une charte fausse de charles le chauve pour un monastère

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  • 7/22/2019 Une charte fausse de Charles le Chauve pour un monastre

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    William Ziezulewicz

    Etude d'un faux monastique une priode de rforme : une

    charte de Charles le Chauve pour Saint-Florent-de-Saumur (8

    juin 848)In: Cahiers de civilisation mdivale. 28e anne (n110-111), Avril-septembre 1985. pp. 201-211.

    Rsum

    Parmi les nombreuses sources concernant l'abbaye bndictine de Saint-Florent-de-Saumur et conserves aux Archives

    dpartementales du Maine-et-Loire, se trouve un faux attribu Charles le Chauve et dat du 8 juin 848. Cette charte, qui en

    elle-mme constitue un document intressant, a soulev un dbat considrable de la part des spcialistes. Malgr cela, elle n'a

    jamais t tudie en tant que telle pour son contenu intrinsque. Un nouvel examen des circonstances qui ont entour sa

    fabrication suggre que cette charte de Charles le Chauve a t forge aux environs de 1081 en vue d'assurer aux moines de

    Saint-Florent l'exemption du synodus payable l'vque d'Angers pour les paroisses qu'ils possdaient dans les Mauges.

    Abstract

    Among the numerous sources for the Benedictine abbey of St. Florent-de-Saumur in the Archives dpartementales of Maine-et-

    Loire is a forgery attributed to Charles the Bald (8 June 848). This charter is an interesting document in itself, and has aroused

    considerable scholarly comment. Despite this, the charter has never really been studied for its own sake. A reexamination of thecircumstances surrounding the forging of this document suggests that the charter of Charles the Bald was forged ca. 1081 for the

    purpose of securing for the monks of St. Florent freedom from paying the synodus to the bishop of Angers for their parishes in the

    Mauges.

    Citer ce document / Cite this document :

    Ziezulewicz William. Etude d'un faux monastique une priode de rforme : une charte de Charles le Chauve pour Saint-

    Florent-de-Saumur (8 juin 848). In: Cahiers de civilisation mdivale. 28e anne (n110-111), Avril-septembre 1985. pp. 201-

    211.

    doi : 10.3406/ccmed.1985.2295

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_1985_num_28_110_2295

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_ccmed_1182http://dx.doi.org/10.3406/ccmed.1985.2295http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_1985_num_28_110_2295http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_1985_num_28_110_2295http://dx.doi.org/10.3406/ccmed.1985.2295http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_ccmed_1182
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    William ZIEZULEWICZ

    tude d un faux monastique une priode de rforme :une charte de Charles le Chauve pour Saint-Florent-de-Saumur (8 juin 848)RSUMParmi les nombreuses sources concernant l abbaye bndictine de Saint-Florent-de-Saumur et conservesaux Archives dpartementales du Maine-et-Loire, se trouve un faux attribu Charles le Chauve et datdu 8 juin 848. Cette charte, qui en elle-mme constitue un document intressant, a soulev un dbatconsidrable de la part des spcialistes. Malgr cela, elle n a jamais t tudie en tant que telle pourson contenu intrinsque. Un nouvel examen des circonstances qui ont entour sa fabrication suggreque cette charte de Charles le Chauve a t forge aux environs de 1081 en vue d assurer aux moines deSaint-Florent l exemption du synodus payable l vque d Angers pour les paroisses qu ils possdaientdans les Mauges.Among the numerous sources for the Bndictine abbey of St. Florent-de-Saumur in the Archives dpartementales of Maine-et-Loire is a forgery attributed to Charles the Bald (8 June 848). This charter isan interesting document in itself, and lias aroused considrable scholarly comment. Despite this, thecharter has never really been studied for its own sake. A reexamination of the circumstances surroundingthe forging of this document suggests that the charter of Charles the Bald was forged ca. 1081 for thepurpose of securing for the monks of St. Florent freedom from paying the synodus to the bishop of Angersfor their parishes in the Mauges.Parmi les actes attribus Charles le Chauve, il existe une charte date du 8 juin 848, donneapparemment au monastre bndictin de Saint-Florent-de-Saumur, et dans laquelle Charlesaccorde l exemption du synodus aux glises que possde cette abbaye dans les Mauges etla rgion de Tiffauges1. Comme il y avait de srieuses erreurs de chronologie proposde certains participants qui y figuraient, on a longtemps considr cette charte commenauthentique2 Cependant, A. Giry a prsent une hypothse qui, dveloppe par J.-F. Lemarignier,a russi faire l unanimit malgr le dbat considrable cr autour des circonstances de l laborationde ce faux3.Selon A. Giry, la charte faisait partie d une srie de documents visant garantir les droitsde Saint-Florent vis--vis de l vque d Angers ; les moines auraient forg cette charte,ainsi qu une bulle du Pape Jean XVIII, pour dfendre l immunit ecclsiastique dans lesMauges contre les empitements de leur vque. A. Giry associait les faux un acte,

    1. Je voudrais remercier Bernard Bachrach, mon matre l Universit du Minnesota, ainsi que Giles Constable,eorges Beech et Kevin Karr pour toute l aide qu ils m ont apporte dans la prparation de cette tude. La charte a tdite par G. Tessier, Recueil des actes de Charles II le Chauve, Paris, 1953, t. II, p. 554, n 470.2. Pour la preuve dcisive que la charte est un faux, voir R. Merlet, Guerres d indpendance de la Bretagne, Rev.de Bretagne , VI, 1894, p. 93, n. D ; A. Giry, tudes critiques de quelques documents angevins de l poque carolingienne, Mm. Acad. des Inscr. et Belles-lettres , XXXVI, 1900, p. 233 ; F. Lot, Nomino et le monastre de Saint-Florenl-le-Vieil, Ann. de Bretagne , XXII, 1906, rimpr. idem, Ml. d hist. bretonne , Paris, 1907, p. 48, n. 2.3. Les rudits qui ont tudi la charte sont : M. Sache, Inventaire sommaire des archives dpartementales antrieures 1790. Maine-et-Loire, archives ecclsiastiques, sries H, Angers, 1926, t. II, p. v ; A. Giry, op. cit., p. 233; J.-F. Lemarignier, tude sur les privilges d'exemption et de juridiction ecclsiastique des abbayes normandes depuis les originesjusqu en 1140 ( Arch. de la France monastique , 44), Paris, 1937, ;p. 101-102 ; B. S. Bachrach, Robert of Blois Abbotof Saint-Florent and Sainl-Mesmin de Micy (985-1011) : A Study in Small Power Politics, Rev. bndictine , LXXXVIII,1978, p. 123-146.

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    202 CCM, XXVIII, 1985 william ziezulewiczd aprs lui authentique, de l vque d Angers, Renaud, qui accordait l immunit ecclsiastiqueaux glises de Saint-Florent dans le diocse d Angers. Comme cet acte date de la fin du Xe s.,Giry situait les faux la mme poque4.Tout en rejetant les dtails de l argumentation d A. Giry, J.-F. Lemarignier acceptait l ided un lien entre la charte et la bulle5. Il pensait que les deux documents avaient t tablis par lesmoines de Saint-Florent pour assurer leurs droits d exemption et de juridiction sur les paroissesde Saint-Florent-le-Vieil, contre les prrogatives de l vque d Angers6 ; la bulle aurait tforge entre 1027 et 1044 et la charte un peu plus tard, vers le milieu du xie s.7. C est cetteexplication qui maintenant fait autorit. Mais, notre avis, il y a un vice important dans ladatation de la bulle, et le lien tabli entre les deux documents devrait tre reconsidr8.A. Giry, le premier, avait suggr un tel rapprochement mais sans tayer de quelque argumentson hypothse9. Depuis, ce lien a t accept sans rserve malgr les problmes qu il soulve10.tant donn la prtendue squence chronologique des deux documents, il est normal quela charte ne mentionne pas la bulle. S il existe une connection entre les deux documents, c estdans la bulle qu on devrait la trouver. Or, il n y a aucune mention de la charte de Charles leChauve dans la bulle et, contrairement ce qu on pourrait attendre, la bulle n attribue pasl octroi du privilge d exemption Charles le Chauve, mais son pre Louis le Pieux11.J.-F. Lemarignier, pensant que la bulle avait t fabrique d abord pour librer les terres deSaint-Florent-le-Vieil du debitum synodal, a d laborer une thorie complique pour expliquerl absence de lien apparent entre les deux documents. Ainsi, d aprs lui, puisque la bulle suit lacharte chronologiquement, le fait que la bulle ne mentionne pas Charles le Chauve impliquequ elle a t forge la premire12. Il reste savoir pourquoi les moines n ont pas simplementcompos un document au nom de Louis, puisque l exemption du debitum synodal dans la bullelui tait attribue. J.-F. Lemarignier suggre que les moines de Saint-Florent, qui possdaientdans leurs archives une charte de Charles le Chauve, tombe en dsutude puisqu ils ne tenaientplus les terres que Charles leur avait donnes, l ont utilise pour fabriquer le faux13.Cette hypothse n est pas du tout convaincante, car si les moines de Saint-Florent avaientvoulu tablir un lien entre la charte et la bulle, ils auraient pu facilement crer une versioninterpole de l acte authentique de Louis le Pieux en y ajoutant l exemption du debitum

    4. L dition de l acte de Renaud se trouve dans L. Lex, Eudes, comte de Blois, de Tours, de Chartres, de Troyes et deMeaux (995-1037), et Thibaud, son frre (995-1004), Troyes, 1892, pice justificative n XI, p. 134-136, date de 998-1003.A propos de cet acte, voir aussi O. Guillot, Le comte d Anjou et son entourage au XIe s., Paris, 1972, t. II, ,p. 305 ; A. Giry, op. cit., p. 241. Pour une discussion de la bulle avec son dition, se reporter mon art., The Ana-tomy of a Monastic Forgery in an Age of Reform: A Bull of Pope John XVIII for Saint-Florent-de-Saumur (April,1004), paratre dans Arch. histor. pontif. (1985).5. J.-F. Lemarignier, op. cit., p. 101-102.6. Ibid., p. 98.7. Ibid., p. 104-107.8. La bulle insiste sur le fait que Saint-Florent est dpendant de la maison de Blois. Par consquent, J.-F. Lemarigniera vu dans les circonstances politiques qui ont suivi la prise de Saumur par le comte d Anjou en 1026, une raison partiellepour la falsification de la bulle. En 1027, Odon II de Blois fit vainement un dernier effort pour reprendre Saumur. Aprsquoi il abandonna la reconqute du castrum dans lequel le monastre avait t situ. En 1044, Thibaud, fils d OdonlI,reconnut la possession angevine de Saumur. Par consquent, d aprs Lemarignier, la bulle a t forge entre 1027 et 1044.C tait un essai de la part des moines de Saint-Florent pour rtablir les seigneurs de Blois comme suzerains laques dumonastre. Cependant, VHistoria Sancti Florentii (dans Chroniques des glises d Anjou, d. P. Marchegay, Paris, 1869,p. 280 ; cit. infra comme HSF) nous raconte qu aprs le sige manqu de 1027, un accord se fit entre Odon et le comteFoulques in colloquio monachorum , d aprs lequel Odon acceptait de laisser Saumur Foulques, ce dernier consentant dtruire ses fortifications Montboyau. Moins d un an aprs sa capture, Odon abandonna ses prtentions sur Saumurdans un trait que les moines de Saint-Florent contriburent tablir. La restitution du dominium blsois, qui fut, d aprsLemarignier, une des raisons pour la fabrication de la bulle, aurait t juridiquement impossible aprs 1027.9. A. Giry, op. cit., p. 240-241.10 . Cf. J.-F. Lemarignier, op. cit., p. 98, 102-103 ; - O. Guillot, op. cit., t. I, p. 230, n. 135; - B. S. Bachrach, op.cit., p. 141-142.11 . Archives du Maine-et-Loire, H 1837, n 3 : Similiter a Ludovico cognomento pio omnis fiscalis exactionis velcuiuscunque legalis seu officiariae pensionis simul etiam sinodalis debiti omnium ecclesiarum donatum. 12 . J.-F. Lemarignier, op. cit., p. 104-107.13 . Ibid., p. 104.

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    tude d un faux monastique 203synodal. En outre, il n est pas ncessaire que le document de base utilis pour le faux soittomb en dsutude. Saint-Florent possdait dans ses archives du xie s. un certain nombred exemples du style diplomatique carolingien qui auraient pu tre utiliss comme modles14.Enfin, le privilge d exemption du synodus tant attribu deux individus, il est difficiled imaginer que les moines de Saint-Florent aient pu utiliser les deux documents ensemble pourprouver leur droit d exemption du debitum synodal dans les paroisses de Saint-Florent-le-Vieil.De ce fait, il faut considrer la charte comme un document spar, destin assurer Saint-Florent-le-Vieil l exemption du synodus.Le sens de ce privilge ne doit pas tre sous-estim ; le debitum synodal n est pas simplementune taxe paye l vque mais une reconnaissance de son autorit sur les glises du diocse ; ledroit d exemption symbolise donc l indpendance par rapport la juridiction piscopale15.Depuis longtemps, d ailleurs, les spcialistes ont reconnu que la charte de Charles le Chauvevisait d abord la juridiction piscopale de l vque d Angers16. Mais le pagus des Mauges,territoire le plus significatif inclus dans la charte, ne faisait pas partie originairement du diocsed Angers. Ou plutt, l autorit piscopale exerce par le prlat de cette ville sur les Maugesreprsente une intrusion du pouvoir ecclsiastique angevin qui prit place au moment del expansion politique angevine dans les Mauges la fin du xe s. et au dbut du xie17. Unbref examen de l arrire-plan politique et ecclsiastique des Mauges est essentiel pour lacomprhension des faits.Avant le ixe s., les Mauges font partie de la civitas Piciavensis. Puis la dsintgration dupagus du Poitou, elles parviennent un statut indpendant18. Au xe s., les comtes bretons deNantes et ceux du Poitou se les disputent. En 942, la victoire reste aux Bretons quand lecomte de Nantes, Alain Barbetorte, oblige le comte de Poitou lui en cder le contrle19.Le trait de 942 exclut l influence directe des comtes de Poitou et impose la dominationbretonne pour environ soixante-quinze ans20.L influence des Angevins sur les Mauges est d abord indirecte. Actifs dans la politique deNantes dont Foulques le Rouge devient comte en 91421, ils perdent ensuite leur droit autrne comtal pendant la dernire moiti du xe s., mais restent cependant profondmentimpliqus dans les affaires du Nantais au moment o l emprise des successeurs d Alain arbetorte y est faible22. Foulques le Bon pouse la veuve d Alain en 952 et renforce ainsi l influenceangevine23 ; le fils de Foulques, Geoffroy Grisegonelle aide avec succs le comte de NantesHol la premire bataille de Conquereil en 981 ou 982, et peut toujours s assurer l hommagedu frre d Hol, Guerech, entre 981 et 98624. A partir de cette date, les comtes d Anjoumaintiennent leur suzerainet sur les comtes de Nantes et donc sur les Mauges25.Au dbut du rgne de Foulques Nerra, cette situation de participation active aux affairesnantaises semble devoir continuer. Par sa victoire la seconde bataille de Conquereil en 992,

    14 . F. Lot (op. cit., p. 45) discute les documents carolingiens dans les archives de Saint-Florent.15 . Lemarignier, op. cit., p. 108-109.16 . Voir infra, p. 201-202.17 . Voir supra, p. 205.18 . Pour la dfinition gographique des Mauges, voir O. Guillot, op. cit., t. I, p. 205, n. 33 et pi. 2 ; pour ladcomposition du pagus Piciavensis, voir A. Longnon, Atlas historique de la France. Texte explicatif des planches, Paris,1907, p. 102.19 . La chronique de Nantes, d. R. Merlet Coll. de textes pour servir l t. et l enseign. de l hist. , 19, Paris,1896, ch. XXXI I, p. 97, n. 3.20. Ce trait fut renouvel entre 981 et 982 (Chronique de Nantes, p. 119, n. 3, p. 120); concernant l influence directedu comte de Poitou dans les Mauges, voir O. Guillot, op. cit., t. I, p. 206 et ss.21. Chronique de Nantes, ch. XLII ; pour l histoire des dbuts de l interfrence angevine Nantes, voir K.F. Werner, Untersuchungen zur Frhzeil des franzijsischen Frslenlums, Welt als Geschichte , XII, 1952, p. 266.22. Chronique de Nantes, ch. XXXVII.23. Ibid., et L. Halphen, Le comt d Anjou, Paris, 1906, p. 4-5, n. 1.24. A propos de la premire bataille de Conquereil, voir L. Halphen, op. cit., p. 6, n. 4 ; pour la soumission de Guerech Geoffroy Grisegonelle, voir O. Guillot, op. cit., t. I, p. 206, n. 50.25. Budic, comte de Nantes depuis 1004/38, reconnut la suzerainet de Foulques Nerra (Chronique de Nantes, ch. XLVI,etHSF, p. 282,

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    204 CCM, XXVIII, 1985 William ziezulewiczFoulques a enray la menace du comte Conan Ier de Rennes contre les intrts angevins26.Il confie alors le comt de Nantes un fils de Hol, Judical, sous la tutelle du vicomte deThouars, Aimery27.Cette poque est celle de la plus grande influence de Foulques sur Nantes. Par la suite,proccup par le danger que le comte Odon de Blois reprsente la frontire Est de saseigneurie, il nglige le Nantais. Geoffroy Brenger, fils de Conan Ier, saisit rapidementl occasion offerte par l absence de Foulques ; il domine le jeune Judical et finalementl assassine28. Il maintient son pouvoir sur Nantes en dressant l vque Gauthier, un de sesfidles, contre Budic, le successeur de Judical29. Geoffroy meurt en 1008, mais son fils etsuccesseur, Alain, continue la politique de son pre ds sa majorit. Budic, puis par l hostilitconjointe du comte de Rennes et de l vque de Nantes, et ralisant peut-tre le caractrefondamentalement intress de la suzerainet de Foulques Nerra, cde, et s allie au comte deRennes, son ennemi d autrefois30.La dfection de Budic inaugure dans la politique angevine l gard de Nantes un changementque Foulques Nerra a d envisag bien avant les annes 1030. Que ce soit librement oucontraint par la ncessit d assurer sur sa frontire Est les intrts angevins contre le comte deBlois, Foulques abandonne toute intervention directe dans les affaires de Nantes poursuivantplutt un projet d annexion des Mauges31. Dans ce but, il construit trois fortifications :Montrevault, Montfaucon et Saint-Florent-le-Vieil32. Cette dernire est l origine de la guerreouverte entre Foulques et Budic. En 1037 au plus tard, Foulques Nerra est seigneur des Maugeset de ce qu y possde Saint-Florent-le-Vieil33.L tablissement du dominium angevin sur les Mauges a eu des rpercussions particulirementimportantes sur le problme de la juridiction ecclsiastique. On ne s accorde pas sur la questionde savoir qui tient rellement le dominium ecclsiastique sur les Mauges la veille de l annexionangevine. Il semble cependant que, suite aux guerres et traits entre Bretons et Poitevinsdepuis le milieu du xie s., l vque de Nantes en a reu le contrle34. O. Guillot suggre quece sont les Poitevins qui contrlent la portion S.-E. des Mauges aux environs de 1026, maissa thse est base sur l interprtation discutable d un acte impliquant les moines deSaint-Florent et l vque de Poitiers35. Dans cet acte dat des environs de 1026, le seigneur deMortagne, Ansaldus, capture Jovinus, membre important de la paroisse de Saint-Macaire-en-Mauges, que possde Saint-Florent. Afin de librer Jovinus, les moines de Saint-Florentinterviennent auprs de l vque Isembert de Poitiers qui, en change de la juridiction deSaint-Macaire, frappe Ansaldus d excommunication. Jovinus est relch peu aprs36.

    26. L. Halphen, op. cit., p. 20, n. 1, p. 21, n. 6.27. Voir O. Guillot, op. cit., t. II, n C 9, acte dat du 27 juin 992-aot 993, o Aimery apparat comme seigneurde Nantes et reconnat Foulques comme son suzerain ; voir aussi L. Halphen, op. cit., p. 25, n. 3.28. Chronique de Nantes, ch. XLVI, p. 134, 135 ; L. Halphen, op. cit., p. 51, n. 4.29. Chronique de Nantes, ch. XLV1-XLVII ; L. Halphen, op. cit., p. 51.30. Chronique de Nantes, ch. XLVII.31. O. Guillot, op. cit., t. I, p. 42-43.32. A propos de la construction de Montrevault, bti aux environs de 1005, voir O. Guillot, op. cit., t. I, p. 227-229(cf. L. Halphen, op. cit., p. 52, 155, 159) ; pour Montfaucon, voir HSF, p. 281 ; L. Halphen, op. cit., p. 155, n. 2,et O. Guillot, op. cit., t. I, p. 208, n. 58, qui date la construction des fortifications vers 1026; pour Saint-Florent-le-Vieil, voir O. Guillot, op. cit., t. I, p. 230, n. 133.33. A propos de la rupture entre Foulques et Budic, voir la Chronique de Nantes, ch. XLVII, et plus important encorele HSF, p. 282. Ce texte tablit clairement qu l poque o se termina la construction des fortifications de Saint-Florent-le-Vieil, Budic et Foulques taient en guerre ; O. Guillot (op. cit., t. I, p. 230, n. 133) situe l achvement de ces fortifications au plus tard en 1037.34. Sur la juridiction ecclsiastique de l vque de Nantes sur les Mauges, voir p. 205, n. 39.35. Une notice de cet acte apparat dans Fragmentum Veleris Hisloriae Sancli Florenlii, d. P. Marchegay, dansChroniques des glises d Anjou, op. cit., p. 216 ; voir aussi O. Guillot, op. cit., t. I, p. 208-209, n. 58, 59.36. Fragmentum, p. 216 : subsequenti tempore, quendam Espetvan parochiae potentiorem, nomine Jovinum,Ansterius, castri Mauritaniae dominus, cepit ; cujus captionis anxietate primum Isembertum, Pictavorum episcopum,conveniunt, pollicentes eo sibi reddito sua episcopali potestate presbiterum cum tota parochia subditam fleri Pictavensi,ecclesiae. Quod episcopus annuit gravique anathemate afflictos hominem liberavit.

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    TUDE D UN FAUX MONASTIQUE 205En utilisant cet incident comme exemple du contrle poitevin sur la portion S.-E. des Mauges,O. Guillot ne tient pas compte du fait que Saint-Florent possde les droits d exemption et dejuridiction sur Saint-Macaire. Bien que les moines de Saint-Florent choisissent de demanderl aide de l vque de Poitiers, probablement parce que Mortagne est situ dans ce diocse,l incident rvle plutt, comme nous allons le voir, l absence de toute autorit piscopale surSaint-Macaire-en-Mauges37.La thse d O. Guillot va donc l encontre de celle de J.-F. Lemarignier qui suggre uncontrle breton sur les Mauges (mais sans en fournir de preuve38). Il est clair que ni l unni l autre ne connaissent l existence de l acte de 1041 dans lequel l vque Gauthier deNantes consacre l glise de Saint-Lambert-du-Mottay dans les Mauges la demande deSaint-Florent. La prsence de Gauthier Saint-Florent-le-Vieil y figure comme un acte deroutine annuelle39. Il rend donc vident le fait que l vque de Nantes jouit bien du dominiumecclsiastique sur les Mauges une date aussi tardive que 1041.De tout ceci rsulte que la tradition historiographique devrait tre repense. Il est gnralementdmis que la juridiction politique et la juridiction ecclsiastique de l Anjou sur les Maugesse sont tablies simultanment, c est--dire que l vque d Angers a incorpor les Mauges dansson diocse au moment o elles taient conquises par Foulques Nerra. A. Longnon, C. Port,A. Giry et Ch. Uzereau ainsi que des chercheurs plus rcents ont tous li annexion laqueet annexion ecclsiastique des Mauges par les Angevins40. Aucun d eux cependant n a fournide preuve attestant la prsence et l action, dans les Mauges, en tant qu vques d Angers deRenaud II (973-1005) ou d Hubert de Vendme (1006-1047)41.Au contraire, on peut trouver la preuve que l vque d Angers n avait pas la juridictionecclsiastique sur les Mauges avant l piscopat d Eusbe Bruno (1047-1081), dans le texted accord que ce dernier conclut avec l abb Frdric de Saint-Florent42. Dans cet acte, Eusbeaccepte de remplir les charges pastorales dans les paroisses rurales des Mauges dpendant deSaint-Florent-le-Vieil, en change du paiement du synodus l vque d Angers. Pour justifiersa mainmise sur ces paroisses, Eusbe prend soin de souligner qu elles ont t laisses en dehorsdu contrle de tout vque : Les [paroisses de Saint-Florent-le-Vieil] n taient assignes ousubordonnes aucun diocse. Elles taient dpourvues de tout contrle piscopal, incertainesde leur sort . Il ajoute plus loin dans le texte : et bien que je ne sois pas capable de remplirparfaitement les fonctions pastorales cause de mon ignorance, au moins, partir de maintenant, les paroisses] ne seront plus sans ministre piscopal, comme des brebis sans pasteur,

    37. Voir infra, p. 206-207.38. O. Guillot, op. cit., t. 1, p. 208, n. 58, p. 209 ; J.-F. Lemarignier, op. cit., p. 93-96.39. Voir l histoire de Saint-Florent au xvne s. par le mauriste dom Jean Huynes, Histoire de l abbaye royale de SainctFlorent prs Saumur, Archives du Maine-et-Loire, H 3716, fol. 58 v : Le vnrable pre Frederick ayant construict cettenouvelle glise en l honneur de Sainct Florent et y ayant appelle entre autres Galterius evesque de Nantes, iceluy laddicace acheve, s en retournant a Nantes alla loger au monastre de Sainct Florent le Vieil, ou les fresres le recevrentavec grand humanit. La iceux prenants occasion de sa venue le prirent de se transporter en une de leur glises nommeSancte Laurent du Mothay pour la consacre, ce qu ayant faict, le lendemain il leur consacre de plus l autel de Sancte Croixen leur monastre en estant requis. La ddicace de l glise de Saint-Florent se ft le 15 octobre 1041 (HSF, p. 292 ;hronicon Sancti Maxentii Piciavensis, d. P. Marchegay, dans Chroniques des glises d Anjou, op. cit., p. 389). Apropos de la vie, de l uvre et de la rputation d rudit de dom Huynes, voir L. Auvray, Essai de restitution d un legendierperdu de Saint-Florent de Saumur, Bull, philol. et histor. , 1922/23, p. 103, n. 1.40. A. Longnon, Atlas historique, op. cit., p. 102, 149 ; Id., Fouilles de la provence de Tours, dans Recueil des historiensde France Pouilles, Paris, 1903, t. III, p. xlv ; C. Port, Dictionnaire historique, gographique et biographique duMaine-et-Loire, Paris, 1878, t. I, Introduction, p. x ; A. Giry, op. cit., p. 238, n. ; Ch. Uzureau, Le territoireexempt de Saint-F orenl-le- Vieil, Anjou historique, 1934, p. 195; In., Angers, dans Dictionnaire d'histoire et degographie ecclsiastique, Paris, 1924, t. III, p. 105.41. Pour la datation et une histoire brve de ces vques, voir o. Guillot, op. cil., t. I, p. 201 et ss. Les familles desdeux voques avaient des terres dans les Mauges ; mais elles n'y remplissaient pas de fonctions au nom des vquesd Angers.42. A propos d Eusbe Bruno, voir O. Guillot, op. cit., t. I, p. 249 et ss ; pour son accord avec Frdric, voir le Cartu-laire noir de la cathdrale d Angers, d. Ch. Uzureau, dans Documents historiques sur l Anjou, t. V, Angers, 1908, n 47.

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    206 CCM, XXVIII, 1985 william ziezulewiczainsi qu il est dit dans l criture 43. Non seulement Eusbe omet de mentionner ses prdcesseursui auraient exerc l autorit ecclsiastique sur les Mauges, mais il insiste sur le fait que lesglises de Saint-Florent-le-Vieil taient en dehors du contrle de tout vque. Bien quecette dernire affirmation ne soit pas tout fait exacte, en l absence de tout document attestantla juridiction ecclsiastique de l vque d Angers dans les Mauges durant l piscopat de Renaudet d Hubert, cet acte prouve que ce privilge n est pas antrieur l avnement d Eusbe Bruno.Si la juridiction piscopale d Angers peut tre carte pour la priode antrieure l accordd Eusbe et de Frdric, quel tait donc le statut des paroisses de Saint-Florent-le-Vieil dans lesMauges avant cet accord? Selon J.-F. Lemarignier, la situation politique des Mauges, quenous venons de retracer, avait cr un vacuum dans la juridiction ecclsiastique. Comme nousl avons dj vu, il a soutenu que les Mauges taient passes sous la juridiction ecclsiastique del vque de Nantes aprs 94244. L empitement politique angevin dans cette rgion de 1005 1037 avait cr, d aprs lui, un terrain ecclsiastique neutre, l vque de Nantes ne pouvant yexercer sa juridiction et celui d Angers n ayant pas encore incorpor ce territoire dans sondiocse. Les moines de Saint-Florent, profitant d une immunit de facto, cherchrent donc tablir juridiquement leurs droits par l laboration des deux faux considrs dans cette tude45.J.-F. Lemarignier exagra cependant l importance de ces documents pour pouvoir expliquer ledveloppement des droits d exemption et de juridiction dans les paroisses de Saint-Florent-le-Vieil. De plus, comme nous l avons vu, le lien entre les deux actes est sujet caution46.Si nous voulons comprendre correctement le statut des paroisses de Saint-Florent-le-Vieil auxie s., six actes doivent tre pris en considration ; ce sont : 1. un acte de Louis le pieux,datant de 82447 ; 2. la notice de donation de Saint-Macaire-en-Mauges Saint-Florent parPoliernus, peut-tre date du rgne de Charles le Chauve48 ; 3. une fausse charte de Charles leChauve, date de 84849 ; 4. une fausse bulle du pape Jean XVIII, date de 100450 ; 5. l acte oles moines de Saint-Florent cdent la paroisse de Saint-Macaire-en-Mauges l vque dePoitiers en change de son aide pour librer Jovinus emprisonn par le seigneur de MortagneAnsaldus, dat des environs de 102651 ; 6. l accord que nous venons de discuter, entre l abbFrdric de Saint-Florent et l vque d Angers Eusbe Bruno52. En plus de ces actes, il fautaussi en considrer un autre qui, bien qu tranger au problme de juridiction, a une importancetrs grande du point de vue chronologique. Ce document est de 1041, date laquelle l vqueGauthier de Nantes a consacr l glise de Saint-Laurent-du-Mottay, ainsi que l autel d unautre sanctuaire et ce dans la ligne de sa routine pastorale53. Il faut donc prendre en compteces sept documents.UHisloria Sancti Florentii nous dit que saint Macaire construisit des habiiacula et oraloria pourses moines Saint-Macaire-en-Mauges54. Longtemps aprs (post longum tempus), Saint-

    43. Cartulaire noir, n 47 : jam nulli omnino diocesi assignatae vel subditae, sed ab omni pontificali regimineincertum quonam eventu destitutae ut etsi eis per debilitatem et ignorantiam meam impendere plnum non poterocurae pastoralis officium, saltem omnino non sint amodo sine ministerio episcopali et errent, ut scriptum est, sicut oves nonhabentes pastorem. 44. Voir p. 205, n. 38.45. J.-F. Lemarignier, op. cit., p. 98.46. Voir supra, p. 202-203.47. J.-M. Pardessus, Diplomala, chartae, epistolae, leges, aliaque instrumenta ad res Gallo-Francia speclanlia .,Paris, 1843/45, t. II, p. 449-450. La transcription de la copie de cet acte par Sache dans les Archives du Maine-et-Loire,H 18.36, n 1 (Inventaire sommaire, p. 4) est cite en note.48. HSF, p. 266-267 ; Poliernus y est appel optimes de l empereur Charles. Cela pourrait se rfrer Charlemagne.Mais les nombreuses donations faites Saint-Florent par Charles le Chauve suggreraient plutt que c est lui qu on faitallusion ici.49. Voir supra, n. 1.50. Pour une d. de la bulle voir mon art. cit supra, n. 4.51. Voir n. 35.52. Voir n. 41.53. Voir n. 38.54. HSF, p. 266.

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    TUDE D UN FAUX MONASTIQUE 207Macaire-en-Mauges et Roussay furent donns Saint-Florent par Poliernus, un optimes del empereur Charles55. Le statut dont jouissait Saint-Macaire, au temps des moines deSaint-Florent, est extrmement important pour notre propos. Les moines, est-il dit, tenaientSaint-Macaire en complte immunit ecclsiastique et laque56. Cette affirmation est corroborepar un acte des environs de 1026 o les moines de Saint-Florent offrent de donner la juridictionecclsiastique de Saint-Macaire l vque de Poitiers en change de son aide pour librerJovinus57. Lemarignier a bien vu dans ce document la preuve que, ds 1026, les moines deSaint-Florent jouissaient des droits d exemption et de juridiction sur Saint-Macaire-en-Mauges.Il est all cependant plus loin en tendant toutes les paroisses de Saint-Florent-le-Vieil,ds cette date, le privilge d exemption58. L analyse d un acte de Louis le Pieux et soninterprtation par les moines de Saint-Florent au xie s., permettent de conclure que seulSaint-Macaire, parmi les possessions de Saint-Florent, pouvait se rclamer de ce droit dansla premire moiti du xie s.Dans l acte de Louis le Pieux, le monastre de Saint-Florent et toutes ses possessions incluantglises, loca et champs, reoivent l immunit sculaire59. Il n est pas fait mention d immunitecclsiastique dans cet acte. Dans la bulle de Jean XVIII, forge trs probablement entre1060 et 1062 pour maintenir les droits de Saint-Florent dans le Saumurois, on lit : De mmeil lui [le monastre de Saint-Florent-le-Vieil] fut donn par Louis, appel le Pieux parcognomen toutes les redevances fiscales, qu elles soient prestations judiciaires ou administratives ; et en mme temps (simul etiam) le debitum synodal complet pour toutes les glises quidpendent du monastre, avec l immunit60. Si on compare l acte de Louis avec la mentionqui en est faite dans la bulle, il est clair que les faussaires de celle-ci ont extrapol le droitd exemption du debitum synodal, avec toutes ses implications, du droit d immunit laqueaccord au monastre par l acte authentique de Louis le Pieux61. L extrapolation de ce droit partir d un acte qui ne l accordait pas spcifiquement, suggre qu au temps o la bulle futforge, aucun document n accordait spcifiquement l immunit ecclsiastique aux paroisses deSaint-Florent-le-Vieil.Cette conclusion est confirme par le protocole d accord entre Eusbe Bruno et Frdric. Bienque dix paroisses bnficiaient de l exemption dont jouissait Saint-Florent-le-Vieil, l accordn en mentionne que neuf62. D aprs ce que nous venons de voir, la dixime paroisse, non citedans l accord de 1047/55, devait tre Saint-Macaire-en-Mauges qui, nous l avons montr,jouissait dj de l immunit ecclsiastique. Les neuf autres paroisses furent places sous lajuridiction de l vque d Angers, suite l accord entre Eusbe et Frdric.

    55. HSF, p. 266.56. HSF, p. 266 : Tandem post longum tempus, Polierno tradente, praedicta loca cum universis appenditiis suisSancto Florentio sunt attributa. Quod donum monachi ab omni episcopali et laicali violentia plenius absolutum subregia firmitate Polierni diu tenuerunt immune ; unde etiam, post excidium occidentalis Franciae, redeuntes monachisicut Glonnensem pagum et hune quoque repetierunt. 57. Voir n. 35.58. J.-F. Lemarignier, op. cit., p. 97.59. M. Sache, Inventaire sommaire, p. 4 : ecclesias aut loca vel agros seu reliquas possessiones .60. Archives du Maine-et-Loire, H 1837, n 3 : Similiter a Ludovico cognomento Pio, ejus fdio, omnis fiscalis exactionisvel cujuscunque legalis seu oflciariae pensionis, simul etiam sinodalis debiti omnium ecclesiarum, quae ipsi monasteriosubjacent, immunitate donatum. 61. Une comparaison de la clause prcdente, sans la rfrence au synodus, avec l octroi d immunit qui suit dans lacharte de Louis, suggre fortement que l interprtation de cette charte dans la bulle falsifie se basait sur l acte de 824 : Et ideo hos nostros impriales apices fieri jussimus per quos precepimus atque jubemus ut nullus judex publicus velquislibet superioris aut inferioris ordinis rei publicae procura tor in ecclesias aut loca vel agros seu reliquas possessiones,quae moderno tempore legaliter in quibuslibet pagi territoriis infra dicionem imperii nostri tenent vel possident vel quaedeinceps in jure ipsius loci aut per nos aut per quamlibet ingenuam personam voluerit divina pietas augere judiciariomore ad causas audiendas vel freda exigenda aut mansiones aut paratas faciendas aut fldejussores tollendos aut hominesipsius monasterii super terram ipsius commanentes distringendos aut ullas redibitiones aut inlicitas occasiones requirendasullo umquam tempore ingredi audeat vel ea quae supra memorata sunt penitus exigere prsumt.

    62. Carlulaire noir, n 47 : Sunt sane eaedern ecclesiae novem rurales, videlicet parochiae. . Pour les dix paroisses surles terres franches de Saint-Florent-le-Vieil, voir Ch. Uzureau, op. cit., p. 193.

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    208 CGM, XXVIII, 1985 william ziezulewiczUn autre aspect tout aussi important de cet acte rside dans la description d Eusbe Bruno, peudispos accepter le fardeau des fonctions pastorales pour les glises de Saint-Florent-le-Vieil ;il en accepte la charge uniquement la demande de l abb Frdric63. Les paroisses deSaint-Florent sont reprsentes comme errantes telles des brebis sans pasteur , et sous lecontrle d aucun diocse64. S il est vrai que l vque d Angers reut le dominium ecclsiastiquesur les Mauges grce l accord avec l abb Frdric, par contre il n est pas vraisemblable que lesparoisses de Saint-Florent-le-Vieil aient pu rester sans soin pastoral jusqu cette date. Laconscration de Saint-Laurent-du-Mottay par l vque Gauthier de Nantes en 1041 reprsenteprcisment le type de juridiction ecclsiastique dont Eusbe Bruno recevait le droit65 quenous le voyons exercer d ailleurs en 1061 quand il consacre le monastre restaur deSaint-Florent-le-Vieil66. En effet, cette conscration peut tre l origine de la lettre crite aupape par l vque Guerech II de Nantes (1060-1079), lettre dans laquelle il se plaint que lesdroits appartenant l vque de Nantes aient t donns injustement celui d Angers parl abb de Saint-Florent67. Il est clair d aprs l examen de ces documents que l vque d Angersempita sur la juridiction de celui de Nantes en prenant sous son contrle les paroisses deSaint-Florent-le-Vieil.Il vaudrait la peine d tudier de plus prs le rle jou par l abb Frdric, artisan de cetteannexion des Mauges par Eusbe. Encore une fois, ce que dit l accord n est pas tout faitexact. Eusbe voudrait nous faire croire que s il accomplit les tches pastorales Saint-Florent,c est d uniquement l initiative de Frdric68. En ralit, l incorporation des paroisses deSaint-Florent-le-Vieil dans son diocse rsulte d un quid pro quo. Aprs avoir mentionn lessept solidi dus chaque anne l vque d Angers par les moines de Saint-Florent en paiementde debitum synodal, Eusbe ajoute : Pour le reste, qu on laisse leurs glises et leurs prtresexempts de toute autre redevance et taxes69 . Cette clause rsout le problme chronologiquede l exemption et de la juridiction dans les paroisses de Saint-Florent. En effet, l immunitaccorde par Eusbe comportant les redevances piscopales, except le synodus, est la premirevidence que nous possdions pour prouver le statut d immunit des glises des Maugesdpendant de Saint-Florent. Except pour Saint-Macaire, on ne peut donc situer les dbuts del exemption qu aprs la date de l accord pass entre Frdric et Eusbe. C est l abb Frdricqui acquiert ce statut pour les paroisses de Saint-Florent-le-Vieil par un marchandage avecl vque d Angers. Le fait que Saint-Florent doive payer le synodus Eusbe Bruno est toutaussi important car, si par la suite l immunit de l abbaye a inclus galement l exemption dupaiement du synodus, cela implique qu elle n acquit cette immunit qu aprs l accord de1047/5570.La revendication ultrieure d exemption du synodus par Saint-Florent pourrait avoir sa sourcedans la fausse bulle de Jean XVIII qui en attribue le don Louis le Pieux71. C est toutefoisimprobable. La rfrence Saint-Florent-le-Vieil dans la bulle de Jean XVIII est en grandepartie accidentelle, le premier but des faussaires tant d obtenir un statut favorable vis--vis

    63. Cartulaire noir, n 47 : Itaque meae parvitatis adeuntes praesentiam, postulaverunt [abbas Fredericus et fratresmonasterii sancti Florentii] nostram super praedictas ecclesias earumque presbyteros provisionem. 64. Voir n 43.65. Voir n 39.66. HSF, p. 285.67. G. Morin, Lettres indiles des papes Alexander II el saint Grgoire VII, Rev. bndictine >, XLVIII, 1936,p. 124-125, n. 7 (il la date de 1073/79).68. Cartulaire noir, n 47 : Quam quidem inordinationem, quia palam erat nonulla negligentias contra ecclesiasticamobservantiam producere, praedictus abbas Fredericus et venerabiles amborum beati Florentii monasteriorum fratresnoluerunt ulterius permanere, sed diutino prius tractatu et postmodum unanimi consilio decreverunt corrigere. .69. Ibid. : Caeterum ab aliis universis exactionibus et redditibus et ecclesiae et earurn presbyteri quieti sint etirnmunes. 70 . Ibid. : Pro quo provisionis et suppeditationis oilicio, convenit gratanter inter nos et praedictum abbatem utsingulis annis, ad terminum synodi quae in Pentacostes feriis aggregari consuevit, VII nummorum solidos et ipsi monach iare et nos recipere debeamus. 71 . Voir supra, n. 60.

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    tude d un: faux monastioue 209du dominium laque dans le Saumurois72. Quand se posa la question du debitum synodal,que les paroisses de Saint-Florent devaient payer suivant l accord conclu entre Frdric etEusbe Bruno, les faussaires se contentrent d extrapoler l exemption du debitum synodal del immunit laque accorde par Louis le Pieux aux glises de Saint-Florent73. Devaient-ilsprouver ce point particulier dans une enqute judiciaire? Il semble que non. Il n estabsolument pas vident que ce droit d exemption du synodus ou tout autre droit d immunitecclsiastique n aient t avancs. Et qui plus est, Frdric et Sigo entretenaient de bonnesrelations avec l vque d Angers74. Enfin, le document dans lequel le soi-disant privilged immunit du debitum synodal tait accord et o pourtant il n tait absolument pasmentionn, existait toujours. Il semble donc que le passage en question dans la fausse bullen ait pas servi de base pour revendiquer l exemption du debitum synodal Saint-Florent pourses glises des Mauges.Le fait que les moines de Saint-Florent aient jug ncessaire de forger un document insistantspcialement sur ce droit en est la preuve. Le document par lequel ils russirent finalement obtenir l immunit du paiement du synodus est bien la charte de Charles le Chauve, quivisait seulement exempter du debitum synodal. Eusbe Bruno ayant t le seul vqued Angers collecter le synodus des glises de Saint-Florent-le-Vieil, cette charte a t forgeapproximativement entre 1055, date la plus tardive pour l accord d Eusbe avec Frdric,et 1081, date de la mort d Eusbe et de l accession du nouvel vque d Angers au sigepiscopal75. Pour dater ce document, il faut considrer l observation de Giry, savoir queSaint-Florent avait des possessions dans tous les diocses dont les vques apparaissent dans lacharte76. Il s agit des prlats d Angers, Tours, Poitiers, Prigueux, Angoulme et Limoges. Laremarque de Giry est pntrante mais difficilement applicable l tat du fisc de Saint-Florentpendant les dernires annes du Xe s., poque laquelle Giry place la fabrication du faux.A cette poque, Saint-Florent a des possessions en Anjou, Touraine et Poitou. Par contreen 1081, elle en a Prigueux et Angoulme ; de plus, quand Saint-Florent est en litige avec lesmoines de Saint-Martial de Limoges, c est l vque de cette ville qui prside au jugement77.Il aurait t alors intressant pour les moines de Saint-Florent de pouvoir prsenter cesvques un document illustrant ce qu ils considraient tre l attitude correcte observe parleurs prdcesseurs sur le sige piscopal.Si la suggestion de Giry tait juste, ce ne serait pas par accident que les vques de Prigueux,Angoulme et Limoges apparatraient dans un document forg aux alentours de 1081 pouraccorder l exemption du debitum synodal. Eusbe Bruno tant mort en 108178, le moment oson successeur allait reprendre en main l administration du diocse et revoir les institutions

    72. La bulle accorde une attention spciale l inventaire des possessions et droits fiscaux. Il y a trois dispositionsdiffrentes dans la bulle pour les protger contre toutes saisies ou revendications.73 . Pour le texte, voir supra, n. 61.74. Le peu d vidence que nous ayons concernant les relations de Frdric avec Hubert et Eusbe Bruno suggrepourtant l existence d une coopration entre les vques et l abb de Saint-Florent. Le magister scholarum d Angersa contribu la rvision de la liturgie de Saint-Florent faite par Frdric (HSF, p. 287). Quand Hubert meurt, Frdricse trouve parmi les ecclsiastiques prsents ses funrailles (S. Fanning, Church, Family, and Politics before the GregorianReform: The Case of Hubert, Bishop of Angers 1006-1047 [Dissert., non d.], Univers, of Minnesota, dc. 1977, Cataloguedes Actes n 78). Frdric tait suffisamment proche d Eusbe pour prfrer sa suzerainet ecclsiastique celle de l vquede Nantes qu il abandonna dans l accord de 1047/55. Il semble que Sigo avait de bonnes relations avec Eusbe Bruno quandil commena sa lutte contre Geoffroy le Barbu (voir supra, p. 210, et infra, n. 84).75. Pour la date de la mort d Eusbe Bruno, voir Gallia Christiana, t. XIV, v. 561 ; Ch. Uzureau (op. cit., p. 198)a reconnu qu Eusbe tait le seul vque d Angers collecter le synodus de Saint-Florent-le-Vieil ; mais Uzureau pensaitqu il en tait ainsi parce que l accord entre Frdric et Eusbe tait un accord de personne personne, valable uniquementpour la dure de la vie d Eusbe. Or rien dans le document ne vient confirmer une telle supposition.76. A. Giry, op. cit., p. 239.77 . Pour Prigueux, voir les Archives du Maine-et-Loire, H 3463 (1081) ; pour Angoulme, voir le Livre Noirde Saint-Florent (Bibl. Nat., nouv. acqu. lat., 1930), fol. 49v-50r (1060) ; propos du litige avec les moines de Saint-Martial, voir le Livre Noir, fol. 91 v (juin 1081).78. Voir n. 75.

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    210 GGM, XXVIII, 1985 William ziezulewiczfiscales des fins administratives dans le diocse d Angers, tait en effet le momentparfait pour prsenter le faux ; ce n est pas non plus une concidence si aucun des successeursd Eusbe Bruno n a joui de ses droits sur les paroisses des Mauges dpendant de Saint-Florent-le-Vieil. Bien que plusieurs vques d Angers aient successivement et srieusement essay desoumettre les glises de Saint-Florent leur pouvoir, aucun d entre eux n y russit jamais79.Saint-Florent resta indpendant de l autorit piscopale ; les moines avaient gagn la batailledes droits d exemption et de juridiction.Le rsultat de cette tude est qu il semble bien que la charte de Charles le Chauve ait t forgepar les moines de Saint-Florent vers 1081. Elle devait leur fournir l immunit par rapport aupaiement du debitum synodal l vque d Angers et implicitement librer le prieur de toutejuridiction piscopale. Replac dans le contexte du statut de Saint-Florent vis--vis de sonsuprieur ecclsiastique, ce document a une signification norme. Pourtant dans l historiographie onsidrable qui s est dveloppe autour de lui, aucun essai n a t fait pour le replacerdans le contexte plus large de l histoire du prieur. J.-F. Lemarignier pensait que la charte et labulle, sois-disant accorde Saint-Florent par le pape Jean XVIII, devaient tre considresensemble comme faisant partie de la lutte monastique pour les droits d exemption et dejuridiction. Mais, nous l avons vu, le lien entre les deux documents est douteux, la bulle seproccupant beaucoup plus des empitements du seigneur laque de Saint-Florent sur les terresfiscales et les droits du Saumurois que du suprieur ecclsiastique des moines, l vqued Angers80.La bulle a probablement t forge entre la mort de Geoffroy Martel, en 1060, et l acte deGeoffroy le Barbu, en 1062, qui y fait rfrence81. Ces dates concident avec une prolifrationd actes restaurant au monastre les terres et les droits qui avaient t confisqus par le comted Anjou aprs la conqute de Saumur en 102682. La gnration de rformateurs monastiquesqui ont forg la bulle de Jean XVIII, ne supportait pas l autorit laque sur le monastre83 ;mais en essayant d liminer l intervention laque sur l abbaye, Sigo (abb de Saint-Florenten 1055-1070) s tait alli l vque d Angers84. L abbatiat de Guillaume de Dol (1070-1118)cependant ralise le nouveau but des moines de Saint-Florent quant leur statut juridique :l indpendance non seulement vis--vis du dominium laque mais aussi vis--vis de la juridictionecclsiastique. Malgr les relations de coopration qui semblaient exister dans les activits desdeux abbs prcdents avec leurs suprieurs ecclsiastiques, l accord conclu entre Frdric etEusbe Bruno ne plaisait pas aux moines de Saint-Florent sous l abbatiat de Guillaume. Desdispositions furent prises alors pour diminuer l autorit de l vque d Angers sur le monastreet les possessions de Saint-Florent et pour limiter l autorit piscopale sur les autres parties

    79. L immunit des paroisses de Saint-Florent-le-Vieil par rapport l vque d Angers fut maintenue jusqu en 1802(Ch. Uzureau, op. cit., p. 203 ; voir p. 198 et ss pour une histoire des conflits de Saint-Florent avec les vques d Angersi.80. Voir n. 72.81. Il y a beaucoup de rfrences aux confiscations ou la rimposition des droits comtaux dans le fisc de Saint-Florent-de-Saumur aprs 1026. Il y a, p. ex., un acte dat du jeudi 17 fvrier 1092 (O. Guillot, op. cit., t. II, n C 368).Malgr cela, il est vident que les moines n ont gure rsist au comte d Anjou jusqu la mort de Geoffroy Martel : Iniuriam sibi factam monachi gemuerunt, quousque cornes Gausfredus ad extrema vitae pervenit (O. Guillot, op.cit., t. II, n C 255, 11 mars 1067). Pendant le rgne de Geoffroy le Barbu comme comte d Anjou, une rfrence la bullede Jean XVIII est implicite dans un acte de 1062 (Ibid., n C 241) : Promisimus enim quod eorum quicquam nulli dare-mus, sed et nostro heredi ista et alia omnia reinvadere sub divini nominis attestatione vetaremus, ne anathematis in euma romano papa iaculati cum ipso rei iudicaremur mortui. 82. Entre 1060 et 1067, l abb Sigo russit extorquer des Angevins pas moins de six concessions importantes. Il estfait rfrence ces concessions dans les documents suivants : Livre Noir, 96 r-v, dat de 1060/62; O. Guillot, op. cit.,t. II, n09 C 262, dat de 1061, C 241, dat de 1062, C 252, dat du 2 aot 1066, et C 255, dat de 11 mars 1067.83. L abb Sigo de Saint-Florent tait un protg de l abb Albert de Marmoutier qui tait intimement associ la rforme pr-grgorienne et qui avait gagn une influence considrable dans le nord-ouest de la France en tant qu avocatde cette rforme. Une des ides principales de la rforme propage par Marmoutier sous la conduite d Albert tait ladiminution du dominium laque sur les monastres ; voir O. Guillot, op. cit., t. I, p. 182 et ss.84. Voir p. ex. le Livre Noir, 96 r-v : deprecante viro venerabili Sigone abbate Sancti Florentii et intercedente domnoEusebio Andecavensium episcopo. .

  • 7/22/2019 Une charte fausse de Charles le Chauve pour un monastre

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    TUDE D UN FAUX MONASTIOUE 211de son fisc85. Il en rsulta, au xne s., une prolifration de bulles papales, visant protger del interfrence piscopale les possessions de Saint-Florent dans tous les diocses o elles taientsitues86.En dpit de son riche hritage d archives, le monastre de Saint-Florent n a pas reu deschercheurs toute l attention qu il mrite. Au fur et mesure que les sources concernant sonhistoire seront explores, cette brve esquisse du dveloppement de l idologie rformatricepourra s approfondir. Pour le moment en tout cas, l analyse de la charte considre ici nousfournit une vue prcieuse sur l histoire intellectuelle d un monastre bndictin angevin auxie s. : elle marque en effet une tape dans la radicalisation progressive de la rformemonastique Saint-Florent-de-Saumur et, comme telle, nous rvle un aspect important de lamanire dont la communaut de Saint-Florent se voyait elle-mme et voyait le monde autourd elle.

    William Ziezllewicz3647 Colfax Avenue NorthU.S. A. -MIXNEAPOLIS - MN 5541285. Dans ce contexte, nous aimerions attirer l attention sur un acte de l vque Renaud II (cit supra, n. 4) et surune copie interpole de la bulle de Jean XVI II trouve en Maine-et-Loire, H 1836, n 6, qui ajoutent au texte de la bullel exemption du synodus pour les glises de Saint-Florent dans le pagus d Angers. Ceux qui ont tudi la charte de Renaudl ont juge inauthentique (voir O. Guillot, op. cil., t. II, n , p. 305). La charte de Renaud et la clause interpoledans la charte de 1004 ont pour effet de librer Saint-Florent-de-Saumur de ses obligations piscopales. Puisque lacopie H 1836, n. 6 semble tre tardive, il se peut que la version interpole de la bulle et la charte de Renaud aient tforges aussi pendant l abbatiat de Guillaume ; mais la solution de ce problme demande une tude plus approfondie.86. Voir, p. ex., une charte du pape Adrien IV (P. Jaff, Regesla Pontiflcum Romanorum, 2e d., Leipzig, 1885, 10493) date de 1157/59 et adresse Archiepiscopis et episcopis in quorum episcopatibus monachi sancti FlorentiiSalmurensis ecclesiis battent.