un peu d'histoire… -...

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GUÉRET est un des rares chefs-lieux de département en France à posséder un monument Mémorial sur lequel sont gravés les noms de tous les Résistants et Déportés du département. Cette œuvre a été réalisée par un Comité au terme de dix années d'efforts, de 1974 à 1984, pour perpétuer le souvenir de tous ceux qui, en Creuse, ont sacrifié leur vie pour la libération de notre Patrie. CONSTITUTION et PREMIÈRES ACTIVITÉS DU COMITÉ . Le Comité du Mémorial fut crée sous l'impulsion et la direction de l'A.N.A.C.R de la creuse. Sa déclaration fut publiée au Journal Officiel le 15 janvier 1975. Le bureau du Comité se composait de Pierre LEYLAVERGNE (Président), Marc PARROTIN et Gabrielle THÉVENOT (secrétaires), Pierre BONAMOUR et Suzanne JAMET (trésoriers) Le Comité choisit comme architectes deux anciens résistants guérétois, Pierre FILLOUX des F.T.P et Marc VAUGELADE de l'A.S, qui fournirent bénévolement un travail considérable. Le choix du site pour l'édification du monument se révéla difficile, les avis étant partagés, cependant la ville de GUÉRET fut choisie comme lieu d'implantation. Le Maire proposa la petite rotonde située au bord de la future avenue Charles de Gaulle. Le Conseil Municipal adopta le projet le 25 mai 1976 et céda le terrain au Comité. Après une imposante réunion à la Mairie de Guéret le 16 juin 1977, la maquette définitive fut choisie le 23 février 1978 et le devis estimatif de 357.607 francs accepté. Le 29 juin 1978, le Préfet de la Creuse signa l'arrêté autorisant l'érection du Mémorial. Le Comité dut alors se préoccuper du financement. LE FINANCEMENT… UN RUDE PROBLÈME ! En mars 1977 avait été lancée une souscription publique par vente de billet à 5 frs. Une tapisserie d'Aubusson offerte par M. Raymond PICAUD, ancien résistant, récompensait un des souscripteurs désigné par tirage au sort le soir de l'inauguration du Mémorial. Des centaines de souscripteurs avaient versé leur obole dès 1977. D'autres rentrées de fonds intervinrent alors provenant des quêtes aux congrès d'associations, de versement d'anciens Résistants et de la vente de la première édition du livre "Le temps du maquis". Enfin, outre le Ministère des Anciens Combattants, le Conseil Régional, le Conseil Général et une centaine de municipalités creusoises, les Chambres Consulaires, le Crédit agricole et d'autres établissements privés apportèrent leur contribution. Ces fonds permirent de faire réaliser par Marius et Jules PATIÈS de Sardent les 15 dalles en granit du Compeix sur lesquelles devaient être gravés les plus de 560 noms du Martyrologe établi par l'auteur du "Temps du maquis" et adoptés à l'unanimité par les membres du Comité. La gravure des noms fut réalisée par un professionnel puis les lettres furent peintes par M. BALLETTINI d'Auzances. UN IMPRÉVU . En avril 1982, un premier sondage fut effectué sur le site mais la pelle mécanique descendit jusqu'à 5 m de profondeur sans atteindre le rocher. Le problème technique du bétonnage des fondations n'était pas simple à régler et le Comité manquait d'argent. Le pessimiste gagnait les membres du Comité lorsque disparut, en août 1983, Robert MAUMY, le sixième d'entre eux à mourir sans que l'œuvre ait été menée à son terme. Ils décidèrent alors d'attaquer le chantier eux-mêmes pour réaliser à moindre frais les fondations, qui nécessitèrent le creusement d'une fosse de 7 m de diamètre et 6,50 m de profondeur pour atteindre le roc et l'édification de 3 colonnes de buses de 1 m de diamètre, garnies de béton et de fer aciéré. Les membres du Comité du Mémorial, secondés par leurs camarades des Comités ANACR de Bourganeuf et de La Souterraine, rivalisèrent d'ardeur et d'efficacité : récupération de tonnes de ferraille , de poteaux EDF réformés cassés à la masse, réalisation des fondations spéciales, coffrage, ferraillage et bétonnage de l'ensemble, creusement de canalisations… Ils reçurent bien sûr des aides extérieures : un artisan, M. CHAUMEIX d'Auzances, accepta de couvrir l'opération et de participer aux travaux; les services techniques de la ville de Guéret, les secondèrent à chaque fois qu'ils en eurent besoin; le S.I.E.R.S de Dun-le-Palestel fournit une pelle mécanique sur chenilles; la carrière de St-Agnant-de- Versillat fournit et transporta le béton; les pompiers prêtèrent une pompe pour évacuer une nappe d'eau; quatre carrières fournirent gracieusement 250 tonnes de pierre brute ou du "tout-venant". MÉMORIAL DE LA RÉSISTANCE CREUSOISE UN PEU D'HISTOIRE…

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GUÉRET est un des rares chefs-lieux de département en France à posséder un monument Mémorial sur lequel sont gravés les noms de tous les Résistants et Déportés du département. Cette œuvre a été réalisée par un Comité au terme de dix années d'efforts, de 1974 à 1984, pour perpétuer le souvenir de tous ceux qui, en Creuse, ont sacrifié leur vie pour la libération de notre Patrie.CONSTITUTION et PREMIÈRES ACTIVITÉS DU COMITÉ. Le Comité du Mémorial fut crée sous l'impulsion et la direction de l'A.N.A.C.R de la creuse. Sa déclaration fut publiée au Journal Officiel le 15 janvier 1975. Le bureau du Comité se composait de Pierre LEYLAVERGNE (Président), Marc PARROTIN et Gabrielle THÉVENOT (secrétaires), Pierre BONAMOUR et Suzanne JAMET (trésoriers) Le Comité choisit comme architectes deux anciens résistants guérétois, Pierre FILLOUX des F.T.P et Marc VAUGELADE de l'A.S, qui fournirent bénévolement un travail considérable. Le choix du site pour l'édification du monument se révéla difficile, les avis étant partagés, cependant la ville de GUÉRET fut choisie comme lieu d'implantation. Le Maire proposa la petite rotonde située au bord de la future avenue Charles de Gaulle. Le Conseil Municipal adopta le projet le 25 mai 1976 et céda le terrain au Comité. Après une imposante réunion à la Mairie de Guéret le 16 juin 1977, la maquette définitive fut choisie le 23 février 1978 et le devis estimatif de 357.607 francs accepté. Le 29 juin 1978, le Préfet de la Creuse signa l'arrêté autorisant l'érection du Mémorial. Le Comité dut alors se préoccuper du financement.LE FINANCEMENT… UN RUDE PROBLÈME ! En mars 1977 avait été lancée une souscription publique par vente de billet à 5 frs. Une tapisserie d'Aubusson offerte par M. Raymond PICAUD, ancien résistant, récompensait un des souscripteurs désigné par tirage au sort le soir de l'inauguration du Mémorial. Des centaines de souscripteurs avaient versé leur obole dès 1977. D'autres rentrées de fonds intervinrent alors provenant des quêtes aux congrès d'associations, de versement d'anciens Résistants et de la vente de la première édition du livre "Le temps du maquis". Enfin, outre le Ministère des Anciens Combattants, le Conseil Régional, le Conseil Général et une centaine de municipalités creusoises, les Chambres Consulaires, le Crédit agricole et d'autres établissements privés apportèrent leur contribution. Ces fonds permirent de faire réaliser par Marius et Jules PATIÈS de Sardent les 15 dalles en granit du Compeix sur lesquelles devaient être gravés les

plus de 560 noms du Martyrologe établi par l'auteur du "Temps du maquis" et adoptés à l'unanimité par les membres du Comité. La gravure des noms fut réalisée par un professionnel puis les lettres furent peintes par M. BALLETTINI d'Auzances.UN IMPRÉVU. En avril 1982, un premier sondage fut effectué sur le site mais la pelle mécanique descendit jusqu'à 5 m de profondeur sans atteindre le rocher. Le problème technique du bétonnage des fondations n'était pas simple à régler et le Comité manquait d'argent. Le pessimiste gagnait les membres du Comité lorsque disparut, en août 1983, Robert MAUMY, le sixième d'entre eux à mourir sans que l'œuvre ait été menée à son terme.

Ils décidèrent alors d'attaquer le chantier eux-mêmes pour réaliser à moindre frais les fondations, qui nécessitèrent le creusement d'une fosse de 7 m de diamètre et 6,50 m de profondeur pour atteindre le roc et l'édification de 3 colonnes de buses de 1 m de diamètre, garnies de béton et de fer aciéré. Les membres du Comité du Mémorial, secondés par leurs camarades des Comités ANACR de Bourganeuf et de La Souterraine, rivalisèrent d'ardeur et d'efficacité : récupération de tonnes de ferraille , de poteaux EDF réformés cassés à la masse, réalisation des fondations spéciales, coffrage, ferraillage et bétonnage de l'ensemble, creusement de canalisations… Ils reçurent bien sûr des aides extérieures : un artisan, M. CHAUMEIX d'Auzances, accepta de couvrir l'opération et de participer aux travaux; les services techniques de la ville de Guéret, les secondèrent à chaque fois qu'ils en eurent besoin; le S.I.E.R.S de Dun-le-Palestel fournit une pelle mécanique sur chenilles; la carrière de St-Agnant-de-Versillat fournit et transporta le béton; les pompiers prêtèrent une pompe pour évacuer une nappe d'eau; quatre carrières fournirent gracieusement 250 tonnes de pierre brute ou du "tout-venant".

MÉMORIAL DE LA RÉSISTANCE CREUSOISE

UN PEU D'HISTOIRE…

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Le 11 octobre 1983, l'assise du Mémorial était terminée.LA RÉALISATION DU MÉMORIAL. L'Ecole de Métiers du Bâtiment (E.M.B) de Felletin réalisa en 8 éléments de béton le motif central de 9 m de hauteur. La maquette et les plans du coffrage avaient été réalisés par 2 professeurs de l'E.P.A d'Egletons travaillant bénévolement. Durant plusieurs semaines, en février et mars 1984, quelques classes de terminales de l'EMB travaillèrent à la réalisation de l'important motif artistique. Le transport des blocs de béton de Felletin à Guéret et leur pose purent se faire avec le concours de l'entreprise MAZET de Felletin et, grâce à l'intervention du colonel KIRSCH, d'un porte-char de l'armée. Le 23 mai furent fixées par le personnel de l'EMB, les chaînes d'ancre de la Marine Nationale, fournies par l'arsenal de Brest. Avant le 25 août 1984, il restait à poser les 21 marches de granit des escaliers et les 90 m2 de dallage du même matériau de la vasque, avant d'y sceller les 15 dalles portant les noms du Martyrologe. Cette œuvre fut le fait de 3 maîtres tailleurs de pierre, de 2 artisans maçons et de 13 membres ou amis de l'ANACR, tous travaillant bénévolement. Mais pour réaliser ces travaux (qui commencèrent le 1er juin 1984), il fallait pouvoir payer toute la pierre de taille façonnée, ce qui représentait une somme considérable dont ne disposait pas le Comité. Celui-ci relança donc la vente de billets de la souscription publique, fit un nouvel appel aux municipalités creusoises, au Conseil Général de la Creuse qui alloua au Comité une troisième subvention (après celles de 1979 et 1982) et au Conseil Régional qui lui attribua une importante subvention. Enfin, il offrit à toutes les Associations, qui jusqu'alors ne s'étaient pas manifestées, l'occasion de verser une participation financière, ce qui fut bien accueilli. L'INAUGURATION : 25 AOÛT 1984. L'inauguration du Mémorial eut lieu le 25 août 1984, jour du 40ème anniversaire de la libération de la Creuse. Ce fut, pour ceux qui l'on vécue, une inoubliable manifestation patriotique où se retrouvèrent près de 2.000 personnes et, autour du monument, 71 drapeaux d'Associations creusoises. Toutes les Associations d'Anciens Résistants et Déportés, ainsi que des Associations d'Anciens Combattants d'autres conflits, avaient rejoint les constructeurs du Mémorial.

Cette unité manifestée du monde Ancien Combattant était significative de l'attachement populaire au souvenir de la Résistance creusoise qui paya un lourd tribut dans son combat pour la libération de notre pays.

Marc PARROTINPrésident du Comité du MémorialPrésident de l'A.N.A.C.R Creuse