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N O 3 SEPTEMBRE 2004 LE MAGAZINE DE LA DDC SUR LE DÉVELOPPEMENT ET LA COOPÉRATION Eine Welt Un solo mondo Un seul monde www.ddc.admin.ch Afrique australe : hier l’apartheid, aujourd’hui l’envol, demain l’intégration L’Ukraine, à cheval sur deux mondes, est minée par la corruption et l’émigration Une nouvelle catastrophe se prépare-t-elle au Soudan ? Visite chez les Bejas

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NO 3SEPTEMBRE 2004LE MAGAZINE DE LA DDCSUR LE DÉVELOPPEMENTET LA COOPÉRATION

Eine WeltUn solo mondoUn seul monde www.ddc.admin.ch

Afrique australe: hier l’apartheid,aujourd’hui l’envol, demain l’intégration

L’Ukraine, à cheval sur deux mondes, est minée par la corruption et l’émigration

Une nouvelle catastrophe se prépare-t-elle au Soudan? Visite chez les Bejas

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Sommaire

DOSSIER

DDC

HORIZONS

FORUM

CULTURE

Un seul monde No3 / Septembre 20042

AFRIQUE AUSTRALE Un voisin menaçant devenu messager de paix Après avoir accompli des progrès considérables à l’intérieurde ses frontières, l’Afrique du Sud favorise l’intégration auniveau régional et continental

6Une coopération transfrontalière imposée par la natureEn Afrique australe, où quinze fleuves traversent plusieurspays, seule une gestion conjointe permettra de maîtriser les ressources hydriques

12Quatorze pays en quête de solutions communes Entretien avec Themba Mhlongo, directeur général de laCommunauté de développement de l’Afrique australe

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UKRAINE Un pays écartelé entre l’Est et l’Ouest La formation de l’État est achevée, mais les Ukrainiensconnaissent toujours la pauvreté, l’émigration, la corruption et le chômage

16Kano va manquer d’air dans sa forteresse L’Ukrainien Olexander Pelin parle de son pays et des quatre éléments

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À l’écart des projecteursLe directeur de la DDC Walter Fust souligne la nécessité de la coopération au développement

21Sur la nouvelle place du village Dans trois pays africains, la Suisse et l’Unesco implantentdes Centres multimédia communautaires

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Le prochain Darfour gronde chez les Bejas Voyage dans l’est du Soudan, où un autre conflit sanglant pourrait éclater

26La dette éternelle Pour l’écrivain et journaliste hondurien Julio Escoto, ce sont les pays richesqui ont une dette envers les payspauvres

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Aux frontières du hip hop africain Derrière des sons cosmopolites, le rap et le hip hopvéhiculent toujours des histoires locales

30Rencontres interactives sur la voie lactée Des paysans suisses rendent visite à leurs confrèressahéliens

32Éditorial 3Périscope 4DDC interne 25Au fait, qu’est-ce que le NEPAD? 25Service 33Impressum 35

Un seul monde est édité par la Direction du développement et de lacoopération (DDC), agence de coopération internationale intégrée auDépartement fédéral des affaires étrangères (DFAE). Cette revue n’estcependant pas une publication officielle au sens strict. D’autres opinionsy sont également exprimées. C’est pourquoi les articles ne reflètent pasobligatoirement le point de vue de la DDC et des autorités fédérales.

De l’ordre dans les archives La DDC soutient la modernisation des archives d’État en Albanie

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D’un côté les Noirs, de l’autre les Blancs ; ici lesriches, là les nécessiteux ; des pays voisins quis’ignorent ; le camp des possédants face à celui desdémunis. Et personne ne veut avoir affaire auxautres. Du moins, tous s’efforcent de limiter lescontacts au strict minimum, surtout les privilégiéscar ils craignent de perdre ce qu’ils ont acquis.

Sous une forme ou une autre, ce principe de sépa-ration reste très répandu dans le monde. L’Afriquedu Sud l’a même célébré jusqu’en 1994 à travers sadoctrine officielle d’apartheid, qui l’a conduite audésastre. Elle n’a réussi ainsi qu’à s’isoler dumonde, récoltant l’opprobre internationale.

L’Afrique du Sud présente aujourd’hui un autre vi-sage et peut se targuer de progrès majeurs dansquantité de domaines: elle est parvenue notammentà instaurer un impressionnant processus de récon-ciliation entre les différents groupes raciaux; elle estdevenue une puissance régionale et même la loco-motive économique de tout le continent. Mieux en-core, ce pays a su conquérir le respect de la com-munauté internationale.

Pour sortir de l’impasse, il lui a fallu admettre qu’àl’heure actuelle, tout le monde est interdépendantd’une quelconque manière, volontairement ou non.Rien ne sert de se demander si l’on souhaite êtreconnecté aux autres par des réseaux. La seulequestion valable consiste à savoir comment fairepour que ces réseaux soient profitables à tous.

L’Afrique du Sud tisse son réseau avec soin, habi-leté et prudence. D’une part, elle le fait à titreégoïste, pour bâtir sa propre prospérité. D’autrepart, elle sait que les dépendances existent de toute façon. Themba Mhlongo, directeur général de la Communauté de développement de l’Afriqueaustrale (SADC), l’exprime clairement : «Les pro-blèmes de l’Afrique australe sont à la fois énormeset interdépendants.»

C’est pourquoi les pays de la région coopèrent deplus en plus entre eux dans toutes sortes de do-maines. Avec son programme régional, la Suissesoutient les efforts visant à faire bénéficier les plusdémunis de cette évolution.

Notre dossier sur l’Afrique australe (dès la page 6)raconte l’histoire étonnante d’un voisin menaçantqui s’est transformé en un pays porteur de paix. Cedéveloppement réjouissant de l’Afrique du Sud ad’ailleurs un effet dérivé des plus intéressants : ànotre époque marquée par le sida, les marchésmondiaux et Internet, la «peinture en noir et blanc»a – par bonheur – beaucoup perdu de sa crédibilité.L’Afrique du Sud en a apporté la preuve.

Harry SivecChef médias et communication DDC

(De l’allemand)

Le noir et blanc appartient au passé

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Editorial

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Profession: éleveuse demoustiques( jls) Veuve et mère d’un garçon,l’Ivoirienne Angélique Konansubvient à ses besoins en prati-quant une activité insolite : elleélève des moustiques, vecteursdu paludisme, pour les vendre àdes laboratoires de recherche.Cette quinquagénaire vit à 25km au nord de Yamoussoukro, lacapitale ivoirienne. À l’entrée desa ferme, trois étangs sont rem-plis de larves et surmontés denuées de moustiques. Une odeurnauséabonde se dégage de cesexcavations, dans lesquelles Mme

Konan jette des fruits avariés, descharognes et d’autres pourri-tures. Quand un chercheur luicommande des anophèles pourmener à bien ses expériences,l’éleveuse capture les insectes àl’aide d’une passoire, puis elle lesgarde dans une moustiquaire jus-qu’à l’arrivée du client. «C’estplus rentable que d’aller vendredes noix de palme ou des crabesau marché», assure-t-elle. Les laboratoires et instituts de re-cherche y trouvent égalementleur compte, eux qui devaientauparavant rémunérer des

équipes de collecteurs pour assu-rer leur approvisionnement.

À propos du chocolatSaviez-vous que...…selon l’Organisation interna-tionale du cacao, environ 14 millions de personnes dans lemonde participent directement à la production de cacao?…que l’économie de quelquespays d’Afrique occidentale dépend largement de cette pro-duction? Les revenus du cacaoreprésentent ainsi plus de 40%des recettes d’exportation enCôte d’Ivoire et 33% au Ghana.…du cacao destiné au com-merce équitable est produit pardes coopératives regroupant autotal 42000 paysans dans huitpays (Ghana, Cameroun, Bolivie,Costa Rica, Nicaragua, Répu-blique dominicaine, Équateur et Belize) ? …selon l’Association euro-péenne de libre-échange(AELE), seuls 5% des revenus duchocolat sont versés aux cultiva-teurs de cacao, tandis que les intermédiaires et l’industrie duchocolat en encaissent environ70%? …quelque 45000 tonnes de cacao ont été produites selon lesprincipes du commerce équi-table en l’an 2000, mais queseules 1500 tonnes ont pu êtrevendues à un prix équitable? …l’Afrique occidentale est la ré-

gion du monde qui a produit leplus de cacao au cours des 60dernières années? Actuellement,elle produit plus de 67% du cacao récolté sur la planète. LaCôte d’Ivoire à elle seule ali-mente 43% du marché mondial.…90% du cacao mondial estcultivé dans de petites exploita-tions familiales dont la superficiene dépasse pas 5 hectares ? Source : www.globalexchange.org

Poissons de l’an 2020(bf ) Ces 20 prochaines années,l’industrie de la pêche progres-sera surtout dans les pays en dé-veloppement et l’essentiel de sacroissance sera dû à l’essor de lapisciculture.Telle est la conclu-sion d’une étude réalisée parl’Institut international de re-cherche sur les politiques ali-mentaires (IFPRI), basé àWashington, et par le Centremondial du poisson. Les scienti-fiques prévoient que les pays endéveloppement consommerontalors 77% du poisson pêché ouélevé sur la planète, et qu’ils as-sumeront 79% de la productionmondiale. La croissance démo-graphique, l’urbanisation etl’amélioration du niveau de vieaugmenteront en effet la de-mande de protéines animalesdans ces pays. L’étude prévoitégalement que d’ici 2020, envi-ron 40% des poissons consom-més proviendront de centresd’élevage et que la productionpiscicole aura doublé. MerylWilliams, directrice générale duCentre mondial du poisson, de-mande que l’on prenne dès àprésent les mesures nécessairesafin que cette expansion s’avèreéquitable pour les habitants despays en développement et du-rable pour l’environnement. Ellepréconise avant tout l’élabora-tion d’une politique piscicolecommune et l’octroi d’une aidetechnique aux petits exploitants.Cela leur permettra de respecterles réglementations environne-

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mentales tout en garantissant la sécurité alimentaire.www.ifpri.org

Révolution foncière àMaganfesso( jls) Au Burkina, comme dans denombreux autres pays du Sahel,les femmes ne peuvent pas êtrepropriétaires de la terre, qui setransmet aux seuls héritiers mas-culins. Près de 89% des femmesburkinabé participent aux tra-vaux agricoles, mais elles sont

considérées comme de la main-d’œuvre dans l’exploitation fa-miliale. Depuis 2000, le hameaude Maganfesso, à environ 40 kmde Bobo-Dioulasso, est en trainde rompre avec le droit fonciertraditionnel. Suite à des forumsde discussion sur l’accès à laterre, les hommes ont accepté decéder du terrain à leurs épouseset se sont engagés à ne jamais lesen déposséder, même en cas dedivorce.Aujourd’hui, un tiers desfemmes mariées possèdent leur

propre champ et y cultivent del’arachide. Les rendements de cesparcelles ont doublé, voire quin-tuplé. Et les revenus des pay-sannes ont augmenté. «Nouspouvons désormais acheter nospropres habits et ceux de nos enfants », se réjouit Safi Traoré,détentrice d’une parcelle de 1,5hectare.

Deux bécanes pour surfer(bf ) Dans le petit village dePhon Kham, au Laos, les paysanspeuvent désormais interroger leréseau Internet pour connaître leprix auquel ils pourront vendreleur riz sur le marché de la villela plus proche, située à 30 km dechez eux. L’opération exige tou-tefois le concours de deux per-sonnes. L’une s’installe devantl’écran et l’autre pédale sur unvélo pour actionner la généra-trice qui fournit l’électricité né-cessaire à l’ordinateur. PhonKham ne disposant ni de courantélectrique ni de raccordementstéléphoniques, les ingénieurs de

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la fondation laotienne Jhai onten effet mis au point le premierordinateur du monde qui est mûpar une bicyclette. Les villageoispeuvent ainsi établir des liaisonssans fil avec Internet. Les signauxtransmis sont acheminés jus-qu’aux opérateurs du chef-lieupar un relais d’antennes fixéessur les toits des maisons, les châ-teaux d’eau ou les arbres. Uneminute de pédalage produitl’équivalent de cinq minutesd’électricité. L’ordinateur sup-porte même les conditions cli-matiques difficiles de cette ré-gion où la mousson dure quatremois. Et il coûte un tiers de ceque vaut un ordinateur solaire.Grâce à Internet, la nouvelle atôt fait de se propager à travers lemonde, de sorte que la fondationJhai a déjà reçu des demandes enprovenance du Pérou, du Chiliet d’Afrique du Sud.www.jhai.org

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Un voisin menaçant devenumessager de paixDepuis les premières élections générales de 1994, l’Afrique duSud a réalisé des progrès impressionnants et elle est deve-nue la première puissance de la région. Le gouvernement dePretoria travaille maintenant à l’intégration en Afrique australeet sur tout le continent africain. Parallèlement, il s’efforce decombattre pauvreté, sous-développement, chômage, sida etcriminalité à l’intérieur de ses frontières. De Jean-Pierre Kapp*.

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quo dans le domaine économique, ce qui a sensi-blement limité l’émigration des Blancs au bénéficed’une formation universitaire et de ceux qui occu-paient des fonctions dirigeantes dans l’économie.Ainsi, les conditions étaient créées pour un réta-blissement économique de l’Afrique du Sud. Lavoie choisie par Pretoria – ouverture du pays auxentreprises étrangères, discipline stricte en matièrede dépenses et lutte contre l’inflation – a donné endix ans des résultats étonnants sur le plan macro-économique. Le déficit budgétaire, qui correspon-dait à 7,3 pour cent du produit intérieur brut en1993, est tombé à 1,1 pour cent en 2003. Et l’en-dettement de l’État a été ramené de 49 pour cent(1993) à 40 pour cent (2003).Le pays a réussi à se réinsérer dans le commercemondial, à améliorer nettement ses résultats statis-tiques et à dynamiser son économie. Mais il en apayé le prix fort. Les importantes mesures de ratio-nalisation qui ont visé surtout l’industrie minière etl’agriculture ont entraîné la suppression de cen-taines de milliers d’emplois. Les principales vic-times ont été les travailleurs noirs, dont la forma-

L’espoir se nommeJohannesburgPour beaucoup d’Africains,l’Afrique du Sud etJohannesburg symbolisenttravail et prospérité.Chaque année, des di-zaines de milliers d’immi-grants en provenance denombreux pays africainsaffluent dans la métropoleet déferlent sur le marchéde l’emploi local. La plu-part des immigrants illé-gaux sont originaires duZimbabwe. Le gouverne-ment sud-africain estime à2 ou 3 millions le nombrede Zimbabwéens qui vi-vent actuellement enAfrique du Sud. La policefait souvent des rafles afinde refouler les clandestins,sans toutefois obtenir degrands résultats, car cesderniers reviennent géné-ralement en Afrique duSud quelques semainesplus tard. Les différencesde salaire sont si grandesque les intéressés ne selaissent pas découragerpar des amendes ou desexpulsions. Étant donné ladépréciation du dollar zim-babwéen, un ouvrier nonqualifié de ce pays gagneen Afrique du Sud plu-sieurs fois ce qu’il touche-rait chez lui. S’il parvient àeffectuer chaque mois unvirement bancaire de 500rands (environ 100 francs),il peut faire vivre sa famillerestée au Zimbabwe.

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Légèrement embarrassé mais fier,Laurence Buthelezimontre la bouteille de vin rouge posée sur la table:«C’est le premier vin de ma fabrication, un Syrah2002», lance-t-il. On peut lire le mot Tutuka (pro-grès) au-dessous du guerrier zoulou qui orne l’éti-quette. M. Buthelezi en a produit 500 bouteillesdans une petite cave de la zone industrielle du Cap,qu’il partage avec Jean-Vincent Ridon. En 1998, levigneron français a commencé à faire du vin danscet ancien entrepôt. C’est lui qui a appris le métierà son collègue sud-africain.Le nom de Tutuka exprime parfaitement ce queLaurence Buthelezi ressent à propos de l’évolutionobservée durant la décennie écoulée: sans l’aboli-tion de l’apartheid et la démocratisation du pays,il n’aurait jamais pu devenir viticulteur. En 1994 encore, ce Noir originaire de la province du KwaZulu-Natal n’osait même pas imaginer qu’il seraitun jour à la tête de sa propre exploitation.Au coursdes prochaines années, il espère porter sa produc-tion à 2500 bouteilles. Cela devrait lui permettre,dit-il, de gagner suffisamment d’argent et d’agran-dir son entreprise.

L’ouverture, facteur de réussiteL’abolition de l’apartheid et les premières électionsgénérales de 1994 ont apporté la liberté et l’égalitédes droits non seulement à Laurence Buthelezi,mais également à des millions de Noirs, de métis etd’Indiens. Simultanément, la constitution du pre-mier gouvernement noir, sous la présidence deNelson Mandela, a marqué le début d’un processusde réconciliation nationale, qui fut remarquable etsans précédent dans l’histoire. En accordant l’am-nistie pour la plupart des crimes commis durant lapériode d’apartheid, on a pu construire pacifique-ment une nouvelle nation et éviter le bain de sangque beaucoup redoutaient.Le gouvernement de Mandela a respecté le statu

Durban, Afrique du Sud

Namibie

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tion est précaire.Grâce à leur meilleur niveau d’ins-truction, les Blancs se sont adaptés plus rapidementaux nouvelles conditions régnant sur le marché dutravail.

Réforme foncière et lutte contre le sida Il en est résulté une nouvelle hausse du taux dechômage,qui se situe maintenant autour de 31pourcent, selon les sources officielles. Si l’on y ajoute lespersonnes qui ont abandonné la recherche d’unemploi, il atteint même 40 pour cent.Conséquencede cette courbe ascendante du chômage, le nombrede Noirs souffrant d’une pauvreté extrême a aug-menté depuis 1994 au lieu de diminuer, et le fossééconomique entre Noirs et Blancs a continué de secreuser.La situation des Sud-Africains noirs s’est encore dé-tériorée avec l’afflux de main-d’œuvre en prove-nance des pays voisins. Les immigrés zimbabwéensont sensiblement augmenté au cours des dernièresannées. Ils seraient aujourd’hui entre 2 et 3 millionsen Afrique du Sud. Mais il est aussi venu beaucoupde Nigérians et d’Angolais, qui se sont installés sur-tout dans la région de Johannesburg. Les immigréssont prêts à travailler pour des salaires très bas. Etcertains employeurs engagent des travailleurs illé-galement pour éviter de verser des prestations so-ciales.Le gouvernement a maintenant pris des mesurespour améliorer les chances des Noirs sud-africainssur le marché de l’emploi et faciliter la créationd’entreprises détenues par des Noirs. Pour réparerles injustices héritées de l’apartheid dans le domainede la propriété foncière, il a lancé un programmede restitution et de redistribution des terres. Parailleurs, le gouvernement a décidé en 2003 dechanger sa politique en matière de sida et a com-mencé de distribuer à grande échelle des médica-ments contre ce fléau.Avec quelque 5,3 millions de

personnes séropositives et 500000 malades du sida,l’Afrique du Sud affiche un des taux les plus élevésdu monde. Ces prochaines années, le gouverne-ment sud-africain investira en outre davantage demoyens dans sa lutte contre la criminalité.

Résoudre ensemble les problèmes urgentsParallèlement à sa mue intérieure, la nouvelle Afri-que du Sud a tenté de contribuer à la pacificationet à l’intégration des pays d’Afrique australe.Aprèsle tournant de 1994, elle jouissait d’un grand res-pect. Nelson Mandela a voulu exploiter ce capitalen offrant ses bons offices dans plusieurs conflitscomme celui de l’ex-Zaïre.Autrefois voisin mena-çant qui n’hésitait pas à intervenir militairement,l’Afrique du Sud est devenue un pôle stabilisateurde la région.Alors que Nelson Mandela utilisait surtout soncharisme et son prestige pour obtenir des résultats,son successeur Thabo Mbeki mise sur la voie insti-tutionnelle, à savoir le développement ou le renfor-cement des structures existantes, ainsi que la créa-tion de nouveaux organes. Il a été soutenu danscette démarche par les gouvernements des autrespays d’Afrique australe. Le bouleversement poli-tique vécu par l’Afrique du Sud a donné un nou-vel essor à toute la région.L’organisation réunissantles anciens «pays de la ligne de front» s’est rapide-ment transformée en un instrument de développe-ment et d’intégration pour toute la région.Les États d’Afrique australe l’ont bien compris :c’est seulement en unissant leurs efforts qu’ils par-viendront à résoudre les problèmes les plus urgentsde la région, à savoir la pauvreté, le sous-dévelop-pement, le sida, la criminalité, le manque d’eau etla sécheresse. Durant les années précédentes, pres-que tous ces pays avaient connu la guerre et ses flotsde réfugiés. Aucun d’entre eux n’est épargné par

Afrique australe

Partage du pouvoir économique Le gouvernement sud-africain a lancé le BlackEconomic Empowerment(émancipation économiquedes Noirs – BEE) afin decompenser le déséquilibrehérité de l’apartheid, quicaractérise le marché del’emploi et la propriétéd’entreprises. Cette poli-tique oblige les entreprisesà accroître le nombre deNoirs parmi leurs cadres, à encourager la formationdes catégories autrefoisdéfavorisées (Noirs, maisaussi métis et Indiens) et àcéder dans un certain délaides participations à desnon-Blancs. Dans le cadrede chartes, les différentesbranches de l’économieont la possibilité de direelles-mêmes quels objec-tifs doivent être atteintsdans quel laps de temps.Pour accélérer le proces-sus, les contrats publics etcertaines licences d’exploi-tation sont octroyés depréférence aux entreprisesqui soutiennent clairementla promotion des Noirs. Legouvernement a élaboréun système de score-cards, qui permet de me-surer les progrès réaliséspar chaque entreprise.

1. Angola, Luanda, 11 millions d’habitants1246 700 km2

2. Botswana, Gaborone1,5 million d’habitants585370 km2

3. Congo (RDC),Kinshasa58,3 millions d’habitants2267600 km2

4. Lesotho, Maseru1,9 million d’habitants30355 km2

5. Malawi, Lilongwe11,9 millions d’habitants94080 km2

6. Maurice, Port Louis1,2 million d’habitants 2030 km2

7. Mozambique, Maputo18,8 millions d’habitants784090 km2

8. Namibie, Windhoek1,9 million d’habitants825418 km2

9. Zambie, Lusaka 10,5 millions d’habitants740724 km2

10. Seychelles, Victoria80 000 habitants455 km2

11. Zimbabwe, Harare12,7 millions d’habitants386670 km2

12. Afrique du Sud, Pretoria42,7 millions d’habitants1219912 km2

13. Swaziland, Mbabane1,2 million d’habitants17203 km2

14. Tanzanie, Dar es-Salaam36,5 millions d’habitants886037 km2

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australe (SADC), qui a remplacé en 1992 la Confé-rence pour la coordination du développement del’Afrique australe (SADCC) créée en 1980, est par-venue à finaliser en quelques années de nombreuxprotocoles de coopération entre les quatorze paysde la région. Les principaux accords portent sur lagestion des cours d’eau partagés, la création d’unezone de libre-échange d’ici 2008, l’harmonisationdes services financiers ainsi que la coordination despolitiques de défense et de sécurité. En outre, uneconvention sur les parcs naturels transfrontaliers adonné de nouvelles impulsions au tourisme dans larégion.Si ces accords ont pu être adoptés rapidement, leurconcrétisation n’a pas suivi à la même cadence.Dans de nombreux domaines, les progrès ont étéentravés par des obstacles bureaucratiques, des po-sitions opposées (par exemple dans le cadre duconflit en République démocratique du Congo) etdes intérêts économiques parfois très divergents(contrairement aux autres pays de la région,l’Angola réalise une grande partie de ses échangescommerciaux avec le Brésil). Cela a retenu les paysoccidentaux d’apporter une aide substantielle à laSADC.Pour renverser cette tendance et accroître l’effica-cité de l’organisation, les pays membres ont résoluentre-temps de la doter de nouvelles structures. Ilest notamment prévu de regrouper les différents

secteurs du développement au sein de quatre di-rections, qui fonctionneront au secrétariat central,à Gaborone (Botswana). Jusqu’à présent, la respon-sabilité de chacun des secteurs était confiée à unpays donné.Les années à venir montreront si cette réorganisa-tion a permis d’accélérer sensiblement la mise enœuvre des objectifs de développement et l’intégra-tion des pays membres de la SADC.Devant la lenteur relative du processus de dévelop-pement mis en œuvre par la SADC, le gouverne-ment de Pretoria a plutôt misé dans le domaine

l’épidémie de sida, ni par les périodes récurrentesde sécheresse, qui provoquent des pénuries nonseulement d’eau, mais aussi de denrées alimentaireset de semences. Et tous ces pays sont conscients dufait que la croissance économique, indispensablepour sortir de la pauvreté, ne pourra se réaliserqu’en supprimant les barrières commerciales et enadoptant une position commune dans les négocia-tions multilatérales sur les échanges.

Conflits d’intérêts au sein de la SADC La Communauté de développement de l’Afrique

Afrique du Sud Mozambique

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économique sur l’Union douanière d’Afrique aus-trale (SACU). Il s’est attaché ces dernières années àpoursuivre le développement de cette organisationqui comprend l’Afrique du Sud, la Namibie, leLesotho, le Swaziland et le Botswana.Pretoria passepar cette union douanière pour mener actuelle-ment des négociations visant à conclure un accordde libre-échange avec les États-Unis et les pays del’Association européenne de libre-échange (AELE).Le gouvernement sud-africain espère qu’une issuefavorable de ces pourparlers aura un effet stimulantsur les pays de la SADC et accélérera la mise enœuvre de leur propre accord de libre-échange.

Projet d’une force de paixDans le domaine politique, l’Afrique du Sud aélargi à l’ensemble du continent ses efforts d’inté-gration et de prévention des conflits, qui portaientau départ sur l’Afrique australe.Avec son présidentThabo Mbeki, elle a joué un rôle moteur dans latransformation de l’Organisation de l’unité afri-caine (OUA) en Union africaine (UA).Et durant saprésidence de l’UA, M. Mbeki a beaucoup œuvrépour la création de nouveaux organes destinés àapaiser et à prévenir les conflits.Grâce à lui, les paysde la SADC devraient mettre sur pied ces pro-chaines années une force de maintien de la paix,analogue à celle de la Communauté économique

des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cesunités seraient placées sous le commandement del’UA, qui déciderait de leur engagement en cas debesoin.Thabo Mbeki est également le principal initiateurdu programme qui a donné naissance au Nouveaupartenariat pour le développement de l’Afrique(NEPAD) (voir aussi page 25). Les pays qui ont ad-héré au NEPAD s’engagent à respecter les prin-cipes d’une bonne gestion des affaires publiques età faire preuve d’une transparence accrue dans lesdomaines économique et politique.

Méfiance à l’égard d’une nouvelle puissanceLe gouvernement sud-africain est persuadé quel’Afrique ne surmontera sa crise persistante que sielle parvient à combattre une corruption largementrépandue et si les dirigeants de tous les États ren-dent des comptes à leurs citoyens. Les autres paysd’Afrique australe saluent ce point de vue et le par-tagent. En même temps, l’influence croissante del’Afrique du Sud suscite un certain malaise. On nevoit pas toujours d’un très bon œil, par exemple, lefait que les entreprises sud-africaines conquièrentdes parts toujours plus importantes de marché dansles pays voisins.Dans certains pays, on considère également avecméfiance l’engagement proclamé par Pretoria enfaveur des valeurs démocratiques et de la transpa-rence. De vieux leaders politiques, dont le pouvoirn’a pas toujours été légitimé par des élections vrai-ment libres, trouvent que les ambitions sud-afri-caines vont trop loin. Ces réticences ont conduitquelques États, comme le Zimbabwe, à retarder ouà bloquer complètement la mise en œuvre des ré-formes, sans toutefois rejeter ouvertement la nou-velle politique promue par Pretoria.Ainsi, RobertMugabe, président du Zimbabwe, a plusieurs foispromis à Thabo Mbeki qu’il entamerait des négo-ciations avec son opposition, mais il est toujours

parvenu jusqu’ici à empêcher l’ouverture concrètede tels entretiens. ■

* Jean-Pierre Kapp est correspondant de la «NeueZürcher Zeitung» (NZZ) pour les pays de l’Afriqueaustrale. Il vit à Hout Bay, près du Cap.

(De l’allemand)

Distribution de nourritureDes périodes de séche-resse affectent régulière-ment les pays de la SADC.Selon la direction de laSADC pour l’alimentation,l’agriculture et les res-sources naturelles, environ 7 millions de personnesdépendent de l’aide ali-mentaire en 2004. À vraidire, plusieurs régions ontenregistré en janvier et février une quantité suffi-sante de précipitations,mais celles-ci sont venuesgénéralement trop tard,car les semis avaient dûêtre entrepris en novembreet décembre déjà. La sé-cheresse de 2004 frappe plus particulièrement leSwaziland, le Lesotho, le Malawi, le sud duMozambique ainsi que l’estet le sud du Zimbabwe.Dans certaines partiesd’Afrique du Sud égale-ment, le déficit d’eau laisseprésager une récolte demaïs inférieure à la moyen-ne. Les gouvernements duLesotho et du Swazilandont décrété ces derniersmois l’état d’urgence. En revanche, la SADC escompte de bonnes ré-coltes en Angola et enZambie.

Afrique australe

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Avec ses 374 km de longueur, l’Umbeluzi ne peutse mesurer à des géants tels que le Zambèze,qui tra-verse huit pays d’Afrique australe, le Limpopo ouencore l’Orange. Mais ce fleuve a le rare privilèged’alimenter en eau potable deux capitales : à peineformé, il arrose la petite ville de Mbabane et sacourse se termine dans la baie de Maputo, une métropole dont la population en hausse rapide atteint déjà 1,2 million d’habitants. Les eaux del’Umbeluzi sont également mises à contributionpar les nombreuses activités économiques qui le ja-lonnent. Ainsi, la culture de la canne à sucre, quifournit au Swaziland son principal produit d’ex-portation, consomme de grandes quantités d’eau.Et le royaume entend augmenter encore sa pro-duction de sucre.Devant l’augmentation soutenue des besoins, le

Swaziland et le Mozambique devaient se doter d’unmécanisme de partage des eaux. Avec l’aide de laDDC, ils ont renforcé les capacités d’une commis-sion conjointe. Ainsi, ils viennent d’engager unegestionnaire, choisie d’un commun accord. La pre-mière tâche de cette responsable sera de superviserune étude visant à rassembler toutes les données re-latives au fleuve. Ensuite, la commission organiseraune large consultation parmi les paysans, les indus-triels, les communautés locales et les autres groupesconcernés.

Après l’Umbeluzi, le RuvumaDans une phase ultérieure, la DDC appuiera la mise sur pied d’une commission similaire pour lefleuve Ruvuma qui marque la frontière entre leMozambique et la Tanzanie. «Dans ce cas, la situa-

En Afrique australe, où quinze cours d’eau sont partagés entreplusieurs pays, seule une coopération transfrontalière permet-tra de maîtriser les ressources hydriques et d’éviter les conflits.Dans le cadre de son nouveau programme régional, la DDCsoutient notamment la gestion conjointe du fleuve Umbeluzipar ses deux pays riverains, le Swaziland et le Mozambique. DeJane-Lise Schneeberger.

Une coopération transfronta

Changement de programmeL’engagement de la DDCen Afrique du Sud remonteà l’époque de l’apartheid.Dans les années 80, elle aappuyé des organisationsnon gouvernementales(ONG) de défense des droits de l’homme. Aprèsles premières élections dé-mocratiques de 1994, ellea élargi son aide aux insti-tutions gouvernementaleset investi 10 millions defrancs par an dans un pro-gramme spécial. Fin 2004,celui-ci se transformera enun programme régionalpour l’Afrique australe,avec une forte composantesud-africaine. La DDC nesera plus présente dans lessecteurs de l’éducation etde la réforme agraire. Sesactivités s’articuleront au-tour de trois axes: la gou-vernance, le sida et la gestion des ressources naturelles (eau et sécuritéalimentaire). La transitions’opérant progressivement,une partie des actions ré-gionales sont en place de-puis 2003.

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tion est moins urgente, car les populations rive-raines sont très clairsemées et pratiquent surtoutl’agriculture de subsistance», explique GerhardPfister, coordinateur du programme régional de laDDC pour l’Afrique australe.L’aide suisse s’inscrit dans le cadre d’un partenariatavec la Communauté de développement de l’Afri-que australe (SADC), qui s’efforce d’assurer unegestion durable des ressources hydriques de la ré-gion. Afin de renforcer les capacités institution-nelles du secrétariat de la SADC dans ce domaine,la DDC met à sa disposition un ingénieur en hy-drologie, auparavant rattaché à son programme auMozambique.

Gestion partagée En Afrique australe, l’eau est inégalement répartiedans le temps et dans l’espace, en raison des fortesfluctuations climatiques et de la gestion déficientedes bassins versants. De plus, cette précieuse res-source se raréfie inexorablement: d’ici 2025, la po-pulation d’Afrique australe devrait doubler, ce quifera grimper la consommation d’eau potable, enmême temps que les besoins de l’agriculture et del’industrie. La majorité des pays membres de laSADC connaîtront alors des pénuries durant la saison sèche, un phénomène qui risque de freinerleur développement et de provoquer des conflits.Conscients de ces dangers, ils ont conclu un proto-cole sur la gestion partagée des cours d’eau. Letexte, en vigueur depuis 1998,prévoit l’harmonisa-tion des législations et la création de commissionsréunissant les gouvernements des pays riverains dechaque fleuve. L’un après l’autre, ces organismestransfrontaliers se mettent en place, avec le soutiende différents bailleurs de fonds. Ils devront notam-ment fixer des clés de répartition équitables deseaux fluviales, arbitrer d’éventuels litiges entre lesacteurs et éviter les pollutions.Les commissions conjointes s’efforceront égale-ment de prévenir les catastrophes naturelles. Per-sonne ici n’a oublié les terribles inondations quiont dévasté le Mozambique en 2000. «Vu le carac-tère exceptionnel des pluies, ce désastre était inévi-table. Mais une meilleure concertation entre lespays aurait permis d’en atténuer les effets.Si des sys-tèmes d’alerte et d’information avaient signalé àtemps l’arrivée des crues, la population aurait pu se mettre à l’abri », remarque Gerhard Pfister. LeMozambique ne partage pas moins de neuf fleuvesavec ses voisins. Tous prennent leur source dansd’autres pays et viennent se jeter dans l’océanIndien. Ce pays côtier est donc entièrement dé-pendant des mesures prises en amont.

Apprendre entre voisinsLe partenariat avec la SADC dans le secteur del’eau fait partie du nouveau programme régional dela DDC en Afrique australe. En optant pour la di-mension régionale, la DDC entend répondre auxdéfis transfrontaliers, toujours plus nombreux, quiimposent une coopération entre les États. En plusde l’eau, elle travaillera sur des thèmes comme labonne gouvernance, le sida et la sécurité alimen-taire, qui sont communs à tous les pays d’Afriqueaustrale.Les échanges entre voisins ne peuvent que favori-ser le développement,estime M.Pfister: «Dans notreprogramme, la région est considérée comme unesphère d’apprentissage mutuel. L’Afrique du Suddispose d’un grand potentiel, qui profitera aux paysvoisins s’il est mis en valeur par le biais de réseauxet de partenariats. » ■

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Afrique australe

Moteur économique régionalLe Secrétariat d’État àl’économie (seco) consacreprès de 5 millions de francspar an à la coopérationéconomique au développe-ment avec l’Afrique duSud, dont il entend renfor-cer le rôle de moteur éco-nomique régional. Il sou-tient le commerce entre lesdifférents pays d’Afriqueaustrale et finance une ins-titution qui renforce leurscapacités en matière dedroit commercial internatio-nal. Le seco s’emploie éga-lement à consolider le sec-teur privé sud-africain et àaméliorer la compétitivitédes entreprises d’exporta-tion. Ainsi, il favorise l’amé-lioration des conditions detravail et l’intégration detechnologies plus respec-tueuses de l’environne-ment. Il contribue au déve-loppement de petites etmoyennes entreprises. Un fonds de capital-risquefinance la création d’entre-prises dans le secteur tech-nologique.

Afrique du Sud

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Un seul monde: L’abolition de l’apartheid etla transformation pacifique de l’Afrique duSud ont donné un nouvel élan à la SADC.Quelles sont ses principales réalisations de-puis 1994?Themba Mhlongo: Il est vrai que le changementsurvenu en Afrique du Sud a contribué de façondécisive à renforcer la SADC. Notre organisation apu ainsi accueillir en son sein un pays industrialisédont l’infrastructure et la vitalité profitent à toute lacommunauté. L’adhésion de l’Afrique du Sud arendu la SADC plus dynamique, plus prompte àprendre des décisions. Cela s’est traduit par l’adop-

tion, depuis le milieu des années 90, de plusieursprotocoles qui ont largement favorisé l’intégrationdes pays d’Afrique australe. Je citerais à cet égard les protocoles sur la création d’une zone de libre-échange, l’amélioration des transports et des com-munications, la création d’une plate-forme pourl’exploitation commune et le développement denouvelles sources d’énergie, ainsi que sur l’harmo-nisation des services financiers.En outre, la SADC a formulé une politique com-mune en matière de sida et elle s’efforce de garan-tir l’approvisionnement alimentaire de toute la ré-gion. Par ailleurs, elle a commencé d’élaborer une

Avec l’adhésion de l’Afrique du Sud en 1994, la Communautéde développement de l’Afrique australe (SADC) a connu unnouvel essor. Son directeur général Themba Mhlongo espèreque cette organisation régionale pourra compter sur un sou-tien accru des pays donateurs quand elle aura achevé son pro-cessus de restructuration. Outre l’Afrique du Sud, la SADCcomprend les pays suivants : Botswana, Namibie, Angola,Mozambique, Zimbabwe, République démocratique du Congo,Tanzanie, Zambie, Malawi, Lesotho, Swaziland, Maurice etSeychelles. Interview de Jean-Pierre Kapp.

Quatorze pays enquête de solutionscommunes

Themba Mhlongo, unSud-Africain âgé de 49ans, est directeur généralde la SADC. Auparavant, ilavait été durant cinq ansdirecteur du Départementsud-africain du commerceet de l’industrie (DTI). Ilavait été nommé au DTIaprès avoir occupé pen-dant plusieurs années unefonction dirigeante au seindu groupe public IndustrialDevelopment Corporation(IDC), à Johannesburg.

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stratégie commune visant à maintenir la paix et àpromouvoir la stabilité politique en Afrique aus-trale. Chaque fois qu’un pays de la région organisedes élections, la SADC envoie maintenant des ob-servateurs indépendants. Il est également prévu decréer un parlement régional sur le modèle du par-lement de l’Union africaine, et de former une forcerégionale de maintien de la paix qui interviendraitsur le continent africain.

Quels sont les plus grands défis qui se posentactuellement à la SADC?Dans le domaine économique,c’est sans doute l’in-tégration des marchés qui est prioritaire. La plupartdes États d’Afrique australe sont relativement petits,donc faibles. Ils ne peuvent défendre utilementleurs intérêts qu’en agissant ensemble. Ceci est es-sentiel par exemple pour les négociations menéesdans le cadre de l’Organisation mondiale du com-merce. Sur le plan politique, il faut que les pays dela SADC se rapprochent encore davantage et in-tensifient leurs efforts pour promouvoir la paix etla sécurité. Les conflits armés en République dé-mocratique du Congo et en Angola ont eu des ré-percussions dévastatrices sur les populations et surle commerce régional. Enfin, nous devrons recher-cher ensemble des solutions pour le sida, la pauvretéet la sous-alimentation, ainsi que pour les pro-blèmes liés à la migration.

La SADC a-t-elle les moyens de surmontertous ces problèmes?La SADC est en train de se doter de nouvellesstructures, plus efficaces. Jusqu’à récemment, cha-que pays membre avait la responsabilité de secteursdéterminés.Avec la nouvelle formule, la coordina-tion des différents secteurs est confiée à quatre di-rections basées au secrétariat de la SADC, àGaborone. La centrale a une meilleure vue d’en-semble des besoins globaux de la région. Elle peutainsi mieux orchestrer la réalisation des program-mes et exploiter des synergies. Les différents paysrestent responsables de la mise en œuvre concrète

sur le terrain. Cette refonte des structures a été trèsbien accueillie par la communauté internationale.Cela nous porte à espérer que les pays donateursaugmenteront leur aide une fois que le processus derestructuration sera achevé. Plusieurs d’entre euxnous ont déjà laissé entrevoir cette possibilité. LaSADC a un besoin urgent de moyens supplémen-taires pour lutter efficacement contre la pauvreté, lesida et le manque de denrées alimentaires.

Outre son combat pour résoudre les pro-blèmes humanitaires, la SADC travaille enmême temps à la création d’une union doua-nière et à l’intégration politique de la région.Ces objectifs ne dépassent-ils pas ses possibi-lités?Si nous ne nous fixons pas des objectifs ambitieux,nous n’arriverons à rien.Les problèmes de la régionsont à la fois énormes et interdépendants, de sorteque nous ne pouvons pas nous concentrer sur unseul aspect.Avec une aide accrue de la communautéinternationale, nous pourrons réaliser de grandeschoses. Les structures mises en place ces dernièresannées par la SADC sont destinées à affronter desproblèmes non seulement humanitaires ou écono-miques, mais aussi politiques. Notre organisation abeaucoup contribué au rétablissement de la paix enRépublique démocratique du Congo et aujour-d’hui, elle suit très attentivement la situation au

Zimbabwe. Mais il n’est pas question pour laSADC de décréter des sanctions : nous ne resteronsune communauté qu’en essayant de résoudre nosproblèmes sans confrontation.L’Union européenneelle-même n’a jamais prononcé de sanctions contrel’un ou l’autre de ses membres. ■

(De l’allemand)

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La pauvreté qui frappe les Ukrainiens est certes accentuée parle chômage, l’émigration, l’absence de perspectives et la cor-ruption. Pourtant, l’espoir subsiste: treize ans après avoir ac-cédé à l’indépendance et fait son entrée sur la scène politiquede l’Europe, l’Ukraine est devenue un État à part entière. DeMax Schmid*.

Un vent froid balaie la plaine.À l’horizon,on aper-çoit les derniers immeubles en préfabriqué deCharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, située dansl’est du pays. Il n’y a personne loin à la ronde, hor-mis Galina Ivanovna qui cultive son champ. «L’andernier, je m’en suis occupée trop tard», remarquecette femme de 72 ans, appuyée sur sa bêche. « Jevoulais donc m’y mettre à temps cette année.»Galina Ivanovna a travaillé pendant 40 ans commeingénieure à l’Institut de métallurgie de Charkiv.Sa rente de vieillesse – l’équivalent de 40 francssuisses par mois – ne lui suffit pas pour vivre. C’est pourquoi elle cultive des pommes de terre et des lé-gumes sur l’une de ces parcelles de 60 mètres carrés que la municipalité a cédées aux citoyens né-cessiteux. Elle partage sa récolte avec son fils et safille.Eux-mêmes parents, ils n’ont pas d’emploi fixeà l’heure actuelle. Pourtant, tous deux ont bénéfi-cié d’une bonne formation.Charkiv, qui fut l’un des grands centres industriels

et scientifiques d’Union soviétique, ne s’est pas en-core relevé de la chute de l’économie planifiée. Il y a 12 ans, un demi-million d’ouvriers travaillaientdans les usines. Ils ne sont plus que 300000 aujour-d’hui. On estime que le chômage caché atteint un taux de 40 pour cent. Beaucoup d’habitants ont émigré, d’autres tentent leur chance dans lecommerce ambulant, comme les enfants de Mme

Ivanovna. Les couloirs du métro sont peuplés d’an-ciens ouvriers ou scientifiques qui proposent toutessortes de marchandises:chewing-gum,citrons, jour-naux, etc.

Chute de la démographieLa pauvreté affecte une grande partie de la popula-tion. Une famille moyenne doit consacrer presquedeux tiers de ses revenus à la nourriture. De plus, ilest frappant de constater à quel point les jeunes quivivent en province sont privés de perspectivesd’avenir.

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a tenté d’engager durablement le pays sur la voiedes réformes,mais il a été renversé quinze mois plustard. Aujourd’hui, cet homme porte l’espoir del’opposition démocratique aux élections présiden-tielles de l’automne 2004.

Séparées par un «rideau de papier»À Ternopol, dans l’ouest de l’Ukraine, le taux dechômage dépasse 50 pour cent. Pourtant, certains

indices montrent que l’argent circule. Il vient del’étranger.Les jeunes gens,mais aussi de plus en plusde jeunes filles,quittent la ville pour trouver du tra-vail – le plus souvent au noir – en Europe centrale,occidentale, ou en Russie. Les premiers s’engagentsur les chantiers ou dans l’agriculture, les secondestravaillent comme filles au pair ou prostituées.Dansbien des villages, la moitié de la population active a

Un seul monde No3 / Septembre 2004 17

C’est notamment le cas à Kirovograd,dans le centredu pays. Stepan, 24 ans, a terminé ses études à l’É-cole technique, mais il ne trouve pas de travail cor-respondant à sa formation. «Ici, c’est la désolation,j’envie tous ceux qui sont partis»,dit-il.Nombre dejeunes se réfugient dans la drogue. Stepan récupèredu vieux métal dans les décombres des anciennesusines soviétiques. L’achat et la vente de ferraillesont certes contrôlés par la mafia,mais cette activité

lui rapporte plus que le salaire mensuel de 100francs qu’il toucherait, dans le meilleur des cas, s’ilavait un emploi régulier à Kirovograd. Cette criseéconomique a des conséquences sur la courbe dé-mographique: la population ukrainienne diminuechaque année de 300000 âmes, en raison de l’émi-gration,de la mortalité élevée et de la faible natalité.En 2001, le premier ministre Viktor Iouchtchenko

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L’objet de tous lesjoursLe salo, lard ukrainien «Chaque nation a quelquechose qui la rend heureuse,même dans les pires cir-constances», affirme l’écri-vain ukrainien AndreïKourkov. Pour lui, c’estsans aucun doute possiblele lard, ou salo, qui joue cerôle en Ukraine. Le véri-table lard ukrainien doitavoir une épaisseur de sixà dix centimètres et êtredépourvu de viandemaigre : juste de la graissepure et blanche. Aprèsavoir tué les porcs et brûléleurs soies, on découpedes morceaux de lard, onles enrobe de sel, depoivre et d’ail, puis on leslaisse reposer une quin-zaine de jours à la cavedans une caisse en bois.Lorsqu’un Ukrainien parten voyage, il emporte tou-jours un gros morceau desalo (aujourd’hui emballédans une feuille d’alumi-nium). Le lard a aussi saplace dans les réceptionsorganisées par les ambas-sades d’Ukraine: de finestranches de salo garnis-sent alors des petits painsdisposés sur des plateauxd’argent. On dit que lesUkrainiens, fort avisés, seseraient tournés vers l’éle-vage du porc après avoirsubi des razzias tatares etturques. Cet animal impurne suscitait pas la convoi-tise des pilleurs musulmans.

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émigré, car c’est souvent le seul moyen de nourrirune famille.Depuis l’élargissement de l’Union européenne(UE) à l’Est, l’Ukraine est séparée de la Pologne parun «rideau de papier». Dans la partie occidentaledu pays, qui n’a été rattachée à l’Union soviétiquequ’après la Seconde Guerre mondiale, les habitantsont le sentiment de se trouver une fois de plus dumauvais côté de la frontière. Car l’espoir d’adhérerà l’UE – bien plus vivace dans l’ouest que dans l’estdu pays – ne deviendra pas réalité avant plusieursdécennies.Tandis que l’Ukraine occidentale rêved’une grande Europe réunissant l’Est et l’Ouest,l’Ukraine orientale, où l’on parle surtout le russe,demeure invariablement tournée vers l’Est.Il faut néanmoins constater que l’Ukraine a réussisa formation en tant qu’État, balayant les craintesqui avaient été formulées lors de son accession àl’indépendance, en 1991. Pour Gerhard Simon, del’Université de Cologne, il n’y a plus de doute: «Onne se demande plus aujourd’hui si l’Ukraine resteraun État à long terme, mais quel genre d’État elledeviendra.»

Vifs débats sur la ConstitutionLes structures internes de l’Ukraine sont encoreloin d’être consolidées. Preuve en est le vif débatsuscité ces derniers mois par une modification de laConstitution, que le président Leonid Koutchmavoulait faire voter afin de continuer à exercer uneinfluence directe sur la politique après son mandat.Le projet ayant capoté au Parlement, les électionsprésidentielles de cet automne poseront les nou-veaux jalons du développement de l’Ukraine.

Leonid Koutchma a renoncé à se porter candidat,bien qu’un tribunal complaisant lui ait accordé ledroit de briguer un troisième mandat, contraire-ment à ce que prévoit la Constitution.Le résultat du scrutin fixera le sort du pays : soit onmaintient le statu quo, c’est-à-dire une symbiosemalsaine entre la politique, l’économie et le pou-voir des «clans» ; soit de nouveaux dirigeants fontprogresser la modernisation de l’État, de la sociétéet de l’économie. ■

* Max Schmid est correspondant de la radio suisse alé-manique DRS dans les pays de l’ex-Union soviétique. Ilvit et travaille à Moscou.

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(bf ) Les premiers projets bilatéraux de la Suisse enUkraine remontent à 1996. La DDC et le seco possèdent depuis 2000 un bureau de coopérationcommun à Kiev. La coopération se concentre surtrois grands thèmes: la bonne gouvernance, le sys-tème de santé et l’exploitation durable des res-sources naturelles. Ces thèmes correspondent auxdomaines présentant les besoins de réforme les plusurgents. Ils constituent aussi les champs d’activitésdans lesquels la Suisse peut offrir un savoir-fairespécifique, par exemple en ce qui concerne la miseen place d’institutions transparentes et proches descitoyens. Les projets sont réalisés en collaborationavec des organisations internationales (PNUD) etavec des partenaires locaux issus de l’administrationétatique ou de la société civile (ministères de lasanté et de la justice, organisations non gouverne-mentales). Pour 2004, la DDC dispose d’un budgetde 6,7 millions de francs et le seco de 3,6 mil-lions.Voici un aperçu de leurs activités dans les domaines prioritaires de la coopération:

Gouvernance et État de droit: Le programmevise surtout à renforcer les institutions judiciaires etle personnel pénitentiaire par une amélioration dela formation. Un soutien à des ONG contribue enoutre à consolider la société civile.

Santé: Il s’agit de moderniser les infrastructures sa-nitaires et le réseau d’adduction d’eau en Crimée,région peuplée par des minorités. Par ailleurs, leprogramme soutient la réforme sanitaire dans ledomaine de la néonatologie, la certification de pro-duits biologiques et la formation des travailleurs so-ciaux, afin d’améliorer les prestations offertes à lapopulation.

Exploitation des ressources naturelles : Lesprojets portent sur une exploitation durable des forêts, la prévention des catastrophes naturelles,l’amélioration de l’approvisionnement en eau po-table (aide humanitaire) et la livraison d’installa-tions destinées au traitement de l’eau (seco).

L’aide humanitaire de la DDC mène divers projetsdans la région de Tchernobyl.Après les inondationsde 1998, elle a conçu un programme de préventiondes catastrophes naturelles, plus particulièrementaxé sur les crues. Ce programme inclut égalementla Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie,autres paysriverains du bassin versant à surveiller. Des barragesont été édifiés. Des maisons détruites ont été re-construites avec l’aide du Corps suisse d’aide hu-manitaire.

Faits et chiffres

CapitaleKiev (2,6 millions d’habitants)

Superficie600000 km2

Unité monétaireHryvnia

Population48 millions d’habitants

Groupes ethniquesUkrainiens: 78%Russes: 17%Minorités : Biélorusses,Moldaves, Tatars deCrimée, Hongrois,Roumains

LanguesL’ukrainien, langue officielledepuis 1995, prédominedans l’ouest du pays, tan-dis que le russe est la lan-gue principale dans la par-tie orientale et en Crimée(où l’on parle aussi le tatar).

ReligionGrande majorité de chré-tiens orthodoxes (répartisen trois confessions).L’Église gréco-catholiqued’Ukraine (catholiques derite byzantin) est présentesurtout en Ukraine occi-dentale.

Matières premièresMinerai de fer, charbon,manganèse, gaz naturel,pétrole, sel

Produits d’exportationMétaux divers, pétrole,produits chimiques, machi-nes, denrées alimentaires

La Suisse et l’Ukraine Eau, forêts et personnel pénitentiaire

Ukraine

Repères historiques9e siècle Fondation de la principauté de Kiev.

988 Volodymyr le Grand, prince de Kiev, se convertit auchristianisme byzantin et fait baptiser la population de sonÉtat.

1239 Les Mongols conquièrent Kiev.

14e siècle La Lituanie repousse les Mongols.

1569 L’Union de Lublin, scellée entre la Lituanie et laPologne, consacre la domination polonaise sur presque toutle territoire ukrainien.

1595 Une partie du clergé orthodoxe rejoint l’Église catholique. Début de l’Église unifiée.

1667 Après la guerre russo-polonaise, l’Ukraine reste polonaise jusqu’au Dniepr, mais les territoires situés à l’estdu fleuve sont placés sous l’autorité de la Russie.

1772 La Galicie est rattachée à l’empire des Habsbourg.

1793 À la suite du partage de la Pologne, la partie del’Ukraine située à l’ouest du Dniepr est également attri-buée aux tsars.

19e siècle Apparition de mouvements nationalistes enGalicie puis dans la partie russe, où la langue et la cultureukrainiennes sont opprimées.

1918 Après la Révolution d’octobre, l’Ukraine proclameson indépendance.

1922 L’Ukraine devient une république soviétique.

1932-34 La famine-génocide ordonnée par Staline fait 6 millions de morts.

1939 L’Ukraine occidentale est absorbée par l’URSS.

1940 Invasion par les troupes nazies. Extermination massive des juifs ukrainiens.

1986 Catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

1989 Fondation du Ruch, mouvement pour la promotionde la Perestroïka.

1990 Premières élections partiellement libres. Grand succès du Ruch.

24.8.1991 Déclaration d’indépendance.

1.12.1991 En votation populaire, 91% des Ukrainiens seprononcent pour l’indépendance. Leonid Kravtchouk estélu à la présidence.

1992-1994 Aggravation de la crise économique.

1994 Leonid Koutchma remporte l’élection présidentielle.

1995 Accord avec la Russie sur le partage de la flotte de la mer Noire; adhésion au Conseil de l’Europe.

1996 Transfert des dernières armes atomiques vers la Russie.

1999 Réélection de Leonid Koutchma.

2000 Fermeture de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

2001 Manifestations de protestation contre le présidentKoutchma, soupçonné d’être mêlé à l’assassinat d’un journaliste.

2002 Élections parlementaires. Les partis d’opposition gagnent du terrain.

Roumanie

UkraineMoldavieHongrie

Slovaquie

PologneBiélorussie

Russie

Mer Noire

Kiev

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Un seul monde No3 / Septembre 200420

Olexander Pelin, 46 ans,est sociologue et occupela chaire de travail social à l’Université nationaled’Uzhgorod. Il considèreque la région de Transcar-patie, centre géographiquede l’Europe, est l’endroitidéal pour procéder à desétudes à caractère mon-dial. Sa dernière publi-cation est consacrée à la politique mondiale et aux relations russo-ukrainiennes. Elle se trouve en version russe sur le site Internet :www.whoiswho.ru

Kano va manquer d’air dans sa forteresse

Ukraine

Il est une question que je me pose et que je pose sou-vent à mes connaissances: pourquoi les uns – indivi-dus ou nations entières – s’intéressent-ils davantage àceux qui leur ressemblent, tandis que les autres sontau contraire plutôt attirés par leur contraire? Voicicomment je m’explique ce phénomène: l’attirancevers la similitude reflète la réaction face à une peur;à l’inverse, l’intérêt que l’on éprouve pour son op-posé correspond à un défi dynamique.Ceux qui bâtissent aujourd’hui la «forteresse euro-péenne» se regroupent entre semblables. Ils tiennentl’Ukraine à l’écart en dressant des barrières de visas.La stratégie actuelle de l’Europe n’est pas une invite,mais une réponse des Européens à leurs proprespeurs.Mes recherches sur la dynamique des relations inter-ethniques dans la région de la Transcarpatie et del’Ukraine permettent de comprendre l’origine d’er-reurs commises à l’échelle planétaire. La principaledifficulté réside dans la transition entre des fragmentsd’observations scientifiques et une vision globale àcaractère souvent ésotérique. À notre époque, il ap-paraît sans doute archaïque,voire ridicule,de vouloirréduire un modèle scientifique au modèle antiquedes quatre éléments.Les métaphores du modèle antique n’en méritentpas moins notre attention, car elles facilitent la com-préhension. Selon ces métaphores, les Européens ra-tionnels et dynamiques correspondent au feu(Kano), tandis que les peuples de l’Est, émotionnelset statiques, sont associés à la glace (Isa). Les interac-tions entre le feu et la glace ou l’eau (Lagus) reflètenttrès bien le modèle sociopsychologique des Russes.L’élément qui correspond à l’Ukraine, c’est l’air. LesUkrainiens, bien plus réchauffés par le feu européenque leurs voisins de l’Est, sont légers comme le ventet anarchiques. Non seulement ils ne représententaucun danger pour l’élément européen qu’est le feu,mais ils lui sont indispensables. Près de 4 millionsd’Ukrainiens, dont plus de 200000 originaires deTranscarpatie, se «consument» dans les travaux sai-sonniers en Europe. Que deviendront-ils lorsque lerégime strict de visas sera introduit? Des chômeursressemblant à l’eau froide et calme? Je ne pense pasque les mesures prévues rendront la forteresse plussûre. Au contraire, le feu européen, qui a besoind’une amenée d’air, en sera moins flamboyant.Le feu réussit plus aisément à chauffer d’énormesquantités d’eau s’il est alimenté par un souffle d’airsuffisamment puissant. Et si l’eau n’est pas assezchaude, l’air viendra à manquer.Nul ne conteste quetrois des quatre éléments s’unissent pour former untout. La glace est le quatrième élément chez les

druides.Elle symbolise la statique de l’Est mieux quene le ferait la terre, élément propre aux cultures mé-ridionales.Toujours selon le modèle antique, la stra-tégie qui consiste à «réchauffer» les traditions sécu-laires de l’Est par la dynamique de la civilisationmoderne est vouée à l’échec. Cela ne devrait êtretenté ni avec des méthodes pacifiques, ni à l’aide demissiles américains Tomahawk.Pour la Transcarpatie, le problème de la migrationillégale prend chaque année des proportions plus im-portantes.Vouloir stopper le flux des migrants à lafrontière se révèle aussi difficile qu’inhumain.Mêmeles tentatives visant à «laisser geler» ou à affaiblir laRussie ne résoudront pas le problème.Notre monde est bien plus complexe que l’entitéformée par les quatre éléments.Pourtant, je suis per-suadé que le modèle antique conserve aujourd’huipour la communication mondiale toute la validitéqu’il avait il y a des millénaires.Ce n’est pas derrièreles murailles d’une forteresse que le monde trouveraune véritable sécurité, mais bien plutôt dans l’équi-libre de ses différentes composantes. Les architectesde la nouvelle maison européenne doivent com-prendre que l’avenir de notre planète repose engrande partie sur les peuples européens, en tant quereprésentants dynamiques de l’humanité. De cepoint de vue, l’Europe a besoin de l’Ukraine aumême titre que l’être humain a besoin d’air pourrespirer. ■

(De l’allemand)

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Un seul monde No3 / Septembre 2004 21

L’Afrique du Sud et toute la région – de l’Angolajusqu’à la République démocratique du Congo(RDC) en passant par le Mozambique et le Zim-babwe – ont traversé une période douloureuse.Même si une transformation politique a eu lieu,même si l’apartheid a été aboli, l’économie relan-cée et plusieurs conflits partiellement apaisés,l’Afrique australe continue de souffrir. Les hostili-tés en RDC et en Angola ont des répercussionsdramatiques sur la région. Sécheresse, sida, pau-vreté, sous-alimentation et problèmes de migrationrestent de sérieux obstacles au développement.

La coopération internationale est plus nécessaireque jamais.Non seulement dans le sens classique del’aide au développement (donc entre le Nord «riche» et le Sud «pauvre»), mais aussi dans celuid’une véritable coopération entre États voisins quis’emploient à promouvoir ensemble leur dévelop-pement aussi bien national que régional.L’exemplesud-africain montre qu’une telle coopération peutavoir un rayonnement positif sur tout le continent.

C’est d’ailleurs de cette manière que la Suisse,grâcenotamment à ses expériences positives du fédéra-lisme, conçoit depuis toujours la coopération audéveloppement. Sa longue tradition humanitaire ledémontre,de même que son engagement en faveurd’organismes internationaux comme le CICR, dediverses œuvres d’entraide ou d’organisations onu-siennes. Cet engagement requiert un travail delongue haleine, opiniâtre, ciblé, patient et lucide. Ilconduit rarement vers des succès rapides qui sontsurtout destinés à occuper les grands titres de lapresse quotidienne.

Mais avec le temps, cette façon de pratiquer la co-opération au développement donne des résultats,en Afrique du Sud comme ailleurs.Dès le début de

son action dans ce pays, la Suisse a travaillé à la pro-motion des droits de l’homme. Aujourd’hui, ellesoutient notamment la bonne gouvernance et l’uti-lisation judicieuse des ressources hydriques, plusprécisément la gestion délicate des fleuves interna-tionaux, qui est une source potentielle de conflits.La coopération transfrontalière est ici indispensable.

Le plus grand pays d’Afrique, le Soudan, a lui aussibesoin de la coopération internationale. Il lui fautbien davantage que l’aide humanitaire fournie àcourt terme par de nombreux pays, dont la Suisse.Le voyage au Soudan de la conseillère fédéraleMicheline Calmy-Rey, en juin dernier, a d’ailleursprouvé une fois de plus que la Suisse prend au sé-rieux ses engagements à court comme à long termeet qu’elle entend faire un usage pertinent de sesmoyens limités sur la base d’informations recueilliessur place.

Cette visite importante était la suite logique d’unprocessus entamé il y a longtemps et reconnu in-ternationalement. La Suisse joue en effet un rôlemoteur et discret dans le processus de paix en coursdepuis dix ans au Soudan, agissant là aussi à l’écartdes projecteurs médiatiques. Dans le sud et dansd’autres régions du pays, les belligérants sont parve-nus à s’entendre sur une forme de fédéralisme pro-posée par la Suisse. Nous poursuivons sur cettevoie. ■

Walter FustDirecteur de la DDC

(De l’allemand)

À l’écart des projecteurs

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(jls) Le flash d’information de Radio Jamana esttrès attendu par les cultivateurs de coton et les éleveurs de Koutiala, ville située à 420 km deBamako, la capitale malienne. Diffusé à 18h00 enminianka et à 18h30 en bambara, il leur fournit les dernières prévisions météorologiques, assortiesde conseils agricoles. Chaque jour, ce bulletin esttransmis de Bamako au Centre multimédia com-munautaire (CMC) de Koutiala par courrier élec-tronique.Comme les 40 autres CMC pilotes créés à ce jour par l’Unesco en Afrique, en Asie et dans lesCaraïbes, celui de Koutiala réunit dans un mêmebâtiment une radio communautaire et un télécentrepolyvalent doté de nombreux équipements : télé-phones, ordinateurs raccordés à Internet, scanner,imprimante, fax, photocopieuse, graveur de CD,appareil de photo numérique, relieuse, etc. Selon

le concept imaginé par l’Unesco, le CMC s’ap-puie sur les radios de proximité pour introduire lesnouvelles technologies de l’information et de lacommunication dans les régions isolées du Sud.

Services collectifs et individuelsLes journalistes enrichissent leurs émissions enpuisant des informations sur Internet.À l’antenne,ils invitent leurs auditeurs à venir consulter surplace d’autres données. Le télécentre répond auxbesoins du développement local, en organisant descours d’alphabétisation ou en produisant des in-formations en langue locale. Ainsi, un télécentredu Mozambique a créé un CD-Rom sur la pré-vention du paludisme. En Ouganda, un CD-Romprésente aux femmes différentes activités généra-trices de revenus.La plupart des centres proposent en outre des ini-

Sur la nouvelle place du S

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En combinant la radio de proximité avec Internet et d’autrestechnologies modernes, les Centres multimédia communau-taires (CMC) réduisent la fracture numérique et contribuent audéveloppement de régions isolées. À l’issue d’une phase pi-lote, la Suisse et l’Unesco ont décidé d’implanter ces struc-tures à grande échelle dans trois pays d’Afrique.

La DDC engagée dès le débutLa Suisse a été le premierpays donateur à soutenir leconcept des CMC. Aprèsune expérience réussie àKothmale, au Sri Lanka,l’Unesco a décidé de lan-cer un programme pilotepour le développement dece modèle sur trois conti-nents. Avec une contribu-tion de 1,5 million defrancs, la DDC a financéplus de la moitié des 40centres créés entre 2001 et 2003. Un montant iden-tique a été investi dans ladeuxième phase de ce pro-gramme (2004-2006), quivise à élargir les centres pi-lotes et à développer denouveaux services, commel’enseignement à distance.Parallèlement, la DDC s’estassociée à l’Unesco pourlancer le déploiement àgrande échelle des CMCau Mali, au Mozambique etau Sénégal. Elle consa-crera 3 millions de francs àcette initiative, qui a été an-noncée en décembre 2003à Genève, lors du Sommetmondial pour la société del’information.

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Analphabètes, mais branchésLes personnes qui fré-quentent les télécentressont pour la plupart alpha-bétisées. Ce sont des en-seignants, des élèves, desreligieux, des commerçantsou encore des fonction-naires. Mais les CMC veu-lent aussi mettre les nou-velles technologies à laportée des populations ru-rales, qui sont en grandepartie analphabètes. Ainsi,un paysan qui souhaitecommuniquer avec son filsémigré a la possibilité dedicter son message élec-tronique à l’animateur ducentre. Quand la réponsearrive, celui-ci en fait la lec-ture au client. L’animateurpeut aussi effectuer des recherches sur Internet oud’autres opérations à la de-mande d’usagers qui, touten sachant lire et écrire,n’ont pas de connais-sances en informatique.

villagepercé dans les CMC africains, où la mauvaise qua-lité des lignes téléphoniques entrave souvent laconsultation d’Internet. Ainsi, Radio Jamana n’apu diffuser jusqu’ici que deux émissions de radio-surf, l’une sur le sida, l’autre sur l’excision desfilles. «Notre souci numéro un, c’est la connexionInternet, qui est très lente et souffre de fréquentesinterruptions », remarque Mamadou Lamine Sylla,directeur du CMC de Koutiala. Les animateurs de

Radio Jamana profitent d’effectuer une recherchelorsque la liaison est bonne, afin de répondre endifféré aux questions des auditeurs. «Des leaderscommunautaires nous téléphonent fréquemmentpour connaître le prix des céréales sur les marchésdes pays voisins, le cours du coton,ou encore pourse renseigner sur des techniques culturales », ex-plique M. Sylla. ■

tiations à l’informatique. Ces formations sont gé-néralement payantes, comme d’ailleurs les presta-tions individuelles, qui connaissent un grand succès. Les ordinateurs peuvent être loués pournaviguer sur Internet, envoyer des e-mails ou saisir des documents. De petites entreprises s’en servent pour établir leur comptabilité. D’autresclients viennent faire des photocopies, expédierun fax, relier un document, imprimer des cartes devisite ou des faire-part de mariage. Le scanner faitle bonheur de nombreux usagers qui veulent pré-server d’anciennes photos.«Les CMC sont des plates-formes de communi-cation pour la communauté. Ces lieux très animésdeviennent peu à peu la place du village. Quel-ques-uns ont même ouvert un petit restaurant »,constate Stella Hughes, responsable de ce pro-gramme à l’Unesco.

Création de 150 nouveaux centres Fin 2003, la Suisse et l’Unesco ont lancé une ini-tiative pour le développement à plus large échelledes CMC en Afrique. La première étape concernele Mali, le Mozambique et le Sénégal. Il est prévud’implanter 50 centres par pays. «Pour exercer unimpact réel sur le développement, il faut un réseauassez dense, car les CMC ont une portée très lo-cale. Les centres pilotes joueront le rôle de grandsfrères », précise Mme Hughes.Les initiateurs enten-dent mobiliser un consortium de partenaires na-tionaux et internationaux autour de ce défi. Lacontribution suisse permettra de réaliser unevingtaine de CMC par pays.L’achat des équipements ne représente qu’une pe-tite partie de l’investissement nécessaire. Durant laphase d’accompagnement, qui dure au moins 18mois, les bailleurs de fonds assurent la formationdu personnel, les coûts de fonctionnement et la pro-duction de matériel informatif. Ensuite, d’autressources de financement doivent assurer la péren-nité du site. Si les prestations payantes couvrentune partie des frais, les services liés au développe-ment, eux, ne sont guère rémunérateurs pour leCMC. « Il faudra subventionner ces activités, dontles communautés marginalisées ont un besoincrucial », souligne Stella Hughes.

Connexions perturbéesLes émissions de « radio-surf » seront un autre élé-ment central du passage à grande échelle. Il s’agitd’une technique qui se pratique surtout dans lesCMC d’Asie : le journaliste consulte des sites Inter-net en direct pour répondre aux questions poséespar les auditeurs ; il est assisté par un spécialiste lo-cal, qui vérifie et commente les informations gla-nées sur la Toile. Cette formule n’a pas encore

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(mr) Les archives revêtent une importance crucialepour la sécurité du droit des citoyens. C’est pour-quoi la DDC appuie depuis le milieu des années 90un projet de modernisation des archives en Albanie.«Lorsque les dossiers d’un registre foncier s’entas-sent sans ordre précis sur le sol et que nul n’est à même d’attester légalement la propriété d’unemaison, ou bien quand une université ne peut plus dresser la liste de ses anciens étudiants, cela peutavoir des conséquences catastrophiques pour lespersonnes concernées», explique Philippe Monteil,chargé de programme pour l’Albanie. La réalisationdu projet est menée par les Archives fédérales suissesen collaboration avec la Direction générale des ar-chives albanaises.

Les bases légales sont en placeLe projet vise en particulier à assurer le perfection-nement du personnel spécialisé. Du fait que la plu-part des actes officiels étaient encore établis à la mainavant les réformes, les employés doivent apprendreà gérer un système de classement électronique.Toutefois, leur formation continue inclut aussi l’ap-prentissage de diverses techniques permettant de

conserver des documents anciens, voire antiques.Comme l’a montré le scandale des fiches qui a se-coué la Suisse, la saisie de données personnelles doitreposer sur des bases légales appropriées.C’est pour-quoi un expert des Archives fédérales suisses aconseillé la commission parlementaire albanaisechargée d’élaborer la nouvelle loi sur les archives.«L’Albanie possède désormais une des législationsles plus modernes d’Europe dans ce domaine», seréjouit Philippe Monteil.Depuis le lancement du projet, les bâtiments ont faitl’objet d’importants travaux de rénovation: les sallesde lecture et les bureaux sont désormais chauffés; leslocaux servant à l’entreposage des documents ontété équipés d’une climatisation et de systèmes de sé-curité. Pour que ce service soit proche des clientsmalgré des possibilités de transport limitées, on amisé sur la décentralisation et entamé la créationd’infrastructures régionales. Outre les archives ré-gionales de Tirana, de Durres et de Lushnje, le pro-jet englobe aussi les archives nationales dans la capi-tale. ■

(De l’allemand)

Le pays le plus pauvred’Europe Après la chute du socia-lisme, aucun autre paysd’Europe de l’Est n’aconnu une situation aussidramatique que l’Albanie.Cette période a en effetété marquée par un exodemassif de la population,des troubles sociaux etpolitiques ainsi qu’unegrave crise économique.L’état d’urgence a été dé-crété en 1997, suite à lafaillite de nombreuses so-ciétés d’investissement. Ilest resté en vigueur durantcinq mois. Essentiellementvouée à l’agriculture,l’Albanie reste un des paysles plus pauvres d’Europe.La plupart des terres culti-vables ont été distribuéesaux paysans et le proces-sus de privatisation est encours. Le commerce et lesprix ont été libéralisés.

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Pour vérifier la légitimité d’une propriété, on consulte en prin-cipe les archives de l’État… à condition que celles-ci fonction-nent. En Albanie, dix ans après le début des réformes, il resteencore fort à faire pour moderniser les archives nationales.

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La DDC au Comptoir suisse( jls) L’Aide humanitaire de laConfédération est l’hôte d’hon-neur du prochain Comptoirsuisse de Lausanne, où elle repré-sente la DDC. Lors de cette ma-nifestation, qui se tient du 17 au26 septembre, une surface totaled’exposition d’environ 500 m2

permettra à la DDC de présenterles différents domaines dans les-quels elle intervient. À l’intérieurdu Palais de Beaulieu, de nom-breux exemples illustreront dessujets comme le trafic d’êtres hu-mains, les programmes de rapa-triement, les réfugiés, les enfantsdes rues, les enfants-soldats, lesviolences sexuelles utiliséescomme arme de guerre ou en-core le sida. Sur trois emplace-ments extérieurs, les visiteurs dé-couvriront les secours d’urgenceet la préparation des sauveteursen cas de séismes, la préventiondes catastrophes naturelles enAmérique centrale et les pro-

blèmes liés à l’approvisionnementen eau des personnes déplacées.La journée officielle de la DDC,le 18 septembre, portera sur lethème «Crises et médias».Le 20 septembre, la Chaîne suissede sauvetage proposera une démonstration de son action.L’Aide humanitaire présentera ses nouveaux défis durant lajournée du 25 septembre qui lui est réservée.

Double casquette à Maputo(ahj) Le DFAE poursuit l’exploi-tation de synergies au niveau desfonctions de direction dans sonréseau extérieur : Adrian Hadorn,jusqu’ici coordinateur de laDDC au Mozambique, est désor-mais également ambassadeur dela Suisse dans ce pays. Il résidedans la capitale, Maputo. Sa no-mination ayant reçu l’agrémentdu gouvernement mozambicainen mai dernier, M. Hadorn a ré-cemment pu revêtir sa nouvelle

fonction. Dans le cas duMozambique, réunir la gestiondes affaires diplomatiques et de la coopération au développemententre les mains d’une seule per-sonne facilite non seulement ledialogue politique avec le gou-vernement, mais renforce aussi la position de la Suisse dans lacoordination entre donateurs.Adrian Hadorn assure depuis2001 la coordination des activitésde la DDC au Mozambique, unpays prioritaire de la coopérationsuisse au développement. Il avaitjusqu’alors travaillé au sein de lareprésentation suisse auprès de laBanque mondiale à Washington.Le premier regroupement defonctions a été opérée en 2003dans la capitale malgache,Antananarivo: Benoît Girardin,collaborateur de la DDC, est devenu aussi chargé d’affaires àMadagascar.

Communication de crise( juj) Si leur nombre n’augmenteheureusement pas de manièreexponentielle, les catastrophesnaturelles ou humanitaires susci-tent des demandes croissantes dela part des médias.Afin de ré-pondre à ces sollicitations, laDDC a mis en place une TaskForce Medias, qui combine leseffectifs de la division Médias etcommunication et du Groupeinformation du Corps suissed’aide humanitaire. Cette nou-velle structure permettra d’opti-miser la communication en si-tuation de crise.

DDC interne

(bf ) Nombre de pays africains sont confrontés à d’énormes dé-fis sociaux, économiques et politiques. Soucieux de les releverensemble, les chefs d’État et de gouvernement de l’Organisationde l’unité africaine ont lancé en juillet 2001 le Nouveau parte-nariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Cette ini-tiative exprime leur ferme volonté de sortir le continent de lapauvreté et du sous-développement. C’est la première fois queles dirigeants africains s’engagent collectivement dans un pro-cessus destiné à promouvoir le développement durable, la dé-mocratie, les droits de l’homme et une gestion responsable desaffaires publiques. Le NEPAD a enregistré ses premiers succès :en Angola, en Sierra Leone, en Éthiopie et en Érythrée, desfoyers de conflit ont pu être apaisés ; au Congo, au Burundi et auSoudan, les efforts de paix se sont accélérés. Par ailleurs, 17 paysparticipent déjà au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs,une réforme qui est appelée à jouer un rôle crucial pour l’en-semble du continent. Enfin, quelques-uns des principaux paysdonateurs (notamment les plus grands pays industrialisés mem-bres du G8) ont sensiblement accru leur aide au développementen faveur de l’Afrique.La Suisse partage et appuie les objectifs du NEPAD,d’autant quela plupart de ses programmes de développement et de coopéra-tion vont dans le même sens. Pour soutenir le plan d’action du

Au fait, qu’est-ce que le NEPAD?

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NEPAD, elle concentre davantage ses efforts de coopération surles activités du partenariat et cherche à créer des synergies aveclui. Le secrétariat du NEPAD, basé en Afrique du Sud, est chargéd’appliquer le programme à l’échelle de tout le continent.

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familles bejas complètement démunies : la mort dubétail, qui constitue traditionnellement la base deleur existence, les a forcées à renoncer à la vie no-made. Beaucoup de Bejas tentent aujourd’hui des’accommoder d’une existence sédentaire. Les unsont gagné les bidonvilles de Port-Soudan,ville dontl’économie a été pratiquement asphyxiée par l’em-bargo commercial des États-Unis. Les autres sontrestés dans le désert et essaient de survivre sans mi-ser uniquement sur l’élevage.L’organisation de développement africaine Acordapporte une aide à une petite vingtaine de villages,dont Mohd Gol, qui se trouvent dans la provincede Halaib. Ses collaborateurs indigènes connaissentbien la misère des habitants : depuis des années, ilsentreprennent régulièrement le voyage pénible quiles mènent de Port-Soudan jusqu’à cette régionabandonnée de tous. La partie orientale du Soudan

À peine a-t-on quitté les faubourgs de Port-Soudanque la route commence à se perdre dans le sable.Lourdement chargés, quelques rares camions rou-lent vers le nord, en direction de l’Égypte, dans lachaleur et la poussière. À mi-parcours, on arrive auvillage de Modh Gol, tout au bord de la merRouge. La tour de guet, construite par les colonsbritanniques, tombe en ruine ; les cases qui l’en-tourent ont été assemblées de bric et de broc avecun peu de bois, rare dans la région, et des déchetsde la civilisation. Les habitants appartiennent àl’ethnie des Bejas, un peuple nomade installé ici depuis des millénaires avec ses troupeaux de cha-meaux et de chèvres.Cette région, habituée aux longues périodes sanspluie, a connu dans les années 80 une sécheresseaux dimensions catastrophiques. Celle-ci a provo-qué une famine meurtrière et laissé de nombreuses

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Le prochain Darfour gronde

Les habitants du Darfour, dans l’ouest du Soudan, étaient déjàvictimes de massacres et de déplacements forcés lorsque leursort a commencé de faire les titres des médias et de susciterdes réactions internationales. Tandis que l’attention se focalisesur cette catastrophe humanitaire, un autre conflit sanglant seprépare déjà au Soudan, pays le plus grand d’Afrique. DeGabriela Neuhaus (textes et photos).

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Crédits supplémentairesLe conflit qui couvait de-puis un certain temps dansla région du Darfour (ouestdu Soudan) a connu uneescalade brutale entre l’automne 2003 et le prin-temps 2004. Les nouvellesde massacres et de dépeu-plements forcés ont se-coué le monde, rappelantle génocide du Rwanda.Face à cette catastrophehumanitaire, la Suisse aaugmenté massivementson assistance au Soudan:sa contribution à l’aided’urgence internationalepour le Darfour a été aug-mentée de 5 millions defrancs en 2004, s’établis-sant à 10 millions defrancs. Cet apport a étéannoncé lors d’une con-férence des donateurs. Ilpermet à la Suisse de sou-tenir, tant financièrementque par la mise à disposi-tion de personnel, l’enga-gement du CICR, duProgramme alimentairemondial (PAM), du Hautcommissariat des NationsUnies pour les réfugiés(HCR) et de diverses orga-nisations non gouverne-mentales (ONG) suisses.

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chez les Bejas

ne semble exister ni pour le régime de Khartoum,ni pour le reste du monde.

Espoir menacé«Notre vie s’est améliorée grâce à Acord», raconteune veuve toute de noir vêtue.Avec une douzained’autres villageoises et quelques hommes, elle ac-cueille les visiteurs étrangers dans le nouveau centreféminin de Mohd Gol. «Avant, je restais toute lajournée à la maison, je préparais du café et j’atten-dais. Aujourd’hui, nous nous rencontrons quandnous voulons. Et surtout nous essayons d’améliorerensemble notre existence et de gagner de l’argent»,ajoute-t-elle. Mohamed Juckan, chef du village,ajoute son commentaire : «Au début, j’étais totale-ment opposé à ce que des femmes aient des occu-pations en dehors de leur maison;mais j’en vois au-jourd’hui les effets positifs. » Ce que la population de Mohd Gol a réalisé cesdernières années, en collaboration avec Acord, a ef-fectivement de quoi impressionner: de vieilles tra-ditions ont été abandonnées pour faire face à lacrise et un développement est devenu possible, desorte que la population, au moins, ne souffre plusde famine aiguë. Aujourd’hui, quelques femmesfont de la couture à des fins commerciales, il existede petits magasins au village, la pêche est devenueplus professionnelle, des plongeurs vont chercherdans la mer Rouge des mollusques qu’ils vendentensuite au marché comme aliment pour la volaille.De plus, des sages-femmes ont été formées, davan-tage d’enfants vont à l’école et les filles ne sont plusexcisées.Pourtant les habitants continuent de vivre dans desconditions très précaires et de lourdes menaces pè-sent sur leur avenir. Le courageux travail de coopé-ration risque de se perdre dans le sable en raisond’une situation générale défavorable.

Provinces affamées«La région de la mer Rouge pourrait être prospère»,explique un collaborateur d’Acord. «Nous avonsun port, un oléoduc, une raffinerie de pétrole, desmines d’or et d’autres richesses minières. MaisKhartoum confisque tout l’argent – pour autantqu’il y en ait en ce moment – afin de financer samachine de guerre.» L’est du pays ne reçoit aucunsoutien du gouvernement ni d’aucune organisationd’aide pour des investissements de première impor-tance, tels que routes, hôpitaux ou écoles. La mar-ginalisation économique s’accompagne d’une tu-telle politique exercée par le gouvernement central.Cette situation pourrait, comme dans le sud etl’ouest du Soudan, déboucher sur une catastrophesanglante.Fin avril dernier, tandis que les rebelles du Sud etle gouvernement conduisaient des pourparlers depaix à Naivasha (Kenya) et que les atrocités duDarfour faisaient la une des médias, le Congrès Bejaa fêté ses dix ans d’existence à la frontière entre l’Érythrée et le Soudan.Depuis que ce mouvementa pris les armes, de nombreux affrontements vio-lents ont opposé les rebelles bejas aux troupes gou-vernementales, pratiquement sans que l’opinion

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publique internationale n’en ait connaissance jus-qu’ici.«Maintenant qu’il s’est produit là-bas quelquechose qui n’aurait jamais dû arriver, le monde en-tier regarde le Darfour», remarque Asha Elkarib,di-rectrice régionale d’Acord. Elle ne cache pas lafrustration que lui inspire la réaction tardive de lacommunauté internationale après les massacres etles déplacements forcés de population survenusdans l’ouest du Soudan.Mais elle est plus amère en-core à l’idée que l’histoire menace de se répéter,tandis que la politique internationale et les œuvresd’entraide agissent enfin au Darfour: «Si personnene se décide à intervenir préventivement, la mêmecatastrophe se produira bientôt à l’est», avertit AshaElkarib. Comme les rebelles du Darfour, ceux duSoudan oriental ont vainement tenté de faire en-tendre leur voix dans les négociations de Naivasha.

Paix dans le Sud Dans la soirée du 26 mai, la télévision soudanaise aretransmis en direct la signature de l’accord de paixentre le gouvernement et le Mouvement popu-laire de libération du Soudan (SPLM), basé dans lesud du pays. Les habitants de Mohd Gol ont suivi ces images avec beaucoup d’intérêt. Bien que leSoudan oriental et les revendications des Bejas nesoient pas mentionnés dans cet accord compliquéet encore très abstrait, cela leur donne de l’espoir.Même s’ils n’attendent rien de leur propre gouver-nement : «C’est aujourd’hui une journée faste», adéclaré le chef de village Mohamed Juckan le ma-tin suivant à ses visiteurs étrangers. «Maintenantque nous avons la paix, vos pays pourront venir etnous aider nous aussi avec leurs dons.» ■

(De l’allemand)

Un goût amer«La situation qui règne auDarfour donne un goûtamer à l’accord de paix signé en mai dernier àNaivasha. Les bailleurs defonds – ONU et Banquemondiale comprises – hési-tent à investir des sommesconséquentes dans le dé-veloppement du pays.Devant l’immense détressedu Darfour, on est obligéde se préoccuper d’abordde la survie des victimes.Dans une telle situation, iln’est pas prioritaire d’envi-sager des activités de co-opération à long terme.»Hansjürg Ambühl, respon-sable de l’aide humanitairesuisse pour l’Afrique

Aide d’urgence aux victimes de la guerre(gn) Le Soudan a été durant plus de 20 ans le théâtre d’une guerre civile sanglante entre le nord etle sud du pays. Les origines du conflit remontent à l’ère coloniale : sous la domination britanniquedéjà, les provinces méridionales étaient négligées et très peu développées. Par la suite, des organi-sations rebelles se sont battues pour améliorer la situation et obtenir davantage d’autonomie par rap-port au Nord musulman. Les gisements de pétrole situés dans le Sud constituent un élément centralde ce conflit qui, en plus d’un nombre indéterminé de morts, a fait près de 4 millions de personnesdéplacées et 480000 réfugiés. Après plusieurs traités de paix avortés, un nouvel accord global, dontles modalités ont été négociées dans la localité kenyane de Naivasha, est censé mettre fin à cetteguerre. «Si l’accord de paix tient ses promesses, il sera enfin possible de faire au Soudan un travailde longue haleine dans le domaine du développement. Actuellement, les conditions ne sont pas en-core favorables», constate Hansjürg Ambühl, responsable de l’aide humanitaire de la DDC en Afrique.Devant la violence déployée par le Nord pour appauvrir le Sud, l’essentiel, ces dernières décennies,était d’apporter des secours d’urgence et d’assurer la survie des populations meurtries.

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Le gouvernement du Hondurasrévèle qu’il est confronté à undéficit budgétaire. Celui duNicaragua indique que 36 pourcent des recettes de l’État sontconsacrées au paiement de ladette privée et internationale.Le Guatemala négocie âprementpour alléger son endettement. Cetableau fait penser à un locataireque l’on aurait jeté à la rue avectoutes ses affaires parce qu’il étaitincapable de payer son loyer. Lespays d’Amérique centrale sonthabitués à recevoir chaque annéela visite des fonctionnaires duFonds monétaire international,qui leur prescrivent la manièred’administrer leurs économies.Dans ces conditions, parler desouveraineté est ridicule, pré-tendre à l’autonomie est risible.Les anciennes «républiques bana-nières» (qui heureusement ne lesont plus) ont cessé d’être dépen-dantes d’un fruit – la banane –pour devenir le fruit d’intérêtsjuteux. Entre 1960 et 1990, uneprofusion de crédits ont été ac-cordés. Les agents de la Banquemondiale allait d’un pays à l’autreen offrant des capitaux, car ils te-naient à placer tout d’abord lesdividendes provenant de laguerre mondiale, et plus tard lespétrodollars qui coulaient à flots.Parfois, les prêteurs – de sagacesvendeurs – savaient qu’ils ne re-verraient jamais cet argent, pro-mis à se volatiliser dans des pro-jets illusoires, des commissionsofficielles et des dessous-de-table.Même ainsi, ils ont ouvert leurscoffres-forts (cornes d’abondancedollarisées) et distribué des prêtsavec une facilité inouïe. Résultat :un endettement extrême et unegrande incapacité à rembourser.L’Amérique latine s’est hypothé-quée à l’excès et elle en subit au-jourd’hui les conséquences.En 2004, la dette extérieure descinq pays d’Amérique centrale semonte à environ 23 milliards dedollars. Un montant modestepour le Nord, mais énorme pour

cette région. Un quart dessommes prêtées s’est perdu entreles mains de militaires, entrepre-neurs, gouvernants, ministres,consultants et planificateurs. Unepartie a été consumée par desconseillers originaires du payscréancier et imposés par celui-ci.Aujourd’hui, la nation qui désireobtenir une remise de dette doitadhérer à un club humiliant etreconnaître qu’elle est un Étatmendiant, lourdement endetté.Les intérêts versés pour la dettependant 40 ans totalisent unesomme équivalant au quintupledu capital. Si l’on ajoute à cetteterrible saignée tout l’argent ab-sorbé par la corruption – cancersocial du siècle – on obtient unmontant dont le rendement au-rait permis d’instaurer des formesmodernes de progrès et d’amé-liorer la qualité de vie dans lespays emprunteurs. Mais il faut serendre à l’évidence: aussi long-temps que les sociétés centramé-ricaines n’entreprendront pas desréformes démocratiques en pro-fondeur, toute ressource qui se-rait injectée de l’extérieur tom-bera dans un tonneau desDanaïdes.Visible ou impercep-tible, l’écoulement goutte àgoutte de ce récipient réduira ànéant l’effet bénéfique du cadeauou de l’emprunt. Dans les villesde l’isthme centraméricain, lapauvreté prolifère en mêmetemps que les dépenses somp-tuaires incontrôlées : automobilesau luxe tapageur, demeures demillionnaires, magasins de pro-duits destinés à satisfaire desgoûts (et une abondance) exo-tiques, eau minérale de France,dattes d’Égypte, liqueur d’Écosse,comptes bancaires en Suisse. Lefossé entre riches et pauvres estalarmant, il se creuse de jour enjour.La racine du problème n’estdonc pas économique mais poli-tique. Certes, l’éducation est denature à changer les mentalités,mais c’est un processus qui

s’opère de génération en généra-tion. La société lutte, fait pressionet conquiert de l’espace, mais àun rythme très lent. Les classesdirigeantes approuvent les chan-gements cosmétiques qui ne lè-sent ni leurs concessions ni leursintérêts. Et les sondages révèlentun nouveau danger : les peuplessont disposés à accepter des ré-gimes autoritaires pourvu queceux-ci leur assurent un mode de vie meilleur. Ce qui est me-nacé, c’est la consolidation de ladémocratie. L’esprit de la libertéest en suspens.Les séquelles de l’endettement nesont pas une question de chiffresmais de justice. Une éventuelleremise de dette ne devrait êtreaccordée qu’à une condition:que les fonds ainsi dégagés ser-vent à transformer la société,qu’ils soient investis dans l’éduca-tion et la santé, intégrés dans lamodernité. Cela, seuls les payscréanciers peuvent l’exiger. Cesont eux qui ont une dette en-vers nous.Si cela se concrétisait, ce serait unintérêt heureux, que nous serionsprêts à payer. ■

(De l’espagnol)

La dette éternelleCarte blanche

Julio Escoto n’est pas seule-ment un auteur et un journa-liste reconnu au Honduras, ilappartient également à l’éliteintellectuelle de son pays. Cethomme de 60 ans a déjà reçuplusieurs prix internationauxpour une œuvre dans laquelleil se distingue par son identifi-cation au Honduras et aux valeurs de ce pays. Ses ou-vrages les plus connus sontLos Guerreros de Hibueras, El Árbol de los Pañuelos etRey del albor Madrugada.

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Le rap a conquis le monde. Ses rimes scandées sont présentes sur toutes les radios. En un rien de temps, le hip hop est devenu une forme d’expressionuniversellement partagée par des jeunes qui protestent, s’affirment et s’éman-cipent. Les sons ont un caractère cosmopolite, mais ils véhiculent toujours deshistoires locales. De Jay Rutledge*.

La suite du texte est de la mêmeveine: «Life is hard, I can nearlysurvive, but like most Nigerians, Iswallow my pride» (la vie est dure,je survis à peine, mais comme laplupart des Nigérians, je ravalemon orgueil). Ou encore: «If arich man offered a million buck tosleep with my wife, I’d be sure, takeher for half the price» (si un hommeriche m’offrait un million pourcoucher avec ma femme, je suissûr qu’il la prendrait aussi pour lamoitié du prix).

Le Nigeria sur une musiqueaméricaineTerry a commencé à faire du hiphop en 1991. Mais les diversesformes locales du genre ne sontpas vraiment prises en considéra-tion sur la scène internationale.Depuis une bonne décennie, lehip hop est pourtant le langagequ’utilisent nombre de jeunespartout dans le monde pour affir-mer leurs valeurs et leur identité.Un adage rebattu prétend que lamusique ne connaît pas de fron-

Aux frontières du hip hop africain

En 1999, Eminem sort son albumSlim Shady, dont l’un des titres lesplus connus est «My name is…?».La star du rap y règle ses comptesavec la vie quotidienne aux États-Unis. Quelques années plus tard,au Nigeria, le jeune rappeur Terryda Rapman reprend cette chan-son et en livre sa propre versionsous le titre «I am a Nigerian.» Ilimite parfaitement la manière dedéclamer d’Eminem pour décriresa vie au Nigeria.Dès les premières images du clip,

il est évident que l’on ne setrouve pas aux États-Unis. Despneus brûlent à l’arrière-plan tan-dis que la populace se livre aupillage dans des rues dévastées.Jouant finement de l’ironie,Terrydessine un portrait peu complai-sant de lui-même et de ses conci-toyens. Il est fauché, il n’a pas detravail et sa petite amie se plaintque les hommes nigérians man-quent de romantisme, car « theydon’t buy expensive gifts» (ilsn’achètent pas de cadeaux chers).

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tières. Cela dépend du genre mu-sical, devrait-on ajouter après uncoup d’œil sur les bacs des dis-quaires européens. Les échangesculturels entre l’Europe (l’Occi-dent) et le reste du monde seconçoivent en termes de tradi-tions régionales.Alors qu’un payscomme le Nigeria est perçu àtravers ses traditions, on parle plu-tôt de culture en ce qui concernel’Europe.Cela transparaît par exemple dansles compilations distribuées surtoute la planète sous des titres telsque «global hip hop». Le «hip

hop mondial» désigne du hiphop auquel on a ajouté des élé-ments de musique traditionnellelocale. Ce qui est recherché, c’estune sorte de «world music hiphop».Terry da Rapman n’entrepas dans cette catégorie. Sa mu-sique tient en effet du plus purstyle américain. Mais les idéesqu’il transmet ne pourraient être plus locales et plus actuelles.L’imitation d’Eminem donnetout leur effet à ses chansons.Terry démontre premièrementqu’il connaît Eminem, car lesjeunes Nigérians sont aussi bran-chés sur le monde, deuxième-ment qu’il peut rapper aussi bienque son modèle, et troisièmementqu’il peut en rajouter puisque ses descriptions ironiques et gro-tesques de la vie au Nigeria prouvent que ce pays n’a rien en commun avec l’Amérique.

La fête au son du kwaitoLa culture musicale noired’Afrique du Sud a connu un essor incroyable au cours des an-nées qui ont suivi les premièresélections démocratiques de 1994.Après des décennies d’oppressionsous le régime d’apartheid,l’Afrique du Sud noire s’est ànouveau donné une musiquebien à elle: le kwaito.Apparu audébut des années 90, le kwaito estun mélange de house, de hip hop,de reggae, de musique des town-

ships et de texte. C’est d’ailleursau son du kwaito que l’Afriquedu Sud a célébré la fin de l’apar-theid. Ses textes sont apolitiqueset parlent surtout de faire la fête:l’ère de la résistance politiques’achevait enfin.Quelques groupes de kwaito,comme Mafikizolo,Aba Shanteou Bongo Maffin, se sont remis à puiser dans le répertoire tradi-tionnel. «Il s’agit de fêter notreidentité retrouvée», expliqueThandi, la chanteuse de BongoMaffin. «L’apartheid avait tentéd’anéantir tout ce que nousétions: notre langue et notre culture. Pendant longtemps,l’Afrique a été pour nous uneidée mythique, nul ne savait cequ’elle était vraiment. Lorsquenous arrivons en Europe, tout lemonde pense que nous allonschanter et danser des choses tra-ditionnelles. Bien sûr, nous le fai-sons car c’est une partie de notrestyle, mais notre style a aussi étéinfluencé par la house, le hip hopet le reggae.»Le style de Bongo Maffin, c’estune combinaison urbaine de tra-ditions khosa et de musique destownships, un soupçon de LaurynHill et d’afro-romantisme, ainsiqu’un trait de mode streetwearinternationale. Bongo Maffin estle groupe qui a jusqu’ici rencon-tré le plus de succès à l’étranger.Les grandes vedettes du kwaito,

comme Zola et Mandoza, qui nemêlent aucune mélodie ou ins-trument traditionnels à leur mu-sique, mais chantent des texteszoulous sur des rythmes houseralentis, sont de parfaits inconnussur la scène internationale.Ils partagent le sort de Terry daRapman: on les ignore bienqu’ils représentent l’Afrique duSud et fassent partie intégrante de son évolution.Aujourd’hui, une nouvelle vaguede hip hop déferle sur l’Afriquedu Sud. Cette fois-ci, elle a prisnaissance au Cap et non àJohannesburg. Les groupes lesplus connus, comme H2O ouSkwatta Kamp, viennent destownships. Ils doivent leur succèsau fait qu’ils rappent en zoulou,en khosa ou en scamto, le dialectedes townships. Une majorité de la population se retrouve dans leshistoires qu’ils racontent. Ce sontprécisément ces histoires qui ren-dent le hip hop si captivant dansle monde entier, bien plus capti-vant que des productions musi-cales traditionnelles. ■

* Jay Rutledge, journaliste indépen-dant, anime l’émission «Weltemp-fänger» à la radio bavaroise. Il a aussifondé son propre label musical, qui seconcentre sur la musique jeune et ur-baine du reste du monde.

(De l’allemand)

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(mr) Projetée pour la premièrefois en 2000 au Festival interna-tional du film de Locarno,l’œuvre de Jürg Neuenschwandera été conviée depuis lors à unequarantaine d’autres festivals. Etc’est au Festival du film panafri-cain de Ouagadougou qu’a jaillicette idée : filmer la présentationde Rencontres sur la voie lactéedans les villes et les villages duSahel, puis créer un DVD, à lafois vidéo et Rom, qui contien-drait ces images ainsi que le filmlui-même.Trois paysans de l’Oberland ber-nois ont participé à la tournéede présentation. Ce sont les éle-veurs et producteurs de lait qui,dans le film documentaire, mon-traient leurs exploitations à desconfrères venus du Burkina Fasoet du Mali. Dans Ami Amadou,qui est en quelque sorte unesuite de l’histoire, les paysanssuisses racontent à leur tour leursimpressions du Sahel. Le dia-logue interculturel commencé

en Suisse a ainsi pu se poursuivre.« Il y a déjà un certain temps quenous pensions à produire unDVD/DVD-Rom interactif basé sur le succès de Rencontressur la voie lactée », raconte JürgNeuenschwander.Avec l’aide dela DDC, ce réalisateur de 51 ans,qui vit entre Washington etBerne, a pu réaliser son projet :le DVD/DVD-Rom sera distri-bué en Suisse dès le mois de sep-tembre. Il contient notammentle fameux documentaire cou-ronné par plusieurs distinctions,le film Ami Amadou, ainsi qu’unefoule d’images et de musiquesinédites.

Un matériel pédagogiquetrès completLes deux films, tournés dans larégion du Sahel et en Suisse,parlent de similitudes et de diffé-rences, de confiance et des nou-veaux défis à relever tant enAfrique qu’en Suisse. Le DVDinteractif propose de nombreuses

pistes pour aborder de manièreapprofondie les grands pro-blèmes actuels. Les deux cha-pitres sur l’éducation et le déve-loppement retiennent particu-lièrement l’attention. Ils sontspécialement conçus pour l’en-seignement dans les gymnases etles écoles professionnelles : por-traits, voix du Sud, mondialisa-tion, vision du monde, élevage etproduction de lait. Sur la partieRom du disque se trouvent nonseulement des informations defond très instructives, mais égale-ment des fiches de travail et desexemples de leçons. ■

(De l’allemand)

Une offre interactiveLe DVD/DVD-Rom se divise endeux parties: un DVD vidéocontient les films, des enregistre-ments musicaux et des photos;un DVD-Rom propose destextes explicatifs et des docu-ments à imprimer. Cette deu-xième partie se prête particuliè-rement à l’enseignement; on ytrouve des exemples de leçons,des fiches d’exercice et des informations de fond. Le disqueest disponible en français, allemand et anglais. Le films’adresse aux élèves des écolessecondaires supérieures, desgymnases et des écoles profes-sionnelles. «Rencontres sur la voie lactée – Edition spéciale interactive surDVD/DVD-Rom» peut être com-mandé au moyen du bulletin ci-joint ou auprès de la FondationÉducation et développement:tél. 021 612 00 81, [email protected] de vente: 60 francs pour lesécoles et les enseignants, 80francs pour les médiathèques.Pour en savoir plus: www.filmeeinewelt.ch

Rencontres interactives sur la voie lactéeAprès l’immense succès remporté par le film documentaire Rencontres sur lavoie lactée, le réalisateur suisse Jürg Neuenschwander lance un projet inter-actif tout aussi passionnant.

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Quel théâtre après l’apartheid?(bf ) Le Schlachthaus Theater de Berne organise pour la qua-trième fois un festival de dixjours sur la culture contempo-raine du Sud, qu’il présentecomme joyeuse, opiniâtre, inso-lente et très actuelle. Cette édi-tion est consacrée à l’extraordi-naire paysage culturel del’Afrique du Sud. Le festival «Sharp Sharp! South AfricanArts» est centré d’abord sur lethéâtre contemporain, mais il in-clut également de la danse, de lapoésie, du hip hop et de la vidéo.Contrairement à l’époque del’apartheid où le Market Theatreet des comédies musicalescomme Sarafina étaient célèbresbien au-delà des frontières sud-africaines, nous ne connaissonsguère les créations actuelles del’Afrique du Sud. L’occasionnous est donnée de remédier àcette situation, puisque diversévénements marquent en Suissele dixième anniversaire de l’abo-lition de l’apartheid, sous le titre«Ten years democracy»: duranttoute l’année, l’Afrique du Sudest à l’affiche de manifestationstelles que les Berner Tanztage etle festival Afro-Pfingsten deWinterthur.«Sharp Sharp! South African ArtsFestival», du 27 octobre au 7 novembre, Schlachthaus Theater,Berne. Renseignements :Schlachthaus, tél. 031 312 96 47ou www.schlachthaus.ch

Direction Sud-Est(bf ) La conférence annuelle de lacoopération suisse avec l’Europede l’Est aura lieu le 2 novembresur le thème «Transition et parti-cipation citoyenne». Géographi-quement, elle se concentrera surtrois pays de l’Europe du Sud-Est:Macédoine, Bulgarie et Albanie.Des organisations de citoyens etles autorités de ces pays serontreprésentées à la conférence. Desmanifestations, des ateliers et des

exposés montreront dans quellemesure la démocratisation a dé-bouché sur une participation au-thentique des citoyens aux pro-cessus de décision. Les partici-pants entendront notamment laconseillère fédérale MichelineCalmy-Rey et Erhard Busek,coordinateur spécial du Pacte destabilité pour l’Europe du Sud-Est.Focus Europe de l’Est, 2 novembre,Hôtel Marriott, Zurich. La partici-pation est gratuite. Renseignements et inscription: DDC, Médias et com-munication, tél. 031 322 44 12

Des métiers plus prisés que jamais(bf ) Le forum cinfo se tient le 4septembre au Palais des Congrèsde Bienne. Cette manifestationpublique, qui en est déjà à sasixième édition, est la seule orga-nisée en Suisse sur le thème «S’engager dans la coopérationinternationale». Plus de millepersonnes y avaient participé il y a deux ans, et les visiteurs de-vraient être encore plus nom-breux cette année si l’on consi-dère l’extraordinaire popularitédont jouissent les métiers de lacoopération internationale. Leprogramme du forum comprenddes exposés, des débats et desprésentations vidéo. Plus de 80organisations et institutions se-ront présentes. Sur des standsd’information, elles éclairerontles diverses facettes de leurs acti-vités ; elles présenteront les exi-gences professionnelles, les offresde formation et de perfectionne-ment, les possibilités pour lesjeunes et la politique de la co-opération internationale. Le cinfoa en outre mis à jour son dossierd’information qui décrit les baseset le contexte de la coopérationinternationale ainsi que les exi-gences professionnelles et lespossibilités d’engagement. Cedossier présente également lesprincipaux acteurs étatiques de lacoopération en Suisse, quelques

organisations internationales par-tenaires et une typologie des or-ganisations non gouvernemen-tales (ONG) actives dans cedomaine. Il peut être obtenu auprix de 10 francs (plus frais d’en-voi) auprès du cinfo, case postale7007, 2500 Bienne 7.Forum cinfo, le 4 septembre de 10h à 16h, Palais des Congrès, Bienne.Aucune inscription nécessaire.Informations complémentaires :www.cinfo.ch

Signaux de fumée sur laTanzanie(dg) Depuis huit ans, le journa-liste tanzanien John Waluye en-quête sur les conséquences del’invasion du tabac dans son pays.À travers son regard, le film do-cumentaire Forêt contre fumée bleuedonne un aperçu des connexionsde l’industrie du tabac à l’éche-lon mondial. Il montre où lesfeuilles sont cultivées, récoltées etséchées. Des entretiens avec desproducteurs de tabac et des com-merçants mettent en évidence lepouvoir dont jouissent les multi-nationales du tabac: avec deschiffres d’affaires atteignant desmilliards, elles sont pour ainsidire inattaquables. John Waluyeprend le chemin de l’Allemagneafin de s’entretenir avec les res-ponsables de Reemtsma, l’un desplus gros producteurs de tabac.Mais ces messieurs n’ont pas detemps à consacrer à des questionsdérangeantes. Cinéaste engagé,Peter Heller est parvenu une foisde plus à traiter des thèmes ac-tuels comme la mondialisation etla durabilité à partir d’unexemple concret.Peter Heller : «Forêt contre fumée

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bleue»,Allemagne 2003. Documen-taire, 30 minutes (version courte),vidéo VHS, français/anglais et swahili, sous-titré français, dès 14 ans. Distribution/Vente :Éducation et Développement,tél. 021 612 00 81,[email protected],Cinédia, tél. 026 426 34 30,[email protected] supplémentaires et fichepédagogique : Films pour un seulmonde, www.filmeeinewelt.ch

Ballades chaloupées(er) Par instants, Dobet Gnahorélaisse s’envoler une vocalise deyodel, zappant allégrement entrevoix de poitrine et voix de tête,tout comme le font les femmespygmées menacées d’extinction.Puis on retrouve cette chaude ettendre voix d’alto, mêlée à dedoux accords de guitare et à lacadence légère de la calebasse oudu balafon. Et ses ballades péné-trantes nous vont droit au cœur.En grande chansonnière, l’artisteivoirienne compose elle-mêmeles textes et la musique de seschansons. Elle y dénonce lacruauté humaine et l’injustice.Dans des langues africaines et enfrançais, elle parle de la tristesse,de l’espoir ou du sida. Son albumAno Neko (Créons ensemble) associe musique mandingue,rumba congolaise, ziglibiti ivoi-rien, bikutsi camerounais, high-life ghanéen et chœurs zoulous.Des sonorités jazz et flamencosont perceptibles.Toutes ces cou-leurs appartiennent à une musi-cienne de 21 ans, appelée à en-sorceler les fans de world musicsur tous les continents.Dobet Gnahoré : «Ano Neko»(Contre-Jour / RecRec)

Reggae engagé et hypnotique(er) Portant le turban des bobo-dreads, Keith Anthony Blair, aliasAnthony B., a été imprégné despiritualité dès le berceau: dansles plantations sucrières de l’ar-rière-pays jamaïcain, il a grandiavec la Bible et il a été enfant dechœur.Adolescent, il a découvertles rastafaris et leur consciousness.Dès lors, ses combats pour la jus-tice, et ses diatribes contre la cor-ruption, la violence et la pau-vreté, n’ont pas tardé à faire desvagues.Au point qu’il fut bannide la radio en 1996 pour son Fire Pone Rome. Sur son dixièmedisque officiel, ce singjay de 38ans fait toujours preuve de lamême énergie engagée. Les pa-roles du prophète produisent un effet presque hypnotique. Etcette trance riddim est renforcéepar sa voix au timbre légèrementnasal, glapissante par instants, em-portée par le roulement des per-cussions et le galop des cordes.À cela s’ajoute la dynamiquepuissante et serrée des cadencesqui se succèdent – dancehall,ragga, dub ou roots.Anthony B: «Justice Fight» (FireBall/RecRec)

Trois divas et un magicien(er) Sur des rythmes numériquesaccompagnés de vibrations hi-hat, les percussions martèlent unthème groovy. Le roulementsourd des congas côtoie l’harmo-nie de la kora, cette harpe-luth à21 cordes. Les sons électroniquesfont alterner des accents sombreset clairs, qui rappellent les mélo-dies jouées à la flûte par les no-mades peuls d’Afrique occiden-tale. Surfant sur tout cela, les voixchaudes et pénétrantes de troisdivas : Hadja Kouyaté (Guinée),Aissata Baldé (Sénégal) etRamatta Doussic (Mali). C’est leproducteur français FrédéricGalliano qui lance cette invita-tion à un voyage mêlant électro-nique, rythmes africains et chants

palpitants. Ce magicien acous-tique âgé de 35 ans, qui est éga-lement percussionniste, composi-teur et DJ, propose un album livede onze pistes (plus un bonus vi-déo). Ces prises en concert dégagent une atmosphère dense,faite de sonorités fluides et har-monieuses. Rencontre entre mo-dernité et tradition, trance meetsvocal power !Frédéric Galliano & The AfricanDivas : «Sacré Live !» (F Communications / Musikvertrieb)

L’équité n’a pas de sexeLa Suisse et le monde, la revue duDépartement fédéral des affairesétrangères (DFAE), présente desthèmes actuels de la politiqueétrangère suisse. Son numéro4/2004, qui paraît fin septembre,est consacré au principe du gender mainstreaming, ou approcheintégrée de l’égalité des sexes. Ilexplique cette notion ainsi queles moyens d’atteindre l’objectifpoursuivi par le gender mainstrea-ming, à savoir davantage d’équitépour les deux sexes.Autresthèmes abordés par ce numéro:la Maison des nationalités auSoudan, l’engagement de femmesarabes pour la paix et le dialoguesur les droits de l’homme. Le nu-méro de juin était centré sur le conflit du Proche-Orient.«La Suisse et le monde» paraîtquatre fois par an en français, en allemand et en italien. Il est possiblede souscrire gratuitement un abonnement à l’adresse suivante :«La Suisse et le monde»c/o Schaer Thun AGIndustriestr. 12 3661 Uetendorf

Génocide à retardement ( jls) La Rwandaise EstherMujawayo a survécu au génocideavec ses trois filles, tandis que sonmari et le reste de sa familleétaient massacrés. Dix ans après,elle publie un témoignage poi-gnant, recueilli par la journalistealgérienne Souâd Belhaddad. Àtravers son parcours personnel,c’est le destin collectif de tout leRwanda qui est décrit dans ce livre intitulé SurVivantes. EstherMujawayo analyse les réactionsde ceux qui ont échappé auxtueries. Elle dénonce le sort ré-servé aux femmes rescapées, dontplus de la moitié sont atteintesdu sida: violées par les génoci-daires qui les ont contaminéessciemment, ces Tutsies meurentlentement faute d’avoir accès auxtrithérapies, tandis que leursbourreaux détenus par l’ONUreçoivent les meilleurs soins mé-dicaux. En avril dernier, lors duSalon international du livre et dela presse, à Genève, SurVivantesa obtenu le Prix AhmadouKourouma, du nom du grand romancier ivoirien récemmentdisparu. Cette distinction a étécréée par le Salon africain dulivre, patronné par la DDC.Esther Mujawayo et SouâdBelhaddad: «SurVivantes»,Éditions de l’Aube, Paris, 2004

Rêves brisés en Algérie(bf ) Kenza ne situe sa patrie nisur la rive sud ni sur la rive nordde la Méditerranée. Elle est néeen 1962, année de l’indépen-dance algérienne. C’est à l’uni-versité qu’elle se sent chez elle,dans un cercle de jeunes intellec-tuels, jusqu’à ce que son bien-aimé,Yacef, se plie à la traditionet épouse une cousine choisiepar ses parents. Il trahit ainsi leuridéal commun d’une Algérielibre et ouverte. Kenza s’enfuitvers la France et s’établit àMontpellier. Dans son ouvrageDes rêves et des assassins, MalikaMokeddem montre la situation

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Un seul monde No3 / Septembre 2004 35

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qui règne en Algérie, mais ens’intéressant surtout à ce que vitet éprouve l’individu dans un telsystème. Cette écrivaine et doc-toresse algérienne décrit avec lu-cidité et sensibilité une généra-tion maghrébine pour laquelleles différences culturelles ne sontpas destructrices, mais consti-tuent simplement la vie quoti-dienne. Son roman comporte des traits autobiographiques.Malika Mokeddem: «Des rêves etdes assassins», Éditions Grasset &Fasquelle, Paris

La maison africaine( jls) Pour bien des Occidentaux,l’Afrique est aujourd’hui un con-tinent à la dérive. Sans prendre lecontre-pied de cette vision mini-maliste, un ouvrage publié parl’Institut universitaire d’études dudéveloppement (iuéd) veut mon-trer que les sociétés africaines nesont nullement «hors jeu» dans le contexte de la mondialisation.Il décrit l’imbrication de deuxlogiques sociales à l’œuvre dansl’Afrique actuelle. Côté jardin,les populations manifestent uneétonnante capacité d’adaptation

aux règles et valeurs morales im-posées par l’Occident. Côté cour,certaines valeurs propres à la cul-ture africaine restent bien ancréesdans les consciences individuelles.Cette ambivalence est illustréepar plusieurs études de cas,consacrées notamment aux para-doxes des élections présidentiellesau Bénin, au Somaliland trans-formé en entrepôt, à la pratiquedes convois au Niger et aux ton-tines des Congolaises en Suisse.«Côté jardin, côté cour – Anthropo-logie de la maison africaine», sous ladirection de Laurent Monnier et YvanDroz, Nouveaux Cahiers de l’iuéd,n°15, Genève ; Presses universitairesde France, Paris, 2004

Récits en voyage (bh) L’exposition de photogra-phies «Récits d’une mondiali-sation», présentée en 2003 àGenève, se déplace cette année àZurich et à Chiasso. Dix photo-graphes illustrent certains aspectsconcrets de la mondialisation enAmérique latine, en Afrique, enEurope, en Asie et en Amériquedu Nord. Cette exposition, due à une initiative de la DDC, a étéproduite par le photographezurichois Daniel Schwartz. Desévénements annexes sont prévusdans les deux villes : la Literatur-haus de Zurich organise les 11 et 12 septembre une lecture pu-blique, avec des acteurs et des au-teurs ; à Chiasso, les photographesde l’exposition participeront àdes manifestations.Zurich, du 2 au 19 septembre,ewz-Unterwerk Selnau; Chiasso, dèsle 16 octobre, Biennale de la photo-graphie, ancienne fabrique Calida

Le roi Sihanouk prend positionÀ la demande de NorodomSihanouk, roi du Cambodge,nous publions la mise au pointqu’il a envoyée à la rédactiond’Un seul monde. Sa lettre, datéedu 6 mai 2004, se réfère à la finde l’article «Des marchésderrière le rideau de bambou»,écrit par Rüdiger Siebert et parudans le n° 3 de septembre 2003:

«1. Je n’ai pas changé de fronts etd’alliés. Mes meilleurs amis ont été et restent le Petit Peuple Khmer et,sur le plan international, la R.P. deChine et la R.P.D. de Corée où jeme trouve présentement. J’ai toujourslutté contre le Colonialisme,l’Impérialisme, l’Expansionnisme,l’Hégémonisme, le néo-Colonialisme,le néo-Impérialisme. Je suis le Pèrede la neutralité du Cambodge. Je suisl’un des fondateurs du mouvementdes Pays non-alignés. Je suis franco-phone et francophile. En ce quiconcerne le Vietnam communiste,j’étais «avec lui» quand il respectaitl’intégrité territoriale de mon Pays,luttait pour son Indépendance et saréunification nationale et quand nous(Cambodgiens et Vietnamiens)avions à lutter contre l’ImpérialismeU.S. intervenant illégalement enIndochine. Mais j’ai dû ensuite lutter contre ce même Vietnam qui,entre 1979 et 1989, colonisa leCambodge ma Patrie.

2. Je n’«accuse» personne dans mestextes mis dans mon Website(Internet), etc. Je ne fais que men-tionner des faits parfaitement connusde tout le monde et aisément véri-fiables.

3. En 1993, aux élections généraleslégislatives au Cambodge souscontrôle de l’UNTAC (UnitedNations Transitional Authority), lePeuple cambodgien électeur donnaune grande et nette victoire au partiroyaliste, sihanoukiste, le FUNCIN-PEC présidé par mon Fils NorodomRanariddh. Si j’avais voulu exercerle pouvoir j’aurais pris en toute léga-lité ce Pouvoir en me basant sur cettevictoire électorale remportée «à larégulière» par mes partisans. Et il estinjuste de me qualifier de «désespéré».Je suis «Scorpion» (signe duZodiaque) comme mon idole leGénéral Charles de Gaulle. Lui etmoi sommes nés avec un courage quinous permettait ou permet d’ignorerle désespoir.»

Impressum«Un seul monde» paraît quatre fois par année, en français, en allemand et en italien.

Editeur :Direction du développement et de la coopération (DDC) du Département fédéraldes affaires étrangères (DFAE)

Comité de rédaction :Harry Sivec (responsable) Catherine Vuffray (vuc) Barbara Affolter (abb)Joachim Ahrens (ahj) Thomas Jenatsch (jtm)

Jean-Philippe Jutzi (juj)Antonella Simonetti (sia)Beat Felber (bf)

Rédaction:Beat Felber (bf–production)Gabriela Neuhaus (gn) Maria Roselli (mr)Jane-Lise Schneeberger (jls) Ernst Rieben (er)

Graphisme : Laurent Cocchi, Lausanne

Photolitho : Mermod SA, Lausanne

Impression : Vogt-Schild / Habegger AG,Soleure

Reproduction :Les articles peuvent être reproduits, avecmention de la source, à condition que la rédaction ait donné son accord. L’envoi d’unexemplaire à l’éditeur est souhaité.

Abonnements :Le magazine peut être obtenu gratuitement(en Suisse seulement) auprès de: DDC,Médias et communication, 3003 Berne,Tél. 031322 44 12Fax 031324 13 48E-mail : [email protected]

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Imprimé sur papier blanchi sans chlore pourprotéger l’environnement

Tirage total : 55000

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Dans le prochain numéro:

La coopération multilatérale au développement prend de plus en plus d’importance. Comment fonctionne-t-elle? Quels résultats peut-elle atteindre? Où se situent ses limites?

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