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v3.1.1 Origine mondiale de la microfinance C'est au Docteur Muhammad Yunus que nous devons l'acceptation actuelle de la microfinance qui tient d'outil de développement économique et social des couches défavorisées. A l'aide des travaux pratiques réalisés avec ses étudiants sur les théories de l'investissement, ce brillant économiste bangladais découvre l'extrême indigence financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou qui n'ont aucun moyen de constituer des stocks de matières premières. Leur besoin en crédit est pourtant infime : 27 dollars en tout pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant prêté cette somme de sa poche, il peut découvrir combien leur activité augmente, lorsqu'ils peuvent acheter d'avance la matière première, échappant ainsi aux fluctuations importantes des prix. Il va formaliser cette expérience en créant en 1976 la Grameen Bank qui propose des prêts aux populations pauvres du Bangladesh et dont le succès va inspirer de nombreuses autres expériences à travers le monde 34(* ) . Depuis la création de sa banque, la microfinance est devenue un instrument essentiel de la lutte contre la pauvreté. D'ailleurs, lors du sommet mondial du microcrédit qui a été tenu du 12 au 15 novembre 2006 à Halifax au Canada, le prix Nobel de la paix 2006 Muhammad Yunus avait lancé la cérémonie d'ouverture par : « Faisons de ce sommet une occasion historique pour créer un monde sans pauvreté. J'espère que ceux qui doutaient de nous seront désormais de notre côté». L'idée est de faire bénéficier de petits prêts à plus de personnes afin qu'ils créent leur propre activité. Avec un objectif chiffré de175 millions de bénéficiaires d'ici 2015. 35(* ) Aujourd'hui, près de 80 millions de personnes à travers le monde, dont 60% de femmes bénéficient de la microfinance. 3.1.2 Origine de la microfinance au Cameroun La microfinance apparue sous sa forme traditionnelle (tontine) 36(* ) date de plus d'un siècle au Cameroun. En 1963, sous l'influence des missionnaires hollandais dans la zone anglophone du Cameroun, elle a démarré sous la forme formelle avec la création de la première coopérative de crédit dénommée « credit union » ou caisse populaire. Mais ce n'est qu'au début des années 90 que la microfinance s'est diversifiée grâce aux lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune 37(* ) . De plus, trois éléments principaux ont favorisé l'apparition et l'expansion de la microfinance. Premièrement, la crise du secteur bancaire à la fin des années 80 qui a entraîné des restructurations et de nombreuses faillites. Ces faillites ont provoqué des craintes dans les populations à faible revenu et surtout le licenciement de nombreux cadres de banques expérimentés. Ces derniers vont se reconvertir en créant de façon incontrôlée des entités de microfinance. Les plans de restructurations ont eu pour conséquences l'exclusion d'une grande partie de la population par rapport à l'accès aux services bancaires et une augmentation de la sous bancarisation surtout dans les zones rurales. Dès lors les structures de microfinance sont devenues de plus en plus attrayantes par leur proximité, et la simplification de leur approche commerciale.

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v3.1.1 Origine mondiale de la microfinance

C'est au Docteur Muhammad Yunus que nous devons l'acceptation actuelle de la microfinancequi tient d'outil de développement économique et social des couches défavorisées. A l'aide destravaux pratiques réalisés avec ses étudiants sur les théories de l'investissement, ce brillant économiste bangladais découvre l'extrême indigence financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou qui n'ont aucun moyen de constituer des stocks de matières premières. Leur besoin en crédit est pourtant infime : 27 dollars en tout pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant prêté cette somme de sa poche, il peut découvrir combien leur activité augmente, lorsqu'ils peuvent acheter d'avance la matière première, échappant ainsi aux fluctuations importantes des prix. Il va formaliser cette expérience en créant en 1976 la Grameen Bank qui propose des prêts aux populations pauvresdu Bangladesh et dont le succès va inspirer de nombreuses autres expériences à travers le monde34(*).

Depuis la création de sa banque, la microfinance est devenue un instrument essentiel de la lutte contre la pauvreté. D'ailleurs, lors du sommet mondial du microcrédit qui a été tenu du 12 au 15 novembre 2006 à Halifax au Canada, le prix Nobel de la paix 2006 Muhammad Yunus avait lancé la cérémonie d'ouverture par : « Faisons de ce sommet une occasion historique pour créer un monde sans pauvreté. J'espère que ceux qui doutaient de nous seront désormais de notre côté». L'idée est de faire bénéficier de petits prêts à plus de personnes afin qu'ils créent leur propre activité. Avec un objectif chiffré de175 millions de bénéficiaires d'ici 2015.35(*)

Aujourd'hui, près de 80 millions de personnes à travers le monde, dont 60% de femmes bénéficient de la microfinance.

3.1.2 Origine de la microfinance au Cameroun

La microfinance apparue sous sa forme traditionnelle (tontine)36(*) date de plus d'un siècle au Cameroun. En 1963, sous l'influence des missionnaires hollandais dans la zone anglophone duCameroun, elle a démarré sous la forme formelle avec la création de la première coopérative de crédit dénommée « credit union » ou caisse populaire. Mais ce n'est qu'au début des années 90 que la microfinance s'est diversifiée grâce aux lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune37(*). De plus, trois éléments principaux ont favorisé l'apparition et l'expansion de la microfinance.

Premièrement, la crise du secteur bancaire à la fin des années 80 qui a entraîné des restructurations et de nombreuses faillites. Ces faillites ont provoqué des craintes dans les populations à faible revenu et surtout le licenciement de nombreux cadres de banques expérimentés. Ces derniers vont se reconvertir en créant de façon incontrôlée des entités de microfinance. Les plans de restructurations ont eu pour conséquences l'exclusion d'une grandepartie de la population par rapport à l'accès aux services bancaires et une augmentation de la sous bancarisation surtout dans les zones rurales. Dès lors les structures de microfinance sont devenues de plus en plus attrayantes par leur proximité, et la simplification de leur approche commerciale.

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Deuxièmement, sur le plan international, la microfinance connaît un essor car elle est considérée comme un des vecteurs essentiels de lutte contre la pauvreté, les bailleurs de fondsinternationaux reconnaissent qu'une grande partie des besoins des populations exclues peut-être satisfaite par des microcrédits que les banques n'offrent pas. D'ailleurs, en proclamant 2005 «Année internationale du microcrédit», l'assemblée générale des Nations unies a donné une impulsion forte à la microfinance.

Enfin, l'activité de la microfinance au Cameroun comme dans les autres Etats membres de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale s'est développée dans un cadre juridique particulièrement inadapté.

Grâce aux lois du 19 décembre 1990 et du 14 août 1992 le paysage de la microfinance va changer et se diversifier. C'est dans ce contexte que nous allons donc voir apparaître de nombreuses institutions telles que :

- Des institutions développées de manière endogène, c'est le cas des MC² (mutuelle communautaire de croissance).

- Les Caisses Villageoises d'Epargnes et de Crédit Autogérées (CVECA)

- Des projets de développement ou agro-industriels avec un volet crédit comme exemple nous pouvons citer la société de développement du coton (SODECOTON), South- West development Authority (SOWEDA), etc.

Comme nous l'avons signalé plus haut, la microfinance au Cameroun a débuté sous la forme informelle. Aujourd'hui ce type de financement est toujours présent au Cameroun, c'est pourquoi nous avons voulu présenter un bref aperçu du fonctionnement de la microfinance informelle dans la partie suivante.

* 34 Mbouobouo Ndam (2004), Banque contre microfinance : les enjeux de l'intermédiation dans la zone CEMAC, mémoire de DESS en banque, monnaie et finance internationale, Yaoundé, Institut des Relations Internationales du Cameroun.

* 35Radio France internationale, Economie et développement, (page consultée le 15/04/2007), http://www.rfi.fr/actufr/articles/083/article_47458.asp

* 36 Tontine : chacun cotise une somme fixe pendant une réunion qui a lieu chaque semaine ouchaque mois. Chacun reçoit à son tour, le total des cotisations de la réunion. Le tour est déterminé de deux façons selon les cas: par tirage au sort ou par mise aux enchères.

* 37 CREUSOT A. C. (2006), « L'état des lieux de la microfinance au Cameroun », BIM, n°9, PP1-5

3.2 MICROFINANCE INFORMELLE AU CAMEROUN

Dans cette partie, nous présenterons différentes formes d'organisations de microfinance informelle au Cameroun.

3.2.1 Microfinance informelle traditionnelle

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La microfinance informelle38(*) traditionnelle ou tontine reste l'instrument de développement leplus partagé et le plus important. Elle est très développée dans l'Ouest du Cameroun. Avec le brassage de la population et l'exode rural, toutes les tribus du Cameroun la pratique actuellement avec plus ou moins de réussite.

En effet des groupes de personnes qui se connaissent bien, les membres d'une même communauté, les groupes d'initiatives communes constituent des associations, élaborent les statuts39(*) et des règlements intérieurs qu'ils s'efforcent de respecter. Ils tiennent régulièrementleur réunion avec un président, des vices secrétaires, des commissaires aux comptes, un trésorier, et des censeurs. Ceux ci sont élus parmi les membres de la réunion.

Pour développer leur famille, leur village, leur milieu de vie, ils décident de constituer une cagnotte en cotisant chacun une somme d'argent qu'ils ont fixé en fonction des moyens de chaque membre.

A la suite d'un tirage au sort, un adhérent se voit attribuer la cagnotte sans payer d'intérêts. Le bénéficiaire utilise cette somme pour résoudre ses problèmes ou pour réaliser des projets (construire une maison, acheter une voiture, etc.). Toutefois, il doit continuer à cotiser afin que les autres adhérents à tour de rôle bénéficient de leur part. À la fin d'un cycle, on procède à la mise en place d'un nouveau cycle.

Les reconnaissances de dette sont dûment remplies et signées par chaque bénéficiaire40(*), les cas des défaillances sont rares, sinon les litiges sont résolus au sein de l'association.

Dans les centres urbains, les hommes et femmes d'affaires estiment que le système de tirage est long. Pour cette raison, ils ont institué la vente aux enchères des cagnottes. La cagnotte revient en fin de compte au plus offrant c'est à dire à celui qui achète le plus cher.

3.2.2 Les banques d'épargne et de crédit

Les adhérents d'une association définissent les statuts et un règlement intérieur. Ils font régulièrement des épargnes, chacun selon ses moyens. Ces épargnes sont prêtées à des membres de l'association qui en font la demande. Tout bénéficiaire de crédit présente un avaliste (membre ou non de la réunion) ou une garantie qui peut être son épargne.

Le taux d'intérêt est fixé de commun accord, il varie entre 5 et 10% par mois. Les crédits sont de très courtes durées (maximum 3 mois, le plus souvent 1 mois), et renouvelables.

En cas de défaillance, le taux d'intérêt est de 15%. En cas de récidive, le défaillant est suspendu des prêts pendant deux années consécutives. Son avaliste est également sanctionné ou bien son argent est saisi.

Imaginons le cas de monsieur Y, qui a contracté un prêt de 5000FCFA à un taux de 5% pour une durée de 3mois.

Au bout de 3 mois, Monsieur Y devra rembourser :

5000+ (5000*5%*3) = 5750 FCFA

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Si au bout de 3 mois monsieur Y ne rembourse pas sa dette, le taux du prêt passera à 15%. Supposons que Monsieur Y rembourse au bout de 6 mois. Il devra donc :

Les hommes et les femmes d'affaires ont beaucoup de succès dans cette forme de microcrédit,les salariés n'adhèrent pas beaucoup à ce mode de crédit.

* 38 Nous avons choisi de mettre microfinance informelle, plutôt que finance informelle.

* 39 Voir annexe II : Exemple de Statuts d'une tontine

* 40 Voir annexe III : Exemple de reconnaissance de dettes

3.2.3 Les fonds d'investissements ou tontines d'affaires

Ce mode de financement consiste à la mise en place d'un fond qui résulte de la cotisation de lamême somme ou action (500FCFA au minimum) par chaque membre d'une association et à l'investir dans un projet fixé de commun accord par les membres de l'association qui deviennent par conséquent les actionnaires. Chaque adhérent doit proposer un projet, le meilleur projet est choisi.

Cette forme de microcrédit est très développée dans les milieux féminins. Les femmes créent ainsi les emplois et améliorent leur village, leur mode de vie, etc.

Lorsque les actions individuelles sont importantes, l'association mobilise une énorme masse monétaire. Une partie est affectée à la résolution des problèmes sociaux du groupe et l'autre partie est prêtée aux membres qui la sollicitent pour une courte durée (3 à 6 mois maximum). Contrairement au Banques d'épargne et de crédit, il n'existe pas de garantie dans les fonds d'investissements. La garantie la plus offerte est la confiance car il s'agit des adhérents qui se connaissent parfaitement.

Nous remarquons que l'argent généré est rarement placé dans une banque moderne, car la majorité de la population ne connaît pas la banque, et la banque non plus ne leur vient en aide puisque les conditions d'octroi de crédit sont très rudes. Heureusement que les institutions de microfinance organisent des campagnes de sensibilisations pour inciter la population à ouvrir des comptes d'épargnes et bénéficier des petits crédits d'au moins 10.000 FCFA(15€). Mais, beaucoup d'opportunistes ont dépouillé la population, ces derniers utilisaient une sensibilisation de proximité. Ils allaient quotidiennement chez les mutualistes (exemple: les commerçants) collectés les fonds leur promettant des crédits importants pour développer leursactivités avant de fermer boutique et de s'enfuir. Ceci justifie la méfiance de la population à l'égard des établissements financiers (banques, IMF). C'est ainsi qu'une importante partie d'argent n'entre pas dans les circuits bancaires, car plusieurs personnes gardent leur argent chez eux ou bien dans les tontines.

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Nous remarquons que ces organisations de microfinance informelle ont beaucoup de succès auprès de la population, cependant elles présentent quelques faiblesses. Dans la suite, nous montrerons donc les atouts et les faiblesses des tontines.

3.3 FORCES ET FAIBLESSES DES TONTINES

La réussite des tontines peut s'expliquer par plusieurs facteurs :

Existence du règlement intérieur avec des procédures très strictes de fonctionnement. Les Camerounais répètent souvent « la tontine ne meurt pas, ne voyage pas, ne tombe pas malade » pour illustrer qu'aucune excuse n'est acceptée en cas de non-respect des règles.41(*)

Les garanties sont plus classiques : aval, épargne bloquée, etc.

L'argent cotisé et reçu a un caractère symbolique et n'est utilisé que pour des dépenses utiles par exemple : construction d'une maison, scolarité, maladie, etc.

Le groupe connaît à peu près la situation de chaque individu et peut donc évaluer le niveau d'une personne en cas de défaillance à la réunion.

La principale faiblesse des tontines est la limite dans les fonds mobilisés, les moyens ne permettent pas le financement d'activités économiques importantes.

Dans ce chapitre, nous avons présenté l'origine et l'évolution de la microfinance au Cameroun et nous pouvons retenir que la microfinance date de plus d'un siècle mais jusque là elle était restée embryonnaire et ce n'est qu'à partir des années 90 qu'elle a connu un essor, d'une part grâce aux loi du 19 décembre 1990 et du 14 août 1992, mais également à cause de la crise du secteur bancaire des années 80 ; la reconnaissance de la microfinance comme un des vecteurs de développement et enfin le manque de cadre juridique adapté.

Nous avons également présenté un aperçu de la microfinance informelle à savoir : les tontines, les banques d'épargnes et de crédit, et enfin les fonds d'investissements.

Nous remarquons que la tontine reste encore l'instrument de développement le plus important puisque les conditions d'octroi de crédit par les banques sont très rudes et que les taux d'intérêts pratiqués par les institutions de microfinance sont perçus comme étant élevés pour la plupart des personnes. Par la suite, nous présenterons l'importance du secteur de la microfinance, la réglementation et les principaux acteurs.

CHAPITRE IV COUVERTURE DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN

Dans ce chapitre, nous présenterons l'intérêt de la microfinance pour le gouvernement camerounais, la réglementation, les principaux acteurs. Nous montrerons également les problèmes rencontrés par les institutions de microfinance et nous proposerons quelques solutions.

4.1 IMPORTANCE DE LA MICROFINANCE

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Pour le gouvernement camerounais, la microfinance apparaît comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. L'Etat a d'ailleurs diffusé en avril 2001 une déclaration de politique nationale de la microfinance42(*), ayant pour objectif :

- D'améliorer le lien entre les institutions de microfinance ;

- De créer et aménager un cadre administratif, juridique et judiciaire propice au développement des Institutions de Micro Finance ;

- D'encourager le professionnalisme et la transparence dans la gestion des IMF (institutions demicrofinance);

- De consolider et étendre le développement harmonieux des IMF sur l'ensemble du territoire;

- D'inciter les accords de partenariat entre les projets de développement, les organisations non gouvernementales, les IMF, et le système bancaire ;

- De rapprocher les IMF et les organisations socioprofessionnelles des producteurs.

Le gouvernement, avec le soutien du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) a également lancé un projet de consolidation et de développement de la microfinance qui a pour mission de faciliter l'accès aux services financiers de proximité à toutes les catégories défavorisées de la population surtout dans les zones rurales. L'Etat a ainsi créé le Comité National de Microfinance (CNMF), qui est un organe triparti composé de : l'Etat, la profession et les bailleurs de fonds, dans le but de suivre la politique nationale de microfinance.

Une enquête réalisée par la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) en 2000 a montré qu'il existait à peu près 652 IMF (institutions de microfinance) inégalement réparties sur le territoire camerounais et un peu plus de 300 000 clients. En effet, 52% des IMF fonctionnelles étaient implantées en zone urbaine contre 48 % en zone rurale.

À cause de l'enclavement de la plupart des zones rurales (manque d'infrastructures routières, d'électricité, de téléphone), il est difficile d'atteindre cette importante couche de la population. Les institutions de microfinance profitent surtout aux populations des grands centres urbains.

Au total, le secteur traitait 25,4 milliards de FCFA de crédit, soit 4,3% du total des prêts octroyés par le secteur bancaire, et 35,9 milliards de FCFA d'épargne mobilisée ce qui représentait 6% du total de l'épargne mobilisée par le secteur bancaire. L'importance du secteur reste modeste, des statistiques récentes font défauts, mais ces proportions ont probablement évolué positivement.

Sur les 1021 IMF recensées en zone CEMAC en 2000, le Cameroun comptait 64% des IMF avec 67% des dépôts et 86% des encours de crédits.

Une récente action gouvernementale visant à assainir le secteur des IMF a mené à l'exclusion de plusieurs centaines d'entre elles essentiellement pour des raisons d'agrément ou de non-respect de la réglementation. Cette action a provoqué un désordre au niveau de la population et a une nouvelle fois ébranlée la confiance des usagers des organismes financiers.

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En avril 2005, le ministère des finances a recensé un total de 558 IMF dont 379 (68%) représentaient les trois43(*) réseaux les plus importants du pays qui totalisent plus de 60% de l'épargne et plus de 80% des clients.

Au Cameroun, les principaux produits offerts par les institutions de microfinance sont : L'épargne, le crédit, les transferts de fonds, les assurances, la vente des chèques de voyage et des devises, et enfin le financement des projets d'intérêts commun.

En juin 2004, les acteurs du secteur avaient constaté que:

- La répartition géographique des IMF sur le territoire était inégale;

- L'expansion de la collecte de l'épargne était remarquable mais la proportion d'octroi de créditétait faible ;

- Les ressources des IMF étaient insuffisantes pour financer tout les besoins à court, moyen et long terme de leur clientèle ;

- L'accès des IMF à des financements extérieurs était fortement limité ;

- Certains acteurs manquaient de professionnalismes ;

- Les liens entre les banques et les IMF étaient faibles ;

- Les ressources pour le développement des zones défavorisées étaient insuffisantes ;

- L'Etat jouait encore un rôle insuffisant dans la promotion du secteur.

* 42 Voir annexe IV : déclaration de la politique nationale de microfinance

* 43 Les trois réseaux les plus importants sont : les caisses villageoises d'épargne et de crédit autogérées (CVECA), Cameroon Cooperative Union League (CAMCCUL), et MC2 (mutuellecommunautaire de croissance).

4.2 REGLEMENTATION DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN

Les IMF au Cameroun sont déclarées sous le régime d'associations ou de coopérative d'épargne et de crédit, relative aux lois du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association et du 14 août 1992 portant sur les sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune. Ce secteur est largement dominé par les associations ou coopératives d'épargne et de crédit (80%).

Pour exercer leur activité, les IMF après l'acquisition de leur forme juridique, doivent demander un agrément auprès de l'autorité monétaire qui est le ministère des finances. L'approbation est délivrée après un avis de la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC).

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En effet, depuis le13 avril 2002, les modalités d'exercice de l'activité de microfinance sont définies par la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC)44(*) et régies par le règlement n°1/03/CEMAC/UMAC/COBAC entré en vigueur le 14 avril 2005.

Le règlement CEMAC gère uniquement l'activité mais pas la forme juridique de l'IMF. Il définit la microfinance comme étant une activité exercée par des entités agrées n'ayant pas le statut de banques ou d'établissement financier et qui pratiquent, à titre habituel, des opérationsde crédit, et ou de collecte de l'épargne, offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l'essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel. Ce code décrit trois catégories d'IMF :

- La première catégorie formée d'Institutions de microfinance qui ne traitent qu'avec leurs membres, c'est le cas des coopératives et des associations.

- La deuxième catégorie, avec statut obligatoire de Société Anonyme est constituée des IMF qui offrent des services financiers à des tiers.

- La troisième catégorie regroupe des IMF qui n'offrent que du crédit et qui ne sont pas autorisées à mobiliser l'épargne, les ressources viennent des bailleurs de fonds.

D'après le règlement, il doit y avoir une seule association de microfinance et les IMF doivent faire partie de cette association. C'est ainsi que le 23 mai 2003, L'Association Nationale des Etablissements de Microfinance du Cameroun (ANEM-CAM) a été créée, avec pour rôle :

- D'assurer la défense des intérêts collectifs des membres

- De représenter la profession auprès des autorités de tutelle, monétaires et des tiers

- D'informer ses membres et le public sous réserve du respect des dispositions de la loi du secteur sur le secret bancaire.

* 44 CEMAC regroupe 6 pays : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la Centrafrique et le Tchad.

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4.3 POURQUOI UNE REGLEMENTATION CEMAC ?

Au Cameroun, la loi du 14 août 1992 avait prévu des dispositions applicables au secteur des coopératives d'épargne et de crédit, laissant de côté les établissements ayant opté pour une forme juridique différente. D'autre part, l'autorité de tutelle pour les coopératives exerçant des opérations de collecte d'épargne et de distribution de crédit était le Ministère de l'agriculture alors qu'il aurait dû être le ministère des finances.

Cet environnement a contribué non seulement à un développement incontrôlé des structures de microfinance mais aussi à de nombreux cas de faillites qui ont asséché les petites économies des populations devenues très méfiantes. Par exemple : Le manque de professionnalisme et l'absence de contrôle a entraîné une crise dans le secteur des COOPEC.

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Dans les cinq autres états membres (Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad),les entités de microfinance se sont appuyées sur des textes qui n'étaient pas spécifique à l'activité d'épargne et de crédit.

Conscients de la nécessité de remédier à cette situation, un texte sous régional va être adopté par le conseil des ministres des finances de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) dans le but d'inclure toutes les formes d'institutions de microfinance et de renforcer la surveillance et l'encadrement du secteur.

Malgré la réglementation qui a assaini le secteur en mettant de côté les opportunistes, il reste encore des insuffisances pour assurer une meilleure flexibilité et permettre à ces structures d'assurer pleinement leur rôle.

Les exigences en termes de diplôme des dirigeants ne prennent pas suffisamment en compte les réalités socio-économiques et culturelles des zones rurales où le taux de scolarisation est faible et l'exode rural des jeunes très poussé à cause des conditions de vie peu attrayantes. Il serait plus indiqué de prévoir des mesures d'accompagnement en vue de renforcer les capacités des dirigeants, au fur et à mesure de l'évolution de leurs structures.

4.4 LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA MICROFINANCE AU CAMEROUN

Parmi Les acteurs intervenant dans la microfinance au Cameroun, nous distinguons : les institutions de microfinance, l'association nationale des établissements de microfinance du Cameroun (ANEM-CAM), les autorités, les ONG, les bailleurs de fonds et des structures spécialisées dans la formation en microfinance.

4.4.1 Les institutions de microfinance

Actuellement, il existe plusieurs institutions de microfinance au Cameroun. Nous distinguons :

La CAMCCUL (Cameroon Cooperative Credit Union League), fondée en 1963, elle rassemble plus de 290 établissements et représente plus de la moitié du chiffre d'affaires du secteur. Cette fédération a pour but d'assurer la représentativité au près des pouvoirs publics etde faire reconnaître l'importance de ce secteur dans le développement local.

Elle agit aussi bien en zone rurale qu'en zone urbaine. Elle a pour objectif d'aider les pauvres àsortir de la misère en ayant accès au microcrédit impossible pour eux dans les banques conventionnelles. En 1999, elle a créé la Union Bank of Cameroon (UBC).

Les mutuelles communautaires de croissance(MC²), qui sont des micro banques de développement rural créées et gérées par les populations, avec l'assistance d'Afriland First Bank et de l'ONG ADAF ` Appropriate development for Africa foundation'. ADAF finance la plupart des IMF du système francophone et joue le rôle de contrôleur financier.

La MC² est le symbole d'une synergie de la masse populaire rurale multipliée par la vitesse d'intégration des valeurs socioculturelles ancestrales au management moderne. La MC² est une formule magique simple à expliquer. Elle signifie que la victoire sur la pauvreté (VP) est

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possible à condition que les moyens (M) et les compétences (C) de la communauté (C) soient mis ensembles. Ce qui nous donne la formule: VP =M x C x C = MC²45(*).

Les Caisses Villageoises d'Epargnes et de Crédit Autogérées (CVECA) soutenues par l'ONG microfinance et développement (MINFED), la Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (BICEC) et deux institutions françaises : Le centre international pour le développement et la recherche(CIDR) et l'agence française de développement (AFD).

La Mutuelle Financière de Femmes africaines (MUFFA Cameroun) ce sont des coopératives d'épargne et de crédit exclusivement pour femmes, elles reçoivent l'assistance d'Afriland First Bank et de l'ONG ADAF ` Appropriate development for Africa foundation'.

Les coopératives d'épargne et de crédit des promotrices (CEC PROM) soutenues par l'Agence canadienne pour le Développement International (ACDI).

En plus des principaux réseaux d'IMF, nous trouvons des institutions qui n'offrent pas que du crédit, c'est l'exemple de l'agence de crédit pour l'entreprise privée au Cameroun (ACEP) et de« Cameroun Gatsby Trust ».

D'un point de vue quantitatif, d'après l'AFD (agence française de développement), plus d'un quart des IMF ont un dépôt moyen inférieur à 10.000 FCFA et 5900 dossiers de crédit traitent d'un montant inférieur à 50.000 FCFA. Les secteurs principalement concernés par l'activité ducrédit sont le commerce et l'artisanat (22,34%), la santé (20,74%), l'éducation (20,10%), l'agriculture et l'élevage (13,36%), et l'habitat (5,7%).

4.4.2 Les autorités

L'autorité monétaire Camerounaise est le Ministère de l'économie et des finances(MINEFI), après avis conforme de la COBAC c'est lui qui accorde les agréments aux établissements de microfinance.

La Commission Bancaire des Etats d'Afrique Centrale(COBAC), a pour rôle de contrôler l'activité de la microfinance dans la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Elle est également l'organe de contrôle de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale.

Le Ministère de l'agriculture et du développement rural(MINADER) est la tutelle des coopératives. Toutes les coopératives doivent au préalable s'inscrire auprès de ses services.

4.4.3 les structures spécialisées

Parmi les structures spécialisées dans la formation en microfinance, nous trouvons: La Microfinance Academy et la PACEF. Ces deux structures sont partenaires du programme CAPAF, qui est une initiative conjointe du Groupe consultatif d'assistance aux pauvres(CGAP) et du ministère des affaires étrangères français.

La mission de CAPAF est de promouvoir une approche de marché pour des services de renforcement des capacités des IMF, touchant à la formation, à l'appui technique, et à l'information. Les structures spécialisées dans la formation en microfinance disposent donc

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des formateurs certifiés et offrent d'autres types de services dans le domaine de la microfinance.

4.4.4 Les Organisations Non Gouvernementales

Les ONG jouent un rôle d'intermédiaire entre les financiers et les demandeurs de crédits.

Nous retrouvons 4 modes d'interventions des ONG :

- L'intervention en opérateur direct pour la création et la mise en valeur des structures spécialisées d'épargne et de crédit ;

- L'appui à la restructuration du secteur financier ;

- Le soutien financier ou technique;

- L'aide au développement plus large.

Nous retrouvons des ONG camerounaises et étrangères qui travaillent en partenariat. C'est le cas de l'ONG camerounaise VEPDEF (femmes volontaires pour la promotion de l'éducation populaire à la démocratie, à la paix et au bien-être économique) qui travaille avec une ONG belge AADC (Association pour l'Action de Développement Communautaire).

En effet l'ONG AADC vient en aide aux organisations de femmes et offre des formations (technique, gestion d'entreprise, marketing). Son objectif est l'amélioration de la position socio-économique de la femme à la campagne et à la ville par le soutien d'activités génératrices de revenus.46(*)

L'ONG AADC reçoit l'aide financière de la BRS (la Banque et les assurances solidaires dans le tiers monde) qui soutient des projets de développement durable dans le tiers monde.

Le point de vue de la BRS est celui ci : « Si un habitant du tiers monde a faim, vous pouvezlui donner un poisson pour assouvir sa faim. Vous pouvez aussi lui donner un filet et lui apprendre à pêcher. Mais vous pouvez aller encore plus loin : vous pouvez lui prêter de l'argent afin qu'il achète un filet et lui apprendre à épargner. Vous l'aidez ainsi à prendre son sort en main et à offrir à ses enfants un avenir meilleur. »

C'est l'exemple47(*) de Mme X, une jeune femme qui s'est affiliée en août 2000 à VEPDEF. En mai 2001, elle a ouvert son petit commerce. Pour l'achat des marchandises, elle a demandé un prêt de 200.000 FCFA (305 EUR). Mais la politique de VEPDEF est d'accorder les crédits s'élevant à maximum 3 fois le montant de l'épargne, elle n'a que reçu 72000 FCFA (110 EUR). Entre temps elle a remboursé son prêt et a doublé son épargne. Elle souhaite à présent élargir ses activités. Pour cela il lui faut 300.000 FCFA (457,35 EUR). Mme X espère qu'elle pourra faire appel au fonds de crédits supplémentaires mis à la disposition du VEPDEF.

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4.4.5 Les bailleurs de fonds

Parmi les bailleurs de fonds48(*), nous trouvons : Le Crédit mutuel pour la France, la Caisse Desjardins pour le Canada, Raiffesen pour l'Allemagne, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), l'AFD (agence française de développement), etc.

Ces bailleurs de fonds apportent aux IMF des ressources financières et des appuis techniques. Ils jouent un rôle de catalyseur dans la microfinance en renforçant les capacités institutionnelles des IMF, notamment par la mise en place des programmes d'assistance technique pour les plus jeunes IMF et la création des programmes de développement de nouveaux produits orientés vers les populations non servies (milieu rural).

Cependant, l'appui des bailleurs de fonds décourage l'investissement privé. En effet, les institutions de microfinance, le gouvernement et les clients sont tous habitués aux subventionset sont peu enclins à fonctionner suivant les conditions du marché. De plus, les interventions des bailleurs de fonds sont souvent commandées par des priorités ou des accords d'ordre politique qui entravent le développement du secteur dans son ensemble. Dans ce sens, la microfinance est parfois considérée comme une sous composante d'autres programmes plutôt qu'une composante du secteur financier.

Nous constatons que par rapport aux banques, la microfinance joue un rôle important dans l'économie camerounaise. Cependant les IMF rencontrent plusieurs difficultés. Dans la suite, nous exposerons les problèmes des IMF et nous proposerons quelques solutions.

4.5 PROBLEMES DES IMF

Certaines institutions de microfinance sont confrontées à plusieurs obstacles tels que :

- Le mauvais système d'information entrainant des mauvais résultats ;

- La fraude (exemple: falsifications des données financières, transferts dans les comptes personnels afin d'avoir des gains illégaux, allongement des délais, prêts fictifs, corruption, dissimulation, etc.) ;

- Les impayés qui illustrent la mauvaise qualité du portefeuille de crédit ainsi qu'une mauvaisequalité de la sélection des clients ;

- La concurrence excessive ;

- L'insuffisance des moyens de financement.

4.6 QUELQUES RECOMMANDATIONS

Nous donnons quelques recommandations permettant de remédier aux problèmes rencontrés par les IMF. Nous pensons que pour améliorer leurs méthodes de travail, les IMF doivent :

- Disposer d'un bon système d'information ;

- Lutter contre la fraude ;

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- Motiver le personnel ;

- Encourager les clients, par exemple en renouvelant les prêts des bons clients ;

- Collecter la liste des clients défaillants pour lutter contre des multiples emprunts ;

- Déterminer le meilleur échelonnement des remboursements ;

- Bien utiliser les subsides ;

- Mettre en place des techniques pour intégrer les banques ;

- Tenir compte du fait que la population à faible revenu se trouve dans les zones rurales. Dès lors, puisque le développement est une action dont le but est de contribuer à l'amélioration desconditions de vie de la population, ce processus ne saurait commencer ailleurs que dans les zones rurales;

- Prendre en compte la culture et la tradition ancestrale du lieu d'implantation. L'ouverture de ce type d'institutions contribuera à améliorer les services financiers au sein d'une communautéqui connaît mieux ses difficultés et les éventuelles solutions ;

- Encourager l'innovation et la mise en place instruments financiers adaptés à toutes les couches de populations.

Dans ce chapitre, nous avons présenté l'importance et la couverture de la microfinance au Cameroun, un problème auquel nous avons été confrontés c'est le manque de statistique récente. Nous remarquons que pour l'Etat la Microfinance apparaît comme étant un élément essentiel. Néanmoins, les acteurs du secteur trouvent que l'Etat joue un rôle insuffisant dans lapromotion du secteur.

Nous retiendrons que le secteur de la microfinance est largement dominé par les coopératives d'épargnes et de crédit et que les IMF au Cameroun sont déclarées sous le régime d'associations ou de coopérative d'épargne et de crédit.

Pour l'exercice de leur activité, les IMF sont tenues de demander un agrément auprès du ministère des finances. Les conditions d'exercice de leur activité sont définies par la CEMAC.

Nous avons également exposé les différents acteurs de la microfinance au Cameroun à savoir :les institutions de microfinance, l'association nationale des établissements de Microfinance duCameroun (ANEM-CAM), les autorités, les ONG, les bailleurs de fonds et les structures spécialisées dans la formation en microfinance. Nous avons aussi montré quelques obstacles rencontrés par les IMF et nous avons proposé des solutions pour l'amélioration du secteur. Nous constatons que par rapport aux banques, les IMF interviennent plus dans le financement de l'économie puisqu'elles s'efforcent d'offrir des services financiers à la majorité de la population. Mais pouvons-nous réellement parler de la microfinance comme d'un instrument de lutte contre la pauvreté? Les institutions de microfinance sont-elles des outils de développement? Dans la deuxième partie, nous essayerons de répondre à ces questions.

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* 48 Organisations publiques ou privées dont l'objet est de soutenir le développement par le biais de la mise à disposition de dons (subventions) ou de prêts à taux inférieur à ceux du marché.

CONCLUSION

Nous avons présenté le système bancaire camerounais et l'état des lieux de la microfinance au Cameroun, nous constatons qu'après la crise des années 80, le système bancaire camerounais s'est développé en rupture avec la société puisque la majeure partie de la population est exclue. De plus, la fonction d'acteur financier des banques souffre du durcissement des conditions d'octroi de crédit. Face au dysfonctionnement du système bancaire, la finance informelle reste l'instrument de développement le plus utilisé, cependant elle présente des limites puisque les fonds mobilisés ne permettent pas le financement d'activités économiques importantes. À côté de la finance informelle, la microfinance joue un rôle économique et social. Elle apparaît d'ailleurs pour le gouvernement camerounais comme l'élément essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. Mais comme le souligne Marc Labie, « La microfinance ne remplacera jamais une politique en matière d'éducation et de santé ».49(*) Toutefois, la microfinance présente un certain nombre d'avantages : bonne connaissance du milieu, proximité des clients, capacité d'innovation, etc. Cependant, elle ne peut prétendre se substituer totalement à la banque.

En définitive, la banque et la microfinance sont toutes deux nécessaires et indispensables au bon déroulement de l'activité économique du pays. Nous pensons que les IMF doivent mettre en place des techniques pour intégrer les banques. De leur côté, les banques doivent établir des partenariats avec les IMF en les soutenant dans le financement des microprojets. Ces techniques permettront peut-être d'offrir des services financiers à une majorité de la population.

Dans la deuxième partie, nous présenterons le partenariat existant entre une institution de microfinance, une Organisation Non Gouvernementale et une Banque dans le but de desservir des populations rurales pauvres et exclues des services financiers classiques.

ALLIANCE ENTRE UNE IMF ET LE SECTEUR BANCAIRE MODERNE : CAS

DES MC², DE L'ONG ADAF ET DE AFRILAND FIRST BANK

INTRODUCTION

Au Cameroun, plusieurs personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, cette situation touche particulièrement les zones rurales. Parmi les stratégies d'intégration des plus pauvres, le développement du secteur financier apparaît également comme un élément important.

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Comme nous l'avons mentionné dans la première partie, pour offrir des services financiers à une majorité de population, les IMF doivent mettre en place des techniques permettant d'intégrer les banques, et de leur côté les banques doivent établir des partenariats avec les IMFen les soutenant dans le financement des microprojets. Dans ce sens, la stratégie de synergie entre les Mutuelles Communautaires de Croissance (MC²), Afriland first Bank et ONG ADAFvaut la peine d'être mentionnée.

Pour la réalisation de cette synergie, Afriland First Bank a adapté ses services, ses produits à l'environnement de la microfinance, il s'agit donc d'une stratégie de « Downgrading ». Par contre, les MC² ont mis en place une stratégie « uprgrading » c'est à dire qu'elles associent le professionnalisme, la rigueur de la banque et les techniques financières de pointe avec le fait de desservir des populations rurales pauvres et exclues des services financiers classiques.

Dans le premier chapitre, nous présenterons les différents acteurs de l'alliance, leurs forces et leurs faiblesses.

Dans le deuxième chapitre, nous présenterons les intérêts des mutuelles communautaires de croissance, d'afriland et des différents agents sociaux dans la synergie. Nous exposerons ensuite les contraintes rencontrées dans la réalisation d'une synergie entre les IMF et les banques. Enfin, nous proposerons quelques solutions que l'Etat pourrait mettre en place pour encourager les partenariats entre les deux secteurs.

* 49 LABIE M. (1999), « La microfinance en questions, limites et choix organisationnels », Bruxelles, Editions Luc Pire, P103

CHAPITRE2 : FINANCEMENT BANCAIRE ET DEVELOPPEMENT

ECONOMIQUE AU CAMEROUN

Depuis les années 80 le système bancaire Africain a connu de nombreux changements résultant d'une forte crise économique qui a été à l'origine d'une importante baisse des dépôts privés et publics. Parmi ces changements, de multiples réformes qui ont permis la remise de laplupart des banques sur pied notamment la restructuration bancaire entamée en 1989.

Aujourd'hui, malgré le non achèvement de ce processus, dans certains pays tels que le Cameroun il est bien avancé voir en phase de finalisation. Compte tenu de l'importance qu'ontles banques dans le financement de l'économie comme nous l'a montré l'évocation théorique précédente, ce chapitre nous permettra de cerner toujours de manière théorique, le lien qu'ellesentretiennent avec la croissance économique. Il s'agira donc pour nous de présenter tout d'abord l'évolution de l'activité bancaire au Cameroun , puis de cerner le lien entre le secteur financier et la croissance au travers de différentes analyses soutenant les systèmes fondés sur les banques en évoquant par la même occasion les canaux de transmission permettant cette relation et enfin de déterminer de manière théorique la contribution des banques dans le développement économique ainsi que les limites de l'intermédiation bancaire au Cameroun.

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SECTION1 : PRESENTATION DU SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS

Cette section aura pour but de parler de la libéralisation financière subie par le Cameroun mais également de présenter l'évolution de l'activité bancaire durant les années 80.

I. LIBERALISATION FINANCIERE AU CAMEROUN

Il sera question pour nous dans cette partie non seulement d'évoquer la répression financière survenue au Cameroun au lendemain des indépendances mais également de voir quel est théoriquement le positionnement des banques par rapport à celle-ci.

A. De la répression à la libéralisation

Bien que composé des succursales et filiales des grandes banques étrangères surtout au lendemain de l'accès à l'indépendance a subi de grands changements dus à une forte répression financière avant d'être libéralisé au milieu des années 80.

Au lendemain de l'indépendance camerounaise, le réseau bancaire était essentiellement composés d'agences françaises et de succursales des banques britanniques ; les banques françaises nationalisées par la suite ont successivement fait apport de leurs agences à des sociétés de droit national. Trois principales banques sont concernées :

· Le crédit lyonnais a participé à la création de la société camerounaise des banques (SCB)

· La banque internationale pour le commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC) est détenue par la nationale de Paris (BNP)

· La société générale des banques (SGB) a donné naissance à la société générale des banques au Cameroun (SGBC)

D'autres institutions vont s'y ajouter plus tard pour faciliter les échanges entre la métropole et la colonie. Le système qui se met alors en place est anti-productifs et a pour objectif le financement des opérations commerciales ; rien prévu pour le financement des investissements et de la production. La première réforme entamée au début des années 1970 visait la réorientation de l'activité bancaire en mettant l'accent sur le financement de l'investissement ; cette réforme a pour principaux objectifs l'accroissement des dépôts bancaires, la promotion du système productif, une meilleure mobilisations des ressources monétaires et financières en vue d'assurer le développement et la diversification de la production. Grâce à cette réforme, le système bancaire camerounais compte désormais11 banques au lieu de 5 et totalise 172 guichets au lieu de 84 en 1974. Malheureusement, la crise financière des années 80 a provoqué la fermeture de plusieurs banques, la fusion de certaines et autres. En fin juin 1986, le Cameroun compte huit banques commerciales avec un réseau de54 agences, notamment : la Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC) ; la société commerciale de banque- crédit lyonnais (SCB-CL) ;la société générale de banque au Cameroun (SGBC) ; la méridien bank Cameroon (MBC) ; la Standard Charted Bank ; la caisse commune d'épargne et d'investissement (CCEI Bank) ; le Crédit agricole et Amity Bank ( rapport CNC 1994-1995 et 1996). A la fin de juin 1998, le réseau bancaire compte six banques : la banque internationale pour le crédit et l'épargne au Cameroun (BICEC) ; la SCB-CL ; la Standard Charted Bank Cameroon ( SCBC) ; la CCEI-Bank et Amity Bank auxquelles vont s'ajouter progressivement quatre autres banques au 30

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juin 2000 à savoir : la commercial bank of Cameroon (CBC) en 1997 ; la City Bank en 1998 ; l'Union Bank of Cameroon en 1999 et Eco-Bank en juin 2000 ( rapport CNC 1997/1998,1998/1999,1999/2000). Ainsi de nos jours le réseau bancaire camerounais compte dix banques et quatre vingt cinq guichets.

B. Positionnement des banques dans la libéralisation financière

La libéralisation est généralement définie comme étant le passage d'un état de répression à un état de libéralisation. Ce passage requiert la suppression d'un certains nombres de restrictions, il s'agit entre d'autres termes d'un mouvements de déréglementation qui concerne principalement :

· La déréglementation des prix et des taux (commissions, marges et taux d'intérêts)

· La déréglementation quantitative là où une telle réglementation existait (par exemple le contingentement des crédits, les contrôles de change et autres restriction à la mobilités des capitaux...)

· L'abolition des frontières entre activités et entre actifs

Divers arguments ont été utilisés par les économistes pour justifier la libéralisation financière,principalement « in fine » ; l'objectif de croissance économique. On peut considérer que la déréglementation des activités financières fournit un cadre propice à une croissance significative à travers mécanismes distincts.

Premièrement, l'absence des obstacles quantitatifs à la circulation des capitaux permet de financer de manière plus rapide et plus efficace les activités de production et d'investissement de l'économie. Ainsi, l'absence d'encadrement du crédit permet aux banques de mieux répondre aux demandes de crédits des entreprises et la libre circulation internationale des capitaux permet à ces derniers de bénéficier de l'apport des capitaux étrangers.

Deuxièmement, la déréglementation des taux d'intérêts, des commissions et des marges fait baisser le coût de l'intermédiation financière du fait du développement de la concurrence, améliorée au sein de l'appareil financier, ce qui peut rendre les crédits moins chers pour les entreprises locales et attirer les entreprises étrangères.

Troisièmement, ces phénomènes conjugués peuvent ainsi contribuer dans une perspective théorique libérale à une meilleure affectation des ressources en capital, celles-ci ayant théoriquement plus de chance d'être allouées, aux coûts les plus faibles, aux demandeurs de crédits les plus productifs, lesquels sont aussi sous certaines conditions les plus créateurs de croissance.

II. L'EVOLUTION DE L'ACTIVITE BANCAIRE AU CAMEROUN DANS LESANNEES 80

Les performances actuelles de l'intermédiation bancaire au Cameroun sont largement tributaires de la crise qui a frappé ce secteur dans les années 80 et de la restructuration conséquente au cours des années 90. Dans cette section ; nous visiterons cette épopée des banques camerounaises pour mieux percevoir leur comportement d'intermédiation financière.

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A. Les ressources

Au milieu des années 80, le Cameroun a connu une grave crise financière : les dépôts à terme ont diminué de 33% entre 1985 et 1987 et les dépôts à vue de 22%. Cette chute s'explique par le déclenchement de la crise économique, cependant, c'est une véritable crise de confiance carles agents réalisent que les banques sont insolvables.

A partir de 1989, afin d'éviter un effondrement du système bancaire, des restructurations ont été entreprises : certaines banques ont été liquidées, d'autres ont été fusionnées ou recapitalisées. Afin de restaurer la confiance du public dans le système bancaire, la commission bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) fonctionnelle depuis 1992, assure un contrôle prudentiel des établissements de crédits. Pour ce, elle s'est dotée de deux séries de ratios que doivent respecter les banques : les normes prudentielles et les normes de solvabilité.Parallèlement à ces restructurations, la politique monétaire a été complètement modifiée dans toute la zone BEAC à partir de 1990. Il s'agit dorénavant de favoriser la mobilisation de l'épargne nationale, préalable indispensable à l'investissement. L'aboutissement de ces réformes fut la mise en place du marché monétaire au sein de la zone BEAC à partir de juillet 1994. Suite à ces deux mesures, les dépôts à vue ont progressé de 30% entre 1988 et 1990 et les dépôts à terme de 17% entre 1988 et 1991.

Au cours de 1992 et 1993, l'anticipation de la dévaluation a incité beaucoup de déposants à placer leurs avoirs à l'étranger notamment en France : entre le 31décembre 1991 et le 31 décembre 1993, les dépôts à vue ont chuté de 42% et les dépôts à terme de 18%. Afin de stopper la fuite des liquidités, la fin de la convertibilité extérieure du FCFA a été déclarée en août 1993. Cette mesure fut complétée en septembre 1993 par la fin de la convertibilité des billets entre les deux zones UMOA et BEAC. La fuite des dépôts a été ralentie mais pas stoppé car de manière détournée, de nombreux agents ont pu à sortir des billets.

A partir du moment où la dévaluation est effective, les liquidités sont retournées dans la zone Franc : entre le 31 décembre 1993 et le 31 décembre 1994, les dépôts à vue ont progresse de 48% et les dépôts à terme de 18%. L'impact de la dévaluation sur les dépôts est positif en terme nominal, mais il est à relativiser en terme réel : en tenant compte des niveaux d'inflationimportants pour 1994 (33%), les dépôts à vue n'ont progressé que de 10% en terme réel et les dépôts à terme ont chuté de 12%. Cet impact est d'autant plus à relativiser que les dépôts ont recommencé à diminuer en 1995. Les dépôts à vue ont chuté de 16% en réel et les dépôts à terme de 12% car les agents manquaient de confiance dans le système bancaire. En effet, depuis le second semestre 1995, il est question de nouvelles restructurations. Donc, pour éviter que leurs dépôts soient bloqués, les agents ont retiré leurs liquidités du système bancaire.

Entre décembre 1995 et Avril 1997, les dépôts à vue ont progressé de 3% et les dépôts à termeont chuté de 21%( en nominal). En revanche, au cours de l'année 1997, la liquidité bancaire s'est nettement améliorée dans son ensemble jusqu'en 2001.

B. Les emplois

Au moment de la crise financière, les agents ont réalisés que les banques avaient maquillé les bilans bancaires et accumulé les créances fictives. Ainsi, les créances douteuses égales à 253milliards de FCFA au 31 juin 1988, selon les documents comptables produits par les banques, ont en fait été estimées à 489 milliards. Par conséquent, les 104 milliards de

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provisions pour dépréciation au 31 juin 1988 ont été estimées à 334 milliards de FCFA. De manière comptable, ces ajustements ont eu lieu entre 1990 et 1991(selon la BEAC) et les crédits ont chuté de pratiquement 50%.

Depuis les réformes bancaires et monétaires, il faut souligner une atonie du crédit, les banquessont frileuses et s'engagent peu dans le financement de l'économie. Le taux de couverture des crédits par les dépôts atteignait 110% au 31 août 1996 contre 89% en 1995, avant le déclenchement de la crise. La dévaluation n'a pas eu les effets escomptés, les crédits à l'économie ont diminué de 27% en terme réel entre le 31 décembre 1993 et le 31 décembre 1994 et de 10% au cors de l'année suivante. Entre la fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à l'économie ont diminué de 17%( en nominal). De plus, il faut noter une prédominance des crédits à court terme qui représente 85% des crédits accordés.

De nos jours, au sein du système financier, la composante bancaire est devenu relativement solide ; grâce aux restructurations bancaires. Le système bancaire camerounais est constitué de dix banques commerciales ; le ratio de couverture des crédits par les dépôts s'est amélioré (avoisinant 139% en juin 2006), et six banques affichaient un ratio de liquidité supérieure à 200% en 2006.

Toutefois le secteur financier reste dominé par trois banques (la SGBC ; la BICEC et la SCB-CA), qui détiennent plus de deux tiers de tous les prêts et dépôts bancaires. En outre, malgré la relative solidité du secteur bancaire camerounais, le taux d'intermédiation reste faible. Le nombre de ménages possédant un compte est inférieure à 10%, et de larges pans de l'économie n'ont toujours pas accès aux crédits. De plus, les clients des banques se plaignent régulièrement du niveau élevé des frais.

A la fin de cette étude de l'évolution de l'activité bancaire au Cameroun durant les années 80, nous pouvons nous pencher sur l'analyse des différentes approches soutenant les systèmes fondés sur les banques et évoquer les canaux de transmission reliant le secteur financier à la croissance. Cette étude théorique fera l'objet de la section suivante.

SECTION2 : LES DIFFERENTES APPROCHES SOUTENANT LES SYSTEMES BASES SUR LES BANQUES ET LES CANAUX DE TRANSMISSION

Cette section aura pour objectif en plus d'aborder comme le titre l'indique les différentes analyses en accord avec le système bancaire de déterminer les canaux de transmission qui rendent possible l'induction du financement bancaire sur le développement économique.

I. Les différentes approches soutenant les systèmes basés sur les banques

Dans cette partie, il sera question d'étudier les différentes analyses qui acceptent et démontrent l'idée selon laquelle le système bancaire finance la croissance. Pour ce faire nous étudierons l'approche de McKinnon et Shaw ainsi que les approches d'autres auteurs.

A. L'approche de Mckinnon et Shaw

De manière générale, en ce qui concerne les pays en développement, les travaux de ces auteurs sont des références. Ceux-ci présuppose l'existence d'un lien positif entre le secteur

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financier et la croissance économique, et proposent d'appliquer des politiques économiques pour développer le secteur financier. Leur théorie est l'inspiratrice des réformes financières appliquées par la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International au sein des programmes d'ajustement structurel.

1. Le modèle de McKinnon et Shaw

En supposant que les mécanismes de marché sont optimaux, ils préconisent une libéralisation financière.

McKinnon (1973) élabore un modèle où l'investissement est indivisible et nécessite l'accumulation d'une épargne préalable. Cette épargne est fonction du taux d'intérêt réel : plus il est élevé, plus les montants disponibles pour l'investissement sont importants.

Selon les conclusions du modèle de McKinnon, la répression financière empêche l'économie d'atteindre son taux de croissance optimal. La répression étant définie comme le fait de fixer des taux d'intérêts en dessous de la valeur d'équilibre, à orienter administrativement le crédit, à fixer des réserves obligatoires à un niveau élevé, et à limiter la concurrence au sein du système bancaire. Des taux artificiellement bas entraîne une moindre croissance de l'économieen raison de la faiblesse du volume des investissements liée aux faibles montants d'épargne collectée. De plus, raison de la faiblesse des taux d'intérêt, les banques ne peuvent pas appliquer de prime de risque élevé, et elles sont contraintes de financer des activités peu risquées et peu rentables. Ce biais entraîne une utilisation inefficace des ressources et une moindre croissance économique.

Les conclusions des travaux de Shaw (1973) sont proches de celles de McKinnon. Cependant,alors que McKinnon limite son analyse à la collecte et à la redistribution des ressources, Shawprends en compte la capacité de crédits des établissements bancaires.

2. Critique du modèle

La critique essentielle de ce modèle provient du lien entre l'épargne et le taux d'intérêt réel. Ces auteurs ne prennent en compte que « l'effet substitution » et négligent « l'effet revenu ». Selon l'effet substitution, les ménages optimisent leur utilité intemporelle en maximisant la valeur actualisée de leur satisfaction. Dans ce cadre, toute augmentation des taux d'intérêts entraîne une dépréciation de la consommation future. Pour « lisser » leur consommation intemporelle, les ménages réduisent donc leur consommation actuelle et augmentent leur épargne. S'ils financent leur consommation par des crédits, ils diminuent leur endettement. Inversement, la prise en compte de « l'effet revenu » aboutit à des conclusions contraires. Si letaux d'intérêt augmentent, les ménages anticipent un accroissement du revenu futur de leurs placements ; ils diminuent donc leur épargne en augmentant leur consommation.

Selon Akyùz (1992), une augmentation du taux d'intérêt réel entraîne plus une modification dela composition de l'épargne qu'une augmentation de son volume. En effet, il faut prendre en compte l'existence d'actifs physiques et financiers qui offrent une protection contre l'inflation. De plus, en raison de l'imperfection des marchés, il est impossible de lier volume de l'épargne collectée et volume d'investissement.

Les autres critiques concernent le niveau de taux d'intérêt ;en effet si des taux d'intérêts réels négatifs entraînent une désintermédiation financière, des taux d'intérêts trop élevés ne

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reflètent pas une plus grande efficacité des investissements lais un manque de crédibilité de la politique monétaire.

Les conclusions de ces auteurs ont également été remises en question d'un point de vue empirique. Ainsi selon Green et Villanueva (1991), il existe un lien négatif entre le taux d'intérêt réel et l'investissement privé. Hugon (1996), quant à lui, montre que les effets négatifs de la répression financière ne sont pas démontrés statistiquement en Afrique subsaharienne.

McKinnon et Shaw ont surtout mis l'accent sur les politiques à mettre en oeuvre pour encourager le développement des intermédiaires financiers, préalable indispensable à la croissance.

B. Les autres approches

Plusieurs économistes se sont intéressés au système orienté autour des banques et ont soutenu le rôle positif dans le développement économique.

?Les banques permettent l'amélioration de l'allocation du capital et de la gouvernance collective par l'acquisition d'information concernant les entreprises et les dirigeants (Diamond, 1984 ; Ramakrishan and Thakor, 1984)

?L'amélioration de l'efficience des investissements et de la croissance économique par la gestion du risque de liquidité et le risque intertemporel (Allen and Gale, 1993 ; Bencivenga and Smith, 1991)

?La mobilisation du capital afin de profiter des économies d'échelles (Sirri and Tufano, 1995)

Ces approches insistent en globale sur les limites du système fondé sur les marchés financiers.En effet, Stieglitz (1985) a montré que le développement rapide des marchés financiers fournit l'information, ce qui permet de réduire le désir de collecte d'informations par les investisseurs individuels. Boot, Greenbaum et Thakor (1993) ont souligné que les banques ne posent pas ce genre de problèmes, en effet, elles ne fournissent pas de l'information immédiate aux marchés publics quand elles forment des relations à long terme avec les entreprises. En plus, Boot et Thakor (1997) montrent que les banques sont les meilleurs dans le contrôle des entreprises et la réduction de la substitution des actifs.

Ces approches considèrent toutes que les banques peuvent :

· Exploiter les économies d'échelles dans le traitement des informations

· Améliorer l'hasard moral par l'intermédiaire d'un contrôle efficace

· Soutenir une relation à long terme avec les entreprises dans le but de minimiser l'asymétrie d'information et par conséquent de stimuler la croissance économique

A la suite de cette étude théorique du lien existant entre le secteur financier et la croissance économique, il s'agira pour nous de déterminer les canaux de transmission existants entre ces deux concepts que sont l'intermédiation bancaire et la croissance économique.

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II. Les canaux de transmission

Le secteur financier affecte le taux de croissance de long terme à travers deux principaux canaux : le taux d'investissement et la productivité marginale du capital.

A : Le taux d'investissement

Toute évolution de ce taux est fonction soit de taux d'épargne, soit d'une plus grande proportion d'épargne allouée aux investissements.

1 : Influence du développement des intermédiaires financiers sur le taux d'épargne.

Dans le modèle de Pagano (1993), le développement des intermédiaires financiers permet unemeilleure protection des ménages, ce qui peut les inciter à diminuer leur épargne de précaution. En outre, les effets de la diversification du portefeuille sur le taux d'épargne dépendent du coefficient d'aversion pour le risque des ménages. Japelli et Pagano (1994) démontrent que ce desserrement de la contrainte de liquidité, découlant du développement desintermédiaires financiers incite les jeunes ménages à moins épargner.

De Grégorio (1994) souligne que les contraintes de liquidités dues au faible développement des intermédiaires financiers ou leur imperfections ont une influence positive sur le taux d'épargne des ménages, et donc sur le taux de croissance de l'économie. Cependant, si les difficultés d'emprunt des ménages conduisent à une moindre accumulation du capital humain, le taux de croissance de l'économie pourrait être négativement affecté.

TABLEAU : Répartition des crédits à l'économie

Répartition des crédits à l'économie en MDS

Crédits accordés à court terme

Crédits accordés à moyen terme

Crédits accordés à long terme

1990 654.767 98.660 392

1991 480.895 99.874 8142

1992 382.470 97.440 235

1993 341.826 82.396 315

1994 343.698 68.803 922

1995 361.413 60.192 828

1996 377.668 101.511 24.677

1997 298.723 101.416 668

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1998 402.895 133.810 28.118

1999 444.399 128.478 31.016

2000 527.931 137.487 35.097

Source : Rapport BEAC

2 : Part de l'épargne allouée à l'investissement

La part de l'épargne qui parvient effectivement aux investissements regroupent plusieurs effets :

Du point de vue des entreprises, le développement des intermédiaires financiers augmente la part des ressources orientées vers l'investissement. En effet, les entreprises gardent moins d'épargne de précaution car elles peuvent se tourner vers les banques en cas de crise de liquidité ou en cas d'opportunité d'investissement (Bencivenga et Smith, 1991). De plus, en raison de l'existence d'un contrat de dette, les dirigeants des entreprises sont surveillés par les prêteurs, et la probabilité que des ressources soient détournées est plus faible.

Du point de vue des ménages, grâce au développement des intermédiaires financiers, la part de l'épargne qu'ils déposent dans les circuits financiers est plus élevée. En effet, les intermédiaires financiers permettent d'allier le besoin de détenir des liquidités et le désir de constituer une épargne longue.

Dans le modèle de Diamond et Dybvig (1983), les banques n'allouent pas toutes les ressources dont elles disposent et gardent une partie de ces liquidités. Ce comportement est dûau risque de « course aux dépôts » auquel elles sont exposées et pouvant les conduirent à la faillite et dans les pays en développement cette tendance est accentuée à cause tout d'abord dufait qu'en raison des risques macroéconomiques et pour des raisons culturelles, les agents préfèrent détenir des liquidités et transforment facilement leurs dépôts en monnaie fiduciaire ;puis, le fait que les banques secondaires sont conscientes du fait que la banque centrale n'a pas les moyens d'intervenir en tant que prêteur en dernier ressort ; et enfin, le fait que lors des restructurations bancaires, les banques restant en activité sont incitées à détenir plus de liquidités.

SECTION3 : CONTRIBUTION THEORIQUE DES BANQUES AU FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT ET LIMITES DE CELLES-CI AU CAMEROUN

Cette dernière section aura pour objectif après un aperçu théorique de la contribution de l'activité bancaire au développement économique de montrer les limites de celles-ci dans le cas particulier du Cameroun.

I. Banques et financement du développement économique

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Le système bancaire devient l'un des partenaires de l'Etat en matière de développement du faitqu'il joue un rôle primordial dans la création et la mobilisation des ressources de développement aussi bien nationales qu'étrangères. Il est également capable de fournir la garantie et l'expertise nécessaire au bon choix des projets de développement et prémunir les investisseurs publics et privés contre les risques de dérapage et de mauvaise gestion. En effet, les crédits de campagne, le soutien d'une activité commerciale ou des services sont autant de contribution au financement du développement que les financements de création industrielle ou d'infrastructures agricoles ou encore d'autres activités économiques. La participation du système bancaire au développement se concrétise donc dans le rôle que doit jouer le système banquier à savoir : la collecte de l'épargne disponible, la création de l'épargne productive, la création de l'investissement productif, l'investissement direct et la coopération technique.

A. Du point de vue de l'épargne

Tout d'abord en ce qui concerne l'épargne disponible, les banques canalisent l'épargne sous diverses formes puis la redistribue dans l'économie en crédits à des agents économiques organisés et productifs.

En ce qui concerne la création de l'épargne productive, le système bancaire représente la seuleet unique structure institutionnelle capable d'induire, de créer, de développer et de motiver l'épargne productive : l'orientation des liquidités disponibles vers des canaux qui doivent être transformés par la suite en investissement productifs en faveur de l'épargnant et du pays en général. Raison pour laquelle, le système bancaire est important dans les pays du tiers monde caractérisés par une propension publique et privée à l'épargne faible, la fuite des capitaux nationaux à l'étranger semblant être plus ou moins forte, l'acquisition spéculative au nom des biens réels plus ou moins productifs et plus ou moins nécessaires constituant le mode essentielde la transformation des disponibilités liquides au niveau des ménages et la fiscalité aussi biendirecte qu'indirecte frappant la production et la consommation est lourde, de plus elle est inégalement répartie et peu indicatrice de l'accumulation du capital productif.

B. Du point de vue de l'investissement

En ce qui concerne la création des investissement productifs, l'intermédiation bancaire joue unrôle de financement de l'investissement indirecte tout d'abord : octroi des crédits d'investissement aux agents économiques. En effet, la banque est en mesure de sélectionner, encourager, soutenir l'investissement productif de l'entreprise et décourager et même éliminer les mauvais choix. Par ailleurs, l'économie dans le tiers monde est entée dans une phase de création de richesse, où les contraintes de ressources productives sont devenues plus astreignantes et les problèmes de gestion deviennent primordiaux, c'est alors que le rôle du système bancaire qui consiste à orienter les ressources disponibles vers les meilleurs projets de développement devient crucial ; puis de l'investissement direct : la création des portefeuilles productifs, fait d'affaires, directement crées et gérées à travers ses filiales, le soutien plus ou moins directe des projets industriels, agricoles ou commerciaux. C'est ainsi que les systèmes monétaires et financiers des pays en voie de développement doivent trouver les moyens afin de stabiliser les ressources des banques, renforcer les capitaux propres et inciter les banques à prendre une part plus active dans la création directe des projets qui leurs sont propres.

En ce qui concerne la coopération technique, le système bancaire national doit jouer le rôle deconseiller et de guide, de formation des cadres financiers des entreprises à tous les niveaux, et

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particulièrement de la formation des cadres capables d'évaluer les projets. En fait, tous ces aspects concrétisent la fonction des banques comme conseiller de développement.

II. Limites de l'activité bancaire au Cameroun

Les principales obstacles rencontrés par l'intermédiation bancaire au Cameroun sont : le taux de bancarisation ainsi que la prolifération du secteur informel.

A. Le taux de bancarisation

Aujourd'hui, parmi les nombreux obstacles rencontrés par l'intermédiation bancaire, figure en premier lieu la faible bancarisation de l'économie. En effet, la plupart des agences des banques sont concentrés dans le centre urbain. Au Cameroun, près de 42% du réseau bancaire se trouve dans les grandes villes. On observe donc une inégale répartition et une insuffisance de couverture du territoire nationale (Tchouasi, 1996). L'insuffisance de ces structures se fait donc ressentir au niveau même de l'implantation des banques qui choisissent des grandes villes en délaissant les campagnes. Cette situation a pour conséquence une incitation à la thésaurisation dans les zones rurales. La banque apparaît donc comme une institution « des gens de la ville » ou des « gens riches ». Les zones rurales sont peu desservies, et on assiste à un affaiblissement du taux de bancarisation qui est le rapport de la population estimée sur le nombre d'agences des banques.

Etant donné que le système bancaire camerounais est un système hérité de la métropole et malgré les restructurations qui sont intervenues, le système s'est développé culturellement et économiquement en rupture avec les mentalités de la population ; ce qui n'est pas favorable aufinancement du développement.

L'atrophie du réseau des banques commerciales dans presque tous les pays d'Afrique et en l'occurrence au Cameroun n'a servi qu'à affaiblir le taux de bancarisation, ce qui influence négativement le rôle des banques en matière de collecte et d'affectation de l'épargne et de la distribution du crédit.

TABLEAU : Taux de bancarisation de l'économie Camerounaise

Années 1989 1990 1991 1992 1993

Tb 1,09 1,08 0,67 0,81 0,72

Tc 54129 51444 50791,9 35322 26791

Tg 15,8 12,9 10,76 11,4 8,72

SOURCE : Ezé Ezé (2001)

Tb = Population totale / nombres de banques

Tc = Population totale / nombres de comptes

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Tg = Population totale / nombres de guichets

B. le secteur informel

De plus, on note au Cameroun une absence de relation étroite entre les banques et les clients permettant d'avoir une information fiable sur l'emprunteur. Cette carence incite les banques à prêter à une clientèle estimée parfois à tort. Les agents économiques dans un tel contexte font alors recours au secteur informel dont l'élévation induit du taux d'intérêt favorise les détenteurs du portefeuille liquidité du marché. La diminution observée au Cameroun du créditbancaire aura pour conséquence une demande excédentaire de liquidité sur le marché informel. Les manifestations les plus visibles au Cameroun de l'intermédiation sont les tontines et les mutuelles (Bekolo ,1989). Elles sont plus proches de la population.

Le développement du système financier informel rend précaire le rôle de l'intermédiation formel. En effet, ce système présente divers instruments permettant de mobiliser l'épargne tanten milieu urbain qu'en zone rurale et revêt plusieurs formes parmi lesquelles en plus de celles citées plutôt figurent également les coopératives d'épargne, les caisses populaires et autres, ces formes étant plus proches et ayant les capacités d'adaptation à une clientèle qui ne trouve pas de réponses à ses problèmes dans le système bancaire classique. Le développement du système informel constitue donc une limite à l'activité de l'intermédiation bancaire.

La méfiance qu'éprouve la population vis-à-vis des banques depuis les crises bancaires survenues dans les années 80 ; et cela malgré les réformes est également à l'origine du recul de l'intermédiation bancaire.

C. L'environnement difficile

Les cadres juridiques et institutionnels sont généralement déficients et les améliorations sont lentes dans des pays tel que la Cameroun. Le système juridique manque de moyens financiers et le public ne compte guère sur l'objectivité et la rapidité des procédures devant les tribunaux.L'indice d'information des créanciers, qui mesure la capacité des établissements financiers, d'obtenir des informations sur la solvabilité des clients et l'indice du cadre juridique est également faible. La faible protection des droits privés et la difficulté de faire respecter les contrats représentent également une limite à l'intermédiation financière : les établissements financiers hésitent à prêter ; car ils ont du mal à obtenir des garanties de paiement et à saisir des actifs en cas de défaut de paiement. Les emprunteurs ont souvent du mal à apporter des garanties en raison du flou des titres fonciers du aux manques de pièces justificatives et à la coexistence de plusieurs systèmes de propriétés.

En définitive, ce chapitre nous permet de constater que de manière théorique il existe bien un lien entre l'intermédiation bancaire et la croissance économique dans le cas du Cameroun ; celui-ci s'exprime soit à travers le taux d'intérêts réels, le taux d'investissement et la productivité marginale du capital. Mais l'étude historique de l'évolution de l'intermédiation bancaire camerounaise nous montre qu'en dépit des réformes engagées dans les années 90 pour assainir notre système bancaire, celui-ci n'arrive toujours pas même au jours d'aujourd'hui à influencer positivement et de manière tangible la croissance économique.

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Au terme de cette première partie dans laquelle, il a été question pour nous de faire tout d'abord une approche théorique de la notion d'intermédiation financière en présentant non seulement les modèles pionniers dans le domaine mais aussi des exemples réels de pays aussi bien développés qu'en voie de développement et enfin d'étudier toujours de manière théoriquela relation qui existe entre l'intermédiation bancaire et la croissance économique dans le cas particulier du Cameroun ; il ressort que, les banques étant le système financier autour duquel est axé l'économie camerounaise et en dépit des nombreux obstacles auquel doit faire face l'intermédiation bancaire, il est impératif pour trouver une solution au sous développement de cerner exactement la nature du lien entre l'intermédiation bancaire et la croissance économique au Cameroun. Cette étude fera l'objet de notre deuxième partie