mal de tête le faisait souffrir. Il se leva, s’étira et s’avança

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vers la porte de sa chambre dans l’intention d’aller chercher un cachet d’aspirine. Il entraperçut alors son regard dans le miroir mural. C’était un assez beau garçon ; ses cheveux bruns contrastaient avec le turquoise de ses yeux qui surplombaient un nez droit et une bouche rose. Il était de taille moyenne pour un garçon de quatorze ans et assez mince.

Avant de sortir, il enfila en vitesse un jogging et un polar pour échapper à la froideur des couloirs puis se dirigea vers la porte. Alors qu’il allait pousser le battant, celui-ci s’ouvrit violemment et laissa débouler ses parents dans l’espace restreint de la pièce. Ils étaient tous deux petits et replets mais arboraient sans cesse un air jovial et sympathique. M. Decoost travaillait dans la boulangerie du coin tandis que son épouse était femme d’ouvrage. Malgré leur modeste salaire, Sacha ne manquait de rien et avait toujours mangé à sa faim.

– Je crois qu’il est un peu tôt pour une réunion de famille, non ? lança Sacha d’un ton ironique.

Aucun des deux ne répondit. Sa mère passa la main en dessous du lit et attrapa la grosse valise qui s’y trouvait tandis que son mari ouvrait toutes les armoires et prenait ce qui lui tombait sous la main. Leurs yeux reflétaient une terreur immense et des gouttes de sueur perlaient sur leur front.

– OK, tout est normal, continua Sacha. Mes parents sont occupés à me faire comprendre qu’ils m’envoient en pension et préparent déjà mes affaires

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afin que je sois dans le train à la première heure. La seule chose que je ne comp…

– T’arrive-t-il de te taire quelques minutes, Sacha ? l’interrompit Mme Decoost, les larmes aux yeux. Nous sommes pressés !

– Il faudrait que je me taise ? Ne compte pas là-dessus. Je n’irai nulle part, tu m’entends ? NULLE PART !

Elle ne répondit rien et continua sa besogne, fourrant dans le bagage tout ce que lui tendait son époux. Sacha se tourna alors vers son père. Il ne l’avait jamais vu aussi perturbé.

– Papa, tu peux me dire… – Nous n’avons pas le temps, chéri ! Le jeune homme sentit la colère monter en lui. Ses

parents préparaient sa valise pour une destination inconnue à deux heures du matin et il fallait qu’il trouve cela normal !

Afin de ne pas pousser des cris inutiles et de calmer son cœur qui frappait à plus de cent à l’heure contre sa poitrine, il alla à la fenêtre et observa la rue au travers de la vitre. Tout était désert. Il allait se détourner lorsqu’un éclat doré attira son attention. Il plissa les yeux mais ne distingua rien d’anormal. C’est alors que la chose réapparut. Elle traversa la rue à une vitesse incroyable et fonça droit sur la maison. Au même instant, au rez-de-chaussée, un bruit retentit, suivi de sons sourds dans les escaliers. Ses parents les

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avaient perçus eux aussi et s’étaient immobilisés. Sacha était pétrifié. Le parquet devant sa chambre crissa, la poignée de la porte tourna puis le vantail en bois s’ouvrit.

Un homme entra dans la pièce. Immense, il portait une armure dorée qui protégeait son buste et son dos. Son visage, défiguré par une longue cicatrice qui gâchait la symétrie de ses traits, évoquait ces preux chevaliers que l’on décrivait en long et en large dans les contes de fées. Sauf que celui-ci était bien réel et qu’il se tenait devant eux. Dans son étui reposait une magnifique épée qui ne demandait qu’à être utilisée.

Sacha ne se posa pas de questions. Il attrapa le petit cutter qui traînait sur le bureau et

le brandit. Avant que quiconque ne réagisse, il bondit sur l’homme en pointant la lame vers son visage. C’était sans compter sur le sol glissant.

Il chuta aux pieds de l’inconnu et le cutter, parfaitement inutile, lui échappa des mains.

– Belle tentative, jeune homme. La prochaine fois, ne bondis pas comme une sauterelle et reste les pieds sur terre. Si les hommes n’ont pas d’ailes, c’est pour une bonne raison et tu viens d’en faire les frais.

La voix du soldat était rocailleuse et incroyablement grave. Il lui tendit le bras et l’aida à se relever.

– Je me nomme Cocouane et suis envoyé par Werkan pour venir te chercher, Sacha.

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M. et Mme Decoost déglutirent. Ils avaient assisté à toute la scène sans oser bouger et tentaient de reprendre le contrôle de leur cœur qui tambourinait à toute vitesse contre leurs côtes.

– Comment être sûrs de ce que vous avancez ? questionna timidement la mère de Sacha.

– C’est très simple. Si je n’avais pas été votre allié, je vous aurais tous tués.

Cela parut la convaincre car elle respira instantanément plus calmement.

– Et vos ennemis ? Werkan m’avait bien dit que dès que mon fils serait en âge de récupérer ses… aptitudes, ils feraient tout pour le capturer.

– C’est le cas. Heureusement, nos armées neutralisent les leurs le temps que je vienne chercher Sacha.

Le jeune homme sembla soudain saisir l’impact de ces paroles. Il se tourna vers le prénommé Cocouane et ses parents, rouge de colère.

– Je dois m’en aller avec ce gars ? finit-il par lâcher. Vous voulez que je parte avec lui ? Il se passe des choses bien trop étranges ici et il est hors de question que je quitte cette maison sans avoir les réponses à mes interrogations ! En fait, même si j’ai ces réponses, je ne bougerai pas d’un poil !

– Sacha, je t’en prie… – Non, maman ! Mais qu’est-ce qui vous arrive ?

Un homme débarque habillé comme au Moyen Age,

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vous dit qu’il vient me chercher et vous acceptez ? Mais vous êtes tous ding…

Un bruit de verre brisé résonna à nouveau dans le salon. Cocouane leva le bras pour intimer le silence au garçon et il sortit discrètement de la petite pièce. Un silence total régnait sur la maison. Personne n’osait bouger.

Puis, soudain, la fenêtre de la chambre explosa. Sacha tomba face contre terre mais ne put se relever : un énorme morceau de verre était planté dans son mollet. Il entendit sa mère hurler et releva enfin le menton.

C’est alors qu’il la vit. Un ange issu tout droit de ses fantasmes les plus fous. La fille qui se tenait là était grande et arborait de longs cheveux blonds tressés qui encadraient un regard plus bleu que le ciel. Une combinaison noire de jais moulait parfaitement son corps de rêve, l’emblème d’un scorpion s’étalant sur sa voluptueuse poitrine. Ses lèvres fines étaient retroussées sur des dents d’un blanc immaculé pour former le plus magnifique sourire que Sacha ait jamais vu.

Il la regarda un instant, émerveillé par cette beauté divine insoutenable. Sa conscience lui soufflait méfiance à l’égard de la jeune fille mais rien n’y fit. Il ne put que l’admirer, contempler ses traits à la recherche d’un quelconque défaut. Jusqu’à ce qu’il aperçoive l’arc à flèches bandé pointé dans la direction de ses parents. Avant qu’il ne puisse

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esquisser le moindre mouvement, elle lâcha la corde et la flèche traversa la pièce pour finir sa course dans la gorge de Mme Decoost. Sacha voulut hurler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Les larmes lui montèrent aux yeux et le mal de tête qui enflammait son crâne reprit de plus belle. Une deuxième flèche fusa et il sut que son père était mort à son tour. Et que, maintenant, ce serait le sien.

Ses joues s’humidifièrent. Il entendit la corde de l’arc se tendre à nouveau puis la flèche partit à la vitesse de l’éclair et se cassa net sur le mur, à l’endroit précis où se trouvait Sacha un instant plus tôt.

* * *

Sacha rouvrit les yeux, étonné de ne pas sentir la pointe de métal plantée entre ses côtes. Il tourna la tête de tous les côtés et se rendit compte qu’il se trouvait à deux mètres du sol, dans les bras de Cocouane, qui l’emportait loin de sa modeste demeure. Il voulut parler mais ses cordes vocales ne semblaient pas s’être remises du choc. L’image de ses parents transpercés et de leur assassin jaillit dans son esprit. Ses yeux se gonflèrent de larmes et il se recroquevilla plus encore qu’il ne l’était déjà pour tenter d’échapper à la douleur qui déchirait son cœur.

Il sentit Cocouane s’arrêter et frotta ses joues en vitesse. Ils étaient parvenus à un petit clos à quelques

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centaines de mètres de la maison des Decoost. En face d’eux se tenait une femme, le visage caché dans l’ombre.

– Bonsoir, Jennifer, lança le guerrier. L’inconnue s’avança dans la faible lueur du

lampadaire et le salua. Âgée d’une vingtaine d’années, elle était grande et élancée, avec de longs cheveux noirs bouclés qui tombaient en cascade dans son dos.

– Est-ce le garçon ? demanda-t-elle. – C’est bien lui. Cocouane déposa Sacha sur le sol et s’approcha de

la prénommée Jennifer. – Il est temps de partir. Elle ne va pas tarder à

arriver. La jeune femme acquiesça. – Viens ici, ordonna-t-elle à Sacha. Tu n’as jamais

été téléporté, je présume ? L’adolescent hocha négativement la tête, une boule

dans la gorge. La douleur lancinante de sa jambe rendait floues ses pensées et il se sentait divaguer.

– Dans ce cas, accroche-toi bien fort à mon bras, reprit Jennifer. Ça risque de te sembler bizarre.

Sacha s’exécuta, imité par Cocouane. Alors, brusquement, ses entrailles furent aspirées par une force invisible, le clos autour de lui se troubla, et ils disparurent.

* * *

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Le soleil inonda le visage de Sacha. Le changement de température et d’heure était radical. Ils venaient de quitter la froideur de l’hiver de France pour se retrouver dans un endroit inconnu, chaud et lumineux. Mais il ne fit pas attention au paysage. L’horreur avait refait surface et il ne pensait à rien d’autre qu’à ses parents morts. Les bras de Cocouane le soulevèrent à nouveau, et il ne tenta pas de se dérober.

Il se posait une quantité de questions. Pourquoi avait-il fait ce rêve étrange ? Était-il la cause de tous ses malheurs ? Pourquoi cet homme était-il venu le chercher ? Qui était-il ? Où l’avait-il emmené ? Pourquoi ses parents avaient-ils été assassinés ? Par qui seraient-ils découverts ? Tout le monde croirait qu’il les avait tués et qu’il avait pris la fuite après son geste de barbarie, il en était sûr. L’image des Decoost serait à jamais noircie par sa faute. Et enfin, comment se faisait-il que cette Jennifer pouvait se « téléporter » et que Cocouane avait la capacité de se déplacer à une telle vitesse ? Car il comprenait à présent que le guerrier n’était autre que la chose dorée qu’il avait aperçue dans la rue et que cette incroyable célérité leur avait sauvé la vie, sans quoi il aurait été embroché par une flèche.

C’est avec ces idées noires que Sacha s’endormit. Jamais son sommeil n’avait été autant peuplé de cauchemars.

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