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numéro 7 mai 2002 lettre d’information de l’ARMMA Association pour le rayonnement du musée national du Moyen Âge re ayant appartenu à Philippe le Bon, venu de la Bibliothèque royale de Bruxelles, ou au livre d’Heures de Bourdichon, prêté par la Pierpont Morgan Library de New York.Nous aurons également de ravissants panneaux peints colonais repré- sentatifs du gothique international et de très riches manus- crits de l’école ganto-brugeoise. Dans un tout autre genre, j’évoquerai le retable malinois,spectaculaire boîte-reliquaire SUR LA TERRE COMME AU CIEL Du 5 juin au 16 septembre, l’hôtel de Cluny accueille la première exposition jamais réalisée en Europe sur « les jardins d’Occident à la fin du Moyen Âge ». Entretien avec Elisabeth Antoine, conservatrice et commissaire. Depuis le 15 avril, la salle Notre-Dame et le frigida- rium sont fermés. Les travaux ont donc commencé ? Une semaine a été consacrée au déménagement ou à la préservation des œuvres. L’installation de l’exposition proprement dite a débuté le 22 avril. La muséographie évoquera sobrement les formes géo- métriques du jardin du Moyen Âge avec ses allées rectilignes, ses carrés plantés, ses banquettes et ses tonnelles. Elle est de Jean-Paul Boulanger et Margo Renisio, architectes de l’agence Pylône, dont j’avais apprécié la présentation de l’exposition Philippe le Bel au Grand Palais. Ils ont mis en espace ce qui était d’abord pour moi une construction intellectuelle et c’est un bonheur de travailler avec eux. Quel parcours proposez-vous ? Les deux premières séquences s’organisent dans la salle Notre-Dame. La visite s’ouvre sur « le para- dis perdu, le jardin d’Eden », une section qui traite des fondements religieux et de l’interprétation spi- rituelle des jardins.Vient ensuite « le jardin d’amour, la quête du paradis sur terre », qui aborde la vision profane de ce lieu de prédilection de l’amour cour- tois. La troisième partie, installée dans le frigidarium, fera entrer le visiteur dans la réalité quotidienne des jardins de la fin du Moyen Âge. Nous montrons 109 œuvres ou objets, dont une dizaine non encore publiés comme un manuscrit découvert au Museum d’histoire naturelle ou des produits de fouille. Les archéologues de Valenciennes, à qui j’ai emprunté un pot de fleurs, viennent même de me proposer quelques tessons sup- plémentaires exhumés cette année ! Quelles pièces êtes-vous particulièrement heureuse de présenter ? Il faudrait en citer beaucoup. Je pense à la Chasse mystique à la licorne, une tapisserie du musée de Zurich, belle et bien conservée, ou à la superbe tapisserie mille fleurs de Narcisse à la fontaine, du musée de Boston. Je songe aussi au bréviai- Le verger de Déduit (détail). Peinture sur manuscrit du Roman de la Rose, Bruges, vers 1490-1500. The British Library (photo RMN).

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Page 1: UR LA TERRE COMME AU CIEL · et s u rl ach iv dj pal d’Avig n. UnCD sortira aussi des presses, en juin, sous le titre de l’exposition, avec un choix de chants sacrés et profanes

numéro 7 � mai 2002

lettre d’information de l’ARMMA

Association pour le rayonnement

du musée national du Moyen Âge

re ayant appartenu à Philippe le Bon, venu de la Bibliothèqueroyale de Bruxelles, ou au livre d’Heures de Bourdichon, prêtépar la Pierpont Morgan Library de New York. Nous auronségalement de ravissants panneaux peints colonais repré-sentatifs du gothique international et de très riches manus-crits de l’école ganto-brugeoise. Dans un tout autre genre,j’évoquerai le retable malinois, spectaculaire boîte-reliquaire

SUR LA TERRE COMME AU CIELDu 5 juin au 16 septembre, l’hôtel de Cluny accueille la première exposition

jamais réalisée en Europe sur « les jardins d’Occident à la fin du Moyen Âge ».Entretien avec Elisabeth Antoine, conservatrice et commissaire.

� Depuis le 15 avril, la salle Notre-Dame et le frigida-rium sont fermés. Les travaux ont donc commencé ?

� Une semaine a été consacrée au déménagementou à la préservation des œuvres. L’installation del’exposition proprement dite a débuté le 22 avril. Lamuséographie évoquera sobrement les formes géo-métriques du jardin du Moyen Âge avec ses alléesrectilignes, ses carrés plantés, ses banquettes et sestonnelles. Elle est de Jean-Paul Boulanger et MargoRenisio, architectes de l’agence Pylône, dont j’avaisapprécié la présentation de l’exposition Philippe leBel au Grand Palais. Ils ont mis en espace ce qui étaitd’abord pour moi une construction intellectuelle etc’est un bonheur de travailler avec eux.

� Quel parcours proposez-vous ?

� Les deux premières séquences s’organisent dansla salle Notre-Dame. La visite s’ouvre sur « le para-dis perdu, le jardin d’Eden », une section qui traitedes fondements religieux et de l’interprétation spi-rituelle des jardins.Vient ensuite « le jardin d’amour,la quête du paradis sur terre », qui aborde la visionprofane de ce lieu de prédilection de l’amour cour-tois. La troisième partie, installée dans le frigidarium,fera entrer le visiteur dans la réalité quotidienne desjardins de la fin du Moyen Âge.Nous montrons 109œuvres ou objets, dont une dizaine non encorepubliés comme un manuscrit découvert au Museumd’histoire naturelle ou des produits de fouille. Lesarchéologues de Valenciennes, à qui j’ai emprunté un pot defleurs, viennent même de me proposer quelques tessons sup-plémentaires exhumés cette année !

� Quelles pièces êtes-vous particulièrement heureuse de présenter ?

� Il faudrait en citer beaucoup. Je pense à la Chasse mystiqueà la licorne, une tapisserie du musée de Zurich, belle et bienconservée, ou à la superbe tapisserie mille fleurs de Narcisseà la fontaine, du musée de Boston. Je songe aussi au bréviai-

Le verger de Déduit (détail). Peinture sur manuscrit du Roman dela Rose, Bruges, vers 1490-1500. The British Library (photo RMN).

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présentant un Jardin clos avec calvaire, sculp-ture en bois polychrome sur fond compo-site de fleurs artificielles et de médailles,un ouvrage comme on en faisait beaucoupdans les couvents. Sans oublier deux pote-ries percées, des arrosoirs joliment dénom-més chantepleures, qui nous viennent duBritish Museum…

� Vous avez donc sollicité de très nombreusesinstitutions ?

� Une trentaine, mais il a fallu limiter lesemprunts à l’étranger, à cause du coût élevédes transports et des assurances.Nous avonsheureusement trouvé des trésors à proxi-mité. Le département des estampes de laBibliothèque nationale, par exemple, a ététrès généreux et nous a prêté notammentune xylographie du Christ au Mont des oliviers,l’une des plus anciennes gravures connuesau monde. J’ai eu également le plaisir dedécouvrir à portée de RER,à la bibliothèquemunicipale de Saint-Germain-en-Laye (quine possède que trois manuscrits), un livrede prières peint de plusieurs mains que lesspécialistes des enluminures ne connaissaientpas et sur lequel, outre la notice du cata-logue, je rédige un article.

� Une telle manifestation se prépare-t-elle delongue date ?

� J’ai proposé cette idée en 1998, alors queje travaillais au projet de jardin d’inspirationmédiévale du musée et constatais à quelpoint le sujet avait été peu étudié.L’aval offi-ciel de la Réunion des musées nationaux,quiproduit l’exposition, est venu en 2000. Autotal, j’y ai consacré plusieurs années derecherche.Dont trois mois formidables pas-

� Un parcours complémentairedans le musée sera proposéà la sortie de l’exposition,depuis les rinceaux de laBroderie aux léopards (salle3) jusqu’aux fleurs de lysd’une tapisserie du XVe siècle(salle 23), en passant par lestreilles, fleurettes et verduresqui peuplent un grandnombre d’œuvres.

� Un livret-jeu sera aussidisponible pour les enfantsà partir de 7 ans. Distribuégratuitement, il proposerades questions-réponses pouraider à mieux observer lesœuvres de l’exposition.

� « Choux et roses » : cespectacle pour enfants,coproduit par Arts &Éducation, sera donné, aumilieu de plantes odorantes,dans la cour du musée, lesmercredis 12 et 26 juin, parMuriel Bloch (conteuse) etChristine Laveder (chanteuse).

� Des lectures de textesmédiévaux sont organisées,pour les adultes cette fois,tous les mercredis(à 18 h 30), du 5 juinau 31 juillet. Avec troiscomédiens et troisprogrammes différents,mais toujours sur les jardins.

� Un mois, une œuvre : cetteconférence mensuelle donnéepar les conservateurs estréservée, le 6 juin, àElisabeth Antoine, sur lethème que vous devinez.La conservatrice offre aussiaux membres de l’ARMMAle privilège d’une visiteparticulière de l’exposition,un mardi, jour de fermeturedu musée.

� Trois visites approfondiesde l’exposition et du jardinsont également proposéespar les conférenciers desmusées nationaux les 12,19 et 26 juin. Sans compter

� Elisabeth Ledanois a prisles fonctions de secrétairegénérale du muséele 18 mars. Attachéeprincipale d’administrationcentrale, cette Normandede 33 ans vient du ministèrede la Culture, où ellea travaillé aux servicesdu personnel puis du budget.Elle a notamment suiviles musées sous statutd’établissement publiccomme le Louvre, Versaillesou Rodin. Une expérienceprécieuse…

� Bernard Voinchet estle nouvel architecte en chefdes monuments historiqueschargé des thermes etde l’hôtel de Cluny.Il a un rôle important à jouerpour concrétiser le projetde rénovation et d’extensiondu musée.

� Françoise Ruel, architecteprogrammiste, a été engagéepar la Direction des muséesde France pour étudierla faisabilité archéologique,architecturale,muséographique et financièrede ce projet. Le dossieravance, lentement maissûrement…

� Le frigidarium est toujourssous échafaudage.À ce jour, les travauxde consolidation de la voûten’ont guère progressé.Par contre, les archéologuesont terminé la campagne derelevés photogrammétriquesde l’ensemble du bâtimentantique.

� La signalétique du muséea été refaite, avec un codede couleurs pour le numérodes salles qui indiqueau visiteur s’il se trouve dansles thermes antiques (bleu),l’hôtel du XVe siècle (rouge)ou les adjonctions duXIXe siècle (marron).

les visites-conférencesrégulières organisées tousles mercredis, samedis(en anglais) et dimanches.

� Des visites privées del’exposition sont égalementpossibles le mardi, dansle cadre de “contratsde parrainage”, avec troisformules : petit déjeuner,champagne ou buffet, pour60 à 120 personnes et uncoût de 3 000 à 9 000 €.

Les bénéfices de ce genred’opération de prestigesont affectés à la restaurationet à l’acquisition d’œuvres.Contact : Marie-ChristineGérand, 01 53 73 78 15.

� Deux voix animeront laprochaine séance de« l’Actualité du Moyen Âge »,le 13 juin : celles d’ElisabethAntoine et de DominiqueCarru, archéologue quia travaillé aux fouilles

et sur les archives du jardinpapal d’Avignon.

� Un CD sortira aussi despresses, en juin, sous le titrede l’exposition, avec un choixde chants sacrés et profanesdu XIe au XVe siècle évoquantles jardins célestes outerrestres, interprétés pardeux ensembles, Discantuset Alla Francesca (label Jade).

sur les jardins. Il n’existe pas d’ouvrage defond en français sur la question ;nous avonsdonc voulu faire plus qu’un catalogue, unvéritable livre.Chacune des trois parties estintroduite par un essai :de Pascale Bourgain,professeur à l’école des Chartes, sur « leJardin de l’âme »;de Marie-Thérèse Gousset,ingénieur de recherche à la BnF, sur « leJardin du cœur »;et de moi-même, sur « leschoses délectables qui peuvent être faitesdans les vergers et les cours ».

� Quel est le tirage d’un tel ouvrage ?

� 4 000 exemplaires1. La mise en page élé-gante est de Frédéric Célestin. Il y aura aussiun Petit Journal, vendu 3 €. Son existence,untemps menacée, a été sauvée grâce à l’aidede l’ARMMA. �

Propos recueillis par Marie-Jo Maerel

1 Édité par la RMN, 260 pages, 35 €.

2 Millefleurs n° 7, mai 2002

Quelques livres…Outre le catalogue de l’exposition, on peut consulter :� Un beau livre de photos : Jardins du Moyen Âge,de Marie-Françoise Valéry et Alain Le Toquin(La Renaissance du Livre, 2001, 45 €).

� The Medieval Gardens, une autre promenade dansles re-créations anglaises, proposée par une paysagiste,Sylvia Landsberg (Bristish Museum Press, 1995).

� Le fac-similé du livre d’Heures d’Anne de Bretagne,Promenade dans les jardins disparus, présentépar Michèle Bilimoff (éditions Ouest France, 2001, 30 €).

� Eden, un petit volume où Marie-Thérèse Gousset présentele jardin médiéval à travers les enluminures de la Bibliothèquenationale de France (Albin Michel et BnF, 2001, 15 €).

� Le jardin médiéval : un musée imaginaire, un format pocheoù Viviane Huchard, pour les représentations artistiques,et Pascale Bourgain, pour les textes, remontent aux sourcesdes connaissances sur ces jardins perdus (PUF, 2002, 8 €).

Vierge à l’enfant dans une prairie, peinture sur bois.Cologne vers 1420-1425. Musée Wallraf-Richartz.(Photo RMN. © Rheinisches Bildarchiv, Köln)

Le Livre des simples médecinespublié en France vers 1520. Dessinsd’artistes anonymes d’après un

modèle peint de Robinet Testart.Bibliothèque nationale de France

(photo RMN).

sés à Los Angeles, grâce à une bourse duGetty Research Center.Dans ce cadre cali-fornien très moderne – sur la colline deSanta Monica, avec un jardin fabuleux –,beaucoup d’ouvrages sont en accès direct,ou peuvent être très facilement emprun-tés à d’autres institutions. Chaque cher-cheur accrédité peut même garder sesdocuments sous la main d’un jour surl’autre,dans sa propre cellule.Quel gain detemps ! C’est pendant ces mois extraordi-naires, passés à ne faire que cela,que le cata-logue a pris tournure.

� Ce catalogue, parlons-en ! Est-il aussi richeque vous l’aviez rêvé ?

� Toutes les œuvres (illustrées de photo-graphies en couleurs) font l’objet d’une noti-ce fournie. Il ne s’agit pas seulement de pré-senter les pièces en tant que telles, maisaussi de détailler tout ce qu’elles révèlent

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4 Millefleurs n° 7, mai 2002 Millefleurs n° 7, mai 2002 5

Au-delà des rondels, c’est l’ensemble de lacollection de vitraux qui bénéficie d’un for-midable “éclaircissement” (voir Millefleursn° 6). Grâce au mécénat de la FondationGaz de France, deux premières campagnesde restauration ont déjà permis de traiterles 70 vitraux les plus anciens,ceux des XIIe

et XIIIe siècles.Nettoyés, allégés des plombs ajoutés au fildu temps, recollés, ressertis si besoin, ayantretrouvé leurs vifs coloris et leur transpa-rence, ils sont de nouveau présentés dansla salle 6. La reprise de la cimaise autourde certains panneaux permet de cerner les

parties authentiques, cache les ajouts duXIXe siècle et fait d’autant mieux ressortirles dominantes rouge et bleue d’origine.Les 70 verrières des XIVe-XVIe siècles devraientbientôt profiter du même traitement. Leuréclairage dans la salle 17 sera égalementrefait pour mieux répartir la lumière.L’examen rapproché des vitraux, les prélè-vements effectués au passage et leur ana-lyse en laboratoire ont permis de faire avan-cer la recherche sur les techniques et lespratiques des peintres-verriers au MoyenÂge. Les résultats en seront publiés pro-chainement par Sophie Lagabrielle. �

« Ces quatre pièces ne forment pas un ensemblecohérent, analyse la conservatrice. Les deuxpremières, qui représentent les saints Nicolaset Sébastien,seraient plutôt de la fin du XVe siècle,la troisième, saint Matthieu, pourrait dater desenvirons de 1500 et la dernière, saint Roch,desannées 1525-1530. Aucun de ces saints nefigurait encore dans notre collection.Le ron-del de saint Matthieu, le plus beau par sonsens du drapé, le montre en homme delettres, assis à son pupitre, la plume à lamain, imberbe, coiffé d’un bonnet et sansauréole.Debout à son côté, l’ange lui tendun encrier. »Après restauration, ces quatre rondels(Cl 23730 à 33) s’intégreront dans letour de présentation en alternance,récem-ment inauguré dans les salles 17, 21 et 22,avec l’aide de la Fondation Gaz de Franceet de la Compagnie Saint-Gobain. Montésdans des carrés blancs de métacrylate quifacilitent leur stockage et leur manipulation,les rondels sont fixés sur de longues plaquesde verre, devant les fenêtres, à bonne hau-teur de vue. « Un heureux compromis aainsi été trouvé entre présentation en lumièrenaturelle et préservation », se réjouit SophieLagabrielle. La configuration des lieuxpermet d’en sortir quatorze à la fois. �

Vitraux en lumière

� La « Vierge catalane »des années 1120, acquisepar l’ARMMA et Areva l’andernier (voir Millefleursn° 6), est présentée dansla salle 10 depuis le débutde février. Entre temps, elleest passée par les mainsde Dominique Faunières,qui l’a consolidée et nettoyée.Les micro-organismes quienvahissaient sa partie basseet le noir de fumée qui voilaitsa partie haute ontquasiment disparu. Beaucoupplus avenante, l’œuvre adésormais la couleur du boisde poirier. L’œil expert dela restauratrice a retrouvéd’infimes traces de lapolychromie d’origine.

� La publication du cataloguedes sculptures romanes etdu premier art gothique(XIe-XIIe siècles) du muséeest prévue pour 2003. Deuxrédacteurs y travaillent :Dany Sandron, professeur àl’université de Paris IV (pourles pièces parisiennes) etXavier Dectot, conservateur(pour toutes les autres).

� L’ARMMA a terminé l’année2001 avec 484 membres.Seize de moins qu’à la fin2000. Pour peser, il fautencore que l’associationgrandisse. Avis aux adhérentsqui sont sans doute sesmeilleurs promoteurs.

� L’exercice 2001 s’est aussiterminé pour l’associationavec un déficit de 12 000 €

sur un budget de 68 000 €.Mais là, pas de panique.C’est l’achat de la Viergecatalane qui a conduit àpuiser dans une réserve…constituée pour cela. `Reste un petit matelasde 60 000 € que nous nousemployons à augmenter…pour mieux récidiver dansla dépense quand l’occasionse présentera !

� 2800 entrées ont étéenregistrées le 7 avril, pourle “Printemps des musées”,orienté cette année surles cinq sens. Grâce àla complicité du service desespaces verts de la Villede Paris, les visiteurs ontbénéficié d’un parterre defleurs dans la cour et d’unsuperbe bouquet odorant àl’accueil, où un texte invitaitau parcours sur le thèmedu jour. Une nouvelle feuillede salle était aussi distribuéedevant l’œuvre emblématiquede la Dame à la licorne.

� Ladite feuille de salle,plastifiée, est mise à dispo-sition en permanence en unequarantaine d’exemplaires.En français, en anglais et(nouveauté) en espagnol.Grâce à l’ARMMA. Un tiragesupplémentaire est prévu carsi les anglophones redéposentl’objet consciencieusement,les francophones ne le fontpas toujours…

� La Fédération des sitesclunisiens s’est réunie, le23 mars, à l’hôtel de Cluny.Créée en 1994 entre troisadhérents, elle en regroupeà ce jour une quarantaine, etpresque autant d’associationsculturelles ou touristiques.Elle souhaite renouerdes liens entre les quelque1 200 filles ou petites-fillesde l’abbaye bourguignonne(910-1790) et promouvoirun patrimoine architectural,sculptural, mobilier etscripturaire aujourd’huiencore plus dispersé.FSC : Tour des fromages, 71250Cluny. Tél. 03 85 59 31 82.http://fsc.cluny.free.fr

Grâce au présent très généreux deJacques Polain – un collectionneurbruxellois qui a déjà offert d’impor-

tantes pièces asiatiques au musée Guimet –un diptyque en ivoire du deuxième quart duXIVe siècle complète heureusement la col-lection du musée national du Moyen Âge.Riche de nombreux ivoires religieux parisiens,celle-ci ne comportait pas de pièce de l’ate-lier dit « des diptyques à frise d’arcatures »,identifié par Raymond Koechlin en 1924.Cettelacune est comblée depuis octobre dernier.

Une Adoration des magesLa précieuse petite sculpture (12 cm de largeet 9 de haut) se distingue donc par « une arca-ture d’ogives sur clefs pendantes, soutenue par

des arcades trilobées et coiffée de gâbles àfleurons séparés par des trilobes », relève XavierDectot, conservateur. La scène d’Adorationdes mages qu’elle abrite respecte une dis-position classique, note-t-il, avec la Viergeassise à droite, l’enfant sur les genoux.D’autresœuvres de même source se trouvent au Louvre,à New York, Londres et Bruxelles. On leurrattache aussi un coffret à scènes cour-toises du trésor de la cathédrale de Craco-vie. « Même si le répertoire des sujets et des per-sonnages est assez limité,on observe une grandevariété dans les détails de l’iconographie quitémoigne d’une volonté d’individualiser la pro-duction », explique Xavier Dectot, pour quil’atelier, « rattaché stylistiquement à la produc-tion parisienne, connaissait les partis d’autresrégions, notamment des pays germaniques ».Cette pièce (Cl 23726) est désormais pré-sentée dans la salle 17, tandis qu’une pyxideen argent du XVe siècle, d’origine espagnole(Cl 23727), également offerte par JacquesPolain, a trouvé place dans une vitrine de lasalle 16, dite du Trésor.

Plus quatre rondels…Un autre enrichissement récent augmente dequatre unités la belle collection de rondelset de médaillons,qui compte désormais trenteet une pièces. Ces petits vitraux d’une seuleplaque de verre blanc, peints à la grisaille etrehaussés de jaune d’argent, d’une vingtainede centimètres de diamètre, étaient souventincrustés dans l’imposte, la partie haute et fixedes fenêtres. Ronds à l’origine – d’où leurnom –, ils sont aussi parfois rectangulaires,ovales ou en losange.Apparue dans les richesdemeures des Flandres à la fin du XVe siècle,leur mode s’est répandue dans toute l’Europedurant un peu plus d’un siècle.Les quatre derniers venus ont été repéréspar Sophie Lagabrielle, spécialiste des vitrauxau musée,dans le catalogue d’une vente publiqueorganisée le 18 novembre dernier, à Lyons-la-Forêt (Eure). Ils étaient montés au-dessusd’une composition en verre émaillé duXVIIIe siècle,dans une porte à double battant.L’ARMMA a pu s’en porter acquéreur.

Saint Matthieu, rondel des années 1500,avant restauration.

Six nouveaux numéros à l’inventaireLe don d’un particulier et une acquisition de l’ARMMAfont entrer six pièces supplémentaires dans les collections.

RMN

Ce timbre mis en service par La Poste le 8 avril représentel’abbatiale Notre-Dame de La Charité-sur-Loire (Nièvre),

l’un des fleurons du roman bourguignon. Fondée en 1059,consacrée en 1107, c’est la “fille aînée de Cluny”.

Adoration des mages, ivoire, XIVe siècle, atelier parisien.

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6 Millefleurs n° 7, mai 2002 Millefleurs n° 7, mai 2002 7

Autour de Cluny

J eune médiéviste bourguignon et pro-fesseur adjoint à l'université Laval deQuébec, Didier Méhu consacre ses

travaux aux relations entre l'Église et lasociété. Il a répondu aux questions de Mil-lefleurs par courrier électronique.

� Comment s'instaure le pouvoir des Clunisienssur les laïcs qui vivent aux portes du monastère ?

� Le premier fondement de la dominationseigneuriale est la possession de la terre etdes hommes. Dès le début du Xe siècle etde manière continue jusqu'à la fin du XIe, lesmoines de Cluny accumulent les donationsde terres,de serfs,d'églises et de biens d'ex-ploitation. Le second fondement est l'im-munité. En 931, soit vingt et un ans aprèsla fondation, le pape Jean XI accorde à l'ab-bé Odon un privilège qui protège tous lesbiens clunisiens des pouvoirs extérieurs. Ilfait de Cluny un lieu saint, rattaché direc-tement à Rome et au pape qui assure la pro-tection de ses biens et de ses hommes.Plusieurs papes des Xe et XIe siècles confir-ment et renforcent l'immunité clunisienne.Le principal problème demeure la disper-sion des terres et des biens monastiques.

Aussi, dès le milieu du XIe siècle, les moiness'appliquent-ils à centraliser leur domaine.Ils créent des centres d'exploitation, lesdoyennés, dont ils choisissent soigneuse-ment l'emplacement ; ils s'efforcent deregrouper les terres pour former des

ensembles compacts soumis à leur seuledomination. Parallèlement, ils essaient defaire des environs immédiats du monastèreune zone de paix, où les rapports sociauxsont entièrement déterminés par la sou-mission à saint Pierre, patron de Cluny. Cesefforts se traduisent par la délimitation dedeux zones de trois à cinq kilomètres derayon autour du monastère,à l'intérieur des-quelles l'abbé exerce l'entière juridictiontemporelle et spirituelle. Les habitants deCluny devront nécessairement être des amisou des serviteurs des moines.

� Pourtant, les habitants du bourg se formentprogressivement en communauté concurrentede la communauté clunisienne…

� Le bourg de Cluny est constitué au milieudu XIIe siècle. Il ne s'agit pas d'une ville popu-leuse, mais d'un petit centre actif où l'es-pace et le temps sont organisés en fonctiondu monastère.C'est un lieu de marché occa-sionnel et, lors des grandes fêtes cluni-siennes, on y tient des foires auxquelles vien-nent des marchands de toute la Bourgogne.Les bourgeois tentent de s'organiser, maisils se heurtent à la domination abbatiale età la conception ecclésiale selon laquelle nullecommunauté n'est légitime si elle n'est pas

Dans son livre Paix et communautés autour de l'abbaye de Cluny (Xe-XVe siècle) 1, Didier Méhuretrace l'histoire des rapports entre les moines et les hommes soumis à leur domination.

� L’Europe de l’an milpar Pierre Riché, Jean-Pierre Caillet, EricPalazzo,Danièle Gaborit-Chopin (ÉditionsZodiaque, 2001, 106 €)

Cette période ne fut pas de rupture maisde continuité, nous montrent les quatreauteurs qui présentent respectivementun panorama politique, social et culturelde l’Europe d’alors, l’architecture et ledécor monumental, les manuscrits etles enluminures, enfin les arts précieuxdu métal, des émaux et des ivoires. Unesomme très accessible et merveilleuse-ment illustrée.

� Giottopar Francesca Flores D’Arcais (ActesSud/Motta, 2001, 37,90 €)

Réédition sous un format moins coûteux(mais avec une iconographie complète)d’un ouvrage paru en 1996 chez Cita-delles et Mazenod, ce livre suit le che-minement du premier créateur (1267-1337) à s’être affranchi de l’art byzantinet à introduire l’espace et le mouvementen peinture.

� L’art au temps de Philippe leBel(École du Louvre, 2001, 32 €)

Les actes du colloque réuni à l’occasionde la belle exposition du Grand Palaisen l’an 2000 sont sortis. Avec des éclai-rages nouveaux sur les rapports entrela France et son environnement européend’alors et une belle synthèse, de l’archi-tecture à la miniature.

� Le siècle de Van Eyck (1430-1530). Le monde méditerranéen etles primitifs flamands(Ludion, 2002, 35 €)

Au-delà du catalogue de l’exposition pré-sentée à Bruges, cet ouvrage, très illus-tré, explore les échanges qui lient princes,marchands et artistes entre les Pays-Bas,alors bourguignons, et le sud de l’Europeà la fin du Moyen Âge.

� À la hache ! Histoire etsymbolique de la hache dans laFrance médiévale (XIIIe-XVe siècle)par Christiane Raynaud (Le Léopard d'Or,2002, 55 €)

Dans les trois derniers siècles du MoyenÂge, cet objet, dont l'histoire commenceavec les débuts de l'humanité,connaît unelarge diffusion. À la fois outil et arme, lahache permet d'approcher ceux qui l'ontfabriquée et maniée, aimée et redoutée :paysans, ouvriers, bourreaux, brigands,chasseurs, soldats, chevaliers.

� Le Carnet de Villard deHonnecourt(BnF/Montparnasse multimédia/Hexagramm,2002, 44,97 €)

« Commis voyageur du gothique »,Villardde Honnecourt sillonne l’Europe au XIIIe

siècle,crayon à la main.Ce CD Rom détailleles 66 pages de dessins de son carnet,anime les tracés et les machines et faitvivre,grâce à l’historien et architecte RolandBechmann,constructions et constructeurs.

Parmi les parutions récentes

Pour en savoir plus sur ClunyOn trouve une bonne introduction à tous les problèmes soulevés parla recherche dans le numéro desDossiers d'Archéologie intitulé « Clunyou la puissance des moines. Histoire de l'abbaye et de son ordre, 910-1799 », dirigé par Didier Méhu1. Un deuxième numéro sur les Sitesclunisiens est prévu pour le mois de juillet.

À signaler également la réédition, chez Flammarion, de plusieursouvrages de Georges Duby, dans le volume intitulé Qu'est-ce que lasociété féodale?,présenté par Dominique Iogna-Prat.On remarqueraparticulièrement la thèse qui a rendu le médiéviste célèbre, et dontles sources principales sont les chartes de Cluny (La Société aux XIe

et XIIe siècles dans la région mâconnaise, 1953).

Par ailleurs, la bibliographie sur Cluny est immense.On peut s’en faireune idée en consultant le site de l'Institut d'histoire du Haut MoyenÂge de l'Université de Münster, en Allemagne, qui fournit aussi desliens vers tout ce qui concerne l'abbaye sur Internet.www.uni-muenster.de/Fruehmittelalter/Projekte/Cluny/Welcome-f.htm

(1) N° 269, décembre 2001-janvier 2002. À commander aux Dossiers d’Archéologie,BP 90, 21803 Quétigny cedex. 10,37 € port inclus.

intégrée dans l'Église. Les bourgeois obtien-nent cependant un certain nombre de droitsdans la deuxième moitié du XIIe siècle. Ilssont, par exemple, les premiers de la régionà détenir une charte de coutumes.Mais cettecharte ne leur concède aucune autogestion.La communauté clunisoise naît et sedéveloppe dans une matrice, celle del'Église clunisienne dont elle ne peut pas sor-tir. Une tentative d'organisation commu-nale est vite avortée au début du XIIIe siècle.C'est alors dans le cadre de la paroisse queles Clunisois vont organiser leur propresociabilité,prendre en charge quelques acti-vités administratives et finalement faire destrois églises paroissiales des pôles qui seconstruisent en opposition au pôle domi-nant, le monastère.Mais cette évolution n'estréellement perceptible qu'à partir duXIVe siècle.

� Le cas de Cluny éclaire-t-il l'évolution des rap-ports sociaux au Moyen Âge ?

� Cluny n'est pas un cas unique, mais il a lemérite d'être bien documenté. Il permet desuivre l'évolution des rapports entre lesmoines et les laïcs pendant près de six siècleset de saisir quelques lignes de force du "longMoyen Âge" que Jacques Le Goff nous inci-te à envisager. L'Église était au XIe siècle laseule institution structurante de la sociétéeuropéenne. Elle façonnait l'ensemble desreprésentations et des rapports sociaux.Toute l'histoire du long Moyen Âge, jusqu'auXVIIe siècle,montre le lent délitement de cesystème social, parfois appelé "système féo-dal" dans lequel l'Église tient la premièreplace. L'émergence de systèmes de valeursconcurrents, comme celui des bourgeois,des marchands, des seigneurs laïcs, ne peutse faire en rupture totale avec la matriceecclésiale, mais uniquement en son sein, enpervertissant lentement ses schémas d'or-ganisation. C'est ce que j'ai tenté de mon-trer avec les bourgeois de Cluny. �

Propos recueillis par Eliana Magnani

1 Presses universitaires de Lyon, 2001, 35,06 €.

Vestiges de l'abbatiale de Cluny (en Saône-et-Loire), dominés par le clocher du croisillon sud du grandtransept, début du XIIe s. (photo Lise Grenier).

Chapiteau du chœur de Cluny :les fleuves du Paradis, v. 1110-1120.Photo J.C. Couval/Musée d'artet d'archéologie de Cluny.

Page 5: UR LA TERRE COMME AU CIEL · et s u rl ach iv dj pal d’Avig n. UnCD sortira aussi des presses, en juin, sous le titre de l’exposition, avec un choix de chants sacrés et profanes

8 Millefleurs n° 7, mai 2002

� BayonneLe Moyen ÂgeMusée Bonnat, deuxièmesemestre

� BerneNobles trames : les tapisseriesbourguignonnes sous unenouvelle lumièreMusée historique, jusqu’au29 septembre

� BrugesJan van Eyck, les Primitifsflamands et le SudMusée Groeninge, jusqu’au30 juin

� CaenVivre en Normandie auMoyen Âge, archéologie duquotidien (XIIIe-XVe siècles)Château, du 29 juin au18 novembre

� ChartresTrésors de la cathédraleMusée des Beaux Arts,jusqu’au 27 octobre

� FoixConstruire à la fin du MoyenÂge et L’imaginaire médiévalen bandes dessinéesChâteau des comtes deFoix, jusqu’au 30 décembre

� MarmandeMarmande au Moyen ÂgeMusée Albert Marzelles,jusqu’au 31 août

� NantesMonnaies ducales, trésorsde GuérandeMusée Dobrée, jusqu’au22 septembre

� SoissonsLa couleur et la pierre,polychromie dansl’architecture gothiqueMusée, du 21 septembreau 3 novembre

� AmiensAmiens au XIIIe siècle :la cité, la cathédraleMusée de Picardie,jusqu’au 1er septembre

� AvignonLa construction du palais despapes, du XIVe au XXe sièclePalais des papes

� BarceloneLa collection rêvée,sculptures médiévales dansles collections catalanesMusée Frederic Marès

Les expositions de l’été

est édité par l ’A R M M A (Association pour

le rayonnement du musée national du Moyen Âge)

6, place Paul-Painlevé, 75005 Paris

Téléphone : 01 53 73 78 28 - E-mail : armma@wanadoo. fr

Directeur de la publication : Christian Giacomotto

Rédaction : Marie-Jo Maerel, Eliana Magnani

Impression : Imp’Actes, 91260 La Ville-du-Bois

Dépôt légal : quatrième trimestre 2001 - ISSN en cours

� Cologne est toujoursen résidence au musée,avec douze chefs-d’œuvre dumusée Schnütgen (en coursde rénovation) présentésdans les salles 10, 14, 21et 22. Jusqu’au 31 juillet.

� Une chausse-trappe duXVe siècle est sortie desréserves de Cluny pourl’exposition Pirates ! dumusée de la Marine. Il s’agitd’une pièce métallique àquatre pointes, une sorte de« piège à hommes ». Brrr…

� Madrid, Bruxelles etBurgos ont reçusuccessivement une grandeexposition sur les émaux« De Limoges à Silos ». Lemusée a prêté une plaquede reliure du XIIe sièclefigurant un Christ en majestéqui a pu ainsi être rapprochéde son pendant, un Christcrucifié, habituellementconservé à Madrid.Le “Christ Spitzer”(du nom de son précédentpropriétaire) réintègrela salle du Trésor en mai.

� Trois enseignes depèlerinage passeront l’étéau musée Jean-Calvin deNoyon qui organise uneexposition sur saint Eloi.

� « La revue du Louvreet des musées de France »(n°1-2002) publie un articlesur le très riche fondsde photographies anciennesdu musée de Cluny– 10 000 clichés dont deux“incunables” de Le Gray.Les auteurs, Nathalie Coural,Pierre-Yves Le Pogam(conservateurs) et AnnieThomasset (restauratrice),montrent l’intérêt decette collection à la foispour l’histoire des œuvres, dumusée et de la photographie.

Christ en majesté, plaque de reliure, cuivreémaillé, Limoges ou Silos ?, XIIe siècle.