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54

sommaire

introduction

1. ÉDITORIAUX

2. Le DISPOSITIF des rencontres

3. À VOUS LA PAROLE !

1. NOTRE TéLéVISION PUBLIQUE : UN BIEN COMMUN, UN MOYEN D’AGIR

1.1 la télévision :un outil pour agir

1.2 INTERVENTION DES TÉLÉSPECTATEURS DANS LEUR TÉLÉVISION

1.3 FAIRE ET CRÉER LE LIEN SOCIAL

2. LE SERVICE PUBLIC : UNE AUTRE INFORMATION2.1. L’INDÉPENDANCE ET LA FIABILITÉ

2.2 UNE AUTRE HIÉRARCHIE POUR L’INFORMATION

2.3 FAIRE DE L’INFORMATION EN CONTINU UN ATOUT

2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLÉMENTARITÉ

2.5 DES MAGAZINES PLURALISTES ET DE PROXIMITÉ

2.6 La Guadeloupe et l’information

3. NOTRE TÉLÉVISION : POUR GRANDIR ENSEMBLE

3.1 DÉCOUVRIR DES MODÈLES

3.2 TRANSMETTRE DES VALEURS

3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

FRANCE TÉLÉVISIONS DEMAIN1. l’enjeu de la symétrie et de l’interactivité

2. l’enjeu de la proximité des territoires et de la visibilité

3. l’enjeu de l’exigence collective et de la qualité partagée

4. l’enjeu de la dynamique et de la positivité

POursuivons le dialogue

70

30

4

16

6. RACONTER LE SPORT POUR TOUS6.1 LE SPORT ET LE SERVICE PUBLIC : GRATUITÉ, QUALITÉ ET EXPERTISE

6.2. LE SPORT COMME RÉCIT COLLECTIF

6.3 LE SPORT ET SES VALEURS

6.4 « VOIR LES À-COTÉS » : USAGES DIGITAUX DES PROGRAMMES SPORTIFS

7. NOTRE TÉLÉVISION DIGITALE : UNE AUTRE MANIÈRE DE LA REGARDER7.1 LE MULTISUPPORT

7.2 INTÉGRER LE MONDE DIGITAL

7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

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1224. LA RICHESSE DOCUMENTAIRE

4.1 LA DÉCOUVERTE Du genre4.2 NOUVELLE VALORISATION DOCUMENTAIRE DE FRANCE TÉLÉVISIONS

4.3 UN FORMAT EXIGEANT À LA PORTÉE DU PUBLIC

5. NOTRE TÉLÉVISION : INCARNER UNE FRANCE PLURIELLE

5.1 REPRÉSENTER LA FRANCE DIVERSE

5.2 INTÉGRER LA DIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ

5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE DE PROXIMITÉ »

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908. LA FICTION, ENTRE ÉVASION ET MISE EN SCÈNE DU RÉEL8.1 S’ÉVADER AU QUOTIDIEN : L’APPEL DE LA COMÉDIE

8.2 PLURALITÉ DE LA FICTION, DIVERSITÉ DANS LA FICTION

8.3 UNE FICTION AU SERVICE DE L’ACTION

8.4 LA PLACE DE LA CRÉATION DANS LE SERVICE PUBLIC

9. MA TÉLÉVISION COMME ESPACE DÉMOCRATIQUE : LES ÉLUS ET FRANCE TÉLÉVISIONS9.1 ÉLUS LOCAUX ET TÉLÉVISION PUBLIQUE : DES ENJEUX COMMUNS DE RENFORCEMENT DU LIEN SOCIAL

9.2 DEUX DEMANDES UNANIMES : DAVANTAGE D’INITIATIVES POSITIVES, DAVANTAGE DE PROXIMITÉ

9.3 Élus locaux et France télévisions : ÉDUQUER ENSEMBLE À LA CITOYENNETÉ

186

168

200

76

et téléspectateurs, que notre fonction est de leur proposer les programmes qui les reflètent, leur plaisent, les questionnent et les enrichissent.

Dans un paysage médiatique bouleversé par le numérique, nous avons le devoir d’évoluer, de nous adapter, au plus près des usages et des attentes. La télévision a longtemps été conçue comme un diffuseur face à un public plutôt passif. À l’heure du numérique, de la télévision à la carte et des réseaux sociaux, nous nous devons de nous rapprocher des publics, de les écouter en permanence. Plus de deux mille personnes ont ainsi été les acteurs de ces Rencontres, qui ont simultanément donné lieu à près d’un million de participations via les réseaux sociaux.

Nous avons ce devoir de nous adapter aussi parce que la télévision de service public pose aujourd’hui une question essentielle,

celle du collectif et du lien. Elle contribue au rassemblement, contre les risques de fragmentation de la société. Elle est un repère dans un monde qui favorise l’émotion et l’immédiateté, au détriment de l’explication et de l’analyse. Une télévision publique de qualité est indispensable dans une société démocratique, et je crois à une télévision publique responsable, indépendante, créative. Je crois à cette télévision publique qui en appelle à la mobilisation et à l’intelligence des publics. Elle a le sens du collectif et participe à la mobilisation citoyenne. Elle est celle que nous bâtissons chaque jour avec et pour les téléspectatrices et téléspectateurs. Avec en tête une question permanente : comment faire en sorte, à notre niveau, que notre société aille mieux ?

Je souhaite ici remercier sincèrement les participants qui ont fait exister ces Rencontres. Téléspectatrices, téléspectateurs, élu.e.s de

DELPHINE ERNOTTE CUNCIPRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE DE FRANCE TÉLÉVISIONS

introduction 1. éditoriaux

Vous avez entre les mains le Livre blanc des Rencontres Téléspectateurs de France Télévisions. Ce document est le fruit d’un dialogue avec les publics qui nous a menés partout en France, en métropole et en Outre-mer – nous, professionnels de France Télévisions. Exercice inédit par son ampleur, les Rencontres

ont été l’occasion d’échanges parfois vifs, toujours sincères, constructifs, sur ce qu’est

la télévision publique en France aujourd’hui, sur ce que les téléspectatrices et téléspectateurs en

attendent, sur ce qu’elle pourrait être demain.Ces Rencontres sont nées d’une conviction forte, celle

que la télévision publique appartient aux téléspectatrices

98

introduction 1. éditoriaux

la République, partenaires, personnalités issues du monde du sport, de la culture ou des associations, partenaires de France Télévisions : tous ont su nous questionner, parfois nous critiquer, proposer, inventer, et nous dire leur attachement à une certaine idée, à une certaine réalité aussi, de la télévision publique française. Parfois avec assurance, souvent avec émotion, toujours avec conviction.

Soyez certains de notre sincérité, de l’intérêt que nous portons à ce que nous avons recueilli, de notre volonté de nous en inspirer pour continuer de travailler. Ce Livre blanc en atteste. Il est un point d’étape vers la télévision publique de demain. Bonne lecture à tous.

JEAN-PAUL DELEVOYEPARRAIN DE CES RENCONTRES, ANCIEN MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE

ET EX-PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL

1110

Instabilité à tous les étages. C’est le moment où nous devons, nous et la nation, interroger la plus-value de la télévision publique non en tant que pouvoir mais en tant que mission pour réveiller la citoyenneté, restaurer le et la politique, distraire, cultiver, informer, expliquer, éduquer et valoriser.

Delphine Ernotte a su mobiliser ses équipes locales et nationales pour aller à la rencontre physique des téléspectateurs. Des moments d’écoute et d’échanges permettant de bâtir un lien plus étroit encore entre vous, spectateurs et citoyens, et votre télévision publique.

J’ai accepté, à sa demande, d’être le parrain des agoras. J’ai pu mesurer la passion que vous nourrissez pour votre télévision publique, vos attentes, vos exigences, votre soif de reconnaissance territoriale et votre appétence

pour les bonnes nouvelles, mais surtout votre confiance.

Convaincu depuis longtemps de l’importance de l’intelligence collective, je suis sûr que Delphine Ernotte a engagé un mouvement irréversible et puissant. Aujourd’hui, ce Livre blanc relate vos réflexions. Demain, sur le terrain, les réseaux locaux et nationaux s’impliqueront pour la démocratie délibérative afin que, de spectateurs passifs, vous deveniez acteurs et constructeurs de notre futur.

Merci pour votre engagement, votre sincérité et votre passion pour la France et sa télévision publique.

« Il y a des moments dans l’histoire où la foule écrase le peuple », avertissait Victor Hugo. Nous vivons une période de tous les dangers et de toutes les espérances : la pauvreté mondiale recule mais la misère locale augmente ; la technologie repousse les limites du possible mais nous fait toucher le terrifiant ; les sources d’information explosent faisant disparaître nos

convictions sous le poids des émotions.

La course à l’audimat pousse tous les acteurs de l’audiovisuel à la séduction du téléspectateur et à

vivre l’angoisse de la zapette.

introduction 1. éditoriaux

1312

introduction 2. LE DISPOSITIF des rencontres

De décembre 2016 à avril 2017, France Télévisions a mis en place un large dialogue avec ses publics pour connaître leurs attentes. Le groupe souhaite prendre en compte leur parole pour continuer à faire évoluer ses programmes, son identité, ses spécificités. Ces Rencontres viennent compléter des dis-positifs existants : le Conseil consultatif des programmes réunit une trentaine de télés-pectateurs autour de la définition de l’offre de France Télévisions, les médiateurs, pour les programmes et l’information de France 2 et France  3, les services des Relations avec les téléspectateurs des chaînes, leclub francetv, les dis-positifs participatifs digitaux de France Télévisions sont autant d’instances déjà engagées dans les échanges au quotidien avec les téléspectateurs. Les Rencontres Téléspectateurs ont pris la forme d’agoras, de tables rondes et d’ateliers de création, réunissant au total plus de 1 600 participants.

x8 AGORAS

Présidente-directrice générale

Les AGORASDe grands débats publics entre les téléspectateurs de France Télévisions et ses dirigeants, en présence de personnalités partenaires de France Télévisions150 à 200 téléspectateurs

Au nombre de 8, les agoras réunissent en une vaste assemblée les principaux dirigeants du groupe France Télévisions, dont sa présidente, Delphine Ernotte Cunci, des citoyens téléspectateurs et des personnalités issues du monde de la culture, du sport…À travers de grandes thématiques liées à différents types de programmes (information, divertissement, fiction, magazines, documentaire), chacun peut faire entendre son avis et échanger sur l’identité et l’avenir de la télévision publique.

• Paris 06.12.2016 • Strasbourg 17.01.2107 • Paris (élus locaux) 21.02.2017 • La Réunion 24.02.2017 • Marseille 01.03.2017 • Angers 16.03.2017 • Lyon 21.03.2017 • La courneuve 20.04.17

Agoras

La Réunion Nouvelle- Calédonie

Guadeloupe

Tables rondes

Ateliers de création

1514

introduction 2. LE DISPOSITIF des rencontres

les TABLES RONDEs Des échanges thématiques entre téléspectateurs et professionnels de la télévision publique (collaborateurs et producteurs partenaires de France Télévisions)20 à 25 téléspectateurs

Réparties partout en France, les tables rondes réunissent 20 à 25 téléspectateurs éclairés et impliqués, des professionnels qui produisent du contenu pour France Télévisions et des représentants du groupe lui-même. Elles offrent un dialogue à trois pour réfléchir ensemble à différentes grandes théma-tiques (une par table ronde) concernant l’offre télévisuelle du service public.

• Marseille 30.11.2016 / Fiction • Lyon 15.12.2016 / Information • Issy-Les-Moulineaux 02.12.2016 / documentaire • Lille 19.01.2017 / Magazines • Limoges 02.02.2017 / Magazines • Bordeaux 06.02.2017 / Magazines • Dijon 16.02.2017 / Information • Nouméa 22.02.2017 / Documentaire • Orléans 25.03.2017 / Culture • Toulouse 29.03.2017 / Information • Nancy 04.04.2017 / Fiction

fiction

documentaire

magazines

culture

info x11 tables rondes

• 1 million de vues pour les vidéos des rencontres • 5 000 commentaires • + de 24 heures de diffusion en direct

et sur les réseaux sociaux

ateliers de créationx4

les ATELIERS DE CRÉATION Des groupes d’échanges et de réflexions pour inventer la télévision de demainEnviron 50 téléspectateurs

Les ateliers sont l’occasion pour une cinquantaine de téléspectateurs d’échanger en profondeur et de manière dynamique avec des professionnels de France Télévisions (responsables d’unité, conseillers de programmes). Chaque atelier de création approfondit une thématique de l’offre de France Télévisions. Le format de ces dialogues créatifs permet au public et aux professionnels de réfléchir ensemble et, au-delà du débat, de formuler de véritables propositions.

• Toulon 14.01.2017 / Sport • Trouville 11.03.2017 / Fiction • La Rochelle 13.03.2017 / Documentaire • Pointe-à-Pitre 03.04.2017 / Information

1716 17

introduction 3. à vous la parole !

Les pages qui vont suivre sont le fruit de nom-breuses Rencontres avec les téléspectateurs. Si elles n’apparaissent pas toutes ici, elles ont toutes été prises en compte. Traitant à la fois des grands genres de la télévision – le sport, l’information, les magazines, le documentaire et la fiction –, les Rencontres ont aussi permis de mettre en évi-dence le rôle de la télévision publique dans d’autres domaines.

Ainsi, la place de France Télévisions dans la vie démo cratique, la construction du lien social ou encore l’acquisition de connaissances nouvelles ont été abordées, de même que son rôle dans la représentation de la pluralité de la France. Nous avons souhaité laisser la plus grande place aux in-terventions du public venu en nombre lors de ces Rencontres et les mettre en regard avec l’interven-tion de personnalités de la société civile. Comme vous pourrez le constater au long de sa lecture, ce livre est le début d’un nouveau dialogue entre France Télévisions et son public.

À vous la parole !

1918

1. NOTRE TÉLÉVISION PUBLIQUE :UN BIEN COMMUN, UN MOYEN D’AGIR

Il trouve aussi son origine dans le fait que cette télévision pu-blique est en réalité un bien commun. Comme outil collectif appartenant à chacun, avec pour mission d’être utile à tous, France Télévisions apparaît comme un bien commun pré-cieux, qu’il est nécessaire de préserver et de défendre. Le pu-blic a montré, tout au long de ces Rencontres, sa très grande connaissance de la télévision publique. Il a également ma-nifesté l’attente que cette dernière fasse valoir sa différence et exprimé un changement profond dans son rapport per-sonnel et collectif avec elle. Plus question de se contenter de rester passivement devant l’écran : regarder la télévision doit déboucher sur des pratiques concrètes. En effet, nombre de téléspectatrices et téléspectateurs souhaitent que la télévi-sion publique soit un instrument au service de leur capacité

d’action. Elle doit fournir des outils, des informations, des es-paces et des moyens pour agir au quotidien, concrètement. Dorénavant, le public réclame une dimension supplémentaire dans son rapport à France Télévisions : un moyen d’agir. La notion de « téléspect’acteur » est d’ailleurs utilisée par cer-taines des personnes présentes pour illustrer et renforcer leur demande de prise en considération et d’implication. Cela re-vient finalement à aménager des espaces d’interventions au sein des programmes et imaginer des contenus permettant un rapprochement entre les actrices et les acteurs de la té-lévision et leur public. Finalement, une telle demande va dans le sens d’un attachement fort du public à la télévision, en ce qu’elle se présente comme un outil permettant de mettre en commun et de créer du lien.

L’attachement profond dont le public témoigne envers France

Télévisions n’est pas seulement dû à des habitudes de consom-

mation ou une affection réelle pour celles et ceux qui la représentent.

2120

1.1 la télévision : un outil pour agir

« Je vous donne mon sentiment, en tant que téléspectateur : je ne veux plus être uniquement un téléspectateur, mais aussi un téléacteur. »

témoignage17|01|17 strasbourg

abdel

« Vous avez envie de donner plus de visibilité à la diversité, mais on attend plus d’actes, plus d’engagements. Voilà pourquoi on a monté un nouveau média : Sp3ak3r. On anime des ateliers, on fait venir des jeunes, on parle du quotidien dans les quartiers de Strasbourg. On tente de susciter des vocations. On serait content de collaborer avec vous pour mener des actions concrètes sur le terrain et établir des ponts avec des populations qui n’ont pas trop l’habitude de parler aux médias. »

témoignage17|01|17 strasbourg

Younès

LES PROGRAMMES PROPOSÉS PAR FRANCE

TÉLÉVISIONS PEUVENT NON SEULEMENT

SUSCITER DES ENVIES MAIS ÉGALEMENT FOURNIR

AUX TÉLÉSPECTATEURS DES INFORMATIONS ET

DES OUTILS QUI LEUR PERMETTENT PAR LA SUITE

D’AGIR AU QUOTIDIEN ET CONCRÈTEMENT.

AU-DELÀ DU VOIR, ON PEUT TROUVER DU FAIRE. CELA

IMPLIQUE NOTAMMENT DE POURSUIVRE, SUR LE

TERRAIN, DES INITIATIVES OU DES PROJETS INITIÉS

À LA TÉLÉVISION, OU À INCLURE FRANCE

TÉLÉVISIONS DANS DES DÉMARCHES ET DES

INITIATIVES LOCALES.

Le public : acteur de la télévision

Les téléspectateurs demandent donc à ce que soient trouvées des modali-tés qui permettent d’intégrer leur volon-té d’agir dans les dispositifs de France Télévisions. La division entre l’espace de diffusion et celui du public semble dé-sormais caduque. Il s’agit de penser les liens possibles entre l’action quotidienne et les programmes diffusés.

2322

1.1 la télévision : un outil pour agir

« Je suis très intéressée par ce que diffuse France Télévisions. Je ne suis pas une grande consommatrice, mais je sélectionne mes programmes. Ces dernières années, vous avez pris conscience du client, du consommateur-acteur. Vous ne pouvez plus occulter ce qui se passe au sein de la société. France Télévisions doit en être le reflet. »

témoignage06|12|16 paris

Rachida

« C’est probablement l’une des demandes majeures dans le monde tel qu’il se dessine aujourd’hui. Il y a une volonté, une envie de partager l’écran entre ceux qui regardent et ceux qui font. Cette demande de partage vient probablement du monde numérique qui fonctionne sur ce principe. On se rend compte que les gens ont envie que la télévision fonctionne un peu comme cela. Ça nous pose à nous la question quotidienne de la représentation du public. On sent bien cette volonté et on va traiter cette problématique. »

17|01|17 strasbourg

Xavier Couturedirecteur général délégué en charge de la stratégie et des programmes de France Télévisions

« Malheureusement, il y a beaucoup de choses dans Marseille qui n’avancent pas, faute d’intérêt. Je pense que la télévision subit une perte de crédibilité, notamment parmi les jeunes. Certains ne croient plus en ce que leur raconte la télévision. Je pense qu’il va falloir passer à une phase de co-construction dans l’information, avec une télé participative. »

témoignage01|03|17 marseille

Joël

« Je voulais savoir si la démarche que vous entreprenez aujourd’hui s’inscrit dans une logique plus globale et sur le long terme.

Peut-être allez-vous créer des panels favorisant l’interactivité avec le public pour que ce dernier puisse donner son avis sur les programmes et la façon dont ils peuvent évoluer ? En tout cas, merci de me permettre aujourd’hui d’être “téléactrice” et non plus seulement téléspectatrice ».

témoignage06|12|16 paris

Barbara

« On fait partie de l’entreprise en payant la redevance. Il faut que France Télévisions fasse passer ce message : “C’est votre chaîne, c’est pour vous, dites-nous ce que vous pensez.” »

témoignage06|12|16 paris

Téléspectateur

« Cette démarche des Rencontres Téléspectateurs, ce n’est pas une fois comme ça et puis on passe ! D’abord, nous avons des dispositifs qui nous permettent de travailler avec un groupe d’une trentaine de téléspectateurs chaque année. Pendant un an, nous travaillons ensemble sur des axes particuliers, nous approfondissons des thématiques. Puis, il y a aussi les émissions de Marie-Laure Augry qui donnent la parole aux téléspectateurs... Mais au-delà de ça, c’est le dialogue direct qui va nous nourrir de manière beaucoup plus affective et plus humaine, et je pense que c’est nécessaire. On va faire notre miel de tous ces échanges et trouver un moyen de poursuivre cette conversation. L’idée, c’est que ce dialogue et cette conversation ne soient pas interrompus et qu’ils se poursuivent dans le temps avec éventuellement d’autres modalités. »

réponse

Delphine Ernotte Cunciprésidente-directrice générale de France Télévisions

Pérenniser le dialogue avec les téléspectateurs

En donnant régulièrement leur avis, les téléspectateurs entendent continuer le dialogue et participer au quotidien à l’orientation de France Télévisions. Il n’est pas question pour eux de limiter les échanges à des interventions ponc-tuelles, même si elles sont aussi positives que les Rencontres Téléspectateurs. Le dialogue ne doit pas non plus se limiter aux interventions pendant les émissions. Il doit être permanent et conduire à la mise en place de dispositifs permettant une plus grande réactivité des téléspec-tateurs vis-à-vis de la télévision publique.

« N’y a-t-il pas des moyens plus “permanents” de consulter le public que ces Rencontres d’aujourd’hui ? Est-ce que vous imaginez un conseil des spectateurs ? »

témoignage01|03|17 marseille

michel

2524

1.2 INTERVENTION DES TÉLÉSPECTATEURS DANS LEUR TÉLÉVISION

« Si on n’est pas un député ou une star, on a très peu de chance de participer à une émission. »

témoignage06|12|16 paris

abdel

QUELS QUE SOIENT LEUR ÂGE, LEUR GENRE OU

LEUR ORIGINE SOCIALE, LES TÉLÉSPECTATEURS

PRESCRIVENT DES FORMES DIFFÉRENTES

DE PARTICIPATION AU CONTENU. CETTE DEMANDE,

FAVORISÉE PAR L’ÉVOLUTION DES PRATIQUES

NUMÉRIQUES QUI PERMETTENT D’INTERVENIR

DIRECTEMENT, N’EST PAS SEULEMENT

LE REFLET DE L’INFLUENCE DES RÉSEAUX SOCIAUX.

IL S’AGIT AUSSI D’UNE DEMANDE D’HORIZONTALITÉ

DANS LES PRATIQUES CITOYENNES QUOTIDIENNES

DES TÉLÉSPECTATEURS QUI NE SE SATISFONT PLUS D’UN SYSTÈME MÉDIATIQUE

TROP HIÉRARCHIQUE ET VERTICAL.

Une nouvelle place pour le public dans les émissions

Les téléspectateurs souhaitent le retour d’émissions favorisant l’in-tervention du public, notamment par l’intermédiaire des réseaux sociaux ou du téléphone (appels ou messagerie). Le but est de voir son avis pris en compte, son commentaire exprimé et, éven-tuellement, de pouvoir interpel-ler des participants. Ainsi, la pre-mière intervention d’un téléspecta-teur lors de l’agora de Paris, qui a inauguré le cycle des Rencontres Téléspectateurs, était consacrée à l’idée de programmer à nou-veau des émissions qui mettent en scène la parole du public : « On a besoin de plus d’émissions où des téléspectateurs interviennent. » Par ailleurs, les téléspectateurs ré-unis à Limoges ont exprimé leur attachement à l’émission 9h50 le matin, au cours de laquelle il est possible d’appeler le standard et d’intervenir à l’antenne.

Une nouvelle place pour le public dans les débats et les contenus

La présence du public peut aussi prendre la forme d’une participation di-recte aux sujets abordés. L’idée est de confronter l’expertise, la connaissance et l’intérêt des téléspectateurs à ceux des personnalités en établissant un dia-logue. Par ailleurs, les téléspectateurs proposent l’intégration, dans les pro-grammes de France Télévisions, de contenus directement produits par le pu-blic lui-même, comme le suggère un té-léspectateur présent à Paris : « Je pense que le succès d’Internet, des réseaux sociaux, de YouTube ou de Twitter, c’est qu’on peut se dire qu’on est acteur : on peut envoyer un message ou répondre à tel sportif ou homme politique. C’est bien d’avoir la possibilité de partager un autre regard que celui des experts ou des élites en tout genre. Il faut donc imaginer de nouvelles manières de faire. Par exemple, on pourrait faire in-tervenir des sportifs amateurs dans les commentaires... »

« N’y aurait-il pas moyen d’organiser des rencontres entre les philosophes “de Paris”, comme Michel Onfray ou Alain Finkielkraut, et les citoyens de nos régions ? Moi qui n’ai pas eu la chance de beaucoup aller à l’école, j’écoute maintenant ces philosophes qui me donnent envie de lire. Ce serait intéressant de discuter en régions avec ces penseurs et qu’ils cessent leurs débats entre eux. »

témoignage19|01|17 lille

lionel

Comme partenaire, quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions, sur ses spécificités au sein du paysage audiovisuel français ?L’École Miroir est partenaire du groupe France Télévisions dans le cadre du programme Miroir Citoyen et des master class sur les métiers de l’audiovisuel. L’engagement de France Télévisions à nos côtés démontre à la fois que la citoyenneté et la création d’un lien solide et pérenne avec la jeunesse de notre société sont indispensables à son développement. Aujourd’hui, nous constatons que le groupe France Télévisions est davantage ouvert sur le réel. L’existence de la chaîne publique d’information en continu en est la preuve. Sa rédaction reflète et raconte la réalité de la société française actuelle (intergénérationnelle, paritaire et diverse). Côté fiction, cinéma et théâtre, nous œuvrons sur des actions ponctuelles avec le groupe, afin de faire évoluer les mentalités dans l’industrie du cinéma par la promotion de l’ensemble des talents français au service d’une plus large créativité. La société française a cela de particulier qu’elle est diverse et multiple, c’est notamment pour la promouvoir que nous œuvrons avec le groupe.

Qu’attendez-vous de la télévision publique de demain dans son rapport à la société ? Quels sont, à vos yeux, ses grands enjeux ?La télévision publique de demain se doit d’être connec-tée, innovante, flexible, paritaire, représentative et fran-cophone, afin d’évoluer avec la société pour se challen-ger notamment à l’international avec les meilleurs atouts.

Connectée, car la société est ultraconnectée. Il devient impensable de réfléchir à demain sans prendre en compte l’importance de la stratégie en 360° sur tous les plans.Innovante, en créant davantage de ponts avec les écoles, les centres et les organismes de formation en lien avec les métiers du groupe, afin de créer des « ruches » de développement. Il est également impen-sable d’imaginer demain sans prendre en considéra-tion la jeunesse et l’écosystème de la formation et de l’apprentissage.Flexible, car le digital et l’innovation impliquent naturel-lement la flexibilité. Paritaire : une entreprise qui ambitionne un développe-ment sur le long terme réussit si la parité est une priorité.Représentative : le groupe télévisuel public France Té-lévisions se doit de ressembler au mieux à sa société (dans les métiers exposés et de l’ombre) afin d’être en cohérence notamment avec les enjeux dits de « ser-vice public ». Francophone : 274 millions de personnes parlent la langue française sur la planète. La télévision de demain doit absolument mettre la francophonie au cœur de sa stratégie afin de remporter le challenge international.La télévision de service public de demain a tout intérêt à se considérer comme une véritable entreprise de médias. Le service public doit davantage capitaliser sur ses talents et succès en France et à l’international.

Dans un monde marqué par une démultiplication de l’offre et par la fragmentation des audiences, le service public se doit plus que jamais de rester une plateforme de diffusion puissante mais exigeante quant à la qualité de son offre, fédératrice mais capable dans le même temps de s’adresser à la diversité de ses publics, inno-vante sans oublier d’être le reflet de notre société et de ses débats.

Le service public a toujours entretenu une relation es-sentielle et privilégiée avec la création française. Par l’ampleur de son financement, mais aussi et surtout par son rôle d’impulsion, par sa capacité à prendre des risques, à donner le tempo… À chaque fois que France Télévisions a abandonné l’impérieuse nécessité de ce leadership, la création française a traversé de graves crises.

Après des années de restrictions sur les programmes, le Plan Création annoncé par Delphine Ernotte Cunci marque une rupture. Sur le plan financier, mais aussi par sa volonté d’augmenter le volume de production, de diversifier les cases, les genres. Face aux boulever-sements induits par le numérique, une augmentation importante de notre volume de production est une condition essentielle au rayonnement de la création française dans le monde.

Cette impulsion devra être accompagnée dans les pro-chains mois par une réforme ambitieuse de la rede-vance en asseyant sa collecte sur tous les écrans qui permettent d’avoir accès à l’offre de programmes du groupe. Cela permettrait d’assurer l’indépendance fi-nancière de France Télévisions et d’accompagner la transition vers le digital.

Loin d’être un danger, le numérique est une chance pour le service public qui lui permettra de satisfaire plei-nement la diversité de ses missions. Celle-ci doit être saisie avec conviction et sans appréhension. Elle per-mettra au service public français de réaffirmer son rôle essentiel auprès de ses publics et de la création fran-çaise.

CATHERINE JEAN-JOSEPH SENTUCPRÉSIDENTE ET COFONDATRICE DE L’ASSOCIATION MIROIR

THOMAS ANARGYROSPRODUCTEUR DE TÉLÉVISION CHEZ EUROPACORP TELEVISION

la parole aux partenaires

26 27

2928

1.3 FAIRE ET CRÉER LE LIEN SOCIAL

« Il faut plus de magazines pour les enfants. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à en trouver, et il faut que je visionne les magazines avant pour m’assurer que cela correspond. »

témoignage19|01|17 lille

magalie

L’UNE DES FACES DE L’IDENTITÉ DE FRANCE

TÉLÉVISIONS, EN TANT QUE TÉLÉVISION DE SERVICE PUBLIC, REPOSE SUR LE

FAIT QU’ELLE EST UN BIEN COMMUN À L’ENSEMBLE

DE SON PUBLIC. COMME LE RÉPÈTENT RÉGULIÈREMENT LES

TÉLÉSPECTATEURS AU COURS DES RENCONTRES,

FRANCE TÉLÉVISIONS, C’EST « NOTRE

TÉLÉVISION » COMMUNE.

Multiplicité des publics, multiplicité des programmes

Dans tous leurs discours, les téléspec-tateurs expriment leur attachement à la pluralité du service public. Au-delà du souhait de mettre en avant les pro-grammes qui leur conviennent, ils de-mandent à ce que la pluralité de ces der-niers soit préservée. Mais cette richesse des programmes correspond aussi à une exigence, celle de voir tous les pu-blics représentés et écoutés de la même manière.

Se rassembler et échanger par la télévision

Regarder la télévision ensemble, c’est aussi donner corps au public et partici-per à un collectif qui nous dépasse. En cela, la télévision est un bien commun parce qu’elle participe à la constitution de liens symboliques entre les différents spectateurs. Partager une télévision et des valeurs associées est aussi un élément rassu-rant pour les téléspectateurs. C’est pour cela qu’ils continuent à regarder en-semble la télévision à des moments où ils savent qu’ils peuvent « faire groupe ».

3130

« Le rôle du documentaire, c’est d’ouvrir une fenêtre et de creuser un sillon. À nous, ensuite, d’y aller. On nous emmène sur un lieu, on nous invite à aller à la rencontre des gens, et c’est à nous de poursuivre. »

« Il faut plus de documentaires qui contribuent à combattre les préjugés et qui favorisent le débat et l’action politique. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

farida

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

samir

Animer le débat collectif / France Télévisions, acteur démocratique

Poser les cadres du débat, contribuer à le définir et l’animer, ce n’est pas donner des réponses toutes faites, mais bien des outils pour créer un dialogue. La mise en débat des sujets contemporains per-met de faire naître, chez le public, le sentiment de faire partie d’un collectif. La télévision publique a un rôle important à jouer : en don-nant de la place aux débats portant sur tous les sujets contempo-rains, en intervenant dans les écoles, en collaborant avec d’autres acteurs qui créent du collectif, France Télévisions apparaît comme un acteur important de la démocratie et de la vie collective.

pour résumerLe public de France Télévisions est très attentif au bien commun que constitue le service public télévisuel. Il existe un réel attachement à la dimension collective de la télévision, qui se doit d’être un lien entre les téléspectateurs de tous hori-zons et de toutes générations, et de faire groupe avec la richesse et la diversité de son public. C’est donc une dimension in-clusive de la télévision qui est ici mise en avant. Le public veut pouvoir non seule-ment intervenir dans sa télévision, ses émissions, ses contenus, ses projets, mais aussi intervenir par la télévision.

Cette dernière devient alors un outil et un support au service d’une action quo-tidienne et locale. Permettre aux télé-spectateurs d’entrer dans l’action dans et par leur télévision, c’est l’enjeu de la télévision publique de demain. Il faut pour cela qu’elle se rapproche de son public, qu’elle persévère dans son atten-tion à le représenter complètement et à donner la parole et une audience aux ini-tiatives nombreuses qui font la richesse et l’engagement de celles et ceux qui la regardent.

« Moi, je fais aussi partie du service public et je suis contente de pouvoir me raccrocher à quelque chose qui me semble encore exister, encore fiable, avec des gens qui y croient. »

témoignage29|03|17 toulouse

lydie« La mission du service public, c’est de produire une télévision pour tout le monde. Dans une période de montée du populisme, ça fait du bien de se retrouver autour d’un bien commun. »

« L’importance d’une diffusion en direct, c’est de savoir que d’autres regardent aussi, que l’on forme une communauté à un moment donné, rassemblée autour d’un programme. »

témoignage06|12|16 paris

téléspectateur

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

téléspectateur

témoignage06|12|16 paris

barbara« Notre famille regarde beaucoup la télévision. Mon fils de 12 ans et ma fille de 16 ans regardent des émissions comme celles de Stéphane Bern.Toute la famille se réunit et se rassemble autour de Fais pas ci, fais pas ça, on adore tous cette série, et aussi autour de Parents, mode d’emploi.

Concernant les jeunes, c’est avant tout une question de contenus. Et je trouve un peu dommage que la télévision publique ne s’intéresse pas assez au créneau des ados / jeunes adultes. Là, il y a vraiment un énorme travail à faire. »

1.3 FAIRE ET CRÉER LE LIEN SOCIAL

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2. LE SERVICE PUBLIC :UNE AUTRE INFORMATION

Tout d’abord, il s’agit de maintenir et d’approfondir une cer-taine confiance qui existe dans la fiabilité et l’impartialité des rédactions en charge de l’information à France Télévisions. Les téléspectatrices et les téléspectateurs sont exigeants vis-à-vis du service public. Il s’agit aussi de proposer une autre in-formation, qui ne soit pas strictement événementielle ou sen-sationnelle, mais qui s’attache à traiter de multiples sujets en allant au fond des problèmes, en faisant preuve de pédagogie. Cela passe notamment par une pratique différente de celles des concurrents, notamment en termes d’information conti-nue, qui ne doit pas être synonyme de répétition et de super-

ficialité. Une telle exigence touche également les magazines dédiés à l’information, que le public conçoit à la fois comme pluralistes dans les sujets et les angles, et proposant un trai-tement de l’information par la proximité sociale et géogra-phique vis-à-vis des téléspectatrices et des téléspectateurs. Enfin, le public de France Télévisions est attaché à prendre en compte et anticiper les changements dans le traitement de l’information qui résulte de l’influence de plus en plus grande de la dimension digitale. C’est une offre nouvelle, plus étoffée, complémentaire de la télévision, mais toujours différente et exigeante qu’atten dent les téléspectateurs.

Qu’elle soit présente dans les journaux télévisés, au sein de magazines

spécialisés ou par le biais de la nouvelle chaîne dédiée, franceinfo, l’offre

d’infor mation a été l’objet de nombreux débats desquels est ressortie

une exigence forte de la part du public vis-à-vis de sa télévision publique.

2. LE SERVICE PUBLIC :2. LE SERVICE PUBLIC :2. LE SERVICE PUBLIC :UNE AUTRE INFORMATION

2. LE SERVICE PUBLIC :UNE AUTRE INFORMATIONUNE AUTRE INFORMATIONUNE AUTRE INFORMATION

2. LE SERVICE PUBLIC :2. LE SERVICE PUBLIC :UNE AUTRE INFORMATION

2. LE SERVICE PUBLIC :2. LE SERVICE PUBLIC :UNE AUTRE INFORMATIONUNE AUTRE INFORMATION

2. LE SERVICE PUBLIC :

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2.1 L’INDÉPENDANCE ET LA FIABILITE

« Est-ce qu’il est facile pour un journaliste de présenter un journal en restant impartial, neutre face aux événements et ce que l’on doit présenter ? Dans le cadre de débats politiques durant lesquels les journalistes s’adressent directement aux professionnels de la politique, il y a eu un travail de la rédaction en amont pour le préparer. Malgré tout, je pense que la sensibilité du journaliste ressort. »

témoignage16|02|17 dijon

Annette

« Ce qui est important pour France Télévisions, c’est sa responsabilité de transmettre l’information de manière sérieuse. Et si des polémiques adviennent, pour une raison ou une autre, constructives ou non, il ne faut ni s’éloigner des choses essentielles ni s’éparpiller. Parce qu’en ce moment, sur les chaînes privées, on entend des polémiques à n’en plus finir, et moi, dans ces cas-là, je zappe directement. Il faut aller au fond des choses. »

témoignage15|12|16 Lyon

marc

La fiabilité de l’information comme marque de la qualité du service public

La fiabilité attendue passe par la re-cherche d’un positionnement juste des journalistes et des rédactions dans le traitement de l’information. Que ce soit à propos d’enjeux politiques locaux ou nationaux, le public est très attentif à la distance prise par les journalistes vis-à-vis de leurs sujets, notamment en fonc-tion de leurs éventuelles sensibilités personnelles.

LES TERMES D’INDÉPENDANCE, D’OBJECTIVITÉ, D’OUVERTURE

REVIENNENT TRÈS RÉGULIÈREMENT LORS

DES CES RENCONTRES. FINALEMENT, CE QUE

CHERCHENT LES TÉLÉSPECTATEURS, C’EST

LA FIABILITÉ DU SERVICE PUBLIC. IL FAUT DONC

PRÉSERVER LES CONDITIONS DE LA FABRICATION D’UNE

INFORMATION FIABLE ET SÉRIEUSE. L’INDÉPENDANCE

DE FRANCE TÉLÉVISIONS EST UN GAGE DE QUALITÉ

QUE LE PUBLIC APPELLE À RENFORCER. CE CONSTAT EST

FAIT AUSSI EN DISTINCTION DES AUTRES MÉDIAS. CONTRE

LES CHAÎNES PRIVÉES ET LEUR DÉPENDANCE À L’AUDIMAT,

CONTRE LES INFORMATIONS NON VÉRIFIÉES D’INTERNET.

« D’abord, c’est une rédaction, et pas uniquement le présentateur. Est-ce qu’on est objectif ? Moi, je vais vous dire : l’objectivité, en soi, ça n’existe pas, c’est un peu une tarte à la crème. Pourquoi ? C’est simple, l’objectivité se heurte à la subjectivité, à la vôtre, de téléspectatrices et téléspectateurs, qui avez vos analyses, vos sensibilités par rapport à un événement. C’est pour cela que le mot “objectivité” est compliqué. Et puis nous aussi, on a des sensibilités. Sauf que quand on est journaliste, on n’est pas là pour sortir notre bulletin de vote. Le journaliste est là pour les faits, expliquer les choses de façon équilibrée. Mais l’équilibre ne se fait pas nécessairement sur une édition ; vous pouvez présenter sous un angle le sujet et le compléter dans l’édition suivante, on ne peut pas avoir un développement total sur une seule édition. »

« C’est très complexe, on le voit sur le terrain et dans les manifestations ou dans les meetings. Dernièrement, il y a eu des meetings où les journalistes se sont fait huer. Dans les manifestations aussi on se fait parfois huer. Je dirais presque que c’est le garant d’un travail bien fait pour nous ! C’est pas facile à vivre, mais on préfère ça. Quand on regarde un débat, les critiques contre les journalistes pas assez pugnaces sont fréquentes, mais quand on aime la personne qui est interviewée, on va lui reprocher de l’être trop ! C’est un équilibre difficile à trouver. »

Marie-Laure Augrymédiatrice des rédactions de France 3

Agnès Molinierdirectrice adjointe opérationnelle de la rédaction nationale de France Télévisions

Refuser le « buzz » et mesurer la personnification

Les téléspectateurs attendent des jour-nalistes au service d’une information de qualité, et pas l’inverse. Il ne s’agit pas de mettre en avant les personnalités pour elles-mêmes, mais plutôt d’établir un lien de confiance entre les rédactions et le public sur la base de la qualité d’un tra-vail journalistique.

Cependant, parmi les gages de qualité et de fiabilité que le service public peut fournir en termes d’information, les per-sonnalités qui le représentent restent un élément important. Les téléspectateurs s’habituent à leur présence et surtout construisent petit à petit une relation de confiance avec les animatrices, les ani-mateurs, les journalistes et les présen-tateurs de France Télévisions. Leur pré-sence est à elle seule parfois un gage de qualité et agit comme une labellisation du programme, comme en témoigne un téléspectateur lors de la table ronde or-ganisée à Lyon à propos de l’informa-tion : « C’est aussi le présentateur qui va faire que je regarde. C’est vrai que Jean-Pierre Pernaut, je ne peux pas ! Mais sur France Télévisions, Élise Lucet, j’aime beaucoup ! »

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Et il faut faire attention parce qu’il y a des gens qui n’ont pas le temps d’avoir d’autres sources d’information.

« On a l’impression que certains présentateurs cherchent à se mettre en valeur, posent les questions sans attendre les réponses… Sans parler du fait qu’ils essaient de faire le buzz en permanence, d’aiguillonner sur des aspects inutiles. La pédagogie, ce n’est pas facile ; n’importe quel animateur ne peut sans doute pas le faire, mais c’est très important.

Elle a donc un rôle fondamental. »

« France Télévisions assure un traitement différent de l’information, car c’est un média officiel, les journalistes n’y ont pas besoin de rechercher le buzz. Ses chaînes ne sont pas aguicheuses, ce qui pourrait gâcher l’information, comme ça arrive de plus en plus à la télévision ou sur Internet. »

« À l’époque où Élise Lucet faisait le 13 heures de France 2, elle avait une façon particulière de traiter l’information et je l’adorais ! Par exemple, dans L’Émission politique, David Pujadas et Léa Salamé sont parfois mous sur des questions importantes. Dans son magazine d’investigation, Élise Lucet ne lâche pas le morceau ! Personnellement, en tant que téléspectateur, j’ai envie de voir où on en est avec ces gens qui nous bassinent toute l’année, surtout en période d’élection. »

témoignage15|12|16 Lyon

téléspectateur

témoignage15|12|16 Lyon

yanis

témoignage02|02|17 Limoges

rené

2.1 L’INDÉPENDANCE ET LA FIABILITE

« Avez-vous des pressions de la part des politiques, des appels du pied de la part d’acteurs institutionnels pour traiter tel ou tel sujet, pour venir couvrir un événement ? »

question15|12|16 Lyon

téléspectateur« J’ai une question à la fois sur le périmètre et sur la fabrique de l’information : quand on est une chaîne de l’importance de France 3, en quasi-monopole, comment éviter le côté trop institutionnel dans le traitement de l’information ? Est-ce qu’il y a des sujets qui s’imposent d’eux-mêmes, des inaugurations, le lancement d’un TER… ? Comment faites-vous pour éviter ces aspects-là ou au contraire pour les traiter ? »

question15|12|17 Lyon

téléspectateur

Indépendance vis-à-vis des pouvoirs

La particularité de l’information telle qu’elle est traitée par le service public tient à sa structuration. Indépendant des pouvoirs économiques, le service pu-blic doit par ailleurs donner également des gages d’indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques. Le discours des télé spectateurs ne révèle pas de suspi-cion particulière, mais appelle plutôt à des pratiques qui illustrent et découlent de cette indépendance.

Néanmoins, sont mis à distance à la fois l’entre-soi parisien et des situations particulières en région dues à la proxi-mité entre les rédactions et les acteurs institutionnels.

« On fait des choix, évidemment subjectifs. On ne veut pas faire que des reportages institutionnels. Ce qui joue aussi, c’est qu’on se considère comme une chaîne de télévision de service public et donc on n’a aucun mal à s’investir sur les assemblées du conseil régional par exemple, même si ça ne présente pas forcément très bien, et que beaucoup de médias les fuient. Ça peut paraître peu passionnant, mais c’est notre mission de service public. Sinon, les filtres sont les mêmes que pour les autres médias, il faut que ce soit neuf, intéressant, original. »

réponsejournaliste de la rédaction de france 3 Auvergne-Rhône-Alpes

« À France Télévisions, nous n’avons pas de problèmes d’indépendance avec le milieu économique ; en revanche, les politiques sont très intéressés par la caisse de résonance que nous représentons… Mais nous, comme j’ai par exemple eu l’occasion de le dire à l’équipe de M. Dupont-Aignan qui voulait obtenir un passage en direct lors du journal de 19 heures, nous sommes une chaîne régionale indépendante. »

réponse

Laurent Mazurierrédacteur en chef de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes

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AXEL DE TARLÉJOURNALISTE, FRANCE 5

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?France Télévisions renvoie une image d’intégrité, de service « au public ». C’est un groupe qui a le souci de plaire au plus grand nombre avec des moyens plus limités, et qui véhicule une image de solidarité, de généro-sité et de « sens du raisonnable ».

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?La télévision publique s’intéresse à des sujets difficiles mais importants pour la compréhension du monde. Aujourd’hui, il est important de prendre le temps de décrypter, d’expliquer, sans tomber dans la simple illustration, le sensationnalisme ou le pathos.Le service public, c’est également nous faire vibrer grâce à la retransmis-sion d’événements fédérateurs comme les Jeux olympiques ou le Tour de France… Pour moi, la télévision publique, ce sont des chaînes sobres et élégantes, « antibling-bling ».

PHIL LABONTÉANIMATEUR RADIO, GUYANE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Je dirais que nous sommes en retard par rapport à d’autres chaînes, car les programmes proposés ne prennent pas en compte la jeunesse. La télévision ne se consomme plus de la même manière… Aujourd’hui, tout est dans le 2.0.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?À mon avis, il serait souhaitable de prendre en compte les particularités liées à la Guyane, car sa diversité ethni que et culturelle est différente selon l’endroit où l’on se trouve. La télévision publique devrait refléter la réalité des différentes communautés qui composent la population qui vit sur le territoire guyanais.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?France Télévisions est le média de l’information pluraliste, ouvert à l’Outre-mer, à la France et au monde. Une mission délicate que France Télévisions remplit quotidiennement. Le groupe a su s’adapter aux spécificités de la Polynésie française et aux nouvelles technologies pour informer au plus juste. Poly nésie 1ère est devenue, au fil du temps, un messager rigoureux, au service de téléspectateurs attentifs et de plus en plus exigeants. France Télévisions est ce lien avec la diversité qui enrichit les réflexions et pousse les hommes et les femmes à s’ouvrir au monde, même en plein milieu du Pacifique. Qu’attendez-vous de la télévision publique ?La télévision publique doit rester indépendante du pouvoir politique. Elle doit conserver ses valeurs d’objectivité et continuer de faire entendre chaque pensée, chaque idée, chaque opinion, au nom de la liberté d’ex-pression et de la démocratie. Elle a pour mission de transmettre aux po-pulations des moyens de se construire, de se découvrir et de s’enrichir. Il faut que la télévision publique continue de s’organiser, en plus de confor-ter ses émissions d’information et de divertissement, pour développer son offre sur Internet. Les nouvelles technologies au service de France Télévisions !

NATACHA SZILAGYI GRAND REPORTER, PRÉSENTATRICE, POLY NÉSIE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?France Télévisions est devenue la chaîne de la diversité. Il y a des docu-mentaires, des magazines d’information, des émissions sportives pour toutes les générations et une valorisation de la cuisine, de la culture et des patrimoines. L’image de la chaîne publique a changé avec les familles qui la composent.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?Une grande implication dans tout ce qui touche le téléspectateur au quo-tidien. Pour ce faire, il faut que nous soyons à l’écoute des gens et que nous sachions aussi anticiper. La télé vision publique doit être un reflet du citoyen et un miroir tourné vers l’avenir.

PATRICIA THINEANIMATRICE, MARTINIQUE 1ÈRE

la parole aux animateurs

4140

2.2 UNE AUTRE HIéRARCHIE POUR L’INFORMATION

LES PROGRAMMES DES CHAÎNES DE

FRANCE TÉLÉVISIONS SE DISTINGUENT CLAIREMENT DE CEUX DE LEURS

CONCURRENTS. LES TÉLÉSPECTATEURS

SONT TRÈS ATTACHÉS À LA QUALITÉ ET À L’HONNÊTETÉ DES

PRATIQUES DES JOURNALISTES DU

SERVICE PUBLIC ET DEMANDENT DES

FORMES ET DES SUJETS D’INFORMATION

DIFFÉRENTS, GLOBALEMENT PLUS

APPROFONDIS ET QUI NE SOIENT PAS

TOUJOURS CHOISIS EN FONCTION DES AUTRES

CHAÎNES ET DES AUTRES MÉDIAS.

Expliquer et comprendre : pour une information approfondie

Ce n’est pas l’événementiel ou les faits exceptionnels que l’on recherche, mais bien l’explication et la compréhension des phénomènes d’actualité. Le public exprime une demande répétée pour accentuer cette différence avec d’autres chaînes et d’autres manières de fonctionner.

Cette demande d’explication faite par Abdel est forte et partagée. Il s’agit de ne pas considérer les catégories utilisées pour transmettre l’information comme évidentes ou normales, mais bien de suggérer qu’elles soient explicitées, ex-pliquées, argumentées et, éventuelle-ment, remises en cause par des journa-listes qui ne font pas que transmettre de l’information, mais l’enrichir, l’expliquer, la construire professionnellement. C’est d’autant plus important lorsque les in-formations sont sensibles, comme par exemple dans le cas du traitement des attentats, période durant laquelle ce sont les dimensions pédagogiques de l’infor-mation qui doivent être privilégiées plutôt que la spéculation.« J’ai 25 ans et je constate que

les jeunes ont un accès facilité à l’information. Mais je pense qu’il faut des clés de compréhension et une grille d’analyse. C’est ce que fait sur la politique Nathalie Saint-Cricq dans le JT de France 2. ce travail d’explication existe dans les documentaires ou les magazines, mais il me semble qu’on en a besoin encore plus dans les journaux télévisés. Vous pouvez aller encore plus loin dans l’analyse et consacrer plus de temps aux sujets primordiaux, plutôt qu’à ceux de fin de journal qui sont anecdotiques. »

« Quand on parle de la politique, on a parfois l’impression de regarder de la téléréalité. Quand vous voyez tous ces hommes politiques alignés, il ne manque plus que le buzzer : Il y a déjà tellement d’enjeux liés à Internet, à la vérification des informations, au “trucage” des images, alors si en plus, derrière, on fait un traitement comme ça… Personnellement, je n’accroche pas. »

témoignage06|12|16 paris

clara

témoignage02|02|17 Limoges

oscar

Je trouve que France Télévisions est un peu éloigné de ses téléspectateurs. Si on n’est pas un député ou une star, on a très peu de chance de participer à une émission.

J’ai rarement vu un citoyen être invité à débattre sur un plateau. Une partie des Français reste invisible. D’autre part, dans le journal télévisé de 20 heures, lorsque les journalistes abordent un sujet, il faudrait donner des notions, des définitions, pour expliquer exactement de quoi on parle (« terrorisme », « salafisme », « islam radical »).

17|01|17 STRASBOURG

ABDELTÉLÉSPECTATEUR

4342

2.2 UNE AUTRE HIéRARCHIE POUR L’INFORMATION

Donner à voir les initiatives et les actions positives

Le rôle des journalistes consiste aussi à hiérarchiser l’information dans leurs magazines ou leurs journaux. Les télé-spectateurs entendent interroger ces choix et solliciter d’éventuelles modifica-tions dans les habitudes des rédactions. La place donnée à des informations jugées « mauvaises » est ainsi dénon-cée non seulement pour leur caractère anxiogène, mais aussi parce qu’elles prendraient la place d’informations plus positives insuffisamment relayées. Le public de France Télévisions demande que la télévision de service public soit également le reflet des initiatives natio-nales et locales qui vont dans le sens de l’amélioration de la vie collective.

« Pour les reportages qui suivent les dix premières minutes d’actualité, je verrais bien quelque chose qui s’inspire de l’émission Carnets de campagne sur France Inter. C’est une émission remarquable, car elle va chercher les initiatives locales. Si on veut aller en région, si on veut aller faire des reportages qui puissent intéresser les gens, on peut donner à voir les choses qui bougent, les initiatives. Une formule télévisuelle de cette émission pourrait fonctionner dans le cadre du journal et serait très intéressante. »

« J’ai complètement abandonné le journal de 20 heures. Je me demande pourquoi les gens vont se prendre leur dose de peur tous les soirs au moment du repas avec de mauvaises nouvelles qui attristent tout le monde et qui ne font pas avancer. Je trouve ça hallucinant. Je me dis : quand est-ce qu’on aura les bonnes informations, les bonnes nouvelles, voilà. »

témoignage16|02|17 dijon

françois

témoignage06|12|16 paris

siam

« Il faut mettre en avant les initiatives positives, notamment ne pas parler que du chômage quand on peut mettre en avant les opportunités d’emploi par exemple. Je pense à tout le secteur de l’économie sociale et solidaire, qui est tout à fait en lien avec votre orientation, parce qu’au niveau des régions, c’est quand même la base. Je pense que ce n’est pas assez mis en valeur sur l’antenne. Quand on va sur le terrain, on se rend compte que, dans les territoires, nos jeunes sont en recherche de sens. Et dans l’économie sociale et solidaire, on apporte du sens au travail. »

témoignage16|02|17 dijon

nelly

« On est une des rares régions à avoir un gros direct chaque jour, vers midi, qui fait quasiment la moitié du journal, avec des équipes sur le terrain, des techniciens, des journalistes, qui tous les jours vont à la rencontre des habitants de notre région et qui mettent en avant des gens qu’on ne verrait pas autrement. »

« C’est vrai qu’il se passe des choses positives qu’on ne parvient pas toujours à montrer. On le voit à travers le journal des initiatives, quand on le regarde, on se dit : “Il se passe des choses extraordinaires en France.” Peut-être que ce journal des initiatives, il faut qu’on l’expose ou qu’on le réexpose autrement, ou qu’à partir de ce journal, on élabore un concept pour montrer la richesse de tout ce qui se passe à travers la France. Et il n’y a que France 3 qui peut montrer ça, puisqu’il y a 500 reportages qui sont tournés chaque jour à travers la France. On a un potentiel qui n’est sans aucun doute pas assez mis en valeur vis-à-vis des téléspectateurs. Ce sont des choses auxquelles il faut réfléchir. »

16|02|17 dijon

Samuel Peltierrédacteur en chef de France 3 Bourgogne-Franche-Comté

16|02|17 dijon

Marie-Laure Augrymédiatrice des rédactions de France 3

Par rapport à la véracité de l’information, j’aimerais préciser une chose : une information, ce n’est pas une vérité, c’est un point de vue. Et aujourd’hui, à la télévision, il manque de la représentativité dans les points de vue de l’information produite. En comparaison, sur Internet, on a aujourd’hui accès à énormément d’informations et de points de vue différents dont certains cherchent à influencer et à diffuser une idéologie.

La télévision de service public doit offrir aux téléspectateurs différents points de vue sur la même information.Et pas seulement, par exemple, caricaturer les mondes musulmans en France… Je pense que ça manque de représentativité dans votre traitement de l’information.

06|12|16 PARIS

SIAMTÉLÉSPECTATRICE

4544

2.3 FAIRE DE L’INFORMATION EN CONTINU UN ATOUT

LA PRODUCTION D’INFORMATION À

LA TÉLÉVISION A ÉTÉ MARQUÉE CES

DERNIÈRES ANNÉES PAR LA PLACE TOUJOURS

PLUS IMPORTANTE PRISE PAR LES CHAÎNES

D’INFORMATION DITE « EN CONTINU ». PRÉSENTE SUR DE NOMBREUSES

CHAÎNES ET DEPUIS QUELQUE TEMPS AVEC

LA CHAÎNE FRANCEINFO, L’INFORMATION EN

CONTINU CONSTITUE UNE MANIÈRE

PARTICULIÈRE DE TRAITER DE

L’INFORMATION.

« Disons qu’au départ c’est une bonne chose, on a une information en continu… après, quand surviennent des conflits ou des guerres, on se retrouve avec des informations lancées sans que rien ne soit vérifié ou avéré et, derrière, c’est problématique. C’est pour ça que c’est bien que France Télévisions se mette à faire franceinfo. Il y a une fiabilité que je ne retrouve pas sur BFMTV. »

témoignage15|12|16 lyon

marc

« Les manières de faire de l’information ont aussi évolué en fonction du numérique. Regardez franceinfo : on assume une parole qui se présente avec toute sa subjectivité. C’est un journaliste qui parle en direct, il raconte l’information et ce qu’il voit se dérouler sur les réseaux sociaux. Tout en assumant la discipline et la vérification de l’information. Car c’est aussi un individu qui a son avis et, à un moment donné, il doit pouvoir le dire et expliciter sa subjectivité ; il ne fait pas les choses en douce. Ce type de présentation, ça influence l’écriture de l’information. On intègre le numérique et on se pose la question, car vous tous vous n’avez pas forcément envie de regarder le 20 heures. »

17|01|17 strasbourg

Thiphaine de Ragueneldirectrice exécutive de France 4 et directrice des activités jeunesse de France Télévisions

« La pédagogie, c’est une mission de franceinfo. Après, c’est une chaîne qui a cinq mois, donc il faut que ça se cale. Mais il y a quand même ces modules qui font un usage très intelligent du réseau de France 3, de France 24… On est un peu plus sur l’explication, on prend quelquefois des angles de proximité. On n’est pas dans le sensationnel comme on pourrait l’être sur une autre chaîne. Tous les supports sont utilisés, il y a une vraie modernité des supports, la radio est associée à la télévision et à Internet ; donc l’information, on peut aller la rechercher, l’approfondir et, en plus, on utilise l’INA, des archives pour expliquer ce qui se passe aujourd’hui. »

témoignage02|02|17 limoges

vincent

Proposer un flux décalé

4746

Avec le lancement de la chaîne franceinfo, le service public a précisément voulu établir un modèle nouveau, qui s’éloignait de ce que j’ai appelé à un moment « l’hystérisation de l’information », à laquelle, quand on est journaliste, on est forcément sensible, parce que, voilà, quand c’est le news, l’adrénaline monte, et puis… Mais franceinfo propose plutôt du décryptage, de l’analyse, du décalage aussi et des clés pour comprendre. Et puis, dans le 20 heures, comme dans nos éditions en général, c’est un vrai laboratoire, à l’instar de la rubrique L’Œil du 20 heures, véritable espace d’approfondissement, qui, quelquefois, dérange les politiques ou les institutionnels parce qu’on va voir un peu le dessous des cartes. À côté, il y a de l’investigation, il faut garder et tenir cet équilibre. Donc c’est important de savoir dénoncer et de mettre en perspective. Cette tâche est celle des magazines, parfois du journal ; il y a vraiment pour nous cette volonté de donner des clés pour comprendre.

06|12|16 PARIS

MICHEL FIELDDIRECTEUR DE L’INFORMATION

2.3 FAIRE DE L’INFORMATION EN CONTINU UN ATOUT

Prendre en compte l’immédiateté de l’information

Confrontées à une multitude de sources nouvelles de production d’information, les rédactions de France Télévisions sont contraintes de modifier leur mode de production de l’information. La tem-poralité de la diffusion des informations a en effet été modifiée par la concur-rence des médias digitaux et des autres chaînes d’information en continu. Sans pour autant accepter l’immédiateté pour modèle, le service public a choi-si de prendre position sur la diffusion d’une autre information en continu, afin de prendre en compte dans ses pra-tiques la réalité actuelle de la diffusion rapide de l’actualité aux niveaux national et international.

« Récemment, il y a eu, le 1er septembre 2016, la création du canal 27 franceinfo TV, je trouve que c’est une bonne initiative. Cette chaîne a des atouts, par exemple l’absence de publicité, par rapport aux trois autres chaînes d’information en continu. »

témoignage06|12|16 Paris

amaury

4948

2.3 FAIRE DE L’INFORMATION EN CONTINU UN ATOUT

L’information continue comme moyen d’approfondir

Le public de France Télévisions accueille avec beaucoup d’intérêt la création d’une chaîne d’information en continu, mais préconise qu’elle soit le moyen d’adapter à la diffusion permanente les pratiques et l’exigence de leurs rédac-tions et non pas l’inverse. Les téléspec-tateurs demandent donc à profiter de cette nouvelle chaîne et de son offre pour aller dans le sens de l’approfondis-sement de l’information.

Pour Agnès Molinier, directrice adjointe opérationnelle de la rédaction nationale de France Télévisions, il faut effective-ment prendre en compte les boulever-sements observables dans la temporali-té de construction et de diffusion de l’in-formation, qui ne se réduit plus aux ren-dez-vous quotidiens d’information. Selon elle, « la chaîne franceinfo en continu qui se crée essaie aussi d’être un peu à contre-courant de l’information brute tout le temps, en permanence ».

« Franceinfo, alors ça, c’est la bonne nouvelle, je trouve ! C’est une information différenciée des autres, des chaînes privées sur lesquelles on rabâche la même chose toute la journée. C’est bourrage de crâne et compagnie et même des opinions politiques à sens unique. Je pense à i-Télé telle qu’elle est devenue. Moi, franceinfo, j’adore, je suis très satisfait de ce qui a été fait. »

témoignage02|02|17 limoges

rené« J’attends du service public une information qui prenne conscience de l’intelligence du public, parce que, aujourd’hui, ce qu’on ne peut pas occulter, c’est qu’on est confronté au numérique. On a Facebook, on a énormément de réseaux sociaux et beaucoup d’informations passent par eux.

Je pense que France Télévisions a une très grande responsabilité quant à la sincérité et l’honnêteté dans les informations et la communication qu’elle divulgue. »

témoignage06|12|16 paris

rachida

Le fait déterminant pour France Télévisions, c’est qu’il s’agit de service public. À ce titre, France Télévisions a une grande responsabilité et doit garder la qualité liée à cette spécificité.

Aujourd’hui, on est noyés dans une sorte de bouillie informative avec les chaînes en continu qui se transforment en une sorte de feuilleton au quotidien. Même quand il n’y a rien à dire, les gens attendent l’événement. Ce qui est très problématique, c’est qu’il n’y a pas de recul. Les informations sont livrées en continu, en vrac. Le pompon, c’est quand on a des images sur des faits précis et des sous-titres sur un autre fait précis. France Télévisions, c’est de l’information fiable, travaillée, approfondie. Un petit reproche cependant : je trouve que le journal de France 3 va un peu vite parfois. Je pense qu’il ne faut pas être soumis au terrorisme des nouvelles technologies parce que l’information mérite réflexion.

29|03|17 TOULOUSE

PAULTÉLÉSPECTATEUR

5150

ALEX GOUDE ANIMATEUR, FRANCE 4

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Les chaînes du groupe sont de plus en plus claires sur leur politique gé-nérale, ce qui devrait permettre à chacune de trouver encore plus son public à terme. Certaines émissions ou séries sont de franches réus-sites et la preuve qu’on peut faire des choses divertissantes ou intelli-gentes qui trouvent leur public. De France Ô à France 5, tous les types d’émissions sont mis à l’honneur, pour toutes les tranches d’âge, pour tous les goûts. J’attends peut-être juste plus de fun pour traiter des sujets plus populaires.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?Loin du tumulte et des objectifs d’audience, j’attends de la télévision pu-blique qu’elle m’informe, m’instruise et me divertisse en mettant en avant toutes les forces vives de la nation, connues ou inconnues. D’un autre côté, il ne faut pas rater le virage du numérique. Avec ses chaînes, ses contenus et son catalogue, France Télévisions peut devenir un Netflix à la française...

DAOU DAROUECHEJOURNALISTE ET PRÉSENTATEUR, MAYOTTE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Je trouve que c’est une très grande société qui remplit pleinement son rôle de service public. Au-delà de ses obligations en termes d’information et de divertissement, France Télévisions occupe une très grande place dans la vie quotidienne des Français et du reste du monde.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?J’attends qu’elle se rapproche davantage de la société, surtout dans les domaines de la santé et de l’environnement qui sont des secteurs vitaux.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?L’intégration des 1ères au groupe France Télévisions a changé la vision du télé spectateur et du professionnel. L’appartenance à un groupe fleuron de l’audiovisuel donne une image de structure familiale. Une alliance dans laquelle je me reconnais un peu plus aujourd’hui en fonction des échanges et de ma contribution aux programmes, en l’occurrence le journal natio-nal. Nous ne sommes plus ou « presque » plus des oubliés… France Télé-visions renvoie une image dynamique, actuelle, pédagogique… L’image d’une toile où l’on retrouve une diversité d’hommes, de femmes et de programmes. Il reste encore des fils à nouer. Ils existent mais attendent aussi de vraies connexions, fortes et durables.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?La télévision publique est le miroir de la société… On doit pouvoir y retrou-ver ses composantes… avec ses regards, ses interrogations, ses inquié-tudes et ses satisfactions. La télévision publique est en fait le réflexe du téléspectateur qui cherche des réponses. De manière objec tive, elle doit pouvoir lui présenter la réalité sans maquillage ou autres saupoudrages…

CATHERINE GONIER-CLÉON JOURNALISTE TÉLÉ, MARTINIQUE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?France Télévisions, c’est un lien avec le monde, un monde que je connais, parfois, et que je découvre, souvent.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?Pour moi, sur le service public, la parole doit être libre, et la parole de tout le monde doit être représentée. J’aime bien l’idée aussi que le téléspec-tateur puisse se cultiver sans le savoir… Tout simplement lorsqu’il regarde un programme pour se divertir.

AGATHE LECARONANIMATRICE, FRANCE 5

la parole aux animateurs

5352

2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

L’actualité en ligne : une information différente ?

Dans le cas de l’information, les évolu-tions digitales ne sont pas seulement techniques, elles ont des incidences à la fois sur la manière de consommer de l’information, mais aussi d’en pro-duire. Les téléspectateurs sont loin de deman der un développement incontrô-lé de l’offre numérique, mais mettent en avant la préservation des façons de faire propres au journalisme de télévision traditionnel.

CES RENCONTRES ONT PERMIS D’APPROFONDIR AVEC

LES TÉLÉSPECTATEURS LES ENJEUX LIÉS AUX NOUVEAUX

USAGES DE LA TÉLÉVISION, NOTAMMENT LA DÉCLINAISON DIGITALE DES PROGRAMMES.

LES USAGERS N’OPPOSENT PAS CES NOUVELLES

FORMES AUX PRATIQUES TRADITIONNELLES, MAIS

ILS SONT EN DEMANDE DE PROPOSITIONS ADAPTÉES À

LA RICHESSE OFFERTE PAR LE NUMÉRIQUE. CEPENDANT,

LE PUBLIC, ATTENTIF À LA QUALITÉ DES CONTENUS, REFUSE QU’ON SE CACHE

DERRIÈRE LES TECHNOLOGIES POUR ABAISSER LE NIVEAU

D’EXIGENCE D’UNE TÉLÉVISION DE SERVICE PUBLIC. LE

NUMÉRIQUE EST DÈS LORS CONSIDÉRÉ COMME UN MOYEN

DIFFÉRENT DE TRANSMETTRE ET DE TRAITER L’INFORMATION,

MAIS PAS UNE FIN EN SOI.

« Dans un avenir proche, avec le numérique, est-ce qu’on ne va pas assister à une régression du métier de journaliste? »

« Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, je voudrais savoir comment vous voyez évoluer votre métier, dans la mesure où les journaux ont toujours un temps de retard par rapport à l’information donnée sur les réseaux. Est-ce qu’il ne serait pas temps de privilégier l’approfondissement des sujets, plutôt que de livrer de l’événementiel, auquel on a accès de façon plus rapide ailleurs ? »

témoignage15|12|17 lyon

marc

témoignage16|02|17 dijon

françois

« Aujourd’hui, vous avez très vite accès à l’information avec les alertes de franceinfo sur votre téléphone, vous avez l’information dans les trois minutes et l’essentiel dans les dix minutes. Donc on ne va pas aller chercher la même chose dans les journaux télévisés : l’actualité du jour au journal de 20 heures, c’est les dix premières minutes du journal. Et après, vous avez des sujets approfondis où on revient sur l’actualité de quelques jours avant ou un dossier sur quelque chose qui va arriver par la suite. Oui, le métier est en train de changer parce qu’il y a l’arrivée de ce nouveau média que sont les réseaux sociaux. »

16|02|17 dijon

Martin Gouesseresponsable de la coordination des rédactions web-antennes de France Télévisions

« Il est très difficile de démêler le vrai du faux. Il y a des manipulations, des rumeurs, de l’intox... Des outils existent pour savoir si tel site est sérieux ou telle information est fiable. Ils sont à la portée de tout le monde. Même si c’est compliqué, c’est notre rôle de journaliste. Ça interpelle beaucoup les jeunes. Leur grande question est de savoir d’où vient l’info. Ça les interpelle parce qu’ils s’informent principalement via Internet et les réseaux sociaux. »

29|03|17 toulouse

Marie-Laure Augrymédiatrice des rédactions de France 3

« Avec Facebook, tout se sait maintenant, donc si la télévision continue sur ses pratiques habituelles, le taux d’audience va chuter. Alors comment voyez-vous cette concurrence ? »

question17|01|17 strasbourg

question facebook

5554

2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

« Je voudrais vous faire une proposition : il y a un certain nombre de sujets qui ont été traités et que l’on a pu voir, mais aussi que vous n’avez pas pu montrer, mais pour lesquels vous avez stocké l’information et les images. Pourquoi ne pas faire une pastille de cinq minutes, par exemple en fin de semaine. Cinq à huit minutes en fin de semaine, sur le modèle de l’émission Vu sur France 2. On peut faire au niveau régional du Vu/Pas vu. Ça fonctionnera comme une bande-annonce sur le réseau hertzien, des contenus disponibles sur Internet. »

témoignage16|02|17 dijon

françois« Ce qui est intéressant maintenant avec le replay, c’est que l’on peut être un téléspectateur n’importe quand. Et puis on peut aussi ne regarder que la séquence qui nous intéresse. J’ai le sentiment de pouvoir faire mon propre programme en choisissant. Sur les réseaux sociaux, si j’entends parler d’une émission, je vais pouvoir la regarder, ensuite on se promène, on navigue, on se déplace sur les pages ; et sur la télévision, on compose. »

témoignage02|02|17 limoges

vincent

« Quand on a la chance un jour d’avoir France 3 qui nous suit parce qu’on fait quelque chose qui a intéressé les journalistes et qu’on se retrouve avec trente secondes d’images simplement, c’est dur à comprendre. Je pense que les gens sont très branchés maintenant sur Internet, donc il faut s’en servir. Et puis ne pas craindre de dire aux personnes concernées : “On fait un reportage, vous savez qu’on n’aura qu’une minute ou deux d’antenne, mais vous pourrez trouver des compléments pour les gens qui vous suivent sur tel réseau.” »

témoignage16|02|17 dijon

nicolle

Le digital comme débouché des productions invisibles

Une partie du public peut éprouver une certaine frustration lorsqu’il observe un reportage portant sur un sujet qu’il connaît bien, jugeant qu’un temps insuf-fisant lui est accordé. Le public propose que le digital devienne un espace où les reportages plus longs et les images non diffusées puissent trouver leur place, afin d’assurer un traitement plus étendu de l’actualité. Il ne s’agit donc pas tant de rattraper la télévision sur Internet, mais de construire de nouveaux programmes, y compris originaux.

« Il y a parfois des frustrations lorsque l’on participe, sur le terrain, à des reportages avec des journalistes. Les échanges sont longs et intéressants, et puis, le soir ou le midi, on voit une séquence de 30 secondes… Alors on peut comprendre, on nous a expliqué les priorités. L’idée, ce serait quand même de conserver les reportages et de faire de temps en temps un prolongement, par exemple sur Internet, comme vous le disiez, de reprendre un certain nombre de sujets pour justement approfondir. »

témoignage16|02|17 dijon

nelly

« Mais vous avez raison, on ne le fait pas assez. On a un matériel énorme, quand on rentre, on a des heures d’images, des interviews, et on n’en tire que 20 secondes, c’est très frustrant. Il faut vraiment que l’on développe ça et qu’on essaie d’aller vers ça, puisque, Martin le disait, on a un super support aujourd’hui, qui est Internet et on n’a pas de limite. pour le coup on peut offrir des choses en plus, on peut aller plus loin. »

« Le problème de la télévision et du journal télévisé, c’est le temps, et il y a un média extraordinaire qui s’appelle Internet et il n’y a aucun problème d’espace ! C’est vrai que, de temps en temps, sur certains reportages où on ne peut pas mettre toutes les informations, toute la matière, ça permet de prolonger, d’aller au-delà des deux minutes trente ou de la minute quarante-cinq. »

16|02|17 dijon

Martin Gouesseresponsable de la coordination des rédactions web-antennes de France Télévisions

16|02|17 dijon

Samuel Peltierrédacteur en chef de France 3 Bourgogne-Franche-Comté

5756

Nouveaux usages de l’information en ligne

S’il reste un mode plébiscité de rattra-page des programmes de télévision en ligne, le replay n’est pas un mode ano-din et il pose certaines questions à la fois dans la fabrication des programmes et leur réception. Le public demande qu’une réflexion approfondie soit menée concernant les pratiques numériques du service public, une certaine prise de distance vis-à-vis de la technologie, pour assurer le même sérieux en ligne que dans les programmes linéaires.

« Le replay est un outil intéressant, mais il peut être une arme à double tranchant dans votre métier. Les gens, à force, ne regarderont plus le direct, ils vont sélectionner leurs programmes… La vie est déjà tellement chronophage aujourd’hui qu’on ne peut pas regarder tout ce que l’on veut. C’est aussi pour vous une exigence supplémentaire pour proposer de la qualité, du contenu… »

témoignage16|02|17 dijon

roger« Il faut faire attention et ne pas, sous prétexte de modernité, casser l’outil télévision. Prenez l’exemple de la diffusion de la musique : il y a dix ans, il fallait acheter des disques compacts, aujourd’hui on n’a plus qu’à les jeter à la poubelle, car il suffit de se connecter à son téléphone… Pourtant, rien n’est plus à la mode que d’acheter des vinyles. Internet et la télévision, c’est deux choses qui vivent ensemble, et la télévision telle que France Télévisions la pratique, c’est quelque chose qui est hyper important. »

témoignage16|02|17 dijon

françois

« En fait, tout est lié. L’intérêt des réseaux sociaux et du replay, c’est de lier les deux. Le replay nous donne une source d’information supplémentaire. Moi, je consomme beaucoup le replay, parce que je suis nomade, mais aussi je consomme quand je veux. Le boulot des journalistes, alors, c’est de lier une vidéo à une autre vidéo, sur le site Internet, pour nous pousser à consommer d’autres vidéos sur la même thématique et nous faire découvrir d’autres thèmes. Moi, je ne regarde presque pas la télévision en direct, je la regarde quand je veux, sur le replay. »

témoignage16|02|17 dijon

adrien

« Pour nous, le replay est une chance. Maintenant, avec Internet, c’est la télévision où vous voulez, quand vous voulez. Il y a non seulement le replay, mais il y a aussi Facebook. Alors cela pose des questions : pourquoi aller sur Facebook, qui est une entreprise privée à qui on donne nos sujets ? La réponse est simple : si on ne va pas sur Facebook, les utilisateurs seront des gens qui ne nous verront pas et donc ne viendront pas nous voir. En fait, on va chercher les gens sur Facebook, sur Twitter, sur YouTube, sur les réseaux sociaux, pour leur dire : “Voilà ce qu’on vous propose, donc venez nous voir.” »

16|02|17 dijon

Martin Gouesseresponsable de la coordination des rédactions web-antennes de France Télévisions

2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

5958

Information et désinformation

Aujourd’hui, la multiplication des sources d’information et la confusion qui règne parfois dans les sources de production de ces dernières obligent à adopter une certaine distance vis-à-vis des informa-tions disponibles en ligne.

Dans cet espace aussi, la télévision pu-blique a un rôle à jouer selon son pu-blic : non seulement comme producteur d’informations fiables, mais aussi par la mise en garde contre de fausses infor-mations ou des rumeurs. Ainsi, un jeune téléspectateur présent lors de la table ronde de Lyon évoque son usage du réseau Internet pour être informé : « Oui, je vais sur Facebook aussi, mais je ne vais pas chercher mes informations sur des médias obscurs, je prends de “gros” médias, qui publient aussi sur le Net, et qui sont fiables, comme le site francetvinfo.fr. »

« Face à tous ces supports d’information, comment pouvons-nous, alors que nous sommes jeunes et parfois influençables, être concrètement bien informés ? Dans nos études, on nous demande de nous tenir au courant des médias internationaux. Mais on nous dit aussi de faire attention à la désinformation, et c’est un sujet qui fait beaucoup débat.

Donc, comment faire aujourd’hui pour être bien informés en tant que jeunes ? »

« Le problème, c’est la multiplication des écrans. C’est un danger pour la démocratie et pour nos jeunes. S’ils ne regardent plus la télévision, ils regardent les tablettes, Facebook, Twitter, toutes les entreprises de désinformation, qu’elles soient stratégiques, religieuses, politiques. Le service public doit rattraper ça et informer nos jeunes. C’est pour ça qu’il faut aussi aller dans les lycées leur expliquer comment utiliser les écrans.

Je sais que vous êtes engagés avec l’Éducation nationale, allez-vous développer tout ça et apporter aux élèves un décryptage des écrans ? »

témoignage16|02|17 dijon

Jean-Baptiste

témoignage01|03|17 marseille

olivier

« Avec un peu de provoc, j’ai envie de dire qu’heureusement, il y a de fausses nouvelles. Ça nous oblige, nous, journalistes, à revenir à la source de notre métier pour vous apporter une info vérifiée. On va être obligés de vérifier, de recouper les sources, de revenir à la fameuse règle des trois sources. C’est une chance pour le métier. Après, il existe des outils très simples. Ils sont à votre portée. France Télévisions a cette mission, en tant que service public, de vous apprendre à faire attention aux fausses nouvelles. On va éditer une série de vidéos sur notre site qui donneront des outils pour vérifier les infos. Des outils très simples. »

29|03|17 toulouse

Martin Gouesseresponsable de la coordination des rédactions web-antennes de France Télévisions

« C’est aussi la technologie qui influe sur les mœurs de consommation, et nous n’avons pas le choix. Moi, ça ne me fait pas plaisir que le 20 heures ne soit plus la “grand-messe” de l’information, parce que c’est ma culture, c’est ce pour quoi j’ai fait ce travail. On est tous comme ça… donc c’est vrai qu’on est malheureux de sa disparition. Mais, en même temps, c’est pas grave, ça sera autre chose et ça sera très bien. »

16|02|17 dijon

Agnès Molinierdirectrice adjointe opérationnelle de la rédaction nationale de France Télévisions

« Moi aussi, j’ai grandi avec le rituel du journal télévisé de 20 heures et je ne compte pas l’abandonner. Mais je ne vais pas sur Internet pour chercher les mêmes choses qu’à la télévision.

Par exemple, sur Internet se développent des web-télévisions spécialisées qui font beaucoup d’audience à leur échelle. À terme, la télévision ne va pas disparaître, mais s’accommoder d’Internet. Il y aura une sorte de fusion et on saura se servir des deux. »

témoignage16|02|17 dijon

Léon

J’ai un peu l’impression qu’on oppose Internet, les nouvelles technologies, le replay et la télévision, je pense qu’il y a moyen de mêler les deux.

2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

6160

2.5 DES MAGAZINES PLURALISTES ET DE PROXIMITÉ

LES MAGAZINES FONT PARTIE DES CONTENUS PLÉBISCITÉS PAR LE PUBLIC, QUI APPRÉCIE

D’AVOIR DES RENDEZ-VOUS RÉGULIERS TRAITANT DE

SUJETS MULTIPLES. DE TELS PROGRAMMES CONSTRUISENT

ET RENFORCENT LA RELATION DE CONFIANCE ENTRE

FRANCE TÉLÉVISIONS ET SES TÉLÉSPECTATEURS,

FIDÈLES À CES MAGAZINES, À LEURS PRÉSENTATRICES ET

PRÉSENTATEURS. BEAUCOUP DE TÉMOIGNAGES FONT

RÉFÉRENCE À DES ÉMISSIONS ACTUELLES OU PASSÉES

QUI ONT MARQUÉ, PARFOIS DURABLEMENT, LA MÉMOIRE

DES TÉLÉSPECTATEURS. LA PROXIMITÉ DE CES

PROGRAMMES EST AU CENTRE DES INTERVENTIONS

DES TÉLÉSPECTATEURS, QUI REGRETTENT PARFOIS

DE VOIR S’ESTOMPER CE RAPPORT PRIVILÉGIÉ.

Pluralisme de l’offre et des publics

Avec une offre de magazines très large, le groupe France Télévisions parvient à satisfaire presque tout son public. Cela n’empêche ce-pendant pas les téléspectateurs d’exprimer des demandes d’ajus-tement dans la grille des programmes. Que ce soit à propos de l’offre de programmation culturelle, à propos des animaux ou en-core des programmes en direction du jeune public, les téléspecta-teurs suggèrent certaines évolutions.

« Je suis comme la téléspectatrice de tout à l’heure, j’ai été marquée dans mon enfance par des émissions qui traitaient de tous les animaux, dans tous les espaces de la vie ; on fait partie de la nature avec eux, c’est donc un élément important.

Aujourd’hui, depuis la fin de 30 millions d’amis, le traitement ou plutôt le non-traitement des animaux à la télévision me pose problème. Il n’existe plus du tout d’émission qui parle des animaux, plus de magazine. Pourquoi ne sont-ils pas suffisamment traités ? »

témoignage19|01|17 lille

Anne-Claire

Les magazines contiennent une dimension éducative qui per-met de transmettre en s’amusant et de faire découvrir d’une manière ludique. Mais si certaines émissions sont destinées en priorité à la jeunesse, les magazines constituent des moments pluriels, lors desquels la famille entière peut se retrouver. Les télé spectateurs demandent que France Télévisions prenne en compte cette nécessité de préserver les émissions comme moments de partage et d’accès à la connaissance, en aména-geant la diffusion pour toucher toute la famille.

« Dans les magazines, il y a des choses que j’aime bien comme Alcaline. C’est agréable, suffisamment éclectique et court. En revanche, j’ai regretté la disparition de C’est pas sorcier. Je suis éducateur et je passe des épisodes de l’émission à des jeunes en grande difficulté scolaire pour qu’ils puissent découvrir des choses et avoir accès à la science. Une manière d’aborder la connaissance qui sorte de l’encadrement scolaire, c’est parfois important. »

témoignage19|01|17 lille

Mathieu

« C’est très compliqué de faire des magazines pour les jeunes. Il y en a qui ont marqué des générations, et il n’est pas dit que ça ne revienne pas, peut-être sur France 4. Une partie de réponse est permise dans l’offre d’animation de France 4 et de France 5, notamment avec l’idée de rassembler parents et enfants. Les magazines qui s’adressent aux jeunes, il y en a de moins en moins, on en a supprimé à cause d’un manque d’audience. À un moment, c’est compliqué par rapport au retour d’audience. »

19|01|17 lille

Fabienne Barollierdirectrice adjointe des magazines de France 5, en charge du pôle société et décryptage

6362

2.5 DES MAGAZINES PLURALISTES ET DE PROXIMITÉ

Privilégier une relation de proximité

Qu’il s’agisse de sujets éloignés de leur quotidien, liés à la découverte, mais aussi à leur vie de tous les jours, les téléspec-tatrices et téléspectateurs apprécient la respiration que permettent les maga-zines. Ils peuvent faire une pause dans leurs activités et entrer dans une autre ambiance. Ce qu’ils apprécient alors tout particulièrement, c’est de se sentir inté-grés aux programmes, de ne pas être mis à distance. C’est toujours « sans en avoir l’air » que les magazines semblent permettre aux téléspectateurs de se dé-tendre, mais aussi d’apprendre. La proxi-mité de cette relation aux programmes, cette demande de se sentir chez soi en regardant une émission, c’est aussi le témoignage de la construction d’un atta-chement à la télévision de service public.

« Je trouve qu’il existe une différence entre les magazines de service public et ceux des autres chaînes. Par exemple, j’aime beaucoup les émissions de Frédéric Lopez, parce que les concepts sont différents de ce qu’on peut voir sur des chaînes privées, j’apprécie aussi la qualité des interviews. Et puis on oublie la technique, France Télévisions est discrète dans ses émissions, les gens s’expriment tranquillement et on écoute des tas de choses de cette façon-là. »

témoignage02|02|17 limoges

jean-pierre

« Ce que j’aime, c’est aussi tomber au hasard. Par exemple, on zappe, et à un moment on tombe sur Silence, ça pousse !. Personnellement je ne suis pas quelqu’un qui jardine, j’habite en centre-ville. Mais cette façon dont il travaille, se comporte, c’est vraiment super sympa, on a l’impression d’y être !

On sent que c’est un passionné : il aime ce qu’il fait avec la terre. Et moi qui aime la nature, je m’évade avec lui. Il n’y a pas ce côté très sérieux. C’est un bel exemple d’émission sur laquelle on s’arrête et qui nous permet de nous évader un petit peu. »

témoignage02|02|17 limoges

oscar

« L’exemple que vous avez donné de Silence, ça pousse ! est intéressant parce qu’il illustre la manière dont on fonctionne. La personnalité de Stéphane, c’est d’abord un choix, parce qu’il est légitime, c’est un expert dans son domaine. C’est effectivement quelqu’un qui est un véritable passionné. Mais c’est quelqu’un qui par ailleurs est un artiste, très drôle, un peu foufou. Nous, on doit jouer avec tous ces paramètres… C’est d’abord une émission de jardinage, avec du conseil pour ceux qui veulent jardiner, que ce soit dans un grand jardin, ou une simple terrasse, ou un petit balcon… Et puis, il y a ceux qui regardent parce qu’il y a de l’humour, ça détend, on est vendredi soir, on n’a pas envie de se prendre la tête ; il est drôle, mais il faut quand même doser… Quand on va en salle de montage, on joue sur un équilibre pour que le plus grand nombre y trouve son compte. »

02|02|17 limoges

Patricia Corphiedirectrice adjointe aux magazines de France 5, en charge du pôle culture, art de vivre et découverte

Par ailleurs, les dispositifs d’interac-tivité ajoutent une autre dimension de proximité dans les magazines. Qu’ils re-flètent des opinions différentes de celles des experts (lors d’émissions comme C dans l’air) ou qu’ils rapprochent les télé spectateurs des sujets évoqués  : « Ça coupe les frontières », explique Guilhem, présent pour la table ronde de Bordeaux le 6 février 2017. Cette inter-activité est reconnue également comme une richesse par les professionnels de France Télévisions, qui la développent dans leurs programmes. Ainsi, les com-mentaires et les interventions deviennent de plus en plus partie intégrante des programmes en s’appuyant souvent sur les moyens numériques qui permettent le direct.

Par ailleurs, les téléspectateurs n’ont pas envie de ressentir que leur réalité est en dehors de celle qui est présente à la télévision, ce qui passe par les su-jets abordés, les invités présents, mais aussi la possibilité faite d’intervenir dans certains programmes. On retrouve le thème de l’interactivité comme possibili-té de voir son avis, mais aussi sa réalité, compter, être pris au sérieux.

« Je voudrais revenir sur 9h50 le matin, c’est vraiment une émission que j’aime beaucoup, parce qu’elle est ouverte sur tout, on y parle de littérature, d’associations… C’est une émission complète que j’aime suivre parce qu’elle nous rend service et nous apprend des choses. Et puis il y a ce contact avec le public, avec les téléspectateurs qui appellent, le jeu où les auditeurs appellent. En un mot : elle est fraîche. Et puis ça bouge aussi, il y a un moment d’échange avec Delphine Roux, des gens qui viennent en plateau ; c’est à chaque fois différent et c’est ce qui nous plaît aussi : apprendre de nouvelles choses avec des personnes différentes. »

témoignage02|02|17 limoges

walter

« Quand on fait de la télévision locale, on n’invente plus grand-chose. On fabrique un voyage qu’on n’aura jamais terminé : celui avec les téléspectateurs qui auront toujours des choses à nous raconter. On est juste le trait d’union entre tous ceux qui nous regardent. »

02|02|17 limoges

Christophe Zirnheltproducteur artistique et animateur de l’émission 9h50 le matin

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télé-visions ?Un regard bienveillant. Conduire le paquebot de l’audio-visuel public dans le tourbillon des images d’aujourd’hui est une chose difficile. J’ai l’impression qu’entre public et privé, le bateau tangue parfois, qu’entre l’impérieuse nécessité de maintenir sa mission et celle de trouver de nouvelles ressources, le cap est difficile à garder.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?De l’audace. Qu’elle renforce résolument sa mission culturelle à travers des émissions emblématiques, des captations. Elle doit donner encore plus la parole aux créateurs de notre temps.

Le service public, ce ne sont pas seulement des pro-grammes, des concepts, des audiences ou des bud-gets. La télévision publique a naturellement un rôle à jouer dans la démocratie et le vivre-ensemble. Elle est aussi parfois la seule fenêtre culturelle qui entre dans les foyers.

Exigeante et populaire, indépendante et pluraliste, elle doit être le reflet de la diversité de la société et s’adres-ser à tous les publics.

Elle joue aussi un rôle déterminant dans le financement et la diffusion de la création française et de notre ex-pression linguistique. Elle doit se faire l’écho de sa ri-chesse et de son inventivité. Parce qu’elle n’est pas une télévision commerciale, faire primer un objectif d’au-

dace sur des impératifs d’audience doit être l’un de ses engagements. Et cet engagement est capital au mo-ment où les technologies numériques affaiblissent les ressources traditionnelles de la création.

Partenaire de la création, partenaire des créateurs éga-lement. Sans une relation forte et permanente avec les auteurs, sans une volonté de les associer à tous les dialogues et formes de régulation, le service public ne jouerait pas son rôle. C’est aussi cette singularité qui justifie son existence.

OLIVIER MANTEIDIRECTEUR DU THÉÂTRE NATIONAL DE L’OPÉRA-COMIQUE

PASCAL ROGARDDIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SACD

la parole aux partenaires

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La place centrale de l’information locale face à l’information nationale

Les téléspectateurs ont insisté sur le besoin d’une télévision de proximi-té, qui chercherait à donner toute sa place au régional face au national de Guadeloupe 1ère. La radio est apparue comme le vecteur clé de cette proxi-mité. Ils attendent que la télévision ren-force elle aussi cette proximité, à travers la langue, les points de vue, la capacité à donner une image de la société guade-loupéenne dans sa spécificité.

« Des journaux locaux toutes les heures plutôt que du national. »

« On devrait commencer par le journal régional, puis un journal en créole, ou plus de créole dans les journaux. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail de Jean-Maxence Granier

« Les gens ne sont pas rentrés à 19 heures. C’est pour cela qu’on fait le régional à 19 h 30. C’est vraiment le contexte qui joue. »

03|04|17 Pointe-à-Pitre

Sylvie Gengouldirectrice régionale, Guadeloupe 1ère

« Il faut consacrer encore plus de temps à l’information locale. Les informations nationales de Guadeloupe 1ère sont quelquefois un peu redondantes avec les autres offres et, souvent, déjà un peu réchauffées, alors qu’on pourrait consacrer plus de temps au local, creuser davantage. »

« Il faut être plus réactif, plus dans l’immédiat, dans l’information de proximité. »

« Le national, on peut le retrouver partout, c’est une copie de l’Hexagone, ça a moins d’intérêt. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Jean-Maxence Granier(consultant éditorial think-out)

2.6 La Guadeloupe et l’information

UN ATELIER CONSACRÉ À L’INFORMATION SUR

LA TÉLÉVISION PUBLIQUE S’EST TENU À POINTE-À-PITRE LE 3 AVRIL. EN

VOICI LES PRINCIPALES EXPRESSIONS.

L’ancrage caribéen

Les participants à l’atelier ont eu à cœur de voir Guadeloupe 1ère mieux inscrire la Guadeloupe dans son espace géogra-phique proche, à côté de son lien avec la métropole.

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

catherine« Il faudrait mieux prendre en compte les informations qui concernent l’espace caribéen et les îles qui nous entourent. Il faut créer plus de passerelles avec les mondes anglophones et hispanophones, qui sont nos voisins, et notre environnement économique et culturel immédiat, avec lequel on n’échange pas assez. Ce serait pédagogique pour tout le monde. »

« Il faut relier la Guadeloupe avec le reste du monde. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Jean-Maxence Granier(consultant éditorial think-out)

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« Il manque un peu d’investigation et d’enquêtes, de suivi et de profondeur, notamment sur la question de l’eau. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Éric Lefèvre (rédacteur en chef radio, Guadeloupe 1ère)

« Plus de décryptages et d’analyses, car l’information, on l’a déjà, en particulier sur Guadeloupe 1ère. »

« Poser les bonnes questions, celles qui dérangent les dix personnalités de la Guadeloupe. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Éric Rayapin(journaliste télé, Guadeloupe 1ère)

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par sophie le saint (présentatrice de JT, France 2)

« Sur la vie locale, il faut aller plus loin, développer l’investigation, les enquêtes, aller plus en profondeur, être moins frileux, être plus précis. »

« Faites un peu d’investigation. N’ayez pas peur de chatouiller les puissants. Il n’y a pas de Canard enchaîné. »

« Les informations locales ne sont pas assez étoffées, pas assez conséquentes, pas assez approfondies. »

« Mettre en scène la pluralité des points de vue sur les questions d’actualité, à travers des débats et continuer les échanges sur le Net. »

« Il y a eu une émission en feuilleton sur le conflit à Marie-Galante. C’était très intéressant et dans le vif du sujet. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Jean-Maxence Granier(consultant éditorial think-out)

« Quand on regarde Guadeloupe 1ère, on doit sentir qu’on est bien ici. »

« La radio, on l’écoute partout. C’est l’outil du local par excellence. Elle permet à chacun de s’exprimer. »

« La radio, c’est le compagnon du quotidien. Il y a plus d’écoute. C’est la radio de tout le monde. Les gens appellent, on y parle en créole. »

« Il faut une ligne éditoriale commune aux trois médias, on doit reconnaître un seul ton. »

« Plus de proximité intelligente, pertinente. »

« J’ai envie de voir la Guadeloupe dans cette télévision, et aussi la projeter ailleurs. »

« Un journal produit en créole, pas seulement une mauvaise traduction. »

« Intégrer le plus possible le créole dans les éditions. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par sophie le saint (présentatrice de JT, France 2)

« Ce média doit être le reflet de nous-mêmes, une “tele an nou”, avec une proximité territoriale bien sûr, mais aussi une proximité plus éditoriale, plus affective. »

« On pourrait imaginer un bus qui circule à travers les quartiers, pour aller à la rencontre des gens, pour saisir des tranches de vie. Une télévision mobile, un camion qui irait à la rencontre des Guadeloupéens, avec des portraits, des petits modules... On s’intéresserait plus aux gens. »

« (...) que la télé ressemble plus à la Guadeloupe, à sa façon de penser, qu’elle ressemble un peu au pays. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Jean-Maxence Granier(consultant éditorial think-out)

2.6 La Guadeloupe et l’information

Des enjeux de proximité qui passent parla fonction du « reflet de nous-mêmes » dans l’information de Guadeloupe 1ère, la valorisation du radiophonique au ser-vice de la proximité, et des attentes ex-primées sur la langue créole.

L’enjeu de l’investigation et du débat

Les téléspectateurs se sont montrés exigeants vis-à-vis de l’information loca-le qui devrait, à leurs yeux, se doter de toutes les caractéristiques attendues du service public en matière d’information nationale, en termes de densité, d’acuité et de pluralité des points de vue.

7170

Le rôle et les valeurs de la télévision de service public

Au-delà de l’information, les partici-pants ont exprimé une très forte idée de la télévision de service public, en réso-nance avec de nombreux thèmes pré-sents dans les Rencontres, en particu-lier autour des moyens de faire société.

« L’offre de télévision publique doit promouvoir un modèle de société, être conforme avec lui. »

« Mettre en valeur les belles initiatives, pour donner une envie d’agir. »

« Un journal des initiatives pour valoriser les bonnes idées, pour mettre en avant les choses positives. »

« La télévision doit reconstruire le lien social plutôt qu’isoler les gens. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Sylvie Gengoul (directrice régionale, Guadeloupe 1ère)

« On a dit que nous financions la télé publique par nos impôts. C’est vrai, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, ce sont les valeurs dont elle est porteuse. Pour moi, c’est une qualité, et c’est ça qui compte. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

une jeune femme

« Il faut pouvoir évaluer, mesurer la télévision publique, pour se fixer des objectifs. Cette télé doit être contributive à la société et l’accompagner dans son développement, avec des indicateurs. »

03|04|17 Pointe-à-Pitre

Sylvie Gengouldirectrice régionale, Guadeloupe 1ère

pour résumerComme le faisait remarquer un télé-spectateur par le biais du Facebook Live au moment de l’agora tenue à Paris le 6 décembre 2016, l’intérêt de l’offre de France Télévisions en termes d’infor-mation est qu’elle est organisée comme un dispositif qui n’est pas limité aux journaux télévisés. Les magazines, les documen taires et maintenant la chaîne en continu fournissent aussi une infor-mation, fabriquée et présentée différem-ment. Si la multiplication de ces formes et de ces rythmes de diffusion n’inquiète pas les téléspectateurs, ils restent très attachés à une information fiable et de qualité. Le public demande en revanche un effort concernant le choix des sujets et des angles afin qu’ils ne ressemblent pas à ceux de la concurrence.

2.6 La Guadeloupe et l’information

« Certaines informations paraissent censurées, limitées, comme si les journalistes ne pouvaient pas tout dire. Il leur faut plus de liberté, d’autonomie et moins de pression. »

« Buzz 1ère, c’est une émission sans queue ni tête, les gens sont trop d’accord entre eux. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Jérôme Boecasse (présentateur de JT, Guadeloupe 1ère)

« Je vous ai entendus, je vous ai écoutés et je suis souvent d’accord avec vous. Ce besoin d’ancrage, d’ouverture, de renouvellement, je l’entends. Un magazine d’investigation va être lancé et, le soir, il va y avoir une grande conversation qui sera un vrai regard parallèle guadeloupéen sur l’actualité. »

03|04|17 Pointe-à-Pitre

Sylvie Gengouldirectrice régionale, Guadeloupe 1ère

« Ça fait trente ans que je suis à Guadeloupe 1ère

et je n’ai jamais eu ni sanction ni pression. On doit donner des informations vérifiées et, quelquefois, on ne peut pas donner l’info immédiatement. »

03|04|17 Pointe-à-Pitre

Éric Rayapinjournaliste, Guadeloupe 1ère

« Twitter, cela permet de réduire le décalage avec la métropole. Il faut le développer encore davantage. »

« Mais c’est difficile de monter des débats en Guadeloupe, car les gens ne veulent pas se lancer. Il y a un frein culturel. Les gens ne veulent pas être vus car ils ont peur du qu’en-dira-t-on. »

03|04|17 Pointe-à-Pitre

Jérôme Boecassejournaliste, Guadeloupe 1ère

« La ligne éditoriale, c’est important. C’est un peu vieillissant avec le JT. »

7372

Parmi les outils que les programmes de France Télévisions peuvent fournir figurent des modèles, des exemples qui peuvent agir comme des références dans la vie quotidienne, dans les actions individuelles ou collectives. Le récit de tra-jectoires de vie, d’initiatives, de passions est par ailleurs un moyen de transmettre, sans les imposer, un certain nombre de valeurs portées par le service public. La solidarité, la to-lérance, la persévérance, l’ouverture aux autres ou encore l’engagement ou la citoyenneté sont valorisés à travers de multiples supports : fictions, documentaires, retranscrip-tions sportives... Les téléspectateurs expriment le souhait

de retrouver ces valeurs qui permettent de ne pas limiter le rapport qu’ils entretiennent avec France Télévisions à une simple consommation de programmes. Entre le public et sa télévision, on assiste à un échange et un partage de ces va-leurs qui nous grandissent. Enfin, l’exigence culturelle est au cœur des attentes du public de France Télévisions. Celui-ci souhaite voir et par-tager des créations et des événements de tous genres et de tous niveaux. Il ne s’agit pas de se prendre trop au sé-rieux, mais de s’enrichir d’une pratique culturelle collective et d’une curiosité partagée.

La télévision publique reste un lieu de découverte et de transmis-

sion. En ouvrant des horizons, en mettant en avant des modèles et

des valeurs, elle participe à faire grandir un public en demande d’exi-

gence et de qualité, notamment au travers d’émissions enrichissantes.

3. NOTRE TÉLÉVISION :POUR GRANDIR ENSEMBLE

7574

3.1 DÉCOUVRIR DES MODÈLES

« 9h50 Le Matin, c’est une émission qui parle vraiment de la région. C’est bien qu’on en parle un peu, qu’on sache ce qu’il s’y passe. Souvent, dans cette émission, on entend parler d’associations dont on ignorait l’existence. Ça permet donc de les découvrir, de découvrir des gens. »

témoignage02|02|17 limoges

oscar« Je voudrais revenir sur les émissions pour les jeunes, notamment les jeunes en formation. Vous savez, c’est grâce à un reportage sur France 3, il y a six ans, que mon fils est venu à Orchies en apprentissage et qu’il est devenu boulanger. Aujourd’hui, il a une médaille de meilleur artisan.

C’est une émission dont je me souviens encore. Elle a été très importante pour notre famille. Aujourd’hui, je suis ravie d’être dans le Nord parce que je connais mon boulanger, ma professeure de couture. Ce sont des artisans formidables. On devrait parler des gens comme eux dans les magazines, parler de ces métiers, avec ou sans le bac, des gens qui les exercent, et arrêter de casser les gamins qui n’ont pas tous les diplômes.

Ce serait bien de voir les enseignants et les artisans de la vraie vie ! »

témoignage19|01|17 lille

anne-claire

« J’essaie d’inviter le plus souvent possible des personnes qui participent à des associations et qui prennent des initiatives au niveau local. C’est un moyen de montrer que les gens font des choses, et des choses parfois étonnantes juste à côté de chez soi. »

réponse02|02|17 limoges

Christophe Zirnheltproducteur artistique et animateur de l’émission 9h50 Le Matin

La télévision publique permet de découvrir et de mieux connaître des univers différents et nouveaux. En met-tant en avant des exemples de réussites, d’actions et de réalisations concrètes, elle donne à voir le monde dans une perspective enrichissante et fournit des idées et des références pour nos propres pratiques quotidiennes.Lors de l’atelier tenu à Toulon, les téléspectateurs ont demandé à ce que les trajectoires des sportives et

des sportifs qui sortent du commun et qui illustrent l’abnégation soient plus systématiquement mises en avant pour ne pas se centrer uniquement sur les performances.

Comme en témoigne Anne-Claire, une émission peut entraîner de grands changements dans la vie du pu-blic qui y trouve parfois des idées, des passions ou des vocations.

7776

même France que celle qui est relatée. Je le dis, le vrai problème, c’est que ce type de presse ne gère pas son côté anxiogène.

Et puis, en période d’élections, je trouve qu’on fait la part belle aux sondages, alors qu’on a vu, il n’y a pas si longtemps, que c’était du vent. Peut-être aller sonder les gens réellement plutôt que le faire en surface ? Ça ressemble aussi à un problème générationnel. Tout est en surface, la profondeur n’existe quasiment plus. Ça va trop vite, il faut que ça aille vite, que ça soit digéré vite et, en plus, il faut que ça booste.

On ne sait plus ce qu’on raconte, malheureusement. Les gens des campagnes sont perdus ; ceux des villes, pareil. Ça crée ce climat où on se regarde avec suspicion, un climat délétère. »

« Je fais un spectacle qui s’appelle Éloquence à l’Assemblée et qui reprend des interventions faites au Parlement au cours de l’histoire. Diffuser ce spectacle à la télévision ferait figure de legs. Il y aurait sa place, au même titre que l’information, l’information normale, l’information généraliste. Cela permettrait peut-être de réconcilier certaines parties de la France qui ne se sentent pas concernées par tous les discours des politiques actuels. Peut-être qu’on peut éveiller une citoyenneté qui sommeille en remémorant tout ça.

Avec ces chaînes d’info en continu qui se développent, on a plusieurs types de presse. On a celle qui est très anxiogène et dangereuse, qui traite de sujets de société, de terrorisme ou autre. Moi qui vis encore avec les gens des quartiers, j’ai pas l’impression de vivre dans la

16|03|17 ANGERS

JOEYSTARRRAPPEUR, PRODUCTEUR ET COMÉDIEN

3.2 TRANSMETTRE DES VALEURS

« Vous savez, on a besoin de vous pour refléter la société ! Vous, les journalistes, vous êtes les intermédiaires avec les gens qui ont des responsabilités. On a besoin d’un fil conducteur pour savoir pour qui s’engager. »

témoignage15|12|16 lyon

marcSANS PARTI PRIS NI

MORALISME, LES TÉLÉSPECTATEURS

ATTENDENT DE LEUR TÉLÉVISION QU’ELLE METTE EN AVANT DES

VALEURS POSITIVES PRÉSENTES DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE.

LA SOLIDARITÉ, LA LIBERTÉ, L’ÉGALITÉ SONT AUTANT DE THÈMES QUE

LE PUBLIC S’ATTEND À VOIR DÉFENDUS PAR

LE SERVICE PUBLIC EN FRANCE. C’EST AUSSI EN RELATION AVEC LA DÉMOCRATIE QUE CE

RÔLE EST ENVISAGÉ, LA TÉLÉVISION PERMETTANT

DE VALORISER LE DÉBAT DÉMOCRATIQUE.

Des valeurs citoyennes

Dans l’animation démocratique et ci-toyenne du pays, la télévision publique a un rôle à jouer. Donner la parole à toutes les opinions et faire place aux grands débats et aux grands enjeux contempo-rains sont des attentes du public. Il s’agit de faire vivre un dialogue collectif qui doit rendre compte de la pluralité des points de vue et de leur possible coexistence.

« La démocratie et la République ne sont pas des décrets administratifs. Ce qui signifie que la culture et l’éducation doivent servir à ce que la démocratie ne soit pas simplement un objet issu du suffrage universel, dénué de sens. »

16|03|17 angers

Olivier Pydramaturge et metteur en scène, directeur du Festival d’Avignon

7978

Des valeurs d’exemplarité

Le public recherche dans la télévision des valeurs comme la solidarité, l’ouver-ture sur les autres ou le respect, des va-leurs qui doivent faire office d’exempla-rité pour celles et ceux qui la regardent. Il appartient dès lors à la télévision pu-blique de mettre en scène, sans juge-ment et sans prescription, des situa-tions de fonctionnement collectif et d’en-traide, notamment lors des grands évé-nements de solidarité collective comme le Téléthon ou le Sidaction.

La télévision publique a une certaine forme de responsabilité à travers les personnes, les actions et les initiatives mises en scène durant les émissions, comme le suggère la question d’une té-léspectatrice au moment du Facebook Live de Lille, le 19 janvier : « À quoi ça sert, la télévision publique, dans la construc-tion du monde de demain ? »

Les remarques des téléspectateurs sont parfois plus critiques par rapport aux valeurs qu’ils perçoivent dans les pro-grammes. Ainsi, Geneviève, présente à Trouville le 11 mars 2017, demande à ce que la famille soit présentée sous un meilleur jour, notamment dans les fic-tions telles que Parents, mode d’em-ploi : « Il faut faire attention à la manière dont les personnages s’adressent les uns aux autres. Il faut montrer que le respect mutuel est une valeur impor-tante de la famille. Dans certains pro-grammes, les enfants et les parents s’adressent la parole de manière trop violente. »

« Vous parlez de culture, mais est-ce que le rôle de la télévision aujourd’hui ne devrait pas être celui de l’éducation ? Les nouvelles générations regardent beaucoup d’émissions pas très culturelles... Vous, vous pouvez contrôler ce que vous diffusez, à l’inverse des réseaux sociaux où les gens se lâchent et veulent donner leur avis dès qu’il y a des troubles. Il s’insultent, ne se respectent pas entre eux. En tant que télévision, pouvez-vous faire quelque chose contre ça ? »

témoignage16|03|17 angers

Christian

« La responsabilité du magazine, c’est l’imagequ’on projette. Il faut projeter de l’espoir, du positif, et les magazines peuvent servir à ça. »

19|01|17 lille

antony dufourfondateur et gérant de la société de production Hikari

« L’un des mots que je préfère dans la langue française est “ensemble”, et je suis heureuse de beaucoup l’entendre dans ces Rencontres. Et mon autre mot, ce sera “merci”. Merci à France Télévisions d’exister. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Nous avons commencé il y a 23 ans… Au nom de Sidaction, je voudrais remercier le service public qui, dès le premier Sidaction en 1994, était présent à nos côtés pour ce combat. Le sida est toujours là, et le nerf de la guerre, c’est toujours l’argent. Grâce à France Télévisions, nous pouvons, chaque année, informer, sensibiliser et collecter. »

21|02|17 paris

line renaudvice-présidente du sidaction

3.2 TRANSMETTRE DES VALEURS

« Quand vous annoncez dans les actualités un demi-milliard de francs CFP pour Saint-Louis, c’est dommage qu’on n’ait pas un documentaire sur la manière dont ça va être mis en œuvre, par qui, qui va toucher l’argent... Le documentaire permettrait de faire une focale sur un enjeu d’actualité, et les citoyens lambda pourraient en savoir plus sur les sujets qui font polémique. »

témoignage22|02|17 nouméa

téléspectateur

8180

STÉPHANE BERNPRÉSENTATEUR, FRANCE 2

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Sur France Télévisions, je porte un regard qui, comme la plupart des Français, est celui de l’attachement à une télévision de service public, avec un désir de variété des programmes et une exigence de qualité. France Télévisions est sans doute le média qui propose l’offre la plus riche et variée, une forte diversité qui reflète ses missions. Divertisse-ments, magazines, jeux, culture, découverte, information, décryptage, hu-mour… Avec, en prime, une forte identité et une palette de personnalités pour l’incarner. Aucun autre groupe de télévision ne peut offrir une telle diversité de visages parmi les plus populaires auprès des Français.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?J’attends de la télévision de service public qu’elle soit divertissante et gour-mande, intelligente et créative, dans le respect de ses missions : mettre la culture, la connaissance, le savoir au service de tous, non dans un esprit élitiste mais dans une volonté farouchement assumée et renouvelée de parler au plus grand nombre. La télévision de service public se doit aussi d’être rigoureuse dans l’information qu’elle fournit, à la recherche de la vé-rité et sans esprit de parti ou de clan, mais détendue dans la diffusion de ses divertissements, sans a priori aucun, avec juste la volonté de distraire sans abrutir. Enfin, pour résumer, la télévision de service public doit, selon moi, être un outil culturel qui s’adresse au plus grand nombre.

STÉPHANE MARIEANIMATEUR, FRANCE 5

Quel regard portez-vous sur France Télévisions ?Ce n’est pas par hasard si je travaille pour ce groupe puisque c’est celui dans lequel il me semble pouvoir faire passer sans trop de contraintes ce que je souhaite partager : une certaine idée de la culture, et pas seule-ment celle des plantes.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?Dans un contexte où le formatage règne en maître sur d’autres chaînes, France Télévisions doit offrir autre chose. Je pense que nous devons continuer à être audacieux. Nous devons aussi continuer à être construc-tifs, éviter les caricatures, ne pas être gratuitement alarmants et surtout être dans la proximité avec nos publics. J’attends de la télévision publique qu’elle me donne une vision ouverte et curieuse du monde, j’attends qu’elle continue d’offrir ce qu’elle m’a donné lorsque j’étais adolescent en province : un accès exigeant à la culture sous ses formes les plus diffé-rentes.

Quel regard portez-vous sur France Télévisions ?Il est difficile de porter un regard sur France Télévisions tout en y travail-lant. La télévision publique porte l’ambition de donner à voir et à com-prendre au plus grand nombre, en offrant un bouquet large et complet : chaînes généralistes, sites dédiés aux régions, à l’Outre-mer, à la jeu-nesse, à l’info en continu avec une offre originale mêlant Web et télévi-sion... Le groupe a sans doute une responsabilité forte dans les pro-grammes qu’il offre aux téléspectateurs. La notion de télévision citoyenne est importante.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ? L’un des rôles de la télévision de service public est d’éveiller les consciences. En ce qui concerne l’information, il faut donner à com-prendre et à réfléchir, donner des clés de compréhension dans les jour-naux télévisés et les magazines.

Les téléspectateurs ne sont pas que de simples consommateurs. Ils sont exigeants à notre endroit car ils paient la redevance et se sentent, d’une certaine façon, propriétaires de France Télévisions. Ils veulent aussi avoir la parole, être parties prenantes des débats de notre société.

SOPHIE LE SAINT JOURNALISTE, FRANCE 2

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Cela fait déjà vingt-cinq ans que je suis journaliste à France Télévisions : à France 3, en régions, à la rédaction nationale, pour les programmes et désor mais à franceinfo, la nouvelle chaîne d’information continue du groupe. Une nouvelle offre à l’image de l’entreprise et de ses enjeux : ri-goureuse sur le fond et innovante sur la forme, pertinente et impertinente... libre !

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?Une offre de télévision publique visible sur tous les écrans, sur la TNT comme sur les smartphones et les tablettes, afin de s’adresser au plus grand nombre, et à toutes les générations… notamment les plus jeunes, qui regardent de moins en moins la télévision « traditionnelle » ! Dans un environnement de plus en plus concurrentiel, et dans lequel les vraies informations se mélangent souvent aux fausses, particulièrement sur les réseaux sociaux, France Télévisions doit, plus que jamais, être un repère et une référence.

LOUIS LAFORGE JOURNALISTE, FRANCEINFO

la parole aux animateurs

8382

3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

LA DIMENSION CULTURELLE EST AU CŒUR DE

L’ATTACHEMENT DU PUBLIC À FRANCE TÉLÉVISIONS. LES TÉLÉSPECTATEURS

DEMANDENT À ACCENTUER LA PROPOSITION DE

PROGRAMMES DANS CE DOMAINE MAIS AUSSI À

RENOUVELER LES SUJETS TRAITÉS ET LES MANIÈRES

DE LES ABORDER. LA DIMENSION CULTURELLE DU SERVICE PUBLIC RENVOIE À UNE EXIGENCE DE QUALITÉ

GLOBALE ET EST PRÉSENTÉE COMME UN ENRICHISSEMENT

INDIVIDUEL ET COLLECTIF. LE SERVICE PUBLIC A UN

RÔLE IMPORTANT À JOUER : POUR RENDRE COMPTE DES

INITIATIVES LOCALES ET NATIONALES, PROPOSER DES PROGRAMMES ORIGINAUX ET MÉNAGER DES ACCÈS À UNE

CULTURE PARTAGÉE.

Diversité culturelle, la culture pour toutes et tous

Le service public doit se distinguer des autres offres pour donner de la visibi-lité aux événements ou aux créations – spectacles, concerts, fictions – inac-cessibles autrement. Il s’agit aussi de donner envie, de faire découvrir des univers vers lesquels les téléspecta-teurs ne seraient pas allés spontané-ment. S’aventurer hors des sentiers battus, c’est ce que réclame le public, à l’image de ce téléspectateur interve-nant à Lyon, le 6 décembre : « Il n’existe plus aujourd’hui, ni à la télévision ni sur Internet, d’accès à des programma-tions différentes. On n’a plus accès aux salles de concert alternatives. C’est pa-reil pour le théâtre non subventionné. On ne voit que la Biennale de la danse, la Fête des Lumières, mais pas le reste. Je comprends que vous deviez faire des choix mais, là, c’est flagrant. »

« Il faudrait profiter des journaux télévisés pour parler d’autres choses, par exemple, des thématiques culturelles. Il y a peu de reportages à des heures de grande écoute sur les thématiques culturelles. Il faudrait trouver d’autres informations, d’autres sujets. »

témoignage17|01|17 strasbourg

constantin

« Pour moi, les émissions culturelles manquent vraiment beaucoup sur France Télévisions.

Autrefois, il y avait des émissions éducatives, que l’on ne trouve plus beaucoup. Finalement, c’est tout un domaine éducatif que l’on ne retrouve pas actuellement. Je crois que les gens aiment bien les émissions éducatives. »

témoignage19|01|17 lille

catherine

Cette variété des genres culturels, de leurs formes et de leurs origines, passe notamment par des prises de risque dans la programmation et par l’attention particulière portée aux formes régionales de la production culturelle, comme l’évoque Didier Cagny, directeur régional de France 3 Hauts-de-France : « On essaie de traiter des personnalités culturelles au niveau local. Par exemple, on a fait une émission sur Michel Pruvot, un accordéoniste de la région. Pour nous, c’est une personnalité qui in-carne la culture de la région. On ne l’a pas fait comme une émission de variétés, mais comme le portrait d’une personnalité. »

« Les nouvelles offres, comme Culturebox, c’est bien, mais leurs contenus ne sont pas assez promus sur les antennes. Il faut en parler directement dans vos programmes pour pouvoir capter le public jeune. »

« Culturebox n’est pas assez visible sur Pluzz. Moi, la télévision, je la regarde sur PC. Il faut rendre Culturebox plus visible. »

témoignage25|03|17 orléans

pierre

témoignage25|03|17 orléans

yann

« Il nous faut optimiser notre écosystème pour mieux faire dialoguer le télévisuel et le digital, pour créer plus de synergies entre les différentes offres, comme on le fait par exemple avec l’émission Culturebox. »

01|03|17 marseille

Mathilde Michelsecrétaire générale des programmes auprès de Xavier Couture et directrice de l’Unité Culturebox

8584

3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

Apprendre par la télévision

Les téléspectateurs racontent combien la télévision leur est utile pour découvrir et apprendre. Les programmes, notam-ment ceux relevant du divertissement, comme les jeux, permettent en effet une certaine ouverture et l’acquisition de sa-voirs. Le public insiste sur cette dimen-sion qui leur est utile au quotidien et de-mande à ce qu’elle soit préservée dans la grille et la fabrication des émissions. Le fait d’apprendre par la télévision aboutit enfin à la constitution d’un rap-port particulier entre le public et sa télévi-sion, un échange enrichissant comme le rappelle Assen, venu dialoguer à Lille, le 19 janvier 2017 : « Je suis un consomma-teur de France 5 et je trouve qu’on a connu un âge de la télé très différent d’aujourd’hui. On n’éduque plus, on ne cultive plus comme avant. Il manque de l’éducatif. Moi, j’ai découvert beaucoup de choses avec la télévision d’antan et je voudrais retrouver cet esprit. »

témoignage02|02|17 limoges

Véronique

Je suis très contente et émue d’être là. C’est en regardant des jeux comme Motus ou Pyramide que j’ai appris à parler français. La cuisine française, je l’ai aussi apprise avec la télévision ! Parfois, je fais les jeux avec mon fils, et il m’aide à trouver les mots. »

« Quand je suis arrivée de Moldavie en 1999, je ne parlais pas français. J’ai appris avec France Télévisions.

« Concernant les programmes d’aide scolaire, je sens que le niveau baisse de plus en plus, surtout dans les matières fondamentales, en orthographe et en mathématiques. Je ne sais pas si on peut prévoir, d’une manière ludique, une sorte de soutien pour les élèves. »

témoignage21|03|17 lyon

Hamadi« Une émission comme La Maison France 5, ça incite au bricolage. En regardant l’émission, mon épouse me dit “Tu devrais faire ça”. »

témoignage06|02|17 bordeaux

claude

Quelquefois, les demandes d’appren-tissage se font plus explicites. Il s’agit de trouver, avec la télévision publique, un moyen ludique, décalé, différent des autres, d’accumuler des connaissances.

Certains magazines, par exemple, sont identifiés comme apportant des conseils précieux, sur un mode serviciel ou diver-tissant. C’est notamment le cas de La Maison des maternelles, de La Maison France 5 ou des émissions de santé. Les téléspectateurs mentionnent à la fois le sérieux des conseils et des infor-mations prodigués, la valeur des témoi-gnages, mais aussi l’aspect divertissant des programmes qui rend ces moments d’apprentissage plus légers.

Finalement, ce qu’explique Fabienne Barollier, directrice adjointe des ma-gazines France 5, en charge du pôle Société et Décryptage, c’est que la di-mension éducative est présente en per-manence dans les intentions des ac-trices et des acteurs de la télévision pu-blique : « Je crois que l’on fait de la télévi-sion éducative, même sans le dire, avec nos magazines. En informant, on essaie d’éduquer, même si c’est un grand mot. »

« Dans La Maison des maternelles, on évoque des sujets qui me touchent, qui sont mon quotidien. Mais il y a aussi de l’information un peu plus poussée. »

témoignage06|02|17 bordeaux

mylène

« Bravo, Inès, pour ta question. On essaie déjà, pour les fictions, d’avoir la version française et la vO. On a un public pour ça, très averti, comme toi ! Sur les dessins animés, tu as raison, on pourrait le faire parce qu’ils sont souvent fabriqués avec des partenaires internationaux, souvent en anglais. c’est une proposition ! »

réponse

Nathalie Darrigranddirectrice exécutivede France 5

« pourrait-on avoir des films et des dessins animés en anglais et sous-titrés en français ? »

témoignage01|03|17 marseille

inès

« Ma journée de télévision commence souvent très tôt, avec ma fille qui regarde les dessins animés sur France 5. Ensuite, il y a La Maison des maternelles et je m’y arrête quand il y a quelque chose qui m’intéresse. C’est une émission qui m’a beaucoup appris quand ma fille était petite. Beaucoup de sujets peuvent être très intéressants quand on est jeune maman et qu’on est un peu dans le doute. »

témoignage02|02|17 limoges

Eva

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3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

On fait des choses très différentes dans les magazines. À titre personnel, c’est ce que j’aime bien dans mon métier. On a l’occasion de travailler sur des thématiques très diverses tout en gardant à l’esprit que, si on fait un programme, il faut qu’on y apprenne quelque chose. Il faut que ça serve à quelque chose. Par exemple, les jeux, à France Télévisions, c’est la vraie différence. Nos jeux ne permettent pas de devenir millionnaire. Ce sont des jeux où on va jouer avec la langue française,apprendre des choses, c’est vraiment le but. On n’y arrive pas toujours, on essaie, mais on a vraiment ça en tête à chaque fois.

02 |02 |17 LIMOGES

JEAN-BAPTISTE BRUMELOT CONSEILLER DE PROGRAMMES DES MAGAZINES DE FRANCE 2

« Pour France 5, qui est une fenêtre ouverte sur le monde, la question du temps de la réflexion est importante. Elle rejoint les enjeux liés à la culture, c’est la question du partage. Vous savez, pour nous, la télévision reste un média d’émotion, et il ne faut pas tout lui demander, elle ne peut pas tout porter. Ce qu’on peut faire, à notre niveau, c’est effectivement éveiller. »

réponse01|03|17 marseille

Nathalie Darrigranddirectrice exécutivede France 5

« À la télévision, on n’a pas le temps de développer ses idées, Et vous avez quelques émissions qui ont donné un peu ce temps-là. Gardez-les, développez-les. Aujourd’hui, quand un expert vient à la télévision, c’est toujours le même qui nous raconte la même chanson. On aimerait en avoir d’autres. Et puis, ouvrez-vous à des émissions plus longues. »

témoignage01|03|17 marseille

michel

Des connaissances au service du débat collectif

Le partage des connaissances fait par-tie des enjeux et des missions de la té-lévision publique. Cela passe notam-ment par les débats contemporains. Le public sollicite un renouvellement des « experts » et de meilleures conditions – plus de temps, moins d’imposition de problématiques – pour qu’ils puissent s’exprimer et échanger sur le fond des problèmes.

8988

3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

Partager la culture

Le public souligne l’importance du rôle de la télévision publique dans l’informa-tion liée à la culture, notamment au tra-vers de la valorisation de l’agenda cultu-rel national et local. En plus d’informer sur les événements culturels et l’orga-nisation de spectacles dans ses pro-grammes, la télévision doit mettre en évidence la richesse de la programma-tion culturelle des territoires afin d’en in-former le plus régulièrement et le préci-sément possible son public.

Le partage de la culture est par ailleurs rendu possible par les offres digitales, notamment Culturebox. Si le public est satisfait des services que la plateforme propose, il regrette cependant sa trop faible valorisation sur les antennes et les autres plateformes du groupe. L’idée du public est de considérer ensemble la totalité des offres culturelles pour qu’elles puissent se renforcer les unes les autres.

« Il y a une offre culturelle très riche à Orléans, mais la page Facebook de France 3 Centre ne donne pas assez d’informations sur l’agenda. C’est important. Cette fonction est à renforcer, notamment sur Internet. »

témoignage25|03|17 orléans

bernard

« Tous les matins, on donne des idées de pièces de théâtre ; on invite des auteurs et des acteurs ; la directrice de la bibliothèque vient présenter des idées de livres. C’est une démarche de proposition forte. Mais on pourrait encore mieux promouvoir ces programmes sur Facebook, c’est vrai. »

Isabelle Richarddéléguée à l’antenne et aux programmes de France 3 Centre-Val de Loire

« La culture se vit dans les salles de spectacles, mais ce n’est pas à la portée de tous. C’est aussi le rôle de France Télévisions de donner un accès direct à ces contenus. »

témoignage25|03|17 orléans

véronique

9190

pour résumerSans prétendre à un rôle pédagogique qui ferait concurrence à l’école, la télé-vision publique joue un rôle d’accom-pagnement, de découverte, de mise à disposition de richesses culturelles au-près de son public. Les téléspectateurs attendent de France Télévisions que ses programmes leur apportent quelque chose, une exemplarité morale ou une valorisation symbolique, à travers les fi-gures et les valeurs qui y sont présen-tées et les divers dispositifs permettant la transmission de savoirs et de connais-sances. Ce que demande le public, c’est que France Télévisions persiste dans cette voie et ne recule pas par rapport à cette exigence commune qui fait que la télévision contribue à nous grandir.

« Concernant C dans l’air, le départ d’Yves Calvi a été un véritable traumatisme. On ne l’avait pas anticipé, et ça a été vraiment très dur. On s’est même demandé si on allait pouvoir continuer après lui. Et puis, finalement, nous avons repris l’émission. Caroline Roux est devenue la tête de pont, puis Bruce Toussaint est arrivé pour faire le vendredi et le samedi. On a fait venir de nouveaux producteurs, journalistes et rédacteurs en chef. Et donc, avec une toute nouvelle équipe, avec des gens plus jeunes, des quarantenaires, on a repensé l’émission. Elle s’est renouvelée complètement. Je suis d’accord avec vous : il y a des têtes récurrentes mais il y en a d’autres. Le principe, c’est d’avoir le meilleur spécialiste au moment où on en a besoin. Vous pouvez être certain d’avoir les meilleurs. »

19|01|17 lille

Fabienne Barollierdirectrice adjointe des magazines France 5, en charge du pôle Société et Décryptage

« Je ne veux pas tirer à boulets rouges sur C dans l’air, mais, franchement, ils sont tellement “experts” que, souvent, je me demande pourquoi ils ne se présentent pas pour gouverner la France ! »

« Vous dites que vous privilégiez toujours les meilleurs spécialistes dans vos émissions, mais il ne peut pas y avoir une personne meilleure en tout ! Christophe Barbier n’est pas meilleur en tout, et pourtant, il est toujours invité. »

témoignage19|01|17 lille

lionel

témoignage19|01|17 lille

thibault

« La démocratisation de la culture, c’est l’exigence intellectuelle, artistique et créative mise au service de tous. Là-dessus, on a des idées reçues. On pense que l’exigence ne va pas de pair avec une grande audience. Au contraire, on peut fonder un public populaire quand on le respecte, c’est-à-dire, quand on lui propose des choses difficiles. Dévaluer les œuvres, prendre des œuvres qui nous semblent moins fortes, moins passionnantes, moins exigeantes, sous prétexte de diffuser la culture, ça, c’est vraiment le mauvais chemin, et celui-ci est toujours une impasse. J’ai cette naïveté de croire au public, mais il se trouve que j’ai, chaque année, 250 000 personnes qui voient des choses très difficiles et qui ont quelquefois plus d’exigence que moi-même. Donc oui, je crois au public, c’est ce qui me fonde. Je crois à la démocratisation culturelle parce que je crois à l’intelligence du public. »

OLIVIER PYDRAMATURGE, METTEUR EN SCÈNE DE THÉÂTRE ET DIRECTEUR DU FESTIVAL D’AVIGNON

3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

9392

4. LA RICHESSE DOCUMENTAIRE Si la dimension de découverte, à la fois géographique, cultu-relle ou historique, permise par le documentaire est toujours très présente dans le discours du public, les téléspectatrices et téléspectateurs entendent aussi intervenir sur la nouvelle dimension du genre. Des formats plus longs, une diffusion à des heures de plus grande écoute, une présence et une re-connaissance du documentaire dans le cinéma ont partici-pé à la revalorisation récente du genre. Enfin, la particularité

des fonctions sociales associées au documentaire fait l’ob-jet de l’attention du public qui demande à ce que l’excellence des productions et la passion qui anime les professionnels soient mises au service de la connaissance et de l’ouverture sur le monde. La mise en place de modules associant les documentaires à des débats est particulièrement plébisci-tée dans la mesure où elle permet de valoriser la fonction ci-toyenne du genre : susciter et rendre possible la discussion.

Genre réputé « sérieux », le documentaire concentre l’exigence déjà expri-

mée par le public concernant la télévision de service public : l’excellence.

En effet, il est attaché à la qualité de ces programmes, notamment parce

qu’ils sont aujourd’hui légitimes au-delà des frontières de la télévision.

4. LA RICHESSE DOCUMENTAIRE4. LA RICHESSE DOCUMENTAIRE4. LA RICHESSE DOCUMENTAIRE

9594

Apprendre et comprendre

Le public recherche des connaissances mais aussi des clés et des grilles de lec-ture du monde. Le documentaire, parce qu’il prend une forme plus longue et plus approfondie, est au cœur de cette di-mension pédagogique de la télévision. Comme l’explique Mayla, présente à la table ronde à Issy-les-Moulineaux, le 2 décembre 2016 : « J’attends que France Télévisions me cultive. Je pense que c’est le rôle du service public. »

Le public jeune est tout à fait concerné par la question de l’apprentissage, mais il n’est pas le seul, loin de là. Pour les parents, cette tâche d’éducation est im-portante, et ils partagent souvent avec leurs enfants le goût pour le documen-taire. Ainsi, Dominique évoque un docu-mentaire portant sur l’histoire du fémi-nisme : « C’est un programme qui était très complet. Selon moi, il aurait pu être passé en classe. »

4.1 LA DÉCOUVERTE DU GENRE

« Je regarde avec mes enfants les documentaires sur les animaux, mais le mercredi après-midi, il pourrait y avoir d’autres thèmes abordés. plein de sujets intéressent les enfants. »

« En général, la question se pose sur le temps dédié par les jeunes à la télévision, qui dépasse celui de l’éducation des parents. les messages qui circulent à l’intérieur des écrans viennent et s’incrustent dans les esprits et dans les viscères des téléspectateurs. À une certaine époque, on croyait que les personnalités dessinaient les documentaires. Maintenant, ce sont les documentaires qui dessinent les personnalités et l’ambiance au niveau de la société, surtout en Nouvelle-Calédonie. Chez nous, c’est même une nécessité, ce qui explique peut-être le fort audimat le mardi. Pour les documentaires, il y a une typologie : il y a celui qui choque, qui vient frapper les viscères, qui interpelle et qui, bien souvent, est relié à une quelconque injustice ou à une quelconque arnaque et qui dit : “Regardez ce que vous mangez, regardez, c’est dangereux”. et il y a celui qui étonne avec la dimension humaine. C’est pour cela que “Terre inconnue” est si important parce que l’on s’étonne et on s’émerveille du monde. les jeunes Calédoniens ne sont pas dupes. Ils ont un esprit critique et ils accueillent les documentaires. »

22|02|17 nouméa

Larry Kauma Martinsociologue

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

sabine« J’aime tous les genres de documentaires. Ce que j’apprécie, c’est apprendre quelque chose, ce qui se passe dans la société, des choses nouvelles. Par exemple, dans le documentaire sur l’endométriose, vous avez donné plein de clés et cela a permis à des gens de pouvoir avancer. Comme dans un documentaire qui portait sur la douleur et qui était très complet. »

« Je pense que France Télévisions a aussi un rôle d’instruction et d’éducation auprès des enfants. En plus des reportages, je pense que France Télévisions doit proposer des programmes de divertissements et d’apprentissage pour les enfants. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

sabine

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

fatiha

LE DOCUMENTAIRE TIENT UNE PLACE

PARTICULIÈRE DANS L’IMAGE QUE LES

TÉLÉSPECTATEURS ONT DE LA TÉLÉVISION

PUBLIQUE COMME MOYEN D’APPRENDRE ET DE COMPRENDRE.

PAR SA FONCTION PÉDAGOGIQUE ET

L’OUVERTURE SUR LE MONDE QU’IL REND

POSSIBLE, LE GENRE DOCUMENTAIRE EST

LIÉ À CETTE DIMENSION COLLECTIVE DE LA

TÉLÉVISION.

Découvrir le monde, mais aussi son environnement proche

Les sujets abordés et la temporalité per-mise par le documentaire sont propices à la découverte – culturelle, linguistique ou culinaire – des autres. Mais au-delà de cette dimension exploratoire, il existe par ailleurs une dimension du documentaire plus concrète, qui aide le public à coha-biter, comme l’a décrit un téléspectateur présent à la table ronde d’Issy-les-Mou-lineaux : « Le documentaire, par son ou-verture sur le monde, rend possible le vivre-ensemble. L’importance d’une diffusion en direct, c’est de savoir que d’autres regardent aussi, que l’on forme une communauté à un moment donné, rassemblée autour d’un programme. » Sans toutefois verser dans l’illusion d’un consensus généralisé, le documentaire fournit assez de savoirs et de sujets de réflexion pour susciter et permettre un débat ou une discussion entre les téléspectateurs.

Comme l’explique une téléspectatrice venue à la rencontre des professionnels de France Télévisions à Nouméa, il ne faut pas verser dans un excès de docu-mentaires « cartes postales ».

Enfin, le documentaire offre des es-paces de confrontation au monde et aux différentes cultures pour celles et ceux qui, pour diverses raisons, n’ont pas la possibilité de se déplacer, comme le souligne un téléspectateur calédo-nien : « Les documentaires sont intéres-sants pour nous parce que beaucoup de Calédoniens n’ont pas la chance de pouvoir sortir du pays. Le fait de voir des similarités, notamment avec nos frères mélanésiens, ça permet de nous ouvrir sur le monde, on n’est pas tout seuls. »

9796

« Ma télévision, c’est ma fenêtre sur le monde. J’y trouve des découvertes, de la connaissance et, parfois, de bonnes surprises. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

dominique

« Le rôle du documentaire, c’est d’ouvrir une fenêtre et de creuser un sillon. À nous ensuite d’y aller. On nous emmène sur un lieu, on nous invite à aller à la rencontre de gens, puis c’est à nous de poursuivre. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

farida

« Je n’ai pas de sujet de prédilection. Pour moi, le documentaire permet d’éveiller la curiosité sur des sujets que l’on ne connaît pas forcément et de donner envie de creuser des sujets que l’on ne connaît pas bien. Ne pas s’arrêter sur un point de vue dans un documentaire, c’est une porte d’entrée. À nous de creuser. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

pierre

« Il faut imaginer des films documentaires qui proposent un dépaysement au coin de la rue. Il n’est pas nécessaire d’avoir un éloignement géographique pour voir des histoires passionnantes ! »

témoignage13|03|17 la rochelle

groupe de denis

4.1 LA DÉCOUVERTE DU GENRE

Quand on parle de documentaire, il faut parfois faire attention à ne pas confondre avec le reportage. Le documentaire est un objet de temps long, on met beaucoup de temps à le fabriquer. Le reportage, on imagine plutôt ça dans l’actualité. La différence est déjà dans le temps de fabrication. Mais la différence est aussi dans le point de vue : le documentaire assume un point de vue subjectif, tandis que le reportage est quelque chose de très objectif, c’est le sujet du journal télévisé. À France Télévisions, en dehors des 1ères, il y a un volume d’heures assez massif pour le documentaire, notamment sur France 5, dont la moitié de la grille est constituée de documentaires, soit 3 200 heures en inédit ou en rediffusion. Chacune des chaînes a sa spécificité, son identité, sa ligne éditoriale.

ALEXANDRE MARIONNEAUCONSEILLER DE PROGRAMMES AUX DOCUMENTAIRES FRANCE 2 ET RESPONSABLE DU DÉVELOPPEMENT NUMÉRIQUE ANTENNE ET PROGRAMMES FRANCE 2 22 |02 |17 NOUMÉA

« Si le documentaire a une place dans l’éducation, pourquoi n’y a-t-il pas plus de documentaires à l’approche d’échéances importantes comme, par exemple, le rÉfÉrendum ? Pourquoi est-ce que l’on n’est pas plus éduqués aux grands enjeux politiques de la Nouvelle-Calédonie ? À la place des documentaires un peu “cartes postales” sur la Polynésie, Tahiti ou Wallis-et-Futuna qui sont un peu des clichés, qui s’intéressent finalement assez peu à tous l’aspect social dans ces îles ou territoires d’Outre-mer ? »

témoignage22|02|17 nouméa

téléspectatrice« J’aime beaucoup les documentaires et je me suis rendu compte que je pouvais être intéressée par beaucoup de sujets. Par exemple, j’ai été très intéressée par un film sur les bombes alors que je ne m’y serais pas attardée naturellement. À partir du moment où le sujet est bien amené, bien raconté, je me rends compte que je peux tout aimer dans le documentaire. »

témoignage22|02|17 nouméa

françoise

« On évite de faire de la carte postale. Notre ambition, c’est de faire des documentaires qui sont les points de vue d’auteurs de l’Outre-mer. Et c’est le contraire de la carte postale. »

réponse22|02|17 nouméa

Patrick Durand-Gaillardrédacteur en chef documentaire Nouvelle-Calédonie 1ère

9998

4.2 NOUVELLE VALORISATION DOCUMENTAIRE DE FRANCE TÉLÉVISIONS

« Le documentaire “La Marseillaise”, qui retrace pendant une heure les combats et les débats permanents qui ont ponctué l’histoire de “La Marseillaise”, est très bon sur le fond, mais la forme m’a agacée ! Le réalisateur se mettait beaucoup trop en vedette en marchant dans la rue, en intervenant durant les interviews. Par ailleurs, le documentaire a gagné ses lettres de noblesse grâce au cinéma, peut-être aussi avec Michael Moore. C’est un genre fabuleux. Il y a une grande qualité de documentaires. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

farida« Ce que j’aimerais voir un peu plus, ce sont des documentaires de création parce que ce qui est aujourd’hui proposé par la télévision se rapproche trop de l’écriture de reportage. Je vois parfois dans des festivals des œuvres documentaires formidables et je me dis “si seulement elles pouvaient être diffusées à la télévision !” Les documentaires de création ont une autre écriture, plus exigeante, parce qu’ils demandent un accompagnement approfondi, ils sont plus proches du genre cinématographique. Je trouve que France Télévisions programme maintenant des documentaires plus longs et démocratise ce genre. J’espère que vous allez continuer dans ce sens. »

témoignage13|03|17 La Rochelle

cécileLES TÉLÉSPECTATEURS ACCORDENT UNE PLUS

GRANDE ATTENTION À LA QUALITÉ DE

RÉALISATION DES DOCUMENTAIRES ET

SONT SENSIBLES AUX QUALITÉ FORMELLES

DE CES ŒUVRES, NOTAMMENT AU SON,

À LA MUSIQUE ET AUX VOIX OFF.

PAR AILLEURS, LES DOCUMENTAIRES

SONT DE PLUS EN PLUS SOUVENT ACCOMPAGNÉS

D’UN DÉBAT OU D’INFORMATIONS

RELATIVES À LEUR RÉALISATION, CE

QUI PERMET D’EN AUGMENTER LA PORTÉE.

« Je ne veux pas de l’incarnation dans le documentaire, c’est rédhibitoire. On met en scène les journalistes à toutes les sauces, et ça m’agace. Le journaliste est là pour amener l’information, pas passer du temps à se mettre en scène. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

téléspectateur

« Une des évolutions importantes du documentaire ces dernières années, c’est l’accès au prime time et le changement de durée, 52 minutes, 70 minutes, voire 110 minutes ! Pour nous, producteurs, construire des documentaires est alors très différent. Ce n’est pas la même dramaturgie, pas le même univers concurrentiel. »

réponse02|12|16 Issy-les-Moulineaux

Rachel Kahnproductrice (Et la suite..! Productions)

Nouveaux formats et nouvelle visibilité

Certains se disent cependant gênés par la dramaturgie, le côté « mise en scène » des documentaires qui, paradoxale-ment, décale la réception hors du « réel ».Le développement et la valorisation du documentaire doivent donc aussi se structurer en fonction de l’évolution des pratiques de réalisation et des attentes du public.

Ces nouvelles formes documentaires font débat, entre professionnels mais aussi entre les téléspectateurs qui, pour un certain nombre, apprécient des cases de grande visibilité, même si elles doivent s’accompagner de formes d’écriture moins habituelles comme la mise en récit ou le docu-fiction.

« C’est en terminant mes études au Conservatoire libre du cinéma à Paris, en 2012, que j’ai pu réaliser un documentaire avec l’aide de Walles Kotra, à l’époque où il était à France Ô. En arrivant ici, j’ai pu travailler avec Nouvelle-Calédonie 1ère pour la production locale. La case “Itinéraires” que présente Patrick Durand-Gaillard tous les mardis est vitale pour nous, les réalisateurs calédoniens. Pour le moment, certains arrivent à vivre de ça, mais il faudrait faire deux ou trois films par an. Moi, je n’en ai réalisé que deux depuis 2012. Un documentaire demande beaucoup de temps à se monter, de l’idée à la préparation, de l’écriture jusqu’à la finalisation en postproduction. Et le temps a un coût. »

22|02|17 nouméa

nuné Luépakproducteur de documentaires, notamment sur Nouvelle-Calédonie 1ère

101100

4.2 NOUVELLE VALORISATION DOCUMENTAIRE DE FRANCE TÉLÉVISIONS

Moi, j’ai la chance de travailler dans ces cases documentaires, que ce soit Enquête de santé ou Le Monde en face, avec un débat qui suit le documentaire, entre 40 minutes pour Le Monde en face et 50 minutes pour Enquête de santé. C’est extraordinaire parce qu’on constate que, quelle que soit la soirée, on a pratiquement pas de décrochage entre le documentaire et le débat, ce qui prouve qu’effectivement, ça intéresse les gens d’aller plus loin avec des invités. Avec Enquête de santé, cela permet même aux téléspectateurs de pouvoir poser des questions en direct aux experts présents sur le plateau et, dans Le Monde en face, il est possible de confronter des points de vue de documentaristes, parfois engagés. C’est intéressant de voir que les débats sont au même niveau que le documentaire, et parfois plus.

MARINA CARRÈRE D’ENCAUSSEPRODUCTRICE ET PRÉSENTATRICE, FRANCE 502 |12 |16 ISSY-LES-MOULINEAUX

Mise en débatet accompagnement du documentaire

La revalorisation passe non seulement par les sujets abordés, que le public ré-clame plus nombreux, variés et repré-sentatifs du monde tel qu’il le vit, mais aussi par les dispositifs qui encadrent le visionnage : débats, coulisses du tour-nage, suppléments. Les téléspectateurs sont par ailleurs attentifs à la pluralité et à la représentativité des personnalités que les documentaires mettent en scène ou convoquent.

« J’aime bien pouvoir discuter à propos d’un film documentaire et avoir accès au débat mais, parfois, les débats discutés interviennent trop tard. Dans ces cas-là, je vais me coucher après le documentaire et je regarde le débat le lendemain sur pluzz. »

témoignage13|03|17 la rochelle

émilie

« Ce que fait le service public et ne fait pas le secteur privé, c’est du documentaire. Il y en a 1 200 sur France Télévisions, France 2, France 5, France 3... Quand on fait des documentaires sur des hommes politiques, sur la France-Afrique, sur des sujets comme ça, on voit bien à quel point France Télévisions est indépendant. Les hommes politiques sont systématiquement critiqués dans les documentaires politiques par exemple. C’est vraiment la fonction critique qui s’exerce, sans s’emporter de manière subjective. C’est dire l’indépendance dans laquelle on travaille. »

Dana Hastierdirectrice exécutive de France 3

Quand vous avez la chance de parler avec un réalisateur ou de l’entendre parler de son film, la perception que vous aurez de son film ne sera pas du tout la même. C’est ce que j’aime beaucoup dans notre festival de documentaires.

Il faut donc réfléchir à cette idée, par exemple, en faisant des petites vidéos disponibles sur Internet qui viendraient compléter le film.Le documentaire ainsi augmenté est une formidable opportunité que France Télévisions pourrait saisir.

ÉRIC PASQUIERPRÉSIDENT DES ESCALES DOCUMENTAIRES DE LA ROCHELLE13 |03 |17 LA ROCHELLE

103102

4.3 UN FORMAT EXIGEANT À LA PORTÉE DU PUBLIC

« Les meilleurs documentaires sont, en général, sur France Télévisions. »

témoignage02|12|16 issy-les-moulineaux

éric

« Ce qui manque parfois, ce sont des documentaires qui traitent de sujets avec plus de légèreté et qui s’adressent aux citoyens derrière les téléspectateurs. On ne s’intéresse pas assez aux gens de la rue, aux citoyens, aux gens qui nous ressemblent. Les documentaires sont trop souvent à charge, ils traitent les sujets sur un mode pessimiste. Pourquoi ne pas insister sur des angles plus positifs pour nous faire avancer et nous inspirer ? En montrant des alternatives, on peut faire avancer les gens vers un monde plus positif et inspirant. En plus, cela susciterait des débats intéressants. »

témoignage13|03|17 La Rochelle

Groupe de travaild’Émilie

Exigence documentaire du service public : montrer les productions locales et les initiatives positives

En abordant des thèmes nouveaux ou en adoptant un point de vue original, les documentaires transmettent des savoirs et des informations fiables sur de nom-breux sujets. Les téléspectateurs ap-précient particulièrement cette diversité des thèmes et des regards, dans une démarche rigoureuse. De nombreux do-cumentaires sont à la fois des objets de télévision, de cinéma ou d’engagement. Le renouvellement des formes, des su-jets et des approches a été permis par le service public, ce qui correspond à une attente forte du public qui réclame cependant une attention particulière aux documentaires locaux et à ceux qui permettent de présenter des initiatives positives.

L’EXIGENCE DU DOCUMENTAIRE, DANS SA RÉALISATION ET SA

RÉCEPTION, EN FAIT UN GENRE PARTICULIÈREMENT

RATTACHÉ À LA NOTION DE SERVICE PUBLIC.

LES TÉLÉSPECTATEURS INSISTENT SUR LA

RESPONSABILITÉ DE FRANCE TÉLÉVISIONS

DANS LA RÉALISATION DE PROGRAMMES QUI VONT AU

FOND DES ENJEUX. QU’IL S’AGISSE D’ÉVASION, DE

DÉCOUVERTE, MAIS AUSSI DE SUJETS SENSIBLES. LE DOCUMENTAIRE APPARAÎT

DÈS LORS COMME UN ESPACE PRIVILÉGIÉ POUR

METTRE À LA PORTÉE DU PUBLIC DES QUESTIONS

IMPORTANTES.

« Certains documentaires locaux sont diffusés très tard le soir, après 23 heures. Il y a presque un côté méprisant à ne pas donner une place plus accessible à ces documentaires qui nous concernent directement. »

témoignage13|03|17 La Rochelle

Groupe de Julie

« il y a eu un choix éditorial audacieux fait par la station de Nouvelle-Calédonie depuis cinq ans. On s’est dit : “Installons une case documentaire de manière hebdomadaire sur nos antennes, les antennes de NC 1ère .” C’est un choix extrêmement audacieux. J’ai eu le privilège de tourner dans plusieurs stations d’Outre-mer, aux Antilles, à la Réunion, en Polynésie. Le documentaire occupe généralement une case mensuelle. Là, elle est hebdomadaire. Dans le budget de NC 1ère, c’est le budget de production le plus important. J’ai été convaincu de la pertinence du maintien de cette case. Et aujourd’hui, c’est la meilleure audience de la semaine sur NC 1ère. C’est une case qui est regardée, qui mérite d’être pérennisée et ça veut dire qu’on continue à aider les producteurs locaux en Nouvelle-Calédonie ou dans le Pacifique en général. »

réponse

Jean-Philippe Pascaldirecteur régional de Nouvelle-Calédonie 1ère

105104

4.3 UN FORMAT EXIGEANT À LA PORTÉE DU PUBLIC

Dimension critique du documentaire

La mission du service public en ce qui concerne le documentaire se trouve aussi dans la prise de risque, au-delà du principe de diffusion et de produc-tion de contenus de qualité, dans une temporalité différente. Il s’agit de porter une dimension critique qui ne prend pas pour acquis un sens commun associé aux thèmes traités mais de les remettre en question ou permettre leur mise en débat.

« J’attends de France Télévisions qu’il diffuse des documentaires sur des actualités où on n’y voit pas encore très clair. Surtout en ce moment. C’est important d’avoir le recul du genre documentaire car on a besoin, sur certains sujets, de se faire une idée plus précise de l’actualité. »

« Il faut être plus axé sur une démarche et une dimension critique par rapport aux sujets traités. Par exemple, ne pas se limiter à un exposé de la chronologie d’un phénomène. Il faut restituer la pluralité des acteurs et des enjeux, pour permettre au public de construire une prise de position critique vis-à-vis des sujets traités. »

témoignage13|03|17 la rochelle

Bernard

témoignage13|03|17 la rochelle

Raphaël

En tant que producteurs, nous aimerions beaucoup faire des films plus positifs, mais notre question, c’est : « Est-ce qu’ils passeront la barrière des chaînes de télévision ? » Par exemple, je me souviens d’un film documentaire formidable, qui avait d’ailleurs eu le Prix du public aux Escales documentaires de La Rochelle. Il s’appelait Charcuterie fine. C’était l’histoire d’un fils de charcutier dans un petit village. On sortait de là, on avait envie de manger de la charcuterie, tout le monde avait le sourire. Il y a des films comme ça qui sont familiaux, qui sont des portraits qui vous touchent, qui ne sont pas du tout dramatiques. Je crois qu’on peut traiter tous les sujets d’un point de vue plus positif et, pour y parvenir, c’est la créativité des auteurs qui prime.

DIDIER ROTTENRÉALISATEUR ET PRODUCTEUR13 |03 |17 LA ROCHELLE

107106

Derrière la notion d’exigence, on re-trouve l’identification des téléspecta-teurs à des personnalités de la télévi-sion publique qui apparaissent comme les garantes de la qualité du travail do-cumentaire. Une téléspectatrice inter-venant à Issy-les-Moulineaux explique : « Ça m’arrive de regarder des docu-mentaires un peu au hasard. Mais ce qui joue, c’est quand je connais et que j’aime le présentateur parce que, pour suivre le programme, il faut que je lui fasse confiance. » L’attachement du public à France Télévisions s’est donc construit sur le long terme autour de sa mission documentaire, ce que confirme une autre intervenante : « Pour les documentaires, j’ai mes rendez-vous, en fonction de la personne qui présente. »

pour résumerLe public de France Télévisions est par-ticulièrement attaché au genre exigeant qu’est le film documentaire et au travail d’accompagnement de sa production par le service public.

Afin de leur donner toute leur place, de mieux les repérer dans les grilles de programmes et les promouvoir, les télé-spectateurs réunis à La Rochelle pro-posent la création d’une plateforme nu-mérique exclusivement dédiée à l’accès aux documentaires, ce qui permettrait un meilleur usage de ce format et une très grande variété de sujets. Le public de-mande par ailleurs que le tournant quali-tatif vers les documentaires de création soit poursuivi et que ces derniers traitent de sujets plus positifs permettant de se mobiliser par la suite.

Enfin, il est important aux yeux des té-léspectateurs de valoriser la production de documentaires locaux par la diffu-sion au niveau national à des horaires accessibles.

Chaque projet qui nous est proposé fait l’objet d’un débat en interne sur la pertinence de son sujet, sur le fait qu’il pourra susciter un débat public, qu’il fera écho à des problématiques du moment. On a tous une passion pour le genre documentaire, l’équipe qui se charge des documentaires français comme celle qui s’occupe des productions internationales. C’est vrai qu’il y a une affirmation très forte des documentaires sur France 5 depuis sa création avec, depuis la rentrée, un enjeu autour des « prime » et des documentaires au format long. Par ailleurs, ça ne nous pose pas de problème de travailler sur des sujets difficiles comme le harcèlement sexuel, les violences faites aux femmes ou les attentats du 13 novembre. Parce que pour nous, il y a un parti pris, une émotion, une parole, et c’est cela qui importe.

CAROLINE BEHARDIRECTRICE DES DOCUMENTAIRES DE FRANCE 502 |12 |16 ISSY-LES-MOULINEAUX

4.3 UN FORMAT EXIGEANT À LA PORTÉE DU PUBLIC

109108

5. NOTRE TÉLÉVISION :INCARNER UNE FRANCE PLURIELLE

L’attachement fort du public à sa télévision s’accompagne en effet d’une exigence très importante et d’une forte attente d’amélioration vis-à-vis de son rôle de représentation. La télé-vision publique doit être celle de tous les âges de la vie, de la petite enfance à la retraite. Elle ne doit pas négliger les jeunes, surtout à une période où ces derniers ont tendance à privilé-gier d’autres formes de consommation culturelle, notamment digitales. Les téléspectatrices et téléspectateurs demandent par ailleurs une meilleure représentation du genre chez les journalistes et les présentateurs, mais aussi parmi les invités, les experts ou encore dans les fictions. De la même manière, le public réclame que la diversité de la société française, liée

aux origines géographiques et sociales, aux trajectoires mi-gratoires familiales ou encore aux pratiques religieuses, soit reflétée à la télévision avec la même attention et bienveillance, en laissant la parole plus souvent à chacun. Enfin, la diversité des publics est aussi celle des modes et des lieux de vie. C’est pourquoi il est nécessaire de valoriser plus justement les diffé-rents territoires qui composent la France. Cette attention doit passer par la mise en avant du patrimoine régional, de son histoire, de sa culture et de sa langue. Enfin, le public insiste pour que le dynamisme des régions françaises et d’Outre-mer soit plus systématiquement pris en compte, les richesses et les intelligences locales méritant une visibilité nationale.

« France Télévisions, c’est la télé vision de tous. On paie tous la redevance. Il

faut qu’on se sente tous représentés dans cette télévision. » Cette interven-

tion d’un téléspectateur lors de l’agora tenue à Paris est loin d’être isolée.

111110

5.1 REPRÉSENTER LA FRANCE DIVERSE

LA REVENDICATION D’UNE TÉLÉVISION

PUBLIQUE QUI SOIT LE REFLET DE LA

DIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE REVIENT

SYSTÉMATIQUEMENT LORS DES RENCONTRES AVEC LES TÉLÉSPECTATEURS.

SANS AGRESSIVITÉ ET SANS JUGEMENT, ILS RÉCLAMENT UNE

TÉLÉVISION QUI LEUR RESSEMBLE. LES

PROFESSIONNELS DE LA TÉLÉVISION, TOUT COMME LES INVITÉS,

LES ACTEURS OU LES ARTISTES DOIVENT MIEUX

REPRÉSENTER LA FRANCE, D’UN POINT DE VUE

SOCIAL, GÉOGRAPHIQUE ET PHYSIQUE.

Les visages des Françaises et des Français

Une partie de la population française exprime le sentiment, fondé ou non, de ne pas être prise en compte par la télévision. Les téléspectateurs estiment qu’il appartient à la télévision publique de faire en sorte que toutes et tous se retrouvent dans les programmes, dans une perspective de préservation de la télévision comme bien commun appar-tenant et donnant la voix à tous, sans distinction raciale, sociale ou religieuse.

témoignage17|01|17 strasbourg

Younès« J’aimerais vous interpeller à propos des minorités à la télévision. Il y a un manque de visibilité et de diversité, c’est le CSA qui le dit. Les classes sociales dominantes sont surreprésentées. Quand j’allume ma télévision, effectivement, il y a un décalage. Ma crainte, c’est de regarder une télévision où la société n’est pas représentée telle qu’elle est. » témoignage

16|03|17 angers

Jamel« On participe tous au financement de la télévision publique et à la redevance. Parmi nous, certains viennent de la campagne, des centres-villes, des quartiers populaires… Bien souvent, on a l’impression que lorsqu’on parle des quartiers populaires, c’est de façon faussée, négative. On ne s’y retrouve pas dans la représentation de ce que vous appelez la diversité. Dans les journaux d’information nationale, on a l’impression qu’il y a une partie sur la France hexagonale, une autre sur l’Outre-mer. On pourrait très bien mixer tout ça. »

113112

« Oui, c’est vrai, on n’est pas représentatif. Nous y sommes particulièrement attentifs. C’est le rôle du service public, mais ça prend du temps. Par exemple, il faut pousser, à tous les niveaux, les gens qui proposent les programmes. Quand on travaille sur des séries d’animation, il faut se répéter à chaque fois pour que les filles représentent la moitié des personnages. Ça fait longtemps qu’on fonctionne avec des Blancs de catégories supérieures, et il faut offrir des places aux animateurs qui débutent. Il faut aussi donner de l’espace aux chroniques, notamment sur des chaînes plus avant-gardistes comme France 4. »

réponse17|01|17 strasbourg

Tiphaine de Ragueneldirectrice exécutive de France 4 et directrice des activités jeunesse de France Télévisions

« Tu as dit que la plupart d’entre nous étions issus de classes sociales dominantes. Moi, je suis d’origine paysanne. Aujourd’hui, c’est vraiment une minorité. La télévision m’a donné envie de faire des choses, elle m’a ouvert des horizons, elle m’a ouvert le champ des possibles, elle m’a fait rêver. Et si aujourd’hui je fais du rugby et du sport en général, c’est parce que cette télévision m’a donné envie d’aller voir ailleurs. Mon histoire, elle pourrait être ton histoire aussi. Au départ, il n’y a pas que des catégories valorisées à la télévision. Malheureusement, quand on passe trop de temps à l’écran, on devient un dominant, mais à l’origine, c’était pas le cas. »

réponse17|01|17 strasbourg

Fabien Galthiéancien rugbyman, consultant pour France Télévisions

Multiplicité des situations et des pratiques

Allant dans le même sens, une téléspectatrice présente à Paris le 6 décembre 2016 constate que les program-mations font des choix qui laissent de côté, notamment en matière d’information, toute une partie de la popu-lation, ainsi que ses pratiques, ses vies, ses attentes, ses réalités quotidiennes : « Excusez-moi, mais il me semble clairement que le réel vous a échappé. C’est souvent le sentiment que j’ai par rapport à ce que je vis, par rapport à ce que la plupart des Français vivent. On ne comprend pas… Il y a toute une part du réel qui vous échappe et toute une partie des Français qui vous est invisible. »

« Pour ce qui est de la représentation, le chemin va être long. On n’en fait pas assez, voilà. La situation est insupportable, même si beaucoup de choses sont faites. Les minorités et leur représentation, c’est une volonté collective de la part de France Télévisions. Pas seulement les minorités ethniques, mais aussi les minorités sociales, les lieux d’habitat, comme certains quartiers qui n’ont jamais la parole. C’est vrai, il faut changer les choses. C’est difficile, c’est une réalité sociale. Il faut former de nouveaux professionnels, cela prend du temps. On fera le nécessaire pour que cet état de fait ne perdure pas de manière éternelle sur une télévision monocolore. On va vers une télévision multicolore, qui représente toute la richesse sociale de la société. »

réponse17|01|17 strasbourg

Xavier Couturedirecteur général délégué en charge de la stratégie et des programmes de France Télévisions

5.1 REPRÉSENTER LA FRANCE DIVERSE

115114

5.2 INTÉGRER LA DIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ

INTÉGRER LA DIVERSITÉ, C’EST AUSSI DONNER À VOIR LES DIFFÉRENTES

PRATIQUES, LES DIFFÉRENTS GOÛTS ET LES

DIFFÉRENTES ATTENTES DES TÉLÉSPECTATEURS

POUR TENTER DE CONTENTER TOUT LE

MONDE ET TROUVER DES ESPACES COMMUNS. IL

S’AGIT DE PARTAGER DES EXPÉRIENCES VARIÉES

GRÂCE À LA TÉLÉVISION PUBLIQUE. CELA PASSE

NOTAMMENT PAR LES LANGUES OU LES

PRATIQUES RÉGIONALES, COMME LE PRÉCONISENT

LES PARTICIPANTS AUX GROUPES DE RÉFLEXION

RÉUNIS À TOULON DEMANDANT, PAR

EXEMPLE, LA DIFFUSION D’ÉVÉNEMENTS SPORTIFS

LOCAUX COMME LES JOUTES SÉTOISES.

Démocratiser la visibilité médiatique

Au quotidien, les téléspectateurs peuvent vivre et constater la diversité des habitu-des, des pratiques et des opportunités qui constituent leur pays. Cette diversité, ils entendent la retrouver sur la télévision publique, non seulement pour s’identi-fier, mais aussi pour découvrir la réalité des autres habitants de leur pays. Faire valoir la diversité comme une richesse est un moyen de rassembler le public, de la Nouvelle-Calédonie aux Hauts-de-France, de La Réunion à la Bretagne, comme le souligne une jeune téléspec-tatrice présente à Lyon : « On ne regarde pas la télévision, car on ne se sent pas spécialement représentés. On voudrait une réponse, notamment sur l’aspect culturel. En tant que jeunes, on ne se sent pas du tout représentés, nous qui avons des pratiques différentes. »

témoignage24|02|17 la réunion

Corinne« Cela fait plus de quinze ans que j’habite à La Réunion. J’ai trouvé sur cette terre une richesse incroyable : beaucoup de diversité, de valeurs et de traditions. Ce que j’aimerais, c’est que toute cette connaissance possédée par les anciens, les “gramounes” comme on dit ici, ne soit pas perdue. Il faut que la jeunesse, qui a accès à Internet et Facebook, puisse aussi s’identifier à ses racines. » témoignage

24|02|17 la réunion

Raphaëlle« Il faudrait parler plus souvent de nous, les Réunionnais, parler en créole, y compris dans les journaux télévisés, et ne pas montrer uniquement les grandes villas de l’île, mais aussi les à-côtés qui sont notre vie quotidienne. »

Quand on parle d’ancrage régional, je préfère inviter dans la matinale des gens qui font plutôt que des gens qui organisent, celui qui a les mains abîmées par le travail du bois plutôt que celui qui a organisé l’exposition où seront exposées les sculptures du premier. Mais parfois, c’est plus facile de faire fonctionner notre réseau... Peut-être que, demain, certains d’entre vous seront dans l’émission, et c’est chouette, parce que vous avez des choses à raconter, vous êtes experts de ce que vous savez faire. De temps en temps, la télévision a tendance à inviter des gens plus institutionnels, mais elle aurait intérêt à s’intéresser davantage aux gens qu’on croise dans la rue. On a une mission par rapport à ça, concernant la religion, la couleur de peau, la diversité : la télévision doit ressembler à la rue. Et si on réussit à faire ça, on n’a pas complètement raté notre métier.

CHRISTOPHE ZIRNHELTPRODUCTEUR ARTISTIQUE ET ANIMATEUR DE L’ÉMISSION 9H50 LE MATIN, FRANCE 3 NOUVELLE-AQUITAINE 02 |02 |17 LIMOGES

117116

5.2 INTÉGRER LA DIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ

Varier l’expertise et les points de vue pour combattre les idées reçues

Valoriser la diversité des territoires, c’est aussi trouver les moyens et les espaces pour mettre en avant leur richesse. Le public demande aussi à ce que la télé-vision publique soit un lieu d’expres-sion de tous, quelles que soient leurs compétences et expertises, comme le demande une téléspectatrice présente à la table ronde d’Issy-les-Moulineaux, le 2 décembre 2016, à propos des maga-zines : « Le Magazine de la santé ? Je le regarde parce que ce sont des sujets courts. Il y a aussi un équilibre entre les femmes et les hommes parmi les experts ! »

Présente lors de l’agora de Marseille, Muriel mentionne le fait que les pro-grammes régionaux sont à la fois un moyen de s’identifier et de s’ouvrir, mais aussi de s’intéresser. Elle regrette toute-fois d’avoir l’impression que, « par rap-port à tout ce qui se passe dans la ville, le département ou la région, rien ne res-sort, ou très peu ».

« Je rêverais d’un C dans l’air à l’échelle de la région ! Une émission qui pourrait être la fenêtre des intelligences de la région. On a des universités ici, de l’expertise. Il y a en Belgique un fabuleux vivier d’intelligences aussi. Dans des tas de domaines, on a des labos qui nous sont enviés dans le monde entier ! Simplement, aujourd’hui, c’est à l’échelle du rêve, mais peut-être qu’on arrivera à inventer quelque chose qui soit une fenêtre sur l’intelligence. On est bons sur la valorisation du patrimoine et du territoire. Mais je crois qu’on a encore un peu de mal sur ce principe d’être la vitrine des expertises et des intelligences de notre région. »

19|01|17 lille

Didier Cagnydirecteur régional de France 3 Hauts-de-France

Personnellement, j’ai essayé de faire intervenir des citoyens dans les programmes de France 3 Hauts-de-France, y compris politiques, parce que c’est une demande qui existe depuis longtemps.

Aujourd’hui encore, on essaie de le faire, mais on n’a pas assez de créneaux pour réussir à organiser des rencontres entre les citoyens et des philosophes, des sociologues ou des politologues. Si on pouvait y consacrer plus de temps en régions, on le ferait vraiment plus régulièrement. Mais, en général, on a seulement trente minutes.

Nous essayons de montrer, à notre niveau, qu’il n’y a pas qu’une seule couleur parmi les experts.

Par exemple, Les Économistes atterrés font dorénavant systématiquement partie des débats du Grand Soir/3. De la même manière, nous essayons de faire venir des experts différents, des politologues. Je vais vous donner un exemple : Lucas Belvaux va sortir le film Chez vous, et il a accepté mon invitation pour venir en parler.

Mais j’ai aussi invité Bernard Dolez, le politologue, pour lui demander si on est dans un cycle historique nouveau ou non. On essaie d’introduire de la réflexion avec des experts du coin, parce que les experts parisiens, ça suffit !

VÉRONIQUE MARCHANDJOURNALISTE, PRÉSENTATRICE DE L’ÉMISSION LA VOIX EST LIBRE, FRANCE 3 HAUTS-DE-FRANCE19 |01 |17 LILLE

119118

5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE DE PROXIMITÉ »

LA DIVERSITÉ DU PUBLIC, C’EST DONC AUSSI LA DIVERSITÉ

DES TERRITOIRES. LES TÉLÉSPECTATEURS

INSISTENT SUR LA NÉCESSITÉ DE PRENDRE

EN CONSIDÉRATION LA SPÉCIFICITÉ DES

TERRITOIRES, MAIS AUSSI LEUR DIVERSITÉ ET LEUR

INTELLIGENCE. IL NE FAUT PAS SE LIMITER À UNE

VISION CENTRALISÉE, MAIS RENDRE COMPTE DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE

DU PAYS ET NE PAS RÉDUIRE LES VILLES, LES VILLAGES ET LES

QUARTIERS À CERTAINS ÉVÉNEMENTS OU SOUCIS

CIRCONSTANCIÉS.

Décentraliser les programmes

Très attachés à la télévision régionale, et notamment aux « décrochages » quoti-diens, les téléspectateurs n’hésitent pas à demander un approfondissement en matière de télévision de proximité.

Que ce soit dans le cadre de débats sur des enjeux contemporains ou à propos de rencontres sportives et d’initiatives associatives, le public demande une place plus grande à l’actualité et la vie locale. Loin de constituer un enferme-

ment sur soi, c’est une manière de vivre ensemble une télévision locale au plus proche des réalités quotidiennes.

Les téléspectateurs demandent de ne pas réserver les tranches locales à des horaires trop restreints en diffu-sant notamment des soirées régionales en prime time. Ce serait l’occasion de donner leur chance aux équipes de France 3 de faire valoir la richesse des territoires de France.

témoignage01|03|17 marseille

téléspectateur

témoignage16|02|17 dijon

françois

« Est-ce qu’on pourrait aller dans les quartiers nord de Marseille pour raconter autre chose que les faits divers ? Parce qu’il y a des gens qui se sentent un peu rejetés quand on ne parle que des problèmes. Allez sur le terrain pour voir les ateliers, les centres sociaux… Est-ce que vous allez miser aussi sur des chercheurs de talent ? Est-ce que vous allez chercher dans les quartiers, dans les campagnes ? »

« Pourquoi n’avez-vous pas, une fois par semaine, une soirée en prime time consacrée aux régions, une soirée durant laquelle on peut approfondir les sujets, en faisant confiance aux téléspectateurs, car ils seront au rendez-vous ? Ça permettra aussi à vos journalistes de donner le meilleur d’eux-mêmes, d’aller au fond des choses. »

« Quand est-ce qu’on aura la Bourgogne-Franche-Comté en prime time » ? Eh bien, c’est justement un objectif de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui nous a demandé de réfléchir sur le sujet, de proposer des programmes susceptibles de passer en prime time. Mais alors, vous savez, c’est compliqué, le prime time… Parce que c’est extrêmement concurrentiel. Vous ne pouvez pas proposer un programme un peu tiède… Il faut du spectacle, il faut de la variété, il faut des grands sujets d’actualité régionale… D’ailleurs, nos collègues de France 3 Nice ont monté un prime time à l’occasion de l’anniversaire des inondations. Il a extrêmement bien marché. On était très contents des résultats d’audiences. Ça nous encourage à faire de nouveaux prime times.

Mais pour le moment, on envisage plutôt des émissions ponctuelles. Et si ces programmes fonctionnent bien, je ne doute pas que Delphine Ernotte nous proposera de prendre l’antenne plus souvent. »

réponse16|02|17 dijon

Patrice Schumacherdirecteur de France 3 Bourgogne-Franche-Comté

Mon vrai métier est d’écrire de la musique pour le cinéma et la télévision. J’ai eu la chance de faire beaucoup de séries et de fictions comme Meurtres à... ou de travailler sur L’Hôtel de la plage ou Origines, qui a été tourné à Angoulême. À chaque fois, j’étais sidéré parce que, étant très mauvais en géographie et en régions, sans flagornerie ni mensonge, j’étais toujours scié par la qualité des scénarios qui utilisaient la région. La région était devenue un personnage, et c’était absolument épatant.

ALEX JAFFRAYCOMPOSITEUR, PRODUCTEUR ET CHRONIQUEUR21 |03 |17 LYON

121120

témoignage19|01|17 lille

assen

« De manière globale, on reçoit les programmes par le filtre parisien. Nous, on est en région, au fin fond de la vallée de la Somme. C’est pas du tout la même réception. »

« Je voudrais insister sur le rôle particulièrement important de la télévision locale de proximité. Nous avons des programmes qui permettent de mettre en valeur les initiatives locales de proximité, comme le rendez-vous 9h50 Le Matin, mais aussi beaucoup d’autres. Je vous invite toutes et tous à nous faire connaître vos initiatives et à venir en parler à la télévision. C’est, selon moi, le rôle de la télévision régionale de proximité. »

17|01|17 strasbourg

Marie-Thérèse Montaltodirectrice régionale de France 3 Grand-Est

témoignage29|03|17 toulouse

esther« Qu’en est-il de la fonction de France 3 Régions, qui était à l’époque de parler des régions ? Il faut entendre davantage parler de langues régionales, non seulement au niveau de l’information mais aussi de la fiction, du divertissement, de la culture. On n’entend finalement pas beaucoup parler des choses qui se passent ici. »

La juste place des régions de France

Donner leur juste place aux régions, c’est aussi en parler en abordant tous leurs aspects et pas seulement leurs difficultés ou leurs façades touristiques. La télévision publique doit se donner les moyen d’approfondir le traitement des régions afin d’en restituer toutes les dimensions et toute la dynamique.

5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE DE PROXIMITÉ »

témoignage17|01|17 strasbourg

éric« Comment procéder pour faire exister une information au niveau local, national ou international ? Il faut que la télévision locale puisse parler de nos initiatives locales et les accompagner. »

témoignage24|02|17 la réunion

christine« Je suis une habitante du quartier du Chaudron, à Saint-Denis de La Réunion. Ce serait bien que vous ne veniez pas faire des émissions dans le quartier seulement quand il y a un problème. On ne voit des programmes que lors des révoltes dans les quartiers populaires ou lors de la crise des requins. Il y a des sportifs et des travailleurs dont on pourrait parler. Il faut penser aux jeunes de nos quartiers en allant au cœur du problème. »

« Sur les primaires, par exemple, on a fait venir des jeunes de 18, 20, ou 25 ans pour nous parler de la primaire socialiste et de la manière dont ils la vivaient, en tant que citoyens ou militants. Et je peux vous dire que le plus efficace, c’était celui de 18 ans ! D’abord il était à croquer et, en plus, avec sa manière de parler, son côté sympa, il donnait presque envie d’aller voter à la primaire ! Donc, je demande au national de nous donner un petit peu plus de créneaux et de faire attention au niveau local. »

19|01|17 lille

Véronique Marchandjournaliste à France 3

123122

pour résumerLe public de France Télévisions n’attend pas de ses programmes qu’ils lui tendent mécaniquement un miroir. En revanche, il exige une attention plus grande sur la réalité de sa vie et de son quotidien. Cela passe par une représentation plus juste de la population, dans sa diversité et sa complexité, sans tabous et, surtout, sans lieux communs. C’est le rôle de la télévision publique, selon les téléspectateurs, de travailler à la remise en cause et la déconstruction des idées associées à certaines popu-lations, certains quartiers ou certains espaces du territoire de métropole et d’Outre-mer.

En ce sens, il s’agit non seulement de prendre en compte et de donner à voir la diversité des profils, des origines sociales et géographiques, des posi-tions et des pratiques, mais aussi d’aller à l’encontre des cloisonnements et des catégorisations qui nuisent à certains, ceux qui, justement, ont le moins sou-vent la possibilité de prendre la parole pour parler des actions et des pratiques positives.

Enfin, représenter la France, c’est aus-si mettre en avant ses territoires et ses régions, ainsi que leurs richesses, leurs cultures, leurs langues et leurs particu-larités. Le public est attaché à la préser-vation de cette richesse par la diversité et appelle à une place plus grande de sa réalité locale dans la télévision nationale.

« Lors de l’agora des élus locaux, un maire de Seine-Saint-Denis disait : “Écoutez, on a besoin de choses positives, que vous montriez ce qui bouge positivement.” C’est vrai dans le 93, et aussi dans d’autres endroits de France. Et donc, je pense qu’il y a quand même, de notre part, une attention à avoir sur ces sujets-là, parce que c’est un retour qui nous a été fait à plusieurs reprises. Il y a un peu un sentiment de stigmatisation. On affecte à un endroit telle ou telle fonction, et donc, il faut qu’on soit plus vigilants et que, par ailleurs, même sans être le journal des bonnes nouvelles, parce que ça ne serait pas juste, on montre aussi des choses qui marchent, des initiatives positives, qu’on donne aussi un peu d’espoir sur ce qui va bien. »

01|03|17 marseille

Delphine Ernotte Cunciprésidente-directrice générale de France Télévisions

« Le véritable enjeu, c’est que ces quartiers doivent se sentir considérés. Le fait de se sentir identifiés et représentés à la télévision, c’est très important. Sinon, les jeunes ne se sentent pas investis et ont tendance à dire que la télévision est manipulée, qu’elle ne raconte pas la vérité. »

01|03|17 marseille

Claire Borotracomédienne et productrice

5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE DE PROXIMITÉ »

123122

C’est d’abord la gratuité, et la possibilité ainsi donnée à toutes et tous d’accéder aux rendez-vous majeurs du sport national et international, qui est plébiscitée par le public, mais aussi le rôle de représentativité des différents sportives et sportifs et des différentes formes de compétition qui est souligné. Par ailleurs, les téléspectatrices et téléspectateurs ne conçoivent

pas le traitement télévisuel du sport sans une attention par-ticulière aux valeurs et à l’exemplarité que cette pratique vé-hicule et qu’ils et elles veulent voir plus présente encore sur leurs écrans. Enfin, le public des programmes sportifs sug-gère de nouvelles modalités d’accès par le biais du digital, qui permet de voir plus de sport et de manière différente.

Le sport est un domaine à propos duquel nous avons une grande exi-

gence. Une fois encore, il ne s’agit pas pour le service public de repro-

duire des formes de traitement disponibles ailleurs – et qui sont souvent

qualifiées de « sensationnalistes » –, mais bien de faire valoir sa spécificité.6. RACONTER LE SPORT POUR TOUS

125124

Qualité de la réalisation, de la couverture des événements

La sobriété et la qualité des retrans-missions des événements sportifs par France Télévisions sont plébiscitées par son public. L’attention aux images, à la réalisation, aux formats des émissions, ainsi que la qualité des explications ac-compagnant les commentaires sportifs sont des éléments important de l’offre sportive.

Mais le public a aussi des suggestions à faire et des critiques à émettre sur la manière dont le sport est mis en scène et présenté. Il s’agit notamment d’insis-ter sur la mise en avant de l’aspect hu-main des compétitions, les témoignages des participants notamment.

Diffusion sportive gratuite, faire valoir l’accès à des compétitions importantes au plus grand nombre

Entre l’apparition de nouvelles chaînes spécialisées et la multiplication des ca-naux de diffusion à péage, les enjeux liés à l’acquisition des droits des événements sportifs se sont accrus ces dernières années. Face à ces changements, les téléspectateurs de France Télévisions apprécient la cohérence et la continuité proposées par le service public.

Au-delà des rendez-vous les plus mar-quants comme les Jeux olympiques et paralympiques, ou le Tour de France cycliste chaque été, le public reste très attaché au service, fourni par France Télévisions, de retransmission gratuit d’un large éventail de sports. Enfin, les téléspectateurs s’inquiètent de la pos-sibilité pour le service public de rendre accessibles tous les sports à tous les publics, alors que les droits de retrans-mission atteignent des sommets.

6.1 LE SPORT ET LE SERVICE PUBLIC : GRATUITÉ, QUALITÉ ET EXPERTISE

« Un sujet revient souvent, c’est la question du sport et des droits sportifs de retransmission. Les téléspectateurs se demandent ce que le service public peut ou non mettre à la portée de son public ? »

« Une grande compétition internationale est organisée en ce mois de janvier en France : les Championnats du monde de handball masculin. Qui plus est, dans une discipline où les équipes nationales françaises ont d’excellents résultats. Or, les premières phases ne sont jamais reprises, ce n’est que si la France accède aux demi-finales ou à la finale que nous pourrons voir les matches... c’est quand même dommage ! »

témoignage17|01|17 strasbourg

question facebook live

témoignage17|01|17 strasbourg

hubert

TROIS ÉLÉMENTS CONSTITUENT LA LIGNE

DIRECTRICE D’UN SERVICE PUBLIC DE

DIFFUSION SPORTIVE : LA GRATUITÉ, LA

QUALITÉ ET L’EXPERTISE. CES NOTIONS ONT

RÉGULIÈREMENT ÉTÉ ABORDÉES LORS

DES RENCONTRES TÉLÉSPECTATEURS, SOIT

POUR EN SOULIGNER L’IMPORTANCE, SOIT POUR EN RÉCLAMER

L’EXTENSION.

« Les droits télévisuels en matière de sport sont soumis à une inflation, ce qui ne donne pas les moyens à France Télévisions d’accéder à l’ensemble des compétitions. Sur le handball, nous n’avons pas pu avoir les droits. J’aurais préféré les avoir, mais il a fallu faire des choix. Nous avons tout de même une tradition de sports qui sont pour nous historiques, comme le Tour de France, ou des sports qui ont des valeurs qui se rapprochent des nôtres. De ce point de vue, le rugby est central : c’est un sport de partage qui valorise l’esprit de groupe et que nous valorisons. »

17|01|17 strasbourg

Xavier Couturedirecteur général délégué en charge de la stratégie et des programmes de France Télévisions

127126

« Personnellement, je n’aime pas le vélo, mais je regarde le Paris-Roubaix parce que j’aime regarder les images d’hélicoptère de la région. Ce qui est dommage, c’est qu’on occulte complètement Lille. Il Faut faire passer les vélos dans le Vieux-Lille parce que les images sont tellement belles, tellement bien faites, que ce serait sans doute un très beau moment. »

témoignage19|01|17 lille

Thibault

« Durant les retransmissions sportives, il faudrait plus de directs, plus d’interviews et d’invités, mais aussi plus de moments consacrés à raconter les expériences quotidiennes des sportives et sportifs. Ce serait aussi l’occasion de tenter de créer des émissions plus attrayantes : innover davantage dans les concepts et le ton employé. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé par Clémentine Sarlat(journaliste sportive)

6.1 LE SPORT ET LE SERVICE PUBLIC : GRATUITÉ, QUALITÉ ET EXPERTISE

Entre expertise de l’analyse et récit

Face à la multiplication des offres spor-tives à la télévision, le service public a un rôle particulier à jouer. Il importe de trouver un équilibre entre le sérieux de l’analyse et le plaisir de l’événement qui doit laisser la place à la passion des commentateurs, des invités et, en re-tour, du public. En effet, si le sport reste un sujet qui mérite sérieux et respect dans son traitement, des attentes s’ex-priment pour un ton décalé, à même notamment de toucher les jeunes. Le commentaire est nécessaire s’il va de pair avec l’image, sinon, « c’est de la ra-dio ». La force de France Télévisions, c’est donc d’abord des images de qua-lité et une capacité à les accompagner d’un discours juste et original.

Traiter du sport appelle aussi la produc-tion de sujets annexes, qui montrent les coulisses et les à-côtés, mais ne doivent surtout pas tomber dans l’excès d’anec-dotes, comme le soulignent les télé-spectateurs présents aux Rencontres de Toulon.

Par ailleurs, dans leurs échanges, re-vient toujours une attente de pédagogie lors des retransmissions : les règles du jeu, les arbitrages... Comment cela fonc-tionne-t-il ? Le digital pourrait y contribuer.

« Il faut trouver des temps et des formats nouveaux pour rendre compte des compétitions et ne pas surcharger les émissions et les programmes de la seule dimension liée à l’émotion, mais entendre la demande d’explication des téléspectateurs. »

témoignage14|01|17 toulon

marie

« On fait de gros efforts pour décrypter le sport, expliquer comment ça fonctionne : le sport et l’éducation, le sport et la santé. Mais on ne se voile pas la face non plus, il faut aussi savoir parler des sujets qui dérangent, comme le dopage ou l’importance de l’argent dans certains sports. »

Pascal Golomerdirecteur-adjoint de la rédaction des sports de France Télévisions

129128

CÉLIA CLÉRYJOURNALISTE, FRANCE Ô

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Je note la force de frappe et la capacité de France Télévisions à réagir aux événements d’actualité, ainsi que sa présence sur le terrain, à la rencontre des téléspectateurs, sur de grandes opérations sportives, festives…Un bémol en même temps qu’un regret tout de même : que ces « capaci-tés » ne soient pas plus souvent mises au service des publics d’Outre-mer, tant télé que radio.Nous peinons à faire le lien avec nos publics, qu’il s’agisse d’actualité, comme la crise actuelle en Guyane que France Télévisions a tardé à cou-vrir, ou des grands événements cités plus haut, auxquels les Outre-mer sont difficilement associés. Qu’attendez-vous de la télévision publique ?Ma réponse découle de la précédente : qu’elle soit davantage le reflet des intérêts des Ultramarins, sur place ou dans l’Hexagone, de leurs préoc-cupations, de leurs réussites aussi, bref, de leur vie.

YOUMNAANIMATRICE RADIO ET PRÉSENTATRICE TÉLÉ, MAYOTTE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Je trouve que le groupe France Télévisions s’est modernisé. Plus jeune, je ne regardais pas souvent les chaînes du groupe. Bien qu’il reste encore à faire, je pense que c’est de mieux en mieux. Les programmes sont plus sympas et plus actuels, les chaînes de la télévision publique n’ont plus rien à envier aux grandes chaînes privées leaders dans le divertissement. Qu’attendez-vous de la télévision publique ?J’attends que France Télévisions soit plus proche des personnes qui la regardent. Elle doit offrir la possibilité à tous, quelles que soient leur ori-gine ou leur religion, de s’identifier à travers les différents produits qu’elle propose. Avec l’actualité de ces derniers jours, je souhaiterais qu’elle re-flète l’image de la jeunesse, tout en sauvegardant le patrimoine historique et culturel de chacun

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Il suffit d’allumer sa télé, de zapper et de s’arrêter sur les chaînes du ser-vice public pour voir la différence, elle saute aux yeux. La différence, c’est d’offrir une information rigoureuse, d’une qualité exceptionnelle, ouverte sur le monde et sur une société qui bouge. Le meilleur antidote aux fake news, à la mise en spectacle de l’info et au nombrilisme. La différence, c’est de vouloir fédérer, rassembler, quand tant d’autres chaînes font commerce de la peur et de la division. La différence, c’est aussi l’attention à la culture sous toutes ses formes. Et je parle d’expérience. Drôle d’en-droit pour une rencontre n’est possible que sur le service public.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?En quelques mots : qu’elle reste la plus grande maison de la culture en France, qu’elle soit toujours attentive aux artistes, qu’elle soit ce lieu ac-cueillant où les écrivains, les peintres, les plasticiens, les cinéastes, les intellectuels se sentent chez eux. Ce lieu qui donnera l’envie au téléspec-tateur de lire un livre, d’aller voir une expo, d’écouter un album ou de cou-rir au cinéma voir un film. C’est parce que j’aime la culture que j’aime cette télévision.

ALI BADDOUJOURNALISTE, FRANCE 3

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? En tant que téléspectatrice, je constate depuis quelques années une nette évolution dans la programmation, notamment des séries. On donne da-vantage la place aux productions françaises même si les storytellings ressemblent parfois aux séries US. En tant que salariée (non perma-nente), je trouve qu’il y a des évolutions. Dans le réseau Outre-mer, il y a eu quelques changements, notamment sur les lignes éditoriales, mais on peut toujours mieux faire.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?La télévision publique doit, à mon sens, informer, analyser, interroger et divertir. Je trouve que les émissions d’information proposées (politique, culturelle ou de consommation générale) manquent de diversité dans les présentateurs et les animateurs. Pour moi, la télévision publique doit être à l’image de la société française. Or, à mon grand regret, cette « diversité » ne se voit que sur les 1ères. France 2 et même France 3 ne s’intéressent aux Domiens que lorsque la situation est explosive. On ne va pas mettre en avant les atouts de ces DOM, dont l’image est souvent celle de « bou-lets ». Ce qui a tendance, selon moi, à nourrir cette « réserve négative » que les Français de métropole peuvent avoir sur nous.

SITI DAROUSSIJOURNALISTE ET PRÉSENTATRICE, MAYOTTE 1ÈRE

la parole aux animateurs

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Donner à voir tous les sportifs

Les téléspectateurs demandent une re-présentation juste de la diversité sociale et ethnique de la France. Il faut, selon le public, rendre compte du handicap, de la jeunesse, mais aussi du genre, avec une attention plus grande à diffuser des compétitions féminines.

Équité de traitement pour le handisport

Le public est très attentif à l’équité du traitement entre les sportifs valides et les athlètes du handisport. Il est à la fois demandé de ne pas se contenter des grands événements ou rendez-vous comme les Jeux olympiques et paralym-piques, mais aussi que leur traitement jouisse du même investissement et du même enthousiasme de la part des équipes de France Télévisions.

6.2 LE SPORT COMME RÉCIT COLLECTIF

« Je voudrais parler des Jeux paralympiques. J’ai regardé avec passion les Jeux olympiques au mois d’août. un mois plus tard, je m’apprêtais à regarder avec autant d’intérêt les Jeux paralympiques. Et je n’ai pas retrouvé le même niveau de traitement entre les deux événements. Pour moi, ce sont des situations similaires. si Paris 2024 a lieu, aura-t-on une équité entre les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques ? »

témoignage06|12|16 paris

virginieLE SPORT EST L’UN DES ESPACES TÉLÉVISUELS AU SEIN DESQUELS LE

PUBLIC EST LE PLUS DEMANDEUR D’UNE

ATTENTION À LA DIVERSITÉ DES PROGRAMMES. LA REPRÉSENTATION DES

DISCIPLINES FÉMININES, DES SPORTS DITS « MINEURS »

OU MOINS « GRAND PUBLIC », LES SPORTIFS AMATEURS

OU LE HANDISPORT DOIVENT FAIRE PARTIE INTÉGRANTE DE L’OFFRE DU SERVICE PUBLIC.

SI LES TÉLÉSPECTATEURS RECONNAISSENT QU’UN EFFORT EST FAIT, IL EST

CEPENDANT INDISPENSABLE, SELON EUX, D’APPROFONDIR

ET DE RENFORCER CETTE TENDANCE. LE PUBLIC DE

FRANCE TÉLÉVISIONS EST DONC ATTACHÉ À LA VARIÉTÉ

DES SPORTS ET DES FORMES DE TRAITEMENT DONT ILS

FONT L’OBJET, ET DONC, À LA SATISFACTION DE

TOUTES ET TOUS.

« C’est une bonne question. C’est la première fois qu’on traite autant les Jeux paralympiques, il y a eu 200 heures de retransmission. Malheureusement, l’organisation des Jeux paralympiques ne dépend pas du CIO, c’est une autre organisation. ils ont extrêmement peu de moyens. On a même eu peur que ce soit annulé ! Par ailleurs, il y a beaucoup plus de disciplines, et c’est donc pour nous beaucoup plus difficile de suivre les athlètes. »

06|12|16 paris

Caroline Gotdirectrice exécutive de France 2

131

Sport au féminin : vers une offre plus importante

La prédominance du sport masculin est toujours forte, malgré certains ef-forts. Les performances des équipes féminines, notamment dans les sports collectifs (basket, football, rugby, hand-ball), sont l’occasion de nouveaux ren-dez-vous que les téléspectateurs ne veulent pas manquer.

Jeunes et amateurs : donner la parole

La demande de diversité touche aussi des pratiques sportives moins média-tisées mais plus proches du quotidien des téléspectateurs, comme le sport dans les catégories jeunes ou amateurs. Les publics attendent des initiatives de la part de leur télévision publique en ce qui concerne la pratique sportive, deman-dant notamment d’éviter un enferme-ment sur eux-mêmes aux profession-nels du sport, anciens sportifs et experts.

« Durant les semaines à venir, nous allons retransmettre aussi le Tournoi des 6 Nations féminin, sur France 4. Car, quand un France-Angleterre masculin est joué à Twickenham, il est maintenant précédé d’un France-Angleterre féminin. »

17|01|16 strasbourg

Fabien Galthiérugbyman, consultant sportif

« Il faut que France Télévisions parvienne à programmer plus de grands directs pour les sports féminins, mais aussi pour les sportifs jeunes qui ne sont pas assez présents à l’antenne. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé parJacques Bertolotti(journaliste sportif, France 3)

133132

6.2 LE SPORT COMME RÉCIT COLLECTIF

Donner à voir tous les sports

On souhaite plus d’ouverture concer-nant les disciplines sportives qui dis-posent d’une visibilité à la télévision. Les publics veulent voir, sur le service public, de nouveaux sports qui correspondent à la réalité de leurs pratiques, par exemple le footsal, le « e-sport » ou le sport sco-laire. Ils demandent à ne pas se concen-trer uniquement sur le rugby, le vélo, le tennis ou le football.

« Le sport a toujours fait écho à la société. Ces sports nouveaux, liés aux nouvelles technologies, existent déjà. Cela pose la question de la définition du sport et de son évolution. Il se peut que ces nouveaux usages trouvent aussi leur place dans le quotidien des sportifs. Aujourd’hui, on fait de la data, on bosse sur les algorithmes, on travaille sur la réalité augmentée... c’est important d’être ouvert et de comprendre ce qui va se passer. »

17|01|17 strasbourg

Fabien Galthiérugbyman, consultant sportif

« Il faut parler du footsal qui est un phénomène qui prend une grande ampleur dans nos quartiers. Le jeune homme tout à l’heure a parlé du foot numérique, moi, je suis dirigeant d’un club de sport footsal. on ne voit jamais de footsal à la télévision alors que c’est un phénomène dans les quartiers qui prend de plus en plus d’ampleur. »

témoignage17|01|17 strasbourg

Younès

« Il faut poursuivre dans le sens d’une diversité des sports présents à l’antenne. Il faut par ailleurs que France Télévisions aille plus loin dans la présentation des sports dits “mineurs” et propose de nouvelles disciplines comme par exemple le e-sport. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé par Clémentine Sarlat(journaliste sportive)

« On pourrait faire des sujets sur le sport en région. Il y a des jeunes qui s’entraînent tous les jours, dans divers sports : ils sont peut-être des futurs champions olympiques ! France Télévisions pourrait faire un magazine ou des reportages sur ces jeunes. Parce que, finalement, c’est toujours le football, le football… Moi, je m’occupe d’un club de natation. certains jeunes sont formidables, ils s’entraînent dur et mériteraient d’être mis en avant. »

témoignage19|01|17 lille

Jacqueline

Déclinaison locale du sport

Le sport n’est pas limité à des championnats nationaux et in-ternationaux, c’est aussi une pratique quotidienne et locale dont il est nécessaire de rendre compte à la télévision pu-blique, dans la perspective de la valorisation des richesses territoriales. Ces enjeux sont régulièrement rappelés par le public qui désire à la fois que la télévision publique soit à même de retransmettre des compétitions au niveau régional, mais aussi qu’elle soit le moyen de mettre en avant les sports et les pratiques sportives régionales traditionnelles dans leur dimension patrimoniale.

Les téléspectateurs aimeraient qu’il soit possible de mettre en place davantage de décrochages régionaux sur des émis-sions sportives, pour mettre en avant les sports locaux (pé-tanque, joute…). L’intérêt pour le sport des régions ne consti-tue pas un enfermement, loin de là, mais bien un intérêt pour un échelon supplémentaire des compétitions, qui permettrait aussi de traiter des compétitions interrégionales.

« Pourquoi ne pas intégrer, dans certaines retransmissions sportives, des gens qui pourraient être aux côtés du journaliste-commentateur, qui pourraient justement apporter un peu leur pierre à l’édifice ? Des gens qui ne soient pas reconnus comme des professionnels ou des gens issus de cette société dite “des élites”. Je pense que ça pourrait rapprocher France Télévisions du téléspectateur et éviter cet aspect “d’un côté, il y a eux, et puis de l’autre, il y a nous”. »

témoignage06|12|16 paris

Barbara

« Vous pourriez montrer à une heure de grande écoute des petites vidéos que les jeunes auraient faites sur des sujets précis. Par exemple, dans le sport, plutôt que de faire venir d’anciens sportifs, faire venir des jeunes du sport, de quartiers différents, de villes différentes, qui se rencontreraient sur du tennis, du football... Moi, je regarde le sport, et à chaque fois, je suis déçue de voir qu’on fait appel à des anciens sportifs. Et pourquoi pas des jeunes issus de partout pour commenter un match ? »

témoignage14|01|17 toulon

Marie-Véronique

« Il faut donner plus de place aux jeunes dans les compétitions et les retransmissions. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé par Clémentine Sarlat(journaliste sportive)

135134

6.2 LE SPORT COMME RECIT COLLECTIF

J’ai la chance de raconter le Tournoi des 6 Nations sur France Télévisions depuis plus de dix ans. Et je dis bien raconter le tournoi, une compétition qui existe depuis plus d’un siècle.

En rugby, on est hors jeu par rapport à ses partenaires, alors il faut s’organiser en fonction de cette règle. Une équipe a une organisation qui ressemble à l’organisation d’une société, d’un style de vie. Dans une équipe de rugby, il y a tous les profils : des très grands, des très petits, des gros, des maigres, des courageux, des pas courageux, des court-vite, des lents, des qui réfléchissent beaucoup,

des qui réfléchissent pas du tout… On a la chance de raconter ces rencontres qui correspondent à une tradition. Je me retrouve à raconter ça parce que, quand j’étais petit, dans la cuisine de mon grand-père, il y avait la télévision. Mais à l’époque, tout le monde n’avait pas la télévision dans le Lot. On était quinze ou vingt. Le village venait regarder Roger Couderc qui racontait le Tournoi des 5 Nations. Quand le match était terminé, j’allais dans le champ avec mes cousins jouer à être ceux que j’avais vus à la télévision. Aujourd’hui, je suis à la place de Roger Couderc et je raconte ce qui se passe les après-midi de janvier, de février…

FABIEN GALTHIÉANCIEN JOUEUR INTERNATIONAL DE RUGBY, VAINQUEUR DU TOURNOI DES 6 NATIONS, ANCIEN SÉLECTIONNEUR

« C’est important de mettre en avant les sports régionaux, comme par exemple la pétanque ou la joute nautique dans la région de Sète, mais aussi des compétitions locales telles que la course Marseille-Cassis, semi-marathon organisé dans les Bouches-du-Rhône. Dans le sport, il y a aussi une dimension régionale partagée par tous. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé par Clémentine Sarlat(journaliste sportive)« Le sport en régions, ce sont

des émissions ponctuelles sur des événements locaux d’envergure. Il n’y a pas d’émission régionale hebdomadaire, seulement une “page Sport” le dimanche soir. Il faut reconnaître que c’est un regret pour nous. Nous avons en revanche la chance d’avoir des décrochages en régions sur des événements pendant deux ou trois heures, et, pour nous, c’est vraiment important. »

14|01|17 toulon

Jacques Bertolottijournaliste sportif à France 3 Provence-Alpes Côte d’Azur

19|01|17 lille

Didier Cagnydirecteur régional de France 3 Hauts-de-France

« On voudrait bien diffuser des matches de football, mais on n’a pas les droits. Ce qui est difficile pour nous, c’est que l’on sait que les sports, au niveau régional, c’est très clivant et que ça n’intéresse pas tout le monde, il faut alors faire des choix. »

137136

Les valeurs du sport

Il faut rester positif sur l’effort des spor-tifs, ne pas être trop exigeant pour les victoires et mettre en avant les efforts de tous. Les valeurs d’effort sont ainsi pré-sentes dans les attentes liées au respect de ceux qui perdent ou ne réalisent pas systématiquement des performances extraordinaires. Ces valeurs sont aussi celles qui commandent de garder du respect vis-à-vis des adversaires, dans le but, notamment, ne pas sombrer dans le chauvinisme.

Le sport en partage

Le sport à la télévision publique, ce sont aussi de grands événements ré-guliers comme le Tournoi de Roland-Garros, le Tour de France ou encore les Jeux olympiques, que les téléspecta-teurs attendent avec impatience et qui les rassemblent autour d’un même ren-dez-vous. Le public souhaite que ces événements soient davantage évoqués en amont, non seulement via des an-nonces, mais aussi des émissions dé-diées qui permettent de s’y préparer et d’en anticiper le plaisir.

6.3 LE SPORT ET SES VALEURS

« Je suis un peu déçu par la façon de traiter le sport à la télévision. Je voudrais entendre des journalistes qui se rendent compte que le sport est un jeu et que, même si on est “cocorico” et compagnie, il faut parfois prendre la mesure de ce qui se passe. Quand vous êtes vingtième tennisman au monde, eh bien, c’est très beau. Mais quand un tennisman perd, les journalistes sont presque accablants pour la personne… Je ne sais pas s’ils mesurent vraiment bien ce que c’est que d’être vingtième mondial ! En fait, j’aimerais un peu d’humilité de la part de ces journalistes-là. »

témoignage06|12|16 paris

jean-marc

« Vous savez, pour moi, la télévision, c’est aussi des moments particuliers. Personnellement, j’adore Roland-Garros, et quand le tournoi est diffusé sur France Télévisions, je passe des heures à le regarder. J’apprécie de partager ces moments à part et de les retrouver chaque année. »

témoignage02|02|17 limoges

éva

Exemplarité des trajectoires de sportives et sportifs

Les exigences multiples qui accom-pagnent les sportifs de haut niveau ex-pliquent que les récits de vie et de tra-jectoire des professionnels soient aussi attendus par le public. Au-delà de leurs performances, les téléspectateurs at-tendent de mieux connaître les person-nalités et les parcours des sportifs. Sous le maillot, il y a une histoire individuelle qui suscite la curiosité. Cependant, cette attention aux personnes ne doit pas aboutir à une dérive de la personnifica-tion à l’excès, qui ressemblerait trop à un système de « starification ». L’attente de suivi des sportifs est aussi une attente de continuité : comment en sont-ils arri-vés là et que font-ils ensuite ? Parce que les téléspectateurs s’attachent parfois à des personnalités et apprécient d’avoir des nouvelles, et pas seulement lorsque ces dernières obtiennent des résultats en compétition.

DANS UN UNIVERS OÙ LES ENJEUX ÉCONOMIQUES

SONT PARTICULIÈREMENT PRÉSENTS ET PARFOIS

VALORISÉS, LA DIMENSION ÉTHIQUE EST TRÈS

IMPORTANTE AUX YEUX DES TÉLÉSPECTATEURS.

CES DERNIERS SONT ATTENTIFS À CE QUE,

CONTRAIREMENT À CE QUI SE PASSE CHEZ SES

CONCURRENTS, LES NOTIONS DE GÉNÉROSITÉ,

DE SOLIDARITÉ ET DE DÉPASSEMENT DE SOI

SOIENT VALORISÉES SUR FRANCE TÉLÉVISIONS.

« C’est réconfortant pour nous de vous entendre et de savoir qu’il y a une attente sur les sujets de fond, pour connaître comment les joueurs en sont arrivés là, comment ils vivent le sport, leur carrière, la compétition. Cela va au-delà de l’émotion et de la performance »

14|01|17 toulon

Pascal Golomerdirecteur-adjoint de la rédaction des sports de France Télévisions

« Les performances et les résultats sportifs s’appuient sur les parcours des personnalités et les valeurs du sport qu’il faut davantage mettre en avant. Il faudrait qu’on voie plus les parcours et les valeurs des sportifs, y compris les échecs. Je crois qu’on est allés trop loin du côté Jeux du cirque. Le sport, ce sont aussi des efforts et des valeurs. »

témoignage14|01|17 toulon

marie

« Il faut faire très attention à la “peopolisation”, qui est une dérive importante du monde du sport. Par exemple, il est vraiment indécent de parler de l’argent des sportifs, surtout quand ces sommes sont astronomiques, alors que beaucoup de personnes manquent de moyens en France. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé parJacques Bertolotti(journaliste sportif, France 3)

139138

6.4 « VOIR LES À-COTÉS » : USAGES DIGITAUX DES PROGRAMMES SPORTIFS

TRÈS ATTACHÉS À LA DIFFUSION EN DIRECT DES

COMPÉTITIONS SPORTIVES, LES TÉLÉSPECTATEURS

N’UTILISENT QUE RAREMENT LES FONCTIONNALITÉS

DU REPLAY POUR REVOIR UN ÉVÉNEMENT, D’AUTANT

QU’ILS EN CONNAISSENT DÉJÀ SOUVENT LES

RÉSULTATS. TOUTEFOIS, LE RATTRAPAGE N’EST PAS LA

SEULE FONCTIONNALITÉ OFFERTE PAR LES

USAGES NUMÉRIQUES DE LA TÉLÉVISION. LA

DIVERSIFICATION DE L’OFFRE, LES APPORTS SUPPLÉMENTAIRES ET

COMPLÉMENTAIRES, OU ENCORE LES DIMENSIONS

ANNEXES HABITUELLEMENT INVISIBLES, SONT AUTANT

DE POSSIBILITÉS PERMISES PAR LES PRATIQUES

DIGITALES EN COMPLÉMENT DES PROGRAMMATIONS

LINÉAIRES.

Découvrir le sport autrement

Les usages numériques permettent de développer une plus grande autonomie dans la consommation du sport à la télévision. En ayant accès à un panel plus large de fonctionnalités, les téléspectateurs deviennent acteurs de leur vision-nage. Voir autrement, dans une perspective d’implication des téléspectateurs, est l’un des objectifs que le public de France Télévisions assigne aux plate-formes d’accompagnement numérique.

« Ce qui pourrait être intéressant, c’est d’avoir des liens entre la diffusion à la télévision et le numérique, des passerelles vers le numérique, pour passer de l’une à l’autre et avoir une double lecture, complémentaire. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé parMatthieu lartot(journaliste sportif)

« Le numérique offre de nouvelles opportunités pour voir le sport et le voir différemment. Par exemple, on pourrait imaginer une application digitale appelée “C’est moi le réalisateur”, qui offrirait la possibilité de sélectionner les angles de prise de vues, de passer d’une caméra à l’autre, de faire des ralentis ou des accélérations. Le digital permet de mettre entre les mains du public les outils pour voir le sport d’un autre point de vue. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé par Clémentine Sarlat(journaliste sportive)

Le digital : support technique et pédagogique

Au-delà des sports nouveaux, les sup-ports digitaux permettent un accompa-gnement plus complet des événements sportifs, récurrents ou exceptionnels. En effet, les téléspectateurs espèrent trouver sur les plateformes numériques des programmes permettant une plus grande pédagogie concernant différents sports, comme des explications des règles du jeu, des analyses tactiques ou des pronostics. C’est aussi sur ces plateformes que des reportages sur les coulisses des rencontres sportives ou sur la préparation des athlètes peuvent ou pouraient être présents.

Rendre accessibles tous les terrains de jeu

Les plateformes numériques offrent la possibilité de voir des sports qui ne sont pas présents sur les écrans de télévi-sion ou pas de façon suffisamment ré-gulière. C’est aussi un moyen de trai-ter de compétitions dont la portée est plus restreinte, telles que les compéti-tions interrégionales, scolaires, jeunes, féminines, de handisport ou d’amateurs. Sans que cette offre n’affranchisse les chaînes de télévision d’assurer leur ser-vice de représentation, celles-ci peuvent ou pourraient permettre, en complé-ment, une plus grande visibilité pour des pratiques trop souvent confidentielles.

141140

pour résumerOffre riche et diverse, le sport tient une place importante dans la grille de programmes de France Télévisions, et son public y est très attaché. Reconnaissant la qualité de son traitement, ce public est à la fois demandeur de continuité et de renouvellement. Il faut à la fois que le service public continue à assurer le rôle de diffuseur gratuit des principales compétitions nationales et in-ternationales, mais aussi qu’il tente d’élargir son offre. D’un côté vers de nouvelles pratiques : les sports régio-naux, les compétitions d’amateurs, les pratiques spor-tives plus confidentielles ou émergentes ; de l’autre, vers de nouveaux acteurs du champ du sport : les femmes, les athlètes de handisport et les plus jeunes.

Enfin, la diffusion du sport ne doit pas se limiter à un compte-rendu ou à un commentaire des compéti-tions, mais prendre en compte les valeurs de solidarité, d’exemplarité, de respect et de performance sportive. Par ailleurs, il est nécessaire d’adopter une posture cri-tique vis-à-vis du fonctionnement du sport actuel afin de ne pas rester dans l’évidence du sport comme re-présentant un monde d’argent, sans le questionner,comme l’explique un groupe de travail : « Il est possible de parler du sport-paillettes, mais à condition de don-ner des explications : d’où vient l’argent ? Comment fonctionne le système ? »

6.4 « VOIR LES À-COTÉS » : USAGES DIGITAUX DES PROGRAMMES SPORTIFS

« Le numérique est un sujet essentiel. C’est vrai que, malgré nos efforts, on ne voit qu’une petite partie du “plus grand terrain de sports” quand on regarde les programmes de France Télévisions. C’est difficile de tout voir, étant donné l’ampleur de notre offre. Par exemple, le public ne sait pas toujours qu’en matière de sport, il se passe des choses sur toutes les antennes, sur France 4 notamment. Finalement, le digital, c’est une chance de présenter encore plus de sports que durant les retransmissions en direct ou les émissions spécialisées. Par exemple, pour retransmettre des sports dits “mineurs”, et pour inventer des temps et des formats nouveaux pour le sport. »

Pascal Golomerdirecteur-adjoint de la rédaction des sports de France Télévisions

« Concernant le sport, le digital, c’est du complément. Mais c’est important parce qu’il peut permettre de voir plus souvent des sports inhabituels ou plus confidentiels qui n’apparaissent jamais dans les directs et très rarement dans les magazines spécialisés. Cela permettrait de découvrir de nouveaux sports et d’offrir une vitrine à des pratiques un peu marginales. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé parJacques Bertolotti(journaliste sportif, France 3)

« Il faudrait utiliser le support digital pour mettre en place des programmes proposant plus de pédagogie, notamment sur l’arbitrage, les règles, mais aussi, pourquoi pas, des rubriques nouvelles comme des équipes de vérification ou de l’information “désintox”. Il devrait être possible d’utiliser systématiquement le numérique pendant les retransmissions en proposant, par exemple, des informations sur les joueurs, les règles et des commentaires de l’arbitrage. »

témoignage14|01|17 toulon

Groupe de réflexion animé par Clémentine Sarlat(journaliste sportive)

143142

Ce qui apparaît en premier lieu comme le principal enseigne-ment de ces Rencontres du point de vue de l’offre digitale est la mesure qui transparaît dans les propos des téléspec-tatrices et des téléspectateurs. Il ne s’agit pour personne de regarder avec crainte ces nouvelles pratiques, ni de réclamer une modification fondamentale de l’offre vers le « tout à la té-lévision » ou le « tout par le digital », mais bien de rechercher un équilibre qui devra toujours être au service des contenus. Comme l’explique une téléspectatrice à Paris, « en numérique ou en direct à la télévision, ce qui est important, c’est le conte-nu ». En effet, le public ne perçoit l’offre digitale de France Télévisions que comme un moyen d’augmenter, de complé-ter ou de développer l’offre télévisuelle, pas de la remplacer ou de l’amender. Les principes forts qui guident les interven-tions des participants aux Rencontres restent les mêmes,

quelle que soit la forme prise par la diffusion : la fiabilité et l’exi-gence des programmes de France Télévisions. Si une très grande majorité du public regarde la télévision directement sur un poste, la multiplication des supports apparaît toutefois comme un moyen de diversifier l’offre et les publics. D’abord parce que la télévision se déplace avec le téléspectateur, les multiples écrans accessibles permettant de ne rien manquer des programmes de France Télévisions et d’avoir ainsi une consommation nomade. Ensuite, parce que l’expérience de la télévision dans sa version numérique est le moyen d’intéres-ser un public jeune qui a pris de plus en plus de distance vis-à-vis des modes de consommation traditionnels. Enfin, parce que de tels canaux sont susceptibles d’ouvrir la télévision à d’autres cultures, d’autres modes de production et d’autres contenus venus d’Internet.

Le tournant numérique de la télévision publique est depuis longtemps

entamé, et le public est donc capable de prendre position sur sa gestion,

ses apports, mais aussi de faire des propositions pour l’améliorer encore.

7. NOTRE TÉLÉVISION DIGITALE :UNE AUTRE MANIÈRE DE LA REGARDER

145144

… pour tous…

L’accès à des plateformes numériques rend possible la consommation d’autres programmes et une adaptation au plus près des attentes des différents publics, ce que les téléspectateurs entendent bien faire. Ces nouvelles modalités d’usage sont autant d’opportunités pour inventer de nouvelles formes de vision-nage collectif. Les plus jeunes, ainsi que leurs parents, sont particulièrement concernés par ces modes de consom-mation par rattrapage.

« Je suis mère de deux enfants et je trouve qu’il n’y a plus rien au niveau magazine qui s’adresse aux enfants. Mon aînée a 9 ans, et je dois donc regarder un magazine avec elle et faire de l’explication de texte si je veux trouver quelque chose d’adapté à son âge. Cela veut dire qu’il faut que je regarde d’abord le magazine en replay pour vérifier qu’il l’intéressera.

C’est dommage, je me souviens que quand j’étais jeune il y avait tout bêtement C’est pas sorcier, et c’était vraiment génial. Maintenant, il y a Le Monde de Jamy, mais c’est trop tard, il faudrait une offre adaptée pour les plus jeunes, notamment les horaires. Finalement, c’est difficile de regarder la télévision en direct ensemble, enfants et parents, parce qu’on a des horaires décalés dans la famille, alors on préfère le replay, comme ça on peut se retrouver. »

témoignage19|01|17 lille

magali

« La question des plateformes de visionnage en ligne, ce n’est pas un problème de France Télévisions, c’est le problème de tous. Aujourd’hui, les jeunes ne regardent pas la télévision, ils la consomment de manière différente et le mode de diffusion est totalement différent du linéaire, c’est un enjeu pour toutes les chaînes. D’ailleurs, France Télévisions va concurrencer dans quelques mois les autres plateformes, car même le pluzz a ses limites, on ne peut pas voir la série complète. »

30|11|16 marseille

Thierry Aflalouproducteur chez Comic Strip Production

« On fait parfois plus d’audience sur certaines vidéos en replay ou sur les chaînes YouTube ou sur les pages Facebook que sur un visionnage de télévision pure. On va avoir des vidéos sur La Maison des Maternelles qui font jusqu’à 1,5 million de visionnages, alors que l’émission fait 150 000 téléspectateurs, et c’est fondamental pour toucher des publics plus jeunes qui ne regardent plus du tout la télévision et ne se laissent plus imposer l’heure de diffusion. C’est une chance extraordinaire pour les programmes. »

06|02|17 bordeaux

Jérôme Cazaproducteur chez 2P2L

7.1 LE MULTISUPPORT

La télévision partout…

Les téléspectatrices et téléspectateurs s’interrogent sur les incidences des changements de pratiques concernant l’utilisation de multiples supports pour regarder la télévision. Ils demandent que France Télévisions prenne acte de ces changements et adapte son offre afin de ne pas être en retard sur leurs pratiques. Cela implique notamment d’adapter les contenus, de les raccourcir parfois ou de les rendre plus interactifs pour qu’ils puissent correspondre soit à un vision-nage linéaire, soit, par exemple, à une consommation transportable sur mo-bile ou sur tablette. Comme l’explique un télé spectateur marseillais le 30 no-vembre 2016 : « Moi, je regarde beau-coup sur mon smartphone, je regarde les replays sur le Pluzz de France 2, des séries, ou sur Netflix, ou des émis-sions aussi. J’ai finalement pris cette habitude, j’apprécie cette liberté, je ne regarde même plus sur la tablette, je suis très friand de tout ce qui est sur Internet. »

LA POSSIBILITÉ OFFERTE DE REGARDER

LA TÉLÉVISION AUSSI BIEN SUR UN POSTE QUE

SUR UN ORDINATEUR, UNE TABLETTE OU

ENCORE UN TÉLÉPHONE EST SALUÉE PAR LE

PUBLIC QUI Y VOIT L’OPPORTUNITÉ DE DIVERSIFIER

L’OFFRE, D’ÉLARGIR LE PUBLIC MAIS

AUSSI DE MODIFIER LES HABITUDES DE

CONSOMMATION EN MODULANT

LES PÉRIODES DE VISIONNAGE NON

PAS EN FONCTION DE LA GRILLE DES

PROGRAMMES MAIS DE SON PROPRE AGENDA.

« Sur Internet, nous avons la possibilité d’accéder au local. Vous faites notre éducation, puisque la télévision n’est plus seulement sur le poste de télé mais aussi sur Internet. Et notre éducation, c’est aussi de compléter par le Web quand on ne peut pas regarder à l’heure voulue l’émission de France 3. C’est une avancée intéressante. »

témoignage29|03|17 toulouse

annie

147146

7.1 LE MULTISUPPORT

« Pour le replay, il y a un problème avec le délai de huit jours : c’est très, très court, et en plus pour retrouver un programme sur le replay c’est très pénible, parce que ça ne correspond pas avec le programme télé en version papier. En huit jours, on ne peut pas tout regarder. La rediffusion, c’est un bon moyen, mais il faudrait le noter sur les plateformes en ligne et surtout essayer de coordonner les catégories entre les plateformes et le programme papier. »

témoignage19|01|17 lille

Thibault

… et tout le temps

Espace d’accès à une « télévision de rattrapage », entre autres possibilités, les plateformes numériques permettent au public de s’affranchir en partie des contraintes du direct. Au-delà d’un outil permettant de décaler le visionnage, que le public demande à améliorer et à développer, les plateformes sont aussi des espaces susceptibles d’apporter des éclairages différents sur les contenus en proposant des résumés ou des approfondissements.

Cependant, ce mode de consommation ne peut pas remplacer la télévision en direct. C’est notamment le cas, selon les téléspectatrices et téléspectateurs pré-sents à Toulon, pour évoquer le sport : ceux-ci expliquent que des moments forts de direct comme les rencontres sportives peuvent de temps en temps être revus en ligne, mais que rien ne remplace le suspense du direct, beau-coup moins excitant lorsque l’on connaît déjà l’issue de la compétition.

« C’est vrai qu’en tant que producteur je ne peux pas me permettre de laisser mes contenus trop longtemps disponibles en ligne, mais il faut que je vous explique pourquoi. On est dans un monde qui change, on le voit bien, il y a plusieurs publics qui s’opposent parce qu’ils ont des manières de faire différentes. Ce monde-là, le numérique, qui s’ouvre, n’est aujourd’hui pas valorisé de la même manière, c’est pas compté pareil. Tant qu’on ne peut pas valoriser les vues ailleurs que sur la télévision traditionnelle, on ne pourra pas développer ces autres manières de faire de la télévision. »

réponse19|01|17 lille

Anthony Dufourfondateur et gérant de la société de production Hikary

149148

SÉBASTIEN FOLINANIMATEUR, FRANCE Ô

Quel regard portez-vous sur France Télévisions ?Un groupe en pleine mutation qui met tout en œuvre pour prendre le train du digital.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?Qu’elle soit en contact direct avec les téléspectateurs. Qu’elle diffuse des program mes populaires et intelligents.

Quel regard portez-vous sur France Télévisions aujourd’hui ?Nous devons être des bâtisseurs et avoir les moyens de travailler pour intégrer et participer à la vie des communautés ultramarines. C’est suicidaire de lais-ser le public dit « populaire » à nos concurrents pri-vés au prétexte que le service public c’est l’élite. Nous devons tout faire pour que l’Outre-mer parle au monde à travers les antennes du groupe France Télévisions. Absents de leurs régions d’origine ou de naissance, les téléspectateurs ultramarins n’ont pas seulement besoin d’avoir des « news péyi », ils souhaitent aussi s’organiser et se rassembler pour faire briller leurs communautés. Ce média doit être le témoin de leurs angoisses, leurs colères, leurs réussites. Qu’il soit synonyme de fierté, de vérité et de partage. C’est à travers ce constat que France Télévisions, et sa déclinaison ultramarine France Ô, doit accompagner toutes ces histoires…

Qu’attendez-vous de la télévision publique ? Nous devons optimiser nos missions de service pu-blic, mais aussi admettre que l’égalité s’exprime sou-vent par des différences de traitement et que ce qui s’applique à La Réunion n’est pas forcément valable aux Antilles, à Wallis-et-Futuna et encore moins dans l’Hexagone. Toutes ces missions ne peuvent s’exer-cer que si le public trouve sa télévision à travers ces différents supports. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. En conclusion, garantissons au pu-blic que chaque euro dépensé l’est à bon escient et qu’il est plus utile quand il propose des programmes qui lui ressemblent.

THIERRY MONCONTHOURJOURNALISTE FRANCE Ô

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?France Télévisions est pour moi aujour d’hui un exemple de diversité : dans les contenus, dans les visages, dans les ambitions. Ce groupe est un ensemble, un patchwork qui doit répondre aux attentes de tous les téléspectateurs. Et nous faisons tout, chacun à notre niveau, pour ré-pondre à ces attentes.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?La notion de « service public » est essen tielle. À France Télévisions, le rap-port au téléspectateur est différent. J’attends de la télévision publique qu’elle soit totalement tournée vers le public et qu’elle assume cette res-ponsabilité.

BRUCE TOUSSAINTJOURNALISTE, FRANCE 5

la parole aux animateurs

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7.2 INTÉGRER LE MONDE DIGITAL

L’ACCESSIBILITÉ ET LE MODÈLE PARTICIPATIF DES

NOUVELLES PRATIQUES DIGITALES PÈSENT SUR LA

CHAÎNE DE PRODUCTION DES CONTENUS TÉLÉVISUELS. LE MOUVEMENT VERTICAL

DE PRODUCTION, DE DIFFUSION PAR LE HAUT

PUIS DE RÉCEPTION PAR LE BAS, EST REMIS EN CAUSE

PAR LA MULTIPLICATION DES LIEUX ET DES SOURCES DE PRODUCTION LARGEMENT

DIFFUSÉS SUR INTERNET, NOTAMMENT VIA LES

RÉSEAUX SOCIAUX. LES TÉLÉSPECTATEURS

DEMANDENT UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DE

CES NOUVEAUX APPORTS (NOUVEAUX CONTENUS,

COMMENTAIRES OU AVIS) AFIN QU’ILS ENRICHISSENT

LE MODÈLE ANCIEN, SANS LE CONCURRENCER.

Prendre en compte les productions digitales

Les téléspectateurs ne se contentent pas des avancées techniques liées à la télévision numérique. Si cette télévi-sion du XXIe siècle permet de nouveaux usages, elle doit aussi être une ouver-ture à d’autres productions. Cela pose la question de la gestion de l’informa-tion disponible en ligne et de son inté-gration dans les productions tradition-nelles du service public. Ainsi, un télés-

pectateur calédonien venu discuter à Nouméa expli que : « Vous dites que vous essayez de “plaire” au téléspectateur. Aujourd’hui, on le met au centre des en-vies, mais finalement est-ce que vous utilisez le téléspectateur sur des mé-dias sociaux comme Facebook, pour avoir des idées de documentaires ? Pour proposer des sondages ? Le pla-cer finalement au cœur des décisions. »

« Aujourd’hui, ce qu’on ne peut pas occulter, c’est qu’on est confrontés au numérique. On a Amazon, on a Facebook, on a énormément de réseaux sociaux, et aujourd’hui France Télévisions ne peut pas les occulter, parce qu’il y a beaucoup d’informations qui passent au travers de ces réseaux sociaux. Je pense que France Télévisions a une très grande responsabilité quant à la sincérité et à l’honnêteté dans les informations et la communication qu’elle divulgue. »

« J’ai été un des premiers interlocuteurs de France Télévisions sur Twitter, en 2009. Ce qui a le plus évolué depuis, c’est le côté interactif et le fait qu’il y a des réactions très rapides entre le téléspectateur et la chaîne de télévision. Sur la fiction, en faisant réagir les personnages ou en créant des comptes pour les séries et les personnages, ils ont pris le bon pied, parce que la réaction est au niveau de la fiction elle-même. »

témoignage06|12|16 paris

téléspectateur

témoignage04|04|17 nancy

Catherine

« Sur le numérique, nous sommes victimes de nos qualités, car nous sommes généralistes. Nous avons une variété extraordinaire de programmes. Nous avons des programmes très originaux comme La Barbe ou Datagueule. Nous avons les défauts de nos qualités, faire la promotion de nos programmes est difficile sur le net. Mais la volonté aujourd’hui, c’est d’éditorialiser la plateforme, de trouver un moyen de faire cohabiter ces différents programmes. »

« Il existe déjà une offre de France Télévisions de séries écrites uniquement pour le numérique qui s’appelle “Studio 4” et qui existe sur les plateformes de France Télévisions et reprise sur des plateformes sur le net… Je pense que les youtubeurs n’ont pas envie de venir faire leur programme à la télévision. S’ils viennent à la télévision, on est intéressé pour les faire bosser sur d’autres univers. Par exemple Dead Landes, de François Descraques, on le fait travailler, il vient avec des codes du digital, mais dans un format pour la télévision. On a accompagné la démarche et le talent de ces gens. »

réponse

Xavier Couture directeur général délégué en charge de la stratégie et des programmes de France Télévisions

réponse

Tiphaine de Raguenel directrice exécutive de France 4 et directrice des activités jeunesse de France Télévisions

Penser l’imbrication des modèles linéaires et des plateformes numériques

Ce qui importe aux yeux du public reste le fond, le contenu des programmes. Mais ce-lui-ci demande une véritable coordination entre les multiples espaces de diffusion et de consommation permis par la numérisation des contenus. Les téléspectateurs veulent une cohérence entre les offres numérique et linéaire. Cet espace permet d’ajouter des contenus comme des interviews supplé-mentaires, des images de coulisses ou des images qui n’ont pas pu être utilisées lors du montage des reportages.

Multiplier l’interactivité

Nouveau mode d’intervention des télé-spectateurs, l’interactivité digitale permet de publier des réactions et des commentaires tout au long de la diffusion ou de la rediffu-sion d’un programme. Que ce soit pour inter-agir durant les programmes ou pour émettre un avis après la diffusion, ces espaces sont réclamés par le public pour accentuer l’hori-zontalité des modes de production et de dif-fusion de la télévision publique.

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« Quand on apprécie une série, on a envie d’en connaître un peu plus, de savoir comment elle fonctionne, qui participe à la fabriquer. Ce qui serait vraiment bien, c’est de mettre à disposition, sur les plateformes numériques, des bonus concernant les coulisses et le tournage, des contenus supplémentaires et même, pourquoi pas, des jeux qui permettent de se déplacer sur les tournages. »

témoignage11|03|17 trouville

béatrice

« Vu que les timings sont assez serrés, certains sujets mériteraient d’être approfondis et, sur certaines séries, le numérique pourrait proposer peut-être des liens interactifs sur tel personnage historique ou telle situation qui s’est réellement passée, qui nous permettraient d’aller approfondir. »

témoignage04|04|17 nancy

François

« Je voudrais souligner l’importance du transmédia aujourd’hui et la modernité de France Télévisions d’avoir fait cette passation. Pour approfondir les sujets, le fait d’avoir cette interface en application sur Internet, d’aller sur le site de franceinfo et de creuser un sujet qu’on a envie de creuser, d’aller en tant qu’acteur sur les sujets qui nous interpellent, que ça ait un lien avec l’information directement, c’est vraiment une plus-value essentielle. On est en prise directe avec l’information, on peut réagir, donc ça, c’est très moderne, ça va dans le bon sens. »

01|03|17 marseille

Antoine Gouycomédien

« En réalité, il existe peu de séries qui permettraient une réelle interactivité, un véritable investissement participatif dans l’écriture de la part des téléspectatrices et téléspectateurs. On a du mal pour le moment à intégrer ce système dans les séries, même si ça commence à se développer aux États-Unis ou en Angleterre.

En fait, c’est parce qu’il faut le penser très en amont, il faut construire une série et une écriture adaptées qui permettront ensuite aux téléspectateurs d’interagir au cours de la diffusion et de l’écriture. Cela pourrait passer soit par l’écriture d’épisodes, soit par des formats complémentaires, différents, plus courts, disponibles en ligne sur une plateforme dédiée. »

témoignage11|03|17 trouville

numa

7.2 INTÉGRER LE MONDE DIGITAL

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7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

« Je voulais revenir sur votre Interêt pour le numérique. Je n’ai pas bien compris le rapport que France Télévisions veut avoir au numérique et au web. Avec franceinfo, vous vouliez une chaîne sur le web, mais, finalement, elle est à la télévision. Sur les contenus YouTube, vous êtes aussi à la fois sur la télévision et sur les plateformes. Vous avez un intérêt pour la création et la fiction, mais pourquoi ne pas aller plus loin, y aller franchement, notamment par rapport aux concurrents étrangers ? »

témoignage17|01|17 Strasbourg

Thomas

Considérer les nouvelles pratiques du jeune public

Le public jeune adulte revendique au cours des Rencontres sa distance avec les manières traditionnelles de regar-der la télévision. Mais ces nouvelles pra-tiques sont loin de signifier un éloigne-ment définitif, les jeunes adultes sont surtout en demande d’une télévision qui suive leurs envies et leurs mouvements.

La question générationnelle

La question des jeunes générations a aussi surgi avec force. Comment lut-ter contre cette fracture ressentie entre générations ? Comment le service public peut-il mieux s’adresser à ces publics ? Les nouveaux médias, l’évolution du ton et de la forme, mais aussi l’exigence culturelle ont été des réponses évo-quées par les jeunes et les moins jeunes.

« On sent une fracture entre les géné-rations, il faudrait faire converser les géné rations, créer un dialogue entre elles, favoriser leur rapprochement. »

SI LE PUBLIC SE REFUSE À CE QUE LES EXIGENCES

DIGITALES SOIENT PERÇUES COMME UNE REMISE EN CAUSE DES

MODES TRADITIONNELS DE CONSOMMATION DE

LA TÉLÉVISION, CELLES-CI SONT PERÇUES COMME LE

MOYEN DE RETROUVER UNE CONSOMMATION COLLECTIVE

DE LA TÉLÉVISION, NOTAMMENT DANS LES

FAMILLES OÙ LES JEUNES ADULTES PRIVILÉGIENT

UNE CONSOMMATION INDIVIDUELLE. LA

MULTIPLICATION DES ÉCRANS ET DES PROPOSITIONS

DOIT PERMETTRE DE RENOUVELER LES MODES D’ACCÈS À LA TÉLÉVISION

PUBLIQUE POUR TOUS ET DE PRENDRE EN COMPTE LES

NOUVELLES PRATIQUES ET LES NOUVELLES ATTENTES DE

CE PUBLIC JEUNE.

Composer sa propre grille de télévision

La rupture avec les modalités classiques de consommation de la télévision passe par un visionnage moins systématique et récurrent, le public jeune étant moins attaché à des rendez-vous fixes dans la grille des programmes. Par ailleurs, les téléspectatrices et téléspectateurs les plus jeunes souhaitent pouvoir « navi-guer » dans les propositions de pro-grammes en passant d’un contenu à un autre en fonction de leurs envies, de leurs attentes et de leur curiosité. Il s’agit finalement de reprendre la main sur la définition de leur grille de programme en passant d’un sujet à un autre en fonction de leurs envies du moment, plutôt que d’une grille définie par avance.

« Je m’échappe vers YouTube, vers Internet. C’est la démocratie des talents. On y trouve des vidéos sur tout, la philosophie, la politique… Qu’est-ce que vous faites de cette concurrence ? Vous allez l’exploiter ? »

témoignage21|03|17 lyon

émilie « En utilisant à la fois la plateforme de Pluzz et le magnéto scope numérique de ma boîte d’accès à Internet, je peux constituer ma propre chaîne ! Comme ça, si on a fait la programmation dans la journée en fonction des choses intéressantes repérées dans le programme télévisuel, on peut regarder sa propre chaîne le soir en rentrant du boulot, et on est sûr de ne rien rater. »

témoignage13|03|17 la rochelle

téléspectateur

« Il y a d’un côté ce que les chaînes acceptent comme projet et de l’autre côté vos désirs à vous. Et, au milieu, il y a nous. Donc, on est entre le marteau et l’enclume à perpétuité. La remontée des informations et votre besoin à vous de tel et tel type de sujet : on n’en entend jamais parler. Ce n’est pas forcément l’audience qui nous le dit, parce qu’en fonction de la concurrence ce jour-là, l’audience peut varier sans que l’intérêt du documentaire ne soit en cause. C’est l’intérêt du replay, parce que, à partir du moment où ça sera pris en compte, on va enfin savoir un peu mieux ce que les gens aiment. Même si le replay reste la pratique d’une minorité par rapport au direct. »

02|12|16 Issy-les-Moulineaux

Richard Poissonproducteur

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7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

télévision, ce n’est plus seulement d’en haut vers le bas, c’est un travail interactif. Il y a une interaction qui est tout à fait nouvelle, et elle est vraiment à prendre en considération. Au Festival d’Avignon, on a souhaité faire un travail avec des collèges et des lycées des quartiers dans lesquels il n’y a aucune mixité. On a demandé aux élèves ce qu’ils aimeraient faire avec cet objet qu’est le Festival d’Avignon. Ils ont tout de suite répondu : « Nous, on veut une télé, on veut faire notre télé. » Et elle existe maintenant, c’est une télé web, elle a lieu chaque année à Avignon, elle s’intéresse au festival. On peut dire que la télé du festival, aujourd’hui, elle est faite par des enfants des quartiers. Ça dépasse la question de la représentation, il ne s’agit pas que les puissants représentent les autres, il s’agit de donner la parole.

J’ai connu trois époques différentes. Je suis un enfant de l’ORTF, donc j’ai connu une époque où l’on croyait encore que la télévision allait être le grand vecteur de démocratisation culturelle, et puis j’ai connu l’autre époque où on a pensé exactement l’inverse : tout ce qui est télévision, c’est pourri, et au contraire, quand on est une personne qui s’intéresse à la culture, on doit s’opposer à la télévision. Donc, si on m’avait dit qu’un jour je viendrais défendre en quelque sorte la télévision, moi qui m’en suis si longtemps défendu, ça prouve qu’il y a un véritable changement d’époque !

L’époque qu’on vit, là, est vraiment passionnante, parce qu’il y a une place de la culture que je trouve de plus en plus intéressante, de plus en plus importante. C’est aujourd’hui un grand éventail de

supports, de possibilités, de partenariats – ce que nous faisons en tout cas au Festival d’Avignon, qui est vraiment un objet qui pouvait s’opposer à l’idée de la télévision, rivaliser avec la télévision. Aujourd’hui, on ne peut absolument plus penser comme ça dans le monde de l’art et de la culture. Au contraire, la démocratisation culturelle a de nouveau un espoir qui passe par la télévision. Par exemple, au Festival d’Avignon, les captations, c’est très important, même si on sait bien qu’on ne fait pas des scores d’audience extraordinaires, mais il n’y a pas que ça... Quelqu’un parlait de la diversité visible et de la question des quartiers. On est en retard sur la diversité visible, sur les questions de genre dans les fictions en général. La télévision ne se porte pas plus mal que les plateaux ou les grands écrans, mais il y a un travail qui est en train de changer parce que la

16|03|17 ANGERS

OLIVIER PYDRAMATURGE ET METTEUR EN SCÈNE, DIRECTEUR DU FESTIVAL D’AVIGNON

« Récemment, le PSG a inauguré sa première sélection de Ligue of Legend, de sport électronique. Pourquoi est-ce que vous ne réservez pas plus de place au sport électronique ? »

témoignage17|01|17 Strasbourg

martin

« Le e-sport, c’est un phénomène important. Et en parler est aussi un enjeu pour nous. On l’a fait par exemple par des documentaires. On se pose la question en tant que service public de savoir comment parler de ces sujets-là, sans faire la promotion d’un jeu. Mais il y a aussi des jeux qui ont des niveaux de violence non compatibles avec la télévision. Donc, on ne peut pas en parler sur l’écran traditionnel de télévision. »

réponse17|01|17 strasbourg

Thiphaine de Ragueneldirectrice exécutive de France 4 et directrice des activités jeunesse de France Télévisions

« Je ne regarde pas trop les informations à la télévision, sauf si mes parents le font. Par contre, sur Facebook, je les regarde beaucoup, avec notamment les vidéos de franceinfo. Je ne pense pas faire une confiance aveugle à ce qui est posté, mais les médias que je suis sont plutôt fiables. »

témoignage29|03|17 toulouse

zélie

« Il faut arrêter de penser que, pour captiver les jeunes, il suffit de mettre Kalash ou autre. Nous, on met en scène des poèmes de la Guadeloupe en images et on a besoin d’un diffuseur pour cela. »

témoignage03|04|17 Pointe-à-Pitre

Groupe de travail animé par Éric Rayapin(journaliste télé, Guadeloupe 1ère)

« Il suffit de demander. »

03|04|17 Pointe-à-Pitre

Sylvie Gengouldirectrice régionale, Guadeloupe 1ère

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« Chaque titre de presse peut avoir un penchant politique. Pour ce qui est de France Télévisions, j’ai l’impression, par moments, que c’est neutre. Mais avec les élections qui arrivent, je me dis qu’il y a forcément un penchant. Certains journalistes sont un peu mordants. Je les sens un peu plus négatifs envers certains candidats. C’est humain, c’est normal. On ne peut jamais avoir une neutralité parfaite. »

témoignage20|04|17 la courneuve

iSmaïl

« France Télévisions est neutre. En tout cas, on essaie de l’être. La neutralité, c’est une forme de combat : chaque journaliste pense quelque chose, mais il doit faire abstraction de ses propres opinions pour essayer d’avoir une interrogation qui soit neutre, objective, par exemple, lorsqu’il interviewe un homme politique. »

réponse

Delphine Ernotte Cunciprésidente-directrice générale de France Télévisions

« Comment faites-vous pour vérifier la véracité des propos que vous nous avancez ? Que ce soit des propos en lien avec le contexte actuel français ou le contexte mondial ? »

témoignage20|04|17 la courneuve

kenza

« Quand on est journaliste, on a des méthodes de travail. On doit recouper nos informations. Ça veut dire qu’on va chercher un maximum d’éléments pour être le plus sûr possible de la véracité d’un fait, d’une déclaration. C’est un travail d’équipe : il y a au moins 200 personnes mobilisées chaque jour pour faire le journal. Tout est vérifié pour éviter la rumeur, pour avoir le plus d’assurance possible. Il peut nous arriver de nous tromper. Ça donne lieu à des explications. Mais on veille vraiment, et on le fait sincèrement, à vous délivrer l’information vraie et juste. »

réponse

Leïla Kaddour-Boudadi journaliste, france 2

7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

« Je ne regarde pas trop la télé mais, sur France 2, j’aime bien Cash Investigation. La présentatrice va jusqu’au bout. C’est grâce à des personnes comme ça que France 2 peut gagner des téléspectateurs. On ne voit pas beaucoup ça à la télé. Les jeunes apprécient. »

témoignage20|04|17 la courneuve

laura

« Les infos répètent toujours les mêmes choses. Au bout d’un moment, on ne regarde plus trop la télé à cause de ça. C’est mon cas. Prenons l’exemple de la burqa : on en a parlé pendant trois semaines, voire plus. Souvent, j’ai l’impression qu’on passe à côté des choses importantes. Ce qu’il se passe en Seine-Saint-Denis ou dans les petites campagnes, ce n’est pas trop montré à la télé. »

témoignage20|04|17 la courneuve

Sami

Agora La Courneuve

Rencontre organisée le 20 avril 2017 entre une centaine d’élèves de termi-nale et BTS communication du lycée Jacques-Brel à La Courneuve et Delphine Ernotte, Tiphaine de Raguenel, Hervé Brusini, Leïla Kaddour-Boudadi, Matthieu Lartot.

L’information : des interrogations sur sa fabrication, des critiques sur les choix des sujets

En matière d’information, les élèves ont exprimé un intérêt marqué pour la manière dont les journalistes travaillent, la question étant de comprendre com-ment les professionnels traitent le flot de nouvelles auquel les élèves sont eux-mêmes confrontés : comment peuvent-ils en garantir le sérieux, la fia-bilité, comment éviter d’aborder tou-jours les mêmes thèmes ? La défiance

pointe justement sur ce dernier point : la télévision publique traite d’informa-tions qui ne comptent pas réellement à leurs yeux, elle ressasse des générali-tés et des affaires qui ne les concernent pas – la politique est fréquemment citée, ainsi que les débats idéologiques. L’information ne leur semble donc pas complète. En tournant à répétition, elle aboutit à des stéréotypes et ne reflète ni leur réalité ni leurs préoccupations. En revanche, certains magazines d’investi-gation séduisent parce qu’ils permettent d’aller davantage au fond des sujets, du fait parfois d’un ton direct, incisif et du sérieux des propositions.

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Une télévision juste, qui les représente

Pour que la télévision publique reflète leur vision de la réalité, les élèves lui demandent de travailler avec ceux qui vivent comme eux, ceux qui sont à même de relayer leur quotidien. La question de la représentation, de la place qui est faite à la diversité de la société française, est aussi au cœur de leurs préoccupations.

« Vous êtes les représentants de ces chaînes qui mettent en avant la diversité et qui osent parler de sujets peut-être pas tabous, mais compliqués. Que pensez-vous de la place de la femme au sein des chaînes de télévision et au sein de votre équipe ? C’est une fierté de voir une femme à votre place, même si c’est une chose censée être normale. »

témoignage20|04|17 la courneuve

Kenza

« On ne montre les banlieues que lors de faits divers ou d’événements négatifs. Et c’est la même chose pour les campagnes (…). Pourquoi ne pas aller dans les cités, les banlieues, les milieux associatifs et faire des interviews pour vraiment montrer et mettre fin aux idées reçues ? Parce que l’image que j’ai de ma ville n’est pas celle que donne la télévision… »

témoignage20|04|17 la courneuve

Sami

« Il reste du travail, y compris sur les antennes. Avec le CSA, on compte le nombre de femmes présentatrices, animatrices, le nombre de femmes expertes, aussi. Aujourd’hui, on est environ à 35 % de femmes expertes. Il faut qu’on arrive à 50 %. On investit aussi du temps et de l’énergie sur la diversité des origines sociales, géographiques. C’est un combat qu’on continue à mener. En tant que service public, on doit être exemplaire là-dessus. »

réponse

Delphine Ernotte Cunciprésidente-directrice générale de France Télévisions

7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

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KAMARANIMATEUR RADIO ET PRÉSENTATEUR DE TÉLÉVISION, MAYOTTE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Au départ, j’avais l’impression que les programmes étaient destinés aux plus âgés d’entre nous. Aujourd’hui, il y a eu beaucoup d’évolution. Je pense que France Télévisions essaie de s’aligner avec les autres chaînes, mais on sent une forte amélioration surtout au niveau du numérique.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ?La télévision publique doit avoir plus de proximité avec la population. J’at-tends qu’elle propose aux citoyens de l’Outre-mer des programmes adaptés à leurs us et coutumes.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?France Télévisions est une grande et belle entreprise, forte de ses multi-ples visages avec ses cinq chaînes de télévision, chacune avec son iden-tité. Présente partout, géographiquement (de Saint-Pierre-et-Miquelon à Washington, en passant par la Polynésie française) et grâce au replay, les chaînes vont à la rencontre des téléspectateurs, quels que soient l’endroit et le fuseau horaire où ils se trouvent. Qu’attendez-vous de la télévision publique ? La télévision publique ne doit pas être menée par les intérêts des capi-taux publi citaires, comme le sont les chaînes privées. Cela lui donne une liberté et aussi un devoir : transmettre la culture et les cultures, les infor-mations différentes. Même si cela est regardé par un petit nombre de té-léspectateurs, c’est un petit nombre qui n’est pas oublié et qui doit exister. Pour l’investigation, pour les émissions culturelles et littéraires, même tard le soir, pour les journées en Outre-mer. Seule la télévision publique peut offrir tout cela aux téléspectateurs.

LUCILE GUICHETJOURNALISTE ET PRÉSENTATRICE, POLYNÉSIE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ?Je trouve que c’est un groupe pour tout le monde, avec lequel on peut s’informer et se divertir. Nous sommes partout en même temps, ce qui nous permet de voir la France dans tous ses éclats. J’aime les nouvelles émissions politiques qui ont été mises en place. Par contre, concernant l’Outre-mer, on est souvent oubliés au niveau national. Nous avons l’im-pression d’exister seulement quand la situation est très tendue. Qu’attendez-vous de la télévision publique ? J’attends qu’elle nous informe tous les jours et qu’elle soit plus interactive. Il faudrait qu’elle se tourne vers le numérique via les réseaux sociaux pour être plus accessible par les jeunes. Aujourd’hui, on délaisse de plus en plus la télé. Il serait donc judicieux de favoriser les moyens d’échanges et de mettre en place une interaction afin de raccrocher les gens à la télé.

GENIALE ATTOUMANIJOURNALISTE ET PRÉSENTATRICE, MAYOTTE 1ÈRE

la parole aux animateurs

DENIS ADENET-LOUVETJOURNALISTE RADIO, MARTINIQUE 1ÈRE

Quel regard portez-vous sur France Télévisions aujourd’hui ? Par sa diversité, le groupe France Télévisions propose un regard assez large et varié sur la société française et sur le monde en général… En ma-tière de politique, l’ambitieuse formule qui a consisté à faire un débat avec l’ensemble des candidats à la présidentielle a fourni la preuve que bien des défis sont possibles pour peu qu’on veuille répondre aux attentes avérées ou non des téléspectateurs… Étant désormais le plus souvent affecté aux sports, je note que France Télévisions maintient avec succès son effort en matière de diffusion d’événements sportifs majeurs, de la Grande Boucle aux Jeux olympiques, en passant par bien d’autres com-pétitions.

Qu’attendez-vous de la télévision publique ? Dans un contexte très concurrentiel, le train France Télévisions est sur de bons rails. J’attends que nous autres, agents, nous nous creusions en-core plus les méninges, tous autant que nous sommes, pour proposer les meilleurs produits. Mais que notre hiérarchie soit aussi attentive et prête à valoriser le travail effectué dès lors qu’il reflète nos réalités di-verses, toujours avec la rigueur et la déontologie qu’exigent nos métiers…

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7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

Qu’on soit un homme ou une femme, qu’on soit un peu plus ou un peu moins coloré, on n’a pas tous exactement le même regard sur la société.

Pour le coup, France Télévisions est une entreprise qui va vraiment dans le bon sens, qui fait changer le regard. Moi, si j’incarne une diversité, elle est plus sociale qu’ethnique : mon père est ouvrier et ma mère est au foyer. J’ai fait des études, j’ai choisi un métier et, aujourd’hui, je présente le journal de 20 heures en remplacement de Laurent Delahousse. Le regard que je porte, moi, née à Mantes-la-Jolie, sur un fait de société en banlieue n’est pas exactement le même que celui de quelqu’un qui n’a jamais traversé le périphérique. Et ça, c’est important.

LEÏLA KADDOUR-BOUDADIJOURNALISTE, FRANCE 220 |04 |17 LA COURNEUVE

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« Sur les chaînes de France Télévisions, c’est trop redondant. On passe toujours les mêmes programmes l’après-midi. Du coup, c’est pas la chaîne qu’on va regarder en premier ou alors on va vite zapper, parce qu’il n’y a rien qui nous attire. Du coup, on se lasse. »

témoignage20|04|17 la courneuve

MargauxUne télévision pour eux, qui intègre leurs codes et accompagne les nouveaux usages

Les élèves qui ont pris la parole expri-ment un décalage entre la société telle qu’ils la vivent – rapide, en évolution per-manente – et des grilles de programmes qui ne changent pas. Les codes de la télévision publique ne sont pas les leurs. Ils demandent plus de réactivité pour ce qui est de la diffusion des films de ciné-ma à la télévision par exemple, plus de variété en matière de disciplines spor-tives diffusées, plus de modernité dans les séries proposées ou plus de rythme dans l’information. Leurs codes passent aussi beaucoup par les supports numé-riques, qui offrent une réelle liberté de composition des programmes et une grande facilité d’usage. Ronaldo le dit : « Facebook, c’est plus accessible. C’est dans la poche, on ouvre et puis on regarde, c’est en direct. »

« Les divertissements, comme Des chiffres et des lettres ou Slam, sont pour un public assez âgé. Ça ne donne pas envie de regarder. Je préfère regarder un truc intéressant, qui parle des jeunes. J’aime bien les émissions comme Touche pas à mon poste où les gens se rassemblent et cherchent, à chaque fois, un thème, des nouveautés. Ils parlent de tout et de rien, ça change des trucs où on sait que ça va être la même chose. »

témoignage20|04|17 la courneuve

ayoub« Le Journal de 20 heures n’est pas adapté aux jeunes. Par exemple, sur M6, le Journal de 20 heures fait plus jeune. Le format est mieux adapté. Pour nous, un journal devrait être plus dynamique, plus court. »

témoignage20|04|17 la courneuve

sonia

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« Les séries sur France 2 et surtout France 3, comme Plus belle la vie, ça marche mais ça n’attire pas les jeunes. On regarde beaucoup Netflix.

Les séries sur France Télévisions sont vraiment éloignées des jeunes. »

témoignage20|04|17 la courneuve

florian

« On a envie d’aller dans ce sens, de produire des fictions plus différenciées, pas uniquement pour les jeunes, d’ailleurs. On a un projet de plateforme numérique justement, qui s’adresserait aux jeunes entre 18 et 25 ans, qui proposera des œuvres spécifiques, des fictions, des documentaires, avec une forme, un ton et des sujets plus particulièrement faits pour la classe d’âge que vous représentez. »

réponse

Delphine Ernotte Cunciprésidente-directrice générale de France Télévisions

Comme pour les publics plus âgés, les attentes des jeunes à l’égard de la télévi-sion publique sont claires. Ils demandent plus de réactivité, de prise en compte de leurs préoccupations. Avec parfois déjà une pointe de nostalgie à l’égard de programmes disparus ou en voie de revenir. Emma s’est ainsi renseignée sur la rumeur du retour à l’antenne des Minikeums. Retour confirmé. À suivre…

pour résumer « Ce qui est important, ce n’est pas le support ou la forme, c’est le contenu. » Ce constat d’une téléspectatrice pari-sienne est un principe premier de l’inter-vention du public de France Télévisions par rapport à son offre digitale. S’il faut prendre en compte et anticiper la modi-fication des pratiques de consommation des productions télévisuelles, la qualité des programmes primera toujours. Les plateformes numériques et leurs offres digitales ne sont pas perçues comme l’aboutissement d’un virage, mais bien comme des possibilités cumulatives de renforcer et diversifier une offre de pro-grammes de qualité.

Il s’agit de rompre avec la contrainte des horaires de diffusion, mais aussi avec la transmission verticale, du haut vers le bas, d’un programme, en permet-tant au public d’intervenir et de partici-per à la fabrication de sa télévision et, enfin, de faire venir ou revenir les jeunes adultes qui demandent plus d’autono-mie dans leurs rapports à la télévision. En revanche, le public demande que l’offre digitale ne vienne pas remplacer les moments conviviaux de partage de la télévision entre toutes les générations.

7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

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8. LA FICTION, ENTRE ÉVASION ET MISE EN SCÈNE DU RÉEL

Lorsque les personnes présentes lors des Rencontres s’em-parent de la question de la fiction, on retrouve une tension entre des demandes contradictoires : faut-il donner à voir le réel ou fournir une échappatoire au quotidien ? Les réponses sont nuancées, combinées, pluralistes. Toutefois, un certain consensus se fait jour autour de la demande du maintien d’une fiction française servie par la richesse des scénarios, de la réalisation et des acteurs qui composent le monde de la création en France. La diversité et l’originalité des productions de fictions peuvent tout d’abord permettre au public d’être ainsi trans-porté, par l’imaginaire, dans des mondes nouveaux ou dif-férents. Cette dimension d’évasion est considérée comme une soupape dans une réalité parfois difficile à vivre. À l’in-

verse, une autre partie du public est plus attentive à la fonc-tion sociale du récit, celle qui met en scène le réel pour l’interroger et le comprendre. Le public cherche alors à re-trouver la réalité, sa réalité, dans les fictions produites et dif-fusées par la télévision publi que. Cette exigence s’accom-pagne d’une demande de représentativité à la fois dans les récits construits et dans les personnages qui les portent. Par ailleurs, la fiction est un moyen de découvrir des réalités et des espaces nouveaux et de porter alors le débat à pro-pos de situations éloignées ou inconnues du public. Enfin, les téléspectateurs ont souligné la qualité des productions, et en cela la place toujours plus grande réservée aux ac-trices et aux acteurs du monde de la création au sein des programmes de la télévision publique.

La production et la diffusion de fictions sont des missions de la

télé vision publique auxquelles les téléspectateurs sont

attentifs. Le service public se distingue par son effort important

de production française originale et son renouvellement.

8. LA FICTION, ENTRE ÉVASION ET MISE EN SCÈNE DU RÉEL

8. LA FICTION, ENTRE ÉVASION ET MISE EN SCÈNE DU RÉEL

8. LA FICTION, ENTRE ÉVASION

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À la découverte de nouveaux univers

La fiction est aussi un moyen de décou-vrir des lieux et des gens différents de son quotidien. De s’ouvrir à des espaces nouveaux comme celui du cinéma avec Dix pour cent ou de la gastronomie avec Chefs. Une telle approche com-mande à France Télévisions de prendre des risques, d’innover et de persévé-rer dans des choix qui la distinguent de ses concurrents. Une téléspecta-trice présente lors de l’agora de Paris explique notamment comment elle est devenue assidue des séries de France Télévisions  : « Je suis une fan de fic-tions, mais je ne regarde le service public que depuis quatre ou cinq ans, car plutôt consommatrice de séries américaines, donc plutôt TF1. Je trouve que France 2, France 3 commencent à innover, à trouver des séries qui changent de l’ordinaire. Pour moi, vous commencez à prendre des risques. Le problème, c’est que vous ne donnez pas la chance à des programmes assez longtemps, comme Origines, qui pour moi était une super série. C’était origi-nal, il y avait de la créativité. Je trouve

que ce n’est pas encore assez appro-fondi pour donner de l’importance aux scénaristes, pour qu’ils puissent juste-ment vous offrir des séries de qualité. »

À Trouville, le 11 mars 2017, les téléspecta-teurs venus évoquer les fictions de France Télévisions dans le groupe de Sophie in-sistent sur leur dimension de dé couverte : « J’adore la série Meurtres à… parce que je découvre des régions, des histoires et des légendes du coin, des paysages et des habitudes. J’ai découvert de su-perbes régions françaises avec cette série. D’ailleurs, il y a largement de quoi en faire une en Normandie ! »

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Sortir du quotidien, se divertir et rire

Comme l’explique un téléspectateur venu dialoguer lors de la table ronde des Rencontres Téléspectateurs à Marseille, la fiction est un moment important, à la fin de la journée, pour penser à autre chose : « Il faut comprendre qu’on est agressé par l’actualité, la politique et les événements, on veut se détendre et non pas voir des Meurtres à Avignon… Du coup, je zappe et je regarde des documentaires. On veut se détendre ! » Ce relâchement revendiqué passe par la comédie ou les séries humoristiques, qui, tout en abordant parfois des sujets de fond importants, proposent un déca-lage attendu par les téléspectateurs.

Il est donc nécessaire pour France Télévisions de rechercher un équilibre et un accompagnement juste lorsque les problématiques contemporaines sont traitées dans les fictions, selon le vœu exprimé par une autre téléspectatrice présente à Marseille : « Les sujets socié-taux, c’est bien, mais il faut les traiter avec parcimonie, parce qu’on est dans un monde de violence ; on a envie de changer, on a envie d’autre chose. »

8.1 S’ÉVADER AU QUOTIDIEN : L’APPEL DE LA COMÉDIE

« La comédie, c’est une question centrale pour nous. Je vais vous faire mentir, car il y a deux séries qui cartonnent et qui s’exportent à l’international, c’est Fais pas ci, fais pas ça et Dix pour cent. Mais la comédie, c’est le genre le plus dur ; le polar, on peut avoir une structure narrative assez simple : en gros, il y a un meurtre et il faut trouver le coupable… Tandis que derrière la comédie, il y a un gros travail d’écriture. En Amérique aussi, il y a assez peu de comédies, et bien sûr on se dit tous : “Quel dommage !” et on aimerait en faire plus. »

réponse30|11|16 marseille

Thierry Aflalouproducteur chez Comic Strip Production

« Je choisis des choses qui me font rire, qui me détendent après une journée de boulot, donc j’évite ce qui va me faire me poser trop de questions, m’angoisser ou me stresser. Dans ce qui me fait rire, il y a Fais pas ci, fais pas ça, Parents mode d’emploi. »

« Vous disiez que vous aviez une obligation de quotas, tant mieux. Mais pourquoi vous n’avez pas assez de comédies sur cette diffusion ? Lorsque l’on regarde un programme, on a “Meurtre ici”, “Meurtre là-bas”. Donc, moi qui regarde d’abord France Télévisions, eh bien, si France Télévisions ne me donne que des choses tristes, alors qu’on est agressés par l’actualité… Quand est-ce que vous allez nous donner un peu de fantaisie ? »

témoignage30|11|16 marseille

olivier

témoignage30|11|16 marseille

jean-françois

S’ÉVADER DU RÉEL N’EST PAS NÉCESSAIREMENT UNE

FUITE, MAIS UNE RESPIRATION. C’EST CE QU’EXPLIQUENT LES

TÉLÉSPECTATEURS QUI METTENT EN AVANT LE PLAISIR QU’ILS ONT

À SE RETROUVER DEVANT UNE ŒUVRE DE FICTION APRÈS UNE

JOURNÉE PARFOIS CHARGÉE ET DIFFICILE. LA FICTION PROPOSÉE

PAR FRANCE TÉLÉVISIONS TROUVE ALORS UNE PLACE

PARTICULIÈRE DANS LA JOURNÉE DE SON PUBLIC, CELUI DE LA

RESPIRATION, DE LA DÉTENTE. À PARTIR DE CE MOMENT-LÀ,

TOUS LES DISPOSITIFS SONT BONS POUR PERMETTRE

L’ÉVASION : UNIVERS NOUVEAUX, HUMOUR, FANTASTIQUE,

DESTINS D’EXCEPTION, MAIS C’EST AVANT TOUT LA

COMÉDIE QUI REMPORTE L’ADHÉSION DU PUBLIC.

« Ce qui m’intéresse dans les fictions, c’est d’intégrer des univers différents, l’univers de la vigne, l’univers policier, d’avoir des découvertes à travers des histoires. C’est important de redonner goût à l’histoire aussi. Un village français, très important et intéressant, parce que les thématiques permettaient un éclairage sur cette période assez troublée de notre histoire. »

témoignage04|04|17 nancy

Denis

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Chérif, Candice Renoir, Caïn, Nina... Autant de visages et de héros de la fiction française de France 2, qui a su renouer, depuis quelques années, un lien fort et constant avec le public. La fiction de France 2, c’est aussi proposer de nou-veaux univers, comme celui de Dix pour cent, ou une ambition visuelle et sonore, avec notamment la série Zone blanche. Cette année 2017 sera marquée par l’arrivée de nou-velles séries, comme L’Art du crime, un polar ludique dans le monde de l’art, On va s’aimer, qui nous parlera de la famille aujourd’hui au travers de deux avocates, mère et fille, et un grand feuilleton, Le Chalet, une sorte de Dix Petits Nègres en montagne qui mêlera suspense et romanesque.

Tout notre travail aujourd’hui est de diversifier autant les formats que les univers, proposer plus de comédies aux téléspectateurs, mais également sortir du sa-cro-saint prime time pour aller explorer la deuxième partie de soirée, par exemple. Et, bien entendu, le grand enjeu de l’année 2018 sera l’arrivée d’un feuilleton quo-tidien en fin d’après-midi sur notre chaîne. Bref, proposer, encore et toujours, une fiction créative, audacieuse et populaire. Une fiction sans limite.

Donner du sens en éveillant les sens.

Sur France 3, les fictions naissent des valeurs de la chaîne : la proximité avec les régions, l’authenticité et la sincérité de personnages toujours à hauteur d’homme, le goût de l’histoire, des traditions et de la culture popu-laire. À partir de ces valeurs, c’est une formidable diver-sité de fictions originales et de formats qui sont propo-

sés : fiction de société, série historique, adaptation littéraire, polar, comédie, feuilleton, héros et héroïnes d’aujourd’hui avec la collection « Femmes de carac-tère »… De Plus belle la vie à Marion 13 ans pour tou-jours, de la série Le Village français à la comédie Capi-taine Marleau, la fiction de France 3 s’appuie sur un monde imaginaire proche du réel pour nourrir la ré-flexion de chacun et cultiver le vivre-ensemble.

FANNY RONDEAU DIRECTRICE DE L’ UNITÉ FICTION DE FRANCE 2

ANNE HOLMESDIRECTRICE DE L’ UNITÉ FICTION DE FRANCE 3

la parole à...

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Refléter la pluralité et la diversité du pays et du monde

Les téléspectateurs sont générale-ment très satisfaits de l’offre de fictions de France Télévisions. Ils demandent cependant qu’un effort soit fait en termes de diversité. Pas seulement dans la forme, et plus précisément dans le renoncement au « tout-polar », mais aus-si par rapport aux personnages mis en scène, aux enjeux de l’intrigue, aux lieux mis en avant dans les productions.

« Il n’y a pas que les séries françaises qui sont intéressantes, il y a aussi les séries anglaises, islandaises… où on voit des gens de la vraie vie. Et ça nous permet de connaître mieux l’Europe, la façon de vivre des autres pays, donc ça rapproche.

Et puis, c’est vrai que les séries policières sont souvent calibrées dans le même sens. On pourrait envisager un groupe d’enfants qui enquêteraient à l’aide de nouvelles technologies ou de drones. Ça permettrait de toucher un panel de téléspectateurs plus important, un peu comme Harry Potter. »

témoignage06|12|16 paris

marie-véronique

« Les minorités sont de plus en plus représentées, de la manière la plus équilibrée… Comme dans Cherif par exemple, une série qui s’inscrit dans la réalité de la société française, mixte et peuplée de diversités toutes plus exemplaires les unes que les autres. Nous avons envie de la valoriser. »

17|01|17 strasbourg

Xavier Couturedirecteur général délégué en charge de la stratégie et des programmes de France Télévisions

« J’aime bien aussi les séries d’actualité qui parlent de nous, comme dans Fais pas ci, fais pas ça : elles traitent des thèmes comme le chômage, l’homosexualité. Mais il y a aussi des thèmes qui sont peu abordés, comme dans Dix pour cent, Les Hommes de l’ombre, des thèmes qui ne sont pas récurrents dans les comédies par exemple. »

« Moi, je ne trouve pas que les fictions nous représentent tant que ça… J’aime beaucoup les fictions et je me régale avec Alex Hugo, mais ça ne reflète pas notre personnalité. Je ne recherche pas la violence non plus : on n’en peut plus des séries américaines, des cadavres, des meurtres… Est-ce qu’il n’existe pas d’autres corps de métier que les policiers, les avocats ? »

témoignage30|11|16 marseille

olivier

témoignage30|11|16 marseille

sylvie

Mettre en scène des gens ordinaires

Pour certains d’entre eux, les téléspec-tateurs aiment bien « se retrouver » dans les personnages de leurs fictions. Il s’agit de mettre en scène la vie de gens ordi-naires qui leur ressemblent. Une par-tie du public est donc demandeur de fictions réalistes. Mais cette demande d’authenticité va aussi de pair avec une exigence de plausibilité et d’exactitude dans les situations traitées.

Durant les discussions du groupe de réflexion de Margarita, réuni à Trouville le 11 mars 2017, les participants ont insis-té notamment sur le rapport au réel, « ce qui est important, quand les séries évoquent notre quotidien, c’est de mettre en scène des éléments qui nous permettent de nous projeter, de nous identifier, parce qu’ils sont proches de notre réalité. Cela n’empêche pas que l’écriture soit un peu décalée, humoris-tique, mais il faut faire attention à bien rester dans le réalisme pour permettre cette identification ».

8.2 PLURALITÉ DE LA FICTION, DIVERSITÉ DANS LA FICTION

« On tente d’avoir une offre variée, avec des téléfilms sur des enjeux “sociétaux”, comme sur la maladie d’Alzheimer, suivis d’un débat. C’est une manière d’être proche des téléspectateurs, car c’est un sujet qui touche beaucoup de gens. Nos équipes en charge de la fiction proposent également des innovations, notamment la série Dix pour cent, qui était une véritable prise de risque. On cherche à équilibrer la prise de risque, et donc à s’assurer qu’on va vous surprendre, mais aussi rendre les sujets universaux. »

06|12|16 paris

Caroline Gotdirectrice exécutive de France 2

UNE AUTRE PARTIE DU PUBLIC DE FRANCE TÉLÉVISIONS FAIT

APPEL À UNE AUTRE MODALITÉ DE FABRICATION DES FICTIONS : CELLE QUI A POUR PRINCIPE LA MISE EN SCÈNE DE LA RÉALITÉ

QUOTIDIENNE DANS UNE PERSPECTIVE DE REFLET DU

RÉEL. LES TÉLÉSPECTATEURS ATTENDENT ALORS QUE

TOUS LES ASPECTS DE LEUR QUOTIDIEN SOIENT L’OBJET

DE CETTE SAISIE PAR LA FICTION, LES BONS COMME

LES MAUVAIS CÔTÉS. C’EST À PROPOS DE CETTE PRISE EN

COMPTE DU RÉEL DANS LA FICTION QU’INTERVIENNENT

LES EXIGENCES DE REPRÉSENTATIVITÉ MAIS AUSSI DE PLURALITÉ, AFIN DE NE PAS

TOUJOURS SE CONCENTRER SUR LES MÊMES TRAMES

NARRATIVES, LES MÊMES SUJETS OU LES MÊMES MILIEUX.

« La fiction qui nous plaît, c’est celle qui nous ressemble. Vous parlez d’une série sur l’autisme, mais pourquoi on n’a pas de personnage au chômage dans une série telle que Plus belle la vie ou Fais pas ci, fais pas ça ? Parler de notre vie et ne pas faire une série entière sur le thème. Et pourquoi ne pas faire un mix entre Dix pour cent et Les Hommes de l’ombre qui se passerait dans les milieux de France Télévisions par exemple… »

témoignage30|11|16 marseille

olivier

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8.2 PLURALITÉ DE LA FICTION, DIVERSITÉ DANS LA FICTION

« J’ai un frère qui est handicapé, donc ces questions se posent à moi de manière différente. Au début, j’étais un peu gênée par le traitement du handicap dans Vestiaires, qui insiste beaucoup sur leur situation. Finalement, je me suis dit : “Les gens dans la rue passent leur temps à fixer mon frère, à le regarder avec curiosité, peut-être qu’après avoir vu ça ils se comporteront différemment et qu’ilsarrêteront de le regarder avec étrangeté.” »

témoignage11|03|17 trouville

betty

« Oui, on n’est pas représentatif, on ne voit pas la même chose à la télévision et dans la vraie vie. Ça prend du temps. Le rôle du service public, c’est d’être particulièrement attentif. Il faut pousser les gens qui proposent les programmes, à tous les niveaux.

Mais vous savez, c’est compliqué, quand on travaille sur des séries d’animation, pour qu’il y ait des filles dans chaque série et pour qu’elles représentent la moitié des personnages, il faut le répéter à chaque fois ! Il faut offrir des places aux animateurs pour des gens qui débutent, parce que ça fait longtemps qu’on fonctionne avec des Blancs de CSP+. Il faut trouver des places pour des chroniques, sur des chaînes plus avant-gardistes comme France 4. »

17|01|17 strasbourg

Tiphaine de Ragueneldirectrice exécutive de France 4 et directrice des activités jeunesse de France Télévisions

Depuis trente ans, France Télévisions a su affronter l’arrivée des chaînes privées, puis répondre à la multi-plication de l’offre télévisuelle avec l’apparition de chaînes diffusées par la TNT, le satellite, le câble. Le groupe a su se diversifier en conservant une identité, en pérennisant une vision citoyenne de ses téléspecta-teurs. La tâche n’est pas aisée, les freins persistent, hors et dans l’entreprise, mais la survie du groupe passe par ces efforts.Demain, aujourd’hui déjà, de nouveaux défis se pré-sentent, de nouveaux modes de consommation appa-raissent. France Télévisions doit être à la pointe de l’in-novation, dans le contenu des programmes, dans la communication, par sa capacité à toucher le plus grand nombre sur le numérique alors que, en France, You-Tube expose déjà cent chaînes à plus d’un million d’abonnés.

Dans ce moment si excitant mais si périlleux, France Télévisions devra sa survie à la qualité et à l’offre de programmes se distinguant des autres chaînes : des

contenus résolument originaux et alternatifs. Il faut don-ner les clés aux talents afin de ne pas résumer la télévi-sion à des moments de « cerveaux disponibles », à une course aux « responsables d’achats ». Il faut offrir à cha-cun le loisir de s’exprimer, montrer que « l’autre » est une richesse, une partie de soi. Dans la télévision de demain, la téléspectatrice, le télé-spectateur, ne sera plus une cible mais un partenaire pour qui il sera plus important de savoir où on va en-semble.

France Télévisions, dans ces moments de confusion idéologique et de repli sur soi, doit être le plus bel ins-trument d’ouverture aux autres, et le plus exemplaire en matière de responsabilité : au niveau de l’information comme de la place donnée aux citoyens du monde. La progression de la visibilité offerte aux femmes montre que, lorsque la volonté s’exprime, les résultats sont là.

FABIENNE SERVAN-SCHREIBERPRODUCTRICE CHEZ CINÉTÉVÉ

la parole aux partenaires

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Chez moi, Plus belle la vie rassemble trois générations devant la télévision. Il y a ma mère qui regarde avec ma fille, elles ne manquent pas un épisode. Et puis, dès qu’il le peut, mon mari les rejoint. C’est vraiment ça qu’on attend d’une série, qu’elle soit capable de nous faire nous retrouver et de partager à nouveau, quels que soient notre âge ou notre situation. Des fictions fédératrices. »

témoignage11|03|17 trouville

béatrice

« Ce qui est important pour une série, c’est de nous rassembler.

Fonction de la fiction

La fiction donne aussi à réfléchir, même si elle ne doit pas prescrire un point de vue plutôt qu’un autre, selon les demandes exprimées durant les Rencontres. Cela passe notamment par la réalisation de fictions historiques qui permettent d’appréhender des phéno-mènes sous un aspect différent, de re-lire notre histoire commune par le biais d’histoires individuelles ou encore d’évo-quer des problèmes d’actualité qui ne font pas néces sairement consensus dans le public mais qui permettent de poser un débat d’une manière diffé-rente. Ainsi Vincent, intervenant par le biais de Facebook, lors de l’agora de Strasbourg, demande « plus de fictions historiques ».

8.3 UNE FICTION AU SERVICE DE L’ACTION

EN ADOPTANT UNE NARRATION

DIFFÉRENTE ET SANS FAIRE DU FOND DU

PROPOS L’OBJET PRINCIPAL DE LEUR

CONSTRUCTION, LES FICTIONS PEUVENT CEPENDANT FAIRE

PASSER UN CERTAIN NOMBRE D’IDÉES, DE DÉBATS OU ENCORE

D’INFORMATIONS. EN CHOISISSANT DES

SCÉNARIOS ÉVOQUANT L’ACTUALITÉ.

La fiction historique a toujours existé. Les séries sont nées dans la presse avec le roman-feuilleton comme ceux d’Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Eugène Sue ou Charles Dickens. C’est d’ailleurs Dumas qui attirait le plus de public, notamment parce qu’il a inventé les cliffhangers, les fins en suspens qui incitent à lire la suite le lendemain.

Le problème en France, c’est que la plupart des séries qui fonctionnent sont des séries policières. C’est une réduction incroyable qui tient au fait qu’on va toujours vers ce qui fonctionne et ce qui se vend. Moi, je trouve que le service public s’honorerait à prendre plus de risques que vous n’en prenez aujourd’hui, par exemple en faisant entrer dans les comités de sélection des artistes, des scénaristes, des écrivains, des metteurs en scène, des gens pour qui l’histoire constitue le matériau essentiel de l’existence. Et que ce ne soit pas tout le temps des séries qui sont pensées ou calibrées pour aller vers ce qui marche.

Autant c’est difficile d’attendre ça d’une chaîne privée, autant on peut attendre ça du service public. Un jour, j’ai écrit la série Résistance, sur des jeunes dans la Résistance. Elle a été diffusée par TF1 avec un score honorable mais pas davantage. Tout le monde me disait : « C’est une série qui était faite pour le service public. » Et donc, quand j’écris pour le service public, je n’écris pas de la même manière que pour Netflix, Arte ou TF1. Scénariste, ce n’est pas un travail d’artiste : un scénariste est un artisan. La différence m’a été donnée par Pierre Soulages : « Un artiste et un artisan vont vers le même but, sauf que l’artiste ne connaît pas le chemin. » On répond toujours à un but, mais aussi à un mystère qu’on construit et qui permet de répondre à une question à deux degrés. Un degré que l’on voit tout de suite et un second degré, une question lancinante, derrière.Il faut toujours inventer quelque chose qui permette de vous réjouir, et vous réjouir vous, c’est nous réjouir nous. J’ai toujours pensé que si je m’emmerde en écrivant, vous vous emmerderez en lisant ou en visionnant.

17|01|17 STRASBOURG

DAN FRANCKÉCRIVAIN ET SCÉNARISTE

Présenter les débats sous un nouveau jour

La fiction n’est pas considérée par les téléspectateurs comme un simple espace de divertissement. Le public du service public exige régulièrement qu’il existe, au-delà des histoires, une mise en récit d’enjeux d’actualité. La fic-tion permet alors d’aborder des thèmes traités par ailleurs sous un angle diffé-rent. Une telle approche rend possible l’incarnation de ces situations et per-met aux téléspectateurs de saisir ces thèmes sur un plan plus personnel, plus humain parfois.

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Les téléspectateurs réunis à Trouville, le 11 mars 2017, pour évoquer la fiction à France Télévisions insistent tous sur la nécessité pour les fictions de faire réfléchir, et de faire réflé-chir ensemble, comme l’ex-plique le groupe de Sophie : « Une fiction, il faut pas que ce soit fini à 22 heures et puis, hop ! tout le monde va se cou-cher. Ce qui est intéressant, c’est qu’on puisse en parler, que ça apporte de la réflexion, qu’on puisse en parler notam-ment entre adultes et enfants. Par exemple, il y a quelques années, il y a eu une fiction sur le harcèlement à l’école et maintenant on en parle, le film a suscité des débats. Depuis quelque temps, France Télévisions programme à nou-veau des débats qui suivent la diffusion des fictions, c’est très bien, il faut continuer et augmenter ces soirées. Pourquoi ne pas en faire un rendez-vous récurrent ? Tous les quinze jours par exemple ? »

« Pour prolonger ce qui a été dit, j’ai la chance de présenter ces soirées qu’on appelle les Soirées continues, qui fonctionnent très bien, qui rencontrent l’intérêt du public et qu’on est les seuls à faire sur l’autisme, sur la maladie d’Alzheimer, sur la radicalisation, sur les médicaments, sur la maltraitance des enfants, et on y consacre trois heures de notre antenne, donc ça n’est pas rien, avec une fiction et un débat. »

06|12|16 paris

Julian Bugierjournaliste à France 2

« Prenez l’exemple de la série Un village français. À la fois on apprend beaucoup de choses, mais on voit aussi les choses différemment, parce que la vérité historique, quand elle est racontée par les petites gens, ce n’est pas la même écriture de l’histoire. »

témoignage11|03|17 trouville

Hugues

8.3 UNE FICTION AU SERVICE DE L’ACTION

06|12|16 PARIS

DANA HASTIERDIRECTRICE EXÉCUTIVE DE FRANCE 3

Dans Fais pas ci, fais pas ça, il y a toujours eu un souci de vérité dans les sujets traités. Par exemple, dans ma famille, qui a certainement défilé contre le mariage pour tous – je parle du personnage bien sûr –, les scénaristes, très intelligemment, ont choisi de lui donner une fille homosexuelle, qui en plus va se marier ! Et dans un épisode peu après, les parents, par amour, vont défendre le mariage de leur fille, face à un de mes collègues qui, dans la fiction, drague ma fille. Donc, il va lui-même défendre le mariage homosexuel de sa fille contre lequel il a défilé ! Je trouve que c’est très intéressant, puisque ça parle de la société ; c’est pas si simple que ça d’avoir des grandes idées, c’est le principe même du personnage que j’incarne : il a de grandes idées, il dit : « La vie c’est comme ça », et puis, à l’épreuve des faits, comme nous tous, ça devient beaucoup plus riche, beaucoup plus complexe, beaucoup plus inattendu que ce que l’on voudrait bien dire.

Du coup, c’est drôle parce que c’est émouvant et c’est émouvant parce que c’est drôle…

Et c’est toujours ce que l’on a voulu défendre dans cette série, grâce à France Télévisions qui a donné les clés aux auteurs. J’espère que, grâce au service public, de nouveaux auteurs ont émergé et que la fiction française a repris des couleurs et de l’oxygène à partir de Fais pas ci, fais pas ça. On a décidé de ne pas parler seulement, comme dans les autres séries, des meurtres aux États-Unis, des flingues et compagnie… ! Mais de parler de ce qui se passe dans notre propre société et des difficultés qu’on peut rencontrer les uns et les autres, et curieusement, c’est ce qui intéresse les gens.

06|12|16 PARIS

GUILLAUME DE TONQUÉDECACTEUR

On fait participer les téléspectatrices et les téléspectateurs à travers la fiction sur France 2 ou sur France 3. À partir d’un grand sujet de société, nous invitons des personnes confrontées à la problématique traitée. C’est une des choses les plus puissantes et les plus fortes sur tous les plans. À la fois sur le discours et sur les audiences. Quelqu’un qui vient témoigner d’une expérience propre, dans le contexte donné par la fiction, ce sont des grands moments de télévision. C’est plus compliqué lorsqu’il s’agit de débats politiques. Une personne qui est censée représenter une catégorie, par exemple « les entrepreneurs » ou un consommateur insatisfait ou quelqu’un qui viendrait interpeller le président de la République, jusqu’à quel point il incarne vraiment le groupe ou la catégorie ? Ce sont des moments qui peuvent cliver, parce que les téléspectateurs ne se reconnaissent pas dans la parole retenue. Une parole un peu hors contexte, ou très générale, peut tomber aussi à plat et susciter de l’agacement. Il faut trouver le bon équilibre.

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« J’aime beaucoup les personnages atypiques, comme Capitaine Marleau. Au début, quand j’ai vu la première fois, j’avoue que j’étais un peu, euh... avec son chapeau sur la tête tout le temps. Et puis c’est quand même formidable quand on peut s’attacher à ces personnages. Quand ça se passe en plus dans des endroits qu’on peut découvrir ou redécouvrir, comme le parc de Sainte-Croix, j’aime beaucoup. Je suis toute jeune retraitée. Avant, quand je rentrais du travail, c’était : on a besoin d’une vraie détente, et quand on a des rencontres avec des personnages comme ça, c’est vraiment très agréable. Parce que le problème, c’est de ne pas avoir des fictions qui se ressemblent toutes, un peu lisses. Moi, j’aime bien les aspérités. »

témoignage04|04|17 nancy

Agnès

« La fiction sur les chaînes publiques peut être plus engagée, peut traiter de sujets un peu plus marginaux ou attirer un peu moins de public parce qu’il y a moins cette obligation de rentabilité par rapport aux chaînes privées, où “business is business”. »

témoignage04|04|17 nancy

julie

En particulier pour les fictions historiques, ça n’est pas toujours une question de moyens, c’est une question, pour les producteurs, de bien utiliser les moyens qu’on leur offre. Les séries américaines ou celles de Canal+ sont beaucoup mieux financées que nos programmes. Mais on a de très bons producteurs ici, qui savent parfaitement mettre à profit les moyens plus limités qu’on leur offre. Ce qui est aussi très important, c’est la préparation en amont. Un village français a été réfléchi, pensé, travaillé, par un scénariste accompagné d’un atelier d’écriture de six ou sept personnes tous les ans, pendant dix ans ; avec un conseiller historique de grande notoriété, Jean-Pierre Azéma ; avec une conseillère psychologique pour que les personnages évoluent tout en restant crédibles. Tout ça est extrêmement travaillé avant le tournage. On ne finance pas de manière extravagante les fictions que vous voyez, mais elles sont très bien écrites, produites, réalisées et très bien interprétées, parce que le service public, ça plaît aux comédiens.

04|04|17 NANCY

PAULE ZAJDERMANNCONSEILLÈRE DE PROGRAMMES FICTION À FRANCE 3

Originalité des productions et innovation des fictions

Durant les Rencontres Télé-spectateurs, il est tout à fait évident que les séries de France Télévisions sont perçues de manière spécifique par le public, notamment comme très diffé-rentes des productions amé-ricaines. Les téléspectateurs apprécient les efforts qui ont été faits dans le sens de l’origi-nalité des sujets et de la qua-lité de l’écriture et du jeu dans les séries de production fran-çaise à la télévision publique. Ils demandent cependant de trou-ver encore de nouvelles idées, notamment pour ne pas trop se limiter à l’univers policier.

8.4 LA PLACE DE LA CRÉATION DANS LE SERVICE PUBLIC

LES TÉLÉSPECTATEURS SONT RECONNAISSANTS

DES EFFORTS EFFECTUÉS POUR LA PRODUCTION

ET LA DIFFUSION DE FICTIONS DE QUALITÉ

AU SEIN DU SERVICE PUBLIC. SI LES THÈMES,

LES APPROCHES ET LA RÉGULARITÉ PEUVENT

ÊTRE INTERROGÉS, IL DEMEURE QUE LA

QUALITÉ EST RECONNUE.

« Fais pas ci, fais pas ça, c’est une série qui ne devrait pas exister dans une logique commerciale. La grande leçon, c’est que je suis devenu un acteur populaire grâce à Fais pas ci, fais pas ça, donc hommage à France 2 sur les sujets, sur les auteurs. Ils ont laissé un auteur s’exprimer de A à Z. Le cadrage de l’écriture est souvent trop fort sur d’autres chaînes, ils font du prémâché en fonction de ce qu’ils pensent de l’attente des auditeurs-auditrices. Mais France Télévisions laisse une part de liberté aux auteurs et aux acteurs ; on fait mieux que les séries américaines. »

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Guillaume de Tonquédecacteur

« Il est prévu de faire entrer des artistes dans les conseils. Dans le “plan création” de la présidence, dans cette volonté d’aller au-devant d’une création renouvelée, il y a aussi la volonté de faire entrer le monde des auteurs, le monde de la création, le monde des artistes dans la manière dont on aborde la fiction.Par le confort du succès, on va trop souvent vers le policier, mais la prise de risque est essentielle et le service public s’honorera de faire entrer les artistes dans les processus pour faire entrer de nouveaux projets et permettre une prise de risque vers des sujets pas encore suffisamment traités. Mais nous avons deux jambes, une jambe qui est celle du succès de l’audience et une autre, celle de la création et de l’originalité. »

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Xavier Couturedirecteur général déléguéen charge de la stratégie et des programmes de France Télévisions

« Je regarde vos fictions, ce sont les programmes que je préfère. Mais je voudrais savoir ce qui vous oblige à faire de la fiction alors que vos concurrents se tournent vers les séries américaines ? Est-ce qu’il y a une obligation ? Recherchez-vous une certaine clientèle ? Est-ce que vous recherchez la difficulté, la qualité ? Car les autres, malheureusement, font autant d’audience, voire plus, avec les séries américaines, qui sont loin de la qualité de vos fictions. »

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jean-pierre

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Pour écrire dix épisodes d’une série, il faut beaucoup de temps et nous ne fonctionnons pas en flux tendu au niveau de la commande des chaînes ; on attend le succès de la saison pour avoir une autre commande. Le temps de fabriquer les films, on va livrer plus d’un an plus tard. Par exemple, pour la série Candice Renoir, nous venons de finir le tournage, et écrire, c’est très long ! Par ailleurs, on ne peut pas demander aux comédiennes et aux comédiens de ne faire qu’une seule série toute l’année, exclusivement, ils y perdraient leur âme… Or, pour dix épisodes, il faut presque six mois de tournage ! Pour nous, c’est aussi riche d’avoir des comédiens qui font des choses différentes et qui ne sont pas enfermés dans une série. C’est pour cela qu’on ne peut pas faire plus vite. Il y a l’écriture, la préparation, le tournage, et on rajoute plus de temps pour le montage et le mixage, donc globalement, par épisode, ça prend presque huit semaines de travail au préalable. Les fictions et les séries françaisesse sont, je trouve, énormément améliorées ces dernières années. Les séries américaines faisaient beaucoup d’audience parce que c’était un peu une nouveauté. Mais, aujourd’hui, les fictions françaises n’ont pas à rougir, elles ont mis la barre très, très haut.Les chaînes du service public ont fait en sorte que ça fonctionne, elles soutiennent cette dynamique.

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ERIKA WICKE DE HAECKPRODUCTRICE EXÉCUTIVE CHEZ DEMD PRODUCTIONS

Qualité et prise de risque : le rôle du service public

La différence demandée et reconnue par les téléspectateurs peut prendre de multiples formes : les scénarios, les thèmes abordés, les personnages mis en scène et leur construction… Au bout du compte, c’est la démarche entière, que l’on ne perçoit pas toujours der-rière son écran, qui marque la distinction entre des fonctions produites sur le ser-vice public et les productions concur-rentes. France Télévisions prend plus le temps de construire des séries, de saisir leur perception par le public, de fournir un programme abouti.

8.4 LA PLACE DE LA CRÉATION DANS LE SERVICE PUBLIC

« J’aime beaucoup lorsque les fictions évoquent des sujets quotidiens, mais la grande différence pour moi, avec le service public, c’est la qualité de l’écriture.

Les meilleures idées et les meilleurs scénarios sont enrichis, à France Télévisions, par l’écriture, qui est plus approfondie, plus pointue. »

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érick

« Je voulais féliciter France Télévisions pour la qualité de ses fictions, je suis une grande fan, donc je les regarde le plus souvent possible. Ce que j’apprécie beaucoup, c’est que ce sont des fictions beaucoup moins violentes que ce que l’on voit dans les séries américaines. Donc ça, pour ma part, c’est un plus. Ensuite, je suis toujours agréablement surprise de voir ces séries tournées sur Marseille et toujours avec d’excellents acteurs. »

témoignage30|11|16 marseille

maryse

« Je suis réalisatrice et, l’an dernier, j’ai mis en scène un court-métrage qui a été diffusé sur France 2, donc je suis très contente qu’une histoire réunionnaise trouve une si large diffusion au niveau national.

La participation de France Télévisions à la création passe aussi par l’aide à la création. C’est une vraie mission de service public, et ça permet de créer d’autres histoires. Est-ce que les chaînes d’Outre-mer, et notamment les 1ères, pourraient participer aussi à cette aide à la création au niveau des territoires ? »

témoignage24|02|17 la réunion

elsacréatrice de l’association Cinécourt

« Le problème de la fiction, c’est que c’est très cher à financer, parce que ça demande beaucoup de travail. Du coup, on a un peu de mal à être suffisamment présent au niveau des chaînes locales. Cependant, nous pouvons imaginer d’autres choses à faire pour aider la création, et je vous propose de prendre date aujourd’hui pour organiser ensemble une soirée du court-métrage sur Réunion 1ère. »

réponse24|02|17 la réunion

Benjamin Moreldirecteur des antennes, Réunion 1ère

pour résumer Le public de France Télévisions apprécie beaucoup ses fictions et est attaché au rôle de la télévision publique dans la production et la diffusion de ces programmes. Le tournant qualitatif de ces dernières années est non seulement noté, mais tout à fait plébiscité. Cependant, il faut pour le public non seulement continuer dans cette voie, mais l’enri-chir encore, notamment en trouvant le moyen de réunir les parents et les enfants devant un écran par tagé : celui de la télévision. Les comédies peuvent être un moyen de trouver un programme commun, tout comme les séries qui évoquent les pro-blèmes quotidiens, en permettant et sollicitant un débat, particulièrement demandé par les téléspectatrices et téléspectateurs, qui ne veulent plus seulement consommer des fictions, mais en parler et en débattre par la suite. Enfin, le rôle du service public est aussi celui de soutenir la création en France et le public demande que l’effort fait sur l’originalité et le renou-vellement des séries et unitaires soit poursuivi par France Télévisions.

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9. MA TÉLÉVISION COMME ESPACE DÉMOCRATIQUE :LES ÉLUS ET FRANCE TÉLÉVISIONS

Pour ce faire, France Télévisions a collaboré avec l’Associa-tion des maires de France, qui est allée à la recherche des élus et les a sensibilisés aux enjeux de la télévision publique et de son devenir.Le 2I février 2017, l’agora des élus a réuni près de deux cents élus au siège de France Télévisions. Venus de l’ensemble de la France, ils et elles étaient en majorité issus de pe-tites, voire de très petites communes, souvent membres d’intercommunalités.

Deux personnalités étaient invitées à cette agora. Deux per-sonnalités artistiques fortes, reconnues pour leurs enga-gements citoyens. Il s’agit d’Abd al Malik et Line Renaud, qui ont exprimé leurs points de vue respectifs, l’un sur la place de la télévision publique dans la diffusion de la culture et la construction de la citoyenneté, l’autre sur l’accom-pagnement de France Télévisions aux côtés du Sidaction, l’association de lutte contre le sida dont Line Renaud est vice- présidente.

Dans le cadre des Rencontres, France Télévisions a souhaité donner la

parole à des élus de proximité. Relais de la voix des citoyens, ils ont aus-

si des visions de leurs communes et territoires qu’il importe d’entendre.

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9. MA TÉLÉVISION COMME ESPACE DÉMOCRATIQUE :LES ÉLUS ET FRANCE TÉLÉVISIONS

9. MA TÉLÉVISION COMME ESPACE DÉMOCRATIQUE :LES ÉLUS ET FRANCE TÉLÉVISIONS

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Des situationscomparables

De manière très générale, les élus demandent au service public télévisuel une plus grande proximité, qui pourrait prendre diverses formes détaillées ci-après. Il semble clair que, par-delà cette critique, ils attendent beaucoup de France Télévisions, s’y montrent attachés, de manière spécifique, comme s’agissant d’un partenaire. François Baroin évoque d’une part le rôle d’« ouverture sur le monde » propre à la télé-vision publique et celui d’« être au plus près du coin de la rue » que les élus locaux partagent avec France Télévisions.

Les élus font le constat de situations simi-laires entre France Télévisions et eux-mêmes. Annie Genevard (députée maire de Morteau) mentionne ainsi que, de la même manière que France Télévisions souhaite savoir quel peut être son impact sur la cohésion sociale, les maires sont d’abord des « faiseurs de paix ». Bon nombre d’élus locaux considèrent aus-si qu’ils font, comme la télévision publique, l’objet d’un sentiment de défiance de la part des Français. Stéphane Beaudet (maire de Courcouronnes, président de l’AMF Île-de-France) dit que « la confiance entre les poli-

tiques et le public est cassée, comme entre les journalistes et le public ». Les élus sont enfin dans une dépendance vis-à-vis de l’État pour mener leurs politiques, de la même manière que le budget de France Télévisions émane en grande majorité des financements publics. Cette dépendance est notamment mentionnée par Georges Cristiani, maire de Mimet.

Michel Field fait pour sa part le constat de simi-litudes sociologiques, avec un net vieillisse-ment des populations des communes rurales, qui peut rappeler celui des audiences de la télévision.

9.1 ÉLUS LOCAUX ET TÉLÉVISION PUBLIQUE : DES ENJEUX COMMUNS DE RENFORCEMENT DU LIEN SOCIAL

Des enjeux communs autour du lien social

Du fait même de ces rapprochements, des en-jeux communs se font jour. Certains élus lo-caux se considèrent, et considèrent France Télévisions, comme « dépositaires ensemble du service public » (Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines), d’où des enjeux forts du côté du lien social. Solange Creignou, maire de Loc-Éguiner-Saint-Thégonnec, avance ain-si la question de savoir « comment faire face à la montée de l’individualisme », qui s’adresse à France Télévisions autant qu’aux élus.

Être à la hauteur de l’entretien, voire de la res-tauration, du lien social passe par un traitement de l’actualité plus proche de la réalité des terri-toires, par la construction de la citoyenneté, par la diffusion de la culture et la prise en compte réelle de la diversité des régions.

« La confiance entre les politiques et le public est cassée, comme entre les journalistes et le public. »

Stéphane Beaudetmaire de Courcouronnes, président de l’AMF Île-de-France

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Un niveau supplémentaire est atteint avec les élus représentant des quar-tiers populaires, qui considèrent que le traitement médiatique de leurs com-munes leur nuit. Certaines expres-sions reprochent à la télévision pu-blique de contribuer à donner de leurs villes une image très dégradée. C’est le cas de Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillon : « L’info, c’est uniquement les mauvais côtés des banlieues. » Jean-Paul Lefebvre, maire de Noisy-le-Sec, va jusqu’à réclamer une « réparation sur l’aspect médiatique » et « qu’on ne parle plus de nous comme le “9.3” ». L’un et l’autre soulignent le fait que ces villes dites de « banlieue » sont aussi porteuses de réussite, d’avenir, que ce sont des territoires où la jeunesse est très présente, qu’il faut être vigilant à ne pas en abîmer la représentation et à ne pas insulter l’avenir de ces territoires en devenir.

Sur cette question des initiatives plus diverses à relayer, Dana Hastier rap-pelle que France Télévisions propose des magazines qui reprennent cette dimension : le Journal des initiatives est quotidiennement à l’antenne et In

situ relate l’économie dans les régions. Laurent Delahousse explique que l’ac-tualité est présente dans les journaux télévisés, dans les magazines et docu-mentaires, d’où une diversité de traite-ments qui ne fait pas place uniquement à l’immédiateté.

Michel Field mentionne les efforts des professionnels de l’information pour ne pas verser dans la tyrannie de l’immé-diateté et de l’émotion, ainsi que l’atten-tion portée au lien social : « On entend ces critiques, on les intériorise aussi parce qu’on sait bien que c’est l’actua-lité dramatique qui fait parler, qui fait écho. C’est toujours relatif, mais on est moins fautifs que d’autres. On a tou-jours essayé, sur le service public, de tenir à distance le sensationnalisme et une manière racoleuse de traiter l’ac-tualité même quand elle est drama-tique. On est obligés aussi de suivre l’actu dans ce qu’elle a de plus difficile, de plus conflictuel. Je vois malgré tout que, dans la continuité, au quotidien, dans nos journaux, dans nos magazines et aussi dans nos fictions, on essaye d’allumer des contre-feux aux stéréo-types qui pourraient surgir. » Pour lut-

ter contre les « fractures territoriales, numériques, générationnelles et cultu-relles », il évoque également la création de la chaîne franceinfo, manière de ne pas laisser le monopole de l’information en continu au secteur privé.

Dana Hastier pointe par ailleurs du doigt une contradiction : la demande de réalité est forte mais l’expérience montre que « le pays n’a pas forcé-ment envie de se voir dans une forme de souffrance, dans une forme de dés-hérence ». Des documentaires ont ten-té cela et n’ont pas trouvé leur public. « Par ailleurs, dit-elle, la télévision peut contribuer au lien social, mais elle ne peut pas tout. »

Préférer les initiatives positives au spectaculaire

De nombreuses interventions ont relayé le sentiment des élus locaux que la télé-vision s’intéresse uniquement à l’ac-tualité, faisant ainsi la part trop belle à l’immédiateté et au spectaculaire, plutôt que de relayer les initiatives positives, qui font aussi la réalité des territoires dont ils sont issus.

Rémy Rebeyrotte, maire d’Autun, remer-cie France Télévisons de ne pas porter de regard condescendant sur la province mais regrette qu’il soit très compliqué de faire connaître les initiatives remar-quables et appelle à « faire respirer l’in-formation des territoires ». Jean-Pierre Carteret, maire de Lavoncourt, appelle France Télévisions à parler davantage des déserts médicaux, d’éducation, des services publics dans les territoires pour « réveiller la conscience citoyenne, être au cœur de la re-socialisation ».

9. 2 Deux DEMANDEs UNANIMEs : DAVANTAGE D’INITIATIVES POSITIVES, DAVANTAGE DE PROXIMITÉ

Les territoires et les élus locaux sont évidemment confrontés à des difficultés que vous relatez régulièrement dans vos reportages, mais je crois que nous sommes aussi à l’origine de solutions. On est des innovateurs permanents et, face aux problèmes que vous décrivez, c’est important dans le traitement de l’information que vous montriez qu’il y a des acteurs. On est les ensembliers de cette France des solutions qui fonctionne (…). Vous pouvez nous aider en ne tendant pas systématiquement le micro à ceux qui ne veulent pas que ça change ou à ceux qui ont peur que ça change. Beaucoup de peurs naissent dans nos territoires par la lucarne que vous leur proposez de ce qui se passe dans d’autres territoires. Vous relativisez positivement en montrant qu’effectivement en France il y a, par rapport à d’autres territoires étrangers, une espèce de génie créatif dans l’invention de solutions collectives, qui doit faire l’honneur et la fierté d’être français.

NICOLAS LEBASMAIRE DE FACHES-THUMESNIL

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Renforcer le rôle des régions

De manière générale, les élus locaux demandent plus de relations, plus de proximité avec les rédactions locales de France 3. Ils souhaitent que le groupe s’appuie davantage sur le niveau régional. Christian Troadec, maire de Carhaix, va jusqu’à deman-der la création de chaînes régionales de plein exercice, via l’attribution de la redevance aux régions.

La question du lien avec les rédactions est aussi revenue à plusieurs occa-sions. Il leur est compliqué de savoir où s’adresser lorsqu’ils pensent avoir un sujet à proposer.

Yannick Letranchant et Delphine Ernotte Cunci évoquent sur ce point le contrat d’objectifs et de moyens signé avec la Bretagne, première illustration de la volonté forte de travailler avec les régions. Delphine Ernotte Cunci rap-pelle l’objectif d’atteindre 35 % de pro-grammes régionaux ou à caractère régional (pour une proportion de 25 % actuellement).

« L’info, c’est uniquement les mauvais côtés des banlieues. »

« le pays n’a pas forcément envie de se voir dans une forme de souffrance, dans une forme de déshérence. »

Jean-Marie Vilainmaire de Viry-Châtillon

dana hastierdirectrice exécutive de france 3

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9. 2 Deux DEMANDEs UNANIMEs : DAVANTAGE D’INITIATIVES POSITIVES, DAVANTAGE DE PROXIMITÉ

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La citoyenneté, une mission partagée

Cette forme de partenariat avec la télévi-sion publique évoquée par les élus doit al-ler selon certains jusqu’à l’éducation au fonctionnement de la démocratie.Jean Girardon, maire de Mont-Saint-Vincent : « France Télévisions (…) doit être la voix de la démocratie et, en parti-culier, de la démocratie locale, car c’est l’apprentissage de la démocratie tout court. » Sur un message commun à por-ter autour de la démocratie, Stéphane Beaudet, maire de Courcouronnes et pré-sident de l’AMF Île-de-France, s’exclame : « À chaque fois qu’il y a un maire dans une fiction, on se cache dans la cuisine, parce qu’à chaque fois c’est un trafiquant, à chaque fois il a piqué de l’argent ! C’est intéressant parce que notre boulot com-mun, c’est aussi de réhabiliter ce qu’est notre démocratie, ce qu’est son fonction-nement institutionnel. »

Selon Delphine Ernotte Cunci, la citoyen-neté doit passer par l’information, la fic-tion et le documentaire. « On a cet en-jeu de réconcilier autant qu’on peut les citoyens avec la politique au sens noble

du terme et, en tout cas, avec ceux qui sont respectés aujourd’hui, effectivement les élus locaux. C’est pour ça que Michel (Field) a choisi d’inviter des maires dans L’Émission politique. C’est pour ça aussi qu’il y a une série documentaire qui est assez jolie et qui est passée un peu tard sur France 3, qui s’appelle Vive la poli-tique !, et qui parle non pas de la politique des grands leaders nationaux, mais de la politique telle qu’elle s’exerce au quoti-dien dans les communes. Nous devons trouver une manière juste de parler pour être à la fois dans la construction de l’ave-nir et ne pas donner l’impression d’une vision idyllique que les téléspectateurs n’acceptent pas aujourd’hui. »

Yannick Letranchant évoque aussi la série documentaire Premier Vote dédiée à des jeunes qui ont eu ou auront 18  ans en 2017 et voteront pour la première fois. De la même manière, grâce au numérique, 200 débats seront organisés autour des élections législatives, où des sujets aussi divers que les transports, les écoles ou la santé seront abordés.

9. 3 ÉLUS LOCAUX ET FRANCE TÉLÉVISIONS : ÉDUQUER ENSEMBLE À LA CITOYENNETÉ

« Nous devons trouver une manière juste de parler. »

Les jeunes en première ligne

La question citoyenne est particulière-ment avancée en ce qui concerne la jeu-nesse. Favoriser la citoyenneté consiste à « éveiller la conscience citoyenne auprès des adultes et à accompagner les plus jeunes » (Laurent Pien, maire de Condé-sur-Vire), ce qui implique de développer des programmes spéci-fiques, à même de les toucher, les élus percevant vivement la concurrence des chaînes privées, qui jouent, selon eux, davantage sur le registre de l’émotion que sur celui de la raison.

L’adjointe aux Affaires scolaires, en charge des questions scolaires à la maire de Morteau, Dragana Vojinovic, propose ainsi que la télévision publique mette en avant des projets qui impliquent d’autres jeunes, afin de donner des exemples positifs, des modèles, de transmettre l’envie de participer.

Dans la lutte contre le sida, le nerf de la guerre, c’est toujours l’argent. Nous partageons tout ce que nous faisons comme recettes, nous le partageons à parts égales entre les associations d’aide aux malades, et nous sommes la seule association privée à aider la recherche contre le sida.

Grâce à France Télévisions, nous pouvons, chaque année, informer, sensibiliser et collecter. Nous collectons, après chaque week-end de Sidaction, 4,5 millions d’euros. N’oubliez pas que c’est un sujet tabou, un sujet très difficile. De ces 4,5 millions, 1 million d’euros nous arrive dans les deux heures suivant le prime sur la 2. Chaque année, ça nous aide à soutenir des programmes de recherche et des associations. Je voudrais aussi remercier Dana Hastier. Dans les programmes qu’elle organise, aussi bien les programmes nationaux que régionaux, vous nous aidez beaucoup en incluant, par exemple, dans une fiction comme Plus belle la vie, une situation où la famille se trouve face à un problème avec la sida.

LINE RENAUDVICE-PRÉSIDENTE DU SIDACTION

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9. 3 ÉLUS LOCAUX ET FRANCE TÉLÉVISIONS : ÉDUQUER ENSEMBLE À LA CITOYENNETÉ

Votre route est comme la nôtre, elle est escarpée, parce qu’on est à la fois aux prises avec l’opinion publique, difficile, compliquée, et, en même temps, on a cette mission que l’on partage de service public. Donc, il faut aussi être dans la raison. Je voudrais dire l’importance que nous attachons tous à des reportages, on va dire bienveillants ou positifs, sur des initiatives qui sont prises partout dans les territoires. Il ne s’agit pas de vous demander de repeindre la réalité des choses, mais juste aussi de mettre en avant des choses positives dont la vie est pleine. Et nous, les maires, nous sommes des MacGyver, des trouveurs de solutions, parce qu’on est obligés de trouver des solutions. Il faut le dire et le montrer.Et puis, je voudrais m’adresser à Abd al Malik. Moi, j’ai adoré ce qu’il a dit et je pense qu’il devrait faire de la politique,

parce que je trouve justement qu’il y a toujours une difficulté à trouver quelqu’un qui incarne une voix audible par un type de public plus jeune, celui que nous devons viser les uns et les autres. Et vous, vous savez le dire, et vous avez su lier l’éducation et la télévision, parce qu’on a quand même une vraie difficulté aujourd’hui à parler aux jeunes. C’est qu’effectivement, parfois, il y a un manque d’ossature en matière de raison, d’appréhension des difficultés. On est vite dans l’émotion plutôt qu’autre chose.

Il faut que France Télévisions donne de l’appétence aux jeunes pour qu’ils aient envie de découvrir tout ce qui est beau dans notre pays, mais en parlant leur langage et en leur ressemblant un peu.

FRANÇOISE GATELSÉNATRICE ET MAIRE DE CHÂTEAUGIRON

« Comment le service public peut-il donner les outils de décryptage, y compris d’Internet ? »

Abd al Malik L’importance de la diffusion culturelle et du rôle de passeur de France Télévisions

Les élus locaux considèrent le service public télévisuel comme le seul à même de diffuser des programmes culturels à la télévision, enjeu important pour des territoires locaux parfois dénués d’offre culturelle. L’accès à la culture par le biais de France Télévisions importe donc beaucoup, comme un outil majeur de démocratisation culturelle. « La culture, c’est essentiel par la télé-vision » : Jean-Charles Prono, maire de Saint-Mathurin-sur-Loire.

Delphine Ernotte Cunci évoque à ce titre, outre l’information, les deux mis-sions essentielles de France Télévisions. D’un côté, la création, via des fictions et des documentaires, en tant que « récits du réel ». De plus en plus d’argent de la redevance y est consacré chaque année. De l’autre côté, l’accès à la culture, ce qui signifie « donner accès à ce qui est loin et aussi donner envie à ceux qui n’iraient pas naturellement à l’opéra ou au théâtre ». Pas uniquement retransmettre, mais montrer « comment on est ce lien, ce passeur, entre des

artistes et des télé spectateurs, entre des grands arts et des téléspecta-teurs » au travers de grandes émissions de variétés, de magazines culturels et la retransmission de grands événements culturels. Le découpage en régions donne des moyens en la matière.

Cette demande rejoint celle de la citoyenneté, la culture étant identi-fiée comme générant de l’ouverture au monde, comme donnant des clés de compréhension. La culture est ici envi-sagée comme un outil au service du lien, de la démocratie.

Les souhaits vont aussi vers la couver-ture de l’actualité culturelle et la diffu-sion de spectacles créés dans les ter-ritoires. Christian Léothier, maire de Belves, réclame des sujets sur « la richesse culturelle du monde rural ». Claudine Boisorieux, maire de Clamecy, appelle de ses vœux la possibilité de dif-fuser des spectacles et documentaires créés notamment par les médias web de proximité.

Abd al Malik interroge aussi le lien entre jeunes et information : « Comment mettre en lien l’école et les médias pour apprendre à décrypter, pour avoir les clés ? Comment mettre le tweet à sa place ? Comment le service public peut-il donner les outils de décryp-tage, y compris d’Internet ? » Il suggère de créer un Arrêt sur Internet, sur le modèle de l’émission disparue Arrêt sur images.

Delphine Ernotte Cunci explique à ce su-jet que des dispositifs existent : des jour-nalistes vont dans les classes, francein-fo tv décrypte fréquemment, des films sont diffusés dans les écoles et donnent lieu à des rencontres entre élèves, ré-alisateurs et acteurs. Delphine Ernotte Cunci admet aussi qu’il faut « rendre ces dispositifs plus visibles ».

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9. 3 ÉLUS LOCAUX ET FRANCE TÉLÉVISIONS : ÉDUQUER ENSEMBLE À LA CITOYENNETÉ

pour l’avenir Les élus locaux appellent fortement de leurs vœux que les échanges s’inten-sifient et se pérennisent entre eux et France Télévisions. Ils expriment une forme d’urgence à reconstruire le lien social, à le solidifier pour les généra-tions à venir. Et cela passera par une collaboration forte avec la télévision pu-blique, via des contacts plus fréquents, via une couverture médiatique plus axée sur la proximité, via l’organisation commune de débats ou d’événements.

Il y a une problématique, c’est le fait qu’on parle de nous d’en haut. D’une certaine manière, il n’y a pas de rencontre entre ce que vit réellement le peuple et le point de vue qu’on a sur lui. Je reconnais votre travail, ce qui est fait, et c’est concret, ça me conforte dans l’endroit où je me trouve, moi. La culture et la connaissance sont essentielles. C’est là (la télévision, Ndlr) où on doit en parler. La culture permet de travailler les imaginaires, de comprendre les différents territoires de France. La France est faite de tous ces particularismes-là, de toutes ces entités-là. Ces communes, ces banlieues, etc. Il y a aussi cette idée de comment la télévision va travailler en appliquant les mêmes méthodes qu’elle utilise pour traiter l’information : en étant juste et responsable. La culture doit devenir un enjeu central qui permette à tous les Français de se reconnaître et de se retrouver. Elle fait appel aux imaginaires, crée du lien social, du lien générationnel et du lien entre les différents endroits socioculturels. En tout cas, les endroits où les différences deviennent des qualités et non plus des tares. On va comprendre que, ensemble, nous sommes la France.

Il ne s’agit pas juste de changer une image, mais de donner aussi de la matière aux jeunes, des outils pour comprendre ce qui relève de l’ordre de l’esbroufe et ce qui relève de l’ordre de la réalité. C’est comme ça qu’on pourra véritablement

changer les choses. C’est dans ce sens-là qu’on doit échanger. On doit être capables de créer les nouveaux héros d’aujourd’hui. Où sont les Sartre, les Camus, les Foucault ? C’étaient des rock-stars, ces gens, à cette époque. Comment on va réussir à créer cette dynamique-là avec les jeunes d’aujourd’hui ? Pour justement créer de l’intelligence et donner cette possibilité à la jeunesse d’être pertinente, lui donner envie de l’opéra par exemple. Si on me dit « opéra », comme ça, d’entrée, je me dis que c’est vieux, que c’est vieillot, etc. L’Opéra de Paris a monté sur Internet une chaîne qui s’appelle 3e Scène, un espace où il propose aux réalisateurs de donner l’envie de l’opéra, et on m’a contacté. Donc, j’ai fait un film autour de ça. J’ai pris la figure d’Othello, mais je la mets aujourd’hui et maintenant. C’est-à-dire que mon idée, quand je parle de lien, c’est de lien générationnel, c’est vital. C’est préserver le patrimoine, mais être aujourd’hui et maintenant, et faire du lien, sortir de cette vision « muséifiante » qui va vous parler à vous tous, faire référence à votre culture, mais les jeunes, comment on les raccroche à ce wagon-là ? La télé et le service public sont des outils démocratiques par excellence, si ce n’est « les » outils démocratiques par excellence.

ABD AL MALIKRAPPEUR, AUTEUR, RÉALISATEUR

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FRANCE TÉLÉVISIONS DEMAIN

L’enjeu de la symétrie et de l’interactivité

Le premier résultat de ces Rencontres, c’est d’en-registrer, par le bon accueil qu’elles ont reçu dans leur principe, le très fort désir d’échanger autour de la télévision publique, d’en débattre et donc de permettre à chaque citoyen de s’en emparer à tra-vers le dialogue. Il semble bien que le télévisuel n’échappe pas à la forte poussée participative qui caractérise la vie publique et, si les téléspectateurs attendent bien de cette télévision qu’elle soit le lieu du débat, ils ont apprécié tout autant qu’elle en soit l’objet. Force est aussi de constater que les télés-pectatrices et téléspectateurs considèrent que la télévision publique tient une place spécifique dans leurs attentes et dans leurs références, loin d’une indifférenciation parfois évoquée à l’égard de l’en-semble des médias.

Il faut en effet noter que les citoyens se sont plei-nement emparés de ces Rencontres pour faire entendre leurs voix, considérant la télévision publique comme un bien commun méritant d’être discuté, cri-tiqué bien sûr et aussi promu et protégé.Le succès de ces Rencontres, dans l’intensi-té des échanges et l’importance de la participa-tion, indique à quel point les citoyens téléspecta-teurs ont envie de s’approprier cet outil, de le faire encore plus leur et d’en être encore davantage les contributeurs.

Il semble bien que la télévision, média unidirec-tionnel s’il en est, et particulièrement la télévision publique, fasse l’objet d’une très forte demande d’interactivité, sous l’influence à la fois technolo-gique de la mutation digitale et sociologique de l’horizontalisation de la société.

Bien sûr, les débats ont mis en avant les transfor-mations majeures au sein même de la consom-mation télévisuelle, les générations plus anciennes étant les premières à ressentir combien les géné-rations plus jeunes se comportent différemment vis-à-vis des médias, au risque d’ailleurs de creu-ser un fossé marqué entre elles sur ce plan. Mais ils ont aussi montré combien la télévision publique continue à être attendue dans l’espace public comme une véritable force agissante au service du lien social. Nombre d’interventions ont permis à des téléspectateurs d’indiquer qu’ils se définissent aussi et autant comme des acteurs vis-à-vis d’elle, attendant qu’elle reflète leurs actions et même plus qu’elle les accompagne comme un partenaire. La valorisation de la démarche, le désir de la voir se prolonger, le bon écho qu’elle a rencontré sur les réseaux sociaux, tout cela indique que le public de France Télévisions est désireux d’un dialogue plus étroit avec le groupe, à travers les dispositifs digi-taux, mais aussi l’espace social lui-même (école,

universités, espaces publics de débat, institu-tions). Tout indique aussi que la télévision publique n’est pas seulement considérée comme un reflet, même si cette fonction reste déterminante, ou une fenêtre, mais aussi comme un outil au service des acteurs du débat collectif, voire comme un acteur elle-même de la dynamique sociale.

La posture de réception télévisuelle passive est déjouée à la fois par les nouvelles possibili-tés offertes par les technologies, mais aussi par une propension des publics à se considérer comme de véritables parties prenantes autour d’un espace télévisuel public partagé, comme des « téléspect-acteurs ».

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L’enjeu de la proximité des territoires et de la visibilité

Les rencontres se sont déployées sur tout le territoire, en métropole comme dans les Outre-mer. Cette variété géo-graphique a permis de sentir à quel point l’enjeu local était important. En effet, l’attachement aux offres en région (France 3, 1ères), mais aussi les attentes fortes dans ce domaine montrent com-bien l’enjeu de la proximité, de l’an-crage au plus près de la vie de chacun sont des dimensions majeures pour les publics de France Télévisions.

La capacité du service public à répondre à la quête de visibilité des espaces géo-graphiques, des différentes catégo-ries sociales et de toute la diversité de la société française a été fortement interrogée. La question d’une télévision encore plus ancrée dans les territoires est beaucoup revenue, sous la forme de l’attachement aux réseaux existants, mais aussi à travers l’expression d’at-tentes fortes quant à la capacité à cou-vrir la variété des lieux et des individus qui composent la société française. La

campagne, les quartiers populaires, les petites villes et ceux qui les peuplent sont en quête de cette visibilité qui vaut identité et qui confère une forme d’exis-tence sociale perçue de plus en plus comme nécessaire.

La capacité à innerver encore davan-tage l’ensemble de l’espace national, à rendre compte de ce qui s’y passe, des initiatives qui s’y prennent est revenue comme un leitmotiv qui laisse entendre à quel point le télévisuel public est un enjeu majeur en termes d’appartenance.L’information, la fiction, le magazine, le documentaire participent tous d’une télévision qui décentralise tout autant qu’elle construit du commun.

L’enjeu de l’exigence collective et de la qualité partagée

La télévision de service public apparaît bien avoir une vocation particulière aux yeux des citoyens, vocation qu’ils sou-haitent voir perdurer. Non pas qu’elle soit a priori plus talentueuse ou plus attractive que les chaînes de télévision privées, mais plutôt parce qu’elle appa-raît comme une forme de réassurance forte, dans l’information, la fiction, le magazine, dans un univers où les dis-cours de toutes sortes sont de moins en moins garantis, où l’indépendance des médias paraît souvent compromise, où la course en avant émotionnelle l’em-porte sur la réflexion.

Bien sûr il y a une attente de culture forte, assise sur une capacité à arbi-trer entre la quête légitime d’un public vaste et des choix exigeants, mais cette ambition se donne tout autant à lire à travers une certaine attente de qualité touchant à tous les genres, au-delà de la présence dans les grilles des seules formes estampillées comme cultu-relles (théâtre, musique, opéra, littéra-

ture, idées). La télévision a une double vocation culturelle : donner à voir des œuvres, mais aussi rendre accessible le champ culturel en permettant à chacun de s’en emparer et d’en devenir acteur. Outre la fonction d’agenda, la télévision peut rendre visibles des actions cultu-relles portées par les téléspectateurs et soutenir différentes formes d’expression de la culture dans l’espace public.

Cette qualité renvoie à l’idée que l’on se fait de soi comme téléspectateur citoyen, à une certaine exigence de sens, au sentiment que le spectacle auquel on est convié nous fait vibrer ou nous pas-sionne, mais nous fait aussi grandir et nous nourrit.

La télévision publique a vocation à diver-tir, à séduire, à attirer autant que d’autres acteurs, mais on attend d’elle aussi qu’elle permette à chacun de (se) gran-dir et à tous de partager des contenus exigeants et néanmoins éloignés de toute forme d’élitisme.

L’enjeu de la dynamique et de la positivitéCes Rencontres ont aussi permis de sentir à quel point les publics, la société ont besoin de s’inscrire dans des dyna-miques positives. Sans rien oblitérer des difficultés ou des drames de la société française, sans s’en tenir au journal des bonnes nouvelles, forcément loin des réalités, les téléspectateurs expriment leur désir de voir une télévision capable de se mettre au service des initiatives présentes partout dans le pays. Ils ne souhaitent pas seulement l’évasion dans la comédie et la fiction pour échapper à un quotidien difficile voire tragique, mais aussi une offre de contenus capable de faire la place aux solutions, à ce que le tissu social produit de meilleur à côté des difficultés qu’on ne saurait nier.

De cette télévision publique, on attend qu’elle reflète le monde social, mais aus-si qu’elle accompagne ceux qui la trans-forment et qu’elle joue pleinement son rôle de vecteur de citoyenneté. Cette dimension accompagnatrice, cette dimension positive, cette dynamique font pleinement partie du rôle que l’on entend voir jouer à l’audiovisuel public.

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2. De nombreux participants ont émis de vives inquiétudes sur la capacité des « jeunes » à faire le tri dans le flot d’infor-mations qui leur parvient en permanence, entre informations vérifiées et fake news, considérant qu’il est de la responsabilité de France Télévisions de les accompa-gner dans cette distinction. France Té-lévisions, via ses journalistes et ses mé-diateurs, se rend déjà à la rencontre de collégiens, de lycéens, parfois d’élèves d’écoles élémentaires. Nous intensifie-rons cette présence. Que cela soit en classe, sur le temps scolaire (ce qui né-cessite l’accord et la volonté des ensei-gnants) ou non scolaire, en recourant à des associations qui travaillent au quoti-dien au contact des jeunes. Avec pour en-jeu de donner plus de visibilité et d’écho à ces projets, et d’impliquer plus largement les équipes de France Télévisions.

3. Autre écho qui nous est parvenu, ce-lui porté à de multiples reprises par des habitants des « quartiers populaires ». Pour réclamer l’attention de France Té-lévisions à des moments qui ne relè-veraient pas de l’actualité la plus dra-matique, pour relayer des initiatives positives, des réussites. Il en va de la

capacité de France Télévisions à reflé-ter le plus fidèlement possible l’état de la société. Nous travaillerons à mettre en place auprès de ces publics des ate-liers de participation et de création, en lien avec les directions régionales et ultramarines de France Télévisions. À la fois pour renforcer ces liens et favoriser l’émergence de médias dits « de proxi-mité », notamment via les web-radios et web-télévisions.

4. Les élus locaux, rassemblés dans une agora à Paris en février, ont pour leur part clairement énoncé qu’ils voyaient en France Télévisions un partenaire avec lequel ils souhaitent travailler pour entretenir, voire restaurer le lien social. Nous mettrons en place deux ateliers de travail par an, au siège de France Télé-visions ou au cœur des régions, afin de recueillir leurs contributions à la défini-tion d’une télévision publique toujours plus citoyenne.

5. Les premières Rencontres ont mon-tré combien l’intérêt pour les genres té-lévisuels est fort, et combien les télé-spectateurs attendent de la télévision publique qu’elle soit proche d’eux. Ces

Chers téléspectateurs, chers parte-naires, chers collaborateurs de France Télévisions,

Les premières Rencontres dont vous avez lu la restitution ont été un succès. Parce que vous, téléspectateurs, avez répondu présent – massivement et avec enthousiasme. Parce que vous, profes-sionnels de France Télévisions et parte-naires, en avez joué le jeu – avec impli-cation et professionnalisme. Ces Rencontres ont mis en lumière de manière très franche l’attachement des téléspectateurs au service public télévisuel. Je m’en réjouis et mesure combien cela exige de notre part qua-lité, écoute, représentativité. Au cours de ces mois d’intenses échanges, j’ai acquis la conviction que ces réunions sont une première étape vers une télé-vision publique qui dialogue en perma-nence, via les échanges dématérialisés et dans « la vraie vie ». Nombreux sont à cet égard les téléspectateurs qui nous ont posé la question de la continuité, sur un mode bien légitime : « C’est bien de nous écouter, il faudrait que cela soit tout le temps. »

En voici les axes majeurs :

1. La suite des Rencontres associera étroitement les outils numériques, fa-vorables à l’échange en continu, à l’ex-pression directe d’un grand nombre de téléspectateurs, et les moments parta-gés en présence des uns et des autres. L’accès à une plateforme numérique per mettant de créer des communau-tés, de dialoguer avec d’autres télé-spectateurs, sera un élément essentiel d’apport d’idées. #NotreTélé a émergé sur les réseaux sociaux. Nous en ampli-fierons l’utilisation pour diffuser ce pre-mier Livre blanc et faire vivre les avis sur France Télévisions. À côté de ces dialo-gues virtuels, il importera de maintenir des rencontres physiques, gages d’une expression directe, animée, modérée puis analysée. Il faudra donc savoir as-socier, comme cela a été fait dans les Rencontres, le meilleur du digital et des espaces d’échanges « en présence », comme il faudra savoir donner visibilité à cette démarche sur les antennes.

poursuivonsle dialogue

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Rencontres auront d’autant plus d’an-crage qu’elles existeront de manière thématique (sport, information, etc.), en association avec les chaînes et les di-rections du groupe, et qu’elles se dé-ploieront au niveau local, à l’initiative des réseaux régionaux. Il s’agira de faire de ces Rencontres vivantes un véritable outil participatif mis en œuvre aux diffé-rents niveaux du groupe France Télévi-sions, en intégrant cette approche co-créative à la culture du groupe.

6. Enfin, le souhait de rendre les télé-spectateurs davantage acteurs de la té-lévision publique est apparu comme une nécessité. Une nécessité à concilier avec la richesse des compétences et des ex-pertises multiples des professionnels de France Télévisions. Encourager l’expres-sion télévisuelle des publics, c’est contri-buer à la production de contenus par les téléspectateurs de manière encadrée. Soit un processus de proposition d’idées par des citoyens, qu’ils soient téléspec-tateurs ou non, des associations, via une plateforme numérique. S’ensuivraient une sélection de propositions réalistes et réalisables – effectuée par des profes-sionnels de France Télévisions –, puis un

travail en ateliers sur les idées sélection-nées, associant téléspectateurs et pro-fessionnels. Le tout aboutissant à des propositions d’émissions co-construites, à soumettre au vote des téléspectateurs. Loin d’en faire le mode d’élaboration de tous les programmes du groupe, un tel processus permettrait de faire émerger des projets d’autant plus solides qu’ils réunissent professionnalisme et partici-pation des publics.

Ces idées et ces pistes prendront forme, d’autres viendront dans la suite des Rencontres. L’important est d’être à l’écoute de ce désir de prendre la parole, d’être entendus, d’être parties prenantes, d’être acteurs d’un espace médiatique réellement partagé. La télé-vision, média unidirectionnel s’il en est, qui naguère condamnait ses publics à la passivité, ne peut faire l’économie de l’échange. Et c’est un enjeu formidable pour la télévision, je parle ici d’une télévi-sion citoyenne, au service de la société, d’intégrer ce dialogue devenu essentiel.

poursuivonsle dialogue

DELPHINE ERNOTTE CUNCIPRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE

DE FRANCE TÉLÉVISIONS

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