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UNIVERSITÉ PARIS DIDEROT - PARIS 7 FACULTÉ DE MÉDECINE Année 2012 __________ THÈSE POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE PAR MARDIEUX JENNIFER Née le 12 décembre 1982 à Saint Germain en Laye (78) Présentée et soutenue publiquement le : ______________ OBSTACLES AU DEPISTAGE DE LA MALTRAITANCE CHEZ LES ENFANTS EN MEDECINE GENERALE Président de thèse : Pr Antoine BOURILLON Directeur de thèse : Dr Laurence BAUMANN-COBLENTZ DES DE MEDECINE GENERALE

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UNIVERSITÉ PARIS DIDEROT - PARIS 7

FACULTÉ DE MÉDECINE

Année 2012 n° __________

THÈSE

POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT

DE

DOCTEUR EN MÉDECINE

PAR

MARDIEUX JENNIFER

Née le 12 décembre 1982 à Saint Germain en Laye (78)

Présentée et soutenue publiquement le : ______________

OBSTACLES AU DEPISTAGE DE LA MALTRAITANCE CHEZ LES

ENFANTS EN MEDECINE GENERALE

Président de thèse : Pr Antoine BOURILLON

Directeur de thèse : Dr Laurence BAUMANN-COBLENTZ

DES DE MEDECINE GENERALE

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REMERCIEMENTS

A Monsieur le Professeur Antoine BOURILLON, merci de me faire l’honneur de

présider cette thèse.

A tous les membres de mon jury de thèse, merci de me faire l'honneur d'examiner

ce travail et de participer à ma soutenance.

Au Dr Laurence BAUMANN-COBLENTZ, merci de votre aide, de votre

disponibilité, et de vos bons conseils, dans la rédaction de cette thèse.

A ma mère, pour son soutien inconditionnel durant toutes mes études. Je ne

t’oublierai jamais, tu resteras dans mon cœur à tout jamais.

A mes sœurs, pour m’avoir supportée durant toutes ces années.

A ma famille.

Et bien sur à mon futur mari, que j’aime de tout mon cœur, et à ma fille, tu es mon

plus grand bonheur et ma plus grande fierté.

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LISTE DES ABREVIATIONS

1. ONED : Observatoire national de l'enfance en danger

2. SNATED : Service national d'accueil téléphonique pour l'enfance en danger

3. BPM : brigade de protection des mineurs

4. ODAS : Observatoire national de l’action sociale décentralisée

5. ASE : Aide sociale à l’enfance

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TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION ……………………………………………………………… 7

1.1. Question de recherche ……………………………………………………... 8

1.2. Objectif …………………………………………………………………….. 8

1.2.1. Objectif principal ………………………………………………………. 8

1.2.2. Objectif secondaire …………………………………………………….. 8

2. CONTEXTE ……………………………………………………………………. 9

2.1. Quelques définitions ……………………………………………………….. 9

2.2. Quelques chiffres …………………………………………………………. 10

2.2.1. Généralités ……………………………………………………………. 10

2.2.2. Cas de l’abus sexuel ………………………………………………….. 12

2.2.3. Quelques chiffres au Canada …………………………………………. 12

2.3. Facteurs de risque ………………………………………………………… 12

2.3.1. Facteurs de risque tenant à l’enfant …………………………………... 13

2.3.2. Facteurs de risque tenant au parent …………………………………... 14

2.3.3. Facteurs relationnels ………………………………………………….. 14

2.3.4. Facteurs communautaires et sociétaux ……………………………….. 14

2.4. Conséquences de la maltraitance ………………………………………….. 14

3. MATERIEL ET METHODE …………………………………………………. 16

3.1. Le choix de la méthode …………………………………………………... 16

3.1.1. La recherche qualitative ……………………………………………… 16

3.1.2. Les différentes étapes de la recherche qualitative ………………….… 16

3.2. Notre étude ……………………………………………………………….. 18

3.2.1. La population …………………………………………………………. 18

3.2.2. L’interviewer …………………………………………………………. 18

3.2.3. Les entretiens …………………………………………………………. 18

3.2.4. Le codage …………………………………………………………….. 19

4. RESULTATS ET ANALYSE ………………………………………………… 20

4.1. Généralités (entretiens et calendrier) ……………………………………... 20

4.2. Thèmes retenus …………………………………………………………… 20

4.3. Résultats ………………………………………………………………….. 21

4.3.1. Connaissances sur le sujet ……………………………………………. 21

4.3.2. Difficulté diagnostique ……………………………………………….. 30

4.3.3. Freins en rapport avec l’enfant et les parents ………………………… 36

4.3.4. Freins ressentis par les médecins généralistes ………………………... 40

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4.3.5. Freins administratifs …………………………………………………... 49

4.3.6. Solutions pour améliorer le dépistage ………………………………… 52

5. DISCUSSION ………………………………………………………………… 60

5.1. Analyse des résultats …………………………………………………….. 60

5.1.1. Définition de la maltraitance …………………………………………. 60

5.1.2. Difficulté diagnostique ……………………………………………….. 63

5.1.3. La révélation ………………………………………………………….. 66

5.1.4. Formation et information …………………………………………….. 69

5.2. Limites et force de l’étude ……………………………………………….. 74

5.2.1. Limites de l’étude ……………………………………………………. 74

5.2.2. Les forces …………………………………………………………….. 75

6. CONCLUSION ……………………………………………………………….. 76

7. ANNEXES ……………………………………………………………………. 79

ANNEXE 1……………………………………………………………………….. 79

ANNEXE 2 ………………………………………………………………………. 80

ANNEXE 3 ……………………………………………………………………….. 86

ANNEXE 4 ……………………………………………………………………….. 89

ANNEXE 5 ……………………………………………………………………….. 92

ANNEXE 6 ……………………………………………………………………….. 94

8. ENTRETIENS ……………………………………………………………….. 104

ENTRETIEN 1 ………………………………………………………………….. 104

ENTRETIEN 2 ………………………………………………………………….. 117

ENTRETIEN 3 ………………………………………………………………….. 122

ENTRETIEN 4 ………………………………………………………………….. 129

ENTRETIEN 5 ………………………………………………………………….. 140

ENTRETIEN 6 ………………………………………………………………….. 152

ENTRETIEN 7 ………………………………………………………………….. 170

ENTRETIEN 8 ………………………………………………………………….. 181

ENTRETIEN 9 ………………………………………………………………….. 194

ENTRETIEN 10 ………………………………………………………………… 204

ENTRETIEN 11 ………………………………………………………………… 212

ENTRETIEN 12 ………………………………………………………………… 222

ENTRETIEN 13 ………………………………………………………………… 231

ENTRETIEN 14 ………………………………………………………………… 243

ENTRETIEN 15 ………………………………………………………………… 250

ENTRETIEN D’UN PEDOPSYCHIATRE ……………………………………... 259

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9. BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………….. 271

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1. INTRODUCTION

La maltraitance chez l’enfant constitue un problème majeur de santé publique et est

malheureusement sous estimée, si l'on prend en compte la fréquence des

souffrances et des conséquences médico-psychologiques, psychiatriques et sociales,

présentées à court, moyen et long terme par les victimes [1].

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (1997), la maltraitance à enfant désigne

les violences et la négligence envers toute personne de moins de 18 ans. Elle

regroupe toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de

sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation

commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de

l’enfant. Il peut s’agir d´atteinte à son intégrité corporelle ou psychique, sa survie,

son développement ou sa dignité, ses libertés individuelles, dans le contexte d’une

relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. Le fait d’exposer l’enfant au

spectacle de violences entre partenaires peut aussi être considéré comme une forme

de maltraitance [1].

Des études internationales révèlent qu’environ 20% des femmes et 5 à 10% des

hommes disent avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance, et 25 à 50%

des enfants déclarent être physiquement maltraités [2].

La maltraitance des enfants concerne, selon l’Observatoire Décentralisé de l’Action

Sociale (ODAS) et le Service National d’Accueil Téléphonique pour l’Enfance en

Danger (SNATED), environ 1 à 2 mineurs sur 1.000 en France. Chez les tout petits,

il s’agit le plus souvent de violences physiques, alors que les violences

psychologiques prédominent chez les adolescents. L’entourage est responsable

dans 80 % des cas. Chez les filles, il s’agit principalement de violences

psychologiques et sexuelles et chez les garçons de violences physiques [5].

Malgré l’ampleur du problème et ses conséquences délétères bien documentées,

leur détection et leur prise en charge restent insatisfaisantes. Nombre d’obstacles

persistent au niveau des médecins et de leur pratique, et des personnes victimes

elles-mêmes: préjugés, méconnaissance, banalisation, évitement, ... [3]

Le médecin en cabinet est un interlocuteur privilégié, premier consulté, acteur

essentiel pour le dépistage, l’écoute, le recueil de l’histoire, le constat de lésions et

l’orientation. Il doit donc être sensibilisé, informé et formé afin de faire face au

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mieux à ces situations complexes qui nécessitent une approche intégrée,

multidisciplinaire et en réseau [3].

Etre confronté à une situation de maltraitance incite les professionnels de santé à un

décloisonnement de leurs pratiques puisque s'impose un travail en partenariat et en

réseau avec l'école, les services socio-éducatifs, les associations mais aussi la

justice et la police [1,4].

1.1. Question de recherche

Quels sont les obstacles au dépistage de la maltraitance envers les enfants ressentis

par les médecins généralistes ?

1.2. Objectifs

1.2.1. Objectif principal

Mettre en évidence les obstacles au dépistage de la maltraitance envers les enfants

ressentis par les médecins généralistes.

1.2.2. Objectif secondaire

Faire apparaître des solutions pour améliorer le dépistage et mise à disposition

d’une fiche synthèse, basée sur les données de la littérature, afin d’améliorer le

dépistage et la conduite à tenir en cas de suspicion de maltraitance.

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2. CONTEXTE

2.1. Quelques définitions

Définition de l’enfant maltraité selon l’ODAS (2001) : « tout enfant victime de

violences physiques, d’abus sexuels, de violences psychologiques, de négligences

lourdes, ayant des conséquences sur son développement physique et/ou

psychologique » [1, 4, 6].

Définition de l’enfant à risque selon l’ODAS : enfant qui connaît des conditions

d'existence qui risquent de mettre en danger sa santé, sa sécurité, sa moralité, son

éducation ou son entretien, mais qui n'est pas pour autant maltraité [6].

Définition de l’enfant selon l’ODAS (2001) : « l’enfant en danger est défini comme

« tout mineur de moins de 18 ans ainsi que tout jeune majeur de 18 à 21 ans

nécessitant une mesure de protection ou une mesure de prévention de l’ASE ou de

la justice » [1].

L’enfant en danger regroupe l’enfant maltraité et à risque. On utilise davantage ces

définitions actuellement.

Définition de l’abus sexuel selon l’OMS (2006) : comme « l’implication d’un

enfant dans des activités sexuelles qu’il ne peut totalement comprendre, pour

lesquelles il est incapable de donner son consentement ou pour lesquelles il n’a pas

la maturité mentale suffisante, ou qui sont en violation avec les lois ou les tabous

sociaux. Les enfants peuvent être abusés sexuellement par des adultes ou d’autres

enfants qui sont, compte tenu de leur âge ou de leur niveau de développement, en

position de responsabilité, de confiance ou d’emprise sur la victime » [2].

Définition des violence psychologiques : visent à contrôler l’autre en suscitant

angoisse, insécurité, peur, isolement et perte d’estime de soi: menaces de mort ou

de représailles, chantage affectif, jalousie pathologique, harcèlement, indifférence,

désinformation, propos agressifs, insultants, humiliants, intimidants ou méprisants

…, punitions excessives [5].

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2.2. Quelques chiffres

2.2.1. Généralités

La maltraitance s’observe à tout âge : nourrisson 10%, petit enfant 15%, grand

enfant 30%, adolescent 40%, adulte 5% [6].

Auteurs des mauvais traitements : famille proche >85% (80%), entourage 10% et

professionnels <3% [6].

Les petites filles sont plus souvent victimes de sévices sexuels que les petits

garçons : on estime à 20 % la proportion des petites filles qui subissent des sévices

sexuels dans l’enfance, alors que le pourcentage est de 5 à 10 % pour les petits

garçons [2,7], et de violence psychologique [5].

La plupart des victimes du syndrome du bébé secoué (SBS) ont moins d’un an.

Entre 7 et 30 % des bébés victimes du SBS meurent et 30 à 50 % ont des

déficiences cognitives ou neurologiques importantes. Enfin, 30 % ont une chance

de guérison, mais présentent à long terme des risques continus de séquelles

neurologiques [9].

Les cas les plus graves s’observent surtout chez les moins de un an, avec une

mortalité proche de 1,5 nourrisson pour 100.000 [5].

Dans l'étude de l’Unité 502 de l’Inserm, pour 9% des morts considérées comme

suspectes, ni la PMI, ni la police n’avaient été alertées ni même contactées. Le

retour d’information ne parvient au pédiatre que dans 37% des cas de signalement

de mort suspecte [10].

Depuis 1998, le chiffre de l’enfance en danger n’a cessé d’augmenter chaque

année, avec au total une hausse de 18% en moins de 10 ans [23].

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Ce sont les enfants à risque qui pèsent le plus dans cette évolution, les enfants

maltraités représentant moins de 20% [23].

Le poids des violences psychologiques a doublé entre 1998 et 2006, en revanche

les violences sexuelles signalées aux Conseils Généraux, se situent depuis 2005 en

dessous de la barre des 5000, le chiffre en 1998. Au total en 2006, les maltraitances

psychologiques et les négligences lourdes représentent 44% des situations

recensées [23]. (Annexe 1)

Le taux de signalement en population générale augmente, puisqu’en 1998, 5

enfants sur 1000 étaient concernés, pour 7 sur 1000 en 2005. L’augmentation des

signalements est liée au public de pré-adolescents et d’adolescents [23]. (Annexe 1)

Seuls 2% des signalements d'enfants en danger proviennent des médecins [4].

Selon l’étude d’incidence nationale de la Child Abuse and Neglect, seulement

environ 1/3 des enfants qui sont négligés et maltraités sont portés à l’attention des

services de la protection de l’enfance [12].

Concernant le signalement des abus par les victimes, il est plus fréquent auprès

d’amis ou de personnes de confiance plutôt qu’auprès des services de police,

services sociaux ou de santé [1].

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2.2.2. Cas de l’abus sexuel

L'étude menée par l'ONED en 2008 sur le chiffre « noir » des violences sexuelles

subies par les mineurs, conclut que près de 3 femmes sur 100 ont été victimes de

violences sexuelles « de manière durable » durant l'enfance [1].

Les sévices sont plus fréquemment commis par une personne de connaissance mais

hors de la famille (62 % à 81 % chez les filles et 84 % à 94 % chez les garçons) [1].

2.2.3. Quelques chiffres au Canada

L’Étude d'incidence canadienne des cas déclarés de violence et de négligence

envers les enfants (EIC) de 1998, a montré que presque les trois quarts des enfants

de moins de six ans étaient victimes de négligence (44 %) ou de violence

psychologique (29 %) [8].

La violence physique (20 %) étant plus courante que les abus sexuels (8 %) pour

les garçons, alors que les abus sexuels (15 %) étaient plus courants que la violence

physique (12 %) chez les filles [8].

Selon l’étude d’incidence de l’Ontario (EIO), menée en 1993, la violence physique

constituait la principale forme de violence (36 %) signalée par les professionnels de

la santé (27% par les médecins de famille), puis la violence sexuelle (29 %) dont

42% de cas signalés par les médecins de famille, et la négligence (26 %) dont 12%

de cas signalés par les médecins de famille.

Les rapports produits par les hôpitaux et les professionnels en santé mentale font

état de 26 % et de 29 % des cas respectivement [11].

2.3. Facteurs de risque

Le risque de maltraitance naît de la conjonction et de l'accumulation de facteurs

individuels et environnementaux à un temps donné, aussi bien pour le(s)

maltraitant(s) que pour la personne maltraitée [5].

Sous-estimée dans les milieux non défavorisés (moins exposés au contrôle social et

maltraitance plus difficile à identifier derrière une façade où tout paraît normal) [5].

Le rapport de l’ODAS publié en 2005 sur le thème de la protection de l’enfance

propose une liste de « facteurs à l’origine du danger » repérés par les travailleurs

sociaux comme cause(s) du danger, qu’il s’agisse d’enfants maltraités ou d’enfants

en risque :

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Carences éducatives des parents : 53 % des enfants signalés

Conflits de couple et séparation : 22% des enfants signalés

Problèmes psychopathologiques des parents : 11 % des enfants signalés

Dépendance à l’alcool ou à la drogue : 11 % des enfants signalés

Maladie, décès d’un parent, chocs affectifs : 5 % des enfants signalés

Chômage, difficultés financières : 15 % des enfants signalés

Cadre de vie, habitat : 7 % des enfants signalés

Errance, marginalité : 3 % des enfants signalés

Autres : 9 % des enfants signalés [23].

2.3.1. Facteurs tenant à l’enfant

- Age moins de 4 ans ou adolescent [2,5].

- Enfant non désiré [2,5].

- Besoins spéciaux ou pleure de façon persistante, anomalie physique [2,13,14,15]

ou mentale [5,14].

- Séparé de ses parents à la naissance (prématuré [5,6,13,14,15,16], pathologie

néonatale), enfant difficile [5,6,14,15], né après un deuil ou grossesse multiple

[5,13,15] ou illégitime [13].

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2.3.2. Facteurs tenant au parent

- Difficulté à établir un lien avec un nouveau-né [2,13,16].

- Antécédents de maltraitances dans l’enfance [2,13,15].

- Un manque de connaissances sur le développement de l’enfant ou des attentes

irréalistes

- Abus d’alcool ou de drogues [2,6,13].

- Difficultés financières [2,13], mère isolée [5,6,13], jeune âge des parents [5,13].

- Antécédents psychosociaux [6,13,15].

2.3.3. Facteurs relationnels

- L’éclatement de la cellule familiale, violences entre d’autres membres de la

famille [2].

- L’isolement par rapport à la communauté ou l’absence d’un réseau de soutien,

une perte de soutien de la part de la famille élargie pour l’éducation de l’enfant [2].

2.3.4. Facteurs communautaires et sociétaux

- Inégalités sexuelles ou sociales [2].

- Chômage, pauvreté [2,15].

- Politiques et programmes inappropriés pour prévenir la maltraitance des enfants

[2], …

2.4. Conséquences de la maltraitance

Des études repèrent des symptômes traumatiques immédiats et le syndrome de

stress post-traumatique, et des effets psychiques à plus long terme, principalement

l'anxiété, les risques dépressifs, les difficultés d'ordre sexuel et domestique [4].

Les conséquences peuvent être d’ordre :

- physiques (céphalées, fatigue, infections transmises sexuellement, grossesse non

désirée [2,17], …) [17].

- psychologiques (syndrome anxio-dépressif, tentative de suicide [1,10,17] et

sexuelles. [17]

- économique, social ou familial (difficultés au travail, à l’école, …) [17].

- comportementaux (délinquance [2], conduites addictives (alcool, tabac, substances

illicites) [1,2,10], troubles du comportement alimentaires [1,4], …) [1,4,10,17].

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Il y a un coût économique lié notamment aux hospitalisations, au traitement des

troubles psychiques, à la protection de l’enfance et aux dépenses de santé à plus

long terme [2].

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3. MATERIEL ET METHODE

3.1. Le choix de la méthode

3.1.1. La recherche qualitative

La complexité des soins primaires requiert de disposer de plusieurs méthodes de

recherche et d’une multitude de techniques de recueils de données [18].

La recherche qualitative est exploratoire, elle est utilisée lorsque les connaissances

sur un sujet manquent ou sont insuffisantes. Elle est particulièrement appropriée

lorsque les facteurs observés sont subjectifs, donc difficile à mesurer [18], ce qui

est le cas de notre étude qui est de déterminer les obstacles ressentis par les

médecins généralistes au dépistage de la maltraitance infantile, et non de les

quantifier.

Cette méthode permet aussi d’explorer les émotions, les sentiments ainsi que les

comportements et les expériences personnelles [18].

La recherche qualitative est parfois définie en référence ou en opposition à la

recherche quantitative. En réalité, il n’y a pas opposition mais complémentarité

entre les deux. La recherche qualitative consiste le plus souvent à recueillir des

données verbales permettant une démarche interprétative [18].

3.1.2. Les différentes étapes de la recherche qualitative

La démarche peut être décrite comme une démarche pas à pas et rigoureuse. La

première chose à faire est de faire le point sur le sujet étudié par une revue de la

littérature [18].

L’étape suivante, primordiale, consiste à définir la question de recherche de façon

la plus précise et claire possible [18].

La deuxième étape porte sur le choix méthodologique théorique.

Il existe différents concepts méthodologiques en recherche qualitative :

- la phénoménologie : compréhension de l’essence des gens et des phénomènes.

- l’ethnographie : immersion du chercheur dans la vie des sujets étudiés et place du

phénomène étudié dans le contexte social et culturel.

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17

- « Grounded theory » ou théorie ancrée : méthode spécifique développée par

Glaser et Strauss (1967) dont le propos est de construire la théorie à partir des

données recueillies [18].

La théorie ancrée nous a paru être le concept le plus adapté pour l’objectif de notre

recherche, du fait du caractère inductif, qui permet de mettre en évidence quelque

chose d’à priori inconnu, dans notre étude, des freins et solutions au dépistage de la

maltraitance envers les enfants, et non pas de confirmer ou d’infirmer des

hypothèses préconçues.

Il s’agit d’un travail exploratoire.

La troisième étape consiste à choisir la technique de recueil de données.

Différentes méthodes de recueil sont utilisables pour avoir des réponses :

questionnaires, entretiens individuels ou entretiens de groupes, autrement appelés

focus groupes [18,19].

Il existe plusieurs types de guide d’entretien : ouvert, fermé et semi-dirigé.

Un guide d’entretien semi-structuré a été élaboré au préalable à partir des données

de la littérature, et enrichi progressivement au cours des différents entretiens au vu

de l’émergence de nouvelles hypothèses et idées.

Les questions doivent être faciles à énoncer oralement, claires et avoir le même

sens pour tous [19], ce qui n’a pas forcément été le cas dans notre guide d’entretien,

ou il m’est arrivé parfois de reformuler la question à plusieurs reprises pour être

bien comprise.

Le rythme va de la question brise glace jusqu’au cœur du sujet.

Nous avons opté pour les entretiens individuels, plutôt que les focus group, du fait

du sujet délicat à aborder.

Les entretiens étaient semi-dirigés, avec de nombreuses questions ouvertes, avec

une trame dressée par le guide d’entretien.

Les entretiens se sont fait oralement, en présence des personnes interrogées. Les

discussions ont été enregistrées intégralement à l’aide d’un dictaphone et

retranscrites en général dans la semaine suivante.

L’échantillon a été choisi et raisonné, afin d’explorer la plus grande diversité

possible du thème étudié. Il ne s’agissait pas de faire une sélection au hasard [18].

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18

La dernière étape consiste à analyser les données. A la lecture des retranscriptions,

le texte est codé, fragment par fragment et réarrangé en une liste de catégories

faisant émerger les thèmes principaux [18].

Le recueil de données s’arrête lorsque la lecture du matériel n’apporte plus de

nouveaux éléments. C’est le phénomène de saturation [18].

3.2. Notre étude

3.2.1. La population

La population devait être concernée par le sujet.

L’échantillon comporte des interviewés aussi différents que possible, en fonction

de l’âge, du sexe, de la durée d’installation, du type et du lieu d’exercice, de façon

à exprimer des avis aussi différents que possible.

Les médecins généralistes ont été recrutés par différents moyens : connaissance,

effet « boule de neige » (recommandé par une tierce personne), médecins ou

internes connus lors de stages hospitaliers.

3.2.2. L’interviewer

Il s’agit de moi-même.

3.2.3. Les entretiens

Les entretiens se sont déroulés au sein des cabinets des médecins généralistes

interviewés.

Certains médecins ont refusé de participer à l’étude par manque de temps pour la

plupart.

Le guide d’entretien est constitué de six parties : généralités, expérience de la

maltraitance, les obstacles au dépistage de la maltraitance, définition de la

maltraitance et les connaissances sur le sujet (Annexe 4).

Les entretiens ont été enregistrés avec l’accord des participants.

La durée moyenne des entretiens était de quarante trois minutes (entre vint-deux

minutes et une heure et vingt-cinq minutes).

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Les entretiens ont été ensuite retranscrits dans la semaine suivante.

3.2.4. Le codage

Le codage a été fait d’une part par moi-même et par ma directrice de thèse, de

manière individuelle, puis mis en commun.

Un codage numérique et en couleur a été mis en place. Les citations (verbatim) ont

ensuite été regroupées par thèmes et sous thèmes.

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4. RESULTATS

4.1. Généralités (entretien et calendriers)

15 entretiens ont été réalisés entre juillet 2012 et avril 2013. Les entretiens se sont

déroulés au cabinet des médecins interviewés.

J’ai interrogé 8 femmes et 7 hommes.

Le caractère raisonné et choisi de l’échantillonnage a permis une diversité d’âge,

de sexe, et de lieu d’exercice (annexe 4).

4.2. Thèmes retenus

Le codage a permis de dégager les thèmes suivants :

- les connaissances des médecins généralistes sur le sujet :

définition de la maltraitance

sur le diagnostic

sur la conduite à tenir, la prise en charge

- difficulté diagnostique

- les freins en rapport avec l’enfant et les parents

en rapport avec l’enfant

en rapport avec les parents

- les freins ressentis par les médecins généralistes

- les freins administratifs

- les solutions pour améliorer le dépistage

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4.3. Résultats

4.3.1. Connaissances sur le sujet

DEFINITION DE LA MALTRAITANCE

Quand on demande aux médecins généralistes quelle définition ont-ils de la

maltraitance, certains donnent une définition plutôt standard, comme on peut

retrouver dans la littérature :

E 1 : « Elle va de la violence directe à la non assistance à une personne en danger,

au manque de soin, d’attention, d’éducation et d’affection, qu’on peut porter à un

enfant »

E 5 : « Je pense que c’est des sévices euh physiques, euh … sexuels, euh … de …

l’indiff…, ouais de l’indifférence, de la négligence et puis euh de la … la …, sévice

psychologique quoi et puis peut-être montrer à des enfants euh … des choses qu’ils

ont pas lieu de voir euh … des scènes intimes qu’ils ont pas lieu de voir »

D’autres donnent une définition plutôt basée sur le ressenti de l’enfant maltraité,

ainsi que sur le retentissement possible :

E 2 : « C’est un mal-être physique, psychologique, euh ... une négligence, enfin..,

voilà »

E 2 : « C’est un enfant en souffrance »

E 6 : « C’est une atteinte à …, à …, à un développement harmonieux aussi bien

d’un …, d’un point de vue affectif, que psychologique, qu’éducatif, que de sa santé,

donc c’est … voilà, tout … tout ce qui peut atteindre le …, un développement euh

… heureux, épanoui et harmonieux de l’enfant »

E 14 : « Je crois que on on peut commencer à parler de la maltraitance à partir du

moment où il y a un impact sur l’individu qui est maltraité »

Parfois la définition de la maltraitance est plus axée sur la maltraitance physique et

sexuelle :

E 3 : « J’ai vu des vrais enfants battus avec des fractures multiples »

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E 8 : « Les situations qui pourraient euh … prêter le plus à …, à … qui pourraient

le plus être qualifiées de maltraitance, ce sont les maltraitances euh sexuelles et

puis les maltraitances dans lesquelles il y aurait des des des des blessures euh chez

les enfants »

Certains médecins évoquent la difficulté de définir la maltraitance, à savoir quelle

est la limite, en fonction de leur vécu et de leur ressenti :

E 4 : « Les violences qu’on trouve normales, habituelles »

E 5 : « C’est la limite qui est difficile. Quand c’est trop on sait enfin, et quand c’est

pas assez on le sent, non enfin pour moi c’est pas carré euh, c’est pas carré quoi »

E 5 : « Je … précisément c’est vrai que je sais pas, c’est peut-être pour ça qu’on a

du mal à dépister, alors »

E 7 : « La maltraitance, bah déjà elle peut commencer verbalement, c’est sur, euh

… bah par rabaisser déjà … l’enfant quoi, …, alors je pense ça peut commencer

très ra…, très rapidement et je pense ça peut arriver déjà à tout le monde »

E 8 : « On doit tous être maltraitant finalement si on réfléchit bien, hein hein, mais

bon, est-ce que si on est trop gentil, c’est pas de la maltraitance »

E 13 : « C’est pas toujours euh facile d’avoir la limite donc c’est là où intervient à

mon avis la personnalité du vécu du médecin, parce qu’il met sa limite là où … »

E 13 : « Moi je pense que ça joue (le vécu du médecin), mais alors ça du coup ça

joue euh forcément euh …, j’allais dire inconsciemment, inconsciemment d’abord

qu’est-ce qu’on estime normal, euh … dans les violences ou pas violences, hein, je

pense qu’on n’a pas tous les même euh …, la même échelle »

Le rôle de l’éducation parentale, intervient également dans la difficulté de définir la

maltraitance, et de savoir où sont les limites :

E 1 : « Et après qu’est-ce qui est du ressort de la loi, qu’est-ce qui est du ressort de

l’éducation du parent »

E 9 : « Après euh … dire où en est l’autorité, est-ce que l’autorité c’est euh … lui

mettre des barrières, c’est empêcher son … développement harmonieux je pense

pas »

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E 14 : « Il peut y avoir des maltraitances psychologiques dans toute forme

d’éducation, même si on pense avoir bien fait »

La récurrence des actes comme définition de la maltraitance a été citée par deux

médecins :

E 7 : « Quelqu’un qui va être maltraitant, je pense ça va être beaucoup plus

fréquent et puis euh … risque d’escalade aussi euh … du verbal, peut-être du

physique »

E 13 : « Peut-être le coté répétitif, le coté récurent du truc »

Lorsqu’on interroge les médecins sur l’intérêt d’avoir une définition standard de la

maltraitance, la plupart estiment que non :

E 3 : « On peut donner toute les définitions qu’on veut du dépistage, faudrait que

tout le monde la connaisse, pour pouvoir l’utiliser, et je sais pas si c’est une

définition seulement qu’il faut »

E 5 : « Non je pense pas, la mal…, on sait tous plus ou moins, enfin avec des mots

clairs mais plus ou moins clairs mais euh … je pense que c’est …, c’est assez

évident la maltraitance ouais »

D’autres au contraire, pensent que ça pourrait être intéressant :

E 12 : « Une définition standard oui, c’est pour ça qu’il faut parler euh …, faut

parler euh petit nègre je dirais en ce moment »

Et un des médecins pense que ça pourrait être intéressant mais plutôt à visée les

parents :

E 13 : « Alors peut-être aiderait les parents à se rendre compte de …, parce que

peut-être qu’il y en a qui se rende pas compte de jusqu’où ils vont, dans leur

propre problème »

Quand on interroge sur la définition de l’enfant, dans le but de savoir jusqu’à quel

âge les médecins pensent à rechercher une maltraitance, la majorité des médecins

ont répondu de la même manière :

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E 1 : « L’enfant maltraité va jusqu'à la définition théorique de l’âge de l’enfant,

euh ... puisque ça peut aller jusqu’à des adultes jeunes, pour moi il n’y a pas

d’âge »

E 4 : « Il n’y a pas d’âge, il n’y a pas d’âge, …, il y a pas d’âge en réalité, ça c’est

humain »

Pour deux médecins, la définition de l’enfant n’était pas si évidente que ça :

E 8 : « Ca dépend ce que vous appelez enfants, si c’est euh …, si c’est bébés,

nourrissons »

E 14 : « Alors les enfants c’est quoi »

DIAGNOSTIC

Ce qui peut amener les médecins généralistes à suspecter les maltraitances sont les

signes cliniques inhabituels :

E 5 : « Les bleus de taille euh …, euh … de taille différente, d’âge différent euh …,

à des endroits euh …, euh inhabituels »

E 8 : « Devant toute lésion orthopédique euh … d’un enfant il faut penser d’abord

au …, à une maltraitance »

E 9 : « Un enfant qui a une cassure de la courbe de poids, on s’aperçoit qu’il est

pas bien c’est vrai que là on s’inquiète »

Il y a également la récurrence des symptômes :

E 1 : « En fait c’est la recrudescence de petits troubles en fait répétés »

E 1 : « Des enfants qui sont amené hyper souvent pour plein de choses, on peut se

poser la question »

E 13 : « Les consultations répétées pour des … non motif »

Est cité aussi l’attitude des parents avec l’enfant :

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E 1 : « Ce qui est intéressant, c’est de regarder le comportement des parents à

l’égard de l’enfant dans le cabinet, on apprend beaucoup quand même sur ce qui

peut se passer à la maison »

E 4 : « L’attitude de l’enfant, hein aussi, l’attitude de l’enfant vis à vis de ses

parents notamment »

E 6 : « Les parents euh avec des …, des gestes brusques ou avec une attitude

inappropriée »

Pour beaucoup de médecins, le comportement de l’enfant est un signe important à

rechercher et à observer :

E 2 : « Des enfants qui … qui communiquent pas du tout »

E 7 : « Des troubles comportementaux, parce que je pense que c’est quand même

plus souvent la dessus que ça se …, que ça se montre quoi »

E 8 : « Si un enfant est anormalement triste, évidemment on se pose des questions »

E 9 : « Quand ils ont une modification de leur …, de leur rapport avec nous »

L’échec scolaire est aussi fréquemment cité :

E 8 : « Peut-être devrait-on … s’enquérir plus de de de de l’évolution scolaire des

enfants »

E 9 : « Il y a des enfants qui sont en rupture scolaire, euh … on recherche aussi à

ce niveau là »

Un seul médecin a parlé des explications non cohérentes du parent vis-à-vis de la

situation, comme signe d’orientation :

E 1 : « Circonstances soit disant accidentelles qui devenaient de plus en plus

louches et puis des déclarations qui collaient pas avec la maman »

Le niveau socioéconomique ou socioculturel comme facteur de risque a été évoqué,

et donc les médecins sont plus attentifs à ces familles là et ont tendance à

rechercher d’avantage une situation de maltraitance :

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E 1 : « Des familles qui sont dans un état de précarité majeure, donc je suis un peu

plus attentif à ceux-là »

E 5 : « Ah bah je pense que euh … le niveau so…, social et économique joue pas

mal, enfin … une mère seule sans argent euh … est plus à risque de … »

E 12 : « C’est pas forcément celle qui …, ceux qui sont le plus bas

socioéconomique, qui s’occupent pas mieux des enfants, donc c’est un critère qui

est … d’orientation mais qui n’est peut-être pas discriminatoire »

Pour d’autres, au contraire, ça n’intervient pas du tout :

E 1 : « Socio-économique, je vais dire non »

E 7 : « Ca peut arriver dans n’importe quel euh ... classe socioculturelle hein »

E 14 : « Alors je crois que ça n’a rien avoir avec le niveau socioculturel, ça je crois

qu’il faut complètement bannir cette idée, parce que elle est fausse, archi fausse »

E 15 : « Je pense pas qu’il y ai de variation au niveau de la maltraitance, en

fonction des niveaux socioculturel ou socio-économiques, si le niveau socioculturel

nous parait bon, on aura tendance à pas vouloir le rechercher, mais après c’est

vrai que peut-être inconsciemment, on est peut-être moins attentif quand même,

mais euh …, disons qu’on le sait que normalement ça existe partout quoi »

Les facteurs de risque connus, sont cités par quelques médecins :

E 4 : « Les situations familiales difficiles, on est dans la prévention précoce, la

prévention primaire, pour éviter que les choses se fassent, cela on les voit

effectivement le plus possible, effectivement on les lâche pas »

E 5 : « Une maman alcoolique, enfin ou un couple euh … alcoolique, où il y a des

maladies mentales euh …, euh un enfant non désiré, ça on le sait pas toujours quoi

mais …, mais une mère jeune aussi, une mère adolescente »

E 6 : « On sait que les enfants sont quand même …., sont quand même à risque,

effectivement si il y a déjà eu des soucis avec des enfants de la fratrie, et puis après

euh … j’ai envie de dire c’est …, c’est un peu les facteurs de risque comme on …,

comme on nous les apprend finalement hein, le parent isolé euh …, le handicap de

l’enfant »

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Quand on demande aux médecins s’ils connaissent les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion, la majorité cite les examens radiologiques :

E 2 : « Euh ... au niveau physique bah oui, euh les radios, les examens, voilà »

E 5 : « Radios du corps entier, crane inclus, euh … voilà, euh … pour moi c’est ça

les examens »

E 7 : « Ca peut aller au scanner cérébral qu’il y ait pas des héma…, un hématome

euh …, euh sous dural, extra dural »

Quatre médecins citent les examens biologiques :

E 7 : « Peut être déjà aussi des prise de sang déjà standard pour voir qu’il y ait pas

de troubles ioniques, des choses alimentaires, ça peut être des carences

alimentaires »

Deux médecins évoquent l’intérêt d’une évaluation psychologique :

E 8 : « Une évaluation auprès d’un d’un d’un psychologue, d’un psychiatre »

Et un seul parle du cas de l’abus sexuel :

E 7 : « Si c’est sexuel, l’examen euh … gynécologique, d’éventuel prélèvements »

CONDUITE A TENIR ET PRISE EN CHARGE

Quand on interroge les médecins sur la conduite à tenir en cas de suspicion de

maltraitance, beaucoup préconise de faire hospitaliser l’enfant, avec souvent un

faux prétexte :

E 1 : « Moi je crois beaucoup aux réseaux hospitaliers aussi, enfin pédiatres pour

tout ce qui est doute sur le dépistage, le doute sur la négligence, c’est à dire euh ...

où il n’y a pas mise en danger véritablement de la vie de l’enfant »

E 2 : « Appeler le ... le pédiatre aux urgences, et puis euh ... les prévenir, je vous

envoie quelqu’un même si c’est pas tout à fait le bon motif »

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E 10 : « Je pense que l’hospitalisation est bien, …, c’est certainement la meilleure

solution, pour le dépistage »

E 13 : « Le plus simple pour moi, mais ça c’est jamais présenté, ça serait de les

envoyer à l’hôpital, pour une fausse excuse, c’est pas évident »

Les Unités Médico-légales (UML) ont aussi été citées comme structure d’accueil,

chez deux des médecins :

E 1 : « Si ça vient de se passé, c’est UML direct »

E 3 : « On a quand même à Versailles aussi une unité médico-judiciaire, hein qui

euh …, voilà, plus pour les … oui pour une suspicion pour une jeune fille, donc

pour faire l’examen gynéco euh …, voilà hein »

La notion de danger de l’enfant et le fait de devoir le protéger entre dans la

conduite à tenir pour certains médecins généralistes :

E 1 : « Il n’y a jamais d’attitudes absolues sauf l’urgence quand on voit que

l’enfant est en danger, où là bien sur il faut l’hospitaliser contre vents et marées si

il faut »

E 1 : « L’isolement de l’enfant peut-être nécessaire dans ses cas …, dans certains

cas euh …, quand ça vient de se passer »

E 7 : « Je pense que se serait déjà sortir l’enfant du milieu à risque »

E 9 : « C’est vrai qu’il faut protéger l’enfant »

En ce qui concerne l’écrit du signalement peu de médecins savent comment le

rédiger, en dehors des médecins de PMI :

E 4 (médecin de PMI) : « Moi j’essaie toujours de donner des arguments qui sont

objectifs, je ne rentre pas dans l’interprétation. Je donne le fait, je décris la lésion

telle qu’elle est, point »

E 5 : « La lettre de signalement ? euh … je décris les lésions, je décris ce que je

vois, c’est …, c’est ce que je … ouais, je ais faire une lettre très descriptive euh …

sans interpréter euh … voilà, pour moi c’est ça le signalement »

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E 11 : « Si il y a un enfant en danger comment on le signale, quoi »

E 13 : « Vous marquez un peu au pif euh ce que vous pensez au pif, donc c’est un

peu euh …, c’est un peu flou »

En ce qui concerne les différents intervenants à contacter en cas de suspicion pour

avoir un conseil ou une aide, les réponses sont assez variées.

En cas de danger immédiat de l’enfant, les médecins pensent d’abord à contacter le

procureur :

E 4 : « Je vois un enfant qui à l’évidence est maltraité, qui va rentré et qui va de

nouveau être maltraité et que sa vie est en danger, je peux être amené à faire

effectivement un signalement judiciaire directement au procureur »

E 5 : « Si vraiment euh …, je sens qu’il y a une … un danger imminent, le

procureur »

E 11 : « Ah bah si il y a vraiment une grosse suspicion dans l’urgence, c’est euh …

normalement c’est le signalement au procureur »

E 13 : « Si je suis sur d’une … d’une maltraitance, euh … que normalement je crois

que je suis … obligé d’appeler directement le procureur de la république »

En l’absence de danger immédiat, deux des médecins pensent qu’il faut faire appel

au Conseil général :

E 1 : « On peut passer par les services sociaux, ou par l’espace territorial, ça se

passe très très bien souvent »

E 5 : « Si c’est pas un danger imminent euh j’appelle le conseil général »

Pour d’autres c’est la PMI qu’il faut contacter :

E 8 : « Je pense que l’a l’a l’a l’attitude logique dans ce genre de situation c’est de

contacter le … le …, effectivement la PMI, les médecins qui sont …, qui sont

responsable du secteur »

Certains médecins parlent encore de la DDASS alors que cette institution ne gère

plus l’aide sociale à l’enfance, confiée maintenant au Conseil général :

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E 8 : « Je pense qu’il faut quand même se faire aider et donc téléphoner à la

DDASS »

E 10 : « Je pense que la meilleure façon c’est quand même de téléphoner à la

DDASS pour que … euh …, pour qu’ils s’en mêlent »

D’autres passent par le Conseil de l’ordre des médecins :

E 3 : « Je commencerais par passer un coup de téléphone au conseil de l’ordre

avant toute chose et voilà, pour la saisine »

E 9 : « Moi souvent j’ai téléphoné au conseil de l’ordre »

Un médecin évoque le juge :

E 14 : « Faut appeler le … le juge, ça je je …, je connais les procédures »

Une seule personne a parlé du 119 :

E 5 : « Je vais appeler le 119, je pense »

La brigade des mineurs ou la police sont aussi cités pour avoir de l’aide et un des

médecins pensent que le signalement se fait au niveau de la police :

E 7 : « Je sais pas ou le commissariat si il faut »

E 13 : « Euh … bah la brigade des mineurs »

E 15 : « Je me renseignerais, à ce moment là effectivement en contactant la police

et voir avec eux ce qu’ils attendent comme signalement

Les Assistantes sociales et les puéricultrices font aussi partie des personnes à

contacter :

E 13 : « On a quand même les assistantes sociales qui sont pas mal euh, on fait

intervenir l’assistante sociale quoi ou la … la puéricultrice de secteur »

De même que les psychologues :

E 9 : « Les avis de maltraitance on l’envoie souvent chez un psychologue »

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E 11 : « Il y a une psychologue dans le cabinet médical avec qui je pourrais en

parler, si je pense que si j’étais vraiment confronté à un gros gros doute »

Ou les pédiatres de ville :

E 7 : « Je pense que j’appellerai euh les pédiatres »

E 9 : « On envoie chez le pédiatre en demandant son avis sur euh … sur cet enfant,

ça permet d’avoir deux yeux »

Ou d’autres confrères médecins généralistes :

E 11 : « J’ai plusieurs collègues avec qui je pourrais en parler »

Ou l’intervention du collège ou du lycée :

E 1 : « On peut passer aussi par le collège ou lycée »

J’ai interrogé deux médecins de PMI, qui connaissent très bien les procédures et

notamment la cellule départementale, et les suites données :

E 4 : « Une situation préoccupante est décrite par une équipe, et la cellule

centralisée des informations préoccupantes (CCIP) des Yvelines rassemblent toutes

ces informations et va décider ou pas d’un signalement judiciaire ou d’une

évaluation sociale »

E 4 : « Pour que le juge se saisisse, lui il lui faut de l’objectif, il lui faut du sur,

pour pouvoir engager euh …, bah soit une enquête policière si il y a besoin, soit

mettre en place une aide éducative ou un placement judiciaire »

E 4 : « Dès lors où il y a un déni, ou il y a un refus euh de participation, ça va

toujours au juge, toujours »

E 6 : « Quand il y a pas de signes avérés immédiats euh, ça peut être dans l’écrit

qu’on envoie à la CIP, demander à ce que l’enfant soit examiné euh … dans un

second temps, pour euh …, pour une expertise médicale, une expertise

psychosociale »

Certains médecins pensent à ne pas faire appel directement à un intervenant

extérieur, mais plutôt de reconvoquer l’enfant :

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E 9 : « Si un enfant il a un problème, c’est vrai qu’on les reconvoque »

E 11 : « Je pense que je reparlerai, je reconvoquerai la famille »

4.3.2. Difficulté diagnostique

Un des freins important est la difficulté à faire le diagnostic d’une maltraitance.

Il y a tout d’abord le fait qu’il n’y a pas d’outil validé au dépistage ni de signes

spécifiques pouvant faire évoquer une maltraitance :

E 3 : « On n’a pas de critères euh …, on n’a pas de grille de décisions, et donc…

oui bien sur »

E 7 : « C’est toujours plus facile quand on a son petit questionnaire euh … tout

près euh …, on se pose moins de questions, si on a un outil validé »

E 9 : « Quand vous examiner un enfant qui a pas de traces, c’est pas évident »

E 11 : « Bah c’est beaucoup plus difficile bien sur, ça on est complètement

d’accord »

E 13 : « Comme c’est des symptômes un peu atypiques et il suffit que voilà »

Le manque de temps est également un frein au dépistage cité par les médecins

généralistes, non pas qu’ils ne prennent pas le temps en cas de situation complexe

ou douteuse, mais ce qui ressort c’est surtout le fait d’être moins attentif et d’aller

au plus pressé :

E 1 : « »Vu le le le… boulot qu’on a et vu qu’on va au plus pressé »

E 2 : « C’est sur que si euh ... j’ai une heure de retard dans ma consultation, je

serais moins attentive à tous ces petits détails là »

E 10 : « Le manque de temps il est certain, mais ça mérite …, quand on tombe sur

un truc comme ça, ça mérite un peu de temps quand même, ouais, on peut se mettre

un peu en retard »

E 13 : « C’est chronophage hein, ça prend du temps, une fois que vous êtes

embringué la dedans, c’est pff, c’est foutu »

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Pour d’autres médecins, le manque de temps n’est pas un frein :

E 3 : « La perte de temps non, après on l’a ou on l’a pas, mais non, la perte de

temps, non »

E 8 : « Il doit trouver le temps de …, de s’organiser pour le le …, cette action, il le

trouve pour d’autre chose, donc euh … voilà, non ça ne me paraît pas être un

problème »

Un autre frein est le doute diagnostic, et pour certain c’est un obstacle majeur :

E 1 : « Je pense que l’obstacle majeur il est l’incertitude, l’incertitude de faire

fausse route »

E 4 : « C’est très rare d’avoir des certitudes dans ce genre de situations »

E 10 : « J’ai été confronté euh … à …, à une suspicion euh … assez … assez

importante, …, mais enfin j’en étais pas trop certain »

E 14 : « C’est le frein, c’est le frein, c’est le fait que on ne fasse que de la

suspicion et qu’on ne sache pas »

Un médecin pense que le doute diagnostic n’est pas un frein :

E 15 : « Non je pense pas parce que euh …, parce que si même si vraiment on

avait un vrai doute, …, il y a moyen effectivement je pense toujours de pouvoir

faire un bilan de santé global »

Le manque de preuves fait parti aussi des freins :

E 1 : « En fait on n’a pas ..., on a des faisceaux de présomption, on a rarement des

preuves »

E 3 : « On peut pas d’emblée dire aux parents, vous maltraitez vos enfants euh …

sans avoir de preuves (hein, hein), tout simplement, hein»

E 4 : « Après faut que ce soit prouvé, donc euh …, ça nous échappe, ça, ça nous

échappe »

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La peur de se tromper, de faire un faux diagnostic de maltraitance et d’engager des

procédures, avec les conséquences que ça peut avoir, est un frein cité par les

médecins :

E 10 : « Il faut dire que si on se trompe, c’est grave quand même, c’est très grave »

E 11 : « Le tout c’est être sur de …, enfin être sur de pas se tromper »

E 14 : « La peur de l’erreur bah oui, d’engager euh …, de s’engager dans …

d’engager la … une famille dans un dédale qui va être euh … douloureux si jamais

c’était faux »

Le plus souvent la peur de l’erreur, c’est celle du sous diagnostic :

E 1 : « Moi j’avoue je pense me planter régulièrement et malheureusement souvent

à mon insu »

E 4 : « La peur de l’erreur, tous les jours, de mettre trompé dans …, que j’ai pas vu

un enfant qui est maltraité, bien sur, ça c’est tous les jours, c’est évident »

E 8 : « La peur de l’erreur ça serait la peur du sous diagnostic »

Pour un des médecins de PMI, la peur de l’erreur et plutôt celle de l’écrit

professionnel :

E 6 : « La peur de l’erreur pff, euh … c’est c’est ça, c’est c’est vraiment le …,

l’écrit professionnel, c’est vraiment faire très attention à ce qu’on …, à ce qu’on

écrit, à ce qu’on dit »

Pour certains médecins, ce n’est pas un frein :

E 2 : « C’est pas quelque chose qui euh ..., me semble un frein »

Certains médecins estiment que ce n’est pas leur rôle de dépister, et que ce serait

plutôt celui de l’école, de la PMI, ou d’autres intervenants :

E 6 : « Souvent quand c’est repéré, c’est au niveau des écoles »

E 7 : « Je pense quand même que une nounou ou l’école qui va voir l’enfant euh …

toute la journée, je pense seront plus à même de dépister que … »

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E 7 : « Puis est-ce que c’est euh … mon rôle après, ou jusqu’où on va quoi »

E 8 : « Généralement ce sont plutôt les les …, les enseignants qui s’aperçoivent de

quelque chose et qui … à ce moment là nous adresse l’enfant »

E 14 : « Un enfant qui va raconter quelque chose et on sait pas si c’est vrai, c’est le

problème des juges »

Il y a des médecins qui reconnaissent leur manque d’implication, le fait de ne pas

avoir été au bout dans les démarches pour affirmer ou infirmer une suspicion de

maltraitance :

E 1 : « C’est vrai que j’ai peut-être pas eu un suivi qui a été assez rigoureux »

E 8 : « J’ai pas été tellement plus loin, mais effectivement j’aurais peut-être … pu

aller plus loin »

E 8 : « Je pense que le généraliste se .... euh …, si l’idée d’une maltraitance lui

traverse le cerveau euh … va se reposer un petit peu sur …, a peut-être tendance,

enfin moi en tout cas, à se reposer sur les urgences hospitalières »

Pour un des médecins il n’y a pas de manque d’implication, mais plutôt un défaut

de sensibilisation et formation :

E 15 : « Je pense pas qu’il y ai une implic…, manque d’implication volontaire de

certains médecins, je pense que c’est plus effectivement euh …, on va dire quelque

chose qu’ils ont peut-être moins conscience, moins connaissance, peut-être moins

formé »

Quand on demande on médecins généralistes, quelle est la maltraitance la plus

difficile à repérer, la majorité des médecins disent qu’il s’agit de la maltraitance

psychologique :

Le plus souvent parce qu’il n’y a pas de traces :

E 9 : « Psychologique, il y a pas de traces, hein hein, il y a pas de traces, c’est

quelque chose de très pernicieux »

E 14 : « A mon avis la maltraitance la plus difficile, c’est la maltraitance

psychologique, c’est pas visible »

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Mais aussi par manque de temps :

E 6 : « Mais la maltraitance la plus difficile c’est la maltraitance psychologique,

c’est celle qui sur 20 minutes, se verra pas forcément »

E 12 : « Psychologique il faut avoir le temps de … »

Et par manque de connaissance pour la dépister :

E 3 : « Pour moi si il devrait y avoir un dépistage il devrait être fait par un

pédopsychiatre ou dans un CMP, hein »

E 5 : « La maltraitance psychologique donc euh … qui est difficile à dépister, donc

euh si les psychologues nous trouvent des petits trucs euh »

4.3.3. Freins en rapport avec l’enfant et les parents

L’ENFANT

Les médecins ont mis en évidence plusieurs freins en rapport avec l’enfant :

Il y a tout d’abord un frein important qui est que l’enfant cache la maltraitance par

réflexe de protection le plus souvent, n’en parle pas, et les médecins évoquent la

difficulté à les faire parler :

E 1 : « Beaucoup d’enfant qui visiblement …, qui vivent peut-être des violences

morales à la maison, ils en parlent pas, ils éludent le sujet même quand on

l’aborde »

E 4 : « Quand je vous disais que l’enfant montre des choses, c’est justement cette

façon de se protéger lui même, bien sur, bien sur »

E 7 : « C’est un genre de protection quoi, qui … qui se mette autour …, autour

d’eux »

E 9 : « C’est vrai que ça cache énormément, il y a quand même une certaine …, un

certain mutisme de ce coté là »

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E 13 : « Je sais pas comment on peut faire parler un enfant, enfin sincèrement là

euh … »

Un seul médecin a évoqué la peur des représailles des parents sur l’enfant :

E 15 : « On peut ne pas le dire, de … effectivement de … de peur ensuite des

représailles ou de pas savoir ce qui peut se passer derrière »

La présence du parent en consultation est aussi un frein pour faire parler l’enfant :

E 5 : « Je pense que c’est …, l’enfant il le dira pas, enfin … si les parents sont là,

ou alors sauf si il est conflit vraiment »

E 12 : « L’enfant je pense qu’il peut aussi très bien ne pas le dire, si son père est là

il va se prendre une nouvelle rouste »

Un médecin a évoqué comme frein la menace du parent sur l’enfant :

E 2 : « Il y a probablement parfois des menaces »

L’enfant a tendance à protéger son parent, par amour pour lui, le rôle affectif de

l’enfant vis-à-vis de ses parents est aussi un frein :

E 1 : « Il y a une attitude clairement protectrice de l’enfant qui protège ..., qui

protège l’agresseur et ça c’est un frein énorme »

E 6 : « L’enfant a vraiment de la loyauté envers les parents, donc euh … il va les

…, il va les protéger »

E 14 : « La maltraitance psychologique est est est effectivement …, moi je l’ai vu

chez des enfants euh … avec qui, pour euh … ne ne plus …, ne plus supporter, mais

qui étaient prêt à revenir chez eux par contre quand même »

Le mensonge de l’enfant peut être aussi un frein, par le biais du doute diagnostic :

E 9 : « Les avis de maltraitance on l’envoie souvent chez un psychologue, …, pour

discerner en fait quelle est la part de l’adulte et quelle est la part de l’enfant et

effectivement est-ce qu’il y a maltraitance »

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E 10 : « Le sujet de la conférence en fait était de nous mettre en garde contre

certains dire des enfants, qui étaient souvent un peu affabulateurs » En parlant

d’une conférence sur la maltraitance.

Le manque de confiance envers le médecin a été cité par deux médecins comme

frein au dépistage :

E 2 : « Le fait d’avoir à faire à un adulte, qu’on ne connaît pas bien ou quand …

j’ai pas réussi euh à le mettre en confiance »

E 6 : « Souvent, c’est rarement à nous qui le dise, c’est plus souvent quand ils ont

un lien avec un adulte référent »

LES PARENTS

Un des freins important qui met en difficulté le médecin généraliste est le déni des

parents :

E 1 : « Elle était dans le déni complet de ce qui arrivait à son nourrisson »

E 4 : « Malheureusement ils en ont pas toujours conscience et quand ils en ont

conscience, ils sont dans la négation, de la chose »

E 6 : « Il y a une forme de …, de pas vouloir voir la vérité en face, oui, c’est pour

ça que se sont des parents qui sont pas en mesure de …, de protéger leur enfant »

E 10 : « On voit bien quand on essaie d’en parler que euh … les gens ont pas envie

de savoir souvent, la mère a pas envie de savoir »

Un autre frein est que le parent maltraitant peut-être protégé par l’autre parent :

E 6 : « on a des …, des parents qui sont aliénés l’un à l’autre, avec un parent

violent et puis l’autre qui protégera l’autre parent plutôt que son propre enfant »

E 10 : « Difficile d’en parler à la mère qui bon souvent hein, essaie de couvrir le

mari »

Il y a aussi la peur de la punition, des conséquences ultérieures, qui fait que les

parents n’abordent pas le sujet :

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E 7 : « Je pense que oui qu’il aurait tout intérêt à le cacher, … ,je pense que la

peur du …, de la punition euh …, à mon avis fait que … il viendrait pas en parler »

E 8 : « Je pense que bien sur les parents euh … maltraitant euh … euh … ne

doivent pas souhaiter que ça se sache, donc euh … sont évidemment euh …, euh …

les parents maltraitant doivent s’arranger pour le cacher »

Le nomadisme médical, ou le manque de suivi, a aussi été évoqué comme un frein

au dépistage :

E 1 : « Il y a un peu le nomadisme médical quand même, c’est à dire qu’on va voir

un enfant où on voit éventuellement des choses, on le note, et puis on pense qu’on

va le revoir le mois suivant, et ça se trouve on le verra pas avant 6 mois »

E 1 :« Si par hasard il n’y avait pas de procédures mises en route ou si il y a eu

quand même quelque chose et que les gens changent, il peut y avoir une perte

d’informations, c’est que le nouveau confrère vu peut ne pas avoir l’information de

ce qui c’est passé, donc on peut avoir une perte de chance pour l’enfant »

E 11 : « Bah ce qui vienne pas régulièrement à leur consultation, ça oui, hein hein,

ça clairement parce que ils disent on n’a pas le temps »

L’autorité parentale, et le refus de prise en charge par les parents peuvent freiner

certains médecins dans le dépistage :

E 6 : « Dans l’absolu même un enfant suspect de maltraitance à l’école, on peut

pas euh … constater les coups en déshabillant sans l’autorisation des parents »

E 6 : « Jusqu’où l’autorité parentale, c’est c’est parfois mise à mal hein, quand ils

sont maltraités jusqu’où on peut aller »

E 10 : « On peut pas adresser un gosse à un psychologue si il y a pas de plainte des

parents, et hein hein si ce sont des parents maltraitant ils vont pas … accepter

d’emmener leur enfant chez le psychologue »

E 13 : « Mais euh … si j’ai une suspicion et je l’envoie chez quelqu’un, si ils

veulent pas y aller, ils y iront pas, alors ça …. faut pas …, faut pas rêver hein »

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Il y a un frein majeur qui est le contexte de conflit entre les parents, les situations

de divorce, où l’enfant est souvent pris en otage et ce qui est mis en évidence c’est

la difficulté de déterminer si il y a vraiment maltraitance ou pas :

E 5 : « Ca peut-être l’outil entre les deux parents …, et ça peut-être vraiment une

maltraitance, enfin ça peut vraiment être quelque chose quoi. Là je trouve ça

difficile, ouais, de …, de dépister ce genre de … »

E 7 : « C’est pas évident quoi, de qui ça vient, parce que si c’est d’un parent par

rapport à l’autre, là je me poserais beaucoup de questions de savoir savoir si c’est

la vérité »

E 10 : « Le couple va déjà mal et … est en instance de divorce, alors à ce moment

là on vous pousse au contraire à dire oui vous voyez il y a eu attouchement alors

que souvent c’est même pas le cas »

4.3.4. Freins ressentis par les médecins généralistes

Il existe différents freins au dépistage ressentis par les médecins généralistes.

Un des freins majeurs est que les médecins ne pensent pas à dépister et à rechercher

la maltraitance :

E 1 : « Probablement j’ai du passer à coté de choses, comme beaucoup de gens »

E 2 : « Il y a des… des enfants qui euh ... qui doivent avoir des ..., des soucis de

maltraitance et que... bah j’y fais même pas…, je l’évoque même pas »

E 7 : « Les obstacles c’est juste d’y penser »

E 8 : « Je pense que … ce n’est pas quelque chose à laquelle le médecin généraliste

pense spontanément »

E 14 : « Un frein euh pas pas forcément peut-être dans la démarche, mais dans euh

l’éventualité de se poser des questions »

Le fait de ne pas y penser peut être lié à la peur d’être confronté à cette situation et

d’aller plus loin :

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E 1 : « On la redoute énormément, on a peut-être pas envie de la voir tout le temps,

et donc peut-être des petits signes inconsciemment, on va les laisser passer »

E 13 : « Qu’est-ce que je ressens comme obstacle au dépistage, euh … pff, je vous

dirais euh … des fois c’est peur qu’ils me disent oui presque, c’est un peu …, un

peu ça en fait hein, la peur de …, de se dire mince je suis dans la situation et ça va

pas le faire »

E 14 : « S’engager surtout dans une galère, ça c’est une galère hein hein, parce

que c’est … c’est toujours très compliqué ces histoires là, c’est excessivement

compliqué »

C’est également un sujet tabou, difficile à aborder par les médecins généralistes :

E 6 : « J’aurais du mal à lui dire là il y a un moment c’est bon vous maltraitez

votre enfant »

E 8 : « Bien sur, évidemment c’est un sujet très difficile, si euh … je vous

soupçonne de …, euh … si …, même même en en enrobant la chose, si on dit à

quelqu’un je vous soupçonne de …, de maltraitance, euh évidemment que c’est …,

que c’est un sujet difficile à aborder »

E 11 : « C’est un sujet très très délicat en méde…, d’autant plus en médecine

ambulatoire qu’en …, qu’à l’hôpital »

E 13 : « Peut-être les les agressions sexuelles, truc comme ça, truc carrément euh

…, très tabou, du coup euh …, on est sur qu’il y a un …, faut pas le dire quoi »

Pour certains médecins, au contraire ce n’est pas un sujet difficile à aborder, mais il

faut y mettre les formes et ne pas parler directement de maltraitance :

E 7 : « Non ça me poserai pas de problème de l’aborder, faut mettre les formes,

c’est comme pour tout »

E 14 : « C’est pas facile, mais j’ai aucune difficulté à à l’aborder »

Quand le médecin est devant une situation de conflit parental, il a plus de faciliter à

aborder le sujet :

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E 15 : « Si on revient à notre exemple là de … de couple séparé, de garde alternée

et ou la personne vient en parti consulter pour ça, on va dire là ça s’aborde on va

dire assez facilement je trouve, du coup puisque c’est un …, presqu’une demande

de la part de …, du patient »

En parler directement à l’enfant est aussi difficile pour certains médecins, et ce

d’autant plus en présence du parent :

E 8 : « Je ne demande pas … aux enfants effectivement, et là j’ai peut-être tord euh

… est-ce que tu as souvent des fessées, ça j’y pense pas, je … c’est pas une

question que je pose, ça je devrait peut-être »

E 8 : « C’est vrai que ça c’est une question que je …, que j’aurais tendance à …,

j’aurais peut-être un petit peu de mal à poser en présence de la maman »

E 10 : « Même poser des questions en particulier à l’enfant, c’est difficile aussi.

Enfin c’est vrai dire qu’on se pose jamais de questions c’est …, c’est difficile »

L’intrusion dans la vie privée des gens, intervenir dans le mode d’éducation est

également un frein cité par les médecins généralistes :

E 3 : « Il y a peut-être des choses d’ailleurs …, des enfants que je trouve maltraités

psychologiquement, alors que … voilà on fait rien, et que c’est un mode de

fonctionnement familial »

E 9 : « On est obligé de composé avec, avec la façon dont ils élèvent les enfants, ce

qui est pas évident »

E 10 : « Vraiment intervenir dans la vie des familles, dans le …, non pas que je

veux me mettre en retrait, mais c’est très difficile »

E 11 : « Pour les populations Africaines, la … la claque, la gifle, tout ça c’est des

choses qui sont monnaie courante dans l’éducation, enfin on pas le droit entre

guillemet en France, euh … c’est sur que c’est difficile d’expliquer à un papa ou à

une maman Africaine que taper sur son enfant c’est pas une méthode d’éducation

qu’on pense être justifiée, euh … ça c’est clair que ça joue »

Un autre frein important est les conséquences négatives sur l’enfant et son

entourage en cas de suspicion de maltraitance ou maltraitance avérée :

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E 5 : « On peut vite abîmer une famille aussi, faut faire attention quoi »

E 6 : « Des fois on fait plus de mal que … que de bien »

E 10 : « J’ai peur de mettre la la … la pagaille dans une famille hein surtout, c’est

ça, c’est surtout ça »

E 10 : « Bon on fait aussi beaucoup de mal en voulant absolument dépister à tout

pris toute maltraitance »

E 11 : « Maltraitance ou une suspicion de maltraitance, …, ça peut être très très

violent et très dévastateur »

Un des freins majeur au dépistage ressenti par quasiment tous les médecins

généralistes, est le manque d’objectivité face à une relation médecin patient

installée depuis plusieurs années :

E 5 : « Je pense que le fait de connaître trop bien, ça peut freiner et puis freiner à

dépister et euh … à le dire, …, je pense qu’on a pas les même yeux, la même

objectivité »

E 8 : « Nous avons plutôt tendance à …, je crois à avoir une relation assez euh …

euh … assez cordiale avec nos patients et … voilà, nous ne sommes pas …, enfin je

pense pas que les médecins généralistes soient tellement dans le …, dans la

suspicion de ce genre de chose, je pense pas que ce soit sa nature euh … »

E 8 : « On soupçonnera … plus difficilement euh quelqu’un euh … avec qui on a

une relation euh ..., euh … ancienne et de bonne qualité »

Cependant ça ne les empêche pas d’intervenir ou de signaler en cas de situation

avérée :

E 7 : « Si vraiment il y a des preuves ou il y a un fort doute, enfin, ou il y a un doute

sur …, sur un enfant je prendrai pas le risque, même si c’est quelqu’un que je

connais depuis 15 ans »

Mais parfois cette relation est vue à son avantage, car le médecin peut peut-être

plus facilement repérer les changements de comportements de l’enfant, s’il le

connait bien :

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E 9 : « Il faut vraiment bien connaître les enfants, il y a des enfants qu’on connaît

bien, donc on s’aperçoit quand ils ont une modification de leur …, de leur rapport

avec nous »

Mais des fois il préfère l’adresse quand même à quelqu’un d’autre avec un regard

neuf du fait de cette proximité, pour avoir un autre avis :

E 9 : « On connaît les enfants et tout ça, on préfère que ce soit quelqu’un avec un

regard neuf qui …, qui … qui nous aide »

E 13 : « Je comprends un peu les situations …, voilà, donc peut-être que …, peut-

être que c’est …, si c’est quelqu’un de neutre c’est mieux »

La maltraitance est une situation très difficile à gérer par les médecins généralistes,

et ils ressentent plein de sentiments qui vont de la frustration à la colère. Les

émotions, le vécu, ou les représentations peuvent être un frein au dépistage :

Au niveau du ressenti il y a plein d’émotions qui ressortent de ses entretiens :

Il s’agit d’une situation qui peut mettre mal à l’aise, stresse :

E 1 : « On se sent très mal, on se sent très mal »

E 6 : « Je pense on est tellement euh … mal à l’aise à chaque fois »

E 7 : « Je pense un peu stressée quand même, hein, hein »

Certains se sentent impuissant :

E 2 : « Je me suis sentie impuissante et puis euh ..., j’ai … oui bah et limite

incompétente »

E 5 : « Je me sens pas assez armé en fait »

Pour d’autres c’est la colère :

E 14 : « Du ressenti, euh de la colère ça c’est évident »

De la culpabilité :

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E 13 : « Il y a quand même une euh …, pas une … culpabilité c’est un peu fort,

mais euh …, c’est traumatisant quand même »

De la frustration :

E 1 : « On maîtrise rien, ça c’est très dur »

E 4 : « On a du mal à accepter »

E 6 : « Mmm c’est dommage, mais oui on fait pas bien tout le temps »

Certains disent avoir été traumatisé :

E 5 : « Par contre j’ai eu un bébé secoué. Ouais. Euh … ça ça m’avait

traumatisée »

E 8 : « J’étais simplement choqué »

De la peur :

E 9 : En parler d’emblée avec la famille en disant je crains une maltraitance,

probablement c’est très mal vécu, donc ça peut donner des réactions de violence »

E 11 : « Il y a des parents qui seront plus violent, qui seront …, où on aura un peu

peur »

Et il y a aussi le poids de la culpabilité :

E 1 : « Il y a des parents qui seront plus violent, qui seront …, où on aura un peu

peur »

E 11 : « On peut pas porter cette responsabilité tout seul, enfin à moins d’avoir les

épaules très très fortes et d’être très sur de soi »

Le manque d’expérience peut être un frein :

E 5 : « Peut-être parce que j’en ai pas encore vu, je suis encore trop jeune »

E 8 : « Certainement que maintenant j’agirais euh … un petit peu différemment, je

serais peut-être plus interventionniste maintenant avec le recul, avec l’expérience »

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E 14 : « Il y a beaucoup de médecins qui ne savent pas euh … qui …, et et et et

coment coment procéder, si on a jamais été confronté euh dans ses stages euh ou

en ville »

Quand on demande aux médecins si le vécu du médecin joue un rôle, les réponses

sont unanimes :

E 4 : « Oh ça joue énormément ça, bien sur, bien sur. En fonction de ce qu’il a

vécu avant, de ce qu’il a lui même vécu dans son enfance, énormément, de sa vie

actuelle, de sa vie de couple, de sa vie de famille actuelle, oui, bien sur »

E 5 : « Notre personnalité, notre vécu euh … va représenter notre façon de

travailler hein, surtout pour des choses comme ça qui sont pas …, qui sont pas

obje… »

E 10 : « C’est un ressenti aussi une maltraitance, c’est un ressenti personnel »

E 14 : « Normalement ça doit pas jouer, hein pour être claire, normalement on est

euh …, on doit être complètement neutre, vis-à-vis de tout, voilà. Alors après …, il

y a ce qui devrait être, et ce que nous sommes, on a … on on reste des êtres

humains »

E 15 : « On est censé avoir les, techniquement on va dire les compétences pour

prendre en charge euh … sans vraiment euh … entrer dans l’émotionnel »

Pour certains médecins le vécu peut parfois excuser certains comportements :

E 6 : « Ca nous aide à avoir un coté sans doute plus bienveillant par rapport aux

parents, y compris les parents euh … qui qui ne traitent pas forcément bien leurs

enfants »

E 13 : « Puis on connaît les situations donc au dep…, peut-être qu’on excuse aussi

les choses des fois »

Un seul des médecins parle du rôle des croyances religieuses :

E 13 : « Les croyances religieuses, il y a des trucs qui se disent pas, puis voilà,

donc bon, je pense que ça joue hein, même si les …, on le verbalise pas »

Certains médecins ont des préjugés qui peuvent freiner au dépistage :

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Au niveau du niveau socioculturel ou socioéconomique :

E 3 : « On est dans un quartier un peu privilégié quand même » (en parlant du rôle

du niveau socioculturel dans le fait d’évoquer ou pas une maltraitance)

E 11 : « C’est une femme euh …, enfin qui élève seule son enfant, qui est black et

qui à … mon avis avait pas que une suspicion de maltraitance derrière, hein hein »

(en parlant d’une fausse accusation de maltraitance)

Au niveau de la fréquence des maltraitances :

E 10 : « Mais les harcèlements c’est très difficile, ça c’est beaucoup plus fréquent

que les maltraitances d’enfants »

L’isolement du médecin par rapport à l’hôpital est aussi un frein :

E 5 : « On est seul là, enfin, c’est dur »

E 9 : « Un médecin qui est isolé face à lui même hein, et sans avoir le moyen de

discuter avec un …, un de ses collègues pour pouvoir parler du même patient et

qu’il le connaisse, c’est vrai que c’est pas évident »

E 11 : « Seul isolé dans le cabinet de ville oui je pense que c’est très très difficile,

ça c’est sur, l’isolement et la solitude oui »

E 14 : « L’hôpital permet du coup de prendre en charge, et de de … de canaliser et

de rentrer dans un circuit qui est un peu plus facile »

Le médecin se sent seul par rapport à l’hôpital, du fait de la peur de la plainte :

E 5 : « En cabinet de ville tout seul comme ça, c’est plus difficile qu’à l’hôpital, on

est protégé par le système à l’hôpital hein, protégé par la hiérarchie, protégé par

l’hôpital tout cours, enfin si il y a quelque chose euh »

La peur de la plainte est donc aussi un frein cité par les médecins :

E 3 : « Un enfant sans les parents, je peux pas examiner si il y a un moindre souci

parce que je …, ça peut pas se …, enfin je veux pas que ça se retourne contre

nous, oui je pense que c’est là surtout qu’est le frein »

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E 10 : « Ca peut être un frein oui bien sur parce que … oui, je crois qu’on est plus

ou moins protégé »

E 14 : « La peur de la plainte oui, c’est surement c’est surement un frein »

Mais pour la plupart ce n’est pas un frein :

E 2 : « C’est pas quelque chose qui euh ..., me semble un frein »

E 8 : « Je pense pas qu’on est peur de de plainte des patients dans un cadre comme

ça, du tout »

Pour une majorité des médecins le fait de ne plus suivre l’enfant ou la famille par la

suite, n’est pas un frein :

E 1 : « Si on doit perdre le patient parce que il part ailleurs, qu’il veut plus en

entendre parler, bon c’est euh …, c’est …, j’en fais pas de scrupules »

E 14 : « Bah tant pis, si on a du faire quelque chose euh …, qui a permis euh … »

Pour d’autres, ça peut être un frein, mais plus en amont, avant que les procédures

soient mise en route, par risque de perdre le suivi et d’une perte de chance pour

l’enfant :

E 1 : « On peut aussi perdre le contact avec la famille tout doucement et ne plus

pouvoir signaler, ne plus avoir de traces »

E 5 : « Bah oui, le risque qu’ils partent dans la nature et qu’on les revoit plus »

E 9 : « En fait c’est des gens qui peuvent être reperdu dans la nature sans que vous

ayez de …, de moyens d’avoir de nouveau contact »

Pour un des médecins, par contre ça peut être un frein :

E 12 : « Oui, ça peut être un frein, automatiquement, quand vous dites merde à

quelqu’un, vous perdez 10 personnes derrière »

Les facteurs économiques ne semblent pas être un frein :

E 3 : « La perte de revenus, sûrement pas »

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E 9 : « Oh non non, pas du tout, honnêtement alors là, c’est vraiment …, du moins

dans le cas ici, je veux dire que ça n’intervient absolument pas »

La plupart des médecins évoquent le manque de formation comme frein au

dépistage :

E 1 : « L’obstacle il est peut-être encore une fois le manque de formation »

E 8 : « Peut-être que … euh … si on … organisait des formations continues

concernant la maltraitance, on y penserait plus »

E 9 : « La maltraitance psychologique, je pense qui est la plus fréquente, euh … il

nous faudrait euh …, la formation adéquate pour pouvoir nous aider et puis nous

nous orienter »

E 14 : « Il y a pas de formation sur le sujet »

Le manque de temps pour les formations est un frein important :

E 7 : « C’est toujours le problème d’une question de temps »

E 10 : « On peut pas se permettre de de de rater une journée »

Ou le manque d’implication :

E 7 : « Moi je sais que c’est pas bien, j’ai tendance à une fois que la porte du

cabinet est fermée, c’est fermé quoi »

E 12 : « Il y a de moins en moins de gens qui se forment »

4.3.5. Frein administratif

Un des freins administratifs majeur est le manque de connaissance sur la conduite à

tenir en cas de suspicion de maltraitance et sur qui contacter :

E 1 : « C’est très très difficile de savoir ce qu’on doit faire quand on … »

E 5 : « C’est vrai que si j’ai un enfant avec une maltraitance avérée qui vient chez

moi, je sais ce qu’il faut faire hein dans l’absolu »

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E 13 : « Il y a des difficultés pratiques administratives certes, ça c’est sur, ça y a

pas photo »

E 14 : « Il y a beaucoup de médecins qui ne savent pas euh … qui …, et et et et

coment coment procéder, si on a jamais été confronté euh dans ses stages euh ou

en ville, on sait pas »

Certain médecins ne savent pas qui contacter en cas de suspicion de maltraitance :

E 5 : « Je connais pas tous les réseaux non plus »

E 15 : « Si le médecin connait pas bien le secteur, il sait pas a qui adresser, enfin

des contacts, euh … c’est vrai que ça peut être euh … euh … compliqué »

En ce qui concerne la cellule départementale, la moitié de médecins ne la

connaissent pas (8 sur 15 médecins) :

E 7 : « Bah écoute, j’en ai jamais entendu parler, mais c’est bon à savoir »

E 14 : « Là aussi c’est de leur faute » (en parlant du fait que la cellule

départementale soit peu connue)

Le manque de retour d’information des services administratifs est aussi un frein :

E 1 : « Par contre on n’a pas d’informations sur ce que devient ce signalement et

l’enquête en cours, là ça pourrait être intéressant par contre que dans le cadre

d’un réseau qu’on est un retour »

E 6 : « C’est souvent assez frustrant, mais on a pas systématiquement un retour »

E 9 : « Quand on ne passe pas par l’hôpital, on n’a pas toujours le retour »

De même les médecins ne sont pas toujours satisfaits des mesures mises en place

par l’administration et doute de leur efficacité :

E 3 : « Parfois les mesures qui sont prises sont un petit peu drastiques alors que…,

il est pas bien chez lui mais il est souvent plus mal ailleurs quoi »

E 6 : « On a des solutions qui sont pas forcément adaptées »

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La mauvaise coordination entre les différents intervenants, le peu de relation est

aussi évoqué :

E 3 : « J’ai pas forcément de bonnes expériences avec l’assistante sociale qui va

un peu… tout mettre en œuvre sans faire de preuves »

E 6 : « C’est vrai que le lien est pas suffisant entre eux et nous et des fois quand on

crée un lien autour d’une situation, c’est très intéressant pour les deux » (entre la

PMI et les médecins de ville)

E 14 : « On est soumis à la pression euh euh des … des enseignants, qui nous

obligent hein »

Ainsi que la difficulté à accéder aux différents intervenants, notamment les

psychologues :

E 3 : « Alors là, on a un frein, nous, qui est l’accès au psychologue qui est…

extraordinairement compliqué »

E 5 : « Pour moi je pense que ça peut être difficile, mais euh, mais parfois on est

étonnamment surpris par des réseaux euh qui sont très très réactifs »

E 9 : « C’est pas évident parce qu’on a pas beaucoup de …, de correspondants

avec lesquels on puisse euh …, avoir un RDV rapidement ou converser ou envoyer

l’enfant pour avoir un avis »

E 13 : « C’est le parcours du combattant quoi, pour joindre la personne »

En ce qui concerne le partage d’information, le secret médical, la plupart des

médecins savent qu’on peut lever le secret médical en cas de situation de

maltraitance à enfant :

E 1 : « Cette loi effectivement elle est pour ..., surtout dans les grosses choses, elle

nous permet de casser le secret médical, ce qui est important »

E 1 : « On peut-être coupable de ne pas avoir agit, ouais donc non non c’est un cas

qui est …, où il me semble on est protégé par la loi »

E 13 : « Alors je sais que je peux dévoiler le secret médical, si je suis sur d’une …

d’une maltraitance »

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Mais ce n’est pas forcément évident pour tout le monde :

E 2 : « Bah le secret médical, qu’est- ce que je peux dire »

E 13 : « La grand mère m’a fait jurer de le dire, de pas le dire »

4.3.6. Solutions pour améliorer le dépistage

Plusieurs solutions ont été proposées pour améliorer le dépistage de la maltraitance.

En ce qui concerne les solutions pour améliorer le diagnostic, certains médecins

proposent d’avoir un outil validé au dépistage :

E 1 : « Effectivement il faut avoir des outils, des outils ou des relances qu’on arrive

pas à avoir en cabinet »

E 5 : « Mais peut-être des petits outils, ouais ça serait peut-être pas mal »

Certains médecins aimeraient avoir des outils plutôt pour dépister la maltraitance

psychologique :

E 14 : « Dans le domaine psychologique euh les … les outils c’est … c’est une aide,

d’utiliser quelque chose de très rationnel pour engager une conversation»

E 9 : « un outil pour dépister la maltraitance psychologique, serait intéressant »

Des médecins pensent qu’utiliser un outil en médecine de ville est difficilement

réalisable :

E 1 : « Après sur les tests en eux mêmes je crois qu’il sont irréalisables en

médecine de ville »

E 4 : « On aura jamais un outil qui fera 100% des cas, et se reposer que sur un seul

outil est dangereux, si on fait l’erreur de faire que ça, on va passer à coté d’un

certain nombre de situations »

E 5 : « Bah je vois pas trop ce qu’on peut avoir comme outil sur le dépistage de

toute la maltraitance, en fait, enfin … il y a plusieurs maltraitances »

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Un des médecins de PMI propose de faire un outil pour repérer les facteurs de

risques :

E 4 : « Ces indicateurs de risque de maltraitance sont bien connu maintenant, et

qu’on connaît effectivement …, oui pourquoi pas en faire un outil »

Examiner l’enfant entièrement et bien regarder le carnet de santé font aussi parti

des solutions proposées :

E 1 : « Je pense qu’il faut surtout examiner l’enfant, un vrai examen clinique de

l’enfant, déjà on dépiste beaucoup de choses »

E 12 : « Il y a le sens clinique et l’observation et l’interrogatoire et l’observation

surtout »

E 1 : « L’intérêt du dossier informatisé c’est comme on a tout noté dans le dossier,

dans le carnet de santé, et bah on peut reprendre »

E 11 : « A priori le carnet de santé n’a pas été ouvert et c’est dommage parce que

il y aurait eu d’autre trace d’ecchymoses ou d’autre suspicion dans le carnet de

santé ça aurait été bien qu’on en tienne compte, et c’était pas du tout un enfant

maltraité »

Des médecins ont évoqué l’intérêt de faire un dépistage systématique en

ambulatoire ou dans le cadre de la PMI :

E 1 : « Est-ce qu’il faut organiser des dépistages systématiques, …, enfin on

pourrait imaginer un plan départemental au moins à l’essai ou des choses comme

ça ou je sais pas du tout »

E 6 : « C’est quand même aussi à ces occasions là, qu’on peut repérer un enfant

qui …, qui voilà qui est totalement inhibé, qui … qui va pas bien et ça peut être un

…, un premier repère intéressant »

Mais pour la plupart des médecins ce n’est pas réalisable en pratique :

E 4 : « Les dépistages systématiques, c’est très bien. Ca a deux dangers, un de voir

tout le monde maltraitant, deux surtout de ne pas avoir le personnel pour le

faire,…, on a pas assez de temps pour le faire. Et à mon avis c’est pas réalisable »

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E 10 : « Je vois pas comment on pourrait faire un dépistage systématique,

d’ailleurs, c’est tellement varié »

E 14 : « Honnêtement je crois pas, on va pa…, on va passer à coté de … de plein

de choses »

E 15 : « Je suis pas sur que se soit si simple que ça, et avoir des résultats on va dire

qui peuvent être reproductibles entre euh … différents médecins etc., donc euh …

c’est compliqué à mettre en place »

Ou doutent de son intérêt :

E 5 : « Est-ce que si on fait un dépistage par exemple comme on fait là les RDV

annuel ou mensuel chez l’enfant euh …, est-ce que c’est à ce moment là qu’on

verra quelque chose euh »

E 13 : « C’est pas évident, tient tu vas pour ton RDV pour savoir si tout va bien à la

maison …, je suis pas sur que ce soit à ce moment là où il …, que l’enfant va se

décider pour parler hein, ouais moi je …, moi je dirais plutôt non même »

Et pour certains il est fait à priori dans le cadre du suivi habituel de l’enfant :

E 8 : « Si un enfant a très très peur en consultation euh …, hurle dès qu’on le

touche euh … évidemment on se pose des questions, mais ça on le fait, ça c’est …,

si c’est ça le dépistage systématique, il est fait »

E 11 : « C’est fait de manière euh subtile dans ces circonstances là (visites

habituelles) »

Le fait que le parent soit présent en consultation fait aussi que ce dépistage n’est

pas réalisable :

E 3 : « Ca me paraît compliqué parce que la grille on va la reprendre avec les

parents »

E 11 : « Si on demande aux parents, allez faire votre euh …, votre truc de dépistage

euh … de maltraitance à l’enfant, je pense que … ceux qu’ils le sont ne viendront

pas, enfin ... à mon avis »

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La mauvaise coordination entre les différents intervenants est un frein majeur, et

donc les médecins aimeraient une amélioration de cette coordination, ils mettent en

avant l’importance d’avoir un bon réseau :

E 1 : « Avoir une mise en réseau, peut-être contacter un service municipal, un

service territorial ou autre sans qu’il y est forcément branle bas de combat mais

pour qu’on puisse avoir une circulation d’information »

E 5 : « Un réseau en médecine mais on se sent beaucoup moins seul, c’est …, et

puis euh … au moins on sera pas le seul à le voir quoi et seul à décider »

E 7 : « Ca nous facilite beaucoup les choses, quelqu’un qui sait ce qui faut faire,

qui vous dit vous inquiétez pas, vous nous envoyer la famille ou ce soir on passe

chez eux, enfin tout de suite, je pense qu’on se pose moins de questions et justement

on ira peut-être plus facilement si on a un doute »

E 14 : « Ca fait parti des choses que tout tout médecin installé devrait savoir, qu’il

existe une cellule qu’on peut, il suffit de les appeler, que ils peuvent nous aider

dans les démarches, et que …, c’est simple »

E 15 : « Je pense que le fait que les études soient communes peut arriver aussi à

une certaine euh … coordination un peu plus en réseau avec plus de

communication entre les …, entre les différents intervenants, ça je pense que c’est

positif ouais »

Les médecins de PMI aimeraient aussi améliorer ce lien avec les médecins

généralistes :

E 6 : « Ce serait peut-être améliorer le lien avec nos confrères de ville, qu’ils

puissent plus facilement nous interpeller, et qu’on puisse mettre en place une …,

une passerelle entre eux et nous quand ils sont embêtés »

Certains médecins mettent en avant l’importance d’avoir un lien aussi avec l’école :

E 13 : « Je pense que là pour le coup les médecins scolaires, ils ont un rôle, ou les

médecins de crèche etc., et là il y a pas une très bonne coordination »

Pour d’autres c’est améliorer l’accès aux différents intervenants :

E 3 : « J’aimerais avoir un correspondant à qui je peux adresser en cas de

suspicion »

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Notamment l’accès au psychologue pour aider à dépister la maltraitance

psychologique :

E 9 : « Oui qu’on est plus de psychologues en ville, et que les CMPP aient plus de

moyens pour qu’on puisse nous avoir plus … plus facilement un …, un … euh … ce

type de consultation qu’on voudrait en urgence »

L’intérêt des groupes de pairs pour pouvoir discuter d’une situation difficile et

partager son expérience, fait parti des solutions proposées :

E 8 : « C’est toujours intéressant … de de de de …, en particulier pour le

généraliste, d’être confronté à des gens qui ont un exercice différent donc euh …,

oui bien sur se réunir en groupe »

E 11 : « Ca je pense qu’on le fait tous un petit peu de manière euh … sous

officieuse, hein hein, et oui bien sur, sur ce genre de cas on a besoin de parler avec

d’autres professionnels »

E 14 : « Groupe de pairs bah tout ce qui est interactif, euh euh … humain, un peu

plus un peu plus vivant, un peu plus parlant »

Selon certains médecins, les médias, par le biais des campagnes d’informations

peuvent aider les médecins :

E 4 : « Je pense qu’on devrait aussi avoir une information grand public qui

reprennent effectivement quel enfant pourrait être maltraité »

E 8 : « Peut-être qu’on pourrait envoyer un mail de temps en temps aux médecins,

pensez-vous à la maltraitance, hein hein, ça suffirait peut-être, parce qu’on y pense

plus »

Ou les parents, les enfants :

E 5 : « Alors moi j’ai été très étonné de voir dans les carnets de santé des enfants

qui naissaient dans le 78 je crois, le truc bébé secoué là euh … ils ont une petite

fiche euh … attention à ne pas secouer votre bébé, et bah il y a pas ça dans tous les

départements, donc ça peut-être euh … le généraliser »

E 6 : « Que les gens connaissent le 119, que les …, que même les enfants

connaissent le 119, dès qu’ils sont suffisamment grand pour le faire »

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E 11 : « C’est pas mal ça aussi, sous forme d’affichage, sous forme de vieux

posters, parce que je pense qu’il y a des gens qui se …, qui se rende pas compte de

certaine choses et euh … avec des petits dessins ils peuvent le comprendre »

Un médecin parle de l’information qui pourrait être faite au niveau de l’école :

E 6 : « On parle d’éducation sexuelle, est-ce qu’on leur parle aussi de leur droits,

euh … de leur droit d’enfant, de ce que les adultes ont pas le droit de faire, est-ce

que eux même se confieraient plus facilement, plus leur parler à eux dans le cadre

de l’école »

Certains médecins sont réservés vis-à-vis des médias :

E 7 : « Après un enfant en bas age euh …, il y a quand même toute une catégorie

euh … bah je dirais et en plus c’est ceux qui sont le plus difficile à dépister, euh …

donc … la catégorie la plus à risque reste …, je pense restera non touchée par …

par cette campagne »

E 15 : « Vis à vis de la population, cibler les moyens de communications, essayer

de l’adapter en fonction de la population, et là comme on veut un peu toucher tout

le monde, c’est …, c’est pas non plus facile à … faire »

Une autre solution est d’améliorer la formation, surtout pour améliorer et connaitre

la procédure à suivre :

E 14 : « Une une formation de de 24 heures à 48 heures, parce que on ressort avec

euh euh … la liste des intervenants, euh … la façon de procéder et puis après »

Par FMC :

E 8 : « Peut-être qu’une FMC pourrait y faire penser, mais euh … une FMC d’une

journée suffira probablement »

Internet :

E 7 : « Par le biais d’Internet, de recevoir euh … euh … pff il y a …, il y a des sites

de labo qui envoient des …, enfin des choses pas mal faite par des médecins »

Revues de littérature :

E 6 : « Revues de littérature, oui, ça j’aimerais bien »

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Stages en PMI, ou a l’ASE :

E 1 : « Il existe des stages déjà en PMI ou autre, faut peut-être axer là-dessus »

E 4 : « Faudrait un vrai stage dans les services de l’ASE »

Sous forme de tutorat :

E 1 : « Sous forme de tutorat, faire des examens, apprendre à faire des examens

cliniques »

Ou les soirées thématiques du soir ;

E 11 : « Les soirées thématiques du soir si c’est vraiment indépendant, ça peut être

intéressant quand c’est vu par le département »

Que ce soit aussi plus enseigné à la faculté :

E 6 : « Que ce soit plus enseigné à la fac »

E 15 : « Je pense que le fait que les études soient communes peut arriver aussi à

une certaine euh … coordination un peu plus en réseau avec plus de

communication entre les …, entre les différents intervenants, ça je pense que c’est

positif ouais »

Pour beaucoup de médecins, ce qui est important dans les formations, c’est d’avoir

des formations interactives, avec de multiples intervenants formés :

E 8 : « Une FMC dans laquelle il y aurait différents intervenants dont des … des

médecins de PMI, oui certainement ça se…, ça serait une FMC qui …, qui aurait

…, qui pourrait avoir du succès probablement »

E 14 : « Euh je trouve que la la seule formation euh qui qui …, qui apporte quelque

chose, c’est une formation interactive »

Une des choses importantes citée par les médecins généralistes, est l’importance

d’avoir un dialogue avec les parents, d’instaurer une relation de confiance, et

d’améliorer l’aide aux parents, aussi bien à visée du dépistage que de la prise en

charge ultérieure :

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E 1 : « Je mise beaucoup sur le contact, le contact euh c’est à dire que même si j’ai

une… une suspicion de quelque chose, je considère que le contact avec le parent

est primordial »

E 15 : « Le fait de sentir que le médecin s’intéresse et euh … évoque ce type de …,

c’est plutôt vu positivement on va dire de la part des …, des patients »

E 1 : « Je pense que c’est au niveau presque de ..., de l’état, des régions qui faut

qu’il y ai une prise en charge mieux sans doute de ces familles là »

E 3 : « Dans certain cas il faut le sortir de son milieu mais dans d’autres cas je

pense qu’il faut le laisser dans son milieu et aider les parents, ce qu’on fait pas »

E 6 : « Quand on est médecin on essaye toujours de …, de trouver du positif dans

ce qu’on va proposer, en disant vraiment que c’est une aide »

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5. DISCUSSION

5.1. Analyse des résultats

5.1.1. Définition de la maltraitance

Les définitions ont une connotation souvent trop légale ou trop psychosociale pour

que les médecins praticiens puissent les comprendre facilement. Les définitions,

surtout celles que l’on donne à la négligence ou à la maltraitance psychologique, ne

sont pas claires. L’absence d’indices précis accompagnant ces définitions donne

lieu à une interprétation personnelle des cas et, probablement, à leur non-

signalement pour certains. Les médecins praticiens n’ont parfois pas accès

facilement aux définitions qui sont données aux cas devant être dénoncés [11].

On voit bien que les médecins interrogés, ont parfois du mal à définir la

maltraitance, certains connaissent très bien la définition de l’OMS qui reprend les

différents types de maltraitance et qui parle de l’impact sur l’individu. Mais

beaucoup définissent la maltraitance selon une interprétation personnelle

notamment pour les définitions de la maltraitance psychologique ou de la

négligence, ce qui peut être un frein pour plus ou moins dépister et signaler en

fonction de comment les médecins définissent la maltraitance.

En utilisant des définitions plus larges on risque d’avoir des probabilités de

signalement beaucoup plus élevées que ceux qui utilisent des définitions plus

restreintes [11].

En France, une nouvelle loi réformant la protection de l’enfance a donc été

promulguée le 5 mars 2007. À travers cette loi, le législateur a abandonné la notion

« d’enfants maltraités » trop restrictive par celle « d’enfants en danger », soit « des

mineurs dont la santé, la sécurité, la moralité sont en danger ou risquent de l’être ou

dont l’éducation ou le développement sont compromis ou risquent de l’être » [1].

Le nombre d’enfants concernés est donc forcément plus important, et la définition

est plus vaste. La difficulté est de savoir de quelle manière on interprète cette

notion de risque de danger, et il y a un risque important d’interprétation bien trop

extensive.

Les valeurs, les croyances et les perceptions personnelles, ont également un rôle

dans l’interprétation personnelle des cas de maltraitance.

Il y a une part de subjectivité dans la perception du danger.

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Le facteur culturel et le rôle de l’éducation parental, à savoir quelle est la limite

entre la maltraitance ou le mode éducatif, est aussi un frein.

En République de Corée, par exemple, 67% des parents interrogés dans le cadre

d’une étude récente ont admis fouetter leurs enfants pour qu’ils obéissent et 45%

ont dit leur donner des coups de poing ou des coups de pied ou encore les battre.

Une étude faite en Ethiopie a montré que 21% des écoliers en milieu urbain et 64%

des écoliers en milieu rural présentaient des bleus ou des tuméfactions dus aux

punitions que leur avaient infligées leurs parents [15].

Les médecins n’ont pas la même attitude, par exemple face aux punitions

corporelles. Leur attitude face à ces punitions, à savoir jusqu’à quel point ils les

acceptent, peut influer leur décision de dénoncer ou non un cas présumé de

violence envers un enfant [11].

Un autre frein au dépistage constaté lors des entretiens, est que certains médecins

ont une approche plus physique ou sexuelle de la définition de la maltraitance.

Dans leur étude, Morris et ses collègues (Canada) ont, comme beaucoup d’autres,

constaté que les formes de violence envers les enfants les plus fréquemment

signalées par les médecins sont effectivement les blessures physiques. L’approche

bio médicale empruntée par les médecins les amène souvent à négliger les signes

non physiques de la violence (troubles psychologiques que peut présenter un enfant

ayant souffert de négligence affective ou d’un manque de soins appropriés de la

part de ses parents pendant une longue période) [11].

On peut également noter qu’aucun des médecins interrogés n’a parlé dans la

définition de la maltraitance, de l’exposition de l’enfant à la violence conjugale.

Elle fait pourtant partie de la définition de la maltraitance de l’OMS en 1997, et

pourtant dans les chiffres recensés de l’ODAS sur les problématiques à l’origine du

danger, les violences conjugales n’ont été recensé qu’à partir de 2006, ce qui

montre que ces violences ont des répercussions importantes sur l’enfant [23].

Elle est relativement fréquente (40 à 68% des enfants en sont témoins et 10% en

sont victimes) [33].

Les maltraitances psychologiques et les négligences lourdes sont les maltraitances

les plus difficiles à définir, alors qu’en 2006 elles représentent 44% des situations

recensées en 2006 par l’ODAS, ce qui doit conduire à faire évoluer les prises en

charges et les pratiques professionnelles [23].

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La maltraitance psychologique fait donc partie des maltraitances les plus difficiles à

repérer selon les médecins généralistes pour diverses raisons.

Il s’agit tout d’abord de la difficulté de la délimitation de la maltraitance, comme

on a pu le voir précédemment, en effet supposer établir une définition de la

maltraitance signifie qu'il y aurait une norme de la bien traitance et celle-ci reste

bien à définir, et ce d’autant plus dans la maltraitance psychologique.

Il existe de multiples définitions pour la maltraitance psychologique, et pour

beaucoup la nature maltraitante se reconnaît d'abord par les conséquences qu'elle

entraîne chez l'enfant. Mais les mauvais traitements psychologiques n'entraînant

pas nécessairement des effets apparents à court terme, d'autres auteurs préfèrent

mettre l'accent sur la nature des actes eux-mêmes pour juger de leur caractère

maltraitant. Cette position comporte aussi ses désavantages, puisqu'elle risque de

nous amener à qualifier de maltraitante toute conduite parentale marginale, même

anodine pour l'enfant. Le compromis proposé en 1991 par McGee et Wolfe parait

plus approprié. Ils suggèrent de considérer la nature des actes parentaux mais

également leurs conséquences, non pas réelles mais potentielles. Suivant cette

perspective, une conduite parentale serait psychologiquement maltraitante quand

elle est de nature non physique et qu'elle est susceptible d'entraîner des

conséquences négatives pour le fonctionnement psychologique de l'enfant [28].

La maltraitance psychologique parent/enfant découle plutôt, dans bien des cas,

d'une connaissance inappropriée des besoins de l'enfant ou des comportements

attendus des parents. Elle peut résulter de biais parentaux dans la façon de

percevoir et d'interpréter les comportements négatifs de l'enfant [28].

Il est impossible d’établir une liste exhaustive des comportements adultes

dommageables pour le développement psychologique de l’enfant puisqu’un même

agissement peut s’avérer approprié ou relevant de la maltraitance selon le contexte

dans lequel il s’inscrit. Une conduite parentale peut n’avoir que très peu de

conséquences sur l’enfant si celui‐ci y est soumis une seule fois, mais peut s’avérer

très nuisible si elle est répétée régulièrement [27].

De même deux enfants peuvent être soumis au même comportement parental, et le

retentissement de ce comportement peut être vécu différemment, l’un sera résilient

et l’autre sera en situation de maltraitance. La maltraitance psychologique peut

donc être une réalité mais est aussi un vécu de l’enfant.

Devant la complexité du phénomène des mauvais traitements psychologiques, des

auteurs ont tenté de dégager cinq grandes catégories : le mépris, la terreur,

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l’isolement social ou physique, l’exploitation ou la corruption et l’indifférence aux

besoins affectifs [27].

Il pourrait être utile d’utiliser une définition standard et simple de la maltraitance,

cependant il serait difficile pour tous les médecins de la connaitre ou de la

comprendre. De plus les perceptions personnelles que peuvent avoir les médecins

au sujet de la maltraitance peuvent être un obstacle pour qu’une définition standard

de la maltraitance aide à mieux repérer une situation de maltraitance [31].

Il y a donc un intérêt de formaliser aujourd’hui une définition de l’information

préoccupante apte à préciser le plus possible à quel moment l’intervention publique

est souhaitable dans le cadre de la protection de l’enfance. Car un grand nombre de

situations n’appellent pas nécessairement le recours au dispositif de protection de

l’enfance pour soutenir momentanément une famille.

De même que de que de s’efforcer de parvenir à un consensus et de fixer des

normes de comportement universelles passant par l’élaboration des droits

fondamentaux afin de protéger la vie et la dignité de l’être humain dans un monde

en pleine mutation [15].

Les préjugés qu’ont certains médecins sont un frein pour repérer la maltraitance. Le

plus souvent les préjugés concernent le niveau socioculturel ou socioéconomique.

Même si la majorité des médecins savent que les enfants issus de tous les milieux

peuvent être victime de maltraitance, comme le démontre plusieurs études [1].

5.1.2. Difficulté diagnostique

Plusieurs freins au dépistage liés à la difficulté diagnostique ont été cités par les

médecins généralistes.

Notamment le fait de ne pas avoir de signes spécifiques, de la grande variabilité du

tableau clinique et l’absence d’outil validé au dépistage.

La plupart des médecins interrogés pensent en effet qu’utiliser un outil en

ambulatoire reste difficilement réalisable, et que le médecin risque de passer à coté

d’un certain nombre de situations.

Il n’y a pas d’outil validé au dépistage en France pour aider au diagnostic de

maltraitance [5].

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Au niveau international, plusieurs instruments de diagnostic ou des stratégies pour

la détection maltraitance des enfants sont utilisés aux urgences, tels que des listes

de contrôle, de protocoles et de systèmes de notation, parfois limitée à des

caractéristiques particulières par exemple l'âge, le type de blessure, la fréquentation

répétée, ou des antécédents médicaux incompatibles avec la blessure est

régulièrement utilisé. Aux Pays-Bas, un instrument de détection des mauvais

traitements appelé SPUTOVAMO a été largement introduit aux

urgences. SPUTOVAMO est un acronyme composé des premières lettres de 9

questions au sujet de la blessure. Cette liste a été révisée dans une liste de contrôle

avec 6 questions avec possibilités de réponse binaires pointant sans ambiguïté à la

suspicion de maltraitance des enfants ou non [24].

Au niveau international, il existe des tests de dépistage de la maltraitance, comme

au Québec par exemple, le Test de dépistage de la violence parentale (TDVP), dans

le cadre duquel l'enfant (à partir de 4 ans) exprime et interprète sa perception de lui-

même et de ses relations avec les figures parentales dans la vie quotidienne. Les

recherches réalisées jusqu'à ce jour avec le TDVP indiquent que cet instrument

s'avère efficace puisqu'il permet de discriminer adéquatement les enfants victimes

de mauvais traitements des enfants non maltraités [32].

Il existe aussi au niveau international des tests spécifiques pour un type de

maltraitance.

Il existe des questionnaires mais plutôt rétrospectifs sur les traumatismes vécus

pendant l’enfance, et à visée épidémiologique. Il y a par exemple le CTQ

(Childhood Trauma Questionnaire) qui est l’instrument de dépistage le plus utilisé

au niveau international pour évaluer les mauvais traitements dans l’enfance et

l’adolescence (jusqu’à l’âge de 18 ans) [25].

Le CTQ est un questionnaire développé par Bernstein et al. (1994) qui comprend

70 items avec une échelle de type Likert en cinq choix de réponse (de 1 = « jamais

vrai » à 5 = « très souvent vrai ») [26].

Bernstein et Fink (1998) ont aussi développé et validé une version courte du CTQ

(28 items) où l’on retrouve une échelle de déni (3 items) et cinq échelles à 5 items

chacune. Il permet d’évaluer cinq différentes formes de maltraitance, soit les deux

formes les plus étudiées à ce jour (l’abus physique et l’abus sexuel), mais aussi

deux formes de mauvais traitements psychologiques (l’abus émotionnel et la

négligence émotionnelle), ainsi que la négligence physique [26].

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En ce qui concerne la maltraitance psychologique, un défi est celui de développer

des outils de mesures valides, susceptibles de tenir compte des différentes formes

que peuvent prendre les mauvais traitements psychologiques envers les enfants.

Le Revised Child Conflict Tactic Scale parmi les plus fréquemment utilisés au

Québec comme en Amérique du Nord, ne couvre que la violence verbale et la

violence symbolique. Plusieurs autres instruments de mesure ne couvrent que la

négligence affective [28].

Il existe également des outils de dépistage qui visent à explorer la présence de

facteurs de risque de maltraitance, comme le CAPI.

L'instrument le plus largement utilisé pour identifier le risque de maltraitance est le

Child Abuse Potential Inventory (CAPI; Milner, 1986), qui s’adresse à la mère. La

littérature a identifié le CAPI comme un instrument valide pour évaluer le risque de

maltraitance des enfants, et la CAPI a été considéré comme l'outil d'évaluation de

risque primaire actuellement disponible. Des études ont indiqué que les scores

CAPI sont fortement corrélés à la survenue d'abus réel [29].

La limite des ces tests est qu’ils ne prennent forcément en compte pas tous les types

de maltraitance, et comme le font remarquer certains médecins interviewés, on peut

passer à coté de certaines situations de maltraitance. De plus ça demande du temps.

Cependant ça peut être un outil très simple sous la forme d’un aide mémoire

pouvant servir de support pour penser plus régulièrement au risque de maltraitance

chez l’enfant notamment physique, pour sensibiliser au mieux les médecins, les

aider à y penser systématiquement.

Comme le font remarquer les médecins le problème c’est d’y penser.

Cependant il pourrait être souhaitable de disposer d’un outil référentiel permettant

d’identifier aussi précocement que possible les facteurs de risque ou la souffrance

d’un enfant. L’élaboration de l’outil référentiel pourrait être coordonnée par

l’Observatoire National de l’Enfance en Danger en se fondant sur les travaux déjà

conduits, notamment par l’ODAS [30].

L’intérêt d’un dépistage systématique a été proposé, mais la difficulté à le réaliser

en pratique, par manque de temps et de personnel a été mis en avant. Et également

du fait de la diversité des formes de maltraitance à dépister.

Aucune étude n’a fait la preuve de l’utilité d’un dépistage systématique à d’autres

fins qu’épidémiologiques [5].

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5.1.3. La révélation de la maltraitance

Un des freins important ressenti par les médecins est la difficulté à faire parler

l’enfant.

Les violences s’inscrivent souvent dans le silence et le secret et les enfants victimes

de ces abus appréhendent d’en parler par crainte de l’agresseur, ou par loyauté à

son égard ou en supposant à tort avoir contribué à la survenue de l’agression.

Parfois les victimes peuvent aussi se rétracter face à la crise familiale provoquée

par leur dévoilement, ou par protection de l’agresseur. Dans le cas particulier de

l’abus sexuel, face à leur malaise et leur embarras vis-à-vis de la sexualité, les

révélations des enfants victimes d’agression sexuelle sont souvent inattendues,

irrationnelles ou minorées [1].

Le fait de revivre sa souffrance peut aussi être un frein au dévoilement. De même il

peut y avoir la méconnaissance ou la non reconnaissance du caractère maltraitant

de l’acte.

Selon une étude menée en 2005 en Norvège, auprès de 22 enfants (15 filles et 7

garçons âgés de moins de 18 ans) victimes de violences sexuelles par un membre

de la famille ou de l’entourage très proche, il a été mis en évidence que le

dévoilement semble facilité si la question de l’abus sexuel est abordée par

l’entourage ou suscitée par des circonstances extérieures [1].

Ainsi, trois éléments apparaissent comme notables dans le processus de

dévoilement (dans le cas de l’abus sexuel, mais valable aussi pour tous types de

maltraitance) :

Un premier élément est de favoriser l’opportunité de parler : les enfants pour la

plupart n’osent pas parler spontanément des faits. Il sera plus facile pour un enfant

de se dévoiler si la question est abordée par l’adulte, notamment par le médecin si il

a une suspicion. Parfois, ce n’est qu’après être assuré de ne plus être en contact

avec l’agresseur que l’enfant consentira à parler. Des symptômes cliniques

exprimés par l’enfant, en lien ou pas avec les violences reçues, peuvent aussi

constituer un signal pour dévoiler les faits [1].

L’enfant doit pouvoir se sentir en confiance avec le médecin généraliste, ce qui

peut faciliter le dévoilement. Une relation de longue durée peut favoriser cette mise

en confiance.

Le deuxième élément concerne les raisons pour lesquelles l’enfant va faire un

dévoilement ou pas. Ainsi les conséquences potentielles du dévoilement pour

l’enfant mais aussi pour la mère et pour l’entourage constituent un facteur essentiel

aux yeux de l’enfant. La crainte de faire du mal autour de lui (à sa mère, à son

entourage mais aussi parfois à l’agresseur), de ne pas être protégé, de ne pas être

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cru ou le fait d’être l’objet de menaces de la part de son agresseur sont des éléments

qui peuvent empêcher le dévoilement. Le dévoilement sera facilité si l’enfant

perçoit qu’il engendrera le moins de conséquences négatives possible [1].

Enfin le dernier élément concerne l’existence d’un contexte extérieur favorable

pour aborder les faits. Le fait que le sujet soit abordé par un facteur extérieur

constitue un support ou une référence et aide l’enfant à s’exprimer [1].

Le plus souvent l’enfant se renferme dans son secret et il faut beaucoup de

prudence et de perspicacité au praticien pour mettre en lumière le diagnostic [1].

Il faut également mettre les parents en confiance pour favoriser le dévoilement.

La présence du parent en consultation peut être un frein à la révélation, d’où

l’intérêt de mettre l’enfant et les parents en confiance.

Une particularité, sont les situations de divorces, où l’enfant est souvent pris en

otage, il est l’outil du conflit, et donc le médecin doit être très prudent face à ses

situations là.

Il faut donner de l’importance aux dires de l’enfant, lui dire qu’on le croit, mais que

ça demande d’aller plus loin, et qu’on a besoin de demander l’avis d’autres

personnes, et lui apporter un soutien.

Une fois la révélation faite ou le doute installé, la question est de savoir qu’est ce

qu’on fait de cette révélation. Certains médecins n’ont pas vraiment de

connaissances sur le partage d’information, le secret médical, alors que la

maltraitance fait partie des situations qui permet le lever du secret médical, et ce

n’est pas évident pour tout le monde.

Avant la loi réformant la protection de l’enfance de 2007, aucun partage n’était

possible en droit entre les professionnels soumis au secret professionnel de

différents services participant aux missions de protection de l’enfance [1].

La loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance aménage le secret

professionnel pour permettre à ces professionnels d’échanger entre eux les

informations nécessaires à l’évaluation d’une situation, et à la mise en œuvre des

actions de protection [1].

Le partage est strictement limité aux informations qui sont nécessaires pour évaluer

et traiter la situation dans le respect de la vie privée des familles comme le précise

l’article L. 226-2-2 du Code de l’action sociale et des familles.

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Les informations à caractère médical restent couvertes par le secret médical, mais

doivent pouvoir faire l’objet d’échange entre médecins. Le partage d’information

n’est autorisé que dans le but de permettre une évaluation pluridisciplinaire de la

situation de l’enfant, de déterminer et de mettre en œuvre des actions pour assurer

sa protection, de l’aider et d’aider sa famille [1].

Le partage n’est possible qu’après en avoir informé les parents ou la personne

exerçant l’autorité parentale, et l’enfant en fonction de son âge et de sa maturité.

Toutefois, cette exigence peut être levée lorsque l’information préalable est

contraire à l’intérêt de l’enfant, par exemple si elle implique un risque pour l’enfant

[1].

L’article 226-14 du Code Pénal, établit une dérogation au secret professionnel en

précisant que « L'article 226-13 n'est pas applicable dans les cas où la loi impose ou

autorise la révélation du secret. En outre, il n'est pas applicable:

A celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de

privations ou de sévices, y compris lorsqu'il s'agit d'atteintes ou mutilations

sexuelles, dont il a eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à une

personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son

incapacité physique ou psychique

Au médecin qui, avec l'accord de la victime, port e à la connaissance du procureur

de la République les sévices ou privations qu'il a constatés, sur le plan physique ou

psychique, dans l'exercice de sa profession et qui lui permettent de présumer que

des violences physiques, sexuelles ou psychiques de toute nature ont été commises.

Lorsque la victime est un mineur ou une personne qui n'est pas en mesure de se

protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique, son

accord n'est pas nécessaire [1].

Certains médecins sont donc freiner parfois pour dépister ou signaler, parce qu’ils

ne savent pas qu’ils peuvent lever le secret médical, et ont peur de la plainte, alors

qu’ils sont protégé dans le cadre de la loi L. no 80-1041 du 23 déc. 1980,

notamment dans le cadre de l’abus sexuel :

« N’encourt pas les peines prévues à l’alinéa 1er tout médecin qui, avec l’accord

de la victime, porte à la connaissance du procureur de la République les sévices

qu’il a constatés dans l’exercice de sa profession et qui lui permettent de présumer

qu’un viol ou un attentat à la pudeur a été commis » [1].

Il convient de rappeler qu'en cas de mauvais traitements un médecin ne saurait

rester passif sans encourir les peines prévues à l'article 223-6 du Code pénal

réprimant la non-assistance à personne en péril.

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69

Dans le nouveau code pénal il existe une notion de responsabilité (Article 434

1.2.3.) : « Obligation de dénoncer aux autorités administratives ou judiciaires des

faits pour quiconque a connaissance d’un crime qu’il est possible de prévenir ou de

mauvais traitements ou de privations infligés à un mineur de 15 ans ou à une

personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une

maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de

grossesse ». Introduction de la notion de « mauvais traitements » plus large que

celle de « sévices » [1].

5.1.4. Formation et information

Le manque de formation a été cité comme un frein par la plupart des médecins

généralistes.

La plupart connaissent les signes d’orientation et plus ou moins les examens

complémentaires à effectuer en cas de suspicion.

Ce qui fait surtout défaut, est le manque de connaissance sur la conduite à tenir,

beaucoup de médecins ne savent pas quoi faire et ou qui contacter en cas de

suspicion. La plupart des médecins s’ils devaient se trouver confronter à une

situation de maltraitance sauraient trouver un intervenant à contacter, mais c’est

souvent flou. L’isolement du médecin généraliste par rapport au cadre hospitalier

est un frein important souvent évoqué.

La moitié des médecins ne connaissent pas la CRIP (cellule de recueil, de

traitement et d’évaluation des informations préoccupantes) ou cellule

départementale, alors qu’elle joue un rôle important dans l’évaluation d’une

situation de maltraitance, et de conseil auprès des médecins généralistes.

Depuis la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance, il appartient

dorénavant à une instance sociale, le président du conseil général, de recevoir ces

informations afin de procéder à une évaluation de la situation et de déterminer les

actions de protection requises. Le président du conseil général a la responsabilité de

saisir l’autorité judiciaire selon les motifs inscrits dans la loi [1].

Cette cellule constitue donc une porte d’entrée unique et donc plus visible pour le

grand public. Elle a pour finalité l’amélioration du repérage des cas et du

recoupement des informations entre les différentes institutions [1].

Les derniers chiffres de l’ODAS montraient d’ailleurs un recours croissant à

l’autorité judiciaire. Et au 31 décembre 2006, parmi les enfants qui bénéficiaient de

l’aide sociale à l’enfance, 76% en relevait au titre d’une décision judiciaire. C’est

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pourquoi la loi du 5 mars 2007 affiche très concrètement une volonté de rupture en

affirmant la nécessité de privilégier le recours à la protection administrative [31].

Il existe dorénavant une distinction entre les informations susceptibles d’être

transmises à l’autorité administrative qui sont désormais nommées « informations

préoccupantes » et celles destinées à l’autorité judiciaire, pour lesquelles le terme

de « signalement » est réservé [1].

La notion « d’informations préoccupantes » se réfère à l’article 375 du Code civil

et correspond selon la loi à « tout élément d’information, y compris médical,

susceptible de laisser craindre qu’un enfant se trouve en situation de danger ou de

risque de danger, puisse avoir besoin d’aide, et qui doit faire l’objet d’une

transmission à la cellule départementale pour évaluation et suite à donner ».

Il s’agit de faire converger vers un même lieu toutes les informations préoccupantes

concernant des mineurs en danger ou en risque de l’être de manière à éviter la

déperdition de ces informations, l’objectif étant de fiabiliser le dispositif de recueil

[1].

Les personnes qui participent au dispositif de protection de l’enfance peuvent

s’adresser à la cellule départementale pour avis et conseil lorsqu’elles sont dans le

questionnement et le doute à propos de la situation d’un mineur. À cet égard, il est

recommandé que chaque cellule départementale se dote d’un numéro d’appel à leur

disposition [1].

La cellule départementale doit également veiller à ce que les personnes ayant

transmis des informations préoccupantes soient destinataires en retour d’un accusé

de réception attestant de leur prise en compte et de leur instruction. Ces mêmes

personnes doivent être informées de l’issue du traitement [1].

Le manque de retour d’information est un problème soulevé par les médecins, ce

qui peut freiner au dépistage et /ou au signalement.

Au Canada, des chercheurs américains révèlent que la perception qu’ont les

professionnels de l’efficacité des services de protection de l’enfance a une forte

incidence sur les probabilités de signalement.

Les professionnels ressentent énormément de frustration devant le manque de

sensibilité des services de protection de l’enfance face aux cas de violence grave ou

potentiellement.

Ils se plaignent que les services de protection de l’enfance les informent rarement

de l’évolution des cas qu’ils leur ont soumis. Ensuite, ils expriment certaines

inquiétudes à l’égard du fait que les services de protection de l’enfance sont moins

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71

aptes à protéger les enfants maltraités, surtout en l’absence de financement adéquat,

et affirment avoir parfois le sentiment que le signalement fait plus de mal que de

bien [11].

Selon le rapport 2008 de l’Observatoire national de l’enfance en danger, (« État des

lieux de la mise en place des cellules de recueil, de traitement et d’évaluation des

informations préoccupantes », pour la transmission d’informations de nature

médicale, l’intérêt de la présence d’un médecin au sein de la cellule est fortement

soulignés.

Cette organisation présente trois avantages :

- un motif tenant aux procédures, traduisant la plus grande facilité de

communication d’un certificat médical de médecin à médecin

- un motif technique tenant à l’apport d’un étayage, pour la lecture des éléments du

certificat, permettant d’en apprécier la portée donc l’éventuelle gravité pour

l’enfant

- un motif enfin tenant à la fluidification des orientations, la présence d’un médecin

dans la cellule rendant plus facile le recours à l’accueil de l’enfant à l’hôpital avec

l’accord de ses parents, pour l’approfondissement d’un diagnostic [1].

Il est rappelé dans ce rapport que dans leur grande majorité, les médecins libéraux

semblent ne pas être informés de l’existence de la cellule et du cadre de la loi du

5 mars 2007 [1].

IL faudrait mieux identifier ce lieu de recueil en affirmant le rôle pivot du Conseil

Général comme passage obligé des signalements ou informations préoccupantes

permettant une évaluation globale des situations. Il est à noter que le grand public

de même que certains médecins continuent à parler des DDASS (Directions

Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales).

Afin d’identifier facilement ce lieu de recueil d’informations préoccupantes il

conviendrait sans doute de proposer de le nommer spécifiquement, selon les mêmes

termes, dans tous les Départements (exemple : « cellule départementale de

signalement ») [30].

Avoir un réseau de correspondants à contacter et améliorer l’accès à ces différents

intervenants, fait aussi partie des solutions proposées. Beaucoup de médecins se

sentiraient plus à l’aise vis-à-vis de ces situations de maltraitance, en sachant qui

contacter et en ayant un réseau.

En particulier pour la maltraitance psychologique, où l’accès au psychologue est

difficile. En effet faire appel au CMP demande des délais assez longs, et le

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psychologue de ville n’est pas forcément accessible pour tout le monde du fait de

son coût.

La pédopsychiatre interviewée a proposé une alternative, en effet il y aurait des

cellules spécifiques proches des hôpitaux, pour l’accueil des patients en situation de

maltraitance, et qui seraient en lien avec la cellule départementale. Le médecin peut

également faire appel aux psychologues des espaces territoriaux.

Pour améliorer la formation, les médecins proposent des formations plutôt

interactives et pluridisciplinaires avec des intervenants de qualité. Ce qui les

intéresse c’est de ressortir de ces formations avec une liste d’intervenants à

contacter en cas de situation de maltraitance, et d’améliorer leur connaissances sur

l’écrit du signalement.

Il faudrait une formation pour aider à rédiger le signalement. En effet les certificats

médicaux, s’ils sont rédigés, sont souvent incomplets, peu clairs, non exploitables

en cas de procédure judiciaire ou administrative, les notes consignées dans le

dossier du patient sont imprécises dans 50% des cas, les patients sont mal ou pas

orientés, peu d’informations utiles leur sont transmises [3].

Il convient d’améliorer l’évaluation, par les professionnels, des situations des

enfants et de leurs familles afin de pouvoir les signaler de façon adéquate. Cette

amélioration passe par une meilleure formation des professionnels et par la mise en

œuvre de véritables évaluations pluri professionnelles [22].

Un formulaire de signalement type est mis à disposition par le Conseil National de

l’Ordre des médecins, afin d’aider à la procédure de signalement par les

professionnels et d’éviter les erreurs rédactionnelles (mauvaise rédaction ou prise

de parti du médecin, ce qui n'est pas son rôle) qui peuvent conduire à une

condamnation [1]. (Annexe 6)

La conférence de consensus de Psychiatrie insiste sur l'importance qui doit être

donnée à la formation croisée des professionnels de tous les champs concernés :

judiciaire (avocats, magistrats, Officiers de Police Judiciaire), médical (consultants

et experts), social et éducatif :

1. Pour favoriser le travail en réseau, il préconise le développement de socles

communs de formations.

2. Renforcer l'enseignement médico-légal en 2ème Cycle des Etudes Médicales.

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73

3. Le développement de formations pratiques : tutorat pour les experts, analyse de

la pratique en milieu socio-éducatif et judiciaire, supervision clinique et la

facilitation de l'utilisation d'outils validés notamment aux plans national et

international [4].

Il est aussi proposer de renforcer la formation initiale et continue des intervenants

et de leur encadrement. Elle doit être pluri-professionnelle, locale, régulière,

soumise à évaluation, théorique et clinique [11, 12, 30].

Il faut parvenir à des évaluations partagées [11, 12, 30], il ne faut pas que le

médecin reste seul. Il devrait être proposé un soutien et une analyse des réactions

émotionnelles et des pratiques en groupe ou individuelle. On peut encore

recommander la mise en place « d’espaces de rencontres interdisciplinaires » lieux

de supervision du réseau soutenu par un clinicien (pédopsychiatre, psychologue ou

psychanalyste) [30].

La mise en place de campagnes d'information à destination des professionnels sur

les obligations de déclaration et les circonstances les plus fréquentes de survenue

de maltraitance, pourrait être intéressante.

Les stratégies visant à sensibiliser et à informer le public sur la maltraitance sont

essentielles, aussi bien les enfants que les parents, une des conséquences possible

étant de voir une augmentation du nombre de signalements.

Il faudrait par exemple, étendre les services téléphoniques, comme le SNATED, et

sensibiliser d’avantage le public par des campagnes d’informations.

Pour les enfants, le rôle de l’école est primordial.

En France, les actions de prévention sont majoritairement entreprises dans le

monde scolaire. Ces programmes ont pour but d'améliorer les connaissances sur le

phénomène de maltraitance, notamment sexuelle et d'augmenter les capacités de

l'enfant et de l'adolescent à se protéger. L'information a un impact sur la prévention

secondaire en facilitant les révélations. L’étude de la littérature internationale, en

particulier canadienne, montre l'intérêt, en termes de prévention primaire et

secondaire, de programmes de visite à domicile, notamment pour les carences

éducatives [4].

Au Canada il est proposé pour améliorer le dépistage :

- Que des protocoles soient élaborés dans tous les établissements de santé relatifs

au traitement de toute forme présumée de violence envers les enfants et que ces

protocoles soient facilement accessibles à tous les médecins praticiens.

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- Que les médecins chargés d’enquêter sur les facteurs psychosociaux et autres

facteurs reliés à la violence envers les enfants puissent disposer d’outils leur

permettant d’évaluer les risques.

- Que des services de consultation en matière de violence envers les enfants soient

mis à la disposition des médecins, soit par des contacts directs, soit par la mise en

service de numéros, surtout pour les médecins exerçant leur profession dans des

régions plus éloignées, et que des équipes de spécialistes soient mises à la

disposition de la communauté.

- Que des documents d’information sur la violence envers les enfants soient mis à

la disposition des médecins et de leurs patients dans toutes les cliniques

communautaires.

- Que les professionnels de la santé ayant à signaler, aux services de protection de

l’enfance, des cas d’enfants victimes de violence soient informés des raisons pour

lesquelles ces cas ont été corroborés ou non.

- Que les médecins soient rémunérés convenablement pour le temps qu’ils devront

consacrer en plus à l’évaluation des cas présumés de violence envers les enfants

[11].

5.2. Limites et forces de l’étude

5.2.1. Les limites

Certains questions du guide d’entretien, n’étaient pas forcément très claires pour

certains médecins, et j’ai du parfois reposer ou reformuler la question à plusieurs

reprises, pour être bien comprise. De plus, il est arrivé que les questions ne soient

pas comprises dans le sens où elles auraient du l’être, donc certains médecins ont

été hors sujet. Il y a peut-être donc eu une perte d’informations.

La longue durée des entretiens a probablement été un frein au recueil de données,

en effet certains médecins étaient pressés, et ont répondu assez rapidement et de

manière succincte à certaines questions.

De plus lors de l’entretien téléphonique qui servait à présenter brièvement le sujet

(prise en charge des enfants et les difficultés rencontrées) et à recruter les médecins

généralistes, certains médecins ont refusé d’être inclus par manque de temps, vu le

temps prévu de l’entretien ultérieur.

Des médecins lors de cet entretien téléphonique, ont demandé plus de précisons sur

le sujet, donc je leur ai formulé l’intitulé exacte du sujet de thèse, ce qui aurait pu

être un frein vu le sujet délicat, en effet certains ont hésité avant d’accepter, mais il

n’y a eu aucun refus de participation.

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5.2.2. Les forces

Les résultats de l’étude concernant les freins ressentis par les médecins

généralistes, aussi bien à leur niveau qu’au niveau de l’enfant ou des parents, sont

superposables à ceux retrouvés dans la littérature.

Ces résultats sont le fruit d’un échantillon raisonné et diversifié : par leur âge, leur

profil différents (médecins urgentistes, travaillant dans un orphelinat, médecin de

PMI), le secteur géographique différent.

Les entretiens se sont déroulés jusqu'à saturation des données, les derniers

entretiens n’ont pas apportés de nouveaux éléments, mais il a fallu faire d’autres

entretiens par la suite, afin d’avoir un échantillon le plus diversifié possible,

certains profils de médecins généralistes manquant. Le nombre d’entretiens réalisés

semble suffisant. Un grand échantillon permettra évidement de recueillir un grand

nombre d’informations, mais un petit échantillon peut s’avérer riche en matière

d’informations récoltées.

Les entretiens individuels permettent aux participants de parler assez librement

sans crainte d’un jugement éventuel, et vue le sujet délicat, cette méthode semblait

plus appropriée par rapport aux focus group. Même si les focus group ont

l’avantage d’être interactifs et de susciter une dynamique de groupe intéressante, en

amenant les différents intervenants à s’engager et à s’expliquer sur leurs choix.

La force de la recherche qualitative est d’explorer les comportements et les

expériences personnelles des gens et permet d'étudier leurs opinions sur un sujet

particulier.

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6. CONCLUSION

La maltraitance chez l’enfant constitue un problème majeur de santé publique et est

malheureusement sous estimée, si l'on prend en compte la fréquence des

souffrances et des conséquences médico-psychologiques, psychiatriques et sociales,

présentées à court, moyen et long terme par les victimes.

Malgré l’ampleur du problème et ses conséquences délétères bien documentées,

leur détection et leur prise en charge restent insatisfaisantes.

L’hypothèse initiale était que la maltraitance est difficile à repérer du fait de

l’absence d’outil validé au dépistage en France, et de signes spécifiques, ce qui a

été confirmé lors de cette étude. Cependant ce n’est pas le frein essentiel, en effet

les médecins doutent de l’efficacité d’avoir un outil validé, par manque de temps et

aussi du fait du risque de passer à coté de certaines situations de maltraitances. Il

existe des outils au niveau international, mais leurs limites est de se baser le plus

souvent que sur un type de maltraitance.

La difficulté est d’y penser, même devant des signes discrets, ce qui n’est pas

évident. La démarche diagnostique accorde beaucoup d’importance à des éléments

souvent négligé comme l’attitude du patient et de son entourage. On a pu voir que

la plupart des médecins connaissent les signes évocateurs, mais ils ont tendance à

plus se focaliser sur les signes physiques.

Ce qui fait aussi que la maltraitance psychologique et la négligence sont moins bien

dépistées, parce qu’il n’y a pas de signes, alors qu’elles ont beaucoup plus

fréquentes.

Le médecin du fait du rôle affectif de la relation médecin patient, et de son manque

d’objectivité n’est pas forcément dans une attitude de suspicion ou de dénonciation

et peut passer à coté de situations de maltraitance, ce qui est un frein important.

Le médecin peut cependant se servir de cette relation de confiance pour mieux

dépister et prendre en charge par la suite les enfants et les parents.

La difficulté à définir la maltraitance, à savoir où est la limite est aussi un frein

important. L’absence d’indices précis accompagnant ces définitions donne lieu à

une interprétation personnelle des cas. Les valeurs, les croyances et les perceptions

personnelles, ont également un rôle dans l’interprétation personnelle des cas de

maltraitance.

La difficulté est de savoir de quelle manière on interprète cette notion de risque de

danger, et il y a un risque important d’interprétation bien trop extensive.

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Il y a donc un intérêt de formaliser aujourd’hui une définition de l’information

préoccupante apte à préciser le plus possible à quel moment l’intervention publique

est souhaitable dans le cadre de la protection de l’enfance. Car un grand nombre de

situations n’appellent pas nécessairement le recours au dispositif de protection de

l’enfance pour soutenir momentanément une famille.

Il existe aussi des obstacles en rapport avec les parents (déni le plus souvent) et

l’enfant qui souvent cache la maltraitance, pour diverses raisons, notamment la

réactivation de sa souffrance et la protection du parent. Ce qui est un frein au

dépistage pour le médecin qui doit tout mettre en œuvre pour faciliter cette

révélation, notamment par une relation de confiance.

La maltraitance des enfants a des aussi conséquences sur les médecins, ce qui peut

Influer sur la qualité du dépistage et/ou de la prise en charge.

La souffrance de l'enfant et/ou de sa famille entraînent des réflexes de défense

psychologique chez les soignants tels que : le doute, le refus de voir la maltraitance.

L'émotion suscitée par les situations de maltraitance génère des attitudes

paralysantes. Il est normal d’être déstabilisé par la violence de ces situations.

Les tabous, ou les préjugés, et la difficulté à aborder le sujet sont aussi des freins

importants.

Le médecin en cabinet est un interlocuteur privilégié, premier consulté, acteur

essentiel pour le dépistage, l’écoute, le recueil de l’histoire, le constat de lésions et

l’orientation. Il doit donc être sensibilisé, informé et formé afin de faire face au

mieux à ces situations complexes qui nécessitent une approche intégrée,

multidisciplinaire et en réseau.

Il ne faut pas rester seul et donc savoir s’entourer de personnes qualifiées,

notamment en cas de doute.

Il existe des freins administratifs importants en matière de détection de la

maltraitance des enfants.

D’une part beaucoup de médecins ne connaissent pas la CRIP qui joue un rôle

majeur dans l’évaluation d’une situation de maltraitance, et de conseil auprès des

médecins généralistes. Il faudrait donc qu’elle se fasse connaitre.

Le manque de retour d’information après un signalement est un problème soulevé

par les médecins, ce qui peut freiner au dépistage et /ou au signalement.

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D’autre part, il est difficile d’accéder aux différents intervenants comme les

psychologues, il faudrait améliorer cet accès et favoriser un travail

multidisciplinaire en réseau.

Il faut donc faire des efforts pour améliorer cette coordination en réseau.

Le manque de formation est souvent cité comme obstacle au dépistage, mais les

professionnels sont souvent débordés de travail, ce qui rend problématique une

formation supplémentaire. Il ne faut pas forcément de multiples formations, mais

des formations interactives et multidisciplinaires.

Dans la pratique, si le médecin est souvent l’intervenant le mieux placé pour

détecter une éventuelle maltraitance, il reste que l’exercice du signalement est

toujours difficile, tant les conséquences sociales et/ou judiciaires sont importantes.

Cela ne vaut la peine de s’investir dans la détection précoce de la maltraitance des

enfants que si la détection est suivie d’une action pour aider et protéger l’enfant, il

faut aussi une amélioration de ce coté là. Les médecins ressentent souvent une

frustration et ne sont pas satisfait de la façon dont est pris en charge l’enfant et les

parents et doutent de l’efficacité de la prise en charge des services de protection de

l’enfance.

Des réponses adaptées doivent pouvoir être proposées à ces familles pour les

soutenir dans ces difficultés, mais aussi et d’abord aux mineurs eux-mêmes.

En introduisant la notion « d’intérêt supérieur de l’enfant », la loi de 2007

reformant la protection de l’enfance a d’une certaine manière ravivé la tension

traditionnelle entre droit de l’enfant à être protégé et droit des parents à être

soutenus et associés aux réponses données par les pouvoirs publics.

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7. ANNEXES

ANNEXE 1

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ANNEXE 2 : quand suspecter une maltraitance chez l’enfant ?

Quand penser à rechercher une maltraitance ?

- y penser systématiquement : avant d’être évoqué, il faut y penser +++.

- y penser en cas de symptômes évocateurs.

- y penser en cas de symptomatologie inexpliquée [1].

La présomption s’appuie sur différents éléments recueillis au cours de l’examen :

- motif de recours

- signes d’alerte (notamment ceux liés aux interactions entre le patient, son

entourage et les soignants)

- anamnèse

- données de l’examen clinique

- facteurs de risque (individuels et environnementaux) de maltraitance [1,5].

Une maltraitance doit être considérée, voire suspectée lorsque les faits ou les signes

observés chez l’enfant ne trouvent pas d’explication plausible ou cohérente après

consultation de l’enfant, des parents ou de l’entourage et compte tenu des

caractéristiques de l’enfant, de son environnement et des connaissances médicales

[1].

Autre élément : évolution marquée par le contraste entre l’amélioration de l’état de

l’enfant lors de séjours à l’hôpital et les rechutes dès le retour dans le milieu

familial [20].

Notion d’hospitalisations antérieures répétées. Importance de la lecture du carnet de

santé +++ [13].

Antécédents de maltraitance pour un autre enfant de la fratrie, voire d’un décès

suspect trop rapidement déclaré accidentel ou « mort subite » si c’était un

nourrisson [13,15].

Importance de prendre en compte la relation parents-enfant, et de regarder le

comportement de l’enfant par rapport au parent, et du parent par rapport à l’enfant.

Caractère répétitif des actes, maintien dans le temps de signes non spécifiques en

rupture avec le comportement antérieur de l'enfant, qui doit permettre d'évoquer le

diagnostic [4].

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Des recommandations sur le thème « Quand suspecter une maltraitance chez

l’enfant » ont été publiées en juillet 2009 par le NICE au Royaume uni (National

Institute for Health and Clinical Excellence, National Collaborating Centre for

Women's and Children's Health. When to suspect child maltreatment. London:

NHS; 2009) [1]. cf tableaux suivants

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Les autres comportements observés ou rapportés pouvant évoquer une possible

maltraitance concernent : le comportement d’automutilation [1], des troubles du

comportement alimentaire [1], la persistance d’énurésie diurne et/ou nocturne voire

d’encoprésie [1,13], comportement de fugue [2,13], difficulté scolaire, dépression,

trouble du sommeil, instabilité psychomotrice, … [6,13]

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ANNEXE 3 : bilan en cas de suspicion de maltraitance

1. Interrogatoire

- Entretien dans un endroit calme, respect de la confidentialité et rythme de la

personne, éviter les redites [1].

- Ecoute, mise en confiance et soutien [4,5,21].

- Evaluer le degré d’urgence de l’examen et la nécessité de transférer la personne

vers un centre spécialisé, informer, préparer à la PEC médicale, judiciaire,

psychologique et sociale [21].

- Cas de l’abus sexuel : conseiller de conserver les vêtements portés par la victime

au moment de l’agression, bien insister pour que ni la victime ni ses vêtements ne

soient lavés avant l’examen ; les vêtements devront être conservés dans du papier

kraft [21].

- Questions ouvertes [1,4], prendre des notes ou enregistrer si possible l’entretien,

ATCD généraux et d’abus sexuels ou physiques, symptômes récents ou habituels

(douleur, saignement, …), l’histoire du développement chez l’enfant, l’histoire des

troubles, modes évolutifs, circonstances de survenue, mécanisme lésionnel pour les

traumatismes, consultations antérieures et traitements pris, le délai de recours aux

soins [4].

Pas de jugement de valeur [4].

Pas suggestif, pas intrusif ni humiliant [5].

- L’entretien doit s’adapter au niveau de développement de l’enfant [4,5].

2. Examen médical physique et psychique

- Mené de façon minutieuse, par un professionnel formé à ces circonstances, et si

possible il doit être mené en présence d’une personne de confiance de l’enfant [1].

Expliquer à l’enfant [21].

- Réalisation de photographies ou de dessins, mais ne dispense pas de consigner par

écrit de façon la plus précise possible dans le dossier médical du patient les

données de l’examen clinique [4].

- Examen général :

Examen clinique complet (paramètres de croissance +), observation du

comportement de l’enfant durant l’examen clinique [1].

Lésions cutanées : qualité, topographie (incompatible ou rarement observé

lors d’un traumatisme accidentel (les fesses, le dos, la plante des pieds pour

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les brûlures), sur les zones non proéminentes, en cas de chute), nombre, âge

et leur succession, couleur et forme [4].

Brûlures (par contact avec de l’eau bouillante est la forme la plus fréquente

de brûlure par maltraitance (80 %)) [14].

Lésions osseuses : syndrome de Silverman = l’existence de lésions osseuses

et de fractures multiples (bilatérale +++) ne pouvant être attribuées à une

affection somatique, d’âge différent plus fréquente chez le jeune enfant

(<3ans), des os long, métaphysaires, décollement périostés, spiroïde ou

oblique, extrémités distales du fémur et humérus et proximales du tibia,

rachis, fractures de cotes [4,22].

Radiographie du corps entier, +/- scintigraphie osseuse [13,22].

Lésions cérébrales : syndrome du bébé secoué.

95% des nourrissons présentant une hémorragie intracrânienne grave ou

d’autres lésions cérébrales sont évocateurs d’une situation de maltraitance,

en dehors d’un traumatisme accidentel certain, avec ou sans fracture du crane

[22].

Risque de séquelles neurologiques ou visuelles ou risque vital [6,22].

Scanner cérébral et/ou IRM (hématome sous dural ou hématome sous

arachnoïdien, œdème cérébral) [4,22].

Lésions viscérales [6].

Lésions gynécologiques.

Examen ano-génital normal ou montrant des lésions non spécifiques, le plus

souvent.

Examen pas obligatoire en urgence, de façon systématique, recommandé en

cas de contacts sexuels datant de moins de 72 heures, en cas de saignements

ou de lésions des parties ano-génitales ou en cas de risque de grossesse chez

l’enfant pubère [1].

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3. Examens complémentaires

Prélèvements indiqués que si l’abus sexuel date de moins de 72 heures. Urgence

médico-légale [21].

La présence de sperme, de phosphatase acide, une culture positive à gonocoque, un

test sérologique positif pour la syphilis ou l’HIV témoignent du diagnostic d’abus

sexuels, même en l’absence d’éléments à l’interrogatoire [1].

Pour éliminer les diagnostics différentiels, pratiquer un bilan phosphocalcique

devant des fractures multiples (ostéogénèse imparfaite), un bilan d’hémostase

devant des hématomes multiples [4,22].

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ANNEXE 4 : guide d’entretien

Bonjour. Je suis interne en médecine générale et je m’intéresse à la prise en charge

des enfants et les difficultés rencontrées.

Acceptez-vous que l’entretien soit enregistré en sachant que les données seront

anonymysées et que je ne citerai pas votre nom lors de l’entretien.

1. Généralités :

- Age et sexe

- Type d’exercice (cabinet, hôpital, PMI, service d’urgences, remplacement)

- Durée d’exercice, début d’installation (durée de la relation médecin patient)

- Lieu d’exercice

- Au cabinet suivez-vous des enfants ? Quel pourcentage de votre activité

représente l’activité pédiatrique ?

- Recevez-vous sur RDV ou en consultation libre ou les deux ?

- Est-ce que vous vous intéresser au dépistage en général comme par exemple les

troubles des acquisitions, de l’audition, de la vision, des retards, … Comment le

faites-vous ?

2. Expérience de la maltraitance :

- Peut-être avez-vous déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une

maltraitance avérée face à un enfant ? Voulez-vous me la raconter ?

- Si oui, quand ? Combien de fois ? Âge de l’enfant et type de maltraitance

rencontrée ? Comment avez-vous été amené à suspecter une maltraitance et dans

quelles conditions et comment avez vous fait le diagnostic ? Avez-vous fait appel à

d’autres intervenant afin d’avoir de l’aide ? si non pourquoi ?

Quelle a été la PEC ? Avez-vous déjà fait un signalement ? Si oui avez-vous eu un

retour d’information de la part des services de protection de l’enfance ?

Avez-vous rencontré des difficultés à la fois dans le dépistage, diagnostic et PEC ?

Si oui lesquelles ?

Pensez-vous que vous auriez pu agir différemment ? Comment et pourquoi ?

Quel a été votre ressenti vis à vis de cette situation et qu’elle à été la réaction des

parents quand vous avez évoqué le sujet de la maltraitance (intrusion dans la vie

privée) ? Les avez-vous revus par la suite ?

Si vous n’avez jamais été confronté à ce type de situation, que feriez-vous ?

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3. Mise en évidence des obstacles au dépistage de la maltraitance :

- Pour vous, quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ? Pourquoi ?

- A quelle occasion ou dans quelles circonstances penseriez-vous à évoquer une

suspicion de maltraitance ? (niveau socio économique, culturel, âge de l’enfant)

- Pensez-vous qu’il existe des freins au dépistage en rapport avec le patient, ou les

parents ? Si oui lesquels ? Pourquoi ?

- Quels obstacles ressentez-vous au dépistage de la maltraitance ?

Que pensez-vous du manque de certitude ?

que pensez-vous de l’absence de signes spécifiques ? L’absence d’outil de

référence validé aidant au dépistage ?

pensez-vous que le manque de temps ou d’implication soit un obstacle ?

de même pour la peur de l’erreur ou de la plainte ? Connaissez- vous

quelques notions du code pénal quant à la non assistance à personnes en

danger, risque quant au dévoilement du secret médical ?

que pensez-vous du rôle du vécu du médecin dans l’évocation ou la

suspicion de maltraitance, des ses représentations/valeurs/croyances ?

que pensez-vous du risque des conséquences négatives sur l’enfant ou sa

famille ?

que pensez-vous des facteurs économiques (perte de revenus et de temps), et

du risque de la perte de la relation de confiance avec les parents ou la

famille ?

Que pensez-vous du risque de ne plus revoir l’enfant ou la famille ?

Est-ce un sujet difficile à aborder ?

Et que pensez-vous du manque d’objectivité, du rôle affectif ?

4. Avez-vous des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

Si oui lesquelles ?

Que pensez-vous de l’intérêt d’un dépistage systématique, fait en

ambulatoire ou en PMI ?

Et de la mise en place d’un réseau de correspondants ?

Et vous pensez que ça peut avoir un intérêt le fait d’avoir des campagnes

d’informations, de publicité, à l’égard des médecins ou des familles, des

parents ?

5. Définition de la maltraitance :

- Quelle définition de la maltraitance avez-vous ? Définition de l’enfant maltraité

(jusqu'à quel âge ?)

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- Pensez – vous qu’une définition standard de la maltraitance aiderait à améliorer le

dépistage de la maltraitance ? Pourquoi ?

- Pour vous elle commence où la maltraitance ?

6. Connaissances sur le sujet :

- Connaissez – vous les critères diagnostiques ou les examens complémentaires à

effectuer pour infirmer ou confirmer la suspicion ? (diagnostic différentiel)

- Connaissez-vous l’attitude à adopter en cas de suspicion ? Quelles personnes ou

organisme à contacter ? Avez-vous déjà été en contact avec les services de la

protection de l’enfance ? Connaissez-vous la cellule départementale ?

- Est-ce pour vous difficile d’accéder à ces différents intervenants pour avoir de

l’aide ? (mauvaise expérience)

- Savez-vous faire un signalement ?

- D’où viennent vos connaissances ?

- Avez-vous eu une formation sur le sujet ? Si oui quand ? Par quel biais (FMC,

formation universitaire, Internet, revues scientifiques) ? Vous a t’elle aidé à

améliorer le dépistage de la maltraitance ?

- Vous sentez-vous suffisamment formé ?

- Comment aimeriez-vous êtes formé ? Par quel biais ?

- Il y a un médecin de PMI, qui avait éventuellement proposé comme solution pour

améliorer le repérage, de faire des stages en PMI, euh … ou dans le cadre de

l’ASE, vous en pensez quoi vous ? Vous pensez que ça peut être intéressant, utile ?

- Que pensez-vous de l’intérêt d’avoir un groupe de pairs pour partager son

expérience ?

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ANNEXE 5 : caractéristiques des médecins généralistes interviewés

entretien sexe âge Lieu % de

pédiatrie

Durée

d’installation

Activité

1 Homme 42 St germain en laye

(78)

30-40% 2 ans MG

Urgence

2 Femme 33 Plaisir (78) 25% 1 an et demi MG

3 Femme 55 St germain en laye

(78)

25-30% 22 ans MG

4 Homme 53 Yvelines 100% 10 ans PMI

5 Femme 31 Neauphles (78) 10% Remplaçante

depuis 1 an

6 Femme 40 Yvelines 100% 12 ans PMI

7 Femme 30 Clayes sous bois

(78)

30% 1 an MG

8 Homme 58 Trappes (78) 20% 30 ans MG

Travaille dans

un orphelinat

9 Homme 56 Clayes sous bois

(78)

30% 28 ans MG

Médecin

pompier

10 Homme 63 Thoiry (78) ? 30 ans MG

11 Femme 37 Poissy (78) 30% Remplaçante

depuis 7 ans

12 Homme 63 Poissy (78) 5-10% 34 ans MG

Coordinateur

en MDR

13 Femme 43 Chambourcy (78) ? 13 ans MG

14 Femme 60 Bois d’Arcy (78) ? 31 ans MG

15 Homme 30 Clayes sous bois ? Remplaçant

depuis peu

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ANNEXE 6 : conduite à tenir et signalement

Sur la base de l’interrogatoire et l’examen clinique, le diagnostic de maltraitance

peut être :

- « évoqué », dans ce cas il est recommandé de prendre l’avis d’autres

professionnels de santé, rechercher des informations auprès d’agences ou

d’institutions de professionnels afin d’estimer la nécessité d’approfondir

l’évaluation de l’enfant, s’assurer d’une réévaluation de l’enfant à une date précise,

se méfier des consultations répétées pour le même signe d’alerte ou d’autres signes

de maltraitance.

- « suspecté », dans ce cas il est recommandé d’adresser l’enfant aux services

sociaux compétents puis de suivre la procédure légale de protection de l’enfant.

Une aide peut être proposée à la famille après évaluation de la situation ou si des

informations pouvant expliquer la situation ont pu être identifiées.

- « exclu », quand une explication appropriée permet de justifier les signes d’alerte

[1].

L’hospitalisation est nécessaire devant toute suspicion de maltraitance chez

l’enfant et elle s’impose en cas de suspicion de maltraitance physique (protection

de l’enfant, confirmation du diagnostic d’une maltraitance, élimination des

diagnostics différentiels, bilan médico-psychosocial indispensable à la prise en

charge et rédaction du signalement, rarement en urgence, après une évaluation

pluridisciplinaire.) [1] et de retentissement psychologique important [6], et

d’abus sexuel.

Joindre un certificat médical qui décrit les lésions observées, le comportement et

l'état psychologique de l'enfant lors de la consultation et transcrit fidèlement les

propos de l'enfant et de son entourage. Le praticien ne doit pas reprendre les dires

de la victime à son propre compte, ne doit pas désigner l’auteur [6].

Information aux parents sur la possibilité de porter plainte ou de s'adresser au

procureur de la république et de prendre contact avec une association d'aide aux

victimes [6].

Si les parents refusent l’hospitalisation, si la maltraitance est évidente ou si les

lésions sont graves, le médecin doit réaliser un signalement judiciaire auprès du

Procureur de la République du tribunal de grande instance ou de son substitut (joignable 24 h/24, même les jours fériés, par le biais d’une permanence

téléphonique du commissariat ou de la gendarmerie) [1].

Le procureur délivre une OPP (ordonnance de placement provisoire) [5].

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Toutes les personnes qui connaissent des situations d’enfants en danger ou

supposés l’être doivent transmettre les informations qu’elles détiennent à la

cellule départementale. Si elles jugent nécessaire de faire un signalement au

procureur de la République, en raison de l’extrême gravité (cas de l’abus sexuel),

elles sont tenues d’en adresser une copie à la cellule départementale [1,5].

Les suites possibles de cette évaluation peuvent être :

- classement sans suite si danger non confirmé

- mise en place d’actions préventives auprès de la famille ou protection

administrative de l’enfant (actions éducatives menées tout en maintenant l’enfant

au domicile des parents (AEMO), mesures de placement)

- signalement au procureur de la République en cas de danger pour l’enfant ou

en cas de refus d’intervention des parents ou en cas d’échec de la protection

administrative [1,5].

Il existe deux types donc de signalement :

Signalement administratif : enfant en risque, en l'absence de gravité ou de caractère

d'urgence. A adresser au président du conseil général [6]. Ou à l’ASE, PMI

Signalement judiciaire : maltraitance avérée, d'abus sexuel ou de refus des parents

d'une hospitalisation ou d'une mesure administrative. A faire auprès du procureur

de la république ou du substitut chargé des mineurs. Par téléphone ou fax, avec

confirmation obligatoire par courrier [5,6].

Le signalement est rarement fait en urgence.

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Refus

ou échec

Refus

Enfant à risque, en

l'absence de gravité ou

de caractère d'urgence.

Président du conseil

général.

Maltraitance avérée,

abus sexuel.

Procureur de la

République.

Enquête Saisine du juge

pour enfant

Sans suite

Retour a la CCIP et

éventuelle mesure

administrative

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Le conseil général de Franche-Comté a élaboré en 2002 un guide du signalement

destiné aux professionnels de la protection de l’enfance, dans lequel il recommande

les informations à mentionner dans un formulaire de signalement :

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Source HAS : Repérage et signalement de l'inceste par les médecins : reconnaître

les maltraitances sexuelles intrafamiliales chez le mineur, HAS, Mai 2011. [1]

Sévices à mineur : modèle type de signalement

L’article 44 du Code de déontologie médicale impose au médecin de protéger le

mineur et de signaler les sévices dont il est victime.

L’article 226-14 du Code pénal délie le médecin du secret professionnel et

l’autorise à alerter le procureur de la République.

Afin d’aider le médecin dans cette démarche, un modèle de signalement a été

élaboré en concertation entre le ministère de la Justice, le ministère de la Santé de

la Famille et des Personnes handicapées, le ministère délégué à la Famille, le

Conseil national de l’ordre des médecins et les associations de protection de

l’enfance.

Le signalement doit être adressé directement par le médecin au procureur de la

République.

Si, dans l’urgence, le signalement est effectué par téléphone ou télécopie, il sera

confirmé par un document écrit, daté et signé. Le médecin s’assurera de sa

réception et en conservera un double.

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Cachet du médecin

SIGNALEMENT

(Veuillez écrire en lettres d’imprimerie)

Je certifie avoir examiné ce jour (en toutes lettres) :

date (jour de la semaine et chiffre du mois) :

année : heure :

L’enfant :

nom : prénom :

date de naissance (en toutes lettres) :

sexe : nationalité :

adresse :

Accompagné de (noter s’il s’agit d’une personne majeure ou mineure, indiquer si possible les coordonnées de

la personne et les liens de parenté éventuels avec l’enfant) :

La personne accompagnatrice nous a dit que :

L’enfant nous a dit que :

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Cachet du médecin

Examen clinique fait en présence de la personne accompagnatrice :

Oui

Non (rayer la mention inutile)

Description du comportement de l’enfant pendant la consultation :

Description des lésions s’il y a lieu (noter le siège et les caractéristiques sans en préjuger l’origine) :

Compte tenu de ce qui précède et conformément à la loi, je vous adresse ce signalement.

Signalement adressé au procureur de la République

Fait à, le

Signature du médecin ayant examiné l’enfant :

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La rédaction du certificat médical est un acte médical qui ne peut être réalisé que

par un médecin inscrit au tableau de l’Ordre des Médecins et ayant

personnellement examiné le patient [5,21].

Le certificat descriptif lésionnel doit comporter :

- l’identité et la qualité du médecin signataire

- l’identité de l’intéressé, date de naissance, adresse. En cas de doute sur son

identité le médecin note l’identité alléguée par le patient, sous la forme « déclarant

se nommer… »).

- l’identité de l’officier requérant en cas de réquisition

- la date et l’heure de l’examen.

- la date de rédaction. Le certificat peut être rédigé à distance de l’examen mais en

aucun cas il ne peut être antidaté ou postdaté.

- les faits allégués par le patient et, en particulier, ceux qui ont une incidence sur

l’examen clinique et les lésions observées : mode d’agression, qualité et nombre

d’agresseurs, date de l’agression, localisation corporelle des coups reçus. Ces

éléments doivent être rapportés sur le mode déclaratif : « le patient me rapporte

avoir été agressé à coups de poings au niveau de la face par un individu inconnu

…. »

- les doléances à rédiger sous le même mode : « le patient déclare se plaindre de

douleurs cervicales avec gêne aux mouvements … »

- les antécédents qui aggraveraient les lésions et les éléments qui permettent

d’apprécier une éventuelle vulnérabilité au sens pénal (grossesse, infirmité,

handicap, maladie, déficience physique ou psychique…). En effet la vulnérabilité

au sens pénal si elle est connue de l’auteur ou si elle est apparente constitue une

circonstance aggravante.

- les lésions constatées à rapporter de manière descriptive (localisation, couleur,

aspect, dimensions, forme) selon un standard médico-légal. Elles peuvent être

schématisées ou photographiées (si tel est le cas il doit en être fait mention).

- les constatations négatives, en rapport avec les dires et les doléances du patient:

absence de lésion visible en regard d’une zone douloureuse par exemple.

- les éléments permettant d’apprécier le retentissement psychologique :

prostration, pleurs, sentiment de culpabilité, agressivité …

- les résultats d’éventuels examens complémentaires (imagerie en particulier).

- les soins réalisés (suture, immobilisation ….)

- les conclusions, en précisant qu’elles sont évaluées « sous réserve de

complications ultérieures » et en mentionnant : la durée normalement prévisible

des soins et/ou la nécessité d’une hospitalisation, le nombre de jours d’arrêt

maladie ou de travail, la durée en jours de l’Incapacité Totale de Travail (ITT)

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notée en toutes lettres, le destinataire du certificat, la signature et le cachet du

médecin rédacteur

Un double du certificat doit être consigné dans le dossier médical du patient

Ce que le praticien ne doit pas faire :

° reprendre les dires de la victime à son propre compte

° conclure en qualifiant l'infraction et en désignant l'auteur, ceci relève de l'autorité

judiciaire

° conclure à l'absence d'agression sexuelle lorsque l'examen clinique ne montre

aucune lésion.

Toujours conserver un double du certificat médical et/ou du signalement dans le

dossier.

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8. ENTRETIENS

ENTRETIEN 1

- Je vais d’abord commencer par quelques généralités, quel est ton âge ?

- Alors 42 ans.

- Tu exerces que en cabinet ou ailleurs ?

- Non je suis en cabinet à Saint germain en laye, et puis soit aux urgences de Melan en tant

que senior.

- Urgence générale ou pédiatrique.

- Non urgence générale, enfin la pédiatrie on la voit en traumato mais tout ce qui est

pédiatrie médicale on la transfert sur Poissy ou sur Mantes, parce qu’on est entre les deux

hôpitaux.

- Et donc dans ton expérience, tu as fait que les urgences générales ou les urgences

pédiatriques aussi ?

- Non j’ai fait un peu des gardes en urgence pédiatrique, euh quand j’ai finis mon internat.

- Tu es installé depuis combien de temps ?

- Depuis le premier janvier 2010, 2 ans et demi presque 3 (hein, hein)

- Est-ce que tu suis des enfants ?

- Oui, beaucoup (hein, hein).

- Tu connais à peu près ton pourcentage d’activité en moyenne ?

- Alors ça je peux te le retrouver, je le connais pas en moyenne, je sais qu’il va crescendo et

que d’après les normes que nous envoie la sécu puisqu’on a les consultations CMNO,

CMGE, je suis largement au dessus du …, du quota euh … régional. C’est vrai que je

vois beaucoup plus d’enfants que mes collègues, quoi. Et ça va en accroissant donc, par

exemple ben ce matin sur la matinée euh, j’ai vu la moitié de pédiatrie, ce qui est ce qui

est assez normal (hein, hein).

- Tu reçois donc uniquement sur RDV ?

- Que sur RDV ouais.

- Est-ce que tu t’intéresse au dépistage en général notamment les troubles des acquisitions,

de l’audition, troubles visuels et si oui comment ?

- Oui alors je m’y intéresse, bon on a les reco qui sont sorties qui sont pas mal, le problème

qu’on a c’est le manque de test et le manque de temps en en cabinet de ville. Donc par

contre j’hésite pas à envoyer euh quand j’ai des doutes à des spécialistes qui peut faire

que ce soit la PMI qui ont les tests pour ou que ça soit les spécialistes, euh pédiatres bien

sur ou alors ophtalmo ou ORL pour tout ce qui peut être le dépistage des troubles

sensoriels. Et parce que là du coup ils sont mieux appareillés, ils font moins d’erreur que

nous. Mais par contre je le fais, c’est vrai que dans mon interrogatoire il est systématique,

aux parents, souvent d’ailleurs les parents même abordent un petit peu la question et puis

parmis le …, alors là ou c’est dur c’est le trouble du langage parce que l’enfant parle pas

forcément beaucoup, n’a pas la même attitude qu’il a au cabinet qu’il peut avoir à l’école

ou en crèche ou avec ses parents, et par contre les dépistages sensoriels je les fais

systématiquement à chaque visite quelque soit l’enfant, je veux dire ça c’est un truc, parce

qu’on en découvre beaucoup, hein euh. Voilà.

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- Est-ce que tu as déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance

avérée ?

- J’ai été confronté deux fois. Une fois, euh mais c’était à l’hôpital, donc je sais pas si ça

t’intéresse vu que c’est sur du libéral, donc c’était des enfants qui étaient amenés

régulièrement plusieurs fois de suite par la maman pour des traumato assez …, des

traumas assez bizarres, euh ou des brûlures à répétition, des choses comme ça, il y avait

toujours des circonstances soit disant accidentelles qui devenaient de plus en plus louches

et puis des déclarations qui collaient pas avec la maman, notamment des plaies qui étaient

surinféctées mais qui dateraient de la veille, enfin des choses comme ça, euh … comment

..., ça s’est terminé par une hospitalisation avec signalement en pédiatrie et la famille est

suivie depuis, ça c’était pour …, pour l’hôpital.

En fait c’est la recrudescence de petits troubles en fait répétés et l’intérêt du dossier qui

faisait que voilà à chaque fois on avait un doute, plus l’attitude de la maman qui était

assez subversive, voilà un peu étonnant, c’est à dire la demande pour tout et n’importe

quoi, comme beaucoup souvent, c’est a dire la mère qui venait consulter, donc très vite

qui essayait de se défiler puisqu’ils ont réussi a le faire sortir contre avis quand même à la

fin mais il y avait toute une procédure de suivi qui a été fait, euh et depuis c’est rentré

dans l’ordre d’après ce qu’on m’a dit.

- Et il avait quel âge cet enfant ?

- C ‘était un enfant qui avait 4 ans … et quelques mois, entre 4 et 5 ans, je peux te retrouver

le dossier si tu veux. L’autre c’était ici, euh …, c’était en cabinet, alors là c’était plus …,

c’était …, j’étais embêté euh …, ça c’est résolu pour l’instant tout simplement mais je sais

pas quelle vont être les …, les suites à donner. Euh … c’est une maman qui m’a amené un

petit bébé de …, il avait 4 mois, je pourrais retrouver, 4 mois et qui visiblement avait

donc une dermatite atopique qui flambait, l’enfant qui était …, il s’arrachait la peau de

partout, enfin il était …, et la maman qui voulait rien savoir, qui allait sur Internet sans

arrêt chercher des informations, qui voulait pas donner des crèmes avec tel truc tel

machin, parce qu’il y avait tel produit tel truc qu’elle avait vu qui était très dangereux ou

je sais pas quoi. Donc elle était dans le déni complet de ce qui arrivait à son nourrisson,

mais là c’était pas de la violence, c’est vraiment de la maltraitance, enfin plutôt euh …

non assistance à enfant en danger on va dire parce que du coup elle se rendait pas compte

de l’état de son enfant qui souffrait, qui avec ses lésions qui auraient pu se surinfecter,

donc je lui ai d’abord donné un premier traitement classique. Elle a accepté de le prendre

puis après elle a été sur Internet lire tous les composants de la crème corticoïde, elle a

trouvé un qui lui allait pas, c’était pas le corticoïde mais c’était encore autre chose qui

pouvait être dangereux dans certains cas parce que elle avait vu ça je sais pas trop où. Elle

a finit par arrêter, je l’ai renvoyée entre temps chez le dermato, et le dermato a réussi a lui

faire une préparation qu’elle a accepté un certain temps qui a permis surtout la régression

des lésions, et après bah du coup l’enfant allait mieux, après elle a arrêté le traitement du

dermato, je lui en ai redonné un autre à peu près similaire en lui disant que c’était autre

chose, comme ça en faisant attention a la composition, c’est passé comme ça (sourire),

mais on est un petit peu dans la négociation, euh … mais j’avoue que quand même elle ne

se rend absolument pas compte. Le papa lui est très corticé, mais euh … je l’ai vu par la

suite, je ne le connaissais pas, euh ne fait rien, ne s’en occupe pas en fait, euh … et plutôt

abonde dans le sens de la maman, c’est la maman qui dirige tout à la maison, euh … et là

je sais pas ce que ça va faire parce que visiblement elle va être opposé à toutes les

vaccinations, opposé a tout, enfin ça va être très très difficile. Une forme de maltraitance.

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- C’était il y a combien de temps ?

- C’était il y a …, c’était l’année dernière, au mois de mars. Là j’ai revu l’enfant

régulièrement, pour l’instant il va bien, et on se bat déjà. La diversification alimentaire, ça

été la croix et la bannière (hein, hein). Enfin, tout ce qui a été …, et là je pense qu’on va

…, à terme il va …, mais l’enfant n’est pas directement en danger, c’est plutôt on va voir

comment ça évolue, est-ce que elle même va évoluer ou pas, c’est très difficile. Je l’ai

signalé dans le carnet de santé, parce qu’elle a de temps en temps des visites à la PMI, que

… que j’étais circonspect sur l’attitude de l’enfant, par quelque mots pour qu’il y est un

double, après je sais pas ce que ça va donner.

- Il n’y avait pas d’autres signes d’autres types de maltraitance ?

- Non, non il y avait pas d’autres signes de maltraitance, il y avait un très très bon contact,

euh … mère enfant, un très bon contact avec son papa également, il l’a ramené depuis, et

euh … et ça va mieux, et l’enfant ne semble pas …, par contre c’est vrai que c’est son

état cutané quoi qui était …, l’enfant se se se se déchirait la peau devant nous, se grattait

au sang, enfin c’était …, c’est surtout ça qui était vraiment … Le reste ça a l’air d’aller

pour l’instant.

- As- tu fais appel à d’autres intervenants pour t’aider ?

- Alors là non, là non, j’en ai par contre parlé en groupe de pairs avec des confrères pour

savoir comment ils géreraient ce …, ce phénomène, j’ai pas eu les réponses appropriées

parce que je crois qu’on est tous un peu circonspect, c’est vrai que là on pourrait imaginer

un cellule d’écoute, j’aurais pu aussi demander un avis à des pédiatres par exemple, mais

c’est vrai que là on est pas vraiment dans l’urgence absolue de voilà …, de de … Donc je

sais pas si on pourrait peut-être avoir un … Là je me suis pas renseigné si on pourrait

avoir une cellule, un endroit où on pouvait conseiller. Je voulais appeler le pédiatre après

de PMI aussi, mais après donc j’ai mis un mot dans le carnet de santé, je pense que au vue

des petits descriptifs de PMI, ils ont pris un peu heu connaissance de ça donc, mais c’est

vrai que j’ai peut-être pas eu un suivi qui a été assez rigoureux.

- Il n’y a pas eu de retour de la PMI.

- J’ai pas eu de retour, non non, j’ai pas eu de retour du tout, enfin, voilà.

- Est-ce que tu as déjà fait un signalement dans ton expérience ?

- Alors, bah j’ai fait un signalement euh … quand j’étais FFI aux urgences de Saint

germain, j’ai fait un signalement là pour le … pour le …, enfin pas direct ...,

indirectement pour l’enfant aux urgences de Melan, parce qu’en fait j’ai j’ai … dit que

j’avais vraiment un doute sur une maltraitance et qu’un signalement était nécessaire mais

c’est du coup le service de Pédiatrie qui a fait le signalement auprès des autorités. Moi j’ai

fait un signalement quand j’étais FFI à saint germain.

- Et tu as pas eu de retour des services de protection de l’enfance ?

- J’ai eu non non, j’ai assez bizarrement aucun retour, voilà, ouais. Les seules fois où j’ai

un retour des services judiciaires, c’était pour une …, pour une jeune adulte qui venait

d’avoir 18 ans, et c’est par rapport à un homicide involontaire où la il y a eu une enquête

qui a été faite et ils m’ont demandé un peu mon avis, mais c’est tout. Entre temps, j’ai …,

on a aucun …, on est rarement contacté, assez bizarrement par les …, ouais.

- As-tu rencontré des difficultés dans le dépistage, le diagnostic ou la prise en charge dans

les cas que tu as rencontrés ?

- Hésitation … Bah, ils sont pas nombreux, alors c’est difficile de faire un peu une

synthèse. Probablement j’ai du passer à coté de choses, comme beaucoup de gens, euh …

le plus dur c’est en fait, en fait ça dépend, c’est à dire que c’est … c’est …, il y a un peu

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le nomadisme médical quand même, c’est à dire qu’on va voir un enfant où on voit

éventuellement des choses, on le note, et puis on pense qu’on va le revoir le mois suivant,

et ça se trouve on le verra pas avant 6 mois, euh …, bah l’intérêt du dossier informatisé

c’est comme on a tout noté dans le dossier, dans le carnet de santé, et bah on peut

reprendre, on espère que le confrère qui va suivre va voir ce qu’on a noté, et nous même

bah on peut relancer. Mais c’est vrai qu’on a un soucis, c’est qu’on est pas du tout sur de

revoir les gens et alors on …, on hypothèque le fait qu’on va les revoir systématiquement

pour un suivi, ça c’est beaucoup plus dur en ... Sinon pour tout ce qui est test de

dépistage, je pense qu’il nous faudrait des formations, euh …, il faudrait qu’on soit

formés. Moi j’ai eu la chance d’être un peu formé en pédiatrie puis un petit peu au contact

aux urgences ce qui m’a sans doute facilité les choses, mais euh … tout repose sur la …,

en médecine générale sur la formation je veux dire individuelle et continue plus que

professionnelle et continue, euh … moi je me rend compte auprès des réunions de

formations continues, auprès des groupes de pairs que bah on est très rare à se former, à

lire les recos, les recos de l’AFSSAPS, alors c’est vrai que c’est un peu fastidieux, il faut

du temps, euh … mais il y a des trucs très bien qui ont été fait hein sur la prise en charge

de l’enfant, vraiment il y a eu plein de truc. Il y a eu des …, l’INPES qui a fait des trucs

pas mal même sous forme de CD et tout ça, de petits euh … Mais ça demande du temps,

après il faudrait sans doute que ces test là qui soit conçus, enfin qu’on est une sorte de

consultation type, un peu qu’on suive une consultation type, je pense que c’est nécessaire,

d’abord parce que ça évolue et après sur les tests en eux mêmes je crois qu’il sont

irréalisables en médecine de ville, et ils vont l’être de plus en plus, vu le le le … boulot

qu’on a et vu qu’on va au plus pressé. Alors après est-ce qu’il faut organiser des

dépistages systématiques, on pourrait imaginer que après tout euh … tous les enfants à 3

mois, 4 mois, je dis n’importe quoi, après 12 mois et autre, doivent passer obligatoirement

par un service de PMI, faire un certain nombre de …, enfin on pourrait imaginer un plan

départemental au moins à l’essai ou des choses comme ça ou je sais pas du tout …

- Est-ce que tu penses que tu aurais pu agir différemment dans tes cas de maltraitance que

tu as rencontrés ?

- Oui je pense qu’il n’y a pas d’attitude, il n’y a jamais d’attitudes absolues sauf l’urgence

quand on voit que l’enfant est en danger, où là bien sur il faut l’hospitaliser contre vents et

marées si il faut. Mes prédécesseurs avaient eu un cas ici, dans la partie la plus précaire de

cette zone urbaine, où en fait il avait été …, il était venu en visite à domicile où il avait vu

un enfant qui visiblement souffrait de maltraitance directe, a été euh … on va dire

commençait à être comateux avec des troubles de la conscience et ni une ni deux il l’avait

pris dans sa voiture et l’avait monté directement aux urgences. Euh ..., hein hein, c’est ce

qu’il m’a raconté, ça l’avait marqué. Il y a des fois où il faut pas …, contre vents et marée,

il va falloir effectivement isoler l’enfant au plus vite le temps de faire l’enquête.

Néanmoins dans ses cas là, je vais dire, c’est presque les cas les plus simples, ça nous

concerne rarement, je pense que ça concerne presque plus les services d’urgences ou

traumato euh ou de pédiatrie. Nous on est plus dans le dépistage effectivement de ce qui

est fait, de ce qui est pas fait, ça se voit sur la tenue des carnets de santé, les nombre de

vaccins en retard, son type de position aux vaccins, des trucs qui sont pas faits, des

parents qui peuvent pas trop répondre aux questions quand on leur pose, euh …, des

enfants qu’on voit le soir quand on sort, comme hier je suis sorti à 23h du cabinet, il y

avait des enfants dans la rue, je les connais pas, ça aurait été des enfants du cabinet que

j’aurais suivi, ben j’aurais pu me poser des questions au vu de leur age, qu’est-ce qu’ils

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font à 23h dans la rue tout seul sans personne, des petites choses comme ça, ça on peut le

faire, et probablement on peut le faire mieux. Après, c’est vrai que, euh …, euh … il

faudrait qu’on est peut-être un … un relais systématique ou euh …, éventuellement un …

Mais peut-être ça dépend de nous, peut-être on veut pas le faire aussi, ou on a peur de le

faire auprès des instances départementales enfin comme les PMI ou autre ou avoir une

possibilité de discuter ou de parler ou peut être éventuellement signaler sans que ce soit le

signalement automatique. En fait on a pas ..., on a des faisceaux de présomption, on a

rarement des preuves, donc c’est très très dur, et en plus comme on est en libéral et en

patientèle on a un contact direct, un rapport aussi à l’acte, euh … que les gens payent euh

… quand ils sont pas en avance de frais gratuit, mais euh … nous ce qui fait c’est qu’en

plus on a un rapport très très difficile. Euh … les patients sont presque des clients, j’ai

horreur de ce mot là mais euh c’est encore plus dur dans ces cas là, d’avoir des suspicions,

de formaliser, euh, c’est tout bête, mais euh ça gêne parce que le parent va le ressentir, ou

va le voir dans ce qu’on va écrire, il faut qu’on puisse avoir un accès qui soit un peu plus

indirect et euh … probablement on peut beaucoup mieux faire, ouais.

Après dans ce que j’ai fait moi par exemple pour le cas de cette dermatite atopique, je suis

pas du tout persuadé que ça soit la meilleure façon de faire, c’est celle que j’ai choisie,

pour l’instant elle donne ses fruits, mais euh … elle aurait pu déraper, elle aurait pu

déraper sans que je revois l’enfant, qu’est-ce que j’aurais fais à ce moment là, est-ce que

j’aurais signalé, est-ce que j’aurais signalé le nom, est-ce que je suis même sûr de

l’adresse qu’ils me donnent, pas du tout, enfin, c’est à dire que voilà, euh … on se base

sur l’hypothèse qu’on va les revoir, qu’on va suivre, et qu’à partir de là on adoptera la

meilleure attitude, euh … il y a plein de biais possible, qui fait que tout peut déraper à

tout moment, c’est à dire qu’on a pas du tout de …, de sécurité dans ce qu’on va décider,

on est pas sur, et puis encore une fois, là en ville ils rentrent chez eux ils font ce qu’ils

veulent, euh …, on sait pas, c’est à dire que … quand ils sont là dans un service,

hospitalisé, on peut faire plein de choses, on en a la maîtrise. On maîtrise rien, ça c’est

très dur.

Moi je mise beaucoup sur le contact, le contact euh c’est à dire que même si j’ai une…

une suspicion de quelque chose, je considère que le contact avec le parent est primordial,

parce qu’on peut faire passer beaucoup de choses, euh il est pas forcément négligeant

volontairement mais il peut l’être par manque de connaissances, par manque de

compréhension des choses. Je mise beaucoup sur le contact et l’éducation, c’est ma façon

de voir les choses, donc là aussi sur les cas un petit peu simplement de négligence à

enfants, je pense qu’on peut évoluer sans forcément passer dans tout de suite la sanction

ou le répressif. Pour ce qui est du …, pour ce qui est des négligences un peu plu sévère, je

considère aussi qu’on a un contact a garder, parce ce qu’on va se retrouver nous après si

possible à faire l’intermédiaire entre les familles, l’hôpital, les services, donc c’est

important qu’on est la confiance du parent. Si on la perd d’emblée au début ou si on est

trop trop sévère, on va la perdre et on pourra plus faire cet intermédiaire et l’enfant va

peut-être aller ailleurs et il y aura tout à reprendre ou au contraire une perte d’information

qui va être perdue pour le médecin qui va le suivre et donc on perd cette chance là.

Euh …, l’autre chose c’est que le parent, le parent négligeant, le parent violent a une

attitude très ambivalente, il est très euh ..., il vient consulter, il vient amener donc on peut

se servir de ça, contrairement à ce qu’on pense c’est pas ceux qu’on voit jamais, c’est des

fois qu’est trop amené et on peut se servir de ça pour euh …, justement pour essayer de

garder le contact, et de faire en sorte de comprendre la démarche du parent qui est a la fois

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dans la culpabilité et puis dans la remise en question forcément donc là on peut peut-être

jouer là dessus et c’est un peu la façon que j’ai choisis, maintenant peut-être que les

études vont me dire que je me trompe complètement et que maintenant faut revoir cette

attitude là, c’est celle que j’ai adopté en tout cas. (hein, hein)

- Quelle a été ton ressenti vis à vis de la situation ?

- Euh …, on se sent très mal, on se sent très mal, parce qu’on a beaucoup de décisions à

prendre en peu de temps et euh …, et oui on se sent …, on se sent une grosse

responsabilité et on se sent mal à long terme c’est à dire que moi j’avoue j’avais eu besoin

d’en parler en groupe de pairs de cette situation, elle me satisfait pas, à l’heure actuelle

elle me satisfait pas et je peux pas dire que j’ai adopté la bonne solution, euh … le …,

pour l’instant ça à l’air de tenir, par exemple, dans ce cas précis, mais je suis pas sur du

tout que ça a été la bonne solution non, on est jamais dans la certitude puis on se sent

quand même responsable par rapport à l’enfant. Cette situation elle est extrêmement

délicate, euh …, c’est une situation qu’on redoute et peut-être d’ailleurs parce qu’on la

redoute on la néglige un peu en médecine de ville, c’est possible, on la redoute

énormément, on a peut-être pas envie de la voir tout le temps, et donc peut-être des petits

signes inconsciemment, on va les laisser passer. C’est un gros gros problème, enfin ….

Dans les formations continues, je suis même pas sur qu’elle soit vraiment abordé

beaucoup, euh … Sur des tas de formations continues par tel organisme, je l’ai vu en

travers, mais euh je l’ai pas vu beaucoup en tout cas. Je l’ai vu une fois je crois.

- Quelle a été la réaction des parents quand tu as évoqué la maltraitance ? et est-ce que tu

les a revus par la suite ?

- Alors dans le ..., dans le premier cas quand j’étais FFI là aux urgences, quand on a

hospitalisé et donc fait un signalement, euh … les parents n’ont pas vraiment compris

d’emblée, après bon je les ai jamais revu directement. On a hospitalisé sur un motif

(absouquant ?) parce qu’il fallait isoler l’enfant, après je sais pas ce que ça a donné, mais

ça c’est passé bien, parce que en fait quelque part le motif (absouquant ?) ça marche

quand même assez bien. Dans le deuxième cas euh ..., la maman se doutait bien qu’on

hospitalisait l’enfant pour un motif qu’était pas bon, parce qu’on a dit que la plaie était

surinfectée et qu’il fallait hospitaliser, euh ça a été très tendu et la preuve c’est comme

elle a eu gain de cause pour la sortie contre avis, après euh … probablement

l’hospitalisation c’était très mal passée de l’enfant. Néanmoins la prise en charge avait été

faite, il y avait un suivi de la famille donc qui avait toute une procédure qui avait été mis

en marche, donc euh je pense que là ça a été très conflictuel. Elle n’est plus jamais

revenue aux urgences de Melan, jamais, parce que c’est là où que c’est fait le dépistage

entre guillemet de l’enfant. Euh … par les services on a su qu’elle avait reconsulté dans

d’autres services d’urgences par la suite, donc pour d’autres choses, euh … donc

visiblement oui ça reste très conflictuel.

Pour la famille de …, de la dermatite atopique, c’est différent. Assez bizarrement j’ai

jamais revu la maman, je l’ai revu qu’une fois après, mais depuis non et j’ai revu que le

papa, euh … j’avoue qu’elle elle suivait, euh ... elle trouvait des tas d’excuses à tout, est-

ce que c’était une manière de ne pas s’opposer, je sais pas, est-ce que c’était au contraire

une manière de s’opposer à moi, euh … je sais pas. J’ai pas de réponses. Je pense que

dans tous les cas ça se passe quand même relativement mal au sens où il reste … Ca veut

pas dire qu’on n’a pas le relais avec un autre parent ou qu’on n’a pas un autre contact ou

qu’il ne reste pas une confiance, mais je pense il y a quand même euh …, il se passe

quelque chose à ce moment là.

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- Pour toi quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- Euh ... (hésitation) maltraitance psychologique, je pense. Tout ce qui est physique on a

quand même un certain nombre de signes, euh tout ce qui est maltraitance enfin

négligence ou autre sur l’hygiène ou le suivi de l’enfant on va le voir, on va avoir des

signes. Euh tout ce qui est violence en général, bon ça va finir par parler malheureusement

des fois trop tard, mais euh ... par contre psychologique, c’est très difficile, parce que

l’enfant peut présenter des troubles, des tics, des machins, euh un état d’agitation ou un

rapport à l’adulte très difficile. Moi je me suis posé la question, par exemple sur des …,

sur des enfants que j’ai qui sont inexaminable pendant deux trois séances avant de les

examiner. Qu’est-ce qui fait que l’enfant est inexaminable, est-ce que c’est l’anxiété du

parent par rapport à l’acte médical, est-ce qu’il y a eu d’autre conflits avec d’autre

confrères avant, est-ce qu’il y a un conflit avec l’un des parents ou un proche à la maison,

est-ce que c’est le rapport à l’homme, bah je suis un homme, donc euh. Est-ce que ça

signifie par exemple euh … qu’il y a violence par un homme à la maison, et que l’enfant

ne supporte pas, enfin …

C’est très difficile, on n’a pas des …, parfois souvent ça s’améliore au bout de quelques

consultations, euh ... bon ça c’est un exemple. Mais euh, l’enfant qu’on sent mal dans sa

peau, est-ce qu’il y a quelque chose, c’est très très difficile. Euh … moi j’avoue que je le

pensais une fois et je me suis royalement planté, un enfant de 7 ans qui venait, la maman

consultait à tort et a raison pour n’importe quoi, plein de truc et hyper anxieuse alors que

le petit frère de 5 ans elle ne s’en occupait absolument pas, euh mais il allait parfaitement

bien, elle faisait ce qu’il fallait, mais elle ne l’amenait jamais et l’autre elle nous

l’amenait tout les 15 minutes pour… pour quoi que ce soit. Euh ... c’était une mère

presque trop couveuse et à la fin on finissait par presque négliger les signes et il se

trouvait que cet enfant faisait en plus du nomadisme, parce que quand nous on pouvait pas

le recevoir, il allait voir un autre ou il allait voir les urgences pédiatriques, elle avait

besoin d’être rassurée. Il y avait une forme presque d’acharnement sur cet enfant qui

suivait, qui était cerné, qui euh tant bien que mal disait trop rien et acceptait des

consultations multiples que lui faisait subir sa maman. Euh … ça a finit par une leucémie

de l’enfant, parce que effectivement il y avait des petits signes, il est passé plusieurs fois,

on a rien vu, un confrère avait fait une num, je l’ai revu 15 jours après, j’ai pas refait de

num, il est repassé aux urgences pour des motifs de fatigue bizarre, ils ont pas fait de

num, jusqu'à qu’il y retourne 1 mois après où là il y eu une num qui a révélé une

leucémie. Je veux dire est-ce que là on pensait pas que c’était en sens inverse (hein, hein),

c’était un peu la …, la question, , c’est à dire qu’après on voyait que l’enfant …, et du

coup la maman était très …, peut-être que la maman avait perçu, était très inquiète, sentait

des choses, c’est très difficile.

Dans le sens inverse, on a des enfants qui sont amené hyper souvent pour plein de

choses, on peut se poser la question. Je pense que là c’est un sujet extrêmement difficile et

moi j’avoue je pense me planter régulièrement et malheureusement souvent à mon insu.

(hein, hein)

- A quelle occasion ou dans quelles circonstances tu serais amené à évoquer une suspicion

de maltraitance ?

- (hésitation) Dans quelles circonstances ? toute maltraitance venue ?

- Oui

- (Soupir)

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- Est-ce qu’il y a des gens chez qui tu aurais tendance à l’évoquer d’avantage ? (niveau

socio-économique)

- Socio-économique, je vais dire non, parce que euh … même si les cas que j’ai eu était

plutôt des milieux précaires, ça correspond à un type particulier, euh …. Dans la

maltraitance, alors j’ai pas évoquer la maltraitance sexuelle parce que j’en ai pas eu, euh

… j’ai l’impression que celle là elle est générale, elle est pas du tout cantonnée forcément

du tout à des milieux précaires, au contraire elle peut-être très variée et euh … j’ai eu

quelques cas d’enfants …, de jeunes filles qui sont suivies, mais elles ont un suivi euh

déjà avec un psychologue et au CMP pour des histoires de viol dans la famille et là c’est

pas du tout des cas euh …, des cas euh … précaires, au contraire. Donc non, je pense

qu’il y a pas de ..., il y a pas de … Après la …, la négligence générale, j’ai quelques cas

de gros retard de suivi ou d’hygiène chez des enfants. Là c’est plutôt des cas précaires,

mais malheureusement effectivement c’est des familles qui sont dans un état de précarité

majeure, euh … et là oui c’est peut-être un peu plus spécifique, donc je suis un peu plus

attentif à ceux-là et ma manière de réagir c’est euh … bah déjà de leur faire des actes

gratuits même quand ils ont pas leur carte vitale, qui sont pas à jour, qui ont rien, je soigne

l’enfant et je m’en préoccupe pas, c’est le seul moyen que j’ai trouvé et puis euh ... après

au besoin d’organiser comme une prise en charge avec des spécialistes qui marchent dans

le même domaine, c’est à dire qui acceptent effectivement de ne pas tenir compte de quoi

que ce soit pour voir l’enfant, c’est ma parade, est-ce qu’elle doit être généralisée, est-ce

qu’on pourrait faire autrement, je sais pas, euh … j’avoue que là c’est … Je pense que

c’est au niveau presque de ..., de l’état, des régions qui faut qu’il y ai une prise en charge

mieux sans doute de ces familles là. Pour ce qui est des cas généraux, comment on

dépiste, moi j’avoue que je pense qu’il faut surtout examiner l’enfant, un vrai examen

clinique de l’enfant, déjà on dépiste beaucoup de choses, des questions, un carnet de santé

systématique, oui. Violence psychologique, violence sexuelle, beaucoup beaucoup plus

dur, euh ... (soupire et hésitation) très très difficile, j’ai pas de … J’ai des petits signes

mais est-ce qu’on peut les généraliser, est-ce que c’est valable, je me réfère aux recos

essentiellement et euh … bah c’est très compliqué.

- Est-ce que tu crois qu’il existe des freins en rapport avec l’attitude de l’enfant ?

- De l’enfant victime ?

- Oui

- (hésitation) L’enfant victime sur tout ce qui peut-être un peu négligence de base, euh … je

pense pas qu’il y ai des freins, ils freinent pas, il est pas à protéger son parent. L’enfant

victime de coup, il va finir par le protéger et l’enfant victime d’abus sexuel ou de violence

psychologique je pense qui protège son parent, enfin le …, il protège l’agresseur, donc ça

c’est très difficile, et donc il va négliger euh …, un cas pour rebondir la sur ce que j’avais

dit avant, cette jeune fille inculpée d’homicide involontaire à l’origine il y a quand même

des viols multiples dans la famille. Elle l’a signalé à l’école, donc c’est pas moi qui est

fait le signalement, puisqu’elle en avait parlé en fait à l’école, le signalement a été fait à

ce moment là, la procédure judiciaire a eu lieu et l’enquête a eu lieu, elle était à l’époque

mineure . Elle a eu un double viol de par le parent, le père et de par le …, le conjoint de

la nourrice, euh l’enquête est en cours, moi j’ai pas d’informations directe là dessus, mais

elle s’est complètement rétractée pour protéger son père, euh ... ça a finit d’ailleurs par

une situation violente, où elle a finit par essayer involontairement je pense de …, de

trucider la mère du père, donc il y a quand même …, on voit bien la conséquence des

choses et c’est pas ..., c’est pas anodin, il y a toute une série de choses. Là il y a eu une

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enquête policière où j’ai été contacté, mais allez enfin ... pour l’homicide (sourire) et non

pas pour l’histoire des abus sexuels ou de sur ce qui aurait pu se passer. Donc là par

contre il y a une attitude clairement protectrice de l’enfant qui protège ..., qui protège

l’agresseur et ça c’est un frein énorme. Et elle a jamais voulu que à un seul moment ou je

lui ai dit qui fallait qu’elle aille jusqu’au bout de la procédure, qu’elle porte plainte, qu’il

y ai un jugement et autre, jamais à un moment …, une fois qu’elle s’est rétractée elle n’est

jamais revenue en arrière. Pour les autres enfants, ben, l’enfant par exemple qui …, qui

suit sa maman, qui accepte un peu tout, qui vient on voit que sa maman lui demande un

peu tout et n’importe quoi, on peut se demander un petit peu …, c’est une forme quand

même de violence à enfant, il protège, il suit, il se laisse faire, il dit rien, euh …(soupir)

beaucoup d’enfant qui visiblement …, qui vivent peut-être des violences morales à la

maison, ils en parlent pas, ils éludent le sujet même quand on l’aborde. Je pense qu’il faut

l’aborder mais très vite, effectivement il faut avoir des outils, des outils ou des relances

qu’on n’arrive pas à avoir en cabinet. Qu’on ai peut-être plus un suivi psycho ou … en

PMI. Sinon pour le … (silence) comment dire, pour le dépistage des familles ce qui est

intéressant, c’est de regarder le comportement des parents à l’égard de l’enfant dans le

cabinet, comment ils vont le sanctionner quand il fait une bêtise, ou quand il fait un truc,

quand il répond pas, comment … est-ce qu’ils savent l’habiller le déshabiller, est-ce que

…, enfin ... là on apprend beaucoup quand même sur ce qui peut se passer à la maison

(sourire). Maintenant quelle suite à donner, pas toujours facile.

- Est-ce que tu ressens des obstacles au dépistage de la maltraitance ? Si oui lesquels.

- Pour le médecin ?

- Oui

- Je pense que l’obstacle majeur il est l’incertitude, l’incertitude de faire fausse route et de

pouvoir finalement aggraver les choses par une mauvaise intervention. Euh … l’obstacle

il est peut-être encore une fois le manque de formation euh … pouvoir parler, citer ou

plutôt une mise en réseau, c’est à dire qu’après on est dans le secret professionnel, qu’on

va pouvoir avoir une mise en réseau, peut-être contacter un service municipal, un service

territorial ou autre sans qu’il y est forcément branle bas de combat mais pour qu’on puisse

avoir une circulation d’information. On apprend beaucoup sur le divorce des parents, sur

les familles recomposées, par un tel ou autre, des fois plus par les voisins euh (hein, hein),

qu’ils ont des patients qui se permettent de dire des choses. On peut pas abonder parce

qu’on est tenu nous même au secret mais on apprend des choses comme ça et peut-être on

pourrait avoir une mise en …, mais encore faut-il avoir du temps et puis de la bonne

volonté.

- Donc justement tu penses que le manque de temps ou le manque d’implication est un

frein ?

- Majeur.

- Et la peur de l’erreur et de la plainte ?

- Plainte je pense pas, enfin en tout cas moi dans la patientèle que j’ai non, c’est pas une

patientèle qui est trop …. Maintenant j’imagine que celui qui est installé en plein cœur de

Versailles, oui, surtout si il se goure et qu’il va directement (hein, hein) très loin et parce

que ça peut-être aussi des populations de juristes, d’avocats, comme ça. Moi ça me

concerne pas directement, mais je pense qu’elle existe réellement.

Peur de l’erreur, oui, je pense, oui. Oui parce que … créer un état de suspicion, ou créer

une enquête en défaveur ou autre, on peut …, on peut vraiment casser des choses. Enfin,

ça dépend…, ça dépend sur quoi.

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- Est-ce que tu connais quelques notions du code pénal, notamment partage

d’informations, risque de non dévoilement ?

- Oui, oui, bah c’est un des rare cas où on doit lever le secret médical, il peut-être levé

justement dans ce cas là, c’est un des rares cas où on doit agir, ou euh … on peut-être

coupable de ne pas avoir agit, ouais donc non non c’est un cas qui est …, où il me semble

on est protégé par la loi, après je pense que dans les démarches en tout cas, après je pense

qu’entre cette protection là et le dégât qu’on peut faire euh ... si on se plante un peu, il y a

un pas, il y a un pas entier. C’est a dire que cette loi effectivement elle est pour ..., surtout

dans les grosses choses, elle nous permet de casser le secret médical, ce qui est important.

Euh … parce que du coup là il faut qu’on le casse et c’est quand même là dessus qu’on va

se baser pour la relation avec le patient, donc euh il faut que ce contrat de confiance soit

total, sauf dans certains cas, qui est la protection des mineurs, euh … ou sur demande

d’interrogatoire d’un juge euh … même chez le majeur d’ailleurs à ce moment là. Mais

euh ..., mais euh … mais par contre euh dans les cas intermédiaires ou le diagnostic n’est

pas sur et tout, on n’est pas …, il faut être prudent, faut être prudent et cette prudence là

c’est ce qui nous gêne le plus, c’est qu’on sait pas trop comment agir, peut-être on a

besoin … ou alors de pouvoir effectivement mettre en marche une machine dont on

maîtrise plus après les choses, mais euh ... voilà. Après moi par contre au niveau comment

dire cas de conscience euh …, ça m’est complètement égal de perdre une famille euh …,

la patiente, si ça peut servir à l’enfant, je veux dire ça j’ai aucun aucun scrupule la dessus.

- Que penses-tu du rôle du vécu du médecin, de ses valeurs, de ses représentations, de ses

croyances dans justement le fait d’évoquer une suspicion de maltraitance ?

- Euh …, ça peut jouer. (problème d’enregistrement donc fin de la question non

enregistrée)

- Et que penses-tu des facteurs économiques (perte de temps, ou de revenus) et du risque

de la perte de relation de confiance avec les parents ou la famille ?

- Enfin, il faut préserver cette relation de confiance parce qu’elle est importante pour le

reste, c’est à dire pour le contact, le suivi, c’est à dire quand c’est des choses qui sont pas

drastiques après, si on doit perdre le patient parce que il part ailleurs, qu’il veut plus en

entendre parler, bon c’est euh …, c’est …, j’en fais pas de scrupules. Par contre ça peut-

être intéressant de conserver cette relation pour le reste du suivi, pour les frères et sœurs,

pour le reste de la famille et pour le besoin du suivi parce que si par hasard il n’y avait pas

de procédures mises en route ou si il y a eu quand même quelque chose et que les gens

changent, il peut y avoir une perte d’informations, c’est que le nouveau confrère vu peut

ne pas avoir l’information de ce qui c’est passé, donc on peut avoir une perte de chance

pour l’enfant. Ca c’est important de la conserver pour ça. Pour soi directement j’avoue

que j’ai aucun scrupules a perdre une relation, mais ça peut-être un frein justement de dire

bah il faut essayer quand même de préserver cette relation dans ce qu’elle peut-être utile à

l’enfant, c’est à dire garder le contact. Dans le cas de cette dermatite atopique, voir qu’en

fait on peut négocier, c’est pas forcément …, c’est pas forcément au cou de la loi, est-ce

qu’il faut …, enfin ... qu’est ce qu’on va faire pour cet enfant, enfin, il faut essayer de ...,

il y a toute l’éducation des parents, voir comment on peut négocier ça, tant que l’enfant

n’est pas en danger trop, et cette notion de savoir à quel moment l’enfant est trop en

danger ou il y a trop de soucis. Par contre il faut savoir si cette famille reste à risque et

effectivement tant qu’on a ce contact là, on va pouvoir déclencher les choses, mais on

peut aussi perdre le contact avec la famille tout doucement et ne plus pouvoir signaler, ne

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plus avoir de traces, enfin … c’est très très difficile de savoir ce qu’on doit faire quand on

… Bon, conserver le contact oui, euh …, perdre le risque ou … même pourquoi pas sa

notoriété dans le quartier, ça je m’en fout royalement. Je veux dire, c’est …, on ne fait pas

ce métier pour ça. (hein, hein).

- Est-ce que tu aurais des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Des solutions ? bah je reviens un peu sur les mêmes, formation des médecins, des

formations sous forme de tutorat. Moi je crois beaucoup aux tutorats, des recos c’est bien,

euh ... elles sont mis, elles existent, personne ne les lit malheureusement, on ne les fera

pas lire, enfin je pense pas. Est-ce qu’on peut … alors est-ce que c’est sur la base du

volontariat, est-ce qu’il faut l’inclure, est-ce que ... Moi je le mettrai bien dans la

formation euh … professionnelle initiale, pourquoi pas, euh ... il existe des stages déjà en

PMI ou autre, faut peut-être axer là dessus, est-ce qu’on peut pas faire systématiquement

une prévention euh ..., base du volontariat à ce moment là oui, mais sous forme de tutorat,

faire des examens, apprendre à faire des examens cliniques, savoir quelles sont les

relations. Peut-être aussi avoir à l’installation régulièrement euh ... une prise de contact,

mais comment faire ? Est ce que c’est pas plutôt le …, est- ce que c’est au médecin de

faire la démarche, si c’est le cas, je pense que ça évoluera pas. Est-ce que c’est pas aux

services territoriaux, départementaux, régionaux ou autres, de venir se mettre en rapport

avec le médecin, directement pour essayer d’organiser un réseau, euh … ça pourrait être

intéressant. Moi je crois beaucoup aux réseaux hospitaliers aussi, enfin pédiatres pour tout

ce qui est doute sur le dépistage, je crois beaucoup aussi pour tout ce qui est un petit peu

euh ... dans le cadre du doute ou on est un peu dans la négociation, là on est plutôt sur la

négligence, la négligence relative, le doute sur la négligence, c’est à dire euh ... où il n’y a

pas mise en danger véritablement de la vie de l’enfant. Euh … sur aussi le réseau de

confrères qui peuvent aussi essayer de …, d’éduquer, de revoir, de comprendre le

problème sans forcément être trop jugeant au départ, on est pas du tout dans la … prise de

conscience du parent quoi. C’est un peu comme ça que je vois, alors euh ... mais ça je

veux dire c’est des démarches personnelles, est-ce que chaque médecin peut le faire, est-

ce qu’on peut l’organiser, est-ce qu’on ..., j’ai pas vraiment d’idées la dessus.

- Est-ce que tu as une définition de la maltraitance en général ? Quelle est ta définition ?

- Non, je ne l’ai pas potassée, j’aurais pu (hein, hein). Euh … la maltraitance en générale ...

(silence).

- Pas de définition ?

- J’ai non, je pense que la définition qui est donnée dans les recos est la meilleure, elle a été

bien suivie, euh … elle va de la violence directe à la non assistance à une personne en

danger, au manque de soin, d’attention, d’éducation et d’affection, qu’on peut porter à un

enfant. Euh … pour moi l’enfant c’est un projet euh …, et tout doit lui être donné,

maintenant euh … c’est vrai que … la vie fait que beaucoup de parents peuvent pas

forcément tout donner, d’autre ne peuvent pas tout donner parce qu’ils n’ont pas les

moyens. Euh ... mais je veux dire la maltraitance elle commence très très vite, la

négligence commence très très vite. Et après qu’est-ce qui est du ressort de la loi, qu’est-

ce qui est du ressort de l’éducation du parent, c’est …, là il y a un monde qui est mal

définit, qui se chevauche (hein, hein).

- Et pour toi l’enfant maltraité, c’est quoi la définition ? Ca va jusqu'à quel âge ?

- L’enfant maltraité va jusqu'à la définition théorique de l’âge de l’enfant, euh ... puisque ça

peut aller jusqu’à des adultes jeunes, pour moi il n’y a pas d’âge. Euh …ça peut-être si on

veut 18 ans 3 mois, mais on peut inclure à 21 ans, on peut inclure à l’étudiant qui est mal

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encadré ou mal suivi et qui vit chez ses parents et qui n’a pas d’autres moyens ou qui doit

alors arrêter ses études, enfin je veux dire, ça va de là jusqu’à l’âge du petit nourrisson.

Voila, hein, hein.

- Est-ce que tu penses qu’une définition standard aiderait à améliorer le dépistage ? Non, je

pense pas.

- Est-ce que tu as quelques notions sur les critères diagnostiques ou les examens

complémentaires à effectuer pour infirmer ou confirmer une suspicion ?

- (silence) Bah sur la violence oui, des examens traumato essentiellement. Le dépistage

c’est l’examen clinique de l’enfant, euh … après la question est de faire …, est-ce qu’on

fait ces dépistage en ambulatoire ou est-ce qu’on les fait en protégeant l’enfant dans le

cadre d’une …, voilà. C’est un peu ça. Euh … probablement dans certains cas, il ne faut

pas se lancer a faire ces dépistages comme ça en ambulatoire, parce qu’on peut ne pas

revoir la famille, ne pas avoir de trucs, euh ... si le doute est là je pense que le doute

prévaut et qu’à ce moment la il faut isoler l’enfant parce qu’on est sur des violences

sévères. La négligence euh … enfin … ou la violence psychologique est beaucoup plus

difficile, je pense qu’il faut avoir recours à des aides, notamment des gens qui sont formés

pour, les psychologues, les CMP, comme ça. Dépistage des violences sexuelles, je pense

qu’il faut pas hésiter du tout dans ses cas la, à confier l’enfant également à des

psychologues, parce qu’ils n’ont pas le même abord, la même façon d’interroger les gens.

Euh … l’isolement de l’enfant peut-être nécessaire dans ses cas …, dans certains cas euh

…, quand ça vient de se passer qu’on est au contact on est plutôt la dans le fait d’une

plainte portée ou d’une demande d’un parent, des fois contre l’autre parent en cas de

procédure de divorce, de procédure … c’est très compliqué, donc la il faut bien sur

s’encadre du maximum de ..., de chances, d’hypothèses et autre et il faut …, il faut que

l’enfant soit vu à l’unité de Garches si il faut, enfin ... à l’unité médico-judiciaire, là il faut

envoyer tout de suite, euh pas perdre de temps, euh … quand il s’agit de plaintes

d’adolescentes, alors là dans des faits passés très très compliqués, euh … accorder par

contre tout tout ..., toute confiance en ce qu’elles disent même si on peut être dans la

plainte …, la plainte fantasmatique, n’importe quoi, on a pas a juger d’emblée, et là faut

les mettre tout de suite dans les mains de … Après je pense que là il faut …, alors il faut

signaler, mais le problème c’est que souvent on s’aperçoit, moi dans tous les cas que j’ai

eu d’adolescentes qui ont déclarées ça, le signalement a déjà été fait parce qu’elles s’en

étaient déjà plaintes. Donc en fait il y avait déjà eu un signalement, donc en fait là on a

pas trop d’intermédiaires, par contre on a pas d’informations sur ce que devient ce

signalement et l’enquête en cours, là ça pourrait être intéressant par contre que dans le

cadre d’un réseau qu’on est un retour. Sinon oui je pense que là il faut le faire, quitte a

s’en mordre les doigts mais euh ... il faut le faire, parce que le bénéfice du doute pour la

patiente, même si actuellement on a l’impression que c’est un peu un motif qui peut-être

un peu des fois …, on sait pas trop, elles parlent de …, de notion de viol ..., mais quand

on les interroge elles savent pas, elles disent pas, puis elles disent non, puis elles disent

que c’est une copine qui a raconté, c’est très difficile. Euh … j’ai eu deux cas comme ça,

visiblement c’était pas le cas, euh … c’était vraiment complètement inventé par l’enfant et

ça n’a pas donné suite du tout et l’enfant après quand j’ai réinterrogé non non elle a dit

que c’était …, plus le cas …, et là j’ai pas fait un signalement, c’est pour ça que j’en ai

pas parlé parce que c’était deux cas vraiment, c’était relater une histoire en fait mais

l’histoire en fait avait eu lieu dans …, dans la cl..., dans l’école, enfin il y a eu le cas dans

le collège donc je penses que c’est simplement une espèce de ..., elles en ont parlé comme

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ça, c’était pas la plainte de la patiente, c’était pas la démarche, elles ont parlé, elles se sont

auto rétractées, ça correspondait a rien, enfin euh ... donc la c’est très particulier, euh

…mais c’est deux cas vraiment pinuts, enfin j’ai …, c’est pas … en soi, c’est pas du tout

euh … euh ..., c’est deux copines qui venaient, qui s’amusaient ensemble, qui racontaient

n’importe quoi, enfin ... c’était pas …, c’est pas du tout l’adolescente qui vient qui peut

évoquer une plainte, enfin bon. C’était pas du tout, là j’ai aucun doute là dessus et … de

toute façon il y a eu une enquête qui a été faite globalement au sein du collège, donc il n’y

a pas de soucis. Euh ... pour les deux autres adolescentes donc que je parle, ouais le

signalement avait été fait déjà, elles s’étaient déjà plainte, il y avait déjà un suivi qui avait

été … Je pense qu’il faut être très rigoureux, si ça vient de se passé, c’est UML (unité

médico-légale) direct, si c’est un signalement comme ça où ils évoquent un fait passé,

l’examen immédiat n’a pas d’intérêt. Si en plus l’agresseur est passé, n’a plus de contact

ou autre, bah il n’y a pas besoin d’isoler l’enfant, il faut surtout le mettre très rapidement

euh …, faire le signalement et qu’elle soit suivie et qu’il y ai toute une procédure

d’enquête et qu’après il y ai un suivi psychologique, je pense.

- Donc le signalement t’a pas de soucis pour le faire ? tu sais comment faire ?

- Alors le signalement, bah on peut appeler le procureur à tout moment de la journée euh ou

de la nuit, le … sinon, on peut passer par les services sociaux, ou par l’espace territorial,

ça se passe très très bien souvent, parfois même par l’assistance sociale ou aussi par le

collège ou lycée, ça se passe très très bien, il y a une cellule maintenant qui est en rapport

avec la DDASS en permanence, il suffit de contacter … et souvent ça se passe bien aussi.

- Donc tu sais quel organisme ou personne à contacter en cas de suspicion, ça il n’y a pas

de soucis ?

- Oui

- Tes connaissances, elles viennent d’où (formation initiale, FMC, recommandations) ?

- Formation initiale, oui, recos que je lis, oui, formation continue, non, comme je disais

c’est pas …, c’est pas fait, c’est pas un sujet dominant, bah moi j’ai rarement vu dans les

…, ça pourrait l’être.

- Elle remonte a quand ta dernière formation ? ça remonte à longtemps ?

- Continue ?

- Oui, sur le sujet en fait ?

- Ah sur le sujet ? bah on a pas justement de formation continue sur le sujet, c’est sur la

base du volontariat et c’est souvent dans des …, dans des WE, des trucs pas possible, j’en

fait pas de ce type de formation, après on a une formation continue au niveau des

médecins du canton, euh … elle a pas été abordée dernièrement et après moi je la connais

par exemple en groupe de pairs, si on veut c’est la formation continue, enfin de …, quand

ça m’est arrivé au mois de mars l’année dernière euh ... et puis … sinon la formation

personnelle j’allais dire, oui il y a des recos qui sortent, qui sont sorties il y a pas

longtemps, avec la mise en place de petits …, de petits CD roms qui étaient pas mal sur

quel est le dépistage des troubles de l’enfant, enfin tout était un peu mêlé dedans.

- Est-ce que tu te sens suffisamment formé ?

- On ne l’est jamais assez.

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ENTRETIEN 2

- Donc bah je vais commencer par quelques petites généralités.

- D’accord.

- Quel est ton âge ?

- 33 ans.

- Tu exerces que en cabinet ?

- Que en cabinet.

- Avec ou sans RDV ?

- Euh avec RDV mais euh … beaucoup de RDV pris en dernière minute.

- Ca fait combien de temps que tu es installée ici ?

- Ca fait euh … un peu moins d’un an et demi, mars 2011.

- Tu exerces que à Plaisir ?

- Oui.

- Est-ce que tu suis des enfants ?

- Oui.

- Et tu connais à peu près ton pourcentage d’activité pédiatrique ?

- Alors euh …, le dernier que j’ai je pense que ça doit être 25%, pas plus que ça.

- D’accord, donc pas énorme ?

- Pas énormément, pas suffisamment à mon goût.

- Est-ce que tu t’intéresse au dépistage en général comme les troubles des acquisitions, les

troubles du langage, …

- Est-ce que euh … est-ce que j’ai été formée spécifiquement ou non ?

- Non, est-ce que tu le fais ?

- Bah je regarde plutôt avec les examens systématiques, euh ... au niveau ..., au niveau du

carnet de santé, puis bon bah je demande est-ce qu’il vous dit quelques mots, euh …, est-

ce qu’il marche, est-ce qu’il ..., est-ce qu’il rampe, est-ce qu’il ..., au moindre doute je

reconsulte ou je demande un avis.

- Est-ce que tu as déjà été confrontée à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance

avérée ?

- Euh … une MAL TRAI TANCE, on va dire que oui, il y a eu une petite jeune fille, enfin

c’est particulier, c’est une petite jeune fille qui a un gros surpoids, elle est à 44 d’IMC et

euh ..., bien c’est en fait l’infirmière scolaire qui m’a contactée et euh …, et comme il y a

une grosse négligence de la part des parents euh ... ils s’en rendent pas compte et donc

c’est vrai c’est vraiment le …, c’est plutôt négligence que …

- Et sinon tu n’as pas été confrontée à d’autre type de suspicion de maltraitance ?

- Non, pas les gros hématomes, euh … non.

- Elle avait à peu près quel âge cette petite ?

- La petite elle … Clémentine, elle a 13 ans, enfin 12 ans et 6 mois.

- Et qu’est-ce qui s’est passé par la suite ? est-ce qu’il y a eu un suivi ?

- Alors on a fait …, donc il y a eu l’infirmière scolaire, il y a eu le médecin. Moi je l’ai

adressée euh au réseau REPOP à Mignot, euh ... les parents ont été convoqués à l’école et

tout ça n’a jamais abouti, voilà. Donc moi je l’a revois régulièrement euh pour le rhume,

la gastro et tout ça, une fois sur deux elle vient toute seule ou avec une copine. Le reste du

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temps, la mère vient mais à chaque fois comme elle sait que je vais réintroduire le sujet, et

bah elle évite.

- Tu n’as pas fait de signalement ?

- Mais j’ai pas fait de signalement parce que le … le signalement a déjà été fait, euh … au

niveau de l’infirmière scolaire et tout ça euh ..., donc c’est plutôt dans le cadre scolaire

que vraiment le juge et …. Silence.

- La maltraitance tu as été amenée à la suspecter comment ? Du fait qu’elle ne suivait pas

tes recommandations ?

- Du fait qu’elle ne suivait pas mes recommandations, du fait que je la trouvais triste et du

fait que euh …, enfin … ça devait être 1 an …, en fait moi je suis là donc depuis euh …,

depuis mars, mais avant je remplaçais mon … mon ..., celui qui est mon associé

maintenant et que donc je la trouvais triste et à un moment donné elle a carrément fait une

tentative de suicide tellement elle était pas bien.

- Donc là, ça a été un petit peu le déclic ?

- Là ça a été le déclic. Bah pendant 2-3 mois je l’ai vu un petit peu plus, on a réussi a

discuter un peu et puis bah depuis c’est redevenu comme avant. Donc ça a été un échec.

(hein, hein)

- Donc au niveau des intervenants tu as fait essentiellement appel au REPOP ?

- Oui.

- Et puis c’est tout, tu n’as pas fait appel à d’autres intervenants ?

- Non, et l’infirmière scolaire et le médecin, bah eux ils étaient déjà au courant.

- Est-ce que tu as eu un retour d’information par rapport au signalement, c’est pas toi qui

l’a fait c’est plutôt l’infirmière scolaire, mais est-ce que tu as eu un retour d’informations

des services sociaux ?

- Non, non non non j’ai …, j’ai eu des courriers euh du médecin et de l’infirmière scolaire.

- Est-ce que tu as rencontré des difficultés dans le dépistage, le diagnostic, la prise en

charge ?

- Silence. Alors les difficultés ... (silence) par rapport aux interlocuteurs comme on a

souvent oui, euh … les …, euh … au niveau scolaire euh ... il y a pas …, il y a pas trop de

soucis, mais c’est vrai que si j’avais euh ..., à faire euh … tout ça toute seule, se serait un

petit peu difficile, parce que non je n’ai pas été euh …, j’ai pas encore été confrontée. Je

sais que mon … mon collègue, lui euh …, a du faire cette démarche une fois, euh …

c’était euh … une jeune fille aussi que j’ai vu quelques fois qui a eu des attouchements et

des choses comme ça, et euh ..., et bon il avait fait un courrier, il avait même contacté le

procureur. Après c’est les parents et la jeune fille qui ont dit non bah on arrête … stop

quoi, voilà.

- Quel a été ton ressenti vis à vis de la situation ?

- Je me suis sentie impuissante et puis euh ..., j’ai … oui bah et limite incompétente parce

que j’ai …, même en … en répétant les choses, en essayant d’appliquer euh …, bah les

parents, surtout la maman parce que le papa je l’ai jamais vu, euh … il y a aucune

incidence de tout ce que je peux dire.

- Et quelle a été la réaction des parents quand tu as suspecté la négligence ?

- Ils nient complètement le souci, euh …, ils disent oui elle a un petit peu de surpoids, euh

… elle a des copines, ça se passe bien.

- Ils sont dans le déni ?

- Complètement dans le déni.

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- Si tu étais confrontée à une situation un peu différente telle qu’une maltraitance physique

ou d’abus sexuel, est-ce que tu sais comment réagir ? Quelles sont les démarches à faire ?

- Je suppose qu’il faut faire euh … une … une déclaration, enfin une lettre euh …, je crois

au tribunal à Versailles, c’est ce que mon collègue avait fait. Alors les adresses exactes,

non je sais pas. Mais euh ..., bon vu que j’ai des collègues dans le coin, je leur demande et

puis voilà quoi, il y a pas …, je me renseignerais auprès des gens un peu plus

expérimentés, euh ... ça ne pose pas de problèmes.

- Pour toi, quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ? et pourquoi ?

- Plutôt, euh ... psychologique, que les bleus et tout ça, bon ils ont tous un petit peu de bleus

au niveau des membres inférieurs, c’est typique, mais euh ... ouais plutôt psychologique,

je pense négligence euh …, et puis surtout chez les enfants qui parlent pas, qui

communiquent euh pas beaucoup, est-ce qu’ils sont timides ou est-ce qu’ils ont des soucis

euh …, c’est compliqué.

- A quelles occasions ou dans quelles circonstances tu serais amenée à évoquer une

suspicion de maltraitance ? (niveau socio-économique, facteur culturel, âge, …)

- Euh ... bah … oui oui des enfants qui …, qui communiquent pas du tout, les enfants qui

ne prennent pas de poids, (silence), ceux qui ont des gros hématomes ou des fractures, des

entorses euh ... très fréquentes. Ceux qu’on des mauvais résultats scolaires. Et rien de

plus, non. (hein, hein)

- Est-ce que tu penses qu’il existe des freins en rapport avec le patient ? si oui lesquels et

pourquoi.

- Euh le fait d’avoir à faire à un adulte, qu’on ne connaît pas bien ou quand … j’ai pas

réussi euh à le mettre en confiance, le fait que ses parents soient là, et qu’ils puissent pas

tout dire. Il y a probablement parfois des menaces, et tout ça, et qu’ils prennent tout au

premier degré évidemment.

- Et quels obstacles ressens-tu au dépistage de la maltraitance ?

- Je ressens euh … (silence), il faudrait peut-être que j’y fasse encore d’avantage attention,

parce que euh … malheureusement je pense que je passe euh …, il y a des … des enfants

qui euh ..., qui doivent avoir des ..., des soucis de maltraitance et que ... bah j’y fais même

pas …, je l’évoque même pas. Euh … au niveau administratif, bah je sais pas, il doit

exister des petits guides et tout ça «vous-avez une suspicion de maltraitance», euh …

faites telle ou telle démarche et puis aussi bah le secret médical, qu’est- ce que je peux

dire, enfin ... par …, pour les enfants c’est … c’est aussi compliqué que pour les adultes.

- Par rapport au secret médical est-ce que tu as quelques notions du code pénal ? quand est-

ce que tu peux l’enfreindre ?

- Bah, si l’enfant est en danger. (Silence). Après, euh … non si je l’estime en danger euh.

- Est- ce que tu penses que l’absence de signes spécifique et l’absence d’outil de référence

est un frein ?

- Oui, oui. (silence) D’ailleurs est-ce qu’il en existe ? parce que je pense que c’est …

- Il n’y a pas vraiment d’outil de référence. Et est-ce que tu penses que le manque de temps

ou d’implication peut être un frein ?

- Bien sur, le … enfin au niveau de la … la consultation, moi j’ai de la chance de faire des

consultations un petit peu plus longue que la normale, euh … 20 minutes ou plus si j’ai le

temps mais euh ... c’est sur que si euh ... j’ai une heure de retard dans ma consultation, je

serais moins attentive à tous ces petits détails là.

- Et la peur de l’erreur, de la plainte ?

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- C’est pas quelque chose qui euh ..., me semble un frein, enfin c’est vrai que j’ai … j’ai

pas eu d’histoires dramatiques et tout ça, enfin j’ai … j’ai déjà entendu de la part des

collègues des histoires pas très sympa, mais euh … pour l’instant non c’est pas un frein.

- Est-ce que tu penses que le rôle du vécu du médecin, de ses croyances, représentations, ça

peut jouer sur le dépistage ?

- Oui probablement, les … les gens qui ont du avoir … des questions un petit peu plus euh

… rigides ou … euh …, ils feront peut-être moins attention, euh … attention à se qu’ils

ressentent de ..., de ce que l’enfant lui ressent, est-ce qu’il est bien , pas bien, est-ce que

c’est …, est-ce que … c’est normal de le voir un petit peu pleurer euh …, est-ce que …

c’est normal de le voir rien dire du tout ou …

- Et au niveau des facteurs économiques, notamment la perte de temps ou de revenus, et de

la perte de la relation de confiance avec la famille, est-ce que pour toi c’est un frein ?

- (Silence) Pour moi, ça me dérangerais pas de …, d’investir euh tout ça, si euh ..., si c’est

pour aider des enfants, quoi. Si euh ..., enfin en prenant euh … 5-10 minutes de plus euh

…, voilà ça permet que les enfants soient bien par la suite, non il y a pas de soucis.

- Et le fait de perdre la relation de confiance, est-ce que ça te pose un souci ?

- Le … le principal souci, oui c’est que c’est …, on perd la confiance au … au niveau des

parents, bah on les verra plus les jeunes après. Donc c’est …, euh … si c’est …, enfin ce

qui n’est pas possible si on peut par la suite revoir les enfants, euh les jeunes sans les

parents, non.

- Est-ce que tu as des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Un petit guide pratique (hein, hein).

- Pas d’autres solutions à proposer ?

- Pas d’autre commentaire.

- Est-ce que tu as une définition de la maltraitance ?

- (silence) Euh bah c’est un mal-être physique, psychologique, euh ... une négligence, enfin

..., voilà.

- Et pour toi la définition de l’enfant maltraité ? ça va de quel âge à quel âge ?

- C’est un enfant en souffrance, euh … bah il y a pas d’âge, c’est tous les âges.

- Est-ce que tu connais à peu près les critères diagnostiques, ou les examens

complémentaires à faire en cas de suspicion ?

- En cas de suspicion, alors … au niveau des tests pour ..., au niveau psychologique, aucune

idée, euh ... au niveau physique bah oui, euh les radios, les examens, voilà.

- Et l’attitude à adopter en cas de suspicion, donc tu m’as dit qu’il fallait faire un courrier,

un signalement et sinon est-ce que tu connais les organismes à qui adresser ?

- Silence

- En cas de suspicion de maltraitance est-ce que tu sais quoi faire?

- Signalement, hospitalisation. Hospitalisation, aussi. Appeler le ... le pédiatre aux

urgences, et puis euh ... les prévenir, je vous envoie quelqu’un même si c’est pas tout à

fait le bon motif, pour qu’il soit au courant.

- Et est-ce que tu connais la cellule départementale ?

- Non.

- Donc c’est une cellule qui peut aider les professionnels à orienter et à savoir quoi faire en

cas de suspicion.

- D’accord.

- Tu n’as jamais été en contact avec les services de protection de l’enfance ?

- Non.

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- Est-ce que tu sais faire un signalement ?

- Il faudrait que je demande à un collègue avant pour euh …, pour le faire.

- Tes connaissances elles viennent d’où ?

- J’ai eu quelques cours quand j’étais … il y a pas si longtemps interne (hein, hein). Et puis

voilà.

- Et elle remonte à quand ta dernière formation sur le sujet ?

- Sur le sujet …, et ben euh … 2009.

- C’était une formation universitaire ?

- C’était universitaire, ouais.

- Et tu n’as pas eu de formation initiale ou continue sur le sujet ?

- Non.

- Est-ce que tu penses que cette formation universitaire était complète et t’aiderait à

améliorer le dépistage ?

- Non, c’est pas suffisant (hein, hein), c’est certain.

- Est-ce que tu te sens suffisamment formée ?

- Non.

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ENTRETIEN 3

- Acceptez-vous que l’entretien soit enregistré en sachant qu’il sera anonyme et que je ne

citerais pas votre nom lors de l’entretien ?

- Du moment où ça me gêne on arrêtera. (hein, hein)

- Alors, je vais commencer par des petites généralités. Quel est votre âge ?

- 55 ans.

- Vous exercez uniquement en cabinet ?

- Oui, en cabinet.

- Ca fait combien de temps que vous êtes installée ici ?

- 22 ans.

- Est-ce que vous suivez des enfants ?

- Oui.

- Vous connaissez à peu près votre pourcentage d’activité pédiatrique, en moyenne ?

- Je dirais entre 25 et 30%.

- Vous recevez uniquement sur RDV ?

- Uniquement.

- Est-ce que vous vous intéresser au dépistage en général comme par exemple les troubles

des acquisitions, du langage, et si oui comment le faites-vous ?

- Alors, euh … s’y intéresser oui, euh … moi j’ai pas du tout les tests comme peuvent avoir

les pédiatres ou les ORL, donc c’est plutôt euh …, un questionnaire vis à vis du ressenti

des parents en fait, des constatations des parents.

- Est-ce que vous avez déjà été confronté à une suspicion ou à une maltraitance avérée ?

- Oui.

- C’était quand ?

- Euh … suspicion. C’est pas moi directement, c’est un de mes patients et euh … la plainte

a été déposée à l’école, et c’était il y a … 15 ans.

- C’était un enfant de quel âge ?

- C’était un enfant de 5 ans.

- Et c’était pour quel type de maltraitance ?

- Rien n’a été formalisé, c’était extrêmement étonnant.

- C’était quoi comme type de suspicion ?

- De coups.

- Et donc c’était un enfant que vous suiviez ?

- Ouais, ouais ouais.

- Est-ce qu’il y avait des signes ?

- Non non non, il y a aucun signes et puis il n’y a pas eu de suites. C’est le seul cas où pour

moi euh … voilà.

- Et est-ce que vous avez eu d’autre cas de suspicion ?

- Non.

- Non, pas du tout ?

- Pas de cas de fractures multiples, par exemple. Pas de cas de …

- De négligence ou d’abus sexuel ?

- Non, mais on est dans un quartier un peu privilégié quand même. (sourire)

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- Et est-ce que vous savez comment ils ont été amenés à suspecter la maltraitance, à

l’école ? sur les dires de l’enfant ?

- Sur des hématomes de l’enfant. Non, pas sur les dires de l’enfant, ça c’est sur. Sur des

hématomes de l’enfant, un enfant turbulent et qui …, et chez un enfant turbulent.

- Et ils vous ont contacté ?

- Non.

- Ils ont réglé ça en interne ?

- Ouais. Ouais, ouais.

- Est-ce que vous avez fait un signalement ? Vous n’avez jamais eu besoin d’en faire ?

- Non. Non.

- Si vous deviez être confronté à une suspicion de maltraitance, que feriez-vous ?

- J’envoie à l’hôpital. Je vous dis non, ça m’est arrivé une fois et j’ai envoyé aux urgences

de l’hôpital, aux urgences pédiatriques, sans rien mettre sur mon mot et en appelant les

urgences.

- Et c’était un enfant de quel âge et quel type de maltraitance ?

- C’était un enfant de 3 ans et c’était des hématomes.

- Vous aviez une vraie suspicion ?

- Beaucoup d’hématomes.

- C’est ça qui vous a mis …

- Ouais, ouais. Toujours dans un cadre d’agitation parce que ça va souvent de paire quand

même. Donc pour moi les urgences, d’abord, plutôt que ce que font les écoles euh … qui

sont … tout de suite le procureur, je pense qu’on doit au moins avoir un minimum de

preuves.

- Donc, vous ne seriez pas amené à « enquêter » et puis faire un signalement ? vous

préférer adresser directement aux urgences ?

- Ah je ferais d’abord faire un bilan aux urgences pour voir si ça repose sur quelque chose,

en appelant un confrère, bien sur, pour dire pourquoi j’envoie mais euh …

- Est-ce que vous si étiez amené à suspecter une maltraitance, vous feriez appel à des

intervenants extérieurs, en dehors des urgences, pour avoir de l’aide ?

- Silence. Ca serait surtout les urgences. J’ai pas forcément de bonnes expériences avec

l’assistante sociale qui va un peu … tout mettre en œuvre sans faire de preuves euh … Je

commencerais par les urgences ça c’est certain. Les autres cas que j’ai vu c’était quand

j’étais étudiante, parce que j’étais aux enfants malades, donc euh… j’ai eu deux cas mais

c’est pour ça que moi j’ai pas signalé directement. J’ai vu des cas de signalement, j’ai vu

des vrais enfants battus avec des fractures multiples, mais on est dans un autre cadre. Et je

pense que là ça se passe quand même mieux. C’est à dire que nous, si on fait un

signalement et que les gens s’en vont, on sait pas ce qu’ils vont faire après, hein. Tandis

que si aux urgences, l’enfant est examiné euh …, on est dans un cadre où il va être pris en

charge, et où il ne va pas nous échapper de la même façon, voilà. Mais ma fois, on est une

ville favorisée, hein.

- Pour vous, quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer et pourquoi ?

- La psychologique.

- Et pourquoi ?

- Ah parce que … parce que un enfant peut être turbulent et qu’on c’est pas pourquoi, parce

que … si il est euh … en permanence dévalorisé, on s’en rend pas forcément compte, ça

c’est extrêmement compliqué.

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- A quelle occasion ou dans quelles circonstances vous seriez amené à suspecter une

maltraitance ? (niveau socioculturel, ...)

- Mais pas seulement, parce qu’il y en a dans tous les milieux, mais vraiment les

hématomes, parce que pour moi, ça c’est un point important, quand on a une relation

parent-enfant difficile avec un enfant très turbulent, c’est vrai qu’on se pose la question ou

bien quand il est extrêmement abattu. C’est sur que … la maltraitance psychologique,

c’est beaucoup plus compliqué, hein. Là, hormis conseiller un psychologue, on n’a pas

beaucoup de poids.

- Est-ce que vous auriez des difficultés plus importantes à faire le dépistage ou le diagnostic

dans les cas intermédiaires où il n’y a pas de symptômes francs.

- Ah bah oui, bien sur, comme tout le monde, hein. Il y a peut-être des choses d’ailleurs …,

des enfants que je trouve maltraités psychologiquement, alors que … voilà on fait rien, et

que c’est un mode de fonctionnement familial et … on pense qu’il n’est pas forcément

parfait mais qu’on a pas grand chose …, on a pas beaucoup de possibilités.

- Pensez-vous qu’il existe des freins au dépistage en rapport avec le patient ?

- Non, je suis pas sur que se soit l’enfant qui soit le frein. Non, je suis pas sur.

- Et est-ce que vous vous ressentez des obstacles au dépistage de la maltraitance ?

- Physiquement, pas trop, mais faut être sur de ce qu’on fait. Et euh … psychologiquement,

c’est beaucoup plus compliqué.

- Est-ce que vous pensez que le fait de ne pas avoir de signes spécifiques ou d’outil validé

au dépistage soit un frein ?

- Oui.

- Et le manque de temps ou d’implication ?

- Manque de temps, d’implication sûrement pas, le manque de temps sûrement. Quand vous

voyez un enfant euh …, malade avec 40 euh …, même si vous avez une suspicion et

qu’on est en plein hivers euh, on va pas forcément creuser ce jour là, hein.

- Et de la peur de l’erreur ou de la plainte.

- Bah la peur de l’erreur plus que de la plainte. Parce que on met quand même en jeu, enfin

… pour avoir vu deux ou trois cas, on met quand même en jeu sérieusement la famille,

euh … l’enfant euh …, parfois les mesures qui sont prises sont un petit peu drastiques

alors que … il est pas bien chez lui mais il est souvent plus mal ailleurs quoi, donc …

(hein, hein) oui.

- Et donc le manque de certitude ?

- Bah quand c’est physique, on peut avoir des preuves. Quand c’est psychologique, c’est

plus compliqué. Alors là, on a un frein, nous, qui est l’accès au psychologue qui est …

extraordinairement compliqué euh …. Les CMP on est à 3 ou 4 mois de délais de RDV,

euh … les psychiatres, les pédopsychiatres, nous on a pas de possibilités pratiquement ici

d’avoir des RDV à moins de 6 mois euh, donc ça c’est un vrai soucis par contre.

- Vous connaissez quelques notions du code pénal quant à la non assistance à personne en

danger ou sur le dévoilement du secret médical.

- Ouais, ouais, c’est le genre de choses qui nous …, qui nous gêne, qui nous fait peur (hein,

hein), très souvent, hein.

- Et vous connaissez les risques quand on a une suspicion de maltraitance et qu’on ne fait

rien.

- Silence. Sur quel plan ? sur le plan de la durée de …

- Sur le pénal.

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- Ça on le sait, ça passe au pénal, ça je sais, après sur le plan de la condamnation, je pense

que c’est variable, hein.

- Et justement vous savez quand on peut enfreindre le secret médical, dans quelles

situations ?

- La maltraitance, justement, en est une. Oui, oui, oui.

- Et que pensez-vous du rôle du vécu du médecin, de ses représentations, de ses croyances,

de ses expériences antérieures ?

- C’est un être humain, donc forcément, oui c’est important. C’est d’autant plus important

qu’on a pas de …, qu’on n’a pas de critères euh …, on n’a pas de grille de décisions, et

donc … oui bien sur.

- Et des facteurs économiques, notamment la perte de revenus ou de temps ?

- La perte de qui ? la notre ?

- Oui.

- La perte de temps non. Mais, la perte de temps non, après on l’a ou on l’a pas, mais non,

la perte de temps, non, et la perte de revenus, sûrement pas.

- Et du risque de la perte de la relation de confiance avec les parents ?

- Bah, ça oui, oui bien sur. Par contre, enfin … c’est pas ça qui m’arrêterait hein, si un

enfant est maltraité, la perte de la relation de confiance avec les parents m’est

complètement égale, hein.

- Et le risque de ne plus revoir l’enfant.

- Si c’est pour une maltraitance, c’est pas … c’est pas un problème.

- Est-ce pour vous c’est un sujet difficile à aborder avec les parents, à évoquer ?

- Ah, bah oui. Oui.

- Pourquoi ?

- On peut pas d’emblée dire aux parents, vous maltraitez vos enfants euh … sans avoir de

preuves (hein, hein), tout simplement, hein. On arrive à … à parler du mode d’éducation,

mais bon on a …, non …

- Et est-ce que vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Je pense qu’on devrait avoir euh ... des accès beaucoup plus facile à des pédopsychiatres,

d’abord et avant tout. Parce que même là, je pense qu’avec les jeux, les dessins, des tas de

choses, les enfants euh … seraient beaucoup plus susceptibles de … de laisser parler, et

nous on voit pas tout seul l’enfant. Donc le pédopsychiatre le fait assez facilement, nous

dans la mesure où c’est l’examen clinique, on peut pas. Et puis, c’est pas forcément

souhaitable, parce que la plainte aussi c’est de l’autre coté hein, on peut euh …, enfin moi

un enfant sans les parents, je peux pas examiner si il y a un moindre soucis parce que je

…, ça peut pas se …, enfin je veux pas que ça se retourne contre nous tandis que pour un

pédopsychiatre, c’est un autre schéma, et donc ça serait plus facile, oui je pense que c’est

là surtout qu’est le frein.

- Et vous auriez d’autres solutions à proposer ? Avoir un meilleur réseau ?

- Non, parce que moi je me méfie de l’école, en fait. Hein, c’est …, je sais pas

statistiquement mais sur le quartier, moi je pense que se sont les premiers qui dénoncent

et pas souvent à bon escient.

- Est ce que vous pensez qu’il y a un intérêt à un dépistage systématique ?

- Fait où ?

- En ambulatoire, en PMI, …

- Ambulatoire, pour nous, comme ça c’est pas …, enfin …, moi ça me paraît compliqué

parce que la grille on va la reprendre avec les parents, donc on revient un peu … Pour moi

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si il devrait y avoir un dépistage il devrait être fait par un pédopsychiatre ou dans un

CMP, hein. C’est pas euh …, voilà.

- Et donc la mise en place d’un réseau ou autre ?

- Je suis pas très réseau moi dans l’absolu, mais des correspondants euh … accessibles oui

sûrement. C’est un peu un terme qui me donne un peu d’allergie, mais … des

correspondants oui.

- Quelle définition de la maltraitance avez-vous ?

- Non, pas de définition très précise.

- Et de l’enfant maltraité ? jusqu’à quel âge vous seriez amenée à rechercher une

maltraitance ?

- On peut même suspecter chez un adolescent, hein.

- Pour vous il n’y a pas d’âge ?

- Ah non, hein. On a même des personnes âgées maltraitées, donc euh ... non, des femmes

battues. J’ai plus de suspicion de femmes battues que d’enfants maltraités, hein. Donc la

notion d’âge, non.

- Est-ce que vous pensez qu’une définition standard de la maltraitance aiderait à améliorer

le dépistage ?

- Je suis pas sur que ce soit si simple que ça. Je suis pas sur que ce soit si simple que ça. Et

puis à chaque fois on doit se poser la question de se qu’on fait de mieux pour l’enfant. On

revient à ce que je vous disais, dans certain cas il faut le sortir de son milieu mais dans

d’autres cas je pense qu’il faut le laisser dans son milieu et aider les parents, ce qu’on fait

pas. Voilà. Et donc euh ... là il n’y a pas de souplesse par rapport à ça, si vous allez devant

le juge euh …, dans un premier temps on va l’enlever.

- Et est-ce que justement vous savez quoi faire pour aider éventuellement une famille en

cas de suspicion ?

- Oui. Ah oui bien sur, mais pour nous c’est adresser au CMP pour qu’il y ai une prise en

charge familiale, mais euh … moi je ne sais pas comment ça se passe ailleurs, mais je

peux vous dire qu’ici c’est très long pour avoir un RDV, même si on appelle.

- Vous connaissez les critères diagnostiques et les examens complémentaires à effectuer en

cas de suspicion ?

- Aux urgences ?

- Oui aux urgences, ou ici en ambulatoire.

- Bah les fractures multiples euh …, c’est surtout ça, les hématomes, les fractures multiples.

- Et vous connaissez l’attitude à adopter en cas de suspicion ? Le signalement ?

- Oui, oui, ça ça enfin … je sais comment le faire. De toute façon si je devais le faire, je

pense que je commencerais par passer un coup de téléphone au conseil de l’ordre avant

toute chose, et voilà, pour la saisine. On a des documents qu’on peut nous euh …, qu’on

peut nous avoir et ils ont le numéro direct eux pour appeler euh ….

- Et vous savez quel organisme contacter en cas de suspicion en dehors des urgences ?

- Moi en deuxième je met le conseil de l’ordre, parce que …, et puis sans ça euh … c’est au

niveau du tribunal pour enfant où on a une cellule spécifique avec un numéro de

téléphone, hein.

- Vous connaissez la cellule départementale ?

- J’ai pas le numéro en tête, mais je sais qu’il y en a une, et je sais le retrouvé quoi, voilà.

C’est pareil hein, on a une autre chose, mais c’est plus les adultes, on a quand même à

Versailles aussi une unité médicojudiciaire, hein qui euh …, voilà. Plus pour les …, oui

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pour une suspicion pour une jeune fille, donc pour faire l’examen gynéco euh …, voilà

hein.

- Donc un signalement vous sauriez le faire ?

- Oh oui oui. Je ferais ce que je vous ai dit, c’est à dire la démarche d’envoyer aux

urgences, d’en parler et si il y a besoin de le faire, bien sur.

- D’où viennent vos connaissances sur le sujet ?

- Euh … sûrement pas des études. (hein, hein). Euh …, euh … je pense qu’on a eu une ou

deux formations professionnelles ici et puis … et puis moi j’ai eu deux cas un petit peu

lourds pour lesquels j’ai regardé.

- Et elle remonte à quand votre dernière formation ?

- Hésitation et silence. Peut-être il y a 5 ans.

- Donc dans le cadre de la formation continue ?

- Oui, dans le cadre de la formation continue.

- Est ce qu’elle vous a aidé à améliorer le dépistage ?

- A améliorer le dépistage sûrement pas, à … enfin à savoir comment euh … comment faire

si on a besoin de signaler, sûrement.

- Est-ce que vous vous sentez suffisamment formée ?

- Non. Non, parce que pour moi, voilà, on en revient toujours au même point, je pense que

c’est très compliqué et que …, et qu’on n’a pas les …, on n’a pas tous les outils, hein.

- Et comment aimeriez vous être formé ?

- Moi, j’aimerais pas forcément être formé, j’aimerais avoir un correspondant à qui je peux

adresser en cas de suspicion. Et quelque chose qui soit suffisamment neutre pour le faire

accepter par les parents, parce que l’enfant est mineur, hein. Donc il y a une différence

entre l’enfant en danger qu’on doit signaler et l’enfant … qu’on a l’impression qu’il est

maltraité mais qui n’est pas forcément en danger pour lequel on voudrait une preuve. On

va pas signaler à chaque fois.

- Tout à l’heure vous me parliez de deux suspicions de deux gros cas.

- Euh … le premier, c’est cet enfant pour lequel l’instituteur a fait une dénonciation, donc

là …, et puis l’autre …, mais c’est une maltraitance autre. C’est un père qui avait

maltraité sa fille, mais en fait, bon c’est un gros cas parce que c’est passé devant le juge et

qu’on est venu me saisir le dossier, donc euh … voilà.

- C’est pas vous qui avez fait le …

- Non. Non, non, non ça c’est … de toute façon quand ça c’est fait, moi je l’avais suivi je

pense jusqu’à euh … 6-7 ans puis après elle a déménagé, ça s’est fait sur la période où

elle a déménagé et puis euh les dossiers ont été saisis depuis la petite enfance.

- Vous ne l’avez pas revu par la suite ?

- Si je l’ai revu après parce que …, mais voilà.

- Et vous avez revu l’enfant ?

- L’enfant.

- Et les parents ?

- Le père a été emprisonné.

- Et cette enfant elle vous a reparlé de cette situation ?

- Pas du tout. Mais elle a été suivie au CMP par contre. Par moi non, je ne l’ai jamais vu

seule, il y avait toujours quelqu’un, de toute façon dans un cas comme ça je pense que

c’est important, et le suivi psychologique a été fait lui de toute façon, très rigoureux par

contre.

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- Quels sont pour vous les difficultés rencontrées dans le dépistage, diagnostique, ou PEC

dans les cas rencontrés ?

- De ne pas se tromper, de ne pas être plus nuisible encore pour l’enfant que la souffrance

qu’il a déjà. Je pense que de toute façon, ça devrait être beaucoup plus disciplinaire, hein.

Il faut aussi parler aux parents. Certains parents ont la main leste sans être forcément

maltraitant ou malveillant, hein.

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ENTRETIEN 4

- Donc je vais donc commencer par des petites généralités.

- Je vais d’abord vous demander votre âge ?

- 53.

- Quel est votre type d’exercice ?

- Alors, je suis médecin territorial à plein temps, de PMI, c’est à dire je fais que ça, tout au

long de la journée et de l’année.

- Et votre début d’exercice remonte à quand ?

- Alors que de la PMI, ou de l‘exercice médical ?

- Oui, de la PMI.

- 2002, octobre 2002.

- Et avant vous étiez installé ?

- J’étais médecin généraliste installé, effectivement en cabinet libéral.

- Quel est votre secteur d’intervention ?

- Alors mon secteur d’intervention, il y a euh dans les Yvelines, la PMI et … comment dire

ça, et euh … divisé en 9 territoires et chacun des territoires est divisé en secteur. Donc le

territoire de Grand Versailles où nous sommes est divisé en 4 secteurs. Le quatrième

secteur c’est celui de Vélizy, Saint-cyr et de toutes les petites villes qui sont autour de

Vélizy, Buc, Toussus-le-noble, euh … Jouy-en-Josas, les Loges-en-Josas, Villepreux, euh

..., Viroflay j’oubliais.

- Et quel est votre rôle ?

- Mon rôle, alors euh …, on va dire que il est à la fois dans euh …, faire les consultations

de PMI, consultations de euh … protection infantile jusqu’à l’âge de 6 ans à peu près,

mais on voit essentiellement des petits de moins de 2 ans, hein. Euh ... et puis s’occuper

aussi de ce qu’on appelle les bilans de dépistage en école maternelle à l’âge de 4 ans, euh

… m’occuper aussi euh de tout ce qui est bah accueil petit enfance du secteur, non pas

dans la création mais dans les suivis, en gros les visites de crèches, essentiellement. Et

puis euh … une nouvelle position qui nous a été confiée qui est le suivi médical des

enfants placés à l’ASE, voilà en gros.

- Donc vous exercez dans toutes les petites villes que vous m’avez cité ?

- Tout à fait. Tout à fait. Et même j’aide aussi sur un autre secteur, parce que … solidarité

bien sur. Ce matin, notamment, vous voyez je n’étais pas dans mon secteur, j’étais à

Fontenay qui est le secteur d’un collègue.

- Donc vous ne voyez que des enfants ?

- Alors sur le plan médical, je m’occupe que des enfants, mais on voit les parents et donc

les situations parentales on les connaît et on s’en préoccupe, parce que ça a une forte

incidence sur le suivi des petits, hein.

- Je suppose que vu votre rôle, vous vous intéressez au dépistage en général.

- Bien sur.

- Et vous le faites comment ?

- Euh … votre question est vaste, parce que dépistage, tout dépend de ce que vous entendez

par dépistage.

- Bah, troubles des acquisitions, trouble du langage. Est-ce que par rapport à quelqu’un en

cabinet, est-ce que vous avez plus de moyens ?

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- On a nettement plus de temps surtout. C’est le temps qui fait que la personne le fait ou

pas, que ce sont des missions de dépistage notamment des déficits précoces ou des

handicaps, euh ... il faut avoir du temps pour les chercher et notamment, on galbe pour

pouvoir faire des test s…, des troubles du langage. Pour le visuel, bah il faut aussi pouvoir

faire des tests, et il faut être aussi euh …, avoir une formation pour pouvoir être

relativement être à …, à l’écoute et pouvoir dépister justement. Certains test sont pas

facile d’utilisation en réalité et demande une certaine pratique.

- Et vous vous avez été formé pour faire ces tests ?

- Oui. Oui, oui, mais pas dans ce département, dans un autre département, parce que moi

j’ai d’abord commencé dans l’Essonne, avant de venir dans les Yvelines. Je me suis

rapproché de chez moi.

- Est-ce que vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à maltraitance

avérée ?

- Ah…, c’est plusieurs, plusieurs. Pas que des suspicions, malheureusement, c’est tout les

jours ça.

- Donc vous en avez eu beaucoup ?

- Ces derniers temps, ça arrête pas.

- Est-ce que vous pouvez m’en raconter certaines.

- Ah bah là j’en ai des très brûlantes, des abus sexuels, par exemple hein, chez une jeune

…, une petite fille euh …, euh … qui n’a pas été euh…, petite fille de 5 ans hein donc

qu’on a vu en consultation, euh … dont l’école a …, nous a averti, qu’on a vu après en

consultation avec la mère. La mère qui a confirmé effectivement que l’enfant avait été

abusé par l’ami de son père, mais qui n’a pas porté plainte. Donc nous évidemment, nous

avons fait un écrit bah à la cellule centralisée des informations préoccupantes des

Yvelines, pour que une évaluation soit faite et pour faire cette déclaration au niveau de la

police quand même, parce que pour l’instant il n’y a pas de plainte au niveau policier de

faite. Donc là comme la mère ne veut pas le faire, donc on est obligé de faire un

signalement judiciaire pour que le juge se saisisse d’emblée tout seul en vu des écrits.

- Et vous avez été amené à le diagnostiquer comment ? sur la plainte de l’enfant ?

- C’est la mère qui nous l’a dit. C’est une attit…, c’est souvent une attitude fréquente, hein,

qui est ambivalente des parents, qui euh … bah sont pris par la situation, nous en parle,

mais ne veulent pas intervenir parce qu’ils ne peuvent pas psychologiquement intervenir

sur la personne qui en est responsable, parce que ils sont pris euh …, elle est pris

affectivement sur cette personne, et donc euh c’est même probablement pour ça qu’elle

nous en a parlé, pour que nous nous fassions le travail qu’elle n’a pas fait, probablement.

- Et cet enfant vous l’aviez déjà vu dans le cadre d’un suivi ?

- Non, c’était la première fois que je le voyais. Je voyais sa …, une fausse sœur parce que

c’était une femme qui est en train de refaire sa vie avec un autre homme, qui a déjà un

premier enfant, donc je connaissais bien ce deuxième enfant, qui est venu.

- Et le signalement c’est vous qui l’avez fait ?

- Alors, alors c’est un peu compliqué hein dans les Yvelines, on signale normalement

comme ça dans …, c’est normalement comme ça dans toute les …, dans tous les

départements, c’est qu’une situation préoccupante est décrite par une équipe, et la cellule

centralisée des informations préoccupantes (CCIP) des Yvelines rassemblent toutes ces

informations et va décider ou pas d’un signalement judiciaire ou d’une évaluation sociale,

en l’occurrence comme il n’y avait pas d’éléments malheureusement prouvés suffisants,

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qu’une évaluation locale a été demandée. Cette évaluation locale aboutit à un écrit qui va

être envoyé là bientôt à la CCIP qui demande effectivement un signalement judiciaire.

- Donc il est rarement fait en urgence, le signalement ?

- Il est pas fait par nous en tout cas, il est fait en général par la CCIP. Et en fait sur le plan

légal, c’est la CCIP qui a autorité pour faire ce signalement judiciaire au nom du président

du conseil général.

- Et est-ce que vous personnellement vous avez été amenez à suspecter une maltraitance ou

a diagnostiquer une maltraitance ?

- Ah oui oui oui, oui bien sur.

- Quel type de maltraitance ? tous types ?

- Tous types. Brûlures de cigarettes, euh … coups, euh … sur un enfant, oui tous types.

Bien sur maltraitance psychologique aussi hein, un enfant qui n’est pas …, celui que les

parents ne font que … que hurler ou qui s’en occupe pas tout simplement hein, qui le

laisse abandonné euh sur un tapis sans s’en occupé, ça c’est …, c’est relativement

fréquent. Et c’est difficile à diagnostiquer.

- Bah justement quelles difficultés ressentez-vous au diagnostique ou au dépistage de la

maltraitance ?

- C’est pas …, c’est pas tant le dépistage et le diagnostique, c’est le ..., c’est de faire

prendre conscience aux parents de ce qu’on va faire, de ce qu’on a remarqué et leur dire

qu’on ne peut pas laisser les choses en état, ça c’est ça le plus difficile. Parce que

malheureusement ils en ont pas toujours conscience et quand ils en ont conscience, ils

sont dans la nnégation, de la chose.

- Et l’âge des enfants dans les maltraitances rencontrées, il est très variable ?

- Moi comme je suis en consultation, ça va jusqu’à 6 ans, mais des enfants que j’ai placés à

l’ASE, ça va jusqu’a 18 ans, donc il y a pas … Il y a une grosse …, une grosse proportion

d’adolescents, vraiment très grosse proportion. Parmis les placés, on est à plus de la

moitié d’adolescents.

- Parmis les types de maltraitance, il n’y a pas une maltraitance qui se dégage plus ?

- Non, non. Ça serait difficile, faudrait faire une étude. Ça je sais pas, ça je peux pas vous

dire.

- Est-ce que quand vous faites un signalement, enfin, pas vous directement, quand un

signalement est fait …

- Je peux être amené à en faire un directement dès lors que j’ai une situation extrêmement

…, ça m’est jamais arrivé. C’est à dire en consultation, je vois un enfant qui à l’évidence

est maltraité, qui va rentrer et qui va de nouveau être maltraité et que sa vie est en danger,

je peux être amené à faire effectivement un signalement judiciaire directement au

procureur, sur ma propre responsabilité, en tant qu’individu et en tant que citoyen.

- Et quand un signalement est fait, est-ce que vous avez un retour ou pas ?

- Oh oui oui, oh oui oui, on a toujours un retour. C’est l’intérêt de la CCIP.

- Et vous quand vous êtes devant une situation de maltraitance, quel est votre ressenti ?

comment vous arrivez à les gérer ?

- Et bah écoutez euh …, des fois euh …, difficile (hein, hein), parce que c’est quand même

des affaires euh … Et là on a encore une autre suspicion d’abus sexuel et cette fois sur

une enfant de 10 ans, que le père a drogué pour pouvoir la violer, donc euh … on a du mal

à accepter, ça c’est évident. Par contre, on peut pas appeler la police, et c’est un gros

souci, parce que comme il y a rien d’avéré. On a reçu cette personne en entretien pour

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l’évaluation sans être capable d’appeler la police pour qu’ils l’arrêtent, et ça j’avoue que

pour nous c’est difficile à accepter ça, d’accord.

- Dans ces cas là que faites-vous ?

- Et bah, on pose les questions, on reste professionnel. On fait pas …, on peut pas faire

autrement, et on se doit de pas faire autrement, sinon bah on se retrouve euh …, bah c’est

simple hein, c’est la porte, c’est clair (hein, hein), et puis avec une condamnation

probablement au tribunal pour diffamation et j’en passe. Tant qu’on n’a pas de preuves,

on peut rien dire, on peut rien faire. Et vis à vis de l’enfant, c’est extrêmement difficile,

tant que euh ..., l’autorité judiciaire ne s’est pas saisi, et n’a pas demandé les

interrogatoires et les examens médico-légaux pour l’enfant, c’est très difficile

d’intervenir, parce que ça peut totalement modifier l’attitude de l’enfant. Et on a vu des

jeunes qui …, des jeunes enfants qui se rétractaient dans leur dires, alors que à l’évidence

ils avaient été abusés.

- Et vous les revoyez en général ces enfants ?

- Bah ceux que je suis en consultation, oui, oui bien sur, bien sur. On se débrouille

d’ailleurs pour les petits, dans ce genre de circonstances, qu’un suivi en PMI soit mis en

place comme c’était convenu, pour qu’on …, qu’on puisse les suivre, bien sur. Et quelque

fois on dépasse les 6 ans, on est bien d’accord, on est obligé. C’est pas exceptionnel,

qu’on voit des enfants de 10 ans.

- Et les parents vous les revoyez également ?

- Quand ils sont obligés par l’autorité judiciaire, bah oui, bah oui, bah oui. Si ils sont pas

obligés par l’autorité judiciaire, ils viennent pas. Mais on se débrouille, on se débrouille

pour les faire venir, on leur dit quand il y a un examen médical, et …, et qu’il faut qu’ils

soient présents, même quand ils sont placés, on essaye. On essaye vraiment toujours de

les associer, sauf quand l’autorité parentale a été retirée par le juge, ce qui est autre chose.

Ce qui est rare, c’est quand même très rare.

- Et comment ils se comportent avec vous par la suite ?

- Bah ça dépend, alors là c’est très variable. Ça dépend des circonstances. Il y en a certains

qui sont complètement fermés, comme la dame que j’ai vu hier, qui était complètement

fermée, elle disait rien. Je viens parce que je suis obligé de venir, voilà, c’es tout. Puis

d’autre, non, au contraire, on continue, parce que …, bah parce que certaines mamans

sont aussi victimes de la personne qui a agressé, et donc euh …, on le comprend, on leur

dit quelque fois, on lui fait comprendre, surtout à demi mot et ça peut instaurer une …,

une confiance, même si l’enfant est placé hein, même si l’enfant est placé.

- Quel type de maltraitance est le plus difficile à repérer ?

- Silence et Soupir. Moi je dis toute, toute, même les violences qu’on trouve normales,

habituelles, à tel point que …, vous voyez encore une situation que j’ai vu hier, où un

enfant avait des brûlures et la mère était pas venue pendant 6 mois pour pas me montrer

qu’elle l’avait ..., que l’enfant était brûlé, donc euh … moi c’est toute en fait, toute. C’est

souvent d’ailleurs au décours d’une conversation, on fait la consultation, on discute et

puis à un moment donné, hop il y a un petit élément qui …, que les parents nous lâchent,

en le faisant exprès quelque fois, quelque fois pas du tout parce que ça leur a échappé, et

là on creuse et on tombe sur des situations …, et des fois …, un jour une assistante

maternelle euh …, c’était énorme, une maman que je vois et …, et la maman me dit

simplement que l’enfant avait eu une fracture du bras chez l’assistante maternelle, et euh

… je lui demande pourquoi, elle l’avait amené au parc etc., puis après je m’aperçois …,

elle me dit bah oui, bah elle l’a met toujours au lit, en fait l’enfant était maltraité chez

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l’assistante maternelle et la mère savait parfaitement qu’elle était maltraitée et elle laissait

faire, évidemment là aussi on a fait une information préoccupante et … et on s’en est

occupé, mais euh … C’est vraiment au décours d’une conversation, comme ça par hasard.

C’est souvent même en fin de consultation, d’ailleurs en médecine générale, c’est souvent

en fin de consultation qu’on a des éléments, où bon bah vous restez finalement (hein,

hein).

- Donc vous c’est plus souvent sur l’interrogatoire que vous faites le diagnostic ?

- L’interrogatoire et puis l’attitude de l’enfant, hein aussi. L’attitude de l’enfant vis à vis de

ses parents notamment.

- Dans quelles circonstances ou à quelle occasion seriez-vous amenez à suspecter une

maltraitance ? (niveau socioculturel, socio-économique) ?

- Bah ça c’est notre travail ça, ça c’est notre travail de tous les jours ça hein, effectivement

bien sur. Oui, on a nos facteurs de risque qu’on connaît par cœur et d’ailleurs un gros

travail est fait euh sur ce sujet, puisqu’on a …, sur ces critères …, sur ces indicateurs de

risque de maltraitance, on a mis en place une surveillance des examens, des certificats du

8eme jour, euh … qui reprennent euh … ces indicateurs et qui permettent effectivement

de …, bah oui de …, bah d’avoir des situations qu’on connaissait pas et qu’on …, qu’on

apprend à connaître et là on est vraiment en prévention primaire, vraiment très précoce, et

ce qui permet de faire un travail à domicile et en consultation beaucoup plus rapidement

et on verra si effectivement ça a une incidence pour plus tard. Et oui, c’est …, bien sur

c’est vraiment un travail de tous les jours, c’est le but de nos actions même en école

maternelle, c’est ce dépistage notamment, bien sur.

- Est-ce que vous dans les situations que vous avez rencontré, vous avez rencontré des

difficultés dans le dépistage, diagnostic ou prise en charge ?

- C’est à dire ?

- Est-ce que vous avez ressenti des difficultés ?

- De notre part ?

- Oui.

- Silence. Pour la prise en charge ?

- La prise en charge, ou même le dépistage ou diagnostic.

- Moi personnellement, non. Non. Des fois, on se dit c’est à peine croyable ce qu’on nous

raconte, donc on dit que peut-être c’est de l’affabulation, mais avec l’expérience je sais

que c’est pas de l’affabulation, dès lors où c’est des gros trucs, en général c’est pas de

l’affabulation. Il y a toujours quelque chose derrière qui est …, qui est …, qui est en

cause.

- Est-ce pour vous il existe des freins en rapport avec l’enfant ?

- Avec l’enfant, non, avec les parents, oui. L’enfant il en dira toujours plus même sans rien

dire, que les parents qui sont à coté de lui. Les parents sont très souvent dans l’abnégation,

dans le…, dans le déni des choses ou dans le refus des choses. Et là pour …, pour

travailler avec ces gens la c’est difficile, parce que on aboutit toujours à un signalement

judiciaire. Dès lors où il y a un déni, ou il y a un refus euh de participation, ça va toujours

au juge, toujours.

- Donc vous ne pensez pas que l’enfant développe des réflexes de protection ?

- Ah si bien sur, mais oui, mais on apprend à les détecter ça aussi, bien sur, oui oui, bien

sur, mais c’est ce que je vous dis quand je vous disais que l’enfant montre des choses,

c’est justement cette façon de se protéger lui même, bien sur, bien sur.

- Et vous est-ce que vous ressentez des obstacles au dépistage de la maltraitance ?

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- Silence. Je suis peut-être pas conscient. (hein, hein) A priori, non. On essaye au maximum

dans …, la PMI c’est quand même très particulier quand même hein, c’est pas la

médecine de ville. La médecine de ville c’est autre chose, la médecine de ville

malheureusement il y a le coté patientèle qui intervient et qui fait que …, c’est plus

difficile, mais en PMI euh … en vérité on n’a pas d’obstacles. On voit peut-être trop

souvent par contre des situations qui sont en fait plus ou moins banales comme des

situations à risque, ça c’est possible. On est peut-être plus dans l’excès que dans le …,

dans l’insuffisant. Mais peut-être que je me trompe, que je me trompe, ça c’est pas …,

c’est pas impossible. Bien sur.

- Est- ce que vous pensez que l’absence de signes spécifiques ou d’outil validé soit un

obstacle au dépistage ?

- Faut se méfier des outils quoi. On n’aura jamais un outil qui fera 100% des cas, et se

reposer que sur un seul outil est dangereux. Que se soit une aide, oui, ça serait intéressant,

effectivement, je suis d’accord, d’accord. Effectivement ces indicateurs de risque de

maltraitance sont bien connu maintenant, et qu’on connaît effectivement …, oui pourquoi

pas en faire un outil, mais euh … faudra pas faire que ça. Si on fait l’erreur de faire que

ça, on va passer à coté d’un certain nombre de situations, et notamment des situations de

…, par exemple des bébés secoués. Ca, on est vraiment à coté de la plaque euh …, c’est

pas du tout les mêmes indicateurs qu’un enfant qui est frappé, hein, ou qui est brûlé par

…, par une cigarette. C’est pas du tout non plus le même profil qu’un enfant qui est abusé

sexuellement, donc euh …, il va falloir trouver un outil qui soit vraiment assez polyvalent,

euh … et même ça à mon avis on ne fera pas 100%. Faudra toujours garder notre esprit

critique, moi j’ai jamais vu de situations identiques, de situations qui se ressemblent oui,

identiques certainement pas, certainement et donc oui un outil intéressant mais pas que ça.

- Et le manque de temps ou d’implication ?

- Nous, on prend notre temps. Ça c’est l’avantage par rapport à la médecine de ville, il y a

pas cette possibilité, en tout cas moins cette possibilité, ça c’est évident. Mais ici on prend

notre temps hein, lorsqu’on a une situation, on en parle entre nous, on en parle entre

puéricultrices et médecins, entre médecins, puéricultrices et responsables d’action sociale

et on prend une décision qui est commune en général. C’est un énorme avantage. On est

aussi dans le traitement de la maltraitance qu’est déclarée hein, on est pas que simplement

dans le dépistage dans ce cas la, en fait on est tenant et aboutissant

- Et la peur de l’erreur ou de la plainte ?

- Tous les jours, de la plainte, non j’ai pas la peur de la plainte. La peur de l’erreur, tous les

jours, de mettre trompé dans …, que j’ai pas vu un enfant qui est maltraité, bien sur, ça

c’est tous les jours, c’est évident. Euh …, non non, faut être conscient.

- Et dans le sens inverse, le fait de faire une fausse déclaration ?

- Moi j’essaie toujours de donner des arguments qui sont objectifs, je ne rentre pas dans

l’interprétation, je dis pas j’ai euh … l’enfant a des traces rondes, euh … qui ressemblent

à des brûlures, je dis pas que c’est forcément des brûlures de cigarettes, je dis pas que

c’est forcément intentionnel et il y a pas très longtemps, on a eu le cas d’une brûlure de

cigarette, qu’était pas du tout ronde, MAIS une vraie brûlure intentionnelle mais qui était

de cette façon qui pouvait en laisser pour …, pour un fer à repasser ou qui était

accidentelle. Donc, euh … non non j’évite de rentrer dans l’interprétation. Je donne le

fait, je décris la lésion telle qu’elle est, point.

- Je suppose que vous connaissez quelques notions du code pénal, quant à la non assistance

à personne en danger, le secret médical.

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- Article 336 je crois, oui (hein, hein), je connais.

- Et le manque de certitude ?

- Oui, ah oui, ça c’est clair. C’est très rare d’avoir des certitudes dans ce genre de situations

et d’ailleurs euh …, même si on avait une certitude, il faut surtout pas l’écrire, parce

qu’on risque de devenir diffamatoire et ça c’est sur que …, ouais faut vraiment rester très

technique et d’ailleurs ici on fait en sorte que ça reste très technique, parce que derrière

c’est la responsabilité du président du conseil général, qui lui est le garant de tout ça.

Donc s’il y a quelque chose qui n’est pas dans les bons termes, tout de suite c’est au

niveau du département que ça se passe. Bien sur, après il y a des sanctions qui sont en

interne, mais quand même.

- Et que pensez-vous du rôle du vécu du médecin, de ses représentations, de ses

expériences antérieures, est-ce que ça peut jouer un rôle ?

- Oh ça joue énormément ça, bien sur, bien sur. En fonction de ce qu’il a vécu avant, de ce

qu’il a lui même vécu dans son enfance, énormément, de sa vie actuelle, de sa vie de

couple, de sa vie de famille actuelle, oui, bien sur, c’est tous les jours que je vois ça. Mais

pas simplement que les médecins, mais aussi les puéricultrices qui travaillent avec nous,

les secrétaires qui travaillent avec nous, dans la petite enfance. Bien sur. Ah oui, ça a

énormément d’incidence. Sur les écrits, on le voit, sur les écrits euh …, sur les écrits des

informations préoccupantes on le voit tout de suite. Les représentations ça ressort tout de

suite, l’erreur à commettre c’est d’interpréter dans ce sens, et donc d’aller trop loin dans

l’écrit, donc euh … régulièrement bah les puéricultrices, les médecins sont repris sur les

écrits pour que justement on enlève cette partie là. Mais là c’est parce qu’on est dans un

département, en cabinet médical c’est pro …, c’est pas fait, c’est pas fait et c’est vrai que

bon nombre de nos collègues écrivent pas ce qui faudrait et pas comme il faudrait, donc

euh … ou bien la CCIP, mais ça va à la poubelle parce que ça n’a pas d’intérêt, ou bien

euh … bah ça dépasse en fait.

- Et donc les facteurs économiques, ça vous concerne pas forcément, mais ce qui est perte

de temps ? de la relation avec l’enfant et sa famille ?

- Nous, on prend le temps, ça c’est clair, nous on prend le temps, c’est pour ça que je suis

arrivé tard aujourd’hui et que je vous ai dit après 15 heures, parce que je connais cette

consultation à Fontenay, qui est une consultation très très riche en situations difficiles et

donc euh …, et c’est là où on fait régulièrement les informations préoccupantes ou des

signalements, hein, euh … et là donc euh …, cet après midi, encore 2 familles quoi, alors

faut rester, oui 1 heure chaque fois avec deux familles, donc euh …

- Est-ce que pour vous c’est un sujet difficile à aborder, est-ce que vous l’abordez

facilement ?

- Silence. Moi je suis contre cacher les choses, donc euh … on dit, par contre on essaie d’y

mettre les formes. On va pas parler de maltraitance, ça certainement pas. Mais que la

situation familiale, que la situation de l’enfant nous inquiète et qu’on demande

effectivement de euh …, des éléments supplémentaires et qu’on va demander à ce qu’un

travail soit fait par l’assistante sociale, la puéricultrice, oui ça on dit. Maintenant parler de

maltraitance ou de … non, non, on entre la encore sur l’interprétation et on peut pas se le

permettre.

- Et le risque de ne plus revoir l’enfant par la suite ?

- Ça arrive, mais c’est pas très fréquent. Ça arrive, c’est pas très fréquent parce que

beaucoup quand même de ces situations ont une injonction de justice de suivi, beaucoup.

On peut pas dire que les parents viennent avec joie la plupart du temps, mais ils viennent.

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- Vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Silence. Alors dépistage à quel niveau ? dépistage au niveau des médecins ou de la

population générale ?

- Au niveau des médecins.

- Au niveau des médecins, je crois qu’il leur faudrait une formation, là faudrait un vrai

stage dans les services de l’ASE, y passer 3 mois, pas forcément tous les jours, bien sur

hein, mais 3 à 6 mois, 1 journée par semaine parmis nous, ouais je pense que ça aiderait,

de voir comment on traite les choses, comment …, on serait leur interlocuteur parce que

pour l’instant on est pas vraiment leur interlocuteur, ils nous appellent plus, on est

beaucoup appelé par les médecins de crèche, qui eux sont très …, très au fait comme

nous, et donc avec eux on y arrive, mais avec les médecins généralistes de ville ou les

médecins de ville tout court d’ailleurs, c’est pas que les médecins généralistes, hein,

même les spécialistes, il y en a très peu. Et lorsque nous nous appelons pour des

situations, parce que ..., lorsque il y a une évaluation, il y a une évaluation médicale aussi

qui se fait en général, et donc c’est nous qui nous en chargeons, lorsque nous appelons

nos collègues de ville euh …, on n’a pas toujours un bon accueil. Bah oui. Et si l’accueil

est cordial, il n’en reste pas moins qu’on n’a pas l’information. Donc euh …, on a peu peu

de médecins qui nous répondent correctement même si on leur rappelle la loi, que la loi

les libèrent euh …, du secret professionnel en cas de maltraitance, on a pas l’information

et ceux avec lesquels on a plus de problèmes c’est avec les psychiatres, la

pédopsychiatrie, c’est très difficile, on a très peu d’éléments, et quand ils nous en donnent

de toute façon ce sont des éléments que nous connaissions, parce que ils savent très bien

qu’on est au courant de ce genre de choses, mais le reste ils en parlent pas, très peu et

donc euh …, ce travail avec la pédopsychiatrie et la psychiatrie de ville ou hospitalière il

faudrait qu’elle soit faite. Ca …, parce que eux ils ont des éléments, eux ils ont des

situations à risque, qu’ils pourraient nous …, nous prévenir. Bien sur.

- Vous auriez d’autres solutions à proposer ?

- Silence. La population, moi je pense qu’il faut …, faudrait la prévenir. On prévient que

les personnes âgées sont toute seules et ils vont pas avoir assez à boire, je pense qu’on

devrait aussi avoir une information grand public qui reprennent effectivement quel enfant

pourrait être maltraité, je pense que …, c’est pas forcément les bébés qui pleurent la nuit

les maltraités, hors on a beaucoup de ça dans nos …, dans nos investigations. C’est pas

forcément un enfant qui pleure, qui est maltraité et ça c’est pas connu.

- Et est-ce que vous pensez qu’il y aurait un intérêt à un dépistage systématique ? en

cabinet de ville ou en PMI ?

- Alors, les dépistages systématiques, c’est très bien. Ca a deux dangers, un de voir tout le

monde maltraitant, deux surtout de ne pas avoir le personnel pour le faire, hors on le voit

pour les dépistages en école maternelle, il n’y a pas assez de personnel pour faire les

dépistages en école maternelle, hors c’est un des premiers éléments du dépistage précoce

que nous ayons actuellement en France, et malheureusement actuellement on ne pas le

réaliser parce que on n’a pas assez de temps pour le faire. Il y a donc des secteurs, mon

secteur, des endroits, des villes de mon secteur ou des écoles de mon secteur où il n’y a

pas de ce dépistage, donc euh …, c’est un …,. un vœu pieux de vouloir le faire

systématiquement. Et à mon avis c’est pas réalisable.

- Quelle est votre définition de la maltraitance ? l’âge de l’enfant maltraité ?

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- Il n’y a pas d’âge, il n’y a pas d’âge. Ça va du nouveau né même avant la naissance

jusqu'à la personne âgée de 90-100 ans, il y a pas …, maltraitance, il n’y en a pas, il y a

pas d’âge en réalité, ça c’est humain.

- Est-ce que vous pensez qu’une définition standard de la maltraitance aiderait au

dépistage ?

- Mais … on peut donner toute les définitions qu’on veut du dépistage, faudrait que tout le

monde la connaisse, pour pouvoir l’utiliser, et je sais pas si c’est une définition seulement

qu’il faut, parce que …, c’est comme le handicap, le handicap c’est beaucoup de choses à

la fois et que une définition du handicap de 2005 a été donnée euh, elle est tellement

large, qu’on sait plus vraiment ce qu’est le handicap, donc faut pas arrivé dans le même

piège pour le …, pour la maltraitance.

- Pour vous elle commence où la maltraitance ?

- Silence. Ah question difficile, là pff (soupir), là … par où elle commence ? pff alors là,

c’est pas forcément un …, c’est même pas forcément un acte violent, hein, simplement un

enfant qu’on laisse sur son tapis sans qu’on joue avec lui et sans le développer, sans s’en

occuper ou ne pas répondre à ses cris, à ses pleurs de faim ou rouspéter dessus parce que

il vous réveille la nuit et que vous vous pouvez pas dormir, enfin … là c’est déjà de la

maltraitance pour moi, pour un enfant, ça dépend de l’âge donc, ça dépend des

circonstances, il y a pas de …, il y a pas de …, non, je pense pas qu’on puisse donner le

…, ce genre de choses.

- Vous connaissez les critères diagnostiques et les examens complémentaires à faire en cas

de suspicion de maltraitance ?

- Là vous parlez de quelle maltraitance ?

- En général.

- En global, euh … plus ou moins (hein, hein), on va dire, moins que plus (hein, hein).

C’est vrai que nous on n’est pas dans ces examens la, on est plutôt dans le traitement, on

va dire euh … administratif de ça, hein, maintenant sur le plan médical, hospitalier, je suis

pas trop au fait de ça effectivement, mais ça aussi ça serait bien qu’on fasse de la

formation. C’est très intéressant.

- Donc en cas de suspicion, vous adressez à l’hôpital ?

- Quand on a une suspicion violente, oui, on fait hospitaliser la personne, absolument, en

pédiatrie ou en psychiatrie d’ailleurs, parce que ça peut aller jusque là, bien sur, on

appelle les urgences, bien sur.

- C’est pas le cas le plus fréquent, d’hospitaliser ?

- Non. Exceptionnel.

- Donc dans les autres cas, vous renvoyez … ?

- Sur euh …, je sais plus combien de cas on a de suspicion de maltraitance par an, sur mon

secteur, mais on doit dépasser les 50-60, sur mon secteur, hein, je parle, donc imaginez à

coté. J’ai le secteur où il y a le plus d’enfants placés, de tout le département, euh … j’en ai

60-70 placés, donc euh …, donc une soixantaine par an de …, une cinquantaine, une

soixantaine par an de …, d’informations préoccupantes sur le secteur, euh …

d’hospitalisations 1 ou 2 par an. C’est des bébés qui ont des fractures du fémur par

exemple, ce qui est pas habituel, un bébé de 3 mois ou de 4 mois avec une fracture du

fémur euh, c’est pas habituel. Des bébés secoués j’en …, on en a eu deux cette année, un

bébé décédé et au autre qui est …, qui va pas trop mal et qui était en dehors de tous les

critères d’ailleurs de maltraitance, parce que la personne travaille elle même dans la petite

enfance, elle était éducatrice de jeunes enfants.

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- Et dans les autres cas vous faites comment, vous les revoyez plus fréquemment ?

- Alors, il y a les situations familiales difficiles et la maltraitance, donc les situations

familiales difficiles, on est dans la prévention précoce, la prévention primaire, pour éviter

que les choses se fassent, cela on les voit effectivement le plus possible, effectivement on

les lâche pas, voir même quitte à faire passer la puéricultrice à domicile ou les faire venir

en permanence de puéricultrice aussi. Le travail de la puéricultrice sur le secteur est

primordial, sans puéricultrice on peut pas faire ce travail de prévention précoce, c’est pas

possible, il y a que elles qui sont vraiment sur le terrain. Et maintenant quand ils sont

maltraités, bah il y a les éducateurs, alors que se soit les éducateurs de l’ASE donc du

département, ou que se soit les éducateurs judiciaires, donc euh … quand c’est judiciaire,

malheureusement ça nous échappe, sauf quand un suivi judiciaire et médical est ordonné

en PMI, mais c’est quand même pour les enfants de moins de 6 ans, hors je vous ai dit la

majorité c’est quand même des adolescents.

- En cas de suspicion vous savez quel organisme contacter ? Oui, la cellule départementale,

forcément vous connaissez.

- Oui, oui. (hein, hein)

- Mais il y a des médecins libéraux qui ne la connaissent pas.

- Oui, mais je pense qu’il y a un problème d’information, il y a un problème de formation et

d’information, oui certainement.

- Vos connaissances elles viennent d’où ?

- De ?

- Vos connaissances sur le sujet, sur la maltraitance en général ?

- De nos formations. Depuis 2 ans on a une formation sur le …, sur la protection de

l’enfance donc euh on a reprit toute les lois, on a reprit les écrits justement les fameux

écrits dont je vous parlais tout à l’heure, la façon de les écrire et de rester professionnel

sans interprétation, enfin tout ça, tout a été repris sur une période de 1 an a peu près.

- Donc c’est régulier, ces formations ?

- Là je viens de finir ma formation, elle a duré 2 ans. Donc euh …, oui ça vient en partie de

là, mais aussi parce que j’avais 7 ans d’expérience de l’Essonne, à Evry, hein, c’est encore

pire qu’ici. Ici c’est …,je peux pas dire que c’est de la rigolade, mais ça n’a rien avoir,

c’est moins pire.

- Est-ce que vous avez eu d’autres formations ? (universitaire, …)

- Régulièrement, nous avons euh …, régulièrement on a des formations, oui, où on va a

Paris, on va …, oui bien sur. On a à peu près en moyenne 2 par an, 2 par an, pas

spécifiquement sur la protection de l’enfance, mais qui y est rattaché obligatoirement,

plus ou moins, parce que sinon ça nous est refusé, de toute façon, donc euh ….

- Et est-ce que vous vous sentez suffisamment formé ?

- Silence. Que pour la protection de l’enfance, je sais pas si on peut être suffisamment

formé, je sais pas, il y a tellement de choses différentes, tellement de situations

différentes, on s’est tous fait avoir hein, tous, c’est normal, on peut pas faire tout.

- Comment aimeriez-vous être formé ?

- Alors là, je sais pas, là je peux pas répondre à la question, parce que je trouve que c’est

déjà pas mal, ce qu’on a.

- Est-ce que vous aimeriez avoir des formations différentes sous forme de groupe de pairs

ou …

- De groupe de pairs ?

- De groupe de médecins.

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- Bah, nous même nous nous réunissons, hein, pour parler de ces situations, nous même on

se réunit pour parler de ces situations, pas qu’entre médecins, bien sur, on essaie

d’échanger, régulièrement, dans ce bureau notamment on échange beaucoup. On a tous

des âges différents et donc on a des expériences bah qui se complètent bien, franchement,

et puis on s’entend bien, ce qui n’est pas le cas partout, donc euh.

- Et tout à l’heure vous me disiez un chiffre, entre 50 et 60, c’était le nombre de

maltraitances avérées ou de suspicion ?

- Non de suspicion, de suspicion. Et maltraitance avérée après c’est le juge qui décide, c’est

pas nous.

- Et donc en général, vous avez un retour,

- Ah, oui. Et quelque part pas dans le sens qu’on voudrait, parce que on est quelque fois

passé devant le juge, on est passé par le juge, parce qu’on n’a pas assez d’arguments,

parce qu’on n’a pas pu les trouver, tout simplement. Pour que le juge se saisisse, lui il lui

faut de l’objectif, il lui faut du sur, pour pouvoir engager euh …, bah soit une enquête

policière si il y a besoin, soit mettre en place une aide éducative ou un placement

judiciaire. Alors c’est vrai, quelque fois j’avoue on a pas assez d’arguments, mais parce

qu’on ne les a pas trouvés, parce que ils n’existent pas, parce que les parents … Une

façon très simple d’échapper à la mesure judiciaire pour un parent, et qui est maintenant

bien connu, est que certains avocats disent aux parents, tout simplement de dire qu’ils

sont d’accord avec l’aide éducative administrative, et dans ce cas là la mesure judiciaire

s’arrête. Le juge renvoie vers une aide éducative à domicile administrative. Et ce qui se

passe …, dans une situation qui s’est passé, c’est qu’on se retrouve avec une famille qui

de toute façon ne veut pas la mettre en place, donc ils ont gagné 1 an, 2 ans, pendant

lesquels les enfants continuent d’être maltraités, et on le sait très bien, mais on ne peut

rien faire, même si on les fait venir …, on les fait venir en consultation etc., on …, on

continue de les suivre même à domicile avec une puéricultrice qui vient, ça ne change

rien, ils le font pas, ils ne veulent pas travailler et les enfants continuent de souffrir.

- Et donc tout ce qui est éléments de preuve donc notamment tout ce qui est examens

complémentaires, examen clinique, comment vous faites ?

- Alors nous …, c’est le juge hein qui va d’ailleurs euh ..., dire ou pas qu’il faut un examen

médico-judiciaire, c’est lui qui va faire la commission rogatoire, nous on a aucun droit,

nous dans ce cas là, quand on a une suspicion par exemple, d’abus sexuel, oui on envoie à

l’hôpital, tout à fait, l’hôpital qui normalement hospitalise la personne et qui fait un

signalement au procureur, le procureur qui va se saisir ou pas, c’est très variable, et ça

malheureusement … Nous on travaille …, on peut regarder hein évidemment, on peut

regarder, hein, c’est même ce qu’on fait d’ailleurs à tous les examens, hein, de bébés et

des plus grand mais c’est tout, après faut que ce soit prouvé. Donc euh …, ça nous

échappe, ça, ça nous échappe.

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ENTRETIEN 5

- Alors je vais commencer par des petites généralités. Je vais vous demander votre âge ?

- 31 ans.

- D’accord, euh … vous êtes remplaçante, c’est ça ?

- Oui. Ouais ouais.

- Vous exercez que ici ou vous remplacez ailleurs ?

- Bah pour le moment pff, oui que ici enfin, pour l’instant que ici mais euh …, je ... non,

enfin ouais cet été que ici.

Le téléphone sonne => alors je suis désolé je n’ai pas de secrétariat, donc ça va être un

peu coupé.

Donc non, je remplace euh un peu ailleurs aussi. Non pas que à Neauphles, pas que

dans le 78.

- Et ça fait combien de temps que vous êtes Thésée ?

- Euh ... je suis Thésée depuis 1 an.

- Donc ici c’est uniquement euh … sans RDV ?

- Ouais c’est sans RDV, euh … toute la journée bah vous avez entendu et sauf le samedi

qui est sur RDV.

- Est-ce vous suivez des enfants ?

- Oui.

- Vous savez à peu près le pourcentage en moyenne ou pas ?

- Dans ce cabinet là ?

- Oui.

- Pas beaucoup, parce que elle a 55 ans et que …, elle suit surtout des personnes âgées, bah

je sais pas je dirais euh … 10%.

- C’est pas énorme.

- Non c’est pas énorme. Non non, il n’y en a pas beaucoup.

- Est ce que vous vous intéressez au dépistage en général, le dépistage des troubles des

acquisitions, trouble du langage ?

- Euh …je m’y intéresse, mais euh … j’ai pas plus de formation que ça, quoi, enfin euh …

je suis passée en pédiatrie euh … juste 6 mois et j’ai eu ma forma…, enfin mon cursus

classique, j’ai rien de plus, voilà.

- Vous le faites ou pas le dépistage ?

- Bah lequel ?

- Bah justement des troubles du langage ou troubles des acquisitions ?

- Bah euh … quand je vois que un gamin de 3 ans il parle pas, oui je vois qu’il y a quelque

chose quoi et je les oriente, donc oui je cherche, enfin c’est …, c’est notre métier quoi.

- Il n’y a pas les tests ici ?

- Non il y a pas ici de toute façon et moi je sais pas les faire.

- Est-ce que vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une

maltraitance avérée dans votre expérience ?

- Alors euh oui, oui oui ça m’est déjà arrivé, c’est drôle parce que justement la semaine

dernière quand vous m’avez appelé, juste après j’ai eu une …, une maman qui m’a

appelé, euh … divorcée, son petit de 2 ans revenait de chez le papa et il avait une brûlure

de cigarette, enfin elle disait qu’il avait une brûlure de cigarette, donc euh … voilà, il y

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avait juste ça, pas d’autres bleus mais euh … voilà donc du coup, c’est marrant j’y ai

pensé. Mais euh … mon premier stage quand j’étais interne en Pédiatrie, j’ai eu euh …,

une maltraitance avérée d’une adolescente, euh … pour qui on a appelé le procureur, le

conseil général, euh … enfin.

- Et c’était une maltraitance de quel type ?

- En fait c’était une asthmatique et une maltraitance par euh …, par euh …, par oubli de

médication quoi, une asthmatique qui était en cr.. en en … crise depuis 3-4 jours a qui on

a rien donné et euh …, on l’a laissé comme ça et c’était pas la première fois.

- Comment le diagnostic a été fait ?

- En fait c’est …, oh je m’en souviens plus, je crois que c’est quelqu’un de la famille, une

tante ou euh …, qui l’a …, qui l’a amené, ouais c’est ça quelqu’un de la famille. Elle était

en asthme sévère, enfin elle est passée en réanimation après euh …, on pouvait pas passé

à coté quoi, enfin, c’est …

- Elle avait d’autres signes d’autres types de maltraitance ou pas ? ça a été recherché ?

- Je pense pas, euh … c’était il y a longtemps, mais euh … non non. Euh elle avait ….,

c’était une adolescente de 15 ans, maltraitance par euh …, par négligence aussi, puisque

en fait elle dormait dans la même chambre et dans le même lit que son … c’était pas son

demi-frère, mais le …, le fils du copain de sa mère, oui son …, voilà. Donc à 15 ans elle

dormait euh dans le même lit qu’un ... jeune homme de 15 ans euh … et la mère trouvait

ça tout à fait normal.

- Et qu’est-ce qui s’est passé par la suite ?

- Bah euh ... pff, elle a été euh …, je crois pas qu’elle a été retirée de sa famille, l’assistance

sociale est venue et euh …, je pense que c’était …, enfin une dame qui était pas …, enfin

la maman euh … d’un niveau social très élevé qui se rendait pas compte en fait euh …

bah pour ce problème, euh … euh … avec l’adolescence, elle se rendait pas du tout

compte, pour elle c’était comme son frère euh …, quand on interrogeait la jeune fille euh,

c’était pas du tout comme son frère hein euh, c’était comme deux adolescents euh du

même âge euh …, non il n’y a pas eu …, il y a pas eu de retrait, voilà. L’assistante sociale

et puis expliquer un petit peu à la maman, mais j’ai pas eu plus de suivi, puisque c’était à

l’hôpital.

- Et il y a eu un signalement de fait ou pas ?

- Oui oui, il y a eu signalement, ouais ouais au procureur, ouais ouais, ouais ouais.

- Et sinon il y a eu d’autre cas de suspicion de maltraitance ou de maltraitance avérée que

vous avez rencontré ?

- Euh … bah je vous dis la …, le … le petit garçon avec son …, bon c’est …, c’est pas

grand chose, mais c’est vrai qu’on peut suspecter euh …

- Et c’est un enfant que vous suiviez ou pas ?

- Bah … non non, moi je l’avais jamais vu mais c’est un enfant du cabinet.

- Et vous ne l’avez pas revu par la suite ? vous n’avez pas demandé à le voir ?

- Bah en fait elle elle venait, donc c’était un peu …, euh … elle venait pour avoir un

certificat comme quoi il avait une brûlure de cigarette parce qu’il sortait de chez … 4

semaines chez le papa, ce que j’ai pas pu faire, enfin j’ai mis qu’il avait …, qu’il avait une

toute petite cicatrice et euh …

- Mais vous l’avez vu l’enfant ?

- Je l’ai vu ouais, il avait une toute petite cicatrice, enfin ça aurait pu être n’importe …, ça

ressemblait à une brûlure de cigarette mais on peut pas mettre ça sur les certificats et du

coup la maman est parti pas contente parce qu’elle avait pas son certificat, je pense qu’il y

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avait un conflit avec le …, le … l’ancien mari, avec le père et que …, enfin moi je l’ai

perçu comme ça, qu’elle voulait un peu s’en servir euh … D’autre maltraitance j’ai eu bah

un petit garçon bah dans le cabinet d’a coté euh …, qui avait pris euh … 5 kg en 1 mois

chez son papa, qui était déjà obèse, voilà, ça fait parti aussi des maltraitances. A l’hôpital

j’ai eu pff voilà un jeune homme qui était venu parce que il disait dit s’être fait battre par

le mari de sa mère, enfin son beau-père, mais là il y a pas eu de signalement parce qu’il

avait euh …, il habitait déjà chez son papa, plus chez sa mère, il avait aucun signe euh …,

euh … il avait pas de bleu, pas de …, rien du tout.

- Et chez l’enfant que vous avez vu, vous avez recherché d’autres signes éventuellement de

maltraitance ?

- Bah j’ai regardé si il …, le petit garçon là ?

- Oui, voilà.

- Euh … j’ai regardé si il y avait pas de bleus, il y en avait sur les genoux, il avait des

égratignures, enfin … mais pas euh …, après j’ai pas fait de radios, j’ai pas …, mais c’est

un petit garçon qui avait un …, une acquisition tout à fait normale hein, qui marchait, qui

parlait, euh …

- Il avait un bon contact…

- Il avait un bon contact, ouais ouais, il avait pas peur de moi, il avait euh …, enfin il

pleurait un peu parce que comme tous les enfants mais euh …, mais oui j’ai regardé, j’ai

regardé euh …, mais il y avait rien de particulier.

- Vous avez déjà été en contact avec les services de protection de l’enfance ou pas ?

- Euh … alors moi personnellement parce que en fait mes parents étaient famille d’accueil

et euh … avaient des enfants de l’ASE, quand …, quand moi j’étais euh … enfant et

adolescente, donc je connais …, enfin je connais euh un peu après je m’y suis pas …

- Et en tant que médecin ?

- En tant que médecin euh …

- Vous n’avez jamais eu besoin de …

- Bah non, je crois pas, non. L’assistante sociale, bah pff, si mais quand c’est des enfants

qui sont déjà suivi. Euh … j’ai déjà vu des enfants qui étaient dans des foyers ou dans des

familles d’accueil, mais euh …, oui voilà oui voilà quand ils étaient déjà suivis.

- Dans le cadre du suivi ?

- Ouais ouais , Dans le cadre d’un suivi.

- Et dans les cas que vous avez eu à l’hôpital, vous n’avez pas eu de retour de signalement ?

- Bah non, non j’ai pas eu de retour, ouais. Par contre j’ai eu un bébé secoué. Ouais. Euh …

ça ça m’avait traumatisé, euh … c’était dans mes premiers jours euh …, donc pareil,

c’était il y a longtemps mais euh …, elle avait 9 mois et ..., et c’était la nounou, c’était

catastrophique, hein, elle est passée en réa, enfin euh …, elle avait tout perdu.

- Elle avait des séquelles importantes ?

- Ah ouais , des grosses séquelles, ouais.

- Et elle non plus vous ne l’avez pas revu ?

- Bah non, non. Hein hein.

- Le problème de l’hôpital.

- Ouais. Hein, hein.

- Vous avez déjà fait vous personnellement un signalement ou pas ?

- Bah je vous disais à l’hôpital, là c’est…, enfin c’est moi en tant qu’interne qui l’ai fait euh

… mais avec le chef mais euh …

- Ici ?

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- Ici, non. Non, non jamais en tant que médecin.

- Euh est ce que vous avez rencontré des difficultés bah dans le dépistage, le diagnostic ou

la prise en charge de la maltraitance, dans les cas que vous avez rencontré ?

- Bah … en fait quand c’est évident c’est pas dur, enfin …, mais quand … par exemple ce

petit garçon là, celui qui avait pris 5 kg, bah c’est de la négligence, c’est de la

maltraitance, mais c’est très difficile, enfin, de faire le signalement, de …, bah d’ailleurs

je l’ai pas fait, enfin j’ai … C’est quand c’est …, c’est pas …, c’est pas clair quoi, ce petit

garçon qui avait une brûlure de cigarette, bah ça peut-être accidentel, c’est comme euh …,

ça peut-être l’outil entre les deux parents euh …, et ça peut-être vraiment une

maltraitance, enfin ça peut vraiment être quelque chose quoi. Là je trouve ça difficile,

ouais, de …, de dépister ce genre de …. Et puis alors quand on vous dis pas ouais, c’est

… Enfin un enfant ça a des bleus, euh … Ouais quand c’est pas évident euh …, qu’il

arrive pas a exprimer une fracture, je trouve ça assez difficile, ouais.

- Et dans la prise en charge, vous avez rencontré des difficultés ?

- Bah, du coup j’ai pas fait de prise en charge, enfin …, j’en ai jamais fait moi.

- Est ce que vous pensez que vous auriez pu agir différemment dans la situation que vous

avez vécu avec ce petit enfant ?

- Hein, hein.

- Est-ce que vous auriez pu faire les choses différemment ou pas ?

- Euh ouais. Euh …, silence bah je sais pas. La maman est partie du cabinet en colère parce

que j’ai pas fait ce qu’elle a voulu. Peut-être que euh …, on aurait pu plus discuter, savoir

si il y avait pas de …, de difficultés elle avec le papa euh …, enfin elle en avait, elle me

l’a dit, puisqu’ils ne se parlaient pas, mais bon … euh … bah peut-être …, mais le papa

habite pas là donc je n’aurais même pas pu discuter avec lui. Je vois pas trop ce que

j’aurais pu euh … faire de plus, ou alors demander à le revoir l’enfant, mais pff le voir

avec la maman, enfin …, je vois pas trop. Il aurait fallu faire quelque chose de plus ?

- Non non, c’est juste une question.

- Hein, hein.

- Il n’y a pas de bonne ou mauvaise … Vous auriez pensez à faire appel à d’autres

intervenants, justement pour avoir de l’aide ? vous n’avez pas pensé …

- Non, j’y ai pas pensé, parce que enfin …, j’y ai pensé enfin …, quand … elle m’avait

appelé avant, donc je me suis dit si, si il y a quelque chose je peux appeler euh …, bah le

procureur, c’est quand même en dernier recours, mais au moins le conseil général euh …,

pour euh …, pour faire appel à une assistante sociale, euh …, mais … je l’ai …, j’ai pas

trouvé ça euh … nécessaire de le faire quand je l’ai …, quand je l’ai examiné.

- Et quel a été votre ressenti vis à vis de cette situation de maltraitance, comment l’avez

vous vécu personnellement ?

- Euh bah, pas bien, enfin …, déjà personnellement, je …, je trouve ça difficile, enfin …

ouais c’est …, c’est difficile de voir un enfant qui a souffert euh …, et puis euh … alors

quand c’est franc comme le bébé secoué, voilà c’est difficile, enfin … on se dit euh …

que quand même c’est fréquent, qu’en plus euh … quand on voit enfin …, c’est fréquent

et puis et puis et puis ça peut vite arrivé quoi, là la nounou elle en avait 5, le petit pleurait,

elle l’a secoué voilà, donc ça …, ça peut vite arrivé, euh …, j’ai oublié la question pardon.

Hein, hein.

- Le vécu, le ressenti.

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- Ah oui, et euh … après quand c’est pas franc, bah ouais on est mal à l’aise en fait, enfin

… l’impression d’être un peu euh …, ouais mal à l’aise. Je sais pas trop euh … qu’est ce

qu’il aurait fallu que je fasse, qu’est-ce que, quel est le suivi euh …

- Le téléphone a sonné pendant la question.

- Vous avez d’autre choses à dire sur le ressenti, le vécu ?

- Moi je me sens pas assez armé en fait, peut-être parce que j’en ai pas encore vu, je suis

encore trop jeune, euh … mais c’est vrai que si j’ai un enfant avec une maltraitance

avérée qui vient chez moi, je sais ce qu’il faut faire hein dans l’absolu, mais euh … je

serais mal à l’aise, enfin ça c’est sur. Euh … ouais je …, je serais un peu stressée quoi,

euh … Et puis c’est surtout …, enfin … la maltraitance en elle même, enfin … le souci

c’est quand c’est facile euh …, bah quand c’est évident, c’est vachement plus facile, enfin

comme tout de toute façon euh, un infarctus évident c’est plus facile. Une suspicion et une

suspicion où on penche plus vers euh … vers le oui que non euh … ouais je pense que

j’appellerai l’assistante sociale, euh … mais en plus comme moi je suis remplaçante je

connais pas tous les réseaux non plus. Euh … bon pff je pense que je demanderai à un

collègue, j’appellerai l’assistante sociale je pense, je pense, et puis après elle doit pouvoir

euh …, m’orienter euh … parce qu’il y a des cellules hein, c’est … il y a une cellule….

- Il y a une cellule départementale.

- Voilà, une cellule départementale, euh … de protection de l’enfance. Voilà, je pense que

… hein, hein.

- Pour vous quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- Je pense que c’est la maltraitance euh … psychologique, enfin …

- Et pourquoi ?

- Bah c’est moins évident, ça se voit moins physiquement, et puis la négligence peut-être

aussi, enfin ouais quelqu’un qui se fait taper dessus, de toute façon les enfants on les met

tout nu hein, donc euh … ça se voit quoi. On dit tient une fois il y a des bleus, la

deuxième fois c’est bizarre il y a encore des bleus, et partout et euh … là c’est plus …,

c’est plus facile, enfin je pense, mais la maltraitance psychologique ouais. Parce que …,

enfin on les voit 15 minutes euh, parfois il y a les parents qui …, qui vont crier sur leur

enfants, bah ouais, parce qu’il est en train de faire le bazar partout euh …, enfin c’est

normal quoi, il y en a qui sont plus …, plus strict que d’autre, donc euh … Mouais pour

moi c’est plus la maltraitance euh … psychologique, ouais.

- A quelles occasions ou dans quelles circonstances vous seriez amené à plus suspecter une

maltraitance, par rapport au niveau socioculturel, socio-économique, l’âge de l’enfant ?

- Ah bah je pense que euh … le niveau so…, social et économique joue pas mal, enfin …

une mère seule sans argent euh … est plus à risque de …, de faire euh … ouais qu’une …,

qu’une famille euh …, enfin souvent … c’est peut-être du délit de … de l’élever ( ?) je

sais pas, hein hein. Non je pense pas, enfin je pense que non non il y a plus de risque euh

…, dans ce … euh bah voilà une maman alcoolique, enfin ou un couple euh …

alcoolique, où il y a des maladies mentales euh …, euh un enfant non désiré, ça on le sait

pas toujours quoi mais …, mais une mère jeune aussi, une mère adolescente.

- Vous seriez plus amenez à chercher des signes ?

- Ouais, ouais, je regarderai plus peut-être ouais, enfin ouais ou quand …, si je vois le

couple euh …, qui …, qui s’engueule devant moi, ou qui …, ouais et si je sais qu’il y a

des maladies mentales euh …, une maladie mentale, une schizophrénie ou euh … une un

maniaco dépression, je pense que je regarderai plus ouais.

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- Est-ce que vous pensez qu’il existe des freins au dépistage en rapport avec le patient,

l’enfant ou avec les parents ?

- Euh … est ce que parfois on regarde …, qu’est-ce … ouais, quels sont les facteurs pour

lesquels on regarde moins ?

- Oui, ce que le patient …

- Bah par exemple, je pense que clairement euh …, une …, moi ça m’arrive moins parce

que je connais moins les gens euh …, mais euh …, euh … si euh … le patient on le

connais depuis euh …, depuis 20 ans, depuis qu’il est tout petit, euh … et que … qu’il

maltraite son enfant, je pense qu’on le verra moins, enfin parce qu’on est moins objectif,

il y a un peu de …, un peu d’affectif quoi à force quand on connaît les patients, qu’on

connaît les gens euh, je pense que là on est moins objectif, euh si on connaît la famille, si

on connaît les parents euh …, euh … si euh … ouais je pense que le fait de connaître trop

bien, ça peut freiner et puis freiner à dépister et euh … à le dire, parce qu’on peut le voir,

tient c’est bizarre, mais bon je verrais la prochaine fois, peut-être que là il était fatigué, je

pense qu’on a pas les même yeux, la même objectivité.

- Et par rapport à l’enfant ? vous pensez que l’enfant il développe des freins ? pour

empêcher qu’on puisse …

- Bah oui je pense.

- Réflexe de protection ?

- Oui oui c’est sur, enfin puis il va …, on parle pas pareil avec un enfant, enfin … les

enfants on les voit toujours avec les parents donc … ou alors rare cas enfin les adolescents

on peut faire sortir les parents, mais un enfant ça arrive pas souvent, surtout en médecine

générale, en psychiatrie peut-être mais euh …, donc ouais enfin je pense pas qu’il le dise,

qu’il me dise maman m’a tapé dessus ou m’a pas donné mon médicament. Donc ouais, je

pense que c’est …, l’enfant il le dira pas, enfin … si les parents sont là, ou alors sauf si il

est conflit vraiment, mais euh …

- Donc vous pensez que si l’enfant est tout seul, il aura peut-être plus tendance à …

- A le dire.

- A le dire.

- Bah ça sera peut-être moins difficile, peut-être pas plus tendance mais euh moins de freins

quoi, hein hein.

- Est-ce que vous personnellement vous ressentez des obstacles au dépistage ?

- Non. Non, non enfin je …, moi ça me touche donc je pense que je regarde et euh …, non

je …, non je vois pas, enfin sauf euh …, ma … mon manque de connaissances sur

certaines choses et mon manque d’expérience. Mais sinon enfin …, je vous dis enfin

vraiment quand elle m’a appelé la maman la dernière fois pour me dire il faut faire le

certificat, tout de suite je me suis dis bah qui est-ce que j’appelle, j’appelle le procureur

ou euh …, j’appelle l’assistante sociale, enfin je …, ça m’aurais pas …, ça m’aurais pas

gêner, je l’aurais fait quoi, j’aurais été mal à l’aise, mais euh …, mais je l’aurais fait, ça

c’est sur.

- Et que pensez-vous de l’absence de signes spécifique, le fait de pas avoir d’outil validé au

dépistage, vous pensez que c’est un frein ou pas ?

- Bah je vois pas trop ce qu’on peut avoir comme outil sur le dépistage de toute la

maltraitance, en fait, enfin … il y a plusieurs maltraitances euh …, euh … peut-être sur la

maltraitance psychologique mais euh …, mais euh … faudrait des outils euh …

psychologiques quoi, enfin. Mais peut-être des petits outils, ouais ça serait peut-être pas

mal, qu’une psychologue nous dise ou qu’un psychiatre euh … si tu demande ça euh …,

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ça va plus t’orienter euh … vers ça euh, peut-être ouais, mais euh … des outils pour tout,

ça me semble vaste quoi, enfin c’est comme si il faudrait des outils en cardiologie quoi, ça

me semble trop vaste.

- Et le manque de certitude ?

- Ouais, bah oui, enfin, c’est ça le problème quoi, donc ouais, c’est ce qu’on disait tout à

l’heure euh … quand on est sur c’est facile, quand on est pas sur euh, enfin, on peut vite

abîmer une famille aussi, faut faire attention quoi, euh … alors quand on est je pense

comme moi remplaçant on a moins …, on a moins de subjectivité hein comme je disais

tout à l’heure, mais donc c’est plus facile, bah au pire ils me détestent mais euh … c’est

pas très grave, enfin, mais euh quand c’est un médecin a qui on a confiance euh … et qui

dit enfin … oh bah là je … je doute, je vais peut-être appeler l’assistante sociale et qu’en

fait c’est pas vrai, enfin même si moi …, pareil pour moi hein, même si je fais ça et qu’en

fait c’est pas vrai euh …, ça peut … je pense abîmer une famille qui est peut-être à la base

même un peu fragile mais qui maltraite pas. Non la certitude, ouais. Faudrait faire une

prise de sang avec comme la CRP, savoir si ils sont maltraités ou pas, ça serait plus

simple (hein, hein). Mais ouais.

- Et le manque de temps ou le manque d’implication ?

- Ouais pff, d’implication je …, je sais pas, ça dépend peut-être des …, des moments ou

euh … comme tout en médecine générale hein des …, de temps bah oui enfin, je pense

que si euh … comme là il y a personne en salle d’attente, je vais prendre plus de temps

que si il y en a 30 et que …. il y a une épidémie de gastro et euh … oui c’est sur, mais ça

pour toute les pathologies.

- Et la peur de l’erreur ou de la plainte ?

- Euh la plainte j’y ai pas pensé mais euh … en effet, hein, hein. Euh … ouais, ça me fait

pas tant peur, moi quand je me suis inscrit à l‘ordre, on m’a dit euh de toute façon dans

votre vie vous aurez une plainte, donc euh voilà. Euh … et la peur de l’erreur, bah ouais,

enfin, de faire un signalement et qu’il y a pas quoi, puis de dire oh bah non mais …, on

cherche toujours à se rassurer euh, oh bah oui non non, mais là j’ai bien fait parce que là il

y avait ça, et puis si on pense la même chose, enfin la …, le truc contraire euh, on

trouvera aussi à se rassurer ouais. Euh oui, on a toujours peur de se planter, hein, hein.

- Et vous connaissez quelques notions du code pénal, quant à la non assistance à personne

en danger, le risque du dévoilement du secret médical, quand on peut dévoiler le secret

enfin …

- Le secret médical.

- Le secret médical ?

- Bah euh … quand on peut rompre le secret médical c’est quand il y a un …, une violence

envers enfant ou un sévice envers enfant, si je me trompe pas hein, si j’ai un doute euh ça

je peux rompre le secret médical, euh … alors la loi euh bah je sais que c’est un délit de

taper son enfant et euh et …, et d’avoir des …, des violences sexuelles envers lui pareil,

enfin, mais euh … qu’est-ce qu’on encours je sais pas trop, enfin, dans l’abso… on peut

quoi mais euh …, pas … pas précisément.

- Vous savez que vous êtes protégé si jamais voilà vous rompez le secret médical.

- Oui, ça je sais que je peux le rompre, ouais.

- Et justement tout à l’heure vous me parliez des conséquences négatives justement sur la

famille en cas de suspicion, donc pour vous ça peut-être un frein ?

- Bah ouais, enfin, sauf si c’est franc quoi, sauf si c’est évident, mais si on hésite et que on

hésite plutôt vers non euh … ah ouais je pense que c’est clairement un frein et que plus on

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…, on avance dans l’âge et plus on a des patients qu’on connaît depuis longtemps et plus

ça fait longtemps qu’on est là implanté dans ce cabinet, c’est plus un frein. Enfin, c’est

difficile d’être objectif quoi, d’être …, de l’être toujours, mais je pense qu’en cabinet,

enfin, en cabinet de ville tout seul comme ça, c’est plus difficile qu’à l’hôpital, on est

protégé par le système à l’hôpital hein, protégé par la hiérarchie, protégé par l’hôpital tout

cours, enfin si il y a quelque chose euh.

- Et que pensez-vous du rôle du vécu du médecin dans l’évocation de la suspicion de

maltraitance, de ses représentations, de ses croyances, expériences antérieures, vous

pensez que ça joue un rôle ?

- Euh … de ce qu’il a … ouais, bah tout en fait, enfin sauf les choses très objectives en

médecine, mais toujours un rôle, enfin, dès qu’il s’agit un peu de psychologie euh, de ce

qu’on a vécu nous, vous voyez moi dans mon …, mes parents étaient famille d’accueil,

donc je pense que je suis euh …, j’ai vu des enfants maltraités, enfin j’ai vécu avec eux

euh …, donc je suis euh … bah ouais plus …, plus d’affinités pour ça, je regarde plus,

enfin, ça me choque quand je vois les dégâts catastrophiques qu’il y a dessus euh, ah oui

moi ça se trouve …, enfin notre personnalité, notre vécu euh … va représenter notre façon

de travailler hein, surtout pour des choses comme ça qui sont pas …, qui sont pas obje…

enfin, une pneumopathie, c’est facile quoi, c’est pas parce que j’ai vécu une

pneumopathie dans ma vie que je vais mal l’a soigner ou mieux enfin …, mais euh ...

ouais dès qu’il s’agit un peu du psychologique oui.

- Et des facteurs économiques, la perte de temps et la perte de revenus secondaire ?

- Si je prends du temps avec ça ? avec …

- Oui voilà, le fait de prendre du temps …

- Oh non, pas le revenu c’est plus à la limite de perdre du temps enfin …, enfin moi je …,

en plus ici c’est sans RDV donc c’est vrai que euh … quand on prend une demi heure

avec quelqu’un, bah les autres ils attendent une demi heure et puis moi je finis une demi

heure plus tard, voilà, mais quand vraiment il y a quelque chose de grave, moi je réfléchis

pas à ça enfin, perte de temps, perte de revenus euh … non, non, parce que de toute façon

il y a pas perte de revenus, les gens ils vont rester et puis du temps non, enfin … là c’est

…, c’est trop grave, hein, hein.

- Et le risque de ne plus revoir l’enfant, la famille, de ne plus avoir le suivi ?

- Bah oui, le risque qu’ils partent dans la nature et qu’on les revoit plus, ah oui oui et puis le

tact et puis quand on en a vu 30 avant euh qu’il est 19 h, le tact on en a un peu moins que

quand il est 10h du matin, quand on a bien dormi. Non c’est sur ouais, c’est pour ça qu’il

faut ouais marcher avec des œufs quoi, ou sur les œufs, hein, hein.

- Et pour vous c’est un sujet difficile à aborder avec l’enfant ou avec les parents ?

- Ah … quand on suspecte les parents qui sont là ?

- Oui.

- Ah ouais, ah oui oui, alors quand on suspecte mais comme je vous ai dit le petit garçon

euh …, le papa euh … d’un couple séparé euh … pour la mère c’est euh …, on peut pas

dire que c’est le bonheur mais euh enfin il va être l’objet du conflit quoi, c’est euh …,

voilà il y a quelque chose pour lequel on va pouvoir se disputer, donc là ça va être moins

difficile. Mais quand je vais suspecter la maman, ouais euh … d’avoir secoué son bébé

euh … ah ouais ouais, c’est difficile ouais.

- Et qu’est-ce que vous feriez dans ce cas là ? vous iriez quand même euh …

- Ah ouais, je pense, je dirais.

- Vous diriez que vous avez un doute ?

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- Ouais je pense, ah oui oui je lui dirais que j’ai un doute et que je vois qu’elle est en

difficulté, j’essaierai plus de faire ça, je vois qu’elle est en difficulté et que … et que son

enfant est en difficulté aussi euh …, qu’il va moins bien que d’habitude euh …, et que je

pense qu’elle a besoin d’aide, je le verrais plus comme ça, plus que lui dire euh … vous

êtes la fautive, vous êtes la méchante.

- Est-ce que vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Silence, bah … je sais pas peut-être mettre des affiches euh … dans les cabinets euh …

Alors moi j’ai été très étonné de voir dans les carnets de santé des enfants qui naissaient

dans le 78 je crois, le truc bébé secoué là euh … ils ont une petite fiche euh … attention à

ne pas secouer votre bébé.

- Oui.

- Et bah il y a pas ça dans tous les départements, moi j’ai fais beaucoup de départements, il

y a pas …, donc ça peut-être euh … le généraliser. Parce que ça les parents ils le lisent

hein, ils connaissent …, enfin jusqu’à 6 mois ils connaissent le carnet de santé par cœur

hein les parents. Euh … peut-être généraliser ça et puis ouais je pense qu’il faut pas cibler

les …, enfin faut pas cibler les gens en leur disant euh … vous pensez à la maltraitance

euh, enfin faites attention sauf si les gens nous le demande, mais on peut pas leur dire,

parce qu’ils vont se sentir coupable et … et je pense que si il y a quelque chose ils nous le

diront pas, faut que ce soit quelque chose de plus général quoi euh …, bah comme les

machins de la cigarette là, peut-être les mettre dans les cabinet euh …, ouais enfin faudrait

que ce soit plus le …, l’état qui fasse ça quoi, qui fasse des campagnes, parce que … il y

en avait des campagnes à la télé, moi je m’en souviens euh … c’est le 119 là le truc, euh

le numéro …, le numéro vert là, euh moi je le connaissais hein quand j’étais adolescente

et après …, enfin là j’ai pas l’impression qu’il y ait …., qu’il y ai de campagnes la dessus,

qu’il y ai de publicités euh … je pense pas qu’il y ai vraiment des gens qui le connaissent

le numéro hein. Et je sais pas si on tape sur Google euh …, on le trouve euh … non plus

facilement hein.

- Je pense que si, si si. Ca va se trouver.

- Ca va se trouver ?

- Oui.

- Voilà moi je pense plus à des …

- D’accord, au niveau général.

- Ouais, ouais.

- Vous pensez qu’il y aurait un intérêt à un dépistage systématique fait en ambulatoire ou

en PMI ?

- Bah, je connais pas les fréquences de …, de maltraitance chez l’enfant, alors si c’est euh

… important, je sais même pas si c’est beaucoup, ou pas beaucoup, enfin, bébé secoué

euh … c’est tellement grave qu’on en parle beaucoup mais je sais même pas si il y en a

beaucoup, enfin pas forcément bébé secoué mais bébé secoué avec séquelle, je sais même

pas si il y en a beaucoup, si il y en a beaucoup ouais ça serait peut-être pas mal mais euh

…il y a beaucoup de dépistage à faire, hein hein.

- Ouais c’est sur.

- Hein. Euh … et puis est-ce que …, est-ce que si on fait un dépistage par exemple comme

on fait là les RDV annuel ou mensuel chez l’enfant euh …, est-ce que c’est à ce moment

là qu’on verra quelque chose euh. Mais peut-être si les psychologues ou les psychiatres

…, enfin pour moi c’est plutôt le dépist…, le …, la maltraitance psychologique donc euh

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… qui est difficile à dépister, donc euh si les psychologues nous trouvent des petits trucs

euh.

- Des petits outils.

- Des petits outils, peut-être le faire en PMI euh, il y a plein d’enfants hein qui sont suivi en

PMI par le pédiatre et euh … pour le reste c’est par le généraliste, donc au moins en

consultation on a plus le temps surtout en PMI, on a un peu plus le temps, oui ça pourrait

être pas mal. (sourire)

- Et la mise en place d’un réseau, d’un réseau de correspondants, vous pensez que ça peut-

être utile ou pas ?

- Bah oui, oui oui, parce que là enfin je vous dis, moi je suis remplaçante, il y a un truc, je

sais pas quoi faire hein, enfin, si je vais regarder sur Google, je vais appeler le conseil

général, je … mais je sais même pas si il y a un réseau euh …, enfin je vais appeler le

119, je pense, je sais même pas si ils pourront m’orienter euh … Un réseau en médecine

mais on se sent beaucoup moins seul c’est …, et puis euh … au moins on sera pas le seul

à le voir quoi et seul à décider euh …, euh … de faire euh …

- Vous avez vous une définition vous de la maltraitance ?

- Une seule, hein hein. Un sévice sur un mineur de moins de 18 ans, euh … et qui est fait

par des …, (le téléphone sonne) par des adultes, je pense. Je pense pas qu’on peut dire

maltraitance quand c’est chez des enfants, excusez moi.

- Donc on parlait de la définition de la maltraitance ou de l’enfant maltraité.

- Bah je pense que c’est des sévices euh physiques, euh … sexuels, euh … de … l’indiff…,

ouais de l’indifférence, de la négligence et puis euh de la … la …, sévice psychologique

quoi et puis peut-être montrer à des enfants euh … des choses qu’ils ont pas lieu de voir

euh … des scènes intimes qu’ils ont pas lieu de voir euh, qu’on entend un peu dans les

faits divers, ça oui ça fait parti de la maltraitance, ouais.

- Et l’enfant maltraité pour vous ça va de quel âge à quel âge ?

- Ah bah de 0 à 17 ans, enfin, c’est l’enfant quoi. Oui en effet un adolescent de 17 ans et

demi euh qui ressemble à un homme, on aura moins envie je pense de le maltraiter mais

ça reste un enfant, enfin … voilà, les … enfin à l’ASE c’est jusqu’à 18 ans, donc euh …

- Vous pensez qu’une définition standard de la maltraitance aiderait au dépistage ou pas ?

- Non je pense pas, la mal…, on sait tous plus ou moins, enfin avec des mots clairs mais

plus ou moins clairs mais euh … je pense que c’est …, c’est assez évident la maltraitance

ouais.

- Pour vous elle commence où la maltraitance ? c’est très vague comme question mais euh

… ?

- Ouais. Euh … bah elle comm…, par exemple est-ce que mettre une claque à son enfant

c’est de la maltraitance ? je pense pas, enfin, est-ce que dire à son enfant euh … enfin …

là …, là t’es nul, une seule fois euh … t’es un bon à rien, enfin, je dis pas que c’est bien

mais euh … je pense pas que ce soit de la maltraitance, enfin psychologique ,oublier de

lui donner euh … un traitement un jour … Bah elle commence quand euh … quand on le

fait exprès peut-être, enfin, mais non … parce que il y en a qui …, qui font même pas

exprès, je sais pas, hein hein. Il y en a qui font même pas exprès, mais euh … là c’est

difficile ça comme question. Euh …., silence, je … précisément c’est vrai que je sais pas,

c’est peut-être pour ça qu’on a du mal à dépister, alors.

- Pour vous ce serait peut-être plus dans la répétition des actes, des faits ?

- Ouais ouais ouais, oui c’est ça, ouais, quand en plus la répétition des actes, quand il y a un

retard des acquisitions euh …, euh … ouais c’est la limite qui est difficile. Quand c’est

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trop on sait enfin, et quand c’est pas assez on le sent, non enfin pour moi c’est pas carré

euh, c’est pas carré quoi.

- Vous connaissez les critères diagnostiques et les examens complémentaires à effectuer en

cas de suspicion de maltraitance ? vous savez quoi faire ?

- Euh … bah maltraitance physique alors.

- Oui, ou même … la psychologique vous savez pas trop, vous ne connaissez pas trop les

outils mais euh ….

- Ouais, ouais. On fait des radios du corps entier, crane inclus, euh … voilà, euh … pour

moi c’est ça les examens, euh … un bilan sanguin …, je vois même pas, pour voir si il y a

intoxication médicamenteuse, c’est si jamais euh on pense à quelque chose de particulier.

Pour moi c’est ça, c’est le corps entier.

- Et l’examen clinique, enfin les signes cliniques, vous connaissez à peu près ? à rechercher

en cas de suspicion ?

- Bah les bleus de taille euh …, euh … de taille différente, d’âge différent euh …, à des

endroits euh …, euh inhabituels, euh … Après si il a une maladie euh … voir l’évolution

de la maladie, un asthmatique qui siffle, qui respire euh tel un poisson, c’est pas normal à

6 ans, ouais. Hein hein.

- Et vous connaissez l’attitude à adopter justement en cas de suspicion ? est-ce que vous

savez quoi faire ?

- Si je … et bhein …

- Si vous avez une suspicion de maltraitance est-ce que vous savez quoi faire, quel

organisme contacté ?

- Bah moi j’appelle le conseil général ou si vraiment euh …, je sens qu’il y a une … un

danger imminent, le procureur. Je le laisse là euh … et je leur dis …, je pense que je leur

dis pas d’aller aux urgences.

- Pourquoi ?

- Bah parce que ils vont pas y aller, enfin ... si il y a …, si je suspecte le papa ou la maman

qui sont là avec moi, je leur …, je pense que je …, ou alors je leur dis pas que je suspecte,

oui c’est ça, je dis pas que je suspecte, je fais …, je fais pas de lettre, je téléphone et je

leur dis d’y aller pour autre chose. Mais euh … oui voilà j’envoie soit les urgences euh …

en disant pas aux parents ce pourquoi je l’envoie vraiment aux urgences, et sinon si c’est

pas un danger imminent euh j’appelle le conseil général ou le 117.

- La cellule départementale vous connaissez, vous savez qu’il y en a une ?

- Ouais ouais, ouais ouais.

- Vous pensez vous que c’est difficile d’accéder à bah justement aux services de protection

de l’enfance, à la cellule départementale ?

- Je sais pas, j’ai jamais essayé. J’en ai aucune idée, j’imagine que c’est quelque chose de

très obscure, hein hein. Pour moi je pense que ça peut être difficile mais euh, mais parfois

on est étonnamment surpris par des réseaux euh qui sont très très réactifs, donc euh … je

sais pas, je verrais le jour où …

- Où ça vous arrivera quoi.

- Ouais. Je …, je … ouais je pense que je pourrais être réactive quand même, je pense

ouais.

- Vous n’avez pas eu particulièrement de mauvaise expérience avec euh … avec ce système

de …

- Non. J’ai pas eu d’expérience euh ... directe ouais.

- Vous savez faire un signalement ou pas ?

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- La lettre de signalement ? euh … je décris les lésions, je décris ce que je vois, c’est …,

c’est ce que je … ouais, je vais faire une lettre très descriptive euh … sans interpréter euh

… voilà, pour moi c’est ça le signalement.

- Vous savez qu’il existe un modèle sur le site du conseil de l’ordre ?

- Non, hein hein, d’accord, bah c’est bien, hein.

- Elles viennent d’où vos connaissances sur le sujet ?

- De ce que j’ai appris, de ce que je lis, de …, ouais voilà de ma culture générale à coté, euh

… de ce que j’ai appris pendant mes études et puis euh de mes lectures à coté euh …,

voilà.

- Vous avez déjà eu des formations continues ou pas, est-ce que vous avez déjà eu des

formations initiales ou continues?

- Bah initiale, en maltraitance ?

- Oui, sur le sujet.

- Je crois que prescrire en a fait un il y a …, il y a quelque temps, mais je suis même pas sur

que ce soit dans prescrire que je l’ai lu, non parce que il a fait un truc sur l’intoxication au

chat là. Non, bah non je crois pas, je crois pas avoir fait de formations.

- Votre formation, elle remonte à votre formation universitaire ?

- Oui.

- Et ça remonte à combien de temps, alors ?

- J’ai finis il y a 4 ans, non moins, non il y a 3 ans. Hein, hein.

- Donc vous lisez beaucoup de revues scientifiques ?

- Non je lis que prescrire, le reste euh …

- Est ce vous avez l’impression que le fait de lire prescrire ou votre formation universitaire

vous a aidez dans le dépistage de la maltraitance ou qu’elle n’a pas été suffisante ?

- Je pense que ça n’a pas été suffisant, mais oui ça m’a aidé parce que …, enfin comme tout

ce que j’ai appris à la fac quoi, hein hein, ça m’a aidé. Et j’ai appris aussi enfin au vu des

expériences euh ..., que j’ai eu euh … voilà, c’est quand même plus comme ça que j’ai

appris hein en fait je crois parce que je suis pas sur qu’on apprenne à la fac, je me

souviens plus en fait, si je l’ai appris à la fac ou sur le tas qu’il faut appeler le procureur

ou le …, ou le conseil général. Je suis pas sur qu’on l’apprenne à la fac, ça.

- Et vous vous sentez suffisamment formé ?

- Bah non. Non.

- Et comment vous aimeriez être formé justement ?

- Bah si il y a une FMC là dessus euh … je pense que …, je pense que j’irais je m’y

inscrirais et puis si j’ai un article euh … je pense que je vais aller voir, ça va me tilter et je

vais regarder, je vais peut-être regarder là tout à l’heure sur Internet, non parce que

l’ordinateur marche plus, mais euh … sinon chez moi tout à l’heure, enfin je pense que ce

que vous faites après c’est pas à grande échelle hein, mais euh … ça permet de …, de

réveiller un peu euh …, de réveiller là …, sur le sujet quoi, c’est bien.

- Et le fait de se réunir en groupe de pairs, en groupe de médecins pour pouvoir discuter des

expériences ?

- C ‘est bien, mais moi j’ai pas de groupe de pairs encore, ça fait pas très longtemps que

j’habite là, euh … j’aimerais bien en …, en faire partie, en avoir un, euh …

- Vous pensez que ça peut-être utile ?

- Ah ouais je pense, ouais. Ouais ouais, de toute façon discuter euh, d’en parler avec

d’autres confrères, c’est utile, on est seul là, enfin, c’est dur.

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ENTRETIEN 6

- Alors je vais d’abord commencer par des petites généralités. Je vais vous demander votre

âge ?

- 40 ans.

- Vous exercez que …, quel est votre type d’exercice en fait ?

- En fait exclusivement euh … en PMI, j’ai soutenu ma thèse de médecin généraliste et puis

euh … j’ai fais des remplacements comme ça et … comment ça c’est passé, pendant mon

semestre en ville j’étais euh … auprès de 3 médecins, donc je voyais successivement 3

médecins dans la semaine, dont un qui travaillait en crèche et euh …, donc déjà c’est vrai

ça m’a permis de voir un petit peu ça et qui avait dans sa patientèle une …, une infirmière

puéricultrice qui m’a vu 1 fois ou 2 en consultation et qui … lui a dit tient si ça intéresse

votre étudiante euh … on a un médecin de crèche euh …, qui va partir en congé mat et si

elle veut faire le remplacement, et puis c’est vrai que ça m’a un peu intéressé parce que

finalement ça …, voilà ça me semblait euh …, j’aimais bien les enfants et puis je

préparais ma thèse donc ça me permettait de …, voilà d’avoir un petit …, un petit travail

pas trop prenant parce que quand on remplace et puis je préparais ma thèse en parallèle, et

puis ce remplacement alors c’était un poste de médecin crèche et PMI en fait sur une

municipalité, un poste municipal et puis le remplacement c’est très bien passé et puis …,

et puis bah après on m’a proposé de rester parce que le médecin que je remplaçais était

contractuel donc son contrat était terminé, avait pas l’intention de reprendre, on m’a dit

vous êtes là, ça se passe bien …, j’ai passé le concours assez rapidement et je l’ai réussi,

concours de la fonction publique, ce qui fait que … bah j’ai continué la PMI et la

médecine de crèche en parallèle jusqu’à ce que dans le 91 en fait tous les centres de PMI

soient départementalisés c’est à dire que le côté municipal des crèches soit séparé du côté

…, et là je suis devenue 100% PMI, donc ça c’est fait un peu concours de circonstance,

c’était pas mon souhait initial, et ça c’est passé bhein sur une histoire de 2 ou 3 ans, où ça

m’a permis de travailler ma thèse, où dans ma vie personnelle ça correspondait à un

moment où voilà je me suis mariée, j’avais envie d’avoir des enfants, du temps, mon mari

qui bossait pas le WE, voilà, ça c’est passé et puis bon …, après au bout de 10 ans euh

pff, il y a des fois je regrette de pas avoir suivi mes collègues qui sont installées, mais bon

elles elles m’envie parce que voilà j’ai du temps pour mes enfants, je suis pas tard à la

maison, voilà on est jamais pleinement satisfait mais je pense que de toute façon c’est …,

c’est …, c’est comme ça, et puis après 10 ans ça doit être difficile de se réinstaller, même

si des fois ça me …, et ça s’est fait un peu comme ça par hasard mais après c’est …, ça

me déplait pas, même ça me plait, j’aime beaucoup le …, les consultations de protection

infantile, c’est fort intéressant, après euh … on a un travail administratif qui est parfois

moins valorisant et ..., et où … pff on se sent aussi un peu seul hein comme nos confrères

de ville, parce que …, parce que eux ne nous connaissent pas, mais nous …, enfin on …,

pff on …, c’est vrai que le lien est pas suffisant entre eux et nous et des fois quand on crée

un lien autour d’une situation, c’est très intéressant pour les deux mais … mais voilà c’est

vrai qu’on est un petit peu seul, alors c’est vrai que, bah Didier (médecin de PMI vu

avant) a du expliquer qu’on s’occupait des enfants confiés à l’ASE, qu’on était référent

médical, on est référent médical d’enfants confiés euh …voilà, on a même pas euh … le

nom de leur médecin traitant euh …, voilà quand ils arrivent alors que le lien pourrait être

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facile et que …, donc rien n’est très très simple. Bon après c’est vrai que suivre des

dossiers euh …, je dis des dossiers, parce que c’est des enfants qu’on voit euh quasiment

pas, qui sont suivis par euh les médecins référents du lieu de placement, c’est pas …, c’est

pas extrêmement intéressant, mais après tout ce qui est consultation infantile et bilan de

santé dans les écoles, c’est valorisant, il y a du …, il y a du … , du bon et du à améliorer

je pense dans notre métier.

- Donc ça fait longtemps que vous faites ça alors ?

- Bah quasiment depuis le début vu que …, ça c’est passé dans l’année qui a suivi ma thèse,

en 2000 …, oui dans les 6 mois qui ont suivi ma thèse, on m’a embauché avant même

d’avoir ma thèse, dans le département de l’Essonne avec l’attestation de mon maître de

thèse comme quoi j’étais sur le point de la finir, donc en 2000 et puis euh …, Thésée euh

… fin 2000 et puis titularisée courant 2001, donc euh oui tout c’est fait vite, mais c’est

vrai que…, c’est …, ça donne un statut aussi quand on démarre dans la vie, quand euh

voilà, c’est c’est c’est bête hein mais euh quand il fallait euh signé pour acheter euh la

maison, ou l’appartement bah voilà j’étais pas euh médecin remplaçant même si médecin

c’est déjà bien mais euh ah d’accord bon vous êtes titulaire de la fonction publique, allez

euh c’est …, c’est tout bête hein mais il y a vraiment une …, une part de ma vie privée

qui qui c’est euh …, qui a fait que les décisions se sont …, voilà se sont trouvées.

- Je suppose que vu votre rôle vous vous intéressez au dépistage des troubles des

acquisitions … ?

- Je trouve ça super intéressant et je sais que nos confrères de ville n’ont pas forcément la

même approche, ou même la même disponibilité en consultation et euh … et puis peut-

être même pas forcément la même formation pour dépister et euh …, mais c’est bien que

les médecins de protection infantile ne soient pas euh le doublon du médecin généraliste

pour ceux qui peuvent pas payer ou je ne sais quelle vision qu’on pourrait avoir de cette

population là, mais qu’on soit plus axé sur effectivement les dépistages auprès des

enfants, et puis à force de ne voir que ça du lundi matin au vendredi soir euh …, malgré

tout à mon avis on a …, on a sans doute une…, une vision de l’enfant qui qui …, qui a un

truc qui va pas sans doute plus plus, peut-être plus rapide et puis …, et puis peut-être un

réseau de …, de confrères, voilà on est peut-être plus réactif. Et puis c’est vrai que comme

ça on est complémentaire, moi j’ai des amies installées en ville qui me disent euh … moi

l’examen du 9ème

ou du 24ème

mois je préfère que se soit le médecin de PMI qui le fasse

avec tous les tests, ou le bilan de santé des 3-4 ans, la vue, l’audition, le langage, parce

que en consultation en un quart d’heure, vingt minutes, j’ai pas le temps et puis je sais pas

faire forcément tous les tests, j’aime bien que ces bilan là soient fait et puis que le suivi

bah voilà je prenne la suite pour le suivi tout le long, donc oui le dépistage c’est ce qui

m’intéresse le plus, et là où on a le plus a …, le plus a faire et le …, le plus a …, a

s’imposer quoi disons pour que tous les enfants soient vu, le soucis ici c’est qu’on …, le

département ne nous donne pas les moyens de forcément bien voir tous les enfants.

- Vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance

avérée ?

- Oui.

- Beaucoup de fois ?

- A plusieurs reprises, oui, forcément, euh …, euh … soit …, soit connue parce que …

quand on … travaille au secteur d’action social, on a des familles qu’on suit donc ça peut

être très bien une famille qui a été connue pour ça, ça peut être des enfants qui ont déjà été

placés, qui sont retournés dans leur famille avec un suivi et qu’on continue à suivre en

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consultation de PMI donc euh …, forcément on est confronté à …, à des situations de de

avec maltraitance connue, même si elle peut-être passée, même si c’est jamais

entièrement du passé, il y a il y a toujours un lien euh, il y a pas que la maltraitance

physique hein, c’est même euh .., c’est pas c’est pas celle qu’on voit la plus, c’est plus

dans la …, dans ce qui peut être le psychologique ou des carences éducatives ou euh …,

ça … ça oui on en voit beaucoup, et puis il y a beaucoup de familles avec lesquelles on

travaille la dessus et où on suit des enfants, ils sont pas tous placés donc euh, donc oui.

Après confronté à de la maltraitance physique euh … moins …, moins souvent euh …,

mais ça c’est présenté.

- Et des abus sexuels, ça vous est arrivé ?

- Pas en consultation, en tout cas pas en … le sachant et en … pouvant parler. En

consultation on voit des enfants de moins de 6 ans, donc euh … c’est vrai que ça m’est

pas arrivé de suivre en consultation un enfant qui avait été abusé et puis en général c’est

des enfants qui quand ils sont confiés, ils retournent pas rapidement dans la famille, donc

euh en général les dossiers ils sont là, donc ce sont des enfants qui sont placés et euh … je

…, j’en suis plus souvent le référent médical au titre de l’ASE que moi même confronté à

suivre ces enfants, donc euh … non pas tellement.

- Et vous ça vous est déjà vous personnellement arrivé d’être amené à suspecter une

maltraitance ou pas ?

- Oui, en consultation euh … ça arrive, les parents euh avec des …, des gestes brusques ou

avec une attitude inappropriée, avec des …, une façon de parler inappropriée et euh …,

euh … ou … ou totalement inadaptée, oui ça ça arrive en consultation. Euh … alors ça …,

c’est vrai qu’on en parle, en disant euh … voilà enfin il y a quelque chose qui va pas, mais

d’un autre coté quand on est en PMI, il faut absolument garder le lien parce que les

consultations ils viennent si ils veulent hein dans l’absolu, si il n’y a pas de mesures, donc

absolument garder le lien et pouvoir …, pouvoir faire en sorte qu’ils reviennent, travailler

avec eux, donc les amener à essayer de parler de pourquoi il y a quelque chose qui ne va

pas. On est pas là pour euh …, pour avoir un regard euh …, il ne faut pas les juger surtout

comme ça, de toute façon si ce sera fait, ce sera fait mais a priori par quelqu’un d’autre

que moi, mais par contre dire voilà enfin il faut pas lui parler comme ça, qu’est-ce qu’il se

passe, comment vous expliquez que …, et puis et puis et puis là d’avoir un geste ou de le

taper parce qu’il pleure, enfin voilà, il a peut-être peur, enfin, c’est c’est c’est inapproprié,

je …, je ne suis pas d’accord, voilà, avec ces façons de faire, mais …, mais … mais on va

en parler pour voir un petit peu et …, et donc voilà, ça …, ça peut partir de choses comme

ça et puis bhein il y a des familles avec lesquelles on arrive a travailler et puis il y en a

d’autre bhein par contre on les verra plus, parce que ils se disent tient j’ai été repéré et

c’est là qu’effectivement il y a le travail avec euh …, bah nos partenaires, les

puéricultrices ou les assistantes sociale, et quand on a un doute et qu’on arrive pas à

travailler, bah …, bah malgré tout euh …, on les en avise, si elles connaissent, ou si elles

peuvent faire une visite à domicile ou alors euh … si vraiment on est inquiet on peut être

amené à en parler en instance protection de l’enfance qu’on a toute les semaines. Voilà

moi j’ai vu une dame euh …, voilà j’ai trouvé que son attitude avec les enfants euh ...

c’était pas ça, qu’au niveau de l’hygiène c’était pas ça, que …, que par contre elle

s’occupe très bien d’elle mais que le gamin, enfin voilà, donc euh … (le téléphone sonne)

euh … donc voilà puis après bhein …, après on travaille plus tout seul. C’est vrai qu’on

est pas comme nos confrères de ville, effectivement je me met à la place de mes confrères

de ville quand ils voient certains gestes ou paroles déplacés euh …, ils doivent se sentir un

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peu mal à l’aise, et puis …, et puis ne pas voir, de plus les revoir c’est pas une solution,

donc il faut trouver le moyen de …, de maintenir un lien pour …, pour essayer de mesurer

la capacité des ces parents a éventuellement travailler, protection de l’enfance c’est très

important, parce que quand on peut travailler avec les parents, on peut même proposer des

mesures qui sont administratives, c’est à dire travailler avec eux, et avec l’enfant à

domicile, et voilà ce qui est pas forcément évident mais euh …, et puis quand on sent que

les parents sont récalcitrants à toute proposition mais que malgré tout il y a l’enfant qui ne

va pas bien, on peut faire aussi le lien avec l’école, voir comment ça se passe à l’école,

enfin et puis si on a d’autres indicateurs qui se surajoutent et les parents qui ne coopèrent

pas, ça peut partir effectivement en information préoccupante. Et dans ces cas là, on est

rarement seul, quand on est médecin au niveau du secteur d’action sociale, il y a une

évaluation qui n’est pas la notre.

- Et donc dans ces cas là vous faites appel à d’autres intervenants quand vous avez une

suspicion de maltraitance ?

- Oui, bah de toute façon euh …, je suis pas …, j’ai pas le droit de travailler toute seule en

pratique hein, je suis institutionnellement euh …, euh … dans un service de protection

infantile et j’ai effectivement malgré tout l’obligation de ne pas travailler seule euh …, et

d’un point de vue institutionnel c’est avec les puéricultrices, éventuellement avec les

assistantes sociales euh …, donc qui sont sous la responsabilité dans …, dans les

Yvelines du responsable d’action sociale, euh … et en fait c’est cette personne la

responsable d’action sociale, qui … en fonction des informations qu’on lui transmet qui

elle transmet à la cellule des informations préoccupantes. Elle est le lien, euh … elle est le

passage obligatoire pour nous, professionnels du conseil général avant de transmettre,

donc moi je ne peux pas transmettre directement euh … à la cellule des informations

préoccupantes comme peut le faire un médecin installé en ville, moi je passe par la

responsable d’action sociale qui forcément elle en en fonction de la situation demandera

l’évaluation de l’assistante sociale et de … ou de la puéricultrice euh … voilà. Est-ce que

les parents sont suivis par une AS, pourquoi, est-ce qu’il y a une mesure d’expulsion,

enfin moi je ne connais pas toute les problématiques familiales. Donc …, donc voilà, je

suis un petit peu du coup obligé.

- Vous avez déjà fait vous un signalement personnellement ou pas ?

- Euh … oui, alors après euh … bah jamais seule vu que l’institution …, par contre quand il

y a des informations médicales euh … le secret médical, alors euh … il y a …, il faut faire

la part entre ce qui peut être utile euh … de signaler euh …, et est-ce que le fait que euh il

y a problème médical dont les parents ne se sont pas … voilà, mais dans l’absolu il faut

faire très attention au secret médical, il doit être respecté également, mais si vraiment il y

a un soucis médical, on le met sous enveloppe euh … secret médical, et donc ça c’est pas

forcément partagé avec mes collègues, faut simplement dire voilà euh … il y a un

problème par ailleurs qui fait que les parents n’ont pas fait ce qu’il fallait mais euh …

voilà, et et dans ce cas là l’écrit du médecin est particulier, sous pli confidentiel, et à la

cellule des informations préoccupantes il y a un médecin, donc à l’attention du médecin.

Euh … après oui ça m’est arrivé dans le 91 effectivement d’être toute seule euh … parce

que c’était un …, une situation vue en bilan de santé et euh …. et donc du coup …, et non

connue et effectivement bah là j’avais rédigé le le … euh … l’information préoccupante

toute seule. Ca ne m’est pas arrivé depuis que je suis ici dans les Yvelines, depuis 2007,

bah de devoir être totalement toute seule, qu’il n’y ai pas eu d’évaluation de mes

partenaires.

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- Et en général vous avez un retour du signalement ?

- Pas forcément, non, pas forcément, euh … le circuit fait que la cellule des informations

préoccupantes peut transmettre au parquet ou …, et si c’est classé sans suite en

particulier, si il n’y a pas de mesures pour nous à mettre en œuvre au niveau du secteur

d’action social, on a pas forcément de retour, c’est pas si simple que ça, malheureusement

c’est souvent assez frustrant, mais on a pas systématiquement un retour.

- Est-ce que vous avez rencontré des difficultés dans le dépistage, dans le diagnostic ou

dans la prise en charge ?

- C’est toujours difficile, bah c’est jamais simple, c’est toujours difficile, euh … parce que

…, on peut très bien voir le comportement de certains parents mais après il faut voir si il y

a … euh …, déjà ça peut être tout simplement une situation à risque, c’est à dire que les

parents ont un comportement inadapté mais un enfant qui va bien, donc là c’est une

situation à risque. Il peut y avoir un retentissement déjà évident chez l’enfant, donc ça

c’est différent, euh … avec …, ça peut être en fonction de l’age des troubles du

comportement, de la limitation ( ?), de … euh …, on a …, enfin voilà et après le …, le

médecin que nous sommes, bah forcément dès qu’il y a des troubles du comportement, va

s’attacher malgré tout a éliminer toute autre cause de trouble du comportement, enfin il y

a toujours un diagnostic d’élimination. Non, c’est jamais simple, parce que on peut avoir

des parents euh …, il y en a beaucoup hein l’air de rien de …, on appelle ça notre car

monde à nous euh …, des familles bhein qui de génération en génération euh … euh …

voilà sont très très carencées euh …, et puis ça ça ..., c’est … évidemment hein, c’est …,

ça va donner des enfants qui vont ressembler à leur parents mais parce que c’est comme

ça qui … carencé, et qui sont pas forcément malheureux au sens où nous on l’entend,

c’est sur que c’est pas la même éducation que nous, donc faut faire attention aussi à ce

que les troubles soient avérés pour l’enfant, à ce que …, ouais c’est jamais simple. Et puis

un trouble du comportement, en protection infantile, on est suffisamment bien placé pour

savoir qu’entre les problèmes auditifs, qu’entre les problèmes du développement, qu’entre

les problèmes visuels, que … que tous les enfants qui vont développé une psychose

infantile ou autre, enfin il faut faire très attention avant de faire un écrit qui dit que les

troubles du comportements sont éventuellement liés à l’attitude des parents, donc non

c’est jamais simple, parce que il y a des parents qui cumulent, ils sont carencés, ils sont

inadaptés avec leur enfants et puis leur enfants bhein en fait ils développent un handicap,

ça peut aussi être pour ça que les parents se …, s’énervent vite et …, et le claquent vite

parce que c’est un enfant qui se développe pas comme les autres et puis bhein et puis qu’il

parle pas et puis qui répond pas, et puis bah des fois on voit tout de suite nous les gestes

inadaptés, donc c’est des parents qui sont excédés par un enfant qui n’a pas un

développement simple, c’est jamais simple. Après, malgré tout il faut …, faut pas …, faut

aussi savoir quand on écrit euh … ne pas être …, sur de ce qu’on met, c’est à dire cet

enfant présente tel trouble euh …, voilà l’attitude des parents est celle ci mais pas

forcément mettre un lien évident par écrit, parce que ça c’est …, c’est très difficile d’être

sur de soi.

- Est-ce que vous pensez que dans les situations que vous avez vécu de suspicion de

maltraitance vous auriez pu agir différemment, faire les choses différemment ?

- Silence. Mmm … avec les moyens qu’on a d’un point de vue euh …, nous protection de

l’enfance euh ... c’est …, c’est … c’est pas facile à dire, c’est … je pense que ça vient pas

que de …, que de moi mais plus du système en fait qui est derrière moi, c’est peut-être

moi qui parfois me suis avancé auprès de familles, disant voilà comment ça va se passer

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euh et les aides qu’on pourra vous proposer et puis après bah derrière c’était pas que moi

qui décidait et les choses ne se sont pas passées euh forcément comme ça, donc c’est vrai

que vis à vis des parents euh … j’ai pas parfois été euh …, un petit peu en porte a faux

quoi, parce qu’on est pas seul décisionnaire et que … et que c’est vrai que quand on est

médecin on essaye toujours de …, de trouver du positif dans ce qu’on va proposer, en

disant vraiment que c’est une aide, et que on est là pour les aider, et que ci et que ça, et

puis des fois derrière euh …, l’administration ou le le enfin le juge des enfants va prendre

une décision qui va être … différente de ce qu’on a pu dire et euh …, et après dans la

pratique je je sais pas, j’ai … pas fait des grosses erreurs en tant que tel, je pense pas,

mais euh …, mais par contre parce que je pense on est tellement euh … mal à l’aise à

chaque fois qu’on y va toujours a faire avec des …, sur des œufs, et je pense avoir été

assez prudente à chaque fois, par contre pour parler aux parents, c’est …, c’est peut-être

…, c’est peut-être à ce niveau là, les explications qu’on leur donne et euh … et à la façon

dont ça va se passer …, c’est pas simple. On …, on est toujours dans le soin, et je pense

qu’on n’est pas …, des fois l’institution est beaucoup plus dure que nous.

- Et quel est votre ressenti vis à vis de ces situations, comment vous vous sentez ?

- Silence. Comment on peut se sentir avec euh … la protection de l’enfance euh…, dans

notre pays, c’est pas toujours idéal, des fois on fait plus de mal que … que de bien, et je

pense que que ce soit dans les situations où il y a euh …, je pense que c’est le système

dans son …, dans son ensemble qui va pas forcément dans notre pays euh euh …, il y

aurait beaucoup à refaire dans la protection et …, et effectivement il y a des fois où je me

dis euh j’en ai assez de faire ça, parce que j’ai des enfants qui sont confiés et qui sont

encore plus malheureux à l’ASE que …, que chez leur parents euh … d’un autre coté ça

allait pas chez les parents, mais voilà ça peut être pire quand ils sont confiés à l’ASE,

parce que les parents ne sont pas là et …, et après en institution on ne se remet pas

beaucoup en question donc des fois c’est pas satisfaisant mais je pense que c’est tout notre

système de protection de l’enfance qui fait que on est euh …, souvent euh … démuni, on

a des solutions qui sont pas forcément adaptées et on connaît pas encore suffisamment

l’enfant et le fonctionnement qu’il a au sein de sa famille pour euh …, pour avoir des

solutions euh … idéales puis on est dans une société où la précarité des parents, ou les …,

ou les séparations des couples ou euh … ou les maladies parentales, ou enfin des des

malheurs déjà qui vont toucher les parents, vont influencer la vie des enfants de façon

négative pour aller parfois effectivement jusqu’à leur placement et puis derrière on va

avoir des parents qui vont garder leurs problèmes, qui vont se surajouter le fait d’avoir des

pa…, des enfants euh … euh … voilà dont on leur supprime la garde, donc qui en général

c’est difficile pour eux quoi faut être clair, difficile pour les enfants et la situation en

général ne s’arrange pas si facilement que ça, donc c’est … euh …, c’est c’est c’est vrai

qu’être médecin de protection infantile, c’est pas toujours satisfaisant, euh … faudrait

vraiment qu’il y ait un …, une grande mise à plat de …, de tout ce qu’on …, de tout ce

qu’on fait, euh … notre façon de travailler avec les parents, euh … euh … mais voilà,

mais voilà c’est un vaste …, un vaste domaine, mais euh … pff voilà il suffit de de de voir

un peu comment ça se passe et puis euh … pff.

- Et quel est la réaction en général des parents quand vous leur parlez de suspicion de

maltraitance, est-ce que vous les revoyez par la suite après aussi ?

- Oui, euh … ils …, souvent … souvent il y a un décalage entre leur façon de voir et leur

…, et et notre façon de voir, donc sans doute qu’ils ne voient pas la maltraitance comme

nous on la voit, euh … ils sont capable de dire oui ça va pas, mais quand même en gros

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nous on exagère, mais euh ..., mais … voilà ils ont plutôt tendance à minimiser les faits et

puis souvent euh … à faire le lien entre bon bah oui moi j’ai été élevé comme ça, moi on

m’a traité de patate euh … toute mon enfance vous voyez bon bah j’en suis pas mort et

euh …, ouais … enfin … de là a traiter votre gamin de petite crotte ou …, vous voyez …,

il y a des fois c’est … euh … on se rend compte que souvent ils ont …, ils ont vécu des

choses assez similaires, qu’ils … qu’ils recréent euh … bah voilà qu’ils élèvent un peu

leurs enfants sans doute comme un schéma qu’ils ont connu eux même, donc euh … donc

effectivement on est rarement sur la même longueur d’onde. Après bon ils sont capables

d’entendre quand on dit voilà bah vous … euh …, vous avez une façon de faire qu’est pas

adapté, enfin vous voyez vaut mieux lui parler plutôt que de lui sauter dessus, enfin parce

que …, puis dire faut pas taper en tapant euh …, vous comprenez si vous dites qu’il faut

pas taper mais que vous tapez, euh … l’enfant va jamais comprendre, on a l’impression

qu’ils comprennent pas et la première chose qu’ils vont faire dès que le gamin va …, va

faire un truc c’est …, c’est de le taper en …, donc euh …, c’est c’est pas si évident que

ça, on a des parents qui ont du mal à se remettre en question euh … euh … comme ça et

euh …, et qui vivent pas forcément bien les …, les remarques, après il y a certains parents

avec qui on arrive à travailler sur le long cours, mais vraiment hein, qu’on suit depuis 1

an, 2 ans et puis progressivement ça rentre un peu, mais alors en général, ils sont pas suivi

par nous seul en consultation, mais il y a un suivi à domicile, par la puer, éventuellement

une éducatrice euh … par mesure à l’extérieur. Si il y pas de mesure comme ça, et encore

c’est pas …, c’est pas 100% des mesures qui aboutissent, mais avec notre simple suivi en

PMI, des fois quand vraiment on sent qu’il y a un problème, un mère déprimée ou …, ou

quelque chose qui fait que euh … elle est pas en capacité d’être disponible pour son

enfant comme il le faudrait, ou d’être adapté, des fois on arrive à faire en sorte qu’une

maman ou qu’un papa euh … entame des soins pour pour lui même pour que ça aille

mieux, c’est rarement facile, faut souvent répéter plusieurs fois et euh … pff, après il a pu

oui aussi arriver que des parents ne reviennent pas, même si … voilà, même si ça se fait

sans heurt ou ils ont du se dire, voilà on est venu pour les vaccins, j’ai pas envie qu’elle

me parle de ça donc il y a des parents qu’on revoit pas. Et puis … ça peut être plus rare

mais il peut aussi y avoir des parents qui arrivent en disant ça va pas, donc là quand euh

…, quand c’est eux qui …, qui disent que ça va pas, là on arrive à travailler, c’est quand

même beaucoup plus rare, en général c’est que ça va vraiment pas.

- Pour vous c’est quel type de maltraitance qui est la plus difficile à repérer ?

- Euh … silence. Psy… psychologique, parce qu’en consultation c’est un temps bref, on

voit pas forcément tout de suite, mmm et physique à vrai dire, on en voit de moins en

moins des maltraitances physiques, quand même, en dehors peut-être des abus sexuels

hein, mais ça c’est quand même a part, mais des enfants euh … qui sont tapés euh … on

ne le voit quand même pas, c’est rarement fait devant nous, et euh … c’est souvent quand

c’est repéré, c’est au niveau des écoles, sur des bleus, etc. et encore des fois, on se … on

se goure, on a eu un purpura thrombopénique là cette année, il y a eu signalement envoyé

au procureur par l’école et en fait c’est un purpura thrombopénique, donc on peut encore

se tromper mais euh ça arrive, si si ça arrive, des enfants euh … avec des coups de

ceinture ou qui le disent à l’école, souvent, c’est rarement à nous qui le dise, c’est plus

souvent quand ils ont un lien avec un adulte référent, donc une maîtresse, donc oui au

niveau des écoles, on arrive a voir des enfants avec des …, avec des lésions physiques.

Mais la maltraitance la plus difficile c’est la maltraitance psychologique, c’est celle qui

sur 20 minutes, se verra pas forcément …, mais bon … et encore, on arrive à le voir

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quand on a vraiment une maman pas bien, une maman qui qui va pas regarder son enfant,

une maman qui va …, un enfant qui …, qui sera en quête affective, mais bon c’est peut-

être la moins facile, mais euh … encore avec l’habitude on y arrive sans problème.

- A quelles occasions ou dans quelles circonstances vous seriez amené à plus suspecter ou à

rechercher une maltraitance ?

- Quand on connaît la famille pour des faits euh … semblables, c’est c’est c’est vrai qu’il y

a quand même des famille qui cumulent, de génération en génération, donc quand on sait

que c’est une maman qui a elle même un placé …, un passé euh … euh … à l’assistant…,

à l’aide sociale à l’enfance ou en assistance éducative ou qui a vécu elle même des choses,

on sait que les enfants sont quand même …., sont quand même à risque, effectivement si

il y a déjà eu des soucis avec des enfants de la fratrie, et puis après euh … j’ai envie de

dire c’est …, c’est un peu les facteurs de risque comme on …, comme on nous les

apprend finalement hein, le parent isolé euh …, le handicap de l’enfant euh …, même si

parfois le handicap on ne le connaît pas à la naissance mais il va se développé, ça c’est le

grand typique hein, l’enfant avec les …, les troubles envahissant du développement euh

…, bah voilà un enfant de 2 ans mais qui parle pas, qui répond pas, qui … bah on a une

maman euh … qui peut craquer quoi, puis qui sent qu’il y a un truc qui se passe pas avec

son gamin, qui refuse les câlins, donc des fois il y a un truc qui s’installe, donc on …,

donc un enfant qui se développe pas bien ce sera aussi à risque, quand il y a un conflit au

sein des parents, quand ils sont pas sur la même longueur d’onde sur l’éducatif, euh …

enfin c’est vraiment les facteurs de risque, je dirais classique. (soucis avec le magnéto)

- Pensez vous qu’il existe des freins en rapport avec l’enfant, les parents ?

- L’enfant il est …, voilà l’enfant il va protéger ses parents, alors c’est vrai que … euh …,

c’est vrai surtout pour les enfants plus grand et il peut dire un jour voilà mon papa euh …,

parce que un jour ça c’est mal passé, il va dire à sa maîtresse, voilà papa il m’a donné des

coups de ceinture, et puis quand il va se retrouver à …, à la brigade des mineurs ou autre,

il dira non non il c’est rien passé, donc oui le …, l’enfant a vraiment de la loyauté envers

les parents, donc euh … il va les …, il va les protéger, c’est surtout le petit enfant. Après,

euh …, après les parents euh …, on a des …, des parents qui sont aliénés l’un à l’autre,

avec un parent violent et puis l’autre qui protégera l’autre parent plutôt que son propre

enfant, c’est …, c’est vrai aussi, c’est ces enfants là qui sont …, qui qui finissent avec une

mesure de … de placement, parce que l’autre parent n’est pas protecteur. Dans les cas

d’abus sexuels, on a des des parents, mais euh … un parent abuseur et puis l’autre qui

…enfin qui a rien vu, alors qu’il y a des trucs qui sont énormes, donc effectivement euh

… je pense que …, alors est-ce que c’est euh … du déni, est-ce que c’est euh … euh …,

on voit ça dans …, dans les parents euh … qui s’alcoolisent, enfin il y a une forme de …,

de pas vouloir voir la vérité en face, oui, c’est pour ça que se sont des parents qui sont pas

en mesure de …, de protéger leur enfant. Mais l’enfant, oui, c’est pour ça que le

placement c’est souvent difficile pour eux, ils aiment leurs parents, ils aimeraient bien

qu’on aide leur parents et … un petit peu plus, c’est pas forcément en prenant leur enfant

que ça leur rend service mais euh … après c’est pas possible.

- Et est-ce que vous vous ressentez des freins au dépistage ou pas ?

- Au dépistage de la maltraitance ?

- Oui.

- Silence. Euh … non, si on nous donne des bons outils, non …, il y a pas de soucis. Par

contre, ce qui serait bien, c’est qu’on puisse voir par exemple tous les enfants en bilan de

santé euh … à l’école maternelle, dans notre département on a du mal à voir tous les

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enfants, on est en nombre de médecins insuffisants de façon tout à fait chronique et euh

euh … c’est vrai que de voir au moins une fois tous les enfants euh … même si c’est

évidemment essentiellement la vue, l’audition, les troubles du langage et du

développement, c’est quand même aussi à ces occasions là, qu’on peut repérer un enfant

qui …, qui voilà qui est totalement inhibé, qui … qui va pas bien et ça peut être un …, un

premier repère intéressant, donc c’est vrai que en tant que médecin de PMI, j’aimerais

bien qu’on soit plus dans le systématique, d’avoir un œil sur tous les enfants, au moins à

un instant donné, même si c’est en moyenne section de maternelle, que la maltraitance

elle peut être ultérieure, mais on se retrouve dans des situations à risque où on découvre

un certains nombre de cas d’enfants à risque ou …, ou effectivement maltraités euh … à

l’occasion du bilan de santé, et c’est vrai que c’est …, c’est toujours difficile pour nous

quand on nous dit bah cette année tu peux faire que la moitié des écoles, donc

effectivement, moi je vois …, je vois vraiment euh ..., le seul frein, c’est …, c’est plus

institutionnel, il faudrait plus que vraiment on puisse voir au moins une fois tous les

enfants et puis euh …, et puis même ne serait ce que pour euh …, pour dépister euh plus

tôt pour certains un …, un déficit sensoriel ou une source de handicap qui fera que voilà

l’enfant ne se développera pas bien au sein de sa famille et sinon, non, je suis vraiment

pour …, pour voir le plus d’enfants possible dans le cadre de ces missions là, à la fois le

dépistage sensoriel, et puis du bien être dans son développement.

- Et le manque de certitude, c’est un frein ?

- On vit avec, on vit avec ça, et on ne vit pas dans la famille de …, de l’enfant, donc on on

vit avec ça, après euh …, après j’ai envie de dire euh … c’est surtout …, non c’est pas un

frein, il faut …, il faut s’y faire et puis il faut y faire attention euh … pour respecter euh

… le droit à la famille de … comment dire, de … que nous on se trompe, donc c’est à dire

qu’il faut faire attention quand on sait pas, par contre il faut pas ne pas dire parce qu’on ne

sait pas, il faut savoir euh … euh … si il y a un enfant qui pose soucis à l’occasion d’un

bilan de santé en moyenne section de maternelle, si je ne suis pas à l’aise, je … et que ça

ne me semble pas suffisamment grave pour en faire part à la responsable d’action sociale

du secteur, j’en … j’en ferais au moins part au médecin scolaire, en demandant de revoir

l’enfant, euh … mais je préfère euh …, enfin je m’en voudrais de ne rien faire du tout et

de ne plus voir l’enfant, non, et après euh … il faut savoir euh … faire attention dans ses

écrits, dans les traces qu’on peut laisser dans un dossier, à … à la façon dont on indique

les faits, ne jamais accuser quelqu’un même même dans un dossier administratif ou dans

un dossier médical, ne jamais accuser les parents, mais savoir noter le petit signe euh …

qui qui doit faire que mes collègues, si elles voient l’enfant en consultation ou … qu’il y a

un petit signe à surveiller.

- Et le fait de ne pas avoir de signes spécifique de la maltraitance, de ne pas avoir d’outil

validé au dépistage, est-ce que vous pensez que ça peut être un frein ?

- Euh …, non, mais ça s’apprend, c’est pour ça que c’est vrai que …, c’est plus avec

l’expérience que petit à petit on est … un petit peu plus, enfin de plus en plus à l’…, à

l’aise, c’est peut être beaucoup dire quand même, mais qu’on … on apprend à se méfier

en tout cas, euh … mais la gamine couverte de bleus euh … voilà c’est typique hein, le

purpura thrombopénique mais ça peut être …, donc c’est vrai que l’encoprésie faut pas

tout de suite avancer, même si évidemment hein, dans un certain contexte, on va tout de

suite penser à l’abus …, aux abus sexuels, mais bon faut aussi savoir se méfier de la …,

de la constipation euh … mais je pense qu’on apprend au fur et à mesure à faire le tri, à

voir comment va l’enfant, comment se comportent les parents et … et malgré tout, c’est

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un peu un faisceau d’arguments qui va nous faire penser que, même si on est jamais sur,

on a quand même …, on connaît quand même les signes et euh …, et à force de travailler

en protection de l’enfance, on est plus en plus euh …, plus en plus sensible à certains

signes, c’est pour ça à mon avis qu’il faut bien euh … ouais 4-5 ans de …., de de PMI

pour … pour avoir moins peur, après ça fait … ça fait moins peur, et puis … et puis on

sait qu’on peut toujours de tromper, mais bon, on est jamais tout seul non plus, donc euh

- Et la peur de l’erreur ou la peur de la plainte ?

- Ça c’est dans l’écrit, euh … la peur de l’erreur pff, euh … c’est c’est ça, c’est c’est

vraiment le …, l’écrit professionnel, c’est vraiment faire très attention à ce qu’on …, à ce

qu’on écrit, à ce qu’on dit, ça c’est pareil, ça s’apprend. Moi l’écrit professionnel pour …,

pour écrire un signalement, j’ai eu une formation dans le 91, qui m’a …, qui m’a vraiment

écrit l’é…, appris l’écrit professionnel de façon à marquer les choses euh … en …, en …

en évitant une attaque par derrière, parce que ça ça nous pend toujours au bout du nez

hein euh, euh … qu’un professionnel soit attaqué parce que il a accusé …, mais avec voilà

avec une formation sur la façon dont on écrit les faits et …, et être prudent à ce qu’on met,

faire attention à chaque mot, euh … ça ça s’apprend mais c’est vrai que ça s’apprend,

quand on le sait pas, euh euh … c’est …, c’est … enfin les écrits professionnels euh euh

… tout médecin ou tout même parfois mes collègues hein le font et c’est …, faudrait pas,

euh … marquer euh … tel parent semble, faut faut savoir ce qu’on dit, il est comme ça ou

il est pas comme ça, il me semble ci, semble inquiet, semble …, il est inquiet ou il l’est

pas, enfin c’est … ça peut être ça, et puis après euh … mettre dans un écrit, oui la mère à

l’air un peu …, un peu dérangée d’un point de vue psychologique, enfin ce genre de …, et

puis d’un point de vue de toute façon au niveau du tribunal, ça n ‘a aucune valeur, donc il

faut savoir euh …, faut savoir vraiment écrire euh …, écrire les choses très euh … de

façon le moins attaquable possible, en ne supposant pas et en ne mettant que ce dont on

est sur euh …, donc ça ça s’apprend, mais c’est vraiment au niveau de l’écrit

professionnel, et c’est pas évident parce que c’est pas inné hein. Justement si on est pas

formé à ça, on a tellement tendance à vouloir être prudent, euh …qu’en fait on fait des

écrits qui qui en plus n’aboutissent pas, parce que le magistrat euh euh …., dans un écrit

avec l’enfant euh euh … semble ne pas faire ci, ne pas faire ça euh, semble inquiet par

rapport à ci, mais la maman à l’air un peu dérangée, comme c’est pas des faits, comme

c’est que des suppositions, de toute façon ça n’a aucune valeur, donc au lieu de dire j’ai

un enfant euh …, inquiet, qui ne sourit pas, anxieux, avec des faits très nets et précis euh

euh … voilà avec des troubles du sommeil, avec …, tant qu’on ne met pas des choses très

précises et qui ne sont pas des sensations, de toute façon le magistrat n’en tiendra pas

compte, donc ça ça s’apprend, et puis après faire attention à ne pas accuser et à … de

toute façon euh …, ça va être le travail d’autre personnes, et dans notre écrit, puis après

faire attention au secret professionnel, de toute façon nous le disons aux parents, chaque

fois qu’il y a un soucis, c’est expliquer aux parents que …, que … on travaille pas tout

seul et qu’il y aura forcément un lien avec euh … simplement ce qui est important mais

indispensable pour l’enfant de partage au niveau de …, au niveau de la situation, donc ce

sera rarement purement médical, et ce sera bah les soucis qui font que l’enfant

éventuellement va pas bien, ça on leur dit.

- Vous connaissez quelques notions du code pénal, vous forcément, quant à la non

assistance personne à danger ou quand dévoiler le secret médical, tout ça vous

connaissez ?

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- Oui, oui, ça forcément, on nous le rabâche un petit peu, mais c’est normal, et puis

d’ailleurs, des fois, c’est …, c’est pas simple de respecter le code pénal, le … euh … le

code de déontologie, le …voilà c’est c’est parfois difficile de tout concilier, surtout avec

des enfants, parce que jusqu’où l’autorité parentale, c’est c’est parfois mise à mal hein,

quand ils sont maltraités jusqu’où on peut aller, donc effectivement, on doit toujours

garder à l’idée que même un parent maltraitant bhein il a l’autorité parentale et qu’il faut

qu’on fasse très attention à ce qu’on fait, euh … donc ça on le garde à l’idée vraiment

qu’en cas de grand danger pour un enfant qu’on peut …, mais dans l’absolu même un

enfant suspect de maltraitance à l’école, on peut pas euh … constater les coups en

déshabillant sans l’autorisation des parents, ça je … je … voilà je dois le respecter de la

même façon euh ..., on démarrerait mal une procédure si euh … si tout de suite il y avait

…, faut pas croire, les parents ils vont prendre un avocat derrière, si tout de suite il y a

vice de forme parce que euh … oui on a déshabiller notre enfant sans nous prévenir, sans

nous … voilà, et on y pense tout le temps.

- Et le manque de temps ou le manque d’implication du médecin ?

- De famille ? le manque d’implication du médecin ?

- Le manque de temps en consultation ou le manque d’implication de la part du médecin,

est-ce que vous pensez que ça peut être un frein ?

- Le manque de temps, oui, en consultation on voit un enfant toute les 20 minutes, alors

quand tout va bien, c’est bien 20 minutes, et quand on a des situations problématiques oui,

c’est insuffisant, après euh … quand on a des situations compliquées, avec des parents pff

où il faut tout reprendre, euh … je … peux dire à ma secrétaire tu me bloques 2 RDV

pour tel enfant parce que … voilà, parce que c’est vrai que quand on a 12 …, 12 RDV

voire 13-14 et que de toute façon l’autre de l’après midi on doit être ailleurs quelque part,

et bah on est aussi tenu par le temps, c’est comme tout le monde, donc on peut très bien se

bloquer un 2ème

RDV, euh … après bah quand il faut prendre 1 heure, on prend 1 heure,

même si c’est vrai que ça décale tout le monde, ça arrive, mais … voilà. Le manque

d’implication du médecin, euh … oh peut-être pas, je pense qu’il y a …, après au niveau

des PMI euh je connais pas de confrères qui se soient pas vraiment impliqués.

- Et des conséquences négatives, justement vous en parliez tout à l’heure, sur l’enfant, sur

la famille, quand on suspecte une maltraitance ?

- Bah oui, les conséquences négatives, euh … ça peut être soit la famille qui va se refermer

sur elle même, et c’est … c’est justement ce qu’on essaye d’éviter, qui va éviter les

consultations euh … avec nous justement par la peur de ce que ça pourrait donner euh …

si ça n’évoluait pas bien, utiliser une évaluation, l’assistante sociale qu’arrive à la maison,

effectivement il y a des parents qui ont peur de ça, et qui du coup bah ne viendront plus

nous voir, ça c’est la première conséquence, les perdus de vue et puis bah les perdus de

vue mais pour lesquels on avait pas assez d’éléments pour euh … pour transmettre, donc

pas … du coup pas les moyens de faire quoi que se soit, il y a pas d’obligations, si il n’y a

pas de mesures, il y a pas obligation pour les parents de venir nous voir, donc des fois

c’est embêtant. Et puis des …, des conséquences négatives euh … euh … pff oui ça peut

être …, ça peut être … une remise en question difficile pour les parents, pour … pour un

couple parental qui va pas bien euh …, bah de … de pointer ce qui dysfonctionne bah ça

peut faire en sorte que ça aille plus mal entre eux, oui, et pour l’enfant ça reste difficile,

parce qu’on trouve pas de solutions forcément pour les parents, et les parents .….. si …

euh …, s’ils se sentent euh … comment dire regardé euh … voilà, c’est …, c’est pas …...,

c’est pas forcément aidant pour les …, pour les enfants, il y a des enfants on arrive pas à

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les aider effectivement, quand le lien n’arrive pas à bien se faire avec les parents. Alors, il

y en a, on se contente de les voir, de les suivre, de s’assurer que …, de … voilà il y a plein

de situations où c’est …, où c’est pas suffisamment grave pour …, pour qu’on fasse plus,

mais bon on se rend compte qu’on a du mal à …, à faire mieux. Mmm c’est dommage,

mais oui on fait pas bien tout le temps, hein, on fait pas forcément de mal, mais des fois

on arrive pas à travailler, donc on les suit, puis on se dit pff …, au moins on leur a dit

redit redit redit redit ce qui …, ce qui nous semblait bien et puis … on les lâche.

- Et la perte de la relation de confiance avec les parents ou le fait justement de ne plus

pouvoir revoir l’enfant par la suite en cas de suspicion ?

- Quand vraiment il y a …, il y a …, il y a de fortes suspicions, euh … on fait …, on

demande une évaluation, c’est à dire qu’on va demander, on va faire un écrit, passer par la

responsable d’action sociale et demander à ce qu’elle saisisse la CIP, la cellule des

informations préoccupantes, pour qu’elle nous autorise à faire une évaluation, mais ça

c’est quand on est vraiment inquiet, ça on le fait, après dans les situations, bon, où on est

pas suffisamment inquiet pour le faire, nous … en tout cas de toute façon la CIP euh … ne

nous donnerait pas le …, le feu vert pour une évaluation, bah on les revoit pas, c’est

comme ça, c’est comme ça, c’est … c’est des perdus de vue, alors euh … on aura peut-

être la chance de les revoir à l’école, en général c’est le genre de gamins qui sont absent le

jour de la visite médicale à l’école, voilà, c’est pas satisfaisant tout le temps, il y a des

perdus de vue.

- Et que pensez-vous du rôle du vécu du médecin, de ses représentations, de ses

expériences antérieures, de ses croyances ?

- Bah ça …

- Vous pensez que ça joue un rôle ?

- Bah oui forcément hein, je pense qu’on est tous des êtres …, des êtres humains, avec

notre sensibilité personnelle, donc forcément ça y fait, je pense que aussi que le fait

éventuellement même d’être parent, ça fait évoluer la vision du médecin, par rapport à

tout ce qui peut être dans l’éducatif euh …, euh … même la façon d’être, je pense que

c’est important d’avoir su analyser ce qu’on a pu vivre nous même, ce qu’on a pu voir

autour de nous concernant l’enfance et puis nous même en tant que parent euh …, avoir

un coté un peu ..., ça nous aide à avoir un coté sans doute plus bienveillant par rapport aux

parents, y compris les parents euh … qui qui ne traitent pas forcément bien leurs enfants,

parce que euh …, parce que on peut expliquer ça par leur mal être a eux, et donc ne pas

les excuser, mais … mais mettre ça dans un tout, on peut pas … et …, et toujours en

gardant à l’esprit que toute façon même cet enfant pas forcément bien mené par son

parent qui ne va pas bien, c’est sans doute mieux que … que sans parent du tout, donc

essayer malgré tout de garder ce lien très positif, le … voilà le lien parental, et puis au

niveau éducatif je pense que quand on a eu des enfants, quand on élève soit même des

enfants, bah on a une façon de voir qui est beaucoup moins comme dans les livres et puis

on arrive aussi à avoir un discours qui fait que on est sans doute plus … plus plausible,

hein, c’est plus facile de dire oui je vous comprend, il y a des nuits pff moi j’en ai ras le

bol de passer des nuits debout en attendant qu’il s’endorme dans son lit, bah il vient dans

notre lit puis voilà, je vous comprend, faut pas le faire trop souvent. Je pense que les

parents ils ont aussi besoin d’un discours qui soit pas euh … pff comme dans les livres,

parce que sinon ça …, ça les use, surtout que c’est des parents qui n’y arrivent pas, donc

si on leur renvoi sans cesse qu’ils n’y arrivent pas, qu’ils sont nuls et qu’ils ne font pas

comme dans les livres, donc euh, et je pense que c’est notre sensibilité personnelle qui fait

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qu’on arrive à avoir un discours qui s’assouplit, qui …, et puis culturellement parlant, moi

je … suis française, mon mari est français, je ne connaissais pas la culture et le maternage

euh … des des mères africaines, j’ai beaucoup appris, et je trouve ça super intéressant, et

pouvoir aussi dire, bon bah voilà, un enfant qui est dans les bras ou dans le dos toute la

journée, c’est un enfant qui va très bien, donc euh …, dans notre culture bah il faut … faut

pas le prendre dans les bras, ça va en faire en enfant capricieux, bon, donc on évolue tout

le temps et moi je trouve ça …, non non, notre passé y fait, notre présent, nos pratique et

puis surtout savoir être à l’écoute et savoir se remettre en question nous même mais euh

… il y a beaucoup de …, il y a beaucoup de …, en particulier j’aime bien moi les familles

africaines et les mamans africaines, elles ont une façon de materner qui est … idéale, j’ai

vu aucun enfant africain euh … avec les même troubles du comportement que le petit

maghrébin, c’est totalement différent, donc on peut critiquer les mamans africaines, on va

dire oui elles jouent pas assez avec leur enfant, elles sont …, elles sont pas dans le …,

dans le ludique, dans la manipulation d’objet, de musique, de tout ça, oui, ils vont très

bien, ils sont dans le dos de leur mère toute la journée, ils voient euh …, ils vivent avec

leur mère, ils … ils sentent son cœur qui bat, ils sont …, et moi je les voit après, ils vont

bien, c’est pas des enfants anxieux, c’est pas …, c’est pas des enfants qui posent des

soucis éducatifs à 2-3 ans, ils sont pas dans une opposition telle que …, donc ça nous

apprend un peu aussi à …, à moduler nos …, nos discours, et je trouve ça très intéressant,

et les parents ils aiment ça. Parce que si on parle à une mère africaine, à une mère

maghrébine, comme on parle … enfin …, on va se heurter à un choc culturel, et puis on

arrivera de toute façon strictement à rien.

- Pour vous c’est un sujet difficile à aborder avec les parents ou pas ?

- La maltraitance ?

- Oui.

- Euh ... pff, ça vient, non, ça vient sur les faits, faut rebondir sur ce qui se passe, et puis …

et puis le dire, pas parler de maltraitance, mais dire c ‘est euh …, faut pas lui parler

comme ça sinon euh … le premier mot qu’il va vous dire à …, euh … le premier mot

qu’il va vous dire à 18 ou 20 mois, ça va être chier parce que si vous lui dites fais pas

chier quand tu pleure bhein voilà c’est comme ça qu’il va vous parler, non ça …, ça part

de … euh … et puis après euh … on part sur euh …, on est toujours sur du conseil, sur de

la guidance, sur euh …, donc non, faut rebondir sur ce qu’on voit et sur ce qu’on entend,

donc c’est assez spontané et …, et assez facile euh ... et puis après euh ... c’est …, c’est

rarement la première fois euh … comme ça qu’on verra et qu’on va dire oui je vais faire

un écrit pour le juge et tout le toutime, mais quand on en a besoin, non ça …, c’est

toujours après un discours très euh …

- Et l’affectif vis à vis des familles que vous connaissez, que vous suivez depuis pas mal de

temps éventuellement, le manque d’objectivité, est-ce que pour vous ça peut freiner le

dépistage ou pas ?

- Peut-être pas tant que mes confrères de ville, parce que moi les parents euh … j’ai pas

encore connu euh … des parents que j’ai vu bébé, je suis pas assez vieille pour ça, mais

… non du coup non, ça ne me freine pas, mais je pense que en étant médecin de ville, ça

serait très compliqué pour moi de savoir euh … qu’une maman est déprimée, que son

mari l’a quitté, que ci que ça, et de la voir gueuler sur son gamin et de lui parler euh …

j’aurais du mal …, je lui en parlerai certes, mais j’aurais du mal à lui dire là il y a un

moment c’est bon vous maltraitez votre enfant, je vais faire un écrit et tout le toutime, je

n’y arriverai pas, parce que là je suis dans un conflit de loyauté entre la mère ou entre le

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père et … enfin entre le parent et l’enfant, et moi je n’ai pas ce conflit de loyauté, donc

effectivement quand j’ai vraiment un soucis, j’appelle mon confrère de ville et souvent je

tombe sur des confrères ah … ça soulage d’avoir quelqu’un qui me …, qui m’aide, qui

arrive … à …, voilà c’est plus eux qui porte le truc tout seul, souvent ils portent des trucs

quand ils ont des parents alcooliques et que …, et que des …, voilà ils sont inquiets pour

les enfants, mais qui savent pas quoi faire, moi … moi j’ai pas ce … ce conflit là, eux

doivent l’avoir, eux oui.

- Et les facteurs économiques, la perte de revenus …

- La précarité c’est …, c’est beaucoup …

- Par rapport à vous en fait, enfin vous êtes salariée en PMI, vous n’avez pas une perte de

revenus comme les médecins en cabinet de ville, pour vous ça joue pas forcément un rôle

dans le …

- Non, non, on est en fonction publique hein, on est …, on est vite bloqué point de vue

salaire, mais bon, non c’est pas comme les …, c’est pas du tout comme les confrères de

ville.

- Est-ce que vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Euh …, non, en dehors de voir tous les enfants, de voir tous les enfants, de pouvoir

recevoir tous les enfants, parce que …, bah pff non c’est vrai ce serait vraiment de … de

les voir tous, parce que déjà euh des parents qui se savent euh … euh … pas à l’aise euh

… avec leur enfants, qui se savent maltraitant, bah quand il y a un soucis, c’est rare qu’ils

viennent en consultation de PMI, déjà et d’une, et puis si on les voit pas à l’école, on peut

ne pas les voir du tout, euh … alors, c’est … je …, ce que j’ai dit tout à l’heure, déjà voir

tous les enfants au moins à l’école, parce que la vie à l’école, comment se développe un

enfant à l’école, ça peut être un …, un petit signe d’alerte, ne serait ce que pour avoir un

lien avec le confrère de ville, même si les parents ne viennent pas, et puis après ce serait

peut-être améliorer le lien avec nos confrères de ville, qu’ils puissent plus facilement nous

interpeller, et qu’on puisse mettre en place une …, une passerelle entre eux et nous quand

ils sont embêtés, parce que je pense que ils sont parfois super embêtés, et qu’ils gardent ça

pour eux, et que du coup on à des situations qui s’enkystent et euh … et que …, voilà quoi

pour lesquelles il y a pas vraiment de solutions ou des solutions tardives, on a beaucoup

d’informations préoccupantes ou de signalement qui … d’adolescents, de plus en plus,

parce que ça pete au collège ou au lycée des trucs extraordinaires, euh … et on se rend

compte que ça fait des années qui y a un truc qui …, qui ne va pas, et je pense que en

ville, le médecin il a pas de solutions, il a pas …, il a pas su proposer ou … parce que il a

pas les outils pour, et donc des solutions, nous on les récupère, on a beaucoup de …,

d’adolescents à l’aide sociale, euh … et ça clache complètement et …, et limite de

l’irréparable dans beaucoup de situations, donc sans doute améliorer euh … pour nos

confrères de ville, et qu’on arrive à travailler plus tôt dans certaines situations, après les

parents restent libre de venir nous voir ou pas, donc je sais pas comment on pourrait faire,

mais c’est vrai que c’est un vaste sujet.

- Vous pensez qu’un dépistage systématique, le fait que tous les enfants …

- Oui, mais encore nous on s’arrête à 6 ans euh … oui ou alors les voir, après normalement

c’est le médecin de l’éducation nationale, mais eux même sont en nombre insuffisant,

mais euh … mais après le relais après le médecin de PMI, c’est le médecin de l’éducation

nationale dans les écoles, faudrait qu’ils soient en nombre suffisant, comme nous en

nombre suffisant, pour voir tous les enfants en bilan de santé, qu’ils soient en nombre

suffisant pour voir tous les enfants avant le CP, pour les revoir en cours de primaire, voilà,

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c’est de la prévention, c’est le parent pauvre de la médecine en France, mais je pense que

ça aurait un réel intérêt.

- Et les campagnes d’informations, de publicité, les choses comme ça, vous pensez que ça

peut aider au dépistage ou pas ?

- Silence. Un petit peu oui, mais bon, pas tant que ça, un petit peu oui bon que …, que les

…, que les gens connaissent le 119, que les …, que même les enfants connaissent le 119,

dès qu’ils sont suffisamment grand pour le faire, on a des enfants qui appellent, oui c’est

bien de le savoir, euh ... après …, après je pense que en pratique ça suffit parce que trop

en dire, trop en faire euh … on se rend compte après euh …, après euh … certaines

campagnes un peu plus démonstratives, on a des appels à tord et à travers quoi, mais bon

après dans ce qui est à tord et à travers, il y a …, il y en a qui sont avérés, mais bon je

pense que le 119 comme …, comme le 112 pour les urgences, comme les pompiers ça

devrait être …, sans doute en parler, en parler peut-être plus aux enfants, effectivement,

parce qu’on parle d’éducation sexuelle, est-ce qu’on leur parle aussi de leur droits, euh …

de leur droit d’enfant, de ce que les adultes ont pas le droit de faire, est-ce que eux même

se confieraient plus facilement, plus leur parler à eux dans le cadre de l’école. De l’école,

par contre, parce que c’est vrai que c’est le lieu où tous les enfants sont ..., parlent les uns

des autres, les uns avec les autres, et c’est là qu’il y a des choses qui se décantent mais

euh … donc c’est vrai au niveau de l’école ça pourrait être intéressant.

- Vous avez vous une définition de la maltraitance ou pas ? de l’enfant maltraité ?

- Une atteinte euh … c’est assez basique hein, c’est une atteinte à …, à …, à un

développement harmonieux aussi bien d’un …, d’un point de vue affectif, que

psychologique, qu’éducatif, que de sa santé, donc c’est … voilà, tout … tout ce qui peut

atteindre le …, un développement heu… heureux, épanoui et harmonieux de l’enfant,

voilà.

- Et l’enfant maltraité, pour vous, ça va de quel âge à quel âge ?

- Il y a pas d’âge, on a des nourrissons, ça peut être des …, des jeunes adultes de 21 ans, il

y a pas d’âge.

- Pour vous elle commence où la maltraitance, c’est assez vague comme question mais euh

- Elle commence dès que …, dès que la personne qui ..., qui est responsable de ce bon

développement de l’enfant, n’est pas adapté, donc euh …, éventuellement avant même

qu’il y ait des troubles chez l’enfant, c’est dès que euh … l’environnement n’est pas

optimal, optimum, pour euh … que tout ne se met pas en place de …, euh … d’une …

voilà de la meilleure façon pour assurer à cet enfant euh un bon développement dans tous

… dans tous les domaines importants, qui sont l’éveil, etc., voilà c’est là que ça

commence éventuellement.

- Vous connaissez forcément les critères diagnostiques et les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion de maltraitance ? est-ce que vous vous le faites à votre

niveau …

- Euh … c’est même pas tant qu’on le fasse, c’est que souvent on fait hospitaliser l’enfant,

quand on demande des …, des euh … oui, oui même si c’est pas si simple que ça, mais

euh … oui …, oui effectivement en fonction des symptômes, évidemment.

- Et l’attitude à adopter en cas de suspicion, ça aussi vous savez faire, le signalement, tout

ça, vous savez faire ?

- Oui.

- Vous êtes formé pour donc euh …

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- Oui. Oui on sait le faire, même si l’hôpital reste un …, un bon relais pour nous, vraiment

en cas d’urgence, quand on a besoin éventuellement d’hospitaliser l’enfant, ça c’est clair,

après euh … ça peut dépendre hein, quand il y a pas de signes avérés immédiats euh, ça

peut être dans l’écrit qu’on envoie à la CIP, demander à ce que l’enfant soit examiner euh

… dans un second temps, pour euh …, pour une expertise médicale, une expertise

psychosociale, souvent on …, on …, alors l’expertise médicale euh, c’est souvent fait très

rapidement au niveau de la brigade des mineurs, par contre une expertise psy c’est

souvent beaucoup plus long, c’est plus difficile. L’expertise psy des parents, parfois on

aimerait bien. Oui on sait ce qui faut faire, après dans la pratique …

- Vous le faites pas forcément vous l’examen clinique ou le diagnostic en cas de suspicion,

vous adressez à l’hôpital ?

- Bah disons que ça dépend qui voit l’enfant, dans … dans beaucoup de situations

d’informations préoccupantes, c’est pas forcément moi qui le voit, euh … ça peut être une

… une information préoccupante qui arrive de l’école, ça sera le médecin scolaire qui …

(coupure magnéto)

- On parlait du signalement

- Je suis même pas sur que ce soit dans mes études qu’on me l’a appris, c’est pour ça que je

suis pas sur que les médecins de ville, soit forcément très à l’aise avec ça, même si le

conseil de l’ordre a fait des petits …, des petits bulletins là dessus, euh … c’est pas

simple.

- Est-ce que vous pensez que les difficultés à accéder à différents intervenants, bah

justement la CIP, pour un médecin peut-être plus de ville, ça peut être un frein ou pas ?

c’est difficile d’y accéder ?

- Oui, je pense, parce que ils savent …, ils savent peut-être même pas comment ça se passe,

après euh … je pense qu’on leur répondrait absolument sans soucis, hein, il y a pas de …,

il y a pas de raison, je pense que le frein, c’est que ..., c’est la CCIP euh … elle s’est pas

fait connaître, de même que le …, la PMI euh …, je suis pas sur qu’elle se soit bien fait

connaître, et … même qu’elle est mal …, mal enseignée au cours de nos études, enfin

vraiment, moi j’avoue que je me serais installée en ville, euh ... j’aurais peut-être pas su

comment ça se passait, le lien avec la PMI et de savoir faire appel au médecin de PMI,

dans telle situation. Donc euh … oui, je pense que pour eux, c’est un frein, oui, ils …, ils

sont …, ils sont pas …, ils savent à mon avis pas bien comment ça se passe, même pour

nous au niveau institutionnel, c’est compliqué, parce que nous même on peut pas

interpeller la CIP directement, on doit passer par ainsi hein hein …, la réponse qui va

repassée par la responsable d’action sociale et tout le toutime, déjà pour nous le circuit est

pas simple, mais euh … il faudrait au moins que tout euh … les … confrères de ville aient

le petit dépliant sur euh …, sur la CIP, sur euh …, je sais même pas si ils l’ont, c’est

quand même euh …, euh … c’est un béaba quoi quand on parle de …, quand on parle de

ça, je sais même pas si les médecins de ville ont ce genre de …, ce genre de dépliant.

- Moi je l’ai jamais vu en tout cas.

- Bah voilà, c’est quand même euh … assez embêtant, avec les partenaires, avec comment

ça se passe, euh …, donc ça c’est …, c’est au plus haut niveau que il y a vraiment des

progrès à faire hein.

- Elles viennent d’où vos connaissances essentiellement sur le sujet ?

- Euh … bah quand l’Essonne m’a embauchée, ils m’ont euh …, euh … j’ai fait une

formation, un DIU à Necker de 2 ans sur euh …, euh … sur le développement de l’enfant

et il y avait eu euh … euh … des journées sur …, sur la maltraitance, donc c’était un

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premier aperçu et après je dirais que c’est le travail sur le terrain, les premières situations

où j’ai cafouillé, où je me suis dit ou aie aie il y a un truc qui m’embête, donc j’ai pu en

parler avec bah le médecin responsable de mon secteur, on a pu évaluer et véritablement

après c’est sur le terrain, et chaque situation étant quand même différente sur le terrain, et

puis après une fois qu’on a euh …, euh cette …, cette confrontation en terrain, c’est vrai

que les formations qu’on peut avoir sont beaucoup plus intéressantes, parce que euh …,

ça se ra…, ça se raccorde à … à notre vécu, et donc on arrive vraiment bien là du coup à

faire le lien et ..., et là ça a un sens et là du coup on …, je trouve que c’est intéressant,

donc euh l’air de rien euh …, j’aime bien avoir des …, continuer à demander des

formations là dessus parce que d’un point de vue psychologique, etc., sur euh … parce

qu’on est sans cesse à …, à apprendre et à … à mieux maîtriser euh … tout ça, et euh …

en parallèle avec notre pratique.

- Elle remonte à quand votre dernière formation sur le sujet ?

- C’était l’année dernière, euh … c’était …, alors bah c’était sur euh …, sur le circuit des

écrits du signalement, donc c’était pas purement clinique, mais euh … comme on était

différents professionnels euh …, assistante sociale, éducateurs, etc., et qu’on partait de

situations concrètes, euh … c’était intéressant, parce que qui dit situations concrètes et …

jusqu’au , au fait de transmettre l’information, c’est …, quand est-ce qu’on transmet,

comment on écrit et donc du coup …, c’était l’année dernière, c’était euh … au CNSPT,

centre de formation de la fonction publique territoriale, euh …voilà.

- Et vous en avez fréquemment ou pas des formations ?

- Bah non, ça coûte cher alors …

- Vous vous sentez pas suffisamment formée ?

- Non, non, non, non non c’est … c’est compliqué d’avoir des formations et euh …, on

arrive à avoir 1 journée de colloque, ou 2 jours par an, mais après euh pff c’est compliqué

d’avoir des formations.

- Vous aimeriez être formé comment, par quel biais ? (formation continues, revues de

littérature)

- Revues de littérature, oui, ça j’aimerais bien, mais c’est pareil euh …, donc euh …, je me

documente euh … par moi même, parce que ..., dans le 91, on avait le droit à un

abonnement par euh …, un abonnement par an et euh … c’est vrai que pour la formation

continue c’était intéressant, j’avoue, euh … et puis après euh … la formation continue euh

… pas pas forcément, ça peut être très ponctuel hein, ça peut être une formation même

euh …, bon peut-être une semaine ou quelques jours, 3-4 jours, mais par contre avec des

professionnels extrêmement euh … aguerri, qui maîtrise extrêmement bien le … euh …,

de de de parler avec un …, un psychiatre, si on parle de la …, ou d’un psychologue expert

auprès d’eux, enfin qui …, qui va vraiment avoir un ..., une expérience et qui va pouvoir

répondre à notre …, bah voilà moi j’ai été embêté, j’ai eu cette situation, qu’est-ce que

vous en pensez, qu’est-ce qu’on aurait du faire, etc., vraiment quelqu’un d’expérimenté,

c’est … c’est ces personnes là qui nous aident à avancer, donc c’est vraiment ce type de

…, et puis d’être confronté avec l’expérience des autres, voilà. Dans un domaine comme

le notre qui ne s’apprend pas dans les livres, c’est ce qui a de plus intéressant, vraiment.

C’est pas forcément euh … énorme en quantité, par contre c’est vraiment des gens de …

de grande qualité, bon par exemple au CNSPT sur l’écrit professionnel, il y avait un …, le

juge au tribunal pour enfant, j’ai trouvé ça très intéressant, parce que on moins elle nous a

dit, voilà clairement, moi si vous mettez ça dans votre écrit, je … je m’en moque, au

niveau de la loi, je suis magistrat, c’est ci c’est ça, c’est ça qui est intéressant, c’est ça

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qu’on a besoin d’entendre, parce qu’après euh … la médecine euh ..., j’ai bien appris ma

médecine, voilà on peut pas …, on m’apprendra plus la médecine, maintenant il faut

qu’on m’apprenne euh … à …, à exercer mon rôle en protection de l’enfance en tenant

compte de …, de la loi, de la loi qui protège les enfants, de la loi qui protège les parents,

de ci de ça, c’est là qu’on a besoin …, besoin d’être … bien cadré.

- Et justement votre confrère de PMI avait proposé comme solution pour aider la formation

des médecins généralistes, bah qu’il y ait des stages dans le cadre de l’ASE, ou en centre

de PMI, vous en pensez quoi ?

- Ouais, ce serait bien, oui ce serait bien, pouvoir mieux connaître, que les futurs médecins

connaissent mieux euh ... euh …, bah ce qui se passe après pour …, pour tous ces enfants

là quand même, ouais ce serait bien. Et puis que ce soit plus enseigné à la fac, hein, ça

peut être qu’une journée mais euh ... l’air de rien une fois qu’on sait quand même euh …

comment ça se passe, c’est intéressant et puis les enfants de l’ASE de toute façon euh …,

tous … tous mes confrères de ville vont …, sont susceptible d’y être confronté, ou de voir

ces enfants, parce que les enfants de l’ASE ils sont placés, mais ils sont chez une

assistante familiale, qui va amené l’enfant placé chez son médecin traitant, qui va …,

voilà, donc connaître les problématiques de ces enfants, euh … voilà il y a pas besoin

d’être médecin euh du conseil général, il faut le savoir, je suis parfois …, bon après je leur

jette pas la pierre, c’est pas leur …, ils sont pas habitués, parce que moi je dois m’assurer

que les enfants aient leur bilan de santé, donc je dois m’assurer de leur suivi, mais c’est

pas moi qui les suit, et il y a des fois, quand je vois comment certains confrères de ville

…, voilà je pense que ils ont fait ça en un quart d’heure, qu’ils ..., qu’ils n’ont pas creusé,

que ils ont rien vérifié sur euh …, il a des troubles du comportement, mais ils ont pas

envoyé l’enfant chez l’ORL pour être sur que, il y a des fois c’est pas …, c’est pas fait

suffisamment comme il le faudrait, c’est des enfants qui demandent un minimum de

temps, au moins la première fois qu’on les voit. Ils ont vécu des carences, ils ont …, ils

ont des troubles X Y, il y a quand même plus d’enfants porteurs de handicap à l’ASE que

dans la moyenne, que dans la population générale. Et je pense que, ils sont parfois pas à

l’aise, même pour les suivre, j’ai des enfants qui à l’ASE pendant des années,

médicalement euh ... pff ça pêche quoi. Donc euh …, tout médecin ça devrait ère

obligatoire, et c’est mal enseigné, ça c’est clair.

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ENTRETIEN 7

- Alors je vais commencer par des petites généralités. Je vais te demander ton âge ?

- 30 ans.

- Donc tu exerces donc uniquement ici dans le cabinet ?

- Oui. Oui, oui.

- Euh …, tu es installée depuis combien de temps exactement alors ?

- Le 2 mai de l’année dernière, donc un tout petit peu plus d’un an.

- Est-ce que tu suis des enfants au cabinet ?

- Oui, beaucoup, enfin …

- Bah justement tu connais à peu près ton pourcentage en moyenne ou pas ?

- Pff non, enfin, j’ai peu …, j’ai peu de personnes âgées …, euh …, je vais essayer de te

dire ça, non, je pourrais pas te dire, 1500 … 1572 au total patients et … adultes 1100,

ouais, non j’ai euh …, un tiers d’enfants, à peu près ouais, parce que j’ai peu de personnes

âgées, comme c’est une création.

- Et tu prends uniquement sur RDV ? ou sans RDV…

- Oui, que sur RDV, euh au début euh … bah tous les gens que j’avais remplacé, c’était que

sur RDV, hein, euh … bon bien sur ils prenaient entre deux, les petites urgences, vraiment

qui pouvaient pas attendre le lendemain. Quand je suis arrivée ici, il y a avait un

généraliste qui prenait que sur RDV, deux autres qui avaient des plages avec ou sans, ils

m’ont conseillé vivement de prendre des plages sans RDV, donc je me suis dit bon je vais

essayer, je l’ai fait les premiers mois, j’ai vu comment ça se passait chez eux, ça m’a pas

plu, parce que euh …, euh … même moi qui avait peu de patients, souvent le problème

c’est qu’ils arrivaient tous en même temps, au début de la plage, donc le problème c’est

que le premier qu’on prend, ça va, le dernier qui est arrivé 5 minutes après le premier,

mais il a attendu 4 heures, il est sur les nerfs, donc on …, on reçoit un patient stressé,

donc moi je préfère euh …, bah je laisse des trous pour les urgences, si vraiment tout est

plein, je prend à la fin de la journée, si vraiment ça peut pas attendre, mais c’est moi qui

décide, je leur dit à quelle heure venir et …, ça se passe mieux, quoi, enfin je trouve.

- Tu t’intéresse au dépistage en général, notamment les troubles des acquisitions, le trouble

du langage, tout ça ?

- Oui.

- Oui, tu le fais comment ?

- Enfin …, après euh …, je reste plus dans l’observation de l’enfant, c’est vrai que j’ai pas

forcément des tests prè…, j’utilise pas forcément des tests près définit, après euh … c’est

vrai qu’il y a souvent quand même aussi des …, des dépistages fait à …, à l’école, enfin

qui sont censés être fait en deuxième année de maternelle, mais pas toujours, euh … mais

bon quand il y a un doute euh …, j’oriente vers le CMPP ou … vers voilà des

psychomotriciens, enfin … pour essayer de faire des dépistages, il y a aussi des

neuropédiatres enfin qui sont dans le coin, mais c’est vrai que c’est pas trop basé sur

forcément un questionnaire euh … précis.

- Est-ce que tu as déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance

avérée dans ton expérience ?

- Pas au cabinet ici. Sur enfant hein on parle ?

- Mais t’as déjà été … Oui sur enfant.

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- Hein, hein, euh … à l’hôpital, une fois.

- C’était quand, c’était où ?

- C’était en Pédiatrie à Poissy, donc c’était il y a …, c’était en première année, en deuxième

semestre.

- Et tu te souviens un petit peu de la situation ou pas ?

- Pff, Silence. Pas trop, euh …, je crois qu’il y avait une suspicion de maltraitance par le …

père …, je crois que c’était le petit garçon avait été amené par la maman euh …, il avait

été hospitalisé euh …, mais bon je me souviens pas trop.

- Tu sais quel type de maltraitance c’était ? c’était physique, abus sexuel, …

- Physique.

- Et tu t’en es occupé de cet enfant ou tu l’a vu passé ?

- Non, je l’ai juste vu passé, donc euh …, j’avoue et ici, non j’ai …, j’ai vraiment euh …,

j’ai pas eu de doute quoi enfin, en tout cas, voilà.

- Vu que tu n’as jamais vraiment été confronté à ce genre de situation, est-ce que tu sais

comment tu devrais réagir, à ce que tu devrais faire, en cas de suspicion de maltraitance ?

- Franchement euh … pas trop, hein, hein, pas trop, je me souviens plus trop à l’hôpital ce

qu’on avait fait, je sais qu’on est censé faire une déclaration euh …, je pense que se serait

déjà sortir l’enfant du milieu à risque, donc c’est vrai que le plus simple en ville, c’est …

enfin soit c’est vraiment un parent par rapport à l’autre euh …, et il y a pas de doute, et …

soit on peut …, l’enfant peut-être garder par quelqu’un d’autre, ou alors, c’est de le faire

hospitaliser, quoi. Je pense en ville, le plus simple, quand on sait pas démêler le vrai du

faux, parce que le problème, c’est que souvent en ville on a …, on a un conjoint puis

l’autre qui vous dit autre chose et puis on a pas le temps ni les moyens d’aller voir ce qui

se passe vraiment pour faire le …, le distinguo, moi je pense que se serait de passer par

les urgences et que là après eux, en effet ils peuvent faire une déclaration, je sais plus si

c’est au préfet ou je sais plus euh …

- Le procureur, oui.

- Je savais qu’il y avait un truc comme ça, mais bon je ressortirai mes bouquins dans ce cas

là.

- Donc toi tu n’a jamais fait de signalement ?

- Non.

- Et si jamais tu étais amené à faire un signalement, est-ce que tu saurais le faire ?

- Non.

- Non.

- J’en ai jamais fait, moi même, euh … j’en ai jamais vu, à part sur les cours qu’on a pu

avoir à la fac, mais non je saurais pas.

- Et tu saurais pas non plus quel organisme contacté pour avoir de l’aide, ou quel

intervenant ?

- Non, je serais obligé de faire des recherches euh …

- Ouais, donc en cas de suspicion tu ferais appel à quel type d’intervenant ?

- Bah je pense que j’appellerai euh les pédiatres euh …, parce que ce serait plus facilement

joignable, pour savoir quoi faire.

- Et si jamais tu étais amené à vivre ce genre de situation, comment tu le vivrais, quel serait

ton ressenti, comment tu te sentirais vis à vis de cette situation ?

- Silence.

- C’est pas évident comme question.

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- Mmm … silence, bah je pense un peu stressée quand même, hein, hein, de … bah de

savoir quoi faire, de …, je pense ça dépend vraiment de la situation quoi hein, si c’est …,

déjà voilà c’est c’est quelle est selon la la ..., enfin si on part de l’abus sexuel à de la

maltraitance physique, à de la maltraitance morale, enfin bon euh … le risque à court

terme euh … c’est pas forcément le même pour l’enfant euh …, l’anxiété de pouvoir le

sortir le plus rapidement de la situation sans pour autant voilà être trop extrême non plus

si c’est …, et parfois la déclaration elle est …, elle est pas … réelle ou … C’est pas

évident quoi, de qui ça vient, parce que si c’est d’un parent par rapport à l’autre, là je me

poserais beaucoup de questions de savoir savoir si c’est la vérité, euh …, mais encore une

fois je pense qu’à partir du moment où il y a le …, le doute, comme on peut pas l’avoir, et

que voilà nous ici au cabinet c’est difficile d’avoir le temps de faire le distinguo euh …,

c’est en effet de passer par une aide …

- Extérieure.

- Extérieure, bon je pense après ça dépend voilà, je pense ma réaction serait aussi je pense

proportionnelle à … la situation en face, si euh j’ai des gens complètement énervé parce

que c’est une déclaration par l’enfant ou par une nounou qui dit que …, ou … par

quelqu’un d’autre, avec des gens qui … qui, parce que des fois on a des gens calme, des

fois on a des gens qui nous hurlent dessus déjà pour autre chose, donc je pense que ça

peut être une situation rapidement très stressante.

- Pour toi, quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- Silence. Je dirais que le plus facile ce serait les maltraitances physiques vraiment euh …,

avec des hématomes qui pourraient être partout, donc fac… enfin, c’est plus facilement

visible quand on examine l’enfant, euh … après euh …, maltraitance verbale, ça doit pas

être évident, et puis bon sexuel, pas forcément évident, parce que …, l’examen gynéco …

voilà, au niveau du périnée chez l’enfant, en plus abus sexuel, il y a pas forcément

pénétration, donc c’est pareil hein euh, je sais pas entre …, entre sexuel ou verbale euh …

lequel est le plus difficile. Parce que je pense que voilà le le on le …, on le verrait sur le

…, plus sur le comportement de l’enfant que forcément sur des traces physiques, et donc

là je pense …, voilà je saurais pas de l’un ou de l’autre le plus difficile, mais …

- Je suppose que pour toi dans les situations où le diagnostic n’est pas certain, où il y a un

doute, c’est forcément plus difficile à …, à dépister ?

- Oui, bah après c’est vrai que c’est pas une question qu’on va … enfin, c’est pas une

question on va mettre …, qu’on va poser dans le le dans l’interrogatoire courant on va

dire.

- Pour toi ce serait un sujet difficile à aborder en cas de suspicion, tu l’aborderais

facilement ou … ?

- Oh bah oui si il faut l’aborder euh …, non ça je me pose pas ce …, ce type de question

euh …, non c’est en tête à tête avec l’enfant c’est sur, mais euh … non ça me poserai pas

de problème de l’aborder, faut mettre les formes, c’est comme pour tout.

- Et si tu as les parents avec l’enfant, tu l’aborderais aussi ou pas ? facilement ou pas ?

- Bah je l’aborderai euh … avec les parents oui ça dépend euh qui …, c’est pareil hein qui

est …, qui est en suspicion d’avoir …. Parce que j’ai dis une bêtise, je viens de me

souvenir que …, voilà voilà je reviens sur une question antérieure, une petite fille que j’ai

vu, une … enfin deux fois pour euh …, dans le cadre de …, de prise en charge de

l’obésité et en fait qui avait déclaré juste avant de venir me voir à la …, à la …, à

l’infirmière du collège, que en fait elle avait été victime d’attouchement sexuel mais pas

par ses parents, hein, par quelqu’un euh …, alors qu’elle jouait dans un parc, par deux

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hommes, voilà donc là il y avait eu déclenchement d’une enquête au niveau du procureur,

par l’école en fait, et euh …, et puis en fait après il s’est avéré que c’était des mensonges

tout ça.

- Et t’a pas su pourquoi elle avait menti ?

- Parce qu’elle était mal dans sa peau, qu’elle voulait attiré l’attention, et ça faisait parti

voilà de … tout ça, et … vu comme on l’avait fait tout de suite prendre en charge par la

psychologue, elle avait pu rapidement, enfin assez rapidement démêler le truc mais euh

…, donc voilà mais cette fois là, je m’en suis souvenue parce que donc on avait aborder le

problème avec les parents et que … bah dans ce cas là euh …, il y avait pas …, c’était

pas …, c’est pas sur des choses évidentes à parler avec eux, mais comme c’est pas eux qui

sont concernés directement, c’est quand même plus facile. A mon avis si c’est des parents

directement, pas évident quand même. Et puis est-ce que c’est euh … mon rôle après, ou

jusqu’où on va quoi.

- A quelle occasion ou dans quel type de circonstance tu serais amené à plus suspecter une

maltraitance (niveau socioculturel, socioéconomique) ?

- Je pense le le …, le comportement de l’enfant, c’est un comportement inadapté euh ... euh

… je pense que là aussi c’est pareil, c’est souvent à mon …, à mon avis ce serait plus

envoyé par l’école ou par …, c’est vrai que nous des fois sur des …, des des consultations

de 15 minutes, il y a beaucoup d’enfants qui ont des …, qui sont voilà qui sont speed dans

le cabinet, qui s’assoient pas, qui touchent à tout, donc euh c’est assez courant je veux

dire euh …, mais après euh … je pense que ce serait plus sur un comportement inadapté

ou vraiment à l’examen physique si je vois des bleus autre que sur les tibias euh … parce

que tous les mômes ils en ont sur les tibias euh … avec le vélo, mais voilà.

- Le facteur socioéconomique ou socioculturel pour toi ça joue pas dans le fait que tu irais

chercher ou suspecter plus ?

- Non, parce que je pense …, enfin voilà après ça peut arriver dans n’importe quel euh ...

classe socioculturelle hein, mais alors après euh ... si des gens euh … sont …, gagnent

moins d’argent, c’est pas pour ça que je vais leur coller en plus l’étiquette euh …

- Est-ce ce pour toi l’enfant peut développer des freins qui feraient en sorte que bah tu

serais moins amené à suspecter une maltraitance ?

- Tout à fait, oui, bah comme …, bon même si c’était pas vrai, je pense cette petite fille par

rapport à sa prise de poids euh …, l’obésité euh …, enfin c’est un genre de protection

quoi, qui … qui se mette autour …, autour d’eux euh …, mais voilà il y avait quand

même un comportement inadapté et donc euh … bon, ils ont voilà des des des traces

peut-être physique pas secondaire directement à … à des coups, mais euh … à ce que

l’enfant peut s’infliger à lui même pour se former une barrière, là on peut être amené à

dire bah tient pourquoi ça va pas euh …, est-ce que tu te sens bien dans … voilà, dans ton

corps, qu’est-ce qui se passe, enfin après tout dépend l’âge qu’il a aussi pour aborder ça,

mais … je pense tout à fait que ça peut passer longtemps euh … inaperçu hein, ou de la

violence ou …, violence envers soi ou envers les autres.

- Et les parents tu pense qu’ils peuvent développer aussi des freins ou pas qui feraient en

sorte que … ?

- Si c’était eux qui étaient des …

- Oui.

- Les auteurs, euh … je pense que oui qu’ils auraient tout intérêt à le cacher, donc euh … ça

m’étonnerait qu’ils viendraient le …, qui viennent en parler, enfin, voilà j’ai jamais eu le

cas, mais euh …, je serais étonné qu’un parent vienne me voir en disant bon j’ai un

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problème docteur, j’ai fais ça à mon enfant, je pense que la peur du …, de la punition euh

…, à mon avis fait que … il viendrait pas en parler, enfin je serais très étonné.

- Est-ce que toi tu ressens des obstacles au dépistage, personnellement ?

- Par rapport aux abus sexuels ?

- Ou aux autres.

- En général ?

- En général.

- Non, les obstacles c’est juste d’y penser, question de temps, de …, parce que les gens

maintenant ils viennent vous voir pour euh …, ils essayent de regrouper, alors ils viennent

avec leur liste, alors une fois que vous avez finit la liste euh …, ils vous …, enfin, avant

vous essayer déjà de trier parce que des fois sinon euh …, ça tient pas dans les 15-20

minutes, euh … c’est sur que j’essaye …, enfin je suis peut-être plus systématique, euh …

quand vraiment c’est voilà pour euh …je dirais plus un bilan de routine, un certificat de

sport, ou vraiment essayer de faire le tour, suivi gynéco, vaccinations, euh …, tout ça,

après euh ... , voilà il y a des gens c’est plus difficile quand vraiment ils viennent déjà

avec tout un tas de choses.

- Et le manque de certitude, pour toi c’est un frein ou pas ? devant la situation, t’es pas

sur …

- Silence, euh … pour le dépistage, pas sur de …

- Bah pas sur du diagnostic, pas sur de la situation de maltraitance ?

- Bah c’est sur, parce que je …, ça ne me plairait pas de laisser euh repartir euh …, un

enfant euh … chez lui sachant qu’il est euh …, qu’il est sous ce … sous ce danger là, ça je

l’ai …, je l’ai pas vécu là enfin en ville, non je pense que je serais pas très bien dans cette

situation.

- Et le fait de ne pas avoir de signes spécifiques, ou d’outil validé au dépistage, pour toi ça

peut être un frein ou pas ? le fait qu’il y ait pas de signes spécifique de maltraitance …

- Pff bah c’est toujours plus facile quand on a son petit questionnaire euh … tout près euh

…, on se pose moins de questions, si on a un outil validé euh …, voilà c’est comme euh

…, ce qui n’a rien avoir mais je dis par exemple pour euh …, par rapport au tabac, la

dépendance, bah quand on fait le petit test de Fagenstraum euh …, on se pose moins de

questions, mais bon je pense que …, et là c’est pareil quoi. Là on y va plus au filling euh

…, donc dans ces cas là euh c’est plus son expérience personnelle, ce qu’on a pu vivre,

donc euh, l’ expérience personnelle, bah voilà hein comme on dit c’est ce qu’on en fait, ça

vaut pas forcément grand chose, donc c’est pas …, c’est pas évident.

- Bah justement tu pense que le rôle du vécu du médecin, de ses représentation, de ses

croyances ou de ses expériences antérieures, ça peut jouer ?

- Ah bah, tout à fait, je pense complètement et c’est même ça qui fait tout, clairement.

- Et le manque de temps, tout à l’heure tu me disais oui, et le manque d’implication du

médecin ?

- Bah ça joue forcément, silence, je pense euh …, bon maintenant euh … est-ce que passer

1 heure avec chaque enfant ça changera quelque chose, je sais pas, pas sur. Parce que je

pense que justement sur des choses cachées, c’est plus euh …, pff, ça va être plus dans

dans le comportement au quotidien, donc je pense quand même que une nounou ou

l’école qui va voir l’enfant euh … toute la journée, je pense seront plus à même de

dépister que …

- Que toi ?

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- Mmm. Des troubles comportementaux, parce que je pense que c’est quand même plus

souvent la dessus que ça se …, que ça se montre quoi.

- Et la peur de l’erreur ou la peur de la plainte ?

- La peur de l’erreur euh …moi je l’ai tous les jours hein, pour tout, donc euh … c’est déjà

quelque chose qui me stresse au quotidien alors je sais pas si ça passera avec le temps,

d’un autre coté je me dis que vaut peut-être mieux pas que ça passe trop, parce que sinon

on est moins consciencieux, euh … la peur de la plainte euh … pff, ouais, maintenant il y

a des gens euh, des fois qui vous menace de plainte euh ... enfin bon pff, plus pour faire

pression des fois, pour obtenir euh … sur des accidents de travail, comme moi j’ai eu une

fois où bah ça c’est pas très bien …, bah écoutez hein vous allez voir ailleurs mais euh…,

mais euh … je pense que c’est quelque chose qui va se …, aller en s’aggravant,

maintenant la peur de l’erreur, oui, c’est clair.

- Tu connais quelques notions du code pénal euh ..., quant à la non assistance à personne à

danger, ou quand est-ce que tu peux dévoiler le secret médical ? tu as quelques notions ou

pas du tout ?

- Bah je sais que sur une suspicion de maltraitance, oui, il y a pas de …, surtout sur enfant,

enfin, mineurs ou personnes même majeure mais non … enfin qui n’est pas …, qui n’est

pas capable de …, handicapée ou etc., enfin mental, etc. euh … oui là il y a pas de …,

pour moi il y a pas le secret euh … médical. Maintenant ce qu’on risque sur non

assistance à personne en danger euh … si c’est par une erreur ou qu’on n’a pas vu quelque

chose, non j’en sais rien, hein hein ou enfin, dans à quel moment on va être engagé dans

vraiment euh …, on estimera qu’on n’a pas vu quelque chose euh …, ce que je veux dire

à ce moment là euh … c’est bon pour tout quoi, enfin.

- Et du risque des conséquences négatives sur l’enfant en cas de suspicion de maltraitance,

est-ce que pour toi ça joue un rôle, ça pourrait te freiner ou pas ?

- Si on le dépiste à tort ou …

- Oui ou … même si le dépiste tout court, en fait. Le risque des conséquences négatives sur

l’enfant, est-ce que … ?

- De l’avoir dépister, hein, hein ?

- Ouais. L’un ou l’autre, hein.

- Bah est-ce que ça peut …, bah forcément parce que après ça a des …, des effets sur la

famille et tout mais … dans un sens ou dans l’autre, mais après si il y a vraiment euh …

maltraitance, c’est sur que vaut mieux les effets peut-être négatifs, enfin, je pense que sur

le long terme il y aura plus d’effets négatifs à pas l’avoir dépister que …, que de l’avoir

dépister, mais il y aura des effets forcément, ça c’est pas négligeable.

- Euh … et pour toi donc les facteurs économiques, la perte de revenus, par la perte

secondaire de temps, est-ce que pour toi ça peux jouer un rôle ou pas, le fait de prendre le

temps de dépister ou pas ? est-ce que ça joue ?

- Pour l’instant, quand mes patients ont besoin, je prend le temps, ça m’arrive de rester un

heure avec quelqu’un si il y a besoin, euh … bon de toute façon c’est pas heureusement

tous les patients non plus quoi, mais je veux dire euh … non j’ai pas eu le cas pour un

enfant, mais quand voilà j’ai quelqu’un qui arrive en larme et qui est en pleine dépression,

c’est souvent que je le garde trois quarts d’heure-1 heure, donc euh …, je vois pas

pourquoi je le ferais pas non plus pour euh … quelque chose comme ça, euh … non je

pense que je le garderai dans mon bureau, euh ... si … selon la situation j’appellerai

directement les urgences, je ferais ce qui faut, c’est pas … ou je sais pas ou le

commissariat si il faut enfin …, non je le ferais, ça c’est pas …, c’est pas un soucis.

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- Est-ce que pour toi l’affectif, après tu es installée depuis peu, mais la relation de confiance

avec les familles que tu peux avoir, est-ce que pour toi ça peux te freiner dans le fait de

…, de dépister ?

- Je pense que … ça joue forcément parce que après on …, on a une image des gens qui

n’est pas forcément celle qui est vraiment …, la façon dont ils sont chez eux et je pense

que on peut être confiant à tort envers quelqu’un, pas tellement que ça nous freine après

pour faire euh … enfin je veux dire, moi voilà si …, si vraiment il y a des preuves ou il y

a un fort doute, enfin, ou il y a un doute sur …, sur un enfant je prendrai pas le risque,

même si c’est quelqu’un que je connais depuis 15 ans ou …, ou voilà, parce que … bah,

parce que on connaît jamais les gens, mais … je …, je pense que par contre le fait de

connaître quelqu’un depuis longtemps, on penserait pas forcément en premier devant un

trouble du comportement de l’enfant à ce que se soit un parent qui soit maltraitant, parce

que on a l’impression de les connaître, mais c’est une impression, et ça je pense c’est

difficile de …, de pas l’oublier.

- Et le risque de la perte de la relation de confiance avec la famille, de ne plus revoir

l’enfant, quand tu suspectes une maltraitance ?

- Pff bah je dirais tant pis hein, s’il faut prendre de toute façon bah les gens euh …, on sait

que …, on sait que voilà y en a qui vont qui viennent, que … il y en a pour qui on a fait

beaucoup et puis qui partent, mais bon je pense que …, on est pas là pour se faire des

copains, on est là pour s’occuper de …, du patient et là le patient étant l’enfant, bah même

si des …, si toute la famille c’est aussi nos patients, bah il passera en priorité, puis voilà.

- Est-ce que tu aurais des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Hein, hein, euh … comme c’est pas un sujet que j’ai eu pour l’instant, enfin auquel j’ai

été confronté, c’est vrai que j’y ai pas réfléchi, donc euh … je te dirais non comme ça, je

vois pas ... Poser des questions systématique, c’est pas pas évident.

- Et tu pense que l’intérêt d’un dépistage systématique, fait en ambulatoire ou en PMI, ça

pourrait être intéressant ou pas ?

- Je me rend pas compte du pourcentage de vraiment d’abus euh …, si on met tout … enfin

physique euh …, verbal, etc., c’est comme tout quoi, devant la gravité on a envie de dire

oui euh … pff, devant la fréquence euh … c’est toujours pareil, si on pouvait au niveau

des moyens et du personnel, ça se serait bien, mais … je suis pas sur que ce soit

réalisable.

- Et la mise en place justement d’un réseau de correspondant tu pense que ça peut être

utile ?

- Oui, oui ça par contre c’est sur, parce que bon euh … moi je suis isolée, mais si on

regroupe tous les médecins, les hôpitaux, tout ça, je pense que ça fait quand même un

pool, c’est bien d’avoir un correspondant, je veux dire … On est bien content quand par

exemple, c’est une personne âgée seule à domicile d’avoir le réseau géronto à contacter

qui va aller voir ce qui se passe à la maison, faire ce qui faut, donc c’est sur que …, là

c’est pareil quoi, ça nous facilite beaucoup les choses. Quelqu’un qui sait ce qui faut faire,

qui vous dit vous inquiétez pas, vous nous envoyer la famille ou ce soir on passe chez

eux, enfin tout de suite, je pense qu’on se pose moins de questions et justement on ira

peut-être plus facilement si on a un doute. Demandez des conseils aussi. Voilà j’ai peut-

être un petit doute sur …, sur cette personne mais bon …, je pense.

- Bah justement tu sais pas quel type d’intervenant bah appeler en cas de suspicion, en

dehors des urgences ? tu n’as aucune idée.

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- Bah non, parce qu’après je sais que voilà si c’est le procureur, mais c’est vraiment pour

faire la déclaration donc euh …, si c’en est qu’au doute et qu’après on fait … enfin …,

non c’est pas évident, ce qu’on enclenche derrière aussi, hein.

- Genre la cellule départementale, le conseil général, tu connais pas ?

- Non.

- Tu sais pas qu’il y en a une.

- Pas du tout.

- La cellule départementale tu peux la contacter en cas de suspicion, puis même la PMI en

fait, le conseil général, tout ça, tu peux les contacter. La cellule départementale, il y a

certains médecins qui la connaissent pas quoi.

- Bah écoute, j’en ai jamais entendu parler, mais c’est bon à savoir, hein, hein.

- Euh … oui et puis est-ce que tu pense qu’au niveau général, tout ce qui est un peu

campagnes d’information ou de publicité, les campagnes générales, ça peut être utile ou

pas, pour améliorer le dépistage ?

- C’est toujours utile, maintenant euh … c’est encore une situation particulière, parce que

les victimes étant potentiellement des enfants en bas âge, si c’est …, si c’est le parent qui

est euh …, qui est responsable, c’est vrai que ça peut être utile dans des cas annexes, des

enfants plus grand qui vont voir la télé ou … qui sont capable de dire à quelqu’un d’autre

ou si la personne qui abuse n’est pas le parent et que le parent peut intervenir, après un

enfant en bas âge euh …, il y a quand même toute une catégorie euh … bah je dirais et en

plus c’est ceux qui sont le plus difficile à dépister, euh … donc … la catégorie la plus à

risque reste …, je pense restera non touchée par … par cette campagne, mais bon …

- Et une campagne justement au niveau des parents, par rapport au bébé secoué …, en

prévention, tu pense que ça peut …

- Bah oui, parce que je pense que malheureusement, il y a des gens qui …, qui le font sans

savoir le risque.

- Est-ce que toi tu aurais une définition de la maltraitance ? pour toi c’est quoi la

maltraitance ? c’est difficile …

- Ouais, hein, hein, euh …, bah je dirais qui pourrait nuire à un développement harmonieux

euh ... psycho euh … moteur, enfin … physique et psychologique de l’enfant. Alors c’est

vrai que ça peut aller loin, parce que alors à ce moment là euh … des parents qui laissent

tout faire à leur enfant, bon, c’est pas vraiment de la maltraitance, n’empêche que derrière

on a un enfant qui …, qui a pas de barrière, qui fait n’importe quoi, euh … c’est vrai je

suis pas sur que ça rentre dans les critères de maltraitance, mais voilà, c’est là je pense,

voilà.

- Et l’enfant maltraité pour toi ça va de quel âge à quel âge ?

- Tout âge, enfin pour moi de la naissance, en effet hein comme on dit les bébés secoués et

puis ça va euh … malheureusement, il y en a ils passent de l’âge enfant eux aussi où

s’arrête l’enfance, euh … et qui passent à l’âge adulte, bon il y en a malheureusement qui

enchaîne les maltraitances, les conjoints maltraitant, les choses comme ça et que … ça

s’arrête jamais.

- Alors question difficile, pour toi elle commence où la maltraitance ? par quel type de

geste, par quel …

- Silence. Pff, la maltraitance, bah déjà elle peut commencer verbalement, c’est sur, euh …

bah par rabaisser déjà … l’enfant quoi, mais alors après c’est sur qu’il y a des gens c’est

pas fait euh … intentionnellement, alors je pense ça peut commencer très ra…, très

rapidement et je pense ça peut arriver déjà à tout le monde, enfin …, mais je pense aussi

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dans la répétition des choses, parce que bon ça peut arriver … enfin d’être énervé, de dire

quelque chose à son enfant euh … sans vraiment le penser, mais bon je pense qu’après ça

s’arrête à une fois si on est très énervé, après quelqu’un qui va être maltraitant, je pense ça

va être beaucoup plus fréquent et puis euh … risque d’escalade aussi euh … du verbal,

peut-être du physique, etc.

- Tu connais à peu près les critères diagnostic et les examens complémentaires à effectuer

en cas de suspicion de maltraitance ?

- Bah après euh ... le bébé secoué ça peut être déjà des simples radios pour voir les fractures

euh … anciennes, mal consolidées, euh … après euh … voilà si c’est sexuel, l’examen

euh … gynécologique, d’éventuel prélèvements, maltraitance ça peut être …, ça peut aller

loin, parce que si on fait boire des produits euh ... à son enfant, donc ça peut être déjà

aussi des prise de sang déjà standard pour voir qu’il y ait pas de troubles ioniques, des

choses alimentaires, ça peut être des carences alimentaires, enfin … un bébé euh …, oui

ça peut aller au scanner cérébral qu’il y ait pas des héma…, un hématome euh …, euh

sous dural, extra dural, enfin pff …

- Tu connais à peu près quand même …

- Après ouais s’orienter euh …

- L’attitude à adopter en cas de suspicion, tu la connais pas trop à priori …

- Bah non, si vraiment il y a quelque chose de très …

- Le procureur …

- Voilà, c’est quelque chose qu’on vous dit comme ça en cours, mais après voilà en

pratique si vraiment il y a quelque chose de très codifié …

- Donc dans ces cas là, tu euh …, en cas de suspicion tu adresserais plutôt donc aux

urgences ?

- Oui, en tout cas je leur demanderai l’avis, peut-être eux ils me diront, bah non faut passer

par euh …, faut appeler un tel, un tel euh …, voilà.

- Euh … donc tu n’a jamais été en contact avec les services de protection de l’enfance,

cellule départementale, tout ça, t’as jamais été en contact ?

- Directement, non.

- Est-ce tu pense toi que ce serait difficile à accéder justement à ces différents

intervenants ?

- Bah une fois qu’on le sait, je pense pas, hein, hein, mais euh …. encore faut il savoir …,

qui …

- Que ça existe.

- Oui et puis qui appeler quoi, si après on a un numéro euh … c’est vrai pff, c’est comme

tout, le problème c’est que en médecine générale c’est tellement large que je dirais que

…, on a tendance à se faire un petit euh …, un petit cheminement une fois qu’on a eu le

problème, ce serait bien dans l’idéal d’avoir un programme prévu pour chaque chose,

mais c’est pas possible quoi, donc euh … moi je fais un peu au …, dès que j’ai un cas bon

bah je me fais euh … une petite fiche ou euh … le bilan a faire dans tel cas, bon bah je me

les prépare dans … le logiciel et puis j’ai des des …, je me fais des numéros avec les

correspondants, tout ça et donc c’est vrai qu’après je me dis si une fois j’ai le cas ou …,

ou si je reçois bah un document de dépistage ou des choses comme ça, c’est vrai que j’ai

tendance à me noter le numéro, à le garder, voilà mais euh …, si j’ai pas de cas et que …

j’ai aucune info qui me parvient directement, bah je m’y co…, je m’y collerai le jour où je

serais confronté, c’est vrai.

- Tes connaissances elles viennent d’où, sur le sujet ?

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- Des cours de la fac, hein, hein, voilà, parce qu’encore une fois j’ai pas eu à chercher euh

… pour l’instant.

- Est-ce que tu te sens suffisamment formé sur le sujet ?

- Bah non, hein, hein.

- Euh … et tu aimerais être formé comment, par quel biais, par les FMC, formation initiale

ou continue, revues de littérature …

- Euh moi généralement c’est euh …, plus euh … voilà par le biais d’Internet, de recevoir

euh … euh … pff il y a …, il y a des sites de labo qui envoient des …, enfin des choses

pas mal faite par des médecins, des choses comme ça, voilà c’est toujours le problème

d’une question de temps euh …, de euh …, c’est tout le problème quoi, quand on nous dit

il faut prendre une journée pour aller de l’autre coté de Paris euh … pff, c’est compliqué

euh, c’est vrai que là bon bah dès qu’on …, voilà dès qu’on a un instant, on peut le

regarder, on peut le lire en plusieurs fois si on veut euh …, bah c’est plus facile.

- Donc toi, plus sur les revues …

- Enfin disons quelque chose à …, un support qu’on puisse … voilà regarder au cabinet euh

… quand on a …, quand on a un moment euh … et que du coup on puisse garder sous la

main aussi.

- Est-ce que ta formation universitaire t’a aidé à améliorer ou pas le dépistage ?

- Non, non, parce que c’est très peu abordé enfin, quasiment pas abordé d’ailleurs.

- Et qu’est-ce que tu pense d’un groupe de pairs, tu pense que ça pourrait être utile ou pas ?

- Silence. Ça peut être utile mais … là c’est c’est toujours le même problème, c’est quelle

est l’expérience des autres, est-ce qu’ils en font vraiment quelque chose, ça fait peut être

plus réfléchir mais euh … bon …, moi je sais que c’est pas bien, j’ai tendance à une fois

que la porte du cabinet est fermée, c’est fermé quoi. Mais euh …, mais je dirais que de

façon générale, j’espère que c’est anonyme, moi je trouve que la formation euh … qu’on a

pu avoir au niveau de l’internat, enfin en tout cas nous dans notre fac, moi m’a pas du tout

satisfaite, pour moi elle a servi à rien, clairement, moi elle m’a servi à rien, j’y allais parce

qu’il fallait y aller, euh … parce que quand c’est des cours où on vous dit euh …

l’empathie …, un cours sur l’empathie par rapport au patient, j’ai envie de leur dire, vous

savez on est empathique ou on l’est pas, ça m’étonnerais que quelqu’un qui ne l’est pas du

tout par un cour de 3 heures devienne empathique, moi ce que j’aurai aimé justement dans

ces cours de 2ème

cycle, on a dit oui mais ça vous l’appris au 2ème

cycle, devant qu’est-ce

qu’il faut faire devant telle ou telle maladie, oui mais nous on va devenir des gens qui

vont bosser dans un cabinet, moi je veux savoir, oui telle situation, mais dans un cabinet

ou à l’hôpital ça n’a rien avoir, qu’est-ce que je fais, quand je suis à l’hôpital on m’amène

un cas de suspicion, il est déjà dépisté techniquement enfin voilà ou j’en ai un qui arrive

et il y a un doute, oui mais je l’hospitalise, je me pose moins de questions et puis le

lendemain bah on a plus le temps de réfléchir, moi j’aurai aimé que ce ce cycle d’internat

il m’aide à … voilà je suis là, j’ai une douleur thoracique, bah qu’est-ce que je fais, j’ai

une …, devant quoi bah je vais suspecter éventuellement une maltraitance et qu’est ce

qu’on fait, en ville quand on est tout seul, pommé dans son cabinet, il est 20 heures, 21

heures qu’est-ce que je fais, voilà et … donc moi sur …, il y a pas que sur ça, mais sur

tout, moi je trouve que le cycle de l’internat m’a rien apporté, sur ma pratique aujourd’hui

dans le cabinet, et c’est ça qui fait euh … je pense que c’est en partie que il y a aussi

beaucoup de gens ça leur faire de … voilà, d’être là tout seul et puis euh … que au début

bah quand on va bosser euh … dans son petit cabinet de ville, bah on a mal au ventre tous

les jours.

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- Il y a un médecin de PMI qui a proposé éventuellement comme solution pour améliorer

le dépistage, une formation en PMI, ou à l’ASE, ou des choses comme ça, tu en pense

quoi toi ? est-ce que tu pense que ça pourrait éventuellement t’intéressé ce genre de

formation ?

- Bah déjà ça serait plus quelque chose de proximité donc peut-être plus facilement

accessible, je pense oui, plus facilement accessible qu’un …, peut-être plus suivi, je sais

pas trop, c’est sur qu’il faudrait quelque chose de de ..., de succinct euh …, d’accessible

géographiquement euh …

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ENTRETIEN 8

- On va d’abord commencer par des petites généralités. Je vais vous demander votre âge.

- Euh …, 58 ans.

- Vous exercez qu’en cabinet ou vous faites d’autre chose ?

- J’exerce à temps euh … très partiel euh … dans un …, dans un orphelinat, je je vais deux

heures par semaine euh … consulter là bas.

- Et vous faites des consultations de prévention des …

- Oui euh … pff bah c’est un orphelinat qui a une …, entre 80 et 100 enfants, qui sont

surtout des cas euh …, des cas sociaux euh … voilà, et donc effectivement des enfants qui

ont pu être maltraités, pour la plupart, voilà.

- Et donc au sein du cabinet vous voyez des enfants ou pas ?

- Oui bien sur.

- Vous connaissez à peu près votre pourcentage en moyenne ?

- Euh … oui je dois …, je pense que mon pourcentage a baissé curieusement, mais ça doit

être dans les dans les euh …, dans les 20% à peu près euh …, enfin ça dépend ce que vous

appelez enfants, si c’est euh …, si c’est bébés, nourrissons.

- Bah de 0 à 18 ans

- Alors 18 ans, ça doit être peut-être un petit peu plus.

- Et vous êtes installé ici depuis combien de temps ?

- 30 ans.

- Vous recevez sur RDV ou sans RDV, ou les deux ?

- Sur RDV.

- Alors est-ce que vous vous intéressez au dépistage en général, notamment les troubles

des acquisitions, trouble du langage, et si oui, comment vous le faites et vous sentez vous

suffisamment formé pour ?

- Euh je pense que euh … que tout médecin généraliste s’intéresse forcément euh … à ce

dont vous me parlez, est-ce que je suis suffisamment formé euh … euh…...., je … j’aurais

tendance à dire que oui, parce que je suis un petit peu irrité par euh euh … euh … tous ces

médias, qui euh … à longueur de temps euh … déclarent que les médecins qui ci que ça,

généralistes ou autre, sont pas suffisamment formé pour ça ou pour ci ou pour ça, c’est

faux euh …, ça me paraît euh … naïf.

- Et vous avez les tests pour faire les différents dépistages, vous savez bien les faire ou

pas ?

- Quel dépistage ?

- Bah les troubles du langage, trouble visuel, auditif …

- Silence. Alors euh tout tout dépend de l’âge de l’enfant, hein … bien sur, euh … chez le

petit bien sur qu’on fait des test de dépistage euh … à 9 mois, euh … classique, euh ... test

de Moatti, euh … etc., euh … En ce qui concerne les les troubles euh … de la vue, euh …

nous ici nous avons un ortho…, une orthoptiste donc euh, il est de bon ton de faire euh …,

un dépistage par un bébé vision aussi à partir de 6 mois, hein donc euh, alors chez les

enfants plus grands euh euh …, généralement ce sont plutôt les les …, les enseignants qui

s’aperçoivent de quelque chose et qui … à ce moment là nous adresse l’enfant, euh … euh

… à qui nous prescrivons un bilan euh … orthophonique ou orthoptique. Donc il y a il y a

deux situations, il y a le bébé euh …, euh … et puis chez qui ont fait des test classiques,

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donc nous on fait faire un dépistage orthoptique assez facilement, un bébé vision, test de

Moatti à 9 mois et puis euh … chez le plus grand la situation est différente, c’est pas nous

qui dépistons en général.

- Vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance avérée

au sein de votre cabinet, dans votre expérience ?

- Oui. Euh … alors une suspicion de maltraitance euh …, oui j’ai …, il y a …, j’ai été

confronté euh … à …, à une suspicion euh … assez … assez importante chez chez des

patients qui ont euh …, qui ont changé de médecin donc je …, j’ai pas été tellement plus

loin, mais effectivement j’aurais peut-être … pu aller plus loin, mais enfin j’en étais pas

trop certain, euh … c’est toujours des situations où il est difficile d’interroger

l’entourage, les grand parents, etc., donc euh voilà j’ai eu cette situation qui m’a échappé.

Et puis euh …

- Une enfant de quel âge et quel type de suspicion de maltraitance ?

- Bah c’était euh … deux enfants qui avaient euh … 6 et 8 ans à peu près, euh … chez qui

..., qui avaient une maman un petit peu …, un petit peu brutale dans ses comportements et

euh … euh … je …, bon j’ai …, j’ai essayé de poser quelques questions aux grands

parents de ce …, pour pour essayer de de voir si il y avait vraiment euh …, euh …

maltraitance à domicile et puis finalement la famille m’a complètement échappé, et donc

là …, là j’en suis resté là. Sinon j’ai été confronté une autre fois à une …, à une certaine

maltraitance, mais l’enfant euh … avait atteint 18 ans, donc j’ai su quand elle avait 18

ans, qu’elle avait subi un certain nombre de choses et donc là il était euh …, il était un

petit peu tard pour agir et c’était à elle de faire une action en justice éventuellement euh

… euh …, voilà.

- C’était quel type d’abus pour la deuxième personne ?

- Pour la deuxième personne, c’était euh … euh … des abus sexuels qui avaient commencé

alors que la jeune fille avait euh euh … dans les 10 ans et euh … elle s’est ouvert à …,

elle s’est ouvert de ses problèmes à moi lorsqu’elle avait dépassé 18 ans donc euh euh ...,

voilà la situation était un petit peu différente, enfin j’avais entre temps contacté la DDASS

et euh … et puis en fait euh … pff on m’a répondu puisqu’elle avait 18 ans c’était à elle

de demander une action en justice, elle était majeur, que c’était plus …, ça ne dépendait

plus de la DDASS, enfin.

- Et cet enfant vous la suiviez au cabinet depuis …, depuis longtemps ?

- Oui sans soupçonner rien du tout.

- Oui, vous avez jamais vu aucun signe …

- Non. Non, rien.

- Elle avait d’autres signes d’autre type de maltraitance, elle s’était plainte d’autre type de

maltraitance ou pas ou juste d’abus sexuel ?

- Non non, elle s’est jamais plainte de rien du tout, elle avait l’air tout à fait épanouie et …

normale et euh … c’était parfaitement dissimulé et donc euh … j’ai j’ai j’ai …, j’ai appris

qu’elle avait des …, qu’elle avait subi des abus sexuels par son beau père euh … alors que

…, enfin sur le tas, je me doutais de rien.

- Elle vous en a parlé dans quelle type de circonstance, parce que vous aviez évoqué la

chose, enfin, ou pas du tout enfin, est- ce que vous vous souvenez ?

- C’est quelque chose qui … hein hein qui remonte, hein hein déjà à une quinzaine

d’années ce dont je vous parle, euh …. Silence, je je … j’avoue que je je ..., oui c’est elle

qui m’en a parlé spontanément mais euh … je …, je me souviens plus des … je me

souviens plus trop des détails effectivement, en plus ces gens là ont déménagé aussi,

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c’était …, c’était une famille antillaise qui est reparti vivre aux Antilles, donc y compris la

…, la jeune fille, donc euh ... j’avoue que ça m’a un petit peu …, les deux histoires

d’ailleurs sont assez anciennes, depuis j’ai pas eu de suspicion de maltraitance euh …

dans mes patients.

- Et pour les deux petits enfants que vous avez eu, vous avez été amené à suspecter la

maltraitance comment, parce que …

- J’étais simplement choqué de la façon dont la maman euh … traitait ses enfants euh … en

les …, en leur parlant assez violemment euh …, en les … , en les …, en les tirant par le

bras assez violemment, ce qui m’a amené à suspecter euh … une maltraitance, mais euh

… comme je vous disais euh …, j’ai pas eu ... Euh … la famille m’a échappé par la suite

donc j’ai …, mais j’ai pas fait de dénonciation, j’ai rien fait à cette époque là, euh j’en

étais simplement au stade de de de suspicion éventuelle, qui était peut-être … infondé

d’ailleurs hein euh, des parents qui sont des fois un petit peu euh …, qui parlent avec une

certaine …, qui parlent haut sans pour cela être forcément maltraitant euh …, mais alors

ce … ce sont les deux seules situations dont je me souvienne en tout cas.

- Et la famille elle vous avait échappé pourquoi, parce que vous aviez évoqué la suspicion

de maltraitance ou ça n’a rien à voir ?

- Je ne sais pas, en médecine générale, on n’a pas …, souvent enfin moins moins

maintenant depuis qu’il y a le …, cet …, le parcours de soins, mais avant on avait souvent

des …, des patients qui euh …, qui venaient qui partaient, qui changeaient de médecins,

qui avaient deux médecins, trois médecins … traitants. Euh … cette situation est

différente maintenant puisque les gens signent un contrat, ils se sentent obligé de venir

nous voir à cause de ça, mais euh … nous avions une patientèle qui tournait beaucoup

plus il y a …, il y a 20 ans, je pense.

- Et quel a été le ressenti de la maman quand vous avez sus…, vous avez évoqué le sujet de

la maltraitance avec elle ?

- Non je ne l’ai pas évoqué, j’ai …, j’ai cherché à … savoir si … il y avait …, comment se

comportait la maman à la maison en interrogeant les grand parents et puis euh …, il se

trouve que ces gens là ont changé de médecin donc j’ai pas suivi l’affaire et bon voilà,

s’en est resté là …, mais peut-être que … il y avait rien hein, c’est …

- Et votre ressenti à vous c’était lequel vis à vis de ces situation de maltraitance ? vous vous

sentiez comment ?

- Vis à vis de ces enf… dans cette situation particulière …, si je me suis posé la question

précisément et si j’ai essayé de faire une petite enquête auprès de …, familiale c’est parce

que je …, j’ai ressenti un malaise, je me suis dit comment est-ce que … euh …, comment

se fait-il que cette femme parle aussi brutalement à ses enfants euh … euh … voilà, c’est

tout et s’en …, s’en est resté là.

- Vous avez pensez à faire appel à différents intervenants, pédiatre, à la PMI …, des choses

comme ça ou pas, dans ces deux situations que vous avez eu ou pas ?

- Bah dans le deuxième situation j’ai effectivement euh …, euh … appeler le le …, j’ai

effectivement appeler la DDASS, donc j’ai appelé le … un médecin de PMI euh … qui

euh …, qui est responsable de l’enfance dans la région, pour euh …, pour euh …, pour

euh ... essentiellement pour être conseillé d’abord, hein, je voulais pas tout de suite

dénoncé le …, le …, la situation, j’avais … euh …, dans ce genre de … d’affaire euh … il

faut être très prudent je pense, on peut pas accuser quelqu’un sans avoir de de de preuves

non plus, de de … d’une chose comme ça, euh … donc j’ai d’abord voulu euh …, j’ai …

j’ai d’abord voulu être conseillé et puis on m’a répondu euh … euh … vous avez 48

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heures pour euh … euh …, donner le nom des …, hein hein, de la personne, voilà le

conseil que j’ai eu et puis entre temps euh … euh … j’ai revu la la la jeune fille Antillaise

dont je parlais et puis euh … donc elle avait 18 ans, donc j’ai rappelé ensuite le le euh …,

enfin plus exactement j’ai été rappelé par un autre médecin de la PMI qui m’a dit euh …

finalement ah elle a 18 ans, bon bah si elle a 18 ans, ce n’est plus de notre ressort ,euh …

voilà, euh … donc ça a été euh …, ça a été avorté très vite, voilà bon bah je …, bon je

pense que l’a l’a l’a l’attitude logique dans ce genre de situation c’est de contacter le … le

…, effectivement la PMI, les médecins qui sont …, qui sont responsable du secteur.

- Vous avez rencontrez des difficultés à la fois dans le dépistage, le diagnostic ou

éventuellement la prise en charge dans ces cas là ? vous avez rencontrez des difficultés

particulière ?

- Euh …, bah les difficultés que j’aurais pu euh … rencontrer euh … euh …, c’est … euh

…, se se se résume dans dans l’expérience de 30 ans, hein hein, euh ... en médecine

générale, j’ai j’ai j’ai deux deux cas à vous situer, à vous citer, donc je …, je suis peut-

être passé à coté de maltraitance euh …, voilà, euh … probablement, probablement je suis

passé à coté de cas euh …, qui ne m’ont pas sauté aux yeux, probablement.

- Est-ce que vous pensez que vous auriez pu agir différemment dans ces situations ?

- Euh … oui, certainement, certainement que maintenant j’agirais euh … un petit peu

différemment, je serais peut-être plus interventionniste maintenant avec le recul, avec

l’expérience que …, que je ne l’étais il y a …, il y a une vingtaine d’année, oui

certainement.

- Vous avez déjà fait un signalement ou pas dans votre carrière ?

- Non puisque … je viens de vous résumer, hein hein les deux situations auxquelles j’ai été

confronté euh …, euh … les deux situations patentes, euh … je n’ai pas eu de de de cas

avéré de de de maltraitance dans ma patientèle en 30 ans.

- Pour vous quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- Silence. Hein, hein, je ne sais pas comment répondre à cette question, euh … il y

certainement de nombreuses formes de maltraitance euh ... euh …, mais la situation qui

prête … le plus à …, euh … enfin les situations qui pourraient euh … prêter le plus à …,

à … qui pourraient le plus être qualifiées de maltraitance, ce sont les maltraitances euh

sexuelles et puis les maltraitances dans lesquelles il y aurait des des des des blessures euh

chez les enfants euh … mais euh …, mais moi je n’ai pas eu de cas de d’enfants avec des

fractures d’origine indéterminée, ce genre de chose, donc euh … voilà, j’ai j’ai pas eu de

de de cas avérés de …, d’enfants battus.

- Donc pour vous il y a pas un type de maltraitance qui serait beaucoup plus difficile à

diagnostiquer, à repérer ? entre maltraitance psychologique, abus sexuel, … ?

- Oui, maltraitance psychologique sur des attardés mentaux, des choses comme ça, euh …

je je crois pas avoir eu ça, non, mais bon, peut-être que je suis passé à coté, mais bon euh

… euh ... pff je sais pas quoi vous répondre, hein hein, je sais pas quoi vous répondre

franchement euh, je je oui qu’est-ce que …, est-ce que c’est plus difficile de repérer une

maltraitance psychologique sur un enfant euh … pff, j’en sais rien moi.

- A quelles occasions ou dans quelle type de circonstance vous seriez amené à peut-être

plus évoquer une suspicion de maltraitance ?

- Silence.

- En fonction du niveau socioculturel, socioéconomique, en fonction de l’âge de l’enfant.

- Euh … dans quelle donc la question c’est …

- A quelles occasions ou dans quelle circonstance vous seriez amené à évoquer … ?

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- Euh moi ce qui m’a amené à évoqué ça euh … précédemment, ça a été le comportement

un petit peu euh … brutal, peu aimant de … , de de de la maman dont je parlais, voilà

maintenant euh … euh … les patients peuvent avoir deux …, deux personnalité aussi,

peut-être que chez elle elle était finalement très …, très aimante et douce et …, il arrive

qu’on soit … qu’on soit surpris de …, du comportement de certains parents qui ..., qui …

qui disputent d’une façon un petit peu euh … violente leurs enfants en consultation …,

voilà, moi je n’ai pas eu à faire de signalement encore une fois sauf pour cette jeune fille

qui était déjà majeure, donc euh … c’est pas …, c’est pas un problème qui dans mon

exercice m’a semblé euh … euh … un problème majeur, ici dans cette région, maintenant

- Est-ce que pour vous le diagnostic est plus difficile dans les …, dans les cas où forcément

le diagnostic n’est pas sur, où c’est pas évident ?

- Vous revenez hein hein sur la même question, est-ce que le diagnostic est plus difficile

dans les cas où c’est pas évident ? hein, hein.

- Où le diagnostic n’est …, enfin où vous avez un manque de certitude quoi.

- Silence. Peut-être que je n’évoque pas assez souvent cette possibilité, voilà.

- Est-ce que vous pensez que l’enfant ou les parents peuvent développer des freins qui

pourraient faire en sorte bah de freiner le dépistage justement ?

- Bah je pense que bien sur les parents euh … maltraitant euh … euh … ne doivent pas

souhaiter que ça se sache, donc euh … sont évidemment euh …, euh … les parents

maltraitant doivent s’arranger pour le cacher, quant aux enfants je pense pas qu’ils se

plaignent tellement spontanément quand ils sont petits de …, de ce genre de choses.

- Et est-ce que vous personnellement vous ressentez des obstacles au dépistage ?

- Hein, hein, euh … des obstacles au dépistage euh … euh … pff, silence, pas vraiment non

si j’ai une forte suspicion de de maltraitance, je ... euh … bon ayant déjà été amené à

contacter la DDASS pour ça, je pense que je n’hésiterais pas, non euh …, pas d’obstacles

particulier, non je n’hésiterais pas non.

- Et est-ce que vous pensez que le fait de ne pas avoir de signes spécifiques, ou de pas avoir

d’outil validé au dépistage, ça peut être un frein ?

- Silence. Oui, certainement, oui euh … le … pff, je pense que … ce n’est pas quelque

chose à laquelle le médecin généraliste pense spontanément, nous avons plutôt tendance à

…, je crois à avoir une relation assez euh … euh … assez cordiale avec nos patients et …

voilà, nous ne sommes pas …, enfin je pense pas que les médecins généralistes soient

tellement dans le …, dans la suspicion de ce genre de chose, je pense pas que ce soit sa

nature euh …, il est peut-être un peu naïf le médecin généraliste, je sais pas.

- Et le manque de temps ou le manque d’implication de la part du médecin, vous pensez

que ça peut jouer ou pas ?

- Le … le le manque de temps euh non, euh le manque d’implication euh … oui peut-être,

oui certainement oui oui. Je pense qu’il en est de la maltraitance comme de de …, de toute

les … pathologies que nous sommes amené à …, à considérer, euh … effectivement peut-

être que … euh … si on … organisait des formations continues concernant la

maltraitance, on y penserait plus, de même que quand on a ..., quand on fait une formation

sur …, sur les rhumatismes inflammatoires, on y pense plus après forcément, alors que

peut-être que … effectivement sur les sujets proposés de de … de formation continue,

j’ai pas remarqué spécialement qu’on avait des …, des formations sur la maltraitance,

tient c’est intéressant d’ailleurs, tient on va regarder tout de suite là, parce que … j’ai reçu

un mail avec des formations, on va regarder tout de suite.

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- J’en ai vu une je crois en fin d’année, il y en a une ouais.

- C’est vrai, ah oui, euh … ça c’est pas ça …, dans la région parisienne il y a en a une, ah

ouais, c’est intéressant parce que …, je vais regarder les sujets là qu’on a …, alors Ile de

France euh …, urologie, les logiciels, les bi…, les patients bipolaires, c’est intéressant les

patients bipolaires, parce que ça on en voit passé, il me semble plus que les maltraitances,

euh … vaccination, VIH, ….. ça vous ennuie que je regarde ça.

- Non pas du tout.

- Pas du tout, hein hein, non mais … hein hein, prescription des statines, erreur médicale,

d’accord, insomnie, dépistage orthopédique, adolescents et problème, adolescents et

problème en consultation, ça ça pourrait être …, information médicale, ça je regarde sur la

région parisienne hein, les obèses, ouais enfin là sur les formations jusqu’à la fin de

l’année en région parisienne, il y a pas … de maltraitance.

- Moi j’en ai vu une je sais plus sur quel type de …

- Oui, non mais il y a d’autre …, toute sorte de …, euh ..., ça c’est FMC, non c’est vrai, oui

c’est …, c’est certainement un sujet que … auquel on pense moins que … euh…. Je pense

que en consultation on pense certainement moins à dépister la maltraitance qu’à dépister

euh … une scoliose par exemple, euh … évidemment.

- Vous pensez que l’affectif, que le fait de connaître les patients, la famille depuis

longtemps, le manque d’objectivité, ça peut …, ça peut freiner ou pas au dépistage ?

- Oui ça peut freiner, oui, bien sur, bien sur, on soupçonnera … plus difficilement euh

quelqu’un euh … avec qui on a une relation euh ..., euh … ancienne et de bonne qualité

que …, que quelqu’un qui …, effectivement oui je pense qu’on va plus facilement

soupçonner euh … une nouvelle famille, des nouveaux patients que des patients qu’on

connaît depuis euh … 6-15-20 ans euh ... , euh … avec qui on s’entend bien, évidemment.

- Et la peur de l’erreur ou la peur de la plainte ?

- De la plainte de qui ?

- De la part du patient ou de la famille en cas de suspicion qui ne serait pas avérée.

- La peur de l’erreur, évidemment, mais la peur de l’erreur ça ça concerne tous les …, toute

…, toute notre pratique, on a toujours peur de de se tromper, de de de passer à …, de

passer à coté de …, d’une maladie grave, alors évidemment l’erreur dans mon cas,

puisque j’ai hein hein, en … en 30 ans, j’ai pas euh …, j’ai pas dépisté de hein hein de

…, de maltraitance évidente, la peur de l’erreur ça serait la peur du sous diagnostic, donc

effectivement il y a probablement des cancers que j’ai pas diagnostiqué, il y a

probablement des maltraitances que j’ai pas diagnostiqué, alors ça c’est une peur

constante chez le médecin de passer à coté de quelque chose, mais euh … euh … la peur

de l’erreur en trop euh … oui ça peut faire des …, ça peut …, ça peut ça peut

certainement être assez … euh … assez traumatisant euh ... pour une … une maman ou un

papa, de de se faire euh … euh ..., de subir une enquête pour maltraitance alors qu’il n’est

pas maltraitant, alors là ce serait une erreur qui serait fâcheuse, enfin je pense que c’est

moins grave de … euh …, de de de diagnostiquer en trop une maltraitance que de passer à

coté de maltraitance, bon je pense pas que cette erreur là traumatise particulièrement le

…, le médecin généraliste, hein euh … c’est c’est plus de de passer à coté qui va être

traumatisant, quant à la peur de la plainte bhein non euh …, il y a … euh … pff, euh si on

dénonce une maltr…, si on dénonce une maltraitance de de de parents, il est bien évident

que ces patients là on …, on va plus les revoir, on va être forcément brouillé avec eux, on

va pas …, ils vont pas cons…, euh … donc à partir de là il faut pff euh …, on doit

évidemment s’attendre à …, à avoir une plainte de leur part, mais peut importe si ils sont

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…, si ce sont des des euh …, des criminels entre guillemets, hein hein, on va pas …, c’est

pas grave que eux déposent plainte, mais non je pense pas qu’on est peur de de plainte des

patients dans un cadre comme ça, du tout.

- Et ça vous freinerait justement bah d’avoir …, de perdre la relation de confiance avec la

famille, de plus revoir les patients par la suite ?

- Non, pas du tout, non, non mais ça ça peut peut-être euh … freiner je sais pas un jeune

médecin qui démarre son activité, évidemment, ça peut être gênant, mais euh …. en ce qui

me concerne, non non, j’ai pas peur de perdre mes patients, j’aurais peur de faire des

erreurs, oui, mais pas de perdre des patients, ça c’est …, c’est plus tellement mon

problème.

- Vous connaissez quelques notions du code pénal quant à la non assistance à personne en

danger, au risque du dévoilement du secret médical ?

- Non. Je connais pas trop ça.

- Mais vous savez quand est-ce que vous pouvez lever le secret médical ou pas ?

- Je crois savoir que en cas de maltraitance, je peux lever le secret médical, oui ça je crois

le savoir, mais encore une fois euh … dans ce cas là je pense qu’il faut quand même se

faire aider et donc téléphoner à la DDASS ou au …, au conseil de l’ordre, enfin il faut pas

…, euh … enfin on peut pas garder ce genre de …, de situation pour soi tout seul, donc

c’est pour ça que j’avais euh …, j’avais appelé le … médecin, je sais plus comment on dit

ça, je crois c’est le médecin responsable de l’aide sociale à l’enfance, voilà, c’est c’est …,

cette personne que j’avais contacté.

- Et que pensez vous du rôle du vécu du médecin, de ses expériences antérieures, de ses

représentations, de ses croyances, vous pensez que ça peut jouer un rôle dans le fait de

freiner un petit peu le dépistage, peut-être moins dépister ou de plus dépister ?

- Bien sur, oui je pense que si il y a …, mais ça ça concerne toute les pathologies, que ce

soit maltraitance ou d’autre maltraitance, si dans sa …, dans son entourage proche le

médecin a été confronté à ce problème, il va être amené à dépister plus que quelqu’un qui

n’y aura pas été confronté, mais ça c’est valable pour toute les pathologies euh … euh …,

le médecin qui aura eu euh … euh …, les cancer du pancréas en pagaille dans son …,

dans sa famille, il va plus penser à cette maladie là que celui qu’il l’a pas eu, euh …, bien

sur. Bien sur le vécu joue un rôle important dans la façon dont on se comporte en

consultation et dans la façon …, et dans le …, bien sur oui.

- Et tout à l’heure vous me parliez justement des conséquences éventuellement négatives

sur la famille en cas de suspicion qui ne serait pas …, qui ne serait pas avéré, vous pensez

que ça peut freiner certains médecins ou pas ?

- Silence, bah je …, je ne crois pas non, non non je ne crois pas, parce que le …, non euh

euh … bah ce qui …, non je ne crois pas puisque le le le médecin euh … euh …, qui ne

dépisterais pas une …, une maltraitance euh qui euh … euh …, se sentirait euh … fautif,

donc je pense que le …, non c’est pas …, non non non, non non, je pense qu’au contraire

euh …, au contraire euh … euh … euh … pff, ça ça reviens à ce que je disais tout à

l’heure, au contraire on va se se …, la situation dans laquelle on passerai à coté d’une

maltraitance est plus grave que la situation dans laquelle où on se brouillerait avec un

patient. Donc euh … je pense que …, je pense que les médecins raisonnent de cette façon

là, mes confrères aussi raisonnent de cette façon là, je pense.

- Et que pensez vous des facteurs économiques notamment la perte de temps et la perte de

revenus donc secondaire, vous pensez que ça peut jouer aussi ?

- La perte de temps du médecin ?

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- Oui, et donc forcément …

- Bah je crois que … le médecin généraliste travaille quand même moins qu’avant, euh …

il est moins débordé qu’il ne l’a été, euh … donc … il doit trouver le temps de …, de

s’organiser pour le le …, cette action, il le trouve pour d’autre chose, donc euh … voilà,

non ça ne me paraît pas être un problème euh …, enfin en tout cas en région parisienne en

tout cas euh … c’est …, le temps n’est pas …, peut-être que dans des campagnes où les

gens euh … ont énormément de consultations, c’est différent, euh … voilà.

- Est-ce que pour vous c’est un sujet difficile à aborder avec les parents, avec l’enfant ?

- Euh … bien sur, hein hein qu’est-ce que vous voulez que je dise plus, euh que dire, bien

sur, évidemment c’est un sujet très difficile, si euh … je vous soupçonne de …, euh … si

…, même même en en enrobant la chose, si on dit à quelqu’un je vous soupçonne de …,

de maltraitance, euh évidemment que c’est …, que c’est un sujet difficile à aborder, bien

sur, est-ce que vous êtes toujours euh … euh …, voilà est-ce que vous n’ avez pas la main

légère, est-ce que vous parlez pas un peu fort à vos enfants hein hein, euh … euh …, et

vous monsieur euh … pourquoi vous mettez vous tout nu devant cette petite fille, bon

évidemment que c’est des sujets difficiles, délicats.

- Alors est-ce que vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Alors comme vous l’avez remarqué, c’est pas un sujet auquel j’ai beaucoup pensé hein,

puisque hein hein, donc je ne …, en fait je ne savait plus euh … pourquoi vous veniez,

donc euh … donc je hein hein, euh … je savais que c’était pour votre thèse, mais je ne me

souvenais plus du sujet, je me rappelais que c’était de la Pédiatrie, mais donc euh …, mais

bon, alors bon euh … des solutions, puisque j’ai pas trop pensé à la question, j’ai pas

forcément les les meilleures solutions possibles, euh …, alors la première solution c’est

de …, d’insister sur le fait que devant toute lésion orthopédique euh … d’un enfant il faut

penser d’abord au …, à une maltraitance, à chaque fois qu’on voit un enfant en

consultation qui a des …, des … des bleus, des une fracture, une entorse il faut se poser la

question bien sur, et ça peut-être que il faudrait le le que le médecin trait…, que le

médecin généraliste se le répète, euh … alors ensuite euh … pff, peut-être devrait-on …

s’enquérir plus de de de de l’évolution scolaire des enfants, peut-être que un enfant qui …

euh …, qui effectivement euh … euh … tout à coup travaille moins bien à l’école euh ….

devrait s’a…, s’a…, devrait plus se poser la …, faire penser à une maltraitance, euh … pff

qu’est-ce que j’aurais comme pff solution euh …, je je, non je dois dire que je suis un peu

à court, hein hein, de solutions comme ça à vous proposer, euh …, je pense que euh … le

fait que …, que des gens comme vous euh … fasse une thèse sur ce sujet et que

éventuellement on nous propose des formations continues sur ce sujet, ça peut suffire,

parfois le le le simple fait d’en parler euh euh … suffit à ce qu’on y pense plus, voilà,

donc effectivement euh … peut-être que …, oui des solutions par le travers des médias

peuvent …, mais enfin je sais pas si ça marche dans les médias, peut-être que pour les

médecins ça marcherait, ouais …

- Les campagnes d’information, de publicité.

- Oui les campagnes d’informations quand on … Quand il y a une campagne d’information

sur la vaccination euh … euh …, entre … entre guillemets contre le cancer du col de

l’utérus euh … effectivement les gens euh … peut-être nous demande plus le vaccin, ce

qui est pas sur d’ailleurs, mais euh … donc effectivement, faut pas non plus noyer les

gens sous des …, sous sous sous des messages euh … trop important parce qu’il n’y font

plus attention, peut-être les médecins, oui, peut-être qu’on pourrait envoyer un mail de

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temps en temps aux médecins, pensez-vous à la maltraitance, hein hein, ça suffirait peut-

être, parce qu’on y pense plus.

- Et l’intérêt d’un dépistage systématique fait en ambulatoire ou en PMI, vous pensez que

ça peut être intéressant ou pas ?

- Qu’est-ce que c’est un dépistage systématique ?

- Bah faire chez un enfant à un moment donné, pour tous les enfants un dépistage

systématique de la maltraitance, est-ce que vous pensez que ça peut être …

- Qu’est-ce que vous entendez par dépistage systématique, hein hein ?

- Oui bah, oui c’est vrai que c’est …, c’est vague, bah …

- Est-ce que … bah pff oui, ça va être quoi le dépistage systématique, est-ce que … maman

te donne souvent des fessées, des claques, des …

- Oui bah éventuellement poser la question, rechercher des signes de …, des signes

physique ou euh …, un … bilan psychologique, des choses comme ça.

- Bah les signes physiques, oui on les recherche, quand on examine un enfant, on … on est

quand même censé euh … euh … le déshabiller et voir si il a des bleus, voir si il a …, bon

ça on le fait, euh … voilà, euh … si un enfant est anormalement triste, évidemment on se

pose des questions, si un enfant a très très peur en consultation euh …, hurle dès qu’on le

touche euh … évidemment on se pose des questions, mais ça on le fait, ça c’est …, si

c’est ça le dépistage systématique, il est fait, d’accord, mais euh … euh … par contre ce

qui n’est pas fait, ce que moi je ne fais pas en tout cas, et ce que je ne faisais pas quand je

faisais des consultation de PMI aussi, non plus, euh … je ne …, je ne demande pas … aux

enfants effectivement, et là j’ai peut-être tord euh … est-ce que tu as souvent des fessées,

ça j’y pense pas, je … c’est pas une question que je pose, ça je devrait peut-être, je sais

pas, parce que c’est …, est-ce que les …, les psy euh …, les pédopsychiatres conseillent

ce type de question euh ... aux enfants, oui ?

- Non, je sais pas, j’ai pas rencontré de …

- Euh … je sais pas moi c’est …, c’est très …, effectivement c’est une question que je ne

pose pas, mais par contre évidemment que j’examine l’enfant donc euh … si il est couvert

de bleus, bon si c’est des petits bleus autour des genoux euh … bon je …, oui je pose la

question, oui même même quand c’est des petits bleus sur les genoux, il tombe souvent ?

euh … est-ce qu’il … voilà, dit donc tu joues au foot ?, est-ce qu’il …, pourquoi t’as tous

ces bleus ? ça je pose la question, oui, mais euh … est-ce que l’on te tape, euh … non ça

je ne pose pas la question comme ça, alors est-ce qu’on te donne des fessées ?, est-ce que

tu es souvent puni ? je devrais peut-être demander ça oui, est-ce que tu es souvent puni

mais euh …, c’est vrai que ça c’est une question que je …, que j’aurais tendance à …,

j’aurais peut-être un petit peu de mal à poser en présence de la maman. Parce que nous en

en médecine général, on voit l’enfant avec la maman, en PMI ça peut être un peut

différent, mais en médecine générale, on le voit avec ..., avec la maman, donc devant elle

demander ça, euh … j’y pense pas.

- Et le fait d’avoir un réseau de correspondant, un …, le fait de …, est-ce que vous pensez

que ça peut aider ? est-ce que le fait d’être seul par rapport à un réseau hospitalier, vous

pensez est-ce que ça peut freiner le dépistage, est-ce que vous ressentez plus de

difficulté ?

- Je ne comprends pas la question.

- Est-ce que le fait d’avoir un réseau de correspondant de …, voilà de …, d’avoir votre

réseau de pédiatres ou de médecin de PMI, ou ... la DDASS ou des numéros tout ça est-ce

que vous pensez que ça pourrait vous aider au dépistage ?

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- Oui enfin, je … je …, je pense que … euh … pff bon en repensant hein hein à tout ceci

euh …, je me dis que bien souvent quand on a un doute on se repose sur l’hôpital, sur le

service de pédiatrie, effectivement puisque euh … quand il y a …, bah si si …, si on

trouve une fracture chez un enfant euh …. généralement on l’adresse à l’hôpital, donc on

se …, je pense que le généraliste se .... euh …, si l’idée d’une maltraitance lui traverse le

cerveau euh … va se reposer un petit peu sur …, a peut-être tendance, enfin moi en tout

cas, à se reposer sur les urgences hospitalières, les urgences pédiatriques en se disant bah

… à l’hôpital ils vont …, ils vont peut-être se poser la question et puis bah …

probablement qu’il y a un petit peu de de …, est-ce que c’est de la paresse intellectuelle

ou est-ce que c’est euh … ou est-ce que c’est une réponse à votre question sur le réseau,

hein hein, oui peut-être je sais pas, peut-être, oui effectivement quand il y a quelque chose

… Alors nous ce que l’on est amené souvent a voir, par exemple, euh … dans les lésions

orthopédiques, qui pourraient être de la maltraitance, c’est des des des …, des pronations

douloureuses du coude de l’enfant, alors ça euh … c’est c’est …, est-ce que c’est une

maltraitance, c’est un enfant qui a été tiré par le bras, bon … alors bon ça se …, euh ...

pff, oui, oui oui, c’est à dire que dans ce cas là euh … effectivement on fait un petit peu la

leçon aux parents, pour la pronation douloureuse, on est amené à dire euh … attention il

faut pas le tirer par le bras, c’est pour ça que son coude s’est …, s’est déboîté euh euh …,

bon ça c’est quelque chose que …, enfin je sais pas si euh …, comment ça se passe pour

les les tous jeunes médecins qui démarrent, en pratique, en ville euh on le fait nous même,

c’est facile, donc euh …, donc euh … effectivement là on se repose pas sur l’hôpital, donc

là dans la pronation douloureuse on …, effectivement j’ai peut-être dans ce cas là

l’interrogatoire un petit peu …, qui peut paraître un petit peu agressif envers la maman et

effectivement euh … puisque je pense à la pronation douloureuse hein hein, euh quand

une maman sort en tirant son … son … son …, son jeune enfant par le bras, généralement

je luis dis de ne pas faire ça, effectivement.

- Est-ce que vous avez une définition vous de la maltraitance ? qu’est- ce que ça englobe

pour vous ?

- Euh … je …, étant donné que j’avais pas réfléchi à la question, hein hein, euh … bah

c’est …, je pense que ça englobe … euh … bah … les comportements, euh … qui

pourraient nuire à l’équilibre euh …, euh… psychologique, affectif ou physique d’un

enfant.

- Et l’enfant maltraité pour vous ça va de quel âge à quel âge ?

- Bah je pense que ça va de la …, de de …, ça commence par le … le nourrisson, le bébé

secoué euh …, à … à la jeune fille qui a 18 ans et euh … qui est majeure, puisque je

parlais de la jeune fille euh …, je savais même pas qu’elle était majeur quand on m’en a

parlé euh … dans cette histoire et puis bon bah …, après j’ai réalisé qu’elle était majeure,

mais moi je la connaissais depuis qu’elle était petite fille, donc euh …, donc euh … voilà,

j’ai pas … On on se rend pas très toujours compte hein euh …, quand on voit en médecine

générale, quand on voit les les jeunes ado, on se rend pas compte qu’ils vieillissent, et les

enfants se rendent pas compte qu’ils sont devenu adultes, euh … donc euh c’est pour ça

que … euh …, c’est pour ça que moi dans le cas de cette jeune fille, j’ai commencé un

signalement que j’ai du interrompre puisqu’elle était …, elle était plus mineure.

- Est-ce que vous pensez qu’une définition standard de la maltraitance pourrait aider au

dépistage de la maltraitance ?

- Silence. Bah je vois pas quelle autre définition euh … ou alors c’est … hein hein, euh je

pense que la définition que je viens de donner euh … doit être …, doit résumer pas mal de

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choses, donc euh une autre définition, enfin oui peut-être, je sais pas non, oui, peut-être

que …, alors pour en revenir à la question précédente que vous posiez peut-être que si on

recevait …, on reçoit des mails hein du conseil de l’ordre, de ci de ça, peut-être qu’un

mail disant euh …, euh … messieurs les médecins qui êtes amené à … voir des enfants

euh euh ..., posez vous euh … plus souvent euh …, euh … la question est-ce que cet

enfant subit des choses qui pourraient affecté euh euh …, son … son … son son …, son

comportement, enfin sa psychologie ou son physique, voilà est-ce que …, voilà est-ce

qu’on devrait euh … je sais plus, je m’en…, je m’enlise dans ma réponse, je voulais dire

simplement que peut-être que effectivement …, une définition non me paraît pas

indispensable, euh ... parce que je viens d’en donner une assez euh … facilement

finalement, mais par contre euh … peut-être qu’on devrait …, peut-être que ça serait utile

pour nous d’être plus mobilisé sur ce sujet, peut-être, certainement.

- Alors question un peu difficile, pour vous elle commence où la maltraitance ?

- Euh … pff, silence. Pff on peut considérer …, si si on considère qu’il y a maltraitance à

partir du moment où un comportement euh … euh … des adultes peut perturber

l’évolution psychologique, affective ou physique d’un enfant, euh … elle peut commencer

euh … euh …, pff euh ... dès l’instant où un parent souffre de troubles psychologique.

Est-ce que d’avoir un parent bipolaire c’est une maltraitance, est-ce que si papa est

extrêmement jaloux et fait suivre maman, c’est une maltraitance, peut-être oui

probablement, je sais pas. La maltraitance peut … oui, d’après la définition euh …, et bah

alors est-ce que nous sommes pas tous des parents maltraitant finalement, comme …, vu

que nous sommes tous de mauvais parents selon Freud, est-ce que …, hein hein, est-ce

que … on est pas tous maltraitant finalement à un moment, c’est difficile hein hein …

votre question.

- Oui, oui je sais.

- On doit tous être maltraitant finalement si on réfléchit bien, hein hein, mais bon, est-ce

que si on est trop gentil, c’est pas de la maltraitance, parce que … si un enfant est trop

gâté n’est-ce pas de la maltraitance puisqu’il est trop gâté, donc il va avoir euh … il va

avoir euh … euh …, ouais il va se comporter euh … comme si tout lui était du et il va en

souffrir, est-ce que si euh … euh …, est-ce que si à l’inverse on ne lui donne pas une …,

une bonne estime de soi euh … en lui reprochant euh …, d’avoir des mauvaises notes et

de pas …, voilà est-ce que c’est pas déjà de la maltraitance …, hein hein, donc ça

commence où, est-ce que …, oui oui il y a beaucoup de mamans qui finalement euh …

euh …, je dis une maman bon ça peut-être le papa mais bon, beaucoup de mamans qui

euh …, qui euh … ne donnent peut-être pas une bonne estime de soi, enfin une bonne

image de de de lui même à leurs enfants, d’eux même à leurs enfants, et donc ne sont-ils

pas déjà maltraitant.

- Vous connaissez à peu près les critères diagnostiques et les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion de maltraitance ?

- Euh … bah pas vraiment, non, euh …, bon moi je …, en cas de …, je pense surtout à … à

des dépistages de de de … de fractures, de lésions physiques, maintenant euh … euh …,

qu’est-ce que …, quels autre examens complémentaires demander euh …, bien sur ça

peut être euh … euh … une évaluation auprès d’un d’un d’un psychologue, d’un

psychiatre, non mais bon …, il y a …, il y a une liste précise d’examens particulier à

demander hein hein.

- En fonction des signes.

- Oui en fonction des cas, bah oui euh …, oui oui.

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- Vous connaissez l’attitude à adopter en cas de suspicion de maltraitance, est-ce que vous

savez quoi faire, qui contacter ?

- Euh … je je je je crois mais peut-être suis-je dans l’erreur, mais je euh …, moi je pense

que il est … il est bon de contacter le … euh … le conseil de l’ordre, et le …, et le … et la

DDASS, donc l’aide sociale à l’enfance, moi j’avais …, je ne m’étais pas adressé à

l’ordre lorsque j’ai eu cette suspicion, je m’étais adressé euh …, oui au médecin de l’aide

sociale à l’enfance, voilà.

- Vous avez éprouvez des difficultés à accéder justement à la DDASS …

- Non. Non, non non.

- Vous connaissez la cellule départementale, la cellule des informations préoccupantes, est-

ce que vous en avez déjà entendu parler ?

- Non.

- Non, d’accord.

- Non, pas du tout.

- Ok, d’accord, donc c’est une cellule départementale qu’on peut contacter, qui est présidée

par le président du conseil général, et qui euh ..., voilà qui peut vous orienter, qui peut

vous aider en cas de doute, ou de suspicion, enfin …

- Oui, bah je pense que …, je pense que … les instances médicales sont déjà …, sont déjà

pas mal pour nous conseiller euh …, j’aurais pas spontanément tendance à m’adresser à

… à …. à une instance autre que médicale dans un premier temps.

- Et pourquoi, enfin …

- Bah pff le le médecin a le réflexe de s’adresser à ses pairs plutôt quand il est euh …,

quand il a un souci euh …, voilà.

- Vous savez faire un si…

- Je sais faire quoi ?

- Un signalement pardon. Est-ce que vous savez le faire ?

- Bah … pas vraiment je l’ai pas fait, enfin je … pff euh … non non, je je je veux dire euh

… que je ferais ce que me conseilleront les instances dont j’ai parlé euh, si il y a un

document précis à remplir, je le remplirais à ce moment là mais euh …, moi ça s’est arrêté

au stade avant le document administratif.

- Elles viennent d’où vos connaissances sur le sujet ? sur la maltraitance ?

- J’ai euh …, vous avez cru …, vous avez du remarquer que j’avais pas beaucoup de

connaissances sur le sujet hein hein, donc euh … elles viennent d’où, non euh …, non euh

…, euh … bah elles viennent de mon activité, on va dire de l’expérience puisque … voilà

quand j’ai été confronté euh … à ce problème là, j’ai contacté, j’en reviens toujours à la

même chose hein, j’ai contacté le …, l’aide sociale à l’enfance et puis j’ai vu comment ça

se passait, voilà.

- Vous avez déjà eu des formations là dessus, enfin universitaires ou initiale ou continues ?

- Non, non. Peut-être autrefois j’ai eu un cours la dessus mais …

- Et vous aimeriez être formé comment ? par quel type de biais, par les revues de littérature,

par les FMC, par les stages fait en PMI ou dans le cadre de l’ASE ?

- Euh … pff, bah par une FMC ou alors je … euh …, est-ce que c’est pas un sujet euh …

euh …, enfin je pense que le …, je pense que le problème c’est plutôt de … d’y penser

voilà, c’est comme la grossesse extra-utérine, il y a pas besoin de …, d’une … FMC très

longue hein, il faut y penser euh …, dès qu’on y pense c’est que c’est déjà trop tard

paraît-il pour la grossesse extra-utérine, donc euh … hein hein, euh … là c’est la même

chose, il faut y penser, c’est peut-être déjà trop tard dès qu’on …, quand on y pense,

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effectivement, mais euh … euh … pff voilà, je pense que … je suis pas sur que …, que,

oui peut-être qu’une FMC pourrait y faire penser, mais euh … une FMC d’une journée

suffira probablement, il y a pas finalement, enfin je me trompe peut-être hein, enfin je sais

pas, est-ce qu’il y a lieu de …, d’en parler très longtemps, je sais pas.

- Et justement un des confrères de PMI, avait proposé pour euh …, pour euh …, solution

pour aider le dépistage justement, faire des stages en PMI ou éventuellement dans le cadre

de l’ASE, vous en pensez quoi vous, est-ce que vous pensez que ça pourra être utile ?

- Je sais pas, moi j’ai fait beaucoup de …, de consultation de PMI euh … au début de mon

exercice hein donc euh …, et puis et puis là je … euh …, oui je dépend de l’ASE puisque

je suis déjà salarié euh … dans un …, euh … dans un orphelinat, bon je sais pas, mais euh

… pff c’est toujours intéressant de rencontrer des confrères qui ont une activité différente

et d’avoir leur point de vue, ça c’est toujours intéressant bien sur, donc euh à ce moment

là ce qui …, ce qui pourrait mobiliser des …, des généralistes, ce serait euh …

effectivement une FMC dans laquelle il y aurait différents intervenants dont des … des

médecins de PMI, oui certainement ça se…, ça serait une FMC qui …, qui aurait …, qui

pourrait avoir du succès probablement.

- Et dans le cadre de votre activité dans le cadre de l’orphelinat, vous n’avez pas eu de

formation particulière ?

- Non, non non non, j’ai j’ai … euh …, j’ai succédé à un médecin qui était déjà euh ...

salarié dans cet orphelinat, donc j’ai …, j’ai continué, j’ai pris la suite et puis c’est tout,

euh … voilà.

- Et est-ce que vous pensez que se réunir en groupe de pairs, en groupe de médecins pour

partager vos expériences ça peut-être utile pour …, pour faire avancer les choses ou pour

aider au dépistage ?

- Euh ... oui, alors en fait le le le …, toutes les questions que vous me …, que vous me

posez c’est …, ça revient toujours à la même chose, on dit toujours …, j’ai l’impression

de de euh … qu’on est amené, mais bon c’est normal, quand vous allez faire le tri, la on

vient de discuter pendant …, je sais pas trois quart d’heure, ça va se résumer à …, hein

hein à deux petit chapitres, parce que là cette question j’ai déjà répondu à cette question

euh …, puisque … je viens de vous dire oui c’est toujours intéressant … de de de de …,

en particulier pour le généraliste, d’être confronté à des gens qui ont un exercice différent

donc euh …, oui bien sur se réunir en groupe … c’est …, bon moi je travaille dans un

groupe, effectivement dans un groupe médical, c’est intéressant d’avoir le point de vue de

mon confrère de gauche, de mon confrère …, quand j’ai un problème, donc euh …, oui

bien sur c’est toujours intéressant de de de confronter son …, son son vécu à celui des

autres médecins, bien sur, surtout avec des exercices différents, bien sur, bien sur, qui va

répondre non à une question comme ça, non non moi je ..., ça m’intéresse pas de savoir ce

que pense les autres, je veux faire tout dans mon coin, non ça ça existe pas ça, je pense

pas, hein hein.

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ENTRETIEN 9

- Alors je vais commencer par des petites généralités, je vais vous demander votre âge.

- Euh … 56 depuis pas longtemps.

- Euh … vous exercez donc uniquement au cabinet ou vous faites d’autres activités ?

- Je suis médecin pompier, en plus.

- D’accord, ok et …

- Depuis 20 ans.

- Donc vous intervenez au cabinet puis vous faites des urgences.

- Euh … là depuis, j’ai eu un petit problème de santé, donc je suis euh … non opérationnel,

mais avant oui.

- Et ça fait combien de temps que vous êtes installé ici ?

- Euh … 84, 28 ans.

- Et euh est-ce que vous suivez des enfants au cabinet ?

- Oui, il y en a, pff, hein hein.

- Et vous connaissez à peu près votre pourcentage en moyenne ou pas ?

- Pff, ça doit faire … les enfants 10 % pas plus, du moins les enfants en bas âge, si on voit

les autres, parce que souvent les pédiatres les voient eux en suivi et nous on les voit en

urgence, donc je vois ça fait à peu près 30%, je sais pas, j’ai pas les ..., les chiffres.

- Et vous vous intéressez au dépistage en général notamment les troubles des acquisitions,

trouble du langage.

- Alors là le problème c’est souvent nous on a …, on a peu d’acc…, peu … peu de trucs,

c’est souvent les …, les … les instits qui nous les envoie, pour justement pour qu’on voit

un petit peu ce qui a et on les redirige vers les orthophonistes. Si on a des troubles en fait

des acquisitions, si … si ils arrivent pas à se relever et des choses comme ça ou qu’on

trouve un enfant hyperlaxe, on les redirige vers les pédiatres. Ça on le voit au terme de

l’examen, en interrogeant la maman, pour ça qu’on prend …, nous on a une demi heure

pour … l’examen d’un nourrisson, donc on …, ça nous permet de prendre notre temps, ça

nous permet de voir un petit peu, de faire un examen à peu près complet, puis de voir ou

est-ce qu’il en est, tonicité, acquisition, les choses comme ça.

- Et vous avez les tests pour faire les …, les différents tests de vue, auditif.

- Ah chez les enfants non, chez les touts non … en bas âge, oui on a la vue pour …, pour là,

en fait que des tests assez grossier, chez l’enfant en bas âge non on n’a pas les tests,

l’investissement, hein hein.

- Vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance, ou à une maltraitance

avérée ?

- Oui, non, suspicion de maltraitance euh ... oui, et maltraitance avérée aussi.

- Oui, euh … beaucoup de fois ou … ?

- Non non non, chez maltraitance avérée euh …, une fois.

- Et vous vous souvenez de la situation ?

- Oui, c’était un enfant qui avait été secoué, qui est …, on est arrivé en …, en urgence avant

le SAMU, il était en train de convulser.

- Et il avait quel âge ?

- C’était un enfant qui avait euh … 13 ou 14 mois.

- D’accord, et vous l’avez vu en consultation ou …

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- Ah non non non, je l’ai vu à domicile en urgence pour un enfant qui convulsait, quand je

suis arrivé, c’était pas des convulsions euh …, en fait il était en train de faire une

épilepsie, un engagement cérébral.

- Ouais, et c’est les parents qui vous ont appelé ?

- Non, c’était la nourrice.

- Et les parents étaient là ou c’est la nourrice qui …

- Non après ils sont arrivés après, c’est la nourrice qui a appelé parce que l’enfant euh …,

après l’enquête a suivi son cours et j’ai pas été au courant, c’était pas …, j’avais été

appelé en urgence, donc, c’était euh … tout à fait, après il y a eu le SAMU et puis euh …

- Et c’est un enfant que vous suiviez ou pas ?

- Ah pas du tout.

- D’accord, vous connaissiez pas, vous l’avez pas revu par la suite …

- Non non, non non j’ai pas revu …, je l’ai pas revu, j’ai eu que des bruits de couloir mais

j’ai pas revu.

- D’accord, et donc la suspicion de maltraitance vous avez dit que vous aviez été euh …

- On avait envoyé, euh … on l’avait envoyé à Versailles, c’était …, en fait c’était un

problème de divorce, c’est pas, c’était pas très facile, donc elle a été suivi après à l’hôpital

de Versailles, puis c’est vrai que j’en ai eu une autre, qui était une maltraitance avérée

chez une enfant de 16 ans.

- Et c’était quoi comme type de maltraitance ?

- Ah c’était …, enfin elle était battue, par euh …, en fait c’était euh … des enfants

africains, donc avec une mère qui élevait seule ses enfants et euh … si la fille n’obéissait

pas, elle ramassait des coups de ceinture.

- C’est des enfants que vous suiviez au cabinet ou pas du tout ?

- Non, euh c’était …, en fait c’était euh …, à 16 ans on les voit …, on les voit plus que de

temps en temps, mais elle venait de temps en temps, elle en avait jamais parlé, elle avait

…, elle avait pas de traces sur le corps, en fait on l’a appris après qu’elle était …, qu’il y

avait eu un problème, donc on la revoit maintenant mais avec un …, avec un suivi, elle est

suivi par la DDASS.

- Et euh … oui donc elle avait aucun signes et …

- Elle elle avait aucune plainte, juste elle avait une fois des plaintes euh …, de trouble du

sommeil, on a toujours posé hein si il y avait des problèmes à 16 ans, copain et tout ça

mais euh …, non, c’était euh …, pour elle c’était des problèmes à l’école simplement.

- Et elle vous en a …, elle vous en a parlé à quel type d’occasion, parce que …

- Non non, là à ce moment là, c’est lors d’une consultation parce qu’elle avait des troubles

du sommeil, et qu’elle était fatiguée.

- Ah oui d’accord, donc c’est là qu’elle vous a dit qu’elle était …

- Ouais ouais.

- Et vous avez fait un signalement ?

- Le signalement a été fait au niveau …, on l’a envoyé à l’hôpital pour qu’elle est un

deuxième avis, et le signalement a été fait par la …, à la DDASS, euh … ça a suivi son

cours quoi.

- Et donc là elle est suivie comme il faut …

- Elle est suivie là, elle est complètement prise en charge.

- Et euh … est-ce que vous vous avez fait appel à d’autres intervenants pour avoir de l’aide,

en fait à des intervenants extérieurs ?

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- On demande toujours un avis hein, donc euh … les avis de maltraitance on l’envoie

souvent chez un psychologue ou chez …, pour pour discerner en fait parce que c’est vrai

que c’est souvent des familles a problèmes, donc pour discerner en fait quelle est la part

de l’adulte et quelle est la part de l’enfant et effectivement est-ce qu’il y a maltraitance,

c’est comme les …, les actes de pédophilie, c’est pas évident, donc on demande toujours

l’avis, euh … l’avis, ça nous est arrivé une fois, on a eu beaucoup de mal en fait …, enfin

on a beaucoup de mal a avoir … l’avis d’un intervenant pour essayer de démêler euh … le

vrai du faux, quand c’est pas évident en fait, quand c’est que des choses qui sont

rapportées par des tiers.

- Donc dans ce cas là vous avez pas fait appel à un psychologue, vous avez directement

envoyé à l’hôpital ?

- Là il y en a une fois on a envoyé à un psychologue, euh … à l’hôpital lorsque que c’est

des choses qui …, qui sont pas évidentes, on appelle un psychologue, on demande une

avis à un …, un CMPP là, au CMPP pour avoir leur avis et puis si il y a besoin d’un

signalement, bah on appuie, mais souvent …, c’est pas évident de faire la part entre

l’adulte et l’enfant.

- Et est-ce que vous avez rencontré des difficultés à la fois dans le dépistage, le diagnostic

ou la prise en charge dans ces situations là ?

- Ah c’est très dur, c’est très très difficile, c’est pas évident, nous on a un psychiatre ici en

plus, donc ça …, on lui demande conseil, mais euh … il faut être très prudent, parce que

…, on peut faire …, c’est vrai qu’il faut protéger l’enfant mais faut pas faire l’inverse

comme c’est arrivé aussi euh …, dire qu’il y a maltraitance et en fait … c’est euh …, et

on …, des fois quand on … fouille un petit peu, c’est souvent des problèmes, plus des

pro…, il y a des problèmes en fait au niveau des adultes aussi qui …, c’est pour ça c’est

pas évident donc on demande a ce que ça soit vu par un …, comme nous on est un peu …,

c’est un peu particulier, on est un peu …, on connaît les enfants et tout ça, on préfère que

ce soit quelqu’un avec un regard neuf qui …, qui … qui nous aide et puis après on fait le

signalement, il y a pas d’avoir de …, de problème de conscience, euh … l’avis du

procureur ça va …, ça va assez vite euh …, on avait fait un avis au niveau du procureur

c’est pour un enfant qui avait été violé, mais euh … on l’a récupéré qu’après le viol, c’est

à dire elle a été prise par une famille d’accueil et … au niveau de la famille d’accueil elle

a …, elle a déclaré avoir été violée, donc elle a …, il a fallu qu’on refasse tout le chemin

inverse.

- Et vous pensez que vous auriez pu agir différemment dans les situations que vous avez

vécues ?

- Non, non c’était pas évident, on est toujours arrivé lon…, comme on dit longtemps après

la bataille, surtout dans les affaires de viol, on a beaucoup de problèmes euh …, dans les

affaires de viol, pour essayer de …, de faire …, de faire d’abord que ce soit vrai,

deuxième chose de …, quand c’est des 16-17 ans de faire euh …, de vouloir euh…

qu’elles soient pris en charge, parce qu’elles le veulent pas toujours, voir quand elles sont

majeures, après 18 ans elles veulent pas toujours, donc ça c’est pas évident, j’en ai une

qu’on est en train d’essayer de pousser, mais c’est pas évident.

- Vous avez déjà fait vous personnellement un signalement ou pas ?

- Signalement direct non, non on a toujours demandé l’avis, après c’était, parce que j’ai

jamais eu d’enfant qui sont arrivé avec des traces évidentes.

- Et vous avez un retour en général de la …, de la part des services de protection de

l’enfance ?

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- Oui oui, on a …, on a … oui oui on a des …, des retours.

- Oui vous avez des retours.

- Oui, non non non ça marche assez bien dans la région, ça marche assez bien, dès qu’on

les envoie à l’hôpital, de toute façon on a le retour, ça c’est …, c’est ça qui est parfait.

Quand on ne passe pas par l’hôpital, on n’a pas toujours le retour, mais par l’hôpital, on a

toujours le retour, ça c’est …, on n’a vraiment pas de problème.

- Et euh et quel a été votre ressenti vous vis à vis de ces situations, comment vous vous

sentiez ?

- Bah … le problème c’est que nous les consultations, ça dépend de l’âge de l’enfant, mais

c’est pas toujours évident, euh … on se pose toujours la question de savoir si on est passé

à coté de quelque chose, quand vous examiner un enfant qui a pas de traces, c’est pas

évident, quand il est euh … suffisamment nourri, on a pas de …, de cas de malnutrition

ici, c’est vrai que c’est pas évident, un enfant qui a une cassure de la courbe de poids, on

s’aperçoit qu’il est pas bien, qu’il commence à faire …, c’est vrai que là on s’inquiète,

mais euh … c’est souvent euh …, c’est vrai que c’est pas évident, les enfants secoués,

c’est pas évident, il suffit d’une fois, euh … les coups de ceinture et bah souvent bah c’est

des jeunes filles, on les …, on …, quand ils viennent pour un mal de gorge on va pas leur

demander de se déshabiller complètement, dans ce cas là c’est nous qui nous mettions …,

donc c’est pas évident, ouvrir le dialogue à ce niveau là, il faut que l’enfant soit …, on

pose des questions mais on sonde, si … si la sonde ne prend pas euh …, ils vous disent

pas hein, ils vous disent j’ai des problèmes d’école, j’ai des problèmes de sommeil, pff je

suis fatigué, euh … je m’entend pas avec ma mère, et puis c’est tout quoi ou avec mon

père, ou des choses comme ça, euh … c’est pas évident, et puis … c’est vrai que ça cache

énormément, il y a quand même une certaine …, un certain mutisme de ce coté là hein,

faut vraiment qu’on …, qu’ils arrivent et que les coups soient évidents, c’est vrai que j’ai

jamais eu ce cas, honnêtement.

- Donc justement vous pensez que ce soit les parents ou les enfants, ils développent des

freins.

- Les enfants développent des freins oui, ça c’est sur que les enfants euh … se taisent

énormément, il y a une sorte de …, bon alors le tout c’est d’arriver à ouvrir le …, les

avoir mais il faut au moins …, il faut une longue consultation puis faut …, faut s’en

douter, dans ces cas là c’est vrai qu’on prend notre temps mais on essaye d’avoir un RDV

avec l’enfant seul pour essayer d’ouvrir un petit peu, mais c’est pas évident parce qu’on

é…, on écarte les parents, si un des parents qui est fautif, de toute façon il va pas vouloir

ou on le voit plus.

- Et vous avez jamais eu besoin de …, de parler de maltraitance envers une famille, ou de

suspecter une maltraitance quand vous aviez une famille devant vous ?

- Non, honnêtement non, non non.

- Euh … pour vous quelle est la si …, la …, la … maltraitance la plus difficile à repérer ?

- Psychologique.

- Oui, pourquoi ?

- Il y a pas de traces, hein hein, il y a pas de traces, c’est quelque chose de très pernicieux,

euh … en plus ça va plus … , souvent c’est un travail de sape, donc en fait euh … c’est

pas évident, c’est pour ça que à ce niveau là euh … l’aide des …, des psychologues est

primordiale, mais c’est vrai que la maltraitance psychologique, je crois que c’est ce qu’il

y a de plus pernicieux et qui doit être le plus fréquent.

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- A quelles occasions ou dans quel type de circonstances vous seriez amené à plus

suspecter ou a plus rechercher une maltraitance ?

- Ça dépend de l’âge de l’enfant, euh … si il y a une cassure de courbe sur de …, chez un

nourrisson jusqu’à 2 ans, qu’on examine, il y a une cassure de la courbe de poids, qu’on

s’aperçoit que c’est un enfant qui est un peu triste, un peu terne, avec des acquisitions qui

se font mal, et tout ça, c’est vrai que euh …, on envoie chez le pédiatre en demandant son

avis sur euh … sur cet enfant, ça permet d’avoir deux yeux, et puis euh … de voir si ils

ont pas … un problème médical, euh … en fait n’est pas caché et puis euh … c’est vrai

qu’à ce niveau là, mais euh … après chez les autres enfants, c’est souvent les …, bon on a

des enfants qui sont hyperactifs, on a des enfants euh … à ce niveau là, disons jusqu’à …

la tranche de 7-8 ans, après c’est pas évident hein, il y a des enfants qui sont en rupture

scolaire, euh … on recherche aussi à ce niveau là, quand euh …, on nous ramène que les

enfants dorment pas, rupture scolaire, les choses comme ça, c’est pas …, mais … c’est

pas év..., c’est … c’est vrai que c’est …, chaque cas il faut vraiment bien connaître les

enfants, il y a des enfants qu’on connaît bien, donc on s’aperçoit quand ils ont une

modification de leur …, de leur rapport avec nous, ou quand ils demandent quelque chose,

dans ces cas là, on voit.

- Et le niveau socioculturel, le niveau socioéconomique ?

- Ah c’est …, bah ici on a de tout …, les gens qu’on voit sont tous à peu près du même euh

…, dans la …, on est multi ethnie ici, on a … beaucoup de familles Africaines, Nord

Africaine, euh … il y a un peu de tout, donc c’est pas évident, on est obligé de composé

avec, avec la façon dont ils élèvent les enfants, ce qui est pas évident hein, parce qu’on

voit que …, puis ça dépend de depuis combien de temps ils sont là.

- Problème de magneto avec manque de deux questions : en ce qui concerne les obstacles

ressentis, le médecin a évoqué deux obstacles, la difficulté à accéder aux psychologues et

le manque de formation. En ce qui concerne l’absence d’outil validé au dépistage, il a

précisé qu’il était difficile de faire un outil validé tant il y avait de forme de maltraitance,

qu’on ne pouvait pas avoir un outil unique, et qu’un outil pour dépister la maltraitance

psychologique, serait intéressant.

- On parlait du manque de temps et du manque d’implication de la part du médecin.

- Alors le … le manque de temps c’est vrai c’est qu’on est …, ici quand on a une clientèle,

c’est vrai que c’est pas évident et souvent les gens quand il y a beaucoup de personnes en

fait ils veulent pas rester longtemps, en particulier quand il y a ce type de problème, ils

viennent surtout pour des problèmes ponctuels physiques, et surtout pas qu’on s’occupe

du reste. Euh le manque d’implication c’est peut-être un manque de connaissances, mais

euh … vous savez très bien qu’une consultation euh … dans tout ce qui est caractère

psychologique, c’est pas 10 minutes, il faut au moins un quart d’heure, vingt minutes, on

le voit avec nos …, nos adultes bipolaires, c’est une demi heure, trois quarts d’heure,

voire une heure. Quand vous êtes en consultation, nous c’est toutes les 20 minutes, un

quart d’heure-20 minutes, c’est vrai que vous avez pas le temps, on débrouille, mais euh

… c’est vrai que c’est très très long, c’est comme disait un psychiatre hein, c’est les

mange temps, mais bon si un enfant il a un problème, c’est vrai qu’on les reconvoque, euh

et puis on essaie de prendre un créneau en dehors des con…, en … en fin de consultation

pour avoir le temps pour essayer de se sortir un petit peu, puis de voir. Mais … c’est vrai

que c’est pas, je suis pas sur que ce soit un manque d’implication, je pense que c’est un

manque de connaissances, un manque de temps, et puis c’est un diagnostic très difficile à

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faire, avec une responsabilité qui est importante, aussi bien par rapport à l’enfant que par

rapport aux parents, mais euh … c’est vrai que c’est l’enfant qui reste primordial.

- Et la peur de l’erreur ou la peur de la plainte ?

- Alors la peur de la plainte euh … de toute façon on y est confronté tout le temps, on

commence à avoir l’habitude nous, on est …, on commence à voir des plaintes pour

n’importe quoi et pour tout, ça se voit dans le truc, là c’est justement c’est à cause de la

peur de l’erreur, ça veut pas dire qu’on fait pas le diagnostic, c’est que c’est pour ça qu’on

demande un deuxième avis pour justement que l’erreur soit pas pas …, pour que l’erreur

soit …, si … si il y a erreur soit divisé par deux, hein, c’est bon qu’on ne fasse pas de

dégâts quand même.

- Et vous connaissez quelques notions du code pénal quant à la non assistance à personne

en danger …

- Oui, de toute façon ça on l’a vu, hein hein

- Dévoiler le secret médical, tout ça vous savez que vous pouvez le dévoiler.

- Voilà, oui oui tout à fait, oui oui ça fait parti hein … des des choses qui font, dont on est

au courant, c’est bien pour ça qu’on appelle un autre spécialiste, hein hein.

- Et le risque justement des conséquences négatives sur la famille, sur l’enfant, le risque

d’éclatement vous pensez que ça peut freiner certains médecins ?

- Je sais pas si c’est …, je pense que c’est plus la cause d’erreur qui doit les freiner, euh …

mais c’est pour ça qui faut qu’on …, on essaye d’avoir des réseaux, c’est pas évident

parce qu’on a pas beaucoup de …, de correspondants avec lesquels on puisse euh …,

avoir un RDV rapidement ou converser ou envoyer l’enfant pour avoir un avis, il faut

d’abord que les parents soient d’accord, mais dans ces cas là on les force un petit peu, et

puis euh … en faisant valoir non pas le coté euh …, on craint une …, des problèmes de

sévices ou des choses comme ça, de violences mais euh … parce que l’enfant a des

problèmes, des choses comme ça, c’est vrai qu’on le fait valoir sur ce coté là, pour joindre

le …, le professionnel après, mais c’est sur que si vous dites que vous craignez des …,

des problèmes de sévices ou de maltraitance …., c’est pas évident.

- Et que pensez vous du rôle du vécu du médecin, de ses représentations, des ses croyances,

expériences antérieures …

- Alors le vécu du médecin c’est ce qui fait notre expérience et qui fait nos connaissances,

hein hein, c’est pas quand on sort de …, de nos études …, quand on sort de nos études on

est plein de …, de croyances, là c’est à ce moment là on est plein de certitudes et euh …

on s’aperçoit que … tout n’est pas …, c’est pas toujours évident. Euh … les croyances pff

…, l’expérience que j’ai il y en a pas beaucoup, euh … sur le vécu oui toujours, de toute

façon ça influence dans toute …, quelque soit le métier, encore plus dans le notre qu’un

…, un métier où est-ce qu’on touche beaucoup aux gens, mais euh … ça ça intervient

mais euh … c’est vrai que je connais pas beaucoup de médecins qui ont été maltraités,

donc euh ….

- Et euh … les facteurs économiques, notamment la perte de revenus justement par la perte

secondaire de temps, vous pensez que ça peut …, ça peut jouer ou pas ?

- Perte secondaire de temps, par rapport au médecin ?

- Oui, le fait voilà de prendre du temps et donc peur d’avoir moins d’argent après par la

suite.

- Oh non non, pas du tout, honnêtement alors là, c’est vraiment …, du moins dans le cas ici,

je veux dire que ça n’intervient absolument pas.

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- Et est-ce que pour vous si vous avez un doute est-ce que c’est un sujet qui est facile ou

difficile à aborder, est-ce que si vous avez un doute vous l’aborderiez assez facilement ou

- On est deux, donc déjà on est deux médecins, on travaille ici donc si on un doute on …,

on voit souvent les patients euh … de façon alternative ou lorsque l’un n’est pas là, donc

on a déjà le le fait d’en discuter, on a un psychiatre avec lequel on discute aussi, c’est très

ouvert, l’avantage d’avoir …, d’être dans un centre médical c’est très très ouvert, je pense

que ça doit être beaucoup plus dur, les gens qui sont isolé, un médecin qui est isolé face à

lui même hein, et sans avoir le moyen de discuter avec un …, un de ses collègues pour

pouvoir parler du même patient et qu’il le connaisse, c’est vrai que c’est pas évident. Ici

euh … le problème c’est quand on a un doute on en parle.

- Et vous l’aborderiez facilement avec …

- Ah oui oui oui oui oui, ah le le problème de maltraitance, j’ai vu des bourdes qui ont été

faite par des spécialistes, euh … on emploierai peut-être pas la première fois le terme de

maltraitance, on … on emploierai d’abord pour essayer de vraiment avoir …, mettre tout

de notre coté euh … enfant pas bien, donc à faire voir par un spécialiste et puis appuyer,

et servir de toute notre autorité et puis justement comme vous disiez le …, les relations

qui se créent de confiance avec le médecin pour essayer d’envoyer l’en…, l’enfant voir la

personne qu’on veut et après en parler avec la famille. Mais en parler d’emblée avec la

famille en disant je crains une maltraitance, probablement c’est très mal vécu, donc ça

peut donner des réactions de violence, et deuxième chose, en fait c’est des gens qui

peuvent être reperdu dans la nature sans que vous ayez de …, de moyens d’avoir de

nouveau contact. Déclencher une enquête euh … dans une famille comme ça c’est …, et

qu’il y a rien, c’est pas la plainte hein, mais ça peut être très déstabilisant pour la famille,

pour l’entourage, parce que ça se sait très vite et euh …, c’est vrai que le secret médical

existe, mais quand vous avez une assi…, une enquête de voisinage, il y a plus de …, il y a

plus de …, de secret médical. Donc c’est pas évident de voir les gens se faire mettre à …,

à un banc, banc de société même pour un moment, ou euh … regarder de travers avec une

enquête de voisinage pour maltraitance à enfant, suspicion de maltraitance à enfant.

- Vous auriez une solution vous à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Oui qu’on est plus de psychologues en ville, et que les CMPP aient plus de moyens pour

qu’on puisse nous avoir plus … plus facilement un …, un … euh … ce type de

consultation qu’on voudrait en urgence, ça se serait très très important d’avoir des

psychologues qui soient un peu formé aussi, parce que c’est aussi leur charge hein, à la

…, à ce type de pathologies et qu’il soit …, que se soit plus facile de les avoir euh …, au

téléphone, même d’avoir une consultation ça …, pour moi ça serait primordiale, si vous

jugez au niveau de la maltraitance, euh la maltraitance psychologique je parle, la

maltraitance physique c’est totalement différent, on téléphone à l’hôpital, ils prennent

l’enfant et après ça va très vite, c’est la plus facile, mais la maltraitance psychologique, je

pense qui est la plus fréquente, euh … il nous faudrait euh …, ça serait l’aide de …, bah

de gens qui ont les outils comme vous parliez tout à l’heure, qu’ont les outils et la

formation adéquate pour pouvoir nous aider et puis nous nous orienter et puis nous dire

bon il y a maltraitance, dans ces cas là … il faut agir.

- Et que pensez-vous de l’intérêt d’un dépistage systématique fait en ville ou en …, ou en

PMI ?

- Quel interet, hein hein.

- D’accord.

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- Je vous demande quel serait l’in..., le le le tout les euh …, est-ce que …, quelle population

on va tester, euh … c’est pas évident et puis les tranches d’âge euh …, de toute façon euh

… qui c’est que vous allez traiter, quelle tranche d’âge on va d’abord voir, les 4-8 ans euh

… au moment de leur formation, les … les 10-15 ans parce qu’ils sont vraiment chiants

quand ils sont adolescents, mais c’est où est-ce que …, où est ce qu’on a le plus de

problème d’opposition parent enfant, euh … ça serait pas évident, c’est pas les même

outils, euh est ce qu’il faudrait cibler euh … des populations à risque, mais est-ce que

c’est vraiment celle là qui …, je sais pas …, pour moi honnêtement les les les dépistages

systématique c’est bien mais euh …, alors on a déjà aussi euh … la médecine scolaire qui

essaie de faire de son mieux, c’est pas …, c’est pas évident vu la masse qu’on a en

France, j’y crois pas. Euh … les …, augmenter un petit peu des …, éviter de marginaliser

la psychologie et dire que ça peut être un facteur important de développement et puis qui

nous faut des …, qu’il faut des moyens euh ça oui, parce que ça serait une véritable aide.

- Et les campagnes d’informations, publicités, vous pensez que ça peu être utile ?

- Ça peut être utile à partir d’un certains âge, il faut qu’il sache téléphoner, donc ça ça peut

être utile, ah ça c’est …, pour moi c’est important qu’il y ait un central d’ai… gratuit euh

… d’appel, ça c’est important d’abord, même si au début, euh les enfants on du mal à

signaler, ça leur permet déjà de faire un début de psychothérapie et euh … d’entamer le

dialogue, c’est ce que je vous disais tout à l’heure, c’est d’arriver à entamer le dialogue

pour que il y est une relation de confiance avec l’enfant ou l’adolescent et euh … et

permettre que ça soit …, de débloquer une situation voire de venir sur une situation

d’urgence.

- Vous avez une définition vous de la maltraitance ou pas ?

- Non.

- Non.

- Non, parce que une définition c’est toujours quelque chose qui est très … étriqué.

- Et l’enfant maltraité pour vous ça va de quel âge à quel âge ?

- Il y a pas d’âge, hein hein. Il y a pas d’âge hein, un enfant maltraité euh …, il y a pas

d’âge, bon de toute façon, après 18 ans, c’est vrai que ils peuvent partir de chez eux et

tout ça mais euh … on voit encore des enfants qui sont sous la coupe des parents et qui

ont 30 ans.

- Et vous pensez vous qu’une définition standard de la maltraitance pourrait aider à

améliorer le dépistage ou pas ?

- Non, non parce que comme je vous disais hein euh … une définition c’est très …, c’est

toujours restrictif hein, si on les …, si on l’ouvre de trop c’est plus une définition ça veut

plus rien dire, c’est un sac poubelle, euh … le problème non, je crois qu’il faut qu’on y

soit tous un peu sensibilisé, qu’on ai les moyens et puis qu’on ai l’aide … pour pouvoir

nous permettre de …, euh … de …, du moins d’aider ces enfants pour lequel … la

maltraitance est le …, la plus torpide et puis la plus insinueuse, c’est pas … celle qui est

plus violente, un bras cassé c’est eff..., c’est facile hein, un enfant avec des bleus, on se dit

il y a un problème, euh … on se pose même pas la question, du moins on se pose quand

même une question parce que c’est pas toujours évident, parce que j’ai vu un enfant avec

des bleus, en fait c’était simplement parce qu’elle avait …, on lui avait tenu le bras pour

lui faire une prise de sang, mais euh … il y a eu un diagnostic de maltraitance de posé par

le pédiatre.

- Pour vous elle commence où la maltraitance ?

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- La maltraitance c’est dès que …, pff comment vous dire ça c’est pas évident, comme je

disais hein c’est une définition, hein hein. Là honnêtement je suis en train de réfléchir,

maltraitance de toute façon c’est dès qu’il y a une situation où l’enfant commence a …, a

agir au niveau de …, du moins psychologiquement au niveau de l’enfant et euh … en fait

tout doucement ne pas permettre qu’il est un développement harmonieux, c’est surtout là

hein euh …, après euh … dire où en est l’autorité, est-ce que l’autorité c’est euh … lui

mettre des barrières, c’est empêcher son … développement harmonieux je pense pas, mais

euh … c’est à ce niveau là, et on le voit les enfants hein, de toute façon vous voyez un

enfant qui est épanoui, qui est pas maltraité et … a priori ceux où est-ce que ça avait été

suspecté, c’était des enfants souvent qui étaient plus introverti ou à l’excès extraverti, il y

avait des problèmes mais c’est …, c’est à ce niveau là, mais c’est pas évident. Je suis pas

psychologue, hein hein.

- Vous connaissez à peu près les critères diagnostic et les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion de maltraitance ou pas ?

- Euh non honnêtement non, parce que j’envoie toujours …, j’envoie souvent dès que j’ai

un …, j’ai un doute j’envoie …, j’essaye de …, de parer à la situation d’urgence, plutôt

que de prendre du temps, du moins euh … c’est vrai que il y a des fois on a du temps

lorsque les enfants ont été récupéré dans une famille d’accueil et que ça nous permet de

prendre le temps de …, prendre des consultations de psychologue et tout ça, euh …

lorsqu’il y a une suspicion et que c’est pas bien, là c’est moi qui essaye de me débrouiller

pour avoir la consultation sur le psychologue soit de téléphoner à l’hôpital si ils peuvent le

prendre rapidement pour que l’enfant soit examiné et après toute la situation …, eux les

envoient .

- Vous connaissez l’attitude à peu près a adopter en cas de suspicion de maltraitance ou

pas, quel organisme contacter ?

- Ah bah … de toute façon moi je téléphone …, moi souvent j’ai téléphoné au conseil de

l’ordre pour avoir toute la …, toute la …, ça va beaucoup plus vite et puis soit je

téléphone à l’hôpital, on voit les urgences et puis …

- Vous connaissez la cellule départementale ou pas ?

- Euh … je l’ai eu il y a … une sem…, il y a un mois hein hein, au téléphone justement,

pour cet enfant, donc euh …

- Ok donc vous la …

- Euh … et donc …, oui oui je la connais, oui oui oui, non non très …, bah justement c’est

justement avec eux qu’on a …, qui nous on mis au courant de cette maltraitance et de ce

qu’il y a derrière.

- Et vous trouvez que c’est difficile vous d’accéder justement à ces différents intervenants

ou pas ?

- Non.

- Non.

- Non, on a de la chance dans le département, on peut avoir …, on a très vite euh … des

interlocuteurs quel qu’il soit et ça nous permet quand même d’aller …, comme je vous le

disais hein de …, de éventuellement poser le problème, de … bah de vérifier le diagnostic

ou de l’infirmer et puis de …, d’avoir les situations qui soient pris en charge par euh …,

par les gens compétents, parce que c’est pas évident.

- Et vous savez le faire vous le signalement ou pas ?

- Non.

- Est-ce que si vous étiez amené à le faire, vous sauriez le faire ?

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- Euh non du tout, je vous avoue.

- Elles viennent d’où vos connaissances sur le sujet ?

- Sur le sujet euh … beaucoup de lecture, et euh … le vécu, 28 ans ça aide, hein hein.

- Et vous aimeriez euh …, enfin est-ce que vous avez déjà eu une formation la dessus ?

- Non, jamais. La fac c’est tout.

- Ouais voilà, depuis non.

- Non.

- Et vous aimeriez justement être formé comment, par le biais de FMC, revue de littérature,

formation …

- Bah déjà on lit pas mal et c‘est vrai qu’on a pas toujours le temps de lire, la FMC, c’est

vrai qu’on va être obligé de s’y mettre, donc on va avoir des formations, hein hein, mais

va falloir du temps et c’est vrai que ça va nous prendre du temps, donc on va être obligé

de de dégager du temps de clientèle ou d’autres activités pour pouvoir euh … prendre,

mais je pense que ça va être la FMC, parce que la lecture c’est bien, mais c’est que du …,

il y a pas de situation de pratique, il y a pas de mise en situation.

- Et il y a un médecin de PMI qui avait évoqué éventuellement des stages dans le cadre de

la PMI ou dans le cadre des services de l’ASE, vous pensez que ça pourrait être utile ou

pas ?

- Combien de temps ?, c’est vrai qu’ici on est complètement dépassé par notre clientèle,

hein hein, c’est une question de temps, on va vous dire que la formation c’est rien, mais

c’est une question de temps. C’est toujours intéressant, mais de toute façon ce que je vous

disais, c’était des mises en situation hein, bon ce serait pas du théâtre, ce serait pas du …,

mais euh … c’est vrai mais euh …, on verrait que quoi comme enfant dans les …, dans

les institutions de PMI, c’est bien, ils voient …, je crois pas qu’ils voient autant de …,

d’enfants de … maltraités que ça et euh …, c’est vrai que c’est pas évident, mais si c’est

pour rester assis sur une chaise à rien faire, c’est pas évident.

- Euh … et les groupes de pairs pour euh …, pour discuter un petit peu … de votre

expérience.

- Ça c’est vieux, ça, c’est un vieux truc ça.

- Ça existe encore.

- Hein hein.

- Ça existe encore.

- Si en psy, en psychiatrie j’avais, on avait parlé, c’était les groupes …, ça existait déjà,

mais on fait, nous on fait sans que ce soit de façon formelle, on le fait ici. Balint, voilà,

j’étais en train de chercher ça tout à l’heure, ça on en parlait déjà il y a 20 ans hein, hein

hein des groupes balint, mais euh … on le fait déjà ici de façon informelle, mais euh … ça

existe déjà.

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ENTRETIEN 10

- Alors je vais commencer par des petites généralités, je vais d’abord vous demander votre

âge ?

- Moi j’ai 63 ans.

- Euh vous exercez uniquement ici au cabinet ou vous avez une autre activité ?

- Oui. Oui oui uniquement ici.

- Sur RDV ou sans RDV ?

- Sur RDV uniquement.

- Et vous êtes installé ici depuis combien de temps ?

- Euh …à Thoiry depuis 30 euh …, 30 ans, hein hein.

- Et vous suivez des enfants ici au cabinet ou pas ?

- Oui je suis des enfants oui.

- Vous connaissez à peu près votre pourcentage en moyenne ou pas du tout ?

- Non, pas du tout, non.

- Vous en suivez beaucoup ou pas beaucoup.

- IL faut que je regarde les … les …, les relevés de sécu, mais j’en sais rien.

- D’accord, vous vous intéressez au …

- Si ça vous intéresse beaucoup, je peux regarder mais enfin …

- Non non, mais c’est pour avoir …

- Vous vous intéressez au dépistage en général, notamment les troubles des acquisitions …

- Oui bien sur.

- Les troubles du langage …

- Les troubles de l’acquisition, oui, oui bien sur dans les enfants, oui, oui.

- Oui, vous le faites, vous savez le faire, vous êtes formés pour, vous avez les tests ?

- Je suis pas formé pour, non, pas de tests non.

- Non, vous le faites un peu comme ça …

- Oui, hein hein.

- Vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance avérée

ou pas dans votre expérience ?

- Ca m’est arrivé, c’est difficile, ouais.

- Oui.

- Ouais.

- Ça vous est arrivé souvent ou …

- Ça m’est arrivé … oh en 30 ans j’ai du en suspecter deux ou trois, quoi. Hein surtout les

- D’accord, vous vous en souvenez de certaines ou pas ?

- Comment ?

- Vous vous en souvenez un petit peu ou pas des situations ?

- Euh … oui il y en a deux que j’ai hospitalisé parce que c’était des bébés et euh … des

histoires après chez les adolescentes, il y avait quelque fois des …, bon j’ai suspecté des

…, enfin les … les …, les maltraitances des choses comme ça c’est plus difficile quoi,

difficile d’en parler à la mère qui bon souvent hein, essaie de couvrir le mari, c’est

difficile d’aller beaucoup plus loin parce que ouais mmm mmm …

- Et les deux bébés que vous avez eu c’était des euh …, quel type de maltraitance ?

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- Bah il y en a une qui … qui se nourrissait pas, je pense que c’était une secte et l’autre …,

qu’on n’avait pas nourri, enfin on me l’a amené en état de mort apparente et euh … pff

bon, j’ai appris très longtemps après qu’il y avait des problèmes dans le couple mais …

sur le moment en fait j’avais … pas eu du tout cette idée là quoi. L’hôpital m’a téléphoné,

j’étais pas vraiment averti de ça, ouais.

- Et comment vous avez été amené à suspecter quelque chose justement dans ce cas là ?

- Vu que c’était la cinquième ou la sixième d’une famille euh …, je pense que la mère

savait comment …, elle savait reconnaître un enfant qui allait mal quoi, ouais.

- Donc là vous avez euh … adressé à l’hôpital.

- Ah oui celle là elle est parti directement par le SAMU, hein hein, parce que …, et l‘autre

je l’ai adressé pour des …, des héma…, des ecchymoses, des choses comme ça et donc

j’ai adressé à l’hôpital quoi.

- Et vous les revoyez ensuite, en général, ces enfants là ou pas, vous les revoyez ?

- Euh … pff ça fait très longtemps, ça fait 25 ans hein hein, je crois pas l’avoir revu

immédiatement, non, je crois pas.

- Vous avez pas vraiment eu de suivi.

- Non, je crois que les parents, en général, hein hein, change de médecin.

- Et vous avez fait appel à d’autres intervenants pour avoir de l’aide ?

- Non.

- Non.

- Non, une fois au parquet, mais je crois qu’on a un numéro, ouais.

- Vous avez déjà fait un signalement pour un de ces cas là ou pas du tout ?

- Oui, j’ai fais un signalement, enfin j’ai … j’ai plus le souvenir vraiment, c’est des

questions hein … ouais.

- Et est-ce que vous avez rencontrez des difficultés à la fois dans le dépistage, dans le

diagnostic ou dans la prise en charge, dans ces situations là ?

- Oui, beaucoup de difficultés, oui, parce que …, il est difficile de rentrer dans la vie des

familles comme ça et de …, surtout pour ce genre de problèmes, euh … il faut pas se

tromper parce que …, si on tape à faux on … , mais des fois c’est difficile de …, on

risque aussi de mettre le …, la pagaille dans une famille, dans un couple, mais enfin c’est

difficile quoi, très difficile, c’est le sujet de votre thèse apparemment.

- Oui le dépistage de la maltraitance, oui.

- Ouais.

- Et vous pensez que vous auriez pu agir différemment dans ces situations là, faire les

choses différemment ?

- Silence, c’est difficile, je crois qu’il faut y aller vraiment …, c’est au filling, c’est très

ennuyeux, parce qu’on est …, je vous dis on est pris entre … euh … pff …, rien que de

dire à … quelqu’un votre enfant … enfin bon, je prend ceux des filles par exemple, votre

petite fille je vous demande si … si elle a pas été abusée, euh … déjà pour la mère c’est

… c’est un choc, ensuite faire les recherches, souvent c’est un … quelqu’un de très

proche comme vous le savez bien, euh … bon pff pff, comme c’est un peu difficile, c’est

vraiment intervenir dans la vie des familles, dans le …, non pas que je veux me mettre en

retrait, mais c’est très difficile, faire un signalement en plus, alors bon je sais que la

DDASS est assez discrète hein parce que j’ai eu des cas où …, la DDASS est assez

discrète mais enfin …, c’est difficile, en plus j’avais été à …, à une conférence il y a bien

longtemps d’un psychiatre qui était spécialisé la dedans à Versailles, je crois qu’il

s’appelais BENAMOU, et euh … qui est, qui est …, enfin le sujet de la conférence en fait

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était de nous mettre en garde contre certains dire des enfants, qui étaient souvent un peu

affabulateurs, etc., c’est l’autre version de de de ce qu’on entend tous les jours mais …

c’est un psychiatre spécialisé la dedans quand même, donc euh, ça m’a mis un petit peu le

- Et vous avez un retour en général quand vous faites des signalements ou quand vous

adressez à l’hôpital ?

- Aucun, non, jamais.

- Euh … donc justement vous me parliez beaucoup de l’intrusion dans la vie privée pour

vous c’est … pas facile quoi.

- C’est difficile surtout que c’est des familles qu’on connaît bien, enfin …

- Justement l’affectif, le …

- Je vous donne un exemple, il y a pas de nom mais un exemple d’un monsieur qui avait 85

ans, dont la … la femme était nourrice agrée et un jour se monsieur avait 85 ans et un jour

j’ai vu les gendarmes arriver chez lui, et on m’a dit il est en prison, c’est un monsieur très

bien, et … j’ai appris après qu’en fait il y avait eu une histoire de maltraitance chez des

enfants de la DDASS enfin dans …, qui étaient en nourrice chez lui quand il avait 50 ans,

c’est à dire que …, enfin il devait avoir une cinquantaine d’années, je vais peut-être dire

des bêtises, parce qu’il y a peut-être une …, mais je crois pas qu’il y est de …, de période

de …, enfin bon il était …, il est mort peu de temps après, enfin il est …, je veux dire

c’est une histoire qui datait de …, et moi je suivais la famille et j’ai jamais rien remarqué,

enfin j’ai jamais vu de …, quand je suis arrivé à Thoiry la fem…, la femme était déjà très

âgée, mais enfin je crois qu’elle avait encore quelques enfants …, et j’ai rien vu.

- Pour vous c’est quel type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- Le plus difficile ?

- Oui.

- Je sais pas, peut-être oui psychologique, les … harcèlements, mais harcèlement sur les

enfants ouais, ouais. Les enfants mal aimés par exemple, des choses comme ça, par

rapport aux frères, ouais.

- Est-ce que il y a des occasions ou des circonstances dans lesquelles vous seriez amené à

plu s…

- Il y a une autre cause qui me rappelle une maltraitance chez …, chez certaines femmes

qui sont âgées déjà, c’est euh … bon une espèce de …, une belle entrée hystérique entre

…, entre guillemet, mais euh … spasmophilie, tétanie, des choses comme ça, je me

demande souvent si il y a pas des problèmes anciens de de …, mais c’est difficile de

poser des questions à une femme comme ça directement, lui dire voilà, est-ce que vous

avez été abusé dans votre enfance, enfin notamment dans les douleurs abdominales de la

femme, des choses comme ça, très … très souvent je me pose la question à moi même

sans …, sans vraiment rechercher des réponses, enfin sans …

- Le téléphone a sonné pendant la réponse.

- Est-ce qu’il y a des occasions ou des circonstances dans lesquelles vous seriez amené à

plus suspecter, à plus rechercher une maltraitance, en fonction du niveau socioculturel,

socio-économique ?

- Non je vous dis c’est surtout les …, socioculturel à Thoiry, il y a pas beaucoup de

problème socioculturel, ce qui n’empêche pas les maltraitances d’ailleurs, non enfin …

pff, c’est surtout l’impression quand je vois … une pathologie correspond pas à grand

chose voilà, sans support organique, ouais, ouais.

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- Est-ce que vous pensez qu’il existe des freins en rapport …, au dépistage en rapport avec

l’enfant ou en rapport avec les parents ? est-ce que vous pensez qu’ils développent des

freins ?

- C’est évident ouais, oui c’est évident hein, oui aussi bien du coté de l’enfant qui veut pas

en parler que …, que les …, bon des parents euh … oui. Je vous disais tout à l’heure les

femmes qui essaient des protéger leur couple, qui … par peur de …, d’être seule, enfin,

chez des femmes souvent beaucoup plus indépendantes maintenant, enfin il y a beaucoup

de femmes qui sont encore dépendantes et qui …, des des jeunes filles maintenant des

femmes même qui, ça fait 30 ans que j’exerce et je pense qu’elles ont été maltraité soit

par leur frères, soit par leur père, soit par …, et malheureusement pff, bon j’étais plus

jeune je me suis pas posé de questions, j’ai pas …, et je crois que c’est un peu

déstabilisant aussi pour elles, alors est-ce que c’est déstabilisant ou stabilisant je sais pas,

peut-être que ça lui ferait plaisir que je lui pose la question mais … euh … je sais pas

trop.

- Et est-ce que vous vous ressentez des obstacles au dépistage de la maltraitance ?

- Bah je ressens des obstacles parce que j’ai pas …, j’ai peur de mettre la la … la pagaille

dans une famille hein surtout, c’est ça, c’est surtout ça, mais …

- Et le manque de certitude, c’est un frein pour vous ?

- Oh oui ça c’est sur, oui enfin, on a jamais de certitude mais enfin, euh …, il faut dire que

si on se trompe, c’est grave quand même, c’est très grave, parce que vous mettez une

suspicion sur quelqu’un, euh … c’est sur si on met jamais de suspicion euh …, je pense

que la meilleure façon c’est quand même de téléphoner à la DDASS pour que … euh …,

pour qu’ils s’en mêlent mais bon, surtout quelqu’un de l’extérieur, pas quelqu’un qui est

..., même poser des questions en particulier à l’enfant, c’est difficile aussi. Enfin c’est vrai

dire qu’on se pose jamais de questions c’est …, c’est difficile. Moi je pense que je pose

quand même des questions, euh … est-ce que par hasard elle aurait pas été ..., ça reste …

- Et le fait de pas avoir de signes spécifiques, de ne pas avoir d’outil validé au dépistage,

vous pensez que ça peut être un frein ?

- Je connais pas les outils qu’il y a pour être franc, hein hein, il y a peut-être des outils je les

connais pas.

- Et le manque de temps ou le manque d’implication de la part du médecin ?

- Ça mérite un petit peu de temps, le manque de temps il est certain, mais ça mérite …,

quand on tombe sur un truc comme ça, ça mérite un peu de temps quand même, ouais, on

peut se mettre un peu en retard, hein, oui.

- Et donc justement la peur de l’erreur ou la peur de la plainte, pour vous ça peut être un

frein ou pas ?

- Bah pff un peu, c’est pas le frein essentiel je dirais, mais ça peut être un frein oui bien sur

parce que … oui, je crois qu’on est plus ou moins protégé, mais enfin ... oui.

- Justement vous connaissez quelques notions du code pénal quant à la non assistance à

personne en danger, ou quand dévoiler le secret médical ?

- Oui, hein hein, oui, oui on est protégé ni dans un sens ni dans l’autre, mais enfin bon, on

est à la fois protégé et non protégé dans les deux sens, hein parce que c’est …, mais enfin

pour vous tout ça c’est un petit peu théorique hein, parce que …

- Et que pensez-vous du rôle du vécu du médecin, de ses expériences, de ses croyances, de

ses représentations ?

- C’est important oui, oui l’expérience est importante, je vais pas vous dire le contraire, oui

c’est très important, parce que … bon, on est de plus en plus maintenant dans …, on

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rentre dans des … des tableaux, vous savez qu’on doit …, qu’on doit rentrer dans la …,

personnellement c’est quelque chose qui me choque énormément, mais enfin bon, comme

je vous ai dit j’ai 63 ans, j’en ai plus pour très longtemps, mais c’est peut-être la raison

principale qui va me faire arrêter mon activité, c’est que …, c’est qu’on est beaucoup trop

…, il y a plus de place pour une espèce d’intuition, qui … qui valait ce qu’elle valait mais

qui est …, qui est importante et qu’on ressent tous les jours, enfin je veux dire que …, le

vécu permet des raccourcis, permet des …, oui bien sur.

- Et les facteurs économiques, la perte de revenus secondaire à la perte de temps, pour vous

c’est …, c’est important ou pas ?

- Non, non.

- Et justement le fait de ne plus avoir la relation de confiance avec la famille et de ne plus

revoir l’enfant en cas d’évocation de suspicion de maltraitance, pour vous ça peut être un

frein ?

- Euh … non, c’est pas …, enfin c’est pas ce qui me …, ça me préoccupe pas vraiment

parce que bon, ici on travaille, on a du monde, je cours pas après la clientèle, au contraire,

moi hein hein plus ils s’en vont plus ça me fait plaisir, certains, mais euh … non parce

que en plus je veux dire c’est …, c’est important quoi si on arrive a …, a dépister quelque

chose c’est important, ce que je veux c’est pas mettre la foire dans une famille, c’est pas

…, c’est pas par rapport à moi, moi ça m’est égal hein, ça m’est égal, mais … bon mettre

un peu la foire dans une famille euh … , c’est à dire mettre une suspicion par rapport à

son époux, par rapport à …, à son fils, qui est de toute façon euh …, on voit bien quand

on essaie d’en parler que euh … les gens ont pas envie de savoir souvent, la mère a pas

envie de savoir et …, souvent hein, ou alors euh … le couple va déjà mal et … est en

instance de divorce, alors à ce moment là on vous pousse au contraire à dire oui vous

voyez il y a eu attouchement alors que souvent c’est même pas le cas, donc c’est toujours

à faux, souvent à faux, pas toujours, souvent à faux.

- Vous auriez des solutions, vous à proposer pour améliorer le dépistage ?

- J’y ai pas réfléchi donc euh …, j’y ai pas réfléchi mais euh …, des solutions …, je pense

que l’hospitalisation est bien, quand on veut faire hospitaliser, c’est bien avec un petit

mot, un petit coup de fil, c’est certainement la meilleure solution, pour le dépistage, pour

la prévention euh … c’est autre chose, hein hein.

- Et vous pensez que le fait d’avoir un réseau de correspondants …

- Alors quand il y a des ecchymoses c’est facile, on parle de …, en fait on parle beaucoup

de choses, d’attouchements sexuels, de choses comme ça parce que c’est ce qu’on …, je

pense c’est ce qu’on voit le plus …, ce qu’on suspecte le plus souvent, euh … bon quand

il y a des hématomes, c’est plus facile ..., ouais.

- Je disais la mise en place, enfin le fait d’avoir un réseau de correspondants, de … d’avoir

…, voilà vous pensez que ça peut être utile ?

- Oui ça peut être utile, oui, oui oui, ça peut être bien, oui, de savoir au moins où on

s’adresse, parce que c’est vrai qu’on …, on reçoit peut-être une fois dans son …, dans sa

vie professionnelle des adresses qu’on met dans un coin, qu’on a oublié, parce que

heureusement c’est pas tout le temps donc euh …, des fois on a eu l’adresse il y a 10 ans

avant ou 15 ans avant et puis …, voilà, puis les choses changent hein.

- Et vous pensez qu’il y aurait un intérêt ou pas à faire un dépistage en systé…,

systématique fait en ambulatoire ou en PMI ?

- Je vois pas trop comment, je vois pas comment, si vous avez une solution je veux bien,

mais je vois pas comment on pourrait faire un dépistage systématique, d’ailleurs, c’est

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tellement varié que ça a …, je vous dis les pressions psychologiques, différences entre les

frères et sœurs, après il y a tout tout ce qui est attouchement sexuel, tout ce qui est euh …

coup, coup, violence, enfin, c’est difficile, hein. Alors on peut mettre dans le carnet de

santé, euh … est-ce que l’enfant a des ecchymoses, enfin je pense que c’est pas la peine

de …, de mettre ça dans le …, hein hein, je pense hein.

- Vous auriez vous une définition de la maltraitance ou pas ?

- Maltraitance …

- Quelle est la votre ?

- La mienne …, tout ce qui peut perturber le … développement normal d’un enfant, enfin

oui, oui.

- Et euh …, et pour vous l’enfant maltraité ça va de quel âge à quel âge ?

- Hein hein, de 0 à 18 ans oui, hein hein, oui.

- Vous pensez qu’une définition standard de la maltraitance aiderait à améliorer le

dépistage ou pas ?

- Ce sont des mots hein, non, je pense ce sont des mots, mais bon on pourrait expliquer un

petit peu oui ce qui peut arriver quoi, notamment dans les familles, je pense dans les

familles c’est … les grand parents, les parents et … les oncles, les tantes, ils peuvent

remarquer des choses, oui, je pense que ce serait bien que que les familles puissent euh

…, puissent signaler anonymement, évidemment comme d’habitude, c’est ce qui ce fait

d’ailleurs, on sait que bon après la DDASS vient faire un petit tour discret, mais j’ai eu

quelques exemples de maltraitance déclarées, enfin quelques, très peu, et c’est vrai que ça

met un petit peu le foutoir, si on se trompe, et j’en reviens un peu à ce que disais ce …, je

crois que c’est BEN…, je sais plus son nom, qui avait fait cette conférence, mais il avait

dit que bon on fait aussi beaucoup de mal en voulant absolument dépister à tout pris toute

maltraitance etc., oui.

- Et vous pensez que les campagnes d’informations ou de publicité adressé au médecin ou

aux gens ça peut aider ou pas ?

- Oui bien sur, oui ça peut aider, oui, bien sur oui, oui. Ça va faire une recrudescence

d’enfants qui téléphonent mais oui …, oui. C’est un ressenti aussi une maltraitance, c’est

un ressenti personnel, c’est pas …, je veux dire deux personnes n’ont …, hein c’est …, ça

sort du cadre de l’enfant mais enfin on voit très bien maintenant dans les entreprises, les

choses qui se passent, les harcèlements d’entreprise, on en parlait jamais avant, depuis

France Télécom, on en parle beaucoup, mais les harcèlements c’est très difficile, ça c’est

beaucoup plus fréquent que les maltraitances d’enfants, les gens qui sont harcelés dans

leur entreprise, c’est très difficile de se faire un …, en tant que médecin de se faire une

idée de … la réalité de la chose, est-ce que c’est quelqu’un qui …, qui est dépressif en

fait, c’est pas le cas des enfants, quoique il y a des enfants dé…, il y a des enfants

dépressifs, ils peuvent l’être à cause de la maltraitance, ils peuvent l’être avant, c’est un

petit peu le même …, ça me rapproche un peu de ça en fait, c’est que …, quand quelqu’un

vient vous dire je suis harcelé dans mon entreprise, c’est difficile de savoir si il est pas

bien, qu’il ressent …, qu’il ressent mal la pression ou si c’est parce que il y a vraiment un

harcèlement, c’est un peu ça, ça rejoint un peu ça la maltraitance aussi hein, sur ce qu’est

le …, un enfant va se sentir maltraité euh …, voilà, on parle pas de choses évidentes hein

bien sur.

- Et pour vous quel est votre ressenti vis à vis de ces situations quand vous avez une

suspicion de maltraitance ?

- Je suis très mal à l’aise, hein hein, par rapport à mon devoir, par rapport à …, oui oui.

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- Pour vous elle commence où la maltraitance ? pas facile comme question.

- Dès que l’enfant commence à pas se sentir euh … bien, mais dès que …, dès que son

développement commence à avoir quelques problèmes, ça peut être un …, un problème

scolaire, ça peut être un …, et puis je vous dis regarder quelqu’un …, un gosse qui avait

des mauvaises notes, est-ce que les parents se projettent euh …, est-ce qu’il travaille

vraiment mal, est-ce que bon, on se dit bon ce gosse j’en tirerais rien, euh …, pourquoi,

voilà, est-ce que il y a une maltraitance psychologique des parents, est-ce que il y a une

…, quelque fois même involontaire, quelque fois il y a des pressions psychologique sur

enfant qui est involontaire, qui est …, une baffe, une fessée euh … bon, je pense pas que

la fessée soit une maltraitance, moi, je serais plutôt comme Rousseau, je ferais l’éloge de

la fessée, mais enfin hein hein.

- C’est un peu le débat en ce moment.

- Ouais.

- Vous connaissez à peu près les critères diagnostiques et les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion de maltraitance ou pas ?

- Bah oui, les radios, radio du crane, on peut demander un examen psychologique par un

psycho…, psychologue, c’est pas …, c’est pas une mauvaise idée, ça permet déjà de voir

un petit peu, euh … sinon, non c’est l’hospitalisation, enfin.

- Et l’attitude à adopter en cas de suspicion de maltraitance, vous la connaissez ou pas ?

qu’est- ce que vous faites vous dans ces cas là, vous hospitalisez ?

- Quand je peux oui, je pense que bon …, après notre conversation je pense que je

l’adresserais peut-être à un psychologue pour voir, mais il faut qu’il y ai une plainte des

parents, on peut pas adresser un gosse à un psychologue si il y a pas de plainte des

parents, et hein hein si ce sont des parents maltraitant ils vont pas … accepter d’emmener

leur enfant chez le psychologue, je pense enfin …

- Et vous connaissez à peu près les organismes à contacter en dehors de l’hôpital en cas de

suspicion de maltraitance ?

- Non, c’est le parquet je crois, ouais, le parquet, la DDASS, ouais.

- La cellule départementale vous connaissez ou pas ?

- Non, hormis SOS enfant machin, ouais.

- Et vous trouvez que c’est difficile, vous d’accéder justement à ces différents

intervenants ?

- Je crois que c’est pas facile, ouais. C’est pas facile.

- Est-ce que vous sauriez faire un signalement ? est-ce que vous savez faire un

signalement ?

- Je crois que j’ai un papier ouais, je crois hein hein. Je crois que j’ai un papier dans mon

bureau qui … ouais, je crois.

- Elles viennent d’où vos connaissances sur le sujet essentiellement ?

- Mes lectures, et puis … mes lectures, et puis bon bah à la fac on nous a parlé du …, du

syndrome de Silverman, c’est ça oui. Silv…, c’est Silverman.

- Oui.

- Silverman, oui, donc évidemment …, non surtout les lectures, bon … je regarde très peu

la télévision, mais enfin on en entend parler de temps en temps et puis euh … quelques

conférences que j’ai suivi comme ça, enfin des …, formations continues.

- Oui voilà, donc vous avez déjà eu des formations continues la dessus.

- Oui oui, j’ai déjà été à une ou deux conférences.

- Et ça remonte à longtemps ou pas ?

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- Ça remonte à pas mal de temps oui, oui.

- Et est-ce qu’elle vous a aidé à améliorer le dépistage ces formations ?

- Non, non ça … ça m’a sensibilisé un petit peu au …, tout même, ça reste dans le …, 30

ans d’exercice et … on sait plus ce qu’on a appris, ce qu’on a …, comment on l’a appris

et … ouais.

- Est-ce que vous vous sentez suffisamment formé ?

- Non, ce serait bon de faire une piqûre de rappel, ouais, hein hein.

- Et vous aimeriez être formé comment justement ?

- Comment ?

- vous aimeriez être formé comment, par quel type de biais ?

- Bah la … la presse qu’on reçoit plus, enfin la presse et puis bon éventuellement une

conférence oui, ouais.

- Il y a un médecin de PMI qui a proposé éventuellement comme solution pour aider au

dépistage de faire des stages en PMI ou dans le cadre de l’ASE, vous en pensez quoi vous

? vous pensez que ça peut être intéressant ?

- Pas le temps d’aller dans les stages, non j’ai pas le temps d’aller dans les stages, non.

- Et le fait de se réunir en groupe de médecins, en groupe de pairs, pour partager son

expérience ...

- Pas le temps non plus, on arrive dans un problème là de …, de timing du médecin

généraliste, non, faut faire ça le dimanche, j’ai fait des formations le dimanche, il y en a

quelques une, mais je vous dis des formations de médecins généraliste, c’est vendredi

samedi, je travaille le samedi, euh … et le vendredi c’est …, on peut pas se permettre de

de de …, enfin peut être à tord, on me toujours …, on me dit que j’ai tord, enfin, ma

famille entre autre, mais … on peut pas se permettre de de de rater une journée parce que

… si vous travailler pas une journée, le lendemain vous avez …, le lendemain, le

surlendemain, la semaine, donc il y a un problème de de … oui de …, on est pas en désert

médical mais enfin il y a du monde quoi. Donc oui les formations le dimanche, oui, pas

trop souvent, mais enfin.

- Et vous vous avez déjà été en contact avec les services de protection de l’enfance ou pas ?

- Je crois pas, non j’ai …, si remarquez si j’ai …, si si j’ai des appels de la DDASS, oui

quelque fois pour …, oui bien sur oui. C’est pas fréquent hein, allez trois.

- Et c’est eux qui vous appellent ?

- Oui oui il m’arrive que la DDASS m’appelle pour me demander mon avis sur un enfant,

ce que je pense de la famille, oui ça arrive, oui oui ça arrive, enfin c’est rarissime, oui oui,

je dis pas que c’est pas arrivé, voilà.

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ENTRETIEN 11

- Je vais commencer par des petites généralités, je vais vous demander votre âge.

- Bonne question, 37, hein hein.

- Vous êtes médecin remplaçant c’est ça.

- Oui, tout à fait.

- Et vous remplacez sur Poissy ou sur d’autres secteurs ?

- Oh mais là je suis là très …, sur le cabinet je suis à 3-4 jours par semaine donc euh …,

hein hein.

- D’accord, c’est plusieurs médecins.

- Voilà.

- Et ça fait longtemps que vous êtes remplaçante dans ce cabinet là ?

- Ici 7 ans.

- Oui, d’accord donc euh …

- Hein hein.

- Vous commencez à connaissez …, à à connaître la clientèle, quoi la patientèle.

- Voilà, exactement.

- Euh … vous êtes … Thésée depuis combien de temps à peu près ?

- Mmm une dizaine d’année, ça fait un peu plus de 10 ans.

- Vous suivez des enfants ici au cabinet ou pas ?

- Enormement, hein hein.

- Vous connaissez à peu près … en moyenne votre pourcentage ?

- Pff pourcentage c’est difficile, mais j’en suis beaucoup beaucoup, ouais j’en suis une

grosse cohorte ouais.

- Ouais.

- Ouais je dirais 30% de pédiatrie ça me semblerait pas …, c’est difficile toujours évaluer

en chiffre, mais moi …, je suis énormément de pédiatrie, enfin d’urgence pédiatrique,

donc euh … j’en fais beaucoup beaucoup.

- D’accord, vous recevez uniquement sur RDV ou sans RDV ou les deux ?

- Que sur RDV mais j’ai des places d’urgence pour euh …, pour les urgences.

- Euh est-ce que vous vous intéressez au dépistage en général, notamment les troubles des

acquisitions, trouble du langage ? si oui, est-ce que vous le faites et comment le faites

vous et vous sentez vous suffisamment formé ?

- Oui un petit peu, suffisamment formé certainement pas, je trouve qu’on est très très mal

formé la dessus, clairement, hein hein, euh … comment j’essaye de le faire, bah c’est vrai

que j’ai l’avantage de les suivre depuis qu’ils sont tout petit, les chouchous, donc je vois

un peu les acquis au niveau du langage, au niveau des couleurs quand j’ai deux trois petits

jeux, euh pour voir les couleurs, pour voir comment ils nomment les images, comment ils

dessinent, mais de là à dire que suis parfaitement formé, certainement pas.

- Vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance avérée

dans votre exercice ou pas ?

- Euh … de manière indirecte, euh … ici à savoir que moi je suis un chouchou, depuis qu’il

est tout petit, maintenant il doit avoir 3-4 ans, et il y a eu une suspicion de … de

maltraitance à l’hôpital, suite à une chute, euh d’un gamin qui s’est fait euh …, qui … qui

tenait un …, qui s’est fait renversé par un autre gamin qui tenait un chien en laisse, et qui

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a eu plein plein de contusions partout, qui a été amené aux urgences, et il y a eu suspicion

de maltraitance sur l’enfant suite à tous les les ... les chutes, les ecchymoses qu’il a eu,

euh … qui a été très très mal vécu par la famille, très mal vécu enfin par la maman qui est

seule, en plus c’est une maman seule, euh … sachant que moi c’est un enfant que je

suivais beaucoup beaucoup beaucoup, très régulièrement tous les mois et que a priori le

carnet de santé n’a pas été ouvert et c’est dommage parce que il y aurait eu d’autre trace

d’ecchymoses ou d’autre suspicion dans le carnet de santé ça aurait été bien qu’on en

tienne compte, et c’était pas du tout un enfant maltraité. Mais euh … il y a eu une grosse

suspicion à l’hôpital qui a été faite à mon avis de manière un peu abusive, clairement sur

cet …, ce moment là.

- Uniquement sur les hématomes.

- Oui sur ce moment là, sachant que c’est un enfant qui est suivi très très régulièrement, il y

a jamais eu de trace de coup, il y a jamais eu rien …, rien du tout, et c’est vrai qu’il a eu

plein d’ecchymoses mais parce que c’est un …, un chien qu il l’a entraîné avec une laisse

et tout ça et il y a eu une suspicion, le gamin a été gardé, la maman a été euh …, enfin son

enfant a été gardé à l’hôpital et euh … elle on l’a traité …, on la …, on lui adressait pas la

parole, on l’a traitait comme une mère maltraitante, c’est une femme euh …, enfin qui

élève seule son enfant, qui est black et qui à … mon avis avait pas que une suspicion de

maltraitance derrière, hein hein, c’était un peu abusé, et le petit chouchou c’est un gamin

qui est super éveillé, super … super bien dans ses baskets et qui a pas compris ce qui lui

arrivait non plus, quoi.

- Et il y a eu un signalement de fait tout ça ou ça pas été jusque là ?

- Bah finalement on a fait …, on a fait des courriers et tout ça, et finalement tout c’est

arrêté.

- Oui parce qu’ils vous ont pas contacté sur le coup.

- Non. Non non non, mais j’ai reçu la maman après en pleurs, et vraiment vraiment

vraiment pas bien, avec une grosse stress psychologique derrière et donc je l’ai beaucoup

rassuré, on a beaucoup discuté, et finalement elle a été voir un conciliateur avec l’hôpital

et tout ça, tout c’est fini au final pas si mal que ça, mais il y a eu 1 mois de grosse pagaille

quoi, mais ça veut pas dire qu’il faut pas dépister les enfants maltraités hein, hein hein, ça

je … surtout pas, c’est pas du tout mon discours, mais faut faire attention à ce qu’on fait

quoi, mais moi j’ai pas eu de suspicion de maltraitance, des fois des …, faire attention aux

vaccinations, à la nutrition surtout des enfants, plutôt une pseu…, une pseudo maltraitance

par la …, par rapport à la nourriture, moi je dirais, peut-être pas volontaire, mais par des

coups et blessures non, par psychologique non plus.

- Euh … bon bah si vous étiez amené à … suspecter une suspicion de maltraitance, est-ce

que vous …, comment vous géreriez la situation, est-ce que vous savez comment … ?

- Je pense que c’est un peu compliqué, surtout quand on est le médecin traitant de la famille

et je pense que c’est très très compliqué, euh moi je sais que j’appellerais facilement …,

je travaille beaucoup avec l’hôpital de Poissy, avec les pédiatres et avec les médecins de

PMI, donc j’essaierai d’avoir des contacts, de … de voir avec eux qu’est-ce qu’on peut

faire pour travailler ensemble sans …, sans traumatiser tout le monde, mais si il y a un

enfant en danger comment on le signale, quoi.

- Vous avez jamais été amené à évoquer le sujet euh … avec une famille, quoi ?

- Non.

- Et si jamais vous deviez le faire devant une suspicion, vous le feriez assez facilement,

enfin vous n’hésiteriez pas à le …

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- Bah je pense que je reparlerai, je reconvoquerai la famille, j’essaierai de dire … enfin,

pour un … truc lam… lambda, je veux revoir son poids ou je veux revoir sa taille,

j’essaierai de les reconvoquer ou de …, de revoir, euh … mais c’est un sujet très très

délicat en méde…, d’autant plus en médecine ambulatoire qu’en …, qu’à l’hôpital, pour

le coup on peut garder sous le coup pour euh …, on peut hospitaliser, nous on peut pas le

faire.

- Et si vous étiez amené donc justement à être devant une suspicion de maltraitance,

comment vous vivriez la situation, quel serait votre ressenti ?

- Euh … je pense que ça dépend de la promiscuité que j’aurais avec la famille, si je la

connais depuis pas longtemps ou pas longtemps, si elle débarque euh … comme ça ou pas

comme ça, euh … je me poserais des grosses questions, déjà faire des bilans biologiques

tout ça, parce que devant des hématomes, avant de parler de maltraitance il faut tout

revérifier , qu’il y est pas quelque chose de somatique derrière hein, euh … après sur un

enfant qui me semble triste, qui me semble pas bien, où je vois des hématomes, ou des

choses comme ça, c’est vrai que je serais très vite inquiète, et je pense oui que j’appellerai

facilement l’hôpital parce que maintenant il y a un réseau ville hôpital qui est assez bien

…, qui est en train de bien se mettre en place là, il y a beaucoup plus de correspondance,

on a beaucoup plus accessible les pédiatres de l’hôpital, donc je pense que j’en parlerai

avec eux, de prime à bord, ou avec les médecins de …, de PMI aussi.

- Euh pour vous quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- Silence. Euh je sais pas vous dire, parce que je pense que … ça dépend ouais, ça ça

dépend de la …, de la relation mère enfant, ça dépend de la famille, ça dépend si un

enfant il vient tout seul avec sa mère, ou si ils sont une fratrie nombreuse, qu’ils font

beaucoup de bruit et qu’on a plus de mal à examiner tranquillement en tête à tête le petit

gamin, euh …, silence, c’est pas facile, hein hein.

- Est-ce que il y a des occasions ou des circonstances dans lesquelles vous seriez amené à

plus rechercher une maltraitance, à plus suspecter, en fonction du niveau socioculturel,

socioéconomique, ou en fonction de l’âge de l’enfant ?

- Alors socioculturel non, parce qu’on a bien vu que les enfants secoués, les enfants battus,

ça a rien à voir, et que je pense que il y a des enfants de classe aisé qui sont …, où les

parents s’énervent beaucoup plus facilement, parce que ils ont des grosses responsabilités

au travail, ça c’est clair, euh … des fois, puis j’ai déjà vu dans des classes aisés des

manques affectifs, plus enfin sans être de la maltraitance mais des manques affectifs avec

une chaleur humaine qui est pas forcément là, euh … après j’ai une ou deux familles, où

c’est vrai que la maman est débordée, a plusieurs enfants et d’un milieu social plutôt

défavorisé où on sent que les … les chiffres doivent arrivé plus facilement que dans

d’autre …, que dans d’autre familles, sans que ce soit de la maltraitance pour autant mais

qu’il faut surveiller quoi, faut mettre des …, des signaux d’alerte et la maman je sais

qu’elle est débordée et que des fois il faut savoir dire …, lui dire stop, il faut savoir vous

reposer ou l’arrêter ou poser des choses comme ça, il y a quelques petits signaux d’alerte

comme ça, mais pas un milieu particulier, moi je me fixe beaucoup aux enfants en fait,

déjà voir la lumière dans les …, est-ce qu’il joue, est-ce qu’il rigole, est-ce qu’il rie parle

spontanément, ou est-ce que c’est un enfant plutôt timide, c’est pas très grave, mais plutôt

renfermé sur lui même, je me baserai plus sur l’enfant que sur …, enfin que sur le milieu

en tant que tel.

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- Est-ce que vous pensez que l’enfant ou le parent peut développer des freins au dépistage,

qui feraient en sorte bah que vous seriez …, enfin ce serait plus difficile pour vous de

suspecter une maltraitance ?

- Bah ce qui vienne pas régulièrement à leur consultation, ça oui, hein hein, ça clairement

parce que ils disent on a pas le temps, on a pas le temps et …, bah moi là ou j’essaie de

ratra…, bon le tout petit petit sur les vaccinations régulières, on arrive à peu près à les

voir, c’est plus après que je dirais que que c’est …, c’est plus compliqué, moi j’essaie de

les rattraper sur tous les certificats médicaux qu’on demande à tire larigot où je …, où la

j’exige quand je vois pas les enfants dans l’année ,j’exige de les voir pour faire un

rattrapage, justement de la scoliose, des vaccins, des hématomes, enfin tout ça, moi

j’essaie de …, là pas avoir le certificat facile, justement de voir absolument les enfants,

pour justement ces enfants qui ne sont …, qui viennent pas régulièrement. Alors il y en a

qui sont en pleine santé, mais il y en a ou …, il y a un suivi moins régulier euh … des

vaccinations et tout ça.

- Et est-ce que vous vous ressentez des obstacles au dépistage de la maltraitance ?

- De mon propre point de vue ?

- Oui.

- De quel ordre par exemple.

- En général, est-ce que vous ressentez euh … des difficultés à …, bah pour … pour

dépister la maltraitance et, et si oui lesquelles ? c’est pas forcément évident comme

question mais …

- Non, hein hein. Euh ... disons je pense que j’ai l’énorme avantage de suivre …, bah je suis

là depuis 7 ans et de suivre des cohortes de famille avec lesquelles on a institué une

relation de confiance, et dès que je sens qu’il peut y avoir des dérapages conscients ou

inconscients euh …, par euh … par toutes les difficultés sociales, j’essaie de les pointer

du doigt et d’en discuter régulièrement, après faut savoir se mettre à la portée de chacun,

on est quand même dans une société où la …, où les gens sont facilement au chômage, ont

facilement des gros soucis professionnels et tout ça, qui peuvent malheureusement euh …

ne plus faire attention à leur gamin, enfin de manière euh … très globale et des fois oui

des freins, mais sans culpabiliser les parents, des fois c’est pas facile, on veut pas les

culpabiliser mais en même temps on veut mettre des signaux d’alerte par rapport au

gamin.

- Est-ce que vous pensez que le …, le manque de certitude vis à vis d’une situation peut

être un frein ?

- Ah bah complètement, hein hein, ça on est complètement …, bah c’est vachement

violent, enfin … faire un certificat de …, de maltraitance ou une suspicion de

maltraitance, comme on a parlé tout à l’heure, ça peut être très très violent et très

dévastateur, donc euh, là dessus moi je pense qu’on a un avantage, enfin j’ai plusieurs

collègues avec qui je pourrais en parler, il y a une psychologue dans le cabinet médical

avec qui je pourrais en parler, si je pense que si j’étais vraiment confronté à un gros gros

doute je …, j’aurai plusieurs interlocuteurs à qui je pourrai en parler pour avoir un regard

extérieur, en leur disant voilà j’ai ça, euh est-ce que je fabule dans ma tête, qu’est-ce que

tu pense au niveau des signes objectifs, qu’est-ce que tu penses, en parler avec d’autres

professionnels clairement, clairement clairement, même en parler avec le Dr X que je

remplace, mais on suit pas forcément les mêmes familles, mais en parler avec des

personnes, d’autre euh …, d’autre professionnel de la santé de manière extérieure pour se

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dire est-ce que c’est moi qui psychote ou est-ce que tu pense que ça va …, j’aurai du le

signalement ou vers …, ou te le montrer ou adresser vers d’autres personnes.

- Et est-ce que vous pensez que le fait de ne pas avoir de signes spécifiques de maltraitance

et de ne pas avoir d’outil validé au dépistage, ça peut être un frein ?

- Ah bah c’est beaucoup plus difficile bien sur, ça on est complètement d’accord, après il y

a les courbes de croissance aussi, moi je fais beaucoup de courbes de croissance, enfin je

fais vraiment les courbes tous les mois, euh si il y a des cassures de courbe de poids, de

courbes de taille, on peut …, ça peut être un outil objectif, euh … un peu pour euh …,

supplé… supplémentaire quoi, de manière objective, enfin si …, enfin … pas que

subjective.

- Et le manque de temps ou le manque d’implication de la part du médecin, vous pensez

que ça peut … ?

- Oh non pour ces … les cons… les consultations euh … quand je les trouve louche, je

prend le temps qu’il faut, même si je me prend du retard derrière, enfin la dessus ça c’est

…, enfin sauf si c’est le dernier patient à 18h et que je dois courir chercher mes gamins, je

vais être moins attentive, mais globalement quand c’est des consultations que j’ai un

doute, je prend le temps qui faut, enfin …

- Et la peur de l’erreur ou la peur de la plainte ?

- Silence. Dans le doute diagnostic, on revient sur le doute diagnostic, de la plainte, non

c’est pas ce qui me …, enfin oui bien sur, on est de plus en plus menacé, mais je dirais,

j’essaierai de le faire avec le plus de tact possible pour que la famille ne se sente pas

menacé, pour montrer que c’est pour le bien de l’enfant, après il y a des parents qui le …,

qui le recevront pas du tout, ça c’est clair. Euh …, il y a des parents qui seront plus

violent, qui seront …, où on aura un peu peur, mais là je pense que ça vaut le coup d’avoir

d’autre professionnels avec qui en parler pour pas porter seul la responsabilité, et d’être en

… à plusieurs, parce que seul …, seul isolé dans le cabinet de ville oui je pense que c’est

très très difficile, ça c’est sur, l’isolement et la solitude oui.

- Donc justement vous pensez que la mise en place d’un réseau, tout ça …, d’un réseau de

correspondants

- Oui, d’un réseau, bah bien sur, oui oui, pouvoir ré adresser oui.

- Vous connaissez quelques notions du code pénal quant à la non assistance à personne en

danger, euh quand dévoiler le …, enfin quand vous pouvez dé…, enfin euh surseoir au

secret médical, tout ça vous connaissez un petit peu quelques notions ou pas ?

- Pas très bien, je les ai vu en jour, hein hein, mais je pense que la dessus on peut, enfin tant

qu’on parle avec de médecin à médecin, c’est sur des mineurs avec une non assis…,

enfin, il y a …, on est couvert par le secret médical.

- Donc vous savez que vous pouvez dévoiler le secret médical en cas de …

- Oui.

- Et donc justement tout à l’heure vous me parliez des conséquences qui pourraient être

néfastes vis à vis de la famille en cas de …, de fausse suspicion, ou de suspicion euh …

avérée, vous pensez que ça peut gêner certains médecins pour aller dépister ou pas ?

- Bah c’est …, enfin je non, enfin oui et non, je pense que à partir du moment où on pense

que réellement l’enfant est en danger, même si on connaît très bien le passif de la mère ou

du père, même si on sait très bien ses difficultés, même si on a beaucoup d’empathie pour

la famille, si on sent un enfant en danger, euh ….. moi j’aurais tendance à le signaler,

après j’aurais plutôt tendance à essayer au maximum avant de faire un signalement et

avec les conséquences que ça peut avoir pour la famille, les séparations potentielles et tout

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ça, j’aurais tendance à mettre plein signaux d’alarme à la famille, à savoir comment est-ce

qu’on peut éviter la violence, comment est-ce qu’on peut evi…, on peut mieux s’occuper

du gamin, comment est-ce qu’on peut aider la famille, comment …, j’aurai … j’aurai

plutôt tendance à faire ça, enfin nous on a quand même …, on est pas non plus que péd…,

on est pas pédiatre, on est pas hospitalier, on est médecin de famille quand même, donc on

connaît par définition, toute la famille, enfin … c’est …, le lien qu’on essaie de tisser,

donc on connaît l’histoire de la mère, on connaît l’histoire du père, on connaît l’histoire de

l’enfant, après faut pas que l’enfant subisse les …, les pressions euh … des autres. Euh

par rapport euh …, par rapport aux … aux parents euh …, de toute manière je pense pas

que c’est néfaste pour le parent de faire un signalement pour son enfant si on pense, parce

que lui aussi il le vit …, il le vit mal par définition, il le vit mal et c’est c’est …, des fois

c’est une …, c’est un appel au secours et ils sont contents qu’on réponde et ils viennent

dire merci beaucoup plus tard, mais ils sont un peu dans la panade à ce moment là. C’est

pas pour faire mal, c’est pour protéger quelqu’un.

- Et le fait bah justement d’éventuellement perdre la relation de confiance avec le reste de

la famille, ou de ne plus revoir l’enfant ?

- Bah si on per…, enfin si on est persuadé que l’enfant est en danger, euh bah c’est …,

enfin je veux dire, c’est pas …, enfin c’est pas grave, enfin d’avoir une famille de moins

au cabinet, on a de toute manière assez de travail donc c’est pas le soucis, hein hein, euh

… le tout c’est être sur de …, enfin être sur de pas se tromper pour pas mettre une famille

qui est déjà en difficulté, la mettre encore plus en difficulté, moi je dirais que c’est plutôt

ça, parce que c’est souvent quand même des suspicions dans des familles qui sont déjà en

difficulté et voir si on en rajoute pas par dessus, mais si on est sur et puis qu’après ils

veulent plus nous parler, ils veulent plus nous voir parce qu’ on a eu une suspicion qui

s’est avérée juste et qu’il y a eu une séparation, bah ma foi, c’est comme ça, et même c’est

presque plutôt sain si ils veulent se reconstruire qu’ils se reconstruisent avec un autre

médecin, qui aura pas de préjugés, qui aura pas d’à priori sur eux, donc euh, ça me fera de

la peine oui, mais … je pense que c’est quand même pour le bien de la famille dans ce cas

là et c’est pas facile à vivre, hein hein.

- C’est sur. Et que pensez vous du rôle du …, du vécu du médecin, de ses expériences

antérieures, de ses croyances, de ses représentations, vous pensez que ça peut jouer un

rôle ou pas ?

- Oh bah je pense qu’avec l’expérience, il y a beaucoup de choses qu’on …, on a plus de

subtilité dans le diagnostic, dans l’écoute du patient, dans l’écoute, après pour certains

médecins quand ils se rapprochent de la retraite, on peut être complètement blasé et …

zapper complètement en se disant j’ai pas envie de me mettre la tête dedans parce que

c’est des histoires à problème, enfin … qui prennent du temps, qui prennent de l’énergie

et tout ça, euh … la subtilité, la connaissance des familles, je pense que c’est important.

Les croyances euh … silence, je sais pas, la …, enfin par exemple, pour les populations

Africaines, la … la claque, la gifle, tout ça c’est des choses qui sont monnaie courante

dans l’éducation, euh … nous elle est …, on a pas le droit, enfin on pas le droit entre

guillemet en France, euh … c’est sur que c’est difficile d’expliquer à un papa ou à une

maman Africaine que taper sur son enfant c’est pas une méthode d’éducation qu’on pense

être justifiée, euh … ça c’est clair que ça joue, hein hein.

- Et l’affe… et l’affectif, le manque d’objectivité, ça joue peut-être un peu plus pour vous

parce que vous remplacez depuis euh … pas mal d’années quoi.

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- Ah bah oui, bah oui oui, non mais moi je suis très affective avec …, enfin j’ai un

relationnel très fort avec mes patients et je suis pas que …, je suis pas une vitrine, non

mais je sais des fois que ça me …, ça joue donc ça c’est clair, hein hein, ça c’est sur sur

sur.

- Et que pensez vous des facteurs économiques, enfin la perte de revenus, par le fait de

perdre du temps de peut-être voir moins de patients par la suite, pour vous ça joue un rôle

ou pas ?

- Euh … non, enfin je veux dire dans mon métier, je le fais …, faudrait pas que j’ai que ça

dans ma journée, c’est sur que si je voyais que cinq patients dans la journée pour euh …,

parce que je m’investissait beaucoup, je m’en sortirais pas à la fin du mois, là on a des …,

on a des journées assez pleines et dans ces cas là …, enfin moi c’est aussi …, c’est pour

ça que j’ai la médecine donc moi j’y passe du temps, ça c’est des choix perso, hein hein.

- Est-ce que vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- Silence. Pour améliorer le dépistage, des solutions, pas évident, pas évident. Silence.

- Vous pensez qu’un …, qu’un dépistage systématique fait en ambulatoire ou en PMI, ça

pourrait aider ou pas ?

- C’est quoi que vous appelez un dépistage systématique ?

- Bah oui c’est ça la question, c’est assez vaste quoi, donc euh … bah un dépistage, enfin à

un moment donné, à un âge donné, faire un examen ou faire un dépistage psychologique

ou autre, vous pensez, enfin …

- Oui, mais dans ces cas là, faudra que ce soit objectif sur toute la France, ou sur tout un

département n’importe quoi, faudra avoir des tests écrits, avec des …, des validations

scientifique à l’appui, avec des choses que tout médecin puissent faire de la même

manière, enfin c’est …, oui pourquoi pas, mais je pense que c’est euh … compliqué à

organiser. Les …, enfin les médecins de PMI, enfin je sais pas la population qui voit des

médecins en PMI non plus, enfin c’est …, je sais pas. C’est …, c’est pas que je suis

contre l’idée hein du tout hein mais je …, je pense que c’est difficile à organiser, après

euh … sur notre suivi, enfin il y a les visites …, il y a toutes les visites obligatoires, les

…, pour la première année je dirais on les voit quasiment tous les mois, plus la visite du

12ème

mois, du 9ème

mois, du 12ème

mois, du 24ème

mois, les rappels de vaccinations, donc

là ils sont obligés je dirais, la … la chance qu’on a c’est que ici on a beaucoup de …, de

visites dans les médecins de …, par les médecins d’école, dans les dans les …, et du coup

dès qu’il y a un vaccin qui manque pour les enfants qui seraient pas …, qui seraient pas

bien suivi, mais on les voit à ce moment là, donc intelligemment on a intérêt a le faire

pour les enfants qu’on voit pas, qu’on voit que l’école ré adresse pour un vaccin, moi je

les met tout nu, je les pèse, je les vaccine, enfin je les …, je regarde la peau, je regarde

tout, j’interroge l’enfant, j’essaie de dialoguer avec lui, donc c’est …, c’est fait de

manière euh subtile dans ces circonstances là, après si on demande aux parents, allez faire

votre euh …, votre truc de dépistage euh … de maltraitance à l’enfant, je pense que …

ceux qu’ils le sont ne viendront pas, enfin ... à mon avis, hein hein.

- Il est fait en pratique à priori quand même.

- Mmm.

- Et que pensez vous des campagnes d’informations ou de publicités euh vis à vis des

médecins ou vis à vis des parents, vous pensez que ça peut aider euh à améliorer le

dépistage ou pas ?

- Bah je pense comme on est …, comme il y a eu la publicité sur les enfants secoués, à un

moment donné c’était quand même pas mal passé sur panneau d’affichage, euh … je

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pense que le …, la maltraitance par carence affective, c’est des choses qu’on pourrait

mettre sous forme d’affichage aussi, parce que je pense qu’il y a des parents qui s’en

rendent même pas compte, dans la carence affective, clairement, euh … le fait de refaire

des campagnes comme quoi faut pas taper son enfant ou le gifler quand il …, quand il a

pas ranger sa …, sa chambre, je dis n’importe quoi, euh … je pense que ça ça peut se faire

par campagne d’affichage, euh … la malnutrition, je pense que ça peut se faire aussi par

campagne d’affichage, oui, sous cette voie là oui, moi je pense plus sous … sous message

comme ça, comme …, tout ce qui a été enfant secoué c’était pas mal fait, ça avait pas mal

euh …bougé des parents qui ne pensaient pas et qui finalement je pense ça a fait réfléchir

pas mal de parents de tous les milieux, je trouve que c’était pas mal ça.

- Est-ce que vous avez une définition de la maltraitance ou pas ?

- Maltraité son enfant, le traité mal, pas lui a donné toute les les …, les possibilités euh …

pour son épanouissement personnel, aussi bien au niveau psychologique que physique.

- Euh … est-ce que vous pensez qu’une définition standard de la maltraitance pourrait aider

euh … à améliorer le dépistage ou pas ?

- C’est quoi que vous appeler une définition standard ?

- Une définition que voilà que tout le monde connaîtrait, une définition …

- Ou une phrase type, ou quelque chose comme ça pour que ça tape moins ….

- Oui.

- Pourquoi pas hein, mais après il y a ça, il y a tous les petits supports qu’on peut avoir

dans les salles d’attente, enfin c’est …, c’est pas mal ça aussi, sous forme d’affichage,

sous forme de vieux posters, parce que je pense qu’il y a des gens qui se …, qui se rende

pas compte de certaine choses et euh … avec des petits dessins ils peuvent le comprendre,

comme il y avait toutes les choses où faut pas grimper sur le bord d’une fenêtre ou faut

faire euh …, toute ces choses là ça peut marcher, les images ça mar… ça marque

beaucoup, l’idée des … des gens en fait et puis ils peuvent des fois, ils arrivent et puis ils

disent j’ai vu ça, est-ce qu’on peut en parler et ça peut aider. Une définition, vocabulaire,

après c’est vrai que tout le monde ne parle pas très bien le français non plus et les

subtilités de vocabulaire sont peut-être pas accessible à tout le monde, alors que les

images, les photos, un bon dessin bien trouvé ou des bonnes situations avec des images

peuvent plus euh … à mon avis être percutante et pour les médecins et pour les enfants et

pour la famille et pour l’entourage aussi, parce que finalement maltraitance c’est aussi

l’entourage.

- Pour vous elle commence où la maltraitance, c’est pas évident comme question ?

- Silence. J’aurais tendance à dire un enfant qui est pas …, une visite des 2 ans, qui a pas

envie de …, de jouer avec tout, qui qui se re…, qui se …, où on sent qu’il est …, qu’il est

pas heureux, qu’il est pas joyeux, qu’il a pas bien grossi, même sans coup hein euh , qui

est pas épanoui dans ses baskets c’est …, des fois je me dis soit il a une carence quelque

part dans son environnement quoi. C’est euh …, ouais le début de la maltraitance, un

enfant qui est pas bien nourri, qui a pas …, qui a pas une nourriture affective importante,

qui a pas une nourriture euh …, un enfant qui est battu on en parle même pas, mais euh

…, ça paraît tellement évident, mais aussi bien alimentaire que carence affective, je dirais

que ça commence là moi.

- Vous connaissez à peu près les critères diagnostic et les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion de maltraitance ou pas ?

- Bah il y a tout ce qui est vitamine D dans les carences alimentaires, il y a les courbes taille

poids, après il y a les … les radios euh … pour rechercher un rachitisme, radio du thorax,

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euh … au pire, faire radio du crane, scanner crânien, hein hein, ou radio du squelette

entier.

- Vous connaissez quoi et euh …, et l’attitude à adopter en cas de suspicion de

maltraitance, vous la connaissez ?

- Ah bah si il y a vraiment une grosse suspicion dans l’urgence, c’est euh … normalement

c’est le signalement au procureur, si on veut être direct, ça c’est après, faut …, enfin le

mieux c’est qu’il passe par les urgences, mais encore faut il qu’il veuille bien aller d’ici

aux urgence, et au pire c’est appel …, appeler le SAMU pour avoir un transfert de force,

c’est compliqué, mais sinon c’est la régulation par le 15 pour avoir un appel au SAMU,

enfin si j’avais un gros cas de … maltraitance … avec un danger immédiat, hein hein.

- Oui.

- Vous avez déjà été en contact avec les services de protection de l’enfance, la cellule

départementale, tout ça, ou pas ?

- Avec les médecins de PMI, mais pour oui, pour … pour d’autres patients.

- Et donc vous connaissez la cellule départementale ? vous savez qu’il y en a une ou pas ?

- Vaguement, très très vaguement, si j’avais à la contacter, je serais pas trop par quel

moyen, je pense que je ferais sur Internet, hein hein.

- Et justement vous pensez que c’est difficile vous d’accéder aux …, aux différents

intervenants, bon vous me disiez que vous aviez un bon réseau ville hôpital, mais sinon en

général, vous pensez que c’est difficile.

- En général, c’est compliqué, alors les choses je trouve se mettent de plus en plus en place

par Internet, je dirais que c’est presque comme ça qu’on arrive le plus, on tape des mots

clé par Google, on arrive à retomber sur des …, sur des trucs et puis de fil en aiguille on

arrive à re…, à retrouver les bons correspondants comme ça, mais je trouve qu’il y a pas

vraiment de …, c’est pas forcément facile, et puis surtout en consultation, où même sans

… sans être très pressé sur une consultation, c’est vrai qu’on a pas envie de passer 15

minutes pour aller de là à là, là à là, mais non, mais j’ai le numéro de téléphone du

parquet de …, du parquet des mineurs et tout ça dans mon calepin, mais euh …, mais

c’est quand même pas très facile, hein hein, c’est quand même pas très facile.

- Euh … vous savez faire un signalement, est-ce que vous étiez amené à devoir en faire un,

vous sauriez le faire ?

- Je demanderais conseil, hein hein, je demanderais clairement conseil. Je je pense que j’ai

besoin d’eux mais euh … je sais pas les formulations, je connais pas les textes, non là je

suis pas …

- Bon faut savoir qu’il y a déjà un …, un formulaire tout fait sur le conseil de l’ordre là.

- Formulaire tout fait, oui c’est ce que je ferais, j’irais taper effectivement les formulaires

types mais bon.

- Elles viennent d’où vos connaissances sur le sujet en général sur la maltraitance ?

- De la fac, le peu à la fac, un petit peu à la fac mais c’est tout.

- Vous avez jamais eu de formation initiale ou continue.

- Pas sur ce thème là.

- Pas sur ce thème là.

- Non.

- Euh est-ce que votre formation à la fac vous l’avez trouvé suffisante pour vous aider à …

- Ah suffisante non, clairement non, euh … un … un début de connaissance, mais

suffisante non, clairement non.

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- Et vous aimeriez être formé comment, par quel type de biais, par les formations, les

revues de littérature, Internet ?

- Euh …, bah au niveau après on peut pas avoir 10000 formations tout le temps, parce que

ça nous demande déjà pas mal de temps, moi je vais …, je vois prescrire tous les mois, je

fais les tests de lecture et tout ça, donc j’ai été for…, des trucs mais là dessus ça a pas …,

c’est pas un sujet qui a été abordé récemment en tout cas mais c’est un sujet qu’il pourrait

aborder parce que ça rentre dans leur …, dans leur philosophie du truc, euh … les soirées

thématiques du soir si c’est vraiment indépendant, ça peut être intéressant quand c’est vu

par le département, une fois j’ai vu une nana du planning familial, bon par rapport à un

autre problème, par rapport à tout ce qui est pilule euh …, interruption et tout ça, mais

c’était bien, euh … parce qu’on avait justement les correspondants locaux, par Internet je

trouve que c’est pas mal, parce qu’on peut y avoir accès euh … n’importe quelle heure,

n’importe quand, n’importe comment, euh voilà.

- Euh … il y a un médecin de PMI qui avait proposé éventuellement pour améliorer le

dépistage, de faire des stages dans le cadre de la PMI ou dans le cadre des services de

l’ASE, vous en pensez quoi vous, vous pensez que ça pourrait être intéressant ou pas ?

- Oh bah pourquoi pas, après tout dépend de ce qu’on appelle stage et au niveau

chronophage qu’est-ce que ça donne, parce que eux c’est sur leur temps de travail nous

c’est sur notre temps de disponibilité, on n’est pas au cabinet pendant ce temps là, c’est

toujours pareil. Après moi j’ai …, j’ai fait des stages en …, de de PMI et tout ça quand

euh …, quand j’étais interne, donc je vois le fonctionnement de la PMI, je le connais bien,

euh … après oui, non avoir une sensibilisation oui, faire des stages euh … le problème

c’est que je suis pas sur que … nous on aille quand même, faut être très concentré et

généralement dans ce genre de …, de choses c’est …, on prend beaucoup de temps pour

beaucoup de choses et … et nous le temps on en a pas tant que ça quand même, donc euh

… le coup du stage euh …, mais euh une demi journée où on cible à la rigueur tous les

…, tous les cas pratique théorique et tout ça, où on dit …, qu’on fasse plein de cas

cliniques, des cas cliniques en disant là vous avez tel enfant, comment vous réagissez,

comment les choses quoi faire, ça oui sur une demi journée, sur une matinée, on fait euh

… 7 enfants, on vous présente un cas clinique, tac tac tac qu’est-ce que vous ferez, tac tac

tac qu’est-ce que vous ferez, un stage non, mais des cas cliniques oui, ça oui.

- Ok et euh que pensez vous de l’idée de …, de se réunir en groupes de médecins, en

groupe de pairs pour partager son expérience, est-ce que vous pensez que ça peut aider ça

aussi ?

- Oui, mais ça je pense qu’on le fait tous un petit peu de manière euh … sous officieuse,

hein hein, et oui bien sur, sur ce genre de cas on a besoin de parler avec d’autres

professionnels, en plus on peut pas porter cette responsabilité tout seul, enfin à moins

d’avoir les épaules très très fortes, mais euh …, et d’être très sur de soi, mais je pense que

sinon non.

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ENTRETIEN 12

- Alors je vais d’abord commencer par des petites généralités, je vais vous demander votre

âge.

- Ah ah indiscrète, bientôt 63.

- D’accord, vous exercez qu’en cabinet ou vous faites …

- Non je suis médecin coordinateur depuis 1 an dans une maison de retraite à mi temps.

- D’accord, et vous êtes installé ici (Poissy) depuis combien de temps.

- 78.

- Oui, ça fait longtemps.

- Ah merci, hein hein.

- Oui, enfin vous êtes pas installé récemment.

- Non, oui.

- Euh vous suivez des enfants au cabinet ou pas ?

- Oui.

- Et vous connaissez à peu près en moyenne votre pourcentage, beaucoup pas beaucoup ?

- Non, j’en fais un peu moins, mais euh …, je soigne de moins 9 à 108 ans, ma plus vielle

patiente a 108 ans et donc moins 9 c’est lorsque je fais un diagnostic de grossesse. En

gros les enfants, ça a bien baissé je pense, ça doit faire 5 à 10 …, 5 à 10%.

- Oui, pas plus.

- Parce que … enfant, je parle petit hein, je parle pas jusqu’à 15 ans.

- Oui d’accord, mais moi ça inclut oui, donc forcément c’est un petit peu plus après.

- Et vous recevez uniquement sur RDV ?

- Oui.

- D’accord. Vous vous intéressez un petit peu au dépistage, notamment les troubles des

acquisitions, trouble du langage.

- Silence. Je m’y intéresse pas, mais bon ça fait parti de …, quand je vois le gamin à partir

d’un certain âge qui s’exprime pas, je … je dresse l’oreille, mais je suis pas … hyper

spécialiste de …, du trouble du langage.

- Vous avez pas tous les outils pour …

- Non.

- Vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou a une maltraitance

avérée ?

- Oui.

- Oui.

- Non, suspicion.

- Suspicion, plusieurs fois ou une seule fois ?

- Une seule fois ça m’a fait tilt.

- Vous pouvez me raconter un petit peu.

- Alors c’est très marrant parce que, c’est une famille que je suivais et tous les enfants …,

alors la femme c’est Dubout, vous connaissez Dubout et le dessinateur Dubout ?

- Non.

- Les grosses femmes, les tout petits bonhommes.

- Oui.

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- Hein vous avez vu, donc c’était à peu près ça, c’est à dire que la dame un peu énorme, le

mec tout petit, et euh … tous les enfants euh … Normands, blonds, euh … un peu épais,

élevé à la craigne ?, et puis le dernier il sort malingre, un petit peu …, petit teint … teint

grisâtre, cheveux un peu noir, enfin pas bien euh …, alors que les autres avaient bien

grossi, ils étaient tous soigné hein, tous suivi, donc je l’ai fait hospitaliser à un moment

donné sous un prétexte x y z par le pédiatre, en disant je fais appel à vous, enfin je dis euh

… je t’adresse un truc, j’ai une suspicion, point d’interrogation hein, parce que l’enfant

tombait souvent, enfin il avait des bleus, enfin bon …, et et et (en rigolant), l’histoire c’est

qu’elle avait trompé son mari avec un petit pakistanais, donc le gamin il était du

pakistanais, d’où la petite taille, d’où les cheveux noirs, et d’où l’aspect un peu …, c’est

tout voilà, c’est le seul truc. Et un jour on discutait, on avait un topo d’EPU, parce que

j’étais président de l’EPU pendant 15 ans, topo d’EPU sur justement l’enfant battu …, et

je … j’étais étonné qu’il y avait une consœur qui avait le numéro de téléphone du

procureur de garde sur elle, elle dit mais moi j’en fais beaucoup des déclarations, je dis ah

ouais, d’accord …, jamais.

- Jamais fait.

- Jamais, alors jamais parce que peut-être que je les ai peut-être pas dépisté, peut-être parce

que j’ai pas eu de doute, peut-être parce que … Mais enfin bon, euh … si on se base sur

…, pour moi le truc c’est des coups, c’est des hématomes, c’est des fractures diverses et

variées, c’est peut-être une petite taille, un type malingre, moi j’ai pas eu ça.

- Et le petit enfant, vous l’avez vu sur des critères un petit peu inhabituel par rapport aux

autres de la fratrie.

- Exactement, par rapport aux autres de la fratrie, c’est c’est ça qui m’a fait tilt, alors après

j’ai compris, mais c’était euh … c’était vraiment euh …, et puis il était pas jaune hein, il

avait pas …, mais il changeait des enfants euh … blonds rouquins et … crémeux.

- Vous avez pas eu besoin de faire un signalement, vous avez directement hospitalisé.

- Ah non, je fais pas de signalement, non attendez là …, il y a une histoire de signalement

que j’ai entendu à la radio et que j’ai vu …

- Et vous avez rencontré des difficultés bah dans le dépistage, ou dans la prise en charge,

dans le diagnostic, dans la situation que vous avez rencontré ?

- Bah je …, dans la situation non, j’ai dis …, j’hospitalise point.

- Non voilà.

- Vous avez eu des doutes ou pas du tout ?

- J’avais un petit doute dans l’arrière mais c’était uniquement dans l’histoire hein euh …, je

dis pourquoi … pourquoi il est malingre, pourquoi ceci, pourquoi cela et par rapport à la

fratrie, voilà c’était tout hein.

- Et quel a été votre ressenti vis à vis de cette situation, vous vous êtes senti gêné le fait

d’abor…, enfin vous avez pas forcément aborder la …, la maltraitance ou la suspicion ?

- D’hospitaliser quelqu’un, ça me gêne toujours, donc si je dois l’hospitaliser j’aime pas,

j’aime pas hospitaliser quelqu’un euh …, j’aime pas l’hospitalisation quand j’ai un doute,

quand je sais qu’il doit être hospitalisé, il y a pas de doute, on fait, on l’hospitalise, je suis

assez directif, clac clac, mais hospitaliser pour un doute que j’ai, est-ce que je fais mal

mon boulot, est-ce que je … suis passé à coté, voilà c’est ça, j’aime pas hospitaliser pour

rien. J’ai l’habitude d’être le vieux, un vieux médecin, un …, un dinosaure comme je dis,

euh quand j’envoie à l’hôpital, souvent tout est fait, il y a que après que j’ai le hiatus qui

fait que euh …, donc là …, c’est il y a 20 ans hein, le …, je lui dis …, j’ai dis à la mère,

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je dis votre gamin est malingre, euh … il pousse pas aussi bien que les autres, on … fait

un bilan point.

- Oui d’accord et euh … et vous l’avez revu par la suite cet enfant ou pas et la famille

aussi ?

- Oui, oui.

- D’accord, parce qu’ils ont …, ils ont su par l’hôpital ou pas que vous aviez suspecté …

- Je sais pas.

- Non, vous savez pas.

- Je sais pas.

- Vous avez pas dis à la famille que vous suspectiez une maltraitance, vous avez mis euh …

- Non.

- Ouais, d’accord.

- J’avais d’ailleurs téléphoné au …, je fais de l’expertise médicale, alors donc les dires, euh

… euh j’ai téléphoné de visu hein, j’ai pas écris sur le papier euh … nin nin nin, je leur ai

mis euh … regarde mieux, je suspecte point.

- Et vous avez eu un retour après de l’hôpital.

- Ils m’ont téléphoné, hein hein hein.

- Oui voilà, c’est comme ça que vous avez su à priori …

- A l’époque on se communiquait beaucoup, on se connaissait, à l’époque, on se connaissait

parce qu’on avait fait un …, sur Poissy il y avait un …, on avait fait un EPU et on partait

à l’étranger 3 mois 3 jours et on faisaient des topos, c’est à dire qu’on avait …, et il y

avait les spécialistes, on faisait un truc sur une spécialité, mettons pédiatrie, il y avait les

pédiatres de l’hôpital, pédiatres de ville, médecins généralistes, donc ça permettait de se

connaître, les relations sur Poissy étaient assez faciles pour ça.

- Pour vous c’est quel type de maltraitance qui est le plus difficile à repérer ?

- La psychologique. Silence.

- Pourquoi ?

- Parce que il y a pas de signes, enfin pour moi il y a pas de signes, il y a pas de signes

cliniques, c’est pas en 10 minutes hein, euh …, quand je fais une expertise, quand je fais

justement un certificat, vous savez aptitude physique, ne présente pas de contre indication

physique à un emploi de, mais je met pas psychique, en 15 minutes je peux pas et je suis

pas formé pour et je suis loin d’être de ça.

- Il y a des occasions ou des circonstances dans lesquelles vous seriez plus amené à

suspecter ou a rechercher une maltraitance, par exemple le niveau socioculturel,

socioéconomique ou autre ?

- Silence. Malnutrition, petit poids, petit poids, ouais c’est ça qui m’a fait tilt, petit poids, en

dehors des bleus, des fractures, du gamin qui est vivant mais qui a plein de fractures à

droite à gauche, euh ..., euh petit poids, petit poids. Je fais plus de visites, ce qui est un

peu gênant, j’aimais bien faire les visites, mais je fais plus de visites, parce que là ça

devient difficile, mais c’était pas mal parce qu’on rentrait chez les gens et on voyait un

peu comment ils vivaient et … c’est pas forcément celle qui …, ceux qui sont le plus bas

socioéconomique, qui s’occupent pas mieux des enfants, donc c’est un critère qui est …

d’orientation mais qui n’est peut-être pas discriminatoire.

- Et est-ce que pour vous l’enfant ou le parent peut dévelo…, ouais vous pensez qu’il peut

dé…, qu’ils peuvent développer des freins qui feraient en sorte bah que vous seriez à

moins amené à dépister une maltraitance ?

- Reposez la question.

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- Est-ce que vous pen…

- Le téléphone a sonné.

- Excusez-moi. Reposez la question.

- Est-ce que vous pensez que l’enfant ou le parent peut développer des freins qui ferait en

sorte que vous seriez à moins amener à dépister une maltraitance ?

- Ah bah je pense que oui, je pourrais pas vous citer mais je pense que le type euh …, le

type qui fracasse son gamin euh …, il va pas le dire et il va pas … s’exprimer, et l’enfant

je pense qu’il peut aussi très bien ne pas le dire, si son père est là il va se prendre une

nouvelle rouste, après, je pense que oui, je pense que c’est … euh …, je pense que c’est

… normal entre guillemet, non ? Alors le gamin, peut-être qu’il y a des appels, mais je le

…, je suis pas …

- Et est-ce que vous vous ressentez des obstacles au dépistage ?

- Bah déjà la formation peut-être, peut-être la formation, après peut-être euh … une

overbooking, une consultation un peu chargée, un travail un petit peu rapide. Vous avez

fait des stages de médecine générale ?

- Oui.

- Oui.

- Là je fais des remplacements, là actuellement.

- D’accord, j’ai un petit stagiaire qui vient de débarquer, enfin petit, 5ème

année, euh …

étonné au début de voir la réalité surtout de la rapidité qu’on doit faire.

- Pour vous le manque de temps c’est un frein majeur ?

- Et la formation.

- Et le manque d’implication de la part du médecin ?

- Silence. Qu’est-ce que vous appelez manque d’implication ?

- Bah le fait de pas forcément s’impliquer dans …, dans le fait de rechercher justement …

- Silence. Quand je rentre ici, je suis quasiment tout ouïe sauf lorsqu’il y a un coup de

téléphone qui appelle, c’est ça le problème, mais je peux répéter ce qu’un patient a dit euh

…, ce qu’il m’a dit, alors après bon qu’est-ce qu’on intègre, ça c’est une autre question,

mais en gros euh …, non je suis pas d’accord, en tant que médecin praticien euh …, hein

hein.

- Et le manque de certitude ?

- Ah le manque de certitude, bah pff je pense que si c’était vraiment certain certain, le type

viendrait pas voir le médecin généraliste, il aurait déjà été hospitalisé par les voisin, par

les trucs et par tout, non ?

- Oui, non mais si vous vous êtes pas sur du diagnostic ou …, si vous avez juste une

suspicion, vous pensez que ça peut être un un frein au fait de …, bah de pas aller plus

loin ?

- Bah si on y a pensé, c’est comme une grossesse extra-utérine, si on y a pensé, faut agir

derrière, non, donc dans ce cas là il faut essayer d’hospitaliser avec un … motif x y z, pas

en disant vous tapez vos enfants et tout euh …

- Et la peur de l’erreur ou la peur de la plainte, ça peut jouer ou pas pour vous ?

- Oh j’y pense pas à ça, la peur de l’erreur oui, c’est ce que je vous dis, je doute

d’hospitaliser, j’en reviens à ça, la plainte j’y pense pas, parce que si maintenant j’y pense

…, j’ai de la veine d’être dans un service où on est, enfin du moins certain temps, ça va

arriver de plus en plus, mais pour l’instant euh … non.

- Et vous connaissez quelques notion du code pénal quant à la non assistance à personne en

danger ou …, ou justement quand vous pouvez dévoiler le secret médical ?

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- Je sais le seul truc, c’est en cas de plainte, il y a pas de problème de non assistance, de

dénonciation, c’est un des rares.

- Donc vous savez que vous pouvez dévoiler le secret médical. Et le risque de …, bah en

cas de suspicion des conséquences négatives sur l’enfant, sur l’entourage, sur la famille.

- En cas de suspicion les conséquences négatives, c’est à dire que euh on a un suspect on

fait rien et donc on laisse un gamin tapé ou … truc, euh … bah je peux vous dire que je

me suis pas retrouvé dans ce cas là, enfin je pense que je me suis pas retrouvé donc je

peux pas vous répondre, mais je pense que si on (hein hein) …, mais bon on sait pas.

Alors vous voulez dire qu’il faut faire plus de diagnostic faux positif ou positif faux euh

…, que de laisser passer un vrai positif, c’est ça.

- Non c’est pas ça.

- C’est à peu près ça votre question.

- C’est juste voilà il y a des médecins qui …, enfin qui voilà qui pensent que faire une

suspicion de maltraitance …, d’évoquer la maltraitance ça met un peu le bazar dans la

famille, donc forcément et puis aurait tendance à moins le faire, voilà.

- Ah bah ça …, ça fait le bazar et on … on perd le patient, on perd le patient, c’est un

risque, c’est un risque.

- Et que pensez vous du rôle du vécu du médecin, de ses expériences, de ses croyances, de

ses représentations, vous pensez que ça peut jouer dans …, dans le fait de moins ou de

plus dépister la maltraitance ?

- Bah je pense que quelqu’un qui a du être victime de maltraitance, va reconnaître plus une

maltraitance qu’autre chose. Les croyances …, c’est pas de la médecine pour moi.

- Et l’affectif, le relationnel, le fait de ne pas forcément être très objectif, quant on connaît

une patien…, enfin une patientele ou une famille depuis très très longtemps, vous pensez

que ça peut freiner certains médecins ou pas ?

- Oui, oui ça doit freiner.

- Le fait d’être un peu moins objectif.

- Même si on connaît bien les gens des fois on est un peu …, moi je dis toujours être le

médecin de quelqu’un qu’on connaît bien ou d’un copain, c’est toujours un peu difficile,

mais ça peut être un peu plus sérieux, parce que des fois on connaît bien … et on perd …

des choses, je parle pas de …, dans les … dans les enfants, mais quand on connaît bien, ça

peut peut-être aider aussi, c’est très variable.

- Et le fait de …, de risquer de ne plus revoir l’enfant ou de perdre la famille, de perdre la

relation de confiance si vous êtes amené à évoquer une maltraitance est-ce que ça peut

être un frein pour vous ?

- Oui, ça peut être un frein, automatiquement, quand vous dites merde à quelqu’un, vous

perdez 10 personnes derrière, hein comme je disais toujours, c’est une phrase que je

disais, donc là vous avez suspecté, vous avez fait une erreur de diagnostic. Vous savez

qu’actuellement dans les …, dans les plaintes pour les mé…, contre les médecins

généralistes il y a quelques années, la plainte c’était la chute de la table d’examen, c’est

pour ça que je raccompagne toutes petites ?, là maintenant les plaintes c’est retard de

diagnostic ou faute de retard d’envoyer à un spécialiste, puisque que maintenant on est

des médecins agréés, ou médecin je veux dire assermenté par … ou désigné, c’est ça,

donc je pense qu’il y a une erreur, les gens iront pas voir votre médecin, sauf si vous aviez

déjà un petit peu le contact.

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- Et …, et les facteurs économiques par le …, enfin la perte de revenus par la perte

secondaire de temps, le fait de prendre du temps avec des patients, est-ce que vous pensez

que ça peut jouer ou pas ?

- Silence. Certains médecins oui, d’autre non hein, c’est …, ça dépend, ça dépend si il est

…, attendez euh, euh … ça dépend si il a des charges, si il a pas de charges, si il a des

trucs, si il a des familles, si il a des enfants en études, si il a des trucs, il y a beaucoup de

choses, à un moment donné faut quand même …, on est un métier hein on …, euh on s’est

fait avoir, moi je dis qu’on s’est fait avoir avec notre mais c’est un bénévolat docteur,

c’est un bénévolat, non c’est pas un bénévolat, c’est un métier, il faut gagner sa vie et il

faut gagner sa vie euh …, si on veut gagner sa vie en restant des heures, on gagne sa vie

parce qu’on fait 70 heures, on fait 70 heures par …, par semaine, si on fait les 35 heures,

vous gagner pas votre vie en tant que toubib, on nous paie 23 euros donc euh … à un

moment donné faut penser à ça quand même.

- Vous auriez des solutions vous a proposer pour améliorer le …, le dépistage ou pas ?

- Formation déjà hein, j’en reviens à ce que je disais, formation, formation et puis voilà.

Formation mais comme maintenant après vous allez maintenant devenir salarié dans une

maison …, dans un, dans une …, dans une maison médicalisée x y z vous aurez un peu

plus le temps.

- Et que pensez-vous …

- Ca va peut-être laisser …

- Oui oui allez y.

- C’est ça moi la solution, avec le temps on a de moins en moins de généraliste, c’est quand

même un beau métier mais … comme disait …, j’avais une de vos consœur médecine

général oui, médecine libérale non.

- Et que pensez vous de l’intérêt d’un dépistage systématique fait à un moment donné, à un

age donné, en ambulatoire ou dans le cadre de la PMI, vous pensez que ça peut avoir un

intérêt ?

- Dans le cadre de la quoi ?

- De la PMI.

- C’est quoi ce truc là.

- La protection mater…

- Oui oui, non je sais, non non, je sais ce que sais que la PMI, c’est quoi la PMI, ça devrait

pas exister, ça devrait exister dans certains trucs …, non non moi je suis désolé, je suis …

je suis libéral, c’est un concurrent la PMI, par contre maintenant actuellement alors la

PMI, ils sont content de nous voir, parce que ils sont débordés et ils nous envoient les …,

les vaccins maintenant, non non la PMI, ça a du exister …, ne me parlez pas de PMI.

- Ok d’accord pas de soucis, et le fait d’avoir un …, bah justement un réseau de

correspondants, vous m’en parliez tout à l’heure, c’est …, vous pensez que c’est

important.

- Ah bah oui, dans ma maison de retraite, ils m’ont pris parce que j’ai un carnet d’adresse,

là dans le portable, avec les numéros personnels de médecins, c’est vrai qu’on passe

beaucoup plus de temps au téléphone pour avoir un rdv pour nos patients maintenant,

donc un réseau d’adresse oui, euh … c’est notre rôle, médecin généraliste c’est un

dispacheur, euh … après euh … bon, la formation mais la formation qui c’est qui va la

donner, parce que la formation il y en a de moins en moins, il y a de moins en moins de

gens qui se forment, bah qui se forment dans les réunions où on faisait le soir, il y en a de

moins en moins, les laboratoires qui casquaient mais qui faisaient des formations assez

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fantastiques se retirent de plus en plus, l’é… l’écrit des formations, ils ont … ils ont

disparu et c’est toujours pas formé ? et … alors bon je sais qu’il y a des journées

formations, mais enfin bon euh …, ceux qui y vont n’ont pas de clientèle, moi je dis

toujours, parce qu’il faut avoir le temps de s’arrêter, faut avoir le temps de s’arrêter, faut

avoir le temps de prendre son temps et … ça je sais pas.

- Vous avez déjà eu une formation vous sur le sujet ou pas dans votre expérience ?

- J’ai eu un EPU il y a … 5-6-7 ans, 8-10 ans.

- Ouais, et depuis rien. Ok, et donc c’est …, vos connaissances elles viennent

d’où essentiellement, elles viennent de euh …, de ses formations ?

- De mon vieux …, de mon vieux temps.

- Oui.

- Formation et puis voilà, de temps en temps les articles de lecture.

- Et justement vous aimeriez être formé comment sur ce sujet ?

- Plus maintenant, plus maintenant, plus maintenant.

- Une formation continue …

- Ca a été, j’ai donné, 15 … 15 ans de président de l’EPU hein, 15 ans, j’ai organisé euh …

10 mois par an, une réunion avec les médecins, les machins et tout, j’ai donné, j’ai donné.

J’ai arrêté parce que un de mes fils est tombé malade, euh … les remplaçants font 3 ans

chacun et après il y en a plus, ils voulaient que je reprenne, j’ai dit non, le retour non, hein

hein, non non, c’est …, je pense qu’il faut … voir … Le le coût des journées de

formations c’est pas mal, il faut pouvoir y aller, bon c’est formé c’est payé, c’est déjà pas

mal, mais il faut y aller.

- Et la formation que vous avez eu il y a 5-6 ans, elle vous a aidé un petit peu à améliorer le

dépistage ou pas, a faire un peu plus attention.

- Elle était folle celle qui nous l’a fait, il y avait une formation, il y avait une pédiatre, il y

avait un commissaire de police, il y avait un … un juge et c’était hein hein épique.

- Pour en revenir aux solutions pour améliorer le dépistage, que pensez-vous des

campagnes d’informations, des campagnes de publicité, vous pensez que ça peut aider ?

- C’est intéressant.

- Pour les …, la famille, les parents ou les médecins.

- Bah les médecins euh … les médecins oui peut-être aussi, mais chez les patients, chez les

pa… les parents aussi, même si c’est à la télé ça passe entre deux feuilletons, bah ça peut

toujours attirer du monde et puis … peut-être pas la lecture dans les journaux parce qu’ils

savent plus lire, il y a rien d’autre a dire, et pas à 8 heure du soir devant la truc, il faut

faire varier et peut-être faire ça pendant les émissions du petit enfant, parce que au moins

si un enfant peut-être qu’il …, il fera peut-être tilt.

- Euh est-ce que vous avez une définition de la maltraitance ? pour vous c’est quoi la

maltraitance ?

- Oh la, bonne question, physique, psychique, euh ... pff, silence, maltraitance et mauvais

traitement, ça veut dire tout et rien, c’est tout maltraitance et euh … euh … traité un

enfant, maltraitance … traité quelqu’un pas de la bonne façon, c’est tout.

- Et pour vous elle commence où la maltraitance, c’est pas évident comme question mais

… ?

- Silence, injure, le rabaissement de l’autre, commencer à taper, c’est ça ?

- Ça peut commencer très tôt quoi.

- Ouais.

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- Et vous pensez vous qu’une définition standard de la maltraitance pourrait aider à

améliorer le dépistage ou pas ?

- Une définition standard oui, c’est pour ça qu’il faut parler euh …, faut parler euh petit

nègre je dirais en ce moment, parce que les gens …, il y a des fois quand je lis des topos

…, là ce matin je lisais un sur les soins palliatifs, euh à mon avis j’ai du relire trois fois la

phrase, je pense que je suis quand même un peu …, euh je pense qu’il faut être très simple

dans les définitions, très simple, donc si vous repartez sur vos pubs, enfin vos pubs, vos

- Les campagnes, tout ça.

- Les campagnes, euh … faut vraiment être très très simple, la pub sur l’alcool dans les

accidents de voiture ça marque, c’est très simple, il y a pas de complication hein, ça

marque, la pub sur les paquets de cigarette c’est débile, mais je fume donc euh, mais euh

… c’est quand même un peu débile mais la pub des accidents, je trouve qu’il faut être très

simple dans ce cas là et que ça soit de l’enfant qu’on tape, les enfants aussi qu’on injurie,

qu’on rabaisse de partout et tout.

- Vous connaissez à peu près les critères diagnostic ou les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion de maltraitance ou pas ?

- C’est pas moi qui va le faire, si j’ai un doute je vais hospitaliser.

- Ouais voilà.

- En dehors de ça, bon j’ai les fractures, j’ai la … la malnutrition, la petite taille, non c’est

ça ?, le petit poids, euh l’enfant un peu craintif en présence du monsieur ou de la dame,

euh c’est a peu près ça.

- Oui oui , il y a pas mal de chose, c’est très très vaste.

- Mais moi j’avais un de mes gamins, il … il était couvert de bleus, parce qu’il se tapait

entre ici, puis entre l’escalier de la cave plusieurs fois par semaine, et c’était pas hein hein

de la maltraitance, vous voyez, non je pense que c’est ça. Psychologique il faut avoir le

temps de …

- Justement vous pensez que le fait de ne pas avoir justement de signes spécifiques ou de

pas avoir d’outil validé au dépistage, ça peut … ça peut être un frein ou pas ?

- Bah oui.

- Ouais.

- Ouais, mais enfin les grilles, on revient tout sur les grilles, maintenant, ça fatigue un peu.

Maintenant pour pouvoir faire de la médecine, il va falloir dire stop, je vais faire des

grilles, faudrait qu’ils arrivent déjà avec le diagnostic, on fait pas un médecin …, on fait

pas un médecin pour … 8 ans ou 10 ans euh … avec des grilles. Il y a le sens clinique et

l’observation et l’interrogatoire et l’observation surtout, je dis toujours en plaisantant dans

6 cas sur 10, je pourrais même pas bouger de mon bureau pour examiner quelqu’un, pour

faire le diagnostic, mais il faut l’examiner, et puis il faut lui prendre la tension surtout,

hein hein. Et puis ?

- Euh oui, et les organismes … enfin ou l’attitude à adopter …, donc vous dès que vous

avez une suspicion ou si vous avez un doute vous envoyez à l’hôpital, mais est-ce que

vous savez quel organisme autre que l’hôpital contacter en cas de suspicion ?

- La …, le … je l’ai dit tout à l’heure, le procureur de garde.

- Oui.

- Mais je le ferais pas, et c’est tout ce que je connais.

- Vous connaissez pas la cellule départementale qui est présidé par le conseil général, tout

ça vous connaissez pas ?

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- Non.

- D’accord, et vous pensez vous que c’est difficile d’accéder justement à ces différents

intervenants pour avoir de l’aide, pour avoir une réponse à une … ?

- Je peux pas vous dire, je l’ai jamais fait. Mais euh … ayant eu l’habitude de travailler

avec la …, la truc c’est toujours très compliqué, ils sont là à partir de 17 heures ?, non,

voilà ma réponse. Ils sont là avant 9 heures ?

- Vous avez jamais fait un signalement, mais est-ce que si vous deviez en faire un vous

sauriez le faire ou pas ?

- Non.

- Non, vous savez qu’il existe des …, des modèles types sur le conseil de l’ordre, tout ça,

non ?

- Non.

- Et vous avez jamais été en contact avec les services de protection de l’enfance, la

DDASS, tout ça, non jamais ?

- Si j’examine des gens qui vont rentre chez eux mais c’est tout.

- Euh …, oui on parlait juste de la formation tout à l’heure, mais euh vous pensez vous que

le fait de …, de se réunir en groupe de médecins bah comme vous disiez avant que ça se

faisait un peu plus souvent, pour avoir un réseau de correspondant, mais pour partager son

expérience aussi, ça peut être intéressant.

- Vous avez tenté, vous avez essayé de le faire ?

- De quoi ?

- Vous avez essayé de les réunir.

- Mmm.

- D’accord.

- Mmm c’est sur c’est le manque de temps aussi.

- Pas manque de temps, c’est une autre mentalité, c’est une autre mentalité, nos réunions,

c’était on apprenait et on se relayait, on se relayait, il y avait communication et contact, là

il y a plus de contact, donc …, il y en a quelques un mais bon attendez euh…, pour

trouver des fois des médecins qui acceptent de venir à 8h30 ou à 20 heures, le truc c’est

…, et sur n’importe quel sujet et n’importe quel conférencier, mais bon il faut y aller hein.

- D’accord, bon j’avais une autre question c’était sur la PMI, mais je … je vais éviter de

vous poser la question alors.

- Bah c’est un de mes concurrent la PMI hein, c’est un de mes concurrent, c’est un de mes

concurrent et puis c’est …, bah je les connais les médecins parce que …, je suis médecin

agréé hein donc euh … ils sont tous venu ici, donc euh … Il y a des gens qui viennent pas

me voir, je suis deuxième secteur, donc c’est …, mais bon c’est un concurrent. Alors

maintenant je m’en fiche un peu, mais il y a 20 ans je m’en fichais pas. PMI euh …,

quand vous voyez les gens …, vous savez comme je dis toujours un pédiatre …, c’est

fini ?

- Coupure magnéto, mais il a parlé du fait que les pédiatres ne voyaient les enfants que pour

le suivi et que quand ils avaient besoin d’un RDV en urgence c’était au médecin

généraliste de le caser entre deux RDV.

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ENTRETIEN 13

- Je vais d’abord commencer par des petites généralités, je vais vous demander votre âge.

- 43.

- Alors vous exercez uniquement au cabinet ou vous avez d’autres activités ?

- Uniquement au cabinet.

- D’accord, et vous êtes installé ici depuis combien de temps ?

- Depuis euh … 19…99.

- Et … vous vous êtes installé rapidement après vo…, votre thèse ?

- Euh … bah si j’ai passé la thèse en 97.

- Ouais d’accord, donc vous vous êtes installé assez rapidement.

- Donc je sais pas si …, mouais, si c’est rapide ou pas, mais euh … j’ai passé la thèse en 97

et en 99 je me suis installée.

- Euh … vous suivez des enfants au cabinet ou pas ?

- Oui.

- Oui. Vous connaissez en moyenne à peu près votre pourcentage ou pas du tout ?

- Oh pff j’ai pas d’idée, mais ici à Chambourcy il y a pas de pédiatre hein donc euh …, hein

donc euh … j’allais dire quand c’est le premier enfant ils vont souvent chez le pédiatre

puis après ils y vont plus hein, donc euh … pff je dirais …, je sais pas.

- Mais pas mal quand même.

- Ouais pas mal.

- Et vous recevez uniquement sur RDV ou sans RDV ?

- Ouais uniquement sur RDV.

- D’accord, vous vous intéressez au dépistage en général, notamment les troubles des

acquisitions, trouble du langage.

- Oui, Mmm.

- Oui. Vous savez le faire, vous êtes formé … suffisamment formé pour, vous avez les

tests ?

- Alors j’ai pas les tests euh …, l’ERTL machin là, euh parce que …, bah parce que je l’ai

pas, personne ne me l’a donné, j’allais dire en pratique, euh … mmm … alors moi je sais

pas si vous avez vu hein, il y a deux orthophonistes qui sont là euh … voilà, donc on a pas

mal de … contacts et du coup bah je suis assez euh … euh …, bah disons que je surveille

euh … plus … voilà, puis quand j’ai une petite question, je vais voir l’orthophoniste pour

lui poser ma petite question, quoi.

- Ouais d’accord, vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une

maltraitance avérée dans votre expérience depuis que vous êtes ici ?

- Alors euh … suspicion de maltraitance … ouais, mouais, je … je pense.

- Plusieurs fois ?

- Ouais 2-3 …, 2-3 fois, mais après euh … qu’il y ai eu euh … quelque chose de juridique

derrière jamais.

- Et une maltraitance avérée ?

- Bah qu’est ce que vous appelez avérée ?

- Bah confirmée en fait.

- Confirmée, mais c’est …, ouais mais c’est pas moi qui l’est …, que je l’ai su après coup

ou …

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- Ou même que vous avez euh …, que vous avez vu en consultation.

- Non, ça jamais. J’ai pas eu constaté, et qu’on m’ai dit oui euh voilà, ouais ouais ouais

ouais.

- Et les suspicions de maltraitance, c’était quoi comme type de suspicion, vous vous

souvenez ou pas ?

- Alors oui, je me souviens euh … mmm ..., bah j’en ai là actuellement, mais c’est …, c’est

toujours pareil, c’est pas clair, c’est euh …, les grands parents qui téléphonent pour dire

c’est bizarre, je me demande si le père tape pas ses enfants ou des trucs comme ça, ou

tape pas sa femme ou des trucs …, des des choses comme ça. Et il y a une fois où ça m’a

semblé un peu plus grave entre guillemet, euh … parce que l’enfant avait vraiment des

marques sur le corps et je les ai jamais revus.

- Ouais, c’est un enfant que vous suiviez au cabinet l’enfant qui avait des marques ?

- Pas du tout, c’est la première fois que je le voyais et … c’est la dernière fois que je l’ai

vu. Et en fait …

- Et pourquoi, parce que vous avez évoqué la suspicion ?

- Oui, ouais. Alors du coup je me …, ça m’a fait encore plus, enfin … déjà j’étais

remplaçante ici dans le cabinet avant de m’installer et je me suis dit bhein … c’est louche

quoi.

- Et qu’est-ce que vous avez fait donc ?

- Bah rien, j’ai rien fait, j’ai dit bon, comme c’était qu’une suspicion, je …, enfin vous

voyez c’est difficile hein de dire … je vous rappelle parce que …., puis dénoncez quoi

après coup, enfin je sais pas trop, enfin voilà. En plus à l’époque c’était même pas le truc

informatique, donc je sais même pas si j’avais le …, l’adresse, le nom, enfin vous voyez,

j’avais euh … le nom de l’enfant, il venait pour une rhino et puis j’ai trouvé qu’il avait

des trucs bizarres et ..., et ça a pas plu à la mère, c’est ça qui m’a semblé un peu bizarre,

enfin c’est … il y a eu …, voilà il y a eu des choses, ça m’a semblé bizarre, donc je m’en

souviens encore, mais je le reconnaîtrais pas, je sais plus qui c’est etc..

- Vous l’avez vu qu’une fois quoi.

- Ouais je l’ai vu qu’une fois.

- Et l’autre euh …, les grands parents que …

- Ouais, ouais, ouais ouais.

- C’est un enfant que vous suiviez aussi au cabinet ?

- Oui.

- Et vous avez jamais remarqué de …, de traces ou quoi que ce soit.

- Non, non. Non mais ils ont des troubles psy, ils sont suivis par le psy euh euh les enfants,

les parents, enfin c’est une famille un peu particulière, donc euh … voilà quoi.

- Et vous avez jamais évoqué justement la suspicion de maltraitance ou autre sur les dires

du …, des grands parents.

- Non la grand mère m’a fait juré de le dire, de pas le dire, maintenant elle est morte la

pauvre, euh ..., j’en parle à la mère, bon euh …, elle me dit qu’elle arrive à gérer, voilà, et

elle …, ils sont suivi par le psy, après bon … voilà, j’ai pas fait de dénonciation.

- Vous en parlez en cas de problème éventuellement c’est ça, ou vous évoquez pas

forcément.

- Euh … non parce que …, ses enfants ils sont insupportables, il y en a un qui est

hyperactif, l’autre qui est …, enfin ils sont …, hein hein, c’est à dire que j’imagine bien la

situation qui dégénère à la maison, et donc du coup, bah je dis oh dit donc à la maison doit

pas être …, enfin … puis peut engendrer euh … des fois, vous en avez pas ras le bol, euh

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… les coups partent pas, enfin parce que vraiment euh … la si…, la situation s’y prête

quoi, donc euh … donc c’est facile à évoquer mais euh … je me dis euh … non je sais pas

comment faire, enfin elle a pas demandé d’aide du tout, bon bah après …, voilà c’est

difficile euh … à dire euh …, et puis moi je demande aux enfants, ça se passe bien à la

maison hein, tant qu’ils me disent pas non, euh … non voilà, enfin c’est difficile aussi de

… de …, voilà.

- Et la réaction de la maman quand vous …, quand vous parlez de ce sujet ou quand vous

parlez de suspicion ?

- Alors la maman elle est euh …, je pense qu’elle met des claques à ses enfants quoi, elle

est …, elle est un peu voilà, de là à maltraitance pff, elle dit non, elle dit qu’elle arrive à

gérer, que maintenant elle est contente parce que le psy suit tout le monde, voilà.

- Et malgré tout ça, vous la revoyez régulièrement, de même que ses enfants.

- Ah oui oui oui, oui oui …, ouais ouais.

- Il y a aucun souci.

- Il y a aucun souci et on … garde contact.

- Et euh … oui, enfin vous vous avez jamais eu de signes cliniques qui vous a fait tilt, pour

le …, pour la deuxième situation, vous avez jamais eu à évoquer la suspicion de

maltraitance ou autre, en dehors des dires des grands parents ? vous avez jamais eu de

signes qui vous on fait euh …

- Euh … des signes euh ….

- Clinique ou …, ou psychologique.

- Alors moi c’est vrai, je suis un peu euh …, j’allais dire euh …, stressée, angoissée, euh …

etc., dès qu’ils ont mal au ventre de façon répétitive, dès que … ils viennent 3 fois en

consultation pour rien, tout ça je …, ça me … voilà, mais euh … c’est … c’est …, je pose

les questions hein, mais je me dit mais ça se passe bien à la maison, tu es sur qu’il y a pas

de soucis, est-ce que tu voudrais me le dire, est-ce que tu voudrais le dessiner, machin, ça

m’a jamais …, j’ai jamais eu de … de retour, alors je me dit est-ce que c’est moi qui

suspecte dès qu’ils ont mal au ventre 3 fois, que ça va …, il y a un tru…, il y a un

problème, ou que c’est sa façon a lui de dire ou pas, hein, parce que j’ai eu le cas moi

d’une maltraitance à l’école et on l’a su que l’année d’après alors que j’ai posé la question

directement, qui est-ce qui t’embête à l’école, euh …, personne, euh … est-ce que ça fait

…, enfin personne, rien, et quand l’année d’après l’enfant il a changé de classe, changé

d’école et que hein et que ça allait mieux, et bhein on a su ce qui s’était passé l’année

d’avant. Rien, on a posé la question directe, hein euh …, il suffisait de dire oui quoi, il y

avait pas besoin de … de … de … développer etc., et bah rien du tout, je sais pas ça c’est

…, je sais pas comment on peut faire parler un enfant, enfin sincèrement là euh …, et

quand il parle je pense que c’est parce que il est tout petit, peut-être, et du coup ça sort

comme ça, mais sinon euh … pff c’est chaud hein, donc peut-être que je suis passé à coté

de beaucoup de choses, mais c’est …, je sais pas comment on fait pour euh …, voilà.

- Et vous avez pas pensé à faire appel à d’autre intervenant pour avoir de l’aide, enfin je

sais pas des pédiatres ou des psychologues, enfin …

- Alors psychologue, c’est toujours très difficile, parce que déjà ça veut dire que … voilà il

y a un truc qui va pas, vous voyez, et puis euh …, pédiatre ça … ça veut dire euh oui

appel au spécialiste, alors des fois ça m’est arrivé de dire, je comprend pas ce que vous

avez, on va …, par exemple, les douleurs abdo et puis on va euh …, hop il va chez le

pédiatre et puis on enrobe un peu l’affaire, euh … mais ça m’a jamais euh amené grand

chose, non. Moi je pense qu’ils disent peut-être pas plus à une autre personne, je sais pas.

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C’est vrai que des fois une personne qu’on connaît pas, c’est peut-être plus facile, qui a

…, qu’on a jamais vu, qui suit pas les parents, enfin voilà, c’est vrai que moi c’est c’est

…, ici euh souvent si je suis l’enfant je suis les parents, des fois je suis même les grand

parents, les arrières grands parents, donc euh … si j’en dit a un euh, toute la famille est au

courant du truc quoi, enfin … bon, ça c’est vrai que ça peut bloquer, donc je sais pas.

- Vous avez jamais eu besoin de faire un signalement vous personnellement ?

- Alors moi j’ai déjà fait un signalement, euh … pour une histoire abracadabrante de … euh

…, donc à mon avis on saura jamais, euh … d’attouchement. Une jeune fille qui se

plaignait d’av…, d’avoir des …, d’avoir eu des attouchements par son …, et même

presque viol je crois, maintenant ça fait quelques années mais …, par son beau père, euh

… son beau père c’était en fait euh … le mari de sa mère évidemment, et sa mère c’était

la garde malade de …, de son beau père quand la … la femme est décédée, la garde

malade a épousé le monsieur, le vieux monsieur, donc je vous dis pas il devait y avoir 30

ans 40 ans de … de différence d’âge, et du coup elle avait trois enfants, et voilà, et il y a

eu suspicion. La mère était … vraiment, avait des troubles psychiatriques, la mère, et la

fille, la mère m’emmenait la fille pour ça, donc j’ai tout fait, j’ai envoyé à la police, euh

… mineur, machin etc., et ça c’est conclu …, alors moi je suivais le beau père qui m’a dit

mais elle est folle, enfin … j’en sais rien, moi je …, je fais le signalement, parce que après

il est venu me voir, mais qu’est-ce que vous m’avez fait quoi, et j’ai dit bah écoutez moi

je suis la procédure, même si elle affabule machin, et il y a eu euh … confrontation, je

sais pas quoi, affabulation soi disant, c’est possible, de toute façon comme il y avait un

contexte un peu psy aussi, pareil c’est difficile à dire, et ils ont déménagé, ils habitent

dans le Sud et ils sont toujours ensemble, donc je ne sais pas le vrai du faux.

- Donc là c’était la mère qui vous l’avait emmené.

- Oui.

- Vous vous avez pas vu de signes particulier, vous l’avez examiné après ?

- Je l’ai examiné et il y a rien de particulier, après je lui ai dit je suis pas spécialiste, donc je

l’ai envoyée pour qu’elle est le circuit euh.

- Vous l’avez adressé où exactement ?

- Euh … bah la brigade des mineurs, brigade des mineurs, ils ont fait l’interrogatoire, ils

ont …, elle a été examiné par …, je crois que c’est à Versailles, hop la ils m’ont rappelé

euh.

- D’accord, donc vous avez eu un retour de tout ça.

- Ouais.

- D’accord, ok. Est-ce que vous avez rencontré des difficultés à la fois dans …, dans le

dépistage, ou dans le diagnostic ou dans la prise en charge, les situations que vous a…,

que vous avez rencontré, dans les cas que vous m’avez parlé ?

- Euh …, d’abord c’est chronophage hein, ça prend du temps, une fois que vous êtes

embringué la dedans, c’est pff, c’est foutu. Avant d’avoir la bonne personne au bon poste,

c’est foutu, euh ça vous plombe la journée, hein hein, bon d’un autre coté faut bien faire

les choses, donc euh … c’est pas évident, donc il y a des difficultés pratiques

administratives certes, ça c’est sur, ça y a pas photo, après ouais, et puis après vous êtes

…, bon bah je vais faire un certificat, alors le certificat vous savez …, voilà, vous faites

au pif, vous marquez un peu au pif euh ce que vous pensez au pif, donc c’est un peu euh

…, c’est un peu flou, mais de toute façon faut bien certifier quelque chose, puisqu’il faut

bien que ça enclenche quelque chose, c’est un peu euh …, c’est un peu foireux quand

même, donc euh …, bon, difficulté oui quand même, mmm.

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- Vous pensez que vous auriez pu agir différemment dans les situations que vous avez

rencontré, faire les choses différemment ou pas ?

- Pff je sais pas, je sais pas, j’ai l’avantage de connaître les gens mais des fois c’est un peu

un inconvénient, de trop bien connaître tout le monde, là.

- Le manque d’objectivité.

- Ouais et puis on connaît les situations donc au dep…, peut-être qu’on excuse aussi les

choses des fois parce que euh …, on …, comme la dame, là avec ses enfants hyperactifs

qui sont vraiment insupportables, je me dis bah oui, que son mari s’énerve ou qu’elle

s’énerve c’est normal, euh … alors que bon, voilà hein hein, il y a pas de …, j’ai pas dis

que c’était normal de taper ses enfants mais bon … du coup, j’ai un peu …, je comprend

un peu les situations …, voilà, donc peut-être que …, peut-être que c’est …, si c’est

quelqu’un de neutre c’est mieux, mais euh … si j’ai une suspicion et je l’envoie chez

quelqu’un, si ils veulent pas y aller, ils y iront pas, alors ça …. faut pas …, faut pas rêver

hein, il dira …, je vous trouve que ces maux de ventre c’est …, c’est … c’est bizarre,

enfin c’est bizarre, je veux pas dire bizarre, mais ce serait bien d’aller voir le psy, vous

êtes sur …, vous avez 100% de sur …, sur que … ils … ils y vont pas, ce qui vont chez le

psy, c’est ceux qui ont pas besoin quoi, et en …, et en pédiatrie surtout quoi enfin …,

donc bon.

- Mais si vous aviez une suspicion de maltraitance, vous n’hésiteriez pas à …, à l’aborder le

sujet.

- Oui, ouais, ah non ça j’hésite pas, silence, parce que … je …, je pense que du coup là là

comme le coup c’est peut-être l’avantage de connaître les gens, on peut toujours dire que

…, on peut toujours justement leur trouver une excuse et aborder le sujet par le coté oh

mais c’est fatigant d’avoir un bébé euh …, voilà qui se lève toutes les nuits, enfin qui se

réveille, qui pleurniche tout le temps, enfin vous pouvez toujours euh …, puis du coup,

voilà, mais … autant les parents, les adultes, là je pense qu’ils arrivent à dire, autant les

enfants pour leur faire dire euh …, pff ça va, moi je trouve que … j’ai des difficultés.

- Vous pensez qu’ils développent des freins euh … justement les …, les enfants ou les

parents, qui fait en sorte que vous aillez du mal dépister.

- Ah ouais, ah ouais, ouais, ah ouais, moi je pense que les enfants c’est …, je sais pas ce

qu’ils ont dans leur tête, mais ils disent pas.

- Et quel est …, quel a été votre ressenti vis à vis de ces situations, comment vous avez

vécu la situation ?

- Ah bah alors le coup du …, suspicion du viol avant que je sache la fin de l’histoire, j’ai

pas dormi de la nuit hein, je me suis dit mince qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est,

voilà, surtout que je suis déjà allé au domicile, monsieur je le connaissais, je connaissais

sa femme, j’ai j’ai rien vu, enfin vous voyez c’était euh …, il y a quand même une euh …,

pas une … culpabilité c’est un peu fort, mais euh …, c’est traumatisant quand même,

c’est … c’est … , ça prend un peu la tête hein, mmm.

- Euh … pour vous c’est quel type de maltraitance qui est le plus difficile à repérer ?

- Silence, pff, ça serait euh …, euh … pff, je sais pas, peut-être les les agressions sexuelles,

truc comme ça, truc carrément euh …, très tabou, du coup euh …, on est sur qu’il y a un

…, faut pas le dire quoi, tandis qu’une violence physique euh …, on a le droit de prendre

une fessée, on a le droit …, vous voyez, donc il y a peut-être un peu …, peut-être plus

facilement de le faire dire, que une violence euh … euh …, bon … après euh pff, j’ai pas

eu … je …, j’ai pas vu de cas euh …, si j’ai vu des un peu …, alors j’appelle pas ça des

maltraitances, je dirais un peu des négligences euh … éducatives, on laisse les enfants un

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peu tout seul toute la journée, euh …, c’est eux … ils viennent tout seul en consultation,

ils vont tout seul à la pharmacie chercher les médicaments, ils rentrent tout seul chez eux

à 10 ans, enfin … voilà, enfin je sais pas si on …, ça rentre dans la maltraitance, mais

peut-être un peu, carence éducative que maltraitance euh …, voilà, donc euh je sais pas,

c’est difficile à dire hein. Comme après coup, je sais pas si on sait, euh …, pour chiffrer,

je sais pas comment vous faites hein, dans votre petit …, hein hein, ouais.

- Il y a des occasions ou des circonstances dans lesquelles vous seriez amené à plus

rechercher ou a plus suspecter une maltraitance, par exemple en fonction de l’âge de

l’enfant, le niveau socioculturel, socioéconomique, ou autre ?

- Alors euh … pff, non, je dirais socioéconomique, ça me …, pff, vous dites plus …, plus

que les symptômes en fait hein c’est ça ?

- Oui, ou même les symptômes, est-ce que … enfin il y a des choses, des circonstances …

- Bah les symptômes, comme je vous disais, c’est euh … plutôt euh les les …, les

consultations répétées pour des … non motif, euh … et puis des plaintes somatiques, des

mal …, des mal de tête et des mal de ventre euh … inexpliqués, je me suis dit il a rien,

voilà, euh ..., après euh … pff ou quand je sais que les parents sont en difficulté hein, je

sais que déjà ça va pas quoi, puis après c’est vrai que les autres bah non, on …, il y a pas

d’autre …, trop de signes euh …, trop de signes quoi après, puis bon je pense c’est …,

enfin …, c’est pareil je connais pas trop les statistiques, mais je pense pas qu’il y est de

si…, des des …, un profil euh … de parent, bah ouais c’est ça …, à mon avis on peut être

surpris.

- Et vous pensez que le fait de pas avoir de signes euh …, de signes spécifiques ou de pas

avoir d’outil validé au dépistage, ça peut freiner euh au repérage ou pas, le fait justement

que ce soit très …

- Très flou, bah ouais je pense moi. Mais je pense que c’est flou tout court, donc ça

m’étonnerait bien qu’on arrive a faire un …, une grille de quelque chose en disant, si vous

avez plus de 5, euh … il y a un risque, si il y a moins de 5 euh ….

- Et vous vous ressentez des obstacles au dépistage, qu’est-ce que vous ressentez comme

obstacle ?

- Euh …, vis à vis de moi ?

- Oui.

- Euh …, qu’est-ce que je ressens comme obstacle au dépistage, euh … pff, je vous dirais

euh … des fois c’est peur qu’ils me disent oui presque, c’est un peu …, un peu ça en fait

hein, la peur de …, de se dire mince je suis dans la situation et ça va pas le faire, euh …

silence, difficulté à aborder le sujet ma foi, selon les parents, ça dépend un peu de …, du

profil psychologique des parents des fois, des fois ils sont tellement euh …, mais quand

même, je pense qu’on peut y arriver euh … sans accuser en fait le le le … le parent

proche, on peut … tourner en disant c’est autre chose et puis voir un peu comment ça

réagit, mais … après euh pff, c’est euh …. J’espère …, j’espère ne pas …, hein hein, avoir

d’obstacle particulier à …, au dépistage, mmm, après voilà, mmm, après je pense que

c’est malgré soi, on a forcément un truc …, ouais.

- Et le manque de certitude, vous pensez que ça peut être un frein, le fait de pas être sur de

… ?

- Ouais, bah ouais, parce que …, on faut quand même des accusa…, enfin … des

suspicions d’accusation quand même, après euh … qu’est-ce qu’on fait quoi, une fois euh

…, on porte plainte, on porte pas plainte, est-ce qu’il faut pas faire un signalement euh,

faut pas faire de signalement, enfin faire un signalement, enfin …, est-ce qu’il faut faire

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des signalement à tout va euh …, alors j’ai l’inverse moi j’ai un garçon qui bat sa mère

hein, je le sais qu’il bat sa mère hein, tout le monde sait qui bat sa mère hein, il bat sa

mère, il martyrise sa sœur, etc. bon, ça fait deux fois que je l’envoie chez le psy, il veut

plus y aller, est-ce que je vais faire un signalement, alors que les parents eux même ne

font rien.

- Vous connaissez pas trop l’attitude, oui voilà. Et le manque de temps ou le manque

d’implication de la part du médecin, vous pensez que ça peut jouer ou pas ?

- Alors le manque de temps ouais, le manque de temps ouais, parce que euh … si il vient

pour euh un maux de ventre, il a rien et vous en avez 10 derrière, bah … bon il a rien,

c’est pas grave, c’est nerveux, ça ira mieux demain, et puis voilà quoi. C’est la

consultation où vous avez été un peu vite, et où il aurait peut-être si ça se trouve dit

quelque chose et puis que … il dira pas ce jour là, parce que vous étiez pas à l’écoute ce

jour là, ça c’est clair, ça c’est clair, comme c’est des symptômes un peu atypiques et il

suffit que voilà.

- Et la peur de l’erreur ou la peur de la plainte ?

- De la part du patient ?

- Oui, enfin la peur de l’e…, que vous vous fassiez une erreur et la peur en retour de la

plainte du patient.

- De toute façon je vais pas accuser euh …, enfin euh … pff, je fais des suspicions, je suis

pas en train de dire euh …, pff, parce que les les parents en retour après euh …, ils

changent de médecin c’est tout. Il y en a qui portent plainte après ?

- Ça peut arriver ou, mais après j’ai jamais eu de … de retour …, enfin rencontré de … de

choses comme ça, non non.

- Ouais, ouais, bon je pense qu’après si ils sont pas contents, ils changent de médecin …,

puis voilà.

- Vous connaissez quelques notions du code pénal, quant à la non assistance à personne en

danger, le …, quand est-ce que vous pouvez dévoiler le secret médical, des choses comme

ça ?

- Alors je sais que je peux dévoiler le secret médical, si je suis sur d’une … d’une

maltraitance, euh … que normalement je crois que je suis … obligé d’appeler directement

le procureur de la république, je crois, c’est ce que je …, voilà. Euh … ce que j’ai …

ja…, jamais fait, je vous dis moi j’ai appelé la brigade des mineurs, ce jour là, si vous

pouviez recevoir …, voilà, je me suis dit ils sont spécialisé la dedans, ça va …, ils vont

…, voilà, euh …. après euh … voilà, le danger, est-ce que l’assistance à personne en

danger, ça dépend quel ..., voilà, danger et puis voilà, mmm.

- Et le … le fait de quand vous avez une suspicion de maltraitance, d’évoquer la suspicion

éventuellement, qu’il y ai des conséquences négatives sur l’enfant, sur son entourage,

vous pensez que ça peut freiner certains médecins au repérage ou pas ?

- Silence.

- La peur des conséquences négatives ?

- Euh peut-être, peut-être, se dire que en fait si on met un appui sur le bouton, tout

l’engrenage va se mettre en route et … si il y a rien euh c’est quoi ce …, enfin c’est …, ça

peut être délétère, dans la relation des enfants avec ses parents, euh avec la grand mère ou

le grand père si c’est …, ou la … la fam…, un membre de la famille si c’est un membre

de la famille qui est …, qui est impliqué euh, ouais peut-être.

- Et que pensez vous du rôle du vécu du médecin, de ses euh …, bah de ses expériences

antérieures, de ses représentations, de ses croyances, vous pensez que ça peut jouer ?

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- Ouais, moi je pense que ça joue, mais alors ça du coup ça joue euh forcément euh …,

j’allais dire inconsciemment, inconsciemment d’abord qu’est-ce qu’on estime normal, euh

… dans les violences ou pas violences, hein, je pense qu’on a pas tous les même euh …,

la même échelle, et puis euh … et puis dans le dit et le non dit, de ce qu’on peut dire euh

… dans les … croyances religieuses hein, les croyances religieuses, il y a des trucs qui se

disent pas, puis voilà, donc bon, je pense que ça joue hein, même si les …, on le verbalise

pas, alors bon après personnellement moi j’ai pas de …, j’estime pas avoir de croyances

particulière mais …, forcément j’ai un vécu à moi qui fait que … je réagit d’une certaine

façon, et que celui d’à coté doit pas réagir de la même façon certainement quoi. Et je

pense que c’est plus facile euh … quand vous êtes hospitalier, quand …, quand c’est une

équipe, comme ça c’est pas une personne, qui accuse une personne, c’est une équipe qui

oh bah tient machin etc., c’est pas nominatif, c’est pas personne à personne, c’est peut-

être plus facile.

- Que pensez vous des facteurs économiques, la la perte de revenus par la perte secondaire

de temps, de prendre du temps avec les consultations, ça peut jouer ou pas ?

- Pour moi, pour le médecin ?

- Oui.

- Non, bah non, parce que si on trouve quelque chose, et qu’on a effectivement dévoilé un

truc, on va être content après, je vais vous dire, ça a pas de prix hein, ça non non, ça je

pense pas que ce soit un critère, non.

- Et euh et justement la peur de de …, de plus revoir l’enfant, de … de perdre la relation de

confiance avec la famille ?

- Alors, c’est pas perdre le le le le …, l’enfant, le suivi de la famille au … coté lucratif,

j’allais dire commercial, c’est le coté euh …, si c’était vrai et que je me suis …, et qu’il y

a rien qui s'est suivi et que du coup je les voit plus, plus personne saura qu’il faut

suspecter, enfin vous voyez.

- Comme ça …, comme pour le premier que vous avez vu.

- Ouais. On se dit bah voilà après euh … c’est perdu quoi, et si c’est perdu bah le suivant va

peut-être pas avoir l’idée, alors que ce serait bien qu’il est l’idée et que quelq…, voilà, et

voilà, c’est juste pour ça quoi, faut garder le fil et que si euh …

- Vous auriez des solutions à proposer vous pour améliorer le dépistage ?

- Ouais, pas évident, je sais pas, non sincèrement j’en ai pas. Si vous en avez euh je …, je

les prends, hein hein.

- Euh vous pensez que le fait justement d’avoir un …, un …, un dépistage systématique fait

à un âge X, euh … en ambulatoire ou dans le cadre de la PMI, vous pensez que ça peut

être intéressant, que c’est faisable, en pratique ?

- Pas évident, silence. C’est pas évident, tient tu vas pour ton RDV pour savoir si tout va

bien à la maison …, je suis pas sur que ce soit à ce moment là où il …, que l’enfant va se

décider pour parler hein, ouais moi je …, moi je dirais plutôt non même.

- Et le fait d’avoir justement …, tout à l’heure vous me disiez que le le fait d’être par

rapport à l’hôpital, le fait d’avoir un réseau de correspondants, tout ça, vous pensez que ça

peut aider.

- Ouais, ça par contre, je pense que …, ouais, ouais, ça par contre un réseau oui, et puis euh

…, mais pas avec l’étiquette euh violence euh …, hein bon maltraitance, parce que là bon

bah vous êtes sur que …, personne n’y va, hein hein. Non euh …, oui ça un réseau, oui je

pense que c’est bien ça.

- Savoir à qui s’adresser en cas de …

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- Ouais, ouais, ouais. Alors moi j’ai déjà eu à faire euh … pas … mmm … euh …, med …

au médecin scolaire ou des choses comme ça, alors c’est vrai que c’est un peu caspied,

parce que je suis obligé d’aller à la pêche, de savoir quel médecin scolaire pour quel

établissement, ah tu es dans quelle école, ah bon, alors après je me dit c’est quel médecin

scolaire, c’est un peu …, pour prendre les RDV …, là une fois j’ai eu besoin d’appeler

pour un ..., alors c’est …, c’est pas une maltraitance de de sa mère, quoique, si ça se

trouve, bon bref, c’est un peu compliqué, mais c’était …, il était maltraité à l’école lui, il

était mal … mal …, enfin il est toujours, de toute façon c’est depuis qu’il est …, je le

connais à la maternelle, il change d’école à chaque fois, c’est toujours lui le … le vilain

petit canard, euh le bouc émissaire du truc, enfin bon lui … , il y a un vrai …, un vrai

problème euh à mon avis pour l’avenir, euh … et donc euh … avant de joindre le médecin

scolaire, dont il dépendait de l’école, j’ai du appeler la PMI, alors c’est ouvert de 13 à 14,

enfin j’exagère hein, euh … le machin, le tout ça, qui était pas au courant et voilà et là …,

euh … mais voilà, c’est le parcours du combattant quoi, pour joindre la personne qui euh

… , et puis quand l’enfant euh … il est convoqué par la mère, bah on le dit p…, on

prévient pas le médecin traitant euh …, enfin quand le …, le directeur …, par exemple il

y a le médecin scolaire qui l’avait déjà convoqué intérieurement etc., bah on est pas au

courant euh …, mouais, c’est pas …, là je pense que là pour le coup les médecins

scolaires, ils ont un rôle, ou les médecins de crèche etc., et là il y a pas une très bonne

coordination.

- Et vous pensez que ça peut avoir un intérêt le fait d’avoir des campagnes d’informations,

de publicité, à l’égard des médecins ou des familles, des parents ?

- Mouais, mouais, ouais ouais , je pense, je pense, je pense que par exemple la fameuse

grand mère, elle avait appelé euh …, je sais pu, c’est le 919 hein je crois …

- Le 119.

- Ouais, l’enfance maltraité, donc je pense que oui, ouais, sauf qu’on en parlait beaucoup et

puis on en parle plus maintenant, alors voilà, c’est tombé dans l’oubli ce truc là, je me

suis dit tient mais euh …, vous voyez je me souviens du numéro mais c’est tout juste quoi

c’est …, à un moment donné on ne parlait que de ça à la télé, il y avait des affiches, des

machins, alors là plus rien. Je sais pas si il marche toujours le numéro, mais …

- Si si il marche toujours, mais c’est vrai que …

- Hein c’est … ouais, ça serait bien de temps en temps de …

- De relancer.

- De remettre …, ah ouais, ça oui, mmm.

- Alors pour vous … enfin …, quelle …, quelle définition avez vous de la maltraitance,

pour vous ça regroupe quoi ?

- Alors moi ça regroupe euh …, maltraitance physique, euh … agression sexuelle,

maltraitance euh … euh … j’allais dire verbale, et puis euh … isolement de l’enfant, euh

… qu’on s’en occupe pas quoi, euh … voilà c’est à peu près tout.

- Et l’enfant maltraité pour vous ça va de quel âge à quel âge ?

- Bah je dirais de 0 à …, de 0 à 18, hein hein, après voilà.

- Et euh pour vous elle commence où la maltraitance, c’est pas évident?

- Ah bah c’est pas …, voilà, c’est pas toujours euh facile d’avoir la limite, euh … donc

c’est là où intervient à mon avis la personnalité du vécu du médecin, parce qu’il met sa

limite là où …, comme on disait tout à l’heure, l’échelle est différente à mon avis selon

les gens, euh … pff, euh … pff, je dirais que on passe de carence éducative pour quand

c’est de la maltraitance un peu … générale, enfin c’est pas …, quand c’est pas …

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physique, on est pas en train de taper sur son enfant, euh … la carence éducative est à la

limite de la maltraitance, quoi, vous voyez, on est un peu …, on est un peu là quoi. Bon

là, quand ils sont petits, j’allais dire, ici, on a quand même les assistantes sociales qui sont

pas mal euh, on fait intervenir l’assistante sociale quoi ou la … la puéricultrice de secteur,

vous savez on a une puéricultrice qui vient de la PMI, puis qui va chez les gens, bon alors

des fois …, c’est surtout le papa en général qui apprécie pas, mais la mère, elle est bien ...,

elle est bien contente d’être aidée souvent, c’est le père qui dit …, qu’il est pas …, qui

s’occupe de rien mais il est pas content que quelqu’un s’occupe pour lui quoi. Euh … et

donc après voilà, c’est un peu …, peut-être le coté répétitif, le coté récurent du truc, tout

le monde peut prendre une fessée et … voilà, euh … puis presque le non dit, quoi le fait

de pas le dire, à la rigueur, il m’a énervé, je lui ai donné deux claques, bon bah …, voilà,

si il vous dit ça à chaque fois, c’est un peu embêtant, mais …, à la rigueur je trouve ça

plus de la maltraitance, je trouve ça …, voilà, le coté caché, violence cachée, c’est sur ça

commence …, ça fait déjà moins bien que …, euh … il m’a énervé quoi.

- Et vous pensez vous qu’une définition standard de la maltraitance aiderait à améliorer le

repérage, le dépistage ou pas ?

- Alors peut-être aiderait les parents à se rendre compte de …, parce que peut-être qu’il y

en a qui se rende pas compte de jusqu’où ils vont, dans leur propre problème, donc peut-

être euh …, et les les … et les professionnels et … les particuliers hein, ouais.

- Vous connaissez à peu près les critères diagnostic et les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion de maltraitance ou pas ?

- Euh …, pas vraiment, pas vraiment, je sais que si vraiment il y a …, on fait un …, des os

de de tout le squelette euh …, on fait un scanner euh … cérébral euh …, voilà des trucs

…, mais des …, je veux dire des gros trucs, voilà. Euh …puis c’est tout je crois, on fait

ça, scanner cérébral, radio des os hein.

- Et euh, donc vous quand vous avez une suspicion …, enfin pour vous quelle est l’attitude

à adopter en cas de suspicion de maltraitance, qu’est-ce que vous faites dans ces cas là ?

- Moi j’essaie d’en parler.

- Ouais.

- Enfin mon attitude c’est quand je …, je me dit tient c’est bizarre euh …, bah je pense

qu’il faut essayer de leur …, de leur …, de leur faire dire quoi, leur faire dire qu’il y a un

problème quoi.

- Et quand vous avez une vrai suspicion, qu’est-ce que vous faites après, vous adressez à

quelqu’un, vous faites quoi ?

- Bah à la rigueur, l’idée …, le plus simple pour moi, mais ça c’est jamais présenté, ça

serait de les envoyer à l’hôpital, pour une fausse excuse, c’est pas évident, surtout qu’aux

urgences de Poissy, ils attendent 6 heures, donc euh …, ils ont pas envie d’y aller, ils ont

pas envie de rester, en leur demandant de l’hospitaliser pour euh …, je sais pas, pour

n’importe quoi et puis après, bon nous on peut les appeler les pédiatres de garde, c’est pas

un problème hein, en disant bah voilà, moi c’est …

- Vous connaissez la cellule départementale ?

- Non.

- C’est une cellule qui est présidée par le … président du conseil général et qui euh …,

c’est là où il y a les signalements qui sont un petit peu regroupés, qui peut éventuellement

vous aider en cas de suspicion, enfin d’aider euh …

- D’accord, et c’est un standard, euh …, c’est quelqu’un qui répond ?

- Il y a un numéro, je le connais pas mais euh …

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- Ah ouais, non, mmm non.

- Si vous deviez faire un signalement, vous seriez le faire ou pas ?

- Euh … par écrit ?

- Oui.

- Non, je ferais au pif, hein hein.

- Vous savez qu’il y a un modèle type sur le site du conseil de l’ordre ou pas ?

- Non, hein hein, voilà, mais je sais, hein hein.

- Et tout à l’heure vous me disiez aussi que c’est relativement difficile pour vous de …,

d’accéder à différents intervenants pour avoir de l’aide, pour avoir une réponse à une

question, pour vous c’est pas évident.

- Oui, mmm mmm, non.

- D’accord, euh elles viennent d’où vos connaissances sur le sujet essentiellement ?

- Oh bah alors là j’en sais rien pff, euh … pff mes études, hein hein, j’allais dire, mes

études, il y a longtemps, euh … ouais, mes études, ou des formations euh …, mais j’ai pas

eu …, j’ai jamais eu de formation euh …, parce que je vais en formation moi tout …,

deux fois par mois et euh … mmm, il y a jamais eu le sujet maltraitance, euh …, non.

- Vous vous sentez suffisamment formé ou pas ?

- Bah oui et non, puisque comme il y a pas de signes spécifiques, machin, etc., on répète un

peu toujours la même chose, hein, à part les correspondants et … j’allais dire baliser le

réseau, euh … si c’est pour dire qu’à chaque fois qu’ils ont mal au ventre, ça peut être une

suspicion, comme je pense que chaque cas …, euh …, je suis pas sur qu’il y ai un profil

type, donc euh … pff, oui et non.

- Et si vous aimeriez améliorer votre formation, vous aimeriez être formé comment, par

quel type de biais ?

- Euh …, bah formation euh … médicale continue, un topo, euh … expliquant voilà euh …,

tout ça, mmm.

- Et la formation que vous avez eu durant vos études, vous pensez qu’elle vous a été

suffisante, qu’elle vous a aidez un petit peu à améliorer le repérage ou pas

particulièrement ?

- Pff bah c’est succinct hein, c’est quand même pas le sujet euh ..., le sujet à évoquer en

premier hein, après ça dépend, je pense que ça …, c’est …, moi j’ai fait un stage de

pédiatrie euh … à Colombes, c’était quand même un milieu … de Colombes, donc c’est

vrai qu’on avait quand même le sujet abordé facilement euh … voilà, enfin c’est …, mais

euh …, mais celui qui a pas fait de stage de pédiatrie, euh … dans ses études, c’est peut-

être un peu succinct, bon après, il y a la vie de tout les jours, il y a les médias, il y a …

machin, on sait que ça existe hein, plus personne euh …, voilà, celui qui …, même si il a

pas fait médecine, il sait que ça existe, donc euh …

- Et euh donc il y a un médecin de de PMI, qui avait éventuellement proposé comme

solution pour améliorer le repérage, de faire des stages en PMI, euh … ou dans le cadre de

l’ASE, vous en pensez quoi vous ? vous pensez que ça peut être intéressant, utile ?

- Alors des stages qui seraient réservé à qui ?

- Aux médecins généralistes.

- Pour voir un peu le dépistage, pour rencontrer euh …

- Pour euh … voir le dépistage, euh … la façon de faire, les …

- Ouais pourquoi pas, mmm, oui oui ça pourrait être bien, oui oui.

- Et le fait de se réunir en groupe de médecins, en groupe de pairs, pour pouvoir discuter de

son expérience, des situations qu’on a vécu et … ?

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- Alors nous …, nous on fait ça déjà, parce que moi j’ai une …, donc j’ai une formation

deux fois par semaine, j’ai une formation euh … généraliste, quoi je veux dire enfin euh

… avec un topo d’un spécialiste et puis on a euh … groupe de pairs, on se réunit etc.,

donc si il y a un sujet comme ça qui tient à cœur à quelqu’un il va en parler quoi, mmm.

- Ouais, et vous pensez que ça …, que c’est utile, que c’est …

- Oui. Oh oui oui, l’expérience de chacun c’est très important, comme on est un peu isolé

tout seul, l’expérience de chacun c’est important. Oh oui, non ça oui.

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ENTRETIEN 14

- alors, je vais d’abord commencer par des petites généralités, je vais vous demander votre âge.

- oui, 60 ans.

- d’accord, donc vous exercez uniquement euh …, ici au cabinet ?

- oui uniquement.

- pas d’autres types d’activités.

- non.

- euh ça fait combien de temps que vous êtes installée ici ?

- alors euh qu’est-ce que c’est pas pas d’autres types activités, parce que est-ce que le fait …

- urgences ou …

- ah non non non, non non, au niveau médical non, euh par contre euh … j’ai maintenant euh …,

un … un …, un poste enfin euh euh de …, de tutorat, c'est-à-dire que j’ai euh des …, une interne

en … en … en …, qui qui fait euh …, que je suis pendant 3 ans, enfin pendant sa spé…, sa … sa

spécialisation et puis le fait d’être maitre de stage avec les externes, mais en tant que euh …

médecin, je n’exerces qu’ici.

- oui, donc ça fait combien de temps que vous êtes installé ici, à peu près ?

- à non, c’est pas à peu près, c’est …, ca va faire euh … euh … 31 ans.

- d’accord, vous suivez des enfants ici au cabinet ?

- oui tout à fait.

- vous connaissez à peu près votre pourcentage d’activité en moyenne, ou pas du tout ?

- alors euh …, non je l’oubli tout le temps, j’ai les …, j’ai … j’ai le pourcentage à la maison, mais

je serais incapable de te répondre.

- en moyenne ?

- en moyenne euh …, euh au niveau des enfants ?

- oui.

- alors les enfants c’est quoi, c’est …

- c’est de 0 à 18 ans.

- 0 à 18 ans …

- non mais sinon c’est pas grave.

- je peux …, ça je peux te le retrouver, parce que j’ai …, j’ai euh … des … des …, des des …,

des des …, des relevés réguliers, mais j’oubli régulièrement.

- vous recevez uniquement sur RDV ici ?

- oui.

- oui. Est-ce que vous vous intéressez au dépistage en général, notamment les troubles du

langage, troubles des acquisitions, si oui comment vous le faites et vous sentez-vous

suffisamment formé ?

- alors euh, le dépistage en terme de dépistage non, puisque j’ai aucun test hein, donc euh …, je

…, on peut pas appeler ça du dépistage, moi moi je me borne simplement à essayer de repérer les

difficultés, si il y a des difficultés, d’en discuter avec les parents, euh … et et et à la limite de euh

… mettre en route quelque chose si il y a besoin, MAIS mais les choses ne se passent absolument

pas comme ça. La réalité, la vrai réalité à l’heure actuelle, c’est la main mise euh … par les … les

enseignants, qui ne nous demandent absolument pas notre avis, hein, qui nous envoient les les

patients avec une demande d’ordonnance, c'est-à-dire qu’en fait, euh on est soumis à la pression

euh euh des … des enseignants, qui nous obligent hein, ils nous prennent entre le marteau et

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l’enclume hein, et mettent le pa…, le le patient dans dans une situation difficile, à faire les

ordonnances d’orthophonie, de psychomoteur, de …, voilà. Donc là, moi je suis très très en

colère par rapport à ça.

- vous avez déjà été confronté à une suspicion de maltraitance ou à une maltraitance avérée dans

votre expérience ou pas ?

- alors dans mon expérience, euh … en tant que étudiante, mais pas …, plus du tout ici.

- pas du tout ici.

- non. Pas du tout ici.

- d’accord, et en tant qu’étudiante, c’était quoi comme type de maltraitance, si vous vous

souvenez ?

- alors euh, alors les maltraitances, j’en ai vu énormément, parce que j’étais à …, à l’ancien

hôpital Bretonneau, qui n’existe plus, et qui recevait énormément d’urgences, et j’ai eu toutes les

maltraitances, toutes les maltraitances possibles et inimaginables, jusqu’à un enfant qui avait pas

un os qui n’avait pas été fracturé.

- si jamais vous étiez confronté à une situation de de suspicion de maltraitance, ou une

maltraitance avérée, euh … comment …, est-ce que vous savez comment réagir, qu’est-ce qu’il

faudrait faire, quel type d’intervenant appeler ?

- oui oui oui, faut appeler …, faut … faut appeler le … le juge, ça je je …, je connais les

procédures, puisque je les avais fait, alors je chercherais surement hein, mais mais, je co… je je je

connais les procédures, euh …, et et je co…, en effet les procédures, vu que ça m’est arrivé.

- justement en dehors du juge, il n’y a pas d’autres intervenants à qui vous feriez appel.

- alors c’est le premier, parce que euh …, parce que parce que, si il y a une suspicion euh …, il

faut euh …, enfin là là aussi tout dépend, tout dépend du niveau de maltraitance, là aussi on part

dans des généralités, c’est difficile de parler de généralités hein, euh … en fonction du du … du

niveau d’urgence, euh si il y a une urgence autre, de toute façon ça va …, ça … Je crois que le

problème, c’est qu’on les …, on les voit pas, où alors faut que ce soit des petites maltraitances,

qui passent un peu inaperçues, qui sont pas amenées aux urgences. Parce qu’en fait ce qui se

passe la plupart du temps, elles aboutissent aux urgences, parce que à un moment donné, il y a eu

un passage à l’acte beaucoup plus important, et et c’est là où on …, on peut …, on peut suspecter.

Après euh …, ici j’en ai jamais vu, vraiment, jamais.

- et quel serait votre ressenti, comment vous vous sentiriez si vous étiez face à une situation de

maltraitance ?

- ressenti euh … ?

- ressenti personnel.

- ouais, bah tout tout dépend du niveau de maltraitance hein, euh … euh …, ouais la situation

manque c’est tout, hein. Du ressenti, euh de la colère ça c’est évident, mais bon bah ça on

apprend à la gérer hein, on va pas …, on va pas s’amuser à …, ça peut faire du bien, mais …

mais bon ça … ça se fait pas, non, donc euh, le ressenti c’est de la colère c’est évident, mais après

il faut …, il faut passer outre cette colère, parce que ça …, parce que ça n’apporte rien, hein.

Donc c’est une prise en charge de tout le monde, hein, mais ça peut …, après on peut demander à

plein d’intervenants hein, euh euh … mais ça va vraiment dépendre du cas.

- euh …, pour vous quel est le type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- à mon avis la maltraitance la plus difficile, c’est la maltraitance psychologique, c’est pas visible,

la physique au bout d’un moment, on va …, on va le voir, mais la maltraitance psychologique, on

la voit pas, et si euh … l’enfant ne nous donne pas quelques signaux d’alarme, et bhein c’est

fichu.

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- est-ce qu’il y a des circonstances ou des occasions dans lesquelles vous seriez amené à plus

rechercher ou plus suspecter une maltraitance, en fonction du niveau socioculturel, socio-

économique, en fonction de l’âge de l’enfant ?

- alors je crois que ça n’a rien avoir avec le niveau socioculturel, ça je crois qu’il faut

complètement bannir cette idée, parce que elle est fausse, archi fausse, euh ça a rien avoir avec le

niveau socioculturel, euh ça peut survenir n’importe n’importe quelle famille, parce que euh …

les …, la la violence est … Euh … non je crois que c’est ..., je pense que je vais …, je … je

serais … je serais attentif si un enfant euh … va pas bien, présente euh euh des troubles du

comportement, euh ou des troubles de la scolarité, euh … va avoir des phénomènes d’anxiété, des

tics, enfin euh là on on peut on peut commencer à se poser des questions de savoir comment se

passe le milieu familial, et … et dans le milieu familial, poser … poser des questions, après bon

obtenir les les …, la vérité, c’est une autre paire de manche mais … se poser des questions.

- est-ce que vous pensez que le … le parent maltraitant ou … ou l’enfant peut développer des

freins qui feraient en sorte que vous seriez bhein moins à même de de dépister ?

- ah bah oui bien sur, ça c’est sur, je pense qu’ils se présentent jamais, euh euh ils ils … on …, il

faut vraiment aller chercher hein, puisque même devant une maltraitance physique évidente, euh

tout le monde dit non non il s’est rien passé donc euh, maltraitance psychologique encore plus,

c’est pour ça que c’est …, je je re…, je pense qu’on passe à coté de certaines types de

maltraitance, mais bon.

- vous ressentez des obstacles au dépistage de la maltraitance ? Si oui lesquels ?

- aucun.

- non.

- aucun, moi j’en ai vraiment aucun, que ce soit la maltraitance, que ce soit la violence conjugale,

que ce soit les troubles sexuels, ça me gêne pas du tout d’en parler.

- vous avez pas de difficulté à l’aborder si jamais ça devait se présenter ?

- non. C’est pas facile, mais j’ai aucune difficulté à à l’aborder.

- et est-ce que vous pensez que le manque de certitude vis-à-vis d’une situation peut être un frein

pour certains médecins.

- bien sur, bien sur, c’est compliqué, c’est compliqué de euh … de … de suspecter quelqu’un, euh

de le lui dire, euh alors qu’on n’est pas sur, et c’est … je …, c’est c’est le fr…, c’est le frein,

c’est le frein, c’est le fait que on ne fasse que de la suspicion et qu’on ne sache pas et que du

coup ….

- et que pensez-vous justement de l’absence de signes spécifiques, le fait de ne pas avoir d’outil

validé au dépistage, ça peut être un frein ou pas ?

- oui, alors les outils, je sais pas si ça peut …, ça peut ça peut …, l’idée je pense que c’est … c’est

… c’est le but du jeux, c’est d’essayer de retrouver, voir si il peut y avoir des outils, je sais pas si

on … on peut …, on peut trouver des outils euh mais on est dans … dans le domaine

psychologique hein euh …, et dans le domaine psychologique euh les … les outils c’est … c’est

une aide, enfin en fait ça peut permettre euh quand euh on se sent trop coincé, enfin euh …

d’utiliser quelque chose de très rationnel pour engager une conversation, ça peut être un moyen,

hein ça peut être un moyen.

- et le manque de temps ou le manque d’implication de la part du médecin ?

- silence. Pff tout est dit.

- et la peur de l’erreur ou la peur de la … de la plainte, ça peut être un frein ou pas ?

- la peur de la plainte oui, c’est surement c’est surement un frein, euh et et la peur de l’erreur bah

oui, d’engager euh …, de s’engager dans …, dans un …, d’engager la … une famille dans un

dédale qui va être euh … douloureux si jamais c’était faux, mais c’est toujours le même problème

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hein, c’est toujours les craintes qu’on … qu’on … peut … peut avoir euh …, un … un enfant qui

va raconter quelque chose et on sait pas si c’est vrai, c’est le problème des juges.

- et justement la peur des conséquences négatives en cas de suspicion, de fausse suspicion ou de

vrai suspicion, le fait de bah de … d’entrainer voilà des … le bazar dans la famille ou vis-à-vis de

l’enfant, vous pensez que ça peut être un frein pour certains médecins pour éviter de dépister ou

pas ?

- oui bien sur, hein c’est comme les suspicions de viol hein euh, euh … faut faut pas en parler,

pour le … pour le bien être de la personne hein, bien sur que ce sont des freins tout ça, mais c’est

la même chose pour les …, pour la maltraitance des personnes âgées, toute forme de

maltraitance, telle qu’elle soit, que ce soit une maltraitance physique, psychologique, un viol,

enfin euh …

- vous connaissez quelques notions du code pénal, quant à la non assistance à personnes en

danger ou quand est-ce qu’il faut dévoiler le … le secret médical, des choses comme ça, vous

avez quelques notions de tout ça ou pas ?

- alors euh des notions très floues, mais euh il y a des livres, et c’est là, et quand je me trouve

devant un problème, j’y retourne, mais là euh faudrait pas me demander là de de les donner.

- oui oui, non mais non non, mais avoir des notions, c’est si vous savez qu’on peut dévoiler le

secret médical justement en cas de suspicion de maltraitance.

- oui, bien sur, bien sur.

- voilà. Et que pensez-vous du rôle du vécu du … du médecin, de … de son expérience, de ses

croyances, de ses représentations, vous pensez que ça peut jouer dans le fait de … de mieux ou

moins bien dépister ?

- normalement ça doit pas jouer, hein pour être claire, normalement on est euh …, on doit être

complètement neutre, vis-à-vis de tout, voilà. Alors après …, il y a ce qui devrait être, et ce que

nous sommes, on a … on on reste des êtres humains.

- et les facteurs économiques, euh … vous pensez que ça peut jouer un rôle, le fait bah de de

perdre du temps, donc de perdre quelques patients ou de …

- les facteurs économiques non, de perdre du temps oui, non et de s’engager surtout dans une

galère, ça c’est une galère hein hein, parce que c’est … c’est toujours très compliqué ces

histoires là, c’est excessivement compliqué. Euh après les termes économiques, je … je pense pas

que ça puisse être un frein.

- et le fait de ne plus revoir euh …, de ne plus revoir l’enfant, de ne plus revoir la famille, de plus

avoir cette relation de confiance, si jamais vous deviez aborder ce sujet, vous pensez que ça peut

- bah tant pis, si on a du faire quelque chose euh …, qui a permis euh …, on perd plein d’autres

patients pour d’autres raisons, qui sont pas pour moi légitimes.

- et le … le manque d’objectivité, le … le rôle affectif vis-à-vis du … bah de la relation que vous

avez avec un …, avec un patient, une famille, vous pensez que ça peut …

- ça ça peut être un frein, ça ça peut être un frein, un frein euh pas pas forcément peut-être dans la

démarche, mais dans euh l’éventualité de se poser des questions.

- d’accord, vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ou pas ?

- non hein hein hein.

- non, est-ce que vous pensez que le fait d’avoir un dépistage fait en systématique en PMI ou en

ambulatoire, est-ce que ça pourrait avoir un intérêt ou pas ?

- je crois pas, honnêtement je crois pas, on va pa…, on va passer à coté de … de plein de choses.

On est on est sur du non dit, donc euh c’est pas en mettant des petites cases que on va l’a voir, ou

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alors il va falloir trouver quelque chose de super performant qui permette de déterminer le non dit

hein, mais …

- est-ce que vous pensez que le fait d’avoir un … un réseau de correspondants, savoir à qui

s’adresser en cas de suspicion, ça peut être intéressant pour améliorer le dépistage, la fait de

savoir à qui …

- qu’il y ait de temps en temps des formations qui permettent aux médecins de se dire euh devant

tel type de problème je vais pouvoir euh euh appeler telle ou telle personne, oui, parce qu’il y a

beaucoup de médecins qui ne savent pas euh …

- à qui s’adresser.

- qui …, et et et et coment coment procéder, si on a jamais été confronté euh dans ses stages euh

ou en ville, on sait pas, alors après si on a été confronté, on va chercher, on va …, on n’a pas

forcément tous les numéros sous la main, mais on va vite trouver des solutions, euh … mais si on

a jamais été confronté …, donc il faudrait faire des formations.

- et que pensez-vous des campagnes d’informations, de publicité, destinées aux parents ou aux

médecins, vous pensez que ça peut être intéressant ou pas ?

- ça … ça par contre oui, parce que ça peut sensibiliser et et ça peut permettre dans certaines

familles qu’il y en ai un qui se dise euh … ça fonctionne pas bien, ce serait peut-être bien de …,

qui va amener les …, qui va venir consulter pour autre chose, mais qui va peut-être ouvrir la

porte.

- d’accord, vous avez une définition vous de la maltraitance de façon générale ou pas, pour vous

ça regroupe quoi ?

- la maltraitance ça regroupe, je pense physique hein, mais … mais … la maltraitance

psychologique est est est effectivement …, moi je l’ai vu chez des enfants euh … avec qui, pour

euh … ne ne plus …, ne plus supporter, mais qui étaient prêt à revenir chez eux par contre quand

même, euh … donc euh physique à un moment donné on l’a on l’a on l’a …, on s’en rend

toujours compte hein, euh mais euh … psychologique, elle est terrible, parce qu’elle est

insidieuse, mais c’est vrai pour euh …, euh pour tout, pour les enfants, pour les adultes, dans le

travail, enfin, …

- pour vous la …, l’enfant maltraité ça va de quel âge à quel âge ? Vous iriez rechercher une

maltraitance jusqu’à quel âge ?

- jusqu’à l’adolescence, qui vont dire des choses, qui vont …, mais on pourra jamais …, c’est

indétectable, on détecte quand les les adultes …, ils deviennent adultes et que ils viennent le

raconter en psychothérapie, qu’ils ont subi ça et ça.

- vous pensez vous qu’une définition standard de la maltraitance pourrait aider à améliorer le

dépistage ou pas ?

- ouais, si on arrive à trouver une bonne définition, bon courage.

- pour vous elle commence où la maltraitance ? C’est pas évident comme question.

- silence. Elle commence où, à quel degré ? quand elle engendre des … des effets néfastes chez

l’in… l’individu qui est maltraité, hein que ce soit parce que il peut y avoir des maltraitances

psychologiques dans toute forme d’éducation, même si on pense avoir bien fait, on a … on a

peut-être fait entre guillemets de la maltraitance, mais euh … sans … sans perturbé de manière

euh euh importante no … notre enfant, donc euh …, on ne parle pas de maltraitance, je crois que

on on peut commencer à parler de la maltraitance à partir du moment où il y a un impact sur

l’individu qui est maltraité.

- d’accord, vous connaissez à peu près les critères diagnostiques et les examens complémentaires

à effectuer en cas de suspicion de maltraitance ou pas ?

- non.

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- non.

- du tout.

- et l’attitude à adopter en cas de suspicion de maltraitance, qu’est-ce que vous feriez, vous

appelleriez le juge, mais est-ce que vous feriez autre chose ?

- alors euh si si c’est physique euh je vais euh … aller euh faire des … des radios, enfin ça va …

ça va dépendre, moi …, on avait une attitude très systématique à l’hôpital, mais j’en ai pas revu

depuis, donc euh … euh … j’avoue que je ferais …, je ferais des bilans, je ferais un bilan

biologique, je ferais euh … des radios pour aller voir si il y a pas eu d’anciennes fractures en

fonction de la …, de la localisation de douleur ou de …, des brulures de cigarette ça se voit, enfin

bon.

- vous auriez tendance à faire hospitaliser ou à adresser aux urgences en cas de suspicion ou pas ?

- si il y a suspicion avec des lésions fortes, oui, pour éviter que ça bascule, que ça puisse aller

plus loin, mais euh … après pas forcément, mais c’est vrai que l’hôpital permet du coup de

prendre en charge, et de de … de canaliser et de rentrer dans un circuit qui est un peu plus facile.

- euh … oui, donc euh … est-ce que vous connaissez la cellule départementale, est-ce que vous

en avez déjà entendu parler ?

- de maltraitance ? maltraitance ?

- la cellule départementale oui.

- non.

- c’est une cellule qui est présidée par le … par le conseil général, et qui voilà, à qui on peut

s’adresser en cas de suspicion, en cas de doute.

- ah oui.

- qui nous aide, qui nous oriente.

- bah voilà.

- elle est pas connue par tous les médecins.

- bah oui, mais euh, là aussi c’est de leur faute.

- oui voilà, mmm mmm.

- vous avez jamais été en contact avec les services de protection de l’enfance ?

- non.

- non. Euh est-ce que pour vous …, enfin vous avez jamais été forcément en contact, mais est-ce

que ce serait difficile pour vous d’accéder justement à ces différents intervenants, si vous aviez

besoin d’une aide ?

- silence.

- la cellule départementale ou d’autres personnes, est-ce que vous pensez que c’est difficile

d’avoir accès à ces intervenants ?

- bah je sais pas, ça dépend comment ils sont …

- oui vous avez jamais été …

- bah non j’ai jamais essayé, donc euh … euh …, là aussi euh …, là ça peut ..., ça fait parti de

l’information, on est noyé d’informations hein, et de mauvaises informations, parce que ça ça fait

parti des choses que tout tout médecin installé devrait savoir, qu’il existe une cellule qu’on peut,

il suffit de les appeler, que ils peuvent nous aider dans les démarches, et que …, c’est simple.

- vous savez faire un signalement vous si vous aviez …, si vous deviez en faire un ou pas ?

- non.

- non.

- ah non non non, non là là j’ai …, j’ai vraiment besoin …, je ne sais plus faire hein, j’ai fais,

mais je ne sais plus, donc euh euh … avant de faire quoi que ce soit, je me …, je ferais faire des

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examens euh pour me permettre d’attendre et de euh de prendre des renseignements et puis là

j’irais à la …, à la course euh … aux renseignements.

- elles viennent d’où vos connaissances essentiellement sur le sujet, même si vous en avez pas

énormément ?

- ah bah de de de mon stage à Bretonneau.

- vous avez jamais eu de formation sur le sujet ?

- non.

- initiale ou continue, jamais jamais ?

- d’accord.

- il y a pas de formation sur le sujet.

- vous sentez vous suffisamment formé ?

- bah hein hein.

- euh … vous aimeriez être formé comment, par quel type de biais, par des formations, par des

revues de littérature, internet …

- alors moi internet surement pas, hein hein, c’est pas de ma génération, euh je trouve que la la

seule formation euh qui qui …, qui apporte quelque chose, c’est une formation interactive, donc

euh … une ou deux journées de formation, il y en a eu …, il y a eu il y a eu sur le suicide, il y a

eu euh … fait fait par …, au moment où on s’est aperçu qu’il y avait énormément de suicides, et

il y a eu des formations sur le suicide, donc pourquoi pas faire la maltraitance, et et où on est

interactif, où on on parle entre nous, euh où on s’échange, on échange euh des des des des …, des

trucs hein, et puis on a en face un intervenant avec lequel on puisse … on puisse échanger, donc

c’est la formation.

- il y a un médecin de PMI qui a éventuellement proposé de faire des stages bah dans le cadre de

la PMI ou dans le cadre de l’ASE, vous pensez que ça pourrait être utile ou pas ?

- pourquoi pas, mais un … une une formation de de 24 heures à 48 heures, parce que on ressort

avec euh euh … la liste des intervenants, euh … la façon de procéder et puis après …

- et euh est-ce que vous pensez que ça peut être intéressant, vous en avez parlé dans le cadre des

formations, bah de se réunir en groupe de médecins, en groupe de pairs, pour discuter des

expériences, et euh … ?

- oui, pourquoi pas, tout à fait, c’est …, groupe de pairs bah tout ce qui est interactif, euh euh …

humain, un peu plus un peu plus vivant, un peu plus parlant.

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ENTRETIEN 15

- alors je vais d’abord commencer par des généralités, je vais vous demander votre âge ?

- alors 30 ans.

- d’accord, donc vous faites donc que des remplacements, vous avez fini votre euh …, votre

internat.

- ouais tout à fait

- vous remplacez que ici ou euh …

- non en fait moi je remplace sur des semaines entières, c'est-à-dire qu’en fait c’est euh …, si les

médecins sont en vacances, ou les congés maternité, ou des ...

- d’accord il y a pas de remplacements réguliers.

- non.

- vous vous intéressez au dépistage euh … en général, notamment les troubles des acquisitions,

troubles du langage chez les enfants ou pas ?

- alors c’est vrai que du coup avec ce statut de remplaçant un peu épisodique, c’est pas forcément

facile, on n’a pas du tout le suivi sur euh, euh … de l’enfant, euh … donc dire que je le recherche

à chaque fois, non, après effectivement, comme euh …, après ça fait quand même parti de nos …,

les choses qu’on est censé savoir mettre en œuvre. J’ai pas eu l’impression, moi d’avoir déjà

croisé euh … ce cas là.

- vous avez déjà été confronté à une situation de maltraitance, ou à une maltraitance avérée ?

- non du coup non.

- jamais jamais, même euh …

- euh … non

- au sein des stages à l’internat.

- alors au …, euh … au sein de l’hôpital euh … enfin oui plus ou moins, dans le sens où on avait

pas mal de cours la dessus au niveau du service de pédiatrie d’Ambroise Paré, où euh …, c’est un

sujet qui est assez euh …, où le chef de service on va dire aime bien traiter …, on avait des

modules spécifiques sur …, sur la dessus, euh … donc du coup là …

- bah justement si vous étiez face à une de ses situations, qu’est-ce que vous feriez en fait, est-ce

que vous savez ce qui faudrait faire ?

- euh …, bah enfin le problème c’est que c’est très …, j’imagine très variable en fonction des …,

du contexte social de l’enfant etc., alors après la question aussi peut-être un peu différente en tant

que remplaçant, puis en tant que installé, donc c’est vrai que en tant que remplaçant, ça dépend si

voilà c’est une durée d’une semaine, je pense qu’effectivement je préviendrais le médecin et je

laisserai plus le médecin titulaire gérer la situation, euh après pour une durée plus longue,

effectivement dans ces cas là, c’est à nous de prendre en charge le …, on va dire le …, euh … le

problème. Euh … bah il y a les assistantes sociales du secteur au niveau de …, au niveau des

mairies éventuellement, il peut y avoir euh …, euh … au niveau des … euh enfin c’est …, c’est

des cabinets de groupe donc souvent en fait euh …, c’est pareil en fait, les médecins discutent pas

mal entre eux, pour euh, pour voir ce qu’ils pensent par rapport à la prise en charge. Euh …, dans

ces cas normalement on est censé euh …. Dans les situations de divorce ou autre, elle disait voilà

quand … quand il est avec le père ça se passe pas bien, etc. sauf que nous, on le constate pas,

c’est la mère qui amène, on n’a pas l’autre version etc., donc c’est vrai que là c’est peut-être un

petit peu plus … différent. Donc du coup c’est …, enfin le problème c’est vrai c’est que c’est euh

…, comme il y a pas mal de situations, c’est vrai que c’est difficile de vous donner une euh …

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- d’avoir une conduite à tenir précise.

- voilà.

- et quel serait votre ressenti si vous étiez face à une des ses situations, comment vous géreriez la

situation ?

- euh le ressenti … euh …, dans un premier temps ce que j’essaierai de faire, euh … bah déjà je

pense que le …, enfin après ça dépend voilà dans quel contexte, c'est-à-dire que si la personne

qui amène l’enfant, on va dire n’est pas la personne qui est soupçonné justement de faire la

maltraitance, je pense que dans ces cas là, c’est plus facile. Dans les structures hospitalières, on

peut dire bon bah on garde l’enfant, le temps de faire des évaluations, de …, d’essayer de se

laisser du temps, pour jauger si on a raison ou pas. Je pense que je serais surtout plus embêté si

euh, si je suspecte directement la personne qui m’amène l’enfant d’être responsable de la

maltraitance. Euh … là je pense qu’effectivement il y a …, ça doit pas être forcément évident.

- euh pour vous quel c’est quel type de maltraitance le plus difficile à repérer ?

- j’aurais tendance à être euh …, quand c’est des enfants qui sont en foyer, on va dire pour des

…, euh … pour des …, enfin …

Problème de magnéto donc j’ai pas pu retranscrire la fin de la question.

- euh il y a des circonstances ou des occasions dans lesquelles vous seriez amené à plus

rechercher ou à plus suspecter une maltraitance ?

- bah déjà l’examen, enfin clinique, l’examen clinique euh … forcément si il y a des signes de

coup, euh … si il y a, ça peut être aussi bon tout ce qui est signe de coup au sens large, après ça

peut être aussi tout ce qui est retard de croissance ou … on va dire des …, après euh … au

niveau de justement euh ça peut être la façon de s’exprimer, ça peut jouer aussi, mais bon avec

les remplacements je … je vois l’enfant pour la première fois, pas forcement mais …, enfin

souvent …, souvent au cours de l’entretien, enfin au cours de l’examen, souvent l’enfant se

détend de plus en plus, et après à la fin il commence à jouer un peu partout, mais c’est vrai que

souvent au début, comme ça quand ils nous voit, euh … c’est vrai qu’ils sont assez euh …, assez

craintifs, donc c’est vrai que c’est pas forcément facile, mais euh … c’est plus facile quand on

suit les enfants je pense au quotidien, il doit y avoir un certain avantage, à se familiariser avec les

familles, avec les parents.

- le niveau socio-économique, ou socioculturel, ça n’intervient pas forcément dans le fait de …,

vous amenez à rechercher pour vous ?

- bah je pense pas qu’il y ai de variation au niveau de la maltraitance, en fonction des niveaux

socioculturel ou socio-économiques, je pense que … justement c’est plus un …, entre guillemet

un piège dans le sens, où si le niveau socioculturel nous parait bon, on aura tendance à pas

vouloir le rechercher en fait, donc euh … euh … c’est vrai que …, pas particulièrement, mais

après c’est vrai que peut-être inconsciemment, on est peut-être moins attentif quand même, mais

euh …, disons qu’on le sait que normalement ça existe partout quoi.

- en théorie oui.

- est-ce que vous pensez que l’enfant ou le parent peut développer des freins au dépistage, qui

feraient en sorte bah que vous seriez vous amener à moins dépister ?

- euh … pour la maltraitance, ou pour d’autres pathologies ?

- oui, pour la maltraitance.

- pour la maltraitance, le parent ?

- oui ou l’enfant ?

- est-ce que …, est-ce que l’enfant pour vous …, le fait qu’il en parle pas en consultation, que le

parent soit dans le déni, que ça …, ça freine au dépistage, en fait, les comportements de l’enfant

ou du parent ?

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- euh bah je pense pas que l’enfant on puisse dire en tant que tel que ce soit un frein, enfin qu’il

puisse freiner dans le sens ou …, euh … je sais pas si en tant que victime on peut vraiment

freiner, après on peut ne pas le dire, de … effectivement de … de peur ensuite des représailles ou

de pas savoir ce qui peut se passer derrière, mais je … je dirais pas que c’est un frein, après les

parents je pense qu’effectivement, oui certain clairement, euh … d’autres je pense

qu’effectivement ils en souffrent aussi de cette situation, donc euh … je suis pas sur que …, ils

soient …, ils aient tous le même comportement après. Mais euh …, mais bon c’est vrai que c’est

plus de la …, du ressenti sans que ce soit forcément quelque chose de euh …, que j’ai pu

constater en tant que tel.

- est-ce que pour vous c’est un sujet difficile à aborder, enfin si vous deviez l’aborder en

consultation si vous avez une suspicion, vous l’aborderiez assez facilement ou vous seriez euh

… ?

- bah à partir du moment où euh …, si on revient à notre exemple là de … de couple séparé, de

garde alternée et ou la personne vient en parti consulter pour ça, parce que c’est pas forcément

que le motif principal de la consultation, on va dire là ça s’aborde on va dire assez facilement je

trouve, du coup puisque c’est un …, presqu’une demande de la part de …, du patient, euh …donc

là non. Alors si effectivement c’est plus une …, on va dire une découverte euh …, et qu’on a

l’impression que c’est plutôt caché par le …, par les parents euh … là c’est vrai que ça peut être

plus embêtant, bah après on peut effectivement, euh … si il a plusieurs traces de bleus, demander

à l’enfant dans quelles circonstances s’est arrivé, en essayant de …, de faire parler l’enfant sans

que le parent n’intervienne, après j’imagine que si le parent veut vraiment le cacher, ça risque de

effectivement …, de forcément euh … au niveau de la situation se compliquer, mais euh …, mais

après c’est vrai que bah encore une fois, comme j’ai …, j’ai pas eu l’occasion enfin de rencontrer

ces cas là, en particulier en ville, c’est vrai que …, bah il faudrait …, enfin … A l’hôpital, il y a

toute la structure, donc je pense que les gens sont un peu inhibé, ils peuvent pas on va dire trop

entre guillemet s’en prendre au …, au médecin enfin, être revendicatif par rapport au médecin,

autant dans un cabinet de ville c’est vrai que ça peut …, j’imagine ça doit pouvoir plus facilement

effectivement euh …, s’envenimé on va dire.

- alors est-ce que vous ressentez des obstacles au dépistage ?

- non pas particulièrement, mise à part le fait que … euh …, on n’a pas forcément beaucoup de

temps, euh … au contraire d’un …, euh … on va dire … Et puis encore une fois voilà, on peut

toujours éventuellement reconvoquer la personne, si elle est …, si elle est d’accord, mais prévoir

un RDV, etc.

- et le manque d’implication du médecin, vous pensez que ça peut être un frein ou pas ?

- le manque d’implication du médecin ? du euh …, pareil du dépistage de …

- oui de la maltraitance.

- de la maltraitance ou de …

- oui le fait d’aller plus loin, le fait de …

- bah je pense que la …, le fait d’avoir été sensibilisé, d’avoir eu des des cours spécifiquement

dessus, avec une formation dessus, forcément c’est …, des cas cliniques etc., donc en montrant

concrètement comment ça peut se …, se présenter, euh … c’est vrai qu’à mon avis forcément, si

il doit y être confronté plus tard, il sera probablement plus attentif, donc ça je pense que ça doit

faire effectivement parti de la formation, euh … après je pense pas qu’il y ai euh …, je pense pas

qu’il y ai une implic…, manque d’implication volontaire de certains médecins, je pense que c’est

plus effectivement euh …, on va dire quelque chose qu’ils ont peut-être moins conscience, moins

connaissance, peut-être moins formé ou euh …, sans que ce soit vraiment un manque

d’implication en tant que tel, je pense que c’est …, une question plus de formation, enfin

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j’imagine que c’est une question de formation, je vois mal comment après avoir été formé on

peut … dire non je … je cherche pas à rechercher le … la maltraitance, ça parait compliqué quoi.

- et vous pensez que le fait de pas avoir de signes spécifiques ou d’outil validé au dépistage, ça

peut freiner certains médecins ?

- probablement que oui, parce que c’est vrai qu’il y a pas mal de …, c’est vrai que quand on a des

scores, qu’on a donc avec la médecine par preuves, on va dire on fonctionne pas mal avec euh,

avec des scores, avec des …, des cases, des … des questionnaires etc., avec des …, à chaque fois.

En même temps, je trouve qu’encore au niveau de la pratique de la médecine générale, il y a

quand même beaucoup de relationnel avec les patients, et donc du coup je pense pas qu’on soit

que non plus, a en arrivé sur euh la prise en charge euh, on va dire euh … scientifique, je pense

qu’il y a encore pas mal de … de relationnel, donc je pense pas que …, enfin je pense qu’au

niveau de la communication, c’est quelque chose qu’on peut percevoir, enfin si on le recherche et

on pense a … être attentif à ça, je pense même sans avoir forcement d’outil diagnostic en tant que

tel, on va dire euh …, bon avec quelques tests, et quelques années de pratique, parce que c’est

vrai que peut-être que quand on passe de l’hôpital, on a pas quasiment pas fait de stage en ville,

on a peut-être pas l’habitude, peut-être que les premiers mois, premières années, le temps de se

familiariser avec ce type de …, enfin ce changement de pratique, parce que ça a quand même pas

grand-chose voir avec ce qu’on fait l’hôpital, mais sinon euh …, mise part en début de carrière,

à mon avis après, euh … je pense que le médecin a suffisamment d’expérience.

- et la peur de …, la peur de l’erreur, ou la peur de la plainte ?

- non, ça je pense pas …, enfin moi c’est pas quelque chose qui m’inquiète beaucoup mais après

euh …, après ça rentre probablement en compte euh … pour certains médecins, c’est vrai qu’on

en entend de plus en plus parler, mais si on regarde les chiffres, bon ça reste quand même très

marginal pour la médecine générale, mais euh …, donc pour l’instant …, enfin voilà si on reste

pratique, c’est … ça peut que rassurer.

- vous connaissez quelques notions du code pénal, quant à la non assistance à personne en

danger, ou quand est-ce qu’il faut …, quand est-ce que vous pouvez dévoiler le secret médical,

tout ça vous avez quelques notions ou pas ?

- euh … oui, oui oui, normal…, normalement d’ailleurs on doit tous les avoir, parce que …, parce

que ça fait parti du programme de l’internat, euh … mais euh effectivement normalement tout ce

qui est violence sur mineur, ça doit faire parti du … du lever du secret médical, donc euh …, euh

… enfin dans ce contexte là puisqu’on parle de violence sur mineur, euh … effectivement on doit

pouvoir alerter tout de suite la police si …, c’est ce qu’on disait tout à l’heure au début, c’est que

voilà entre effectivement quelque chose mise en cau…, enfin mis en jeu on va dire avec les

patients, c’est vrai que c’est quelque chose qu’on peut directement alerter, euh … la police si

vraiment on sent que c’est évident, après c’est vrai que c’est pas forcément euh …, en un quart

d’heure vraiment facile de le faire.

- ça c’est sur. Euh est-ce que vous pensez que le rôle du vécu du médecin, de ses croyances, de

ses expériences, de ses croy…, enfin et de tout ça, ça peut jouer dans le fait de plus ou de moins

bien dépister ?

- euh … alors ça c’est sur que ça doit pouvoir …, ça c’est sur que ça joue, euh … après est-ce que

ça joue euh … son avantage, dans le sens est-ce que ça va améliorer la prise en charge ou pas,

euh … je suis pas sur que …, je pense qu’on a suffisamment …, enfin dans notre euh … pratique

professionnelle, euh je dirais qu’on a suffisamment normalement de …, d’émotions et le fait de

ressentir de se mettre à la place du patient ou de …, euh … on va dire de … de se projeter et de se

dire bah oui, c’est vrai ce qu’il vit etc., euh améliore la prise en charge, au contraire je pense qu’il

faut plutôt rester distant, enfin distant, à priori il y a forcément de l’empathie vis-à-vis du patient

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mais euh … je pense qu’il faut rester un peu lucide et puis vraiment effectivement essayer de se

…, se … se remettre un petit peu effectivement au jour euh …de ce qui se fait pour euh …,

effectivement prendre en charge correctement le patient, et pas trop …, je pense pas que les

émotions vraiment soient …, aident pour la prise en charge, vraiment on est censé avoir les …,

techniquement on va dire les compétences pour prendre en charge euh … sans vraiment euh …

entrer dans l’émotionnel.

- est-ce que vous pensez aussi que le risque des conséquences négatives soit sur la famille ou sur

l’enfant, bah justement le fait d’évoquer une maltraitance, ça peut freiner certains médecins au

dépistage ?

- je pense pas …, la question qu’on se posait par exemple pour les personnes qui voulaient se …,

qui sont dépressifs, on se demandait si il fallait leur demander si il avaient envie de se suicider ou

pas, euh … en ayant peur que ça puisse éventuellement leur donner l’envie de passer à l’acte, euh

… alors moi j’ai la notion, alors après c’est ce que j’ai vu dans mes études, mais que

effectivement au contraire, c’était quelque chose de rassurant vis-à-vis du patient et qu’au

contraire …, et euh … ça … incitait pas du tout les personnes a passer à l’acte, euh … je pense

que ça doit être à peu près le même type de schéma euh …, que les patients ou que la famille, le

sen…, le fait de sentir que le médecin s’intéresse et euh … évoque ce type de …, c’est plutôt vu

positivement on va dire de la part des …, des patients.

- et le fait de ne plus revoir l’enfant ou de ne plus avoir cette relation de confiance ?

- bah de plus le revoir, ça dépend, si on a pas fait de signalement, c’est peut-être inquiétant hein

hein, euh … non je pense pas, parce que après euh …effectivement même si il est placé, si il va

dans une autre famille et qu’on est plus amené à le revoir, euh … c’est qu’on aime bien …, enfin

surtout si on a choisi médecine générale, je pense c’est vraiment pour avoir le suivi dans le temps,

euh … et puis de devenir médecin effectivement de de famille des patients, on aime toujours

avoir le suivi, savoir un petit peu ce qu’est devenue un peu la personne, euh … mais bon si euh

…, je pense que si tout se met en place, je pense c’est quand même profitable pour lui, même si

on est plus amené a le revoir, après la question c’est euh … jusqu’où on veut aller pour être sur

que cette prise en charge euh … s’est bien faite, c'est-à-dire que si on voit plus l’enfant mais

qu’on a pas de nouvelles non plus de l’assistante sociale, on sait pas ce qu’il est devenu, euh …

est-ce qu’on est dans notre rôle d’aller relancer l’assistance sociale ou pas, ça c’est peut-être

d’autres questions effectivement, euh … à mon avis qu’on se pose plus une fois qu’on a été

confronté au problème.

- et le fait de …, bah justement d’être pas forcément …, d’être remplaçant et de pas être médecin

installé depuis plusieurs années, enfin le manque d’objectivité, le rôle affectif vis à vis de la

relation médecin patient, vis-à-vis de la famille, vous pensez que ça peut freiner certains

médecins ?

- euh …, bah je pense que oui, dans le sens où euh …, euh … bah déjà c’est … faut le temps de

se …, on va dire de … Je pense qu’on gagne pas mal de temps, enfin moi je vois parce que même

si je remplace des semaines euh …, plutôt de vacances, il y a des médecins du coup qui euh …,

que je remplace plusieurs fois dans l’année, du coup parce qu’ils prennent des vacances à noël,

l’été etc., donc du coup il y a des patients que je voient, qui reviennent me voir, que j’avais déjà

vu, que … que je connais et c’est vrai que du coup toute la partie euh du début de l’entretien,

quand on connait pas le patient, on essaye de comprendre sa façon de penser, sa façon de

s’exprimer, on essaie de … de cerner entre guillemet un peu la personnalité du patient pour

arriver à mieux le prendre en charge, euh … toute cette partie là, du coup c’est du temps de

gagné quand on connait les personnes et du coup c’est du temps qu’on peut plus disposer pour se

consacrer vraiment à soigner le problème pour lequel la personne vient, donc c’est vrai que euh

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… euh …, quand on connait pas le patient, ça peut être un frein de de … euh …, le temps

d’arriver déjà effectivement à plus ou moins essayer de cerner un peu sa personnalité, voir un peu

comment il fonctionne, comprendre le comportement que peuvent avoir les enfants vis-à-vis des

parents dans le cabinet, euh … ça rentre plutôt dans la maltraitance et puis même si on l’aperçoit

euh … j’imagine que ça doit arriver en fin de consultation euh … euh …, au moment de … au

moment de …, de la … enfin, en plus si le médecin connait pas bien le secteur, il sait pas a qui

adresser, enfin des contacts, euh … c’est vrai que ça peut être euh … euh … compliqué, bon bah

tient je vais en parler au médecin titulaire, médecin installé, euh … bhein du coup c’est vrai que

ça fait un repousser quand même un petit peu pour eux aussi la décision, donc du coup c’est vrai

que ça peut être …

- et les facteurs économiques, enfin le fait de perdre du temps ou peut-être perdre des patients

aussi par la perte de suivi, tout ça vous pensez que ça peut freiner certains médecins ou pas ?

- non je pense pas, je pense pas parce que euh …, bon on peut toujours reconvoquer les gens

après, il y a vraiment moyen de s’arranger vis-à-vis du temps, euh …, bon alors après ça dépend

comment les médecins travaillent, mais souvent on a aussi quelques créneaux de libre dans

l’après midi pour recaler les RDV si jamais on a un petit peu dépassé au niveau des horaires, euh

… et puis …, euh … ça dépend je pense des endroits où on travaille, mais ça ça se passe à peu

près bien donc du coup je pense pas, euh … et puis surtout que …, notamment pour les médecins

installés euh … il y a vraiment …, enfin moi j’ai l’impression dans les médecins que je remplace

que ils sont quand même assez relativement dévoués par rapport à la patientèle, et je pense pas

qu’on est que dans un …, que dans un contexte de …, vous avez 15 minutes et dans 15 minutes

ça doit être fini, donc euh …, voilà on a vraiment l’impression que les pat…, enfin les médecins

s’impliquent même quelque fois dans la vie locale des villes euh …, pour développer des

activités complètement en dehors, rien a voir avec la médecine, mais pour développer la ville.

- d’accord, euh … est-ce que vous auriez des solutions à proposer pour améliorer le dépistage ?

- probablement plein , oui, hein hein, probablement plein, euh … effectivement déjà bah euh …,

alors bon l’indicateur chiffré je sais pas si c’est quelque chose qui peut euh … euh …, on va dire

pour le dépistage, enfin euh … pour le traitement pour le … pour arrêter de fumer et tout ça, mais

euh … c’est vrai que … ça pourrait probablement rassurer certains médecins et euh … même

pour l’ensemble des médecins peut-être les aider dans le dépistage scientifique qui permettrait de

… de dépister ce type de … de problèmes. Effectivement tout ce qui est aussi coordination au

niveau des métiers de la santé, de réseau joue énormément, euh … et puis probablement euh …,

alors peut-être que je me trompe, mais euh … on va dire qui traite de la santé avec des personnes

qui se connaissent pas, qui savent …, connaissent pas bien ce que doit …, ce que font chacun,

euh … et du coup qui communiquent pas trop entre eux, euh … je pense que le fait que les études

soient communes peut arriver aussi à une certaine euh … organisation un peu plus en réseau avec

plus de communication entre les …, entre les différents intervenants, ça je pense que c’est positif

ouais.

- euh … est-ce que vous pensez qu’il y aurait un intérêt à faire un dépistage systématique en

ambulatoire ou dans le cadre de la PMI ?

- euh … probablement que oui, mais de toute manière, ça a toujours un intérêt a faire des …, euh

… a refaire des évaluations, voir effectivement même sur une petite échelle, voir ce que ça donne

si il y a vraiment des résultats ou pas, parce que c’est euh … facile a faire et euh ..., donc euh …,

donc effectivement euh … ne serait ce qu’effectivement faire des évaluations pratiques, pour voir

euh … le positif, euh … voir si cela répond bien aux attentes et voir ce que ça donne vraiment,

avant d’avoir fait un test local, parce que euh … je suis pas sur que se soit si simple que ça, et

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avoir des résultats on va dire qui peuvent être reproductibles entre euh … différents médecins

etc., donc euh … c’est compliqué à mettre en place.

- et que pensez vous des campagnes d’in…, d’informations, des médias, pour aider les médecins

ou pour aider les parents, pour sensibiliser, vous pensez que ça peut être intéressant ou pas ?

- alors, ça dépend si elle est faite pour les médecins ou si elle est faite euh …, si elle est faite pour

les médecins je suis plus réservé, euh … dans notre carrière je pense …, les campagnes

d’informations euh … notamment via les ARS sur la crise d’angoisse, les trucs comme ça,

envoyer des affiches à tous les médecins, je trouve que … euh … Par contre vis à vis de la

population, on essaie de cibler les moyens de communications, on essaie de l’adapter en fonction

de la population, et là comme on veut un peu toucher tout le monde, c’est …, c’est pas non plus

facile à … faire.

- euh est-ce que vous avez une définition de la maltraitance ?

- pas réellement on va dire, hein hein, c’est très large, c’est très très large donc effectivement ça

peut être les sévices physiques, ou …, euh … il y a aussi tout ce qui est euh … psychologique,

comportement normal et euh …, de dire voilà le but du jeu c’est que l’enfant puisse s’épanouir et

tout ce qui est un frein on va dire à son évolution, voilà je pense qu’il faut pas non plus être dans

le …, comme on voit certains politiques ou de …, je pense qu’il faut pas non plus euh …, parce

que c’est vrai que l’enfant ça s’éduque, c’est pas forcément si facile que ça à …

- vous pensez qu’une définition standard de la maltraitance pourrait aider à améliorer le dépistage

ou pas ?

- euh … probablement euh …, parce que de souvenir en plus c’est pas forcément que les

médecins qui peuvent être concerné par ce dépistage là, parce qu’il y a aussi … enfin, il y a les

médecins généralistes, les assistantes sociales, enfin je pense que …, enfin … les crèches, le

personnel de crèche, donc du coup, il y a beaucoup de professions différentes qui peuvent être

touchées par ce …, par ce dépistage, et du coup euh … qui ont d’autres compétences, donc c’est

vrai que euh … que ce soit les médecins mais que se soit aussi les autres personnels, ça pourrait

être utile.

- c’est pas forcément évident, ça commence où pour vous la maltraitance, vous me l’avez dit un

peu tout à l’heure aussi mais ?

- bah oui, enfin …, on va dire tout ce qui pourrait être un frein au développement de l’enfant,

c'est-à-dire qu’on va tous, tous les attitudes et les comportements des parents ou … ou d’autres

d’autres personnes, parce que c’est pas forcément que les parents, euh … qui peut nuire. Mais

c’est vrai que l’éducation euh …, bah là faut être relativement …, relativement euh …, à savoir

dire donner des interdits, c’est pas …, ça permet aussi à l’enfant de se construire, donc après c’est

vrai que c’est …

- vous connaissez à peu près les critères diagnostiques et les examens complémentaires à

effectuer en cas de suspicion ou pas ?

- alors oui, hein hein, en théorie oui, euh bah normalement euh …, il y a normalement c’est …

enfin, euh … donc là effectivement normalement c’est constater toute les lésions, les définir,

éventuellement prendre des photos, ça et tout ce qui est demande de malnutrition, de dénutrition

si il y a des carences enfin, donc euh …

- donc justement le doute … le doute diagnostic, le manque de certitude ça peut être un frein ou

pas pour dépister ?

- non je pense pas parce que euh …, parce que si même si vraiment on avait un vrai doute, en se

disant voilà, ça …, on va dire j’estime à 50% que l’enfant soit maltraité, ou à … même à 20%,

euh … il y a moyen effectivement je pense toujours de dire bon a va faire un bilan de santé global

et euh … je suis pas sur que les personnes puissent euh …

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- euh et l’attitude à adopter en cas de suspicion, la conduite à tenir, qui euh …, enfin hospitaliser

ou pas hospitaliser, le signalement tout ça, vous avez quelques notions ou pas du tout ?

- alors quelques notions oui, après le problème c’est que c’est souvent des notions plus théoriques

que pratiques, euh … du coup qui sont pas forcément facilement transposables, euh … c’est des

choses qu’on a pas du tout envisager avant euh …, en théorie on est censé être formé a ça, mais

c’est vrai que après sur la partie pratique, donc euh … voilà encore une fois, si c’est la personne

responsable qui amène l’enfant, à réagir sur le moment c’est vrai que ça peut-être plus compliqué

ouais.

- et euh … vous avez déjà été en contact avec les services de protection de l’enfance, la cellule

départementale est-ce que vous connaissez ?

- alors euh … oui je connais, enfin en contact direct non, jamais, euh … après les assistantes

sociales de secteur etc. oui, euh … ça peut arriver, moi j’ai eu aussi par exemple pour un

problème de maintient à domicile, l’ARS au téléphone donc euh …, euh … on peut avoir

effectivement des … des contacts, après c’est vrai que j’ai pas eu de contacts spécifiques par

rapport à cette problématique là.

- vous seriez quel euh … quel organisme, qui contacter en cas de suspicion ou pas ? à qui vous

feriez appel ?

- je pense que on va dire le cas où je serais le plus embêté, ce serait vraiment si j’avais une

suspicion vraiment euh de maltraitance on va dire immédiate, euh je pense que dans ces cas là,

automatiquement on va voir avec eux l’a…, on va dire l’attitude à avoir pour euh …, pour

prendre en charge l’enfant, euh … on peut le reconvoquer deux trois jours après, bah du coup ça

peut laisser le temps effectivement de faire cette démarche là, ne serait ce qu’en appelant d’autres

confrères, on est dans un cabinet où il y a d’autres médecins généralistes, donc ça permet

effectivement de leur poser la question.

- d’accord, en tout cas la cellule départementale, vous en avez déjà entendu parlée ?

- ouais, ouais ouais, alors après c’est vrai que comme du coup, des médecins vis-à-vis d’autres

types de prise en charge …, c’est vrai que du coup certains médecins nous laissent des

coordonnées de médecins à contacter en fonction, mais il y a …, enfin il laisse le médecin

cardiologue mais jamais de …, service pour la maltraitance.

- ouais bien sur, vous pensez que c’est difficile d’accéder soit à la cellule départementale, le

procureur de garde, ou différents intervenants, vous pensez que c’est difficile ou pas ?

- je pense pas euh …, je pense pas, je pense que … après faut voir euh … déjà quel … enfin, à

quel heure on …, euh … déjà je pense qu’effectivement le conseil de l’ordre des médecins euh …

si jamais on tombe pendant l’ouverture, euh … du conseil de l’ordre, euh après je sais aussi pour

avoir reçu euh …, enfin par exemple pendant mes études, euh … aux urgences de l’hôpital euh

… on avait euh …, et du coup on avait pu euh … avec eux discuter pour revoir et au final ça

s’organise assez bien, c'est-à-dire que bon faut une demi journée quand même donc euh …, on a

souvent a trouver une solution assez rapide, euh … qui convient à tout le monde.

- si vous deviez faire un signalement, vous sauriez le faire ou pas ?

- alors euh …, on va dire sans ..., on va dire euh … sans renseignements supplémentaires, je

dirais non, je pense que dans tous les cas, je me renseignerais que ce soit sur un … jour ou que ce

soit immédiatement, à ce moment là effectivement en contactant la police et en voyant avec eux

ce qu’ils attendent comme signalement etc.

- euh vos connaissances elles viennent essentiellement de … de l’internat, des cours de la fac ?

- ouais principalement, ouais ouais.

- d’accord, donc ça a été abordé à la faculté.

- ouais.

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- et puis dans votre stage vous m’avez dit.

- nous c’était dans le stage en … pédiatrie, et puis en plus ça faisait parti d’un module obligatoire,

enfin c’était des … euh … sur deux jours en fait, euh qu’était obligatoire pour toute la promotion

et euh … qui touchait différents problèmes, donc euh … ça a été abordé à la fois dans le cadre

des gens qui étaient en stage, dans ce stage là, mais aussi euh … à la faculté.

- euh est-ce que vous trouvez que votre formation a été suffisante ou pas ?

- euh … je pense que oui, parce que de toute manière on a, on va dire euh … tous les mé… enfin,

nous même c’était pendant l’externat, c’était pas pendant l’internat, euh … donc du coup euh …,

comme on forme à toutes les spécialités, c’est difficile de faire beaucoup plus, euh … après euh

… pendant l’internat c’est …, on a pas trop revenu sur ce sujet là, euh … c’est difficile de tout

aborder. C’est intéressant de raisonner sur tout type de problématiques, et de justement savoir

entre guillemet, enfin nous même sur chercher l’information, soit justement travailler par groupe

de pairs, mais de manière à évoluer puis améliorer nos pratiques au quotidien en fait, euh … donc

du coup j’ai pas eu l’impression pendant l’internat, sauf dans certaines matières, mais c’était plus

sur euh bah comment fonctionner nous même, ensuite être capable de euh …, d’acquérir les

connaissances, donc après je pense qu’effectivement c’est plus euh …, et puis effectivement

notamment une fois qu’on est installé, qu’on est vraiment dans son cabinet, euh se constituer

tous les réseaux que ce soit dans ce domaine là ou dans les autres.

- donc vous pensez que la …, le le les groupes de pairs c’est intéressant justement pour …, pour

améliorer le dépistage, pour parler des expériences, pour aider à aller …

- voilà, c'est-à-dire que moi j’ai jamais eu …, enfin pour l’instant j’ai pas …, je fais pas parti d’un

groupe de pairs, mais tel que ça avait été présenté, tel qu’on avait pu le voir, puis tel qu’on a pu le

faire, parce qu’on avait fait des petites simulations de groupes de pairs au sein de …, au sein des

études de l’internat, euh … ça paraissait pratique quand même. Parce que c’est vrai que le fait de

rester seul, effectivement on trouve les solutions euh … aux problèmes dans la littérature, puis il

y a des fois effectivement on a besoin d’aller plus loin et avoir des … connaissances forcément

peut-être plus pratiques, plus que de la théorie, il y a des fois c’est pas forcément facile

d’intervenir seul.

- vous aimeriez être formé comment, par quel type de biais, internet, les revues, les formations

continues, …

- alors je pense plus sur des euh …, plus sur des interventions ponctuelles comme des …, euh en

tant que remplaçant je pense que les formations la difficulté qu’on peut avoir pour accéder a ce

type de formations, euh … mais bon après c’est un statut qui dure que 3 ans.

- il y a un médecin de PMI, qui avait proposé de …, éventuellement comme solution de faire des

stages dans le cadre de la PMI ou dans le cadre de l’ASE, vous pensez que ça peut être

intéressant ou pas ?

- je pense pff c’est variable en fonction de l’implication aussi des médecins de la PMI, euh …

donc euh …, ouais je pense que ça peut être intéressant. C'est-à-dire que le problème c’est que on

a pas le temps tant que ça et euh …, il faut faire intervenir des inter … enfin vraiment prendre des

intervenants qui soient de qualité, le problème c’est qu’on a l’impression quelque fois de faire …,

de perdre un peu notre temps et on a l’impression vraiment de …, on va dire d’être là pour rien,

donc le problème c’est qu’effectivement on …, on va dire je pense qu’avec l’externat et

l’internat, on a tous la possibilité aussi de se renseigner de ces réunions, de ces formations, en

demandant à que ce soit vraiment euh … euh …, bah que du coup il y ai pas mal de temps de

perdu en fait, euh … si c’est pour visiter les locaux et voir comment est installé la PMI … Il

faudrait avoir de retours de gens qui l’ont fait, parce que quelque fois ça parait simple en théorie

et en fait de voir en pratique, bah c’est peut-être pas si évident que ça.

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ENTRETIEN PEDOPSYCHIATRE

- bien traiter un enfant psychologiquement c’est quoi ?

- alors la définition qui ressort dans les … dans les entretiens, bah c’est euh … faut pas que ça

entrave le développement psychomoteur, enfin le bien être harmonieux, le développement

harmonieux de de l’enfant, c’est ce qui ressort. C’est une définition assez globale, après voilà

d’un médecin généraliste à un autre, ça peut varier quoi.

- alors ce qui entrave le développement harmonieux fait parti du lot des maltraitances, mais à quel

…, enfin des pas bien traitances on va dire, à quel moment on va verser dans la maltraitance

puisque derrière la … la notion du dépistage, il va y avoir qu’est-ce qu’on en fait, qu’est-ce qu’on

propose, est-ce qu’on signale, est-ce qu’on signale pas, comment on aide la … la dynamique

familiale, et et quelle mesure de protection. Les mesures de protection passant par les

signalements, puisque c’est à la limite au médecin de demander la mise en place, mais c’est pas à

eux de le faire, ils sont dans le soin, mais ils sont pas directement dans la protection, euh … donc

sur ce qui est psychologique, c’est difficile de mettre euh … la … la barre, la limite, et la limite

elle est très dans l’intersubjectivité, alors c’est pas complètement absent de ce qui est physique,

hein euh donner une claque à un enfant, il y a des gens qui supporteront, d’autres qui

supporteront pas, mais c’est encore plus flou quand même. Euh … donc on a ce que l’enfant

donne à entendre, et ce qu’on arrive à en entendre, il y a ce que le parent donne a voir, et ce qu’on

arrive à en voir, euh … et et comment les deux s’articulent, parce que un même enfant peut être

soumis au même euh comportement parental sans que ça retentisse en lui de la même façon, donc

l’un sera résilient et l’autre sera en situation de maltraitance, et ce sera le même parent, et à la

limite le comportement sera effectivement plus inadapté par rapport à l’un que par rapport à

l’autre, mais de là à faire un signalement pour maltraitance, ce sera compliqué. Ensuite il y a …,

il y a celui qui va évaluer une fois les choses dépisté et là encore on va retrouver … on va

retomber dans une objectivation qui va poser problème, dans une seconde objectivation, de

deuxième ligne, c’est à dire que dans les cas de maltraitance psychologique, la …, une fois qu’on

sait …, quelqu’un l’a mis en évidence, le second qui fait l’évaluation, parce que c’est comme ça

que ça se passe en général, euh n’a plus à faire à la même situation, ce qui est pas tout à fait le cas

dans les maltraitances physiques, on arrive à photographier, là on a plus de traces, les discours

vont changer.

Ensuite dans la maltraitance psychologique, l’enfant est lui-même, alors aussi dans les

maltraitances physiques, en parti pris dans un …, dans une espèce de de spirale ou il est lui-même

acteur de sa maltraitance, c'est-à-dire que l’enfant maltraité va être agité et du coup on va le …,

lui donner des paroles de plus en plus, c’est pareil pour la maltraitance physique hein. Euh et ou

bien l’enfant va être euh … pris dans un autre système où il aura pas d’instance de comparaison.

Le le …, est-ce que vous avez déjà trouvée confrontée dans un lieu public à des parents dont

l’attitude vis-à-vis de leur enfant vous choquait ?

- oui, oui ça m’est déjà arrivée, oui, oui.

- on a tous cette expérience là, euh … de soit dans le train d’interdiction complètement inadaptée,

de réaction à des comportements outrancières, enfin punitif et sanctionnantes outrancières ou à

des injonctions paradoxales, c'est-à-dire inverse, qui font que l’enfant perd sa tête, donc ça on a

tous vu, euh … heureusement quand même la plupart des enfants sont assez résilients à tout ça,

et et si on …, faisait comment dire la …, euh … partager les gens d’un coté ceux qui le font et

ceux qui le font pas, euh on aurait quand même beaucoup du du coté maltraitant.

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Alors ce qu’on appelle maltraitance quand même, euh … c’est quand il y a euh …, pourrait dire

ce type de comportement avec la perception par le parent que l’enfant …, enfin une perception

extrêmement négative de l’enfant par le parent, hein c’est pas euh de façon involontaire et

inconsciente, des comportements euh … qui qui sont peu adaptés, ça peut exister, mais on va

d’abord s’occuper de lorsque le parent a cette vision totalement négative de cet … de cet enfant,

donc là les choses sont plus faciles, et c’est un des premiers repères qui faut pouvoir donner au

médecin. Vous voyez un parent qui ne voit son enfant qu’à travers des éléments négatifs, donc il

est …, il est forcément dans une situation de maltraitance psychologique, donc là on a une

catégorie.

Euh donc le médecin n’a pas appris à les reconnaitre, on a des cours sur la maltraitance hein en

médecine, vous en avez eu.

- oui quand on est externe ou interne.

- il y a même des cours, il y a une séquence dans le module euh … de pédiatrie, il y a une

séquence maltraitance obligatoire, mais c’est souvent fait par des pédiatres et on met en avant

beaucoup plus la … la maltraitance physique. Le livre typique de la maltraitance euh …

psychologique, dans les …, dans la littérature psychanalytique, euh c’est l’homme aux loups,

donc un enfant élevé, qui devient parano, élevé par un père euh … extrêmement exigeant, qui est

…, donc l’enfant n’arrivant jamais à atteindre les … les exigences du père, donc là on est dans

dans quelque chose d’assez fréquent quand même, y compris dans les milieux aisés, hein euh, sur

les exigences de réussite scolaire et sur la crainte des enfants de ne jamais être au niveau des des

exigences euh … et donc d’être euh sans arrêt rabaisser.

Alors ensuite il y a des … des maltraitances psychologiques d’un autre as…, d’un autre bord, qui

sont chez des parents, qui eux même ont des troubles psychologiques, euh … la la … la

difficulté, alors j’ai vu par exemple des maltraitances, enfin c’était pas des maltraitances, des

délires à deux, l’histoire d’une … d’une maman qui vivait donc aux Antilles, qui se sépare du …,

de son compagnon, euh ils sont chacun dans une ile, elle à la Guadeloupe, Martinique, peut-être

des iles plus proches, mais bon peu importe, et euh … la mère fait tout pour qu’il n’est pas le

droit de … d’hébergement, il l’obtient quand même, euh … elle s’oppose à ce qu’il prenne trop

soin, un jour il prend l’enfant, selon son droit d’hébergement, et il le ramène pas, elle fait appel

séquestration d’enfant, et euh … elle dit que c’était une vraie séquestration, elle vit ça comme

une vraie séquestration euh, euh … il finit par ramener l’enfant, elle le prend sous son bras, le

lendemain, elle est en Métropole, pour fuir le risque d’enlèvement d’enfant et depuis elle vit dans

le risque d’enlèvement d’enfant, c'est-à-dire qu’elle voit euh son ex compagnon euh … en

complot partout, et elle imagine partout que dès qu’elle voit quelqu’un qui lui rappelle euh … les

Antilles, c’est quelqu’un adressé par lui etc., et la gamine arrive ici euh … à l’occasion d’un

simulacre d’enlèvement euh par son père, alors qu’il est pas …, vérification faite par la police, il

est en Guadeloupe, euh … mais c’est elle qui a simulé l’enlèvement, bon, donc on voit que cet

enfant est prise dans le délire de la mère, il y a une vraie situation de maltraitance, et en fait la

mère veut la protéger hein, , maltraitance tout à fait involontaire et inconsciente dans une relation

aimante, c’est pas du tout la même chose que euh … la relation où l’enfant est vécu entièrement

négativement, bon ça c’est un exemple, mais euh … il y peut y en avoir d’autres. En néonatologie

des parents qui sont psychotiques, dont les comportements sont peu adaptés euh au bébé, peuvent

très bien apprendre physiquement à … à répondre aux aux besoins physiques de l’enfant tout en

étant tout à fait inappropriés dans les … les besoins affectifs, et la façon de considérer la la

personne de l’enfant, c’est pas systématique hein, il y en a qui se débrouillent très bien, la

psychose n’est pas obligatoirement un facteur de maltraitance, mais il y en a, euh donc il y a la

question de la pathologie mentale des … des parents, sans qu’on sti…, sans qu’on stigmatise

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systématiquement les parents ayant une pathologie mentale, est un parent maltraitant, c’est

absolument faux.

Euh autre chose, la question des divorces conflictuels, et c’est probablement ça qui est le plus

fréquent, de nos jours, donc un des enfants, qui est aussi en cause dans les maltraitances

physiques, un des enfants donc pour une raison particulière est identifié à l’un des parents

conflictuel, et l’autre enfin, à travers cette identification fait l’objet de … euh d’enjeu du … de

projection de … de la conflictualité parentale, euh … donc euh …, là par exemple, j’ai vu des des

enfants …, alors qui est maltraitant, parce que parfois dans ces situations là, les deux parents sont

maltraitants. Euh j’ai vu … une … une mère qui en était à sa septième année de … de conflit

avec la justice, euh … pour ses quatre ou cinq enfants, enfin bon, et euh … donc, je sais plus à

quel âge, sa fille ainée lui révèle que le père lui aurait fait des attouchements, enquête faite,

procès, non lieu, ça veut pas dire qu’il l’a pas fait, non lieu, elle reste persuadée qu’il l’a fait et

elle arrive à persuader sa fille que euh … tout le monde s’est trompé et que elle seule la croit et

qu’il faut partir en guerre contre la société qui ne l’a pas reconnue, la vérité de … du discours de

l’enfant et surtout que le père est dangereux, et peu à peu ça diffuse ça aux autres enfants qui sont

des garçons, euh donc la mère refuse de confier les enfants à son mari, il fait de requêtes, il

obtient gain gain de cause puisqu’il a été disculpé, euh … il …, donc euh je sais pas quoi, il y a

des des instances de médiation, obligation que les enfants aillent chez le père, ils reviennent en

disant qu’ils on été maltraités en groupe, le père dit que c’est faut, probablement c’est faux, alors

que c’est pas sur que les premiers attouchements étaient faux, mais la maltraitance dont parle les

enfants est vraisemblablement fausse, sauf qu’ils sont solidaires et qui disent tous la même chose,

la mère refait un procès, de nouveau non lieu, de nouveau médiation, et ils arrivent dans ce …,

dans ce contexte en psychiatrie pour demander des certificats et montrer à quel point le père est

mauvais, ça s’est terminé par un placement de tous les enfants, bon euh …, donc euh … la

maltraitance psychologique, alors ça c’est quelque chose qui est important, c’est pas sur le

dépistage, mais ça prouve qu’il faut être particulièrement prudent, euh … et souvent … fait

souvent des parents c’est souvent le lit d’une maltraitance institutionnelle, tellement c’est mal

traité la maltraitance psychologique, donc c’est vrai que c’est un vrai problème, euh … et donc

les mesures de protection ne sont pas du tout les même a mettre en œuvre que les maltraitances

physiques, donc c’est d’abord un travail avec les parents dans la mesure où l’enfant est pris dans

quelque chose et que la séparation va laisser persister la maltraitance alors que la séparation

évidemment protège l’enfant des coups mais pas de l’aspect psychologique. Quand il n’y a que

de la maltraitance psychologique, la séparation en soi ne suffit pas, donc il faut un …, un soin

euh… qui inclus les parents, ça veut pas dire qu’il faut mettre obligatoirement l’enfant en

présence des parents, mais il faut d’emblée prendre l’ensemble de … de la constellation, euh …

pour dénouer la la situation de de maltraitance, bon je pense que c’est pareil pour les …, ce qui

est des maltraitances physiques, mais quand même la la relation de l’enfant qui a perçu les les

coups, on peut dire qu’il en a plus, il peut percevoir le changement euh … plus facilement quoi.

Euh … donc ce qui ce qui met le le médecin euh en difficulté c’est la difficulté à objectiver qui il

ai un mécanisme défensif en fait protecteur du du médecin révélateur, c'est-à-dire qu’il a des

choses concrètes a se mettre sous la dent, bon dans la maltraitance psychologique qui

accompagne toute maltraitance physique, et quand elle n’est pas là, bah il n’y a plus rien de

concret à se mettre sous la dent, donc il est seul avec lui-même et à ce que ça lui renvoie de son

image idéalisée des parents et ça c’est un vrai frein au dépistage. Hein parce que ça touche ses ses

…, pour dire ses souvenirs, enfin ses représentations de ses propres idéaux parentaux.

C’est valable pour tout dans la médecine, hein quand on est en médecine somatique concrète, on

… là on devient technicien et on peut supporter des choses qui si on a pas ça sont insupportables,

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y compris la mort d’ailleurs hein, si on a pas a faire des choses contre la mort, ne serait-ce qu’a

donner des soins palliatifs, euh … et bhein on est comme tous les autres, euh en situation de

vulnérabilité vis-à-vis de la mort, c’est pareil pour la maltraitance, donc c’est ça le premier …, le

premier frein, euh c’est de …, si si il y avait un questionnaire qui pouvait repérer, d’ailleurs il y

en a en plus, il faudrait chercher, mais mais il y en a, euh … mais je suis pas sur que ce soit la

bonne façon, il vaut mieux que le médecin soit clair, apprenne à être clair avec lui-même. Une

des façons quand même qu’on a c’est … d’être plusieurs, et de pouvoir s’en parler et donc là on

est moins seul avec soi même puisque déjà on est deux. Euh moi j’ai la …, l’exemple inverse euh

d’une d’une maman qui était dans une unité mère bébé hein et tout le monde trouvait que elle

venait pas et qu’elle abandonnait son bébé, et euh tout le monde trouvait que elle le nourrissait

mal , euh … et en fait les les gens n’osaient pas s’en parler hein, euh … de ce qu’ils percevaient

de cette mère, alors que tout le monde faisait des efforts pour mettre l’enfant avec sa mère, donc

le jour où tout le monde s’en ai parlé, quelqu’un est allé voir la mère et puis a pu aller un peu plus

loin avec elle, on s’est aperçu qu’elle venait pas pourquoi, parce qu’elle avait pas de sou, elle

venait à pied, donc en fait elle passait des heures pour aller voir une demi heure son bébé, c’était

quand même une autre démarche hein, et puis elle le nourrissait mal, en fait on s’est aperçu que

c’était elle-même qui était alors en partie anorexique, en partie sans argent et qu’elle en prenait

une partie, tellement elle avait faim, quand elle voyait …, elle donnait à manger à l’enfant qu’elle

en prenait une partie, c’était pas que ça mais il y avait de ça en partie , donc voilà, mais tout le

monde l’avait perçu, et n’osait pas se le dire, donc il faut pouvoir devant les situations qui vous

mettent en difficulté psychologique, en tant que médecin il faut pouvoir travailler à plusieurs,

alors ça peut être d’où l’intérêt d’avoir un avis de spécialiste, s’appuyer sur un spécialiste, c’est

pas parce qu’il est tellement plus spécialiste, et qu’en une fois il va mieux savoir que le médecin

qui a vu cinq ou six fois la famille, et qui la connait pertinemment, c’est qu’ils sont deux voilà.

Euh … qu’est-ce qui peut faire obstacle à la maltraitance, alors il y a aussi la la situation euh …,

pas si rare que ça, des parents pervers. Donc le parent maltraitant pervers, est un parent séducteur,

qui va se montrer euh … sous une forme euh … de personne euh … euh … qui qui se met dans le

cadre de ce qu’il perçoit comme attente de l’autre, euh … et euh … qui va pouvoir le le …

manipuler et cacher ce qu’il en est en réalité, et très souvent il est associé à un parent victime né

ayant plus ou moins rechercher de façon inconsciente euh le parent pervers et ce parent victimé

va avoir l’attitude inverse, qui qui aura tendance à amener le médecin à la considérer comme elle-

même maltraitante, tout en le déniant hein, c’est à dure qu’elle viendra dire mais c’est pas vrai,

regardez le, il est comme ci, il est comme ça, il va vous … vous entourlouper, il entourloupe tout

le monde, mais tout en disant ça, elle-même se montre, enfin c’est souvent la femme hein , elle-

même se montre tout à fait défaillante et maltraitante , bon ça c’est les couples euh … de

personnes perverses, c’est pas sadomaso hein, perverses, avec euh … des …, femmes qui se

mettent qui se mettent en position de victimes, qui amènent donc l’ensemble du couple, euh …

induit ce système là chez interlocuteur et le médecin se fait prendre comme un âne, donc on a

quand même un certain nombre d’enfants, qui mettent très longtemps a accepter ce qui est dit, ce

qui est dit par l’un des deux parents, à l’accepter comme réalité, tellement l’autre est …, s’est

s’est bien entourloupé, ça c’est un autre frein.

Euh donc c’est un peu dans le désordre hein, parce qu’il y a des freins qui tiennent au médecin,

d’autres qui tiennent à la situation parentale, euh d’autres qui tiennent à l’enfant qui cache, euh

… qui … D’abord il cache, d’abord parce qu’il sait pas l’apprécier, y compris pendant un certain

temps sur les …, sur les coups hein, recevoir du fouet, il y a un certain nombre d’enfants qui

jusqu’à un certain âge ne sache …, ne savent pas si on reçoit le fouet ou pas, après à l’école ils

commencent à parler, et si il y a un copain qui commence à s’étonner, ça peut résonner. Avant un

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certain âge, ils ont pas de repères, et en en matière de de maltraitance, ils en ont encore encore

moins oui. Donc il y a des systèmes de punition, de punitions humiliantes, ça l’humiliation, ça

c’est un des …, des repères importants, tout ce qui peut être humiliant pour l’enfant de façon

répétitive. Euh tout ce qui est euh surisolement de l’enfant, de façon durable, l’empêcher de voir

les copains, euh … tout ce qui … est … euh … l’amener à faire des taches trop lourdes hein pour

son âge hein, euh bon les privations physiques, qu’est-ce qu’on a d’autre ?, le le tout pouvant être

conjugué hein. Je me souviens d’un enfant qui qui était vraiment en situation de de maltraitance,

alors je vais donner un autre exemple, parce qu’il y en a un autre qui vient après. Hein une

situation de maltraitance euh parce que sa mère, ou son père, enfin je sais plus l’obligeait à

s’habiller avec des habits qui lui venait de quelqu’un d’autre qui étaient complètement désuets,

démodés, et donc elle se montrait en permanence comme ça aux autres, bon euh …, c’est pas

grand chose hein, mais c’était extrêmement trau… traumatisant et … avec des conséquences

graves pour l’avenir de l’enfant, mais on est pas dans une situation qu’on peut euh … confier à un

juge.

- oui voilà, c’est ça.

- on est a peine dans une situation qu’on peut confier à la cellule euh … des éve…

- la cellule départementale.

- oui, donc euh …, on est plus dans une situation qui se rapprocherait quand même d’un système

éducatif ou de soin, d’accompagnement des parents en tout cas, euh … donc là c’est les … les …

les écoutes parents, les points parents, les choses comme ça, hein, parce que l’accompagnement

éducatif si on veut l’avoir de façon officielle, il faut faire le signalement à la cellule. Enfin ça

s’appelle plus AMO, AOME, l’OAE non le …, bref euh …

- l’AEMO.

- oui l’AEMO ça reste des des …, il y a une mesure plus plus légère euh, donc euh … je sais plus

pourquoi je disais ça.

L’autre situation, par exemple, je me souviens d’une adolescente euh … dans une famille

recomposée avec un petit frère handicapé et euh … et une sœur entre elle et le petit frère,

l’attention de la mère pour survivre au handicap du dernier, c’est de se focaliser sur celle du

milieu euh … parce que la mère a aspirer a être sportive de bon niveau, de haut niveau et cet

enfant du milieu a les capacités de faire ça, alors que l’ainé euh … est obèse, et donc la mère se

consacre entièrement au dernier qui est handicapé pour lequel il est dans un IME, on l’appelle,

elle est obligé de faire sans plaisir, et à celle en réussite en substitution de la mère et elle

abandonne totalement euh … celle qui qui est obèse, qui qui vit tout, qui exagère hein, mais qui

vit tout ce que la mère fait la mère etc. contre elle, bon donc cet enfant même même avant son

adolescence, j’ai du la connaitre vers euh …, jusqu’en 6ème

, je l’ai suivie jusqu’à 19 ans, euh …

sans arrêt était en situation de se vivre comme maltraitée. Par moment la mère le percevait, et

puis il y a d’autre moment elle le déniait complètement.

Donc la la maltraitance psychologique c’est à la fois une réalité et à la fois un vécu de l’enfant.

Euh il y a des enfants qui se vivent euh … maltraités et qui se plaignent d’un désamour de leurs

parents, complètement à tord hein, qui construisent complètement cette représentation d’une

maltraitance, euh … il y a des familles et des grands parents qui aident à cette représentation,

hein donc il y a parfois …, l’enfant est pris parfois dans des conflits familiaux larges euh … qui

qui fait que … ils se vivent en situation de maltraitance, euh et ça va parfois jusqu’à des

séparations, des décisions de séparations de l’enfant, alors qu’il y a pas de véritable maltraitance.

Mais bon est-ce qu’il faut traiter la maltraitance ou traiter le vécu de maltraitance ? qu’est-ce

qui … fait conséquence euh … pour le développement de l’enfant ?

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Ce qui ce qui est souvent important, quand on les suit mais c’est aussi valable pour la

maltraitance physique, c’est d’expliquer euh … à l’enfant que d’une certaine façon le parent est

lui-même pris dans quelque chose qu’il ne gère pas, que c’est qu’une qu’une forme de maladie de

ses parents et que on pourrait peut-être essayer de les soigner eux, en tout cas qu’il y ai une

possibilité de changement ou qu’à l’âge adulte il pourra en rediscuter d’égal à égal avec eux et

trouver des explications qu’on ne peut pas trouver tant qu’il est enfant, ou des explications, une

compréhension parce que des explications ça suffit pas toujours, mais une compréhension de ce

qui c’est passé, euh … et ça c’est important pour qu’il tienne le coup, mais on est pas dans le

dépistage, mais vous pouvez peut-être pas que rester au niveau du dépistage.

- oui, non

- donc euh …, quand même une nécessité d’un abord euh … par un psychologue ou un psychiatre

et je pense que si le … le médecin sent un peu les choses, c’est intéressant qu’il s’appuie sur

quelqu’un d’autre, euh … maintenant qu’est-ce qui fait …, qu’est-ce qu’on peut faire pour que

éviter qu’il se refuse à le sentir pendant trop longtemps, moi je … je dis toujours au médecin, si

vous vous posez la question bhein demandez un avis, pourquoi vous faites pas la même chose de

ce que vous feriez pour euh …, il y a un souffle au cœur, vous savez que les ¾ des souffles c’est

rien du tout et ça vous gêne absolument pas de demander un avis de cardiologue. Il y a un

problème psychologique, alors là il faut être sur avant de pouvoir demander l’avis au psy, il y a

une espèce de stigmatisation de demande d’avis au au psy euh … qui qui est un vrai problème et

qui qui vient du médecin parfois plus que de la famille, parce que il y a finalement le parent

maltraitant, qui sait qu’il est plus ou moins maltraitant, c’est une aide quand on lui reconnait et

qu’on lui présente ça, on va vous aider à ce que ça se passe mieux pour vous, donc même si a un

certain moment il est envahi de haine pour l’enfant, à d’autres moments il est aussi quand même

envahi de culpabilité et de remords, donc si le médecin lui-même n’a pas trop d’appréhension

vers la psy, euh … ça peut être proposé comme une véritable aide, un soutien pour les parents et

facilement accepté. La la question donc c’est euh comment permettre au médecin de mieux

connaitre le réseau de de psy euh de son environnement. En général le médecin généraliste

connait fort bien la sectorisation de psychiatrie, le psychologue de quartier, où il y a très peu de

pédopsychiatre euh … en libéral, mais il y a des psychologues, sauf que les psychologues tout le

monde ne peut pas y aller, faut payer et que le CMP ou le CMPP que le médecin connait très bien

pour les troubles des apprentissages, il y a des délais d’attente, euh … il y a des endroits où il y a

des cellules spécifiques pour l’accueil de …, des situations de maltraitance, hein , les hôpitaux

qui ont mis ça en place proche des urgences, euh … soit parce que les enfants arrivent en

urgence, soit parce qu’il faut pas avoir trop de délai et ils sont en … , en lien avec euh la cellule,

dans dans un lien structurel, bon les les protocoles de signalements ils se font comme ailleurs,

dans un lien de de réflexion, et de construction de ce qu’on peut faire, j’ai j’ai vu ça à Nancy je

crois et dans d’autres …, dans d’autres départements. Euh … mais quand le médecin n’a sous la

main que la psychologue de quartier, trop cher, ou le CMPP euh trop long, c’est vrai que il

n’envoi pas en psy, euh il y a quand même un peu partout des psychologues dans les espaces

territoriaux, des services du conseil général, chargé de la protection de l’enfance, ils ont

l’équipement qui permet. Alors on n’accepte pas un psychologue dans les espaces territoriaux,

comme ça, on passe d’abord par une assistante sociale, ce qui n’est pas toujours une approche

facile, puisque il reste aussi cette représentation des services sociaux comme les pourvoyeurs de

la séparation, du placement de l’enfant. Donc euh … il y a un bouquin qui préfère une approche

plus médicalisée, psychologisée qu’une approche plus sociale, mais il y a quand même ça. Et

puis, il y a donc les …, les points coup de jeunes, ou les points …, l’écoute parent, il y en a un à

Versailles, je crois qu’ils sont 1 place des gendarmes, qui qui sont mis en place par les

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municipalités pour une aide aux parents, il y a beaucoup de programmes de parentalité qui

devraient se …, dans tous les plans de néonatologie, psychiatrie, ça se met en place, c’est pas

tellement dans les mœurs actuels de faire des programmes de …, d’aide à la parentalité, euh …

mais en tout cas c’est dans le plan périnatalité, euh … moi je pense qu’il faut d’abord former les

professionnels avant de faire des plans, enfin avant de faire des programmes pour les parents. On

apprend à devenir parents, mais on apprend surtout à se faire confiance, euh … et à pas rester

seul devant ses incertitudes. Donc c’est vrai que le le … la multiplication aussi des … des parents

isolés, des femmes seules, facilitent les … les phénomènes de … euh … de de maltraitance d’une

façon générale, et de maltraitance psychologique aussi, y compris par les … les mères seules, de

peur d’être débordée, de …, parce qu’elles sont épuisées, parce que …, enfin il y a plein de

raisons finalement, à se qu’elles mettent en place des dysfonctionnements relationnels.

Mais il y a une différence entre le dysfonctionnement, avec plein de causes, et celui qui qui

cherche quand même à faire souffrir l’enfant et qui le voit que d’une façon négative. Quand ça

arrive de temps en temps, bah l’enfant survit, si c’est vraiment institué en mode éducatif alors là

c’est …, parce que les parents … On en voit sans arrêt hein des des enfants qui nous racontent, je

dirais des bêtises que font les parents pour les éduquer, euh … qui … qui engendre une spirale

négative euh … à l’adolescence. Euh je sais pas, euh … priver des des cadeaux de noël, parce

qu’il n’a pas eu des bonnes notes, c’est pas ça qui fait remonter les notes hein, au mois de février

ils ont pas les meilleures notes, donc euh … au mois de février ils vont au ski avec tout le monde

parce que c’était prévu, mais ils ont pas de droit de skier, bon si on passe son temps à frustrer

l’enfant comme ça, euh si on lui retire toute possibilité de plaisir, alors qu’il voit les autres, ses

frères et sœurs avoir le plaisir, on est vraiment en situation de maltraitance, donc si on veut éviter

qu’un enfant fasse euh …, ai des comportements négatifs, il faut au contraire lui amener le

plaisir, plutôt que de le laisser le chercher lui-même. Dans l’immédiateté il va devenir toxico ou

de de transgresser à toutes les interdictions qu’on lui met ou à toutes les sanctions qu’on lui met,

parce que plus il est enfermé dans sa chambre, plus il va passer par la fenêtre pour en sortir, donc

il y a beaucoup de de …, comme ça d’erreur éducatives, et de de spirales qui qui vont vers des

des …, des sanctions trop importantes et vrai maltraitance.

Euh … qu’est-ce que …, le …, les les médecins généralistes quand même, ils travaillent

beaucoup dans leur groupe de pairs.

- oui il y en a quelque uns.

- alors pourquoi ils travaillent pas la maltraitance dans leur groupe de pairs. Est-ce que vous

pouvez leur demander, combien de fois ils ont évoqué en groupe de pairs, ce problème là.

- mais je crois …, je suis pas sur, je crois qu’il y en a un qui l’a évoqué, parce qu’il a vécu une

situation qui l’a un peu fru…, il savait pas comment la gérer donc il en a discuter à son groupe de

pairs, mais les autres n’ont …, soit ils en ont pas, soit ils ont pas été confronté à … une situation.

Ils ont peut-être été confrontés mais ils ont …

- confrontés, mais pas perçu.

- oui voilà.

- et qu’est-ce qu’on peut dire d’autre, vous avez peut-être des questions à me poser ?

- bah il y a des des maltraitances psychologiques, qui vont jusqu’au signalement ou pas ?

- oh oui, oui. Avec des des des sanctions terribles, des … enfin disproportionnées, des …, des des

anomalies complètes de …, il y en a eu dans les journaux hein, ce père qui avait élevé ses ses

enfants dans le nazisme.

- oui d’accord.

- il y en a, bon euh … est-ce que sur ici dans le service de pédiatrie on fait souvent des …, on on

évite en fait hein, on fait des signalements, mais on évite de parler de maltraitance psychologique,

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on parle de situation de de …, de de situation de maltraitance, mais les les on parle …, on essaie

de pas …, comment dire, euh … donner la responsabilité du parent. D’ailleurs, de toute façon

dans une euh …, dans un signalement, j’ai constaté des bleus, on dit pas qui les a fait.

- oui bien sur.

- des lors que c’est des maltraitances psychologiques, difficile de pas dire qui les a fait, c’est

relationnel avec quelqu’un, donc on est déjà dans une situation un peu complexe de de ne pas

signaler la …, l’auteur, de ne pas désigner l’auteur, euh … et donc on …, je je je pense pas que

j’en ai ici, c’est bête parce que j’en avait sorti il y a pas longtemps, j’avais fait une formation pour

les …, pour les enseignants, euh … non pour le conseil général même, et j’avais sorti des des des

…, des signalements, des signalements qui étaient bon, et d’autres qui étaient pas … pas bien

formulés, euh … donc on …, on a plutôt tendance à …, enfin moi j’ai tendance à dire que

l’enfant se vit en situation de maltraitance, donc ça il y a pas de problèmes, euh … comment il en

parle quoi, dans le signalement, plutôt que de dire le parent est maltraitant, ou alors on dit les

comportements du parent sont inappropriés hein, ça on peut dire. Autrement c’est difficile de …

de parler directement de de de ça sans … déroger aux règles du … déontologique du du

signalement. Donc il y a il y a …, ça c’est quelque chose que vous devriez étudier, et si vous

pouvez trouver des exemples de signalement, ce serait intéressant pour votre thèse, enfin même si

il y en a 2 ou 3, mais si vous arrivez à … à mettre en …, dedans en annexe des exemples de

signalement, donc avec une étude des mots utilisés, de la façon dont on parle de l’enfant, dont on

parle du parent, en comparaison avec les …, peut-être les signalements de maltraitance physique

ou bien euh les règles euh … dictées en général, par le conseil de l’ordre ou autre. Je sais pas si il

y a pas eu de choses du conseil de l’ordre sur les …, sur les signalements, sur les … maltraitances

psychologiques.

Alors il y a une autre situation, tient que j’ai oublié, qui est une vraie situation de maltraitance

psychologique, c’est euh l’enfant euh témoin de la violence conjugale, c’est un vrai problème,

euh …, donc euh …, de plus en plus on en parle, non pas que les violences conjugales soit plus

…, tellement plus fréquentes, mais en tout cas elles sont …, on en parle plus. Et les enfants en

sont très souvent témoins.

On a vu des enfants euh … finir par passer à l’acte, tenter de le faire ou passer à l’acte sur la …,

sur l’un des parents. J’ai reçu comme ça des filles, le le père était pervers pas avec ses enfants,

pas du avec ses enfants, mais avec la mère, euh elle elle décompensait régulièrement, avec des

troubles psychiatriques, qui évidemment mettait le père aux anges, pour montrer qu’elle était

folle, et que c’était lui qui faisait tout bien, et les enfants étaient témoins de ça et savaient à quel

point il manipulait la mère pour la faire craquer , ils ont écrit au président de la république, euh

tout écrit au président de la république, et donc euh c’est arrivé à l’assistante sociale du collège,

qui était bien …, dans un milieu hyper bourgeois versaillais, qui était bien embêtée de savoir

comment intervenir dans cette relation entre les parents, parce que finalement pour les enfants

bon d’accord ils voyaient tout ça, mais elle était en charge des enfants, donc il y avait ce ce ce

vrai problème de comment intervenir, quand c’est une situation de maltraitance due à une

difficulté entre les adultes.

J’ai vu aussi une … une enfant euh … qui se plaint d’attouchements, donc que … voilà tout le

bazar est … est en …, mis en branle, et en fait euh …, en fait elle était victime de maltraitance

psychologique, elle avait essayer d’en parler, personne l’avait crue, enfin pas suffisamment

entendue, donc elle a utilisé l’arme qu’elle avait sous la main, de dire autre chose, évidemment

euh … elle s’est mal …, elle s’est recoupée etc., et euh … il y a eu un non lieu, on l’a pas crue, et

on s’est aperçu donc, 2-3 ans plus tard, à quel point elle était maltraitée, mais alors elle était

privée de nourriture, enfin il y avait des trucs gravissimes, donc la première fois qu’elle en avait

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parlé, pas entendue, la deuxième fois elle monte un bateau pour se faire mieux entendre, on la

démasque, du coup euh … elle a vécu ça pendant 3 ou 4 ans.

Euh …, autre situation de … de maltraitance psychologique, c’est quand même aussi au niveau

institutionnel, donc euh … les enfants …, un certain nombre d’enfants placés, là il y a des vraies

maltraitances psychologiques majeures majeures, euh … donc euh … à mon avis, ça ça vaut le

coup d’en faire un paragraphe à part, il y a pas que les parents qui sont maltraitants, il y a ceux

qui qui sont désignés pour se substituer à des parents défaillants, pour une raison ou pour une

autre, qui qui soit reproduise soit génère d’autres maltraitances. Les institutions qui euh … déjà

faute de solutions, remettent les enfants entre les mains des parents, alors que justement ils étaient

là pour les protéger, donc euh …, euh … surtout quand il y a des troubles psychologiques de

l’enfant très important, les enfants placés, ils ont des troubles psychiatriques, on trouve pas

d’institution qui veulent d’eux, euh … bah on les remet chez leurs parents. Euh …, et … donc

des institutions qui qui répètent plus ou moins la …, se qu’ont subit les enfants, alors les enfants

sont un peu acteurs de ça probablement, hein eux mêmes testent, on appelle ça comme ça, mais

… mais l’institution reste totalement responsable et doit mettre euh … des gardes fous

absolument, et toute les institutions doivent mettre des gardes fous pour ne pas maltraiter leurs

enfants. Donc soit il y a des maltraitances qui sont opérées par les éducateurs, pour se protéger,

euh … parce qu’ils sont mal encadré, euh … et qui sont jetés un peu …, mal formés d’ailleurs,

pas formé du tout, mal encadré, euh … responsabilisé de … si on casse un verre, et donc ils vont

mettre en œuvre des des techniques éducatives maltraitantes, ou laisser se dérouler entre enfants

des maltraitances, c’est la responsabilité de l’adulte, c’est pas la responsabilité de l’enfant, euh

c’est la responsabilité institutionnelle de l’adulte, ou euh … répéter exactement ce que faisait le

parent.

On on a pas parler dans les maltraitances psychologiques, de de l’inceste c’est pas psychologique,

là c’est …, c’est hors champs, il faut que vous le délimitiez ce que vous appelez les maltraitances

psychologiques, parce que euh … c’est hors champs de la maltraitance psychologique, mais la

relation incestueuse, entretenue, qui met l’enfant en … en difficulté de de représentation de soi

même, de repr…, de de gestion de ses propres …, euh de ce qu’il ressent et en difficulté vis-à-vis

de l’autre parent, avec lequel il peut être en rivalité, c’est … c’est une vraie situation de

maltraitance pour se développer de façon harmonieuse à l’âge adulte. Donc là aussi, euh peut-être

que ça vaut le coup de se pencher sur un …, enfin d’en faire un petit paragraphe. Incest…, alors

on appelle ça incestuel, euh … alors incestuel c’est quand c’est pas …, quand c’est malgré le

parent sans qu’il s’en rende compte, et une situation incestueuse c’est déjà un peu plus proche de

de l’inceste.

Euh … qu’est-ce qu’on a d’autre, bon les les situations de de perversion hein, sexuelle aussi, on

oblige un enfant à assister euh … à l’acte sexuel de ses parents, à regarder des vidéos, ça aussi

hein, donc il y a toute …, la la …, dans les maltraitance psychologique il y a toute la dimension

euh … sexualité adulte, qui faut mettre dedans, et et finalement ça c’est quelque chose d’assez

fréquent, des plaintes euh … de …, toujours les parents en conflit, que l’un des parents, en

général le père mais ça peut être avec la mère du coté du beau père, mais c’est plus les hommes

qui sont accusé de ça, de mettre l’enfant en situation de témoin de … de la sexualité adulte, soit

avec des cassettes soit avec des rapport, donc ça ça fait parti des maltraitances psychologiques.

Autre maltraitance psychologique, un des parents qui dit du mal de l’autre, bon donc sur la vis

…, sur les aspects de sexualité, le médecin il sera moins mal à l’aise, même si c’est tabou, je

pense qu’il …, bon il y a quelque chose qui qui suffisamment dépasse les … les représentations

habituelles, euh … pour que il arrive à dire il y a quelque chose qui va pas, je sais pas si il fera la

démarche, mais là je pense qu’il sera mais euh … le parent qui dit du mal de l’autre, ça met

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l’enfant en souffrance de façon importante hein, parce que à priori il aime les deux parents, euh

… et là je crois que personne ne bouge, et l’enfant le dit hein, mais il le dit avec honte. J’ai des

images d’enfants qui qui …, qui retransmettent les injures que le père dit à la mère, des choses

comme ça, que la mère dit au père d’ailleurs, parce que ça va dans les deux sens, et ils ont honte

…, donc il y a une souffrance chez eux, qui est bien le témoin de la maltraitance, ça fait parti du

diagnostic d’ailleurs. Les enfants en maltraitance psychologique vivent leur souffrance, revivent

leur souffrance quand ils en parlent, donc ils en parlent difficilement, ils en parlent en état de

souffrance, alors que celui qui euh … récite le discours du parent, il est peut-être en situation de

souffrance, mais celui qui en parle de façon comme ça sans souffrance, c’est celui qui ne fait que

répéter le discours de l’autre, il parle pas de sa souffrance à lui, il répète un discours appris, donc

c’est aussi quelque chose qui euh … qui qui qui est peut-être un obstacle, c’est la difficulté de

l’enfant à en parler. Euh non pas parce que obligatoirement il veut le cacher, mais parce que ça

réveille aussi chez lui de la souffrance de ce qu’il …, les les mots réveillent la souffrance et donc

il faut du temps, il faut mettre l’enfant en peu en confiance, il faut le pousser un peu quand

même, euh … alors il y a des techniques hein, à la fois de le pousser et de le distraire pour qu’il

puisse parler, moi je leur donne un bout de pate a modeler dans la main, il manipule quelque

chose et puis moi aussi je manipule quelque chose, et au bout d’un moment ils arrivent a parler.

Les médecins, bon ils ont que leur stétho, et pas obligatoirement euh … 20 minutes à prendre

avec l’enfant, seul dans son bureau. Et si il voit l’enfant que avec un parent, c’est pas possible,

bon.

Alors après il y a les symptômes induits, troubles alimentaires, une petite fille qui qui venait

parce qu’elle mangeait rien, euh … elle était maigre comme un clou, une anorexie de l’enfant

mais qui n’est pas une anorexie de l’adolescence, c’était un …, comment dire, c’est pas pour

maigrir, c’est parce qu’elle mangeait rien parce qu’elle aimait rien, euh … donc elle était amenée

pour ça, et derrière ça il y avait une dimension de souffrance, de maltraitance psychologique.

D’autres, c’est l’agitation, très souvent, d’autre c’est la dépression avec toutes les formes diverse

de dépression, donc ils vont être amenés pour un autre symptôme que que … que la maltraitance.

Finalement ce qu’on peut dire c’est …, la la question de la maltraitance c’est la question aussi de

la révélation, dans quelles circonstances l’enfant fait ses révélations, on voit que par exemple, les

classes vertes, les déplacements scolaires, sont l’occasion fréquente de révélation de maltraitance

physique ou autre, parce que l’enfant est à distance, il est un peu plus loin de ses parents, il est

dans un milieu avec des gens qu’il connait bien avec d’autres enfants, des relations un peu

nouvelles, euh … de coucher, donc qui ressemble à celles de la de la maison, enfin plus intimes et

c’est souvent l’occasion de … de révélation. Ensuite on a fait par exemple à Bois d’Arcy, on

avait fait tout un cycle de formation des enseignants de grande section et CP sur la … euh … des

attouchements sexuels, donc former les enseignants et puis faire venir euh … une troupe qui leur

a mis en scène des scénettes qui étaient assez évocatrices et explicatives pour l’enfant. Donc

c’était des nounours qui qui parlaient, mais explicatives que il y a des limites, et des situations

qui mettent l’enfant en difficulté et … et du coup derrière, il y a des enfants qui se mettent à … à

parler, enfin bon après on les met en situation pour pouvoir parler, euh … donc euh … donc ça

marche bien mais il faut pouvoir euh encadrer ce … ça, euh cette question de la révélation qu’est-

ce qu’on en fait. Est-ce qu’on attend euh … d’être sur, est-ce qu’on les fait répéter, est-ce qu’on

appelle et est-ce qu’on s’affole, on appelle quelqu’un d’autre, dit dit lui se que tu viens de dire,

enfin bon, si on fait ça, il va pas répéter deux fois, donc euh …qu’est-ce que dit le médecin juste

après à l’enfant, juste après sa sa révélation de de maltraitance, donc c’est important, c’est très

important de donner de l’importance à ses paroles, euh … de lui dire qu’à la fois il le croit, qu’en

même temps ça demande plus de …, d’aller un peu plus loin, pour comprendre vraiment ce qui se

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passe, euh … ensuite va t-il en parler aux parents ou pas, l’enfant va se sentir trahi, a peur qu’on

en parle, euh … va t-il faire un … un … signalement et est-ce que ça va amener une séparation

d’avec le parent, c’est pas non plus ce que l’enfant demande en fait, même si il est très maltraité,

donc tout ça ce sont des choses compliquées à gérer, euh … et donc euh …, dépister oui, mais

derrière savoir ce qu’on en fait. Ca sert a rien d’améliorer le dépistage si on améliore pas le …, la

conduite derrière. Donc il faut que ce soit aussi dans votre mémoire, même si c’est pas

développé.

- il faut que ça ressorte.

- donc il peut pas y avoir de formation sur le dépistage sans la formation sur la prise en charge,

qui est déjà de la prise en charge dès la révélation. A mon avis il faut aussi que vous fassiez

quelque chose, un petit paragraphe de réflexion sur ce que c’est que la révélation.

Tout à coup on …, d’abord la révélation à soi même, on s’aperçoit que quelque chose est

anormal, il y a un moment ou l’enfant s’aperçoit que quelque chose est anormal, et avait il le

sa…, il le vivait mais il le savait pas comme quelque chose d’anormal et ensuite il le garde

pendant un certain temps, et ensuite il en parle a quelqu’un et si il en parle a quelqu’un, c’est

qu’il attend, il sait déjà que c’est anormal, il attend qu’on lui dise que c’est anormal, si il en parle

a un autre enfant, c’est peut-être pour partager, si il en parle à un adulte, c’est forcément pour être

soulagé et protégé hein. Ce qui veut pas dire qu’on peut le faire tout de suite en plus, mais il faut

pouvoir dire à l’enfant qu’on le prend en compte et que si on le laisse dans cette situation, c’est

dans très peu de temps qu’on le reverra plus tard. Un enfant qui vous fait des révélations, il faut

qu’il ai un deuxième RDV hein, faut pas le laisser, même si on fait des choses, faut pas le laisser

et passer la main comme ça. Donc le médecin qui l’envoie à l’hôpital, parce que souvent c’est ça

la procédure maintenant, euh … les médecins hospitaliers sont plus outillés, euh … il y a moins

de risque de …, de procès de diffamation et autre, euh … parce que il y a ça aussi, un des freins,

c’est un des freins importants, comme il y pas pas d’objectivation, on peut pas prendre la photo,

pour dire qu’on a rien diffamé, il y avait bien quelque chose qu’on a vu, euh … même si on mal

interprété, on a le droit à l’erreur mais on a pas le droit de diffamer, sur les maltraitances

psychologiques, le le médecin peut être attaqué, c’est aussi un des vrai freins, je sais pas si ils

vous en parlent.

- si, peut-être pas spontanément, mais quand j’évoque la peur de l’erreur ou la peur de la plainte,

ils en parlent un peu.

- et ils sont …, ils sont attaqués d’ailleurs, enfin ils sont attaqués, ça même dans la relation c’est

sur, pas toujours euh …, au conseil de l’ordre, mais de plus en plus, donc à l’hôpital on a …, on

est plus protégé par l’institution.

Donc très souvent, je crois que le dernier truc que j’ai lu sur le conseil de l’ordre, ils disent au

médecin de de ville de … de s’appuyer sur l’hôpital. Maintenant s’appuyer sur l’hôpital, c’est

surement pas adresser aux urgences hein, vaut mieux téléphoner au pédiatre et envoyer le

lendemain, 2 jours à sa consultation, que de l’envoyer aux urgences parce qu’on vient d’avoir ça

dans son cabinet, parce que là ce sera mal …, il y a une chance sur deux que se soit mal pris en

charge. Les urgences c’est pour les urgences vitales, c’est pas pour euh …, il y a des urgences

psychologiques, mais …

Alors il y a aussi ceux qui …, alors il y a un problème souvent, on dit au gens il faut que vous

…, il faut que vous portiez plainte, on peut rien faire si vous portez pas plainte, c’est souvent le

discours euh … donc aller à la police bon la police dit oui oui on peut rien faire si vous portez pas

plainte, ce qui n’est pas non plus une démarche facile, dans le cadre de la maltraitance

psychologique, et c’est pas toujours approprié de commencer par porter plainte.

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Donc si on se résume, les freins euh … c’est déjà les difficultés internes du …, c’est la difficulté

de la délimitation de la maltraitance, euh … c’est les difficultés du du médecin qui est seul avec

lui-même, c’est les difficultés de la révélation de l’enfant, euh … c’est la multiplicité des formes

potentielles de de maltraitance, euh … c’est la … forme de masquage de des … des parents, euh

… c’est la difficulté de prendre en …, d’enbrayer sur les procédures mises en place pour les

maltraitances physiques, parce qu’on arrive pas à les écrire, à les décrire et à les …, à les faire

prendre en compte de la même façon, donc voilà déjà tout ce qu’on a …, tout ce qu’on a dit. Si

on parle des freins. Et derrière donc il faut absolument parler, donc redéfinir euh … la position de

la révélation, la position euh … qui suit le dépistage …, l’avant et l’après, faut l’introduire dans

une notion de de … parcours …, le processus voilà, pas le parcours mais processus. Le dépistage

et tout ça, la révélation c’est un processus. Donc il y a une notion de temps et … une des

questions, c’est pourquoi tu me dis ça aujourd’hui, qu’est-ce qui s’est passé. Bon c’est …, c’est

valable pour toute les maltraitances. Donc euh … bah je sais pas si il y a d’autres choses.

- bah non je pense qu’on a fait le tour, vous avez bien … bien fait le point.

- puis il y a les conséquences, ça je pense que c’est assez bien décrit dans la littérature.

- oui, ça il y a pas de soucis, oui.

- il y a un vrai travail possible avec les parents, mais qui est en général pas fait, ou très mal fait, y

compris dans les organismes de placement. Donc euh … la séparation n’arrange pas les choses en

soi.

- ça aussi ça a été souligné par les médecins que j’ai interviewés.

- et c’est pas pour autant qu’il faut pas séparer, c’est ça qui est compliqué, on doit pas

obligatoirement laisser l’enfant dans cette situation là, mais il faut que ça s’accompagne d’un

travail intensif, et … et c’est vraiment pas fait, alors les services sociaux n’ont pas les moyens

quand ils suivent 80 familles, euh … les familles elle-même sont tellement blessées qu’elles sont

pas très coopérantes à le faire et … et donc il faut que ça se mette en place dès le début, dès la …,

la compréhension de la situation où on accuse pas les parents, mais on on se positionne en terme

de soignant. Les médecins, ils restent médecins traitants, et ils ont du travail de médecin à faire,

peut-être que ça lèverait certains freins, mais pas le faire seul, ça veut pas dire non plus qu’il n’y

a pas des mesures de protection à faire et qui laissent à d’autres, mais eux qui peuvent continuer à

soigner la relation entre … entre …, enfin les problèmes familiaux, si ils s’en donnent les

moyens, si ils ont cette appétence, parce que peut-être qu’ils on envie de faire que de …, soigner

les grippes et la … vraie médecine hein. Je pense pas qu’on puisse être très longtemps médecin

généraliste sans s’occuper de tous les aspects psychologiques et relationnels, sinon on tient pas le

coup, on revient à l’hôpital, dans des positions plus technique, ça me parait impossible. On peut

pas passer son temps à soigner, enfin ... pas son temps, mais la moitiée de son temps à soigner de

la bobologie et s’en satisfaire donc on sait bien qu’à travers cette bobologie, on soigne …, on

traite autre chose, donc je pense que la plupart des médecins généralistes sont sensible à ça,

même si ils le disent pas et que ça fait leur attachement à leur travail, mais il faudrait le valoriser

plus, la valorisation c’est pas le beau diagnostic euh … hyper rare et …, ils ont sauvé une vie,

quand on repère une maltraitance psychologique, on sauve aussi une vie, de la mort psychique, en

tout cas du handicap affectif.

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OBSTACLES AU DEPISTAGE DE LA MALTRAITANCE CHEZ LES

ENFANTS EN MEDECINE GENERALE

Nom : MARDIEUX Prénom : Jennifer

Résumé

Contexte : La maltraitance chez l’enfant constitue un problème majeur de santé

publique et est malheureusement sous estimée, si l'on prend en compte la fréquence

des souffrances et des conséquences médico-psychologiques, psychiatriques et

sociales, présentées à court, moyen et long terme par les victimes. La détection de

la maltraitance et la prise en charge restent insatisfaisantes. Nombre d’obstacles

persistent au niveau des médecins et de leur pratique, et des personnes victimes

elles-mêmes. Le médecin en cabinet est un interlocuteur privilégié, premier, acteur

essentiel pour le dépistage, l’écoute, et l’orientation.

Méthode : Etude qualitative par entretiens semi-directifs auprès de médecins

généralistes.

Résultats : 15 entretiens ont été réalisés. Les principaux freins mis en évidence

sont des freins liés à la difficulté de définir la limite de la maltraitance, à la

difficulté de faire le diagnostic, et des freins administratifs. La difficulté à les faire

parler l’enfant est aussi un obstacle important.

Discussion : La part de subjectivité dans la perception du danger rend difficile la

délimitation de la maltraitance. L’absence de signes spécifiques et d’outils pour le

dépistage, sont des freins au dépistage mais la limite des outils est le manque de

temps, et qu’ils ne prennent forcément en compte pas tous les types de

maltraitance, avec le risque de passer à coté de certaines situations de maltraitance.

Le problème c’est d’y penser. L’importance de la relation de confiance entre le

médecin et l’enfant peut faciliter la révélation de la maltraitance. Les médecins sont

mal informés, et insuffisamment formés. On constate ainsi de nombreux défis à

relever, comme améliorer la coordination en réseau et l’aide aux enfants et parents.

Conclusion : Le médecin doit être sensibilisé, informé et formé afin de faire face

au mieux à ces situations complexes qui nécessitent une approche intégrée,

multidisciplinaire et en réseau. Il est nécessaire d’améliorer cette coordination en

réseau qui est essentielle.

Mots clés : maltraitance, enfant, médecins généralistes, thèse qualitative,

définition, révélation, formation, réseau.

UFR de Médecine Paris Diderot - Paris 7