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Val d’Azergues, du 1 er janvier 2016 au 31 décembre 2016 N° 50 BULLETIN de la SECTION PALEONTOLOGIE du C.E. de l’Usine de Val d’Azergues 31 ème année de parution de la Spirale de V.Z. Pierre lithographique destinée à imprimer des dessins de fossiles du Kimmeridgien de Cerin (Ain). Photo Pierre THOMAS Imprimé par nos soins

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Page 1: Val d’Azergues, du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2016 · Val d’Azergues, du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2016 N° 50 BULLETIN de la SECTION PALEONTOLOGIE du C.E. de l’Usine

Val d’Azergues, du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2016 N° 50 BULLETIN de la SECTION PALEONTOLOGIE du C.E. de l’Usine de Val d’Azergues

31ème année de parution de la Spirale de V.Z.

Pierre lithographique destinée à imprimer des dessins de fossiles du Kimmeridgien de Cerin (Ain).

Photo Pierre THOMAS

Imprimé par nos soins

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Édito

50ème numéro ! C’est à peine croyable ! La Spirale n’a cependant pas encore 50 ans.C’est seulement qu’à ses débuts elle réussissait à paraître plusieurs fois par an. Elle était ce-pendant moins belle et moins copieuse. Car copieux, ce 50ème numéro l’est doublement.D’abord parce que la lithographie agrémentant sa page de couverture a été copiée sur :http://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img311-2010-04-12.xml. Ce site est unemine d’informations et d’images pour les amateurs de paléontologie. Il propose, entre autres,plus de 20 dossiers au sujet du Kimmeridgien de Cerin. Le choix de cette image est destinéà faire écho à la prochaine exposition de l’Espace Pierres folles, préparée par la Section,concernant ledit gisement de Cerin qui est un haut lieu de la paléontologie.

Cette Spirale est également copieuse par le nombre, l’étendue, la qualité et la quantitéde ses articles. Les signatures de Marcel FALQUE et Jean ARBAULT sont à présent aussi illustresqu’indispensables. Sont venues se joindre à elles celles de Maurice SAULNIER, un récidiviste,et de Michel GOUTTENOIRE qui n’en restera pas là. On n’osait plus espérer l’article de BernardMORETEAU sur le nettoyage des minéraux. On avait tort : le voici. De plus, en la personned’Abel PRIEUR c’est un des meilleurs spécialistes français en matière de collections qui nousinstruit ici sur ce sujet avec autant d’humour que de méthode, permettant ainsi à ceux quin’ont pu assister à sa conférence d’en bénéficier pour l’essentiel.

Qui plus est, nous allons avoir la chance cette année de recevoir un numéro spécial,sans équivalent nulle part ailleurs : il s’agit d’une présentation des minéraux du Rhône, dontla diversité et la répartition géographique étonneront plus d’un collectionneur. Nous devonscette publication à Jacques GASTINEAU, infatigable prospecteur et grand connaisseur du sujet.

Merci à tous nos auteurs ainsi qu’à nos coupeurs de presse, à notre Marc DUPOIZAT et ànotre François OVÉ. Vive 2017, année fossilifère (souhait).

Jean-Pierre PRANDINI

Gastéropes... page 3 Isère... page 5 Dombes... page 46

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Sommaire de ce numéro 50

Quelques réflexions sur les Gastéropodes de Belmontpar Michel GOUTTENOIRE, ........................................................................... page 3

Je suis l’Isère, 1ère partie : le Nord-Ouestpar Marcel FALQUE, ..................................................................................... page 5

Aétites, gogottes et fossiles de la Dombespar Maurice SAUNIER, ................................................................................ page 46

Des collections pour demainpar Abel PRIEUR, ........................................................................................ page 49

Nettoyage des minérauxpar Bernard MORETEAU, ............................................................................ page 63

Sortie dans l’Aubepar Jean ARBAULT, ..................................................................................... page 68

Sortie à Orgonpar Jean ARBAULT, ..................................................................................... page 71

Bilan de l’année 2016par Jean ARBAULT, ..................................................................................... page 74

Coupures de presse ............................................................................................. page 76

Quelques lithographies : les poissons fossiles de Cerin ................................... page 79

Photos et illustrations : Claudine DEBYTTERE, Marcel FALQUE, Jacques GASTINEAU, Gilles GUTTY,Jean-Pierre PRANDINI, Marcel FALQUE, Frédéric GAUDRY, Jean et Danièle ARBAULT, FanetteCHAVASSE-RIONDET, Andrée MERMIN, Paul DUFOUR, Marc DUPOIZAT, Jean-Pierre LE PICHON…

Collections... page 49 Nettoyage... page 63 Sorties... page 68

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par Michel GOUTTENOIRE

Sans faire une étude poussée, il apparait que pratiquement tous les gastéropodes de l’Aalénien deBelmont sont des Pleurotomaria (famille des Pleuromariidae). À ma connaissance, après avoir pendantdes années traqué le « tortillon » et en avoir ramassé un nombre assez conséquent, je n’en ai trouvéqu’un seul n’appartenant pas à ce genre (photo 1).

Il est intéressant de constater qu’il y a très peu de moules internes,quasiment tous ces fossiles ayant conservé leur coquille (pseudotest),alors que c’est souvent le contraire dans le Toarcien supérieur.

Parmi ces Pleurotomaria, on distingue deux grandes lignées :

• l’une avec tubercules (photo 2), dont une espèce peu courante pré-sentant des tubercules imposants (photo 3) et que l’on retrouvedans le Bajocien de Normandie au niveau des Parkinsonia.

Quelques réflexions sur les gastéropodes de l’Aalénien de Belmont

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Ce bref exposé n’ayant aucune prétention scientifique, chacun, en fonction de ses trouvailles,pourra évidemment apporter les précisions ou les rectifications qui s’imposent.

• l’autre parfaitement lisse (photo 4) avec cependant quelquesstries sur la coquille.

Dans les deux cas, on peut noter tout une gamme de dévelope-ment, du « presque plat » au « très pointu », avec, entre les deux, toutesles variations possibles.

On peut noter également que ceux avec tubercules sont, de très loin, les plus fréquents, mais que,curieusement, tous les spécimens de grande taille (à partir d’une dizaine de centimètres) sont à coquillelisse (photo 5). À titre de comparaison, le plus gros « tuberculé » que je possède mesure 8 cm de haut(photo 6).

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par Marcel FALQUE

Au Calédonien, il y a 600 MA, dans des mers peu profondes, je faisais partie d’une zone de hauts-fonds, ayant des émersions temporaires. Et cela a duré, duré, pendant des dizaines de MA, au cours des-quelles la vie marine ne m’a pas atteinte.

Puis, 300 MA plus tard, le gigantesque plissement hercynien m’a soulevée et placée sur un vastecontinent. Là, pendant 60 MA, j’ai vu apparaître d’immenses forêts que pluies et marécages ont trans-formées en bassins houillers.

Entre -200 et -65 MA, des transgressions marines ont d’abord recouvert mon territoire, bien aplaniet érodé. Et, timidement, dans mers et lagunes, la vie a commencé ici. Puis des mers plus chaudes etplus stables vont abriter de nombreux invertébrés. Spongiaires, Echinodermes, Coraux, Mollusques,Poissons vont se côtoyer plus ou moins fraternellement, car on a faim parfois ! Témoins d’un climat tro-pical, d’importants récifs se sont implantés sur ces fonds marins, tandis que, près des rivages, le sol afrémi sous les pas de gros Reptiles…

De -65 à -5 MA, je réapparais au milieu d’un continent où pénètrent des sillons envahis par la mer,dont l’un, très proche de moi. Il y a environ 50 MA, les compressions de l’écorce terrestre le transfor-meront en une puissante chaîne montagneuse. Un nouveau sillon, au Nord de celle-ci, va devenir plustard une nouvelle chaîne de montagnes.

Depuis 5 MA, j’ai subi des climats chauds pendant 3 MA, puis, très, très, très froids avec plusieurspériodes de grandes glaciations dont la dernière, terminée depuis 10 000 ans a duré bien longtemps :70 000 ans. D’immenses glaciers ont recouvert mes terres, les ont rabotées, ont modifié le fond des val-lées. Puis, en fondant peu à peu, ils se sont retirés laissant un sol plat, des lacs, des collines faites de ro-chers transportés.

Au milieu de cette période, l’homme est apparu. Pour survivre, il a dû lutter contre le froid, lesanimaux et… ses semblables. Parfois sédentaire, il a construit ses demeures au bord d’un lac, ou sur unecolline, laissant derrière lui des traces de son passage. Clans et tribus sont nés, ainsi que rivalités etguerres.

Des hordes barbares ont foulé mon sol. Ensuite, plus civilisés, les Romains se sont installés aubord de mes cours d’eau, bâtissant des villes, exploitant les richesses de mon sous-sol. Puis, d’autresenvahisseurs sont venus, et il a fallu attendre Charlemagne pour établir l’ordre.

Après lui, son immense empire a été partagé entre ses trois fils. J’ai été attribué à l’un d’eux, maisà sa mort, chacun de ses deux frères convoitait son territoire. Alors a commencé une longue histoireagitée et confuse. Heureusement, bordé de deux côtés par un grand fleuve impétueux, je n’ai pas ététrop touché par ces querelles. Mais, surveiller et se défendre étant nécessaires, villes et villages ont étéprotégés par de nombreux châteaux-forts dont certains sont encore visibles.

J’ai été un élément d’une province qui, en 1349, a été rattachée à la couronne de France, à conditionque l’héritier du trône porte un nom rappelant le sien. Cette province, c’était le Dauphiné, et, après laRévolution Française, j’en suis devenu le principal département.

Je suis l’Isère

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Les élus de la Première République Française, pour désigner ces départements, ont bien souventutilisé des termes géographiques. Ainsi, on a appelé mes deux sœurs dauphinoises Drôme et Hautes-Alpes. Peut-être avaient-ils épuisé leur imagination en créant un nouveau calendrier et en modifiant lenom de nombreuses villes commençant par Saint ou Sainte !

Quant à moi, je suis devenue l’Isère, nom de la grande rivière qui me partageait et me partage en-core en deux régions différentes. Au Sud-Est, des vallées plus ou moins profondes séparent des massifsmontagneux où pointent de hauts sommets alpins. Tandis qu’au Nord-Ouest s’étend une vaste plaine ra-botée par les glaciers quaternaires, plaine où s’élèvent au Nord des plateaux calcaires et, à l’Ouest,quelques collines bien plus anciennes.

Pendant longtemps, j’ai été une région de frontière, car c’est seulement en 1860 que ma voisine,la Savoie, a décidé de devenir française. Et les contrebandiers ont dû chercher ailleurs un autre terraind’activités. Ensuite, j’ai vécu paisiblement jusqu’au milieu du XXème siècle, dure et triste époque de laRésistance française à l’occupation allemande.

La paix revenue, très rapidement les villes se sont agrandies, les campagnes, elles, se sont dépeu-plées… et le Grand Lyon a dévoré le Nord-Ouest de mon domaine. Son appétit s’est calmé depuis.Pourvu que ça dure !

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LE NORD-OUEST DE L’ISERE

à sa création, le département de l’Isère couvrait 8 238 km². Actuellement, seuls, 7 341 km² de-meurent isérois. Et c’est au Nord-Ouest que se situent ces pertes. Ville tentaculaire, le Grand Lyon aconquis et transformé les zones de plaines proches où le terrain plat facilite déplacements, zones deconstruction, dont Aérodrome et Grand Stade.

Les villages isérois ont suivi ces modifications. Jadis, au bord des routes, s’élevaient des maisonsrustiques en « pisé ». Le pisé, procédé archaïque, consiste à mélanger argile, eau, paille hachée. Puis, àcouler le résultat entre des planches, le tasser, le laisser sécher et démouler. Avec pièces de bois en renfortdans les murs, toitures en tuiles, voilà des maisons simples, économiques et rapidement habitables. Prèsdes routes, elles regardaient passer diligences, chevaux, chariots, etc… Et cela sans problème.

Mais, avec le temps, les toitures se détériorent, les infiltrations de pluie affaiblissent les murs, etsurtout, les gros camions actuels les percutent quelquefois. Pas très agréable de se réveiller, en pleinenuit, avec le nez d’un camion près de l’oreiller !

Alors, maintenant, béton armé, pierre, moellons, remplacent le pisé. Les villages se sont agrandiset leurs vastes terrains plats, jadis cultivés, accueillent parfois des concentrations de travaux importantes.à côté de la petite gare de Saint-Quentin-Fallavier, s’étale le complexe Parc d’Activités de Chesnes avecses bâtiments, ses rues, ses voies ferrées…

Le mode de vie a changé. L’agriculture, facilitée par les terres plates – la Planaize, comme l’appe-laient les paysans – et bien souvent fertiles, a fortement diminué. L’élevage, fréquemment familial, neprésente guère de grands troupeaux.

Dans certaines villes une activité particulière s’est développée. à Bourgoin-Jallieu, à Pont-de-Chéruy, métallurgie et filatures cohabitent. L’industrie du papier domine à Rives et à Voiron, tandis queles cimenteries règnent vers Montalieu et Trept. Quant aux mines de fer, florissantes naguère, leur ex-ploitation n’est plus qu’un souvenir.

En surface, affleurent surtout des terrains quaternaires avec dépôts fluvio-glaciaires et glaciaires,bordés par les zones d’alluvions du Rhône. Le Jurassique apparaît au Nord dans ce que l’on nomme« Isle Crémieu ». Quelques affleurements bien plus anciens côtoient la ville de Vienne.

Certes, il y a des lieux touristiques comme Crémieu avec ses vieux châteaux et ses Halles, Montluelet son donjon, mais les plus fréquentés et les plus connus sont le Parc Archéologique de Larina versHières-sur-Amby et les Grottes de La Balme. Là, il s’agit surtout d’un tourisme de passage, non deséjour. On va voir également les restes d’habitations lacustres au lac de Paladru, car l’homme, apparuaprès les grandes glaciations, a trouvé dans ces régions un terrain propice à son installation. Plateau es-carpé, plan d’eau, lui permettaient de vivre dans une sécurité… relative.

Dans cette région assez complexe, il convient de distinguer surtout plusieurs zones :

- A- au Nord, l’Isle Crémieu et ses carrières- B- en dessous de cette zone, La Verpillière et les anciennes mines de fer à proximité- C- à l’Ouest, les environs de Vienne, ville gallo-romaine

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A - L’ISLE CREMIEU

Ce nom surprend un peu, car, en géné-ral, l’eau entoure une île… Il se justifie, ici,par l’aspect du lieu : un plateau calcaire domi-nant la vallée du Rhône du haut de ses paroisplus ou moins abruptes, comme les falaisesd’une île, plongeant dans la mer. De plus, ceplateau est bordé, au Nord, par un méandre an-guleux du fleuve. Car, après avoir traversé leLac Léman, le Rhône prend la direction duSud-Ouest. Brusquement, s’apercevant qu’ilest trop au Sud pour rejoindre la Saône, il re-monte au Nord-Ouest… Hélas, il va trop auNord ! Alors, il redescend à nouveau au Sud-Ouest, formant une pointe, avant de filer, droità l’Ouest, à son rendez-vous avec la Saône

Ce plateau, c’est la partie méridionaledu Jura, apparu après les Alpes. Les plis duJura s’y continuent, mais, de ce côté du fleuve,les sommets culminent aux environs de 500m.La situation géographique a permis la nais-sance de villages, de gros bourgs, de villes. Laplus importante et la plus connue, c’est Crémieu avec ses beaux restes médiévaux.Malgré son emplacement en bordure de ceplateau, elle lui a quand même donné sonnom.

Au Sud de celui-ci, s’étend une région modelée par les glaciers quaternaires. Durant presque 2MA, des chauds et des froids ont marqué cette longue période. Les quatre glaciations, plus ou moinslongues et intenses, ont été séparées par des étapes bien plus chaudes. Alors, tantôt gel, tantôt fonte desneiges et des glaces. Ainsi, le glacier avance, poussant devant lui des déblais arrachés au sol. Il modifielentement l’aspect des vallées fluviales en V pour leur donner un aspect glaciaire en U. Puis, arrive unepériode chaude, il fond et se retire, et, les déblais abandonnés forment une moraine derrière laquelles’étale un sol…assez bien nivelé, avec de petits cours d’eau, des marécages, des petits lacs.

Plus au Sud, les grès calcaires ou argileux formant la « molasse » – roche déjà dure et durcissantencore plus à l’air – ont mieux résisté à l’érosion glaciaire, d’où une zone un peu plus relevée. Après ladernière glaciation, il y a environ 15 000 ans, une moraine retenait un vaste lac, recouvrant la région deMorestel à Salagnon. Avec le temps, l’érosion, etc… la moraine a cédé et le lac a disparu, laissant laplace à une zone humide, avec de nombreux étangs où, jadis, l’homme préhistorique a dû pêcher denombreux poissons !

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L’homme actuel exploite activement les dépôts de calcaire laissés par les mers secondaires. Lescarrières s’ouvrent, se ferment, se déplacent. Naguère, dans les exploitations abandonnées, des recherchespermettaient de découvrir maintes choses, que ce soient de belles calcites ou des fossiles divers : Coraux,Spongiaires, Echinodermes, coquillages divers. Et les chercheurs – spécialistes ou amateurs « éclai-rés » – étaient généralement bien accueillis par l’exploitant, heureux et fier quand des trouvailles inté-ressantes attiraient l’attention sur SA carrière. à cette époque, c’était la civilisation des recherches.

Il n’en est plus de même aujourd’hui. Il y a toujours un grand nombre de carrières, où on extraitla pierre à ciment dans l’Oxfordien et le Kimméridgien, la pierre de taille dans le Bathonien et la pierreà chaux et à bâtir dans le Bajocien. Certes, quelques exploitants ouvrent leurs portes à des groupes dechercheurs respectueux des indispensables règles de sécurité. Mais, maintenant, c’est la civilisation durendement. Les machines arrachent d’énormes quantités de calcaire que de puissants camions transpor-tent vers de grandes cimenteries. On creuse, on produit, on expédie du ciment dans maintes directions.Et ceci en quantité. Comment serait-il possible, avec cette exploitation intensive, qu’Echinodermes etautres petits fossiles soient remarqués ?

Alors, les renseignements, glanés çà et là, sont du domaine du passé. Jadis, on trouvait ceci, ici.Maintenant qu’en reste-t-il ? Les nouvelles carrières, délaissées en fin de production, sont combléesselon les normes actuelles. Il ne faut pas se décourager mais aller voir un peu plus loin. De belles chosesvous attendent, peut-être, dans une autre exploitation.

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1 – Crémieu et les carrières proches

Crémieu

Petite cité, pendant la période trouble et fort agitée ayant suivi la chute de l’Empire Romain, elleest devenue de plus en plus importante au Moyen-âge. Au milieu du XIIème siècle, un prieuré, abritantdes moines Bénédictins, s’y est installé, précédant de quelques dizaines d’années la construction du Châ-teau royal des Dauphins.

Dès 1315, la ville devient une sorte de capitale, dans une région commerçante, agricole, et… àpeu près calme. Mais, à cette époque, la prudence est reine, et, vers 1434, les remparts d’une vaste en-ceinte de 2 km de long, avec 9 portes et 14 tours, encerclent le château royal et la vieille ville, qu’animent,fréquemment, les activités dues à un marché couvert : les Halles.

Au XVIIème siècle, plusieurs ordres religieux élèvent ici leurs propres édifices. D’abord les Capu-cins en 1615, puis les Pénitents Blancs en 1619, les Ursulines en 1632… à la fin de ce siècle, l’HôpitalNotre-Dame et l’église Saint-Jean sont achevés.

Ensuite, la cité commence à décliner malgré les efforts faits pour lui redonner vie. Ainsi, vers 1715,des tanneries vont permettre une industrie régionale du cuir. Puis, le textile arrive et va durer longtemps.Toutefois, cela ne redonne pas à Crémieu son ancienne importance. Maintenant, ses restes architecturauxattirent touristes et artistes, dont Corot. Par contre, la ville n’est guère concernée par l’activité régionale :les carrières.

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Le Château des Dauphins Les Halles de Crémieu

Les carrières proches

TreptUne faille, située au milieu du village, sépare le plateau bathonien au Nord, d’une zone oxfordienne

au Sud. D’où des faunes différentes.- Au Nord, un site très étendu présentait de nombreux affleurements avec fossiles variés : Pectens,

Rhynchonelles, Oursins, Polypiers, petits, bien conservés, car très durs.- Au Sud, l’Oxfordien montrait des lits de calcaires, tantôt clairs, tantôt gris ou bleus, séparés par

des bancs marneux, refuges de rares Ammonites pyriteuses. Mais, surtout, Spongiaires et Corauxformaient de vastes constructions récifales. Et les fours à chaux, très proches, fonctionnaient ac-tivement.

Saint-Hilaire-de-BrensLa carrière Giraud, dans le Bathonien, présentait divers aspects :- en bas, un calcaire un peu oolithique, du Bajocien supérieur avec de rares fossiles- au centre, le calcaire compact du Bathonien, utilisé pour la pierre de taille- au sommet, un calcaire marneux, avec de rares fossiles du Callovien

OptevozLes carrières se situaient à 1 km à l’Est du village, au Sud de la route menant à Courtenay. Un ter-

rain plat permettait de se garer, près des anciens bâtiments d’une usine désaffectée.Là, dans l’Argovien, sous-étage placé juste au-dessus de l’Oxfordien, les affleurements marneux

livraient de petites Ammonites pyriteuses, des Pectens, des Brachiopodes, des morceaux de Crinoïdes,des pièces détachées d’étoiles de mer. Intérêt plus scientifique qu’esthétique…

Spongiaire Parkinsonia 97mm/80mm Corail

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2 – Au Nord de Crémieu

Le Rhône borde le flanc Ouest de l’Isle Crémieu. Jadis, ses flots impétueux, aux crues rapides etviolentes, ont formé une longue plaine d’alluvions au pied des reliefs jurassiques. Plaine que les glaciersquaternaires ont encore plus nivelée, laissant, vers le fleuve, une étendue plate, favorisant la culture etle développement des transports et du commerce.

à l’est de cette zone, s’élèvent des « montagnes » liées au Jura, mais d’une hauteur bien moindre !...Venant du Sud-Est, un cours d’eau, simple ruisseau d’abord et rivière ensuite, l’Amby, divise cette chaîneen deux. Ainsi, le Rhône et l’Amby délimitent une région particulière, en forme de triangle. Là, les hautesfalaises d’un plateau calcaire dominent une vallée verdoyante où s’est installée la ville principale : Hières-sur-Amby.

Le tourisme tient une grande place dans l’activité de cette cité, et les quelques carrières, bien ex-ploitées naguère, ne fonctionnent guère. Par contre, le Plateau de Larina, retraçant de nombreux sièclesde civilisation, attire les visiteurs, en particulier les archéologues.

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Le Plateau de Larina

Il y a 340 MA, au Carbonifère, l’immense continent hercy-nien, avec ses montagnes, ses volcans, ses vallées, s’étendait surle territoire français et bien plus loin. Ensuite, pendant 100 MA,changements climatiques, intempéries, incidents géologiques, vontl’éroder énormément, Quand même, quelques socles cristallins,plus ou moins importants, feront de la résistance.

Au début du Trias, vers -235 MA, venant de l’Est, les mersvont progressivement le reconquérir. Et, sous un climat tropical,pendant 60 MA, ces eaux chaudes du Jurassique vont laisser, dansla région, d’importants sédiments calcaires dont les affleurementsretracent la transgression. Si l’ancienne zone résistante est présenteà Chamagnieu et vers Hières-sur-Amby, le Toarcien apparaît aupied du plateau de Larina. Quant à ce dernier, au sommet, c’est leBajocien qui le recouvre presque entièrement.

Dès le Secondaire, la dérive des plaques continentales acontribué, ici, à la formation de la chaîne alpine, chaîne qui surgirabien plus tard. Il y a 60 MA, un grand plateau calcaire aurait

émergé et se serait brisé, ensuite, selon une ligne de fracture presque Nord-Est / Sud-Ouest. Puis, un lentmouvement de bascule aurait créé un enfoncement d’un côté et une surélévation de l’autre.

Un cours d’eau, l’Amby, creusa son Val dans le massif de l’Isle Crémieu, détachant de ce massifun plateau calcaire, terminé par un promontoire où culmine la « Dent d’Hières ». C’est le Plateau de Larina, dominant la vallée du haut de ses falaises de 180 m !

Ici, les fossiles sont rares. Des Brachiopodes, disparus en majorité à la fin du Primaire, ne restentque Rhynchonelles et Térébratules. Quelques Crinoïdes et Oursins, quelques Bivalves se cachent sousles dalles calcaires. Quant aux Ammonites, il est préférable de chercher dans le Toarcien de Hières-sur-Amby pour en découvrir.

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Les 20 hectares du Plateau de Larina constituent un véritable site naturel de défense contre desvoisins envieux ou belliqueux. L’homme les a utilisés ainsi, pendant des millénaires et y a laissé de nom-breuses traces de son passage.

Dès 3 000 ans avant J-C, les premiers occupants ont dû profiter de la situation. à cette époque,c’était l’âge de la pierre taillée, puis polie. Au VIIème siècle avant J-C a débuté l’âge du bronze, alliagede cuivre et d’étain, mais ces deux minéraux étant rares dans la région, outils et armes en pierre ont dûavoir une longue existence…

L’âge du fer va modifier la vie humaine, car, du fer, venant des mers secondaires, il y en a un peupartout, en quantité et qualité variables, mais utilisable localement. Alors, la plate-forme devient uneplace forte. D’abruptes parois interdisant l’accès au Nord, il suffisait de se protéger du côté Sud. Ici, de-800 à -52 avant J-C, les Allobroges ont vécu, assez tranquillement.

Pas fous, les Romains, ayant conquis la Gaule, s’y sont installés à leur tour. Peut-être pour surveillerde turbulents Helvètes qui leur causaient, souvent, bien des ennuis. Là, ils vont élever un « oppidum »,avec un temple dédié à Mercure, Dieu du Commerce et des Voyageurs, avec des villas, des ateliers, etc...Le tout bien défendu, au Sud, par un rempart de 957 m. Constructions facilitées par l’utilisation d’unecarrière très proche, à la pointe de l’éperon rocheux, dont les lits de calcaire fournissaient des moellonset des dalles de 1 à 15 cm d’épaisseur, les « lauzes ».

Chute de l’Empire Romain, et, au IVème siècle, arrivée des Burgondes. Plus tard, autour d’une villaseigneuriale de 40 m sur 20, s’étendait un vaste domaine mérovingien, où les lauzes recouvraient desdemeures en pierre. Evidemment, on avait réutilisé des vestiges gallo-romains. Vraisemblablement, ona vécu, ici, loin des conflits en gardant son indépendance, pratiquant l’élevage, cultivant la vigne et lescéréales, travaillant métaux et céramique. Mais, un site bien défendu est souvent bien isolé, et, dès leVIIIème siècle, époque de Charlemagne, l’homme a abandonné son plateau, ses maisons, ses nécropolesaux nombreuses tombes, pour aller vivre dans la vallée bien plus propice au commerce. Exode de lacampagne vers la ville !

Le plateau n’a pas été complètement délaissé. La carrière produit des lauzes qui couvraient maintsbâtiments dont les Halles de Crémieu. Lourdes, elles exigeaient une charpente très, très solide. Aussi,sur la plupart des toitures, les tuiles les ont remplacées. Mais, il est nécessaire d’entretenir les monumentshistoriques, et, là, l’emploi des lauzes est obligatoire. Dans ce cas, pourquoi chercher ailleurs ce quel’on a déjà…

Une source, sur le plateau, fournissait l’eau. Moutons, chèvres venaient y paître et, un jour, unejeune bergère serait tombée de la falaise et aurait été sauvée par une intervention divine. D’où la statuede la Vierge, dressée en cet endroit, à la pointe du plateau, rappelant cette légende.

Le site Musée de Hières-sur-Amby : Monnaies romainesVase gallo-romain

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Carrières et mine

Carrière de Larina

Pour transporter les calcaires extraits, une seule direction était possible : le Sud, et la route nedevait guère ressembler à une RN ! Maintenant, touristes, archéologues, chercheurs, arrivent en voitures,en cars, depuis le village de Chatelans. Pour admirer le paysage, étudier site et plantes.

Ou bien chercher des fossiles dans les couches successives du calcaire.- en haut, sur les dalles, Brachiopodes et Pectens, Encrines, radioles d’Oursins- dessous, dans les marnes séparant les couches de lauzes, Oursins, Encrines et Bivalves- en bas, dans un calcaire détritique à Polypiers et Encrines, utilisé pour faire des moellons

Carrières de Vernas

Une route secondaire, partant de Hières-sur-Amby, se di-rige vers Leyrieu et Crémieu. Après avoir traversé le village deVernas et laissé à l’Ouest le château du Cingle, on arrivait à unlong mur de pierres sèches, qu’il convenait de longer pendant 1 km pour arriver à une petite clairière. Et, là, place à la marcheà pied…Car il fallait prendre, à l’Est de la route, dans une « épin-gle à cheveux », un chemin, montant dans le bois, chemin interdità tout véhicule à moteur. Et, ensuite, le suivre pendant 2 km ennégligeant sur la droite, un sentier de promenade.

Sur la gauche de ce chemin, une importante carrière, fossilifère, proposait de gros fossiles à déga-ger : Pectens et Huîtres. Elle montrait aussi une couche de petits fossiles très serrés. Sur la droite, s’ouvraitune autre carrière, identique mais plus ancienne.

à la sortie du bois, 500 m plus loin, sur la gauche, s’étendait une vaste clairière sans fossiles ap-parents. Par contre, celle ouverte à droite, exposait plusieurs niveaux, attirant les chercheurs. Des petitsfossiles compressés et des Encrines formaient une roche rougeâtre et, plus haut, calcite et aragonite pré-sentaient des formes variées.

La carte IGN indique une carrière proche vers Chatelans et d’autres ont pu naître.

Mine de Hières-sur-Amby

Ici, un gisement de fer toarcien a été brièvement exploité. Prèsd’une galerie très courte, gisaient quelques déblais, où, la chance ai-dant, on pouvait trouver de spectaculaires Ammonites.

Pour y arriver, on devait prendre la route d’Optevoz et se gareraprès la dernière maison. Puis, emprunter, pendant 200 m, un sentierconduisant à la mine, un peu plus haut. Là, examiner les déblais re-couverts par la végétation.

Ensuite, il fallait revenir au point de départ et prendre le sentierlongeant l’éperon rocheux, ceci jusqu’au chemin carrossable venantdu bourg. à quelques mètres, s’étalaient des pierriers livrant Poly-piers et autres fossiles.

Hildoceras 47mm/39mm

Aragonite 182mm/88mm

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3 – Le Nord de l’Isle Crémieu

Un massif en pointe, plus étendu et moins abrupt que le Plateau de Larina, termine l’Isle Crémieu.De leur altitude maximum de 440 m, les « montagnes » et les plateaux de ce triangle contemplent leRhône, coulant à leurs pieds. Ici, c’est le domaine du calcaire et de nombreuses carrières l’exploitent. Sil’une cesse son activité, une autre s’ouvre… et ceci, depuis longtemps. Ailleurs, les infiltrations des eauxde pluie ont creusé la roche, créant des grottes dont les plus connues sont celles de La Balme.

Pendant des siècles, le Dauphiné, région frontière, a bien connu dangers et… contrebande. Paixou conflit, pour vivre, un état a besoin de ressources et lève des impôts. Depuis l’époque romaine, ceux-ci étaient « affermés », c’est-à-dire que leur recouvrement était attribué à des personnes ayant achetécette charge, leur « Ferme », payant en plus, au vendeur, une somme fixe annuelle et gardant le restepour eux, se constituant parfois des fortunes considérables. Et ces acheteurs pouvaient revendre partiel-lement cette charge, dans les mêmes conditions, créant, ainsi, avec le temps, extrêmes divisions et com-plications.

Sully, ministre de Henri IV, et Colbert, ministre de Louis XIV, réduisirent le nombre de ces charges,en rassemblant, dans de « Grandes Fermes », les taxes semblables : « gabelle » pour le sel, « aides »pour boissons, tabac, « douane » pour les marchandises étrangères. Les employés de ces « Fermiers Gé-néraux » sillonnaient les provinces, et, pour obtenir un bon rendement, récoltaient ces impôts, souventavec rigueur.

Aussi étaient-ils haïs par le peuple qui, par contre, appréciait les contrebandiers.

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Les Grottes de La Balme

Elles s’ouvrent par un porche monumental de 35 m de haut et 28 m de large, où ont été bâties deuxchapelles médiévales superposées. Ces grottes sont jeunes : 5 à 2 MA. Le plateau où elles se situent datede la fin du Miocène, soit environ 30 MA. Et c’est seulement, très lentement, que les eaux de pluie s’in-filtrent, rongeant la roche, perçant des galeries, créant des concrétions spectaculaires. Action ralentie parles glaciations quaternaires. Mais, en fondant, ces glaciers ont donné naissance à de puissants torrentsqui ont élargi les galeries et laissé, dans leurs lits, des « marmites de géants », creux causés par descailloux entrainés par des eaux très rapides et tourbillonnantes.

Ici, on admire richesse et diversité des phénomènes souterrains. Partant de la Salle de la GrandeCoupole aux 40 m de hauteur, labyrinthes et galeries se dirigent vers des lieux variés et permettent d’ob-server stalactites et stalagmites, draperies accrochées aux parois, et, surtout de petits bassins où le blancbrillant du calcaire contraste avec le bleu de l’eau : les « gours ». En s’écoulant, l’eau laisse constammentun léger dépôt sur leurs bords. Le « barrage » s’élève, et, derrière, la retenue d’eau devient de plus enplus profonde.

Plus loin, des concrétions se reflètent sur les eaux calmes et limpides d’un lac, alimenté par unerivière souterraine, connue seulement sur 3 km. Naguère, des barques y glissaient, chargées de visiteurs.Mais, après un naufrage ayant causé 10 morts, ces promenades ont cessé.

Depuis 1807, elles attirent les visiteurs. Avec de bonnes chaussures, une petite laine car la tempé-rature varie entre 12 et 15°, et une certaine souplesse… pour affronter des passages étroits, vraiment trèsétroits !

Entrée Les Gours Stalactites

Concrétions Lac

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Quel bonheur pour les hommes de Néendertal de trouver un logement plus confortable qu’un abrisous roche ! Dès l’entrée, une salle spacieuse, bien protégée du vent et de la pluie, les attendait. Et unruisseau amenait l’eau courante. Aussi ont-ils vécu ici, très, très longtemps. Puis, vers 14 000 ans avantJC, les chasseurs de Cro-Magnon ont, à leur tour, apprécié cet endroit. Silex taillés, os de rennes, bou-quetins, aurochs, chevaux, témoignent d’une longue occupation active.

Au Néolithique, 4 000 ans avant JC, les hommes taillaient toujours des silex mais polissaient leurshaches. Plus sédentaires, ils pratiquaient l’élevage, et, dans les grottes, une sépulture collective recevaitleurs morts. Vers la fin de l’âge du bronze, ils étaient encore là, laissant d’importants vestiges, dont unenécropole souterraine avec tombes et urnes funéraires. Sachant se construire un abri, ils vont, peu à peu,abandonner les grottes et s’établir dans la plaine.

Les édifices religieux du Moyen-Age laissent supposer un lieu de pèlerinage. Où, plus tard, en1516, François 1er et sa mère viendront prier. Mais le portrait équestre du Roi n’a été peint qu’en 1882,par un artiste lyonnais payant ainsi son dû à l’aubergiste-gérant des Grottes !

Jadis, ces grottes ont vu danser bien des villageois, lors des fêtes locales. Et, au XVIIIème siècle,elles servirent de repaire au légendaire contrebandier Louis Mandrin.

Né vers Grenoble, en 1725, jeune homme aimable et courageux, il livra d’abord des mulets à l’ar-mée d’Italie en 1748. Puis, après des démêlés avec la Ferme, il rejoint des contrebandiers dont il de-viendra le chef. Dirigeant près de 200 hommes, ni brigands, ni assassins, il venait souvent en aide à ceuxqui étaient en conflit avec les employés de la Ferme.

Dans les états de Savoie, dépendant du Roi de Sardaigne, et dans les Cantons Suisses, il achetaittabac, coton imprimé, horloges… et entreposait armes et marchandises en Savoie. Ensuite, en s’assurantune sérieuse protection, il organisait des ventes publiques, fort appréciées par la population. S’attaquantaux Fermiers Généraux, il s’attirait le soutien populaire et l’admiration de philosophes comme Voltaire.

Coups, blessures, et morts d’hommes, résultaient des rencontres entre contrebandiers et douaniers.Sa bande, trop puissante, irritait le pouvoir royal et Louis XV envoya une armée pour l’arrêter. Mandrinse réfugia en Savoie, hors de France, mais 500 soldats, déguisés en paysans, pénétrèrent dans le Duchéet s’emparèrent de lui.

Les Fermiers Généraux accélérèrent son procès. Malgré l’intervention du Roi de Sardaigne, outrépar cette incursion sur ses territoires, Mandrin sera jugé en mai 1755 et roué à Valence.

Ainsi débutera la légende du bandit justicier, luttant contre les taxes de l’Ancien Régime, volantles riches pour donner aux pauvres, et se moquant de la maréchaussée.

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Les carrières

Jadis, à l’âge du bronze, les hommes ont laissé à Porcieu-Amblagnieu, armes, outils, et même uneenclume. Plus tard, devenus tailleurs de pierre, nombreux et actifs, ils ont permis la construction de ca-thédrales, monuments, ponts, etc... Ainsi, à Parmilieu, on dénombrait au XIXème siècle, plus de 30 car-rières. De nos jours, il en reste bien peu, et si elles fournissent encore des pierres de taille, elles produisentsurtout des blocs pour enrochement, et des graviers pour les routes. L’industrie mécanique a remplacél’industrie manuelle et la production de ciment constitue l’activité principale de la région.

MontalieuAutour du bourg, l’exploitation du calcaire est intense. Là, en 1922 se sont installées les cimenteries

Vicat, à l’époque, les plus belles cimenteries de France. Depuis, Vicat en a dispersé d’autres, en Franceet à l’étranger : U.S.A., Sénégal, Turquie, Suisse, égypte, Inde. Ici, cherchant à produire des ciments dehaute technicité, elles utilisent, pour alimenter leurs fours, jusqu’à 20 000 tonnes de… pneus usagés paran. Le calcaire extrait est surtout massif, parfois ponctué de pyrite, avec quelques géodes.

Sault-BrenazOui, le village est dans l’Ain, mais la carrière, au niveau du pont, se trouve sur la rive gauche du

Rhône, en Isère. Au cours des ans, de très belles calcites, en scalénoèdres pointus, ont attiré les cher-cheurs. Au-dessus de la carrière, en allant vers l’écluse, Encrines, Polypiers et autres petits fossiles, re-posent sur des dalles calcaires, tantôt ocres, tantôt noires.

Calcite de Montalieu Encrines de Sault-Brenaz Calcite de Sault-Brenaz110mm/110mm 88mm/82mm 60mm/48mm

À proximité dans l’AinVillebois, où, au XIXème siècle, on exploitait du minerai de fer aux belles Ammonites toarciennes,et, dans plus de 50 carrières, un calcaire dur, réputé pour sa qualité, le « choin ».

Serrières-de-Briord, où, Drian, en 1847, signale, près du bourg, à Crept, d’abondantes empreintesvégétales, dans des masses de tufs calcaires.

Cerin, dont le calcaire lithographique a permis de graver les illustrations de nombreux livres, cal-caire renfermant crocodile, poissons, méduse, étoiles de mer… Site protégé, recherches interdites,mais visite du Musée recommandée.

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4 – Morestel et ses environs

à la fin du Tertiaire, cette région devait être une étendue presque plate, limitée au Nord et à l’Ouestpar les plateaux calcaires du Jura, et au Sud par des collines en molasses gréseuses. à l’Est, coulait leRhône. Et, au Quaternaire, arrivent les glaciers alpins. Ils rabotent les vallées, poussant devant eux, desblocs arrachés à des montagnes lointaines, établissant un barrage avec cette « moraine ». Puis, ils fondentet se retirent. Cela plusieurs fois par glaciation et on en connait plus de 4. Dans chacune d’elles, se suc-cèdent des périodes de réchauffement et des périodes de refroidissement. Ainsi, pour la dernière glaciationde Würm, allant de -80 000 ans à -15 000 ans, les traces alluviales indiquent que les glaciers ont dûs’étendre et se retirer, au moins 12 fois, dans la plaine lyonnaise.

Morestelà chaque recul du glacier, un lac de retenue s’installe derrière la moraine. Ici, s’est formée une

vaste étendue d’eau, derrière un barrage situé aux environs de Salagnon où devaient émerger quelquesîles, parties isolées du plateau de l’Isle Crémieu. Quand, avec l’usure du temps, la moraine a cédé, le lacs’est vidé, et, à sa place, s’est installée une zone humide, recouverte d’alluvions, avec étangs, innom-brables marais, petits cours d’eau la drainant, comme la Save et l’Huert. Drainage que l’homme a amé-lioré en creusant des canaux.

L’eau, stagnant ou coulant sur un sol riche, a facilité la végétation. En 1847, Drian, dans « Pétro-graphie et Minéralogie des environs de Lyon », signale, vers Morestel, des empreintes végétales variées :fougères, conifères, branches, lycopodes, etc…

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La centrale nucléaire, construite à Creys-Malville au milieu du XXème

siècle, a fourni, pendant des dizaines d’années, une importante quantitéd’énergie à la région et à la France. Devenue vétuste, elle a dû arrêter sonfonctionnement en 1998. Le projet, pour son remplacement, n’ayant pasabouti, son démantèlement a été programmé, commencé, et doit se poursuivrejusqu’en 2027.

Naguère, à l’entrée de Creys, sur la gauche de la route venant de Mo-restel, s’ouvraient de grandes carrières. Le calcaire, dur, recélait quelques Bra-chiopodes et présentait, rarement, de petites géodes garnies de calcite.

SermerieuPetit village, situé à 5 km à l’ouest de Morestel, il possédait de vastes carrières dans le Kimmérid-

gien et proposait d’autres lieux de recherche.

-1- Partant de Sermerieu, en direction de Salagnon, la route longe le château de Saint-Martin. AuSud de ce château, plusieurs carrières travaillaient un calcaire à grain fin, aux intercalationsriches en fossiles : Bivalves divers et Brachiopodes. Puis, se présentait un calcaire en débris,offrant des formes avec un aspect de « chou-fleur », qui seraient des concrétions algaires. Ex-térieurement, ce n’est pas joli, joli. Mais, à la coupe…

-2- à 1 km au Sud de Sermerieu, dans les carrières de Champorreau, on retrouvait le même calcairedétritique et les mêmes concrétions.

-3- En venant d’Olouise, il convenait de remonter vers le hameau du Martinay. La route entaillaitles calcaires fossilifères du Kimméridgien.

- au début, des Ammonites, Streblites et Rasenia en particulier, se cachaient dans des calcairesgris ou jaunes, ponctués de bleu et de rose.

- plus haut, au niveau d’un rétrécissement, le dépôt devenait plus riche.- ensuite, se trouvaient d’autres niveaux, gris avec Perisphinctes, blancs ou jaunes avec Aspidoceras et Taramelliceras.

- vers le hameau, dans les passages marneux entre les calcaires, se tenaient de très rares Am-monites, mais surtout des Spongiaires, des Bivalves et des Brachiopodes.

Concrétions 170mm/102mm

66mm/ 40mm

Les environs de Morestel

Creys

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B – LA VERPILLIERE

Entre le massif calcaire de l’Isle Crémieu et les collines molassiques au Sud, la grande vallée deBourgoin - La Verpillière s’étire sur une vingtaine de km pour une largeur de 800 m environ. Les glaciersalpins, qui descendaient à l’Ouest jusqu’aux contreforts du Massif Central, l’ont surcreusée, en accu-mulant, au fond de cette cuvette, plusieurs mètres de sable, arrachés aux flancs des collines. Ils se sontretirés, il y a 20 000 ans.

Mais ils ont laissé, en certains endroits, d’énormes blocs de glace, enfouis sous des alluvions. Cesblocs, en fondant tardivement, ont amené la formation de lacs, comblés plus tard par des dépôts calcaires.Et, au-dessus, les tourbières sont apparues.

La tourbe… Matière combustible plus ou moins noirâtre selon son âge et ses conditions de forma-tion, elle est constituée par des plantes, surtout des mousses, se développant en surface, mourant vers lebas, et se carbonisant ainsi, à l’abri de l’air. Pour se chauffer, elle ne vaut pas la houille. Pour l’améliorer,il est nécessaire de lui enlever eau et terre.

Alors, on l’extrait au printemps, en la découpant avec une sorte de bêche, le « louchet », en blocsayant la taille de deux briques. Puis, on la laisse sécher, sur place, pendant tout l’été. Durant des siècleson l’a utilisée et, même au milieu du XXème, on pouvait encore voir des mottes de tourbe séchant ausoleil. Combustible de longue durée et… pas cher !

La faible pente a provoqué un mauvais drainage de cette région, créant, ainsi, une zone fortementmarécageuse. De nombreux petits cours d’eau la sillonnaient, en particulier la Bourbre venue des envi-rons du lac de Paladru. Et, au Moyen-âge, au milieu de ces marais, émergeait un môle calcaire, l’Isle

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d’Abeau, entre la Bourbre et le Chéruy, cours d’eau naissant vers Salagnon, canalisé maintenant par lecollecteur du Catelan.

Aux temps préhistoriques, l’homme a vécu ici. Mais, si au néolithique, dans des eaux calmes, ontrouvait poissons et coquillages, abattre les oiseaux des marais avec des flèches, cela posait un sérieuxproblème.

Aussi, c’est surtout à l’époque romaine, quand Vienne était une ville importante qu’un effort a étéfait pour assainir cette région, construire des villas pour les grands magistrats de la ville, pratiquer agri-culture et élevage, et même utiliser le « fer des marais », concrétion jaunâtre de limonite, ceci vers Bour-goin où les eaux de la Bourbre permettaient de laver abondamment ce minerai très impur, avant de lefondre.

Cela n’a pas duré. Après, pendant des siècles, on va laisser le champ libre à la nature pour faire cequi lui convient. D’autant plus que Savoie et Dauphiné n’étant pas des voisins aux relations courtoises,les conflits vont se succéder, les étendues plates facilitant le déplacement des troupes, et les châteaux-forts ne dominant pas la plaine du haut d’escarpements inaccessibles.

Alors, les manants, vivant sur ces terres, vont les utiliser en pâturage commun, payant au seigneur,une redevance en… avoine. Curieux, mais à cette époque, les chevaux, friands de cette céréale, étaienttrès nombreux, vraiment très nombreux, que ce soient de paisibles chevaux de labour ou de fougueuxdestriers emportant les chevaliers vers de rudes combats ou de longues expéditions lointaines.

Les villageois fauchaient aussi les plantes des marais, en particulier le carex, employé d’abordcomme litière pour les animaux et, devenu fumier, pour fertiliser les terres. Très abondantes, ces plantesfournissaient fourrage et litière, et des bateaux, remontant le Rhône, les transportaient même jusqu’àLyon…

En 1668, Louis XIV offre les marais de Bourgoin - La Verpillière au maréchal de Turenne. à lacondition qu’il procède à leur assèchement. Mais le vaillant soldat allait se heurter à l’hostilité des com-munes rurales qui redoutaient la perte de ces lieux de pâturage et aussi celle des prairies de fauchage.Quelques essais auront lieu au début du XVIIIème siècle, sans résultats notoires.

Il faudra attendre Napoléon Ier pour que cette opération soit effectuée. En 1807, un décret impérialétablit la conduction des travaux. Dès 1809, vers Pont-de-Chéruy, débute le creusement du canal de laBourbre. Le réseau de canaux sera achevé en 1815. Ensuite, il faudra affecter les terrains récupérés, etcela ne se fera pas sans problèmes !

L’asséchement des marais va améliorer les transports terrestres, et, à la fin du XIXème siècle, débutel’ère des chemins de fer. Cela anime la vallée, facilite les déplacements, le transport de marchandiseslourdes, permet le développement d’industries locales, tissages, métallurgie…

Puis, au début du XXème siècle, les chemins empierrés deviendront, peu à peu, des routes goudron-nées plus confortables.

Les grandes activités industrielles vont rester centrées dans les villes jusqu’aux environs de 1960.à partir de cette date, elles vont émigrer vers les campagnes où des km² de terrains plats accueillerontcommerces, entreprises, usines, entrepôts. De petits villages se transformeront en gros bourgs, autorouteset grandes nationales sillonneront la contrée, une intense activité de transit et de stockage surgira et denouvelles villes naîtront.

Par contre, l’exploitation des mines de fer, trop manuelle, va disparaître

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1 – Les Mines de Fer

Au Secondaire, les dépôts des mers se chargent de pellicules détritiques de fer, arrachées aux mon-tagnes par les fleuves. Le brassage constant des courants marins, associé à une certaine activité bacté-rienne, concentre ces dépôts en des zones précises, dans lesquelles abondent, parfois, des ammonites etautres animaux marins. Abondance due, vraisemblablement, à un milieu de lagunes.

Les marnes déposées, grises vers le bas, récupèrent des « oolithes ferrugineuses » et deviennentdes marno-calcaires d’un brun rougeâtre, durs, compacts, véritables minerais de fer. Au XIXème siècle,leurs couches horizontales, de faible teneur en métal, dépassant très rarement 1 m d’épaisseur, ont étéexploitées dans la région.

C’est seulement vers 1834 que seront découverts les gisements du secteur et que seront accordéesdes concessions, en particulier à Victor Frèrejean qui les récupèrera toutes en quelques années. Puits etgaleries seront creusés, mais la faible épaisseur métallifère entrainait un travail pénible et dangereux.

Les mineurs enlevaient le minerai en laissant, par ci, par là, des piliers plus ou moins épais poursoutenir la voûte. La roche était dure et ils ne pouvaient travailler debout que très rarement. De plus, despompes étaient nécessaires pour évacuer les eaux souterraines. Tout cela pas très conforme aux normesde sécurité actuelles, mais fournissait du travail à des centaines de personnes et permettait d’extraire an-nuellement jusqu’à 16 000 tonnes de minerai.

Minerai qu’il fallait transporter, pour traitement, aux Hauts-Fourneaux de Pont-Evêque, à proximitéde Vienne. Le chemin de fer ne passant pas en ces lieux, et la demande de création d’une ligne les des-servant ayant été refusée, il fallait l’acheminer par des « colliers », charrettes tirées par de robustes che-vaux, car le minerai de fer… c’est lourd !

Ensuite, il convenait de le fondre. Jadis, pour avoir du fer, on employait du charbon de bois, facileà obtenir. Quelques essais, en utilisant du vrai charbon, n’avaient fourni que du métal cassant, de mé-diocre qualité. Toutefois, dès le XIXème siècle, on commence, dans les villes, à utiliser le gaz d’éclairage,obtenu par distillation de la houille. Et ceci produit des résidus, en particuliers des goudrons et un nouveaucombustible : le « coke ».

Une distillation poussée fournit plus de gaz, mais le coke obtenu, trop léger et friable, ne convientpas pour la sidérurgie. Par contre, avec une distillation incomplète, le coke est alors plus lourd et massifet permet l’obtention d’un métal correct. Pour améliorer cette « fonte », on peut ensuite la refondre dansde plus petits hauts-fourneaux…

Les dures conditions de travail, les frais de transport élevés, et la concurrence des industries sidé-rurgiques de Lorraine, bien plus importantes, vont amener le déclin de ces exploitations, puis leur fer-meture en 1888. Les concessions seront réattribuées, en 1921, à la Compagnie des Hauts-Fourneaux deChasse, vers Givors, qui renoncera à les exploiter en 1933. Depuis, les déblais des anciennes mines fontle bonheur des amateurs de fossiles.

Une couche fossilifère analogue a été exploitée, à la même époque, à Villebois, dans l’Ain et là-bas, aussi, les chercheurs ont pu trouver des choses intéressantes. Mais le site le plus recherché, et leplus fouillé, celui qui a fourni les fossiles les plus beaux et les plus variés, est, sans aucun doute, celuide Saint-Quentin-Fallavier, tout près de La Verpillière.

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Du haut de ses 371mètres, le Mont Relong dominait les anciennes exploitations. Pour s’en appro-cher, il convient d’aller au hameau de La Fessy, au Nord de l’étang de Fallavier. Ce n’est pas très simple,car le petit village de naguère s’est bien transformé depuis 1970 environ.

Une grande autoroute, la A43 coupe presque toutes les routes de jadis. Sans qu’on puisse les em-prunter directement… La création d’un parc d’activités, avec une immense possibilité de stockage, unecirculation routière intense, cela a certes donné de l’importance à cette zone, et les bourgs et villages sesont énormément agrandis.

Plusieurs itinéraires sont possibles. Toutefois la A43 risque de vous égarer et de vous éloigner for-tement du but à atteindre. La N6 paraît préférable, en épluchant, très soigneusement, une carte routière,la meilleure étant la carte Michelin 110 concernant les environs de Lyon, récente, détaillée et… lisible !

Sur la carte ci-dessus, figurent seulement les noms nécessaires. Les lieux d’habitations sont enca-drés par un pointillé rouge, le noir situe les entrepôts et les zones industrielles.

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2 – Saint-Quentin-Fallavier

Lors de l’exploitation, la découverte de beaux fossiles du Toarcien et de l’Aalénien a enchanté lespaléontologues, très actifs à cette époque. Et, naguère, le Musée Guimet abritait une riche collectiond’Ammonites. à l’heure actuelle, il ne faut pas rêver, celles que l’on peut trouver en ces lieux, bienfouillés depuis longtemps, sont bien plus petites, mais variées et intéressantes.

Vers 1840, près de la Butte de Monthion, les recherches de minerai de fer étaient autorisées ensurface. Ailleurs, il fallait obtenir une concession et creuser, pour trouver des filons très durs, dépassantrarement 50 cm d’épaisseur. Puits et galeries, équipés de pompes pour évacuer l’eau, ont procuré du tra-vail à des dizaines de mineurs jusqu’en 1883.

On a creusé à La Fuly de chaque côté du ruisseau, près de la Maison Forte des Allinges, et aussivers La Roche dans un minerai moins riche. Mais, surtout, on a creusé au pied du Mont Relong et versle vieux château de Fallavier, abandonné depuis le XIIIème siècle. On recherchait un minerai de fer assezriche, oolithique, permettant d’obtenir un fer d’excellente qualité.

La couche fossilifère, proche des filons et pauvre en fer, était rejetée et abandonnée sur place. Etces déblais font le bonheur des collectionneurs, car ils sont beaux et variés, les fossiles de Saint-Quen-tin-Fallavier !

Vers le château, il était possible, naguère, de se garer en face de l’entrée du mur d’enceinte et deprendre ensuite, à 50 m en contrebas, un petit chemin menant aux haldes.

Près du hameau de La Fessy, un petit chemin descendait jusqu’à un enfourchement dans les bois,et les déblais gisaient à proximité. Puis, en revenant au croisement, un petit sentier remontant au Nord,conduisait à une galerie de mine.

Les importants travaux destinés à améliorer le transit routier, que ce soit vers le Parc d’Activitésde Chesnes ou vers la nouvelle route menant directement à Villefontaine, ont montré des traces d’ex-ploitation ancienne, avec galeries et puits inondés, ainsi que des affleurements dans la tranchée de cettenouvelle route.

En général, les galeries sont inaccessibles et dangereuses. Des chercheurs, quelque peu abusifs etpas très futés, ont démoli les piliers laissés par les mineurs, et la voûte se trouve, de ce fait, mal soutenueen maints endroits. Et les vibrations peuvent provoquer un éboulement, car la roche est dure, très dure,et il faut frapper fort, très fort…

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Fouiller les déblais en surface, à la lumière du jour, présente moins de risques et peut fournir debons résultats. Ne pas hésiter à refendre des blocs, même de petite taille, car souvent, ici, à la fossilisation,la coquille a disparu, laissant moule interne et moule externe en parfait état, jusqu’au centre, moules sé-parés par un espace vide.

D’où, fréquemment, de belles pièces, brutes. Et quel plaisir de voir apparaître, hélas rarement, debelles Ammonites dorées par la chalcopyrite qui les recouvre. à nettoyer ensuite, avec délicatesse, carcette mince pellicule de métal ne dépasse guère ¼ de mm en épaisseur. Laver avec un détergent léger,en évitant les poudres abrasives pouvant en rayer la surface. Elles sont petites mais très belles.

Les calcaires sont parfois noirâtres, mais le plus souvent brun orangé à brun rouge lorsqu’ils sechargent en « oolithes ferrugineuses ». Quand ces derniers s’associent à une couche de minerai dequelques cm d’épaisseur, on a le « Banc des Coquillages » où voisinent des fossiles, parfois très diffé-rents. Les dégager et les mettre en valeur, cela demande un peu de patience… Mouiller ce calcaire, pen-dant un court instant, rend le travail plus facile.

Alors, bonnes recherches dans la végétation, bonnes découvertes, et bon rangement, car, mainte-nant, il faut identifier vos trouvailles et les ranger !

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3 – Les Fossiles

En ce lieu, les fossiles s’échelonnent entre le Toarcien inférieur et l’Aalénien supérieur, soit de -187 MA à -176 MA, ce qui représente une petite durée géologique. Dans une couche fossilifère peuépaisse, quelquefois, les sous-étages se mélangent un peu et demeurent, évidemment, très proches. Cecis’accentue dans les déblais, car les mineurs, en les rejetant et les laissant sur place, ne les ont pas classéspar zones…

En plus, les deux zones les plus représentées appartiennent à deux étages différents voisins : zoneà Aalensis pour le Toarcien supérieur et zone à Opalinum pour l’Aalénien inférieur. Et, certains fossilesde ces deux zones montrent des aspects extérieurs vraiment très proches… Les Céphalopodes sont ma-joritaires, mais voisinent parfois avec d’autres variétés de Mollusques.

Gastéropodes, Bivalves

Assez rares, souvent difficiles à nettoyer pour ôter les oolithes qui les recouvrent plus ou moins etrongent leur coquille, ils ne sont guère recherchés, sauf par les spécialistes. Pourtant, certains sont élé-gants, curieux, et, à notre époque, des formes, analogues aux leurs, peuplent encore les rivages… Géné-ralement de petite taille, ils peuvent être solitaires, ou, plus fréquemment, associés à d’autres fossiles,donnant un nouvel aspect aux découvertes.

Amberleya, Pleurotomaria, Bivalve, Ammonite Amberleya, Ptycomphaleus80mm /80mm 42mm/33mm

Petrochus Discohelix25mm/17mm 20mm/17mm

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Céphalopodes

Une végétation envahissante et… piquante recouvre les déblais où de nombreuses Ammonites sedissimulent dans des blocs plus ou moins importants. Il y en a parfois de très belles dans de petits blocs.Ne pas les négliger. Elles appartiennent à plusieurs familles dont les plus fréquentes et les mieux repré-sentées sont :

-les Graphoceratidae, les plus courants, présentant de nombreux spécimens. Bien qu’appartenantà des étages différents, Dumortiera, Pleydellia, Leioceras, se côtoient… et se ressemblent beau-coup. L’abondance de certaines variétés a permis d’établir de nombreux genres et espèces. Auxdifférences parfois subtiles, en particulier pour les Leioceras.

-les Lytoceratidae, relativement rares, alors qu’elles abondent dans d’autres sites de la région lyon-naise, montrant d’énormes différences de taille.

-les Dactylioceratidae exhibant leur costulation bien marquée et esthétique, fort recherchées parles amateurs.

-les Hildoceratidae offrant, entre autres, de splendides Harpoceras et de beaux Hildoceras, trèscaractéristiques.

-les Hammatoceratidae, peu fréquents, avec de curieuses petites pièces.-les Phylloceratidae, famille déjà ancienne et qui va se prolonger encore pendant longtemps, avecdes exemplaires variés et agréables à regarder.

Le plus souvent, les oolithes n’ont pas endommagé les moules internes des coquilles, ce qui permetd’obtenir des pièces nettes, d’un aspect plaisant. Limiter le sciage aux pièces mineures, le résultat donnantdes coupes rarement très satisfaisantes.

Bloc fossilifère du « Banc des Coquillages »170mm/140mm

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Leioceras 44mm/37mm Leioceras 20mm/16mm Leioceras 34mm/30mm

Pleydellia 61mm/56mm Pleydellia 61mm/56mm

Pleydellia 61mm/56mm Pleydellia 61mm/56mm

Pseudammatoceras 20mm/19mm Haugia 45mm/40mm

Pleydellia 81mm/69mmet Pleydellia 42mm/34mm

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Phylloceras 42mm/33mm

Catacoeloceras 31mm/27mm Phylloceras 35mm/26mm Callyphylloceras 25mm/18mm

Dimensions totales 135mm/119mmLeioceras doré

Pleydellia,et autres leioceras

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4 – La Verpillière Nord

La région

Au Nord s’élèvent les dernières hauteurs de l’Isle Crémieu. Sur ce relief peu élevé, bois et pâturagesdominent, créant un paysage verdoyant, où, dans des dépressions, miroitent quelques étangs. Alimentéspar des sources et des eaux de ruissellement, ils vont donner naissance à de petits cours d’eau qui re-joindront les canaux, surtout le Canal de Catelan.

Au Sud, vers Bourgoin et La Verpillière, ces pentes méridionales du plateau de Crémieu s’encas-trent dans une zone, jadis très marécageuse, demeurant encore bien humide. Là, coule la Bourbre, néeprès du lac de Paladru, canalisée en aval de Bourgoin. Elle reçoit les eaux recueillies par le Canal de Ca-telan, puis se dirige, plein Nord, vers le Rhône, qu’elle rejoint, redevenue rivière non canalisée, à Pont-de-Chéruy.

à l’Ouest, très proche de la limite de l’Isle Crémieu, vers Chamagnieu, les sédiments marins duSecondaire laissent apparaître des roches primaires, surgissant au milieu de dépôts secondaires et ter-tiaires. Restes d’un ilot, à une quarantaine de km du Massif Central ? Petite partie d’un socle ancien, ar-rachée au sous-sol par le soulèvement de l’Isle Crémieu ? Ou…

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Et l’homme

Pour s’installer, l’homme a su choisir les lieux où la vie lui semblait plus facile. évitant les régionsmarécageuses, il a préféré les pentes voisines, près des régions boisées, trouvant ainsi, vers son habitat,eau, poissons, gibier. Cet ancêtre lointain n’a guère laissé de traces.

Par contre, de l’époque gallo-romaine, restent des objets témoignant d’une activité artisanale variée,en particulier à Saint-Marcel-Bel-Accueil. Céramique et poterie ont fourni de nombreux tessons. D’unemétallurgie du fer, utilisant le « fer des marais », restent quelques objets usuels.

à la fin de l’Empire Romain, une période d’instabilité a incité de riches propriétaires à enfouirleurs richesses dans le sol, avant de s’enfuir en pensant les récupérer ensuite. Cela n’a pas toujours réussiet ces trésors n’ont souvent été découverts que des siècles plus tard. Ainsi, au Vernay, à Saint-Marcel-Bel-Accueil, l’un d’eux a livré de nombreuses pièces de monnaie romaine et des bijoux. Toutefois, lecalme revenu, à leur retour, certains ont pu récupérer leurs biens. Et mener, après, une existence quelquepeu sédentaire, pratiquant le commerce, l’agriculture, filant la laine et tissant.

Puis, malgré quelques périodes agitées, la vie s’est écoulée assez calmement, ici, jusqu’au milieudu XIXème siècle. La découverte des mines de fer à Saint-Quentin-Fallavier va entrainer l’attribution deconcessions minières dans des régions voisines. Sur la commune de Panossas, des recherches ont étéfaites vers le hameau du Serre. De même à Saint-Marcel-Bel-Accueil, au château de Chanille. Ainsi qu’àCorbeyssieu, sur le territoire de Frontonas. Mais, ces divers travaux, non rentables, n’ont eu qu’unebrève durée.

Une remarque : ces lieux de recherches se situent près d’une ligne joignant Saint-Quentin-Fallavierà Hières-sur-Amby. Ce qui laisse supposer l’existence d’une bande métallifère s’étendant, sous le plateaude l’Isle Crémieu, entre ces deux cités.

à la même période, l’attribution des terres récupérées sur les « Grands marais » a produit une ex-tension de l’agriculture, mais si on cultive ces endroits, on n’y habite que rarement, car des insectesbruyants et… piquants les peuplent encore. Tandis que, sur les pentes des coteaux, se sont installés desvillages aux hameaux regroupant plusieurs demeures. Rares sont les propriétés isolées. Vie rurale, tour-née vers l’agriculture et l’élevage, d’une manière plus domestique qu’intensive.

Au XXème siècle, la croissance des grandes villes, l’augmentation de la population, le déplacementdes industries urbaines vers la campagne, tout cela a causé l’expansion de ces villages, plus proches deslieux de travail. Les familles résidentielles ont permis le développement de divers commerces artisanaux.La cuisine locale, les randonnées proposées et des distractions diverses attirent les touristes.

Parmi les activités suggérées et organisées, il en est une, très particulière, à Chamagnieu. L’an-cienne carrière, dans du granit, s’est transformée en… site de plongée. Car, les sources qui l’alimententlui procurent une eau d’excellente qualité, permettant de voir, à une dizaine de mètres, une riche fauneaquatique, où se côtoient perches, carpes, écrevisses, etc… évoluant entre des parois où, naguère, bril-laient des cristaux de fluorite.

Pour les amateurs de fossiles, le site de Corbeyssieu était très recherché. Maintenant, il est interdit,par suite de travaux abusifs de certains chercheurs.

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CorbeyssieuTrès proches, Chanille et Corbeyssieu ont dû être exploités et abandonnés en même temps. Si

Chanille est cernée par des murs, le site de Corbeyssieu se trouvait au bord du chemin. Au lieu-dit Corbeyssieu, on prenait la route menant à La Léchère, Massenas… Au premier virage, à 100 m de la bi-furcation, la couche fossilifère affleurait, au flanc d’un talus. Et, à son pied, un fossé bien entretenu, per-mettait l’écoulement des eaux.

Les travaux d’entretien rejetaient des Ammonites et de petits blocs. Ces fossiles, noyés dans unemasse d’oolithes, pas attrayants du tout, réservaient au sciage, de belles surprises. Et si leur faible épais-seur nécessitait l’usure d’une face, le résultat était plaisant, à 90%. Parfois, les petits blocs renfermaientdes Ammonites spectaculaires.

Des oolithes recouvrent la surface.Dedans, hématite et goethite noires côtoient marnes et calcaires aux couleurs diverses.

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Harpoceras 80mm/65mm Pleydellia 32mm/25mm Pseudoleioceras 52mm/41mmLeioceras 34mm/30mm

70mm/55mm

80mm/70mm Coupe transparente 67mm/52mmen usant les 2 faces

47mm/38mm

51mm/40mm 55mm/46mm

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RÉGION DE VIENNE

Là, s’étale une vaste plaine où quelques rares collines, dépassant rarement 300 m d’altitude, do-minent le paysage, et qui prolonge celle située vers Bourgoin. Une pente très douce aboutit au Rhône etvient se heurter, près de Vienne, aux restes bien plus âgés de vieux massifs au moins primaires.

Naguère, cette plaine, le Viennois, englobait une partie importante, placée dans le « coude » duRhône, très proche de Lyon. Plaine que le Grand Lyon va récupérer pour s’agrandir, se loger, en trans-formant de petits villages en zones d’habitation et d’activités. Ici, se trouvent maintenant aéroport, grandstade, raffinerie, usines, immenses entrepôts et commerces. Le tout desservi par de nombreuses routes,voies rapides, autoroutes. Zone industrielle avec un fort trafic routier.

L’Isère a gardé la zone al-lant du Sud de Chasse-sur-Rhôneau département de la Drôme, unerégion dont le développement dé-mographique et industriel estbien moins important. C’est la« campagne » avec ses vergers,ses champs bien cultivés, sesprairies, ses petits villages auxmaisons basses, avec parfois devieux châteaux à la longue his-toire.

Dans les vallées, on voitserpenter ses nombreuses petitesrivières, d’aspect paisible etcalme, alimentées par la fontedes neiges alpines, d’où des cruesviolentes et dangereuses. àl’Ouest, le Rhône les accueille.Ainsi, s’établit une plaine flu-viale fertile, bordée à l’Est pardes « terrasses » peu élevées, da-tées du Miocène, où les coursd’eau ont laissé des dépôts plusou moins importants que lesgrands glaciers quaternaires vontmodifier et compléter.

Puis à la fin des glaciations, il y a environ 20 000 ans, de grands mammifères vont venir se repaîtredans ces verts pâturages, limités par les eaux tumultueuses du Rhône, en laissant en maints endroits destraces, bien souvent peu spectaculaires, de leur passage. Traces qui ont permis de concevoir la vie ani-male, telle qu’elle devait être à cette époque.

Et d’imaginer l’Homo sapiens contemplant, avec envie, ces montagnes de viande qu’étaient lesmammouths, les chassant avec des armes et des outils bien rudimentaires et consommant très rapidementcette nourriture. Urus et chevaux seront aussi poursuivis et dévorés. Plus tard, l’homme les domestiqueraet, durant des millénaires, il les utilisera.

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1 – Le Viennois

Dès le milieu du XIXème siècle, les paléontologues ont recherché les traces de ces géants. Le plusconnu, dans la région, c’est le « Mammouth de Choulans », trouvé à Lyon au pied de cette colline, et quis’expose maintenant au Musée des Confluences.

Mais, il n’était pas le seul à fouler ces terres, et en 1847, dans « Minéralogie et Pétralogie des en-virons de Lyon », Drian signale… 18 gisements d’ossements de mammifères, surtout des mammouths,dans la vallée de la Gère, vers Estrablin, au Plateau de l’Hermitage. Plus récemment, on a découvertdans le lit du Rhône, et dans la tranchée de l’autoroute, vers Chasse, des fragments de défenses, des mo-laires, des mandibules…

Plusieurs chercheurs ont publié, en 1980, dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Lyon, les ré-sultats d’une étude faite à Roussillon, à environ 20 km au Sud de Vienne. Mammouths, Urus, Chevauxde Solutré, ont vécu ici, il y a moins de 20 000 ans, après la dernière glaciation. Les traces de ces mam-mifères würmiens se situaient :

Terrasse de St-Rambert d’Albon1-St-Maurice l’Exil

-mandibule d’urus,- ancêtre de nos bovins-aimant les prairies ombragées

2-Les Blaches-Sud-fragments de défenses-ossements d’urus

3-Les Blaches-Nord-humérus de cheval

4-Vers le Stade-molaires de mammouths-dents de cheval

Plaine alluviale du Rhône5-Ratissou-Nord

-ossements de chevaux-troncs de chênes

On peut signaler aussid’après Drian en 1847Anjou et Ville-sous-Anjou

-sur rive gauche de la Sanne-troncs et racines bien conservés-dans banc d’argile bleue

Ensuite, Homo sapiens, d’abord pêcheur et chasseur, puis cultivateur, s’est installé sur ces terri-toires, où la vie semblait relativement facile, avec la protection au Nord et à l’Ouest du Rhône. Toutefois,ces terres fertiles ont connu plusieurs envahisseurs.

Et il y a 2 000 ans, venus du centre de l’Italie, les Romains ont apporté une nouvelle civilisation,transformant le mode de vie des Gaulois, construisant monuments, temples ainsi que vastes et splendidesvillas, surtout vers leur grande ville : Vienne.

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2 – Vienne

Sur un sol géologique très différent de celui du Viennois, les Gaulois avaient installé une petitecité. Des conquérants, les Romains, vont la transformer en une ville très importante, Vienne. Après l’ef-fondrement de leur Empire, elle subira, comme bien d’autres régions, les invasions des Barbares venusdu Nord et de l’Est.

Les Burgondes s’établiront ici et constitueront, pendant des siècles, le puissant royaume de Bour-gogne. Vienne verra défiler les hordes hongroises, les cavaliers arabes, les armées médiévales, mais sonancienne influence diminuera encore. Elle ne retrouvera une brève importance qu’au XIXème siècle, avecl’exploitation des mines proches de la cité.

Le socle géologique

De nos jours, Vienne est une ville active, située au bord du Rhône, ville que dominent quelquescollines, appelées, ici, des « Monts » ! Mais, si on remonte le cours du temps, on réalise que le Rhônen’a pu exister avant l’apparition des Alpes, au Tertiaire, et que son brutal changement de direction a dûêtre causé par un obstacle majeur : le Massif Central.

Or, avant la naissance de ce Massif, il existait déjà, dans les mers,une zone de hauts-fonds, allant de laBretagne à la Bohême, présentant dès lePrécambrien quelques émersions tempo-raires. Au Nord desquelles, pendant descentaines de M.A., sont venus se déposerdes sédiments primaires, qui ont créé, auCarbonifère, le bassin houiller de St-Etienne.

Ensuite, les mers secondaires vontlaisser leurs dépôts, sur et contre ce soclecristallin.

Puis, le Rhône, dévié de sa coursevers l’Ouest par ce « barrage » du MassifCentral, va le longer en empruntant desdéfilés déjà présents. Ainsi, il va isolerla zone rocheuse de Vienne, de celle duMassif du Pilat, à laquelle elle devait ap-partenir.

Donc, la zone de Vienne est sur unsol très ancien pouvant dater de plus de600 M.A.

à l’Est de Vienne, les cours d’eau venant des Alpes serpentent dans une vaste plaine, laissant desdépôts tertiaires au Miocène et quaternaires ensuite. Plus récents, ceux datés de l’Holocène, se trouventà l’Est de Pont-Evêque, et au Sud de Vienne, après le péage sur l’A7.

Et, au bord du Rhône, les alluvions forment une plaine fertile s’élargissant vers le Sud.

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Petite histoire de la ville

Sur la rive gauche du Rhône, au pied de cinq petites collines, une puissante tribu gauloise, les Allobroges, installe son principal village. Village dont les Romains s’emparent en 61 av. J-C, s’y éta-blissent et le nomment : Vienne. C’est là que Jules César franchit le Rhône pour conquérir la Gaule.Cette ville attire des marchands romains, venus s’enrichir. Excédés par leurs trafics, les Viennois les ex-pulsent en 44 av. J-C. Ils vont se fixer au confluent Rhône-Saône et fonder Lyon.

Période romaine faste ! Vienne devient rapidement une puissante cité, bien située dans l’Empireromain dont, avec 30 000 habitants, elle est l’un des fleurons. Au Ier siècle, l’Empereur Auguste favoriseson extension et sa protection. Une enceinte de 7 200 m, renforcée par des tours, enserre le sommet descinq collines, et, à l’intérieur, sur plus de 200 hectares, se développe une intense activité.

Des aqueducs conduisent l’eau vers les belles maisons de la cité, et aux Thermes. On bâtit le Templed’Auguste et de Livie, un vaste théâtre accueille les spectateurs qui peuvent, aussi, aller encourager lesconducteurs de chars dans un Cirque, dont seul subsiste, aujourd’hui, un obélisque : la Pyramide.

La ville artisanale s’étire le long de la vallée de la Gère, dont les eaux permettent de donner unemeilleure « trempe » au fer, produisant des armes et outils plus résistants. Sur la rive droite du fleuve,d’énormes entrepôts voisinent avec de spacieuses « villas » aux riches ornements.

Mais l’Empire romain décline, s’effondre, invasions barbares et autres se succèdent. Les Burgondesoccupent le site, voient passer des hordes hongroises. En 730, Vienne doit résister aux Sarrasins. Nepouvant prendre la ville, ils saccagent les faubourgs, détruisant monuments et églises.

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Toutefois, Vienne demeure, pendant des siècles, une importante cité religieuse où les archevêquesdisposent d’un pouvoir considérable. Lentement, une cathédrale s’élève. Et, sur le Mont Salomon, où sesitue actuellement le nouvel hôpital, un château – naguère masqué par la végétation – leur sert de rési-dence et permet de surveiller la vallée du Rhône et la région Est.

Au XIVème siècle le pouvoir royal grandit. En 1311, le Roi de France, Philippe IV le Bel, obtientla tenue d’un concile religieux, présidé par le Pape Clément V, concile qui a lieu à Vienne et condamneles Templiers. Peu après, en 1336, Philippe VI de Valois, Roi de France, récupère la rive droite du Rhôneet fait ériger, à Ste-Colombe, la Tour des Valois.

Au XVème siècle, sous Louis XI, Vienne, cité du Roi, voit son influence éclipsée par celle de Lyon.Plus tard, pendant les guerres de religion, Catholiques et Protestants la prennent et se la reprennent. Sondéclin va s’accentuer ensuite. En 1652, une violente crue du fleuve détruit le pont de pierre reliant lesdeux rives, coupant le trafic Est-Ouest. En plus, tous les conflits avec des pays voisins occasionnent denombreux passages de troupes, logeant chez l’habitant !... D’où, en 1700, un exode des Viennois vers…St-Etienne. Vienne n’est plus une grande ville.

Renouveau au XVIIIème ! Dès 1727 l’industrie drapière occupe des milliers d’ouvriers. Et à partirde 1726, la famille Blumenstein procède à des recherches minières et exploite quelques filons métalli-fères. Mais les plus importants ne présenteront un intérêt économique qu’après la Révolution Française,au milieu du XIXème siècle. à la même époque, l’industrie textile croît, utilisant, pour ses métiers, leseaux vives de la Gère, puis la vapeur ! Car le progrès arrive, on change de sources d’énergie et débutentde nouveaux modes de déplacement…

Les filons s’épuisent, les mines ferment. L’industrie textile, devient moins active, finit par dispa-raître, pour le tissage en 1987, pour les filatures en 1995. Entre temps, la cité prend une vie nouvelle : lepont, construit en 1938, détruit par les Allemands en 1944, est remis en service en 1949. Vienne se trans-forme en un site de passage. Et cette ville, grâce à son très riche patrimoine artistique et historique,visible dans la ville ou au Musée de Saint-Romain-en Gal, propose des activités touristiques et culturellesvariées.

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3 – Les filons métallifères

Molasses du Miocène, galets au Pliocène et dépôts des glaciers quaternaires ont recouvert des mi-caschistes et des gneiss très anciens. Là, dans une gangue composée de quartz, de barytine et de fluorite,reposent des filons renfermant surtout galène et blende, minerais de plomb et de zinc. En 1847, dans« Minéralogie et Pétralogie des environs de Lyon », Drian indique les minéraux pouvant leur être asso-ciés. Et, en 1966, « Les filons de la région de Vienne », étude du B.R.G.M., faite par Jacqueson et Meloux,les décrit et les situe.

Ces filons sont restés inexploités pendant bien longtemps. Les Romains, pourtant bien installés àVienne, semblent les avoir ignorés. Leurs divers successeurs aussi. Ils n’ont été trouvés qu’au début duXVIIIème siècle quand la famille Blumenstein entreprend, de 1726 à 1840, des recherches de galène,plomb argentifère très recherché à cette époque

On a cherché et creusé en maints endroits, au Nord et au Sud de Vienne, en se heurtant à des dif-ficultés causées par des propriétaires terriens locaux. On a même creusé dans la ville, et là, on a rencontréd’importants problèmes d’inondations causées par les crues de la Gère. D’où, Malgré leur intérêt, aban-don de ces travaux que des constructions dissimulent maintenant.

Vers 1980, on pouvait encore trouver quelques restes de ces travaux et recueillir, dans les déblais,des pièces intéressantes. Depuis, c’est une autre histoire ! Car, l’urbanisation en ville et au Nord, la créa-tion de routes et autoroutes au Sud, ont effacé les traces de ces haldes.

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Au Nord De Vienne

PaufilSur la rive droite de la Vallée de Levau où coule la Sevenne, ainsi que sur les escarpements domi-

nant la rivière, affleurait un riche gisement de galène, en gros amas pouvant atteindre plusieurs mètresd’épaisseur. Filon dans des micaschistes, avec gangue de quartz, barytine et fluorite.

Monsieur de Blumenstein ne l’exploitera que de 1729 à 1733, car les propriétaires terriens locauxredoutaient le dépérissement de leurs prairies et la disparition d’une belle fontaine. Son fils reprendrales travaux de 1740 à 1743, aura les mêmes problèmes et verra, en plus, diminuer la richesse en galène,et augmenter la production de blende, peu utilisée. Alors, on ferme.

EstressinDe 1750 à 1760, Monsieur de Blumenstein exploite, à Estressin, le très important filon de galène

qu’il a découvert. Mais, comme à Paufil, avec les propriétaires proches, les relations ne sont pas très…amicales, et les travaux s’arrêtent.

Dommage, car en 1844, dans « Statistiques de l’Isère », Gueymard parle de la considérable puis-sance de ce filon, « inscrit dans des micaschistes et composé de plomb supporté par quartz et fluorite ».Et en 1847, Drian, dans son ouvrage sur les environs de Lyon, indique la présence de blende, de fluoritecristallisée, de cuivre carbonaté bleu ou vert, azurite ou malachite.

Pendant de longues années, rien n’est venu troubler la quiétude des lieux. Des recherches, au débutdu XXème siècle, laissent supposer que le filon n’est pas totalement épuisé. Mais il demeure abandonné,avec de faibles haldes, peu visibles, recélant, parfois, d’assez jolies petites choses…

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Au Sud de VienneLa Poipe ou La Poype

Minéraux cités par DrianBarytine

-cristallisée dans géodes-en petites gerbes étoilées

Calcite-rhomboèdres dans géodes de quartz-prismes sur mamelons de blende-dodécaèdres un peu arrondis

Dolomie dans géodes de quartzPyrite disséminée dans quartz calcédoinePlomb

- dans filon avec blende et pyrite-en cubooctaèdres

Plumbogommite-sur pyramides de quartz-grains d’aspect gélatineux-surtout blancs, jaunes

Smithsonite-dans les fissures des filons-jamais dans géodes de quartz

Zinc-blende masssive-cristaux en tétraèdres ou dodécaèdres

De 1777 à 1840, la famille Blumenstein exploite le site. Seule la galène est recherchée, et la blendes’accumule dans les déblais. Peu à peu la galène devient rare et les travaux cessent. Reste la blende, etplus tard, la galvanisation à chaud, en plongeant le métal à protéger dans un bain de zinc en fusion, varedonner un peu d’activité.

Puis, l’électricité arrive et permet une galvanisation à froid, par électrolyse. Le fer galvanisé, quece soient seaux, bassines, etc… devient présent dans tous les foyers, jusqu’à l’arrivée du plastique !Alors, de 1895 à 1908, la mine revit. En plein essor, avec ses galeries sur 9 niveaux reliés par un puitsde 190 m, elle va produire 20 000 tonnes de blende et 2 500 tonnes de galène.

Mais, le filon s’appauvrit et en 1908, il est considéré comme épuisé. C’est la fin des travaux.Seules, restent sur place des haldes, abondantes naguère, qui seront utilisées, vers 1980, pour empierrerles routes. Peut-être en reste-t-il quelques traces…

Pour accéder au site, en venant de Lyon, il vaut mieux ne pas garder l’A7. à Vienne, ne pas longerle Rhône, mais utiliser le prolongement de la N7, longeant la voie du chemin de fer. Avant le passagesous l’A7, à St-Christ, prendre la direction La Balme, sur environ 2 km. Là, sur la droite, un chemin em-pierré conduit aux haldes.

Naguère, elles étaient surtout riches en quartz et en blende, avec des minéraux d’altération du zincdifficiles à identifier, en dehors de la smithsonite. Par contre, certains sont très fluorescents avec desU.V. ondes courtes, mais aussi très difficiles à photographier…

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Galène sur Smithsonite Smithsonite sur Quartz noir Galène 22mm /22mm 80mm /36mm 21mm /21mm

Quartz noir et ? Galène et Blende Plumbogommite ?12mm /16mm 15mm /15mm 17mm /22mm

Calcédoine sur Quartz Smihsonite80mm /42mm 77mm /43mm

Calcite Dolomie Smihsonite16mm /16mm 17mm /17mm 32mm /32mm

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Un mélange… Smithsonite rose et blende miel28mm /16mm 35mm /12mm

Mixite Linarite Malachite16mm/16mm 5mm /5mm 8mm /8mm

Blende et quartz 75mm /70mm Smithsonite 32mm /26mm

Le Nord-Ouest de l’Isère, quelle région accueillante pour l’homme !... Dès la préhistoire, dans desgrottes ou sur un plateau surélevé, il a trouvé refuge, chassant et pêchant à proximité. Très tôt, les vastesplaines fertiles lui ont permis cultures et élevage. Et, si pendant des siècles, leur sol plat a facilité inva-sions et conquêtes, il a aussi favorisé relations et commerce.

Puis, l’homme a diversifié ses efforts, travaillant métaux, cuir, laine, tissus. L’exploitation du sous-sol va, pendant des dizaines d’années, amplifier son activité. Hélas, les mines s’épuisent, et avec la ci-vilisation, les besoins en métaux croissent énormément. Combien d’armées romaines ou médiévalespourrait-on équiper avec le fer nécessaire à la construction d’un porte-avions ou d’un gigantesque pa-quebot de croisière ?

Maintenant, depuis le milieu du XXème siècle, une vaste expansion démographique et économiquea envahi maints endroits, mais, demeurent encore beaucoup de lieux calmes, où on peut flâner et se re-poser.

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par Maurice SAULNIER

I - Les sables de Trévoux

Les sables de Trévoux, du Pliocène, recouvrent les marnes d’eau douce pliocènes. Ce sont des sa-bles fluviatiles fins ou grossiers, jaunâtres, à passées de graviers et de galets à lentilles hétérogènes degalets mous et de nodules ferrugineux. Ils témoignent, à la fin du Pliocène, d’un cours ancien de la Saônes’étalant en un vaste bassin correspondant aujourd’hui à la partie occidentale de la Dombes et au val deSaône entre Montmerle au nord et Neuville au sud.

Ces sables affleurent bien entre Jassans et Trévoux derrière un ancien restaurant, l’Auberge dubois, faisant face à ce qui était l’ancienne plage de Villefranche. Ce lieu est maintenant privé et une partieest occupée par un stand de tir. Le faciès est typique et on a pu y trouver des débris de gastéropodescontinentaux du Pliocène terminal: helix chaxi, zonites collongeoni, triptychia terveri, vivi para ventri-cosa. Ces sables ont livré une faune de mammifères du Pliocène supérieur (niveau de Montpellier), mas-todonte arvernensis, et rhinocéros leptorhinus.

II - Les aétites.

La couche ferrugineuse des sables de Trévoux contient, nous l’avons dit plus haut, des nodulesqui sont en fait des galets creux constitués d’un peroxyde de fer dont la formule est : Fe3 (OH) 2.

Ils sont appelés aétites, car ils sonnent quand on les secoue près de son oreille, signalant la présencede sable ou d’un caillou à l’intérieur.

Cette curiosité a fait l’objet de la légende des pierres à grelot que, disait-on, les aigles plaçaientdans leur nid et qui pour cela étaient aussi appelées « pierres d’aigle ».

Toutes les aétites ne sonnent pas hélas ! Mais elles ont en plus des origines étonnantes. Elles ontsouvent des formes qui intriguent. On découvre alors que certaines sont des insectes fossilisés, et des

formes osseuses. Ainsi pourra-t-ontrouver en nombre relativement inté-ressant, des corps vertébraux de mam-mifères dont la détermination devientextrêmement difficile. Ces corps ver-tébraux ont des tailles différentes et nepeuvent nous permettre de déterminers’ils appartiennent à un même animalou pas, n’ayant pas la possibilité defaire une étude stratigraphique deslieux. De plus, avec de la chance, ontrouve des corps médullaires. Nous ar-rivons ainsi à reconstituer une vertè-bre complète où ne manquent plus queles arrêtes usées par le temps et dispa-

Aétites, Gogottes et fossiles de la Dombes

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rues. Ces traces d’ossements nous incitent à nous demander si ces aétites pourraient être de formationplus récente. On signale en effet la présence d’aétites dans le Villafranchien (quaternaire) qui semble re-poser en concordance sur les sables de Trévoux1, Villafranchien dans lequel ont justement été retrouvésdes ossements de mammifères (voir plus loin).

Les aétites ne sont pas exclusivement présentes dans la Dombes . On va en trouver à Corcelles enBeaujolais et en d’autres endroits en France comme au Cap de la Chèvre dans la presqu’île de Crozon.Un voisinage étonnant avec des roches d’âge primaire (paléozoïque) et la présence de bombes sous-ma-rines dé plus de 500 millions d’années, les dolérites.

III- Les gogottes de la Dombes

Elles sont des concrétions gréseuses alliant quartz et cal-cite, minéraux qui dans le cas présent se retrouvent normalementdans les sables de Trévoux.

Les tailles et les formes sont multiples. Elles sont souventanthropomorphes et peuvent faire l’objet de statuettes, de décoren tableaux. Elles offrent une grande diversité. Bien sûr, les go-gottes de la Dombes n’ont pas la prétention de rivaliser avec lescélèbres gogottes de Fontainebleau, dont les sables fins et blancss’allient pour créer les magnifiques cristaux. Ceux-ci, dits « cal-cites de Bellecroix » ont fait l’objet d’un timbre-poste avec troisautres espèces minérales françaises les sperkises (pyrites) du capBlanc-Nez (Pas de Calais), les fluorines du Beix (Puy de Dôme)et les cristaux de quartz de La Gardette au dessus de Bourg d’Oisans (Isère).

Les gogottes de la Dombes n’ont pas de prétentions. Ellesexistent et proposent leurs formes curieuses.

IV- Les traces animales : des dents

Des alluvions fluviatiles villafranchiennes, donc quaternaires, « semblent reposer en concordancesur les sables de Trévoux »1. Une belle moraine peut s’observer près de la route de Trévoux à Bourg enBresse et Beauregard. Elle atteint encore 20 à 30 m de haut sur une largeur de près d’un kilomètre. S’ila été possible de découvrir des ossements, ils sont rares et très érodés la plupart du temps, au point qu’on

ne peut reconnaître l’os entrevu. Des mor-ceaux d’os plus gros que le poing laissentprésager des animaux de grande tailleayant vécu là lors des dernières glacia-tions en notre région du val de Saône.

On y a trouvé une partie de mâ-choire de mammouth très belle.

Une molaire de mastodonte a été ré-coltée par moi, reste révélateur de cet an-cêtre du mammouth dont les défenses, àl’inverse de celles de l’éléphant, se re-courbaient vers l’arrière, permettant àl’animal de fouir le sol et d’arracher ra-cines et souches.

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Il a aussi été récolté une dent d’ours. Leplus étonnant, ce fut de trouver une molairede rhinocéros laineux. Il a suffi alors de lacueillir dans la paroi d’une sablière exploitée.

Les hirondelles de rivage qui furent fré-quentes dans les parois de sables le long de laSaône, ont disparu. La dernière colonie de cescharmantes hirondelles se trouvait le long dela rivière d’Ain, entre Pont d’Ain et Priay. Onne la voyait qu’en se déplaçant en Kayak ouen canoë. Mais ici, cette découverte était uncadeau de ces volatiles qui creusaient une pro-fonde galerie de plus d’un mètre pour pondre et couver leurs œufs. Cette molaire de rhinocéros laineuxles a gênés dans le creusement et s’est retrouvée à l’entrée, prête à tomber. Il suffisait d’arriver au bonmoment.

L’identification de ces trouvailles et de leur niveau semble confirmée par la note du BRGM1 :« Hormis les lentilles argileuses fossilifères probablement remaniées d’un niveau antérieur, les cailloutiset sables ferrugineux (attribués au Villafranchien) n’ont livré que peu de fossiles. On cite un Mastodonteindéterminé et Rhinoceros leptorhinus Cuvier. »

Dirai-je que tout ceci est loin ? Oui. On n’a plus droit d’exploiter les sables fins de Trévoux qu’onretrouvait près de Jassans et de Reyrieux. Seules des fondations de maisons bâties actuellement permet-tent de trouver des traces de ce qui vient d’être dit. Une demande d’accès très momentanée peut être en-visagée.

D’autres trouvailles potentielles, témoins d’un moment de la vie de la terre en notre région frontièrebeaujolaise, versant terres d’ « empi » face aux terres d’ « en Ryau », sont dorénavant en sommeil jusqu’aujour où...

1 – Pour plus d’informations sur la géologie de la région Villefranche-Trévoux : http://ficheinfoterre.brgm.fr/Notices/0674N.pdf

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par Abel PRIEUR182 Rue Francis de Pressensé

69100 Villeurbanne ([email protected])

Tous les musées, et de très nombreuses Universités ou Institutions (Instituts, Écoles, Muséums,Musées, etc.) et même des particuliers conservent des collections. Si l’on se réfère à Internet et à certainssites bien connus, il parait évident qu’au 21ème siècle tout peut devenir collection…et donc peut s’échan-ger ou se vendre. On en est même arrivé à nommer toutes ces collections : ainsi un collectionneur d’en-veloppes de morceaux de sucre devient un glycophiliste si les sachets ou enveloppes sont pleins, ou unpériglycophiliste s’ils sont vides. L’amoureux fou de cerfs volants devient un lucanophiliste et celui quia la passion des fossiles devient tout simplement un paléontologiste, mot auquel le langage actuel préfèrele terme de paléontologue. Tout se collectionne : les sables (arénophilie), les poissons d’avril (avrilopis-cicophilie), les burettes d’huile (buirophilie), les cloches (campanophilie), les casse-tête (céphaloclasto-philie), les boîtes de sardine (clupeidophilie), les pigeons voyageurs (colombophilie). Bref si certainescollections peuvent être intéressantes ou présenter un minimum d’intérêt, certaines comme celles descordes de pendus (schoïnopentaxophilie) ou du papier toilette (latriopapirophilie) ou des trèfles à quatrefeuilles (ultratrifoliophilie) ou des cure dents (la dentiscalpie), des sacs à vomi non utilisés (Émétoaéro-sagophilie), ne présentent à mes yeux aucun intérêt. Collectionner implique autant de qualités que trèsprobablement de défauts. Je ne m’étendrai donc pas ici sur les motivations philosophiques et/ou psy-chologiques et/ou psychanalytiques profondes qui poussent ou conduisent un certain nombre de gens àconstituer une ou plusieurs collections.

Pour qui et pour quoi faire des collections, telles pourraient être les questions à se poser. Mais quesont en vérité les collections ? Quel rôle jouent-elles ? Arboretums, jardins botanique, zoos, musées desite, musées et muséums, collections universitaires, grandes écoles et d’instituts, tels sont les lieux deconservation des collections qui recensent en ce début de siècle, au niveau national plus de 10 000 mu-sées. Au cours de cette présentation nous essaierons de donner une définition de ce qu’est une collection,puis nous évoquerons le contexte historique des collections, puis les grands thèmes qui les composent,leur hétérogénéité et nous terminerons cet exposé par l’intérêt des collections en examinant le rôle descollections dans la recherche, l’enseignement et la diffusion des connaissance

I – Mais qu’appelle-t-on collection ?

Du latin « collectio », action de réunir, ce qui est réuni, et terme de médecine en latin impérial, dé-rivé du supin « colligere » : collecte (Bailly M. et Prieur A. 2012). La collection est selon Oresme en1361, une réunion. Selon la définition donnée par le Petit Larousse une « collection est un recueil d’objetsqui ont du rapport ». Tandis que pour le Petit Robert, la collection est une « réunion d’objets (accumu-lation, amas, ensemble, groupe, réunion) ou une réunion d’objets ayant un intérêt esthétique, scientifique,historique ou une valeur provenant de leur rareté, ou un recueil d’ouvrages, ou un ensemble de modèlesprésentés, ou une poche de liquide (sang ou pus) collecté dans une cavité de l’organisme. ».

Des collections pour demain

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Dans son ouvrage « Le géant, la licorne et la tulipe », Antoine Schnapper (1988) définit une col-lection comme « un ensemble d’objets naturels ou artificiels, maintenus temporairement ou définitive-ment hors du circuit d’activités économiques, soumis à une protection spéciale dans un lieu clos aménagéà cet effet et exposés au regard ». Selon cet auteur, cette définition est trop générale car elle n’inclut pasl’intention de départ, comme ce fut le cas pour le « Trésor de Saint-Denis » qui ne deviendra une collec-tion qu’après la Renaissance. Elle est aussi trop restrictive car elle exclut les collections privées (tableaux,numismatique, etc.). Enfin, à cette définition, il faudrait ajouter l’ensemble des objets transmis par hé-ritage, donc des notions comme le patrimoine ou l’Histoire de la vie des hommes. Selon le « MacquarieDictionary », une collection est définie comme un ensemble d’objets, de spécimens, d’ouvrages, etc. re-groupés tous ensemble. On définira donc une collection comme un groupement d’objets réunis autourd’un ou plusieurs thèmes plus ou moins précis, ceux-ci pouvant concerner des domaines très divers telsque la rareté, l’esthétique, la valeur en fonction de la rareté de l’objet, l’origine, l’âge, le collecteur, legroupe zoologique, etc.. Ainsi, pour l’Histoire Naturelle on traitera comme collection un ensemble debivalves, ou les bivalves actuels ou bien encore les Vénéridés (bivalves) de l’actuel de Méditerranée oules coquillages de la collection d’Untel. Pour la peinture, l’ensemble de l’œuvre de Rembrandt, la périoderose ou la période bleue de Picasso ou l’École de Barbizon seront considérés comme des collections àpart entière.

II – Historique

Si nous considérons uniquement les collections d’Histoire naturelle, on peut distinguer plusieursépoques :

• des XVème -XVIème siècles à la fin du XVIIIème siècleC’est l’époque des cabinets de curiosités, cabinets où s’entassent toutes sortes de spécimens sou-vent sans lien entre eux. Ce goût pour les curiosités naturelles se manifeste principalement chezles princes tels Gaston d’Orléans (1608-1660) et les apothicaires. D’une manière générale, cesont plutôt des capharnaüms, des bric à brac d’objets entreposés là pour des intérêts très variés.Il y régnait une prodigieuse hétérogénéité. Des objets aussi grands que des crocodiles côtoyaientde très petites médailles de l’Antiquité et les coquillages ou papillons étaient présentés avec desarrangements décoratifs. C’est ainsi que se mêlent dans ces cabinets encyclopédiques des vélinsde plantes et d’oiseaux, des tableaux, des sculptures antiques, des droguiers dans lesquels s’ac-cumulent toutes sortes de plantes sèches, de bois, de racines, de fruits exotiques, d’écorces, defleurs. On y retrouve les objets les plus fréquemment collectionnés : la pierre de Judée considéréecomme une olive pétrifiée (en fait un échinoderme blastoïde appartenant au genre Pentremites),des hérissons (les oursins), le corail qui croît grâce à l’existence d’un levain et dont la poudre outeinture constitue un excellent cordial, la pierre d’aigle ou aétite surnommée la pierre enceintecar cette géode conserve en son sein une pierre ou du sable qui fait du bruit quand on la secoue,les glossopètres (fig. 1) ou pierres figurées (en fait des restes d’organismes fossiles, ayant la plu-part du temps une forme triangulaire et dont la ressemblance avec des dents de requin (dent deCarcharodon) fut relevée dès le XVIème siècle, les cornes d’Ammon pour les ammonites, les bé-zoards (calculs que l’on trouve dans le corps de certains animaux) et qui constituaient de souve-rains antidotes contre les poisons d’origine végétale, la rose de Jéricho originaire trèsprobablement d’Arabie et qui est une plante proche de la violette utilisée pour aider les femmesenceintes à accoucher en stimulant leur imagination. En fait ces cabinets se partageaient entre leNaturalia et l’Artificialia. Peu ou pas de classification (souvent celle qui apparait, sépare les Minéraux des Animaux et desVégétaux et pour chaque groupe se contente d’un classement alphabétique), pas de rangement etencore très rarement un inventaire.

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Fig. 1 : Les Glossopètres. Ce sont en réalité des dents de requins appartenant à l’espèce Carcharodon megalodon(collection de Géologie UCBL, Photo N. Podevigne).

• du début des années 1800 à 1940Au début du XIXème siècle, la création de sociétés savantes va être parfois à l’origine de la nais-sance des Musées d’Histoire naturelle de province. Pour des raisons de compréhension et pourmontrer l’évolution d’une discipline, je prendrai comme exemple les collections de géologie etparticulièrement celles de Paléontologie.Si l’on considère la Géologie et en particulier la Paléontologie, au cours de cette longue période,cette science est purement descriptive. On décrit les espèces trouvées pour établir une taxonomie.On compare les espèces entre elles. On publie tout le matériel issu d’un même gisement, on affineles descriptions en utilisant de plus en plus de caractères pour nommer un fossile : des corpus oude grandes monographies très nombreuses sont publiées concernant des groupes animaux ou vé-gétaux ou bien encore la faune ou la flore de tout un gisement. À cette époque les moyens d’in-vestigations sur le terrain et en laboratoire sont rudimentaires. Le paléontologue de cette époqueest avant tout un géologue. Jusque vers les années 1940 les collections seront et resteront uni-quement locales ou régionales, mais elles renferment aussi tout le matériel issu de gisements ré-partis sur le territoire national collecté lors d’excursions ou de Congrès ou échangé avec descollègues d’autres laboratoires. Il en est de même de nombreux gisements étrangers qui viennentenrichir les collections et proviennent généralement d’échanges avec des chercheurs d’organismesétrangers.

• de 1940 à 1965La géologie va se différencier en plusieurs branches avec pour chacune des spécialistes (ex : Stra-tigraphie, Minéralogie, Pétrographie, Tectonique, etc.) et le paléontologue va devenir un spécia-liste soit des Vertébrés, soit des Invertébrés. Il ne sera donc plus un généraliste. C’est l’époqueoù se créent les dernières grandes chaires de Paléontologie (Orsay avec Jean Roger au milieu desannées 1960) de Vertébrés ou d’Invertébrés en France. Les collections vont alors s’enrichir selonce choix avec la participation des chercheurs spécialistes de tel ou tel groupe végétal ou animal(ex : Ammonites, Bryozoaires, Bivalves, Equidés, Carnivores, Ptéridophytes, etc.). On assiste audébut du développement des moyens et des champs d’investigation qui va se poursuivre et s’ac-célérer pendant la période suivante (loupes et microscopes perfectionnés, microscope électroniqueà balayage, informatique, photographie, moulages et utilisation d’autres sciences telles les ma-thématiques, la physique, la chimie, les statistiques, etc.). De 1940 à 1965 l’enrichissement descollections lyonnaises va se poursuivre aussi bien en ce qui concerne les vertébrés que les inver-tébrés tandis que stagnent les collections de paléobotanique. Selon les institutions, les collectionsvont continuer leur croissance par les apports des chercheurs et cela en fonction de leurs différents

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centres d’intérêt. Il parait évident que les collections de Paléobotanique ne pourront croître s’iln’y pas de chercheurs associés à ces collections.

• de 1965 à 2000 La spécialisation va s’accentuer et de nouvelles voies de recherche apparaissent (ex. : évolution,dynamique des populations, paléophysiologie, paléoécologie, paléogéographie, paléoéthologie,paléoichtyologie, etc.) qui nécessitent le recrutement de spécialistes. Au cours de cette période,la croissance des collections se fait de manière très marquée dans les groupes zoologiques pourlesquels existent des spécialistes locaux (ammonites du jurassique, Bryozoaires du Crétacé, Rhi-nocerotidae du Pléistocène, etc.). Ajoutons à cela que des institutions de plus en plus nombreusesacceptent de ne plus avoir d’enseignement et de recherche en paléontologie et délaissent leurscollections. Dans un souci de sauvegarde de cette richesse et de ce potentiel considérable d’in-formations que représentent les collections, les collections de géologie de l’Université de Lyonaccueilleront les collections de l’Université de Clermont-Ferrand en 1972 et celles de l’École desMines de Paris en 1978, ce qui permettra un enrichissement considérable de tous les groupes ani-maux et végétaux dans une collection lyonnaise déjà très riche car tous les chercheurs du labora-toire, depuis sa création vers 1840-1845 avaient déposé tous les spécimens qu’ils avaient récoltés,étudiés, publiés et étiquetés. Ils trouvaient ce dépôt normal parce qu’ils bénéficiaient des créditsdu laboratoire pour effectuer les récoltes sur le terrain et la recherche sur le matériel issu des col-lectes.

• de 2001 à maintenant Nous sommes entrés dans une phase d’hyperspécialisation, le nombre de paléontologues a consi-dérablement chuté (dans certaines institutions ou Université, la Paléontologie est une disciplinedisparue). On utilise maintenant le matériel pour des analyses de type géochimiques. Ces étudespermettent de connaître les paléo températures à une époque précise de l’Histoire de la vie et dela Terre pour un endroit bien précis, mais aussi avec le développement des nouvelles technologies,on peut penser que la décade qui vient verra le développement des études sur l’ADN et le colla-gène fossiles (études qui ont déjà commencé) car il faut de moins en moins de matière pour uneanalyse.Malheureusement cette hyperspécialisation, si elle offre un avers très intéressant et intellectuel-lement très motivant, le revers est plutôt triste car cela aboutit à une perte de la valorisation descollections, à l’abandon de certaines disciplines jugées ringardes, dépassées, faisant partie dessciences de « grand papa » (ex : systématique, stratigraphie, etc.), et qui contraint maintenant ceshyper-spécialistes de très haut niveau à contacter les amateurs pour déterminer le matériel sur le-quel ils veulent travailler. De même cette époque de tous les progrès va voir se développer Internetet le tout numérique. La tendance actuelle qui se développe de manière fulgurante et très dom-mageable est de croire que tout existe sur Internet et que la recherche ne se fait plus avec desobjets en mains mais derrière un ordinateur. De même, la photographie en 3D tend de plus enplus à remplacer le moulage. Mais jamais une image, aussi sophistiquée soit-elle, aussi animéesoit-elle ne remplacera un objet réel ou sa copie physique.

III – Quels sont les grands thèmes de collections ?

Qu’elles soient conservées dans des musées, des universités ou par des particuliers, les collectionsconcernent : la peinture, la sculpture, l’architecture, les sciences, la préhistoire, l’archéologie, la vie quo-tidienne (écomusées), etc. Il suffit de consulter par exemple un manuel sur l’inventaire des musées deFrance pour se rendre compte rapidement du nombre important de thèmes de collections.

En Histoire naturelle, les collections se caractérisent aussi par leur disparité : elles sont constituéespar la zoologie, la botanique, la minéralogie, la paléontologie (A. Prieur et J. Thomas 2004). Les collec-

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tions d’aéronautique sont constituées d’avions, de ballons, de fusées, d’hélicoptères, de moteurs, de ma-quettes, de porcelaines, de timbres, etc.

Mais elles sont aussi hétérogènes : ainsi en zoologie, par exemple, existent les invertébrés et lesvertébrés, ces derniers se différenciant en poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères, cesderniers regroupant des familles et sous-familles telles les Hyaenidae, les Bovidae, les Bovinae, etc.

Il existe en fait plusieurs types de collections (fig. 2) :

Fig. 2 : Les grands types de collections et les relations entre eux

1) Le matériel et la collection dits « d’étude »Elle est composée du matériel collecté sur le terrain par un chercheur ou un amateur ou par le pré-

lèvement de certains spécimens dans une ou plusieurs collections patrimoniales.Dans un établissement de recherche, les objets sont regroupés par les chercheurs, les scientifiques

ou les enseignants à des fins d’étude, pour la réalisation de travaux, de publications scientifiques, souventdans un souci d’amélioration des techniques existantes et sont constitués pour des besoins souvent im-médiats ; ils sont donc vulnérables et en permanence menacés de destruction ou de disparition. Leséchantillons peuvent être désignés comme des « choses » ou « objets utiles » qui peuvent être manipulés,abîmés ou détruits : les collections pédagogiques, archives, didactiques et de recherche ou encore cer-taines collections d’agrément constituées de spécimens modestes, communs ou courants, en font partie.Ces objets peuvent alors être considérés comme des consommables généralement renouvelables. Ce sontdes spécimens utiles, souvent universitaires et menacés.

Les objets d’étude pourront éventuellement faire l’objet d’un tri et d’une sélection à l’issue desquelsles échantillons retenus pourront, après un temps de réflexion correspondant à celui de l’étude ou à laconcertation avec d’autres institutions de recherche et de conservation, passer au second statut d’un objetet intégrer une collection intermédiaire dite « d’étude » dans laquelle on va retrouver l’ensemble des ob-jets ayant servi aux travaux de recherche sur le sujet. L’intention de l’utilisation et de l’acquisition adonc une grande importance pour le matériel d’étude car il déterminera la thématique d’étude qu’il in-tègrera.

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La collection d’étude est donc plus un concept qu’une collection en elle-même puisqu’elle ne trou-vera parfois son existence que dans l’esprit : constitueront la collection d’étude du chercheur les élémentsde collections patrimoniales qui une fois étudiés retourneront dans leurs collections d’origine, ceux qu’ila lui-même acquis et ceux devenus absent puisque détruits ; on comprend mieux alors un autre aspectde l’utilité des moulages.

À l’issue de cette phase, une décision devra être prise quant au devenir de cettecollection « d’étude ». Présente-t-elle un intérêt justifiant sa conservation sans limitation de temps etdonc son entrée en collection ? Doit-elle faire l’objet d’un tri afin que seuls les spécimens de référence(types et figurés) soient conservés ou doit-on la considérer et donc la conserver dans son ensemble

2) La collection référentielle (types et figurés)Les objets qui sont publiés dans des ouvrages doivent être isolés du reste de la collection et soumis

à des règles strictes de conservation (valorisation, protection, etc.). Par exemple, en paléontologie, tousles spécimens ayant été utilisés pour décrire de nouvelles espèces (types), ou ayant fournies des infor-mations complémentaires sur une espèce déjà connue (figurés) sont décrits, photographiés et publiésdans des ouvrages scientifiques. Ils sont les référentiels, les mètres étalons de la Paléontologie, on lesappelle les « Types et Figurés » (fig.3).

Fig. 3 : exemple de spécimens à statut de type (étiquette à bord rouge) ou à statut de figuré (étiquette à bord vert)(collection de Géologie UCBL, Photo N. Podevigne).

Ces spécimens sont déposés dans une collection publique, dont le nom et la localisation sont pré-cisés et conservés dans une salle à part. Ils sont soumis à une protection spéciale dans un lieu clos et nonexposés au regard. En outre ils bénéficient d’une valorisation au niveau international.

3) La collection pédagogiqueElle est destinée à l’enseignement, à la formation des étudiants. Souvent cette collection a une

durée de vie limitée. Ce matériel peut également servir pour la pédagogie auprès du grand public et desscolaires lors d’animations. En général, les objets constituant la collection pédagogique sont des dou-blons, des exemplaires en nombre, des moulages. Il est dommage de voir aujourd’hui certains établisse-ments scolaires qui possèdent des collections pédagogiques ne plus les utiliser et les laisser se dégraderdans des armoires souvent inadaptées à de bonnes conditions de conservation ; il est dommage que lesenseignants qui sont dans ces établissements scolaires n’utilisent plus ces collections pédagogiques quisont souvent plus parlantes et captivantes pour les élèves que de simples images photographiques ou entrois dimensions présentées sur un écran ou un polycopié.

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4) La collection de vulgarisationElle regroupe tous les objets destinés aux expositions, c’est-à-dire à la vulgarisation scientifique à

destination du grand public. Il s’agit parfois d’objets sans grand intérêt pour la recherche mais possédantun aspect esthétique leur conférant un attrait indéniable pour la mise en scénographie ou encore desmoulages servant de vecteur pédagogique, de communication et de diffusion aussi bien pour la recherchescientifique que lors d’exposition.

5) La collection archive Elle comprend :

- des collections historiques qui retracent par exemple l’évolution d’une science,- des collections nominales regroupant tous les objets collectionnés par un auteur ou un collec-teur,

- des collections régionales conservant tous les objets se rapportant à un thème plus ou moinsprécis sur une région donnée.

6) La collection patrimonialeToutes ces collections sont en fait des collections patrimoniales et possèdent des interrelations :

des objets d’une collection historique pourront faire partie de collections nominales et/ou régionales,et/ou pédagogiques, et/ou d’exposition… Nous pourrons trouver des objets d’une collection nominaledans des collections référentielles, et/ou régionales, et/ou historiques, et/ou pédagogiques, etc.. Le faitque ce soit des collections patrimoniales ne veut pas dire que ces collections sont mortes. Le patrimoine,du latin patrimonium, de pater, père est l’ensemble des biens hérités de ses ascendants ; c’est l’ensembledes biens de famille. Le patrimoine est également l’héritage commun d’une collectivité, d’un grouped’humain selon le dictionnaire Larousse. Si l’on compare les collections patrimoniales au patrimoinegénétique (le génome), dans les deux cas, cela veut dire qu’ils sont hérités de nos aïeux : de nos pères etde nos mères. Nous sommes l’exemple vivant que notre patrimoine génétique s’exprime ; pour les col-lections patrimoniales, c’est quasiment la même chose : une collection patrimoniale est une part de notrehéritage commun que nous devons conserver et entretenir afin de le garder vivant.

Une collection patrimoniale est donc une collection vivante dont l’avenir est incertain et fragile sinous nous en désintéressons. Le bien patrimonial doit être reconnu collectivement et entretenu collecti-vement.

7) La documentationElle se compose d’objets ou documents qui sont gardés car ils contribuent à la connaissance des

collections mais n’ont pas forcément vocation à être conservés ou exposés pour eux-mêmes. La listed’exemples qui suit se veut indicative et non limitative, exhaustive : la documentation peut se composer

de livres, de manuscrits, de cartespostales, de cartes géologiques, dephotographies, de carnets de notes deterrain, mais aussi de documentstechniques relatifs aux machines, defonds d’archives, de maquettes, demoulages (important quand l’originalest voué à la destruction comme lesmoulages des sols archéologiques oudes ossements [A. Prieur, 2004] outraces fossiles qui deviennent des« originaux » dès la destruction dusol [fig. 4]), etc.

Le rôle d’un conservateur encharge de la gestion d’une collection

Fig. 4 : Exemple d’un moulage se sol dans le lœss durci (Villafranchien) de Montrebut,Commune de Saint-Vallier (Drôme) (Photo A. Prieur).

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est tout d’abord la transmission d’un patrimoine le mieux valorisé possible, cette valorisation passantobligatoirement par l’inventaire informatisé. Pour y parvenir, deux étapes préalables, successives et in-dispensables seront envisagées : le classement et le rangement.

IV – Pourquoi conserver ?

Cette question va nous amener à examiner le rôle de conservatoire des collections aussi bien pourla recherche que pour l’éducation, pour la biodiversité, pour la Nature, pour les techniques muséogra-phiques

1) Les collections, conservatoire pour la rechercheDepuis plusieurs décennies, les récoltes sur le terrain que ce soit en botanique, en zoologie ou en

sciences de la terre ont été à l’origine de travaux de recherche fondamentale très importants. Après étude,ces collections sont venues grossir celles déjà conservées et constituent un potentiel d’informations in-comparable pour les scientifiques qui aujourd’hui étudient à nouveau du matériel issu d’anciennes col-lections pour effectuer des recherches de plus en plus performantes, de plus en plus pointues utilisantles derniers progrès de la technologie. Ces collections offrent un éventail considérable de la biodiversitéactuelle et passée et de très nombreux spécimens ont été utilisés pour définir les nouvelles espèces (cesont les types) ou pour compléter des notions sur les espèces déjà existantes (ce sont les figurés). Cesréférentiels - types et figurés – sont en fait les mètres étalons de sciences telles la botanique, la zoologieet la paléontologie et répondent aux normes et aux exigences des Codes Internationaux de Nomenclaturezoologique et botanique. Ces référentiels constituent de ce fait une véritable banque de données à la dis-position de toute la communauté scientifique nationale et internationale. Ainsi fut élaborée vers la fin de1986 la banque TYFIPAL, banque nationale des spécimens types ou figurés en Paléontologie. Dans cettebanque, tous les descripteurs de chaque spécimen sont regroupés autour de 8 thèmes : la systématique(genre et/ou sous-genre, espèce et sous-espèce, classification), l’âge, la provenance (pays, départementou région, localité, lieudit), le statut, l’état, la bibliographie (auteur, date, titre, périodique, page planche,figure) le rangement et une zone libre permettant d’ajouter tout commentaire ou toute information com-plémentaire sur le spécimen décrit. Cette banque a évolué au cours du temps, et grâce aux nouvellestechnologies, il a pu être possible de coupler l’image des spécimens avec leurs descripteurs, apportantainsi un complément souhaité d’information pour la recherche. Depuis 2 ou 3 ans, cette banque nomméemaintenant TRANSTYFIPAL est accessible sur le réseau Internet.

Exemples de découvertes scientifiques faites à partir d’objets de collections :

* L’abondant matériel (bijoux, outils) collecté lors des fouilles de la Grotte du renne à Arcy-sur-Cure (datée de -40 000 ans) a permis d’entretenir pendant des dizaines d’années une polémiquepour savoir quels étaient les auteurs de ces objets, l’homme moderne ou l’homme de Neandertal ?En fait ce matériel est constitué principalement de restes et de fragments généralement pas plusgros qu’un ongle. Sur ces fragments ont été utilisées de nouvelles techniques d’analyse molécu-laire avec un spectromètre de masse. Ces techniques ont permis de mettre en évidence de l’ADNfossile, mais aussi des protéines fossiles appartenant au collagène mettant ainsi en évidencel’existence sur place d’une lignée néandertalienne.

* Depuis près de 15 ans maintenant se développent des études de géochimie permettant en utilisantles fossiles de vertébrés ou d’invertébrés de connaître les paléo-températures de l’eau (de merou d’eau douce) pendant la vie de l’animal. Ce type d’étude ou une fois encore on utilise unspectromètre de masse n’exige pas des quantités énormes de matériel. Par contre de petits trousde la taille d’une épingle vont apparaître dans le spécimen.

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2) Les collections, conservatoire pour l’éducation.L’éducation comprend ici à deux facettes :

n l’une concernant directement l’enseignement des différentes sciences de l’Histoire Naturelle.Nombreuses sont les collections – au moins pour celles universitaires – qui, à leur début, ont servi pendantdes années comme collections d’enseignement avant de devenir des collections de recherche. Encore denos jours, malgré les progrès considérables et la force et la pression importantes des multimédia, il neparaît pas pensable d’enseigner la zoologie, la botanique ou la paléontologie sans présenter, et mettreentre les mains des étudiants des spécimens originaux (ou leurs copies pour les spécimens les plus raresou fragiles) leur permettant d’assimiler les connaissances enseignées. C’est bien là le rôle que jouent lestravaux pratiques permettant aux étudiants de manipuler un matériel renouvelable, issu des collections

Trois exemples vont nous permettre de comprendre comment on peut montrer aux étudiants à re-garder un spécimen :

a) Le Rhinocéros fossile du Pliocène inférieur de Millas dans les Pyrénées-Orientales (fig. 5). Il présente un squelette à demi complet. Le crâne et la mandibule sont présents, les membres an-

térieurs sont complets et la colonne vertébrale et la cage thoracique apparaissent sur ce fossile. En faitil s’agit d’un animal mort au bord d’une rivière. Il s’est décomposé là et un moment plus tard, la crue dela rivière l’a emporté et il s’est cassé au seul endroit ou il n’ya plus que des vertèbres, c’est-à-dire entrela cage thoracique et le bassin. Ces deux parties du squelette ont continué leur course indépendammentet apparemment, seule la partie antérieure a été conservée.

Fig. 5 : Rhinocéros fossile du Pliocène inférieur de Millas dans les Pyrénées-Orientales(collection de Géologie UCBL, Photo R. Hope).

b) Le Paléotherium du Ludien de Mormoiron dans le Vaucluse (fig. 6).Vers les années 1920, les carriers exploitant les gypses de Mormoiron, dans le Vaucluse trouvèrent

en avançant dans le front de taille un squelette qu’ils donnèrent à l’Université de Lyon 1. Cette découvertese fit sur deux années. Le squelette complet fut dégagé en laboratoire et nécessita un an de travail. Lesscientifiques le baptisèrent alors Paleotherium magnum (de Paleo : vieux, therium : la bête et magnum :grand), en fait la « vieille bête grande ». Pendant longtemps on imagina que cet animal aurait pu être un

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ancêtre du cheval, mais des études très approfondies du squelette et des dents ont montré qu’il s’agissaitd’un ancêtre du Tapir actuel. La position du crâne par rapport au reste du corps induit que cet animal estmort étouffé lors de son enlisement dans la vasière. Dans un reflexe de survie, l’animal a projeté sa têteen arrière pour prendre une inspiration. Il n’a pu probablement pas le faire car sa poitrine devait êtredéjà fortement compressée et il est tombé dans la vase et a été immédiatement enfoui. Tous les os sonten connexion et cela implique que le squelette est dans la position exacte au moment de la mort.

Fig. 6 : Paléothérium du Ludien de Mormoiron (Vaucluse) (collection de Géologie UCBL, Photo J Deroire).

c) L’omoplate gravée de Mammouth (fig. 7).Les fouilles du site archéologique de la Colombière près de Poncin, dans l’Ain par Mayet et Pissot,

vers 1910-1915 permirent la découverte de galets généralement gravés sur les deux faces et de deuxfragments d’ossements de Mammouth, l’un un fémur, l’autre une omoplate. L’omoplate de mammouthprésente des gravures identifiables, telles la crinière d’un cheval, un bois de cervidé et un homme barbuvu de profil, la main tendue en direction de deux courbes, lesquelles avaient laissé imaginer que cettegravure aurait pu être une représentation d’un accouchement. Le développement de l’image numériquea permis de montrer qu’il n’en était rien, et qu’en fait l’une de ces courbes appartenait à un autre animal,un ours.

Fig.7 : Omoplate gravée de Mammouth datée du Magdalénien (environ 13 000 ans) provenant du site de la Colombièreprès de Poncin (Ain) (collection de Géologie UCBL, Photo N. Podevigne).

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n l’autre correspond à un besoin de diffusion des connaissances auprès d’un large public. Les spé-cimens les plus jolis, les plus esthétiques ou les plus spectaculaires vont servir de support pour illustrerun thème ou un propos lors d’expositions thématiques. Ils vont permettre alors de faire passer très sim-plement un message, et là encore, il sera possible d’exposer des spécimens originaux ou des copies par-faites au regard des visiteurs pour leur faire découvrir la réalité du monde de l’Histoire Naturelle.

3) Les collections, conservatoires d’espèces disparues ou en voie de disparition.Nombreuses sont les espèces animales et végétales sauvegardées grâce à la conservation dans les

jardins botaniques, les arboretums, les parcs zoologiques, les réserves naturelles qui représentent de vé-ritables conservatoires de la biodiversité (citons par exemple le loup d’Arabie, le Condor de Californie,le bison d’Europe, le cheval de Przewalski pour les animaux et le Franklinia latamaha ou le Tecophileacyanocrocus pour les plantes). Il n’est pas rare que des collections importantes d’histoire naturelle demusées ou d’universités conservent des spécimens maintenant disparus. Ces spécimens présentent alorsune valeur historique, culturelle et scientifique importante. Ils sont les témoins d’espèces qui ont existé,et qui sont en voie de disparition ou ont disparu pour des causes diverses, généralement liées à l’activitéhumaine.

Fig. 8 : Reconstitution du Dronte ou Dodo de l’Île Maurice.

Le Dodo, ou Dronte de l’Île Maurice (fig. 8) était un énorme oiseau aptère, à régime frugivore etpesait environ une vingtaine de kg ; il disparut vers 1860, ses populations ayant été décimées par les na-vigateurs, mais aussi par suite de l’introduction sur cette île de singes et de rats. Malgré les progrès dela génétique, il ne sera jamais possible de recréer à l’identique une espèce disparue, les manipulationsgénétiques, même les plus perfectionnées ne peuvent que créer des espèces proches de celles qui exis-taient auparavant. Les spécimens en collection offrent l’avantage de pouvoir fournir des informationssur l’anatomie, la physiologie, l’éthologie, l’environnement, etc. de l’espèce disparue et, si le spécimenconservé vient, par malheur à être détruit, la perte d’information sera considérable et irrémédiable.

4) Les collections, conservatoires régionaux de la Nature.À l’origine, la majorité des collections fut élaborée à partir de récoltes locales. Les collectionneurs

et les scientifiques prenaient un soin minutieux à noter pour chaque récolte un maximum d’informations,dont la localisation précise. La disparition de sites de récoltes due souvent à des modifications du paysagerural ou une urbanisation grandissante, conduit à considérer le matériel qui en est issu comme extrême-ment important. Ces collections se révèlent alors une source irremplaçable pour diverses études des peu-plements d’une région (écologie, environnement, évolution, etc.).

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5) Les collections, conservatoires des techniques muséographiques.Pratiquement tous les organismes ont accumulé parallèlement aux collections toute une documen-

tation iconographique (dessins, peintures, lithogravures, etc.), des lames minces, des coupes histolo-giques, des moulages en cire ou en plâtre, etc. qui offrent la possibilité de retracer l’histoire et l’évolutiondes sciences et techniques. L’apparition puis le développement fulgurant de l’informatique se concrétisepar de la mise en place progressive de nouvelles technologies de plus en plus sophistiquées, rapides etesthétiques. Ainsi, par exemple, l’image numérique se substitue assez fréquemment à l’image argentique,le dessin classique à celui assisté par ordinateur, le moulage en 3 dimensions, en plein essor et d’une fi-délité remarquable, alliant informatique, laser et machine outil devient le moteur d’un futur développe-ment des techniques de moulage, mais aussi de la recherche particulièrement en morphométrie.

Le moulage de très grands spécimens peut se révéler très intéressant pour dupliquer un originalconservé dans un Musée. Ainsi l’Ichtyosaure (fig. 9) conservé au Musée de la Mine de Saint-Pierre-la-Palud a été moulé et dupliqué (Prieur A. et Rulleau L. 2008).

Fig.9 : le moulage de l’Ichtyosaure présenté au Musée des Pierres Folles (Photo T. Contucci).

La copie est allée rejoindre le musée des Pierres Folles permettant ainsi au visiteur de ce musée deprofiter de l’information sur place. Cette copie étant d’une fidélité remarquable (précision de quelquesmicrons), la patine étant très proche de la réalité, il parait quasiment impossible pour une visiteur de serendre compte qu’il s’agit d’une copie en résine et non d’un original, à moins d’en avoir été informé aupréalable.

Au cours des fouilles sur le terrain par les scientifiques, il arrive souvent qu’ils fassent appel auxtechniques de moulages pour copier un sol, une piste de dinosaure ou bien un sol couvert d’ossements(fig. 10). Généralement après moulage, si besoin est il y aura prélèvements des restes fossiles et ensuitela surface disparaîtra pour mettre à jour la couche inférieure. Le moule et la copie deviennent alors lesseuls témoins d’une couche à un instant t, et comme nous l’avons dit précédemment, la copie prend alorsvaleur de référentiel et devra être conservée dans une institution publique.

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Fig. 10 : Moulage d’une surface du Tithonien couverte d’empreintes de pas de Ptérosaures à Crayssac (Lot) (Photo A. Prieur).

Au début du siècle dernier, les moulages en cire ou en papier mâché étaient assez courants et per-mettaient lors des enseignements une diffusion aisée et efficace des connaissances auprès des étudiants.Ainsi en Botanique existaient des copies de fruits (fig. 11) ou de fleurs de grande taille parfaitement dé-montables présentées lors des cours en amphithéâtre permettant aux étudiants d’en connaître très rapi-dement tous les composants.

Fig.11 : Moulages en papier mâché d’une cerise montrant les différentes parties qui la constitue (collection des Herbiers UCBL, Photo M. Thiébaut).

6) Les collections, conservatoires de la muséologie.Depuis plusieurs années, la restructuration et la réhabilitation des muséums ont conduit à aban-

donner la volonté de montrer, d’exposer toutes les collections conservées. Cette pratique courante de lafin du XIXème siècle jusqu’au milieu du siècle dernier se voulait exhaustive, mais aboutissait quasimenttoujours à une présentation surchargée et généralement lassante pour le public. Seuls les visiteurs initiés

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pouvaient trouver dans ces présentations des informations complémentaires à leur savoir, à leurs centresd’intérêt. À l’heure actuelle, l’histoire naturelle est présentée sous forme d’expositions temporaires oupermanentes, sous forme de thèmes plus ou moins précis, avec peu d’objets, mais des objets démonstra-tifs et en parfaite adéquation avec les thèmes présentés. Le reste des collections, c’est à dire la majeurepartie est alors stockée dans des réserves et en constitue en quelque sorte un vivier du savoir pour de fu-tures expositions. Il est normal qu’un conservateur désire un musée moderne digne du XXIème siècle,mais ne serait-il pas souhaitable de conserver un musée avec une présentation du début du XXème sièclequi permettrait aux futures générations de comprendre l’histoire de la muséologie.

V – Conclusion

D’une manière générale, les collections, de quelque nature qu’elles soient représentent un formi-dable patrimoine doté d’un potentiel d’informations et de connaissances considérable qui, si elles nesont pas encore exprimées, le seront très probablement dans les années qui viennent. Les collections pla-cées dans les réserves apparaissent en état de dormance et c’est la recherche scientifique avec ses progrèsultra rapides qui les réveillent et les réveillera encore. De nombreuses sciences avec leur essor incroyabledans le domaine des nouvelles technologies sont interconnectées (ex : la physique, la chimie, la biochi-mie, les mathématiques, l’environnement, la géologie, la paléontologie, la zoologie, la botanique) pourobtenir des résultats sur des programmes de recherches très souvent internationaux et de plus en plussophistiqués, de plus en plus ambitieux. Déjà de nouvelles études pointent : ainsi il fallait l’équivalentd’une pièce de 1 euro de sang pour faire une analyse d’ADN vers la fin des années 1980. Aujourd’huiquelques traces suffisent … et dans quelques années on utilisera seulement des microtraces de matière.Suite à la découverte du bébé Mammouth en Sibérie au début des années 2010, on a tout de suite cherchéà savoir si ce fossile présentait des restes d’ADN utilisable. Comme la réponse était positive, tout desuite des équipes de chercheurs un peu partout dans le monde se sont mises au travail dans l’espoir depouvoir cloner ce mammouth. Plus près de nous, les études sur les protéines, telles le collagène vontpermettre d’affiner la notion d’espèce et de passer du stade des hypothèses au stade des certitudes.

Les collections d’Histoire naturelle constituent un véritable réservoir de la biodiversité pour la re-cherche fondamentale. Parmi les espèces qui ont peuplé ou qui peuplent la surface de la Terre et lesocéans, une grande majorité n’est pas encore connue, et pour celles qui le sont déjà, leurs référentielssont conservés dans les collections et constituent la source même de la connaissance et de sa diffusionauprès des futures générations. Que serait l’Histoire naturelle sans ses collections à une époque ou l’ontend à faire croire que l’informatique et les multimédia peuvent tout remplacer ? Rien ne peut remplacerl’objet de collection. Les collections appartiennent au patrimoine de l’Humanité, elles sont nécessaires,elles doivent être vivantes, de plus en plus dynamiques et attractives pour conserver et même accroîtreleur influence auprès des jeunes générations. D’ailleurs l’État à très bien compris cette importance dupatrimoine et un récolement décennal national a été décidé en 2002. En 2014, plus de 1 200 muséesavaient inventorié plus de 120 millions d’objets. Ce récolement continue, et l’on pense que tous les mu-sées seront en mesure de terminer prochainement ce récolement.

Bibliographie

Bailly M., Prieur A., Robert E. (2012) : Du matériel d’étude à la collection. Journal de l’APF (Association PaléontologiqueFrançaise), 59 : 17-30.

Prieur A. (2004) : Moulages de sols du Pléistocène ancien : l’exemple de Montrebut, commune de Saint-Vallier (Drôme).Géobios, MS n° 26, vol. 37, p.S77-S80, 4 fig.

Prieur A. et Rulleau L. (2008) : Moulage d’un Ichthyosaure géant. La Lettre de l’OCIM, n° 115, p. 31-38

Prieur A. & Thomas J. (2004). Gestion pratique des Collections. CNRS Formation, Manuel. 93 p. (inédit)

Schnapper A. (1988) : Le Géant, la licorne et la Tulipe. Collections Françaises au XVIIème siècle. Flammarion édit., 413 p.

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par Bernard MORETEAU

La plupart d’entre nous nettoient leurs minéraux selon leur propre recette et de façon un peu em-pirique qui fonctionne sûrement très bien.

Cet article a pour objectif d’apporter quelqueséléments scientifiques

I) Ce qu’il faut savoir• Le nom du minéral et les éléments qu’il

contient donc la formule chimiqueLa formule chimique renseigne sur les produits

à utiliser pour le nettoyage et les impuretés à élimi-ner

• La dureté du minéral - un minéral dur ne risque pas d’être rayé par brossage ou autre action mécanique.- un minéral tendre risque d’être rayé par grattage, brossage.Échelle de Mohs de dureté de 1 à 10 du plus tendre au plus dur : 1 : talc – 2 : gypse – 3 : calcite – 4 : fluorine – 5 : apatite – 6 : orthose – 7 : quartz – 8 : topaze,béryl – 9 : corindon – 10 : diamant.

• La solubilité dans l’eauLa plupart des minéraux sont insolubles dans l’eau sinon ils n’existeraient pas sur Terre, mais une

fois extrait des entrailles de la Terre, les minéraux subissent l’action de la vapeur d’eau contenue dansl’air et selon leur solubilité certains peuvent être altérés à la longue.

Les minéraux contenant des sels alcalins c’est-à-dire contenant du potassium ou du sodium sontsolubles dans l’eau.

Exemples : la hallite ou sel gemme qui n’est autre que le sel de cuisine (chlorure de sodium) estsoluble dans l’eau. Une chessylite laissée dehors un temps assez long est altérée par l’action de la vapeurd’eau de l’air.

II) Les méthodes de nettoyageIl existe deux méthodes de nettoyage : la mé-

thode mécanique et la méthode chimique

1) Méthode mécanique : brossage, grattage,passage au pistolet…

Les outils : brosse tendre, brosse dure, brosse àdents, lame de rasoir, outils de dentiste, pistolet (ontrouve dans le commerce des pistolets à peinture, ilsuffit de changer la buse et demander une buse pourl’eau), cuve à ultrasons pour les plus argentés, di-verses bassines ne craignant pas les acides, des bidonsd’alcool de pharmacien font bien l’affaire.

Le nettoyage des minéraux

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2) Méthode chimique

a) Quelques notions • le PH. Le PH est nombre de 1 à 10 qui renseigne sur le caractère acide ou le caractère basique

d’une espèce chimique. L’eau est une substance chimique neutre, c’est à dire ni acide ni basique. - PH eau = 7 - pour un acide PH < 7 - pour une base PH > 7

• SolutionOn appelle solution toute substance dissoute dans l’eau :- solution acide : un acide dissout dans l’eau.- solution basique : une base dissoute dans l’eau.- solution neutre : ni acide, ni basique, l’eau est une solution neutre.- solution tampon : solution qui ajoutée à un acide ou une base ne modifie pas le PH.

b) Les acides utilisées pour nettoyer les minéraux :Acide chlorhydrique le plus fréquemment utilisé.Acide éthanoïque ou vinaigre.Acide méthanoïque : à utiliser avec précaution, provoque des brûlures.Acide oxalique : se présente sous forme de poudre blanche à dissoudre dans l’eau.Acide phosphorique (liquide)

Le mélange acide phosphorique et acide oxalique permet d’éliminer les traces jaunâtres sur lesminéraux qui ont été passés au préalable à l’acide chlorhydrique : une cuillère à soupe d’acide oxaliqueet un demi verre d’acide phosphorique dans 5 litres d’eau, laisser la pièce plusieurs jours, la retirer puispassage au pistolet ou à l’eau du robinet.

Acide fluorhydrique : le plus dangereux des acides, il est donc à proscrire. Il est dangereux parinhalation (il provoque des brûlures irrémédiables dans les poumons), dangereux par contact (il attaquela peau et les os en rongeant petit à petit). On peut l’utiliser avec précaution sous hotte aspirante et muniede gants pour produits dangereux.

c) Autres produits :Ammoniaque.Eau oxygénée.Dithionite, plus précisément dithionite de sodium ou encore hydrosulfite de sodium (Na2S2O4).

C’est un sel de sodium (au même titre que le sel de cuisine), très fréquemment utilisé en chimie pour sespropriétés réductrices. Souvent les minéraux sont recouverts de rouille, il s’agit de l’hydroxyde de fer IIIinsoluble dans l’eau (sinon la rouille ne serait pas présente). On utilise alors le dithionite de sodium quitransforme les ions ferrique fer III (Fe3+) en ions ferreux fer II (Fe2+), lesquels donnent une couleur verteà la solution et peuvent être éliminés par lavage et rinçage. Ce n’est pas fini !

Le dithionite de sodium en solution dans l’eau forme l’ion hydrogénosulfite HSO3 qui confère uncaractère acide à la solution, pour éviter cela on ajoute au dithionite de sodium un mélange tampon forméde bicarbonate de sodium et de citrate de sodium.

Je vous propose le mode d’emploi suivant :- Dans un litre d’eau froide (le dithionite n’aime pas l’eau chaude, dans celle-ci il se décomposeen hydrogénosulfate et se dissout mal), disssoudre 30 ou 35 grammes de dithionite agiter jusqu’àdissolution complète (la solubilité du dithionite est de 225 grammes par litre d’eau)

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- Ajouter ensuite un mélange tampon formé de 25 grammes de bicarbonate de sodium (appelé im-proprement bicarbonate de soude) et 60 grammes de citrate de sodium.- Agiter pour dissoudre le tout, introduire le minéral à nettoyer, laisser 24 heures, (on peut observerune couleur verdâtre), sortir le minéral, et le rincer abondamment sous l’eau.

Pour 2 litres d’eau, 5 litres, 10 litres… multiplier par autant les masses de dithionite et de mélangetampon.

Le dithionite seul peut être utilisé sur de nombreux minéraux propres pour redonner de l’éclat etde la brillance. Le dithionite par dissolution dans l’eau dégage une odeur fétide un peu d’œuf pourri dueà la présence de soufre.

d) Règles de sécuritéD’une manière générale mettre toujours des gants, lunettes de protection pour éviter les projections,

éventuellement un masque lorsque l’on fait des traitements chimiques. Dans le cas où on utilise un acide,il faut toujours verser l’acide dans l’eau lentement et en agitant, et non pas l’inverse, pour éviter les pro-jections.

e) Méthodes propres à chaque minéral :

Aragonite : carbonate de calcium CaCO3.Lavage à l’eau, pistolet, pour enlever la terre, l’argile et autres dépôts. Un bref passage à l’acidechlorhydrique fortement dilué, quelques secondes seulement.L’acide chlorhydrique attaque l’ion carbonate et le transforme en dioxyde de carbone CO2. Sion laisse l’aragonite dans l’acide chlorhydrique elle va disparaitre. Sortir la pièce, rincer abon-damment et passage au dithionite sans le tampon pour donner de l’éclat et de la brillance. Onpeut éviter le passage au chlorhydrique et faire uniquement un passage au dithionite.

Autunite : oxyde d’uranium associé à du calcium et du phosphate Ca(UO2), (PO4)2, (H2O)10.Forte réaction au rayonnement ultraviolet. Dégage un rayonnement alpha et doit être conservédans une boîte en plomb. Pas de traitement particulier, lavage à l’eau, un bain d’acide chlorhy-drique mais pas d’acide nitrique. L’autunite est soluble dans l’acide nitrique, rincer et mettredans la boite en plomb. L’échantillon disparaît alors à votre regard mais votre vie n’est pas me-nacée.

Barytine : sulfate de baryum BaSO4Passage à l’eau, insoluble dans les acides, passage au chlorhydrique ou au dithionite.

Calcite : carbonate de calcium CaCO3Comme pour l’aragonite. Dithionite seul sans le tampon convient bien.

Célestine : sulfate de strontium SrSO4.Comme pour la barytine.

Chlorite : formule chimique complexe qui peut varier d’un minéral à l’autre.Souvent la chlorite recouvre des minéraux (quartz) ou se trouve à l’intérieur du minéral. Si lachlorite recouvre un quartz en léger dépôt, on peut l’enlever par brossage à l’eau ou acide chlo-rhydrique.Si le dépôt est important on peut difficilement l’enlever, la chlorite fait alors partie du minéral.

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Cuprite : oxyde de cuivre Cu2OLavage à l’alcool ou à l’acétone, de préférence à l’eau. Le cuivre réagit avec les acides, en par-ticulier l’acide nitrique dissout le cuivre. Eviter le traitements aux acides et à l’ammoniaque.

Fluorine : fluorure de calcium CaF2Lavage à l’eau, traitement inefficace aux acides sauf acide fluorhydrique. Dithionite sans tam-pon pour donner de l’éclat.Si la fluorine est recouverte d’un léger dépôt de silice on peut enlever ce dépôt par grattageavec un petit outil avec précaution car la fluorine est un minéral tendre et facile à rayer.

Galène : sulfure de plomb PbS2Lavage à l’eau et produit pour l’argenterie. S’il y a des traces de calcite sur la galène, on peutles enlever avec de l’acide éthanoïque ou du vinaigre.

Pyrite : sulfure de fer FeS2La pyrite s’oxyde facilement et devient terne au contact de l’air. Pour une pyrite oxydée : brefpassage à l’acide chlorhydrique (le fer est attaqué par les acides) quelques secondes, surveillerqu’il n’y ait pas d’effervescence, rincer abondamment, éventuellement neutraliser par l’ammo-niaque.Traitements possibles pour protéger la pyrite de l’humidité de l’air : appliquer un vernis incoloretransparent, ou ma popote qui consiste à dissoudre des grains blanc de polystyrène ou copeauxblanc de polystyrène dans du trichloréthylène, passer au pinceau sur la pyrite ou plonger lapyrite dans le bain (ne pas utiliser des grains jaunes qui vont colorer la pièce). Mais il faut biendoser le trichloréthylène car il peut se former un film blanc qui enlève de l’éclat. Une autre so-lution pour garder l’éclat des pyrites : le produit à vitre. La pyrite de Navajun se conserve biendans le temps.

Marcasite : sulfure de fer FeS2Comme pour la pyrite. La marcasite, de par sa cristallisation en petits amas globuleux rayonnés,présente de nombreuses petites fentes dans lesquelles l’humidité de l’air pénètre. La marcasites’altère alors et peut tomber en poussière en dégageant une odeur soufrée. Ne pas placer unemarcasite à côté d’une pyrite, la pyrite sera altérée par les vapeurs soufrées de la marcasite.

Fossiles pyriteux.Comme pour la pyrite et la marcasite.

Préhnite : 2(SiO2), Al2O3, 2(CaO), H2O.Délicat à nettoyer, s’il y a des incrustations ferrugineuses essayer l’acide chlorhydrique maisrisque de blanchiment.

Quartz : oxyde silicium SiO2Traitement au pistolet pour enlever la terre, l’argile, petites incrustations. Le quartz supportetrès bien les traitements aux acides. Passage au chlorhydrique, lavage à l’eau. Il reste souventdes traces jaunes, on peut alors procéder de deux façons : placer le quartz dans le mélange acideoxalique et acide phosphorique, laisser plusieurs jours ( à chaud l’action est plus rapide) ou pla-cer le quartz dans le dithionite avec le tampon (à froid) : les traces jaunes disparaissent, le quartzressort brillant. Si le quartz est recouvert de chlorite, voir ci-dessus

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Quartz après passage au chlorhydrique, on observe des traces jaunes d’oxyde de fer

Ensuite le même quartz passé au dithionite avec le tampon,les traces jaunes ont disparu les cristaux retrouvent une belle brillance

Je souhaite que cet article vous ait apporté quelques éclaircissements, j’ai testé tout ce qui est présentédans l’article... mais parfois le résultat n’est pas celui que l’on aurait souhaité :

Quartz avant traitement et Quartz après traitement...

Le traitement a dû être trop violent !(L’auteur ne veut pas être tenu pour responsable en cas de traitement inefficace ou problème de sécurité).

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par Jean ARBAULT

Cette sortie nous a été proposée et organisée par l’Association Géologique Auboise dont PhilippeBOUAULT, adhérent à la Section Géo-Paléo, est également membre.

Rendez-vous était fixé à 14h15 sur le parking à côté de l’église de Coussegrey, à quelques km aunord de Tonnerre.

Le trajet pour arriver depuis Lyon étant de l’ordre de 3h, chacun avait prévu le pique-nique afind’arriver et au final, nous nous sommes retrouvés à pique-niquer sur un emplacement prévu à cet effet,près d’une rive du Serin, charmante rivière prenant sa source près d’Avallon, à une dizaine de km denotre lieu de rendez-vous. Les 4 lyonnais s’étaient regroupés dans 2 voitures, Patrice venant du sud étantseul dans sa voiture. Le couple Jean et Danièle se sont arrêtés les premiers, Patrice a suivi une dizainede minutes après, puis dans l’ordre, Jean-Marc et Jean-Pierre puis François et Gustavo ! Jean-Pierre etAnne étaient partis la veille pour découvrir la région et ses richesses viticoles et nous ont rejoints au lieude rendez-vous à Coussegrey.

À 14h, nos accompagnateurs sont sur place et après les salutations d’usage, René Jaffré de l’AGA,nous explique, carte à l’appui, la géologie du département de l’Aube ; géologiquement, ce départementest placé sur le bord sud-est de la « pile d’assiettes » que constitue la succession des étages Jurassiques,Crétacés et Tertiaires du Bassin Parisien.

La carrière de Coussegrey est ouverte dans l’étage Portlandien, dernier étage du Jurassique supé-rieur, nouvellement appelé Tithonien (151/145,5 millions d’années). Cette carrière ou plutôt ces 2 car-rières sont impressionnantes par leurs tailles, avec des fronts de taille de plus de 20 m de hauteur.

C’est une alternance de bancs calcaires durs séparés par des lits plus marneux. Ces calcaires n’ontaucune utilité comme pierre à bâtir car ils sont très gélifs et sensibles à l’eau ; ils sont utilisés uniquementcomme granulats après concassage.

On accède au plancher de la carrière par une piste dont la rampe est importante ; les niveaux su-périeurs de couleur beige sont très pauvres en faune : quelques moules internes de gastéropodes et debivalves de type Pina.

Les niveaux inférieurs, de couleur grisâtre à noire, plus marneux, ont permis de récolter plusieursexemplaires de Gravesia dont une de plus de 40 kg qu’il a fallu aller chercher en voiture ! Patrice étaitcontent de sa récolte, sa voiture un peu moins !

L’après-midi se termine par une dégustation des fromages locaux dont le fameux « Chaource » etdu « Chèvre » de Coussegrey arrosés par du cidre produit localement dans le pays d’Othe (géologique-ment constitué d’argiles de décalcification reposant sur de la craie turonienne). Merci à Mme JAFFRÉ quia préparé ce sympathique quatre-heure ! Nos accompagnateurs nous offrent quelques Gravesia et autresfossiles que nous ne récoltons pas dans notre lyonnais.

Sortie dans l’Aube (10)les 8 et 9 octobre 2016

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Nous partons en direction de notre hôtel à Chaource après nous êtres donné rendez-vous le lende-main à Racines, sur un affleurement de craie cénomanienne.

Les 10 participants à cette sortie se retrouvent à l’hôtel à Chaource pour un bon repas et une nuitde repos.

Le 9 au matin, après un petit-déjeuner copieux malgré l’absence de pain due à un oubli de livraisondu boulanger local, nous nous retrouvons par un temps frais, voire froid, avec un léger brouillard sur laroute en direction d’Auxerre pour atteindre le village de Racines à la limite des départements de l’Aubeet de l’Yonne.

René JAFFRÉ accompagné de Patrick BRET ressort la carte géologique de l’Aube pour nous situerle village de Racines, implanté sur le Cénomanien (100,5 / 93,9 millions d’années).

Le site visité est une ancienne carrière de petite taille par rapport à celle visitée la veille, creuséedans la craie du Cénomanien inférieur. Le front de taille est de l’ordre de 2 à 3 m de haut. La craie légè-rement silicifiée, se débite en « plaquettes » dans lesquelles de nombreux fossiles ont été récoltés : am-monites du type Schloenbachia, Mantelliceras, Turrilites, nautiles, mollusques de type Inocérames,oursins de type Holaster, des dents de requin et de poissons et enfin une paire de splendides pinces decrustacés ! C’était la première fois que René JAFFRÉ observait une telle trouvaille dans le Cénomanienlocal.

Tous les participants ont soigneusement empaqueté leurs trouvailles, car dans cette craie, les fos-siles sont fragiles et ce ne sont souvent que des moules internes.

À midi, l’ensemble de l’équipe se retrouve au soleil sur la place du village de Racines pour boireun dernier verre avant de repartir sur Lyon.

En conclusion, un excellent week-end qui nous a permis de découvrir des niveaux géologiquesque l’on ne retrouve pas dans le Lyonnais, avec des accompagnateurs compétents et sympathiques ;merci à eux pour le temps passé à nous faire découvrir la géologie locale.

Participants :Section Géo-Paléo : Jean et Danièle ARBAULT, Philippe BOUAULT (également membre de l’AGA), Jean-Pierre et Anne CLOCHER, Jean-Marc DUPUIS, François FAILLE, Jean-Pierre MILLIOT, Gustavo PIERANGELINIet Patrice TROMPARENT.

Association Géologique Auboise :Samedi 8 octobre : M. et Mme JAFFRÉ René, Patrick BRET, Jean-Marie VERRIER et Gérard PIERRE.Dimanche 9 octobre : René JAFFRÉ et Patrick BRET.

Nota : Pour la détermination des fossiles récoltés voici quelques titres d’ouvrages édités par l’AGA :• Fiches d’aide à la détermination des ammonites jurassiques et crétacées. Tomes 1, 2 et 3.• La géologie du département de l’Aube.• La craie et ses fossiles.• Inocérames.

Voir également le site Internet de l’AGA : www.assogeolaube.fr

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Carrière de Coussegrey dans le Tithonien. La grosseGravesia a été trouvée dans le plan d’eau. Chaque palierfait environ 20 m de hauteur.

Après l’effort, le réconfort !

La Gravesia ramenée par Patrice (la chaussure de taille 44 au dessus donne l’échelle !)

Affleurements de Cénomanien inférieur de Racine

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par Jean ARBAULT

Nous avions rendez-vous entre 7h30 et 7h45 devant les grilles de l’usine OMYA à Orgon ou lechef de carrière devait nous expliquer les règles de sécurité à respecter ainsi que le déroulement de lamatinée. Une erreur de GPS (due sans doute à une erreur humaine de programmation !) nous a conduità une mauvaise adresse et après un radioguidage par Patrick Tromparent, nous avons enfin rejoint legroupe qui commençait à s’impatienter.

Nous étions une quinzaine dont 8 de la Section Géo-Paléo.

Gros avantage : nous accédons au site en voiture et il n’y a plus qu’à charger les blocs dans lescoffres !

La carrière visitée (carrière du Défonds d’environ 25 hectares) est celle mise en exploitation il y aune petite dizaine d’années ; la carrière « historique » exploitée depuis plus de 50 ans (carrière des Per-rières-Montplaisan d’environ 45 hectares) est en fin d’exploitation et en cours de réaménagement.

Sont extraits de cette carrière environ 600 000 tonnes/ an de calcaires très purs (99,98% de Ca CO3)destinés à faire de la poudre ou farine de carbonate de calcium pour les industries papetière, agro-ali-mentaire, chimique… La société OMYA est le leader mondial de la poudre de Ca CO3 très fine (infé-rieure à 1 voire 0,5 micron).

La côte supérieure de la carrière est à 140 m ; la carrière est exploitée par paliers de 15 m de hau-teur ; à l’heure actuelle un deuxième pallier est en cours de creusement et l’exploitation pourra se pour-suivre jusqu’à la cote 82 m. L’autorisation d’exploitation a été renouvelée en 2014 pour 30 ans.

Les calcaires exploités sont du type « calcarénites », c’est-à-dire formés par l’accumulation degrains de sable (arena) de nature calcaire. Ainsi, les sables coralliens actuels sont des « calcarénites » enformation.

Les calcaires d’Orgon montrent une alternance de gros bancs très clairs et de petits bancs plusbeiges ou jaunâtres. Le pendage est de 15° vers le N/NW.

Cette formation, d’une centaine de mètres d’épaisseur, est à l’origine de l’étage Urgonien définien 1850 par d’ORBIGNY. Comme il est d’usage à cette époque, un étage était défini par des faunes réfé-rencées à une localité ; de fait, à cette époque, la faune Urgonienne comprenait deux ensembles distincts :une faune de rudistes provenant d’Orgon et une faune d’ammonites provenant de Barrême. Le nom d’Urgonien était basé sur la seule localité d’Orgon. Les paléontologues de la deuxième partie du XIXème

siècle ont montré que les formations dénommées « Urgoniennes » pouvaient être d’âges différents selonleur position géographique ; ainsi le vocable Urgonien va donc perdre sa signification originale et nesera plus considéré comme un étage, mais comme un faciès particulier, calcaire, contenant des rudistesdont l’âge est principalement Aptien ou Barrémien. Les calcaires exploités à Orgon sont datés du Bar-rémien supérieur.

Sortie dans la carrière OMYA d’Orgon Samedi 19 novembre 2016

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Vue de la carrière où l’on distingue les 2 paliers en cours d’exploitation et le pendage des couches en direction du N-NW.

La faune récoltée ce jour est constituée majoritairement de lamellibranches du type rudiste, desgenres Requienia et Toucasia, de petits gastéropodes et de grandes Nérinées.

En fin de matinée, notre guide nous a montré et distribué quelques exemplaires des fossiles carac-téristiques de cette formation dont un gros gastéropode (Harpagodes), quelques nérinées et un bel oursinque l’on ne rencontre pas dans les niveaux exploités actuellement.

Après un délicieux repas pris dans les environs, nous nous retrouvons à 5 pour visiter le nouveaumusée « Urgonia » installé dans l’ancienne prison de la ville et superbement aménagé. Ce musée, dontl’entrée est gratuite, présente l’ensemble de la géologie locale et les faunes associées, l’archéologie localeet une exposition ornithologique consacrée aux espèces protégées prises en compte par le programmeLife des Alpilles.

Le conservateur et initiateur de ce musée, Fabrice AUBERT, a participé à l’édition d’un petit ouvragevendu au musée « Orgon et la région orientale des Alpilles. Itinéraires, sites et paysages géologiques ».

Participants à cette sortie : Patrice TROMPARENT (initiateur de la sortie), Cathy et Jean-Pierre MILLIOT, Henri BENOIT, JacquesGAILLARD, Bernard MORETEAU et Danièle et Jean ARBAULT.

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Vue de la rampe d’accès au premier palier d’exploitation où sont stockés les blocs fossilifères prêts à être exploités. La photo est prise d’une plateforme formant un belvédère, aménagé par la société OMYA.

Grande Nérinée.

Requienia ammonia

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par Jean ARBAULT

Comme chaque année et pour respecter la tradition, l’Assemblée Générale a inauguré cette37ème année d’existence de la Section Géo-Paléo. Suite à cette Assemblée, un Comité d’Animation ex-ceptionnel a permis d’établir une liste de 10 thèmes de réflexion d’importances inégales mais où chaquemembre de la Section pouvait apporter ses compétences. À partir de cette liste, une enquête a été lancéeauprès de tous les membres pour connaître leurs disponibilités et leurs compétences.

L’analyse de cette enquête montre que certains membres ne prennent même pas la peine de répon-dre alors que les doyens de la Section (âgés de plus de 80 ans) répondent !

Le premier constat porte sur la disponibilité : plus les membres habitent loin, moins ils sont dis-ponibles ; ce qui paraît une évidence et nous avait conduit à refuser l’inscription de membres habitant àplus de 50 km. Mais ce constat doit être nuancé ; en effet, certains membres résidant parfois très loinnous apportent une aide à l’organisation de sorties ou sur la recherche de documents. Ce que l’on peutregretter c’est que certains membres éloignés de la carrière sont disponibles pour les fouilles en carrièrele samedi matin mais indisponibles pour le reste !

Les 3 thèmes arrivés en tête de ce sondage sont : les connaissances de la carrière avec une largemajorité, suivies du Soutien à l’Espace Pierres Folles puis de l’Évolution de la collection de référence.Les autres thèmes recueillent à peu près les mêmes nombres de suffrages.

Certaines actions sont déjà bien engagées, telles que celle du soutien à l’Espace Pierres Folles etl’évolution de la collection de référence. Une première concrétisation sera la mise en place de la pro-chaine exposition 2017 au musée consacrée au site de Cerin dans l’Ain. D’autres actions ont débutécomme le rafraichissement de la coupe de référence et l’évolution de la collection de référence ; à cesujet, on ne peut que regretter que la visite du musée que Louis RULLEAU a organisée le 4 juin pour ex-pliquer son organisation et sa finalité n’ait pas attiré plus de membres de la Section. Il en est de mêmepour la conférence donnée par Abel PRIEUR le 15 octobre dernier à l’occasion de la journée mondialedes fossiles ; il n’y avait que 22 membres de la Section et quelques membres de l’Espace Pierres Folles.

• 13 sorties en carrière ont été organisées dont 5 avec invités, conformément au planning établi endébut d’année. Nous avons accueilli 6 clubs extérieurs, dont les effectifs ne dépassaient pas 15personnes, excepté pour le club des PTT où on comptait 21 personnes.Le nombre de membres de la Section participant à ces sorties a varié de 17 (05/03/2016 – tempscorrect sans vent mais terrain très attachant !) à 40 (19/03/2016 – temps splendide, bon terrain et11 invités).

• La sortie en Allemagne prévue pour le grand week-end de l’Ascension a été annulée et reportéeà 2017 du fait que certaines carrières n’étaient pas accessibles à cette date.

Bilan de l’année 2016 de la section Géo-Paléo

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• 2 sorties ont été organisées à l’extérieur avec une petite dizaine de participants ; l’une dans l’Aubeorganisée par P. BOUAULT et l’AGA sur un week-end, l’autre sur une journée, à Orgon dans LesBouches du Rhône organisée par Patrice TROMPARENT et le Responsable de la carrière OMYA.

• La sortie en Haute-Saône pour la recherche de fossiles de l’Oxfordien dans les chailles prévuedébut septembre a été annulée au dernier moment ; en effet, la sécheresse sévissant en cette find’été a entrainé un report à une date indéterminée de la date des labours.

• Enfin, quelques membres de la Section ont participé à la journée de recherche sur le terril deChessy le 2 octobre.

• 4 réunions du Comité d’Animation se sont tenues (22/04/2016 – 01/07/2016 – 15/10/2016 –17/12/2016). Au cours de ces Comités l’avenir et l’évolution de la Section Géo-Paléo ont lon-guement été envisagés et nous en reparlerons plus longuement lors de la prochaine AssembléeGénérale.

• De nombreuses réunions des groupes de travail, notamment pour celui de l’évolution des rapportsavec l’Espace Pierres Folles, se sont tenues et Jean-Pierre CLOCHER, vous fera un point précislors de l’Assemblée Générale de janvier.

• Une seule séance de sciage a eu lieu le 2 avril ; d’autres séances étaient prévues mais ont dû êtreannulées du fait de l’absence de responsable du sciage !

Pour conclure, un bilan positif surtout pour ce qui concerne l’avenir de la Section Géo-Paléo !Dans deux ans nous fêterons les quarante ans de la Section Géo-Paléo et il nous faudra réfléchir dèsmaintenant sur la façon de marquer dignement cet événement.

Le Comité d’Animation du 1er juillet en pleine cogitation !

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Revue de presse

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n Paléontologie : la découverte d’un dinosaure qui perdait ses dents pourrait expliquer pourquoiles oiseaux ont un bec.

Le limusaurus inextricabilis, un dinosaure qui perdait ses dents, a été découvert par des chercheurs.Il s’agit d’une trouvaille importante, car elle pourrait apporter un nouvel éclairage sur l’évolutiondu bec dont étaient pourvus de nombreuses espèces de dinosaures.http://www.lenouvelliste.ch/articles/monde/paleontologie-la-decouverte-d-un-dinosaure-qui-perdait-ses-dents-pourrait-expliquer-pourquoi-les-oiseaux-ont-un-bec-616201

n L’homme de Néandertal était bien cannibale.Dans les grottes de Goyet, sur le territoire de la Belgique actuelle, l’homme de Néandertal ne secontentait pas de chevaux ou de rennes pour s’alimenter mais il pratiquait aussi le cannibalisme,révèle une nouvelle étude internationale. Corps dépecés, os fracturés pour en consommer lamoelle... Les preuves sont là.http://www.sciencesetavenir.fr/sciences/l-homme-de-neandertal-etait-bien-cannibale_109332

Brèves « piochées » sur le web...

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n Un crâne d’un animal à la terrible morsure précise l’évolution des marsupiaux.L’étude de ce crâne datant du Crétacé a permis aux chercheurs de retracer la phylogénie et l’évo-lution des marsupiaux. Cette espèce posséderait également la plus forte morsure jamais enregistréechez les mammifères modernes.http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/un-crane-d-un-animal-a-la-terrible-morsure-precise-l-evolution-des-marsupiaux_109237

n L’opossum de Cuvier qui n’en était pas un.Fossile emblématique du Muséum de Paris, le petit marsupial découvert à Montmartre en 1804 alivré de nouveaux secrets.Sa découverte date du temps où les couches de calcaire et de gypse de Montmartre fournissent en-core le célèbre plâtre de Paris. En cette année 1804, des ouvriers découvrent dans une pierre degypse le squelette fossile d’un petit quadrupède presque entier, dont n’émergent à l’air libre quequelques dents. Le fossile arrive entre les mains de Georges Cuvier. Son préparateur scinde ha-bilement la pierre en deux: un fossile de squelette apparaît, qui montre les vestiges d’os pelvienscaractéristiques des marsupiaux. Le crâne reste, lui, coincé dans sa gangue rocheuse.http://www.lefigaro.fr/sciences/2016/12/26/01008-20161226ARTFIG00163-l-opossum-de-cuvier-qui-n-en-etait-pas-un.php

n Fossile : un oiseau à dents découvert dans l’Arctique canadienLes restes d’un oiseau d’une espèce jusque-là inconnue, datant du Crétacé supérieur, ont été retrou-vés en région arctique. Ils montrent que ces animaux étaient déjà assez diversifiés et l’étude dumilieu environnant indique qu’il faisait alors vraiment chaud en ces hautes latitudes.http://www.futura-sciences.com/planete/actualites/paleontologie-fossile-oiseau-dents-decouvert-arctique-canadien-65642/

Sur le même thème (pour un public de connaisseurs anglophones) :

n A Large Ornithurine Bird (Tingmiatornis arctica) from the Turonian High Arctic: Climatic andEvolutionary Implications

http://www.nature.com/articles/srep38876#f1

n Publication par l’American Journal of Sciences sur les plus vieux fossiles du GabonLibreville, le 20 décembre 2016 - Le Président de la République, Ali Bongo Ondimba, salue l’im-portante avancée scientifique induite par les derniers travaux sur le Francevillien réalisés parl’équipe du Professeur Abderrazak El Albani (Université de Poitiers). Depuis le lancement des campagnes de fouille, en 2010, le bassin fossilifère du Francevillien s’estrévélé d’une extraordinaire richesse. Cette nouvelle publication confirme le bien-fondé de cettepassionnante aventure scientifique de portée internationale. L’étude qui vient d’être publiée parl’American Journal of Sciences – la plus ancienne revue scientifique des Etats-Unis – met en év-idence la genèse des plus anciens gisements terrestres d’uranium.https://blogs.mediapart.fr/amdb/blog/211216/publication-par-l-american-journal-sciences-sur-les-plus-vieux-fossiles-du-gabon

n Le squelette d’un dinosaure adjugé à 1,128 millions d’eurosEn décembre 2016, le fossile d’un dinosaure a été vendu aux enchères à Lyon, dans l’anciennegare des Brotteaux. La vente a été organisée par la maison Auguttes. Le spécimen provient de For-mation Morrisson, aux États-Unis. C’est la deuxième fois que le squelette d’un grand reptile car-nivore est commercialisé en Europe. Il a rapporté 1,128 millions d’euros au vendeur.http://www.fredzone.org/le-squelette-dun-dinosaure-vendu-a-1128-millions-deuros-dec-022

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Quelques lithographies : les poissons de Cerin

Ces planches proviennent du portfolio « Atlas – Description des poissons fossiles provenant des gisements coraliens du Bugey » (Victor Thiollière – 1873 ; atlas de 20 planches accompagné d’une

notice de 92 pages par A. Falsan et E. Dumortier – 1873). Publication de Dédale Éditions.

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Atlas – Description des poissons fossiles provenant des gisements coraliens du BugeyVictor Thiollière – 1873 – Publication de Dédale Éditions.