une solution "miracle" contre les moustiques inventée à arlesn "miracle"...

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Publié sur La Provence (http://www.laprovence.com ) UNE SOLUTION "MIRACLE" CONTRE LES MOUSTIQUES INVENTÉE À ARLES Par Sylvain Pignol Créé le 10/02/2016 19:53 A-t-on enfin trouvé un dispositif simple d'entretien, assez peu onéreux et très efficace pour lutter contre les moustiques ? C'est ce qui semble ressortir des premiers résultats de l'expérimentation menée cet été au Sambuc avec la pose d'onze Bornes anti-moustiques (Bam) inventées par deux ingénieurs de Maillane, Simon Lillamand et Pierre Bellagambi, 31 ans. 88 % DE NUISANCE EN MOINS Le résultat semble en effet radical, si l'on se fie aux mesures effectuées à partir de l'installation des machines, en juillet, jusqu'à la semaine dernière : la nuisance a été réduite de... 88 %. Un chiffre qui n'est IMPRIMER

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Une solution "miracle" contre les moustiques inventée à Arlesn "miracle" contre les moustiques inventée à Arles

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Page 1: Une solution "miracle" contre les moustiques inventée à Arlesn "miracle" contre les moustiques inventée à Arles

Publié sur La Provence (http://www.laprovence.com)

UNE SOLUTION "MIRACLE" CONTRE LESMOUSTIQUES INVENTÉE À ARLES

Par Sylvain Pignol

Créé le 10/02/2016 19:53

A-t-on enfin trouvé un dispositif simple d'entretien, assez peu onéreux et très efficace pour lutter contre lesmoustiques ? C'est ce qui semble ressortir des premiers résultats de l'expérimentation menée cet été auSambuc avec la pose d'onze Bornes anti-moustiques (Bam) inventées par deux ingénieurs de Maillane,Simon Lillamand et Pierre Bellagambi, 31 ans.

88 % DE NUISANCE EN MOINSLe résultat semble en effet radical, si l'on se fie aux mesures effectuées à partir de l'installation desmachines, en juillet, jusqu'à la semaine dernière : la nuisance a été réduite de... 88 %. Un chiffre qui n'est

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pas une estimation au doigt mouillé mais le résultat de l'étude scientifique menée par Brigitte Poulin, chefdu département écosystèmes à la Tour du Valat. Pour y parvenir, l'équipe de l'observatoire a utilisé le "testdu mollet". Jambe découverte, plusieurs cobayes se sont positionnés à quatre endroits du villagecamarguais. Et on a compté les points. Brigitte Poulin détaille : "Au grand mas d'Avignon et au mas duVerdier, à plusieurs centaines de mètres de la machine la plus proche, on a enregistré 15,2 tentatives depiqûres en moyenne sur 10 minutes de temps. Juste à côté de la borne, c'était 1,7 tentative !" Soit unebaisse significative de la nuisance loin des - 70 % espérés par les deux inventeurs l'été dernier.

Le bilan comptable a été confirmé par les impressions des habitants : "Les enfants de l'école du Sambucont pu profiter des récréations pendant le mois de septembre, ce qui n'était pas le cas à Salin-de-Giraudpar exemple."

JUSQU'À 7 800 CAPTURES EN UNE JOURNÉEC'était le 7 septembre. Une journée où les monstres suceurs de sang s'étaient tous (ou presque) donnésrendez-vous au Sambuc. Cette fois-là, les équipes de la Tour du Valat ont compté exactement, dans le filetd'une seule borne, 7 808 insectes ! Et, cerise sur le gâteau, "on a dénombré 11 espèces et 99,7 %d'insectes piqueurs, note la scientifique. C'est beaucoup moins impactant sur les autres espèces que leBTI".

Ce bacille utilisé jusqu'ici dans les campagnes annuelles de démoustication (lire ci-contre) agissait sur lesgîtes, les sites de pontes des moustiques. Avec un impact sur la chaîne alimentaire puisque, outre lesinsectes piqueurs, il tuait aussi les chironomes, inoffensifs sur l'homme mais très appréciés des libellulesqui se sont faites plus rares, au grand dam des oiseaux. Bref, pas idéal. Alors plutôt qu'agir sur les larves,Techno Bam a imaginé agir en milieu urbain, là où la gêne est la plus forte pour l'homme.

100 % NATURELCe résultat, qui "vient appuyer quatre années de travail et de recherche", semble donc là. Avec desprincipes simples. Là où les bornes pour particuliers émettent du dioxyde de carbone à partir debonbonnes style propane, les deux ingénieurs ont pensé à utiliser un gaz d'origine 100 % naturelle. "Ils'agit de CO2 issu de la fermentation de blé, récupéré par Air Liquide", souligne Simon Lillamand. Mieux :pour mieux attirer les insectes, la borne "simule la respiration humaine", en diffusant le gaz par à-coupsgrâce à une hélice "sinusoïdale". "Ce qui nous permet de capturer les Simulie, c'est-à-dire les arabis, ceque d'autres appareils ne font pas", poursuit Pierre Bellagambi.

Les insectes sont ensuite aspirés par un moteur et propulsés dans un filet. Avec leur portée d'un rayon de60 mètres, les onze bornes, certaines sur batterie, d'autres reliées au système électrique de l'éclairagepublic, ont permis de passer un été beaucoup plus serein. Les captures de moustiques ont même baissédurant l'automne, alors qu'ils étaient toujours présents ailleurs. Et pour cause : l'élimination des femelles aentraîné une chute de l'éclosion des oeufs. En 2016, neuf nouveaux appareils devraient venir compléter ledispositif. Pour que les "bzzzz" agaçants ne soient plus qu'un mauvais souvenir pour les Sambutens.

UNE ALTERNATIVE AU BTI ?L'information selon laquelle le Conseil départemental, en charge de la démoustication, allait arrêter letraitement au BTI sur le littoral camarguais a mis le feu aux poudres, à la fin du mois dernier (notre éditiondu 30 janvier). Élus locaux, techniciens, scientifiques ont averti de l'impact qu'aurait cette décision, priseau regard des contraintes financières de la collectivité (elle devrait faire économiser 700 000 € par an). Ilsemble aussi que le Département ait quelque peu anticipé sur l'expérimentation menée par Techno Bamau Sambuc. Car si le dispositif est très prometteur, on en est bien, pour l'instant, dans la première phased'un test scientifique. "Cette possibilité de l'arrêt du BTI pose question au regard de la dynamique engagée

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depuis 2006 et de l'accompagnement de cette démoustication alternative, pose Régis Vianet, directeur duParc naturel régional de Camargue. Tant qu'on n'a pas calé le protocole scientifique, c'est un peu brutal depenser qu'on peut faire la même chose avec les bornes." Ce qui n'empêche pas Techno Bam de réfléchir."Avec 700 000 €, on pourrait déployer 350 appareils sur les deux zones de Port-Saint-Louis et Salin-de-Giraud pendant deux ans, a calculé Pierre Bellagambi. Et en plus, les années suivantes, il n'y aurait plusque les « consommables » à financer, ce qui coûtera beaucoup moins que 700 000 € par an".

L'Entente interdépartementale de démoustication (EID) "est très intéressée par l'efficacité des pièges".Mais semble miser sur d'autres solutions.

UN MOYEN DE LIMITER LA TRANSMISSION DE MALADIES ?Dans le contexte explosif de l'émergence du virus zika, la solution proposée par les deux ingénieurs tombeà pic. "C'est vrai que la zika suscite un engouement un petit peu plus poussé pour notre dispositif",reconnaît Pierre Bellagambi. Tout en refusant d'aller trop vite en besogne, préférant prendre le temps devalider l'efficacité de leur borne contre la transmission de maladies par le vecteur du moustique. "Ça vavraiment avec la deuxième phase de l'expérimentation", reconnaît Simon Lillamand. Régis Vianet,directeur du Parc naturel régional de Camargue, complète : "Si ce dispositif fait ses preuves ici, c'est trèsprometteur pour la lutte anti-vectorielle."

Les deux hommes ont déjà été contactés par des communes de tout le Sud-Est de la France, des sociétésdu monde entier ("Et même par un pays des Caraïbes") et aussi l'armée française. Ils reviennent d'ailleursdu Congo, où ils ont mené une expérimentation avec des Culicidae moins nombreux mais plus dangereux,style anophèles (responsables de la transmission du paludisme) et Aedes aegypti (vecteur de la zika, duchikungunya et de la fièvre jaune). "Actuellement, ils traitent les habitations avec des produits qui obligentles gens à partir pendant plusieurs jours et à ne laisser aucun animal", souligne Simon Lillamand. PierreBellagambi raconte ainsi avoir "disposé des machines pour voir quel comportement avaient les moustiquestropicaux".

Les bornes anti-moustiques pourraient aussi être une arme chez nous en France contre le moustique tigrequi nous empoisonne la vie depuis plusieurs années. "Ce dispositif est prometteur pour les questions desanté publique. J'ai eu des appels de syndics de copropriété qui sont intéressés par son rayon d'action, quicorrespond à un îlot urbain. Si on en met suffisamment, ça peut créer un maillage urbain qui ferait baisserla population de moustiques tigres", note Régis Vianet. Et aider à lutter contre son arrivée dans lesdépartements de France métropolitaine jusqu'ici préservés. Simon Lillamand a une théorie : "Pour stopperla prolifération, il suffirait d'équiper toutes les aires d'autoroutes avec les machines. Son développementsuit les axes routiers parce qu'il est transporté à bord des voitures." Les zones de fret également, oùarrivent de nombreux conteneurs, pourraient être ciblées.

Des perspectives de développement qui nourrissent l'ambition de cette start-up dont l'atelier est dans lazone de la Massane, à Saint-Rémy-de-Provence. Avec le risque, évidemment, que leur technologie attiseet attire les convoitises, malgré le dépôt récent du brevet pour leur Borne anti-moustique. "Le risque estpermanent, concède Pierre Bellagambi. Mais le but, pour éviter cela, est d'apporter des modifications enpermanence, avec par exemple un contrôle à distance". Pour garder cette avance et "industrialiser l'outil",la société va bientôt lancer un appel pour une levée de fonds. Pour passer à la vitesse supérieure ens'appuyant sur le Sambuc.

Source URL: http://www.laprovence.com/article/edition-arles/3795614/au-sambuc-une-solution-miracle-contre-les-moustiques.html

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