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une mosquée dans le quartier d’Ivry Port

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Une Mosquée Dans Le Quartier d’Ivry Port _Memoire_PFE2013

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une mosquée dans le quartier d’Ivry Port

une mosquée dans le quartier d’Ivry Port : Lorsqu’un lieu pour vivre sa foi en Allah active la fabrique urbaine.

Mémoire de PFEBruno Deguillaume

Octobre 2013

Mes remerciements vont à l’ensemble des intervenants et enseignants de l’INSA de Strasbourg qui ont pris le temps d’écouter de partager leur regard dans ce travail. Merci également à M. Annour et M. Laloufi qui m’ont accueilli durant leurs réflexions sur le projet de mosquée d’Ivry sur Seine. Merci également à Frank Salama.

Plus particulièrement, un très grand merci à Bernard Pagand, professeur à l’INSA Alexandre Grutter, mon directeur de diplôme.

Un grand merci également à Clara, Dany, Nicolas et Pierre, mon équipe de charrettes, ainsi qu’à Marlyse Witt pour la relecture de ce mémoire.

Ce mémoire de projet de fin d’études, enrésumétraitera des explorations autour du sujet de la conception architecturale d’une mos-quée dans un quartier jouxtant Paris : Ivry Port.

L’islam change de visage en France. Religion pratiquée par plus de 5 millions de personnes en France, on appelle aujourd’hui à des mosquées présentes et ouvertes dans la ville. Si on adopte souvent un point de vue anthropomorphique conduisant à questionner le «visage», la «silhouette», la «présence» urbaine d’une mosquée, la question est en fait plus complexe.

En s’intéressant à ce que désigne le terme mosquée, on constate qu’il revêt une signification qui dépasse son classement habituel dans la catégorie «bâtiment cultuel». Lieu centrifuge d’identité, l’usage qu’en font les fidèles musulmans pour-rait plutôt laisser penser à une «fabrique» de sociabilité, en plus d’un catalyseur de la pratique de l’islam, au delà d’un lieu de prière prescrite par le Coran. Catalyseur, fabrique, potentiel dans toute les dimensions de l’être, de ce qui est souvent perçu comme le plus intime (la foi) à ce qui est le plus «social», l’espace public. La mos-quée, par les usages qu’elle permet aujourd’hui et par ce que notre société appelle à être, à savoir un milieu influencé par les idées modernes dans lequel la liberté de religion est reconnue, est donc une question d’intérêt public.

On peut alors formuler une hypothèse architecturale et urbaine : la mosquée comme moyen de fabriquer de l’espace urbain. Envisager la construction d’une mosquée, c’est donc se demander comment un lieu de pratique de la foi musulmane peut-il s’ancrer et répondre aux enjeux urbains d’un quartier en développement ?

Le développement de cette interrogation portera sur le programme d’une mos-quée répondant aux musulmans du quartier d’Ivry Port (estimé à 5000 fidèles, dont 2000 pratiquants), et explorera deux mouvements :- le parcours du fidèle d’une rue d’Ivry-sur-Seine au temps des prières- le parcours urbain, aléatoire, dont la mosquée propose une nouvelle composition... et leur rencontre.

Dos de couverture : reproduction d’une œuvre de NCLZ (CAD)Couverture : reproduction d’une œuvre de Mohammad Ehsai, Iran

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Mosquée, «état de la situation» 11

Un équipement cultuel 31

La mosquée : fabrique urbaine, fabriquée par l’urbain 39

Chronologie 50

Bibliographie 54

La ville est enchantéeUn projet de mosquée peut paraître être un sujet très exotique. Avec une actualité peu publiée par les médias, on pourrait presque croire qu’il ne s’en construit pas (ou alors au prix d’une ten-sion incroyable). En fait, il s’en construit des dizaines en Europe chaque année.

De plus, avec l’idée de laïcité comme valeur de notre société, on aurait tendance à penser que la religion disparaisse, ne soit plus présente autrement que consignée dans un passé où elle occu-pait un pouvoir important. Cependant, et au contraire d’un milieu athée (de a-theos, signifiant littéralement sans Dieu), la société dans laquelle nous vivons est «poly-religieuse», est c’est vers cette définition que s’oriente le mot «laïque». Loin d’être «désenchantée», la ville est donc le lieu d’activités religieuses libres.

Dans cette liberté religieuse, on observe des transformations : si dans l’histoire, les religions ont pu occuper une forme de pouvoir influente, elles sont aujourd’hui en quête de s’adapter à la société. On peut citer en exemple le concile Vatican II1 pour les catholiques, ou les discours des associations musulmanes sur la construction d’un Islam en France. Les messages changent, leur présence en ville également, la définition même des religions est questionnée. C’est dans ce contexte sécularisé que je m’intéresse à un lieu de culte musulman dans la proche banlieue parisienne comme projet de fin d’études.

Les premières pages de ce mémoire consistent en une observation de la notion de «mosquée» aujourd’hui, d’autant plus nécessaire que ce sujet est enveloppé d’un solide mythe et de grandes ambitions.

Dans un second temps, nous verrons en quoi la mosquée peut être un sujet d’intérêt public, et quelle place elle peut prendre dans la ville aujourd’hui : est-ce un «équipement religieux»?

Enfin, le travail in situ sur lequel repose ce projet sera présenté autour de thèmes, avant de retra-cer l’évolution chronologique du projet de fin d’études qui, à son échelle, explore des liens entre espace public et religion Islamique aujourd’hui à Ivry-sur-Seine.

1 événement majeur de l’histoire de l’Église catholique du XXe siècle, le concile Vatican II a consisté en une série de débats théologiques en réaction aux tendances du monde moderne et au paradigme progressiste après la seconde guerre mondiale.

Table des matières

Mosquée, «état de la situation»Les musulmans prient Allah cinq fois par jour 10

L’islam est l’une des plus importantes religions du monde 12

L’islam change de visage en France 14

La mosquée est le support de nombreuses images 16

L’Islam est à la fois une histoire et une parole présente. 18

Les musulmans prient ensemble à la mosquée 20

La mosquée est un espace informel 22

La mosquée est un lieu de pédagogie 24

Beaucoup d’initiatives sont autour d’une mosquée 26

Article 18Toute personne a droit à la liberté de pen-sée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de ma-nifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

extrait de la déclaration des droits de l’homme

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L’islam est une religion à la parole révélée, autour d’un livre : le Coran, et d’une série de textes, les haddiths. «Le Coran est un livre sacré ou la rationalité tient une très grande place. Allah ne cesse d’y argumenter, d’y raisonner.»1 C’est un texte plein de prescriptions. Pour les musulmans, il rassemble la parole même de Dieu communiquée à Mohammed par l’archange Gabriel.

Certains savants ont instauré une législation à partir du Coran, la charia. Cependant, il n’y a pas de clergé en Islam, l’autorité morale et l’interprétation du Coran de manière plus générale étant à priori laissées directement aux lecteurs eux mêmes. Dans la pratique, c’est par l’intermédiaire d’études savantes, généralement par les Imam, que cette interprétation du texte est faite.

Les musulmans accomplissent cinq prières par jour rythmées selon la course du soleil. Le vendre-di est un jour particulier, c’est celui du prêche à la mosquée (avant la 3ème prière), qui représente l’instant de fréquentation maximum.

1 M. Rodinson, Islam et Capitalisme, Paris 1970

Les musulmans prient Allah cinq fois par jourQuelle forme prend ce rituel au quotidien?

Il n’y a ni de lieu imposé ni «consacré» à la prière. En France, cette prière est majoritairement privée. En 20062, seul 43% des musulmans déclaraient faire la prière, et seul 17% régulièrement à la mosquée, lieu de rassemblement traditionnel pour prier.

La prière est un rituel précis avec beaucoup de sens comme nous le verrons plus loin. Lorsqu’on prie en groupe, les musulmans s’alignent suivant le mur de la prière, cela a permis à de nom-breuses églises du Moyen Orient d’être reconverties directement en mosquées.

A ce rituel de prière, appelé Salat, d’autres prescriptions doivent être accomplies (la profession de foi, le jeûne durant le mois de ramadan, l’aumône et le pèlerinage à la Mecque). Ces cinq prescriptions sont couramment appelées les cinq piliers de l’islam. Ces pratiques rituelles unifi-catrices et le message éthique et spirituel en font une religion qui attire de nombreux nouveaux fidèles.

2 source CSA 2006

17%

57%

26%

12 13

Comment se repère-t-on dans une telle foule? S’il est difficile de dire avec précision le nombre de mu-sulmans dans le monde (certains avancent le nombre d’un milliard d’individus dans le monde se revendiquant musulmans), on peut néanmoins décrire les phénomènes qui font l’unité d’un tel groupe.

La communauté musulmane dans le monde est ras-semblée sous le nom d’Ummah. Il existe une langue commune aux fidèles musulmans : l’arabe. Cependant, environ 80% des musulmans ne sont pas arabes et ne considèrent cette langue qu’en tant qu’héritage relatif au culte. D’autre part, il existe une multitude de manières de pratiquer sa foi, suivant différentes lectures du message de l’Islam (les neufs principaux courants sont représen-tés ici). L’existence de l’Ummah marque un fait important, la reconnaissance que tous les musulmans sont frères et sœurs devant Allah.

Devenue au fil de l’histoire une religion universelle (nous reviendrons sur ce rapport historique plus loin), on peut poser également un regard régionalisant sur les musul-mans. Avec les vagues de migrations de l’ère moderne, on observe la constitution de diaspora (ethno-culturelle) qui fabrique différentes sphères sociales. D’autre part, la volonté d’intégration au territoire d’accueil fabrique éga-lement une sphère régionale (on parle par exemple «d’Is-lam de France» pour parler de la situation de l’Islam en France). Une mosquée à Ivry sur Seine peut donc être vue par certains comme un point important d’une commu-nauté régionale immigrée du Maroc, par d’autres comme celui d’une communauté régionale des musulmans d’Île de France, voire celui d’une communauté communale partageant le même paysage (les musulmans du dépar-tement 94 dans notre cas), etc... rassemblant les contours identitaires que notre société dessine.

Une autre forme de communauté peut apparaître lorsqu’on s’intéresse aux mosquées en France, celle de l’association cultuelle. Elle représente et institutionalise à une petite échelle une communauté. A différents niveaux d’implications (dons, bénévolats, participations aux évé-nements...), les fidèles peuvent alors dessiner un contour identitaire de proximité, ce que nous allons voir au pro-chain chapitre.

Ainsi, on peut lire dans cette foule de fidèle une «diversi-té dans l’unité», expression souvent reprise dans l’histoire de l’art islamique et les citations Coraniques.La mosquée est de fait un marqueur de plusieurs commu-nautés, comme si elle matérialisait non pas un rassemble-ment d’hommes, mais des rassemblements d’hommes.

L’islam est l’une des plus importantes religions du monde

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L’islam change de visage en FranceEn quoi les mosquées accompagnent cette évolution?Nous l’avons vu, la présence de l’islam en France revêt une qualité identitaire importante. Aller à la mosquée, ce n’est pas uniquement se rendre dans une «salle de prière», c’est se rendre sur le lieu matérialisant ces enchevêtrements de repères identitaires (être du quartier, être musul-man, être le fils ou l’ami de x, ... ) qui sont spécifiques à chacun, c’est retrouver l’autre pour prier ensemble. «La mosquée est ainsi le foyer sur lequel se projettent toutes les représentations, les profondes craintes comme les souffles d’espoir.» résume Tariq Ramadan.

En France, ce repère culturel a évolué avec la mondialisation (notamment du point de vue des migrations). Durant le XXe siècle, l’islam et les salles de prières improvisées ont pu servir de repère identitaire fort pour les nombreux migrants. Outre l’occasion régulière de se retrouver entre fidèles, c’était une occasion de perpétuer les habitudes de leurs pays d’origine, avec par-fois l’idée d’y retourner un jour.

Actuellement, ce repère identitaire national persiste avec l’histoire de l’immigration, même si les générations de migrants n’ont plus de lien aussi fort avec leur nation d’origine : ceux qui sont musulmans sont français et vivent naturellement en France. De plus, la migration mondialisée actuelle, intense et et variée, brouille l’effet «communauté nationale». D’autre part, des initia-tives sont menées à une échelle nationale. Une petite dizaines d’institutions représentent et soutiennent un islam «officiel» français, le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) est, en devenir, le représentant pluriel au plus haut niveau politique. L’expression «Islam français» qui y est associée ne signifie pas la redéfinition de l’islam pour la France, mais désigne la situation relative à l’Islam en France.

Une aventureCette évolution de l’Islam est exprimée dans l’aménagement du territoire par la construction d’un grand nombre de mosquées actuellement (la France est à ce niveau en manque par rapport à ces voisins européens1). Construire une mosquée est un événement important. Le projet de construction est porté par les bénévoles de l’association musulmane, et prend souvent la forme d’une aventure. On peut donner plusieurs pistes d’explications à cela. Il y a l’importance symbo-lique de la construction, à la fois dans le Coran (une des sourates le démontre particulièrement : «Celui qui construit pour Allah une mosquée, Allah lui construit une maison plus vaste que la mosquée») et dans notre sensibilité d’Homme : construire, c’est un marqueur fort d’habiter son territoire, une réussite d’installation et d’intégration au lieu. L’aventure est aussi perçue comme une épreuve quasi-épopée avec les difficultés de financement du projet, le mode de finance-ment principal étant le don, dont on sait qu’il est un des cinq piliers de l’Islam. La quête peut durer plusieurs années, pour que les dons puissent en partie ou en totalité financer le projet. Le manque de connaissances théologiques dans les décisions publiques peuvent également for-mer une épreuve à franchir pour l’association : «dé-mythifier» pour convaincre.

Ce fonctionnement donne aussi des explications sur les projets, qui sont principalement des petites mosquées, alors que le nombre de fidèles pourrait laisser à penser la construction de structures plus importantes.

1 en 2009, alors qu’elle rassemble la plus grande communauté, la France a le moins de mosquées par musulmans, relativement à certains de ses voisins européens. (source ministère de l’intérieur 2009)

Allemagne3.5 millions de fidèles2600 mosquées

Royaume uni2 millions de fidèles1600 mosquées

Espagne1.5 millions de fidèles800 mosquées

France5 millions de fidèles1612 mosquées en 2009

Les grandes mos-quées sont princi-palement regrou-pée en Île de France (huit sur douzes des mosquées sup. à 3000 m2) en 2010(source : http://www.trouve-tamosquee.fr/)

14%

46%

40%

>500m2>100m2<100m2

(source oumma.com)Il y a une majorité de petites mosquées en France

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La mosquée est le support de nombreuses imagesEn quoi ce bain d’images modèle les mosquées actuelles?

Si la construction d’une mosquée comporte une dimension symbolique importante, ce n’est évidement pas la seule image qu’elle peut générer. Les photos, les discours, la télévision, un article, une brève de comptoir, nous fabriquons, au sens propre et figuré, sans cesse des images. Concernant les mosquées, il semblerait que la fabrique de ces images déforme l’identité de celles-ci. On peut appeler cela un cliché. La fabrique des clichés sur les mosquées repose sur des faits, qui vu sous un certain angle, peuvent être choquant pour les mœurs. On pourrait citer en exemples, parmi tant d’autres, les pratiques vestimentaires des femmes ou une prière dans un espace public, renvoyant à la qualité précaire des salles de prières.

La mosquée, présence souvent unique de l’Islam dans les espaces urbains français, concentre ces images provenant de l’histoire, des histoires, d’une fabrique médiatique, de ses propres expériences ou d’ailleurs. Cette observation peut mener à une conclusion a priori de toute pro-blématique : il y a une nécessité de démêler le contexte religieux contemporain et l’histoire contemporaine de l’Islam.

L’image a une place importante, et cela n’évite pas les projets d’architecture. On peut s’inscrire alors en position critique : aujourd’hui, on peut parler également de «clichés» sur l’architecture religieuse musulmane. La construction des mosquées passe souvent par une méthode : le pas-tiche. La fabrication de l’identité du lieu repose sur un artifice : la figure que génère la forme du bâtiment. Un contour, une couleur, une apparence, qui mène souvent à une copie. On peut parfois lire «Cette mosquée, de style arabo- hispanique, s’implantera en 2015 dans la rue...» La qualité «spatiale» est, quant à elle, aléatoire. En observateur «étranger», on pourrait penser qu’il s’agit d’une manière de faire l’architecture d’une «autre culture». D’autres analystes pensent au contraire que, les questions architecturales sont dissoutes dans la difficulté à gérer l’aventure d’auto-construction dans laquelle ces projets de mosquée sont pour la plupart construits.

Au delà du problème de cliché que l’on vient d’esquisser, on peut rappeler que si le mot «mos-quée» désigne initialement «un lieu où l’on se prosterne [devant Dieu]», il condense aujourd’hui de nombreuses variations de sens, selon qu’on interroge un fidèle musulman ou un autre, un voyageur ou la grand-mère de l’immeuble d’en face. Si on ne peut dire que la mosquée est équi-voque, le caractère visible de cet édifice nécessite cependant de rassembler plusieurs points de vues, «plusieurs fabricants d’images».

Une des valeurs mise en avant par les lectures du Coran est la sincérité. En tant que lieu de ras-semblement d’hommes, on peut imaginer que le lieu de rassemblement d’une communauté en prière soit, dans la limite de ce que cette métaphore permet, une inscription qui entretient une posture «sincère» avec son contexte anthropologique. Dans la brève analyse des clichés ci-des-sus, on peut sentir une rupture entre une histoire de l’Islam qui semblerait figée dans un passé lointain et sa pratique au présent qui semblerait en conséquence pastiche. Comment décrire les rapports entre l’Islam et son inscription dans le temps des hommes? La forme des mosquées est-elle aujourd’hui en faux avec leurs usages? C’est en réaction à ces observations que je propose d’analyser l’histoire et les usages relatifs à l’architecture des mosquées.

La mosquee de Chalons en Champagne, dont le mina-ret reprend l’image d’une mosquée de Marrakech.(crédit photo : Google Street View)

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but which the consensus of believers has in a sense consecrated, has earned for Islamic art the stigma of being the victim of «stagnation», as if its stability over the centuries had been the result of interia or lack of awareness. In reality, the alternatives of creativity or stagnation are highly inapplicable to sacred art, which is either faithful to its principles, and hence active and aware, or forgetful of them, thus entailing decadence and collapse»3.

Ainsi, sans même explorer vraiment la question, on voit que la manière de poser cette question n’offre peut-être pas les réponses que l’on attend. De cette manière, peut-être ne peut-on pas tirer un «savoir faire» en étudiant l’histoire, autre que celui de mettre en valeur cette histoire.

On peut néanmoins se demander si, vu le caractère prescriptif de nombreuses interprétations du Coran, il existe des prescriptions par rapport à la forme architecturale des salles de prières et des mosquées. En résumé, le Coran est-il perçu comme une jurisprudence concernant les mos-quées? Il semblerait que ce ne soit pas le cas. L’art de l’Islam abstrait, et qui revêt un caractère particulier à travers le monde, tiendrait son unité ailleurs. Toujours, d’après Titus Burghart, cela tient dans la compréhension du message religieux de l’Islam. Dans le cas de l’histoire de l’art, l’imagination de l’artiste est libre seulement s’il fait l’effort d’atteindre le noyau spirituel de son modèle, et de refaire l’image à partir de cela.

Certains fidèles nous rappellent que «L’Islam ne bouge pas, se sont les hommes qui changent.». De ce point de vue, l’écriture resterait constante depuis son origine (le Coran ayant été écrit dans le but de consigner le plus exactement possible la parole du prophète), et c’est alors sa lecture qui est au présent, influencée par le contexte et le regard d’un moment. Ainsi, pour une mosquée, il semble que le plus important soit qu’elle permette de pratiquer sa foi au quotidien, dans un éternel présent. La mosquée n’existe dans le temps que parce qu’elle accompagne les musulmans à venir y prier, à y saisir le message de l’Islam et à le pratiquer en communauté.

3 T. Burghart, Mosque, chap. 2

L’Islam est à la fois une histoire et une parole présente.Qu’est-ce qui est (dé)passé, qu’est-ce qui est présent?Les mosquées construites actuellement en Europe sont habituellement des mosquées qui font référence aux lieux d’origine et de première émancipation de cette religion (du Maghreb à l’Inde). Outre cette manière d’aborder la présence d’un lieu en cantonnant la conception à la question de la «figure du bâtiment», menant à dire «une mosquée ressemble à ça», elles entretiennent un rapport «exotique» avec la ville, elles font voyager, elles nous renvoient à un espace ailleurs. Certains parlent2 à ce propos de mosquées nostalgiques, qui renvoient à une des dimensions identitaires évoquées précédemment. Mais construire une mosquée implique-t-elle forcément ce renvoi littéral vers un ailleurs (un autre lieu, une autre époque) ? Doit-elle toujours être la confrontation entre un lieu d’implantation et un territoire existant et lointain ? Deux précisions sont à apporter à ce stade de la réflexion, concernant toutes deux l’Histoire.

Tout d’abord, à propos de la genèse de l’art de l’Islam, dont l’histoire a été notamment exposée dans le livre «Art of Islam» de Titus Burghart (le mot «art dans ce paragraphe est à comprendre dans un sens large). Dans une partie précédente, nous avons vu que la dimension identitaire revêt une grande importance lorsque l’on souhaite parler de mosquée. Ceci nous renvoie aux histoires qui fabriquent ces identités, et notamment celle que l’on appelle «histoire de l’Islam». L’avènement de cette religion est comme chacun le sait, fortement liée à la culture arabe. On le constate notamment par sa génèse : le prophète Mahommet était arabe, et ce sont les Arabes qui ont été porteurs de la première diffusion de cette religion. Mais ce lien à la culture arabe peut aussi être celui des migrations du XIXe au XXIe siècle en France. Tous ces liens questionnent les différences qui existent entre culture «islamique» et culture «arabe».

Titus Burghart suggère de résumer ce rapport Arabe/Islam en parlant de «mariage entre un mes-sage spirituel (celui de l’Islam) et un mode d’expression , un héritage arabe. Cet auteur cite par ailleurs d’autres «mariages», comme l’art Bouddhiste, qui s’il a pour territoire celui des Mongols, possède des traits Indiens notoires. Ainsi, l’Islam ne vient pas d’ailleurs, mais c’est une expres-sion de l’Islam qui vient d’ailleurs.

On peut alors s’interroger : comment se comporter face à ces expressions du message spirituel de l’Islam? Comment recevoir l’histoire de l’art Islamique? Quel sens lui donner pour s’en servir? Se demander «en quoi l’Islam est un héritage» oriente déjà le sujet : si nous considérons le temps comme une juxtaposition d’époque, l’héritage est ce qui aurait été sauvegardé de la tabula rasa du passage d’une époque à une autre. Cette manière de penser très «moderne» implique que de nombreuses choses contemporaines de l’art Islamique ont disparu. Elle peut conduire à une vision archaïque de l’art Islamique «dépassé», plus d’actualité dans les formes. Elle conduit en la croyance d’une rupture moderne, engendrant l’espoir d’une interprétation moderne de l’Islam. S’il existe un Islam moderne et universel, répandu dans un contexte mondialisé et ouvert, quelles sont ses conséquences sur l’expression et l’art de l’Islam?

Cette manière de poser la question dépend d’une représentation particulière du temps (ici, le temps linéaire, spatial, tel que le philosophe Bergson le décrit). L’art de l’Islam vient alors tou-jours d’un ailleurs : une période passée de la chronologie. Faut-il vraiment considérer la question dans ce sens? Cette pensée de la «rupture de l’histoire» est-elle compatible avec l’histoire de l’Islam?

Certains auteurs, dont Titus Burghart, suggère que dans l’histoire, aucune forme ne pourrait exprimer l’idéal de l’Islam de manière exhaustive. Il doit exister dans n’importe quel environne-ment ethnique ou à n’importe quel niveau de forme une meilleure forme possible pour exprimer cet idéal. Une fois qu’il est trouvé, il n’y a plus lieu de bouger. Ces auteurs font ainsi l’éloge d’une fidélité à un modèle. « This fidelity to models, which religion does not actually prescribe

2 The Mosque, Nai Publisher, p58

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Les musulmans prient ensemble à la mosquéeQuelles relations sont établies entre les fidèles et ce lieu de prière?

«Là où vous surprend l’heure de la prière, priez car toute la terre est une mosquée»4.

Cette phrase permet de comprendre en partie pourquoi il n’existe pas de lieu de prière (contrai-rement aux catholiques dont la géographie regorge de sites d’apparition sur lesquels un lieu de prière a été édifié). Un des seuls lieu sacré, tel qu’on l’entend avec une oreille chrétienne, à savoir un lieu décrété officiellement comme sacré, c’est la Kaaba (lieu de pèlerinage situé à la Mecque, en Arabie Saoudite). Le monde est une mosquée, et nous l’avons vu, la majorité des musulmans prient ailleurs que dans une mosquée en France. Que ce soit chez eux, au travail dans un bureau, dans un parc lors d’un déplacement, par manque de lieu ou pour d’autres raisons, on peut conclure que cet acte de prier ne semble pas dépendant du lieu.

Il repose par contre sur deux relations avec ce lieu, qui fonde le rituel de la prière, le Salât : - le lien entre l’individu et le monde (puisque tous les musulmans prient dans une direc-tion, la Qibla, qui est orientée vers un point central, la Kaaba). - la pureté (Tahara en arabe) : Ainsi, par ces codes, la prière devient un geste qui rend l’espace «sacré», dans le sens où il défi-nit pour un instant un territoire purifié du quotidien, et en relation avec le monde entier.

De ces codes en dérivent d’autres liés à la prière commune :- on prie en ligne, face à une sutra commune (la soutra est l’obstacle devant lequel on prie, cf. page suivante).- on enlève ses chaussures au même endroit pour tout le monde (avant d’entrer dans le lieu de prière)- les hommes et les femmes se séparent

4 Citation traduite du Coran

On définit un obs-tacle (la Soutra) face auquel il doit prier. Cet obs-tacle définit un territoire protégé, puisqu’il est interdit à quiconque de pas-ser devant le fidèle sous peine d’annuler le rituel.

S’abstrayant du monde quotidien en se lavant physiquement et mentalement selon un rituel précis d’ablutions, la prière est un temps ou le fidèle s’extrait de sa journée pour aller prier.

lors d’une prière com-mune, un homme la conduit.

Il s’agit habituellement de l’imam. Les autres fidèles prient derrière lui, considérant la

Soutra commune à celui qui dirige la prière. Côte à côte, ils forment des longues rangées pour être au plus proche de la Soutra.

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La mosquée est un espace informelEst-ce un espace public?

Si la salle de prière est utilisée dans son sens premier, celui de lieu où l’on va pour prier ensemble, il est, et a été, un lieu de rencontre informel, un lieu de lecture, d’enseignement, de méditation, de discutions, autrement dit, une forme d’espace non programmé.

Par exemple, dans les mosquées hypostyles du Maghreb, la mosquée pouvait se transformer en lieu d’enseignement (chaque professeur a un pilier et fait cours autour de ce poteau). Les maîtres (Fuqahâ)5 ont enseigné assis sur une natte, entouré de leurs élèves à l’ombre des mosquées.

Aujourd’hui encore, selon les endroits, il est possible d’assister à des scènes donnant un carac-tère «informel» aux usages de cet espace. (récit personnel).Dans la grande mosquée de Strasbourg, la prière du vendredi se déroule vers 13h. La salle est déjà bien remplie une heure avant. Les fidèles arrivent, dans un long compte goutte. Tout le monde est assis sur la moquette, la plupart contre les murs. Certains égrènent un chapelet, d’autres lisent un livre. D’autres se font des signes à travers la mosquée « hé, toi !». Des enfants qui accompagnent leurs parents, pris dans leur imagination, jouent avec le tapis, font des galipettes dans le dos de leur père. Ces centaines de petites scènes contrastent avec le murmure calme qui baigne le grand volume de la salle de prière : pas de bruit de pas, de choc, seul le son des voix étouffées par la moquette.

5 p.256 in L. Golvin, Essai sur l’architecture religieuse musulmane, Tome 1 Généralités, Ed Klincksieck Paris 1970)

24 25

La mosquée est un lieu de pédagogieEn quoi ce lieu de culte porte-t-il une dimension éducative?

On aurait tendance à limiter le programme de mosquée au «culte». Sont-ce uniquement les cinq temps de prières par jour? La mosquée est-elle vide le reste du temps? Le caractère informel de la salle de prière pourrait déjà nous faire douter de cette assertion.

Au delà de l’étiquette «cultuelle» on peut dire que la mosquée est un lieu de pédagogie, dont on peut citer plusieurs dimensions que l’on retrouve actuellement dans les mosquées:- le prêche du vendredi, discours de l’Imam en rapport avec une lecture du Coran- les cours d’arabe et d’explication Coranique- les conférences d’imams et de personnalités- l’accès à une petite bibliothèque

La parole est une dimension forte de cette religion. On peut par exemple citer l’écho que génère la forme de la mosquée d’Ispahan, qui permet de répéter trois fois la parole de l’imam, don-nant une dimension mystique au message spirituel. L’écriture, développée au rang d’art calligra-phique estimée mondialement, est également une manière d’accompagner cette parole. On le constate notamment lorsque des citations du Coran sont reprises dans des lieux de la mosquée, dans une répétition visuelle complétant l’écho auditif.

Si la langue arabe (la langue originale du Coran, dans le sens ou c’est celle dans laquelle le texte aurait été révélée au prophète Mahommet) paraît évidemment liée à celle de la connaissance de cette religion, ce n’est pas la seule chose qui constitue un enjeu pédagogique dans les diffé-rents sens que ce mot peut prendre (enseignement, guide spirituel...). Une deuxième dimension pédagogique existe dans notre cas d’étude : une pédagogie en réaction à une situation sociale. Si les usages évoqués pourraient être appelés «essentiels» ou «traditionnels», ce dernier enjeu pédagogique fabrique une catégorie que l’on pourrait nommer «contemporaine», jouant un rôle d’insertion sociale, et de repère identitaire. L’aide aux devoirs ouverte à tous, est un exemple de forme que peut prendre la pédagogie à la mosquée.

La voix, la langue, le takbîr

Entrées sur l’îlot

Le sol absorbant accoustique, touché, assis accroupi La voix qui se réverbere, et qui s’absorbe Le bruit de l’eau des ablutions

Plan de composition plein vide et circulation - 1:500 Plan RDC - 1:200

BC

B

A

C

A

26 27

Beaucoup d’initiatives sont autour d’une mosquéeNous avons vu précédemment que la mosquée est gérée par une association. En regardant de loin une mosquée, on pourrait croire que celle-ci a tendance à s’effacer, qu’elle a peu de visibi-lité dans l’espace public. A l’inverse de cette visibilité discrète, l’étude des usages du point de vue de l’association permet d’avoir une synthèse enrichissant la définition du mot «cultuel» qui qualifie souvent ce lieu. On peut voir l’association comme un rassemblement de personnes sans qui la foi musulmane aurait une pratique réservée au cercle strictement privé.

Cette association permet donc la gestion du lieu de prière et l’animation d’une dimension pé-dagogique évoquée précédemment. Deux autres dimensions, événementielles, anecdotiques mais à forte valeur symbolique prennent place dans ce lieu de mosquée.

Un des cinq pilier de l’Islam est l’aumône (appelée Zakat), qui se traduit la plupart du temps par des dons d’une partie de ses revenus. Des collectes sont régulièrement organisées, pour finan-cer une construction, un événement, un programme d’aide.... Parfois, les associations d’autres communautés viennent faire la quête pour une cause particulière.

D’autre part, durant le Ramadan, période la plus importante du calendrier musulman, la pré-sence de stands s’accentue à l’entrée de la mosquée. Une datte est distribuée à chaque fidèle pour rompre le jeune de la journée.

On pourrait ajouter dans ces initiatives difficiles à catégoriser les repas gratuits distribués pour les personnes défavorisées. Ces repas sont consommés après la prière de midi le vendredi. Dans les mosquées récemment construites, on retrouve régulièrement une cuisine, lieu d’activité et de fabrication commune de ces repas.

Ces stands sont souvent l’occasion de prolonger le moment de la prière : après l’heure de celle-ci, on y reste volontiers un peu pour discuter, formant un espace ouvert vers l’extérieur.

Un équipement cultuelSécularisation et Islam : un enjeu public 30

La forme des mosquées a des permanences dans les villes 32

Problématique pour une mosquée ouverte 34

Illustration : Hassan Massoudy

30 31

Sécularisation et Islam : un enjeu public

Envisager la création d’un lieu de culte pourrait à première vue apparaître contradictoire avec l’évolution de la ville où les dieux ne seraient plus que relégués à une histoire passée et étrange. Mais il s’agit là d’une idée reçue, car la sécularisation de notre société propose une réalité néces-sitant un regard plus fin.

La sécularisation est le processus selon lequel des compétences réservées aux institutions reli-gieuses sont transférées à l’état. On peut dire que depuis la révolution de 1789, ce mot caracté-rise en France les rapports entre la religion et la société.

Au siècle des Lumières se sont exprimées des idées dans lesquelles Dieu avait complètement disparu. Cette pensée «athée» évacue le rôle social de la religion catholique qui représentait alors une aristocratie forte : le clergé. Si le mot «laïcité» est très vite apparu dans les discours, cela ne s’est pas traduit pour autant par une purge du religieux (comme cela a peut être le cas de dictatures où une seule «croyance» est tolérée), mais plutôt par une neutralité du pouvoir vis à vis de cette question : chaque personne est libre de croire ou non, c’est une liberté ins-crite aux droits de l’homme depuis son origine. En France, le phénomène s’est d’abord traduit par une nationalisation des biens que possédait l’église (églises, couvents, cathédrales) ce qui a notamment permis des transformations urbaines (par exemple à Lyon, la colline de la croix Rousse, dont le nom est lié à une présence religieuse, est devenue un quartier ouvrier), mais la présence religieuse s’est maintenue et a évoluée avec notre société (sœurs dans les hôpitaux jusque dans les années 50, marquant le passage d’une société de l’assistance à une société de l’assurance, ou encore l’apparition des prêtres ouvriers dans les usines ou au sein de la commu-nauté Emmaüs… ).

Ainsi, il ne faut pas comprendre la sécularisation comme une disparition du religieux, mais plu-tôt un changement de statut par rapport à la société. D’une position étatique, on se trouve dans un rapport un peu plus «privé» : pratiquer une religion devient une liberté individuelle des hommes et femmes dans le monde. Anciennement imposée au peuple comme une norme tolérant peu de diversité, la religion prend d’autres formes dans la ville. Dans ce contexte libre s’insère d’autres tendances religieuses, dont l’Islam, et leurs présences s’exprime au travers d’ini-tiatives à l’échelle d’un quartier.

En France, cette pratique à petite échelle d’un culte6 prend forme au travers d’une association loi 1901. Pour le cas musulman, ces associations sont souvent réparties par commune, et on peut trouver plusieurs associations sur un même territoire. Sur la commune d’Ivry-sur-Seine, il n’y en a qu’une. La principale mission de cette association est de rassembler les musulmans pour prier et se retrouver. Ces fidèles, à défaut d’association, pratiqueraient leur culte chez eux ou du moins dans un cercle privé. L’association est en quelque sorte un moyen de rendre public un culte privé dans ce contexte institutionnel.

Le culte musulman, présent dans la ville au niveau associatif, forme alors une communauté. La mosquée, qui, si on revient à son étymologie, désigne «un lieu où l’on se prosterne». Mais «la mosquée n’est pas qu’un lieu de culte», déclarent les membres du collectif Annour d’Ivry sur Seine. Il est vrai qu’une mosquée est un lieu d’usages pluriels, un enchevêtrement de pratiques qui déborde de son acceptation sociale actuelle. Tout le monde ne va pas à la mosquée dans le même but, et ne lui attribue pas les même fonctions. Accompagner la prière pour certains, re-grouper une communauté pour d’autres, représenter une institution religieuse dans la ville pour d’autre encore, selon qu’on soit impliqué de loin ou de près dans cette question musulmane.

6 culte : n. m., pratique liée à une croyance (à ne pas réduire à la fonction «prier»)

Dans cette idée de diversité, on peut dire que la mosquée signifie autant d’éléments qu’il y a d’hommes qui la pratiquent. Avec ce regard, on peut dire que l’opposition «lieu où l’on se prosterne»/«n’est pas qu’un lieu de culte» confirme une chose, il existe aujourd’hui DES pra-tiques de l’Islam, que DES hommes expriment. Ce mélange autour du message spirituel Isla-mique, différentes compréhensions, différentes interprétations peut-être plus accentuées dans notre monde sécularisé tendant vers la spiritualité «individuelle».

Ainsi, un rapide regard extérieur définirait la mosquée comme un lieu de regroupement commu-nautaire formant une enclave musulmane homogène dans la ville, comme un objet à juxtaposer dans la ville bariolée. C’est en fait l’inverse qui se produit : la mosquée est une question publique pour deux raisons : - elle concerne la liberté d’exercer sa religion - elle s’adresse à une diversité d’individus dans la société, et propose un lieu d’enchevê-trement et de rencontre.

Cependant, la mosquée n’est pas directement un espace public et l’autorité de l’écriture Cora-nique interprétée en est le modérateur et le liant. Si ce lieu de culte semble donc être capable d’équiper la ville, il est plutôt un espace public à code. Considérer la mosquée comme un équi-pement de culte pousse à se demander en quoi il est capable d’agir dans la ville, quelle est la nature de cet équipement?

Quelle est la capacité de ce bâtiment à fabriquer la ville dans laquelle il se trouve?

Si dans le chapitre précédent, nous avons observé les appropriations de l’espace des mosquées, nous allons voir que ces situations prennent place dans une trame constante, définissant la base d’un équipement potentiel.

32 33

La forme des mosquées ont des per-manences dans les villes.LES NOMS DANS LA VILLEÉtudier les formes architecturales revient souvent à don-ner des noms à des choses. Nous allons donc identifier les constantes en portant un regard «toponymique» sur les mosquées. J’entends par toponymie l’ensemble des espaces d’une mosquée qui sont nommés, et qui en conséquence, font partie des éléments redondants voire constant dans ces lieux. Le pouvoir de nommer ces es-paces de la même manière, dans la même langue donne donc un caractère commun à toutes les mosquées. Même si cela peut nous sembler être d’une extrême simplicité, il faut rappeler que la parole, et l’écriture occupent une place fondamentale dans cette religion. Sans représenta-tion imagée, un des moyens d’expression majeur est la langue, de la calligraphie à l’héritage des poèmes pré-Islamiques, en passant par la récitation du Coran en chan-tant que le prophète encourage.

La plupart des espaces nommables dans une mosquée sont liés fortement au rituel de la prière, que le dispositif spatial accompagne habituellement. On peut donc orga-niser ces noms selon la chronologie de ce rituel dont nous avons déjà évoqué les codes précédemment.

Sahn (cour)Cet espace est un extérieur isolé de la ville. On peut y trouver une fontaine pour y faire ses ablutions

Minaret(étym. Manara, le phare)On suppose que les minarets, par leur taille et leur situation, ont d’abord été hérigés pour symbo-liser l’importance du lieu de prière dans la ville, et pour signaler à l’horizon la mosquée du vendredi (mosquée plus importante). Il est d’usage de l’utiliser pour faire l’appel à la prière par la voix du muezzin, mais ce n’est pas le cas de toutes les mosquées.

Ablutions (wuḍū)Lieu du rituel de purification, il est possible de faire les ablutions avant d’aller à la mosquée. Les chaussures devant être enlevée avant d’entrer dans la moquées, on trouve souvent des casiers ou des tas à l’entrée.

Minbar(chaire, estrade, tribune)Liée à l’histoire du prophète Mahom-met, cette estrade est utilisé pour le prèche du vendredi . L’imam s’y tient debout ou assis pour que sa parole porte au dessus des fidèles, à droite du Mihrab. S’il aurait eu initialement 3 marches, il en comporte souvent plus. Les dernières sont laissées vide, rappellant la présence du prophète et de la fonction de cet escalier au temps du prophète. Au fil du temps, ce minbar a été enrichi (par exemple, à l’époque seldjouk, on y ajouta une porte en haut)

Mosquée(Masjid, lieu où l’on se prosterne)La salle de prière est habituellement sans aucun élément au sol, hormis des tapis sur lequel on peut s’asseoir ou prier. Lieu d’une parole et des prières, l’ambiance sonore est souvent en contraste avec la taille importante de l’espace.Les femmes et les hommes ne se mé-langent pas durant la prière. Celles-ci se mettent traditionnellement derrière les hommes, sans forcément se trou-ver dans une pièce séparée (habitude récente).

Sutra (obstacle)La sutra est matérialisée par un mur, et celle de l’imam sert à tous les fidèles (il est donc permis de circuler entre les fidèles durant la prière sans rompre le rituel). Les fidèles s’alignent le plus pos-sible en long derrière l’imam.

Mihrab (niche) S’il a pour fonction de marquer l’orientation vers la Mecque, cette niche symbolise également la niche présente dans un verset du Coran, le verset de la lu-mière :Une lampe symbolise cette lumière dans la niche.

Qibla, لة) قب

directio

n)

Allah est la Lumière des cieux et de la terre.Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une

lampe.La lampe est dans un (récipient de) cristal.

Et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat; son combus-tible vient d´un arbre béni:

Un olivier ni oriental ni occidental dont l´huile semble éclai-rer sans même que le feu la touche.

Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut.Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est

Omniscient.

34 35

Problématique pour une mosquée ouverte«En Europe, comme ailleurs, la mosquée doit d’abord jouer ce rôle : dire, exprimer et rappeler la présence du divin dans le cœur de chacun, au cœur de la cité. Elle est ce lieu du silence, de la méditation et de la prière qui permet le recul, l’édification, la quête du sens et de la paix. Le lieu «où l’on se prosterne» est l’espace où l’on s’élève, profondément, intimement, seul, en communauté... [...] elle doit être également ouverte sur le monde et rayonner sur l’environnement. Lieu d’édification spirituelle, elle est également un espace d’étude, de dialogue, d’accueil qui doit témoigner de l’exigence de justice et de l’amour de la paix.7» (Tariq Ramadan).

A la fois repère identitaire renvoyant à un «ailleurs», et à une marque d’intégration dans un «ici», un projet de mosquée en France revêt donc un enchevêtrement de significations, et de pratiques très variées. Dans notre contexte «moderne», en sécularisation, il questionne notre rapport à l’histoire. Il est, dans tous les cas, un lieu d’attention et d’échange, ce qui ferait dire à certains qu’il est un lieu pour vivre sa foi, sans se limiter au rituel de la prière.

Nous venons de voir que des mots forts de sens définissent les espaces d’une mosquée selon un principe simple : accompagner le rituel de la prière dans la ville. Cet espace est là pour isoler, protéger le fidèle qui va prier dans un instant pur. Ce mouvement, protégé, est ainsi valorisé : il forme une base pour concevoir une mosquée. Une base qui n’impose qu’un déterminant : per-mettre les situations d’expressions de la foi de l’islam.

En abordant le sujet à priori, absorbé par la complexité, on a tendance à réfléchir sur une mos-quée «générique» qu’on tente de placer sans adaptation dans un lieu. S’il y a un mouvement dans la prière, une deuxième dynamique est identifiable : celle présente sur le lieu. Dans le cadre de ce projet de fin d’études, on peut parler de mouvement de la ville. La mosquée s’inscrit évidement dans le réseau que forment les espaces urbains, pratiqués par les Hommes. Par sa problèmatique publique, ses usages, l’ouverture suggérée ci dessus peut être une opportunité dans deux directions : un équipement de culte pour la ville, et une ville pour une mosquée.

Pour construire ce dialogue, on s’intéressera alors à la question suivante : comment un lieu de pratique de la foi musulmane peut il s’ancrer et répondre aux enjeux urbains d’un quartier en développement ?

7 T. Ramadan, La mosquée dans l’espace européen, in : «La mosquée dans la cité.», p50 Illustration : Hassan Massoudy

La mosquée : fabrique urbaine, fa-briquée par l’urbain.

fabrique (définition personnelle): n,f. établissement où l’on fabrique des produits à base de matières premièresfabrique urbaine : métaphore se rapprochant de la notion d’espace public mettant en valeur le caractère actif de ce dernier : on fa-brique des situations de rencontres, d’échanges, entre les choses de la ville...

Cette mosquée se trouve en banlieue de Paris 38

Cette mosquée se trouve sur un îlot du quartier d’Ivry Port 40

Aujourd’hui, on prie sur un coin d’îlot endormi. 42

Comment recomposer le lieu dans le temps de la ville? 44

Comment la mosquée peut-elle accueillir

les diversités d’usages et de représentation? 46

Comment la mosquée accompagne le fidèle dans la prière? 48

Illustration : Hassan Massoudy

38 39

Le projet se situe dans le quartier d’Ivry Port de la commune d’Ivry sur Seine. Situé en partie dans le lit de la Seine, le quartier a été un lieu important lors de la révolution industrielle, aux portes d’un Paris fortifié. Aujourd’hui appelée proche «banlieue», son évolution dépend encore de la crois-sance du centre parisien. Limitrophe de la partie centrale que constitue le départe-ment de Paris, on compte aujourd’hui offrir la possibilité à plus de personnes d’habiter et de travailler dans ce lieu. Ainsi, plusieurs zones d’amménagements concertées ont vu le jour. Le site dans lequel le projet prend place est à voir comme une mutation : d’un site industriel en bord de Seine, il devient un morceau traversant de la vie du proche Paris avec ces bureaux, logements, hangars commerciaux hypermodernes au milieu de traces industrielles.

L A

S E

I N E

L A MARNE

périphérique de Paris

commune d’Ivry-sur-Seine

gare d’Austerlitz

périphérique de Paris

Charenton

Alfortville

Vitry

Ivry

Paris XIIIParis XII

Cette mosquée se trouve en banlieue de Paris.Comment considérer la ville dans laquelle le projet s’inscrit?

Les entrepôts BHV, démolis il y a peu, incarnent le caractère industriel de ce quartier

Le centre commercial situé dans la zone d’activité formée par les quais de la Seine

Une des rues voisines du site, petite largeur avec des immeubles hétérogènes.

Façade hétérogène de l’îlot du site donnant sur la rue Jean Jacques Rousseau

Un parc infiltré dans un îlot dont les bâtiments in-dustriels ont été réhabilités.

En complément des grandes ambitions d’aménagement du territoire, il existe un tissu associatif très important. Issu des différentes passions, origines, talents, ce quartier du grand Paris est souvent le théâtre d’une expression de cette mixité associative, dans laquelle s’inscrit déjà l’asso-ciation musulmane d’Ivry-sur-Seine, qui porte le nom de collectif Annour. C’est en s’appuyant sur leur pratique que ce projet de fin d’études est élaboré.

40 41

Bd Paul Vaillant Couturier

rue Lénine

rue Westermeyer

autoroute

centre commercial

voie

s RFF

FRET

Entrepôts

Ateliers

Usine

Hangar

Collège

Gymnase

Eglise

îlot des années 80 Bureaux

parc

Siège

Banque

Bd Paul Vaillant Couturier

rue Lénine

rue Westermeyer

autoroute

centre commercial

voie

s RFF

FRET

Entrepôts

Ateliers

Usine

Hangar

Collège

Gymnase

Eglise

îlot des années 80 Bureaux

parc

Siège

Banque

LA SEINE

185 m

10 m

Cette mosquée se trouve sur un îlot du quartier d’Ivry PortEn quoi cette situation peut-elle être envisagée en mutation?

Situé entre deux canaux de transports d’échelle nationale, (la ligne de chemin de fer Paris/Bâle et la confluence de la Seine et de la Marne) ce territoire a accueilli des usines et un quartier faubourgeois dès le XIXe siècle. Ces industries ont été construites, démolies, déplacées, agran-dies, dans une trame viaire en damier, formant de grands îlot avec une façade et des parcelles profondes.

S’il a toujours été le lieu d’habitat, il le devient de plus en plus, parallèlement au développement des infrastructures auxquelles ce quartier est connecté (en tout point à moins de 10 minutes de l’autoroute longeant la Seine, du réseau de métro parisien et de celui des trains régionaux). Il est le témoin de cette mutation en cours avec l’implantation d’un îlot de logement et d’un centre commercial dans les années 80, et plus récemment le plan de développement nommé Ivry Confluence.

Les bâtiments et les limites du site vont évoluer (hangars municipaux encore présents, bâtiments de faible hauteur...). C’est un terrain «souple» qui met en question ce qui est fixe, moins fixe, mobile (le collège, les logements, la rue...). Les îlots du quartier sont habituellement composés d’une façade aux hauteurs variées qui tient une rue. Derrières ces façades se trouve un coeur d’îlot découpés par des murs donnant ici un cul de sac. C’est notamment cette partie intérieure qui présente un potentiel de transformation. Une succession de façades planes et de cul de sac compose la vue à travers l’îlot

42 43

Aujourd’hui, on prie sur un coin d’îlot endormi.Comment manipuler le caractère clos du lieu pour l’inscrire dans une politique de déve-loppement de la ville?

La dimension «proximité» est importante sur ce territoire : le site est bordé de locaux associatifs, de crèches et d’écoles, et les petits commerces sont proches.

Située dans un gymnase désaffecté, la mosquée actuelle attire jusqu’à deux milles fidèles pour prier, remplissant la parcelle actuelle, intérieur comme extérieur. Cette propriété fait face à la Maison de la citoyenneté, un bâtiment de type caserne, aujourd’hui utilisé par des associations, et dont les locations sont gérées par la mairie (c’est actuellement dans ces locaux que l’associa-tion musulmane dispense ses cours d’arabe).

La rue Jean Jacques Rousseau peut parfois être fermée au profit de manifestations de quartier.

On trouve aussi deux terrains de sport et des vestiaires aujourd’hui transformés en locaux d’une association de théâtre de rue. Ils sont susceptibles de disparaître dans le plan de développe-ment de la ville. Un petit square termine cette parcelle.

Entre activités associatives et cultuelles, le lieu peut donc être très fréquenté à certains mo-ments... ...et à d’autres se trouver assez vide. En effet, le côté Est du site, le plus largement ouvert actuellement, comporte une rue peu passante et donc très calme. Seules les extrémités de ce coté sont plus «actives» et sont disposées en carrefours commerçants.

Un arrêt de bus et un parking sous-terrain incarnent deux points d’entrée importants en termes de déserte du site.

Square

Prière Ablutions ChapiteauThéâtre de rue MaternelleCollège Hangars Parcelle en jachère

arrêt de bus

Bâtiment prochainement démoli

Rue Jean Jacques Rousseau

Entrée de la Maison de la citoyennetéCentre commercialsur parking

44 45

Comment recomposer le lieu dans le temps de la ville?Un des premiers axes de recherches que j’ai exploré durant ce projet a été la recomposi-tion de l’îlot.

En premier lieu deux points d’entrées ont été définis dans l’îlot : - un au nord qui fait face à un arrêt de bus et l’entrée d’un parc en coeur de l’îlot au nord du site d’étude- un à l’est, face au bâtiment de la maison des associationsJ’ai alors joué sur un parcours construit avec ces points pour étapes.

Remettant en cause le parcellaire existant en bande, j’ai alors posé deux hypothèses de transformations : - prolongation du bâti existant (réponse au quartier en mutation).- principe de séquence d’espace autour de vides publics ou semi publics aux qualités variées.

parcellaire existant

Plus tard, j’ai posé comme base complé-mentaire une «trame paysagère», constituée d’un faisceau de lignes générées par les li-mites urbaines (parcelles voisines, opportu-nités de passages). La pratique de l’espace peut alors se lire comme une pratique de ces faisceaux transversaux: soit on les suit (chemin, guide à travers le site), soit on les traverse (filtres, seuils). Le programme peut

L’enjeu d’espace public m’engageait à ques-tionner le parcellaire existant. Tracé régulateur dans la ville, il définit des situations en cul de sac en étant constitué en bandes. Cette lon-gueur permet actuellement une mise à dis-tance entre un espace public périphérique : la rue, et des espaces privés, souvent en friche, à l’intérieur. La mosquée, par son importante surface et ses contraintes d’orientation, ne peut s’ancrer dans une telle logique de pro-gression du public vers le privé en bande.

alors être disposé dans ce tracé directeur en fonction de cette lecture de l’espace en fais-ceaux. La notion d’intérieur et d’extérieur sont secondaire, faisant écho au programme.

Au fur et à mesure de la conception, le dessin du faisceau prends en compte un paramètre de phasage du projet. Le vide central défini en amont permet de conserver un des bâtiments lors de la construction, permettant une conti-nuité des fonctions et un usage immédiat du vide. Ces faisceaux questionnent également la transformation des environs du site.

En relation avec d’autres échelles de travail, le faisceau en plan, initialement très exprimé, se fond dans une composition dialoguant en coupe avec les hauteurs et façades existantes.

Les recherches sur les espaces de transitions m’ont conduit à une composition avec deux rectangles en plan : un jardin et une mosquée pour articuler l’îlot.

La proximité avec les logements en devenir, défini dans ce pronostique de développement urbain m’ont poussé à les détailler également pour préciser les rapports entre l’espace pu-blic et la sphère de l’habiter privé.

Initialement d’un seul tenant avec la mos-quée, cette densification résidentielle prend de l’indépendance, et s’accorde à la logique d’espaces intermédiaires mise en place pour le reste de l’îlot.

46 47

Comment la mosquée peut-elle accueillir les diversités d’usages et de représentation?Un deuxième axe important de recherches a été la constitution et l’adaptation du pro-gramme au site à travers la notion de polyvalence.

Salle de Prière1300

Bibliothèque200

Ablutions200

Bureau Imam -15 2x4 Classe de 30210

Logements200

Toilettes40

2000

3 Bureaux école45

Conf.300

Bureaux40

Salle à manger100

Cuisine30

Loge15

Entree15

Poubelle10

T482

Théâtre165

Terrain de sport1000

T243

Commerce (400)

T363

T243T363

T482

Vélo10

Chaufferie/technique50

Stockage50

trame programmatique

Parc

Conf.300

Loge15

Entree15

Poubelle10

Classe210

Toilettes40

T482

Bibliothèque200

Terrain de sport1000

accueil,copieur (15)Local Pédagogique

Salle des enseignants/réunion

151525

Bureau Direction

Salle à manger100Cuisine 30

T243

Commerce (400)43

T363

T243T363

T482

Vélo10

Poubelle 15Chaufferie communetechnique50

Stockage50

800

Salle de Prière1200

Ablutions150 (à vérifier)

Hallchaussures, quête

100

Bureau Imam15

Bureaux40

Logements et commerces

300

2000

Imam, Gardien

Ecole, Administration

Prière, Prêche

Au début de ce mémoire, nous nous sommes intéressés aux usages et avons observé une plu-ralité dans les pratiques de l’espace d’une mosquée, et dans les représentations qu’on a de cet édifice.

Est-il possible à des visiteurs d’entrer dans la mosquée tandis que d’autres sont en train de méditer? Comment peut-on organiser un grand repas sur un lieu de la parole Coranique? Le message spirituel de l’Islam ne risque-t-il pas d’être brouillé par cette apparente complexité programmatique?

En amont, j’avais reçu de la part de l’association musulmane d’Ivry sur Seine un tableau listant les fonctions qui devaient se trouver dans la mosquée. Je l’ai interprété comme une première synthèse des besoins.J’ai commencé par classer le programme en trois catégories de fonctions : ce qui a trait à la prière, ce qui à trait à l’événementiel et son organisation, et ce qui a trait à l’enseignement. A ces trois catégories s’ajoutaient deux catégories voisines ne concernant pas directement les fonc-tions de la mosquée : des logements et commerces à développer sur l’îlot, et les éléments com-muns (comme le terrain de sport à conserver, ou une chaufferie collective pour cet ensemble).

Tout d’abord, j’ai pensé que les espaces accueillant certaines fonctions (la bibliothèque par exemple) pouvaient être polyvalents et capables de s’ouvrir à l’espace public. J’ai ainsi pensé à lier toute ces surfaces fonctionnelles par un parc.

Plus tard, j’ai porté un regard sur le fonctionnement interne de la mosquée. Certaines fonctions (les cours de langues, les conférences, les repas, les moments d’affluence...) peuvent être dans une seule surface, étant donné qu’elles ne sont jamais simultanées. Pour permettre de diviser l’espace lorsque cela est nécessaire, j’ai pensé à différents systèmes : Parois coulissantes inscrites dans une trame, mobilier partitionnant un plateau libre, des plateaux à différentes hauteurs...

Plus tard encore, il m’est apparu que les différentes fonctions au sein d’un même volume met-taient le corps dans différentes positions. Chacune de ces positions peut fabriquer une percep-tion de l’espace légèrement différente, notamment à la hauteur des yeux : lorsqu’on est assis par terre, sur une chaise ou debout, rien n’est pareil. La composition prend en compte ce paramètre.

S’asseoir et être assis (définitions personnelles)Selon qu’on s’assoit sur le sol sur un tapis chez soi, sur le goudron dans la rue, sur la pelouse d’un jardin public pour pique-niquer ou sur la moquette à la mosquée, il y a une différence. C’est une manière d’habi-ter un lieu, de conquérir un territoire plus fortement que lorsqu’on est debout. «Viens t’asseoir» invite le bipède en mouvement à rejoindre un autre univers en changeant simplement la hauteur de ses yeux, la manière dont il tient en équilibre.Être assis, qui plus est sur le sol, territoire des pieds, lointain des têtes pensantes, c’est constater que le sol est le lieu de deux univers qui cohabitent, le monde des gens debout et le monde des gens accroupis.Contrairement au debout qui semble être la position par défaut (sans être debout, je ne suis plus bipède), s’asseoir c’est souvent faire un petit choix. Exemple frappant, même s’il nous éloigne un peu du sujet : «le sitting», un grand choix. A la maternelle, on faire asseoir les enfants en ronde : choix de la maîtresse qui souhaite diriger l’attention d’une certaine manière.. A midi, il fait beau, on va s’asseoir dehors, mais attention, pas n’importe où !S’asseoir ne s’oppose pas pour autant au debout, il n’en est qu’une variante des positions habituelles des corps dans la cité.

PolyvalenceUne fois que l’on a compris qu’être assis n’est pas pareil qu’être debout, on peut alors définir la polyva-lence selon la logique suivante : chaque fonction induit des positions du corps différentes, donc la polyva-lence d’un espace, c’est la capacité de celui-ci à accueillir différentes positions du corps en son sein : faire cohabiter le debout et l’assis.

diagramme programmatique au début de l’année

Dans cette version, un vo-lume a été défini comme salle de prière fixe (utilisée uniquement comme salle de prière), et une grande partie du bâtiment a été considérée comme polyvalente.

48 49

Entrée dans la mosquée

Vue du voisinage dans la cour

La sutrah, écran devenu mur.

Plan R+1 (+4.5m) - 1:200

COUPE BB - 1:200

COUPE CC - 1:200

Plan R+2 (+9m) - 1:200 Plan R+3 (+13 m) - 1:200

BC

B

A

C

A

BC

B

A

C

A

BC

B

A

C

A

croquis de l’etape 3 sur la séquence d’entrée

Comment la mosquée accompagne le fidèle dans la prière?Un troisième axe de recherches a été le parcours du fidèle lorsqu’il vient prier.Le rite de la prière implique une volonté de purification du fidèle. Celui-ci doit être dans une disposition où il met de côté son quotidien, le temps de la prière. Aller à la mosquée, c’est avant tout «se préparer à prier». Cette purification est dans le projet une extraction du quotidien (la ville environnante dans toutes ces dimensions sensibles), qui au vu de la variété de personnes fidèles ou non, se fait de manière progressive. L’accompagnement du fidèle dans la prière est traduit spatialement par un parcours partant de la rue jusqu’au Mihrab.

Ce parcours est «corporel» et le travail de mise en scène ne se limite pas qu’au sens visuel habi-tuellement prédominant. Le son joue notamment un rôle important (isolé du bruit de la ville pour mettre en valeur ceux de la prière).

coupe des séquences vers la salle de prière, rythmées par différents cadrages sur le ciel

Conf.300

Loge15

Entree15

Poubelle10

Classe210

Toilettes40

T482

Bibliothèque200

Terrain de sport1000

accueil,copieur (15)Local Pédagogique

Salle des enseignants/réunion

151525

Bureau Direction

Salle à manger100Cuisine 30

T243

Commerce (400)43

T363

T243T363

T482

Vélo10

Poubelle 15

Chaufferie communetechnique

50

Stockage50

800

Salle de Prière1200

Ablutions150 (à vérifier)

Hallchaussures, quête

100

Bureau Imam15

Bureaux40

Logements et commerces

300

2000

Imam, Gardien

Ecole, Administration

Prière, Prêche

Visibilité

Transition

Proportion des surfaces par rapport au terrain

James Turell - Skyspace SerieLatz und Partner - Duisburg SinterparkLatz und Partner - Duisburg SinterparkLa parcelle d’à coté

Mur sur le site actuel Isolé du site mais ouvert Intention lumineuse ?

COUPE A-A : 1:500

La voix, la langue, le takbîr

Entrées sur l’îlot

Le sol absorbant accoustique, touché, assis accroupi La voix qui se réverbere, et qui s’absorbe Le bruit de l’eau des ablutions

Plan de composition plein vide et circulation - 1:500 Plan RDC - 1:200

BC

B

A

C

A

Entrée dans la mosquée

Vue du voisinage dans la cour

La sutrah, écran devenu mur.

Plan R+1 (+4.5m) - 1:200

COUPE BB - 1:200

COUPE CC - 1:200

Plan R+2 (+9m) - 1:200 Plan R+3 (+13 m) - 1:200

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Entrée dans la mosquée

Vue du voisinage dans la cour

La sutrah, écran devenu mur.

Plan R+1 (+4.5m) - 1:200

COUPE BB - 1:200

COUPE CC - 1:200

Plan R+2 (+9m) - 1:200 Plan R+3 (+13 m) - 1:200

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CA

J’ai tout d’abord coupé le fidèle de l’horizon de la ville, pour ne lui donner à voir que le ciel. Ces cadrages sur la voûte céleste, inspiré de James Turell, forment un potentiel pour rythmer le par-cours. Couper le fidèle de l’horizon permet également, dans un même dispositif, de le couper du bruit ambiant de la ville, pour se concentrer sur des sons propres au lieu (l’eau, la parole...)

La notion de clôture fait écho à celle de jardin clos, notamment celle de la tradition perse dont s’est saisit en partie l’Islam. Le jardin clos Perse, Paradeza, dont le lien étymologique est fort avec l’idée du Paradis dans l’Islam, et du jardin d’Eden pour les chrétiens et les juifs.

Durant la conception, le parcours s’est progressivement accordé avec la fluidité du faisceau évoqué précédemment. Celui-ci met en relations les espaces intérieurs et les espaces de végé-tations.

En périphérie du bâtiment, l’espace entre le sol de la ville et le toit de la mosquée fabrique un premier seuil. Le lieu des ablutions est travaillé pour permettre à la fois le nombre et la solennité du rituel. De face ou latéralement, les passages entre les espaces sont négociés pour éviter les rapports frontaux au grand espace de prière. La sortie de la prière est incluse dans les para-mètres de composition : si l’on entre au compte goutte dans la mosquée, on sort tous en même temps. Le premier espace de transition évoqué plus haut devient également le dernier du par-cours et doit permettre ces deux instants très différents.

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ChronologieJournal de bord, état d’esprit lors de la conception.

Etape 1 - Présentation d’une mosquée de quartier à Bègles. Remise en cause du site et de la manière de l’aborder.

Faire une mosquée. Une envie motivée par quatre moteurs de curiosité:

- curiosité de l’approfondissement d’une «catégorie» de connaissances : la culture Islamique. Souvent citée mais très peu abordée lors de mon cur-sus scolaire (dont les connaissances se limitent à l’étude du croissant fertile et de l’expansion de l’Islam au collège, un voyage d’étude au Maroc il y a 3 ans et des discussions avec des amis musul-mans).- curiosité de comprendre ce qui semble être deux peurs fusionnées pour nombre de mes concitoyens : la religion et l’Islam.- curiosité d’explorer un chemin à priori récent, celui d’une discussion d’actua-lité pour la «monumentalité» (qualité de visibilité d’un bâtiment) des lieux de cultes qui semble peu explorée au-jourd’hui.- curiosité de concevoir un espace en rapport direct avec une religion.

Découverte d’un «monde parallèle» : la pré-sence musulmane en France :

- rencontre de fidèles, visite de mos-quées, exploration des livres à disposi-tion sur le sujet).- recherche d’un site sur la ville de Bordeaux, sur le projet de la grande mosquée, puis sur un terrain pour une mosquée de quartier (l’agglomération bordelaise regroupe beaucoup d’asso-ciations musulmanes en croissance, et peu de lieux en conséquence).

De la mosquée à «une» mosquée.Au hasard des sites internet des associa-tions musulmanes, rencontre avec le col-lectif Annour qui envisage de construire une mosquée à Ivry sur Seine.Étude et expérimentation intuitive sur le site, prise de conscience des difficultés par le dessin. Intention de programme mixte.

Approfondissement du positionnement urbain, définition d’une approche par le sol : une trame formant des jardins inté-rieurs. Bataille face aux conséquences symboliques non contrôlées de cette approche. Disposition du parcours vers la prière, pensée de l’isolement et de l’espace public.

Un constat : le programme d’une mos-quée a des similitudes avec ceux des parcs : les heures d’ouvertures d’un parc suivent le rythme des saisons, tout comme l’heure des prières (et donc l’ou-verture de la mosquée). Ils peuvent ac-cueillir un grand nombre de personnes et sont polyvalents.

Le jardin clos comporte donc le même paradoxe que la mosquée d’Ivry sur Seine : un lieu clos mais ouvert.

Étape 3 : Validation d’une progression du sujet et de conscience d’enjeux, sans formes archi-tecturales concernées. Questionnement vis à vis de l’histoire de l’architecture musulmane et de l’identité du bâtiment.

Étape 2 : Validation du sujet et du site, pro-jet trop utopique avec beaucoup d’aberration dans la forme architecturale. Présentation d’un projet «empilage symbolique» (tout y est mais pas à la bonne place).

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Prise de conscience de l’importance de communiquer aux personnes observant le projet (jury ou autres) des informa-tions préalables sur l’Islam, les mos-quées etc... (sans quoi il ne sera compris que sur la base d’à priori neutralisant le débat, s’intéressant trop à la «mosquée générique»). Rencontre avec l’association et pré-sentation de l’étape 3. Précision sur le programme en adéquation avec le contexte.Interrogation sur la manière de prendre ce qu’on appelle «la tradition».Affinement des principes urbains.Prise de position sur la salle de prière, «fragmentée».

Etape 4 : polyvalence et espace urbain.Positionnement traitant l’ensemble de la zone d’intervention basée sur une trame à l’échelle de l’îlot. Remarque concernant les difficultés de fonction-nement de la polyvalence dans la pro-position faite, ainsi que sur les accès et le jardin central.

Evolution durant l’été.Prise de conscience de la capacité du toit à composer des espaces. Réinterprétation de l’étape précédente avec ce paramètre sup-plémentaire. Réajustement du programme et travail sur les seuils, rencontre entre le toit de la mosquée et le sol de la ville.

Le paradis est un jardin isolé de l’extérieur

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Une mosquée critique...

Ce projet a été pour moi l’occasion de poser un autre regard sur l’espace de l’expression de l’Islam dans notre société. Ce regard, construit à partir de mes lectures, mes rencontres et mes observations, et à travers la conception du projet de fin d’études, m’a fait entrevoir la richesse que peut revêtir cet espace lorsqu’on l’envisage dans la ville d’aujourd’hui.

Dans l’espace public, la visibilité de la mosquée touche des problématiques qui mettent en critique notre société dite «moderne», comme l’immigration, la crise des institutions, l’individualisme.

Si l’Islam se veut une forme de stabilité, il conduit à mettre en critique notre manière d’habiter le monde et à souhaiter une évolution. Il en est de même pour un projet d’archi-tecture portant sur une mosquée.

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Bibliographie

Livre à propos d’Islam : K. ABDOUN, M. CHEVRE, A. AL ATYAOUI, A.A. , Histoires de mosquées,FAÏK, éditions Kalima, 2004, (Préface du livre)Préface synthétisant les volontés d’ouvertures des mosquées en s’appuyant sur l’histoire musulmane Stras-bourgeoise.E. Erkoçu, C. Buğdacı, The Mosque. Political, Architectural and Social Transformations, Nai Pu-blisher, 2009 192p.Question et recueil d’articles pour débattre du sujet de la mosquée.

A. Mérad, L’Islam contemporain, PUF, 1984 - màj. 2007Evolution de l’Islam d’un point de vue historique et socio-politique, dans les pays musulman (ex empire ottoman notamment).

Ninian Smart, Atlas des Religions dans le monde, Editions Könemann, 2000, 240p.à propos de la naissance et de l’histoire des religions, et notamment de l’Islam.

U. Vogt-Göknil - Mosquées, grands courants de l’architecture Islamique, Edition du Chêne, 1975, 252p.Analyse historique des mosquées du Maroc à l’Inde, en tentant d’établir des rapports entre Islam et archi-tecture.

Livre à propos de jardin intérieur : Kate Baker, Captured Landscape The paradox of the enclosed garden,Analyse du jardin intérieur du point de vue de son rapport au bâtiment et sa situation dans une composi-tion architecturale.

Mémoire sur les sons à l’ENSAPB : http://archires.documentation.equipement.gouv.fr/document.xsp?id=Archires-0077243&n=11&q=%28%2B%28%28%2Bsujet_word%3Ajardin+%2Bsujet_word%3Aclos%29+sujet%3A|jardin+clos|%29%29&

Atrium : lichthöfe seit fünf Jahrtausenden = Five thousand years of open courtyards - ENSAPB - 712.025 BLA

Vidéo :Zarqa Nawaz, Me and the Mosque, 2005, 52 min 45 s - source : http://www.nfb.ca/film/me_and_mosqueReportage sur la place des femmes dans la prière au canada/USA, par une journaliste musulmane ayant grandit dans ce contexte d’immigration.

Afsaneh Chehrehgosha, EnFin, la grande mosquée, 2013, 52 min., Seppia, Alsace 20 - source (trailer) : http://www.seppia.eu/fr/enfin-la-grande-mosquee/ (film)Reportage sur l’apparition de la grande mosquée de Strasbourg, beaucoup d’interviews des différents acteurs du projet.

source : http://youtu.be/m4F81l9nnVA, 40 minutes.Reportage sur l’Islam en arabie Saoudite, qui traitent en seconde lecture des clichés sur la religion Isla-mique .

L’Esprit d’Actu, Interview de Bernard Godard, 2012, 26 min. Oumma TVsource : http://www.youtube.com/watch?v=HyiyoYxkzfUInterview de Bernard Godard sur l’histoire des institutions Islamique en France

Le dessous des Cartes (3 émissions) Janvier 2002 - Arte ProductionHistoire de l’Islam et critique épistémologique de la situation actuelle.

Le Centre Islamique de Saint-Quentin en Yvelines (CISQY) http://youtu.be/0_qEfUnD9No , 31 mai 2013 - IslamotionReportage sur le centre Islamique de St Quentin

Site internet ressources : http://www.mosquee-evry.fr/Site internet sur un projet de mosquée, index d’autre projet de mosquée.

http://www.trouvetamosquee.fr/annuaire des mosquées construites et en projet.

http://oumma.com/actualité musulmane en France.

http://etudes.unitariennes.over-blog.com/article-les-mosquees-modernes-de-la-france-40723111.htmlReportage sur les mosquées de Francehttp://Islamic-arts.org/Site internet de la professeur Shella Blair portant sur l’histoire de l’art Islamique.

Article :Fariba Adelkhah et Abderrahmane Moussaoui, « Introduction », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [En ligne], 125 | juillet 2009, mis en ligne le 01 septembre 2009, consulté le 21 mai 2013. URL : http://remmm.revues.org/6157Article définissant la signification multiple que revêt une mosquée.

P. Boucheron « Présentation », Histoire urbaine 1/2003 (n° 7), p. 5-16.Article sur la place des Cathédrales dans la ville.

Jean Paul Burdy, Cemoti n°19 (1995), La ville désenchantée - Sécularisation et laïcisation des espaces urbains français (milieu XIXe-milieu XXs.).Article sur le phénomène de sécularisation en France qui permet de prendre un peu de recul sur la situa-tion des religions en France.

Camille Creyghton, « « Histoire, mémoire de l’humanité ». L’influence de Bergson sur laconception de l’histoire et celle de la mémoire de Charles Péguy », L’Atelier du Centrede recherches historiques [En ligne], 07 | 2011, mis en ligne le 15 mars 2011, consultéle 07 mai 2013. URL : http://acrh.revues.org/3593 ; DOI : 10.4000/acrh.3593Réflexion critique sur l’histoire et la mémoire.

A. Fauches, in Religions et frontières, CNRS.article sur la communauté turque à strasbourg

O. Grabar, « La mosquée et le sanctuaire Sainteté des lieux en Islam », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2005, mis en ligne le 15 janvier 2010, consulté le 04 mai 2013. URL : http://rhr.revues.org/4225Considérations sur la notion de sacré dans le monde de l’Islam

Madjid Si Hocine, Magasine Saphir News, «Cachons ces musulmans que l’on ne saurait voir !» - 25/12/2010 - source : http://www.saphirnews.com/Cachons-ces-musulmans-que-l-on-ne-saurait-voir-_a12098.htmlArticle sur la prière dans la rue (chiffres). Expression d’une situation précaire des musulmans en France

O. Khalidi, Mosques in the United States of America and Canada, US German Ambassy, 2001.Article analysant la figure des mosquées Américaines construite au XXe siècle.

M. LOUIZI, Mosquée dans la Cité : réalités et espoirs, Ecrire sans censures [en ligne], 25 no-vembre 2007, consulté le 05 mai 2013. URL : http://mlouizi.unblog.fr/2007/11/25/mosquee-dans-la-cite-realites-et-espoirs-10/Argumentaire sur la nécessité de repenser les mosquées. L’auteur s’appuie sur le Coran et l’histoire.

A. Semani , L’idée de la renaissance chez Malek Bennabi, Oumma.comsource : http://oumma.com/14608/lidee-de-renaissance-chez-malek-bennabi-12 ,Article mettant en relation l’ouvrage du penseur Algérien Bennabi (1947) traitant de la renaissance de l’Is-lam avec les questions contemporaines. «Le monde musulman « n’a encore fait le choix ni de la méthode, ni du modèle.»»

Mohammed Talbi. L’Islam et le monde moderne. In: Politique étrangère N°2 - 1960 - 25e an-née pp. 101-109. url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1960_num_25_2_6133 - Consulté le 08 mai 2013Regard prospectif sur le devenir de l’Islam (dans son rapport à la société) dans un monde «moderne».

M. Telhine, Juin 2009 source : http://oumma.com/Les-mosquees-de-France-un-etat-desEtat des lieux sur le nombre de mosquées en France, en Europe et sur leurs surfaces respectives.

Existe-t-il un Islam moderne?Débat d’actualité animé par deux journalis tes avec Lucette Valensi, Daniel Rivet

MOUTTAPA JEAN/SCHWARZ JENNIFER/DABBAGH MAJIDA/DARNAULT MAITE/BOUZAR DOUNIA/BRITZ ANNA/TINCQ HENRI/FOGEL MACHA - Publié le 1 septembre 2009 - Le Monde des Religions n°37La présence Islamique dans l’histoire en France.

Brochure Ivry Confluence, La ville en mouvement, Banque des Confluences, 2012Présentation du projet d’Ivry Confluence.

(auteur non cité), La mystique du jardin musulman, 6 mars 2007 source : http://www.funci.org/en/2007/french/la-mystique-du-jardin-...1Article rédigé pour l’exposition de la Fondation de Culture Islamique “Le Jardin Andalou”.