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UNIVERSITÉ QUISQUEYA(UniQ)
LABORATOIRE DE QUALITÉ DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT
(LAQUE)
REJETS LIQUIDES – RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT :
La collecte et l’épuration des eaux usées un champ d’intervention à
intégrer dans le champ scientifique haïtien
Evens EMMANUEL
Haïti, septembre 2000
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REJETS LIQUIDES – RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT :
La collecte et l’épuration des eaux usées un champ d’intervention à
intégrer dans le champ scientifique haïtien
© Éditions du LAQUEPresses de l’Université Quisqueya
Boite Postale 796Port-au-Prince, Haiti
e-mail : [email protected] 2000
Référence à rappeler : « Emmanuel, E. : Rejets liquides – Recherche et développement : la collecte des eauxusées, un champ d"intervention à intégrer dans le champ scientifique haïtien : Éditions du LAQUE, Presses del’Université Quisqueya, Haïti, 2000 ».
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PLAN
Introduction
Science et technologie – Épuration des eaux usées – Développement économique
a- la science et la technique au service du développement
b- l’épuration des eaux usées et le développement économique
La priorité de l’État haïtien en matière de collecte et d’épuration des eaux usées
Les efforts du Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des
Sports
L’intégration d’Haïti au PHI: avantages et inconvénients
L’université et le champ d’intervention scientifique: collecte et épuration des eaux
usées
La mise en oeuvre de la recherche: essai de bilan et perspectives d’avenir
Remerciements
Bibliographie
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INTRODUCTION
Le sujet de cet exposé m’a été imposé par le comité scientifique du deuxième congrès1
national de l’Association Haïtienne du Génie Sanitaire et des Sciences de
l’Environnement (ADISH) à un moment où j’étais en train de poser les questions de
savoir:
1- Comment la collecte et l’épuration des eaux usées pourraient-elles être considérées
comme champ d’intervention dans le champ scientifique2 haïtien?
2- Quelle est la place occupée par la science et la technologie dans l’imaginaire collectif
de l’haïtien et dans l’espace sociétal d’Haïti?
Cet essai se propose d’étudier en Haïti, à travers du système “science et technologie”, la
fonction de la “collecte et épuration des eaux usées” en vue de comprendre comment son
dysfonctionnement peut entraver le développement économique et social du pays.
Beaucoup de scientifiques sont unanimes à reconnaître que l’eau est l’un des biens
communs qui se retrouvent au coeur de la fondation de la vie communautaire (Emmanuel,
1998 ; Mayor, 1997). Dans un mélange d’empirisme, de rationalité, de magie et de
mysticisme l’eau a servi d’objet d’études, à travers des siècles, pour apporter une certaine
compréhension à la naissance de la vie et des explications au développement de la société
sur la planète Terre. Ainsi, l’eau devenant objet, s’identifie à la science et devient science.
Pichot (1991) qualifie la science de mode de connaissance et, en cela, lui attribue une double
fonction d’explication et d’action. Pour lui, la science veut expliquer le monde (y compris
l’homme à qui il faudra trouver une place dans ce monde) et elle veut agir sur lui ; et
1 Ce congrès dont le thème central est “Un environnement salubre, clé du développement durable” a eu lieuà Pétion-Ville, Haïti les 5 et 6 août 2000.2 Gilles (1998) rapporte que "les concepts de "champ"et de "champ scientifique" ont été developpés parPierre Bourdieu (1971, 1975) et proposent une perspective différente de celle dérivée de la notion"communauté scientifique" pour étudier les phénomènes reliés à la formation, au développement, à laconsolidation et à l'autonomisation, dans un contexte national, de l'ensemble d'activités scientifiques ou descience.
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l’explication ne vaudra, très largement, qu’en ce qu’elle permet d’élaborer une action
efficace.
Dans ses formes mythique, magique, mystique et religieuse, l’eau a fourni une
explication du monde où l’homme à partir de rituels de purification se trouve
harmonieusement intégré dans un processus d’ascencion. Pour les microbiologistes, l’eau
a servi de milieu naturel pour le développement de la première forme de vie sur terre « la
cellule procariote ». Analysant la fonction d’action de l’eau, Emmanuel (1998) avance
que l’eau naturelle s’est imposée dans l’établissement, la croissance et le développement
économique des sociétés comme la matière première de l’eau, produit de consommation
et facteur de production, dans tous les secteurs économiques. Dans sa forme technique,
l’eau a usé de ses deux fonctions scientifiques pour jouer un rôle de médiateur dans la
relation entre les êtres formant la chaine trophique. Fleury (1995) In : Le rôle
fondamental de l’eau dans l’équilibre alimentaire et la santé , citant Gaston Bachelard,
avance: “L’eau, ce don gratuit de la nature, polluant, purificateur, devenu produit
industriel, substance de vie et de mort, revêt dans la vie une telle importance de plus en
plus grande, qu’elle a justifié l’apparition d’une nouvelle science, l’aqualogie. En effet,
cette science s’intéresse à l’eau quant à sa production, aux organismes chargés de celle-
ci, aux réglementations auxquelles elle est soumise, aux institutions qui la contrôlent, aux
technologies mises en oeuvre pour son affinage, sa délivrance, le maintien de sa qualité
dont la surveillance doit commencer avant le point d’utilisation et se maintenir
jusqu’après usage”. Remplissant ainsi les fonctions de la science, il convient peut-être de
questionner l’histoire des sciences pour découvrir à la limite de certaines frontières la
corrélation existant entre l’eau et la naissance de la science.
Pour comprendre la naissance de la science, Pichot (1991) a suivi deux voies à la fois; d’une
part la voie des objets de la science ; d’autre part, celle de l’esprit scientifique. Il considère la
voie des objets comme celle par laquelle tel ou tel objet devient le centre d’une étude
particulière, quelle que soit la nature de cette étude (scientifique ou non). Car, la plupart des
disciplines aujourd’hui scientifiques ont pour ancêtres des études non scientifiques portant
sur les mêmes objets déjà définis; c’est dire que la différenciation des disciplines précède
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leur caractère scientifique. Finalement pour lui, la voie des objets concerne donc ces formes
premières de disciplines qui nous sont aujourd’hui familières comme sciences. Il définit la
deuxième voie comme celle de la scientification des disciplines premières, ou, plus
exactement, celle de la recherche des traces d’un esprit scientifique, car ce n’est pas
obligatoirement à l’intérieur de ces études qu’un tel esprit est apparu d’abord. Pour éviter de
se heurter aux difficultés inhérentes à toute tentative de définition, il caractérise, de manière
minimale, l’esprit scientifique comme l’organisation rationnelle de la pensée,
éventuellement étayée par l’observation et l’expérience.
Pour la validation de son hypothèse sur la corrélation entre la voie des objets et la naissance
de la science, André Pichot a utilisé pour cadre expérimental le mode d’organisation sociale
de la Mésopotamie3 et de l’Egypte4. Après avoir analysé, les différentes connaissances
produites par ces sociétés, Pichot conclut en disant : « Les sciences mésopotamienne et
égyptienne ne sont engagées que dans ce qu’on a appelé « la voie des objets » c’est-à-dire
que les différentes disciplines sont déjà ébauchées, mais qu’aucune d’entre elles ne possède
un esprit réellement scientifique, c’est-à-dire d’organisation rationnelle reconnue en tant
que telle ». Il est intéressant de souligner l’importante contribution de l’eau dans
l’organisation sociale, économique et politique de ces sociétés. Si à un niveau ou à un autre
l’eau s’était imposée comme d’une part objet d’observation et d’expérience et, d’autre part
3 La Mésopotamie (du grec mesos et potamos, entre les fleuves) correspond à peu près à l’Irak actuel quantà sa localisation. C’est une plaine, arrosée par le Tigre et l’Euphrate, dont la partie basse, alluvionnaire,gagne sans cesse sur le Golfe Persique grâce aux apports alluviaux ; d’où un déplacement du littoral qui setrouvait dans l’antiquité bien en arrière de l’emplacement où il est aujourd’hui. À l’est, cette plaine fluvialeest bordée par le massif montagneux du Zagros qui termine le plateau iranien ; à l’ouest, par le désert deSyrie ; au nord, par les montagnes de l’Aménie où les deux fleuves prennent leurs sources. La civilisationmésopotamienne antique était essentiellement agricole. La Basse-Mésopotamie, du fait des inondationsrégulières qui la fertilisent, a une terre riche, se prêtant bien à la culture des céréales, à condition toutefoisqu’elle soit irriguée (à cause de la chaleur du climat). L’alimentation est fondée largement sur l’agriculture(dont les produits peuvent être plus ou moins transformés : on fabrique des fromages, du beurre, du vin, dela bière d’orge…), mais elle trouve un complément dans la chasse et dans la pêche (Pichot, 1991) .4 L’Égypte correspond aux 1 000 derniers kilomètres de la vallée du Nil (sur les 6 400 qu’elle compte), du 31o
au 24o degré de latitude Nord. La Haute-Égypte de la première cataracte jusqu’au delta est une vallée étroite(quelques kilomètres de large pour environ 800 de long). Elle est bordée de chaque côté par le désert ; au sud,entre la première et la deuxième cataracte, s’étend la vallée plus tourmentée de la Basse-Nubie, plus au sudencore, le pays de Koush (Éthiopie). À 150 km de la côte méditerranéenne, le fleuve se divise en plusieursbranches (7 dans l’antiquité) et forme un delta de terres basses ; triangle d’environ 150 km de hauteur pour unebase de 240 km sur la côte. C’est la Basse-Égypte. Pour l’administration, toujours selon Pichot (1991), l’Égypteest divisée en districts, les nomes, qui se suivent le long du Nil, et qui sont régis par des gouverneurs, lesnomarques. Certains de ces nomarques deviennent très puissants et prennent leur indépendance.
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comme l’une des ressources indispensables au développement et à la croissance économique
de ces sociétés, il convient peut-être de se questionner sur le mode de gestion des eaux
usées5 produites par ces communautés humaines et peut-être sur les techniques développées
par les sociétés antiques pour maîtriser les effets de débordement négatif que les rejets
liquides avaient eus sur l’organisation sociale.
Warren (1971) avance : « Les méthodes de collecte des eaux usées que la civilisation
moderne a adoptées vers la fin du XIXe siècle, ont été connues dans les civilisations
antiques quelques 2500-2550 ans avant J.C. ». L’objectif des premiers réseaux de drainage
a été d’éliminer les infections dues par l’absence de maîtrise des eaux usées ».
L’opérationnalisation et l’institutionnalisation du concept « université » dans les États où la
science et la technique sont considérées comme élément moteur du développement, ont
permis à certaines sociétés humaines de développer des technologies qui réduisent les
risques environnementaux, sanitaires et économiques que peuvent causer la mauvaise
gestion des eaux usées.
En Haïti, écrivent Emmanuel et Azael (1998), les eaux usées quand elles sont collectées,
sont directement déchargées dans la mer sans aucun traitement préalable. Ce mode de
gestion ou de maîtrise des eaux usées nous pousse à formuler l’hypothèse suivante :
« L’échec de tous les projets de collecte et d’épuration des eaux usées de la République
d’Haïti est dû à l’exclusion de la formation supérieure, de la recherche et
développement dans leurs cycles de vie ».
Haïti dispose d’un certain nombre d’atouts qui devraient lui assurer une excellente gestion
des eaux usées à des coûts relativement bas. En effet, le caractère montagneux du pays lui
offre l’opportunité de développer des techniques de lacs collinaires et de bassins de
décantation pouvant d’une part diminuer le volume des eaux de ruissellement et, d’autre part
5 Les eaux usées sont en grande partie les eaux distribuées par les systèmes d’AEP, polluées par lesdiverses utilisations humaines. Elles constituent de ce fait les externalités négatives des systèmesd’approvisionnement en eau potable (AEP). Pour maintenir l’équilibre environnemental ou en d’autrestermes régulariser l’équilibre du marché de l’eau, il est tout à fait indiqué d’évaluer, en quelque sorte,l’impact de ces eaux usées sur la qualité de la vie des populations, et tenter de mesurer cet impact en termede manque à gagner sur la croissance économique (Emmanuel et Azaël, 1998).
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assurer un système de traitement en cascade des points les plus élevés aux points les plus
bas. Comme autres atouts on peut penser premièrement à l’existence en Haïti des matériaux
volcaniques, particulièrement la zéolithe naturelle qui est un très bon échangeur d’ion, qui
peuvent faciliter d’une manière très rapide la décantation des boues contenues dans les eaux
usées et, deuxièment au soleil pour le traitement par aérobie des eaux usées. En plus de ces
atouts naturels, il convient de signaler l’existence d’un certain nombre d’universités
fournissant une formation de premier cycle dans la gestion des eaux usées. Actuellement,
Haïti dispose de trois laboratoires de recherche qui travaillent sur la problématique des rejets
industriels et urbains. Il s’agit du Laboratoire de Qualité de L’Eau et de l’Environnement
(LAQUE) de l’Université Quisqueya, du Laboratoire de Recherche sur les Déchets Solides
de la Faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et du Centre de Recherche
en Eau et Assainissement (CREA). Ces unités ont déjà publié un certain nombre de travaux
sur les plans nationaux et internationaux. À côté, des universités et des laboratoires de
recherche, il faut signaler l’existence du Comité National du Programme Hydrologique
International (PHI) de l’UNESCO et des associations socio-professionnelles. En effet, les
intellectuels et scientifiques haïtiens intéressés par la problématique de l’eau se trouvent
regroupés dans quatre importantes associations : ADISH (Association Haïtienne du Génie
Sanitaire et des Sciences de l’Environnement) ; ASPHA (Association de Santé Publique
d’Haïti) ; AMH (Association Médicale Haïtienne) ; ANDAH (Association Nationale des
Agronomes Haïtiens). Alors, pourquoi avec ce nombre considérable d’atouts Haïti n’arrive-
t-elle pas à inverser la marginalisation du secteur de la collecte et de l’épuration des eaux
usées ? Quelles sont donc les contraintes empêchant aux pays de considérer et d’intégrer les
efforts de ses chercheurs dans les programmes de développement du secteur de l’eau et de
l’assainissement ? Pourquoi les universités, les laboratoires de recherche et les associations
de scientifiques se sont-ils jamais invités à se prononcer sur les choix technologiques de
l’État haïtien en matière d’épuration des eaux usées et d’hygiène publique ?
Ayala (1996) dans : la culture scienfique de base6, avance : « La culture scientifique de
base permet à quiconque d’approuver ou de rejeter des programmes présentés par les
6 Par “Culture Scientifique de Base (CSB)”, Francisco J. Ayala, dans: La culture scientifique de base.UNESCO, Rapport sur la science dans le monde. UNESCO, Paris, 1996, n’entend pas une connaissancedétaillée des concepts scientifiques tels que les enseignent les manuels de physique, chimie, physiologie ou
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pouvoirs publics (de la fluoration de l’eau à la construction d’une centrale nucléaire), sans
que cette décision se fonde sur des idées préconçues. Toute manipulation de ressources
naturelles est nuisible, ou à l’autre extrême, totalement bénéfique, par exemple, et sans
ignorer que tout choix de ce genre comporte des avantages et des inconvénients comme
dans l’alternative d’une centrale nucléaire ou d’une centrale fonctionnant au charbon ».
En Haïti, l’absence de «la condition de l’esprit scientifique » et d’une «tradition de
recherche » constituent l’une des contraintes fondamentales au renversement de la situation
actuelle des eaux usées. Comme le soulignent Emmanuel et Lindskog : «les résultats
d’études et de recherches scientifiques, n’étant financé ni par le budget national de la
République d’Haïti, ni par la coopération internationale, ne bénéficient pas encore d’une
légitimité ou d’une reconnaissance nationale qui exigeraient à l’État haïtien à partir d’une
relation de “ mandant-mandataire ” de tenir compte des résultats de travaux réalisés sur
Haïti par les chercheurs nationaux et étrangers dans l’évaluation et la redéfinition de ses
axes de politiques de développement économique et social ». Dans les pays sous-
développés, à côté du manque de ressources financières nécessaire à la pratique
d’activités scientifiques, il y a lieu de noter les obstacles liés aux structures de ces
sociétés. V. A. Kondratiev montre que «l’application de la science et de la technique est
sévèrement limitée par la prédominance dans les pays en voie de développement des formes
économiques archaïques de type patriarcal, semi-féodal». Par leur nature, ces types
d’économie ne nécessitent aucune innovation scientifique ou technique. Les classes sociales,
dont la position privilégiée repose plus sur la production absolue que sur la productivité du
travail, n’investissent pas dans les activités qui peuvent contribuer à faire augmenter cette
dernière (Gilles, 1996).
Alain Gilles, dans: L'État et la constitution d'un champ scientifique. Conjonction, Revue
franco-haïtienne, Haïti, 1998, no. 203, pp 89-96, souligne que: “Le champ scientifique
haïtien, si tant est qu’il en existe un, n’attire presque personne”. Cette assertion de Gilles,
génétique. Pour lui, ce concept suppose avant tout une compréhension de ce qu’on pourrait appelerl’approche scientifique, ou la façon scientifique de connaître, ou bien encore la méthode scientifique. Cettecompréhension exige un minimum de connaissances scientifiques spécifiques, mais elles n’ont pas besoind’être étendues ou détaillées, ni de concerner toutes les disciplines.
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tout en fournisant des éléments de réponse aux graves problèmes de développement
économique et social du pays, remet en question l’opérationnalisation en Haïti de toute
une série de concepts (tels: démocratie, souveraineté nationale, État-providence,
modernité, université, sciences et technologie, développement humain durable) qui, au
coeur même de l’expérience sociale de la transition entre le XXe et le XXIe siècle,
prédominent dans la conscience collective de l’humanité, comme l’ont souligné beaucoup
de spécialistes des sciences sociales, le sentiment que la société est en voie de se
réorganiser (Jameson 1991; Giddens, 1994; Knorr Cetina, 1999).
Dubique (2000) analysant l’état de la science et de la technologie haïtienne avance : « En
Haïti, la problématique du développement de la science et de la technologie s’inscrit
d’abord dans un contexte de déficience du système éducatif7 jumelé à une économie8 en
difficulté condamnant le pays à la dépendance de l’aide humanitaire internationale. Les
observations et les expériences réalisées sur la marasme économique et social de la
République d’Haïti montrent que le déficit enregistré par le pays sur ces plans ne peut
être compensé que par l’organisation rationnelle d’une pensée haïtienne. Comme toute
science, celle d’Haïti doit s’appuyer sur l’observation et l’expérience nationale et
étrangère afin d’arriver à identifier le problème fondamental du sous développement
d’Haïti ». Popper, cité par Venise A. Dubique (2000) dans : Quel pourrait être l’apport
7 Alain Gilles, dans: Le programme de maîtrise en sciences sociales à l’Université Quisqueya, ImprimeurII, Port-au-Prince, 1998, avance: “La notion même “d’études supérieures” ou de “deuxième et de troisièmecycles” est absente dans l’univers culturel du milieu universitaire haïtien. La licence constitue, pour lemoment, l’horizon en termes d’objectifs d’études universitaires. Le manque de référence par rapport auquelon pourrait situer le premier cycle dans la formation universitaire tend à en faire une fin. D’où les exigencesextraordinaires faites le plus souvent à l’étudiant poursuivant une licence en Haïti. En moyenne, un étudiantobtient son diplôme de licence après quatre années de scolarité et un ou deux ans consacrés à la rédactiond’un mémoire. Il faudra, dans la plupart des cas, ajouter l’année préparatoire ou de la propédeutique de plusen plus exigée pour suppléer aux insuffisances du secondaire. Un très grand nombre d’étudiantn’obtiennent jamais cette licence, faute de ressources pour écrire le mémoire de sortie, maintenant exigé partous les départements, facultés, écoles, instituts ou académies. Les études de licence incomplètes ajoutéesaux taux élevés d’échec enregistrés aux examens de fins d’études secondaires suffisent pour nous donnerune indication de l’ampleur du gaspillage social qui résulte de notre système d’éducation”.8 Selon la Banque Mondiale (1998): “Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental et l’un despays les plus pauvres du monde en développement. Son revenu par habitant de US$ 250.00 est inférieur parrapport à celui de bon nombre de pays africains et est loin inférieur à la moyenne de l’Amérique LatinedeUS$ 3 320. En milieu rural, quelques 80% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Lapauvreté en Haïti est directement liée à la médiocre performance économique: le revenu par habitant n’apas augmenté au cours des quatre dernières décennies et, en fait, a baissé à un taux annuel de 5,2% au coursdes dix dernières années de 1985 à 1995. Le phénomène de la pauvreté en Haïti se réflète dans sesindicateurs sociaux, qui sont nettement inférieurs à ceux d’autres pays de la région”.
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de la diaspora dans le démarrage d’une vie scientifique active en Haïti ? , souligne : “La
connaissance ne commence pas par des perceptions ou des observations, par une
collection de données ou de faits, mais bien par des problèmes. Pas de savoir sans
problèmes – mais aussi de problème sans savoir”.
Après deux siècles d’indépendance, Haïti reste un pays d’urgences, dépendant de l’aide
humanitaire internationale (Gilles, 1996), un pays dépourvu de réseau de drainage
sanitaire, de station d’épuration des eaux usées et où l’université n’arrive pas encore à
s’imposer dans l’imaginaire collectif comme l’organisme chargé d’assurer la rupture
entre l’irrationnel et le rationnel. En effet, Emmanuel et Azaël (1998) dans : “eaux usées
et développement économique en Haïti” posent les questions de savoir: “Comment Haïti
pourra-t-elle jouir de l’avantage comparatif que lui offre ces produits marins quand les
activités humaines journalières ne cessent de mettre en péril ses écosystèmes marins?
Comment un pays comme Haïti pourra-t-il se positionner efficacement dans la lutte pour la
protection de l’environnement, quand dans la pratique quotidienne de gestion des déchets, la
stratégie adoptée reste encore: “le tout-à-la-mer” ? Quelle pourrait-être la productivité
réelle d’un sous-alimenté, évoluant dans un environnement globalement pollué par des
déchets humains ?
Il peut paraître saugrenu de prendre appui sur le rôle de la science et de la technologie
dans l’évolution du monde pour entreprendre une réflexion sur la fonction de l’épuration
des eaux usées, encore moins sur le poids de son dysfonctionnement dans le
développement économique et social d’un pays comme Haïti. Comme le souligne Alain
Gilles (1996) : “Au moment où le pays fait l’expérience d’une mobilisation sociale sans
précedent, et doit répondre à des besoins formés dans les rapports internationaux, il
devient impérieux de penser à la place occupée par une certaine rationalité non
seulement dans les décisions politiques, mais aussi dans notre façon de vivre. En effet le
développement de la science, en tant que connaissance établie et acquise suivant des
méthodes ouvertes à la critique, n’est pas uniquement dû aux ressources économiques
dont dispose une société. Il dépend aussi bien de choix politiques et d’une culture
pouvant favoriser l’émergence d’une tradition de recherche. À ce propos, il convient de
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citer le cas de l’Inde, des pays de l’Europe de l’Est, notamment l’ancienne
Tchécoslovaquie, la Pologne et surtout l’Autriche dont la contribution à la science et à la
philosophie des sciences n’a aucune commune mesure avec le niveau de leur
développement économique. Si immenses que soient les problèmes du pays et si faibles
que soient ses ressources, je ne pense, en cette période de l’histoire de l’humanité, qu’il
soit possible pour Haïti, comme d’ailleurs pour tout autre société, de ne pas organiser sa
réflexion sur sa position face à la science et aussi à la technologie”.
SCIENCE ET TECHNOLOGIE – ÉPURATION DES EAUX USÉES –
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, il s’est développé dans de nombreux pays
un système d’articulation entre la science et le développement économique, c’est-à-dire
une relation en fait entre la production économique et la production scientifique. Dans un
contexte où le développement et la croissance socio-économique se présentent comme
étant des variables liées au progrès de la science et de la technologie, peut-être ce système
aura-t-il servi à classer les États de la planète en pays avancés et en pays sous développés.
La relation entre la production économique et la production scientifique, telle que
considérée ici, a permis aux pays qui ont accepté d’investir dans l’éducation, la recherche
scientifique et le développement de technologie, d’atteindre des niveaux de
développement économique et social durable. Clinton et Gore (1994), cités par Ayala
(1996) dans : la culture scienfique de base9, avancent : « la technologie, moteur de la
croissance économique, crée des emplois, édifie des industries nouvelles et améliore
notre niveau de vie. La science est le carburant qui fait tourner le moteur de la
technologie ». Dans la mesure où un état décide de sortir du marasme du sous-
9 Par “Culture Scientifique de Base (CSB)”, Francisco J. Ayala, dans: La culture scientifique de base. UNESCO,Rapport sur la science dans le monde. UNESCO, Paris, 1996, n’entend pas une connaissance détaillée des conceptsscientifiques tels que les enseignent les manuels de physique, chimie, physiologie ou génétique. Pour lui, ce conceptsuppose avant tout une compréhension de ce qu’on pourrait appeler l’approche scientifique, ou la façon scientifique deconnaître, ou bien encore la méthode scientifique. Cette compréhension exige un minimum de connaissancesscientifiques spécifiques, mais elles n’ont pas besoin d’être étendues ou détaillées, ni de concerner toutes lesdisciplines. La CSB permet à quiconque d'approuver ou de rejeter des programmes présentés par les pouvoirs publics(de la fluoration de l'eau à la construction d'une centrale nucléaire), sans que cette décision se fonde sur des idéespréconçues.
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développement économique et social, il lui convient alors de réaliser une rupture entre
l’analphabétisation fonctionnelle et l’alphabétisation scientifique, en d’autres termes
provoquer la rupture entre la voie des objets et la voie de l’esprit scientifique10 en prenant
appui sur la raison (Dubique, 2000).
S’il est vrai que la science et la technologie sont les moteurs de la croissance et du
développement économique, pourquoi n’a-t-on pas observé dans les pays du Tiers Monde
l’exécution de programme d’investissement en éducation, en recherche et en
développement de technolohgies? Faudra-t-il espérer à l’adoption d’un plan Marshall
pour l’implantation dans les états du Sud d’une tradition de recherche? Gilles (1998),
citant C.S. Jha (1985:76) dans: L'État et la constitution d'un champ scientifique11,
souligne : "les pays du Tiers-Monde [doivent être] pleinement conscients du fait que
l'absence d'une expansion de l'éducation en matière des sciences et de technologie, à
l'intérieur de leurs frontières nationales, ne leur permettra même pas d'adopter les
technologies élaborées ailleurs, et moins encore de les développer eux-mêmes".
Depuis le début des années 60, en même temps que l’on prenait conscience des écarts
entre les pays développés et les pays sous-développés, il s’est aussi posé d’une part, le
problème du rôle que peuvent jouer et la technique pour promouvoir la croissance
économique et, d’autre l’importance de la collecte et de l’épuration des eaux usées dans
le maintien de la croissance économique.
10 André Pichot, dans: La naissance de la sci ence. (Tome 1), Édition Gallimard, Paris, 1991, considère que la science,en ses origines, a suivi deux voies distinctes: la voie des objets et la voie de l’esprit scientifique.La voie des objets consiste en la première différenciation d’études qui se structurent autour d’objets propres (lesnombres, les astres, les êtres vivants…), mêlant empirisme, rationalité, magie et mystique.La voie de l’esprit scientifique est d’abord celle, philosophique, par laquelle la rationalité est élevée au rang de critèrede vérité. C’est ensuite la voie par laquelle les disciplines préscientifiques sont reprises et transformées dans cet espritnouveau, propre à la démocratie grecque.11 Alain Gilles, dans: L'État et la constitution d'un champ scientifique. Conjonction, Revue franco-haïtienne, Haïti,1998, no. 203, pp 89-96, souligne que "les concepts de "champ"et de "champ scientifique" ont été developpés parPierre Bourdieu (1971, 1975) et proposent une perspective différente de celle dérivée de la notion "communautéscientifique" pour étudier les phénomènes reliés à la formation, au développement, à la consolidation et àl'autonomisation, dans un contexte national, de l'ensemble d'activités scientifiques ou de science. Le concept de champa fait l'objet d'une grande utilisation chez des sociologues du Québec en prise avec la question de l'émergence d'unchamp scientifique québécois, considéré, jusqu'à récemment, comme "colonial"ou "périphérique". Mieux que leconcept de communauté scientifique, pensent Marcel Fournier, A. Germain, et al, celui de champ scientifique permetde "rendre compte des conditions sociales qui président à la production et à la diffusion de l'activité scientifique et enparticulier des intérêts que divers groupes ou classes sociales manifestent pour cette activité". Le concepts de champpermet justement d'étudier les liens tissés entre les différents champs religieux, intellectuel et politique pour affecter la
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a- La science et la technique au service du développement
Du 4 au 23 février 1963, il s’est tenu à Genève la Conférence des Nations Unies sur
l’application de la science et de la technique dans l’intérêt des régions peu développées.
Comme l’a rappelé Pierre Rondière, cité par Alain Gilles dans : Littérature et sciences
haïtiennes, répertoire des écrivains et chercheurs d’origine haïtiennes au Canada 1963-
1995, “ce fut le plus gigantesque forum où pendant vingt jours furent glorifié[e]s et
interrogé[e]s la science et la technique, pour la première fois officiellement proclamées
remède souverain pour les contrées moins développées”. On eut certes droit à des
déclarations prudentes. Le Secrétaire général des Nations Unies fit remarquer ceci: “On
dit souvent qu’on peut de nos jours, brûler les étapes du développement en appliquant
toutes les connaissances techniques déjà acquises, que les tâtonnements, les erreurs et les
perturbations, qui ont accompagné l’industrialisation dans les pays avancés, au cours du
XIXe siècle, peuvent être évités. Il y a du vrai dans cette affirmation et c’est là une de nos
raisons d’espérer; mais ne nous laissons pas aller à l’illusion qu’il s’agit seulement d’un
simple transfert de techniques. N’oublions pas les bouleversements que peut entraîner
une superposition des connaissances et des techniques modernes à une société que ses
habitudes et ses façons de penser, ses méthodes de travail et son mode de vie n’ont
absolument pas préparés à assimiler12”.
Gilles (1996) rapporte que le climat général de l’époque fut cependant celui d’une foi
dans la capacité de la science et de la technique à transformer les pays en voie de
développement. Lors de l’Assemblée générale de l’International Council of Scientific
Unions tenue en 1966 à l’Institut Tata de la Recherche fondamentale à Bombay, il fut
décidé de créer un Comité sur la Science et la Technique dans les pays en voie de
développement (COSTED – Committee on Science and Technology in Developing
Countries) en vue d’encourager l’application de la connaissance scientifique pour
constitution d'un champ scientifique en émergence, non suffisamment consolidé pour acquérir un statut de relativeautonomie.12 Cité dans le développement par la science et la technique (Rapport sur la Conférence des Nations Uniessur l’application de la science et de la technique dans l’intérêt des régions peu développées). Vol. VI-L’enseignement et la formation professionnelle, Paris : DUNOD, 1964, p1.
15
améliorer les conditions de vie dans les pays du Tiers-Monde (Jones, 1971). En 1968,
fut créé aux Nations Unies le comité consultatif sur l’Application de la Science et de la
Technique au Développement.
En 1979, eut lieu à Vienne du 20 au 31 août, la Conférence des Nations Unies sur la
science et la technique au service du développement où 142 États, dont Haïti, étaient
représentés. Il est sorti de cette conférence l’ambitieux “Programme d’action de Vienne
pour la science et la technique au service du développement” fondé sur des constats tels
que les suivants:
Le développement de la science et de la technique dans les pays en
développement a été freiné par l’idée que le système de production susciterait
automatiquement une demande de science et de technique. Or il n’en a pas été
ainsi et il faut manifestement prendre des mesures pour créer, stimuler et favoriser
la “demande” d’activités scientifiques endogènes, ainsi que lq demande de biens
et services contenant un élément national et régional…
Il faut reconnaître le rôle critique des ressources financières dans l’application de
la science et de la technique au développement et le renforcement des capacités
endogènes. Or, vu la pénurie de ressources financières dans les pays en
développement, il arrive souvent que les ressources allouées à la science et la
technique soient bien inférieures au seuil critique indispensable pour obtenir les
résultats voulus (Nations Unies, 1979).
Au chapitre des mesures à prendre pour assurer le développement des ressources
humaines, on trouve des prescriptions telles que:
Inciter les universités, les organismes de recherche et les autres établissements
d’enseignement à être plus sensibles aux problèmes de la société, notamment en
intégrant ces institutions dans le système de production et dans la vie culturelle du
pays;
16
Étudier de façon approfondie, au niveau national, le problème de l’exode des
compétences, notamment l’immigration de la main d’oeuvre qualifiée, en vue de
déterminer les mesures à prendre pour s’attaquer au problème de l’exode de la
main d’oeuvre scientifique et technique et renverser le courant migratoire
(Nations Unies, 1979).
Le premier sommet des Amériques, tenu à Miami en décembre 1994, et réunissant les
chefs d’État et de Gouvernement a donné lieu à un emsemble d’initiatives visant à
renforcer la coopération en matière de développement entre les États de la région et
favoriser leur intégration à différents points de vue afin de préparer la création de la zone
de libre-échange des Amériques. C’est le cas du Conseil Inter-Américain de
Développement Intégré (CIDI) qui répond à un consensus sur la nécessité de nouvelles
formes de coopération pour le développement, capables de renforcer les institutions
démocratiques, lutter contre la pauvreté, encourager une économie plus ouverte et
garantir l’usage rationnel des ressources naturelles et la conservation de l’environnement.
Le plan d’action adopté à ce Sommet avait, entre autres, recommandé l’organisation
d’une réunion des Ministres de la région responsables de la Science et de la Technologie,
car le développement de ces dernières est considéré comme un facteur déterminant dans
les stratégies destinées à combattre l’extrême pauvreté et à préserver l’environnement.
Cette réunion eut lieu en mars 1996 à Cartagène en Colombie, comme convenu par les
Ministres des Affaires Étrangères lors de la session ordinaire de l’Assemblée Générale de
l’OEA en 1995, en Haïti. La réunion de Cartagène a donné naissance à deux documents
fondamentaux: a) la Déclaration de Cartagène qui énonce les principes concernant “La
connaissance, le développement durable et la coopération hémisphérique dans les
Amériques”; b) le plan d’action qui vise au renforcement de la coopération
hémisphérique en matière de science et de technologie. C’est le CIDI et le MERCOCYT
(Commission du Programme du Marché Commun des Connaissance Scientifiques et
Technologiques) qui verront assurer la coordination du suivi des recommandations issues
de la réunion de Cartagène.
17
Le MECOCYT est une initiative qui date de 1993, mais l’idée originelle remonte à
l’Assemblée Générale de 1990. Il était alors conçu comme un mécanisme destiné à
promouvoir l’échange des connaissances scientifiques et technologiques et des
innovations entre les scientifiques, les techniciens, les administrateurs des universités,
auprès des gouvernements et du monde des affaires. Il constitue dans le cadre de l’OEA
un forum facilitant l’échange et la circulation de l’information scientifique et
technologique entre les États membres.
La fonction originale du MERCOCYT s’est alors renforcée à la faveur de la réunion de
Cartagène où il a été reconnu qu’en raison de répercussions de la science et de la
technologie sur les différents aspects de la vie en général et de l’importance des dépenses
qu’elles exigent les activités nécessaires à leurs développement sont si vastes et si
diversifiées qu’un État seul ne pourra y subvenir. Il a été donc recommandé que, afin de
renforcer la coopération hémisphérique dans ce domaine, il est nécessaire que les États
membres entreprennent des activités de recherche complémentaires, mettent en commun
les infrastructures, les connaissances et partagent les coûts, s’il le faut. D’où le choix
d’établir des alliances pour entreprendre conjointement, aux niveaux des gouvernements,
des universités et du secteur privé, des activités scientifiques. En ce sens, il a été aussi
recommandé que la formulation et la mise en oeuvre de politiques scientifiques et
technologiques nationales devraient avoir pour objectifs: l’éducation, la formation et la
production de ressources humaines hautement qualifiées; le développement d’une plus
grande capacité de recherche à l’échelle nationale et régionale; le renforcement des
systèmes d’innovation technologique et d’application des connaissances de manière à
encourager un développement équitable et durable.
C’est ainsi que le CIDI eut à préparer le Plan stratégique de partenariat 1997-2001 pour le
développement. La déclaration et le plan d’action ont aussi donné lieu à la création du
Programme Inter-Américain de Science et Technologie (PRICYT) – préparé par le
MERCOCYT – qui couvre les cinq domaines d’action suivants:
18
1- La science, la technologie et l’innovation pour la promotion du développement social;
2- La science, la technologie et l’innovation pour le renforcement du secteur des
affaires;
3- La science, la technologie et l’innovation pour le développement durable et la
protection de l’environnement;
4- Le renforcement de la capacité d’élaboration, de conception et de mise en oeuvre de
politiques scientifiques, technologique et d’innovation;
5- Le développement et l’application des technologies d’information et de
communication.
Le MERCOCYT bénéficie de l’appui de l’Office de la Science et de la Technologie
(OST) qui, créé en 1997, agit comme son secrétariat technique et fournit aux États
membres, dans le cadre du PRICYT, l’assistance pour le développement des capacités en
matière scientifique et technologique.
Le second sommet des Amériques, en avril 1998, à Santiago (Chili) a revalidé la
déclaration et le plan d’action de Cartagène.
Le Comité exécutif du MERCOCYT, chargé de la mise en application des
recommandations issues de la réunion de Cartagène a procédé à la création du Comité
Inter-Américain de la Science et de la Technologie (COMCYT). Il a été approuvé par le
CIDI en mars 1998 et ratifié par l’Assemblée Générale en juin 1998. Il est entré en
fonction à la 6e réunion du MERCOCYT tenue à Bariloche en Argentine en août 1998.
Eu égard au plan stratégique de partenariat, la mission du COMCYT consiste en la
coordination, le suivi et l’évaluation des activités de l’OEA en matière de développement
scientifique, d’échange et de transfert de technologie. Les principales fonctions du
COMCYT sont:
1- Apporter l’appui à la préparation et au suivi des réunions des Ministres chargés de la
science et de la technologie;
19
2- Promouvoir les politiques de coopération hémisphérique dans le domaine du
développement scientifique, de l’échange et du transfert de technologie;
3- Identifier et formuler des propositions de partenariat pour le développement
d’activités et de projets dans le cadre du PRICYT, conformément aux objectifs du
MERCOCYT;
4- Promouvoir et supporter la recherche de ressources additionnelles pour le
financement des activités de partenariat du CIDI.
La Conférence mondiale sur la science, organisée par l’UNESCO et le Conseil
international pour la science, qui s’est réuni du 26 juin au 1er juillet 1999 à Budapest,
s’est achevée en posant les bases d’une alliance mondiale entre les communautés
scientifiques, les décideurs politiques et la société civile en vue d’augmenter les
ressources pour la recherche scientifique, de favoriser le partage des connaissances et
d’amener la science et la technologie à travailler de façon responsable, avec une claire
vision éthique afin de surmonter et de prevenir des problèmes de société potentiellement
désastreux.
Un appel à une meilleure compréhension de la différence des traditions scientifiques
entre l’Occident et l’Orient et à leur harmonisation a été lancé lors du débat sur “la
nature de la science” qui a traité de l’histoire de la science et a noté l’attitude paradoxale
du grand public – mélange d’utilitarisme et d’inquiétudes – face aux développements
scientifiques. Lors de la discussion sur “la valeur universelle de la science
fondamentale”, les intervenants ont défendu avec force l’idée que les découvertes de la
recherche fondamentale doivent être mises à la disposition de chacun. Ils ont plaidé pour
“des échanges” équilibrés de matière grise entre pays soi-disant phénomène de la “fuite
des cerveaux” ne devait pas être systématiquement perçu de façon négative (UNESCO,
1999).
20
b- L’épuration des eaux usées et le développement socio-économique
L’élimination des excreta humains, soulignent Okun et Ponghis (1976), dans de
mauvaises conditions provoque la contamination des ressources en eau douce disponibles
et de l’environnement général d’un espace humain, suscitant des problèmes sanitaires
qui, dans les pays en voie de développement, concernent presque tous les êtres vivants.
Les rapports que les États Membres ont présentés à l’OMS sur la situation sanitaire dans
le monde pendant la période 1965-1968 faisaient état des difficiles problèmes que pose
l’élimination des eaux usées; leur ampleur était jugée relativement plus grande que celle
des problèmes concernant l’pprovisionnement public en eau du fait que le pourcentage de
la population desservie par un système satisfaisant d’évacuation des eaux usées était plus
faible. De plus, l’existence d’un système d’entraînement des déchets par l’eau n’est pas
en soi une garantie d’hygiène si le mode d’élimination finale n’est pas satisfaisant. Enfin
pendant la période considérée, les pays en voie de développement ont dû faire face à des
taux de mortalité et de morbidité élevés chez les enfants âgés de moins de cinq ans, tandis
que la croissance physique et mentale des enfants et le développement socio-économique
de la collectivité posaient des problèmes. Cela résulte de la conjugaison, d’une part des
maladies diarrhéiques (en particulier celles qui affectent les enfants) et, d’autre part, de
conditions sociales défavorables, de l’insalubrité du logement, de l’accroissement rapide
de la population et de facteurs d’environnement adverses tels que l’absence d’eau saine et
de systèmes satisfaisants d’élimination des déchets. Dans certains pays non industrialisés,
le taux de mortalité dû aux maladies intestinales est plus de cent fois supérieur à ce qu’il
est dans les pays industrialisés. Cet écart a principalement pour cause la qualité des
systèmes de gestion d’eau (Miller, 1962).
Bien que l’effet sur la santé d’une gestion appropriée des eaux usées et l’effet de la santé
de la population sur le développement économique soient l’un et l’autre clairement
reconnus, il est difficile, écrivent Okun et Ponghis (1976), de leur donner une expression
quantitative. Une étude a révélé que la productivité par travailleur est trois fois plus
élevée aux États-Unis d’Amérique qu’en Colombie (Logan, 1963). Cette différence est
due en partie à la mécanisation dont profite le travailleur aux États-Unis, de sorte qu’il est
21
difficile de déterminer la proportion pouvant être attribuée, directement ou indirectement,
à la santé ; néanmoins, il est bien établi que l’un des facteurs sous-jacents est
l’élimination des maladies intestinales dues à une mauvaise évacuation des déchets. En
outre, le coût des soins médicaux imputables à la maladie impose une charge
supplémentaire aux ressources économiques d’une collectivité. Bien que l’ampleur de cet
effet soit encore incertaine, il n’est pas douteux que les maladies intestinales influent sur
le défaut d’absorption des aliments chez les personnes infectées et/ou infestées. Par
exemple, il ya lieu de penser que les aliments absorbés par des enfants infestés par des
nématodes contribuent davantage à nourir ces derniers que leur hôte. Puisque le
développement de l’agriculture est essentiel pour nourrir les populations en rapide
augmentation des pays en voie de développement, la perte de substances nutritives
imputables aux maladies et infections intestinales impose un lourd fardeau économique à
la collectivité ; dans certains cas, elle peut représenter jusqu’à 10% de la production
alimentaire totale.
Parmi les avantages concurrentiels que procure la gestion des eaux usées figure
l’amélioration des perspectives en matière de tourisme et d’industrialisation. En effet, le
touriste souhaiterait disposer d’un environnement agréable, beau et salubre. Car les
personnes qui se présentent sur le marché de la demande du tourisme, le font avec
l’intention de récupérer la santé, de se libérer du stress, des problèmes issus des activités de
la vie de tous les jours. Malheureusement, ils rencontrent parfois de sérieux problèmes tels
l’exposition à un environnenment malsain et aux agents pathogènes responsables de
maladies infectueuses, lesquels transforment leur voyage en un cauchemar qui met
beaucoup de temps à s’effacer (Emmanuel, 1997). Les collectivités dotées de ressources
matérielles suffisantes, dont l’une des plus importantes est l’assainissement, offrent un
meilleur potentiel de développement et attirent davantage les capitaux étrangers que celles
où l’hygiène pose des problèmes.
Les investissements consacrés aux égouts et à l’élimination des eaux usées dans des
conditions satisfaissantes provoquent dans le secteur immobilier une hausse des prix bien
supérieurs aux coûts. Il a été démontré qu’une gestion adéquate des ressources en eau est
22
un facteur essentiel de l’amélioration de la santé, ainsi que du développement social et
économique, ce qui permet une éducation plus efficace, un accroissement de la
productivité, un meilleur niveau de vie et une amélioration de la qualité de la vie (Okun et
Ponghis, 1976).
L’Université dans sa fonction d’enseignement et de recherche dispose de certains moyens
capables d’inverser la tendance des effets négatifs des eaux usées sur le développement
socio-économique d’un pays comme Haïti. En effet, au cours des deux dernières décennies
la formation à tous les niveaux, la recherche scientifique et le développement de
technologies ont apporté une importante contribution dans la gestion des ressources en eau
dans divers pays du globe. Ils ont été à la base même des procédures de transfert des
compétences et de la mise en place des structures de gestion concertée des ressources en
eau.
Du point de vue global, les questions relatives à l’eau ont été abordées à la conférence
internationale sur un programme d’action scientifique pour l’environnement et le
développement jusqu’au XXIe siècle (ASCEND13 21). Parmi les principaux problèmes
qui affectent l’environnement et freinent le développement durable, la rareté de l’eau a
été considérée comme l’une des plus hautes priorités scientifiques. L’ASCEND a
recommandé, entre autres :
• d’intensifier l’aide fournie pour des recherches et des observations
internationales sur l’environnement planétaire du système Terre ;
• d’effectuer des recherches et des études, à l’échelle locale et régionale sur le
cycle hydrologique, les incidences des changements climatiques, les zones
côtières, la diminution de la biodiversité biologique, la vulnérabilité des
écosystèmes fragiles, les conséquences de la modification de l’utilisation des
terres, des déchets et des attitudes et comportements de l’homme ;
23
• de faire porter les efforts en particulier sur l’éducation et le renforcement des
instituts scientifiques ainsi que sur l’association d’une grande partie de la
population à l’action menée pour résoudre les problèmes d’environnement et
de développement.
S’appuyant sur les principes de Dublin, sur les recommandations des grandes conférences
internationales susmentionnées ainsi que sur le chapitre 18 d’Action 21 : « Protection des
ressources en eau et de leur qualité : application d"approches intégrées de la mise en
valeur, de la gestion et de l’utilisation des ressources en eau », de la Conférence des
Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED, Rio de Janeiro, juin
1992), l’UNESCO a élaboré la cinquième phase (1996-2001) de son Programme
Hydrologique International (PHI). En fait, le PHI-V vise à resserrer les liens entre la
recherche scientifique, ses applications et l’éducation. L’accent sera mis sur une
planification et une gestion intégrées et écologiquement rationnelles des ressources en
eau s’appuyant sur une méthodologie scientifiquement éprouvée.
L’accès à la connaissance et à l’éducation est un droit de l’homme, qu’il s’agisse
d’acquérir des connaissances générales ou une formation spécialisée ou technique dans le
domaine de l’hydrologie et de la gestion des ressources en eau. Maintenant qu’est
universellement reconnue l’importance décisive que le capital humain revêt pour un
développement rationnel et durable, le PHI-V poursuivra son oeuvre en faveur du
transfert de connaissances, de compétences, d’information et de technologie.
Les résultats des travaux de recherche consacrés à la gestion des ressources en eau,
notamment les informations sur les stratégies et techniques de gestion améliorées, doivent
être incorporés sans tarder dans les programmes établis d’enseignement et de formation.
Ces programmes varient considérablement, allant des programmes d’études sur les
ressources en eau et les matières connexes mises en oeuvre dans les écoles techniques et
les universités des pays développés et en développement, à des programmes de formation
et des cours de brève durée organisés ponctuellement.
13 ASCEND 21 : Conférence sur un programme d’action scientifique pour l’environnement et le développement
24
Le PHI-V offre un cadre pour l’enseignement et la recherche appliquée dans les domaines
de l’hydrologie et de la gestion de l’eau. Il s’agit d’une démarche dynamique qui a pour
objet d’améliorer les liens entre la recherche, ses applications et l’enseignement. De façon
générale, le PHI-V vise à resserrer les liens entre la recherche scientifique, ses applications
et l’éducation. L'’ccent est mis sur une planification et une gestion intégrées et
écologiquement rationnelles des ressources en eau s’appuyant sur une méthodologie
scientifiquement éprouvée (UNESCO, 1996).
LA PRIORITÉ DE L’ÉTAT HAÏTIEN EN MATIÈRE DE COLLECTE ET
D’ÉPURATION DES EAUX USÉES
La priorité de l’Etat Haïtien, pour faire face à la très grave situation du secteur de la
collecte et de l’épuration des eaux usées, est la remise en état de ce qui existe et la mise
en place de systèmes additionnels avec un entretien régulier. Avant de se lancer dans
cette vaste entreprise, le Gouvernement a jugé utile de procéder à une étude de la
situation.
En effet, au cours de la période 1996-2000, l’État haïtien a réalisé: a) le schéma directeur
d’assainissement pour la région métropolitaine de Port-au-Prince, b) le projet
d’assainissement global de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (le plus grand centre
hospitalier du pays); c) l’étude du projet d’assainissement des 6 villes secondaires (Cap
Haïtien, Port-de-Paix, Gonaïves, Léogâne, Petit-Goâve et les Cayes); d) Le projet de loi-
cadre sur l’eau de la République d’Haïti; e) le projet de loi-cadre sur le secteur de l’eau
potable et de l’assainissement; f) le plan d’action pour l’environnement.
Les études résultant des différentes activités entreprises par l’État Haïtien démontrent la
prise en compte au niveau national des principes de Dublin14 et des grandes tendances
jusqu’au XXIe siècle, CIUS, Vienne, novembre 1991.14 Les quatre principes de Dublin sont :
25
mondiales de droit et de gestion de l’eau. Les deux projets de loi-cadre : celui du Ministère
de l’Environnement sur l’eau de la République d’Haïti et celui du Ministère des Travaux
Publics sur le secteur de l’eau potable et de l’assainissement ont épousé de façons
particulières les grands principes de gestion et d’exploitation des ressources en eau. Comme
tout schéma directeur classique, les études techniques précisent, à partir des actions à
entreprendre à court, moyen et long terme, ce que sera le système d’assainissement global
des espaces concernés. Elle proposent des lignes directives contenant implicitement,
toutes les informations nécessaires à une prise de décision classique basée sur des
solutions alternatives. Toutefois, il est curieux de constater que la formation, la recherche et
le développement de technologies n’ont pas retenu l’attention des différents planificateurs
du secteur de l’eau et de l’assainisssement. Cette absence constitue l’une des principales
faiblesses de la politique de l’État Haïtien en matière de gestion des eaux usées.
Les efforts du Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports
(MENJS)
Le MENJS, quoique non impliqué dans la gestion et l’exploitation des ressources en eau,
a implicitement la lourde tâche d’appliquer et de coordonner la politique de l’État en
matière de formation, de recherche et de développement de technologies.
Ce Ministère a essayé, au cours de l’année fiscale 1997-1998, de dynamiser en Haïti deux
grandes structures:
• “La bonne gestion des ressources en eau exige une approche globale qui concilie développement socio-
économique et protection des ressources naturelles. Une gestion efficace intégrera l’utilisation du sol et de l’eausur la superficie d’un bassin versant ou d’un système aquifère”.
• “La gestion et la mise en valeur des ressources en eau doivent associer usagers, planificateurs et décideurs à tousles échelons. Pour ce faire, il faut que les décideurs, comme l’ensemble de la population, soient bien conscients del’importance des ressources en eau. Les décisions seront donc prises à l’échelon compétent le plus bas en accordavec l’opinion publique et en associant les usagers à la planification et à l’exécution des projets relatifs à l’eau”.
• “Les femmes jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement, la gestion et à la préservation de l’eau et doiventaccepter la place qui leur revient dans la mise en valeur des ressources en eau”.
• “L’eau, utilisée à de multiples fins, a une valeur économique et doit être reconnue bien économique et social. Envertu de ce principe, il est primordial de promouvoir le droit fondamental de l’homme à une eau salubre et unehygiène adéquate pour un prix abordable.”
26
• la Direction de l’enseignement supérieur, et de la recherche scientifique, qui est la
seule structure, avec des moyens extrêmement limités, qui subventionne la
recherche et le développement de technologie au niveau national;
• la création en juillet 1998 du Comité Hydrologique National. Ce Comité travaille en
étroite collaboration avec la Commission Nationale Haïtienne de Coopération avec
l’UNESCO. Depuis sa création, ce Comité n’arrive pas à élaborer un plan
stratégique d’interventions scientifiques dans le secteur de l’eau par faute de
moyens financiers.
Le Comité National d’Haïti du PHI vient de publier son rapport pour la période 1998-
2000. Au lieu de procéder à une analyse de ce rapport, je préfère partager avec les
lecteurs quelques points que je trouve extrèmement pertinents :
En Haïti les activités réalisées dans le domaine de l’hydrologie scientifique sont
conçues et exécutées selon le cadre conceptuel proposé par l’UNESCO pour la
cinquième phase du PHI : «Hydrologie et mise en valeur des ressources en eau
dans un environnement vulnérable ». Dans cette perspective, le Comité National
du PHI de la République d’Haïti, créé en juillet 1998 par la Commission
Nationale Haïtienne de Coopération avec l’UNESCO et le Ministère de
l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJS), est considéré avant
tout comme un espace privilégié pour la conduite de projets de recherche
scientifique de base ou appliquée à la problématique de la gestion l’eau et plus
particulièrement à celle de la rareté de la ressource « eau ».
Participation directeurs ou des groupes de travail du PHI
En Haïti, la rareté de ressources humaines qualifiées disponibles constitue l’une
des plus grandes conditions critiques à la constitution des trois grands groupes de
receherche appliquée dans les domaines de l’hydrologie et de la gestion de l’eau.
Cependant une approche basée sur l’intégration des étudiants, du programme de
27
licence en génie civil (option environnement) de l’Université Quisqueya et des
étudiants du programme de maîtrise en développement urbain et régional du
Centre de Techniques, de Planification et d’Économie appliquée (CTPEA), a été
adoptée pour le développement de groupes de travail sur les thèmes suivants:
• Ressources en eaux souterraines menacées;
• Gestion intégrée des eaux urbaines
• Transfert de connaissances, d’informations et de technologie (KIT)
Projets de recherche de base ou appliquée, aidés ou patronés
Les différentes réflexions faites sur la gestion des ressources en eau de la
République d’Haïti traduisent une certaine volonté au niveau national pour une
gestion intégrée des ressources en eau du pays. Toutefois, le problème du
financement des travaux de recherche de base ou appliquée dans le domaine de
l’hydrologie et de la gestion des ressources en eau demeure l’une des conditions
défavorables à la matérialisation de cette volonté.
Au cours de l’année académique 1998-1999, la Direction à l’Enseignement
Supérieur et à la Recherche Scientifique (DESRS) du Ministère de l’Éducation
Nationale (MENJS) a subventionné deux projets du programme de recherche sur
le contrôle des contaminants chimiques dans le milieu aquatique. Pour l’année
académique 1999-2000 quatre autres projets de recherche sont soumis au
programme de soutien de la DESRS, il s’agit de:
1. Estimation de la concentration optimale de fluor dans l’eau destinée à la
consommation humaine de la région hydrographique “CENTRE-SUD” de la
République d’Haïti
2. L’eau potable à Port-au-Prince: regard sur les moyens et techniques de contrôle de
la qualité de l’eau de boisson adoptés par les familles.
28
3. Évaluation de la charge organique et inorganique des eaux usées déchargées dans
la baie de Port-au-Prince.
4. Analyse tendancielle de la salinité des ressources en eau de la zone du Sud’Ouest
de la Plaine du Cul-de-Sac.
Activités prévues avant décembre 2001
• Support à la publication en anglais, français et en espagnol d’un livre sur les
ressources en eau intitulé : « Eau en Haïti : besoins, ressources et gestion. La
République d’Haïti souffrira-t-elle d’une pénurie en eau au XXIème Siècle ?
• Création en Haïti du Prix National Annuel de l’Eau
• Création des bourses de recherche PHI
Il serait intéressant que les différentes institutions publiques intervenant dans le secteur
de l’eau et de l’assainissement et le Gouvernement Central partagent avec le MENJS les
budgets de fonctionnement et d’investissement du Comité Hydrologique National.
En analysant les actions de l’État Haïtien dans le domaine de la gestion des ressources en
eau, il convient de souligner l’absence de cohésion entre les efforts déployés par le Ministère
de l’Éducation Nationale avec ceux du Ministère des Travaux Publics et du Ministère de
l’Environnement. Cependant, je pense que les différentes structures mises en place par la
Communauté Internationale pour penser le développement de la Science et de la
Technologie dans les pays du Sud et renforcer le partenariat nécessaire dans ces domaines
entre tous les pays de la terre, offrent des opportunités à l’État haïtien pour éliminer les
écarts constatés et unifier ses actions pour la mise en place d’une bonne politique de gestion
des ressources en eau et de protection de l’environnement.
29
L’intégration d’Haïti au PHI : avantages et inconvénients
Mathurin (1999) opinant sur la participation d’Haïti dans les programmes et/ou rencontres
scientifiques internationales avance : « Je dois reconnaître en toute sincérité que cela
devient de plus en plus triste de constater, à la faveur de ces rencontres à caractère
scientifique, la solitude de notre pays qui, ne participant pas aux activités de recherche
multilatérale, voit renforcer son isolement déjà causé par sa situation géographique et
linguistique. De plus, il apparaît de moins en moins que Haïti puisse tirer profit de ces
rencontres puisque nous arrivons difficilement à donner suite aux différentes décisions qui
en résultent. L’absence d’une participation effective d’Haïti à ces activités passe comme si
les préoccupations qui les motivent nous étaient étrangères et ne faisaient pas partie de
notre univers socio-culturel. La difficulté de suivi tient en grande partie au fait que les
institutions d’enseignement supérieur où les préoccupations de ces rencontres devraient se
répercuter, trouver un intérêt et prendre racine n’encouragent pas le personnel académique
à s’engager dans des activités de recherche. La recherche, contrairement à l’enseignement
qui est une activité de très court terme, requiert des investissements matériels bien plus
importants, tout en nécessitant une perspective de carrière pour le personnel qui serait ainsi
attaché à l’institution universitaire d’appartenance, ce qui ne peut être le cas dans les
conditions actuelles de l’exercice professoral. La recherche, si elle existe, demeure chez
nous une activité tout à fait privée quand le chercheur n’est pas tout simplement un
contractuel lié à un commanditaire qui s’appropriant les résultats, ce qui pénalise le
renouvellement et l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Donc les conditions
générales d’émulation à la recherche ne sont pas réalisées ». Popper (1983) pense que
c’est un réel combat que d’implanter une tradition là où il fait défaut . On peut persuader les
gens de la nécessité d’une telle tradition [d’une tradition de recherche], écrit-il, mais cela ne
veut pas dire que cette tradition pourra s’implanter ni qu’elle se développera.
En sa qualité de membre de l’UNESCO, quelle doit-être la contribution d’Haïti à ce
programme, et quels sont les avantages dont elle pourra ? Le handicap résultant des
différents retards d’Haïti dans la mouvance internationale de la modernisation des états
30
présente des avantages et des inconvénients majeurs pour le positionnement du pays dans les
grands programmes internationaux de développement sectoriel.
En effet, les priorités de l’État Haïtien telles que définies dans les différentes tentatives pour
réorganiser le secteur de l’eau et de l’assainissement constituent des avantages qu’il faudra
exploiter en tenant compte bien sûr de l’immense champ de recherche que représentent la
gestion efficiente et l’exploitation rationnelle des ressources en eau. Toutefois, le mode de
fonctionnement de l’administration publique haïtienne, et plus particulièrement des
institutions publiques intervenant dans le secteur de l’eau représente des conditions critiques
à l’intégration effective d’Haïti au PHI.
L’absence d’une tradition de recherche montre déjà que l’intégration d’Haïti à des
programmes internationaux d’enseignement, de formation et de transfert de connaissances
serait dans un premier temps une intégration socio-culturelle avant de devenir une
intégration technique. Le temps, facteur non maîtrisable dans les processus de changements
socio-culturels, aura sans nul doute à augmenter la tendance des inconvénients. Il serait alors
intéressant, de se questionner sur les avantages comparatifs qu’offriraient l’intégration des
institutions d’enseignement supérieur et les organisations à caractère scientifique au
différents programmes définis par les priorités de l’État en matière de gestion et
d’exploitation des ressources en eau.
Spécifiquement, je pense que l’État haïtien aurait intérêt à développer sous l’égide de
l’UNESCO, sur la base d’un programme de « formation d’experts nationaux » en gestion
des ressources en eau, un partenariat avec le autres États membres intégrant le PHI pour la
formation post-universitaire des licenciés haïtiens. Ce programme pourrait se fixer pour
objectif (pour les six prochaines années) la production d'une cinquantaine de docteurs qui
viendraient en retour renforcer le Comité National du PHI, les universités, les laboratoires de
recherche et les associations scientifiques. Ce programme pourrait avoir pour objectif à
moyen et à long terme l’implantation dans le pays de programmes post-universitaires en
gestion des ressources en eau.
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L’UNIVERSITÉ ET LE CHAMP D’INTERVENTION SCIENTIFIQUE : Collecte et
épuration des eaux usées
Pour la constitution d’un champ scientifique en Haïti, écrit Gilles (1998), l’effort à
investir devrait passer par la création d’une association haïtienne pour l’avancement des
sciences qui prendrait la direction d’un mouvement scientifique poursuivant des objectifs
sur les plans culturels, institutionnels et politiques. Il s’agit notamment de gérer les
ressources dont nous disposons avec la rigueur et la discipline requises à fin de
maximiser en quantité et en qualité nos réalisations dans le domaine de la science et de la
tehnologie.
Le Gouvernement du Premier Ministre Alexis a initié en février 2000 une série de réflexions
devant aboutir à la constitution d’un champ scientifique haïtien. Convaincu que dans le
mouvement de mondialisation, l’arrimage à l’évolution des sciences et de la technologie est
indispensable au développement, il propose la création d’un Conseil National de la Science
et de la Technologie (CNST). À priori, cette décision traduit la volonté d’un État
démocratique qui, fonctionnant suivant le modèle de la légitimité rationnelle, veut se
constituer comme étant le lieu de valorisation de la compétence scientifique. Cependant, en
absence de programmes d’études post-universitaires conduisant au doctorat quelles sont les
stratégies et les moyens dont l’État haïtien va se doter pour satisfaire les besoins en cadres
pour asseoir et assurer la pérennité du mouvement scientifique haïtien ? S’il faudrait
subventionner le développement de certains champs d’interventions scientifiques, par
lesquels devrai-t-on commencer? Et sur la base de quels critères?
Mgr. Tshibangu dans: L’Université dans la vie nationale, Revue Congo-Afrique, Janvier
1968, no. 21 avance: “L’Université est une institution qui organise en son sein
l’ensemble des sciences théoriques et appliquées; son domaine est constitué de tout ce
qui peut être sujet d’études et de recherches, menées de manière à former un système
cohérent, intégré dans l’unité de la Science. La transmission du savoir acquis fait l’objet
de l’enseignement du maître. L’institution universitaire a deux composantes essentielles:
maîtres et élèves, lesquels constituent la communauté universitaire. La présence des
32
étudiants, de disciples, est assurée et garantie dès lors qu’il existe à la portée des
candidats aux études supérieures une Institution qui s’impose par la valeur de ses
maîtres, de leurs recherches et de l’enseignement qu’ils dispensent. Les deux conditions
indispensables pour que s’instaure, se poursuivre et se développe l’Université sont: a) les
maîtres d’une part, b) le sens et la qualité de la recherche poursuivie au sein de
l’Université et l’enseignement, d’autre part”.
Pour apprécier l’enseignement donné dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, le
sens et la qualité de la recherche poursuivie par les trois laboratoires qui existent dans ce
domaine, je vais premièrement choisir comme indicateurs de performance les
programmes de recherche en cours dans ces institutions et deuxièment le nombre de
publications produites.
Le Laboratoire de recherche sur les déchets solides travaille en collaboration avec la
Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux sur la caractérisation
microbiologique et physicochimique de toutes les décharges de la République d’Haïti.
Cette recherche est très pertinente pour le pays surtout en ce qui a trait à la contamination
des ressources en eaux souterraines par les lixiviats. Au cours de l’année 1999, ces
institutions ont réalisé à partir d’un support SIG (Système d’Information Géographique)
l’atlas de toutes les décharges d’Haïti.
Le Centre de Recherche en Eau et Assainissement (CREA) travaille en collaboration avec
l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Montréal et le Laboratoire de Qualité de l’Eau
et de l’Environnement de l’Université Quisqueya sur le développement d’un modèle de
gestion intercommunale pour les eaux usées de la région métropolitaine de Port-au-
Prince. Un mémoire de maîtrise en développement urbain et régional intitulé: “Effets des
interrelations entre le réseau de drainage et le développement spatial: le cas de Pétion-
Ville vs Port-au-Prince est réalisé dans le cadre de ce programme de recherche.
Le Laboratoire de Qualité de l’Eau et de l’Environnement (LAQUE) travaille
actuellement sur trois projets multilatéraux: a) en collaboration avec Tuskegee et Auburn
33
Universities, ce laboratoire monte une base de données sur les charges organiques et
inorganiques des eaux usées déversées dans la baie de Port-au-Prince; b) avec la Faculté
Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux, il travaille sur l’efficience de la
zéolithe naturelle dans l’épuration des eaux usées; c) enfin avec l’Institut National des
Sciences Appliquées de Lyon, il développe une filière pour l’épuration des effluents
hospitaliers de la Région Métropolitaine de Port-au-Prince. Il convient de souligner
l’importante contribution de ce laboratoire au renforcement du programme de formation
en Génie Civil option Environnement15 de l’Université Quisqueya.
La communauté scientifique internationale a défini un certain nombre de critères (nombre
de publication, brevets, prix scientifiques, etc…) permettant l’évaluation de l’état
d’avancement de la science et la qualité des travaux scientifiques d’un pays. La RICYT16
(Red Iberoamericana de Indicadores de Ciencia y Tecnologia), suivant les
recommandations issues des ateliers méthodologiques, a adapté aux caractéristiques des
pays latino-américains les indicateurs de résultats élaborés par l’OCDE pour la validation
des travaux scientiques. Dans l’état actuel de la science et de la technologie en Haïti, j’ai
décidé de ne pas tenir compte de ces différents pour apprécier la qualité de la recherche
réalisée par les trois laboratoires. Pour que le grain ne meurt pas, j’ai simpliment essayé
15 L’Université Quisqueya a intégré en 1995 dans sa Faculté des Sciences, de Génie et d’Architecture unprogramme de formation en génie civil option environnement (unique programme de génie sanitaire ougénie de l’environnement actuellement en fonctionnement dans le pays). Sur un effectif moyen 1700étudiants pour toute l’Université, ce programme n’avait que 11 étudiants en 1995. Les travaux de recherche(mémoires de sortie) réalisés au LAQUE, au cours de l’année académique 1998-1999, par les étudiants dela première promotion du programme à savoir : 1- L’approvisionnement en eau potable par les citernesd’eaux pluviales : une alternative pour l’amélioration de la qualité de la vie dans le milieu rural haïtien ; 2-Évaluation de la concentration du fluor dans les ressources en eau de la région hydrographique Centre-Sudd’Haïti; 3- Évaluation de la salinité de l’eau provenant des principaux forages de la plaine du Cul-de-Sacalimentant les camions citernes, ;ont été acceptés et présentés par les étudiants eux-mêmes à la 8èmeConférence Annuelle de la Caribbean Water and Wastewater Association (CWWA) et du 4ème Congrès del’Association Interaméricaine du Génie Sanitaire et des Sciences de l’Environnement (AIDIS) tenue àKingston, Jamaïque du 4 au 8 octobre 1999 ; et à la Conférence sur l’Environnement “HAITIENVIROTECH’99 (CIATH 3), organisée par l’Association des Ingénieurs et Scientifiques Haitiano-Américains et supportée par le Département de Géologie et l’Écoles des Arts et Sciences de l’UniversitéInternational de Floride (FIU), Port-au-Prince, Haïti, 22-25 novembre 1999. Ces travaux sont intégrés à labase de données PASCAL produite par l’Institut de l’Information Scientifique et Technique (INIST) duCentre National de la Recherche Scientifique (CRNS) de la République de France. Sur une populationmoyenne de 2300 (juin 2000), ce programme ne dispose que de cinq étudiants.16 Voir www.ricit.edu.ar
34
de répertorier sur la base des indicateurs présentés au tableau 1 le nombre de publications
réalisées par les chercheurs de ces institutions pour la période allant de 1996 à 2000.
Tableau 1- Travaux scientifiques publiés par les laboratoires de recherche en eau et
assainissement d’Haïti, 1996-2000
Indicateurs 1996 1997 1998 1999 2000
Présentation de travaux dans des
conférences scientifiques avec comité
scientifique
2 4 2 6
Présentation de travaux dans des
conférences scientifiques sans comité
scientifique
1 3 2
Publication d’articles dans des revues
scientifiques avec comité de lecture
1
Publication d’articles dans des revues
scientifiques sans comité de lecture
3
Publications enregistrées au PASCAL17 6
Publications enregistrées au
REPINDEX18
6
Publications enregistrées à EAUDOC19 1 11
Publications enregistrées au PHI20 1
Total 3 7 2 7 30
LA MISE EN OEUVRE DE LA RECHERCHE : essai de bilan et perspectives
d’avenir
17 la base de données PASCAL produite par l’Institut de l’Information Scientifique et Technique (INIST)du Centre National de la Recherche Scientifique (CRNS)18 la base de données produite par le CEPIS (Centro Panamericano de Ingenieria Sanitaria)19 la base de données produite par l’Office International de l’Eau20 la bibliothèque virtuelle du PHI créé par le Bureau Régional de l’UNESCO à Montëvideo
35
Haïti est parmi un petit nombre de pays en développement qui disposent d’équipes de
recherche travaillant sur la problématique de la rareté de l’eau douce, de la gestion
efficiente et de l’exploitation rationnelle des ressources en eau. Quoique dispersées, et
dépourvues de moyens de financement adéquats, ces équipes ont considérablement
contribué à la participation d’Haïti dans des conférences internationales.
En Haïti, l’implantation d’une structure de recherche durable, n’est pas tout à fait
évidente. L’absence de la recherche scientifique dans les programmes de développement
de l’État et le manque d’intérêt du secteur privé sont autant de facteurs capables de
dévaloriser les efforts individuels des chercheurs.
Dans le cadre de la réorganisation du secteur de l’eau et de l’assainissement, il faudra que
l’État dégage un certain pourcentage du budget des différents programmes pour la
formation, la recherche et le développement. De plus, il serait intéressant que l’État
Haïtien introduise dans sa politique étrangère la formation supérieure et la recherche
comme axe de coopération externe. Ces actions pourraient permettre de mobiliser une
masse critique pour la gestion efficiente des investissements programmés pour le secteur.
Dans les vastes programmes d’investissement entrepris par l’État dans le secteur de l’eau
et de l’assainissement, on craint que l’exclusion de la formation et de la “recherche et
développement”, dans leurs cycles d’activités, ne risque de compromettre tous les
bénéfices que le pays pourrait en tirer.
Mathurin (1999) considère: “La maîtrise des connaissances scientifiques et des
technologies est aujourd’hui si déterminante dans le développement d’une société que si
nous laissons persister la situation actuelle, nous mettons en péril l’avenir de notre
société qui est déjà de plus en plus hors du temps présent. Nous serons les seuls
responsables de notre marginalisation sur la scène internationale. Il nous faut certes
reconnaître que l’investissement dans la recherche requiert une disposition particulière,
savoir se projeter un avenir, un monde possible à réaliser par la transformation du
présent. Investir dans la recherche c’est prendre un pari sur l’avenir en se donnant
systématiquement les moyens pour être au rendez-vous. Nous pouvons formellement
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générer et entretenir cette disposition qui devra s’inscrire chez nous comme un reflexe
collectif, garant de notre avenir en tant que groupe.”
Avec la création de la Direction de l’Enseignement Supérieur, et de la Recherche
Scientifique (DESRS) et l’existence des institutions d’enseignement supérieur et des
organisations scientifiques intéressées par la problématique de l’eau et de
l’asssainissement il est souhaitable qu’une réflexion soit initiée autour de la creation
d’une structure nationale (type: Institut ou Conseil National de la Recherche Scientifique
– Eau & Assainissement) pour l’évaluation de l’enseignement, de la recherche et du
développement de technologie dans le domaine de l’eau et de l’assainissement.
Actuellement, le domaine de l’eau se prête difficilement à ce genre d’exercice en raison
de l’éparpillement des différents programmes de formation et des travaux de recherche.
Dans un premier temps, une structure de mise en oeuvre grâce à la création d’une agence
haïtienne coordonnée par la DESRS, chargée de les rassembler et de les faire connaître,
serait une étape positive.
Enfin, pour la prise en compte des différents champs hydrologiques de recherche,
particulièrement celle de la collecte et de l’épuration des eaux usées dans le champ
scientifique haïtien, je tiens à formuler les recommandations suivantes :
1- La création d’un fonds national de recherche sur l’eau et l’assainissement. Ce fonds
pourrait être alimenté par le Bureau du Premier Ministre, les Ministères d’État et les
organismes publics évoluant dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, et le
secteur industriel et commercial ;
2- Recenser les travaux de recherche en cours et les scientifiques du pays qui évoluent
dans le secteur de l’eau et de l’assainissement ;
3- Créer une revue « eau et assainissement » avec comité de lecture. Les associations
scientifiques pourraient solliciter l’appui de l’AUF et du Secrétariat Exécutif du PHI
de l’UNESCO pour la composition du comité de lecture ;
37
4- Créer des Prix Nationaux Annuels pour encourager la recherche libre ou
subventionnée dans le domaine de l’eau et de l’assainissement ;
5- Renforcer les initiatives du Comité National d’Haïti du PHI ;
6- Encourager les laboratoires de recherche existant et valoriser leur effort ;
7- Encourager les équipes de recherche à entreprendre ou à participer dans des projets
multilatéraux avec des chercheurs des autres pays du monde.
REMERCIEMENTS: L’auteur présente ses plus vifs remerciements aux IngénieursPatrice BAPTISTE, Térence NIYUNGEKO, Frantz MÉTELLUS, Pierre ADAM et FrantzGERMAIN de l’Association Haïtienne du Génie Sanitaire et des Sciences del’Environnement (ADISH), au Dr. Ariel AZAEL Vice-Recteur à la Recherche et àl’Extension Universitaire de l’Université Quisqueya, aux Professeurs Jean-Marie RaymondNOEL et Jean Fritz CHAMBLAIN de la Faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haïti,à l’Ingénieur Robenson Jonas LÉGER Président du Centre de Recherche en Eau etAssainissement (CREA), à Madame Venise A. DUBIQUE étudiante en Sciences Politiquesde l’Institut National d’Administration de Gestion et des Hautes Études Internationales(INAGHEI) de l’Université d’État d’Haïti, aux étudiants Joseph OSNICK, PascaleVALÈRE et Kettly THÉLEYS du programme de formation en génie civil optionenvironnement de l’Université Quisqueya pour leur apport inestimable dans la réalisation dece travail. Les idées exprimées dans cette étude n’engagent que l’auteur.
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