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Une certaine aristocratie paysanne : Tanguy CARADEC . Alain NEDELEC Une vieille grange avec un petit escalier de pierre permettant d'accéder à ce qui aurait été le bureau d'Alain NEDELEC, c'est tout ce qui reste du village du Cosquer tel que le connut Tanguy CARADEC. La maison principale a fait place à une construction plus récente; avec ses 42 pieds de long, l3 de large et 7 de haut, couverte de chaume, elle devait paraître une demeure tout à fait ordinaire. Les parements de pierre de taille aux portes, fenêtres et cheminées habituellement mentionnés ne sont pas indiqués dans l'acte que nous avons consulté ce qui laisse supposer une habitation toute simple. Il ne semble pas que l'exploitation du Cosquer ait été à classer dans les grandes tenues de la paroisse, mais il fallait y adjoindre d'autres terres des environs : Kernevez, Kerancras, et des parcelles dans les villages limitrophes. FOUESNANT Pen an Hoat et Keroulac appartenaient aussi à Tristan CARADEC, mais étaient affermésainsi que Kerangoff ; ce dernier à titre de convenant sous LE PRETRE de Chateaugiron était affermén l’an II à Pierre LE GUIFFANT et Renée LE BOUSSARD sa femme pour 180 livres, avec 10 mesures de seigle évaluées 60 livres et les charges d’impots 30 livres. Tanguy CARADEC tenait le lieu du Cosquer à titre de convenant sous les héritiers KERGUELEN-KERBIQUET et La RUFFIE pour payer à chaque terme , de rente convenancière : -aux héritiers Kerguelen, 9 minots de froment, 6 combles d’avoine, le tout à la mesure de Concarneau, 20 sols en monnaie, 4 chapons et corvées. -aux héritiers La RUFFIE : un minot de froment, un minot de seigle et 2 minots d’avoine. On ne s’explique donc pas bien comment CARADEC a pu servir de banquier à de nombreux paysans et prêter des sommes parfois considérables. En feuilletant les minutes de notaires on constate que les prêts à l’époque sont courants, mais dépassent rarement 300 livres 1/5

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Page 1: Une certaine aristocratie paysanne : Tanguy CARADEC ... · - 1.200 L. à Tristan NEDELEC de Pen an Creac'h. - La même année, prêt de 300 Livres au même. - 420 L. à Jean Le Goardet,

Une certaine aristocratie paysanne :

Tanguy CARADEC . Alain NEDELEC

Une vieille grange avec un petitescalier de pierre permettant d'accéder à cequi aurait été le bureau d'Alain NEDELEC,c'est tout ce qui reste du village du Cosquertel que le connut Tanguy CARADEC. Lamaison principale a fait place à uneconstruction plus récente; avec ses 42pieds de long, l3 de large et 7 de haut,couverte de chaume, elle devait paraîtreune demeure tout à fait ordinaire. Lesparements de pierre de taille aux portes,

fenêtres et cheminées habituellementmentionnés ne sont pas indiqués dans l'acteque nous avons consulté ce qui laissesupposer une habitation toute simple.

Il ne semble pas que l'exploitationdu Cosquer ait été à classer dans lesgrandes tenues de la paroisse, mais il fallaity adjoindre d'autres terres des environs :Kernevez, Kerancras, et des parcelles dansles villages limitrophes.

FOUESNANT

Pen an Hoat et Keroulacappartenaient aussi à Tristan CARADEC,mais étaient affermésainsi queKerangoff ; ce dernier à titre deconvenant sous LE PRETRE de

Chateaugiron était affermén l’an II àPierre LE GUIFFANT et Renée LEBOUSSARD sa femme pour 180 livres,avec 10 mesures de seigle évaluées 60livres et les charges d’impots 30 livres.

Tanguy CARADEC tenait le lieudu Cosquer à titre de convenant sous leshéritiers KERGUELEN-KERBIQUET etLa RUFFIE pour payer à chaque terme ,de rente convenancière :

-aux héritiers Kerguelen, 9 minotsde froment, 6 combles d’avoine, le tout àla mesure de Concarneau, 20 sols enmonnaie, 4 chapons et corvées.

-aux héritiers La RUFFIE : unminot de froment, un minot de seigle et 2minots d’avoine.

On ne s’explique donc pas biencomment CARADEC a pu servir debanquier à de nombreux paysans et prêterdes sommes parfois considérables. Enfeuilletant les minutes de notaires onconstate que les prêts à l’époque sontcourants, mais dépassent rarement 300livres

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Pour T. CARADEC, par contre, on relève : - Unprêt de 600 L. à Marie BERTHOLOM veuve LeBRAS, de Trégonnour.- En 1789, Jean ROUSSEAU, de Pors Lanrionverse 243 livres d'intérêts pour deux années d'unprêt de 2.760 L.- Prêt de 900 L. à Yves Le GUEN, de Kervastard.- 1.200 L. à Tristan NEDELEC de Pen anCreac'h.- La même année, prêt de 300 Livres au même.- 420 L. à Jean Le Goardet, de Lansulien.- 600 L. à Corentin NEDELEC et sa femme deGuénodou.Toutes ces sommes étaient prêtées "au deniervingt" (5 %); il est probable qu'elles nereprésentent pas l'ensemble des prêts consentis,mais elles suffisent à situer la fortune de T.CARADEC : n'oublions pas qu'à l'époque uneLivre équivaut à deux journées d'ouvrier, etqu'une vache vaut en moyenne 25 Livres.

Tristan CARADEC semble avoir géré sa fermede main de maître et le titre qu'on lui a parfoisdonné de "patriarche du Cosquer" paraît assezbien lui convenir. (Le contrat de mariage de songendre. Alain NEDELEC, ne laissait guère depouvoir à ce dernier). Il est certain que sa fortuneen imposait aux paysans des alentours, qui ausurplus lui étaient souvent redevables de sommesimportantes.

Alain NEDELEC naquit à Kerlevot en 1755.Rien ne subsiste de sa maison nataile ; ni mêmedes bâtiments annexes, mais un aveu de 1766nous permet d'imaginer le village tel qu'il seprésentait à cette époque. Le lieu et manoir deKerlevot était tenu par François NEDELEC et safemme Françoise Le NOAC'H à titre de domainecongéable, "à l’uzement de Cornouaille sousMessire Louis Guillaume du GUERMEUR, chefde nom et d'armes, Chevalier seigneur dePenhoat Créac'h Quetta et autres lieux,demeurant en son manoir de Créac’h Quetta...duquel lieu et manoir de Kerlevot la descriptionsuit: la maison principale, composée de deuxcôtières et de quatre pignons; dans trois de cesdits pignons il y a une cheminée corbeaux.manteaux et jambages de pierre de taille; à lacôtière du midi, deux portes, deux fenêtrescarrées et deux mi-croisées, aussi de pierre detaille; à la côtière nord, deux portes de pierre detaille; la dite maison ayant 79 pieds de long, 8 dehaut et 15 de large couverte de chaume".

Elle avait bien, avec ses entourages depierre de taille, un petit air de manoir, et par sesdimensions ressemblait au manoir de Penfoulic.

"Pour et à cause de ces maisons, terres ethéritages ci-dessus décrits, les dits FrançoisNEDELEC et femme, comme ci-devant, présentsdevant nous notaires au siège royal de Conq,Fouesrumt et Rosporden, soussignés, avecsoumission à

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la juridiction de l'ancienne chatellenie deCheffontaines, Bodigneau et annexes,connaissent et avouent devoir au dit Seigneur duGuermeur du Penhoat, de rente et prestationsannuelles, chaque jour au terme de la SaintMichel en septembre, le nombre de 4 combles defroment, 4 combles de seigle, 6 comblesd'avoine, 7 Livres 4 sols en argent, 4 chapons,droits de champart et corvée ordinaire; ilsdevront suivre le distrait du moulin de laseigneurie de Créac'h Quetta outre payer etacquitter la somme de 13 sols 2 deniers decheffrentes dus par an à la seigneurie deBodigneau; lesquelles rentes, baillées etcheffrentes sus-mentionnées les dits NEDELECet femme promettent et s'obligent de payer àl'avenir pendant qu'ils jouiront des ditshéritages..." La famille NEDELEC tenait aussi à titre deconvenant, sous Cheffontaines, Brénlinou Brasqu'elle affermait, en 1777, 180 livres à ToussaintLe GOUEC et sa femme. Elle possédait encore une maison à Quimper,rue Neuve. Cette maison fut vendue à CorentinMarie Le MOAL, premier huissier visiteur de l'Amirauté de Cornouaille pour la somme de 1800Livres dont 300 furent payées lors de la signaturede l'acte le 19 décembre 1781 et le reste le jourde l'appropriement. Cette maison était grevéed'un impôt de 27 Livres dû au Chapître deQuimper, 3 L. 12 sols à l'aumônerie, 30 sols à lafabrique de Saint-Mathieu. François NEDELEC accorda aussi des prêts,moins élevés que ceux de Tanguy CARADEC,mais cependant conséquents. Nous avons relevéen 1777 un prêt de 300 L. à AnneKERADENNEC, veuve de Jean BERTHOLOM,à Rosnabat; en 1778, un prêt de 600 L. à TristanCORIOU de Ruz Conan en Saint -Gildas. Ilprenait des précautions, car ces prêts étaientassortis de cautions et hypothèques. D'autresprêts furent certainement consentis dans lesannées qui suivirent. Son fils Alain s'engageadans la même voie que ses parents et ses beaux -parents car on le voit prêter en 1790, 2400 L. àCorentin GmI-.LERMOU de Kerdanet enGouesnac’h. Il n’est étonnant qu'il puissedisposer d'une telle somme car le Cosquer étaittoujours au nom de Tanguy CARADEC; il seraitintéressant de connaître l'origine de cetterichesse. On constate une certaine similitudeentre les situations des familles CARADEC et

NEDELEC; ceci explique d'ailleurs le mariaged'Alain et de Catherine, les unions se réalisantgénéralement entre familles de même niveausocial. On relève aussi que ni TanguyCARADEC, ni François NEDELEC et femme nesavaient signer. La possession par les derniersd'une maison à Quimper, ainsi que le choix d'unnotaire quimpérois laissent supposer une certaineouverture qui pourrait expliquer les quelquesnotions de français apprises par les enfants?Le contrat de mariage d'Alain NEDELEC et deCatherine CARADEC fut lui aussi rédigé àQuimper en l'étude de Me. Le BALLENOIS:"L'an 1781, le 27 octobre, devant les soussignésnotaires de la juridiction des Reguaires deQuimper ont comparu François NEDELEC etFrançoise Le NOAC'H sa femme, dûmentautorisée aux fins du présent acte, et AlainNEDELEC leur fils, demeurant ensemble au lieude Kerlevot, paroisse de Pleuven d'une part; etTanguy CARADEC, veuf de CatherineGUIFFANT et Catherine CARADEC sa filledemeurant au lieu du Cosquer, paroisse deFouesnant, d'autre part; lesquels réglant lesconditions du mariage projeté entre les dits AlainNEDELEC et Catherine CARADEC, sanslesquelles il ne serait fait ni accompli, ontconvenu et arrêté que les dits FrançoisNEDELEC et femme s'obligent de donner au ditAlain NEDELEC leur fils, futur fiancé. unesomme de 3.000 Livres en argent ou deshéritages à la convenance, 1aquelle somme seraimmobilisée pour lui tenir lieu de propre et cellede 300 Livres en nature de meubles ou desmeubles à la concurrence de la dite somme de300 Livres, payables le jour de la bénédictionnuptiale; auront cependant les dits F. NEDELECet femme la faculté de payer au dit T.CARADEC père de la dite CatherineCARADEC, future fiancée la dite somme de3.000 Livres immobilisée en deux termes égaux.savoir 1.500 Livres ce jour dans un an et lesautres 1.500 Livres. le même jour, deux ansaprès le premier paiement. S'oblige de sa part ledit T. CARADEC de nourrir et entretenir chezlui les futurs fiancés et leurs enfants, suivant leurétat et condition parce que, bien entendu ilstravailleront pour le profit commun de la maisonainsi que de leur nourrir tant aux champs qu'à lacrèche et à la suite des siens, deux boeufs delabeur et deux bovillons; et au cas où les futursfiancés

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viendraient à se quitter ou lui à les renvoyer dechez lui, il s'oblige pareillement à leur payer à leursortie, en un seul et même paiement, une sommede 3.000 Livres qui sera immobilisée pour tenirlieu de propre à Catherine CARADEC sa fille,soit en argent, actes constituts ou en héritages à laconcurrence de la dite somme de 3.000 Livres, auchoix du dit T. CARADEC, et celle de 300 Livresen matière de meubles payables le jour précédentcelui de la bénédiction nuptiale; s'oblige en outrede rembourser aux futurs fiancés à leur sortie les3.000 Livres du futur fiancé, s'il les a entièrementreçus du dit F. NEDELEC, ou ce qu'il en auraitreçu; les dits F. NEDELEC et femme seront tenusde les payer en entier en un seul et mêmepaiement aux futurs fiancés, ou ce qui leurresterait à acquitter, soit en argent ou en héritages,à la concurrence de la dite somme. Il est convenuqu'en cas de décès sans hoirs de quelqu'un desfuturs fiancés, le remboursement de la dot sera faitcomme en aura été fait le paiement convenu; enfinque les frais du présent acte seront supportés parmoitié par T. CARADEC et F. NEDELEC etfemme. Fait et passé à Quimper en l'étude de soussignéLe BALLENOIS, notaire, sous le seing du ditAlain NEDELEC, futur fiancé, pour son respect,de Claude Jean Le BOT pour CatherineCARADEC, de Benoît Le RUMAIN pour F.NEDELEC, de Alain CAPITAINE pour FrancoiseLe NOAC'H et de Joseph Le ROUX pour T.CARADEC, tous ces derniers ayant déclaré nesavoir signer". On voit d'après ce contrat que les deux famillesse placent sur un pied d'égalité. Nous ne reviendrons pas sur les divers procèsintentés à Alain NEDELEC pour refus d'exercerses fonctions, procès qu'il perdit toujours aveccondamnation aux frais. Mais il nous sembleintéressant de rapporter une des dernièrestentatives effectuées pour l'infléchir, tentativeréalisée en présence des notaires CLORENNEC etPARQUER; elle se place après la décision de troismunicipalités du canton de demander ladestitution d'Alain NEDELEC, début juin 1792;décision qui aurait dû le faire réfléchir. "Nous soussignés Alain CLORENNECdemeurant à Kerguily paroisse de Pleuven, etAlexandre PARQUER, demeurant au bourg deFouesnant, notaires royaux de la ci-devantSénéchaussée de Concarneau, certifions que sur

les réquisitions de Noël CHRISTIEN, filsémancipé de justice de François et de Louise LeCOSQUÉRIC, et de Noël Le GUILLOU soncurateur l'autorisant en tant que besoin. demeuranten la même commensalité au lieu de Kerammas,paroisse de Gouesnac'h, nous nous sommestransportés accompagnés des dits CHRISTIEN etLe GUILlLOU jusque dans la maison de ThomasBOLLORÉ, aubergiste au bourg de Fouesnant, oùy ayant trouvé le nommé Alain NEDELEC, jugede paix du canton de Fouesnant, le ditCHRISTIEN, sous la dite autorité lui a en nosprésences, déclaré que la veille il l'avait requis enprésence de Corentin GUILLOU, du lieu deGosfom et de Jean CORRE, du lieu de Penfrat,paroissiens du dit Gouesnac'h, de lui délivrer undécret de mariage pour épouser MarieBOURGOT, lui ayant offert de produire uneprocuration ad'hoc de ses parents en date du IO duprésent mois, au rapport de CLORENNEC,notaire royal, duement enregistrée à Concarneaule 11juin; mieux, s'il le préférait, de recevoir lui--même la déclaration de ses parents, et que le luiayant refusé, il se trouvait forcé de lui réitérer lamême demande, et sur un second refus, de lesommer par devant notaires de lui délivrer undécret de mariage, lui faisant la même offre que laveille; à quoi le dit NEDELEC a répondu qu'ill'avait réellement requis la veille et fait offre defaire comparaître à son greffe ses parents, commeil le disait, mais que cela était inutile parce qu'iln'agirait point, ni sur réquisition, ni sommation;qu'il s'attendait bien qu'on lui viendrait faire lasommation, ainsi il était demeuré l'attendre, et quesi on voulait lui faire une seconde le lendemain onle trouverait à la grand'messe au bourg, et que s'ilen était sûr il l'attendrait comme il l'avait faitaujourd'hui sans rien craindre puisque toutes cesréquisitions et sommations ne se feraient point àses frais. Sur ce refus, le dit CHRISTIEN l'araisonné de lui délivrer son décret, lui faisant lesmêmes offres que ci-dessus et lui déclarant qu'il lepoursuivrait en paiement de tous les frais,dommages et intérêts occasionnés par ses refus.Le dit NEDELEC, plus résolu que jamais, lui arépondu qu'il ne lui délivrerait rien, non plus qu'àd'autres et qu'il faisait fi des menaces de paiementdes frais. En conséquence, l’avons interpellé designer son refus et a répondu négativement

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l’avons prié d’attendre une expédition dela présente sommation et nous a répliquéavec son air d'indifférence qu'il serait asseztôt de la voir quand on la lui porterait parhuissier. De tout quoi, le dit CHRISTIENsous la dite autorité nous a requis acte, seréservant tous droits et actions envers le ditNEDELEC, ce que lui avons rapporté à luivaloir et servir ainsi qu'il sera vuappartenir. Fait et rapporté sur les lieux, sous nosseings, les dits CHRISTIEN et LeGillLLOU ayant déclaré ne savoir signer.Signé: PARQUER et CLORENNEC.

Le lendemain 13 juin la municipalité deFouesnant se réunissait dans la salle hautede la sacristie de Sainte Anne et décidait àla majorité de demander la destitutiond'Alain NEDELEC. Lui qui avait au départ la confiance detoute la population, comment a-t-il purefuser à de jeunes paysans ce simpledécret de mariage et leur éviter ainsi lesfrais d'appel aux gens de la ville", qu'iln'appréciait guère? Il n'était pas sans savoir

que dans les cantons voisins la justice depaix fonctionnait sans problèmes et qu'illui suffisait, à lui aussi, d'appliquer la loiqu'il était chargé de défendre. Le chanoine PEYRON qui a bienétudié la question et dont l'ouvrage nousparaît complet et impartial reste perplexedevant le comportement du personnage etles motivations qui ont pu le conduire àpersévérer dans une voie sans issue.Comme le reconnaissent la plupart de ceuxqui se sont penchés sur 1'affaireNEDELEC, il fut un homme seulabandonné par toute sa troupe dès lapremière escarmouche; il sera même arrêtépar ces paysans qu'il avait subjuguésdurant des mois, et sa reddition est la tristefin de sa tragique aventure. Pendant des décennies, on a évité àFouesnant d'évoquer le nom d'AlainNEDELEC, personnage énigmatique, auxmotivations mystérieuses. Faut-ilaujourd'hui où l'on prétend le tirer del'oubli en faire un héros ?

Jean Le FOLL.

Petit escalier de pierre menant à ce quefut, selon certains, le bureau d’AlainNEDELEC, au-dessus de la grange.

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