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65 3 LE NEWS TANK DE VAE SOLIS CORPORATE N°6 - JANVIER 2012 Conseil d’administration : où sont les femmes ? Fukushima… et après ? Enseignements de communication sur la sûreté nucléaire Connaissez-vous les entreprises chinoises ? La démocratie d’opinion à l’épreuve de la crise : le véritable‘’stress-test’’

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653 le news tank de vae solis corporate n°6 - Janvier 2012

conseil d’administration :

où sont les femmes ?

Fukushima… et après ? enseignements de

communication sur la sûreté nucléaire

connaissez-vous les entreprises chinoises ?

la démocratie d’opinion à l’épreuve de la crise :

le véritable‘’stress-test’’…

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Som

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4 2011 en dates

6 décryptage La France et les gaz de schiste :

le syndrome du village gaulois

9 stratégie Médias sociaux, le futur de la révolution ?

12 c’est dans l’air Conseil d’administration : où sont les femmes ?

15 dossier Fukushima… et après ?

Enseignements de communication sur la sûreté nucléaire

18 2011 en brèves

20 arrêt sur image 2011, année de l’indignation

22 du côté de chez nous Un aperçu de l’année chez Vae Solis…

24 À suivre… Connaissez-vous les entreprises chinoises ?

26 savoir plus Entreprises des viandes :

2011, une année entre risques et opportunités

30 tout le monde en parle Bientôt une éclaircie sur le secteur

de l’énergie solaire ?

Numericable révolutionne le mobile

31 strip-tease Entretien avec Gilles Pelisson, Président du

Groupement des Professions de Services - GPS

32 en aparté La démocratie d’opinion à l’épreuve de la crise :

le véritable ‘’stress-test’’…

2 365° | n°6 | Janvier 2012

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15Fukushima… et après ?

Connaissez-vous les entreprises chinoises ?

La démocratie d’opinion à l’épreuve de la crise : le véritable ‘’stress-test’’…

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12Conseil d’administration : où sont les femmes ?

Médias sociaux, le futur de la révolution ?

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Retour en arrière sur l’année 2011. Notre sélection des événements de l’année est bien sûr

subjective. Pour la faire, nous nous sommes fixé deux critères : retenir des sujets ou des

événements qui ont une signification dans le temps et que nous avons bien connus ou suivis avec

attention.

Nous avons ici, lors des années passées, souligné à de très nombreuses reprises le pessimisme

français et notre grande difficulté collective à nous projeter dans l’avenir. Les nouvelles idées,

les nouvelles perspectives, les changements inattendus font peur. À l’opposé de l’espérance, ils

suscitent la crainte, la frilosité, la peur et en conséquence, la paralysie. Nous l’avons dit et écrit.

2011 aura eu son lot de ces réactions angoissées : la révolution tunisienne, le débat surréaliste

sur les gaz de schiste, Fukushima et les questions que cet accident a suscitées, etc.

Mais dans un contexte de crise des dettes souveraines et de la gouvernance européenne, dans la

perspective d’une année 2012 qui inquiète l’ensemble des acteurs économiques, l’équipe de Vae

Solis, au travers des choix éditoriaux de 365° a voulu aussi montrer les éclaircies. Envers et contre

tous, il y a des bonnes nouvelles, il y a des perspectives, il y a des secteurs qui innovent. Qu’il

s’agisse du secteur des services, des entreprises de la viande, du secteur de l’énergie solaire…

Nombre d’acteurs économiques prennent des initiatives, prennent soin d’imaginer l’avenir, mais

aussi de mieux valoriser ce qu’ils sont et ce qu’ils font.

Ces acteurs économiques savent que la défense de leurs intérêts implique qu’ils soient pleinement

porteurs d’une part de l’intérêt général. Il vaut mieux agir vite et bien que de laisser le débat

public se développer de manière déséquilibrée et univoque. L’année 2011 nous a donné plusieurs

exemples où les acteurs économiques avaient perdu la bataille des idées et des faits sans l’avoir

réellement livrée par manque d’anticipation. L’année qui commence ne sera pas plus paisible,

au contraire. Les échéances électorales présidentielle et législatives vont attiser les surenchères

en tout genre. Le vent se lève ! Vae Solis Corporate a encore renforcé son équipe de nouveaux

talents pour aider et accompagner celles et ceux qui voudront faire entendre leur voix, anticiper

les tensions, s’adapter et saisir les opportunités que toute période de crise offre.

Arnaud Dupui-Castérès

Président

653Directeur de la publication :

Arnaud Dupui-Castérès

Rédacteur en chef :

Corinne Dubos

Conception/Réalisation :

Anne-Sophie Méry

Crédits photos :

• AFP Photo : Mohammed

Abed - Eric Cabanis - Yasuyoshi

Chiba - Jacques Demarthon - Carl

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Vae Solis Corporate 16, avenue Kléber 75016 ParisTél. : 01 53 92 80 00Email : [email protected] www.vae-solis.comwww.gestiondecrise.com @VaeSolisCorp

La démocratie d’opinion à l’épreuve de la crise : le véritable ‘’stress-test’’…365° | n°6 | Janvier 2012 3

Le vent se lève !

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Janvier01/01 : la France préside le G8.

14/01 : départ du président de la République Zine El-Abidine

Ben Ali.

Février11/02 : démission du président égyptien

Mohammed Hosni Moubarak.

23/02 : journée de grève générale en Grèce contre la politique d’austérité

du gouvernement.

Mars04/03 : nouvelles conditions pour bénéficier

de l’obligation d’achat dans le photovoltaïque publiées après trois mois de moratoire.

11/03 : accident nucléaire de la centrale de Fukushima.

19/03 : début de l’intervention militaire multinationale en Libye sous l’égide de l’ONU.

20 et 27/03 : élections cantonales.

Juillet01 et 02/07 : mariage

du prince Albert II de Monaco et de Charlène Wittstock.

02/07 : feu vert de la zone euro au versement de 8,7 milliards d’euros

d’aide à la Grèce.

12/07 : retrait des troupes d’Afghanistan d’ici 2014.

22/07 : attentats à Oslo, en Norvège, 92 morts.

Avril11/04 : arrestation de Laurent Gbagbo.

29/04 : mariage du prince William et de Catherine Middleton.

Mai02/05 : mort d’Oussama Ben Laden.

14/05 : arrestation de DSK et début de l’affaire.

15/05 : les Indignés lancent leur mouvement à la

« Puerta del sol » à Madrid.

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Juin28/06 : Christine Lagarde,

nommée directrice générale du FMI.

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Septembre04/09 : retour de DSK en France dans

son appartement place des Vosges.

11/09 : 10 ans des attentats de New York.

14/09 : ouverture du procès de Jacques Chirac concernant les présumés

emplois fictifs de la Ville de Paris.

25/09 : le Sénat passe à gauche (avec 177 sièges PS, PC, Verts, Radicaux).

Décembre01/12 : Intouchables franchit les 10 millions de spectateurs en quelques semaines.

08/12 : Étude Politique Vae Solis : 3e édition spéciale « Présidentielle 2012 » en préparation…

12/12 : sommet de Durban sur le climat : 2 nuits blanches pour que les 194 pays réunis en Afrique du Sud élaborent une feuille de route pour lutter contre le réchauffement.

Novembre07/11 : François Fillon annonce

un nouveau plan de rigueur comprenant la création d’un taux

intermédiaire de TVA à 7 %.

07/11 et 12/11 : le Premier ministre grec, Georges Papandréou, et Silvio Berlusconi, chef du gouvernement italien, annoncent

leur démission.

16/11 : nouveau gouvernement grec d’union nationale dirigé par

Lucas Papademos.

Octobre05/10 : Apple annonce le décès

de Steve Jobs, son PDG.

15/10 : François Hollande remporte l’élection des primaires socialistes.

19/10 : naissance du bébé présidentiel : Giulia Bruni-Sarkozy.

20/10 : Mouammar Kadhafi est tué à Syrte.

23/10 : en Tunisie, les islamistes gagnent les élections neuf mois après la révolution.

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Août06/08 : déclenchement

d’émeutes à Londres dans le quartier de Tottenham.

24/08 : annonce par François Fillon des premières mesures du plan de rigueur.

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Mars 2010 : le ministère de l’Écologie et du Développement durable accorde plusieurs permis de recherches d’huiles et de gaz de

schiste à des entreprises américaines et françaises.

Prologue : le jour où des permis ont été délivrés à des entreprises américainesCet évènement passe inaperçu, jusqu’au jour où les habitants des territoires concernés (Drôme, Lozère, Seine-et-Marne…) découvrent un beau matin des foreuses dans leurs jardins et organisent la résistance. Jugez du quiproquo : le sous-sol étant propriété de l’État, celui-ci n’a pas jugé nécessaire d’en avertir les élus concernés… Et les entreprises détentrices d’un permis de recherche en bonne et due forme, n’ont, elles, pas non plus jugé utile d’en informer les élus et leurs populations.

De quoi s’agit-il ? D’un gaz non conventionnel emprisonné dans la roche mère (à 300 mètres de profondeur) et dont la seule technique d’extraction connue, à ce jour, consiste à fracturer cette roche par injection d’eau à très forte pression.

La technique de fracturation hydraulique est connue des habitants du bassin des Landes depuis 1993, date de la première expérience en France. Pourtant, la majorité des Français ne découvre ce terme qu’au printemps 2011, suite à la mobilisation de plusieurs petits villages d’irréductibles Gaulois.

Devant la levée de boucliers des élus, la mobilisation des riverains et la combativité de certaines associa-tions, le Premier ministre, François Fillon, décide, en février 2011, au nom du principe de précaution

Le gaz de schiste, hier encore réservé

aux seuls ingénieurs des Mines et experts

du code Minier, est aujourd’hui devenu

un vrai sujet de société. Depuis les plateaux du Larzac il fait trembler les

coulisses du ministère de l’Écologie et

s’agiter les couloirs du Parlement.

La France et les gaz de schiste : le syndrome du village gaulois

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La France et les gaz de schiste : le syndrome du village gaulois

La France serait-elle devenue un nouvel eldorado gazier ? En mars 2011, nul ne souhaite se donner les moyens de la réponse. Et c’est bien là tout le paradoxe d’un débat médiatique qui, dès le départ, refuse d’ouvrir le dossier – certes politi-quement sensible – de l’indépendance énergétique et du prix de l’énergie en France.

À ce stade, quelques éléments de réflexion : la France importe 98 % de sa consom-mation de gaz, qu’elle achète à des pays producteurs tels que l’Algérie, la Russie, le Nigeria ou le Qatar. Le prix du gaz en France étant indexé sur celui du pétrole, la France est donc deux fois tributaire des évènements politiques au Proche et au Moyen-Orient : à la fois pour sa ressource et pour son prix.

Or, selon des estimations, la France pourrait être la deuxième réserve de gaz non conventionnel d’Europe. S’il était avéré que ces ressources sont suffisantes, la France pourrait exploiter son propre gaz. Elle pourrait ainsi non seulement sécuriser son approvisionnement éner-gétique, mais aussi faire baisser le prix du gaz pour les consommateurs français, comme cela a été le cas aux États-Unis où la facture de gaz a diminué en moyenne de 20 %…

Acte II. L’enjeu électoral Las, le sujet est un casus belli pour les écologistes, qui refusent de prendre en compte les considérations économiques de cette nature… l’extraction du pétrole (bien plus défigurant pour le paysage au demeurant) : oui, les gaz de schiste non ! Et les écologistes, comme les opposants au gaz de schiste, sont portés médiatiquement par la figure tutélaire de l’antiaméricanisme français : José Bové.

L’homme qui avait démonté un « McDo » et avait incarné l’esprit gaulois – cette exception culturelle française dans la mondialisation – devient la figure de proue de la résistance antigazière. Dénoncées comme de nouveaux agents de l’impéria-lisme énergétique américain, accusées de sacrifier nos paysages sur l’autel d’une rentabilité immédiate exigée par des actionnaires apatrides, les compagnies pétrolières deviennent le bouc émissaire d’un débat qu’elles n’ont pas initié et d’une polémique qui les dépasse. Considérant les enjeux économiques et financiers du gaz non conventionnel en France, l’État a décidé d’autoriser la prospection et en a confié la mise en œuvre à des entreprises. En éludant ces enjeux énergétiques stra-tégiques pour le pays et en préférant une appréhension purement idéologique de ce débat (multinationales américaines vs. bergeries du Larzac et profits vs. cadres de vie), José Bové et les écologistes démon-trent leur parfaite compréhension des théories gramsciennes et la grande effi-cacité de ces dernières, surtout lorsqu’il s’agit de revivifier l’esprit cocardier. Entre partisans du débat sur l’exploration de la ressource et leurs adversaires, ce n’est plus une guerre à fleurets mouchetés, c’est une guerre de positions. Les timides défenseurs du principe de l’exploration de la ressource, c’est-à-dire de l’évaluation de la ressource, se cachent de peur d’être cloués au pilori médiatique !

À 6 mois des élections sénatoriales, le sujet devient une bombe politique à retar-dement et le débat sur les gaz de schiste s’installe au Parlement… il y restera 6 mois au cours d’une frénésie parlemen-taire, et d’une avalanche de propositions de loi sans précédent.

d’établir un moratoire… sur les permis octroyés par son gouvernement en toute légalité !

Acte I. Le Moratoire ou le débat interdit sur la ressource énergétique françaiseLa France se mobilise dans les territoi-res directement concernés : pétitions, tracts, manifestations. Vu de Paris, cela ne semble encore qu’une rumeur provin-ciale qui gronde au loin… mais elle enfle au point qu’un gouvernement ne voit pas d’incongruité à imposer un moratoire de la décision prise quelques mois auparavant.

Plusieurs milliers de personnes manifes-tent le 16 avril 2011 à Donzère, dont le maire est le ministre de l’Énergie Eric Besson, pour réclamer un renoncement définitif au gaz de schiste.

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Acte III. La valse des débats au Parlement de mai à octobre 2011C’est d’abord le groupe socialiste qui tire en premier : au Sénat, puis à l’Assemblée nationale, deux propositions de loi socia-listes sont déposées sur le sujet visant à interdire l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à abroger les permis exclusifs de recherches… Puis, c’est au tour du groupe UMP et de son président Christian Jacob (élu de Seine-et-Marne) de riposter en déposant sa propre proposition de loi… également destinée à abroger les permis exclusifs de recherche d’hydrocarbures non conventionnels et à interdire leur exploration et leur exploita-tion sur le territoire national.

Deux propositions de loi socialistes et une proposition de loi UMP, toutes deux visant à contrer une décision du gouvernement (UMP)… Vous suivez ?

Jean-Louis Borloo présente également sa propre proposition de loi d’interdiction. En 2010, Jean-Louis Borloo, ministre, autorise. En 2011, Jean-Louis Borloo, député du Nord, veut interdire : irresponsabilité politique ? Nathalie Kosciusko-Morizet, devenue ministre de l’Écologie entre-temps se sera certainement posé la question. Cette dernière, lors des débats en séance publique de juin 2011, doit assumer la rude tâche de défendre un texte, officiellement soutenu par le gouvernement, officieu-

sement désavoué par les députés de sa propre majorité… tout en ayant à cœur de ne pas engager une bataille juridico- financière incertaine avec des opérateurs pétroliers, particulièrement procéduriers.

Entre-temps, le gouvernement, qui a demandé un rapport d’experts au ministère de l’Écologie et du Développement durable, sur l’utilisation de la technique de fracturation hydraulique ne s’en est vu remettre qu’une version provisoire : les aspects techniques et scientifiques sur la dangerosité de la méthode n’ont ainsi fait l’objet d’aucune évaluation de l’État. Au final, le texte promulgué par le Parlement, le 14 juillet 2011, vise à interdire l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique. La loi interdit l’utilisation de la seule technique existante (la fractu-ration hydraulique), mais laisse la porte ouverte aux industriels pour proposer des solutions de recherche alternatives.

Reprenons : une loi a été votée pour interdire une technique (dont personne n’a donné de définition)… dont il n’existe à ce jour aucune conclusion officielle d’experts sur la dangerosité ; le Parlement a donc pris dans l’urgence une décision qui ne prend pas en compte les avis d’experts sollicités par l’État.

Épilogue : la guerre de Troie n’aura pas lieuMais la valse des propositions de loi n’est pas terminée. Le groupe socialiste a déposé le 13 juillet 2011, à l’Assemblée nationale, une nouvelle proposition de loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, à abroger les permis exclusifs de recherche de mines d’hydrocarbures non convention-nels et à assurer plus de transparence dans le code minier, (rejetée par les députés le 6 octobre) et le 27 juillet au Sénat, une autre proposition visant à interdire l’explo-ration et l’exploitation des hydrocarbures de roche et à abroger les permis exclusifs de recherche de mines d’hydrocarbures… Ce texte n’est pour le moment pas inscrit à l’ordre du jour du Parlement.

Un texte de loi et six propositions de loi plus tard, le débat légitime sur les ressources énergétiques en France n’a toujours pas eu lieu. Pendant ce temps, aucune position officielle sur la technolo-gie n’a été prise par l’État. Manifestement, les échéances électorales du printemps interdisent tout débat de fond rationnel favorisant un statu quo mortifère. Voilà pourquoi, vu du reste du monde, la France reste définitivement un pays d’irréducti-bles Gaulois.

José Bové, le député européen Europe-Écologie et Guy Durand (R), le maire de Millau, s’expriment lors d’une réunion du Collectif contre les explorations de gaz de schiste sud- aveyronnais le 4 février 2011, à Millau.

Jean-Philippe Daniel et Claire Morenvillez

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Comme un grand nombre de leaders du « Printemps arabe », Slim Amamou, Lina Ben Mhenni, Wael Ghonim, Mehdi Lamloun ou

encore Esraa Abdel Fattah seraient bien en peine de manier une kalachnikov ou de mener une opération militaire. Pourtant, ils et elles auront contribué, avec pour seules armes des ordinateurs portables et des smartphones, à bouleverser la géopolitique du Proche et du Moyen-Orient pour les décennies à venir.

“The revolution will be televised… and tweeted”Prenez l’exemple de Slim Amamou. Ce blogueur tunisien de 34 ans est devenu en quelques semaines l’une des icônes de la révolution tunisienne, au même titre que la blogueuse Lina Ben Mhenni. Rédacteur sur le site ReadWriteWeb, connu pour avoir mis en lumière la surveillance généralisée de l’Internet tunisien par la cyber-police de Ben Ali, il sera emprisonné pendant la révolution. Mais son

engagement pour la démocratie s’est concrétisé : il vient d’être nommé secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement de transition.

De même, Esraa Abdel Fattah est l’une des fondatri-ces du « Mouvement du 6 avril », un groupe lancé sur Internet en 2008 et qui a activement contribué à la mobilisation anti-Moubarak. Son rôle de coordi-natrice du mouvement l’a transformée en véritable ambassadrice de la révolution égyptienne auprès des médias et de l’opinion publique internationale. Comme elle, ces jeunes activistes ont su connecter des supports traditionnels – principalement les chaînes de télévision en continu telles qu’Al Jazeera – avec les nouveaux médias et réseaux sociaux : blogs, Facebook, Twitter mais aussi SMS.

Un autre Égyptien, Wael Ghonim, a été élévé par le magazine Time, au rang de personnalité la plus influente de l’année 2011. Responsable marketing pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de Google,

Médias sociaux, le futur de la révolution ? Le « Printemps

arabe » aura démontré la capacité des médias sociaux à susciter des changements politiques majeurs. S’il est trop tôt pour prédire les effets à long terme de ces outils sur les opinions publiques nationales et inter-nationales, les activistes digitaux apparaissent, d’ores et déjà, comme des acteurs essentiels des révo-lutions à venir.

Égypte, Le Caire - Le 12 février 2011, les Égyptiens utilisent leur téléphone mobile pour enregistrer les célébrations, place Tahrir au Caire, épicentre de la révolution fatale au vieux raïs Hosni Moubarak. Des milliers d’Égyptiens chantent et agitent des drapeaux, alors que le jour se lève sur une nation qui renaît après une insurrection populaire contre Moubarak.

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il fut l’un des chefs de file du lancement de la contestation de janvier 2011. Arrêté le 27 janvier, ses proches et sa famille n’ont plus de nouvelles de lui. Des avis de recherche sont alors postés sur Twitter et Google, son employeur, crée une page Internet en arabe pour demander aux Égyptiens de lui communiquer des informations sur son sort. La captivité de Wael Ghonim dure 12 jours. Une fois libéré, il apparaît sur la place Tahrir, où il est acclamé par la foule.

En Libye, dans un contexte sécuritaire pourtant difficile, le premier appel à mani-fester pour un « jour de colère » a été lancé sur les réseaux sociaux. Le jour de la manifestation, le groupe Facebook « Jour de colère » recensait près de 10 000 inscrits. Ces réseaux auront donc permis aux insurgés libyens de diffuser leurs doléances à travers le monde, générant un élan de solidarité de l’Occident.

« Power to the people »Ainsi, les activistes digitaux ont pu à la fois mobiliser leurs concitoyens et informer les médias internationaux, en direct du terrain, de l’évolution de cette mobilisation. Tandis qu’en retour, les grands médias acceptaient d’ouvrir leurs pages et leurs antennes à ces « révolutionnaires en ligne ». Une véritable symbiose s’est progressivement installée au fil des évènements : les uns se retrouvaient dotés de reporters locaux, très informés et ultraréactifs, les autres bénéficiaient d’un accès démultiplié à l’opinion publique mondiale et d’une relative protection contre les représailles du régime.

Si les médias sociaux ont été au centre des soulèvements du Printemps arabe, c’est parce qu’ils ont permis aux activistes de circonvenir les appareils sécuritaires d’État. Grâce à eux, le droit de chaque citoyen d’exprimer librement son opinion a ressurgi au cœur des dictatures.

Pour autant, l’activisme digital a aussi trouvé ses limites. S’il a été un accéléra-teur de particules démocratiques, il n’a pas le pouvoir d’affronter seul forces mili-taires et politiques. Lorsque la dictature est servie par une armée forte et prête à la soutenir, comme en Libye, en Syrie ou au Royaume de Bahreïn, il faut toujours des armes pour reprendre le pouvoir. De même, les réseaux doivent trouver des failles pour être efficaces : une société civile fragmentée ou une censure efficace d’Internet peuvent aisément les paralyser. La sévère répression organisée par le régime libyen rendait impossible toute manifestation physique d’oppo-sants sur le territoire contrôlé par les forces du colonel Kadhafi.

« We don’t need no information control » Si leurs armes « en ligne » ont été d’une efficacité redoutable pour les soulève-ments tunisiens et égyptiens, l’un des enjeux de ces nouveaux révolutionnai-res est ensuite de s’intégrer dans l’ère postrévolutionnaire. Alors même que, sans reconnaissance pour les cyber-activistes qui ont contribué à les placer au pouvoir et ne semblant pas avoir appris de leurs propres révolutions, certains des nouveaux régimes arabes s’empressent déjà de limiter de nouveau leur liberté d’expres-sion. Ainsi Ayman Youssef Mansour, un internaute égyptien, a-t-il été récemment condamné à trois ans de prison ferme pour des « insultes contre l’Islam » proférées sur Facebook (sans que nul ne sache quels étaient ses propos exacts).

De façon plus directe encore, certains régimes non démocratiques diaboli-sent les médias sociaux pour imposer leurs opinions totalitaires et étouffer l’opposition. Ainsi, l’échec de la mobi-lisation iranienne de février 2011 a

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Extraits des profils Twitter et Facebook de Esraa Abdel Fattah, Slim Amamou et Wael Ghonim.

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résulté de l’utilisation combinée des moyens de répression traditionnels et de la dénonciation des médias sociaux comme outils de « contre-révolution ». Tout utilisateur devenait ainsi un suspect potentiel.

À l’inverse, le Web n’a pas été exempt de dérives. Portés par l’enthousiasme, trop récemment arrivés en ligne ou simplement mal intentionnés, certains ont utilisé ces outils contre des « innocents » ou pour se livrer à de la désinformation. Le déficit de régulation ouvre la porte aux fausses rumeurs, à la diffamation ou aux blogueurs « agents doubles » servant anonymement une cause en projetant une image d’experts indépendants.

Dans le vide institutionnel créé par les révolutions, les compagnies étrangères

implantées dans ces pays et les entre-prises locales non liées aux régimes autoritaires doivent faire face à la diffusion de fausses informations ou même à de véritables campagnes de désinformation. Ainsi, en dépit d’une respectabilité sans faille depuis plus de 60 ans et d’une grande transparence dans ses relations avec l’État tunisien, le Groupe Mabrouk a été abondam-ment associé sur Internet et dans les médias tunisiens et français au clan Ben Ali. En fait, la seule « faute » de Marwane Mabrouk était d’être marié avec Cyrine Ben Ali, une des filles du premier mariage de l’ancien président (et donc sans lien avec les Trabelsi et les affairistes). Mais des raccourcis rapides ont quand même eu lieu, diffamant ce groupe familial, créé en 1948, et l’uti-lisant pour masquer les turpitudes de certains.

« De l’autre côté du miroir »Les médias sociaux n’ont pas fait souffler le vent de la libre parole que sur les dictatures. Ils agitent aussi la sphère politico-média-tique des démocraties. Fin 2011, le mouvement « Occupy Wall Street » a pris une dimension mondiale en quelques semaines, tel un feu de paille, sur le Web ; ce mouvement de contes-tation s’inspirant à la fois des révolutions arabes et du mouvement espagnol dit des « indignados » ou du « 15 Mai ».

Mais ce que les cyber-acti-vistes, du monde arabe à New York, devront réussir, c’est l’étape suivante. Celle de la traduction de leurs

élans démocratiques dans un engagement dans la vie politique « réelle » et les partis officiels. Or, cela n’aura pas forcément été le cas en Tunisie, où les succès électoraux du parti islamiste Ennahda démontrent l’incapacité des activistes digitaux à s’orga-niser politiquement pour faire prévaloir leurs vues plutôt libérales.

De même, aux États-Unis, la question de savoir quels politiciens réussiront à se faire les ambassadeurs des positions du mouvement « Occupy Wall Street » demeure ouverte. Car, si les médias sociaux renouvellent les formes de la démocratie directe, une large audience sur Internet n’est pas nécessairement synonyme de victoire dans les urnes.

Lionel Capel et Isabelle Mas

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Isabelle Mas : En Tunisie, les médias sociaux occupent-ils toujours une position aussi importante aujourd’hui, après les élections ?

David Thomson : Les médias sociaux sont encore très présents dans la vie locale pour deux raisons. D’abord, parce qu’il y a encore ici beaucoup de manifestations spontanées chaque semaine et que tous ces mouvements s’organisent toujours via Facebook ou Twitter. Par exemple, des militants de gauche manifestent pour demander un meilleur partage du pouvoir dans la nouvelle coalition ; ou bien des islamistes manifestent pour généraliser le port du Niqab.Ensuite, les médias sociaux gardent une fonction d’information très prisée, car les Tunisiens ont peu confiance dans

« Facebook et Twitter servent encore à organiser des manifs chaque semaine »

Interview - David Thomson, correspondant de France24 en Tunisie

leurs médias traditionnels qui emploient souvent les mêmes personnes qu’avant la révolution. Contrairement à ce qui s’est passé dans le monde des affaires, Il n’y a pas eu de grand nettoyage dans les médias, ce qui nuit à la qualité de l’information.

I.M. : Y a-t-il de nouvelles formes de médias qui se sont développées suite à la révolution ? Lesquels ?

D.T. : Des sites d’information sérieux sont apparus. Notamment Kapitalis.com qui fait un travail journalistique très sérieux. De même l’agence de presse tunisienne (TAP) elle a vraiment changé après la révolution, et du jour au lendemain ; elle a un site gratuit d’information qui est vraiment très bien fait.

Propos recueillis par Isabelle Mas

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Conseil d’administration cherche « femmes » ! Avec près de deux ans d’avance, la loi Copé-Zimmermann

aura permis l’apparition de femmes au sein des conseils d’administration de grandes entreprises du CAC 40.

Un progrès pour les administratrices fraîchement nomméesCe progrès, certes, ne concerne que quelques femmes, la partie visible de l’iceberg, mais, comparé à beaucoup de pays, on est en droit d’être satisfait. On pourrait s’attrister que la loi ait dû intervenir, mais avec pragmatisme, on conclut qu’un premier objectif est atteint : une femme est visiblement capable d’être administrateur ! En outre, l’étude sur la gouvernance des entreprises du CAC 40, réalisée par le cabinet Russell Reynolds Associates en septembre 2011, précise que ces nouvelles administratrices ont en moyenne 51 ans versus 59 ans pour l’ensemble des administrateurs. Cette donnée montre que, pour leur majorité, ces administratrices sont jeunes mais surtout qu’elles disposent de perspec-

tive réelle d’accéder à des fonctions de Direction générale dans les prochaines années. Cette promotion de jeunes admi-nistratrices leur offre donc, comme le souligne Marc Sanglé-Ferrière, Managing Partner de Russell Reynolds « sans doute le meilleur poste d’observation avant de prendre la Direction d’une entreprise », ce qui constitue un net progrès pour la future classe dirigeante féminisée, qui bénéficie là d’une formation accélérée à la Direction des entreprises.

Un progrès pour les femmesCette loi, d’autre part, amorce un progrès pour les femmes actives en général, et notamment les cadres. La voie vers une fissure du plafond de verre, vers l’égalité salariale est désormais ouverte. À l’instar de la loi sur la parité en politique en son temps (voir interview de G. Ottenheimer), elle permet de faire la démonstration de facto des capacités des femmes, au sens générique, à administrer des entreprises. Ensuite, parce que nombre des femmes fraîchement nommées au sein des conseils d’administration se voient chargées des

Un an après l’entrée en vigueur de la loi

Copé-Zimmermann1, difficile de ne pas

constater qu’elle constitue un progrès. Un progrès

à plusieurs niveaux mais surtout à multiples

impacts, propulsant la France, jusqu’alors

retardataire, parmi les bons élèves mondiaux

de l’égalité hommes-femmes dans l’entreprise.

Un premier anniversaire réussi, une dynamique

à poursuivre…

Conseil d’administration : où sont les femmes ?

(1) Loi du 27 janvier 2010.

Il y a aujourd’hui 21 % pour de femmes au sein des conseils d’administration du CAC 40, soit une augmentation de 37 % par rapport à 2010. C’est satisfaisant puisque c’est l’objectif fixé par la loi pour 2014 : 20 % de femmes parmi ses membres du conseil d’administration.

Les bons élèves du CAC 40…

… Et les mauvais

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comités de rémunération : il est à espérer qu’elles sauront jouer leur rôle et équili-brer les inégalités salariales. En somme, grâce à quelques précurseurs et une loi, la prochaine génération de femmes cadres peut espérer un progrès sensible de sa condition dans l’entreprise.

Un progrès pour la gouvernance des entreprisesLe plus remarquable avec cette loi n’est pas dans sa lettre, mais, voulu ou non, dans son esprit. Au-delà des quotas, il s’agit de l’émergence de nouveaux critères, d’éléments objectifs qui se sont imposés dans le choix des administra-teurs. De la cooptation classiquement usitée dans le domaine, de plus en plus on va constater (et on le note déjà) une volonté de professionnalisation de la constitution des conseils d’adminis-tration. Pour Clarisse Reille, Présidente de Grandes Écoles au Féminin « ce qui est particulièrement satisfaisant, c’est le changement de gouvernance instigué par cette loi. La question des besoins réels, des compétences nécessaires au sein des

conseils d’administration se pose enfin formellement, c’est un progrès ». Il ne s’agit pas seulement de s’interroger sur le caractère féminin de l’administrateur potentiel mais véritablement sur son profil, sur son expérience pour créer un conseil d’administration équilibré, efficace et capable de réagir utilement.

Quel avenir ?Si la nouvelle loi et son application semblent ouvrir la voie aux progrès, la situation n’est pas encore exempte de vicissitudes. La lecture des moyennes est satisfaisante, mais dans le détail le bât blesse ! Les entreprises de services du CAC 40 font figure d’exemples (cf schéma), mais les entreprises industrielles et du SBF 120 ont encore des efforts à faire. L’État, lui-même, s’est épargné toutes obligations – les établissements publics ne sont pas dans le périmètre de la loi… Bref, la route est encore longue, même si une première marche est désormais franchie : la question des femmes dirigeantes dans l’en-treprise est aujourd’hui clairement passée du champ de la diversité à celui de l’égalité.

Conseil d’administration : où sont les femmes ?

d’Anne-Marie Idrac, administratrice de Saint-Gobain, Vallourec et Mediobanca

Dorothée Duron-Rivron : Que peut apporter une telle loi ?Anne-Marie Idrac : À mes yeux, l’effet utile de cette loi

devrait être une rénovation de la gouvernance des grandes entreprises : par l’enrichisse-ment des conseils, bien évidemment, mais au-delà de cela, je la vois comme un vecteur de plus, à la fois symbolique et je l’espère, opérationnel, pour faire émerger des femmes diri-geantes ; cela va bien au-delà de la centaine d’entre elles qui accèderont à des mandats d’administrateurs.

D.D.R. : Quels doivent être les critères d’évaluation de la réussite de cette loi ?A.M.I. : Il y a deux niveaux de lecture. Le premier est bien entendu de voir le nombre de femmes, tel que prévu par la loi, atteint au sein de toutes les entreprises concernées quels que soient leur secteur d’activité, les services comme l’industrie, le privé comme le public. Le second est de voir progresser, au sein de toutes les entreprises, les programmes d’ac-compagnement concrets pour les femmes cadres et dirigeantes, tels qu’assurer que tout poste de Direction soit proposé à autant de candidats hommes que femmes.

D.D.R. : Est-ce que la présence de femmes au sein de conseil d’administration apporte véritablement quelque chose ?A.M.I. : Chacun apporte ce qu’il est et ce qu’il a vécu au sein d’un conseil d’administration. Une femme, un homme, un senior ou un jeune, un Brésilien ou une Chinoise n’auront pas le même ressenti, la même appréciation face à une situation… et c’est, il me semble, de cet échange que naissent la force et l’utilité d’un CA. En résumé, ce n’est pas une question d’homme ou de femme, mais de diversité et de richesse d’expériences à partager.

LE PoInT DE vUE…

Propos recueillis par Dorothée Duron-Rivron

Dorothée Duron-Rivron Jessica Lefébure et Raphaëlle Lemoues

En augmentant de 140 % le nombre de femmes représentées au sein de ses conseils d’administra-tion entre 2009 et l’été 2011 (8,4 % en 2009 contre 19,8 % en 2011), la France se situe aujourd’hui 9,8 points au-dessus d’une moyenne européenne à 10 %. L’objectif législatif de 20 % de femmes dans les conseils d’administration d’ici à 2014 est d’ores et déjà atteint.

La France, devenue bonne élève en deux ans

Sources : Women on boards – Rapport présidé par Lord Davies of Abersoch, CBE (Février 2011).

8,20 %

19,80 %

9,60 %

10 %

France

Avant la loi Zimmermann du 27/01/2011

Depuis la loi Zimmermann du 27/01/2011

France

Moyenne européenne (pays industrialisés d’Europe)

Moyenne européenne (pays industrialisés d’Europe)

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Jessica Lefébure : Quelle a été selon vous l’effica-cité de la loi sur la parité en politique ?Ghislaine Ottenheimer : La loi sur la parité a obligé les partis à prendre en compte les femmes, tout simplement. Douze ans après la réforme constitu-tionnelle, il y a eu des progrès incontestables. Aux dernières élections législatives, en 2007, la France est passée de la 21e place (sur 25) à la 13e en Europe pour la représentation des femmes au Parlement. Aux élections sénatoriales de septembre 2008, le pourcentage de sénatrices est passé de 16 % à 22 %. Le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) compte à présent près de 20 % d’élues. En 1993, on en comptait 6% ! Bien sûr, c’est très insuffisant. La France figure au 58e rang mondial derrière des pays comme la Suède, la Suisse, mais aussi le Rwanda, l’Afghanistan ou la Chine. Mais les progrès ont été considérables.

J.L. : L’objectif de cette loi a-t-il été atteint ?G.O. : Pas tout à fait puisqu’on est encore loin de la parité. Mais ce qui était important, avec cette loi, c’est que les femmes existent en nombre dans les sphères de pouvoir. Les jeunes peuvent s’identifier à ces femmes. La voie est ouverte.

J.L. : Pourquoi en France, cela semble si difficile d’arriver à la parité ?G.O. : Il y a plusieurs raisons. Le mode de scrutin majoritaire qui favorise les notables installés. La loi salique, qui excluait les femmes du trône et qui reste très présente dans l’inconscient collectif. En France, contrairement à l’Angleterre par exemple, les femmes n’ont jamais détenu le sceptre. Elles ont été épouses, régentes, maîtresses influentes, mais pas régnantes. Pour aller plus loin, il faudra sans doute augmenter les pénalités infligées aux partis qui ne respectent pas la parité.

J.L. : Pensez-vous que la loi Copé-Zimmermann pourra, elle aussi, ouvrir la voie pour les jeunes générations en assurant une meilleure représenta-tivité/visibilité dans les sphères de l’entreprise ?G.O. : Certainement. Non seulement une telle obliga-tion contribuera à modifier le regard sur les femmes mais cela créera un vivier de femmes de pouvoir, des réseaux. L’important, c’est d’arriver à dépasser le stade de l’anecdotique, de créer un effet de masse. Et pour cela, il faut passer par des mesures contraignan-tes, même si, sur le plan intellectuel et philosophique, on aimerait que l’égalité aille de soi !

LE PoInT DE vUE DE…

Ghislaine ottenheimer, rédactrice en chef du magazine Challenges

Comparaison internationale : la norvège, tête de pont,

le Japon, queue de peloton

Sources : (1) Women on boards Report - GovernanceMetrics International (Mars 2011). (2) Women on boards – Rapport présidé par Lord Davies of Abersoch, CBE (Février 2011).

30,66 %

12,60 %

9,30 %5,86 % 5,10 %

Moyenne scandinave

(Norvège + Suède + Finlande)(1)(2)

Moyenne européenne

(pays industrialisés d’Europe)(1)(2)

Moyenne asiatique (Hong Kong + Japon +

Singapour)(1)

Moyenne des BRIC (Brésil + Russie

+ Inde + Chine)(2)

Moyenne nord- américaine (USA + Canada)(1)

Propos recueillis par Jessica Lefébure

Pourcentage de femmes dans les conseils d’administration par secteur

Services Commerce Industrie

27,86 %

22,84 %

18,76 %

Page 15: Vaesolis Corporate 365 n°6

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Fukushima… et après ? Enseignements de communication sur la sûreté nucléaire

Le samedi 12 mars, les médias du monde entier sont rivés

sur le Japon : un séisme et un tsunami viennent de secouer le nord-est de l’île. Plusieurs centrales nucléai-res se trouvent sur cette côte, dont deux à proximité de l’épicentre. Mais c’est avec les deux explosions des réacteurs de la centrale de Fukushima, le lundi 14 mars, que le sujet devient un feuilleton médiatique, avec notamment un suivi d’heure en heure des opérations de refroidissement des réacteurs de la centrale.

Une séquence de communication chaotiqueTout au long de cette crise, l’opérateur de la centrale nucléaire, l’agence japonaise de sûreté nucléaire, ainsi que le gouvernement japonais ont multiplié les annonces contradictoires et les erreurs de communication. Ainsi, le « risque de fuite radioactive limitée » évoqué le 12 mars, devient un « rejet de particules radioactives faible » le 14 mars. Puis, alors que des légumes provenant de la région de Fukushima sont retirés du marché le 21 mars, le gouvernement assure que « leur consommation n’est pas dangereuse pour la santé ».

Le 26 mars, le ministre japonais de l’Écono-mie reconnaît que la gestion de l’opérateur de la centrale, TEPCO (Tokyo Electric Power Company) devra être examinée à l’issue de cette crise, reconnaissant des défaillances dans l’exploitation de la centrale. Mais pendant ce temps, les annonces se poursui-vent sur l’absence de danger. Le 31 mars,

le gouvernement se dit toujours en « état d’alerte maximale », mais l’agence japonaise de sûreté nucléaire confirme que les résidents « peuvent être sereins » et ne préconise pas d’élargissement de la zone d’évacuation. Ce n’est que le 11 avril, soit un mois après le séisme, que le gouvernement élargira la zone d’évacuation à 30 km de la centrale. Ce même jour, le PDG de TEPCO, M. Shimizu, se rendra pour la première fois dans la région touchée pour s’excuser « des troubles causés aux habitants » de la zone. En effet, il était officiellement en arrêt maladie depuis le 16 mars…

Autant de contradictions dans les messages qui s’expliquent en partie par le mauvais diagnostic posé dès le début, de la part des autorités japo-naises qui ont minoré

l’ampleur de la situation en n’évaluant l’accident nucléaire qu’à un niveau 5. Malheureusement, ces prises de position incohérentes, l’absence d’informations claires et transparentes des Japonais, ont alimenté la crise médiatique et naturelle-ment conduit à une surenchère dans les médias européens, et particulièrement

Le vendredi 11 mars 2011, un tremblement de terre d’une magnitude 9 au large de la province de Miyagi, au nord-est du Japon, engendre un tsunami sans précédent, qui conduira au plus grand accident nucléaire depuis la catastrophe de Tchernobyl de 1986. Sur le plan médiatique, c’est également une déferlante de commentaires, de prises de parole, d’images, qui s’abat dans le débat public. Retour sur un accident nucléaire qui marque un tournant dans l’information et la communication sur un sujet longtemps resté « tabou ».

En visite officielle, le Premier ministre japonais Naota Kan utilise un mégaphone pour s’adresser aux salariés d’une poissonnerie dans le port de la région d’Ishinomaki dans la préfecture de Miyagi le 10 avril 2011, après avoir été informé des dommages causés par le passage du tsunami.

Page 16: Vaesolis Corporate 365 n°6

“L’Obamania” ? Au-delà de l’intérêt – sans

précédent –, de nombreux Européens pour une

campagne présidentielle américaine, il s’agit

surtout d’une véritable révolution au pays des

Insurgés. En effet, Barack Obama et ses “spin

doctors”, David Axelrod et David Plouffe, ont

abordé cette campagne en février 2007 avec

des objectifs bien précis. Car il ne faudrait pas

croire que la décontraction affichée du candidat

démocrate “black and white” n’était pas mise

en scène ! Dans cette joute électorale, rien n’a

été laissé au hasard et tout a été soigneusement

pesé et soupesé, évalué et réévalué.

Le “storytelling”

Janvier 2003. Pour David Axelrod, la campagne

présidentielle débute là. Il commence une

collection vidéo qui va s’avérer très utile : celle

des interventions publiques de son poulain,

un certain Barack Obama. À l’époque, Barack

Obama apparaît tout juste sur la scène politique

nationale américaine. Dès lors, pourquoi l’en-

registrer et le filmer ? Tout simplement pour

donner aux téléspectateurs le sentiment qu’ils

appartiennent depuis longtemps au cercle

intime du candidat. D’images d’archives à des

micros-trottoirs apparemment improvisés, réalisés

tout au long de la campagne, David Axelrod va

faire un mixte subtil, et ainsi développer un

concept novateur : le “storytelling”. L’objectif

n’est plus de “vendre” un programme ou de

convaincre du bien-fondé des réformes à faire,

mais bien de “construire” l’image d’un leader

capable de “faire”. Illustration de ce candidat

qui se raconte, plus qu’il ne propose ? À 46 ans,

il a déjà deux autobiographies à son actif ! Une

analyse que David Axelrod résume d’une phrase

lapidaire mais symptomatique : “Si nous menons

une campagne conventionnelle et présentons

une candidature conventionnelle, nous allons à

l’échec.” Vingt et un mois de campagne plus

tard, la théorie de David Axelrod est devenue

réalité : Barack Obama est entré dans le quotidien

des Américains.

Le changement : un leitmotiv efficace

Mais dépeindre un leader ne peut suffire pour

gagner. Que doit dire ce candidat pour séduire

et faire voter en sa faveur ? Les messages doivent

être simples. Ils doivent à la fois répondre

aux aspirations des citoyens et leur donner le

sentiment que seul ce candidat peut résoudre

leurs soucis quotidiens. Barack Obama va donc

porter l’espoir du changement à travers des

slogans percutants, tels que “Change we can

believe in it” (Le changement nous pouvons y

croire) ou “You can make the difference” (Vous

pouvez faire la différence). Il répond ainsi à l’as-

piration de rupture des électeurs, lassés ou déçus

par quinze ans d’administration Bush, père et

fils. Dans le même temps, l’équipe du sénateur

de l’Illinois implique les citoyens qui veulent s’in-

vestir en politique, mais n’y sont jamais vraiment

invités. En la circonstance, l’équipe d’Obama

reprend et développe une idée qui a déjà été

utilisée par Howard Dean… en 2004.

La stratégie du “Movement”…

Ainsi, plus de sept cents permanences de

campagne (dont les membres suivent une

formation au sein des “Camps Obama”) vont

travailler sur le terrain à incarner les vertus de

rassembleur de Barack Obama. Le nom de cette

stratégie est révélateur de son contenu : “The

Movement”, un réseau de bénévoles et une

armée de militants pour que la politique revienne

aux citoyens. Et s’adresse à eux. Multipliant les

réunions de terrain, ces fans du candidat vont

travailler en parallèle d’un média trop longtemps

délaissé : le Net. Et ainsi marier les actions de

terrain avec un réseau inédit sur la Toile.

Barack Obama va poursuivre sur la Toile deux

buts bien distincts l’un de l’autre. Tout d’abord,

tisser un réseau de soutien de plus de trois

millions d’internautes ! L’objectif est d’associer

chaque citoyen et, c’est là le second objectif, le

solliciter financièrement. Le paradoxe est que

l’argent récolté sur le Net sera – le plus souvent

– utilisé pour financer les spots du candidat sur

les médias traditionnels, notamment à la télévi-

sion aux heures de grande audience. Le résultat

de cette campagne sur le Net est l’apparition

de nombreux blogs mais aussi la multiplication

de films courts, où l’on aperçoit Barack Obama

entouré de familles américaines auxquelles il

répond directement. C’est le petit déjeuner

du président Valéry Giscard d’Estaing avec les

éboueurs de la rue du Faubourg Saint-Honoré !

Mais en version net 2.0.

Le mercredi 29 octobre 2008, le candidat

démocrate lance une opération de communica-

tion. Son opération la plus ambitieuse depuis

l’achat, l’été précédent, de cinq millions de

dollars d’espaces publicitaires durant les Jeux

olympiques de Pékin. Ce 29 octobre, son équipe

orchestre la diffusion simultanée de près d’une

demi-heure de promotion de Barack Obama sur

sept chaînes de télévision, dont les trois “majors”,

CBS, NBC et Fox. Coût estimé par les experts de

cette promotion de vingt-cinq minutes, qui aurait

touché plus de 33 millions de téléspectateurs ?

45 millions de dollars. Un chiffre que l’équipe

du vainqueur du scrutin du 4 novembre 2008 ne

confirme pas. Mais n’infirme pas non plus. Seule

certitude : ce que l’on retient de ce court métrage

tourné par Davis Guggenheim est le ton à la fois

passionné et posé de l’homme providentiel, le

seul capable de satisfaire et sécuriser une opinion

publique déprimée.

Une campagne à 630 millions de dollars

Au-delà des outils, nouveaux ou utilisés de

façon novatrice, cette victoire a une autre expli-

cation. Barack Obama est parvenu à récolter

un budget de 630 millions de dollars ! Une

enveloppe qui lui permet d’occuper ondes

radios et chaînes de télévision, tant locales que

nationales. Une enveloppe qui lui permet de

recruter des équipes de terrain et de les former.

Face à ce raz de marée financier et militant,

John McCain et sa photogénique colistière Sarah

Palin ne vont pas faire le poids. Et ne vont pas

parvenir, réellement, durablement, à sortir la

tête et leur campagne de l’actualité immédiate.

Face à la campagne multicanaux des Démocrates,

qui vont user du Net, de mailings SMS, de Facebook

(Barack Obama y compte plus de 400 000 amis)

ou encore des “médias classiques”, les conser-

vateurs apparaissent comme passéistes. Et

naturellement démodés.

français, de sensationnalisme et d’alar-misme, alimentant ainsi les peurs de l’opinion publique.La sûreté nucléaire, auparavant sujet tabou car longtemps placé sous le sceau du secret par les experts et les autorités politiques, a été projetée sous les lumières médiatiques par Fukushima. Le traitement médiatique de cet accident nucléaire a « surfé » sur les angoisses supposées de la population, qui a pris conscience que le danger est réel et exige désormais une transparence quant aux risques qu’elle encourt.

Une empreinte « post-Fukushima » de la communication sur la sûreté nucléaireDans cette logique, les autorités françaises et européennes, ont exigé un audit du parc nucléaire français afin d’établir des « évaluations complémentaires de sûreté » (ECS). Le rapport remis le 15 septembre par EDF à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) présente ainsi une évaluation des marges de sûreté des installations face aux risques de séisme et d’inondation, à la perte simul-tanée de la source de refroidissement et des alimentations électriques, ou encore par exemple aux règles appliquées dans le domaine de la sous-traitance. À l’issue de l’instruction par l’ASN, fin 2011, EDF élaborera un plan d’action sur plusieurs années, incluant études complémentaires et modifications décidées.

L’exposition médiatique du « cataclysme, fin du monde » Fukushima a souligné tout l’enjeu pour les autorités, aujourd’hui, en termes d’information du grand public, de pédagogie à développer en termes de prévention des risques. Un récent sondage (enquête Ifop-Sud-Ouest Dimanche réalisée du 8 au 10 novembre 2011) indique que 47 % des Français se déclarent « inquiets » des centrales nucléaires françaises : la culture du risque nucléaire est encore à développer malgré le travail déjà important conduit en France par les différents acteurs du secteur, notamment les CLI en prise directe sur le terrain.

Sophie Dulibeau et Laurent Porta

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Comment la France se prépare… Regards croisés

En France, les territoires accueillants sur leur sol un site nucléaire sont soumis à des exercices d’accidents

nucléaires. L’enjeu est de permettre aux différents acteurs du nucléaire – pouvoirs publics, ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) et exploitants (AREVA, CEA et EDF) – de se préparer à la gestion d’un accident et d’une crise nucléaires.Dix exercices sont organisés par an sur le territoire national. On parle bien d’exercice, car il ne s’agit en aucun cas de « stress-test » (mis en place dans le milieu bancaire pour étudier la capacité de résistance des banques face à des conditions économiques et finan-cières extrêmes). L’objectif, ici, est de mobiliser les acteurs, de les faire progresser dans la gestion technique, humaine, environnemen-tale… d’un accident nucléaire ; et également de les entraîner à communiquer efficacement, tant auprès des médias que des autres parties prenantes (politiques, associations, etc.). La communication représente donc une des dimensions de ces exercices. Elle est mise à l’épreuve dans le cadre d’une pression média-tique simulée (PMS) jouée par une équipe de journalistes, orchestrée et organisée notamment par Vae Solis Corporate.

Laurent Porta : En quoi et comment ces exercices s’intègrent-ils dans votre mission ?

Marc Leurette : L’appui des pouvoirs publics, en temps de crise nucléaire, fait partie des missions de la MARN. Il est donc normal que nous entraînions tant les préfectures sur le terrain, que les pouvoirs publics, dans

leur prise de décision opérationnelle. Notre rôle est de les aider à la bonne compréhen-sion des événements. Nous intervenons donc en proposant des synthèses de situations fréquentes et intelligibles pour des non tech-niciens via la rédaction de notes internes, et d’éléments de langage, pour le ministère de l’Intérieur. Par ailleurs, lors d’une crise avérée, telle que nous l’avons vécue au Japon, nous conseillons également le contingent français en matière de radioprotection. L’information et la communication sont donc deux des éléments fondamentaux de notre travail.

Alain Delmestre : L’ASN, autorité admi-nistrative indépendante, contrôle en France la sûreté nucléaire et informe les citoyens. Participer à ces exercices est pour nous l’occasion de mieux gérer l’occurrence des accidents, de permettre à tous les acteurs de véritablement progresser dans leur maîtrise du risque. Aujourd’hui, et Fukushima nous l’a rappelé avec brutalité, on sait que l’accident nucléaire est possible. Forts de ce constat, et nous l’avons rappelé lors des auditions parle-mentaires sur la gestion post-accidentelle des crises nucléaires le 5 mai dernier, en matière de nucléaire la culture du risque doit progres-ser en France, chaque acteur doit prendre en compte, à son niveau, cette réalité objective et agir selon ses responsabilités.Les différents exercices auxquels nous parti-cipons renforcent notre conviction que la prise en compte du risque par le grand public permet de faire progresser la sûreté nucléaire. Elle oblige par ailleurs à plus de transparence et de lisibilité dans la commu-nication utilisée et les messages envoyés.

Alain DelmestreDirecteur général adjoint ASN.

Marc LeuretteMission appui au risque nucléaire (MARN) - Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises - Ministère de l’Intérieur, de l’Outremer, des Collectivités Territoriales et de l’Immigration.

Emmanuel BouchotResponsable pôle communication grand public ASN.

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L.P. : Quelle est la part de la communi-cation dans ces exercices ?

M.L. : En communication externe sur les exercices nous sommes particulièrement proactifs. En effet, la préfecture concernée communique, de manière cadencée, en amont de l’exercice : six mois avant auprès des CLI (Commissions Locales d’Informa-tion), un mois avant lors d’une réunion publique pilotée par le préfet et le jour de l’exercice par une conférence de presse.Dans le cadre de l’exercice, lorsqu’il y a pression médiatique, la communication est un des éléments extrêmement regardés et sur lequel nous accompagnons plus parti-culièrement les préfectures. En effet, elles doivent faire face à une triple difficulté : être proactives (c’est-à-dire avoir une vision synthétique de la crise et disposer de circuits de validation des éléments de langage courts), analyser les retombées presse pour tenter d’anticiper les réactions des médias, et, enfin, synchroniser la communication vers les médias et la population.

A.D. : J’appuierais volontiers sur l’impor-tance de la transparence. C’est un point essentiel, car il participe à casser le mythe du « on nous dit rien, on nous cache tout ». Faire le choix de plus de transparence, c’est donner à chacun la possibilité de s’in-former en toute objectivité. En dehors des exercices, la mise en ligne(1) des rapports des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) françaises post-Fukushima, réalisées à notre demande par les exploitants, est un signe tangible de cette transparence et renforce la crédibilité des acteurs auprès de l’opinion publique.

Emmanuel Bouchot : Sur un plan plus opérationnel, la pression médiatique simulée nous permet de tester la capacité de nos agents à gérer le stress, à traiter un afflux d’information, à élaborer des messages fiables et clairs. Un exercice de crise dure environ huit heures ; dans ce temps court, « condensé » de commu-nication de crise, la pression est forte et nous essayons d’avoir une réponse la plus énergique possible : par des communiqués, des points presse, des interviews... Enfin, les exercices ont permis de nous entraîner à l’utilisation de nouveaux médias, tels

que le site Internet de crise et les réseaux sociaux. Solutions que nous avons pu déployer très rapidement lors de l’accident de Fukushima.

L.P. : Six mois après Fukushima quel avenir pour ces exercices ? Les prochains scénarios s’inspireront-ils de cet accident ?

M.L. : L’accident de Fukushima n’a bien-sûr laissé personne indifférent. À la demande du Premier ministre une réflexion a été enclen-chée et pourrait déboucher sur une évolution des dispositifs de prévention de sûreté ou de gestion de crise, et par conséquent influen-cerait la conception de nouveaux scénarios d’exercices. Mais en attendant ces conclu-sions, nous n’allons pas tout remettre en cause car nous possédons un système de sûreté éprouvé et entraîné. Les scénarios actuels visent un seul et unique but : la protection complète et efficace de la popu-lation. Pour 2012, les objectifs des exercices restent dans cette optique et devraient s’orienter davantage vers la gestion post-accidentelle, les mesures radioactives, la préparation et mise en place d’action hors périmètre PPI(2) dans le respect des plans Orsec(3). Nos exercices se poursuivront donc sur le même rythme fixé réglementairement

de dix par an, soit un tous les trois-cinq ans par site nucléaire.

A.D. : Les exercices sont l’occasion de s’entraîner, en conditions réalistes, à gérer une crise accidentelle. Leur objectif premier est bien de permettre la coordination entre le contrôleur (ASN), son appui technique (l’IRSN), les pouvoirs publics, les exploitants et la société civile. Ils sont donc essentiels. En 2012, les résultats des analyses tech-niques issues des ECS donneront lieu à des prescriptions techniques de l’ASN aux exploitants de l’ensemble des sites nucléai-res français. Prescriptions qui modifieront sans doute le contexte et les scénarios des exercices de crise.

Propos recueillis par Laurent Porta

(1) 10 000 pages mises en ligne sur www.asn.fr

(2) PPI : plan particulier d’intervention qui fait partie de la gamme des dispositifs d’urgence prévus par la réglementation française. Placé sous la responsabilité du préfet, il vise à faire face aux conséquences d’un évènement pouvant survenir dans une installation industrielle qui dépasseraient les limites de celles-ci, de faciliter l’action des secours et d’informer la population.

(3) Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) est un système polyvalent de gestion de la crise : organisation des secours et recensement des moyens publics et privés susceptibles d’être mis en œuvre en cas de catastrophe.

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?Sondage vae Solis – observatoire des Risques Sanitaires –

opinion Way – réalisé du 23 au 25 mars 2011

Un sondage exclusif Vae Solis – Observatoire des Risques Sanitaires – Opinion Way réalisé 12 jours après l’accident nucléaire de Fukushima, a révélé une défiance majori-taire vis-à-vis des autorités officielles : les Français sont très majoritairement méfiants vis-à-vis du gouvernement (69 %), et des entreprises comme EDF ou Areva (65 %) quant à l’information sur les risques sanitaires et environnementaux quels qu’ils soient.

Dans ce contexte, l’Autorité de Sûreté Nucléaire obtient, elle, la confiance de 50 % des Français, un résultat très correct. 76 % des Français accordent quant à eux leur confiance aux experts indépendants, même s’ils ne connaissent pas toujours leur degré réel d’expertise.

Par ailleurs, si les Français se déclaraient alors à 53 % ‘’plutôt ou pas du tout inquiets’’ concer-nant le passage du nuage radioactif, il est intéressant de noter la coupure générationnelle qui s’opérait : les 18-24 ans (56 %) et plus encore les 25-34 ans (62 %) s’exprimaient comme majoritairement inquiets, la seule classe d’âge majoritairement sans inquié-tude est celle des plus de 60 ans, ‘’plutôt ou pas du tout inquiets’’ à 70 %.

Une inquiétude majoritaire chez les moins de 60 ans donc, qui semble alors relever de l’irrationnel puisque les mouvements antinucléaires prétendent eux-mêmes que la présence infinitésimale de particules radioactives dans l’atmosphère suite à l’accident japonais ne constitue pas un danger pour les Français.

Par ailleurs, près de 6 Français sur 10 s’exprimaient alors comme conscients de l’im-possibilité de se passer de l’énergie atomique à moyen terme, signe de clairvoyance mais aussi que le sujet du nucléaire n’a pas fini de faire débat dans l’opinion publique.

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C’est le cap franchi fin octobre par le monde qui accueillait son 7 millliardième habitant, entraînant une bataille internatio-nale de plusieurs pays affirmant l’avoir vu naître sur leur territoire alors que l’ONU désignait une petite Philippine née à Manille. Une action de communication toute symbolique puisque aucun pays n’est capable de dire avec précision le nombre exact de sa population.

C’est aussi le montant du 2e plan d’écono-mies annoncé par le Premier ministre début novembre, un exercice de rigueur inédit de la part de l’exécutif à 6 mois d’une échéance présidentielle !

Lagarde remplace DSKIls se sont croisés… il descendait aux enfers, elle rejoi-gnait les hautes sphères. Le dimanche 15 mai, le JDD refait sa une à la hâte : DSK a été arrêté la veille à New York pour tentative de viol. La France est stupéfaite et la gauche défaite. Le 18 mai, DSK démissionne donc du FMI, dont il était à la tête depuis novembre 2007, laissant un des postes les plus convoités, vacant. Une semaine après, le 25 mai, Christine Lagarde se déclare candidate ; elle est nommée le 28 juin.

Le chiffre

Bourgi & Co se lâchent… Des déclarations de Robert Bourgi au « kara-chigate »… les révélations concernant les implications d’hommes politiques dans les scandales politico-financiers sont allées bon train. Anciens présidents de la République, ministres, conseillers… personne n’y échappe. Rétrocommissions, financements occultes, c’est une véritable valse de valises qui déferle… tout un système de corruption au plus haut niveau de l’État s’étale à la une des médias, puis devant la justice. Et après le politique, c’est au tour de la police d’être mouillée pour trafic de stupéfiants ! Qu’en restera-t-il ? Dans les pratiques sûrement un grand ménage, dans l’opinion, probablement encore un peu plus de désaffection vis-à-vis des décideurs publics et politiques.

Le grand déballage

Le 13 septembre, la ministre du Budget, Valérie Pécresse, invitée du Grand Journal de Canal +, fait référence à la chancelière allemande en l’appelant « la chansonnière Merkel »…Le 2 avril, un journaliste interroge Frédéric Lefebvre sur le livre qui l’a le plus marqué… Le secrétaire d’État chargé du Commerce répond avec un air inspiré et convaincu « Zadig et Voltaire » en expliquant que c’est une leçon de vie…

Et les lapsus continuent…

Les socialistes s’offrent un tremplin ? À n’en pas douter, la Primaire socialiste aura été la formidable opération de communication politique de l’année : une séquence – pour ne pas dire omnipré-sence – médiatique, des audiences record, une participation importante… Avec près de 3 millions d’électeurs pour chaque tour, il semble que le débat ait su intéres-ser et mobiliser les Français, à tel point qu’agacée, la droite n’a rien trouvé de mieux que de consacrer sa première convention « postprimaire » à parler du programme de son adversaire fraîchement élu !

Le coup de pub !

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Disparition de Steve Jobs, patron d’AppleLe 5 octobre dernier, disparaissait Steve Jobs, patron d’Apple. La télé, la radio, la presse, Internet et en particulier les réseaux sociaux, tous les canaux d’infor-mation ont rendu hommage à

l’homme, au patron et au génie de la communication et du marketing. Celui qui a su faire d’un simple fruit, la référence identitaire de toute une génération et une des marques les plus puissantes au monde. En mai 2011, l’étude « Brandz 2011 » de Millward Brown classait en effet Apple en tête de son classement des marques par estimation de leur valeur, devant Google, avec une valorisation estimée à 153 milliards de dollars.

« Good bye »

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Des riches demandent à payer plus… 2011 restera dans les annales comme étant l’année durant laquelle « les riches » – disons quelques-uns – ont demandé à payer plus d’impôts pour combler le déficit budgétaire. Parmi eux, Pierre Bergé, ancien patron de la maison de couture Yves Saint Laurent, et Maurice Lévy, qui préside le directoire de Publicis, numéro trois mondial de la publicité. Réelle prise de conscience ou pure stratégie de com’ ? Certains l’ont pris pour une provocation indécente. Toujours est-il que les députés ont adopté, mercredi 20 octobre, la taxe sur les hauts revenus dans le cadre du budget 2012. Affaire à suivre….

Thierry MUETH, Président-directeur général de Coruscant, est élu Président d’Enerplan.

David SCHAJER vient renforcer l’équipe Industrie et sera également en charge du secteur public chez Russell Reynolds.

Julie RULLIER rejoint l’équipe Finance du bureau de Paris pour travailler sur les métiers de la banque d’investissement et du private equity chez Russell Reynolds.

Philippe MAILLARD remplace Isabelle Kocher à la Direction générale de Lyonnaise des Eaux.

Olivier DUHA a été élu pour un mandat de trois ans à la tête de Croissance Plus, l’association des entreprises de croissance.

Caroline CHAIX est nommée directrice de la commu-nication externe de Bouygues Telecom.

Le coup de gueule ! Carnet

nobel : un Français remporte la médaille Cette prestigieuse récompense a fait parler d’elle cette année. Le prix Nobel de médecine a été remis à un Français, Jules Hoffman, chercheur au CNRS de Strasbourg, pour son travail sur le système immunitaire. Son confrère, le Canadien Ralph Steinman, recevra ce prix à titre posthume, une première, le comité fait une exception puisque ce dernier est décédé seulement trois jours avant l’annonce de la récompense.Par ailleurs, les femmes sont à l’honneur ! Le prix Nobel de la paix 2011 a été conjointement attribué, le 7 octobre, à trois femmes : Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia, Leymah Gbowee, elle aussi libérienne, et à la Yéménite Tawakkul Karman pour leur lutte non violente pour la sécurité et les droits des femmes.

Récompense

News of the World, the end ! Fermeture du tabloïd News of the World, démission du chef de la police de Londres, arrestations en série, excuses du Premier ministre britan-nique… l’affaire Murdoch et ses écoutes illégales a fait scandale en Grande-Bretagne. L’histoire ne date pourtant pas d’hier. Elle commence en réalité en 2005, lorsque Buckingham demande l’ouverture d’une enquête, suite à la publication d’un article sur le prince William… et déjà des écoutes illégales sont révélées. Ce dernier rebondissement entraîne la disparition le 10 juillet 2011 du tabloïd britannique fondé en 1843.

Du côté des médias…

Le 15 décembre 2011, Alexandre Pugachev, jeune propiétaire et fils d’un milliardaire russe, a mis fin soixante-sept années de publication de France-Soir en affirmant dans un communiqué de presse « Les conditions ne sont pas réunies pour réaliser serei-nement, aujourd’hui une édition papier de qualité ». En effet, la veille une occupation coup de poing de quelques militants Infocom CGT refusant la mort imminente de la version papier (pourtant annoncée par Pugachev il y a deux mois) a précipité la fin du journal. Il n’y aura donc plus de France-Soir en kiosque, la priorité est maintenant au développement du titre sur Internet.

tourne définitivement la page

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2011, année de

l’indignation

Le mouvement des Indignés est parti de Madrid le 15 mai pour se propager à Rome, Londres, New York… Inédit par son ampleur, il l’est aussi par sa nature : ces manifestations spontanées et pacifiques sont stricte-ment citoyennes sans être liées à aucun courant, parti ou syndicat… et leurs revendications multiples. Chaque jeunesse a son mot d’ordre : emploi en Espagne, logement en Israël, espérance en Grèce, dénonciation du système financier à Wall Street... En France, sans mot d’ordre suffisamment fort les « Indignés » ont eu du mal à mobiliser.

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2011, année de

l’indignation

Le 15 octobre dernier, des violences ont éclaté à Rome, en marge du défilé qui a réuni des dizaines de milliers de personnes dans la capitale italienne. © Photo Stefano Rellandini / Reuters.

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Droits de l’homme, VSC s’engage…

Michel Thierry Atangana, prisonnier politique français détenu au Cameroun depuis 14 ans et innocent !

Son nom ne vous dit malheureusement peut-être rien… Ici, comme ailleurs, Vae Solis entend faire la lumière sur une situation inacceptable. Michel Thierry Atangana est un des rares citoyens français prisonniers politiques, détenu arbitrairement au Cameroun sur instructions du régime du Président Paul Biya depuis 1997. Une situation exceptionnelle pour un ressortissant français qui, pendant très longtemps, n’a pas reçu de soutien significatif de la part de son propre pays.

Retour sur une situation exceptionnelle, pour laquelle vae Solis a décidé de s’engagerMichel Thierry Atangana est né au Cameroun le 14 juin 1964. Il étudie en France avant de devenir cadre financier, puis prendra la nationalité française à la suite de son mariage avec une Française. Le 12 mai 1997, M.T. Atangana est arrêté à Yaoundé et condamné à quinze ans d’emprisonnement pour « grand banditisme et détournement de fonds », dans le cadre de ses fonctions au sein du Comité de pilotage et de suivi des axes routiers.Il lui est en réalité reproché sa proximité avec Titus Edzoa (lui-même emprisonné depuis), candidat à l’élection présidentielle de 1997 et donc opposant à Paul Biya.Malgré un non-lieu en 2008, M.T. Atangana continue de subir l’acharnement d’une justice aux ordres dans le cadre d’un nouveau procès-fleuve ; les audiences sont ainsi reportées de mois en mois depuis plus de deux ans alors même que témoins et accusateurs l’ont tous innocenté.Rémi Barousse, avocat de Michel Thierry Atangana en France, témoigne : « J’ai pris connaissance par hasard du cas de M.T. Atangana, en surfant sur Internet. J’ai immédiatement été sidéré par le silence autour de cette affaire en France. Il s’agit pourtant d’un vrai scandale ». Pour cette même raison, Vae Solis a décidé de s’associer au combat de Me Barousse afin d’attirer l’attention des pouvoirs publics et mobiliser l’opinion autour de cette situation dramatique.

Pourquoi Michel Thierry Atangana doit-il être libéré au plus vite ? d’une mobilisation… mais quelle suite ?L’ensemble de l’instruction s’est déroulée en violation des droits élémentaires et M.T. Atangana n’est pas détenu dans une prison officielle mais isolé dans une cellule des sous-sols du secrétariat d’État à la Défense à Yaoundé. Le Président Paul Biya n’a en effet pas hésité à instrumentaliser cette affaire dans le cadre de sa candidature à sa réélection à la présidence du Cameroun.Par ailleurs, les témoins entendus lors de la procédure judiciaire ont tous reconnu avoir soutenu des faits irréels ou menti dans leurs dépositions.Enfin, bien que le département d’État américain reconnaisse officiellement le statut de prisonnier politique à Michel Thierry Atangana depuis 2005, les autorités françaises se sont, quant à elles, davantage illustrées par leur inaction.

Les premiers signes encourageants d’une mobilisation… mais quelle suite ?L’alerte a été sonnée auprès des médias, de l’Élysée, du Quai d’Orsay et de plusieurs membres de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, conduisant à des premiers signes encourageants de la part des autorités françaises depuis mai dernier.Le 12 mai 2011, M. Valero, porte-parole du Quai d’Orsay, évoque enfin la situation de M.T. Atangana devant la presse. Le relais de la situation par les médias en France (l’Express, l’AFP, RFI) mais aussi très

Vae Solis a 10 ans…Il y a 10 ans, Arnaud Dupui-Castérès créait Leo Corporate, la filiale « communication corporate » du groupe de publicité Leo Burnett. Quelque cinq années plus tard, en 2007, l’entreprise devient totalement indépendante et change de nom pour s’appeler Vae Solis Corporate et poursuivre l’aven-ture du conseil en stratégie de communication et gestion de crise.

… et continue de grandir Ils nous ont rejoints cette année : Raphaël Daniel, Dorothée Duron-Rivron, Aymeric Granet, Bérangère Grenier, Jessica Lefébure, Raphaëlle Lemoues et Isabelle Mas.

Les Entretiens de l’Excellence : améliorer l’information et l’orientation professionnelle

Vae Solis Corporate soutient les Entretiens de l’Excellence créés par le Club XXIe Siècle. L’objectif : lutter contre la non-information des lycéens quant aux orientations profession-nelles et aux parcours académiques. Plus de 100 membres du Club XXIe Siècle consacrent plusieurs journées par an pour rencontrer les lycéens et les informer sur leurs choix futurs en matière de formation.Pour la quatrième année, Les Entretiens de l’Excellence se sont largement multiplié en 2011 : dix opérations dans dix villes de France ont rassemblé plus de 5 000 lycéens. L’objectif est de faire encore plus l’année prochaine avec déjà huit opérations programmées sur le premier semestre 2012.www.lesentretiens.org

Suivez-nous…Vous pouvez désormais suivre @VaeSolisCorp sur Twitter ! Retrouvez nos

actus, les sujets qui nous occupent, nos billets d’humeur...

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Disparition de Jean Chavel, DG de Charal Le 31 octobre 2011, Jean Chavel, directeur général de Charal, l’un de nos plus anciens et fidèles clients, disparais-sait à l’âge de 62 ans. Une relation nouée il y a plus de dix ans : en 2000, sécouée par la crise de la Vache Folle, Charal nous solli-citait pour l’aider à gérer la crise et nous faisions la connaissance de Jean Chavel. En dix ans nous l’avons accompagné dans la construction de l’image et la défense de la réputation de la Marque Charal, 1ère marque de son secteur. Nous avons eu la chance de côtoyer l’homme et le manager dont nous saluons l’engagement, la vision, l’exigence et le bilan pour avoir su hisser Charal parmi les grandes marques de l’alimentaire.

fortement au Cameroun (la Nouvelle Expression, CamNews24, Le Jour) a ainsi permis de faire pression sur les autorités camerounaises, et M.T. Atangana a enfin pu recevoir des visites consulaires.Vae Solis a par ailleurs convaincu l’ancien ministre Jack Lang de se mobiliser en saisissant le ministre des Affaires étrangères. Alain Juppé avait alors assuré, le 15 juillet dernier, de la mobilisation des autorités françaises.

Qu’en est-il depuis ? Le 21 octobre dernier, Paul Biya a été déclaré vainqueur de la présidentielle au Cameroun, signant là son sixième mandat. Cette actualité va-t-elle enfin conduire Paul Biya à ne plus faire de la situation de M.T. Atangana un enjeu politique ? Quand pouvons-nous espérer que ce citoyen français innocent ne soit plus victime des querelles de pouvoir de l’entourage du président camerounais ?Me Barousse a quant à lui obtenu la recevabilité de la plainte déposée pour « séquestration arbitraire » devant le Tribunal de Grande Instance de Paris. Une avancée significative que les soutiens de M.T. Atangana espèrent être un tournant dans un dossier certes sensible, mais dont rien ne justifie le silence de la patrie des Droits de l’homme.

VSC partenaire du premier French China Leaders Summit à BordeauxDans le prolongement du Club XXIe Siècle, Chenva Tieu a pris l’ini-tiative du French China Leaders Summit dont la première édition s’est tenue à Bordeaux les 3 et 4 novembre 2011. L’objectif : faire se rencontrer dirigeants d’en-treprises et managers français et chinois pour mieux se connaître et mieux comprendre les enjeux respectifs des prochaines années en matière de croissance et de coopération économique…

3e édition

de notre étude politique :

en mars découvrez le nouveau

palmarès des meilleurs communicants politiques

Vae Solis réalise la 3e édition de son étude exclusive « Personnalités politiques : qui sont les meilleurs communicants ? » ; la plus grande enquête « quali » avec 50 journalistes interrogés pour cette édition spéciale « Élection présidentielle 2012 » très attendue ; cette année encore, les journalistes jouent le jeu de nous livrer leur appréciation de la communication des 50 personnalités politiques les plus en vue, notamment les candidats à la présidentielle... Rendez-vous en mars pour les résultats !

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on y était… la Chine loin des clichésUn nouveau déplacement en Chine cette année pour confirmer la tendance… La Chine ne ressemble plus depuis bien longtemps aux clichés qu’on lui colle ! Cela fait plusieurs années que l’opinion publique s’affirme et joue un rôle déterminant ; une évolution

que les entreprises intègrent à leurs enjeux de communica-tion. Après Beijing, nous nous sommes rendus dans le Sichuan et sa capitale Chengdu, qui affichent respectivement 87 et 14 millions d’habitants et une croissance de plus de 15 % par an ! Nous avons rencontré plusieurs dirigeants d’entrepri-ses et d’institutions sensibles à ces questions dans leur pers-pective de leur déploiement, notamment en Europe.

Arnaud Dupui-Castérès reçu par le maire de Chengdu, M. GE Honglin.

Focus sur « ce Français oublié » dans les médias français.

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Combien d’élus ont-ils visité la Chine ? Combien de responsables syndicaux ont-ils fait le voyage ?

Combien de chefs d’entreprises sont-ils allés en Chine ? Combien de membres de cabinets ministériels ou même de membres du gouvernement ont-ils eu l’opportunité de visiter l’une des 100 premières villes de plus d’un million d’habitants ?

La peur de l’inconnuDepuis 2002 et l’accession au pouvoir de Hu Jintao (Président) et Wen Jiabao (Premier ministre), la Chine a considéra-blement renforcé sa présence sur la scène internationale, aidée par sa double attracti-vité de marché et de réserve financière. Son milliard (et 400 millions) d’habitants et ses milliers de milliards de dollars de réserve de change.

En moins de dix ans, la Chine est devenue un acteur incontournable. Alors qu’elle est pour la première fois invitée comme observateur (!) pour une réunion du G8 (invitée alors par Jacques Chirac au sommet d’Évian en 2003), elle est, depuis, un pilier du G20, à tel point que l’on évoque souvent le G2 qu’elle forme aujourd’hui avec les États-Unis.

Une puissance méconnue, mais une puissance qui, évidemment, inquiète, notamment par les changements d’équili-bre qu’elle provoque. Elle est crainte par la

perception d’une volonté hégémonique – à laquelle nous ne croyons pas – ou encore par la force du nombre de sa population. Manifestement, la Chine effraie aussi. Elle sert de repoussoir ou de prétexte, un peu à la manière du Japon au début des années 1980, y compris jusqu’aux accusations fallacieuses d’espionnage pour couvrir et justifier des médiocrités individuelles et des comportements collectifs indignes.Au-delà des interrogations fondées et étayées sur la puissance chinoise, le défer-lement antichinois prospère sur la totale méconnaissance de ce pays par l’opinion publique, mais aussi et surtout par les leaders d’opinion.

Un « géant » sans tête En réalité, on parle souvent de la Chine : chaque trimestre pour évoquer la croissance exponentielle du volume des exportations ou l’ampleur de notre déficit commercial ; tous les mois pour dénoncer des délocali-sations ; toutes les semaines, pour fustiger la sous-évaluation du yuan ; tous les jours pour annoncer un nouveau record battu.

Mais ce traitement médiatique oscille entre inquiétude, poncif, lieux communs et admiration béate des proportions et des chiffres. Ces « informations » ne nous rapprochent pas des réalités de la Chine et surtout des acteurs de sa croissance : les entreprises chinoises.

L’immense majorité des décideurs économiques, politiques ou sociaux des pays occidentaux – peut-être vous-même – ont bien du mal à citer le nom d’une entreprise chinoise. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la Chine. Devenue la deuxième puissance économi-que mondiale devant le Japon, l’Allemagne, avec une croissance de 10,3 % en 2010 et un PIB de 5 800 milliards de dollars, la Chine a été plus vite que prévu. Et elle l’a fait subreptice-ment, c’est-à-dire sans que nous ne connaissions précisément les porteurs de cette croissance, les acteurs de cette nouvelle puissance.

Shanghai de nuit.

Connaissez-vous les entreprises chinoises ?

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De cette méconnaissance découlent indu-bitablement une perception négative de la Chine en France et a fortiori une image négative de ses entreprises. Car derrière le colosse chinois, ce sont des milliers d’entre-prises qui se profilent. Que l’on prenne les classements mondiaux par chiffre d’affaires, par capitalisation boursière ou par résultats, plusieurs entreprises chinoises se position-nement dans le top : China Petroleum & Chemical Corporation (Sinopec), State Grid ou China National Petroleum dans les énergies ; ou Industrial & Commercial Bank of China (ICBC), China Construction Bank ou encore Bank of China dans la finance, mais aussi ces formidables entreprises privées comme Huawei dans les télécoms ou sina.com et Alibaba dans l’Internet.

Sommes-nous en mesure de citer un seul des noms des CEO de ces grands groupes ? C’est bien le problème des entreprises chinoises, nous ne les connaissons pas et elles ne sont pas incarnées. Il y a en Chine des entrepreneurs extraordinaires, des success-story à faire pâlir d’envie le rêve américain, même s’ils n’ont pas encore produit leur « Steve Jobs » (remarquons que les Français ne l’ont pas encore non plus). Mais nous ne les connaissons pas du tout ; or ce sont pourtant ces entreprises qui font la croissance de la Chine. Ce sont elles qui investissent, qui commencent d’innover et qui bientôt vont massivement investir en dehors de Chine.

Une nouvelle ère s’ouvreLe constat est frappant. Notre ignorance collective nourrit des déferlantes de préjugés et de commentaires méprisants, dénigrants et parfois même totalement farfelus. Même si, comme souvent, les pires préjugés peuvent trouver des fondements dans certains faits avérés, on ne peut réduire les entreprises chinoises d’aujourd’hui à des adeptes de la concurrence déloyale par les prix pratiqués et une main-d’œuvre sous-payée ; par la mauvaise qualité de leurs produits ; par leur usurpation de brevets ; par leur mépris des réglementations sanitaires et sociales, par leurs liens avec le pouvoir ou l’armée, etc.

Certes, il y a des comportements regret-tables ou même douteux. Mais ils ne sont

pas la norme. Ne laissons pas les différen-ces culturelles et notre méconnaissance profonde nous induire en erreur. Enfin, notre mauvaise foi nous arrange de temps en temps, mais ne tiendra pas longtemps sur ce registre.

Les Chinois vont entrer dans l’ère de la communication et de l’image. Les entre-prises vont devoir se préparer à faire des efforts importants pour comprendre les règles du jeu de la communication. C’est la condition sine qua non pour réussir leur implantation à l’extérieur de la Chine (dans le monde occidental), pour commencer à créer des marques, pour devenir des acteurs globaux.

L’enjeu d’image est une question complexe pour les Chinois et ce, notamment, parce que c’est pour eux un concept récent. Leur histoire, leur organisation sociale et politique les ont dispensés pendant très longtemps de prendre en compte cette dimension. Désormais, l’image et la réputation sont des sujets en Chine. Tous les décideurs chinois ont parfaitement conscience que l’image et la réputation de leur pays et de leurs entreprises sont très importantes (surtout dans les pays de l’OCDE). La perception et l’image de la Chine sont beaucoup plus équilibrées dans les pays émergents. Les concepts de marque et de réputation sont aujourd’hui évoqués dans toutes les conversations en Chine. Ce qui n’était pas le cas jusqu’en 2008-2009.

Le gouvernement chinois et certaines entreprises sont déjà passés aux actes, en initiant un travail de fond pour corriger les traits d’image souvent caricaturaux et rassurer sur leurs intentions. Un travail de pédagogie et de communication ici indispensable. Cette prise de conscience se

traduit concrètement par de nombreuses initiatives. Nous en citerons deux à titre d’exemples : • La collaboration entre la Fondation

Victor Segalen et le DRC (Development Research Center) du Conseil pour les affaires de l’État pour mener une étude très approfondie sur l’image de la Chine en France et de la France en Chine. Un focus particulier sera fait sur les entrepri-ses des deux pays.

• Le positionnement de Huawei, fournis-seur d’équipements télécom. Originaire et basé à Shenzhen, mais largement présent à l’international, Huawei est la première entreprise à être un acteur global d’origine chinoise. En effet, Huawei dispose aujourd’hui de près de 85 bureaux dans le monde et s’est implantée en France en 2003 où elle emploie plus de 600 salariés. Elle a fait le choix d’investir massivement pour être en pointe en matière d’innovation via notamment ses deux centres de R&D en Suède et aux Pays-Bas. Au-delà du respect des standards occidentaux sur la qualité de ses produits, Huawei se trans-forme pour adopter une gouvernance en phase avec ces mêmes standards.

Dans un avenir proche, de nombreuses entreprises chinoises viendront en France : faire des acquisitions, des investissements, vendre sous leurs marques propres. Il ne faudra pas être naïf ou inconscient. Mais il ne faudra pas non plus les dissuader de leur mouvement vers la France et l’Europe.

Arnaud Dupui-Castérès et Delphine Marques

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Connaissez-vous les entreprises chinoises ?

Huawei dans le monde chiffres 2010 :

• CA : 32 milliards de dollars dont 70 % réalisés à l’international.

• 60 000 employés dont 500 colla-borateurs France.

Fondation Victor Segalen : rapprocher la Chine et la France

Créée en 2007 par Laure Mellerio-Segalen (petite-fille de Victor Segalen) et présidée par M. Valéry Giscard d’Estaing, la Fondation s’est donnée pour mission de contribuer à une réelle connais-sance de la Chine et de la France et une meilleure compréhension entre les peuples, de favoriser les dialogues et les rapprochements, tant entre les institu-tions culturelles, éducatives, scientifiques, qu’entre les collectivités territoriales et régionales, et les entreprises.

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La viande est malmenée dans le débat public ; elle n’a pas « bonne presse ». Il faut dire que le secteur est mal connu et que c’est

une industrie qui souffre d’avoir sûrement préféré longtemps garder le silence… Aujourd’hui, elle s’ouvre et se bat sur bien des fronts, pour défendre son savoir-faire, ses emplois, sa création de valeur évidemment, mais aussi sa contribution à l’équilibre nutritionnel, au plaisir gustatif, in fine sa place dans le patrimoine alimentaire et culturel mondial.Retour sur ces principaux combats…

Une question de survie La filière française des viandes est aujourd’hui à la croisée des chemins. Régulièrement attaquée et montrée du doigt dans les médias, elle se trouve en plus confrontée à une baisse structurelle de consommation des Français (-10 % depuis 13 ans). Hausse des prix, concurrence européenne, les entre-prises françaises des viandes, essentielles au tissu agricole français, ainsi qu’au maintien et à la vitalité de l’industrie – thématique majeure à l’approche de l’échéance présidentielle –, s’organisent pour répondre aux nombreux défis qu’elles rencontrent et qui mettent en péril leur compétitivité, parfois leur survie.

Pour un nouvel équilibre des prix et des margesEn France tout d’abord, où l’année 2011 aura été marquée par la forte hausse mondiale du prix des matières premières touchant l’ensemble de la filière agricole. Cette année aura été celle de la flambée des prix et des marchés agricoles avec un double-ment des prix du blé, et une tension sur les stocks mondiaux de céréales. Cette volatilité des prix, liée en partie à un épisode de sécheresse, a impacté l’industrie des viandes avec une raréfaction de l’offre provoquant une hausse du coût des animaux. S’ensuit une baisse des marges des industriels de la viande, marges déjà faibles comme l’a souligné le

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Une année « Wei-ji », comme diraient les Chinois, qui ,pour exprimer l’idée de crise, associent ses deux composantes, « wei » pour risques, « ji » pour opportunités. C’est comme cela qu’on pourrait résumer l’année passée au sein du secteur de production de la viande.

Entreprises des viandes : 2011, une année entre risques et opportunités

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rapport de l’Observatoire des prix et des marges publié en juin 2011 avec pour but de faire la lumière sur la question du prix de la viande.

Parfois critiquées pour un manque de transparence, les entreprises du secteur viande ont pourtant joué cartes sur table à l’occasion de la publication de ce rapport avec la volonté d’informer sur leurs réalités économiques et de contribuer à la mise en place d’une réforme profonde du modèle économique de la filière. Elles se sont également prononcées en septembre 2011 pour la signature d’un pacte d’al-liance réunissant tous les acteurs de la filière, expression pour faire face aux défis économiques qu’elles affrontent.

Un combat contre la concurrence déloyale en Europe En Europe également, où l’industrie française subit de graves distorsions de concurrence liées en particulier à l’emploi d’une main-d’œuvre à très bas salaire par les entreprises euro-péennes, et notamment allemandes. En effet, des sites d’abattage-découpe allemands comptent dans leurs effectifs une proportion atteignant 80 % d’intérim déguisé en « prestations de service » au coût très faible : moins de 7 euros de l’heure, alors que le coût de la main-d’œu-vre dépasse 20 euros en France.

Le rapport du coût de main-d’œuvre entre l’Allemagne et la France est de 1 à 3, alors même que sur ces métiers, la masse salariale représente 80 % des coûts de production.

Afin d’assurer la compétitivité de la filière, et sa pérennité, les entreprises françai-ses des viandes ont décidé de lutter contre cette injustice en créant un Collectif contre le dumping social qui a engagé le 12 janvier 2011 une procédure en manquement d’État contre l’Allemagne auprès de la Commission européenne. Signe de leur ouverture, la campagne d’information et de sensibilisation menée auprès des leaders d’opinion sur ce sujet, exemple d’une démarche iconoclaste pour un secteur au sein duquel les mentalités évoluent.

Innovation, transparence, unité et ouverture, telles sont les réponses apportées cette année par les entrepri-ses des viandes pour affronter des défis majeurs pour leur avenir mais également pour l’ensemble de l’industrie française.

Alertes en série sur le front sanitaire… Les alertes n’ont en effet pas manqué cette année ! L’E-Coli, bactérie « bête noire » des acteurs de la chaîne alimentaire, a sévi, et pas toujours là où on l’atten-dait. Il y a eu l’épisode du concombre espagnol bien vite – trop vite – cloué au pilori comme nouveau vecteur d’une E-Coli ayant causé une contamination importante en Allemagne, sauf que le concombre n’y était pour rien… et ce sont finalement des graines germées venues d’Égypte qui furent sanctionnées.

Dès lors, on découvre que l’E-Coli ne touche pas que la viande… et que les fruits et légumes ont aussi leur lot de risque. Mais la viande ne fut pas épargnée

pour autant. L’hospitalisation de sept enfants dans le nord de la France après avoir mangé des steaks hachés alimente le sentiment de « peur alimentaire ».

L’occasion pour les autorités sanitai-res, experts scientifiques et entreprises, de rappeler l’importance de la stricte application des procédures et leur renfor-cement et, pour tous, les quelques règles élémentaires d’hygiène et de cuisson qui permettent à chacun de sécuriser son alimentation.

Une mobilisation sans précédent des entreprises françaises des viandesPour les industriels du secteur, ce fut l’oc-casion de relever encore les exigences de leur plan de maîtrise E-Coli.

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Entreprises des viandes : 2011, une année entre risques et opportunités

Le SnIv-SnCP

rassemble les principales entreprises de viandes bovine,

porcine et ovine

en chiffres (en 2010) :

140 établissements pour 35 000 salariés

10,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires

3,3 millions de tonnes de viande commercialisée par an

92 % des exportations françai-ses de viande bovine et porcine

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Le 7 juillet, les dirigeants des entreprises françaises adhérentes du SNIV-SNCP, soit 80 % de la viande en France, s’étaient donné rendez-vous avec une priorité : la sécurité alimentaire du steak haché, rappelant que les process qualité mis en place depuis plusieurs années sont bien la règle à généraliser partout en France. Le manque de rigueur en la matière se paye « cash » ! et SEB – entreprise fabricante des steaks contaminés dans le nord-est bien placée pour le savoir : effondrement des ventes, suspension de la production, dépôt de bilan… après la crise sanitaire vient la sanction économique.

Les entreprises des viandes qui ont adopté ce plan de maîtrise E-Coli – qui comporte 190 points de contrôle – garantissent leur engagement dans une démarche perma-

nente de « mieux-disant sanitaire », définie à partir des meilleurs process observés collectivement par les industriels.

Le SNIV-SNCP a décidé de généraliser l’audit de l’application du cahier des charges : système renforcé de notation, objectifs de progrès… En 2011, 40 sites de production du SNIV-SNCP se sont engagés dans la démarche d’audit représentant 80 % des sites membres du SNIV-SNCP. D’ici la fin de l’année, c’est l’ensemble des sites du SNIV-SNCP qui seront engagés.

Lancé en 2005, ce plan de renforcement des normes et process qualité/sécurité sanitaire, aujourd’hui encore renforcé, a d’ores et déjà permis de réduire les incidents de contamination. Et si chacun sait que le risque zéro n’existe pas,

chacun doit aussi pouvoir mesurer les progrès intervenus en matière de sécurité alimentaire.

Pour toutes ces raisons, il est temps d’en finir avec les idées reçues et les clichés malveillants que l’on colle trop facilement à une filière et un métier difficile qui s’emploie depuis des années à améliorer en permanence ses process, à garantir aux consommateurs des produits accessibles, sûrs et bons, à innover… et à faire vivre une part du patrimoine gastronomique national, désormais inscrit au patrimoine mondial.

Corinne Dubos et Jérémy Seeman

Le steak haché : 50 ans et pas une ride !

Un succès qui ne se dément pas et qui ne doit rien au hasard… Né au début des années 60 de la réponse des entreprises de la filière viande à un appel d’offre de l’armée qui cherchait une portion de protéines parfaitement calibrée au plan nutritionnel et maîtrisée au plan sanitaire pour nourrir ses troupes, le steak haché, devient vite, sous l’impulsion du déploiement conjoint de la grande distribution, un produit populaire par excellence, reconnu pour sa praticité et son prix qui le met à la portée de tous.

Aujourd’hui le steak haché c’est :

• 242 000 tonnes commercialisées chaque année en France ;

• un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros

et quelque 35 000 emplois concernés ;

• une consommation annuelle moyenne de 42 steaks hachés par Français ;

• 83 % des Français qui en ont une image très positive.

Pour cet anniversaire, le SNIV-SNCP s’est mobilisé à l’occasion de la première édition de la Semaine de l’industrie en déclinant une pédagogie en 4 volets : • opération média avec la diffusion d’un dossier « Les 50 ans du steak haché » ; • publication des résultats d’un sondage IFOP exclusif « Le steak haché et les Français » ; • organisation de visites de sites de production à l’attention des scolaires ;• mise en place d’un partenariat sur le thème de l’attractivité des métiers avec le

magazine Imagine ton futur diffusé à l’ensemble des enseignants en charge de la pédagogie sur les métiers dans les collèges et lycées…

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Les entreprises françaises des viandes (SNIV-SNCP) se sont mobilisées à l’occasion de la première Semaine de l’industrie qui s’est tenue début avril pour ouvrir leurs portes et accueillir des classes d’écoles. Après les classes vertes… les classes rouges !

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Corinne Dubos : Vous avez vécu une année particulièrement dense. Quel bilan en tirez-vous ?Pierre Halliez : Sur le plan économique, nous avons en effet été soumis à de fortes pressions : du côté de l’amont, les éleveurs souhaitent, et c’est légitime, vivre au mieux de leur métier en vendant leurs animaux au meilleur prix. Mais plutôt que de négocier, ils sont venus manifes-ter sur les sites industriels début 2011, paralysant l’activité durant 3 jours. Ils n’hésitent pas d’ailleurs à solliciter ces mêmes sites industriels, lorsque, sèche-resse oblige, n’ayant pas de quoi nourrir leurs animaux, ils viennent les livrer en nombre, mettant à bas tous les plannings. À nous d’adapter les chaînes de produc-tion et les équipes, et de convaincre les clients ! De l’autre côté, la grande distribution qui exerce, c’est connu, une pression sur les prix, n’hésitant pas à déférencer un fournisseur fidèle et sûr au profit de celui qui est moins cher, voire à se fournir sur les marchés européens et internationaux. Nouvelle donne économi-que cette année : l’ouverture sporadique de marchés vers des pays tiers tels que la Turquie. Alors que les éleveurs y voient de nouveaux débouchés à l’export, il faut se rendre compte qu’exporter des

animaux vivants, c’est aussi exporter nos emplois. Car on n’abat pas les animaux deux fois. Approvisionner les abattoirs en Turquie, c’est mettre à terre notre propre industrie. C’est s’engager sur la voie de la désindustrialisation et c’est, à terme, tuer la filière.

C.D. : Que cela implique-t-il en matière d’information et de communication ?P.H. : Nous percevons la nécessité d’une nouvelle mobilisation pour mieux faire connaître le rôle économique et social des entreprises françaises des viandes et quelles sont leurs exigences en matière de qualité, de sécurité sanitaire, de formation d’une main-d’œuvre extrêmement qualifiée et très recherchée. Nos métiers ont beaucoup changé. Nous sommes au plus près des attentes des consom-mateurs. Nous sommes également très investis aux côtés des éleveurs, car sans leurs animaux il n’y aurait pas d’industrie française des viandes. Tout ceci, l’opinion publique doit en prendre conscience au travers des relais d’opinion. Un exemple : nous nous sommes mobilisés pour que les viandes porcines issues d’animaux « nés, élevés, abattus et transformés » en France puissent être repérées par le logo « VPF – Viande porcine française », afin que le consommateur puisse choisir en connaissance de cause l’origine de la viande et de la charcuterie qu’il consomme. Derrière une assiette de viande, il y a des activités économiques et des emplois. Il faut que cela se sache. Dans un autre registre, pour être mieux connus de nos concitoyens, nous avons décidé d’ouvrir nos portes. Ainsi, cette année, la première Semaine de l’industrie a été l’occasion de recevoir des classes d’écoles élementaires : les élèves se sont montrés très intéressés par l’ensemble des process intervenant dans un atelier d’élaboration de steak haché.

C.D. : Quels sont vos chantiers priori-taires pour les 12 prochains mois ?P.H. : Nous sommes mobilisés autour de l’élaboration d’un projet stratégique commun à toute la filière Élevages & Viandes françaises. La concurrence sur les marchés européens et pays tiers est sans merci. Les opérateurs mondiaux ont atteint des tailles gigantesques. C’est tous ensemble que nous pourrons relancer les filières viandes françaises, ses savoir-faire et ses emplois. Sur ces 12 mois à venir, nous multiplierons les échanges et les points de rencontre. Nous soumettrons nos propositions à débat : ainsi nous souhai-tons que soit mise en avant une nouvelle priorité à l’innovation. Sur le plan écono-mique, nous inviterons nos politiques à se pencher précisément sur les distorsions de concurrence considérables qu’entraî-nent des pratiques telles que le dumping social qui se développe en Allemagne en dépit de la réglementation sociale euro-péenne. Pour toujours mieux informer les consommateurs, nous accompagnerons par exemple des démarches telles que VPF par une vraie « politique de marque ». Enfin, nous nous tournerons vers les parle-mentaires afin de peser de tous nos arguments pour enrayer la désindustriali-sation rampante qui ronge notre pays au travers de ses activités et de ses emplois.

Pierre HalliezDirecteur général du SNIV-SNCP

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Propos recueillis par Corinne Dubos

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Entre 2008 et 2010, tout allait bien sous le soleil pour les producteurs d’énergie solaire. Sous l’impulsion d’une politique d’achat très favorable du kWh, le secteur était en plein boom ; avec en ligne de mire l’objectif du Grenelle de l’environnement, soit une capacité de production totale de 5,4 GW en 2020.

Mais voilà, en 2010, le gouvernement a fait machine arrière toute dépassé par l’envolée des installations et craignant un dépassement du plafond de la « Contribution au service public de l’électricité » fixé à 2 milliards d’euros. Il a donc imposé une série de mesures draconiennes : d’abord un « moratoire » de décembre 2010 à mars 2011 (soit trois mois de gel total des décisions d’installation) puis la mise en place d’un nouveau système très complexe d’appels d’offres pour les nouveaux projets. Enfin, la Commission de régulation de l’énergie a imposé trois baisses successives du prix de revente à EDF de cette énergie propre.

Les conséquences de cette retraite ont été catastrophiques : fabricants, installateurs de panneaux, bureaux d’études, entrepreneurs spécialisés… beaucoup ont souffert et certains ont disparu. Le « trou d’air » a coûté 10 000 emplois sur les 25 000 emplois créés depuis le Grenelle de l’environnement. Et pour l’heure la France affiche seulement 1,6 GW de puissance installée.

Les chefs d’entreprises du secteur et leurs associations se sont mobilisés. Thierry Mueth, PDG de Coruscant et nouveau Président d’Enerplan, a dénoncé les conséquences des décisions du gouvernement sur l’ensem-ble de la filière via le quotidien La Tribune : « À l’issue du moratoire, le gouvernement a fixé des mesures si draconiennes pour les nouveaux projets d’installation qu’elles aboutiront de fait à réserver le marché du photovoltaïque aux plus gros et aux plus solides. »

La mobilisation s’est, dans un second temps, traduite par la mise en place des États généraux du solaire photovoltaïque regroupant 18 acteurs de la filière. En octobre 2011, ils ont présenté leurs proposi-tions pour un avenir plus radieux : définir un cadre réglementaire stable, adapter les tarifs de rachat de l’électricité solaire par régions et surtout relever l’objectif de production à 20 GW pour 2020 contre 5,4 GW actuellement. Par comparaison, l’Allemagne les aura atteints… dès l’année prochaine !Sur cette base, les acteurs du solaire pensent pouvoir créer au total 100 000 emplois. « Si nous faisons déjà beaucoup pour développer cette énergie propre, à l’avenir prometteur en France et à l’international, nous pouvons toujours faire plus », déclare Thierry Mueth, nouveau Président d’Enerplan.

Bérengère Grenier

Derrière cette déclaration fracassante, pas d’éperdu révolutionnaire... mais la première campagne virale d’envergure visant à promouvoir l’entrée de Numericable dans le monde du mobile. Communiquer auprès de tous, par un teasing complet et inédit, le pari était audacieux. Faire « résonner » l’arrivée d’un outsider sur le marché ultraconcurrentiel du mobile. Les ingrédients ? Du rouge, une révolution, un rendez-vous : le 11 mai 2011.

Pour lancer son Forfait Mobile Illimité, Numericable a misé sur une histoire originale : un mystérieux révolutionnaire investit le marché du mobile. Orchestré par Vae Solis, le buzz a été rapide : radio, télévision, plates-formes des médias sociaux… curieux du phénomène, tous s’en sont emparés.

Les consommateurs les premiers, grâce au dispositif interactif mis en place ; une plate-forme sur les médias sociaux a permis dialogue et information en continu avec l’annonce quotidienne d’une caractéristique de l’offre mobile Numericable précédant la conférence de presse.C’est le 11 mai 2011, devant plus d’une centaine de journalistes que furent lancées l’offre mobile révolutionnaire et l’identité de Numericable révelée : un forfait illimité à 24,90 euros par mois tout compris, Internet illimité, SMS illimités, appels vers fixes et mobiles illimités… ça valait bien un buzz !

Florian Silnicki

On l’a crié sur tous les toits, dans tous les médias. Une « révolution du mobile » annoncée sur les ondes des radios, sur la toile, sur papier glacé, et distillée sur les blogs. Plus de 50 000 messages envoyés sur Twitter touchant plus de 300 000 personnes, la page Facebook ayant, quant à elle, enregistré plus de 2 600 intervenants.

Bientôt une éclaircie sur le secteur de l’énergie solaire ?

Numericable révolutionne le mobile

Les mesures désordonnées prises par le gouvernement dans le secteur de l’énergie solaire en 2011 ont donné un coup d’arrêt à cette filière jusqu’alors en pleine croissance. Mais les acteurs de la filière ont décidé de contre-attaquer. Regroupés sous la bannière des États généraux du solaire, ils veulent désormais quadrupler l’objectif du Grenelle de l’environnement à l’horizon 2020 !

Parking de l’Asllic à Carros.

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L’EnTRETIEn AvEC GILLES PELISSon

Élu à la présidence du Groupement des Professions de

Services (GPS) en mars 2011, Gilles Pelisson s’attache à promouvoir la contribution du secteur des services à l’économie nationale.

Marie-Gabrielle Sorin : Quels sont les grands enjeux pour le GPS ?Gilles Pelisson : La préoccupation prin-cipale du GPS est de faire connaître et reconnaître le secteur des services, à la fois dans sa diversité et dans la réalité de sa contribution à l’économie nationale. Les services sont en effet un secteur majeur de l’économie française. Ils représentent près de la moitié de la valeur ajoutée du pays, 8,6 millions d’emplois et 1,2 million d’entre-prises. Le rayonnement à l’international de ce secteur est également considérable. Nous avons la chance d’avoir, en France, des entreprises qui sont de véritables fleurons internationaux. La France est leader mondial dans les secteurs de l’environnement et de l’énergie, de la construction. Elle est parmi les trois premiers dans les médias, l’hôtelle-rie, la distribution alimentaire, la loterie, les transports, la distribution industrielle B2B. Autant d’entreprises que nous représentons au GPS, et autant d’atouts que nous souhai-tons valoriser dans le débat public, auprès des médias et des acteurs institutionnels.

M.G.S. : Le contexte économique est très difficile, comment se comportent les entreprises de services ?G.P. : Le secteur a évidemment ressenti les effets de la crise. Alors que le premier semestre 2011 a été très dynamique avec près de 200 000 emplois créés en rythme annuel, l’emploi au second semestre marque le pas. L’activité des entreprises de services n’échappe pas au ralentissement.Pourtant, si on la compare au reste de l’éco-nomie, celle-ci diminue moins vite et moins intensément que dans les autres secteurs. Les services témoignent d’une capacité de résilience et jouent un rôle d’amortisseur de crise. C’est pour conserver et développer tous

les bénéfices économiques apportés par les services à la France que le GPS appelle de ses vœux à la mise en place d’une véritable politique des services en France.

M.G.S. : Quels sont les axes de cette politique des services et quels en seraient les effets ?G.P. : Le secteur des services est soutenu par deux moteurs : l’emploi et l’innovation. Il convient de créer et soutenir une véritable dynamique de l’emploi dans les services. Sur les 830 000 emplois qui seront créés en France d’ici 2015, 65 % seront créés par le secteur des services. Si l’on souhaite que la croissance, si faible soit-elle, puisse être créatrice d’emplois, il est primordial de modérer le coût du travail. Surtout dans les services où il représente de 50 à 80 % de la valeur ajoutée.Pour ne pas pénaliser ce secteur, premier employeur privé en France, dans les limites et contraintes actuelles de notre droit du travail, il ne faudrait pas remettre en cause uniquement les allègements de charges sur les bas salaires, car le secteur des services emploie beaucoup de salariés à faible rémunération. Il joue donc un rôle dans l’insertion et l’ascension sociales. Au GPS, nous pensons également qu’à terme, il faudra faciliter encore l’accès à l’emploi. L’assouplissement du droit du travail sera nécessaire afin de mieux l’adapter aux contraintes de nos métiers.

M.G.S. : Le deuxième moteur du secteur est l’innovation. Le GPS a organisé, à Bercy, en novembre 2011, un colloque dédié à l’innovation. Un colloque pour porter haut et fort la voix des services ?G.P. : Le GPS a organisé, en collabora-tion avec la Commission Permanente de Concertation des Services (CPCS) et Frédéric Lefebvre, secrétaire d’État en charge notamment des services, un colloque dédié à l’innovation, afin de sensibiliser les décideurs et l’opinion à la diversité et à la réalité du poids du secteur. À l’occasion de ce colloque, Frédéric Lefebvre a annoncé plusieurs mesures de soutien à l’innova-

tion et à la compétitivité dans les services. Elles ont été le signal fort d’une prise de conscience du gouvernement : les entre-prises de services représentent un potentiel économique majeur pour la France et il est nécessaire de favoriser leur développement, notamment par le soutien à l’innovation.C’est en mettant l’innovation au centre de leur stratégie que nos entreprises ont fait de la France l’un des trois leaders mondiaux des services. C’est également par l’innovation que nous gagnerons davantage de marchés à l’export. La solution à la crise passe aussi par l’innovation dans les services.

Vous soutenez que les services peuvent constituer un remède au déficit budgé-taire. Expliquez-nous.G.P. : La réalité de notre déficit budgétaire et de notre dette publique traduit de graves déficiences, régulièrement relevées par la Cour des comptes, dans la façon de gérer l’État et les collectivités territoriales. Le GPS estime que dans la crise actuelle, les efforts ne doivent pas être seulement consentis par les entreprises et les ménages, mais également par l’État et les collectivités territoriales. De même que les entreprises s’attellent à réduire leurs coûts pour rester compétitives, il est indispensable que l’État se donne les moyens de rendre ses services plus efficaces et moins coûteux.Le secteur des services peut et souhaite être un véritable partenaire pour l’État dans son objectif de réduction des coûts, via la délégation de services publics (DSP), les partenariats public-privé (PPP), l’externali-sation ou le simple conseil en organisation.En France, le taux de recours à des prestataires privés par le secteur public est parmi les plus faibles de l’Union européenne. En faisant appel au privé, et particulièrement aux entre-prises de services, pour l’externalisation de certaines fonctions comme la restauration ou la formation, le secteur public dépensera ainsi moins et mieux. Ces solutions sont à envisager chaque fois que cela est possible.

Propos recueillis par Marie-Gabrielle Sorin

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Strip-teaSe

« C’est en mettant l’innovation au centre de leur stratégie que nos entreprises ont fait de la France

l’un des trois leaders mondiaux des services »

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ailleurs, montée des popu-lismes, gouvernements de techniciens en Italie et en Grèce, appels aux trans-ferts de souveraineté… Il se passe quelque chose d’important en Europe : la démocratie vit des heures mouvementées. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’elle est menacée, mais il est en revanche légitime d’affirmer qu’elle subit, dans sa forme actuelle, une remise en cause de fait, assez profonde pour devoir être prise en compte et analysée avec soin.

Au-delà de l’économie, de la finance, des politiques budgétaires, de la dette, etc., c’est notre manière de vivre ensemble, de prendre les décisions qui engagent le destin de nos communautés nationales et, in fine, de les mettre en œuvre, qui est aujourd’hui en crise. La question est de savoir s’il peut en sortir du bon, et comment. À cet égard, la communication politique a, évidemment, son rôle à jouer.

Il faut en effet se poser la question de savoir quel est le poids, dans cette crise, de la prise en compte de ‘’l’opinion publique’’ par les politiques ? En quoi la démocratie d’opinion, en tant que telle, doit-elle se revitaliser, et avec quels moyens ? C’est en fait l’enjeu politique réel, au sens le plus noble, de la crise actuelle. Elle fait passer les démocraties d’opinion européennes par un véritable stress-test…

Les faits d’abord, au nombre de trois, donc : des alternances brutales partout où c’est possible, en premier lieu ; la montée en puissance des gouvernements de ‘’techniciens’’, d’autre part ; les débats de plus en plus insistants sur les transferts de souverai-neté au niveau de l’Union européenne et le renforcement de ses pouvoirs de sanction enfin.

Ce qui s’est passé en Espagne et ailleurs relève du plus classique : des alternances brutales et systématiques à la faveur de toutes les consultations électorales. Certes, ce devrait être au contraire le signe fort d’une vitalité démocratique. Plusieurs indices peuvent cependant nous conduire à penser le contraire : les nombreux signes de la montée en puissance des extrêmes. Ce phénomène touche notamment les jeunes générations, comme l’a

révélé la remarquable étude du think tank britannique controversé Démos en novembre 2011 : « Alors que de nombreux pays européens ont les yeux fixés sur l’état de leur économie, une autre crise de confiance se prépare. Dans toute l’Europe, des jeunes gens se sentent abandonnés par les partis traditionnels et leurs représentants et affichent de la sympathie pour les groupes populistes1. » Première mise en cause. La plus grave.

Quand l’alternance politique ne résulte pas de consultations élec-torales mais de démissions et d’un nouveau vote au Parlement, la remise en cause de fait de la démocratie est formellement plus importante encore, quoique moins menaçante en fait. En Grèce, puis en Italie, le mécanisme a été le même : la pression des marchés financiers sur la dette souveraine s’est révélée tellement forte que les gouvernements nationaux, soumis également à la pression de la France et de l’Allemagne (puis de l’Union tout entière) ont été conduits à démissionner, alors que leurs majorités parlementaires n’étaient pas réellement en danger.

Surtout, les gouvernements qui en sont issus, ceux de Lucas Papademos et de Mario Monti, sont des gouvernements de ‘’techniciens’’. D’experts, diront certains. De technocrates, diront d’autres. Il faut souligner que Mario Monti n’avait jamais exercé de mandat électif. S’il est parlementaire, c’est grâce à une bizarrerie

La démocratie d’opinion à l’épreuve de la crise : le véritable ‘‘stress-test’’…

Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne de 2003 à 2011.

(1) The New Face of Digital Populism, Jamie Bartlett, Jonathan Birdwell, Mark Littler – Demos – novembre 2011.

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La démocratie d’opinion à l’épreuve de la crise : le véritable ‘‘stress-test’’…

constitutionnelle italienne qui permet au président de la République de nommer ‘’sénateur à vie’’ des personnalités qualifiées. Paradoxe amusant, si ce n’était dans les circonstances dramatiques que nous connaissons : c’est un ancien communiste devenu président de la République italienne qui a nommé au poste de président du Conseil un ancien de Goldman Sachs…

Troisième tendance, encore en gestation, issue de la crise : le renforcement du pouvoir supranational de l’Union européenne. C’est bien le sens de l’action du duo ‘’Merkozy’’ actuellement à l’œuvre en Europe. Renforcer le pouvoir de contrôle et de sanction des institutions européennes à l’encontre des États qui ne maîtri-seraient pas leurs dépenses publiques, certes. Mais de quelles institutions ? Le Parlement ? Sans doute pas. La Commission ? Peut-être, mais c’est peu probable. La Cour de justice des communautés européennes ? Plus vraisemblablement.

Comme l’indique très pertinemment le sociologue Antoine Vauchez2, il ne faut pas voir dans cette démarche allemande un quelconque ‘’bismarckisme’’, une tendance expansionniste renouvelée de la République fédérale. Non, il s’agit bien plutôt de la tentative de mise en œuvre d’un courant de pensée du libéralisme clairement identifié : « ‘’l’ordo-libéralisme’’, né en Allemagne dans l’entre-deux-guerres et popularisé dans l’après-guerre sous le nom ‘’d’économie sociale de marché’’ par l’influent ministre chrétien-démocrate allemand de l’Économie (1949-63) et chancelier fédéral (1963-66) Ludwig Ehrard. On doit à Michel Foucault d’avoir identifié dans son cours au Collège de France de 1979 (Naissance du biopolitique) l’originalité de ce courant du libéralisme qui fait des règles de droit (constitution-nel) et du juge le levier et garant principal de la construction d’un ordre politique fondé sur le strict respect des libertés économiques et la libre concurrence. Face à une ‘‘politique’’ qui est jugée incapable de créer un environ-nement d’anticipations stables pour les opéra-teurs économiques, seule la règle consti-tutionnelle (la fameuse ‘‘règle d’or’’) permet de protéger des ‘‘incohérences temporelles’’ des gouvernements démocratiques. »

Version juridique de la démarche plus concrète d’un Jean Monnet (« L’Europe se fera par des réalisations concrètes, créant d’abord des solidarités de fait »). Dans les deux cas, ce ne sont pas des mesures débattues par les Parlements nationaux et européens qui permettent la mise en œuvre d’une politique européenne. C’est bien plutôt une réalisation concrète, comme l’euro, par exemple, qui crée une « solidarité de fait » entre les dettes souveraines des États européens (et entre leurs systèmes bancaires). Puis, comme

les gouvernements se montrent incapables d’en tirer toutes les conséquences, c’est au juge européen (si le projet d’Angela Merkel aboutit) de les rappeler à l’ordre.

La démarche a une vertu. Surtout, elle vient compenser ce qu’il faut bien appeler l’échec des démocraties d’opinion européennes à produire des politiques réellement efficaces pour la production du « bien commun ».

C’est le paradoxe : les partis, quels qu’ils soient, souverainistes, libéraux ou sociaux-démocrates, auraient beau jeu de contester cette reprise en main du politique par les experts et les juges en la qualifiant d’antidémocratique. Car, au fond, si la démocratie dans sa forme actuelle au niveau multinational (multilocal) européen est mise en cause, c’est d’abord par les faits : la faillite des États, l’incapacité à définir une politique commune qui serait bénéfique au plus grand nombre en Europe.

C’est là le premier « challenge » pour la démocratie d’opinion en tant que mode opératoire de « gestion » des communautés nationa-les : l’Europe, près de 500 millions de personnes (contre 300 pour les États-Unis, 1,3 milliard pour la Chine), la première économie du monde (le PIB des 27 frôle celui de la Chine et des États-Unis cumulés !) est incapable de mettre en œuvre les politiques qui lui permettraient de tirer profit de ses atouts incontestables dans la compétition mondiale, et cette situation a des conséquences dramatiques sur l’appauvrissement et la dégradation des conditions

de vie de centaines de millions d’Européens.

Critiquer la triple tendance actuelle (alter-nances et émergences populistes, gouverne-ments de techniciens, projet de supranatio-nalité exercée par le juge) en la dénonçant comme une dérive anti-démocratique serait donc une totale erreur

de perspective : c’est une conséquence de la crise des démocra-ties, pas une menace qui pèserait sur elles ! Là où la démocratie d’opinion dans sa forme actuelle, au niveau national, a échoué, un autre système tente de naître. Pour le pire (le populisme) et peut-être pour le meilleur (régulation européenne)…

C’est ce que révèlent, d’une manière contreproductive, les mouve-ments des Indignés ou « Occupy Wall Street » : l’indignation et la mise en cause des systèmes politiques démocratiques naît d’abord de la paupérisation. De ce point de vue, ils constituent des mises en cause de la démocratie telle qu’elle existe.

Manifestations en Grèce, en février 2011.

(2) In Libération du 6 décembre 2011

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Le problème est que ces brèches dans le consensus démocratique n’interviennent pas hors de tout contexte international. De l’autre côté de la Méditerranée, la montée en puissance de l’islamisme créera inévitablement, elle aussi, une mise en cause de la démocratie d’opinion comme mode d’organisation sociale et politique. En Russie, la démocratie oscille entre pur formalisme et spectacle permanent, au service du maintien de l’État central, même si les dernières élections ont vu le parti de Vladimir Poutine vaciller. En Chine, au contraire, l’opinion gagne chaque année plus de poids, et les évolutions politiques à venir seront à cet égard passionnantes, mais pas au point de faire de la première économie du monde une démocratie d’opinion.

Il faut donc noter, contrairement à l’idée qui prévalait au XXe siècle, que les systèmes politiques les plus favorables au dynamisme économique ne sont pas nécessairement des démocraties. Du « pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres », voilà que notre forme d’organisation politique se donne à voir comme n’étant peut-être pas la meilleure…

Autrement dit, la démocratie d’opinion, faite d’équilibres entre un décideur unique et un organe collectif le plus souvent bicaméral (tous désignés par le choix populaire), qui se présentait et se pensait elle-même comme un modèle à suivre par toutes les nations du monde, se trouve aujourd’hui affaiblie, challengée, « stress-testée », en quelque sorte, par une crise qu’elle a, il faut le reconnaître, largement contribué à créer ! De la crise des subprimes aux émeutes grecques, de New York à Athènes, ce sont les emblèmes et les berceaux de la démocratie dans l’Histoire qui apparaissent comme les foyers de la crise économique mondiale.

Ce n’est pas là un souhait que nous exprimons. Au contraire. C’est une menace que nous redoutons. N’oublions pas que la démocratie grecque n’a que 30 ans. Que les démocraties ibériques en ont moins de 40… Si les civilisations sont mortelles, nous savons aussi, avec Paul Valéry, que la démocratie n’est pas éternelle. Encore faut-il qu’elle prenne les moyens de la plus grande longévité possible.

Revenons en France. En 2000, la croissance record (4 %, il y a de quoi rêver aujourd’hui !) crée des recettes fiscales inattendues. Le pétrole est à 20 dollars le baril. Les taux d’intérêt sont au plus bas. C’est le moment de désendetter. DSK hésite : il ne veut pas apparaître aux yeux de l’opinion comme un nouveau père-la-rigueur. L’équipe du président de la République d’alors, Jacques Chirac, découvre l’exis-tence de cette « cagnotte ». Les parlementaires de l’opposition de l’époque (RPR) la dénoncent comme un sale coup fait aux Français. La « cagnotte » sera dépensée, au lieu de servir à désendetter et à investir pour le futur. C’est l’exemple type du dysfonctionnement de la démocratie d’opinion. Au lieu de produire le bien commun, elle fabrique l’échec collectif pour plusieurs générations. Et tout le monde s’y met de bon cœur, droite et gauche confondues.

Dans ce mouvement, les communicants ont leur part. Ils se font, souvent, les porte-parole des études d’opinion auprès des politi-ques. Mais, le plus souvent, ils mettent en mots une posture déjà

adoptée par eux. Aller contre l’opinion, le Prince le dit clairement, est impossible. Du moins c’est ce qu’il croit. On a encore en mémoire ce cri du cœur d’un conseiller du président de la République, dans le secret de son bureau, au sujet d’un enjeu d’intérêt national suscitant l’opposition d’une minorité agissante : « c’est irrationnel mais nous ne ferons rien ». Histoire vécue…

Dans ces mêmes années 2000, en Allemagne, Gerhard Schröder fait au contraire preuve d’une responsabilité remarquable en refondant le pacte national autour de la compétitivité afin de permettre à son pays d’affronter la mondialisation. C’est aujourd’hui que la classe politique allemande est démagogue, peut-être, en pensant et en disant qu’elle pourra sauver l’Allemagne seule. Mais si elle peut se le permettre (plus pour très longtemps), c’est d’abord parce qu’elle est forte, et c’est bien grâce au « churchillisme » de Schröder, il y a dix ans, en quelque sorte.

La démocratie européenne se trouve donc bien à la croisée des chemins, et la communication politique avec elle.

Oui, la communication politique peut contribuer à faire sombrer nos systèmes politiques dans les travers qui ont toujours accom-pagné la décadence des nations ou des empires les plus solides : la sophistique des Grecs, la rhétorique des Romains. Ce sophisme ou cet art des rhéteurs, stériles et dangereux, on les retrouve aujourd’hui quand ces fameux « éléments de langage » cherchent visiblement à déformer le réel, quand ils détournent l’opinion des véritables enjeux. Toujours, la chute des systèmes politiques les plus élaborés a été accélérée par un usage dévoyé des mots.

Ou bien… La parole politique peut aussi aider la démocratie à retrouver son essence dans ce qu’elle a de plus authentique : dire la vérité d’une manière compréhensible par tous. Partager l’espoir qui existe malgré tout et se fonde sur l’analyse lucide de nos forces. Dire la difficulté qui est devant nous… 2011 nous a offert un très beau film sur la communication politique : le Discours d’un Roi. Selon qu’il serait bègue ou qu’il aurait la langue la plus déliée possible, le Prince donnerait à son peuple l’énergie nécessaire pour affronter la barbarie ou, au contraire, contribuerait à le plonger dans l’abattement, lui ôtant la capacité de résister.

C’est bien ce qui s’est passé en 1940 dans cette Grande-Bretagne que nous, Français, avons du mal à voir comme l’autre berceau de la démocratie européenne. C’est un véritable apologue de la grande épreuve que traversent nos démocraties d’opinion, et la France en 2012 en particulier : nos responsables politiques sauront-ils dire au pays la vérité sans susciter l’incompréhension ? Pourront-ils à la fois dire combien la justice doit l’emporter, tout en soulignant à quel point des efforts très importants doivent être partagés par absolument tous… C’est en tous les cas ainsi que la démocratie l’em-portera. N’est-ce pas un enjeu qui mérite que tous s’y attellent ?

Antoine Boulay

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