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Document de capitalisation en réadaptation Coordination : R. Botokro et A. Biaou UNE METHODE POUR LA SENSIBILISATION EN FAVEUR DES PERSONNES HANDICAPEES : LA METHODE GRAAP EXEMPLE DE SA PRATIQUE AU TOGO L’animateur en pleine séance de sensibilisation avec les populations d’une banlieue de Lomé Viamé D’ALMEIDA Chef de Projet RBC Prévention A. BIAOU et R. BOTOKRO – CORAOC Programme Togo Décembre 2006 Coordination Régionale Afrique de l‘Ouest et du Centre CORAOC

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Document de capitalisation en réadaptation

Coordination : R. Botokro et A. Biaou

UNE METHODE POUR LA SENSIBILISATION EN FAVEUR DES PERSONNES HANDICAPEES :

LA METHODE GRAAP EXEMPLE DE SA PRATIQUE AU TOGO

L’animateur en pleine séance de sensibilisation avec

les populations d’une banlieue de Lomé

Viamé D’ALMEIDA Chef de Projet RBC Prévention A. BIAOU et R. BOTOKRO – CORAOC

Programme Togo Décembre 2006

Coordination Régionale

Afrique de l‘Ouest

et du Centre

CORAOC

Viamé d’ALMEIDA, A. BIAOU et R. BOTOKRO – Une méthode de sensibilisation : GRAAP – Handicap International - Togo –

Décembre 2006

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Sommaire

I. INTRODUCTION..................................................................................................................3

II. Qu’est ce que la méthode GRAAP ?................................................................................3

1. Présentation de la méthode GRAAP ...............................................................................3

2 - Démarche et principes....................................................................................................3

2.1- Objectifs...................................................................................................................3

2.2 la progression pédagogique.......................................................................................3

2.3 Le matériel nécessaire ...............................................................................................4

2.4 Séries éducatives et recherches .................................................................................4

3. Différentes phases d’une séance de sensibilisation GRAAP ..........................................4

3.1 Préparation de la séance ............................................................................................4

3.2 Animation d’une séance GRAAP ............................................................................4

3.3 Première étape : le questionnaire d’éveil .................................................................5

3.4. Deuxième étape : voir la situation présente .............................................................6

3.5 Troisième étape : Réfléchir sur les causes et les conséquences de la situation.........7

3.6 Quatrième étape : Agir pour changer ou améliorer la situation ................................8

III. Expérience de la méthode GRAAP au Togo ................................................................8

1. Pourquoi le choix de cette méthode ?.............................................................................8

2. Création de la série éducative et des recherches sur le handicap ....................................8

3 Utilisation de la méthode GRAAP dans le domaine du handicap au Togo ....................9

3.1 Formation des animateurs GRAAP...........................................................................9

3.2 Les séances d’animation...........................................................................................9

3.3 Changements en vue ! .............................................................................................11

4. Difficultés rencontrées dans l’utilisation de la méthode............................................13

Conclusion..................................................................................................................................14

Et maintenant ?..........................................................................................................................14

Sigles GRAAP : Groupement de Recherche et d’Appui à l’Autopromotion des Populations RBC : Réadaptation à Base Communautaire PNRBC : Programme National de la Réadaptation à Base Communautaire

Photos : R. Botokro Mars 2006 –TOGO, Leaman consult. Janvier 2006 -TOGO

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I. INTRODUCTION Ce travail de capitalisation a pour objectifs de diffuser l’information sur la méthode GRAAP et de partager une expérience intéressante vécue depuis plusieurs années au Togo. Cette méthode peut répondre à beaucoup de vos interrogations quand vous vous demandez comment promouvoir une information positive sur le handicap ou comment inciter les membres d’une communauté à faciliter l’inclusion des personnes handicapées ou bien encore comment solliciter l’expression et l’implication des populations sur les domaines concernant le handicap.

II. Qu’est ce que la méthode GRAAP ? 1. Présentation de la méthode GRAAP

GRAAP signifie Groupe de Recherche et d’Action pour l’Autopromotion Paysanne. Ce groupe a élaboré la méthode GRAAP qui se veut une méthode participative peu coûteuse dont la particularité se trouve dans sa simplicité.

Elle est développée à l’origine pour les projets forestiers au Burkina Faso dont les principaux acteurs sont les communautés villageoises, les agents d'encadrement (forestiers, vulgarisateurs, animateurs communautaires, animateurs d'ONG, etc.)

Cette méthode s’appuie sur une pédagogie appropriée destinée à tous les membres d’une communauté en particulier les moins informés et les plus vulnérables comme ceux qui ne peuvent lire, les personnes âgées, les femmes, les personnes handicapées et les enfants. Chaque séance de sensibilisation est organisée selon une progression pédagogique précise et utilise un matériel spécifique, adapté aux conditions d’utilisation qui fait partie intégrante de la méthode.

2 - Démarche et principes

2.1- Objectifs

La méthode GRAAP permet d’atteindre les objectifs suivants :

• Instaurer un dialogue avec un groupe au sein d'une communauté villageoise sur un thème donné • Sensibiliser les participants sur le thème, favoriser leur expression pour l'identification et l'analyse du problème soulevé • Favoriser la proposition de solutions et la prise de décision sur les actions à entreprendre et l'engagement des différents groupes sur la programmation des activités.

2.2 La progression pédagogique

A l’aide de la méthode GRAAP, les communautés se mettent en recherche pour déterminer leurs situations et problèmes, bien les voir, les analyser et trouver ou proposer des solutions pour les améliorer.

La méthode GRAAP comprend 4 étapes fondamentales. Ce sont :

1. Le questionnaire d'éveil qui se fait en sous-groupes homogènes c’est-à-dire réunissant des personnes ayant les mêmes statuts et rôles (les enfants, les femmes, les hommes, les anciens, les personnes handicapées…) pour libérer la parole de tous.

2. L'étape du Voir qui amène la population à découvrir la situation actuelle et à identifier les

problèmes et leurs difficultés. La situation actuelle est rendue visible de tous par les figurines qui sont posées au fur et à mesure des réponses de la population par l’animateur sur un grand tissu de flanelle tendu visible de tous. Le groupe est ensuite invité à structurer les réponses et les

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figurines sont alors déplacées sur le tableau par l’animateur Ceci permet au groupe de s'approprier les idées contenues dans les images qui constituent l’expression écrite de ses réponses.

3. L'étape du Réfléchir qui amène la population à découvrir la gravité de la situation, son impact

sur toutes les catégories de personnes de la communauté. à situer les responsabilités et à identifier l'origine de cette situation. C’est une étape décisive qui permet à la population de prendre conscience de la situation et l'incite à vouloir mener des actions pour changer cette situation.

4. L'étape de l'Agir qui est celle de la recherche d'informations et de solutions, doit amener à décider des actions à mener pour améliorer leurs conditions de vie.

2.3 Le matériel nécessaire L’animateur dispose d’un matériel composé de :

- Une fiche pédagogique (questions et informations sur le thème à développer) sous forme d’un livret d’une quinzaine de pages format A4,

- Des images figurant la parole des gens exprimant la réalité de leur vie. Ces images ont la taille d’une main environ, sont colorées mais au graphisme simple, bien visible, cerné de noir pour être vu de loin. Sur leur verso, une sorte de poudre abrasive est collée qui permet de les accrocher et décrocher sans peine de leur support pendant la séance.

- Un tableau de tissu appelé flanellographe permettant de placer, déplacer, et classer les images selon l’expression des gens.

Mais le principal outil de l’animateur reste d’abord les QUESTIONS proposées dans les fiches pédagogiques qu’il formule et reformule à sa guise pour libérer l’expression des villageois.

2.4 Séries éducatives et recherches Le réseau du GRAAP a développé des séries éducatives dans des domaines très variés tels que les problèmes de l’eau au village, la gestion des greniers, l’économie familiale, l’agriculture, la santé. Chaque série éducative porte sur un thème et est décomposée en « recherches » qui déclinent ce thème. Chaque recherche comporte une fiche pédagogique sous forme de livret et les images appropriées présentées dans une pochette épaisse.

3. Différentes phases d’une séance de sensibilisation GRAAP

3.1 Préparation de la séance Tout commence par une rencontre entre l’animateur, très souvent un agent RBC, et les responsables du village ou du quartier afin de leur demander d’accueillir une séance de sensibilisation dans leur communauté. En général ce projet de séances de sensibilisations s’insère dans un projet plus large et il en est une étape. Les responsables de la communauté concernée vont désigner le lieu de la réunion. Un lieu neutre comme une place publique est préférable afin que chacun sente qu’il puisse y venir sans difficulté. Le jour de cette réunion les animateurs préparent le lieu de la rencontre et s’assurent que toutes les conditions sont réunies pour son bon déroulement (bancs pour les participants, une table et une chaise pour le co-animateur, le positionnement du soleil, la disposition des participants, l’endroit où sera accroché ou suspendu le tissu de flanelle, par exemple entre deux arbres ou sur un mur). Tout ceci relève du savoir-faire de l’animateur qui doit pouvoir capter et maintenir l’attention de son public.

3.2 Animation d’une séance GRAAP Les séances sont toujours animées par deux animateurs : l’un, debout, pose des questions et l’autre, assis devant une table où toutes les images sont étalées, passe discrètement les images à l’animateur principal. Ceci demande une complicité totale entre eux et un savoir-faire de l’un comme de l’autre parce qu’une simple hésitation de l’un ou de l’autre perturbe l’assistance et peut compromettre le déroulement de la séance.

Mis en forme

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Figure 1 :

Les deux animateurs en action : l’un assis devant les images écoute ce que dit l’assemblée, choisi l’image adaptée et la tend à son collègue qui la saisit et va la disposer sur le tableau de tissus à l’endroit adéquat. Le principal outil de l’animateur est constitué de questions qu’il formule et reformule souvent pour amener les participants à « accoucher » de leurs idées.

3.3 Première étape : le questionnaire d’éveil Une série de questions est posée aux participants qui doivent y répondre en sous-groupes homogènes (femmes, hommes, jeunes, filles, seniors femmes, seniors hommes, instituteurs, personnel de la santé etc.) Cette étape est très importante. Elle permet de libérer la parole de tous, d’avoir l’opinion de chaque catégorie de personne sur le thème du jour, de mettre les participants en confiance et de leur rappeler le sujet de discussion du jour. On peut dire qu’elle favorise une forme d’organisation parce que chaque sous-groupe a un président pour manager le groupe, un modérateur pour distribuer la parole et enfin un rapporteur qui est le porte-parole du groupe. Voici quelques exemples de questions d’éveil (tous les exemples que nous donnerons dans ce document sont issus des différentes fiches pédagogiques de la série éducative sur le handicap intitulée « des personnes comme les autres ») 1- Comment est ce que nous considérons les personnes handicapées dans le village ou le quartier et pourquoi les considérons-nous comme cela ? 2 - Est-ce qu’on peut éviter d’avoir la poliomyélite ? Comment?

3 - Est-ce que vous connaissez des enfants qui ne voient pas? Pourquoi ils ne voient pas ?

La mise en commun : Après les réflexions en groupes homogènes, les participants regagnent leur place et chaque rapporteur communique les réponses de son groupe. Dans le souci d’éviter d’éventuels biais et une certaine mainmise par quiconque, les réponses sont données par ordre croissant à partir du groupe le plus vulnérable (les enfants, les jeunes filles …) pour leur éviter d’être influencé par les réponses des groupes « plus forts » ou supposés « plus sages ». L’animateur résume les réponses données par chaque groupe et fait ressortir les réponses identiques pour tous les groupes, les réponses spécifiques à certains groupes, les réponses qui lui semblent importantes pour la suite de la recherche. Les images ne sont pas utilisées à cette étape.

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Figure 2 : Constitution de sous-groupes homogènes pour libérer la parole : les femmes discutent entre elles d’un côté … et de l’autre côté, les personnes handicapées.

3.4. Deuxième étape : voir la situation présente C’est à cette étape que les animateurs font particulièrement appel à leurs savoir-faire et savoir-être par la matérialisation des réponses des participants par les images et l’apport de nouvelles connaissances. Les animateurs doivent donc bien s’imprégner de toutes les connaissances sur le handicap qu’ils vont aborder. Ainsi, l’animateur qui parle sera sûr de ce qu’il va dire et pourra répondre à leurs questions ou expliquer le plus clairement possible ce que les participants ne connaissent pas. L’animateur va poser des questions précises indiquées dans la fiche pédagogique et il va inciter le groupe à y répondre. Ces questions ont pour objectif d’aider les participants à voir la situation actuelle. Voici des exemples de questions de la première recherche sur le handicap :

- Quel genre de handicap ont les personnes handicapées de notre communauté ? - Quel est notre comportement vis-à-vis de ces personnes ? - Est-ce qu’elles participent à des activités domestiques, à des activités dans le village ou le

quartier

- Selon vous une personne handicapée est-elle capable de mener une activité qui peut lui procurer de l’argent ?

A chaque réponse donnée représentée par une image, l’animateur va la coller sur le tableau après que son collègue lui ait passé l’image selon les modalités décrites précédemment. Le groupe est ensuite invité à structurer les éléments affichés. En fonction de cette structuration, l’animateur déplace les images sur le tableau et les range par catégories, telles que précisées dans la fiche pédagogique. Ceci permet à chacun de s'approprier les idées contenues dans les images. Cela constitue l’expression écrite des réponses. Les images restent visibles par tous tout au long de la séance. Le tableau qui est vide au début de la séance est rempli en fin de séance.

Figure 3 : Images des différents « genres » de handicap

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Figure 4 : Quelques images d’activités génératrices Figure 5 : Quelques images d’activités domestiques

de revenus

Les questions suivent une évolution qui conduit progressivement les participants à réfléchir sur les droits fondamentaux et spécifiques des personnes handicapées (droit à la vie, droit à la vie affective, droit à la santé). Voici quelques exemples de questions posées aux participants pour détecter en eux leur conception du droit de la personne handicapée :

1- Une personne handicapée doit-elle se mêler des affaires de la communauté ? Avoir un (e) copain (copine) ? Pourquoi ?

2- Un enfant sourd a-t-il besoin d’être entretenu ? d’aller à l’école ? au cinéma ? de jouer au football avec ses camarades du quartier ?

Après les différentes réponses et leurs affichages sur le tableau de feutre dans l’ordre des questions et des réponses, l’animateur complète en apportant, si c’est nécessaire, d’autres informations.

3.5 Troisième étape : Réfléchir sur les causes et les conséquences de la situation La troisième étape est la réflexion de la communauté sur ce qu’elle vient de décrire et qui est matérialisé sur le tableau de feutre avec les dessins. Ici il s’agit de rechercher les conséquences et les causes de cette situation. La recherche des conséquences surtout négatives de la situation sur les personnes handicapées, leurs parents et la communauté donnera des motivations très profondes à cette communauté pour vouloir changer ou améliorer cette situation. Les participants DISENT et après VOIENT : ils essaient de dire les différentes répercussions de cette situation sur la personne elle-même et sur la famille ; et ensuite, à travers les dessins ils voient eux-mêmes ces conséquences (rejet, moqueries, tristesse des parents…). C’est à ce stade qu’en général, grâce au savoir- faire de l’animateur, les participants commencent à se rendre compte des préjugés qu’ils avaient sur les personnes handicapées.

Figure 6 : Images de quelques conséquences : le rejet, les moqueries

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La recherche sur les causes permet à la communauté de bien déterminer où elle doit agir pour changer ou améliorer cette situation : faire vacciner régulièrement son enfant, l’amener en consultation en cas de fièvre, permettre une rééducation (kinésithérapique, orthophonique ou autre) le plus tôt possible en cas de séquelles.

3.6 Quatrième étape : Agir pour changer ou améliorer la situation Après avoir réfléchi sur les conséquences et sur les causes, les participants décident d’agir. Ainsi ils proposent des actions concrètes à court, moyen et long terme comme par exemple :

- pour les femmes enceintes, aller aux consultations périnatales et éviter l’automédication - faire vacciner les enfants en respectant le calendrier vaccinal - faire soigner les enfants au dispensaire - surveiller les oreilles des enfants, éviter qu’ils y mettent des objets pointus

- pour les couples : se comprendre/s’entendre pour le bien des enfants –handicapés, s’informer, se renseigner, éviter de vivre isolés des autres

III. Expérience de la méthode GRAAP au Togo 1. Pourquoi le choix de cette méthode ?

En 1998, Handicap International a menée en collaboration avec la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées (FETAPH), une enquête sur les conditions de vie des personnes handicapées au Togo. L’enquête a révélé une insuffisance d’informations sur le handicap. Ceci entraîne ou renforce la marginalisation des personnes handicapées. Handicap International a donc souhaité mobiliser les membres de communautés et les personnes handicapées pour augmenter la participation des personnes handicapées dans leur processus d’auto promotion et d’intégration. Cette participation passe par des informations sur les causes des situations de handicap, les potentialités des personnes handicapées et les possibilités d’accompagnement sanitaire, rééducatif, réadaptatif ou psycho-social qui existent. Pour mobiliser les communautés, il fallait des outils de communication adaptés aux réalités du Togo et des personnes capables d’utiliser ces outils à bon escient. Le programme Togo de Handicap International a alors recherché un outil de communication simple, facile à comprendre et lisible pour la population qui est analphabète à plus de 55%. Le cheminement pédagogique proposé par le GRAAP pour l’autopromotion des communautés villageoises, reposant sur l’analyse des situations qui leur posent problèmes et la participation de tous, est en adéquation avec les méthodes et valeurs de Handicap International. De plus cette méthode a été conçue en Afrique de l’Ouest par et pour les communautés locales. Le choix s’est donc porté sur la méthode de sensibilisation GRAAP. 2. Création de la série éducative et des recherches sur le handicap Cependant il n’existait pas de série éducative consacrée au domaine du handicap. La chef de projet RBC Viamé d’Almeida a alors travaillé avec les membres du GRAAP, des personnes handicapées, le personnel de la santé et de l’éducation pour concevoir le kit de sensibilisation GRAAP spécifique au handicap. Cette série éducative intitulé « des personnes comme les autres » a vu le jour en janvier 2000 et comprend 6 « recherches » intitulées, selon la terminologie du GRAAP :

- Les personnes handicapées et nous - La poliomyélite - L’Infirmité motrice cérébrale - L’incapacité auditive - L’incapacité visuelle

- La Déficience mentale La recherche « Les personnes handicapées et nous » a pour objectif de permettre à l’agent de rentrer dans une communauté donnée et de la conscientiser sur les problèmes des personnes handicapées en général. C’est la première étape indispensable à toute sensibilisation sur le thème du handicap.

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La recherche « La Poliomyélite » traite des causes, des conséquences, des moyens de prévention de la maladie. Elle propose des instructions pour une intervention rapide en vue de limiter les complications et pour une prise en charge des enfants atteints.

La recherche « Infirmité motrice cérébrale » est très importante parce que les enfants atteints d’une IMC sévère sont encore perçus comme une malédiction et sont soit rejetés, soit confiés aux guérisseurs, soit délaissés au fond des maisons. Cette série a pour objectif d’apporter aux communautés des réponses objectives à leurs questions sur les causes de ce syndrome et les possibilités pour améliorer la vie de ces enfants. Les trois autres recherches traitent de la situation des personnes handicapées sensorielles (malentendantes et malvoyantes) et mentales. Elles envisagent les signes pour détecter la déficience, font réfléchir sur les conséquences et les causes de ces déficiences, ce que l’entourage peut faire pour accompagner la personne handicapée, ses besoins et droits. En 2005, le programme HI Togo a développé une septième recherche intitulée : « les troubles du langage et de la communication ». Elle est disponible auprès de HI Togo. Toutes les phases de la recherche y sont explicitées avec des exemples concrets. Elle n’a pas de jeu d’image spécifique mais on peut utiliser les images des autres séries en les sélectionnant.

3 Utilisation de la méthode GRAAP dans le domaine du handicap au Togo

3.1 Formation des animateurs GRAAP Au Togo, les animateurs qui utilisent la méthode GRAAP appliquée au handicap sont des agents de Réadaptation à Base communautaire (RBC) certains faisant partie d’associations et d’autres appartenant au Programme National de Réadaptation à base communautaire (PNRBC). Les Agents RBC qui relèvent du programme PNRBC sont des bénévoles choisis au sein des communautés pour sensibiliser et aider les personnes handicapées et leurs parents. Ils animent le comité RBC et rendent compte de leur travail à la coordination du PNRBC.Quant aux animateurs d’associations pour personnes handicapées, ils intègrent la méthode GRAAP dans les stratégies d’intervention de leur structure. Généralement, ils sont volontaires ou salariés de ces associations et rendent compte à leur direction du travail qui se fait sur le terrain. A priori, les associations disposent de plus de moyens logistiques et financiers pour leurs actions de sensibilisation et ces agents ont donc plus d’occasions d’organiser des séances que ceux du PNRBC. Mais quel que soit le statut des animateurs, Handicap International Togo se donne pour mission de les accompagner dans leurs activités RBC en particulier en les formant à la méthode GRAAP et en assurant le suivi de ces formations. Au total, Handicap International-Togo a formé et recyclé entre 2000 et 2005 une trentaine de personnes à la méthode GRAAP. Chaque personne a bénéficié d’une formation initiale de 10 jours, de visites de suivi sur le terrain et d’une session de recyclage de 5 jours après un an de pratique pour permettre l’approfondissement pédagogique à partir de l’expérience des participants et des difficultés rencontrées dans l’utilisation du matériel sur le terrain. Ces agents sont situés dans différentes localités du territoire togolais et couvrent en moyenne 8 villages chacun. Bien qu’ils soient répartis dans toutes les régions du Togo, le territoire togolais est loin d’être couvert par leur action. En 2007, 2008 et 2009, deux nouveaux projets vont permettre de former 61 nouveaux agents. Ils auront une formation de 10 jours puis un recyclage de 5 jours et recevront 2 fois les visites de suivi sur le terrain des formateurs.

3.2 Les séances d’animation L'activité de sensibilisation par la méthode GRAAP a permis, pour la période 2003 – 2005 au Togo, d’organiser 494 séances

1, de sensibiliser 28 463 personnes

2 soit une moyenne de 57 personnes par

séance et une moyenne de 9 487 personnes sensibilisées par an. Cependant ces chiffres cachent des disparités d’un site à l’autre et d’une année sur l’autre. Le principal facteur qui semble influer sur l’organisation de séances semble bien être le facteur financier. Ainsi, une association particulièrement dynamique dénommée SIRAIB, a été à l’origine de la création de 7 nouvelles

1 In « Evaluation de l’expérience GRAAP au Togo », Rapport final, Lomé Février 2006 2 idem

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associations qui ont toutes adoptées la méthode GRAAP en 2004. Si bien que cette association « mère » avec ses 7 filles ont à elles seules effectué 328 séances et sensibilisé 13 066 personnes en 2004, soit plus de la moitié de l’activité totale du pays sur les trois ans ! Mais dès que diverses aides ont cessé en 2005, le nombre de séances a chuté énormément et est passé à 33 pour la même association. Une fois que l’animateur est formé et qu’il est en possession du kit de matériel nécessaire (images, livrets et flanellographe), les frais à envisager pour une séance de sensibilisation sont : des frais de déplacements des animateurs (compter trois déplacements, un pour la préparation, un le jour de l’animation et un pour le suivi), des frais de « gongonnage » c’est-à-dire d’appel et d’information de la population par un annonceur public, des frais d’affiches qui sont laissées au village après la séance collées un peu partout pour garder la mémoire de la sensibilisation, des frais de « représentation » ou de prise en charge des notables parfois nécessaire pour convaincre le chef du village ou du quartier d’accepter la sensibilisation chez lui (au Togo il s’agit souvent d’une bouteille d’alcool local). Autant le kit de matériel représente un investissement assez important mais durable (environ 60 000 CFA ou 95 euros pour un kit complet), autant les frais pour organiser les séances sont très faibles ensuite. Cependant, ces frais, si minimes soient ils, ne peuvent être assurés par des agents bénévoles si bien que la tenue des séances est bien conditionnée par les financements que peuvent assurer les associations ou ONG. Depuis 6 ans, Handicap International Togo a centré son action sur la création et la production de la série éducative traitant du handicap, la formation, le suivi et le recyclage des agents, l’équipement des agents en matériel (kit GRAAP et parfois motos ou vélos), la production d’affiches de sensibilisation. En revanche les frais liés à l’organisation des séances ont en général été financés par les associations. Le PNRBC a fourni des vélos aux agents. Mais ce sont les agents qui donnent de leur temps, mettent l’essence dans les motos et financent même parfois les frais d’organisation de séances, au moins en partie. Ce qui explique que les agents du PNRBC qui ne sont pas soutenus par une association ont tendance à ne plus organiser de séances par manque de moyens financiers.

Pour la même période, 10 562 femmes et jeunes filles

3 ont suivi les séances de sensibilisation soit un

taux d’environ 33% de femmes et jeunes filles dans les assemblées alors qu’elles représentent un peu plus de 50% de la population et qu’elles sont les premières concernées lorsqu’un enfant est handicapé ou bien pour la prévention des handicaps par l’éducation et le soin aux enfants. Elles sont donc naturellement sous-représentées dans ce type d’assemblée ce qui est préjudiciable pour l’impact des sensibilisations. Lors de la poursuite des activités de sensibilisation, il serait intéressant de voir comment beaucoup plus de femmes pourraient assister à ces séances.

Parmi les 6 recherches de la série éducative traitant du handicap, c’est la première « les personnes handicapées et nous », la plus généraliste qui est la plus souvent utilisée comme le montre le schéma ci-dessous. C’est un résultat tout à fait attendu car cette série doit commencer tout cycle de sensibilisation. Ensuite, lors d’une deuxième animation dans le même village ou quartier l’animateur peut choisir une autre série qui correspond aux attentes de la communauté.

Figure 7 : répartition des recherches GRAAP utilisées au Togo

3 ibid

Recherches GRAAP Utilisées en nombre de séances au Togo, période 2003-2005

92

52

72

63 61

154

Poliomyélite

Infirmité motrice cérébrale

Incacité visuelle

Incapacité

Auditive

Déficience

Mentale

Les PH et nous

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Il est cependant intéressant de constater que toutes les séries ont été utilisées de façon globalement équitable.

Globalement, les animateurs apprécient cette méthode puisque lors de l’évaluation menée en 2005, 100% d’entre eux ont estimé que cette méthode est très efficace pour libérer la parole des populations et provoquer le changement de perception sur le handicap

4.

3.3 Changements en vue ! Au début de l’élaboration de la série éducative un certain nombre d’objectifs ont été fixés :

- donner des informations sur le handicap, - améliorer l’image de la personne handicapée. - faire sortir les enfants handicapés cachés dans les habitations

L’évaluation menée à la fin 2005 a permis de constater que beaucoup d’informations sur le handicap avaient été données lors des 494 séances des trois années précédentes. De même beaucoup de participants déclarent avoir pris conscience des situations de handicap et pensent que désormais, ils considèrent mieux les enfants et personnes handicapées. L’évaluation mentionne aussi que : « les rapports des agents RBC, les témoignages des personnes handicapées et des membres des communautés lors des visites terrain du chef projet RBC et des partenaires font mention des changements positifs que ces séries éducatives ont apportés». Globalement, il semble possible de dire que la méthode GRAAP est très intéressante pour agir sur les perceptions socioculturelles du handicap des membres d’une communauté. Il est cependant difficile d’avoir des indicateurs objectifs pour évaluer ces changements.

La méthode GRAAP dans le domaine du handicap a aussi suscité des actions pour améliorer la situation constatée lors de la séance de sensibilisation. Voici l’exemple du village de Asrama :

4 ibid

Quelques résultats de l’évaluation menée en février 2006 au Togo Au niveau de la population, les résultats des séances d’animation sont des acquisitions d’un savoir, d’un savoir être et d’un savoir-faire. En effet l’enquête a révélé que les personnes qui ont suivi une séance GRAAP trouvent la méthode très adaptée. Elle permet une meilleure connaissance des symptômes, des causes et des conséquences de certaines maladies. L’utilisation des dessins et figurines de GRAAP retient plus leur attention et facilite une meilleure compréhension des possibilités de soins et des capacités des personnes handicapées. 100% des personnes interrogées affirment que GRAAP a changé leur perception du handicap. Les parents d’enfants handicapés disent avoir apprit à mieux accepter ce qui est arrivé à leurs enfants. La sensibilisation leur a permis d’apprendre à vivre avec le regard des autres. Les personnes handicapées disent qu’elles ont appris à mieux connaître le handicap et à ne pas en avoir peur, elles ont su vaincre leur timidité et leur vie dans la communauté est plus facile. Pour les animateurs, la méthode GRAAP leur facilite la communication structurée et méthodique avec la population. Avec les dessins, la visualisation est plus facile et l’attention des participants captivée. La méthodologie a permis d’identifier et de valoriser des changements involontaires ou imprévus qui représentent néanmoins des effets importants .

Au cours d'une séance de sensibilisation animée par l'agent du programme de réadaptation La Belle Porte dans le village de Asrama (préfecture du Haho), les villageois ont discuté sur les potentialités des personnes handicapées et sur l'existence d'organisations et projets de promotion de la personne handicapée dont La belle Porte. Deux semaines après la séance, 65 jeunes handicapés de la zone ont été présentés à la Fondation Liliane pour de plus amples informations et un appui financier pour leur prise en charge.

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Le projet a permis également une meilleure intégration en milieu scolaire et professionnel ordinaire des enfants et jeunes ayant des handicaps qui n’affectent pas ou peu leur capacité d’apprentissage. Ainsi, au cours de la période allant de 2003 à 2005, 234 enfants ont été scolarisés dans les écoles ordinaires des villages et 46 mis en apprentissage dans les ateliers des villages. Les communautés sont mieux informées sur les facteurs de risques et il est probable que des déficiences ou incapacités soient évitées par la prévention. Ce facteur n’a cependant pas été mesuré. En revanche, quelques signes objectifs ont pu être signalé qui permettent de penser que la méthode GRAAP a fait évoluer une situation. Ainsi, la méthode GRAAP a parfois permis aux membres des communautés couvertes par les animateurs de déterminer les problèmes des personnes handicapées ou d’en découvrir comme le montre le témoignage ci-dessous.

Sur le plan associatif ce sont des groupements d’intérêt économique (GIE) et des associations de personnes handicapées qui parfois ont été créés après les séances. Par exemple, 11 groupements mixtes ont été créés avec pour objectif d’aider les personnes handicapées durant la période 2003-2005 au Togo.

Figure 8 : Séance de sensibilisation avec la méthode GRAAP les participants prennent la parole et donnent des explications A Kparatao, une mère d’enfant handicapé nous a déclaré que ce sont les agents RBC qui lui ont ouvert les yeux sur les possibilités de prise en charge de sa petite fille (appareillée par la Fondation Liliane).

Au cours d'une séance de sensibilisation avec la méthode GRAAP dans le village de KPOVE, les villageois ont signalé l’existence de nombreuses personnes ayant des crises convulsives dans le village. Au cours des activités de suivi, une petite enquête a confirmé les faits. J’ai fait appel au coordonnateur national du Projet « Sortir l’épilepsie de l’ombre » financé par l’OMS et l’Etat Togolais. Après une visite dans la zone, il s’est rendu compte de l’urgence d’une intervention dans le village. En févier 2003, il organise une session de formation qui a regroupé le médecin chef, les infirmiers des dispensaires environnants et les 15 agents RBC/intermédiaires de la Fondation Liliane pour l’accompagnement des personnes ayant des crises convulsives. Aujourd’hui 224 personnes sont actuellement suivies sous la supervision du Pr GRUNITZKY neurologue et coordonnateur du Programme National « Sortir l’épilepsie de l’ombre au Togo». Leur processus d’autopromotion est bien amorcé car elles peuvent s’occuper de leurs activités et les autres villageois commencent à accepter le fait que l’épilepsie n’est pas contagieuse et que les crises sont maîtrisables à peu de frais. D’autres villages de la préfecture se trouvant dans la même situation, nous avons poursuivi les séances GRAAP afin d’informer les populations sur l’épilepsie et l’expérience de Kpové. Désiré SANDOGO, Agent RBC/GRAAP

Ainsi les habitants de Magna ont décidé de constituer un groupement d’intérêt économique (GIE) mixte de personnes valides et handicapées pour générer des fonds et aider les personnes handicapées. De même, l’association APAPE a a utilisé la méthode GRAAP dans le cadre de la mise en place d’un groupement mixte de producteurs de riz et d’élevage de volaille à Mission Tové.

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A l’unanimité les parents d’enfants handicapés interrogés au cours de l’évaluation ont affirmé que c’est la sensibilisation des agents RBC qui leur a donné l’espoir qu’ils peuvent améliorer la situation de leurs enfants.

La méthode GRAAP appliquée au handicap a aussi eu des effets imprévus qui représentent néanmoins des effets importants : - La quasi-totalité des associations se servent de la Méthode GRAAP pour amener les comités RBC (à Notsé) ou les groupements (Mango, Bè Soviépé) à la mise en place d’activités génératrices de revenus afin d’asseoir les bases d’une autopromotion. - Les techniciens de santé et surtout les kinésithérapeutes s’appuient sur les animateurs GRAAP pour détecter des personnes handicapées dans les zones d’intervention. Les agents RBC et animateurs GRAAP sont devenus des relais du système de santé, car plus en contact avec les populations. Ils participent à l’identification des personnes handicapées, interviennent pour conseiller, faire répéter les gestes de réadaptation ou réfèrent au besoin les personnes handicapées vers les services spécialisés. - Certains agents RBC ont pu faire l’acquisition d’autres séries GRAAP (Amlamé) pour les utiliser dans le cadre de la formation à l’autopromotion communautaire.

4. Difficultés rencontrées dans l’utilisation de la méthode Au niveau de la population

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Au niveau de la population, même si elle se rend compte de la contribution efficace de la sensibilisation et des apports des agents RBC, une partie de la population continue de penser que ces agents doivent les prendre en charge. Allant jusqu’à demander de l’aide financière aux animateurs pour envoyer les personnes handicapées vers les centres de soins.

Au niveau de la méthode GRAAP Parfois l’absence de lieu approprié pour l’animation amène les animateurs à improviser des supports pour le tableau de tissus. Le soleil, le vent dérangent souvent au cours des animations. Cette méthode en aidant les populations à mieux connaître le handicap et les possibilités de prise en charge, libère la parole, change la perception du handicap mais draine aussi vers les agents RBC un nombre de plus en plus important de personnes handicapées qui dépasse parfois les capacités de suivi des animateurs. Il ne s’agit pas de seulement prévoir des séances mais ces séances doivent s’intégrer dans un projet plus large de prise en charge et d’autopromotion des personnes handicapées avec un suivi. Sinon, on laisse des populations décontenancées et parfois plus résistantes lors d’une prochaine sensibilisation parce que déçues.

Au niveau de l’animateur : Certaines zones d’intervention sont si vastes (35 km à Wahala, 62 km dans le Kpendjal, etc.) que le vélo ne peut permettre de se déplacer pour assurer une bonne séance de sensibilisation. C’est là une des raisons évoquées par certains agents RBC pour justifier pourquoi ils vont de moins en moins faire la sensibilisation. Au niveau des structures : Le problème financier est une cause qui pourrait à terme porter préjudice à l’expansion de la méthode GRAAP et par ricochet entraver le bon déroulement du programme de réadaptation à base communautaire des personnes handicapées. Au niveau des associations, on a pu constater un ralentissement des activités de sensibilisation à l’arrêt du financement de certains programmes (AGAIB et 7

ème FED au niveau de SIRAIB)

5 Ce chapitre est constitué d’extraits du rapport d’évaluation de la méthode GRAAP, Togo, février 2006.

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Conclusion

Il nous semble que diverses conditions doivent être rassemblées pour la réussite de l’implantation de la méthode GRAAP dans un programme. Voici celles qui nous semblent essentielles :

Qualité de l’animation de la séance : l’animation doit être bien conduite, avec entrain et apports d’informations tout en restant à l’écoute des participants

Qualité de la formation des animateurs et compétence des animateurs pour ce rôle : Une animation bien conduite nécessite des animateurs bien formés et expérimentés aussi bien à la méthodologie GRAAP qu’à l’animation de groupes. L’accent doit donc être mis sur la formation des animateurs ainsi que sur le parrainage des plus jeunes par les plus expérimentés pour pouvoir se lancer avec aisance et être suivi et conseillé.

Qualité du suivi des animateurs et de leur recyclage régulier : Un animateur rencontre des situations qu’il doit pouvoir partager avec des pairs et des formateurs régulièrement. Les visites sur le terrain et les formations sont deux modalités utiles pour entretenir les compétences de l’animateur. L’appartenance à un réseau d’animateurs, des rencontres avec les pairs en sont une troisième tout aussi utile pour entretenir la motivation

Qualité des images utilisées pour les séances : Les figurines doivent être significatives pour la population. Cela signifie qu’elles doivent immédiatement être comprises et donc réalisées par un artiste local et très contextualisées. C’est le cas des figurines pour les séries sur le handicap qui ont toutes été crées en Afrique de l’Ouest et sont, a priori compréhensibles des populations ouest-africaines. Lors de l’introduction de cette méthode dans un nouveau pays, il convient donc de vérifier auprès d’un échantillon de population si les figurines sont immédiatement interprétables.La méthode GRAAP est un outil de sensibilisation dont la pédagogie semble particulièrement bien adaptée au contexte Ouest Africain. De plus, l’existence d’une série pédagogique traitant du handicap par le biais de 6 recherches différentes, imaginées pour l’Afrique de l’Ouest est un atout indéniable pour qui veut mettre en place un projet visant la sensibilisation et, au–delà, l’autopromotion des communautés et des personnes handicapées. Cependant, au vu des difficultés rencontrées, l’utilisation de cette méthode doit s’inscrire dans un projet plus large permettant d’accompagner la dynamique qui se crée à la suite des séances de sensibilisation. C’est pourquoi elle s’inscrit tout à fait bien dans un programme RBC ou encore dans un programme qui vise la formation et l’information des familles ou l’insertion des personnes handicapées dans la communautés ou bien encore un programme de réadaptation qui vise la détection et la référence des personnes handicapées qui en ont besoin vers un centre de réadaptation.

Et maintenant ?

Si vous voulez développer l’utilisation de cette méthode dans votre projet, deux éléments sont à prévoir : la formation des animateurs et l’acquisition du matériel. On ne peut acquérir le kit de matériel si l’on n’a pas été formé au préalable. L’association GRAAP organise des formations sur site ou bien rassemble les stagiaires au Burkina.

Pour en savoir plus, pour organiser des formations ou commander le kit de matériel de la série « les personnes handicapées et nous », nous vous demandons de vous adresser aux référents réadaptation de la CORAOC, Madame Rozenn Botokro, [email protected]. Si plusieurs programmes HI sont intéressés, nous pourrions coordonner une dynamique régionale pour la formation et la réédition des kits.

Vous pouvez aussi vous adresser à HI Togo, Madame Viamé d’Almeida, chef de projet qui est à l’origine du projet et de la création du kit et qui depuis 2000 accompagne le projet GRAAP/Handicap au Togo. Le kit est la propriété de HI et ne peut être vendu par le GRAAP sans l’autorisation préalable de HI.

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Bibliographie :

GRAAP (Groupe de Recherche et d’Appui à l’Autopromotion des Populations) - " Une pédagogie interactive pour l’animation des groupes : du sud vers le Nord " - Ed "Karthala ", Coll. " Economie du développement " - 1998

http://www.codde.bf/codde_membre_GRAAP.htm