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Banque africaine de développement Un plan d’action pour les infrastructures au Burundi Accélérer l’intégration régionale Résumé analytique

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Banque africaine de développement

Un plan d’action pour les infrastructures au BurundiAccélérer l’intégration régionale Résumé analytique

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Avant-propos

La somme des produits intérieurs bruts des 53pays qui composent la région Afrique est

de 1 100 milliards dollars EU ; ce marché est doncloin d’être insignifiant. L’Afrique présente plusieurscaractéristiques frappantes : le faible volume du commerce intra-régional malgré l’envergure de l’économie continentale, les nombreusesentraves à l’intégration des marchés et le faiblemaillage du réseau d’infrastructure, notammenten ce qui concerne l’électricité, les transports et les communications, constituent autant defacteurs justifiant la nécessité impérieused’accélérer l’intégration économique sur lecontinent. De plus en plus, les pays africainsprennent conscience des avantages stratégiquesde la coopération et de l’intégration régionalespour la croissance économique, d’autant qu’ellespermettraient au continent de jouer un rôle collectifbien plus important dans l’économie mondiale. À cette fin, les pays africains et leursgouvernements, par le biais des communautéséconomiques régionales et de l’Union africaine,ont mis en œuvre un programme d’intégrationcontinentale visant à créer des zones de libreéchange, des unions douanières et des marchéscommuns. Consciente que les actions politiqueset les investissements dans l’infrastructure sontessentiels pour développer le commercecontinental et promouvoir les liens économiquesen Afrique, la Banque africaine de développement(BAD) a fait de l’infrastructure et de l’intégrationéconomique en Afrique des composantesessentielles de son orientation stratégique.

Le présent rapport traite essentiellement desservices liés aux infrastructures de l’électricité, destransports et des communications au Burundi. Il inclut un examen détaillé de la situation actuellede ces trois secteurs dans le pays, en termesd’infrastructure et de services, ainsi que de ladensité des liens qui unissent le Burundi auxréseaux d’infrastructure des autres membres dela Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE). Plusencore que dans d’autres pays d’Afriquesubsaharienne, l’accès à ces services au Burundise limite à une fraction de la population. En outre,leur coût est élevé et – ce qui est notamment vraipour l’électricité – les services disponibles ne sontpas fiables. Si le programme proposé aboutit (sa mise en œuvre est prévue sur les deux

décennies à venir), il devrait permettre au Burundide combler son retard en infrastructure par rapportaux autres pays en développement, tout en jetantles bases d’une croissance durable pour le pays.

Ce rapport est important à plusieurs égards. Toutd’abord, il propose au gouvernement, à lacommunauté des donateurs et au secteur privéune évaluation détaillée des opportunitésd’investissement dans l’infrastructure du Burundiet de sa région. Il définit un Plan d’action pourmettre en valeur ces atouts et, ce faisant, aide àpallier l’absence de plans directeurs pour lessecteurs de l’électricité, des transports et descommunications. Il peut donc servir à éclairer et à enrichir le dialogue permanent entre legouvernement, les donateurs et les milieuxd’affaires sur le développement de ces secteurs.Le renforcement de la coordination dans le cadrede ce partenariat peut améliorer l’harmonisationdes investissements avec les objectifs nationauxtels que définis dans le Document de stratégiepour la réduction de la pauvreté au Burundi (DSRP)de 2006, et les priorités régionales en matière dedéveloppement de l’infrastructure au sein de laCAE. C’est ainsi que le présent rapport peutcontribuer à renforcer l’efficience globale duprocessus de développement au Burundi.

Ce rapport est aussi pertinent à l’échelle plus vastedu continent africain. En effet, il propose un cadreintégré permettant d’évaluer les besoins d’un paysen matière d’infrastructure, les investissements et les coûts d’entretien liés auxdits besoins, sansoublier les capacités humaines et institutionnellesrequises pour concevoir un tel programme et garantir le succès de sa mise en œuvre. Lerapport analyse également les liens entrel’infrastructure et les principaux secteurs deproduction de l’économie à fort potentiel decroissance, dont l’extraction minière, l’agriculturecommerciale et certains créneaux spécifiques ausein du secteur de l’industrie. Cet angle d’analysepeut être utilisé dans d’autres pays pour traduireles objectifs généraux de développement del’infrastructure, tels qu’énoncés dans les DSRPou d’autres plans de développement nationaux,en programmes d’action concrets susceptiblesd’accélérer la croissance et l’intégrationéconomique. Les gouvernements seront ainsi

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mieux à même de mobiliser et mettre à profitl’appui financier et technique de la communautédes donateurs et des investisseurs internationaux.

Le rapport ouvre la voie à une série d’étudesnationales et régionales que la Banque africainede développement réalisera pour aider lesgouvernements des pays membres à identifier lesmesures qu’ils peuvent prendre individuellementou collectivement pour combler le retard accusédans le domaine de l’infrastructure et accélérerl’intégration de leurs économies. Appliqué à uneéchelle plus large, le cadre utilisé dans ce rapportcontribuera de façon notable à la réalisation de ceprogramme. Pour la BAD, une telle initiative a pourbut de renforcer sa capacité d’analyse de lasituation de chaque pays, de chaque régionafricaine et du continent dans son ensemble. C’estégalement un moyen pour la BAD de renforcerson rôle de Banque du savoir pour l’Afrique, auservice de l’ensemble du continent. Pour atteindrecet objectif majeur, la Banque entend accroître les

capacités de ses propres services et appuyer lesactions que déploient les gouvernements des paysmembres pour renforcer leurs capacités d’analyse,nécessaires pour améliorer l’élaboration despolitiques et traduire les stratégies nationales de développement en programmes d’actionconcrets. A l’instar de ce rapport sur le Burundi,ces programmes d’action pourront alors servir àformuler des activités à soutenir par lesgouvernements concernés, les donateurs et les investisseurs privés.

Aloysius Uche OrduVice-président des Opérations I, Programmespays, régionaux & politiques (ORVP)Groupe de la Banque africaine de développement

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Où trouver le rapport complet

Le rapport complet, ainsi que les annexes et les cartes, sont disponibles surle site Internet de la Banque africaine de développement, à l’adresse :

http://www.afdb.org/en/countries/east-africa/burundi/

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Sigles et abréviations

AAC Autorité de l’aviation civileBAD Banque africaine de développementCAE Communauté de l’Afrique de l’EstCEPT Construction, exploitation, propriété et transfertCET Construction, exploitation et transfertDSRP Document de stratégie pour la réduction de la pauvretéEAPP Pool énergétique d’Afrique de l’Est GWh Gigawattheurekm KilomètrekWh KilowattheureMW MegawattOACI Organisation de l’aviation civile internationalePIB Produit intérieur brutPPP Partenariat public-privéREGIDESO Régie de Production et de Distribution d’Eau et d’ÉlectricitéTM Tonne métriqueTR Taux de rentabilité

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Résumé analytique

Principales conclusions

En réponse au problème de pauvreté endémiqueau Burundi, le gouvernement s’est engagé à

accélérer la croissance économique du pays. Le présent rapport conclut qu’une améliorationsensible de l’infrastructure est critique pour réussirla transition vers une croissance économiquedurable de 6 à 7 % par an en valeur réelle. Un Programme d’action concerté sera nécessairependant les deux prochaines décennies pourcombler le grave retard infrastructurel dont souffrentactuellement les secteurs burundais de l’électricité,des transports et des communications. Le projetde Programme d’action pour l’infrastructureprésenté dans ce rapport est construit autour detrois objectifs majeurs :

• Accroître les investissements en infrastructurepour assurer un meilleur accès aux services,réduire les coûts et renforcer la fiabilité de cesservices, afin d’éliminer certains des obstaclesprincipaux à une croissance économiquedynamique et durable. Le Programme d’actionpour l’infrastructure de base, dont la mise enœuvre devrait s’étaler sur les deux prochainesdécennies, coûterait 4,6 milliards de dollars EUà prix constants 2007. En outre, 1,2 milliardde dollars seraient affectés à la maintenancedans ces trois secteurs.

• Le programme de 5,8 milliards de dollars EUau total créera de nombreuses opportunitésde développement du secteur privé national.Pour déclencher une réaction forte de l’offreintérieure face à cet ambitieux programme, et assurer une croissance économiquesoutenue de 6 à 7 % par an, le gouvernementdevra concevoir et exécuter des programmesexhaustifs visant le développement des petiteset moyennes entreprises et le renforcementdes compétences sur le marché du travail. Cesdeux volets sont des compléments essentielsau programme d’action pour l’infrastructure.

• La mise en place du Plan d’action proposéexigera de prêter une attention accrue à lacoordination, au sein du gouvernement, desprogrammes portant sur l’électricité, lestransports et les communications. Elle requerraégalement une coopération étroite entre legouvernement et la communauté des donateurs

lors de la conception et de la mise en place deces programmes. Une coordination renforcéepourra améliorer l’harmonisation desinvestissements avec les priorités nationales et régionales, et accroître l’efficience globale duprocessus de développement au Burundi.

Il importe de souligner qu’investir quelque 5,8 milliards de dollars EU au cours des deuxprochaines décennies sera nécessaire pourpermettre au pays d’atteindre ses objectifs actuelsen matière de développement des infrastructures.Le programme proposé jettera également les basesnécessaires pour l’exploitation du nickel au coursde la décennie à venir, ce qui pourrait se traduirepar de substantielles retombées supplémentairespour le pays.

Un déficit d’infrastructure

important

Quel que soit le degré de couverture desinfrastructures – densité des réseaux routier et téléphonique, capacité de productiond’électricité, ou couverture des services – leBurundi affiche un retard par rapport à la plupartdes autres groupements régionaux dans lemonde. Il est également devancé par d’autrespays membres de la CAE en ce qui concernel’accès aux services d’infrastructure de base. La population burundaise vit à environ 90 % dansles zones rurales et malgré l’importance del’agriculture, seule une fraction de la populationrurale a accès aux routes praticables en toutessaisons. La densité du réseau routier dans leszones de terre arable est nettement moins élevéeau Burundi qu’ailleurs en Afrique et dans d’autrespays à faible revenu. De même, à peine 2 % dela population burundaise ont accès à l’électricité– chiffre qui s’élève à 16 % pour l’Afriquesubsaharienne et à 41 % dans d’autres pays endéveloppement à faible revenu. Le Burundi estégalement en retard en ce qui concerne la densitédes réseaux de téléphonie fixe et mobile, ainsique pour l’accès à Internet. Avec un taux decouverture de 3 % de la population, la densitédes réseaux de télécommunications reste faible

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et plus de 90 % des abonnés sont concentrés dansles zones urbaines. Au Burundi, l’accès à l’eau salubreet à l’assainissement est globalement comparable àla situation dans d’autres pays à faible revenu.

Non seulement l’accès aux services d’infrastructureest limité, mais le mauvais état des infrastructures setraduit par des coûts nettement plus élevés. Le prix des services peut représenter le double, voirele triple de celui pratiqué dans d’autres pays, ce quinuit encore à la compétitivité des entreprisesburundaises sur les marchés régionaux et mondiaux.Le coût et la mise à niveau de ces services affectentles opportunités commerciales des petits exploitantsagricoles, des entrepreneurs, et des entreprisespetites et grandes. Selon la plupart des enquêtesréalisées auprès des entreprises du Burundi, le coûtde l’électricité et la médiocre fiabilité du service sontle principal obstacle à la croissance del’investissement productif. Dans le secteur agricoleburundais, le coût des transports représente, enmoyenne, 35 % des prix à l’importation et 40 % desprix à l’exportation des produits agricoles. Pour latrès nombreuse population vivant de l’agriculture,coûts d’infrastructure élevés et manque d’accès sontdes entraves majeures à l’amélioration des revenuset du bien-être.

Principales composantes

du programme d’action

pour l’infrastructure

Le projet de Programme d’action pourl’infrastructure présenté dans ce rapport concerneles secteurs de l’électricité, des transports et descommunications. Les discussions avec legouvernement burundais ont confirmé les objectifsclés du Programme

Programme relatif au secteur

de l’électricité

Le programme proposé pour le secteur de l’électricité compte six objectifs principaux :

• Garantir l’accès des entreprises et desménages à un approvisionnement fiable enélectricité 24h/24 grâce à une augmentationdes investissements dans les capacités deproduction domestiques et régionales.

• Établir d’ici à 2015 un réseau national detransport et de distribution d’électricitédesservant 24h/24 les 15 capitalesprovinciales, à un coût raisonnable.

• Faire de la poursuite du développement dessources d’énergies nationales une priorité, afind’éviter de dépendre excessivement d’unapprovisionnement électrique de l’étranger. À l’heure actuelle, environ 45 % de l’offre électriquetotale est importée. La conception du Programmed’action vise à maintenir cette dépendance àmoins de 50 %, autour des niveaux observésactuellement et ce, jusqu’en 2024, date quimarquerait le début d’une augmentation graduellede l’importation d’électricité

• Améliorer la gestion de la demande et réduireles pertes du système.

• Veiller à ce que la compagnie nationaled’électricité devienne une entité efficace et financièrement saine.

Pour satisfaire la demande attendue en électricité,la capacité de production électrique du Burundidevrait atteindre environ 600 MW d’ici à 2030,contre moins de 40 MW actuellement. Lescentrales électriques nationales et régionalesidentifiées et prévues au projet de Programmed’action suffiraient à couvrir les besoins du paysjusqu’au milieu des années 2020. À conditionqu’aucun grand projet minier ou industrielgourmand en électricité ne soit lancé d’ici là, ledéficit d’approvisionnement se creuserait pouratteindre environ 1 240 GWh en 2030 – le Burundiaurait donc besoin de 200 MW de capacitéadditionnelle pour satisfaire la demande nationale.Selon l’hypothèse sur laquelle se base leprogramme proposé, ce déficit sera compensépar l’importation d’électricité supplémentaire. À plus long terme, il faudra décider politiquements’il convient d’envisager la mise en place denouveaux sites de production hydroélectrique auBurundi afin de limiter la dépendance vis-à-vis del’électricité importée ou s’il est acceptable derenforcer cette dépendance. Si toute la capacitésupplémentaire nécessaire était domestique, en

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Stations hydro-électriques et grille de transmissionpour le Burundi

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2030, l’électricité nationale représenterait 75 %du total de la consommation. L’une des difficultésque pourraient poser ces sites domestiques résidedans le fait que l’électricité produite pourrait êtrenettement plus coûteuse que celle importéed’Éthiopie par le réseau EAPP. Le compromis entrele degré d’autonomie en termes d’alimentationélectrique et le coût de l’électricité – y compris leseffets de celui-ci sur la compétitivité des entreprisesdu Burundi – est analysé plus en détail au Chapitre 5.

La restructuration opérationnelle et financière encours de la REGIDESO est essentielle pour quela compagnie puisse jouer son rôle de sourceprincipale de financement pour le futur programmeélectrique. Grâce à une gestion financièreprudente, la compagnie pourrait devenir uneentreprise de grande envergure d’ici à 2030, dateà laquelle ses actifs devraient s’élever à environ1,6 milliard de dollars EU pour des revenusd’environ 300 millions de dollars EU par an (à prixconstants 2007). La hausse des flux de trésoreriedans les dix ans à venir permettrait aux usagersde l’exploitant de bénéficier en retour de certainsavantages tels que, à compter de 2016 environ,la baisse régulière du prix moyen du kWh, à moinsde 0,09 dollar EU . À compter de 2020 environ,l’exploitant serait à même de financer la majeurepartie du développement du secteur électrique dupays sur ressources propres et du recours prudentà des sources de financement commerciales.

Plan d’action pour le secteur

des transports

Le plan d’action proposé pour le secteur destransports vise principalement à baisser le coût destransports pour l’ensemble de l’économie et àaméliorer l’accès aux marchés locaux et internationaux. Le projet de programme privilégieles transports routiers et l’aviation civile, et prévoitégalement d’étudier la possibilité de prolonger leréseau ferroviaire tanzanien jusqu’au Burundi.

La modernisation et l’extension du réseau routierdu pays au cours des dix prochaines annéesconstituent la clé de voûte du programme relatifaux transports. Le projet envisage la réhabilitationet le revêtement du réseau autoroutier (1 950 km)avant 2020 et la modernisation des routesnationales à forte densité de trafic pour tenir comptede l’accroissement du trafic. D’ici à 2030, le réseauroutier urbain, estimé à 650 km actuellement, seraitétendu à environ 1 650 km, de façon à permettreaux 2,6 millions de citadins prévus alors d’être situésà moins de 500 mètres d’une route carrossable.L’autre composante majeure du programme prévoit,dans des zones agricoles clés, une améliorationdes réseaux secondaires provinciaux, commu -nautaires et locaux afin de faciliter l’accès auxmarchés de produits nationaux et internationaux etaux principaux intrants nécessaires à la production,

tels que les engrais. Parallèle -ment à la réhabilitation duréseau routier, le programmeprévoit d’en assurer l’entretiencourant en augmentantsensible ment les dotationsbudgétaires à cet effet.

L’aéroport international deBujumbura serait développéet modernisé, dans le butd’assurer, dans les cinqprochaines années, sa pleineconformité avec les normes et procédures de l’OACI pourle transport international depassagers et de fret. Cettemodernisation passerait parun programme de formation

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2010 2015 2020 2025 2030

Fret routier

Infrastructure et fret routiers

Source : divers tableaux Annexe VIII.

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du personnel et d’investissement dans l’in -frastructure à la suite duquel l’aéroport internationalserait certifié aux normes OACI. Ces améliorationspermettraient au Burundi d’attirer de grandescompagnies aériennes internationales (passagerset fret), créant ainsi des opportunités dedéveloppement du tourisme et du transport aériende produits d’exportation de valeur vers lesmarchés de l’Europe et du Moyen-Orient.

Les options concernant l’extension du chemin defer tanzanien jusqu’au Burundi ont également étérevues dans le cadre de cette étude. Il apparaîtque si les réserves de nickel de la région deMusongati (Burundi) sont exploitées dans le butd’en exporter le minerai (soit quatre millions detonnes) et que les sites miniers ont accès auchemin de fer, l’investissement que représentecette extension ferroviaire deviendrait alorsparticulièrement attrayant. Il existe toutefois unrisque que les investisseurs internationauxintéressés à promouvoir le site privilégient leraffinage du minerai à la mine avant d’expédier lemétal vers les marchés à l’exportation. Dans cecas, le volume de fret minier serait sensiblementmoins élevé – environ 50 000 TM de nickel métalpar an et une petite quantité de cobalt. Sur la basede l’évaluation des volumes de fret internationalnon lié aux activités minières à destination et enprovenance du Burundi dans les prochainesannées, il semblerait que l’extension ferroviaire nesoit pas économiquement viable à moins detransporter un grand volume de fret minier. Si l’unedes deux options était adoptée en l’absence dela mine, il est probable que l’exploitant du cheminde fer nécessiterait des subventions élevées. Le programme propose une nouvelle évaluationdes coûts et avantages d’une extension du chemin de fer tanzanien vers le Burundi.

Le projet de programme ferait baisser les coûtsdu transport pour l’ensemble de l’économie et améliorerait l’accès aux marchés locaux et internationaux. Les avantages d’une telle baissedans le cadre du programme seraientconséquents ; ainsi, au coût actuel du fret routier(au minimum 0,13 dollar EU par tonne/km),transporter une tonne d’engrais des ports kenyanset tanzaniens vers le Burundi coûte environ 230 dollars EU. Si le coût de transport baissait à

0,08 dollar EU par tonne/km (le taux en vigueurdans les deux pays voisins), le coût de fret del’engrais serait réduit de presque 100 dollars EU latonne. Ce type de baisse de coût peut avoir unimpact sensible sur la rentabilité de l’agriculture et d’autres activités commerciales.

Développement du réseau

de communications

Le programme de communications proposé viseune amélioration sensible de l’accès au réseau decommunications internationales, tout en jetant lesbases d’un réseau national qui offrira auxcommunautés et entreprises burundaises desservices voix et données à bas prix.

L’Afrique de l’Est est la seule région fortementpeuplée du monde à ne pas disposer d’un accèsau système international de câbles transocéaniques,mis en place depuis longtemps et qui permet unetransmission à bas coût des communications voixet données. Le Système de câbles sous-marinsd’Afrique de l’Est est en cours d’installation au largedu littoral est-africain, grâce au financement de laBanque mondiale et d’un consortium d’investisseursprivés. Sa mise en service est attendue pour 2010.Le Burundi serait relié à ce réseau decommunications international à bas prix via descâbles en fibre optique qui sont en ce moment posésau Kenya et au Rwanda. L’extension de ces câblesjusqu’à Bujumbura devrait être achevée pour juin 2010. De nouveaux développements étantdéjà en cours, le Burundi disposerait alors de quatrevoies d’accès à ce réseau de communicationsrégional et au câble sous-marin.

Dans ce contexte, les éléments clés du programmede communications se présentent comme suit :

• Développer de manière prioritaire un réseaude communications national de câbles en fibreoptique et micro-ondes, connecté au réseaurégional. Ce programme, déjà financé par laBanque mondiale, sera bientôt mis en œuvre.À son achèvement en 2012, un réseau de fibreoptique de 400 km aura été mis en place à travers le Burundi, ainsi qu’un réseau micro-

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Infrastructures de télécommunication proposéespour l’Afrique de l’Est

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ondes qui desservira certaines communautésspécifiques du pays.

• Lancer un programme ambitieux pourpermettre aux écoles, hôpitaux, universités,entreprises et communautés locales du paysd’accéder à ce réseau de communicationsinternationales à faible coût.

• Développer une série d’applications (incluantgouvernement électronique, commerce enligne, écoles en ligne, et santé en ligne) et finaliser l’élaboration en cours du cadrelégislatif pour l’industrie des communicationset du cadre réglementaire correspondant pourla sécurité en ligne, la fraude, la protection dela vie privée et des données personnelles et les droits de la propriété intellectuelle.

• Promouvoir l’entrée sur tout le marché nationalde nouveaux fournisseurs de services decommunications du secteur privé pour garantirconcurrence et qualité de service.

Un tel réseau national permettrait auxcommunautés, aux entreprises et à une largegamme d’institutions à travers le pays de pouvoircommuniquer à bas prix dans le pays, la région et le reste du monde. Les communautés ruralesdevraient bénéficier de ce programme autant queles populations urbaines. D’après la Banquemondiale, par exemple, les revenus des producteursagricoles pourraient augmenter d’environ 9 % grâceà l’utilisation de la téléphonie mobile.

Renforcement des capacités humaines et institutionnelles

Compte tenu de l’ampleur du programme proposé à exécuter dans les deux décennies àvenir, le Burundi devra réaliser un investissement important pour renforcer les capacités nationalesafin de gérer le programme et réaliser le plein potentiel des services qu’il sera à même defournir. Le programme de renforcement des capacités est constitué de quatre composantes spécifiques :

• Renforcer les capacités des ministèresindividuels pour la conception et la mise en

œuvre de projets, en incluant par exemple lesmodalités d’approvisionnement et desupervision des sites. Ces programmes revêtentune importance particulière pour les ministèrescharges de l’électricité et des transports.

• Renforcer et restructurer les modalités decontrôle et de réglementation des secteurs del’électricité, des transports et descommunications, compte tenu des mutationsstructurelles majeures qu’entraînerait leProgramme d’action proposé. Dans le cas descommunications par exemple, le programmepermettrait la transition vers un régime neutreen ce qui concerne la réglementation destechnologies et des services.

• Renforcer les capacités de collecte régulièreet d’analyse des données de sondage pources trois secteurs. Dans le cas des transportsroutiers par exemple, les enquêtes d’opinion àl’intention des prestataires de service detransports fourniront des informations de basesur l’évolution de la fréquentation des passagerset des volumes de fret, sur les coûts de lafourniture des services et sur le prix des servicesofferts au public. Des enquêtes régulièresportant sur la circulation routière serontnécessaires pour évaluer l’entretien des routessur la durée et les besoins de modernisation.

• Adopter des normes appropriées pour laconstruction d’infrastructure et la formation detravailleurs qualifiés pour ces secteurs. Lorsquedes normes spécifiques existent pour lesautoroutes à deux voies revêtues, par exemple,la communauté des donateurs peut alors s’assurerque les projets qu’elle finance sont bien conformes.De la même manière, des normes précises sontnécessaires pour les institutions accréditées quiforment les artisans et mains-d’œuvre qualifiéscomme les électriciens. Lors de l’élaboration deces normes, une attention particulière devra êtreaccordée aux besoins de la CAE et à leur évolution.

Le projet de programme apporterait un appuinotable au renforcement de ces capacités et à unelarge gamme d’analyses techniques nécessairespour prendre des décisions éclairées pendant les premières phases du programme. Le lancementde ces programmes de renforcement de capacitésest considéré comme extrêmement urgent.

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Des investissements

conséquents requis

pour l’infrastructure

Dépenses de développement

Le Programme de base pour l’infrastructurenécessitera des dépenses de développement de4,6 milliards de dollars EU (à prix constants 2007)sur les 20 prochaines années. Si elle réussit, lamise en œuvre du programme proposé comblerala majeure partie du retard en infrastructure dontsouffre le Burundi par rapport à nombre d’autrespays en développement.

Pour le programme électrique, l’investissementserait d’environ 2 milliards de dollars EU, dont465 millions dans le secteur privé, pour accroîtreles sites de génération domestiques quivendraient l’électricité au réseau national. Le

programme routier nécessiterait quelque 2,1 milliards de dollars EU. Le programme dédiéà l’aviation civile comprend un accord departenariat public-privé (PPP) selon lequel lamodernisation et l’exploitation de l’aéroportet des services connexes seraient confiées à unou plusieurs prestataires privés. Le montant totaldes investissements requis pour le secteur del’aviation est estimé à 260 millions de dollars EUsur les 20 prochaines années. Le programmeprévoit environ 120 millions de dollars EU pourpoursuivre le développement du réseau nationalde communications et l’accès généralisé descommunautés à ce réseau.

Ces dépenses seront principalement affectéesà des équipements d’infrastructures tels que desréseaux routiers, des installations aéroportuaires,des centrales électriques et des lignes detransmission et de distribution, ainsi que desréseaux de communication. Environ 3 % desdépenses (170 millions de dollars EU) serviraient

au programme étendu d’initiativesde renforcement des capacités et d’études techniques prévuesdans le Plan d’action.

Les projections du coût del’extension ferroviaire, si elle étaitlancée, avoisinent 600 millions dedollars EU (à prix constants 2007),sans tenir compte du coût desextensions du chemin de fer versles sites miniers de la région deMusongati. Ce dernier coûtdevrait être pris en charge parl’exploitant de la mine si l’optiondu transport ferroviaire étaitadoptée. Il est proposé d’utiliserun accord de type PPP pourfinancer et exploiter le serviceferroviaire si le projet étaitaccepté. Un investissement publicpeu élevé servirait à financerdiverses études et à renforcer lescapacités gouvernementales desupervision et de réglementationdes services ferroviaires.

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2010-19 2020-30 TotalDépenses publiques

ÉlectricitéTransports

RoutesPortsAviation civileSous-total

CommunicationsTotal

Investissement privé associéÉlectricitéAviation civileCommunicationsTotal

Total

813

1,1391311

1,163

764

989156

1,009

1,577

2,1292816

2,17248

2,02428

1,80175

3,825

45819024

672

8553396

46524557

7672,695 1,896 4,592

Dépenses de développement pour le Programme de base pour l'infrastructure (en millions $ É-U à prix constants 2007)

Source : tableau 3.2

Page 17: Un plan d’action pour les infrastructures au Burundi · décennies à venir), il devrait permettre au Burundi de combler son retard en infrastructure par rapport aux autres pays

Dépenses d’entretien courant

La combinaison d’une guerre civile prolongée et de ressources financières publiques limitées aconduit à la détérioration de l’infrastructure debase du pays. Le programme en cours deréhabilitation de l’infrastructure et les propositions

visant à parachever cette réhabilitation dans lesdix ans à venir permettront de restaurer et d’améliorer ces installations. Le défi sera alorsd’accroître les dotations destinées à l’entretiencourant de cette infrastructure, afin de limiter lebesoin d’engager des dépenses supplémentairesélevées pour sa réhabilitation.

Le projet de Plan d’action pour l’infrastructureimplique pour les 20 ans à venir des dépensesd’entretien courant de 1,2 milliard de dollars EU,dont la majeure partie sera affectée à l’entretiende l’infrastructure électrique et routière. Commel’indique le tableau, ces estimations de dépensesd’entretien incluent des dépenses publiques, ainsique des dépenses du secteur privé pour lesinfrastructures électrique etaéronautique civile,

lesquelles seraient exploitées aux termes d’unpartenariat public-privé (PPP).

Le financement de l’entretien courant est trèsnettement augmenté dans le programme proposé.En ce qui concerne la composante publique, lesdépenses d’entretien s’établissent en moyenne à

25 millions de dollars EU par anpour les 10 prochaines années,contre environ 8 millions de dollarsEU par an actuellement pour lesdépenses d’entretien del’infrastructure des transports, del’électricité et descommunications. Dans les années2020, les dépenses d’entretienannuelles du secteur publicaccéléreraient pour atteindrequelque 85 millions de dollars EUen moyenne. Ces programmesd’entretien présenteront despossibilités commercialessignificatives pour les entrepriseslocales et créeront desnombreuses opportunités decréations d’emplois. Comme leprésent rapport l’indique ci-après,des mesures devront être prisestrès tôt pour assurer que lamain-d’œuvre (dans le secteur

de l’électricité par exemple)dispose des compétencesrequises pour ces programmes.

Modalités de financement

proposées

Les trois principales sources de financement duprogramme sont le Gouvernement burundais, y compris la compagnie nationale d’électricité et l’autorité aéroportuaire, la communauté desdonateurs et le secteur privé. Le gouvernementet les donateurs financent chacun la plus grandepartie du programme électrique mais la stratégievise à confier à des opérateurs privés la propriétéet l’exploitation des nouvelles centraleshydroélectriques nationales en projet. En ce qui

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2010-19 2020-30 TotalDépenses du secteur public

ÉlectricitéTransports

RoutesPortsAviation civileSous-total

CommunicationsTotal

Secteur privé associéÉlectricitéAviation civileCommunicationsTotal

Total

132

10543

112

409

1606

166

540

265103

2779

25319

59429

847

7933

4115

1538314

250

23211618

366368 844 1,212

Dépenses d'entretien courant dans le programme de base(en millions $ É-U à prix constants 2007)

Source : tableau en annexe - VI.5.

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concerne le programme routier, il serait financéà 80 % par les donateurs. Le programmed’aviation civile serait financé par le secteur privé,exception faite d’un faible montant provenant desdonateurs et du gouvernement pour lerenforcement requis des capacités humaines et institutionnelles. Au total, le programme seraitfinancé à 27 % par le gouvernement, à 56 % par les donateurs et à 17 % par le secteur privé.

Ces trois groupes sont soumis à des calendrierstrès différents pour le soutien qui leur est demandé.Au vu des ressources financières actuelles limitéesdu gouvernement, sa contribution au cours des dixpremières années ne représente qu’environ 21 %des dépenses publiques du programme, contreune contribution de 835 millions de dollars EU surles dix années suivantes, soit 46 % des dépensespubliques totales. Cette augmentation descapacités de financement public est attribuable àtrois facteurs. Comme nous l’avons mentionné plushaut, la position financière de la compagnied’électricité REGIDESO devrait nettements’améliorer dans les années à venir, à mesure del’augmentation du nombre de ses usagers. Selonles prévisions et les hypothèses du scénario debase présenté ci-après, elle devrait être en mesurede financer environ deux tiers des nouvellesdépenses d’équipement consacrées au secteurde l’électricité sur la période 2020-2030. En outre,

les capacités de financementde l’autorité aéroportuairedevraient être renforcéesgrâce à l’augmentation desservices aériens et desredevances d’atterrissage,de fret et de passagers.Troisièmement, leProgramme d’action proposépour l’infrastructure est basésur l’hypothèse quel’exploitation des gisementsde minerai de la région deMusongati débuterait en2017. Les recettes (impôt surle revenu et redevances)provenant de l’exploitationminière devraient s’élever à1,9 milliard de dollars EUenviron entre 2020 et 2030.

Grâce à une base financière renforcée, legouvernement pourrait également avoir recours,pour certaines composantes spécifiques duprogramme proposé, à des prêts à long termecontractés auprès d’agences internationales pour le développement.

Le montant financé par les donateurs devrait s’éleverà 1,40 milliard de dollars EU pour la période 2010-2019 et à 1, 2 milliard de dollars EU pour lesdix années suivantes. Pour la décennie à venir, lesbesoins en dons s’élèvent à une moyenne de 160millions de dollars EU par an. Selon la Banqueafricaine de développement (2009), le Burundi reçoitenviron 450 millions de dollars EU d’aide par an,toutes sources confondues. Le programmed’infrastructure proposé représenterait donc environun tiers de l’aide actuelle. Une allocation auxinfrastructures de cette ampleur n’a riend’exceptionnel et devrait bénéficier d’un large soutienchez les donateurs, compte tenu de l’importanceque ces derniers accordent à combler le grave retarddu Burundi en termes d’infrastructures. Pendant lesdix dernières années du programme, le financementpar les donateurs s’élèverait en moyenne à 100millions de dollars EU par an, soit environ 20 % du programme d’aide actuel.

Le gouvernement devra très tôt prendre les mesuresrequises pour convaincre la communauté des

Électricité

Privé

10%

23%

37%

40%

74%

16%

Donateurs

Gouvernement

Transports Communications

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

-(en

mill

ions

$ É

-U à

pri

x co

nsta

nts

2007

)

Modalités de financement du Programme de basepour l'infrastructure

Source : tableau 3.3

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donateurs d’apporter au Burundi un appui accruafin qu’il comble son retard infrastructurel. Au vude l’impact attendu du programme, présenté ci-après, sur la croissance et l’emploi, il est évidentque, associée à la promotion des amplesressources minières du pays au cours de laprochaine décennie, une hausse de l’investissementdans l’infrastructure pose les bases d’unecroissance économique soutenue (aux alentoursde 7 % par an pendant les deux décennies à venir),laquelle aurait un impact considérable sur le tauxde pauvreté dans le pays.

Valorisation des importantes

ressources minières

du Burundi

Le Burundi dispose d’importantes ressourcesminières, dont l’exploitation a toutefois été bloquéependant plusieurs années du fait de la guerre civile.Les incertitudes concernant les perspectives depromotion de ces ressources ont été aggravéespar l’absence d’infrastructure adéquate pourl’électricité et les transports. Selon le présentrapport, l’un des éléments clés de la stratégie visantà accélérer le développement du Burundi estl’exploitation de ses ressources minières,notamment des énormes gisements de nickel dupays, dont les réserves sont estimées à quelque285 millions de tonnes. Avec un gisement de latérited’environ 180 millions de tonnes (l’un des dix pluslarges gisements connus et non encore exploitésdans le monde), Musongati détient les réserves denickel les plus importantes. Le complexe deMusongati fait partie de la « ceinture de nickel » quis’étend du sud de la région centrale du Burundijusqu'au nord-est de la Tanzanie.

La promotion de ces ressources de nickel constitueun objectif majeur pour le gouvernement et plusieurssociétés étrangères ont manifesté leur intérêt à lesexplorer dans un but commercial. Le gouvernements’est récemment engagé dans une réforme ducadre juridique du secteur visant à rendre cesopportunités d’investissement plus intéressantespour les grands producteurs. Deux options

notamment ont été envisagées pour les activitésminières : l’exportation du minerai de nickel, et l’exportation de métal après raffinage sur site.Le premier scénario implique le transport d’environquatre millions de tonnes de minerai par an, de lamine jusqu’au port de Dar es-Salaam à partir duquelil serait acheminé vers des raffineries à l’étranger.De tels volumes nécessitent d’emprunter le réseauferroviaire tanzanien ; ce scénario dépend donc dela mise en œuvre de l’une des options étudiéespour l’extension du réseau ferré entre la Tanzanieet le Burundi et nécessite l’installation de voies versles sites miniers. Le second choix suppose leraffinage du minerai sur place puis le transport dumétal obtenu vers la côte en vue de son expéditionà l’étranger. En cas de raffinage in situ, les quantitésde métal à transporter annuellement seraient del’ordre de 50 000 tonnes. Le transport du métal parroute jusqu’au terminal ferroviaire de Kigoma seraitalors, selon les spécialistes du secteur, l’option à privilégier. L’hypothèse retenue dans le scénariode base du Plan d’action suppose que le gisementde Musongati sera développé et mis en serviceavant 2017, que le nickel et le cobalt seront raffinéssur place et que la société minière assurera ensuitele transport routier du métal raffiné jusqu’au terminalde Kigoma. Le coût du développement minier, horstransports et énergie, est estimé à environ 1,44 milliard de dollars EU.

Pour l’activité minière même, les besoins eninfrastructure sont importants. Le Plan d’action pourl’infrastructure aborde deux des principaux obstaclesau développement de l’industrie minière à savoir,d’une part, l’accès à une électricité à bas coût et, de l’autre, les modalités de l’importation deséquipements nécessaires au secteur minier et del’exportation des produits miniers vers les marchésinternationaux. La capacité installée nécessaire à lamine serait d’environ 75 MW, fournis par le réseaunational. Les nouvelles centrales hydroélectriquesprévues dans les 10 prochaines années suffiraientà répondre aux besoins de la mine lors de sonlancement en 2017. L’exploitation minière aégalement pour préalable une amélioration destransports et infrastructures liées, avec notammentla réhabilitation de la ligne ferroviaire reliant Dar es-Salaam à Kigoma et l’acquisition de locomotiveset wagons supplémentaires pour faire face àl’augmentation du fret généré par l’activité minière.

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Par ailleurs, une certaine remise à niveau desinstallations du port de Dar es-Salaam seranécessaire pour traiter les volumes élevés dematériel importé ainsi que les exportations demétaux. Le coût total de ces modernisations estestimé à environ 640 millions de dollars EU.

Le projet devrait se traduire par des bénéficesimportants. La société minière pourrait générerun revenu brut de 975 millions de dollars EU paran, pour un excédent net d’exploitation dequelque 600 millions de dollars EU. Les impôtset redevances à payer à l’État feront l’objet denégociations avec la société minière concernée.Dans le cadre du présent rapport, ils ont étéestimés à un peu moins de 200 millions de dollarsEU par an. Sur cette base, l’exploitation minièrepermettrait de dégager un revenu net annueld’environ 430 millions de dollars EU. Le TR duprojet est estimé à 23 %. Le rendement du capitalinvesti attendu devrait paraître attrayant aux yeuxdes investisseurs potentiels.

Bien évidemment, un certain nombred’incertitudes et de risques planent sur le projetproposé. Ainsi, le Burundi et la Tanzanie devrontcollaborer étroitement pour une bonnecoordination des plans de réhabilitation des lignesferroviaires existantes et pour être à même defaire face à la forte augmentation du volume dufret à destination et en provenance du port. Cesnégociations devront être menées en parallèle dediscussions avec les sociétés minièresinternationales ayant exprimé leur intérêt àexploiter les gisements. Par ailleurs, le taux derentabilité du projet est particulièrement sensibleaux variations du prix du nickel et, compte tenudes perspectives actuelles pour le marché dunickel, la promotion des gisements pourrait doncêtre moins rapide que prévu. Le récentaffaissement de l’économie mondiale et l’effondrement des prix qui l’a accompagné ontfortement affecté l’offre de nickel et, à travers lemonde, nombreux sont les projets à avoir été misen attente voire annulés. Au niveau actuel deproduction annuelle, les 50 000 tonnes de la minede Musongati représenteraient environ 3 % dumarché mondial (1,46 million de tonnes).

Nécessité d’un plan

pour la promotion

des entreprises

Le Plan d’action pour l’infrastructure et le projetconnexe d’exploitation de nickel créent desopportunités commerciales considérables.L’encadré ci-après en fait la synthèse pour un largeéventail d’activités, en premier lieu dans le secteuragricole, qui devra répondre à l’augmentation dela demande de produits alimentaires liée à l’injectiondans l’économie nationale de 100 millions de dollarsEU supplémentaires en traitements et salairesassociés au Programme d’action.

L’expérience de ces dernières années soulignel’importance d’une telle initiative de développementcommercial. Depuis 2004, on a observé une fortehausse des dépenses des donateurs pour laréhabilitation de l’infrastructure et des servicesconnexes aux termes des divers programmes encours. Parallèlement, les importations de biens deconsommation ont nettement augmenté, trèsprobablement du fait des capacités restreintes del’offre sur le marché local. Pour éviter que leProgramme proposé aboutisse simplement à uneaugmentation des importations ou comprime lesgoulets d’étranglement de l’offre, ce qui entraîneraitune hausse de l’inflation, gouvernement et donateursont un rôle important à jouer en prenant des mesurescomplémentaires visant à déclencher des réactionsfortes au sein de l’économie nationale.

Le présent rapport cite divers programmes dont legouvernement peut avoir l’initiative pour renforcerles capacités d’offre des entreprises locales, parmi lesquelles :

• Apporter une grande attention à l’élaborationde contrats de génie civil, d’entretien et defourniture d’autres biens et matériaux pouvantfaire l’objet d’un appel d’offres sur le marchélocal, conformément aux capacités locales del’offre. Avec le temps, la taille des contratslocaux visant la construction et l’entretien peutêtre augmentée pour aider à promouvoir la

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croissance des activités commerciales et descapacités d’externalisation.

• Améliorer l’accès des entreprises locales à l’équipement de construction à travers lacréation de pools d’équipement et/ou desociétés de location

• Mettre en place des centres d’affaires à traversle pays, lesquels peuvent renseigner lesentreprises locales dans des domaines telsque la soumission de dossiers d’appels d’offrespublics ou la demande de crédit de fonds de

roulement auprès du système bancaire, et lesformer en comptabilité ou autres compétencesprofessionnelles fondamentales.

• Élaborer des programmes de formation pourles compétences qui seront exigées dansle cadre des activités de construction et d’entretien. Une approche exhaustivesera nécessaire pour les professionsqualifiées comme les électriciens, pourlesquels le programme électrique créeraplusieurs milliers d’emplois. Le défi sera de

Nouvelles opportunités commerciales

Le Plan d’action pour l’infrastructure implique pour les 20 ans à venir des dépensesd’entretien et de développement d’environ 5,8 milliards $ É-U, dont quelque 80 % seront affectés aux services techniques, aux travaux de génie civil et à l’équipement,et le solde à la hausse des dépenses d’entretien. Le programme générera des opportunités commerciales massives au Burundi. Environ 2,3 milliards $ É-U serontconsacrés aux services de main-d’oeuvre – qualifiée, semi-qualifiée et non qualifiée.Cela représente annuellement 100 millions $ É-U en traitements et salaires versés parles prestataires et le gouvernement. Le défi sera d’assurer qu’une grande part de ce revenu est dépensée sur les biens et services disponibles au Burundi. Si la réaction del’offre intérieure est insuffisante, il sera au contraire consacré aux importations et lesprincipaux bénéficiaires seront les agents d’importation et le secteur du fret. Autre opportunité majeure : les 2,3 milliards $ É-U dépensés en bien divers, dont 1,8 milliardservira principalement à payer les matériaux de construction (ciment, barres d’arma-ture et autres matières premières telles l’agrégat nécessaire aux assiettes routières ou la céramique pour les bâtiments). L’offre locale pourra subvenir à certainsde ces besoins, et il sera possible d’en produire une quantité substantielle sur placegrâce aux matières premières importées. Les dépenses d’entretien concernent entreautres l’asphalte routier, unelarge gamme de pièces détachées pour le réseau électrique, les connexions domestiques, etc. Existera-t-il des opportunités pour lessecteurs du ciment, de la céramique ou de l’asphalte, par exemple ? Les équipements(1,2 milliard $ É-U) devront être importés, et créeront peu d’opportunités localement.

Type de service Dépenses dedéveloppement

Entretien Total

Serv. de main-d'oeuvre qualifiée et non qualifiée

Équipements

Biens

Total

1,548

1,233

1,811

4,592

756

-

456

1,212

2,304

1,233

2,267

5,804

Source : tableau 3.11.

Total des dépenses impliquées par le Programme d'actionpour l'infrastructure (en millions $ É-U)

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renforcer la capacité des institutions localesà dispenser les formations nécessaires, degarantir que lesdites formations satisfont à des normes acceptées par le secteur, de développer des processus decertification pour ces instituts de formation et d’introduire un système de licenceapproprié pour les personnes formées dansle cadre de ces programmes.

Impact significatif

du programme

sur l’économie

Au regard des incertitudes concernant lefinancement disponible pour le programmeproposé, selon que le projet minier est adopté et/ouque l’extension ferroviaire est économiquementjustifiée, le présent rapport analyse l’impactéconomique de diverses solutions éventuelles.Outre le scénario de base, le rapport étudie cinqscénarios alternatifs. Pour chacun de ces scénarios,un modèle macroéconomique simple est utilisé pourévaluer les implications pour la croissance et l’emploi

au Burundi. (Le modèle utilisé pour ces projectionsest décrit à l’Annexe VI du présent rapport.) Tous ces scénarios sont fondés sur l’hypothèseque la sécurité intérieure au Burundi continue des’améliorer et que la situation sociopolitique eststable, que les politiques macroéconomiques du gouvernement restent favorables et que leBurundi, avec l’aide des donateurs internationaux,progresse régulièrement en matière de réductionde la vulnérabilité au surendettement. Ils partentégalement du principe que des mesures sont prisespour améliorer le climat des affaires et del’investissement et que l’offre intérieure réagitfortement face au projet de Plan d’action pour l’infrastructure.

Impact économique à court terme

Selon le rapport, le regain de croissanceencourageant observé récemment peut sepoursuivre à court et à moyen terme. Cetteamélioration de la performance économiquedécoule en partie d’un appui des donateurs,nettement renforcé pour réhabiliter lesinfrastructures économiques et services connexes.Les recettes à l’exportation ne représentant que 8% environ de la demande totale au Burundi, le repli

Scénario Description du scénario

Programme ou projet inclus dans le scénario

Poursuite de lastratégie

actuelle dedéveloppement

Plan d'action pour l'infrastructureProjet

d'exploitationdu nickel

Extensionferroviairejusqu'auBurundi

Avec une partd'investissement

public

Avec une partd'investissement

privé

A Scénario de base Oui Oui Oui Oui Non

BMise en oeuvre du Plan d'action

de base pour l'infrastructureOui Oui Oui Non Non

CIndisponibilité du financement

privé pour le Plan d'actionOui Oui Non Non Non

DFinancement public du Pland'action disponible à 50%

OuiMise en oeuvre du

Plan d'action à 50%Non Non Non

EFinancement public du Pland'action disponible à 20%

OuiMise en oeuvre du

Plan d'action à 20%Non Non Non

FMise en oeuvre du scénario debase avec extension ferroviaire

Oui Oui Oui Oui Oui

Source : Tableau 3.1.

Description des divers scénarios envisagés dans le présent rapport

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de l’activité mondiale ne devrait avoir qu’un impactlimité sur l’économie nationale. C’est en grandepartie du niveau de la demande intérieure et desréactions connexes de l’offre que dépendra lacroissance au cours des quelques années à venir.Même en l’absence de nouvelles initiatives depolitique domestique, les dépenses publiquesd’investissement devraient augmenter fortementjusqu’en 2011 environ, du fait des grands travauxen cours, financés par les donateurs, deréhabilitation de l’infrastructure. Cela étant, cesprojets seront achevés aux alentours de 2014 et les dépenses leur correspondant devraient doncconnaître un repli brutal à compter de 2012. Selonl’analyse d’impact du programme de réhabilitationde l’infrastructure en cours, la croissance réelle duPIB pourrait s’établir aux environs de 4 % en 2009,et augmenter à quelque 5 % par an en 2010 et 2011. Avec le ralentissement dudit programmeà compter de 2011, la croissance annuelle pourraitreculer à environ 4 % en 2013-2014. Des retardsconséquents dans la mise en œuvre du programmefinancé par les donateurs auraient pour effet deralentir la croissance économique à court terme.

D’après cette évaluation des perspectiveséconomiques à court terme, il ressort notammentque des efforts d’amélioration des infrastructuresde base au Burundi peuvent soutenir la croissanceà court terme, tout en jetant les bases d’unecroissance économique solide pour les deuxprochaines décennies.

Impact du scénario de base

à plus long terme

Le scénario de base inclut le Programme de basepour l’infrastructure et le projet d’exploitation minièredu nickel. Dans le cadre de ce scénario, lesretombées économiques pour le Burundi seraientconsidérables, au nombre desquelles figurent :

• Une croissance durable de l’économienationale, qui se traduirait par des opportunitésd’affaires et une hausse des revenus. Le PIBréel augmenterait d’environ 7,2 % par anpendant les deux prochaines décennies.

Indicateur

Scénarios

A B C D E F

Scénario debase

Mise en oeuvre duprogramme de

base pourl'infrastructure

Indisponibilitédu financement

privé pour lePlan d'action

Financement publicdu Plan d'actiondisponible à 50%

seulement

Financement publicdu Plan d'actiondisponible à 20%

seulement

Mise en oeuvredu scénario de

base et del'extensionferroviaire

Population en 2030 (millions)Taux de croissance de la pop. (% p.a., 2010-30)

14,12,6

14,12,6

14,12,6

14,12,6

14,12,6

14,12,6

PIB en 2030 (millions $ É-U)Taux de croissance du PIB (% p.a., 2010-30)PIB par habitant en 2030 ($ É-U)

4 5607,2324

3 8956,4277

3 7456,2266

3 3135,6236

2 8684,8204

4 7217,4336

Nouveaux inv. du Plan d'action (millions $ É-U)PublicPrivé

3 825767

3 825767

3 825-

1 890-

760-

3 8331 532

Investissement fixe total (en % du PIB)PublicPrivéTotal

14,212,927,1

15,89,625,4

16,47,7

24,1

12,98,421,3

10,59,2

19,7

13,914,328,2

Composition du PIB en 2030 (%)AgricultureExploitation minièreIndustrie (hors expl. minière)Services

16,114,823,046,1

18,90,226,954,0

19,70,2

26,553,6

21,40,225,752,7

23,00,323,453,3

15,614,323,346,8

Principales conséquences des scénarios de base et alternatifs (PIB à prix constants 2007)

Source : modèle macroéconomique présenté à l'Annexe VI. Remarques : (i) les nouveaux investissements du Plan d'action sont le total requispour 2010-2030, et (ii) l'investissement fixe en % du PIB est la moyenne calculée sur 2010-2030.

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De 1 milliard de dollars EU actuellement,l’économie atteindrait 4,6 milliards de dollarsEU (à prix constants 2007) en 2030, soit unniveau comparable au PIB actuel du Bénin etde Madagascar. Pour une large gamme debiens et services, le marché intérieur aurait unetaille suffisante pour offrir de nombreusesopportunités aux investisseurs nationaux etétrangers. Le PIB par habitant augmenteraitde 4,5 % par an, pour atteindre environ 325de dollars EU en 2030 (à prix constants 2007).Une telle croissance des revenuscommencerait à avoir un impact sensible surl’incidence de la pauvreté dans le pays,puisqu’un nombre non négligeable depersonnes, juste en dessous du seuil depauvreté ou à la limite, sortiraient de la zone « officielle » de pauvreté ; cela étant, ellesseraient encore, pour beaucoup, vulnérablesaux revers économiques dus à la sécheresseou à d’autres perturbations.

• Des opportunités accrues d’emploi productif.L’emploi non agricole afficherait un essor de 6 % par an. Au cours des 20 années à venir,quelque 1,3 million d’emplois seraient créésdans le secteur non agricole, en grande partiedans les zones urbaines – soit presque la moitiédes 2,7 millions des actifs entrés sur le marchédu travail pendant cette période. La part del’agriculture dans l’emploi total reculeraitprogressivement à environ 70 % de la main-d’œuvre avant 2030. À cette date, l’industrie(exploitation minière comprise) et les servicesdevraient respectivement employer presque10 % et environ 20 % de la population active.

• Meilleur accès aux services d’infrastructure,dont le coût baisse. Cette forte croissancedurable de l’économie et de l’emploi découledes investissements considérables prévus parle Plan d’action dans l’infrastructure de base.Grâce à un approvisionnement électrique plusfiable et à des services de transports et decommunications améliorés et moins chers,l’environnement des entreprises et lesperspectives d’investissement sont plusfavorables pour le secteur privé et renforcentla compétitivité internationale du Burundi.

• Des recettes fiscales accrues et des servicespublics étendus. L’association d’unecroissance économique solide et du lancement

de l’exploitation minière aurait un effet majeursur les recettes publiques. À l’heure actuelle,celles-ci ressortent à 200 millions de dollarsEU environ par an (aux prix actuels), soit à peuprès 19 % du PIB. Selon les projections à longterme du FMI (qui ne tiennent pas compte duprojet d’exploitation de nickel), elles devraientconstituer 21 % du PIB dans les années 2020.Si le projet de mine de nickel se concrétisaiten 2017 comme suggéré, les revenus annuelsdu gouvernement atteindraient autour de 1 million de dollars EU en 2030 (à prixconstants 2007). Une telle perspective (180millions de dollars EU de revenussupplémentaires par an, à prix constants 2007)à compter de 2017 permettrait au Burundi desurmonter les difficultés liées ausurendettement et d’améliorer son accès auxmarchés financiers internationaux pour diverstypes de PPP exigeant un financement privé.

Les scénarios alternatifs

Le tableau ci-avant résume les conséquences dechacun des cinq scénarios alternatifs envisagésdans le présent rapport et les compare auscénario de base. Plusieurs points clés émergentde cette analyse :

• Si le projet d’exploitation du nickel étaitabandonné mais que le Programme de base pourl’infrastructure était exécuté en totalité (scénarioB), la croissance annuelle du PIB serait d’environ6,4 % pendant les 20 prochaines années – celasuffirait à créer nombre d’emplois productifs et à améliorer les revenus et la productivité dansles zones urbaines et rurales, tout en contribuantà une nette réduction du taux de pauvreté dansle pays. Le principal impact économique seraitune forte chute des revenus à l’exportation et des recettes publiques.

• Si les secteurs de l’électricité et de l’aviationne bénéficiaient d’aucun investissement privé(scénario C), on noterait de nouveau un légerdéclin de la croissance, le PIB augmentantalors de 6,2 % en moyenne sur le mêmeintervalle. Cette baisse de croissance seraitlimitée car l’on suppose que l’électricité requisepour répondre à la demande serait importée

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par le réseau EAPP. Cela implique que, d’ici à 2030, l’électricité importée représente 90 %de l’offre totale au Burundi.

• Selon les scénarios D et E, la part del’investissement public dans le programmeproposé passe de 3,8 à moins de 1 milliard dedollars EU sur les deux décennies à venir. La croissance économique ralentiraitbrutalement. Dans le Scénario E, la croissancedu PIB serait inférieure de plus de deux pointsde pourcentage à celle prévue dans le scénariode base. L’économie ne générerait pas assezd’emplois productifs pour absorber lesnouveaux entrants sur le marché du travail. En conséquence, le chômage risqueraitd’augmenter dans les zones urbaines,notamment parmi les jeunes. De plus, unnombre nettement plus élevé d’actifs resteraitdans le secteur agricole, dont la productivitéest inférieure. Certes, le taux de pauvreté dupays pourrait baisser aux termes de ce scénario,mais le nombre total de personnes vivant dansla pauvreté absolue accuserait une augmentationnotable sur les deux décennies à venir.

• Selon le scénario F, l’une des extensionsferroviaires vers le Burundi est mise en œuvremais c’est le projet de raffinage du minerai surplace qui est adopté pour l’exploitation denickel. En l’absence des exportations annuellesde quatre millions de tonnes de minerai,l’impact économique de l’extension ferroviaireest modeste et la croissance du PIB n’est guèreplus élevée que dans le scénario de base. Deplus, selon ce scénario, d’importantessubventions publiques risquent d’êtrenécessaires pour exploiter le réseau ferré du Burundi.

Principales questions

de politiques

pour le gouvernement

Le présent rapport a identifié un certain nombre dequestions de politiques majeures que legouvernement et la communauté des donateursdevront étudier, parmi lesquelles :

• L’importance pour le gouvernement et la communauté des donateurs deprendre tôt les mesures nécessaires pourappuyer le Programme d’action pourl’infrastructure proposé.

• Le rôle du financement privé pour ledéveloppement de l’infrastructure dans lecadre de PPP ou d’autres types d’accords, et ses implications pour le Burundi.

• La diligence nécessaire pour faire avancer leprojet d’exploitation minière du nickel.

• Les questions relatives à la viabilité économiquede l’extension ferroviaire en l’absence de fret minier.

• Le degré acceptable de dépendance vis-à-visde l’électricité importée.

Mesures à prendre rapidement

concernant le programme

de base pour l’infrastructure

Il est important que le Burundi préserve la dynamiquede croissance actuelle que génère l’appui solideaccordé par les donateurs à la réhabilitation del’infrastructure. Un lancement rapide du Programmed’action pour l’Infrastructure requiert que legouvernement la communauté des donateursprennent plusieurs décisions quant à la conceptionde programmes et projets particuliers et auxmodalités de financement de ces activités. Un degréd’urgence est associé à certaines de ces décisionscar la mise en œuvre de plusieurs éléments-clés duprogramme doit commencer dès 2010 si l’on veutatteindre les objectifs mentionnés plus haut pour lessecteurs de l’électricité et des transports et préserverla dynamique de croissance économique actuelle.Il sera nécessaire de mobiliser environ 620 millionde dollars EU au total pour les activités dont le coupd’envoi est prévu dans les cinq premières années(2010-2014) du programme proposé.

Dans le cas du programme d’électricité pour 2010-2014, la conception d’initiatives derenforcement des capacités et d’études techniques,pour 28 millions de dollars EU, doit être affinée pourfinaliser les modalités de financement. Desdiscussions sont en cours avec les donateurs

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et les investisseurs privés sur le financement de laconstruction, durant les cinq prochaines années,de capacités de génération supplémentaires(presque 200 millions de dollars EU). Toutefois, lesnégociations concernant la mise en œuvre et lesmodalités de financement du réseau detransmission et de distribution et les connexionsclient associées pour les cinq prochaines annéessont moins avancées. Le financement nécessaireest estimé au total à 107 millions de dollars EU.Quant aux infrastructures des transports routiers,un financement supplémentaire d’environ 265millions de dollars EU est requis pour la période2010-2014. Il inclut 30 millions de dollars EU pourla construction de nouvelles capacités et les étudestechniques prévues, et 235 millions de dollars EUpour l’investissement en équipement, notammentpour le réseau autoroutier et le lancement del’extension du réseau de routes urbaines. Le programme d’aviation civile requiert 8 millionsde dollars EU pour le renforcement des capacitéset les études techniques, ainsi que les travaux deconception détaillée d’un aéroport internationalmodernisé et la préparation nécessaire pourmobiliser le financement privé dudit projet. Des montants plus modestes doivent égalementêtre collectés pour remplacer les équipements duPort de Bujumbura et pour étudier plus avant lesoptions relatives à l’extension ferroviaire jusqu’auBurundi. Le financement supplémentaire requispour le secteur des communications est là aussimodeste : environ 3 millions de dollars EU pour lerenforcement des capacités à compter de 2012,date à laquelle le projet en cours de la Banquemondiale touchera à sa fin.

Mobiliser des fonds privés

pour l’infrastructure

Le Plan d’action proposé implique un recours accruà des accords de type PPP pour mobiliser les fondsnécessaires auprès du secteur privé. En général,accéder à des fonds privés par le biais de ce genred’accord permet à un gouvernement d’éviter ou dereporter certaines dépenses publiques en infrastructuresans pour autant tirer un trait sur leurs avantages. Pourgérer les risques associés aux PPP proposés et garantirqu’ils fournissent efficacement des services

d’infrastructure de haute qualité, le Gouvernementdevra accorder une grande attention aux trois sourcesde préoccupations suivantes : i) le cadre juridiquerégissant les PPP ; ii) les procédures de sélection et de mise en œuvre des PPP, y compris le rôle desagences publiques compétentes ; et iii) les obligationscontractuelles sur lesquelles sont fondés les PPP et dont dépend directement le risque budgétaire pour le gouvernement.

La contribution des investisseurs privés auxprogrammes de l’électricité, de l’aviation civile et, s’il est adopté, de l’extension ferroviaire versle Burundi, est basée sur l’hypothèse qu’il serapossible de former des partenariats public-privépour chacune de ces activités en recourant auxformats CET, CEPT ou autres techniques deprivatisation similaires. Au total, un financementprivé de 1,4 milliard de dollars EU seraitnécessaire pour les PPP dans ces troissecteurs. Ce chiffre ne tient pas compte desquelque 670 millions de dollars EU requis pourrelier les mines au chemin de fer ; l’on part duprincipe que la compagnie minière financeraitet construirait ces voies, si le projet étaitadopté. La majeure partie du financement privépour ces programmes devra être disponibledans les 10 premières années.

Ces accords de type PPP impliquent en généralpour les prestataires privés une portion nonnégligeable de financement par emprunt. La difficulté dans ce type de projet sera de protéger les prêteurs contre le risquesouverain, qui inclut entre autres le risque dedéfaut, le non-respect des clauses contractuellesde l’emprunt, la disponibilité des devises ou leurconvertibilité et l’expropriation. La question durisque souverain est particulièrement importantepour le Burundi, compte tenu de sa vulnérabilitéen matière de surendettement. Dans le cadre dela mobilisation nécessaire du financement privépar emprunt, les donateurs pourraient devoirenvisager d’exiger une forme de garantie.L’élaboration de ces accords de PPPreprésentera pendant les cinq années à venir une charge de travail substantielle, pourlaquelle le Burundi aura besoin d’avoir accès en amont à des services juridiques et techniques expérimentés.

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Mise en œuvre du projet

d’exploitation minière de nickel

Si les investisseurs privés souhaitent lancer le projetd’exploitation de nickel, le gouvernement devranégocier les termes et conditions de cetinvestissement avec un ou plusieurs investisseurspotentiels. Le coût en capital de la promotion dusite minier est estimé à 1,4 milliard de dollars EUenviron, plus 600 à 700 millions de dollars EU definancement public pour augmenter la capacitéferroviaire de la TRC en Tanzanie et améliorer lesinstallations au port de Dar es-Salaam. Legouvernement devra réunir une équipe juridique et technique expérimentée pour ces négociationset pourrait avoir besoin des conseils et del’assistance d’un donateur à cet égard. Sil’exploitation minière était lancée et le financementprivé mobilisé, les recettes annuelles de 200 millionsde dollars EU en taxes et redevancescontribueraient sensiblement à améliorer la situationfinancière du gouvernement et à réduire lavulnérabilité du Burundi face au surendettement.

Évaluation de la viabilité

d’une extension ferroviaire

jusqu’au Burundi

Un élément important qui émerge de cette étudeconsiste en une série de questions portant surl’extension du chemin de fer tanzanien jusqu’auBurundi. S’il n’est pas possible d’acheminer parrail le fret généré par l’exploitation minière du nickelau Burundi, les volumes de fret associés aucommerce régulier semblent insuffisants pourjustifier un tel investissement dans les 20prochaines années. Si raffiner le métal sur le sitede la mine est l’option la plus attrayante pour lesinvestisseurs potentiels, l’alternative, qui consiste,pour un coût peut-être plus élevé, à utiliser unsystème ferroviaire au Burundi pour les servicesliés au fret minier, pourrait ne générer que peud’intérêt. Une analyse plus poussée de cesoptions est requise avant que le gouvernementpuisse prendre une décision définitive. Quoi qu’ilen soit, une coopération et une coordination

étroites seront nécessaires avec les autoritéstanzaniennes si l’exploitation minière est engagée,car le réseau ferroviaire tanzanien serait utilisé pourtransporter le métal de Kigoma jusqu’au port deDar es-Salaam. C’est également par chemin de ferque seraient transportées 600 000 tonnes deproduits chimiques par an pour le fonctionnementde la raffinerie.

Autre point à étudier : le calendrier des initiatives àmettre en œuvre pour l’extension ferroviaire.Diverses études de faisabilité indiquent que le projetdevrait être lancé dans la prochaine décennie. Selonl’analyse réalisée pour le présent rapport, lelancement du Programme d’action pourl’infrastructure et le coup d’envoi, dans les 10 ansà venir, du développement de la mine, relèveraientles investissements public et privé à des niveauxqui, s’ils restent gérables, seront néanmoins élevéspar rapport au PIB du Burundi. Si l’extension duchemin de fer était démarrée en même temps,l’investissement représenterait plus de 80 % du PIBpendant plusieurs des 10 prochaines années.Compte tenu des capacités d’absorption limitéesde l’économie burundaise, ce niveaud’investissement pourrait remettre sérieusement enquestion la stabilité économique du pays. Il convientdonc d’accorder une grande attention àl’échelonnement de ces divers programmes pouréviter les pressions inflationnistes.

Degré de dépendance vis-à-vis

de l’électricité importée

L’analyse figurant dans le présent rapport signalel’émergence d’un déficit en électricité aux environsde 2024, date à laquelle le Burundi aurait besoind’avoir accès à une capacité supplémentaire de 200 MW pour satisfaire les besoins prévus dans ladeuxième moitié des années 2020. Répondre à cesbesoins par les centrales hydroélectriques localesimpliquerait des dépenses d’équipement de quelque400 millions $ É-U (à prix constants 2007). Unsupplément d’analyse est nécessaire pour déterminersi d’autres grands sites hydroélectriques sontdisponibles au Burundi pour satisfaire cette croissancecontinue de la demande. À plus long terme, il s’agirade décider politiquement s’il convient de développer

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de nouveaux sites nationaux afin de maintenir à unniveau conservateur la dépendance vis-à-vis del’électricité importée ou s’il est acceptable de renforcercette dépendance en recourant à l’offre du réseauEAPP. Une question supplémentaire concerne le coûtprobable des nouvelles sources d’approvisionnementdomestique par rapport aux importations d’unproducteur à bas coût tel que l’Éthiopie

Gérer les risques

et incertitudes liés

au programme

Mis en œuvre sur 20 ans, un programme de cetteenvergure est inévitablement confronté à certainsrisques et incertitudes, plus ou moins graves et plusou moins prévisibles. Nombre d’éventualitéspeuvent être envisagées, parmi lesquels des risquespolitiques majeurs tels que la détérioration de lasécurité intérieure du Burundi ou des troubles civilsdans les pays voisins, qui peuvent peser sur laperformance économique du pays et sur son attraiten tant que destination pour les investissementsprivés. Il existe également des risques liés àl’environnement international comme une fortehausse du prix du pétrole ou des matièrespremières, qui pourrait elle aussi peser sur lesinvestissements dans le pays.

Aux fins du présent rapport, les risques et incertitudes les plus pertinents à ce stadeconcernent la conception, le financement et la mise en œuvre du programme proposé.Parmi les questions les plus préoccupantesfigurent : i) la disponibilité des différents types definancements de projet nécessaires ; ii) la capacitédes agences gouvernementales du Burundi àgérer la formulation, la conception et la mise enœuvre du programme proposé, y compris lacapacité du pays à s’entendre avec d’autresmembres de la CAE sur les principaux élémentsde la coopération en vue du développement desréseaux et services d’infrastructures de la région; iii) l’adoption de politiques et programmes quipeuvent préserver la stabilité macroéconomiquemalgré la forte augmentation des dépenses

d’investissement au Burundi ; et iv) la conceptionet la mise en œuvre rapide de programmessoutenant une offre domestique solide sur lesmarchés des intrants et des produits. Pour gérerces risques, le gouvernement et la communautédes donateurs auront besoin de renforcer lesmécanismes de coordination pour les secteursde l’infrastructure, en commençant par lafinalisation et l’adoption précoces des plansdirecteurs suggérés pour lesdits secteurs. Desréunions régulières avec les donateurs pourraientalors être nécessaires pour suivre l’évolution dela mise en œuvre du programme.

Disponibilité des financements

Une pénurie de financement pourrait se traduirepar l’ajournement voire l’annulation de projetsspécifiques ou de composantes de projets. L’unedes premières préoccupations, par exemple, seraitun accord rapide avec de potentiels donateurs ouinvestisseurs privés sur les modalités definancement de la construction des nouvellescentrales électriques du Burundi et des centralesrégionales dont l’électricité serait partagée entre leBurundi et les États voisins. Un accord definancement obtenu tardivement pourrait avoir pourconséquence le report de la mise en service descentrales. Comme nous l’indiquons précédemment,des dépenses publiques insuffisantes pèseraientlourd sur la croissance globale de l’économie aucours des deux prochaines décennies. L’incapacitéà mobiliser des financements privés suffisants pourle Programme de base pour l’infrastructure auraitle même effet, à moins bien sûr que cette pénuriesoit compensée par une hausse des dons.

Retards d’exécution

Un manque de capacités auprès des agencescompétentes pour superviser la conception et lamise en œuvre du programme pourrait entraînerdes dépassements de coûts, un report dulancement ou de l’achèvement de composantesspécifiques de projets, l’utilisation de matériaux dequalité insuffisante ou des activités de génie civilqui ne respectent pas le cahier des charges d’unecomposante de projet. Cela pourrait se traduire par

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un gaspillage de fonds publics ou par la détériorationprématurée d’un actif (tronçon routier ou ligne àhaute tension, par exemple) et, de ce fait, par uneforte hausse des dépenses d’entretien. Un autresujet de préoccupation concerne l’évaluationprécise de l’impact environnemental du programmeproposé, en tenant compte de l’exploitation de lamine de nickel et de l’élimination des déchetsprovenant de l’activité de raffinage. Le programmeproposé prévoit environ 170 millions de dollars EUd’appui technique pour divers aspects deconception et de mise en œuvre du programme.La conclusion rapide, avec la communauté desdonateurs, d’un accord concernant cescomposantes spécifiques contribuera de façonessentielle au lancement effectif du Plan d’actionpour l’infrastructure.

Quant aux projets et programmes exigeant unecoopération régionale, des difficultés à s’entendresur les conditions générales pourraient retarderl’attribution des contrats pour des projetsspécifiques. Le projet d’extension ferroviaire de laTanzanie vers le Burundi, s’il est adopté, nécessiterades négociations d’envergure sur les modalités departage de ses coûts et avantages. Une partimportante des investissements découle du besoind’améliorer le réseau ferré en Tanzanie et de créerdes installations portuaires destinées au chargementdu minerai et du métal et au déchargement desfournitures minières.

Questions de politique

macroéconomique

Aux niveaux proposés, l’investissement pourraitpeser sur la situation macroéconomique, avec parexemple une insuffisance de main-d’œuvre qualifiéeet semi-qualifiée (qui se traduirait par des pressionsinflationnistes sur les salaires) ou l’exclusion pourl’investissement privé de tout domaine d’affectationautre que ceux du Plan d’action. Au total,l’investissement non minier représentera environ35 % du PIB au plus fort du programme (2014-2016). En tenant compte de l’investissementminier à cette même période, les investissementsse situeront aux alentours de 65 % du PIB. Il estimportant que la prochaine phase du Plan d’action

intègre un travail de conception détailléecomportant les programmes et politiquesnécessaires pour gérer ces pressions potentielles.Cela exigera qu’attention particulière soit portéeà trois aspects du programme : i) la mobilisationrapide des fonds publics et privés nécessaires ;ii) le renforcement des capacités pour une mise

en œuvre effective du programme ; et iii) unegestion efficace de l’impact macroéconomique duprogramme, avec notamment des mesures prisesen amont pour développer les compétencesrequises au sein de la main-d’œuvre.

Une réaction insuffisante

de l’offre nationale

Si les capacités commerciales domestiques nepouvaient pas être renforcées rapidement, il està craindre que l’économie nationale soit privéede larges sommes – paiements à l’importationet rapatriements de fonds, par exemple. Un aspect particulier de la concurrence desimportations est lié à l’entrée récente du Burundidans la Communauté de l’Afrique de l’Est. Cetteadhésion implique de s’engager à baisser et éliminer, avant 2010, les tarifs douaniers surune large gamme de produits au sein de la CAE.Les producteurs burundais risquent donc defaire face à une dure concurrence de la part desgrands États membres exportateurs.Parallèlement, être membre implique uneattention accrue à l’harmonisation despolitiques, règles et normes en cours d’adoptionpar la CAE, dont certaines comportent desimplications importantes pour la poursuite dudéveloppement des installations et servicesd’infrastructure au Burundi. Il est importantqu’un dialogue soit rapidement amorcé entre legouvernement et les donateurs intéressés àrenforcer ces capacités intérieures. Le suivirégulier des activités des entreprises et desdépenses à l’importation aidera à identifier lesobstacles qui entravent une réaction forte del’offre. Une coordination efficace des actionssera nécessaire entre le gouvernement et les donateurs pour les programmes quisoutiennent le développement des entrepriseset la formation à certaines compétences.

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